BULLETINS DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 30% ANNÉE, 2" SÉR., T. XI. 1861. Mo. Bot. Garden, 1896. BRUXELLES, M, HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. MDCCCLXI. BULLETINS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. BULLETINS : A ep L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS _ DE BELGIQUE. TRENTIEME ANNÉE. — 9we SERIE, TOME XIL ` Mo. Bot. Garden, 1896. BRUXELLES. e M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1864." - BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1861. — Ne 7. CLASSE DES SCIENCES, ——— - Séance du 6 juillet 1861. M. Liacre, président de l’Académie. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Wesmael, Martens, Cantraine, Kickx, Stas, Van Beneden, de Selys - Long- champs, le vicomte B. Du Bus, Gluge, Nerenburger, Duprez, Poelman, Jules d’Udekem, membres; Spring, as- socie. Que SERIE, TOME XII. (2) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître qu'il a chargé M. Dewalque de tracer la carte géologique complete de la ville d'Anvers, sur la rive droite de PEscaut, conformé- ment au vœu exprimé par l’Académie. Le même Ministre transmet une demande qu'il a reçue de M. Duboix, pour que le gouvernement fasse faire des essais de pêche en mer au moyen d’un appareil de lampe électrique. La demande est renvoyée à examen d’un commissaire, M. Van Beneden. — M. le Ministre de l’intérieur consulte également PAca- démie sur les propositions faites par le jury chargé récem- ment de décerner le prix quinquennal des sciences morales et politiques, et tendant à modifier le règlement des prix quinquennaux dans les points suivants : « 1° Par dérogation à Particle 2 de l'arrêté royal du 29 novembre 1851, le prix quinquennal peut être décerné à l’auteur d’un ouvrage non achevé, si les parties for- ment, séparées ou réunies, un ensemble qui ait une valeur propre. * » X L'ouvrage achevé dont quelque partie aura été ainsi couronnée, sera néanmoins admis au concours, si les parties nouvelles y apportent des ag con- ram 3” Ces dispositions sont applicables aux ouvrages en 4 (3) cours d'exécution, qui ont été publiés en partie dans les années précédentes. » « Ces propositions, dit M. le Ministre, me semblent mériter un examen attentif. Il est certain que, par linter- prétation qui est donnée actuellement aux termes de Par- rété instituant et réglementant les grands concours, les auteurs de publications importantes et remarquables dont l'achèvement demande une série d'années, peuvent se trouver exclus pendant longtemps, et méme personnelle- ment privés d’une mesure qui a été instituée surtout afin d’encourager les travaux sérieux et considérables. » La classe désigne MM. Liagre, Van Beneden et Stas pour examiner, conjointement avec les commissaires de la classe des lettres, MM. de Ram, Gachard et Leclereq, la question soulevée par le jury et renvoyée par M. le Ministre à Pexamen de l’Académie. — Une quatrième lettre de M. le Ministre de l’intérieur a pour objet de soumettre á Pavis de la classe des sciences une requéte par laquelle la Société de pisciculture, qui vient d’être fondée avec le concours de la Société royale d’hor- ticulture, sollicite un subside du Gouvernement. M. le vicomte Du Bus, président de cette société, fait connaitre le but et la marche que se propose de suivre Passociation nouvelle. M. Quetelet insiste particuliérement sur le but désinté- ressé de Passociation : la plupart des fondateurs sont mem- bres de Académie et n’ont véritablement en vue que les Ps de la science. MM. Van Beneden et d'Udekem - s'expriment dans le même sens. M. de Selys-Longchamps, en appuyant les propositions (4) de MM. Du Bus et Quetelet, explique dans quel sens il entend participer à la fondation d'une société de piscicul- ture sous le patronage du gouvernement. « Ha fait, dit-il, pour son propre compte, des essais alin d’acclimater les saumons et les truites dans les étangs qui se trouvent chez lui, à Longchamps-sur-Geer, près de Waremme; mais le fond de ces eaux étant vaseux, les salmonidées y ont peu à peu disparu. Qu'en résulte-t-il? C’est que l'expérience donne, pour les eaux vaseuses de la Hesbaye, un résultat négatif. En France, des essais pour la multiplication des huîtres semblent , au contraire , en très- bonne voie de succès. Sous nos yeux, à la Société d’horti- culture de Bruxelles, M. Schram a également élevé de superbes truites. » Ostende et Nieuport offrent, pour les huîtres, de précieux emplacements, et nous avons, pour espérer le succès, la circonstance précieuse que notre collègue, M. Van Beneden, est tout à fait à même de donner les conseils nécessaires. D'ailleurs des essais dont les résultats sont partiellement négatifs ont encore leur utilité. En somme, nous ne pouvons prendre aucun engagement de réussir dans ceux que nous allons entreprendre, mais-nous pen- sons que la question de la pisciculture étant posée doit être éclaircie au point de vue de lalimentation publique, comme à celui de l’agriculture et de la science. » Les acclimatations avec plein: succès sont toujours difficiles et forment en quelque sorte Pexception; cepen- dant une seule réussite, au milieu de beaucoup d'échecs, indemnise parfois largement des eflorts infructueux qui ont pu être tentés. Qu'il me suffise de citer dans le règne végétal l'introduction de la pomme de terre; dans le règne (5) animal, celle des vers ä soie, suivie aujourd’hui de celle du ver de Paylanthe; celle di dindon parmi les oiseaux ; enfin, á un titre moins important, celle de la dorade de la Chine (Cyprinus auratus) qui, dans nos étangs, résiste a nos hivers les plus rigoureux. » Il sera répondu à M. le Ministre de l’intérieur que le projet d'institution d'une Société de pisciculture a Ventier assentiment de la compagnie , et qu’elle ne peut qu’enga- ger le gouvernement à seconder les hommes éclairés qui lui prêtent leur appui. — La classe nomme, comme l'avait déjà fait la classe des beaux-arts, ses délégués au congrès artistique d'An- vers; MM. Liagre, De Koninck et Du Bus sont désignés. — Des remerciments sont adressés à l’Académie pour l'envoi de ses publications, par la Société Léopoldo-Caro- line des curieux de la nature de Jéna, par l’Académie des sciences de Madrid, par l'Observatoire impérial de Vienne , par l'Académie Stanislas de Nancy, etc. L'Académie impériale de Vienne transmet ses dernières publications. — MM. Dewalque, Al. Wesmael et Ad. Quetelet dé- posent les résultats de leurs derniéres observations sur les phénomènes périodiques. M™ Catherine Scarpellini fait parvenir les résultats de ses observations météorologiques faites au Capitole, 3 Rome, pendant le mois de mai dernier. — Remerciments. — M. Bienaymé, membre de l’Académie des sciences LS. de Paris, transmet CS observations suivantes, relatives A (6) la résolution des équations d’un degré supérieur donnée par Simon Stévin. « Je viens de lire dans le n° 11 du tome VIII des Bul- letins de P Académie royale de Belgique, annonce de la découverte d’une méthode de Simon Stévin, de Bruges, qui serait restée inconnue jusqu’ici , bien qu’elle eût pour — objet l'extraction des racines«les équations numériques de — degré supérieur. Exposée, en 1594, dans un imprimé . de quelques pages, sous le titre d’Appendice algébraique — de Simon Stévin de Bruges, eontenant règle générale de — toutes équations, cette méthode ne pouvait, bien entendu, — se trouver dans l'édition de l’Arithmétique de Stévin, pu- — bliée par ce savant géomètre en 1585. Mais on ajoute qu’elle — ne se trouve pas non plus dans Védition de 1625, revue et — corrigée par un autre géomètre des plus habiles, Albert — Girard, ni dans la traduction des OEuvres mathématiques — de Stévin, que la veuve et les enfants d’Albert Girard ont 1 fait imprimer en 1634. Il est à présumer qu’on n’a pas bien lu PArithmétique revue par Albert Girard. On y aurait ` trouvé, en effet, page 551 de l'édition de 1625, in-quarto, et page 88 de Pédition de 1654, in-folio, la méthode que 4 Pon croyait inconnue. Les deux exemples cités dans les — Bulletins sont développés de la même manière par Albert ` Girard; Pordre est le méme. Seulement la derniére phrase, qui parle d'une méthode semblable de Ludolph van Keu- | len ne s’y rencontre pas. » Albert Girard a remis à sa place naturelle, dans PArith- | métique, la méthode, ou plutôt le procédé de Stévin. Il aura supprimé la dernière phrase, qui annonçait l'existence ! d'un procédé de Ludolph, mais qui n’en _ pas la nature, | | | (7 » Ce qui peut avoir empéché Pauteur de la note insérée dans le n° 11 des Bulletins, de retrouver, dans les éditions d’ Albert Girard, le procédé de Stévin, c’est qu’il n’est pas mentionné dans la table des matières. Par une inadver- tance bien pardonnable à Albert Girard, père de onze en- fants, qu’il ne soutenait que par un labeur excessif; ce géomètre si distingué n’a pas ajouté à la table la reigle dont il venait de faire un article du second livre de PArith- métique dans lequel Stévin traite des équations. C’est là une bien petite erreur de la part de celui qui a mis de fort bonnes annotations aux œuvres de Stévin. » J'avais lu Simon Stévin, il y a bien des années, par suite des souvenirs que sa patrie me rappellera toujours. Il me restait une idée vague de son procédé, d’ailleurs bien connu des professeurs de ma jeunesse. Je l’ai donc facilement retrouvé dans les deux éditions de Girard. Peut- être cette addition a-t-elle été faite aussi dans les éditions hollandaises. Mais c'est ce que je ne puis vérifier, ne les ayant pas sous la main. » — La classe recoit de M. Plateau, membre de PAcadé- mie, un sixième mémoire, avec planches, sur la théorie de la génération des lames liquides, contenant spéciale- ment des recherches expérimentales et théoriques sur les figures d'équilibre d’une masse. liquide sans pesanteur. (Commissaires : MM. Duprez, Ad. Quetelet, Timmermans.) (8) RAPPORTS. — Monographie du genre PırogoLus Tode, elc.; par M. Eugène Coemans. ` Rapport de M. Spring. « M. Eugéne Coemans poursuit avec zéle et intelligence ses études mycologiques. Il a pris, cette fois, pour sujet un genre de mucorinées dont il avait déjà entretenu l’Académie en 1859 (1). Depuis, en cultivant des indivi- dus dans sa chambre, où les générations se sont succédé plusieurs fois, il a eu l’occasion de compléter et de recti- fier en partie ses premières observations. Jl est parvenu ainsi à recueillir les matériaux d’une Monographie qui donne en autant de parties : 1° L'histoire du genre et le résumé des observations antérieures ; r 2° L’anatomie generale et la morphologie; 5° L'histoire du développement et la physiologie; enfin 4° La description et la critique des espèces connues. Le Pilobolus est un végétal éphémère qui apparaît, avec le soleil levant, sous forme de perles cristallines, sur les excréments d'animaux répandus dans les prairies ou sur la vase des bourbiers. Chaque perle se couvre d’un point noir, qui n’est autre chose que l'organe de fructification, le sporange. Les perles, ou cellules fructifères, se sont (1) Notice sur le PILOROLUS CRYSTALLINUS, Bulletins, tome VIII, p. 770, fig. 1-16 + (9) formées pendant la soirée et la nuit précédentes; mais déja entre huit et dix heures, quand la lumiére du soleil a acquis un certain degré d'intensité, elles éclatent les unes aprés les autres, et lancent au loin leurs sporanges, ainsi que le liquide cristallin qui les remplit; au dire de M. Coemans, l’observateur attentif entend alors des déto- - nations se succéder à la manière d'un long feu de peloton. C'est ce singulier mode de dissémination qui est désigné par le nom de Pilobolus, imposé à la plante, en 1784, par le naturaliste mecklembourgeois Jules Tode. M. Coemans a constaté que les sporanges sont lancés à plus d’un mètre de distance, c’est-à-dire à une hauteur qui dépasse trois cents fois celle du champignon lui-même. Il était intéressant d'étudier la cause et le mécanisme de cette projection. L’auteur les trouve premièrement dans la distension des cellules fructifères, opérée par Pascen- sion endosmotique, pendant douze à quinze heures, du liquide cristallin , et, en second lieu, dans la contraction brusque des parois des cellules, excitée par la lumière so- laire. Il s'attache particulièrement à démontrer l'influence de ce dernier agent : la chaleur, selon lui, loin de favoriser la projection, la contrarie; car, quand on interpose un verre coloré entre le soleil et le champignon, ce dernier perd sa turgescence et tend à se flétrir. $ De même que les autres mucédinées putrédinifages, les Pilobulus se distinguent non-seulement par leur système absorbant ou destructeur très-puissant, mais encore par leur extrême fertilité. M. Coemans a calculé qu’un indi- dal de Pilobulus oedipus, qu'il a vu naître et s'étendre Ten colonie, avait produit , dans l’espace de trois mois, le nombre énorme de trente et un milliards trois cent vingt Wës de spores fertiles. Ces spores, pour germer, ont ( 10 ) besoin d’une certaine température qu’elles rencontrent dans Pestomac des animaux herbivores, qui les ingèrent en même temps que les herbes de prairie auxquelles elles sont adhérentes; les jeunes plantes, plus ou moins avan- cées dans leur végétation, sont rejetées avec le résidu de la digestion. La chaleur qui se développe dans la vase des bourbiers, lors de sa fermentation, remplace, dans d’au- tres cas, celle de la digestion. Il y aurait, selon l’auteur, deux modes de germination. ` Le premier est le mode connu pour toutes les mucédinées, ` le mode par protrusion de branches qui se ramifient et ` dont Putricule primordial se cloisonne transversalement. | Mais, d’après un second mode, « la spore, après s'être . » gonflée, émettrait un tube simple, qui se renflerait de ` » suite en manière de vésicule et deviendrait semblable à ` » la spore qui l’a produite; une troisième et une quatrième — » vésicule viendraient souvent se placer à la suite des pre- ` » mières. » Ici, je ne puis m’empécher de demander si ` l'interprétation de ces secondes formes est entièrement — d'accord avec la nature? Qu'on me permette de profiter de . ce rapport pour faire connaître le résultat d'observations — que J'ai faites à cet égard, en 1851 et 1852, sur d’autres mucédinées, résultat, du reste, consigné déjà dans un pli ` cacheté dont Académie a bien voulu accepter le dépôt | dans sa séance du 6 mars 1859. Je crois avoir découvert alors que, chez les mucédinées ` en question (1), il s'opère un véritable acte de conjugaison ` | semblable à celui qu’on observe chez les desmidées et les Zygnema : deux spores ; après avoir tournoyé pendant quelque temps l’une autour de l’autre, grâce à des cils (1) Bulletins de l'Académie royale , tome XIX ‚part. 1, p. 555. rues ate ee E (11) vibratils dont leur surface semble être garnie, se placent ut à bout, cessent tout mouvement et se fondent en une cellule unique dont les dimensions, exactement prises, sont inférieures à celles des deux cellules séparées. Ce sont ces corps, formés par la conjugaison des cellules- spores, qui, après une période de repos, poussent des prolongements rameux et poursuivent, en un mot, Pacte de germination et de croissance. Quelquefois j'ai observé que trois ou quatre spores se soudaient ensemble, et même que des cellules-spores, en s’adossant à des cellules végé- tatives, y opéraient une véritable inoculation. Mon intention était de poursuivre cette observation im- portante dans toute la classe des champignons inférieurs. J’y voyais la forme la plus simple et la plus rudimentaire de Pacte de fécondation, dont le caractére propre, dans les deux régnes, a été proclamé déja par Carpenter (1) étre un acte de conjugaison. Je pensais que, chez les mucédi- nées, l’une des deux spores représentait le grain pollinique ou la cellule spermatique, et l’autre la cellule germinative, . et que de leur union résulterait la graine qui, 4 son tour, attendrait des influences favorables pour germer. Les circonstances de ma vie tendant 3 m'éloigner de plus en plus de l'étude si attrayante des organismes inférieurs, je dois renoncer, pour un temps au moins, à poursuivre cette découverte; mais d’après ce que j'ai vu chez d'autres espèces, je me demande si les formes d’après lesquelles M. Coemans a conclu à un second mode de germination, - ne sont pas plutôt des formes de conjugaison ou de fécon- — dation? k Je sais combien on doit être circonspect à affirmer des (1) Principles of physiology, general and comparative, chap. XVIII. (12) faits de cette importance; mais plusieurs mois d’obser- vation patiente et méthodique, dans laquelle Jai été as- sisté, du reste, par notre savant confrère M. Dewalque, me donnent la confiance d'engager des mycologues tels que M. Coemans, à pousser leurs recherches dans le sens de cette doctrine. Je propose : 1° D’adresser à M. Eugène Coemans les remerciments . de l’Académie pour son intéressante communication ; 2° De publier ce travail, avec les planches y annexées, dans le recueil des Mémoires. » Rapport de M. Kickox. « Les détails dans lesquels est entré notre honorable « collègue M. Spring ont déjà fait connaître le plan suivi ` par M. Coemans. L auteur ne s’est pas contenté d'étudier | les diverses espèces de Pilobolus sous le rapport de la . botanique descriptive : il a ern avec raison que la structure ` anatomique et le développement devaient avoir une large — part dans ses recherches. De là est née une monographie de | genre complète à ces différents titres et à laquelle M. Coe- ` mans avait déjà préludé par des observations spéciales sur | Pune des espèces. L’on doit certes lui savoir gré d’avoir mené à bonne fin une entreprise aussi difficile. | A côté de plusieurs faits nouveaux, le travail que - nous avons été chargé d'examiner renferme des considé- rations générales et des rapprochements qui ont un grand intérét scientifique. Les deux modes de germination si- gnalés par l’auteur font supposer, nous semble-t-il, qu'il (15) existe chez les Pilobolus deux sortes de spores, les unes offrant la germination normale des mucédinées, les autres germant d’une manière analogue aux zoospores que M. de Bary vient de découvrir dans le genre Peronospora, de la même famille. On serait par conséquent fondé à envisager le second mode de germination des Pilobolus comme une germination de zoospores, quoique Pexistence de celles-ci n’y ait pas été constatée jusqu’à présent par des observa- tions directes. = - Il est bien connu que les zoospores ne germent que lors- qu’elles cessent d’être mobiles. Mais quelle est la cause qui détermine leur état de repos? Cet état, dans lequel la vitalité, d’abord active et diffuse, est devenue latente et concentrée en vue d’une destination spéciale, serait-il peut- être la conséquence d’un acte préalable de condensation ou d’une espèce de conjugaison, comme dans le cas observé, chez certaines mucédinées, par M. Spring? C’est là une de ces questions aujourd’hui insolubles, mais que la nouvelle direction imprimée depuis peu aux études eryptogamiques élucidera tot ou tard. | Nous adoptons les conclusions formulées par M. Spring, et nous proposons, comme lui, à la classe de voter Pim- pression de la monographie de M. Coemans, avec les planches qui l'accompagnent, parmi les Mémoires des sa- vants étrangers. » L'Académie adopte les conclusions des deux rapports précédents; elle décide que des remerciments seront adres- LT Coemans et que son travail sera imprimé dans le il des mémoires de la compagnie. ( 14 ) Observations sur la carte du Nil de M. Mi et par M. Gil- © bert, professeur à l’université de Louvain. Rapport de M. Nerenburger. « Le travail de M. le professeur Gilbert sur les sources ` du Nil est une discussion de textes imprimés que je n’ai pas en ma possession. II west done impossible de vérifier si les conséquences qu’il déduit des assertions ou des con- jectures produites par les explorateurs dont il cite les mr vrages sont fondées. » Je n’en crois pas moins pouvoir proposer à la del d'insérer ce travail dans les Bulletins de l'Académie, prin- cipalement parce que la question des sources du Nil semble devoir être prochainement résolue, et que, si les faits « venaient confirmer Popinion de M. Gilbert, il y aurait quelque honneur à lui d’avoir pressenti la vérité dès au- jourd'hui. » ` Sur Pavis également favorable de M. Quetelet, la classe décide que la notice de M. Gilbert sera insérée au Bulletin. < COMMUNICATIONS ET LECTURES. * EEN | | Sur la grande comète de juillet 1861; par M. Ad. Quetelet, ~ | sécrétaire perpétuel de l'Académie. La comète qui apparaît maintenant sur notre horizon a été aperçue à l'Observatoire de Bruxelles, comme dans la | (15) plupart des pays voisins, au commencement de la soirée ` du 1° juillet. Quelques observateurs, plus favorisés par les circonstances locales, Pont pu voir cependant à par- tir du dimanche 30 juin. L'état du ciel pendant la nuit pré- cédente, n’avait pas permis de la voir plus tôt à Bruxelles. Cet astre, trés-brillant, présentait un noyau apparent assez prononeé; il était enveloppé d’une chevelure et projetait derriére lui, dans une direction opposée au soleil, une queue de plus de 40 degrés. Celle-ci se prolongeait jusque vers les gardes de la petite Ourse. Mon fils Pobserva d’abord à Péquatorial; mais comme les apparences du temps étaient favorables, il préféra Pob- server en même temps aux deux instruments méridiens , qui lui permettaient d’obtenir une exactitude plus grande. Malgré les nuages couvrant une partie de la surface du ciel, il put encore, pendant les deux nuits suivantes, prendre la position de la cométe dans le méridien; mais la quatrième nuit, l’état pluvieux du ciel rendit les obser- vations impossibles. Voici les valeurs qu’il obtint du 4° au 3 de ce mois : Bruxelles. Ascension droite observée, Déclinaison Temps moyen. Temps sidéral. observée. 1 juillet. . . 12h52m 6s 7h 32m 4 592 + 56°20’ 7” 3 =... 155 H 8 58 59,6 + 62 55 28 Ò wn S556 . 9 9 54 26,2 + 66 13 15 Les observations sont corrigées pour la réfraction. Variations des instruments de météorologie, pendant les orages du 20 et du 21 juin 1861; par M. Ad. Quetelet. | (16) On connait les changements brusques occasionnés par- . fois sur les instruments météorologiques par les orages; on ne sera peut-être pas faché d’en voir ici un nouvel | exemple pendant les temps orageux du dernier solstice. D 3 d BT ge age 21 juin, 21 juin (SURERZE E Heures. | Baromét.| Heures. | Therm. | Heures. | Baromét.| Therm, | Heures. | Baromét. Therm. mz mans. | FU eo. À AT lien. 756,5 | 12% | 6 wx. ox 156,6 2036 10m 55,8 | 13m 28,2 5m 56,5 5m 56,6 15 55,5 | 30 26,9 | 10 56,4 10 56,8 20 535,5 | 45 25,8 | 15 56,6 | 20,3 | 15 57,2 | 205 30 55,4 | 1m. | 24,1 | 20 57,0 20 57,5 40 55,9 | 15m 21,6 | 25 57,8 23 58,5 45 53,8 | 50 20,3 | 30* 58,1 | 20,5 | 50 59,3 50 56,4 | 45 20,3 | 35 58,4 35 59,4 im | 568 | 2m. | 227 À 40 57,8 40 59,0 10m | 56,6 | 15m 25,2 45 56,9 | 20,21 45* 58,1 15 56,0 30 25,2 | 50 56,1 50 57,5 20 56,1 | 45 23,2 ss 56,2 53 57,2 30 56,5 | 5m | 25,2 | 5m. | 56,2 | 19,9 | 7 =. | 56,6 | 20,0! Direct. Force (1) Eau Direet. orce Eau Direct. Fo du vent, du vent. tombée du vent, du vent. tombée. f du vent, du vent. tombée. 5k,4 ` (ëmm. gg SO. 4,9 15mm94| SO? akg 45mm, 9 ? e (1) La force du vent est F4 en lien, e de vent ayant eu lieu pend. isque, ndiquée par un astéri qui représentent Pintensité de chaque ant la durée de l'orage; Pheure à laquelle il s’est produit est | (17) Observations sur la carte du Nil de M. Miani (1); par M. Ph. Gilbert, professeur à l’université de Louvain. Sans attacher une valeur its la carte, qui ne repose sans doute pas sur des déterminations astrono- miques, on peut cependant lui attribuer quelque valeur comme renseignement : elle me paraît tracée, quant au cours du Nil, jusqu’au deuxième degré de latitude nord, d’après Pex plonation méme du voyageur, et quant au reste, d’après les dires des noirs, ou d’après les renseignements donnés par les trafiquants d'ivoire de Karthoum , qui vont aujourd'hui très-loin à l’ouest et au sud du lac Nou. On n’y remarque, ni la tendance à étendre les découvertes au delà des limites réelles, ni ces erreurs grossières qui mettent la critique en garde, sauf peut-être dans le cours du Sobat, où le terme de l'expédition de Debons, en 1854, est évident. ment trop au sud (2). Ce qui me parait important dans Pesquisse de M. Miani, c’est la confirmation de l'existence d’un fleuve considérable qui coule, à partir de l'équateur, vers le nord-ouest, à loc- cident de la branche aujourd’hui bien connue sous le nom de Bahr-el-Abiad, Kyr ou Kere, et à une distance assez petite de cette branche. Si j'ose émettre une Opinion sur ce grave sujet des sources du Nil, ce fleuve, le Giei de Miani, serait celui qui, suivant le capitaine Speke, sort du fie E (1) T verso le origine del Nilo , diretta da G. G. Miani; carta °0graphica et estratto del suo Gioinäli.d 1859-60. Cairo, 1 settembre ` | Voir le Tour du monde, livraison 48, p. +, Pexpédition d’Andres Bono au Sobat. one SERIE, TOME XI. 2 (18) Vkerewe sous le nom de Kivira (1); appuyant fortement à l’ouest, il irait former un puissant affluent du Bahr-el- Ghazal ou serait ce fleuve même, et viendrait, dans les im- menses marécages du lac Nou, recevoir par sa droite la branche remontée jusqu'ici, comme le Nil Blanc, le Kyr, qui passe 4 Gondokoro et dont la source me parait étre beaucoup plus à Pest, à peu près sous l'équateur : ce der- _ nier cours d’eau est celui que M. Miani a exploré. - Quant au grand fleuve occidental, le Giei, qui pourrait | bien être le vrai Nil, son existence ne me paraît plus dou- | teuse : Brun-Rollet, ordinairement bien informé, cite, A l’ouest du Kyr, un grand lac d’où sort une rivière inconnue des Barys, qu’il indique sur sa carte sous le nom de Derou et qu'il fait déboucher dans le Bahr-el-Ghazal (2). L’es- ` quisse de Vayssiére et de Malzac le montre aussi sous le nom de Niebohr, et le fait, à tort, selon moi, tomber dans le ` Bahr-el-Abiad, sous le septième degré de latitude; on y voit ` méme le pays de Jambara, que le Giei coupe sur la carte de M. Miani (3). Le même fleuve se retrouve encore évi= demment, sous le nom de Bahr-el-Djour, dans la carte ; des frères Poncet, trafiquants de Karthoum (4), et M. Le- jean le cite, sous ce nom et sous celui de Jeji, comme une ` — (1) Die englische Expedition unter Burton und Speke, nach Inner Africa, ap o pe elec miltheilungen de Petermann; 1859, nos IX et XII, p. 3 (2) ne le Nil Blanc et le Soudan; Paris, 1855, p. 210. — Bull. de la Société de « géographie de Paris; 1854, p. 385, avec une carte. | (5) Esquisse du bassin du Bahr-el-Abiad, par Vayssière et de Malzac, ` dans les Bulletins de la Société E stage avril 1855, p. 240, — «.,. La grande tribù Makaraka posta a Yambara, molto bene esplorata ogg 3, ove ovè; i scorre il gran fiume Giei e yo che harno foce nel Bahar-Gazal. » Miani, loc. cit. (4) Bulletins ete., octobre 1860. Sur cette carte, on voit aussi le pays Nyambara , entre le fleuve inconnu et le Kyr. (19) donnée nouvelle à vérifier par les géographes (1). Enfin la carte de l'Afrique australe d'Hermann Berghaus, de 1859, j'ignore sur quels renseignements, indiquait en note et le fleuve et le pays qu'il traverse (2), ce qui, rapproché des données fournies par le capitaine Speke, me paraît exclure tout doute, quant à l'existence d’un grand fleuve sortant du Nyanza, vers le nord, puis vers l'ouest. ex Mais rien ne prouve que ce cours d’eau soit celui que Pon nomme d'habitude Bahr-el-Abiad , qui passe á Gon- dokoro, et que les expéditions égyptiennes ont remonté. Le capitaine Speke rapporte à ces expéditions les bruits recueillis par lui au sud du Nyanza « de vaisseaux à voiles naviguant vers la pointe nord du lac, et montés par des hommes munis de sexlants, elc.... » Mais on ne doit pas oublier que M. Arnaud a exploré, pendant plusieurs jours, l'embouchure du Keilak avec lequel nous supposons que le Nyanza communique directement; d’ailleurs, on sait trop bien à quelle valeur il faut réduire tous ces bruits et récits transmis par des Africains. On les retrouve déjà dans d'anciennes relations portugaises (3). Quant à Pafluent oriental, le Kyr, que M. Miani a re- monté, Pon voit que, d'accord avec Brun-Rollet (4), il en (1) Bulletins, janvier 1861, lettre écrite de Karthoum. (2) Stieler, Hand-A tlas; Gotha, Justus Perthes : «30 Tagereisen N. Von Puge ist eine Gegend, Dschambara genannt, und daselbst ein westwiirts iessender schiffbarer Fluss. » Cette indication a disparu de Védition de (5) D’après un ouvrage hollandais de 1658, on voit que « le Nil traverse un grand lac sous Péquateur ; que sur ce lac, il existe un peuple qui navigue Sur de grands vaisseaux ; qui se sert de livres, de monnaies, de poids ; - batit des maisons de pierre et de chaux, ete... » Beschrijvinge van ť ko- ` Minckrijck van Congo, getrocken uyt de schriften van E. Lopez. Amster- 1658. H D e (4) Voir sa carte citée plus haut. ( 20 ) place la source sous l'équateur, vers le trente-troisième de- gré de longitude est de Paris, ce qui est d’autant plus re- ` marquable que son opinion repose ici sur une information précise des naturels, et qu’il parait impossible, si le fleuve qui coule à Galuffi sortait du Nyanza de Speke, que les vieillards dont il parle ne lui en eussent dit mot. Le seul ` voyageur qui, remontant le Kyr, ait oui dire par les rive- | rains qu'il sécoule d'un vaste lac, est M. Andrea de Bono (1); mais, outre qwil n’est pas allé aussi loin que ງ M Miani (puisqu’il n’a point atteint les grandes chutes de ` Méri), le lac dont il parle serait entouré d'une ceinture ` de hautes montagnes, ce qui n’est nullement le cas du | Nyanza (2). Or on sait par un missionnaire des Gallas, : le P. Léon des Avanchers, qu il existe sous l’équateur un ` lac El-Boo de plusieurs journées de tour, fermé de toutes ` parts par de hautes cimes neigeuses, sauf d’un côté par où s'échappe un fleuve qui va rejoindre le Nil (5). La position qu'il assigne à ce lac s’accorde d’une manière remarquable avec celle que Miani supposait autrefois à la source du ` Kyr (4); avec celle qu'il lui attribue actuellement d’après : les noirs de Galuffi; avec celle que lui donnent enfin de - grandes autorités, telles que Petermann, Mac-Queen, ` Beke et les missionnaires allemands (5). En adoptant ce systéme, que Pon pourrait justifier par (1) Sa relation avec une carte se trouve dans les Bulletins de la Société ` de géographie. 1860, aout. (2) Voir la relation du capitaine Speke. (5) Bulletins de la Société de géographie , 1859, mars, avec une carle. | (4) Carte hypothétique du haut Nil, par Miani. Paris, 1857; Arthus Bertra (5) oon les Mittheilungen, 1859, t. IX; Mac-Queen, Mémoires de la Société royale de géographie de Londres, 1. XXX; Beke, The sources of the Wile. 1860; etc. SU un il a nd AAA d ZS A oe (21) bien d’autres raisons, nous rentrons d'une manière frap- pante dans le système de Ptolémée (1), ou plutôt dans la correction qu'en a faite l'ingénieur d'Anville (2), en re- montant toutes les positions vers le nord. Nous retrouvons les deux lacs où se réunissent les eaux, les deux grandes branches qui en sortent, pour se réunir, au nord, dans un troisième lac (le lac des Nouers, aujourd’hui comblé en partie et transformé en marécage par les apports successifs des fleuves qui s’y réunissent). On peut même remarquer une analogie assez curieuse entre ce lac Tome ou Toumé de Miani , qui se retrouve d’ailleurs sur la carte des frères Poncet, et cette ville de Toumi que le géographe Edric place au bord du lac où se réunissent les deux bras du Nil Blane (3). Enfin ne peut-on rapprocher ce lac Kawar, Koura ou Kouir, dont parle aussi Aboulféda (4), du Kouor signalé par Miani , et même du Kivira du capitaine Speke? d'autant plus que le même mot arabe désigne souvent un fleuve aussi bien qu’un lac, et que, d’ailleurs, ce fleuve dont nous parlons ici, qui est bien celui que Brun-Rollet ` a exploré près de son embouchure, se présente là en effet plutôt comme une suite de lacs que comme une rivière ordinaire (5). Remarquons enfin qu’en attribuant au Kivira (1) Géographie , livre IV. (2) Dissertation sur les sources du fil, par d’Anville, dans les Mé- moires de l'Académie des inscriptions el belles-lettres , t. XXVI, p. 46. Ce Système est Seat à peu près celui des géographes arabes et des na- vigateurs port (5) Edrisi ee edit. Hartmann; Göttingue, 1796, pp. 85 et 95. a emie d:Aboviféda., trad. par M. Reynaud; Paris, 1848, t. IT, eg Tein ioie. Lettre a M. Jomard sur le Bahr-el-Ghazal, BULLETINS DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE, 1856, t. XII, p. 1. Dans cette lettre remarqua- ble, Brun-Rollet parle des diverses ramifications du Bahr-el-Ghazal qu'il vient d'explorer : « Je ne crains plus, dit-il, de l'appeler le vrai Nil. » I ra (2) le cours étendu vers l’ouest qui résulte de ce système, nous évitons la principale objection formulée par M. Jo- ` mard contre les conclusions de M. Speke, la grande diffé- | rence de l'altitude entre le Nyanza (3750 pieds) et Gon- | dokoro (1800). Aux réflexions qui précédent, il faudrait encore ajouter beaucoup de choses pour leur donner quelque valeur; mais j'ai cru pouvoir soumettre ces observations sur un sujet toujours intéressant, aujourd’hui surtout que cing expé- ditions résolues marchent, par des voies différentes, à la conquéte définitive de Pantique secret des sources du Nil. | Un mammifère nouveau du crag d Anvers; par P.-J. Van - Beneden, membre de l’Académie. En 1840, de passage à Bordeaux „le docteur Grateloup — me fit voir une belle portion d'une téte fossile du bassin de la Gironde, qui attira d'emblée Pattention de tous les — zoologistes. Le savant docteur venait de la décrire sous le S nom de Squalodon, et crut avoir trouvé un type intermé- diaire entre les reptiles et les poissons sélaciens. Il ne me — fut pas difficile de reconnaitre un cétacé dans le squalodon, et de Blainville inséra la lettre que je lui écrivis de Bor- y deaux à ce sujet, dans sa grande Ostéographie qu'il ma malheureusement pu achever (1). Je ne pensais pas alors que, vingt ans plus Bai je serais porte ensuite que, d’aprés les dires des sauvages, au sud, le fleuve sort d’un lac sans fin, dont l’eau est salée et dont les bords sont habités par des Arabes, ce qui confirme tout ce que nous avons dit plus haut, EE Seth ESTEE ha A EA (1) Livr. VI, pag. 44. ne ( 25 ) revenu-sur cette question à propos des ossements fossiles du bassin d'Anvers. Ajoutons encore qu’en 1848, M. Koch revint d’Amé- rique avec une riche cargaison d'ossements fossiles, re- cueillis dans Alabama et qui, sous la forme d'un serpent de mer fossile, furent exhibés à Dresde, à Berlin et à Leip- zig. Cet Hydrarchos (c’est le nom qu'il portait) était formé de plusieurs colonnes vertébrales, comme J. Miller Pa fait voir dans son beau travail sur les zeuglodontes. (Le nom de Zeuglodon, qui a été donné par Pillustre directeur du British Museum, R. Owen, doit rester à ces singuliers ani- maux de l’Alabama.) Les dents si extraordinaires des squalodons ressemblent beaucoup à celles des zeuglodons, et la plupart des zoolo- gistes rapprochent même génériquement ces mammifères l’un de l’autre, Mais ces animaux aquatiques présentent-ils réellement une si grande affinité entre eux? Sont-ils tous les deux souffleurs? Leur place à tous les deux est-elle effectivement entre les siréniens et les cétacés véritables? Bien des pièces manquent encore aux yeux de plusieurs zoologistes, pour trancher définitivement les principaux points de ce problème, et Pon comprendra aisément le haut intérêt qui s'attache à la découverte de quelques dé- bris de ces curieux mammifères. Les fouilles faites dans les environs d'Anvers viennent heureusement combler une partie de ces lacunes, en ré- vélant l'existence d'un mammifère très-voisin de ces sin- guliers genres, s'il ne leur appartient pas. En attendant que nous puissions décrire et faire figurer avec tout le soin nécessaire les ossements divers que nous lui rappor- tons, nous ne pouvons nous empêcher de faire part à la - classe de cette intéressante découverte. C'est à la généreuse obligeance de notre savant confrère H (24) M. L le vicomte Du Bus, que nous devons en grande partie les matériaux qui ont fourni le sujet de cette notice. Quelques autres pièces, d’un intérêt non moins grand, nous ont été obligeamment communiquées par un savant distingué, M. le capitaine Le Hon. Les ossements découverts dans les environs d'Anvers sont déjà assez nombreux, comme on a pu le voir encore par Pintéressante communication qu’a faite à la dernière séance notre savant confrère M. Nyst. Ceux qui font le sujet de cette communication ont été recueillis au fort n° 4, à Vieux-Dieu. Ils appartiennent les uns à la tête , les autres à la colonne vertébrale et quelques-uns même aux membres. C'est à M. le capitaine du génie Cocheteux , archéologue distingué , que la science est redevable de la découverte et de la bonne conservation de plusieurs de ces ossements. Que M. le capitaine Cocheteux veuille bien recevoir ici lex- pression de la reconnaissance de tous les paléontologistes. Nous allons signaler les principaux os. D'abord il y a dans le nombre plusieurs fragments de maxillaire, montrant les dents ou les alvéoles et qui pro- viennent probablement du même animal; on voit distine- tement sur une de ces pièces, un maxillaire supérieur, quatre alvéoles de molaires bifurquées, et on reconnait parfaitement Palvéole de la dernière dent, qui est un peu plus petite que les autres. Ces dents sont assez rapprochées les unes des autres, contrairement à ce que Pon voit dans les zeuglodons. Sur deux autres fragments qui se joignent, on voit huit prémolaires caniniformes , régulièrement es- acées, dont trois sont encore en place. On a trouvé aussi trois belles dents molaires isolées, dont les racines, au lieu d’être séparées seulement vers le haut, comme dans le squalodon, sont séparées, au contraire, complétant jus- qu'à la couronne et sont très-obliquement implantées dans y A ( 25 ) des alvéoles. Mais le caractére qui nous a paru au premier abord le plus frappant, Cest que la couronne ne présente des dentelures complètes que sur un des tranchants, le postérieur : C'est à peine si sur l’autre tranchant ces den- telures sont indiquées par quelques granulations. ll nous paraît digne de remarque aussi que le maxillaire inférieur présente sur le côté en avant une alvéole plus grande que les autres, comme si une vraie canine, plus grande et distincte des prémolaires, Pavait occupée : c’est M. Du Bus qui a attiré notre attention sur cette particu- larité. Nous remercions notre honorable confrère d’avoir bien voulu nous faire part de cette remarque, ainsi que de plusieurs autres observations qui nous ont été fort utiles. Si nous ne nous trompons, les dents de Panimal qui vient d’être découvert dans le crag d'Anvers, sont dispo- _séessupérieurement de la manière suivante : une forte dent conique de chaque côté dans Faxe même du corps de l'animal et de la mâchoire; cette dent est suivie de huit dents caniniformes à une seule racine, régulièrement espa- cées, rayées légèrement sur les deux faces et faiblement comprimées de dehors en dedans; toutes sont garnies d'une petite frange en avant et en arrière; elles ont la pointe régulièrement usée au même degré par la mastication, et elles sont toutes dirigées de haut en bas et un peu de dedans en dehors. H existe ensuite sept dents molaires véritables et à double racine; les trois antérieures sont encore espacées Comme les dents précédentes, tandis que les quatre der- nières sont serrées les unes contre les autres, comme dans le squalodon de Grateloup. Les molaires du milieu sont les plus fortes; la dernière est la moins développée. Le bord antérieur de chaque dent, c’est-à-dire la frange, qui se - trouve également sur les dents à une seule racine, est lé- ( 26 ) gérement festonnée; le bord opposé présente, au contraire, des dentelures dont le nombre ne dépasse pas quatre, ce qui les rapproche d'un côté des phoques et de l’autre côté des zeuglodons. Il est inutile de faire remarquer que toutes ces dents sont implantées dans le maxillaire supérieur et qu'il n'existe pas de dents incisives véritables. Comme dans le squalodon de Léognan, la symphise du | maxillaire inférieur est trés-longue. Le fragment postérieur de maxillaire supérieur, dont nous avons parlé précédemment, ne présente pas moins un très-haut intérêt, en ce qu'il nous montre, indépendam- ment d’une partie du palais à la hauteur des dernières dents molaires, une partie de la gouttiére, qui est rem- plie, à l’état frais chez tous les cétacés souflleurs, par un ligament cartilagineux et enfin, par la présence d’une por- tion latérale et antérieure du vomer qui tapisse, sur le côté, cette gouttiére dans une grande partie de son étendue. Toutes ces dispositions iere singuliérement notre animal des cétacés souffleurs. Plusieurs vertébres cervicales, provenant probablement du méme animal, sont parfaitement conservées et ne con- tribueront pas moins que les portions de la téte 4 nous faire connaître leurs véritables affinités. Les vertèbres cervicales semblent toutes séparées, comme J. Müller Pa reconnu dans ses zeuglodons, et elles ne sont pas non plus sans res- semblance avec les vertèbres cervicales des ptérobaleines. Enfin nous sommes en possession aussi des principaux os des membres : une portion assez bien conservée d’omo- plate a été mise à nu, ainsi qu'un humérus , un cubitus el une phalange des doigts; mais qui n’appartiennent peut- être pas au même animal. ENEE EE Ce qui nous paraît moins douteux, c'est une rangée d’os- ` | ( 27 ) | selets du carpe que M. Du Bus a reconnue et qui ne sem- blent pas laisser d'incertitude ni sur la nature du membre antérieur, ni sur l’âge adulte de l'animal. Ce dernier point est confirmé, du reste, par l'état des épiphyses dans les vertèbres comme dans les autres os. Ces os du carpe sont groupés comme dans tous les vrais cétacés, sans aucune surface lisse et articulaire. C’est un point fort important, puisque J. Müller a reconn u, dans des os semblables de zeuglodon d’Amérique, des surfaces arti- culaires qui indiquent une nageoire mobile toute différente de celle des vrais cétacés souffleurs. Enfin M. Du Bus nous a montré une plaque osseuse par- faitement aplatie, longue à peu près de quatorze et large de cing ou six centimètres, qu’il est parvenu à reconstituer au moyen de fragments de diverses grandeurs et très- irréguliers. Elle a tout au plus cing millimètres d’épais- seur. A droite et 4 gauche, on reconnait des sutures qui courent en ligne droite comme dans des fragments de ca- rapace de tortue; mais l’os ne présente aucune apparence de voussure. On reconnaît très-bien aussi, à une légère saillie qu'on aperçoit à l'extrémité de l’une des surfaces, que c'est une pièce médiane. — Cette plaque osseuse à toute l'apparence d'un os cutané. — Ce qui nous paraît surtout important, c’est que J. Müller a trouvé, de même à côté des zeuglodons de l’Alabama, des plaques osseuses qu'il attribue au dermatosquelette, et qu'il ne peut rapporter à aucun des animaux cuirassés connus: Welchem Thiere und 0b sie den Zeuglodon angehóren, ist dermalen vollig un- gewiss, dit J. Müller. Nous devons nous demander, comme lui, si ces plaques trouvées à Vieux-Dieu appartiennent au Squalodon d’Anvers; c'est, en tout cas, un fait qui ne doit Pas être perdu de vue. Pourquoi, du reste, n’y aurait-il Pas eu des cétacés aquatiques cuirassés, comme des édentés ( 28 ) terrestres? Ce serait même une analogie de plus entre ces singuliers mammifères, en faveur du rapprochement en apparence si hasardé de de Blainville, qui regardait les cétacés comme des édentés aquatiques. Le caractère que J. Müller a signalé dans la texture des 0s des zeuglodons, et que Harlan avait déjà reconnu, ¢’est-a- dire de se séparer, 4 la surface, par feuillets, de maniére a faire ressembler une surface effeuillée á une surface natu- relle, ce caractére ne se retrouve pas dans les ossements d'Anvers. Nous devrions peut-étre nous arréter ici et attendre, pour nous prononcer sur les affinités du nouvel animal d'Anvers, que toutes les pièces aient pu être comparées avec soin. Mais il nous est difficile de nous taire sur cette parenté, surtout si, comme nous l'avons dit plus haut, les Zeuglodon n’appartiennent pas à la même famille que les Squalodon. A en juger par la portion de maxillaire supérieur, notre animal d'Anvers a les fosses nasales re- foulées en haut comme les Squalodon et non comme les Zeuglodon; mais comme il montre des différences assez notables dans les dents, surtout avec le Squalodon Grate- loupii de Bordeaux, nous croyons devoir lui donner un nom spécifique, et nous proposons de Pappeler Squalodon antverpiensis. M. le capitaine Le Hon est également en possession d'une grande partie de la tête, y compris le rostre, d'un cétacé ziphioïde, trouvé à la briqueterie de la société Pau- wels à Edeghem, lequel nous paraît également nouveau pour la science. Nous comptons en entretenir la classe dans une des prochaines séances, M. le capitaine Le Hon ayant bien voulu mettre généreusement à notre disposition les beaux matériaux de sa précieuse collection. aan EN ( 29 ) Notice sur un nouveau gite de fossiles se rapportant aus espèces faluniennes du midi de l'Europe, découvert à Edeghem, près d'Anvers; par H. Nyst, membre de PAca- démie. tila i En creusant le sol pour établir une briqueterie, on dé- couvrit, il y a quelque temps, à Edeghem, un certain nombre de fossiles, parmi lesquels M. Émilien De Wael, enlevé depuis à ses amis et à la science, nous fit remar- quer un polypier (Flabellum Waelii, Nob.) dont nous pré- sentons à la classe une photographie due au talent de M. Ommegang. Cette découverte et les renseignements dont Paccom- pagna feu M. De Wael, nous engagèrent à recueillir les fossiles de cette localité que notre confrère M. Dewalque a explorée avec nous au point de vue géologique. C'est le résultat de nos recherches paléontologiques que nous avons l'honneur de communiquer aujourd’hui à l'assemblée : il contribuera à fixer l'étendue du crag de notre pays. Le dépôt fossilifère dont il s'agit, qui doit être rapporté au crag inférieur (système diestien), repose directement sur les argiles rupéliennes, qui renferment, en cet endroit, un grand nombre de nautiles, coquilles connues des bri- quetiers de la contrée sous le nom de katte-kop (tête de chat); et, en effet, ses cloisons isolées y ressemblent assez bien, comme on peut s’en convaincre par les figures que nous en avons données dans notre grand travail sur les fossiles des terrains tertiaires. Il est à regretter que ce nautile se trouve constamment encroûté dans les rognons du Ludus Helmontii. Les exemplaires assez complets pour être étudiés sont très-difficiles à rencontrer, et ce n'est qu’à ( 50 ) grand’peine que nous en avons obtenu. Nous pouvons, pensons-nous , affirmer aujourd’hui que ce nautile est identique ayec une espéce que nous possédons des terrains faluniens de Saubrigues , près de Dax, et que nous croyons être le Nautilus Aturi de Bastérot. Il appartient, en tout cas, au genre Megasiphonia de d’Orbigny, genre qui diffère des clyménies par son siphon trés-large en entonnoir, placé contre le retour de la spire. Il dépasse en taille celle du Nautilus pompilius, puisqu'il mesure à peu près douze centimètres dans sa plus grande largeur et le siphon étant large de trente millimètres dans Pun de nos exemplaires. Les côtés sont légèrement comprimés latéralement, comme dans le nautile de Saubrigues. Faisons observer encore que, d’après d'Orbigny, le genre Megasiphonia n'aurait pas encore été découvert dans l'étage falunien A, auquel cet auteur a rapporté les argiles rupéliennes de notre pays, et que c'est à tort qu'il rapporte à l'étage parisien À, la planche XLVI, fig. 4, de notre travail sur les fossiles de Belgique, planche qui représente notre espèce rupélienne. Nous citerons encore des argiles rupéliennes | les espèces suivantes, savoir ` 1. Axinus Nystii, Phil. 41 Pleurotoma crenata, Nys 9 2. Astarte Kickxii, Nyst. 4 subde: ntieutaté: a 5. Cardita Kickxii, Nyst. 12. — Selysii, De Kon. 4, Leda Deshayesiana , Nyst. 15. Murex Deshayesii, Nyst. 5. Nucula Chastelii, Nyst, 14 Morio depressa, Von Buch. 6. Dentalium Kickxii, Nyst. 4 Cassidaria Nystii, Kickx. 7 Natica glaucinoides, Sow. 15. Voluta semiplicata, Nyst. LSC stii, d'Orb. Megasiphonia Aturi, d'Orb. 8 . Fusus multisulcatus, Nyst. 16.) Nautilus Aturi Bast 9. — Waelii, Nyst. i . s =- iczac 2 10. — Staquiezii, Nyst. 17. Carcharodon heterodon ou an- gustidens , Agass. Ainsi sur quarante-trois coquilles fossiles mentionnées | (51) des argiles rupéliennes, seize ont été recueillies à Éde- ghem, plus une dent de poisson sur douze qui ont été men- tionnées dans la liste publiée par M. Lyell, p. 300 (1). Immédiatement au-dessus de l'argile rupélienne, Pon apercoit une couche épaisse de sable argileux noir trés- fin qui renferme à sa base des rognons roulés de septaires, lesquels paraissent avoir été dénudés et provenir de ces argiles. Ils sont perforés par des coquilles lithophages (2), telles que des modioles, des saxicaves et des pholades qui se rapportent au genre Pholadidea de Sow. Ces rognons sont souvent aussi chargés d’huitres que nous n’avons pas encore pu déterminer avec certitude. Cette couche ren- ferme, en outre, une quantité prodigieuse de fossiles; elle est souvent caractérisée par la présence d'un grand nombre de Panopaea Menardii , Desh., qui, bien qu'excessivement difficiles à obtenir entières, prouvent, par leur position et Parce qu’elles sont toujours bivalves, qu’elles ont vécu en Place. Nous avons été assez heureux de nous en procurer Plusieurs exemplaires d’une parfaite conservation. Parmi les espèces qui se trouvent en plus grande abon- dance dans cette localité, nous citerons surtout les sui- vantes : ; 1. Venus multilamellosa, Nyst. 7. Cardium subturgidum, d'Orb, 2. Lucina transversa? Bronn. 8. Lucina Flandrica, Nyst. 3. Tellina subfragilis, d'Orb, 9. Panopaea Menardii, Desh. 4, Isocardia lunulata, var. Crassa, | 10, Tellina Benedenii, Nyst. t ? e 11. Venus suborbicularis, Goldf. 2. Nucula Haesendonckii, Nyst. 12. Cardita intermedia , Broce, 6. Area latesuleata, Nyst. 15. Nucula pygmaea, Phil. Eet ur i (1) Lyell, On the tertiary strata of Belgium and French Flanders, in-8°, 1852, (2) C'est à notre confrère M. Dewalque que nous devons la découverte à de ces coquilles lithophages. (32) 14. Pecten tigerinus, Mull. 27. Dentalium acutum, Sow. 15. Pecten Lamallii, Nyst. sl? coarctata, Nyst. 16. Ancillaria obsoleta, Brocch. — conuloidea, Wood. 17. Mitra fusiformis, Brocch. 29. sas rostralis, Eyd. et Soul. 18. Conus Dujardinii wg 50. Balanu « Petite we" en- 19. Aporrhais pes-pelicanis, L. core led 20. Pleurotoma TEN, Broc. | 51. Flabellum eink, as Superbe 21; obeliscus? Desm. espece, dont un exemplaire 22 — interrupta, Broc. ous ‘dons mesure 23. — uniplicata, Nob. neuf centimètres de largeur A. — Suessei? Hórn. sur soixante-quinze millime- 25. Fusus fasciolaroides, Nob. tres de hauteur et vingt-cing 26. Murex tortuosus, Sow. d'épaisse D’aprés cet apercu, il est facile de voir que les fossiles de cette couche ont plus d'analogie avec ceux du crag noir d'Anvers, au fort d’Herenthals (1) et de Berchem, qwavec ceux du crag gris ou du crag rouge, et que la pré- sence des genres Conus, Ancillaria, Oliva, Terebra, ett., Pidentifie avec le systéme boldérien. M. Dewalque ayant bien voulu nous confier, pour les déterminer, plusieurs moules de fossiles qu’il vient de recueillir au Bolderberg, nous n’avons pas été peu surpris d’y rencontrer celui de la Nucula Haesendonckii. Voici donc encore une espèce du système diestien qui se retrouve aussi dans le boldé- rien. Nous avons, en même temps, remarqué que toutes les dents de poissons recueillies dans les sables noirs d’Ede- ghem étaient usées ou roulées. Les vertèbres de cétacés paraissent aussi y être rares. C’est encore dans cette couche qu’a été recueillie la ré- sine végétale fossile, grosse comme un poing, qui a été DENT PA (1) C’est par erreur que d'Orbigny a cité, dans son Prodrome de pa- léontologie, pour les espèces de ce terrain, Herenthals au lieu du for d'Herenthals , qui est situé aux glacis d Kitt, 3 | Be, MO u ana an TT ( 95 ) offerte, par M. de Page, à la Société paléontologique établie à Anvers. Enfin, d’après la liste des espèces recueillies que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie et qui se monte à cent cinquante-deux espèces, nous avons constaté la pré- sence de plus de cinquante-huit espéces qui n’ont pas en- core été mentionnées en Belgique; ce sont les suivantes : ge . Rissoa concinna, Wood. Rare. i . Scalaria amaena, Phil. Peu commune. . Chemnitzia unica. ? Mont. Trés-rare. — nudissima, Mont. Rare. — milis ed Rare. Turbo E Se? Trés-rare dir an pulchralis, Wond. FRE . Cypraea pyrum, Gmel. Rar . Mitra fusiformis, Brocch. aa 10. — cupressina, Broc, Peu commune. 11. — acicula, Nob. Très-rare. 12. Cancellaria canalicula , Gr Rare. 13 — suturalis, Grat. 14. — Bellardii, Mich. "e commune. 45: Nystii, Hôrnes. Très-rare. 16. ERE cataphracta, Br. Commune. i Bo A E uniplicata, Nob. Peu commune = porrecta, Wood. Rare. = Suessei, Hörnes. Rare. — obeliscus, 2 SC Commune. — intermedia, B Ss flexiplicata , NE Bei commune. MS semimarginata, Lk. Peu commune. Sr bäi 18 DÉI =e ks re Beas Soar ee AA (1) Sous la dénomination de (rés-rare , hous voulons indiquer que ces espèces ant áig sare 3 3 ‘isis + 4 h Line + Cette localité, : 2% SERIE, TOME XIL A (34) i 26. Pleurotoma stricta, be Rare 27. subterebralis, Bell. Rare. 28. Fusus 1s Beyrichii, Nob. Peu commune. 29. — costiferus. Wood. Rare. 30. — fasciolaroides, Nob, Trés-communes. ; 51. Murex scalariformis, Nob. Peu commune. ui CG Triton tarbelianum , Grat. Rare. Vermetus arenarius, L, Trés-rare. Spirialis rostralis, Eyd. et Soul. Peu commune. Pyramidella Dre Brom. Rare. Eulima Eichwaldii, Hórnes. Très-rare. Columbella ee , Nob. Très-rare. Adeorbis Woodii, Hórnes. Tres-rare. Scalaria? lanceolata, Broc e, Crepidula unguiformis, Lk. ROTO: . Vaginella depressa, Desh. T 2. Panopaea Menardii, Desh. Cosina (rare entiére). 45. Tellina subfragilis, d'Orb, 44, Psammosolen strigillatus, L. Rare. 45. Montacuta ferruginea, Mont. Trés-rare. 46. Lucina transversa, Bronn. Commune. D à À E? ; etii, Nob. 48. Pectunculus arcuatus, Schloth. Tres-rare. ii ÈS- 1, Flabellum Hain , Nob. Soil: 32. Waelii, Nob. Tres-rare. 55. Gate Dee Phi, Très-rare. 54. Nucula trigonula, Wood. Rare. Saxicava rugosa , L. Trés-rare. 56. Modiola marmorata. Trés-rare. 57. Leda exisa, ? Phil. Trés-rare. 58. Modiola costulata, Risso. Trés-rare. Les bryozoaires se trouvent aussi en trés-grande abon- ` dance dans ce gîte, mais ils nous paraissent être générale- ` ment plus petits que ceux que nous avons recueillis au ` fort eo et dont nous n'avons encore pu obtenir ` les noms. (35 ) Grâce à la bienveillante entremise de M. Dewalque, nous avions espéré pouvoir les obtenir de M. Johnston, qui s'occupe d’une manière toute spéciale de leur étude; mais nous venons malheureusement d'apprendre que la boîte qui renfermait nos nombreuses récoltes de gars s’est égarée avant de lui être parvenue. Résumant la liste des fossiles recueillis à Edeghem et que nous offrons á la compagnie pour étre insérée dans ses Bulletins, nous ferons observer que ces espèces ont plus d’analogie avec celles de l'étage falunien B des envi- rons de Bordeaux, du Piémont, de la Sicile et de PAu- triche, qu’avec celles du crag rouge qui occupe la partie est et nord d'Anvers Ces dernières sont, comme on le Sait, identiques avec les fossiles du crag de l’Angleterre. Nous ajouterons que c'est avec les espéces du crag noir du fort d'Herenthals et du systéme boldérien de notre pays qu'elles ont le plus de rapport, ce qui nous fait penser que le systéme boldérien n’est, en réalité, que la base du sys- tème distien de Dumont. Ils devront, pensons-nous, encore faire partie de la série des fossiles pliocénes. M. Bosquet, en signalant à Vattention des paléontolo- gistes les fossiles des terrains tertiaires de Hollande, semble aussi avoir découvert dans ce pays limitrophe du nótre, dans la Gueldre à Rekken, près d'Eibergen, et Giffel près de Winterswyek (1), une couche analogue á celle d'Ede- ghem ag. en terminant, que nous offrirons sous peu a PAcadémie, la description des espéces que nous considé- rons comme étant nouvelles. e eee See (1) Staring, Bodem van Nederland, t. Il, p. 284. - SI ZS $ e è BELGIQUE. HOLLANDE ANGLETERRE o — PTS — ne a sl s r ER: E eeeiets EIS = E En 5 = 2 = 2 Sheets alfe a NOMS. EN S S & = = = Po 8 $484 EEE ke 12 SEL. 1 ` SES LE | | EEE! sls E sjej | |# des ye 5/8 D > E E & 5 = Ej S SIE /E ELE Pele]! elels s|<|2|| » (+R| vf» inf» |» | nf» 2; Rissoa concinna, Wood, „. + . | » P| » j+R| » bo |» do |» bed 3; Scalaria lamellosa , Brocch. -. | » >» ui des of» {Eire | ol +i» 4 — amaena, Phil, , ...| » » +H? +R] »I +1 Hi» | > |» E 5 — frondicula, Wood. - . | » LH IFR] » Fo | wp bo | --} » lt 6 — ? lanceolata, Broe.. + . | » » » HR| » fo] »J» |» od» 7} Turritella triplicata? Broce « «|» | + |] + [+R] of > |» > | +i +d 8 — subangulata, Broc. : | » PE » HER} + EI ae ff +f 9! Chemnitzia unica? Mont, , . 3 » | > |4R| skela iato let 10 — nitidissima, Mont. . IHM] >| » 4R| >» ||» [eb] 11 — similis, Forb. + « . + v » +R » » » » » | wé > 12| Eulima Eichwaldii, Hörn. + +. |» » DPR yon foi ff |» vo fry 15) Nisoterebellata, Br. . , . . . . kä » | » LR) » J +l» |» >]? 14| Pyramidella plicosa, Bronn.. . + J » | + [+R] of» |» Po | » lec» Odontostoma plicata, Broc. - . ) | 15 + E+) EN AUN rle Turbo plicatus, Broc... +... Í ! - me Actaon levidensis, Sow, . . Ietsisvkbisfelelslslls ; DL —.. tornatilis,h. , + +. BE » » Ri »f»t» fr | +i +E? 181 Ringicula buecinea, Sow. + |+ f > | + +R | + + »i+i+]>? ( 57 ) vec Vindication des différentes localités de l’Europe és, e rencontr . Is ont et où 1 "IILI VI 19 IFS ei PIEMONT, “nsy seen trees NES E ee NE *9U010J, SUPINE + | ++ + |+- + +|+ + | ++ FRANCE, "MSI "uvustrdaog “osent “songiiqnos AE AA o mg mech ae bs 1... ab, ‘sores ‘ [neg -,5 OE E *uvugoyT ‘sqvones “auteanoy, LOC. DIVERSES. *assing *uaStoquaaaz nl "214 Suon = nn ofqopoq “AA LOA AUTRICHE, a ai e "Säite 19 “appr səp Bay rep LA Lafe A. Sg | "saques "Say MID) v saques *saunaripdns so hay DE L'ALLEMAGNE. ‘198889 12 uopoarg *9PUNT 19 Dia "tout WIG *"JLOPSULLOH "Banoqopér a -1persnox »| »| ali ais give Cele eee Di »| » >| »| »| >» (38 ) BELGIQUE. HOLLANDE. | ANGLETERRE. S 3 -= u = ges à ຂໍ | ຂ = EMS SIS i 2 CE 5 =. = aly d a > Ka Es = . $ = Pf a BIETE NOMS. 2 a A EH = 2 = g . 3 S18 | Fl Fl 31313 ¿1581 te 4 epee yrs pers lire Ere EI a = = = a € 151215 5 235 Ei oa a ias : la 515 3 IS | EI E ESE [5] « < 4 a = o ລ ole E a Natica millepunctata, L,.... - S 10! J+ [ec + en + +l+i+i+]> (> a orasan Meet Si sical à l — Josephinia, Risso. , . / af 3 + » » | +R + » » » » » f+)? — olla, Marc. des Serres. . i ai —. helicina? Brocch. ..... | +1 + | + [+- afield et? | od vi 22| Xenophorus Deshayesii, Mich. . | » | » | » HR +17 9% » |» | » | > |» 25| Tur LA cn als » » MR}, > fr | rf |» |»? 24| Adeorbis pulchralis, Wood... |» » | sti » |» | ado |» |---|? 25 -— Woodii, Horns .. ,, |» » » IHR] st +l>o >> t+]? 26 | Litripa papillosa? Wood... ., | » » | » +R| » |» 1,1» |» |? 27| Vermetus arenarius, Lin. ... | +] » | » +R » I» lado] oj» dol? 23| Cypraea pyrum, Gmel..... [+] » | » [RI of» | abo |» |» bo]? 29 — Europaea, Mont... ./-+-]4+R| + [+R] sll oF > + | Er» J Oliva flammulata, Lk. . .... d S + - » » [HR +Cl» | af» |» |» » de — . Dufresnei, Bast... ..... ma 31| Ancillaria obsoleta, Broc. . [| » | » | » |C Cla 4's lois » |» 32| Voluta Lambert? Sow, var. tri- 4 plicata,Nob..........[>»[ +] » MR 4 | sf rp | 35| Mitra fusiformis, Broc. .. .. J+] »| » + | >| sf |r| of» |? 54! —. cupressina,, — . +... |» » HR: a dee bg De} ached ee séi — ucicula, Nob... fs ol in ARTISTES ifo |»| >>|? Cancellara varicosa, Broc. . . d 36 — Lajonkairii , Nyst. . | AN A PA > JH [ — coronata, Wood. . . | ie arsy TEE (39) ‘oaqeey wf 19 ojos e ACE AA er aes a + z | sy + + + + a a a a + + + a a a + r A + = SEE Bt + AAA AAA A + | "airrasaeyy + + + A E RA AAA a D Ro ER a uvudidaad + + + A 2 + + è a a Ss A a A + S NIT "HCH TE + 4 + + ONE RA + = EA ROR + SE me - E “sortes “[ned-,S = = + + 22 a 2.0% + = + a + + a a = "uruSopT ‘syuones + + — + a a a a + a + A à a + AA a SE "JULIOL, + + + sa Se 2 + a a + + e? + a a a A ( *assing A “+ + $ NA À à + a + a D TE ENR a S ) usdaaquaaaz + a + + RR + a Yanan a, > a + a Weiter Aë: ` a El / KIT + A e A0 e Ge. > a a a À D D D À, + = | “anepog ‘arusytoa + 2 Sr ME OO hs el a ns os a / “sayqes 19 "apjur sorySay + -+ ; + + + a + a + + + + + a 4 + a á E À Top soqqes 19 sou LA AF FF A = { *sa1quS T + + a a À A 2 D + 2 + A a + D D a 5 / engt 19 sarqes À R a A a a 2 a A a A À a A = D a a \ "sarnayıpdns saitäur a A D A 2 A a A A A A a A A A a A a | ‘apung 12 pjajaa9 e 2 O E EN ep em CR oN + | "125829 19 Uapai g R E Me aot ene, ee, Pk a R A Ee, + i | OY ES a A a S A à A a Aa A R EN R = + A a Z | -jropsutaogy a A E ES ene Tee CM oa À a E ERA Sr D L ຂ PANA à A REL AE A ememr a = pe Sa se a 3 a uapäurg a a 2 a a À A e R a a A a R a a a a Ta “oypoa D A a a a a D a D D a D a 2 D a a R à yonsquassog A a LEE me Wee went E ar Er ame | D a = e ee am S ER a A e A A RS NET "eer gengt ae” a D Cem 25 wee a r SS É d D SS A RE ET : me vm ( 40 ) BELGIQUE. HOLLANDE. | ANGLETERRE, E as — ER u — u MA ú D < > S SE Et Pa ຊ | ຂ e 2 a = S LS S EPS SEE Z|El: A ” a 2 > = E F NOMS. GG RS 1213 F d S les. I EEE EE |! E ISS EE DPS £81315 et [IM - ETS le | 5 PSlspll syst 139 3 e al 8: Ep2 tz 88h p12 3 1 2] 2!) a s]a ato] 5123 ae 4 4 OEL 537| Cancellaria canaliculata, Horn, | » EE » » 38 — saturalis, Grat. (1). | » » | » | + » 1» |» 59 - Michelini, Bell... | » » s LT + sd» 14.54.» 40 =f Bellerdit, Mick. oa los lila | sd Ge ss D 41 ES NysGi, Horn... . li» » »IFPR| »f>o|>]>» 42| Conus Dujardini, Desh, . . . . | » » ¥ AG A Es Aporrhais pespelicani. ..... d +] +] + Cl + p+) 4+] > Strombus — e 44| Pleurotoma cataphracta, Broc. | » | » | » |4C| + +] > 45 — intorie, Bros... By Pls 1 AE | 3. 46 — interrupta, Broe. | » | » | » 4Cyl vf 47 — uniplicata, Nob. . | » | » | stet »,1,1,1, A8 — porrecta? Wood. . | » vd A Ea id bh 49 — turricula, Broe. (2) | | » | + aC | rr +1» 50 — Suessei? Horn. ... |». »| sët » 0-3. pio 51 Ke obeliscus? Bell. eis » » » +R + » » » 52 — intermedia, Broc. . | » | » | » |4R| >» 53 er flexiplicata, Nob. . | » » » (FR » J» | wd 54 — subterebralis, Bel. | » » » [HR | » HE? of» 55 — coronata, Munst. . | » À » | » +R + Ir +] > — Desmoulinsii? Bell, so d » » » [+R » i] » |» — concinnata, Wood. | (1) M. Le Hon nous informe qu’il vient de trouver au méme endroit une septième espèce, qui paraît être la Cancellari® (2) C’est par erreur que M. Hôrnes, dans son Tableau des fossiles tertiaires de Vienne, p. 693, n° 251, indique cette TË ` À (41) A "augete ei 19 911018 et te don ih + + + + + a a +4 a 4 2n ana a a z = EE = e E ( "90140, * uani, A + + + ++ + ++ E nn +. + CE A | sarttosaeny a. a a a 0% D A Se) WE E a NOR A) A 5 4 | ‘wendag Er War + A E Oe nm nm. ER na 1% a E ) “dessep ‘son$riqnes + + a a a + — + a A a a + a + A D a + a | & ] ‘sages ‘]ned-,§ WA a: in a + + “nn 4 Ren D $ | gen oa! ‘syvones sm 2 a a 4 + + + + a a + o» a + a a a a a = | *QUJTINOJ, a A n a A: ih + We + + Ni a à a {ees lor OU Caas ` D £ a E ; ( ‘assing PA FE va. à + LR A a ds. à. A LAS D : ë S ) USB IIQUIADZ Ra =m: im’ om fe + 4 mie im + + a a a + + a $ e | ‘oratory a a a = a + d 4 + A oe + a > = A re = - = 2 d $ \ arqopo, ‘aru DI0A à a + + a + + el a a a R a a a = D a a E ( "SAUS 19 apja; sonay + + 4 tet + + , OA MR LAA + + à $ ະ 5) p sares 19 eum ERE "ét REE O UF E Wr a er E E ) saçqes EEN E TE. D TN E E PEI E A AR WE = u *SOYILIDO Y SITUS D a A a a a D a a a a D D a a a D a A a $ “saanotapdns sapay = A e a a a a » a el 2 a a a a a a A Ki woe = o | ‘apund 19 prajorn a a 2 a a a D A A a a = d : S Fr ri S en A | “108809 19 UPALA PR Mal a a RE NR WE SIT A ER TR eg a = ws nor ytd a a A A a a a a A a a a D a a a a 2 a a £ 5 | -jdopsuraH E NON MT SE TA NU MUR ee See Sr T GR anno WE wer > E = -danogapsu-apersnon a a a a A a A A D D D a a a D a D A a a f 3 | opdajg eme: URS" VE CE A 4 A Rn RC SONA, E teg mee wee ees a 2 z | SE ppo BE RER eme VE + SE NDS BEE DV EEE, SS. , CR A É E à “jon gaeren OTRA EE De: 1 + NES LI ES. E E LS nas = Wi -SanoqounT D RR À CT + = AN = RoTa weem eme | a = WEE AE "gem eet ee Wen a ak Be comme un fa ible hommage de Pestime que nous lui porton q BELGIQUE HOLLANDE. | ANGLETERRE 4 re SMS Be à a au. = setz D ei e S sap / 5 E4 © Pt 2 Sie. | “se 1 21 STE alfe 1: à NOMS. of ETATE SEA ¿ cl S Skel Pie bi islet sl | | E po Els el ollo ig [5 JE. z Jebel e;eleyelzt2| 2) et. | 2 a ະ 2 Ki bei EI = f SPE; = ELS Is IS IE | 2| ES Ae). af < < = a A |G oj 515 1278 éi e = 57| Pleurotoma semimarginata, Lk. | » | » | >» » |» | E 58 _ strieta, Nob. .*,:,.; |.» » >I+R} » parao for » | op») ap 59 = d'Udekemi, Nyst. . | » | » | »|+R|» |» [>> |» |» Fo} oii” ( — Uytterhoevi, Nob, (t) E e sn | D » » | PR » i» | nd» |» |v fo FA _ decussata? Phil., Lk. 61| Fusus Beyrichi, Nob... ... | » » » HR | » fo} ry» | | nf lat > — costiferus, Wood. .*.. y E À caf } D » » [ER » Ev fa» dw [pled A Meurex , costatus, Sow. . . , . E 63 | Fusus fasciolaroides, Nob... . | » À » | » EO sf r| nfo ls |» f 2 lo 64 — crispus? Bors...... | » » wipe fiw bot af» fel shee $ 65 | Pyrula reticulata, Lk. . .... [LR + | El + » || oto le» ef]? % 66 | Meurex tortuosus, Sow. .... | » PR, wll » fF» | on |» |---|? ; : : $ — scalariformis, Nob, . ; . Jaf > or ae » | » » kri » Po] nf |v | ope fu — trifascialis? Grat... ; 68| Typhis horridus „Broe. .... | sf » | » +R} sf» | |» tejel = » 69 Triton tarbellianum, Grat... | > f » | » +R| rf inf in |» fr]? BP y 70| Nassa Jabiosa, Sow... 0... of + +O RE rf od > | +] > | E » 71 — incrassata, Müll. . ++ | + | + sf» tof» |---| Fr if 72| Terebra acuminata, Grat. .. |» >) o>} +f opm tee | >| of > | E e: D 73} Columbella pulchella, Nob... | »} » | » +R] sl: y » >|» |» > |? D A 3 o» 74{ Cassis saburon, Bast. .....|+!| » » | + à » 75| Morio bicatenata? Sow. .... | » | + + | > En u Dun (1) L'espèce de Philippi n'étant pas celle de Lamarck, il ët eee de lui donner u He déi tion, et no (45) “Oiee e] 19 911918 eT a a a a D A A e D a A R A -p a a + A E \ "eg a a a a a a $ a a a + a a + a a 4 a E © E | ouoqo], “urın], + a a a a a + + + a + + 8 + 4 a 4 42 = | ‘INISLE a 2 a a D a a a a e a a D A a A A a S © -urußıdaad a a a a a an A eat, ` a a + a + a e + a É “be 5 geing *sondtuqnes + À a a a a 2. + a a + + a + 2 A + a S Z = Ke E “sates “¡mudas + a a a a a ຈ + a + a D A + + a + a ps -uvuñoo] ‘seneg + a D D D e a + a a + 2. a + na a + a “Š *'QUIBANOL a A e : A A : a 2 a A A , + A a + A a OR a £ DN ( "98818 + a a a a Rh 2 + a a s + a at n° + a & S $ S -uadaoquaaoz a a A A a n 2 + à a A e a a ~= AA F a *oraBuoy + a A a a a a = + a A m a A A A D R 3 © S "aro pog ‘oru£loA À À D a R e RE ° a ar Uae See Te A ` —a Es i Bry a A A R A ES A D a e > į ae ++ EPT = “SO TqUs à À À À À a e “a 0 R A A EEN? + a Y i © E ET, ven D S "80111499 Y SALS - a 2 A D D a. de CE. D op e RETTET € "soanstupdus SAAR A ai a S A A PUR PAR À EE Der, ag, WE nes, eme, ve H “pu 19 pfapaıd A a A A a a a + a a a a a A a AE A À: à ass 19 Uapaty a a A a a a a A A A + a a + A R 2 e = A OA a a a a e a = A a a A A a A D A a a E E Auetemaapt a A A A D A A A A a a 2 2 D D e D D E St NL RN AB AE i ‘Sanoqap#ey-ipeisnaN wé a a a a a a A a A à S à A a a a a A a + a R a £ EI 4 2 a A a a A aua T A a p 5 , £ a D = A a E A E a D T r - E -3anoqpunT a a À A a a a a a A D 3 A E F +23 A a a a a a a a a D Gs ? ki D ei s G EE EE a nanas ES res "ee (44) BELGIQUE. HOLLANDE. | ANGLETERRE Zë eer d ນເກ ne d ; : S|? E . Dést AE 2 EL, 3) 2) 3 ee 1 A NOMS. > = 5 S = = = e d 3 >si php f=; pai ES). 1S à PELE, SPP JE pE SIE : E bE | lelai || i E PPE | Bt SiS Se Ide apaja 5 /s CAKAEREREA aye 76| Calyptraea sinensis, L. .... | + | + » |» Sc Lab pr A 771 Crepidula unguiformis, Lk... | +] » | » |4+R] » » » | » fp» |» 78) Emarginula fissura, L. . ... | +} + | + [+R] » Jo» |» | HH > IF 79; Dentalium costatum, Sow... [+ » |+ |46| » lolo fo HI Ho» (> 80 - entalis,L. .....I+ + | > eR] » fe | > hal» [> [> 1? 81] Bulla lignaria, L.. ......[+I+|+lerl > lolo bo [e led» "E $3] — cylindracea, Brig, : . . |} + | + fr] sf | bo (+ lets 170 — acuminata, Brug. ..... » » | + DE ia mi ie =a SES S i 1? — Bystn, ageet, ds +» i dearclate; Nysl.. ció... 84 FI se ee sin ir — conuloidea , Wood. . . . Sui +. -dfrieula, Broe. os | e fz tg ls RES ly EH B. Mollusques pteropodes. 86{ Vaginella depressa, Desh. ... {+f » | » jan} » ol» ol» >» Jo le 87| Spirialis rostralis, Bijd. et Soul. | +] »| » | +! >») fw |» | fo bo} C. Mollusques lamellibranches. Pholadidea papyracea. se} Sow.. {+i » » ip » fri st» | ir + Pholas = ES Ensis Rollei, Horn, ...... 89 + » » + » » ¥ etia » {33 Solen ensis, var. Nob... . , , . Psammosolen strigillatus .... | Tir » |4R| of ol» dv ln | +E]? Solen = Ek a "aigle gt 19 oI u] PIÉMONT, KA? +/+ 1+ + +? + | + + | + E » D +) +} + » » » D + | + + FRANCE, *aTTosaU gy "urußıdaag + 7% "2001/4091. Sunny + + + — | ~oesreg * sanñraqnes a SOJT "pd + | + ( 43 ) + "pu font ‘siens D a = + + | “9UJBMOL, + a a + a a D D A A a + ` Í assıng - E NA O a a a A A a D + > ) usdaaquaaoz a, Me SET NE A S. a a + a A a a a m / oJIÑUOH Mo © RI ds D + D A 5 À à a 3 \ sarpopog MÁA Se + A a a + A D a D D a | mame EE ee A IAE # 8. f EA S$ hh ae SE ee E \ “sares NEE. 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HOLLANDE.| ANGLETERRE En A o men wf à CRW É AE: S ຂ້ | ອ | ຂ | ຂ SI? $ || ຂູ | ຮໍ s|£le 2 NOMS. sil S| BE ຈ | ຂໍ້[ຂຶ a | 8 ss | Fie] SITE) stad A Z E IIA 8 |S | PP E Ea | S| g = EREE es Pet els i> bea z 212) 8) 8 |S a) els olo | {2} 3 |5|3|13|8515|5|5|2|4 -91¡ Panopaea Menardii, Desb.. ... | » » +?) 4C] » i ln re A e 92) Saxicava arctica, Lee |] HC HR)» le el» P+ +f 93 — rugosa,L.......|+]l » » |+R] » fo | odo bpd py oe | 9 -_ fragilis , Nyst. de viel ski + vi «bo |e: fo ke (ECS Syndosmya (7 alba, Wood. . . f + + | + +? » » » » |+ +j” E Mactra — eh ag o Syndosmya prismatica, Mont. . , d + P + | + DEE A WI » | +f» Ligula _ —.. ! 5 d ( Tellina subfragilis, d'Orb. . . . S 97 N o M x: » |} +E » x4» » » | Bee Donax! fragilis, Nyst...... ! 93) Tellina Benedenii, Nyst. . . | » [+C + | +] of» |» Po tels f> 99) Leda laevigata, Nyst.....- |» Joh | + {+R » piel» |» pe]? = 100] — pygmaea, Phil. .....{-+f » | » I4R| » |r| ls |» +E 101) — Westendorpii, Nyst.... | » » » | +R) » [+ 34» |» I» fr he 108 Ars! Phil i Au EN » » [HR| » J» | » fo |» | +i” a 105) Venus multilamellosa,N.etWest. | » | » | +7/4C | ello |» il’ 104] — suborbicularis, Goldf. . |» »| +14 |x|, |» |" +. dis, Phd se e 4 105 + IS PO PA ee pm — cycladiformis, Nyst. , . . q 1067 : — A "EC +E] IR, ofr ls lolo | + SES 107} Corbula gibba, Oliv, . . . . .. | +] » | » (+0: rly | elo + + Se Astarte mutabilis, Wood. . ; a 1 Es fF | bi kbs | 4 B+ ein — ‘planata; Sow. .:. . ,. | (1) C’est par erreur typographique que d'Orbignie a renseigné ce gente E 1 Lunébourg. (47) AUTRICHE, PIEMONT. ~ “nev “auoydol *urınL + + | + i+ + | + ES FRANCE. "ISA A Sasa -ueußıdaag — “essen ‘sənfrqneg » » » “sales “¡neg-,S ee "pu fo) ‘syrones pm 00) IUmo, » H ab +|+ » » IH?» + + » + LOC. DIVERSES. TT CR. PP sassing "Ud LOQUIADZ "21 Suen fe 2 00 » » + KO ‘aradypo, "sojqes 49 ‘Layuy Sansa y A er M "ə D ta + 18. y ; *sa1qes Et E "aan y saes -saanarapdns soba y "DE L ALLEMAGNE, ‘2pung 19 pleas ++ | *BanoqopBem-yprisnoyy “uopdurg EAN (48) BELGIQUE. HOLLANDE.§ ANGLETERRE am ng i C Clin emie gl ¿ si él : 4 = : E Ello] E ຂ | ຂ : 5 | &| 8 ລີ |ຂໍ້| 8 2 > NOMS. el | 412 alk] . S 3 5 20 so | e sisip [E£ 2 o e = e D EI d KS 7 = ps] FS) S87 PS e481 Sie i z SPELT ELE a ijz Ej ; FLETE EE 4212121212 ST Za < = 3s121515|5 154120 4 109! Astarte radiata, Nyst...... |» + » | » D 410} — — var. costata, Nob.| » » » » |» Cardita intermedia Broc. . . . . ` Ae 41 y D » | + 140 » >| >t » | + | +] * ms — squamulosa, Nyst.... 112| Cyprina Islandica, L. . .. ch Ed FRI tele a| — rustica, Sow. ..... ji 413 Lo +C I+G I-+R ss Se » i+i+F 2» | e — tumida, Nyst..... ຈ j Montacuta ferruginosa... .. E un + » | + LR » |» » se ee Wi Mya ferruginosa, Mont. . . . q 113) Axinus sinuosus, Turton... +} » | + ir! » fo |» do |» | Hl» 1% 116) Lucina transversa? Bronn. ... | » » s LÉI » fod») ps |> {71S A = f boreal, La cs ere ve ey d À + + | + +R) ES ASES Ps — antiquala, Sow... .. E 118] : — | Flandrica, Rest. … ¿> » 46 del See ua H 119) — Drouetii, Nob... . .. | » » sitil osfal sis tsis eee 120| Cardium subturgidum, d'Orb, | » » SEC! » bel ip doe toi Ee E 121 — nodosum? Mont. ..... | +1 -> DER) » bs liste P+ WR Isocardia lunulata, Nyst. ... 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AUTRICHE, , ERSES DE L ALLEMAGNE. *DIQUIU) VE 19 ALNG Y] a S 2 2 + e A \ ‘nsy ລ 2 - 2 + e a a a ( *2U0J10J, “UANL 2a a a a - Kg a a ae | TIET? a D D z R = R R 2 \ "uwußıdaag = D D = a 2 a # = ) NIT AEN (EE z a a a a a D a 2 TIAS IE RS ) ‘sales * [neds = a + D 2 a 2 2 à | ‘ueuño?-s10ones 2 a à + a a 2 = a | ‘IULIANO, ® 2 A D a D a z A ( ‘essins 2 = 2 R D 2 2 5 | a ) "maan AA a a a e de į k k k 2 } ‘oysfuon a a a R 2 a A = R \ "Dopod *aruÄyjoa a D 2 = a a 2 2 a “sas 19 49101 sorry 2 D D a 2 a z a a 3 a a A a a A R A 2 { -sarqes 2 2 2 R a a A a A We / ‘SIMA Y SIUS 2 A a 2 a 2 D D ® \ "soanatapdas soda y ຈ a a 2 2 a A a A | “apung 12 ppg za ad a R d a a a Re 4 < — “108809 19 VIPA 2 a 2 = a a D D 2 be “210149! a a A A D a ai TO Kul e A = -Jaopswao]] a A A A E -FANOGIPFEN-1PLISDIN a A a A A TIRE y “uop#uiq e. 4 ® a D A E D = opon a A a a = = = -yonaquosaor a D A a = e A À A = = À -Zinogpun? P ` A aee x Cem = Ke Mo. Bot. Garden, 1896. ( 50 ) s ge, HOLLANDE. | ANGLETERRE. gt vane od mg gel Pan wmd re $ E? S il : 3 g 3 38813838 #15 sc E a S S SS H 2 Bis "3 SI EI gä äläle E NOMS. of EIER? a ae F 3 ¿ls lle. lials Et 48 = ce 2 5 Fi E re] 518 = າ sf sl: fF © 1S LelStel sts Z #1 8) 8) 8) 5 J S| ER ¡SIS ຈ BPEL EL ae LS USS o 2 ef ¿ af <|2|3|3 2/8 ló6]s]|sS DEE 126| Limopsis sublaevigata, N. et W. |» | » | » | + Fels lo [+4 127 — pygmaea, Phil... ,. |» >] > +] >» Jj» |» +]> 128] Pectunculus glycimeris, L. , . | + f-+C |+€ | | + + |---| + | + |» 129 arcuatus? Schl. ar » » » +R » » » » » » » 130} Area latesulcata, Nyst. . .,, |» | » | » +R |r| |» J» dE as E pal AO AO EE tN » s HR » Pen bo fy le |» go 152| Modiola marmorata, Mont. . , . [+f » | » jR] » fo | o 1» || 135] — | costulata, Risso, . : „Pol » | a JRE ols Its | 4 ted Pecten tigerinus, Mull, . . , . 154) ta. » + 0 of. fo EE AER E — obsoletus, Sow; . . , . BE = benedictins? Lk... ui els eR] Ek: in Fa SWE. Bowerbii, Nyst. .. , , El | Pb E ne bin is figs Ec 137) keng Lamallii, Nyst. ER ae » a 1240 » Ee” » | » Dr 138 — Woodii i Nyst nae ee » » » [+R » n D » » » » 139 — Duwelzii,Nob.,.... |» » » | PR Pentagon} » jw 5» 140 — sarmenticius , Goldf. Se « » » + » » » » » D » — pusio,Penn.....,. 141 i Fl lle} of fo de |e +f — * ¡Hr US yl BOW sw PUR — Pai Mh rr fs o dos Pc La 143] Ostrea edulis, var? L. i... fll » +R| sfn bod A E 144] Anomia epbippiom,L......|e+l+ | EIR] sf lu flu lo led» 145) — — v. aculeala. [+ + | +R) » Pn bao Po ls + > (51) “aUe Pf 19 AUS ei EE E NE oe a e e "eh a + + = \ sy R = D 2 2 a a 2 a a a + + + tS d = S ‘ a a a a a D a A = a n a a Ef ouordoy “UANL, + + a + | ‘IISA s a = a a a a a A a a A a a K suvudidaag = a + 2 2 a A 2 2 a = a a a B ) ‘Jessep ‘sanfriqnes = a 2 a a 2 D a D = D 2 D D S = ) ‘sages ‘ned -,§ , SC e Däreg 2 A 2 2 2 ` . a a Kë | “uoudsaT ‘syeones a a a a D a a a a A a a a + | *2UIRINOL E ee a a N ww + a A = mg u Bm a a We a n a 8 1 m "UA LIUIAVZ a a A a D A a a a a a a a + a] ei f *“aLduoH a a À a a a A à D a D a a A a \ "Sıjepog ‘orn iyo A a a + a a A a a D A a D a A ( *SO[QUS 19 “QUI SA da y x aw A e = 2 = “ À > à A A ke E \ 19 ap s91q 113 a a + A 2 a a A A A a à 3 a A i = a “sores Se et EE ee a D $ a A a a a E = í "SIII 19 SATUS FN mee ae e teen aa e A Y OA = ae \ ‘sounatipdns soyday a a a a a a a a R a a a A a l "Ipung 12 Proj a R + a 2 = a = A a a D mee 99885 19 uapoag a + a 2 a a a D 2 ES a a A 2 “HOR 2 a R a 2 a A EI = a = e 2 a P ! $ '¿LOPSULIAH D z 2 D 2 a D 2 a z a 2 a D z "Imogqapdem-Ipersnon A re er oe D a eee ee 2 x 4 = -napsurd + D 2 2 a a D 2 a KI > a 2 A a A a a 2 PS 2 jot e ~qonaquasog a a A R A a a a = H “fanoqount - a a a a a A A Li a a a D = a a a À ( 52 ) ; BELGIQUE. HOLLANDE. | ANGLETERRE. E En 7 i er el & = SES E SIS = = 2 g © © 3 a sis 2 z 2/5 e E Esl sis BLES E = = ` = : éi = NOMS. $s esta sisiz| |£ = EAE | O A A E E ງີ ZS S © $ ະ E = = E = = 4 s A sl < D A eee A EE 3 2 3 5 8 3 4 | È Sp wj mi. = a E EE O EA A es 3 * 21% = < 2 él GEO) Sto re D. Mollusques brachiopodes. E . 5 » SCH AGO wees nu ee cm a ED » » à wis |» | » jn |» 1370 E. Mollusques bryozoaires. F x E » » A A cae er Re 3° H D » Dis {| O vs] SES S Echinodermes. E 146| Une seule pointe = Ke go en- E. » core indetermin » » » +R] » Pot» |» |» |v pry? E Ñ Zoophytes. A Ja» . $e y #47) Flabellum Haimii, Nob. .... | » | >» II I» I» E E » 148 + . Waeli, Nob; A » be) REET Fp | Bh. ee » 149| Cyathina firma, Phil. ea . sil » » » EBI » lo of» |» | oe 150) Balanophyllia praelonga, Edw. E E Re pe, ds » sR] > Esl Wh tne Foraminiferes. » | Plusieurs especes biede K ses, encore indéterminées et š ; neralement petites. . » ic iF x | hi + ao Cirripèdes. | a ae » ZE | 151) Balanus crassus? Sow. .... | » | + | » +R} »l»¡|»l»i+¡>» $ » |? 152 Fe NE PI N » | + (+40 inne "adqeren gi 19 911918 VT 2 2 2 s ລ = 2 2 2 E Der 2 a 2 2 = D 2 a a D © od D z *20340L, UNA ; a a 2 è e a A 2 = a + | "POSLE a D 2 a 2 2 a z a £ : "ueudıdrag 2 2 e u à 2 2 i ‘oesien ‘sonfriqne a 2 = S S este, taqnes Se R a ela 2 2 ar A KI a ‘sortes *Ineg-S a 2 P 2 2 2 £ a 2 2 R | "unudop ‘syeaneg 2 a 2 a à 2 a a a a \ *JUIBANOL e a e a a A a 2 + a S ( *aS$INS a a A A a a a a RM ZS — = ) “UI A9QUIADIZ F A À 2 a a a A 2 A R a II EE 1° E -araduo WE: a D D a a D a a D a a a a 2 D D w E *J1OPSULIIH f A À à A A a A A E *Sanoyqap3eyy-ypeisnoy, A a A A a a A = > -uopdurq a A e D D A a a a “a e -310 001 D À a A A D a e a x a D A A A. À = = à yonıquasıag s "Bunogqzun] = a a a A A a a a D UNO A a a A a D - Ke si ' j | Sr y (34). M. Du Bus informe l’Académie qu’il a été découvert ré- cemment, dans le crag d'Anvers, des ossements ayant appartenu à des espèces de cétacés fossiles qui paraissent ` inédites. ` 3 On a trouvé, entre autres, au fort n° 6 à Wilryk, quelqués vertébres dont les cervicales rappellent, par leur structure, celles des cachalots. M. Du Bus se propose d’en entretenir la classe dans une des prochaines séances. 5 E e a FER Tom AM, 2; ser. pag. 33. — u Z el A Z Daag A bi eu Tih par 6 Severeyns, Lith, de L'Acad. Flabellum Wael Nyse. ( 55 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 1° juillet 1861. M. DE Ram, directeur. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. MM. le baron de Gerlache, Grandgagnage, De Smet, Gachard, Borgnet, le baron de Saint-Genois, De Decker, Snellaert, Carton, Haus, Bormans, Leclereq, Polain, Ba- guet, Arendt, Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Théod. Juste, Defacqz, Wauters, Félix Néve, correspondants. MM. Stas, De Koninck, Alvin et Éd. Fétis, membres des deux autres classes, assistent á la séance, eee SS CORRESPONDANCE. dag, $ M. César Cantú, en remerciant l’Académie pour sa no- mination d'associé, exprime sa vive sympathie en faveur de la Belgique. « Je me suis toujours étonné, dit cet habile écrivain, qué pas un Italien n’ait encore écrit l’histoire de la Belgique moderne. Elle a tant de ressemblance avec ( 56 ) celle de notre pays; elle tient, comme nous, á son orga- nisation municipale , qui a les mémes origines : elle a passé par la domination autrichienne, elle a fait ses preuves dans les luttes avec la réforme, puis avec la ‘Bias mean tout comme nous.. — M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir quatre volumes manuscfits qui ont appartenu à l’ancienne Aca- démie de Bruxelles et qui étaient déposés jusqu'ici aux Archives générales du royaume, savoir : 1° Registre aux recettes et dépenses de l’Académie, de 1778. 2° Registre des comptes de l'imprimerie académique du 25 octobre 1777 au dernier décembre 1779. 5° Livre aux débours journaliers pour l'imprimerie aca- démique, du mois d'octobre 1777 au mois de juillet 1780. 4° Livre de banque appartenant à l'imprimerie acadé- mique, commencé le 3 janvier 1778 et fini le 47 juin 1780. Ces registres, trouvés parmi des papiers relatifs à la li- quidation de la succession de Des Roches, ont été transmis à l'Académie sur la proposition et par les soins obligeants de M. Gachard. — Remerciments. — H est donné lecture d'une lettre adressée par le co- mité d'organisation du Congrès artistique d'Anvers, qui doit se réunir au mois d'aoút prochain, et qui invite l’Aca- démie à y envoyer des délégués. MM. de Ram, De Decker et de Saint-Genois sont invités á y représenter la classe. — Le Congrés scientifique de France, qui se réunira á Bordeaux, le 16 septembre prochain, fait parvenir le programme de sa 28”° session, et invite l'Académie à y prendre part. (57) — L'Académie d'Arras fait ern de ses derniéres publications. — La Société provinciale de Bois Je Duc remercie l’Académie pour l’envoi de ses Mémoires et Bulletins. — Un mémoire sur la symphonie des anciens, de M. Wagener, professeur à l’université de Gand, qui avait été abusivement présenté a la classe des beaux-arts, est renvoyé par celle-ci à la classe des lettres. Les commis- saires chargés de Pexaminer sont MM. Roulez, Baguet et Bormans. CONCOURS DE 1865. La classe, dans sa séance précédente, avait formulé le programme de son concours pour l’année 1862. Dans sa séance de ce jour, elle a posé la question suivante pour l'année 1865 Rechercher les causes qui amenèrent pendant le dou- zieme el le treizième siècle, l'établissement de colonies belges en Allemagne et dans quelques pays limitrophes. Exposer l’organisation de ces colonies et l'influence qu’elles ont exercée sur les institutions politiques et civiles, ainsi que sur les mœurs et les usages du pays où elles furent fondées. ( 58 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur un fragment inédit de MAERLANT (NATUREN BLOEME ); par M. Bormans, membre de l’Académie. En publiant, il y a trois ans, le premier volume de la Naturen bloeme de Maerlant, outre les manuscrits plus ou moins complets dont je me suis servi, J'ai eu à ma dispo- sition quelques fragments qui ne mont pas été inutiles pour la constitution du texte. Un nouveau fragment de trois cent quarante- quatre vers du méme ouvrage, trouvé, comme la plupart des au- tres, dans une vieille couverture de livre, vient de m'être communiqué par M. Pabbé Daris, professeur d’histoire ecclésiastique et de droit canon et bibliothécaire au grand séminaire de Liége. Il appartient au livre Des vertus des pierres, qui doit faire partie du second volume de l'édition que j'ai commencée et que, malgré une interruption déjà si longue, je ne désespère pas de pouvoir terminer un jour. La trouvaille consiste en deux feuillets de parchemin, petit in-folio, à deux colonnes de quarante-trois vers chacune. Quoique ces feuillets tiennent encore ensemble, les quatre dernières colonnes ne forment pas la suite immédiate des premières, parce que l’un des feuillets a été le troisième el l’autre le sixième d’un cahier de huit, et qu'il y a encore eu, par conséquent, huit colonnes entre deux. Cela n’öte rien de la valeur du fragment, la suite et la liaison étant suffisamment connues tailleurs. Si le texte de toutes les pages était continu, nous aurions en partie d’autres vers, ( 59 ) mais aucun vers de plus. Il est de même sans importance que le relieur a coupé les feuillets au milieu de leur hau- teur : en rejoignant les deux morceaux ensemble, on lit sans peine les lignes que les ciseaux ont traversées; mais d’autres vers, qui ont été collés sur le retour du cuir de la couverture, ont leurs premiers ou leurs derniers mots en partie illisibles; toutefois la perte se réduit à peu de chose. L'écriture du fragment, sans se distinguer par une grande élégance, est nette et régulière et ne contient que peu d'abréviations. Elle me paraît être du commencement du quatorzième siècle. Le parchemin est d’une qualité fort médiocre, comme dans beaucoup de manuscrits thiois de la même époque. Quant à l'exactitude et à la pureté ou, pour tout comprendre en deux mots, quant à la valeur cri- tique du texte, autant que mes souvenirs me représentent encore les manuscrits que j'ai eus sous les yeux, je les regarde tous comme moins bons que n’a dû être celui au- quel ce fragment a appartenu. M. Daris est heureux dans ses recherches paléographi- ques. Je dois encore á son obligeance d'autres fragments, parmi lesquels j’en citerai un 4 cause de son importance littéraire : ce sont cing cent soixante-six vers d'une ver- sion thioise de la célébre chanson de Roland. Je compte avoir l'honneur de les communiquer à la classe dans une prochaine séance. M. De Koninck, membre de la classe des sciences, ap- pelle l’attention de ses confrères de la classe des lettres sur quelques fragments de poteries qu'il a recueillis au fort n° 6, situé à Wilryk, près d'Anvers. ( 60 ) Ces fragments, qui paraissent provenir d’urnes funé- raires semblables aux urnes romaines , ont été trouvés dans l’intérieur d'un énorme trone d'arbre, à côté duquel sen trouvait un autre plus petit. | Ces trones, dont l’un avait deux mètres de diamètre el Vautre quatre-vingts centimétres, étaient placés vertica- lement et enterrés i environ deux métres au-dessous de la surface du sol. Quoique leur forme fit parfaitement conservée, leurs parois étaient trés-minces et ayaient á peine cinq centi- métres d'épaisseur. H Au moment de leur découverte, ils avaient environ un métre de hauteur, mais, sous Paction des influences atmo- sphériques, ils ont bientôt été réduits à l’état de tronçons informes , malgré les soins employés par M. le capitaine de Villers, commandant du fort, pour les préserver de la des- truction. À (61) CLASSE DES BEAUX-ARTS. A ea n Séance du 4 juillet 1861. M. Van HassELT, vice-directeur. M. Av. Querecer, secrétaire perpétuel. MM. Alvin, Braemt, De Keyzer, Fr. Fétis, Navez, Roe- landt, Jos. Geefs, Erin Corr, De Braekeleer, Partoes, Éd. Fétis, De Busscher, membres; Daussoigne-Méhul , as- socié; Balat, Demanet, Siret, Bosselet , correspondants. CORRESPONDANCE. La classe est informée par le secrétaire perpétuel quelle vient de perdre un de ses membres, M. Bruno Renard, ar- chitecte de la ville de Tournay, et que M. Van Hasselt, vice-directeur, a bien voulu exprimer sur la tombe du défunt les regrets de l’Académie. La classe remercie M. Van Hasselt et ordonne Finser- tion au Bulletin des paroles qu’il a prononcées. — M. le Ministre de l'intérieur fait connaitre que la cantate, choisie par le jury et destinée à être mise en mu- ( 62 ) sique, lors du concours de composition musicale, est celle qui porte pour titre Agar dans le désert. L'auteur est M" Pauline Braquaval, institutrice à Warcoing. — M. Éd. Fétis, secrétaire, et M. Braemt, trésorier de — la Caisse des artistes belges, rendent compte des décisions prises par cette institution dans la séance qui a précédé la réunion de l’Académie; ils font aussi connaître l'admission de quelques nouveaux membres. . La classe s’occupe ensuite de la rédaction de son pro- gramme de concours, Il est arrêté comme suit : PROGRAMME DE CONCOURS DE 1862. PREMIÈRE QUESTION. Exposer, d’après les sources authentiques, de quelle ma- nière il était pourvu > pendant le quatorzième, le quinzième el le seizième siècle, à l'enseignement des arts graphiques el plastiques dans les Provinces des Pays-Bas et le pays de Liege. DEUXIEME QUESTION, Faire Vhistorique des systèmes successifs de couverture ` ` des édifices chez les différents peuples. En déduire Fappro- priation des formes et des matériaux aux divers pays el aux divers climats. TROISIÈME QUESTION. Délerminer et analyser, au triple point de vue de la ( 65 ) composition, du dessin et de la couleur, les caractères con» stitutifs de Voriginalité de l’école flamande de peinture, en distinguant ce qui est essentiellement national de ce qui est individuel. QUATRIEME QUESTION. Faire Veloge de Gretry; déterminer ce qui caractérise son talent dans les cing genres de musique dramatique, à savoir : la comédie sérieuse, la comédie bouffonne, la pastorale, le grand opéra de demi-caractère et la tragedie lyrique. ` Le prix, pour chacune de ces questions sera une mé- daille d'or de la valeur de six cents francs. Les mémoires devront être écrits lisiblement , rédigiés en latin, en fran- çais ou en flamand, et adressés, francs de port, avant le 1” juin 1862, à M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. L'Académie demande la plus grande exactitude dans les citations, et exige, à cet effet, que les auteurs ihdiquent les éditions et les pages des livres qu'ils citeront. On n’admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils n’y inseriront qu’une devise, qu’ils répéteront sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse : faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont déposés dans ses archives comme étant devenus sa ( 64 ) propriété. Toutefois , les auteurs pourront en faire prendre des copies à leurs frais, en s’adressant, à cet effet, au se- crétaire perpétuel. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Discours prononcé par M. Van Hasselt, vice-directeur de la classe, sur la tombe de M. Bruno RENARD. | MESSIEURS, Pour la deuxième fois, cette année, la classe des beaux: arts de PAcadémie royale se trouve rassemblée auprès d’une tombe. Il y a trois mois à peine, elle rendait un supréme témoignage de regrets et d’affection à notre con- frère, Francois Snel. Aujourd’hui nous voici réunis devant la dernière demeure d’un autre de nos collègues, dont le souvenir nous est cher et dont le nom appartient désor- mais à l’histoire de l’art belge. Bruno Renard, né à Tournay, le 29 décembre 1781, manifesta de bonne heure pour Parchitecture un gout, une aptitude qui constituait alors et qui est restée depuis une sorte d’apanage dans sa famille. Initié aux principes de cet art par son oncle maternel, M. Bourla, architecte des domaines à Paris, il se perfectionna, dans cette capitale, sous la savante Ucho de MM. Percier et Fontaine. Élève digne de ces maitres célèbres, il fut bientòt admis à partager leurs travaux, et il nent pas tardé sans doute à partager aussi leurs succès, De sorte qu'il voyait s ouvrir ( 65 ) devant lui une perspective de fortune et de renommée. Mais Je désir de rentrer dans sa ville natale et de se rap- procher des siens Pemporta sur toute considération maté- rielle, et Renard n’eut pas de peine à renoncer à un avenir, quelque brillant qu'il fut, si cet avenir devait se réaliser loin de ceux qui lui étaient chers. Aussi bien Renard était un de ces hommes de plus en plus rares dans notre siècle si positif, qui aiment et culti- vent Part pour lui-même , qui ne le regardent pas comme un moyen, mais qui le considèrent comme un but suprême où doivent tendre les grandes âmes auxquelles la nature a départi le don de l'intelligence, celui du sentiment ou celui du génie. Sans doute, avec des idées semblables on n’avance guère dans le chemin de la fortune, mais on acquiert une fortune plus durable, un nom que les contemporains citent et que l’avenir recueille et retient. Rentré à Tournay en 1807, Renard fut investi des fonc- tions d'architecte de la ville et de professeur à l’Académie de dessin. Simple et modeste dans ses goûts, il ne porta jamais son ambition plus loin, si légitimement qu'il eût pu prétendre à s'élever plus haut. Dévoué tout entier à son art, à sa ville natale, à l'instruction de la jeunesse, il se trouva satisfait de son humble position, et il s’arrangea de manière à n’en plus sortir; car elle était la complète réalisation du hoc in votis de cette grande intelligence. En effet, comme architecte municipal, n’avait-il pas trouvé une occasion d'appliquer sa science a Pétude des vestiges antiques que conserve en si grand nombre la pre- miére capitale du royaume franc, et á Pétude des monu- ments plus nombreux encore que le moyen âge a laissés dans la cité de saint Éleuthère? Comme professeur, n’avait- il pas rencontré un moyen tout simple de satisfaire ce désir 2”° SERIE, TOME X, 5 ( 66 ) | d’être utile qui le tourmentait sans cesse et de rendre ser ` vice en enseignant, avec toute Pautorité d'un homme pre A tique, Papplication raisonnée des arts du dessin à Pindus- trie? C'était dans ce cercle d'activité qu'il voulait Wier. | il y vécut le reste de ses jours. (e Il passa plus de cinquante ans dans cette sphére se d deste, mais utile, d'études et de travaux. | Pendant ces cinquante ans, il a formé à Tournay toute 2 une phalange de dessinateurs, dont plusieurs sont devenus : des maîtres et dont un grand nombre contribuent à soutenit | dignement la réputation dont la tapisserie tournaisienn ` jouit depuis des siècles. Pendant ces cinquante ans, tous les travaux de BE" ment et d'assainissement, toutes les utiles transformations que Tournay a subies sont dues à l'initiative, aux conseils et a la direction de Renard. | Pendant ces cinquante ans, il n "y a pas une pierre de : sa vieille et glorieuse cité qu'il wait touchée de la main, qu'il wait interrogée et forcée a lui répondre, si bien qu ‘on trouve réunies dans ses portefeuilles une foule de restat- rations conjecturales , mais historiquement raisonnées, des principaux monuments de la ville romaine , de la d franque et de la ville du moyen age Mais c’est surtout à l'étude de la noble cathédrale de Notre-Dame qu’il consacra ses veilles avec prédileetion. Cette étude a été résumée par lui dans une monograph remarquable et appréciée de tous ceux qui s'intéressent Parchéologie nationale. Si c'était ici le lieu d'entrer dans des détails sur les t% vaux exécutés par cet homme si prodigieusement actif, Je vous rappellerais les nombreuses constructions élevées e? Renard, les restaurations judicieuses et intelligentes 4" ( 67 ) a exécutées lui-même ou qui Pont été d’après ses conseils; je vous montrerais le savant se distrayant par moments de ses hautes études pour composer, avec ce goût pur et cette méthode logique qui lui étaient propres, de simples cours de dessin linéaire à, Pusage des écoles élémentaires, puis Parchéologue retournant à sa science et rebâtissant sur le papier Penceinte et les édifices de Pancienne capitale ner- vienne et franque. Qu’il me suffise de vous dire que peu (artistes peut-être ont eu une existence plus remplie, et, ajoutons-le, mieux remplie que la sienne; car toute sa vie a été une vie d’abnégation, de désintéressement et de travail. ` Dépourvu de toute ambition autre que celle de faire le bien et de se rendre utile; attaché tout entier au culte de Part pour Part et á celui de la science pour la science, complétement étranger à Part de se produire, bien qu’il fùt doué de cette franchise qui est parfois expression un peu trop rigide de la conviction et de la vérité, il serait ~ peut-être resté inconnu si ses travaux eux-mêmes n'avaient parlé assez haut pour lui. Aussi S. M. le Roi lui décerna- t-elle le ruban de l’ordre de Léopold. La Commission des monuments s'empressa, dès le premier moment de sa for- mation, de s’associer cet homme intelligent et distingué. La classe des beaux-arts de l’Académie royale Pappela à elle, et à la douleur qu’elle éprouve aujourd’hui de la perte de notre confrère, elle joint le regret de n’avoir pu invo- quer plus souvent le secours de ses lumières, la maladie et les infirmités de l’âge ne lui ayant guère permis, depuis plusieurs années, d'assister régulièrement aux séances de la compagnie. Mais ce ne furent pas seulement les corps savants du pays qui tenaient à s’affilier cet homme d'élite : malgré le peu de souci qu’il prenait de sa renommée, elle s'était répandue à l'étranger, et l’Académie royale d’Am- ( 68 ) : sterdam, aussi bien que l’Institut des architectes de Lon- dres, conféra spontanément le titre de membre a notre S regretté collégue. | eye Ajouterai-je, Messieurs, qu’aprés une carrière si digne- ` ment parcourue, après plus d'un demi-siècle d'incessanis travaux, Renard est mort sans laisser aucune fortune? — Je me trompe : il est mort riche de l’estime de tous ceux qui Pont connu, riche de l'affection de tous ceux qui Pont pratiqué, riche de la reconnaissance des nombreux élèves qu'il a formés et du témoignage des savants qui ont pu apprécier sa science, Il est mort riche d'un nom que son fils portera avec un légitime orgueil et que l'Académie royale comptera parmi ceux qui lui sont les plus chers. Bruno Renard, adieu! Nos vœux t’accompagnent au "deli de cette fosse où tu vas descendre; mais ton souvenir restera vivant au fond de nos cœurs. | tt A propos d’un vers d'André Chénier; par M. Alvin, membre de l’Académie. Dès qu'on a usé de la lettre moulée, on connait les tribulations qui attendent l'écrivain confiant sa copie aux mains des imprimeurs; eût-on revu quatre épreuves, 0! n'est jamais à Fabri de la coquille ou du bourdon. A celle plainte, plus d'un typographe répondra que des auteur» même parmi les mieux connus, doivent la correction de leur style aux lumières du prote, humble auxiliaire à qu! on abandonne souvent le soin de compléter ou de rectifier certains détails graphiques qu'une plume rapide et féconde laisse volontiers au fond de Pécritoire. Je sais trop com“ ( 69 ) bien le concours de prote west nécessaire pour risquer de me brouiller avec cet utile collaborateur; c'est pourquoi, ayant à signaler une faute d’impression fidèlement repro- duite dans les éditions successives des Poésies d’André Chénier, je tiens à mettre hors de cause imprimeurs, compositeurs et correcteurs. On ne sait pas ce qui peut arriver : ne nous brouillons point avec les puissances. Et d’ailleurs, si les mánes de Chénier ont à se plaindre de l'imprimeur, un autre poëte, Malherbe, n’a-t-il pas profité d'une erreur semblable ? H y a compensation. C’est seulement en 1819 que parut la première édition des poésies d'André Chénier : il y avait plus d'un quart de siècle que le poëte était mort. La plupart des pièces qui composent ce recueil n’avaient jamais été imprimées. Les dernières surtout, celles qui ont été composées pen- dant la captivité de l’auteur, à Saint-Lazare, n'étaient sans doute point écrites en caractères bien nets et bien lisibles. C’est dans une de ces pièces, la troisième des iambes, que se trouve la faute que je me suis chargé de signaler à Pattention du public, en faisant cette commu- nication à l’Académie. En voici les premiers vers : = Quand au mouton bélant la sombre boucherie Ouvre ses cavernes de mort, Pauvres chiens et moutons , toute s bergerie Ne s'informe plus de so Les enfants a suivaient ses cs pad la plaine, ierges aux belles couleurs Qui le de en foule , et sur sa Benk laine ntrelacaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui, le mangent s'il est tendre. s cet abime enseveli, J'ai le même destin, je m'y devais attendre. Accoutumons-nous à l'oubli. (70) S Je ne sache pas que ce texte ait fait l’objet d'une re- E marque critique et je m’en étonne aujourd’hui. 5 Explique qui pourra comment on a accepte sans rele S mation le troisiéme vers cité plus haut : | a ne Ss E Pauvres chiens et moutons, toute la bergerie... Comment ce mot pauvres n’a-t-il pas choqué dee ou M. H. de Latouche, dés la premiére lecture? J'éprouve une sorte de confusion à penser que j'ai Ju plusieurs fois ce vers sans chercher à me rendre comple du sens,et qu’il a fallu qu’on me monträt du doigt la faute pour que je l’aperçusse. Combien pourrait-on trouver, dans la litérati fran- çaise du dix-huitième siècle, d'exemples d’un adjectif servant à déterminer à la fois deux substantifs qu’il précède, comme on le voit ici : pauvres chiens et moutons ? Cette seule cil constance aurait dú nous mettre en éveil. Je veux bien qu’on ait accepté ce solécisme comme une licence poétique; pouvait-on ne point apercevoir le contre-sens? Que vient faire ici cette épithète pauvres, l'équivalent de malheu- reux? Pourquoi dire ici que les chiens et les moutons sont malhtureux ? Malheureux de quoi? Apparemment du sort de leur compagnon. Mais si le sort du mouton conduit à la boucherie les affecte au point qu’on puisse dire d'eux pat vres chiens et moutons, ils nesont done points indifférents et le poéte se plaint a tort. La proposition que Chénier a voulu exprimer est celle-ci : « Quand un mouton est enlevé à ses Compagnons pour être conduit à la boucherie, toute la bergerie demeure indifférente à son malheur. » La ber- gerie c'est le berger, les chiens, les moutons, son vers ne devait pas dire autre chose: Berger, chiens et moutons , toute la bergerie. (TH) Mais Chénier avait Poreille trop délicate pour mettre dans le méme vers berger et bergerie, il a donc employé le mot pátre, et a écrit, sans aucun doute ` Pátre, chiens et moutons, toute la bergerie. Le mot pátre suivi d’une virgule, a été lu pauvre. Cette facheuse erreur s’explique tout aussi facilement quelheu- reuse faute de Pimprimeur de Malherbe. L’auteur de cette remarque, ainsi que de la correction , est une dame connue par des poésies pleines de goût et de sens, mademoiselle Justine Guillery; elle a voulu un édi- teur responsable de sa découverte; C'est un petit service que je suis heureux de lui rendre. mme Peintures murales; par M. De Busscher, membre de Académie. Depuis quelques années Vattention des artistes et des archéologues a été excitée par d’intéressantes découvertes archéologiques; celles-ci, d’autre part, ont stimulé la pas- sion des recherches, et, le hasard aidant, nous sommes par- venus, d’investigations en investigations, à la découverte de trés-curieux spécimens de l’art plastique aux époques les plus reculées. Suecessivement on eut à signaler, à Gand, les peintures murales retrouvées dans l’ancien réfectoire du couvent de la Biloke, dans la chapelle de l'hospice de Saint-Jean Vévangéliste ou de Saint-Jean et Saint-Paul, dans la Grande Boucherie et dans l’ex-oratoire des Carmes chaussés. Aujourd’hui de nouvelles et importantes trouvailles ar- (72) listiques sont faites dans la chapelle de Saint-Jean et: ` Saint-Paul, bâtie au commencement du quatorzième siè- cle (1). Dans cette chapelle, servant actuellement de ma- gasin aux produits de la brasserie de M. Vanderhaeghen, furent découverts en 1846, par M. Félix Devigne, l'auteur des Recherches sur nos gildes et corporations, plusieurs fragments de peintures à fresque, parmi lesquels il fut heureux de rencontrer des groupes de gildes et de métiers armés, les premiers et les seuls qu’il ait aperçus durant ses persévérantes études sur les costumes guerriers des sup- pôts de nos corporations flamandes. Dans la satisfaction qu'il éprouva de cette rencontre si importante pour lui, dans la crainte de voir disparaitre tòt ou tard, peut-être bientôt, les fresques sur lesquelles s’étayaient ses descrip- tions des costumes de guerre de nos milices gantoises au moyen âge, il dressa un procès-verbal de sa trouvaille. MM. Ch. Vanderhaeghen, Vobligeant propriétaire de la chapelle; H.-G. Moke, aasan à l’université de Gand; H. Vander Haert, directeur de l'Académie de cette ville; Benoni Verhelst, archéologue ; F.-J. Goetghebuer, archi- tecte, et A. Ds, artiste-peintre , constatérent de leur signature et déclarérent avoir examiné les représentations suivantes, peintes sur un des murs de Vex-chapelle vul- gairement connue sous le nom de Leugemeete (2), el St tuée à Gand, rue de la Porte de Bruges : « 1° Un corps d'arbalétriers ayant en tête un drapeau blanc à croix rouge; (1) L’hospice fat fondé en 1315, pour y héberger et GES des femmes vieilles et infirmes. — Dieriex, Mém. Gand, t. 11, (2) A cause de son hortoge menteuse, qui Wé? n En dios vraie. — pas igne, Rech. Corporations, t. Jer, p: 18 (75) » 2° Un corps de gens d’armes, ayant en tête un dra- peau rouge chargé de cing petites croix jaunes; » 5° Un corps de gens d'armes, ayant en tête un drapeau rouge dont les insignes sont effacées; » 4° Un corps de gens d’armes, ayant en téte un dra- peau rouge chargé d'un poisson blanc; » 5° Un corps de gens d’armes, ayant en téte un drapeau rouge chargé de deux pelles de boulanger, placées en sautoir; » 6° Un corps de gens d'armes dont le drapeau ne ‘porte plus de marques distinetives; » 7° Sur le mur en face, un corps de gens d’armes ayant en téte un drapeau rouge sur lequel sont figurés des ciseaux. » Chaque corps armé est représenté dans le même costume, dont les couleurs sont diversement disposées. Plusieurs soldats sont armés d'un bouclier triangulaire, aux insignes du drapeau à la suite duquel ils marchent; chacun d'eux est armé d'une longue larice ou autre arme. Des clairons marchent devant eux. » Fait à Gand, le 10 mars 1846. » M. Félix Devigne aperçut aussi sur les murs de Pex-cha- pelle des vestiges de peintures épisodiques, de peintures religieuses; mais, absorbé par son travail sur les corpora- tions, il remit “examen de ces fresques à plus tard, et ce plus tard, comme il arrive souvent en pareil cas, n’advint que bien longtemps après, et fortuitement. Il y a un mois en- viron, et depuis 1846 quinze années se sont écoulées, la recherche a été reprise par d'autres que lui et avec le plus grand succès. Dès aujourd'hui, il est démontré que les murs latéraux et le mur du fond (chevet), dans toute la par- (74) tie supérieure de la chapelle-magasin, à la hauteur d’un pre- mier étage, et plus bas encore, ont été décorés de fresques — religieuses, de peintures historiées et d’ornementation. M. Bethune, archéologue instruit, qui s'est adonné à étude spéciale de Part ancien et a enrichi plusieurs de ` nos églises de belles verrières gothiques, dirigea deux de ses élèves, MM. A. H. Bressers et Eug. Boulanger, dans la recherche et le calque de toutes les traces de ces peintures méritant d’être relevées. Au moyen de ces calques, des copies seront exécutées des compositions principales, el ` elles resteront acquises à l'art flamand. M. Vanderhaeghen, en propriétaire intelligent, comprend la valeur plastique de ces spécimens; des mesures seront prises pour conserver aussi longtemps que possible les fresques plus ou moins visibles, Un architecte rétablira dans leur état primitif cer lains détails de l’architectonique : les niches gothiques, les arceaux des fenêtres, les voussures des portes. Nous ne pouvons que louer M. Vanderhaeghen de cette façon d'agir, les propriétaires de vieux débris du moyen Age nous y ont peu habitués. Si son exemple a des imitateurs, et nous l'espérons, d’autres trésors archéologiques pourront nous être révélés, et échapperont ainsi à une destruction occulte, sans laisser de vestiges dans l’histoire de l’art belge. Voici un aperçu succinct des peintures découvertes dans notre chapelle de Saint-Jean et Saint-Paul, des- quelles déjà les calques sont terminés. Sur le mur du fond, des deux côtés du retable de l'autel central, ont été retrouvées trois remarquables peintures. A droite sont les représentations, statues ou portraits eM pied, de grandeur naturelle, des deux apôtres patrons de l'hospice et de son oratoire. Ils sont en habits sacerdotaux et placés sous des baldaquins ou tabernacles gothiques (75) Ces baldaquins, pareils à ceux des verrières et des manu- scrits du quatorzième siècle, sont d'une architecture splen- dide, à tourelles, pignons et toitures plates. Les toitures sont surmontées de croix à girouettes dorées. Les parties drapées du costume des apôtres, en étoffe blanche bordée de rouge, sont sans roideur et d’un excellent style. Saint Jean Pévangéliste est représenté de deux manières par les artistes peintres et sculpteurs du moyen âge : tan- tot assis et écrivant son Apocalypse, tantôt debout et tenant dans la main gauche une coupe, un calice, d’où s'élance, à sa conjuration , un serpent. C’est dans cette dernière atti- tude et faisant de la main le signe de la croix sur le vase, d’où Pon voit sortir le serpent, qu'il est peint ici, Cette coupe rappelle aussi qu'à Ephése il but du venin sans en ressentir de funestes atteintes, et que parmi les miracles qu’il fit, dit-on, pour attester la vérité de la doc- trine de Jésus-Christ, il ressuscita. plusieurs See pour qui le poison avait été mortel. Saint Paul, Papótre des gentils, tient dans be main droite un livre, en souvenir de ses Épitres si estimées, et dans la gauche une épée au fourreau. Malheureusement les tétes des deux disciples du Christ sont presque entièrement détruites par l'introduction dans le mur de deux poutrelles; il est donc impossible d'appré- cier l'expression des physionomies. Dans Part chrétien le visage de saint Jean l’évangéliste est caractérisé ordinaire- ment par la jeunesse et la douceur, Jean le Galiléen n'avait que vingt-cinq ans lorsque Jésus l’appela à lui; le visage de saint Paul y dénote la force de l’âge viril et respire le courage. À la gauche du retable est peint l’Arbre de Jesse, traité selon la tradition et les données communément suivies au ( 76 ) ièel tati Israël ou Jessé , vieillard à A barbe blanche, coiffé du bonnet juif,et sans couronne, puisqu’il ne fut point roi, dort, la tête ap- puyée sur un oreiller ornementé , et de son côté gauche sur- git la tige vigoureuse de PArbre généalogique de la sainte Vierge. Douze rameaux parallèles, garnis de feuilles vertes et étagés horizontalement, forment, par leurs extrémités arrondies, des encadrements gracieux aux têtes couronnées des rois de Juda, qui, avec le roi David, assis au milieu de l'arbre, une harpe à la main, constituent la race illustre de la mère du Christ. Au sommet de l'arbre est posée la sainte Vierge, la téte couronnée et entourée de la céleste auréole. Son costume est composé d'une tunique de laine blanche et d’un manteau de couleur rouge pourpré. Dans la main gauche elle tient un livre, et dans la main droite, non le sceptre de la reine des cieux, comme trés-souvent, mais une palme d’or, emblème de la virginité. Bien que cet attribat lui soit propre, il y a cependant peu d’exemplesde cette branche de palmier employée dans les Arbres de Jessé. D'ordinaire la Vierge mère porte dans ses bras son divin Fils. La physionomie de Marie offrait le type pur el suave de l’école flamande primordiale; on le voit par les contours restants. Ce tableau n’est pas d’un artiste médiocre; il dénote un talent incontestable. Les têtes, pleines d'expression, ont le cachet de l'époque. Jesse est un beau vieillard, la Vierge une ravissante madone, et les têtes des rois de Juda ne le cèdent point, pour la fidende des traits et le modelé du vi- sage, à celles de Jessé et de Marie. De la tete de David on n’apercoit que la couronne. Par un hasard fatal, qui s'est reproduit pour les images de saint Jean et de saint Paul, une poutrelle, introduite dans le mur,a détruit la face. — (71) Pareille fatalité s’est rencontrée aussi lors de la découverte de la peinture murale à l'huile de 1448, à la Grande Bou- cherie de Gand, pour une des principales figures. La prophétie générative d'Isaie et Piconographie de sa représentation symbolique sont assez connues. Les artistes du moyen áge s’en inspirérent fréquemment; c'est dans la Bible, d’ailleurs, qu’ils puisaient la plupart de leurs reli- gieuses conceptions. À l’époque où le peuple comprenait mieux qu'aujourd'hui la signification des symboles, des emblèmes, des attributs par lesquels les peintres et les sculpteurs parlaient à ses yeux et à son intelligence, lui enseignaient par l'imagerie les légendes et les traditions transmises d'âge en àge, PArbre de Jessé était la forme la plus rationnelle qu’ils pussent adopter, pour lui mon- trer la royale origine de la mère du Rédempteur. Aussi vit-on la tige de lignage aux portails et à l’intérieur des temples chrétiens, dans leurs verrières, sur leurs boise- ries, sur les ornements sacrés et dans les miniatures des manuscrits pieux. Plus on se rapprocha du seizième siècle , plus ce symbole se multiplia, et pour la généalogie de la sainte Vierge, et pour celle de saint Joseph, et même, mais rarement, pour la génération du Christ. C'était pres- que toujours par des conceptions analogiques , diversifiées seulement par l'agencement et le nombre des figures, par- fois trés-considérable , qui y trouvaient place. Au quinzième siècle nous rencontrons une de ces reproductions généalo- giques en Flandre : en 1451, deux peintres gantois, Mare van Ghistele et Jean Van Caudenberghe, furent appelés à exécuter les peintures bibliqués du retable à volets du maitre-autel de l’église de Ruysselede, village à quelques lieues de Gand. A l'intérieur du tableau ils représentérent les Destinées de la Vierge et, entre autres épisodes, « le (78 ) K roi Jessé couché , la tige croissant de cette souche, el tout - ce qui se rapporte à cette composition (de cueninc Jesse ligghende, de roede van Jesse daer ute groyende, metal — datter toebehoort). » Ce fait est mentionné dans un acte authentique, un contrat passé entre les deux artistes gai- tois et les fabriciens de Ruysselede. Hl est enregistré à la date du 5 août 1431, dans nos registres échevinaux (1). E Dans la chapelle de Saint-Jean et Saint-Paul, sous l'ar- bre de Jessé , qui est entouré d’une bordure, comme la frise des corporations et les compositions religieuses, sont trois personnages agenouillés, à peu près de grandeur naturelle: le père, le fils et la mère ou la femme du fils. A en juger par leurs armoiries; qui sont les secondes armes de Flan- dre, conquises en Palestine par Philippe d'Alsace (1477): le lion de sable, armé et lampassé de gueules, en champ d'or, ces personnages sont de la lignée comtale. Le pére el le fils sont en riche tenue guerrière, avec cotte de mailles complète et cotte d'armes en brocart blasonné. La com, tesse , jeune encore, porte une robe de drap d'or, ornée de son blason mi-partie de Flandre et chargé de trois crois ` noires superposées (?). Les costumes de ces personnages sont originaux et intacts, mais les têtes ont été restaurdes ou repeintes au seizième ou au dix-septième siècle, ee qui en a modifié le type primitif et caractéristique. ; Sur le mur latéral de gauche, au méme plan que les personnages précédents, est la frise des gildes et corpor© tions armées, marchant dans la direction de l'autel. Ce sont les groupes que M. Félix Devigne a reproduits el quatre planches pour ses Recherches sur les costumes el Ad pisa oe AA E (1) 1 nséré in extenso dans mes Recherches sur les peintres gantois du qualorzième et du quinzième siècle , p. 134. — Gand, 1859. les mœurs des métiers flamands. Mieux nettoyés du badi- geon plusieurs fois séculaire qui les recouvrait, ces corps ` armés attestent exactitude relative de la reproduction de 1846. Ainsi le personnage commandant le premier groupe est à cheval, et ce groupe est composé d’archers et de suppôts armés de piques. Avant-garde des arbalétriers, qui les suivent immédiatement, sous leur bannière à la croix de gueules en champ d'argent, tous sont sous le comman- dement du doyen, chef-homme ou roi de la grande gilde de Monseigneur saint Georges. Il porte la tunique rouge sur son vêtement de mailles et brandit son arbalète. Vien- nent ensuite la gilde de Saint-Sébastien , avec sa bannière de gueules aux cinq croix d'or, surmontées des écussons de la Flandre et de Gand; les métiers des bouchers, des poissonniers, des boulangers, des brasseurs et d’autres encore, à découvrir sur le prolongement du mur non ex- ploré, mais à l'exception des tondeurs de draps, déjà suf- fisamment dégagés sur le mur en face (septentrional ), entre deux croisées ogivales qui ont été bouchées. Devant cette importante corporation gantoise marchent trois clai- rons, dont un embouche une trompette d'une longueur extraordinaire. Les corps de métiers armés sont trés-artistement dis- posés, sans la moindre confusion. Il y a dans leurs áttitu- des, dans leurs mouvements et jusque dans lös expressions des visages beaucoup de naturel et de vie. L’exhibition de ces corporations flamandes en tenue de guerre, dans Poratoire de cet hospice de vieilles prében- diéres, se rattache évidemment à un événement intéres- sant de l’histoire communale de Gand. Il serait intéressant d'en connaitre l’origine et la date précise. Quoi qu’il en soit, même dans l'ignorance de ces solutions, au point de vue du ( 80 ) i costume et de Parmement des milices gantoises au quator- zième siècle, ces fresques sont des documents précieux. Entre la deuxième et la troisième croisée est une pein- ture assez bien conservée : la Résurrection de Jésus-Christ. Le Rédempteur, figure de grandeur humaine, revêtu d'un ample manteau pourpre, s'élève triomphant de sa tombe taillée dans le roc. De la main droite, il montre le divin séjour, et de la main gauche tient la croix, ce signe de la rédemption. A la tête du tombeau est assis un ange en adoration, et dessous, dans trois compartiments cintrés, se voient les gardes endormis. Au-dessus du tombeau est adapté un baldaquin gothique, d’un style architectural en parfaite harmonie avec les baldaquins sous lesquels sont placées les portraitures en pied des apôtres saint Jean et saint Paul. | A Pextrémité du mur septentrional, prés de ces deux images patronales, ont été retrouvées seize petites fresques ` retraçant les épisodes saillants de la Légende de Papostolal de saint Jean Vévangeliste. Ces épisodes sont représentés -dans des compartiments rectangulaires de soixante et dix centimétres de hauteur sur cinquante de largeur, rangés par quatre de front, sur quatre lignes horizontales super- posées. Ces peintures, curieuses comme conception el ‚comme exécution, sont dans un pitoyable état : ce n’est que ; grace à leurs contours fortement accusés , que M. Eugène Boulanger a pu prendre les calques des fragments échap- pés à l’action destructive de l'humidité. Les contours des ligures et des accessoires sont largement dessinés en traits noirs et rouges, et la peinture de ces fresques ne consis- lait qu’en teintes unies ou peu graduées. Les calques que l'on en possède maintenant, et sur lesquels chaque trait a été en quelque sorte fac-similé, sans y rien omettre et Y fl | 4 1 DH (8) rien créer, donneront à l'artiste conseiencieuy la facilitó de reconstituer tes naives compositions, où la simplicité de Pexécution sut s'élever jusqu’à la grandeur de l'idée et imprimer la vie et l'expression. Ce qui distingue en général les peintures de la chapelle de Saint-Jean et Saint-Paul, c’est le jet des draperies, correct et élégant, soit dans l’Arbre de Jesse, soit dans les Images des saints apôtres, soit dans la Résurrection, soit enfin dans PEpopée apostelique de saint Jean, où il n’y a guére que de simples contours. Déjà ces dernières fresques épisodiques ont fait Tobjet dune étude sommaire. M. Béthune, en suivant pas à pas les développements de la Légende dorée, dont Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, au treizième siècle, puisa les éléments dans les écrits de Siméon Métaphraste et de Vincent de Beauvais, est parvenu à analyser le groupe hagiographique. Nous insérons ici la note explicative que le savant ar- chéologue a eu Tobligeance de nous communiquer : « La plupart des tableaux dans lesquels on a représenté la légende de saint Jean commencent par le supplice de l'huile bouillante que l’empereur Domitien infligea à saint Jean devant la porte Latine. Cette scène, que l'artiste a traduite avee une énergie bien saisissante, vient ici la * troisième: elle est précédée 1° du tableau de la sainte Cène, “ans laquelle, au dire de l'Évangile, saint Jean put se pencher tendrement sur la poitrine du Sauveur, et 2° de celui du Calvaire, représenté par trois figures principales, celle de Notre-Seigneur loué sur l'arbre de la régénéra- tion, entre celles de la sainte Vi ae et de saint Jean Pévan- géliste. » Le quatrième compartiment se trouve tellement dé- 2° SERIE, TOME XH. 6 ( 82 ) a gradé par l'humidité, qu'il est impossible de déterminer sa signification. Toutefois, en suivant l’ordre des faits tel que la légende les rappelle, il nous est permis de sup- poser qu'il doit avoir été occupé par une scène se rappor- tant à lexil de saint Jean dans Vile de Pathmos. » Le cinquième compartiment nous montre saint Jean rencontrant le convoi funéraire d'une femme nommée Dru- | sienne, que Ton portait au cimetière. A la parole de l'apôtre, Drusienne revient à la vie et se redresse sur le brancard où elle était couchée. ຈື » Le sixiéme tableau représente saint Jean baptisant le | philosophe Craton, qui, aprés avoir pendant longtemps ` ` enseigné les plus grandes erreurs au peuple, vient avee ` ` ses disciples implorer la faveur d’être admis à professer le 1 C 4 christianisme, ; » Un autre philosophe, nommé Aristodéme, provoqua Papótre saint Jean et lui dit, après plusieurs épreuves: « Si tu veux que je croie à ton Dieu, je te donnerai dt ` poison à boire, et sil ne te fait point de mal, tu auras montré que ton Dieu est véritable. » Le défi fut accepté, on amena sur la place publique des condamnés à mort qui, ayant bu de ce poison, succombèrent aussitôt. L'apôtre prit alors la coupe, fit le signe de la croix et but tout le venin, sans en éprouver aucun mal. Cette scène remplit le septième compartiment. » Ce prodige ne suffit pas pour convainere le philosophe incrédule ; il demanda un dernier miracle : la résurrection d'un mort. Alors saint Jean lui dorina son manteau, en Jul disant de le déposer sur le corps des morts, au nom de Jésus-Christ : Aristodème le fit, et les morts ressuscitèrent aussitôt. Le huitième tableau nous montré ce fait exposé avec une émouvante grandeur. ( 85 ) » Le neuvième compartiment représente saint Jean dé- montrant au gouverneur de la ville d’Ephöse les vérités de la religion du Christ : ses efforts furent couronnés d’un plein succès, et bientôt l'apôtre admit le gouverneur, toute sa famille et le: philosophe Aristodème au bienfait du bap- tème. Cette seène remplit le dixième tableau, c’est le der- nier où l'artiste avait à mettre Papótre saint Jean en contact avec les infidèles. En effet, dans le onzième tableau, il nous est montré donnant des ordres à un macon occupé à édifier l'église d’Ephése, et dans le compartiment suivant on le voit priant avec ardeur, agenouillé pres de lambon de sa nouvelle basilique et appelant sur elle les bénédictions célestes. (C’est peut-être aussi une allusion à la vision des sept églises). Dans la partie supérieure du tableau apparaît la figure de Dieu, qui sort des nuages, tenant d’une main le globe du monde et bénissant de l’autre son disciple bien- aimé. » Les quatre dernières peintures rappellent les circon- stances merveilleuses de la mort de saint Jean. Dieu lui ayant révélé le moment prochain de son trépas, il fit faire une fosse carrée au pied de l’autel : c’est le premier sujet de cette dernière série. Dans le second, on voit saint Jean offrant le saint sacrifice de la messe et priant afin que le peuple, évangélisé par ses soins, demeure fermement atta- ché à la foi. Après cela, l'apôtre descendit dans la fosse, s’y placa les mains jointes, en rendant graces au Seigneur de ce qu’il voulüt bien enfin l'appeler à prendre part au festin céleste. L'artiste nous a représenté cet émouvant spectacle dans le pénultiéme compartiment, et pour le rendre d'une maniére plus sensible, il nous montre le Sei- gheur soutenant de ses mains divines les bras que saint Jean élevait pieusement vers lui. La légende ajoute qu'en pleine de manne, plus blanche que la neige. En effet dernier tableau figure les fidèles, empressés à jeter un nier regard sur leur pasteur, soulevant avec vénération le linceul qui devait envelopper ses restes mortels et €l retirant avec surprise des fragments de manne, sous S forme d’hosties. » Cest ainsi que se termine ce groupe de composita remarquables, dans lesquelles la poétique piété de lak gende se trouve figurée avec cette charmante simplicité et cette grandeur de caractére qui distingue les travaux des artistes du quatorziéme siécle. a » La légende de saint Jean Vévangéliste était des plus populaires au moyen áge. Cette popularité se répandit dans toute l'Europe, elle fut le mobile qui détermina un grand nombre de fondations pieuses et inspira beaucoup de chefs-d’ceuvre artistiques. Les verriéres de Reims, de Lyon, de Tours, de Bourges et de la Sainte-Chapelle du palais à. Paris, etc., nous en montrent encore de beaux exemples. Toutes rodadas: mais avec des variantes, les faits que | Jacques de Voragine a décrits dans sa Légende dorée. » Dans la partie inférieure de la chapelle de Saint-Jean et Saint-Paul apparaissent en plusieurs endroits des traces de peintures : tantôt C'est un fragment de figure, tantôt de vesliges d'architectonique, d’ornementation , de ; ment; mais rien d’assez précis, et il y a impossibilité com- plète de rétablir la plupart de ees vestiges épars et délabrés. Notre chapelle, outre ses fresques, offre encore à notte attention sa voûte lambrissée en bois de chêne, comme l'était le plafond elliptique de l’ancien oratoire des domi- nicains , à Gand, monument récemment me + = VOY OF E a PE CT UT CPL DV ESSEN GR —A Se S gt za KE ss Bile RER MY wet ere À. >= ee + fn! SZ Kees Sie N > === > IT SOOO DPD! SSSS TS SS SPSS SSA AB ads urd. P NAS si A ¿NX PUOL or] ep SUITE Leen ] 2 DE JESSE. E PEINTURE MURALE À FRESQUE DU XIV SIECLE, BR VAR Ex-chapelle de S Jean et A" Paul a Gand. : ( ຮັວ ) nion des sveltes nervures de la voúte de la chapelle de Saint-Jean et Saint-Paul étaient fixés des médaillons sculptés, que le soigneux propriétaire a conservés depuis quinze ans. Dans ces médaillons sont taillés en relief pro- pre à être vu de bas en haut, la tête du Christ, au nimbe rayonnant, une téte de femme, une de moine et trois faces d'hommes barbus; les cing dernières têtes sans nimbes. Ces vieilles sculptures, de Pépoque de la construction de l'édifice (quatorzième siècle), ont aussi leur mérite. Quand il aura été fait pour les belles peintures murales retrouvées en 1857 dans Pex-oratoire des Carmes chaus- sés, à Gand, et qui restent toujours sous le badigeon , ce qui s'exécute pour celles de la chapelle de Saint-Jean et Saint-Paul, la ville de Gand pourra s'enorgueillir des dé- couvertes artistiques signalées dans ses monuments sécu- laires. Ces diverses peintures murales, à fresque, à Ja détrempe et à Phuile, des périodes les plus éloignées, prouvent de plus en plus que notre antique métropole fut en effet le berceau de l’École flamande de peinture, sinon de Part flamand même. . OUVRAGES PRESENTES. Actes des états généraux des Pays-Bas , 1576-1585. Notice chronologique et analytique; par M. Gachard. Tome 1%, 6 sep- tembre 1576 au 14 août 1578. (Annexe aux Comptes Rendus des séances de la Commission royale d'histoire.) Bruxelles, 1861; 1 vol. in-8°, Statistique de la Belgique : Recensement général dle la popu- ( 86 ) lation au 51 décembre 1856 ; publié par le Ministre de Pin rieur, Bruxelles, 1861; in-4°. Documents statistiques publiés par le Département del’ térieur avec le concours de la Commission centrale de stat tique, tome V. Bruxelles, 1861; in-4°. Portefeuille de John Cockerill , 68™° à 72"° livraisons. Liege, 1861; in-4°. Mémoire sur les découvertes paléontologiques faites en gique jusqu’à ce jour; par Const. Malaise. Liege, 1860; in Note sur quelques ossements humains fossiles et sur quelques silex taillés; par Constantin Malaise. Bruxelles, 1860; in-8°. Du diabète sucré chez les animaux; par A. Thierne Bruxelles, 1861 ; in-8°. e Notes sur Vanalyse infinitésimale ; par J. N. Noël, Liege, 1861; in-8°, ; Histoire du Collegium medicum Bruxellense; par C. Broeeks. 2" livraison, Anvers, 1861 ; in-8°. Rapport sur les titres ër 7. de Pierre coven E par C. Broeckx. Anvers, 1861; in-8 = Geschiedenis van Peeter ee ke meiér yan Leuven, e volksvriend uit de viertiende eeuw; door H. Sermon. Anvers, : 1860; in-8°. A Noordsche oorsprong van den draak des Belforts te Gent = Verhandeling voorgedragen in de koninklijke deensche Maat- 4 schappij, op den 2 december 1859, door Frederik Schiern, uit E het deensch vertaald door J.-F.-J. Heremans. Gand, sen = 1 broch. in-8>. e Discours sur la musique religieuse en Belgique ; par X. van Elewyck. Louvain, 1861; 1 broch. in-12. | Rupport annuel de la commission administrative de la Cuisse de prévoyance établie d Mons, en faveur des ouvriers mineurs, pour 1860. Mons, 1861; in-4°. Annales de V Académie d'archéologie de Belgiques t. ire livr: ts 4861; in-8°. xvI pros, E (87) Mémoires de la Société royale des sciences de Liége, t. XVE. Liége, 1861; in-8°. Annales de la Société archéologique de Namur, tome VI", 4" livr. Namur, 1861; in-8°. Rapport sur la situation de la Société archéologique de Namur en 1860. Namur, 1861; in-8° Bulletin de la Société historique et littéraire de Tournai, tome VII. Tournai, 1861; 4 vol. in-80. L’Abeille, revue pédagogique publiée par Th. Braun, VII" année, 4% à 6™ liyr. Bruxelles, 4861 ; 5 broch. in-8°, Journal historique et littéraire, tome XXVIII, livr. 5 et 4. Liege, 1861; 2 broch. in-8°. Bulletin de l’Académie royale de médecine de Belgique, 27 série, tome IV, n° 5. Bruxelles, 1864; in-8° La Presse médicale belge, XIII” année, n® 20 à 55. Bruxelles, 1861; 14 feuilles in-4°. Le Scalpel, XIII" année, n°° 95 à 56. Liege, 1861; 12 feuilles in-4°, L’Illustration hor i par Ch. Lemaire, VIH" vol., 9e à 6™ liv. Gand, 1861; Natuurkundige ver Ate van de hollandsche Maat- schappij der wetenschappen te Haarlem, tweede verzameling, XIV'-X Ve deel. Haarlem, 1861 ; in-4°. Annales Academici, 1857-1858. Leide, 1861; in-4°. Aegyptische monumenten van het nederlandsche Museum van oudheden te Ler yden, ullgegev en op last der hooge rege- ring door Dr C. Leemans, 20** aflevering of 13% aflevering van de 11" afdeeling. Leide, 1861; in-fol. Tijdschrift voor entomologie, IV deel, 24-4 stuk. Leide , 1; in-8°, Verdi van de zestiende algemeene vergadering der neder- landsche entomologische vereeniging, gehouden bij Leiden = augustus 1860. Leide, 1860; in-8°. Verken van het historisch Genootschap gevestigd te Utrecht. KH ( 88.) — Kronijk, 1860, blad. 14-27; — Codex diplomaticus, serie, IV‘ deel, 2% afd., blad 20-27. Utrecht, 4860; in-8% Bulletin de la Société géologique de France. Deuxième série, tome XVIII, feuilles 22-51. Paris, 1860 à 4861 ; broch. in-8'. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée ; pat M. F.-E. Guérin-Méneville. 1861, n° 4 à 6. Paris, 186133 broch. in-8°. ; Congrès archéologique de France. Séances générales tenues — à Périgueux et à Cambrai, en 1858, par la Société français Warchéologie pour la conservation des monuments historiques à XXV™ session. Paris, 1859; 1 vol. in-8°. 3 Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie. Ant — 1861, n° 1 et 2. Amiens, 1860; in-8°. Mémoires de l’Académie d'Arras ; tomes XIX, XXI et XXII Arras, 1857-1860; 3 vol. in-8°, : : Documents concernant "Artois, publiés par UAcadémied Ar ; ras, n°5 — Ambassade en Espagne et en Portugal (en 1592) ` de R. P. en Dieu, dom Jean Sarrazin ; par Philippe de Cate rel. Arras, 1860; 1 vol. in-8°, Bulletin agricole, publié par la Société centrale d'agrieul ture du département du Pas-de-Calais, année 1861, 1% fase cule. Arras; 1 broch. in-8°. Le Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalons sur-Saóne, tome IV", 1" partie. Chalons - sur = Sadne, 1860; in-4°, Mémoires de Académie impériale des sciences, arts el belles lettres de Dijon, 2° série, tome VIII". Dijon, 1861; 1 vob in-8°. sa Mémoires de la Société dunkerquoise pour l ‘encouragemen des sciences, des lettres et des arts, 7° volume, 1860-1861. Dunkerque, 1861; 4 vol. in-8°. Discours prononcé par M. Louis Cousin à la séance solen: nelle du 24 juin 1861 de la Société dunkerquoise. Dunke 1861; in-8°, ORR ` Notice cosmologique, avec planche lithographiée; par. M. Lenglet. Douai, in-8°, Relation historique et théorie des images photo-électriques de la foudre, observées depuis Van 560 de notre ère jusqu’en 1860; par Andrés Poey. Deuxième édition.Paris, 1861; in-12, Couleurs des globes filants observés à Paris de 1855 à 1859, avec leurs trainées et leurs fragments colorés; par Andrés Poey. Paris , in-4°. Aurore boréale orientale observée a la Havane dans la nuit du 24 au 25 mars 1860; par Andrés Poey. Paris, in-4°. Expériences sur les ombres prismatiques observées d la Havane, en rapport avec la déclinaison du soleil et létat atmosphérique; par Andrés Poey. Paris, 1861; gr. in-8°. Loi de la coloration et de la décoloration des étoiles, du soleil et des planètes ; par Andrés Poey. Paris, 1861; gr. in-8°. Description de deux magnifiques aurores boréales observées a la Havane; par M. Andrés Poey. Paris, 1859; gr. in-8°. Constitution des halos observés a la Havane et de leur rap- port avec les phases de la lune ; par Andrés Poey. Paris, 1859; gr. in-8°, Sur des éclairs sans tonnerre observés d la Havane, pen- dant Vannée 1859, dans le sein des cumulo-stratus isolés de Uhorizon; par Andrés Poey. Paris, 1860; gr. in-8°. Histoire médicale du choléra-morbus épidémique qui « Gem ‚en 1854, dans la ville de Gy (Haute-Saône); par P.-Al. Niobey. Paris, 1858; in-8°. Dissertation sur les races qui composaient l'ancienne popu- lation du Pérou; par L.-A. Gosse. Paris, 1861 ; Rapport sur les questions siheadloaiiiats et See? rela- lives au Pérou ; par le Dr L.-A. Gosse. Paris, 1861 ; in-8°. Revue des nouveautés horticoles et agricoles, ou Annuaire des essais de naa Andrieux et C*, Ui: année, 4”* livr. Paris, 1861 ; Suite à ja nn des plantes pta , ou Aen 2”° SERIE, TOME XII. 7 ( 90 ) : ‚des essais de 1855 à 1857 (inclus), par Vilmorin-Andrieu et Cie. Paris, 1861 ; in-8°. : Nègre et blanc : de qui sommes-nous fils? Y a-t-il une ou. plusieurs espèces d hommes? par M. Boucher de Perthes. Paris, 1861; in-12. ; Ueber die grösse und Figur der Erde; von J.-J. Baeyer. Ber- lin, 1861; in-$°, Sur la nécessité d'une éducation physique = l'espèce humaine; par Axel Sigfrid Ulrich. Brême, 1861; Zur Kenntniss der Eingebornen sie ;von Alexa der Eiker, Fribourg en Brisgau, 1861; in-8°. Mittheilungen aus Justus Perthes’ geographischer Anstalt; SC von Dr A. Petermann. 1854 , Ergauzungsheft n° 4, et n" W- V-VI. Gotha, 1861; 4 broch. in-4°. a Die Oetzthaler RS mit besonderer Riichsicht : auf Orographie und Gletscherkunde , nach eigenen Unter- : suchungen, ’dargestellt von Karl Sonklar Edl. von i ten. Mit einem atlas. Gotha, 1861; 4 vol. in-8 et 1 a in-folio. Bevölkerung des Französischen Kaiserreichs in ihren e tigsten statistischen Verhältnissen dargestellt; von D" M. Block. Gotha, 1861; in-12. Archiv der Mathematik und physik; herausgegeben von J.-A. Grunert, XXXVI Theil, 1-2 Heft. Greifswald, 1861; ` 2 broch. in-8°. Heidelberger Jahrbiicher der Literatur, unter Mitwirkung der vier Facultáten, LIV Jahrg. 4-6 Heftes. Heidelberg, 1861; in-8°, | Neues Jahrbuch fiir pharmacie und verwandte Fiicher. Band XV, Helft 4-6. Heidelberg, 1861; 3 broch. in-8°. ; Württembergische natur Beer? iche Jahreshefte, XVIF Jahrgang, 1-5 Heftes. Stuttgart, 4861 ; in-8°. Würzburger medicinische Zeitschrift, MN Band, 3 Heft; — Wiirzburger naturwissenchaftliche Zeitschrift, I Band, (9) 1 Heft; herausgegeben von der physikalisch -medieinischen Gesellschaft. Wurtzbourg, 1861; 2 broch. in-8°. Ueber die Bestimmung des Liingenunterschiedes zwischen Altona und Schwerin; von C.-A-F. Peters. Altona, 1861; in-4°, Solennia Academica universitatis literariae regiae fede- ricianae, ante L annos conditae die 2 septembris anni M CLXT, celebranda indicit senatus Academicus. Chris- tiania, 1861; in-4°. Archiv für die Naturkunde Liv. Ehst-und Kurlands ; her- ausgegeben von der Dorpater Natúrtorsdlior= Gesellschalt. Zweite Serie, 2-5 Bandes. Dorpat, 1860; 2 vol. in-8°. Prolusione ad un corso di geometria superiore, letta dal dottor Luigi Cremona. Milan, 1861 ; in-8° Dei lavori dell’ Accademia agraria di Pesaro nell’ ultimo quinquennio per Luigi Guidi. Pesaro, 1861; in-8°. a grande cometa del 50 giugno 1861 ; lettera di Caterina Scarpellini. Rome, 1861; in-8°. Corrispondenza scientifica in Roma. volume sesto, n° 50. Rome, 1861; in-4°. On the occurence of fluit-implements , associated with „the remain of animals of extinct species in beds of a late geologi- cal period, in France at Amiens and Abbeville, and in England at Hoxne; by Joseph Prestwich. Londres, 1861 ; in-4°. Catalogue of the mineralogical diag Allanite ; by Wm. Sharswood, Leipzig; in-8°. Some observations on the sensibility af the eye to colour ; by John Z. Laurence. Glasgow, 1861; in-8°. Memoirs of the geological survey of India, vol. II, part 2. Caleutta, 1860; 1 vol. in-8°. Annual report of the geological survey of India, and of the Museum of Geology. For the year 1859-1860. Calcutta, 1860; I broch. in-8°, On the algebric expression of the number of partitions of ( 92 ) which a given number is susceptible; by sir J.-F.-W. Herschel. Londres, 1850; in-4°. Physical geography, by sir J.-F.-W. Herschel. Londres; in-4°. Meteorology; by sir J.-F.-W. Herschel. Londres, in-4%. Remarks on colour-blindness; by sir J.-F.-W. Hersch Londres, 1859; in-8°, On the formulae investigated by D" Brinkley for the gene- ral.term in the development of Lagrange °s expression for the enn of series and for successive integrations; by sit F.-W. Herschel. Londres, 1860; in-4°. | Cie transactions of the royal Society of Londen for the year 1860, vol. 150, part 1-2. Londres, 1860; in-4°. — Proceedings of the royal Society, vol. XI, n°° 42 et 45. Lon- dres, 1860-1861 ; in-8°. The journal of the royal asiatic Society of Great Britain el Ireland, vol. XVII, part 2. Londres, 1861 ; in-8°. The Annals and magazine of natural history , including zoology, botany and Pree third series, vol. VII, n” 37 à 42, Londres, 1861; 6 broch. in-8>. The quarterly Journal of the geological Society, vol. XVI, part 1-2. Londres, 1861; 2 broch, in-8 ee The Numismatic Chronicle, and journal of the numismatie Society, new series, n° II, Londres, 1861; in-8°. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1861. — Ne 8. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 3 aout 1861. M. Liacre, président de l'Académie. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Timmermans, Wesmael, Martens, Cantraine, Kickx, Stas, De Koninck, Van Beneden, A. De Vaux, de Selys-Longchamps, le vi- comte B. Du Bus, Nyst, Nerenburger, Melsens, Schaar, Du- prez, Poelman, d'Udekem, Dewalque, membres; Schwann, Spring ; associés; Maus, correspondant. Ome wm SERIE, TOME XII. 8 (94) CORRESPONDANCE. — L’Académie royale des sciences de Madrid, la Société géographique impériale de Russie , Pobservatoire d'Oxford, la Société géologique de Dublin, la Société batave des sciences de Rotterdam, remercient l’Académie pour l'en- voi de ses publications. La Société hollandaise des sciences, à Harlem, fait par- venir le programme des résultats de son concours pour 1861 — M. Holtmans, docteur en philosophie à Berlin, fat hommage de son travail De generalibus et infinite tenuibus luminis fascibus, praecipué in crystallis, Par sa lettre d'envoi, l’auteur donne quelques détails sur le sujet qu'il a traité, — Remerciments. — M. Louis Gaillardo-Bastant écrit de Barcelone, € transmettant à l’Académie quelques recettes sur des pro- duits chimiques. — M Catherine Scarpellini fait parvenir les en de ses observations météorologiques faites au Capito e Rome, spendant le mois de juin dernier. — Remercimenis: — La classe recoit les deux ouvrages manuscrits sul vants : 1° Mémoire sur la diffraction, par M. Gilbert, profes- seur à l’université de Louvain. (Commissaires : MM. Schaar, Plateau et Lamarle.) e ( 95 ) 2° Monographie de l'Erythroxylon coca, par le docteur L.-A. Gosse, de Genève. (Commissaires ` MM. Kickx, Spring et Martens.) RAPPORTS. M. Plateau, membre de la classe, avait présenté un mémoire intitulé : Recherches expérimentales et théoriques sur les figures d’équilibre d’une masse liquide sans pesan- teur (sixième série). Les commissaires chargés de l'examen étaient MM. Duprez, Timmermans et Quetelet; ils s’ac- cordent à faire Péloge du travail de leur savant confrère. « Jai répété avec M. Plateau, a dit M. Duprez, les expé- riences décrites dans ce mémoire. Ces expériences sont très-ingénieuses et offrent le plus grand intérêt; elles sont une nouvelle preuve de l'activité persévérante qui anime notre honorable confrére dans la position difficile où il se trouve (on sait que M. Plateau a eu le malheur de perdre la vue), et nul doute que le monde savant n'ac- cueille la série actuelle avec la méme faveur que celle qu’il a témoignée pour les séries précédentes.» Le règle- ment académique ne permet pas de publier les rapports présentés sur les travaux des membres; mais la classe vote l'impression du travail dans le recueil des Mémoires de la compagnie. y WEY eS Y: MM M. Van Beneden fait connaître qu'il a examiné la no- tice de M. Duboix, sur des essais de péche en mer au ( 96 ) ; moyen d’un appareil électrique. H ajoute que les d a présentés ne sont pas suffisants pour lui permettre de con- — clure : « Je doute beaucoup, dit-il, que Pon parvienne, — » par le moyen indiqué, á augmenter le produit de la » pêche. » I} sera répondu dans ce sens à M. le Ministre de l’intérieur, qui avait consulté Académie sur la propo- sition de M. Duboix. j SEA MM. De Vaux et Duprez, nommés commissaires pout ` l'examen d’une notice sur les tiroirs équilibrés pour les machines hydrauliques et les machines à vapeur, par M. le marquis Anatole de Caligny, proposent de voter de remer- ciments à l’auteur pour son intéressante communication. Cette proposition est adoptée. — Note sur le sulfure de cyanogene; par M. Linnemanh. Rapport de M. Stas. « Dans cette note M. Linnemann fait connaitre plusieurs méthodes à Paide desquelles on parvient à produire sulfure de eyanogène dont l'existence a été tour à tour allırmee et nice, PC D'après M. Linnemann, ce corps prend naissance lors- qu'on soumet le sulfocyanate d'argent à l’action de Piodure de cyanogéne dissous dans Péther. L'évaporation de yéther laisse un mélange d'iodure d'argent et de sulfure de Of ` nogéne. En soumettant ce mélange à l’action de la chaleur, ou en le traitant par du sulfure de carbone, on en sepalt (97) le sulfure de cyanogène, qui, dans l’un et l’autre cas, se présente sous la. forme de petites tables rhomboidales transparentes, incolores, volatiles entre 30 et 40° et douées d’une odeur piquante rappelant celle de Piodure de cyanogéne. Ces cristaux sont solubles dans l’eau, Pal- cool, Péther et le sulfure de carbone. L’analyse complète que M. Linnemann a faite de cette matiére coincide exac- tement avec la composition que doit avoir le sulfure de cyanogène, c’est-à-dire c2Az2s, ou Panhydride sulfoeya- nique. L’examen auquel l’auteur a soumis ce corps Pa conduit 4 quelques résultats inattendus. L’action de Phy- drogéne, de Pacide sulfhydrique, du sulfure de potassium sur anhydride sulfocyanique est la même; ils en élimi- nent tous les trois le soufre en produisant en méme temps un cyanure d'hydrogène ou de potassium. La potasse caus- tique au contraire, en réagissant sur lui, la transforme en sulfocyanate et cyanate de potasse. Cette derniére réac- tion devait faire espérer que, par Pacide sulfhydrique ou par un sulfure alcalin, il aurait donné de Pacide sulfocya- nique ou un sulfocyanure alealin. L’anhydride sulfocyanique se combine directement à l’ammoniaque, se conduisant ainsi comme le fait l'acide sulfhydrique. En effet, en faisant passer un courant d'am- moniaque au travers d'une solution éthérée de sulfure de cyanogéne, il se forme une poudre cristalline insoluble dans Péther, soluble dans. Palcool et dans l’eau; la solu- tion aqueuse se décompose rapidement. Jusqu’ici M. Lin- hemann n'est pas parvenu à obtenir le sulfure de cyana- monium assez pur pour que les résultats de l’analyse coin- cident parfaitement avec la composition que doit offrir ce corps. La cause de ce fait se trouve trés-probablement dans l’action décomposante exercée par l'ammoniaque sur ( 98 ) anhydride sulfocyanique qui donne naissance à dela cya- namide et du sulfocyanure d’ammonium. Quoique le sul- fure de cyanogéne soit soluble dans l’eau, néanmoins le contact de ce liquide le détruit rapidement en donnant naissance 4 une foule de corps différents que M. Linne- mann fait connaitre dans sa note. Parmi ces corps, il sen trouve un qui, abstraction des éléments de l’eau qu'il con- tient, renferme le carbone, l’azote et le soufre dans les mémes rapports que dans le sulfocyanogène lui-même. — Enfin M. Linnemann s’est assuré que le sélénium peut remplacer le soufre dans le sulfure de cyanogéne. L'anhy- dride sélénicyanique présente les mêmes propriétés phy- siques que Panhydride sulfocyanique; pour l'obtenir, il suffit de faire réagir Piodure de cyanogéne sur le séléno- cyanate d'argent. © En terminant, je dirai que M. Linnemann m’a mis à même de vérifier la parfaite exactitude de la plupart des faits indiqués dans sa note; jai pu constater ainsi la vérité de ces faits qui, sans aucun doute, resteront acquis ala science, Cet heureux début promet à la science un chimiste aussi habile que sagace. J'ai l'honneur de proposer à PAca- démie de lui voter des remerciments pour la communica- tion de sa note et d'imprimer son travail dans le Bulletin de la séance. » Cette opinion, partagée par le second commissaire, M. Martens, est adoptée par la classe. ( 99 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur la statistique générale des différents pays; par M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel de PAcadémie. Une science ne s'improvise pas : en étudiant la statis- tique, on retrouve sur le terrain des connaissances hu- maines la trace de ses premiers pas, indécis, il est vrai, mais quelquefois assez marqués pour qu’on s’étonne de leurs progrès et de la manière dont ils tendent vers leur but principal. Dès son origine, cette science a vu naître deux genres de prosélytes : les savants, qui étudient la valeur des faits d'après les données de Pexpérience, et les hommes pra- tiques, qui veulent avoir simplement l'expression de ces mêmes faits, sans remonter aux causes scientifiques qui les ont fait naître et sans apprécier l'énergie de ces causes ni leur mode d’action. Les premiers connaissaient trop bien la marche des autres sciences pour ne pas apercevoir le secours que de- vait en recevoir la statistique naissante, et pour ne pas lui éviter le danger de prendre une fausse route. Quelques caleulateurs philosophes créèrent les tables de mortalité et celles de population; et, chose étrange aux yeux de ceux qui ne connaissent point les méthodes analytiques, ce fü- rent surtout les astronomes qui s’en occupèrent et qui, à partir de Halley, en furent les promoteurs dans différents pays. | Les sciences mathématiques, et spécialement le calcul ( 100 ) K des probabilités, ont ouvert le chemin A diverses applica- tions. Bien des questions ont été abordées avant même | qu’on eút les éléments nécessaires pour les résoudre par l'expérience. Ces antécédents trop hátifs ont produit, il est vrai, de nombreuses erreurs; ils ont entravé la marche de la statistique et ont fait tourner des regards inquiets vers le passé, surtout chez ceux qui avaient le plus de confiance dans son avenir. Dans ces instants difficiles, des savants de premier ordre n’ont pas dédaigné de porter leur attention sur la statistique et de lui donner l'impulsion nécessaire. H luia fallu peu de temps ensuite pour prendre une place hono- rable parmi les autres sciences : on a reconnu bientôt tous les services qu’on pouvait en attendre, surtout dans des pays libres, où l'attention se porte naturellement vers les questions sociales les plus importantes. o. C’est afin de donner à la science la largeur de terrain nécessaire aux recherches dont elle avait à s'occuper, que l'institution d'un congrès général eut lieu à Bruxelles en 1853, pour mettre de l'unité entre les statistiques des différents pays. Son but tendait plutôt à l'application qu'à la science même. On avait principalement en vue de tracer une marche facile qui put porter chaque nation à réunit des résultats positifs et comparables entre eux. Ji devenait important néanmoins de ne pas méconnaitre les principes qui devaient servir de base à l’œuvre projetée. La plupart des pays avaient senti, dès Porigine, Putilité d'un tel tra- vail; et, en se faisant représenter au congrès, ils ont ell soin de choisir des hommes qui, tout en s'occupant des chiffres, connussent la nécessité de les contrôler. Quand | on emploie des matériaux, il faut, avant tout, en connar tre la valeur et établir l'édifice à construire sur des bases ( 101 ) fermes et solides. Ce n’était pas la statistique étudiée sous ses différentes formes qu’on avait en vue de faire connaître, mais la statistique des nations, celle qui se rattache aux intérêts des peuples. II fallait abandonner aux particuliers le soin des questions spéciales, de celles surtout qui ne peuvent se résoudre que par des documents individuels et recueillis en nombre suffisant pour inspirer quelque con- fiance. i Sans doute, parmi les hommes chargés de ces travaux, il sen trouvera qui ne sauront pas avec la même facilité apprécier la valeur probable d’un résultat, et qui mettront sur une même ligne des quantités d’un poids mathéma- tique bien différent; mais, si les connaissances, pour le faire, leur manquent , il leur suffira de donner des nom- bres précis avec les documents nécessaires pour permettre à d'autres l'appréciation de leur travail. Cette dernière partie appartient plus spécialement aux sciences mathé- matiques. Le premier but à atteindre est done de chercher à réunir des nombres essentiellement comparables entre eux et, de plus, comparables entre les différentes localités et les diffé- rents peuples. C’est ce qui m'a suggéré l'idée de proposer, au congrès de Londres, le plan d’une statistique générale el comparée entre les pays les plus avancés, plan dont la nécessité était déja suffisamment appréciée par mes hono- rables collégues, et qui, d’aprés notre projet, devait s'ar- rêter aux grands chiffres qui permettent d'établir des rapprochements utiles. I convient avant tout de s'occuper de la population et de la division territoriale, puis de considérer plus tard ce qui tient à l'agriculture, au commerce, à l’industrie, ete. Les questions sont trop nombreuses pour qu'elles puissent tou- ( 102 ) tes fixer Pattention dés le premier instant. D'ailleurs les gouvernements ne sont pas encore préparés à fournir les éléments d'un travail d'ensemble, et c'était à eux que devait s'adresser l’appel fait aux délégués des principales nations. Il fallait done prendre un exemple, et le choisir de ma- niére á donner une idée précise du travail qu’il s’agissait d'exécuter. | La statistique des Etats ne doit pas être confondue avec une statistique individuelle. Celle-ci doit procéder libre- ment; elle peut traiter des questions particuliéres, examiner des difficultés qui appartiennent spécialement á un Etat donné, peut-être même à une classe d'hommes. La statis- tique des États marchant dans une voie suivie par d’autres ` nations similaires ,-doit, au contraire, offrir entre ceux-ti des rapprochements faciles. Pour établir les comparaisons, on doit éviter de recourir à un grand nombre d'ouvrages el n’user que de chiff tatés officiell t; s’il s’y trouve des erreurs, on les aura bientôt apercues, et les hommes les plus compétents seront les premiers à les signaler. Lors du dernier congrès de statistique de Londres, les membres préposés à la rédaction des statistiques officielles se sont réunis, et ont bien voulu prendre l'engagement de faire un essai sur les documents qu’il peut être utile de présenter en premier lieu (1). Mais avant de former ce tra- WE AE AA nion du congrés de Londres , tenu sous les auspices de S. A. R. le prince Albert, a présenté son rapport dans la séance générale du 18 juillet 1860. Les pave ani + u.» D b á 4 1, statjchiaue A pran z L’Angleterre, représentée par M. Farr; ‘L’Autriche , ai M. le baron de Czcernigs ( 103 ) vail comparatif, il convient peut-être d'en examiner soi- gneusement le cadre et les détails: il faut que la plus grande unité régne entre les quantités que Pon compare; il faut aussi que l’on connaisse les avis des hommes compétents pour arriver aux formes les plus simples. | nous à paru que, dans un travail d'introduction, le chiffre de la population, avant tout autre document, ap- pelle l'attention de l'observateur : un pareil travail mérite toute son étude, et les documents qu’il en déduit peuvent le conduire aux déductions les plus utiles. Mais, pour don- ner plus de rectitude à son jugement, il faut fixer d'abord, d'une manière rapide, la grandeur et la nature des lieux que cette population occupe. Dans le cas où ces statis- tiques de la population devraient figurer dans un même ouvrage, ce qui sans doute serait préférable, chacune pour- La Bavière, représentée par o er Herma La Belgique, — ee et Heuschling; Le Danemark, = ch David; "Espagne, — M. le comte de Ripalda; Les États-Unis d'Amérique, — M. le docteur Edw. Jarvis; j j — M.L Le Hanovre, — M. le professeur W VA L'Italie, — M. Gaétan Vanne Les Pays-Bas, sae M. de Baumhauer ; Le Portugal, 0 M. le docteur Deslandes; La Prusse, y — M. Engel; La Russie, = MM. de Bouchen et Vernadski; La Saxe-Ducale, — M. Hopf; La Suéde, = M. Berg; La Suisse, — MM. Vogt et Kolb. Espérons que le premier essai pourra bientôt être publié, en le limitant toutefois de manière à pouvoir donner une idée générale de la marche qu'on aurait à suivre. ( 104 ) d rait être précédée d'une petite carte, comprise dans le texte et représentant l’étendue des provinces, des départements ou des grandes divisions de l'État. Il ne conviendrait pas, dans de pareilles recherches, de porter plus loin son atten- tion. On aurait soin de séparer de la partie habitable et fertile les terrains incultes et abandonnés, ainsi que les parties habituellement couvertes par les eaux. On rep terait aussi les chefs-lieux et les villes qui, par leur popula- tion, mériteraient l'attention générale et qui compteraient au moins vingt mille habitants. ; Cela posé, on donnerait, par forme de préambule, les chiffres généraux de la population, des naissances, des décès et des mariages, pour le pays tout entier. On rétro- graderait, á partir de 1858, par exemple, et l’on s'étendrail, s'il était possible, jusqu’au commencement de ce siècle (1). On arriverait ensuite au travail tel qu’il doit se com- poser désormais. On concevra facilement pourquoi Pon à dû limiter le nombre des demandes : il se pourrait même que parmi celles que nous proposons, on pút en trouver auxquelles il serait difficile de répondre actuellement. Tou- jours est-il bon de reconnaitre au moins ce qui fait défaut dans les documents que Von possède; et de savoir si les nombres sont recueillis d’une manière uniforme qui puisse rendre les comparaisons faciles. Cette condition est essen- tielle dans l'ouvrage que nous proposons, et elle sera d'un avantage immense pour l’homme d’État. Se em (1) Chaque ligne horizontale, pour simplifier le trayail, donnerait les chiffres d'une année. Ainsi, pour 1850, on trouverait la population totale, le nombre des naissances , celui des décès, le nombre des mariages € divorces. Quand on le pourrait, on ferait, pour ce qui concerne la popu- lation, les naissances et les décès, la distinction des sexes et même celle des villes et des communes rurales, ( 105 ) I faudrait done, a partir de l’année 1858, par exemple, présenter, pour chaque pays, les tableaux suivants, en se bornant, comme nous l'avons dit, à étudier les grandes divisions de ce pays et à enregistrer les sommes globales qui résultent de cette étude (1) Population : le nombre d’habitants, en faisant la distine- tion des hommes et des femmes, dans les villes comme dans les communes rurales. Naissances et décès : les nombres, en faisant la distinc- tion des sexes, dans les villes et les communes rurales (les mort-nés non compris); il faudrait avoir soin d'y joindre le nombre des mariages et des divorces. Naissances illégitimes , mort-nés, jumeaux ; la distinc- tion des sexes dans les villes et dans les communes ru- rales. Nombre de naissances par mois , en faisant la distinction des sexes; Nombre de décés par mois, en faisant la distinction des Sexes; Nombre des morl-nés par mois, en faisant la distinction Sexes. On pourrait réunir également, pour les pays où Pétat de la statistique le permet, la répartition uniforme des décès par age et par état civil; on procéderait, s'il était possible, de mois en mois pendant la première année, de trois en trois mois pendant la seconde, d'année en année (1) Le premier apercu d'un plan de statistique générale a déja été présenté par M. Heuschling et par moi : il a été reçu d’une manière bien- veillante par les statisticiens des principales nations étrangères. Notre in- tention est de chercher á bien connaitre les intentions de tous, avant de leur soumettre le ຕີ définitif qui doit régler désormais tos efforts communs. ( 106 ) jusqu’à six ans, de deux en deux années jusqu'à trente ans, et enfin de cing en cing années jusqu’à la fin de la vié. Ces documents réunis avec soin donneraient les rensei- gnements les plus précieux sur l’état sanitaire et la pros- périté des nations. > A côté de la table de population, on présenterait ensuite la table de mortalité, en faisant la distinction des sexes. Ces tables sont essentiellement distinctes; car l'une ne peut se déduire de l’autre, comme si la population de- meurait stationnaire pendant toute l'étendue d'un siècle. Nous jugeons inutile, dans l'instant actuel, de chercher à établir la population en faisant la distinction de l'état civil, ou toute autre classification qui présenterait néces- sairement de grandes difficultés. I est également superflu de chercher à reconnaître le nombre et le danger respectif des maladies, si tant est qu’on puisse l'établir un jour d'une manière sûre. j Pour aider efficacement par la production des tableaux demandés, on ferait connaître de quelle manière ils ont été rassemblés. Le relevé de la population , par exemple, constitue une operation extrêmement délicate ; par fa méme il devient important de dire les moyens qui ont été employés pour l'obtenir. Quelle autorité a fait établir le recensement : Quels en ont été les principaux agents; si le dénombrement se faisait à un instant donné, ou, sans être sur les lieux; si on pouvait se faire inserire après un délai convenu et à qui les documents étaient remis ensuite pour en faire le relevé; enfin quels moyens on pouvait employe! pour la vérification des nombres. On conçoit que l'opéra- tion du recensement, le soin avec lequel il est fait, la con- fiance qu’il peut inspirer, et le dépouillement des feuilles doivent être appréciés avec précaution, et que dest UN ( 107 ) travail administratif auquel on ne saurait attacher trop d'importance. Il faudrait donc connaître aussi de quels principes chaque gouvernement entoure l'opération pour en assurer l'exactitude , et quels moyens préservatifs sont employés pour écarter la négligence et, dans certains cas, la fraude. L'inscription des naissances, des décès et des mariages ne mérite pas une attention moins grande. Il est des pays éclairés où le soin de fournir ces documents appartient en- core en partie au clergé ou à telle autre réunion d'hommes chez qui Vexactitude peut laisser à désirer. Il est de la plus grande importance, en pareil cas, qu'il en soit fait mention dans les instructions qui doivent nécessairement accompagner les données. Le mode employé pour obtenir le relevé des documents statistiques diffère, en passant d’un pays à un autre. Celui qui parait le plus sûr consiste évidemment à soumettre d’abord à des juges éclairés, et à discuter par la science, les nombres que l’on désire connaître. On peut alors, avec plus de sûreté, juger de la marche à suivre pour ar- river à la connaissance de la vérité. e Il faudrait donc des détails bien circonstanciés et bien clairs pour reconnaître la nature des documents recueillis dans les différents pays; il faudrait aussi examiner si la comparaison des chiffres peut se faire sans inconvénients, et apprécier ensuite les valeurs probables des résultats qu’on en déduit, - Il est des nombres dont les valeurs calculées tiennent, en quelque sorte, aux vues et à l'habileté du calculateur ; que Pon compare, par exemple, des tables de mortalité, même pour un seul pays, même pour une seule époque, on trouvera parfois les différences les plus tranchées entre ( 108 ) leurs résultats. Le statisticien ne saurait s’en étonner; mais le public, lui, ne s’informe pas toujours si des tables ont été calculées dans des vues préétablies, systématiques, el pour une classe spéciale d’individus. Ainsi, un auteur peut chercher á reconnaitre la différence de mortalité qu établit la misère ou l’aisance entre les habitants d'un même Etat, et cette différence peut parfois étre considérable. Dans une statistique officielle, le calcul portera plus particulièrement sur l’ensemble de la nation; tous les rangs seront confondus ; ce qu'il faut C'est le résultat gé- néral. Cet esprit de généralité ne serait cependant pas exclusif, et Pon peut très-bien comparer entre elles cer- taines parties d’un même État, afin d'en apprécier les dil- férences respectives. Pour résumer, il suffira de dire que les différents pays de l’Europe, les plus éclairés, n’ont pas toujours suivi la même marche ni employé les mêmes tableaux pour re- cueillir leurs documents statistiques. Ces tableaux, dont il est parfois difficile de reconnaitre l'exactitude et le mérite, sont publiés par différentes voies. Outre l’incerti- tudequ’on a sur les valeurs des résultats qui y sont con- signés , ces valeurs sont rarement comparables entre elles; réunies par des moyens très-divers, et quelquefois BR des dénominations semblables, elles présentent néanmoins des documents différents. Les savants, préposés à la ré- daction des travaux statistiques des différents pays on! parfaitement compris toutes ces difficultés, et ils se sont réunis à Londres, en congrès spécial, dans la We de faire disparaître ces inégalités affligeantes qu’ils avaient déjà reconnues dès leur première réunion à Bruxelles. Les gouvernements doivent s'entendre à cet effet, chercher 4 faire disparaître de plus en plus les difficultés que Pier ( 109 ) sentent leurs résultats statistiques, et tácher de les rendre comparables, I faut qu’ils aident particulièrement à établir autant que possible Puniformité des poids et mesures, et qu'ils abandonnent ensuite aux. particuliers le soin de traiter, comme ils Pentendent, des questions spéciales’ qui ne sont point de leur ressort. Une statistique générale aurait d’ailleurs cet avantage immense de réunir, dans un même recueil , ce qui est main- tenant disséminé dans vingt ouvrages différents dont on n’a pas même toujours les titres, et dont on ne connaît que difficilement les valeurs. Ce qui est arrivé au congrés de Londres, présente un exemple frappant. La statistique a été recue par le peuple le plus commercant, le plus libre et le plus actif du monde, avec toute la bienveillance et tout le discernement qu’elle mérite. Déjà des congrès pour cette science avaient été considérés comme nationaux en Belgique, en France et en Autriche; mais le gouvernement anglais a voulu lui donner la preuve la plus manifeste de son assentiment. S. A. R. le prince Albert a daigné accepter la présidence de sa qua- trième assemblée générale et inaugurer ses travaux par un admirable discours. Les hommes les plus distingués de l'Angleterre, qui Paccompagnaient et qui ont présidé les différentes sections, ont prouvé le prix qu'ils attachent à de tels travaux et la conviction qu'ils ont des services que ces travaux peuvent rendre. Le rang assigné á la sta- listique dans le pays le plus avancé du monde est, je pense, le plus bel hommage qui ait été accordé à cette science, celui dont elle pourra toujours s'enorgueillir de la manière la plus légitime (1). ea RER FEN (1) Un mois a el EE ASADA +. Hoc (an IRETI gátan A #7 2%" SÉRIE, TOME XII, 9 ( 110 ) Les délégués des gouvernements, préposés à la statis- tique officielle des différents pays, ont aussi fait connaître leur opinion de la manière la plus bienveillante et la plus éclairée : c'est pour aplanir les difficultés internationales qui pourraient exister encore que notre appel est soumis leur examen. Il est important que tous puissent se mettre d'accord avant d'entreprendre le travail général. Celui que nous proposons est peut-être trop étendu pour un premier essai; de nouveaux renseignements nous éclaireront à cet égard , et nous serons, dans tous les cas, heureux de connaitre Popinion d'hommes instruits et compétents. Sur le système décimal; par M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel de l’Académie. Depuis l'établissement du système décimal en France et dans plusieurs des pays limitrophes, on cherche par- tout à faire prévaloir ce système uniforme, si propre à simplifier les relations et à abréger les calculs : un comité Spécial s’est formé à cet effet. Dans une de ses dernières réunions tenues en Angleterre, M. Michel Chevalier pré- sidait à ses délibérations; elle avait pour vice-président A aie ee A te can Wat on ne ae blit dans la méme ville un congrés non moins important : c’est le congres maritime, convoqué pr M. Maury, au Gees des États-Unis dAmer gts ce congrès, qui a produit des résultats également útiles p Sage les progrés de la marine et pour l'accord des vues entre les navigateurs des divers pays : C'est W second exemple de ra des congrès pour les intérêts scientifiques dans des affaires qui n d'un intérêt généra CH) M. James Yates et pour secrétaire résident M. Léone Levi. Ces deux derniers savants viennent de m'écrire, en expri- mant le désir de voir la Belgique concourir avec les autres pays à faire connaître, lors de l'exposition universelle de Londres , les mesures dont on se sert et à adopter le sys- tème général proposé. « Nous espérons, disent les savants anglais, qu’on ré- pondra à notre demande par une exposition utile et in- structive de mesures, poids et coins, de même que par des instruments diagrammes et tables de toute espèce appar- tenant au système métrique, qui montrent leur application actuelle sous tous les rapports possibles. » Nous avons écrit à M. Michel Chevalier, en le priant de nous seconder en France. Mais, dans le voisinage de la France, votre propre contrée pourra probablement en- voyer la collection la plus importante et la plus étendue pour les poids et mesures. » Si vous avez vu le rapport de M. Kupffer à M. Knaje- ‚Vitch, ministre des finances à Saint - Pétersbourg, ainsi que les rapports des séances de l’Académie impériale des sciences et du comité d'économie politique de cette ville, Yous aurez reconnu que des mesures décisives se préparent pour l'introduction du système métrique en Russie. Votre AE écrite en 1859, a contribué à produire ce ré- sultat, » M. Ad. Quetelet présente les observations suivantes de la comète nouvelle, faites pendant le mois de juillet, à l observatoire royal de Bruxelles, par M. Ernest Quetelet. Elles ont été obtenues au moyen de Véquatorial de Trough- (342) ton, tandis que les observations du 1°, du 2 et du 3, pré- sentées à la séance précédente, ont pu être faites au moyen de la lunette méridienne et du cercle mural. Comite 11 pe 1861. — Suite des observations faites à Péquatorial de l'observatoire de Bruxelles. TEMPS MOYEN | ascension DROITE| DECLINALSON | "OE DATES, de de comparai- Bruxelles, observée. observée. sons. Juillet 9.... 16 46 1 15 34 45,2 + 60038’ 11” 5 » 4 12 18 32 15 48 19,2 | + 59 16 25 5 RES ` RA 12 46 55 13 48 55,1 | + 59 14 57 5 v: Ah ye Poda AT 59 15 48 47,9 | + 59 13 22 5 a At 10 45 16 14 18 40,3 | + 55 24 18 5 > 8 10 41 38 14 23 31,2 | + 54 39 21 5 » 15 11 42 47 14 23 43,0 | + 54 37 30 3 ee ES 9 54 13 14 2736,8 | + 53 59 49 2 » 19. 11 9 2 | 1437 55,8 | + 52 15 55 3 » . 10 26 41 14 46 37,9 | + 50 54 5 6 » 38....| 11 24 12 | 44 50 16,6 | + 49 51 32 3 » 88... 40 25 6 | 14 54 50,5 | + 48 58 25 9 Lieux moyens des étoiles de comparaison, 1861, 0. Juillet - Radcliffe 3029 = B. A. C. 4510... 15 25 23,2 + 60039 53” » 40... Radcliffe 3104 = Rümker 4497... 13 45 40,9 +59 13 45 » 414... Radcliffe 3188 — Rümker 4684. . .. 14 14 19,1 55 50 16 u. Me WM E . 14 22 41,5 +54 5251 » 16. . . - Rümker 4721 = E iiser: ¿1492418 +33 50 wg » 49... Radcliffe 3239 = Rümker 4776.. 14 33 23,4 +52 10 # » 23. . . Rümker 4854 — Gee 14884 .. 14 44 38,4 +30 MER » 25... Olsen 40000. 2 ST | 14 86 82,5 Tem » 28... Rümker 4886 = OEltzen 14988 , . 14 52 27,3 + 48 56 se ( 113 ) A l'occasion de cette communication, M. Ad. Quetelet met sous les yeux de l’Académie une gravure qu'il vient de recevoir de M. Challis, directeur de Pobservatoire de Cam- bridge et qui représente la cométe de Donati, de Florence, vue en 1858, ainsi que plusieurs autres cométes qui ont, avec elle, la plus grande analogie. Cette gravure, encore inédite, doit paraître dans un Essai sur les comètes qui sera présenté á la Société philosophique de Cambridge. Note sur le sulfure de cyanogéne; par M. Ed. Linnemann. L’acide sulfocyanique est envisagé par les partisans de la théorierdes types comme appartenant, au type eau. On le représente par la formule EN NE qui indique que ce corps est l’acide sulfhydrique dans lequel un atome d'hydrogéne est remplacé pe le radieal eyanogéne. On n’a publié jusqu’ici aucune expérience ayant eu pour but de remplacer le second atome d'hydrogéne par le méme radical, et de préparer ainsi Panhydride sulfocya- nique. Cependant cette substitution se réalise facilement par la méthode générale employée pour la préparation des anhydrides, à savoir, par l’action du ‘chlorure, bro- mure ou iodure du radical d'un acide sur un sel de ce même acide, J'ai employé de préférence Tiodure de Kg dé Leg Jai fait réagir sur le sulfocyanate d'argent. La ( 114 ) s'accomplit déjà à la température ordinaire, quand on a eu soin de bien mélanger les substances. Voici la marche qui m'a paru la meilleure. On ajoute Piodure de eyanogene en dissolution dans Péther à la quantité voulue de sulfocya- nate. La capsule étant placée dans un bain de sable légère- ment chauffé, on mélange ces deux corps en les agitant continuellement pendant que Véther se volatilise. On ob- tient ainsi une poudre qu'on abandonne à elle-même, pendant trois ou quatre heures, dans de petits flacons bien bouchés. De ce produit brut on peut extraire le sulfure de eya- nogène par sublimation; mais cette méthode ne donne guère que le quart de la quantité indiquée par la théorie. On en obtient les deux tiérs en traitant le produit par du sulfure de carbone chauffé et en refroidissant à quelques degrés au-dessous de zéro cette solution préalablement filtrée. Le sulfure de ey anogéne se précipite alors, pendant le refroidissement, sous forme de petites tables rhomboi- dales, incolores et parfaitement transparentes. L’aalyéé de ce corps a donné les résultats suivants : “4. Substance cristallisée du sulfure de carbone. e 087,1055 oxydés par l'acide Gas dans un tube scellé ont donné 08*,2875 de sulfate de bary ver 1191 ont donné 08" St de chloroplatinate d’ammonium. 0er 5490 08°,5645 d'acide carbonique. 2. Substance préparée par sublimation : 08,1875 ont donné 08°,5180 de sulfate de baryte 08,2765 — 184397 de chloroplatinate d'ammonium. >. Substance cristallisée de Péther : 0er,0997 ont donné 07,275 de sulfate de baryte. (115) De ces résultats on déduit : CALCULÉ. TROUVÉ. s ee A Ly gc (TE ` 28.57 (1) 28.47 (2) — (3) — Ne 28 35.55 33.17 35.29 — S 32 58.10 53.09 7.06 37.97 84 100.00 Le sulfure de cyanogéne, ou Panhydride sulfocyanique, est soluble dans l'eau, l'alcool, Véther et le sulfure de carbone. Les solutions saturées á chaud le déposent par . le refroidissement sous forme de petites paillettes irisées ou de tables rhomboïdales possédant un pouvoir réfrin- gent très-considérables. Chauffé à 60°, il se fond en un liquide incolore qui eristallise par le refroidissement. Il se volatilise d'une manière lente mais complète même à la température ordinaire; une chaleur de 30° à 40° suflit pour le sublimer. Son odeur est piquante et rappelle celle de Piodure de eyanogene. Le sulfure de eyanogène se dissout à froid dans l'acide sulfurique sans subir de décomposition. L’acide nitrique et l'acide chlorhydrique l'altèrent facilement. Le potas- sium l'attaque avec dégagement de chaleur en donnant naissance à du cyanure de potassium et à du sulfocyanate de potasse La potasse caustique le décompose en produisant du cyanate et du sulfocyanate de potasse. La réaction a lieu d'après l'équation typique : MALE 0 = is + vie. L'action de l'acide sulfhydrique, du sulfure de potas- + e ( 116 ) sium et de l'hydrogène réputé naissant sur le sulfure de cyanogène présente un certain intérêt. Que Pon fasse réagir de Pacide sulfhydrique sur le sulfure de cyanogéne dissous dans l’eau, ou qu’on ajoute à du sulfure de eyano- gène une solution alcoolique de sulfure de potassium, ou bien que Pon traite le sulfure de cyanogéne par l'acide acétique et le zinc, on obtient toujours les mêmes com- binaisons du cyanogéne, à savoir : un cyanure et un sulfo- cyanate. Le soufre de Pacide sulfhydrique, ainsi que celui du sulfure de potassium, n’intervient pas dans la réaction, mais se trouve mis à nu. Je me suis assuré en effet que la quantité de soufre mise en liberté, et la quantité de sulfocyanure formée, correspondent, pour ces trois dé- compositions, aux formules suivantes : Cy: S +H, =CyH + CyHS Cy, S + H,S = Cy H + CHS + $ Cy S + K,S = CyK + CyKS + $ On aurait certainement dú s’attendre a voir le sulfure de potassium réagir comme le fait la potasse, on m'aurait dù obtenir que du sulfocyanate potassique formé d'après l'équation typique : C Al el? + xfs == ejs + ds Le fait est, au contraire, que le sulfure de potassium el Pacide sulfhydrique éliminant le soufre réagissent exacte- ment comme le font l'hydrogène et le potassium libre. Le sulfure de cyanogéne se comporte avec Pammoniaque exactement comme le fait l'acide sulfhydrique, au type duquel il appartient. H se combine directement à deux mo- lécules d'ammoniaque, pour donner une substance appa- CPI? tenant au type du sulfure d’ammonium, le sulfure de eya- namonium. On a : NH,, H NH,, H NH,, Cy H e Is donne : NH,, Cy ¡Ss Als donne : { 8. Le sulfure de cyanamonium est insoluble dans Féther et se précipite sous forme d’une poudre cristalline, quand on fait arriver de Pammoniaque dans une solution éthérée de sulfure de eyanogene. Il est très-soluble dans l'alcool et ‘précipite de nouveau, sous forme cristalline, quand on ajoute de Péther à la solution alcoolique. I se fond à 94°. L'eau le dissout rapidement, mais la solution donne bientôt les réactions des sulfocyanates et contient probablement de la cyanamide. Les alcalis et méme les carbonates le dé- composent déjà à froid, en mettant de ’ammoniaque en liberté. Quand on fait bouillir la substance avec la potasse caustique, toute ’ammoniaque qu’elle contenait se dégage. L'analyse du sulfure de cyanamonium m’a donné des chif- fres qui s'accordent sensiblement avec sa formule. Je mai cependant pas réussi à obtenir ce corps à l’état de pureté parfaite J'ai mentionné plus haut que le sulfure de cyanogéne se dissout dans l’eau. Je dois ajouter que cette solution s’altère assez rapidement, et que même l’humidité de Pair suffit, pour décomposer le sulfure de cyanogéne, soit à l’état sec, soit dissous dans le sulfure de carbone. Dans ces décom- positions, il se forme toujours une poudre jaune ou orange qui ressemble beaucoup au sulfocyanogène. J'ai fait nombre d'expériences pour établir la nature de ces produits de décomposition et pour expliquer l’action de l’eau sur le sulfure de eyanogéne. Le seul fait bien constaté est que cette action est très-compliquée. Je me ( 118 ) bornerai done ici à résumer ce qui me paraît mériter le plus d'intérêt. Par Paction de l’eau sur le sulfure de cyanogéne, on obtient, indépendamment de cette poudre jaune, dont j'aurai à parler à l'instant, de Pacide carbonique, de l'acide cyanhydrique, du sulfocyanate d'ammoniaque, une grande quantité d’acide sulfocyanhydrique libre et une quantité trés-notable de sulfate neutre d'ammoniaque. La formation de Pacide sulfoeyanique, ainsi que celle de l'acide car- bonique et de Pammoniaque (produits de décomposition de Pacide eyanique) s'explique facilement par la réaction typique. L’acide cyanhydrique doit peut-être son origine à la même décomposition secondaire de l'acide sulfocyanique qui produit la poudre jaune ; il est à remarquer cependant qu'il ne se forme pas de trace d'acide par le sulfocyanique, substance qui se produit toujours par la décomposition de l'acide sulfoeyanique et qui se trouve en quantité trés-con- sidérable quelquefois dans le sulfocyanogène ordinaire. Ce qui est le moins facile à expliquer, c’est la formation d'une quantité considérable de sulfate d'ammoniaque. ! La poudre jaune présente d’ailleurs une composition différente d’après les conditions dans lesquelles elle s'est formé e. Deux échantillons obtenus par la décomposition d'une solution aqueuse de sulfure de eyanogéne et provenant de deux préparations différentes, contenaient : N ==.233,43 25.64 S. = 45.07 52.75 H = 150 La substance formée par l’action de l'humidité de lair ( 449 ) sur le sulfure de cyanogéne, et provenant également de deux préparations, a présenté la composition suivante * I, Il. A eee C = 25.38 24.50 == N = 28,11 27.96 28.20 S = 36.29 57.42 7.60 H = 2.01 -ye wth Il est impossible de calculer des formules de ces données de Fanalyse, Mais on voit que les deux produits different de composition entre eux et qu'aucun d'eux n’est identique avec le sulfocyanogène ordinaire, La substance dont l'ana- lyse est citée en dernier lieu se rapproche beaucoup par sa composition du sulfure de cyanogéne; elle contient en effet les éléments carbone, azote et soufre dans les mémes rapports que ce dernier, et si Pon ne tenait pas compte des éléments de l'eau qu'elle renferme, on serait tenté de la prendre pour une modification polymérique du sulfure de cyanogéne, pour Vanhydride sulfocyanurique, s'il m'est permis de m'exprimer ainsi. Je dois ajouter que la réaction qui m’a servi pour pré- parer le sulfure de cyanogéne n'est pas la seule qui donne naissance á ce corps. On obtient la méme substance, mais moins avantageusement, par l'action de Viodure de soufre ou du chlorure de soufre sur le eyanure d’argent. J'en ai méme obtenu une petite quantité en laissant en contact, pendant plusieurs mois, le sulfure d'argent avec Viodure de CYanogène. “Le sulfure de eyanogène s'obtient encore en quantité trés-petite par l’action du chlorure de soufre sur le cyanure de mercure. Cest même de cette manière que M. Lassaigne avait ( 120 ) déja préparé ce corps en 1828. Mais comme d'autres chi- mistes n’avaient pas réussi dans cette préparation, on avait généralement mis en doute Pexactitude de ces expériences et méme Pexistence de sulfure de cyanogéne. Maintenant que les propriétés de ce sulfure sont bien connues, et en présence du parfait accord qui existe entre la description que M. Lassaigne donne de sa substance et les propriétés que posséde mon sulfure de cyanogéne, il ne peut rester de doute que ce chimiste a travaillé sur un corps iden- tique avec le mien. J'ai cru nécessaire cependant de m'as- surer par une expérience spéciale que le produit de la réaction de M. Lassaigne est le méme que le sulfure de cyanogéne obtenu par l’action de Piodure de eyanogene sur le sulfocyanate d'argent. Quelques expériences que j'ai faites sur la combinaison correspondante formée par le sélénium, m’ont fait voir que le sélénocyanate d'argent est attaqué par l’iodure de cyano- géne exactement comme le sulfocyanate. Le séléniure de cyanogéne ressemble tellement, par toutes ses propriétes, au sulfure que Pon pourrait aisément confondre les deux corps. ( 424 ) CLASSE DES LETTRES. — Seance du 5 want 1864. M. pe Ram, directeur. M. Ap. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, le baron J. de - Saint-Genois, Snellaert, Haus, Leclercq, Polain, Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres ; Alph. Wauters, corres- pondant. M. Stas, membre de la classe des sciences, et M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assistent a la séance. m = CORRESPONDANCE. ` La Bibliothèque de Hambourg remercie l'Académie pour Penvoi de ses dernières publications. De semblables remerciments sont adressés par la So- ciété dunkerquoise pour encouragement des sciences, des lettres et des arts. M. le secrétaire perpétuel fait connaître que le conseil de la Société de l'histoire de France, par l'organe de son (12) secrétaire, M. Desnoyers, vient de transmettre les copies de deux manuserits de Georges Chastelain, qui se trouvent Pun à Bruxelles, l’autre dans la bibliothèque Laurentienne, n° 176, à Florence. « Le conseil de la Société s’est trouvé fort heureux , ajoute le savant secrétaire, de pouvoir saisir une occasion de témoigner à l’Académie des sciences de Belgique sa vive sympathie pour les travaux si intéres- sants qu’elle publie et dirige, au grand profit des études historiques. Aussi les copies que le conseil de la Société de l'histoire de France avait fait faire, il y a plusieurs années, . pour l'édition de G. Chastelain, et que M. Buchon devait publier dans la collection de la Société, sont-elles entière- ment à la disposition de l’Académie de Bruxelles. La de- mande qui en avait été faite de la part de M. Kervyn de Lettenhove, à la dernière séance du conseil, a été agréée avec le plus grand empressement.... » 5 La classe accueille cette communication avec un vil sentiment d'intérét et charge le secrétaire perpétuel de transmettre Pexpression de sa gratitude a la Société de Phistoire de France. M. Gachard, qui se trouve actuellement à la Haye, écrit de son côté : « Notre confrère M. le baron Kervyn, qui s'occupe, avec le zèle que vous savez, de la collection des auteurs belges qui ont écrit en français, m’a prié de con- sulter , pendant mon séjour ici, quelques manuscrits de la Bibliothèque royale où se trouvent des ouvrages de Chas- telain. J'ai déféré avec empressement à son désir, et je Jui adresse le résultat de mes recherches dans la lettre Cr jointe que je prends la liberté de Jui faire parvenir par votre intermédiaire. » = Les manuscrits arrivés de France et les notes recueillies ( 125 ) par M. Gachard sont remises a M. le baron Kervyn de Lettenhove, — La classe reçoit différents ouvrages imprimés de ses membres, savoir : Un écrit sur la Biographie nationale, par M. P.-F.-X. de Ram, directeur de la classe; Le départ de Néoptoléme pour Troie, par M. J. Roulez. Les seigneurs de Muno, par M. Renier Chalon. Des remerciments sont adressés aux auteurs de ces publications. COMMUNICATIONS ET LECTURES. — L’Europe au siécle de Philippe le Bel (notes et extraits); par M. le baron Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. LES ARGENTIERS FLORENTINS. —— LES TEMPLIERS. Lavidité, cupidigia di guadagnare, fut, selon Villani, le grand vice de Philippe le Bel; mais ce fut aussi le mal qui tourmenta Ja plupart de ses contemporains. En vingt- cing ans toutes les traditions s'étaient corrompues ou effa- cées. Saint Louis avait lutté jusqu’à la mort contre les infidèles : Philippe le Bel fait la guerre au pape. Saint Louis ne levait pas de gabelle, et sa monnaie était la meilleure que Von connût ; Philippe le Bel falsifie les mon- naies et multiplie les impôts. Joinville, qui, après la mort du bon roi saint Louis, écrivait qu'on montrerait au doigt + ( 124 ) les princes de son lignage qui ne suivraient pas son exem- ple, ne recevait autrefois, comme sénéchal de Champagne que dix sous tournois par jour (1) : Marigny, assurait-on, se faisait donner chaque année par le roi quinze ou vingl domaines qui valaient trente ou quarante mille livres. Le grand accusateur des désordres et des convoitises de ce temps est Dante Alighieri. H semble que, pour peindre les horreurs de l’enfer, il n’ait eu qu’à reproduire le sinistre tableau de ce qui se passait autour de lui. « Maudite sois-tu, antique louve dont insatiable faim dévore plus de victimes que tous les autres monstres... Je vois Pilate qui porte dans le temple ses désirs cupides... Oh! quel deuil répand aux bords de la Seine le faux- monnayeur qui mourra frappé par un sanglier ! Tais-toi, loup maudit! Consume-toi intérieurement de ta propre rage! Cette rive de douleurs engouffre-t-elle done tout le mal de univers? Là règne Plutus, le grand ennemi. La il y a plus de damnés qu’en aucun autre lieu... Dans la vie premiére, leur esprit ne voyait pas clair, tutti quanti fur guerci. » Ce prince, ami du faste et des plaisirs, qui chasse au fond des forêts le cerf, le daim , le lièvre, le goupil (renard), red ei dd v www Vow lw Y ow oY (1) C'est dans un mémoire rédigé en 1331 sur les droits des sénéchaux Champagne, que Pon rappelle que, sous saint Louis, Jean de Joinville ne touchait que dix sous tournois par jour. Philippe le Bel lui donnait ge nne à ce monastère cent quatre-vingt arpents de bois. Il faut reen avec soin tout ce qui se rapporte au naif historien de saint Louis. * ( 125 ) la martre et le chat sauvage (1) et qui sera jeté a terre aux bords de l'Oise par le boutoir d'un sanglier, c'est Philippe le Bel (2). Ces usuriers au regard oblique et trouble, qui prétent sur le sceptre des rois et sur les joyaux des dames á quatre et quelquefois A dix pour cent par mois, il est aisé de les reconnaitre dans les sombres allusions de la Divine Comédie : ce sont les Louchard, ce sont les Biccio Borno, et ce temple vers lequel se porte une si honteuse cupidité , west autre que le mystique édifice béni par saint Bernard comme le rempart de la chrétienté. J'ai raconté ailleurs comment Jaquemon Louchard qui faisait ériger sa statue dans les églises de Flandre, obtint de Philippe le Bel le droit de placer dans son écu les ar- moiries mêmes de la maison royale de France (3) : je ne m'occuperai aujourd’ hui que de Biccio Borno et de ses frères, mais je placerai vis-à-vis de ces Shylock rampants et habiles, les nobles et males figures des derniers succes- seurs de Hugues de Payens et de Geoffroi de Saint-Omer. L'histoire est pleine de ces contrastes, et pour rester fidèle à la vérité, il faut sans cesse montrer l'intrigue aux prises avec la force, et l’astuce plus puissante que Porgueil. Il y avait à Florence deux frères, Musciato Francesi et Biccio Borno, le premier surnommé le Francais á cause de son dévouement au roi de France, le second connu sous le nom de Borno parce qu'il était privé d’un ceil. Ce furent eux qui conseillérent à E le Bel de faire de la fausse ee -(1) En 1298, Philippe le a acheta 1 le = de chasse dans la forét de Boury en Normandie. On së sait, porte | de yente, au liévre, au goupil, au chat et à la m (2) On retrouve le mot ur déjà connu des anciens, dans la latinité de cette époque. Bonus et bellus valletus. Charte de 1509 (3) Histoire de Flandre, Arc éd., II, p. 565 2" SERIE, TOME XII. 10 ( 126 ) monnaie ; onde molto fu abominato e maladetto per tutti i _ christiani, C'est Jean Villani qui s'exprime ainsi, et tou- tefois la famille des Villani avait partagé 4 Florence, au moins quelques-unes des fautes que l’on reprochait à Mus- ciato et à Biccio. Jean Villani, de la compagnie des Pe- ruche, de Florence, fut attaché de 1306 à 1308 à Pargentier Thomas Fin que le comte de Flarrdre poursuivit pour mal- versations (1). Philippe Villani vint aussi en Flandre chargé des mêmes intérêts (2), et je ne sais si l’on a jamais remar- qué qu’il figure comme témoin dans cette célèbre charte où les Peruche déclarent avoir payé dix mille florins de Florence à Raynaldo de Supino, pour l’indemniser de ses peines et de ses inquiétudes (pro laboribus et anxietatibus) quand il accompagna Nogaret dans les murs d'Anagni (3). Le nom de famille de Musciato et de Biccio était Guidi ou Guy. Ils avaient un troisiéme frére nommé Nicolo et des neveux nommés Tot Guy et Tan Guy. Musciato et Biecio venus en France vers 1290, se firent connaître sous les noms bizarres de Monsieur Mouche ou Mouchet (en latin Mouchetus) et de Monsieur Biche, Bichon ou Bichet (en latin Biccius). Musciato était receveur et trésorier de Phi- lippe le Bel; ce fut sans doute à ce titre qu’il obtint l'octroi du 21% denier par chaque livre que les marchands et changeurs d’Outre-Mer payaient aux foires de Champagne, de Nimes et de Narbonne (4). Nous nous reprocherions de nous appesantir sur ce cout- (1) Archives du conseil de Flandre et de la Flandre orientale. (2) Il y était en 1520. (3) La quittance donnée à Paris, porte la date du 29 octobre 1512. (4) Charte aux Archives impériales à Paris (J. 474, 5"); Charte de 1293 aux Archives de Mons. ' ( 127 ) Haan effacé dans l’histoire par Enguerrand de Marigny, si cet usurier florentin, homme d’une audace funeste, pour parler comme Bossuet, n’avait été l’un des instruments des espérances les plus altiéres, des plus vastes desseins, qu’eût jamais formés un héritier de Hugues Capet. Philippe le Bel ne rêvait rien moins que la monarchie universelle dans sa maison. Quand il vit en son pouvoir l'archevêque de Bordeaux devenu pape, il lui imposa des lettres aux archevêques des bords du Rhin et à la répu- blique de Venise pour que son frère regút en même temps deux couronnes impériales, celle de Charlemagne à Aix, celle d’Irene à Constantinople. A une époque antérieure, il avait songé à la conquête de l'Angleterre. Il ne suffisait pas de choisir Boniface VIII pour arbitre tant qu’on espé- rait qu'il ferait restituer la Guyenne, et de le désavouer dès - qu'on ne Py croyait plus disposé. C'était à Londres que Philippe voulait frapper au cœur une puissance constam- ment hostile et jalouse. Pour atteindre ce but, il fallait des armes et de l'argent, surtout de largent, car c'était le seul moyen de s’assurer au dehors d’utiles alliances; même en France (ce fut une grande faute de Philippe le Bel) le roi aimait mieux les levées de subsides que les levées d’hommes. Si Pon était arrivé à multiplier les impôts, à confisquer la vaisselle des nobles et des bourgeois, et enfin à ne plus émettre que de la monnaie inférieure des deux tiers 4 la valeur de son titre, c’est que les Guidi exportaient Por et Pargent pour corrompre les conseillers des princes et parfois les princes eux-mêmes (1). On n’a jamais assez pesé cette cause con- stante de la pénurie du trésor royal. Dsg (1) Par deux chartes différentes, Philippe le Bel défendit à ses sujets m 2 ( 128 ) Le roi de France qui cherche à faire revivre les tradi- tions non encore oubliées de Guillaume le Conquérant, n'ignore pas que l’heureux vainqueur d'Hastings a ob- tenu Pappui du roi norwégien Harold et celui du comte de Flandre. En 1295, il conclut des traités avec les rois - d'Écosse, de Suède, de Danemark et de Norwége pour qu'ils Paident à envahir l'Angleterre. Les armements seront gigantesques. Le roi de Norwége seul enverra, aux frais du roi de France, deux cents navires et cinquante mille hommes d'armes (1). Mais Philippe le Bel ne tient pas moins à ce que des ports de Flandre d'autres flottes mel- tent àla voile, et Cest Musciato qui se rend près de Gui de Dampierre (2) et près de nos communes pour entamer une négociation restée inconnue à tous nos historiens. On om au comte le relächement des liens de suzeraineté vis-a-vis du roi, aux communes des priviléges qui les rendraient plus indépendantes vis-à-vis du comte, et enfin, ce qui n’était pas moins important, on leur proposa de leur as- l'exportation de Por et de des. el déclara que cette défense ne s'appli- quait pas à ses conseillers (1) Sub. ser en sk ducentis galeis el centum magnis gee cum L™ bellatorum bonorum el electorum , bene munitorum. Le tr avec le roi de Cie est du 22 octobre 1295, Les pouvoirs donnés aux ambassadeurs francais heats la date du 24 juin. Une fille de la comtesse de Joigny devait épouser Haquin, duc de Norwége. C’est ce même Haquin qui, plus tard (le 8 septembre 1508), conclut un traité de commerce avec la Flandre. — Le traité avec le roi d’Ecosse porte la date du 22 octobre 1295. Le roi d Bag Jean Baillol, devait épouser une fille de Charles de Valois. A cette époque, Jean Baillol possédait encore, en France, les terres de Bailleul, emer, Hellicourt et Hornoy. La premiére rappelait l'origine de sa fam e (2) ae prêta de l'argent à Gui de Dampierre, au mois d ‘aout 129 (Archives de Lille). Di (139) surer un double monopole, celui de achat des laines de Champagne et des autres provinces francaises et celui de la fabrication et de la vente des draps dans toute l'étendue du royaume de France (1). Du reste Vargentier florentin se souciait peu de monter à bord des navires flamands dont il mettait le concours à un si haut prix : il annonçait qu'ils seraient placés sous les ordres des sires d'Harcourt et de Montmorency (2). Édouard I" ne sendormait pas dans une fausse sécu- rité; à ces menaces il s’efforcait d'opposer une autre confédération déjà vaincue une fois à Bouvines, mais prête à tenter de nouveau les haSards de la guerre. Il S'alliait à Adolphe de Nassau qui venait de défier le roi de France. Une de ses filles était unie au duc de Brabant; une autre devait épouser le comte de Hollande. Il recher- chait de plus pour son fils la main de Philippine de Dam- ` pierre. C'était de nouveau dans les plaines de la Flandre que devaient se réunir ces peuples divers qui se vantaient aussi d’aller planter leurs étendards aux bords de la Seine, près du Petit-Pont et dans la rue de la Calandre. Ce ne fut pas la France, ce fut Florence qui rompit hie a oo ES ie Philippe le Bel fit les mémes propositions es yeux une charte relative à Pexporta- eb ie de us Milan et à Florence, où figurent Pierre de Cha- lons, Guillaume de Martilly et Geoffroi Coccatrix , familiares regis, super intendentes negotio et ordinationi passagiorum lanae. Cartulaire de Philippe le Bel, ff. 57 et 39, aux Archives du royaume à Brux (2) Chroniques de Saint-Denis, V, p. 113; Guillaume Gees ge oyaur lignages , v. 4129. On peut consulter sur ces faits l'Histoire du commerce et de la marine, en Belgique, par M. Ernest Van Bruyssel, 1, p. 271. M. Van — y a profité avec bonheur de ses recherches en Angleterre, mais il reste encore en Belgique beaucoup de documents qui méritent de fixer son attention, ( 150 ) cette confédération. Musciato accompagnait Philippe le Bel dans son expédition de Flandre, quand Baudouin Rey- phins trahit 4 la bataille de Bulscamp, quand Robert de Béthune reconnut qu'il y avait d'autres traitres parmi ses chevaliers et parmi les échevins de Bruges (1). Musciato fit bien mieux encore, car il sut persuader au frére de l'empereur d'Allemagne de se rendre sur les ruines fu- mantes de Lille pour conférer secrètement avec lui, obscur usurier florentin (2). Le résultat de cet entretien fut que Musciato le suivit en Allemagne. Selon un chroniqueur, il “amenait avec lui quatre bêtes de somme chargées d’or et d'argent (3). L'emperéur « qui estoit moult convoiteus » ne put rien refuser au trésorier de Philippe le Bel. A son retour, Musciato s'arrêta à Louvain, distribuant à chaque pas de nouvelles largesses, et l’on vit le duc de Brabant accepter les robes (ce que Sainte-Palaye appelle la livrée) de monsieur Mouche, comme dans les cours plénières les barons recevaient les robes du roi. Le due Jean IT, dit-il lui-même, était « comme sa créature. » Monsieur Mouche était secondé dans ses intrigues par un frère du due nommé Godefroi (4). NNR e (1) Les chroniqueurs citent les sires d'Haveskerke, de Ghistelles, de Saint-Venant. Le sire d'Haveskerke obtint un fief de bourse, mais Mari y mit la main. Guillaume Rynvisch , échevin de Bruges , reçut une pension de vingt livres parisis. (2) « Monsieur Mouche ot bonne odience et fist tant que le frére le roy d'Alemaigne vint secrètement à Lille en Flandre où monsieur Mouche ala à li.» (5) Chron. MS, citée par M.Edw. Le Glay, Hist. des comtes de Flandre; t. IL, p. 189. Toute cette époque a été retracée avec autant de soin que de vérité par M. Le Glay. (4) «Item ala monsieur Mouche tout avant au duc de Brabant qui estoit de ses robes et si come sa créature, et fist tant à l’aide de monsieur Gou- = (451 D’autres princes des Pays-Bas cédérent aux mémes séductions. L’un d'eux fut, paraît-il, le comte de Hollande qui se rendit à Paris pour confirmer son alliance avec Philippe le Bel contre le roi d'Angleterre (1). Jai eu sous les yeux le mémoire où Musciato se vante de ses merveilleuses négociations et en trace complai- samment le tableau. Il semble qu'il s’attribue Phonneur d'avoir sauvé le royaume de France : « Le roy d’En- gleterre qui cuida faire merveilles, ne pot, Diex merci, en riens domagier le royaume et ne fist fors que son dommage et de sa gent; car ses Englois orent à Bruges grant riotte aus Flamans et s’en partirent et vindrent à Gant et là orent-ils greignour, et se combattirent et furent en péril d’estre tous mors, et en furent mors une grant partie. Et s’en parti le roy atout son de- mourant d’Englois et s’en retourna en Engleterre, et puis fist sa paix et laissa le conte de Flandres et les Flamans en la gobe; si y doivent les autres prendre exemple (2). » Ce mémoire nous apprend d'ailleurs combien est con- sidérable l'influence de Musciato Guidi. ll a disposé pendant plusieurs années des gabelles et des maltôtes du royaume. Il s’est fait remettre, par l’ordre de Citeaux , soixante- cing mille livres tournois, et les juifs lui en ont payé deux y D ON y u Ww Se Ww Ww — defroi son frère et d'autres, que , commant que le mariage d'Engleterre se parfist, il promist qu’il ne seroit, ne ne se mueroit contre le roy.» — Dinte- Tus ne consacre ES deux mots à Godefroi, frére de Jean II, pour rappeler qu'il mourut jeun (1) Guillaume de Nangis, éd. de M. Géraud , t. I, p. 291. (2) Archives impériales, à Paris, J 65446, ( 132 ) cent quinze mille (1). On en a saisi vingt-six mille que l'évêque de Winchester avait déposées dans les abbayes de Saint-Denis et de Sainte-Geneviève; enfin, le monnayage de la faible monnaie qui commenca au mois d'avril 1995, a produit, dès la première année, une autre somme de soixante mille livres tournois. Musciato a soin d'ajouter qu'il a lui-même prêté au roi des sommes énormes : il était donc à la fois receveur, trésorier et créancier du roi. C'est Musciato (monseigneur Mouchet comme on lap- pelle cette fois) qui, en 1302, est chargé par Philippe le Bel ` de déclarer qu’il récuse Parbitrage du pape Boniface VII. C'est monseigneur Mouchet qui est nommé le premier, même avant Nogaret, dans ces lettres si mystérieusement menaçantes où le roi de France, sans désigner ni son mandat, ni le but de son voyage , lautorise à conclure des alliances et à promettre des subsides toutes les fois qu'il le jugera convenable. C'est encore lui qui requiert le ca- pitaine de Ferentino, Raynaldo de Supino, tam in vita quam in morte Bonifacii ‚ ad confundendum Bonifacium et vindicandum injuriam regis (2). Boniface VIII et Benoit XI morts, Clément V étant proclamé pape, Musciato et ses amis qui voyaient le tré- sor se vider de plus en plus 4 mesure que s’élargissait le théátre de leurs intrigues, portèrent , comme le dit Danté, leurs regards eupides vers le Temple. Les nombreux do- maines des templiers les tentaient assurément, mais ils n’obeissaient pas moins aux aiguillons secrets de la haine Sea Rac A es BEE (1) Trois ans après, en 1299, Philippe le Bel vendit à Charles de Valois, pour vingt mille livres tournois, tous les juifs de ses terres et seigneuries. (2) Archives impériales à Paris, J 491. 782. ( 159 ) et de la vengeance. Presque partout, les argentiers ita- liens affermaient le revenu des princes, et leurs banques errantes étaient devenues, non sans de grands bénéfices, ce qu'on appellerait aujourd’hui la caisse de l’État. En France, au contraire, selon une vieille tradition monar- chique, le trésor royal avait été toujours conservé dans les tours du Temple, où les rois eux-mêmes cherchaient parfois un refuge. Ajoutez que les usuriers de Pise, de Gênes et de Florence entretenaient d’étroites relations avec les Sar- rasins du Caire, d'Alexandrie et de Bagdad, et ils repro- chaient aux templiers d’avoir retenu et même fait déca- ` piter les messagers qu'ils envoyaient aux infidèles. Chez les ames basses et viles, aucune passion n'est plus violente, ni plus implacable que l'intérêt. Le roi de France avait d’autres griefs, et j'ignore s'ils ont été remarqués par les historiens, tant les intrigues de cette époque sont restées secrètes et mystérieuses. Un prieur de Chesa servait d’intermédiaire entre le roi et les Co- lonna (1). Il se nommait Pierre de Peredo, et ce fut lui qui, chargé de signifier au pape déjà outragé à Anagni, un acte accusation aussi violent que cynique (2), arriva à Rome pendant l'agonie de Boniface VIH et mosa ajouter par une nouvelle insulte à Pamertume de ses derniers moments. Un frère ou un parent du prieur de Chesa, Hugues de Peredo, était visiteur général des maisons de l’ordre du (1) Nous connaissons une lettre du cardinal Pi Colonna dans laquelle il remercie Philippe le Bel du message que lui a porté le prieur de (2) Procertisn egotiis en el tsk L’acte d'accusation qui lui avait été remis avait été approuvé par le roi, le 14 juin 1505, dans un Conseil tenu à Paris, ee assistaient les archevéques de Nicosie, de Reims, de Sens, de Narbonne et de Tours. ( 154 ) | Temple, et c'était par lui que le roi espérait entrainer les templiers 4 embrasser son parti. En effet, le roi promit, - sil se déclarait contre le pape, de le protéger lui et tous les templiers qui Pimiteraient, contre tout homme et nom- mément contre Boniface VIII, contra omnem hominem qui vellet statum , honorem, libertates infringere, et specia- liter contra Bonifacium, nunc ecclesiae romanae regimini praesidentem, qui multa contra nos , ipsum et alios prae- latos et regnum, dicitur comminatus fuisse. Pour donner à cet engagement plus de solennité, le comte de Saint-Pol fut chargé de le jurer sur l'âme du roi et en la présence du roi, de la reine et de leurs fils Louis et Philippe (1) Tout ceci ne servit à rien, et les templiers dont Boni- face VIII avait publiquement loué en 1299 le zèle et le courage (2), refusèrent de se ranger sous la bannière des Plassian et des Nogaret. Telle était la situation des choses lorsque Clément V, hésitant sans cesse entre sa conscience et ses terreurs (3), crut retrouver la dignité et la liberté de la parole du chef de l’Église en portant les yeux vers le berceau du christia= nisme et en appelant dès son intronisation , selon [usage de ses prédécesseurs, les princes et les barons chrétiens jp ee ee (1) Cet acte, revétu des sceaux de roi et de la reine, porte la date du du samedi E? la Saint-Laurent (10 août) 1303. Archives impériales à Paris, J. 49074 (2) Raynaldi, Ann. Eccl., 1299, 38. (3) Clement Y fit remettre à se le Bel une déclaration porasi is la juridiction du maréchal de la de la temporalité du roi. Un autre j jour il lui adressa la relation du supplice de Dolcino qui avait e arrêté par l’évêque de Verceil. C'est le Dolcino mentionné par Dante Jet LA Or dia fra Dolcin dunque s’armi, ete. Inferno, XXIX. ( 155 ) à délivrer Jerusalem. Des lettres émouvantes dictées par les évéques et les abbés de terre sainte, op ils dépeignaient éloquemment les périls dont ils étaient entourés, vinrent confirmer Pappel du pape, et Philippe le Bel, croyant qu'une croisade le réhabiliterait de ses sacriléges attentats contre Boniface VIII, feignit de s’y associer avec un grand enthousiasme. Une voix plus sincère répondit de l'Orient à cet appel. Ce fut celle du grand maitre de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, et le mémoire qu’il adressa au pape existe encore aux archives impériales de Paris. L'absence de noms et de dates Fa fait passer inaperçu jusqu’à ce moment, mais rien wen peut atténuer la valeur, car c’est le seul témoignage émané de Jacques de Molay lui-même dans lequel avant de monter sur le bücher il ait pu s'adresser à la postérité. « Les périls de la terre sainte, dit Jacques de Molay, réclament impériensement une nouvelle croisade. Les chrétiens n’y possèdent plus de forteresses où ils puissent © trouver un asile, et il faut désormais réunir des forces assez considérables pour attaquer en rase campagne les Sarrasins qui ne comptent pas moins de douze à quinze mille cavaliers et de quarante A cinquante mille sergents et archers, _ faut que la croisade réunisse les rois de France, d'Angleterre, d’Allemagne, de Sicile, d'Arragon, d’Espa- gue et tous les autres princes chrétiens. > Plus de petits navires, mais de grands vaisseaux qui Puissent porter les hommes, les armes et les chevaux. - > Souvenez-vous de ce que disait autrefois le sage et puissant Bondocdar, soudan de Babylone : qu'il s’oppose- rait avec son armée à trente mille Tartares, et qu’il livrerait également bataille à quinze mille chevaliers francs, mais ( 136 ) que s'ils se présentaient en plus grand nombre, il leur abandonnerait le terrain. Nous avons entendu dire la méme chose de ceux qui accompagnérent 4 Damiette le roi saint Louis (1). Il est done évident qu'il faut réunir douze à quinze mille chevaliers et cinq mille sergents à pied, el nous pouvons espérer que tant de combattants, désor- mais résolus à suivre de bons conseils (ceci était une allu- sion à la témérité de Robert d'Artois qui avait repoussé à la journée de la Massoure, les conseils des templiers), parviendront à reconquérir toute la terre sainte. Il sera utile d’y joindre deux mille arbalétriers (balistarii). » C'est dans Tile de Chypre qu'il faudra descendre pour s'organiser, mais il faudra cacher avec soin aux Sarrasins le lieu où nous débarquerons en terre sainte, Cependant, je pourrai me rendre près du roi de France et le lui dire secrètement. » Envoyez dès cet hiver des vaisseaux pour défendre Vile de Chypre. Ayez soin d'en fréter d’autres à Gênes, à Venise et à Pise, et afin d'éviter toute discussion qui pourrait amener de la jalousie entre ces villes et les croisés, ne choisissez le chef de la flotte, ni dans le clergé, ni chez les templiers, ni chez les hospitaliers. C’est en Italie qu'il fau- dra chercher votre amiral, par exemple Roger de Loria (2). A EE (1) Ce passage, évidemment postérieur à la canonisation de saint Louis (1297) suffit pour démontrer que ce mémoire intitulé : Consilium bonum , de passagio, magistri Templi, ne peut étre que de Jacques de Molay- Guillaume de Nangis le désigne par le titre de magister Templi. Jacques de Molay, entré dans l'ordre en 1265, est cité comme grand maitre en 4 298.— Dupuy avait déjà remarqué que Jacques de Molay adressa, vers 1508, 00 pape Clément V, un mémoire relatif au projet d’une nouvelle croisade. Cond. des Templiers, p. 182. (2) Roger de Loria, le plus célèbre marin de cette époque, avait en ( 157 ) » De plus, que le pape porte les peines les plus sévéres contre ces marchands italiens qui n'écoutant que leur * avarice envoient constamment aux infidèles tout ce dont ils ont besoin (1). » Je prie Dieu tout-puissant, disait en terminant Jac- ques de Molay, qu'il vous donne la prudence pour or- donner ce qui peut être le plus utile, et la puissance qui est nécessaire pour Paccomplir, afin que notre siécle puisse se glorilier de la délivrance de ces lieux saints où Notre- Seigneur Jésus-Christ a daigné vivre et mourir pour le salut du genre humain (2). » Tel fut Je langage d'un homme que l’on accusera plus tard d’être le complice des infidèles, et je ne sais, en reli- sant ce document, si cette proposition de révéler au roi seul le lieu du débarquement des croisés, ne devint pas le prétexte de la perfide invitation adressée au grand maitre de ordre du Temple pour qu’il se rendit à Poitiers. Avant qu'il y füt arrivé, le conseil du roi se réunit; on ignore si Musciato s’y éleva contre le mémoire qui proscrivait si énergiquement les relations des marchands italiens avec les infidéles, mais Guillaume de Nogaret rédigea une longue note oú il exposa que les abominations des tem- pliers empécheraient le succès de la croisade, et qu'il fallait, pour le salut méme des chrétiens en Orient, dé- Sarmer ces braves défenseurs de Ja foi qui tout récem- 1500 embrassé le parti de la maison d'Anjou. H mourut en 1505 ou 1506. Ceci établit une fois de plus la date du document que nous an palyso: (1) Le roi de Chypre avait aussi fait parvenir, aux princes d'Occident, un avis Dës il les pressait raa er les mauvais Ge de fournir au Il repose aux Archives i imp ériales į à Paris, J. 456. sg, ( 138 ) ment encore s'étaient ensevelis sous les ruines de Ptolé- maide. Molay, recu d’abord avec honneur, fut arrêté quand il s’y attendait le moins, et les argentiers florentins sétablirent au Temple pour faire inventaire de ce qui appartenait au roi et aussi de ce qui ne lui appartenait pas (1). (së Vai publié ailleurs les lettres par lesquelles Philippe le Bel annonca aux communes de France et de Flandre, l'in- famie des templiers qui troublait le ciel et la terre, et in- terrompait le cours des éléments (2). Je reproduiral ya les réponses du duc de Brabant et de l’évêque de Liége aux lettres royales qui prescrivaient Varrestation des tem- pliers. ` Celle du due de Brabant était conçue en ces termes ` A trés-haut, trés-noble et trés-puissant prince, oc bc cher seigneur, monseigneur Philippe, par la grace de Dieu, rob de France, Jehan, par celle meesme grace , duc de Lothier, de Brabant et de Limbourch, tant de honeur, revérence et service comme mander li peut avesques salut. Tres-eher sires, nous faisons savoir à votre hautèce kon nous avons bien entendu ce que mandé nous avez endroit de la besongne des templiers; si responderons à Votre Segnourie que nous ayons pris les templiers demourans en notre terre, et les tenons en notre prison , €t leurs biens sont mis en arrest, tout ainsi comme mandé le nous avez. SE (1) Pai cité dans mon Histoire de Flandre, les noms des templiers belges, qui défendirent Courageusement leurs frères prisonniers. Je re- marque parmi ceux qui se dérobèrent, par la fuite, aux tortures et aux supplices, Adam de Wallaincourt et Gérard de Villers (ce sont les noms des frères qui s'en sont fouy. MS. de la Bibl. imp. de Paris). ; ` (2) Mémoires de l'Académie, tome XXV. De nombreuses fautes d'impres- sion se sont glissées dans l'impression de ce mémoir 7 ( 139 ) Très-chiers sires, se il vous plest chose que nous pussions faire, se le nous veullez mander, et Nostre-Sires soit garde de vous, Escrit à Bruxelle le mercredi après la feste Sainte-Catherine (29 novembre 1507), L'évéque de Liege ne répondit au roi que deux mois plus tard : Serenissimo ac illustrissimo principi domino suo dilectissimo domino Philippo, Dei gratia, Francorum regi praepotentissimo, Th., eadem gratia, Leodiensis episcopus, votivae affectionis affectum cum omni reverentia et honore. Noverit vestrae sublimitas majestatis nos vestras litteras tam primarias quam secundarias de negotio illo tam admirabili fra- trum nuncupatorum militiae Templi , recepisse sub anno nati- vitatis Domini 1307, feria secunda advesperascente ante purifi- cationem beatae Virginis, quas anticipasse cupivissemus. Scituri quam ipsi fratres pauca obtinent sub ditione nostra; attamen , pro catholicae religionis sustentatione , super his, quantum po- terimus et prout ad nos pertinet, toto conamine et mentis ardore, avido cordis affectu, libentissime curabimus exercere, tanquam fidei christianae diligentissimi cultores. Verumtamen a sanctissimo patre et domino nostro summo pontifice nullum adhue super his accepimus mandatum. Valeat apex dominationis vestrae per secula sempiterna. Datum in castro nostro Hoyensi, anno et die praedictis. (28 janvier 1307 v. st.). Un protocole antérieur à 1303 portait qu’à l'avenir en S'adressant au duc de Brabant, aux comtes de Hainaut et de Gueldre, on se servirait de la formule : Dilecto et fideli nostro. Le mot fideli, qui rappelait le vasselage, donna lieu, Sans doute à quelques contestations, et je remarque que Jean II, dans sa réponse, affecte de rappeler que si Philippe ( 140 ) est, par la grace de Dieu, roi de France, il est aussi, par la grace de Dieu, due de Brabant. C'est un Florentin nommé Noffo Dei qui se porte accu- sateur contre les templiers, de même qu’il poursuivra plus tard Pévéque de Troyes, prévenu également des mêmes in- famies, des mêmes relations avec les démons : « Que d'or- » gueil, que d'excés, s’écrie Dante, ont provoqués chez » toi, 6 Florence, les parvenus et les fortunes subites! > Noflo Dei était en prison quand la faveur de Philippe le Bel vint le chercher. La faveur de Philippe le Bel se reti- rant, il regretta sa prison, car on le suspendit à un gibet. Musciato et Biccio étaient déjà descendus au tom- beau (1), et leurs dépouilles allèrent grossir la fortune aussi rapide, aussi éphémère de Marigny (2). Cependant, par un hasard étrange, leurs neveux qu'ils avaient installés receveurs du roi Philippe le Bel en Flandre, s'y maintin- rent dans leur crédit et dans leurs emplois, non-seulement sous Robert de Béthune , Mais aussi sous Louis de Nevers, et lorsque nos communes, au temps de Jacques d'Arte- velde, s’élevérent contre les prodigalités des comtes de Flandre, elles en signalérent comme les instruments d les complices les Tan Guy et les Tot Guy, dignes héritiers des Musciato et des Biecio Borno. Ee = gett, (1) Cartulaire de Philippe le Bel, ff. 41 et 45, aux Archives générales du royaume à Bruxelles (mars 1509 y. st. i ue (2) Charte du mois de septembre 1310. Musciato et Biceio y sont placés à peu près au même rang que Marigny : « Enguerrand de Marigny, SE » amé et féal chevalier et chambellanc, a acheté de nostre amé et : » chevalier, Nicole Guy, frére de Mouchet et Bichet, jadis nos ames el së ‚> chevaliers, etc. » Cartulaire de Philippe le Bel, fol 112, aux Archives du royaume á Bruxelles. ( 441 ) — Une commission mixte avait été formée de trois membres de la classe des lettres et de trois membres de la classe des sciences pour examiner les modifications à in- troduire au règlement des prix quinquennaux et, notam- ment, pour décider si le prix pourra dorénavant être décerné à l’auteur d’un ouvrage non achevé, quand les parties de cet ouvrage forment, séparées ou réunies, un ensemble qui a une valeur propre. e Ram et Leclercq pour la classe des lettres, MM. Liagre et Stas pour la classe des sciences, proposent adoption des modifications récemment demandées par le jury chargé de décerner le prix des sciences morales et politiques, et soumises à l'examen de PAcadémie par le Gouvernement. Cette proposition est accueillie par la classe et sera com- muniquée à M. le Ministre de l’intérieur. H 2" SERIE, TOME XII. 11 ( 142 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. — Séance du 1° août 1861. M. Van Hassext, vice-directeur. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont presents: MM. Alvin, Braemt, F. Fétis; Guill. Geefs, Navez, J. Geefs, Erin Corr, Ferdinand de Braeke- leer, Fraikin, Ed. Fétis, De Busscher, membres; Daus- soigne-Méhul, associé; Alph. Balat, Bosselet, Demanet, correspondants. M. Nolet de Brauwere Van Steeland , associé de la classe des lettres, assiste á la séance. a CORRESPONDANCE. M. le secrétaire perpétuel communique une lettre de M. Léon Suys, qui annonce à la classe la nouvelle perte qu’elle vient de faire par la mort de son honorable direc- teur, M. Tilman-Francois Suys, décédé le 11 juillet der- nier, dans sa soixante-dix-neuviéme année. M. Van Hasselt, vice-directeur, donne connaissance du discours qwil a prononcé aux funérailles, en attendant ( 145 ) qu'il puisse, conformément au désir de la classe des beaux- arts, rédiger une notice biographique sur son illustre con- frère. Cette notice sera insérée dans le prochain Annuaire de l'Académie. (Voir ci-après. Une lettre de M. le Ministre de l’intérieur fait connaître que le gouvernement fera exécuter le buste en marbre de M Suys, pour en orner la salle des séances publiques, en conformité de l'arrêté royal du 1°" décembre 1845. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître également que la cantate couronnée de M. Dupont sera exécutée à la séance publique de la classe des beaux-arts de cette année, ‚et qu'il a invité M. Fétis à s'entendre avec le secrétaire perpétuel pour prendre des mesures en conséquence. La cantate de M. Vander Velpen, qui a obtenu le deuxième prix en partage avec M. Dupont, sera réservée pour la séance publique de 1862. — M. Édouard Fétis rend compte des délibérations qui ont eu lieu dans la séance du comité-directeur de la Caisse centrale des artistes belges. A la suite de ses explications, M. le directeur met aux voix une proposition de M. Braemt, trésorier de la commission, tendant à établir en principe la fondation de douze bourses ou pensions de trois cents francs chacune en faveur des veuves ou des orphelins des artistes membres de l'association, qui seraient morts sans laisser de fortune et qui se trouveraient dans les condi- tions requises pour être admis à jouir de cette faveur. Cette Proposition est adoptée. La commission examine également quelques proposi- tions qui se rattachent à l'exécution de cette — générale. — La classe a arrété, dans sa séance précédente, le ( 144) programme de concours pour l’année 1862; elle examine s’il ne conviendrait pas de proposer , dès à présent, quel- ques questions pour l’année 1865, et de rouvrir le concours extraordinaire pour le prix quinquennal de gravure en taille-douce. A la suite d’une assez longue discussion, il est décidé qu’on se bornera, pour le moment, aux questions dont le programme vient d’être publié. ‘COMMUNICATIONS ET LECTURES. Discours prononcé par M. Van Hasselt, vice-directeur de la classe, sur la tombe de M. TiLman-FRANCOIS SUYS. Messieurs, A aucune époque, depuis sa création, l'Académie royale de Belgique n’a été aussi cruellement éprouvée qu’en 1861. Dans le court espace de quatre mois 4 peine, un troisiéme deuil est venu la frapper, si bien qu’elle semble autorisée à se demander : « Quand donc la mort se lassera-t-elle? > Après avoir adressé le dernier adieu à nos regrettés con- frères Francois Snel et Bruno Renard, nous voici rassem- blés auprès d’un troisième cercueil, celui d'un collègue, d’un ami, qui nous a été cher aussi et dont le souvenir ne vivra pas moins longtemps que le leur au milieu de nous. Car Tilman-François Suys appartenait à cette phalange d'artistes chez qui les plus éminentes qualités de Vintelli- gence s'associent aux plus éminentes qualités du cœur, et ( 445 ) quí eurent la gloire de travailler à la rénovation de Part sérieux en Belgique, dans un temps où les sévères et ri- ches traditions de notre école s'étaient amoindries ou effa- cées et où rien n’annoncait encore un retour aux vrais principes du beau et du grand. Qu'il me soit permis de rappeler rapidement ce que fut Suys, ce que fut cet homme distingué que nous allons conduire à sa dernière demeure. | Né à Ostende le 5 juillet 1783, il fit ses premières études à cette Académie de Bruges où s'étaient formés Suvée , Ducq et Odevaere, tous trois grands prix aux concours de l’Académie de Paris, et où Calloigne se préparait à entrer dans la lice pour le grand prix de sculpture qu'il remporta en 1805. La, Suys fit de rapides progrés et ma- nifesta avec éclat sa vocation pour Parchitecture. La capi- tale de la France, ow vivaient ces maitres célébres sous la direction desquels Bruno Renard achevait son éducation d'artiste, ne tarda pas à Pattirer. En 1805, nous le voyons admis dans l'atelier savant de Percier, en même temps qu'à l'Académie impériale des beaux-arts , qui, depuis cette époque, le compta plusieurs fois au nombre. de ses lau- réats. Mais ces succès n’étaient qu’une préparation à des succès Plus éclatants encore. Au grand concours de 1812, Suys remporte le premier prix d'architecture, honneur qui est dévolu pour la première fois à un Belge et qui lui ouvre, Pour une période de cinq années, le collége de France à Rome. Le voilà done qui se dirige vers Italie, vers cette lerre des souvenirs illustres et des plus hautes aspirations de Partiste, La, une carrière toute nouvelle s'ouvrit devant le jeune architecte. Tous les travaux auxquels il se livra pendant ( 146 ) les cinq années qu’il passa au delà des Alpes, ce n’est pas ici le moment de yous les énumérer. Je me bornerai 3 vous dire, messieurs, qu'il n’est pas une œuvre d'archi- tecture appartenant à Pantiquité ou aux maîtres de la re- naissance, qu'il wait vue, qu'il n’ait explorée , qu'il wait étudiée ou dessinée. des - Sans cesse le crayon à la main, il traverse à pied toute l'Italie centrale et méridionale, cherchant partout un motif Tétude ou d'admiration. Les États romains, la Calabre, le reste du royaume de Naples, la Sicile, la Sicile demi- grecque, le voient tour à tour interroger, mesurer, des- siner leurs monuments, restaurer leurs ruines, recueillir leurs reliques architecturales. Les dix-huit portefeuilles qu'il a formés durant ce pèlerinage à travers Part antique en Italie attestent à la fois Vardeur infatigable, le goût parfait et la profonde science avec laquelle cet esprit st curieusement investigateur examine, comprend , explique et restitue dans leur ensemble tous ces trésors architecto- niques ` puissante initiation qui devra plus tard porter ses fruits. e ci, ~ Vers 1817, le terme assigné à son séjour au dela des Alpes est venu. Mais Suys ne veut pas rentrer dans Sà patrie sans avoir exploré aussi la Lombardie et toule l'Italie supérieure. Il passe une année entière à en étu- dier les monuments avec le même soin, avec la même curiósité, avec la même conscience qu'il avait mis à étudier naguère ceux de l'Italie inférieure et centrale. De retour à Paris en 1818, il burine son nom sur une de ces publications qui suffiraient à elles seules pour re commander un artiste à Pattention de ses contemporains et à celle de la postérité. Je veux parler de sa magnifique Monographie du palais Massimi à Rome, chef-d'œuvre de ( 147 ) ce Balthazar Peruzzi que l’on pourrait surnommer le Ra- phaél de l'architecture. Ce splendide travail, aussi remar- quable par la rigoureuse exactitude des mesures que par l'intelligence et le sentiment avec lesquels il reproduit tous les détails d'une des plus belles créations de la renaissance, eût fait remarquer Suys entre tous, si sa renommée ne l'avait déjà précédé dans les Pays-Bas. Peu de temps après son retour dans la terre natale, il est nommé professeur d'architecture à l’Académie royale d'Amsterdam, et l’on ne tarde pas à reconnaitre en lui un de ceux qui contribuèrent le plus à la réorganisation de cette institution remarquable. Presque en même temps, l'année suivante, l’Institut royal des Pays-Bas s'associe le savant éditeur du Palais Massimi. Mais il est bientôt appelé à Bruxelles par le souverain Pour terminer les palais royaux de cette capitale. C'est là que le trouvent les événements de 1850, et l'ordre nouveau qui naît alors ne peut manquer de cher- cher à rallier à lui cette puissante intelligence. Aussi la place de Suys est-elle marquée une des premières dans la Commission royale des monuments dont il sera plus tard, pendant plusieurs années, le président intérimaire. Au moment où l'Académie royale de Belgique se complète par Padjonction d'une classe des beaux-arts, le nom de Suys se présente encore un des premiers, comme il est un des premiers lorsque l'Académie royale d'Anvers se réorga- nise, lorsqu’un établissement quelconque se fonde où Part occupe quelque place. Rappellerai-je les services rendus par- notre confrère comme membre de la Commission du usée royal de peinture, et particulièrement comme pro- lesseur d'architecture à l'Académie royale de Bruxelles? Dirai-je la puissante impulsion donnée par lui à cet éta- (148 ) blissement? Ferai-je Pénumération des élèves qu'il a for- més et dont plusieurs sont aujourd’hui des maitres Cun haut mérite? Laissez-moi, messieurs, me borner à citer ici une publication faite par Suys en 1838, son beau tra- vail sur les détails architectoniques du Panthéon de Rome, livre qui est devenu classique et qui témoigne tout à la fois de l'élévation des principes de notre regretté collègue en matière d’art et de la pureté de son gout. E Par l'empressement que toutes les institutions scienti- fiques du pays mirent à s’affilier cet homme éminent, on peut voir à quel point il était apprécié et reconnu; et il ne l'était pas en Belgique seulement, mais il l'était encore 4 l'étranger. Élevé successivement du grade de chevalier 4 celui de commandeur de l'Ordre de Léopold, par S. M. le roi des Belges, dont il était premier architecte honoraire , il fut orné par S. M. le roi des Pays-Bas du titre de che- valier du Lion néerlandais, et un grand nombre de com- pagnies savantes étrangères tinrent à le compter parm leurs membres ou leurs associés. “Si, en présence de la dépouille du collègue qui est là devant nous, il m'était permis d'exprimer une pensée qu ne se rapporte pas directement à lui-même, je vous dirais, messieurs, qu’il est à regretter pour Part que les nombreux travaux dont Suys était chargé ne lui aient point permi de mettre en ordre et de publier les trésors de science el d'étude qui remplissent ses portefeuilles; car il y a là de quoi faire une réputation à plusieurs artistes. Mais ce regret doit céder à un regret plus grand, à Ce- lui d'avoir vu s'éteindre dans de longues souffrances Cel homme distingué à tant de titres. Nous qui l'avons vu de près pendant seize ans, nous savons ce qu’il valait par toutes les qualités dont il était orné, nous savons quelles Pir: étaient la súreté de son jugement, la correction de son intelligence et Pimportance de ses conseils; nous savons surtout ce qu’il était par le cœur : car il alliait un noble cœur à une science profonde. Tilman-Francois Suys, c’est à ce double titre que tu res- teras cher à l'Académie royale, dont tu fus un des orne- ments les plus solides et où tu as laissé un ami dans chacun de tes anciens confrères; car, si tu as marqué des traces ineffacables dans Tart de ton époque, tu en as marqué d’ineffacables aussi dans notre souyenir, 15 juillet 1861. OUVRAGES PRESENTES. = La Biographie nationale. Discours destiné à ètre prononcé à la séance publique de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, le 15 mai 1861; par P.-F.-X. de Ram. Louvain, 1861; in-12, Le départ de Néoptolème pour Troie; peinture de vase illustrée; par J. Roulez. Rome, 1860; in-8°. . Les seigneurs de Muno; par Renier Chalon. Bruxelles, 1861 ; in-8°, Documents inédits relatifs à l'invasion française en Bel- que, en 1792; par le colonel G*** (Guillaume). Bruxelles, S61; in-8. Notice historique sur Vartillerie belge pendant le X VIII siècle; par le même. Bruxelles, 1861; in-8°, Poésies inédites de M. Victor de Montjardin, livres II et IIT; 2 volumes manuscrits in-12. 2% SERIE, TOME XII. 12 ( 150 ) Quelques considérations sur les phénoménes de la floraison des végétaux phanérogames ; par Alf. Wesmael. In-8°. Compte rendu. des travaux de l’année scolaire 4 860-1861, et de l’année financière 1860 des sociétés réunies de l'ensei- gnement mutuel et des écoles gardiennes, salles d'asile de Bruxelles. Bruxelles, 1861; in-8°. i Annales des travaux publics, tome XIX, premier cahier. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Revue trimestrielle, XXXI™ vol. Bruxelles, 1861; in-12. Table des trente premiers volumes de la Revue trimestrielle. Bruxelles, 4861 ; in-42. Revue populaire des sciences, 1V™ année, n°*7 à 9. Bruxelles, 1861; 5 broch. in-$°. mur de Vimprimerie et de De librairie en Belgique, VHI™ année, n° 5 et 6. Bruxelles, 1561; in-8°. Messager de sciences historiques, ou archives des arts et de la Bibliographie de Belgique, année 1861, 2™ livr. Gand; in-8°. Annales de la Société anatómo-pathologique de SE Bulletin n° 5 en st : SE rales del STE chi KEE EN XXII", année, mai et juin 1861. Bruges; i ek in-8 = Presse scientifique des Deux-Mondes, 1861, tome III"; 1% 15 et 16. Paris, 1861 ; 2 broch. in-8°. Bulletin de la Société géologique de France, 2” serie , tome XVIII, feuilles 52-43. Paris, 1861; 4 broch. in-8°. E L'Investigateur, journal de l'Institut historique, XXVIII" année, 318% et 319% Der. Paris, 1861 ; in-8°. x Journal de la Société de la morale chrétienne, tome XI", n° 4. Paris, 1861; in-$°, Histoire de l'Europe au X VI“ sièele ; par A. Fijon. Paris, 1858; 2 vol. in-8°. De la diplomatie francaise sous Louis XI Y; par A. Filon. Paris, 4843; in-8°. A AE (151) Du pouvoir spirituel dans ses rapports avec PEtat, depuis l'origine de la monarchie française jusqu’à la révolution de 1830 ; par A. Filon. Paris, 1844; 1 vol. in-8°. Histoire de la démocratie athénienne ; par A. Filon. Paris, 1854; 1 vol. in-8°, L'alliance anglaise au XVIII" siècle, depuis la paix d'Utrecht jusqu'à la diese de la succession d’ Autriche ; par A. Filon. Paris, 1860; in-8 Etude sur les Seier? d’ Artois ; par M. Auguste Parenty. Arra, 1860; in-8°. Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de ‘Cherbourg , tome VII. Cherbourg, 1860; in-8°. Revue agricole, industrielle et littéraire de Varrondissement Val me année, n° 1. Valenciennes, 1861; in-8°. Viertel Jahresschrift der naturforschenden Gesellschaft in Zurich, IV® Jahrg., 3-4 Heftes; V“* Jahrg., 1-4 Heftes. Zurich, 1859-1860; 6 broch. in-8°. Zeitschrift für die gezammten Natur wissenschaften ; heraus- gegeben van dem naturw. Vereine für Sachsen u. Thuringen in Halle, Jahrgang 1860. Berlin, 1860; in-8°. Biccadlungen der königlichen Gesellschaft der Wissen- schaften zu Gottingen , Dier" Band, von dem jahre 1860. Got- tingue, 4861 ; 4 vol. in-8°. Mittheilungen aus Justus Perthes’ geographische Anstalt, Erganzungsheft, n° 6. Gotha, 1861 ; in Archiv. der Mathematik und herausgegeben von J.-A. Grunet, XXXVI Theil , 5 Heft. Griefswald, 1861 ; 1 broch. in-8°, Directe Bestimmung der Durchschnittspunkte der Bahnen zweier in Kegelschnitten sich um die Sonne bewegender welt- körper; von Johann August Grunert. Vienne, 1861 ; in-4”. Würzburger medicinische Zeitschrift, herausgegeben der physikalisch-medicinischen Gesellschaft, Uz Band., I Heft. Wurtzbourg, 1861 ; in-8°. ( 152 ) Universitas regia Upsaliensis. Scripta Academica, anno 1860-1861; edita per officiose mittit. Upsal; in-4°. Nouveaux mémoires de la Société impériale des naturalistes de Moscou, tome XIII, livr. Qwe, Moscou, 1861 ; in-4°. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, année 1860, n° IT, HI et IV. Moscou, 1860; in-8°. Mémoires de la Société impériale d'archéologie de Saint- Pétersbourg ; publiés sous les auspices de la Société; par B. de Kochne, volumes I à VI. Saint-Pétersbourg, 1847 à 1852; 6 vol. in-8o, Bullettino nautico e geografico, appendice alla Corrispon- denza scientifica di Roma, vol. 1, n® 6 à 10. Rome, 1861: in-4°, Observations météorologiques faites à Vobservatoire de UP Ecole polytechnique > à Lisbonne , avril à juin 1861; 5 broch. in-8°, Linnean Society of London : — Transactions , vol. XXIII, part the first; — Journal of the Proceedings, Botany, vol. IV, n° 16, suppl. to vol. IV; vol. V, n° 17-20, two suppl. to vol. V; Zoology, n°° 16-20, — List of the members , 1860. Londres, 1860-1861, 4 vol. in-4° et 15 broch. in-8°, The quarterly Journal of the chemical Society, n° LIV. Lon- dres, 1861 ; in-8°, BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1861. — Nos 9 er 10. CLASSE BES BEAUX-ARTS. Séance du 25 septembre 1861. M. Van Hassett, vice-directeur. M. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, Guil. Geels, Navez, Roelandt, J. Geefs, Partoes, De Busscher, membres; Daussoigne-Méhul, associé; Balat, correspon- dant. 2% SERIE, TOME X11. 15 (154) CORRESPONDANCE. S. M. le Roi et S. A. R. Monseigneur le Duc de Brabant expriment leurs regrets dé ne pouvoir assister à la séance publique du lendemain. S. A. R. Monseigneur le Comte de Flandre annonce qu'il assistera à cette même solennité. — M. Vieuxtemps, membre de la classe, fait connaitre qu’il se fera entendre dans la séance publique du lende- main. « Je suis heureux, écrit-il au secrétaire perpétuel, de pouvoir être agréable, en la circonstance actuelle, à notre célèbre compagnie, dont je regrette d’être si souvent éloigné par mes pérégrinations. » — M. le Ministre de l’intérieur annonce qu'il a confié au sieur Van Oemberg, statuaire à Bruxelles, l’exécution du buste de feu l’arehitecte Suys, destiné à être placé dans la grand’salle des séances publiques de l’Académie. Le même Ministre demande à disposer-de la salle des séances publiques au Musée , pour la réunion de la Com- mission royale des monuments, qui aura lieu le 25 2 tembre prochain. M. le secrétaire perpétuel a répondu qu'il ne se présentait aucun obstaele à ce que cette réunion eùt lieu dans le local indiqué. Une troisième lettre de M. le Ministre , relative à l'adop- tion d’un diapason musical uniforme proposé par M. Van ` Poucke, est renvoyée aux membres de la section de mu- sique :"MM. F. Fétis, Daussoigne-Méhul et Hanssens. ( 155 ) Enfin M. le Ministre de l’intérieur annonce qu'il s’est entendu avec M. F. Fétis pour Vexécution de la cantate de M. Dupont dans la séance publique du lendemain ; tandis que la cantate de M. Vander Velpen, qui a obtenu le second prix en partage, sera exécutée dans la séance . publique de 1862. — M. Edmond De Busscher, membre de la classe , fait hommage d'un exemplaire de son dernier travail sur des fresques du quatorziéme siècle découvertes à Gand. — Re- merciments, — M. Van Hasselt donne lecture d’une pièce de vers intitulée : Mission de l'artiste, qu'il compte communiquer dans la séance publique. — La classe arrête ensuite le programme de la séance publique du lendemain. — M. Ed. Fétis, secrétaire, et M. Braemt, trésorier de la Caisse centrale des artistes belges, font connaitre que M. Gallait a offert d’exposer, au profit de cette institution, sa dernière œuvre : Le Portrait du pape Pie IX. Cette proposition est accueillie avec reconnaissance, et la classe autorise le comité directeur á disposer de la salle des réunions ordinaires pour cette exposition. e Séance publique du 24 septembre 1861, à 1 heure. (Temple des Augustins). MM. Van Hasselt, vice-directeur, Fr. Fétis et Ad. Que- lelet, secrétaire perpétuel, prennent place au bureau. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, De Keyser, Guill. Geefs , Madou , Roelandt, Navez, Jos. Geefs, Partoes, Ed. Fétis, De Busscher, membres; Daussoigne-Mehul, associé; Bosselet, Demanet , correspondants. Assistent à la séance. Classe des sciences : MM. Wesmael, Martens, À. a Vaux, Gluge, Duprez, Poelman, Dewalque, membres; Ernest Quetelet, Montigny, correspondants. Classe des lettres : MM. De Decker, vice-directeur, Roulez, le baron Jules de Saint-Genois, Leclereq, éi lain, Chalon, membres; Nolet de Brauwere Van Steelant et De Koehne, conseiller d'État à Saint-Pétersbours, associés. A 1 heure, la loge de droite est occupée par S. A. e: comte de Flandre; dans la loge opposée se trouvent MM. les Ministres de l’intérieur et des travaux publics. Une nom- breuse assemblée occupe la nef de Pancien temple des Augustins. Le vice-directeur, M. Van Hasselt, déclare la séance ouverte. L'orchestre du Conservatoire royal de Bruxelles exécule (487 > Pouverture du Roi des Aulnes, composée par M. Pierre Benoit, lauréat du grand concours musical en 1857. Ce morceau d'une facture pleine d'originalité, de grace et de verve, est vivement applaudi. M. André Van Hasselt donne ensuite lecture de la poé- sie suivante : MISSION DE L’ARTISTE. Que sont-ils devenus ces temps de poésie Où Part versait au monde entier son ambroisie? Où l’homme, plein encor des souvenirs du ciel, Formait son idéal des splendeurs du réel? Où l'esprit, au-dessus du monde des figures, Planait, ainsi que l'aigle aux vastes envergures, Et, se faisant toujours du bien son seul flambeau, Ne contemplait le vrai que du côté du beau? Où, guide souverain des âmes fécondées, L'artiste leur ouvrait l'horizon des idées , Et, civilisateur et prophète à la fois, Prétait ses rhythmes d'or au langage des lois? Où le chantre, 6 Mélès, que nourrit ta naïade, Des grands blocs de ses vers bâtissait l’Iliade? Où Virgile, entonnant PEnéide aux Romains, De leur gloire ayee eux remontait les chemins? Où le Dante ébloui, dans ses rimes ternaires Faisait de son génie éclater les tonnerres ? Où Cologne et Strasbourg échangeaient sur le Rhin Les saluts fraternels de leurs cloches d'airain? Où Michel-Ange, ouvrant la chapelle Sixtine, En sortait, acclamé par la Cité latine, Tandis que Raphaël évoquait à nos yeüx L'idéal de la femme, entrevu dans les cieux ? ( 158 ) Que sont-ils deyenus ces siécles poétiques? Ils Sen vont, s'éloignant de leurs sources antiques. Ils sen vont, ils s’en vont, toujours diminuant, Remplir ce grand tombeau du passé, — le néant. C'est que plus rien de grand dans les cœurs ne respire, Que la matière étend chaque jour son empire, Que les plus fiers esprits désertent leurs sommets Peut-être pour ne plus y remonter jamais, Et que l’homme, aveuglé par son orgueil suprême, N'a plus de foi dans rien, si ce n’est dans lui-même. Tous ses instincts d’en haut font place à ceux d’en bas. Les sereines hauteurs n’attirent plus ses pas. - Ce que le ciel en lui met de forces viriles Il Puse follement dans des luttes stériles. L'égoisme lui fait un manteau large et sûr. Il ne croit même plus à l'avenir obscur, Et, toujours prêt à tout, hormis au sacrifice, Il se fait du présent sa tour, son édifice. Si l'avenir n'est rien, qu'importe le passé? Et quest le temple vide à l'autel renversé? Dans le morne désert que jonchent nos croyances, À peine si Dieu seul au fond des consciences Reste debout, ainsi qu’à l'horizon d'azur Quelque socle perdu dans les sables d'Assur, Ruine qui survit á la place du temple Et que le voyageur parfois de loin contemple Sans demander quel nom, du granit effacé, Y faisait accourir les peuples du passé. Dans les choses du cœur, dans les choses du monde, L'obscurité devient chaque instant plus profonde. En nous, autour de nous, dans Páme, dans l'esprit, Le crépuscule augmente et le jour s’amoindrit. Comme un astre au déclin, qui sombre dans Ja nue, Le flambeau du Seigneur á nos yeux diminue, ( 159 ) Et, dans notre horizon chaque jour plus étroit, De ce soleil divin la lumière décroit. Notre pied ne sait plus gravir la cime auguste Où le vrai resplendit, où rayonne le juste, Ni notre aile essoufflée atteindre, en son essor, Ce faite où l'idéal a son pieux trésor. Toute haute pensée offusque nos prunelles. Nous mettons en oubli les choses éternelles, Et nous ne songeons plus que croire c'est savoir Et que tout droit humain est frère d'un devoir, Pourtant il reste encor plus d'une ame choisie Qui vit de tes parfums, divine Poésie, Plus d’un esprit qui, loin des hommes exilé, Hante les saints débris de ton temple écroulé; Plus d'un songeur, épris de tes calmes retraites, Qui s’abreuve, dans Nombre, a tes sources secrètes Et, sur tes pies vermeils montant comme à l'assaut, Fuit les brouillards d'en bas dans les clartés d’en haut; Plus d’un qui, désertant les sentiers de la prose, Comprend l’azur d'avril, le charme de la rose, Les splendeurs du printemps, les astres du ciel bleu, Ces cailloux d'or semés sur les chemins de Dieu, Et commente le sens des notes ineffables Que la vérité méle au grand concert des fables, Et tout ce que nous dit le murmure confus Que les bois font sortir de leurs arbres touffus; Ou qui se fait, toujours abeille diligente, De Pombre de la nuit une aube intelligente, Dans les fleurs de l'étude, heureux s’il a surpris L'arome du savoir, ce miel pur des esprits. Gloire á yous, mes amis! Gloire á vous et courage! Si notre ciel est sombre ainsi qu'un ciel d'orage, Entretenez en yous cette sérénité Qui donne au cœur la force, à l'âme la fierté, ( 160 > Élevés au-dessus des clameurs de la foule Et des sentiers fangeux que le vulgaire foule, Hôtes des lieux sereins qu'entoure l'infini, Voisins des aigles et des astres, chœur béni, Confidents de ces voix qui parlent sur les cimes, Restez sur vos hauteurs austères et sublimes Et baignez votre front dans cet air doux et pur Où l'idéal habite en son palais d'azur. Soyez grands! soyez forts! Car le siècle où nous sommes Attend que Part aussi se fasse entendre aux hommes, Qu'il rallume dans nous tous les nobles instinets, L'espérance, la foi, l'amour, flambeaux éteints, Et Pabnégation, chaque jour amoindrie, Et le saint dévoúment à la sainte patrie; Qu'il relève à la fois les esprits et les cœurs ; Qu'il soit l'aube promise à nos doutes moqueurs; Qu'il fasse en notre nuit resplendir sa lumière Et régner la pensée où règne la matière, Et qu’il rende Pautel des faux dieux jetés bas Au Dieu du bien, du beau, du vrai, qui ne meurt pas. Voilà la mission où le temps vous appelle; Et vous la remplirez, ear votre tâche est belle! Par moments si l'envie ameute autour de vous Les essaims bourdonnants de ses frelons jaloux, Ou dresse sous vos pas, dans l'ombre, quelque embúche, Ronce où Pon se déchire ou pierre où l’on trébuche, Chausse-trape jetée en votre âpre chemin, Songez à l'avenir, à votre lendemain ; Et, le mépris étant plus digne que la haine, Jetez aux vils buissons le fier dédain du chêne. Que si parfois le sort hostile, autre ennemi, Arrive, vous croyant le cœur mal affermi, ( 161 ) Acceptez vaillamment le défi des épreuves. C’est l'obstacle qui fait monter les eaux des fleuves. C'est Paiguillon au flanc robuste des taureaux. C’est le clairon, sonnant, diane des héros, L'heure des grands combats et des grands coups d'épée. Homère va payant d'un lambeau d’épopée Le pain noir qu’il mendie aux pátres dans les champs ; Mais la bouche du monde est pleine de ses chants. Le Dante vers lexil sort des murs de Florence Y laissant, comme au seuil de l'enfer, l'espérance ; Mais n’a-t-il pas ouvert aux siécles étonnés Le cercle des élus et celui des damnés? Le Tasse roule au gouffre obscur de la folie; Mais depuis trois cents ans, noble et sainte Italie , O pile Niobé des peuples, ses beaux vers N’ont-ils pas à tes fils fait oublier leurs fers? La vaste mer saisit, dans Jes bras de ses ondes, Camoéns, à la fois exilé de deux mondes; Mais le poéte lutte, et, géant surhumain, Sort de l'abime, ayant sa Lusiade en main. Pour tous les cœurs vaillants les combats sont des fêtes. Colomb a la révolte et Vasco les tempétes. Mais qu’importe? Malgré le souffle des typhons Et Pémeute hurlant avec les flots profonds, Chacun arrive au bout de son réve homérique. Vasco trouve l'Asie et Colomb l'Amérique, O gloire, et tu Tinscris sur tes larges sommets, Ce double nom que rien n’effacera jamais! De vifs applaudissements ont aceneilli cette lecture, quia été suivie d'un concerto de violon en la mineur, composé et exécuté par M. Vieuxtemps, membre de P'Aca- démie. La réputation que s’est acquise M. Vieuxtemps défend, sous peine de banalité , de le louer encore, et cependant ( 162 ) jamais le célébre virtuose n’a provoqué plus d’admiration et de surprise. Le temple semblait crouler sous les ap- plaudissements que provoquaient son jeu magistral, sa puissance, son agilité incomparable et le charme de ses mélodies. A trois reprises, M. Vieuxtemps a été rappelé, et chaque fois il a été accueilli par les bravos Jes plus frénétiques. ; : Lorsque le silence a été rétabli, M. Alvin a fait connaitre que le prix quinquennal de gravure avait été obtenu par M. Bal, pour la gravure de Jeanne la Folle. (Voir les Bul- letins, tom. IX, p. 507.) M. A. Quetelet, secrétaire perpétuel, a proclamé ensuite en ces termes les résultats des différents concours : Le jury chargé de juger le grand concours de pome ouvert à l’Académie royale d'Anvers, a, dans la séance de lundi 15 octobre 1860, décerné à Vunanimité le premier. prix à M. Léonce-Alexis Legendre, de Bruges. = Le second prix a été adjugé , également à Punanimité, à M. Jean-Francois Verhas, de Termonde. Ge Une mention honorable a été accordée, à Punanimité, à M. Édouard De Bruxelles, d’Ath. Un concours ayant été institué par le Gouvernement pour la composition d'un poëme destiné à être mis en musique, le jury, désigné par la classe des beaux-arts, 2 choisi parmi les soixante morceaux qui lui ont été Dr: sentés, celui portant pour titre : Agar dans le désert, €t lui a, en conséquence, décerné la médaille d'or. ; L’ouverture du billet cacheté, joint á ce poéme, a fall connaître que son auteur était M™ Pauline Braquaval, institutrice 4 Warcoing. - ; M. Van Hasselt, vice-directeur de la classe, a eul hon- neur de présenter M™ Braquaval à S. A. R. Monseigneur OT 1] | ( 465 ) le Comte de Flandre, qui lui a gracieusement remis la médaille qui lui était décernée, en lui adressant les com- pliments les plus flatteurs. En dernier lieu, M. Ad. Quetelet a fait connaitre, en ces termes, la décision du jury sur le concours de composition musicale : Dans sa séance du 19 juillet dernier, le jury chargé de juger le concours de composition musicale, a décidé, par six voix contre une, qu'il y avait lieu de décerner un second prix. Par suite de cette décision, M. Henri-Joseph Dupont, qui avait réuni Punanimité des suffrages, et M. Vander Velpen, qui avait obtenu la majorité absolue des suffrages, ont été admis à partager le second prix. Une mention honorable a été accordée à M. Gustave- Jean-Constantin-Marie Van Hoey. Après cette distribution, l'orchestre du Conservatoire, dirigé par M. Samuel , a exécuté la cantate de M™ Pauline Braquaval, musique de M. Dupont, chantée par Miles Zeiss, Bergami et Van Mulders. La belle voix de Mi Zeiss, ses accents pathétiques, son chant suave et pur, ont obtenu les applaudissements les mieux mérités. Voici la cantate de M”* Pauline Braquaval. ( 164 ) AGAR DANS LE DESERT. CANTATE. Elle dit : « Que jen e pas mour l'enfant. » S'étant done assise sg a-vis, ap éleya sa voix et ple Gegen, Chane kl, A I. AGAR. Récilatif. Du seuil de sa demeure, hélas! il m'a chassée. « Voilà le grand désert qui s'ouvre devant toi, » Me dit-il, Et j'allai, de sanglots oppressée, N’emmenant que mon fils, mon seul trésor à moi. Plaines de Bersabée, en vos chemins arides Je marche, et vainement je sonde l'horizon; Et rien autour de moi que vos sables torrides; Et partout le désert, cette immense prison. Et mon fils qui succombe, 6 sort fatal et sombre! Faut-il qu'ici ma main lui creuse son tombeau? Pour rafraichir son front où trouver un peu d'ombre? Pour étancher sa soif où trouver un peu d’eau? * Air, Le voilà! ses paupières sont closes. Quel doux calme, 6 visage pâli ! D ( 165 ) Dors longtemps, mon enfant qui reposes; Car du moins le sommeil, c'est l'oubli. Puis sait-on? quelque réve peut-étre, Doux prestige qui berce son cœur, Le ramène à Vasile champêtre Où tous deux nous goútions le bonheur. Tu revois la colline couverte De palmiers et de blanches toisons, Où, joyeux, Páme aux songes ouverte, Tu jouais sur les fleurs des gazons; Tu revois l'arbre vert où ta mère Suspendait, 6 mon fils, ton berceau, T’endormant, ma riante chimère, Comme au soir dans son nid un oiseau. Le voilà! ses paupières sont closes. Quel doux calme, 6 visage pali! Dors longtemps, mon enfant qui reposes; Car du moins le sommeil, c'est Poubli. il. Becitatif. Oh! dure bien longtemps, beau réve qui le charmes , Mirage oú son esprit revoit tout le passé. Laisse-lui le bonheur, et laisse-moi les larmes. Pourvu qu'il soit heureux, tais-toi mon cœur brisé. AGAR rr ISMAÉL. Duo. AGAR. > O ciel! il s’eveille, il soupire, Plus pâle qu'un mort au tombeau! ( 166 ) ISMAEL, Je souffre, 6 ma mère, jexpire. J'ai soif, 6 ma mère, un peu d’eau! Ensemble. AGAR. Douleur amére! Espére, espére, Avec ta mére, O mon enfant. Angoisse extréme! Instant suprême ! Dieu lui-même Nous entend. ISMAEL. Souffrance amère! Hélas! ma mère! Hélas, j'espère, Vainement! Angoisse extréme! Instant supréme! Dieu lui-méme Tarde tant! ISMAEL. Je me sens défaillir... AGAR. O cruelles alarmes! ISMAEL. Je succombe... ( 167 ) . AGAR. Courage, 0 trésor doux et cher. ISMAEL. O ma mere, j'ai soif... AGAR. Et je Wai que mes larmes!.... ISMAEL. Oh! j'ai faim ! AGAR. Je voudrais te nourrir de ma chair}... Ensemble. AGAR. Douleur amére! Espère, espère, ete. ISMAEL. Souffrance amére! Hélas! ma mére! ete. Pitié de lui, Seigneur, et pitié de moi-méme! Hélas! dans mon enfant que je me sens souffrir ! Lui par qui seul je vis, lui, seul être qui m'aime; Non, je ne pourrai pas, mon Dieu, le voir mourir ! (168 ) Trio, AGAR, ISMAÉL, us ANGE. AGAR. Désespoir! Désespoir! Cen est fait... mais qu’entends-je? ISMAEL. O ma mère, vois-tu? AGAR. Quoi, mon fils? ISMAEL. Mais cet ange!... AGAR. Ah! l'esprit de la mort qui s'avance vers nous!... ISMAEL. Non, c'est l'ange de vie! | L'ANGE. A genoux! à genoux! Car tous deux le Seigneur vous recoit en sa grace. Un grand peuple, Ismaél, sortira de ta race. ISMAEL. Est-ce un reve trompeur? AGAR. Dois-je en croire mes yeux? LANGE. Une mère jamais doute-t-elle des cicux ? Ome Ensemble. AGAR. Le Dieu qui vit, le Dieu qui régne, A done pitié de nous enfin? Béni soit-il ce Dieu qui daigne A mon angoisse mettre fin! ISMAEL. Le Dieu qui vit, le Dieu qui règne, A donc pitié de nous enfin? Béni soit-il ce Dieu qui daigne A ma souffrance mettre fin! L'ANGE. Le Dien qui vit, le Dieu qui règne, À pris pitié de vous enfin. Oui, bénissez ce Dieu qui daigne A vos souffrances mettre fin. L'ANGE. Dans ce morne buisson qui s'étend sur le sable Regarde!... AGAR. Une source à mes yeux apparait... ISMAEL. Ce flot pur, c'est la vie! AGAR. O miracle ineffable! O Seigneur ! A Seigneur! votre grace m’accable, Par vous je revis dans-mon fils qui renait. SÉRIE, TOME XII. 14 ( 170 ) Ensemble. AGAR. Le Dieu qui vit, le Dieu qui règne, A done pitié de nous enfin? Béni soit-il ce Dieu qui daigne A nos souffrances mettre fin! ISMAEL. Le Dien qui vit, le Dieu qui régne, A done pitié de nous enfin? Béni soit-il ce Dieu qui daigne A mes souffranees mettre fin! 2 L'ANGE. Le Dieu qui vit, le Dieu qui règne, A pris pitié de vous enfin, Oui, bénissez ce Dieu qui daigne A vos souffrances mettre fin. D'unanimes applaudissements ont accueilli l'exécution de cette cantate, dont la musique atteste déjà en M. Du- pont un talent remarquable. Après la séance, S. A. R. Monseigneur le Comte de Flandre a été reconduit par les membres du bureau, au milieu des témoignages les plus respectueux et les plus sympathiques de Passemblée. Cette séance a été terminée à deux heures et demie. (171) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 12 octobre 1861. M. Liacre, président de l’Académie. M. Ap, QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. D'Omalius d'Halloy, Sauveur , Tim- mermans, Wesmael, Martens, Stas, Van Beneden, A. De Vaux, de Selys-Longchamps, Gluge, Nerenburger, Schaar, _ Duprez, Brasseur, Poelman , d'Udekem, Dewalque, mem- bres; Lacordaire, associé; Candèze, correspondant. nn os CORRESPONDANCE. M. E. Sancho, ministre résident de Sa Majesté Catho- lique, fait hommage, de la part de son gouvernement, d'un exemplaire d’un opuscule relatif à l’éclipse de soleil _ du 18 juillet 1860. La Société des sciences naturelles de Zurich, PAca- démie des Géorgophiles de Florence, la Société batave des sciences de Rotterdam remercient l'Académie pour l'envoi de ses dernières publications. - (ER ) La Société des sciences de Górlitz, en adressant des re- merciments semblables, fait parvenir ses derniers mé- moires. L Académie reçoit, en même temps, des exemplaires des programmes de concours de la Société médicale de Hongrie, de la Société des arts et sciences d'Utrecht, de la Société dunkerquoise, etc. — Sir John Herschel, associé de l’Académie, fait hom- mage de deux ouvrages de sa composition sur la météoro- logie et sur la géographie physique. M. E. Candèze pré- sente également un travail sur les métamorphoses de quelques coléoptères exotiques. — Remerciments. — La classe reçoit les ouvrages manuscrits suivants : © 1° Recherches sur la liaison entre les phénomènes de capillarité et d’endosmose, par M. E. Bède, professeur à . l'université de Liége. (Commissaires : MM. Plateau, Du- prez et Lamarle. ); : 2° Notices sur l'électricité, le galvanisme et le magné- tisme, par M. Edm. Bultinck, d'Ostende. (Commissaires : MM. Duprez et Plateau.); 5 Sur les indices de réfraction, par M. Ch. Zenger. (Commissaires : MM. Timmermans et Lamarle.); 4° Note sur une nouvelle altération frauduleuse du sa- fran, par M. A. Fabre-Volpeliére. (Commissaire : M. Stas.); 5° Note concernant l'action du brome sur le camphre par M. Th. Swarts, préparateur du cours de chimie a uni- versité de Gand. (Commissaire : M. Stas.) 4 (13). à PRÉSENTATION POUR LES PLACES VACANTES. Depuis la fin de l’année dernière, deux places étaient devenues vacantes dans la section des sciences naturelles, par la mort de M. Tiedemann de Munich et de M. von Baer, de Saint-Pétersbourg. Pour remplacer ces savants, il est soumis une liste de présentation à la classe : les élections seront faites au mois de décembre prochain. On s’occupera également de l'élection des correspon- dants, d’après les listes des candidats déposées pendant la même séance. » COMMUNICATIONS ET LECTURES. - Étoiles filantes du mois d'août 1861. Notice de M. Ad. Que- telet, directeur de l'Observatoire royal de Bruxelles. Malgré les annonces prématurées d’une diminution des étoiles filantes dans la soirée du 10 aoút, rien ne prouve jusqu’à présent que cette diminution ait effectivement lieu. Toutes les années n’en produisent pas le même nombre; mais il serait difficile de dire, au milieu des renseigne- ments recueillis dans les différents pays, quelles sont les intermittences que Pon a véritablement reconnues. Nous sommes loin sans doute d’assurer que ces intermittences n'existent pas, ou qu'il n’y aura point une cessation du phénomène , mais rien ne Pannonce jusqu’à présent. Les étoiles filantes ont été observées a Bruxelles par deux ou trois personnes qui , placées sur la terrasse et à cause de Pobstacle présenté par les batiments de Pobservatoire et ( 174 ) les arbres du jardin , ne pouvaient en compter que les deux tiers environ. Voici les nombres qui ont été observés : ‘ äerdeg ETOILES DATES HEURES. d'étoiles Observateurs. observées. | Par heure. ; à h. m. h. m. 1861, août 5. 110 544141 5 7 7 Ad. Quetelet, Clays. — 6. |10 10 à 14 10 i5 15 Ad. Quetelet, Clays. — 40. [10 15441 48] 64 64 . | Ad. Quetelet, Ernest Quetelet, Clays, Hooreman *. — 41.110 20411 20) 42 42 Ad. Quetelet, Ernest Quetelet Clays. — 42.110 30414 » 10 20 Ad. Quetelet, Clays. 4h 30m d'observation, . . 138 * M. Hooreman a observé pendant 40 minutes. Le plus grand nombre d’étoiles filantes a donc été apercu dans la nuit du 10 au 11 aoút : il était de soixante-quatre, et j'estime qu’on en aurait pu compter de quatre-vingt-dix à cent, si le ciel avait été entièrement visible. Le lende- main , le nombre avait déjà diminué du tiers. Voici, d’après leur ordre de grandeur, quels étaient les météores. ire Que zme Ame non | NOMBRE sea grandeur. | grandeur. | grandeur. | grandeur. marquées. total. 1861, aoút 5 2 3 2 0 0 y Se 6. 0 5 6 4 0 15 — 10 13 20 15 14 2 64 — Mm 4 17 15 6 0 sie Sone a Torar. 19 45 58 24 2 128 ( 175 ) Les points du ciel vers lesquels ces météores se diri- geaient, se classaient de la manière suivante : on recon- naitra sans peine que le plus grand nombre se dirigeait vers le SO, en inclinant un peu vers le S: Étoiles filantes, d’aprös Vordre de leur direction. DATES, N. NE. E. SE. S so. 0, NO. marquées. 1861, août 5. | 0 1 0 1 2 2 | 0 1 0 6 1 0 0 0 1 ST 5 2 0 — 10.) 3 3 0 4 17 | 28 | 2 5 2 — A 2 1 1 5 $1 20009 3 0 ToraL. 6 5 1 8 29 | 58 | 8 | 11 2 Sur le même phénomène observé aux Etats-Unis. Lettre adressée à M, Ad. Quetelet, par M. Édouard-C. Herrick , de New-Haven (Connecticut). Août 17, 1861. nb J'éprouve toujours la même satisfaction à vous apprendre que l'apparition des étoiles filantes à Saint- Laurent, le 10 août dernier, n’a pas fait défaut, que Îles observations faites dans plusieurs localités de ces contrées démontrent que le phénomène s’est présenté, cette année, Comme à l'ordinaire, et que le nombre des météores n’a guére diminué ici, comme vous pouvez le voir par les détails suivants : ( 176 ) I. New-Haven (Connecticut). Les quatre observateurs : MM. E.-C. Herrick, Charles Tomlinson, Henri-P. Johnston et W. Haskell, étaient stationnés, en plein air, sur la tour dun des colléges, et tournés, chacun, vers un des quarts de horizon. Le 8 et le 9 août, le ciel était totalement couvert, et le 10, il était clair et favorable. Nos observations réguliéres ont commencé a. dix heures du soir. Plusieurs beaux météores avaient déja été remar- qués avant cette heure; et, à une heure du matin, nous . avions enregistré deux cent quatre-vingt-neuf différentes étoiles filantes, classées par région et distribuées de la ma- nière suivante, et dont aucune ne fut marquée deux fois. Nord-ouest. Nord-est. Sud-est. Sud-ouest. TOTAL. De JOA i, .... 22 26 16 12 De ii*aminuit. . . 2% 35 21 17 94 De minuit a 1 heure. . 2 ot Ol Ol x bo © — = = Torkus: +. 68 97 66 58 289 Le froid nous a forcé ensuite d’abandonner l'observation, quoique les météores fussent en nombre croissant, comme dans les années précédentes. Ces météores étaient en général plus lumineux que des étoiles de premiére grandeur, et plusieurs laissérent des trainées brillantes mais courtes. L'un deux, observé à onze heures trente minutes, était plus resplendissant que la planéte Vénus dans son plus vif éclat, et il laissa sur son parcours, une trainée qui resta visible deux secondes en- core aprés sa disparition. Ce météore extraordinaire fut excessivement bien observé par mon ami, M. B.-V. Marsh, de Burlington (New-Jersey); il put même estimer son par- ki = (FT ) cours à environ cent quinze milles anglais au sud-ouest de New-Haven , et nous serons probablement en état (comme la parallaxe de cette étoile le démontre) de pouvoir en dé- terminer l'altitude, la vélocité, etc. Des observations de ce genre devraient être répétées pendant les années suivantes, mais en se limitant aux météores qui présentent quelque chose de remarquable, car ils sont trop nombreux, le 10 août, pour les observer tous avec une attention minutieuse pour le temps et le lieu. Comme d’ordinaire , la grande quantité de ces météores , pendant la soirée du 10 août, parcouraient des trajectoires qui se coupaient près de la main armée de Persée. Le professeur A.-C. Twining, de cette ville, qui est un observateur très-sûr, annota seul et vit, dans la nuit du 10 août , depuis dix heures trente minutes du soir jusqu'à une heure du matin, quatre-vingt-quinze étoiles filantes, dont soixante-dix-huit s’accordaient avec un point rayon- nant qui était à 45° 26’ en ascension droite et à 58° 27! en déclinaison boréale. Le 11 août, j’observai seul, de neuf heures trente mi- nutes du soir jusqu’à minuit; je vis quarante-sept étoiles filantes, dont trente-six semblaient diverger d’un point rayonnant situé à 47° 56/ en ascension droite et à 47° 56’ en déclinaison boréale. _ Nous ne savons pas si, pendant la nuit du 9 août, les météores ont été plus ou moins abondants que pendant celle du 40, mais je suppose qu'il y avait probablement ` peu de différence. IH. Burlington (New-Jersey). Observateurs : MM. B.-V. Marsh et S.-J. Gummere, stationnés au sommet du lieu d'observation d'où la vue était faiblement gende; ils étaient tournés dans des directions opposées. Le nombre des étoiles ( 178 ) filantes observées le 10 aoút fut : Sud-ouest. Nord -est. Tora. De 1025m à 14h du soir. . 20 20 pedida 12: 5. 090. 5 00 58 De 12,404: tomain . "99 47 85 DE ER VA 2 enge: 33 64 De 2 0 à 2% 45% matin. 14 28 42 TOTALS. ee 00 a Le ciel était resté à peu près pur jusqu’aprés minuit; des nuages se formèrent alors, et, après deux heures du matin, ils firent obstacle à observation. A deux heures quarante-cing minutes, le ciel était presque couvert de nuages, et les observateurs se retirérent. Le sept huitiéme, environ, de tous les météores vus pendant la nuit, pas- sait par un point rayonnant dans le triangle formé par v, y et z de Persée, et ce point rayonnant ne changea pas après minuit. J'ai recueilli encore des observations pour d'autres loca- lités; mais elles s’accordent si mal avec celles que je vous donne plus haut, qu’il serait trop peu important de les ré- péter ici. Comme vous Pavez fait connaître dans vos travaux scien- tifiques(1), le 20 avril 1803, une grande apparition d'étoiles (1) Voyez le Nouveau Catalogue des A apparitions- Ve Cs par Ad. Quetelet, tome XV des Nouveaux Meu MOIRES DE L dans toutes les directions, qu'on aurait cru assister à une pluie de fusées. Peu de jours après (le 26), eut lieu la pluie de pierres, près de l'Aigle » département de l'Orne , dans laquelle tombèrent environ deux mille pier- res, dont la plus grosse pesait dix-sept à dix-huit livres, » ( 179 ) filantes fut observée aux Etats-Unis d'Amérique. Depuis eette date, la périodicité de ce phénomène n’a plus été constatée; mais nous devons supposer qu’à une certaine époque, dans l'avenir, on en verra le retour. Le 20 avril 1861, M. Edward R. Sill et moi, nous avons constaté le nombre d'étoiles suivant : Nord, Sud. TOTAL. De 2h 45m jusqu'à 3° du matin. . . . . 4 6 1 De 3h Om jusqu'à 4h dt 15 29 42 TORE TG 52 Ce nombre n’est évidemment pas au-dessus de la moyenne ordinaire. Il n’existait pas de point rayonnant et nous n’avons pas vu de météore trés-remarquable. Le 3 juillet suivant, tandis que nous étions sortis pour jouir de la vue de la magnifique cométe qui brillait alors, quatre d'entre nous tournérent leur attention vers les étoiles filantes; ils en observèrent trente-six en une heure qui finissait à dix heures cing minutes du soir. Ceci me parait au-dessus de la moyenne générale : mais, comme vous le savez, je suis disposé à placer la moyenne beau- coup plus haut que vous ne le faites. Je ne vois pas de raison pour douter de l’estime que je faisais, il y a vingt ans, en disant que la terre rencontre habituellement, en moyenne, deux millions d’étoiles filantes par jour, pen- dant le cours de Pannée. M. Le Verrier, dans sa notice insérée dans les Comptes Rendus de l'Académie des sciences de Paris, pour le mois de juin dernier, a donné à ce grand anneau d'étoiles filantes et de météorites une nouvelle im- portance, en assurant que la masse totale vaut un dixième de la masse de la terre. - ( 180 ) Sur le même phénomène observé a Rome; par Mm Cathe- rine Scarpellini. — Lettre adressée à M. Ad. Quetelet. Rome, Capitole, 14 août 1861. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie les résultats de mes observations sur les étoiles filantes, obtenus le 10 août 1861. Les apparitions ont été nombreuses; elles ont fortement attiré mon attention. L'aspect du ciel était favorable aux observations. Les directions des trajectoires ont été assez variables. . Le nombre total des étoiles filantes observées a été de cent quarante. Dans ce nombre il sen trouvait vingt-cinq de première grandeur, cing de seconde grandeur et le reste était d’un éclat moins fort; de plus, une myriade de ces météores se manifestaient comme de légères vapeurs d'une lumière trés-faible. Il était impossible de pouvoir les noter toutes, particulièrement celles de la constellation de Cas- siopée, où il paraissait exister une source d'étoiles filantes ayant un mouvement très-rapide. Parmi celles de première grandeur, quelques-unes ti- raient sur le vert, d'autres sur le roussátre. Une de ces étoiles, la quatre-vingt-septième, formait un globe de cou- leur bleue de turquoise et son éclat était plus brillant que celui de Venus; elle laissa sur son chemin une trace três- lumineuse qui dura environ dix secondes. Cette étoile attira toute mon attention ; je dirigeai donc vers elle le télescope; et je vis qu’elle était scintillante et rougeatre. : ` d'annotai également quelques étoiles filantes tombées € groupes, et quand deux étoiles marchaient en méme temps A e E ( 181 ) ou étaient parallèles, la seconde suivait la même route que la première, ou prenait une direction qui lui était perpen- diculaire. Quelques étoiles s’éteignirent pour reparaitre ensuite. J'en vis trois qui marchaient en montant; leur mouvement apparent fut assez inconstant. Quelques-unes parcouru- rent leur trajectoire avec une grande rapidité; d’autres avec une vitesse un peu moins grande, et d'autres encore se mouvaient avec lenteur. Si Von résume la quantité d'étoiles filantes observées dans les différentes directions, on trouve : Mid Ce eee A ee : Du pord-nord-est . 0.2.3 2. . © A A IS E e, ete a ae ee A a ee ee Du sud-sud-est -. E Daddios a; aia ee Du sud-shd-ouest. une rsi aik en a ee es eee ee Sern E Pa o ie et ager aa ee ee Dende) ee d Du nord-nord-ouest . . . . - - - 2 Dora: iE, i040 Era Voici ensuite le nombre des étoiles filantes que Jal observées (1) : Se RE om (1) * désigne la première grandeur; `", la seconde grandeur; (as¢-) in- 'que que la marche était ascendante. : ( 182 ) TEMPS MOYEN NUMÉROS. POSITION APPARENTE. DIRECTION á Rome. H 1 gh 6m | De y du Cygne à & d’Ophiuchus §$0, 2 8 14 De 3 de la pte Ourse à y de la 2 ບຊ່ NO. 3 8 22 De & de Cassiopée à & de Pers NE. 4 8 24 De Y du Serpentaire à Y du Pm SE. 5 8 26 De % du Cygne à e de l'Aigle. . SE. 6 8 37 De la Polaire á e de la grande Ourse . SSO. 7 8 38 Id. sso. 8 8 39 Id. Id. . sso. 9 8 42 De la Polaire à Y de la grande Ourse - 50. 10 8 50 De 3 de Cassiopée à Y du Cocher NE. 11 8 55 De e de Pégase à £ du Capricorne” "a SE. 12 9 13 De 7 de l’Aigle à © du Sagittaire * 5. 13 9 50 De 9 d’Andromede à Y du Triangle ** ee $ NE. 14 9 37 De & de la grande Ourse à œ du Bouvier . | O. 15 9 38 De ? de Céphée à Y du Cygne . SE. 16 9 50 De & de la Lyre à £ du Bouvier . 0. 17 9 51 De ¿ du Cygne à € de Cassiopée . NE. 18 9 52 De £ de Cassiopée à la Polaire . . .| NE. 19 9 53 De 7 de la Couronne à (3 de la pate A 20 9 37 De «& de Cassiopée à æ de la Balance . NE. 21 9 58 De J du Cygne à æ du Scorpion - SE. 22 10 0 = dde Cassiopée à a B dela Tête PEN NE. 25 10 1 € de Cassiopée à Y du sr NE 24 10 9 > la Polaire au Lynx. . - . en 25 10 14 De £ de Cassiopée à J du sar S NE. 26 10 45 De la Polaire à la grande Ourse . N. - 27 10 15 | De y de Persée a (3 d'Androméde NE. 28 10 47 Deed ei à € du en 4 SO, 29 10 47 sse w 50 10 20 De « Se l'Aigle à á 7 du das S. 31 10 21 ld Mee 52 10 21 De 5 de la grande Ourse à & du Bouvier. N. 33 10 25 De J de la grande Ourse à la Polaire (asc.) NNO. Ka 10 30 De + du Serpentaire à (3 du Scorpion . - me 35 10 31 De y du Dauphin à A du Sagittaire . SSE. . (46) | TEMPS MOYEN NUMÉROS. POSITION APPARENTE. DIRECTION à Rome. 36 10h32m | De x de la Lyre à (3 du Scorpion . . SO. 37 10 32 De Y de l'Aigle à 3 du Scorpion * 8. 38 10 33 De % d’Antinoüs à X du Sagittaire . S. 39 10 36 De « de la Lyre à x du Sagittaire *. SO. 40 10 38 De y d'Hercule à £ de la Balance . . SO. 4 10 40 De (3 de Pégase à œ du Poisson austral E. 42 10 40 De x du Triangle à 6 du Cocher. NE. 45 10 41 De (3 de Pegase à æ du Poisson austral. E. 44 10 42 De Y de I Aigle à & du Sagittaire * S. 45 10 42 De x du Triangle à ¡e du Bélier . NE. 46 10 44 De e du Serpentaire à (3 du Laser? a so. 47 10 44 De d de Cassiopée à € de P NE. 48 10 45 De « de la Lyre à € de la eet sale S. 49 10 46 Id. Id. E 8 50 10 46 De % de Persée aux Pléiades . NE. 51 10 47 De & de la Lyre à & de la Couronne w S. 52 10 47 De & de la Couronne b. à p du Sena 0. 53 10 48 De 3 , — à € des Poissons. . E. 54 1048 | Dew à B du Scorp. * 0. 55 10 49 | De la Girafe à Y del de O N. AS 10 56 De & de la Lyre à ¢ de la grande Due . | S$O. 57 10 58 De £ de la Tête de Meduse à $ du Taureau‘ | NNE. 58 EE 5 De o de la Lyre à & de la Couronne bor. *. sso. 59 11 4 De % de Pégase à œ des Poissons S. had 11.4 De & du Bélier aux Pléiades . . NE, e 15 De 8 de Pégase à æ des Poissons SSE. ww 1.7 Id. y des Poissons . . E. 63 4 De & de Persée à (3 du Cocher. . . » NNE. 64 1115 | De 8 de Cassiopée à æ de Pégase. . . NE. eg 11 47 De 7 de Cassiopée à x d'Androméde . NE. 66 11 19 | Dey de la grande Ourse à % du Bouvier . | NO. ¢ 112% | Deadelagr. Ourse à la Chey. de Bérénice. | N. - {1 28 De y d'Androméde à £ du Serpentaire” - | NNE. - 11 30 De x du Dragon à e du Serpentaire. . -| NO. sa 11 31 | Dela Polaire à de la grande Ourse. -| N. + ( 184 ) TEMPS MOYEN NUMÉROS, | POSITION APPARENTE. DIRECTION. à Rome. 71 11b32m | De À du Dragon à y de la grande Ourse . N. 72 11 44 De 3 de Cassiopée à 3 de la grande Ourse. | NNE. 75 11 44 De 3 de Pégase a x des Poissons. SSE. 74 11 46 Id. Id. SSE. 75 11 46 De x du Bélier à £ du Taurean . E. 76 11 47 De la Polaire a Y de la grande Ourse . N. 77 11 48 De 3 de Cassiopé Pleiades . NNE. 78 11 51 De Y de Le à € des Poissons. SSE. 79 11 51 Id. » SSE. 80 11 52 De A d’Antinoüs à d du Sie . ths SO. 81 11 52 De g de Cassiopée à x du Coche . NNE. 82 11 54 De o de Pégase a x des ep i j SE. 85 11 55 De la Polaire á 3 du Bouvier . ova N. 84 11 56 De x du Bélier à œ de En. 85 12 0 De 3 de la zi de sien aux Pléiades . | NNE. 86 12 0 | Der de C Ge à la Girafe . | NNE. 87 13.1 De & du be? a æ du Poisson Dess E. 88 12 2 1d E. 89 12 5 De e dela zu Ourse à & du Beete NO. 90 12 5 De y d’Androméde à la Polaire . . + NE. 91 12 4 De J de Cassiopée à x de la Baleine . NE. 92 18.7 De (3 de Pégase à x du Poisson austral. SE. 93 18.7 De & du Cocher à la Girafe (asc.). . . | NE. 94 12 9 De a de la grande Ourse à œ du Bouvier . N. 95 12 11 De % du Dragon à æ du Cocher . A N. 96 12 41 De œ du Cocher à d des Gémeaux. NE. 97 12 12 De 3 de Pégase à x des Poissons. SE. 98 12 15 ; 1 ; SE. 99 12 15 | Ded de Y'Aigle à (3 du Capricorne . so. 100 12 18 | De J de Pégase à x des Poissons. . SE. 101 12 19 De x de l'Aigle à ? du Serpentaire * So. 102 12 19 | Dela Polaire à X de la grande Ourse . N. 103 12 24 De p de — ay E e S50. 104 12 27 sso. 105 12 27 De 3 = si Téte e hide oe E. * ( 485 ) TEMPS MOYEN NUMÉROS. POSITION APPARENTE. DIRECTION. á Rome. 106 12h30m | De (3 de la Tête de Meduse a o du Cocher. E. 107 12 32 Des Pléiades à I horizon . E. 108 12 54 De o: de Pégase à œ du Poisson solia S. 109 12 36 De ¢ d'Hercule à À d'Ophiucus* . . . O. 110 12 45 De v de la Lyre à À d’Antinoiis * O. 111 12 46 De £ de la p. Ourse à y de la g. Der. N. 112 12 47 De la Girafe a X de la grande Ourse . N. 115 12 48 De x de la Couronne b, à «du Serpentaire*. | SO. 114 12 54 De ¢ de Pégase à 7 du Sagittaire *. SE. 115 12 55 De & de l’Aigle à y du Sagittaire . SO. 116 12 56 De £ de Céphée au Lynx . N. 117 12 57 De Y du Dauphin à (3 du Coriolis js E. 118 12 57 Id. Id. E. 119 13 0 De a du Bélier á € de la Baleine E. 120 13 0 De € de Pégase à J du Capricorne . S. 124 13 2 De 2 du Cygne ad > seyi wee S. 122 13 2 Ib. š S. 125 13 3 De x du Cygne à la Gem . 0. 124 13:5 De æ de Pégase à x du Peor A S. 125 13 5 De la Girafe à l'horizon. N. 126 15 6 De (3 du Bélier à £ de la Baleine. E. 127 13 6 De £ de Céphée à J du Capricorne *. N. 128 13 7 Des Pléiades à T de la Baleine . E. 129 13 11 De £ du Cygne à 7 du Sagittaire * SE. 150 15 15 De x de Pégase à ¢ du Dauphin * S. 131 13 16 De # de la grande Ourse à l'horizon - | NNO. 152 13 16 De la Girafe à l'horizon. + . N. 155 13 47 De y de la grande Ourse á la Polaire š N. 154 15 17 De & de Céphée à e du Dauphin* . 0. 155 15 18 De g de la Téte de Méduse au Lynx E. 136 15 20 De o du Dauphin à — du Poisson austral . so. 157 1323 | De œ du Bélier à œ du Taureau . -| E 138 13 24 De eem Dragon au Taureaude beige: NNO. 159 13 29 œ de Cassiopée à la Polaire . » + NNE. 140 13 55 + & de la Lyre à o d'Ophiucus* . O. 2"° SERIE, TOME XII. 15 (186 ) Sur la variation de l'inclinaison annuelle à Observatoire royal de Bruxelles; par M. Hansteen , directeur de l'Observatoire de Christiania. — Lettre à M. Ad. Quetelet. Dans un mémoire sur la variation de Pinelinaison ma- gnétique dans la zone tempérée boréale, qui fait partie des Actes de la Société royale des sciences de Copenhague pour 1855, j'avais cherché une formule pour représenter vos observations de l’inclinaison depuis 1827 jusqu’en 1854. Comme j'ai le moyen maintement de continuer la série jusqu’en 1859, jai repris le calcul pour mieux déterminer les constantes. Voici mes résultats : a $ = £ t i FORMULE.} A $ t i rormuLe.| A z 3 1|1s27,8 | 68°56/5 | 68088776 — e26||16| 1843,2 | 68° 6/3 | 68° 6/96] —0/66 2| 30, 51,7 51,11] +0,59]| 17] 46,2 3,4 4,25] —0,85 3| 32,2) 491 44,85|-+4,25|l18| 47,2 1,9 | 68 1,56) +0,54 4| 33,2] 428 41,76] +1,04||19} 48,2 | 68 0,4 | 67 59,90) -+-0,50 S| 34,2) 38,4 38,71) —0,51||20} 49,2 | 67 56,8 56,28| +0,52 6| 55,2) 35,0 | 35,68| —0,68fl21f 50,5 | 54,7 | 55,42) +1,28 7| .36,2| 32,2 32,68| —0,48||22) 51,5 50,6 50,85] - 0,25 8| ma 28,8 | 29,71] —0,91}}23] 52,5 | 48,6 | 48,52] +0,08 9| ma 26,1 | 26,76|—o,coll24) 53,5 | 47,6 | 45,80) +1,80 10! 392 224 | 25,85) —1,45llas} 54,22] 45,0 | 45,52) +1,48 II 40,2 21,4 20,96/+0,44ll26! 55,24) 39,2 41,01] — 1,81 t2 41,2) 1621 48,10| —4,90|l27f 56,61] 37,7 | 57,69| -+0,01 15) Ga 15,4 | 45,27|-+0,15fl2s} 38,30] 54,0 | 53,67|-+0,33 14) 43,2) 10,9 12,47) —4,57}/29} 59,24) 51,9 51,47) +0.45 15| 44,2 9,2 9,70! —0,50 i = 6901',365 — 57,2492 (t — 1827,0) + 0,014503 (1— 1827,0). > ( 187 ) t VARIATION | VARIATION | annuelle. annuelle 1830 — 3,163 1850 — 2019 | 1835 — 4,877 1855 — 1,133 1840 — 2,591 1860 — 1,447 1845 — 2,505 1865 — 1,161 | Minimum = 65°36’ ,86 pour ¢ = 1940,2. Par un inclinatoire avec deux ae le professeur Forbes, d’Edimbourg , a trouvé en 1838, Aiguille 1. se ee Moyenne. 68036',4 68° DA 68°20',95 La formule a donné 68°26’,50 As GER: 3 yoo Pour le temps du minimum, j'ai trouvé, par les obser- vations continuées, les valeurs suivantes de ¢ : Éd PÉRIODES MINIMUM. cp OA 1823-1860 13125/38 PP 1820-1 71 14,95 Stockholm 1767-1859 71 8,46 Copenhague $ 1820-1858 69 21,1 Berlin. . e 1769-1853 67 14,46 Bruxelles, re 1827-1859 65 56,86 PE E 1671-1856 65 34,84 o a 1775-1855 63 19,69 ( 188 ) Il semble done qu’en Europe un minimum doit arriver avant la fin de ce siècle, et vraisemblablement un peu plus tôt dans les régions boréales et orientales que dans les parties méridionales et occidentales. J'ignore Pheure du jour où vos observations sont faites, en général, et si vos nombres sont une moyenne entre le maximum de Pavant-midi et le minimum de laprès- midi (1). Mais quelle remarquable harmonie introduit l'instrument de Troughton entre les différentes années, et combien vous avez évité heureusement les perturbations assez fréquentes. Descriptions succinctes de dix espèces nouvelles de coquilles fossiles du crag noir d’Edeghem, près d Anvers; pat M. Nyst, membre de l’Académie. No 4. Mirra ACICULA, 1861, Nyst (Not de fossiles cies DE L’ACADEMIE ROYALE DE Baam, 2me série , tome XII, p. 58, n° 55). N’ayant pu rapporter cette coquille à aucune de ses con- génères décrites par les auteurs que nous avons pu Con- Sulter, nous pensons pouvoir lui i imposer le nom de Mitre aiguillette, à cause de sa forme excessivement allongée el pointue. Elle se rapproche de la Mitra recticosta de M. Bel- lardi (Monog. des mitres fossiles du Piémont, p. 22, n° 19, (1) Les observations, comme je Pindique chaque année, ont été faites de midi á 4 heures : dans quelques cas piers == ont été faites le Matin, mais on les-a réduites pour la différence ote de M. Së QuETELET.) ( 189 ) pl. IL, fig. 19) (1); mais elle en diffère essentiellement par ses cótes moins saillantes et par sa taille plus grande. Elle est turriculée, subulée et trés-pointue. Sa spire est com- posée de douze ou treize tours trés-peu convexes, séparés par une suture simple, et, vers la partie supérieure des tours, Pon apercoit quelques fines stries transverses. Le dernier tour de spire n’occupe qu’un tiers de la coquille. Le bord droit est flexueux, mince et tranchant, et la co- lumelle est pourvue de quatre plis peu obliques, dont le plus prononcé occupe la partie supérieure. : Cette belle petite espèce n’a que vingt-six millimètres de longueur sur sept de largeur. N° 2. PLEUROTOMA UNIPLICATA, 1861, Nyst (Bulletins de l'Académie, tome XII, 2e série, p. 38, n° 47). Nous n’avons pu rapporter à aucune des espèces décrites le pleurotome auquel nous donnons le nom d’uniplicata, qui lui convient parfaitement. Cette belle espèce, qui n’est pas rare à Edeghem, se rapproche par sa forme du Pleu- rotoma bracteata, Brocch. (Conch. fossiles de l'Italie, tome IT, p. 409, pl. IX, fig. 3) et du Pleurotoma scrabrum, Phillipi (Palæont., von Dunk und Meyer, vol. 1, p. 68, pl. X, fig. 4). Ce pleurotome est allongé, conique, sa spire étant à peu près aussi grande que le dernier tour, de sorte qu’elle semble être formée de deux cônes réunis par leur base. Sa Spire est composée de huit ou neuf tours peu convexes et er nass. _ (1) Bellardi Monografia delle mitre fossili del Piemonte; Turino, 1850; in-4°, de trente-quatre pages, deux planches. ( 190 ) séparés par une suture peu profonde. Le milieu du der- nier tour est pourvu d’une rangée de tubercules qui, sur les tours suivants, en occupent la partie inférieure, La partie supérieure du dernier tour, située entre la rangée de tuber- cules et la suture, est légèrement canaliculée ou plutôt enfoncée. Toute la coquille est couverte de fines siries transverses peu apparentes, coupées par d’autres longitu- dinales et flexueuses qui indiquent les divers accroisse- ments. L’ouverture est ovale et étroite. L’on apergoit sur le milieu de la columelle un plis très-prononcé. Le bord droit est trés-mince et fortement échancré a sa partie supérieure, Notre plus grand exemplaire mesure vingt-huit milli- mètres de longueur sur onze à douze de largeur. Lorsque nous publiâmes, en 1845, nos descriptions des coquilles et polypiers fossiles des terrains tertiaires de notre pays, nous fimes connaître, sous le nom de Pleuro- toma Delucii, un pleurotome nouveau de Vliermael qui avait aussi pour principal caractère un plis à la columelle. Depuis, en 1847, M. Bellardi, dans sa belle Monographie des pleurotomes fossiles du Piémont, propose pour une espéce nouvelle de la colliñe de Turin, qui offre aussi Ce caractère, la création d'un nouveau genre qu'il dédie à Borson et donne à sa coquille le nom de Borsonia prima. Ce caractère des plis à la columelle de certains pleuro- tomes se trouvant dans plusieurs formes des espèces de ce grand genre, nous pensons, comme MM. d'Orbigny el Hórnes, que l’on ne peut adopter le genre proposé par M. Bellardi. (4191 ) No 3. PLEUROTOMA FLEXIPLICATA, 1861, Nyst (Bulletins de l'Académie, Qme série, tome XII, p. 40, n° 33.) Ce nouveau pleurotome, qui n'est pas rare à Edeghem, se rapproche beaucoup du pleurotome des argiles rupé- liennes que nous avons décrit sous le nom de Pleuro- toma acuminata, pl. XLII, fig. 1ab; mais il s’en distingue cependant facilement par différents caractéres qui nous paraissent être constants. Quoiqu’il soit à peu près de la même taille, ses tours sont plus aplatis, sa suture plus profonde; les côtes longitudinales et flexueuses n’occupent que les premiers tours et se terminent sur les suivants par des stries fines qui ne sont coupées qu'à la partie supé- rieure seulement des tours, par des stries également fines, mais transverses ; tandis que, dans le pleurotome des ar- giles, toute la coquille est couverte de fortes stries qui traversent les côtes. La partie supérieure des tours de notre nouvelle espèce présente aussi une légère dépression qui n'existe pas dans le Plewrotoma acuminata. L'ouverture est plus étroite et sa columelle plus droite. Cette coquille mesure quarante millimètres de longueur sur douze de largeur. . Observation. — Notre Pleurotoma acuminata (Desc. des coq. et polyp. foss. tert. de Belgique, p. 519, n° 442, pl. XLII, fig. 1ab) n’étant pas l'espèce de Sowerby, ainsi que nous, l’avions cru, il conviendra, comme Pa fait M. Beyrich, de lui rendre sa première dénomination de Pleurotoma flexuosa, proposée dès 1835 par V. Münster, dans le Jaarhb. de Bronn et Leonh, p. 449, et que Gold- fuss a conservée en décrivant cette coquille en 1842 (Petref. Germ. , vol. INL, p. 24, pl. CLXXI, fig. 7), et dy réunir le Pleurotoma Duchastelii (Nyst, Recherches sur ( 192 ) les coq. de Kleyn-Spauwen , Hoesselt et Vliermael, p. 31, n° 80, pl. I, fig. 80), le Pleuromota multicostata De Ko- ninck (Desc. des coy. foss. des arg. de Boom, etc., p. 26, n° 26, non Duch.) et le Pleurotoma subacuminata (d'Or- bigny, Prod. de Paléont. strat., vol. 3, p. 12, n° 195). 3 N° 4, PLEUROTOMA STRICTA , 1861, Nyst (Bulletins de l'Acad., 2° série, me XIT, p. 42, n° 58). Ce petit pleurotome, dont nous n’avons encore pu hous procurer que deux exemplaires, malgré une année des re- cherches constantes faites dans la riche localité d’Edeghem, ne semble avoir de rapports avec aucun de ses congé- nères, si ce n'est avec le Pleurotoma ramosa, Bast., dónt il n’a d'analogie que la forme. Il est fusiforme, allongé, à spire étroite et aussi longue que le dernier tour: cette spire est formée de sept tours, légérement convexes et séparés par une suture profonde. Toute la surface de la coquille est couverte de sillons transverses et réguliers, dont le nombre se réduit 4 cing sur les premiers tours. Ceux-ci sont aussi couverts de cótes longitudinales régu- lièrement espacées et un peu obliques, qui disparaissent sur le dernier tour. L'ouverture est étroite et allongée, le bord droit semble étre mince, étant brisé dans nos deux exemplaires; la columelle est lisse, légèrement sinueuse et recouvre le canal, qui est court et droit. Cette coquille n’a que onze millimètres de longueur sur trois millimètres de largeur. N° 5. Fusus Beyricmur, Sg Nyst a de l'Académie , 2”: série, ome XII, p. 42, n° 61). Cette espèce, assez rare à Edeghem et que l’on confon- drait facilement au premier abord avec le Fusus Deshayesii - ( 193 ) des argiles rupéliennes, s’en .distingue cependant facile- ment par cerlains caractéres qui lui sont particuliers, L'espèce que nous décrivons d’Edeghem est fusiforme, turriculée, à spire allongée composée de dix à onze tours convexes vers la partie inférieure et séparés par une suture peu profonde. Le dernier tour de spire occupe presque la moitié de la coquille. Les tours de spire sont lisses, dé- primés á leur partie supérieure ; les premiers sont couverts de cótes longitudinales réguliéres qui disparaissent insen- siblement sur les deux derniers. Toute la surface de la coquille est couverte de fines stries transverses, espacées, qui sont plus prononcées à la partie inférieure du dernier tour, ainsi que sur le canal de la coquille, qui est assez fortement recourbé et un peu relevé en dessous par un angle que fait la columelle á son origine. L'ouverture est ovale, oblongue; le bord gauche recouvre toute la colu- melle. Le bord étant brisé dans les exemplaires que nous possédons, nous ne pouvons en donner la description. Le canal est étroit et court. Un exemplaire adulte de cette espéce mesure cinquante- cing millimètres de longueur sur vingt à vingt et un de largeur. N° 6. Fusus FASCIOLAROIDES, ey en de P Acad., 2™¢ série, e XII, p. 42, n° 65). Cette espèce, quoique excessivement commune à Ede- ghem, ma pu être rapportée à aucune de celles décrites par les auteurs, nous nous hasardons done de la décrire sous le nom de Fusus fasciolaroïdes, à cause du léger pli qui se trouve à la columelle et qui la fait ressembler par là à une fasciolaire. Elle-est plus ou moins allongée, ( 194 ) fusiforme et assez solide. Sa spire, un peu plus grande que le dernier tour, est composée de huit à neuf tours convexes et séparés par une suture assez profonde: ils sont garnis de fortes cótes longitudinales arrondies qui Sont traversées par des stries alternativement fines et grosses, ce qui rend la surface de la coquille assez rugueuse. L’ouverture est subovale, à canal court et légé- rement recourbé; la columelle est arquée et pourvue a sa base d'un pli. Quelque fois l'on aperçoit à côté de ce pli un léger tubercule qui semble être le commencement d'un ‚second pli. A la partie supérieure de louverture, vers la jonction du bord droit avec le bord gauche, l’on aperçoit un tubercule assez prononcé que l’on ne retrouve dans aucune de nos espèces. Le bord droit est tranchant et lisse à l'intérieur. Le Fusus scalaroïdes mesure quarante millimètres de longueur sur dix-sept de largueur. Observation. — A la première inspection, l’on prendrait cetle espèce pour notre Fusus Waelii des argiles rupé- liennes; mais en analysant ses caractères, il est facile de reconnaître qu’elle en est très-distincte. No 7. Murex SCALARIFORMIS , 1861, Nyst (Bulletins de l'Acad., 2”* serie, tome XII, p. 42, n° Ce nouveau Murex, qui n’est pas très-commun à Ede- ghem, parait se rapprocher du Murex trifascialis de Grat et se distingue facilement du Murex tortuosus, avec lequel on le rencontre, par les extrémités de ses côtes, toujours terminées par une pointe écailleuse qui semble lui faire une Couronne a la partie supérieure des tours. Il diffère du Murex Haidingeri en ce qu’il n’est pourvu que de trois : ( 195 ) côtes sur chaque tour, et entre chacune (elles se trouve une nodosité, La spire, qui est scalariforme, est com- posée de huit à neuf tours. Toute la coquille est couverte de fines stries transverses et écailleuses. L'ouverture est ovale et ronde, et son bord droit est épaissi en dehors” par la dernière varice. Le bord gauche, un peu dilaté à sa partie supérieure, est obtus et assez épais; il donne nais- sance, à sa base, à une lame très-mince et transverse dont les bords se soudent de toute part avec ceux du canal, comme cela a aussi lieu dans le Murex erinaceus. Ce carac- tere n’existe pas dans le Murex tortuosus Sow. Cette belle espèce mesure vingt-cinq millimètres de longueur sur treize de largeur. No 8, COLUMBELLA PULCHELLA , 1861, Nyst (Bulletins de l'Académie, Qme série, tome XII, p. 45, n° 75). C’est en recueillant le sable renfermé dans une Pano- paea Menardii que nous avons trouvé deux exemplaires de cette belle petite colombelle, qui se rapproche de la Columbella (Buccinum) corrugata , Broch. Elle est; comme cette dernière, trés-petite, turriculée, un peu enflée vers son milieu, couverte de stries transverses régulières qui coupent des cótes longitudinales très- prononcées et ré- gulièrement espacées, lesquelles sont aussi légèrement obliques. La spire, qui occupe un peu plus de la moitié de la longueur totale de la coquille, est composée de sept ou huit tours légèrement convexes et séparés par une suture assez profonde et dont les trois premiers sont lisses. L’ou- verture est ovale, étroite. Le bord droit est épais, tran- chant , pourvu d'un bourrelet à Vextérieur et denticulé à l'intérieur, Le bord gauche se prolonge sur la columelle, ( 196 ) qui est granulée vers la base et se reléve sur le canal, qui est court et légèrement recourbé. è Cette petite coquille n’a que sept millimètres de lon- gueur sur deux et demi de largeur. N° 9. Lucina prover, 1851, Nyst (Bulletins de l'Académie , tome XII, 2me série, p. 48, n° 119). Sous le nom de Lucine de Drouet, espèce que nous dédions 4 M. Henri Drouet, déja si avantageusement connu dans la science par ses travaux sur les coquilles terrestres et fluviatiles de la France, ainsi que sur les coquilles ma- rines des îles Açores, etc., nous décrivons une coquille que nous avions d’abord prise pour le jeune âge de la Lucina radula, Lamk., antiquata, Sow. et qui, d'après les au- teurs anglais, serait définitivement la Lucina (Venus) bo- realis de Linné. Cette petite lucine est orbiculaire, peu bombée et cou- verte de fines stries transverses très-serrées et régulières, se relevant, en forme décailles, 4 la partie postérieure de la coquille , qui est légèrement anguleuse et y forme une petite gouttiére. Les crochets sont médians et assez prononcés. La lunule est ovalaire, profonde et lisse. A l'in- térieur, la coquille est finement striée dans le sens longi- tudinal. Les impressions musculaires sont très-prononcées et les bords sont lisses et tranchants. Cette espèce ne mesure que huit millimètres de lon- sueur sur autant de largeur. N° 10. Pecten Woopni, 1861, Nyst (Bulletins de l'Académie, 2° serie, tome XII, p. 50, n° 138). — Pacu, 1861, loc. cit., no 442. DH D D e La coquille 4 laquelle nous avons donné le nom 4 ( 197 ) Pecten Woodii, la dédiant à M. S. Wood, qui a publié la belles monographies des coquilles fossiles des crag de l'An- gleterre, se rapproche d'abord de notre Pecten Gerardii et ensuite du Pecten pixidatus de Bronn. Nous pensons qu’elle diffère essentiellement de Pune et de l’autre espèce : elle est, comme elles, orbiculaire, très-déprimée, très-mince et lisse. A l’aide de la loupe, l’on aperçoit seulement quelques fines stries transverses. La valve gauche ou supérieure semble avoir de rayons longitudinaux qui, à l'intérieur, se reproduisent en légers sillons qui viennent aboutir en crénulures vers le bord de la coquille. Sur la valve droite, ce caractère est encore moins sensible. D'après la coloration de la coquille, il paraît qu’elle est semblable aux Pecten japonicus et pleuronectes, les valves de ces espèces étant diversement colorées lorsque la coquille est vivante, La disposition des oreillettes est aussi différente dans les deux valves. ce qui nous avait fait donner à l’une, l'inférieure, le nom de Pecten Pagii. Dans la valve gauche, les oreillettes sont à peu près semblables et à peu près horizontales , tandis que dans Ja valve droite ou infé- rieure, elles sont en forme de V. La charnière est aussi différente. Notre plus grande valve mesure trente-six millimètres de longueur sur trente-quatre de largeur. ( 198 ) Notice sur une nouvelle espèce de coquille fossile du genre PECTEN, trouvée dans le crag noir d’Anvers, ‘ainsi que sur un gisement a échinodermes, bryozoaires et forami- niferes; par M. H. Nyst, membre de Académie. Lorsque nous présentames à l’Académie, en 1845, notre travail sur les coquilles et polypiers fossiles de Belgique (1), nous ne décrivimes que quatre grandes espéces du genre Pecten recueillies dans le crag des environs d'Anvers : étaient les Pecten latissimus, Brocchi (2); P. grandis, Sowerby; P. complanatus, Sowerby; et P. Westendorpii, Nyst. Ce dernier, que nous figurámes à la pl. XVIII, fig. 10 ab, et dont nous ne connúmes alors que la valve inférieure, qui a été considéré depuis, par M. S. Wood (5), dans sa su- perbe Monographie des mollusques fossiles du crag de 'An- gleterre, comme étant une variété du P. maximus, en est cependant trés-distincte, ainsi que des autres espèces ; ayant pu nous en assurer depuis que nous avons été a même d'en recueillir des exemplaires bivalves. M. 5. Wood n’ayant connu que la valve supérieure de notre Pecten Westendorpii, n'a pu supposer qu'elle se rapportait à la valve inférieure que nous avions fait figurer. Deux autres espéces sont venues, apres cette époque, A Lh o es — (1) Mémoires couronnés par l'Académie royale des sciences, lettres el des beaux-arts de Belgique, tome XVII, année 1845. (2) Cette espéce n’ayant pas étéretrouvée, malgré les nombreux travaux qui s'exécutent actuellement aux environs d'Anvers, nous pensons quelle devra étre supprimée du catalogue des fossiles de la Belgique. (3) Pecten maximus var. 3 larvatus, S. Wood, Monographe of crag mollusque, Bivalves, t. II, pl. XXXI, fig. 5. m (199 ) enrichir successivement notre faune belge, Pune, le P. princeps, Sow. (1), du crag rouge d'Anvers, qui se ren- contre également en Angleterre dans le crag corallien de Ramsholt que nous rapportons au crag gris de notre pays; l’autre, tout à fait inédite, que nous mettons au- jourd'hui sous les yeux de l’Académie et qui nous a été remise pour faire partie des collections de l’État, par M. le capitaine Duwelz, commandant la partie des travaux de l'enceinte actuellement en construction entre la chaussée de Wommelghem et le fortin n° 3, où elle a été ren- contrée dans le crag noir. En dédiant ce beau peigne á M. le capitaine Duwelz, nous avons voulu rendre hommage aux soins intelligents que met cet officier à préserver de toute mutilation et à conserver à la science les objets d'histoire naturelle que Von découvre dans em lieux ot il exerce son commandement. Le Pecten Duwelzii, dont nous donnons ici une descrip- tion ainsi que la figure, en attendant que nous fassions paraitre un travail d’ensemble sur les espéces nouvelles qui pourront encore étre découvertes dans les vastes fouilles des environs d’Anvers, offre, par sa valve supé- rieure, la seule qui nous soit encore connue en ce mo- ment, certaines analogies avec celles des P. grandis, complanatus et Westendorpii. Mais cette valve diffère essentiellement de la valve supérieure de ces espéces, par 8a forme bien plus orbiculaire, plus bombée, la coquille paraissant devoir être équivalve, ainsi que par la disposi- tion des cótes longitudinales qui la garnissent. Ces cótes, au nombre de douze ou treize, sont légèrement convexes eat (1) Pecten princeps G. Wood. , I. c., Bivalves, t. 1, pl. VI, fig.. 1. ( 200 ) et assez larges ; couvertes, vers le crochet, de trois autres petites côtes longitudinales dont la médiane est la plus élevée. Vers le milieu de la coquille, Pon aperçoit encore, de chaque côté de la côte prineipale, une autre côte ordinairement plus fine; de sorte que la partie infé- rieure de chaque grande côte est couverte de cinq petites côtes écailleuses. Dans les interstices, presque aussi larges que les grandes cótes mémes, on observe, en outre, trois petites cótes aussi longitudinales, dont la médiane est plus forte que les latérales : celles-ci ne commencent à paraitre qu’a la moitié supérieure de la valve que nous avons sous les yeux; elles sont également, comme les autres côtes, finement écailleuses. Les oreillettes de ce peigne sont à peu près égales et couvertes de stries sem- blables aux côtes. A l’intérieur, cette valve est pourvue de douze ou treize sillons profonds qui correspondent aux grosses côtes de la partie externe de la coquille; ces sillons sont plus larges que ceux qui existent dans le P. complanatus. Enfin ce beau peigne mesure quatre- vingt-huit millimètres de longueur sur nonante-six de largeur. | A l'espèce que nous venons de décrire semblerait pou- voir être rapportée une valve inférieure d’un peigne re- ` cueilli à la briqueterie d’Edeghem. Celle-ci, un peu plus bombée, n’a cependant sur ses côtes principales que trois côtes secondaires au lieu de cing, ce qui provient peul- ètre de la différence d’age des deux échantillons, la valve d’Edeghem étant moins grande. Lon sait aussi que „dans le genre qui nous occupe, les deux valves d’une meme espèce sont souvent dissemblables , ce qui pourrait etre le cas pour la nôtre. De plus, les interstices présentent, tantót une seule, tantót deux cótes secondaires, tandis ( 201 ) que celles-ci manquent complétement dans d’autres. Il se pourrait encore que la valve d’Edeghem, appartint au P. spinulosus, Von Münster. Ne pouvant trancher définitive- ment la question, nous espérons que de nouvelles recher- ches pourront nous faire découvrir des exemplaires com- plets de l’une et de l’autre valve du crag noir de Venceinte et de la briqueterie de l’intéressante localité d'Edeghem,* dont nous avons déjà entretenu la classe, dans sa der- nière séance, et qui a bien voulu voter Pimpression de la notice qui lui a été soumise, ainsi que la liste des espèces fossiles qui y ont été recueillies, laquelle se monte déja au chiffre de cent cinquante-deux espèces, sans compter celles des espéces qui ont été recueillies dans la couche des argiles rupéliennes. Nous saisissons, en méme temps, Messieurs et chers confrères, cette occasion pour vous faire connaitre que nous venons encore de découvrir au fort de Wommel- ghem, dans la couche du sable gris qui encrotite à Bors- beek et à Penceinte, les nombreuses vertèbres de cétacés, une très-grande quantité d’annélides connus aujourd'hui sous le nom de Ditrupa subulata, Laskey en compagnie ` de plusieurs espèces d’echinodermes, parmi lesquelles nous avons cru reconnaitre l Echiocianus (Spatangus) pu- sillus, Müller , ainsi qu’une espèce du genre Temnichinus , mais dont nous n’avons pu déterminer l'espèce jusqu’à ce jour. C’est encore dans cette couche que nous avons ren- contré plusieurs bryozoaires, des lingules et des térébra- tules; ces dernières, quoique étant toutes brisées, nous avons pu nous assurer qu’elles appartiennent à la T. per- forans Dujardin, qui a été trouvée également brisée dans les travaux de l'enceinte et qui a fait l’objet de ma notice 2% SERIE, TOME XII. 16 ( 202 ) publiée dans les Bulletins de la Compagnie, du mois de juillet de cette année, n° 7. = D’après les renseignements qui nous sont parvenus, il paraitrait que quelques amateurs ont aussi rencontré, dans le gisement de Venceinte , PEchiocianus pusillus. Nous avons aussi appris qu’en dernier lieu, notre hono- rable confrère, M. Dewalque , a même recueilli, dans ses excursions géologiques faites à Wyneghem, un superbe Cidaris, muni de ses piquants, qui se trouvait blotti dans l’intérieur d'une Voluta Lambertii. Enfin, Messieurs, nous terminerons en vous annonçant encore la découverte que nous venons de faire, à Wommelghem, d’un riche dépôt de foraminifères, qui sont d’une taille plus grande que ceux qui ont été recueillis dans le crag noir du fort ` d’Herenthals et de Berchem. Nous pensons qu'ils sont iden- tiques avec les espèces décrites, par M. Philippi, des ter- rains tertiaires du nord-ouest de V Allemagne, sous les noms de Frondicularia elongata et oblonga, Lingulina en- sifera, Polymorphina regularis, Von Romer, et Polymor- phina crassatina, Von Münster. M. Van Beneden entretient la classe de son voyage el Allemagne et en Autriche, pour lequel il avait recu une mission du Gouvernement. Les musées qui lui ont offert le plus d'intérêt, pour l'étude des cétacés fossiles du crag d’Anvers, sont ceux de Lintz et de Stutigard. Le musee de Lintz particulièrement possède un crane assez complet de squalodon , provenant probablement d’un jeune individu, et d'un rostre avec une grande partie de la téte qui montre 202, re D TLC, PAGE se Ss :4 Lom hoy. Bull. de l Acad. Peet E SE HS a a ja, LR Mgt anc see KA ag e è jasau 5 a ecw erent ments ( 205 ) encore deux dents molaires en place; il s’y trouve aussi quelques dents isolées et des vertébres du méme animal. M. Van Beneden témoigne sa vive reconnaissance a M. Ehrlich, qui a bien voulu mettre tous ces objets à sa disposition , pour les décrire et les dessiner, et qui a poussé lobligeance au point de vouloir le conduire lui-même sur les lieux de leur gisement ; il doit également à son extrême bonté les photographies des pièces principales que M. Van Beneden dépose sur le bureau. Ces photographies ont été exécutées sous ses yeux pendant son séjour à Lintz. « Grâce à ces pièces, nous avons pu reconstruire toute la tête du squalodon d'Anvers et de celui de Bordeaux, dit M. Van Beneden, et nous aurons bientôt l’occasion, ajoute- til, de faire connaître la grande différence qui distingue ces squalodons entre eux. » Il a pu S'assurer aussi que ces ani- maux ne sont pas des cétacés souflleurs, le vomer n’étant aucunement disposé comme dans ces derniers animaux , el il n’est pas éloigné de croire que les squalodons, aussi bien que les zeuglodons, sont des phoques a une paire de mem- bres, qu’ils appartiennent à l’ordre des carnassiers, comme les siréniens appartiennent à celui des pachydermes. | existe également à Lintz des débris d'un cétacé qui a reçu le nom de Balaenodon, mais qui est évidemment, dit M. Van Beneden, un type nouveau pour la science : il n’a rien de commun avec les cétacés trouvés jusqu'à présent dans le bassin d'Anvers. | De beaux restes de Halitherium et une dent de céto- donte complètent cette courte et intéressante liste de mammifères aquatiques qui habitaient autrefois le bassin de la haute Autriche, et que M. Erlich a réunis avec le plus grand soin au Vaderlandischen Museum de la ville de Lintz. ( 204 ) A Stutigard, M. Van Beneden a pu étudier la tete si intéressante de l’Arionius de Herm. Von Meyer, trouvée dans la mollasse en Wurtemberg , et une téte trés-intéres- sante d'un ziphioide nouveau, qui sera, heureusement pour la science , bientôt décrite, d’après ce que le profes- seur Krauss lui a annoncé. Toute la base de ce crane re- marquable et le palais sont parfaitement conservés, et les deux caisses du tympan, d’un volume extraordinaire pour la dimension de la tête, sont encore en place et presque complètes. A Darmstadt, M. Van Beneden a admiré, parmi les pièces fort nombreuses et de ta plus haute importance, réu- nies par les soins intelligents du docteur Kaup, un magni- fique squelette presque complet de Halitherium, avec les os du bassin et un fémur, dont la téte est implantée dans une véritable cavité cotyloide. H regrette vivement de voir tant d’objets, d’un haut intérêt pour la science, relégués dans des pièces obscures et d’un accès difficile. « Je demande la permission en finissant, dit M. Van - Beneden, de signaler à l'attention des paléontologistes une autre pièce tis-remarquable du musée de Munich. Jus- qu'à présent, on ne connaît pas encore à l'état fossile cer- taines formes délicates et trop peu consistantes pour laisser des traces de leur présence dans le sol. De ce nombre sont surtout les méduses. En faisant le tour des galeries a le savant directeur du riche cabinet de paléontologie; M. Andreas Wagner, ce savant me fit remarquer parmi S riches empreintes de Solenhofen, une empreinte placée à côté des échinodermes : C'est bien évidemment un animal rayonné; mais est-ce bien une étoile de mer? Le contour de l'empreinte est parfaitement limité, et on peut compter les rayons qui partent du centre du disque avec autant ( 205 >) certitude, que si on avait l'animal frais sous les yeux. Le nombre de rayons est de huit, et il n’est pas douteux que ce ne soit une véritable méduse, qu'il sera fort intéressant de comparer aux méduses vivantes. Il est inutile de faire observer que les échinodermes sont toujours quinquen- naires et que le nombre quaternaire est caractéristique des méduses et de leurs congénères. Nous souhaitons vivement que la direction fasse photographier cette piéce curieuse : ce sera l'unique moyen de convaincre les naturalistes de Pexistence de méduses fossiles. Du reste, tous les jours des lacunes se comblent : tout récemment, M. Von Heyden n’a-l-il pas signalé un ver parasite fossile du genre Mermis de la grosseur d'un cheveu, attaché encore à l'insecte aux dépens duquel il avait vécu ? » M. de Selys-Longehamps fait une communication ver- bale au sujet de certains essais de pisciculture faits à Long- champs, près de Waremme. Il montre le corps d'une truite, âgée de quatre ans et demi, dont les yeux sont énormément proéminents et sortant de la tête, Toutes les autres truites élevées à Longchamps, dit-il, offrent Ja même anomalie pathologique et sont mortes de la même maladie, qui dure souvent une année. ( 206 ) CLASSE DES LETTRES, Séance du 14 octobre 1861. M. pe Ram, directeur. M. Av. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. De Smet, David, De Decker, Snel- laert, Leclercq, Arendt, Ducpetiaux, Kervyn de Letten- hove, Chalon , membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Théodore Juste, Defacqz, Wauters, Félix Neve, correspondants. MM. Sauveur, membre de la classe des sciences, et Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assistent à la séance. TE CORRESPONDANCE. Il est donné connaissance de la mort de M. Windischmann, associé de l’Académie, décédé à Munich, le 23 aoút dernier. — M. le Ministre de l’intérieur transmet à Académie ( 207 ) l'arrêté concernant les prix quinquennaux, qui a été mo- difié de Ta maniére suivante : e Vu notre arrêté du 6 juillet 1851 , qui, indépendamment du prix quinquennal d'histoire établi par Varrété royal du 1* décembre 4845, institue cing prix quinquennaux de cing mille francs chacun, en faveur des meilleurs ouvrages qui au- ront été publiés en Belgique par des auteurs belges et qui se rattachent à Pune des catégories suivantes : 4° Sciences morales et politiques; 2 Littérature française ; 5° Littérature flamande; 4° Sciences physiques et mathématiques; ; 5° Sciences naturelles; Vu notre arrêté du 25 novembre 1859, instituant un prix quinquennal de cing mille francs en faveur du meilleur ou- vrage sur les sciences naturelles; Vu notre arrété du 29 novembre 1851, portant reglement pour les prix quinquennaux, et notre arrété du 7 février 1859 modifiant ce réglement; Vu Tavis de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique; Sur la proposition de notre Ministre de rhatétiewr, Nous AVONS ARRÉTÉ ET ARRETONS : Art. 1°, Par dérogation à l’article 2 de notre arrêté du 29 novembre 1859 prérappelé, les prix quinquennaux institués par nos arrêtés du 1° décembre 1845, 6 juillet 1851 et 25 no- vembre 1859, pourront être décernés à l’auteur d'un ouvrage non achevé, si les parties séparées ou réunies forment un en- semble qui ait une valeur propre. Art. 2. Un ouvrage achevé, dont quelque partie aurait déjà été couronnée , sera néanmoins admis au concours, si les par- ties nouvelles y apportent des augmentations considérables. ( 208 ) Art. 5. Les précédentes dispositions sont applicables aux ouvrages actuellement en cours d’exécution dont des parties ont été publiées antérieurement au présent arrêté. ArT. 4. Notre Ministre de l'intéricur est chargé de Pexécu- tion du présent arrêté, etc. » — La Société littéraire de Manchester remercie l’Aca- démie pour l'envoi de ses dernières publications. La So- ciété littéraire De Wyngaerd, de Bruxelles, accuse égale- ment réception des publications flamandes qui lui ont été offertes. — M. Ozeray, juge de paix à Bouillon, fait hommage d’un manuscrit.de feu son père sur l'Histoire générale du bouddhisme. La classe reçoit également différents ouvrages de ses membres et associés MM. Chalon, Ducpetiaux, Juste, Blommaert, Émile de Bonnechose et Bogaers. — Remer- ciments. RAPPORTS. Mémoire sur la symphonie des anciens, par M. Wagener. Rapport de M. Roulez. « Le tome trente et unième des Mémoires de l’Académie renferme un important travail de M. Fr. Fétis sur celle question : Les Grecs et les Romains ont-ils connu Phar- .monie simultanée des sons? en ont-ils fait usage dans leur musique? Dans ce savant écrit, notre illustre confrére de ( 209 ) la classe des beaux-arts soumet á un examen critique les opinions qui se sont produites sur cet intéressant sujet depuis le quinzième siècle jusqu’à nos jours. Son avis à lui étant que cette harmonie n’a existé dans la musique d’au- cun de ces deux peuples, il réfute les savants qui soutien- nent le sentiment contraire. Celui d’entre eux qu'il prend le plus longuement à partie est M. Vincent, membre de l’Académie des Inscriptions de Paris et auteur de Notices sur trois manuscrits grecs relatifs à la musique, etc. (Paris, 1847). L’académicien français ne se tint pas pour battu et répliqua d'une maniére parfois un peu vive dans une brochure intitulée : Réponse a M. Fétis et réfutation de son méinoire, ete. (Lille, 1859). L'écrit adressé á la classe par M. Wagener et soumis à mon examen a pour objet une nouvelle discussion de la méme question. En traitant ce sujet dans le moment actuel, le savant professeur de Gand devait inévitablement intervenir dans le débat engagé entre les deux académiciens belge et francais. Quoique en désaccord avec M. Vincent sur quelques points particu- liers, il est cependant amené comme lui á des conclusions opposées á celles de M. Fétis. Cela explique pourquoi il combat si fréquemment ce dernier. En effet, il ne pouvait pas espérer le triomphe de ses propres idées, aussi long- temps que les arguments sur lesquels se fonde le systéme opposé restaient debout et empruntaient même une nou- velle force à la grande et légitime autorité du célèbre musi- cographe belge. Mais s'il combat M. Fétis, il le fait avec toute la déférence due, A si juste titre, aux éminents ser- Vices rendus a la science musicale par son adversaire et a la haute considération qui entoure son nom. Après une introduction de quelques pages où sont ex- posés l’état de la question et le but du mémoire, auteur, ( 210 ) comprenant que, pour parvenir à s’entendre sur les choses, il convient d’être d’accord sur la valeur des termes, cher- che, dans le $ 1°", à déterminer nettement le sens du mot symphonie. Il passe en revue les définitions qu’en ont données les théoriciens, notamment Aristote, Euclide, Nicomaque, Aristide-Quintilien , Gaudence, Bacchius, et constate la signification qu’y attachent d’autres écrivains habitués 4 la précision du langage, tels que Théon de Smyrne, Klien le platonicien et Plutarque. De Pexamen de tous ces textes, il résulte que les auteurs entendent par symphonie l’&mission non pas successive, mais simultanée de deux sons différents. M. Wagener interprète ensuite et corrige par de légers changements, indiqués déjà du reste par Meybaum, un passage de Théon de Smyrne d'où M. Boeckh avait cru devoir inférer l'existence d’une sym- phonie par cohérence distincte de la symphonie propre- ment dite. Le $2 du mémoire est consacré à fixer également le sens des mots : diaphonie, paraphonie, homophonie et antiphonies, qui tous les quatre impliquent, comme celui de symphonie, la simultanéité des sons. Après avoir ainsi établi que les anciens ont connu, ên théorie du moins, l'harmonie simultanée, M. Wagener sou- tient que, de plus, ils Pont mise en pratique. Il trouve la preuve de ce fait dans des textes d'Aristote et de Plutarque, y d’où il conclut, qu'indépendamment de l’homophonie a de Pantiphonie, les Grecs employaient encore en harmonie simultanée des intervalles différents, comme la quarte, et que dans tous les cas d'harmonie simultanée, Paccom- pagnement se faisait à Paigu. Les textes en question avaient déjà été invoqués par M. Vincent; mais celui du stagirite, fort obscur en lui-même , est longuement discuté, (MA) et approfondi, et reçoit, après avoir été corrigé, une inter- prétation différente de celle que lui avait donnée le savant académicien francais. La discussion de ces textes impor- tants remplit presque tout le § 3 du mémoire. Dans le § 4, l’auteur explique un autre passage de Plutarque non moins digne d'attention, qui atteste, qu’outre Poctave, la quarte et la quinte, on faisait encore usage en harmonie simultanée de la seconde et de la tierce majeure. Le savant profes- seur de Gand s’occupe ensuite de deux vers d’Horace et de deux passages de Pindare, afin de montrer qu'on s’est appuyé à tort de leur autorité pour soutenir Pemploi de la tierce mineure. Dans le $ 5, l’auteur traite premièrement de la différence entre le chant et l'accompagnement, et à ce propos, il exa- mine des textes de Plutarque et d’Aristote, ainsi que le fameux passage du traité des lois de Platon, qui a fait Pobjet d'une savante dissertation de feu le professeur Stall- baum, de Leipzig. Puis il résume dans les lignes suivantes, que je crois devoir transcrire littéralement ici, les résul- tats généraux de tous les textes analysés par lui. = e L'harmonie simultanée des sons était connue des an- » ciens et appliquée par eux aux instruments et aux voix ; » mais ceci doit s'entendre avec de grandes restrictions. » Les voix, quelque nombreuses qu’elles fussent, ne chan- » taient toujours qu’en homophonie ou en antiphonie. » L'accompagnement confié aux instruments avait des » ressources beaucoup plus variées; il se faisait d’abord > au moyen des intervalles consonnants, c’est-à-dire de > l'unisson, de la quarte, de la quinte, de Toctave de » la onzième , de la douzième , de la double octave, etc. Il > admettait ensuite, dans une certaine mesure, l'emploi » Pintervalles plus ou moins dissonants. A cette catégorie ( 212 ) » appartenaient, par exemple, le triton et la tierce ma- » jeure, qui, dans Paccompagnement, paraissaient conson- » nants, quoiqu’ils occupassent, d’après le témoignage de Gaudence, une place intermédiaire entre les conson- nances et les dissonances. L’intervalle de seconde, quoi- que constituant une vraie dissonance, n’était pourtant pas exclu de Paccompagnement d’une manière absolue. » Il est très-probable que cette harmonie simultanée ne comprit jamais au delà de deux parties, à moins que Pune d'elles ne fit doublée à Poctave. L'homophonie, quoique, à proprement parler, elle ne puisse pas être con- sidérée comme formant symphonie, était placée sur la même ligne que les autres consonnances, C'est-à-dire que, dans un certain nombre de cas, les deux parties se confondaient en une seule. » L'accompagnement, à moins qu’il ne fût homophone, » se faisait toujours à Vaigu du chant. Il est trés-probable » que, dans un grand nombre de cas, l'accompagnement » consistait surtout à faire entendre, en même temps que » la mélodie, des ornements, des traits, des dessins, com- > parables, sous certains rapports, à ce que font les orga- » nistes en accompagnant le plain-chant. » Vient enfin, comme conséquence de ce qui précède, la réfutation d’une opinion émise par M. Vincent sur la mu- sique d’une ode de Pindare qui a été publiée pour la pre- mière fois par Athanase Kircher. a Avec le cinquiéme paragraphe se terminent la discussion et l'interprétation des textes qui ont trait à l'harmonie simultanée des sons. Mais la nature des instruments mu- sicaux des Grecs ayant été invoquée comme une preuve de l'impossibilité de Vexistence d’une pareille harmonie , M. Wagener a jugé nécessaire d'apprécier (ce qu'il fait w o WW ae a CAE NS, A ew ( 215 ) dans les $$ 6 et 7) la valeur de cet argument qu'il ne trouve pas fondé. D’abord, en ce qui concerne les instru- ments à cordes, une première objection a été tirée de ce que ceux dont les cordes étaient mises en vibration par un plectre ne rendaient qu'un son à la fois. Mais, répond M. Wagener, si la main droite était armée du plectre, rien n’empéchait les doigts de la main gauche de pincer les cordes de l'instrument, et il cite un passage d’Asconius prouvant qu'il en était réellement ainsi. A Pautorité du commentateur de Cicéron il aurait pu ajouter le témoignage plus imposant encore de Platon (Lysis, p. 209, B). Je ferai remarquer en outre que, dans les nombreuses représenta- tions de citharistes qui se sont conservées, nous ne les voyons presque jamais se servir du plectre, qu'ils tiennent ordinairement en repos dans la main droite tendue en avant, tandis qu’ils jouent de la main gauche; cette parti- cularité a méme suggéré le soupcon que Paccompagne- ment du chant se faisait avec la main gauche uniquement, et qu’on avait recours au plectre dans certains cas seule- ment, par exemple dans les préludes. L’auteur du mémoire a également raison de ne pas accepter Pargument tiré du nombre de cordes qui se voient aux cithares sur les mo- numents figurés; car il est incontestable qu’à cet égard, les artistes ne se sont jamais piqués d’exactitude. Nous rencontrons sur les peintures de vases des cithares avec sept, huit, neuf, dix cordes et méme davantage, tandis que les peintures murales, plus récentes de plusieurs siè- cles, wen montrent ordinairement que cing; de façon que le témoignage des monuments se trouve en contradiction formelle avec celui des écrivains, selon lesquels le nombre des cordes s’accrut successivement jusqu’à onze. Pour m'arrêter encore à un détail : une peinture ayant été citée ( 214 ) comme la seule qui représentat la forme de eithare nommée trigone, M. Wagener en indique une seconde; Jen connais pour ma part au moins une douzaine d'autres, Passant ensuite aux instruments à vent, l’auteur du mémoire combat l'opinion que la construction des flûtes doubles aurait été un obstacle à la production de Phar- monie simultanée. Leur conformation était loin d'offrir des ressources musicales trés-restreintes; selon le témoi- gnage de Platon, entre autres, on se serait méme réglé sur les flútes pour construire les instruments polycordes. M. Wagener n'admet pas qu'on se soit servi séparément et successivement des flútes doubles, méme de celles dites inégales. Les monuments attestent le contraire. Pour lui, la phorbeia, c’est-à-dire ’appareil consistant en une plaque de métal tenue par des courroies qui bridaient la bouche du flütiste, était destinée à faciliter le moyen de jouer avec douceur des deux flûtes séparées. Les observations finales du $ 7 concernent la cornemuse, puis la flûte pythique et le chorus, qui ont été confondus à tort avec la première. Enfin , le huitième et dernier paragraphe contient l'exa- men de la conclusion importante tirée d'une peinture de vase du musée de Berlin. Cette peinture montre deux flútistes et deux citharistes avec des inscriptions placées verticalement près des figures. M. Fétis a reconnu dans ces inscriptions la répétition d'une même notation musi- cale; il en a inféré que ces instrumentistes jouaient tous le même chant à l'unisson , et que leur accord était une simple homophonie; il en a conclu de nouveau que cette homophonie et Pantiphonie composérent toute l'harmonie des Grecs. M. Wagener cherche à saper cette argumenta- tion par sa base, en soutenant que ces inscriptions sont inintelligibles, et que les ressemblances dans les caracié rs E ( 215 ) proviennent de ce que le céramographe les a tracésau hasard sans rien comprendre. Je suis aussi d'avis qu'il n’y a aucun sens A tirer des inscriptions du vase de Berlin, et que, par conséquent , elles doivent être écartées de la question qui s'agite. Du reste, nul n’a le droit d'affirmer que ce vase ne soit pas une copie d'un original sur lequel de véritables notations musicales auraient été tracées. Telle est Panalyse succincte du travail de M. Wagener. La solution de la question controversée doit se trouver, en définitive, dans les textes anciens; or, le savant professeur de Gand a discuté ces textes avec une sagacité et une cri- tique auxquelles personne ne pourra se refuser de rendre hommage, et on se sent presque toujours disposé a donner raison á son argumentation subtile et serrée. Son mémoire me parait done trés digne de figurer dans le recueil de l’Académie, et jai ’honneur de proposer à la classe d'en voter l'impression. Elle ne verra pas, je pense, un obstacle á ce vote dans la circonstance que la classe des beaux-arts a fait insérer dans le méme recueil un mémoire de M. Fétis dont les conclusions sont différentes. C'est du choc des opinions que jaillit la vérité, et la discussion des questions scientifiques est un des buts de l'institution des Acadé- mies. La classe , du reste, a des précédents : ses publica- tions offrent plus d'un exemple de controverse engagée non-seulement entre deux de ses membres, mais encore entre un de ses membres et une personne ceramic á la compagnie. » ( 216 ) Rapport de M. Baguel. « Le rapport de notre savant confrere, M. Roulez, dont la classe vient d’entendre la lecture, renferme une analyse exacte du mémoire de M. Wagener. De plus, il fait ressor- tir Pérudition et la sagacité avec lesquelles l’auteur a dis- cuté bon nombre de textes anciens ; aussi est-ce à ce titre que Jadhére volontiers aux conclusions formulées par M. Roulez. i ll est certain, on doit le reconnaitre, qu'à défaut d’eu- vres musicales de antiquité, c'est, avant tout, à la philo- logie qu’il faut recourir. C'est elle qui doit, au préalable, rechercher dans les anciens écrivains les passages les plus importants relatifs à la musique; elle doit les coordonner, les interpréter, et, si elle parvient à fixer le sens d'un cer- tain nombre de ces passages, si elle réussit à les mettre a labri de toute controverse sérieuse, ces textes serviront de base aux travaux des savants qui se placent plus spé- cialement au point de vue de Part. Mais, pour arriver á ce résultat, il conviendrait, ce me semble, qu’un pareil travail philologique fût entrepris Sans idée préconcue. « On sait, dit Balmés (1), ce qu'est un sys- » tème conçu à Pavance, un ‘système qui sert COMME de » moule à un ouvrage. y éritable lit de Procuste des idées » et des faits : bon gré, mal gré, tout doit s *accommoder au » système; ce qui dépasse est retranché, ce qui manque » est ajouté. » ; Loin de moi la pensée d’accuser l’auteur du mémoire ie asks nn (1) Le protestantisme comparé au catholicisme, t. II, p. 40, édit. de Louvain, ( 217.) d’avoir suivi un procédé purement systématique! Sans - doute, avant de se former une opinion sur la question qu’il a traitée, il aura examiné attentivement les textes ayant un rapport réel avec le sujet; il se sera attaché en- suite à en déterminer la signification la plus probable, sans préoccupation aucune en faveur d’un système parti- culier. Mais, son opinion une fois fixée, ne pouvait-il pas, appuyé sur des textes sainement interprétés, exposer cette opinion et la soutenir en donnant à son mémoire une forme moins agressive ? Je sais fort bien, comme le dit M. Roulez, que M. Wa- gener devait inévitablement intervenir dans le débat engagé entre les deux académiciens belge et français. Cependant, en procédant comme je viens de l’indiquer, il eût pu se renfermer plus étroitement dans la question et Paborder d’une manière plus directe; il n’eût pas tant insisté sur les textes qu’on peut, sahs grand effort, entendre en deux sens différents, ou qui ne sont décisifs pour aucun des sys- tèmes (1); enfin il n’eût pas attaqué, pour ainsi dire à cha- que pas, l'autorité de son adversaire en relevant jusqu'aux moindres assertions qu'il croit erronées. M. Wagener en a jugé autrement. « Cette réfutation, » dit-il dans la conclusion de son mémoire, m 3 paru né- » cessaire, parce que le célèbre professeur de Bruxelles » est considéré assez généralement comme un oracle dans » toutes les questions musicales. » Quoi qu’il en soit, les textes que M. Wagener a élucidés A NEE (1) Je citerai, par exemple, les définitions du mot symphonie , qui , selon M. Wagener, désigne chas Bong anciens une. Ann: eo de deux sons pla lis que M. Fetis Wy voit tout au plus qu'une 2 émission simultanés de Sc Se à l'octave. 2% SERIE, TOME XII. ( 218 ) attireront sans doute l’attention de notre savant confrère de la classe des beaux-arts, bien que, dans son mémoire Sur l'harmonie simultanée des sons chez les Grecs el les Romains, il ait manifesté Vespoir que ce qu’il a entrepris dans ce travail serait le dernier mot sur cette matière (1). Pour moi, j’espére que la science profitera de cette po- lémique. J'espère aussi que, grâce à la modération que les savants engagés dans le débat ne manqueront pas de gar- der, surtout á propos d'une question obscure par elle- même et agitée depuis des siècles, nous n’aurons pas à craindre un conflit regrettable. » Rapport ‘de M. Bormans. « Aprés avoir entendu les rapports des deux premiers commissaires sur le mémoire de M. le professeur Wagener, la classe me dispensera volontiers, j'ose le croire, d'entrer dans de longues considérations pour l'éclairer davantage sur importance et le mérite de cet écrit. La partie philo- logique (et je ne suis guère compétent pour me prononce? sur celle qui appartient plutôt à Part musical) a été assez nettement caractérisée par nos deux savants confrères, pour que je puisse m’en référer à ce qu’ils en ont dit. Je reconnais avec eux que M. Wagener a fait preuve de = a coup d’érudition et d'une grande habileté dans la discus- sion de différents textes anciens, qui doivent servir a résoudre cette question si embrouillée de la symphonie des A rm EE (1) Tome XXXI des Mémoires de F Académie, p. 112. ( 219 ) Grecs et des Romains. Si toutes ses interprétations et ses tentatives de correction ne paraissent pas également heu- reuses, s’il n’a pas dissipé tous les doutes, il n’en a pas moins rendu un grand service á ceux qui voudront, aprés lui, s'occuper de ces matières : ils trouveront la route un peu mieux déblayée. C'est cette considération, á laquelle vient se joindre Pengagement pris par M. Wagener dans sa conclusion, de compléter plus tard son travail, et sans doute aussi, quoiqu’il ne le dise pas, de répondre aux objections qu’il doit nécessairement soulever, qui me dé- termine à adhérer aux conclusions adoptées par nos deux honorables confrères ; elles sont tout entières dans P'intérét de la science. Toutefois en proposant impression du mémoire, je me crois en même temps obligé d'exprimer le regret que l'au- teur n’ait pas donné à ces pages une forme moins agres- sive, pour me servir de l'expression de M. Baguet, dont j'approuve d'un bout à l’autre les judicieuses observations sur ce point. Il va sans dire que, d’un autre côté, je re- grette aussi et d’autant plus, que notre honorable confrère de la classe des beaux-arts, qui se trouve surtout pris à partie, y ait donné occasion par quelques paroles un peu trop dédaigneuses envers les philologues, dans les rangs desquels il aurait, avec plus de droit, pu réclamer une place lui-même. » Après délibération, la classe décide que le mémoire de M. Wagener sera inséré dans les recueils de l’Académie et que des remerciments seront adressés à l’auteur. COMMUNICATIONS. — M. Arendt entre dans quelques détails sur les fouilles qui viennent d’être faites dans la cathédrale d’Aix-la-Cha- pelle, pour constater la place du tombeau de Charlemagne; il donne quelques explications à ce sujet, et manifeste l'in- tention d'en faire l’objet d’une notice qu'il communiquera a une des prochaines séances. — M. Kervyn de Lettenhove fait connaître le concours empressé qwil a trouvé de toutes parts, comme secrétaire de la Commission chargée de publier les monuments de la littérature francaise produits en Belgique. Les différents pays montrent le plus obligeant empressement a aider les écrivains belges pour le premier ouvrage de la collection qui sera mis sous presse : des recherches sont entreprises en ce moment à Paris, à Londres, à Vienne, à Madrid, à Florence et dans d'autres dépôts littéraires, pour Con- fronter les meilleurs textes des chroniques inédites de Georges Chastellain. Un membre conseille de faire également des recherches à la bibliothèque ducale de Gotha, qui doit contenir diflé- rents manuscrits anciens relatifs à l'histoire de Belgique (221 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 10 octobre 1861. M. Van HasseLT, vice-directeur. M. Ab. QURTELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, Hanssens, Navez, Roelandt, J. Geefs, Erin Corr, De Braekeleer , Par- toes, Ed. Fétis, De Busscher, membres ; Daussoigne-Méhul , associé; Balat , correspondant. CORRESPONDANCE. M. le secrétaire perpétuel fait connaitre qu’on prépare en ce moment V Annuaire de l'Académie pour 1862 et qu'il est d’usage d’y insérer les notices rappelant les services rendus aux sciences, aux lettres ou aux beaux-arts par les membres décédés. Jl rappelle, à ce sujet, les pertes sut- cessives que la classe vient de faire, et ne doute aucune- ment qu’elle ne veuille payer un dernier tribut d’estime a ses membres et á ses correspondants récemment décédés : MM. Suys, Renard, Snel, Busschmann, Jehotte père, Félix. (222) Bogaerts. A la suite de l'invitation qui leur est faite, MM. Van Hasselt, F. Fétis, Alvin et De Busscher se chargent d’être les interprètes des sentiments de l’Académie. — Un auteur demande à rentrer en possession de son poëme qui a concouru pour le prix de la cantate récem- ment mise au concours par l’Académie. Il lui sera répondu que, conformément aux règlements de la Compagnie, la pièce réclamée ne peut être restituée et que le manuscrit doit rester déposé dans les archives. — La classe s’occupe ensuite de différents objets d’admi- nistration intérieure. — M. Van Hasselt, avant la fin de la séance, entretient Tassemblée de deux notices qu’il se propose de lui com- muniquer sous peu. Il entre dans différents détails au sujet d’une de ces notices, qui décrira et interprétera la compo- sition d’une célébre mosaique ancienne. OUVRAGES PRESENTES. — Mission de l’État, ses règles et ses limites; par Ed. Duc- petiaux. Bruxelles, 1861; in-8° ; Denier de Charles le Chauve frappé 4 Famars ; par Renier Chalon. Bruxelles, 1864 ; in-8°. Medaille hispano-mexicaine de Ferdinand VII; ep: Henne Chalon. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Curiosités numismatiques. Monnaies et jetons rares Ou ER inédits (3™ article); par Renier Chalon. Bruxelles, 1861, in-8°, Les Pays-Bas sous Charles-Quint. Vie de Marie de Hon- grie, tirée des papiers d’État; par Théodore Juste. Nouvelle édition revue et augmentée. Bruxelles, 1861; in-12. De nederduitsche schryvers van Gent; door Mr Ph. Blom- maert 1**-2% aflev, Gand, 1861; 2 broch, in-8°. Histoire des métamorphoses de quelques coléoptères exo- tiques; par M. E. Candèze. Liege, 1861; in-8°. Histoire du règne de Louis XVI pendant les années où l’on pouvait prévenir ou diriger la Révolution francaise ; par Joseph Droz. Nouvelle édition, précédée d’une notice sur l’auteur et ses ouvrages; par M. Emile de Bonnechose. Paris, 1860; 5 vol. in-12. Fresques du XIV" siècle, découvertes à Gand ; notice par Edmond De Busscher. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Acta Sanctorum octobris ex latinis et graecis aliarumque entium, servata primigenia veterum scriptorum phrasi, collecta, digesta, commentariisque et observationibus ; illus- trata a J. Van Hecke, B. Bossue, V. de Buck et E. Carpentier; tomus X. Bruxelles, 1864 ; in-fol. Description et iconographie du Lamprococcos WEILBACHI (Lcanza Wensacnt, F. Ditr.), suivies de la Monographie du genre Lamprococcus , Beer, et de quelques considérations sur les Broméliacées inférovariées ; par M. Edouard Morren. Gand, 1861 ; in-8>. Observation de guérison de la phthisie pulmonaire confir- mée; par C. Broeck. Anvers, 1861; in-8°. Opuscules latins de François de Bourgogne, seigneur de Fallais, publiés pour la première fois, d’après un manuscrit de la ville de Hambourg; par Frédérie Laurent Hoffmann. Bruxelles, 1861 ; in-8°. ogramme des cours de l’université de Bruxelles, pendant l'année académique 1861-1862. Bruxelles, 1861; in-plano. ( 224 ) Programme des cours de l’université catholique de Lou- vain, pendant l’année académique de 1861-1862, Louvain; 1861 ; in-fol. Exposés de la situation administrative des neuf provinces. 9 vol. in-8°. Revue de la numismatique belge, 3"* série, t. V, 3™ li- vraison. Bruxelles, 1861; in-8°. evue universelle des aia publiée par, Paul Lacroix (Biblio phile Jacob) et M. C. Marsuzi de Aguirre , VII" année, 13": vol. n° 4-6. Bruxelles, 1861 ; 5 broch. in-8°. L’Abeille, revue pédagogique publiée par Th. Braun. VII année, 7”* à 9™e livr. Bruxelles, 1861; 5 broch, in-8°, Revue de Vinstruction publique en Belgique, IX™ année, juillet à octobre. Bruges, 1861; 3 broch. in-8°, Annales de la Société d’ Emulation pour l'étude de l'histoire et des antiquités de la Flandre, t. XI, 2° série, n 3 et 4. Bruges, 4859-1861 ; in-8°. Annales de la Société royale des beaux-arts et de littéra- ture de Gand, 1860-1861; 3™° et Än: livraisons. Gand, 1861; in-8° Essai de tablettes liegeoises. 33™ livraison , courses archéo- logiques d travers la province de Liege ; par Alb. d’Otreppe de Bouvette. Liege, 1861; in-12. Revue de eh et du droit administratif de la Belgique; par MM. R.-J. Bonjean, J.-B. Bivort et J.-J. Cloes; t. VII, 7™* à 9™ live. Liege, 1861; gr. in-8°. Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, IV™ année, 1* livr, Liége, 1861; in-8°. La Belgique contemporaine, t. Il, 17° à 5° livr., juillet à 7 septembre. Liége, 1861 ; ; 3 broch. in-8°. : Journal historique et due te XXVIII, liv. 5 et 6. Liége, 1861; 2 broch. i Mémoires de la Société rie et littéraire de Tournai, t. VII. EES 1861 ; in-8°. ( 225 ) Revue populaire des sciences, rédigée par J.-B.-E. Husson, IV™ année, n® 7 à 9. Bruxelles, 1861; 3 broch, in-8°, Journal d'horticulture pratique de la Belgique; V™ année, juillet à septembre. Bruxelles , 1861 ; 3 broch. in-8°. L'Illustration horticole, rédigée par Ch. Lemaire et publiée par Ambroise Verschaffelt. 8™° vol., juillet à septembre. Gand, 1861; 5 broch. in-8°. Bulletin de l’Académie royale de médecine de Belgique, 2e série, t. IV, n® 6 et 7. Bruxelles, 1861 ; in-8°. . Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, publié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, XIX™ année, 53° vol., juillet à septembre. Bru- xelles, 1861; 3 broch. in-8°. Annales de médecine vétérinaire, X™ année, 7™ à 9" ca- hiers. Bruxelles, 1861; 5 broch. in-8°. Annales d’oculistique, XXIV™ année, t. XLVI, livr. 4 et 2. Bruxelles, 1861 ; 1 broch. in-8°. La Presse médicale belge, XIII™? année, n% 34 à 44. Bru- xelles, 1861; 11 feuilles in-4°, Annales de la Société de médecine d’ Anvers; XXII™ année, livr. de juillet à septembre. Anvers , 1861 ; 3 broch. in-8°. Journal de pharmacie, publié par la Société de pharmacie d'Anvers, XVII" année, juillet à septembre. Anvers, 1864 ; 3 broch, in-8°, Jochébed , dichtstuk door M. A. Bogaers. Harlem, 1861; in-8°. Het behoud van arbeidsvermogen bij de stoomwerktuigen ; eene > door Dr H. W. Schroeder van der Kolk. Leide, 1861; in-8°, Wie sur les principes de Vanalyse infinitésimale; par H.-W. Schroeder van der Kolk. Bruges, 1861; in-8° De la génération spontanée. Avons-nous eu père et mère? par M. Boucher de Perthes. Paris, 1861 ; in-12. Bibliographie. OEuvres de M. Boucher de Perthes, histoire, Sciences , ete. Abbeville, 1861 ; in-8°. ( 226 ) Enquête sur le serpent de la Martinique (vipère fer de lance, bothrops lancéolé, etc.) ; seconde édition, entièrement refondue par le D" E. Rufz. Paris, 1860; in-8°. Note sur le calcul des effets de la machine précédente et les dispositions essentielles de ses tuyaux d'ascension. — Coup d'œil historique sur quelques machines à élever l’eau; par Anatole de Caligny. Paris, s. d.; in-4°. Rapport sur un mémoire de M. de Caligny, ayant pour objet la description d’une machine de son invention, destinée d élever de l’eau à l’aide des oscillations. ( Commissaires : MM. Savart, Poncelet, Séguier, Savary ; Coriolis, rapporteur). Paris, 1838; in-4o, Extrait du rapport sur le concours pour le prix de méca- nique fondé par M.de Montyon (année 1858). (Commissaires : MM. Poncelet , Coriolis, Gambey et Séguier, rapporteur.) Paris, 1839; 1n-4°, Expériences sur les oscillations de l’eau dans une grande conduite de Paris ; par Anatole de Caligny. Paris, 1840; in-#. Rapport sur un mémoire de M. de Caligny, intitulé : Description d’une machine hydraulique. (Commissaires : MM. Cordier, Poncelet et Coriolis, rapporteur). Paris; 1840; in-4°, a Rapport sur la machine hydraulique d flotteur oscillant de M. de Caligny. (Commissaires : MM. Cordier, Poncelet et Lame, rapporteur ). Paris, 1844; in-4°. : Expériences sur les ajutages coniques divergents alternati- vement plongés dans lair et dans l’eau; par M.A. de Caligny. Paris, 1844 ; in-4°, i Expériences sur le moteur hydraulique à flotteur oscillant: — Principes de quelques-unes de ses modifications; pe M. Anatole de Caligny. Paris, 1847; in-4°. e Principes d’un nouveau système de moteurs atmosphériques à forces vives, avec ou sans oscillations , avec ou sans $0- Pape; par M. Anatole de Caligny. Paris, 1847; in-4. ( 227 ) Expériences sur une nouvelle espèce d’ondes liquides à double mouvement oscillatoire et rene? par M. Anatole de Caligny. Paris, 1848; in-4°. Expériences sur les tourbillons , les ondes et les vibrations des veines et des nappes liquides ; par M. Anatole de Caligny. Paris, 1850; in-4°. Expériences sur un nouveau piel du frottement de l’eau dans des tubes d’un petit diamètre mouillés de diverses maniéres; par M. Anatole de Caligny. Paris, 1850; in-4°, Mémoires militaires de Vauban et des ingénieurs Hue de Caligny, précédés d'un avant-propos par M. Favé. Deuxième partie. Paris, 1854; in-8°. Note sur les appareils et les principes nouveaux d’hydrau- lique de M. Anatole de Caligny. Versailles, 1858; in-4°. Notice historique et critique sur les machines à compression d'air du mont Cénis, par le marquis Anatole de Caligny. Turin, 1860; in-4°. Essai d’une nouvelle méthode de résolution des équations algébriques au moyen des séries infinies, 1% mémoire; par M. Alphonse Heegman. Paris, 1864 ; in-8°. Recherches statistiques sur le mouvement de la population de la ville de Lille pendant l’année 1859; par le Sept Chrestien. Lille, 1864; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences ; par MM. les secrétaires perpétuels, tome LIII, n% 1 à 15. Paris, 1861 ; 15 broch. in-8°. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée; par M. F-E. Guérin-Méneville. 1861 ; n® 7 à 9. Paris; 3 broch. in-8°. Comptes rendus des séances et mémoires de la Société de biologie, tome I de la Uer série, année 1839. Paris, 1860; in-8°, L’Investigateur, journal de l'Institut historique, SEH année, 320" livraison. Paris, 1861; gr. iņ-8°. T _ (28) Revue de Vinstruction publique en France, XXI™ année, n° 44 à 26. Paris, 1861; 13 doubles feuilles in-4°, : Journal de la Société de lu morale chrétienne; t. XI, n° 5, Paris, 1861; in-8°. Mémoires de la Société impériale des sciences, de l’agrieul- ture et des arts de Lille, 11" série, 67* et 7° vol. Lille, 1860- 1861 ; 2 vol. in-8°. Notes géologiques sur la Savoie; par Gabriel de Mortillet. Annecy, 1860; 2 broch. in-8°. à ` Annexion à la faune malacologique de France; par Gabriel de Mortillet. Annecy, 1861 ; in-8°. Jahresbericht der naturforschenden Gesellschaft Graubün- dens, neue Folge, VI Jahrg., 1859-1860. Chur, 1861 ; in-8°. Die Fluorescenz der Pflanzenfarbstoffe; ein Beitrag zur Kenntniss der physikalischen Eigenschaften vegetabilischer Substanzen von Dr Adolf Weiss. Bamberg, 1861; in-12. Abhandlungen der küniglichen Akademie der Wissen- schaften zu Berlin, aus dem Jahre 1860. Berlin, 1861; 4 vol. in-4°, Abhandlungen der schlesien Gesellschaft fiir vaterländische Kultur: — Abtheilung für Naturwissenschaften und Medicin, 1861, Heft. 1-2; — Philosophisch-historische Abtheilung, 1861, Heft 4. Breslau, 1861; 3 broch, in-8°. Die fossile Fauna der silurischen Diluvial-Geschiebe von Sadewitz bei oels in Nieder-Schlesien ; eine palaentologische Monographie von D" Ferdinand Roemer. Breslau, 1861; in". Acht und dreissigster Jahres-Bericht der schlesien Gesell- schaft für vaterländische Kultur, Jähre 1860. Breslau, 1860; in-4°, Abhandlungen, herausgegeben von der Senckenbesgischen natur forchenden Gesellschaft, II Band, 2" Lieferung. Franc- fort S./M., 1861 ; in-4°. d Neues Lausitzisches Magazin, XXXVI" Band, et Hälfte. Gorlitz, 1861 ; in-8°. ( 229 ) gëftege aus Si Perthes ‘geographischer Anstalt, 1861, VII-IX. Gotha, 1861; 3 broch. in-4°. Mittheilungen des historischen Vereines für Steiermark; zehntes Heft. Gratz, 1861 ; Archiv der Mathematik on Physik; herausgegeben von J.-A.Grunert, XXXVI Thiel, 4 Heft. Greisswald, 1861 ; 1 broch. in-8°. Abhandlungen aus dem gebiete der Naturwissenschaften ; herausgegeben von dem naturw. Verein in Hambourg, IV“ Band, 2 Abth. Hambourg, 1860; in-4°, Heidelberger Jahrbücher der Literatur, unter Mitwirkung der vier Facultäten. LIV Jahrgang, 6-8 Heftes. Heidelberg, 1861; 5 broch. in-8 Verhandlungen des Naturhistorisch-medizinischen Vereins zu Heidelberg. Band II, n° 4. Heidelberg, 1861; in-8°. Neues Jahrbuch fiir Pharmacie und verwandte Fächer. Band XVI, Heft 1-2 Juli-Aug. Heidelberg, 1864; in-8°. Schriften der Universität zu Kiel, aus dem Jahre 1860. Band VII. Kiel, 1861 ; in-4°. Berichte úber die Verhandlungen der kóniglich Sachsi- schen Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig.— Mathema- lisch-physische Classe, 1860, Lt: — Philologische-historis- che Classe, 1860, I-IV, 1861, 1. Leipzig, 1860-1861; 4 broch. in-8°, Abhandlungen der koniglich sächsischen Gesellschaft der ` Wissenschaften zu Leipzig : Das stralendorffische Getachten; von Joh.-Gust. Droysen Leipzig, 1861 ; in-4° Die Chronik des Cassiodorus Senator von J. 519 N. Chr.; nach den Handschriften Herausgegeben von Th. Mommsen. Leipzig, 1861; ; in-4°. Uber Darstellungen griechischer Dichter anf Vasenbildern; von Otto Jahn. Leipzig, 1861 ; in-4°. ( 250 ) Uber das passivum. Eine sprachvergleichende Abhandlung von H.-C. Von der Gabelentz. Leipzig, 1861; in-4°. Elektrische Untersuchungen; von W.-G. Hankel. Fiinfte Ab- handlung. Maasbestimmungen des elektromotorischen Kräfte Ier Thiel. Leipzig, 1861; in-4°. Neue Beiträge zur Kenntnis der Embryobildung der Pha- nerogamen, von W. Hofmeister. II. Monokotyledonen. Leipzig. 1861 ; in-4°. Beitrag zur Erkenntnis und Kritik der Zeusreligion , von J. Overbeck. Leipzig, 1861; in-4°, Sitzungsberichte der königl-bayer Akademie der Wissen- schaften zu München, 1861, 1, Heftes I-III. Munich, 1861, 3 broch, in-8°. j Statuten des Münchener vereins für Naturkunde, ueberge- ben am Stiftungsfeste, im Mai 1849, von G. Tilesius. Munich, 1859; in-8°, V : Maximilian der Erste, Köning von Bayern, oder der Oberst- postmeister Napoleon’s Gesangenschaft Errettung von Tode und Flucht; eine wahre Geschichte durch Prof. Johannes Gis- tel. Munich, 1854; in-12. Sitzungsberichte der königl.böh l senschaften in Prag, Jahrg. 1860, Juli-Decemb.; Jahrg., 1861, Januari-Juni. Prague, 1860-1861 ; 2 broch. in-8°. ; System der deuschen Katarakten, insbesonders Bayerns, Oesterreichs ob und unter der Enns, des Kammerguts und Salzburgs, Tyrol's, der Steyermark und Schweiz; skizzirt durch Johannes Gistel. Straubing, 1857; in-8°. Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften zu Wien. — Math isch-Nat R i Chassis sie Denkschrif- ten, XIX""" Band. 4 vol. a — Sitzungberichte, XLII Band, 1861, I"*-2" Abth., 6 cahiers in-8°. — Philosophisch- historische Classe : ~ Denkschriften, XI Band; 1 vol. in-4". — Sitzungsberichte, XXXVI Band. 1861, 1-2 Heftes; 2 cahiers in-8°. — Archiv fur Kunde österreichischer Geschits- Quellen, 1 eg Vy eee E der Wis- (251) XXVI Band., I und II Halfte; in-8°. — Almanach, XI Jahr- gang, 1861 ; in-12. Mittheilungen der kaiserlich-königlichen geographischen Gesellschaft, IV, Jahrg. 1860. Vienne, 1860; gr. in-8°, Vorläufige Notiz über die directe Nachweisung des Eisens in den Zellen der Pflanzen, von Adolf L Weiss und Julius Weisner. Vienne, 1860; in-8°, : Revision der vorhandenen Beobachtungen an krystallisir- ten Kórpern. I. Die Grundstoffe; von Adolf Weiss. Vienne, 1861 ; in-8°. Uber die Abhangigkeit der Liniendistanzen im Spectrum des Gases der untersalpetersaure vor der Dichte desselben; von D* Adolph J. Weiss. Vienne, 1861 ; in-8°. Mémoires de l’ Académie impériale des sciences de Saint- Pitersbourg, Vito: série, tome DI. n° 2 et 9. Saint-Péters- bourg, 1860; 8 cahiers in-4¢. Bulletin de Y Académie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, tome V, n° 4, à tome HI, n° 5. Saint-Péters- urg; 10 cahiers in-4°. ` Bulletin de la Société impériale russe de géographie de Saint-Pétersbourg, année 1860, n°° 5 à 12. Saint-Pétersbourg; 8 cahiers in-8>. (En langue russe.) Mémoires de la Société impériale russe de géographie de Saint-Pétersbourg , tome XH, 1" partie. Saint-Pétersbourg , 1861, 1 vol. in-8°. (En langue russe.) Compte rendu de la Commission impériale archéologique, pour Vannée 1859, avec un atlas. Saint-Pétersbourg, 1860; In-4°, Memoria sobre el eclipse de sol de 18 de julio de 1860; Por D. Francisco de Paula Marquez. Madrid, 1861; gr. in-8°. . On the physical geography of the tertiary estuary of the isle of Wight; by H.-C. Sorby. Edimbourg, 1857; in-8°. On the expansion of water and saline solutions at high temperatures ; by H.-C. Sorby. Edimbourg, 1859; in-8°. ( 252 ) On the structure and origin of the —— of south Yorkshire; by H.-C. Sorby. Leeds; in On the microscopical structure of er one indicating the origin of minerals and rocks; by H.-C. Sorby. Londres, 1858; in-8°, On the structures produced by the currents present during the deposition of stratified rocks; by H.-C. Sorby. Londres. 1859; in-8°. On the organic origin of the so-called « crystalloids » of the chalk; by H.-C. Sorby. Londres, 1861 ; in-8°. De l'action prolongée de la chaleur et de Veau sur diffé- rentes substances ; par H.-C. Sorby. Paris, 1860; in-8°. Report of the thirty meeting of the british Association for the advancement of science; held at Oxford in june and july 1860. Londres, 1861 ; in-8°. The numismatic Chronicle, ahd journal of the numismatic Society, new series, n° III. Londres, 1861; in-8°. The american Journal of science and arts, second series, vol. XXXII, july. New-haven; 1861, in-8°. = ນະນະ BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1861. — Ne 11. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 2 novembre 1861. M. Liacre , président de l’Académie. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Timmermans , Wesmael, Martens , Kickx, Stas, De Koninek, Van Bene- den, Gluge , Nerenburger, Melsens, Schaar, Duprez, Bras- seur, Poelman , Jules d’Udekein, membres; Lamarle , asso- cié; Gloesener, correspondant. QUe SERIE, TOME XII. 18 ( 254 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de Pintérieur demande que M. Duprez veuille bien formuler, dans un second rapport, des instruc- tions sur le meilleur mode de construire et de poser les paratonnerres. La Société littéraire et philosophique de Manchester et la Société de biologie de Paris font parvenir leurs derniéres publications. — M. Francis Galton envoie de Londres plusieurs exem- plaires du programme des observations météorologiques qu’il demande aux savants de différents pays, pour le mois de décembre prochain, et qui seraient faites 4 9 heures du matin, à midi et à 9 heures du soir. — M. Bernardin, professeur au collége de Melle, près de Gand, et M. Alfred De Borre, de Jemeppe, font par- venir les résultats de leurs observations sur la chute des feuilles, ete., faites le 21 octobre dernier. M. Quetelet donne les résultats des travaux semblables faits à la même époque dans le jardin de l'Observatoire. — La classe reçoit les ouvrages manuscrits suivants : 1° Observations diverses de botanique et de zoologie , par M. Edouard Morren; (Commissaires : MM. Kiekx el Edm. de Selys-Longchamps. ) 2° Notice sur quelques plantes recueillies aux environs winks ( 235 ) de Bruxelles, par M. Louis Piré, professeur à PAthénée; (Commissaire : M. Kickx.) | 5° Sur la queue des cométes, par M. Mols Marchal, géo- graphe; (Commissaire : M. Ad. Quetelet.) 4° Notice sur les gites de fossiles du calcaire des bandes carboniféres de Florenne et de Dinant, par M. Édouard Dupont. (Commissaires : MM. d'Omalius, De Koninck et Van Beneden.) 5° Mémoire sur les moyens d’accroître la richesse agri- cole, par M. F. d'Olincourt. (Commissaires : MM. d'Oma- lius d’Halloy et Martens. ) — M. Gloesener, correspondant de la classe, fait hom- mage du tome I" de son Traité général des applications de l'électricité. — Remerciments. RAPPORTS. Monographie de PERYTHROXYLON coca; par M. le docteur Gosse. Rapport de M. Kickz. ` © La monographie de l'Erythroxylon coca, présentée à la classe par M. le docteur Gosse de Genève, est un résumé de tout ce que Pon sait au sujet de cette espéce, dont les Indiens de l'Amérique du Sud mächent les feuilles, en y ajoutant soit de la chaux, soit des cendres obtenues par l'incinération de diverses plantes ou quelque autre sub- ( 256 ) stance alcaline. Prises sous forme d’infusion ou de dé- coction, ces feuilles sont employées, en outre, dans les mêmes contrées, comme médicament. M. Gosse envisage d’abord le cocalier au point de vue botanique; puis successivement sous le rapport de sa cul- ture, du commerce dont il est l’objet, de ses propriétés physiques et chimiques, de son usage, de son mode d'em- ploi et de son action médicale. Il discute ensuite la possi- bilité de cultiver la plante dans d'autres pays que ceux où elle Pest aujourd'hui. Il termine par une liste des auteurs anciens et modernes qui ont contribué á la faire con- naitre. La partie botanique du mémoire, celle qui nous inté- resse principalement, est moins éendne que les autres. L’espéce y est décrite d’une manière très-détaillée; mais nous remarquons que plusieurs des caractères indiqués par M. Gosse sont en opposition avee ceux que Kunth, de Candolle et Endlicher attribuent à la famille des Ery- throxylées. C’est ainsi que l’auteur assigne aux graines un endosperme farineux, des cotylédons comprimés et une radicule infère, tandis que Kunth, de Candolle et Endlicher décrivent un endosperme corné, des cotylédons plans el une radicule supère. M. Gosse fait ressortir, en méme temps, quelques-unes des différences qui existent entre l'Erythroxylon coca el l'Erythroxylon hondense. 1 parle aussi de Erythroxylon Mamma coca, type spontané du cocalier, d'après Poppig, sans néanmoins se livrer à cet égard à aucune étude com- parative. Mais il se tait complétement sur l'Ergthroxylon peruvianum, Micht, quisemble avoir aussi beaucoup d'ana- logie avec l Erythroxylon coca. ( 237 ) Considéré au point de vue botanique, le mémoire que nous avons été chargé d'examiner, ne présente ni vues nouvelles, ni nouveaux rapprochements. Il en est de même, croyons-nous, pour l’ensemble du travail. Mais ce que l’on ne saurait nier, c’est que beaucoup de faits de détail, épar- pillés jusqu’à présent dans un grand nombre d’ouvrages peu répandus, ont été réunis par M. Gosse dans un ordre très-méthodique qui rendra désormais facile Pélucidation de l’histoire du cocalier. À ce titre, nous croyons pouvoir proposer à la classe d'imprimer la monographie de M. Gosse, fruit de longues recherches, dans la'collection des mémoires in-octavo ser- vant d’annexes aux Bulletins, si tant est que nos hono- rables collègues, spécialement chargés de l'examen de la partie chimique et médicale, en jugent de même. » Rapport de M. Spring. « De même que dans sa partie botanique, la mono- graphie du docteur Gosse constitue, sous les rapports phy- siologique et pharmaco-dynamique, une compilation faite avec soin et intelligence, mais une compilation seulement; car les quelques expériences que Claude Bernard a tentées, à la demande de Vautenr, n’ont eu pour objet que des feuilles déjà affaiblies par la dessiccation, et leur résultat ne peut, par conséquent, en rien augmenter ni rectifier les connaissances que nous possédons déjà des vertus du Haschisch péruvien. Le sujet, néanmoins, est si intéressant et généralement ( 238 ) si peu connu, méme parmi les médecins , que je crois pouvoir me rallier à la proposition faite par le premier commissaire, d’imprimer le travail du docteur Gosse dans les mémoires in-octavo. A l’appui de cette proposition, je ne crois pas inutile de rappeler que le docteur Gosse est très- honorablement et trés-anciennement connu parmi les na- turalistes et les physiologistes, et qu’il a toujours entre- tenu des rapports avec la Belgique. » # Rapport de M, Martens, « La monographie du docteur Gosse, de Genève, sur l'Erythroxylon coca n’est, à mes yeux, qu’un travail de médecine pratique , précédé de détails historiques et com- merciaux relatifs à la plante dont il s’agit. Il est vrai qu'on y trouve aussi quelques détails purement scienti- fiques : ce sont ceux qui se rapportent aux caractères bota- niques et chimiques de la plante; mais ces détails n’offrent guère d'intérét et sont même plus ou moins imparfaits. C'est ainsi que l'examen chimique des feuilles de coca présente des lacunes et des imperfections qui lui enlévent son mé- rite; je dirais méme qu’au point de vue des sciences natu- : relles et chimiques, le travail de M. Gosse est peu digne d'un rapport favorable. Mais il n’en est point de même de la partie du travail qui s'occupe de l'emploi du coca par les Indiens, de la culture de la plante et de son commerce : 10 on rencontre des détails très-curieux et vraiment inté- ressants, 3 Toutefois le plus grand mérite du mémoire réside dans ~ ( 259 ) Pexposé des propriétés médicales du coca; aussi le chapitre qui s’y rapporte l’emporte-t-il sur tous les autres, non-seu- lement par Pétendue, mais par les faits nombreux que l’auteur y a insérés relativement à l’action du coca sur l’éco- nomie animale. Les observations de M. le docteur Gosse sont d'autant plus intéressantes qu’elles tendent à prouver qu’à l'instar de alcool, du café, ete., les feuilles de coca ont pour effet de ralentir le mouvement de décomposition de nos organes, de diminuer le sentiment de la faim et de la fatigue musculaire, et qu’elles nous permettent ainsi d'amoindrir sans inconvénient la quantité d'aliments répa- rateurs dont nous avons besoin pour l'entretien de la santé. Sous ce rapport, l'introduction et l'emploi en Europe du coca pourrait offrir de l'utilité, surtout pour les classes laborieuses ou peu aisées de la société, aux époques de grande cherté des denrées alimentaires. Il ne paraît pas d'ailleurs offrir les mêmes inconvénients que les boissons alcooliques, et son usage immodéré ne peut prôduire, dans certains cas, qu’une espèce d'ivresse hilariante , analogue à celle déterminée par l'inspiration du gaz protoxyde d'azote, ivresse qui n’est jamais accompagnée de perte de connais- sance ni de trouble dans les mouvements, comme Pest l'ivresse alcoolique. Quoi qu’il en soit de l'intérêt que peut présenter le mé- moire de M. Gosse au point de vue médical, notre Aca- démie, qui ne g occupe pas de médecine pratique, ne sau- rait, ce me semble , Vinsérer dans ses recueils. Je crois done devoir proposer a la classe de remercier M. Gosse de son intéressante communication et de lui faire observer que l’Académie, ne s'occupant pas de sciences médicales pratiques, ne peut imprimer son ceuvre dans des recueils _ ( 240 ) qui ne se rapportent qu’aux sciences mathématiques, phy- siques et naturelles; qu’en conséquence, l’auteur sera même autorisé de reprendre son mémoire, afin de pouvoir Padresser à quelque Académie de médecine. » La classe, partageant Vavis des deux premiers commis- saires, a ordonné l'impression du travail de M. Gosse dans le recueil des Mémoires in-octavo, et tout en Jui votant des remerciments, a prié Pauteur de vouloir bien tenir compte des observations énoncées par les rapporteurs. LA — Sur une hybride de Cirsium, par M. Alfred Wesmael. Rapport de M, Kickox. « M. Alfred Wesmael a adressé à la classe une notice sur une hybride de Cirsium provenant du C. arvense et du C. lanceolatum. L'auteur considère la première de ces espèces comme le ` porte-graine de sa plante, et le C. lanceolatum comme ayant fourni le pollen. Les détails descriptifs consignés dans la notice nous font aussi adopter cette opinion : mais ce n’est pas alors le C. arvense-lanceolatum que doit être appelée Phybride , la règle exigeant que le nom de l'espèce qui a servi de père ait le pas sur le nom de celle qui à été fécondée, afin que la dénomination exprime exactement à elle seule la double origine de la plante nouvelle. Il faudrait donc écrire C. lanceolato-arvense au lieu de C. arvense- lanceolatum. ` Ce C. lanceolato-arvense wa été observé jusqu’iei qu'en (241 > Silésie par Krause et Wimmer. Il est, par conséquent, une intéressante acquisition pour notre flore. Nous avons l’honneur de proposer à la classe Pimpres- sion de la notice de M. Wesmael. » Le rapport de M. Kickx, auquel adhère le second com- missaire, M. Martens, est adopté par la classe. e Note sur quelques dérivés du chlorure d'acétyle; par M. le docteur H. Hübner. Rapport de M. Martens. « La notice de M. Hübner, qui se rapporte à l’action du perchlorure de phosphore sur le chlorure d’acétyle , est in- téressante , parce qu’elle montre que le chlore peut rem- placer successivement tout l'hydrogène et tout l'oxygène du radical, de manière à donner finalement un chlorure de carbone. | Le même auteur a étudié l’action du chlorure d'acétyle sur le eyanure d'argent et a obtenu du eyanure d’acétyle. Les expériences me paraissant avoir été faites avec beau- Coup de soin, je ne puis que voter l'impression du travail dans les Bulletins de l'Académie, et demander qu'on adresse des remerciments à l’auteur pour son intéressante communication. » Ces conclusions, semblables à celles de M. Stas, second commissaire, sont adoptées par la classe. ( 242 ) Sur une note de M. le docteur Swarts, préparateur de chimie a PUniversité de Gand. Rapport de M. Stas. « Les travaux de Laurent ont démontré que le brome s'unit, à la température ordinaire, au camphre pour donner - naissance à une matière cristallisée d'un beau rouge, à la- quelle le célébre chimiste a attribué la composition de € Hir @ Br*, L'instabilité de cette matière est telle qu’elle perd du brome par son contact avec Pair en reproduisant le camphre ordinaire. Quoique Laurent n'eút point établi d'une maniére rigou- reuse la composition de ce corps, M. Swarts l’a pris néan- moins pour essayer de la transformer en camphre de Bornéo. En effet, le composé € 1: © Br? peut être con- sidéré comme un produit de substitution de 61 H1 © re- présentant le camphre de Bornéo. Dans sa note, M. Swarts indique les tentatives qu’il a faites pour opérer cette trans- formation, tentatives qui ont échoué, ainsi que les essais qu'il a institués pour déterminer d’une manière rigou- reuse la composition du produit de l’action directe et à froid du brome sur le camphre. Sous ce rapport, le travail de M. Swarts ne présente que des résultats négatifs qu’on pouvait peut-être prévoir d'avance; mais sil a échoué dans la réalisation de l'idée théorique qui l’a guidé, cette étude l'a conduit à la décou- verte du camphre monobromé €10 Hi Br ©, En effet, en chauffant au bain-marie pendant trois heures et dans un tube scellé à la lampe, des quantités équivalentes de brome et de camphre, le brome disparait, il se produit de | ‘acide (243 ) bromhydrique et du camphre monobromé. Convenable- ment purifié, ce dernier corps se présente sous la forme de longs prismes cannelés, durs, friables, d’une odeur rappe- lant celle du camphre ordinaire, fusible à 76°, volatil et bouillant à 264°, Ce camphre monobromé paraît se com- biner avec Pacide bromhydrique, comme le fait le camphre ordinaire ` du moins, M. Swarts a obtenu une matière cris- tallisée, soluble sans altération dans Péther et le chloro- forme, et dont Panalyse a fourni des résultats concordant avec la composition du bromhydrate de camphre mono- hromé, L’étude que M. Swarts a faite de ce camphre mono- bromé présente ce degré de précision qui caractérise tous les travaux sortis du laboratoire de chimie de l’université de Gand, et qui inspirent ainsi une si légitime confiance. Je suis d'avis qu’elle mérite l'approbation de l’Académie, et j'ai l'honneur de Jui proposer d’ordonner l'insertion de la note de M. Swarts dans le Bulletin de la séance et de ` lui voter des remerciments. » Ces conclusions sont adoptées. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Notice sur les organes génitaux des OEoLosoma et des Cuærocasrer ; par M. J. d'Udekem, membre de l'Aca- émie. Dans des publications précédentes, j'ai fait connaitre à l'Académie la structure des organes génitaux de la plupart ( 244 ) des lombricins qui habitent la Belgique. J’ai fait la remar- que à cette époque, que, malgré l’analogie frappante qui existe dans les traits principaux de Porganisation des lombricins, les organes génitaux présentent une diversité de forme trés-remarquable : ainsi les lombrics ont des organes sexuels trés-différents de ceux de tous les autres lombricins ; et quoique les Tubifex, les Naïs, les Enchy- troeus, etc., présentent, sous le rapport de ces organes, plus d’analogie , les différences sont encore grandes. Un important travail de M. Claparede vient de faire connaître un nouveau genre de lombricin, désigné sous le nom de Pachydrilus. Les organes génitaux de ces animaux y sont décrits avec le soin et Pexactitude auxquels ce savant observateur nous a habitués. 11 décrit une nouvelle forme d'organes génitaux qui se rapproche de celle que possédent les Enchytroeus, mais avec des modifications importantes. Il existe encore un certain nombre de lombricins dont les organes sexuels sont incomplétement connus et d’autres qui même ne le sont pas du tout : ainsi les Euaxes, les Lumbriculus, les Dero, les OEolosoma n’ont pas été étu- diés sous ce rapport. Je viens, par cette notice, combler une de ces lacunes, et donner la description des organes géni- taux de P'OEolosoma Ehrenbergii. Y ajouterai quelques con- sidérations sur les autres genres de lombricins. Tous les naturalistes qui se sont occupés des naicidés connaissent la difficulté d'en étudier les organes génitaux , ces animaux ne se reproduisant, pour ainsi dire, que par bourgeons. Dans l'espèce qui nous occupe, les difficultés sont encore plus grandes, à cause de l'extrême petitesse des individus et du petit nombre d’entre eux qu'on trouve munis d'organes génitaux. ( 245 ) Les OEolosoma Ehrenbergii sont hermaphrodites comme les autres naicidés; outre les organes måles et femelles, elles possèdent aussi les organes accessoires de la géné- ration. Les spermatozoïdes sont libres dans la cavité du corps et remplissent quelquefois une très-grande partie de cette cavité. Ils naissent d'un testicule qui n'est, pour ainsi dire, qu'éphémère et qui consiste en une masse cellulense ac- colée sur la face interne de la paroi dorsale du cinquiéme, du sixième et du septième anneau. Les cellules sperma- tiques se détachent du testicule bien avant la formation complète des spermatozoïdes, dont le développement s’ac- complit dans la cavité viscérale. J'ai remarqué qu'il existe. un rapport inverse entre la production des deux sécrétions sexuelles : là où naissent beaucoup de spermatozoïdes, il se produit peu d'œufs et réciproquement. Il est probable que certains individus fonctionnent principalement comme males et les autres comme femelles. Les ovaires sont volumineux, blanes à la lumière directe et paraissent trés-foncés sous le microscope, à cause de la grande quantité de globules vitellins qui s’y trouvent; les ovaires sont placés sur la face interne de la paroi ventrale du cinquième anneau et forment proéminence dans la ca- vité viscérale en repoussant le tube digestif. Quand ils sont très-gonflés d'œufs, ils s’avancent dans le sixième et le septième anneau. Ces ovaires consistent en une membrane enveloppante contenant des œufs à divers degrés de déve- loppement. Quand ceux-ci sont arrivés à maturité, ils sont trés-grands et à vitellus blanc. A la partie ventrale du Seplième anneau et au-dessous de Vovaire se trouve un organe glanduleux formé par une série de glandules, arfangdes les unes à côté des autres et disposées perpendi- (246 ) culairement aux téguments. Au milieu d’elles se trouve une ouverture arrondie à bord froncé paraissant susceptible de se dilater beaucoup et servant probablement 3 la sortie. des œufs et à leur fécondation. Autour de cet orifice et sur les téguments externes se trouvent des glandes dont Pen- semble forme un organe analogue á la ceinture des autres lombricins, quoique disposé d'une manière différente. Il n’entoure pas complétement le septième anneau et n'en revêt que les téguments ventraux. Cette demi-ceinture est probablement un organe de copulation. ll wa paru voir dans Panneau qui précède les organes génitaux, deux petites vésicules placées symétriquement de chaque côté du corps et paraissant s'ouvrir à la face ventrale ; n'ayant fait cette observation que sur un seul individu, je n’ose cependant affirmer que ce soient des vé- sicules spermatiques comme je Pai d’abord pensé. Je wai pu constater si l'œuf, après la ponte , est entouré d’une coque, ni de quelle manière il est pondu. Jai observé chez les OEolosoma Ehrenbergii un phéno- mène que j'avais déjà constaté chez la Naïs proboscidia. C'est celui d’un individu portant des organes génitaux complets et continuant à se reproduire par bourgeons. Dans lun des bourgeons près de se détacher se trouvaient des cellules spermatiques provenant de l’animal mère. Si nous comparons les organes génitaux de POE olosoma Ehrenbergii à ceux des autres lombricins, nous y observons une simplicité beaucoup plus grande de structure, une absence complète d'entonnoir vibratile ou conducteur de sperme. Ils se rapprochent de ceux des Chaetogasters, chez qui les cellules spermatiques flottent également dans la cavité viscérale après leur production et ne sont pas conte- nues dans un coecum invaginé par l'ovaire, comme chez la ( 247 ) Nais probocidia, la Nais elinguis et la Nais serpentina. La ceinture est plus simple et l'existence des vésicules sper- matiques est douteuse. Dans mon Mémoire sur le développement du lombric terrestre, j'ai décrit, sous le nom de glandes capsulogènes, des organes que j'ai rencontrés chez les Tubifex, les Nais, les Euaxes, les Chaetogaster. Les auteurs qui ont bien voulu s'occuper de mon travail, M. Leuckart, par exemple, qui en a donné une analyse, ont combattu ma manière de voir et ont considéré ces organes comme des vésicules - spermatiques. Cependant leur opinion ne s'appuyait que sur Panalogie ; observation n’était pas venue confirmer la vérité de leurs assertions. Les travaux de M. Claparede ont jeté un jour nouveau sur cette question : ila trouvé chez les Pachydrilus des organes analogues à ceux que j'avais dési- gnés comme des glandes capsulogènes, et il a observé dans leur intérieur des spermatozoïdes. Ce fait a, je l'avoue, con- sidérablement ébranlé ma conviction , fondée cependant sur une observation attentive et prolongée sur une grande quan- titéde Tubifex et d’Enchytroeus, chez lesquels je wai jamais rencontré le moindre spermatozoide dans ces organes. Désireux de sortir d'indécision, je me livrai à de nouvelles recherches, j’observai , au mois d'octobre dernier, une Nais probocidia dont les organes génitaux étaient parfaitement développés et les organes en question trés-gonflés , ce qui arrive rarement. Je trouvai à l’intérieur les corps que j'ai décrits dans mon Mémoire sur le lombric terrestre, p. 56, et que je considérais alors comme étant des filaments servant á la confection de la capsule. Ces filaments quand ils sortent de l'organe sont d’abord courbés en are de cercle; ils se redressent bientôt, ils sont allongés, eflilés aux deux extrémités, parfaitement transparents; ils n’ont ( 248 ) aucune ressemblance avec les spermatozoides; aussi mon opinion première paraissait-elle entièrement se confirmer; mais ayant observé pendant très-longtemps ces filaments énigmatiques, j’y vis survenir des changements remar- quables : la transparence disparut et ils se convertirent en un paquet de fils très-minces dans lesquels je reconnus sans peine des spermatozoïdes. Ces corps allongés, qui étaient sortis de l’organe que je considérais comme glande capsulogène, étaient done des spermatophores analogues à ceux qui ont déjà été rencontrés dans plusieurs classes d'invertébrés. Pabandonne par conséquent mon opinion première : les organes que j'ai décrits sous le nom de glandes capsulogénes sont bien réellement des vésicules spermatiques comme avait supposé M. Leuckart. Cepen- dant je pense que ces vésicules séminales ne sont pas simplement destinées á contenir le sperme, il se fait mani festement dans leur intérieur une sécrétion particulière, très-souvent même on n’y trouve que le produit de cette sécrétion. Quel est le but de cette sécrétion ? Est-elle destinée à être méléé au sperme et à rendre la fécondation plus facile? Sert-elle à Paccouplement? Joue-t-elle un rôle dans la confection de la capsule? Ce sont là des questions aux- quelles il est difficile de répondre et que des observations ultérieures viendront probablement éclairer. J'ai consacré un chapitre á la description des organes génitaux du Chaetogaster diaphanus , dans mon travail sur le développement du lombrie terrestre (p. 50). Depuis la publication de ce mémoire, j'ai eu l’occasion d'étudier ces organes chez le Chaetogaster Mulleri et de compléter mes observations premières. Comme M. Claparede le fait re- marquer, je wai pas trouvé des ovaires chez le Chaelo- (. 249 > gaster diaphanus, mais des œufs flottants dans la cavité viscérale, et j'ai été réduit à supposer que les œufs nais- saient sur les parois du corps ou sur le tube digestif. J'ai été assez heureux pour vérifier l'exactitude de mes suppo- sitions. En effet, l'ovaire chez le Chaetogaster Mulleri est fixé sur la face interne des téguments ventraux du troi- sième anneau du corps; les œufs s’en détachent et flottent alors librement dans la cavité viscérale. Chez le Chaeto- gaster diaphanus, le vitellus est d’un beau rouge cinabre; chez le Chaetogaster Mulleri il est blanc : ce qui démontre que ces deux espèces ne peuvent être confondues comme le font plusieurs auteurs. Quelques différences existent encore entre les organes génitaux des deux espèces; Pentonnoir vibratile est porté par un canal déférent, plus long chez le Chaelogaster Mulleri que chez le Chaetogaster diaphanus; les organes glanduleux qui supportent les canaux sont plus arrondis chez le Chaetogaster Mulleri et sont terminés du côté externe, qui présente deux pièces solides que je wai pas trouvées chez le Chaetogaster diaphanus. Les orifices eX- ternes se trouvent placés au même endroit chez les dewx espèces. Les vésicules séminales du Chaetogaster Muller, au lieu d’être remplies de liquide clair, comme chez le Chaetogaster diaphanus que j'avais observé, étaient rem- plies de spermatozoïdes, et donnent une nouvelle preuve que ces organes sont bien réellement les réceptacles du sperme. M. Claparede donne la description de plusieurs opalines qui vivaient en parasites dans les Pachydrilus et clitelis. Vai fait une observation semblable chez les Tubifez, les Lumbriculus et les Enchytroeus. Étant occupé d'un tra- 2" SERIE, TOME XII. | 19 ( 250 ) vail sur les infusoires, je me réserve de donner la des- eription détaillée de ces parasites, me bornant 3 signaler ici leur existence. EXPLIGATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. — Organes génitaux de ?OEolosoma Ehrenbergii. a. Ovaires contenant des œufs à divers degrés de développe- m b. Testicule, Cs Orie externe des organes génitaux. d. Glandules qui entourent Vorifice externe. La demi-ceinture n’est pas dessinée sur la er pour ne pas cacher les glandules et Porifice extern — 2. — Organes E du Chaetogaster Mulleri. a. Ova b. Réceptaces s “st é. Canal déféren d. Entonnoir ve e. Organe gl f. Orifice bierg Co organes génitaux. — 3. — Pièces solides qui entourent les orifices externes des organes génitaux des Chaetogaster Mulleri. Notice sur une hybride de Cirsium; par M. Alf. Wesmael, répétiteur à l’École d’hortieulture de Vilvorde. Dans une herborisation faite le 14 août 1861, j'ai ob- servé, le long de la route de Vilvorde à Louvain, parmi de nombreux individus du Cirsium arvense L. et du Cirsium lanceolatum L., deux pieds d’une légitimité équivoque, c'est-à-dire des hybrides provenant du mariagé adultérin des deux espèces précitées. Afir de pouvoir étudier ces deux sujets, non-seulement % : a“ PP D (251 ) au moment de la récolte, mais pendant une suite d'annéés A á venir, de facon á pouvoir comparer annuellement les modifications qui surviennent dans les hybrides, ils ont été enlevés avec une motte de terre et plantés dans le jardin. Si Pon adopte les idées de M, Grenier, on est conduit á admettre que les deux hybrides proviennent de graines dans la fécondation desquelles l'action du pollen s'est exercée avec une intensité inégale. Jl est évident que les deux plantes se rapprochent beaucoup plus du €. arvense L. que du €. lanceolatum L.; aussi je considère cette première espèce comme ayant servi de porte-graine. Si Pon recherche maintenant quel a été le degré d’ac- tion du pollen sur les deux hybrides, on constate que, chez Pune, ce mode d'action a été beaucoup plus puissant que chez l'autre. En effet, le C. lanceolatum L. a la tige pourvue d’ailes très-développées et spinescentes, carac- tère que Pon retrouve dans l’une des deux hybrides; tandis que l'autre hybride a la tige à peu près dépourvue d'ailes; ces dernières sont représentées par quelques épines à base dilatée et de nature foliacée, disposées en séries ‘recti- lignes. Ainsi done dans Vhybride à tige ailée, l'influence du pollen a été plus puissante que dans celle dont la tige se rapproche davantage du C. arvense. Si Pon examine comparativement Panalogie qui existe entre les feuilles des parents et celles des deux hybrides, on remarque que Vhybride voisine par sa tige du C. lanceola- tum Sen écarte par ses feuilles, qui ont plus ou moins de rapport avec cellesdu €. arvense; tandis que, chez ’hybride analogue par sa tige au C. arvense, les feuilles s'écartent du type de celles de cette derniére espèce et affectent plus ou moins la forme des feuilles du C. lanceolatum. Le Un fait très-remarquable et qui prouve le peu de fixite H ( 252 ) dés caractères que Pon peut assigner à une hybride, c'est que , sur la plante à tige ailée, il existe deux rameaux non ailés et dont les feuilles sont analogues à celles de l’autre hybride à tige non ailée. Ainsi, sur un même sujet, on ob- serve la réunion de rameaux ailés et d’autres non ailés . portant les uns des feuilles se rapprochant de celles de l'espèce regardée comme mère; tandis que les autres sont couverts de feuilles ayant pour type celles de l'espèce con- sidérée comme père. Comme on peut le voir, ni du pollen, quant à la forme des feuilles, aurait été en sens inverse de celle qui a réagi sur les tiges, puisque, sur l’hybride à tige ailée, on observe des feuilles se rapprochant beaucoup de celles du C. arvense, tandis que, sur l’hybride à tige non ailée, on remarque des feuilles ayant beaucoup d’analogie avec wee du C. lanceolatum. En comparant les calathides des deux hybrides avee celles de Pespéce que je regarde comme étant la mère d celles de Vespéce considérée comme père, on constate qu’elles diffèrent peu des calathides du porte-graine. En effet, la grosseur est à peu près la même; elles sont cepen- dant un peu plus dilatées à la base, mais s'allongent beau- coup au moment de Ja maturité. Ce phénomène se produit par suite d’un grand développement des aigrettes, Ce qui donne aux inflorescences une bien plus grande hauteur que chezle C. arvense. La disposition des calathides se rapproche beaucoup de celle du C. lanceolatum : elles sont solitaires au sommet de la tige et des rameaux avec ou sans feuilles florales, En résumé, les deux hybrides se rapprochent évidem- ment davantage du C. arvense que du C. lanceolatum, el en adoptant la nomenclature proposée par M. Scheide, je EN ( 253 ) donne A cette hybride, dont je n’ai trouvé le signalement dans aucun des ouvrages que j'ai consultés, le nom de Cirsium arvense-lanceolatum (1). CIRSIUM ARVENSE-LANCEOLATEM Mihi (2). Tige de cinquante à septante centimètres, dressée, ferme, sillonnée, glabre, plus ou mois ailée, suivant les mérithales ; ou ailes réduites à des épines à base foliacée disposées en séries rectilignes. Calathides solitaires au sommet de la tige et des rameaux, portées sur des pédi- celles de six à dix centimètres, les uns nus, les autres munis de deux ou trois feuilles florales spinuleuses sur les bords, à sommet terminé par une épine plus forte que les latérales, ne dépassant pas les calathides. Péricline ovoide , à base plus élargie que dans le C. arvense; écailles beau- coup plus nombreuses et bien plus étroites, comparées a celles de l'espèce regardée comme mère, vertes , trés-ara- néeuses sur les bords; les inférieures courtes, terminées par une épine extrêmement courte et jaune, non déjetée en dehors, les moyennes plus longues, terminées par une épine égalant environ le quart de la hauteur de Pécaille, un peu déjetée en dehors, mais moins fortement que dans celles du C. arvense, rougeitres; les supérieures à sommet scarieux. Corolles roses à limbe plus court que le tube, ce dernier comparativement plus court que dans le C. arvense. Feuilles glabres sur les deux faces, planes ou à lobes plus ou moins divariqués , pennatipartites ou pennatilides, à segments divisés en lobes plus ou moins profonds, plus (1) Lisez : Cirsium lanceolato-arvense, conformément à la remarque consignée dans le rapport de M. Kickx. (2) Lisez : Cirstum LANCEOLATO-ARVENSE. ( 254 ) larges et beaucoup moins acuminés que ceux du C. lan- ceolatum, trés-épineux sur les bords, á sommet terminé par une épine beaucoup moins forte que dans cette der- nière espèce. | Vivace; août; bords de la route de Vilvorde à Louvain, sous Peuthy. Note sur l’action du brome sur le camphre; par le docteur Th. Swarts, préparateur du cours de chimie générale à l’Université de Gand. A l’époque où les phénomènes de substitution attiraient toute l'attention des chimistes et où Laurent en établis- sait la théorie par ses travaux à jamais mémorables, une foule de corps, et notamment le camphre des laurinées, devinrent l’objet des recherches dirigées en ce sens. Lau- rent fit réagir le brome sur le camphre, mais n'obtint pas de produit de substitution : il n’étudia pas ultérieurement la réaction et se borna à Vindication suivante (HE « Le bromure de camphre Cap His Oa Bra est un Corps cristallisé qui se produit lorsqu'on met le camphre en contact avec le brome. Au contact de Pair, il se liquéfie promptement, en dégageant du brome et en laissant du camphre. L’ammoniaque le change subitement en cam- phre. La distillation le transforme également en brome et en camphre, mais en méme temps il se dégage un peu d'acide bromhydrique et il se forme une petite quantité dune huile bromurée. » ea EE (1) Gerhardt, Traité de chimie organique, t III, p. 696.— Laurent (1840), Comples rendus, t. X,-n:595: * ( 255 ) Le travail que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie a pour objet l'examen du bromure de cam- phre de Laurent et des dérivés auxquels ce corps peut donner naissance. | Bromure de camphre. — Ce corps s'obtient par Paddi- tion directe du brome au camphre, dans le rapport des poids moléculaires de ces deux corps. La combinaison se fait avee dégagement de chaleur très-sensible au toucher. Pour obtenir ce corps à l'état de cristaux, on dissout le camphre dans le chloroforme, et on ajoute à la solution saturée la quantité équivalente de brome. Au bout de quelques heures, il se dépose une poudre cristalline rouge. Par le repos, et surtout par l’abaissement de température de la nuit, les eaux mères fournissent une nouvelle quan- tité de substance, mais cette fois, en beaux cristaux qui ont quelquefois plusieurs cehtimètres de long: ce sont des prismes orangés, terminés par un dôme oblique, ce qui semble devoir les faire rapporter au cinquième système cristallin. Ces cristaux ne se conservent que pour autant qu’on les garde en vases clos et sous une couche du liquide d'où ils se sont déposés. Le contact de Pair les décompose en déterminant la diffusion du brome qu'ils renferment. Cette grande altérabilité s’oppose d'une maniére pres- que absolue á toutes les recherches auxquelles on voudrait soumettre le bromure de camphre, eten rend même l'ana- lyse impossible. Il n’y a aucun moyen de dessécher le pro- duit ou de le débarrasser des eaux méres qui pourraient le souiller; et quand on veut le préparer directement en arrosant le camphre pulvérisé d'une quantité de brome ` équivalente, on obtient une masse páteuse, où Ton dis- tingue des zones de couleur différente, et qui n'offre au- cune garantie de pureté, puisqu'il faut éviter un excès de ( 256 ) brome, et que, d'autre part, la chaleur dégagée par la com- binaison, ainsi que la grande volatilité du brome semble- raient en rendre Vexcés nécessaire. Du reste, telle est l'instabilité de cette substance, qu'il est pour ainsi dire impossible de la peser, son poids diminuant d'une maniére notable pendant la durée d’une pesée ordinaire, par suite de la déperdition continuelle du brome. La formule Cio His © Bra que Laurent attribue à cette substance peut la faire envisager soit comme un produit de substitution du camphre de Bornéo Cio Hig ©, soil comme une combinaison directe du camphre des laurinées avec le brome Br, analogue à celle qu’il forme avec l'acide chlorhydrique. Cette dernière manière de voir me. paraît la plus probable, tant à cause de l'analogie de gene, tion, que de leur instabilité commune. J'ai voulu tenter toutefois de rattacher le bromure a camphre au camphre de Bornéo, en essayant d’y remplacer le brome par l'hydrogène. A cet effet, j'ai dissous le bro- mure de camphre dans de l’acide acétique aussi étendu que possible, et j'ai introduit dans la solution de la limaille de fer. Comme on pouvait le prévoir, la majeure partie du bromure de camphre s'est décomposée en cédant son brome au fer; toutefois une petite quantité parait avoir s subi lin- fluence de l'hydrogène dit naissant, car la solution acéti- que, précipitée par Peau, a laissé déposer du camphre, dans lequel on pouvait distinguer, il est vrai, très-faiblement , r ane du CHERS he Bornéo. Le précipité, desséché con- le l'acide benzoique fondu, - dans un tube scellé. Le mélange, chauffé a 250° pendant plusieurs jours, a produit quelques gouttelettes d’eau qui se sont condensées dans la partie supérieure du tube. Ce fait pouvait donner a supposer qu'il s'était formé un éther ( 257 ) benzoique de l'alcool campholique, avec élimination d’eau; mais la petite quantité d'éther qui aurait pu se former, à en juger par l’eau produite, n’aurait jamais pu suffire à un examen ultérieur. Le fait de la transformation du bro- mure de camphre en camphre de Bornéo reste donc encore à établir, La grande facilité avec laquelle le bromure de camphre se décompose empêche de le soumettre à l’action des réac- tifs : sous leur influence, il se comporte comme un mé- lange de brome et de emgeet mais il n’en est pas de même de l’action de la chaleur. Comme Laurent Pavait indiqué, la majeure partie du brome se dégage à la distil- lation; cependant il se produit un peu d’acide bromhydri- que et d'huile bromurée. J'ai pensé que la production de ce dernier corps se ferait d’une manière plus nette et plus complète, si Pon empêchait le brome de se perdre, c'est- à-dire si Von opérait dans des tubes scellés à la lampe. Effectivement, si l'on soumet le bromure de camphre en vases clos à Faction d’une température de 100°, on voit que la couleur du brome a disparu aprés quelques heures et que le tube contient une huile légérement brunatre. A l'ouverture du tube, il se dégage beaucoup d’acide bromhy- drique, en méme temps que le liquide se transforme peu à peu en une masse cristalline ; toutefois le dégagement du gaz est assez lent et régulier, et semble résulter de la dé- composition progressive de la combinaison de Pacide brom- hydrique, combinaison qui parait me pas exister dans les conditions de pression ordinaire. Quant à la substance eris- talline, elle n'est autre chose qu’un produit de substitution bromée du camphre, produit que rious allons décrire suc- einetement. ` Camphre monobromé. — Cette substance se forme, . ( 258 ) comme on vient de le voir, par la décomposition du bro- mure de camphre sous l'influence de la chaleur Pour l'obtenir, on introduit dans un tube du brome et du cam- phre en quantités équivalentes, et on scelle à la lampe. On peut opérer sur douze grammes de camphre à la fois. On chauffe le tube au bain-marie pendant trois heures, ou jus» qu’à ce que la masse soit liquide après refroidissement. On casse alors la pointe du tube et on le renverse brusque- ment au-dessus d'une capsule, afin de faire sortir le liquide par Veffet de la pression. Sans cette précaution, il se for- merait à la surface du liquide une couche de cristaux qui empécherait le dégagement ultérieur de l’acide bromhy- driqne, en obstruant continuellement la pointe. Quand tout le gaz s’est dégagé, on lave les cristaux à l'eau; on les dissout ensuite dans l'alcool, pour les purifier au moyen du noir animal, et on laisse cristalliser. On traite ensuite ces cristaux par une solution alcoolique de potasse , pour enlever les dernières traces d’acide bromhydrique qu'ils semblent retenir avec beaucoup d’opiniätrete. On éloigne le bromure de potassium en lavant les cristaux à grande eau, et enfin on les dissout dans un mélange d'alcool et d'éther pour les faire cristalliser de nouveau. Ainsi purifié ‚le camphre monobromé est un corps blanc, d’une odeur rappelant celle du camphre artificiel, et d'une saveur analogue à celle du camphre. Fl est beaucoup moins volatil que ce dernier : il ne se sublime pas dans les bocaux, mais ses vapeurs brunissent légèrement l'acide sulfurique sur lequel on le conserve. Il est insoluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et l’öther, qui Pabandon- nent à l'état de cristaux magnifiques. Ce sont de longs prismes cannelés, durs et friables, doués d'un aspect soyeux et nacré et terminés par un sommet oblique : ils ( 259 ) réssemblent beaucoup aux cristaux durée déposés de l'alcool, Le camphre monobromé distille à 264°, en ne lais- sant qu'un faible résidu charbonneux; il fond à 76° en- viron , mais peut rester liquide jusqu’à 56°, par un refroi- dissement lent : l'agitation ou l'introduction d’un corps étranger le solidifie en une masse cristalline radiée. Voici les résultats que le camphre monobromé a och à Panalyse : L.... 0sr,3972 ont donné 0sr,5261 AgBr. If... 0sr,1642 ont donné O0sr,0971 H,0- et 0s",5104 € Da MI... 08,5567 ont donné Ger 2900 AgBr. IV... 0sr,2482 ont donné 0sr,1511 H, @ et 0sr,4631 G ©. Ce qui donne : CALCULÉ. TROUVÉ. nn ເດີ Se, A I et Il. I, ly. ae 120 51.94 51.67 5 51.10 _ ae 15 6.49 6.57 SS 6.76 e TE 80 34.63 3492 3458 = 0 16 6.95 eu = - 251 Le camphre monobromé n’est pas attaqué par une solu- tion alcoolique de potasse, même par un contact de plu- Sieurs heures à 100°. L’oxyde d’argent le décompose, mais d'une manière peu nette, au sein d’une solution dans le chloroforme. 11 se dégage de l'acide carbonique, et il se forme du bromure d'argent et de l'argent métallique : le chloroforme retient une matière huileuse en même temps qu'une grande partie de produit non décomposé. même que le camphre, le camphre monobromé absorbe l'acide ehlorhydrique ou bromhydrique en formant ( 260 ) une huile trés-instable qui se décompose au contact de Pair. Cependant les derniéres traces d’acide bromhydrique sont retenues avec beaucoup de force, et, quand, dans la préparation du camphre monobromé on soumet les tubes pendant longtemps a l’action de la chaleur, au lieu d'obte- nir, après le dégagement de Vacide bromhydrique, des cristaux durs et prismatiques, on obtient un corps cris- tallisé en paillettes douces au toucher et qui se con- serve ainsi, pourvu qu’on n’emploie que des dissolvants, tels que Péther ou le chloroforme, qui n’enlevent pas acide bromhydrique. Ce corps parait avoir pour formule Ca His Br © + HBr; en effet | 37,2494 ont donné 0sr,2284 AgBr. Ce qui correspond à Br 0/0 39,05. La formule exige 38,86. Du reste, la potasse alcoolique, la distillation et même le vide le décomposent en camphre monobromé et en acide bromhydrique. L’acide sulfurique se colore en brun en dissolvant le camphre monobromé : l'acide nitrique le dissout à chaud et abandonne par le refroidissement une huile que l’eau décompose en acide nitrique et en camphre monobromé. - Mais si Pon prolonge l’action de l'acide nitrique, et qu'on la favorise par une longue ébullition, des vapeurs ruti- lantes se dégagent en abondance, et Pon obtient, après évaporation de l'acide en excès, une masse cristalline, molle, qui abandonne à la potasse une petite quantité d'un corps qu’on peut en précipiter par un acide, et qu n'est pas sans analogie avec l'acide camphorique. I] se dissout en même temps une huile qui forme avec la potasse une combinaison jaune et que les acides mettent égale- ment en liberté. Mais la plus grande partie du campbre — 261 ) monobrome se change en une substance insoluble dans l'eau et dans la potasse , peu soluble dans Paleool, d’où elle cristallise en petits cristaux confus , doués d’une odeur qui rappelle la mélasse , et ne ressemblant en rien au camphre monobromé. Dans certains cas, on en retire par l'alcool une autre substance bien cristallisée. Malheureusement, lous ces corps ne s’obtiennent pas à volonté, et je ne suis pas parvenu a les purifier convenablement. Je me propose donc de les étudier ultéricurement, et j'aurai Phonneur de soumettre mes résultats à l’Académie. En résumé, le brome, en agissant sur le camphre, s’y combine directement à froid, et forme un produit de sub- stitution à chaud. Quand on fait la réaction dans un appa- reil distillatoire, il n’y a qu’une petite partie de brome qui agisse, et, par suite, il ne se forme que peu de camphre monobromé. Quant à l’acide bromhydrique, il se combine à une partie du camphre pour former une huile qui est probablement celle à laquelle Laurent fait allusion, Quoi qu'il en soit, le camphre monobromé présente quelque intérêt, en ce que, contrairement aux autres dérivés que produit le camphre sous l'influence de Piode, du chlore où du perchlorure de phosphore, dérivés de consistance pateuse ou mal définis, il constitue un corps parfaitement Stable et qu’on obtient toujours égal à lui-même. On peut done espérer qu’en le traitant par des réactifs convenables, on réussira à déplacer le brome et à en obtenir des dérivés analogues à ces corps remarquables qui sont venus se rattacher, dans ces derniers temps, aux acides organiques romés, ( 262 ) Note sur quelques dérivés du chlorure d’acetyle; par M. le docteur H. Húbner. H Action du chlorure d’acetyle sur le pentachlorure de phosphore. — On sait que le pentachlorure de phosphore, en réagissant sur un acide monobasique, donne ordinai- rement le chlorure d’un radical oxygéné. On a tenté a plu- sieurs reprises de remplacer Poxygéne de ce chlorure à l'aide du même agent par deux atomes de chlore; c'est ainsi que MM. L. Schischkoff et Rósing (1) ont préparé un trichlorure dérivant du chlorure de benzoyle. Les essais tentés dans cette voie sur le chlorure d’acétyle n’ont pas - fourni jusqu'ici des résultats bien nets: la difficulté provient surtout de ce que le chlorure €, Hz Ci; ne peut s'obtenir à l’état de pureté, attendu que le pentachlorure de phosphore ne remplace pas seulement l'oxygène de Vacétyle, mais agit aussi sur l'hydrogène, en formant un grand nombre de combinaisons qu'il est trés-difficile de séparer les unes des autres. Pour faire réagir le pentachlorure de phosphore sur le chlorure d'acétyle, on enferme ces deux corps dans des tubes scellés à la lampe, et on Jes soumet à l’action de la chaleur. Au bain-marie, la réaction a lieu à la longue : elle s'effectue en quelques minutes à la température de 190°. On reconnait qu’elle est terminée , lorsque, après rêe- froidissement, les tubes ne renferment plus qu’un liquide. En ouvrant ces derniers, il se dégage beaucoup d'acide EE comme Beilstein l'avait déjà remarqué (2); (1) Schischkoff et Rising, Comptes rendus, t. wa, p. 565. (2) Beilstein, Ann. Chem. Pharm. , t. CVI, p- | ( 265 ) et ce fait prouve que ce n’est pas le composé € Hy Gt, qui a pu se former. Le liquide restant dans les tubes ren- ferme différents produits qu'on obtient par distillation fractionnée. Il distille d’abord un peu de chlorure d'acétyle qui a échappé à la réaction. On obtient ensuite, à 78°, du tri- chlorure de phosphore, qui constitue la majeure partie du produit contenu dans les tubes. Le trichlorure de phos- phore a été caractérisé par sa décomposition en acide chlorhydrique et en acide phosphoreux, en présence de l'eau; ce dernier transformait le chlorure mercurique en calomel, dégageait de l'hydrogène phosphoré par Vévapo- ration, etc. Après le trichlorure de phosphore, le produit Je plus abondant était le chlorure de trichloracétyle, bouillant à 118°. Comme analyse de ce corps est trés-difficile, à cause de son instabilité, je Pai transformé en éther trichloracé- tique, en le faisant réagir sur Valcool fort, et en ajoutant ` ensuite de l’eau, dans laquelle cet éther est insoluble. I donna 4 Panalyse les nombres suivants : esse de substance ont donné re 0573 H, 6-. s > 0sr,2046 € ©... db 2408 » » Ost,5585 AgCl. Ce qui donne : CALGULE. TROUVÉ, Me O 25,04 .. er 5 2,61 2,82 Che... . 1005 55,61 56,04 M no : Je trouvai, en quatrième lieu, une quantité très-faible Cune huile insoluble dans l’eau, d’une odeur piquante et ( 264 ) d'une action irritante sur les yeux. Elle bout à 60° envi- ron; mais ce point d'ébullition est singulicrement retardé par la présence d'une substance cristalline que Phuile tient dissoute. Les conditions les plus avantageuses pour la for- mation de cette huile sont de chauffer pendant longtemps, à 100°, cing grammes de chlorure d'acétyle avec quinze grammes de pentachlorure de phosphore. Un échantillon préparé de cette manière et lavé à l’eau a fourni les nom- bres suivants : Der,1957 de substance ont donné 0sr,6508 AgCl/, ce qui correspond à 80,57 de chlore. La formule €, Hs Cl en exige 79,77. Il restait enfin dans l'appareil distillatoire une petite quantité d'un corps cristallin, insoluble dans l'eau et qui, après deux cristallisations dans l'éther, donna des cristaux blanes et déliés, doués d’une odeur faible, et dont le point de fusion et d'ébullition était à 180°-181°. ls se volatili- saient déjà à une température relativement basse. Ils ont fourni le résultat suivant à Vanalyse : Uer, 2133 de substance ont donné Osr,8600 Ag Cl, ce qui correspond à 87,559, de chlore. La formule €, H C's en exige 87,65. J'avais considéré ce corps, avant d'en avoir déterminé le point de fusion et le contenu en chlore, comme du cblo- rure de carbone €, Cl: et, dans cette idée, je fis encore réagir Je pentachlorure sur le chlorure d’acétyle, et cette fois dans les proportions nécessaires pour former le sesqui- chlorure de carbone. } Jélevai la température jusqu'à 250°. Dans ces Con- ( 265 ) ditions, presque tout le pentachlorure était décomposé; toutefois il en restait encore un peu; ce qui fit qu’au lieu d'obtenir des cristaux purs, je les obtins encore imprégnés d'huile. Parmi les huit combinaisons : €, H, OO Sie 6, H, Cl 6:00} €, A, Cl, GH Ci, 0 Cl | €,H Cl, €, Cl, OO E El qui peuvent résulter de Paction du pentachlorure de phos- phore sur le chlorure d'acétyle, il en est une, le chlorure de bichloracétyle, que Pon peut envisager comme du chloral : Je n’en ai pas observé la formation. Dans les réactions que je viens de mentionner deux atomes de chlore du pentachlorure de phosphore agissaient Comme du chlore libre. il n’était pas sans intérêt de rechercher si telle n’était Pas la réaction générale de ce pentachlorure sur les sub- stances dépourvues d'oxygène. A cet effet, j'ai chauffé à 150°, six grammes de chlorure d’élaile avec une quantité équivalente de pentachlorure de phosphore. 11 se forma de Pacide chlorhydrique, et le corps €, H; cl;, mélangé d'au- tres chlorures, qu'il retient toujours en petite quantité. Ce Corps Ca Ha Cl; préparé au moyen du chlorure d’élaile, se distingue par son odeur et son point d'ébullition de son isomére, qu’on obtient au moyen du chlorure d'acétyle. Il donna les nombres suivants à l'analyse : ; 0sr,2582 de substance donnèrent 08r,0565 H, ©. » » » 0sr,1654 € Oy. Oer,2124 » » 0sr,6842 AgCl. 2% SÉRIE, TOME XII. ( 266 ) Ce qui donne : , CALCULE. TROUVE. €, = 24 — 17.97 17.47 H,= 3— 224 2.42 Cl, 106,5 79.77 80.12 Je me suis assuré aussi que Piodure d’éthyle donne, avec le pentachlorure de phosphore, de l'acide chlorhy- . drique et de Piodure de phosphore PP. L’élaile n'enlève pas du chlore à la vapeur du pentachlorure de phosphore. comme le fait Pamyléne, d’après les recherches de Gu- thrie (1). Je ferai remarquer ici que des cas analogues étaient déjà connus. C’est ainsi que M. Kekulé regarde comme vraisemblable la transformation du chlorure de chloroben- zoyle, sous influence du pentachlorure de phosphore, en chlorure de bichlorobenzoyle et acide chlorhydrique avec formation de trichlorure de phosphore (2). De même , M. Wurtz (5) a préparé avec Pamyle €, Ha et le penta- chlorure de phosphore les deux chlorures €; H Ch el Co Hy Ch. Enfin M. Henke a transformé le pentachlorure de phosphore en trichlorure, en le faisant réagir sur Pacé- tamide et la butyramide (4). Si Pon considère maintenant l’action que le pentachlo- rure de phosphore exerce sur les corps qui renferment du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène, on voit qu’il peut réagir de différentes manières : ou bien, un atome d’oxy- sis Di or 2 RN (1) Guthrie, Journal of the chemical Society, t. XIV, 2, P- 137. (2) Kekulé, Ann. de Chem. et de Pharm. vol. CXVII, p. 150. (5) Wurtz, Ibid., vol. XCVI, p. 368. (4) Henke, Ibid., vol. CVI, p. 272. ( 267 ) gène est échangé contre deux atomes de chlore (par exem- ple €, H, © + PCI, Cl, = €, H, Cl, + PCI, ©); ou bien encore un atome de chlore remplace HO- avec dégagement d'acide chlorhydrique (par exemple €, H, 0, + PCI, Oz €, H, © Cl + CIH + PCI, ©); ou bien enfin, l'hydrogène est remplacé par chlore avec dégagement d'acide chlorhydrique et for- mation de trichlorure de phosphore (par exemple €, H; 0, Cl +5 (PCI, Cl) = Ge Cl 9, Cl + 3 HCl + 3 PCl. Ce dernier cas se présente lorsque l'oxygène est, pour ainsi dire, en combinaison intime avec le reste, c’est-à-dire lorsqu'il se trouve dans le radical. La réaction se passe évidemment encore de la méme maniére pour les substances hydrocarbonées, attendu que celles-ci ne peuvent céder de Poxygéne au trichlorure. Dans le cas où Phydrocar- bure ne peut que se combiner au chlore par addition, il se pourra qu’il ’enléve simplement au pentachlorure, avec formation de trichlorure de phosphore. Action du chlorure d’acetyle sur le cyanure d'argent. — La grande analogie qui existe entre les combinaisons de la série benzoïque et les dérivés de Pacide acétique donnait à prévoir l'existence du eyanure d’acétyle, analo- gue à la substance correspondante que.Liebig et Wöhler (1) ont décrite dans leur mémorable travail sur le benzoyle. Les expériences suivantes ont confirmé ces prévisions. Si Pon met en contact le cyanure d’argent et le chlo- rure d'acétyle, il ny a pas de réaction á la température ordinaire, ou tout au moins les corps ne réagissent que fort à la longue. Mais une réaction s'établit très-vivement à 100°, et Pon reconnaît qu'elle est terminée quand la (1) Liebig et Wöhler, Ann. de chim. el de pharm., t. MI, p. 267. ( 268 ) masse devient fluide. En ouvrant les tubes dans lesquels l'opération s’est faite, on n’y trouve qu’une faible pres- sion, et Pon perçoit une odeur qui rappelle à la fois acide prussique et Pacétamide. Si Pon met les tubes en communication avec un réfri- gérant de Liebig , pour séparer le liquide qu'ils renferment d'avec le chlorure d’argent formé, on obtient d’abord une liqueur bouillant à 80° et qui n'est qu’un corps qui sera décrit plus loin et souillé d'acide prussique. Cette sub- stance s’altère même en vases clos, en se colorant en brun. On obtient ensuite un liquide incolore bouillant d'une manière constante à 93° et se laissant aisément décom- poser par l’eau. On recueille enfin quelques gouttes d'un liquide insoluble dans l’eau et distillant à 170°. Le liquide bouillant à 93° fut soumis à deux distilla- tions successives qui ne laissèrent qu'un faible résidu. L'analyse en donna les résultats suivants : FX de mecs donnèrent 0sr,1882 H, O- 5142 € 0, Ba Osr dus » » 0sr,0654 H,-0-. » SW Uer, 99 € 69; janes » » 0sr,6256 NH, Cl Pi Cl, » » » Ost,2755 Pt. Gere e gr 5444 AYEN. Ce qui conduit aux nombres suivants : CALCULÉ. ‘ TROUVE. €, = 54 — 52,18 5245 54.84 H;= 5— 450 4.91 511 0 = 16 — 93.17 $ e N = 14— 20929 (19.95 en Pd). (19.54 en Ag&N). dE ( 269 ) | L'hydrogéne, comme on le voit, est un peu trop élevé ; ce qui tient à la présence de l'azote dans la substance. En effet, l’eau condensée dans le tube à chlorure de calcium . était acide, malgré l'emploi du chromate de plomb et Pin- terposition d’une longue couche de cuivre métallique. Le dosage du cyanogéne a été effectué en décomposant le eyanure d’acétyle par le nitrate d’argent dans un tube scellé à la lampe. Le eyanure d’acétyle présente les propriétés suivantes : il bout à 95°, il est plus léger que leau et se laisse peu à peu décomposer par ce liquide, comme le chlorure Vacétyle, en produisant de l'acide prussique et de l'acide acétique. En effet, cette solution produit du bleu de Prusse et donne une coloration rouge de sang avec le “chlorure ferrique et le sulfure d’ammonium; en outre, elle dégage une odeur nettement marquée d'éther acétique, quand on la traite par l’acide sulfurique et l'alcool. Le cyanure d’acétyle répand une odeur à la fois prussique et acétique, Au contact de Pair, il se transforme en une sub- Stance cristalline soluble dans l’eau. Conservé en vase clos, il se transforme lentement en une huile insoluble dans l'eau. Ce changement se produit instantanément, et avec élévation de température, au simple contact d’un morceau de sodium ou mieux de soude caustique. Cette huile constitue le corps qu’on obtient à 170° en distillant le produit brut renfermé dans les tubes. (Voir plus haut.) On la purifie par des lavages à l'eau. Elle ne tarde pas à se transformer en une masse cristalline radiée. Ce changement s'effectue instantanément par une agitation brusque ou par l'introduction d'un corps anguleux. Cette matière, recristallisée lentement de l'alcool, donne de grands cristaux- tabulaires, biselés, et dont la compo- ( 270 ) sition , chose remarquable, coincide exactement avec celle du cyanure d’acétyle liquide. 0sr,2189 de substance ont donné 0sr,6954 NHC/, PiCl,. D » » Uer, 2070 Pi. 1.7. 08r,1020 e » Osr,0496 H,0- 3 » 0871945 6 By. n.. 0er 2654 e ` » Oer,1110 H, 6. o » 08r,5075 € 0,. - Ce qui conduit aux nombres suivants : CALCULE. A TROUVÉ. been, a €, = 36 — 52.189, 52.00 52.15 H,= 3— 4.30 3.40 4.63 4 = 16 — 9317 N =14— 20.29 49.89 19.85 (Pr). Cette matière solide fond à 69° et bout à 170°. Elle reste longtemps fluide 4 une température relativement basse. Elle est soluble dans alcool, Péther, Pacide sulfu- rique, acide acétique concentré et Pammoniaque forte. L'eau ne la dissout pas. Elle dégage de Vammoniaque par Pébullition avec la potasse. Si Pon cherche la cause des différences qui existent entre ces deux substances présentant la méme composition, el dont l’une se transforme même, sous l'influence de Peau , en une combinaison cyanique, tandis que l’autre produit de l’'ammoniaque en se décomposant, on voit qu'il faut la rechercher dans les positions respectives de l'azote, par rapport au carbone et à 'hydrogéne. Dans la combinaison liquide, l'azote et le carbone se trouvent à l'état de eya- ( 274 ) nogéne, tandis que cet état de choses n’existe plus dans la substance cristalline, où le carbone du cyanogéne semble s'être combiné au groupe €: Ha ©. Il n’est done pas invrai- ` semblable que , sous l'influence de la potasse, on obtienne un corps de la composition €; Hz K 5. Je me propose d'exa- miner ce sujet ultérieurement, et j'aurai l'honneur de sou- mettre les résultats de mes expériences à l’Académie. La classe s’est occupée ensuite de la révision de la liste de présentation pour les élections prochaines. ( 272 ) CLASSE DES LETTRES. _— Séance du 4 nov embre 1861. M. ve Ram, directeur. M. Ap. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Gerlache , Grandga- gnage, Gachard, Borgnet, David, Paul Devaux, De Dec- ker, Bormans, Leclereq, Polain, Arendt, Chalon, mem- bres; Nolet de Brauwere van Steeland, associé; Thonissen, correspondant. CORRESPONDANCE. M. le seerétaire perpótuel fait connaitre qu'il a recu de M. le Ministre de l’intérieur une lettre qui tend à aplanir les difficultés relatives à l'impression des chroniques de Georges Chastellain que prépare la Commission des monu- ments de la littérature française en Belgique. — M. Gachard, secrétaire de la Commission royale d'his- toire, fait parvenir tous les ouvrages historiques qui ont été reçus depuis un précédent envoi. — Ces publications seront déposées dans la bibliothèque de l’Académie. — M. Thonissen fait hommage de différents écrits de sa ( 273 > composition : 1° La Vie du comte Félix de Mérode; 2° Le Communisme et l'Église primitive; 5° la deuxième édition de La Belgique sous le règne de Léopold I”. — Remerci- ments. — M. le secrétaire perpétuel dépose le tome XI des Mémoires couronnés et autres mémoires de l'Académie, format in-octavo, comprenant quatre écrits de la classe des lettres, par MM. Van Duyse, Hahn et Félix Néve, ainsi qu'un mémoire de géométrie dü à M. Ernest Lamarle, as- socié de la classe des sciences. RAPPORTS. La commission mixte de la classe des letfres et de la classe des sciences présente son rapport sur le prix perpé- tuel fondé par M. le baron de Stassart, pour la biographie d'un savant belge. D’après Je vœu du donateur, ce prix de six cents francs sera décerné tous les six ans, « à la suite d'un concours ouvert deux années d'avance, à l’auteur d'une notice sur un Belge célèbre, pris alternativement parmi les historiens ou les littérateurs, les savants et les artistes. » M. Arendt, rapporteur de la Commission , s'exprime dans les termes suivants : La commission que vous avez chargée de rédiger le pro- gramme du concours et à laquelle étaient venus se joindre nos honorables confrères MM. Stas et Van Beneden, délé- gués de la classe des sciences, s’est réunie avant-hier et wa chargé de vous soumettre le résultat de ses délibéra- tions. Elle vous propose , à l'unanimité, de mettre au con- cours la biographie de Van Helmont. . 1 274 ) Elle a été amenée á faire ce choix par la considération suivante : il a été constaté que le fondateur du prix a ex- primé le désir que le choix de l’Académie se fixät sur ce savant, qui avait été parent d'un de ses ancétres, et votre commission a pensé qu’il y avait d'autant plus lieu à se conformer à ce vœu, que les titres scientifiques de Van Helmont sont aussi nombreux que notoires et importants, et qu’il existe dans différents dépôts du pays des documents inédits qui permettent de présenter dans leur véritable jour, et plus complétement qu’on n’a pu le faire jusqu'ici, les travaux et les principales phases de la vie de cet illustre savant qui fait époque dans l’histoire des sciences. Conformément aux conclusions de ses commissaires la - classe a adopté le programme suivant : CONCOURS. PRIX PERPETUEL FONDE PAR LE BARON DE STASSART. La classe met au concours un travail sur Van Helmont, comprenant, outre la biographie de ce savant, un exposé critique de ces découvertes et de sa doctrine; elle désire que les concurrents utilisent, d cet effet, les documents concer- nant Van Helmont qui existent dans les differents dépôts littéraires du pays. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de six cents francs. Les notices devront être rédigées en français el adressées, franches de port, avant le 4° février 1863, à _M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. ( 275 ) L’Académie exige la plus grande exactitude dans les citations, et demande que les auteurs indiquent les édi- tions et les pages des livres qu’ils citeront. Les auteurs ne mettront point leur nom 4 leur ouvrage ; ils y inscriront seulement une devise, qu’ils répéteront sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse : faute par eux de satisfaire á cette formalité, le prix ne pourra leur étre accordé. Les ouvrages remis aprés le temps prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaitre, de quelque maniére que ce soit, seront exclus du concours. L’Académie croit devoir rappeler aux concurrents que les manuscrits qui ont été soumis 4 son jugement restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs pour- ront en faire prendre une copie á leurs frais , en s'adres- sant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. oe Bruxelles, le 4 novembre 1861. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Gachard fait une communication verbale au sujet du procés que la marquise du Chátelet était venu soutenir a Bruxelles et de la découverte de plusieurs lettres auto- graphes que cette dame avait adressées á un membre du conseil de Brabant. Des piéces nombreuses, relatives a cette affaire et aux démarches faites a cette occasion par Volaire, ont été remises récemment aux archives générales du royaume. M. Gachard se propose d'en entretenir plus tard la classe des lettres. ( 276 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Seance du 7 novembre 1861. M. Vax Hassett, vice-directeur. M. Ab. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, De Keyser, Fr. Fétis, G. Geefs, Leys, Navez, J. Geefs, Erin Corr, Ed. Fétis, De ‘Busscher, Portaels, membres; Alph. Balat, correspondant. —— CORRESPONDANCE. — M. Galimard fait hommage d'un exemplaire de denx photographies, d’après ses tableaux, qui représentent FOde et la Poésie amoureuse. M. Demanet, correspondant de la classe, présente, de son côté, un exemplaire de la deuxième édition de son _ Cours de construction en deux volumes in-octavo avee allas. Remerciments. ( 277 ) RAPPORTS. — La classe entend quelques rapports verbaux sur des tra- vaux qui Jui ont été soumis et dont l'examen West pas encore entièrement terminé. A ce sujet, M. F. Fétis entretient l’Académie de la dif- ficulté qu’on a, dans les différents États, à se mettre d’ac- cord sur la valeur d’un diapason uniforme. Cette difficulté devient surtout grande dans un pays qui a beaucoup de fabricants d'instruments et produit beaucoup d'exécutants distingués qui doivent pouvoir, dans leurs voyages, s'ac- corder avec les orchestres étrangers. COMMUNICATIONS ET LECTURES. — M. Portaels, récemment revenu d’un voyage qu'il a fait à Rome, donne quelques détails sur les résultats de son séjour dans cette capitale. H signale en même temps la Position désastreuse de Jauréats belges et l'insuffisance de la pension qui leur est allouée pour frais de séjour et de Voyages. MM. De Keyser et Navez parlent dans le même Sens et pensent que le sort des pensionnaires devrait être amélioré. D'après la décision de la classe, M. le secrétaire perpé- tuel écrira à M. le Ministre de l'intérieur pour Vinviter a Vouloir bien porter son attention sur cet état de choses et ( 278 ) sur les moyens d'améliorer la position des pensionnaires, devenue depuis longtemps trés-pénible par suite du ren- chérissement de tous les objets. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES. M. Braemt, trésorier de la Caisse centrale, fait con- ` naître les résultats obtenus au profit de cette institution par l'exposition du portrait de Sa Sainteté Pie IX. Pen- dant le peu de jours que le tableau a été exposé, dans le salon de PAcadémie, il a produit environ deux mille francs. M. le secrétaire perpétuel ajoute que, d'accord avec MM. Braemt et Éd. Fétis, secrétaire de la Caisse des ar- ` tistes, il a exprimé à M. Gallait les remerciments de Pin- stitution dont il est un des fondateurs. La classe s'associe entièrement à ce témoignage de reconnaissance. — La classe s'occupe ensuite de dresser la liste de pré- sentation des candidats afin de remplir les places devenues vacantes, OUVRAGES PRESENTES. e — Discours prononcé d la salle des Promotions , le 5 novem- bre 1861, par P.-F.-X. de Ram, recteur de l’Université ca- tholique de Louvain, après le service funèbre célébré en l’église Primaire de Saint-Pierre, pour le repos de l’âme de M. Ignace- Antoine-Joseph Quirini. Louvain, 1864; in-12. Antoine Sanderus et ses écrits. Une page de notre histoire ( 279 ) littéraire au XVII" siècle, par le baron Jules de Saint-Genois. Gand, 1861; in-8°. La Belgique sous le règne de Léopold I". Études d’histoire contemporaine; par J.-J. Thonissen; t. I et IJ. Louvain, 1861 ; 2 vol. in-8°. Le communisme et l’Église primitive ; par J.-J. Thonissen. Louvain , 1861; in-8°. Vie du comte Félix de Mérode; par J.-J. Thonissen. Lou- vain, 1861; 1 vol. in-8°. Traité déntral des applications de Vélectricité; par M. Gloe- sener, tome I”. Paris et Liege, 1861; 1 vol. in-8°. Cours de construction; par A. Demanet, 2* édition. Paris, 1861; 2 vol. in-8° et un atlas in-4° oblong. Programme des cours de Uuniversité de Liége, pendant l’année académique 1861-1862. Liege, 1861; in-plano. Courses archéologiques à travers la province de Liége, essai de tablettes liégeoises, 55° livr.; par Alb. d’Otreppe de Bou- vette. Liége, 1861 ; in-12. Etude hyyiénique sur Vinfluence que les établissements in- dustriels exercent sur les plantes et sur les animaux qui vivent dans le voisinage, ou examen des dommages qui sont généra- lement imputés à ces établissements ; par H. Boéns. Charleroi, 1855; in-8°. Traité pratique des maladies, des accidents et des diffor- mités des houilleurs; par H. Boéns-Boissau. Bruxelles , 1862; in-8°, Etudes littéraires ; ; par B. Van Hollebeke. Bruxelles, 1861; in-8°, Unité er Le duc Gotha et son peuple; traduit de Pallemand par Gustave Oppelt. Bruxelles, 1861; in-8°. Annales de la construction de l’église Suinte-Waudru, d Mons; par Léopold Devillers. Gand, 1858; i Notice historique sur Philippeville, ead par Albert de Robaulx de Soumoy. Namur 1860; in-8°. ( 280 ) La maitrise de Saint-Trond, première partie de l'histoire de soupe el parlement; par J. Demal. Saint-Trond; in-8°. L'avouerie de Saint-Trond, épisode de l'histoire de cette ville; par J. Demal. Saint-Trond; in-8°, Annales du cercle archéologique de dus t. 11. Mons, 1860; in-8°. Revue trimestrielle, 52° vol. Bruxelles, 1861 ; 1 vol. in-12. Journal historique et littéraire, t. XXVIII‘, livr. 7. Liege, * 1861 ; in-8°, Lu Belgique horticole , rédigée par Edouard Morren, 1861, juillet à septembre, 10° à 12° livr. Liége; broch. in-8°. Bulletin de VAcadémie royale de médecine de Belgique, année 1861, II° série, t. IV, n° 8. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Annales d’oeulistique, 24° année, t. XLVI, 5° et 4 livr. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Annales de la Société médico-chirura gicale de Bruges, XXII année, juillet et août. Bruges, 1861 ; in-8°. Bydragen voor vaderlandsche geschiedenis en oudheid- kunde, verzameld en uitgegeven door J.-A. Nyhoff. Nouvelle série, t. I, liv. 5 et 4; t. I, liv.1, 2et 5. Arnhem, 1859-1860; in-8?. De vrijwording van Noord-Brabant in 1795; door G.-W. Vreede. Bois-le-Due, 1859, in-8°. Over de Volkenregtelijke dwaalleer der satadi ga door G.-W. Vreede. Utrecht, 1860; in-8°. Levensberigt van M. Cornelius van Marle; door G.-W. Vreede. Leide, 1861 : ; in-8°, Inleiding tot eene D dhialense der nederlandsche diploma- tie; door G.-W. y Vreede, 2° partie, t. II. Utrecht, 1861 ; in-8°. Georgii Guilielmi Vreede oratio de juris publici et gentium praeceptis, a liberae Europae civitatibus adversus vim ac dolum potentiorum fortiter tuendis. Utrecht, 1861 ; in-8". Cicero pro Roscio Ameri ino, antwoord van S. Karsten aan J.-C.-G. Boot. Utrecht, 1861; in-8°. ( 281 ) Presse scientifique des Deux Mondes, année 1861, n°’ 1 8a 22. Paris, 1861; 5 cahiers in-8°. LInvestigateur, journal de l'Institut historique, 28° année, 521°-522° livr. Paris 1861 ; in-8°. Journal de la Société de la morale chrétienne, t, XE, n° 6. Paris, 1861 ; in-8°. Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, 5° volume , année 1859-1860. Caen, 1864 ; in-8°. Recueil des publications de la Société havraise d’études diverses de la 26° année, 1859. Havre, 1860; in-8°. Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1860,t.1et II. Nancy, 1561 ; 2 vol. in-8°. Album historique de Troncais, Commentry, Montlucon, Néris et Montassiégé, composé et dessiné par Edmond Tudot. Paris, 1861; in-fol. Collection de figurines en argile, œuvres premières de l'art _ Gaulois, avec les noms des céramistes qui les ont exécutées ; recueillies, dessinées et décrites par Edmond Tudot. Paris, 1860; Beie Etude sur Néris , la ville antique ; par Edmond Tudot. Mou- lins, 1861; in-8>. Essai gies et liturgique sur les ciboires et la réserve de l Eucharistie; par l'abbé J. Corblet. Paris, 1858; in-8°. Sur la longévité inégale des animaux supérieurs et des ani- Maux inférieurs dans les dernières époques géologiques ; par Albert Gaudry. Paris, 1861; in-8°. Lode, photographie d’après le tableau d’Auguste Galimard. Paris, 1861; in-plano. La poésie amoureuse, photographie d' après le tableau d'Au- guste Galimard. Paris, 1861; in-plano. Essai historique sur le Hoop, par E. de Coussemaker. Lille, 1861 : > ronaformation des inondations en de fécoisieà irrigations, ou l'agriculture rendue florissante par l'emploi dés eaux plu- 2"° SÉRIE, TOME XII. 21 ( 282 ) viales; par F. d’Olineourt. 2° edition. Mirecourt, 1861; in-12. Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences na- turelles, tome XVII. Zurich, 1860; in-4°. Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern. Jahres 1858-1860. N° 408-468. Berne, 1858-1860; 3 cahiers in-8°. Verhandlungen der-schweizerischen naturforschenden Ge- sellschaft bei ihrer 43. Versammlung in Bern den 2, 5 und 4 August1858. Berne, 1859; in-8°. Atti della Societa elvetica delle scienze naturali riunita in Lugano nei giorni 11, 12 e 15 settembre 1860. Sessione 44°. Lugano, 1864; in-12. Uber Orpheus und die Orphiker ; eine akademische Abhand- XIII Bandes, 1° Heft, 1850-1861. Carlsruhe; 12 vol. et un ca- hier in-8°. Quellensamlung der badischen Landesgeschichte. Im Auf- trage der Regierung herausgegeben von F.-J. Mone. 1°-5° Bandes, 1845-1860. Carlsruhe ; 3 vol. in-8°. Zeitschrift des historischen Vereins fir Niedersachsen. 1856 à 1859. Hanovre; 6 cahiers in-8°. Urkundenbuch des historischen Vereins fiir Niedersachsen. Heftes 4 et 5. Hanovre, 1859-1860; 2 vol. in-4°. e Nachricht über den historischen Verein für Niedersachsen. XXI, XXI", XXIII", Hanovre, 1858-1860; 3 broch. in-8°. Programm und Statut des historischen Vereins für Nieder- sachsen. Hanovre, 1858; in-8°. _ Reise der oesterreichischen Fregatte Novara um die Erde, in den Júhren 1857, 1858, 1859, unter der beschen des - Commodore B. von Wiillerstorf-Urbair. Beschreibender Theil, zweiter Band. Vienne, 1861; in-8°. Archiv des historischen Vereines von Unterfranken und ( 285 ) Aschaffenburg. XIV“ Band, 5° Heft; XV Band, 1-5 Heftes. Wurtzbourg, 1858 4 1861; 3 cahiers in-8°. ` Nova acta regiae Societatis scientiarum Upsaliensis. Seriei tertiae, vol. HI. Upsal, 1861; 4 vol. in-4°, Ärsskrift utgifven af kongl. Vetenskaps-Societeten i Upsala. Il" Argingen. Upsal, 1861; 1 vol. in-8°. Annales de UV Observatoire physique central de Russie; publiées par A.-T. Kupffer, année 1857, n° 1 et 2. (Corres- pondance météorologique pour l'année 1858.) Saint-Péters- bourg, 1860; 2 vol. in-4°. à Compte rendu annuel de V Observatoire physique central de Russie pour l'année 1858; par M. A.-T. Kupffer. Saint-Péters- bourg, 1860; in-4°. Recherches expérimentales sur l’elastieite des métaux, faites à l'Observatoire physique central de Russie ; par A.-T. Kupffer, t. I". Saint-Pétersbourg, 1860 ; in-4°. Rendiconti delle adunanze della r. Accademia economico- agraria dei Georgofili di Firenze. Triennio IV, anno 1, disp. 4, 2, 3, 5. Florence, 1861; 4 cahiers in-8°. Di Giaveno coazze e Valgioie, cenni storici, con annotazioni e documenti inediti, per Gaudenzio Claretta. Turin, 1859; in-8°, Resume des observations meteorologiques faites d l’Obser- vatoire de Pinfant don Luiz, à l’École polytechnique de Lis- bonne, juillet à septembre 1861; in-fol. Proceedings of the royal Society of London, vol. XI, n° 44 à 46. Londres, 1861 ; 3 cahiers in-8°. The Journal of the royal asiatic Society of Great Britain el Ireland, vol. XIX, part 1. Londres, 1861 ; 1 vol. in-8°. Memoirs of the royal astronomical Society, vol. XXIX. Londres, 1861; 1 vol. in-4°. Notices of the proceedings at the meetings of the members of the royal Institution of Great Britain, part XI, 1860-1861. Londres , 1864 ; in-8°. ( 284 ) The royal Institution of Great Britain, 1861. A list of the members, officers, ete., with the report of the visitors for the year 1860. Londres, 1861 ; in-8°. Observations on the discovery in various localities of the remains of human art mixed with the bones of extinct races of animals ; by Charles Babbage. Londres, 1859; in-8°. The quarterly Journal on the geological Society, vol. XVII, part. 5, n° 67. Londres, 1861 ; in-8°. Transactions of the zoological Society, vol. IV, part 7, sec- tion 1. Londres, 1861 ; in-4°. The proceedings of the scientif meetings of the zoological Society of London, 1860, part 5, 1861, part 1-2. Londres, 1860-1861 ; in-8°. Proceedings of the literary and philosophical Society of Manchester , session 1860-1 861, n° 1-14. Manchester; in-8°. On canadian caverns ; by George D. Gibb. Londres, 1861; in-8°. ` Remarks on the topography and diseases of the Gold Coast ; by R. Clarke. Londres, 1864 ; in-8°. Report on the history and progress of the american coast survey up to the year 1858. In-8°. First report of Philip T. Tyson, state agricultural chemist to the house of delegates of Maryland, january 1860. Anna- polis , 1860; in-8°, Proceedings of the american Academy of arts and sciences, vol. IV, p. 249 à fin; vol. V, p. 4 à 240. Boston, 1860; in-8°. Sketch of the geology of the contry about the head-waters of the Missouri and Yellow stone rivers; by Dr F.-J. Hayden. Boston, 1861 ; in-8e, ; On the impurities ofcommercial zinc, with special reference to the residue insoluble in dilute acids , to sulphur and to arsenic; by Charles W. Eliot and Frank H. Storer. Boston, 1860; in-4°, Contributions to the natural history of the United States of ( 285 > Amerika ; by Louis Agassiz, second monograph, vol. HI. Boston, 1860; 1 vol. in-4°. Proceedings of the american Association for the advance- ment of science, XIV‘ meeting, held at Newport, Rhode Island, august 1860. Cambridge, 1861; in-8°. e human will : a series of porthumous essays on moral accountability, the legitimate object of punishment, and the powers of the will; by the late James Pollard Espy. Cincinnati, 1860; in-8°. Vierzehnter Jahresbericht der Ohio Staats-Ackerbaubehörde miteenem Auszung der Verhandlungen der County Ackerbau- Gesellschaften : an die General-Sammlung von Ohio, für das Jahre 1859. Columbus, 1860; in-8°. Second and third reports of the geological survey of Ken- tucky, made during the years 1856 and 1857 ; by David Dale Owen. Francfort (Kent.), 1857; 2 vol. in-8°.— With maps and illustrations referred to in vol. H et III, of the report of the geological survey of Kentucky, 1857 ; in-8°. Seventeenth annual report of the trustees and superinten- dant of the Indiana institution for educating the deaf and dumb. Indianapolis, 1860; in-8°. Report and the chemical analysis of the white sulphur water af the artesian well of Lafayette (Ind.) With remarks upon the nature of artesian wells; by Charles M. Wetherill. Lafayette (Ind.); in-8°. Proceedings and debates of the third national quarantine and sanitary convention, held in the city of New-York, apris 27 th., 28 th., 29 th., and 50 th., 1859, reported by Chas. Collar and Wm. Anderson. Document n° 9. New-York, 1859; in-8°, The american Journal of science and arts, second series, vol. XXXII, n° 95. New-Haven, 1861 ; in-8°. Annales of the Lyceum of natural history of New-York, vol. VII, n°° 4-9. New-York, 1860; in-8°. ( 286 ) Systematic catalogue, with synonyma , ete., of jurassic, crelaceous and tertiary fossils collected in Nebraska, by the exploring expeditions.under the command. of lieut. G.-K. War- ren; by F.-B. Meek and F.-V. Hayden. Philadelphie , 1860; in-8°. Proceedings of the Academy of natural sciences of Phila- delphia, 1860-1861 ; 6 broch. in-8°. Journalof the Academy of natural sciences of Philadelphia, New series, vol. IV, part. 4. Philadelphie, 1860; in-4°. Second report of a geological reconnoissunce of the southern and middle countis of Arkansas , made durnig the years 1859 and 1860; by David Dale Owen. Philadelphie, 1860; in-8°. f The transactions of the Academy of sciences of Saint-Louis, vol. I, n° 4. Saint-Louis, 1860; in-8°. À Annual report of the board of regents of the Smithsonian Institution for the year 1859. Washington, 1860; in-8°. Ridal observations in the arctic seas ; by Elisha Kent Kane, reduced and discussed by Charles A. Schott, Washington, 1860; in- 4°, ; Smithsonian contributions to Knowledge, vol. XII. Washing- ton, 1860; in-4°. Reports of explorations and surveys , to ascertain the most praticable and economical route for a railroad from the Mis- sissipt river to the Pacific Ocean ; made under the direction of the secretary of war, in 1853-55, vol, XIL, books 1-2. Washing- ton, 1860; 2 vol. in-4°, 8 An essay on the law of muscular action; by Louis Mackall. Washington, 1859; in-8°. BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1861. — Ne 12. CLASSE DES SCIENCES. €xRAáA > EE O Séance du 7 décembre 1861. M. Lacre, président de l'Académie. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d’Halloy, Sauveur, Wes- mael, Kickx, Stas, De Koninck, Van Beneden, De Vaux, de Selys-Longchamps , le vicomte Du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens , Duprez, Brasseur, Poelman ‚d’Ude- kem , Dewalque, membres ; Lamarle, Schwann, associés. QU SERIE, TOME XII. 22 ( 288 ) CORRESPONDANCE. Il est fait hommage des dernières publications de l'Aca- démie impériale de Vienne, de l’Académie des sciences de Saint-Louis (Etat du Missouri), de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, de l’Université de Chris- tiania, ele, Ces corps sayants remercient en même temps l’Académie pour l’envoi de ses propres publications. — M. Ch. Fritsch fait parvenir les observations sur les phénomènes périodiques des plantes, faites à Vienne en 1861. M. Quetelet communique les mêmes observations faites, pendant la même période, dans le jardin de l’obser- vatoire de Bruxelles. M. Ch. Fritsch transmet, en outre, le tableau de l'état de la végétation à Vienne, le 21 octobre dernier. MM. de Selys-Longchamps et Quetelet déposent les obser- vations correspondantes qui ont été faites le même jour à Waremme, près de Liége, et à Bruxelles. — M® Catherine Scarpellini adresse de Rome la oe tinuation des observations météorologiques qu’elle a faites au Capitole pendant les derniers mois; elle signale en même temps deux tremblements de terre observés à senza (Calabre citérieure), le 14 octobre, et à Ravenne, le 16 octobre dernier. Le 29 octobre, une trombe Lem? sur Rome et y causa des ravages; le lendemain, il regna en- core une violente tempéte, et les instruments magnétiques furent vivement agités. ( 289 ) — M. Alexis Perrey, professeur à Dijon, qui, depuis plusieurs années, communique au monde savant, par Pin- termédiaire de l’Académie royale de Belgique, le .relevé annuel des secousses qu'éprouve notre globe, envoie une nouvelle Note sur les tremblements de terre en 1859. (Com- missaires : MM. Duprez et A. Quetelet.) — M. Alfred Wesmael, répétiteur à École d’horticulture de Vilvorde, fait parvenir des Notes sur quelques plantes rares, nouvelles ou critiques de la flore de Belgique. (Com- missaires : MM. Kickx et Martens.) — M. P.-J, Van Beneden, membre de l’Académie, fait hommage d’un exemplaire de ses Recherches sur la faune littorale de Belgique (les Crustacés), qui viennent de paraitre. — Remerciments. CONCOURS QUINQUENNAL POUR LES SCIENCES NATURELLES. M. le Ministre de l’intérieur invite la classe à élire les candidats du jury auquel sera déféré le jugement des ou- vrages destinés à concourir pour la troisième période quin- quenuale des sciences naturelles. Aux termes du règlement, ce jury se compose de sept membres nommés par le Gouvernement d’après une liste double que lui fait parve- nir l'Académie. > La classe a, en conséquence , désigné au serutin secret, les quatorze noms parmi lesquels devront étre choisis les membres du jury. La liste sera transmise au Ministère. —_—_—_ ( 290 ) RAPPORTS. * Sur quelques plantes recueillies dans les environs de Bruxelles; par M. L. Piré. Rapport de M. Kickx, « Dans la note qwil a adressée á la classe, M. Piré, pro- fesseur à l’Athénée de Bruxelles, énumère dix espèces de phanérogames qu’il a recueillies aux environs de cette ville. De ces dix plantes neuf sont connues depuis long- temps pour croître autour de la capitale, et citées, sou- ` vent avec indication des mêmes localités, comme l'auteur le reconnait pour quelques-unes, dans les flores de feu - mon père, de Dekin et Passy, de Mathieu, de MM. Alfred Wesmael et Van Heurck, ainsi que dans une notice de M. Dommer, insérée dans nos Bulletins en 1856 : ce sont les Helminthia echioides, Verbascum blattaria, Stenactis annua, Myosurus minimus, Spergularia segetalis, Her- niaria hirsuta, Gagea spathacea, Scrophularia Ehrharli et Anemone ranunculoides. La dixième, nommée Hiera- cium prasinum, Dum., n’est pas cette dernière espèce mais seulement une forme plus ou moins spéciale du Hieracium vulgatum, véritable protée qui est répandu partout. » Nous proposons de remercier l’auteur et de déposer aux archives de l'Académie son manuscrit avec les &chantik ` lons qui l’accompagnent. | Ces conclusions sont. adoptées. ( 291 ) Notice sur les gites de fossiles du calcaire des bandes car- bonifères de Florennes et de Dinant; par Édouard Du- pont. : Rapport de M. @Omatius. «M. Edouard Dupont, quoique bien jeune encore, a recueilli une immense quantité de fossiles dans le calcaire des environs de Dinant, et il communique à l'Académie le résultat de ses recherches. Sa notice commence par une description sommaire des _ douze localités, où il a recueilli les dix mille échantillons . qu'il a eus entre les mains, description qui est accompa- gnée de Vindication des espèces les plus communes dans chaque localité. L'auteur donne ensuite un tableau pré- sentant le nombre d’espèces recueillies dans chacune de ces localités avee les noms de celles qui ont été déter- minées jusqu’à présent. Ce tableau est d’un grand intérêt : d’abord parce qu’il fait connaître les noms de deux cent soixante et dix espèces appartenant à cinquante-sept genres et à huit classes, trou- vées dans des lieux dont la paléontologie était peu connue; secondement parce qu’il signale dans ces localités Pexis- tence de deux cent cinquante-cing autres espèces réparties dans trente-six genres, espèces qui sont probablement destinées à enrichir la paléontologie d'un nombre à peu près égal de formes qui n’ont pas encore été décrites ; car M. Dupont, annonçant que Ja majeure partie des espèces dont il donne les noms a été déterminée par le savant auteur de la Description des animaux fossiles du terrain carbonifére de la Belgique, il y a tout lieu de croire que la Plupart de ces espèces non déterminées ne figurent pas encore dans les fastes de la science. ( 292 } Enfin Je travail de M. Dupont fait ressortir un fait d'his- toire naturelle très-remarquable, c'est la différence des populations animales dans des localités très-rapprochées, à une même époque et sur un fonds de même nature; car, quoique l’auteur ne s'occupe que d’un territoire qui ma pas quatre myriamètres carrés et que ses investigations n'aient porté que sur des roches calcareuses qui, d’après les données de la géologie actuelle, paraissent appartenir à une même époque, chacun de ses douze gîtes présente une faune qui a quelques caractères particuliers. J'ai, en conséquence, l'honneur de proposer à la classe d’ordonner l'impression au Bulletin de la notice de M. Du- pont. » Rapport de M. De Koninck. « L'analyse de la notice de M. Dupont faite par mon sa- vant confrère, M. d’Omalius, me dispense d'entrer dans les détails qui s’y trouvent. Je suis d’accord avec lui sur l'intérêt que cette notice présente, et je ne vois aucun inconvénient à ce quelle pa- raisse dans nos Bulletins. e Je me bornerai à faire observer que toutes les bandes calcareuses explorées par M. Dupont et dans lesquelles ila recueilli des fossiles, appartiennent au calcaire de Tournay. Aucune n'offre une faune qui ait de l'analogie avec celle que recèle le calcaire de Visé. J'engagerai M. Dupont à revoir soigneusement les déter- minations des espèces qu'il cite, parce que, après une étude très-approfondie d’un grand nombre d’entre elles, j'ai pu me convaincre que quelques erreurs se sont glis- sées parmi ces déterminations, » — D ( 295 ) Rapport de M, Van Beneden. « Connaissant le soin serupuleux que M. Dupont met dans ses recherches de paléontologie, je me rallie avec em- pressement á la proposition de nos honorables confréres, MM. d’Omalius et De Koninck, de faire imprimer la notice de M. Dupont dans nos Bulletins. » Conformément aux conclusions de MM. les commis- saires, la notice de M. Dupont sera imprimée dans le Bul- letin de la séance, et des remerciments seront adressés a l'auteur. » COMMUNICATIONS ET LECTURES. ee Notice sur les gîtes de fossiles du calcaire des bandes car- boniféres de Florennes et de Dinant; par M. Édouard Dupont. Depuis plusieurs années, nous nous sommes livré à la recherche des fossiles carbonifères dans les environs de Dinant. Nous nous proposons dans ce travail de faire connaître les localités que nous avons explorées et le résultat de nos investigations. Ces localités sont comprises dans les deux bandes cat- bonifères de Florennes et de Dinant. Les points où les fossiles se rencontrent avec quelque abondance sont nombreux dans l’une et l'autre de ces ( 29% ) bandes. Jusqu'à ce jour, nous en avons découvert qua- rante-neuf; et dans ce nombre, il en est douze qui sont remarquables, autant par la diversité des espèces que par l'abondance des échantillons qu’ils offrent; nous nous y sommes procuré, en effet, dix mille individus au moins qui se répartissent en plus de cinq cents espèces. Quant aux autres gîtes, nous n’y avons observé qu'un petit nombre d'espèces de mollusques brachiopodes, Véchi- nodermes et de polypiers. La principale remarque à laquelle ils donnent lieu, c’est que dans tous nous avons constaté l'existence du Produc- tus cora, qui, presque Cr rt y montre une excessive DEE Nous ferons remarquer en outre que dix des principaux gites dont nous venons de parler appartiennent a la bande de Florennes : ce sont ceux de Celles, Hayoul, Furfooz, Fossés, Freyr, Pauquys, ee Flavion, Corenne et Yves. La bande de Dinant ne renferme que les deux princi- paux gites d’Anseremme et d’Awagne. Tous les autres points fossilifères que nous y avons reconnus et qui s'élè- vent à vingt-quatre, ne nous ont donné, comme nous ve- nons de le dire, que quelques espèces. Souvent même le Productus cora s’y trouvait seul. Nous ne sommes parvenu. à distinguer dans aucun de ces gites une zone supérieure ni une zone inférieure. Après ces considérations générales, nous allons faire connaitre la position géographique de ces gîtes principaux, en commençant par Vextrémité orientale de Ja bande de Florennes. Nous placerons, à la suite de chacun d'eux, la liste des fossiles qui y ont montré le plus d abondance. Nous donnerons ensuite, dans un premier tableau, la liste des espèces recueillies dans ces gites, en plaçant en ( 295 ) regard des espéces, leurs rapports de diffusion et de fré- quence, Dans un deuxième tableau , nous présenterons la répar- tition par classe des espèces appartenant à chaque gite. Gite de Celles. — Cette localité fossilifère se trouve à neuf kilomètres sud-est de Dinant, au hameau de Wève, dépendant de la commune de Celles. Vis-à-vis du chateau et sur une longueur d’une centaine de mètres, se développe un escarpement dans lequel on rencontre des blocs de calcaire qui sont généralement très- fossilifères. | Ce dépôt, qui nous a fourni cent cing espèces, est principalement caractérisé par POrthis resupinata, qui S'y rencontre en trés-grande abondance, et par le Spirifer convolutus, que nous n'avons trouvé que sur ce point. Voici, du reste, la liste des espéces qui s’y sont offertes avec le plus d’abondance : Orthis resupinata. Productus semireticulatus. Spirifer planatus. — convolutus. Athyris Royssii. Productus mesolobus. Terebratnla hastata. Phillipsia seminifera. Orthis arachnoidea. Evomphalus pentangulatus. Gite d'Hayoul. — En remontant vers Dinant et à la distance de deux kilomètres de Wève, on rencontre, sur la droite de la route, les tas de pierres qui nous ont fourni les dix-neuf espèces que nous y avons recueillies. Ces pierres proviennent des défoncements qui ont été faits dans les champs voisins. ( 296 ) Trois espéces seulement y ont montré quelque fré- quence ; ce sont : Productus semireticulatus. Spirifer striatus. * Evomphalus pentangulatus. Gite de Furfooz. — A une faible distance de Pembou- chure du ruisseau de Wéve dans la Lesse, sur la rive droite de cette rivière, s'élève Pescarpement appelé dans le pays Tienne di Brout, de la commune de Furfooz. Les banes de calcaire qui se voient à la partie supé- rieure de cet escarpement, contiennent un grand nombre de fossiles. Bien que nous n’y ayons consacré qu’un petit nombre d'heures, nous y avons recueilli plus de six cents échantillons qui se répartissent en soixante et quinze es- péces. Nous sommes donc porté à croire qu’une plus longue exploration dans cette localité produirait les résultats les plus heureux. Les espèces qui s’y sont montrées le plus fréquemment sont : Avicula lunulata. Productus semireticulatus. Spirifer bisulcatus. Amplexus coralloides. Goniatites Belvalianus. Evomphalus pentangulatus. Mitylus dactyloides. Productus cora. Rhynchonella pleurodon. Fenestella plebeia, Le gite des Fossés appartient aussi à la vallée de la Lesse. On le rencontre vers le pied de Vescarpement de la ( 297 ) rive droite, un peu en decd du pont établi sur le canal de dérivation qui alimente les forges d’Anseremme, et a deux kilométres environ au-dessus de Pembouchure de cette riviére dans la Meuse. Les fossiles y. sont généralement d'une bonne conserva- tion, mais on les extrait difficilement de ce calcaire, qui est des plus rebelles à l’outil. Nous nous y sommes procuré soixante-six espéces, dont les plus abondantes sont : _Productus Flemingii. Sex semireticulatus. Dentalium priscum. Fenestella plebeia. Evomphalus bifrons. Productus fimbriatus. Spirifer lineatus. Amplexus coralloides. Leptoena analoga. Rhynchonella pleurodon. Le gite de Freyr est situé sur la vive gauche de la Meuse, à six kilomètres en amont de Dinant. Nous avons du nous borner sur ce point à l'examen de tas de pierres qui s’y trouvaient rassemblés pour l'établissement d'un chemin particulier qui conduit de Freyr vers Waulsort. Ces pierres provenaient pour la plupart du champ escarpé qui borde ce chemin, Nous en avons retiré trente-quatre espéces. Les plus abondantes étaient : Orthis resupinata. Productus cora. Orthis Michelini. Evomphalus pentangulatus. Productus semireticulatus. ( 298 ) Gite des Pauquys. —C’est ce gite qui figure pour la plus forte part dans les listes des fossiles carboniféres que nous avons recueillis. En effet, il nous a donné a lui seul trois cent soixante-quatorze espèces, dont plus de deux cents lui sont propres, et nous n’évaluons pas à moins de six mille le nombre d’échantillons que nous en avons retirés. Les Pauquys sont situés sur la rive gauche de la Meuse, á un kilométre en aval du village de Waulsort. Ils forment un escarpement souvent trés-abrupt, qui se développe jusqu’à une hauteur de plus de cent mètres au-dessus de l’étiage du fleuve. Nos investigations y ont porté sur une superficie de quatre. hectares au moins, couverte çà et là de rochers sourcilleux et de plantes forestières. Les traces que nous y avons laissées feront facilement reconnaitre les points qui peuvent y être explorés avec le plus d'avantage. . Voici les espèces qui y ont montré le plus de fréquence : Productus cora. — semireticulatus. Rhynconella pleurodon. Amplexus coralloïdes. Evomphalus pentangulatus. Spirifer striatus. Avicula lunulata. Cardiomorpha oblonga. Spirifer cuspidatus. — bisulcatus. Le gite de Matignolles est également situé sur la ge gauche de la Meuse, à deux kilomètres en amont du vil- lage de Waulsort. Nous avons reconnu dans cette localité trois points fos- silifères distincts, et séparés les uns des autres par une distance de Geen centaines de métres. L’un se trouve ( 299 ) | derrière la maison Brichard; c’est celui qui nous a fourni la majeure partie des soixante-huit espèces qui composent la liste de ce dépôt. Les plus communes sont : Fenestella plebcia. Capulus vetustus. Productus semireticulatus. Conocardium aloeforme. Productus plicatilis. Cardiomorpha oblonga. Evomphalus pentangulatus. Productus fimbriatus. A une centaine de métres en aval de ce premier point, on rencontre un -ravin appelé Fond des Rivaux, qui se dirige vers le nord-ouest. Lorsqu’on Ta parcouru jusqu'à une certaine distance, on voit des tas de pierres qui sont disposés en parapet Je long du chemin. Le calcaire, sur ce point, est presque exclusivement com- posé de bryozaires de diverses espèces, appartenant parti- eulierement au genre Fenestella. En rentrant dans la vallée de la Meuse, nous voyons, vers le village de Waulsort, un massif de couches calcaires coupé à pic et connu sous le nom de Roche à Chamiats. Nous en avons retiré principalement des Phillipsia. Si nous nous reportons A deux lieues nord-ouest , nous rencontrons Je gite de Flavion, qui se trouve à la sortie du village, vers Weillen. Il consiste en quelques affleu- rements de bancs calcaires qui se voient à gauche de la route, ; Les fossiles y sont si abondants qu’en moins de trois ( 500 ) heures, nous avons pu y recueillir quarante-cinq espèces et un grand nombre d’échantillons. Parmi ces espéces, nous signalerons comme abon- dantes : Spirifer mosquensis. Fenestella plebeia. — membranacea. Poteriocrinus crassus. Productus pustulosus. Terebratula sacculus. Fenestella multiporata. Evomphalus catilloïdes. Nerita variata. — ° plicistria. - Gite de Corenne. — Sur la route de Dinant á Philippe- ville, nous avons trouvé, entre les bornes kilométriques 24 et 25 des tas de pierres destinés à l'entretien de la route. Ces pierres provenaient d’excavations pratiquées dans les terrains voisins, Elles renfermaient beaucoup de fossiles et surtout les espèces : Capulus vetustus. Productus fimbriatus. Fenestella multi porata. Productus aculeatus. Spirifer bisulcatus. Conocardium aloeforme. ` Fenestella plebeia. | Spirifer lineatus. 4 Productus cora, | Spirifer pinguis. Il existe entre les villages de Flavion et de Corenne un four 4 chaux prés duquel on a ouvert une carriére qui sert à son alimentation. Ce point est également fossilifère. ( 301 ) Gite d’ Yves. — Nous avons découvert ce dépôt dans le village d’Yves, au lieu dit al fontaine, dans un massif de couches calcaires qui se trouve dernière la maison du sieur Pierre Rossignol. Après une très-courte exploration, nous en avons em- porté quarante-deux espèces et plus de cent cinquante échantillons. Ceux qui montraient le plus de fréquence appar- liennent aux espèces : . Fenestella plebeia. Productus pustulosus. Spirifer striatus. Productus pixidiformis. Fenestella membranacea. Productus plicatilis, Evomphalus pentangulatus. Productus semireticulatus. I nous reste à parler maintenant des deux gites prin- cipaux de la bande de Dinant. Le gite d’Anseremme est situé sur la rive gauche de la Meuse, à une faible distance en aval des couches psammi- tiques de Moniat. Il est séparé par un torrent de l'énorme massif calcaire d’Anseremme. Là on a pratiqué, au nord Wun verger, une vaste excavation dans l’escarpement. Sur les parois de cette excavation, on voit des blocs calcaires qui, presque toujours, contiennent un grand nombre de fossiles. La faune en est très-riche : nous y ayons recueilli cent quarante-neuf espèces ,etles échantillons y sont ordinaire- ment d'une conservation parfaite. ( 502 ) Les especes que nous nous y sommes procurées le plus abondamment sont : Orthis resupinata. Chonetes papilionacea. Spirifer cuspidatus. Productus semireticulatus. Evomphalus pentangulatus. Cardiomorpha oblonga. Rhynchonella pugnus. - Spirifer striatus. Productus plicatilis. Amplexus coralloides. Le gite d’Awagne est situé à sept kilomètres environ nord-est de Dinant. Il se rencontre le long d'un chemin qui, sert 4 Pexploitation des champs et qui se dirige 4 Pouest de Péglise du village. A la distance de cing à six cents mètres de ce dernier point, on voit des tas de pierres qui bordent la route. Ces pierres sont d'un calcaire dolomitique tellement tenace qu’on ne peut en extraire que trés-diflicilement les fossiles, qui sont d’ailleurs d’une très -mauvaise conserva- tion. Ce gite, dont la faune est très-limitée, est surtout remar- quable par le grand développement qu'y présentent cer- taines espèces. C’est ce qui nous a engagé à y faire des recherches assez longues. Voici les espèces qui y montrent de la fréquence : Productus cora. — semireticulatus. Harmodites eatenatus. Evomphalus serus. = pentangulatus. ( 303 ) LISTE des espèces, avec indication des localités où elles ont été trouvées et u degré de fréquence qu’elles y ont montré. i Ee i b 3l2l2 2) e|2]e| 2/8 |] 2] 2 Crustacés (1). {| Phillipsia Jonesii. Phill. . ..,..... aCln |» |» |» IRRI # | » |» |» |» ps 2 Er pemmoulifera. Ids... . . . - aCIRR|RR| » |RRIRRIRR| » |RR|R |R |» 11 — seminifera.Id..........|CG |» |» [>] > |RR| » | » | » | » [RR| >» RE. bie. Id... . .. .... R | » |» | >| > [RR[> | » RR] » |RR| » , ls Meyi Por), : ia a solche E IA PR Er ee 168 | Trois especes averse. probable- ment non déc QE "Ze Sept espèces indéterminées, pro. Céphalopodes. 3 | 16 | Nautilus I » |» Le da da Rois ete EL | A nerds Id, i, . » fs o O0) e i we | DI — cyclostomus? Phill. ....... > |» |» |» |RR| » | » ||» |» RR > | erat a ee DDE ECK PE Pe Er = oskid... esche fw Lo [RA] jack] PS | a = pages. De Kon. ....... hie ae ER sg #77 97% ¡2 — Leveillanus. Id... .., a Vale daba E A 5? | x Ge DEN ME ei o wide le |i eR EI ST IT E E Gh. .......... s |. ¡Bis [+ NE eras CS E E pres wees o SO es ee LEE Mek RR REDS BE a i IM,» LALA a ະ devons à Pobligeanee de M. le professeur De Konlüsk la détermination de la majeure partie de ces espèces. 2" © SERIE, TOME xn. 3 25 ( 304 ) a E A a A 2 a 6 CR: E 5 NOMS. stats] | opera eis al = $| SJS] $l] Si allaii a E O E ze) 212182] 481 | Céphalopodes (suite). 27- | Onze espèces li aa probable- | 37 ment non décrit ë | | 38 | Orthoceras sinuatum. Ph. . . .. .... » |» |» |» [RR] » |», lle 1408 39 — inæquiseptum. Id, . . . . .. » |» |» |» |» (BBI a-Leckvcksch ‘ 40 = Gesneri. Mart AS ae el = due » » » RR » » » » RR » RR » 41 — fusiforme. Sow. ....... » |» |» |» |» [RR] » |» se 42 — calamus. De Kon....... » I» |RRIRR| » |» |RR| » |» |» |» k 45 = dactyliophorum. Id. ..... » |» IRR} » |» jaC| » | » |» |» tote 44 =- Goldfussianum.Id....... | » |» [RR|» |» IR |» | » | » RRG 4 45 — Munsterianum. Id. ...... R|» |R jaCi » |C |R IRRIRIRIR|" 46 — Morrisianum? Id, ....... » |» |» |» |» IRR] » (> |» gie: e » » » 47 — Martinianum.Id........ » |» tn | | » [RAL ER 48 eg strigillatum ? |: RE VER REN » » » » » [RR| » x ສ er 4 49- E EE égen s, probablement E: 53 Hs 54 | Cyrtoceras Verneuilianum. De Kon. . . wl» lolo loro MEE EE 55 = unguis. |i | e eege e » » » » » [RR] » |» |» |» 56 | Gyroceras serratum. De Kon... .... » |» |» |» |» [aGIRRi +. E 57 | Une espèce indéterminée, probablement non décrite. 58 | Goniatites Belvalianus. De Kon. . . . . , » |» | CG] >» RECE |» RES 59 — mutabilis. Phill...... .. sn ECH, bs O ee 60 sphericus? Mart, , 2°, 0 » |» IRR] » En RRP aa 61 obtusus. Phill, . RR} » » (BBI » D » D RE 62 — dorsatus: ME ee, ele fs lols TE Pelee 65 — diadema? Goldf. RR E A o et eal R E NOMS. | Hayoul. Furfooz. Fossés. Freyr. Pauquys. Matignolles. EN Céphalopodes (sutte). Goniatites truncatus. Phill.. . . . , . . . cod ed gi , probablement non decrit Gastéropodes. Chemnitzia megaspira. Ph... ..... — curvilines? Id. . 2... | eg elongata. De Kon. ...... E Lefebvrei. Lev... ..... _ scalaroidea.Ph ........ = ventricosa. De Kon. ..... Quatre especes indéterminées, probable- ment non décrites. Eulima Phillipsiana. De Kon... . . . . Maerocheilus acutus. Sow. .......- = Michotianus. De Kon. . . Deux E dun, probablement non Natica antiqua. MC Ampullacera tabulata. Phill Nerita variata. 1d ya CR à À + sie — plicistria. Id — ampliata. Id. a ae sig UE... GS se ok Trois esna, A Don décrites, | Trochella prisca. M’C » Flavion. Gorenne. Yves. Anseremme, S Awagne. E ¿ 3 NOMS. | 3131 | AE el $ EIERE $ 3|<|é|élélé|slélé Gastéropodes (suite), 93) Evomphalus radians. De Kon. . . . . . . » | od» |» |» [RR¡o]|>]|>» 94 helicoides.Sow........ aC} » |» jaC] » |C |R IRR » 95 — Done. Id, . . 0... S » lo lo |» i» {RR Ess 96 — Serus? De Kon. ..... A » |» » hausse 97 — tabulatas? Phill... |» | » |». | » lis lle In TRA 98 — acutus. “Sow. i. . Kä » |» |» i» {> IRR nfr fS 99 — pentangulatus, Id, ..... | C faC|C {aC} G jCClac/R|R 100 a catilloïdes. De Kon. . ... . | » | » |R |» | » [aC] » faC|RR 101 — angiostomus ? De Ron... | » | » |» | » | » {RR} » |» |» 102 _ bitrons- Phil... - à. sisis |G| |» |» » fa 103] Sept espèces indéterminées, probablement —109 non décrites. h 110} Serpularia serpula. De Kon: . ou i » | » |RR| » | » |RRIRR| » | » 111] Pleurotomaria radula. De Kon. .....|» |» I!» I» |» IR |» || 112 _ naticoïdes. Id... ..... RR] o |» |» |» | Ri» |» | >» 113 — carinata. Sow. ......|» |» fo |e le [RRL » pis 114 = Portlockiana. De Kon... | » |> |» |» |» [RR] » |» |» 115 — vittata Phill. i... e |» o fs» |» |v [RRP »°f >| > 116 — striata, Sow. . sense. els |» | > [> [HE Te 417 Sowerbyana. De Kon. . . [RRIRR| » | » | » [RR] » | » | » 118 fo concentrica, Phill, . , , . RR| » IRR} » |» |C|R|»|» 119 — Yvani bet E E » I» Inn In Pepe bw te 120 — Rickholtiana. De Kon. . ¥ fv fo lots [RR] > I» I" 121) Dix-neuf espèces indéterminées, probable- 139} ` ment non décrites. i Pee ar ee eee D A 3 i : g = : Le a las k SE E EEE [3 [El¡S[2 [Sá y. Gastéropodes (sulle). | 140] Murchisonia lineata. Phill... . . . . slade polari peka a Jl ` — multilineata. Id. . . .... >|» |» |» lo Jer >» [> [> ]> |r|» u — Spats. EK ss » |» |» |» | » {RRP » |» |» | » |» |» } 145] Une e five indéterminée, probablement A AA Flies 2 3 |» | » |2 RBR | 2)» I 24 2ER HI Capulus priscus. Goldf.......... >| >|» |» |» |» IRR} » | » |» Jo |» d Hs} — d A pote} bn) RRR m Re} vl sq Í tej -— insculpus. De Rickh. ...... CAS tn tr WM — ° vetustus, Sow. . . . : . +... RR| » | » [RR RR|R [CC | » |CC|RR|aC| » 1 m tens, Phil... 2.2.0... »{ » |» » |» RAS] Jf Bh | mé or espèces non déterminées , probable- ent non décrites. US) Porcellia Woordwardii. Mart... . . .. >|» |||» |R |v [>= |» > [>]? A MM — Puzo. BOG a ER ». | > [ads i » ARE Le ro Rene "a Bellerophon Urii, Flem, .........|» |> |> |> [> ¡BR[= |» [> |? [>> | bal a Witryanus, De Kon.. . . . . 2313] Bis 12010 pus 7 vastilites. Monti.: . . . : .. yt ef | » SRR.» tn op Li 156 rey decussatus. Flem. ...... » [> | 9 | » RR) CORR e | #1» | 85 wf ae langentialis. Phil.. .... » |» |» |» | » jaCiRR| » | » | » |R |» 158] cee canaliferus. Goldf.. ..... sv) 5)» be ARR woe) eva? ee Cari DO... : RRi » |» |» | |RR|» |» |» | oe bn td... |» a bod A op un | Rl>l,lrir|clreeimne|, |R [RRIRR | >a Mees indéterminées, probablement 172] Patella seutiformis, Phill > | » [RR] » | » JC |RR] » [RR] > [RR] > ( 508 ) - 5 NOMS. $ | E NK a a E E e d Gastéropodes (suite). 173| Patella mucronata. Phill... . ..... » | » [RRIRR| » [aC tapo Papo fe 174| Sept espèces indéterminées, probablement qa -480| non décrites. 181) Siphonaria Koninckii. MC. . . .. ... RR|>jof>»|>|R¡>|>]|> 182| Pileopsis levigata. Id. . . ........ RR| » |» |» | » jaCl » | » | » 185| Dentalium priscum. Munst. . . . .... » |» | » fac} » |R | » |» | » 184| Une gre indéterminée, probablement non decrite. Brachiopodes. 185| Productus margaritaceus. Ph. . . . . . . RR| » |R |R IRR|C ÍR | » [RR 186 — pectinvides. Id, . .. ..... RR| » [aC |RRIRR| C |RR| » a 187 xt tore. Dodo. cl. de bs R |RR| C |R CC |CC| C |RR| aC 188 — plicatilis. Sow... :... aC| » [aC] R | » |G |aC|RR|R 189 — semireticulatus. Mart... . . C jc jcc;c]c jcc;c}R{R 190) — Flemingii. Sow........ aC|R |C |CC|aCiC |R|R|R 191 — Scabrieulus. Mart. . . . . . . RR| » | » (RRRR RR RR| » [RR 192 — — + pustulosus. Phill... : ..:. aC | R |aG|R |aC|C |R {acy R . 195 =) ho Ae ete 0 | RR| » | » | » | » |RR| >] » {RR 194) — Gmbriatus: Sow....... aC |RR|RR| C | » |C [aC] » [CC 195 — aculeatus. Mart........ «Cl» |C lacio. ajaj» € 196] — mesolobus. Phil. ....... C |» JaC] » | » jad} R | » |RR 197 — elegans. MGs ds » |» | x [RR] » [RRP ew Pry? 198) — pixidiformis. DeKon. . . « . . » | » |RRIRR| » |RRIRR|RRIRR 199 4. Cosas. SOW ss au sl» | >» | > ¿RRÍRR| > {RE 200 ~ Christiani? De Kon. . . . . . hisia sdt RE aN H 3 | | |i: 2 | Der sl3/8/slelel&lsliı,lilt f Brachiopodes (suite). d 201| Productus Humboldtii? D’Orb. . . . .. » |» |» |» |» |» |» | » bi » |» | | 202 + *Nyslianus. De Kon... . : » |» |» |» | » {RR} » | » [RR] » | » |» | 203| Chonetes elegans? Id... .. ie» | 81 9 lw Fp MEE: rl vr em 12%) — papilionacea. Ph. ....... al» |» |» | » |RR| » |» | » |» cc} » Jam — variolata. D'Orb; . !. .:. .. b fo. fp 04 BR EE 1.510 » 206; — comoïdes. Sow....... sb (BRE e de tote tet» |» STETE | 207, — concentrica. De Kon... . .. pl oj» as a RR ef da] ee | 208 e ELE. AA à eis sis ote i» i nt» RRL» Fr sata? in mag Ee leiten, probablement 1214] Leptena analoga. Ph. . . . ....... aG}» | » [aC] » {GC |r | » |RR| » |RR| » 215 = sua? De Kon... 5. à. elk » Lol ste MRF sft» irs le > 216) Orthis Bechet, MC. ........... RRIRRIRR| » | » |RR| » |» |» fo |» p> 27) — arachnoidea. Phill. . . ...... cl» |R|»|R|R | » |.» {RR} » [RR] > u bis... :. _... RR!» [RRIRR| » |RR|RR| > | » |R |aC| » | 89 — radialis. O ION Als ds bs slot RAE ts } $55 D) — Michelini Lev. . . . .. we R | » |RR| » |CC|C |RR|RR|RR| » |R | > E N AAA PO resepinata. Mart. ...:..... cc|R (aC |R [cc [ca | a |R IRR] » [CC |R %| —. Koninckii. D'Orb. ........ Cl | » | »-| ml orp A ee < np press indéterminóes, probablement 350| Rhynconella pugnus. Mart........ C |» |» |RR| » |R IRR| » (RRlaC | C | » = pleurodon. Phill. ...... aC |» |C JaClac |CC|R |RRIRR|R |R |» ka Pa acuminata. Id... .... RR!» IR laCl» |R | » |RRIR |» pal] » ( 310) E Lal lg $ PRES INNBBBBBEBH! > SEE |i |i |s|i|s|A|s Brachiopodes (suile). 235) Rhynchonella rhomboidalis? Phill.. .. . |R | » |» |» | » [RR| » |» [> |» Jo (o | 234 _ Davreuxiana. De Kon. > IRR] > |» | » |» [RR] » | >] >] + Ja] 235 — platyloba. Sow. ...... » | » [RRIRR| » | » |» |» |» jo [> fef ge espèces indéterminées, probable- r -237 ent non décrites. | | 238| Spirifer mosquensis. Fischer. . . . .. . RR|R | » [RR] R [RR|R [CCIRRIR|R}» i 2391 — striatus. Martin. ......... RR|aC |C |aG|R |CC|aC|R |R | © jal} » | wo} — cuspidatus. Id... ,.,.... RR|RR| » | » [RRICC| » | » |R | » lt 241 —-. rotugdatus, Phil: . . . . ...... » |» [> ||» TR | » |RR| » | » [BR S ee E Eer R | » |C |R [RR] C |R | » faC|R [RM 245 7 convolntus. Phill. i, , O A A E | 244 — laminosus. MC. (tricornis, DeK.) |RR| » |» | » |» [RR|»(»|2>|>”]” 3 245 — Reemerianus. De Kon....... >|» |» |» |» IRs FR epee 246 =" firmie P 25. 2 os » >|» |» | RRi >| 7 rte pen 247) — distans. Sow... . . ES »|»o|o]o |» |RR| » |» [R | > I | E 248] ` — duplicicosta, Phill. . ...... | 249 — Rbomboidalis. MC. . ...... RRJ p ||| eng eee PS C|»]|» > [> [ar >|» |» |» |" te eve We Gin 2 EEN » | » IRRIRR| » [RR|RR| » |RRIRR| > 252 + Blei Be u CA, R |RR|CC| » |R |C |RR| » (€. > RR 255 => omatús. De- Bots on » fn pb» |» |» |RR| » | » [> 41? 254 — oetoplicatus. Phill... .,. RR] » |RR| » |» [RIRR|»|»|"|" 255 — triradialis. Id. ...,...... RR| > |» |» |» |» |» |» [*]” 256 ment TS à aad cls aoe ae RRl» 15 is ee. u We oy. , Re RR| >|» |» |» [RR] » |» |RR| 1” (31 ) aE. DH NOMS. DEE SABBBBBE i Slee 2leleialel sel eis Brachiopodes (suite). _ Spirifer inseulptus. Phill. , ....... Rj >|» |» |» IRR} »} >} 2] >») » — lineatus. Mart. ......... aC} » | C|RR|aC|aG|R |R |aGlaC| » | » ET EEN R | » | » |RR| > ÎR {RR} » |RR|R |R | » PET A Se EE e ee PRES slo y- e po RRE] a a A (ES Cinq espèces indéterminées, probablement 2661 non décrites, ES Cyrtina carbonaria. Davids. ....... TEREE LERES TD Ea ai Athyris Royssii. Lev........... C | » [RR] R ja} C |» | » |RR| » | >| =| peitecdra. a . ... Ri». ee pri + PS Du — planosuleata. Id...-..... » | » |R |RR| » [RR[RR| » |RR| » | » | » } 23 Terebratula hastata, Sow... . . C|» |RR|R |R |C | C |RRIRR| » [KR | » pa = - hasteformis? De Kon. »[»[|>»>|»>[>(R|>[>][> ແ E E m — Ssacculus. Mart. . . . aC} » jaG|R | » |G faCjaG | R pal] » | » 276 — trilatera? De Kon. . .... bfo fob o MM AAA 97 = D ee A » |» [RR] ste BBE EEE RS AT 278) Une espece indéterminée. 29 Retzia radialis. Phil... o |» ||» | o {RR} » | » |» |» |» 280! Orbicula? Rickholtiana. De Kon. . . . . >t» |» |» [> fre» [> | >|» Lamellibranches. ` A wi Pholadomya Omaliana. De Kon. . . . . . of > fst» Dee espèces ee probable- El ment non décrites Sen Solenopsis. Deux espèces rung e on re t non décrite “LEE 286 Cypricardia squamifera. Phill. . . . . . » | » |R |RRIRRIRR| » | » |R Ae Rei =. cingulata M’C ARRETE CN ot Re EE (52) z ODER SE Lamellibranches (suile). 288| Huit DER ive EES WEN probablement -293| non déer 296} Sanguinolithes rhombeus. Phill... . . . |RR| » [RRÍRRI » |aC |RRIRR! » 297 — Todos: EE ei » |» 1 | » IR |. Ls 298 _ ' striato-lamellosus, De Kon. | » | » IRR] » | » [RR] » | » [RR 299 — parvulus. Id. . ......|RR|» |» io | » |» |b |» |» 500| Dix espèces indéterminées, probablement -509| non décrites. 310} Conocardium giganteum. MC. . ..... |» |> |RR| » |» |R |» » |» 311 — mor. Pillo. ci, RR| » |» |» |» |» |» | » |» 312 = hibernicum. Sow. . . . , . RR| » |RR| » IR |G jaj » |» 313 — alæforme. Id. ....... » | » |RR| » |R |G |G |RRIC 314 en hye sr oe probable- -316 on décrites. 317| Isocardia pumila, De Kon. ........ s] 3 re tot ARA 318} Cardiomorpha laminata. Phill... .... | » | » | » |» |» |[R|»|»|» 319 — Puzosiana. De Kon. . .. | » | » | » |RR| » [RR] » | »| » 320 — sufeatac Ms i i 0 u. » | » | » |» | » [RR] » | » [RR 521 — Archiaciana. Id. ..... » |» |» fv | » [RR|>» | >]? 322 a elegans AE Ist» ja | «eo RR rpe? 323 — fragilis. Td è » |» |» |» | » [RRI » e 324 — compressa. Id... ... bahn O ear Tr 325 — orbicularis. Id. . . . . RR] » | » |» | » [RR] sis? 326 — Egertoni. Woo » |» RR| » | » aC} » | » {RR 327 ES pee ln tu oy «fotos ts fr rE a 328 — elongata. De Kon. . . . . pr ko ls po [RRP Poe eT H a |E|E|E|E|E|E|i|S|é| | | | , Lamellibranches (suite). | | 1529| Cardiomorpha oblonga. Sow . . . . .. R de. » ABRÍ» ¡CClaC|> IR |" |C | » [5 = Alu. MO... 3 |» |» | » |» | ia beca sie Re ed Ho tas ge 551 — EECHER ri ee eee ee Md sd» lent 332) = corrugata. Id. ...... ato p» |» |» [00] » |» [>| > [RE 5 | 555) Trente-huit espèces indéterminées , proba- | D blement non décrites. | 571) Niobe fragilis, WC... , ....... » | » |»: |RR| » {RR » | » |» |» | > ioc 372} — subtruncata. Id. . . ; . . ... .. slt lslekets tr tr tr eyes oblique id... . i, te .: Los À le) 5 ARE She E 1574| Treize especes ps: probable- | ment non deer 587| Edmondia Josepha, De Kon. ....... sdate | Le GRR E 1% ne 588} Area faba. De Kon. ........... RR} > |» |» |» }R |» | » (RR sin? Wéi — decussata. M'C. .… . ..:..... » |» (RRL wf bete RR | 390) — Lacordairiana. De Kon...... . E EEEE E EE j — A EE EC 0 gt ee wc AA | DT dat Li... ... a le} ES ei A MERE Si — arguta. Phill. ..... RD SEI oj») x] > RI > |) eo) ee M} — semicostats. MC... ........ SE ta bed dar]. [>] od 2904 a ci BR] + |.» |» Pi 0 a E a — en d ue, |..." BR| >.) | SEHR RT NT | E ri — espèces et probable- ent non déc : Mytilus granulosus. Phill. . . . . . A RE cee ot is i | SE — lamellosus. De Kon. ....... x fy. P| E Wa | Ey Or EE E E e » |» | » |» |» IRR; Ge co i e D (314) Le AA e i E S . LS E 5 3 j ARABE | = 8 |E|E|E|E|E|E |i |S ER 1e Lamellibranches (suile). 404| Mytilus dactyloïdes. . . . .. .. ses fo | R/C] >| » iesst: 405] Six espèces indéterminées, probablement | » |.» |» |» | » | » | » |» |» |» -410| non décrites. 411| Avicula recta. MC. ...... e sesfoja] o | IE SRH Mesh E eas . TERS A |» |» [eC] » eee M3] — - laminosa, Phill ......... yp] » | 2] > | » [00 |: mica MM. = Delite. Be is... - [RR] » |CC| » | » [CC|RR| » |RR| > 415} Huit espèces indéterminées, probablement | » | » |» |» | » | » |» |» |» |» -422| non décrites. 423| Aviculopecten vetustus. Sow. . . .. . . sn » |» |» |» [RR] +" 300 424 = Ruthueni. MC. ......{RrR| » |» |» |» |» |» |»? 425 — megalolis. Id, : ....,. BR] » |» | (ale Pepe 426 — Buchianus. De Kon. ...|R | » |» | » |» |RR| » |» ||? 427 SS gravonis. MC. -;: slots)» [RR » | sf tata 428 — elongatus. Id. ...., clone | >)» [RREA 5972 429 — scleretis. Id... 25,0: » | » | » |» | » |RR| >} » | "|? 430 — “orbiculatus. Id, ...... R| » |RR| » | » jaC} >} » |”)? 451 = pulchellas. Tk ...... RB} >|» | 2 | » | Rj » |» 452 ar tabulatas? Id, , » | » |» [RR I RI non 435 = dpi, MX ., JRR] o |» | » lo [RR hs 43% _ ellepticus? Id. ,..... » |» |v |» |» {RRP > |» | |” 435 — alst EE sty o. [RR] + [RRIRR| shee 456 — flabellulum. Id. ...... BRI » | af» | » | 2:1 mf res 457 — levigatus. Id. . . . . P| vy |» |» |» fac] » ||?” 458 — planicostatus, Id... ... »|»[|»[R|> BR|» pi”: (315) i ¿ S a EI { dl. = : | ພ Bis i NOMS. alalila PEE SIE] JEJE | SISS EIS E/E; ELE Es 41% S|E|E|E|E|E|S|E|S| AS | pa FISH a f ¿fol 5 » Aviculopecten auriculatus. MC... . . . » | » |RR| » | » [RR] » | » |RR| >» | > M0] Cinquante-deux espèces indéterminées, probablement non décrites. » 492| Pecten mactatus. De Kon. . . . . . . .. RR| » |RR|AR| » | C [AR| R | R|aC| » WSs] — Sowerbyi. MC. ......... » | » [RRIRR] » |aC| » | » e tres “à 494) Cinq erën indéterminées, probablement non décrites. - Bryozoaires. i » 499| Fenestella plebeïa. MC. . ........ R | » | € |ac|ac| © |cc| € |aC| CC} R 500! — multiporata. Id. . . . Se >|» | >| RK] » |RRjaClaC) Cl» | >| > 504 A A sfa fo [> [>[RRfaci> [> [»[»/? M — ejuncida. HM... | > |» | Rp [| >} el? JRA) » |»)? H C » 503 — membranacea, Phill... . .. » | » [ee R jaC| R| | ClaC ; e R » 304 =. Pastüosa, De Kon... cu. . we » |» | » [RR] » a eg i i MSi ` — ripisteria. Gold... .. .. | | R | » | R|RR| » | © |aG| » jac) aC | RR) » 506! Deux espèces indéterminées, probable- ment non décrites, 2 P » 08| Hemitrypa hibernica. WC. . ...... |RR| » |RR| > | » |RR|R| » | > | > |» Echinodermes. . » » se Platyerinus granosus. De Kon. .....|» |» Jakaja [RR » |» |? | R! > » 8 ER wë rugosus, Miller. , . . . .. clstelsislststtsg i RS BIR|» SM) Potericerinus erassus. Id... . . . . . . s |» | R|R| » | cf» | CIR Polypiers, 6 e » |» 518) Harmodites catenatus. Fisch. . . . , .. no] pS "e ro S » [RR 513) Michelinia Zeen COME O we OL SEE Su: Moe a i CIRRIRR|R laC| aC Ae Amplexus coralloides, Sow. . . ..... fac] R [CCl aC] R | CCl aC IRRIE ( 316 ) = a EIS 2 OMS 3 = PE E x = = = > à < Ss 3 [a a S| 2 Sjap Polypiers (suile). 515 Ampl 1 Mich! „an » » » » » vil = I She ir 516 = ‘serpuloïdes ? De Kon. . . $ Au: » H D D » (BBI » |» | ep oe KE Deux especes indéterminées. 519| Zaphrentis gigantea. Mich... ..... » |» |» |» | » Jo line un 520 ` og PIP ke Deux espèces indéterminées. 522| Cyathophyllum plicatum. Goldf. . . . .. » |» |» | » |» [RR E Trois espèces indéterminées, Distribution par classe des espèces de chaque gite. — 3 A ZS GE 8 sjaj | ie CLASSES. sataa l £4 818181418 = S |= | 3 mel Sie l'E KE = >| 2 E = CE Ed EE Sula | ie | sth | So denen an wee dc GET ES, » » | ela) ae Céphalopodes. R el » | 8|6|4| 355) 4|5|5)| Wa Gastéropodes, . . . . . . . . . . | 49| 3 |10 |11 | 5 | 90/46 [12 | 8 | 8 Wb Brachiopodes. . ... . . . . . . . | 4842 (29 [28 [18 | 66/55 |15 [38 119 Sé D 1 Lamellibranches. . . . . . . , . , . | as} 2 | 4944 | 3 [435] 7 [10/9] 5 ຽ j 2 Bryogonires + o. l 22 2 … ... . . | 41, 1615) 9 Ze a 4 e E | LE gins ele Or EE Sl ek AA Espèces. . . . . |105|19 {75 |66 {54 [574/68 [45 [68 ( 317 ) Avant de terminer la séance, la classe procède au re- nouvellement de la commission spéciale des finances char- gée’ de la représenter lors du règlement des comptes annuels. Les membres sortants ont été réélus par accla- ion. Elle décide, en dernier lieu, que sa séance publique aura lieu le lundi, 46 décembre, à une heure, dans la Grand’Salle des Académies, au Musée. ( 318 ) * CLASSE DES LETTRES. Séance du 2 décembre 1861. M. nr Ram, directeur. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Gachard, le baron de Saint-Genois, David, De Decker, Snellaert, Haus, Bormans, Leclereq, Polain, Baguet, Arendt, Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres ; Nolet de Brauwere van Steeland, associé; Wau- _ ters, correspondant. e M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts , assiste à la séance. CORRESPONDANCE. MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des Repré- sentants font parvenir à P Académie des cartes d'entrée pour les tribunes réservées de la Chambre et du Sénat. — Re- merciments. — M. le Ministre de l'instruction publique de France met à la disposition de l'Académie un exemplaire de la. (319) carte des Gaules au temps de César, dressée par la Com- mission spéciale de topographie. Quelques membres pré- sentént des observations sur ce travail, au sujet duquel MM. Roulez, Borgnet et Wauters sont invités à présenter un rapport. — M. G. Oppelt fait hommage d’un exemplaire de sa tra- duction de l'ouvrage : Le Duc de Gotha et son peuple. — M. Félix Nève, correspondant de l'Académie, fait parvenir également trois brochures de sa composition. — Remerciments. CONCOURS TRIENNAL DE LITTÉRATURE DRAMATIQUE. M. le Ministre de l'intérieur rappelle que, aux termes de l'arrêté royal du 10 juillet 1859, la deuxième période trien- nale du concours de composition d'une œuvre dramatique flamande finira au 31 décembre prochain. ; Ce haut fonctionnaire invite, en conséquence, l'Acadé- mie à s'occuper de la constitution du jury auquel iy bué le jugement des ouvrages, et à lui communiquer a liste double de présentation qui doit être dresse Ben elasse des lettres de l'Académie, aux termes de Particle 4 de l'arrêté précité. La classe choisit les dix noms qui doivent former cette liste, et M. le secrétaire perpétuel est chargé de la trans- Mettre à M. le Ministre. | 24 2” SÉRIE, TOME XII. (320 ) i COMMUNICATIONS ET LECTURES. Des recherches faites dans la cathédrale d'Aix-la-Cha- pelle, pour retrouver le tombeau de Charlemagne; par I. Arendt, membre de l’Académie. L’Académie, après avoir entendu, dans l’une de nos dernières séances, quelques détails dont, jeus l'honneur de lui faire part sur les fouilles exécutées récemment dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, pour retrouver le tombeau de Charlemagne, a bien voulu m’exprimer le désir de recevoir une communication plus développée sur ce sujet. Je m’empresse de déférer à ce vœu, d'autant plus que je comprends l'intérêt qui, à plus d’un titre, se rattache pour nous à ces recherches. En effet, lorsqu'une de nos principales cités s’est apprétée à élever un monument à la mémoire du grand empereur frank, qui, peut-être par sa naissance, mais à coup sûr par le sang, appartient à la Belgique, l’Académie a applaudi à cette patriotique entre- prise; elle a, en outre, prêté son concours à la généreuse initiative d'un de nos concitoyens pour lever, si c’est pos- sible, l'obscurité et les doutes qui entourent le berceau de Charles. N’est-il pas naturel alors que tout ce qui se ral- tache à l’histoire posthume de ce grand homme attire = core son attention et lui paraisse digne de Poccuper? J 2 done cherché à me mettre en mesure de satisfaire à €? désir en recueillant les principaux faits qui se rapportent à ces recherches, mais n'ayant assisté moi-même qu'à We partie des fouilles, je waurais point pu rendre compte de "ep leur ensemble ni placer dans leur véritable jour les résul- tats obtenus, si je n’avais eu la bonne fortune de rencon- trer sur les lieux mémes un savant distingué des plus versés dans tout ce qui concerne Parchéologie de l’époque carlovingienne et du moyen âge, et qui, avec le plus aima- ble désintéressement, a mis à ma disposition des notes rédigées par lui et renfermant de précieux renseignements sur les tentatives faites à différentes époques pour re- trouver la sépulture primitive de Charlemagne (1). Je remplis un devoir en adressant ici à M. Kaentzeler mes vifs remerciments. Grâce à son obligeance, l'Académie n’igno- rera rien de ce qui a été fait et saura tout ce qui a été trouvé. Pour bien comprendre les faits dont j'aurai à entretenir la classe, il est nécessaire de connaître les circonstances par suite desquelles on a été amené à faire ces fouilles. A cet effet, il convient de rappeler les renseignements que les auteurs de l’époque donnent sur la sépulture de Char- lemagne et sur le sort qu’eut son tombeau. La classe voudra donc bien me permetire de commencer ma relation par un court résumé de ce que j’appellerai l'Histoire pos- thume de Charlemagne. Cette histoire n'est pas sans in- lérét; à côté de faits certains, elle en renferme d'autres obscurs, douteux, qui prêtent matière à discussion; quant à ces derniers, je serai bref et me bornerai à indiquer quelques points propres à les éclaircir et moins aperçus ES 0 my eee co (1) M. Kaentzeler dont la modestie égale le savoir, est auteur d'un cer- tain nombre de monographies sur des sujets se rattachant à Charlemagne et à la basilique construite par lui. Jen mentionnerai plus loin les princi- pales, Les détails que je donne sur les fouilles exécutées dans Per Dott lique en 1845 et au mois de septembre dernier, sont tous empruntés aux notes que M. Kaentzeler a eu l'obligeance de me remettre. ( 322 ) jusqu’iei par les savants qui se sont occupés de ce sujet. On sait que d’après le récit d’Einhard, dans la vie de Charlemagne (1), le corps de l'Empereur, après l’aceom- plissement des lotions et des soins funéraires, fut trans- porté et inhumé dans l’église au milieu du deuil profond de tout le peuple. Einhard ajoute qu’on avait d’abord hésité sur le choix du lieu de sa sépulture, parce que Charles lui-même n'avait, de son vivant, rien prescrit à cet égard. Cette assertion d’Einhard manque d’exactitude et on peut s'étonner qu’elle wait point été relevée par ses commentateurs. Charles, dans la première année de son règne, manifesta le désir d’être enterré dans la basilique de Saint-Denys. Son père y reposait, sa mère Bertrade également (2), et à l’occasion d’une donation qu'il fit au monastère de Saint-Denys, il exprima le vœu formel d'y reposer aussi (3). Si Einhard dit vrai, comme je le pense, (1) « Corpus more solemni lotum et curatum et maximo totius populi luctu ecclesiae inlatum et humatum est. Dubitatum est primo, ubi reponi deberet , eo quod ipse vivus de hoc nihil ee tandem omnium ani - mis sedit, nusquam eum honestius tumulari posse, quam in ea basilica, quam ipse propter amorem Dei et domini nostri Jesu Christi et ob hono- rem sanctae et aeternae virginis, genitricis ejus, proprio sumptu nes vico construxit. In hac sepultus est, eadem die, qua defunctus est, arcus que supra tumulum deauratus cum imagine exstructus. » Einhard, Vie Karol. Imp., e (2) « Decessit (Bertrada) tandem post mortem Hildegardae, cum jam tres nepotes suos totidemque neptes in filii domo vidisset; quam ille in cadem basilica, qua pater situs est, spie sanctum Dionysium, magno cum honore, fecit humari. » Einhard, Vita Karol. Imp., C. X (5) La charte dans laquelle Charles ee canta s comme lieu de sa sépulture, se trouve dans Doublet : Histoire de l'abbaye de Saint-Denys : Paris 1625, in-4o, p. 704. En voici le passage où ce vœu est formulé. « Carolus gratia Dei rex Francorum Be Quidquid enim ad Ge ecele- siarum Dei benevola devotione e imus, hoc nobis ad salute e. ( 525 ) il faut croire que ce voeu n’était pas connu des personnes qui entouraient l'Empereur au moment de sa mort et que lui-même n’y songeait plus. On ne resta pas toutefois longtemps dans Pincertitude. « Tout le monde, continue Einhard, s’accorda pour décider qu'il he pourrait être enseveli plus honorablement que dans cette basilique, qu'il avait lui-même, à ses propres frais, fait construire à Aix-la-Chapelle. Il y fut done in- humé le jour méme de sa mort, et on éleva au-dessus de son tombeau une arcade dorée avec son image et une in- scription. » Un autre auteur contemporain , Thegan , atteste également que l'Empereur a été inhumé le même jour où il mourut (1). Le lieu de sa sépulture n’ayant pas été désigné d’avance , il est évident qu'aucun préparatif n’avait pu être fait dans l'église, et qu'il ne put d’abord s'agir que d'une simple déposition dont Pare et l'inscription mentionnés par Ein- hard devaient marquer la place. Cependant une tradition constante , confirmée par des témoignages dont je parlerai tout à l'heure, place le tombeau dans un caveau souter- rain et donne, sur le mode de sa sépulture, des détails EE Ea di. e Lu hostrae proficere credimus , maxime ad illa loca, ubi parentes nostri re- quiescere videntur, hoc adimplere studemus. Quapropter notum sit omni- bus fidelibus nostris presentibus et futuris, e gel nos, ob amorem Dei et mercedis nostrae argumentum, donamus ad casa sancti domini Dionysii martyris, ubi ipse domnus preciosus cum sanctis sociis suis in cor quiescit, et domnus et genitor noster Pippinus rex quiescere videtur et nos, si Deo ed T (sic) en donatumque ibidem ab ipso sancto loco es , etc., ete ON « "en Er omg in senectute KEN plenus ee surrexit in pace : PSO eodemque die humatum est corpus ejus in ecclesia, quam ipse Con- Arsen Aquisgrani Sege » rico Vila ees Imp», €. VII, ap. Pertz, Monum., SS. I Ln ( 524 ) qu’il est difficile, je diraï impossible, de concilier avec Pinhumation faite et achevée le jour méme de sa mort. La description la plus circonstanciée, et autant que je puis juger la plus ancienne, se trouve dans un ouvrage de la première moitié du onzième siècle, connu d’abord sous la dénomination de : Monachus Engolismensis de vita Karoli magni, mais qui, en réalité, n’est autre chose que le second livre des Historiae Ademari, publiées pour la pre- miére fois complétement par M. Waitz, dans les Monu- menta de Pertz. Voici ce que dit Ademar (1) : « (Karolus) sepultus Aquis in basilica S. Dei genitricis quam ipse construxerat. Corpus ejus aromatisatum est et in sede aurea sedens, positum est in curvatura sepulcri, ense aureo aceinctus, evangelium aureum tenens in manibus et genibus, reclinatis humeris in cathedra et capite honeste erecto ligato aurea catena ad diadema. Et in diademate lignum S. Crucis positum est. Et repleverunt sepulcrum ejus aromatibus, pigmentis et balsamo et musco et thesauris multis in auro. Vestitum est corpus ejus vestimentis imperialibus et sudario sub diademate facies ejus aperta est. Cilicium ad carnem ejus positum quo secreto semper induebatur, et supra vestimentis imperialibus pera peregrinalis aurea posita est quam Romam portare solitus erat, sceptrum aureum et scutum aureum quod Leo, Papa consecraverat, ante eum posita sunt dependentia et clausum et sigillatum est sepulerum ejus. » On pourrait vouloir révoquer en doute l'authenticité + ce récit, mais il me semble difficile d'admettre qu'il n4 foe anna A SE Historiarum libri IT, e IX, ap. Pertz, Monum., ss. IV, p. 118. IS ະ ys (325 ) pas pour source première celui d’une personne qui a vu le tombeau dans son état primitif, ou quelque description contemporaine qui n’est pas parvenue jusqu’à nous. On y rencontre des détails, celui de la chainette, par exemple, qui attachait la téte de Charles au diadéme qui, assuré- ment, proviennent de visu et ne sinventent pas. Tout en reconnaissant avec le savant éditeur d'Adémar que nous ignorons les sources où celui-ci puisait les parties de ses récits, qu'il n’empruntait pas aux Annales de Lorsch sa source principale, je ne puis y voir un motif suffisant pour rejeter sa narration, car M. Waitz lui-même admet qu Adé- mar se servait dans la rédaction de son histoire de sources anciennes et des plus authentiques, qui se sont perdues depuis. D’après lui l'exactitude, la foi historique d'Adémar ne méritent que des éloges; il apportait un soin particu- lier à consulter les meilleurs documents pour écrire son ouvrage (1). Je ferai encore remarquer que dans la partie de son histoire qui est consacrée à la vie de Charlemagne, Adémar reproduit principalement les Annales d’Einhard, avec des additions dont les deux plus importantes sont le passage sur la sépulture de Charles, que je viens de citer, et un autre assez développé sur l'introduction du chant liturgique romain en France. On n’a jamais douté que je sache de l'authenticité des détails qu'il donne sur ce der- nier sujet; pourquoi douter de la vérité de sa narration quand il parle du tombeau de Charlemagne ? Mais, dira-t- on, tout en admettant la véracité d'Adémar, comment concilier son récit avec Passertion d’Einhard et de Thegan que Pinhumation a eu lieu le jour même de la mort? Une het aos bined A eg (1) Ademari Historiarum libri IH, ed. G.Waitz, ap. Pertz, Monum., ( 526 ) sépulture comme celle que Pauteur aquitain nous décrit, ne s’improvise évidemment pas, elle exige des travaux de construction et d’autres préparatifs qui ne s’achévent pas dans le court espace de quelques heures. Si Adémar dit , Einhard est évidemment dans l'erreur; Einhard ce- pendant était sur les lieux et en position de savoir les choses le plus exactement possible. Aussi, en présence de son témoignage précis, positif, confirmé par celui de The- gan, ne peut-on voir dans la narration d’Adémar qu'une de ces nombreuses fictions qui ont leur source dans la grandeur et le caractère extraordinaire, dont l'imagination populaire entourait tout ce qui touchait à la personne et aux exploits du héros frank, fictions qui ont altéré de bonne heure la vérité de tant de faits de l’époque carlo- vingienne. Je reconnais que lobjection est sérieuse et qu’elle peut invoquer à Pappui les fouilles récemment faites qui n'ont fait découvrir nulle part les vestiges d’un tombeau voté, mais il me semble qu’elle s'évanouit cependant en pré- sence de certains faits qui permettent de concilier par- faitement les deux versions. Au moment de la mort de Charles, son fils et successeur le roi Louis était en Aqui- taine. Il paraît naturel qu’en l'absence du nouveau mai- tre, on wait pu choisir le lieu définitif de sépulture, et qu on se soit contenté de déposer en quelque sorte me visoirement le corps dans la basilique. Louis, arrivé à Aix-la-Chapelle, fit faire ensuite le tombeau et la sépul- ture tels qu’Adémar les décrit, Cette conjecture emprunte déjà de la nature même des choses une certaine vraisém- blance ; des mentions positives dans deux auteurs Con- temporains lui donnent en outre à mes yeux un haut degré de probabilité, L'auteur contemporain de la vie de Louis, (327 >) connu sous le nom de l’Astronome, dit que l’empereur; arrivé au palais d'Aix-la-Chapelle, rendit graces a ceux qui avaient pris soin des funérailles de son père ; il s’em- pressa aussi de suppléer à ce qui manquait aux devoirs à remplir envers les restes de Charles (1). Nithard est plus explicite encore. Au commencement de son règne, dit-il, l'empereur Louis ordonna que les très-considérables sommes d'argent que son père avait laissées fussent divi- sées en trois parts, et il dépensa une de ces parts pour les funérailles de son père (2). Mais quand même on ne serait pas disposé à admettre cette explication, l'existence du tombeau voúté, de la erypte sépulerale n’en est pas moins certaine, puisque les témoignages les plus irrécusables affirment qu’elle a été ` ouverte par l’empereur Othon IH , qui y est entré. Avant de m’oceuper de cette visite aux restes de Charles, il est nécessaire de rechercher ce que devint le tombeau pendant l'époque écoulée depuis la mort de Charles jusqu’à lavé- nement d’Othon II. En combinant les descriptions d’Ein- hard et d’Adémar, on doit se figurer la sépulture de Charles composée d'une partie souterraine, d'un caveau oú se trou- vait l’empereur sur son siége et d’une partie monumentale dans l’église même et consistant dans arcade dorée portant l'inscription dont parle Einhard. On peut considérer comme certain que cette dernière partie, tout ce qui dans la basi- lique même était visible du tombeau, disparut déjà avant AA PAT PA oi on do AL A nt ee (1) « Sed quod et deerat inferiis genitoris, promtissime supplevit. » Vila Hludowici, e XXII, ap. Pertz, Monum., SS. If, 618. (2) « Initio quidem imperii suecepti pecuniam ingenti numero a patre relictam, trifariam dividere jussit el unam partem causa funeris expendit. Nithard. » Histor., t. 2, ap. Pertz, Monum., SS. H, 651. ( 528 ) la fin du neuvième siècle, à la suite de l’invasion des Normands et des dévastations qu’elle entraina après elle. En 888, les Normands s’emparérent d’Aix-la-Chapelle et réduisirent en cendres le palais de Charlemagne, qui resta pendant quatre-vingts ans 4 Pétat de ruine (1), jus- qu’aux temps de l’empereur Othon le Grand. D’après la chronique d'Herrmann de Reichenan (2), l’intérieur de Péglise fut complétement dévasté, les Normands en firent l'écurie de leurs chevaux. On commença à restaurer le palais et l’église dans le cours du dixième siècle (3), (1) « Post hec Aquis palatium Indam et Malmundurias et Stabulans mo- nasteria in favillam redigunt. Aquisgrani en usque ad tempora Ottonis imperatoris per annnos 80 vastum permansit. Destructor ejus dice- batur Ordwig princeps. » Annalista saxo , ap. De wie Monum. SS. VI, 585. (2) « Aqu isgrani, in Late regis equos suos stabulant Normanni, » Hermanni Augier , ap. Pertz, Monum, SS. V, 99. Le nom de Capella fut deep ën du temps d'Einhart à la basilique de Charle- magne. Voy. Einhart, Annal. ad. a. 829 , Pertz, Monum., SS I, 218. (5) « Von der Verheerung, welche der Aachener Pallast im Jahre 881 durch die Normannen erfuhr, berichten die auf uns gekommenen Zeug- nisse nur in allgemeinen Ausdrücken, weshalb es unmóglich ist, mit Ge- wisheit anzugeben, wie weit sich dieselbe erstreckt habe. Beherzigt man indessen , mm kurze Zeit nachher, der Pallast von Zwentibold und ap: dern Fürsten wieder bewohnt wurde; dass in Betreff der Kirche die Brand ee worden sein soll, nirgends bei den Schriftstellern, welche die Sorgfalt der Sächsischen Kaiser für die erhóhte Auschmúckung des Innern rühmen , die Andentung irgend eines damals vorgenommenen Neu- baus angetro roffen wird; dass auch das Gemäuer derselben an keiner Stelle Spuren einer Restauration zeigt, die älter wäre, als die Zeit Kaiser Frie- drich’s I: so wird man auf die Vermuthung geführt, dass bei der Kirche, wie bei dem Pallast. — Alles was die Raublust der wilden Horden Zu rei- zen Koerech: , Bepliindert und regen dc dies — ແ wurde, dass aber eine eigentliche Zerstörung der festgegründeten Haupt- gehäude — nicht statt fand. » C. P. Bock , Geschichtliche > DEFI des Aachener Rathhauses, p. 79. (329 ) et en 936 ils purent déjà servir aux solennités du sacre WOthon premier (1). La partie visible et monumentale du tombeau ne fut toutefois pas rétablie, et on oublia même la place où était la crypte sépulerale, car lorsque en Van 1000 l'empereur Othon II voulut visiter Char- lemagne dans sa tombe, personne ne savait plus où elle se trouvait, et Empereur dut faire ouvrir clandestinement le pavé de la basilique et opérer des fouilles à l'endroit où Pon supposait, disent les sources (2), être le tombeau. Othon lui-même assistait à ces recherches avec deux évé- ques et un des grands dignitaires de sa cour, le comte Othon de Lomello, son protospathaire. Un heureux ha- sard a voulu que le récit saisissant de vérité de ce der- nier, témoin oculaire et irrécusable, se soit conservé dans la chronique du monastère de Novalese. Voici ce qu’il ra- conte (4); ce sont, s’il faut en croire le chroniqueur, les propres paroles du comte : « Intravimus ergo ad Carolum. » Non enim jacebat, ut mos est aliorum defunctorum » corpora, sed in quandam cathedram ceu vivus residebat. » Coronam auream erat coronatus, sceptrum cum man- » tonibus indutis tenens in manibus, a quibus jam ipse » ungule perforando processerant. Erat autem supra Se > tugurium ex calce et marmoribus valde compositum. A etn er (1) V. Widukind: Res gestae Saxon., IL, 1, 2, ap. Pertz, Monum., SS. II, 457,4 (2) « Karoli Cesaris Ossa, ubi requiescerent, cum dubitaret (Otto im- perator), rupto clam pavimento, ubi ea esse putavit fodere quousque ha in solio inventa sunt regio, jussit. Crucem auream quae in a pendit, cum vestimentorum parte adhuc imputribilium sumens , “a cum veneratione magna reposuit. » Thietmar Chron., IV, 29, ap. Pertz, Monum., SS. III, 781. , (3) V. Chron. Novaliciense, III, 32, ap. Pertz, Monum., SS. VII, 106. ( 530 ) » Quod ubi ad éum venimus, protinus in eum foramen frangendo fecimus. At ubi ad eum ingressi sumus odo- rem permaximum sentivimus. Adoravimus ergo eum statim poplitibus flexis ac genua, statimque Otto impe- rator albis eum vestimentis induit ungulasque incidit et omnia deficientia circa eum reparavit. Nil vero ex arti- bus suis putrescendo adhuc defecerat , sed de summitate nasui sui parum minus erat, quam ex auro illico fecit restitui, abstraensque ab illius eure dentem unum, Auditions tuguriolo abiit. » Aucun doute sérieux ne peut étre élevé au sujet de la vérité de ce récit, qu’au monastère de Novalese on pouvait très-bien tenir du comte lui-même, le comté d'Othon en Lomelline ne se trouvant pas fort éloigné du couvent. L'autorité de Thietmar, qui est très-grande, comme on le sait, garantit le fait en lui-même (1), et les circonstances dont le souvenir s’est conservé à Novalese, n’ont en elles- mêmes rien d'improbable, La même observation que j'ai faite au sujet du récit d'Adémar s'applique encore ici. Les détails sont trop précis et d’une nature trop spéciale pour que raisonnablement on puisse songer à une fiction. L'ima- gination populaire, il est vrai, ne tarda pas à s’emparer je RIOR 2, Së E MW Y e WwW + ww (1) La visite d'Othon au a de ES er e, indépen- damment du récit de Thietm ales contemporaines. « newer autem celebritatem ge devotione peer grani feriavit. ona mune into ae magni hapert Karoli 0554 contra divi t, qua tune in abdito sepulture mirificas rerum varietates Bizet Sed ge hoc, ut postea ela- ruit, ulcionem aeterni vindicis incurrit. Nam praedictus ei imperator post tantae commissionis facinus comparuit et ej praedixit. » ae Hildesheim ad ann. 1000, ap. Pertz, Monum , SS. HI, 92. — « Impera magni da a pluribus eo usque ignorata; invenit. » ge Lam- berti ad ann. 1000, ap. Pertz, L 1. p. 91. (331 ) du fait de la visite d’Othon et d'y ajouter le merveilleux qui manque complétement dans le réeit primitif, mais de là à dire qu’elle Pa inventé, il y a loin. Il existe à la bi- bliothèque impériale à Paris un manuscrit de l'histoire d’Adémar qui renferme, à cóté du texte véritable de lau- teur, des interpolations et des additions qui, selon toute apparence, datent de la seconde moitié du douzième siècle et dont l’auteur parait avoir été un moine du couvent de Saint-Martial à Limoges (1). Arrivé au règne d’Othon IH, Pinterpolateur ajoute au texte d'Adémar beaucoup de choses et, entre autres, un récit de la visite de l'empereur au tombeau de son grand prédécesseur, dans lequel le vrai et le faux, l’histoire et la fiction se trouvent mêlés d'une étrange et presque plaisante façon. Voici ce récit (2). « Quibus diebus Otto imperator per somnum monitus est, ut levaret corpus Caroli magni imperatoris quod Aquis humatus erat, sed vetustate obliterante ignorabatur locus certus, ubi quiescebat. Et peracto triduano jejunio, inventus est eo loco quem per Visum cognoverat imperator, sedens in aurea cathedra, intra arcuatam speluncam infra basilicam Mariae , coro- natus corona ex auro et gemmis, tenens sceptrum et ensem ex auro purissimo et ipsum corpus incorruptum inventum est. Quod elevatum populis demonstratum. Quidam vero canonicorum ejusdem loci Adalbertus, cum enormi et procero corpore esset, coronam Caroli quasi pro mensura capiti suo circumponens, inventus est strictiori vertice, coronam amplitudine sua vincen- tem circulum capitis. Crus proprium etiam ad cruris AR A SAA AAA PRET, (ur. pd jen Dat O ee en (1) V. Waitz dans Pertz, eek SS , IV, 140, 111. (2) V. Pertz, Monum., 1 1. p. 130. : ( 352 ) » mensuram regis dimetiens, inventus est brevior et » ipsum ejus crus protinus divina virtute confractum est. » Qui supervivens annis 40, semper debilis permansit. » Corpus vero Caroli conditum in dextro membro basili- » cae ipsius, retro altare S. Johannis Baptistae et erypta » aurea super illud mirifice est fabricata. » Il n’y a d'im- portant dans ce récit que la désignation de la place du tombeau : c'est en partie d’après elle que les premières fouilles ont été dirigées. Le corps du grand empereur resta dans la tombe, où Othon HI Pavait replacé, pendant cent soixante-cing ans ` et jusqu’au moment de sa canonisation (1). « En 1165, lisons-nous dans le Magnum chronicon Belgii, d'après la volonté et le mandat du pape Alexandre et de tous les cardinaux, le quatriéme jour avant les calendes de jan- vier, en présence de l’empereur Frédéric et de beaucoup de prélats, les ossements de Pempereur Charlemagne furent levés avec le plus grand respect de l'endroit où ils avaient reposé pendant trois cent cinquante-deux ans, et honorablement placés dans une magnifique biere d’ar- ee: vu y iR (1) Il y a divergence d’opinions sur la question de savoir si, apres la visite d'Othon, le corps de Charlemagne resta dans sa crypte sépulcrale primitive, ou s’il fut placé dans un sarcophage de marbre antique, qu existe encore et dont M. Kaentzeler, dans un savant traité intitulé : Der Raub der Proserpina, Sarkophag in der Münsterkirche zu Aachen. Bonner Jahrbücher, 1861, a expliqué les bas-reliefs représentant a ment de Proserpine d’après Claudien. La question a été traitée avec autant de sagacité que d'érudition par M. Kaentzeler, dans un article publié par lui dans l’Aachener Zeitung du 29 mars 1858 , sous le titre de Karls des Grossen Gruft und der Standort seiner Uberreste nach seiner zweima- ligen Erhebung. J’engage beaucoup M. Kaentzeler à publier les recherches si consciencieuses et si instructives qu'il a faites depuis, sur tout ce = se rattache à la place et à la forme du tombeau de Charlemagne, 4% existait pendant plusieurs siècles dans l’intérieur de la basilique. ( 335 ) » gent par Reinald archevêque de Cologne et Alexandre » évêque de Liége, et Charles fut canonisé et proclamé » saint confesseur (1). » Cinquante ans plus tard, Pem- pereur Frédéric II fit placer le corps de Charlemagne dans une magnifique chasse, objet d’art du plus haut prix et œuvre probablement d’un artiste de Liége ou de Co- logne (2). Voici comment le moine contemporain Renier de Liége raconte cette translation. « Feria secunda, missae » solemnitate celebrata, idem rex corpus Carlomanni quod > avus suus Fridericus imperator de terra levaverat in » sarcofagum nobilissimum quod Aquenses fecerant, auro » argentoque contextum, reponi fecit et accepto martello, » depositoque pallio, cum artifice machinam ascendit et (1) « A. D. MCLXVI de voluntate et mandato Alexandri papae et om- nium cardinalium IV Cal. januar. E aesente Friderico imperatore et multis praelatis EN ossa Caroli magni imperatoris e loco ubi quieverant annis CCCLH, cum magna ri mer sunt elevata et honorifice collocata in feretro rs per Reinaldum archiepiscopum Coloniensem et Alexan- drum Leodiensem episcopum, in multis oblationibus quas imperator et im- peratrix obtulerunt. Ubi et canonisatus Carolus et S. confessor dictus est. » Magnum chronicon Belgicum ad ann. 1165 ap. Pistor., Rerr. German., SS. u, P: 208, zo Fridericus imperator na natale Domini in paate suo cele- objet d'une eg monographie de M. Kaentzeler, publiée à Aix-la- Chapelle en 1859, sous le titre : Der die Gebeine Karls des En en- ` Saliende im et Zeien zu anne rare: Behälter, beschrieben seinen acht. K poner gE n SIA 23 lig e on P. St. Kaent- zum eret zleer, Aachen; 1859, in-8°. V. SES? Dr. Fr. Bock, Der igus des Liebfrauenmiinsters su Aachen. Aachen, 1860 , in-8°, p. 45-5 ( 554 ) » videntibus cunctis cum magistro clavos infixos vası fir- » miter clausit (1). » a chasse fut placée sur Pautel du chœur et y resta pendant plus de cing siécles. Elle fut ouverte en 1482, dans des circonstances dont je parlerai plus loin, mais chose aussi étrange que certaine, le souvenir du précieux dépôt qu’elle renfermait se perdit presque complétement de la mémoire des hommes. A la suite d’une confusion qui ne s’explique que par l'indifférence des temps en matière d'histoire, par leur insouciance pour les restes d'un grand passé, une opinion s’accrédita qui empécha plus encore que Pignorance la découverte de la vérité. On crut que la chasse exposée sur l'autel renfermait les reliques d'un martyr, saint Léopard, dont le corps avait été apporté à Aix du temps d’Othon III et déposé dans la basilique (2). L’oubli à cet égard fut si profond que lorsque vers 1780, l’ancien autel du chœur dans la chapelle du sacre fut dé- moli et remplacé par un autre en style de la renaissance , la précieuse chasse avec sa glorieuse dépouille fat trans portée dans une sacristie attenant à l’église et où on Con- serve le trésor de la basilique. Le monument qui était censé marquer, encore au seizième siècle, la place du tom- beau, ayant depuis longtemps déjà disparu , personne ne connaissait plus d’une manière précise l'endroit ou se trouvaient les restes du grand empereur. Une tradition dont il est difficile de déterminer l’origine lui assignall bien pour sépulture le centre même de l’octogone carlo- peop HER SES (4) V. Reineri monach. continuatio chron. Lamberti Parvi ad ann. 1215, ap. Martene, Ampliss. collectio , Y, 59. 2) V. Dr. H. J. Floss : Geschichtliche Nachrichten über die Aachener Heiliglhiimer; Bonn, 1855, in-8°, p. 355 ff ( 555 ) vingien, et les auteurs du dix-septième siècle n'hésitent pas à placer son tombeau sous la grande dalle qni s'y trouve et sur laquelle, au commencement du siècle actuel, l’eveque français du diocèse d'Aix fit mettre le nom de Charlemagne, qui yest encore; mais personne ne songea à demander des preuves à l'appui de cette assertion, on se contenta d'une indication vague qui ne s'appuie sur aucune donnée authentique et qui sert tout au plus à fixer Pima- gination en satisfaisant une curiosité ignorante. Les choses restèrent dans cet état jusqu’à nos jours, où la publication de tant d’annales, chroniques et autres monuments authentiques de l’époque carlovingienne , ren- dit possible et facilita l'étude approfondie et détaillée du règne de Charlemagne et de tout ce qui touche à sa per- sonne. Un de nos savants associés, M. le professeur Bock, s'occupa, dès 1857, de recherches sur le tombeau du héros et eut le mérite d'attirer par un travail special V attention du roi de Prusse, Frédéric Guillaume IV, sur la question. Sur l’ordre de ce souverain, des recherches furent entre- prises en 1843 pour retrouver la crypte sépulcrale primi- live. Suivant les indications de Pinterpolateur d’Adémar, on exécuta des fouilles dans Vatrium de l’église et dans la partie droite du pourtour de Poctogone. Dans Patrium, on découvrit le tombeau et les ossements du fameux bourg- mestre d’Aix, Chorus, qui, au quatorzième siècle, avait fait construire le beau chœur gothique de la basilique et l'hôtel de ville actuels; on y trouva encore des fragments du portail carlovingien primitif, qui avait été démoli au dix-huitième siècle, pour faire place à l'informe construc- tion qu’on y voit aujourd’hui. Dans Poctogone même du côté droit de l'entrée, on rencontra un tombeau renfer- mant quelques ossements et dont le fond était marqué de 2% SERIE, TOME XII. 25 ( 556 ) lignes rouges. En continuant les fouilles dans la méme direction, plus à l’est, on trouva un caveau construit avec beaucoup de soin, et comme l'endroit correspondait assez avec celui indiqué dans le passage du faux Adémar, on put croire un instant avoir découvert la sépulture tant cherchée, Mais on fut bientôt détrompé : une bière fut trouvée dans le caveau portant Pinscription suivante : Clauditur hic magnus Leopardus nomine clarus, Cujus in obsequio regnabat tertius Otto. C’étaient les restes de saint Léopard, martyrisé sous Julien PApostat, et dont le corps avait été apporté d’Utricoli, près de Rome, à Aix, par Othon III, et déposé dans la basilique (1). On passa alors au côté gauche du pourtour extérieur de Poctogone. Un second cercueil y fut trouvé, renfermant, d’après l'inscription qu'il porte, les reliques de sainte Co- rona, déposées là également par l’empereur Othon IH : Clauditur hoc tumulo martyr Corona benigna, Tertius hic Caesar quam ducens conderat Otto. En même temps, on reconnut dans la direction du centre de Poctogone, là où au dix-septième siècle on croyait que le tombeau devait exister, les- vestiges d'un aqueduc ro- main, qui rendent douteux qu’une crypte quelconque ait jamais pu se trouver à cette place. Le résultat des fouilles de 1843 fut donc négatif, quant à leur but principal; le tombeau primitif de Charles n'était pas retrouvé. Toutefois on dut s’applaudir, et s'applaudir Ni i a (1) V. Act. SS. Boll, 30 sept. t., VIIL, pp. 413 sq. ( 337 ) beaucoup d’avoir entrepris ces recherches, car elles menè- rent 4 la découverte du corps méme de Charlemagne. L'inscription. du cercueil de saint Léopard montrait à Pévi- dence qu’on était dans l'erreur en croyant que la chasse de l’ancien grand autel renfermait les restes de ce martyr. Mais que contenait-elle alors? On résolut de s’en assurer, et, le 7 août 1845, la chasse fut ouverte en présence d’une députation du chapitre et de deux médecins. Le couvercle enlevé, on trouva dans l’intérieur un parchemin portant la déclaration suivante : k « Ad futuram rei memoriam : noverint omnes Christi fideles, quod anno millesimo quadringentesimo octua- gesimo primo, die duodecima mensis octobris, matura deliberatione decani et capituli hujus venerabilis ec- clesiae praevia, praesens feretrum sacrarum reliquia- rum per nos decanum, cantorem, vicepraepositum pres- byteros et duos canonicos presbyteros apertum fuit et ex eo recepta tantummodo pars superior brachii dextri sancti Caroli magni, ad devotam supplicationem Chris- tianissimi Ludovici Francorum regis, qui ad honorem gloriosissimae virginis et ejusdem Caroli magni his die- bus misit brachium aureum ponderis viginti octo et di- midiae marcarum auri, in quo pars brachii praedicta inclusa est, ad ipsius Domini regis petitionem. Pontificatu sanctissimi Domini Sixti quarti papae, imperante Fri- derico tertio Romanorum imperatore, Ludovico de Borbon episcopo Leodiensi ac Hermanno archiepiscopo Coloniensi, hujus ecclesiae praeposito (1). » Sous le parchemin se trouvait un tissu de soie pourpre vv we "Www" ww w WW wee WW egen, e (1) V. Aachener Anzeiger, 15 Februar 1851. ( 358 ) d'une grande beauté, qui entourait une enveloppe renfer- mant des ossements (1), qui sont ainsi bien authentique- ment prouvés être la dépouille mortelle de Charlemagne. Les médecins examinèrent avec soin ces vénérables restes et reconnurent qu’ils forment le squelette complet, à l'exception du crane, du bras droit supérieur et d’un tibia, qui sont conservés parmi les reliques que posséde le trésor de la basilique. On dressa procès-verbal du tout, et la chasse fut replacée dans la chambre du Trésor. Tout récemment, le 27 février 1861, elle a été ouverte de nouveau, et des _ mesures ont été prises = mieux assurer la conservation de ce précieux dépot (2 Le désir manifesté ese Louis XI de donner une preuve a (1) Voici les détails fort intéressants que M. le Dr Fr. Bock a donnes sur les tissus qui enveloppent les ossements de Charlemagne. Je les em prunte a une notice publiée gh ce si et mentionnée à la note 2. « Eine eingehende Untersuchung ergab, dass der grössere Seidenstoff als ein fiir sich abgeschlossenes und Ra drap de lit zu erkennen ist, wie solche reichgemusterte seidene Decken als pallia transmarina , pallia saracenica von provenzalischen Troubadours und von gleichzeitigen =o Minnesängern vielfach besungen und beschrieben werden. t sich die grössere Umhüllung mit arabeskenförmigen Musterungen, rar eise der Thier-und theilweise der Pflanzenwelt angehôrend, als ein meisterhaft gewebtes Produkt der industriellen Sarazenen Siziliens aus- m Schlusse des XH Jahrhunderts, vielen heute noch erhaltenen Analo- gien zufolge, zu e rkennen ‚so deutet die Technik , die grossartigen Dessins und die eigenthümsliche Farbenwabl bei dem zweiten im Umfange klei- neren ee mit cop dod te ec wee guterhaltene P irker un- "eme zuiuéchheibes ist, die denselben; den eingewebten riecht chen Ischriften zufolge, wahrscheinlich in dem Kaiserlichen Gynecaeum zu Bijzanz für die Zwecke des Hofes als Stoffe zu Feier-und Ehrenkleidern unsrer Vermuthung nach, im X Jahrhundert, angefertigt haben. » (2) V. Die Eröffnung des Karlsschreines, von D" Fr. Bock, Aachener Zeitung , n° 61,2 Maerz 1861. (339 ) particuliére de sa vénération pour la mémoire de Charle- magne n’est pas un fait isolé. De tout temps, les rois de France, voyant en lui le fondateur de leur monarchie, et se croyant issus directement de son sang, ont témoigné une attention particulière à la basilique d’Aix et au tom- beau qu’elle renfermait. Sous l’ancienne monarchie, il existait un usage qui témoignait du culte voué par eux à ee tombeau. A chaque nouveau sacre, le roi qui venait de monter sur le trône, envoyait au chapitre de la basilique le drap mortuaire qui avait servi aux funérailles de son prédécesseur, pour qu'il fùt étendu sur le tombeau de celui qu'ils appelaient leur « progéniteur. » Encore en 1775, Louis XVI se conforma à cette coutume de ses ancé- tres (1). Du reste, Louis XI ne s’en tint pas à cette première libéralité. En 1482, il fit don à l'église collégiale d'A d'une rente annuelle de quatre mille livres tournois , à prendre sur les domaines et revenus de la couronne à Laon, Noyon, Creil, Pont-Saint-Maxence et autres lieux. Le chapitre de l'église demanda et obtint à chaque nouveau règne la confirmation de cette donation, qui paraît ainsi avoir subsisté jusqu’à la révolution française (2). ‚Avant de m'occuper de la reprise des fouilles, qui a eu lieu au mois de septembre dernier, je voudrais revenir un instant sur un point qui se rapporte aux premières recher- ches, et qui n’est pas sans présenter un certain intérêt. À qui appartient le tombeau trouvé dans la partie antérieure du côté droit du pourtour de Poctogone? Dans les notes (1) V. Quix, Historische Beschreibung der Münsterkirche u. $. w- Aachen, 1825; in-8°, pp. 116 et 2 (2) V. Quix , ouvrage cité, p. 210. (340 ) que M. Kaentzeler a eu Pobligeance de me remettre, ce savant parait disposé a Pattribuer 4 Didier, roi des Lom- bards, qui, d’aprés une tradition consignée dans les Anna- les rerum flandricarum de notre Meyer, serait mort 4 Liége, et aurait été enterré, ainsi que sa femme et ses en- fants, aux pieds de Charlemagne, selon une autre tradition, existant 4 Aix méme, et rapportée par Beek dans son ouvrage intitulé Aquisgranum (1). La découverte d'un cercueil d'enfant, que les derniéres fouilles mirent au jour, paraitrait venir en aide a cette opinion. Je me suis livré à ce sujet à quelques recherches dont voici le résultat : Il existe dans les sources de l’époque trois versions diffé- rentes sur le lieu de retraite désigné par Charlemagne à Didier. Les Annales Sangallenses majores le font envoyez à Corbey, les Annales Leodienses, les Laubienses, les Lobienses , la chronique de Sigebert, et Anselme dans les Gesta episcoporum Leodiensium, disent qu'il fut di- rigé à Liege et confié à l’évêque Agilfrid; l’histoire des Francs, du monastère de Saint-Denys, enfin, porte que (1) «Memorat Meïjerus in Annal. Rerr, Flandric. an 774, Karolum regem in gratiam Adriani primi pontificis maximum exercitum duxisse in Italiam, victisque Longobardis finem regno illorum imposuisse , Desiderium regem cum uxore et liberis captivum secum deportasse atque Agilfrido Leodien- sium episcopo , Borgundionum ducis filio , qui in palatio magni Karoli diu versatus fuerat, custodiendum Endidisso, Tandem (inquit de Desiderio), mortuus Leodii el sepultus Aquisgrani, quo loco Meijerus silentio premil praeteritque. Reverendus et nob. Dominus Renerus a Wachtendonk , cane nicus hujus basilicae, vir serius scrutator antiquitatis et veri, inter cetera complura suggessit mihi a priscis traditum , quod ad pedes Karoli ita in sepulcri sede positi ut caput altare respiceret, Desiderius una cum uxore et eg ‚hamatus sit, GUN esse etiam nunc, saxa tria advolutà ub 1diti. » Beek , Aquisgranum, etc. p. 76. ( 341 ) Charles ordonna qu’il fût conduit à Saint-Denys, qu’on Py tonsurât et qu’il y fût fait moine. Le tout fut exécuté, et Didier y resta jusqu’à sa mort et fut enterré dans la partie gauche du couvent (1). Examinons de plus près ces diffé- rentes versions. Je crois qu’il en faut d’abord écarter la première, celle qui fait le roi lombard vivre dans la retraite et les bonnes œuvres à Corbey et Py fait mourir. Elle ne se trouve que dans les Grandes Annales de Saint-Gall qui ont été compilées au dixième siècle, loin, bien loin de rbey ; les véritables et primitives Annales de Saint-Gall, contemporaines tout à fait comme annotations, renferment bien une notice sur Didier, mais elle est à peine intelligible et ne dit mot de Corbey (2). Qui plus est, les annotations (1) « Paveja civitas conquisita et rex Desiderius et Ansa uxor ejus pariter exiliati sunt a orbejam et ibi Desiderius in vigiliis et orationi- bus et jejuniis et multis bonis operibus permansit, usque ad diem obitus sui» Annal. Sangal.majores ap Pertz, Mon., SS. 1,75.— « Karolus regnum Italiae cepit et Desiderium regem in exilium direxit Leggiae, Agilfrido episcopo. » Annal. Leodienses ad ann. 744 ap. Pertz, Mon., SS, IV, 415. Annal. Laubienses, ibid.— «Karolus Desiderium captum cum uxore el filiis exulandum direxit in Frantiam ad locum qui dicitur pausatio sancti Lant- berti martyris.» Annal. Lobienses ad. ann. 774 ap. Pertz, Mon.,SS. I, 195; Taitis ET EE: : incipib itur et perpe tar » Sige E tho qH Qn 16. 3 me PÈRE. ‘1.7 a. D H Emo € ap. Pertz, Mon., SS. VI, p- 334.—«Agilfridus ad quem Karolus Desiderium rerem ItalaaT 1 CARTE ilium.» / Cesta Epp. Leodienss. etc. re Anselm fieri. Quod et factum est ibique usque ad ultimum vite sue diem moratus est, sepultusque est ibidem in sinistra parte monasterti. » Hist. Franco- ( 542 ) tracées en écriture anglo-saxonne sur les tables du eyele pascal du monastère de Corbey même, ces annotations, aussi authentiques que possible, rédigées sur les lieux même et toutes contemporaines, ne font mention ni de Didier, ni du lieu de son exil ou de sa mort. L’assertion de l’histoire des Francs du monastère de Saint-Denys ne m’inspire pas plus de confiance. L'ouvrage _ où elle se trouve est du douzième siècle et rempli de fables de toute espèce; aucune autre source ne parle de Saint- Denys comme lieu de retraite de Didier, et autant que je sache, il n’existait à l’abbaye même aucune trace qu'il y ait été enterré (1). Reste le groupe de sources qui mel- tent le lieu de son exil à Liége; je pense que cette version doit être préférée à toute autre, d’après le principe géné- © ralement admis aujourd’hui, que les annales et les chro- niques de cette époque méritent surtout foi, quand elles rapportent des événements ayant eu lieu dans la localité ou près de la localité, où ces documents ont été rédigés. Or les Annales Leodienses, Laubienses, Lobienses, les Gesta d'Anselme tombent tout à fait sous l'application de ce principe, et je crois qu’on peut en toute sûreté admettre avec eux que le roi lombard a passé le temps de son exil à Liege. Quant au lieu de sa sépulture, j'ignore sur quoi se fonde la tradition que Meyer a reproduite dans ses An- nales, mais j’avoue que l'existence à Aix-la-Chapelle d'une nn PRE lens. Baluzii, pars genuina ad. ann. 774 ap. Pertz, Mon., SS. 1, 65. Le savant éditeur de ces annales pense qu'il faut lire ` Paveja civitate sive Ticino (1) v. Doublet, Histoire de l'abbaye de Saint-Denys, livre quatrième : Des lombeaux et sépultures des rois et ror ynes de France, ete., en las sacrée église et royale abbaye de Saint-Denys en France, p. 1108 5, suiv. ( 545 ) tradition locale conforme et très-précise, quant à la place du tombeau dans la basilique , et les objets qui ont été mis au jour par les fouilles, ne me permettent pas de com- battre d’une manière absolue l'opinion vers laquelle M. Kaentzeler paraît pencher. Si je considère comme très-sûr que Didier a eu Liege pour exil, je considère comme fort possible qu'il a été enterré à Aix-la-Chapelle , aux pieds de son vainqueur. Les recherches pour retrouver la sépulture primitive de Charlemagne, après avoir cessé pendant plusieurs années , furent reprises dans le cours de Pété dernier. Sur la de- mande du chapitre, notre honorable et savant confrère, M. Bock, avait communiqué a celui-ci deux nouveaux mé- moires sur la question, et c’est d’après les indications qui Sy trouvent que les fouilles paraissent avoir été dirigées. Elles eurent lieu en présence de Son Excellence M. d'Olfers, directeur général des musées royaux de Prusse, sous la direction de l'architecte de la ville et avec l'assistance de l'architecte conduisant les travaux de restauration de la cathédrale, On les commença du côté du chœur actuel, au point de sa jonction avec Toctogone carlovingien. Des les premiers jours, un résultat important fut obtenu. On he trouva pas, il est vrai, la erypte sépulerale tant cher- chée, mais on découvrit les murs de fondement de Pan- cienne abside carlovingienne, qui formait une partie es- sentielle de la construction primitive et que Pédification du grand chœur gothique avait fait disparaître dès le qua- lorzième siècle. Depuis cette époque, on en avait ignoré l'existence ; seulement , il y a quelques années, lorsque ‘es précieux bas-reliefs qui couvrent la chasse renfermant les ossements de Charlemagne, furent copiés, on vit que cette abside y est figurée. Au point de vue architectaral et (344 ) pour se représenter la forme premiére de la basilique, telle qu’elle existait à l’époque carlovingienne, cette découverte offre un haut intérêt. On dirigea ensuite les investigations vers le centre de Poctogone où se trouve la pierre sous laquelle la croyance populaire place le tombeau de l'Empereur. La pierre fut enlevée, on creusa à sa place sous une profondeur consi- dérable, mais aucune crypte , aucun caveau, aucune voùte ne furent trouvés. Il se présenta même des indices qui rendent difficile de supposer qu'il y en a eu à cette place. ` Sur plusieurs points parurent des restes de maçonnerie de deux pieds d'épaisseur dont la direction ne correspondait pas aux lignes de l’édifice. On voulut conclure de cette circonstance qu'avant la construction de la basilique, il existait dans cette partie du fond des aqueducs ou d’autres constructions semblables, d'autant plus qu’on trouva, non loin de 1a dans le chœur, une pierre qui paraît avoir servi à un conduit d’eau et un bain maconné de cing pieds de profondeur dont les parois étaient enduites de ciment sur lequel on constate des restes de peinture. Avec beaucoup de bonne volonté et en rapprochant les dimensions de cette construction d'un passage du poëme de Lohengrin, où il est dit que la tombe de Charles était très-petite, on pour- rait peut-être y voir le caveau dans lequel Othon Ill pénétra. Mais cette opinion ne saurait étre sérieusement soutenue. L’axe de la construction n’est pas en rapport avec l'autel, et Varcade érigée, d’après Einhard, sur le tombeau aurait, dans cet endroit, masqué complétement la vue de l'autel même. Il ne reste done que d'y voir une construction plus ancienne que la basilique, probablement d’origine romaine, comme l'indiquent des briques et des tuiles trouvées autour et incontestablement romaines. ( 545 ) Plus près du centre de l’octogone, on mit au jour le petit cercueil de pierre, qui ne peut avoir servi qu'à la sépul- ture d’un enfant et dont il a été parlé plus haut. Dans la même ligne , mais plus près du chœur, se trouva une pierre bleue taillée, montrant des restes de ferrures et pouvant avoir servi de fermeture á un caveau, dont d'ailleurs toute autre trace manquait. On creusa plus avant dans cette ré- gion, mais arrivé á une profondeur de onze pieds, on ren- contra une nappe d'eau qui rendit toute recherche ulté- ` rieure inutile et ne permet guère de supposer qu'il ait pu y avoir dans cet endroit des constructions quelconques. N’ayant rien trouvé dans Poctogone même , on se dirigea vers le pourtour de gauche, en partant du centre , ensuite vers Pouest du cóté de Patrium; on creusa jusqu'aux fon- dements des piliers qui entourent Poctogone, en allant à une profondeur qui varie de huit à dix pieds et demi. Dans ces deux directions on rencontra des murs romains de deux pieds d'épaisseur, qui paraissent avoir formé les parois d'un vaste bain , d’une espèce de piscine commen- cant au troisième pilier du côté nord et finissant au premier pilier du côté sud. Nayant rencontré nulle part la moindre trace de crypte ou de caveau, on termina les fouilles au point où le pourtour droit rejoint le chœur, et où le céno- taphe de Charlemagne devait être placé. Là encore il n'existait que des restes de murailles sans aucun vestige de souterrain vonté. L'état des terres remuées prouvait d'ailleurs que des fouilles antérieures y avaient été pra- tiguées, ` Le but qu’on se proposait en ordonnant ces recherches na done point été atteint, et en présence des soins avec lesquels celles-ci ont été faites et de la direction intelli- sente qui y a présidé, une seule opinion me parait admis- ( 346 ) | sible aujourd’hui , c'est que la crypte qui servait de sépul- ture à Charles a été détruite au moment où la première levée du corps a eu lieu, c’est-à-dire en 1165. Toutefois il serait injuste de dire qu’il y a eu peine perdue dans ces investigations. La découverte des fondements de l'ancienne abside carlovingienne est d’un haut intérêt pour l'histoire de l'architecture religieuse et plus particulièrement pour celle de cette basilique qui a été pendant tant de siècles un des plus vénérés sanctuaires de la chrétienté. Un mot encore, messieurs, et je termine cette trop longue relation. Il doit être permis de regretter que les restes de la dépouille mortelle du glorieux Empereur ne se trouvent pas sur la terre belge, sur cette terre quia nourri les auteurs de sa race, sur laquelle peut-être il a vu le jour. Je ne crains point d’être démenti par aucun de vous, en affirmant, que s'ils étaient chez nous, ils wat- tendraient pas longtemps leur repos définitif dans un mo- nument digne de Pimpérissable grandeur du fondateur de l'ordre chrétien et de la civilisation dans l'Occident. Sur la découverte du texte primitif de la Chronique de Jean le Bel; par M. Polain, membre de l'Académie. Quelques-uns de mes confrères n’ont peut-être pas en- tièrement oublié la communication que j'ai faite à la classe, dans sa séance du 8 février 1 847, touchant la découverte de la chronique de Jean le Bel. Depuis lors, j'ai publié, en un volume in-octavo, la partie de cette chronique qui €m- brasse les années 1326 à 1540, et cette publication a permis enfin de constater la nature et l'importance des emprunts ( 547 ) faits par Froissart à l'œuvre du chanoine de Saint-Lam- bert. Un point restait à éclaircir : Jusqu'où s'étendait cette chronique? Je crois avoir réussi à prouver, en réponse à des observations de mon honorable confrère etsavant ami, M. Kervyn de Lettenhove, qu'elle ne s’arrêtait point à 1540, comme il l'avait cru d’abord, et qu’elle renfermait, notamment, le récit des guerres de Bretagne et d'Écosse , et celui de l'expédition des Anglais en France , Jusqu’apres la prise de Calais. Les recherches auxquelles je me suis livré depuis, en vue de publier une seconde édition de cette chronique, ne m’avaient rien appris de plus. Le problème dont il s’agit, et d'autres qui s’y rattachent, vont enfin étre résolus : la chronique de Jean le Bel vient en effet d’être retrouvée en entier. Je demande à la classe la permission de lui lire un fragment de la lettre par la- quelle notre honorable confrère, M. Paulin Paris, m’an- nonce celte bonne nouvelle : « MON GHER AMI, » Il y a déjà longtemps que j'aurais dù vous faire part d'une découverte qui n’est pas tout à fait mienne, mais que, grace à votre précédent travail, j'ai pu reconnaître. Le texte de Jean le Bel est enfin retrouvé tout entier, et dans un manuscrit à peu près contemporain, conservé dans la bi- bliothéque de Chälons-sur-Marne. » Il ya trois mois environ qu'un élève de l'École des chartes, M. Meyer, vit ce manuscrit à Châlons, et jugea que ce devait être cette fameuse première rédaction de Froissart, qu’on a jusqu'à présent inutilement cherchée, et dont notre confrère d’ Académie, M. Kervyn de Lettenhove, ( 548 ) conteste méme la réalité. Je me promis bien de faire, du- rant les vacances, une excursion à Chálons, et j’y reconnus, en le comparant avec la partie que vous avez donnée, que le manuscrit renfermait la chronique compléte de votre chanoine. Ici ce n’est plus une présomption, Vattribution est fondée sur tous les caractères de l'évidence. Le nom de Pauteur ne s’y trouve pourtant pas. Le premier chapitre que vous avez donné est précédé d’un prologue que voici, et qui est remarquable A plus d'un titre : » Ci commence histoire vraye et notable des nouvelles guerres el choses avenues Van mil CCCXXVI jusques Van LXI, en France, en Angleterre, en Escosse , en Bretaigne et ailleurs. Et principalement des haults faits du roy Edowart d'An- gleterre, et des n roys Philippe et Jehan de France. » Qui veult lire et ouïr la vraye histoire de preu et gentil roy Edowart, qui au temps présent régne en Engleterre, si lise ee petit livre que jay commencé à faire, et laisse ung grand livre rimé que jay veu et leu, lequel aucun controuveur a mis en rime par grandes faintes et bourdes controuvées, duquel le commencement est tout faulx et plain de menchongnes, jus- ques au commencement de la guerre que ledit roy empril contre le roy Philippe de France. Et de là en avant peut avoir assez de substance de vérité et assez de bourdes, etsy y à grand plenté de parolles controuvées et de redites, pour embelir la rime, et grand foison de si grandes proesses racontées ee cuns chevaliers et aucunes personnes, qu’elles debyeroient sembler mal créables et ainsy comme impossibles. Par quoy telle hystoire ainsi rimée par tels controuveurs pourroit sem- bler mal plaisant et mal aggréable à gens de raison et d'enten- dement, car on pourroit bien attribuer, par telles parolles sl si démesurées sur aucuns chevaliers ou escuiers, proesses y oultrageuses que leur vaillance en pourroit estre abessée; Ca! » ( 349 ) leurs vrais fais en seroient moins creus, de quoy ce seroit dommage pour eulx. Pourquoy on doibt parler le plus á point que on poeut et au plus prez de la vérité. Car histoire est si noble, ce m’est advis, et de si gentile proesse qu’elle est bien digne et mérite destre mise en escript pour le en mémoire retenir au plus prez de la vérité, s'il estoit qui bien le sceust et voulsist mielz faire de moy. Et si y sont tant avenues d’aven- tures notables et périlleuses, et tant de batailles arrengées et d’autres faits d'armes et proesses puis Pan de grâce MCCCXX VI, que ce gentil roy fut couronné en Engleterre, que il et tous ceulx qui ont esté avecq luy en toutes ces batailles et aventu- res, ou avecques ses gens lá où n’a pas esté en sa propre per- sonne, comme vous pourrez ty-aprés ouïr, doibvent bien estre tenus et réputez pour preus, combien qu'il y en ait grant foison de tels qui doient estre réputez pour souverains preus entre et dessus tous les aultres, si comme le propre corps du gentilh roy, le prince de Galles, son fils, selon sa jeunesse, le due de Lencaste, messire Renals de Coban, messire Watier de Manny, messire Franc de Hale, et plusieurs aultres que je ne say tous nommer, car par toutes les batailles que ceulx que j'ai nommé ont esté, ils ont eu victoire pour eulx par terre et par mer, et se sont monstrez si vaillamment que on les doibt bien tenir pour preux et oultre preux. Mais pour ce n’en doibvent pas les aultres, qui avecques ont esté, pis valoir. Car à vérité dire, on doibt bien tenir tous ceulx à preux lesquels en celles batailles si crueuses et si perilleuses, dont il y ena eu plussieurs, ont osé demourer jusques à la desconfiture, souffisamment fai- sant leur debvoir. Et doibt bien souffire de dire : Cil chevalier fut le mielx faisant en celle bataille-la, et le chevalier nommer, et la bataille aussy. Et cil autres chevaliers fut moult bien aussy, et aussy fut cil autres, sans attribuer à nulluy proesse mal créable par corps d’omme achever. Et ainsy doibt-on re- corder de toutes les batailles et entreprises dont on veult faire mencion; car on seet bien que quant une bataille rengée est ( 350 ) assemblée, la fortune est tantost tournée d'un eosté ou d’aul- tre; mais toujours a de miex faisant les ung que les aultres, si les doibt-on bien recorder en nommant qui les scet. Et pourtant que en ces hystoires rimées, trouve-on grand plenté de bourdes, je veul metre peine et entente quant je pourray avoir loisir descrire par prose, ce que jay veu et ouy recorder par ceulx qui ont esté la où je Way pas esté, au plus prez de la vérité que je pourray, selone la mémoire que Dieu ma prestée, et au plus brief que je pourray, sans nulluy plac- quier. Et si je ne le peux parfaire, si le face un aultre après moy, à cuy Dieu en donnera la grâce. » On croirait vraiment, ajoute M. Paulin Paris, que Jean le Bel veut parler, dans ce prologue, de la première rédac- tion de Froissart , rédaction qui aurait été écrite en vers et dont peut-être (qu'elle soit de Froissart ou d'un autre) le fameux poëme du Ven du Heron ne serait qu'un épi- sode. Mais, d’un autre côté, il est impossible d'admettre que Froissart eút aussi bien parlé de Jean le Bel, et, qui mieux est, qu’il Peút aussi fidèlement copié, sil en avait été aussi durement maltraité. Jean le Bel veut done par- ler, suivant toutes apparences, Pun autre ouvrage, tel que le Poëme des guerres de Bretagne, dans lequel la fable aurait écrasé la vérité. . > Quoi qu’il en soit, le travail du chanoine de Liege se poursuit jusqu’au traité de Bretigny, en 1561. Il comprend le siége de Calais, la bataille de Poitiers; il donne plusieurs chapitres sciemment omis par Froissart, et surtout celui dont votre Zantiliet nous avait donné une traduction latine que vous avez fait connaître : c’est le récit du viol de a comtesse de Salisbury, qu'il nomme précédemment Aalis. Ce récit est admirable de style et (arrangement. » Le manuscrit de Jean le Bel est un des plus beaux fleu- ( 551 ) rons de l’histoire littéraire de Liege, car il est maintenant prouvé que Froissart a pris d’abord son meilleur style dans Jean le Bel, et qu’il n’a fait ensuite que se conformer au même modèle. Encore remarque-t-on qu’il n’y a dans son livre de véritable ordre, de mesure et de proportion entre les différentes parties durécit, que dans le premier volume, dont Jean le Bel a fait presque tous les frais. » Je n’ai point encore reçu le texte de la communication faite par mon honorable ami à l’Académie des Inscriptions et belles-lettres, au sujet de cette précieuse trouvaille, mais le Journal de PInstruction publique m’en a apporté hier le résumé. Ce résumé renferme la plupart des rensei- guements contenus dans la lettre dont je viens de donner lecture à la classe; j'y lis également, mais cette fois en fran- cais, le curieux épisode du viol de la comtesse de Salisbury, tel que je Pavais retrouvé dans la chronique latine de Zant- fliet, Je ne veux point y revenir, malgré la tentation que Jen éprouve, mais la classe me saura gré, j'en suis sûr, de lui citer un passage charmant qui se rattache à cet épisode, passage négligé par Zantfliet et qui vient immédiatement après le récit de l'acte infame commis par le roi Édouard. Nous ne croyons pas que Froissart lui-même ait jamais trouvé des accents plus vrais et plus touchants : La bonne dame, dit Jean le Bel, n'eut oncques puis joie, ne ne porta joliveté fiulle, ne ne se mit en compaignie de bonnes gens, tant fut à mésaise de cœur. Après ce, tantost avint que le noble roy ala en Bretaigne pour secourir les gens qu’il y avoit mandé comme vous avez ouy, et puis s’en revint en Angleterre aveeques le comte de Salbry aussy. Quand ledit comte fut venu à son hostel, la bonne dame le festia le mieulx qu'elle sceut tout celluy jour, et ne fist nul semblant de riens..... 2% SÉRIE, TOME XI. = ( 992 ) Mais à la nuit, quand il fut couché, elle ne se coucha auprez lay, ainsy qu'elle Pavoit accoustumée. Il l’appella et luy dist : « Dame que vous fault que vous faictes si povre chiére et ne vous couchiez pas. » La bonne dame s'assist sur le lict auprés luy, plourant tendrement, luy disant quant elle poeut parler: « Certes, sire, je ne suis pas digne de couchier en lit de si vail- lant homme comme vous estes. » Le bon chevalier fut tout esbahy de ces paroles et tout angoisseux de scavoir le pour- quoy. Il luy dist: « Sainte Marie! Dame, qu'est-ce que vous dittes? Vrayement, il me fault scavoir la cause. » La bonne dame qui eut aussy chier de luy dire tost que tard, luy des- couvry toute la chose du commencement jusques en la fin. Si le vaillant chevalier eut adoncques tristesse au cœur, ce ne faut pas à demander, car se oncques poeut avoir dolour ne couroux à soy désespérer, il le debvoit lors avoir, quant il lui souvenoit de la grant amistié et honour que tousjours le roy luy avoit monstré; et d’aultre part, les grands services et ... faits péril- leux qu’il avoit fait pour luy, et puis luy avoit fait tel deshon- nour et trahy ainsy et deshonnouré la plus vaillant dame qu vesquit. Ce mestoit pas merveille se couroussié estoit, mais estoit merveille qu'il ne se désespérast, et je croy bien que oneques puis n’eut joye au cuer. Quant il eut assez démené doeul d'un costé, et la bonne dame de Paultre, il dist: « Certes, dame, ce qui est fait ng pocut estre deffait ; je ne pourroye demourer ainsy deshonnore lá où jay eu tant d'honneur; si mwen iray en une autre com trée passer le remanant de ma vye, et yous demourrez comme bonne dame, si comme je croy que avenu vous soit, et aure? la moitié de ma terre pour yous et mon enfant, vostre fils que yous alléverez et nourrirez; car je croy bien que ce ne, sen pas longement, et Dieu doint que ce soit temprement, aunsy; que je désire, et me weille rechepyoir à mercy par sa P Qui adoneques veist leur doeul croistre, il eut eu le cœur moult dur se pitié n’en eust eu et compassion. ( 555 ) Votre Commission des monuments de la langue fran- çaise qui s’est réunie aujourd’hui, et à qui J'ai également annoncé la découverte de la chronique de Jean le Bel, a décidé qu’elle s’occuperait immédiatement de mettre cette chronique au jour, et elle m'a fait l'honneur de mecharger de cette publication. Jamais mission ne m’aura été plus douce à remplir. Sur l'ouvrage NATUREN BLOEME de Maerlant, et sur des fragments nouveaux relatifs à cet ouvrage; par M. Bor- mans membre de l’Académie. Outre plusieurs manuscrits plus ou moins complets de la Naturen Bloeme (fleur ou beautés de l’histoire naturelle) de Maerlant, et une reproduction imprimée du premier livre d’après le manuscrit de Detmold, je me suis servi pour la publication du premier volume de cet ouvrage de trois fragments, parmi lesquels je citerai celui de Nimègue comme le plus considérable. J'ai eu l'honneur, il y a trois Mois, d'annoncer à la classe la découverte d’un autre frag- ment de trois cent quarante-quatre vers, qui pourra être consulté utilement pour la publication du second volume. Tous ces fragments proviennent de manuscrits diffé- rents, et quelques-uns accusent, par leurs variantes, ou une excessive liberté de la part des copistes, ou même, en certains endroits, un remaniement et une rédaction nouvelle. Il s'entend que j'ai dû remarquer la même chose en comparant mes différents manuscrits. Il résulte de ce fait que l'éditeur d'un ancien monument littéraire ainsi interpolé, tout en ayant une connaissance suffisante du sujet, de la langue et, s’il s’agit de l'œuvre ( 394 ) d'un poéte, de la versification qui lui est propre, et malgré toute la perspicacité et la critique qu’on pourra lui accor- der, se flatterait en vain de rendre a cet ouvrage sa forme primitive ou de reconstituer seulement un texte de quelque autorité, s’il ne s’est entouré d’abord d'assez de copies anciennes pour que, aux endroits altérés dans les trans- criptions successives, il ait eu l’occasion de rencontrer quelque part et, par conséquent, de reconnaître les traces de la rédaction originale. Il s'ensuit, de plus, que chaque nouveau fragment que Pon découvre d’un vieux manuscril, soit de Maerlant ou de tout autre écrivain dont il importe de posséder un texte pur et correct, doit être accueilli avec reconnaissance par les amis des études philologiques. Afin de ne pas impatienter la classe par un préambule dont elle entrevoit peut-être l’objet et la fin, mais en re- jetant ses soupçons comme peu vraisemblables, je me hâte d’ajouter que j'ai bien réellement, cette fois encore, à l'en- retenir d'un nouveau fragment de la Naturen Bloeme de Maerlant, dont la générosité d’un savant allemand vient de nous enrichir. Ce sont six cent cinquante-sept vers partagés en quatre séries : la première, de cent soixante et douze vers, appartient au troisième livre du poëme de Maerlant, qui traite des oiseaux ; la deuxième et la troisième, respec tivement de cent soixante-trois et de cent soixante vers, ensemble trois cent vingt-trois , font partie du quatrième livre, où sont décrits les monstres des eaux; la quatrième série, de cent soixante-deux vers, provient du livre des poissons, qui est le cinquième. Ces fragments m'ont été adressés par M. le docteur Franz Roth, ancien professeur, aujourd’hui un des Con- servateurs de la bibliothèque de Francfort et connu > d'excellents travaux philologiques, dont le dernier est une nouvelle édition critique du Schwanritter (le Chevalier au ( 35 ) Cygne) de Konrad von Würzburg, publiée à l’occasion du vingtième congrès des philologues allemands célébré à . Francfort au mois de septembre dernier. Dans une lettre des plus obligeantes qu’il a jointe à son ` envoi, M. Roth m’apprend que, il y a une quinzaine d'an- nées, M. le bibliothécaire Merkel, à Aschaffenbourg, lui signala l'existence à son dépôt de quelques fragments d'une histoire naturelle en néerlandais (einer niederländischen Naturgeschichte), qu'après examen, il crut ne pouvoir attri- buer à aucun autre poëte qu’à notre Maerlant et dont il s'empressa aussitót de prendre copie. C’est cette copie même que M. Roth ma fait parvenir et que j'ai en ce moment l'honneur de mettre sous les yeux de la classe. Faite par une telle main, elle a toute la valeur de l'original, à cela près, qu’elle ne porte pas de même avec elle les caractères extérieurs de l’âge du manuscrit primitif. Je ne trouve à cet égard aucune indication pré- cise; toutefois l'orthographe, les formes grammaticales et la langue en général permettent de le placer au commen- cement du quatorzième siècle, comme elles font soup- conner la main d'un copiste brabançon. Si j'interprète bien les divisions et les numéros d'ordre marqués par M. Roth dans les séries mémes, les fragments d’Aschaffenbourg consistent en quatre feuillets, à deux colonnes par page, chaque colonne comprenant de trente-six 4 quarante-cing vers, selon que les initiales ornées prennent plus ou moins de place. Au reste, ces détails n’ont guère d'importance, et Sil y avait quelque doute A éclaircir sous ce rapport, il serait facile d'obtenir de M. Roth tous les renseignements nécessaires. Une circonstance bien plus intéressante et qui ajoute un nouveau prix à cette copie, c’est qu’elle a été collation- née avec le beau manuscrit de Wolfenbuttel, d’abord par (356 ) le savant philologue feu M. Schönemann, qui y a consigné minutieusement à Venere rouge toutes les variantes de ce manuscrit et suppléé en méme temps quelques tétes de lignes qui manquaient sur un des feuillets d’Aschaffen- bourg, ensuite une seconde fois, en 1848, par M. Roth lui-méme, dont la scrupuleuse exactitude se reconnait aux nombreux traits de crayon qui servent à marquer jusqu'aux abréviations des deux écritúres. En les comparant, j'ai re- marqué que certaines abréviations reviennent plus souvent dans les feuillets d’Aschaffenbourg, mais qu’en général il y a presque égalité. En 1852, M. Roth collationna aussi, mais dans certains passages seulement, le manuscrit de la bibliothèque de Berlin. Comme M. le professeur Jonckbloet a bien voulu mettre à ma disposition la copie si exacte qu'il a faite de sa propre main de ce manuscrit, il me serait facile de compléter au besoin la collation de M. Roth; mais en ce qui concerne celle du manuscrit de Wolfenbuttel, dont je viens de parler, il est d’autant plus heureux qu’elle soit continue, que je ne connaissais de ce texte que les quinze vers cités par M. le conseiller M. L. Petri, dans sa Notice sur Maerlant, imprimée à Detmold en 1853 (1). Ajouterai-je que la collation de M. Roth s'étend même jusqu'au wer que Jai publié et dont, il n’y a pas longtemps, m’écrit-il, il a pu prendre connaissance dans le Musée germanique à ES RA I re a (1) Cette notice, malgré quelques légères inexactitudes plus ou moins inévitables à cette époque, surtout pour un étranger, est fortbien faite: elle a pour titre : Jacob von Maerlant und der Naturen Bloeme, ein ma- nuscript der öffentlichen Bibliothek in Detmold. Elle est suivie du texte du premier livre de la Naturen Bloeme et de nombreux extraits des autres livres. Dans tout ce travail, M. Petri a fait preuve de connaissances eten- dues et d'une saine critique. | ( 357 ) Nuremberg? Il y signale méme une de mes conjectures qui se trouve confirmée par le manuscrit de Wolfenbuttel. Quoique j'aie la confiance qu’il y en a encore d'autres, que les manuscrits ou la science justifieront un jour, je suis d'autant plus flatté de cette observation du savant alle- mand, que jusqu’ici aucun de mes compatriotes n’a eu le courage (j’emploie à dessin ce mot) de s'informer de ce que Maerlant peut avoir gagné ou perdu à mon travail. La copie de M. Roth était d’abord destinée a étre livrée A impression, et je crois comprendre par ce que lui-méme m’en dit, que des travaux plus urgents et l’état de sa santé ont seuls retardé Vexécution de ce projet. Aujourd’hui, aprés la publication que j’ai faite des quatre premiers livres de la Naturen Bloeme, auxquels ces fragments se rappor- tent pour les trois quarts, une édition spéciale de ceux-ci serait sans but; tandis que, comme l’a fort bien jugé le généreux savant de Francfort, les lecons qu’ils fournissent peuvent trouver un utile emploi dans la collation supplé- mentaire, qui devra nécessairement suivre notre texte. Il serait regrettable, en effet, qu’aprés toutes les peines que m'a coûté le premier volume, et le soin infini (1) avec lequel j’y ai consigné toutes les variantes que j'ai pu re- cueillir, on ne s’attachat pas, dans la continuation, à com- pléter ce répertoire philologique et critique au moyen —_ (1) Cette expression banale, pour étre comprise ici, a besoin d’une petite explication : non-seulement les variantes sont indiquées avec une exactitude extrême , mais elles sont en outre disposées de telle sorte , que tout philologue instruit et judicieux pourra, avec un peu de patience, re- constituer diplonratiquement chacun des textes qui y sont représentés, el tout cela sans qu’il y ait une syllabe superflue, sans que jamais un chiffre de vers ou une lettre , désignant le manuscrit, tombe à la fin d'une ligne, sans qu’il y ait aucun espace grand ou petit qui n'ait sa raison d'être. Sous ces derniers rapports, j'ai été admirablement secondé par le compositeur, * ( 358 ) d’une collation suivie des textes qu'il m'a été impossible de consulter jusqu'ici ou dont je n’ai pu comparer qu'une | partie. Parmi ces derniers sont les manuscrits de Detmold et de Berlin; parmi les autres je nommerai ceux de Leyde et de Wolfenbuttel et deux ou trois fragments qu’on con- nait dans des bibliothèques particulières. Maerlant qui, en général, n’a fait que traduire le Liber de Naturis Rerum de notre Thomas de Cantimpré (1), eite partout, comme celui-ci, les sources où les détails qu'il décrit sont puisés : Aristote dit; Pline dit; Solin dit; Sé- neque, Ambroise, Beda, Albert, ete., disent, et ainsi de tous ceux qui avant lui se sont occupés d'histoire naturelle. M. Roth a recherché dans ces écrivains, en ce qui concerne son fragment, tous les endroits auxquels il est ainsi fait allusion. JI ne m'a pas envoyé cette partie de ses notes, parce qu’il a cru devoir supposer que j'ai déjà fait ce travail moi-même; mais il m’assure que, dans tous les cas, il les tiendra à ma disposition. C’est une offre que je ne puis qu’accepter avec reconnaissance, et, que Dieu nous conserve la vie à l’un et à l’autre, quand j'aurai remis la main à la Naturen Bloeme, je ne serai pas plus tôt pret à rédiger les notes qui doivent y servir d’éclaireissement, ` que je prendrai la liberté de réclamer Pobligeant secours de son érudition. En attendant, la classe voudra bien ne me considérer que comme le dépositaire momentané de cette copie, qu'elle jugera convenable, j'en suis certain, de faire inscrire dès aujourd’hui dans le catalogue de sa bibliothèque. e (1) TI naquit à Leeuw-Saint-Pierre, près de Bruxelles, à la fin du dow zième ou au commencement du treizième siècle, V. ma notice , Bulletins de P Académie , t. XIX, n° 1. > — ( 359 ) Note sur le texte des documents relatifs d saint Bernard, conserves dans un manuscrit de la bibliothèque de Bour- gogne ; par M. le baron Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie, Un de nos plus savants confrères a bien voulu soumettre à un travail de révision les lettres de saint Bernard que jai publiées dans les Bulletins de l’Académie. Si jamais ces documents inédits sont recueillis par les futurs édi- teurs des œuvres de l'illustre abbé de Clairvaux, les obser- vations de M. Dormans fixeront sans doute leur attention, et je suis heureux de rendre un public hommage à sa critique consciencieuse et éclairée, en plaçant en regard du texte du manuscrit de Bruxelles, n° 1849, les correc- tions proposées par mon honorable ami. TEXTE DU MANUSCRIT DE BRUXELLES, CORRECTIONS PROPOSÉES PAR M. BORMANS. Lettre au comte Thibaud de Champagne. Sed, licet breviter atque veraciter, Sed licet breviter, at veraciter. Christi servo ac perlicet ipsi Christo Christi servo ac, qua licet, ipsi Christo Sermon commencé au concile de Chartres (1). U | First eruditionem exarare gra- Utad minorum eruditionem exarare non gravarer (2), Confidentiom Considentium (3) ER (1) H est à remarquer que ce sermon de saint Bernard a été publié par Muratori, ds le nom d’Hildebert, évêque du Mans. (Migne, Patrologie, t. CLXXI, col, 954.) (2) Le ee de Muratori porte : ut ad minorem eruditionem exarare NON Yravarer, . (3) Cette interprétation s'accorde-t-elle avec l'ancien usage d'assister we = shy prédication? Il est vrai qu ‘il s'agit d'u un discours Dës? .. On Hit: Srnesidentiom dus “a texte de Muratori. ( 360 ) Sono laetitiam Somnolentiam (1) Hoc aut similia addidistis, Haec aut similia addidistis (2), Pepigerim vos mecum honorare , Pepigerim mecum vos honorare (3) Nisi solvam quod spopondi. Si stilo Nisi solvam quod spopondi; si stilo Rogans ipsum Rogans seriptum (4) Oraison funébre de saint Bernard. Cernere faciem quasi lineae Cernere faciem in qua lineae Duplices retectam palmas Duplices retecta palmas (5) Et cursus populorum Accursus populorum Nam, cum auriflua conderetur ypogeo Nam, cum auriflua vox conderetur ypo- lugubris sepulturae, tune visceribus geo lugubris sepulturae, tune viste- motis vox audita est EN et ulu- ribus motis auditus est ploratus et latus multus ululatus multus (6). Notice sur M. le chanoine B. De Smet, professeur et poëte distingué; par J.-J. De Smet, membre de l'Académie. Quand on se reporte en esprit aux premières années de notre siècle, on n’apercoit autour de soi, en Belgique, qu’un vaste amas de ruines : souverainetés, constitutions, (1) Muratori : Somnolentiam (2) Muratori : Hoc addidistis (3) Même leçon dans le texte k Muratori. (4) Nevaut-il pas mieux maintenir ipsum ? Ce mot se rapporte au stantif opus de la phrase précédente. On lit aussi : ipsum dans le texte de Muratori. (5) Ne faut-il pas lire: gratiosam habens faciem et duplices releciam palmas ? Le mot retecta se rapporte plutôt à facies qu'à margarila. (6) Il semble préférable de suppléer : auriflua lingua. On dit: auri- fuum os, auriflua lingua; y a-til des exemples d'auriflua voz? Le mot vox ne peut être supprimé après visceribus motis , carilya ici une allusion au texte de l'Évangile : vox in Rama audita est, ploratus et ulu- latus multus E J'ai mis à prod, en rédigeant ees notes, une obligeante te communication de l’un des pieux et savants continuateurs de l'œuvre de Bollandus. ` ( 561 ) lois civiles et ecclésiastiques , institutions religieuses et lit- téraires, tout a disparu dans le gouffre révolutionnaire. Les notions du vrai et du beau semblent perdues elles-mémes , et l’on peut dire malheureusement avec autant de justice que Virgile : Quippe fas versum atque nefas. Et lorsqu'une main vigoureuse , et si puissante alors, vint rétablir l'ordre en relevant l'autel et le trône, des institutions nouvelles et des lois, la plupart empruntées aux législations anciennes de la France, furent accueillies sans examen et avec bonheur par le peuple, fatigué qu'il était d’une longue et sanglante anarchie, qui, sous le faux nom de liberté, lui avait enlevé beaucoup de libertés réelles , dont il avait joui pendant des siècles. Mais comment faire renaître de leurs cendres tant d'établissements utiles que le zèle pour la religion et pour la science avait fondés dans toutes nos provinces et même dans nos plus humbles bour- gades, surtout sous un gouvernement qui ne connaissait d'autre gloire que la gloire des armes et n’attachait réelle- ment de prix qu'aux sciences militaires? Un petit nombre d’hommes de savoir et de foi, que ne pouvait guider ni Vintérét ni ambition, m'avaient pas cessé, au milieu même de la tourmente révolutionnaire , d'entretenir le feu sacré de la science. Et quoique les coups affaiblis de l'orage se fissent encore entendre de loin en loin, ils se firent un devoir de rétablir quelques moyens d'instruction pour cette jeunesse qui avait pu à peine con- naître dans sa famille l’enseignement élémentaire. Ces hommes de dévouement en recueillirent peu d'honneur, alors qu'un seul nom absorbait tout ce qui s'appelle gloire : mais ne leur en doit-on pas d'autant plus de reconnais- sance? Parmi ces hommes que revendique á coup súr la Bio- ( 562 ) graphie nationale, on peut distinguer M. Bernard De Smet, mort chanoine titulaire de Saint-Bavon , et longtemps pro- fesseur de rhétorique et de poésie á Gand. Ce prétre, plus vertueux encore que savant, naquit, le 12 février 1774, 4 POost-Moer, hameau dépendant de la belle et populeuse commune de Waerschoot, d'une famille qu’ennoblissaient des mœurs patriarcales. A peine était-il sorti de Penfance, que le jeune homme manifesta les plus heureuses dispositions pour l'étude et une ardeur singu- liére pour les cultiver; au milieu même des jeux de son âge, qu'il ne dédaignait pas, on lui voyait le plus souvent un livre à la main. Si le prieuré de l’ordre de Citeaux, établi autrefois dans son lieu natal, par Simon Utenhove, y était demeuré, le jeune Bernard eùt trouvé là des moyens faciles de s’instruire; mais, dès le milieu du dix-septième siècle, le monastère avait été transféré à Gand. La com- mune possédait cependant, chose assez rare alors, une école flamande et une école française; mais on sait que l’enseignement primaire laissait beaucoup à désirer à eette époque : aussi l'élève eut-il bientôt surpassé ses maitres, grace à ses lectures, à la pénétration de son esprit et à la rectitude de son jugement. Un frère, qui était son ainé de trois ans et qui devint lui-même un homme de mérite (1), lui procurait des livres utiles, et contribuait plus à ses pro- - grès par de simples entretiens que ses instituteurs en titre. Bientôt il fut en âge de commencer Vétude des huma- nités et se rendit au collége que les R. P. Augustins diri- geaient à Gand, en concurrence avee le collége thérésien, que le gouvernement avait établi après la suppression des jésuites. On ne connaissait pas alors la manie d'enseigner — a (1) Décédé en 1849, vicaire général de Gand. * ( 365 ) au collége, avec les langues principales de PEurope mo- derne, les sciences exactes et naturelles (1), manie qui a si singulièrement affaibli l'étude des langues savantes (2); mais, d’une autre part, la méthode, que suivaient ces pères dans l’enseignement du latin, était fort défectueuse et fai- sait perdre un temps précieux en pitoyables arguties : la littérature était peu de chose. Encore ici le jeune De Smet dut se former lui-même par l'étude des classiques et de quelques bons poëtes hollandais (3), et fut réellement ce que les Grecs appellent ‘Avtoddaczasog, Son propre maitre. La prise de Gand par les patriotes, en 1789, avait inter- rompu pendant quelque temps ses études, et il aimait encore à raconter, dans un âge plus avancé, comment il avait monté la garde au couvent, la baionnette au bout Wun baton, pour empécher la fuite des soldats du colonel Lunden, qui se trouvaient enfermés dans le monastère. Mais Pinvasion francaise eut des résultats tout autrement funestes au pays tout entier. L’intelligent lauréat fut obligé de quitter Louvain, où il venait à peine dé commencer ses études universitaires, d'entrer au séminaire sans avoir fini sa philosophie , et enfin de regagner la maison paternelle, et pour longtemps peut-être. Ce loisir forcé ne demeura pas stérile. Habitué qu'il était à réfléchir par lui-même et à lire le livre de la nature aussi — A S 1 AE PA Sauf Parntth Zut 1 whe ones Ab I jes etuues 4 universitaires. Des professeurs de l’université française écrivaient, il y a une q zaine d'années : « Tout le monde apprend le latin en France, et il en ré- « sulte que personne ne le sait, et qu’on ne sait guère autre chose. » À quoi faut-il attribuer ce triste résultat ? e P. Verhegghen , professeur de seconde , cultivait avec quelque ses en poésie flamande. Voy. le Belg peek Museum , tom. X , 45. 11 a contrib e le goùt des vers eschter) L © a IUSDHE F uin- ( 564 ) bien que les beaux modéles de Pancienne Rome, il conti- nua ses études avec plus de fruit qu'il ne Paurait fait pro- bablement à Louvain, où ne régnait pas à cette époque un gout bien pur dans l’enseignement des lettres. Malheureu- sement, bien qu'il fût si jeune encore, sa vue commençait à s'affaiblir et interdisait des études trop prolongées. Mais, se rappelant la règle des religieux solitaires : Nunc lege , nunc ora, nunc cum fervore labora, il eut recoursà la menuiserie, pour laquelle il avait eu, dès Venfance, un goût et un talent particuliers, et qu’un char- pentier du voisinage s'était plu à diriger. L'élève universi- taire confectionna des meubles assez élégants et des cadrans solaires d’une précision peu commune , dont quelques-uns se conservent dans la famille. Il avait un goût particulier pour la gnonomique, qui est une application utile et sé- rieuse de l'astronomie qu'il aimait beaucoup, et de laquelle elle tire, comme Pa fait remarquer Delambre, ses princi- pes et ses méthodes les plus exactes. Cependant les libertés séculaires de la Belgique étaient à jamais perdues, et ses belles provinces, définitivement réunies à la république française, avaient vu disparaitre jusqu’à leurs noms si chers à l’histoire. Les sciences et les lettres demeuraient exilées, et, sous le rapport de [instruc tion en général, le pays offrait le tableau le plus affligeant : M. De Smet lui-même nous le peignit en ces vers : Raptis latinae Scaldis honoribus Linguae gemebat , fletibus auxerat Undas amaris, turbidisque Ibat aquis inhonorus amnis. Nam liberales illacrymabili Aedibus Aonias sorores. * ( 363 ) Heu! unde quondam tot pugiles sacri Venere honesto pulvere sordidi, Clari tot heroés sagacis Viribus ingenii valentes, Stabant inanes Thespiadum domus WEEN muros tectaque dirutae : Mer: tenebris detinebat er desidies juventam. Aprés cing longues années de persécution et de vanda- lisme, la victoire de Napoléon au 18 brumaire et l'énergie que montra bientót son gouvernement pour le rétablisse- ment de l’ordre, réveillérent toutes les espérances légiti- mes. Quelques jeunes gens, dont une persécution violente n'avait pu ébranler la vocation pour l’état ecclésiastique, se réunirent à l’ancienne abbaye de bénédictines, connue sous le nomde Riche Hopital(1), à Gand, pour y reprendre ou. commencer leurs études théologiques, sous la direction de M. J.-C. Van Hemme, plus tard président du séminaire, et avec le concours de MM. J. De Volder et J.-B. Velle- man, comme professeurs. M. De Smet se joignit á ce petit troupeau de pieux lévites, qui ne se doutaient pas qu'un futur évêque (2) fût au milieu d'eux. Dans les circon- stances où ils se trouvaient, le cours de leurs études ne pouvait avoir toute la régularité désirable, et, dans les Premiers temps, ils ne jouissaient pas même d’une entière sécurité; mais la confiance et Vardeur qui les animaient étaient i gages assurés de succès. La haute intelligence de leur jeune confrère de Waerschoot et Vaménité de son EE (1) Elle est aujourd’hui un couvent de dominicains. (2) Më François-René Boussen , évêque de Bruges. (366 ) ; caractère contribuaient beaucoup à donner de l'importance à leurs entretiens et même à leurs récréations. Pour lui-même cependant semblait s'éloigner l'espérance d’être élevé au sacerdoce, sa vue continuant à s'affaiblir tous les jours. Le calme de son áme n’en était point trou- blé et son application n’en était pas moins assidue; mais ce fut lá peut-être ce qui lui inspira la première pensée de se dévouer à l'instruction des jeunes gens qui se desti- naient à une profession savante : il mit même assez tôt la main à l’œuvre. Le concordat vint réaliser les espérances qu'avait fait concevoir le début du gouvernement consulaire. Le nouvel évêque de Gand, Me Fallot de Beaumont, qui avait à un haut degré le génie administratif et organisateur, mit à profit la confiance que lui montrait le premier consul pour rentrer en possession des bâtiments inhabités du sémi- naire, et s’estima heureux de trouver réunis au Riche Ho- pital les éléments nécessaires pour la restauration d'une maison sans laquelle ne pouvaittxister longtemps le clergé de son vaste diocèse. Il se fit un devoir d'encourager W jeunes gens qu'il avait trouvés si heureusement préparés, et d’écarter les obstacles nombreux qui empéchaient encore l'ouverture du séminaire. Elle eut enfin lieu en 1804. M. Smet écrivit à cette occasion une églogue latine qui ren- ferme un grand nombre de beaux vers et célèbre le prélat sous le nom de Thyrsis; il y parle en ces mots du rétablis- sement de la maison : Ah! quoties dixi geminans suspiria : nunquam Amplius illa domus laetabitur hospite? nunquam, Heu ! dabitur coluisse lares, qui gaudia nostri Quondam ruris erant? hos diruet impius hostis? Nec quisquam viridantia oves ad pascua ducet . ( 367 ) Praeterea , aut aris sacros imponet honores? - Vota etiam junxi, nec inania vota fuere : Vidit enim Thyrsis , nos sparsos vidit in agris, Et sine lege vagos, sine cura degere vitam; Non tulit hoc; nullusque labor deterruit illum; Restituit dilecta suis habitacula : nosque Thyrsidis auspicio sacras intravimus aedes. Le college, ou, pour parler plus exactement, l'école latine , que M. De Smet avait préparée, ne fut établie réel- lement qu'en 1806, et la direction en échut à lui-même et à deux autres professeurs, subordonnés cependant au grand séminaire, où leurs lecons avaient lieu. Les con- jonctures, où Pon se trouvait encore, n'avaient pas permis d'organiser un enseignement bien complet, mais il répon- dait toutefois aux besoins de l'époque. On y formait des élèves religieux qui, aimant l’ordre et le travail, se prépa- raient admirablement aux études supérieures, témoin plu- sieurs d’entre eux qui ont occupé plus tard les places les plus honorables dans le clergé, le barreau , la magistrature, l'enseignement moyen et universitaire. Ne désirant pour lui-même rien au delà du nécessaire ; le savant professeur occupait au séminaire une chambre modeste que rien ne distinguait de celles des éléves, si ce West qu'on pouvait y faire du feu, et se contentait d’une pension réellement insignifiante. Il prenait son principal repas au béguinage de Sainte-Élisabeth, où deux de ses Sœurs avaient fait profession, et comme la faiblesse de sa vue Pempéchait de se distraire beaucoup en chemin par ce = y rencontrait, il pouvait bien se dire avec le satirique atın : Ibam forte via sacra sicut meus est mos, Nescio quid meditans nugarum, totus in illis. SERIE, TOME XII, 97 Qme ( 568 > S Jl ne rêvait pas toutefois à des bagatelles, comme Ho- race. Il préparait des lecons de vertu et de science pour ses éléves , ou composait de mémoire, tantót des vers pro- pres 4 étre mis en chant aux distributions de prix, tantot des hymnes pour quelque féte de Pannée chrétienne. Les premiers sont peu élevés, mais ils plaisent par un faire facile, un style pur et limpide ; témoin ces couplets pris au hasard : En amoena lux refulsit Mille pleha gaudiis, Quaeque plectri dulcioris Concinenda carmine. Ex arena litterarum, Debitis victoriae Praemiis insignienda ostra pubes evolat. Inclytis doctrina cedit Obviam victoribus; Quoque tendunt, veris almi Grata spargit munera; Docta fulgurans metallum Condecorat pectora. Le départ de l’évêque Fallot de Beaumont pour Plai- sance et la prise de possession du siége de Gand par le prince Maurice de Broglie rappelèrent l’élégant écrivain au genre si heureusement cultivé par Théocrite et Virgile. On peut remarquer dans la seconde de ces pastorales cette peinture du concours des fidèles à l'entrée du dernier de ces prélats : At nunc laeta dies fulsit, nunc venit Amyntas, Et turbam horribilem perterruit ipse luporum. In numerum sonuere sacris e turribus aera, (369 ) Et late festis fremuerunt plausibus agri; ' . Pastorum studio concurrit turba videndi, Et multo ante diem vicinia nostra recessit : Alcimedon , Lycidas cum frondatore Philonda , Tytirus, Antigenes, atque ipse bipennifer Aegon; Thestylis, Aleippe, Phyllis, Galatea, Lycoris. En etiam tibi parvus Atys cum patre Phileto, Quos allexit amor, nomenque excivit Amynlae. S’exprimant en latin avec une aisance et une pureté peu commune alors et presque inconnue aujourd'hui, le savant professeur formait avec succès le goût de ses élèves, leur faisait sentir, sans rien outrer, les beautés des écrivains classiques, et développait les moyens que nous avons de rivaliser avec eux. Ses lecons n'ont pas été imprimées, mais les lettres qu'il écrivit à un de ses élèves, enrólé dans l'ar- tillerie à Wesel, par suite de Pattentat que se permit Napoléon, en 1813, contre les droits de l'Église, ont été publiées dans une histoire de cette époque (1), et prouvent avec quelle pureté de formes il savait s'exprimer dans la _ langue de Cicéron et de César. Il n’avait pas négligé cependant la culture, peu prisée alors, de sa langue maternelle, et connaissait à fond les prosateurs et les poëtes dont les Pays-Bas ont droit de se vanter. Uu opuscule ascétique sur le culte du Sacré Cœur, dont il publia une traduction, sous le voile de Panonyme, fit voir que lá aussi il savait joindre une correction pleine de goût à la simplicité que demande ce genre d'écrit. La célebre glose de sainte Thérése (2), dont la Monnoye a A A em (1) De Jonge Levieten, etc., pp. 85, 88, 94. (2) LA dr ER > . ETA RIRE | + qui est une espèce de parodie d'un autre. » Cette définition nous parait inexacte : le poéme de sainte Thérèse ne ressemble pas á une parodie. ( 570 ) fait une traduction justement estimée (1), nous parait ren- due avec plus de bonheur par l'écrivain flamand : on peut en juger par ce début : Ik leve , maer in my, gelukkig duyzendwerf, Leeft Jesus , by wien eens ik wensch zoo zalig leven, Dat door begeerte alleen tot sterven aengedreven, Ik sterf van ongeduld om dat ik niet en sterf. Wat zielverrukkend heyl! met Jesus, myn verlangen, Verknogt te zyn door een’ zoo zoeten liefdeband! Die my de vryheyd schonk, geeft zich aen my gevangen. En stort een heylig vuer door heel myn ingewand. Hoe! is dan in myn hert gekerkerd die beminden? Hy woont in my, maer ach! ik nog zyn aenschyn derf; Ik kwyne, ik zuchte, ik kan geen waer genoegen yinden. Ik sierf van ongeduld om dat ik niet en sterf (2). Ses autres poésies flamandes sont la plupart des mor- ceaux de circonstance qui n’ont pas été publiés (3). On y (1) Racine, invité à traduire de nouveau ce poëme ascétique , répondit , qu'on ne pouvait mieux faire que la Monnoye. (2) Le texte de la sainte est beaucoup plus concis : FRERE AN POS ASIE AN Vivo sin vivir en mi, Y tan alta vida espero, Que muero porque no muero. = DN š er pista divi E E 1 Del amor con que yo vivo, Haze a Dios ser mi cautivo , Y libre mi coracon : Mas causa en mi tal passion Ver a op mi prisionero , i ue Gm Obras S. Teres. Amb., 1630. Tom. Il, 9.) (5) Toutes les pièces citées j jusqu'ici ont été imprimées, sun nom d'au- teur, a Gand, chez Begyn. TS. retrouve le style harmonieux et naïf des Poot et des Wel- lekens, des images douces et riantes, mais peu de verve cependant, ce que d’ailleurs le genre ne comportait pas; rien toutefois n’y rappelle les souvenirs mythologiques et les autres pauvretés qu’affectaient les rhétoriciens de l’époque. Le gout le plus diflieile n’y trouve rien à reprendre, Dans plusieurs morceaux qui sont encore restés manuscrits, le poëte a plus d'élévation , particulièrement dans un noël (1) qu'on a mis en musique et dont on nous permettra de citer la premiére strophe : Sion zing nu vreugde-psalmen, Hoor hoe de engl'en Bethlehem Doen door *t zegen-lied weergalmen, Meng met hunne ook uwe stem; Juicht nu heem'len, juicht nu menschen, Uw’ verzuchting, uwe von Uw’ begeerten zyn voldaen Jacobs ster is eg Ces accords empruntés a la lyre de David charmaient les loisirs assez rares du vertueux professeur, et il con- tinuait sa paisible carriére en faisant le bien, quand Napo- léon , croyant sa puissance affermie pour toujours et voulant concentrer tous les pouvoirs entre ses mains, supprima , en 1811, les petits séminaires et les autres écoles ecclé- siastiques an profit de l’Université impériale. Il ne tenait qu'à M. De Smet d'r obtenir une place distinguée; mais l'établissement gouvernemental n’offrait pas à la religion assez de garanties pour qu'il pit songer à en devenir membre : il prit sans murmurer le parti de la retraite. (1) Trompé sans doute par — feu M. Van Duyse attribue quel- que part ce noël à l’auteur de cette n (372 ) Mais la Providence avait pesé Pempire de Napoléon et Pavait trouvé trop léger; deux ans s'étaient á peine écoulés depuis la suppression des colléges que cet arbre si vigou- reux en apparence et qui couvrait de son ombre tant de vastes régions, tomba sous la hache des nations coalisées. A peine la liberté eút-elle momentanément reparu que les écoles épiscopales se rouvrirent. M. De Smet fut chargé, comme supérieur, de réorganiser celle de Saint-Nicolas, et recut ordre de son évéque, monseigneur le prince de Bro- glie, de se préparer au sacerdoce. L’année suivante, il se vit appelé en la méme qualité au collége de Sainte-Barbe à Gand, où les soins de l’administration temporelle, la haute direction de l’enseignement moral et scientifique, ainsi que les travaux du saint ministère, absorbaient tout son temps, quoiqu’il ne donnát que quatre ou cing heures au sommeil. Il ne lui fut permis désormais de revenir à la poésie qu’à de rares intervalles, et, comme le but de cette notice est uniquement de le faire connaître sous le rapport littéraire, nous pourrions terminer ici notre travail, si les belles-lettres ne revendiquaient aussi Véloquence de la chaire, à laquelle il s’adonna, et avec beaucoup de succès, pendant plusieurs années. A un jugement solide, il réunis- sait une action noble et aisée et surtout l’art de porter la persuasion dans les cœur$ par une douce onction. Son lan- gage, quoique pur et correct, n'était pas moins simple el 4 la portée de tous, sans recherche et sans affectation. La sainteté connue de sa vie donnait d'ailleurs un poids tout particulier á sa parole, et peu de prédicateurs furent aussi suivis. Malheureusement il lui était impossible d'écrire ses ST" mons et rien ne nous en reste que le souvenir. On sait que le gouvernement hollandais eut la maladresse d'attraire en ( 575 ) justice le vénérable supérieur, parce qu’il avait prouvé en chaire que des livres employés dans la régie de Penseigne- ment contenaient des propositions condamnées par l’Église. Le discours incriminé fut publié, mais ce n’était en réalité qu’une froide analyse qui n’était pas de la main de l'auteur. L'arrêt, favorable à Paccusé, de la cour d’appel de Bruxelles fut un triomphe éclatant pour Popinion publique, et comme des feuilles libérales de Liége s'étaient vivement pronon- dans le même sens, cette affaire ne fut pas sans quelque influence sur l'union des catholiques et des libé- raux qui se forma peu de temps après. Devenu chanoine de Saint-Bavon , M. De Smet passa les dernières années de sa vie au couvent de Crombeen (1), entièrement restauré par ses soins, et s’y éteignit , en 1842, vivement regretté par tous ceux qui avaient eu le bonheur de le connaitre. (1) Ainsi appelé du nom de sa fondatrice. (374) CLASSE DES BEAUX-ARTS. 2] Séance du 5 décembre 1861. M. Van Hassezr, vice-directeur. M. A. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin , Braemt, De Keyzer, F. Fé- lis, G. Geefs, Leys, Navez, Roelandt, J. Geefs, Erin Corr, Fraikin, Partoes, Ed. Fétis, De Busscher, Portaels, mem- bres; Calamatta, associé. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur transmet un arrêté qui con- fère au sieur L. Legendre, de Bruges, lauréat du grand concours de peinture de 1860, la pension de deux mille cing cents francs, instituée par arrêté royal du 13 avril 1817. — M. le bourgmestre d'Anvers fait parvenir un exem- plaire du deuxiéme supplément au Catalogue méthodique de la bibliothéque publique de cette ville. ( 375 ) — M, le secrétaire perpétuel dépose deux médailles qu'il a reçues pour l’Académie, par l'intermédiaire de Puniver- sité de Christiania; l’une , d'argent , rappelle la fête semi- séculaire de l’université de cette ville; l’autre, de bronze, est dédiée à Charles XV, nouveau roi de Suède et de Nor- wége. Il dépose aussi le tome XXXII": des Mémoires des membres de l’Académie, nouvellement publié. Ce volume in-quarto contient cinq mémoires accompagnés de plan- ches nombreuses, en même temps que le recueil des observations des phénomènes périodiques faites sur les principaux points du pays, pour la météorologie ainsi que pour les plantes et les animaux. ÉLECTIONS. La section d'architecture fait connaître qu’elle s’est en- tendue avec le bureau de la classe pour pourvoir au rem- placement des places devenues vacantes par la mort de MM. Suys et Renard, et elle dépose la liste en double qu'elle a rédigée à cet effet. Le bureau de la classe et la section de musique se sont également entendus pour la rédaction de la liste de pré- sentation à la place devenue vacante par la mort de M. Snel, membre de l'Académie. Les élections auront lieu à la séance du mois de janvier. ( 376 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. De Busscher dépose la notice qu'il a rédigée, a la demande de l'Académie, sur Félix-Guillaume-Marie Bo- gaerts, membre correspondant de la classe, né a Bruxelles le 2 juillet 1805, mort à Anvers le 16 mars 1851. Cette notice sera insérée dans l'Annuaire de 1862, act llement sous presse. D'autres membres promettent de remettre également, sous peu de jours, les notices promises sur quelques-uns de leurs confrères que l’Académie a perdus successivement pendant ces derniéres années. COMMISSION DES FINANCES. La commission spéciale des finances pour la classe des beaux-arts est réélue pour l’année prochaine ; elle s’ad- joint MM. Partoes et Alvin, en remplacement de M. Snel, décédé, et de M. Van Hasselt qui, comme directeur, ap- partient déjà à la commission administrative de l'Académie chargée, pour la prochaine année, de surveiller l'emploi des fonds mis à la disposition de la compagnie. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 15 décembre 1861. M. LiacrE, président de l’Académie. M. Ap. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Wes- mael , Cantraine, Kickx, Stas, De Koninck, Van Beneden, Ad. De Vaux, de Selys-Longchamps, le vicomte Du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Schaar, Duprez, Bras- seur, Poelman, d’Udekem, Dewalque, membres. =o CORRESPONDANCE. — Il est donné connaissance de deux lettres du Roi et de S. A. R. le Due de Brabant, qui expriment leurs regrets de ne pouvoir assister A la séance publique du lendemain. M. le Gouverneur de la province fait connaître qu’à l’oc- casion de l’anniversaire de la naissance du Roi, un Te Deum sera célébré, le 16 de ce mois, à midi, en l’église des Saints- Michel et Gudule, et il invite l’Académie à y assister. L’Académie royale des sciences d’Amsterdam fait par- venir ses derniéres publications. KH ( 378 ) RAPPORTS. M. Schaar fait un rapport verbal favorable sur un me- moire de M. le professeur Gilbert, concernant la diffraction de la lumiére. Conformément aux conclusions du rappor- teur, la classe vote Pimpression de ce travail dans le recueil de ses Mémoires couronnés et des savants étrangers in- quarto. CONCOURS DE 1861. La classe avait inscrit cinq questions à son programme de concours; elle n’a recu de réponse à aucune de ces questions. — ELECTIONS. Par suite du décés de M. Tiedemann, associé de la sec- tion des sciences naturelles, la classe avait à procéder au remplacement d'un nouvel associé dans cette section : M. le professeur Valentin, de Berne, a été élu. La classe a nommé ensuite, comme correspondants : MM. Édouard Morren, docteur en sciences naturelles, chargé du cours de botanique à l’université de Liege, €! M. Steichen, professeur à l’école militaire de Bruxelles. ( 379 ) Séance publique du 16 décembre 1861. MM. Luce, président de l’Académie; DE KoNINCK, vice- directeur, et QUETELET, secrétaire perpétuel, occupent le bureau, avec le vice-directeur de la classe des lettres et le aitu de la classe des beaux-arts. Sont présents : Classe des sciences : MM. d’Omalius d’Halloy, Sauveur, Wesmael, Timmermans, Cantraine, Stas, Van Beneden, de Selys-Longchamps, Ad. De Vaux, le vicomte B. Du Bus, Nyst, Nerenburger, Gluge , Melsens, Schaar, Duprez, Brasseur, Dewalque, membres ; Gloesener, Morren, cor- respondants. Classe des lettres : MM. De Decker, vice-directeur; Ga- chard, Leclercq, Faider, Arendt, Kervyn de Lettenhove, membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé. Classe des beaux-arts : MM. Van Hasselt, vice-direcleur; Alvin, G. Geefs, J. Geefs, Braemt, Erin Corr, Partoes, Ed. Fétis, De Busscher, membres; Demanet, correspondant. M. le président de l'Académie ouvre la séance par le discours suivant : Sur la Structure de Punivers. Os homini sublime dedit , coelumque tueri Jussit, et erectos ad sidera tollere vultus. (Ovin MESSIEURS, L’homme, a dit Pascal, est suspendu entre deux abimes, l'infiniment grand et Pinfiniment petit. L'année dernière, Ki + ( 580 ) notre honorable directeur, M. Van Beneden, avec un ta- lent d'exposition et une autorité scientifique qui me font complétement défaut, nous a fait admirer la nature vers l’un de ces deux extrémes; il a captivé notre attention en nous montrant l’activité vitale de ces animaux infusoires, de ces plantes unicellulaires, qui tiendraient, dit-il, au nombre de plusieurs millions, dans une gouttelette sus- pendue a la pointe effilée d'une épingle. Aujourd'hui, me plaçant à l’autre extrême, je vais essayer d'esquisser le tableau de lunivers, et de représenter l’arrangement de ces myriades de mondes lointains , dont la distance effraye l'imagination la plus hardie, dont le nombre surpasse mille fois celui des gouttes de l'Océan. Le spectacle le plus imposant que l’homme puisse con- templer, c’est celui du firmament pendant une nuit calme et sereine. Cette multitude d'étoiles si variées de teintes, si diverses d'éclat, si capricieusement distribuées, mais se conformant toutes, avee une silencieuse régularité, au mouvement général de la voûte céleste , attirent vers elles nos pensées, dégagent notre esprit des mesquines préoc- cupations d'ici- bas, et plongent notre âme dans un re- cueillement plein de gravité, de douceur et de mélancolie. L'univers, quel inépuisable sujet de meditation! quelle mesure on se donne de la puissance du Créateur, quand on songe à cette sphère infinie « dont le centre est par- » tout, la circonférence nulle part! » Chez tous les philosophes de l’antiquité , dans les op" mogonies de tous les peuples, on trouve des idées sur la création et sur Parrangement de Punivers; mais toutes Ces idées reposent sur une base étroite : elles attribuent 3 la terre et 3 Phomme une importance exagérée. Doués de plus d'imagination que de sagesse, les anciens voulaient expliquer comment les choses ont été faites avant de savoir ( 581 ) comment elles sont. La science moderne se borne á un role plus modeste ; elle a reconnu que Pobservation doit devancer la théorie, et c’est à l'observation que nous de- vons rendre grace, si nous possédons aujourd’hui quelques notions rationnelles sur la distribution des mondes et sur Parchitecture des cieux. La seule vérité cosmogonique que nous ait léguée Pan- liquité , c’est que la terre est un globe isolé dans l’espace, et autour duquel un autre globe, la lune, effectue sa révo- lution : tel est le premier anneau de la chaine des mondes, Quelques philosophes de l’école pythagoricienne (1) ont avancé, il est vrai, que la terre elle-méme est animée d'un double mouvement, de rotation sur son axe et de révolu- tion autour du soleil; mais cet apercu, faute d’avoir été appuyé de raisons suffisantes, est resté enfoui jusqu’à Co- pernic. C’est Copernic qui, le premier, a solidement éta- bli le mouvement de la terre; c’est à lui par conséquent qwWappartient l'honneur de cette importahte vérité. Il est rare, d’ailleurs, qu’une grande découverte se produise ‘dun seul jet : presque toujours de lointains et obscurs penseurs en ont déposé le germe dans le cerveau de l'hu- manité, où elle séjourne à l’état embryonnaire pendant un temps plus ou moins long. Nourri par étude, fortifié par l'observation , le germe croît et se développe insensible- ment; puis il arrive un moment où la période de gestation est accomplie : alors il ne manque jamais d’apparaitre un homme de génie qui, saisissant la hache de Vulcain, fait ot (1) « Nicetam apud Ciceronem , Philolaum et Ecphantum pythagoraeos, eodem Plutarcho, Aristarchum Samium, Cleanthis aequalem , a crilegii accusatus est apud areopagitas, quod Vestae sacra movisset, terram moveri asserens. » — Kepler, Epit. astr. Copern., lib. 1. ( 582 ) jaillir la Minerve, et la montre armée de toutes piéces aux yeux de Punivers étonné. L'œuvre de Copernic lui-même était loin d’être com- plète : c'est à Pimmortel Kepler que Pon doit la véritable constitution du systéme planétaire, ce second anneau de la chaine, qui nous montre une famille de mondes circu- lant, d’après des lois déterminées, autour d’un corps cen- tral et dominant, qui est le soleil. Le soleil, globe majestueux à la destinée duquel notre terre est enchainée; astre éclatant qui, par la seule an- nonce de sa présence, fait pálir et disparaitre tous les autres astres du ciel; source féconde et bienfaisante qui, sur notre froide habitation , répand la chaleur, la lumière et la vie, il n’est pas étonnant que les peuples primitifs Paient adoré comme un Dieu; il n’est pas étonnant que, même dans notre siècle philosophique, l'immense majo- rité des hommes ne puisse se résigner encore á le faire descendre de son piédestal éblouissant, pour le reléguer au rang de ces millions de petits corpuscules , dont toute la lumière réunie ne parvient qu’à engendrer, suivant la: belle expression de Corneille, Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. Cest cependant un fait acquis aujourd'hui a la science que le soleil, s’il était transporté à la distance des étoiles les plus voisines, ne nous paraitrait qu’une étoile mé- diocre : d’aprés les expériences photométriques de Wol- laston et de Steinheil, son éclat absolu est quatre fois plus grand que celui d'Arcturus; égal à peu près à celul du Centaure; dix fois moindre que celui de la Lyre, et quarante fois (1) plus faible que celui de Sirius. O een TES (1) Deux cent vingt-cinq fois, suivant d'autres observateurs. ( 385 ) Cette importante question de la distance des étoiles, lune des plus difficiles de Pastronomie pratique , a fait depuis l’époque de Copernic l’objet des recherches des observateurs les plus distingués. En effet, dés que le nou- veau système vit le jour, on lui fit cette objection sérieuse, que si la terre circulait réellement autour du soleil, ce mouvement réel devrait affecter toutes les étoiles d'un mouvement apparent, absolument comme un voyageur voit, dans sa marche, se déplacer tous les objets que son ceil embrasse, Mais le grand astronome répondait avec confiance qu’un jour viendrait où les moyens d’observa- lion seraient assez perfectionnés pour réfuter victorieuse- ment Pobjection; que si, pendant la course annuelle de la lerre, on n’apercevait aucun changement dans la position apparente des étoiles (autrement dit aucune parallaxe) C'est que leur distance était trop grande pour que leur déplacement parallactique fút sensible aux instruments imparfaits dont on disposait de son temps. Telle était la difficulté du problème que, deux siècles et demi plus tard, les plus grands astronomes désespéraient encore de sa solution. « Dans toutes les sciences, dit Bailly, » il est des connaissances qui sont refusées à Phomme... La » Connaissance de la distance des étoiles nous sera peut- » étre toujours refusée, comme dans la chimie la trans- > mutation des métaux. » Les travaux récents de Bessel, des deux Struve, de Peters, etc., ont fait justice de cette Comparaison; mais elle restera toujours exacte á un cer- lain point de vue : car, de méme que la chimie doit un grand nombre de vérités belles et utiles à la poursuite de la pierre philosophale, de même c’est à la recherche de la distance des étoiles que nous sommes redevables des trois Plus grandes découvertes de l'astronomie moderne : laber- 2"* SÉRIE, TOME XII. 28 ( 584 ) ration de la lumière, la nutation de laxe terrestre et la théorie des étoiles doubles. En principe, rien de plus simple que de mesurer la dis- tance d’une étoile. Que fait l’arpenteur ou le topographe lorsqu'il veut obtenir la distance d’un objet inaccessible? I] mesure une base qui soit en rapport avec cette distance, et se plaçant successivement à ses deux extrémités, il ob- serve les angles compris entre la direction de la base et le rayon visuel dirigé vers l’objet : le triangle ainsi formé est complétement déterminé de grandeur. Eh bien! la terre, à six mois d'intervalle, occupe deux positions éloi- gnées entre elles de trois cent millions de kilomètres : telle est la grandeur de la base dont nous disposons; mais tel est aussi Péloignement de l'étoile, que les deux rayons visuels dirigés vers elle des deux extrémités de la base sont sensiblement parallèles; langle qu’ils forment est au-dessous de la limite des erreurs d'observation, et Fon arrive à des résultats discordants, nuls et souvent même négatifs. Tycho, Galilée, Wallis, Riccioli, Hook, Picard, Flamsteed, Roemer, Cassini, Bradley enfin, échouérent . dans cette recherche. Le dernier, il est vrai, y échoua glo- rieusement , car il recueillit pour fruit de sa persévérance la découverte de deux importants phénomènes, Paberra- tion et la nutation. ; La recherche de la distance des étoiles continua à faire Pobjet des travaux des principaux astronomes de la fin du siècle dernier et du commencement de celui-ci. Mais malgré les perfectionnements successifs apportés aux IM- struments par les mécaniciens les plus distingués, résultats obtenus par des observateurs différents offraient des discordances si considérables, qu’il wétait permis den tirer aucune conséquence fondée. L’insucces était du, en ( 385 ) grande partie, à la difficulté de déterminer, à une fraction de seconde près, la position absolue d'une étoile : les er- reurs des niveaux et des cercles, l’incertitude des réduc- tions uranographiques, l’inconstance des réfractions sur- tout, exercaient une influence trop sensible sur le résultat final. Il existait cependant, pour résoudre la question, une méthode exempte de tous ces défauts : elle avait été indi- quée par Galilée depuis deux siécles, et consistait 3 substi- tuer à la recherche de la position absolue d’une étoile, celle de sa position relativement à une autre. Suivant les idées très-justes de Galilée, les étoiles, n'étant pas toutes également éloignées de nous, doivent éprouver, pendant la durée de l’année, des déplacements parallactiques différents : plus elles sont proches, plus leur déplacement doit être sensible. Si donc on en choisit deux qui paraissent très-voisines l’une de l’autre, et que l’on mesure, par voie micrométrique, leur écartement angu- laire à plusieurs époques de l’année, il pourra arriver que la difference de leurs parallaxes fasse varier la position de l'une par rapport à l’autre. L’astronome pourra surtout espérer de réussir, si le hasard a fait tomber son choix sur deux étoiles qui ne paraissent très-voisines que par un effet de perspective, tandis qu’elles sont en réalité très- inégalement distantes de la terre. À la vérité, on observe ainsi une quantité plus petite encore que celle que l’on veut obtenir, puisque le procédé ne donne que la différence entre les parallaxes des deux étoiles; mais on est amplement dédommagé de ce eget inconvénient, par Pavantage de n’avoir plus a faire qu'une simple étude microscopique, pour laquelle la science dis- pose aujourd’hui des moyens Jes plus puissants. ( 586 ) L’ingénieuse idée de Galilée, reproduite successivement par Huygens et par Gregory, fut appliquée par le docteur Long; mais elle ne lui réussit pas : on se rendra facilement compte de cet échec, en remarquant, avec Arago, que le docteur Long choisit des groupes d’étoiles dont les compo- santes élaient presque égales en éclat ; dès lors il devenait probable qu’elles étaient à peu près à la même distance de la terre : la différence de leurs parallaxes devait done être insensible. W. Herschel évita la faute dans laquelle était tombé le docteur Long : les groupes d'étoiles qu’il choisit, et dont il dressa un catalogue (en 1782), se composaient d'étoiles aussi dissemblables que possible sous le rapport de leurs intensités; mais il y ajouta la condition d'étre extrémement voisines Pune de Pautre. Cette derniére circonstance lui fit manquer le but qu'il voulait atteindre : par compensation, elle le conduisit à une des plus magnifiques découvertes dont l'astronomie moderne se soit enrichie, celle des étoiles doubles et multiples, dont je parlerai bientôt. La gloire de surmonter une difficulté contre laquelle s'étaient brisés les efforts de tant d'observateurs, était réservée à deux des plus grands astronomes de notre épo- que, Struve et Bessel. C’est entre leurs mains que fut, pour la première fois, couronnée de succès là méthode des parallaxes relatives , appelée aussi méthode micrométrique- 11 résulte du travail de Struve (1835 a 1858) que la bril- lante étoile de la Lyre a une parallaxe qui ne dépasse pas deux dixiémes de seconde : cet astre est done un million de fois plus éloigné que le soleil (un million de fois cent cinquante millions de kilométres). Le résultat de Struve à été confirmé depuis par Peters, au moyen de la méthode des distances zénithales absolues. ( 387 ) Transporté a la distance de la Lyre, notre soleil souten- drait Pangle imperceptible de ¿1 de seconde. Dans une remarquable série d’observations micrométri- ques, effectuée de 1837 4 1840, Bessel suivit les variations de distance d'une étoile de la constellation du Cygne 4 deux autres étoiles voisines, et il reconnut que ces variations se conformaient rigoureusement, en direction et en gran- deur, A la loi exigée par le déplacement annuel de la terre dans son orbite. Il en déduisit pour l'étoile en question ‘une parallaxe de trois dixiémes de seconde, laquelle cor- respond a six cent mille fois au moins la distance du soleil. Telle est la précision toute géométrique du travail de Bessel que, malgré Pantériorité des recherches de Struve, les savants s’accordent à regarder l’illustre astronome de Kénigsberg comme le premier qui ait mis en évidence, d'une manière absolument incontestable, la variation pé- riodique que la translation de la terre apporte dans la position des étoiles. Depuis lors plusieurs observateurs, entre autres Hen- derson, Maclear, Lindenau, Peters, ont déterminé les parallaxes, soit absolues, soit relatives, d’un assez grand nombre d'étoiles. Une discussion savante et pleine de sagacité a conduit Peters à une valeur de 0/’,116 pour la parallaxe moyenne des étoiles de deuxiéme grandeur, ce qui les place 4 deux millions de fois la distance du soleil. Ce résultat a une grande importance au point de vue des dimensions de Punivers visible. En effet, tant que Pon veut se contenter d'une première approximation, il est permis de regarder la généralité des étoiles comme étant de méme grandeur et également espacées entre elles. Dés lors l'éclat apparent des différentes classes d'étoiles ne dépendra que de leur distance, et cette distance elle-méme ( 588 ) pourra se calculer en fonction du nombre d'étoiles que renferme chaque classe. Cette derniére proposition , qui a servi de base á la méthode des jauges employée par Her- schel, a besoin de quelques mots de développement. Supposons un espace indéfini, rempli de points matériels uniformément distribués : une sphére de rayon arbitraire, au centre de laquelle serait placé notre ceil , renfermera un certain nombre de ces points qui, eu égard A leur distance moyenne, nous paraitront d'une certaine grosseur. Doublons le rayon de la sphère, et la géométrie nous permet de calculer le nombre des points matériels qui seront compris entre cette seconde enveloppe et la pre- miére. : Réciproquement, si nous ne connaissons pas le rayon de la seconde sphére, mais que nous comptions le nombre de points nouveaux qu’elle nous apporte, cette dernière donnée nous fournira, par un calcul inverse, le rayon correspondant. De plus, les points matériels de cette se- conde catégorie se distingueront des premiers par un diamétre apparent plus faible. : Ce qui précéde s'applique mot pour mot aux étoiles quí nous entourent; la richesse numérique de chaque classe conduit à la distance moyenne qui lui correspond : il suffit pour cela de posséder Punité de longueur, qui doit servir de terme de comparaison, et la parallaxe trouvée par Peters, pour les étoiles de deuxième grandeur, nous four- nit cette unité. On trouve ainsi que la lumière (dont la ra- pidité est telle qu’elle nous arrive de la lune en une seconde et un quart) met dix-neuf ans à parcourir le rayon de la sphère qui renferme les étoiles de première grandeur; cent trente-huit ans à nous venir des dernières étoiles visibles à l'œil nu, et trois mille cing cents ans à dévorer Tespace ( 589 ) qui nous sépare des derniéres étoiles visibles dans le téles- cope de vingt pieds d'Herschel. Nous venons de faire un pas important dans Pétude de la structure de Punivers : nous connaissons, si je, puis m'exprimer ainsi, la dimension moyenne des pores qui séparent les atomes dont notre système stellaire est com- posé. Satellites d’une étoile, nous sommes plongés avec elle dans un océan d’autres étoiles, dont chacune est sans doute entourée aussi d’un riche cortége de planètes (1). Mais ces étoiles sont-elles absolument indépendantes, et quelques-unes ne servent-elles pas à leur tour de satellites aux autres? C’est ici que va briller le grand nom d’Her- schel; c’est à la largeur de ses vues, c’est à Pinfatigable persévérance de ses travaux, que nous sommes redevables de nos premières et de nos plus précieuses connaissances sur cette partie si neuve et si intéressante de l'astronomie stellaire. Si les étoiles dont le ciel est parsemé étaient distribuées au hasard, sans qu'aucune loi eût présidé à leur arrange- ment, il devrait arriver parfois que notre rayon visuel, après avoir rencontré un de ces astres, passat dans le voisinage d’un second situé beaucoup au delà. Mais comme notre imagination rattache toutes les étoiles à la surface concave d’une seule et même sphère, nous croirions voir alors deux astres très-voisins l’un de l’autre, et nous assis- terions au phénomène d’une étoile double optique. on 1h; 4 Mid dite Li os "SS hi i tel I ; x Er visa, quia propior quam fixae : atque talis mundus qualis circa nos est.» — 90 Epit. astron. Copern., lib, I. ( 590 ) Un pareil effet de perspective doit nécessairement se présenter parfois; mais lorsque l’on caleule la probabilité de trouver, parmi toutes les étoiles visibles, des groupes binaires distants de quelques secondes seulement, et que Pon compare le résultat de ce calcul à celui de l’observa- tion, on est étonné de voir combien le nombre de groupes binaires trés-resserrés, qui se montrent dans le ciel, sur- passe celui que l’on était en droit d'attendre. Sur cent mille étoiles, par exemple, le calcul indique la probabilité de trouver un seul groupe binaire au plus, dont les com- posantes soient écartées de moins de quatre secondes : Struve a observé et catalogué trois cent onze groupes de celte catégorie. Ce n’est done pas un effet accidentel de projection, qui, dans un grand nombre de couples d'étoiles, donne naissance à une apparente proximité : pour Pim- mense majorité d’entre eux, le voisinage doit être réel; ils forment de petits systèmes à part dans le grand système qui les entoure, et leurs éléments sont liés par une dépen- dance mutuelle, qui a fait donner à ces groupes Ka le nom d'étoiles doubles physiques. Depuis longtemps, les astronomes ont été Phe de cette fréquente proximité que Ton trouve entre deux étoiles : dès 1767, Michel écrivait ce qui suit dans les Transactions philosophiques : «Y y a presque une entière » certitude que les étoiles doubles et multiples, dont les » parties constituantes semblent trés-rapprochées, for- > ment des systèmes où les étoiles sont en réalité voisines » Pune de l’autre, et obéissent à quelque loi générale. » En 1778, Christian Mayer publiait des conjectures aussi heureuses que hardies sur ce qu’il nomme les satellites stellaires (Fixstern-trabanten). Mais c’est à W. Herschel que revient en réalité l'honneur de la découverte des ( 391 > étoiles doubles, car c’est lui qui, le premier, a converti d’ingénieux aperçus en vérités incontestables. Les travaux d'Herschel sur ce sujet commencèrent en 1776. Il avait fait un choix de plusieurs couples d'étoiles très-voisines, afin de rechercher leur parallaxe relative; mais au lieu de voir, ainsi qu'il Pespérait, l’une des deux composantes de chaque groupe varier de distance et de position par rapport à l’autre dans la période d'une année, il reconnut que, dans un grand nombre de cas, cette va- riation était progressive et continue, de telle sorte que la plus grande des deux étoiles pouvait être considérée comme un centre autour duquel la petite accomplissait une révolution à longue période. Après avoir suivi et étudié ce curieux phénomène pen- dant vingt-cinq ans, Herschel put enfin annoncer d’une manière positive que les nombreux groupes binaires que l’on remarque au ciel « ne sont pas , généralement , formés » par un simple effet de perspective; mais qu’ils consti- » tuent de véritables systèmes dont les éléments sont re- » liés entre eux par une loi commune à laquelle ils obéis- » sent; qu’il avait reconnu , dans plusieurs de ces groupes , » un mouvement de circulation de la petite étoile autour » de la grande, les orbes dans lesquels s’accomplissent » ces révolutions lui paraissant, en général, être des » orbes elliptiques. » Pendant toute sa vie, l’illustre astronome travailla avec prédilection à perfectionner ce sujet qu'il avait créé; et en 821, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, il présentait en- core à la société astronomique de Londres, une liste de cent quarante-cing étoiles doubles nouvelles. Depuis lors, les observations se sont multipliées , et Pon a pu de nos jours, grâce à la précision et à Pancienneté ( 392 ) | relative des résultats fournis par Herschel, calculer les orbites d'un certain nombre d’étoiles doubles. Savary et Encke ont donné a cet effet des formules analytiques trés- élégantes, fondées sur l’hypothèse que les deux astres d'un même groupe s’attirent en raison inverse du carré de leur distance : les résultats du calcul présentent un accord aussi satisfaisant qu’on peut le désirer, eu égard à l'ex- tréme difficulté des observations. Les mouvements des étoiles doubles sont done venus apporter un nouvel appui aux raisons déjà très-fortes que l’on avait pour regarder l'attraction newtonienne comme réellement universelle. L'étoile dont la révolution est la plus rapide est jus- qu'aujourd'hui ¢ d'Hercule, qui parcourt son orbite en trente et un ans et demi, à fort peu près la durée de la révolution de Saturne ; élle a déjà accompli plus de deux révolutions depuis l’époque où elle a été observée par erschel. D’autres ont des périodes de quarante, cin- quante, soixante, cent années et an delà. y de la Vierge, par exemple, parait devoir effectuer sa révolution en un siècle et demi environ; æ des Gémeaux en deux siècles et demi; cde la Couronne en plus de six siècles. Un fait digne de remarque, c'est la grande excentricité des orbites des satellites stellaires; en outre, le sens de leur mouvement ne parait affecter aucune tendance à être direct plutòt que rétrograde. Sous ce double rapport, les orbites des étoiles offrent done une grande analogie avec celles des comètes. Parmi les astronomes contemporains qui se sont livrés avec le plus de succès à l’observation des étoiles doubles, je citerai John Herschel, le fils, qui se rendit en 1854 au cap de Bonne-Espérance pour y passer en revue le ciel aus- tral : il y catalogua deux mille cent quatrevingt-seize étoiles doubles nouvelles. En Europe, W. et O. Struve ont fait , ( 393 ) faire d’immenses progrés á cette partie si intéressante de l'astronomie stellaire : sur cent vingt mille étoiles qu’il a observées dans le ciel boréal, W. Struve a compté et décrit plus de trois mille étoiles doubles, ce qui en donne une sur quarante; mais ce rapport est probablement beaucoup trop faible. En effet, lorsque l’on groupe les étoiles de Struve par ordre de grandeur , on trouve que Sur 100 étoiles des fre, 2me et 5™¢ grandeurs, il y en a 18 doubles. » D 4me m » » 15 » » » Gme et 7me u » 8 » » » Bme et Qme » D 5234» Cette décroissance marquée dans le nombre des étoiles doubles, 4 mesure que les objets observés sont moins écla- tants (et par suite plus éloignés), indique nettement que, dans les dernières classes , beaucoup de systèmes binaires échappent aux investigations par la difficulté qu'on éprouve à les dédoubler. Les systèmes binaires doivent donc être bien plus nombreux qu’on ne serait tenté de le croire d'après un premier aperçu : on peut admettre, croyons- nous, sans crainte d’être taxé d'exagération, que la cin- quiéme partie au moins des étoiles du ciel se trouve en- gagée dans de pareilles combinaisons. Je wai parlé, dans ce qui précède, que des groupes binaires, qui sont de beaucoup les plus nombreux; mais le ciel offre de fréquents exemples de combinaisons plus compliquées. Souvent trois, quatre ou un plus grand nom- bre d'étoiles, concentrées dans la sphère d’une attraction mutuelle, donnent naissance à des systèmes compris sous la dénomination générique d'étoiles multiples. Sur deux mille six cent quarante étoiles doubles et multiples, dis- tantes de moins de trente-deux secondes, Struve en compte (394 ) soixante-quatre triples, trois quadruples et une sextuple. Plusieurs groupes tertiaires présentent le cas d’un astre principal, et de deux satellites trés-voisins l’un de l’autre, formant entre eux un sous-groupe binaire, et tournant probablement ensemble autour de Pétoile centrale, comme la terre et la lune cireulent autour du soleil. Dans d'autres cas, ce sont deux étoiles principales, formant un système binaire trés-serré autour duquel cireule au loin un satellite. Ici encore, Panalogie et les lois de la mécanique doivent nous porter a croire que Tune des deux étoiles centrales tourne autour de Pautre, ou plus exactement, que toutes deux tournent autour de leur centre de gravité commun. En général, dans les systémes multiples, les compo- santes, considérées sous le rapport de leur grandeur, se groupent autour de Pétoile principale en suivant certaines lois de symétrie : presque toujours les satellites les plus éloignés de Pastre central sont aussi les moins brillants. Les étoiles doubles et multiples offrent des jeux de co- loration trés-variés : on y remarque surtout le curieux phénoméne des couleurs complémentaires. On sait que, lorsque la rétine est fortement impressionnée par une lu- _mière vive et colorée, une autre lumière faible et blanche parait revêtir une teinte complémentaire à celle de la prémière : c’est le cas qui se présente pour plusieurs groupes binaires : si l'étoile principale est rouge, un satel- lite blanc produira sur notre organe la sensation du vert; si la première étoile est jaune, la seconde semblera bleue. Le plus souvent toutefois, la coloration est réelle, comme il est facile de s’en assurer en cachant l'étoile principale par un fil placé au foyer de la lunette; et c'est un fait trés-singulier que la grande quantité d'étoiles doubles qui sont colorées en vert et surtout en bleu, ( 59 ) alors que ces deux couleurs ne se rencontrent presque jamais dans les étoiles isolées. Une autre particularité curieuse, dont il serait égale- ment difficile d’assigner la cause, C'est que, dans les groupes binaires, l'étoile principale a une tendance mar- quée à se rapprocher de l'extrémité rouge du spectre so- laire, tandis que le satellite revét de préférence les teintes voisines de Pextrémité violette. « H n’est pas aisé, dit » J. Herschel, d'imaginer de quelle variété d'illumination » doit jouir une planète éclairée par deux soleils, Pun » rouge el l’autre vert, ou l’un jaune et l’autre bleu, selon » que l’un ou l’autre, ou bien tous les deux sont sur Pho- » rizon. Que l’on se figure, par exemple, des jours rouges » et des jours verts alternant avec des j jours blancs et avec » des nuits obscures. » Avant de chercher à pénétrer davantage dans la struc- ture de Punivers, résumons ce qui vient d’être dit sur la disposition de ses éléments ; nous y voyons : 1° Des satellites tournant autour de leurs planètes (corps Opaques autour de corps opaques); 2° Des planètes circulant autour de leurs soleils (corps Opaques autour de corps lumineux); ° Enfin un grand nombre de soleils tournant eux- mêmes autour d’autres soleils (corps lumineux autour de corps lumineux). ortons maintenant nos investigations plus loin, et examinons si les étoiles, soit simples soit multiples, oc- Cupent toujours la même région de l’espace, ou si elles ne font pas partie d'un immense système en mouvement. Halley est le premier astronome qui ait appelé sur ce point une attention sérieuse. En comparant le catalogue (396 ) de Flamsteed a celui de Ptolémée, il reconnut avec éton- nement que, depuis l’époque d’Hipparque, trois belles étoiles, Sirius, Arcturus et Aldébaran, avaient changé de latitude d’une quantité notable. Ce champ de recherches fut aussitôt cultivé par un grand nombre d’astronomes; et dès le commencement de notre siècle, il existait un catalogue de plus de cing cents étoiles douées d’un mouvement propre incontestable. Au- jourd’hui ce nombre est décuplé. Quant à la grandeur des mouvements, elle varie depuis une fraction de seconde jusqu’à six ou sept secondes par année. Jl se présente ici une question très-intéressante; c’est celle de savoir si ces déplacements progressifs proviennent d'un mouvement réel des étoiles, ou s’ils ne sont pas un simple effet d'optique, qui résulterait de la translation du soleil à travers les espaces célestes. Cette seconde hypo- thèse serait très-séduisante par sa simplicité, mais elle a contre elle le raisonnement et l'observation. . En effet, dés que Pon accorde au soleil un mouvement de translation dans l’espace, peut-on, sans heurter l'ana- logie, le refuser aux étoiles, qui ne sont autre chose que des soleils très-éloignés. En second lieu, si les changements que Ton observe dans la position des étoiles étaient de simples apparences, provenant de ee que le soleil chemine dans le ciel, emme- nant avec lui sa famille de planètes, alors toutes les étoiles devraient paraitre fuir en arrière, avec des vitesses d'au- tant plus grandes que leurs distances seraient moindres : elles décriraient donc des arcs de grand cerele convergeant vers un pôle unique, et ces ares, suffisamment prolongés, devraient tous s’entrecouper en un même point. Or, dest ce qui wa pas lieu ; les étoiles se déplacent dans toutes les ( 597 ) directions. On est donc forcé de conclure qu’elles ont des mouvements qui leur sont propres, des mouvements qui ne sont pas dus 4 une pure illusion d’optique. Mais, d'un autre cóté, si les étoiles se déplacent dans le ciel, n’est-il pas naturel de croire qu'il en est de méme pour notre soleil? N’est-on pas en droit de soupconner que les mouvements reconnus aux étoiles n’appartiennent pas en entier à celles-ci, et qu’ils sont dus à la combi- naison de leur déplacement propre et de celui du soleil? Mayer et Bradley le conjecturaient; Fontenelle, Pre- vost, Wilson, donnèrent des aperçus très-ingénieux sur le déplacement du soleil combiné avec celui des étoiles ; Lambert et Lalande regardaient la translation du soleil comme une conséquence nécessaire de l'impulsion qu'il avait reçue pour effectuer sa rotation autour de son axe. Mais c'est Herschel qui le premier appuya ces conjectures sur des faits positifs, sur des déductions mathématiques ; Cest lui qui, avec le secours des observations de Maske- lyne, parvint, non-seulement à démontrer le mouvement propre du soleil, mais encore à en assigner la direction ; et celte grande découverte comptera toujours parmi ses plus beaux titres de gloire. L'observation prouve, ai-je dit, que les étoiles se meu- vent dans tous les sens. Herschel reconnut ce fait; mais il remarqua en même temps qu'elles ne se déplacent pas indifféremment dans tous les sens; que les trajectoires stellaires, bien que ne concourant pas en un même point de la sphère céleste, ont une certaine tendance vers ce dernier état. Pour saisir cette tendance, et en déduire la direction du mouvement propre du soleil, il fallait une Sagacilé rare et un tact astronomique tout particulier : ` Herschel possédait ces qualités à un degré éminent; aussi, ( 398 ) quoiqu'il n'eùt à sa disposition qu’un nombre trés-restreint de mouvements propres, y reconnut-il à la première vue un caractère général, dt à l'intervention d'une force étran- gère dans les données du problème. Cette force affectait l’ensemble des mouvements, mais d’une manière plus ou moins prononcée pour chacun d’eux. C'est ainsi qu'il parvint à déméler, dans les déplace- ments des diverses étoiles, la portion qui appartenait réellement à Pastre, de celle qui provenait du mouvement de Pobservateur entrainé dans l’espace à la suite du soleil. Il conclut de sa recherche que le mouvement d'ensemble des étoiles tend à converger vers un point de la sphère céleste diamétralement opposé à l'étoile À de la constella- tion d'Hercule, et que par suite notre soleil marche direc- tement vers cette étoile. | La recherche d'Herschel, basée sur les mouvements propres de trente-cing étoiles seulement, était si délicate et si épineuse, que beaucoup d’astronomes refusèrent d’abord d'admettre ses idées sur le mouvement et la direc- lion du systéme solaire. Maskelyne les combattit, malgré les résultats concordants obtenus par Prévost et Klugel; Bessel, Biot, Lindenau, les regardaient comme préma- turées; mais les travaux plus récents de Gauss, d’Arge- lander, de Lundahl, d'Otto Struve, de Galloway, sont venus donner une éclatante confirmation à la theorie d’Herschel. Le soleil est une étoile qui participe réelle- ment au mouvement général des étoiles dont nous sommes entourés, et qui appartient avec elles à un système d'ordre supérieur. On voit que les étoiles doivent désormais être dépouil- lées du nom de fixes, dont elles ont été en possession de toute antiquité. La théorie scolastique de Pincorruptibilité ( 599 ) des cieux doit également disparaitre : non-seulement tout se meut, mais encore tout se modifie et se transforme dans le grand laboratoire de Punivers. Certaines étoiles subissent dans leur éclat des variations périodiques; il en est d'autres dont la lumiére va en augmentant ou en di- minuant d'une maniére lente, mais progressive et con- tinue; quelques-unes, dont Vexistence et la position étaient autrefois bien constatées, ne s’apercoivent plus de nos jours, tandis que des astres nouveaux brillent aujourd'hui au ciel, la où Pon n’en voyait pas auparavant. D'autres étoiles enfin se sont allumées soudainement , pour briller d’un vif éclat, et disparaitre après une exis- tence de courte durée. Il west pas impossible que notre soleil lui-même soit une étoile changeante : c’est par de lentes variations dans la quantité de lumière et de chaleur émise par cet astre, que des savants très-sérieux expliquent les changements survenus dans le climat général du globe. A la vérité, un célèbre géologue, Lyell, croit pouvoir rendre compte de ces vicissitudes de climat, par la simple distribution locale des eaux et des continents; mais il est bien difficile de croire que cette cause soit assez puissante pour avoir, a une certaine époque, revêtu les hautes latitudes d’une végétation plus luxuriante que ne Pest actuellement celle des tropiques; tandis qu'à une autre époque, de vastes contrées de l’Europe centrale, jouissant aujourd’hui d’un climat tempéré, gisaient ensevelies sous une couche de glace d’une énorme épaisseur. Le système d'étoiles dont notre soleil fait partie, nous parait immense parce qu’il nous entoure de tous côtés et que nous le voyons de l’intérieur; ce système, je Pappel- lerai désormais notre univers, pour le distinguer des sys- 2% SERIE, TOME XII. ( 400 ) témes extérieurs, dont je parlerai plus loin. Cherchons 3 en étudier la forme et la composition. Tout le monde connaît la voie lactée, cette bande légè- rement lumineuse qui, pendant les nuits sereines, trace sur la voúte obscure du firmament une large ceinture blanche, constellée des plus beaux diamants du ciel. Déjà dans Pantiquité, Démocrite la considérait comme un im- mense amas d'étoiles, tellement pressées et tellement éloi- gnées, que leurs rayons se confondent, et ne donnent naissance qu’a une lueur indécise. Galilée appuya fortement cette conjecture. A peine le télescope était-il inventé, qu’il le dirigea vers la voie lactée; et y voyant une multitude innombrable d'étoiles, il avança qu’elle en était entièrement composée (1). Son opinion, embrassée d’abord par tous les astronomes, ren- contra plus tard des contradicteurs. On s’apercut, en effet, que, malgré les perfectionnements apportés aux instru- ments d'optique, certaines parties de la voie lactée ne ces- saient pas de présenter un aspect vaporeux, et refusaient de se laisser résoudre en étoiles distinctes. Après des obser- vations assidues et consciencieuses, Herschel, aidé des plus puissants télescopes, erut pouvoir établir (ce que La- caille avait déjà soupçonné en 1755) que la blancheur de la voie lactée provient, en majeure partie, d'étoiles trop éloignées pour être distinguées séparément; mais quen même temps une matière diffuse, nébuleuse, était melde en certaines proportions aux étoiles, et jouait un role secondaire dans la constitution de la voie lactée. C’est dans la forme et la position de cette région céleste (1) « Est enim Galaxia nihil aliud quam innumerarum stellarum Cos cervatim consitarum congeries. » (Galilée, Sydereus nuncius.) = ( 401 ) que quelques grands penseurs ont cherché le secret de'la construction de notre univers matériel. Kant, qui émit de belles et grandes idées sur la formation des cieux, attribue à Wright l'honneur de l'initiative (1); mais près d'un siècle et demi auparavant, Kepler avait déjà laissé tomber sur ce magnifique sujet une étincelle de son génie, et c'est à lui que revient en réalité la gloire d’avoir ouvert la carrière aux méditations cosmologiques des philosophes modernes. Partout où Pon jette les yeux dans le vaste champ de l'as- tronomie, on retrouve des traces de Kepler; partout on reconnaît l'empreinte de son pas gigantesque. Kepler (2) regarde la voie lactée comme un anneau formé d'étoiles, et il ajoute très-judicieusement que notre soleil doit se trouver dans le plan et près du centre de Pan- neau. « En effet, dit-il, si notre ceil était placé en dehors » de ce plan, la voie lactée nous apparaitrait comme un » petit cerele ou comme une ellipse, et non pas comme » un grand cercle dont nous ne voyons jamais qu’une moi- » tié à la fois. De plus, si nous ne nous trouvions pas près » du centre de l'anneau, sa moitié la plus voisine nous » paraitrait plus large et plus brillante que l’autre moitié. » Kant, dans son Histoire générale de la nature, com- mence par établir que toutes les étoiles sont des soleils , dont chacun régit un système de planètes analogue au nôtre. Les lois du mouvement y sont aussi réglées par Pat- traction combinée avec la force centrifuge. (1) Allgemeine Naturgeschichte und Theorie des Himmels , introd. L'ouvrage de Wright, auquel Kant fait allusion, est probablement The Theory of the universe , ouvrage publié en 1750, et devenu aujourd'hui tres-rare (2) Epil. astron. Copern., lib. 1 et IV. ( 402 ) L'attraction qui gouverne ces systèmes primaires s'étend d'une étoile à l’autre, et produit leurs mouvements pro- pres. L'ensemble de toutes les étoiles que nous voyons forme un grand système secondaire, celui de la voie lactée. Suivant les idées de Kant, cette immense collection d'étoiles est constituée d’une manière analogue à notre système planétaire; la trace du milieu de la voie lactée est le zodiaque des étoiles; celles-ci accomplissent leurs im- menses révolutions séculaires autour d'un centre commun, dans des orbites généralement peu inclinées sur le plan de leur zodiaque. En outre, il existe une relation telle entre le plan fondamental et l’ensemble des étoiles, que celles-ci sont réellement accumulées vers ce plan ; plus elles en sont voisines, plus elles sont serrées les unes contre les autres. ll doit résulter de là que si, par la pensée, on divise la voie lactée en couches parallèles à son plan principal, la richesse ou la densité de ces couches diminuera à mesure qu’on s’éloignera du plan en question. Les faibles nébulosités, que le télescope nous montre disséminées sur la voûte céleste, sont des voies lactées étrangéres á la nótre, et réduites, par leur éloignement, à une lueur terne et à de petites dimensions apparentes. La forme oblongue que Pon remarque chez la plupart d’entre elles indique que, dans ces nébuleuses comme dans notre voie lactée, les étoiles sont condensées vers UN plan diamétral. Le grand philosophe de Kénigsberg établit, entre toutes les voies lactées qui nous entourent, une liaison analogue à celle qui règne entre les différents soleils de notre vole lactée ` leur ensemble constitue un système fertiaire. En s'élevant successivement ainsi de système en système, 0% peut prolonger par l'imagination cette série divergente, ( 405 ) s dont nous ne voyons que les premiers termes, mais qui s'étend en réalité jusqu’à l'infini. Quelles proportions grandioses, quelles magnifiques idées! Transportant notre pensée au delà des régions les plus reculées de l'univers visible , elles nous laissent sous une double impression : notre néant matériel et la noblesse de notre origine. L'homme, dans la nature, n'est qu'un atome éphémère et imperceptible, mais cet atome entre- voit l'infini! Lambert qui ne connaissait pas l'ouvrage de Kant (ou- vrage publié sans nom d'auteur) porta aussi ses médita- tions sur le sujet cosmologique qui nous occupe (1). Dans ses idées, la voie lactée ne forme pas un système unique; elle constitue déjà un groupe tertiaire, composé d'un grand nombre d’amas sphériques rassemblés dans le voisinage d’un plan principal, et rangés les uns derrière les autres. De cette manière, leur réunion donne naissance à une ` espèce de disque, d’un éclat variable, mais dont la lon- gueur est incomparablement plus grande que l'épaisseur. Le géomètre de Mulhouse croit à l’existence d'un corps central et dominant pour le groupe stellaire dont nous faisons partie, et il le trouve dans la nébuleuse d’Orion. Kant croyait également à l'existence d’un pareil corps, et le plaçait dans Sirius. A l’occasion de la recherche de ce corps central, Lam- bert émet une idée ingénieuse, que la découverte de la planète Neptune a fait passer récemment dans le domaine de l'application. « Peut-être, dit-il, l'existence et la posi- » tion de ce corps se révéleront-elles un jour par de (1) Photometria, 1 Cosmologische Bag Sei die Einrichtung des Weltbaues , 1761. si ( 404 ) » petites perturbations dans les mouvements des planètes » de notre système, perturbations analogues à celles que » l’action du soleil fait subir à la lune, dans sa révolution » mensuelle autour de la terre. » — C’est la première fois que, dans l’histoire de la science, on voit poser le principe de la possibilité de découvrir un corps céleste inconnu, à Paide des perturbations qu'il apporte dans les mouvements d'un corps connu. J'arrive enfin au grand observateur qui, pendant plus de trente ans, soumit la voie lactée á une étude conscien- cieuse, et qui, modifiant et élargissant sans cesse ses idées. sur la construction des cieux, se créa, comme astronome philosophe, le plus glorieux titre à l'immortalité. Herschel, qui n'avait probablement connaissance ni des spéculations de Kant, ni de celles de Lambert, commença par rassembler lui-même les matériaux du vaste édifice cosmologique qu'il devait lentement élever jusqu’au faite. Aidé d'excellents instruments, soutenu par une constance infatigable, il résolut d’explorer tout le ciel étoilé, et d’as- signer comparativement la richesse de ses diverses régions. La méthode d'observation qu’il créa pour parvenir à ce but est celle des jauges (star-gages) : elle consistait à diri- ger successivement le même télescope vers différentes parties du ciel, et à compter le nombre d'étoiles que con- tenait Chaque champ. Les jauges dont il a publié les résul- tats s'élèvent à trois mille quatre cents : la plus riche ren- ferme, dans un champ de quinze minutes, (moins que le quart de la surface de la lune) cinq cent quatre-vingt-huit etoiles; tandis que, dans les régions les plus pauvres, il faut, pour en trouver une seule, réunir quelquefois deux ou trois champs du télescope. i ( 405 ) On aurait tort de croire, cependant, que lá oú le téles- cope ne rencontre qu’un fond obscur, il règne un vide absolu jusque dans les dernières profondeurs du ciel. L'espace est rempli d’un fluide, excessivement rare et diaphane, il est vrai, mais doué néanmoins d’un certain pouvoir absorbant. La lumière émanant des régions les plus lointaines subit, dans son immense parcours, une extinction graduelle , et il doit exister une limite d'éloigne- ment pour laquelle elle cesse totalement de faire impres- sion sur notre organe. Dans un univers infini, tout rayon xisuel, suffisamment prolongé, doit nécessairement ren- contrer une étoile; et sans Pabsorption de lumière produite - par le fluide éthéré, tout le fond du firmament nous appa- raitrait comme un voile’ immense, continu, également lumineux dans toutes les directions; nous ne connaitrions rien du ciel étoilé; nous pourrions a peine découvrir notre soleil par ses taches, et distinguer la lune et les planètes, comme des disques plus pales sur le fond éblouissant du ciel. En admettant (ce que fit Herschel dans la premiére période de sa carriére astronomique) que les étoiles prises en masse soient également espacées entre elles, on peut, comme je Vai dit précédemment ‚du nombre d'étoiles com- prises dans les différentes jauges , déduire les longueurs relatives des rayons visuels correspondants. Herschel crut done pouvoir ainsi modeler la forme et les détails du sys- tème sidéral dans l’intérieur duquel nous sommes plongés , et déterminer en même temps la position que nous y 0C- cupons. Il représenta même par un dessin la figure de la voie lactée : elle constitue une couche (a stratum) ou disque aplati, vers le centre duquel se trouve notre soleil. Laxe le plus long de la figure est de huit cent cinquante fois la distance d’une étoile de première grandeur; l'épaisseur de t ( 406 ) la couche west que de cent cinquante-cinq fois cette dis- tance : la voie lactée serait donc cing fois et demie plus étendue dans un sens que dans l’autre; son aspect blan- chàtre proviendrait du nombre considérable d'étoiles que Teil rencontre dans le sens de sa longueur, et non d'une accumulation réelle de ces étoiles vers le plan fondamental. Tel un brouillard léger, peu sensible vers le zénith, qui semble, par l'accroissement rapide de la longueur du rayon visuel, se condenser vers horizon en un bane nébuleux. Telle est la description de la voie lactée, que donne Herschel dans les deux mémoires publiés par lui en 1784 et en 1785; c’est celle qui a été depuis reproduite dans tous les ouvrages d’astronomie, et notamment dans la. notice d’Arago sur la vie et les travaux d’Herschel. Mais Struve, dans ses savantes études d'astronomie stellaire, a démontré de la manière la plus claire que l'il- lustre astronome a plus tard renoncé complétement á ce premier système. Il est fondé en effet sur deux hypo- thèses : 1° celle d’une distribution uniforme des étoiles visibles; 2 celle d'une pénétration du télescope de vingt pieds au delà des limites de la voie lactée. Or, Pune et l’autre hypothèse ont été successivement abandonnées par cet observateur aussi consciencieux que persévérant. orsque l’on suit les modifications et les progrès de la pensée d’Herschel dans ses admirables mémoires, on com- mence, dès l’année 1794, à voir poindre ses doutes à l'égard de la première hypothèse. Ces doutes prennent du corps dans le mémoire de 1802, où l'on remarque cette phrase déjà trés-significative. « La voie lactée se compose d'étoiles » distribuées autrement que celles qui se trouvent immé- » diatement autour de nous. » A partir de cette année, il n’est plus question de la figure de la voie lactée dans les recherches du grand astronome. ( 407 ) Enfin, Herschel se prononca sans réserve en 1811 et en 1817, déclarant que, pour la voie lactée, il faut renoncer à l'hypothèse d’une égale distribution des étoiles, et que les jauges recueillies par lui se rapportent moins à la longueur du rayon visuel, qu’à la condensation des étoiles. Pour ce qui est de la seconde hypothèse, l'opinion d’Herschel parait ne s'étre définitivement fixée qu’en 1817 ` et 1818 : il reconnait alors que son télescope de vingt pieds, et même celui de quarante pieds, sont impuissants à pénétrer les profondeurs extrêmes de la voie lactée, et qu’on doit la regarder comme insondable (fathomless ). Notre nébuleuse , suivant les dernières idées d’Herschel , cesse done d'avoir des dimensions assignables, un con- tour extérieur connu : elle n’est plus qu’une couche illi- mitée de grandeur, indéterminée de forme, mais dans laquelle toutefois on reconnait une loi générale de con- densation des étoiles autour d'un plan fondamental (ground- plan). On remarquera sans doute que ce second système Herschel se rapproche singulièrement de celui de Kant. L'immense collection d'étoiles qui constitue la voie lactée n’obéit cependant pas à une condensation uniforme; elle se groupe en amas plus ou moins irréguliers, plus ou moins agrégés, dont la combinaison donne naissance aux diverses nuances qu’on y observe. Herschel fait voir que cette zone est au moins cinquante fois plus riche en amas irréguliers d'étoiles que les autres parties du ciel. I] ne croit pas d’ailleurs à l'existence d'un corps central, autour duquel les étoiles de notre nébuleuse décriraient leurs or- bites séculaires : il attribue expressément les mouvements propres du soleil et des étoiles aux attractions oe de ces astres. Struve a fortement appuyé et confirmé le second sys- téme d’Herschel sur la constitution physique de la voie ( 408 ) lactée; il a méme formulé mathématiquement la oi s sui- vant laquelle les étoiles se condensent vers le plan prin- cipal. Pour expliquer la bifureation remarquable que pré- sente notre nébuleuse, entre la constellation du Cygne et la Queue du Scorpion , l’astronome de Poulkova admet, avec Herschel, que la couche la plus condensée forme un plan brisé, ou, en d’autres termes, qu’elle se trouve dans deux plans inclinés l’un sur l’autre de quinze degrés en- viron. Comme nous voyons ces deux couches à la fois suivant leur tranche, il s'ensuit que notre soleil doit se trouver dans le plan de l’une et de l’autre, et par suite, dans le voisinage de leur ligne d'intersection. © Midler (1) reconnait que les vues d'Herschel sur la constitution physique de la voie lactée expliquent d'une maniére satisfaisante son aspect général; mais il objecte qu’elles ne rendent pas suffisamment compte des circon- stances. particuliéres qu’on y remarque. Ainsi les lacunes qu'offre son cours, ses bifurcations, et la manière brusque dont elle paraît limitée en certains endroits semblent à l’astronome de Dorpat s'accorder mieux avec une autre opinion. Selon lui, le noyau central de forme lenticulaire, serait entouré à distance d'un ou de plusieurs anneaux, dans lesquels les étoiles seraient plus serrées, et dont les plans ne coincideraient pas entièrement. Ainsi Saturne, si son aplatissement était plus considérable, offrirait une miniature assez fidèle du grand système sidéral auquel nous appartenons. Cette hypothèse, très-admissible, a pour elle l'analogie : le ciel présente effectivement plusieurs autres nébuleuses annulaires avec noyau central. Le noyau lenticulaire de notre nébuleuse est probable- and a (1) Populäre Astronomie, zweite Auflage, p. 395. . ( 409 ) ment formé de la réunion d’un grand nombre d’amas : Mädler ne le dit pas expressément, mais cette idée semble étre la conséquence d’un travail intéressant qu’il a publié sur la position du corps central de la voie lactée (1). I cherche à y prouver que les Pleiades constituent le groupe central de notre système, autrement dit le groupe dans lequel tombe le centre de gravité de toutes les étoiles de la voie lactée; et que ce centre de gravité lui-méme doit se trouver dans Aleyon (y du Taureau): cette étoile serait done notre soleil central. L’apparence générale de la voie lactée, et la distribution des étoiles qui la composent sont á peu prés les mémes dans l'hémisphère sud que dans l'hémisphère nord. John Her- schel, pendant son séjour au cap de Bonne-Espérance, a étudié avec attention la partie australe de cette zóne cé- leste. Il calcule que le nombre d'étoiles assez brillantes pour étre distinctement visibles dans son télescope de vingt pieds est, sur les deux hémisphères, d'environ cing millions et demi; et ce nombre doit étre immensément augmenté, si Pon considère que beaucoup de parties de la voie lactée sont si riches, qu’il devient impossible d’y dénombrer les étoiles, non à cause de leur petitesse, mais par suite de leur nombre même. Struve le porte à vingt millions, et D. Brewster á cent millions. J. Herschel insiste sur le décroissement graduel, mais rapide que présente la densité de la voie lactée de part et d'autre du plan fondamental; la loi de dégradation est d’ail- leurs la même dans les deux hémisphères. L’accroissement de densité, à mesure que l’on approche du cours principal de la voie lactée , est tout à fait insen- sible pour les étoiles supérieures à Ja huitième grandeur ; (1) Die Centralsonne, Astron. Nach., nos 566 et 567. (410 ) ‘ pour celles de neuviéme et de dixiéme grandeur, cet accroissement, bien que marqué avec évidence, n’est ce- pendant pas très-considérable; il ne commence à devenir frappant que pour la onzième grandeur; et cependant, il est encore bien faible, lorsqu'on le compare à celui qui se manifeste dans Ja masse des étoiles inférieures à la onzième grandeur. Ces dernières constituent, en effet, les 5 de la totalité des étoiles comprises dans la zone qui s'étend à 30° à droite et à gauche de la voie lactée. Il résulte de là : 1° Que les grandes étoiles sont, généralement parlant, plus voisines de nous que les petites. En effet, s’il n'en était pas ainsi, la probabilité de rencontrer une belle étoile croitrait en proportion de la richesse de la région observée, et l’on devrait trouver dans la voie lactée beaucoup plus de brillantes étoiles que dans tout le reste du ciel ; c'est ce qui n’a pas lieu. 2° Que la demi-épaisseur de notre système stellaire est au moins égale à la distance d’une étoile de neuvième à dixième grandeur; jusqu’à cette limite en effet , les étoiles sont aussi fréquentes vers les pôles de la voie lactée que vers son équateur, comme si elles faisaient partie d'un système sphérique. Quittons enfin le monde stellaire auquel nous apparte- nons, et jetons un regard sur ces univers lointains qui, ‘sous le nom de nébuleuses , he sont pour la plupart que des voies lactées extérieures. Les nébuleuses ont en général une lueur si pale que fort peu d’entre elles sont visibles à l'œil nu. Ptolémée n’en à catalogué que cinq; quelques autres furent décou- vertes dans l'hémisphère austral par les navigateurs du quinzième et du seizième siècle; mais l'invention du téles- (411) cope vint les multiplier d'une maniére étonnante, et prou- ver que le ciel en est pour ainsi dire parsemé. Tous les jours encore, leur nombre s’accroit avec les perfectionne- ments que Pon apporte aux moyens d'observation. La plupart des nébuleuses sont évidemment des amas d'étoiles tellement éloignées de nous, que leur ensemble ne présente à l'œil qu'une masse indistincte et confuse ; mais plusieurs d’entre elles résistent aux plus forts téles- copes sans se laisser résoudre; leur aspect irrégulier, flocon- neux, semble devoir les faire considérer comme des amas - d'une matière vaporeuse , diffuse, largement répandue dans tout univers, et qui s’est plus ou moins condensée dans certaines régions de l’espace. Dans les nébuleuses de cette espèce, on ne distingue aucun point stellaire, même lors- que Pon emploie le grand télescope de Lord Rosse, cet œil gigantesque dont la pupille a deux mètres de diamètre, et qui reçoit de chaque point du ciel cinquante mille fois plus de lumière que l'œil humain: Dans la première partie de sa carrière astronomique, Herschel crut que toutes les nébuleuses en général n'étaient autre chose que des groúpes d'étoiles. Si plusieurs d'entre elles ne pouvaient se résoudre en étoiles distinetes, il fal- lait Pattribuer, disait-il, à leur énorme éloignement et à l'impuissance relative de nos moyens d'investigation. Mais, dès l'année 1791, ses idées commencent à se modifier ; c'est alors qu'il parle pour la première fois de la matière nébuleuse, et des modifications successives par lesquelles passe cette étoffe de l'univers. Suivant les idées cosmogoniques d'Herschel, la ma- tière nébuleuse ne devient visible que lorsqu’elle est arrivée à un certain degré de condensation. Quelque uniforme qu'ait pu être sa distribution originaire dans l'espace, on conçoit qu’il doive s’y former des centres locaux d’attrac- ( 412 ) tion, autour desquels les molécules voisines tendent à venir se grouper : chacun de ces centres devient dès lors le germe, l'espoir d’un monde ou d’un système de mondes. La condensation s'opére graduellement, et la matière né- buleuse commence à offrir, sur une étendue plus ou moins considérable, une lueur pale , diffuse, analogue à la partie la plus faible de la queue des comètes : telle est l’origine des grands lambeaux nébuleux, très-faibles et très-irréguliers. Le travail de concentration continue; la nébuleuse di- minue de grandeur et augmente d'éclat; ses contours deviennent plus nets, sa forme mieux définie; mais sa lumière reste encore à peu près uniforme : elle est à l’état de nébuleuse proprement dite; c'est une seconde phase de son existence. ` Puis, dans le champ de la nébulosité, et généralement vers son centre, apparaît un point plus brillant que le reste; il s’y forme un noyau qui, d’abord faible, prédomine de plus en plus sur le fond qui l'entoure. Cette nébuleuse à noyau s'élève peu à peu, par le travail incessant de la condensation , jusqu’à l'éclat d’une étoile faible environnée d'une atmosphère : c'est alors unë étoile nébuleuse . Enfin l'atmosphère elle-même se précipite sur le noyau stellaire , et le ciel s’est enrichi d'un soleil, brillant de toute. sa splendeur. Ce serait un cas trés-exceptionnel si, dans le principe, le centre d'attraction de la masse laiteuse coincidait exac- tement avec le centre de figure. Cette excentricité, se composant avec la force attractive, devra, suivant Herschel, imprimer a Vastre un mouvement de rotation sur lui- même. En outre, d’après les idées de Laplace, certains anneaux de matière nébuleuse, au lieu de se précipiter sur lastre central, continuent à circuler autour de lui, se brisent, et forment des planètes. ( 413 ) Nous venons de considérer, dans sa forme la plus simple, le phénomène de la création d'une étoile isolée; mais ce cas doit se présenter rarement ‚si Pon en juge par la très- petite quantité de véritables étoiles nébuleuses que Pon rencontre au ciel. “Le plus souvent, il se formera dans le lambeau nébuleux deux, trois ou un plus grand nombre de centres d'attraction, pour chacun desquels il s'opérera un travail analogue à celui qui vient d’être analysé. Alors le résultat final sera la création d’une étoile double, triple, multiple, ou enfin d'un amas d’étoiles. Ces transitions par lesquelles passent les nébuleuses , depuis l’état rudimentaire jusqu’à la forme stellaire , doivent Sopérer avec une lenteur extrême : on sen convaincra par Pidentité presque absolue que préseñte Paspect de plusieurs d'entre elles, depuis un siécle environ qu’on les observe attentivement. Aussi Herschel forma-t-il ses idées, non d’après les changements observés sur telle ou telle nébuleuse individuellement, mais d’après la comparaison d'un grand nombre de ces objets, offrant des différences physiques qui paraissaient accuser des ages différents. « Nous pouvons, dit-il, comparer le ciel à un jardin fer- » tile, qui renfermerait la plus grande variété de produc- » tions parvenues à différents degrés d'avancement. Cette > manière de voir permet à nos observations d'embrasser > un laps de temps immense. En effet, n'est-ce pas la » méme chose de voir successivement une méme plante » germer, pousser des feuilles, des fleurs, des fruits, se > faner et mourir, ou d’avoir simultanément sous les yeux » plusieurs individus de cette espèce, arrivés à ces diffé- » rentes phases de leur existence? » _ L'idée fondamentale de l'existence d'une matière céleste, nant naissance aux astres par voie de condensation , avait été émise longtemps avant Herschel. Tycho et Kepler ( 414 ) Vavaient invoquée pour expliquer la création des deux étoiles nouvelles qui parurent en 1572 et en 1604. Halley (Phil. Trans., 1714-16) avait même été très-explicite au sujet des nébuleuses, lorsqu’il les regardait « comme de la » lumière venue d'une distance énorme dans l’éther, qui » est rempli d’une substance lumineuse par elle-méme »; il prédisait en conséquence qu’on en découvrirait encore un très-grand nombre, inconnu jusqu'alors. C'est à cette méme substance que Lacaille (1755) attribuait en partie la blancheur de la voix lactée. Enfin Pon peut dire que toute la seconde partie de l'Histoire naturelle du ciel, de Kant, nest qu'un magnifique développement de cette grande pensée , que l’état actuel du monde résulte d'un état ori- ginaire de diffusion de la matière chaotique. Il est done juste de reconnaître qu’Herschel a été pré- venu par plusieurs astronomes, dans les idées qu'il a émises sur l'existence de la matière nébuleuse , et même dans le rôle qu'il lui fait jouer dans la construction des cieux. Mais une gloire qu’on ne peut lui contester, c'est d’avoir le premier appuyé sur des observations nombreuses et bien coordonnées, sur des déductions claires et ingé-» nieuses, les spéculations vagues de ses prédécesseurs ; d’avoir élevé sur des fondements solides le hardi et magni- lique édifice de Punivers; enfin, de nous avoir fail embras- ser d'un seul coup d’eeil toutes les phases, toutes les modi- fications successives par lesquelles a passé la création depuis les temps les plus reculés. Parmi les nébuleuses proprement dites se trouve la classe trés-curieuse des nébuleuses planétaires, ainsi nom- mées parcequ’elles ont une grande similitude d’aspeet avee nos planétes vues dans un télescope : pour quelques unes d’entre elles, la ressemblance est si grande qu’elles trom- peraient l'œil d’un observateur exercé. Ces corps célestes ( 415 ) ont une forme ronde ou ovale, limitée par un contour net . ou légèrement vaporeux; leur diamètre moyen est d'une dizaine de secondes; il varie cependant de 1'7 à 60", et s'élève même, dans quelques cas très-rares, jusqu’à 5 ou 4 minutes. Herschel a dirigé l'attention des astronomes sur la recherche de la parallaxe des nébuleuses planétaires : i est clair en effet que tout objet du monde sidéral, dès qu'il est vu sous un angle sensible, doit (à moins qu’on ne veuille lui attribuer. des dimensions énormes) appartenir à notre système stellaire, et mème être relativement très-voisin de nous. Cette considération , reproduite par Olbers, a engagé Struve à se livrer à une recherche serupuleuse de la paral- laxe des nébuleuses planétaires; O. Struve a commencé ce travail à l'aide du grand télescope de l'observatoire central de Russie. ll serait à désirer que les astronomes s’occupassent également des mouvements propres des nébuleuses en général, et des nébuleuses planétaires en particulier. Déjà Lamont, en comparant ses observations à celles d’Hers- chel, a cru remarquer dans quelques nébuleuses des dépla- + cements considérables. Sil est vrai que les nébuleuses résolubles soient des voies lactées étrangères à notre système, elles doivent au contraire se trouver à d'immenses distances : elles sont donc éminemment propres à fournir des points fixes, aux- quels on rapporterait le mouvement d'ensemble que notre Voie lactée tout entière possède probablement dans Pes- pace. C'est pour cela que Laugier, à qui Ton doit cette remarque ingénieuse , a eu l’idée de construire un catalo- gue de nébuleuses, avec toute l’exactitude que comportent aujourd'hui les observations astronomiques. La compa- raison de ce catalogue avec ceux qui seront dressés plus 2° SERIE, TOME XII. 50 ( 416 ) tard, permettra de déterminer les mouvements apparents des nébuleuses, et d’en déduire, relativement au déplace- ment du soleil dans Pespace, des notions plus complétes que celles dont j'ai parlé précédemment. Celles-ci, en effet, ne sont propres qu’à déterminer le mouvement particulier du soleil á Pintérieur de sa nébuleuse, sans rien indiquer sur le déplacement général de la nébuleuse elle méme. Le pouvoir d'agrégation de la matiére céleste , par lequel Herschel a si bien expliqué la formation des nébuleuses et des amas d'étoiles, doit avoir pour résultat de condenser ces objets vers certaines régions du ciel, de les réunir en groupes, de les associer soit entre eux, soit avec des étoiles : c’est ce qui a lieu effectivement; mais nulle part ce phénomène ne se manifeste d’une manière plus écla- tante que dans la constitution des deux belles nébuleuses du ciel austral, connues sous le nom de nuées de Magel- lan. En explorant la plus petite, dont la surface est d’en- viron quarante-cinq fois celle de la lune, J. Herschel y a trouvé quarante-trois nébuleuses ou amas. Or, ce groupe si riche se trouve précisément dans une des régions les plus pauvres du ciel, comme si toute la matiére nébu- leuse, originairement éparse, était venue se condenser sur lui. Frappé de cet isolement si complet, J. Herschel con- signait la note suivante dans son journal d’observations : « De quelque côté qu'on veuille arriver au petit nuage, » on aun désert à traverser. » (The access to the nubecula minor on all sides is trough a desert). Cette remarque pit- toresque du fils me rappelle une phrase également expres- sive, par laquelle le pére caractérisait le fait de Penri- chissement de certaines régions célestes aux dépens des espaces avoisinants. Lorsque, dans ses revues (sweeps) du ciel, il s'était écoulé un peu de temps sans que le i ( 417 ) mouvement diurne amenat aucune étoile dans le champ de son télescope, W. Herschel disait 4 son secrétaire : « Préparez-vous à écrire, les nébuleuses vont arriver. » Le grand nuage, également entouré d’une contrée ra- vagée, est encore plus fécond que le petit en nébuleuses où en amas, présentant une richesse, une variété, une complication de structure étonnantes : J. Herschel en a observé deux cent soixante-dix-huit sur une surface équi- valant à la moitié du carré de la Grande Ourse. Le nombre total des nébuleuses que Ton connaît au- jourd’hui sur toute la surface du ciel est d'environ cing mille; plus de quatre mille d’entre elles ont été décrites et cataloguées par J. Herschel, l’un de nos plus illustres associés étrangers. En étudiant son catalogue, on est frappé de voir qu'il existe, parmi les nébuleuses, un grand nombre de combinaisons binaires ou même ter- naires, dans lesquelles les éléments sont si rapprochés ` Pun de l’autre qu’un lien physique doit exister entre eux. Peut-être reconnaitra-t-on plus tard que, comme on le - voit pour les étoiles doubles, certaines nébuleuses font leur révolution autour d'autres nébuleuses. Plus on pé- nétre dans l'étude de la nature, et plus on admire l'unité de son plan, la simplicité de ses moyens. Pourquoi celte même force qui retient les corps à la surface de la terre, quí guide notre globe dans sa course annuelle et notre Soleil dans son orbite encore inconnue, ne réglerait-elle pas les révolutions plus mystérieuses encore qu’accom- plissent les différents univers dans le grand ensemble que Charles Fourier a si justement qualifié d’Infinitivers! a Dans Pétude bien imparfaite à laquelle je viens de me livrer, fai dû laisser subsister un grand nombre de lacunes, ( 418 ) pour ne pas abuser de la bienveillance de mon auditoire; en outre, plus d'un esprit. réfléchi pourra me reprocher d’avoir fait un usage trop fréquent de la probabilité et de l’analogie, et d’avoir souvent émis de simples opinions, là où il aurait fallu apporter des preuves. Mais mon objet n’a pas été de convaincre les opposants ou de réfuter les objections. J'ai cherché 4 exposer, aussi simplement que possible, ce que la nature de mon intelligence me dispose à accepter comme vrai. D’autres intelligences sont peut- | être organisées de manière à voir les choses à un point de vue tout différent : mes paroles n’ont point la prétention de leur imposer ma manière de voir. Dans un sujet si vaste, si lointain, la tolérance scientitique doit largement s'exercer. Le livre de la nature est un livre immense, obscur, dont quelques pages à peine ont pu être épelées jusqu'aujour- d’hui : la science consiste à discerner l'endroit où le mys- tère commence; la sagesse, à le respecter. Après cette lecture, M. de Selys-Longchamps expose le résultat de ses études Sur les animaux vertébrés de la Belgique, utiles ou nuisibles à l'agriculture. MESSIEURS, Depuis une quinzaine Vannées, des fléaux de diverse nature ont frappé successivement plusieurs des produt- tions végétales les plus indispensables à l'homme , soil comme denrées alimentaires, soit comme matières pre- mières. Les céréales, les pommes de terre, la vigne, l'olivier, le ( 419 ) pommier, les ormes, les chénes, les pins, les laryx, etc., > ont été sérieusement atteints, à la suite de maladies attri- buées A de trés-petits ótres organisés, insectes ou végéta- tions cryptogamiques. On a cherché de tous côtés à discerner les causes mul- tiples de ces maladies, á découvrir des remédes ou tout au moins des palliatifs a ces désastres, dont les résultats sont des disettes partielles ou des crises industrielles. Et cet état de choses est d’autant plus inquiétant, qu'il nous arrive à une époque sociale où l'augmentation con- tinue de la population et les besoins d’un bien-être en rapport avec notre civilisation perfectionnée rendent, au contraire , urgent un accroissement dans la produétion des denrées alimentaires et des matières premières. Dans le coup d'œil rapide que nous allons jeter sur le rôle que jouent les animaux vertébrés dans P économie rurale, nous n’aborderons qu'une faible partie des vastes questions que nous venons d'indiquer. En 1851, à la demande du Gouvernement, nous avons rédigé un Apercu sur les animaux utiles ou nuisibles de la, Belgique, dans lequel nous les considérions sous différents rapports ` sauvages ou domestiques ; alimentaires ou non; objets de commerce ou d’agrément; nuisibles ou utiles a l'agriculture, ete. Cet essai, trés-incomplet, fut publié dans le Rapport decehnal sur la situation administrative du royaume, avec les mémoires analogues sur le régne végétal et le règne minéral, le dernier dù au talent de Fun de nos confrères (1). Nous suivions depuis, avec un vif intérêt, ce qui se publiait sur les animaux utiles ou nuisibles, sans avoir A. ee (1) M. Dumont de regrettable mémoire. ( 420 ) - nullement Pintention d'intervenir dans la discussion, lors- que, à la fin de l’année dernière (1860), M. P. Joigneaux, le savant qui, pendant le séjour de dix années qu’il fit en Belgique, vulgarisa tant de bonnes choses concernant l'agri- culture (4), entreprit la publication d’un ouvrage important sur l’économie rurale (2), et désira y placer un chapitre sur les animaux utiles ou nuisibles. Nous n’avons pas cru pouvoir nous refuser à rédiger, à la demande de cet honorable ami, la partie du travail qui regarde les animaux vertébrés, parce que chacun est tenu de dire ce qu’il sait dans cette question de l’utilité de cer- tains animaux, qui est à l’ordre du jour depuis plusieurs années; et nous avons pensé que la communication des ré- sultats auxquels nous sommes arrivé po avoir +. que intérêt pour l’Académie. Nous prévenons que plusieurs des observations les plus curieuses que nous aurons á rapporter ne nous appartien- nent pas; ne pouvant point toutefois les passersons silence, afin de ne pas en priver nos auditeurs, nous mettons notre probité scientifique A couvert, en citant les noms des sa- vants auxquels en revient le mérite, : ll est à remarquer, d’ailleurs, que presque tous ceux qui se sont occupés de ces questions sont arrivés aux mémes conclusions, ce qui est sans doute une forte présomplion en faveur de la maniére de voir que nous avons adoptée. (1) Notamment dans le journal hebdomadaire qu'il a fondé à Bruxelles sous le titre de Feuille du cultivateur, et dans ses nombreuses rences publiques (2) Le livre de la Ferme et des Maisons de campagne, publié sous la direction de M. P. Joigneaux , 1er et 2me fascicules. Paris, V.-A. Masson ; 1861. — La partie concernant les animaux sauvages et SE nuisibles ou utiles aux cultivateurs paraîtra incessamment. ( 421 ) Peu d'animaux peuvent être qualifiés is de. nuisibles ou d’utiles. Hs ne méritent, en général, cette dé- nomination qu'à un certain degré ou à un certain point . de vue. + Beaucoup d’animaux féroces, dangereux pour l’homme, donnent lieu à un commerce important de pelleteries. D'autres, compris sous le nom de gibier, endommagent nos cultures, tandis qu’ils entrent pour une part respectable dans Palimentation publique. Enfin, même en ne con- sidérant que les intérêts de l’agriculture et de l’économie rurale, nous trouvons des espéces qui sont utiles dans cer- taines circonstances et nuisibles dans d’autres. Qu’il nous suffise de citer pour exemple les taupes, les belettes, les corbeaux ‚les moineaux , dont nous aurons à entrenir plus loin nos auditeurs. Chercher à discerner le juste de Pinjuste, est ici syno- nyme de constater nos véritables intérėts, car Fhomme méconnait trop souvent ses amis et ses ennemis, en agri- culture comme ailleurs. Nous aurons quelquefois des préjugés très-répandus à battre en brèche, de pauvres innocents à réhabiliter; d'autres fois, en compari les services rendus et les délits commis, nous serons embarrassé pour décider de quel cóté penche la balance, et si Vanimal doit être protégé ou proscrit. Le jugement peut, d’ailleurs, être différent selon les circonstances locales et le genre de culture adopté. En général, on peut avancer que les animaux insectivores et, dans une certaine limite, les carnivores, sont utiles à l’agriculture, et que les granivores, frugi- Yores et herbivores, aussi avec certaines restrictions, lui Sont préjudiciables. £ Mais beaucoup d'animaux appelés par exagération omni- (422) vores, ont un régime très-varié : et ce sont ceux-là dont la cause est la plus difficile à juger équitablement. - § L.— MAMMIFERES (quadrupèdes). Les plus recommandables, les seuls méme qui soient tout à fait dignes de notre protection, sont les chauves- souris (Vespertilio ) (1) et les musaraignes (Sorex ), ani- maux insectivores que nous cherchons généralement 3 détruire, sans nous douter des services signalés qu'ils nous rendent. ‘ Les chauves-souris de nos contrées (2) qui, quoi qu’oi en dise, n’ont l'habitude de s'attacher aux cheveux de personne, vivent uniquement d'insectes nuisibles : papil- lons de nuit, hannetons, cousins, moustiques. Ces ani- maux voltigent comme elles pendant l'obscurité , et échap- pent ainsi aux oiseaux insectivores diurnes : ce sont les hirondelles de la nuit. Comme ces dernières, elles vivent sous le même toit que nous, et méritent la même protec- tion; car elles veillent autour des maisons à la tranquillité de notre sommeil; et si elles attaquent les insectes par- faits et non les larves, elles n’en sont pas moins utiles à RE GA (1) Nous ajoutons, en citant les animaux, le nom scientifique latin (n? varietur ), parce que celui en langue vulgaire n’est pas toujours bien connu des étrangers qui voudront bien nous lire. De cette façon le doute west plus possible. (2) Dans les parties tropicales de l'ancien continent les rousselles (Pteropus), grandes chauves-souris frugivores , dévastent les vergers. Lu Améri sous les mêmes latitudes, les grandes espèces de chauves-souris pires ( Phyllostoma) sucent le sang des animaux domest.- ques, parfois même de l'homme. ( 425 ) horticulture et à l’agriculture, puisque ces insectes au- raient pondu des milliers d'œufs sur les végétaux utiles (1). On ne s'explique done la guerre injuste qui est faite aux chauves-souris qu’en raison de leur figure hétéroclite, de leur nom, qui implique une ressemblance bien fausse. avec les souris, et enfin de leurs habitudes nocturnes. Apprenons done de bonne heure aux enfants à con- naître la conformation si extraordinaire et si intéressante og ; ajoutons qu’elles sont, après les singes, es mammifères qui retiennent encore quelques traits de l'organisation supérieure de l'homme (2), et Pon aura bientôt éteint chez nos cultivateurs, comme chez nos ci- tadins, la répugnance imméritée que les chauves-souris inspirent; et avec cette répugnance disparaitra l'habitude déplorable de les détruire. Les musaraignes ou musettes forment une famille également utile. Elles purgent les jardins , les espaliers, les alentours des habitations, des insectes,des larves et des limaçons qui sont à leur portée. A la faveur de leur petite taille (ce sont les plus petits des mammifères connus), elles pénètrent dans les moindres cavités, dans les fissures des murailles, et ont Pouie et Podorat trés-fins. Elles préservent les fruits des espaliers des atteintes des cloportes , des perce-oreille et des millepieds. Les musaraignes sont proscrites, parce qu’elles ont le (1) M. Koltz, dans un article intéressant publié par la Feuille du culti- vateur , en 1861, rapporte que le naturaliste Kukl vit une petite chauve- Souris dévorer Pun après l’autre, treize hannetons; une autre, soixante e X mouches; une troisième douze grands papillons. (2) Les genres homme , singe et chauve-souris constituent l'ordre des Mammifères Primates dans le système de Linné. ( 424 ) malheur de ressembler grossiérement aux souris par leur stature, bien qu’en faisant attention à leur long museau pointu , semblable à celui des taupes, elles soient faciles à reconnaître, Elles ne mangent ni fruits, ni graines, ni racines. Le seul reproche qu’on puisse leur faire, c’est de dé- vorer les jeunes grenouilles, dont nous aurons à faire l'éloge plus bas. Dans les temps anciens, on regardait leur morsure comme venimeuse pour le bétail. Il n’en est rien, et ces jolis petits animaux ne cherchent à mordre qué lorsqu’on les prend dans la main. Le hérisson (Erinacus europaeus ), autre proscrit, est sans doute encore un animal insectivore fort utile, mais nous ne le mentionnons que pour mémoire, attendu qu'il est peu répandu. Il est presque superflu de protester encore contre la réputation qu'il a en Belgique de teter les vaches, et d’occasionner de -graves désordres à leurs mammelles. Toutes les investigations auxquelles nous nous sommes livré pour constater le fait ont abouti á des verdicts de non-lieu. Il ne tette pas plus les vaches que l'oiseau nommé crapaud volant (vulgairement tette-chèvre) ne tette les chèvres. On lui reproche encore d'aimer les pommes : nous savons qu’il accepte cette nourriture, mais comme il est incapable de grimper sur les arbres, il ne peut attraper que quelques fruits tombés (1). A A (1) M. Koltz dit qu'il attaque les loirs, les rats, les souris , les jeunes lapins et levrauts. Nous ne pouvons guère admettre qu’il puisse atteindre ces animaux à l’état adulte; les mouvements du hérisson. étant assez lents. Nous doutons aussi que la taupe puisse faire aux rats et aux souris la chasse que ce naturaliste lui attribue, sauf en dévorant les petits encore au nid. ( 425 ) Pour terminer Pénumération des mammifères insecti- vores, il nous reste à parler de la taupe (Talpa europaea ), sujet fort délicat et trés-controversé. Les taupes sont- elles nuisibles? Nous répondrons oui et non; c’est selon les circonstances. Les taupes sont insectivores et ver- mivores ; leur appétit est très-vorace, de sorte qu’elles dé- yorent une quantité immense de larves pernicieuses et notamment les vers blancs (larve du hanneton ) et la cour- tillière (grillon-taupe). Elles ne mangent pas de sub- Stances végétales. On a remarqué, du reste, que lorsqu'on était parvenu à extirper les taupes, les racines des herbes étaient sujettes à être détruites par les larves de hannetons, et autres co- léoptères phytophages. Sous tous ces rapports, les taupes sont donc des animaux auxiliaires fort utiles. Mais, d'un autre côté, nous ne voulons pas dissimuler qu’en creusant leurs garennes, elles ne houleversent les racines des plantes, les déchirent pour se frayer un passage; et que leséminences arrondies qu’elles amoncellent au-dessus du sol, sont disgracieuses, et risquent d'enterrer ou d’écraser les semis. Telles sont les taupes sous leur mauvais aspect. Nous concluons en permettant de détruire les taupes lorsqu'elles habitent un terrain ensemencé de plantes an- nuelles, comme cela a lieu dans les terres labourables et les jardins potagers. Mais, malgré opinion générale hos- tile aux taupes des prés et des pelouses, nous persistons à croire que leur présence, en nombre modéré, y est né- cessaire; et qu’il faut bien se garder de les y détruire com- plétement. La terre finement ameublie des taupinières est facile à étendre sur le gazon, auquel elle est favorable; et ces nombreuses garennes, qui parcourent le sol presque à fleur de terre, forment une sorte de drainage d'autant ( 426 ) plus utile, que les taupes en modifient le parcours à tout moment Les quadrupèdes carnassiers ne font pas de tort aux ré- coltes; mais il en est plusieurs que les éleveurs de bestiaux et de volaille doivent proscrire. Nous citerons en téte de la liste le loup (Canis lupus), redoutable pour l’homme lui-même et dont les méfaits mont pas besoin d’être rappelés ici. On sait qu’il ne se rên- contre plus chez nous que dans les u. bois de l'Ar- denne. A peu près dans la même catégorie se placa autre- fois Pours (Ursus arctos) et le lynx ou loup-cervier (Felis lynx); mais ces deux animaux n'existent plus en Belgique: ours est devenu de plus en plus rare dans l'Europe tem- pérée, méme dans les solitudes al pestres, où il est relégué. Viennent ensuite les carnassiers de taille: moyenne ou petite : ceux-là ne sont hostiles qu'à la volaille ou aux poissons des étangs ` on pourrait ajouter au gibier, mais le bon cultivateur n'ayant guère le temps de chasser, n'a pas à s'inquiéter spécialement de la conservation du gibier, qui, s'il était trop abondant, ferait même du tort à ses récoltes. Le renard (Canis vulpes) rôde autour des basses-cours , s’y introduit nuitamment et enlève la volaille. Il est parti- culièrement à craindre pour les oies et les poules, qui couvent trop volontiers hors des habitations. Remarquons ee, (1) M. Koltz mentionne qu'il y a une dizaine d’années , dans certaines contrées de l'Allemagne, chaque commune avait un taupier. H en resulta que les vers blancs parurent par myriades, et firent des dégâts considéra- bles dans les prairies. On s’apercut alors de l'erreur qu'on avait commise , et aujourd’hui , lorsque les taupinières ne sont pas trop nombreuses, on ne cherche plus à détruire les taupes. ( 427 ) A qu'il détruit une grande quantité de mulots et de campagnols. Le blaireau (Meles taxus), peu nuisible et peu carnivore, ne s'éloigne guère des bois, encore moins le chat sau- vage (Felis catus). Ce dernier, qu'on rencontre dans les forêts de PArdenne, est fort malfaisant en ce qu'il dévaste les nids des petits oiseaux. Les espèces de la famille des mustélidées sont à redouter pour les poulaillers et les pigeonniers, parce que lors- qu'elles s’y introduisent, elles égorgent tout ce qu'elles rencontrent, se bornant à sucer un peu de sang. La martre (Mustela martes) est rare et ne se trouve que dans les forêts de VArdenne. La fouine (M. foina), qui se tient dans les granges et à l'entour des habitations, est beau- coup plus à craindre. On peut lui assimiler le putois (M. putorius), qui est en quelque sorte un furet sauvage ; il tue, il est vrai, beaucoup de rongeurs nuisibles, mais , il dépeuple les garennes des lapins clapicrs que les culti- Valeurs élèvent à domicile; il détruit aussi beaucoup de poissons, lorsqu’il s'établit près des étangs. Quant à lher- mine (4. erminea), qui est de taille moindre, nous ne sommes pas assuré qu’elle soit fort nuisible. Si, comme toutes ses congénères, elle fait, à nos dépens, la récolte des œufs de poules et de cannes , elle atténue sa culpabi- lité en étranglant les rats et autres rongeurs destructeurs. Nous hésitons beaucoup à nous prononcer quant à la petite belette (M. vulgaris), la naine du genre Mustela. Nous ne croyons pas qu'elle attaque habitnellement les oiseaux de basse-cour, si ce n’est les jeunes individus, et Nous sommes certain qu’elle vit principalement de mu- lots, de campagnols, et autres petits animaux nuisibles. Le Tooti est intelligente, curieuse, peu farouche, et D ( 428 ) puisqu'on a réduit à un état de servitude son proche voisin le furet, pour employer à poursuivre les lapins dans leurs garennes, nous nous demandons s’il ne serait pas possible de la rendre domestique, afin de Pemployer à tuer, dans ses terriers, le redoutable rat surmulot. On pourrait en- core tenter Pexpérience avec l’hermine. | A la suite de la famille dont nous venons de parler se place son représentant aquatique, la loutre (Lutra fluvia- tilis), qui ravage les étangs et ne rend aucun service. Elle est rare en Belgique. Nous arrivons aux rongeurs, animaux spécialement nui- sibles, qui ne rachètent, sous aucun rapport, le mal qu'ils nous font. Nous commencerons par le genre des rats. Le surmulot (Mus decumanus), le plus robuste de tous, originaire de PInde, est arrivé en Europe il y a un plus d'un siècle. On croit qu’il a été transporté dans la cale des navires, qu'il infeste ; cependant, vers la même époque, Pallas en a ob- servé une énorme migration à travers la Perse et la Russie méridionale. C'est la plus détestable acclimatation qui se soit faite depuis les temps historiques. Il vit partout, et mange de tout. C’est le rat des bords des rivières, des ports, des égouts, des écuries, des caves, des cuisines, des poulaillers et des granges; mais il ne monte pas souvent dans les greniers élevés, sans doute, parce que le voisi- nage de l’eau ou des immondices liquides est une néces- sité de sa vie. Sa force de destruction est déplorable. 1! perce des garennes à travers les fondations des maisons; perfore les canaux d'écoulement; dévore les œufs , les pour lets, parfois même les volailles adultes; enlève les provi- sions de toute espèce, et s'établit au milieu des récoltes dans les greniers peu élevés. Les piéges à pincettes et 4 ( 429 ) assommoir, et les boulettes au phosphore semblent jus- qu'ici les meilleurs moyens à employer pour diminuer le nombre des surmulots. Les administrations publiques fe- raient chose urgente en encourageant sérieusement la destruction de cet animal, qui est un véritable fléau (1). Il nous a cependant rendu un service relatif, en débar- rassant beaucoup de cantons de l'espèce du rat noir (M. rattus), qui est moins fort que lui, et qui se tenait surtout dans les greniers secs et dans le haut des habitations. Comme il semble, d’après des mœurs si différentes , que les deux espèces pouvaient coexister, en vivant à nos dé- pens, l’une au grenier, l’autre au rez-de-chaussée, il y aurait lieu de rechercher comment le rat noir a pu être tout à fait expulsé de beaucoup de localités par le nouveau venu (2). > La souris (M. musculus), le commensal incommode et - -cosmopolite de l’homme, est un diminutif du rat noir; elle est trop connue pour qu’il soit nécessaire de prouver les dégâts qu’elle fait en rongeant les provisions de bou- che, le linge, les papiers, etc.; mais, ce que Yon ignore peut-être, c’est que la souris ne vit pas exclusivement dans les maisons et les granges : nous en avons observé plus d'une fois, en grand nombre, dans des meules de blé et d'avoine, assez éloignées de toute habitation. So eee a ana a E (1) On sait que administration de Paris fait faire chaque année de chasses aux surmulots dans les égouts de la capitale. (2) Malheureusement , depuis une trentaine d'années, on a constaté en France la présence d’une troisième espèce qui a les formes et les mœurs du rat noir , et la couleur du surmulot : c'est le rat d'Alexandrie (W. alegan- drinus , Geoff., M. tectorum de M. Savi, M. leucogaster de M. Pictet). Il est originaire du nord de l'Afrique , et parait s’étre introduit en Italie pendant un“ dernier, On sait que du temps de Pline il n'existait encore en lalie aucune des trois espèces de rats que nous avons mentionnees. ( 450 ) Le mulot (M. sylvaticus) ressemble un peu au surmulot par la coloration du pelage, mais sa taille est celle de la souris : ses habitudes sont différentes; il fréquente de pré- férence les jardins , les bois et les haies, quoiqu’on le ren- contre aussi dans les champs. En automne, il sintroduit dans les caves, où l’on conserve des légumes ou des fruits, et dans les magasins situés au rez-de-chaussée. H est d'au- tant plus à redouter qu'il a l'habitude de former des pro- visions considérables à une distance souvent éloignée du lieu du pillage. A Parriére-saison, il établit aussi dans les meules de blé, à la campagne, ses colonies devasla- trices (1). Nous aurions bonne envie de faire grace au rat nain (Mus minutus), joli petit animal fauve à ventre blane, qui constryit, au milieu des céréales, un nid suspendu avec art, et analogue à celui des fauvettes aquatiques ; mais il faut bien reconnaitre que c'est un animal granivore, et. que s’il fait moins de mal que les autres, c'est qu'il est plus petit. H se retire pendant l'hiver dans les meules de blé et surtout d'avoine. Il faut du moins lui rendre cette justice qu'il ne s’introduit pas dans les habitations. Le hamster (Cricetus frumentarius), encore plus robuste que les rats, est un terrible emmagasineur de céréales. C'est un vrai fléau dans plusieurs provinces de l'Allemagne el de la Russie, et la vente de sa fourrure est loin de racheter le blé qu'il a mangé. Heureusement pour loccident de l'Europe que sa limite ne dépasse guère Je cours du Rhin. ee (1) En ee i au dela du Rhin, et en Russie se trouve abondam- ment une espèce voisine et tout aussi nuisible, le rat des champs (Ans agrarius ; Pallas), r gg à une ligne noire trés-nette qu'il porte sur Péchine, depuis la nuque jusqu’a la queue. ( 451 ) Elle répond presque exactement a celle de la langue allemande dans cette direction. En partant des environs de la frontière hollandaise, vers Venloo, elle effleure la Belgique ä Pouest d'Aix-la-Chapelle, respecte nos Arden- nes, se dirige vers les Vosges á travers le Luxembourg allemand , et se termine au centre de la Suisse, sans dé- passer les Alpes. d Les campagnols (Arvicola), reconnaissables extérieu- rement à leur queue plus courte que celle des rats et a leurs yeux plus petits, sont des rongeurs fouisseurs -fort nuisibles, surtout le campagnol des champs (A. arvalis) , qui, en certaines années, pullule au point de détruire complétement les récoltes, aussi bien que les racines des plantes semées pour l'année suivante, notamment celles des céréales et des trèfles. Les carottes et les pommes de terre sont aussi dévorées par les campagnols. En au- tomne, ils se retirent dans les meules de blé, où ils cau- sent de grands dommages. Les buses et les oiseaux de proie nocturnes sont leurs ennemis les plus efficaces. Dans la Hesbaie, lorsqu'ils se montrent à l’état de fléau, ce qui se renouvelle d'ordinaire tous les dix à quinze ans, on en détruit beaucoup en forant dans les champs au moyen - d'une tarière de fer, des trous de trente-cing centimètres de profondeur sur douze à treize de diamètre. Les cam- pagnols y tombent, et le cultivateur les tue en faisant chaque jour sa ronde. Nous ne pouvons approuver le procédé de destruction qui consiste à répandre dans les campagnes des boulettes ‘mpoisonnées , parce que nous redoutons les conséquences qui peuvent en résulter lorsque la volaille et le gibier mangent de ces appáts. On a aussi essayé d'enfumer les campagnols; mais nous ne pensons pas que ce système , 2™ SERIE, TOME XII. 51 ( 432 ) tel qu'il peut être pratiqué, soit fort efficace. Lorsqu’on a affaire à un terrain argileux, peu perméable, on peut encore, avec avantage, noyer les campagnols dans leurs garennes, qui sont courtes et à fleur de terre. En 1836, nous décrivimes le campagnol souterrain (A. subterraneus, de Selys), espéce confondue avec le, campagnol des champs, et que nous pensions particuliére à la Belgique et au nord de la France. Aujourd’hui, on a constaté que sa patrie est beaucoup plus étendue : il existe dans une grande partie de la France, en Hollande et sur les bords du Rhin. C'est un petit animal qui diffère du campagnol des champs par son pelage gris noiratre et par ses habitudes. Il vit principalement dans les jardins pota- gers, et ne se montre que rarement hors de ses garennes. Il fait beaucoup de tort aux racines de différents légumes, notamment aux carottes, céleris, artichauds, cardons, panais, pommes de terre. Un bon jardinier doit lui dé- clarer une guerre à outrance, au moyen de petits piéges à pincettes, amorcés d’un morceau de carotte et placés en travers de ses garennes. Les autres espèces terrestres de campagnols de notre pays (A. agrestis, L. et A. glareolus, Schr.) ne sont pas A redouter, vivant en nombre restreint dans Jes bois ou dans les prairies et ne se nourrissant pas spécialement de racines cultivées. Il n’en est pas de même du campagnol amphibie ou ral d’eau (A. amphibius), qu’il ne faut pas confondre avec le surmulot, nommé improprement rat d’eau dans diverses localités. I] ne se borne pas à fréquenter les cours d’eau et les marais, où il vit de racines sauvages, et ne fait d'autre tort que de molester les écrevisses. H habite mal- heureusement aussi les jardins fruitiers et les polager® ( 455 ) humides; lá, il ronge, comme le campagnol souterrain, les racines des légumes, et coupe souvent celles des jeunes arbres fruitiers au point de les faire périr (1). Les espèces du genre loir (Myoxus), qui passent Phiver dans un sommeil léthargique, se nourrissent de fruits qu'ils vont attaquer sur les arbres. Le loir proprement dit ne se trouve pas en Belgique (2). Le lérot (M. quercinus, L.), un peu moins gros, qui est malheureusement répandu dans presque toute l'Europe, se tient dans les arbres creux et les fentes des murailles à espaliers, Il mérite d’être pourchasse avec soin, La seconde espèce de notre pays, le gentil muscardin (M. avella- narius, le nain du genre, un écureuil en miniature, n’habite que les grands bois et ne fait pas grand dommage. Il vit principalement de noisettes et de faines. On ne doit pas laisser les écureuils (Sciurus vulgaris) se multiplier abondamment, parce qu'ils détruisent les nids des petits oiseaux utiles et qu’ils mangent les noix et les châtaignes. Dans les forêts de conifères ou de chénes, ils se nourrissent de glands et de pommes de pin (3). Nous terminerons Pénumération de nos rongeurs en parlant du lièvre et du lapin (Lepus timidus et Lepus cuniculus), qui, comme on sait, sont herbivores. (1) Le lemming de Scandinavie (Lemmus norvegicus) est un animal Voisin des campagnols, qui, en certaines années, émigre en nombre im- mense d'une contrée dans une autre, en ravageant tout sur son passage. (2) C’est un joli animal qui ressemble à un écureuil et qui fait le déses- poir des jardiniers. ee - (3) Le castor (Castor fiber) est éteint en Belgique, et presque détruit dans le reste de l'Europe Il y en a encore quelques-uns sur le Danube et Vers l'embouchure du Rhône. 11 se nourrit particulièrement de jeunes Pousses de saule, + ( 454 ) Le lapin sauvage, lorsqu'il existe en trop sé nombre, est un animal d'autant plus nuisible aux trèfles et aux céréales qui sont à portée de ses garennes, qu'il ne s'éloigne pas beaucoup de son domicile pour brouter sa nourriture. Le lièvre serait nuisible, sil étail aussi prolifique que le lapin, ce qui West pas le cas. Ce n’est guére que dans certains territoires de chasses drop bien conservées que les cultivateurs ont sérieusement à s’en plaindre. II circule d’ailleurs à de plus grandes distances que le lapin et pà- ture la campagne d’une façon plus égale. Ces deux ani- maux, en temps de neige, poussés par le manque d’her- bages, font beaucoup de mal aux jeunes plantations, en rongeant l'écorce et les pousses des jeunes arbres, et en attaquant les légumes des potagers mal clôturés. Le sanglier (Sus scroffa), le seul pachyderme sauvage qui existe en Europe et qui, chez nous, est confiné dans les bois de la rive droite de la Meuse, ne rend aucun ser- vice; au contraire, il déracine les jeunes arbres des forets et dévaste les récoltes des champs voisins. Nous le livrons done sans scrupule á la vindicte des forestiers et des cultivateurs. Autrefois, deux grands ruminants peuplaient les bois de notre pays : le cerf et le chevreuil (Cer vus elaphus et Cervus capreolus). Aujourd’hui, le premier ne subsiste dans quelques forêts de PArdenne que par la protection dont Pentourent ceux qui y possèdent le droit de chasse; le second, quoique plus répandu, serait vite détruit, si on ne le protégeait également. Comme Je nombre de ces ani- maux dépend de la tolérance qu’on leur accorde, ON n'a qu'à voir jusqu’à quel point il doit être limité pour ne pas ¿tre trop préjudiciable; car ces ruminants herbivores man- ( 435 ) gent aussi l'écorce des arbres et font des incursions fà- cheuses dans les champs qui avoisinent les foréts: Le cerf est plus particulièrement nuisible : il est fort difficile d'élever de jeunes pins ou sapins dans les bois où il existe en assez grand nombre, et il endommage fortement le trone des baliveaux par le frottement de ses cornes, à certaines époques de l’année. < $ M. — OISEAUX. En considérant les oiseaux d'une maniére générale, nous voyons qu'il y a lieu de les répartir de la même facon que nous l'avons fait pour les mammifères. Les oiseaux utiles seront surtout les insectivores et les vermivores, qui sont obligés, pour se substanter, de dé- Vorer chaque jour une quantité d'insectes égale au poids de leur corps (1). Les espéces pour lesquelles il y a une balance a établir, á cause de leur régime varié, sont plusieurs carnivores , omnivores et granivores, ces derniets étant presque uni- quement insectivores pendant leur premier age. Enfin, les oiseaux nuisibles sont quelques carnivores, frugivores et omnivores; ceux surtout, parmi ces derniers, qui, étant ovivores, détruisent les nids des petits oiseaux utiles, Il est à remarquer que presque aucun mammifére n’est indifférent au cultivateur; chacun a un mérite ou un dé- faut, ou bien des mérites et des défauts réunis. Parmi les Mies ii, Wa a ar (1) Le docteur Turrel, secrétaire du Comice agricole de Toulon, Bul- letin de la Société impériale zoologique d'acelimatation, M 1861, P: 197. Le mémoire est intitulé : Protection aux oiseaur. ( 436 ) oiseaux, au contraire, bon nombre d'espèces sont pour. nous inoffensives , sans nous être non plus utiles ; tels sont la plupart des oiseaux d’eau. Les rapaces vivent exclusivement d’autres animaux. Ils sont difficiles à classer rigoureusement, au point de vue de leur mérite, parce que la faim les oblige souvent à s'écarter de leur régime de prédilection. Nous devons nous prévaloir d’avance de cette circonstance atténuante, si des observations isolées étaient en contradiction avec ce que nous allons exposer de leur alimentation habituelle. En résumé, les oiseaux de proie seraient plus utiles que nuisibles au cultivateur, si plusieurs d’entre eux ne détrui- saient les petits oiseaux. Cette circonstance nous fera ratifier leur condamnation, en exceptant la buse, la bondrée et la famille nombreuse des oiseaux de nuit (Strigide). En effet, ces derniers vivent presque exclusivement de rongeurs. Nous recommandons tout spécialement a l’affec- tion des agriculteurs l’effraie (Strix flammea, L.), la com- mensale de nos maisons, qui purge nos greniers des rats et des souris, et nos jardins des mulots et des lérots. Souvent on voit des effraies installer leur nid dans les vieilles tours, à côté de ceux des pigeons, sans molester ceux-ci. La petite chouette (Str. noctua, L.) habite les arbres creux des ver- gers , ainsi que le scops ou petit duc (S. scops), qui assai- sonne sa nourriture de bon nombre de hannetons et autres gros coléoptéres, Le scops ne se trouve en Belgique qu'ac- cidentellement. La grande chevéche ou hibou à courtes oreilles (Str. brachyotos) est voyageuse. Elle nous arrive en automne et s'établit au milieu des champs où les cam- pagnols abondent. Le hibou (Str. otus) a la même nourriture et rend les ( 457 ) mêmes services dans les bois et les jardins, mais il guette volontiers les lapins aux abords de leurs terriers, Est-ce un mal, et peut-on Jui en vouloir beaucoup „si, à l'obscurité, il prend parfois un levraut pour un lapereau? Le grand duc (Str. bubo), l'aigle de la nuit, est un oiseau de forte taille qui se nourrit d'ordinaire de rats et de petits rongeurs, mais qui préfère les liévres et les lapins. ll est rare d’ailleurs, et ne fréquente que les grands bois et les rochers de la rive droite de la Meuse. Parmi les oiseaux de proie diurnes, il faut préconiser surtout la buse commune (Buteo variegatus, Gm.). Nous en avons disséqué beaucoup , et nous les avons toujours trou- vées repues de campagnols et de mulots , jamais d'oiseaux. Nous ne voulons pas nier qu’elles ne s'abattent avec plaisir sur un lièvre blessé et que, poussées par la faim, elles ne se jettent parfois , lors des neiges, sur une poule sortie par mégarde de la ferme; mais ce sont des exceptions, et combien ne rachètent-elles pas ces méfaits isolés par le nombre immense de petits rongeurs qu’elles dé- vorent (1)! Dans les plaines de la Hesbaie, les buses arrivent en (1) M. Koltz estime qu’une buse consomme par an six mille à huit mille Souris. C’est un chiffre fort élevé. M. de Tschudi, président de la Société agriculture du canton de Saint-Gall , évalue à quatre mille le nombre de Campagnols que cet oiseau dévore annuellement, ce qui concorde davan- lage avec nos propres observations. M. Ch.-F. Dubois, naturaliste allemand établi à Bruxelles, dit: « Je con- i ite em A 1 h à ໄລ່ te andrnitc » seille A tant 1 A de jeunes troncs d'arbres ou, à leur défaut, des pieux, pour faciliter à ces > Olseaux leur chasse aux muridées. » (Article de six pages L'Utilité des eaux dans les jardins , dans la Belgique horticole, janvier 1861.) L’Al- manach de Matthieu Laensberg pour 1862 a eu l'heureuse et utile idée de reproduire Particle de M. Dubois. (438 ) automne et s'éloignent au printemps. Un certain nombre niche dans les grands bois de la Belgique ; les autres nous viennent du nord. On les voit sans cesse à l’affüt des cam- pagnols, à l'entrée de leurs garennes , et lorsque ces ron- geurs se sont multipliés outre mesure, le nombre des buses qui viennent se cantonner dans nos champs aug- - mente en proportion. La bondrée (Pernis apivorus) est encore un animal fort recommandable qui se nourrit de chenilles, de vers, de guêpes et de larves de coléoptères nuisibles. Elle west pas commune en Belgique. Comme oiseaux de proie à nourriture variable, nous ci- terons la cresserelle (Falco tinnunculus), le milan (Milvus regalis) et les busards (Circus). Hs prennent ee qu'ils peu- vent : menu gibier, oiseaux , rongeurs, larves d'insectes, grenouilles. Lesoiseaux de proie à condamnersont: les aigles(Aquila), qu’on ne rencontre qu’accidentellement en Belgique ; le faucon (Falco peregrinus); Tautour (Astur palumbarius), et l'épervier (Astur nisus). Ces deux dernières espèces poursuivent les pigeons et les petits oiseaux (1). Les nombreuses familles de petits oiseaux qui se nour- rissent exclusivement d'insectes doivent étre placées sous la sauvegarde publique; tels sont surtout les engouleyents (Caprimulgus), les martinets (Cypselus ), les hirondelles (Hirundo) et les gobe-mouches (Muscicapa). Les trois der- niers genres font, pendant le jour, autour de nos habita- ER aR NR OR eg vide (1) Les vautours (Yultur) qu'on rencontre dans le midi de l'Europe ne vivent que de chair morte et de charognes. On sait qu'ils rendent sous ce rapport de grands services à l'hygiène publique en Turquie et en Afrique. FRERES see (439 ) tions, la méme chasse incessante que les chauves-souris pendant la nuit (1). Les engoulevents sont nocturnes et attrapent une foule de coléoptères et de phalénes, dont les larves infestent les végétaux cultivés. Tous les 0i- seaux dont nous venons de parler prennent les insectes au vol. Les pies-grièches (Lanius) ont le même régime et dévo- renten outre une quantité de chenilles; mais quelques-unes attaquent aussi les jeunes oiseaux. La grande division des oiseaux, appelés en général becs- fins où subulirostres, détruisent une quantité incroyable d'insectes sous leurs divers états : ce sont les bergeron- nettes(Motacilla), les traquets (Saxicola), les rouges-queues (Ruticilla), les rouges-gorges (Rubecula), les rossignols (Luscinia), les accenteurs (Accentor), les fauvettes (Sylvia), les ponillots (Phyllopneuste), les troglodytes (Troglodytes) et les roitelets (Regulus). Ces innocents petits oiseaux purgent nos jardins, nos prés et nos bois des ennemis de nos cultures, et rem- plissent nos bosquets de leur chant gracieux et varié. Presque tous nous quittent pendant la mauvaise saison , lorsque le manque d’inseetes les force à émigrer vers le sud. Il ne nous reste que le troglodyte, le rouge- gorge , Paccenteur et les deux espèces de roitelets , qui bravent les frimas et butinent frugalement les œufs d'insectes déposés sur les plantes. Hs complètent leur nourriture au moyen de cousins, de vermisseaux et de petites grenailles Sauvages (2). RS men ne (1) On estime à cinq cents le nombre des insectes que prend par jour un Martinet, (2) Les troglodytes et les roitelets, dit M. de Tschudi, portent en ( 440 ) Les mésanges (Parus),le grimpereau (Certhia familiaris, et la sittelle ( Sitta europea var. cæsia) ne nous quittent pas non plus. Ils sont pendant toute la journée dans une activité continuelle, à la recherche des œufs et des larves d’insectes, qui sont cachés dans les fentes des écorces et dans les bourgeons des arbres. On concoit facilement que la disparition des insectes pendant l'hiver pousse les oiseaux insectivores qui nous restent à la recherche des œufs et des larves engourdies. La sittelle et les mésanges, pourvues d’un bec assez fort, se nourrissent également de pepins, de baies et de graines de conifères. Si l’on voit les mésanges becqueter à l’occasion les bour- geons dans les vergers, que l’on ne s’effraye point : le plus souvent c’est que le bourgeon renferme de petites larves (1). Les alouettes (Alauda), quoiqu’en partie granivores, sont trés-friandes d'insectes. Elles détruisent une quantité énorme de cécidomyes (Mouche de Hesse) et de larves d’élatérides (Taupins), ces deux fléaux du blé. Les grives (Turdus) sont de grandes fauvettes. Elles en ont le chant et la nourriture, 11 arrive qu’à la fin du prin- temps, le merle (T. merula) peut devenir incommode dans un petit jardin, parce qu'il mange les cerises. En toute autre saison, le complément de sa nourriture consiste en baies de sureau , d’épines, de gui, de sorbier et d'if, que moyenne x Mar petits trente-six fois par heure leur nourriture de larves et d'inse Selon = Tousen, on a constaté qu'un couple de troglodytes appor- tait á sa famille cent cinquante-six chenilles dans une seule journée. (1) M. Koltz avance qu'on a calculé qu'une mésange consomme tro:s cent mille œufs d'insectes paran. M. de Tschudi rapporte qu’en quelques heures, une mésange nonnette (P. palustris, L.) nettoya deux mille puce- rons qui infestaient un rosier, ( 444 ) nous n’avons pas à protéger. La plupart des grives n'étant en Belgique que de double passage , ne nous rendent pas de grands services comme oiseaux insectivores, et nous n'avons pas du tout la prétention d'engager les amateurs de ce gibier délicieux á le supprimer de leur table; mais il faut bien reconnaitre que l'extension qu’a prise la tenderie aux grives en Europe, en diminue chaque année le nom- bre; et, dans l'intérêt bien entendu des chasseurs eux- ` mêmes, il serait à désirer que les règlements interdissent la capture de ces oiseaux pendant le passage du printemps. Si un cultivateur , un jardinier, pensait à la quantité de chenilles que dévorent tous les petits oiseaux dont nous avons parlé, jamais il ne permettrait à ses enfants de les dénicher, Chacun de ces petits chanteurs a sa nourriture particulière attachée à telle ou telle famille de larves ou d'insectes, La bergeronnette poursuit ceux qui courent a terre dans les allées et Jes pätures; le tarier butine dans les prés humides; le traquet poursuit la pyrale des vigno- bles; le troglodyte explore le toit des cabanes et les mon- pany de fagots; le rouge-queue veille sur nos maisons; le grimpereau et la sittelle parcourent les troncs d’arbres ; es mésanges, en troupes nombreuses, circulent d'arbre en arbre dans les vergers; les autres becs-fins chanteurs sont dans les taillis et les haies; tous sont occupés à sau- Yer nos semis et nos récoltes; et nous, nous leur laissons faire une guerre d’extermination. Nous aurions tort, d'ailleurs, d'en faire un reproche aux enfants qui détrui- Sent les nids : on leur donne l'exemple en prenant par cen- taines de mille les oiseaux eux-mêmes avec des filets el des piéges de toute espéce, comme cela a lieu surtout dans l'est et le midi de la France, et en Italie, où toute espèce de petit oisean est recherchée comme nourriture! et ce ( 442 ) que nous disons ici s'applique non-seulement aux oiseaux a bee fin insectivores, mais encore aux petits oiseaux à gros bee appelés granivores, qui, nous allonsle voir, tendent aussi de grands services (1). Il faut encore recommander comme grands destructeurs de larves deux oiseaux de moyenne taille, la huppe (Upupa epops), et le coucou _ (Cuculus canorus). Ce dernier a pour mission, ainsi que le rappelle 4 propos le docteur Turrel, de se nourrir de grosses chenilles velues que peu d’autres oiseaux peuvent digérer, et Pon compte qu'il détruit au moins une che- nille toutes les cing minutes, ce qui fait cent soixante et dix par jour. M. de Tschudi fait remarquer que les oiseaux qui se nourrissent d'insectes mangent presque toute la journée, parce que les chenilles contiennent beaucoup d'eau et peu de matiéres nutritives solides. Parlons maintenant des petits oiseaux à gros bee : au premier abord, on serait porté à considérer ces granivores comme nuisibles, si Pon ne réfléchissait que la plupart ` vivent de semences de plantes sauvages ou de graines cultivées tombées à terre, et qui, sans eux, resteraient sans emploi; et si Pon n’ajoutait que, dans le jeune age, ces oiseaux sont presque exclusivement insectivores. Paix done aux linottes ( Fringilla cannabina), aux (1) Un naturaliste estime approximativement à plus de quatre ving!s millions le nombre d'œufs de petits oiseaux qui sont détruits chaque année en France. Le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, en signalant ce fait, remarque que c'est par milliards qu'il faut compter les insectes nuisibles qu ‘auraient fait périr les quatre-vingts millions d ‘infatigables judicieusement que les propriétaires, les pères , les meres, les et les institutrices doivent userde leur influence pour protéger les nids d petits oiseaux. ( 445 ) chardonnerets (F. carduelis), aux pinsons (F. coelebs), aux verdiers ( F. chloris), aux bruants ( Emberiza citri- nella), aux becs- croisés (Loxia curvirostra), aux bou- vreuils (Pyrrhula vulgaris); et que si quelques-uns, comme les ortolans (Emberiza hortulana), sont con- damnés à paraître sur nos tables, qu’on ne leur fasse la chasse qu'après la fin de l'été, le seul moment, d’ailleurs, où ils soient gras et bons à manger. Nous n’avons pas cité le gros-bec (Coccothraustes), parce que, quand cet oiseau se rassemble en troupes, il cause un préjudice sérieux aux fruits à noyaux. ll nous reste maintenant à juger équitablement , si Cest possible, la cause des moineaux (Fringilla domestica et montana), qui sont partout les compagnons de l'homme. Ces oiseaux sont sans doute incommodes lorsqu'ils dévas- tent nos cerisiers, nos petits pois ou quelques parcelles restreintes de aie semées trop près des habitations; . Mais, d'un autre côté, on a constaté le nombre étonnant de chenilles et-autres larves et insectes nuisibles qu'un moi- neau porte à ses petits, pendant les tr ois ou quatre couvées qu'il élève annuellement. « On a compté (dit M. de Tschudi) qu'un couple de > moineaux emploie chaque semaine environ trois mille z insectes, larves, sauterelles , chenilles, vers, fourmis, » pour la nourriture de sa couvée, chacun des parents lui > apportant an moins vingt fois par heure la beequée... > Un très-petit nombre de ces oiseaux nettoie en fort peu _» de temps des massifs de rosiers de tous leurs pucerons. > A mesure que Pon diminue le nombre des moineaux, 3 Celui des chenilles augmente. On ne devrait pouvoir » prendre les moineaux que lá où il y a, à cole deux, un > nombre suflisant d'autres oiseaux insectivores. » : ( 444 ) M. Florent Prévost, aide-naturaliste au Jardin des Plantes de Paris, qui a fait de longues, consciencieuses et utiles recherches sur Palimentation des oiseaux, rapporte qu’à Pentour d'un seul nid de moineaux, établi sur une terrasse de la rue Vivienne à Paris, on trouva les débris de sept cents hannetons dont il avait nourri ses petits. « En Prusse, dit M. Koltz, il a existé une loi qui per- » mettait de payer ses contributions avec des tétes de » moineaux. Ceux-ci disparurent rapidement, mais des » myriades de chenilles apparurent en méme temps, et » Pon fut forcé d'importer des moineaux de Pétránger. » Les mémes faits se sont produits en Angleterre, dans des-localités où Pon avait détruit les moineaux : car ces oiseaux étant sédentaires, ne seraient pas revenus de sitôt, si on ne les avait réimportés. Nous pourrions nous prévaloir de beaucoup d'autres citations aussi concluantes. Nous pensons que ce serail superflu et que la cause des moineaux est gemenge g entendue (1). L’étourneau (Sturnus vulgaris) est un oiseau précieux, grand amateur de chenilles, de vers et de limacons. On ne peut lui reprocher que son goût pour les cerises , dont il est, du reste, plus facile de Péloigner que les moi- neaux. En automne, il se réunit en grandes troupes, qui mois- sonnent dans les champs une foule d'hótes malfaisants. Plus heureux que les grives et les alouettes, il est détes- table 4 manger. Le magnifique loriot (Oriolus galbula), Voiseau doré (1) Voir aussi l’article de M. V. Chatel : Utilité et Réhabilitation du moineau. Société d'acelimatation, 19 mars ( 445 ) de nos bois, est encore une individualité digne de respect, se nourrissant surtout de chenilles. Ne peut-on pas lui par- donner de les assaisonner de quelques cerises pour son dessert? i La question des corbeaux (Corvus) et de leurs voisins les pies et les geais, est tout aussi controversable que celle des taupes. Tachons d'établir le bilan de ces oiseaux plus ou moins omnivores. Il faut distinguer selon les espèces, les saisons et les localités. Quoique la pie (Pica caudata) et le geai (Garrulus glan- darius) avalent beaucoup -de larves et de gros insectes, nous les classerons décidément parmi les animaux-nuisi- bles, parce qu'ils sont avides d'œufs des petits oiseaux et de leurs petits, mangent les fruits des jardins et dé- vastent tai p Init potagers, les pois, par exemple. Nous condamnerons la corbine ou corneille noire (Cor- vus corone), par les mémes motifs. Elle vit par petites familles dans les jardins, et se rapproche des habitations, enlevant les petits canards et les poussins jusque dans les ours. La corneille grise ou mantelée (C. cornix), niche dans le Nord et l'Orient et ne diffère de la corbine que par son plumage; mais elle ne vient dans nos contrées que pendant la mauvaise saison, de sorte que nous ne la considérons Pas comme nuisible. Le choucas ou petite corneille à collier gris (C. mone- dula) habite les clochers et les rochers; il échenille très- favorablement les arbres des villes. Le gros corbeau (C. corax), nommé coicre dans le pays ge, est rare. Il vit par couples dans les rochers et les grands bois, pourchasse les autres espèces de cor- ( 446 ) beaux et les oiseaux de proie; il attaque les petits animaux nuisibles ou utiles jusqu’a la grosseur des levrauts. Le freux (C. frugilegus) est cette espèce de corbeau noir, à, reflets violets et à bec déplumé qui, à l’arriere- saison , se réunit en troupes innombrables et qui, aux mois de mars et d'avril, niche en société sur les grands arbres. Les freux font une guerre persévérante à toutes les mauvaises larves dans toutes les saisons. Ils détruisent dans les campagnes quantité de limacons, et suivent le sillon, derrière la charrue, pour ramasser les vers blanes du hanneton et d’autres larves nuisibles. Nous connaissons un petit bois de sept á huit hectares où chaque année se construisent de six cents à douze cents nids de ces oiseaux. Il faut convenir que les cris inces- sants des parents et des jeunes; le guano qu'ils répandent sous les.arbres (nous avons vu jusqu’à quarante nids sur un seul peuplier blanc); les pointes des jeunes sapins quel- quefois cassées par les corbeaux qui s'y posent; les petites branches coupées pour construire les nids (chaque nid équivaut à un bon quart de fagot); il faut convenir, disons nous, que tout cela est peu agréable, quoiqu’on puisse utiliser les fagots fournis par les nids, les œufs (non cou- vés), qui ressemblent pour le goût et la couleur à ceux des vanneaux, et les jeunes freux, qui, préparés convenable- ment, ont de Panalogie avec la chair du pigeon. Les inconvénients dont nous avons parlé sont peu de chose, en comparaison des services immenses que rendent les freux en accompagnant le laboureur et en épurant des vers blancs du hanneton les prés, où cette vermine arrive parfois à faire périr complétement Pherbe. À notre avis, on ne pourrait détruire sans danger les freux que dans les localités où les taupes seraient nom- ( 447 ) breuses et protégées. Ces deux animaux ne se ressemblent que par leur couleur et par leur nourriture; mais ils peuvent se remplacer Pun par l’autre pour Putilité agri- cole: on peut choisir selon son gout et le genre de culture adoptée. En automne, les freux ont le tort de dépouiller les ` noyers et les chátaigniers, de trop glaner dans les champs ensemencés et dans ceux de pommes de terre où, au printemps, ils déterrent assez souvent les tubercules que l'on vient de planter. Considérer les pics comme nuisibles aux forêts, parce qu'ils percent des trous dans les arbres, est une opinion répandue et qui semble juste au premier abord; mais hous croyons que c'est une erreur, et que, malgré ces apparences fácheuses sous lesquelles se montrent les pies, ce sont, comme le dit justement M. Toussenel , «les grands » Conservateurs de nos foréts. » Nous ne sommes pas certain, comme le répéte a son exemple le docteur Turrel, que les pics n’attaquent jamais qu'un arbre malade, mais nous croyons que C'est le cas de beaucoup le plus fréquent. Le pic vert (Picus viridis), le plus commun de tous et qui est sédentaire, se nourrit uniquement d'insectes nui- Sibles (1). Il pourchasse lelong des troncs d’arbres les larves destructives qui sont la terreur des forestiers, telles que celles des sirex , des capricornes , des bostrychus, des sco- lytes. Quand la saison le permet, il päture et enfonce dans les fourmilières sa longue langue visqueuse et extensible. SN (1) Le pic épeiche ( Picus major.) a l'air de dépecer les noisettes et les Pommes de conifères, mais nous ne doutons pas qu'il ne brise ces Tams pour y manger les larves qu'on y trouve si fréquemment et dont “on œil perspicace aperçoit les traces. S ? 2"° SERIE, TOME XII. 2 * ( 448 ) Nous croyons que si les arbres des promenades des grandes villes, et notamment les ormes, sont si sujets á périr sous les atteintes du scolyte.destructeur, c’est que les pics, qui sont des oiseaux farouches, ne s’y aventurent jamais. — Quant aux cavités qu’ils creusent dans les arbres pour y nicher au printemps et pour y dormir le restant de l’année, nous ajouterons qu'une fois ces trous établis, ils servent, tant que l’arbre est sur pied, aux pies présents et à venir. Les pigeons sauvages (Colomba pulumbus et C. enas, L.) ne sont jamais assez nombreux en Belgique pour étre vé- ritablement nuisibles aux semailles. La perdrix (Perdix cinerea) et la caille ( Coturnix dac- lylisonans), quoique granivores, sont très-avides de mou- ches, de fourmis, de larves et de limacons, qui, pendant leur jeune âge, forment leur nourriture presque exclusive. Elles rendent d'immenses services pour la défense des Jeunes récoltes. Quoique la loi sur la chasse prohibe la capture des cailles au printemps, au moment où elles viennent en Europe pour se reproduire, on les sert sans vergogne aux tables d'hôte - comme aux banquets officiels. C’est à cette époque un met assez peu délicat et un préjudice notable pour le cultiva- teur comme pour le chasseur (1). Les oiseaux d’eau, comme nous l'avons déjà dit, n’of- frent rien de bien intéressant au point de vue de Péco- nomie rurale. Ils se neurrissent principalement d' herbes et d'insectes aquatiques, de coquillages, de vers et de pe- tits poissons (2). nii aieia A e (1) M. Pellicot évalue à plus de deux cent mille le eg? de cailles détruites à leur arrivée dans le seul département de PHéra (2) Les oies sauvages ne font que passer en Belgique, et ese ( 449 ) La cigogne (Ciconia alba, L.), qui vit par préférence de reptiles, ne niche plus en Belgique; elle s'est retirée chez nos voisins du Nord, où elle est respectée. La vipère Wexistant en Belgique que dans quelques localités, nous ne pouvons pas regretter outre mesure la disparition des cigognes, qui seraient obligées de se nourrir des autres reptiles beaucoup plus nombreux et qui sont fort utiles. Le héron ordinaire (Ardea cinerea, L.) est incommode dans les propriétés où l’on élève des poissons sur une pe- tite échelle. Nous avons constaté cependant qu’il est utile, en mangeant des campagnols au moment de la moisson. L'influence des hérons sur l'abondance des poissons est hulle, quant aux grandes rivières et aux étangs d'une cer- taine étendue. Ce n’est pas à eux qu'il faut s’en prendre de la dispari- tion des poissons, pas plus qu'aux palmipédes du Nord, tels que les cormorans (Carbo), les plongeons (Colymbus) et les harles (Mergus), qui sans doute vivent de poissons, mais ne visitent nos eaux douces que pendant les hivers Tigoureux et alors que les étangs sont gelés. Leur séjour est d’ailleurs fort court. Les véritables causes de la disparition du poisson sont : * la péche en toute saison et notamment au moment de la ponte; 2° le mouvement imprimé à l’eau par les bateaux à Vapeur, qui chasse les poissons et dérange le frai; 3° la Corruption des eaux par diverses industries. Quant à ce dernier point, nous ne manquerons pas l'occasion de faire remarquer que les eaux empoisonnées par les fabriques ne menacent pas seulement la vie des poissons, mais sont une Sacral quand la terre est couverte de neige, de sorte que les ravages ‘Welles pourraient faire dans les champs ensemencés sont nuls. $ ( 450 ) cause de maladies épidémiques et de miasmes mortels qui s'étend chaque jour davantage. Personne ne songe à rendre impossible le développement de la richesse publique par l'in- .dustrie; mais la santé publique a aussi ses droits, et nous ne pouvons admettre que, dans un siècle où rien, en chi- mie industrielle, ne peut être déclaré impossible, il n’y ait pas possibilité de porter un remède véritablement eflicace à l’état intolérable des eaux dans beaucoup de localités de la Belgique, et notamment de celles de la rivière qui tra- verse notre capitale. $ IH. — REPTILES ET AMPHIBIES. Les personnes éclairées doivent prendre sous leur pro- tection les reptiles qui se trouvent en Belgique, excepté la vipère (Vipera berus), qui, d’ailleurs, ne se rencontre que dans quelques localités rapprochées de notre frontière du Midi (1). Le préjugé qui existe contre toutes les autres espèces de cette classe est injuste; car ces animaux se rendent, au contraire, fort utiles, en détruisant un nombre étonnant d'insectes malfaisants qui forment leur nourriture presque exclusive. Le lézard (Lacerta muralis) explore sans cesse les espa- liers, les vignobles, à la poursuite des insectes nuisibles; L’orvet (Anguis fragilis ) fait la même chasse aux larves dans les bois et les haies; les couleuvres (Coluber nalrix et austriacus) ont pour nourriture principale les insectes, a A (1) M Ch. Morren Pa observée dans des taillis marécageux de la F landre; M. le vicomte Félix de Spoelberch m’en a communiqué des exemplaires pris aux environs de Philippeville; enfin M. le baron Alph. de Baré de Lo mogne m'en a adressé une qu'il a tuée pres de Beauraing, où ce reptile nest pas trés-rare. ES ( 451 ) auxquels elles ajoutent, il est vrai, des grenouilles (c'est un tort, jen conviens) et même parfois quelques jeunes oiseaux. Les batraciens ou reptiles amphibies (grenouilles, rai- nettes, crapauds, salamandres (1)) sont éminemment utiles dans les jardins, y vivant d'insectes, de larves et de lima- cons. Cela est si bien reconnu, qu’en Angleterre on vend des erapauds provenant du continent pour les placer dans les potagers clos de murs, comme sauvegarde des fruits et des légumes, et que, dans plusieurs serres en Belgique, on place des crapauds pour détruire les cloportes. On les pré- fire aux grenouilles pour cet office, parce qu'ils sont plus sédentaires et que, ne sautant point, ils ne brisent pas les Jeunes plantes. Les tritons ( Triton), ou salamandres aquatiques , font encore du bien en détruisant dans l'eau les larves des cou- sins et des moustiques, qui nous sont si incommodes apres s'être transformées en insectes ailés. H est grand temps de réhabiliter les reptiles aux yeux des jardiniers et des gens du monde, qui leur font géné- ralement une guerre aussi acharnée qu’injuste, et contraire à leurs meilleurs intérêts. § IV. — Poissons. : Nous ne mentionnons ici les poissons que pour mémoire ; D ne font, d'ailleurs, que du bien, en mangeant beaucoup d'insectes à l’état de larves aquatiques. On peut ajouter qu'ils sont favorables à l'hygiène, en assainissant, dans une certaine limite, les eaux stagnantes, 2 E pus IA II Rana, Hyla, Bufo, Salamandra. ( 452 ) ou pullulent les plantes aquatiques qui, par leur décompo- sition , engendrent des miasmes. On sait, en effet , que si, ans les aquaria d’appartements, on peut conserver in- définiment de l’eau qui ne se corrompt pas, quoiqu’au contact avec Pair et la lumière, c'est grâce à la présence simultanée de végétaux et d’animaux, qui forment un labo- ratoire où, par suite de leur équilibre, la pureté de l’eau est incessamment maintenue. En profitant de cette indication, et pour rendre plus salubres les abreuvoirs dean pluviale destinés aux ani- maux domestiques, on pourrait conseiller d’y placer des poissons comme les carpes (Cyprinus) et la loche des fossés (Cobitis fossilis, L.), qui vivent bien dans les eaux de cette nature et qui échappent a la gelée en s'enfoncant dans la vase, Ceux qui ont de la peine à revenir sur les idées reçues, disons le mot, sur les préjugés qui se perpétuent de géné- ration en génération, trouveront, sans doute, que nous sommes trop indulgents en faveur de beaucoup d'animaux qui, de tout temps, ont été regardés comme nuisibles, Nous engageons ces personnes à observer elles-mêmes la nature; c’est à la fois utile et intéressant, et nous sommes certain qu’elles se convaineront que nous avons cherché de bonne foi la vérité, sans aucune idée préconçue. Nous n'avons pas la prétention, pour le moins excen- trique, de nous poser en réhabilitateurs des animaux nui- sibles; nous ne cherchons en aucune façon à étendre à tout le règne animal le principe humanitaire de l'abolition de la peine de mort; enfin, nous espérons qu’on ne nous repré- sentera pas comme missionnaire de ces sectes de l'Inde dont procèdent les végétalistes européens! ( 455 ) . Tout ce que nous demandons, c’est que notre attitude, hostile ou protectrice envers les animaux, soit conforme a nos intéréts bien entendus. En passant avec le cultivateur la revue des animaux sauvages, nous lui disons : voilà ceux qui vous rendent service, voici ceux qui vous font du tort; diminuez autant que vous pouvez le nombre de ceux-ci, mais protégez ceux- lá, que vous ne vous approprierez qu'avec ménagement lorsqu'ils ont une valeur réelle pour vous, soit comme ali- ment, soit comme objet de commerce ou d’étude scien- tifique. Le régne de la mort marche vite dans la nature; assez d'espèces sont déjà éteintes ou presque détruites. Parmi celles qui nous sont utiles , plusieurs menacent de dispa- raitre , par suite de l’imprévoyance et de l’inintelligence de notre race, qui, cependant, sans ces auxiliaires placés à côté de nous par la Providence, ne pourrait subsister! Ne tuons done pas les animaux par plaisir et sans néces- sité ou utilité. M. Van Beneden donne ensuite un aperçu des impor- tantes découvertes paléontologiques que les travaux ré- cents des fortifications d’Anvers viennent d'occasionner. La côte d’Ostende et les fouilles d’Anvers. « Nous interrogerons le temps, qui, sur les monts qu'il élève, sur les vallées qu'il comble , comme sur les roches qu'il arrondit, écrit l’histoire des âges et le nombre des secousses de sa vie agitée. » Messieurs, Encore sous le coup d’un douloureux événement de famille, je reçus, il y a quelques jours, de notre honorable . ( 454 secrétaire perpétuel, une lettre par laquelle il m’invitait , au nom de la classe, à prendre la parole à la séance de ce jour. Notre savant confrére espérait que je trouverais les éléments d'une lecture dans les souvenirs et les notes re- cueillies durant un voyage que je viens de faire en Alle- magne, dans le dessein d'élucider l’histoire des nombreux cétacés fossiles que Pon trouve dans le sol des environs d'Anvers. J'ai pu hésiter un instant, mais je n’ai pas eu le cou- rage-de refuser. Celui qui a visité Naples n’a pu quitter la capitale du plus beau pays du monde sans payer son tribut d’admira- tion aux richesses artistiques que plusieurs générations de souverains Ont successivement rassemblées dans le Musée Bourbon. Les fouilles de Pompéi et d’Herculanum ont fourni lun des principaux contingents de cette magni- fique collection. C'est là que Pon touche du doigt, ou du moins que Pon touchait du doigt il n’y a pas longtemps, la civilisation romaine avec ses grandeurs et ses misères, ses magnificences et ses hontes. Où trouvera-t-on, dans le monde entier, plus de ri- chesses artistiques et archéologiques, plus d'amour pour les sciences et les arts que dans la métropole du monde catholique? Là Grégoire XVI a jeté les premiers fonde- ments du Musée étrusque, qui n’a pas son égal, et, avant lui, tous les papes avaient eu à cœur d'augmenter les ri- gäere des somptueux musées de Rome. Au nord, nous voyons d'autres collections se former par de petites nations. La Hollande en posséde plusieurs qui peuvent compter parmi les plus belles. A Copenhague, à côté des chefs-d’œuvre de Thorwaldsen , ne voyons-nous ( 455 ) pas les merveilles de l'industrie primitive de l’homme, exhibées et classées dans un ordre parfait, sous la forme d'instruments de silex, de bronze et de fer? A voir leur abondance et leur. succession, on dirait que ces contrées du Nord ont été le berceau de la civilisation européenne. Nous Belges, ne formant aussi qu’une petite nation, ne négligeons pas l'exemple donné par ces petits pays; nous avons, sans nous en douter, notre Pompéi à nous, qui ne recèle, il est vrai, ni des vases, ni des colonnes, ni des temples, mais des débris, plus importants peut-étre aux yeux de la science, des débris d'étres organisés, qui, pen- dant des siècles échappant aux investigations de l’histoire, répandirent la vie sur ces mêmes contrées où s'élève ac- tuellement notre riche métropole commerciale. A la même place où rugissent aujourd’hui les tigres, les lions et les ours, dans des cages bardées de fer, soufllaient jadis des légions entiéres de dauphins et de baleines , sil- lonnant librement la surface de la mer de leur élégante hageoire et prenant silencieusement leurs ébats sans crainte de trouver l’homme sur leur passage. Ces restes fossiles sont d'une antiquité bien plus res- pectable que tous les produits de l'industrie humaine. L'homme n'avait, en effet, pas encore fait son apparition à l'époque où cette mer recouvrait ces parages. La terre n'était pas suffisamment préparée, ni assez solidement raf- fermie pour recevoir le roi de la création. Entre l’époque actuelle et les temps reculés où le sol, qui supporte les merveilles de la cité de Rubens, reposait encore au fond des mers, on trouve même de nombreux et irrécusables vestiges d'une période intermédiaire pen- dant laquelle plusieurs grands mammifères terrestres re- gnaient en maîtres. ( 456 ) Depuis le fond de la Sibérie, en effet, jusqu’au bassin de la Méditerranée et de la mer Noire, deux grands pachy- dermes, le mammouth et le Rhinoceros tichorhinus, fou- laient en grand nombre les bas-fonds et les plaines (1), en méme temps que les grands ours, si soigneusement dé- crits par le docteur Schmerling (2), fréquentaient les ca- vernes sombres de la province de Liége. ; Le squelette presque complet de mammouth , déterré, il y a deux ans, à Lierre, au milieu d'ossements de rhinocé- ros, de bœuf, de cerf, de cheval et d’hyène, appartient à cette période intermédiaire, et vous vous rappelez sans doute encore, Messieurs, le récit fort intéressant qui nous a été fait de cette découverte l’année dernière (5). La mer du Nord n’avait pas alors ses limites actuelles; - l'Angleterre n’avait peut-être pas encore subi cette ter- rible convulsion qui Va violemment séparée du continent, et, à en juger par le nombre considérable d'ossements que renferme la mer actuelle dans certains endroits, ces grands (1) Dans ces derniers temps, l'étude des espèces de l’époque quater- naire , tant sous le rapport de leur apparition que de leur succession, à fait de grands progrés. Un mémoire remarquable de M. Lartet vient de paraitre sur ce sujet important. D’après ce savant paléontologiste, les des cavernes auraient déja disparu lors de l'apparition des mammouths, et l’homme serait contemporain de ces espèces. (Nouvelles Recherches sur la coemistence de l’homme et des grands mammifères fossiles..... ANN. DES SC. NAT., 4me série, t. XV, cah, III.) (2) Schmerling , Recherches sur les ossements fossiles découverts dans les cavernes de la province de Liège Liége, 18 3) Scohy, Considérations sur 1 ts fe Lierre, 1860; et Bulletins de P Académie royale de Belgique , deuxième série, (*IX, n°5. Le fragment de maxillaire inférieur qui est attribué à un Canis, sous le nom de Liriensis , est un maxillaire d'Æyaena fossilis? Voyez aussi les rapports dans les mêmes Bulletins , deuxième série, t. IX, n° 5, ported Lierre. ( 457 ) pachydermes circulaient sans doute librement et a pied sec depuis la Meuse et l’Escaut jusqu’à la Tamise et le comté d’Essex. Ils ne mettaient probablement pas beaucoup plus de temps que nous aujourd’hui pour visiter la presqu'île britannique. j Comme je me propose de vous entretenir des ossements fossiles recueillis dans le sable, autrement dit le crag des environs d’Anvers, et qui forment là de vraies catacombes de dauphins et de baleines, permettez-moi d'attirer un instant votre attention sur les espèces qui visitent actuel- lement nos côtes, afin de mieux juger les différences que révèle la comparaison entre la mer du Nord actuelle et la mer de crag de cette époque géologique. Quel est celui qui, pendant les beaux jours d’été, couché sur le sable des dunes ou au pied de quelque falaise , abandonnant à ses rêveries, n’a été frappé de cette ma- jestueuse nature qui, sous mille formes diverses, répand des flots de vie dans la mer! Qui ne s’est demandé : Cette plage d’aujourd’hui ressemble-t-elle à la plage d'autrefois? Ces eaux renferment-elles toujours dans leur sein les mêmes poissons? Que signifient ces 08 pétrifiés, ces dé- fenses de mammouth que la mer rejette quelquefois le long de la côte? Comme l’archéologue, arrêté sur les ruines ma- jestueuses de Thèbes ou de Palmyre, se plait à évoquer le souvenir de leurs peuples et à se figurer le forum et le temple remplis d'une foule pressée, le naturaliste voit les mers anciennes rouler leurs vagues écumeuses SUT Ces plages desséchées, les eaux se peupler de dauphins et de sirènes, d'astrées et d'haliotides. ê _ À moins que les rangs inférieurs ne fassent exception , ( 458 ) ce qui est du reste probable, tous ces animaux, dont on ne trouve cependant les débris qu'à quelques pieds de pro- fondeur, semblent différer de ceux de l'époque actuelle. Toutes ces espèces, cétacés ou poissons mollusques ou polypes, enfonies dans ces vastes couches de sable, ont disparu de nos mers, et les analogues même n’habitent plus que des régions beaucoup plus méridionales. ae La mise en scène est la même qu’autrefois : le flux et le reflux produisaient les mémes effets: le ressac causait les mémes ravages; en un mot, les décors sont restés, mais les acteurs ont changé. Le phénomène le plus apparent pour le naturaliste qui fait la comparaison entre la mer d’aujourd’hui et la mer du crag, C'est la rareté de certaines espèces dans les temps modernes , leur extréme abondance dans les temps passés. Ce n'est qu'à de longs intervalles qu’on aperçoit actuelle- ment sur notre littoral quelque dauphin égaré ou quelque baleine qui a dévié de sa route. Le cétacé qui vient aujourd'hui échouer dans nos pa- rages, est en général un individu isolé, que sa bande répudie ou que les tempêtes ont séparé de la communaute. Ce n’est pas ainsi que vivaient autrefois les nombreuses espèces de la mer du crag : plusieurs de ces grands cétacés devaient y avoir leur station régulière, pendant que d’autres y faisaient des apparitions périodiques. Sous le rapport de l'abondance et des migrations régu- lières, on découvre, même depuis les temps historiques , des changements considérabies , auxquels la rapacité de l'homme n’est peut-être pas étrangère (1). D er née - ne ແ a i x (1) Parmi les migrations qui nous intéressent, nous pouvons citer ” ` Sana + ’ as € D SCH y S especes qui visitent régulièrement les îles Ferd, depuis les temps les plu ( 459 ) Lon sat qu’au neuvieme siécle, les Basques, ce peuple énergique, d’origine probablement ibérienne, reste d'une grande population araméenne, dit notre savant confrère M. d'Omalius (1), qui est encore campé comme alors dans les anfractuosités des Pyrénées, harponnaient la baleine dans le golfe de Gascogne et la poursuivaient jusque dans Ja mer du Nord. Différentes chartes nous attestent que des associations de pêcheurs de baleine, connues sous le nom de societas ou communio Walmannorum, existaient encore, au onzième siècle, sur la côte de France (2). Ces pêches se faisaient si bien dans la Manche qu'il est ques- tion dans ces chartes de Ja vente de la chair fraiche de ces animaux, Aujourd’hui cependant c'est un véritable événement si par hasard un de ces grands cétacés se présente dans ces parages. Cuvier, frappé de cette différence, croyait que les ba- leines avaient fui devant l'homme, et que ces animaux ne trouvent plus leur salut qu’au milieu des rescifs des glaces polaires (3). reculés, et y font encore leur apparition périodique. D'après un my the du pays, un géant paien, vaincu par un chrétien , promit à celui-ci, en recom- pense et pour obtenir grace, de lui envoyer chaque année un oiseau et un cétacé qui ne se trouvaient nulle part ailleurs. L'oiseau est le corbeau blane, le cétacé est le dógling ou l'hyperoodon. (Eschricht, Sur une nou- velle méthode de l'étude des Cétacés. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE WACAD. DES sc., t. XLV Il; aos Marg (1) D'Omalius d'Halloy, des R ines ou Elements d'ethnographie (2) Cuvier fait mention de ces chartes qui lui ont été communiquées par l'abbé de la Rue. (Cuvier, Ossements fossiles , édition in-4°, t. V, premiére Partie, p. 174. (5) Le savant illustre ne pouvait parler avec connaissance de cause du Mysticetus ou de la baleine du Nord , puisqu'il n'en avait jamais vu de ZE ene Aujourd’hui même il n'existe pas de squelette de ce curieux ( 460 ) Cette explication du grand naturaliste, quoique générale- ment acceptée, ne s’accorde cependant guère avec les faits. La baleine de la Manche n’est pas la même que la baleine du cerele polaire. Ce n’est pas sans raison que depuis long- temps mon ami Eschricht s’est élevé contre cette hypothèse de Cuvier, et, le premier , le savant professeur de Copen- hague a fait voir que les Islandais connaissaient parfaite- ment, depuis le douzième siècle ; ces géants de la Manche et du Nord. Dans un manuscrit de cette époque reculée (1), les pêcheurs islandais signalent même les différences ca- ractéristiques des deux espèces (2). animal ni à Paris, ni à Londres. On n’en connaît qu'un exemplaire à Co- penhague, et un second exemplaire vient d’être acquis par le Musée royal de Bruxelles. Voici les autres pièces principales connues de cette baleine dans les musées : un beau crâne adulte à Kiel; une autre tête à Londres; la tête d’un jeune animal à Leyde. 1) Kong-Skug-Sioy det konglige Heat, den konigligen Spiegel, ou Miroir roya siècle, le plus beau monu- ment de la civilisation des anciens Islandais, dit Eschricht. Pour toutes ces questions, il faut consulter les divers travaux d’Eschricht sur les cétacés. franches, Om Nordhvalen (Balaena mysticetus , L.), in-4°. Kiobenhavn, 1861. E e (2) Ste rE FR fia a da halono , celle du Nord (Vordwhale) et celle du Sud. La derniére porte sur la peau des couronnes calcaires blanches que Pautre ne porte jamais. Ces couronnes blanches sont des cirripédes qui se développent et se propagent sur le dos de ce monstre marin : c’est un véritable pavillon qui indique sa nationalité H ne protége pas la marchandise, mais il en trahit la nature. Chaque de baleine hisse ses cirripèdes propres. Les unes ont des coronules ; les autres des diadémes, d'autres encore des tubicinelles, et ces der- niéres s'enfoncent á Been pouces de profondeur dans la peau et le lard. Lese laicas ds imal échoué à Saint-Sébastien nexis- | ( 461 ) _ Mais il ne suffit pas d’avoir raison, surtout quand il sagit de combattre une autorité comme celle de Cuvier. ll faut encore porter la conviction dans l'esprit des autres. Si la baleine chassée par les Basques n’est pas la Baleine franche du Nord, le Mysticetus, qu'est-ce done? A-t-elle jamais été vue par un naturaliste? Est-ce la baleine aus- trale dans laquelle les baleiniers hollandais avaient cru reconnaitre leur Nordcaper? A-t-elle disparu depuis l'époque où cette péche se faisait, comme tant d’autres espèces qui ont été anéanties depuis les temps histori- ques (1)? Il faut des faits pour dissiper ces doutes : les meilleurs arguments ne suffisent pas. Mais peut-on ja- mais espérer d'en recueillir sur ces délicates et difficiles questions ? Au milieu de ces incertitudes, les zoologistes, ne sa- Chant à qui donner raison , à Cuvier ou aux pêcheurs islan- dais, furent émus, il y a quelques années, à propros d’un événement qui se passa dans le golfe de Gascogne ` c'était en janvier 1854. C'est à cette époque de l’année que les nn U ELS Tt FE OE Dr EAM i fT RE a MN sd ih ae Ee laient peut-être pas encore et, en tout cas, n'ont pas été retrouvées ; le Pavillon de la baleine des Basques n'a pu, comme le squelette, être amené dans la eapitale du Danemark. (1) On sait que, depuis les temps historiques, plusieurs espèces ei né le centre de l'Europe et d’autres ont même complétement dis- Paru. Des changements de ce genre ont lieu encore tous les jours , mais d'une manière lente et insensible. Le renne et l'élan ont quitté le centre de l'Europe, après l'extinction des mammouths. Le Dodo et l'Alca im- pennis ont sans doute complétement dispara. On n’est heureusement pas ‘out à fait certain du dernier. On croyait le Rythina stelleri, ce singulier *énien de la mer de Béring, également perdu, mais nous venons de voir oe ‘De vive satisfaction que le musée de Saint-Petersbourg en a reçu un Squelette complet. Nordmann, Palæontologie Sued- Russlands. Helsing- fors, 1859-60, p. 528. ( 462 ) anciennes baleines y arrivaient régulièrement pour y faire leur station d'hiver. Une baleine mère, accompagnée de son baleineau, fait son apparition à Saint-Sébastien un jour de janvier, et le baleineau heureusement est pris. Le musée de Pampelune en fait l'acquisition. Eschricht apprend cette nouvelle à Copenhague. Rien ne se passe dans le monde des baleines qu'il n’en soit immédiatement instruit. C'est ma baleine de Biscaye , dit-il. L'espèce existe encore. Il tremble à l’idée que ce trésor pourrait lui échapper. H arrive à Louvain presque en même temps que la lettre par laquelle il m’apprend cette nouvelle, annonce à l’Institut de France le motif de son passage à Paris (1), arrive à Pam- pelune et s’ensevelit au milieu des côtes, des os du crane et des vertébres de cette précieuse relique. La victoire était bien à lui. Cette baleine diffère com- plétement de celle du Nord (2) : c’est bien un débris de ces anciennes légions qui visitaient autrefois ces parages par Ss Comptes rendus de P Académie des sciences , séance du 12 juillet on Sur les Baleines franches du golfe de Biscaye, COMPTES RENDUS...-. 1860. Dans une lettre datée de Copenhague, Eschricht a la bonté de m'in- former du résultat de ses recherches sur la différence de ces deux espèces de baleines. « Le squelette de Pampelune m’occupe tout plein, m'écrit-il » à la date du 18 mai dernier. C'est tout ce qu'il y a de plus curieux. Il est » presque monté, et l'énorme différence avec le Mysticetus dépasse tout ce » que Jen avais jugé lors de mon séjour à Pampelune. Figurez-vous, » ajoute-t-il, il n’est pas plus développé que Je squelette d'un Mysticetus » d'à peine un an; ossification des vertèbres n’est pas encore avancée » jusqu'aux apophyses transverses , et les ares, qui ne sont pas même unis » des deux côtés, sont encor e séparés du corps, et cependant la colonne » vertébrale a la largeur d'un Mysticetus de trois ans et demi. » Pour les lacunes de cette partie de la zoologie, voyez : Eschricht, Développement du questionnaire pd aux célacés, ACTES DE LA SOCIÉTÉ LINNEENNE DE BORDEAUX, t. XXII, ivr A De Ee ane a at EE E ( 463 ) bandes nombreuses, et qui depuis ont déserté ces lieux. Sur nos cótes, les cétacés échoués depuis le commen- cement de ee siècle sont loin d’être nombreux, et nous pouvons facilement en faire énumération. Depuisplusieurs années, notre savant confrére M. de Selys-Longchamps en a fait mention dans la faune belge (1). Il n’y a que deux baleinoptéres ; l’une, dite de Kessels, trouvée morte en mer, en 1827, par les pécheurs ostendais (2) et qui, mise en squelette par les soins de M. Paret, aprés avoir visité pen- dant une vingtaine d’années les principales villes de PEu- rope, continue encore aujourd’hui, paraît-il, ses pérégri- nations dans le nouveau monde : c’est la Pierobalena gigas. L'autre baleinoptère appartient à la petite espèce, qui ne dépasse pas trente pieds de longueur et qui compte tou- jours quarante-huit vertèbres ` c'est la Pterobalena minor de Knox, ou la Pterobalena rostrata de Fabricius (5). A e (1) De Selys-Longchamps, Faune belge. Liége, 1842. Van Beneden, Recherches sur la faune littorale de Belyique(Cétacés), MÉMOIRES DE L'ACA- DÉMIE ROYALE DE BeLcigue, t. XXXII, 1860. (2) Van Breda. Eenige bijsonderheden omtrent den walvisch die den 3 november 1827 bij Ostende gestrand is. ALGEMEENE KONST EN LETTER- BODE , 1827 ; 2e vol. Vanderlinden, Bibl. méd. nat. et étrang., t. V, 1028. — Bydragen tot de naturalische wetensch., Ale deel, 1829. — Messag. des sciences, 1529. Du Bar, Osteographie de la baleine... Bruxelles, 1828. (5) Cette espèce vient régulièrement échouer sur Ja côte de Norwege. ès de Bergen on en prend tous les ans. Fabricus Va bien connu au Groen- land, mais il a eu tort de lui donner un nom proposé par Linné, qui ne Connaissait pas les baleines. Cet exemple montre bien que ce n’est pas tou- er 20° SÉRIE, TOME XII. , o9 ( 464 ) Le squelette conservé au Jardin zoologique d'Anvers provient d’un individu échoué sur la côte de Hollande et appartient à une troisième espèce, la Pterobalæna com- munis (1). L'Académie se rappellera encore que nous l'avons entre- tenue, il y a trois ans, du dauphin globiceps, trouvé mort en mer par les pêcheurs de Heyst dans des circonstances très-intéressantes. C'était une mère, qu’ils avaient prise d’abord pour un baril, et qui était sur le point de mettre bas (2). C'est le même animal que les habitants des îles Ferö attendent tous les ans avec une si grande anxiété et dont la chair est pour eux un mets délicieux (3). Les Grinde- wahl, car Cest le nom qu’on leur donne, font leur appa- rition dans ces iles comme les grives et les bécasses ail- leurs , avec cette différence seulement, que les grives et les bécasses ne figurent que sur la table du riche, tandis que la chair du Grindewahl est le pain du pauvre. C'est par milliers qu'on en prend chaque année, et un des plus curieux spectacles qui ait pu être donné à un souverain, c’est une pêche du Grindewahl, dans une des fiord de Feró, faite en présence du roi de Danemark, lors d’une visite qu’il fit en ces îles. Mais le plus redoutable des cétacés qui visitent nos pa- rages, Cest Porque ou l’épaulard. On le voit de temps en temps sur nos cótes. (1) Notice sur une baleine prise près de Tile Vlieland et dont le sque- lette est monté au beier royal de zoologie d’Anvers. (Bulletin de l’ Aca- démie , t. XXIV, n° 5.) (2) PERIA sur la faune littorale de Belgique ( Cétacés), MEM. DE L'ACAD. ROY. DE BELGIQUE, t. XXXH (5) Comptes rendus des séances de P Académie des sciences ; t XLVII, séance du 12 juillet 1858. ( 465 ) Deux individus de cette espéce dangereuse, un jeune (1) et une femelle adulte, sont venus échouer, en 1843-44, près d'Ostende, et une femelle adulte a été trouvée morte . Sur Pestran, en 1848. L’épaulard est bien le carnivore le plus redouté de tous les grands animaux marins; la colossale baleine n'est méme pas à Pabri de ses vigoureuses attaques. Jl est avec raison Peffroi de tous. Rien n’est plus curieux que d'entendre les récits des pêcheurs du Groenland et de Spitzberg sur les mœurs de ces monstres marins. Quelle violence dans la lutte, quelle ténacité dans Vattaque! On croirait entendre le récit de voyageurs dans les déserts d'Afrique, racontant les luttes gigantesques des grands mammifères , les assauts terribles livrés par les lions et les tigres aux éléphants, aux buflles ou aux antilopes. . Le 1° août de cette année, un beau mile est venu se perdre sur la côte du Jutland. La nouvelle en a été donnée immédiatement 4 Copenhague, et le professeur Eschricht s'est rendu sur les lieux. H voulut savoir avant tout de quoi cet animal s’était régalé pendant ses derniéres heures, et il découvrit aussitôt que Torque n’est pas sans raison la terreur des mers : il logeait dans son estomac, on le devinerait difficilement, treize marsouins et quinze pho- ques! Mon savant ami cherchait avec un sentiment d'hor- 1 oN nn nn (1) ia squelette de cette jeune et interessante orque est aujourd’hui au Musée de Bruxelle Cet effroyable iif: qu'il appartienne ou non à une seule et méme espèce, hante presque toutes les mers. Gervais le cite dans la Méditerranée, Verreaux l'a rencontré dans la mer des Indes (4lgoa-Bay), Eydoux dans les mers du Chili, Siebold dans là mer du Japon, et Gray le signale au Cap et dans l'océan Pacifique. ( 466 > reur si, parmi cet eflroyable amas de victimes, il ne trouverait pas quelque reste de matelot. Une belle espèce de cétacé ziphioïde, connue dans la science sous le nom de Delphinorhynque microptère ou plutôt de Mesoplodon Sowerbensis, est venu échouer, il y a quelques années, près du port d'Ostende. H poussait encore des gémissements quand M. Paret, le naturaliste de Sly- Kens, arriva sur les lieux. Cet animal, rare partout et dont on ne connait que ce seul squelette complet, a fourni le sujet d’un beau mémoire à notre illustre confrère et ami, M. Du Mortier (1), que nous regrettons tous de ne pas voir parmi nous. Une autre espèce de la famille des ziphioïdes, qui visite régulièrement les îles Feró, se montre quelquefois sur nos côtes. Un individu a été pris, il y a quelques années, à Bergsluis, près de Zierickzee, et décrit par notre savant confrère M. Wesmael (2) : c’est le Dógling ou Y Hyperoodon des naturalistes. Toute une bande est venue se perdre, l'année dernière, après de gros temps, sur la côte du Jut- land. C’est la famille de cétacés qui était le plus largement représentée dans la mer du crag, et à ce titre, elle nous in- téresse, d’une manière toute particulière. Le marsouin est le seul eétacé propre à notre littoral, et nous ignorons encore complétement s'il est sédentaire pendant toute l’année sur nos côtes ou s'il visite régu- lièrement d’autres parages. ee Ti ad e (1) B.-C. Du Mortier, Mémoire sur le Delphinorhynque micr oplére échoué d Ostende. Bruxelles, 1839. (Mém. de l'Académie royale de Bru- xelles, t. X11.) (2) Wesmael, Mémoire de Y Acudémie royale de Bruxelles, 1. XII, 1840. Ce squelette est déposé au Musée de Bruxelles. ( 467 ) Tous les ans, au printemps , des marsouins entrent dans la Baltique par le Sund, á la poursuite des harengs, et ils n’en sortent qu’en décembre et en janvier, par le petit Belt, entre la Fionie et le Jutland (1). Comme on les trouve sur nos côtes plus souvent en été qu’en hiver, il est évident que notre cétacé ordinaire n’est pas de ceux qui font leur quartier d’été dans la Baltique. Nous ne parlons pas des baleines échouées ancienne- ment dans nos parages. Il y a trop souvent de Pexagéra- tion dans les auteurs. Nous ne ferons mention que du cacha- lot ou Potwall, qui a paru plusieurs fois, il y a quelques siécles, dans nos parages et dont Ambroise Paré donne une figure trés-reconnaissable (2). (1) Eschricht, Comptes rendus de P Académie des sciences, séance du 12 juillet 1858. (2) En 1189, une baleine d'un volume extraordinaire a échoué & Blan- kenberghe (Montanus, ddd. ad Histor. Guicciard., p. 150, éd. Amster- dam, 1646; fol.); en 1334, les pécheurs d'Ostende prennent un monstre marin de quarante pieds de longueur (Delices des Pays-Bas, t. MI, p. 15, deuxiéme édition). Mais le fait le plus extraordinaire, C'est que, dans Phiver de 1404, huit baleines, la plupart de soixante-dix pieds de longueur, prises presque toutes vivantes (Guicciardini Descritt. di tutti i Paesi Bassi, fogl. 351, ‚ed. > pr ges eren Be qui paraît moins dou- teux, et ici Pe et en 1598, deux Potwall seraient vennes échouer, ken dane rEscaut et figurée par Ambroise Paré (Ambroise Paré, 23° livre de ses OEuvres. 11 échoua dans PEscaut, prés d’Anvers), ne: a Berchey en Hollande, et décrite par Clusius. (Clusius , en 1605, a le premier figuré cet animal. Il en avait vu un 1 individu échoué, en 1598, à Berchey, sur la côte de la Hollande, entre Scheveningen et Catwyek,etun autre à Beverwyck, en 1601; le premier de cinquante-trois pieds. Albert au mot Cetus, parle de deux cachalots échoués de son temps, Pun en Frise, l'autre près d'Utrecht, et connaît le sperma ceti ou me de eine. E Seet)? n Sg po pas et wont RC pas auc ‘ambre. (Cuv. Ossem., 5¢ vol., p. 329. — Piet Bor, Nedoriandscke Oorlogen, 31° boek , fol. 6, 4de a, fait ( 468 ) On voit clairement par ce qui précéde que nos parages sont très-pauvres en cétacés, On peut facilement compter les individus qui viennent y échouer. Mais en était-il de méme dans cette ancienne mer qui a déposé le sable rouge et noir de la province d'Anvers? Nous ferons remarquer qu'entre ces mers de deux épo- ques géologiques distinctes, il existe, sous le rapport des grands habitants, des différences considérables, et ces dif- férences portent à la fois sur le nombre des espèces et la quantité d'individus : autant ils sont rares aujourd’hui, au- tant ils abondaient alors. Si la composition chimique de l’eau de la mer a changé comme ses habitants, c'est ce que nous ignorons encore, mais nous ne Tignorerons peut-être pas toujours. Comme Ehrenberg a braqué son microscope sur les infusoires et Herschel son télescope sur les astres, Bunsen et Kirchhoff dirigent leur prisme serutateur sur le monde entier, pour en connaître la nature chimique, et ils nous apprendront sans doute bientôt si la mer du crag renfermait les mêmes éléments chimiques que la mer actuelle! Que n’est-on en droit d'attendre de savants qui signalent Tor et le nickel dans le soleil et my découvrent pas les métaux les plus communs de la terre, le silicium et l'aluminium (1). Nous l'avons déjà dit dans d’autres occasions, cette mer mention d’un monstre des enfers de quatre-vingts pieds, échoué, le fer mai, au * Sluysche Gat, et qui appartient sans doute aussi aux cachalots). Cela me rappelle une bande de treize jeunes individus, si je ne me trompe, qui est venue se perdre, il y a quelques années, au fond de l’Adriatique, et dont une tête est conservée au Musée de l’université de Berlin. (1) Analyse chimique fondée sur les observations du spectre , ANNALES DE POGGENDORF, t. CX,p. 161. — Annales de chimie et de physiques Sm série, t. LXIT, p. 432, 1861. ( 469 ) du crag a nourri une si grande quantité de phoques, de dauphins et de baleines, que leurs débris forment, dans divers endroits, un véritable ossuaire (1). Des os de toutes les dimensions y sont jetés péle-méle, et on voit claire- ment que les cadavres de ces grands cétacés y ont été, pendant longtemps, le jouet des vagues. A chaque marée , ces lambeaux d’os et de chair étaient pris et repris par le flux jusqu’à la parfaite décomposition des parties molles. Il n’y a quedes cétacés jetés à une plus grande hauteur, pendant les eaux vives, qui aient pu s’ensevelir quelque- fois dans leur intégrité (2). Indépendamment de ces légions de cétacés, un grand nombre de poissons hantaient ces mêmes parages; mais il wy a guère que les débris des poissons sélaciens qui soient parvenus jusqu’à nous. Le plus curieux est le Car- charodon megalodon, qui n'avait pas moins de soixante et dix pieds de longueur, et pour lequel un bœuf devait être une bouchée : ce Carcharodon a laissé dans le crag beaucoup de ses dents et une trés-curieuse vertèbre. Il est extraordinaire que l’on y trouve si peu de débris de poissons osseux. Ces nombreuses bandes de cétacés ont bien di se nourrir, et la pâture a dt être proportionnée à leur abondance. Peut-être trouve-t-on explication de la rareté des pois- sons ordinaires dans ce fait, que les cétacés ziphioides do- minent dans cette mer, et que Ja nourriture de ces cétacés (1) Les id et les Petits dans le temps et dans Vespace, BULLETINS DE L’ACAD. ROYALE DE BELGIQ., 2e série (2) Les cétacés dont les débris se Ee en si ae abondance à Saint-Nicolas semblent se trouver dans ces conditions. (Ossements fossiles découverts à Sa int-Nicolas, en 1859, BULLETINS DE L'ACAD. ROYALE re BELGIO. , 2e série, t, VHL) ( 470 ) consiste exclusivement en mollusques céphalopodes. Les grandes baleines, comme on sait, ne se nourrissent que de mollusques ptéropodes ou de erustacés particuliers, les uns et les autres de trés-petite taille. 11 ne fallait probable- ment des poissons osseux dans cette mer que pour la sus-. tentation des phoques et des requins. Nous ne dirons rien des mollusques à coquilles, ni des polypiers superbes qui peuplaient á cette époque le bassin d’Anvers. C’est à notre savant confrère M. Nyst, dont les travaux consciencieux sont si justement appréciés dans le pays et à l'étranger, qu'incombe la tâche de vous entretenir un jour de ces intéressants animaux. On ne doit pas croire toutefois que ces ossements fos- siles et leur haute valeur, au point de vue de la science, n'aient pas déjà été appréciés par les naturalistes. De- puis longtemps on les connait. Ces os ont été très -sou- vent attribués à des géants. Qui sait s’ils n’entrent même pas pour quelque chose dans-la légende sur Porigine d'An- vers? Quoi qu’il en soit, Phonneur d'avoir reconnu ces dé- bris organiques pour des os de grands animaux revient a un savant médecin d'Anvers du seizième siècle, Goropius Becanus (1), le méme qui, soit dit en passant, soutenait irés-sérieusement que le flamand avait été parlé au para- dis terrestre, comme l'indiquent clairement les mots Adam, Nemrod, et tant d’autres. A la fin du siècle dernier, le baron von Hupsch a écrit sur ce méme sujet un travail fort curieux (2). Mais c'est surtout à Cuvier que l’on doit les travaux les mo ci NA A E, (1) Goropius Becanus, Orig. Antve ` (2) Beschreibung einiger neu er ten versieinten Jea grosser Seethiere (propè Antverpiam) Naturforscher, Se St., p. : (AM) plus remarquables sur les ossements d’Anvers. Le grand naturaliste du Muséum en avait recu à Paris plusieurs qui” avaient été déterrés, lors du ereusement du bassin du commerce, sous le règne de Napoléon I” (1). Depuis quelques années, on a découvert des ossements de cétacés dans un grand nombre d'autres localités, et la mer du crag pourrait bien avoir eu une extension beaucoup plus considérable qu’on ne l'avait pensé d’abord. En Hol- lande, dans la province de Gueldre, on a trouvé des osse- ments en tout semblables 4 ceux d'Anvers, et toute une portion de crine, récemment sortie de la Baltique (2), semble provenir d'un animal qui a une grande analogie avec nos plésiocètes. Des ossements semblables ont été également déterrés en Russie et décrits sous le nom de Ce- lotherium (5). Un phénomène d'un autre genre, mais également digne d'être remarqué, c'est un squelette de baleinoptère trouvé en Angleterre sous le diluvium, à vingt pieds au-dessus des hautes marées d'aujourd'hui, et un autre découvert en Nor- wége, près de Fridrikshald, à deux cent cinquante pieds au-dessus du niveau de la mer actuelle (4). Malgré les difficultés inhérentes à l'étude des ossements de cétacés, nous avons réussi cependant à en déterminer EE deeg EE (1) Cuvier, Ossements fossiles, 1. V, premiére partie, page 552. (édit. in-4°,) (2) Hensche et Hagen, Ueber einen auf der kurischen Nehrung bei Nidden gefundenen Knochen , SCHRIFT. DER PHYS., OEcon. GESELS. IN KOnicsrenc., Jähr. I, Heft 1. I donne une liste de cétacés échoués dans la Baltique et Vindication de plusieurs cétacés fossiles (5) Eichwald, Die Urwelt Russland's, Saint-Petershourg, 1840, live. 17%, P. 25, Brandt, Ixsrrrur, 1845, n° 205 et n° 449. — Nordmann, Paleon- tologie Sued-Russlands. Ce dernier est en voie de publication. (4) Stadsrath Hensche ‚loc. cit., pag. 7. ( 472 ) i le plus grand nombre. Nous sommes parvenu même à en reconstituer quelques-uns assez complétement. D'abord , nous avons reconnu que les grandes espèces de baleinides ou de cétacés à fanons, y ont plusieurs repré- sentants. Il y a quelques semaines, une tête entière d'un de ces grands animaux a été mise à nu; mais, malheureusement pour la science, elle n’a pu être conservée. On possède en grand nombre des vertèbres de ces baleinides de toutes les régions du corps, des fragments de côtes, des 08 de membres, y compris Vomoplate, et plusieurs portions de crâne , des maxillaires inférieurs assez complets et surtout des os tympaniques. Mais la famille qui est le plus richement représentée dans cette ancienne mer est celle des ziphioïdes : on en voit de toutes les tailles. Il Sy trouve d’abord un animal de ce groupe qui est voisin des cachalots d'aujourd'hui et dont les dimensions sont également gigantesques. Un autre offre tous les caractères des Hyperoodon actuels; puis on trouve de nombreuses dents , singulièrement con- stituées , que nous attribuons à des ziphioides voisins des Dioplodon et des Mesoplodon; enfin quelques espèces Y ritablement naines complètent cette curieuse famille et ne dépassent certes pas la taille des plus petits dauphins du monde actuel. Les cétodontes, ou les cétacés à dents, y ont encore plu- sieurs autres représentants se rapprochant surtout de ces espèces à long bec des régions tropicales. On en a d couvert deux belles tétes á Vieux-Dieu, dont la parfaite conservation est due aux soins intelligents et actifs du ¢a- pitaine du génie Cocheteux, Tous les os sont supérieurement bien conservés, et si les dents sont détachées des maxil- laires, on aura du moins exactement l'indication de leur ( 473 ) nombre, de leur place et de leur grandeur par la disposi- tion des alvéoles. Ces deux têtes se rapportent à un ani- ` mal qui doit évidemment former un genre nouveau , avec ces trente-deux dents régulièrement espacées dans la par- tie moyenne des máchoires. Enfin parmi les mammifères qui habitaient cette mer se trouvent encore des espèces littorales, des phoques, dont la taille chez quelques-uns avait atteint aussi de grandes proportions. Nous possédons divers fragments de squelettes et de dents qui ne laissent aucun doute sur la présence de ces singuliers amphibies dans ces anciens parages (4). Le Gouvernement, secondé par le zèle intelligent de plusieurs officiers du génie, a chargé en particulier notre savant confrère M. le vicomte B. Du Bus de veiller à la conservation de ces précieux restes, et nous aurons bientôt l’occasion , pensons-nous , d’ex poser une histoire assez com- plète d'un des animaux antédiluviens les plus singuliers et les plus intéressants que l’on ait découverts dans ces der- nières années. Nous voulons parler du Squalodon, et nous demandons la permission d'entrer dans quelques détails sur l’histoire de ce curieux groupe de carnassiers fossiles. ll y a quelques années (c'était en 1844), le docteur Alb. Koch revint de l'Amérique du Nord avec une riche cargaison d'ossements fossiles, provenant d’animaux bi- zarres, Ils avaient été exhibés déjà au public, dans le pays de Barnum, avant leur départ pour l'Europe. Ils furent successivement exposés dans les principales villes d'Alle- magne, à Dresde, à Berlin et Leipsick (2). (1) Bulletins de P Académie, t. XX, n° 6. i "Ee hean dl ces singuliers ani- maux. Transactions of the American Philosophical Society. 1834, — Tran- ( 474 ) Cette exhibition fit immensément de bruit, et Pon com- prend qu’il ne pouvait en être autrement. Un animal de plus de cent pieds de longueur , ayant une tête d’une forme extraordinaire, des machoires garnies de dents comme on n’en connaissait pas, et qui, malgré sa longueur démesu- rée , portait deux petites paires de membres : C'était un ser- pent gigantesque suspendu en avant et en arriére a une paire de nageoires. La curiosité fut piquée á un trés-haut point. Les amis du merveilleux y trouvaient un puissant aliment aux sup- positions de tout genre, et les savants eux-mêmes ne sa- vaient trop s'ils devaient en croire ou leurs yeux ou leurs principes. De nombreux écrits surgirent á cette occasion. Les natu- ralistes américains avaient d'abord pris cet animal pour un reptile, et ils lui avaient donné le nom de Basilosaurus. Trois ou quatre ans aprés la découverte de ces débris, des zoologistes francais et anglais ( Dumeril, Buckland et R. Owen) en firent, au contraire, un mammifere, et R. Owen ne craignit point, d’après l'examen d’un fragment de dent, de le rapprocher des lamantins, proposant le nom de Zeuglodon qui lui est resté. nue he a sactions of the geological Society of Pensylvania, vol. I. Philadelphie, 855. — Transact. of the Geological Society of London ‚vol. VI. — Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, octobre 1 1858. — Proceed. of the Acad. of nat. sciences. Philadelphie, 1845. — Carus, Resultate geol., anat. und zool. Unters. über das unter dem Namen Hyprarcuos von Dr Koch zuerst nach Europe gebrachte grosse fossi Skelett. Dresden, 1847. — Bericht ueber die Ferhand. d. Akad. d. 12 avril 847. — 1d. Gs juillet 1847. — De Blainville, et ei live. VI, — Karsten’ s und Dechen’ s Archiv. 1842. — - An si se. nat., "e série, vol. V, 1846. — J. Müller , Uber Es fossiten Reste der Zeuglodonten von nord America. In-fol. Berlin, 1849. ( 475 ) En Allemagne, après Pexhibition publique de ces nom- breuses pièces , les opinions furent partagées. En réalité, des vertèbres de plusieurs individus avaient été groupées ensemble; des os de la tête avaient été mis sens dessus dessous: des vertèbres lombaires et dorsales avaient formé un cou démesurément long, et des savants de haute répu- lation avaient été complétement induits en erreur. En dernière analyse, on découvrit que ces ossements avaient été rassemblés dans diverses localités et que, avec les débris de plusieurs squelettes, on avait voulu fabriquer un seul animal. Jean Müller, notre illustre confrère , attaqua la question de front, et fit voir, un des premiers, les graves erreurs anatomiques qui avaient été commises. Il avait commencé ses observations pendant que le squelette était exposé pu- bliquement à Berlin; mais il eut bientôt le loisir de Pétu- dier à son aise dans son cabinet, le roi de Prusse en ayant fait l'acquisition pour le musée de l'université de Berlin. ne circonstance curieuse m'a été raeontée par J. Mül- ler, dans son laboratoire à Berlin, en me montrant l'os temporal du Zeuglodon. On se demandait encore, le Ba- silosaure ou Y Hydrarchos, comme on l'avait appelé aussi, est-il un reptile ou un mammifère? J. Müller parcourt les galeries d'anatomie comparée, accompagné de quelques amis; il tient cet os temporal en main pour exposer ses ‘ues sur la composition de l'oreille, et, tout en causant, Pos lui échappe et va se briser sur le plancher. Tous étaient consternés! Quelle perte! Une pièce unique de cette 'Mportance qui est détruite! On ramasse toutefois soigneu- Sement les débris, mais quel n'est pas l'étonnement du pro- fesseur et de ceux qui l’entourent : le limaçon de l'oreille interne était mis à nu, montrant sa rampe el ses tours de ( 470 ) spire! Un accident avait transformé Pos de Poreille en une belle préparation anatomique, et la démonstration de la nature de Panimal était faite. L’Hydrarchos ne peut eg ètre qu’un mammifère. En Europe, on fit, peu de temps après, une décourelé paléontologique non moins importante. Le docteur Grateloup, que les sciences viennent de per- dre il y a quelques mois, découvrit, en 1840, à Léognan, près de Bordeaux, un fragment de crane qu'il crut devoir rapporter à un animal tenant à la fois des poissons et des reptiles, auquel il donna le nom de Squalodon (1). Depuis lors, des débris d'animaux semblables ou voisins ont été découverts à Lintz (2), dans la haute Autriche, par M. Ehrlich, dans les environs de Montpellier, à Saint- Jean de Vegas (3), par mon savant ami Paul Gervais, et (1) Grateloup, Description d’un fragment de mâchoire fossile d'un genre nouveau de reptile (Saurien) voisin de PIcvaxovox. Bordeaux, 1er mai 1840 , Acres DE L’ACADEMJE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE Borveavx, 2e année, 2° trimestre. — De Blainville; Ostéographie, t. VII, p. 44, 1840. Passant Wein a Bordeaux cette méme année, € de mon savant ami le vicomte Félix de Spoelberch , au retour eu un gei: dans les TER j ape au lieu d'être un reptile ou un poisson, , présentait tous les caractères d' un mammifère voisin des dauphins, et j'écrivis dans ce sens une lettre de Bordeaux à M. de Blainville, lettre que ilustre professeur du Museum crut devoir reproduire dans sa grande Ostéographie. (2) Ehrlich, Eilfter Bericht über das Museum Francisco-Carolinum, S. 15. — Troschel” s Archiv, Jahresbericht f. 1850, pag. 32, Berlin, 1851. — Carl Ehrlich, Ueber die nordöstlichen Alpen. Linz, 1850, P- 12. — Geognostiche Ww anderungen... Linz, 1856, p. 81. — Die geognostische SE eg des Museums, pag. 10. — Beiträge zur Paleontologie.. AE (5) Gervais, Paléontologie française. ( 477 ) en Hollande, dans la province de la Gueldre (1), par le savant naturaliste M. Staring. Ces Squalodon et ces Zeuglodon se ressemblent évidem- ment par la singuliére conformation de leur systéme den- taire. Mais quel est au juste leur degré d’affinité ? A quelle famille appartiennent-ils? Ne forment-ils pas un type complétement perdu, et, dans le cas affirmatif, quelle place faut-il leur assigner ? Ces questions et bien d’autres attendent une solution, et l’on concevra aisément le haut prix que nous attachons A Ja découverte de quelques ossements de Squalodon dans le crag des environs d'Anvers. Nous sommes fort heureusement en possession aujour- Whui de plusieurs fragments importants de la tête, du bout du maxillaire supérieur et de Pintermaxillaire avec ses dents, de la partie postérieure du palais, de plusieurs frag- ments de maxillaire inférieur et de quelques autres pièces du squelette. Afin de tirer tout le parti possible de ces précieux restes, le Gouvernement a bien voulu , sur la proposition de PAca- démie, me confier la mission de visiter les principaux musés d'Allemagne et d'Autriche, et nous espérons pouvoir soumettre sous peu a la classe un travail comprenant la réponse aux différentes questions quisont posées plus haut. Le musée que nous avions le plus d'intérêt à connaître, EE mer (1) Staring, Y, ersteeningen wit den tertiairen leem van Eibergen en Winterswyl: in Gelderland, Bovem vax NEDERLAND, Il, p. 216. M. Staring a fait récemment le ps des localités ott des l'époque € Quaternaire ont été découverts. (Aperçu des Ossements abs de l'époque Cote, ove és dans e rer e ei pp enee Extrait des Bul y vol. XII, a. 1861.) ` ( 478 ) pendant notre dernier voyage , est le Vaterlandischen Mu- seum de Lintz, qui renferme les plus précieux restes connus de Squalodon. Hs y ont été déposés par M. Carl Ehrlich. Grace aux soins intelligents et actifs de cet ha- bile naturaliste, ce musée renferme encore d’autres fos- siles du plus haut intérêt, provenant du bassin de Lintz. Nous y avons trouvé deux portions de crane assez frac- turées de Squalodon; connaissant déjà la base du palais, et possédant des fragments de machoires avec les dents, et surtout le bout du maxillaire supérieur, il ne nous a pas été difficile de reconstruire toute la tête de ce curieux carnivore aquatique. Le système dentaire de ces animaux ne nous est pas moins bien connu maintenant, même quant aux différences principales que présentent les espèces entre elles, et c'est tout au plus s’il reste encore quelque doute au sujet dune des dents molaires. Disons un mot de leurs caractéres. Le crane est fortement déprimé; les pariétaux lor- ment une partie de la boite céphalique, et les os frontaux s'étendent régulièrement en avant et sur le côté, sans être refoulés en arriére par les fosses nasales, comme dans les vrais cétaeés. Les arcades zygomatiques sont larges, mals incomplètes. Les dents sont de trois sortes, mais n’aflee- tent que deux formes différentes : les incisives et les pré- molaires sont semblables aux canines; six incisives sont implantées dans Vos de ce nom, et de ces six incisives, les deux du milieu sont dirigées en avant, dans Taxe du corps, non comme la défense du narval, mais plutôt comme les grandes incisives des musaraignes. Les canines sont suivies de cinq prémolaires simples, régulièrement espacées, puis sept vraies molaires à deux racines, à OI ( 479 ) e ronne comprimée et crénelées, sur le bord postérieur sur- tout, achévent ce singulier systeme dentaire. Nous avons pu nous convaincre aussi, d’après la tète assez complète du Squalodon de Lintz, que, contrairement à nos prévisions, les fosses nasales sont dirigées d'arrière en avant, et diffèrent, sous ce rapport, entièrement de tous les cétacés souffleurs vivants. L’on sait, du reste, que, dans ces derniers seuls, la cavité des narines s'élève de bas en haut, ou même un peu d'avant en arrière, el que c’est cette direction qui leur permet, au besoin, de lancer per- pendiculairement des colonnes d’eau, ou plutôt de va- peur, du fond de leurs narines. Si Pon voulait représenter le Squalodon, comme on représente communément les dauphins, il faudrait le figurer lançant des colonnes de vapeur obliquement d’arriére en avant et non de bas en ut. Nous avons taché de profiter de notre séjour en Alle- magne pour connaitre en même temps les autres habi- tants de la mer qui nourrissait les Sgualodons, afin de la comparer à notre mer du crag. Il existe, pour cette étude comparative, au méme musée de Lintz, un crane du plus haut intérét. Toute la partie postérieure est assez complète. Il se rapproche beaucoup, par la taille, de nos plésiocètes les plus communs ; mais, par la conformation de la caisse du tympan, par les caractères des fragments de maxillaire inférieur qu’on n'avait pas reconnus, ainsi que par les ver- tébres de diverses régions du corps, ce cétacé s'éloigne notablement de tout ce que la mer du crag renferme; nous pouvons même ajouter qu'il n’a rien de commun avec les Balaenodon de M. Owen (1). Soe (1) Hermann von Meyer a décrit cette tête de Lintz sous le nom de Balae- ~ 54 QU SERIE, TOME ut. - ( 480 ) Le Balaenodon de Lintz est plutôt un ziphioide, et nous doutons beaucoup que la dent qu’on lui a rapportée appar- tienne réellement à cet animal. La caisse du tympan de ce prétendu Balaenodon indique existence de caractères bien éloignés des cétacés à fanons du crag et qui le rapprochent des Hyperoodon ou des zi- phioïdes. Du reste, nous avons cru reconnaître parmi les ossements indéterminés du Musée de Lintz, des frag- ments de maxillaire inférieur remarquables par leur hau- teur et leur grand aplatissement et qui ne laissent guère de doute à ce sujet. Depuis notre voyage, ce Balaenodon est désigné, dans nos cartons, sous le nom de Aulocète, à cause du sillon crânien. Dans la même mer de la haute Autriche se trouve éga- lement un delphinoïde qui n’est pas connu encore dans la science ; mais il n’est malheureusement représenté que par une seule dent. Dans le beau Musée de Stuttgart, nous avons trouvé ensuite deux autres cétacés remarquables de la même mer, PArionius Servatus de Villustre paléontologiste Hermann von Meyer (1), qui a tant contribué aux progrès de la science et un ziphioide nouveau que nous espérons vol! bientôt décrit. Ce dernier a les sept vertèbres cervicales DA is cs ee nodon Lintanus , croyant devoir rapporter ces débris à ceux que R. one avait trouvés dans le crag. Mais ce que nous ne comprenons pas, c'est que le savant paléontologiste ait pu trouver plus d'affinité entre le Balaenodon el le Zeuglodon qwentre lui et le Squalodon. Voyez aussi C. Ehrlich, Geognostische Wandrungen. Linz, 1850, p. 85, pl. I-IV; Beiträge: zur paleontologie. Linz, 1855, p. 8. (1) Hermann von Meyer, Arıoxıus Servatus, Ein den Delphinen eh wandtes meeres Saugethier. N. Jahrb., 1841, p. 315, Palwontographicd, vol. VI. Cassel, 1856-58, p. 51, pl. VI. ( 481 ) 2 isolées, et les caisses du tympan, encore en place, sont remarquables par leur forme, leur grandeur‘et surtout par la grande épaisseur de leurs parois solides. Grace à Pobligeance du professeur Krauss, nous avons pu examiner ces pièces avec toute Pattention nécesgaire. Mais de tous les habitants des mers de cette époque , les plus intéressants sont, sans contredit, les siréniens fossiles, connus sous le nom de Halitherium. Ils habitaient les rivages ou plutôt l'embouchure des fleuves, pouvant remonter assez haut, au besoin. A en juger par les nombreux débris que Pon trouve dans diffé- rentes localités, à Darmstadt entre autres, ces animaux bizarres habitaient en abondance cette mer de la molasse, tandis que la mer du crag n’en a recelé aucun débris. Dans le monde actuel, on ne voit principalement ces siréniens que dans les régions tropicales. Le Sénégal et les Amazones €n nourrissent abondamment. Le plus beau squelette connu de ces Halitherium se trouve au Musée de Darmstadt; il montre un bassin et un fémur dont la tête distincte est logée dans une cavité coly- loide. Nous sommes heureux d'apprendre que le docteur Kaup, par les soins duquel tant de richesses paléontologi- ques ont été rassemblées, se propose de faire mouler com- plétement cet important débris du monde antédiluvien. Ces siréniens cohabitaient sans doute avec les Squalo- don dans la mer de Lintz ; mais il est probable que ces osse- ments de Darmstadt proviennent d'individus qui avaient remonté très-haut le fleuve et qui, par là, se trouvaient éloignés des autres animaux marins. Il est possible aussi que les eaux au fond desquelles ces sables se sont dé- posés à Lintz et à Darmstadt provenaient de deux versants Opposés, comme le Rhin et le Danube d'aujourd'hui. ( 482 ) Tous ces ossements de Lintz ont été trouvés dans un banc de sable trés-puissant, à fort gros grains, situé im- médiatement au-dessous du terrain quaternaire, et que l'on désigne sous le nom de molasse. Ce molasse corres- pond sans doute chronologiquement avec le crag. Nous dirons en finissant : notre Pompéi, á nous pa- léontologistes belges, c’est le bassin géologique d'Anvers. Là un monde nouveau se révèle à l'attention des natura- listes. Les formes marines y alternent avec les formes terrestres, et les espèces du bassin bruxellien, dont les dé- bris ont été si soigneusement recueillis par Pintelligente persévérance de M. le capitaine Le Hon, avaient disparu depuis longtemps, quand la mer du crag s’est peuplée de ses nouveaux et curieux habitants. A la faune qui a été enfouie dans l'argile de Boom et de Rupelmonde et qui se distingue par de superbes débris de tortues marines , a succédé une faune d'élégants cétacés et, après l’apparition des géants de la mer, le sol a été pré- paré à recevoir le mammouth et le Rhinoceros tichorhinus pour finir par celui qui seul peut contempler la grande ceuvre. Des millions ont été dépensés ailleurs pour déblayer des ruines et des passages, profitons des millions qui SC dépensent pour la défense nationale, et mettons-nous 4 étudier, non des temples et des forums, mais des plages sablonneuses, hantées jadis par ce monde antédiluvien, si riche de formes, si plein de toute la puissance de la na- ture primitive. Fondons dans la capitale un Musée belge, et unissons nos efforts à ceux du Gouvernement pour réunir, dans UN seul et même local, toutes les richesses de notre sol! Que les galeries du Belgisch Museum étalent à côté des terrains, ( 483 ) c'est-à-dire, ces feuillets du grand livre de la patrie, les collections minéralogiques et paléontologiques, avec la faune et la flore actuelles, et que ces produits du sol mon- trent à côté deux les chefs-d'œuvre de Part et les mer- veilles de Pindustrie! OUVRAGES PRESENTES. Recherches sur la faune littoral de Belgique ; par P.-4. Van Beneden. Crustacés. Bruxelles, 1861 ; in-4°. Saint-Jean de Damas et son influence en Orient , sous les premiers Khalifes ; par Félix Nève. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Charles Lenormant et le prosélytisme de la science; par Félix Néve. Bruxelles, 1861; in-8°. Quelques épisodes de la perséculion du christianisme en Arménie au quinzième siecle, traduits pour la première fois de l'arménien en francais; par Félix Néve. Louvain, 1861; in-8°. Gedichten ¿van de Borchgrave; uitgegeven door zynen klein- zoon M. J. de Borchgrave. Gand, 1861 ; in-8°. Histoire du Collegium medicum Bruxellense; parC. Broeckx, 5° livr. Anvers, 1864 ; in-8°. | Note sur le Liccere des apothicaires d'Anvers; par C. Broeckx. Anvers, 1861 ; in-8°. Résumé de patholo J. Brenier. Anvers, 1861 ; in-8°. Etude historique et critique sur l ’orthophonie et Porthoépie gie cutanée, synonymie flamande; par ( 484 ) tudesque, suivie de la loi runique de modification des articu- lations ; par Em. Verstraete. Bruxelles, 1862; in-8°. Causeries littéraires et impressions de voyage; par Alb. d’Otreppe de Bouvette. Deuxième volume. Liege, 1861; in-12. Prumire response de Calottin d Loigne auteur de Supple- ment. Visé, s. d: in-8°. Université de Like, Réouverture solennelle des cours, an- née 1861-1862. Rapport et discours de M. Th. Lacordaire, rec- teur. Programme des cours. Dispositions réglementaires. Liege, 1861 ; in-8°. Catalogue méthodique de la bibliothèque publique d'Anvers, second supplément. Anvers, 1860; gr. in-8°. Annales des universite de Belgique, 9° série, t. I", années 1858 et 1859. Bruxelles, 1861 ; gr. in-8°. Catalogue de la, bibliotheque musicale de la Société libre d’Emulation de Liege. Liege, 1861; in-12. Revue de la numismatique bate , 3° série, t. V, 4° oF Bruxelles, 1861 ;in-8°. Revue universelle des arts, 7 année, 14° vol., n 7 à 9. Bruxelles, 1861 ; 3 broch. in-8°, Journal des beaux-arts et de la littérature, 3° année, n* 16 à 24. Anvers, 1861; 9 feuilles in-4°. Revue de Pinstructiön publique en Belgique, 9° année, nouvelle série, t. IV, ns 14 et 12. Bruges, 1861; 2 broch. in-8° Messager des sciences historiques, ou archives des arts et de la bibliographie, année 1861, 5° livraison Gand, 1861; in-8°. Revue populaire des sciences, 4° année, n°*10à12. aie 1861; 5 broch. in-8°. Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Limbourg, t. V, 4° fascicule. Tongres, 1861; in-8°. La Belgique contemporaine, t. II, 4° à 6° livr. Liege, 1861; 3 broch. in-8°, E 3 À: 3 " ( 485 ) Journal historique et littéraire, t. XXVIII, liv. 8 et 9. Liege, 1861; 2 broch. in-8°. Bulletin de l’Académie royale de médecine de Belgique, 2° série, t. IV , n° 9. Bruxelles, 1861; in-8°. Journal de medecine, de chirurgie et de pharmacologie, 19° année, 34° vol., octobre à décembre. Bruxelles, 1861; 3 cahiers in-8°, Annales de médecine vétérinaire, 10° année, 10° à 42° cahiers. Bruxelles, 4861; 3 broch. in-8°. ` Journal de pharmacie, publié par la Société de pharmacie d’Anvers, 17° année, octobre á décembre. Anvers, 1861; 5 broch. in-8°. ; Annales de la Société de médecine d’Anvers, 22° année, octobre à décembre. Anvers, 1861; 5 broch, in-8°. Le Scalpel, 14° année, n® 1 à 16. Liége, 1861; 16 feuilles in-8°, Journal d’hortieulture pratique de la Belgique, 5° année, octobre à décembre 1861. Bruxelles; 3 cahiers in-8°. L'Illustration horticole, journal spécial des serres et des Jardins, rédigé par Ch. Lemaire et publié par Ambroise Ver- schaffelt, 8° vol., 10° à 12° livr. Gand, 1861; 3 broch. in-8°. La Belgique horticole, journal des serres et des jardins, rédigé par Ed. Morren. T. XI, 41° et 12° livr. Liege, 1861; in-8°. Verhandelingen der koninklyke Akademie van wetenschap- pen, IX* deel, Amsterdam, 1861 ; in-4°. Verslagen en mededeelingen der koninklyke Akademie van wetenschappen, Afdeeling Natuurkunde, XI'- XII“ deele. Amsterdam, 1861 ; 2 vol. in-8°. Jaarboek van de koninklyke Academie van wetenschappen voor 1860. Amsterdam, 1860; in-8°. Geologische kaart van Nederland, verxaardigd door Dr W.-C-H. Staring, uitgevoerd door het topographisch bureau van het departement van oorlog op de schaal van som: Bl. 19-20. In-4°, ( 486 ) Carte de la Gaule sous le proconsulat de César, dressée à l'aide des documents géographiques et topographiques du Dépôt de la guerre, par la commission spéciale instituée au Ministère de l'instruction publique et des cultes, d’après les ordres de S. M. l'Empereur. Paris, 4861 ; in-plano. Sur différentes espèces de vertébrés fossiles, observés pour la plupart dans le midi de la France ; par M. Paul Gervais. S. 1., n. d.; in-4°, Sous tes remarques sur les moyens de conserver les collec- tions entomologiques ; par J. Sichel. Paris, 1860; in-8°. Liste des hyménoptères recueillis en Sicile par M.-E. Bellier de la Chavigerie, pendant les mois de juin d septembre 1859; par J. Sichel. Paris, 1859; 2 broch. in-8°. Note complémentaire sur le traité de la vision d’ Hippocrate, par J. Sichel. Paris, 1864; in-S>. Carte géologique et ha ydr ologique de la ville de Paris; par M. Delesse. Paris, 1861 ; in-8°, Discours de M. Garcin de Tassy à Vouverture du cours d’Hindoustani, le 2 décembre 1 861, à l’École impériale et spéciale des langues orientales vivantes près la Bibliothèque impériale. Paris, 1861 ; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences ; par MM. les secrétaires perpétuels , t. LIIL, n° 14 à 26. Paris, 1861 ; 45 broch. in-8 Revue de l'instruction publique en France, 21° année, n® 27 à 59. Paris, 1861; 43 doubles feuilles in-#°. Presse scientifique des deux mondes; année 1861, t. Il, n” 25 et 24. Paris, 1861; 2 cahiers in-8° Revue et magasin de zoologie pure et appliquée; par M. F.-E. Guérin-Méneville, 1861; n” 10-12. Paris; 5 br. in-8". E. Investigateus, fetteg de l'Institut E 28° année , 525° livr. Paris, 1861; gr. in-8°. Notice archéologique: sur les églises d’ Aix, de Souchez et de Viney ; par Achmet d'Héricourt. Arras, 1861; in-8°. (487) Documents sur les tremblements de terre et les phénomènes volcaniques dans l'archipel des Philippines; par M. Alexis Perrey. Dijon, s. d.; in-8° Documents sur les tremblements de terre et les nhs volcaniques aux Moluques, 1"°-4° parties; par M. Alexis D Perrey. Épinal , 4861 ; in-8°. Observations météorologiques faites à Lille pendant l’année 1859-1860 : ; par Victor Meurein. Lille, 1861; in-8°. Revue be, industrielle et littéraire de Varrondissement de Valenciennes , 15° année, n° 2 à 5. Valenciennes, 1861; A broch. in-8°, Mémoires de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève, t. XVI, 1” partie. Genève, 1861; in-4. Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. VII, bulletin n° 48. Lausanne, 1861; in-8°. Abhandlungen des pico Vereines fir Sachsen und Thüringen in Halle; herausgegeben von C. Gie- bel und W, Heintz, 4° Band, är: Heft; II Band. Berlin, 1861; 2 vol. in-4°, Die Bindesubstanz der menschlichen Niere im gesunden und krankhaften Zustande ; untersuchungen von Arnold Beer. Berlin, 1864; in-8°. has des nördlichen gestirnien Himmels fiir den Anfang des Jahres 1855, entworfen auf der koniglichen Sternwarte zu Bonn, V, VI, vu Lieferung. Bonn, 1861; in-fol. oblong. Mittheilungen aus Justus Perthes’ geographisther Anstalt, von D* A. Petermann, 1861, X und XH. Gotha, 1861; 5 cahiers in-4°, Archiy der Mathematik und Physik; herausgegeben von J.-A. Grunert, XXXVI Theil, 1 Heft. Greifswald, 1861; in-8°, Neues Jahrbuch fiir Pharmacie und verwandte Fücher, Band XVI, Heft 5-4. Heidelberg, 1861; 2 broch. in-8 Heidelberger Jahrbücher der Literatur, unter Mitwirkung ( 488 ) der vier Facultáten, LIV Jahrgang, 10-12 Heftes. Heidelberg, 1861; 5 broch. in-8 Preisschriften gekrónt und herausgegeben von der fürstlich Jablonowsk'schen Gesellschaft zu Leipzig : — VI. Karl Werner, urkundliche Geschiche der Iglauer Tuchmacher- Zunft; —X. H. Wiskemann Darstellung der i in Beta eg zur Zeit der Reformation her Ansichten. Leipzig, 1861 ; 2 cahiers in-4, Université de nouer: Collection de thèses inaugurales. Marbourg, 1861; 25 broch. in-4° et in-8°. Sitzungberichte der königl. bayer. Akademie der Wissen- schaften zu München, 1861, I, heft 4. Munich, 1861; in-8°. Sitzungberichte der K. Akademie der Wissenschaften zu Wien : — Math.-Naturwissens. Classe, XLII Band, n° 29; XLII Band, 4-5 Heftes (1*-2 Abth.); XLIV Band, 1°“-2" Heftes (1** Abth.); — Philosophisch-historische Classe, XXXVI Band, 5' Heft, XXXVII Band, 1*"-4'"* Heftes. Vienne, 1861; 10 cahiers in-8°. Archiv für Kiinde österreichischer Geschits-Quellen , her- ausgegeben von der aufgestellten Commission der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, XX VI‘ Band, 1 Hälfte. Vienne. 1861; in-8°. Jahrbuch der kaiserlichen-koniglichen geologischen Reich- sanstalt, XT Jahrgang, n° 2. (April und December). Vienne, 1861 ; gr, in-8°, Det Kongelige norske Frederiks Universitets Stiftelse, frem- stillet i Anledning af dets Halvhundredaarfest af M. J. Monrad. Christiania, 1861; in-8°. Statistiske T'abeller for Kongereget Norge, udgivne efter Foranstaltning af Departementet for det Indre. 20 Raekke. Christiania, 18603 in-8° oblong. Résumé Ge programme de l’université de Christiania pour le premier semestre 1864 (sur les cométes). Introduction par M. le professeur C. Fearnley, Christiania, 1861; in-4°. | d ; a i E ( 489 ) Om siphonodentalium vitreum, en ny Slaegt og Art af Den- talidarnes Familie, af Dr Michael Sars. Christiania, 1861; in-4°. Om kometbanernes Indbyrdes Beliggenhed; af H. Mohn. Christiania, 1861 ; in-4°, Norsk Forfatter-Lexikon, 1814-1856 ; af Jens E. Kraft; udgivet af Christian C. Lange, 1°«-5% Heftes (Aabel-Stang). Christiania, 1857-1860; 5 cahiers in-8°. _ Om Cirklers beroring, af C.-M. Guldberg. Christiania, 1861; in-4°, Stjorn. Norsk Bibelhistorie omfattende Tiden fra Verdens Skalbelse indtil det babyloniske Fangenskab, 1*-4% Heftes. Udgivet af C.-R. Unger. Christiania, 1835-1860; 4 cahiers in-8°, Karlamagnus Saga ok Kappa hans ; fortaellinger om Keiser Karl Magnus og hans Jaevninger i norsk bearbeidelse fra det trettende aar Hundrede, udgivet af C.-R. Unger. II. Christiania, 1860; in-8°. Oversigt af norges Echinodermer ; ved D" Michael Sars. Christiania, 1861; in-8°, Nyt magazin for Naturvidenskaberne , udgives af den phy- siographiske Forening i Christiania ved M. Sars og Th. Kjerulf. Ile Binds, Zë Ate Heftes. Christiania, 1861; 2 broch, in-8°. Beretning om Bodsfoengslets virksomhed i Aaret 1860. Christiania, 1861; in-8°. j Forhandlinger i Videnskabs-Selskabet i Christiania Aar 1860. Christiania, 1860; in-8°. Acta Societatis scientiarum Fennicae, tomus VI. Helsingfors, 1861 ; in-4°, Palæontologie Südrusslands, III und IV; von Dr Alexan- | der voy Nordmann. Helsingfors , 1859-1860; 2 cahiers in-4° et 2 cahiers in-plano (planches), ; Bidrag till Finlands naturkiinnedom , et Nografi och Sta- fistik; utgifna af Finska Vetenskaps-Societeten, I-VI} Häfstets, Helsingfors, 1858-4 861; 7 vol. in-8°. ( 490 ) Bulletin de la Société impériale russe de géographie, A Saint- Pétersbourg, année 1861, n° IT et III. Saint-Pétersbourg, 1861; 2 cahiers in-8°. (En langue russe.) | Mémoires de l’Académie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg , 7° série, t. II, n° 10 et 44. Saint-Pétersbourg, 1861 ; 2 cahiers in-4°. Bulletin de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pé- tersbourg, t. III, n° 6 à 8; t. IV, n° 1 et 2. Saint-Pétersbourg, 1861; 5 cahiers in-4°. Copia estratta dal primo dei dodeci volumi della politica del comm’ pres* Salvatore Fenicia. Naples, 1861 ; in-8°. Sulle origini e sull’ andamento di varii fasci nervosi del cervello ; richerche anatomiche di G. Inzani e di A Lemoigne. Parme, s. d.; in-8°. Appendice I alle Osservazioni critico-storiche sullo spettro luminoso considerato come fotodoscopio ad unnalizzatore il più squisito che abbia la scienza; del prof. F. Zantedeschi. Venise, 1861; in-8°, : Intorno allo spettro luminoso considerato come fotodoscopio od analizzatore il pit squisito che abbia la scienza; osserva- vazioni critico-storiche del prof. Francesco Zantedeschi. Venise. 1861; in-8°. Memorias de la real Academia de sciencias morales y poli- ticas, t. I, parte 1°. Madrid, 1861 ; gr. in-8°. ; Discursos pronunciados en la real Academia de sciencias morales y politicas , con motivo de la recepcion publica; del ilmo. Sr. d. Miguel Sanz y Lafuente, en 27 de mayo de 1860. Madrid, 1860; gr. in-8°. Report of the thirtieth meeting of the british Association for the advancement of science; held at Oxford in june and july 1860. Londres, 1861 ; in-8°. The quarterly Journal of the chemical Society, n° LV. Lon- dres, 1861; in-8°. . Statistical report on the sicknees and mortality in the army ( 491 ) of the United States, compiled from the records of the surgeon general’s office ; embracing a period of five years, from january 1855, to january 1860. Prepared by Richard H. Coolidge. Washington, 1860; in-4°, Annual report of brevet lieut. col. J.-D. Graham, on the improvement of the harbors of lake Michigan, S'-Clair, Erie, Ontario, and Champlain, for the year 1860. Washington , 1860; in-8°. Extension of the goodyear patent ; by J. Holt. Washington, 1858; in-8 Contribuciones de Colombia a las ciencias i a las artes, publicadas con la cooperacion de la Sociedad de naturalistas Neo-Grenadinos, por E. Uricoechea. Año primero, pp. 107-170. Bogota, 1860; in-8°. Fin pu tome XII DE LA 2% SERIE. BULLETINS DE *L ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABETIQUES DU TOME DOUZIEME DE LA DEUXIEME SERIE. 1861. TABLE DES AUTEURS. A Alvin. — A propos d'un vers d'André Chénier, note, 68; promet des notices biographiques pour l'Annuaire, 221; élu membre de la com- Mission spéciale des finanees, 376 Anonyme. — Demande à aber en possession d'un poëme de concours, a — Communique quelques détails sur les fouilles faites à Aix-la- Chapels pour constater la place du tombeau de Charlemagne, 220 ; rapport sur le programme á formuler pour le concours de Stassart, 275 ; des recherches faites dans la cathédrale antag pour retrouver le tombeau de Charlemagne , notice, B. Baguet. — Commissaire pour un mémoire de M. Wagener, 57; rapport - Sur Ce mémoire , 216. 494 TABLE DES AUTEURS.- Bal. Lanpeat du ranecanre nnal leg eat VD IO en taille-douce , 162. Bède (E.). — Présentation d'un Mémoire sur la (tains entre les phéno- menes de la capillarité et de Pendosmose , 172 Benoit (Pierre). — Exécution de Pouverture de son opéra le Roi des Aulnes , lors de la séance oi a du 24 septembre, 157 Seria. — Dépôt des observations botaniques faites à Melle en 1861, 254. Bienaymé. — Observations relatives : à la résolution des équations nume- riques données par Simon Stévin , note 5. Blommaert. — Hommage d'un ouvrage , 208. Boyaers. — Hommage d'un ouvrage, 208. Borgnet. — Commissaire pour Pexamen de la carte des Gaules au temps de Jules César, 519. Bormans. — Commissaire faite un mémoire de M. Wagener, 57 ; rapport sur ce mémoire , 218; sur un fragment inédit de Maerlant (Waturen oeme) , 58 ; sur Pouv zë Naturen Bloeme de Maerlant et sur des fragments nouveaux relatifs à cet ouvrage, 555. Bourgmestre @ Anvers (le). — Hommage d’un ouvrage, 574. Braemt. — Situation de la Caisse des artistes, 62; propose la fondation de bourses par cette Caisse, 445; annonce de l'offre faite par M. Gallait d'exposer, au profit de la Caisse, le portrait de Pie IX, 155; résultats produits. par cette exposition , 278. Braquaval ( Madame Pauline). — Auteur du poéme couronné destiné au grand concours de ue musicale de 1861, 62, 162; Agar dans le désert, cantate couron 64, Bultinck (Edm.). — Présentation J notices sur l'électricité, le galvanisme et Je magnétisme, 172 Cc Candèze (E.). — Hommage d’un ouvrage, 172. Cantù (César). — Remerciments pour sa nomination d’associé , 55. Chalon (Rénier). — Hommage d'ouvrages , 125, 208. Coemans (Eugéne). — Rapports de MM. Spring et Kickx sur sa monogra- ghie du genre Pilobolus Tode, etc., 8, 12. D. Daussoigne-Mehul.— Commissaire pour une note de M. Van Poucke rela- tive à Padoption d’un diapason musical uniforme, 154. + TABLE DES AUTEURS. 495 De Bonnechose (Emile). — Hommage d'un ouvrage, 208. De Borre (Alfred). — Dépôt de ses observations botaniques faites a Jemeppe en 1861 , 254. i De Bruxelles (Édouard). — Lauréat du grand concours de peinture, 162. De Busscher. — Peintures murales, 71; hommages d'un ouvrage, 155; promet une notice eg pour Annuaire sur M. Bogaerts, 221; presentation de cette notice De Caligny (Le ri — Se de MM. De Vaux et Duprez sur sa | notice, De Pucker, — Délégué de la classe des lettres au Congrès artistique d'Anvers, 56. De Koninck. — Délégué de la classe des sciences au Congrès artistique d'Anvers, 5; appelle l'attention de la re des lettres sur quelques fragments de poteries recueillis à Anvers, 59; commissaire pour une notice de M. Dupont, 235; rapport sur em notice, 292. net. — Hommage d'un ouvrage, 276. D’Olincourt. — Mémoire sur les moyens d’accroitre la richesse agri- 6,295; D'Omalius.— Commissaire pour une notice de M. Dupont, 255 ; rapport sur cette notice, 291; commissaire pour une notice de M. D’Olin- court, 255. De Ram. — Commissaire pour. des modifications à apporter au règlement des prix quinquemaux, 3; rapport sur ces modifications, 141 ; délégué de la classe des mire au Congrès artistique d’Anvers, 56; hommage d’un ouvrage, De Saint-Genois (Le baron). — Délégué de la classe des lettres au Congrès artistique d'Anvers, 56. pe henchamps.- — ees sur la société de pisciculture qui des essais de pisciculture faits es, près a de Bed stereo coe einem pour un travail de M. Morr ites à Waremme en 1861, Br sur des: animaux vertébrés de la Belgique, uliles ou nui- | sibles à l'agriculture, 418. à - — Notice sur M. le chanoine B. De Smet, professeur et poëte nme, 560. Desnoyers, — Offre, au nom de la Société de l'histoire de France, deux copies de manuscrits de Georges Chastellain , 121. - D'Udekem. — Notice sur les organes génitaux des OE olosoma et des Che- togaster, 245. PAs — Chargé de l'exécution de la carte géologique d'Anvers, 2; > SERIE, TOME Xil. 5 ~ 496 TABLE DES AUTEURS. dépôt des phénomènes périodiques observés à Stavelot en 1860, 5. Duboix. — Note sur un appareil électrique destiné à des essais de pêche en mer, 2; E de m Yan en sur “apes ent. e Du Bus (Le vicomte). icult vient de se reen 35 délégué de la classe des sciences au congé artistique d'Anvers , 5; annonce la ‘découverte d'ossements fossiles à Anvers, 54. Ducpetiaux. — Hommage d’un ouvrage, 208. Dupont. — Lauréat du grand concours de composition musicale de 1861, ; . + Dupont (Edouard). —Notice sur les gîtes de fossiles du calcaire des bandes carboniféres de Florenneet de Dinant,255, 295; rapports de MM. d’Oma- lius, De Koninck et Van Beneden sur cette notice, 291, 292, 295. Duprez. — Commissaire pour un mémoire de M. Plateau, 7; rapport sur ce mémoire, 95; commissaire pour un mémoire de M. Bède, 172; com- missaire pour une notice de M. Bultinck, 172; chargé par le Ministre d’un rapport sur le meilleur mode de construction et de placement de paratonnerres, 254; commissaire pour un mémoire de M. Perrey, 989. - F. Fabre: geg e (A). — Note sur une nouvelle altération frauduleuse du Di #72. Fétis (Ed.). — Situation de la Caisse des artistes, 62, 143; propose la fondation de bourses dans cette Caisse , 145 ; fait connaître que M. Gal- lait offre d'exposer , au profit de la Caisse, son portrait de Pie IX, 155. Fetis (F.). — Commissaire pour une note relative à l'adoption d’un diapason musical par M. Van Poucke, 154; promet une notice biographique pour Annuaire sur M. Snel, 221; considérations sur la difficulté d'adopter un diapason musical uniforme , 277. Fritsch pag — Dépôt des observations botaniques faites à Vienne en 1861, G. Cachard. — Commissaire pour des modifications à apporter au règlement des prix quinquennaux, 3; adresse de la Haye des renseignements relatifs aux manuscrits de Georges Chastellain, 122; adresse les livres offerts à la Commission royale d'histoire et destinés à Ja bibliothèque TABLE DES AUTEURS. kee? 497 . de l’Académie, 272; communication relative à des pièces manuscrites de la marquise Du Châtelet et de Voltaire, 275. po Bastant (Louis). — Envoi d'un manuscrit sur des produits chi- miques , 94. Galima ei — Hommage de deux photographies, 276. ae — Offre d'exposer, au profit de la Caisse des artistes, son por- rait du pape Pie 155 En. (Francis). — a TE meteorologiques, 234. Ibert. — Observations sur la carte du e M. Miani, 17; rapport de M. Nerenburger sur cette n a 14; on Aee d'un mémoire sur la diffraction, 94; rapport verbal de M. Schaar sur ce mémoire, 378. Gloesener. — Hommage d’un ouvrage, 255. Gosse (L.-4.). — Présentation d'une monographie de P Erythrozylon coca, 93; haen de MM. Kickx, Spring et Martens sur ce mémoire , 255, 257, 258. H. Hanssens. — Commissaire pou te relative à adoption d'un diapason musical par M. Van Poucke, A34. ansteen. — Lettre à M. Ad. Quetelet sur la variation de Pinclinaison annuelle à bes vatoire de Bruxelles , 186. Herrick (Édouard-C.).— Sur les étoiles filantes observées aux Etats-Unis , au mois d’aoüt 1861, 175. Herschel (sie John). — Hommage d'ouvrages, 172. mans. — Hommage d’un ouvrage , 94 Hubner, — Note sur quelques dérivés du chlorure d’acetyle, 262; rapport de M. Martens sur cette note , 241. J. Juste. — Hommage d'un ouvrage , 208. K. ` Kervyn de Lettenhove. — L'Europe au siècle de Philippe le Bel (notes et extraits), 123; communication relative á la publication des monuments de la littérature francaise produits en Belgique, 220; note sur le texte des documents relatifs à saint Bernard , conservés dans un manuscrit dela dr el de Bourgogne , 559. Kicke, — Rapport sur la monographie du genre Pilobolus Tode, etc., de 498 TABLE DES AUTEURS. M. Coemans, 12; commissaire pour un mémoire de M. Gosse, 95; rap- port sur ce mémoire, 255; commissaire pour un travail de M. Morren, 254; commissaire pour une notice de M.Piré, 235; rapport sur cetle notice, 290 ; rapport sur une notice de M. Wesmael, relative à une hy- bride de Cirsium, 240; issai lle notice deM Wes- E mael, 289. L. Lamarle. — Commissaire pour un mémoire de M. Gilbert, 94; commis- saire pour un mémoire de M. Bède, 172; commissaire pour une notice de M. Zenger, 172. Leclercg. — Commissaire Sn des modifications á apporter au réglement des prix quinquennaux , 5; rapport sur ces modifications, 141. _ Legendre (Léonce Alexis). — Lauréat du grand concours = peinture, 162; obtient, par arrété royal, la pension de 2,500 frane Liagre. — Commissaire pour des modifications à i au reglement des prix quinquennaux, 3; rapport sur ces modifications, 141; délégué de la classe des sciences au Congrés artistique d’Anvers, 5; discours sur la structure de Punivers, 379 Linneman. — Note sur le sulfure de eyanogéne, 113; rapport de M. Stas sur cette note, 96. M. Martens. — Commissaire pour un mémoire de M. Gosse, 957 rapport sur ce mémoire , 258 ; commissaire pour un mémoire de M. d’Olincourt, 3939; rapport sur une note de M. Hubner, relative à Ween dérivés du chlo- rure d’acetyle, 241; commissaire pour un e de M. Wesmael, 289. Ministre de l’intérieur. — Annonce que M. oh a été chargé de faire la carte géologique d'Anvers , 2; envoi d'une note de M. Dubois sur un nouvel essai de pêche maritime, 2; lettre relative à des modifications à apporter au règlement des prix quinquennaux , 2; lettre relative à Pin- stitution d’une société de pisciculture, 3; don de manuscrits ayant ap- partenu à l'Académie, 56; lettre relative à la mise en musique dune cantate couronnée, 61; annonce l'exécution du buste de Tilman Suys, 44 54; annonce l'exécution des cantates couronnées, et noms des lauréats, 143, 155; demande à disposer de la salle des séances pu- ee por = réunion BR la —" des emgeet? , 154; adresse , 154; transmet un arreté sur les prix quinquennaux , 206; demande pa CN. Duprez for- . TABLE DES AUTEURS. 499 mule un rapport sur le son mode de construction et de placement de paratonnerres, 234; lettre relative à l'impression des chroniques de Georges Chastelain , 272; invite l'Académie à nommer le jury pour le prix quinquennal des sciences naturelles, 289; invite l'Académie à dési- ‘gner les membres appelés à former le jury pour le prix triennal de littérature francaise, 319; communique l'arrêté royal qui accorde la pension de 2,500 francs à M. To e, 574, rt de EE publique de France. — Hommage d'un ou- , 518. | rarosa — Sur la queue des cométes, 255. Morren (Édouard). — Observations diverses de botanique et de zoologie, 254; élu correspondant de la classe des sciences, 378. N. Nerenburger. — E sur la note de M. Gilbert, relative à la carte du Nil de M. Miani | Nève (Félix). — oe d’un ouvrage, 519. yst. — Notice sur un nouveau gite de fossiles se rapportant aux espèces faluniennes du midi de Europe , découvert à Edeghem, près d'Anvers, 29; descriptions succinctes de dix espèces nouvelles de coquilles fossiles du crag noir d’Edeghem, près d'Anvers, 188; note sur une nouvelle espèce de coquille du genre Pecten , trouvée dans le crag noir d'Anvers. ainsi qugsur un gisement à échinodermes , bryozoaires et foramini- fères , 198. O. Oppelt (G.). — Hommage d'un ouvrage, 319. Ozeray. — Hommage d'un manuscrit de feu son père, 208. Pp. Partoes. — Élu membre de la commission des finances de la classe des s, 376. . Perrey (Alexis). — Présentation d'un mémoire sur les tremblements de terre, observés en 1859 , 289. Piré (Louis). — Notice sur quelques plantes recueillies aux environs de Bruxelles, 235; rapport de M. Kickx sur cette notice, 290. Plateau. — Présentation de son sixième mémoire sur les recherches expé- 500 TABLE DES AUTEURS. rimentales et théoriques des figures d’équilibre d'une masse liquide sans pesanteur, 7; rapports de MM. Duprez, Timmermans et Quetelet sur ce mémoire, 95; commissaire pour un mémoire de M. Gilbert, 94; com- missaire pour un mémoire de M. Bède, 172; commissaire pour une no- tice de M. Bultinek, 172, Polain. — Sur la découverte du texte primitif de la chronique de Jean le Bel, 546. Portaels. — Appelle Pattention de PAcadámio sur l'insuffisance de la pen- sion des lauréats des grands concours, Q. Lg Ce ).— pte des phénoménes huge observés 4 Bruxelles n 186 , 288; commissaire pour un mémoire de M. Plateau, e sur Le it cométe de juillet 1861 , H variations des instruments e? KEN pendant. = orages du 20 et du 21 juin 1861, 16; sur la , 99; sur le système décimal, 110; met sous les yeux de la classe des sciences une gravure ONS la comète de Donati, 113; sur les étoiles filantes du mois d'août 1861, 175; commissaire pour une note de M. Mols-Marchal, 235; commissaire pour errey , 289 rouge (Ernest). — Observations sur la comète II de 1861, 1414. Questeurs du Sénat et de la Chambre des Représentants (Les). — Envoi a cartes pour les tribunes réservées, 318, 4 R. Renard (Bruno). — Annonce de son décès , 61. Roulez. — recrea = un E de M. Wagener, 57; rapport sur ce mémoir uvrage, 123; commissaire pour Pexa- men de la Carte d Canes au temps de Zoe César, 319. Sancho es. — Hommage, au nom du gouvernement espagnol, d'un ou- vrage, serpin ງ — Dépôt d b ti té faites à Rom 5, 94, 288; sur les étoiles fitantes oheerydes 4 Rome d'août ‘bia: Schaar. — em y un mémoire de M. Gilbert , 94; rapport ver- bal sur ce mémoire, + TABLE DES AUTEURS, 501 Spring. — Rapport sur la monographie du genre Pilobolus Tode, etc, de M. Coemans, 8; commissaire pour un mémoire de M. Gosse, 93; rapport sur ce mémoire, 257. Stas. — Commissaire pour des modifications à apporter au règlement des prix ER 5; rapport sur ces modifications, 141 ; rapport sur une note de M. Linneman, 96; commissaire pour une note de M. Fabre- a 172; pi ib pour une note de M. Swarts, 172; rapport sur cette note Steichen. — Elu Sege de Ja classe des sciences, 578. Suys (T.-F.). — Annonce de sa mort, 142. Swarts (Th.). — Note concernant l’action du brome sur le camphre, 172, 254; rapport de M. Stas sur cette note, 242. E, Timmermans. — Commissaire pour un mémoire de M. Plateau , 7; com- missaire pour une notice de M. Zenger, 172. Thonissen. — Hommage d'ouvrages, 272. U. Université de Christiania, — Hommage de deux médailles, 375. V. . © ‘alentin. — Élu associé de la classe des sciences, 378. Fan Beneden. — Commissaire pour une note de M. Dubois, 2; rapport sur cette note, 95; commissaire pour des modifications à apporter au règlement des prix quinquennaux, 3; un mammifére nouveau du crag d'Anvers, 22; donne une relation du voyage scientifique qu'il vient de faire en Allemagne, 202; commissaire pour une notice de M. Dupont , 233 ; rapport de eeng notice, 295 ; hommage d'un ouvrage, die la côté d'Ostende et les fouilles d'Anvers, 4 velpen. — Lauréat du grand concours de composition } musicale de1861, 145, 163. Fan Hasselt. — Discours prononcé sur la tombe de M. Bruno Renard ,. 61, 64; discours prononcé sur la tombe de M. Tilman Suys, 142, 144; mission de l'artiste, pièce de poésie, 155, 157; promet des notices bio- en pour l'Annuaire sur MM. Renard et Suys, 221. btient une mention honorable au grand concours deso oh musicale de 1861, 1 502 TABLE DES AUTEURS, Fan Oemberg. — Chargé de l'exécution du buste de feu M. T. Suys, 154. Ferhas. — Lauréat du grand concours de peinture, 162. Vieuxtemps. — Annonce qu'il se fera entendre deeg la séance publique du 24 septembre, 154; exécution d’un concerto en la mineur, lors de cette séance, 161, W. Wagener. — Son mémoire sur la symphonie des anciens est renvoyé à l'examen de la classe des lettres , 57; > GT ts de MM. Roulez , Baguet et Bormans sur ce mémoire, 208, IF auters.— Commissaire pour en de la Carte des Gaules au temps de Jules César, 319. IF esmael (4.). — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Vilvorde en 1860,5; notice sur une hybride de Cirsium, 230; rapport de M. Kickx sur cette notice, 240; notes sur quelques linen rares, nou- velles ou critiques de la flore de Belgique , 289. W indischmann (Frédéric). — Annonce de sa mort, 206. 2. Zenger (Ch.). — Sur les indices de réfraction 4472, k, : 2 d = Si TABLE DES MATIERES. A. ແ — Annonce de la découverte de poteries à Anvers, par M. De Koninck, 59; des recherches faites dans la cathédrale d’Aix-la-Cha- pelle, ri retrouver le tombeau de Charlemagne, par M. Arendt, 520; annonce de ce travail, 220. Anatomie comparée. — Voir Zoologie. Astronomie. — Sur la grande comete de juillet 1861, par M. Ad. Quetelet, 14; observations de la comète n° 11 de 1861, par M. Ernest Quetelet , 111; étoiles filantes du mois d'août 1861, observées à Bruxelles, notice de M. Ad. Quetelet, 73; sur le même phénomène observé aux Etats-Unis , lettre adressée à M. Quetelet par M. Édouard-C. Herrick, 175; sur le même po. rip à Së lettre à M. Quetelet par Mme Cathe- rine Scary we de Punivers, par M. Liagre, 579. B. Biographie. — Discours prononcé pár M. Van Hasselt sur la tombe de M. Bruno Renard , 64; discours prononcé par le même sur la tombe de M. Tilman-- François Suys; 144; notice sur M. le chanoine B. De Smet, professeur et poëte distingué, par J.-J. De Smet, “a = nn. de MM. sc? ing et ce ër sur la monograph du e M. Kickx sur une Se de M. Piré, ads à ti Dames D. dans les environs de Bruxelles, 290. 504 TABLE DES MATIÈRES, C. Caisse centrale des artistes belges. — Situation, présentée par MM. ote Fétis et Braemt, 62; proposition, par M. Braemt, de fonder des bourse et décision de la classe des beaux-arts à cet égard, 145; mes du portrait du pape Pie IX, 155; résultats de cette exposition, 278. Chimie. — Note sur le sulfure de cyanogène, par M. Linneman , 115; rap- port de M. Stas sur cette note, 96; note sur quelques dérivés du chlo- rure d’acétyle, par M. Hübner, 262; rapport de M. Martens sur cette note, 241; de l’action du brome sur le camphre, note par M. Swarts, 254; rapport de M. Stas sur cette note , 2 Commissions. — Chargée de reviser le règlement des prix quinquennaux , 5; commission spéciale des finances des classes des sciences et des beaux-arts réélue, 317, 376. Concours de tomguaition musicale (Grands). — Mme Pauline Braquaval, auteur du poéme couronné, 61.; lauréats du concours de 1861 pour la ie musicale, Concours de la classe des beaux-arts. — Programme de 1862, 62; ajour- nement du concours pour le prix Ah nee i hg en gees? douce , 144; résultats de 1856-1861, 1 Concours de la classe des latios. = — Garston ag Age pour l’année 863, 57. Concours de la classe des sciences. — Résultats du concours de 1861, 578. Concours de peinture (Grand). — Proclamation des résultats du concours de 1860 , 143, 163; communication de M. Portaels sur l'insuffisance de la pension accordée aux lauréats, Concours pour le prix de asi — - Rapport de M. Arendt sur le pro- gramme à formuler, 273; programme de concours pour une notice bio- graphique sur Van Helmont , 274. Congrés. — Délégués des trois classes au Congrès artistique d'Anvers, 3, 56; 28me session du Congrès scientifique de France, 56 D. Dons. — De regi i à l'Académie, par le Mi- nistre de l’intérieur, 56; d'un ouvrage, par M. Holtmans , 94; de copies de manuscrits de Chastellain, par la Société de l'histoire de France, 122; d’un ouvrage, par M. de Ram, 125; ib., par M. Roulez , 125; ib., par M. Chalon , 125, 208; 4b. , par M eg ib., par le Ministre TABLE DES MATIERES. 505 résident d'Espagne, 171 ; ¿b., par sir John Herschel, 172; 4b. par M. Can- déze, 172; d'un manuscrit de feu son père, par M. Ozeray, 208; d'un ouvrage, par M. Ducpetiaux, 208; ¿b., par M. Juste, 208; ¿b., par M. Blom- maert, 208; db., par M. Emile de dias: ose , 208; ib., par M. Bogaers, 208; ib., par M. Gloesener, 255; ¿b., par M. Thonissen, 272; de deux photographies, par M. Galimard, 276; d'un ouvrage, par M. Demanet, 276; ¿b., par M. Van Beneden , 288; de cartes d'entrée pour les tribunes, par MM, les questeurs du Sénat et de la Chambre, 318; d'une carte des Gaules, par le Ministre de l'instruction publique de France, 318; ou- vrages, par MM. Oppelt et Neve, 319; ¿b., par le bourgmestre d'Anvers, 574; médailles, par l'université de Christiania, 575. E. Elections. — M. César Cantú, adresse des remerciments au sujet de son élection d'associé, 55; MM. Valentin, Ed. Morren et Steichen élus as- socié et correspondants de la classe des sciences, 578. G. Géographie. — Observations sur A carte du Nil de M. Miani, 17; rapport de M. Nerenburger sur cette note, 14. Géologie. — M. Dewalque est meit par le Ministre de l'intérieur, de tracer la carte géologique d’Anvers, 2. H. Histoire. — L'Europe au siècle de Philippe le Bel (notes et extraits), par M. le baron Kervyn, 125. Histoire littéraire — Communication de M. Gachard annonçant la décou- verte de documents manuscrites relatifs à Voltaire et à la marquise du Châtelet , 275; sur la découverte du texte primitif de la Chronique de ean le Bel, par M. Polain , 346. L. Littérature dramatique A — Composition du jury pour la deuxiéme période , 319 M. Mathématiques. — Observations de M. Bienaymé, relatives à la résolution ` 506 TABLE DES MATIERES. des équations og données par Simon Stévin, 6; sur le systéme décimal, par M. Ad Quetelet, 140. Météorologie et e ysique du globe. — Variations des instruments de mé- téorologie, pendant les orages du 20 et du 21 juin 1861, par M. Ad. Quetelet, 16; sur la variation de Pinclinaison eech à l'observatoire royal de Bruxelles, lettre à M Ad. Quetelet, par M. Hansteen , 186. Monuments de la littérature française. — Don fait par la Société de l'histoire de France de copies de manuscrits de Chastellain et annonce , par M. Gachard , de documents découvertes dans la bibliothèque de la Haye, 122 ; communication de M. Kervyn de Lettenhove, relative à la publication de ces monuments, 220 ; lettre ministérielle relative à cette publication, 272. i Musique. — Le mémoire sur la symphonie des anciens de M. Wagener est renvoyé à l'examen de la classe des lettres, 57; rapports de MM. Rou- lez, Bagnet et Bormans sur ce mémoire , 208 , 216, 218; considérations de M. Fr. Fétis, sur la difficulté de se mettre d'accord sur la valeur diapason uniforme, 277. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. Renard, 61; de la mort de M. Suys , 142; dela mort de M. F. Windischmann, 206. O. Ouvrages présentés. — 85,149, 222, 278, 483. D. Paléographie. — Sur un fragment inédit de Maerlant (Vaturen Bloeme) ; par M. Bormans, 58; sur l'ouvrage Vaturen bloemen de Maerlant et sur des fragments nouveaux relatifs à cet ouvrage, 553; note sur le texte des documents relatifs a saint Bernard, conservés dans un manuscrit de la Biblothèque de Bourgogne, par M. Kervyn de Lettenhove, 559 Paleontologie. — Sur un mammifére nouveau du crag d’Anvers, par P.-J. Van Beneden, 22; notice sur un nouveau gite de fossiles se rappor- tant aux espèces du midi de l'Europe, découvert à Edeghem, pres d’Anvers, par M. Nyst, ; descriptions suecinetes de dix espèces nou velles de coquilles fossiles du crag noir d’Edeghem, près d'Anvers, par EE E di ert i OS EU Re RET D MERI PE PUR ae EE eee a Ce EE SUITE E E, a) ee SEE ETRE TABLE DES MATIERES. 507 le même, 188; notice sur une nouvelle espèce de coquille fossile du genre Pecten, trouvé dans le crag noir d’Anyers, ainsi que sur un gise- ment a échinodermes , bryozoaires et RATO , par le méme, 198; relation, par M. Van “Benede en, de son voyage n Allemagne, pour visiter les musées paléontologiques , 202; notice sur eg gites de fossiles du calcaire des bandes carboniféres de Florennes et de Dinant, par M. Edouard Dupont, 295; rapports de MM. d'Omalius, De Koninck et Van Beneden sur cette notice, 291, 292, 295 Peinture. — Peintures murales par M. De Busscher, 71. Phénoménes périodiques. — Dépot des observations faites, 5, 94, 254, Physique. — Rapport de M. Duprez sur un mémoire de M. Plateau inti- tulée ` Recherches expérimentales sur les figures d’équilibre d'une mast liquide (6° série), 95. — A propos d’un vers d'André Chénier, par M. Alvin, 68; mission de artiste, pièce de vers, par M. Van ee 157; Agar dans le désert, cantate couronnée, par M. Pauline Braqua 64. Prix quinquennaux. — Lettre SE mg à des modifications à apporter au règlement, 2; décision prise par la commission nommée à cet effet, 141; arrêté royal modifiant le règlement pour les prix quinquennaux, 207; formation du jury pour le concours des sciences naturelles, 289. R. Rapports. — De M. Selys-Longchamps sur des essais de pisciculture faits a os 4; de am Ge et Kickx sur une wën de M. Coemans, concernan Pilobolus Tode, ete ,8, 12; de M. Ne- Bësse sur une > notice de M. Gilbert, ie à Ge enge sur la carte du Nil de M. Miani, 14;de M. Duprez, sur un mémoire M. Plateau relatif aux recherches expérimentales et théoriques sur = figures d'équilibre d’une masse liquide (6° serie), 95; de M. Van Beneden, sur une notice de M. Duboix, relative à des essais de pêche maritine , 95; verbaux de MM. De Vaux et Duprez sur une notice de M. Caligny, relative à des Ge , 96; de MM. Roulez, Baguet et Bormans sur un mémoire de M. Wagener, relative á la sympbonie des anciens, 208, 216, 218 ; de MM. Kickx, Spring et Martens, sur un mémoire de M Gosse, relatif à P Erhytrozylon coca, 255, 257, 258; de M. Kickx sur une notice de M. Wesmael relative à un hybride de Cérsium, 240; de M. Martens sur une note de M. Hubner, concernant quelques dérivés du chlorure d’acétyle , 241; de M. Stas, sur une note de M. Swarts relative © 508 TABLE DES MATIERES. á Paction du brome sur le camphre, 242; de M. Arendt sur le pro- gramme à formuler pour le prix perpétuel de Stassart, 275, de M. Kickx sur une note de M. Piré, relative à quelques plantes recueillies dans les environs de Bruxelles , 290; de MM. D’Omalius, De Koninck et Van Be- neden sur une notice de M. Dupont relative á des gites de fossiles du calcaire des bandes carboniféres de Florennes et de Dinant, 291 , 292, 293. S. Sculpture. — Exécution du buste de feu Suys, confiée 4 M. Van Oemberg, par le Ministre de Pintérieur, 154. Statistique. — Sur la statistique générale des différents pays, par M. Ad. Quetelet, Z. Zoologie. — Lettre eeng relative à Pinstitution d’une société de pisciculture, 3; rappo: . de Selys-Longchamps sur ce sujet, 4; rapport de M. Van zm sur des essais de pêche maritime proposés par M. Duboix, 95; communication de M. de Selys-Longchamps sur divers essais de pisciculture faits à Longchamps , près de Waremme, 205; notice sur les organes génitaux des OEolosoma et des Chetogaster, par M. d’Udekem, 245; sur les animaux vertébrés de la Belgique, per ou nuisibles pour Pagriculture, par M. de Selys-Longchamps, 418; côte d'Ostende et les fouilles d'Anvers, par M. Van Beneden, 455. ERRATUM. Bulletins , tome XI (2me série), pag. 563, lig. 3, : au lieu de: quatorzième siècle, lisez : dix-septième si