des BULLETINS DE L'ACADENIE ROYALE DES Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE. 00": ANNÉE, gms SERIE, it XXXI 1896 as BRUXELLES, ae HAYEZ, IMPRIMEUR DE L "ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, | DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. | Rue de Louvain, 42. ; 806 Mo, Bot. -par w BULLETINS L'ACADÉMIE ROYALE Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE, BULLETINS L'ACADEMIE ROYALE Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE. 66 ANNÉE. — 3% SERIE, T. 52. 1896 BRUXELLES, HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, Rue de Louvain, 112. 1896 Mo. Bat. Garden, Eene st BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1896. — N° 7. 4 CLASSE DES SCIENCES. Séance du 4 juillet 1896. M. Ar. BriaLmonr, directeur, président de l’Académie. M. le chevalier Ep. Marcmau, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alfr. Gilkinet, vice-directeur ; le + baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, G. Dewalque, = E., Candèze, Éd. Dupont, C. Malaise, F. Folie, F. Pla- | teau, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mens- | _ brugghe, W. Spring, L. Henry, P. Mansion, J. Delboeuf, + P.De Heen, C. Le Paige, Ch. Lagrange, F. Terby, J. Deruyts, H. Valerius, L. Fredericq, membres; Ch. de la | Vallée Poussin, associé; J.-B. Masius, A.-F. Renard. | L. Errera, J. Neuberg, Alb. Lancaster, G. Cesàro, cor- = respondants. 5" SÉRIE, TOME XXXII. 1 (2) CORRESPONDANCE. La Classe prend notification de la mort de sir Joseph Prestwich, associé de la section des sciences naturelles, décédé à Darent-Hulme, Shoreham, Sevenoacks (Londres), le 25 juin dernier. Elle accepte le dépôt dans les archives de l'Académie de deux billets cachetés de M. Ch. Lagrange, datés, l’un du 25 juin et l’autre du 4 juillet 1896. — M. le Ministre de la Guerre envoie, pour la biblio- thèque de l’Académie, la Ste livraison de la carte topo- graphique de la Belgique à Féchelle du 40,000° (édition en couleurs). — Remerciements. Hommages d'ouvrages : le Le progres dans la connaissance des Odonates. — Mémoire présenté au troisième Congrès international de zoologie de Leyde, le 45 septembre 1895; par Edm. de Selys Lengehamps ; 2 a. Note sur le genre métacordaite ; b. Sur quelques bactéries dévoniennes, par B. Renault, associé à Paris; 5° Handbuch der Gewebelehre des Menschen, II, 2; par A. Koelliker, associé à Wurtzbourg; % Le Pithecanthropus erectus, par le Dr E. Houzé; et Pon chin elan Y PERTEN rhenen dar etn Sannes dehik PO à dl 1 (3) | 5° De l’eau potable à tous sans obérer la masse de per- ‘sonne; par C.-J. Tackels. — Remerciements. — Travaux manuscrits à l'examen : 1° Sur les fonctions hypergéométriques d'ordre supérieur; par J. Beaupain, ingénieur au Corps des mines, ete. — Commissaires : MM. J. Deruyts, Le Paige et Mansion; 2 Contribution à l'étude des quinhydrones. Quinhy- drones mixtes; par Alfred Biltuis, docteur en sciences naturelles. — Commissaires : MM. Spring et Henry; 5° Recherches sur le phénoxacétate d'éthyle sodé; par le D" A.-J.-J. Vandevelde, assistant à l'Université de Gand. — Mêmes commissaires; 4° Étude sur l'action de Veffluve électrique; par A. de Hemptinne. — Commissaires : MM. De Heen et Spring; De Les variations qu'on observe dans l'intensité de lat- tention volontaire des élèves sont dues essentiellement aux variations de la température atmosphérique. — Recherches expérimentales dans les écoles primaires d'Anvers (1895- 1896). Première communication ; par le Dr M.-C. Schuy- ten, professeur agrégé de l’enseignement moyen du degré supérieur. — Commissaires : MM. J. Delbceuf et L. Fre- dericq ; 6° Observation de la formule n; par E. Vial, à Schaer- beek. — Commissaire : M. Mansion. bus p RAPPORTS. Etude de la synthèse du benzène par l'action du zinc-éthyle sur l’acétophénone (cinquième communication); par Maurice Delacre, correspondant de l'Académie. ` Rapport de M, Louis Henry, premier commissaire « L'Académie sait que M. Delacre poursuit, depuis plusieurs années déjà, des études sur la synthèse de la benzine par l’action du zinc-éthyle sur l’acétophénone. Sa présente communication est la cinquième de celles qu'il a faites jusqu'ici sur cette question fondamentale. La réaction qu'il met en jeu se montre d'une grande fécondité par le nombre des produits qu’elle permet d'obtenir ou de dériver. Les études de M. Delacre se rattachent à ce que liso- mérie présente de plus minutieux ; elles fournissent bon nombre d'observations intéressantes sur les causes et la nature des agents qui provoquent la transformation de ces composés les uns dans les autres. On voit que l’on est là en plein dans le domaine de la stéréochimie. Ce serait certainement soumettre la longanimité de l’Académie à une épreuve peu profitable que de vouloir suivre M. Delacre dans la description et le détail des faits signalés par lui et qui me paraissent avoir été observés avec beaucoup de soin. ER ee Pane Tr IP CT) Je me bornerai à dire que, dans son nouveau mémoire, M. Delacre décrit quatre isomères nouveaux de la dypno- pinacoline et qu'il est arrivé au moyen de l’un d'eux à une Synthèse nouvelle du benzène. Le nombre des iso- mères de ce composé constaté Jusqu'ici s'élève à neuf. Le sujet des recherches de M. Delacre est d’un genre ardu. Je me plais à constâter l’inaltérable patience avec laquelle mon jeune confrère en poursuit le cours au milieu de difficultés variées; j'ai la confiance qu’elle lui vaudra plus tard des succès réels quant au but final qu'il se propose d'atteindre. J'ai l'honneur de proposer à l’Académie l'insertion de la communication de M. Delacre dans le Bulletin de sa séance. » M. Spring, second commissaire, se rallie à cette pro- position, qui est adoptée par la Classe. Sur les solutions multiples du problème des comètes ; par Ern. Pasquier, professeur à l'Université de Louvain. Rapport de M, Ch, Lagrange, premier commissaire. « 1. Ce travail a pour objet de déterminer le nombre des racines positives de l'équation de degré supérieur qui, dans la recherche de l'orbite par trois observations, fait Connaître la distance géocentrique de la comète lors de CE) la deuxième observation. Cette distance est lune des racines de l'équation : on choisit celle qui représente le mieux le lieu moyen. D'ailleurs, les calculs de l’auteur ne sont qu'une exten- sion du mode de diseussion employé par Oppolzer, pour traiter ce problème des solutions multiples; ils s’appli- quent : 1° à la méthode d’Olbers; 2 à celle qu'Oppolzer lui-même a proposé de substituer, dans certains cas, à la méthode d’Olbers. La nature très spéciale du sujet oblige, pour rendre un rapport compréhensible, à rappeler, dans sa généralité et en quelques traits, la position de la question. 2. Soient S le soleil; T la terre; C la comète; Sy un équinoxe; ST = R; L la longitude de la terre; SC = r; TC = p; À, 4 la longitude et la latitude héliocentriques de C; Sz, Sy, Sz trois axes rectangulaires, les Sx, Sy étant dans Pécliptique ST ; I langle rSx; xyz les coor- données de C; XYZ les coordonnées de T; x'y'z' les coordonnées de C par rapport à des axes Tx’, Ty’, Tz’ parallèles aux Sz, Sy, Sz. Nous désignerons par les indices 1, 2, 5 les grandeurs qui se rapportent respec- tivement à la première, à la deuxième et à la troisième observation. La condition que les trois positions (xyz) soient dans un même plan passant par S, fournit d’abord, en désignant par +. le double de laire triangulaire CSC, où n = 1, 2, 3; n° = 1,2, 5, les relations purement géo- métriques Los ya — Li + — As = Le aiz ds3 | A25 LIT ( ). Me PEEN te Yi — Ys = Yo R Ziz Ziz Les 5 Zig paat Zi + — Z3 == Zac ETES %13 En remplaçant les zyz par £ = X +x,y—Y + y', z= Z + z', et les XYZ, x'y'z' par leurs expressions en fonction de RL p)8, ce qui donnera, par exemple, x = Rcos(L — N) + p cos cos(À — N), les relations (4) deviennent trois relations géométriques entre les grandeurs inconnues a, p, les x n’intervenant d’ailleurs que par leurs rapports entre eux. Ces relations, que nous désignerons sans les écrire par le terme rela- tions (F), contiennent explicitement l'angle I, qui déter- mine la position des axes des coordonnées, angle qui peut être pris arbitrairement. Les coordonnées }B peuvent être remplacées par d'autres. Considérons le plan CTz’, dont linclinaison I sur Pécliptique est donnée par 188 aS., n, glee) (2) ? sin(a — TI) si Pon regarde I et O, c’est-à-dire le plan CTr', comme (8) donnés, la position de C est déterminée par les coor- données p — TC et u — angle x'TC; on a (5) | cos u = COS B cos (à — N) ; | sing = sin v sinl. Soit Cla deuxième observation. Si, dans les relations (F), on remplace o — I, 33 par leurs valeurs en fonction de ual, ces relations constitueront trois relations géomé- triques entre pipopsuo, IA 8415B3 et les a. Nous dési- gnerons ces dernières par la lettre (G). Si ensuite on considère les (G) comme trois équations à quatre inconnues o1p2p30 et que l’on élimine pouto, on obtient une relation entre o4p5, INM 312585 et les a, relation que nous allons écrire. Désignons par D la perpendiculaire abaissée de T sur Sz, soit ln ke ak 1 Soient GC; les projections de C,C; sur la sphère de rayon pə; par C;C; menons des ares de grand cercle per- pendieulaires au grand cercle du plan CoTx’, et soient 81035 les sinus de ces ares, ce qui donne (5) \ ù= sinf, cosi — sin (A, — II) cos B, sinl ; = — sin Bs cosl + sin (às — N) cos 6, sin L. L'élimination dont il vient d’être question conduira à la relation aaz d a Ziz i Zig Aa a, sd à (9) Ld qu'on peut encore mettre sous la forme ENS + pa = + Me, en posant sind À SURA 8 m= (eE) pet) p, | ds de EAU. a ERM ern À désignant les aires triangulaires relatives à la Terre. 3. Tout ce qui précède est purement géométrique et résulte simplement de la condition que les trois positions CCC; soient dans un même plan passant par S (*). En introduisant maintenant le mouvement conique, si T19T15t03 SONİ les intervalles de + entre les positions, on aura approximativement Gas | Te; 4 ta m Tie PR Tio 5 T ad rs) (9). . CIE Tiz ! k ri — | 43 Tja 5 A al rs) (C) On voit immédiatement que si l’on confond les rapports des aires triangulaires avec celui des aires curvilignes, et si l’on observe : que celles-ci sont proportionnelles au temps et que les A sont pris entre les mêmes intervalles de temps que les a, on a m =0, que M est connu et que l'on a (8) ps = Mp, , ce qui est la relation fonda- mentale de la méthode d’Olbers. CT En négligeant des termes du troisième ordre, on aura alors sind | 1 mm Aty tiy — Da | — (10 id ds ‘le + ry RE + -e et Tas d (ON CS Me: r, et rz sont du reste connus quand on connaît p; et pz- Soit d’ailleurs s la corde des positions C,Cs, s étant une fonction connue de 9,23. k étant une constante connue, si l’on introduit enfin l'hypothèse d'une orbite parabolique, on a (44). . 6kri = (ri + rs + s} — (r + rs — s)”. Les équations (7) et (14) constituent dès lors deux rela- tions entre les deux inconnues p, et pz. Celles-ci étant calculées, on trouve facilement les autres. Le problème est donc résolu. Dans les formules précédentes, le choix du plan I TT est resté indéterminé. C’est le choix particulier de ce plan qui distingue, en elles-mêmes et entre elles, les deux méthodes d’Olbers et d'Oppolzer. 4. Méthode d'Olbers. — Dans cette méthode, on prend pour plan z'TC le plan TSC5, passant par la deuxième position. On a done Il = Ls, d’où, par (4), De = 0; et, par (10), m = 0). (7) devient da o n rı et rz, fonctions de ?, et ez, deviennent des fonctions | (14) t | ou) de +, seulement, et il en est de même de s. (11) devient ainsi une équation en o, seulement, et fait connaître p1. On procède d’ailleurs par des essais numériques sur la valeur de r} + rz. p, est lié à s par une équation de la forme | (15). = p =F cosp dt Vr sin, où les autres grandeurs sont des nombres connus. 5. Méthode d'Oppolzer. — Si l'on ne fait pas d’abord, comme dans la méthode d’Olbers, une hypothèse spéciale sur la position du plan æ'TC, les expressions de r;r;s en fonction de p; sont plus compliquées. s et p, sont liés par une équation de la forme Moi — 2o,[ gh cost cos(G—H)—mh | cos ps cosg eos(H—As)+sin B; sing |] =8°— g’— m?’ + 2mg cos f; cos (G — 2;). La méthode d'Oppolzer consiste à choisir le plan z'TC de manière à donner le maximum d’exactitude à la déter- mination de p; par ọ; (équations 6 et 7). On peut admettre que cela a lieu quand les coefficients de p; et p1, dans (6) mis sous une forme symétrique, sont en même temps les plus grands possibles, ou quand la somme de leurs carrés est un maximum. Oppolzer choisit d’après cela le plan z'TC de manière que l'expression ty- e) 733 as soit un maximum. (12) Pour obtenir p4, on peut procéder, comme il a été dit pour la méthode d’Olbers, par des essais sur la valeur de rı + rz. Oppolzer propose, pour le premier essai, de faire r, + rz = R; + Rz. Alors on a encore m—0 (Équa- tion 10), comme dans la méthode d’Olbers, et l’équa- tion (14) s'écrit u5). . . Wei — 2pigh cost cos(G — H) = 5 — g°, qui équivaut à la forme l Adere, rico VE g sin de la méthode d’Olbers. Solutions multiples. Oppolzer, en supposant r4 + r; = rs et remplaçant aussi r, par ra dans l'expression de s, écrit par approxi- mation une équation en pə de la forme 2m; mom rem Voi — 2R, cos. pe + R3 (16). . We} — 2gh COS y . pe +g = ou, en posant (17) (a°x* — 2 cosp .ax + 1) (x°? — 2c0spa. x + 1) = 4R}. Oppolzer discute cette équation au moyen de la repré- sentation graphique de deux lignes, savoir : (17) y = (ar? — 2 cosp ax + 1) (x° — 2cosy.x + 1), 1 À $ 3 ; (13) dont les maximums et minimums de y sont donnés par une équation du troisième degré; et a en a ligne droite. Il résulte de cette discussion que, soit dans la méthode d’Olbers, soit dans le premier essai de la méthode d’Oppolzer (*), on obtient, pour la distance po, ou une ou trois solutions (astronomiques). LL. 6. Tel est le point où le travail de M. Pasquier prend la question pour la continuer. I restait à déterminer quel est, dans le cas général de la méthode d'Oppolzer, et non plus seulement dans le premier essai, le nombre des solutions positives de 5. M. Pasquier part de l'équation générale (14), mais il y remplace d'emblée o, par pə, introduisant ainsi une approximation du même ordre que celle admise par Oppolzer quand il arrive à un certain point du dévelop- pement de ses calculs. Résolvant dès lors (14) ainsi écrite, par rapport à 2, il obtient pọ sous la forme 1 (18) a= Z cosg + À, z m re — g' sins — Ag}, () Je prends ici simplement la question de fait. Comme on le voit § 1, remarque 3 du mémoire, l'auteur pense qu’Oppolzer n’a eu en vue, dans sa discussion, que la méthode d’Olbers et non le pre- mier essai de sa propre méthode. (14) où Ay, A2, © sont suflisamment définis par la compa- raison avec (14), A, et Ao étant des grandeurs qui s'annulent avec m. En suivant Oppolzer, qui écrit 2g°R; p h taS eah R: y on écrit (18) sous la forme a9)! [air — 2(cos? + Ajax w € + A? a 2A, cosg + Hi l (x* — 2x cosp, + 1) = AR. Cette équation ne diffère de l'équation (17) d’Op- polzer ($ 5) que par Pintroduction des quantités A}, Ao. Les deux équations sont de même forme. (19), pour m—0, se réduit à (17). M. Pasquier suit alors pas à pas, dans la discussion de (19), la marche suivie par Oppolzer dans celle de (17), et il se sert de la même représentation graphique. En posant (19°) y= | (ax — cos p — A,)’+ sin’ + A} [a— cosy)" + sin? | BOR a ee A les valeurs cherchées de x — K ? sont de par les intersections, situées dans le quadrant des xy positifs, de la droite (19”), parallèle aux x, et de la courbe (19). Ms ce tide anda dee lS Didi és AS llen a ve anke etna eni meedeelt Te rcn RS SN TR (15) Le critérium pour décider si le nombre des racines est pair ou impair reste le même que dans le cas traité par Oppolzer. Quant au nombre même des racines, l’auteur énumère différents cas qui pourront se présenter, et renvoie; pour quelques-uns, aux indications qui seront données par la construction graphique. Je n'ai pas vérifié chaque détail de cette discussion, qui ne présente d’ailleurs plus aucune difficulté quant au fond. I suffit de dire que le résultat pratiquement utile qui s'en dégage, c'est que l'équation réduite d'Oppolzer peut laisser échapper des solutions, et par conséquent ne pas renseigner la valeur qui convient au problème astronomique; tandis que la discussion actuelle met en évidence les solutions d’une manière plus générale et plus précise. Le complément apporté par M. Pasquier à la discus- sion d'Oppolzer peut done acquérir, dans certains cas, une grande importance. 7. Résumons cet examen en rappelant que la question de la détermination des orbites présente deux desiderata bien distincts, savoir : 4° la connaissance des racines de l'équation qui donne la distance de lastre à la terre; 2° le choix de la racine unique qui représente cette dis- tance. Tels sont les deux points dans lesquels se partage la question pratique. La détermination du nombre des racines positives, parmi lesquelles seules peut se trouver la vraie solution (astronomique), est une question mixte qui se rapporte aux deux précédentes, et c’est de cette question mixte que s'occupe le mémoire actuel, (16) On ne peut s'empêcher d'observer qu’elle ne peut acquérir tout son intérêt, à la fois pratique et théorique, que si elle est traitée rigoureusement. Or, c’est ce que jusqu'ici les difficultés analytiques ont empêché de faire. Oppolzer opère sur une équation approchée, et c'est ainsi que fait encore à sa suite M. Pasquier; la discussion même d’une semblable équation ne fournit d’ailleurs pas toujours les critériums analytiques suffisants pour décider du nombre des racines considérées, et on en est réduit alors à faire usage du système des essais numériques et des tâtonnements d'une construction graphique. On ne saurait donc considérer la solution actuelle comme réalisant une solution générale de la question, et je me hâte d'ajouter que l'auteur a soin de signaler . cette espèce de nécessité où l’on se trouve de se mouvoir dans le champ d’une approximation théorique assez mal définie; c'est ainsi, par exemple, qu'il essaie de mesurer la portée de la substitution de la deuxième distance à la première dans l'équation fondamentale AE de son mémoire. Mais, quoi qu'il en soit, étant donnée la difficulté de la question, toute tentative pour introduire quelque nouveau progrès, et tel est le complément de discussion apporté par M. Pasquier à la méthode d’Oppolzer, mérite d’être hautement encouragée. Je n'hésite done pas à proposer à la Classe d'insérer dans le Bulletin le travail soumis à son appréciation et d'adresser des remerciements à l’auteur. » M. Terby, second commissaire, se rallie à ces conclu- sions, qui sont adoptées par la Classe. aus COMMUNICATIONS ET LECTURES. Camie. — Sur divers alcools nitrés (*); par Louis Henry, membre de l’Académie. Alcools en Cz. J'ai fait connaître précédemment l'alcool nitro-isopro- pylique (NO3) CH, - CH (OH) - CH; (**), produit de l’addi- tion du nitro-méthane à l’éthanal. Son dérivé trichloré (NO:) CH, - CH(OH) - CCl; s’ob- tient dans les mêmes circonstances, à l’aide de l’éthanal trichtoré, c'est-à-dire du chloral CIC - CH (OH). L'hydrate de chloral se condense en effet très nette- ment et très aisément avec le nitro-méthane. Jai employé 52 grammes d’hydrate de chloral cristal- lisé et 12 grammes de nitro-méthane, ce qui représente 2/9 du poids moléculaire. On a ajouté à la masse des deux composés un volume d’eau à peu près égal. Le tout se dissout en un liquide homogène avec refroidissement. Le thermomètre marquait 12°. L'introduction de quelques fragments de K,CO; solide dans le liquide détermine la réaction qui s’accomplit avec lenteur, alors même que l'on agite la masse. Le thermomètre s'élève jusque vers 46°; vers 40°, le liquide ©) Lecture faite dans la séance du {1 janvier 1896. C°) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3e sér., t. XXIX, p. 834, 1895. Sme SÉRIE, TOME XXXI. 2 (18) se trouble et il se dépose une huile épaisse, incolore, que le contact du carbonate potassique colore en brun rougeâtre. Celle-ci, abandonnée sur l'acide sulfurique, se concrète à la longue en une masse cristalline. Le rendement de l'opération est intégral; de la réac- tion que je viens de-décrire, j'ai recueilli un peu au delà de 40 grammes de produit brut. L'alcoolate de chloral CCl; - CH < Des se comporte | comme l'hydrate. Le produit formé dans ces conditions est l'alcool nitro- isopropylique trichloré (NOs) CH, - CH (OH) - CCK. Son analyse quant au chlore à fourni les résultats sui- vants (méthode de Carius) : AZOTE 0/0. Substance. AgCl. Trouvé. Calculé, et AO Oer,7652 51,16 Hea 004000 OP AEO 51,47 51,12 HI. +. 08,980 Oer,7845 51,02 L'hydrate de chloral, lui-même renferme 64,55 °/, de chlore. L'alcool nitro-isopropylique trichloré constitue un corps solide incolore, cristallisant en aiguilles ou petits prismes notablement durs. Il est insoluble dans l’eau, mais il se dissout aisément dans les alcools méthylique, éthylique, ete., l’acétone, Péther, etc. Il fond à 42°-45°. L’hydrate de chloral lui- même fond à 57°. L'action des alcalis caustiques sur ce produit où le car- bone est si pauvre en hydrogène, me parait devoir être intéressante. Ce que j'en sais pour le moment, c'est que (19) le noyau C; se scinde aisément, en fournissant du chlo- roforme. at - NO, H,C - NO, HC- OH + OKI = HC Zin Al CCI, Je ferai remarquer que le pouvoir additionnel du chlo- ral H;C - CH - O au nitro-méthane est beaucoup moins intense que celui de l’éthanal lui-même; il est plus lent à s'exercer et s'accompagne d'un dégagement de cha- leur beaucoup plus faible; de plus, il ne s’accomplit guère qu’une fois, le chloral paraissant inerte sur l’alcool nitro-isopropylique trichloré (*). Au propane CH; - CH, - CH; correspondent trois alcools nitro-propyliques. . a) CH,- NO; 6) CH,- ON v) CH,- OH oilor CH - NO; CH, ! 1 1 CH, CH, CH, - NO, Les dérivés $ et y qui restent à faire connaître s'ob- tiendraient vraisemblablement par la réaction des iodhy- drines propyléniques correspondantes CH, - OH _ CBI } I CHI CH, } CH, CH,OH “ Sur le nitrite d'argent. J'espère être à même de faire réaliser plus tard ces réactions dans mon laboratoire. nanas () L'action physiologique de ce composé me parait devoir être intéressante. Mon collègue de Gand, M. Heymans, a bien voulu, à ma demande, se charger de cette recherche, (20 ) Alcools en C3. Au butane normal, CH;-CH, - CHo- CH;, peuvent être rattachés divers alcools nitrés C;H3 < NO 4 nombre de six : a) Trois continus, répondant aux formules a) cH, - NO, 6) CH,- OH >) CH; C oi CH - NO, CH (OH) CH, CH, CH - NO, CH, | CH, CH, b) Trois discontinus : 3) CH, - OH e) CH,-NO, &} CH,- NO, CH, CH, CH, CH- NO, CH- OH CH, CH, CH, CH, - OH Les trois premiers termes ou les dérivés continus ont été obtenus dans mon laboratoire : a. Alcool butylique secondaire mono-nitré primaire (NO) - CH, - CH - (OH) - CHo - CH. Ce corps est le produit de l'addition du propanal H:C - CH, -C < à au nitro-méthane. J'ai pris 15 grammes de chaque composé, ce qui cor- respond presque exactement à des quantités équimolécu- laires (*). Les deux liquides se dissolvent l’un dans l'autre; () C; H, 0 55 58; Hs C— NO: = 641. À inn nn dam dd tabl Se ét cd à orks ja a S rx ia DE dé à à (2) j'ajoute à leur mélange son volume d'eau; celle-ci sur- nage. L'introduction de quelques fragments de potasse car- bonatée détermine la réaction; le thermomètre s'élève graduellement de 20° à 60° environ. Le produit formé, plus dense que l’eau, tombe au fond. Je ferai remarquer que la réaction est beaucoup plus calme et moins vive qu'avec l’éthanal H;C -C < 0” Ici encore, on constate que l'intensité du caractère aldéhyde diminue rapidement à mesure que s'élève le poids molé- culaire. Le produit insoluble est desséché à l’aide de fragments de carbonate bi-potassique et soumis à la distillation sous pression raréfiée. Il bout sous la pression de 55" à 195°-1950. L'alcool butylique secondaire nitré CH; - CH, - CH(OH)- CHo (NO) est analogue au composé propylique corres- pondant CH; -CH(OH)-CH,(NO:). I constitue un liquide incolore, quelque peu épais, sans odeur, d’une saveur piquante, puis nauséabonde. Sa densité à 5°,5 est égale à 1,1440, die: faible que celle de son homologue isopropylique, qui est, à 18°, égale à 1,1910. La ttes de son poids moléculaire, par la mé- thode ervoscopique, a donné les résultats suivants : Substance dissoute Abaissement Poids dans 20 grammes d’eau, du point de agit. moléculaire, t. . Orson 0°,24 119 D: 08r,4866 0°,58 118 Le poids moléculaire calculé est 119. (22) L'analyse a fourni les résultats suivants : Azote. Trouvé. Galculé. ere 06 9 hant 11,76 He NN Th B. Alcool butylique primaire mono-nitré secondaire CHo - OH - CH (NO) - CH, - CH;. Ce corps, en tous points physiquement analogue au précédent, résulte de l'addition du méthanal CH, = O aq au nitro-propane primaire (NOs) CH - CHo - CH;. H a été préparé par un de mes élèves, le R. P. Pauwels S. J., qui est occupé à en faire l'étude. 7. Alcool butylique mono-nitré bi-secondaire, H;C - CH (NO) - CH(OH) - CH. Il résulte de la réaction du nitro-éthane (*) sur l’étha- nal; cette réaction, tout en étant aisée, est assez paisible. 15 grammes de nitro-éthane et 9 grammes d’éthanal, quantités équimoléculaires, ont été mélangés; les deux liquides se dissolvent l’un dans l’autre. Le mélange sur- nage l’eau que l’on y ajoute. Quelques fragments de K:C0; fondus y sont introduits. (*) Je dois à mon préparateur, M De Wael, un perfectionnement dans la préparation du nitro-éthane et des composés analogues : c'est l'emploi de l’éther. La réaction de l’iodure d’éthyle, dans un appareil à reflux, intro- duit par portions successives sur le nitrite d'argent dans l’éther, donne des rendements en nitro-éthane qui atteignent jusqu’à 70 e/o. : Va er « n’a jamais obtenu », d'après ce qu’il dit dans son grand travail, « au delà de 50 °/, ». Liebig's Annalen, t. CLXI, p. 24, 1874. a (23 ) On agite vivement la masse dans un flacon bouché. La réaction s'annonce par un dégagement de chaleur de plus en plus intense. Le thermomètre s’est élevé dans ces conditions de + 16° à + 64. Le produit additionnel formé est peu soluble dans l’eau et tombe au fond. On l'extrait par l’éther. Cette opération a été répétée à diverses reprises. Dans l’une, j'ai mis à réaction, en une fois, 25 grammes de nitro-éthane et 15 grammes d’aldéhyde acétique. Le produit restant après l'expulsion de l’éther est sou- mis à la distillation et rectifié sous pression raréfiée. L'alcool butylique nitré bi-secondaire CH; - CH(NO;) - CH(OH) - CH; est analogue à ses congénères. C’est un liquide faiblement jaunàtre, peu soluble et plus dense que l’eau au fond de laquelle il tombe, aisément soluble dans l’éther. Il est inodore, sa saveur est piquante, avec un arrière-goût nauséabond. Sa densité à 7°,8 est égale à 1,116. Sous la pression de 58 millimètres, il bout à 112°-115° Je ferai remarquer en passant que ce dérivé bi-secon- daire est notablement plus volatil que ses isomères, à la fois primaire et secondaire a et B. Il en doit être ainsi. L'analyse de ce composé a fourni les résultats suivants, quant à l’azote : Trouvé I, il. Calculé, krot Let 1173 ‘1176 Les propriétés des alcools nitrés sont de deux ordres : a) Les unes se rattachent au chainon nitré ; b) Les autres, au chaînon alcool. ( 24 ) Chainon nitré, - C - NO3. 1 J'envisagerai parmi les alcools nitrés décrits à pré- sent ceux-là seuls qui renferment encore de l’hydro- gène dans le système carbo-nitré, soit HC - NO; ou HC - NO». Deux corps réagissent d’une manière intéressante sur ces systèmes et sont propres à constater leur différence de capacité réactionnelle : ce sont les dérivés alkylés de l'alcool amido - méthylique H,C < NX. et le méthanal HC < op- i Dans lun et l’autre cas, il s'élimine de l’eau, et atome d'hydrogène du groupement carbo-nitré est remplacé par les fragments H,C - NX: ou H,C - OH. Ög NO, HC < NX, 7 C< CH, NI. | HC - NO, + = H(OH) + | ou NO HC < on > C< cp, - on. Sous ce rapport, le système H,C - NO, est bivalent et le système HC - NOs, monovalent. Je m'occuperai dans un travail spécial des produits de Faction des alcools amido-méthyliques HaC < NX, ’ °C Je me bornerai à signaler ici quelques composés résultant de l’action du méthanal. he E SOE ee tad UT Te SENE NEE T TEN E (25) Méthanal et alcool nitro-isopropylique. Le methanal réagit aisément et nettement sur l'alcool nitro-isopropylique (NOs) CH, - CH (OH) - CH. 10 grammes d'alcool nitré — 1-molécule — ont été mélangés avec 20 grammes de la solution aqueuse à 35 °/, du méthanal pur — un peu plus que deux molécules. Les deux liquides se dissolvent l’un dans l’autre. L'addition de quelques petits fragments de carbonate bi-potassique et l’agitation déterminent la réaction avec lenteur. Le thermomètre s’élève progressivement de 20° environ jusque vers 60°-65°. On constate une efferves- cence de CO. Abandonnée sur de l'acide sulfurique dans un exsic- cateur, la liqueur dépose, après quelques jours, des cris- taux. Le produit ainsi formé | A tl en: CH(OH) CH; constitue une glycérine iso-amylique mono-nitrée tertiaire. CH, - OH CH, - ON re C Le NO, | CH - OH CB; C'est un corps solide, blanc, extérieurement analogue a la glycérine nitro-isobutylique NO, - C - (CH: - OH)s, (26) produit de l'addition du méthanal au nitro-méthane. Comme celle-ci, il cristallise de l'alcool méthylique, en longues aiguilles. e produit est aisément soluble dans l’eau, les alcools méthylique, éthylique, ete. ; il est insoluble ou très peu soluble dans l’éther. Sa saveur est fraiche et légèrement amère, Il fond en tube étroit à 125°-126°. Je rappellerai à cette occasion que son homologue en C;, la glycérine nitro-isobutylique NO, - C - (CH - OH); fond à 158°- 159. Inutile d'ajouter qu'il n’est pas volatilisable. L'analyse de ce produit a donné les résultats suivants, quant à l’azote : Trouvé, i e—a i II. Ut Calculé. Asote fe ni: 1 8,1 8.07 7,95 8,48 Le methanal manifeste d'une manière intéressante la différence de capacité réactionnelle des isomères de Paleool butylique mono-nitré que j'ai examinés. Alcool nitro-butylique secondaire (NOs) CH, - CH (OH) - CH, - CH;. H se comporte avec le méthanal comme son homologue supérieur, l'alcool nitro-isopropylique. J'ai employé 12 grammes d'alcool nitré et 20 grammes de la solution à 55 °/, du méthanal. Les deux liquides se dissolvent l’un dans l’autre. La présence de quelques fragments de earbonate bi-potassique détermine la réac- tion; le thermomètre s'élève de 16° à 60° environ. Le produit, abandonné dans le vide sur l'acide sulfu- rique dans une capsule à fond plat, se prend après quel- que temps en aiguilles. ten ei nee Ben PES Mr no VMS EE (27) Ce composé, qui est fortement hydroxylé, est insoluble dans l’éther, mais il se dissout aisément dans l'alcool méthylique, d'où il cristallise en aiguilles d'une parfaite blancheur. Fraichement préparé, il fond à 111°-112% en tube capillaire. Ce composé répond à la formule CH, us CON Ni ens Son homologue inférieur (NO) C < cu, où -t g. fond à 125-126°. C'est une glycerine mono-nitrée. Son analyse a fourni les chiffres suivants, quant à l’azote : Trouvé. I. IL Calculé. AEN le ooa 7,28 7,92 7,82 On voit donc que cet alcool nitro-butylique secondaire s’est condensé avec deux molécules de méthanal. Alcool nitro-butylique bi-secondaire CH; - CH(NO)) - CH (OH) - CH;. Celui-ci ne se condense qu'avec une seule molécule de méthanal. J'ai employé 6 grammes d'alcool nitré et 5 grammes de la solution à 55 °/, de méthanal. Les deux liquides se dissolvent l’un dans l’autre. L'introduction de quelques fragments de carbonate bi-potassique détermine la réac- tion. Le thermomètre s'élève de 12 à 56°. (28 ) Le produit, abandonné dans le vide sur l'acide sulfu- rique, se prend après quelque temps en cristaux. Ce composé est soluble dans l'alcool méthylique, mais à inverse du précédent, il est également soluble dans Péther ordinaire, d’où il cristallise par évaporation spon- tanée en longs cristaux. Il fond à 78°-79°. Ce composé répond à la formule CH, (NO,)C < CH, - OH CH(OH) - CH, C'est un glycol mono-nitré. Son analyse a fourni les résultats suivants, quant à l'azote : Trouvé. I. IL. Calculé. Azote t o yo: 9,00 8,89 9,59 Chainon alcool - C - (OH). Le caractère alcool est aisé à mettre en évidence dans les alcools nitrés mono-atomiques, soit par l'acide azo- tique, le chlorure et l’anhydride acétiques, le penta-chlo- rure de phosphore. Je m'occuperai spécialement des dérivés de l'alcool nitro-isopropylique, celui de ces composés qui est le plus aisé à obtenir en quantités notables. Dérivé nitrique. — Le mélange des acides azotique et sulfurique éthérifie aisément les alcools nitrés. Dans le mélange refroidi et maintenu froid de 15 gram- (29 ) mes d'acide azotique fumant et de 50 grammes d'acide sulfurique H5SO;, j'ai introduit par petites portions suc- cessives, en agitant fortement, 12 grammes d’alcool nitro- isopropylique. La réaction est des plus paisibles dans ces conditions. L'éther nitrique formé, H;C- CH(NO>) - CH(NO3), se sépare de lui-même du mélange acide et constitue une couche huileuse, incolore, surnageante. Le rendement de l'opération est intégral : je devais obtenir 18 grammes de dérivé nitrique; ils ont été recueillis. La purification du produit est simple : on le lave à leau dans laquelle il est insoluble et on le dessèche à l’aide du chlorure de calcium. Le nitrate nitro - isopropylique H;C — CH (NO) - CH,(NO>) constitue une liqueur incolore, sans odeur appréciable, d’une saveur amère. Il est insoluble dans l’eau au fond de laquelle il tombe; sa densité à 20° est égale à 1,558. Ce corps est éminemment combustible et brûle dans Pair, à la façon des dérivés nitriques, avec une flamme pâle. J'ai fait voir précédemment (*) que l'acide nitro-lac- tique secondaire H;C - CH (NO;) -€ £ ke s’oxyde spon- tanément, dès la température ordinaire, en donnant de l'acide cyanhydrique et de l'acide oxalique o CZ Son con HC- NO, = HCN + | | C(OH), CH, mp méme C) Bulletin de la Société chimique de Berlin, t. XII (année 1879), p. 1837. | (30) L'éther nitrique de l'alcool isopropylique nitré devrait subir une oxydation analogue et donner, en même temps que l'acide cyanhydrique, de l'acide nitro-acétique H,C- NO + i H.C - NO, HES NO, w HCN + | 5 C(OH).. CH; (OR), [l ne m'a pas encore été possible de constater ce fait. Dérivé acétique. — J'ai déjà fait connaître la réaction du chlorure d’acétyle sur l'alcool nitro-isopropylique (*). L'emploi de lanhydride acétique est beaucoup plus avantageux pour obtenir ces éthers acétiques. Poids moléculaire. Alcool nitré oe nete 105 Anhydride acétique . . . 102 H.C - NO, H.C — NO, ! HC - OH + (C,H,0),0 = HC - 0(C,H,0) + C,H,0 — OH. | j CH, CH, Vai employé 20 grammes de chacun de ces composés ; les deux liquides se dissolvent l’un l'autre; une légère caléfaction détermine la réaction à se produire. Elle est très vive, la masse entre en ébullition. Après refroidissement, l’addition de l’eau détermine la précipitation de l’éther acétique formé sous forme d’un liquide huileux insoluble. C) Bull. de Acad. roy. de Belgique, 3e sér., t. XXIX, p. 834, 1895. ei re hl n ESCORT ah Bh et goin Pod ne dE eed Gu (31 ) Le rendement de l'opération est intégral ou presque : je devais obtenir 29 grammes d’acétate nitré; j'en ai obtenu au delà de 25. On dessèche le produit sur du chlorure de calcium et on le rectifie sous pression raréfiée. L'acétate nitro - isopropylique H;C - CH (C,H;0) - CH, (NO;) constitue un liquide incolore, quelque peu épais, d’une faible odeur, d’une saveur brûlante. Sa densité à 15° est égale à 1,167. Il bout à 120° sous la pression de 55 millimètres, à peu près à la même température que l'alcool correspondant. Son analyse, selon la méthode de Kjeldhal, a fourni les résultats suivants : Substance. Azote trouvé. Pie 08r 4030 9,49 °), PH on 0er,4509 9,59 °/, La formule demande 9,52 °/, de cet élément. Dérivé chlorhydrique. — L'action du pentachlorure de phosphore sur l'alcool nitro-isopropylique est encore plus énergique que celle du chlorure d’acétyle. 52 grammes d’alcool nitré ont été introduits petit à petit sur 64 grammes de pentachlorure. L'action est régu- lière; il se dégage du gaz chlorhydrique et le pentachlo- rure disparait presque totalement. On détruit l’oxychlorure formé par l’eau froide. Il reste une huile plus ou moins verdàtre qui, après dessiceation sur la CL, passe presque entièrement de 165° à 175°, avec un point fixe à 172°. Une rectification nouvelle fournit le produit à l’état de pureté. (32) Le chlorure d'isopropyle mono-nitré CHo (NO) - CHCI - CH, ainsi obtenu constitue un liquide incolore, mobile, d’une faible odeur, insoluble dans l’eau, d'une densité égale à 1,2561 à 15°. Il bout à 172° sous la pression de 749 millimètres. La détermination de sa densité de vapeur a fourni les chiffres suivants : Substance . Pression baro tes Mercure soulevé. Tension de la vapeur . Volume de la vapeur Température . 081,0356 Tjen 690 jen 11 9°°,3 100° qui correspondent à 4,25. La densité calculée est 4, 26. Son analyse a fourni les résultats suivants, en ce qui concerne le chlore (méthode de Carius) : Substance. Ione” Oer,4592 #. o. oai Wm. o. OS EN = 087,4251 AgCI. Oer, 5179 08:4784 08r,4330 Osr,4805 CHLORE °/o. Trouvé. Calculé. 27,94 27,94 | 4 28,75 28,02 | 28,06 / Je reviendrai, dans un travail spécial, sur ce composé, sous le rapport de sa volatilité; celle-ci est d’un haut intérêt au point de vue de la question générale de la volatilité dans les composés chloro-nitrés. (33) CHIMIE. — RECHERCHES SUR LES DÉRIVÉS MONOCARBONÉS ; par Louis Henry, membre de l’Académie. § XII. — Sur la condensation des alcools alkyl-amido- methyliques avec les paraffines nitrées. J'ai, à diverses reprises, attiré l'attention des chimistes sur la modification que le voisinage de certains éléments ou radicaux étrangers détermine dans les aptitudes fonc- lionnelles du radical hydroxyle - OH alcool, notamment dans l'alcool méthylique H;C - OH, l'alcool par excellence. C’est ainsi que le voisinage d’un élément négatif éner- gique, tel que O, Br, change le signe de l’hydroxyle - OH et le rend acide H,C - OH ice Ben ; + a 2 Acide formique. bromo-méthylique. alors qu’au contraire le voisinage de groupements posi- tifs renforce le caractère basique de ce même hydro- xyle OH et lui permet de faire la double décomposition avec des composés hydrogénés sur lesquels l'alcool méthy- lique est inerte. ggn C) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3e sér., t. XXVI, p. 615. 9" SÉRIE, TOME XXXI. 5 ( 54 ) Ainsi en est-il des alcools amido-méthyliques OH OH BC Sngx et HCCH(NO:) pour constater, sur lalcool méthylo- 5 pipéridique H,C< K CH l’action d’un dérivé ren- = LH fermant le système monohydrogéné > CH (N03). J'ai employé dans ce but l'alcool nitro-butylique normal bi-secondaire CH; - CH (NO) - CH(OH) - CH, (*). C’) Je décrirai cet alcool nitré dans une communication prochaine. Je me bornerai à dire qu’il résulte de l'addition du nitro-éthane à l'éthanal, et j'ajouterai que parmi les divers alcools nitro-butyliques ( 38 ) L'alcool nitro-butylique normal H3C - (NO3) - CH(ON) - CH; réagit avec une seule molécule du composé méthylo- pipéridique. L'action est modérée dans son intensité. Le produit se prend en masse par le froid. On commence par le dessécher en l’étendant sur une surface poreuse, on le fait cristalliser dans l’éther. Ce corps répond à la formule H,C (NO) C CR N- Gid IC - OH T On y a trouvé 14,56 °/, et 15,97 °/, d'azote. La formule ci-dessus en demande 14,58 °/.. Ce composé est analogue aux précédents par son normaux possibles, trois ont été obtenus jusqu'ici dans mon labora- toire : a) CH; £) em (NOa) Y) CH, (0H) | CH (N03) CH (0H) CH (NO) I | I CH (OH) CH, CH, l I I CH; CH; CH; Les composés B et y résultent respectivement de l'addition du nitro-méthane au propanal et de l'addition du méthanal au nitro-pro- pane primaire. (39) aspect extérieur et ses caractères de solubilité. Il cristal- lise en longues aiguilles blanches, fusibles à 98°. Dans une communication ultérieure, je ferai connaître l'action réciproque d’autres dérivés de l'alcool amido- méthylique HaC < eee sur ces nitro-paraffines et d’autres 2 composés analogues. Je me bornerai à constater en termi- nant l’action de l'alcool di-méthyl-amido-méthylique H,C< CH ; CE corps nitro-méthane un 2C< N(CH:) ® ce corps donne avec le ni composé nettement cristallin qui me paraît avoir, dans ce groupe de composés, un intérêt tout spécial. i Cite. — A propos d'une prétendue erreur; par Louis Henry, membre de l’Académie. J'accepte la responsabilité des erreurs que j'ai pu com- mettre et je mai pas la prétention de n'en avoir pas à ma charge. Dans les sciences expérimentales, celui qui ne se trompe pas ou ne s’est jamais trompé est celui qui ne fait rien ou n’a jamais rien fait. Mais ce que je ne puis pas permettre, c’est que l’on m’attribue des erreurs auxquelles je suis étranger. C'est ce qui m'arrive dans un travail publié récemment dans les Monatshefte de Vienne, par MM. H. Weidel et E. Roithner (*). (© Monatshefte für Chemie, t. XVII, p. 185. ( 40 ) On m'y fait dire que amide pyrotartrique (NH) CO - CH, - CH (CH;) - CO (NH) fond à 475°, alors qu'en réalité elle fond, selon ces auteurs, à 225°. La différence est considérable; aussi MM. Weidel et Roithner veulent bien l’attribuer à une erreur d'impression dans mon mémoire. Je ne me donnerais pas la peine de relever ces chiffres devant l’Académie et le publie chimique s’il n’était ques- tion ici d’une idée générale. Je dirai tout d'abord que je ne me suis pas occupé de cette amide pyrotartrique, mais bien de son isomère, la normale. Voici à quelle occasion. Dans diverses notes publiées dans les Comptes rendus, en 1885 (*), je suis revenu, pour le préciser, le généraliser et l’étendre, sur le fait, évidemment bien étrange et bien digne d’attention, déjà signalé antérieurement, mais d’une manière incomplète, de l'alternance de fusibilité dans le groupe des composés normaux oxalo-adipiques, suivant qu’ils sont pairs ou impairs quant au nombre des atomes de carbone. J'ai fait remarquer que la même alternance se constate aussi pour la solubilité dans l’eau. Je me suis occupé notamment des amides proprement dites et des amides bi-méthyliques des acides du groupe oxalo-adipique. J'ai dû m'arrêter à l'étage Cg parce que, à cette époque, en 1885, on n'était pas édifié d’une manière certaine sur la structure des acides bibasiques plus carbonés, C:, Cg, etc. C) Tome C, pp. 60 et 943. (o) Quoi qu’il en soit, voici la série de fusibilité de ces diamides, telle que je l’ai indiquée : C Fusion. 2. Amide oxalique. . . . — (CO - NH»), Infusible. 3. » malonique . . . CH,-(CO-NH,), 168°-170° 4. + succinique . . . (CH;); -[CO(NH,)L 245°-245° 5.» pyrotartrique . . (CII); - CO (NH) 175° 6. >» adipique. . . . (CIR -[CO(NH,)} 220° Les deux derniers termes étaient inconnus. J'ai dû les préparer pour le besoin de ma démonstration. Jai dû aussi à cette occasion déterminer le point de fusion de la succinamide. On constate tout de suite dans cette série d’amides l'alternance de fusibilité, comme dans les acides libres eux-mêmes, et je les partage en deux groupes : a) Les amides impaires, du type macro-cristallin, rela- tivement plus fusibles et plus solubles dans l'eau. b) Les amides paires, du type micro-cristallin, relative- ment peu fusibles et peu solubles dans l’eau. L'amide pyrotartrique dont il est ici question est amide pyrotartrique normale ou glutarique (NH3) CO - (CH); - CO (NH3). C'est ce que j'ai eu soin de spécifier d'une manière explicite, non pas une fois, mais plusieurs fois, dans ma notice (*). (3 Voir Comptes rendus, t. C, p. 944. (42) L'amide pyrotartrique, au contraire, qui a fait l’objet de la détermination de MM. Weidel et Roithner, est l’amide de l'acide pyrotartrique proprement dit (fus. 14 19-1120) ou méthyl-succinique (NH,)CO — CH - CH, - CO (NH) | CH, qui reproduit le type général de l’amide succinique normale. Si quelqu'un s'est trompé dans cette circonstance, ce n’est pas moi. L'origine de ce malentendu est, ce me semble, aisée à trouver : les deux chimistes allemands se seront bornés à consulter le traité de Beilstein, qui ne pouvait que les induire en erreur; les indications que je donne sur Vamide glutarique y sont en effet rapportées et attribuées à l'amide pyrotartrique (NH,)CO he CH ge CH; td CO(NH,) LL | CH; Il résulte de là qu'il est utile et même nécessaire, alors que lon tient à posséder des notions précises et cer- taines, de recourir aux mémoires originaux. (°) BEILSTEIN, Handbuch der Organische Chemie, 3e édition, t. 1, p. 1385 ( 48 ) PuysiQuE. — Sur la couleur et le spectre lumineux de quelques corps organiques ; par W. Spring, membre de l’Académie. Il y a quelques mois, j'ai eu l'honneur de communi- quer à la Classe des sciences le résultat des observations que j'avais faites sur la couleur des alcools comparativement à la couleur de l’eau (*). Les alcools ne sont pas, ainsi qu'on l'avait cru, des substances incolores. Homologues de l’eau, ils ont, comme celle-ci, une couleur bleue quand ils sont pris sous une épaisseur suffisante ; mais cette cou- leur vire de plus en plus au jaune, en passant par le bleu verdâtre, à mesure que le chainon carboné de l'alcool devient plus long. Ces quelques observations donnent à penser que l'ab- sorption de la lumière par les matières organiques ne dépend pas seulement de l'espèce chimique envisagée comme une et indivisible, mais que les divers groupe- ments atomiques qui forment, par leur réunion, un corps donné, ont chacun un pouvoir absorbant spécial. Par exemple, on distingue dans un alcool le groupe oxhy- dryle (OH) et le groupe carboné (C'H +"); le premier peut avoir la propriété de laisser passer plus facilement les ondes qui nous donnent la sensation du bleu, tandis que le groupe carboné laisserait mieux passer les ondes ©) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3° sér., t XXXI, pp 246-256, 1896. (44) dites rouges. On pourrait admettre, en somme, qu’un corps organique est réellement un assemblage de plu- sieurs pièces différentes qui ont conservé chacune une certaine individualité. Les formules de structure des corps organiques ne seraient pas seulement l'expression résu- mée des matières dont ceux-ci dérivent, mais, comme la plupart des chimistes le pensent, elles traduiraient l'orga- nisation de ces matières. La conséquence de ces considérations est évidente. Si elles se vérifient par l’expérience, il sera possible, dans bien des cas, de pénétrer, par un simple examen optique, la structure moléculaire d’un corps. Comme je lannonçais déjà dans l'article rappelé ci-dessus, j'ai entrepris cette vérification; je désire faire connaitre les résultats nouveaux que j'ai obtenus jusqu’à présent. K+ Les recherches actuelles ont porté d’abord sur quelques corps renfermant encore le groupe oxhydryle, à l'effet de constater si la couleur bleue persiste dans tous les genres de substances; ensuite j'ai vérifié si l oxygène lui-même n'est pas la cause de la couleur bleue, soit qu’il se trouve uni par ses deux valences à un seul atome de carbone et qu'il forme alors le groupe C= O, ou groupe cétonique, soit qu'il se trouve uni à deux atomes de carbone diffé- rents, =C—0—C=, et qu'il constitue le groupement caractéristique des éthers. 1° Examen de la glycérine. — La glycérine : CSH5 (OH), renfermant trois groupes OH, était une matière intéressante à examiner tout d’abord, car elle permettait de vérifier si 45 ) l'accumulation des groupes OH dans une même molécule n'exercerait pas une influence sensible sur l'intensité du bleu. La matière que j'ai employée était la glveérine pure du commerce que j'avais distillée de nouveau, dans le vide, en me servant d’un appareil de platine. Elle paraissait d'une limpidité parfaite; néanmoins, sous une épaisseur de 26 mètres, elle s’est montrée complètement opaque. J'ai diminué alors progressivement le tube d'examen par parties de 2 mètres, et ce n’est que lorsqu'il a été réduit à 8 mètres que la glycérine a commencé à laisser passer de la lumière. Celle-ci était une lueur bleu foncé. Sous une épaisseur de 5 mètres, la couleur bleue a le ton du bleu du firmament, mais elle est, bien entendu, considérable- ment moins lumineuse. La raison du peu de transparence de la glycérine se trouve, sans doute, dans le fait de l'énorme viscosité qui caractérise cette substance à l’état de pureté. Même à la suite d’un repos de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, les différences de densité résultant des inéga- lités de la température ne parviennent pas à s’effacer. Pour obtenir un résultat parfait, il faudrait disposer d’un local dont la température demeurerait invariablement la même pendant un temps quelconque. N'ayant pu me mettre dans ces conditions, j "ai dû renoncer à une vérification intéressante, savoir si la colo- ration de la glycérine n’est peut-être pas triple de celle de l'alcool monobasique qui lui correspond : l'alcool propylique C5H7.0H. T eût suffit de comparer une épais- seur donnée de glycérine avec une épaisseur triple d’ en propylique; si les groupes OH sont véritable la cause de la couleur bleue, les deux liquides doivent pré- (46) senter la même nuance dans ces conditions, puisque le ‘chainon carboné est alors de même ordre de part et d'autre. X Examen de l’acétone. — Dans lacétone, l'oxygène forme groupe avec un atome de carbone : CO; la struc- ture de cette substance s'exprime par la formule (CH5)°. CO. | Le produit pur employé a été traité par le noir animal, puis distillé dans un appareil en platine; il ne renfermait, comme matière étrangère, que des traces d'alcool méthy- lique. Sous une épaisseur de 26 mètres, l’acétone est d'un jaune d'or brillant, sans la moindre nuance verdâtre ou bleuâtre. Cette couleur se rapproche complètement de la couleur jaune des hydrocarbures saturés (*); le groupe cétonique CO paraît donc ne pas modifier la coloration du chainon carboné : on peut dire, sans doute, qu'il est incolore. Pour procéder à l'analyse spectrale de la lumière pas- sant par l’acétone, il est utile de ne pas faire usage d’une épaisseur de liquide trop grande, sinon le spectre est trop peu lumineux. J'ai donc examiné une épaisseur de 5 mètres seulement. Le spectroscope était un appareil à vision directe construit par F. vue et Haensch, PR Berlin. L'échelle du spect que la raie rouge du lithium apparaissait à la division 42, la raie jaune du sodium à la division 90 et la raie verte du thallium à la division 158. () Voir mon article sur la couleur des alcools, p 252. (47) Cela posé, il devient facile de faire connaître le spectre de l’acétone. Il commence, dans le rouge, à la division 20, soit 50 divisions avant le spectre de l’eau, et il finit à la limite inférieure du bleu. Il se distingue donc par l'absence du violet, de presque tout le bleu, tandis que le rouge est à peu près complet. Mais ce qui le caractérise d'une manière frappante, c'est l’apparition dans l’orangé d'une bande d'absorption large de 10 divisions; elle règne entre les divisions 60 et 70. 5° Examen de l’éther éthylique. — Dans l’éther éthyli- que, atome d'oxygène est uni à deux groupes carbonés, comme le fait voir la formule CH’ — 0 — CH’. Le produit employé a été purifié par l’action du sodium jusqu’à cessation de réaction à froid, puis distillé dans l’appareil en platine. Sous une épaisseur de 26 mètres, l’éther est de cou- leur jaune d’or comme l’acétone ; il se montre seulement plus clair et plus brillant. Son spectre, observé sur une épaisseur de 5 mètres, a la même étendue que celui de l'acétone, mais il se dis- tingue par l'apparition d’une étroite bande d'absorption régnant depuis la division 61 jusqu’à la division 64. Cette bande est done plus dans le rouge que la bande d'absorption de l’acétone et elle est plus étroite. 4° Examen des acides formique, acétique, butyrique. — Après avoir constaté que l'oxygène cétonique ne pro- duit aucune coloration propre, il devenait intéressant de vérifier ce que produirait son association au groupe ( 48 ) oxhydryle, c'est-à-dire quelle influence pouvait avoir, sur l'absorption de la lumière, le groupe carboxyle : BEE GS on. A cet effet, j'ai examiné les acides formique, acétique et isobutyrique dont les formules sont respectivement : Ce sont les seuls acides qu’il m'a été possible d'obtenir dans un état de pureté irréprochable. Le premier et le deuxième sont de couleur vert bleuâtre, déjà sous une épaisseur de 5 mètres; sous 26 mètres, ils sont jaune verdâtre. Le troisième est fran- chement de couleur jaune d'or. On voit donc que l'influence du groupe oxhydryle se maintient. Les acides se comportent comme les alcools. Si le ehaînon uni à OH est de faible importance, comme c’est le cas dans les molécules H.CO — OH, CH? . CO — OH, ` la couleur bleue due à la présence de OH parvient à dominer la couleur jaune du chaînon carboné, ou tout au moins elle se compose avec celle-ci pour fournir une teinte plus ou moins verdàtre. Mais si le chaînon carboné est plus long, l'influence du groupe OH est absorbée et le jaune du chaînon carboné l'emporte. Le spectre de ces trois acides commence au même point dans le rouge : à la division 50; mais il s'étend (49) d'autant moins dans le bleu que l Ee appartient à un étage plus élevé. Le spectre de l'acide formique finit entre 500 et 510, tandis que celui de lacide butyrique ne s'étend pas au delà de la division 170, qui se trouve à l’origine du bleu. | Notons encore que le spectre de l'acide butyrique présente une bande d'absorption étroite, située entre les divisions 55 et 60. Je ne suis pas certain de la présence de bandes d'absorption dans les spectres des acides for- mique et acétique. Ə Examen des acétates d'éthyle et d'amyle. — Ces éthers composés peuvent être regardés comme des homo- logues de l'acide acétique, en ce sens que l'hydrogène du groupe OH serait remplacé par C2H5 ou par C2H!!, Il ne s’agit done plus de substances ayant dans la molécule un groupe oxhydryle, mais bien un dérivé de celui-ci. Il est done naturel d'examiner également des corps de ce genre. Ces éthers composés se montrent déjà colorés sous une épaisseur de 5 mètres; ils sont jaune verdâtre et remar- quablement transparents. La couleur répond encore à la structure des corps. Le spectre de ces éthers est très étendu ; il commence entre les divisions 20 et 50 pour se terminer dans le bleu, vers la division 270. Il n’y a done que le violet qui manque au spectre. Mais, ici encore, il y a à signaler l'apparition d’une bande d'absorption dans l'orange. Elle est située entre les divisions 60 et 64 pour l'acétate d'éthyle et 50 et 55 pour l'acétate d’amyle. Sme SÉRIE, TOME XXXII. Mo. Bot. Garden, 1QUU: (50) Conclusions. Il est permis de conclure, je crois, des faits mentionnés dans cette note ainsi que de ceux qui ont été constatés à l’aide des alcools et de l’eau, que parmi les groupes atomiques qui forment, par leur réunion, les corps orga- niques, il en est qui ônt des pouvoirs absorbants propres pour les diverses radiations de la lumière et que leurs différences ne s’effacent pas complètement par l'acte de la combinaison. Par exemple, le groupe oxhydryle tend à teindre en bleu les corps dont il fait partie, tandis que les chainons hydrocarbonés ou oxyhydrocarbonés appor- tent avec eux la couleur jaune. D'autre part, les radicaux hydrocarbonés monovalents dont il a été question ici, donnent des spectres présen- tant une bande d'absorption dans l'orange. La position de cette bande est fixe pour une substance donnée; elle est par conséquent caractéristique de cette substance. Parmi les matières examinées dans ce travail, il en est deux qui contiennent le même groupe éthyle (CH 5) : Véther éthylique et l’acétate d'ethyle; pour chacune de ces matières, la bande d'absorption a apparu à la même place dans le spectre, entre les divisions 60 et 64. H paraît donc que la position de cette bande dépend bien plus du groupe atomique C?H5 lui-même que de la nature des liaisons qu'il a contractées dans la molécule. Si cette observation se généralise, l'analyse spectrale pourra peut- être servir à constater la présence ou l’absence de certains groupements atomiques dans les corps organiques, comme elle sert à découvrir certains éléments dans les matières (51) minérales. A cet égard, elle deviendrait un moyen de contrôle précieux pour l'analyse chimique proprement dite. Je me propose de vérifier spécialement la portée de cette dernière conclusion dans mes recherches à venir. Liége, le 30 juin 1896. Institut de chimie générale. ~ Camie. — Sur la solubilité réciproque du bismuth et du plomb dans le zinc. Existence d’une température critique ; par W. Spring et L. Romanoff. Les nombreux travaux qui ont été faits sur les alliages, jusqu’à présent, portent à regarder ces corps comme des dissolutions réciproques de métaux tandis qu’ils sont liquéfiés par la fusion, plutôt que comme des combinai- sons chimiques en proportions indéterminées. L'abaissement du point de fusion des métaux alliés, ainsi que certaines modifications observées au regard d'autres propriétés, auraient la même cause que l’abais- sement du point de congélation de l'eau à la suite de la dissolution d'une certaine quantité d’un sel marin quel- conque.. F. Guthrie (*) a développé ce point, il y a déjà quelques années. Il a proposé de faire une classe à part des corps dont les constituants ont un point de fusion plus élevé et de les nommer corps eutectiques: les alliages formeraient alors groupe avec les cryohydrates et nombre d'autres corps. | Or Pétude des phénomènes de dissolution des liquides TT ns nadia ee Lu (©) Jahresbericht der Chemie, J. 1884, S. 133-136. (32) a fait distinguer les liquides infiniment miscibles et les liquides partiellement miscibles. Les premiers, comme l'eau et l’alcool, se dissolvent en toute proportion sans que jamais le repos n'amène une séparation des matières dans l’ordre de leur densité. Les seconds, au contraire, se dis- solvent en proportions limitées, variables avec la tempéra- ture. Par exemple, si l’on mêle, par vive”agitation, des volumes égaux d'eau et d’éther et qu’on laisse reposer le mélange, on remarquera bientôt la superposition de deux couches liquides; celle de dessous est l’eau tenant environ 1,2 °/, d'éther en solution, et celle de dessus, de l’éther tenant environ 5 °% d'eau en solution. Ainsi l'eau est soluble dans l’éther et léther dans l’eau, mais les deux solutions ne sont pas miscibles. Alexejeff (*) a étudié ces phénomènes de dissolution chez les liquides et il est arrivé à un résultat qui montre qu’il y a continuité, en somme, dans les phénomènes de dissolution réciproque des liquides infiniment miscibles ou non. Pour chaque couple de liquides non miscibles, la solubilité réciproque augmente avec la température et il existe pour chacun d’eux une température à partir de laquelle les liquides ne se séparent plus : ils sont alors infiniment miscibles. On peut conclure de là que les liquides qui se dissolvent en toute proportion à la température ordinaire, se sépare- raient aussi par ordre de densité à de basses températures. Si, d'autre part, on mêle des métaux fondus, on con- state qu'il en est qui, comme le plomb et l’étain, ou le cuivre et le zine, sont miscibles en toutes proportions; la séparation par ordre de densité des métaux fondus n’a pas lieu : la liquation ne s'observe que pendant le refroi- (*) Annalen der Physik u. Chemie, Bd. XXVIII, 305. (35 ) dissement, c'est-à-dire lorsque les composés eutectiques commencent à se solidifier. D’autres métaux, comme le plomb et le zine, ou le bismuth et le zinc, se séparent dès que l’on cesse d’agiter le mélange en fusion. Ces der- niers rappellent les liquides non miscibles. L'analogie paraît done se poursuivre très loin entre les liquides et les métaux fondus. Nous nous sommes proposé de vérifier si elle est complète, c'est-à-dire s'il existe pour les métaux non miscibles une température à partir de laquelle le mélange peut se faire en toute pro- portion et persister indéfiniment. Dans le cas où l'expé- rience confirmerait cette prévision, — déjà regardée comme probable par Alexejeff en 1885 (*), — les liens de parenté entre les alliages et les solutions s’en trouveraient plus resserrés encore. Nous ajouterons, au surplus, que la détermination de la solubilité réciproque du plomb et du zine, tout au moins, peut être aussi de quelque utilité pratique : Percy, dans son Traité de métallurgie, ne mentionne à cet égard que des déterminations de Matthiesen et Rose qui se rap- portent seulement à la température ordinaire, bien que les métaux aient été chauffés à des températures diverses (**). Recherches expérimentales. La détermination de la solubilité réciproque des métaux a eu lieu en brassant, d’abord à des températures con- Stantes, les métaux fondus, puis, après les avoir aban- donnés, toujours à température constante, assez long- v Journal d. russ. phys. chem. Gesellschaft, t. 1, p. 182. *) Percy, Métallurgie. Édition allemande de F. Knapp, t 1, p. 561. ee ( 34) temps pour que la superposition par ordre de densité se produisit, les couches ont été séparées et analysées après refroidissement. Nous avons donc à examiner : 1° Le moyen de réaliser les températures élevées inva- riables; 2 Le moyen de séparer les couches métalliques super- posées ; 5° Le procédé d'analyse. 1° Le bismuth, le plomb et le zine, employés dans ces recherches, fondent respectivement à 268°, 554° et 419°; le zine bout vers 1000°. Les limites des températures à réaliser étaient done voisines de 268° et de 1000°. Nous avons fait usage du four à gaz de Seeger tel qu'il est décrit dans la Zeitschrift für angew. Chemie, 1889, p. 75; il est done inutile d'entrer dans des détails à ce propos. La constance des températures était assurée par la régu- larité du débit du gaz aux brûleurs. Pour cela, nous avons fait construire un régulateur du système Moitessier, mais de grand modèle, de façon à augmenter sa sensibilité dans les proportions voulues. Le robinet d'arrivée du gaz était muni d’une aiguille parcourant un limbe gradué. On détermina d’abord, empiriquement, la température que prenait le four après 24 à 48 heures de chauffe, pour une position donnée du robinet, et l’on constata par la suite qu'on pouvait reproduire les températures notées avec une approximation tout à fait satisfaisante. Quand la température de régime pour une ouverture donnée du robinet était atteinte, elle se conservait indé- finiment quand l'air extérieur à la salle où se trouvait le four ne subissait pas de trop grandes variations de tempé- rature. (55 ) Lors de l'introduction des creusets contenant le mélange des métaux, il se produisait un léger abaisse- ment de la température; mais il suffisait d’une demi- heure de temps pour l’effacer. La mesure des températures inférieures à 500° a été faite, au sein du fourneau, au moyen d’un thermomètre à mercure sous pression d'azote. Celle des températures supérieures a eu lieu par la méthode calorimétrique, souvent pratiquée dans des cas semblables. Une petite balle de platine, de 10 grammes, chauffée à la tempéra- ture de régime du four, tombait dans un calorimètre dont le réchauffement était mesuré par un thermomètre de Beckmann, donnant le centième de degré. Les tables de Violle (*) faisant connaître la chaleur spécifique du pla- tine jusque 1200°, il était facile alors de calculer la tem- pérature du fourneau. % Prélèvement des prises d'essai. — Le prélèvement des prises d'essai est la partie la plus délicate de ces recher- ches. Si, à la vérité, il est encore possible de puiser, -à l’aide d’une cuillère, le métal formant la couche supé- rieure dans le creuset placé dans le fourneau, il en est autrement de la couche inférieure, d'autant que les prises doivent être faites assez vite pour que la température des métaux ne s'abaisse pas sensiblement. En opérant comme il suit, on arrive à un résultat parfait. On prépare, au moyen de terre plastique pétrie. avec une proportion suflisante de graphite, des creusets pré- (©) Journal de physique, 1878 ( 56 ) sentant une cavité de 7 centimètres de profondeur et de gem 5 de diamètre; puis on fore latéralement, à 5 centi- mètres du fond, une ouverture destinée à livrer passage, au moment voulu, au contenu supérieur du creuset. Au début d’une opération, cette ouverture est donc fermée. Un tampon de terre graphitée, facile à détacher par le choc d’une tige de fer, la bouche complètement. On coule alors dans le creuset le métal le plus dense (plomb ou bismuth) jusqu'au-dessus du niveau de l'ouver- ture latérale; on verse ensuite le zinc et on recouvre le tout d'un sel fusible (KI ou NaCl) ou de charbon en poudre pour les températures très élevées, afin de pro- téger les métaux contre loxydation dans le fourneau. Le creuset est placé dans le fourneau et maintenu deux heures à la température voulue. De demi-heure en demi- heure, on brasse soigneusement la masse pendant une dizaine de minutes au moyen d’une tige d'argile cuite passant par une ouverture étroite, ménagée au centre du couvercle du fourneau. . Après la dernière agitation, on inise reposer un quart d'heure pour permettre aux métaux de se séparer en deux couches et l’on procède à la prise d'essai. Une cuillère chauffée à la température. du fourneau sert à puiser le métal de la couche supérieure. Ensuite, d’un coup sec, on détache le bouchon fermant l'ouverture latérale du creuset. Le zinc s'écoule, mettant à nu la couche inférieure dans laquelle on prélève immédiate- ment un essai à l’aide d’une autre cuillère. Avec un peu d'habitude, on peut effectuer toutes ces opérations en moins d’une minute; l’abaissement de la température est donc peu marqué. Les essais ont eu lieu de cette manière jusque vers (57) 900°; au-dessus de cette température, la volatilisation du zinc est trop forte pour que le travail puisse se faire con- venablement. 5° Analyse des prises d'essai. — Les prises d'essai pesées ont été dissoutes dans l'acide azotique. Le plomb a été séparé et pesé à l’état de sulfate; le bismuth a été pré- cipité à l’état d’oxychlorure et pesé à l’état métallique après réduction par le cyanure de potassium. Le zinc a été précipité à l’état de carbonate et dosé comme oxyde. Résultats. On peut exprimer, comme on sait, la solubilité d’un corps de deux manières: soit, ainsi que Gay-Lussac la fait, en donnant le poids de matière dissoute dans 100 parties du dissolvant, soit, d’après Etard, en exprimant le rapport du poids de matière dissoute au poids de la solu- tion saturée. Cette dernière manière de faire est plus rationnelle, puisqu'elle donne immédiatement le rapport qui s'établit de lui-même entre le corps dissous et le dis- solvant à la suite de la dissolution; aussi est-ce dans le système d'Etard que nous avons calculé nos résultats. Les tableaux suivants donnent la composition centési- male trouvée pour la couche inférieure et la couche supé- rieure des deux couples bismuth-zinc et plomb-zinc aux diverses températures. La couche supérieure (la moins dense) nous renseigne donc sur la solubilité du bismuth ou du plomb dans le zine, et la couche inférieure, sur la solubilité du zine dans le bismuth ou dans le plomb. ( 58 ) É COUPLE BISMUTH-ZINC. COUPLE PLOMB-ZINC. ll ER | z Couche inférieure Couche supérieure Couche inférieure Couche supérieure 2 Bi "Jo. | Znofoe À Bi°jo. | Znefo. À Pb efo. | Zn oo. $ Pb efo. | Zn o/o. 2660 86,0 14,0 = — — — — = 3340 — — — — 98,8 1,2 — dn M9» — — 3,0 97,0 — — 1,5 98,5 4500 — -— — — 92,0 8,0 -= En 4730 84,0 16,0 5,0 95,0 91,0 9,0 2,0 98,0 514 — — — — 89,0 41,0 3,0 97,0 5840 80,0 20,0 10,0 90,0 86,0 44,0 5,0 95,0 6509 71,0 23,0 15,0 85,0 83,0 17,0 7,0 93,0 To — — — — 19,0 21,0 10,0 90,0 7500 70,0 30,0 27,0 73,0 — — — — 8000 — — — —- 75,0 25,0 14,0 86,0 0e f — — — — 59,0 41,0 25,5 74,5 N. B. — A la température de 2660, ou de 334, le zinc n'étant pas encore fondu, il ne pet être question d'une couche supérieure. (59 ) Si l'on relève graphiquement ces résultats en portant les températures comme abscisses et les composants d'une même couche comme ordonnées, on aura, pour chaque température, deux points dont l’un correspondra à la solution du bismuth dans le zine, par exemple, et dont l’autre correspondra à la solution du zine dans le bismuth. ple ploni b - Zine. K naer Couple bismuth Bman (i meegereden Sans Sos i k— CRU EE nent i í 800° 9002 RE ETE en 266? 334° La courbe représente donc la solubilité réciproque d'un couple de métaux aux diverses températures: On voit par la figure ci-dessus, qui reproduit la composition de la couche inférieure des deux couples, que les ares se rac- cordent (traits en pointillé). Aux températures supérieures à la région de raccordement des deux ares, les métaux sont miscibles en toute proportion, puisqu’au point de raccordement l’ordonnée exprime une égalité de compo- sition des deux solutions et qu’au delà de ce point les ordonnées sont imaginaires. La vérification a eu lieu pour le bismuth-zinc : à 850°, il ya autant de bismuth dissous que de zinc. La tempéra- ture critique est donc comprise entre 800° et 850°; c'est ce que montre aussi clairement la figure. Les courbes présentent la plus complète analogie avec celles qu’Alexejeff a tracéés pour les liquides non misci- ( 60 ) bles. La formation des alliages est donc soumise aux lois de la dissolution des liquides. Il est bien entendu que ces lois ne sont pas exclusives de réactions chimiques qui peu- vent s'accomplir, à des températures données, entre certains métaux. On ne doit pas perdre de vue non plus que la température critique, qui, pour les couples bis- muth-zinc et plomb-zine, se trouve au-dessus de 800° ou de 900°, peut se trouver, pour d’autres couples, plus près du point de fusion de l’alliage, voire au-dessous de ce point de fusion. On s’expliquera alors aisément la liquation et les anomalies observées dans la dilatation, la chaleur spécifique et d'autres propriétés, dans la plupart des alliages. Liége, le 20 juin 1896. Institut de chimie générale. CALCUL DES PROBABILITÉS. — Moindres carrés. Démonstra- tion du principe de la moyenne par les probabilités a posteriori; par Ch. Lagrange, membre de l’Académie. - 1. La formule classique h Ake Reed LA par laquelle on mesure la probabilité P, de commettre une erreur accidentelle comprise entre A et A + då, h étant un paramètre constant (indice de précision), est, en fait, expression de quatre idées de principe que je vais énumérer tout d’abord sans discussion. Les causes accidentelles sont celles auxquelles on ne ( 61) peut assigner aucune loi. Les erreurs accidentelles sont des erreurs à la production desquelles on ne peut assigner aucune loi, L'erreur accidentelle est, d'après cela, soumise à la condition nécessaire (2). . . . 3. . . PP, =P,,, c'est-à-dire qu'il y a la même probabilité de commettre l'erreur positive désignée A que de commettre l'erreur — À, égale et de signe contraire. L'erreur A’ d’une obser- vation O’ est la différence A’ — 0'— x entre O' et la grandeur inconnue z que l’on mesure. Les idées de principe mises en œuvre sont les sui- vantes : 1° Principe de la fonction. La probabilité de commettre l'erreur A est une fonction de cette erreur. (On peut ajouter que, dans une épreuve, l'erreur qui a la plus grande probabilité est l'erreur zéro. La probabilité de cette erreur est une valeur extrême, vu la condi- tion Pa = P_,, et elle ne peut être qu'un maximum, puisque tout, dans ce que l’on connaît, concourt à la plus grande précision.) On a Bh Peu 2 Principe de la moyenne. La valeur la plus probable de la grandeur mesurée x est la moyenne arithmétique des observations supposées de même précision; 0'0” … désignant n observations, on a pour la valeur la plus probable O de x, kn rom ( 07) 3° Principe du maximum. Les valeurs les plus probables de x et des paramètres de la fonction + (A) sont telles qu’elles rendent maximum la probabilité Mince à Robe eelde MAN de l'existence du système d'erreurs A’ = 0’ — x, A” = 0" — z... 4 Principe de l'indépendance des observations. Les prin- cipes précédents subsistent quelles que soient les valeurs 0'0” … des observations. Ces quatre principes étant admis, on en déduit aisé- ment la fonction ọ (A). L'équation dP Ld ” B nn is ES ed, fournie par le principe 5°, doit être satisfaite, en vertu du 2°, par D = 0 ss sal L'équation (6) devient par cette substitution une équa- tion AP sonm ee lin de la forme ; GE EO jd, qui, en vertu de 4°, donne les n conditions do de 9). . . . . . = (), — = + ( ) do” 0 ( 63 ) on en tire facilement, en posant ar Ho o aean Aren (A), (HR 4. 2.4. A) en constante, et l'intégration fait connaitre la fonction cherchée ọ (A). 2. Les principes 1° et 4° ne soulèvent pas de difficulté. Il n’en est pas de même de la combinaison de 2° et de 5 c'est-à-dire du principe de la moyenne et de celui du maximum, et il y a ici à faire une distinction essentielle, concernant le sens du terme valeur la plus probable de x dans l’un et dans l’autre de ces deux principes. 3. La notion de la moyenne arithmétique en tant que valeur la plus probable, n’est autre chose qu’une appli- cation du théorème de probabilités a priori par lequel les nombres les plus probables des apparitions des événe- ments sont proportionnels à leurs probabilités simples, théorème qui sert de fondement au théorème de Bernoulli. Les probabilités P, et P_ 4 étant égales, d’après la défi- nition des erreurs accidentelles, ce qu’il y a de plus probable, Cest que les nombres d’apparitions de ces erreurs seront égaux, c'est-à-dire que les erreurs À seront Symétriquement distribuées par rapport à la grandeur inconnue z; qu’on aura donc [A] = 0 ou r= —: En d’autres termes, qui donnent le vrai sens de la notion instinctive de la moyenne arithmétique comme meilleure ( 64 ) | valeur à admettre pour x, ce qu'il y a de plus probable avant l'observation, c'est que les observations O'O"... auront la vraie grandeur inconnue x pour moyenne arithmétique. C’est une application des probabilités a priori, et, nous le répétons, c'est ce sens qui donne naissance à la notion instinctive de la moyenne, et qui la justifie. 4. Tandis que le principe de la moyenne tire son origine d’une notion de probabilité a priori, le principe 4° du maximum est l'application d'un théorème démontré des probabilités a posteriori. L'événement consistant dans le système d'observations O'O” … étant arrivé, O'O” … étant donnés, la valeur la plus probable de x a posteriori est celle qui rend P,.,.. un maximum. Pour obtenir la relation (7) ci-dessus, d’où l’on déduit ensuite la forme de la fonction g (A), il faut connaître la valeur la plus probable ua m0, me F(00" …) de x a posteriori, et on admet, comme hypothèse la plus probable, ne pouvant faire mieux, que la forme Ae eme de la valeur la plus probable de x déduite a posteriori, est identique à la forme WOL ous nn LE ee n concernant la valeur la plus probable de e, déduite de considérations a priori, ( 65 ) | A-t-on le droit rigoureux de substituer Pune de ces idées à l’autre? Nous allons éclaircir ce point obscur et prouver qu’on a effectivement ce droit; il faut pour cela montrer directement que la valeur la plus probable de x, déduite a posteriori du principe du maximum combiné avec la notion de l'erreur accidentelle, n’est autre, dans le cas de l’égale précision, que la moyenne arithmétique des observations (et, dans le cas de l’inégale précision, la moyenne sous sa forme générale connue). C’est ce que nous allons faire en démontrant le théorème suivant : THÉORÈME. — La valeur la plus probable de l'inconnue à déduire d'un système d'observations O'O" ... O, affectées d'erreurs accidentelles, est de la forme I == kO + KO fn voe + KO, K, K” ... K, étant des constantes liées par la relation A Ar DÉMONSTR ATION. 5. Le principe du maximum donne l'équation . OP i Oho ar Res à dx c’est-à-dire A . rl an e14) P(A) QE 5% SÉRIE, TOME XXXII. el, en posant P(A) ER en HA (1%) SA) (A) (A5) . . . . . . SylA)0. Soit Lun F(0'0":..) la fonction qui exprime la valeur la plus probable de x déduite des observations faites O'O” ... L’équation (15) devra être satisfaite par la substitution x = F (0/0 …). Celle-ci étant effectuée, on aura, par le principe de l'indépendance des observations, les équations A’ ES (16). o PA Drao Les solutions ne sont pas admissibles, parce qu’elles donneraient pour la fonction ọ (4A), par l'introduction de la notion des erreurs accidentelles, la forme & (A) = constante, contra- dictoire au principe 1°. 6. Des équations (16) on tire la relation ano- o M L en aon ge NE ras et E (67) et en les ajoutant membre à membre, on trouve que la fonction x = F (0'0” …) doit satisfaire à l'équation aux dérivées partielles dx dx bc De Cn do * 40” E isol À (On voit immédiatement que cette équation admet pour solution la moyenne des observations, et ce résultat pourrait prouver déjà qu'il n’y a pas tout au moins contradiction entre le principe de la moyenne et celui du maximum.) 7. O' étant une quelconque des observations et f une fonction arbitraire, l'équation (18) admet pour intégrale la forme (18°) . .x— 0" + f(0’ — 0", 0° — 0°”, …), forme qu’on pouvait désigner d’avance comme convenant pour représenter la valeur la plus probable. (18') satisfait à la condition que les dérivées dx dx w w soient indépendantes des valeurs absolues O'O”... des observations, c'est-à-dire, comme cela devait être, du zéro origine des mesures; mais ces dérivées peuvent encore y dépendre des valeurs relatives 0’ n 0”, D de 0”, ee c'est-à-dire des différences A si A, A' PEC ia A des erreurs A. (68 ) Par conséquent, les fonctions x susceptibles d'ex- primer la valeur la plus probable, fonctions dont les dérivées 0 207” … sont indépendantes des valeurs absolues O'O” … des observations, se classent dans les deux catégories suivantes : ne heeel à Première catégorie. Les dérivées zo Zon … sont des fonctions des différences 0’ — O" = A' — A", etc. ; Nd Rt CE Seconde catégorie. Les dérivées 0 ; z0 ,-. ne sont pas fonction des différences O' — 0" = A! — A”, etc. 8. Introduction de la notion des erreurs accidentelles. Le principe du maximum, qui fait connaître la con- dition nécessaire (18) à laquelle est soumise la valeur la plus probable +, est insuffisant pour déterminer cette fonction dans un cas donné, comme est celui des erreurs accidentelles A, par la raison simple qu'il n'implique pas en lui-même la notion particulière de ce genre d'erreurs; il est done nécessaire encore d'introduire cette notion. a) Les causes accidentelles étant celles auxquelles aucune loi n’est assignable, les erreurs accidentelles, et toute fonetion des erreurs accidentelles, constituent des effets dont la production n’est soumise à aucune loi assi- gnable, et dont, par conséquent, la signification reste entièrement indéterminée. b) D'autre part, la valeur la plus probable est celle dont légalité à la valeur inconnue a la plus grande probabilité, c'est-à-dire celle que l’on a le plus de raison de croire égale à l’inconnue. c) Il résulte de là que l'introduction de la notion d'erreur accidentelle élimine des conditions générales (69) imposées par le principe du maximum, toute condition particulière qui ferait dépendre x d’une fonction donnée, quelle qu’elle soit, des erreurs accidentelles; puisque, en vertu de la définition même de ces erreurs, x, impliquant une donnée définie dont la signification reste, par défi- nition, entièrement indéterminée, ne pourrait jamais être la valeur qu’on aurait le plus de raison de croire égale à la vraie valeur inconnue. 9. Revenant maintenant aux deux catégories ($ 7) dans lesquelles le principe du maximum classe la fonction cherchée x, il résulte de ce qui précède que, dans le cas des erreurs accidentelles, x ne peut appartenir à la première de ces catégories. Donc elle appartient à la seconde, et, dans l'intégrale (18') de l'équation (18), les dérivées dx dx déjà indépendantes des valeurs absolues O'O” … , sont indépendantes aussi des valeurs relatives accidentelles 0' — 0” = 4° — A”, 00" NN" ee Par conséquent, ces dérivées sont des constantes K’, K” ..., et la seule fonction qui puisse exprimer la valeur la plus probable x, est, en désignant par C une constante, (19h 4: . KO: KO" LE. +0 avec la condition caractéristique fournie par l'équation (18) Me om ( 70 ) 10. Ce résultat se met encore en évidence de la manière suivante. En posant dx dx , LEA do! dr il (18) s'écrit Œ ee ee Pe + mi, et on a l’équation différentielle (22). . . . dx = p'd0' + p'd0" + ~- L'intégration de (22) donne (25) x=pO' + p"0"+.— f0'dp — fO"dp" — … + C, en mettant en évidence une constante C; et, en rem- plaçant dp', en vertu de (21), par PRET a dp = dr — on a \ | xz=p0 +p'0" +. (24) + [(0'—0")dp" + f 0'— odp” a =p'0 "+p Oai: -+ f(a sA dp” + f\A'—A" Gin AE pl Pour que la valeur la plus probable x soit indépendante, comme cela doit être, des termes accidentels, on doit avoir dp” == 0, dp" =0…, TT bind d'où aussi, par (21”), c'est-à-dire K’, K”, … étant des constantes; et les équations (24) et (21) reproduisent alors les équations (19) et (20). 11. Arrêtons-nous un instant pour résumer la marche des idées. I. Les causes qui interviennent dans l'événement arrivé (00...) sont : 1° Causes systématiques : a) grandeur inconnue x, mani- festée par l'existence d’un système d’observations(0'0"...); b) conditions de l’observation (paramètres des fonctions). 2 Causes accidentelles, manifestées par les A acci- dentels, c’est-à-dire par la distribution accidentelle des observations ou les valeurs relatives 0'— 0", 0'—0"",. I. La valeur la plus probable de x a posteriori est celle qui, dans l'événement particulier arrivé, fait abstrac- tion de ce qui, a priori, y est accidentel, c'est-à-dire ici de la distribution relative des observations dans leur groupe. MI. Le principe du maximum fait connaître la condi- lion (18) à laquelle doit satisfaire la valeur la plus pro- bable; c'est une valeur telle que la probabilité P, v.. du système d'erreurs A'A” … , pour une loi de probabilité laissée arbitraire, ọ (A), soit un maximum. . Supposons qu’il s'agisse d'erreurs accidentelles. II et II combinés déterminent la valeur la plus probable (72) a posteriori x, et ensuite la fonction (A), fonction qui exprime ici la probabilité d’une erreur accidentelle, c'est- à-dire d’une erreur à l’apparition de laquelle on ne peut assigner aucune loi. 12. Il ne nous reste plus qu'à déterminer la con- stante C de l'expression (19), ce qui se fait de nouveau en introduisant la notion de l’erreur accidentelle. Dans le cas où les variables indépendantes sont liées par la relation 0’ = 0" = …, toutes les erreurs A sont égales et de même sens, et, en vertu de la relation fondamen- tale (20), leur valeur la plus probable A est égale à la constante C de (19). Dès lors, C ne peut avoir aucune valeur déterminée et différente de zéro; car, s’il en était autrement, comme A serait égale à une constante, et tou- jours la même quelle que soit la valeur de l'observation commune O, on considérerait comme événement le plus probable, dans l'apparition d'erreurs auxquelles, par défi- nition, aucune loi n’est assignable, le résultat d'une con- dition systématique imposée. On a done dans (19), où d’ailleurs K' + K” +... — 1, C= 0. Il est intéressant de remarquer, à cette occasion, que l’idée que la probabilité de l'erreur A = 0 est maximum, est une conséquence du principe du maximum et de la notion d'erreur accidentelle, et cela explique la raison d'être du maximum absolu P,,_,, dans la formule clas- sique (1). En effet, quand les observations sont égales entre elles, les A sont égaux. P,.,,— (P,)", n étant le nombre des observations (prises ici d'égale précision), est maximum pour la valeur la plus probable de x, c'est- a-dire ici pour A = 0. On a done P,, ṣọ = maximum. (73) Réciproquement, si l'on admet l’idée de principe que erreur zéro est la plus probable, on démontre que la valeur la plus probable, pour des observations égales, est égale à ces observations. Car tous les A sont alors égaux; Paa.. devant être maximum, les P , doivent l'être aussi, et on a par conséquent A = 0, c'est-à-dire’x égale aux observations. - 13. Il est donc démontré que la valeur la plus probable donnée a posteriori par le principe du maximum est 125). tte ASKO RREO + avec la relation caractéristique, fournie par l'équation différentielle (18), (26). . . . . . Kk -+ KS ee ate ZE l. Dans le cas des observations d’égale précision, on a 1 K’ Ee K” = eee = =j n d’où n ou la moyenne arithmétique indiquée par les notions a priori. C 0 E D 14. Les déductions précédentes établissent, croyons- nous, pour la première fois d’une manière rigoureuse, grâce à l'équation caractéristique (18), le principe de la moyenne, et elles lui donnent la forme d’un théorème de (44) probabilités (*). La démonstration conduit d’ailleurs d'emblée à la forme générale (25) qui convient aux obser- vations d'inégale précision; et, en même temps qu'elle en établit la rigueur, elle permet de simplifier l'exposé de la théorie des erreurs. Les équations (17) deviennent Ch en = — = — À, À désignant la valeur commune de différents termes. K’, K”, ... étant des constantes indépendantes des 0'0” ..., on voit que Ÿ’ (A), L'(A”), … sont des constantes propor- tionnelles à K’, K” ...; et on trouve, en posant 9 (A) = A eva, Pe À” (A) = Fe “pote M cle pe C) Je me fais un devoir de rappeler à cette occasion le mémoire de M. le général De Tilly, Note sur le principe de la moyenne arithmé- tique, et sur son application à la théorie mathématique des erreurs, t. L, pp. 159-170, de la Correspondance mathématique de Catalan. L'un des objets de ce mémoire était de démontrer que la valeur la plus probable, dans le cas de deux observations, est la moyenne de ces observations. P. DE HEEN, Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3 ie, Et XXXIE, 3° sér P. De HEEN, Bull, de l'Acad. roy. de Bel, 3e i AXXIL ie, t, XXXII P. DE HEEN, Bull, de l'Acad. roy, de Belg 3° série, t, XXXII. PHOTOCOLL, A,-J, KYMRULE P. DE HEEN, Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3° série, t, XXXII, j. KYMEULEN: NE CN | QE sie Paysique. — Note sur la théorie du radiometre, sur la pho- tographie Le Bon et sur la nature de l'électricité; par P. De Heen, membre de l’Académie. Dans une précédente note (1), nous avons exposé les considérations qui nous ont porté à admettre que lors- qu'un rayon éthéré est reçu par la surface d’un corps, il communique à l’éther condensé sur cette surface ou sur la surface des molécules considérées individuellement, un mouvement de vibration sur place, auquel seraient dues toutes les manifestations électriques. Cette hypothèse entraine immédiatement cette consé- quence que la qualité de l'électricité, de même que la qualité ou la couleur de la lumière, doit dépendre du temps de ces vibrations. Nous verrons donc, à côté des phénomènes désignés sous le nom de thermochrose, de couleur et d’actinochrose, se placer des phénomènes d'électrochrose. Ils se produisent d’une manière très mar- quée si l’on compare, par exemple, l’aigrette ou la décharge d’une machine de Holtz à rares ou à la décharge d’une dynamo. Nous avons encore constaté ce fait curieux : l’impres- sion directe de l'électricité qui est représentée par la planche de notre dernière note, reproduit les moindres irrégularités de la feuille d'étain avec une finesse remar- (1) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3° sér., i. XXXI, p. 458, 1896. ( 76 ) quable; si, pour déterminer le courant d'induction de la bobine, on fait usage de piles au bichromate, on obtient de plus, dans ces conditions, des aigrettes et des étincelles très déliées. Si, au contraire, on fait usage de l'électricité fournie par la ville de Liége, pour la production de laquelle on utilise des dynamos, les résultats photogra- phiques obtenus dans les mêmes ou dans d’autres con- ditions de tension sont absolument informes. Les propriétés de l'électricité variant avec le temps de vibration, nous pouvons concevoir l'existence de l’infra- électricité, au même titre que celle de l’infra-rouge. Elle serait caractérisée par des temps de vibration relativement longs. L’ultra-électricité serait caractérisée par des temps de vibration plus courts que ceux qui correspondent au phénomène de lélectricité proprement dite. Cela étant, nous pouvons admettre, avec un grand degré de probabilité, les deux propositions suivantes qui nous donnent la clef de plusieurs phénomènes. a) Les corps conduisent d'autant mieux l'électricité que celle-ci correspond à un temps de vibration plus grand. L'infra-électricité est conduite par tous les corps, sauf par les gaz très raréfiés, qui offrent une certaine résistance à son passage. L’électricité fournie par les machines qui produisent l'électricité statique se perd plus facilement que celle produite par les piles et par les aimants, par cela que le temps de vibration est dans ce dernier cas plus petit. b) Lorsqu'un rayon d'un temps de vibration déterminé tombe sur un conducteur chargé, il enraye toujours la vibration électrique de celui-ci, si cette dernière vibra- tion correspond à un temps plus long. Le rayon tend à CR) charger ce conducteur de l'électricité qui correspond à son propre temps de vibration. En résumé, les radiations qui sont représentées par le spectre calorifique et lumineux jusqu'au violet, détermi- nent la production de l’infra-électricité. Les phénomènes électriques paraissent déjà correspondre à certaines radia- tions du violet, et le phénomène ultra-électrique, à la radiation anticathodique. Si nous admettons ces considérations, le radiomètre n'est probablement autre chose qu'un tourniquet infra- electrique. La face de la palette recouverte de noir de fumée recevant à chaque instant une charge plus forte d'infra-électricité, la perd en plus grande abondance dans le gaz ambiant très raréfié, qui offre une certaine résis- tance à la déperdition. La réaction due à l'écoulement ultra-électrique détermine la rotation. Il est assez curieux de remarquer que pour transformer le radiomètre en tourniquet électrique proprement dit, il suffit de le placer entre les deux pôles d'une machine de Holtz. Si l’on opère à la lumière, on voit le radiomètre hésiter, tourner tantôt dans le sens direct, tantôt en sens contraire. Mais si l’on se place à l'abri des rayons lumi- neux dans une chambre noire, on le voit prendre défini- tivement une rotation inverse, la surface brillante de la palette étant plus conductrice de l'électricité que la Surface noircie. M. Rydberg, d’une part, et MM. Fontassa et Umani, d'autre part, avaient déjà remarqué que le mouvement du radiomètre pouvait être enrayé sous l'action de l'influence électrique. On admettait antérieurement que la rotation du radio- mètre était le simple résultat de ce fait, que la face noircie étant plus absorbante pour la chaleur, sa tempé- ( 78 ) rature étant donc plus élevée, elle devait, en vertu de la théorie des gaz, renvoyer les molécules qui la frappaient avec une vitesse plus grande que la face opposée. Cette première hypothèse donne lieu à une difficulté relativement à l'intensité de la force à laquelle on est obligé d’attribuer cette rotation. La pression du gaz dans le radiomètre correspond environ à { milligramme par centimètre carré. Si donc nous admettons une différence de 4° sur chacune des faces de ce centimètre carré, il en résultera une différence de pression de 1; de milli- gramme environ. D'autre part, l'appareil se met en marche alors que la différence de température ne dépasse certaine- ment pas !/,, de degré. La force accélératrice serait sir inférieure à 1/2730 de milligramme, force qui est i pour déterminer les effets observés. On peut estimer que la force mise en jeu pour projeter les molécules, représente une valeur certainement mille fois plus grande, ce qui porterait la température moléculaire du gaz qui entre en contact avec la palette d’un radiomètre soumis à un rayonnement très faible, à 275000°. En résumé, lorsqu'un rayon calorifique tombe sur une particule solide, plongée dans un gaz raréfié, celle-ci se chargeant d’infra-électricité, repousse les molécules qui entrent en contact avec elle, avec une vitesse incompa- rablement plus grande que celle qui correspondrait au phénomène calorifique considéré isolément. Il ne pour- rait en être ainsi lorsque le gaz est sous une pression relativement élevée, celui-ci étant alors bon conducteur de l’infra-électricité. Nous voyons done que lorsqu'un solide est plongé dans un gaz très raréfié, sa surface soumise à un rayonnement calorifique même très faible, se comporte vis-à-vis des Ce) molécules gazeuses qui viennent la frapper, comme si elle était portée à une température excessive. Ces considérations jettent un jour nouveau sur la cause de quelques phénomènes célestes. La théorie de la for- mation de la queue des comètes que nous avons admise (4) subsiste, mais avec cette différence que les effets produits sont singulièrement renforcés. La vitesse prodigieuse avec laquelle ces formations se développent dans certains cas, se trouverait ainsi expliquée. D'autre part, les nébu- leuses doivent se trouver dans un état tout particulier, car du moment qu'un centre de condensation capable d'émettre des rayons calorifiques s’est produit, le gaz am- biant se comporte immédiatement comme s’il était sou- mis à une température prodigieusement élevée. Telle est probablement la cause du rayonnement produit par ces astres, qui à première vue paraissent devoir se trouver à une température excessivement basse. Si nous nous rap- portons aux définitions de notre précédente note, nous dirons que leur température moléculaire est très élevée, qu'il en est de même de leur température atomique, par suite des chocs violents qui résultent des mouvements moléculaires, mais que leur température virtuelle est très C'est également à l’infra-électricité qu'il faut attribuer l'impression photographique lorsque les radiations éma- nant du soleil ou d’une lampe paraissent traverser une feuille métallique (2). Il est en effet évident que si cette mms, (1) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3 sér., t. XXIII, p. 490, 1892. (2) Lorsque l'impression se produit au travers d’une planchette de is ou de carton, il est probable qu'il s’agit d'un passage réel de rayons, mais en proportion très faible. ( 80 ) infra-électricité recouvre une feuille d'étain disposée sur une surface sensible, elle pourra déterminer une impres- sion plus forte aux points qui sont en contact avec elle, c'est-à-dire aux points qui sont les mieux protégés contre une radiation directe. a planche Į nous montre ce résultat obtenu d'une manière frappante. A cet effet, nous avons disposé sim- plement la feuille d'étain sur la surface sensible d'une plaque photographique, préalablement voilée en l'expo- sant un instant à la lumière d'une lampe, ensuite enve- loppée soit de papier gris, soit du papier noir dont on se sert habituellement pour préserver les plaques. Le tout était disposé dans un chàssis-presse muni ou non de sa plaque de verre. La plaque sensible étant ainsi exposée pendant plusieurs heures à la lumière d'une lampe à arc (la distance de cette source était de 40 centimètres environ), nous avons obtenu le résultat voulu (les rayons solaires fournissent le même résultat) (1). L'infra-électri- cité constitue done dans ce cas un agent continuateur de la réaction. La planche II montre la photographie de cette même feuille d'étain obtenue dans les mêmes Con- ditions à l’aide des rayons anticathodiques. On remarque que les irrégularités de la feuille ne sont plus marquées; la surface est au contraire impressionnée d’une manière très régulière. La surface sensible est du reste moins impressionnée sous la feuille d'étain. Il s'agit donc bien ici d’une véritable transparence pour ces rayons. Si l'on EE (1) Il est souvent nécessaire de tâtonner afin d'obtenir ce résultat. L'épaisseur du papier à employer dépend de la nature de la plaque. Dans nos derniers essais, nous n'avons réussi qu'en recouvrant le papier d'une planchette de hêtre de 1 millimètre d'épaisseur. (81) fait usage d'une plaque non voilée, la surface sensible placée derrière la feuille d’étain n'est plus que très légèrement impressionnée (planche IH), bien que cette impression présente encore les caractères de l’impres- sion électrique, où le contact est le facteur dominant. Ce fait est surtout marqué sur la planche IV, qui a été obtenue au soleil. On peut encore observer que c’est vers le bord de la feuille que se produisent les effets les plus marqués pour nos trois épreuves (1). Afin d'étudier d'une manière précise ces phénomènes, nous avons fait construire un spectroscope muni d’un appareil photographique, de manière à pouvoir caracté- riser les radiations en nous plaçant à ce nouveau point de vue. Nous avons enfin réalisé l'expérience qui nous a fourni la planche I à l’aide d’une feuille d'étain étagée, dont l'épaisseur variait dans le rapport de un à dix. Nous avons constaté de cette manière que l'épaisseur de la feuille n'exerce aucune influence sur l'impression produite. Conclusion. — L'expérience du radiomètre et l'expé- rience du Dr Le Bon démontrent d'une manière non dou- teuse l'existence de l’infra-électricité. Le radiomètre se meut sous une influence infra-électrique qui correspond au temps de vibration des ondes calorifiques. La photo- graphie du Dr Le Bon correspond à des temps de vibra- (1) Si l'on répète ces expériences en disposant le ehâssis-presse à l'abri des rayons lumineux, dans une étuve dont la température est au moins égale à celle produite par les rayons, on n'obtient aucune impression. 3 SÉRIE, TOME XXXII. 6 (82 ) tion variables. Mais le phénomène électrique proprement dit n'intervient pas, car on sait que la lame de verre dis- posée au-dessus de la plaque sensible élimine à coup sûr toute manifestation actino-électrique. . En résumé, voici les diverses énergies qui correspon- dent aux diverses radiations : Radiations. Énergies. Calorifiques et lumineuses. Chaleur et infra-électricité. Ultra-violettes. Électricité. Anticathodiques. Ultra-électricité. Sur les fonctions invariantes associées à un système trans- formable; par Jacques Deruyts, membre de l’Aca- démie. Soient p4, Do, …, p, des fonctions entières isobariques, homogènes et des mêmes degrés pour les coefficients de rar et les variables de différentes séries analogues à #4, RUE par les lettres majuscules correspon- dantes P,, Pa, … les transformées de p‚, pa, …, quand les variables x sont soumises à la substitution Tj = ak, + Aag + hed + a, (get, 3, ... ñ); (1) le système p4, …, p, est transformable, si l’on a des rela- tions du premier degré P, = bapi -+ GiaPe + + bp», i ee i > id r, á (2) + les quantités 0 dépendant des paramètres z. ( 85 ) Nous nous proposons de déterminer les fonctions inva- riantes qui ont pour expression générale Der Ch rt Cala Pre T Clas Pis Po, -…… P, étant supposés linéairement indépendants. 1. Les fonctions & sont caractérisées par l'équation CP, + CP, + + + CP, = dT (ep. rien GP); à étant le module de la substitution (1) et C représentant la transformée de c. Remplaçons les quantités P par leur valeurs (2) et identifions les coefficients des fonctions linéairement indépendantes pı, Po, … , p,; nous obtenons les équations li = e 7 (0G “+” 0,,Ce + ve + Bk En se reportant à la formule (2), on voit que les quan- tités € sont contragrédientes à Pi, Po, ---, Pr, Même quand elles ont entre elles des relations du premier degré. Inversement, si les c sont contragrédients à Pi, …, Pis la somme cp + --- + C‚p‚ est invariante. Représentons par e les éléments dont dépendent les fonctions c et par e' des éléments différents, mais ana- logues à e. Soient c' =c (e') les fonctions correspondant à c = c (e); les quantités cet c’ étant transformables de la même manière, le système (c’) est contragrédient à (p) et Cp: + Gps + +. + cp, est une fonction invariante qui se réduit à ọ, si l'on identifie les éléments e’ et e. Donc, sans nuire à la généralité, on peut supposer que dans le développement de @, les fonctions € et p dépendent de séries différentes d'éléments. (84) 2. Considérons le cas particulier où les quantités p s'expriment seulement au moyen des coeflicients de formes linéaires bl, 02, … Soit [P‚] la fonction invariante de poids zéro, obtenue en remplaçant dans P; les paramètres æ, de la substitu- tion (4) par les variables xk, de n séries (x1), (x2), …, (xn) analogues à (x). On peut toujours écrire : [P] = ot + 0,92 + - + ol, . . . (5) dans les conditions suivantes : 1° Les lettres / représentent des covariants primaires, c'est-à-dire des fonctions invariantes en x1,22, ...,æn —1 qui satisfont aux équations de polaires xi EEEN =() (= 1,2, ..., n— 2). 2° Qy désigne en général une somme de produits de covariants identiques et de polaires de :/ relatives aux variables. 5° Chacun des covariants y, multiplié par une puis- sance de (+ xiy, …, eN), est une polaire de [P;] (*). Soient y1, 2, …, yt les termes linéairement indépen- dants des r suites 1, y2, …, yl obtenues en faisant i = 1, 2, …, r dans la formule (5). Les fonctions |P,] sont des sommes de polaires de 1, …, yt multipliées par des covariants identiques; inversement, y1, …, yt multi- pliés par des puissances de (+ x1, t2 …. zn) se () Les conditions indiquées sont toujours réalisables : dans la formule (3), les covariants 7, … yl ds linéairement indépen- dants, ainsi que les multiplicateurs de leurs sources Le nombre ! des termes est alors réduit au minimum. Voir ke Essai d'une théorie générale des formes, p 110. (MÉM DE LA SOC ROY. DES SCIENCES DE Lmce, 2e sér., t. XVII (85 ) déduisent de Pune au moins des quantités [P;}, [Po], eee, [P,] par opérations polaires relatives aux variables. D'autre part, les fonctions [P] sont linéairement expri- mables en p,, …, p, [formule (2)]. Done, les coefficients de YA, … yt sont des combinaisons du premier degré de Pi, …, p, et réciproquement. 3. Soient al, a2,, …, an, des formes linéaires; si le covariant yi des formes b, a le poids z, on peut écrire (a $i, Fa A …. xh a yi = == 0, nj, gens al, 42,4 s.. « ja)”, les exposants mj étant convenablement choisis et O, repré- sentant une opération polaire relative aux coefficients de al GR -s M DR CT Désignons par y1, y2, … des séries de n variables et ` par O, l'opération polaire analogue à O, relative aux variables #4, x2, ..., zit, y4, y2, … Prenons Qyi = DE t an xi c’est-à-dire ‚xt = 0,O,N (ZE als, 42e. dj)"; la fonction invariante r , eee 2 (%) p= xl + AZ + + Qu . . . . peut toujours s'écrire Fi = A + de pou, elk) C) Loe. cit., p. 72. ( 86 ) de manière que les quantités }, u dépendent respective- ment des éléments y, b et n'ont entre elles aucune relation linéaire. Les covariants yi (i == 1, 2, …, t) étant par supposition linéairement indépendants, il en est de même de leurs sources hi = ONE al, a2 … . aj,)?. En outre, dans le développement de Q; yi, le multipli- cateur de di est o, = O,N(Æ xt, …. 2"; conséquemment, les multiplicateurs w; … w, des sources Yı … p, dans la formule (4) sont linéairement indépen- dants de la même manière que 44, …, &,. Dans ces condi- tions, le nombre s des termes du développement (4') est le nombre des coefficients linéairement indépendants de 41, 42, …, yt (). D'après le résultat obtenu au para- graphe précédent, on a s =r; on peut prendre PA [UE Mi == Pz» -s Kr = Pr: la formule (4') devient p1 = À pi + Apa + + A Pee En d’autres termes; si py, pa, ---, p, sont fonctions des coefficients de formes linéaires, on peut trouver des quantités linéairement indépendantes c = à, telles que la somme Xyp, + +. + ),p, soit invariante. Ce résultat se généralise facilement pour les systèmes () Loc. eit, p. 111. (87) (p) dépendant des coefficients de formes quelconques. En effet, soit p’ l'expression symbolique de p, symétrique pour les symboles équivalents; les quantités p’ se rappor- tant à des formes du premier degré, il existe une fonction invariante Ap; + --- + ),p où les à sont linéairement indépendants. Si l’on remplace les expressions symbo- liques par les expressions effectives, on obtient la fonction invariante À,py +: + àp, différente de zéro. Les quantités p peuvent encore dépendre de variables Vis Va, .…, V, analogues à #1, ..., &,; Ce cas se ramène aux précédents, si l’on considère les v comme les coeffi- cients de la forme (+ v, £la #25 … . xn — 1,). Nous énoncerons donc ce théorème : À tout système transfor- mable et linéairement indépendant pi, …, p,, on peut faire correspondre un système analogue h, …, A, tel que la somme Xyp, + hopa + ++: + À,p, soit invariante et diffé- rente de zéro. Le poids de la fonction invariante Xp peut être sup- posé positif, négatif ou nul, car on peut introduire comme facteur un invariant ou un covariant identique. 4. Les propriétés établies ci-dessus permettent de déterminer toutes les fonctions invariantes & associées à un système donné (p). Pour plus de simplicité, nous considérerons d’abord les fonctions de poids zéro p= ep (xr) + Cpa(x) + ++ + C‚P-(x), - « (8) dans lesquelles les quantités p dépendent seulement des variables %4, x2, … , tandis que les multiplicateurs c sont fonctions des coefficients de formes algébriques quel- conques et de séries de variables (y) … ( 88 ) Nous écrirons : Eik xr) = > — 2 V dip... les ca désignant des facteurs numériques (*). Puisque les p; sont supposés linéairement indépendants, les détermi- nants d'ordre r du tableau a PEIE as rE U E A el Ca Eon enne ee une ee ne sont pas tous nuls. Par analogie avec l'expression de p; (x), nous prendrons d Fit d aA e PR \ L a! B! „e UTi FE os on obtient immédiatement r! PL PD Dn Ein jes et, d'après la formule (5) : P: (5) =d me Ca Dennen Ron zele „DS Etos d 4 i P: (=) DA Ee cad en a i oe C, Semen . . G + . . MIT è . . . ( L'indice k correspond au produit s% 2f... (89) Les r dernières équations sont résolubles par rapport à Ci, Ca, …, Cp, Car leur déterminant € est la somme des carrés des déterminants du tableau (5'). On obtient, par Suite : 0 pla) pel) … p.(x) d i Pi ke 2 De, Denen .. dents pm . (6) d 7 Pr (5) ? DE X entu wra Je D'un autre côté, toute fonction invariante de poids zéro en zl, x2, …, y …, s'écrit symboliquement = 0'al, a, lS, . Rio D 0’ étant une opération polaire relative à al, a2, …, b, … et aux coeflicients symboliques (*); de plus, k kecon membre de la dernière formule peut être supposé symé- trique pour les symboles équivalents. On déduit de l'équation (6) d x (5) p=elf!… .O'p;(a)b7 …; par la formule (6), on obtient ensuite : san Du + e DE an ere aaa. €) Loc. cit., p. 62 ( 90 ) en représentant par O une opération polaire et en posant: 0 pile) pele) + p,(x) A ee ue Po =| p,(a) Siuti Seh T Yent © p, (a) Yenen Seren e Se Nous observerons encore que Oe,b; ... est une fonction invariante en même temps que +, car les expressions symboliques employées sont symétriques pour les sym- boles équivalents. 5. La fonction vo est symétrique et bilinéaire pour les quantités p (x), p (a); elle est de plus invariante, ainsi qu'il résulte des remarques suivantes : 1° Le système p; (x), … , p, (x) étant transformable, il en est de même des systèmes correspondants p; (a), … , p, (a) et Op, (a) b}, …, Op,(a)b}, de telle manière que si l'on a P:(A) = ba pi (a) + + + op (a), . . . (8) on obtient Op;(A) B'(Y) = 4, Op: (a) b3 +- … + %,Op,(a)b3 … (8) 2 L'opérateur O et l’exposant g sont déterminés par la fonction œ, qui est de poids zéro; mais il n'existe aucune relation linéaire générale entre les quantités Op (a) b. En effet, on peut obtenir une fonction particulière = Mp (£) + --- + },p, (£), dans laquelle }4, … , à, sont linéairement indépendants (§ 3); d’après la formule (7), nT Ne Re ir Ei (M) À, À, Sont représentés symboliquement par des com- binaisons linéaires de Op, (a) bj, … , Op,(a)b}; par suite, il n'existe aucune relation du premier degré entre ces dernières quantités. 5° L'équation d'invariance de Oo,b;, à savoir Oe B (Y) = Op, . - . . : . (9) se vérifie identiquement si l’on remplace dans le pre- mier membre les quantités p(X) et Op (A)B’(Y) par leurs valeurs en p(x) et Op(a)b!; en effet, les p(x) sont linéai- rement indépendants et, comme nous venons de le voir, il n'existe aucune relation générale du premier degré entre les quantités Op (a) bj. La formule (9) résulte ainsi du mode de transformation des expressions Op(a)b,; les quantités p(a) et Op(a)b, étant tout à fait semblables [formules (8), (8')], on peut, sans modifier l’invariance, remplacer dans Ozob, les Op (a)b, par p(a) et on obtient alors la fonction ¢ọ. Donc : Toutes les fonctions invariantes 7de poids zéro, associées à un système transformable indépendant p; (X), …, p, (X), se déduisent de l'une d’entre elles 20, par la formule sym- bolique (7) : ? == Oz b5 ae g étant le degré de > pour les variables y différentes de (x). APPLICATION. — Soit & = c; p (£) + +. + ¢,p, (x) une forme ou une fonction invariante de poids zéro, satis- faisant à des équations de polaires E, = 0, relatives aux variables (*). On peut toujours supposer les quantités p linéairement indépendantes, et ainsi p4, …, p, sont les de di A C) Les conditions de polaires sont équivalentes à des relations du Premier degré entre les coefficients de ©. (92) termes d’un système transformable satisfaisant à E, p = 0. La formule (7) est applicable dans le cas actuel; la fonc- tion ọọ Satisfait, à cause de sa symétrie, aux équations correspondantes E, = 0, E, — 0. Done, toute fonction invariante de poids zéro, qui satisfait à des conditions de polaires E, = 0, s'écrit symboliquement 2 = Ov, …, de manière que oo est solution des équations E, = 0, E, = 0. L'opération O jouit elle-même d’une propriété en relation avec les équations E, = 0. Cette opération est définie par O — SNA sk + comme agrégat de polaires simples relatives aux coefficients a, b; si l’on fait zig, On écrira 0 = Sk , et sous cette forme, on vérifie facilement les relations schématiques E,0 = 0. 6. Soit © = cpi (£) + -- + c,p,(x) une fonction invariante de poids positif m = €; si z1, z2, …, zn sont des séries de variables analogues à x, le produit sp (del, 244) est de poids zéro et est associé au système transfor- mable p'(z) composé d'un seul terme p'=(+ z414, ..., 2/1)". D'après le théorème précédent, on a 9 = O'al!, ad, … bil dE UI, 12, … . UN), puis ge = 0'al;, 4% … bb, … (dE 01,12, In); . (10) O' est alors une opération polaire relative aux coefficients des formes linéaires a,, b,, l. On peut appliquer à +’ les raisonnements indiqués ci-dessus (§ 4) pour +, en remplaçant l'équation (6') par (10) : on trouve ainsi que toute fonction invariante de poids positif s, associée au système p(x), s'écrit sym- boliquement : 8e = 0al E H, .… ln) bs ce . . . .(41) (93 ) Enfin, considérons les fonctions 2" = c4p1(x) + --- + €,p,(x), qui sont de poids négatif z = — €, Le pro- duit ọ = ®"(+ U4. ... WM est de poids zéro. On a Ge Ooobs toe GE 7 y8 rr A d d di dl TE 7 à part un facteur numérique. On déduit facilement de là : sus MOVE o a el 0” étant une opération polaire et y une opération définie schématiquement par le produit de e déterminants (+ (rt lj dh, dk, dt, l où h, k, t sont des coefficients a, b. Ainsi, les formules (7), (11), (12) déterminent au moyen de oo les expressions symboliques des fonctions invariantes associées au système p (x). 7. Le résultat précédent se généralise pour les systèmes transformables (p) dépendant de variables x et des coefli- cients de formes quelconques. Si les lettres v désignent des coefficients de formes linéaires, on peut écrire p = p' (x, v), en expression symbolique symétrique pour les symboles équivalents. Les systèmes (p), (p') sont transformables de la même manière et les fonctions invariantes o = € p4 + = + €,p, Sont représentées symboliquement par les fone- tions invariantes associées à (p'). D'autre part, les coefficients v de formes linéaires sont cogrédients aux déterminants d'ordre n — 1 composés au moyen de” — 1 séries de # variables; conséquemment, les fonctions p’ se ramènent à d’autres p” qui dépendent (4) seulement des variables. Les formules (7), (14), (12) sont applicables pour le système (p”) et peuvent ensuite être rapportées au système (p'). Prenons (x, u) = rial uli, pil ) e arn ve af 1s Le 0 pin)... "px, 4) Ps d. Neh sr Seuta D p.(a, z) Veren ri de On peut vérifier que toutes les fonctions invariantes associées au système p = p' (x, v) se déduisent né her ment de D, par la formule p = OD (+ ll... INEU … Les notations employées sont les suivantes : les lettres a, b, l, h, k, ..., t, … représentent des coefficients de formes linéaires; æ, y, z désignent des variables; € est un nombre positif ou nul; enfin, @ est un agrégat de polaires et d'opérations d i ü d ) Leben ter) (+ ea) Remarque. — Le déterminant D est invariant; il est développable comme somme des quantités p’ (æ, v) mul- tipliées par des quantités contragrédientes ($ 1). Done, au système linéairement transformable p' (x, v), il correspond un systeme contragrédient dont les termes sont combinaisons linéaires des fonctions p' (a, z). (95) Crime. — Etude de la synthèse du benzêne par l'action du zinc-éthyle sur l'acétophénone [cinquième communi- cation] (*); par Maurice Delacre, correspondant de l'Académie. En étudiant, il y a déjà cinq ans, l’action de la potasse alcoolique de 4 à 5° sur la dypnopinacone, j'obtins, en même temps que l'isodypnopinacoline + récemment décrite (**), une petite quantité de flocons cristallins. La séparation de ce produit secondaire se faisait très nette- ment par cristallisation dans l'alcool; après les cristaux tabulaires de dypnopinacoline a, il se déposait sous forme d’aiguilles extrêmement ténues dont la quantité était toujours très faible (quelques milligrammes pour 10 grammes de pinacone mis en œuvre). Animé du désir de poursuivre jusque dans ses détails l'étude de la synthèse de la chaîne benzénique, je m'effor- cai d'augmenter les rendements de ce produit secondaire pour me mettre à même d'en faire l'étude. Je crois bon de donner une idée des expériences que J'ai exécutées dans cette voie; des détails de ce genre sont, à la vérité, de peu d'intérêt à la lecture, mais ils sont indispensables à ceux qui me succéderont dans ces recherches, et il ne serait pas pratique de rentrer dans de semblables particularités dans le mémoire d'ensemble C) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XX, p. 463, 1890; t. XXII, p- 410, 1891; t. XXVII, p. 36, 1894; t. XXIX, p. 849, 1895. C°) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXIX, p. 855. ( 96 ) qu’il me sera peut-être donné de publier sur cette ques- tion importante. Tout d’abord, je crus pouvoir arriver à augmenter la proportion du produit secondaire (que nous appellerons isodypnopinacoline 3) en faisant varier les conditions de l'opération. C’est dans cet espoir que je me livrai à une série d’essais qui comptent parmi les plus décourageants que j'aie rencontrés dans ces recherches. Tout ce que je fis pour varier les conditions (concen- tration des solutions, quantité de potasse, temps et façon de chauffer, température de la réaction) ne me conduisit à aucune amélioration. Une partie de mes essais portèrent ensuite sur l’action de l'acide chlorhydrique. Frappé de ce que j'avais con- staté avec les dypnopinacolines, l’isomérisation facile du dérivé + en dérivé 3 par l’action des acides minéraux, il m'était naturel de chercher de ce côté un moyen de passer de Pisodypnopinacoline a à l’isodypnopinacoline 6 (*). En faisant agir au bain-marie, en matras scellé, liso- dypnopinacoline a (5 grammes) sur un mélange de 150 grammes d'acide acétique à 80 °/, et de 25 grammes d'acide chlorhydrique fumant, on ne provoque pas la déshydratation du produit (*). Il se dépose inaltéré de la €) Ceci ne doit pas faire supposer une parenté qui n'existe peut- être pas entre les isodypnopinacolines a et B; je ne fais que signaler l'évolution de mes idées. A ce sujet, je crois utile de dire que mes dénominations sont tout à fait empiriques. En tout cas, il est dès à présent certain qu'une parenté au même degré n'existe pas entre les sor d’une part, et les isodypnopinacolines, d'autre part. (*) Mes notes ne mentionnent pas le temps de chauffe; je crois que e ‘était une douzaine d'heures. RTE pe ÈS nd NS Cie D PSS ES, SD (97) solution ; cependant je remarquais toujours qu'un long repos occasionnait dans les solutions le dépôt d’isodypno- pinacoline (5. Ceci, dû uniquement à une circonstance fortuite de l'exposition de mon laboratoire, m'engagea dans une série d'essais qui furent aussi infructueux que les précédents. C’est un hasard qui m'amena à reconnaître la vraie cause de la transformation de lisodypnopinacoline a en 5. J'avais déterminé par la méthode cryoscopique le poids moléculaire de l’isodypnopinacoline a; la solution benzénique fut placée dans un tube à essais et oubliée sur une étagère exposée au soleil pendant plusieurs heures du jour; plusieurs mois après, reprenant par l'acide acétique le résidu de l'évaporation, j'eus la joie de constater la disparition de la dypnopinacoline + et la formation d'isomère (5. La cause de la transformation était done, soit la lumière solaire, soit Pair, et il me fut aisé de me convaincre par quelques essais que l'oxyda- tion n'entrait pas en jeu. Malgré cette observation importante, je n'étais pas au bout de mes peines, et trois années devaient encore s'écouler avant que je me trouvasse en possession d’une méthode permettant de préparer le nouvel isomère. En effet, en tant que dissolvant, la benzine ne m'a jamais donné de résultats lorsque j'ai voulu répéter l'essai qui m'avait si bien réussi. La solution benzénique soumise à l'action de la lumière en flacons fermés ne cristallise pas, même après plusieurs mois d'insolation; si on laisse l'évaporation se faire en même temps, on obtient une masse gommeuse qui est probablement de la dypnopina- coline gz légèrement altérée, et dont on ne peut séparer le dérivé 8. SIE SÉRIE, TOME XXXII. i ( 98 ) Découragé par ces insuccès et dans l'impossibilité de me procurer même un gramme du nouvel isomère, j'exé- cutai une série d'essais où je faisais agir les rayons solaires sur la dypnopinacoline « au moment de sa for- mation, mais ce fut sans résultat. Dans le même ordre d'idées, l’action des rayons solaires sur une solution de dypnopinacoline « dans la potasse alcoolique m'a fourni une méthode qui a été longtemps, pour moi, très précieuse. Elle mérite une mention spé- ciale, car elle est basée sur un fait qui est important pour cette étude : la transformation de la dypnopinacoline (3 dans certaines circonstances sous l'influence des rayons solaires. On chauffe à reflux 7 grammes de dypnopinacoline f, 800 grammes d’alcool fort et 1 gramme de potasse caus- tique jusqu’à ce que la solution soit parfaite, et on soumet à l’insolation. Dans de bonnes conditions de radiation, la transformation peut commencer trois ou quatre heures après et le liquide commence à déposer des flocons blancs; il m'est arrivé une fois de voir le mélange se prendre en un magma cristallin et d’avoir un rendement de 50 °/,. Le produit ainsi obtenu a été analysé; traité par le zinc-éthyle, il a donné un alcool identique à celui que je décrirai plus loin. Comme on le voit, cela ne constitue cependant pas une méthode sûre et commode. La solution une fois faite, st la radiation n’est pas assez forte ou si le soleil vient à dis- paraitre, le produit subit un commencement de scission et devient inapte à fournir le produit cherché. Voici, en fin de compte, la méthode que je considère actuellement comme la seule pratique. On dissout 50 grammes d'isodypnopinacoline a dans (9) 11 kilogrammes d’alcool à 95° (*). La solution ayant été faite à chaud, on l’expose au soleil dans un grand flacon bouché. Généralement, lorsque la radiation n’est pas très intense, il se dépose par refroidissement de l’isodypnopinacoline x non transformée; en ce cas, on attend que le premier trouble occasionné par dépôt de l’isomère floconneux se manifeste, on décante, puis on dissout les cristaux déposés dans 4 ou 2 litres de la solution bouillante pour les intro- duire de nouveau dans la solution qui à commencé à déposer des flocons. Le temps nécessaire pour atteindre la limite de trans- formation est extrêmement variable : de deux à trois semaines pendant les périodes les plus favorables. On obtient ainsi de 22 à 25 grammes d’un produit d’une blancheur éclatante et qu'il suffit de laver par l'alcool pour l'amener dans un état de grande pureté. Le liquide mère, concentré à moitié et exposé de rechef au soleil, fournit un nouveau dépôt. Celui-ci peut être formé uniquement du nouvel isomère, mais ce n’est le cas que si la radiation est très intense. Au cas con- traire, il se dépose lentement un mélange d’isodypnopi- nacoline 5 et d’isodypnopinacoline y; d’ailleurs, on peut toujours transformer celle-ci en isomère @ par insolation. our 200 grammes d’isodypnopinacoline a, j'ai obtenu en quatre opérations, 140 grammes d’isomère 3 et 7, après des concentrations successives à 8 kilogrammes de solution. Cette dernière solution a été additionnée progressive- ment d'eau; l'addition de 4 litres n’a provoqué que le C) I s’agit, comme toujours, à moins de mention spéciale, d'alcool Ordinaire, L'acidité du bon alcool commercial que j'ai examiné est d'environ 10 c. c. À > par kilogramme. ( 400 ) dépôt de 0,5 de produit; puis 2 nouveaux litres ont précipité après un repos de plusieurs jours 59 grammes de produit see, sans qu'une dilution nouvelle occasionne la séparation d’une nouvelle quantité de produit. D’après cela, il devait done rester encore une vingtaine de grammes en solution ; en chassant alcool par distil- lation et extrayant le résidu aqueux par l’éther, j'ai retiré une dizaine de grammes d’une résine très soluble dans l'alcool, dont il m'a été impossible d'isoler un corps cris- tallisé et qui, exposée au soleil en solution alcoolique, n’a donné lieu à aucun dépôt appréciable. Les 59 grammes obtenus par précipitation sont un mélange d’isodypnopinacoline y et de la même résine soluble dans l'alcool que l'on peut séparer, bien que diffi- cilement, par ce dissolvant à froid. ISODYPNOPINACOLINE Ê. La seule précaution à prendre pour obtenir ce produit à l’état de grande pureté est de soumettre les solutions à une insolation suffisamment prolongée. D'ailleurs, grâce à la légèreté des cristaux, il est très facile de s'assurer de l'absence d’isomères a et y; en agitant la solution alcooli- que, ceux-ci gagnent le fond du flacon, tandis que liso- mère Ê se sépare par lévigation. Celui-ci se présente en aiguilles soyeuses d’une blan- cheur éclatante, qui forment un feutre sur le filtre lorsqu'on les sépare; ce corps est peu soluble dans l'alcool froid, plus soluble à chaud (*), plus soluble également dans l'acide acétique, peu dans l’éther. Il fond à 196°. () La solution alcoolique soumise à l’ébullition pendant huit jours a déposé un produit inaltéré. (101) L'analyse du produit a conduit aux résultats suivants : L lI, Substance. 0,4818 0,4689 Eau. . . 0272 02000 ui. IV 0,4814 0,5042 0,2723 0,2809 1,6513 és 1,5796 4,5580 1,5789) eh . - 0 , 0,0070 0,0088 0,0100) 0035 H4, OGC B ° . . 89,85 89,86 90,02 89,95 Et la détermination eryoscopique : Benzène 178r,7649 Substance 0,1588 0,2814 0,4418 0,5599 0,6694 Congélation 4°,852 4,755 (La solubilité du produit s'arrête là.) D'après cela, Pisodypnopinacoline 3 peut donc être con- sidérée comme isomère des dypnopinacolines précédem- ment décrites. y. 0,1612 0,095352 0,5211 0,0082 0,0031 6,42 90,03 Congélation 4°,94 M. Cale. pour CHO 6,10 90,14 561 La réaction la plus intéressante de ce produit nouveau est celle des alealis dilués; nous verrons que, suivant la concentration, on obtient deux isomères : Pisodypnopina- coline ò et l’isodypnopinacoline e. L'acide acétique chlorhydrique à différents degrés de concentration a pour effet de produire des corps fortement colorés en brun, que je ne suis pas arrivé à purifier con- venablement ; une seule fois j'ai obtenu un corps fondant ( 102 ) vers 215°. Les produits ainsi formés paraissent se décom- poser par l’ammoniaque. Pour cette raison, j'ai cru y voir des analogues de celui que j'ai déjà cité sous le nom de pseudodypnopinacoline et provenant de l'action des acides minéraux sur la dypnopinacone et les dypnopina- colines (*), et j'en ai réservé l'étude pour plus tard. Le chlorure d'acétyle sous pression ordinaire est sans action sensible sur l’isodypnopinacoline f. Alcool isodypnopinacolique B. Dans certaines conditions que je ne suis pas parvenu à préciser, le zinc-éthyle agit sur l’isodypnopinacoline B en donnant, avec des rende- ments très satisfaisants, l'alcool correspondant; mais le plus souvent il se forme en même temps une huile épaisse qui refuse obstinément de eristalliser. Dans l’action du zinc-éthyle sur les autres dypnopinacolines, il se forme par une action trop énergique du réactif de la triphénylben- zine, en sorte que les produits de la réaction deviennent facilement eristallisables si on prolonge celle-ci. lei ce n'est pas le cas; je n'ai jamais obtenu de triphénylbenzine, et l’action prolongée du réactif ne facilite pas la sépara- tion des produits formés, qui se présentent toujours sous forme d'huile épaisse. 10 grammes de dypnopinacoline f sont chauflés pen- dant 5 t/a jours de 125° à 150° avec 25 grammes de zinc- éthyle; le produit de la réaction, délayé par un peu d’éther, est versé peu à peu dans l’eau, traité par HCI et séparé par filtration. On dissout dans l’éther, on ajoute à la solution une certaine quantité d'alcool et on laban- C) Bull. de l'Acad, roy. de Belgique, t. XXII, pp. 476 et 499, 1891. ( 105 ) donne dans un matras ouvert; il se dépose bientôt des cristaux vitreux ; on laisse la cristallisation se prolonger tant qu'il ne se dépose pas d'huile, mais dès que celle-ci apparaît, il faut avoir soin de décanter le liquide surna- geant qui ne peut plus donner de cristaux. On retire 1 à 2 grammes de produit. Celui-ci se présente en cristaux d’une limpidité et d'une netteté admirables; ils sont tabulaires-et atteignent le plus souvent plusieurs millimètres. Ils fondent à 164. L'analyse a donné : Substance si 0,5525 Eau a en 0,2141 1,1458 CO ne RS - 0,0029 Calculé pour CRO Ee a 6,74 6,57 he e e an N Sous l'influence du chlorure d’acétyle, cet alcool se dis- sout, devient rouge vineux, puis rouge-brun, puis noir ; une seule fois j'ai obtenu par cette action un produit fon- dant à 455°-154°. Soumis à la distillation dans le vide, il donne de l’aldé- hyde benzoique facile à caractériser par l'odeur et par l'action de l’ammoniaque et du triphénylbenzène; mais la scission ne se fait pas d'une façon quantitative; des produits gommeux accompagnent l'hydrocarbure. Je n'ai pas cru devoir continuer l'étude de cette nou- velle synthèse de la benzine, en raison des faibles rende- ments en alcool. Je reviendrai sur ce sujet après que j'aurai trouvé un autre moyen d'hydrogénation. (104) ISODYPNOPINACOLINE 0, Préparation : alcool, 100 grammes; isodypnopinaco- line B, 4 gramme ; solution normale de potasse caustique, 10 gouttes (*). On chauffe la solution au bain de vapeur pendant huit heures, à reflux, on laisse refroidir un peu et on ajoute 5 gouttes d'acide acétique absolu; on filtre au besoin et on abandonne au repos pendant plusieurs jours. Il se dépose 50 à 40 centigrammes de produit en gros cristaux; l'addition d’un peu d’eau provoque le dépot d’une seconde quantité équivalente de produit semblable, mais cont tune petite quantité d’isodypnopinacoline :. On: retire ensuite un peu d'isodypnopinacoline 6 non altérée. D'ailleurs, si le résultat principal de l'opération me paraît régulier, il est probable que les produits secon- daires ne présentent pas la même constance. Cette réaction est, en effet, d’une délicatesse extrème, et les faits suivants pourront en donner une idée : Si, au lieu de 10 gouttes de réactif, on en prend 5, la même isodypnopinacoline ð se forme, mais elle est accompagnée d'une grande partie du produit primitif non transformée. Au contraire, il suffit d'augmenter de très peu la proportion de 10 gouttes ou de prolonger, avec la proportion citée plus haut, le temps de chauffe pour obtenir une transformation partielle ou totale en isodypnopinacoline e. La même chose a lieu, dans certains cas, si l'on n'em- ploie pas une isodypnopinacoline ĝ bien pure. C'est ainsi () Du compte-gouttes « normal » de Mann et Ilgen. ( 405 ) qu'il m'est arrivé, en utilisant de ce produit contenant de l'isomère y, et en suivant strictement les conditions de l'opération, de n’obtenir que de l'isodypnopinacoline =. Ce fait intéressant trouvera sans doute son explication lorsque nous connaitrons mieux les fonctions des corps - qui sont décrits ici. J'ai des raisons de croire qu'il tient à la propriété suivante : l’isodypnopinacoline 3 neutra- lise les alcalis, tandis que l’isodypnopinacoline y ne pos- séderait pas cette propriété, au moins au même degré; il s'ensuit que la quantité de potasse nécessaire dans le premier cas serait trop forte dans le cas des deux iso- mères mélangés. L'isodypnopinacoline ð se présente en magnifiques cristaux vitreux, fondant à 169°-170°, et qui se forment bien par refroidissement des solutions alcooliques et acé- tiques. Ce corps n’a pas subi de transformation par une ébullition de huit heures de sa solution alcoolique. Fait caractéristique, le chlorure d’acétyle se dissout sans se colorer (différence avec l'isomère £) et abandonne les cristaux par évaporation ; c'est même un moyen d’ob- tenir de superbes cristaux. Les résultats de la combustion et de la détermination cryoscopique sont les mêmes pour ce corps que pour les autres dypnopinacolines décrites : Substance. . 0,4677 0,4854 Bau o 0,2642 0,2695 1,5534 1,5803 co o a {00r 60007 0,00153 0,0022 Calculé pour CRD H oono 6,28 6,19 6,10 Ch -sn 89,97 89,78 90,14 (106) Benzène 4168r,2012 Congélation 4°,90 Substance 0,2075 Congélation 4°,731 M. 578 0,44 4,555 395 0,5733 4°,460 400 0,8524 4°,204 390 0,9944 4110 590 ISODYPNOPINACOLINE £. D'après ce qui vient d’être dit au sujet de la prépara- tion de l’isomère ò, on peut voir quel est le minimum de potasse nécessaire pour obtenir l’isodypnopinacoline £. Mais il n’y a pas d'inconvénient à dépasser sensiblement cette limite. On fait bouillir pendant six heures 300 grammes d'al- cool, 5 grammes de KOH solide'pure et 5 grammes d'iso- dypnopinacoline ( pure ou mélangée de ð (non dey). On laisse refroidir, puis on acidifie par l'acide chlorhy- drique. On obtient, après précipitation par l’eau, à peu près 5 grammes du produit nouveau. Celui-ci contient le plus souvent une très petite quan- tité d'aiguilles soyeuses fondant vers 205°-210°, dont je n'ai pu jusqu'à ce jour augmenter la proportion. Il ne paraît être ni un produit intermédiaire entre les deux isomères ò et £, ni un produit de scission sous l'influence des alcalis. J'espère pouvoir revenir sur son étude. L'isodypnopinacoline £ se présente en cristaux vitreux incolores, fondant à 159°,5. Tandis que l’isomère d est en cristaux isolés plutôt tabulaires, l’isomère € est le plus souvent en faisceaux eristallins; cet aspect permet de distinguer jusqu’à un certain point les deux espèces chi- miques. ( 107 ) Les résultats de l'analyse et de la détermination cryo- scopique sont les suivants : Substance. . . 0,4820 0,4981 Ba." 0 0,2702 0,2792 co’ 1,5778 1,6357 0,0096 0,0048 Calculé pour Hf aaa i 6,22 6,25 6,10 a a 89,82 89,82 90,14 Benzène 148°,5556 Congélation 5°,61 Substance 0,2400 Congélation 5°,595 M. 587 5°,260 0,5685 569 0,4870 5°,160 577 0,6526 5°,015 570 L'action du zine-éthyle n’a donné que des huiles ineris- tallisables. L'acide chlorhydrique acétique paraît exercer la même action que sur l'isomère f ; en tout cas, l'étude des produits présente les mêmes difficultés. Au contraire, l’action du chlorure d’acétyle est bien Caractéristique. Tandis que les autres isomères de la série sont sans action frappante sur ce réactif, que l’isomère ò peut même cristalliser de ce dissolvant après ébullition, celui-ci, au contact de l’isomère £, se colore, à froid, en rouge vineux, puis peu à peu en vert émeraude, colora- tion qui persiste à chaud et qui est d’une grande inten- sité. Par refroidissement, il se dépose de magnifiques aiguilles jaunes fondant à 198° et altérables par la cha- leur. Ce corps, recueilli sur un filtre et lavé à l'acide acé- ( 108 ) tique, a donné à l'analyse le résultat suivant, qui parait concorder avec la composition d’un biacétate : Substance . Es Sn C °. Ha. 0,2060 0,1072 0,6546 0,0029 0,0017 Calculé pour C2HO (C°H°O’ 84,62 84,37 5,78 5,86 Le liquide filtré a déposé instantanément (sous lin- fluence de l'acide acétique) des cristaux micacés blancs, fondant à 178°, dont la composition paraît être celle d'un monoacétate. Substance . Eau . CE. C °/, 4 Ho: 0,2120 0,11535 0.6668 0,0044 0,00532 Calculé pour C2HO (C*H50) 86,76 87,18 5,95 6,00 Je reviendrai plus tard sur l'étude de ces dérivés acé- tylés. J'ai cru observer que le produit de leur saponifi- cation par l’eau n’est pas identique à l’isodypnopinaco- line e. Action de KOH sur la dypnopinacoline +. — Le nouvel isomère résiste fortement à l’action des alcalis ; la potasse alcoolique à 50°/, parait être sans action sur lui, ou tout au moins ne le scinde qu'avec une extrême difficulté. On (16) n'obtient la scission qu'avec de la potasse alcoolique très concentrée, à 200°, en tube scellé; on retire de l’acide benzoiqueet un produit fondant à 185°-185°, qui est pro- bablement un hydrocarbure, mais les rendements sont mauvais, et le produit d’une purification difficile. ISODYPNOPINACOLINE 7. La séparation de cet isomère est une opération difficile ; pour y arriver au moyen des produits obtenus par préci- pitation des liquides mères de l’isomérisation au soleil, il faut avoir soin de les purifier par des lavages répétés à l'alcool froid, puis des eristallisations dans ce véhicule. On isole ensuite l’isomère y en le faisant cristalliser par évaporation de sa solution éthérée; on obtient ainsi d'énormes cristaux vitreux que l’on peut séparer méca- niquement. Le même procédé de séparation peut servir pour séparer les deux isomères y et 5, si ce dernier ne se trouve pas en proportion trop considérable. Ce corps cristallise très bien de l'alcool, mais je ne sais s’il ne se transforme pas au sein de ce dissolvant. La cristallisation par évaporation de l’éther est la plus avan- tageuse. Il fond à 479°-180°; c'est un simple isomère des dypnopinacolines précédemment décrites. Substance. . . 0,5015 KE 0,2808 1,6408 Oe en 0,0102 0,0018 Calculé pour CU H JR a 6,22 6,10 e 89,92 90,14 (110) Benzène 148,8646 Congélation 1°,508 Substance 0,2262 Congélation 1°,502 M. 370 5 1,163 _ 566 0,5404 1°,026 377 0,6746 0°,837 559 0,8228 0°,715 348 0,9770 0°,580 316 La solution alcoolique de lisodypnopinacoline y se transforme en f sous l'influence des rayons solaires. our l’action de l'acide chlorhydrique, il y aurait à répéter ce que j'ai dit au sujet de l’isomère Ê. Quant au zinc-éthyle, il donne des produits gommeux dont il ne m'a pas été possible de faire l'étude. La potasse à 1 °, après ébullition de six à huit heures donne l’isomère =. Dans d’autres conditions, que je ne suis pas parvenu à préciser, le même réactif paraît provoquer la formation d'un autre produit se présentant en belles aiguilles fon- dant à 172. Dans cette note, j'ai décrit quatre nouveaux isomères des dypnopinacolines et je suis arrivé au moyen de l’iso- mère 5 à une nouvelle synthèse du benzène. Le nombre des isomères que j'ai décrits s'élève donc à neuf. Dans une prochaine communication, j'aurai l'honneur de pré- senter à l’Académie l'étude d’isomères nouveaux, plus intéressants au point de vue du but que je poursuis. Cela fait, les grandes lignes de mon travail seront indiquées et je pourrai m'occuper de l'étude de l’une ou l'autre synthèse que je n'ai fait qu'ébaucher. Université de Gand. Laboratoire de recherches. a CAI) ASTRONOMIE. — Sur les solutions multiples du problème des comètes; par Ern. Pasquier, professeur à l’Université de Louvain. S 1. — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. But de cette note. — Le problème que j'ai en vue a pour objet de déterminer, à l’aide de trois observations d’une comète et dans l'hypothèse d'une orbite parabolique, la distance correspondante à la deuxième observation. La direction dans laquelle lastre est vu étant connue, le problème, au point de vue astronomique, n’a qu'une solution, essentiellement positive. Il n’en est pas de même de l'équation qui est la traduction algébrique du problème et où la distance de lastre à la terre est Pinconnue : l'équation est de degré supérieur et une discussion est d’abord nécessaire pour déterminer le nombre de racines positives dont est susceptible une certaine équation du sixième degré, qui doit elle-même comprendre, approximativement du moins, la vraie solu- tion astronomique parmi ses racines positives. C’est cette discussion que je me propose de présenter d’une façon générale. Une pareille discussion doit être considérée comme ayant une haute portée théorique et pratique. Théorique- ment, si l'équation qui est la traduction algébrique d’un problème fournit plusieurs racines, il est indispensable de rechercher avec soin celle de ces racines qui constitue seule la solution du problème mis en équation; pratique- 112 ) ment, la recherche de l'orbite de la comète Cruls de 1882 par la méthode d’Olbers a fourni trois racines positives, et je n’oserais affirmer que les orbites calculées n’ont pas parfois été entachées d'erreurs, par suite de l'adoption, comme solution du problème astronomique, d’une racine étrangère. Une fois toutes les racines positives de l'équation du sixième degré établies, on conserve comme la vraie solu- tion celle de ces racines qui fournit la meilleure « repré- sentation du lieu moyen ». On peut aussi, comme l’a remarqué M. N. Herz (*), élaguer les racines positives étrangères en résolvant le problème de deux manières : une première fois, on égale l’excentricité à l'unité; une deuxième fois, on ne fait aucune hypothèse sur cette excentricité. La racine positive qui est à peu près la même dans les deux cas, est naturellement la solution du problème astronomique. Souvent la détermination de la distance de la comète à la terre lors de la deuxième observation peut être obtenue par la méthode d’Olbers : pour ce cas, la discussion des solutions multiples a été établie par Oppolzer dans un article (**) paru en 1882 dans les Sitzungsberichte de Vienne, et je n'ai rien à ajouter à la traduction que j'ai donnée de ce travail (***); certaines incorrections, signa- ON. Hens, Ueber die Möglichkeit einer PER Bahnbestim- mung les Sitzungsberichte de Vienne, t. LXXXVI, 1882, pp. 1125- TE *y Ueber die Kriterien des Vorhandenseins dreier Lösungen bei dem Kometenprobleme, t. LXXXVI, pp. 885-892. C") Traité de la détermination des orbites de Ni Atam st doc planètes, Paris, Gauthier-Villars, 4886, pp. 314 à 316. On y trouve, pp. 317 et 318, la discussion relative à la comète Cruls (1882, I). (143 ) ées par M. Schulhof, de +. ont toutefois été rec- üfiées par Oppolzer lui-même En ce qui concerne les solutions multiples du problème lors de l'application de sa propre méthode, — méthode : qui remplace (**) celle d’Olbers quand celle-ci n’est pas avantageuse, comme c'est le cas pour lintéressante comète Denning (26 mars 1894) (***), — Oppolzer n’a fourni que des renseignements incomplets et inexacts (”). La note actuelle a pour objet de rectifier et de com- pléter ces renseignements; cependant les résultats ici établis sont généraux et s'appliquent également à la méthode d’Olbers et à celle d'Oppolzer. Règle générale, les notations sont celles d’Oppolzer; elles sont supposées connues. La marche suivie est une généralisation de celle qu’Oppolzer a employée dans le Cas particulier de la méthode d’Olbers. Remarques. — 1. Les procédés mécaniques et graphi- ques sur lesquels MM. d’Ocagne et Radau ont particuliè- rement ramené l'attention pendant ces derniers temps, faciliteraient considérablement les calculs approchés que (*) été cité, pp 462 à 464. C'est uniquement là que se trouve la rectificatio (C°) CE wis Ueber die Bestimmung von M bei Olber's ‘Methode der Berechnung einer Kometenbahn, mit besonderer Rücksicht auf den Ausnahmefall, dans les Sitzungsberichte der Akademie zu Wien, t. XCII, 4885, pp. 1456-1477 (°°) Voyez la note de M. Schulhof, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, t. CXVIII, 1894, pp. 732 et 733. (") Traité des orbites, etc., ouvrage cité, p: 340 et note de la p. 476. 5" SÉRIE, TOME XXXII. ( H4.) nous allons indiquer (*). L'abaque de l'équation du troi- sième degré et l’abaque de la trigonométrie sphérique seraient ici d'un précieux secours; c'est encore sur la construction d’un abaque qu'on pourrait faire reposer tout le paragraphe 2 qui suit et qui constitue la partie essentielle de ce travail. 2. Pour bien comprendre la marche suivie, il est nécessaire de noter qu’au point où l'on suppose arrivée la détermination de l'orbite cométaire, il n’est pas encore question de rechercher, d'une manière exacte, la valeur même de la distance de la comète à la terre lors de la deuxième observation; ce que l’on veut, c’est d’abord élaguer les racines étrangères et connaître une valeur approchée de celle qui convient au problème astrono- mique. Or, dans la question astronomique, on a appro- ximativement r,+r,.=—%r,, p=1 et p,—p,; du moins, (C) Voyez à ce sujet : D'OCAGNE, La Ser Gauthier-Villars, 48941. (Ouvrage cou- ronné par l’Institut de Fra D'OCAGNE, Le calcul simplifé Dar les procédés mécaniques et graphi- m Paris, Gauthier-Villars, 1894. GNE, Abaque général de la trigonométrie sphérique, dans le Bulletin astronomique, t. XI, 1894, pp. 5-16. r la détermination des orbites, dans le Bulletin astrono- mique, t. ‘IL 1885, pp. 5 et suiv., pp. 63 et suiv. RApau, Sur guelques applications des méthodes graphiques, même PER t. III, 1886, pp. 62-65. DAU, Sur le calcul approximatif d'une orbite parabolique, même Part t. IV, 1887, pp. 409-422, Ranau, Remarques ps la résolution graphique des triangles sphé- die même Bulletin, t. XI, 1894, pp. 54 e Ranau, Remarques complémentaires sur la résolution graphique des trian Es sphériques, même Bulletin, même volume, pp. 172 e t 173 ( 145 ) il y a tout lieu de penser, les observations devant être suffisamment rapprochées pour la convergence des séries, que si l’on pose ces relations dans l'équation rigoureuse, l'équation du sixième degré à laquelle on est conduit ne cessera pas de contenir, parmi ses racines, celle qui convient au problème astronomique. C’est ainsi que se légitime, autant que la chose paraît possible, la substi- tution de l'équation du sixième degré à l’équation rigou- reuse de degré supérieur. La marche qui vient d'être indiquée est celle qui a été suivie par Oppolzer dans l’article paru en 1882 dans les Sitzungsberichte de Vienne et dont la traduction se trouve aux pages 514 et suivantes de l'édition francaise du Lehrbuch; pour se convaincre qu’il en est bien ainsi, il suffit de se reporter aux premières lignes de la page 514 de cet ouvrage et de comparer la deuxième équation (1) de cette page à l'équation (10) de la page 298 du même volume. 5. Bien que l'éminent astronome ne s'explique pas à ce sujet, on peut croire qu'en s'occupant des solutions multiples, il a eu simplement en vue le cas de la méthod d'Olbers; toutefois, comme nous le verrons ci-dessous, ses résultats conviennent aussi au cas du premier essai de la méthode qu’il a lui-même proposé de substituer à celle d'Olbers quand celle-ci n’est pas avantageuse. Mon but dans cette note, comme je l'ai dit immédiatement avant la remarque 4, est surtout de montrer comment on peut Conduire les calculs de manière à obtenir des résultats applicables à la fois à la méthode d’Olbers et à celle d'Oppolzer. (446 ) Formule générale donnant o.. — N'ayant en vue que la recherche des solutions multiples d’après le procédé d'Oppolzer, j'attribue à 2., conformément à la remarque 2 de tantôt, la valeur qui, rigoureusement, appartient à 5; la distance de la comète à la terre lors de la deuxième observation doit ainsi satisfaire à l'équation que voici (*) : h?g? — 29,[ gh cosg cos(G — II) — mh} cosp. cost cos(H — à) + sin Bw sinti] = s’ — g? — m°+2mg cos f. cos(G — àm). a) | Les seules inconnues qui entrent dans cette relation (1) sont p», set m. La quantité 0. est la distance géocentrique de la comète lors de la deuxième observation, s est la corde comprise entre la première et la troisième position de la comète et m est déterminé par la formule (**) : (2) m = 4r7r,sin] R.sin(L.—n)( 1 D bre ere) (Re +R) | relation où r, et r., distances de la comète au soleil lors de la première et de la troisième observation, sont les seules inconnues. Les autres quantités qui interviennent -dans les formules (1) et (2) sont fournies par les observa- tions ou par les éphémérides (c'est le cas de zn +, Lo R,R.,R.,), ou bien elles dépendent à la fois des observa- tions et du grand cercle dont on fait choix pour trouver m (c'est le cas de sin J, D, D). La quantité D a pour valeur sin (X, — II) cos 8... sinJ — sin 8. cosJ; dans la méthode . adoptée par hypothèse (celle d’Olbers ou celle d'Oppolzer, (‘) Cf. OPPOLZER-PASQUIER, ouvrage cité, p. 310, formule 3. (°) CE. ouvrage cité, p. 288, formule 114 b. ( PEF) suivant le cas), D n’est jamais nul ou voisin de zéro; 7, T» : D est donc toujours du même ordre de grandeur que les +. Nombre ordinaire de solutions positives dans le cas du premier essai de la méthode d'Oppolzer. — Les quantités qui entrent dans (1) et dans (2) ont la même signification dans le procédé d'Olbers et dans celui d'Oppolzer; toute- fois, au point de vue qui nous occupe, il existe à leur sujet des différences essentielles. C’est ainsi que, dans la méthode d’Olbers, on a toujours, dans tous les essais, m = 0, parce qu'on prend N = L, : lors de la méthode d'Olbers, l'équation (1) se simplifie donc et devient : (1). hek — Whoutosp == sg Dans la méthode d'Oppolzer, m est égal aussi à zéro, mais c'est seulement dans le premier essai et quand on ne connaît a priori aucune valeur approchée de la distance de la comète au soleil : dans ce cas, on fait, en effet, lors du premier essai, dans la méthode d’Oppolzer comme dans la méthode d’Olbers, r, + rn = R, + R... Par suite, la discussion des solutions multiples, donnée à l’occasion de la méthode d’Olbers (*), s'applique au premier essai de la méthode d’Oppolzer : en d’autres termes, lors du premier essai, cette dernière méthode peut fournir, comme celle d’Olbers, une ou trois valeurs positives de btk () Ouvrage cité, pp. 344 à 318 et pp. 462 à 464. Lt Ce résultat est contraire à ce qui a été dit en note, pp. 476 et 477 de l'ouvrage cité. (1148) Équation en x dans le cas de m différent de zéro. — Si, en faisant r,+r,—R, + R., on était arrivé à une approximation suffisante, il n'y aurait — nous venons de le voir — rien à ajouter, lors de l'application de la méthode d'Oppolzer, à la discussion que l'éminent astro- nome viennois a consacrée aux solutions multiples, dans le cas de la méthode d'Olbers. Quand le premier essai, où l’on a pris r, +r.. = R, + Rn, n'a pas fourni une approximation satisfaisante, ou quand, dès le premier essai, on a des raisons d'adopter, pour r, + fe, une valeur différente de R, + R., la discussion à laquelle je viens de faire allusion n’est plus suffisante et il faut la compléter par les considérations que voici et qui constituent la partie essentielle de cette note. En résolvant l'équation générale (1) par rapport à on, on trouve : g m ; T gre a eos, cost cos(H — A) + sing sing | On = j ; tr V s*— g" sin’ — m°[1 — f cos B cosg cos(H — Am) + sin 8. sins] —2mg[— cos, cos(G — à.) + cosp }cos B cosg cos (H — As) + sing sint H ou (5). . p = 2 cos 4 + A, n + Ve — g sin’: — Aaf’ en posant (4) Ag = — m } cosĝm cosg cos(ll — 2,,) + sing sing f Aag” = m? [ 1 — } cos B.» cosg cos(H — A.) + sin Ge sink {] 5 T 6) +2 mg[— cos 8n cos(G— 2) + cosp | cos B. cosg cos(il — an) sin er sind ( 119 ) Les quantités cost, sine, g et h sont toujours prises positivement ; g est d’ailleurs à peu près égal à K (*). Au contraire, A4, As et cos peuvent être positifs ou négatifs. Toutefois, si l’on remplace dans (4) et (5) m par sa valeur (2) et g par e et si l’on note que dans (2) la quantité entre accolades est toujours petite, tandis que D n'est jamais très petit ou nul, on constate que A, et Ao peuvent eux-mêmes être généralement (**) considérés comme de petites quantités, déterminées dans chaque essai et dont la valeur dépend de celle de m et par. conséquent de l’hypothèse faite sur r, + rm. Remarquons maintenant que dans la méthode d’Op- polzer, comme dans celle d’Olbers et pour le même motif, on peut poser approximativement : 2q°R? (er — R,cos4.) + Rising. Par conséquent, au lieu de l'équation (3), on peut écrire : 5 | uR? z (7) Pr = 2 eos + À, I a ed I ERGO RT TEE EA sing Eor h h: h (en — Recos.) + R'sin*y. Comme dans la méthode d’Olbers, posons : (8). ln maman vu C) CE. ouvrage cité, valeur de g, p. 314. (”) Si cette assertion était contestée, les résultats qui suivent n'en Subsisteraient pas moins : il suffirait, au $ 2 ci-dessous, de ne pas considérer certains cas comme fréquents et d’autres comme rares. (420) et par suite OR ES er a er = Rx On en conclut, au lieu de (7) : 2R° ax = COS? + À, + VE — sin p — As, jr on ke Rs tl 2p R» COS 4», ‘ou AR? R? (x? — 2x cos pn + 1) [(ax — cos + — A} + sinp + Aal = ou (10) [{ax — cosp — A) + sine + AP (2° — 2x cos vo +1) = 4R°. Dans cette équation (10), qui est à résoudre par rapport à æ dans chaque essai, les angles +, d, et la distance R. sont fournis par les observations et ne varient pas d'un essai à l’autre; quant aux quantités A, et As, — nous le savons, — elles dépendent de l'essai, mais elles sont déterminées par la valeur attribuée à r, + r. dès le commencement de l'essai. Lorsque A, et A, sont nuls’ quel que soit l'essai, — ce qui arrive dans la méthode d’Olbers, — l'équation (40) se simplifie et devient l'équation (5), page 514 de l'ouvrage cité. | | Une fois l’équation (10) établie, je puis lui appliquer une discussion analogue à celle dont cette équation sim- plifiée a été l'objet de la part d’Oppolzer lui-même (*)- (*) Ouvrage cité, pp. 315 et suiv. (121) § 2. — DISCUSSION RELATIVE A L'ÉQUATION (10). CRITERIUMS CONCERNANT LES SOLUTIONS MULTIPLES. Représentation graphique facilitant la recherche du nom- bre de racines positives de l'équation (10). — Comme p, est essentiellement positif, il n’y a que les racines positives de l'équation (10) qui puissent fournir des solutions du problème astronomique : la discussion qui suit a pour objet exclusif de rechercher le nombre de racines posi- tives de cette équation (10). A cet effet, posons : (141) y = [lex — cosp — Aj) + sin? + A] (xt — 2x cosy. +1) (Re NE en oe et considérons dans un plan un axe des x et un axe des y ou des Y. Dans ce système d’axes, l'équation (12) repré- sente évidemment une droite, parallèle à l'axe des x, toujours située au-dessus de cet axe, puisque 4R} est nécessairement positif. Si l’on prend la distance moyenne de la terre au soleil comme unité, R, est à très peu près égal à l’unité, de sorte que la droite Y = 4R? est à très peu près à la distance 4 de l’axe des x. | Cherchons maintenant l’allure de la courbe définie par l'équation (14). k À ce propos, notons que, quels que soient le signe de A; et celui de A, et quelle que soit la valeur réelle (positive Ou négative), attribuée à x, la valeur de y, définie par (4122) l'équation (11), est toujours positive : en vertu de (11), y est, en effet, un produit de deux facteurs dont l’un est un carré et dont l’autre est la somme de deux carrés, (x —cosb.)? et sin*L.. Ainsi, dans le cas général, comme dans le cas particulier de la méthode d’Olbers (le seul examiné par Oppolzer), la courbe représentée par l'équa- tion (11) est tout entière au-dessus de laxe des x. La solution du problème astronomique est d’ailleurs — nous le savons — comprise parmi les valeurs positives de x qui correspondent aux points d’intersection de cette courbe et de la droite Y = 4R. Notons encore que pour æ =Q, y prend une valeur que nous appellerons y, et que l’on détermine en faisant æ =0 dans l'équation (11). On trouve (IE). . . . yo = (1 + Aa + Al + 2A, COS 7)". Cette quantité est positive, plus petite que 4 dans la grande généralité des cas. Pour æ = + æ, y est toujours égal à + oe, de sorte que, dans le cas général comme dans le cas particulier de la méthode d’Olbers, la courbe représentative de l’équa- tion (11) s'étend à l'infini, au-dessus de l'axe des v, de part et d'autre de l'axe des y. Afin de nous faire une idée plus nette de l'allure de cette courbe, cherchons-en les maxima et les minima. On les trouve en posant © == 0, ce qui revient à dire que les valeurs de x auxquelles correspondent les maxima et les minima de la courbe (11) sont. données par la relation : [fax —coss — A) + sin’ + Aa] 2(2x — COS p— A,) a(x? — 2x cos pr + 1) 14 3 +{(ax — cosp — Aj)’ + sin p + Ar] (x — cos p.) = 0. (123) Cette équation (14) se décompose en deux, savoir : (15). . . (ar — cosp — A)? + sin? + A, = 0 et ar — cosp — A,) a (x? — 2x cost. + 1) (16) + [(ax — cos > — Ay)? + sin?p + As] (x — cosy) = 0. En ns jes valeurs de x qui satisfont à (14) ne alst soit à T équation a 5), soit à l'équation (1 6 ‚ COTTES- pondent bien, en général, à des maxima ou à des minima de la courbe représentée par l'équation (41); le cas spécial 2y e q — 0 pourrait avoir pour résultat de réduire le nombre de solutions multiples que je vais déterminer. Nombre de solutions, impair ou pair, suivant que Yo est S AR°. — Sans construire aucune courbe, on peut d'abord aisément voir que le nombre de solutions mul- tiples ou, si l’on veut, le nombre de points d’intersection, dans le premier quadrant, de la courbe (11) et de la droite Y =4R?, est nécessairement impair ou pair, suivant que yo S ARE. Quand y, < 4R?, la courbe commence, en effet, par être, dans le premier quadrant, au-dessous de la droite Y = 4R?; au contraire, quand yo > 4R?, la courbe commence par être, dans le premier quadrant, au-dessus de la même droite. En tous cas, pour £ = + æ, y = + %; done la courbe finit toujours par être au-dessus de la droite Y — 4R?. Par suite, dans le premier cas, C'est- à-dire quand yo < 4R!, le nombre de points d’intersection de la courbe et de la droÿté est impair (5 au maximum); il est pair (6 au maximum) dans le second cas. Mais ( 124) examinons de plus près les criteriums relatifs au nombre de racines positives de l’équation (10), suivant que yo est z AR. Criteriums relatifs aux solutions multiples. —- 1° Cas de yo < 4R? (c'est le cas le plus fréquent). — On constate aisément, en construisant les courbes, que si les racines de (15) sont imaginaires, l'équation (10) a presque tou- jours une seule racine positive; toutefois l'équation (10) aurait trois racines positives si, les racines de (15) étant imaginaires, l'équation (16) avait trois racines réelles, dont deux au moins positives, et si, yo étant la valeur de y correspondant à la plus petite de ces deux racines posi- tives et y; celle qui correspond à la plus grande, on avait à la fois Ye > 4R° el Ys SARS. C'est dans ce cas que rentre le cas particulier de Ao =0 et yo = 1, applicable à la méthode d'Olbers. Les racines de (15) sont alors imaginaires et (10) ne peut avoir qu'une ou trois racines positives : on retrouve un résultat connu, le seul donné par Oppolzer. C'est aussi le cas du premier essai de la méthode d'Oppolzer, et pour les autres essais, ce sera encore généralement ce cas qui se présentera. Toutefois, pour les essais de la méthode d’Oppolzer, autres que le premier, l'équation (10) peut, dans certains cas rares, avoir cinq racines positives : il faut pour cela que les cinq racines de (15) et de (16) soient réelles, que quatre au moins de ces racines soient positives et que les deux maxima de (10) soient > 4R° et les trois minima < 4R?. Dans tous les autres cas, il n'y ( 125 ) aura qu'une ou trois racines positives. Il serait facile de distinguer quand la question aura une solution et quand elle en aura trois : c’est un détail sur lequel je crois inutile d'insister. En résumé, dans le cas le plus fréquent de y, < 4R?, on a, dans la méthode d’Oppolzer, une ou trois solutions, rarement cinq; en tous cas, le nombre de solutions est toujours impair. 2 Cas de yo > AR5. — Le nombre de solutions est alors pair, nous l’avons montré ci-dessus : il y a zéro (*), deux, quatre, quelquefois six solutions. Si les racines de (15) sont imaginaires, cas le plus ordinaire, il existe zéro (*), deux ou quatre solutions : pour qu'il y ait quatre solutions, il faut que (16) ait trois racines réelles positives, que les deux minima de (10) soient < AR? et le maximum > AR! Si les racines de (15) sont réelles, il y a zéro (*), deux, quatre ou six solutions. Pour qu'il y ait six solutions, il faut que les cinq racines de (15) et de (16) soient positives et que les deux maxima de (10) soient > 4R° et les trois minima < 4R?. Dans tous les autres cas, il y aura deux ou quatre solutions. Je crois inutile de préciser quand la question aura deux solutions et quand elle en aura quatre : la représentation graphique le montre immédiatement. C) Nous maintenons le cas de zéro solution, bien que le problème astronomique ait nécessairement une solution : c'est que la mise du problème en équation se fonde sur l'hypothèse parabolique, qui peut “écarter sensiblement de la vérité. _ (426 ) 5° Cas de Yo = AR. — Si, pour x = s, où e est une petite quantité positive, y est < 4R°, ce cas rentre com- plètement dans celui de y, < 4R. Si y est > 4R° pour une petite valeur positive attribuée à x, le cas de Yọ = 4R: rentre dans celui de yọ > 4R?. Toutefois on n’oubliera pas que pour ce cas de yọ = AR, on ne peut jamais, dans l'hypothèse actuelle de y > AR: pour une petite valeur positive attribuée à x, avoir plus de quatre solu- tions : dans ce cas, l’équation (10) possède, en effet, une racine négative et une racine nulle, qui sont l’une et l’autre inadmissibles comme solutions du problème astro- nomique. Je réserve à une communication ultérieure l'examen des criteriums permettant de déterminer le signe avec lequel il faut prendre le radical de l'expression (5). Louvain, 3 août 1894. (1427) CLASSE DES LETTRES. Séance du 6 juillet 1896. M. le comte GoBLer p'ALvieLLA, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. le chevalier Ep. MarcHaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.J. Lamy, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Vanderkindere, F. Vander Haeghen, Ad. Prins, J. Vuylsteke, Ém. Ban- ning, le baron J. de Chestret de Haneffe, P. Fredericq, H. Denis, G. Monchamp, membres; Alphonse Rivier, J.-C. Vollgraff, associés; Paul Thomas, Ern. Discailles, V. Brants, correspondants. CORRESPONDANCE. MM. Th. Reinach et James Bryce remercient pour leur diplôme d'associé de l’Académie. — Le comité organisateur de la vingt-troisième session du Congrès de littérature néerlandaise, qui se tiendra à Anvers du 25 au 26 août prochain, exprime le désir d's (AZB) voir représenter l’Académie par un délégué. — M. Aug. Snieders est désigné pour cette mission. — Hommage d'ouvrages: 1° Cartulaires des comtes de Hainaut, de l'avènement de Guillaume IT à la mort de Jacqueline de Bavière (1557 à 1456), tome VI et dernier, en deux parties, édité par Léopold Devillers, pour la Commission royale d’histoire (présenté par M. Alph. Wauters, avec une note qui figure ci-après) ; 2 Université de Gand. — Recueil de travaux publiés par la Faculté de philosophie et lettres, 17° fascicule. — Anecdota bruxellensia, HI. Le « Codex Schottanus ». Des extraits « de Legationibus »; par Charles Justice (présenté par M. P. Thomas, avec une note qui figure ci-après) ; 5° Étude statistique et critique sur le mouvement de la population de Roubaix (1469-1744-1895); par le Dr Alexandre Faidherbe ; 4 Auguste Castan, sa vie, son œuvre (1855-1892); par Léonce Pingaud (présenté par M. Marchal); 5° Edmond Picard; par Valère Gille; 6° Inventaire analytique des archives de la ville de Mons, tome I; par Léopold Devillers; 7° De la mesure des mots et de l'intensité de l'accent tonique en anglais; par Roger de Goeij; 8° Quelques considérations sur la démographie com- parée des arrondissements belges, en 1875-1895 ; par le Dr E. Janssens. — Remerciements. (429 ) CoxcouRs POUR LES ANNÉES 1897, 1898 et 1599 ET PRIX PER PÉTUELS. PROGRAMME DE CONCOURS POUR L'ANNÉE 1897. PREMIÈRE QUESTION. On demande une étude critique sur les sources de lhis- toire du pays de Liége pendant le moyen âge. DEUXIÈME QUESTION. On demande une étude, d'après les découvertes des der- nieres années, sur les croyances et les cultes de l'ile de Crète dans l'antiquité. TROISIÈME QUESTION. Étudier le styLe de Tertullien, en examinant surtout si ce style est le produit d'une improvisation hâtive ou d'une élaboration raffinée. QUATRIÈME QUESTION. Établir la méthode de la psychologie humaine eu égard a l'état actuel de cette science. 5m: SÉRIE, TOME XXXII. 9 ( 130.) CINQUIÈME QUESTION. Quel est le fondement du droit de propriété individuelle ? La suppression de ce droit serait-elle compatible avec l'existence d'un Etat régulièrement organisé et avec le développement de la richesse publique ? L'auteur analysera et discutera les principales théories socialistes et collectivistes modernes. SIXIÈME QUESTION. Exposer les théories de la colonisation au XIX’ siècle et étudier le rôle de l'État dans le développement des colonies. La valeur des médailles d’or présentées comme prix sera de huit cents francs pour les deux premières questions et de six cents francs pour les quatre autres. Les mémoires seront écrits lisiblement et rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils seront adressés, francs de port, avant le 1* novembre 1896, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. nd Gn PROGRAMME DE CONCOURS POUR L'ANNÉE 1898. PREMIÈRE QUESTION. Quelle a été, en Flandre, avant l'avènement de la maison de Bourgogne, l'influence politique des grandes villes, et de quelle manière s’est-elle exercée? (131) DEUXIÈME QUESTION. Faire l'histoire de la littérature française en Belgique, de 1815 à 1850. TROISIÈME QUESTION. On demande une étude critique sur les Vies de saints de l'époque carlovingienne (depuis Pepin le Bref jusqu'à la fin du X° siècle). L'auteur ne s’attachera qu'aux Vies présentant un intérêt historique. QUATRIÈME QUESTION. On demande une étude sur les divers systèmes péni- tentiaires modernes considérés au point de vue de la théorie pénale et des résultats obtenus. i CINQUIÈME QUESTION. Faire une édition critique des fragments des ouvrages en prose dè Varron cités textuellement ou avec le nom de l'auteur par les écrivains anciens. SIXIÈME QUESTION. Faire l'histoire de l'assistance publique dans les cam- pagnes en Belgique, jusqu'à nos jours. La valeur des médailles d’or présentées comme prix Sera de huit cents francs pour chacune des quatre pre- mières questions; elle sera de six cents francs pour la cinquième et pour la sixième. (132 ) Les mémoires seront écrits lisiblement et rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils seront adressés, francs de port, avant le 1° novembre 1897 à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. PROGRAMME DE CONCOURS POUR L'ANNÉE 1899. PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire du style périodique francais avant Guez de Balzac. DEUXIÈME QUESTION. Apprécier le mérite littéraire des principaux rhetori- ciens néerlandais du XV et du XVE siècle, notamment Jan Van Hulst, Anthonis de Roovere, Cornelis Everaert, Matthijs de Casteleyn, Edouard de Dene et Jean-Baptiste Houwaert. TROISIÈME QUESTION. Déterminer, d'après la doctrine et les traites, le régime en temps de paix et en temps de guerre, de l'État neutre à litre permanent. Les conséquences de la violation du terri- toire neutre seront l'objet d'une attention particulière. Les concurrents appuieront leurs déductions d'exemples empruntés à l'histoire des États neutres et étudieront également les antécédents de la neutralité belge. (135) QUATRIÈME QUESTION. Faire l'histoire des différents conseils d'amirauté qui ont existé dans les provinces néerlandaises avant leur séparation, et dans les Pays-Bas espagnols et winne postérieurement à cette époque. CINQUIÈME QUESTION. Exposer la doctrine de la personnalité civile dans le droit ancien et le droit moderne. Rechercher les applications de cette doctrine à l'état social actuel, et l'organisation qui devrait y correspondre. SIXIÈME QUESTION. Faire, d'après les sources, l'histoire et la description du sanctuaire d'Esculape, à Epidaure, en insistant spéciale- ment sur le théâtre de Polyclète. SEPTIÈME QUESTION. Faire l'histoire des colonies belges établies en Angleterre (Britannia) au témoignage de César et de Tacite. Les auteurs chercheront à établir l'époque probable de la fondation de ces colonies. Ils donneront un aperçu des mœurs et des usages des colons d’après les découvertes archéologiques (mobiliers des tombeaux, etc.) ; ils tâche- ront d'établir par l'étude des noms géographiques quelles sont les cités (peuples et villes) ayant une origine belge ; ils donneront, par l'étude des auteurs classiques et de la numismatique, l’énumération des rois ou chefs belges de l’Angleterre ancienne, et autant que possible l’histoire de ces chefs. (134) Le travail comprendra le récit de la conquête de la Bretagne sous l’empereur Claude. La valeur des médailles présentées comme prix sera de huit cents francs pour chacune de ces questions. Les mémoires seront écrits lisiblement et rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils seront adressés, francs de port, avant le 1” novembre 1898, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. ane CONDITIONS RÉGLEMENTAIRES COMMUNES AUX CONCOURS ANNUELS DE LA CLASSE. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; elle demande, à cet eflet, que les auteurs indiquent les éditions et les pages des livres qu'ils citent. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inseriront seulement une devise, qu'ils reprodui- ront sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. L'emploi d’un pseudo- nyme exclut les auteurs du concours. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce sait, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que les mémoires soumis à son jugement sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies, à leurs frais, en s'adressant, à cet’eflet, au Secrétaire perpétuel. (435) PRIX PERPETUELS. Prix DE STASSART. NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE. (Huitième période : 1893-1898.) La Classe des lettres offre, pour cette huitième période, un prix de six cents francs à l’auteur de la meilleure notice, écrite en français, en flamand ou en latin, consa- crée à la vie et aux travaux de Nicolas Cleynaerts, dit Clenardus, grammairien, orientaliste et voyageur, né à Diest en 1495, mort à Grenade en 1542. Les manuscrits seront adressés, francs de port, avant le 1* novembre 1897, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires ci-dessus des concours de la Classe. Prix DE STASSART. HISTOIRE NATIONALE. (Septième période : 1895-1900.) La Classe des lettres offre, pour la septième période de ce concours, un prix de trois mille francs à l’auteur du meilleur travail, rédigé en français, en flamand ou en latin, en réponse à la question suivante : Faire l'histoire des origines et.des développements des béguinages dans les anciens Pays-Bas jusqu'à nos jours. 156 ) Les manuscrits seront adressés, francs de port, avant le 1* novembre 1899, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies. Les concurrents se conformeront aux conditions régle- mentaires ci-dessus des concours de la Classe. Prix DE SAINT-GENOIS. HISTOIRE OU LITTÉRATURE EN LANGUE FLAMANDE. (Troisième période : 1888-1897.) La Classe des lettres offre, pour la troisième période de ce concours, un prix de mille francs à l’auteur du meil- leur travail, bi en flamand, en réponse à la question suivante : Caractériser l'influence exercée par la Pléiade francaise sur les poètes néerlandais du XVE et du XVII siècle. Les manuscrits seront adressés, francs de port, avant le 1“ novembre 1896, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. Les concurrents se conformeront aux conditions régle- mentaires ci-dessus des concours de la Classe. (437) Prix TEIRLINCK. LITTÉRATURE FLAMANDE. (Quatrième période : 1892-1896.) Un prix de mille francs sera accordé au meilleur ouvrage en réponse à la question suivante : Faire l'histoire de la prose flamande avant l'influence bourguignonne, c'est-à-dire jusqu'à l’époque de la réunion de nos provinces sous Philippe de Bourgogne, vers 1450. Le délai pour la remise des manuscrits, qui peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin, est pro- rogé jusqu’au 1° novembre 1898. Ils seront adressés, francs de port, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. Les concurrents se conformeront aux conditions régle- mentaires ci-dessus des concours de la Classe. Prix ANTON BERGMANN. (Seconde période : 1887-1897.) ` Le prix pour cette période est réservé à la meilleure histoire, écrite en néerlandais, d’une ville ou d’une com- mune appârtenant à la province de Brabant (l'arrondisse- ment de Nivelles excepté), et comptant au moins 5,000 habitants. Le prix à décerner est de trois mille francs. Le délai pour la remise des travaux expirera le 31 jan- vier 1897. ( 138 ) Les livres imprimés sont admis au même titre que les manuscrits ; ceux-ci pourront être ou signés ou anonymes. Dans ce dernier cas, l’auteur devra joindre à son travail un billet cacheté renfermant son nom et son adresse. L'emploi d'un pseudonyme exelut l’auteur du concours. Les œuvres historiques sont comprises dans les avan- tages de la fondation, qu'elles aient pour auteurs des . étrangers ou des Belges, pourvu qu'elles soient écrites en néerlandais et éditées en Belgique ou dans les Pays-Bas. Prix Josern DE KEYN. Neuvième concours. (Première période : 1895-1896.) Enseignement primaire. La première période du neuvième concours annuel pour les prix Joseph De Keyn sera close le 31 décem- bre 1896. Tout ce qui a rapport à ce concours doit être adressé, avant le 1° janvier 1897, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. Cette période, consacrée à l’enseignement du premier degré, comprend les ouvrages d'instruction ou d’éduca- tion primaires. Une somme de trois mille francs pourra être répartie entre les auteurs des ouvrages couronnés. Peuvent prendre part au concours les œuvres iné- dites et les ouvrages de classe ou de lecture qui auront été publiés du 1° janvier 1895 au 51 décembre 1896. (439 ) (Deuxième période : 1896-1897.) Enseignement moyen et art industriel. La deuxième période du neuvième concours annuel pour les prix Joseph De Keyn sera close le 51 décem- bre 1897. Tout ce qui a rapport à ce concours doit être adressé, avant le 1° janvier 1898, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. Cette période, consacrée à l’enseignement du second degré, comprend les ouvrages d'instruction ou d’éduca- tion moyennes, y compris l’art industriel. Une somme de trois mille francs pourra être répartie entre les auteurs des ouvrages couronnés. Peuvent prendre part au concours les œuvres inédites et les ouvrages de classe ou de lecture qui auront été publiés du 4* janvier 1896 au 51 décembre 1897. Ne seront admis aux concours que des écrivains belges, et des ouvrages conçus dans un esprit exclusivement laïque et étrangers aux matières religieuses. Les ouvrages pourront être écrits en français ou en flamand, imprimés ou manuscrits. Les imprimés seront admis, quel que soit le pays où ils auront paru. Les manuscrits pourront être envoyés signés ou anonymes; dans ce dernier cas, ils devront être accompagnés d'un pli cacheté contenant le uom de l’auteur et son domicile. Les manuserits demeu- rent la propriété de l’Académie, mais les auteurs peuvent en faire prendre copie, à leurs frais. Tout manuserit qui - ( 440 ) sera couronné devra être imprimé pendant l’année cou- rante, et le prix ne sera délivré à l’auteur qu'après la publication de son ouvrage. Prix CASTIAU. (Sixième période : 1896-1898.) La sixième période de ce concours sera close le 51 décembre 1898. Le prix, d’une valeur de mille francs, sera décerné à l’auteur du meilleur travail : Sur les moyens d'améliorer la condition morale, intellec- tuelle et physique des classes laborieuses et des classes pauvres. Tout ce qui concerne ce concours sera adressé, avant le 1" janvier 1899, à M. le Secrétaire perpétuel de l Aca- démie, au palais des Académies, à Bruxelles. e seront admis à concourir que les écrivains belges. Seront seuls examinés les ouvrages soumis directement par les auteurs. Ces ouvrages pourront être rédigés en francais ou en flamand. Les manuscrits seront reçus comme les imprimés. S'ils sont anonymes, ils porteront une devise qui sera répétée sur un billet cacheté, conte- nant le nom et l’adresse de l’auteur. Si l'ouvrage couronné est inédit, il sera publié dans l’année; dans ce cas, le prix ne sera délivré au lauréat qu'après la publication de son travail. Les manuscrits deviennent la propriété de l’Académie ; toutefois les auteurs peuvent en faire prendre copie, à leurs frais. 141) Prix Josepa GANTRELLE. PHILOLOGIE CLASSIQUE. (Troisième période : 1895-1896.) PREMIÈRE QUESTION. Préparer une édition critique des « Vies des douze Césars », par Suétone. DEUXIÈME QUESTION. Étude sur l’art oratoire, la langue et le style d’ Hypéride. (Quatrième période : 1897-1898.) Etude sur l'organisation de l'industrie privée et des travaux publics dans la Grece ancienne, au point de vue Juridique, économique et social. Un prix de trois mille francs est attribué à la solution de chacune de ces questions. Ne seront admis à concourir que des auteurs belges; les membres et les correspondants de l’Académie sont exclus du concours. Le délai pour la remise des manuscrits expirera : pour la troisième période, le 31 décembre 1896; et pour la quatrième période, le 31 décembre 1898. Les mémoires seront rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils seront adressés. francs de port, à M. le Secrétaire perpétuel, au palais des Académies, à Bruxelles. Les concurrents se conformeront aux conditions régle- mentaires ci-dessus des concours annuels de la Classe. meme (442) Prix EMILE DE LAVELEYE ECONOMIE POLITIQUE ET SCIENCE SOCIALE. Ce prix, fondé en vue d'honorer la mémoire d'Émile de Laveleye, consiste en une somme de 2,400 francs au moins. Il sera décerné tous les six ans par la Classe des lettres de l’Académie royale de Belgique au savant, belge ou étranger, vivant au moment de l'expiration de la période de concours, dont l’ensemble des travaux sera considéré, par le jury, comme ayant fait faire des progrès importants à l’économie politique et à la science sociale, y compris la science financière, le droit international et le droit public, la politique générale ou nationale. La première période expirera le 1“ janvier 1901. nnen temen PRIJSKAMPEN VOOR 1897, 1898 en 1899 EN BESTENDIGE PRIJSKAMPEN. PROGRAMMA DER PRIJSKAMPEN VOOR HET JAAR 1897. EERSTE PRIJSVRAAG. Men vraagt een critisch onderzoek over de bronnen van de geschiedenis van het Luikerland tijdens de middel- eeuwen. TWEEDE PRIJSVRAAG. Men vraagt een onderzoek, naar aanleiding van de ont- dekkingen der laatste jaren, over de geloofsvormen en de godsdiensten van het oude eiland Kreta. DERDE PRIJSVRAAG. Eene verhandeling schrijven over den stij van Tertul- lianus en meer bepaaldelijk over het volgende vraagstuk : IS die stijl het gevolg van haastige improvisatie of van gezochte verfraaiing? VIERDE PRIJSVRAAG. De methode der menschelijke zielkunde ontvouwen met inachtneming van den tegenwoordigen stand dezer weten- schap. VIJFDE PRIJSVRAAG. Welk is de grondslag van het bijzonder eigendomsrecht? Zou de afschaffing van dit recht het bestaan van een regel- matig ingerichten Staat en de ontwikkeling van den open- baren rijkdom niet onmogelijk maken? De schrijver zal de voornaamste moderne socialistische en collectivistische stelsels ontleden en beoordeelen. ZESDE PRIJSVRAAG. Eene verhandeling schrijven over de grondstelsels der colonisatie in de XIX’ eeuw en de rol van den Staat in de ontwikkeling der koloniën. ( 144 ) De waarde der als prijs uitgeloofde gouden eerepennin- gen zal van acht honderd frank zijn voor de twee eerste prijsvragen en van zes honderd frank voor de vier volgende. De ingezonden verhandelingen moeten leesbaar geschre- ven en mogen in het Fransch, het Nederlandsch of het Latijn opgesteld zijn. Vóór 1* November 1896 moeten zij aan den heer Bestendigen Secretaris, in het Paleis der Academiën te Brussel, vrachtvrij gezonden worden. PROGRAMMA DER PRIJSKAMPEN VOOR HET JAAR 1898. EERSTE PRIJSVRAAG. Welke was in Vlaanderen, vóór het optreden van het Bourgondisch vorstenhuis, de staatkundige invloed der groote steden en op welke wijze liet die invloed zich gelden ? TWEEDE PRIJSVRAAG. De geschiedenis der Fransche letteren in België van 1815 tot 1850 schetsen. DERDE PRIJSVRAAG. Men vraagt eene critische studie over de Vrrar der heiligen uit het karolingisch tijdvak (vam Pepijn den Korte tot het einde der X’ eeuw). De schrijver zal alleen de Vitae, die een historisch belang opleveren, te behandelen hebben. (145) VIERDE PRIJSVRAAG. Men vraagt eene studie over de verschillende gevange- nisstelsels uit den nieuweren tijd, in het licht der straf- rechtelijke theorie en der verkregen uitslagen beschouwd. VIJFDE PRIJSVRAAG. Kene critische uitgave bezorgen van al de fragmenten van Varro's prozaschriften, welke, woordelijk of met enkele vermelding van zijnen naam, bij de schrijver sder oudheid aangehaald worden. ZESDE PRIJSVRAAG. De geschiedenis schetsen van de openbare armenverzor- ging op het platte land in België. De waarde der als prijs uitgeloofde gouden eerepen- ningen zal van acht honderd frank zijn voor elke der vier eerste prijsvragen, en van zes honderd voor de vijfde en de zesde. De ingezonden verhandelingen moeten leesbaar ge- schreven, en mogen in het Fransch, het Nederlandsch of het Latijn opgesteld zijn. Vóór 1™ November 1897 moeten zij aan den heer Bestendigen Secretaris, in het Paleis der Academiën te Brussel, vrachtvrij gezonden worden. Se SÉRIE, TOME XXXII. 10 (146) PROGRAMMA DER PRIJSKAMPEN VOOR HET JAAR 1899, Em EERSTE PRIJSVRAAG. De geschiedenis schrijven van den Franschen periodischen stijl vóór Guez de Balzac. TWEEDE PRIJSVRAAG. De letterkundige waarde onderzoeken van de voornaamste Nederlandsche rederijkers der XV° en XVI eeuw, onder anderen : Jan Van Hulst, Anthonis de Roovere, Cornelis Everaert, Matthijs de Casteleyn, Eduard de Dene en Jan- Baptista Houwaert, DERDE PRIJSVRAAG. De rechtsverhoudingen, in vredes- en oorlogstijd, van den eeuwig onzijdig verklaarden Staat, volgens de rechtswe- tenschap en de verdragen bepalen. De gevolgen van de schending van het onzijdig grondgebied zullen bijzonder in acht genomen worden. De schrijvers zullen hunne bewijsvoe- ring staven met voorbeelden uit de geschiedenis der onzijdige Staten, alsmede de antecedenten der Belgische onzijdigheid bestudeeren. VIERDE PRIJSVRAAG. De geschiedenis schrijven van de verschillende admirali- teitsraden, welke in de Nederlandsche gewesten vóór hunne scheiding, en daarna in de Spaansche en Oostenrijksche Nederlanden bestaan hebben. (447) VIJFDE PRIJSVRAAG. De leer van de burgerlijke persoonlijkheid, in het oud en in het hedendaagsch recht, uiteenzetten. De toepassingen dier leer op den tegenwoordigen maatschappelijken toestand onderzoeken, alsook de inrichting die er aan zou moeten beantwoorden. ZESDE PRIJSVRAAG. Geschiedenis en beschrijving, volgens de oorspronkelijke bronnen, van het Asklepiosheiligdom te Epidaurus. De schrijver zal bijzonder den schouwburg van Polykleitos bestudeeren. ZEVENDE PRIJSVRAAG. De geschiedenis schrijven van de Belgische volkplantingen, welke, volgens Caesar en Tacitus, in Engeland (Britannia) gevestigd waren. De schrijvers zullen trachten het vermoedelijk tijdstip van de stichting dezer volkplantingen te bepalen. Zij zullen, volgens de oudheidkundige ontdekkingen (voor- werpen in grafsteden gevonden, enz.), eene schets geven van de zeden en gebruiken der volkplanters; zij zullen, door middel der aardrijkskundige benamingen, de civi- tates (volkeren en steden) aanduiden, welke van Belgi- schen oorsprong zijn; en, door de studie der klassieke schrijvers en der penningkunde, de Belgische koningen of hoofdmannen van het oude Engeland opsommen en zooveel mogelijk de geschiedenis dier vorsten opmaken.. et werk zal het verhaal van de verovering van Bri- tannia onder keizer Claudius bevatten. 148 \ De waarde der als prijs uitgeloofde gouden eerepennin- gen zal van acht honderd frank zijn, voor elke dezer prijs- vragen. De ingezonden verhandelingen moeten leesbaar ge- schreven, en mogen in het Fransch, het Nederlandsch of het Latijn opgesteld zijn. Vóór 1°" November 1898 moeten zij aan den heer Bestendigen Secretaris, in het Paleis der Academiën te Brussel, vrachtvrij gezonden worden. REGLEMENTSBEPALINGEN DIE VOOR DE PRIJSKAMPEN GEMEEN ZIJN. De Academie eischt de grootste nauwkeurigheid in de citaten. Te dien einde verlangt zij van de schrijvers, dat zij de uitgaven en de bladzijden der door hen aangehaalde werken zullen aanduiden. De schrijvers mogen op hun werk hunnen naam niet vermelden; zij zullen er alleen eene kenspreuk op plaat- sen, die moet herhaald worden op een verzegelden brief, bevattende hunnen naam en hun adres. Indien zij aan dezen eisch te kort komen, kan geen prijs hun worden toegewezen. Werken, die na den gestelden datum inkomen of waar- van de schrijver, op welke manier ook, zich heeft laten kennen, zullen uit den prijskamp gesloten worden. De Academie herinnert aan de mededingers, dat de ver- handelingen in haar archief berusten en blijven moeten van het oogenblik af dat zij aan haar oordeel werden onderworpen. Nochtans kunnen de schrijvers, op hunne eigene kosten, afschriften van hunne ingezondene werken ` laten maken; daartoe moeten zij zich tot den Bestendigen Secretaris wenden. (149) BESTENDIGE PRIJSKAMPEN. Prius DE STASSART. VERHANDELING OVER EENEN BEROEMDEN BELG. (Achtste tijdvak : 1893-1898.) De Klas der Letteren looft, voor dit achtste tijdvak, eenen prijs van zes honderd frank uit voor den schrijver der beste verhandeling, geschreven in het Fransch, het Nederlandsch of het Latijn, en gewijd aan het leven en de werken van Nicolaus Cleynaerts, gezegd Clenardus, spraakkunstenaar, orientalist en reiziger, geboren te Diest in 1495, gestorven te Grenada in 1542. Vóór 1° November 1897 is de termijn tot het inzenden der verhandelingen verstreken. De mededingers zullen de bovenstaande reglements- bepalingen voor de prijskampen der Klas moeten in acht nemen. Prius DE STASSART. VADERLANDSCHE GESCHIEDENIS. (Zesde tijdvak : 1895-1900.) De Klas der Letteren looft, voor het zesde tijdvak van dezen prijskamp, eenen prijs van drie duizend frank uit aan den schrijver van het beste werk, geschreven in het Fransch, het Nederlandsch of het Latijn, als ant- woord op de volgende prijsvraag : Eene geschiedenis leveren van den oorsprong en de ontwik- keling der Begijnhoven in de voormalige Nederlanden tot op heden. ( 450 ) Vóór 1°° November 1899 is de termijn tot het inzenden der verhandelingen verstreken. De mededingers zullen de bovenstaande reglements- bepalingen voor de prijskampen der Klas moeten in acht nemen. -PRUS DE SAINT-GENOIS. NEDERLANDSCHE VERHANDELING OVER GESCHIEDENIS OF LETTERKUNDE. (Derde tijdvak : 1888-1897.) De Klas der Letteren looft, voor het derde tijdvak van dezen prijskamp, eenen prijs van duizend frank uit voor den schrijver van het beste werk, geschreven in het Nederlandsch, als antwoord op de volgende prijsvraag : __Den invloed bepalen door de Fransche Pléiade op de Neder- landsche dichters der XVI en XVII eeuwen uitgeoefend. Vóór 1™ November 1896 is de termijn tot het inzenden der verhandelingen verstreken. De mededingers zullen de bovenstaande reglements- bepalingen voor de prijskampen der Klas moeten in acht nemen. (481) Pris TEIRLINCK. NEDERLANDSCHE LETTERKUNDE. (Vierde tijdvak : 1892-1896.) Een prijs van duizend frank zal toegekend worden aan het beste antwoord op de volgende prijsvraag : De geschiedenis schrijven van het Nederlandsch proza vóór den Bourgondischen invloed, d. i. tot aan de veree- niging onzer gewesten onder Philips van Bourgondië, omstreeks 1450. Op 1°" November 1898 is de termijn verstreken tot het inzenden der verhandelingen, die in het Fransch, het Nederlandsch of het Latijn mogen opgesteld zijn. De mededingers moeten de bovenstaande reglements- bepalingen voor de prijskampen der Klas in acht nemen. Prius ANTON BERGMANN. (Tweede tijdvak : 1887-1897.) Binnen dit tijdvak is de prijs voorbehouden aan de beste in het Nederlandsch geschrevene geschiedenis van eene stad of gemeente behoorende tot de provincie Bra- bant (uitgezonderd het arrondissement Nijvel) en tellende ten minste 5,000 inwoners. De uitgeloofde prijs is van drie duizend frank. Op 31° Januari 1897 is de termijn tot het inzen- den der werken verstreken. ( 152 ) De drukwerken worden op gelijken voet als de hand- schriften toegelaten; deze laatste mogen den naam des schrijvers vermelden of verzwijgen. In dit laatste geval moet de schrijver bij zijn handschrift een verzegelden brief voegen, bevattende zijnen naam en de aanduiding van zijne woonplaats. Door het aannemen van een gen doniem sluit de schrijver zichzelven uit. De historische gewrochten worden tot den tn toegelaten onverschillig of zij door Belgen of vreemdelin- gen geschreven zijn, op voorwaarde dat zij in het Neder- landsch opgesteld en in België of in Nederland uitgegeven zijn. Prus Josee DE KEYN. Negende prijskamp. (Eerste tijdvak : 1895-1896.) Lager onderwijs. Het eerste tijdvak van den negenden jaarlijkschen prijs- kamp Joseph De Keyn zal op 354° December 1896 gesloten worden. Alles, wat dezen prijskamp betreft, moet vóór 1“ Januari 1897 aan den heer Bestendigen Secretaris, in het Paleis der Academiën te Brussel, gezonden worden. Gewijd aan het onderwijs van den eersten graad, omvat dit tijdvak de werken over lager onderwijs en opvoeding. Fene som van drie duizend frank kan onder de schrij- vers der bekroonde werken verdeeld worden. Mogen aan den prijskamp deelnemen : de onuitgegeven werken, zoowel als de school- en leesboeken, die van fen Januari 1895 tot 54% December 1896 verschenen zijn. : (455 ) (Tweede tijdvak : 1896-1897.) Middelbaar onderwijs en nijverheidskunst. Het tweede tijdvak van den negenden jaarlijkschen prijskamp Joseph De Keyn zal op 51° December 1897 gesloten worden. Alles, wat dezen prijskamp betreft, moet vóór 1° Ja- nuari 1898 aan den heer Bestendigen Secretaris, in het Paleis der Academiën te Brussel, gezonden worden. Eene som van drie duizend frank kan onder de schrij- vers der bekroonde werken verdeeld worden. Gewijd aan het onderwijs van den tweeden graad, omvat dit tijdvak de werken over middelbaar onderwijs of opvoeding, de nijverheidskunst erin begrepen. Mogen aan den prijskamp deelnemen : de onuitgegeven werken, zoowel als de school- en leesboeken, die van fen Januari 1896 tot 51°" December 1897 verschenen zijn. Alleen Belgische schrijvers en werken, die in eenen uitsluitend wereldlijken geest buiten alle godsdienstige begrippen zijn opgevat, zullen tot deze prijskampen toe- gelaten worden. De handschriften of drukwerken mogen in het Fransch of in het Nederlandsch opgesteld zijn. De drukwerken worden toegelaten zonder aanzien van het land, waarin zij het licht zagen. De handschriften mogen den naam des schrijvers vermelden of verzwijgen; in dit laatste geval zullen zij vergezeld zijn van een verzegelden brief, bevat- tende naam en woonplaats des schrijvers. De handschriften blijven het eigendom der Academie; nochtans kunnen de (154) : schrijvers er op hunne eigene kosten afschriften van laten maken. Ieder bekroond handschrift moet binnen het loo- pend jaar in druk verschijnen; slechts na de uitgave van zijn werk zal de bekroonde zijnen prijs kunnen ontvangen. Prius Casrrau. (Zesde tijdvak : 1896-1898.) Het zesde tijdvak van dezen prijskamp wordt op 51° December 1898 gesloten. De prijs, ter waarde van duizend frank, zal toegekend worden aan den schrijver van de beste verhandeling : Over de middelen tot verbetering der zedelijke, verstan- delijke en lichamelijke gesteldheid der werkende en der behoeftige standen. Alles, wat dezen prijskamp betreft, vóór 1° Januari 1899 in te zenden aan den heer Bestendigen Secretaris, in het Paleis der Academiën te Brussel. Slechts de Belgische schrijvers worde ntot dezen prijs- kamp toegelaten. Geene andere werken zullen onder- zocht worden dan degene die rechtstreeks door hunne schrijvers aan het oordeel der Academie worden onder- worpen. Deze werken mogen in het Fransch of in het Nederlandsch opgesteld zijn. Handschriften zoowel als drukwerken worden toegelaten. Vermelden zij den naam des schrijvers niet, dan moeten zij eene kenspreuk dragen, die op eenen verzegelden brief bevattende zijnen naam en de aanduiding van zijne woonplaats, zal herhaald staan. Is het bekroond werk nog onuitgegeven, dan zal het ( 155 ) binnen het jaar der bekroning in druk moeten verschij- nen; in dit geval zal de bekroonde den prijs slechts na de uitgave van zijn werk ontvangen. De handschriften worden het eigendom der Academie; nochtans mogen de schrijvers er op hunne eigene kosten afschriften van laten vervaardigen. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur d'offrir, au nom de M. Léopold Devil- lers, membre de la Commission royale d'histoire, le tome Vl et dernier du Cartulaire des comtes de Hainaut, de l'avènement de Guillaume IT à la mort de Jacqueline de Bavière (1557 à 1456). Ce volume contient la fin du Cartulaire, un appendice, des tables et un glossaire. L'intérêt des pièces que l'éditeur a fait entrer dans le recueil ne se limite pas à l’histoire des comtes et com- tesses et à celle du comté de Hainaut. On y trouve de curieux éléments pour les annales de l’agriculture, des sciences el des arts, pour la biographie, la topogra- phie, etc., et une ne de faits qui ont rapport à lhis- toire nationale. Dans la préface, on trouve une revue des sources aux- quelles M. Devillers à puisé, et une notice sur la tréso- rerie des chartes des comtes de Hainaut. ALPH. WAUTERS. (156 ) J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de M. Charles Justice, docteur en philosophie et lettres, une dissertation intitulée : Anecdota Bruxellensia, III. Le Codex Schottanus des extraits De legationibus, qui forme le 17° fascicule du Recueil de travaux publiés par la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Gand (Gand, 1896, 120 pages in-8°). Les Excerpta de legationibus, qui faisaient partie de la grande encyclopédie historique de Constantin Porphyro- génète, présentent, comme on sait, le plus haut intérêt au philologue comme à l'historien, au savant qui s'est consacré à l'antiquité classique comme à celui qui s'oc- eupe de l’époque byzantine. La Bibliothèque royale de Bruxelles en possède un manuscrit important (n° 11501-16 et 11517-21 Inv. gén. — 97-98 catal. Omont), qui a autrefois appartenu au célèbre helléniste André Schott, et qui n’avait pas été jusqu'ici examiné avec l'attention qu’il mérite. M. Justice l’a étudié très soigneusement ; il en donne une descrip- tion détaillée, en détermine le caractère et la valeur, et fournit une collation complète des extraits de Pétrus Patricius, Priscus, Malchus, Ménandre le Protecteur, cunape, Dexippe et Procope. Le volume se termine par des notes critiques où M. Justice signale plusieurs bonnes lecons du Schottanus et propose lui-même quelques cor- rections,'et par un appendice renfermant des renseigne- ments inédits sur le Codex Ambrosianus, dus à M. Cumont. Le travail de M. Justice, fait avec la méthode et l'exac- titude qu’on exige aujourd’hui de ce genre de recherches, est une utile contribution à la critique de la compilation de Constantin. Cette troisième partie des Anecdota Bru- æellensia figurera honorablement à côté des publications ( 1457 ) de MM. Cumont et Parmentier (1). Nous souhaitons que nos philologues continuent à explorer avec le même suc- cès les manuscrits de la Bibliothèque royale de Bruxelles. P. Tuomas. RAPPORTS. Sur la proposition de MM. Denis, Potvin et Banning, la Classe décide l'impression dans le recueil des Mémoires in-8° du travail couronné de MM. Hamande et Burny, sur les caisses d'épargne. Joseph II et la liberté de l Escaut. — La France et l'Europe; par F. Magnette, docteur en philosophie et lettres. Rapport de M, Ch. Piot, premier commissai « M. F. Magnette, docteur en philosophie et lettres, à Liége, a publié dans les Bulletins de la Commission royale d'histoire (5° série, t. V, p. 408) un travail inti- tulé : Un mémoire inédit sur la liberté de l Escaut. Dans l’avant-propos de cette notice, l'auteur a fait con- haître succinctement les débats soulevés, vers 1784, entre Joseph IL, souverain des Pays-Bas autrichiens, et les (1) Anecdota Bruxellensia 1 : Chroniques byzantines du manuscrit 11576, par F. Cumont. — II : Les extraits de Platon et de Plutarque du manuscrit 11560-11565, par L. Parmentier. (10e et 11e fascicules du Recueil cité plus haut. Gand, 1894.) ( 198 ) Provinces-Unies, à propos de la liberté de l’Escaut, débats qui faillirent amener la guerre entre ces deux puissances. Ceux-ci ont été décrits par Ad. Borgnet et Gachard dans des ouvrages spéciaux. Quant à la question de droit, elle avait été examinée par Mirabeau et Linguet, en 1784. L'auteur ne s'en préoccupe pas. M. Magnette a repris tous ces travaux. Il les a com- plétés et corrigés au moyen des correspondances diplo- matiques qu'il a recueillies avec un soin tout particulier dans les archives de l’État à Bruxelles, à la Haye, à Berlin, à Paris, à Vienne. Il a aussi compulsé tous les traités, tous les écrits publiés ou cités à propos de cette question, soit en Belgique, soit ailleurs, à partir du XVII siècle, sauf la correspondance de Guillaume V, stadhouder de Hollande, éditée à la Haye en 1895 par M. de Bus. Les résultats de ses investigations sont consignés dans un mémoire intitulé : Joseph LI et la liberté de l'Escaut. — La France et l'Europe. C'est ce travail que l’auteur soumet à la Classe. A mon avis, c'est une œuvre consciencieuse etcomplète, relatant d'une manière remarquable tout ce qui a été dit, imprimé, écrit et négocié à propos de cette question, soulevée inutilement par Joseph I en faveur de notre commerce et de notre industrie. Malgré toute sa bonne volonté, l'Empereur fut obligé de signer, le 8 novembre 1785, le traité de Fontainebleau, qui mit notre commerce à la merci de nos voisins. Les divisions que M. Magnette a admises dans son mémoire sont, à mon avis, parfaitement établies et justi- fiées. L'auteur y parle des premières discussions engagées ( 199 ) au sujet de l’Escaut à Vienne et aux Pays-Bas, ensuite des préliminaires des négociations entamées en 1784, des premiers incidents à propos du fleuve, des conférences de Bruxelles, de Pultimatum du 22 août, des événements du 8 octobre, des pourparlers de la France et de la Hollande jusqu'au moment de la rupture, des relations entre la France et l'Autriche, de l'intervention de la pre- mière de ces puissances, de la renonciation de l'Empereur à ses prétentions, des négociations de Paris, enfin du traité conclu à Fontainebleau. Dans la seconde partie de son travail, l'auteur traite de l'intervention de l'Angleterre, de la Prusse et de la Russie. On le voit par cette nomenclature, il a parfaitement compris les différentes questions débattues par les parties intéressées ; il domine complétement son sujet; il a su rendre sa narration à la fois facile, agréable et métho- dique surtout. J'ai Phonneur de proposer à la Classe l'impression de ce travail dans ses Mémoires. » Rapport de M. Ém. Banning, deuxième commissaire. « La tentative de Joseph IJ, en 1784, de rendre la liberté à l’Escaut et d'affranchir nos provinces de la ser- vitude qui pesait sur elles depuis le traité de Munster, est Fun des épisodes les plus intéressants de l’histoire des dernières années du XVIII siècle. Ce prince obéit-il, en prenant cette initiative, à une simple préoccupation d'amour-propre, de dignité personnelle? Avait-il, au con- traire, le dessein plus élevé de restaurer la prospérité ( 160 ) commerciale des Pays-Bas autrichiens et de s'associer au grand mouvement d'idées qui tendait alors à renouveler les bases du droit des gens? Il serait malaisé de le dis- cerner, encore que de nombreux indices et le caractère même de l’homme autorisent à dire que cette dernière pensée n’a pu lui ee indifférente. L'entreprise eut un tenti t ble, non malheureusement parmi nos ancêtres qui firent preuve en cette circonstance de la plus étonnante apathie : triste exemple de la déchéance même morale réservée aux nations qui abdiquent la direc- tion de leurs destinées entre des mains étrangères. Il en fut autrement au dehors. Tous les cabinets s’émurent, entrèrent en action. La conscience publique s’éveillait. L'énormité de l'atteinte portée au droit naturel des peu- ples par l’article XIV du traité de Munster, acquérait une évidence croissante. On sentait partout, en dépit des combinaisons politiques les plus tortueuses, que la ques- tion posée sur l’Escaut avait une portée générale. C'est en effet à ce moment que s’élaborent les premiers élé- ments d'un régime qui, étendu plus tard au Rhin et au Danube, devint le fondement de la législation moderne des fleuves internationaux. M. Magnette avait abordé déjà par divers côtés cet important débat. Ses communications à la Commission d'histoire ont été signalées. Indépendamment d'un examen attentif des principales sources publiées, il s'est livré pendant ces dernières années à de laborieuses et fructueuses recherches dans les archives de Bruxelles, de Vienne, de Paris, de Berlin. Le mémoire qu'il soumet aujourd’hui à l'Académie, contient le résultat de ses inves- tigations : c’est un travail considérable, de 219 pages, plein d'informations nouvelles, de données précises et 161 certaines sur les vues et les actes des puissances enga- gées dans cette négociation. L'exposé de M. Magnette n’embrasse qu’un laps de temps de quatre années : mais sur ce court intervalle, il accumule des renseignements wenen apporte des révélations curieuses, suivant pas à pas les événements et la correspondance qu’ils alimen- tent. Les phases principales de l'incident sont connues : requête des négociants d'Anvers et démarches des États du Brabant; voyage de Joseph IT aux Pays-Bas en 1781; travail souterrain qui se poursuit dans la chancellerie de Vienne nonobstant l'attitude impolitique du souverain à Bruxelles et à Anvers; tableau sommaire du 4 mai 1784, suivi de l’ultimatum du 25 août et du conflit sur l’ Escaut du 8 octobre; médiation de la France et conférences de Versailles, avec l'intervention concurrente du cabinet de Londres, de Frédéric IT et de Catherine IF qui aspire un moment à évincer la France pour s’attribuer le rôle d'arbitre; enfin traité de Fontainebleau (8 novembre 1785), qui consacre, au prix d'une indemnité de dix mil- lions de florins, un statu quo dont le médiateur lui-même ne voyait plus la raison d’être : voilà le cadre que s’est tracé M. Magnette et qu'il a rempli avec un incontestable succès. Son point de vue est limité : c'est un chapitre d’his- toire diplomatique qu'il a voulu écrire. Il a accompli, sous ce rapport, sa tàche avec une conscience, je dirais volontiers une patience rare. Son analyse des papiers d'État est minutieuse, complète jusqu’à l'épuisement ; elle confine parfois à la prolixité, en même ann que le plan même de l'auteur l’entraine à des redites. L'écueil était peut-être difficile à éviter. Les diplomates n'ont D" SÉRIE, TOME XXXII. +: ( 162 ) jamais ménagé le temps, qui est leur allié; mais ceux du XVIII siècle l’économisaient vraiment trop peu. Dans l'interprétation des documents de chancellerie de cette époque, où des conceptions raflinées se couvrent fréquemment d’un langage lourd et prétentieux, M. Ma- gnette fait preuve de plus que de persévérance : il y apporte une pénétration remarquable. Les calculs les plus retors ne le prennent pas au dépourvu; je le voudrais seulement mettre en garde contre les termes d'alliance et de garantie qui reviennent à chaque pas dans les négocia- üons dont il rend compte et auxquels il convient de ne pas attacher une signification qu'ils n’ont ni dans la langue du temps, ni généralement dans les actes eux-mêmes. C’est ainsi que le traité de Munster, conclu le 30 janvier 1648 exclusivement entre l'Espagne et les Provinces- Unies, ne contient ni ne comporte de clause de garantie. Il en est de même du traité d’Osnabruck, signé le 24 octobre : Farticle XVII y stipule, à la vérité, une garantie d’exécu- tion; mais celle-ci, ainsi que l'observation en a déjà été faite par Schoell, ne concerne que la paix intérieure du corps germanique. Le traité de la Barrière fut conclu le 15 novembre 1715 entre l'Empire et les Provinces-Unies, sous la médiation de l'Angleterre; il-visait le traité de Munster à Particle XXVI et stipulait la garantie britan- nique à l’article XXVIII; mais cet engagement implique si peu la pensée d’une sanction que Fon voit le cabinet de Londres inciter Joseph I, en 1781, à exiger louver- ture de FEscaut et se déclarer neutre quand le conflit a éclaté. Lorsque Frédéric I parle de la garantie du traité de Munster par les puissances, son langage n’a pas plus de portée. Il convient de ne pas prêter à cette expres- ( 163 sion le sens juridique précis qu'elle a reçu longtemps plus tard. Cette distinction est nécessaire pour apprécier saine- ment les tsré tlesactes qu'ilsmotivent. Au surplus, le XVIIIe siècle est l’âge classique des volte- face diplomatiques et des engagements méconnus. Jamais les rapports entre les États ne furent moins sûrs ni les scrupules de loyauté plus étrangers aux transactions des cabinets. Le mot d’alliance, qu'on prodiguait, avait peu de sens et celui de garantie, dont l'abus n'était pas moindre, n’en avait aucun. C’est l’époque de la pragma- tique sanction, du fameux traité de Séville de 1729, des guerres de la succession autrichienne et de sept ans, du partage de la Pologne. Il faut se rappeler ces circon- stances pour placer l’entreprise de Joseph IF dans son vrai milieu et juger équitablement l'antagonisme qui s'y mani- festa entre le droit écrit des traités et l'intérêt national, qui était ici un droit naturel. Cette considération, qui touche à la conclusion de l’auteur, nous ramène à son introduction. M. Magnette, dont le mémoire est si complet, si détaillé dans le récit des négociations de 1784 et 1785, consacre quelques pages à peine au principe même du conflit : l’article XIV du traité de Munster. N'eût-il pas été utile de s'arrêter un moment à la genèse même de cette clause qui a eu de Si formidables conséquences? Était-elle à son origine l'expression des idées du temps ou d'une nécessité poli- tique capable de l'exeuser? A-t-on pu prévoir surtout que Son application se maintiendrait, avec une rigueur inexorable, pendant un siècle et demi? La question vaut la peine d'être élucidée : elle va à la racine même du conflit politique. ( 164 ) Trois ans avant la signature du traité de Munster était mort un Néerlandais illustre, l’une des gloires de son pays, et vingt ans avant sa mort, en 1625, Grotius avait publié son Traité du droit de guerre et de paix. Il avait formulé cet axiome devenu célèbre : « Les territoires, les fleuves et les portions de mer qui pourraient devenir la propriété de quelque peuple, doivent être ouverts à ceux qui ont besoin d'un passage pour des causes légi- times... Il n'est permis à personne d'empêcher une nation de faire le commerce avec n'importe quelle autre nation éloignée. » (Livre IL, chap. Il, § 15.) Si Grotius eùt vécu en 1648, il n'aurait pu s'empêcher de protester contre l’article XIV du traité de Munster. Le traité d'Osnabruck n’avait-il pas stipulé lui-même à l’article IX: « Il y aura une entière liberté de commerce et un pas- sage libre et asseuré par toutes sortes de lieux sur mer et sur terre »? Cette doctrine est donc entrée dès lors dans le droit public; elle est continuée et développée après Grotius par les fondateurs du droit des gens, Barbeyrac, Pufendorf, Wolf, Vattel, ce dernier mort en 1767, à la veille du conflit de l Escaut. Aussi l'initiative de Joseph H fit-elle entrer en lice toute une pléiade de jurisconsultes et de publicistes. Linguet défendit avec éclat la cause de la liberté et du progrès. Si ses adulations répugnent, si son emphase fait sourire, il établit les principes du droit universel avec une force, une précision qui ont été rarement dépassées. Mirabeau, dominé par sa haine du despotisme, croyant ou feignant de croire à une coalition de l'Autriche et de la Russie avec la complicité de l'An- gleterre, prit en main la cause des États-Généraux. Ce plaidoyer n’a rien ajouté à sa gloire. Ne ly voit-on pas (( 465 ;) soutenir que Cen est fait de l'indépendance de la Hollande, si l’Escaut cesse d’être fermé, et signifier aux Belges qu’ils n’ont que faire de la navigation de ce fleuve, alors qu’il leur reste tant de bruyères à défricher et de marais à combler? Chose bizarre : l'argument a servi encore un siècle après, tant il s'adapte, semble-t-il, aux circonstances les plus diverses. Mais Mirabeau avait l'esprit trop pénétrant pour s'arrêter longtemps à de semblables raisons; aussi sa vraie pensée se manifeste- t-elle dans sa quatrième lettre. Que les Belges, dit-il, secouent la domination de la maison d'Autriche, qu’ils fondent un État indépendant, dont ils réunissent mieux que les Hollandais eux-mêmes toutes les conditions, et loin de leur refuser la liberté de l’Escaut, tout invitera à faire droit à leurs réclamations. Ce langage était haute- ment significatif. I faut tenir compte de cet état des esprits, de ce pro- grès des idées pour apprécier sainement le procès qui se plaida en ce moment devant l'Europe. M. Magnette n'ignore aucun de ces faits ni de ces documents; il v a lui-même apporté récemment de nouveaux éléments. Mais dans son mémoire, il y fait à peine allusion pour n'envisager exclusivement que l'œuvre des chancelleries. N'est-ce pas une lacune? Dans les transactions diploma- tiques de ce temps, les préoccupations personnelles et dynastiques n’ont pas cessé d’être à l'avant-plan; l'in- térêt supérieur engagé dans le débat s'y rapetisse et souvent s’y travestit. L'idée ici domine de haut le fait; on aimerait lui voir garder le premier rang. Quand le traité de Fontainebleau fut signé après de longues et stériles négociations, la cause en apparence était perdue : ( 466 ) en réalité, elle était gagnée. Sept ans plus tard, la France révolutionnaire détruisait l’œuvre du cabinet de Versailles et le conseil exécutif de la Convention rayait l'article XIV du traité de Munster du code des nations. Son décret est resté célèbre; les considérants en étaient : « que le cours des fleuves est la propriété commune et inaliénable de toutes les contrées arrosées par leurs eaux; qu’une nation ne saurait, sans injustice, prétendre au droit d'occuper exclusivement le canal d’une rivière et d'empêcher que les peuples voisins qui bordent les rivages supérieurs ne jouissent du même avantage ; qu'un tel droit est un reste des servitudes féodales ou du moins un monopole odieux qui n’a pu être établi que par la force et consenti que par l'impuissance; qu'il est consé- quemment révocable dans tous les moments et malgré toutes les conventions, parce que la nature ne reconnait pas plus de peuples que d'individus privilégiés et que les droits de l’homme sont à jamais imprescriptibles ». Assurément le procédé était violent : la guerre se substituait à la diplomatie. La force renversait en 1792 la barrière;édifiée par la force en 1648. L'Angleterre, qui n’était pas intervenue en 1784, protesta, mais la pensée de refermer l'Escaut ne vint à personne. Le traité du 16 mai 1795 régularisa la situation entre la République française et celle des Provinces-Unies, et telle parut l'évidence du droit qu’en 1815, en pleine réaction monar- chique et conservatrice, le Congrès de Vienne fit siens sous ce rapport les principes proclamés par la Conven- tion. M. Magnette n'a pas conduit son travail jusqu'au dénouement de 1792 qui paraît en être la vraie conclu- (267 ) sion. Il s'arrête au traité de Fontainebleau, et opposant ici le droit conventionnel qui veut être respecté, et le droit naturel qui proteste, il se demande si une autre solu- tion, pacifique et régulière, n'aurait pu intervenir. C'est à Joseph H qu'il impute la responsabilité de l'échec : il lui semble qu'entre les mains de Kaunitz la négociation aurait pu avoir une autre issue. On peut en douter. L’Em- pereur ne fut certes pas à la hauteur de la tâche qu'il avait assumée, sa versatilité, son insuffisance sont notoires; mais son chancelier ne fit guère preuve non plus en cette circonstance de qualités supérieures. D'une part, les rap- ports respectifs des puissances à cette époque ne favori- saient guère un accord amiable; les États-Généraux, d'autre part, affaiblis, inquiets, aveuglés sur la valeur de leur pri- vilège, auraient sans doute fait une opposition irréduc- tible. La diplomatie en pareille matière procède forcé- ment par voie de compensation. Même à la distance où nous sommes, les éléments d’un compromis se discernent à peine. En 1865, quand il s’est agi d’effacer la dernière trace de l'antique servitude de l’Escaut en supprimant le péage qui en grevait encore la navigation, la Belgique à pu suivre cette voie; d'accord avec les puissances mari- times, elle a racheté ce péage pour un capital de 56 mil- lions. Mais en 1784, ce moyen n’eût pu servir : ce fut la Hollande qui paya et la détresse financière de l'Empereur ne lui aurait pas permis d’intervertir les rôles. Par trop de côtés, la situation ressemblait à une impasse. Les cas ana- logues ne sont pas rares dans l’histoire. A vingt-cinq ans de nous, après tant de changements essentiels accom- plis dans l’ordre politique et juridique, la question de la neutralisation de la mer Noire a été tranchée exactement ( 168 ) dans les mêmes conditions où le fut au siècle dernier celle de l'ouverture de l’Escaut. L'existence dans les arrangements internationaux de dispositions oppressives qui visent à paralyser, à titre perpétuel, l'expansion natu- relle de certains peuples, est une menace constante pour le développement pacifique de leurs rapports. C'est la plus haute mission de la diplomatie que d’écarter ou d'éliminer du système européen des mesures qui, en subordonnant à des convenances momentanées l'intérêt général, retardent l'avènement de cette communauté des États sous l'empire du droit des gens qui demeure l’espé- rance de l'avenir. Je m'arrête en m'excusant d’avoir peut-être excédé les limites d'un simple rapport. Les considérations qui pré- cèdent n'ont d'autre but que de mettre en relief limpor- tance de l'épisode historique qui fait l’objet du mémoire qui nous est soumis. Elles ne tendent nullement à en amoindrir la valeur ou contester le mérite. C’est dire que je me rallie pleinement aux conclusions de notre savant con- frère, M. Piot. Au prix de certaines retouches, d’une revi- sion du texte qui donne parfois au récit plus de rapidité, à la forme plus de correction, l'ouvrage de M. Magnette tiendra dans les recueils académiques un rang distingué et promet à son auteur un succès légitime. » M. P. Fredericq, troisième commissaire, se rallie aux conclusions des rapports de ses confrères. Ces conclusions sont adoptées par 1 Classe. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Quelques feuillets de la vie privée des Athéniens ; par Léon Vanderkindere, membre de l’Académie. On peut avoir lu beaucoup de livres d'histoire et ne se faire qu’une idée très vague de la façon dont les hommes ont vécu dans le passé. Nous sommes toujours tentés de nous prendre, avec nos usages, nos sentiments, nos besoins moraux, pour le type normal sur lequel ont dû se modeler à peu près tous les peuples. Pour la Grèce antique, les peintures de la vie privée sont extrêmement rares; le roman n’y a apparu que fort tard, et nous avons malheureusement perdu toute la comédie nouvelle, qui aurait pu, sans doute, nous fournir des renseignements précieux. Il faut donc se borner à glaner dans les éeri- vains qui n’abordent qu’accidentellement ce sujet. De nos jours, on a composé sur le droit athénien de savants traités dans lesquels tous les documents connus ont trouvé leur place; mais ces ouvrages de théorie pure ne nous permettent guère d’apercevoir la société que comme le ferait le Code civil. Il manque des figures agis- santes et le conflit de passions qui, certes, étaient ana- logues aux nôtres, mais que les institutions tradition- nelles avaient marquées de leur empreinte. Peut-être convient-il, pour rendre sensibles les traits Caractéristiques de la vie de famille à Athènes, d'insister plus qu’on ne le fait d'ordinaire sur les exemples parti- culiers. ( 470 ) L'État grec ne s’est ae formé d’une pièce. A Athènes, on distingue encore nettement la soudure des éléments qui n’ont été qu'imparfaitement rejoints. La primitive organisation génétique n’a pu s'adapter exactement aux cadres d’une société démocratique dans laquelle la nais- sance ne devait plus avoir qu’une importance minime. Il en est résulté des difficultés très graves sur lesquelles les plaidoyers des orateurs attiques jettent beaucoup de lumière. Le point de départ, on le sait, a été, comme chez tous les Ariens, la famille fondée sur l'autorité paternelle et le culte des ancêtres. Dans plusieurs cités helléniques, à Gortys (en Arcadie), à Thasos, à Rhodes, etc., ce groupe primordial porte le nom de patra; une inscription de Delphes récemment publiée par M. Homolle (1) qualitie ses membres de patriotai, «ceux qui ont un père com- mun». Famille, patrie, les deux idées sont d’abord iden- tiques, et le temps seul élargit la notion, de manière à embrasser la cité et à s'étendre ensuite au vaste territoire auquel les siècles ont fait une seule et même destinée. A Athènes, et c'est dans le monde hellénique l'appel- lation la plus fréquente, l’unité familiale est le génos (pluriel géné) ; c'est la gens romaine, la grande famille, ou, si l’on veut, le clan. Les descendants d’un ancêtre com- mun sont les gennétes (gentiles), les homogalaktes (les enfants du même lait). La réunion d’un certain nombre de géné constitue la phratrie, c'est-à-dire, en quelque sorte, la fraternité : le mot phratores ou phrateres est analogue de fratres en latin, et il semble que l'on ait (4: Bulletin de correspondance hellénique, janvier-octobre 1895. (474 ) considéré comme frères les fondateurs primitifs des géné, les patriarches éponymes. Athènes, au temps de Solon, comptait douze phratries. Dans les autres cités grecques, l’organisation était simi- laire; linscription de Delphes rappelée plus haut est relative à la phratrie des Labyades. Il y a peu d'années, on avait découvert à Décélie, en Attique, des décrets de la phratrie des Démotionides. Ces trouvailles inespérées viennent ainsi enrichir singulièrement nos connaissances sur ces organismes génétiques. Jusqu'à l’époque de Clisthène, les géné et les phratries, celles-ci groupées en quatre phyles, forment tout le des- sin de l’État athénien, et tant bien que mal, Solon a fait entrer les non-eupatrides, nous dirions à Rome les plé- béiens, dans les cadres des phyles qui n'étaient pas destinées à les recevoir. Mais Clisthène va s’efforcer de créer une organisation purement civile qui fasse abstraction des anciennes unités de famille et de culte. L'élément essentiel de la cité deviendra le dême, c'est-à-dire l’agglomération urbaine ou rurale, et désormais, pour la désignation des per- sonnes, le nom gentilice sera négligé et l’on accolera régulièrement au nom de l'individu la mention du dême auquel il appartient. Mais entre la phratrie qui enserre les familles et le dême qui réunit les voisins, il n’y a pas de relation néces- saire et directe. Jamais le trait d'union ne fut solidement établi (1). Et cependant les phratries subsistèrent. Clis- (1) M. Francotte a consacré à cette question une savante étude : L'organisation de la cité athénienne et la réforme de Clisthène. (ACAD. ROY. DES SCIENCES, ETC., DE BELGIQUE, Mém. in-8e, t. XLVII.) ( 472 ) thène en a sans doute augmenté le nombre; il a voulu y ranger tous ceux d'entre les citoyens qui jusqu'ici en étaient exclus parce que, non eupatrides, ils n'avaient pas de génos; de plus, les résidents étrangers ou métæques, auxquels, par une mesure hardie, il conférait le droit de cité. Une conjecture de Buermann, qui a le mérite d’ex- pliquer quelques textes difficiles, permet peut-être de croire qu’à chacune des phratries de son organisme nou- veau, Clisthène a donné pour noyau l’un des antiques géné (1). S'il en est ainsi, le chiffre dut en être fort considérable : la tradition mentionne 360 géné. Autour de chaque génos central, des groupes analogues, mais artificiels, étaient constitués, dans chacun desquels les membres étaient reliés par la communauté du culte. Ces confréries ou thiases ne pouvaient avoir une base géné- tique; par imitation du génos, on leur donna un autel et des rites. | La phratrie et le dème demeurent néanmoins sans point de contact réel, comme les témoins de deux états sociaux différents, et l'on ne voit pas qu’un effort ait été tenté pour établir entre eux une subordination régulière. Les jeunes gens étaient inscrits dans le dème à l’âge de dix-sept ans accomplis. Cette inseription leur donnait la majorité politique, et si les obligations de l’éphébie, destinées à les initier au service militaire, les empêchaient encore pendant deux ans d'assister aux assemblées du peuple, ils n’en disposaient pas moins de leurs biens; la puissance paternelle rigoureuse avait pris fin. tt (1) Drei Studien auf dem Gebiet des attischen Rechts, IL. Die atti- schen Neubürger und die kleistenischen Phratrien, dans les JAHRBÜCHER FÜR CLASSISCHE PHILOLOGIE, 1887, Supplementband IX. ( 1473 ) Or, pour l'inscription dans le dème, il fallait établir sa qualité de citoyen. J'admets, du reste, avec M. Cail- lemer (1), que l'enfant naturel pouvait revendiquer ce titre aussi bien que le fils légitime, pourvu, bien entendu, qu'il fût né d'une mère athénienne. Mais, dans chaque cas particulier, les démotes examinaient la cause et votaient sur l'admission du récipiendaire. On pourrait croire que son état civil était établi anté- rieurement déjà dans la phratrie, et certes, au point de vue de la famille, il en était ainsi. Mais pour la cité, les registres de la phratrie ne faisaient pas foi, et la récep- tion dans le dème fixait seule, en droit publie, la condi- tion de l'adolescent. S'il était repoussé, ce pouvait être pour deux motifs. Pour défaut d'âge, d’abord. Et néces- sairement alors l'admission n’était que différée. Mais le fait lui-même prouve à quelles incertitudes on était exposé. Dans l’un des plaidoyers de Démosthène contre Boiotos, qui se prétendait fils légitime de Mantias et avait usurpé le nom de Mantithée, nous voyons le véritable Mantithée déclarer devant le tribunal qu’il est impossible _ d'établir quel est de lui-même ou du défendeur, qu'il refuse de reconnaitre pour frère, celui LE est né le premier. (I, $ 29. Quant au rejet définitif, il était motivé par le défaut de droit, et c'était une redoutable épreuve dans laquelle une majorité, égarée ou hostile, pouvait frapper sans merci l’homme qui se eroyait le moins en péril. Un fragment d'Isée nous montre un certain Euphilète dans cette fächeuse situation. Les démotes l'ont rayé du tableau. Son (1) Annuaire de l'Association pour Vencouragement des études grecques, 1878, pp. 184 et suiv. ( 174 ) frère consanguin intente alors une action en appel devant la cour des héliastes; il énumère tous les arguments qui établissent l’état civil d'Euphilète : la mère est citoyenne; le père qui l’a épousée en secondes noces a introduit l'enfant dans sa phratrie; le frère, qui avait treize ans à l’époque du mariage, fait la même déclaration; les sœurs, qui sont établies et qui ne devaient pas, dit lorateur, éprouver à l'égard d'une belle-mère des sentiments fort tendres, n’ont cependant jamais poussé leurs maris à contester l’état du jeune Euphilète. Nous ne savons pas ce que les héliastes ont décidé. Mais un pareil procès n’était pas sans danger : les membres du dème avaient le droit de s’y faire représenter par cinq avocats d'otlice, chargés de soutenir leur thèse, et l'appelant qui perdait sa cause était exposé à être vendu comme esclave. Ces exemples montrent que de la phratrie au dème il n’y avait pas à Athènes de jonction légale. Pour être porté sur le lexiarchikon grammateion ou registre du dème, il ne suffisait pas d’avoir été inscrit, dès sa naissance, sur le koinon grammateion de la phratrie. Le droit privé et le droit publie sont ici en complète discordance. Mais pour l'inscription à la phratrie elle-même, dans quelle obscurité, contre quelles ue n’a-t-on pas à se débattre! Voyons d’abord quelle était l’organisation intérieure de la phratrie. Unité religieuse, elle a son prêtre, lepeds, chargé des sacrifices. Unité civile, elle a ses administra- teurs que le règlement des Labyades de Delphes appelle tages (rayot) et qui, ailleurs, se nomment phratriarques. . Ce collège exerçait ses fonctions pendant un an sans doute et devait pourvoir à l'installation de ses succes- seurs, en recevant leur serment d'agir en toutes choses avec justice. ( 475 ) Les tages recueillent les offrandes, les contributions multiples qui sont dues à la phratrie; ils veillent à leur recouvrement, sont responsables de leur qualité; ils remplissent l'office de trésoriers, et si Pun d'eux est accusé d’avoir commis une faute, ils paraissent, d’après l'inscription de Delphes, s'être constitués en tribunal, en s'adjoignant un ou plusieurs frères élus par la phratrie elle-même. k Ils ont aussi à surveiller les funérailles pour lesquelles le règlement des Labyades a des prescriptions minu- tieuses, interdisant les dépenses exagérées et limitant d'une manière précise le rite des lamentations. Pareillement, sans doute, ils ont leur rôle dans les banquets de la phratrie, qui devaient être fort nombreux ; car indépendamment des fêtes- périodiques, dont une quinzaine sont énumérées dans linscription de Delphes, les mariages et les autres circonstances qui rendaient nécessaire un sacrifice, étaient encore une occasion d'agapes fraternelles. Mais assurément la mission la plus importante des admi- nistrateurs de la phratrie était de veiller à ce que les inscriptions nouvelles réunissent les conditions requises. Lorsqu'un enfant naissait, le père le présentait le dixième jour à ses proches : c’est la dékaté, et par ce terme on désigne couramment le festin de famille qui suit le sacrifice. La cérémonie est interprétée comme la recon- naissance de la paternité; c'est dans ce sens que l’on invoque devant les tribunaux le témoignage des convives. Le fait de n'avoir point célébré la dékaté équivaut à un désaveu tacite. Dans le courant de l’année, l'enfant, que ce fût un garcon ou une fille, était présenté à la phratrie, avec une ( 476 ) offrande modeste, dite meion (la moindre) à Athènes, darata paideia à Delphes. (En Thessalie, on désignait sous le nom de daratos un pain sans levain.) A cette occasion, le père, ou, à son défaut, l'ayant droit (le kurios), affirmait sous serment, en invoquant le Zeus Phratrios, que l'enfant était né d’une Athénienne, unie au père par contrat (ex astés kai enguétés). Et le père ajoutait : « Si mon serment est sincère, que tous les biens me soient en partage; si c'est un parjure, tous les maux. » (Inscription de Décélie, décret de Nicodème ; "Ecnuepts doyauohoytxn, 1888.) Trois témoins, confrères de sa thiase, ou, à leur défaut, trois autres phratères, confirmaient cette déclara- tion. D’après le même texte, le phratriarque faisait voter en premier lieu les thiasotes, c'est-à-dire les membres de la confrérie religieuse du père. Si l'on se trouvait en présence d’un génos, ce rôle échéait assurément aux gen- nêtes. Leur décision étant favorable, les autres phrateres prenaient à leur tour sur l'autel la pierre qu’ils déposaient dans lurne. Chose curieuse, au cas où ce scrutin repous- sait le récipiendaire, les thiasotes, exception faite de ceux qui avaient combattu l'admission, étaient obligés de payer 100 drachmes à l'autel de Zeus Phratrios. Si le requérant, après un vote hostile de ses thiasotes, faisait appel à l’assemblée plénière et que celle-ci le condamnät, il devait lui-même l'amende de 100 drachmes. Un second sacrifice trouvait sa place quelques années plus tard. Il avait lieu pour les filles au moment de leur mariage, c'est-à-dire quand on les introduisait dans la phratrie de leur mari; on le désigne sous le nom de gamélia (gaméla à Delphes). Pour les garçons, c'était à quinze ans, deux ans avant leur inscription dans le dème, que l’âge de puberté les (CHER) ramenait dans l'assemblée des phratères. La fête avait lieu le troisième jour des Apaturies, dit Kouréotis, sans aucun doute parce qu'alors on coupait (keirein) la cheve- lure demeurée flottante jusqu'ici. L'offrande même tirait de cette circonstance le nom de Kouréion. A Delphes, on la nomme Apellaia, parce qu’elle se fait à la solennité des Apellai, dans le mois d’ Apellaios, consacré à Apollon. L'importance de l’offrande est indiquée par ce fait que le simple retard doit en être compensé par le versement d'une statère, pièce d’or équivalant d'ordinaire à 20 drach- mes; la drachme valait à peu près un franc. Si la remise n'en a pas été effectuée l’année suivante, le débiteur est frappé d’une nouvelle amende de 20 drachmes. L'adoption est soumise aux mêmes exigences. Apollo- dore, ayant perdu son fils, adopta son neveu Thrasyllos. « À la fête des Thargélies, il me conduisit aux autels (c'est Thrasyllos qui parle); il m'introduisit parmi ses gennêtes et ses phratores. Leur loi impose pour un enfant adoptif la même obligation que pour un fils du sang; on doit jurer qu'il est né d’une Athénienne et que sa naissance est régulière (reyovóra dos). Ces déclarations faites, la phratrie n’en procède pas moins à un vote, et, si elle le juge convenable, elle décide l'inscription dans le registre. Cette inscription ne peut être antérieure. La loi étant telle, les phratores et les gennêtes d’Apollodore, con- fiants dans sa parole, n’ignorant pas, d’ailleurs, que j'étais le fils de sa sœur, ont voté à l'unanimité mon inscription. J'ai été, de son vivant, porté sous le nom de Thrasvllos, fils d'Apollodore. » (Iste, VIT, §§ 15-17.) Dans le cas d’une adoption testamentaire, c'est une grave imprudence de n'avoir pas recours aux mêmes précautions. Si l’on ne signifie pas ses dernières volontés 5" SÉRIE, TOME XXXII. 12 ( 178 ) en présence de ses parents, de ses phratores et même des démotes, dit le demandeur, dans le procès pour la succession d'Astiphyle (Isée, IX, § 8), on expose son héritier à se voir contester ses droits. Plus d'une fois, à Athènes, l'inscription d’un nouveau- né a été négligée et cette omission n’a été réparée qu'à l’âge adulte. Il s’en faut du reste de beaucoup que les précautions prises aient donné toutes les garanties de sincérité sur Jesquelles on comptait. On réussit fréquem- ment à introduire dans la phratrie des personnes qui ne réunissaient pas les conditions voulues, voire même des étrangers. Le fait avait une gravité réelle, puisqu'il assu- rait aux inscrits la communauté du culte et tous les droits de famille, notamment le droit de succession. Les périodes de crise dont Athènes eut à souffrir, les der- nières années de la guerre du Péloponèse par exemple, facilitèrent ces irrégularités. Aussi voyons-nous, après la restauration dite de l’archontat d'Euclide, la phratrie des Démotionides voter, sur la proposition de Hiéroclès, un décret qui prescrit une revision complète des listes. Tous ceux dont les droits ne seront pas établis, seront exclus par un vote de l'assemblée plénière et les phra- tores qui les ont introduits payeront 100 drachmes d'amende. Le décret ajoute que, pour l'avenir, l'appel seul aura lieu devant cette assemblée; il ne dit pas claire- ment qui prononce en première instance ; mais comme il attribue à l’oikos Dekeleión le droit d'envoyer cinq de ses membres âgés d’au moins trente ans, comme avocats d'office chargés de combattre l'appel, il y a lieu de croire que c’est cet oikos qui avait rendu la sentence primitive. Il n'est pas aisé de déterminer ce qu’on entend par oikos; on a proposé d’y voir le génos primitif, noyau de la phra- ( #79 ) trie; pour d'autres, c'est le groupe, évidemment plus large, des Démotionides domiciliés à Décélie même (1). Le décret de Hiéroclès a été modifié quelques années plus tard par celui de Nicodème que j'ai analysé ci- dessus.. De tous ces renseignements il ressort à l'évidence que les inexactitudes au sujet de l'état civil étaient très grandes à Athènes, et cela non seulement au point de vue de l'exercice des droits publics, mais au sein même de la famille et en ce qui concerne la possession des droits privés. En réalité, l'état civil officiel n'existait pas. Quelles preuves pouvait-on fournir de la légitimité d'un enfant? En premier lieu la déclaration du père, et s'il doutait lui-même de sa paternité, l'affirmation solen- nelle de la mère. Mais si, pour une cause quelconque, la déclaration du père faisait défaut, ou si, après sa mort, elle était contestée, il fallait établir le fait du mariage. Sa démonstration extérieure la plus manifeste était la présentation de l’épouse au sein de la phratrie, mais elle ne pouvait être attestée en justice que par voie de témoi- gnage. | Un autre moyen de preuve était l'engagement préa- lable en vertu duquel les conjoints étaient unis. C'est (1) Oixos, en matière de parenté, désigne d'ordinaire une branche; nous disons de même la maison d'Orléans; dans le plaidoyer contre Macartatos, Démosthène énumère les différents oxo: issus de Busé- los. Pour les familles eupatrides, l’otxos est donc une subdivision du génos, et c'est ainsi que le terme oëxetor s'applique à un degré de parenté pour lequel il n'existe pas de correspondant exact en fran- ‚Gais. Les interprétations diverses données à expression otxos Aexe- av par Szanto, Töpffer, Wilamowitz, ne me paraissent pas décisives, - ( 180 ) l'enguésis ou remise de la femme au mari par celui qui avait autorité sur elle. Le mot enguésis, dérivé de yuiov, la main, nous rappelle la conventio in manum romaine. Elle était accompagnée d'un festin nuptial dont le sou- venir constitue dans la suite l’une des preuves les plus sûres du mariage. Dans le plaidoyer d’Isée pour la suc- cession de Ciron, les demandeurs établissent que leur père, en épousant la fille de Ciron, a invité à des ban- quets ses parents et ses amis; ils ajoutent que leur grand- père maternel a célébré par deux festins de noces les deux mariages successifs de leur mère. (VIII, 18 et 9.) Dans l'affaire contre Eubulide (Démosraëne, § 45), on appelle comme témoins du mariage de Nicarète avec Thueritos les membres de la phratrie faisant partie de la famille de l'épousée et auxquels son père a offert le repas de noces. En sens inverse, quand il s’agit de la succession de Pyrrhus, son neveu qui revendique l'héritage contre Philé, fille de Pyrrhus, dont il conteste la légitimité, s'appuie sur l'absence de festin nuptial pour prouver que la mère de Philé n’était pas la femme de Pyrrhus. « S'il Peùt prise vraiment pour épouse, lui qui avait un bien de trois talents dans le dème, il eût été obligé de donner, à l'occasion des Thesmophories, un banquet aux femmes du dème, et de s'acquitter des autres charges qui -con- viennent de la part d’un citoyen aussi riche. Or, il n'ap- paraît nullement que Pyrrhus ait fait rien de semblable. Les phratores ont déposé sur ce point; prenez aussi, greflier, le témoignage des citoyens de son dème.» (ÍsÉr, HI, 80.) Un document d’un caractère plus authentique pouvait encore être invoqué : c'était la constitution de dot. Elle ( 181 était généralement contemporaine de l’enguésis et consis- tait dans l'engagement par le père ou le tuteur de remettre à la jeune épouse un certain capital ainsi que son trousseau : proix ou pherné, dot; esthés, trousseau. Des inscriptions de Myconos, l’une des Cyclades, nous ont conservé plusieurs exemples de ces contrats. « Callixénos a marié sa fille Timocraté à Rhodoclès et lui a constitué une dot de 700 drachmes, sur laquelle un trousseau de 500. Rhodoclès reconnaît avoir reçu le trousseau et 100 drachmes; pour les 500 qui restent, Callixénos a hypothéqué à Rhodoelès sa maison sise dans la ville et touchant la maison de Ctésidémos, fils de Cheerélas. > « Ctésion a marié sa fille Hermoxénê à Hiéronidès et lui a donné en dot 1,600 drachmes et la maison d’Archi- nos, touchant à la maison de Callippos, fils d'Héras ; de plus, une servante du nom de Syra et une autre ser- vante... » « Ctésonidès a donné en mariage sa sœur Dikaiê à Pappias et lui a constitué une dot de 1,000 drachmes d'argent avec un trousseau de 509. Pappias reconnait avoir reçu le trousseau et 100 drachmes d'argent (1). » La dot, administrée par le mari, demeurait la pro- priété de la femme, et à la dissolution du mariage, soit par la mort, soit par le divorce, elle devait être restituée. On finit par la considérer comme la garantie essentielle d'une union durable; les mœurs rendaient très aisée la répudiation de la femme, mais la menace d’avoir à rendre la dot était souvent pour le mari un frein efficace. Aussi (1) Recueil des inscriptions rs grecques, par Dareste, Haus- soullier et Th. Reinach. pp. 50 et st ( 182 ) un mariage sans constitution de dot ne semblait-il qu'une liaison fragile. Le plaidoyer pour la succession de Pyrrhus dont il a été question plus haut, fournit à la fois la preuve des dif- ficultés qu'il pouvait y avoir à constater un mariage et de l'importance qu'on attachait à la dot. Il s’agit de savoir, on se le rappelle, si Philé est la fille légitime de Pyrrhus et par conséquent si ce dernier a épousé la mère de la jeune femme. C'est ce qu'avaient soutenu Xénoclès, son époux, débouté dans une. première affaire, et Nicodème, son oncle maternel. L'héritier légitime poursuit ce der- nier pour faux témoignage; il insiste d’abord sur le fait que Nicodème en mariant sa sœur n'aurait, à ses propres dires, appelé qu’un seul témoin. « Mais je m'étonne sur- tout », continue-t-il, « qu'aucun contrat relatif à une dot n'ait été fait, ni par celui qui la fournissait, ni par celui qui la recevait. Si Nicodème a donné une dot à Pyrrhus, il était vraisemblable que les témoins que l’on dit avoir assisté (1) au mariage attestassent également la remise de cette dot; si, au contraire, notre oncle, enflammé par la passion, a consenti à prendre une telle femme sans dot, il apparaît que Nicodème avait encore beaucoup plus de motifs de faire affirmer devant témoins par Pyrrhus qu'il avait reçu la dot; car c'était le moyen de l'empêcher, s'il lui en venait le caprice, de la répudier! » (III, 28.) Et plus loin : « Assurément un homme qui déclare avoir marié sa sœur sans s'inquiéter de la dot, est convaincu de mentir avec impudence. Que gagnais-tu en effet à (1) Les témoins, car si Nicodème reconnaissait n’en avoir appelé qu'un seul, les trois oneles de Pyrrhus attestaient avoir, à sa demande, assisté au mariage. ( 185 ) marier ta sœur, si celui à qui tu la remettais était libre de s'en débarrasser quand il lui aurait plu? Or, c'était bien le cas, puisqu'il n’y avait aucune convention de dot. Et l’on croirait que Nicodème a marié sa sœur à notre oncle de cette manière! Lui qui savait que, dans ses unions antérieures, elle n’avait jamais eu d'enfant et qui n'ignorait pas qu'en vertu de la loi, si elle décédait sans postérité, la dot convenue avec le mari devait lui revenir à lui-même! » (IH, 55-56.) ll est done visible que la constitution de dot, réelle ou fictive, était la meilleure sauvegarde de la femme, sans cesse mise en péril de perdre sa situation conjugale. Rien de plus fréquent, rien de plus aisé que le divorce, pour le mari du moins. Quant à la femme qui se plai- gnait de son époux, il lui fallait l'assentiment de Plar- chonte pour obtenir la séparation. Mais le mari n'était guère retenu que par une seule considération, celle de la dot. Avec les idées modernes, on trouvera choquante la désinvolture avec laquelle les Grecs se débarrassaient de leurs compagnes quand elles avaient cessé de leur agréer. Le plus illustre de tous, Périclès, que nous sommes habi- tués à considérer comme la personnification de la sagesse, du goût, de la mesure, m'a-t-il pas passé sa lemme à un autre mari, afin de pouvoir plus décemment se rapprocher lui-même de la séduisante Aspasie? (PLu- TARQUE, Péricles, 24.) Ces transferts opérés souvent par la seule volonté du mari ne sont pas chose rare. Démosthène, dans son plai- doyer pour Phormion, en cite plusieurs exemples. Il ne faut pas s'étonner, dit-il, que le banquier Pasion ait légué, en mourant, sa femme à son ancien esclave qui ( 484 ) continuait sa banque. N’a-t-on pas vu le banquier Socra- tès céder de son vivant sa femme à son affranchi Satyros, Soclès agir de même en faveur de son affranchi Timodé- mos? Strymodore a donné sa femme et, quand celle-ci fut morte, sa fille, à son affranchi Hermaios. ($ 28-29.) On sait qu'il y avait des cas où la rupture du mariage s'imposait. Quand une femme devenait épiclère, c'est-à- dire qu’elle était appelée, à défaut de fils, à recueillir la succession de son père, elle était contrainte de se mettre à la disposition de son plus proche parent. Était-elle déjà mariée, il lui fallait alors quitter son mari, et un fait emprunté au plaidoyer d’Isée pour la succession d’Aris- tarque montrera comment des parents indélicats pou- vaient abuser de cette prérogative pour intimider un citoyen. Une fille d’Aristarque était devenue épiclère : sa sœur et Pun de ses frères étaient morts, l’autre frère avait passé par adoption dans une autre famille. On la maria et certes le mari aurait dù revendiquer l'héritage paternel. Il négligea cependant de le faire. « En effet », dit son fils qui est demandeur dans l'affaire, « mon père ne pou- vait se décider à cette poursuite; chaque fois qu'à la demande de ma mère il en parlait aux parents qui s'étaient mis injustement en possession, ils le menacaient de lui retirer sa femme, s’il ne se contentait pas de la seule dot qu'elle Jui avait apportée. Et mon père, plutôt que de perdre sa femme, aurait renoncé à un héritage double de celui-ci. » (X, 19.) Ce scrupule témoigne en faveur du mari. Mais le fils, plus positif, ce semble, expose avec douleur le tort grave que l’on a fait à sa mère quand on lui a donné son époux : « Aristomène, frère d’Aristarque, et par conséquent oncle de la jeune fille, aurait dù la réclamer en mariage; au lieu de cela, il l'a fiancée à mon père... » (X, 6. ( 485 ) De même, si un homme acquiert par droit de proxi- mité l'avantage d'épouser une épiclère, il n’hésitera guère à se séparer de sa première femme. Démosthène, dans son plaidoyer contre Eubulide, raconte comment Proto- maque, époux de Nicarète, s'étant trouvé dans cette situa- tion, persuada à son ami Thucritos de lui rendre lexcel- lent service de prendre pour lui-même ladite Nicarète. I} adoucissait de la sorte la rigueur de la répudiation (§ #1). Le père de famille avait, lui aussi, le droit strict de rompre le mariage de ses filles si elles n’en avaient pas conservé d'enfants, et peut-être même sans aucun motif sérieux. Ciron avait épousé une sœur de Dioclès; les deux fils issus de cette union étaient morts. Néanmoins, dit Isée, Dioclès ne remaria pas sa sœur à un autre homme ; car il craignait qu’en la séparant de son vieux mari, il n’encou- rageàt celui-ci à disposer de ses biens en faveur d'étran- gers. (VIII, 56.) C'est une considération d'intérêt qui seule le détermine à laisser subsister le mariage. Polveucte, du dème de Thriasios, avait deux filles; il donne l’une à son beau-frère Léocratès qu’il accepte comme fils adoptif. Mais ensuite une brouille survient; l’adoption est annulée, et du même coup, Polyeucte retire sa fille et la passe à un deuxième époux, Spudias. (Démos- THÈNE Contre Spudias, À.) Cette instabilité conjugale compliquait nécessairement le problème de la légitimité des enfants. Pour leur récep- tion dans la famille, le fait essentiel était la déclaration du père qui, en thèse générale, était décisive. Andocide rapporte que le génos des Céryces fut obligé d'inscrire un enfant incestueux pour se conformer à sa loi : il suffisait que le père déclarât qu'il était son fils légitime. (Sur les mystères, $ 127.) ( 186 ) Dans la phratrie, le même serment est exigé, mais il est permis d'en contester la valeur. Le silence des assis- tants est invoqué comme une preuve décisive. « Lorsque nous fûmes nés », disent les petits-fils de Ciron, « notre père nous introduisit au milieu des phratores; il jura con- formément aux lois que nous étions issus d’une citoyenne à lui unie par contrat. Aucun des phratores ne le contre- dit et n'essaya de soutenir qu'il ne disait pas la vérité; cependant ils étaient nombreux et ils examinaient le cas avec attention. » (Isée, VIII, 19.) Mais on conçoit que les collusions étaient aisées, et qu'un homme qui désirait par affection paternelle, par faiblesse, par amour, reconnaître des enfants, même s'ils n'étaient pas les siens, pouvait sans trop de peine trom- per la religion de ses confrères. Qui se serait flatté de suivre, sans s'égarer, toutes les péripéties des unions et des divorces”? L'une des causes les plus curieuses à cet égard est celle que Mantithée soutient contre Boiotos. Démosthène y a consacré deux plaidoyers. Dans l'un, comme on l'a vu plus haut, Mantithée revendique la possession exclusive du nom qu’il porte et que lui dispute son adversaire. Dans l’autre, il s’agit de la dot de la mère de Mantithée que Boiotos soutient appartenir à sa propre mère. Mantias, père de Mantithée, avait eu une liaison avec une femme nommée Plangon. Elle était de famille hono- rable, fille d'un homme qui avait joui d'une grande for- tune, mais qui, frappé nous ne savons de quelle condam- nation, était mort débiteur de cinq talents (environ 50,000 francs) envers le trésor public. C'est probable- ment à la suite de cette déchéance que la jeune femme avait accepté une situation douteuse auprès de Mantias. (: 407; ) Les adversaires du fils légitime soutiennent que Plan- gon a réellement été l’épouse de Mantias et qu'il est le père de ses deux enfants, Boiotos et Pamphile. Mantithée conteste le fait même de la paternité, mais il est obligé d'avouer que les enfants ont été reconnus et inscrits dans la phratrie. Seulement, c'est par une ruse de Plangon que Mantias a eu la main forcée; il résistait d’abord, et sans doute, sur la réclamation de Boiotos, sa mère allait être appelée à prêter le serment par lequel elle désignait Mantias comme le père. A la demande de Mantias, qui occupait des fonctions publiques et redoutait le scandale, elle s'engagea secrètement, moyennant le payement de trente mines, à décliner cette offre et à faire adopter son fils par un de ses frères. Mais devant le juge, elle ne tint point sa promesse, et comme la mère était en cette matière crue sur parole, force fut à Mantias de s’exécuter. Voilà done les fils de Plangon inscrits dans la phratrie. On doit se demander à quel titre. Il n’est pas possible d'admettre qu'un homme püût y introduire des enfants - quelconques, puisque la formule ex astés kai enguétés exclut cette hypothèse. Mantias était-il réellement F'époux de Plangon? M. Gilbert, dans la seconde édition de son Manuel d’antiquités (1), est disposé à le croire. Mantithée, dit-il, conteste la dot que réclame Boiotos; il ne conteste pas le fait du mariage. L'argument ne me parait pas bien convaincant, car on sait que la dot était précisément le signe le plus apparent du mariage; en outre, on ne voit pas sur quoi Mantithée aurait pu se fonder pour sou- tenir que Plangon avait dû recourir à un artifice vraiment (1) G. GizBERT, Handbuch der griechischen Staatsalterthümer, , 1893, pp. 210 et 511. ( 188 ) sacrilège pour circonvenir son époux légitime; laffirma- tion que les deux enfants n'étaient pas de Mantias est alors singulièrement audacieuse. Un autre philologue, Buermann (1), a proposé une explication qui a été acceptée par Philippi (2), par Busolt (5), et à laquelle Gilbert lui-même s'était rangé dans sa première édition. Il a exprimé l'avis que les Athéniens admettaient une sorte de demi-mariage, ana- logue au coneubinat romain; les enfants qui en étaient issus auraient été, sur la reconnaissance du père, intro- duits dans la phratrie et admis conséquemment au culte de la famille et même à la succession. M. Caillemer (4), tout en concédant que ces unions d'ordre inférieur produi- saient certains effets juridiques, comme nous le verrons plus loin, se refuse à croire qu’elles donnaient aux enfants les droits de famille. L'introduction des fils de Plangon dans la phratrie de Mantias demeure alors inexplicable. Même embarras à propos du plaidoyer qu’Isée consacre à la succession de Philoctémon. Il s’agit ici d'un héritage disputé par un fils adoptif et par un personnage qui se dit le frère consanguin du défunt. Le vieil Euctémon, père de Philoctémon, avait eu de son épouse légitime trois fils et deux filles ; mais parvenu à un âge avancé, il n'avait conservé que deux petits- enfants nés de ses filles, et dont un seul garçon. Ce garçon (1) Ouvrage cité onge für classische Philologie, Supplement- band IX, pp. 569 et suiv.) (2) Pruappi (ibid, t. CXIX, p. M3). (31 Busour, Die griechischen Staats- und Rechtsaltertümer, 2 Autl., . 201. (4) Dictionnaire des antiquités, de Saczio, Concubinatus, p. 1435. ( 489 ) avait été adopté par son oncle Philoctémon, qui n'avait point de descendants lui-même. C’est le demandeur Ché- restrate. Or, Euctémon, qui atteignit ses quatre-vingt-seize ans, s'était épris d’une fille nommée Alcée; d'origine servile et dressée, dès l'enfance, à la galanterie, elle avait si bien circonvenu le bonhomme, qu'il avait fini par habiter chez elle, au faubourg, abandonnant sa maison d'Athènes, sa femme et sa famille. Cette Alcée était déjà mère de deux enfants; elle per- suada au vieillard de reconnaitre le garçon, Antidore, et de l'introduire dans sa phratrie. Mais un fils d'esclave ne pouvait, en aucune façon, être admis au bénéfice des droits du éitoyen. Il fallut imaginer un roman pour attri- buer à Antidore une naissance libre. Les adversaires de Chérestrate viennent déposer qu'Euctémon avait épousé une certaine Callippe, qui est la mère d’Antidore. L'orateur répond que Callippe n’a point existé, que nul ne la connaît, et des témoins de la phratrie affirment qu'ils n'ont jamais entendu parler de cette femme. Le plus curieux dans l'affaire, c'est qu'aucune allusion n'est faite à la bigamie dont se serait rendu coupable Euctémon. Il avait encore sa première épouse; elle lui a même survécu; car, lorsqu'il meurt dans la maison d'Alcée, ce n’est que tardivement que l’on va avertir la veuve et ses deux filles. Si l’on plaide qu'Euctémon a épousé Callippe, il faut donc admettre qu'un Athénien pouvait être l’époux de deux femmes légitimes à la fois. On est contraint à la même conclusion par un autre incident de ce procès. Le vieillard, qui était résolu à inscrire dans sa phratrie l'enfant d'Alcée, s'était heurté d'abord à la résistance de son fils Philoctémon, encore ( 190 ) vivant à cette époque. Il annonce alors qu’il va se marier immédiatement avec la sœur de Démocratès, et il met sa menace à exécution; sa famille, craignant que ce ne soit un prétexte pour simuler une autre paternité, renonce à son opposition; elle permet qu’Antidore soit présenté aux phratères. A ce prix, Euctémon rompt sa nouvelle union. (VI, 22-24.) On dira peut-être qu'en quittant la maison conjugale et en s’étabiissant chez Alcée, il avait, en réalité, signifié le divorce et que son premier mariage était rompu. Cela ne ressort nullement du langage d’Isée ; il s'indigne qu'on ait osé écarter de son lit de mort son épouse et ses enfants, et d’ailleurs la répudiation par le mari avait pour première conséquence d’obliger la femme à abandonner sa demeure. Le cas de Mantias, qui introduit comme légitimes dans la pbratrie les fils de Plangon, a été invoqué dans le même sens; car sa première épouse vivait encore à l'époque où ces enfants lui étaient nés. Le plaidoyer d’Andocide pour les mystères nous four- nit un exemple analogue, mais d’une rare infamie. Callias avait épousé la fille d'Ischomaque; l’année n’était pas écoulée qu'il s’adjugea par surcroît la propre mère de sa jeune femme, et qu’il eut l'audace de présenter à ses gennêtes le produit de cette union incestueuse. Andocide stigmatise avec force ce crime exécrable. « Vit-on jamais en Grèce», dit-il, cun homme épouser à la fois la mère et la fille? » (Sur les mystères, $ 128.) Mais le fait même de la bigamie ne lui inspire ni étonnement ni indigna- tion. Du plaidoyer de Lysias au sujet des biens d’Aristo- phanès (XIX, 56, 44), on peut tirer, ce semble, la con- (49E) clusion que le stratège Conon et son ami Nicophème avaient chacun une femme et un enfant à Chypre en. même temps qu'un ménage à Athènes, et de la même façon, dans le Phormion de Térence, qui est imité de l’Epidikazoménos d'Apollodore de Karistos, on voit Chré- mès marié à Athènes, marié à Lemnos (uxorem Lemni habuit aliam, v. 942), et cette seconde épouse lui donne une fille qui est qualifiée d'ingenua, liberalis, civis attica (v. 168, 114). On sait enfin que des auteurs anciens parlent de la bigamie de Socrate : Athénée, qui s'appuie sur Aristote et plusieurs péripatéticiens (XIII, 2), Plutarque (Aristide, 57, 4), Diogène de Laêrte (Il, 26), Porphyre, cité par Cyrille d'Alexandrie et par Théodorétos de Cyrène, racontent, avec quelques divergences de détails, que l’une de ses femmes était Xanthippe, dont il eut son fils aîné Lamproclès, et l’autre Myrto, descendante d’Aristide. Socrate lavait prise quoique pauvre et sans dot, parce qu'il honorait en elle le grand citoyen dont elle était issue. Il en eut deux fils : Sophronisque et Ménéxène. M. Caillemer se refuse à ajouter foi à ces récits : «Com- ment les ennemis de Socrate se seraient-ils abstenus »,- dit-il, «de se moquer des deux mariages simultanés du philosophe? » Mais, en supposant même qu'il n’y ait là qu'une invention tardive et mensongère, n'est-il pas au moins étrange que des historiens aient pu la mentionner sans dire un mot de son invraisemblance ? Bien au con- traire : Diogène de Laërte (II, 26) ajoute que les Athé- niens, pendant la guerre de Péloponèse, furent amenés par la pénurie d'hommes et la nécessité de repeupler la cité à voter un décret en vertu duquel chaque citoyen était autorisé à prendre, outre son épouse légitime, une 192 ) deuxième femme pour en avoir des enfants : youety pèv dathv plav, ratdonoueis@ur de xal 85 Erépag. Ce texte même, que l’on peut supposer d’ailleurs n’être que l'affirmation d'un antique usage, établit une différence sensible entre ces deux unions simultanées. Et c’est ici qu'il faut revenir à l'opinion de Buermann sur l'existence d’un eoncubinat légal à Athènes. La bigamie réelle, l'existence d’un double mariage qui impliquerait la présence de deux épouses dans la maison conjugale, est, en effet, si formellement contredite par toutes les traditions helléniques qu'il ne semble pas pos- sible de laccepter. Mais il en est autrement de cette forme inférieure d'union sans laquelle, si l’on écarte l'hypothèse de la bigamie, on ne peut rendre compte d'aucun des faits qui viennent d’être rappelés. La seconde femme que l'on attribue à Socrate est alors bien plutôt une femme de second rang. Et de même pour la liaison de Mantias avec Plangon, d'Euctémon avec Alcée. On a fréquemment invoqué pour combattre cette thèse un passage de Démosthène qui me parait établir bien nettement, au contraire, la différence que faisaient les Athéniens entre deux espèces d'unions moins solennelles que le mariage. « Nous avons », dit-il dans le plaidoyer contre Néæra, « des compagnes (traígag) pour le plaisir, des maîtresses (ra) daxàg) pour notre entretien journalier, des épouses pour en obtenir des enfants légitimes. > Que l'épouse soit ici définie comme étant par excel- lence la mère des enfants légitimes, il n'y a pas lieu de s’en étonner, et le paragraphe qui précède immédiatement dans le discours ne fait qu’insister sur la même idée : (299) « Se marier (suvorxety, littéralement habiter ensemble) (1), c’est avoir des enfants, introduire ses fils dans la phratrie et dans le dème, remettre comme père ses filles à des maris. » Mais faut-il en conclure qu’en s'exprimant de la sorte, Démosthène exclue de propos délibéré les enfants de la pallaque de tous les avantages assurés à ceux de l'épouse? On remarquera qu’il assigne à la pallaque le rôle de ménagère, c'est-à-dire une mission régulière et bien ordonnée; il la place assurément au-dessus de l’hétaira, compagne de simple caprice. Des exemples convaincants prouvent que la durée même de la vie en commun n’a pas pour effet de transformer une hétaira en pallaké. Stéphanos a passé de longues années avec Néæra; cependant il plaide qu’elle n’a jamais été pour lui qu’une hétaira. Quand on veut contester les droits de Philé, fille de Pyrrhus, on soutient que sa mère m'avait que la con- dition d’hétaira. C'est dire qu’il manquait à ces liaisons un élément essentiel. Et, en effet, la pallakia nous apparait comme un rapport assujetti à certains usages et dont la base est un véritable contrat. « Quand on remet », dit Isée, « une de ses proches comme pallaké, on a soin de stipuler pour elle des avantages pécuniaires. » (HE, 59.) On voit ainsi clai- rement que des familles pauvres s’accommodaient d'une Situation médiocrement honorable, mais à laquelle la constitution d’une dot assurait une stabilité réelle. La (1) Evvotxety doit généralement être pris dans le sens d’être marié; le terme est employé parfois cependant dans des cas où il ne peut être question d’un véritable mariage. C'est ainsi qu'Andocide parle de l'union de Callias avec sa belle-mère : Tapet uèv ’Ioyopdyov Puyarépa Tarn Öl auvotxious odd’ vautdy thy untépa aûtis EÀafe, xat GovpRer… Th puntpt xat Ti Ovyarpt. (§ 124.) 9" SÉRIE, TOME XXXIIL, 15 ( 194 ) jeune et élégante Plangon (emperis TAY ôy oùsa), fille d’un citoyen jadis Anal mais ruiné, n'avait pas reculé devant cette nécessité. La dot, en pareil cas, était fournie, non par les parents de la femme, mais par celui même dont elle allait partager la vie, et dans ces conditions, la répudiation entrainait pour lui un sacrifice plus considé- rable que s’il s'était agi d'un mariage en règle. Peut-on parler ici d'une enguésis ? I] semble que rien ne s’y oppose, et c'est ainsi que la formule du serment réclamé du père qui introduisait ses enfants dans la phra- trie comme nés 85 dots xat èyyunths, d'une mére citoyenne et unie par contrat, S'appliquerait aussi bien au mariage légitime qu'à union en quelque sorte mor praque avec la pallaké. Le caractère sérieux et vraiment légal de ce genre d'union est attesté d’une manière singulièrement puissante par une loi de Dracon dont Démosthène a fait donner lecture dans le procès contre Aristocratès. Cette loi décla- rait excusables certains cas de meurtre involontaire, et de plus le meurtre du séducteur surpris avec la femme, la mère, la sœur, la fille du meurtrier ou avec la pallaké qu'il tient pour en avoir des enfants libres : èn}, nahhaxh nv 4Y En! Eheullëgous nasty yn. (§ 54; voy. aussi Lysias, sur le meurtre d'Ératosthène, $ 54.) On à voulu affaiblir la portée de cette disposition, en disant qu’elle faisait allusion à des enfants libres et non à des enfants légitimes. J'avoue ne pas saisir cet argu- ment. Conçoit-on l'idée de prendre une maîtresse en vue expresse d'en avoir des enfants, si ces enfants ne doivent pas être légitimes et s'ils demeurent exclus de toute par- ticipation aux droits de famille ? Le droit civil athénien reconnaissait donc des concu- bines légales, et c’est dans cette catégorie qu'il faut ranger ( 195 ) ; “la deuxième femme de Socrate, que ce fût d’ailleurs Myrto ou Xanthippe; de même la deuxième femme _qu'Aulu-Gelle attribue à Euripide, malgré sa misogynie sans doute plus théorique que pratique (1). Le double ménage de Conon et de Nicophème et celui du personnage de la comédie de Térence ont la même explication. Dans les procès auxquels nous avons fait des emprunts, nous sommes amené à considérer comme pallaques : Plangon pour Mantias, Alcée et la sœur de Démocratès pour Euctémon, la veuve d’Ischomaque, Chrysiade, pour Callias (Anpocipe, Sur les mystères, 127), la mère de Philé pour Pyrrhus. Au sujet de cette dernière, Philippi (Jahr- bücher für classische Philologie, t. CXIX, p. 414) a fait quelques objections sérieuses : Pyrrhus n’a pas introduit sa fille dans la phratrie; il a légué sa fortune par adoption testamentaire à son neveu Endios, sans exiger qu'il épousât Philé. Mais on répondra que Philé était tout “enfant à la mort de son père et qu'Endios, douze ans plus tard (IH, $ 51 et 1), prit soin de la marier à un Athénien considéré. Il est peu vraisemblable qu’il eût agi ainsi si aucun lien durable m'avait rattaché la mère de Philé à Pyrrhus, et si cette femme, comme le soutient l'orateur, n'avait été qu'une banale courtisane. Il y a plus : le texte d'Isée ($ 49) porte qu'il lui remit une dot de 5,000 drachmes, et l’on verra que le père (1) Aulu-Gelle parait même suggérer cette explication que la miso- gynie d'Euripide était due au fait qu'il avait deux femmes : mulieres fere omnes in majorem modum exosus fuisse dicitur, sive quod natura abhorruit a mulierum ccetu, sive quod duas simul uxores habuerat… (XV, 20.) o (196 ) ième ne pouvait distraire de sa succession en faveur d'un enfant bâtard plus de 1,000 drachmes (1). En résumé, la caractéristique essentielle d'un vrai mariage était l'introduction de l'épouse, opérée confor- mément au rite, avec sacrifice solennel, dans la phratrie. La dot et le contrat trouvaient leur place dans l'union avec la pallaké; mais la pallaké n’était pas officiellement agrégée à la famille de son conjoint; elle demeurait dans sa propre phratrie; elle gardait, à côté de ses proches, sa place dans les cadres où elle était née. Ses enfants, toutefois, pouvaient être introduits par le père, comme s'ils étaient strictement légitimes, dans le cercle de sa parenté. Il faut ici cependant rencontrer un texte de loi fré- quemment cité par les auteurs et qu’Aristophane (Oiseaux, v. 1660) fait remonter à Solon, bien que, sous la forme qui nous est transmise, il ne paraisse dater que de Parchontat d'Euelide : blu Be una: vól uh evar dyyrovelav wid’ tepov ph betw dr’ Eùxdeidou doyovrtos (Iske, VI, § 47 ; DÉMOSTRÈNE contre Makartatos, K 51), c’est-à-dire que le nothos (enfant naturel), garcon ou fille, ne participe dans la famille ni aux choses sacrées, ni aux choses profanes. Ce texte ne peut suffire à écarter l'enfant de la palla- que. Que faut-il entendre, en effet, par nothos? La tra- duction : naturel ou illégitime, ne correspond pas au (1) H est vrai nt quelques lignes plus loin, l'orateur, qui a év alué la fortune de Pyrrhus à trois talents, déclare invraisemblable qu'on n'ait pas même donné à une fille légitime le dixième des biens du père. Ces chiffres ne pins Sr à pas, car le dixième de trois talents serait 1,800 drach (197 ) terme grec. Car le nothos est aussi bien l’enfant né d’un Athénien et d'une étrangère, c'est-à-dire de deux per- sonnes qui n’ont pas l’épigamie, que l'enfant né d’une union libre entre Athénien et Athénienne. Dans toute société à base génétique, le fils d’une étran- gère est nécessairement exclu de la cité. Solon a dù sanctionner ce principe. En pratique, cependant, il fut mal observé, et l’on sait que Clisthène, Thémistocle, Cimon, qui avaient pour mères des étrangères, n’en occupèrent pas moins des fonctions importantes. Quand la population d'Athènes eut pris un accroissement consi- dérable, on jugea nécessaire de couper court à cet enva- hissement, et en 551, Périclès, à l’occasion d’une distri- bution de blé venu d'Égypte, fit déeréter de nouveau l'application rigoureuse de la loi. Personne n'ignore que par une cruelle ironie du sort, le promoteur de cette disposition dut solliciter lui-même une dérogation en faveur du fils que lui avait donné Plonienne Aspasie. Il est probable, toutefois, que c’est par la voie de la natura- lisation que le jeune Périclès fut introduit dans la cité. Pendant la guerre du Péloponèse, nouveau relâche- ment; la disette d'hommes rendait sans doute cette tolé- rance nécessaire, mais après la défaite, une fois la paix conclue et la démocratie restaurée sous l’archontat d’Eu- clide, on en revint à la sévérité primitive. Les orateurs font des allusions fréquentes à cette dis- position légale. « Si notre adversaire », dit le demandeur dans le plaidoyer d’Isée pour la succession de Ciron (VII; 45), « vous persuade que notre mère n’est pas citoyenne, nous ne sommes pas nous-mêmes citoyens, puisque nous sommes nés depuis Euclide. » Ouvrons le plaidoyer de Démosthène contre Eubulide - .( 198:) ($ 50) : Euxithée, que l’on a injustement rayé de son dème, établit que son père était citoyen, car du côté paternel comme du côté maternel il était Athénien; d’ailleurs, ajoute-t-il, sa naissance est antérieure à lar- chontat d'Euclide. Quant aux bâtards proprement dits, c'est-à-dire aux enfants nés de parents athéniens en dehors de l'union conjugale, j'ai déjà exprimé l'opinion, conforme à celle de M. Caillemer, qu’ils ne pouvaient être exclus de toute participation aux droits publics. « N'eût-il pas été bizarre », dit-il, « que le fils d’un Athénien et d’une étrangère eût été citoyen, tandis que le fils d'un Athénien et d'une Athénienne eût été étran- ger? » On pourrait répondre avec Zimmermann (1) que, dans le dernier cas, le père était en réalité inconnu, tandis que tous les exemples cités de fils d’étrangères devenus citoyens supposent entre les parents une union durable, régulière, ayant tous les caractères extérieurs d'un vrai mariage. J'invoquerai cependant à l'appui de la thèse de M. Cail- lemer la circonstance que les enfants de Plangon, avant d'étre reconnus par Mantias, avaient pris part aux chœurs de danse dans la phyle de leur mère. (Démosraëxe contre Boiotos, I, §§ 25-25, 50.) Une fois inscrits dans la phra- trie de leur père, ils passèrent de la phyle Hippothontis, à laquelle appartenait Plangon, à la phyle Akamantis. Ils avaient done, antérieurement déjà, été classés parmi les autres jeunes citoyens. On a soutenu, il est vrai, que cette faveur résultait précisément du fait que leur mère (4) ZIMMERMANN, De nothorum Athenis condicione, Berlin, 1886. (199 ) | était la maîtresse en titre de Mantias. I} me semble cepen- dant qu'avant d’être introduits par leur père dans sa phra- trie, ces enfants ne possédaient aucun moyen d'établir leur état civil et de profiter de cette quasi-légitimité. Quoi qu'il en soit, la question de savoir si les nothoi, fils d'Athéniennes, étaient admis à l'exercice des droits politiques, demeure assez douteuse. Ce n’est pas ici le lieu de la discuter à fond. Ce qui n’est pas contestable, c'est que l’éyrorels, la communauté du culte et les autres droits privés n’existaient pas pour eux dans la famille de leur père. On a même conjecturé que pour être admis dans la phratrie de leur mère, ils devaient avoir été adop- tés par l’un de ses proches. Le père qui les reconnaissait n'était autorisé à leur transmettre qu'une part restreinte de son héritage, la volets, qui ne pouvait dépasser 1,000 drachmes (d’autres disent 500). Or, pareille restriction n'est indiquée nulle part pour les enfants de la zzhhaxh; dans toutes les contestations judiciaires où nous les avons rencontrés, c'est de la suc- cession même qu’il s’agit et non d’une quotité étroitement limitée. Dès que l'enfant était reconnu par le père, régu- lièrement présenté et inserit dans la phratrie, il nous apparaît comme yv4rt0ç; il est assimilé aux enfants légi- times, et c'est ainsi que Mantithée n’a pu refuser aux fils. _ de Plangon, admis dans la phratrie, les deux tiers des biens de Mantias. (I, § 6.) Mais il éonvient ici de revenir au plaidoyer de Démos- thène contre Néæra, où les adversaires de cette thèse cherchent, on l'a déjà vu, leur principal argument. L’af- faire présente un grand intérêt par le jour qu'elle pro- jette sur la vie privée des Athéniens, et particulièrement sur le point que j'ai signalé au début de cette étude, le ( 200 ) manque de précision de l’état des personnes et les em- barras qui pouvaient en résulter pour les citoyens, même du plus haut rang. Phano, fille d’une courtisane d’origine servile et étran- gère, avait été mariée à un Athénien nommé Phrastor, qui la croyait citoyenne. Averti de son erreur, il la répu- die; toutefois, au cours d’une maladie grave, il se décide à reconnaître leur enfant et le présente à son génos, les Brytides, qui refusent de l’admettre. Phrastor n’appela point de cette décision auprès de la phratrie. Quant à Phano, après avoir mené quelque temps une vie des plus irrégulières et avoir été l’objet d’un procès scandaleux et d'une décision d'arbitrage plus scandaleuse encore, en vertu de laquelle son beau-père s'engageait à la livrer à un certain Epænétos chaque fois qu'il vien- drait d'Andros à Athènes, elle trouva le moyen de con- tracter un second mariage, et cette fois avec l’un des pre- miers magistrats de la cité, l’archonte-roi Théogène. I faut se rappeler que l’archonte-roi avait une situation exceptionnelle, à cause des sacrifices qu'il célébrait et auxquels sa femme, la Basilissa, prenait part. Phano, Pétrangère, fille de courtisane, répudiée par un premier époux, courtisane elle-même, maîtresse à gages d'un citoyen d'Andros, avait pénétré dans les sanctuaires qui demeuraient fermés à toute autre Athénienne, elle était devenue [épouse mystique de Dionysos. Lorsque ces actes impies eurent été révélés, l’Aréopage intenta un procès à Théogène, mais celui-ci put arguer de son igno- rance, et, derechef, Phano fut répudiée. Ces événements extraordinaires montrent mieux que toute dissertation théorique à quel point la condition des personnes était entourée d'obseurité. ( 201 ) Dans le procès que plaide Démosthène, Phano ne joue d’ailleurs qu'un rôle secondaire. C'est sa mère, Néæra, qui est directement visée, ainsi que l’infâme Stéphanos, qui cohabite avec elle et qui spécule sur les galanteries de la mère et de la fille. Stéphanos a célébré son mariage avec Néæra, et la loi défend d'épouser une étrangère. Stéphanos a introduit dans sa phratrie et dansson dème les deux fils de cette étrangère. Il a marié Phano, comme sa propre fille, à un Athénien. Ces trois faits délictueux sont si bien établis que l'ora- teur se demande quelle sera la défense de son adversaire. Il ne peut soutenir que Néæra soit réellement sa femme, puisqu'il est avéré qu’elle n’est pas citoyenne et qu’elle a été achetée tout enfant par une matrone qui devinait en elle sa beauté à venir. Mais on assure qu'il va plaider qu'elle habite avec lui à titre d’hétaira, union libre et sans contrat. Comment expliquera-t-il alors qu'il ait traité les enfants de Néæra comme s'ils étaient légitimes? Et Démosthène ajoute la définition que j'ai reproduite, des trois genres d’unions possibles: avec l'épouse, avec la pallaque, avec l’hétaira. Or, qu’on le remarque bien, il ne prête pas à Stéphanos la pensée de présenter sa compagne comme une pallaque; cependant ils vivaient ensemble depuis longtemps, et cette assertion eût sans doute disposé mieux le tribunal en leur faveur. Mais elle ne le tirait point d'affaire. Car s'il est exact que les enfants de la pallaque pouvaient être traités par le père comme ceux de l'épouse, au moins fallait-il de toute nécessité qu’elle aussi fût Athénienne. Stéphanos ne pouvait done pas recourir à cette échap- patoire. Et le silence de Démosthène sur ce point prouve ( 202-) à l'évidence que la condition juridique de la pallaque différait notablement de celle de l’hétaira. Elle occupait une place intermédiaire, comportant certains droits, et qui pouvait ouvrir à ses enfants l'accès à l'ayyusreta, refusé aux véritables nothoi. De toutes ces observations, il résulte que si la phratrie avait une mission importante, attestée par le soin que, dans toutes les revendications d'état, les plaideurs pren- nent d'invoquer son intervention, elle n’était en réalité, cependant, qu'une gardienne insuffisante de la légitimité. Le mariage n’était en somme que faiblement défendu ; ce n'était pas à Athènes un lien bien assujettissant. On pour- rait en être surpris lorsque l’on songe que la société entière reposait sur l’idée de la famille et qu'ainsi on s’at- tendrait à voir l'union conjugale presque sanctifiée. Mais il convient de ne pas oublier que les anciens ont envisagé le mariage, moins comme l'association morale de deux personnes de sexe différent, que comme la condition nor- male de la conservation de la race; ils lui ont donné pour but essentiel la procréation des enfants : én} natòwy yvn- siwy dat, liberorum quaerendorum causa. Or, c'est au mâle à perpétuer la famille, à en maintenir le culte: Tout cède devant cette préoccupation, et si la nature est en défaut, on a recours à des moyens artificiels comme l'adoption; on tolère aussi, on encourage même des pratiques d’une liberté à nos yeux singulière. À Sparte, comme la femme du roi Anaxandride était stérile, les éphores lui enjoignirent d'en épouser une seconde, et l'on sait que le premier devoir des maris âgés était d'assurer, par une complaisance patriotique, l'avenir de leur culte de famille. Solon n'avait pas été moins avisé; pour les filles épiclères notamment, sur lesquelles reposait toute la destinée d’une race, il avait fait l’arithmétiqüe des ( 205 ) devoirs conjugaux ; si l’époux en déclinait l'honneur, Pun de ses proches pouvait être invité à prendre sa place, et Plutarque, bien qu'il blâme comme philosophe cette immorale tolérance, "ajoute que plus d’un homme d’État approuve la sagesse du législateur, car il ne faut pas encourager la cupidité de gens qui n’épousent des épi- clères que pour jouir de leurs biens, et, d'autre part, le choix limité à l’un des parents du mari garantit la pureté du sang. C'est pour des motifs analogues que les Athéniens, au temps de la guerre du Péloponèse, sanctionnêrent peut- être expressément, comme nous l’a appris Diogène de Laërte, la pratique ancienne des unions doubles; ce qu'on pourrait appeler la bigamie mitigée, et c’est de la même façon sans doute que s’explique la faveur dont l'usage, sinon la loi expresse, a entouré les enfants nés d’unions qui n'étaient qu’à demi légitimes. L'absence de communion intellectuelle et morale entre les époux contribuait à ce relâchement. La femme athé- nienne, renfermée chez elle, dépourvue de toute éduca- tion littéraire, le plus souvent inapte même à diriger son ménage, n’offrait que peu d’attraits, et parmi les contem- porains de Périclès, les plus intelligents, les plus aflinés devaient être les premiers à souffrir de la distance qui les séparait de leurs compagnes. Faut-il rappeler l'exemple de Périclès lui-même, et le plaisir si vif que le sage Socrate, le créateur de la philosophie nouvelle, prenait aux entretiens de Théodote et d’Aspasie? La civilisation grecque a été brillante entre toutes, mais elle a perdu de bonne heure cette santé morale qui, pendant des siècles, a permis au peuple romain de mûrir ses vertus civiques. ( 204 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 juillet 1896. M. Ap. Samuez occupe le fauteuil. M. le chevalier Epmoxp MarcHaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ed. Fétis, Jos. Jaquet, J. Deman- nez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, A. Hennebicg, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alfr. Cluysenaar, F. Laureys, J. Winders, Em. Janlet, H. Maquet, membres ; Flor. van Duyse, correspondant. M. Th. Radoux, directeur, écrit qu'il lui est impos- sible d'assister à la réunion. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque de l’Académie, un exemplaire des ouvrages inti- tulés : 1° Bruxelles en douze lithographies, par Amédée Lynen ; 2e Les Musées royaux du Parc du Cinquantenaire et de ( 205 ) la Porte de Hal, à Bruxelles, 2° livraison, par J. Destrée, Kymeulen et Hannotiau. — Remerciements. — La Classe renvoie à l’examen dé MM. Hymans, Robie, Hennebicq et Cluysenaar le premier rapport de M. Jean Delville, lauréat du grand concours de peinture de 1895. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. Infatigable en sa recherche, M. Natalis Rondot, corres- pondant de l’Institut de France, donne pour complément à ses précieuses études sur le passé des lettres et des arts à Lyon (1), trois essais dont le titre accuse l’impor- tance : Les Graveurs sur bois et les Imprimeurs à Lyon au XV° siècle; Les Relieurs de livres à Lyon du XIV? au XVII siècle; enfin, Les Médailleurs lyonnais. La tâche qui s’imposait à l’auteur est de celles que seul pouvait aborder avec chance de succès un homme fami- liarisé de longue date avec le vaste et complexe ensemble d'éléments dont elle nécessitait l'emploi. Lyon fut (1) Les artistes et les maîtres de métier à Lyon, au XIVe siècle, 1882. — Les artistes et les maîtres de métier étrangers ayant travaillé à Lyon, 1883. — Les Sculpteurs de Lyon, du XIVe au XVIIIe siècle, 1883. — Les Peintres de Lyon, du XIVe au XVIIIe siècle. — Les Potiers de terre italiens à Lyon, au XVIe siècle, 1892. ( 206 ) bonne heure un centre intellectuel vivace. Situé sur le grand chemin de l'Italie, aux confins de la Suisse et de l'Allemagne, c'était une ville remarquablement cosmopo- lite. Elle se divisait en côté du Royaume et côté de l'Empire et, de fait, les artistes et les artisans venus du dehors y formaient des groupes nombreux. « Quoiqu'il y ait eu à Lyon, dans les premiers temps, quelques imprimeurs français, dit M. Rondot, on regar- dait ceux qui exerçaient l’art de l'imprimerie comme Allemands. » Effectivement l’on rencontre quelques-uns des noms les plus fameux de la typographie à ses débuts, au bas d'éditions lyonnaises. L’imprimeur était en quelque sorte errant et pour ne parler que de Lyon, les hommes de notre pays semblent n’y avoir pas été rares. Les graveurs sur bois, dans leur association avec les livres, se sont, assure M. Rondot, inspirés, en plus d'une occasion, de l’art flamand, soit pour le dessin, soit pour la taille. Il est à remarquer qu’ils ont traité leurs person- nages assez souvent à la façon des Flamands et des Hollandais. Les noms des dessinateurs auxquels eurent recours à Lyon les imprimeurs du XV: siècle, apparaissent rare- ment dans les comptes. M. Rondot incline à croire que des peintres flamands ou allemands étaient mis en fré- quente réquisition. Roboam de Masles est désigné comme Flamand ; il tra- vailla de 1490 à 1499; Jean, le peintre flamand, travail- lait de 1492 à 1505; Jean de Hollande, de 1492 à 1507; Pierre le Flamand, de 1495 à 1505, et Guillaume Le Roy, peintre flamand, fut à Lyon de 1493 jusqu’à l’époque de : sa mort, vers 1528. ( 207 ) Allié à un imprimeur de même nom, travaillant à la fin du XV: siècle, il était, peut-on croire, l’ascendant d’un autre Le Roy, graveur travaillant à Paris sous Louis XIII. De ce que pour l'imprimerie comme pour la gravure sur bois, l’auteur ne va pas au delà des prolégomènes, ne résulte point qu’il ne fournisse à l’histoire des matériaux d'inestimable valeur et en l'absence desquels celle-ci serait impossible à faire. Son rôle doit se comparer à celui du comte Léon de Laborde, dont l’histoire des ducs de Bourgogne, limitée aux Preuves, n’en constitue pas moins un livre de première importance. Les investigations de M. Rondot, poursuivies pendant une très longue suite d'années, ont mis au jour à peu près tout ce qu’il est possible de recueillir sur les bran- ches auxquelles se voue son étude et s'appuient des mani- festations elles-mêmes, chose d’ailleurs essentielle où il s'agit d'œuvres créées pour la vulgarisation comme les livres et les médailles. Il procède du reste avec une admi- rable méthode et, comme Léon de Laborde encore, nous donne des tables excellentes. En ce qui concerne les médailleurs, la moisson, sans être abondante, n’en est pas moins précieuse. Bien des érudits ne pensaient pas, dit M. Rondot, que l’art de la médaille eût à Lyon une histoire. Or, il se trouve qu’un dixième des graveurs et des médailleurs qui se sont pro- duits en France du XVe au XVII siècle lui appartiennent. La première médaille frappée à Lyon est de 1494. Elle a pour auteur Louis Lepère, Jean Lepère et Nicolas de Florence, travaillant sur les dessins de Jean Perréal, et est à l'effigie de Charles VIH et Anne de Bretagne. Qu'on sache sans plus attendre que le Nicolas de Flo- ( 208 ) rence ici mentionné n’est pas Nicolas Forzone di Spinelli, également connu sous le nom de Niccolo Fiorentino, gra- veur de la cour de Bourgogne. A la même époque, le roi de France avait à son service un grand artiste qui fut aussi un « diplomate actif, avisé et souple », Napolitain d’ailleurs : Jean de Candida, médail- leur mis en relief par une étude récente de M. Henri de La Tour et qui fut, semble-t-il, au service du duc de Bour- gogne avant de passer à celui de Charles VIII. A un précieux sens naturel se joignait chez l'artiste l'influence de son séjour dans nos provinces. M. Rondot constate et aflirme d’une manière générale l'influence exercée à Lyon par l'art flamand. Il y avait pénétré dès le XIVe siècle au moins, importé par les sculpteurs et les fondeurs de l'atelier de Dijon. « Peu importe, dit-il, parlant de certaines productions, qu’elles aient été faites en Flandre ou en Bourgogne par une main italienne ou par une main flamande, le style et l'exécution sont plus flamands qu’italiens. » Nicolas de Florence — celui de Lyon — lui-même n'échappe pas à cette règle. En somme, si la gravure des médailles brilla de quelque éclat à Lyon au cours du XVIe siècle, elle le dut à l'ac- tion combinée de [Italie et de la Flandre. On n'ignore pas que le nom de Benvenuto Cellini s'associe à son histoire. Au XVII siècle, l'art de la gravure en médailles avait pris en France une importance exceptionnelle ; il ne relevait plus de l'étranger. Lyon, à cette époque, avait, nous apprend M. Rondot, une petite colonie d’artistes peintres, sculpteurs et graveurs d'estampes, originaires ( 209 ) des Flandres et de la Hollande. «Ces étrangers du Nord étaient allés en Italie et, à leur retour, ils avaient été retenus à Lyon, trouvant dans cette ville riche et floris- sante le facile emploi de leur habileté. » Gérard Sibrecq (Siberechts ?), sculpteur et graveur en médailles, était Wallon. On le trouve mentionné de 1655 à 1645. Ses œuvres restent à identifier. Claude Warin, mort en 1654, était probablement de souche wallonne, comme son illustre homonyme, Jean Warin. Marin Hendricy, maitre sculpteur de la ville, de 1645 à 1662, venait également de nos provinces. Il séjourna durant vingt-neuf ans à Lyon. L'exhumation de ces artistes est le fruit de patientes investigations dans les archives, éclairées de preuves tirées des œuvres de chacun d’eux. En ce qui concerne les relieurs, nous n'avons nécessai- rement qu'un aperçu. La reliure est un travail presque impersonnel et l'identification des travaux devient chose en quelque sorte impossible. M. Rondot nous fournit les noms de deux cent vingt-deux relieurs avec la date de leur inscription. Beaucoup étaient au service d’imprimeurs, car l'usage prévalut longtemps de ne vendre les livres que reliés. Pourtant il est des volumes revêtus de la marque de leurs auteurs et plusieurs offrent, parait-il, un intérêt d'art incontestable. De nos jours, la reliure est descendue au rang de métier. Certains relieurs du passé étaient de véritables artistes et leurs travaux justifiaient leur notoriété. A peine faut-il rappeler qu’ils faisaient ces délicieux coffrets tant recher- chés des collectionneurs, et dont quelques spécimens hors ligne faisaient partie de la collection Spitzer. Dans nos 9" SÉRIE, TOME XXXII 14 ( 240 ) provinces, les relieurs étaient affiliés à la gilde de Saint- Luc. Plantin, venu de France, fut d’abord relieur. A Lyon, ils formaient une corporation à part. Il était dès lors légitime de relever les traces qu'ils ont laissées dans l’histoire locale. M. Rondot n’a pas dédai- gné de s'y appliquer, procédant, cette fois encore, avec l'admirable méthode que nous avons signalée et qui range ses travaux parmi les sources les plus sûres que puisse consulter le travailleur. P. S. — Cette note était imprimée quand nous est parvenu un dernier travail de M. Rondot, consacré cette fois aux Graveurs d'estampes à Lyon au XVII siècle. Inu- tile d'insister sur importance d’un essai que, du reste, l’auteur se propose, dit-il, de compléter par des notices sur les principaux graveurs signalés. Il importe, dès à présent, de faire connaître au lecteur comme ayant tra- vaillé à Lyon, un groupe serré de graveurs de notre pays et dont, pour plusieurs, la présence dans la ville française était jusqu’à ce jour ignorée. Citons Jean Stradan, — que, d’ailleurs, on ne connaît pas comme ayant manié le burin, — Nicolas, Louis et Laurent Spirinx, D. de Mallery, David van Velthem, G. Autguers, Jacques Huberti, un Anversois, Michel Natalis, Conard Lauwers, Pierre van Bloemen, Jacque Buys. Il y a, de plus, quantité de Hollan- dais et d'Allemands. Parmi ces derniers figure Dietter- lin, le fameux orfèvre dont tout le monde connait les fantastiques conceptions. Herr: HvyMaNs. ‘(J&UanOL ep S2AIU94Y) @AQANOI 8P UOSUEUI ‘saunop ins Il y gpeg nge pame at Jag aer HS ‘d “XXX ewo; ‘augs € ‘suneling FLOR. vAN daten Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, sér ,t. XXXII, ne 7, pp. 211-217, 1896. Sie Eon En A li sui dou - nes, nen quier ia par - DE EEE e Sa z mes li sier — vir tant com iert ses gres me vo - rai te - nir. si sai sans men- D Sr tir kant de moi ga - rir a -ve-ra Eo = 9—2 RS — Å—— U Jent e sa li sier ~- a eee er mm T | Dre a | 3 vir ay mis loi - au - ment. (21) COMMUNICATION ET LECTURE. À LI SUI DOUNES, chanson de trouvère découverte aux archives de Tournai, communication et lecture faites par Flor. van Duyse, correspondant de l’Académie. M. Maurice Kufferath, Pérudit critique musical, a bien voulu appeler notre attention sur une chanson, du moins sur une première strophe de chanson avec musique, découverte aux archives de Tournai. Cette pièce avait était signalée à M. Kufferath par M. Albert Allard, archéologue à Tournai, comme se trouvant au verso d’un acte du XIII° siècle. C’est à l'obligeance de ce dernier que nous devons la description de la pièce et de l'acte dont s’agit : « Le texte avec musique se trouve au dos d’un parchemin de 50 centimètres sur 15. Le recto porte un acte latin éma- nant de l’oflicial de la partie tournaisienne du diocèse de Cambrai (partie de la ville située sur la rive droite de PEscaut). Cet acte débute en ces termes : « Officialis cameracensis iudex seu conservator crucis in dyocese tornacensi cammerancium presbytero beate marie torna- censis salutem in domino... »; il se termine comme suit : « Datum anno domini M° CC? LXX” sexto feria sexta post ascencionem domini (lan 1276, le vendredi qui suit le Gre dimanche après l'Ascension) ». Au verso se trouvent quatre lignes qui ne se rapportent ( 242 ) pas au texte du recto et dont voici le début : « Reve- rendo patri ac domino venerabili philippo dei gratia episcopo tornacensi frater valterus de vilers humilis preceptor domorum militie temppli in francia salutem in domino... » En publiant la Messe du XIE siècle (1), dont le manu- serit provient de la confrérie des notaires de Tournai, De Coussemaker rappelle les savants travaux de Le Couvet et de l'abbé Voisin sur les écoles de musique de la ville pré- citée, et fait connaître la part considérable que la Bel- gique a prise dans la constitution et le développement de l'art musical au moyen àge. C'est dans les cathédrales de Paris, d'Amiens, de Cambrai et de Tournai (2) que lart harmonique, au XII? et au XII siècle, reçut ses premières impulsions. D'autre part, ces premiers essais de polyphonie vocale, art nouveau, essentiellement religieux, coincident avec une véritable renaissance de la mélodie dans le domaine de la musique profane. « Au moment où le iae, par l'extinction du latin, » — cest ainsi que s'exprime notre éminent confrère M. Gevaert (5), — « sortait de la musique, il y rentrait par le chant en langue vulgaire. Au XIII siècle, Part musical s’est frayé une route nouvelle, la mélodie se réveille en France avec la poésie des trouvères ». La musique d’un grand nombre de chansons de trou- vères belges nous a été conservée et fournit la preuve que a) ) Bulletin de la Société historique et littéraire de Tournai, 1861. (2) De rene L'art harmonique au XIIe et au XIIIe siècle, 1865, p. 1 (3) sd et théorie de la musique de l'antiquité, t. 1, p. 392. ( 215 ) nos provinces ont pris une part active à cette éclosion de nouvelles formes mélodiques. Dès le XIII siècle, la Belgique eut ses trouvères à la fois poètes et musiciens, inventant la mélodie dont ils ornaient leurs textes; parfois harmonistes, en ce sens que leurs compositions étaient écrites à plusieurs parties. C'est encore De Coussemaker qui nous fait connaître ces jolis vers du trouvère tournaisien accusé de plagiat. Dans un «treble », — une troisième partie, ajoutée à un déchant, c'est-à-dire à deux autres chants préexistants, — le poète-musicien proteste, et en termes fort vifs, contre une accusation lancée par des jaloux : Quant se depart la verdure des chans Et d’yver neist par nature frois tans, Cest treble fis acorder a II. chans Que primes fis malgré les mesdisans, Qui ont menti que je les aportai De mon païs, ce est drois de Tornai. Dieus! il ont menti, bien le sai (4). L'homme qui avait ainsi éveillé l'envie, ne pouvait être dépourvu de talent. Et de fait, la mélodie adaptée à ses vers ne manque pas de charme (2). Ses confrères tournai- siens ne devaient pas davantage être sans mérite, puisqu'on reprochait à l’auteur du «treble» d’avoir gardé un trop fidèle souvenir de leurs compositions. Les vers que nous venons de citer font partie d’un motet. C'est ainsi que l’on désignait généralement au (4) L'art harmonique, pp. 182 et 192; le passage est cité deux fois. Le texte est aussi publié au t. I, p, 115 du Recueil de motets français des XIIe et XIIIe siècles, par GASTON RAYNAUD, suivis d'une étude sur la musique au siècle de saint Louis, par HENRI Lavorx fils (Biblio- pe ieas du moyen âge , Paris, 1881. Dekan loc. cit., 3e partie, p. 75, publie ce « treble » en paio gme e TOME XXXII. 14. ( 244 ) moyen àge une composition polyphonique avec paroles françaises et latines mélangées. Le motet dont s’agit, est attribué au trouvère Jehan de le Fontaine. On connaît, il est vrai, deux autres trouvères tournaisiens, — Jacques et Gautier, — mais seul des trois, Jehan a composé des poésies chantées (1). Ce dernier doit donc être rangé parmi les trouvères polyphonistes. Mais bien plus grand était le nombre — les manuscrits le prouvent — des trouvères simplement monodistes, se bornant à orner leurs poésies d’une mélodie écrite pour voix seule. C'est à l'un de ces derniers qu’il convient d'attribuer la chanson conservée aux archives de Tournai, dans laquelle le poète se plaint des rigueurs de sa dame et, tout en se désespérant, ne cesse d'espérer : «Je me suis voué à elle et ne veux plus la quitter; je veux au contraire demeurer à son service aussi longtemps que tel sera son désir; je sais que lorsque de me guérir elle aura envie, elle saura récompenser la loyauté que j'ai mise à la servir.» Voici le texte: A li sui dounes, nen quier ia partir; mes a li siervir tant com iert ses gres me vorai tenir. si sai sans mentir kant de moi garir avera talent, cou ka li siervir ay mis loiaument. (i) DE COUSSEMAKER, loc. cil., p. 195. ( 245 ) Ce texte ne s'écarte guère du langage habituel des trou- vères (1). Il appartient aux variations renouvelées durant deux siècles sur le thème de l’amour courtois. La prodi- galité de la rime s’y fait vivement sentir. De ce chef il est du domaine de la poésie lyrique savante. Bien plus réservée se montre sous ce rapport la chanson populaire. Celle-ci se passe aisément de la rime et tient beaucoup plus au fond qu’à la forme. En réalité, la forme de la chanson dont nous traitons, bien différente en ceci du mode de construction généra- lement usité par les trouvères, n’est guère compliquée. Les vers sont de quatre syllabes. Au point de vue métrique, — à en juger par la marche, par la cadence générale de la strophe, — ils représentent le mètre trochaïque. En principe, la poésie des trouvères, comme toute poésie française, est basée sur la métrique naturelle du langage (2). Mais il n’en est pas moins vrai que dans la poésie lyrique française, la rigueur du principe est fréquemment tempérée par des concessions faites à la métrique et au rythme musical. Les deux premiers vers de notre chanson présentent incontestablement le caractère anacrousique (iambes et anapestes) : À lui sui dounes, nen quier ia partir, (4) D'après l'écriture, ainsi que le dit M. Albert Allard, cette chan- sen pe erin de la fin du XIIIe, sinon du commencement du IVe s (2) Voi r Dn Pierson, Métrique naturelle du langage (avec une notice préliminaire par M. GASTON PARIS), Paris, 1884. ( 216 ) mais il nous parait tout aussi certain que le poète-compo- siteur du XIe siècle n’a pas suivi de si près le rythme naturel des mots et que chez lui la mélodie a revêtu la forme trochaïque. Si la métrique poétique des trouvères, grâce à la variété de ses formes, a mérité le nom de savante, la musique adaptée à leurs chansons ne doit pas être décorée de la même appellation. Les trouvères, simples mélodistes, ne devaient avoir qu'un mince souci de la notation proportionnelle, fruit de la scolastique musicale, où la mesure, image de la Sainte-Trinité, n'est parfaite qu'à condition de compren- dre trois unités et dans laquelle, lorsqu'il n'entre que deux sons, le premier durera un temps, le second deux temps. Que si cette notation s'applique à la musique polypho- nique, elle convient beaucoup moins aux chants mono- diques. Lorsqu'il s'agira de traduire ces derniers en notation moderne, on s'efforcera de leur conserver le mètre poétique, le rythme général de la strophe, rythme que le trouvère monodiste n’a pu aliéner au profit des théories compliquées de la notation proportionnelle (1). La mélodie des trouvères représente avec les chants populaires la musique mondaine de l'époque. Toutefois, par sa modalité, cette musique demeure étroitement liée à la musique liturgique. DÉS aa (1) Cf. Ameros, Geschichte der Musik, éd. 1880, t. II, pp. 221 et suiv., et pod Studien zur Geschichte der rare Leipzig, 1878. p. 2 ( 237 ) La mélodie dont notre chanson est accompagnée, est conçue en mode éolien, premier mode de l’Église, avec sf accidentel. Son début s'inspire de l’antienne Facti sumus, thème deuxième du catalogue des antiennes, dressé par M. Gevaert (1). Au XIII siècle, l'antique mode éolien n'était pas prêt à quitter le domaine de la musique pro- fane, car jusqu'à notre époque, dans notre pays comme ailleurs, la tradition orale a pu fournir un assez grand nombre de chansons appartenant à ce mode. Il ne semble pas que la chanson que nous publions et dont nous devons la reproduction photographique à Pobligeance de M. E.-J. Soil, conservateur du musée de Tournai, soit autrement connue que par le seul manu- scrit des archives de cette ville, et rien ne prouve qu'elle ne soit l'œuvre de quelque trouvère tournaisien. La mélodie présente cette particularité de se terminer sur le second degré de la gamme. Texte et musique ontau moins ce mérite de former avec la chanson « L'austrier estoie montes » du duc Henri IH de Brabant, que nous avons examinée ailleurs, tout ce qui a été publié jusqu’à ce jour, croyons-nous, de l'œuvre musicale des trouvères ayant appartenu aux provinces qui constituent actuellement notre pays. (1) La mélopée antique, pp. 217 et suiv. ( 218 ) OUVRAGES PRESENTES. Selys Longchamps (Le baron Edm. de). Le progrès dans la connaissance des Odonates. Leyde, 1896; extr. in-8° (20 p.). Gille (Valère). Edmond Picard. Bruxelles, 1896; extr. in-8" (26 Tackels CJ). De l'eau potable à tous sans obérer la masse de personne. Bruxelles, 1896; in-8° (74 p.). Justice Charles). Anecdota Bruxellensia. HI, Le « codex Schottanus » des extraits « de Legationibus ». Gand, 1896; in-8° (119 p.) Devillers (Léopold). Cartulaire des comtes de Hainaut, tome VI, {re et 24e parties. 1896; 2 vol. in-4°. — Inventaire analytique des archives de la ville de Mons, tome lil. Mons, 1896; in-8° (Lxu1-344 p.). Declève (Jules). Cinquantenaire de la sara de la ville de Munich. Mons, 1896; extr. in-8° (3 Houzé (Le D" E.). Le Pithecanthropus destin. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (42 p.). Lynen (Amédée). Bruxelles en douze lithographies. ` A-propos d'Eugène Demolder. Bruxelles, 1896; in-plano. Destrée(J.), Kymeulen et Hannotiau. Les musées royaux du Parc du Cinquantenaire et de la Porte de Hal, à Bruxelles : armes et armures, industries d'art, 2° et 3° livraisons. Bruxelles, 1896; in-folio. Goeij (Roger de). De la mesure des mots et de l'intensité de l’accent ve en anglais. Le Havre, 1896; extr. in-8°. Janssens (Le D” E.). Quelques considérations sur la démo- graphie comparée ds arrondissements belges, en 1873-93. Bruxelles, 1896 ; extr. in-8°. (219 ) BruxELLES. Ministère de la Guerre. Carte topographique le la Belgique à l'échelle du 40 000° (édition en couleurs), 3° livraison. 1896 (16 f. in-plano). Ganp. Willems-Fonds. Uitgave nr 136 : De legerquaestie in B~ (Nemo). 1895. r 437 : Eene pleitrede ten gunste der evenredige E (Victor Van de Walle). 1895. — Nr 138 : Maatschappelijke vraagstukken. Gedachten ontleend aan Bebel en Richter (Pieter Geiregat). 1895. Nr 139 en 143 : Oude en nieuwe kunst, I en I (Max. Rooses). 1895-96. — Nr 140 : Jaarboek voor 1895. — Nr 441 : Een dure eed (Virginie Loveling). 1896. — Nr 142 : Eenige bladzijden uit de geschiedenis van de banken van leening vooral met het oog op den Berg van Barmhartigheid te Gent (Aug. Scheire). 1896. — Tijdschrift gewijd aan letteren, kunsten en weten- schappen, 4° jaargang, 1896, Januari-Juli. In-8°. Mons. Caisse de prévoyance établie à Mons en faveur des ouvriers mineurs. Rapport annuel de 1895. 1896; in-4°. ALLEMAGNE. Koelliker (A). Handbuch der Gewebelehre des Menschen, 6. Auflage, Band II, 2. Leipzig, 1896; in-8° Pastor (Ludwig). Geschichte der Päpste seit dem Ausgang des Mittelalters, mit Benutzung des päpstlichen Geheim- Archives und vieler anderer Archive, Band LIL. Fribourg- en-Brisgau, 1895; in-8° (Lxvn-888 p.). Auwers (A). Die Venus-Durchgänge 1874 und 1882. Bericht ueber die deutschen Beobachtungen, Band VI. Berlin, 1896; in-4e. ( 220 ) Kuhn (Moritz). Unmittelbare und Sinngemässe Aufstel- lung der « Energie » als mechanischen Hauptbegriffes, etc. Vienne, 1896; extr. in-8° (26 p.). KönicsBERrG. Physikal.-ökonomische Gesellschaft. Schriften, 36. Jahrgang, 1895. In-4°. Leipzig. Verein für Erdkunde. Mitteilungen, 1895. — Wissenschaftliche Veröffentlichungen, HE, 4. Die Insel Mafia (Dr Oskar Baumann). 1896. Vienne. Verein zur Verbreitung naturwissenschaftlicher Kenntnisse. Schriften, Band XXXVI. 1896 CARLSRUHE. Naturwissenschaftlicher Verein. Verhand- lungen, Band XI. 1896. FRANCFORT-SUR-LE-Main. Senchenbergische Natur, forschende Gesellschaft. Abhandlungen, Band 22. 1896; in-4°. FRANCE. Renault (B.). Note sur le genre métacordoiïte. Autun, 1896; in-8° (15 p.). — Sur quelques bactéries dévoniennes. Paris, 1896, extr. in-8° (3 p.). Pingaud (Léonce). Auguste Castan, sa vie, son œuvre (1833-1892). Besançon, 1896; in-8° (261 p.). Fuidherbe {Le D” Alexandre). Etude statistique et critique sur le mouvement de la population de Roubaix (1469-1744- 1893). Roubaix, 1896; in-8° (258 p. et 8 graphiques. Fournier (E.). Compte rendu des excursions géologiques faites en Provence par les élèves des facultés de province. Marseille, 1895 ; in-4° (47 p.). AMIENS. Académie des sciences, des lettres et des arts. Mémoires, tome LXII. 1895. 0E BULLETIN DE ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1896. — N° 8. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 1° août 1896. M. Ar. BRIALMONT, directeur, président de l’Académie. M. le chevalier Epm. Marcnar, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alfr. Gilkinet, vice-directeur ; Gluge, E. Candèze, Éd. Dupont, C. Malaise, Fr. Crépin, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, L. Henry, M. Mourlon, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, L. Fredericq, membres ; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A.-F. Renard, L. Errera, J. Neuberg, Alb. Lancaster, M. Delacre et G. Cesàro, correspondants. MM. Folie et Lagrange écrivent pour motiver leur absence. 9" SÉRIE, TOME XXXII. 15 ( 222 ) CORRESPONDANCE. La Classe prend notification de la mort de Fried.-Aug. Kekulé von Stradonitz, né à Darmstadt, le 7 septembre 1829, élu en 1864 associé de la section des sciences phy- siques et mathématiques, décédé à Bonn le 15 juillet 1896. : Une lettre de condoléance sera adressée à M™° veuve Kekulé. M. Spring promet, pour l'Annuaire, la biographie du défunt. — La Classe accepte le dépôt dans les archives de l’Académie de deux plis cachetés, dont l’un, de M. Ch. Lagrange, porte la date du 9 juillet 1896, et dont l’autre, de M. E. Solvay, est daté du 8 du même mois. — Hommages d'ouvrages : 1° A. Description d'un mycélium membraneux ; B. P.-J. Van Beneden, 1809-189%; par Ch. Van Bambeke; 2° Essai de paléontologie philosophique ; par Albert Gau- . dry, associé; 5° Flore des Algues de Belgique; par E. De Wildeman (présenté par M. L. Errera avec une note qui figure Ci- après) ; 4° Examen critique de la carte pluviométrique de Bel- gique de M. A. Lancaster; par J. Vincent; 5° Rapport sur un voyage agronomique autour du Congo; ' par Émile Laurent (présenté par M. Errera); ( 223 ) 6° Institut Solvay : Travaux de tabor atore, publiés par Paul Heger (1895-1896), fascicule 4. — Remerciements. — Travaux manuscrits à l'examen : 1° La météorite de Lesves et le mode de formation des météorites pierreuses, par A.-F. Renard, correspondant de l’Académie. — Commissaires : MM. de la Vallée Poussin et Malaise ; 2% Etude de la synthèse du Benzène par l'action du zinc- éthyle sur l'acétophénone; sixième communication, par Maurice Delacre, correspondant de l'Académie. — Com- missaires : MM. Henry et Spring; 5° Contribution à l'étude de la localisation microchimique des alcaloïdes dans la famille des orchidacées ; par Émile De Droog, docteur en sciences naturelles. — Commissaires : MM. Jorissen, Errera et Crépin; 4° Du rôle des rayons Röntgen en chimie; par A. de Hemptinne. — Commissaires : MM. De Heen et Spring. CONCOURS ANNUEL DE 1896. SCIENCES NATURELLES. PREMIÈRE QUESTION. On demande des recherches nouvelles au sujet de linter- vention de la phagocytose dans le développement des inver- tébrés. ` Un mémoire a été reçu en réponse à cette question. — Devise : Ab ovo usque ad mala. Commissaires : MM. Plateau, Van Bambeke et Errera. 224 ) DEUXIÈME QUESTION. On demande la description des minéraux phosphatés, sul- fatés et carbonatés du sol belge. On ajoutera l'indication des gisements et celle des localités. Un mémoire a été reçu en réponse à cette question. — Devise : Maxima in minimis. Commissaires : MM. Renard, de la Vallée Poussin et Dewalque. TROISIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches sur le système ner- veux periphérique de U Amphioxus et, en particulier, sur la constitution et la genèse des racines sensibles. Un mémoire a été reçu en réponse à cette question.— Devise: Afin de connaître l'organisation exacte des vertébrés supérieurs, il faut commencer par étudier le vertébré le plus inférieur. Commissaires : MM. Van Bambeke, F. Plateau et Van Beneden. QUATRIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches sur le mécanisme de la cicatrisation chez les végétaux. Un mémoire a été reçu en réponse à cette question.— Devise : Facies non omnibus una. Commissaires : MM. Errera, Gilkinet et Crépin. (225 ) PRIX FONDÉ EN MÉMOIRE DE JEAN-SERVAIS STAS, ANCIEN MEMBRE DE LA CLASSE DES SCIENCES. Déterminer, par des recherches nouvelles, le poids ato- mique d'un ou de plusieurs éléments pour lesquels cette con- stante physique est encore incertaine aujourd'hui. Un mémoire a été reçu en réponse à cette question.— Devise : Celui qui observe ou expérimente à l'aventure n’est qu'un empirique du travail, duquel il n'a rien à attendre. J.-S. Sras (Discours sur l'imagination). Commissaires : MM. Spring. Henry et De Heen. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. La Flore des Algues de Belgique de M. E. De Wildeman, docteur en sciences, aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, que j'ai l'honneur d'offrir à l’Académie de la part de l’auteur, sera la bienvenue auprès de tous ceux qui s'occupent d'histoire naturelle, car un semblable tra- vail manquait à la fois à la littérature botanique de la France et à la nôtre. Déjà la Société royale de botanique avait décerné le prix triennal Crépin pour la période 1891-1894 à cet ouvrage, alors qu’il était en manuscrit. L'auteur l’a, de- puis, complété par une introduction où l’on trouvera quelques notions générales sur les Algues, des détails sur leur récolte, leur préparation et leur conservation, ainsi que des données statistiques au sujet de leur dispersion en Belgique. Le corps de l’ouvrage est constitué par lénu- mération méthodique et la description de toutes les espèces d'Algues (à l'exclusion des Bactéries) observées Jusqu'ici en Belgique. (:226 ) Il est à peine besoin de dire quelle somme énorme de recherches une telle œuvre représente. Mieux que tout autre, M. De Wildeman, qui s'est consacré depuis long- temps à l’algologie avec une prédilection particulière, était à même d'entreprendre et de poursuivre cette tâche. Grâce à lui, l'étude si ardue, si délaissée de nos Algues se trouve grandement facilitée, et l’on peut dire que ce livre est utile autant par les recherches qu’il résume déjà que par celles qu’il ne manquera pas de faire naître. L. ERRERA. RAPPORTS. Sur le rapport verbal de M. Mansion, la Classe décide le dépôt aux archives d'une note de M. E. Vial sur la for- mule z et d’une note de M. Joseph Marchal (de Jamioulx) sur le calcul des nombres premiers. Des polyèdres superposables à leur image; par G. Cesàro. Rapport de M. Be Tilly, premier RPC TR « Dans plusieurs mémoires antérieurs (*), M. Cesàro a étudié en détail, et avec grand succès, la théorie des axes de symétrie des polyèdres, axes parmi lesquels il dis- tingue : 1° Les axes de symétrie directe, tels que le polyèdre, (*) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXII, 1891; Mémoires des savants étrangers, t. LIII, 1893. CT) en tournant autour d’un de ces axes, d’un angle inférieur à 2n, puisse revenir en coincidencé avec lui-même ; 2 Les axes de symétrie inverse, tels que le polyèdre, en tournant autour d’un de ces axes, d’un angle inférieur à 27, puisse être amené en coïncidence avec l’un de ses symétriques, construit, soit par rapport à un point, soit par rapport à un plan. M. Cesàro a signalé un exemple très remarquable de ce dernier cas, en prouvant qu’on peut construire un polyè- dre n'ayant ni centre ni plan de symétrie, et nn di un axe de symétrie inverse. Mais cet axe, qui est de symétrie inverse pour l'angle de rotation m? est en même temps de symétrie directe pour l'angle Z —. Le polyèdre symétrique avec lequel la coincidence est obtenue, peut être considéré comme con- struit, soit par rapport à hed point, soit par rapport à un plan. Le polvèdre donné ne pourrait-il être amené en coin- cidence avec ce même symétrique, ou avec un autre symétrique, par une rotation autour d’un autre axe? Un axe qui est de symétrie inverse est-il toujours en même temps de symétrie directe ? Peut-on établir une classification complète des polyè- dres, basée sur l'ordre, le nombre et l'espèce des axes de symétrie, directe ou inverse, qu'ils possèdent? Le présent mémoire répond négativement aux deux premières de ces questions et affirmativement à la troi- ` sième., | On peut diviser les polyèdres en quatre catégories : 1° Ceux qui ne possèdent pas d'éléments de symétrie; 2° Ceux qui ne possèdent que des éléments directs ; 5° Ceux qui ne possèdent que des éléments inverses; ( 228 ) 4° Ceux qui possedit à la fois des éléments directs et inverses. Ces quatre catégories se subdivisent en vingt-cinq classes, différant de l’une à l’autre, soit par le nombre des ordres d’axes, soit par l’ordre de symétrie des axes, soit par l’espèce des axes, soit par le nombre d’axes du même ordre et de la même espèce. Les six combinaisons que j'ai mentionnées dans mon rapport sur le second mémoire de M. Cesàro, forment les sept classes de la catégorie 2 ci-dessus. (Sept au lieu de six, parce que le cas 22”, nà'?, n1”?, a été subdivisé en deux, suivant que n est pair ou impair.) Il est à remarquer que cette classification, en ce qui concerne les axes de symétrie inverse, se rapporte exclu- sivement à des symétriques supposés construits par rap- port à un point. Dès lors, il semble que l’on puisse ramener toute cette étude à des constructions à effectuer sur la sphère, par des considérations que je résume ici en quelques mots : oit A un axe de symétrie inverse du polyèdre P, I le point par rapport auquel a été construit le symétrique P’ correspondant à A. n démontre facilement que le point I doit être sur À. Ainsi tous les axes de symétrie inverse relatifs au point Í passent par ce point. Décrivons une sphère du point I et marquons les inter- sections de cette sphère avec les axes de symétrie du polyèdre. Soient B et C deux de ces intersections. Faisons tourner le système PP’ autour de IB, jus- qu'à ce que P coïncide avec l’ancienne position de P’. P’ aura pris alors l’ancienne position de P. Mais l'axe IB n’a pas changé; done en faisant une seconde rotation ( 229 ) semblable à la première, P’ et P reprendront tous deux leurs anciennes positions. Ainsi tout axe de symétrie inverse est un axe de symétrie directe pour un angle double. Il y a done exception dans le cas où, après la seconde rotation, un tour complet serait achevé. Dans tous les autres cas, laxe IC a pris une position nouvelle dans l’espace; et comme P, abstraction faite de l'ordre des sommets, est revenu à sa place, on trouve un troisième axe de symétrie directe et inverse. Continuant ainsi à trouver des axes; faisant tourner un sommet autour de ces axes de quantités marquées par leur ordre, ou par l’angle qui se rapporte à chacun d’entre eux, de manière à trouver d’autres sommets, que l’on fera aussi tourner; et se rappelant que le nombre total des sommets doit être limité, il semble que l’on doive trouver toutes les propriétés des axes de symétrie dans les polvèdres. : Mais je dois ajouter que M. Cesàro m'a déclaré avoir déjà eu recours antérieurement à des constructions sur la sphère et n’avoir pas trouvé cette méthode plus simple que la sienne. . [est à désirer cependant qu'après la publication de ce troisième (ou plutôt quatrième) mémoire de M. Cesàro sur les polyèdres, quelqu'un entreprenne la tàche de refondre l’ensemble, pour en former une théorie simpli- fiée des axes de symétrie, propre à être introduite dans les traités de géométrie. Pour le moment, j'ai l'honneur de proposer à la Classe d'ordonner l'impression du nouveau travail qui nous est soumis, et de voter des remerciements à notre savant confrère, M. Cesàro, pour ses remarquables communica- tons. » &appori de M, Neuberg, denrième Commiissaire, « Dans le mémoire actuel et dans trois autres qui ont déjà paru dans les publications de l’Académie, M. Cesaro a considérablement simplifié et complété la théorie de la symétrie des cristaux. Ces travaux intéressent non seule- ment les cristallographes, mais aussi les mathématiciens; ils pourront constituer, sous une forme appropriée, les éléments d’un nouveau chapitre de la géométrie élémen- taire. Il convient peut-être de les rapprocher des études analogues faites par d'éminents géomètres tels que Möbius (Gesammelte Werke, t. II) et Camille Jordan (Journal de Crelle, t. LXV). Pour faire ressortir l'importance des recherches de notre savant confrère, qu'il me suffise de remarquer qu'elles résolvent complètement les problèmes suivants : A. Trouver tous les systèmes de points invariablement liés, P = ABC..H, qui puissent coïncider de plus d'une manière avec eux-mêmes. Il doit donc exister au moins une permutation, P'=ABC...H', des mêmes points telle qu'on puisse faire coïncider A avec A’, B avec B’, etc. La coïncidence s'obtient par une rotation de P autour d'une certaine droite (axe de symétrie) raies par le centre de gravité g des points A, B, C,. B. Trouver tous les systèmes de sela invariablement liés, P = ABC..H, qui puissent coïncider avec un système Pi = A,B,C;..H; symétrique de P par rapport à un point. Si l’on prend pour ce point le centre de gravité g de P, la coïncidence s'obtient encore par une rotation de P autour d’un axe mené par g, et cette rotation amène aussi P, en P. (On suppose les systèmes P, P, différents.) ( 231 ) C. Étant donné un système P de la dernière espèce, trou- ver un axe tel qu'après une rotation autour de cette droite, P soit le symétrique de sa première position par rapport à un certain plan. Le problème B avait fait l'objet d’un premier travail. Le présent mémoire reprend la même question par une méthode plus simple et renferme tous les développements désirables. Je me rallie volontiers aux propositions formulées par le premier commissaire. » Rapport de M, Ch. de la Vallée Poussin, z troisième con issaire, « J'ai reçu il y a seulement deux ou trois jours le mémoire de M. Cesàro sur les polyèdres superposables à leur image. Dans cet intervalle si court, il ne m'a pas été possible d'étudier ce mémoire; je nai pu que le parcourir. Mais je me suis aperçu promptement que ce n'était pas à proprement parler une étude de eristallographie, mais avant tout un travail de géométrie auquel les cristallo- graphes pourraient avoir recours à l’occasion. Les deux premiers commissaires ont fait ressortir l’importance du mémoire de M. Cesàro au point de vue géométrique. Je me rallie donc à leurs conclusions, et demande à la Classe d'autoriser l'impression du tente et des figures qui l'accompagnent. » La Classe adopte les propositions de ses commissaires. Des remerciements seront adressés à M. Cesàro et son travail figurera dans le Recueil des Mémoires in-4°. (232 ) Contribution à l'étude des quinhydrones. — Quinhydrones mixtes; par Alfred Biltris, docteur en sciences natu- relles. Rapport de M. W. Spring, premier commissaire « M. Biltris s’est proposé de vérifier si les quinhy- drones qui se forment par l’action des quinones sur les hydroquinones, sont des combinaisons atomiques ou de simples additions moléculaires. A cette fin, l’auteur a préparé des quinhydrones mixtes en faisant réagir, d'une manière croisée, une hydroqui- none avec un homologue de la quinone, puis, une autre fois, un homologue de l’hydroquinone avec une quinone. Dans le cas où ces réactions croisées fourniraient des produits identiques, il serait probable, dit l'auteur, que Pon aurait affaire à des combinaisons atomiques puisque la combinaison moléculaire ne peut effacer complètement le caractère spécial des individus chimiques qui s’asso- cient. Partant de là, M. Biltris a institué trois couples de réactions : il a préparé d’abord le produit de l’hydroqui- none ordinaire et de la toluquinone et, inversement, le produit de la toluhydroquinone et de la quinone ordi- naire. Les corps. résultant de ces réactions croisées ont été reconnus identiques : non seulement leur point de fusion a été le même (169°), mais ils ont donné, tous deux, les mêmes produits de dédoublement, savoir : l'hydroqui- none et la toluquinone. ETEN EE RE ee à EE SE NE EEN CORE OU ee ES CR Enr ES DENT D TE E SU ( 233 ) Ensuite l’auteur a fait réagir l’hydroquinone ordinaire sur la thymoquinone et la thymohydroquinone sur la quinone. Les deux produits ont encore été identiques entre eux : ils fondaient à 156° et se décomposaient en thymoqui- none et hydroquinone. | Enfin, le troisième couple de réactions a été celui de la toluhydroquinone avec la thymoquinone et de la thymo- hydroquinone avec la toluquinone; il a donné aussi des produits identiques fondant à 87°-88° et se décomposant de la même manière. L'auteur conclut de ces résultats, avec une sage réserve il est vrai, à la constitution atomique des quinhydrones. Il fait remarquer lui-même que toujours la quinone infé- rieure enlève les 2H à la quinone supérieure lors du dédoublement de la molécule; ensuite, il établit par la cryoscopie et par l’ébullioscopie que les quinhydrones sont déjà dissociées dans leurs dissolvants et que, par con- séquent, elles n’existent, comme composés complets, qu’à létat solide. Ce fait me paraît les rapprocher beaucoup des combinaisons dites moléculaires; aussi, bien que je n'hésite pas à proposer l'insertion du travail de l’auteur dans le Bulletin de la séance en considération des faits nouveaux, bien observés, qu’il contient, je dois déclarer que ceux-ci ne sont pas de force à étayer une conviction au regard de la structure des quinhydrones. » M. L. Henry, second commissaire, se rallie à l'avis de M. Spring. En conséquence, la Classe décide l'impression dans le Bulletin de la note de M. A. Biltris. ( 234 ) Recherches sur l'éther phénoxacétique. — Son action sur Pether chloracétique ; par A.-J.-J. Vandevelde, assistant à l’Université de Gand. Rapport de M. W., Spring, premier commissaire. « L'auteur a essayé de construire le phénoxysuccinate d'éthyle en soumettant le phénoxacétate d’éthyle sodé à l'action d'un dérivé monohalogéné de l’acétate d’éthyle, ainsi que le montre, en résumé, la formule : CH. O — CH. CO*. CH H°C. CO”. C'H’; mais il n’a obtenu que la régénération du phénoxacétate d'éthyle. Ce résultat négatif l’a conduit à étudier de plus près le phénoxacétate d’éthyle sodé, en vue de pénétrer la cause de l’insuecès de la réaction avec l’acétate d’éthyle halogéné. M. Vandevelde prouve, par des expériences bien faites, que la cause de la régénération du phénoxacétate d’éthyle se trouve dans cette circonstance que le chloracétate d'éthyle abandonne lentement de l'acide chlorhydrique pendant son ébullition et qu'il en fournit rapidement s'i se trouve en présence d'un corps en état de réagir avec cet acide chlorhydrique. C'est cet acide qui réagit avec le (200) phénoxacétate d’éthyle sodé et lui enlève le sodium pour . le remplacer par de l'hydrogène. L'auteur a constaté, de plus, que le phénoxacétate d'éthyle se décompose lui-même par une ébullition pro- longée en devenant acide : toutefois il résiste à l’hydro- lyse par l’action de l’eau seule. Le travail de M. Vandevelde a été conduit avec le som minutieux dont l’auteur a fait preuve aussi dans ses recherches antérieures; je n’hésite donc pas à en propo- ser à la Classe l’insertion dans le Bulletin de la séance. » M. Louis Henry, second commissaire, se rallie à cette proposition, qui est adoptée par la Classe. Influence des variations atmosphériques sur l'attention volon- taire des élèves; par le Dr professeur M.-C. Schuyten. Rapport de PI J. Delboeuf, premier commissaire, « Le court mémoire du D"-professeur Schuyten éta- blit un résultat principal extrêmement curieux : 1° que l'attention volontaire des écoliers serait sous l'influence directe de la température atmosphérique moyenne de l’Europe centrale; 2 quelle est plus grande chez les élèves des classes supérieures que chez ceux des classes inférieures; 3° qu'elle est plus développée chez les filles que chez les garçons; 4° qu'elle est plus forte le matin, et va diminuant de 8 1/, à 11 heures, et de même de 2 à 4 heures, celle de 2 étant supérieure à celle de 11. Ces ( 236 ) „derniers résultats n'ont rien à voir avec la température, et le dernier entre autres s’explique sans peine. Revenons au premier. D’après le texte, l'attention monte et baisse régulièrement avec la température. L'expression est défectueuse; c'est le contraire qu'il faut dire : l’atten- tion est en raison inverse de la température; elle est plus forte en hiver qu’en été. Mais ce qui est tout à fait étrange, c'est le parallé- lisme des deux courbes; elles se recouvrent presque, sauf dans le mois de mars où elles s’écartent, celle de l’attention montant et atteignant son maximum au milieu du mois. A première vue, il semble assez difficile de mesurer l'attention. La manière dont s'y est pris M. Schuyten est assez simple, et en gros elle doit don- ner des résultats suflisamment exacts. Avant obtenu la permission de faire ses observations dans quatre écoles primaires d'Anvers, il allait les visiter quatre fois par jour, toujours dans les mêmes conditions, et voici comment il procédait. Il s’arrangeait de manière à voir d’un coup d'œil tous les élèves de la classe, et l’institu- teur se plaçant derrière eux leur commandait de lire des yeux, deux pages de leur livre de lecture. Alors M. Schuy- ten notait rapidement combien il y en avait qui parais- saient distraits. Le rapport du nombre des autres au total de la classe lui donnait la mesure de l'attention. C’est ainsi qu’il trouvait que pour les filles, par exemple, elle était de 80 °/, en janvier, de 77 en février, de 85 en mars, de 75 en avril, de 76 en mai, de 58 en juin, de 42 en juillet, de 60 en octobre, de 70 en novembre et de 82 en décembre. Ce sont les chiffres du matin. Ces mêmes chiffres tombent l'après-midi respectivement à 65, 58, ( 237 ) 67, 58, 45, 50, 21, 51, 56 et 65. Malheureusement l’auteur combine des °/,, et ne nous donne pas l'effectif des classes. Or, pareille licence peut entrainer des erreurs plus ou moins notables. Voici une classe de 30 élèves, contenant deux tiers d’attentifs, soit une proportion de 66 °/,; une autre de 50, où il n’y a que 25 attentifs, soit 50 °,. L'auteur en conclura que la moyenne est de 58 °/,; en réalité cependant, elle n’est que de 56. Toutefois je doute que, ces corrections faites, le résultat dans sa physionomie générale en soit altéré. Avant de l’énoncer, M. Schuyten s'était, par des expériences préalables, assuré que les données hygrométriques, barométriques, même magnétiques, n'étaient dans aucun rapport avec attention; que celle-ci n’était influencée que par le thermomètre. Il y aurait beaucoup de commentaires à faire à ce propos. Le raisonnement de l’auteur est un type de cum hoc, ergo propter hoc. Et pourtant, en réalité, pendant les mois d'hiver, la température des classes est généralement uniforme. La hausse de l'attention d’octo- bre en janvier pourrait s'expliquer par l'entrainement, de même que la baisse de mars en juillet par la fatigue ; et la hausse spéciale et remarquable de février en mars pourrait se mettre sur le compte du printemps. En ua mot, l'allure de la courbe annuelle de l'attention nous semble susceptible de recevoir une explication analogue à celle de la courbe journalière, L'auteur nous annonce qu'il expliquera la dernière observation dans une prochaine communication. Nous Pattendrons, puisque nous proposons à la Classe d'ac- cueillir le mémoire de M. Schuyten, et d'adresser des remerciements à l’auteur. » 5% SÉRIE, TOME XXXII. 16 ( 238 ) Rapport de M, Léon Frederic, second connnissaire. « L'auteur a noté plusieurs fois chaque jour, pendant les mois de mars à décembre 4895 et de janvier-février 1896, la proportion d'élèves attentifs à la lecture dans des classes de garçons et de filles des écoles d’ Anvers. H a calculé pour chaque mois la moyenne d'élèves attentifs et construit, au moyen de ces nombres, une courbe des variations mensuelles de l'attention allant de mars 1895 à février 1896. En comparant cette courbe avec celle de la température mensuelle normale moyenne de l’Europe, il constate que les deux courbes présentent les mêmes inflexions. L’attention baisse quand la température monte et vice versa. La courbe d'attention s'abaisse de mars 1895 à juillet 1895, tandis que la courbe de température s'élève. De même la courbe d'attention s'élève d'octobre à décembre 1895, pour s'abaisser de janvier à février 1896, pendant que la courbe de température suit une marche inverse. L'auteur en conclut que les variations d'attention sont dues essentiellement aux variations de la température atmosphérique. Même en admettant avec l’auteur un parallélisme rigou- reux entre les deux courbes, il resterait, comme le fai observer le premier commissaire, un doute sur la question de savoir si la relation est bien celle de cause à effet. Mais de plus, je me permets de mettre en doute la proportion- nalité des deux ordres de valeurs comparées pour la période qui va de novembre à mai. J'accorde que pour juin et juillet, les deux courbes sont bien nettement pro- portionnelles, et ici il ne me répugne pas d'admettre que le faible degré d'attention observé pendant ces deux mois | | ( 239 ) dépend en grande partie de la température élevée. J'ob- serve par contre que les nombres exprimant le degré d'attention de novembre à mai présentent des valeurs très semblables (novembre 62 ‘/,, décembre 67, janvier 68, février 65, mars 77, avril 69, mai 64), quoique la tempé- rature varie considérablement. Cette portion de la courbe est une espèce de plateau présentant deux bosses, dont la plus considérable, celle de mars, ne correspond pas au minimum de température. Mai (64) a une valeur analogue à celle de février (65) ou de novembre (62); avril (69) a un degré d'attention plus élevé que décembre (67) ou janvier (68). [ci la corrélation entre la température et le degré d'attention me paraît faire défaut. Quant à octobre, ce mois succédant à la période des vacances (les cours reprennent le 20 septembre), se trouve peut-être dans des conditions spéciales au point de vue de l'attention. Quelle que soit l'interprétation des faits observés par l’auteur, ces faits constituent des documents intéressants. Je me joins donc au premier commissaire pour proposer à la Classe de publier dans le Bulletin V’intéressante notice de M. Schuyten et une partie des tableaux qui l’accom- pagnent, et de voter des remerciements à Fauteur en Vengageant à poursuivre ses recherches. » Ces propositions sont adoptées par la Classe. ( 240 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Recherches sur la volatilité dans les composés carbonés. — De la volatilité des composés chloro-nitrés et bromo-nitrés ; par Louis Henry, membre de l’Académie. J'ai fait voir dans diverses communications antérieures l'influence ‘qu’exerce sur la volatilité des composés car- bonés l’accumulation des radicaux négatifs en un point de leurs molécules. Il est intéressant d'examiner sous ce rapport les com- posés halo-nitrés X (CI, Br, I), X’ (NO3) et, parmi ceux-ci, avant tous les composés chloro-nitrés CI, NO». A. Je m'occuperai d’abord des dérivés mono-chloro- nitrés. Les dérivés mono-chloro-nitrés permettent de résoudre deux questions quant à l'influence volatilisante de la coexistence des radicaux CI et NO, : a) cette influence envisagée en elle-même, dans son intensité maximum ; b) la relation de l'intensité de cette influence avec le degré de rapprochement ou d’éloignement de ces radi- caux dans la molécule totale. Érace C1. — Dérivés méthyléniques. Les radicaux Cl et NO, sont fixés sur le même atome de carbone, par con- séquent dans le plus étroit voisinage. Leur coexistence constitue une cause puissante de volatilité. (241 ) Voici les faits directement constatés : La substitution de CI ou de NO, à H dans le méthane CH, détermine dans celui-ci une élévation considérable dans le point d’ébullition. Ébullition. Différence, CH, - {65° ) + 141° CH;CI — 95° CH, — 164° ) 266° CH; (NO) + 402 , Celle-ci est beaucoup moindre alors que la substitution de Cl ou NO, à H se réalise dans la molécule du méthane où se rencontre déjà l’un de ces radicaux, à la suite d’une substitution antérieure. Ébullition. Différence. CH; (NO,) + 102° + 90° HC Z ie 122° CH, CI = aar ci ) 445° HEC < NO, E DE de à vd Les chiffres 141° et 20° pour les substitutions chlorées, 266° et 145° pour les substitutions nitrées montrent à l'évidence l'influence de la substitution antérieure sur l'élévation dans le point d’ébullition; celle-ci se mesure dans l’un et l’autre cas par une différence de 121°. Le fait deviendra, sinon plus évident, plus rigoureuse- ment précis si nous calculons les élévations dans les points d’ébullition à la suite des substitutions chlorées ou ( 242 ) nitrées proportionnellement aux augmentations qu'elles déterminent dans les poids moléculaires des composés qui la subissent. Il est nécessaire, dans ce cas, d'em- ployer les points d’ébullition absolus (Éb. + 273°). a) Substitutions chlorées. Poids Ébullition moléculaire. Différence. absolue, Différence. HC 16,0 109° ) 34,5 ) + 441° Heel 50,5 250° Augmentation °/, 215,62 129,55 IC — NO, 61,0 515° ) 34,5 ) + 20° OA RN HEZ cl s! 95,5 Augmentation °/, 56,5 5,55 Cette augmentation de 3,553°/, dans le point d'ébullition devrait ètre, selon la proportion de CH, en CH; Cl, de 55,89 °,. b) Substitutions nitrées. Poids Ébullition moléculaire. Différence, absolue. Différence. IC 16,0 109° ) 45 266° H.C — NO, 61,0 975 Augmentation °/, 281,2 244° HC — CI 50,5 250° ci ) 45 ) 145° HC < yo, 35 393° Augmentation °/, 89,1 58 ( 243 ) Cette augmentation de 58 °/, dans le point d’ébullition devrait être, selon la proportion constatée dans CH, en CH; 2 NO», de 11,5 a Érace Cz. — L'influence volatilisante de la coexistence de Cl et NO, se fait encore sentir, mais dans une pro- portion moindre, alors que les radicaux Cl et NO, se trouvent fixés sur des atomes de carbone différents, mais voisins et directement unis l’un à l’autre. Je ne puis invoquer en ce moment, pour constater ce fait, qu'un seul exemple, celui qu'offre le propane chloro- nitré H;C - CH CI - CH - (NO4). Eb. 472°, que j'ai fait connaitre antérieurement. Voici les faits de l’ordre expérimental. Substitution chloree. Ébullition. Différence. GH, bre | 40° + 70° C,H,Ci € + 56° Substitution nitrée. C.H, - 40° 170° CH,NO, (**) + 130° Les mêmes substitutions réalisées dans le propane qui a déjà subi une substitution chlorée ou nitrée, déterminent une diminution de volatilité beaucoup moindre. t) Secondaire > CH - Cl. C°) Primaire, HC - NO3. ( 244 ) Substitution chlorée. Ébullition. Différence, H,C; — NO, 150° NO ) rE a HC < CI , 172 Substitution nitrée. H.C; — CI 56° ) 156° HC; 2 o 172° Les différences 76 à 42 pour la substitution chlorée 170 à 456° pour la substitution nitrée, c'est-à-dire 54°, montrent l'influence volatilisante de l'existence dans la molécule totale du système > CNO, l pa C gy Gi, l Cette influence se mesurait par 120° pour le système monocarboné > C < NO; Pour préciser cette influence dltlisune du système > C- NO, l -C-Cl l nous calculerons, comme précédemment, ces élévations dans les points absolus d'ébullition proportionnellement aux élévations déterminées dans les poids moléculaires par les substitutions de CI ou NO, correspondantes. ( 245 ) Substitutions chlorées. Poids Ébullition moléculaire. Différence. absolue. Différence. Cho 44,0 235° ) 54,5 ) vid C;H,CI 78,5 310° Augmentation °/, 78,40 35,4 C;H, - NO, 89,0 405° x ) 54,5 42e CH z ci s -125,8 446° Augmentation °/, 58,76 10,42 Au lieu de 10,42, selon la proportion constatée entre CH et C;H;,CI, ce serait 18,46, et selon la proportion de CH;(N-02) en CH < NO (€ serait au contraire 5,65 seulement. Substitutions nitrees. Poids Ébullition moléculaire. Différence. absolue, Différence. CH, 44,0 > 233 ) 45 ) 170° CH, - NO, 89,0 403° Augmentation °/, 102,27 72,96 C;H,CI 78,5 530° cl ) 45 ) 135° CH, < NO, 125,5 445° Augmentation sh 51,5 45,5 ( 246 ) Selon la proportion de CH;CI en CH < NO,’ cette augmentation devrait être de 57,29 seulement. Un éloignement plus considérable des radicaux CI et NO» dans la molécule, déjà linterposition d'un chai- non > CH, dans le système chloro-nitré z RINO» — C- CI l fait disparaître, sinon totalement, du moins en grande partie, l'influence volatilisante. C’est ce que démontre le chloro-nitro-propane bi-primaire CICHo-CHo-CHo (NO9) (*). Ce produit bout sous la pression ordinaire à 197°; son isomère bout au contraire à 472. CH,CI — CH, - CH, (NO) 197° CH; — CHCI - CH, (NO,) 172 La différence 25° dépasse considérablement la diffé- rence que lon constate, notamment dans les dérivés chlorhydriques, à l'étage Cz, outre un dérivé primaire el un dérivé secondaire CH,CI — CH, - CH, 46° CH, — CHCI ~ CH, 37° où la différence est 9 seulement. B. Les dérivés poly-chloro-nitrés permettent de résoudre la question de la relation de cette influence volatilisante avec la quantité atomique des radicaux Cl et NOa. () Voir plus loin ma notice Sur les dérivés tri-méthyléniques. ( 247 ) Les composés de cette sorte sont rares; on n’en trouve qu'à l'étage C;, où ils sont représentés par le bichloro- dinitro-méthane CloC - (NO:)2, l'huile de Marignac et la chloropicrine ou le nitro-chloroforme (NO) CCl. L'huile de Marignac est indiquée (*) comme bouillant au-dessus de 100°, mais son point d’ébullition précis est encore à déterminer. Je regrette de n'avoir pas été à même de combler cette lacune. Ce composé est donc inutilisable au point de vue de mon argumentation. Il reste le nitro-chloroforme (NOə)CCl;, corps d’un intérêt considérable sous divers rapports. Le nitro-chloroforme bout sous la pression ordinaire à 412. La comparaison de ce corps avec le méthane chloro-nitré, d'une part, HaC < ci 2 et le chloroforme HCCI;, d'autre part, rend évidente l’influence volatilisante de l’accumu- lation du chlore. és 1° Méthane chloro-nitré HaC < NO: Voici les faits : Ébullition. Différence. H,CH, - 464 ) 206” CC; + 492 H,CHCI - 923° ) + 83° CI,CHCI + 60° C) Bester, Organische Chemie, t. I, p. 203, 3e édition. ( 248 ) Ébullition. Différence. HCC], + 490 ) 33° CICCI, + 75° HC < KO, + 122° ) - 10° CLC < Ro: + 419 Le remplacement de Ho ou 2 en poids par Cl, ou 74 en poids dans la molécule intacte du méthane ou du méthane mono- et bichloré, élève constamment le point d’ébullition, là même où, comme dans le dernier cas, tout l'hydrogène de la molécule primitive a disparu. Ce rapport de volatilité est renversé entre le méthane chloro-nitré HaC < çy “et le nitro-chloroforme ; la sub- stitution de Clo à Hs s'accompagne ici, fait extraordinaire, d’une augmentation de volatilité mesurée par un abaisse- ment de 40° dans le point d’ébullition du produit primitif. 2 Chloroforme HCCI. Voici les faits : Ébullition. Différence. H,C - 164° ) + 266° H;C — NO, + 102 H,C -Ci — 92 cl 145° UIC < NO, + 192% HCCI + 60° ar (NO3) CCI; ex 1 19° ( 249 ) Le remplacement de H par NO3, qui élève le point d’ébullition du méthane de 266°, ne détermine dans le chloro-méthane qu'une élévation de 145°, et de 52° seu- lement dans le chloroforme. Ces différences se précisent si on les calcule proportion- nellement aux élévations dans les poids moléculaires dont elles sont la conséquence. Poids Ébullition moléculaire. Différence. absolue, Différence. H‚C 1 6,0 109° ) 45 ) 266° H,C(NO,) 61,0 378° Augmentation °/, 281,2 244 H.C — CI 50,5 250° ci 45 145° H,C Š% NO, 95,5 595° Augmentation °/, 89.1 58 CIC - H 119,5 333° ) 45 ) LE cC- NÒ, 1665 385° Augmentation °/, 57,65 15,61 Au lieu de 15,61°/,, selon la proportion constatée lors de la transformation de CH, en CH; (NO), ce serait 52,66 °/o ; ( 250 ) selon celle constatée lors de la transformation de CH;CI NO en CHo < €} ?, ce serait 24,50 °/,. L'influence exercée par la masse atomique du chlore est évidente. Les dérivés bromo-nitrés, renfermant les systèmes Br et NOs, donnent lieu aux mêmes observations générales. Voici d’abord ce qui concerne les dérivés mono-carbonés r renfermant le système > C < vg 2 Ébullition. Différence, H,C — 164° ) + 168° H.C — Br 4 4° H,C ee 164° ) + 266° HC - NO, + 102° H.C - NO, + 102° Br + 49° H.C ` o eÙ € NO, + 144 ILC — Br $ 4e Br + 140° H,C < NO, + 144° Les différences 168° et 42, d’une part, 266° et 140°, d'autre part, c'est-à-dire 126°, mesurent l'influence vola- tilisante du système > C < pp (RBE) On voit que cette influence est à peu près du même ordre d'intensité que celle du système chloro-nitré corres- pondant > C < a ? que j'ai trouvée égale à 120°. A l'étage Co, on rencontre des composés éthylidéniques renfermant aussi le système bromo-nitré - €
- CH, - CH,X. Ce sont, en effet, les plus simples parmi les composés polyatomiques que j'appelle discontinus, les deux chaînons actifs -CHX y étant séparés par un seul groupement méthylène > CH. Aussi, depuis une douzaine d'années, ont-ils fait l'objet de mes études expérimentales, à divers points de vue, sous le rapport de la volatilité et de la fusibilité dans les composés carbonés, de la solidarité fonctionnelle, etc. Dans le cours de ces recherches, j'ai été dans la néces- sité et l’occasion de mettre au jour divers composés de ce groupe non encore signalés. Il en est même d'assez anciens, puisqu'ils remontent à plus de dix ans. Je vois beaucoup de motifs pour ne pas les maintenir plus long- temps confinés dans l’obseurité et l’incognito de mon journal d'expériences. Il en est notamment qui ont déjà été décrits par d’autres chimistes. S'il est. agréable de voir ses déterminations personnelles confirmées par autrui, il Pest peu d’être devancé et de perdre ainsi le fruit d'un travail souvent pénible et difficile. Telle est la raison d'être de la présente notice. J'ai déjà fait connaitre la différence d'aptitude réac- tionnelle vis-à-vis des éléments positifs et des composés qui les renferment, que l’on constate entre Cl et Br, éther 5" SÉRIE, TOME XXXII. ( 254 ) haloïde. Le chloro-bromure de tri-méthylène (*) CHCl - CH: - CHBr renferme les deux systèmes CH,CI et CH,Br dans la même situation, mais inégalement actifs. J'ai précédemment (**) mis à profit cette différence d’ac- tivité pour former le nitrile CHCl - CH: - CH: - CN chloro-butyrique primaire, par la réaction de ce com- posé sur une molécule unique de KCN. Dans les mêmes conditions, en présence d’une quantité de réactif de nature à attaquer seulement CHoBr, j'ai obtenu quelques autres dérivés intéressants. Chloro-iodure de tri-méthylène. CH,CI - CH, — CHI. On fait réagir, dans un appareil à reflux, sous une spirale, au bain d’eau, molécules égales de chloro-bro- mure de tri-méthylène et d’iodure potassique ou sodique dans l'alcool éthylique ou méthylique. Les meilleurs résultats s'obtiennent à l’aide de l’iodure sodique et de l'alcool méthylique. La précipitation de NaBr est rapide. Le produit brut se constitue de trois corps distinets : a) CsHe < Br’ éb. 142°, qui a échappé à la réaction; PPS D C) Le chloro-bromure de tri-méthylène m'a été fourni à partir de 1884 par la maison Kahlbaum qui a eu l'obligeance d'en faire fabri- quer à ma demande. Depuis cette époque, ce composé est devenu commercial et a figuré dans le catalogue de cet établissement si im- portant et si hautement remarquable par l'excellence de ses produits. Le ehloro-bromure de M. Kahlbaum était très pur ; il bouillait, en presque totalité, à 142 sous la pression de 757-758 millimètres. (C) Comptes rendus, t. CI, p. 1158 (année 1885;. ( 255 ) b) CH < 4 éb. 224°, produit d’une réaction totale; c) enfin, C;H4 < i. éb. vers 470°, produit principal. On voit qu'il n’est pas difficile d'isoler celui-ci, à la suite de quelques distillations fractionnées. Le chloro-iodure de tri-méthylène CH,CI - CHo - CHol con- stitue un liquide incolore, mais brunissant à la lumière à la façon des éthers iodhydriques, d'une odeur piquante, d'une saveur brülante. Sa densité à 20°,5 est égale à 1,901. IT bout sous la pression ordinaire à 170°-172°, en passant légèrement coloré en violet. Il se congèle dans le mélange de neige carbonique et d’éther, et fond à — 69°,5. Sa densité de vapeur a fourni les chiffres suivants : Substance: ‚et 4... "070921 Pression ‘barométrique . . . 758" Mercure soulevé: > . . 107 Tension de la vépeur:. Rn Volume de la vapeur . . . +. 107°,6 Température, o o + 100 La densité trouvée est 6,95. La densité calculée est 7,06. Son analyse a fourni les résultats suivants : I. 0#,8428 de produit ont donné 1#,5767 de chloro- iodure d'argent. Ce qui correspond à 80,52 °/, de chlore et d'iode. La formule en demande 79,46. Le chloro-iodure de tri-méthylène manifeste une grande aptitude réactionnelle vis-à-vis des réactifs hydrogénés et métalliques par son fragment - CHI. Il m'a servi notamment à préparer le propane nitro-chloré bi-primaire CH,CI - CH, - CHa (NO3) par sa réaction sur le nitrite d'argent. (Voir plus loin.) de crois qu’il serait aisé de s'élever, à l'aide de ce com- posé, jusqu’à l'étage Ce, dans ses dérivés normaux. ( 256 ) Di-iodure de tri-méthylene. ICH, - CH, — CHE. C'est le produit de la réaction des chlorures ou bromu- res de tri-méthylène sur KI ou Nal dans l’alcool CH; - OH ou CH, - OH. Liquide incolore, bouillant à 224°, fusible à - 9°. Ce composé contraste d’une manière bien remarquable avec l'iodure d'éthylène ICH - CHol, par sa stabilité et son état physique. Je m'en suis déjà occupé précédemment. (Voir ma notice dans les Bulletins de la Société chimique de Berlin, t. XVIII, p. 519.) Dans une note publiée dans les Comptes rendus, t. Cl, page 816 (année 1885), Sur la volatilité dans les composés organiques mixtes, J'ai fait voir que ceux qui renferment des radicaux X et X', fonctionnellement équivalents, ont des points d’ébullition qui sont précisément la moyenne arithmétique entre les points d’ébullition des composés simples correspondants. Les dérivés tri-méthyléniques mixtes confirment cette loi d’une manière intéressante. Ébullition. Moyenne. C;H,CI, 120° 142°,5 CHBr, 165° ed ei, 142 C;H,CL 120° EE Ch 224 ne 172° ( 257 ) DÉRIVÉS OXY-PHÉNYLIQUES. A. Propane chloro-oxy-phénylique pianin; CICH, - CH - CH (OC;H;). On chauffe, au bain d’eau, dans un appareil à reflux, molécules égales de chloro-bromure de tri-méthylène et de phénate potassique (phénol + KOH caustique) dans l’alcool ordinaire. Il s'établit une réaction vive après quelque temps et il se dépose abondamment du bromure potassique. L'addition de l’eau détermine la précipitation d'une huile lourde, insoluble et plus dense que l’eau, qui bout en presque totalité vers 245°-255°. La distilla- tion fractionnée fournit aisément un produit pur. Le propane chloro-oxy-phénylique ainsi obtenu con- stitue un liquide incolore, très réfringent, d’une odeur phénylique, d’une saveur brûlante, insoluble dans l’eau, mais soluble dans l'alcool, l’éther, etc. Il bout sous la pression de 762 millimètres à 245° fixe. Il se congèle aisément pendant les froids de l'hiver, en formant de grands cristaux d’une transparence par- faite, et fond à 11°,8-12° (*). Son analyse a fourni les résultats suivants: I. 0,354140 de substance ont donné 07,2624 de chlo- rure d'argent (méthode de Carius); IL 07,2632 ont donné 0#,2201 de composé argen- tique ; C L'éthane chloro-oxyphénylé CICH, - CHa (OH), que j'ai obtenu dans les mêmes conditions (voir Comptes rendus, t. XCVI, p. 1233). bout à 2240 et fond à We. ( 298 ) HL. 0#,5001 ont donné 0#,2510 de composé argen- tique. Ce qui correspond à : Chlore o/o trouvé. Calculé o/o. I. II. I, 20,66 20,68 20,74 20,82 B. Propane bi-oxy-phénylé bi-primaire (C6H0) CH: - CH:-CH (OC;H;). Il résulte de l’action du bi-bromure de tri-méthylène sur le phénate potassique dissous dans l'alcool, dans la proportion de deux molécules de celui-ci sur une seule de bromure. On chauffe dans un appareil à reflux au bain d’eau, environ une heure. On opère comme il a été dit plus haut. La distilla- tion fournit le produit du premier coup à l’état de pureté. Ce corps se présente sous forme de petites lamelles cristallines, incolores, sans odeur bien sensible, insolubles dans l’eau, mais solubles dans l'alcool et l’éther. Il bout fixé à 358°-340°, sous la pression de 762 milli- mètres, toute la colonne mercurielle dans la vapeur, et fond à 57° Les composés carbonés polyatomiques mixtes (*) > CXX’ renfermant des radicaux différents, quantitative- ment équivalents, mais différents fonctionnellement, ont des points d’ébullition qui dépassent la moyenne des points d’ébullition des composés simples correspondants. C°) Voir ma notice dans les Comptes rendus, t. CI, p. 816. ( 259 ) Le propane chloro-oxy-phénylé est un exemple intéressant de cette règle : Ébullition. Moyenne. Gs H.Cl, 120° 229 CH. - (OC, 1). 358° : Cl 0 + o CH € OCH, 248°-250 La série des dérivés bi-oxy-phénylés des paraffines nor- males se constitue à présent des termes suivants : Éballition. Différence. Fusion. H,C - (OC,H,), 298° + 8 H,C — OCH, nd 318° 9805 H.C - OCI H.C - OCH, si | ; HC 338° 87° HC — OC, Chloro-nitrate de tri-méthylène. CIH,C — CH, - CH, (NO;). Ce composé a une double origine : a) Il résulte de l’éthérification nitrique de la mono- chlorhydrine tri-méthylénique. On introduit celle-ci petit à petit dans le mélange nitro-sulfurique; l’échauffement est faible et le produit formé constitue une huile surnageante. On le lave dans l’eau et on le dessèche à l’aide du CaCL. ( 260 ) b) Il s'obtient également par la réaction du chloro- bromure de tri-méthylène sur l’azotate d'argent, à molé- cules égales, dans l’alcool. On a chauffé au bain d’eau, dans l’appareil à spirale, 50 grammes de chloro-bromure et 52 grammes d’azotate argentique, finement pulvérisé, avec trois fois et demie environ le même volume d'alcool à 95 °/,. La réaction est rapide. Il se précipite d’abord du bro- mo-nitrate argentique qui est blanc, lequel devient jau- nâtre alors que la réaction est complète et que tout le nitrate est transformé en bromure. On chasse la plus grande partie de l'alcool par la distil- lation et l’on précipite le produit par l’eau pour le dessé- cher ultérieurement à l’aide de CaCl. Le chloro-nitrate de tri-méthylène constitue un liquide incolore, à odeur faible, insoluble dans l’eau; il bout à 175° sous la pression de 765 millimètres, en se décom- posant légèrement. Le chloro-nitrate d'éthylène CICH, - CH(NO;) bout à 149°-150°. Chloro-acétate de tri-méthylène. CICH,- CH, CH,(CH:0,). Ce corps résulte de l’action du chloro-bromure de tri- méthylène sur l'acétate potassique, dans l'alcool. On prend molécules égales de chacun de ces composés. 50 grammes de chloro-bromure et 31 grammes d’acétate pur ont été chauffés au bain d’eau avec 2 1/ volumes d'alcool à 95 °/,, dans un appareil à reflux, pendant envi- ron dix heures. La réaction est plus lente qu'avec le cyanure où le sulfo-cyanure de potassium ; le potassium existe en effet (261) sous une forme moins active dans l'acétate que dans le cyanure, à cause de la différence d'énergie des acides correspondants. Il se dépose un précipité blanc et cristallin de sel potassique. Celui-ci pesait, après dessiccation, 50 grammes. Il aurait dû peser 57 grammes, si c'eùt été du bromure seul, et 255,5, si c'eût été du chlorure seul. C'était donc un mélange de deux sels, le bromure étant le plus abondant. On a commencé par chasser l'alcool au bain d’eau ; celui-ci précipite par l’eau une certaine quantité de liquide insoluble qui a été reconnu être du chloro-bro- mure de tri-méthylène non altéré C;H, < Br Après expulsion de l'alcool, le thermomètre s'élève rapi- dement à 160°. La plus grande partie du produit passe de 160° à 170°. A la fin, le thermomètre s'élève jusque vers 200-210°. Il passe alors du diacétate de tri-méthylène CH; - (CoH;02)o (éb. 209°-210°). Le chloro-acétate de tri-méthylène constitue un liquide incolore, quelque peu épais, d'une odeur fraiche, d’une Saveur amère, insoluble dans l’eau, bouillant à 165°-165° Sous la pression de 747 millimètres. Sa densité à 19° est égale à 1,250. : En préparant le chloro-acétate de tri-méthylène, j'avais pour but final d'arriver, à l’aide de ce composé, à obtenir aisément la mono-chlorhydrine tri-méthylénique CICHs - CH, - CHOH). Dans les conditions actuelles, la voie qui conduit à ee composé est longue et malaisée. Il s’agit d'abord de faire le glycol tri-méthylénique en partant du tri-bromure de méthylène. Il faut ensuite transformer ce glycol en sa mono-chlorhydrine par l’action de l'acide chlorhydrique. Or si le procédé est sûr et avantageux pour le glycol mono-chlorhydrique, l'action de l'acide chlorhy- (:202:) drique n'allant pas dans ce cas au delà d'une éthérification partielle, il l’est moins pour le dérivé tri-méthylénique, l'acide chlorhydrique déterminant, suivant la masse qui en est présentée et la durée de la réaction, une éthérifica- tion partielle ou totale. Cela étant, il est difficile d'éviter, lors de la préparation de la mono-chlorhydrine tri-méthy- lénique, la formation du bichlorure de tri-méthylène CH,CI - CH - CH,CI, ce qui est à la fois une complication et une perte. Dans ma pensée, le chloro-acétate de tri-méthylene, intermédiaire entre le chloro-bromure et la mono-chlor- hydrine tri-méthylénique, donnerait aisément ce dernier produit par sa décomposition à l’aide de l'eau. J'ai donc soumis à l’action de l’eau en grande quantité dans un appareil à reflux, au bain d’eau, le chloro-acé- tate de tri-méthylène. La décomposition est aisée, et après quelque temps tout produit insoluble à disparu ; après la saturation de l'acide acétique formé, le produit chlorhy- drique a été extrait par l’éther. Je n'ai pas pu en retirer de la mono-chlorhydrine CH,CI - CH, - CHa(OH). I est probable qu'il se forme des produits de condensation. X DÉRIVÉS SULFOCYANIQUES. Chloro-sulfocyanate de tri-méthylène CICH, - CHo - CHo (CHS). Il résulte de la réaction du chloro-bromure de tri-méthylène sur le sulfocyanate de potassium dans l'al- cool, à molécules égales. Réaction rapide et nette. Ce corps constitue un liquide incolore, insoluble dans leau, bouillant sous la pression ordinaire à 222°-225°. Sa densité à 19°,5 est égale à 1,226. ( 263 ) Di-suifocyanate de tri-méthylène (CNS)CH, - CH, - CH, (CNS). Ce corps résulte de la réaction du bi-bromure de tri-méthylène sur le sulfocyanate de potassium, deux mo- lécules dans l'alcool. Réaction rapide. L'eau précipite du liquide alcoolique, en dissolvant le bromure potassique formé, une huile incolore qui, desséchée, se prend à la longue en gros cristaux prismatiques, fusibles à 17°,5. Il est à remarquer que le sulfocyanate d’éthylène (CNS)CH, - CHa(CNS) fond à 90° seulement. Ce produit tri-méthylénique a été signalé en 1890 par M. L. Hagelberg (Bulletin de la Société chimique de Berlin, t. XXIII, p. 1085), qui l’obtint dans les mêmes condi- tions. Il fond, suivant cet auteur, à 25°. Propane chloro-nitré bi-primaire. CIH,C - CH, — CH, (NO.). Dans son mémoire classique Sur les dérivés nitrés (*), M. Victor Meyer constate déjà l’inertie des éthers chlor- hydriques, dans les conditions ordinaires, sur l’azotite d'argent, alors que les éthers iodhydriques réagissent si intensément. J'ai mis ce fait à profit pour obtenir le chloro-nitro- propane CICH, - CH: - CHa(NO) bi-primaire. Le chloro-iodure de tri-méthylène ne réagit pas sur l’azotite d’ argent dans l’éther; il est nécessaire de chauffer au delà du point d’ ébullition de celui-ci. On opère dans un appareil à reflux; le mieux est sous un or en Spirale. C) Liebig's Annalen, t. CLXXI, pp. 1 et suivantes. ( 264 ) Après avoir chauffé au bain d'eau pendant quelque temps, on distille la masse au bain d’huile sous pression raréfiée. Le produit distillé est incolore et exempt d'iode. Le rendement de l'opération est satisfaisant. Desséché à l’aide de CaClo, le produit est soumis à de nouvelles distillations pour arriver à une purification complète. Le nitro-chloro-propane bi-primaire CICH, - CHa- CHo (N09) constitue un liquide incolore, d'une faible odeur éthérée, d’une saveur piquante. Sa densité à 20° est égale à 1,267. Il bout sous la pression ordinaire à 197°, mais en subis- sant à la fin une décomposition partielle; il bout à 145°-116° sous la pression de 40 millimètres. Je ne suis pas parvenu à le congeler dans le mélange de neige carbonique et d'éther. Il se condense aisément, à la façon du nitro-propane, avec le méthanal. Sa densité de vapeur a été déterminée selon la méthode de Hoffmann et trouvée égale à 4,15. SRE ne eene 08853 Pression barométrique . . . 760" NUE OU - . . , . DJ Teusion de la vapeur . . . . 467" Volume de la vapeur . . . . 75,8 PÉRPDOOUE < n. . 100 La densité calculée est 4,26. Son analyse a fourni les résultats suivants : I. 0#,5591 de substance ont donné 07,5954 de chlorure argentique (méthode de Carius). IL. 07,5285 ont donné 0:,5799 de chlorure argen- tique. ( 265 ) IMI. 0#,5566 ont donné 0#,4144 de composé argen- tique. Ces chiffres correspondent à chlore °/, : Trouvé. I. Ik IL, Calculé. 28,85 28,67 28,76 28,74 Mono-bromhydrine tri-méthylénique. CH,Br - CH, - CH OI). J'ai été dans la nécessité de préparer une certaine quantité de ce composé. J'ai suivi les indications de M. Frühling (Monatshefte, t. II, p. 697; 1882). L'action de l'acide HBr sur le glycol tri-méthylénique est délicate à conduire; le pouvoir éthérifiant de cet acide est plus intense que celui de HCI; il détermine plus faci- lement encore qu'avec le glycol éthylénique une éthérifi- cation totale. J'ajouterai que la mono-bromhydrine tri-méthylénique bout sous la pression ordinaire vers 180°; c’est le point d'ébullition que lui assigne l'analogie : Ébullition. Différence. CH, < Si 128° ) 32 à 54° GI < A 160°-162° aS CH, < A 128° 20° GH, < 4 148° ) ( 266 ) Ébullition. Différence. are 148° 52e Gh Le 130° GH, < + 160°-162° environ B 20° GH, < OH 180° Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 4,71. Substance. . . . A A H97 Pression barométrique . . . 7487" Mercure soulevé. A A à à ln Tension de la vapeur . . . . 226"" Volume de la vapeur . . . . 110°,8 temperalüre. a — —— <- 180 La densité calculée est 4,80. Analyse de la nitro-glycérine ; par Louis Henry, membre de l’Académie. Aucune parcelle de vérité n’est à dédaigner et il n'est pas de fait de l’ordre expérimental, quelque minime qu'il paraisse, qui ne mérite d'être recueilli. J'ajoute qu'il est nécessaire que la composition des espèces chimiques repose sur des documents analytiques, placés sous por responsabilité personnelle, alors surtout que celles-ci St ( 267 font remarquer par leur importance spéciale, à divers titres. C'est appuyé sur ces considérations que je publie aujourd'hui l'analyse de la nitro-glycérine. Cette analyse est ancienne, puisqu'elle remonte au mois d'octobre 1871. Elle gisait oubliée, ensevelie dans un de mes carnets d'analyses, où un heureux hasard me Pa fait retrouver, il y a peu de jours. Voici à quelle occasion l’analyse de la nitro-glycérine a été faite en 1871 dans mon laboratoire Je me suis occupé à cette époque des dérivés nitriques des glycols et notamment de ceux du glycol éthylénique, le glycol par excellence, que M. Wurtz avait laissés de côté dans son mémoire classique sur cette classe de corps (*). J'avais à faire l'analyse du glycol dinitrique CoH, (NO;)s, composé éminemment explosif (**), plus encore que la nitro-glycérine, puisqu'il renferme dans sa molécule une quantité suffisante d'oxygène pour brûler d'une manière complète ses éléments combustibles, carbone et hydro- gène H.C - NO; — 9C0, + 21,0 + Na. H,C - NO, Il ne fallait pas tenter de faire la combustion de ce z Annales de chimie et de physique (3), t. LV, p. 416 (année 1859). C°) Quoique éminemment explosif, le glycol dinitrique se conserve indéfiniment, sans altération, dans les conditions ordinaires. J'ai gardé l'échantillon de ce corps, analysé en 1871; il est.intact et iden- tique à ce qu'il était au moment de sa formation. ( 268 ) produit dans les conditions ordinaires des liquides. J'ai pensé que toute cause d'explosion serait évitée si on le transformait en une sorte de dynamite, c’est-à-dire en en imprégnant une matière inerte (*). Celle qui s’offrait d'elle-même était l'oxyde de cuivre. La quantité du glycol dinitrique à brûler a été pesée dans un ou deux petits tubes étroits, fermés à un bout; après avoir promené le liquide sur toute la surface interne de la paroi, ces tubes ont été remplis d'oxyde cuivrique en fragments très petits, puis introduits dans le tube à combustion. L'analyse s’est faite paisiblement et le déga- gement du gaz a été très régulier. A cette époque, en 1871, je m'étais assuré qu'aucune analyse complète, directe, de la nitro-glycérine n’avait été publiée. Ce composé existait cependant depuis 1848 et son usage se répandait de plus en plus depuis plusieurs années dans la pratique industrielle. me parut utile, nécessaire même de combler une lacune aussi regrettable. Le procédé que j'ai décrit plus haut fut appliqué avec un plein succès à la combustion de la nitro-glycérine (**). C) Tout composé, quelque explosif qu'il soit, cesse de l'être alors que par son mélange en certaines proportions avec une matière inerte, il cesse de constituer un milieu continu. Dans ces conditions, la réaction chimique, qui est la cause originelle de l'explosion, au lieu d’être instantanée ou très rapide, devient successive. Il en est de même de l'expansion du volume de là masse, laquelle expansion est la cause immédiate de l'explosion, en tant que bruit et effort méca- ique. (”) Cette analyse a été exécutée dans mon laboratoire par mon assistant d'alors, M. Daniel Henninger. LE (269 ) Si je ne me trompe, la situation de la nitro-glycérine, au point de vue analytique, ne s’est pas modifiée depuis lors; je ne me rappelle pas avoir vu signaler quelque part une analyse proprement dite de ce composé impor- tant. Je me résous done à publier la mienne. Si mon érudition est en défaut, cette analyse aura toujours l’avan- tage de servir de confirmation à celle faite antérieurement et déjà publiée. Quoi qu'il en soit, voici l'analyse du laboratoire de Louvain, de 1871 : I. 0#,2916 de substance ont fourni 46°,5 de gaz azoté, à la température de 15°,8 et sous la pression de 757 mil- limêtres. H. 0#,5259 de substance ont fourni 0#,1888 de gaz carbonique CO, et 0#,0760 d’eau. Ces données correspondent aux chiffres suivants : CH; (NO); Calculé o/o. Trouvé e/o. €, 56 15,85 13,79 H, 5 2,20 2,45 N, 42 18,50 18,61 0, 144 297 3% SÉRIE, TOME XXXII. 18 ( 270 ) PHYSIQUE. — Sur les nombreux effets de l'élasticité des liquides; par G. Van der Mensbrugghe, membre de l’Académie. On a démontré depuis longtemps que les liquides sont à la fois très peu compressibles et parfaitement élastiques. Or, dans l'étude des faits relatifs à l'équilibre ou au mou- vement de ces corps, la compressibilité si faible qui les caractérise, les a fait regarder généralement comme tout à fait incompressibles. Mais cette hypothèse a entraîné les physiciens à négliger presque complètement la parfaite élasticité des liquides, laquelle produit cependant des effets fort curieux, Citons-en quelques-uns des plus simples. Première expérience. — Remplissons d'eau distillée un petit tube à réaction de la capacité de 8 à 10 centimètres cubes; puis, d'une hauteur d’un décimètre environ, lais- sons tomber verticalement le tube sur un bouchon de caoutchouc; au moment du choc, nous verrons jaillir plusieurs gouttes, dont quelques-unes s'élèvent de 12 à 15 centimètres au-dessus de l'ouverture du tube. Un poids si minime tombant d’une si faible hauteur, n'a certes pu comprimer sensiblement le liquide, et cepen- dant la détente a produit, à travers l’eau, un effet assez sensible pour projeter plusieurs gouttes à une hauteur notable. Inutile d'ajouter que si, avec un tube de petites dimen- sions, la chute a lieu d'une plus grande hauteur, le résul- tat obtenu devient encore plus marqué; il en est de (271) même si l’on opère sur un tube plus grand et rempli d'eau. Par exemple avec un tube d'environ 45 centimètres de longueur et de 2 centimètres de diamètre intérieur, la chute verticale, d’une hauteur de 8 centimètres, peut faire jaillir une série de gouttes dont quelques-unes mon- tent à plus de 20 centimètres au-dessus de ouverture. Deuxième expérience. — Pour bien montrer lélasticité de l’eau sans l'intermédiaire du choc contre un corps solide contenant le liquide, il suffit de filtrer de leau dans une éprouvette d'une hauteur suffisante; dès que la filtration ne se fait plus que par gouttes isolées, on constate que chacune de celles-ci, après avoir choqué l'eau déjà contenue dans l’éprouvette, fait rejaillir une ou plusieurs gouttelettes à des hauteurs parfois surpre- nantes, L'expérience précédente, pour être banale et mille et mille fois répétée sans qu’on ait en vue d’étudier l’élasti- cité des liquides, n’en prouve pas moins nettement cette propriété fondamentale. Troisième expérience. — On peut encore la rendre mani- feste en produisant le choc d’un corps solide contre l'eau; qui ne sait, en effet, qu'une écaille d’huitre ou un mor- ceau d'ardoise lancé à plat sous une incidence presque rasante, rebondit après avoir touché l’eau, retombe ensuite pour s'élever encore, etne descend dans le liquide qu'après des ricochets plus ou moins nombreux, suivant la vitesse initiale du projectile? Dans ce cas encore, l’élasticité de Peau se manifeste, bien que celle-ci ne soit frappée que 272 ) par un corps relativement léger, mais produisant un choc en de nombreux points ; toutefois la réaction élastique de l'eau apparaît aussi quand le nombre de points choqués est beaucoup moindre, pourvu que le corps solide soit animé d’une vitesse suffisante; en effet, on a constaté le ricochet des balles lancées avec une grande vitesse et sous une incidence convenable. Il me parait très probable que la gaine d'air comprimé qui précède la balle joue un rôle important dans ce phénomène : c'est sans doute l'air qui transmet sa force élastique au liquide et qui développe ainsi en un temps extrêmement court la réaction élasti- que de l’eau, donnant lieu au ricochet. On voit par ces expériences si simples combien les mathématiciens et les physiciens ont eu tort de partir de l'hypothèse de Fincompressibilité des liquides, et de ren- dre ainsi inexplicables a priori une infinité de faits où intervient l’élasticité développée par une compression très faible sans doute en elle-même, mais nullement négli- geable quant à la détente consécutive à cette compres- sion. Si j'insiste tant sur ce point, c'est que, selon moi, les forces attractives des molécules liquides, forces que tout le monde regarde à bon droit comme très considérables à côté de la pesanteur, par exemple, doivent nécessaire- ment produire des compressions, très faibles si l'on veut, mais pourtant capables de développer d’énergiques réac- tions dues à la parfaite élasticité des liquides. C'est PE é- cisément, on se le rappelle (*), sur ces réactions que j'ai à oies don ir ie C) Principes généraux d'une nouvelle théorie capillaire (ANNAL ES DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE DE BRUXELLES, t. XX, première partie, session d'avril 1 ( 273 ) fondé récemment une nouvelle théorie capillaire, qui me permet d'expliquer non seulement les faits déjà connus, mais encore une série de phénomènes bizarres et inter- prétés jusqu'à présent à l’aide de considérations trop obscures. Dans la note actuelle et servant à prendre date, je vais indiquer brièvement quelques-uns de ces derniers faits. I. On connait depuis longtemps l'influence mystérieuse d'une atmosphère électrisée sur un jet d’eau très effilé et dirigé de bas en haut, Quand lorifice d'écoulement est assez étroit pour qu'une pression de 90 centimètres n’élève le jet qu'à 50 centimètres environ, celui-ci se résout, dans la partie supérieure, en gouttelettes retombant non loin de louverture. Cela étant, à l'approche d'un corps faiblement éleetrisé, la veine, au lieu de se résoudre en gouttelettes, demeure continue jusqu’au sommet et res- semble au pistil d'un lis; le liquide retombe en masse le long de la colonne ascendante, qui est bientôt refoulée jusqu’à l’orifice; immédiatement après, la veine se relève pour s'évanouir encore, et ainsi de suite aussi longtemps que dure l'influence électrique. Si le corps approché est fortement électrisé, ou bien amené trop près de la veine, celle-ci se résout en gouttelettes très petites et se mouvant dans toutes les directions. Telles sont les particularités dont il s'agit de rendre compte. Et tout d’abord, parmi les molécules d'un des filets verticaux constituant la veine ascendante, considé- rons-en deux quelconques, dont l’une a quitté l’orifice quelques instants après l'autre; il est aisé de démontrer que ces molécules considérées par couples tendent con- Stamment à se rapprocher en vertu de l’action de la ( 274 ) pesanteur agissant comme force retardatrice, et que le rapprochement devrait être d'autant plus prononcé que la première particule est déjà plus élevée dans la veine (*). Il suit de ce raisonnement que toutes les particules d'un filet sont soumises à des chocs qui doivent se transmettre dans toute son étendue; par conséquent, la veine ascen- dante tout entière est soumise à une compression d'autant plus prononcée que le filet est plus long. Mais il y à encore une autre cause qui comprime la veine : c'est l'ensemble des pressions capillaires exercées en tous les points du contour du jet, pressions d’autant plus fortes que le rayon de la section droite est plus petit. Tout le liquide constituant la portion continue de la veine est done contenu dans une sorte de fourreau pro- duisant un certain degré de compression, qui s'ajoute à la compression totale développée par l’ensemble des chocs élémentaires dus à l'action retardatrice de la pesanteur. Ainsi doit se développer dans toute la masse de la veine une réaction très sensible due à l'élasticité du liquide; vers le bas, cette force doit retarder notablement l'écou- lement, latéralement elle doit tendre à élargir les diverses sections droites du jet, et cet effet pourra se produire d'autant plus aisément que le jet liquide devient plus épais; enfin, à la partie supérieure même, la force élas- tique développée devra constamment lancer des goutte- (*) En effet, si a est la vitesse à Y'orifice, t la durée de l'ascension de la particule inférieure, 1’ celle relative à l’autre particule, on a pour la distance à qui les sépare au moment considéré : S= a(l — t EG (fit) tt — 1) et + LÀ. Si tet t’ augmentent de At, à devient (1 — t) Ja — A +t 2At, c'est-à-dire diminue de g (t — t) At. (247) lettes hors du jet : c’est ce qui est conforme à l’observa- tion. En second lieu, pourquoi l'influence d’un bâton élec- trisé rend-elle une veine très mince entièrement continue sans éparpillement de gouttelettes? Je pense que la véri- table raison réside dans l’accroissement des sections droites de la veine, accroissement dù à la forte répulsion du fluide électrique répandu sur une grande portion du contour de ces sections. Cet effet de répulsion est d'autant plus marqué que la section est plus petite; il est donc le plus efficace près de l’orifice. Voilà pourquoi il suffit de faire agir l'électricité sur la partie inférieure de la veine. On a prouvé que si l’on garantit l’orifice contre l'in- fluence électrique pour n’y soumettre que la portion supérieure du jet, celui-ci s'éparpillait en gouttelettes comme en l'absence du bâton électrisé : cela devait être; car si les sections les plus petites du jet ne sont pas influencées, la force élastique développée devient rapide- ment très grande sans être combattue latéralement par l'accroissement des sections; d'autre part, l'effet de la répulsion électrique diminue notablement à mesure que la veine devient plus épaisse; de cette manière, la résolution en gouttelettes ne peut être évitée. Il va de soi que si l'influence électrique dépasse une certaine limite, l’éparpillement en gouttelettes devient plus pro- noncé encore. IT. Le second fait que je tiens à signaler est l'espèce d'explosion avec laquelle éclate une bulle de savon, explosion d'autant plus forte que la lame est plus mince : quand la bulle présente déjà des teintes très vives, elle ( 276 ) éclate en projetant des gouttelettes très fines à plus d'un mètre et demi de distance. Je ne mentionnerai pas ici toutes les causes qu'on a invoquées pour expliquer tant de puissance dans une quantité de matière si minime. Je me contenterai de dire qu’aussitôt après que la bulle a crevé en un des points, les portions voisines, en se ramassant sur elles-mêmes sous l’action d’une pression énorme relativement à la masse mise en mouvement, doivent aussitôt être fort comprimées, et que, en vertu de cette compression même, il doit se détacher du bourrelet déjà formé une infinité de gouttelettes projetées au dehors et avec de grandes vitesses. Cette idée est du reste de tout point conforme à l'aspect des différentes phases du phénomène lors de l'éclairement soudain au moyen d'une étincelle électrique (*); en effet, les particules liquides détachées n’ont aucune forme régulière et sont distribuées sans aucun ordre apparent, mais toujours en dehors, à cause du petit excès de pression à l'intérieur de la bulle. II. Le troisième fait où intervient, selon moi, l’élas- ticité d’un liquide à un très haut degré, est le suivant : En 1848, l'ingénieur Weisbach a voulu réaliser une veine liquide horizontale lancée par un orifice d'environ { centimètre de diamètre sous une pression de 122 mètres d'eau; tandis que la loi de Savart exige dans ces condi- tions une veine continue d'environ 40 mètres de lon- gueur, le jet liquide obtenu par Weisbach n’était continu WADDEN (‘) Cette expérience a été faite, en 1873, par MM. Marangoni et Stefanelli. ( 2r) que jusqu’à 20 centimètres de distance à l’orifice : au delà, le jet s'éparpillait en gouttes lancées avec une grande vitesse. Pareil résultat peut-il nous surprendre encore, si nous songeons que, dans les conditions indiquées, l'eau sortait sous une pression de plus de onze atmosphères, et qu’en passant subitement dans un milieu où la pression n'était que d’une atmosphère, le liquide devait obéir à l'énorme force élastique développée par une compression si énergique ? Les considérations précédentes suffisent, je pense, pour montrer la nécessité absolue de renoncer à une fàcheuse habitude encore consacrée en physique mathématique comme en physique expérimentale, savoir celle de regar- der les liquides comme pratiquement incompressibles, et de négliger par conséquent, pour ainsi dire de propos délibéré, les effets de la force élastique développée chaque fois qu’il s’y produit une compression. J'espère pouvoir revenir prochainement sur le même sujet et en montrer toute la fécondité. PHysiQuE. — Vérification expérimentale de notre théorie du tube de Crookes ; par P. De Heen, membre de l’Académie. L'idée généralement reçue sur ce qui se passe dans un tube de Crookes, consiste à admettre que les rayons anti- cathodiques se forment là où les rayons cathodiques (plus exactement, les projections cathodiques) viennent ren- contrer un objet solide. Cette manière de concevoir les choses est contraire à ( 278 ) l'expérience ; car M. Galitzine a montré, et nous avons vérifié nous-même le fait, que les rayons anticathodiques émanent d'un point situé un peu en avant de la surface servant d’anode. Cette anode peut être représentée soit par une plaque d'aluminium placée à l'opposé de la cathode, et si elle fait défaut par le verre du tube lui-même qui fait alors office d’anode. Il est en effet facile de recon- naître que le verre du tube est chargé positivement. De ce fait fondamental nous avons conclu que les rayons anticathodiques étaient le résultat de la rencontre des projections cathodiques et anodiques. Nous avons vérifié cette hypothèse à l'aide d'un tube construit de la manière suivante: en b, c se trouvent deux lames d'aluminium placées parallèlement, à une distance de 1°",5, c'est-à-dire une longueur de même ordre que celle qui sépare le point radiant de l’anode dans l'expé- rience de M. Galitzine. Cy b Si, dans ces conditions, la cathode se trouve en a et lanode en b, la rencontre des projections cathodiques et anodiques se fera un peu en avant de la lame b. Si ensuite, a étant toujours la cathode, e sert d'anode, on obtiendra encore des rayons anticathodiques, mais dans une propor- (2%) tion plus faible, b continuant du reste à jouer le rôle d'anode, mais dans une proportion plus faible, tout le tube jouant ce rôle. C’est ce que nous avons démontré (1). Servons-nous maintenant de b comme cathode et de € comme anode. Si nous admettons l’idée généralement reçue, il est évident que les projections cathodiques éma- nant de b traverseront le faible espace qui sépare les deux lames avec la plus grande facilité et que la lame c devien- dra un siège très énergique de rayons anticathodiques. Or, c’est précisément l’inverse qui a lieu, comme notre théorie permettait de le prévoir; l’espace qui sépare les deux lames b et c étant très faible, les chances de rencon- «tre des projections cathodiques et anodiques sont dimi- nuées dans une énorme proportion, et dès lors toute radiation anticathodique disparaît. CRISTALLOGRAPHIE. — Le mispickel de Nil-Saint-Vincent ; par G. Cesàro. Le but de cette note est de décrire et expliquer les dif- férents systèmes de stries qui affectent les faces des gros cristaux de mispickel de Nil-Saint-Vincent, d'indiquer le mode d'assemblage employé par la nature dans l’édifica- tion de ces cristaux, et enfin de signaler dans ce minéral un genre de macle non encore rencontré dans les autres localités. (1) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3° sér., t. XXXI, pp. 462 et 463; 1896. ( 280 ) Les grands cristaux de mispickel ont la forme repré- sentée par la figure 1 : outre les stries habituelles portées + £ Se 107 „of 101 101 7 = — yrl 101 101 Fie. 4. par la zone efet, il existe sur les faces m du prisme pri- mitif deux systèmes de stries très sensiblement rectangu- laires. Ces stries sont respectivement parallèles aux inter- sections de la face striée avec a! et el. Les plages (“284 ) comprises entre deux stries consécutives d’un système et deux stries consécutives de l’autre sont sensiblement carrées ; ces plages, parallèles entre elles, ne sont pas exactement dans le même plan et forment de petites sur- élévations terminées, surtout du côté a!, par de très petites facettes miroitant simultanément avec les faces af et e! portées par le cristal. La perpendicularité des deux systè- mes de stries s'explique aisément: en partant de Jd mm = 2a = 68°17 an: pu = B= 60°19, on trouve pour la hauteur c du prisme et pour le côté! de sa base, en supposant la courte diagonale de cette base égale à 2, | c = tga tg B — 1,18817 l = séca = 1,20776. On voit que la face m du prisme primitif du mispickel est sensiblement carrée et que, par conséquent, ses diago- nales (qui ne sont autre chose que les intersections de m avec al et e!) sont presque perpendiculaires entre elles. Si 2 est langle de ces diagonales, du côté de la base, on a à : a = Sina lg B, À = 90°56 19. L'arête verticale antérieure porte une modification que Fon pourrait prendre d’abord pour une légère tronca- ture hl; un examen plus attentif montre que l’on a affaire (282 ) à une face de composition, dont on peut chercher la nature en opérant comme il suit (*): Si l’on fait tourner le cristal autour de [horizontale parallèle au spectateur, on voit de petites facettes trapé- zoïdales 401,101 miroiter simultanément les unes avec a! supérieure, les autres avec a! inférieure. Si ensuite on place la droite AB horizontalement, parallèlement au spectateur, et que l’on fait osciller le cristal autour de cette droite, on aperçoit à la loupe, au moment où l'une des faces m = 110 miroite, de très petites facettes triangu- laires 140 miroitant avec elle; les deux séries de facettes triangulaires viennent se couper suivant la ligne AB en y faisant un angle rentrant. En définitive, la face, qui appa- remment est hl, est en réalité formée par la succession verticale des petits ensembles (110) (110) (101) (101) ; en outre, les choses se passent comme si chaque tranche hori- zontale était formée par deux larges cristaux parallèles, légèrement écartés entre eux suivant la grande diagonale de la base (fig. 2). t nacre Il résulte de ce qui précède que les grands cristaux de Bree C) Sur la figure, pour plus de clarté, on a exagéré les dimensions de cette modification. (285 ) Nil-Saint-Vincent ne sont pas des cristaux simples, mais bien des assemblages formés d’un très grand nombre de petits cristaux assemblés à axes parallèles, cristaux ayant une forme différente de celle du grand cristal qu’ils com- posent : le cristal élémentaire, représenté par la figure 5, ‘lu att it garens! Ta p Htt Popyt tf tr + Pe à ( 284 ) très allongé suivant la courte diagonale de la base, a une section transversale très petite; l’arête verticale du prisme n’y existe pas; dans l'assemblage, au contraire, par la superposition des petits cristaux élémentaires, l’arête verticale se développe virtuellement, et quelque- fois d’une façon prépondérante; en outre, à cause de la différence d’inclinaison des faces et et el sur la ver- ticale, dans la juxtaposition latérale de deux prismes élémentaires, les faces e! deviennent pour ainsi dire invisibles (*). Les stries de la zone e™ sont formées par l'alternance des facettes élémentaires 014 et 014. Les stries des faces m représentent simplement les arêtes mat et me! des cristaux élémentaires. Outre les stries longitudinales, les faces ef portent, par-ci par-là, des stries transversales non reproduites dans le dessin, parallèles à l’arête etat, et montrant, par le miroitement simultané avec a! des facettes qui les bor- dent, que dans l’assemblage, suivant la direction AC, se trouvent aussi placées un certain nombre d’aiguilles élé- mentaires. Macle. — La macle avec m pour plan de jonction est très commune à Nil-Saint-Vincent ; dans un cristal, j'ai observé un assemblage un peu différent. Deux cristaux (fig. 4) se pénètrent; les stries montrent que ces cristaux (*) Cependant, lorsqu'une face et existe, un examen attentif à la loupe montre dans chaque strie de la face ef une ligne miroitant simultanément avec la face e! qui termine le cristal. (283 ) se joignent suivant une face m et suivant un autre plan vertical, normal à cette dernière face, voisin de g5=120. Fic. 4. Si 1k0 est la notation du plan vertical normal à m, on a k = cota = 2,18014; la notation g°* = 5.14.0 convient assez bien avec mg" = 90° 14' 27” (*). | Observation. — La notation des faces de la forme e” est impossible à obtenir par des mesures goniométriques () Pour g'#is = 50.109.0, cet angle devient 8905954”. SPC SÉRIE, TOME XXXIIL. 19 ( 286 ) ordinaires, à cause des stries portées par ces faces ; mais on peut facilement mesurer au microscope l'angle o que fait avec la verticale la trace sur m de la face dont il s’agit; on a alors x = sina tgb Igo. Les angles mesurés conduisent sensiblement à ef cor- respondant à © — 76° 11' et à e avec © — 78° 52”. Crime. — Contribution à l'étude des quinhydrones. — Quinhydrones mixtes; par Alfred Biltris, docteur en sciences naturelles. Parmi les composés que forment les phénols en s’unis- sant aux quinones, les plus anciennement connus et les plus intéressants sont ceux qui résultent de l’action des para-diphénols sur les quinones : ce sont les quin- hydrones. Ces corps, dont la découverte est due à Wöhler (*), ont été considérés comme des éthers de la formule CAS =O em — On C} mais l'opinion qui a été la plus généralement reçue est celle qui considère ces substances comme des combi- naisons additionnelles du type CHO, . CH, (OH), (°°°), C) Ann. d. Chem., t: LI, p. 153. ( Cp. WICHELAUS, Berichte d. deutsch. chem. Ges., t. V, pp- 248 et suiv., et p. 849; ibid., t. XII, pp. 4500 et suiv. (™) Cp. Hesse, Ann. d. Chem., t. CC, pp. 248 et suiv. ; LIEBERMANN, Berichte, t. X, pp. 1614 et suiv.; Nierzkr, Ann. d. Chem., t. CCXV, pp. 129 et suiv. ( 287 ) en se basant surtout sur la facile décomposition de ces produits et sur leur dissociation en solution dans les dis- solvants neutres. Plus récemment, MM. Loring Jackson et G. Oensla- ger (*) ont envisagé ces composés comme de véritables combinaisons atomiques et leur ont attribué, par ana- logie avec la dichloréthoxyquinone Kao G- GIK a Cede ft ei 2p ÆN C,H,—0 ONa la formule 0 OH dj E H H H H H H H H m ne 0 oH Considérant ainsi ces corps comme une espèce de hémiacétals, ils rendent aisément compte de leurs pro- priétés et notamment deeur facile dédoublement. Leur formule cependant n’explique pas la coloration que pos- sédent toutes ces substances. () Ber. d. deutsch. chem. Ges., t. XXVIII, pp. 1614 et suiv. ( 288 ) Il m'a paru intéressant de chercher à obtenir quelques quinhydrones mixtes, dérivant d'une quinone et d’une hydroquinone de nom différent et de faire agir, par exemple, tantôt hydroquinone sur un homologue de la quinone, tantôt l'hydroquinone homologue de même nom sur la quinone. De la comparaison des produits obtenus ainsi par des voies différentes et qui devaient avoir la même composition centésimale, de leur identité ou de leur différence pouvaient résulter des indications précieuses sur la constitution atomique ou moléculaire des quinhydrones. C’est le résultat de ces recherches que j'ai l'honneur de soumettre à l’Académie. Action de l'hydroquinone ordinaire sur la toluquinone. Lorsqu'on mélange des solutions aqueuses équimolécu- laires d'hydroquinone ordinaire et de toluquinone, le liquide devient fortement rouge, mais rien ne précipite. On extrait alors par l’éther ; après distillation de ce der- nier, il reste un produit vert noirâtre qu'on recristallise du même dissolvant; on obtient ainsi une substance cris- talline possédant l’aspect métallique, et qui est rouge par transparence, d’un vert bronzé par réflexion. Quand on essaie de la purifier davantage ie recristal- lisation répétée de l’éther, on remarque qu'à par tir de la seconde cristallisation le point de fusion des cristaux obtenus baisse graduellement et que le produit s$ s’altère dans la même mesure. Il importe donc de ne se servir dans la préparation de ce corps que de matériaux bien purs. J'ai toujours purifié avec soin la toluquinone mise ( 289 ) en œuvre par distillation dans un courant de vapeur d’eau et sublimation subséquente. L'hydroquinone a été subli- mée également. La substance destinée à l'analyse a été rapidement recristallisée de l’éther chaud, puis finement pulvérisée et mise pendant vingt-quatre heures dans un exsiccateur sur de la paraffine. Après une nouvelle pulvérisation, elle fut encore laissée sur la paraffine pendant le même temps. L'analyse de ce composé demande à être faite avec quel- ques précautions; il montre, en effet, une tendance marquée à se charbonner; pour obtenir une combustion totale, il convient de mélanger le produit à de l’oxyde de cuivre et de conduire l'opération très lentement. En opé- rant dans un courant d'oxygène, j'ai obtenu les résultats suivants : Oer, 1980 de substance ont donné 08",48753 de CO, et 0er,0947 H,0; soit Calculé pour C,53H4904. 08,1329 C ou 67,12 °/, C : 67,24 °/, 080105 Hou 5,50 °/, H: 5,17°/, O : 27,58°/, (par différence) O : 27.59 °/, Ce corps fond à 134°. Il se dissout dans l’eau, l'alcool, Péther, très peu dans le benzol. Sa préparation montre qu'on ne saurait le considérer comme un mélange de to- luquinhydrone simple et de quinhydrone ordinaire, mélange qui se produirait par réduction partielle de la toluquinone et oxydation simultanée de l’hydroquinone ordinaire. En effet, s’il s'était produit de la quinhydrone ordinaire, comme celle-ci est presque totalement insoluble ( 290 ) dans l’eau (*), elle aurait dù précipiter, contrairement à ce qui a été observé. Le produit que j'ai obtenu ne pou- vait donc être que la quinhydrone mixte résultant de l'union de l’hydroquinone à la toluquinone. Cette quinhydrone se forme encore par un phénomène analogue à celui que Liebermann a observé pour la thy- moquinhydrone simple (**), quand on broie dans un mor- tier des quantités calculées de ses constituants : on voit alors, rien qu’au contact déjà, la masse devenir violette, puis verdàtre, et finalement on obtient une poudre qui fond à 151°. De même, si l’on sublime dans un même récipient de l'hydroquinone ordinaire et de la toluquinone, leurs vapeurs se combinent et il se dépose de petits eris- taux verts de la quinhydrone en question. Cette substance, exposée à l'air, s’altère assez rapide- ment; il y a perte de quinone et il apparait des points blancs d'hydroquinone; en flacon fermé, elle se conserve facilement. Chauffée, elle fond en un liquide brunàtre et se sublime en partie inaltérée; on peut accentuer la décomposition, sans toutefois la rendre complète, en sublimant dans un courant d'air sec : le dédoublement se fait exclusivement en toluquinone et en hydroquinone ordinaire, faciles à caractériser par leurs points de fusion. Par distillation dans un courant de vapeur d'eau, la quinhydrone se dédouble aussi, totalement cette fois, en toluquinone qui est entrainée et en hydroquinone qui reste. Lorsqu'on chauffe ce composé avee du benzol en tube mmniet (*) LIEBERMANN, Berichte, t. X, pp. 1614 et suiv. (*) Berichte, t. XVIIL, p. 3196, note. ( 291 ) scellé au bain-marie, il se dissout et par refroidissement on voit hydroquinone se séparer incolore; mais contrai- rement à ce qui a lieu pour la quinhydrone ordinaire (*), il wy a pas de recombinaison ultérieure, pas de refor- mation de la quinhydrone mixte. Action de la toluhydroquinone sur la quinone ordinaire. J'ai préparé l’hydroquinone dont je me suis servi dans cette expérience en réduisant par l’anhydride sulfureux la toluquinone pure et je l'ai recristallisée plusieurs fois du xylol bouillant. La quinone avait été sublimée. L'opé- ration se fait absolument comme pour le cas de l'hydro- quinone ordinaire et de la toluquinone. Le produit a absolument le même aspect que la quinhydrone qui vient d'être décrite. Purifié et desséché comme elle, il a donné à l’analyse les nombres que voici : 0er,2097 de substance ont donné 06,5166 de CO, et 08r,0990 H,0; soit Calculé pour C‚sHl, „Os. 08,1406 C ou 67,05 °/, C : 67,24 °]; 0s 0110 Hou 5,25°/, H: 5,17% O : 97,70 °/, O : 27,59 °/, Ce corps se forme aussi en broyant ensemble de la toluhydroquinone et de la quinone ordinaire ou en les sublimant dans un même ballon. Il présente le même point de fusion que la quinhydrone C) Cp. LIEBERMANN, Berichte, t. X, p. 1615, note. ( 292 ) précédente (151°); il a les mêmes solubilités„et identi- quement toutes les mêmes propriétés. Il se sublime comme elle en se décomposant partiellement, et lorsqu'on opère dans un courant d’air sec, on constate que le dédou- blement engendre les mêmes produits que pour le com- posé que nous venons d'étudier; en effet, la quinone qui se dépose dans les parties froides du tube où se fait l'expé- rience, se montre être exclusivement formée de tolu- quinone pure, tandis que les cristaux blancs qui tapissent la partie du tube la plus rapprochée de la nacelle ne sont que de l’hydroquinone ordinaire et fondent à 169°. Par distillation dans un courant de vapeur, ce sont encore ces deux substances et elles seules que l’on obtient. Mais dans ces expériences, le dédoublement a lieu sous l'influence de la chaleur et l’on pouvait se demander si son intervention ne favorisait pas la production de la toluquinone, laquelle est plus volatile que la quinone ordinaire. Il fallait done chercher à dédoubler la quin- hydrone qui nous occupe, à froid, sans aucune élévation de température. Dans ce but, je lai dissoute dans l’eau : si, comme on l’admet, les quinhydrones sont pour le moins partiellement dissociées en solution, je devais avoir dans le liquide une certaine quantité de toluquinone et d’hydro- quinone ordinaire libres, en admettant, bien entendu, que la décomposition eût lieu dans le même sens que tantôt. En extrayant alors par le benzol, qui ne dissout les hydroquinones qu’en quantité très faible, ee dissolvant contiendrait un excès de toluquinone. Les faits ont confirmé pleinement ces prévisions. Après l'évaporation spontanée de la solution benzolique ainsi obtenue, il est resté quelques cristaux bronzés de la quinhydrone mise en œuvre et tout autour une multitude ( 295 ) de petits cristaux jaunes, qui n'étaient que de la toluqui- none pure. Dans la solution aqueuse devait nécessairement rester un excès d’hydroquinone. Je l'ai épuisée par léther. L'évaporation spontanée de ce dissolvant a produit une faible quantité de la quinhydrone mixte et d’abondantes aiguilles blanches, formées d’hydroquinone ordinaire, dont elles avaient le point de fusion exact (169°). Ces faits démontrent clairement que le produit de l’action de la toluhydroquinone sur la quinone est iden- tique à celui qui résulte de l’union de l’hydroquinone ordinaire à la toluquinone; en outre, que ce produit se décompose toujours de la même facon, notamment en toluquinone et en hydroquinone ordinaire. Action de l'hydroquinone ordinaire sur la thymoquinone. J'ai préparé la thymoquinone en oxydant par le dichro- mate de potassium et l'acide sulfurique l’amidothymol obtenu par la réduction du nitrosothymol (*; je Fai purifiée en précipitant par l’eau sa solution acétique et en recristallisant plusieurs fois de l’aleool. Comme ce corps est à peu près insoluble dans l'eau, j'ai modifié la prépa- ration de la quinhydrone mixte de la façon suivante : J'ai mélangé des solutions éthérées contenant des quantités équimoléculaires de thymoquinone et d’hydro- quinone ordinaire et j'ai abandonné le tout à l’évapora- tion spontanée dans un cristallisoir. Il s’est produit ainsi de beaux cristaux d'un rouge grenat, à reflets verdâtres, mn () LIEBERMANN et Iuiskt, Berichte, t. XVII, p. 3194. ( 294 dont la purification et l'analyse se font de la manière exposée plus haut. Voici les résultats que j'ai obtenus : 0er,2625 de substance ont donné 081,6706 de CO, et 06",1566 H,0; soit Calculé pour Ci6Hi80 3. Oer,1829 C ou 69,75 °/, C :70,07-°/, 08r,0174 Hou 6,65 °/, H: OM O : 25,64 °/, (par différence) O: 23,36 °/, Le composé fond à 156°. Il est légèrement soluble dans l’eau; il se dissout facilement dans l'alcool et l'éther, très faiblement dans le benzol. Il est moins altérable à lair que la quinhydrone mixte précédemment décrite. Ici non plus il ne saurait y avoir question d’un mélange de quinhydrone ordinaire et de thymoquinone simple. En effet, le premier de ces corps serait facile à reconnaitre au microscope à sa forme et à sa couleur verte, alors qu'il est impossible d'en déceler la moindre trace. En outre, en dissolvant le produit dans l’eau, la quinhydrone ordi- naire, dont la solubilité est bien plus faible, devrait pré- cipiter contrairement à ce qu’on observe. De plus, quand on chauffe la quinhydrone mixte qui nous occupe avec du benzol en tube scellé au bain-marie, elle se dédouble, tout comme cela est décrit plus haut, sans qu'il y ait recombinaison ultérieure, même partielle, ce qui serait inévitable s'il y avait de la quinhydrone ordinaire en présence. Elle se sublime aussi en partie sans se décomposer et en présentant, après, le même point de fusion (156°); et si l’on opère dans un courant d'air sec, on ne retrouve à côté ( 293 \ de la quinhydrone inaltérée que de la thymoquinone et de l'hydroquinone ordinaire. De même, à la distillation avec la vapeur d’eau, il ne se produit que ces deux substances. Cette quinhydrone mixte se forme aussi lorsqu'on broie ensemble ses constituants ou q1'on les sublime dans un même récipient. Action de la thymohydroquinone sur la quinone ordinaire. La thymohydroquinone s'obtient par la réduction de la thymoquinone au moyen de l’anhydride sulfureux; elle se purifie par recristallisation répétée de l'eau chaude. Je l’ai combinée à la quinone ordinaire en suivant la méthode précédemment décrite (p. 295). Le produit obtenu a donné à l’analyse les résultats que voici : 0er,1940 de substance ont donné 08°,4961 de CO, et 0e,1161 H,0; soit Calculé pour Ci6H4504. 08r,1355 C ou 69,74 °/, C: 70,01 I; 06,0129 Iou 6,65 °/, H: 6,57 °/, O : 93,61 °/, (par différence) 0 : 93,36 °/, Ce corps peut se former aussi en broyant ensemble de la thymohydroquinone et de la quinone ordinaire ou en les sublimant dans un même ballon. U présente absolument le même aspect que la quin- hydrone qui vient d’être décrite, et possède le même point de fusion (156°); en un mot, il se montre identique à elle. Il se décompose de nouveau, non en thymohydroquinone et en quinone ordinaire, mais, comme elle, en hydro- quinone ordinaire et en thymoquinone, tant par subli- mation dans un courant d'air sec que par distillation avec la vapeur d’eau. ( 296 ) Si l’on agite sa solution aqueuse avec du benzol, c’est encore de la thymoquinone qu’on obtient par l'évaporation de ce dernier, tandis que l’eau contient alors un excès d'hydroquinone ordinaire, comme il est facile de s’en convaincre en l’épuisant par l’éther. Derechef l’action d’une hydroquinone à chaîne latérale sur la quinone ordinaire avait donné le même produit que l’action de l’hydroquinone ordinaire sur la quinone homologue. J'ai résolu alors de mettre en présence une hydroquinone et une quinone substituées toutes les deux, mais à un degré différent. Action de la toluhydroquinone sur la thymoquinone. En opérant comme dans le cas précédent, on obtient de petits cristaux bronzés à reflets rouges, fondant à 87°-88°. Voici les résultats de l'analyse : 06,1489 de substance ont donné 0#r,5862 de CO, et 02,0971 11,0; soit Calculé pour Cy7H3004 0er‚1055 C ou 70,72 °/, C : 10,83", 087,0108 Hon 7,25 °/, H: 6,94 °/, O : 22,03 °/, (par différence) O : 22,23 °). Ce composé, de même que les deux quinhydrones pré- cédentes, se comporte absolument comme un composé unitaire et non comme un mélange de thymoquinhydrone et de toluquinhydrone simples. Il a entièrement les mêmes allures que les quinhydrones mixtes décrites plus haut. Il se forme dans les mêmes conditions que ces dernières et donne lieu aux mêmes phénomènes quand on le chauffe en tubes scellés, avec du benzol. Il se sublime ( $97 ) comme elles en se dissociant. A la sublimation, comme à la distillation avec la vapeur d’eau, les produits de dédou- blement se composent exclusivement de thymoquinone et de toluhydroquinone. . Action de la thymohydroquinone sur la toluquinone. Le produit qu’on obtient a le même point de fusion et les mêmes propriétés que celui dont il vient d'être question. Son analyse a donné les nombres suivants : 0er,2618 de substance ont donné 081,6766 de CO, et Oer,1682 H,0; soit Calculé pour C;,H:004. 06r,1846 C ou 70,51 °/, ho G:70,837. 0er 04184 Hou 7,02°/, H: 6,94 °/, O : 22,47°/, (par différence) O : 22,25 °/, Ce corps se forme aussi en broyant ou en sublimant ensemble les substances qui servent à le préparer. Il se montre de nouveau identique à la quinhydrone mixte qui résulte de l'union de la toluhydroquinone à la thymoquinone et se dédouble comme elle en ces deux substances, tant lorsqu'on le dissout simplement dans l’eau que lorsqu'on le distille dans un courant de vapeur d'eau ou qu’on le sublime. Des expériences qui précèdent, on peut, semble-t-il, déduire la règle suivante : Quand on fait agir une hydro- quinone sur un homologue de sa quinone, ou, récipro- quement, sa quinone sur l’hydroquinone homologue de même nom, on obtient dans les deux cas le même pro- ( 298 ) duit, la même quinhydrone mixte. Cette dernière se dédouble toujours de la même façon, notamment dans le sens de la quinone la plus substituée. Ces faits intéressants semblent plaider en faveur de la constitution atomique des quinhydrones. En effet, si, comme on l’a dit, ces composés résultent de l'addition pure et simple de hydroquinone et de la quinone mises en présence, on ne se rend pas bien compte de l'identité de produits comme CH,X0,.CH,(OH), et C0, . C‚U;X (OM, (X représentant un radical alcoolique); on s'explique encore moins pourquoi ces composés se dédoublent tou- jours, même sans l'intervention de la chaleur et par simple dissolution, en Cll XO, + CH, (OI), et non pas en leurs générateurs respectifs : Cl,XO, + C‚li, (OM, et C0, + Coll, X (OH). Dans cette hypothèse, l'explication ne devient possible que si l’on admet que la quinone et son hydroquinone d'homologie supérieure mises en présence se transfor- ment par une sorte de double décomposition, ou par oxydation et réduction simultanées, en la quinone homo- logue et Phydroquinone inférieure. Elles doivent alors fatalement, par leur union, engendrer le même produit que ces dernières et ce produit se décomposera toujours en ses constituants. Le système C0, + CHX (OH), se transformerait ainsi en | CH,XO, + CHi(OH), ( 299 ) et le produit CH,XO, . CH, (OH), se dédoublerait en ses constituants CH, (OH), + Coll; XO, Il n'est guère possible de contrôler cette manière de voir par l'expérience; la transformation dont je viens de parler, si elle s’accomplit, parait être intégrale, puisque, dans le cas de la toluhydroquinone et de la quinone ordi- naire, par exemple, on ne parvient plus à retrouver ces deux corps; elle semble en outre être instantanée, comme l'indique le brusque changement de couleur qu’on observe au moment où l'on mélange les solutions aqueuses de ces substances. J'ai dit au début de cette note qu’on croit que les quinhydrones sont dissociées en solution; mais aucune détermination, que je sache, n’a été faite à ce sujet et, d'après ce qui vient d’être exposé, il m'a paru intéressant d'examiner si la dissociation de ces corps dans les dissol- vants neutres est partielle, ou si c’est une décomposition totale. J'ai essayé d’abord d'y parvenir par voie cryosco- pique. Le dissolvant neutre tout désigné pour ce genre d'ex- périences est le benzol; malheureusement les quinhy- drones se dissolvent si difficilement à froid dans ce liquide qu'il ne saurait servir à faire des déterminations de poids moléculaires de ces substances. J'ai reconnu que le seul dissolvant un peu approprié est le bromure d'éthylène. Et encore la solubilité dans ce cas est-elle si restreinte, que même en partant d’une solution excessi- vement étendue, je n'ai pu faire que deux déterminations. ( 300 ) J'ai opéré avec la quinhydrone mixte dérivant de l'hydro- quinone ordinaire et de la toluquinone. Pour les calculs, je me suis servi de la formule dans laquelle M représente le poids moléculaire cherché ; p. le poids de substance ; k, la constante moléculaire du dissolvant (11,800 pour le bromure d’éthylène) ; L, le poids du dissolvant, et t, abaissement du point de congélation. J'ai employé 36,281 de bromure d’éthylène (L), dont le point de congélation était à 4,847. Voici les résultats: Poids Températures Abaissements Poids de substance (p). de congélation. (6. moléculaires (M) Osr,0255 4,774 0°,075 104,7 Oer,0475 4,716 0,131 112,6 Le poids moléculaire calculé est 232. On voit que les valeurs obtenues se rapprochent de la moitié de ce nombre. J'ai essayé alors des déterminations ébullioscopiques, en employant l’éther comme dissolvant. Les expériences ont été faites avec la même quinhydrone mixte. Je me suis encore servi de la formule ne Lt dans laquelle les lettres M, p, k, L ont la même valeur que ( 301 ) ci-dessus ; £ est l'élévation du point d’ébullition. J'ai obtenu les résultats suivants, en opérant sur 145,85 d'éther (L) qui, à l’ébullition, marquait sur l'échelle 0°,162. Poids Températures Différences Poids de substances (p). d'ébullition. ti). moléculaires (M). 08r,0728 0°,250 0°,088 116,8 06r, 1519 0°,520 0°,158 118,6 Le nombre obtenu est un. peu plus fort que la moitié du poids moléculaire théorique. D'après ces expériences, tant ébullioscopiques que cryo- scopiques, les quinhydrones seraient donc totalement dédoublées en solution étendue dans les dissolvants neu- tres el l’on aurait en présence, dans le cas examiné, CH, (OH), + CH,0,: on doit alors, en effet, trouver la moitié du point molé- culaire théorique. J'ai essayé également de préparer des phénoquinones mixtes en faisant agir deux phénols monoatomiques diffé- rents sur une même quinone, et j'aurai Phonneur de sou- mettre prochainement à l'Académie les résultats de ce nouveau travail. Qu'il me soit permis, en terminant, d'adresser mes bien vifs remerciements à M. le professeur Th. Swarts, dans le laboratoire duquel ce travail a été fait, de l'in- térêt qu’il n’a cessé de me témoigner au cours de mes recherches. DC SÉRIE, TOME XXXII. 20 (302 ) Recherches sur l'éther phénoxacétique. — Son action sur l'éther chloracétique ; par le Dr A.-J.-J. Vandevelde, assistant à l’Université de Gand. P. Fritzsche (*) a annoncé jadis que les éthers de l'acide phénoxacétique C;H:0 — CH, — COH avaient la pro- priété de dissoudre du sodium en dégageant de l'hydro- gène, et de donner naissance à des dérivés métalliques dont l’étude ne fut pas entreprise. Je me suis demandé si le produit résultant de l’action du sodium sur le phénox- acétate d'éthyle et qui apparemment doit avoir pour for- mule C6H0 — CHNa — CO,C2H;, ne pourrait pas réagir sur le chloracétate d’éthyle pour engendrer un éther suc- cinique substitué, le phénoxysuccinate d’éthyle : CHO — CHNa — CO,CH, + CH,CI — COC, ll, = NaCl + (0 SCH — CO,CH, Z “no “anof | ‘iog |'unep | “doop f ‘anof | “ano “110$ L'UYEX | “anor f “ano ‘Ino "utog [uneg | ‘ano 5, - ; + Fil de "i ba N En i 5 K a 5 = A ad “sarjig |'suodarn ‘squejug “sali |'SU0ÿ48n “sj eu sajptd |'suoöueg ‘syuejuy "SALTA TEE en — = z? ‘STUNAIUHANAS SASSYII 'SAUNAINJANI SASSVII *S47094 h Ua sunadxa xnmuaunsadxə s1DNs ( 323 `) eg 69 | oo t9 419-139 | o9 | #9 leg | 19 | 1e f 89 | gnon L'S g9 0 iam | D L9 08 18 |19 | 68 89 ge 88 |99 |B fr 09 = ed T: ma e Se amg a nl oS ED yL 99 | Le 119. 129 10 99 | INIo» Le | 09 139 | © LH L9 | Mis ie = ee EU at nie net go EL ow |19 1i #9 | HO | 68 |L9 9 oL se 119 | 19 199 19 8% PL Lo |79 |AL | OL 19 | 19 lee |69 i | OL | #9 |0 iz |219 FL “9 — Jq- en ea S en 0% se CR Ba a Aen Eiei |- J- = Coo e a [is a g9 y logo 49 [co À 98 a iie |6e jo f OD | 3 |R |eg [ER FF 95 +L | vo | 89 [OL [69 | 99 yo |go {19 [89 | 69 | co {99 [99 |99 |E c'e 69 | 49 149 FOL 19 À 69 | 68 R |68 | LS 99 | 8e fee | 99 |€9 f} 6% o | zo log leo lag À 19 | es |E joe | 68 À 99 | 8e |19 | #9 | 89 | HE Te i Be = Pie TMR ie mr Pre LM |% g'e 69 | og itou ao À 10 | 99 |a |o [19 À Lo | R |R |69 |e9 | 66 + un | co lo lg | À et | 98 lis ILO leo À EL | HM FW |H | 99 fB sy ge À to lez lez le À He | 09 |eo jou lon À ML | 59 |19 [IL |69 |L xd # | oL |æ [ge leo | go | oo ea [eo | co | 69 | &o fra [01 | 19 FSG 8 9L 19 |69 [EL | HM L9 ss |69 | |7 9L co |S9 |69 |219 |76 vr EE tn ou TF 7]? 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VL Vai dit page 519, que j'avais quelques remarques inté- ressantes à faire au sujet des attaques respiratoires (tous- ser, éternuer, etc.). Les chiffres que j'en ai récoltés ne montrent que vaguement certaines régularités, notam- ment en ce qui concerne leur rapport avec le degré de la force de l'attention volontaire; ils paraissent plus élevés quand l'attention est forte. Mais leur enregistrement présente de très sérieuses difficultés, attendu qu'il est souvent impossible de déterminer de quel élève émane le phénomène respiratoire. Cependant, comme les chiffres que plusieurs instituteurs et institutrices ont bien voulu ( 336 ) récolter sur mes indications sont régulièrement inté- rieurs, et de beaucoup, à ceux que j'avais l’occasion d’annoter moi-même dans des ‘conditions moins favo- rables, il paraît s'établir ici ce que d’autres ont pu obser- ver, avant moi, sur des cas isolés : que: les efforts d’atten- tion ont une action directe sur les organes de la respiration. Il y a là probablement une base de mesure sur laquelle j'aurai peut-être l’occasion de revenir. Dans une prochaine communication, je me propose de parler de l’irrégularité apparente qu'on observe dans toutes mes courbes au mois de mars, d'en expliquer notamment la raison d’être et l’origine; en même temps, j'espère pouvoir indiquer par quels moyens pratiques il serait possible d’atténuer la baisse considérable dans la force d'attention volontaire pendant les mois de l'été et à certaines heures de la journée. Anvers, mai 1896. Jany. [Fevr. Mars! Avril Mar [Juin vuil: oct. Nov. Déc 80 me t dns 4 — | 60 X paai ~N 50 esp A PA En REST el ae N \ "d Le 4o IN \ f - l a SO Enfants xX \ / F is bit CE Ne a 20 Femperature $ `N Nç j ebde ayenne (Corr) Sf dela Temperature ; moyen 10 {pour l’Europe. ( ) w J l-ne d'Anvers (en 107% réduile ui) (en 1077 8o a | 70 ENE s nl. X £ 60 Pug eai N / A TA p 50 gl A š A | k 7 4o Ši ` 7, NAW 30 Al \ Fi hd Classes sup. N 71 | | 80 | 4 | | dane. 6o ms. Rd | P $, \ GO 5o \ . y ; S 40 | N |” \N VA 30 | \ A 20 PVE Ta | M.C. Schuyten, Bull. de l'Académie, È XXXI, N° 8, 1896. | M à Pe Moyennes mensuelles des valeurs d'attention volontaire. % |Jarvier 1896| Fevrier [Mars 1895 | Avril Ma: Juin. Juillet | Octobre | Novembre [Decembre. 1-90 #0 1 70 L50 -4o i | | 1 ] “LSO L T e ee Filles Lies traits interrompus et les lignes pleines se suivent dans l'ordre des heures d'observation: le man, 8% - 9 - 9% - 10% Garçons. le Soir 2 - 2%. - 5-51 ef donnent 1 ‘aspect d'un. Jour - type par znois. (337 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 août 1896. M. le comte GOBLET D'ALVIELLA, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. le chevalier Epm. MarcmaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, le baron Em. de Borchgrave, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Pot- vin, T.-J. Lamy, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Van- derkindere, A. Giron, J. Vuylsteke, Ém. Banning, le baron J. de Chestret de Haneffe, H. Denis, G. Monchamp. membres; Alph. Rivier, J.-C. Vollgraff, associés. CORRESPONDANCE. La Classe prend notification de la mort de M. Ernest Curtius, élu associé en 1872, décédé à Berlin le 41 juil- let 1896. — M. le Ministre de l'Industrie et du Travail envoie, pour la bibliothèque de l’Académie, un exemplaire de ouvrage intitulé : Travail du dimanche, volume 1 : Belgique, établissements industriels. — Remerciements. ( 338 ) — Hommages d'ouvrages : 4° Les élections en Espagne; par Lefèvre-Pontalis, associé ; 2% a) Bruxellensia. Croquis artistiques et historiques; b) Le poison alcool; c) La loi de l'alcool; par le Dr Van den Corput (présentés par M. Wauters, avec une note qui figure ci-après) ; 5° Eene radicale hervorming in het onderwijs der mo- derne talen; par Jean Wannyn; 4 Poésies chrétiennes ; par le chanoine Toussaint; 5° Un denier inédit de Pepin le Bref; par le vicomte Baudouin de Jonghe. — Remerciements. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur de présenter à la Classe des lettres, au nom de l’auteur, M. le docteur Van den Corput, sénateur, trois brochures, dont voiei les titres : Bruxellensia. Croquis artistiques et historiques, 1896, gr. In-8°. La loi de l'alcool, discours prononcé au Sénat dans la séance du 15 mars 1896. Bruxelles, 1896, in-8°. Le poison alcool, nouvelles considérations à propos de l'alcoolisme (extrait de la Revue de Belgique). Bruxelles, 1896, in-8°. Dans la première de ces publications, M. le Dr Van den Corput revendique la paternité de l’idée de jeter, au-dessus de la rue de Ravenstein, un pont dans le genre du célèbre pont des Soupirs de Venise, pour relier ce qui reste de l’ancien hôtel de Ravenstein à la vieille habitation qui borde l’autre côté de Vescalier servant de prolonge- ( 339 ) ment à la rue. Sans vouloir examiner cette revendication, qui n’est plus dans les idées de notre temps, où, malgré les beaux discours que l’on débite en faveur de la pro- priété littéraire, le communisme, en fait d'idées, semble appelé à devenir la règle ou la loi, je me bornerai à appeler l’attention de la Classe sur cet essai de reconsti- tution d’un coin du vieux Bruxelles, en déplorant toute- fois qu'on ne veuille restaurer ce dernier qu'à condition dy introduire des modifications dont le résultat le plus clair sera d’en modifier complètement le caractère. ALPHONSE WAUTERS. COMMUNICATIONS ET LECTURES. L'interprétation du Yi-king. — La version mandchoue et ma traduction ; par C. de Harlez, membre de l’Aca- démie. SOMMAIRE : L Introduction. — 1. Préface de l'empereur Kien-long (français et pea IHI. Traductions comparées avec texte mandchou. Kuas 4, 5, 7, 13, 48, 64, 3, — LV. Nature et emploi du Yi-king; son origine. I. — INTRODUCTION. Lorsque l’Académie royale de Belgique me fit lhon- neur, il y a huit ans, de publier ma traduction du Yi-king, la première basée sur le système rationnel commun à toutes les interprétations, bon nombre de sinologues se rendirent à l’évidence du principe. D'autres, surpris de cette nouveauté, hésitèrent ; quelques-uns, intéressés à la chose, contestèrent la justesse de la méthode. Depuis ( 340 ) lors, je pus démontrer, par les rares exemples retrouvés dans les vieilles annales, que c'était bien ainsi que les ‘anciens Chinois considéraient ce livre prétendument mystérieux (1). Cette année même, je publiai une seconde édition (en anglais) (2) de ma version, afin de donner dans celle-ci un sens littéral plus précis (la première avait été plus ou moins explicative) et, en même temps, quelques extraits du texte avec traduction en regard pour démontrer l’exac- titude de cette traduction (5). Toutefois, on pouvait encore se demander si c'était bien là le sens que les Chinois attribuent eux-mêmes à leur livre d'horoscopie et si le fait ne pouvait pas contre- dire la théorie la mieux conçue. C’est pour cela que depuis huit ans aussi je cherchais à me procurer une version du Yi-king faite par les Chinois eux-mêmes, c’est-à-dire la version mandchoue de ce livre. Enfin, j'ai eu la bonne fortune de mettre la main sur cette œuvre tant recherchée, et celle-ci est d’une autorité décisive, car elle a été composée par les plus savants docteurs de la Chine, sur l’ordre et sous la direction de l’empereur Kien-long lui-même, qui a voulu en écrire la préface de sa main. Or, cette version coïncide entièrement avec la mienne, et quant aux principes et quant aux détails même de Pexécution. En effet : 1° Il y est fait abstraction complète des divagations philosophiques que l’on donne ordinairement comme des (1) Voir le Journal asiatique, 1890. (2) The Yi-king, a new translation from the Chinese. London. (Manuserit français, traduit en anglais par le Rév. J. Val d'Eremao.) (3) Voir le Toung-pao. Juillet 1896. ( 341 ) commentaires du texte et qui n’ont trait qu'aux figures, ou qui sont des spéculations sur le Yin et le Yang. 2% Les en-tête des chapitres sont traités, non comme des mots vides de sens, noms propres des figures, mais comme les mots de la langue et les sujets des diverses sections. Ainsi, il ne s’agit nullement de kuas Kien, Kwan, Tun, Meng, etc., mais de gulun, principe actif, dahasun, prin- cipe réceptif, jobon, obstacle, eihun, grossièreté, inintelli- gence, ete, etc. 5° Il n’y a aucune relation entre les sentences du texte et les lignes des kuas, mais uniquement un rapport de numérotage et de distinction des lignes pleines et cou- pées, désignées par les chiffres conventionnels 9 et 6. Comme, par exemple : Sucungga uyun, 4™ pleine (litt. 9); jai ningqun, 2° cou- pée (litt. 6), ete. 4 Les sentences sont traduites, non comme des lam- beaux de phrases informes, mais comme des propositions ou phrases le plus souvent complètes et se référant au sujet indiqué par le mot placé en tête du chapitre. Or, ce sont là tous les principes qui m'ont guidé dans mon interprétation. 5° Enfin, la version mandchoue et ma traduction coin- cident dans l’ensemble et dans les détails d’une manière complète. Les rares différences que l’on y rencontre pro- viennent tout naturellement de la multiplicité des sens des mots chinois et du vague de la terminologie de la langue de l'Empire des Fleurs. On en verra plus loin quelques exemples (1). (4) Voir au kua I et à la fin du chapitre H. ( 342 ) Mon interprétation n'avait donc rien d’arbitraire ; c’est, j'ose le dire, la traduction naturelle et vraie du Yi- king ; rien de plus, rien de moins. Cela est d’autant plus certain que la version mand- choue, comme le prouvent les nombreux idiotismes chi- nois qu’elle présente, a été faite plutôt par des Chinois connaissant le mandchou que par des Mandehous possé- dant le chinois. Ainsi le régime est mis avant le verbe sans particule indicative (1), la forme verbale indéfinie en -mbi remplace le conditionnel, etc. Quant à la conformité de ma traduction avec celle que les savants chinois ont faite eux-mêmes de leur livre, nous mettrons tout le monde à même d’en juger en com- parant quelques extraits choisis de part et d’autre et tout au hasard. C’est spécialement pour démontrer l'absence de choix intéressé que nous avons pris le premier et le dernier Kuas parmi nos exemples. Les différences, très légères du reste, proviennent surtout, comme je l'ai dit plus haut, du caractère vague de la phrase chinoise, qui indique les idées et non leur liaison (2); pour ces vieux livres, les Chinois mêmes hésitent souvent sur l'intention des auteurs. Mais avant de produire nos preuves, nous devons donner à nos lecteurs la préface du célèbre empereur que l'on à justement qualifié de « premier lettré de son empire ». (1) Ainsi tamse howajambi rend lei khi ping (ou: renverse le seau). (2) En outre, les mêmes mots sont noms, adjectifs, verbes, etc. e verbe est sans temps ni mode. Ainsi le Chinois dit : « Rapport sincère, danger(eux), sans dommage », que l’on doit traduire : « Si les rapports sont sincères, bien qu’il survienne un danger, il n'y aura pas de dommage »; ou bien : « Quand les rapports …. si même il y a danger, ete., ete » (Voir plus loin.) ( 543 ) Gela fait, nous pourrons déterminer d'une manière brève et précise, mais claire et certaine, la nature, le but et l'emploi du Yi-king. On ne pourra plus dire, comme au temps de Voltaire : « Un livre qui s'explique de six manières différentes est certainement dépourvu de sens,» car il ne restera plus qu’un seul mode d'interprétation. II. — PRÉFACE DE L'EMPEREUR KIEN-LONG. Depuis que les interprètes des kings ont commis la faute de ne plus en chercher l’explication complète, des interprétations erronées ont vu le jour par cette cause. Il en est ainsi de tous les livres chinois, mais tout autre- ment des versions mandchoues. Quant au texte authentique des six kings en chinois, on n'a point cherché à en pénétrer le sens en comparant les textes dont on pouvait cependant recueillir utilement et faire concorder les termes. Aussi les lettrés s'entretin- rent entre eux dans leurs idées préconçues, contredisant les principes, s’écartant des sources. Il en résulta que, peu à peu, les commentaires seuls furent intelligibles, mais que les textes eux-mêmes des kings devinrent obscurs et incompris. Il arriva ainsi que les lettrés, dans leur erreur obstinée, considéraient la perte des livres comme those indifférente (1). Par contre, les livres mandchous enseignés sont clairs dans leurs détails. Les lettres répondant aux sons, aux mots, un à un, on peut ainsi mettre en rapport les diffé- rents termes, le vrai et le faux, pénétrer et faire connaître le sens fondamental. (4) Litt. : prétendaient por si on brülait les livres, ils subsisteraient encore. Nasaha = Ch. fa. (105 7). ( 344 ) Aussi, dès qu’un livre en cette langue a paru, si on lit seulement une fois, en l’y comparant, le texte originaire, il n'est plus besoin de commentaire; la pensée cachée sous les mots apparaît claire dans toute sa profondeur. S'il en est ainsi de tous les kings en général, c'est bien plus évident encore du Yi de Tcheou, Car ce livre parfait la manifestation du eceur des quatre saints (1) et ouvre la source des textes et des termes, des pensées de tous les âges. (Il nous fait connaître clairement) les sages d’autre- fois (et leurs maximes) qui, s’y manifestant clairement, enseignent sagement (leur descendance). A bien en considérer le tout et chaque partie, il n'y a que trois choses: les principes (2), les formes (5) et les nombres (4), mais rien au delà. Les commentateurs ont ` commencé tous par là, sans dévier de ce principe. Tcheng-tze et Shao-tze (5), d’une science profonde, ont envisagé de cette manière les textes principaux à expli- quer. Après eux, on a mis au premier rang la recherche des principes et l’on est tombé dans le vide et le vain. Ceux qui, d'autre part, ont mis les figures et les nom- bres au-dessus de tout se sont égarés dans des voies détournées. (1) Les empereurs Shun et Yu, Tcheou-kong, frère de Wou-Wang, et Kong-fou-tze. i (2) Les idées exprimées dans les sentences du Yi-king. (3) Les hexagrammes qui figurent en tète de chaque chapitre (4) Le chiffre d'ordre zr six lignes et surtout leur ae de pleine ou coupée — —, désig par les chiffres get 6. (5) Tcheng-tze, iere Armen du XIe siècle (1032-1085, fonda- teur de l'École e. Shao-tze, (1014-1077), célèbre par un commentaire du vi. La mon livre : l École arbres moderne de la Chine. (MÉM. DE L'Acap. ROY. DE BELGIQUE, t. XLVII.) na da sie pt ES nt en ds ( 345 ) Si, au contraire, on s'attache fidèlement au texte pour le commenter et qu’ainsi l’on cherche des termes appro- priés, un sens contenu certainement dans le texte, com- ment rencontrerait-on encore des difficultés ? i on étudie à loisir les anciennes interprétations, malgré leur vaste étendue, on trouvera que les noms des kuas, les textes des commentaires Twan, Siang, Hi-tze, Shwo-kua, Sze-kua et Li-kua (1) ont été expliqués seule- ment quant aux sons chinois et que le sens n’en a jamais été éclairci. C’est pourquoi, désirant être utile aux étu- diants futurs, Nous avons chargé les fonctionnaires de l'Office de traduction, après avoir achevé le Shu-king, d'étudier avec soin le Yi-king. Puis, travaillant sans épargner nos peines répétées, souvent Jusqu'au milieu de la nuit, nous avons fait exécuter cette œuvre point par point et d’une manière sûre. Alors, les figures et les nombres étant élucidés, leurs complications ne rebutent plus. L’essentiel du sens des sentences étant éclairci, leur simplicité, leur convenance ne laissent plus paraître de défaut. Ainsi pour tous les chapitres, pour toutes les sentences, l'explication fut complète. Il wy a donc plus lieu de s'en tenir encore aux com- mentaires de Tchiao-kan, de Wang-pi (2), ni aux livres merveilleux de Yang-hiong, ni à ce qui a été écrit sous les Wei, les Yuen ou les Song, ni aux autres ouvrages, insignifiants ou erronés, dont les auteurs ont voulu scruter le vide ou pénétrer jusqu'aux suprêmes hauteurs. Il n'y a plus lieu d'en tenir compte. (1) Les commentaires adjoints au texte dans toutes les éditions modernes. Voir mon Yih-king. (IBip., t. XLVIL.) (2) Célèbres commentateurs du dernier et du IIIe siècle A. C. ( 546 ) Aussi, pour expliquer le texte originaire, il n’y a plus qu’à rejeter toute espèce de commentaires (antérieurs) (4) et à s'attacher au sens fondamental primitif (du livre, que donne la traduction mandchoue). En tout cas, on n’y arri- vera pas en employant un commentaire sans discerne- ment. J'ai fait cette préface quand le livre a été achevé. Du K'ien-long, la 50° année, au mois médial de l'au- tomne (1765). Texte mandchou. Nomun tacire urse, hon sume ulhire be bairako ufaracun bihe ci, muritai sume ulhire gisun teni ereci banjinahabi. Nikan bithe gemu uttu; manjurame ubaliyamburengge ereci encu. Nikan bithe oei ning- gun nomun i toktoho gisun be, ici acabume teodenjeme baïtalame ; terei gonin be s’umilame ulhire be baiburakô. Terei gisun be inu ainame acanjame gaiei ombi. Amala ishunde buhiveme gisurendu- hei, da be jurcefi sekiyen ci aljafi, ulhiyen i suhe gisun getuhen oho gojime, nomun i jorin burubure de isinafi, murtashôn be tuwanci- hiyara urse bithe be deijici, bithe taksimbi seme nasaha bihebi. Manju bithe oci, neileme tuciburengge narhôn getuken ofi emu gisun emu hergenci aname, untuhun yargiyan be teherebume acana- bume, da sekiyen be hafukiyame tuciburakôngge ako. Fiyelen banjiha manggi, damu da bithe be tuwame emgeri hôlaci, suhe hergen baïburako; somishôn gònin shuwe hafu yooni tucinjimbi. Geren nomun gemu uttu bime, jeu gurun í jijungge nomun ele iletu. Ainci jijungge nomun bithe duin enduringge mujilen i ulan be yong- giyafi tumen jalan i bithe hergen i sekiyen be neihengge. Nenehe Denn (1) Litt. : on y arrivera en n’employant pas un seul, ete. y pio) ( 347 ) saisa aifini getukeleme tucibume leolehebi. Terei shoshohon be kim- cici, giyan, arbun, ton ere ilan hacin ci tucinerako. Nomun be sure urse , uthai uttu tuttu seme memereme deribuhebi, Tcheng tze, Shoo tze, hafuka saisa bime, hopo meimeni cohotoi taciha babe tuwakiyaha bihe kai. Ereci fusihôn urse, giyan be da ararangge, uthai untuhunde dosinambi. Arbun, ton be da ararangge embiei shu- dere de ufarambi; nomun be dahame suhen sindafi gisun re jorin baktim binii be baiki seci, ai yala yala absi mangga Sholo de fe ubaliyambuha bithe be tuwaci, amba dursun ah tuwarame baktambuha bicibe, damu Jijuhan i gebu, Lashalaha ula- UN vws i jergi gisun be an i nikan hergen i mudan de acabume araha, umai gonin gaime ubaliyambuhako. Tuttu, Bi amaga tacire urse de tusa okini seme, bithe ubaliyambure booi ambasa de afabufi, dasan i nomun be icihiyame wajiha manggi, jijungge nomun be gônin akômbume fukashame kimeime, ilhi aname narhôshame ubaliyambufi, tuwambume wesimbubufi, dabtame sib- kire be eimenderako, kemuni dobori dulin de isitala, toktobume dasaha. Ede arbun, ton iletu ofi umesi largin bime eimeburako. _ Giyan i oyonggo ba getuken ofi, umesi ja umesi boljonggo bime daba- reel uthai fiyelen gisun i dorgide sume giyangnarangge baktam- b . Udu Jiyoo K'en, Wang bi i araha jurgan kooli be seme, memereci ojorako bade, Yang hiong ni araha amba ferguwecuke nomun, Wei, Yuen, Song ni araha eikengge baktabun i bithe, jai kumdu be somibuha, ten be hafumbuha bithei kooli durun i subsi suwaliyata ningge be, geli ai dabure babi. reni bithe be neileme tucibure ohode geren hacin i suhen be ashôme waliyaf, gemu ini eisui da gônin be dahôbuci ombi dere, Eiterecibe emu suhen be suwalyanajame baitalahako de bahangge uttu. Bithe shangnaha be dahame shutucin araha. Abkai Wehivehe gosici aniya bolori dulimba i biya. ( 348 ) III. — TRADUCTION DE LA VERSION MANDCHOUE ET TEXTE. Kua I. — Guru. Principe actif, fort; ciel. Hexagramme —= IA Principe actif, dessus et dessous. Texte I. — Principe actif : originaire, développant, tenant convenablement, donnant la perfection (1). Texre Il. 1" ligne pleine (2). — Dragon caché dans l'abime ne peut être mis en action (5). 2° ligne pleine. — Le dragon qui se manifeste est dans les champs. C'est le (temps) convenable pour aborder les grands, le chef. 5° ligne pleine. — L'homme supérieur tout le long du jour est actif, vigilant. Pendant la nuit il est (encore) attentif, craintif. S'il survient un danger, c'est sans reproche (ou : sans dommage). 4° ligne pleine. — S'il se soulève, s'agite dans l'abime, il est sans nuisance. 5° ligne pleine. — Le dragon volant est dans le ciel. 6° ligne pleine. — Le dragon gagnant le dessus par force, il y a regret, dommage. Bien que beaucoup de dragons se montrent, s'ils sont sans tête, c’est un présage heureux. Mandchou. — 1. Butuha muduri ume baitalara 2. Ile das muduri tala de bi. Yekengge niyalmahe acaci acangga. aisa inenggidari seremsheme — , Yamjidari olhoshombi Tuksicuke bicibe endebuku akô. tn — (1) Ikengge, ne acangga, jekdungge (baita i cikten et baita be mutembi, a (2) Litt. : ba oi du vang (3) Litt. : ne faites pas agir. Ees traducteurs ont adopté le sens prohibitif, peu usité; il n'y a pas de signe de ponctuation apr ès mé « barer »; c’est lui qui est sujet logique. Litt. : « dragon abim (349) MA TRADUCTION DU TEXTE CHINOIS. (En anglais.) Kua I. — Kien. Principe actif, moteur, fort, céleste. Texte I. — Ce principe donne l’origine, développe, maintient et complète tout. Texre H. — 4. Le dragon dans l’abime est inactif, sans produit. 2. Le dragon qui se montre est dans les champs; il est opportun d'aborder les grands (1). 5. L'homme supérieur est actif et vigilant tout le long du jour. Même la nuit, il est attentif à son devoir. Le danger survenant ne produit aucun résultat fàcheux. 4. Le dragon qui s’agite dans l’abime ne fait aucun tort. 5. Le dragon volant habite dans le ciel. 6. Le dragon qui se soulève, lutte (2), est cause de dommage, de regrets. Voir (5) beaucoup de dragons sans tête est un heureux Mae A Es muduri ; PER T. Geren muduri iletulecibe AE akô oei sain. (1) Cela peut signifier aussi : « L'utilité, la bienfaisance montre le grand homme. » Li kien ta jin a les deux sens. Li = « avantageux » et «avantage ; bienfaisance ». Kien = « voir » et a faire voir ». (2) Ce mot a les divers sens donnés par les deux versions. (3) Ou : « se montrant ». Les Chinois ont préféré cette tournure, Kien est aussi bien « voir » que « vu ». Le chinois n’a que « voir (ou : vu) dragon sans tête; bonheur ». STP SÉRIE, TOME XXXII. 25 ( 350 ) Kua V. — Su. ALAN == F- Obstacle, fermeté dans le danger, endurance. Texre I. — Qui est sincère et ferme (4) a brillant succès, achèvement heureux ; il peut traverser les grands fleuves, les grandes difficultés. Texte I. — 1. Fermeté dans (les dangers de) la vaste étendue ; il convient d’user de constance, de fermeté; (on sera) sans reproche, sans dommage. 2. Fermeté dans un banc de sable; si même il y a des pourparlers (des difficultés), l'issue sera heureuse (à la fin, bonheur). 5. Fermeté dans une fondrière; cela fait venir les voleurs. 4. Fermeté dans le sang (quand) on sort d'une caverne. 5. Fermeté quant au boire et au manger (aux banquets) ; si l’on est tempérant, ce sera bonheur. 6. En entrant dans une caverne; trois hôtes non invi- tés arrivent ; si on les traite avec respect, la fin sera heu- reuse. andchou. — 1. Aliyan, ee à dl bi (4); eldengge hafungga, jek- dune sain. Amba bira be dooc . Tala de doit (1), der be baitalaci acangga, endebuku aks: 2. Yonggan de aliyambi; majige gisun bi seme, dubede sain. AS aM (4) Forme personnelle sans sujet, répondant à une proposition générale, hypothétique. (351) Kua V, — Su. Obstacle, fermeté dans le danger. Texte I. — L'homme droit et ferme aura un brillant succès et un heureux achèvement; il saura traverser les grandes difficultés. Texre IL — 1. Fermeté dans le danger dans une con- trée lointaine, étendue. Avec prudence et fermeté, on en sortira sans dommage. 2. Fermeté (obstacle) sur un bane de sable, un récif; on pourra en sortir avec quelque peine (quelque pour- parler). | 5. Fermeté dans une fondrière. Les voleurs survenant atteindront. 4. Fermeté dans le sang ; en sortant d'une caverne. 5. Fermeté à des banquets; on sera heureux, si l’on est modéré. 6. Fermeté en entrant dans une caverne. Si l’on ren- contre subitement même trois hommes non attendus et qu'on les traite avec égard, le bonheur suivra à la fin. 3. Lifahan de alivambi, sa: be pen (1). 4. Senggi de aliygmbi, yeruci tuc en 5. Nure jeku i aliyambi, dei dei . Yeru de se solihako ire in niyalma jimbi. ., ging- guleci dubede sair (1) Cette phrase en chinois peut avoir deux sens F4 A $ « faire les voleurs venir », ou bien : « les voleurs arrivant atteignent ». ( 352 ) Kua VII. — Sze, coona = = HE, Chef, armée, foule. Texte J. — Le chef (4) parfait est heureux et sans faute. Com. Twan. Sze, cooha, c'est la foule. Sa perfection est la rectitude. Il peut ainsi rendre le peuple juste, il peut être roi. (Ainsi) le fort est au terme et atteint son but. S'il tombe dans un danger, il se conforme aux circon- stances ; et si même il ravage le monde, le peuple se sou- met; il réussit. Ainsi comment aurait-il du regret? Texte IE. — 4. Si une armée entre en campagne, suivez les lois. Si elle n’agit pas bien, elle aura malheur. 2. Si (le chef) est à l’armée et en est le milieu (2), il y aura bon succès et pas de faute. Le roi doit faire des- cendre ses ordres trois fois. 5. Si, à l’armée, (il est comme) un cadavre (5) dans quelque char, c'est fatal. Mandchou. — I. Jekdungge sengge niyalma (4) sain, endebuku akò. Com. Cooha sehengge, geren be. ekdungge sehengge, tob be; geren be tob obume muteei, han oci ombi. Gangga, dulimba bime teisu- lehebi. Olhoeuka de vabumbime, dahashôn. Ereni abka-i fejergingge be jobobucibe, ergen dahambi; sain ombi. Geli ai endebuku ? (4) Senior = Tchang-jin. — Sengge niyalma. (2) Qu bien : est au milieu (moral). Mais le Comm. siang prouve qu'il s’agit de la position du chef rh 47 41: (3) La sentence prouve que c’est bien le sens. ( 353 ) Kua VII. — Chef, armée, foule, peuple. Texre I. — Le chef expérimenté est heureux et ne commet pas de faute. Com. Sze désigne le peuple dont le bonheur procède de la justice ferme. Par là on peut corriger le peuple et exercer le pouvoir. Ainsi le fort atteint son but. Dans le danger des guerres, il se conforme aux faits, il peut con- quérir (ravager) le monde; le peuple se soumet, il a le succès. Comment le chagrin l’atteindrait-il ? Texte Il. — 4. Une armée faisant la guerre selon (4) les règles, réussira. Si elle viole les lois, il lui arrivera malheur. 2. Si le chef est au milieu de ses troupes, tout réus- sira sans erreur. Il doit répéter ses ordres trois fois (pour être sûr d’être entendu). 5. S'il est comme un cadavre dans un char, ce sera fatal. IT. 1. Cooha tucici, fafun be daha. Sain ako oci, ehe ombi. 2. Cooha de bifi, dolimba oci, sain; endebuku ako. Han ilan jergi hese wasimbumbi. 3. Cooha de, ememu sejen de giran tebumbi ; ehe. (A) Le chinois signifie également « suivre » et « selon ». ( 354 ) 4. Que l’armée fasse halte en se retirant; cela se fait sans faute (c’est bien). 5. Si la campagne a du gibier, il convient qu’on dise (1) de le capturer. (On le fera) sans faute. Le fils ainé, le prince héritier doit conduire l’armée (2). Si les cadets sont des cadavres dans leurs chars, bien que justes, il y aura malheur. 6. Le mandat du ciel appartient au grand prince, il institue un État, il établit une dynastie; un homme vul- gaire (pour cela), ne lemployez pas. 4. Cooha bederefi tatambi, endebuku ak6. 5. Usin de gurgu bi, jafanambi seci acangga; endebuku ako. Ahôngga jui de cooha kadalabu. Deote juse oci, sejen de giran tebumbi. Jekdungge bicibe, ehe. (1) Tournure mandchoue. 5 (2) Litt. : Faites conduire l’armée par…, ou : Armée, sois conduite par... ( 355 ) 4. L'armée doit faire halte et se retirer, pour éviter toute faute. 5. Si (l'armée est) dans une campagne pleine de gibier, il sera bien de le prendre. — Le prince héritier doit con- duire l’armée et se tenir au milieu. Si les cadets sont comme des cadavres dans leurs chars (négligents et lâches), il y aura malheur. 6. Un grand prince qui a reçu mission du ciel, institue heureusement un État fort et sa dynastie. Un homme vul- gaire ne peut servir à cela. 6. Amba ején de hese bi, gurun neimbi, boo bumbi. Buya niyalma ume baitalara (1). (1) Ces phrases prouvent que le complément direct se construit aussi sans be. Le chinois a ma construction (ta kiun yen ming). Mais le génie du mandehou en nécessite une autre. ( 356 ) Kua XIII. — (Tonc-1ix) NIYALMA 1 UHETUN (1). Union des hommes === F] K- Texte I. — L'union entre les hommes, si elle existe (2) dans la campagne, elle prospère; on peut traverser le grand fleuve (des difficultés). Cela convient pour le per- fectionnement de l’homme supérieur. Texte I. — 4. L'union des hommes à la maison est sans regret. 2. Cette union dans la famille est sans cause de blâme. 5. En temps de guerre, (l’homme d'union) se retire dans le désert ou monte sur une grande hautéur, et pen- dant trois ans ne se lève pas de là. 4. Quand il est monté dans sa citadelle, on ne peut l’attaquer (3); c’est heureux. 5. L'homme de concorde pleure d’abord avec bruit, puis sourit. Les grandes armées parviennent à s'entendre et à se rencontrer (pacifiquement). : 6. L'homme de concorde dans la banlieue (4) (au sacrifice Kiao) y est sans chagrin. Ma — L. Niyalma i untehun bigan de oci, ne Amba T p Aooei acangga. Ambasa saisa jekdungge z ite yalma i untehun dukade oci, endebuku 2. Mukôn de oci jabcacun ako. (1) Construction erronée. Le chinois ne peut signifier que « homme d'union », untehun i niyalma i (2) Cette construction conditionnelle prouve a les indicatifs en mbi peuvent et doivent se traduire de la même fa (3) L'homme de paix fuit les combats; il hi des maux de la guerre, mais retrouve la joie quand il T à rétablir la paix. (4) Kiao, lieu du sacrifice à Shang-ti ~ ( 387 ) Kua XIII. — L'homme de concorde. Texte Í. — Quand les gens de la campagne vivent en concorde, elle prospère et traverse les difficultés. L'homme supérieur atteint facilement sa perfection. Texte IL. — 4. L'homme de concorde, à la maison, sera sans regret. 2. (S'il va) dans sa famille, il sera sans blâme. 5. (Pour l'union) il cache ses armes et reste vigilant (4) il monte sur les hauteurs et pendant trois ans ne se lève pas de là. 4. Quand il est monté dans sa citadelle, on ne peut l’attaquer. 5. La concorde fait (que la joie succède aux pleurs), que l’on pleure, puis sourit. Ainsi les grandes armées (parties pour se combattre) se rencontrent pacifiquement. 6. E’homme de concorde, constant, sera sans peine au sacritice de la banlieue. 3. Dain, hali de buksimbi den munggan de tafanambi, ilan aniya otolo dekderako. erei hecende tafafi, afame muterako, s 5. Niyalma i uhetun; onggolo Ee seme ae El amala ijembi. Amba cooha etefi, ishunde acam . Nivalma i uhetun tada de da: aliyaeun ako. (4) Tei encore la différence provient uniquement de la multiplicité de sens des mots chinois. La valeur totale est la même. ( 358 ) Kua XLVIII. — TsiNc, Hein. Pun = JF i Texte I. — On peut changer de place une ville, on ne peut pas changer un puits. On ne le perd point, on ne acquiert point. Ceux qui y vont, qui en viennent, disent : Un puits! Un puits! Si sur le point d'atteindre l’eau, mais avant que la corde y arrive, le seau est brisé, c'est un malheur. Texte H. — 1. Un puits, s’il est sale, n’alimente pas; s'il est vieux, il n’a pas d'oiseaux. 2. Un puits troué donne passage aux petits poissons; un vase fendu laisse échapper l’eau. 5. Un puits boueux (1) n’alimente plus. Nos cœurs s’en affligent; on pourrait cependant s'en servir pour puiser de l’eau. Si le roi était intelligent, on pourrait géné- ralement en recueillir la prospérité. 4. Si on construit bien un puits, on sera sans blâme. 5. Quand un puits est pur, on boit sa source fraiche. 6. Prendre l’eau à un puits (2) et ne pas le fermer, c'est être droit, sincère, fondamentalement bon. Mandchou. — I. Hecen be guibuci ombi, hóein be guibuci ojorako ; ufararangge ako, jabsharangge ako. Genere jiterengge : hôein ! hôcin sembi. Nikneme hamifi, futa, hóein de isinara onggolo tamse hôwa- + p Hôcin duranggi ofi jeterakô ; hôcin fe ofi, gashan akô. (1) JE signifie à la fois : nettoyé et sale, boueux. Le second sens est le seul possible; bolgo est ici un lapsus calami amené par le $ >. (2) Le mot chinois sheù (66.2) signifie « recevoir, assembler » à « prendre »; « qui reçoit l'eau » ou bien « où on la puise ». De là les différences. Kua XLVIII. — Tsé. Puits. Texre I. — On peut changer de place une ville, mais pas un puits. On ne peut le perdre ni l’acquérir. On y va, on y vient, on l'emploie comme puits (4). Si avant que la corde atteigne l’eau, on brise le seau, c'est malheur. Texte IL. — 1. Un puits boueux ne peut fournir la boisson (2); un puits vieux (desséché) n’a point d'oiseaux (ne les attire pas). 2. Un puits troué qui laisse passer les poissons ou dont le vase fêlé laisse échapper l’eau, ne peut plus servir. 5. Un puits boueux ne donne plus de l’eau (5). Nos cœurs sont affligés, car on pouvait puiser de l’eau et s’en servir. Si notre prince était éclairé, on pourrait en tirer de grands avantages. 4. Un puits bien construit est très utile. 5. Quand un puits est bien pur, on boit à sa source pure. 6. Un puits bien rempli et non recouvert, bouché, c'est le symbole de la sincérité et de la droiture. 2. ge nisuha de isinambi; mdr hôwajafi sabdambi. 3. H bolgo bime jeterako de, mini mujilen hairambi. Muke gaire be baal ombi. Han genggiyen dei uhei hôturi be alimbi. 4. Hôcin be sahambi, endebuku LA Hôcin bolgo, shakôrun sheri Les mbi. 6. Hôcin i muke be gaimbi, Hp dre unenggi bi keys si sain. (4) Le texte a tsing ising, qui peut signifier « puits, puits? » ou « a op comme pui (2) Litt. : N'alimente es, (3) Texte différent. ( 560 ) Kua LXIV. — Wei TSI, SHANGGARA UNDE. Non achevé, non réussi —= À BE. Texre I. — OEuvre, entreprise inachevée; se con- tinuant (comme) un jeune renard, ayant presque traversé un fleuve, se mouille la queue. Point de succès. Texre Il. — 1. Se mouiller la queue, l’enfoncer dans leau, c’est cause d’infortune. 2. Si on enfonce sa roue dans la boue (1) et qu'on la nettoie, c’est bien. 5. Si avant d’avoir achevé son œuvre on s’en va ailleurs, c'est mal. Si on se corrige, c’est bien. 4. Achever (2) est heureux, sans regret. (Ainsi Kao-tsong) répandant la terreur, attaqua la région des démons; au bout de trois ans, il acquit la possession parfaite d'un grand Etat. 5. La perfection est heureuse et sans regret (quand) dans l'éclat de l’homme supérieur il y a solide vérité; c'est heureux. 6. L'homme sincèrement vertueux quand il boit du vin est sans reproche. S'il y plonge sa tête, alors il perd la vérité de ce dire. Mandchou. — 1. Shanggara unde, persai lise dobi doome hamime. terei ueehen usihibumbi, acan ga IL. erei ueehen usibibumbi, jabeakun Fes 2 Terei tohoro faradambi. jekdungge oci, sain Shanggara unde de geneci ehe; jekdungge oci, sain 4. Jekdungge oci, sain, aliyacun ako. Durgime guei “fang ba be A int (1) Traduction me ren le mot chinois signifie « enlever ». @) Litt. : Si c'est achev (361) Kua LXIV. — Wei-rzr. Passage non achevé, etc. Texte I. — Succès compromis, œuvre inachevée, comme un jeune renard (en danger) en traversant une rivière se mouille la queue; ne réussit pas. Texre IL. — 1. La queue se mouillant dans l’eau, c’est une source de danger. 2. Si on enlève sa roue après le voyage, c'est bon succès. 5. Si avant d'avoir achevé son œuvre on cesse, c’est mal; si on se corrige, on triomphera des difficultés. 4. Heureux achèvement, sans regret, (est comme celui de Kao-tsong qui) attaqua la région des démons; après trois ans, il reçut sa récompense par la pomon d’un en État. L'achèvement est heureux et sans regret quand la dont du sage est pure et solide. 6. (1) Celui qui, sans détour, se plonge dans le vin, perd la droiture et le bonheur. Cox. Si celui qui boit du vin y plonge sa tête, c’est qu'il ne connait plus de mesure. dailanara be baitalambi. Ilan aniya i dubede, amba gurun i shang- naha bahanbi. 5. ekdungge oci sain, aliyacun ako. Ambasa saisa i elden de unenggi a 6. Une pi bit = omire “ut Begel ako. Terei uju usihibu tele, , unenggi bi sehei uru be ufara . Nure omire ich usibibuci, in komma be sarkô kai. . (ls Phrase omise comme inutile. ( 362 ) Kua III. — Joson. Difficultés, arrêts, etc. Texte I. — Difliciles commencement, développement, formation et achèvement. On ne peut agir utilement en quoi qu'on fasse (1). Il est bon (dans les difficultés) d’éta- blir des princes vassaux (pour aider le souverain). Texre IE. — 1. Pour s'établir fermement, durablement, il faut persister dans l'équité; il convient d'établir des princes vassaux. 2. Arrêté par les difficultés, dans l'anxiété, comme un cheval attelé et mis au joug (2). Un malfaiteur est impos- sible s'il demande une fille en mariage. Une jeune fille vertueuse ne consent pas ainsi; (qu'elle ait patience). Après dix ans, elle se mariera (et sera mère) (3). 5. À la chasse au cerf, sans veneur, si le gibier entre dans une forêt, le sage pénétrant l'opportunité (4), estime que le meilleur est de l'abandonner. S'il va à sa suite, il en aura repentir. Mandchou. — 1. Jobon, ikengge hafungga, si jekdungge. Ume yabure be haitalara. Goloi beise be ilibuci acang Il. 4. Aliyakiyame jibkeshembi, jekdungge de bici acangga. Goloi, etc. 2. Joboshoro adali, tathônjara adali, enjen i morin yaluha adali. he ree ig (1) à ne N'usez pas du agir (2) Monté (3) Voir NS „368, note (4) J'avais élagué ces in inutiles. 363 ) Kua III. — T'un, Difficultés, arrét, ete. (1). Texte I. — Commencement, développement, etc., arrêtés : sans utilité en tout ce que lon fait (2). Il est bon d'établir des princes vassaux. Texre H. — 1, Pour s'établir durablement, on doit se maintenir intègre, il est bon d'établir des princes vas- saux. 2. Arrêté par les difficultés comme un (guerrier dont le) cheval recule (3), comme une jeune fille vertueuse qu’un méchant demande en mariage; elle doit refuser. Elle pourra même après dix ans se marier et être mère (4). 5. Si le gibier chassé entre dans une forêt, le sage aime mieux l’abandonner (que de s'exposer au danger). S'il y va, il aura du regret. Bata ojorongge waka, niyama jafaki serengge. he jui jekdungge ofi angga aljarako. Juwan aniya ofi teni angga aljambi 3. Buho be abalara de buthai niyalma ako de, bujan i dolo dosika adali, ambasa saisa nashôn be saci, waliyara de isinako. (1) Je donne ce chapitre comme exemple d'interprétation un peu différente de passages dont le sens est vague et Re (2) Chin. Sans utilité, sans action quoi qu’on (3) Sens donné par Legge. C'est ue « ad contenu ». M. « monté », « tenu par son cavalie (4) Constructions différentes de us vagues. Litt. : Pas un méchant épouser jeune fille vertueuse, pas se marier, être mère; après dix ans alors le sera. ( 564 ) 4. Si (une jeune fille) se marie après recherche régu- lière, si elle va ainsi, ce sera heureux. 5. Arrêt, difficulté, dans (le développement de) la sève d’une plante. (Dans les difficultés), l'achèvement (1) dans les petites réussit, dans les grandes, il échoue. 6. (Arrêté) comme un cheval mis au joug, on pleure à sang (2) (on sanglote). 4. Enjen i morin yaluha adali, niyaman jafara be baire geneci sain, acangga akôngge ako. (1) Le mot chinois a ce sens, le mandchou se prête à la signification des mots chinois. Le chinois n’a que « en petit, en grand ». (2) Terme chinois équivalent à sangloter. ( 365 ) 4. Recherchée en mariage selon les règles, une jeune fille peut y aller, ce sera bien, cela lui sera avantageux. 5. Si la sève est arrêtée (dans une plante), si c’est en petit, l'achèvement (1) peut être heureux; si c'est en grand, il sera mauvais. 6. Arrêt, entrave comme (à) un cheval monté, capara- conné, cela fait répandre des larmes à sanglots (2). 5. Simen de jobon ojorongge, ajige de jekdungge oci sain, amba de jekdungge, ehe. 6. Enjen i morin songgoro de sengge soksire adali. (1) Tcheng = achèvement et intégrité. s ma traduction, j'ai changé l'ordre des sentences pour rétablir l'arrangement naturel et primitif. Sme SÉRIE, TOME XXXIIL. 24 ( 366 ) On ne songera point, je pense, à contester l'identité des deux traductions, de celle qui nous provient des Chinois eux-mêmes et de la mienne. Deux versions d’un texte clair faites par deux traducteurs différents ne se ressembleraient pas beaucoup mieux. Les divergences proviennent, je le répète, de la multiplicité des sens des mots chinois et du vague, de lamphibologie des phrases (1); elles se réduisent, du reste, à bien peu de chose. Je crois donc, non sans raison, avoir gagné ma cause devant le publie impartial. Il me reste à tirer les conclu- sions de ces prémisses, en ce qui concerne la nature du Yi-king. IV. — LE CONTENU DU YI-KING ET SON MODE D'EMPLOI. Le Yi-king est une collection de textes, de phrases servant à la divination. II se compose de soixante-quatre chapitres ayant chacun un en-tête et un double texte : le premier formé d’une ou de plusieurs sentences consti- tuant un ensemble, et le second, de six sentences sépa- rées et numérotées; phrases complètes ou lambeaux de phrases. L'en-tête comprend un mot désignant le sujet principal du groupe de phrases et une figure composée de six lignes droites superposées, dont les unes sont pleines et les autres coupées par le milieu; —— et — —. td (1) On sait que le même mot peut être nom, adjectif, verbe actif et factitif, participe, etc. Ainsi Kien long peut signifier « voir un dra- gon », « un dragon vu, se montrant », etc. ( 367 ) Quand on veut consulter le sort, on cherche une figure et dans cette figure une ligne pour tirer la réponse de la sentence correspondant, par son chiffre, à cette ligne. La désignation de la figure et de la ligne qui indique l’oracle céleste, se fait de la manière suivante : on prend en main quarante-neuf branches de mille-feuilles (plante réputée intelligente) et par un certain jeu de ces baguettes, on trouve le chiffre d’un premier kua. Par le même jeu, très long et très compliqué, on cherche un second kua, et Cest la différence existant entre les lignes de ces deux hexagrammes qui indique la ligne et conséquem- ment la sentence que le sort donne comme réponse à la question posée. S'il n’y a qu'une ligne différente, c'est celle du premier kua qui désigne la sentence-réponse. S'il y en a deux, c’est la plus haut placée qui l'emporte. Par exemple, si l'on tombe aux kuas = = et = =, c’est la seconde ligne — — du premier qui détermine le choix de la sentence. Les autres changements ont aussi leurs règles qu'il serait trop long d'exposer en détail. Pour le cas indiqué, il s'agit du kua XXI dont la seconde sentence porte : « Si on tenaille (un malfaiteur) et lui coupe le nez, c’est bien. » Cette réponse trouvée, c'est au devin à en expli- quer le sens et à en tirer l’augure, qu’il dit favorable ou défavorable selon sa fantaisie. Il pourra dire, par exemple, que la mention d'un supplice est une annonce de malheur, d'insuccès, ou bien que l'approbation donnée au châtiment permet de prévoir une réussite conforme aux désirs de l'intéressé. Pour rendre la chose plus claire, il sera bon de rap- porter quelque fait historique qui mette sous les yeux la ( 368 ) pratique du système divinatoire dont le Yi-king est l'instrument. En voici un bien authentique, relaté dans les annales dites Tso-tchuen ; c'est aussi la première mention du Vi-king qui soit faite dans les livres chinois. C'était en l'an 676 avant notre ère. Le prince Li de Tsin venait d'avoir un fils; un astrologue de Teheou se présenta à sa cour pour le féliciter de cet heureux événe- ment, portant avec lui le Yi-king. Li, informé de ce fait, pria son hôte de tirer l’horoscope du nouveau-né. L’astro- logue se mit aussitôt à la besogne et tira les deux kuas Kuán (26) et Pi (12) = = =, La différence était à la quatrième ligne en comptant d'en bas; notre homme prit donc la quatrième sentence du kua Kuån, ainsi conçue : « Contempler l'éclat d’un royaume. Il est avantageux d'être Phôte d'un roi. » Il en conclut à un résultat heu- reux, à un horoscope favorable pour le jeune prince. Autre exemple. L'an IX, la femme du due Siuen de Lou était enfermée au palais. Elle consulte un devin pour savoir si elle en sortirait un jour. Le devin fit sortir le kua Sui et dit en le regardant : « Sui signifie sortir; la princesse sera délivrée, » On se demandera sans doute quel est le compilateur du Yi-king, quand et comment ces textes, ces phrases éparses ont été recueillies pour en composer ce fonds d’horoscopie où elles ont été puisées. Il n’est malheureusement pas pos- sible de répondre à aucune de ces questions. Nous ne possédons à ce sujet aucun renseignement digne de foi. Le peu que la tradition en rapporte est d'une fausseté évidente, comme je l'ai précédemment démontré. Tout ce que nous en savons avec certitude, c'est que le yi était déjà formé en lan 676 avant J.-C., qu'il était en usage dans l’État impérial de Teheou, « l'Ile-de-France » ( 569 \ de la Chine à cette époque, et que, tout en étant constitué sur le modèle de celui qui est parvenu jusqu'à nous, il en différait dans les détails. Certaines phrases reproduites au Tso-tchuen ne se trouvent plus dans le texte actuel. Y a-t-il entre les sentences et les lignes des figures ces rapports que les commentateurs ont voulu y trou- ver et qui auraient pu déterminer le choix des phrases à insérer dans le recueil ? Cela se peut pour quelques-unes; mais en général ces rapprochements sont cherchés trop loin, trop peu naturels pour avoir été dans la pensée des compilateurs. Ceux-ci ont plutôt eu en vue les en-tête, les sujets des chapitres sous lesquels ils ont groupé et rangé les phrases prises un peu partout. En Il y avait encore en Chine deux autres livres de divi- nation, composés également de fragments détachés, mais ils ont péri dans l'incendie des livres. A cela se bornent les données certaines; pour tout le reste, nous ne pouvons que confesser une complète igno- rance. Les Chinois n’en savent pas plus que nous. N. Je compte publier prochainement la version mand- choue avec une traduction littérale, puis une étude sur les figures ou kuas. 5"° SÉRIE, TOME XXXIIL 24. (570 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 6 août 1896. M. Tu. Rapoux, directeur. M. le chevalier Epmonp Marca, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Ed. Fétis, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Joseph Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, G. Huberti, A. Hennebicq, Ed. Van Even, Ch. Tardieu, Alfr. Cluyse- naar, J. Winders, H. Maquet, membres; Flor. van Duyse, correspondant. MM. A. De Vriendt et E. Janlet s'exeusent, par écrit, de ne pouvoir assister à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics (administration des beaux-arts) fait parvenir : 1° Une copie du procès-verbal du jugement du grand concours d'architecture de cette année : Le grand prix a été décerné à M. Augustin Cols, élève de l'institut supérieur de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers ; Le jury a émis, à l'unanimité, le vœu de voir le Gouver- nement accorder une bourse de voyage à l'auteur du pee n° 4, mis hors concours ; (COTE) 2 Une requête par laquelle M. Vereecken, lauréat du grand concours d'architecture de 1895, sollicite l'autori- sation de différer les voyages qui lui sont imposés pour sa dernière année d'études. — Renvoi à la section d’architec- ture ; 5° Le premier rapport (troisième année d'études) et environ quarante planches formant le dernier envoi régle- mentaire de M. E. Lambot, boursier de la fondation Godecharle pour l'architecture en 1895. — Renvoi à la section d'architecture ; 4° Un rapport (séjour à Rome) de M. L. Mortelmans, lauréat du grand concours de musique de 1895. — Renvoi à MM. Huberti et F. van Duyse. — M. Égide Rombaux, prix de Rome pour la sculpture en 1891, adresse son septième rapport semestriel. — Renvoi à la section de sculpture. — M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l’Académie, un exemplaire des ouvrages intitulés comme il suit : OEuvres de Grétry, 20° livraison : Les deux Avares (édité par la Commission pour la publication des œuvres des grands musiciens du pays); Les écoles professionnelles et les écoles d'art industriel en Allemagne, etc. ; par Omer Buyse ; L'Art flamand. Les gothiques et les romanistes, ouvrage illustré de photogravures d'après les œuvres des maîtres ; par Jules Du Jardin. — Remerciements. (372) RAPPORTS. Il est donné lecture des appréciations : 4° De MM. Huberti, Gevaert et Radoux sur le second acte de la Fiancée d’ Abydos, partition de M. Paul Lebrun, lauréat du grand concours de musique de 1891 ; et sur un Voyage en Autriche du même lauréat ; 2e De MM. Huberti et F. van Duyse sur la partition Helios de M. L. Mortelmans, lauréat du concours précité, en 1895 ; 5° De MM. Hymans, Robie, Hennebicq et Cluysenaar sur le premier rapport de M. Jean Delville, lauréat du grand concours de peinture de 1895. Ces appréciations seront adressées en copie au Gouver- nement. Pee OUVRAGES PREÉSENTES. Bambeke (Ch. Van). P.J. Van Beneden, 1809-1894. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (18 p.). — Description d’un mycélium membraneux. Gand, 1896; extr. in-8° (13 p. et 8 pl). Heger (Paul). Institut Solvay. Travaux de laboratoire, fascicule fer. Bruxelles, 1896; in-8° (32 p…. Laurent (Emile). Rapport sur un voyage agronomique autour du Congo. Bruxelles, 1896 ; extr. in-8° (52 p.). De Wildeman (E. ). Flore des algues de Belgique. Bru- xelles-Paris, 1896; in-8° (xx1x-485 p., fig.). de Jonghe (V'° Baudouin). Un denier inédit de Pepin le Bref. Bruxelles, 1896; in-8° (4 p.). Du Jardin (Jules). L'Art flamand. Les gothiques et les (375) romanistes, ouvrage illustré de photogravures d’après lcs œuvres originales des maîtres. Dessins dans le texte pa Josef Middeleer. Bruxelles, 1896; vol. in-4° (214 p.). Vanden Corput (le D'). Le poison alcool. Nouvelles con- sidérations à propos de « alcoolisme ». Bruxelles, 1895 ; extr. in-8° (27 — La loi de Taod. Discours prononcé au Sénat le 13 mars 1896. Bruxelles, 1896 ; in-8° (16 p.). — Bruxellensia. Croquis artistiques et historiques. Bru- xelles, 1896 ; in-4° (15 p.). Buyse (Omer). Les écoles professionnelles et les écoles d'art industriel en Allemagne et en Autriche. Le dessin dans les écoles primaires et moyennes. Schaerbeek, 1896; pet. in-8° (320 p.). Grétry. OEuvres : 20° livraison. Les deux Avares, opéra bouffon en deux actes. Leipzig et Bruxelles, [1896]; in-4°. Wannijn (Jean). Eene radicale hervorming in het onder- wijs der moderne talen. De voorstellingsmethode. Gand, 1896 ; in-8° (60 p.). Toussaint (le chanoine). Poésies chrétiennes. Namur, 1896 ; in-8° (94 p.). Vincent (J.). Examen critique de la carte pluviométrique de la Belgique de M. A. Lancaster. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (30 p.). BruxeLLes. Ministère de l'Industrie et du Travail. Travail du dimanche, volume I : Belgique, étabiissements indus- triels (non compris les mines, minières et carrières). 1896. Tournai. Fédération archéologique et historique. Compte rendu des travaux du dixième Congrès tenu à Tournai du au 8 août 1895. 1896. FRANCE. Lefévre-Pontalis. Les élections en Espagne. Paris, 1896; extr. in-8° (12 p.). (374) Gaudry (Albert). Essai de paléontologie philosophique. Ouvrages faisant suite aux enchaînements du monde animal dans les temps géologiques. Paris, 1896; in-8° (230 p., 204 fig.). Pascaud (Henri). Les droits des femmes dans la vie civile et familiale. Paris, 1896; extr. in-8° (24 p.). — Les aliénés dits criminels et les mesures législatives dont ils peuvent être l’objet. Paris, 1896; in-8° (21 p.). Besançon. Académie des sciences. Mémoires et documents inédits, tome VII. 1876. CuauBéry. Sociélé d'histoire et d'archéologie. Mémoires et documents, tome XXXIV. 1895. Paris. Bibliothèque nationale. Catalogue de l’histoire de France : table des auteurs. Catalogue des manuscrits français, tome IV. 1895; 2 vol. in-4°. Ministère de la Guerre. Catalogue de la bibliothèque, tome VIII. 1893. École polytechnique. Journal, 2e série, 4° cahier. 1895 ; in-4°, Ministère de l Instruction publique. Documents inédits : Remontrances du parlement de Paris au XVIIe siècle (Jules Flammermont et Maurice Tourneux), tome IE. 1895; in-4°. — Rôles gascons, transcrits et publiés par Charles Bé- mont. Supplément au tome ler. 1896; in-4°. Académie des sciences. OEuvres de Laplace, tome XI. 1895; in-4e. Société des antiquaires. Bulletin ct Mémoires, 6° série, tome IV : Mémoires, 1893. Table alphabétique des publica- tions, 1807 à 1839 (Robert de Lasteyrie et Maurice Prou’. 1894 er Société des études historiques. Revue, 61° année. 1895. Saint-Omer. Société des antiquaires de la Morinic. Mémoires, tome XXII (1893-96). 1896. — Le cartulaire de Saint-Barthélemy de Béthune publié (375) ou analysé avec extraits textuels et précédé d’une intro- duction, par le comte A. de Loisne. 1895; in-4°. Tovrouse. Académie de législation. Recueil, 1894-95. a GRANDE-BRETAGNE ET COLONIES BRITANNIQUES. Boyle (David). Archaeological report, 1894-95. Appendix to the report of the minister of education Ontario. Toronto, 1896; in-8° (79 p.). Clark (J.-M.). The functions of a great university. Toronto, 1896; in-8° (18 p.). Mapnras. Government Museum. Bulletin, 1-4, 1894-96. MerpourneE. Royal Society of Victoria. Transactions, vol. IV. 1895; in-4. Oxrorp. Observatory. Results of observations, 1888-89. 1896. ITALIE. Luxoro(T.). La premiazione nelle belle arti e Peducazione arlistica nella coltura generale. Florence, 1896; in-8° (56 p.). Brescia, Ateneo. Commentari, 1895. Lucques. R. Accademia di scienze, lettere ed arti. Atti, tome XXVIII. 1895. Mia. R. Istituto Lombardo di scienze e lettere. Rendi- conti, vol. XXVIII, 1895. — R. Accademia di belle arti. Atti, 4890-94, 41893-96; 2 vol. gr. in-8°. Napres. R. Istituto d'incorraggiamento. Atti, 4° serie, vol. VIII In-4°, Roue. R. Comitato geologico. Bollettino, 1895. Turin. R. Accademia delle scienze. Memorie, tomo XLV. 1896; in-4°, 570.) PAYS DIVERS. Haliburton (R. G.). Dwarf survivals, and traditions as to pygmy races. Salem, 1895 ; extr. in-8° (12 p.). Ramirez (Santiago). Datos para la historia del colegio de mineria. Mexico, 1890; in-8° (496 p.). Wolfer (A). Zur Bestimmung der Rotationszeit der Sonne. Zurich, 1596; extr. in-8° (15 p.). Lütken (Dr Chr.-Fr.). E Museo Lundii. En Samling af Afhandlinger om de i det indre Brasiliens Kalkstenshuler, If, 2. Copenhague, 1895-96; in-4° (130 p , pl.). Buéxnos-Avres. Direction de la statistique. Annuaire sta- tistique de la ville de Buénos-Ayres, 1895; in-8° Levoe. Maatschappij der nederlandsche letterkunde. G. Van der Schueren’s Teutonista of Duytschlender (J. Verdam). Leyde, 1896; in-8°, Mirau. Gesellschaft für Literatur und Kunst. Sitzungs- berichte, 1895. SrocknoLM. Finlands geologiska Undersökning. Beskrif- ning till Kartbladen nes 27, 28, 29, och 30-31, 1896; 4 br. in-8° avec cartes. Srockuoum. K. Vetenskaps Akademien. Handlingar, Ban- det 27. 1895-96; in-4°. Tirus. Physikalisches Observatorium. Beobachtungen der Temperatur des Erdbodens, 1890. In-8°. — Beobachtungen im Jahre 1894. In-4°, grs BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1896. — Ne 9-10, CLASSE DES SCIENCES. Séance du 10 octobre 1896. M. Ar. BriaLmont, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Eom. Marcusar, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alfr. Gilkinet, vice-directeur ; le baron de Selys Longchamps, G. Dewalque, Gluge, E. Candèze, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, L. Henry, M. Mour- lon, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, H. Valerius, L. Fredericq, membres ; Ch. de la Vallée Poussin, associé; L. Errera, J. Neuberg, A. Jo- rissen, M. Delacre et Julien Fraipont, correspondants. 5°"* SÉRIE, TOME XXXII. 25 (378) CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un profond sentiment de regret la perte qu’elle vient de faire en la personne d’un de ses membres titulaires, M. Joseph-R.-L. Delbœuf, décédé à Bonn, le 13 août 1896. M. Brialmont, après avoir rappelé la part prise par M. Delbæuf aux travaux de l’Académie, fait connaître les motifs qui ont empêché celle-ci de parler aux funérailles. M. Gilkinet accepte de représenter l'Académie lors de la cérémonie qui aura lieu à l’Université de Liége. Une lettre de condoléance sera adressée à la famille du défunt. — La Classe prend ensuite notification de la mort d'Armand-Hippolyte-Louis Fizeau, né à Paris le 25 sep- tembre 1819, élu associé de la section des sciences mathématiques et physiques en 1890, décédé à Venteuil, près la Ferté-sous-Jouarre, le 18 septembre 1896. — M. Stephan Kekulé von Stradonitz remercie pour les sentiments de condoléance qui lui ont été adressés au sujet du décès de son père, associé de la Classe. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction . publique envoie, pour la bibliothèque de l’Académie, un exemplaire des ouvrages intitulés : te En Égypte, Palestine et Grèce. Notes et impressions; par le P. Portmans; 2 L'hypnotisme scientifique; par le Dr Crocq fils; (379 ) o Archives de biologie; tome XIV, 5° et 4° fascicules ; Flora Batava, 545° et 514° livraisons. — Remerciements. e Qt A — Hommages d'ouvrages : 1° A. Résultats des campagnes scientifiques, 10° fasc. ; B. Sur la deuxième campagne de la « Princesse Alice »; par S. A. Më le prince Albert [°"; 2° A. Sur l'hydratation de la pinacoline; B. Sur la constitution de la pinacoline; par Maurice Delacre; 5° Une pluie expérimentale. Lettre à M. Lancaster; par L. Errera; 4 Sur la présence du molybdène, du sélénium, du bis- muth, etc., dans le terrain houiller du pays de Liége; par A. Jorissen ; 5° Ueber den Fornix longus sive superior des Menschen ; par A. Kölliker, associé ; — Remerciements. — M. le chevalier A. de Longrée demande le dépôt dans les archives d’une note sur un aéroplane à ailes. — Accepté. — Par application de l'article 58 du règlement général, l’ordre de nomination des commissaires pour le mémoire de concours sur Les minéraux du sol belge (correspondance de la séance du 1°r août dernier) est réglé de la manière suivante : MM. Dewalque, de la Vallée Poussin et Renard. — Travaux manuscrits à l'examen : 1° Contribution à l'étude des phénomènes polaires des muscles; par le Dr E. Lahousse, professeur à l'Université de Gand. — Commissaires : MM. L. Fredericq et Plateau; ( 380 ) 2 Observations sur la respiration cutanée des Limnées et son influence sur leur croissance; par Victor Willem, chef des travaux pratiques de zoologie à l’Université de Gand. — Commissaires : MM. Plateau et Fredericg ; 5° Michel Adanson et son cabinet d'histoire naturelle ; par Alphonse Goovaerts, archiviste adjoint du royaume. — Commissaire : M. Crépin. Séance publique. M. Ch. de la Vallée Poussin donnera lecture d'un travail dans la séance publique de décembre, sur les Rap- ports de la géographie et de la géologie. — Remerciements. ÉLECTIONS. La Classe se constitue en comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidatures présentées par les sections pour les places vacantes. ET RAPPORTS. Etude de la synthèse du benzène par l'action du zinc-éthyle sur l'acétophénone (sixième communication); par Mau- rice Delacre, correspondant de l'Académie. Rapport de M. Louis Henry, premier commissaire. « Jai indiqué à diverses reprises, dans des rapports antérieurs, le but final que poursuit M. Delacre dans ses patientes recherches et les moyens par lesquels il espère y parvenir. (381 ) Je me crois donc autorisé à ne plus revenir sur cet objet. Sa présente communication, qui est la sixième que reçoit l’Académie sur ce sujet, est surtout consacrée à rendre compte d’une réaction curieuse au point de vue du processus général de l’isomérisation. Il s’agit de la transformation de la dypnopinacone en son isomère Phomodypnopinacone. Il est à remarquer que ces isomères se différencient par des réactions nettes qui établissent, sans doute possible selon M. Delacre, leur existence comme espèces chimiques définies. Un intérêt spécial s’attache done aux conditions dans lesquelles se forme et se décompose Phomodypnopinacone. De l'avis de M. Delacre, cette isomérisation constitue un fait d’un genre absolument nouveau. En réalité, notre savant confrère a constaté que la dyp- nopinacone, traitée par une solution de potasse alcoolique au 1/10 000 Se transforme en homodypnopinacone alors que celle-ci, sous l’action du même réactif, mais plus concentré, au 1/5 ooo, se détruit en revenant au composé primitif. Le mémoire de M. Delacre mentionne encore une synthèse nouvelle du noyau benzénique C; au moyen d’un alcool nouveau, l'alcool homodypnopinacolique. Dans l'ordre de ses recherches, l'auteur regarde cette synthèse comme très importante parce qu’elle permet d'arriver à un hydrocarbure de scission autre que la triphényl- benzine. L'étude de cet hydrocarbure nouveau et de ses relations avec celle-ci promet des résultats pleins d'in- térêt, au point de vue général du benzène. Le travail de M. Delacre est accompagné de documents ( 382 ) analytiques nombreux se rapportant aux composés déli- cats sur lesquels roule son mémoire actuel. Il se distingue par les mêmes qualités et le soin minutieux que l’on est habitué à constater dans ses publications antérieures. Je ne fais aucun doute de croire que, malgré l'intensité d'attention qu’elle nécessite, cette nouvelle communica- tion de M. Delacre ne soit favorablement accueillie par les chimistes, tant par ceux qui s'occupent des questions générales se rattachant à l’isomérie que par ceux installés à demeure dans le groupe aromatique. . J'ai donc l'honneur de proposer à l’Académie d'insérer dans son Bulletin le mémoire de M. Delacre, comme les précédents auxquels il fait suite. » M. Spring, second commissaire, se rallie, dit-il, aux conclusions du rapport de son savant confrère. Celles-ci sont adoptées par la Classe. Étude sur les effluves électriques et sur les rayons de Röntgen; par A. de Hemptinne. Rapport de M, P. De Heen, premier commissaire, « M. de Hemptinne s’est proposé, dans la communi- cation qu’il présente à l'Académie, d'étudier la vitesse de décomposition de l'ammoniaque sous l'influence de la décharge oscillante. Il étudie l'influence de divers facteurs, notamment l'influence du temps et de la pression, On remarque ce fait curieux que la vitesse de décomposition croit ou diminue avec le temps, suivant le cas où l’on se place. ( 383 ) S'il est aisé d'expliquer la diminution de vitesse de décomposition, l'interprétation que donne l'auteur de l'accroissement de cette vitesse me paraît difficile à saisir et à adopter. M. de Hemptinne étudie encore l'influence de la pression sur la limite de décomposition, l'influence de l'excès de l’un des gaz, enfin, un mélange d'azote et d'hydrogène. Tous ces résultats dont je ne veux nullement nier l’inté- rêt me paraissent extrêmement compliqués par suite de l'intervention des produits de la décomposition. A mon avis, l’auteur de cette communication aurait mieux fait de passer du simple au composé, en étudiant d’abord d'une manière plus complète le sulfure de carbone, au sujet duquel il donne quelques résultats en terminant. M. de Hemptinne a fait encore une série d'expériences ingénieuses destinées à montrer que les rayons anti- cathodiques n’exercent qu'une influence nulle ou faible sur la réaction de deux corps en présence. Malgré les remarques énoncées plus haut, l’auteur montre que l'esprit de recherche ne lui fait pas défaut; aussi je demande l'insertion de cette communication dans les Mémoires in-8°, tout en engageant l’auteur à pour- suivre ses recherches. » Rapport de M. W, Spring, second commissaire, « Je me rallie bien volontiers aux conclusions formulées par notre savant confrère, M. P. De Heen, dans son rapport; comme lui, je fais toutes mes réserves au sujet des explications données par l’auteur touchant les chan- ( 354 ) gements de vitesse de décomposition de l'ammoniaque selon que ce gaz est soumis à l’action de l’effluve élec- trique sous une pression plus ou moins grande. L'action chimique de l’effluve est si compliquée, et encore si peu connue, qu'il me paraît prématuré de proposer une expli- cation des variations de son action. On connait, au surplus, de nombreuses réactions chimiques qui parais- sent s’amorcer en présence d’une trace de leurs produits définitifs; elles rappellent, sans doute, la cristallisation d’une solution sursaturée ou d’un liquide surfondu, au contact d’un cristal déjà formé. En poursuivant ses recherches, l’auteur découvrira peut-être des faits de nature à éclairer la question. Je pense donc que sa com- munication pourra prendre place dans notre recueil des Mémoires in-8°, à titre de travail d'orientation. » La Classe adopte les conclusions des rapports de MM. De Heen et Spring. Contribution à l'étude de la localisation microchimique des alcaloïdes dans la famille des Orchidacées; par E. De Droog, docteur en sciences naturelles. Rapport de M. A. Jorissen, premier commissaire, « Dans le mémoire qu’il présente à l’Académie, l'au- teur fait connaître les résultats auxquels il est arrivé en procédant, par la méthode microchimique, à la recherche des alcaloïdes dans les tissus de nombreuses espèces de la famille des Orchidacées. _ Dès 1892, M. De Wildeman annonçait avoir constaté ( 385 ) la présence d'un produit de nature alcaloïdique dans Dendrobium nobile, Dendrobium Ainsworthii et dans les cellules de la racine de Phalænopsis Luddemaniana. Ces observations méritaient d'autant plus de fixer l’at- tention qu'avant la publication de M. De Wildeman, on ne soupçonnait pas que les Orchidacées, groupe de végé- taux si intéressants du reste à divers points de vue, dussent être spécialement considérées comme des plantes élaborant des bases organiques. L'auteur de ce mémoire a eu l'heureuse idée de géné- raliser les recherches de M. De Wildeman : parmi les nombreuses espèces d'Orchidacées actuellement connues, il en a examiné cent quatre, et a constaté l'existence de produits se comportant comme les alcaloïdes au point de vue des réactions générales, dans Eria stellata, Cata- setum tabulare, Catasetum Hookeri, Catasetum species, Catasetum Bungerothii et Catasetum discolor. Quelques-unes de ces espèces sont alcaloïdifères dans toutes leurs parties : c’est le cas pour Dendrobium nobile, Dendrobium Ainsworthii et probablement pour Eria stel- lata; les autres ne donnent les réactions générales des alcaloïdes que pour ce qui concerne certains organes. La fonction alcaloïdique se manifeste d’une manière assez sensible dans les tissus actifs (points végétatifs de la tige et de la racine, appareil reproducteur); au fur et à mesure que les tissus se différencient, on constate une migration de la base vers les régions telles que lépi- derme, les poils, le parenchyme où, suivant l’auteur, elle servirait peut-être d'arme défensive à la plante. Bien que ce moyen de défense se montre peu efficace dans certains cas, il est possible que tel soit en réalité le rôle physiologique des alcaloïdes, mais comme nous avons ( 386 ) eu l'occasion de le faire remarquer déjà, nous possédons trop peu de données sur la formation des alcaloïdes dans les plantes pour assigner aux bases végétales une signifi- cation précise au point de vue de la biologie. Le travail de M. De Droog ajoute des observations intéressantes à nos connaissances sur la répartition des composés de nature alcaloïdique dans le règne végétal ; il peut être considéré comme la continuation d’une série de recherches sur la localisation des alcaloïdes dans les plantes qui ont été entreprises sous la direction de notre savant confrère, M. Errera, et dont M. le Dr Molle a com- muniqué à l’Académie, il y a quelque temps déjà, la partie relative aux Solanées. J'ai done l’honneur de proposer l'impression du mé- moire de M. De Droog, avec les planches qui l’accompa- gnent, dans le recueil des Mémoires in-8. » La Classe adopte cette proposition à laquelle se sont ralliés les autres commissaires, MM. Errera et Crépin. Temps de pose qu'exige une bonne épreuve radiographique ; par M. Vandevyver, répétiteur à l'Université de Gand. Rapport de M. Van der Mensbrujghe, premier commissaire. « La note de M. Vandevyver est relative à une règle permettant de déterminer à priori le temps de pose qu’exige une bonne épreuve radiographique quand il s’agit du corps humain. Voici cette règle : Étant connu le temps de pose minimum { nécessaire pour obtenir la radiographie nette d’un objet A, d'épais- ( 387 ) seur E, la durée du temps de pose t' pour un objet B, d'épaisseur E’, est donnée par la formule (E) t =t|—]> E c'est-à-dire qu’elle varie en raison directe du cube de l'épaisseur de l’objet B, rapportée à celle de l'objet étalon A. L'auteur communique à l’Académie une série de treize radiographies obtenues d’après cette règle; ces radiogra- phies sont vraiment très belles, et comme elles ont été obtenues d'emblée, c'est-à-dire qu’une seule plaque a suffi pour chaque épreuve, je propose bien volontiers linser- tion de la note de M. Vandevyver au Bulletin de la séance, » M. De Heen, second commissaire, se rallie à cette pro- position, qui est adoptée par la Classe. COMMUNICATIONS ET LECTURES. UNE RÉACTION EN ASTRONOMIE. Où git l'erreur fonda- mentale des formules de réduction rapportées à laxe instantané; par F. Folie, membre de l’Académie. Après avoir terminé le premier fascicule de mon tra- vail sur la Revision des constantes de l'astronomie stellaire, qui m'a complètement absorbé pendant ces dernières années et qui paraîtra sous peu de jours dans le tome VII ("388 ) des ales astronomiques de l'Observatoire royal (*), j'ai voulu, une dernière fois, appeler l'attention des astro- nomes sur le vice de leurs déterminations de l'heure et de PAR, fondées sur les formules d'Oppolzer, et leur faire voir la nécessité qui s'impose à eux, sous peine d’incor- () La première partie de ce travail (pages 4 à 37) est imprimée depuis 1891. La suite date de 1895-1896. Dans cette première partie, nous avions cherché à déterminer la nutation eulérienne par des séries d'observations en ascension droite et en déclinaison, en admettant que son second terme fût négli e. Il n’en est pas ainsi, pensons-nous, et nous aurons à revenir sur la détermination de cette nutation, encore fort peu connue Nous avons déterminé définitivement, en ce qui nous concerne, les constantes de la nutation diurne, tant au moyen des observa- tions de Dorpat en ten droite, que des observations de Gyldén sur la latitude de Pou L'accord peu IR des valeurs concordantes fournies par les observations de Kiev, avec les valeurs très concordantes résultant des observations de Dorpat et de Poulkova, provient de ce que la nuta- tion eulérienne n’est pas éliminée dans les premières, tandis qu ’elle l'est complètement dans les dernières observations En nous fondant sur la correction que l'une de ces recherches nous a fournie pour la constante de la nutation, nous avons ca culé à nouveau les termes de nutation dont on doit tenir compte; nos résultats essentiels concordent parfaitement avec ceux de Newcomb (The elements of the four inner planets and the fundamental constants of astronomy, 8e, Washington, 1895 Nous appelons l'attention sur notre recherche des termes du second ordre de la nutation et de l'aberration, tant annuelle que systéma- complètes de la nutation (bradléenne, eulérienne et diurne), et Sur notre définition rigoureuse de l'heure, fondées sur la méthode de Bessel et de Laplace, la seule qui soit correcte. (Extrait de la préface du tome VII des Annales astronomiques.) ( 389 ) rection absolue dans ces deux déterminations, d'en revenir au procédé de Bessel et de Laplace. Je me suis dit qu’il ne suffisait pas, comme je l'ai fait depuis six ans, de prouver la supériorité de ce dernier procédé, mais qu'il était indispensable de démontrer que les formules de astronome viennois sont radicalement fausses en ce qui concerne l'heure et Væ (*). Parmi les astronomes, qui suivent tous, sans excep- tion, le procédé d'Oppolzer, il n'en est peut-être pas un qui y ait remarqué une erreur considérable ; aucun, en tous cas, n’en a parlé. Ce procédé, toutefois, n’a été suivi par nul géomètre. Notre but n’est pas, ici, d'établir les formules rigou- reuses de réduction rapportées à l'axe instantané, parce () I ne s'agira plus ici des petites négligences que j'ai signalées antérieurement, mais de formules analytiquement incorrectes. Bamberg, où j'en ai parlé devant la Société ar UE ti ona dit : « Mais cette incorrection, à combien peut-elle s F Elle est du même ordre que la variation des latitu Si l’une est insignifiante, l'autre l'est également, à Ton doit dire, en ce cas, avec M. Tisserand : « Ces deux quantités (la nutation eulérienne et la va eus sont tellement faibles que nous les négligerons désorm Alors les borne pn sont wende à celles de Laplace; l'axe instantané se confond avec l’axe d'inertie, et il ne peut plus être question d’autre variation de waus que celle qui proviendrait du déplacement physique de ce dernier axe. Ce déplacement, du reste, ne serait pas sans influence en At. (Voir mon Essai sur la variation des latitudes.) Mais si l’on veut tenir compte de la nutation eulértenne en décli- naison, ce qui constitue la plus grosse part de la variation des lati- tudes, sinon le tout, quelle raison y a-t-il de la négliger dans le calcul de l'heure, dont l'uniformité est autrement importante que la constance de la latitude? (5) (15) ( 390 ) que, comme on le verra clairement, elles seraient inap- plicables en pratique, mais bien de signaler l'erreur qui entache les formules d'Oppolzer, et dont la conséquence a été fatale à l'astronomie de précision, en ce sens qu'elle a fait abandonner le pôle et le méridien fixes en faveur du pôle et du méridien instantanés, pour lesquels on n’a pas donné des formules correctes de réduction. Dans ce qui suit, nous admettrons, pour simplifier les développements, qu'il s'agit d’une Terre solide pour laquelle B = A, c'est-à-dire que nous ferons abstraction de la nutation diurne et du second terme de la nutation eulérienne, ainsi que des termes séculaires. Cela posé, l'intégration des équations différentielles du mouvement de rotation de la Terre conduit aux expres- sions suivantes des composantes de sa vitesse angulaire autour de trois axes principaux d'inertie X’, Y', Z' (les notations sont, pour la facilité de contrôle du lecteur, celles d'Oppolzer lui-même) : dp C—A (Se nat) dt = — A gn + COS re a enia n dt dg C—A fn dé nt) Lt A pn + sin{n à t) —cos(n A dt d'où l’on déduit, pour les variations en obliquité et en longitude de l’équateur géographique : o $) 1 2) A cose’ dy de se dt) sine .nC\dy ve dt d dy d (F) 1 eu À cose’ dy dy, dt sine. nC dt \dt de’ nC dt dt "n SE sine”, nC ( 391 ) Ces expressions représentent les variations des axes principaux d'inertie de la Terre par rapport à un système d'axes rectangulaires fixes, ou, si l’on veut, les variations de l'équateur géographique (perpendiculaire à l’axe d’iner- tie Z') par rapport à l’écliptique et à l'équinoxe fixes. Nous avons fait remarquer qu'on peut dire, tout aussi bien, qu'elles représentent le mouvement apparent de ce plan et de ce point, et, par suite, d’un point fixe quelconque du ciel, par rapport aux axes d’ inertie de la Terre, considé- rés comme fixes (*). Et c'est en cela, au fond, que consiste le procédé de Laplace, parfaitement adéquat, on le voit, au procédé suivi dans les observations astronomiques par Bessel, F. W. Struve, Argelander, etc. C’est ce procédé que nous avons toujours employé (**). Il est, de tous points, absolument irréprochable et per- met seul de définir l'heure d’une manière tout à fait rigoureuse, comme nous l'avons fait dans les deux derniers ouvrages cités en note. On saisit à première vue, dans ces formules, le carac- tère diurne de la nutation eulérienne, caractère longtemps nié par des astronomes distingués (***), malgré les nr mations de Laplace et d'Oppolzer lui-même [p. 152, la suite des équations (24)], et admis enfin par eux (! n. (©) Notices extraites de l'Annuaire de lOb f 1896. C°) Théorie des mouvements diurne, annuel et séculaire de l'axe du wonde. Traité des réductions stellaires. — Catéchisme correct d'astronomie sphérique (Mem. DELLA PONT. ACCAD. DEL NUOVI Lincei, IX, X, XI). Revision des constantes de l'astronomie stellaire. C™) Bulletin astronomique, A . TISSERAND, Mécanique céleste, tH, eip a XIX : Des variations tude. ( 392 ) Oppolzer s’est dit, avec raison, que ce caractère diurne provient uniquement du mouvement de rotation de la Terre, et qu'il disparaîtrait, par conséquent, si l’on pre- nait pour axe de référence l'axe instantané, pour lequel ce mouvement n'existe pas. Le problème à résoudre était donc celui-ci : On connaît les mouvements des trois axes principaux X’, Y', Z' par rapport à trois axes fixes X, Y, Z. Trouver les mouvements de trois nouveaux axes X”, Y”, Z” par rapport à ces derniers. Z” étant l’axe instantané, il faudrait d’abord définir les axes X”, Y” de l’équateur instantané; puis résoudre le problème, qui n'offre, du reste, aucune difficulté sérieuse d'analyse, mais en présente d’insurmontables, selon nous, quant à la définition de l'heure; ce qui nous a toujours dissuadé de poursuivre cette résolution (*). 4 id seer Ÿ y ; X Aar SNTE r `~ 7 ER. » y pS 1 tT og ENE a Y yX (*) Ce problème mériterait toutefois d'exercer la sagacité d'un jeune astronome géomètre. ( 395 ) Au lieu de se poser ce problème, que fait Oppolzer ? lei, pour éviter le reproche « traduttore traditore », nous citons textuellement l’auteur : « Tout d’abord, on doit se rappeler que, dans les observations, l'équateur est pris comme plan fondamental, et qu'il est déterminé par le plan perpendiculaire à l’axe instantané de rota- tion ; les valeurs de 4 et de €’, déduites des observations, se rapportent donc proprement à l’axe de rotation et à l'équateur instantané, et non au petit axe de l’ellipsoïde terrestre et à l'équateur géographique; si ces deux axes avaient entre eux une inclinaison notable, dans l’établis- sement des formules que nous avons maintenant en vue, on devrait avoir égard à la différence qu’ils présente- raient. Si donc on désigne, comme précédemment comp. équation (14), p. 456], par +”, B”, y”, les angles que l'axe instantané de rotation fait avec les axes fixes des coordonnées, à proprement parler on devrait poser |comp. équation (4), p. 158) : cos a'' = — sin y sine” cos b” —= cosy sine cosy == COSE5 dans ces formules, €’ et ù sont les valeurs déduites des observations; afin d'éviter des erreurs, nous les appelle- rons £'4 et 44. Pour obtenir les équations différentielles qui se rapportent à ces arcs, on peut partir des nEs tions (14) (p. 156) et leur donner la forme : w cosa” =ap + by + en (1). . . . 4 wcosp” =a p + bgn w cosy” = 0” F ns cny; SPE SÉRIE, TOME XXXIIL. 26 ( 394 ) si on les différentie en tenant compte des relations (s) (p. 153), on trouve: d(o cos a”)— adp + bdq (2) . . . < d(wcos£")—«'dp + bdg d(e cosy”) = a"dp + 6"dq. D'autre part, on a : o COS a” = — v sin y; sine, O © - - OCOS ==. btosy, site w Cosy” = _WCOSE,. Les mots en italiques sont de nous. Ces équations (5) seraient correctes si les angles £'4 et by se rapportaient à trois axes rectangulaires X”, Y”, Z”; elles ne le sont pas dans Oppolzer, parce qu'il prend pour axes, comme on le verra, X’, Y’, Z”. Commencons par examiner à quoi devraient se borner ses conclusions dans le cas où les équations (3) seraient correctes, et admettons qu’on arrive, rigoureusement même, c’est-à-dire sans négliger quelques termes, insi- gnifiants, du reste, aux équations d’Oppolzer dé, de’ dy, ‚de = — el sine! ra = sine” T Qu'en peut-on conclure? Que les expressions de €’, et de 4, sont identiques à celles de e’ et de Y. Mais rien de plus. De l'identité des valeurs numériques on ne peut pas conclure à l'identité des significations. ( 595 ) Or les équations (5) ne sont correctes que pour autant que Ÿ, et s, soient relatifs à un système d'axes rectangu- laires X”, Y”, Z”, tandis que e’ et Ņ se rapportent à un autre système d'axes X’, Y’, Z’ La signification n’est donc nullement la même, quant aux d surtout, et, pour trouver celle de 44, il faudrait commencer par définir laxe X”, ce qui introduirait, outre Ÿ,, un angle #,, pour lequel on ne peut pas écrire, comme pour €, + aa = constante. Si donc on a Paiao de Ž%: débarrassée de la nutation eulérienne, on ne sait ent ce quelle signifie; on peut toutefois affirmer une chose : c’est que la nutation eulérienne, qui en est éliminée, reparaîtra dans langle &, (dont Oppolzer ne fait nullement men- tion) et rendra bien difficile, sinon pratiquement impos- sible, une défi Pure correcte de l’heure, qui est fondée sur l'équation T = constante. Or, pour Oppolzer, les équations c'i = €, p = à expriment bien l'identité des significations comme des valeurs numériques, et c’est en quoi consiste, relative- ment à 4, la fausseté des conclusions qu'il en déduit en ces termes : « En conséquence, au lieu de £’; et Y4, remet- tons € et dans les équations différentielles (7); si nous intégrons ensuite ces équations en ayant égard aux remarques qui précèdent, nous retrouvons les formules suivantes, dues à Poisson et suffisantes même pour la recherche la plus exacte de la précession et de la nutation : i 7 (AV) dt E == — A i \dy) sine’. nC hi n= (z paa sine. n Goo. ( 396 ) » On voit maintenant pourquoi, comme on l’a fait anté- rieurement (pp. 149 et suiv.), on peut se contenter de la forme de quadrature très simple qui vient d’être donnée : ce n’est pas la petitesse des seconds et des troisièmes termes des équations (15), page 149, qui est décisive — ces termes renferment même, nous l'avons prouvé, des quantités qui se trouvent tout à fait dans les limites d'exactitude admises dans le problème; — mais c'est que les observations des phénomènes de précession et de nutation se font par rapport à laxe instantané de rota- tion. » La signification précise de ce passage est la suivante : Nous pouvons donc faire usage des formules de Poisson (ou de Peters), en y supprimant simplement la nutation eulérienne, à la seule condition de rapporter la latitude, non pas à l'axe d'inertie, mais à l'axe instantané. Non, cette condition n’est pas suffisante. Pour supprimer la nutation eulérienne, il faut évidem- ment prendre pour axe de référence l'axe instantané (qui décrira, en 505 jours, un cône elliptique autour de laxe d'inertie), mais, de plus, en conséquence, prendre pour plan de référence l'équateur instantané, c'est-à-dire substituer au système des axes principaux X’, Y', Z’, un nouveau système d’axes X”, Y”, Z", dont le dernier est l'axe instantané. U ne suffit pas de dire : les observations se font par rapport à l'équateur instantané; il faut encore que toutes les formules s’y rapportent aussi. Et ce n’est pas le cas de celles d’ Oiola. Car, tout en afirmant qu'on prend pour méridien, dans les observations, le méridien instantané, il déter- mine l'heure, comme Bessel, Laplace, Poisson, Serret, ( 397 ) dans le méridien géographique. Pour s'en assurer, il suffit de relire son paragraphe x: De la grandeur de la rota- tion de la Terre, prise comme mesure du temps, pp. 198 et suivantes de la traduction française de M. Pasquier, dont nous nous bornons à extraire les passages suivants : « L’équation (2) (page 146) a fait voir que, dans l’hypo- thèse où le globe terrestre est assimilable à un solide, la vitesse de rotation de la Terre autour de son petit axe cst une constante : on a conséquemment adopté la grandeur de la rotation terrestre comme mesure du temps Pour résoudre le problème proposé, on part de la troisième formule (7) (page 158), et l’on a égard au sens attribué, page 157, à langle +. Or, cette formule (7), de même que l'angle @, sont relatifs à l’équateur géographique. « Le dernier terme représente ainsi le mouvement du point vernal moyen par rapport à un méridien fixe, au bout d’un jour solaire moyen. » (p. 208.) Les formules d'Oppolzer sont donc entachées d’un dou- ble défaut : elles sont incorrectes et, de plus, hétéro- gènes; les unes (en déclinaison) sont rapportées à l'axe (Z") et au méridien instantanés; les autres (en Æ), à l'équateur géographique et au méridien fixe, c'est-à-dire ar. C'est ainsi que, par une subtilité inconsciente, la nuta- tion eulérienne en longitude a complètement disparu de ses formules. Et il ne suffit pas, comme le pensent quel- ques-uns, de la remplacer, pour être correct, par une variation des longitudes terrestres. Nous avons montré que si la nutation eulérienne disparaissait correctement de 4, c’est à la condition de réapparaître dans #,, ce qui rend à peu près impossible une définition correcte ( 398 ) de l'heure dans le système de l’astronome viennois, qui a conservé celle de Bessel et Laplace, sans mentionner seulement langle %4. Je signalerai encore une autre inexactitude très grave dans le procédé d’Oppolzer. Après avoir trouvé, incor- rectement, comme on l'a vu, les formules de Poisson, relativement aux nouveaux axes X’, Y', Z”, et avoir fait remarquer qu'elles sont complètement affranchies de la nutation eulérienne, il fait usage, avec tous les astro- nomes, des formules de transformation en Æ et D (p. 253), qui sont vraies pour les axes X’, Y', Z', ou AY. A, anses pour X, VZ”. Et c’est cet ensemble de formules incorrectes qui sert actuellement de base à la détermination de l'heure et de VAR (*)! Les formules de Laplace, au contraire, sont irrépro- chables, pourvu qu’on n’y néglige pas les deux nutations à courte période. On pourra les écrire (**) : A6= No — m sin[ (1 +1) p +B] +7 sinf(— 1 +1) +B] + 7(2, cos 2: +2, sin 2e) sin 2A = sino Ny — ‚cos [ (1 + )7+B] — n cos [(— 1 +) ptb] + »(— Z, sin 2p + X, cos 2), No et N, désignant la nutation bradléenne en obliquité et en longitude. J'entends l'objection qu'on fait à cette méthode : les parallèles décrits par les étoiles n’ont pas pour pôle le pôle géographique, mais bien le pôle instantané. (t) Je ne parle pas de la déclinaison, dont le calcul n’est affecté, je pense, que d’erreurs relativement insignifiantes dans le procédé d’Oppolzer. (*) Revision des constantes de l'astronomie stellaire, p. 81. ( 399 ) Nous n'avons à examiner cette objection que quant aux observations en Æ. Car en déclinaison, nous n’obser- vons que des distances zénithales, et les formules précé- dentes permettent d'en déduire, de la manière la plus correcte, les déclinaisons en fonction de la latitude géo- graphique, ou vice versa. Imaginons donc une étoile passant en S dans le méri- dien. Tracons, à une ou à deux minutes d'arc vers lE. et vers l’O., deux cercles horaires qui coupent sa trajectoire en S; et So, tandis que le parallèle décrit autour du pôle géographique serait s,Ss. Évidemment, en supposant même les deux équateurs inclinés l’un sur l’autre de plu- sieurs secondes, on peut considérer les triangles S,Ss, et S,5s; comme égaux, et affirmer, par conséquent, que la moyenne des temps observés des passages S, et So est égale au temps observé du passage méridien S. A fortiori dans le cas qui nous oceupe, où Finclinaison d'un équa- teur sur l’autre surpasse à peine 0”.1. Faisons observer, en outre, que, dans le procédé de Laplace, la vitesse w de la Terre autour de son axe instan- tané n'intervient absolument en rien, comme nous l'in- diquons dans notre Revision des constantes de l'astronomie stellaire, et que la seule qui figure dans ses formules est la vitesse n autour de l'axe d'inertie, vitesse absolument constante (à part une très légère variation périodique dans le cas où l’on considère, non pas le mouvement de la Terre, mais celui de son écorce) (*). (1 Théorie des mouvements diurne, annuel et séculaire de l'axe du monde, 2 partie Traité des ria tioni stellaires Revision des constantes de l'astronomie stellaire. ( 400 ) . I s'agit donc de choisir entre deux procédés, l’un fondé sur des formules radicalement incorrectes, l’autre sur des formules absolument correctes ; l’un incapable de définir correctement l'heure, l’autre définissant une heure rigoureusement uniforme. Que les astronomes veuillent bien se donner la peine de lire et de méditer les quelques pages qui précèdent. Si j'ai tort (et je serais presque tenté de le souhaiter dans ma profonde admiration pour la précision et le nombre considérable d'excellentes séries modernes d’ob- servations, dont je n'ose presque pas faire usage en Æ à cause du vice originel dont sont entachées les réductions qu'on leur a fait subir), si j'ai tort, dis-je, que quelqu'un se lève et le démontre ; sans ambages et sans fausse honte, je le reconnaitrai hautement. Si j'ai raison, et mes déterminations concordantes de la nutation eulérienne au moyen des séries d’AR de la polaire, observées par F.-W. Struve dans le méridien fixe de Dorpat, en témoignent (*), il n’est que temps, pour l'astronomie de précision, d'en revenir à ce méri- dien et aux formules de Laplace, qui sont absolument irréprochables, pourvu qu'on n’y considère pas comme négligeables les deux nutations à courte période, l’eulé- rienne et la diurne. Les erreurs d'observation sont inévitables. Mais on doit, puisque la chose est possible, éviter complètement les erreurs de réduction. C) Revision des constantes de l'astronomie stellaire, chap. I. ( 401 ) L'avenir tout entier de l'astronomie dépend de la voie dans laquelle elle va s'engager. Si elle persévère dans ses errements actuels, elle suit une fausse route, tant dans les observations que dans le calcul de l'heure et de l'A. Une réaction s'impose. Il faut, de toute nécessité, en revenir au procédé d'observation de Bessel et aux formules complètes de Laplace. Puissent les efforts que je fais depuis six ans dans ce but (*) contribuer à fonder sur une base solide lastro- nomie sphérique du XX° siècle ! () Depuis ma note Sur la nutation de l'axe du monde, publiée dans les Comptes rendus, p. 1058, 1890, je suis bien souvent revenu sur le point capital que je viens d'exposer. Voir Bulletin astronomique, 1890; ma Réponse à M. Tisserand (Bur.- LETIN DE L'ÁCAD. ROY. DE BELGIQUE, t. XXIII, p. 84); mon article des Acta Mathematica, 1892, reproduit dans l'Annuaire pour 1893; mon ` Essai sur la variation de latitude, et ma note Sur la supériorité de la méthode de Laplace (notices extraites de l'Annuaire de l'Observatoire royal pour 1894 et 1896 ; enfin différentes lectures faites à l’Aca- démie royale de Belgique (Bull. de l’Acad., t. XXVIII, p. a Ibid., p: 135; Ibid., t. XXIX, p. 257; Ibid., t. XXX, p. 303). La démonstration qu’on vient de lire confirme toutes mes précé- dentes affirmations, et je doute qu'aucun astronome tant soit peu géomètre veuille encore désormais chercher à défendre le procédé d’Oppolzer. ( 402 ) Sur la préparation du glycol éthylénique ; par Louis Henry, membre de l’Académie, et Paul Henry, professeur de chimie à l’Université de Louvain. On connaît le puissant intérêt qui s'attache au glycol ithylénique et le rôle considérable que ce composé a rempli dans le développement de la chimie scientitique de notre temps. Wartz, son éminent auteur, en a fait, avec une pleine raison, un des traits d'union entre la chimie minérale et la chimie organique. Le glycol éthylénique figure à juste titre dans le cata- logue des composés dont la découverte marque une époque. Malheureusement, au point de vue de l'usage à en faire, le prix de ce corps est au niveau de son importance scien- tifique. Quoiqu'il remonte à 1856, le glycol éthylénique est resté un des composés les plus coûteux de l'arsenal de la chimie organique : dans les catalogues de produits chi- miques, il est coté à quarante francs les cent grammes (*). Or, 100 grammes de glycol ne représentent guère, à 0°, que 55 centimètres cubes. Il est. à remarquer que dans la préparation de ce composé n'interviennent pas des ingrédients coûteux où difficiles à se procurer; c'est assez dire que cette pré- paration, sans être compliquée au fond, est longue, laborieuse et peu rémunératrice. ot ( Le prix du glycol a diminué dans ces derniers temps; dans le prix-courant de Schuchardt pour octobre 1896, qui vient de paraitre, le kilogramme est coté à 200 marks. (27 octobre 1896.) ( 403 ) Le point de départ immédiat ou plutôt réel de la pré- paration du glycol est toujours le bibromure d'éthylène CoH;Brs. Deux méthodes principales servent à le trans- former en son alcool : a) La méthode directe, où l’eau elle-même est l'agent alcoolifiant, si on peut s'exprimer ainsi. On chauffe sous pression le bibromure avec de l'eau seule (méthode de Niederist) (*), ou dans les conditions ordinaires dans un appareil à reflux avec une solution étendue de carbonate bi-potassique (méthode de Huffner et Zeller) (** b) La méthode indirecte. C’est la méthode originelle suivie par Wurtz (***) et modifiée plus tard de manière à la rendre pratique, par Atkinson ("). Le bibromure est d’abord transformé en son acétate que l’on saponifie ultérieurement, au sein de l’eau, par une base forte. N'ayant pas l'intention de faire ici l'histoire complète des méthodes de production ou de préparation du glycol éthylénique, nous nous abstiendrons d'entrer dans le détail des opérations que nécessite la mise en pratique de ces deux procédés généraux. Quels qu’ils soient, on y fait usage de l’eau en grande quantité; de là la nécessité d’ évaporations longtemps pro- longées. A notre avis, ces évaporations, alors même qu’on les exécute à une température aussi peu élevée que pos- sible au-dessus de la température ordinaire, sont l’origine () Liebig's Annalen, t. GXCVI, p. 354. g *) Journal für praktische Chemie, t. XII, p. 293. de T a employé dans le principe l'iodure d'éthylène et l'acé- tate d'argen (tv) Lo, s Annalen, t. CIX, p. 232 (1859). ( 404 ) d’une perte continue en glycol et la cause principale de la faiblesse des rendements (*). Nous croyons avoir apporté un perfectionnement nota- ble dans la préparation du glycol en éliminant l'eau en masse, comme telle, et tout composé fixe. L'eau reste à la vérité, dans notre procédé, l’agent immédiat de la transformation de l’acétine éthylénique en glycol, mais elle est présentée à celle-ci sous forme d'alcool méthylique légèrement aqueux. On opère à chaud, sous pression, en vase clos. Sous l’action de la chaleur, Pacétine éthylénique subit, dans une faible partie de sa masse, à l’origine, l’action décomposante de l'eau qui imprègne l'alcool méthy- lique (**). Il en résulte du glycol et de l’acide acétique en faible quantité. (C) Dans la méthode de Huffner et Zeller, l'emploi d’une solution insuffisamment étendue de K,C0; détermine le dédoublement d'une certaine quantité de C.H,Br, en C3H;Br et HBr. ae là évidemment une cause de faiblesse dans le rendement en glyco Dans la méthode indirecte, selon en la transformation de CH,Br, en sn st est une première cause de dépression dans le rendement fina (‘") J'avais ns dans le principe, que l'alcool méthylique était lui- même l’agent de la saponification de la diacétine éthylénique; il y a, en effet, une notable différence entre eet alcool et le glycol éthylénique quant à l'intensité du caractère alcool. Voici les chiffres qui précisent cette différence selon M. Menschut- kin (1). Coefficients de réaction. Vitesse. Limite (2). H,C(- OH) . aa 80 100 (HO)CH, - CH, (0H). 3 61,7 71,4 (1) Journal für prektische Chemie, t. XXIV, p. 2% (année 4881). (2) Sur 444 molécules. ( 405 ) L'alcool méthylique est, comme on le sait, l'alcool par La réaction de CH;-0H équivaut, dans une certaine mesure, à la e s forte. réaction d’une base forte sur un sel e base moin i renoncer sion binden à cette manière de voir fl av est-à-dir c e vers 150°, Faleool mé méthylique whist ne décompose pas ou fort peu l'acétine ‘thyléni Voici A relation d’une expérience réalisée dans ces circonstances : 208 grammes d’acétine ont été chauffés avec 300 grammes d’alcool méthylique Pa sept heures, — de T t/a h. du matin à 2 1/, h. de l'après-midi, — dans l’autoclave, dans un vase de Berlin, La tempé- rature et la pression ont été notées comme suit : Température. Pression. Ea heures: tort 6172400 2 atmosphères, Bt ns, DP 42 — We SE 14 zee Vijg TE 44 = A louverture de l'appareil, aucune pression n’a été constatée. On a retiré, par une distillation dans l'appareil Lebel et Henninger; à peu de chose près toute ľacétine employée bouillant fixe à 487°- 188°, sous la pression de 763 mètres; la quantité d’acétate de méthyle formée était très faible. à Cette même diacétine chauffée dans l’autoclave vers 1809 avec de l'alcool méthylique de 90 e/o, a fourni du glycol, avec un rendement de 88 oh. Alors qu'il se produit en l’acétate de méthyle, on constate dans l'autoclave l'existence d’une pression notablement supérieure à celle constatée dans Vosje relaté _ Je ne prétends pas toutefois que l'aleool méthylique s zee absolument "Ty il ont été faites, notablement supérieure à celle action. Il en doit être ainsi; la comparaison des formules H,C — OH où existent les radicaux H,C et H, fonctionnellement équivalents, de même signe, mais d'énergie positive fort inégale, indique se que le pouvoir réactionnel de l’eau sur l’acétine doit être beaucoup plus énergique que celui de l’alcool CH, - OH. En fait, l’acétine cylénique est décomposée fort rapidement par l’eau à chaud err ses générateurs, glycol et acide acétique. L. H. ( 406 ) excellence, celui dont léthérification est la plus aisée, la plus rapide et la plus complète. L'acide acétique, devenu libre, réagit à son tour sur l'alcool méthylique présent en excès, pour le transformer en acétate de mé- thyle et en eau susceptible de réagir à son tour sur l'acé- tate d’éthylène. On aperçoit tout de suite le double rôle et le double avan- tage de laleoo! méthylique aqueux dans ces circonstances : a) H est d'abord et à un double titre le pourvoyeur de Peau qui est l'agent producteur réel du glycol; b) Il sert ensuite à transformer l'acide acétique, qui ne bout qu’à 116°, en un corps beaucoup plus volatil, en son éther méthylique bouillant à 56°, que la distillation peut, par conséquent, écarter aisément. Ces réactions se réalisent déjà dans les conditions habituelles, en opérant dans un appareil à reflux, au bain d’eau, sous la pression ordinaire, mais elles exigent, pour être menées à fin, un temps considérable, plusieurs jours de caléfaction. Il est préférable d'opérer sous pression, dans un auto- clave. Il est nécessaire, en effet, pour activer l’action chimique, de chauffer à une température relativement élevée, que l’on ne peut atteindre alors que l’on opère sous la pression ordinaire avec un corps aussi volatil que alcool méthylique. L'expérience a constaté que Pacétine éthylénique n’est pas saponifiée par l'alcool méthylique légèrement aqueux à 150°; il est nécessaire d'atteindre au moins 150°. Dans ces conditions, quelques heures de chauffe continue, quatre à cinq, suffisent pour déterminer une réaction complète. L'acétate d’éthylène est lui-même le résultat de la réaction du bibromure d’éthylène sur l’acétate de potas- ( 407 ) sium. Cette réaction peut être réalisée de diverses façons, notamment par la voie humide, au sein de l'alcool mé- thylique, soit sous la pression ordinaire, soit mieux sans pression. Cela étant, il sal à ne que la Es de cet acétate et sa sap obtenir le glycol pourraient se faire avantageusement en une seule opéra- tion et dans le même appareil. L'expérience a pleinement confirmé ces prévisions. En fait, la préparation du glycol éthylénique revient à chauffer dans un autoclave, pendant cinq heures environ, vers 160°, un mélange de bibromure d’éthylène, d'acétate potassique, dans la proportion d’une molécule du pre- mier de ces composés pour deux du second, avec une notable quantité d'alcool méthylique légèrement aqueux, “environ 400 grammes d'alcool de 90 °/, au minimum pour trois molécules d'acétate, c'est-à-dire une quantité d'alcool au moins suflisante pour maintenir le bibromure en dissolution en même temps que l’acétate potassique. La réaction s’accomplit évidemment en deux phases SUCCESSIVES : a) Dans la première phase, réaction du bibromure d'éthylène sur l’acétate potassique ; formation de KBr et d'acétine éthylénique. Cette réaction s'accomplit avec une rapidité relative et nécessite une température moins élevée que la réac- tion suivante, 400° à 150° b) Dans la seconde phase, réaction de la diacétine éthylénique avec l'alcool méthylique aqueux, formation de glycol et d'acétate de méthyle. Cette réaction s'accomplit plus lentement que la pré- ( 408 ) cédente et nécessite une température plus élevée, envi- ron 160°. On peut constater extérieurement, par les indications du thermomètre et du manomètre, la marche de l'opéra- tion; alors que la réaction du bibromure sur l’acétate potassique s'accomplit, la température s'élève rapide- ment, sans le concours de la flamme, de 420° à 140° et le manomètre passe de 4 à 8 atmosphères. Les produits existants, lorsque l'opération est terminée, sont : Ébullition. meeste de méthyle . > > . . 56° Alkool méthyligues -r 66° Eau en petite quantité . . . . 100° Glycol étbyléniguėe -2 se: 496 Ces chiffres indiquent suffisamment combien la sépa- ration de ces divers composés par la distillation frac- tionnée est aisée, de même que l'obtention du glycol à l'état de pureté. Le rendement en glycol est au moins de 90 °/. On pourrait songer à remplacer l'alcool méthylique par l’alcool ordinaire qui est beaucoup moins coûteux, — surtout si lon fait abstraction des droits d’accise élevés qui le frappent en Belgique, — mais ce remplacement est peu favorable au point de vue de la marche de l'opé- ration et de son résultat final. L'alcool méthylique est, pour divers motifs, tant phy- siques que chimiques, d'un emploi plus avantageux que l'alcool éthylique. Le principal est dans la différence d'intensité du caractère alcool de ces deux composés. Les ( 409 ) chiffres suivants sont tirés des expériences de M. Men- schutkin (*). Coefficients de réaction. Vitesse, Limite. H‚C — (OH). 80 100 HE CH,(OH) . #1 MD 95,6 L'éthérification de l'alcool méthylique par l'acide acé- tique est beaucoup plus rapide et plus complète. Il y a ensuite la différence de volatilité des composés méthy- liques et éthyliques correspondants. MELON PRE Hom ZE 78° HCHO). >: HC(C,HO). + Les composés méthyliques plus volatils s’éliminent plus aisément par la distillation fractionnée. Nous croyons utile de décrire quelques opérations, telles qu’elles ont été faites. TRANSFORMATION DE LA DIACÉTINE EN GLYCOL. À. — A l'aide de l'alcool méthylique. 1° 100 grammes de diacétine ont sy chauffés avec 250 grammes d’alcool méthylique à 45 °/, d'eau (**) pen- C) Mémoire cité plus haut. C°) En réalité, 200 grammes d’alcool méthylique et 30 grammes d'eau. Théoriquement, il ne faudrait que 24 grammes d’eau 3" SÉRIE, TOME XXXII. 27 ( 410 ) dant six heures, dans l’autoclave, à 165°, sous une pres- sion de 24 atmosphères (*). Après distillation et fractionnement à l’aide de l’ap- pareil Lebel et Henninger, on en a recueilli 41 grammes de glycol; la quantité théorique est 425,4. C’est un ren- dement de 98 °/, environ. 2% 180 grammes de diacétine avec 270 grammes d’al- cool méthylique à 41 °/, d’eau (**) dans les mêmes con- ditions réactionnelles, ont fourni une quantité de glycol correspondant à 99 °/ du rendement théorique. Dans la première opération, la quantité d’eau ajoutée à l'alcool dépassait la quantité théorique, — de 30 à 24 grammes; — dans la seconde, au contraire, elle lui est inférieure — de 44 à 50 grammes. — Nous croyons qu’il est possible de diminuer encore la proportion d'eau ajoutée à l'alcool méthylique. B. — Avec l'alcool ordinaire. 60 grammes de diacétine et 190 grammes d'alcool à 85 °/, (**) ont été chauffés dans l’autoclave à 170°, sous une pression de 20 atmosphères. (1 Nous nous sommes servis d'un autoclave du Dr Robert Muencke ; son diamètre interne mesure 10 centimètres, sa hauteur, 20 centi- mètres. Sa contenance est 1 litre 570 centimètres cubes. C*) En réalité, 24 grammes d'alcool méthylique et 30 grammes d'eau. Théoriquement, il faudrait 44 grammes d’eau C°”) En réalité, 170 grammes d’alcool à 94° et 20 grammes d'eau; cela équivaut sensiblement à 460 grammes d'alcool anhydre et 30 grammes d'eau. Il ne faudrait théoriquement que 14 à 45 grammes d’eau. (41 ) Après six heures de chauffe, il restait environ 17 °/, d'acétine non transformée; après douze heures, la sapo- nification était complète. On a recueilli 24 à 25 grammes de glycol. Un rende- ment intégral correspond à 25%,5. Préparation de la diacétine. La diacétine peut s’obtenir dans des conditions avan- tageuses par l’action directe du bibromure d’éthylène sur l’acétate potassique (*), en l'absence de tout dissol- vant étranger. On chauffe l’acétate potassique imprégné de bibro- mure d’éthylène dans un ballon à fond rond et à col court muni d'un long tube qui sert de réfrigérant, soit au bain d'air, soit au bain de sable. La réaction marche assez rapidement; il est facile d'en constater les progrès à divers signes extérieurs. Le bibromure d'éthylène, qui est très dense, retombe le long des parois du tube réfri- gérant et du col du ballon sous forme de gouttelettes; celles-ci sont plus tard remplacées par des stries, alors qu'elles sont constituées en grande partie par de la dia- cétine. En même temps, la masse solide change d’aspect ; l’acétate potassique forme de petites aiguilles, alors qu'il s’est formé du bromure de potassium, la masse devient grenue et pulvérulente. Il est encore à remarquer que la transformation du () Préalablement fondu et finement pulvérisé. (412) bibromure en diacétate d’éthylène s'accompagne d’une notable augmentation de volume, au moins un tiers. Poids Volume moléculaire. Densité. moléculaire. Cite + 183 2,213 85 CH, (C,H;,0,) 5 146 1,128 150 (*). La masse solide s'imprègne d’une quantité de liquide de plus en plus considérable et devient moins épaisse à la longue. Il est bon d’agiter cette masse de temps en temps pour éviter son adhérence à la paroi du ballon. [l importe aussi de ne faire réagir qu’en plusieurs étapes successives la quantité d’acétate potassique sur la quantité de bibromure employée, la moitié, par exemple ; après quelques heures de chauffe, on chasse par une dis- tillation au bain d'air ou au bain de sable le mélange de bibromure et d’acétate éthylénique formé. On fait réagir sur celui-ci la seconde moitié de l’acétate potassique. L'acétine formée dans ces conditions est remarquable de pureté; mais le rendement en pourrait être plus avan- tageux. On ne parvient à retirer, même à la suite d'une distillation poussée jusqu’à siccité, que 75 °/, de la quan- tité théorique. L'addition au bibromure d’une certaine quantité d’acé- tine, fruit d’une précédente opération, améliore le ren- dément dans une certaine mesure et diminue la durée de () 100 vol. de CaH,Bra en deviennent 153 d’acétate d'éthylène liquide. ( 443) l'opération en permettant de chauffer davantage la masse, le point d’ébullition de l’acétine (éb. 186°) étant notable- ment plus élevé que celui du bibromure (éb. 132°). Voici le détail d’une opération que nous avons faite : 576 grammes de bibromure d’éthylène, additionnés de 150 grammes de diacétine imprégnant 392 grammes d’acétate potassique fondu et finement pulvérisé, ont été chauffés au bain d’air, dans un ballon à col court, muni d’un tube réfrigérant (*). Après deux heures et demie de caléfaction, toute odeur de C,H,Brs avait disparu. On a distillé au bain d'air, distillation qui a duré environ une heure. Le produit brut recueilli pesait 420 grammes ; on aurait dû en obtenir 442. C’est un rendement brut de 95 Ye: Ce liquide se constitue en presque totalité de diacétine. Soumis à la distillation dans un ballon simple d’abord, puis dans un appareil Lebel, on en a retiré 595 grammes d’acétine bouillant de 486° à 190° (**). C’est un rendement global de près de 90 °/.. Si nous défalquons de ces 595 grammes d’acétine les 150 grammes de ce produit déjà existants, il reste 245 grammes qui représentent un rendement de 80 °/, environ pour cette nouvelle réaction du bibromure, et quand on fait participer aux pertes la quantité d’acétine ancienne, on arrive à un rendement de 90 °/,. C) Le bain d’air est plus avantageux que le bain de sable; on évite ainsi la formation d’une eroûte de bromure potassique au fond du ballon. C*) IL a passé quelques gouttes en dessous de 400° qui sont à n’en pas douter de l'acétone et une vingtaine de grammes de 116° à 120 qui sont de l'acide acétique, puis le thermomètre a monté brusque- ment à 486° pour s’y maintenir fixe. (414) TRANSFORMATION DU BIBROMURE D'ÉTHYLÈNE EN GLYCOL. A. — Par l'alcool méthylique. Première portion. — 500 grammes d’acétate potassique sec, non fondu (perdant à la fusion 7 °/, de son poids) ont été dissous à chaud dans 300 grammes d’alcool méthylique. On y a ajouté 25 grammes d’eau et 290 grammes de bibromure d’éthylène (*). Une partie de celui-ci reste non dissoute. On a chauffé pendant trois heures dans l’autoclave à 150° environ; le manomètre marquait 20 atmosphères. Une légère pression existait à l'ouverture de l'appareil. Une croûte de bromure potassique cristallisé s'était formée au-dessus de la couche restante de bibromure d'éthylène non dissous et non attaqué. Le tout a été mêlé intimement et l'on a encore chauffé, dans les mêmes conditions, pendant une bonne heure à 150°. Toute odeur de C,H,Brs avait disparu. Seconde portion. — Les mêmes quantités que précé- demment ont été chauffées dans les mêmes conditions, d’abord pendant deux heures, puis après avoir brisé la croûte de KBr, pendant une heure encore. Les deux masses ont été réunies. On les a essorées à la trompe. Le bromure de potassium a été soigneusement lavé, d’abord trois fois avec le mélange d'alcool méthy- lique et d’acétate de méthyle provenant de la distillation (°). Soit 3 molécules d’acétate et 1 t/a molécule de bibromure. ( 45 ) d’une partie du liquide filtré, enfin avec 150 grammes alcool méthylique nouveau. Toute la masse liquide a été soumise à une nouvelle caléfaction dans l’autoclave depuis 8 heures du matin jus- qu’à 6 heures du soir, c’est-à-dire pendant dix heures; à 2 heures, le thermomètre marquait 165° et le manomètre 26 atmosphères; à six heures, la pression étant la même, la température n’était plus que de 151°. L'appareil a été ouvert le lendemain matin; on a constaté une légère pression. Le liquide à été soumis à la distillation dans les conditions ordinaires (*). Ce qui passait de 100° à 190° a été soumis à une dis- tillation nouvelle dans un appareil de Lebel et Henninger à quatre boules. Il a passé de 100° à 105° de l’eau, de 115° à 120° de l’acide acétique, puis le chronomètre s’est élevé rapidement à 190°. an (°) Le bromure de potassium n’est pas d’une insolubilité absolue dans les liquides qui interviennent dans la préparation du glycol. Celui-ci notamment en dissout des quantités appréciables ; 100 p. en dissolvent 18 à 196°-200 et 12 à 12e (1). En se déposant pendant la distillation, ce bromure entrave celle-ci désagréablement en déterminant des soubresauts. Pour y mettre fin, on laisse refroidir, on essore et on lave à la trompe avec de l'alcool re. L'acétate potassique est soluble aussi dans les liquides employés dans cette préparation. Sa présence rend leur distillation, sinon impossible, du moins fort difficile, en les déterminant à mousse abondamment. Dans ce cas, on détruit l’acétate en ajoutant à la masse liquide froide de l'acide chlorhydrique aqueux jusqu’à ce que du papier de tropæoline indique la présence de HCI libre; on sait que l'acide acétique est inerte sur ce réactif coloré. (1) Voici des chiffres qui ne manquent pas d'intérêt concernant la solubilité y KCO; dans le glycol : à l'ébullition, 400 parties en dissolvent 33 et 24 à 12. ; ( 416 ) Dans ces deux opérations, trois molécules de bibro- mure d’éthylène ont été employées. On devait obtenir 186 grammes (62 x 5) de glycol; on en a recueilli 172 grammes, ce qui correspond à un rendement de 92°/,. Afin de n'être plus obligé d'ouvrir l'autoclave, par suite de la formation d’une croûte de KBr au-dessus de la couche du bibromure non dissous, dans un autre essai on a augmenté la quantité d’alcool méthylique de manière à dissoudre tout celui-ci. 510 grammes d’acétate potassique, 282 grammes de bibromure, 400 grammes d’alcool méthylique et 25 gram- mes d’eau ont été chauffés dans l’autoclave à 165°. Après une heure et demie de caléfaction, tout le bibromure avait disparu, et il n’a pas été possible d’en retrouver dans le liquide distillé. Pour achever la réaction, celui-ci a été chauffé de nouveau à 165° dans l’autoclave. Après trois à quatre heures de chauffe, on a distillé derechef et constaté l'absence de diacétine (*). Il résulte de là qu’il n’est pas nécessaire de chauffer, dans l’autoclave, le mélange glycogène aussi longtemps qu'il a été indiqué dans la première opération dont nous avons donné la relation. B. — Par l'alcool éthylique. Première portion. — 510 grammes d’acétate potassique, sec, ordinaire, à 95 °/,, ont été dissous à chaud dans sd 460 grammes d'alcool éthylique, additionnés de 25 gram- C) Outre leur différence de volatilité, la diacétine et le glycol se différencient aisément par l'éther ordinaire : le glycol y est insoluble, la diacétine, au contraire, s’y dissout aisément. (M7) mes d’eau. On y a ajouté 290 grammes de bromure d'éthy- lène qui se dissolvent complètement. On a chauffé pendant une heure, dans l’autoclave, à 150°, sous une pression de 18 atmosphères. Réaction complète ; absence de C°H,Bro. Deuxième portion. — Mèmes quantités et même traite- ment. Les deux portions réunies ont été essorées à la trompe et le bromure potassique soigneusement lavé avec le mélange d’alcool et d’acétate d'éthyle provenant de la distillation d’une portion du liquide filtré. La masse liquide tout entière, additionnée de 50 gram- mes d’eau, a été chauffée pendant dix heures dans l'auto- clave, à 160° à 170°, sous une pression de 18 à 24 atmo- sphères. On a rectifié à appareil Lebel. Il restait environ 60 grammes de diacétine non transformée. Le glycol déjà formé et la diacétine non encore sapo- nifiée ont été chauffés à nouveau pendant quatre heures, à 160°-170° dans l’autoclave, avec 150 grammes d’alcool nouveau et 20 grammes d’eau. La réaction était com- plète. On a recueilli au total 160 grammes de glycol bouillant de 192 à 196°; cela correspond à 86 °/ de rendement théorique. Il est à remarquer que les distillations à l’appareil Lebel sont plus longues et doivent être répétées plus souvent alors que l’on se sert de l'alcool éthylique. (M8 ) Sur les nombreux effets de l’élasticité des liquides [deuxième note] (*); par G. Van der Mensbrugghe, membre de l'Académie. Dans une communication faite à l’Académie au mois d'août dernier, j'ai indiqué quelques faits qui, selon moi, résultent immédiatement de l’élasticité développée dans les liquides par une compression même légère; aujour- d’hui, je me propose de signaler quelques effets produits par l’élasticité des liquides à la suite, non plus d’une compression, mais bien d’une traction. Et d’abord, rappelons comme un fait connu depuis longtemps par les fabricants de baromètres, qu'après une ébullition prolongée du mercure dans un de ces instru- ments, on peut parfois redresser celui-ci lentement et avec précaution sans que le mercure quitte la portion tout à fait supérieure du tube; dans ces conditions, le liquide demeure quelquefois suspendu à une hauteur double ou triple de celle qui correspond à la pression atmosphé- rique ordinaire. A cet égard, je dois citer le beau travail (**) où notre confrère M. Donny a prouvé que la cohésion des liquides ČC) Pour la première note, voir Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3e sér., t. XXXII, n° 8, pp. 270-277, 1 6) Mémoire sur la cohésion des liquides et sur leur adhérence aux corps solides. (MÉM. COUR. ET DES SAVANTS ÉTRANGERS DE L'ACAD. ROY. DE BELG., t. XVII, 1843.) ( 419 ) et l’adhérence qu’ils peuvent contracter avec les solides sont des forces très considérables. Cet habile physicien a démontré que la cohésion des molécules de l’acide sulfu- rique concentré et leur adhérence au verre sont assez grandes pour soutenir une colonne d'acide à 1",25 de hauteur. Nous pouvons conclure de là que l’acide est alors dans un état de tension d’autant plus marqué qu'il est plus près du sommet du tube; conséquemment, il doit régner dans toute la masse une force élastique allant en croissant avec la hauteur, et cette force est partout vaincue par la cohésion même du liquide. D’après cela, il est évident que si le tube n’offrait pas une résistance suffisante, il tendrait nécessairement à s'aplatir sous l'in- fluence de toutes les forces de traction développées dans le liquide. Un autre moyen de développer de l’élasticité de trac- tion dans un liquide a été signalé par Osborne Reynolds : ce moyen consiste à faire tourner rapidement un tube en U ne contenant qu'un liquide et sa vapeur, tube fixé sur une planchette convenable, autour d’un axe perpendicu- laire aux faces de la planchette. L'auteur est parvenu à faire naître ainsi, par l'effet de la force centrifuge, une tension de 5 atmosphères dans l’eau (*) En 1850 (*), M. Berthelot s’est servi de la méthode de refroidissement pour produire dans un grand nombre de C) Voir sur le même sujet, l’article intitulé : On the internal cohe- sion of liquids and the suspension of a column to a height more than double that of the entend Lt OF THE MANCHESTER LITERARY AND PHILOS. Soc., p. 189, 1877-78). C°) Sur la dilatation oai des liquides. (ANN. DE CHIMIE, t. XXX, p. 232.) ( 420 ) liquides un état d'extension mécanique très considérable ; i] a estimé que l'extension atteignait 1/42, du volume total pour l’eau, f/95 pour l'alcool et 1/;9 pour l’éther. En 1892, M. Worthington (*) a déterminé pour lal- cool, non seuiement l'extension en volume de ce liquide, mais encore la grandeur de la force élastique de traction correspondante. Voici comment a opéré le physicien anglais : Le liquide est contenu dans un réservoir en verre très solide et rempli à peu près entièrement à la température ordinaire de lair; le petit espace non occupé par le liquide renferme seulement sa vapeur. L'air dissous et spécialement la couche d’air adhérente aux parois ont été chassés autant que possible par une ébullition pro- longée avant la fermeture du réservoir. Pour mesurer la force de traction du liquide à chaque instant, un vase de forme ellipsoïdale, rempli de mercure et pourvu d’une tige tubulaire de très petit diamètre intérieur et graduée, avait été introduit d'avance dans le réservoir ci-dessus. Ce vase avait été soumis, au moyen d'une presse hydraulique, à des pressions différentes allant jusqu'à 60 atmosphères, et les niveaux corres- pondants du mercure avaient été marqués sur la tige. L'élévation du mercure était due à la diminution de capa- cité du vase qui s'éloigne de la forme sphérique à mesure que la pression extérieure augmente. Réciproquement, le vase se rapproche de cette forme sous l'influence de la (') On the mechanical stretching of liquids ; an experimental deter- mination of the volume-extensibility of vo -alcohol (PmiL. TRANSACT. OF THE RoyaL Soc. oF LONDoN, vol. 183, A. p. 355, 1892). ( 421 ) traction croissante exercée par le liquide du réservoir contre les parois du vase intérieur. Par ce procédé, M. Worthington a pu constater que les changements de volume d’une masse liquide sont les mêmes pour des variations de pression positives ou négatives jusqu’à + 17 atmosphères. Les faits que je viens de rappeler montrent parfaite- ment que, dans un liquide, l’élasticité peut se développer à un très haut degré, aussi bien par traction que par compression; dans la note actuelle, je me propose de s faire voir que l’élasticité de tension se mani- feste sous l'influence de forces relativement bien peu intens m Considérons un filet liquide omn (fig. 4) qui descend verticalement sous l’action de la pesan- teur; soient m et n deux éléments de ce filet, et a la vitesse avec laquelle ils ont quitté le point o, respectivement depuis t et t' secondes; il est évident que pour avoir leur distance au moment actuel, il suffit de prendre la différence des espaces parcourus par m et par n; or on a, abstraction faite de toute cause perturbatrice, Fic. 4. om = at + Te on = ul’ + I 7 2 2 g étant l'intensité de la pesanteur ; d’où g (tt) be TE mn = (tl —t)ju + Pour avoir la distance des deux éléments à l'instant sui- ( 422 ) vant, il suffit de faire croître tet t de At; la nouvelle distance sera donc U —t)ja + St + + 2A) i c’est-à-dire qu’elle sera augmentée de (t — t) gAt:; quant à l'accroissement relatif de la distance mn, il est égal à gåt g a at (Le 1) + Sl on voit qu'il est d'autant plus marqué que t et t' sont plus petits (c’est-à-dire que les deux particules sont plus rapprochées du point o) et que la vitesse a est plus faible. Dans une veine ascendante, au contraire, la dimi- nution de la distance de deux particules est d'autant plus grande que t et {’ sont plus notables, c’est-à-dire me les deux particules sont plus élevées. Pour nous faire une idée de l'accroissement de distance que tend à produire la pesanteur dans un filet liquide des- cendant tel que la vitesse en o soit, par exemple, 0",60, faisons Pour la distance initiale des deux particules considérées, nous aurons environ 0",592, et pour l'accroissement absolu en !”’/19 à très peu près 0",0981, soit environ le quart de la distance primitive. On voit par là qu’une veine liquide tombant librement sous l’action de la pesanteur doit être soumise dans toute sa masse à une force élas- tique de traction très notable. A la vérité, la veine tend à s'amincir de plus en plus sous l'influence de la force ( 425 ) de traction développée; mais d'autre part, à mesure que la veine s’allonge, sa surface libre augmente; or, en vertu de la cohésion intérieure plus grande, les molécules desti- nées à former de nouvelles couches superficielles doivent aller en s’écartant. Il suit de là que l'amincissement doit devenir d’autant plus difficile que la section de la veine est plus petite, et dès lors la force élastique de traction doit s'y manifester davantage. Les physiciens (et J'ai été du nombre) qui n’ont attribué à une pareille veine qu'une tension superficielle comme dans le cas d’une masse liquide en repos, ont donc négligé des forces bien autrement considérables, savoir les forces élastiques de traction développées sans cesse dans la masse entière par l’action de la gravité. On comprend aisément, d’après cela, pourquoi les veines liquides subissent si prompte- ment l'influence des ondes sonores, et même pourquoi chaque veine descendante produit un son qui lui est propre. Nous pouvons tirer immédiatement de la proposition qui précède une conséquence des plus importantes, savoir que toute nappe liquide courbe et suffisamment mince, qui descend sous l’action de la pesanteur, est sollicitée par des pressions normales d'autant plus énergiques que les forces de tension distribuées dans toutes les portions, tant intérieures que superficielles de la nappe, sont elles- mêmes plus intenses. J'ai déjà soumis cette curieuse conséquence à plusieurs vérifications expérimentales; j'espère pouvoir les exposer prochainement avec tous les détails qu’elles comportent ; aujourd’hui, je me bornerai à en décrire brièvement une seule. ( 424 ) Un vase cylindrique en zinc ayant environ 9 centi- mètres de diamètre et 60 centimètres de hauteur (fig. 2), EE ee en ene BOLADI es end me aem ES mm ee pes mn en | Eee | SSSR NE r naeem Emmen eme emee er S nee pote RS Donne ne ans | Hermes | Re ne ma man rie RE | vermanen nen nu res RD se EE TE LENS SEN | Re eais ee Res == est muni d'un fond pré- sentant une fente circulaire qui a 0"",53 de largeur et 59"",31 de diamètre moyen; cette fente est des- sinée figure 5; une pièce appropriée sert à boucher l'ouverture pendant qu'on remplit complètement le vase. Dans ces conditions, la vitesse théorique avec laquelle le liquide s’échap- perait de l'ouverture circu- laire est L 2g Xx 0,60 = 5,43. Lors de l'écoulement, nous devrions done nous attendre à voir se produire une nappe cylindrique continue, du moins jusqu'à une certaine distance du fond du vase. Mais le résultat que nous avons obtenu a été bien diffé- rent : immédiatement après que la pièce bouchant la fente a été enlevée, le liquide jaillissant de celle-ci à formé une nappe qui avait la forme d’un sac fermé allant en se rétrécissant à partir de louverture circulaire jusque dans le voisinage du prolongement de l'axe du vase; ce sac avait d’abord une longueur d'environ 17 centimètres; ( 425 ) mais il devenait de moins en moins long (*), à mesure que la charge diminuait, pour se déchirer quand celle-ci n'était plus que de quelques centimètres de hauteur. Pour nous rendre compte du résultat de cette expé- rience, tout à fait analogue à celle imaginée par J. Pla- teau (**) dans le hut de réaliser une lame liquide cylin- drique de 5 centimètres de diamètre, nous n’avons qu’à faire remarquer que chaque filet liquide de la nappe est soumis à l’action de la pesanteur d'une part, de l’autre à celle de la force élastique de traction signalée ci-dessus ; chaque point de la masse liquide constituant la nappe courbe est donc soumis à une pression normale à la sur- face et résultant de l’ensemble de toutes les tensions élé- mentaires distribuées dans la masse entière; voilà pour- quoi la nappe s’infléchit sk rapidement vers l'axe près duquel elle se ferme pour donner ensuite lieu à un jet liquide tumultueux et de forme irrégulière. Comme la force élastique de tension augmente à mesure que la charge diminue, il n’est pas étonnant que le sac se rac- courcisse graduellement, jusqu'au moment où la force en question en détermine la rupture. Lorsque la fente, au lieu d’avoir environ 0"",5 de lar- geur, est deux fois moins large, tout en ayant le même diamètre moyen, la nappe jaillissante se déchire en une multitude de points avant de pouvoir atteindre l'axe, et la formation du sac conique devient impossible. (C) L'appareil était muni d’un tube def recourbé à angle droit en e et ouvert aux deux bouts d, f, afin que lair limité par le sac fermé communiquât toujours librement avec l'air extérieur. (©) Statique expérimentale et théorique des liquides soumis aux seules forces moléculaires, Paris, Gauthier-Villars, 4873, t. II, p. 454. 3" SÉRIE, TOME XXXII. 28 ( 426 ) Note relative à quelques conditions d'équilibres infra-élec- triques et à la conduction de cette énergie (*); par P. De Heen, membre de l’Académie. Avant d'aborder l'étude des équilibres infra-électriques, ui, comme nous le verrons, ne sont que la traduction des équilibres électro-statiques, il n’est pas inutile d'émettre quelques réflexions sur le caractère invraisemblable que présentent les notions que nous possédons actuellement sur le spectre. Si nous considérons un corps partant d’une température relativement basse, laquelle s'élève progressivement, nous le voyons d’abord produire dans l’éther ambiant des vibrations relativement longues, lesquelles en rencontrant d’autres corps développeront à leur tour dans ceux-ci l'énergie chaleur, représentant un travail mécanique. Puis la température s'élevant toujours, nous constatons l'existence de vibrations plus courtes, qui, chose étrange, ne se manifestent à nous que gràce à l'organe excessivement délicat de la vue, mais inca- pables de se traduire par un travail mécanique appré- ciable. Si enfin nous dépassons une certaine limite de vibration, nous voyons réapparaître l'énergie mécanique, mais cette fois sous la forme électrique. Est-il vraisem- () Ce travail constitue la suite d’une première note intitulée : Note sur la théorie du radiomètre, sur la photographie Le Bon et sur la nature de l'électricité. Voir BULLETIN DE L'ACAD. ROY. DE BELGIQUE, 3e série, t. XXXII, p. 75, 1896. ( 427 ) blable d'admettre dans ces conditions que les vibrations lumineuses intermédiaires ne déterminent aucune énergie appréciable, pour cette simple raison que leur onde est intermédiaire entre londe électrique et l'onde calori- fique? Rien ne paraît moins acceptable et, au contraire, tout porte à croire que les rayons lumineux, de même que les rayons de plus petite longueur d’onde, dévelop- pent une énergie analogue à l'énergie électrique, mais douée d'une faculté de dissipation si grande qu'elle nous a échappé jusqu’à ce jour. La photographie nous a révélé cette énergie que nous avons désignée sous le nom d’infra-électricité. Celle-ci cor- ‘respondant à un temps de vibration plus long dans l’éther condensé qui recouvre les conducteurs, elle se distinguera de l'électricité proprement dite par un caractère sem- blable à celui qui distingue la lumière rouge de la lumière violette. Tandis que l'électricité constitue un agent exci- tateur de la réaction photographique, l’infra-électricité constitue un agent continuateur. Nous allons voir qu'en admettant que les éléments infra-électriques se repoussent, de même que les élec- tricités de même nom, et en admettant également que pour cet agent le bois et le papier sont moins bons con- ducteurs que les métaux, on peut prévoir et expliquer des impressions photographiques dans les conditions les plus variées. Composons le châssis, indépendamment de sa plaque de verre, d'une planchette de hêtre ou de bois quelconque de 4 1}; à 2 millimètres d'épaisseur p, contre laquelle s'applique une plaque photographique p’ sur laquelle on a appliqué une bande de papier d'étain f, le tout étant ( 428 ) enveloppé du papier noir p” qui sert à préserver les plaques photographiques. (Ces objets sont évidemment en contact, mais nous les avons indiqués par des traits séparés afin de rendre la figure plus claire.) Suppo- sons maintenant que lon vienne à éclairer, soit à l’aide de rayons solaires, soit à aide des rayons d’une lampe à arc (c'est ce dernier procédé que nous avons suivi), la partie supé- rieure ab de la planchette, relativement peu conductrice „de l'infra-électricité. Cette énergie s'étant développée, c C —- sous l'influence des rayons, tan Ht Bi Fi sur la surface ab, continuera 6. 1. à y séjourner en plus grande abondance ie en be qui se trouve à l'ombre. D’autre part, ces diverses surfaces étant en contact, l’infra-électricité ne tardera pas à se répandre sur la surface sensible. Mais il est facile de voir que cet agent, étant prédominant en ab, exercera aussi une action répulsive, prédominante sur celui répandu en a'b', lequel sera refoulé d'autant plus facilement sur la surface b'c’ que la bande d'étain facilitera cet écoulement. La surface b'c’, correspondant à l'ombre, étant donc la plus infra-électrisée, sera aussi la plus vivement impressionnée. La planche I nous montre ce phénomène. La planche IT nous montre le résultat inverse que l’on obtient à l’aide d’une plaque non voilée. ( 429 ) L'impression obtenue est alors le résultat du passage de radiations proprement dites. Au lieu de faire usage d’une plaque photographique en une pièce, nous pouvons la séparer en deux parties, ab @ 3 f et cd, et réunir celle qui de correspond à la lumière à celle qui correspond à Pom- g||| Zumzère bre, à l’aide d’une feuille d’étain. Dans ces conditions encore, la plaque cd sera © Ombre plus fortement impression- née que la plaque ab. On remarque aussi que la pla- 7 que est non seulement plus fortement impressionnée sous la feuille Hélin en ab, mais que souvent le même résultat s'obtient en cd. La planche HI représente la plaque cd; l'impression ainsi obtenue est marquée en A, B, C. Unė simple lame de verre placée en ab fournit du reste le même résultat. Si enfin on supprime la portion de plaque ab pour ne laisser subsister que la feuille d'étain f (fig. 3), on F obtient encore une impres- sion plus forte sous celle-ci. Lumiere Mais dans ces conditions, la perte d'énergie est beaucoup ó plus grande et l'impression en Ornrke par conséquent beaucoup plus faible. La planche IH nous montre les impressions œ obtenues sous les feuilles Fic. 3. ( 450 ) d'étain dans ces conditions en E, F. L’infra-électricité se dissipant facilement, il importe de faire en sorte que la longueur bc ne soit pas trop grande. Il est aisé de reproduire ces conditions d'équilibre à l’aide de l'électricité. A cet effet, considérons une feuille de carton relative- ment peu conductrice de l'électricité et sur laquelle on a collé une feuille d'étain abc; des électroscopes sont placés en e et en e’ (fig. 4). Si l’on électrise ce système à l’aide d'un excitateur, on Jk remarque que la surface ab qui représente la surface c infra-électrisée sous lin- des fluence des rayons, repousse l'électricité de la face oppo- sée sur la partie inférieure de la feuille d'étain, de telle manière que l’électroscope e', qui correspond à l'om- bre dans la première expé- rience, se relève davantage que l’électroscope e. Une expérience sembla- ble nous a également mon- tré comment il se fait que l'impression infra- électri- que est plus forte sous la feuille d'étain (fig. 5). Con- ( 431 ) sidérons encore une feuille de carton; en a se trouve collée une bande d’étain en contact avec l’excitateur et qui représente donc la surface infra-électrisée sous l'influence des rayons; à la partie inférieure de la face opposée se trouve une feuille d’étain be. Si dans ces conditions on électrise a, on remarque que l'électroscope e', placé derrière la feuille d’étain, se relève considérablement alors que l’électroscope e est encore immobile. Reprenons maintenant la disposition (fig. 1) et substi- tuons à la planchette p une feuille d’étain, laquelle est parfaitement conductrice. Dans ces conditions, l’infra- électricité développée en ab se répandra instantanément sur toute la surface de la feuille. L'influence de l'ombre deviendra donc nulle ou négligeable. Nous avons obtenu de cette manière l'épreuve (IV). Elle est obtenue à l’aide de deux bandes d'étain a et b, la moitié de chacune d'elles étant dans l'ombre, la deuxième moitié en pleine lumière. On constate que la limite d'ombre et de lumière n’a produit aucune trace sensible. Mais on remarque que ces deux bandes d’étain ont con- stitué une espèce de drainage du flux infra-électrique qui a été amené latéralement. Entre ces deux lames, l’infra- électricité du bord supérieur a tenté de se réunir à l'in- fra-électricité du bord inférieur. Il s’est dès lors produit un écoulement par les lignes de moindre résistance, de manière à produire une impression veinée. D'autres clichés nous ont montré cet écoulement infra- électrique d’une manière très marquée en répétant l'expé- rience correspondante à la planche I. On remarque que cet agent, partant du bord de la partie éclairée, se dirige vers l'ombre en suivant la direction des flèches abcd. (fig. 6). Mais le fait véritablement surprenant qui résulte de cette ( 432 ) expérience réside dans cette circonstance que les courants infra-électriques, au lieu d’impressionner davantage la plaque, reconstituent au contraire celle-ci dans son état primitif en faisant disparai- tre en ces points toute trace du voile qu’on avait produit lors de sa préparation. Ce phénomème de reconstitu- tion s'est manifesté d’une manière très remarquable sur le cliché (pl. T). Il sem- ble done que l’infra-élec- tricité produise des actions Fic. 6. inverses suivant qu'on la considère à l’état de repos ou à l'état de mouvement. On pourrait, à vrai dire, supposer deux infra-électricités de noms contraires, déterminant des actions photogra- phiques inverses, mais nous n'avons pas réussi à inter- préter d’autres faits à l’aide de cette hypothèse. Si la plaque photographique, au lieu de remplir com- plètement le cadre du châssis, est de plus petite dimen- sion et se trouve placée au centre de ce cadre, l'écoulement a, b, c, d n’est plus marqué, mais après l'exposition on constate une impression plus régulière, mais beaucoup moins marquée, dans laquelle l'ombre correspond tou- jours à la partie la plus impressionnée. Nous avons enfin recherché si le pouvoir photogénique de l'infra-électricité dont le temps de vibration corres- pond au rouge est différent des pouvoirs photogéniques des infra-électricités correspondant aux autres parties du spectre. Nous nous sommes servi à cet effet de châssis munis de verres rouge, vert et bleu; et nous avons Bull. de l'Acad. T. XXXI, 1839, N° C-I ti ; ai à ( 433 ) observé que ce pouvoir croit quand on passe du rouge au violet. Il importe de remarquer que l’infra-électricité correspondant au rouge possède encore ce pouvoir d'une manière assez marquée. Quelques propriétés du déterminant d'un système transfor- mable ; par Jacques Deruyts, membre de l’Académie. Soit p4, pa … p, un système transformable réel, com- posé de fonctions entières, isobariques homogènes et des mêmes degrés pour les coefficients de formes algébriques et les variables de différentes séries analogues à x … x, À ce système, il correspond des équations linéaires SP, = OP, de Dap: + eve bp, em (1) im tin dans les conditions suivantes : P est la transformée de p, par la substitution Tj mt Pj + aXe Kekke C7. (j TE l, 2, na #) (S) de module à = (£ LATE ET] sé ds les lettres 6 désignent des fonctions entières des para- mètres « de la substitution $ et l’exposant e est un nombre entier, au plus égal au degré total des fonctions p par rapport aux différentes séries de variables. Les quantités p que nous considérons, peuvent être linéairement dépendantes; nous supposerons les for- mules (1) écrites sous forme normale; en d’autres termes, s’il existe entre les p des relations Api + Mpi + = + à pe =O. . . . (2) ( 4534 ) à coefficients numériques, les fonctions 9 doivent satis- faire aux conditions Aba + Age + ce HA = 0, . . . (2) ce qui est toujours possible et d’une seule manière, d’après un théorème de Clebsch (*). La note actuelle se rapporte aux propriétés des élé- ments 0 du déterminant des équations (1) : ri 0,2 ied 6, I. Si Pi, po … p, sont linéairement indépendants, le déterminant A est une puissance du module à de la substi- tution S. En effet, écrivons p = p(e), en désignant par e les éléments (variables et coefficients de formes) dont p; … Pe dépendent. Soient e1, e2 … er des éléments analogues à e et pl = p{el), … pr = p(er); on déduit facilement des équations (1) à Pi, Pi, .. PI, Mis pt … P2, ed A pa … p2, Pr, Pr, à Pr pa -Pr Ainsi le déterminant (+ pl, p2ə ... pr,), qui est différent de zéro, se reproduit, à part un facteur, après la () Mémoires de la Société des sciences de Göttingue, t. XVII. ( 435 ) substitution S. Il résulte d’un théorème connu que le facteur à ‘A est une puissance de à; il en est donc de même de A. . p, sont linéairement dépendants, A est nul, car on à one les éléments des rangées de A les relations linéaires (2’) correspondant aux équations (2). Soit comme précédemment DAD, = 0, une relation du premier degré entre pı … p,; en multipliant les r équations (1) par Ày, ào … À, et en faisant la somme, on a’ SAP, = PiS Aba He + PDA: Dans cette équation, le premier membre est nul; le second membre, étant écrit sous forme normale, doit être nul identiquement; donc on a, outre les relations (2') : Saha = 0, … SA = 0. | Ainsi, aux relations linéaires (2) des quantités p, il correspond les mêmes relations entre les colonnes et les rangées de A. D'ailleurs, entre les colonnes de A, il ne peut exister : aucune autre relation linéaire, DATE =0, … DEC = 0, distincte des précédentes, car on en déduirait une nou- velle relation Xp, = 0 entre les quantités (p). Dans un déterminant nul, il existe le même nombre de relations linéaires entre les colonnes et les rangées; done, les ( 436 ) relations linéaires des colonnes ou des rangées de A sont exactement semblables à celles qui ont lieu entre pi … Pe IH. Les substitutions Tj = BAN + Bas + + Bia Xn (G) X; = anke + aaa He trojans (Si) ont pour résultante Xj = Y aKa + je + e x YinXns (SY) si Pon prend Pom Bath ee (5) Soient P’, P” les transformées des p relativement aux substitutions S', S” de modules d, = ed Bu ee Bk dd, = E m Vars. Hide En appliquant les formules (1) aux substitutions S’, S4, on à : dP, = Bi (B) Pa + + bi, (B) Prs dt P; = 0, (2) P; ne F b (€) P), puis (dd,) P; =d pal (x) On (5) +» + bir (2) en (8)]- Si l’on emploie directement la substitution S'', on à : (33, P; =Y pr (>). ( 437 ) Les deux expressions précédentes de (24) P; doivent être identiques, car elles sont normales par rapport aux quantités p. Conséquemment, les éléments 9 du déter- minant À satisfont aux équations fonctionnelles bin (97) = ba (x) 6, (B) + ee + bia) ben (Dh. (4) les quantités y étant définies par la formule (5). CAS PARTICULIER. — Supposons p, … p, linéairement indépendants et prenons p; = ay, en désignant par aò le mineur de gx dans le déterminant à = (+ 44 … dpn). Les substitutions S’, S4 sont inverses et S” est la sahatit- tion identique ; dans les conditions actuelles, 6, (y) est égal à 1 ou à O suivant que l’on a h = à ou non (*); on obtient par la formule (4) : 0, i2 $ 5 h Sraa Oale) bele) = i, en Cette relation est analogue à celle qui existe entre les éléments de (+ «11 … a) et leurs mineurs «à. On en déduit facilement que le déterminant A = [E 0,,(a') … 0,,(a')] a pour valeur Let qu’un déterminant partiel de A's’obtient en divisant par A le déterminant partiel complémentaire de A. () Il n’en est plus de même quand pı … pr sont linéairement dépendants, car une quantité p n'est pas alors sa propre expression normale, Ma ( 438 ) HI. Soient x1, x2, … xn, n séries de n variables ana- ‘logues à (x); en remplaçant dans les fonctions 0 = 4(a;) les lettres «,, par æj,, nous déduisons des expressions Pè’ [formule (1)] des fonctions invariantes de même poids, Pi = Pba (La) + «ee + Pan (La) + ve + Phi (Tja). En effet, si le degré total des fonctions p pour les différentes séries de variables est représenté par p, le produit p+ xt, t.. an,- est invariant et a le poids — ọ (*). Les fonctions 0, (Xa) ... Os, (xx), 7 qui servent à exprimer &,, sont homogènes et des mêmes degrés en z1, x2, … æn. D'autre part, le poids de +; étant constant quel que soit i, les quantités 0,,(xj),) sont 1S0- bariques et leurs poids relatifs aux indices 1, 2, … », sont les mêmes pour i = 1, 2, … r, quand h est constant. Il résulte de ces remarques que dans le déterminant A, les éléments des rangées 4,,, Oia, … 6, (ou des colonnes Iys bais … 4, sont homogènes et des mêmes degrés par rapport aur éléments des colonnes o, as, … a; du module à (ou par rapport aux éléments des rangées dy, ap, … Ajn). IV. Les propriétés que nous venons d'établir caracté- risent le déterminant A d'un système transformable; en Ed (°) Voir notre Essai d'une théorie générale des formes, p. 69. (Mém. DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES DE LiËGE, 2e série, t. XVII.) ( 439 ) d’autres termes, si des fonctions 0 (ax;) satisfont aux équa- tions (4) et aux conditions d'homogénéité précédentes, il existe des systèmes de quantités se transformant suivant les formules (1). En effet, soient al, a2, … an les coefficients de n formes linéaires et A1, A2, … An leurs transformées par la substitution S. Remplaçons dans les formules (5) les lettres £,, par av,; nous aurons : Yur =X awan, = Avy, et la relation (4) devient : bin (Au) = Oi (æ) 0a (avy) + + + 0,,(2)0,, (aus). Les fonctions pi = (E xl, EN) 6 (av,) sont entières, homogènes, des mêmes degrés et isobari- ques; elles se transforment suivant les formules OP, == bapi npe see upe 0,p, analogues à (1). On pourrait du reste remplacer facile- ment pi, ps, … p, par d'autres quantités cogrédientes. ~ Par un raisonnement analogue au précédent, on obtient des quantités q4 … q, se transformant suivant les formules Gi = 0, + OQ + + + 0,,Q,; on peut prendre q, = 8,.(xv.,), en donnant à À l'une des valeurs 4, 2, … r : la vérification résulte des équa- ( 440 ) tions (3), (4), moyennant le changement des lettres a, Bu» en Xy, et ap. V. Pour compléter les résultats précédents, nous rechercherons les systèmes de quantités cogrédientes à pı … p, (qui se transforment suivant le déterminant A, à part une puissance du module 5 de la substitution S). Nous considérerons d’abord un système transfor- mable l4, la, … l, composé des coefficients linéairement indépendants d'un covariant primaire 4’; ce cas parti- culier nous permettra de traiter facilement la question générale. Soient L == Aali + À ver Al, . è . . (5) les équations de transformation du système (/), les lettres À représentant des fonctions entières } (z) des paramètres a. Le covariant primaire y’ associé à ({) s'écrit symboli- quement : -a | A eden ze (E alsa? … aj)” (Hal, … an, 7: = est le poids de y ; les exposants m sont déterminés par les degrés y’ en x1 … zn — 1; enfin, O est une somme de polaires relatives aux coefficients a. Les coefficients linéairement indépendants l; … l, de y’ peuvent être choisis de différentes manières, mais ils comprennent toujours la source de y’ que nous prendrons pour premier terme l}. Nous aurons ainsi : l = OJE lu, … aj) (+ at, an)” + () (441 ) les autres termes |, s'écriront : l= OŸat,... (+ alia2,) … (Eat, an)”. (57) Si l'on écrit L; = L,(,), on obtient par un change- ment de notation : Lilas) = ON al … (Hala?) … (E alu … Man)”; on a d'autre part, d’après la formule (5) : L; (av) = À; (£v) E Le né Aa (xv) h + A (ry‚) C Identifions les multiplicateurs de l}; dans les deux ex- pressions de L,(xy,); en tenant compte de l'équation (5), nous obtenons : Aa (27) =d rh, (ska). seat nr Remplaçons enfin les lettres xy, par au,; nous avons : An (av) = Yah, (+ alsa?) … (Hal, … an), et par la formule (5”) : 1 Ol) ne eek Done, les coefficients linéairement indépendants £, d'un covariant primaire y’ se déduisent des termes X de leur tableau de transformation. VI. Reprenons maintenant le système pi, pa, … P, correspondant aux équations (4) et supposons que les fonctions p dépendent seulement des coefficients de Sne SÉRIE, TOME XXXII. 29 ( 442) formes algébriques. Alors, dans les formules (1), e est nul et on a: P; = bapi + bapa + ve + Oups. + + « (7) Les termes linéai tindépendants de la suite p4... p, forment un système transformable et sont des combi- naisons du premier degré des coefficients linéairement menen bis dos lim 5. m: … de covariants primaires y", x, … f); on a ainsi : Pi Cal + vee + Cil, + OM + ee + sue + vry (7°) les lettres c, e, … désignant des facteurs numériques. Nous écrirons pour les transformées L, M, … des coefficients l, m, … : = À; A FE A b i 2,14 vd. 7”) M; = gamy + eee + pm, etc. et nous Le pour li, M4, … les sources des co- variants y’, Par la formule (6), nous aurons : li = OA; (av), m; = Ok (avs), ete., et la relation (7') devient : PÆOilcuaula)+. + ca, (a) |+ O[eura(a)+++ + eun ]+ (8) center messes" (°) Voir Bulletin de l’Académie royale de Belgique, 8e série, t. XXXII, pp- 84 et (443) Dans le second membre de la dernière équation, on peut introduire au lieu des À les fonctions 6. En effet, on a par (7): P, = Cul + vee + Elis + e‚M, + vee et par (7”') : P, = ACHT ++ Og) + + M (eaka H + eutn) + On déduit aussi des formules (7), (7') : P, == l (Cuba + e. Caty) eve of m, (eba +. + e‚1bi) -+ vee Dans les deux expressions précédentes de P,, les multi- plicateurs de l4, m4, … doivent être identiques, car les quantités l, m, … sont linéairement indépendantes; on a donc : Cada + ee + Cuda = Cu + ve + Cl, alu + ee + ll == Ca + ve. + erbiy ELC. La formule (8) devient ainsi : „== 0, [nba (a)+-..+ Cm0 „(u)) 7 Os [ents (a) +-+ enbi (a)]+ y ou encore : p. = 0'3 (av) + + + 070, (av), . . . (9) les lettres O’ … O” désignant des agrégats d'opérations polaires relatives aux coefficients a. Done, les termes p d'un système transformable, dépendant seulement des coeffi- ( 444 ) cients de formes algébriques, se déduisent symboliquement des éléments 9 (a) du déterminant A, par un changement de notation et des opérations polaires. VII. Pour considérer le cas général, supposons que les fonctions p dépendent de variables U } (2), … analogues à (x) et respectivement aux degrés p’, La loi de transformation des ġiriiitités p est exprimée par les formules (1) Pd = bala)pi + ++ + 0, (x)p,, où l'ona: - a Plek tes nous écrirons : POP — op (a)d”. pi + + + 0,(a).d".p,. « (10) en prenant p =p + p” aH ene et w= p Hp A ek. Soient i, mi, li, … des formes linéaires et , ds 4 AE" à ek pi = (tui. A (eni) po (11) dy dzl: on a inversement : d d e d d Ne - i ¡== + ne Hz . .. 3 11 ) P | Tan =) gra int) eP l en négligeant un facteur numérique.. (443) Par les formules (10) et (11), on obtient : Pi = du (a) 2" pi + ee + Or (a) d" p3 l'équation (9) est applicable aux quantités p’ qui dépendent seulement des coeflicients de formes algébriques; on a donc : = 0'0 (a). (Zal, an y + + + 076, (a).(+ al, an)", et par la formule (14”) : P: = 9,9; (a) . (Hal, … all)“ 404 O6, (a). (dal, an), (12) les lettres © représentant des agrégats de polaires et de p', o”, … opérations telles que (+ d =) (+ d <) Beraad De Er : di où h, k, … sont des coeflicients de formes linéaires. Ainsi, on peut exprimer par la formule (12) tous les systèmes de quantités p qui se transforment suivant le déterminant [+ 9, (a) … 0,,(x)|, à part une puissance du module à = (+ ar … a). Du reste, si on choisit convenablement les opérateurs © pour que le second membre de l'équation (12) représente une fonction homogène, on obtient, quel que soit w, un système p; … p, transformable, correspondant au déter- minant A. ( 446 ) Étude de la synthèse du benzène par l'action du zinc-éthyle sur l’acétophénone. [Sixième communication] (*); par Maurice Delacre, correspondant de l’Académie. Dans de précédentes communications, j'ai étudié lac- tion de la potasse sur la dypnopinacone. Ce réactif important pour l’objet de mes recherches exerce, à partir de la dypnopinacone, une série d'actions qui est repré- sentée pratiquement par les équations suivantes : (1) C7 H20? = CH? 4 H?0 Isodypnopinacoline (I) C?H#%0 + HPO — CH'O? + CHI** (111) CH! + H? = CHA" L'équation I donne seulement de l’isodypnopinacoline, tandis que l'équation II est applicable tout aussi bien à l'isodypnopinacoline « et aux dypnopinacolines, soit directement, soit indirectement. Au contraire, l’action de la potasse suit une autre voie dès que l’on s'adresse à l’isomère obtenu par l'action solaire ou à ses dérivés ; après la suite des transpositions (°) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, t. XX, p. 463, 1890 ; t. XXII, p. 470, 1891; t. XXVII, p. 36, 1894; t. XXIX, p: 849, 1895; t. XXXII, p. 95, 1896. ( 447 ) dont l'étude a fait l’objet du mémoire précédent, on arrive à une scission probablement identique à celle dont je viens de donner l'équation. Cependant l’hydrocarbure que l’on obtient ainsi est différent de celui que j'ai décrit comme produit de scission de l’isodypnopinacoline a et des dypnopinacolines, et répondant à la formule C?5H?2. Il y a donc encore une série de recherches à faire sur ce point. _ Les faits que je me propose de décrire aujourd’hui, bien que basés sur l'emploi du même réactif, sont d’un autre ordre et tiennent à des causes qu’il est difficile d’expli- quer. Il s'agit d’une simple isomérisation de la dypnopi- nacone et cette transformation s'opère dans des condi- tions bien déterminées de concentration du réactif. Les pinacones, comme la plupart des composés de ce genre, ne possèdent guère de réactions en propre; étant donnée leur déshydratation facile, les dérivés auxquels ils peuvent donner naissance sont ou peuvent être souvent considérés plutôt comme des dérivés de la pinacoline qui leur correspond. Heureusement, dans le cas de la dypno- pinacone, la diversité des pinacolines dérivant de ce bial- cool peut devenir une façon absolument irréprochable de le caractériser. On sait que dans cet ordre d'idées, la dypnopinacone, traitée par l'acide acétique, donne, par simple cristallisation et avec des rendements pour ainsi dire théoriques, la dypnopinacoline a se présentant en magnifiques cristaux jaune intense et possédant elle- même des réactions tout à fait nettes et caractéristiques. Les isomères de la dypnopinacone (homodypnopina- cones) que je vais décrire aujourd'hui ne se comportent pas de la même façon ; ils peuvent cristalliser facilement ( 448 ) de l'acide acétique et ce n’est que par une longue ébulli- tion que ce dissolvant exerce sur eux une action déshy- dratante ; la dypnopinacoline que l’on obtient ainsi (homodypnopinacoline) a des réactions absolument diffé- rentes de celles de la dypnopinacoline ordinaire, et lon peut, en suivant cette voie, arriver à une synthèse nouvelle de la chaîne benzénique, en passant par une série de corps nettement distincts, comme propriétés et comme aptitudes, des dérivés que j'ai décrits dans les communi- cations que j'ai eu l'honneur de faire précédemment à l’Académie. Mais, étant données les réactions nettes qui permettent de différencier la dypnopinacone des homodypnopina- cones et qui établissent sans doute possible leur existence comme espèces définies, un intérêt spécial s'attache aux conditions dans lesquelles se forment et se décomposent les homodypnopinacones; elles font de cette isomérisa- tion un fait que je considère comme nouveau (*). La dypnopinacone, traitée par la potasse alcoolique à 1/10000 d'alcali, se transforme en partie en homodypnopi- nacone; celle-ci, isolée et cristallisée dans l’acide acétique, traitée dans les mêmes conditions par le même réactif plus concentré, soit à 1/5 ooo environ, revient au composé primitif; toutes les réactions de l'homodypnopinacoline en solution alcaline sont celles de la dypnopinacone ou plutôt de l’isodypnopinacoline. On se trouve donc en pré- sence de ce fait étrange que l’homodypnopinacone qui se produit (et peut-être qui se produit seulement en solution ee (‘) Je ne connais aucun fait de ce genre; s’il en existait à la connais- sance de quelque lecteur de ce travail, je lui serais reconnaissant de bien vouloir me les signaler, ( 449 ) alcaline) se détruit par le même réactif dès qu'on en aug- mente la concentration ou qu’on en prolonge l’action. Action de la potasse alcoolique à 1/10000 sur la dypnopi- nacone. — On mélange 6 grammes de dypnopinacone pure, 500 grammes d'alcool à 92 rectifié sur de la chaux (*), et 6 gouttes (**) de solution normale de potasse caustique. On fait bouillir le mélange au bain de vapeur, à reflux, pendant trois heures et on abandonne le ballon sans le bouger de place pendant la nuit, après y avoir ajouté une goutte d'acide acétique. Le plus souvent, il s’est déposé au bout de ce laps de temps de belles aiguilles absolument blanches de dypnopinacone; quelquefois il s’est formé aussi un léger dépôt de mamelons jaune paille. Cette dernière circonstance est la plus favorable; la cris- tallisation de dypnopinacone a eu le temps de se faire complètement et ce qui se dépose par la suite est de Phomodypnopinacone pure. Cependant, il est peu avan- tageux d'attendre que ce phénomène se produise pour séparer, car on dépasse souvent le but et il devient fort difficile d'isoler l’isomère mélangé à beaucoup de dypno- pinacone. Quoi qu’il en soit, on décante la solution dans un matras bien propre; s'il se produit encore des aiguilles blanches de dypnopinacone pure, on décante une seconde fois dans un matras propre, puis on laisse la cristallisation se continuer pendant plusieurs jours. C) On peut éviter cette rectification en augmentant un peu la pro- portion de potasse pour neutraliser l'acidité de l'alcool, par exemple en employant 8 gouttes au lieu de 6. (*) Les gouttes sont comptées au moyen d’un compte-gouttes « nor- mal » Mann et Ilgen ; 20 gouttes = 15<,3 ©; 1 goutte = 04r,00434 KOH. ( 450 ) On s’évite beaucoup de peines en mettant dans des flacons séparés différentes « qualités » du produit, suivant qu'il est plus ou moins mélangé de dypnopinacone, et en les purifiant séparément. Le rendement moyen de cent cinquante opérations est de 16,5 d'homodypnopinacone; il oscille entre 05,6 et parfois 2 grammes et même 25,5. La dypnopinacone que Fon retire directement atteint environ le même poids. Pour chaque opération, il reste donc en solution envi- ron 3 grammes ; on peut, par des concentrations et des cristallisations méthodiques, séparer une quantité notable de dypnopinacone et de son isomère, mais il arrive un moment où le produit se dépose à l’état liquide. J'exami- nerai plus tard les produits secondaires que l'on peut isoler à ce moment (*). HoOMODYPNOPINACONE a. Par le procédé qui vient d’être indiqué, il est rare que Fon obtienne directement un produit pur. Généralement il est plus ou moins souillé de dypnopinacone. Lorsque la cristallisation s’est faite lentement, la séparation méca- nique par lévigation dans l'alcool suffit. En cas contraire et lorsque le mélange ne contient que peu de dypnopina- cone, on peut retirer celle-ci en extrayant par une petite quantité d'alcool bouillant jusqu'à ce que celui-ci ne dépose plus de cristaux incolores de dypnopinacone. L'homodypnopinacone est finalement recristallisée de l'acide acétique, dissolvant peu avantageux, mais qui présente, à un autre point de vue, l'avantage de prouver Fo ii ou C) L'étude de ces produits secondaires fera l'objet de mon prochain mémoire; j'y déerirai une nouvèlle homodypnopinacone. : (451 ) dans le produit l'absence de dypnopinacone. Celle-ci est en effet déshydratée par l’acide acétique; la dypnopina- coline a se dépose en cristaux jaune vif, très caractéris- tiques. Un mode de purification qui donne des rendements meilleurs et des cristaux plus nets est la dissolution dans la benzine à chaud et la cristallisation lente après addi- tion de ligroine. L'homodypnopinacone se présente en gros cristaux vitreux, jaune très faible, fondant à 128. L'analyse et la détermination eryoscopique de ce dérivé prouvent que c’est un simple isomère de la dypnopinacone. Substance. . : 0,4935 0,5052 Rau. 0 CO ee 0,0088 0,0092 Calculé pour 0,0009 0,0010 Cr GY eus 86,34 86,30 86,49 Rhino os 6,48 6,49 6,31 Détermination cryoscopique : Benzène 196",7625 Congélation 5°,020 Substance 0,1043 Congélation 4°,944 M. 547 0,2245 4°,850 378 0,5330 4°,670 383 0,6619 4°,605 403 0,8089 4,510 404 A défaut de l’ensemble de preuves qui découle du pré- sent travail, les nombreuses préparations que j'ai faites de ce corps dans les circonstances les plus diverses, et l’action pour ainsi dire nulle de l'acide acétique à froid, établiraient d’une façon indiseutable son existence comme espèce chimique. ( 452 ) L'homodypnopinacone « peut même cristalliser de Panhydride acétique ; dans les conditions ordinaires d’une cristallisation, je wai pas constaté d'action de ce réactif. Le chlorure d'acétyle lui-même peut servir de simple dissolvant, et à ce sujet il en sera fait mention plus loin pour différencier les homodypnopinacones « et pĝ. Ces réactifs se comportent différemment à chaud. J'ai peu étudié l’action de anhydride; l’action du chlorure d’acétyle devient peu intéressante après celle de l'acide acéto-chlorhydrique qui sera examinée plus loin; quant à l’acide acétique, c’est le meilleur réactif de l'homo- dypnopinacone. Après une longue ébullition, il provoque la déshydratation du produit et la formation d’une dyp- nopinacoline nouvelle : Phomodypnopinacoline +. Action de la potasse alcoolique sur l'homodypnopina- cone a. — Ce réactif régénère la dypnopinacone, mais comme celle-ci est facilement attaquée avec formation d’isodypnopinacoline z, la réaction a été difficile à démé- ler. Voici une série d'essais instructifs, faits simultané- ment, et que je choisis dans les expériences nombreuses que j'ai exécutées : HOMO- ALCOOL, akaa TEMPS. Résultats. DYPNOPINACONE. | N grammes, grammes. | gouttes (1).] henres. i I 0,5 50 2 3 Homodypnopinacone et dypnopinacone. Il 1 50 20 41/, | Dypnopinacone. IH 4 50 20 3 ta Isodypnopinacoline a. S un Sr din me (C) Vingt gouttes du compte-gouttes Saleron employé ici correspon- r ion > d'aci 294 KOH dent à 10ce,5 d'une solution — d'acide; 1 goutte = 0sr,00 . (435 ) Après ébullition au bain-marie pendant l'intervalle indiqué, on laisse cristalliser après avoir filtré, et le résultat est indiqué d’après le produit qui se dépose ainsi. On voit done que l’'homodypnopinacone régénère déjà la pinacone en solution renfermant la moitié moins de KOH que celle qui a servi à la former. La régénération de la dypnopinacone dans cette circon- stance présentait pour l'étude que je poursuis un intérêt spécial. En effet, la potasse à 1 °/, déshydrate la dypnopinacone pour donner un anhydride différent de celui qu’on obtient par déshydratation normale; cependant il m'avait été impossible de m'arrêter à la simple isomérisation de la pinacone pour arriver ensuite graduellement à sa déshy- dratation. Comme je lai déjà mentionné (*), l’action incomplète de la potasse donne un corps semi-liquide soluble dans l'alcool que, malgré des essais répétés, je n'ai pu amener à un état convenable pour l'étude. Je croyais à ce moment que le mélange soluble dans l'alcool contenait une certaine quantité de la pinacone cherchée, la potasse agissant à la fois et d’une façon peu nette, et comme isomérisant, et comme déshydratant. Je n'ai pu confirmer cette manière de voir et j'en suis venu à sup- poser plutôt que le corps soluble dans l’alcool contient de l’aleali, car la dypnopinacone est beaucoup plus solu- ble dans l'alcool alcalinisé que dans ce dissolvant seul. Cette interprétation se trouve confirmée par les faits que je décris aujourd’hui et qui semblent prouver que la pina- C) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3° sér., t. XXIX, p. 456, 1 ( 454 ) cone correspondant à l’isodypnopinacoline o. n’est pas susceptible d'exister. Avant que l'expérience n'eùt pu me conduire à cette notion, j'avais fondé sur l’homodypnopinacone l'espoir d'arriver à isoler la pinacone qui devrait correspondre à l'isodypnopinacoline. J'ai cru devoir mettre tous mes soins à cette recherche, car son existence prouvée ou rejetée doit avoir une grande importance pour déterminer la nature de l'isomérie entre la dypnopinacoline a et l'iso- dypnopinacoline. Une circonstance spéciale me fit espérer avoir atteint le but désiré : le produit régénéré, en belles aiguilles blanches, fondait, non à 160°-161° comme la dypnopina- cone, mais nettement à 162°,5. Ces points de fusion étaient parfaitement constants après une douzaine de cristallisations dans l'alcool ordinaire, tant pour la dyp- préparée direct t que pour celle régénérée par l'action de la potasse sur l’homodypnopinacone. Je me suis donc attaché, par des recherches scrupu- leuses, à les différencier. Je n'ai pas à mentionner les essais exécutés avec l'acide acétique qui m'ont conduit avec la dypnopinacone régénérée (fus. 162°,5) à une dyp- nopinacoline « bien identique à celle décrite antérieure- ment. Un essai de ce genre n’est nullement démonstratif, car il est bien possible que l'isomère cherché (isodypno- pinacone) se déshydrate par l'acide acétique en dypnopi- nacoline, de même que de la dypnopinacone se déshy- drate par la potasse en isodypnopinacoline. Mais le réactif qui me servait à régénérer la dypnopina- cone pouvait servir à conclure, avec une vraisemblance voisine de la certitude, à son identité avec la dypnopina- cone ordinaire. Il suffisait de soumettre la dypnopinacone ( 455 ) régénérée à l’action de la potasse à 1/10000 et de com- parer avec la dypnopinacone ordinaire. Si le composé (fus. 162°,5) était nouveau, il peut être considéré comme certain qu'il serait plus résistant vis-à-vis de la potasse que la dypnopinacone ordinaire, et que se formant au sein de KOH à 1/5 000, il serait inattaqué par le même réactif à 1/10000. L'expérience constate sur ce point l’iden- tité absolue des deux corps. Deux préparations d'homodypnopinacone faites ensem- ble et dans les mêmes conditions, l’une avec la dypnopina- cone pure ordinaire et l’autre avec le produit (fus. 162°,5), ont donné exactement le même résultat comme rende- ment et comme nature du produit obtenu. La conclusion de l'identité des deux produits (fus. 160-161° et fus. 162°,5) s'est trouvée confirmée par l'ac- tion de l’acide acétique sur la dypnopinacone ordinaire en solution alcoolique (1 gramme : 50 grammes). Avec une goutte (0°°,58 N) d'acide acétique, le produit n’a subi aucune transformation après trois heures d’ébullition ; avec deux gouttes, même résultat; avec dix gouttes, le point de fusion du produit s'élève à 162,5. Quelque étrange que le fait puisse paraître, il est donc prouvé que l’on peut faire passer à volonté la dypnopina- cone sous forme d’homodypnopinacone ou faire revenir celle-ci à l’état primitif suivant la concentration du réactif. De plus, ces expériences permettent de considérer comme très probable la non-existence de l’isodypnopinacone; car dans la régénération au moyen de l’homodypnopina- cone, le composé hypothétique se trouvait dans les condi- tions les plus favorables à sa formation qu’il soit possible de réaliser. ( 456 ) Action de l'acide acéto-chlorhydrique sur l'homodypno- pinacone x. — On pourrait s'attendre à arriver au même résultat avec ce réactif en le faisant agir, soit sur l’homo- dypnopinacone, soit sur son produit de déshydratation par l'acide acétique, l’homodypnopinacoline. Cependant, cela n’est pas tout à fait exact. Nous verrons que cette dernière donne l’isodypnopinacolène ; avec l’homodypnopinacone, j'ai obtenu l’isodypnopinacolène et le dypnopinacolène outre l homodypnopinacoline a et les dérivés de la pseudo- dypnopinacoline que j'ai déjà mentionnés ailleurs (*). L'analogie de cette réaction avec celle de la potasse alcoolique est frappante et nous voyons l'homodypnopi- nacone en partie déshydratée directement, en partie transformée à l’état de dypnopinacone. Une conclusion paraît ressortir de ces résultats : c'est que l’acide chlorhydrique doit, de même que la potasse, régénérer la dypnopinacone. Je ne suis pas parvenu à mettre ce fait nettement en lumière. Il est impossible d'opérer à chaud en solution acétique, puisque l’on obtient de l’homodypnopinacoline ; à froid, l’action est nulle ou très faible; elle est très faible aussi en solution alcoolique et mes essais dans ces circonstances ne m'ont conduit à aucune solution bien nette. Pour terminer l’histoire chimique de l'homodypnopina- cone a, mentionnons l’action de PCI qui donne la pina- coline correspondante, au moins principalement, et le zinc-éthyle avec lequel il ne m’a été possible que d'obte- nir dans plusieurs essais une masse gommeuse ; enfin, la distillation donne de l’acétophénone ou des produits liquides à points d'ébullition approximativement les A ou ©) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3 sér.,t. XXII, pp- 470- 502, 1891. ( 457 ) mêmes, et, détail intéressant, une substance fort peu soluble dans les dissolvants ordinaires et fondant vers 265°-265° en brunissant. HoMODYPNOPINACOLINE « La déshydratation de l’homodypnopinacone se fait normalement par ébullition prolongée de sa solution acétique. On fait bouillir pendant deux jours 10 grammes de produit et 500 grammes d'acide cristallisable. Après repos quelquefois prolongé de la solution, elle se prend tout d'un coup en une masse gélatineuse qui donne par essorage environ 5 grammes d’homodypnopinacoline «. Le produit lavé avec un peu d’acide donne directement par cristallisation un corps que j'ai considéré comme pur. La solution acétique est précipitée par trois addi- lions successives d’eau et les produits ainsi obtenus conservés séparément. Les derniers contiennent une gomme peu soluble dans Palcool qui rend leur purifica- tion difficile; à part cela, le corps que l’on peut isoler par toutes ces précipitations est bien identique au produit obtenu sans addition d’eau, et bien qu'il soit difficile de leur faire atteindre le point de fusion normal, ils ont donné les mêmes résultats à la combustion et à | action du zinc-éthyle. Combustion de l homodypnopinacoline v. : Substance. . . 0,4585 0,4591 ER, 0,2586 0,2567 1,4981 1,47534 CD ho. 0,0090 0,0127 Calculé pour 0,0015 0,0017 Cr is FO a 89,78 89,75 90,14 Re 6,26 6,31 6,00 3" SÉRIE, TOME XXXII. 30 ( 458 ) A cause de son insolubilité dans le benzène, il a été : impossible de faire la détermination eryoscopique dans ce dissolvant. L'homodypnopinacoline a fond à 168°; c'est le point de fusion du premier produit obtenu dans la préparation, sans addition d’eau, et cristallisé plusieurs fois, soit dans l'acide acétique, soit dans l'alcool. La manière dont ce corps se dépose de ses solutions, formant tout d'un coup une masse cristalline, sans qu'il soit possible d'obtenir une cristallisation lente et d’exa- miner à la loupe l'identité des produits qui se déposent successivement, empêche d’avoir tous les apaisements désirables sur la question de savoir si ce composé n'est pas un mélange de plusieurs isomères. C'est pourquoi je me suis efforcé de prouver que c’est bien une substance définie par une série d'expériences dont voici les résultats : 1° L'action du zinc-éthyle donne, avec d'excellents rendements, un seul alcool d'une grande pureté; 2 Les produits séparés spontanément dans la prépa- ration et ceux isolés par addition graduelle d'eau sont identiques; ces derniers, recristallisés dans l'alcool, ont donné les mêmes résultats à l'analyse et le même produit avec le zinc-éthyle; 5° Les homodypnopinacones d'origines les plus diverses, purifiées, les unes par cristallisation dans l'alcool, les autres dans l'acide acétique, les autres dans la benzine additionnée de ligroine et triées soigneusement à la loupe, ont donné la même pinacoline, fondant à 168°, et donnant le même alcool par le zinc-éthyle; 4 L'action de l'acide acétique bouillant sur l'homo- dypnopinacoline étant prolongée pendant huit jours, on better bars SE bnr Sodea eenn hi in MORE ti en de à à bé +3 =‘ ( 459 ) constate l'identité du nil avec le produit primitif ; 5e Cette étude de l’action de l'acide acétique n’a été faite qu'après un certain nombre d'essais avec l'acide acéto-chlorhydrique; avec ce réactif à divers degrés de concentration, j'obtenais un corps fondant à 168°, pré- sentant l'aspect de l’homodypnopinacoline, et ce n’est qu’ensuite que j'ai reconnu pouvoir le préparer par l'acide acétique seul. Quoi qu'il en soit, il n’est pas moins vrai que cette manière d'être de l’homodypnopinacoline présente, au point de vue de son étude délicate, un grand inconvénient, car il n’est pas possible d'isoler les produits d'une réac- tion incomplète; en effet, dès que le produit non attaqué dépasse une certaine proportion, il englobe en cristalli- sant tout d'un coup les autres cristaux et provoque probablement aussi leur dépôt. A part cette restriction, l'action de la potasse est de même nature que sur la pinacone pe Sir : avec 50grammes d'alcool, 05,50 d gouttes « normal » Mann et Ilgen) de solution normale de potasse, le mélange a paru sans transformation après trois heures d’ébullition. J'ai ajouté 8 gouttes et fait bouillir sept heures; il se dépose de l’isodypnopinacoline a et probablement aussi ja isomère f. L'acide acéto-chlorhydrique donne l'isodypnopinacolène sans dypnopinacolène. Ce fait démontre que l'action iso- mérisante de HCI sur Phomodypnopinacone pour revenir à la dypnopinacone ne se fait plus avec l'homodypnopi- nacoline, molécule en tous cas plus stable, ainsi que le démontre aussi l'action du zinc-éthyle qui ne donne rien de défini avec l’homodypnopinacone et qui est avec sa pinacoline d'une remarquable netteté. ( 460 ) Celle-ci donne lieu par une action modérée à la forma- tion de l’alcool homodypnopinacolique +; il suffit d’aug- menter la proportion de zinc-éthyle, le temps de chauffe, ou d'élever de quelques degrés la température indiquée pour obtenir exclusivement la triphénylbenzine. Alcool homodypnopinacolique a. — Pour cette prépara- tion, il est important de se servir d’homodypnopinacoline obtenue par précipitation spontanée, faute de quoi il est nécessaire de la purifier suffisamment par des cristallisa- tions dans l'alcool. Ce détail étant observé, l'opération donne toujours de bons résultats. 20 grammes de zinc-éthyle sont placés dans un ballon de 150 centimètres cubes; on y introduit 75,5 de produit sec et on chauffe au bain-marie; le mélange devient liquide, puis il se dégage un gaz et il devient semi-solide. Après deux jours de chauffe au bain-marie, on verse dans l’eau après avoir dilué d’éther, on acidule par HCI, on filtre et on dissout le produit solide dans l'alcool. Il se dépose ainsi 65,5 de magnifiques cristaux tabulaires qui sont, à côté d’une petite quantité de triphénylbenzine, le seul produit de la réaction susceptible de se déposer dans ces conditions à l’état cristallin. Ces cristaux sont de l'alcool homodypnopinacolique contenant de l'alcool éthylique. Ils fondent vers 90°, mais redeviennent bientôt solides pour fondre alors vers 150°. Substance. . . 0,4996 MAB edi 0,5506 1,5597 CO ke 0,0110 Calculé pour 0,0013 C#H*O.C*H'0. Carl. uns 85,82 86,07 Ha. sur 7,55 7447. ( 464 ) 15,5592 de ces cristaux ont été chauffés pendant six heures à 90°; le poids s’est réduit à 15,22. Cela corres- pond à une teneur en alcool de 10,25 °/,. 106,559 de produit chauffés à 440° ont perdu 1#,042, ce qui fait 9,8 °/,. La formule précédente exige 9,70 °/.. Ces cristaux donnent le produit anhydre par cristalli- sation dans l’éther de pétrole. Dans ces conditions, lal- cool homodypnopinacolique « se présente en magnifiques aiguilles vitreuses fondant à 128°,5 et qui régénèrent, par cristallisation dans l'alcool, l’alcoolate cité plus haut. Alcoolate séché : Substance. . . 0,4951 Bie Cate 1,6150 CO cin sea 0,0111 Calculé pour 0,0015 EHO C. . 89,44 89,72 M EE be 6,68 6,56 Cet alcool est remarquable par la netteté de son carac- tère alcoolique; par PCI, il donne un composé phosphoré sur l’étude duquel je reviendrai; le chlorure d’acétyle manifeste son action, d’abord comme agent d’éthérifica- tion, puis provoque probablement la scission du produit. Action du chlorure d’acétyle. PREMIÈRE PHASE. — En arrivant au contact du chlorure d’acétyle, l'alcool homo- dypnopinacolique a donne une coloration rouge vineux ; on chauffe quelques instants au bain-marie, puis, après quelques heures de contact, on verse dans l’eau. Le pro- duit cristallisé dans l'alcool fond à 152°-155°; il se (462 présente en petits cristaux vitreux, courts, qui répondent à la composition d'un monoacétate. Substance. . . 0,3467 Eau 0,2064 1,0877 CO rusan 0,0105 Calculé pour 0,0012 _C*H7O.C'H°O ee Ee 86,48 86,81 Be nn 6,61 6,40 DEUXIÈME PHASE. — On chauffe pendant six à huit heures, à reflux, au bain-marie l'alcool avec 20 parties de chlo- rure d’acétyle, puis on abandonne pendant plusieurs jours. Il se dépose de magnifiques cristaux ; en les lavant à l'alcool froid et en les chauffant avec une quantité d'alcool insuffisante pour les dissoudre, on extrait à côté du produit précédent de belles aiguilles fondant à 478°; le produit non dissous fond à la même température. Une nouvelle cristallisation dans l'acide acétique amène le point de fusion à 179°-180° et il reste constant à cette température : I Il Substance Taa 0,5812 0,5908 BAM a a 0,2168 0,2207 1,1857 1,2172 GOE à o lo 0,0107 0,0051 0,0018 Eo T 85,84 85,82 Bn 6,51 6,27 L'échantillon I a été obtenu dans des circonstances bien différentes par une action moins prolongée du na nn AET E E. ENE OA A nde a AN ( 463 ) réactif. Il est facile, grâce à sa solubilité très faible dans l'alcool, de séparer ce corps de l’acétate fondant à 152- 155°. ) Action de la chaleur sur l'alcool homodypnopinacolique. — Comme nous venons de le voir, l’action du chlorure d'acétyle n'est pas comparable à la réaction que j'ai décrite précédemment du même réactif sur les alcools dypnopinacoliques a et y, et il n’est pas probable que l’on puisse arriver par cette voie à la triphénylbenzine. J'ai donc cherché ailleurs Pexplication de la genèse de cet hydrocarbure, et me suis efforcé de trouver un moyen d'opérer graduellement la scission que nous voyons se faire si facilement par le zinc-éthyle en excès sur l’homo- dypnopinacoline a. Cela a été jusqu’à présent sans résul- tat. Quoi qu'il en soit, au cours de mes recherches, je suis arrivé à une réaction extrêmement intéressante de l'alcool que je viens de décrire. Toute réaction permettant de faire sortir la triphényl- benzine de l'alcool homodypnopinacolique étant forcé- ment une réaction de scission, il- devient instructif de comparer cette équation à toutes les autres scissions suffisamment nettes pour être mises en équation; une semblable comparaison serait pleine d'intérêt pour la constitution du benzène. La chaleur conduit avec la plus grande netteté à l'équation suivante : CH#0 = C*A + C'H'0, L'opération a été faite sur 9s°,517 de produit en chauf- fant vers 200° au bain d'huile (pr. 25 millimètres); distille un liquide homogène insoluble dans l’eau, à made mn ( 464 ) odeur d’aldéhyde benzoique et donnant la réaction par l’'ammoniaque ; en déversant soigneusement ce liquide, on a recueilli 16,98; l'équation précédente exige 25,4, ce qui est suffisamment concordant, vu les circonstances. Ce qui reste dans le ballon se prend en une masse qui, traitée par l'alcool bouillant, donne des paillettes nacrées fondant à 98° avec une grande constance. Suhétance: zay es 0,4836 FU AE li ie est. 0,5011 1,6306 UU momie ie a 0,0128 Calculé pour 0,0018 CH" NON 5 mure 92,78 93,16 HA. à 6,92 6,85 Benz. 16er,0252 Cong. 4°,09. | Benz. 168°,0517 Cong.4°,115. Substance. Congélation. M. Substance. Congélation. M. 0,1241 3,953 9284 0,2344 3,860 286 0,2196 3°,850 _ 286 0,5882 3°,682 280 0,3312 3°709 9271 0,5504 3°,481 272 0,5026 5°,564 297 0,6991 3,325 277 0,6058 3°,448 994 0,8247 5°,195 279 1,0054 5°,040 293 C25H?? à un poids moléculaire de 322. J'ai réservé l'étude de la constitution de cet hydro- carbure pour la seconde phase de mes recherches sur la synthèse du benzène. (463 ) HoMODYPNOPINACONE fs. Elle s'obtient par simple isomérisation de lhomo- dypnopinacone a en faisant bouillir à reflux pendant une dizaine de jours une solution alcoolique à 5.5 °/,. La eristallisation de cette solution transformée se fait alors avec une extrême lenteur; les cristaux qui se déposent sont parfois très gros, incolores et d'une limpidité par- faite; il est facile de les séparer du dérivé a qui pourrait n'être pas attaqué; le nouveau produit fond à 472; il donne à l'analyse les résultats suivants : Substance . 0,4852 0,4771 Bk sr 0,2796 0,2771 | 1,5209 4, 5004 Os ie por 0,0086 Calculé pour 0,0008 0,0012 Co Croen 86,41 86,33 86,49 Moi ee 6,42 6,45 6,51 La solution alcoolique de ce corps acidulée par l'acide acétique et bouillie longtemps ne subit pas de transfor- mation. Les réactions des homodypnopinacones x et 8 sont telle- ment semblables qu’il n’est pour ainsi dire pas possible de signaler entre elles autre chose que des différences dépendant de la facilité plus ou moins grande avec laquelle elles s’'exécutent. Action du chlorure d’acétyle. — L'acide acétique m'ayant conduit à l'obtention d'un corps paraissant ( 466 ) différer de l’homodypnopinacoline x, question qui ne pourra être résolue qu'après l'étude difficile des produits secondaires de la préparation de l’homodypnopinacone a, j'ai cherché un agent de déshydratation pouvant exercer son action sur une seule des deux pinacones. Le chlo- rare d’acétyle remplit assez bien ce but, et à part les restrictions que j'ai faites au sujet de la dissolution de Phomodypnopinacoline +, qui rend difficile l'étude d’une réaction de ce genre, il est permis de conclure que le produit obtenu est identique à l’homodypnopinacoline a. J'ai ajouté à une même quantité d'homodypnopina- cone a, d'une part, et d'homodypnopinacone B, d'autre part, la même quantité de chlorure d’acétyle; j'ai chauffé les deux essais au bain-marie jusqu’à dissolution et j'ai abandonné au repos; après quelques heures, le dérivé 8 a déposé l’homodypnopinacoline a, tandis que le dérivé æ a simplement cristallisé et n’a déposé une huile qu'après plusieurs jours. Il me semblait done que s'il existait une pinacoline correspondant à l’'homodypnopinacone 9, J'avais plus de chances de l'obtenir avec le chlorure d’acétyle qu'avec tout autre agent de déshydratation. En dissolvant dans le chlorure d'acétyle une certaine quantité d'homodypnopinacone 8 et précipitant par l'eau après environ un quart d'heure, j'ai recueilli, après lavage à l'alcool chaud, 55,2 de produit qui ont été traités pen- dant deux jours au bain-marie par 15 grammes de zinc- éthyle. Le produit est un mélange de triphénylbenzine et d'un alcool qui présente tous les caractères de l'alcool homodypnopinacolique «; cristallisé dans l'alcool, il se présente en grandes tables qui fondent vers 90°. Avec le chlorure d’acétyle, il donne une coloration rose et de beaux cristaux fondant directement à 450°. Enfin, par ( 467 ) l’action de la chaleur, il se dégage l'odeur d'aldéhyde benzoïque et la cristallisation dans l'alcool du résidu donne un produit qui fond directement à 94°. Action de la potasse sur l'homodypnopinacone B. — On pourrait s'attendre à ce que l’isomère B soit plus stable que l’isomère a vis-à-vis de la potasse, et il semblerait naturel d'admettre que l’ébullition prolongée avec l'alcool amène la molécule à un état plus stable. Il n’en est rien cependant; 1 gramme de chacun avec 50 grammes d'alcool et 20 gouttes de solution normale de potasse, après une heure et demie d’ébullition, donne avec liso- mère a de la dypnopinacone, tandis que l'isomère 3 est transformé en isodypnopinacoline 8. C'est done le con- traire qui a lieu. Il est possible que l’isomère 8 joue un rôle dans la régénération de la dypnopinacone par la potasse et arrive à expliquer l’étrangeté du fait saillant de l’histoire des homodypnopinacones. Université de Gand. Laboratoire de recherches. p Temps de pose qwexige une bonne épreuve radiographique ; par L.-N. Vandevyver, répétiteur à l'Université de Gand. Les radiographies que l’on peut obtenir avec un même tube focus, sont bien différentes d'aspect. Les unes ne sont que de simples ombres renseignant plus ou moins vaguement sur les positions relatives des parties osseuses ( 468 ) photographiées ; d’autres, au contraire, font ressortir net- tement ces positions, donnent en outre une sensation du relief et permettent même, jusqu'à un certain point, de juger de la texture intérieure des os. A la vérité, cette dernière condition n’est pas toujours nécessaire, comme, par exemple, dans le cas où l’on veut simplement reconnaitre la présence d’un fragment métal- lique quelconque, etc.; mais elle nous paraît indispen- sable lorsque la radiographie est appelée à concourir à l'établissement d'un diagnostic chirurgical. Différentes causes peuvent faire échouer l'opérateur le plus habile. En tout premier lieu, il faut signaler l’incer- titude qui règne sur le temps de pose à donner. N'existe-t-il pas un moyen, — une règle, — permet- tant de déterminer a priori ce temps de pose? C'est ce que nous avons recherché en nous plaçant par- ticulièrement au point de vue de la radiographie du corps humain. Une première série d'essais nous a conduit à la conclu- sion suivante : Étant connu le temps de pose minimum t, nécessaire pour obtenir la radiographie nette d'un objet À, d'épaisseur E, la durée du temps de pose t' à donner pour un objet B, d'épais- seur E', est donnée par la formule : c'est-à-dire qu'elle varie en raison directe du cube de l'épais- seur de l'objet B, rapportée à celle de l'objet étalon A. Les radiographies que nous avons eu l'honneur de pre- ( 469 ) senter à l’Académie avaient toutes été obtenues d’après cette règle (* Le tube employé est un tube focus (de Watson, de Londres), actionné par une bobine Ruhmkorff, grand (‘) Cette série comportait : No 1. Patte de perdreau. — Épaisseur, 11 millimètres. Temps de pose calculé, 3'',9. Le cliché donne une foule de détails que l'impres- sion sur papier ne reproduit pas. Il en est, du reste, de même de toutes les radiographies ci-jointes, dont les négatifs méritent un examen à la loupe No 9. Patte de soie. — Épaisseur, 14 millimètres; temps de pose, 6,9. N° 3. Patte de lièvre. — Epaisseur, 18 millimètres; temps de pose, 14,4. No 4. Main d'homme. — Épaisseur, = millimètres; temps de pose, 20". Cette radiographie a servi d'ét No 5. Pied de mouton (pris de face). — pere 30 millimètres; temps de pose, 1',147. Ne 6. Pied de porc (pris latéralement). — Épaisseur, 36 millimètres : temps de pose, 1',56". Le fini remarquable de cette épreuve provient de ce que les os étaient très rapprochés de la plaque No 7 Pied de mouton me latéralement). — Épaiséeur, 38 milli- mètres; temps de pose, ?, No 8. Poignet d'homme. — “Épaissenr, 40 millimètres: temps de pose, 2,407. Ne 9. Pied d'homme. — Épaisseur moyenne, 42 millimètres; temps de pose, 3',5". La partie postérieure du pied a été sacrifiée à dessein No 10. Coude d'homme. — Épaisseur, 60 millimètres; temps de pose, 9’. L'immobilisation n’a pas été absolue pour cette épreuve. No 41. Pied de porc (pris de face). — Épaisseur, 80 millimètres ; temps de pose, 211,2". Ne 12. Pied de bœuf. — Épaisseur, 100 millimètres; temps de pose, 44,40". No 13. Genou d'enfant (12 ans). — Type d'épreuve n'ayant pas le temps de pose conven La présente note est accompagnés des nes 3, 4 et 6, PRES par la phototypie. ( 470 ) modèle; les plaques sont des radiographiques (Guequier- Gand) et le bain de développement est celui à l'hydro- quinone préconisé par le Dr Van Heurck, d'Anvers (*). La radiographie étalon était celle de la main. Le tube marchant bien, on place la main devant et contre le fluoroscope d’Edison, et l’on cherche la distance à laquelle le tube doit être placé de la main, pour que l’ombre des os paraisse aussi nette que possible (**). Dans nos expériences, celte distance était de 8 centimètres. Cela étant, on prend, à cette distance, trois, quatre ou cinq radiographies de la main en donnant des temps de pose variant de cinq en cinq secondes. On développe et l’on cherche l'épreuve présentant la plus grande net- teté. L'épreuve obtenue avec 20 secondes de pose a été prise comme type. L'épaisseur moyenne de la main à l'endroit situé sur la verticale passant par le foyer du tube, est ici de 2 cen- timètres. D'après cela, la radiographie d’un objet de 6 centi- mètres d'épaisseur moyenne exige un temps de pose donné en secondes par la formule : 6 3 t = 20 ($) — 540”, soit 9'. Les radiographies présentées à l'Académie portaient les épaisseurs et les temps de pose. (‘) Formule du bain : hydroquinone, 8 grammes; sulfite de soude, 50 grammes; carbonate de soude, 50 grammes; bromure de potasse, 5 décigrammes ; éosine, 4 centigramme; eau distillée, 1 litre. (*) La même distance a été conservée pour toutes les radiographies. L. N. VANDEVYVER, Bull. de l'Acad., 3° série, T. XXXII, p. 471. N°3 Į L:N. VANDEVYVE L. N. VANDEVYVER, Bull. de l'Acad., 3e série, T. XXXII, P. 471. (Ail) Il est à remarquer que ces épreuves avaient été obtenues D'EMBLÉE ; une seule plaque avait suffi pour chacune d'elles. Comme vérification, nous avons fait varier les temps de pose, et chaque fois que nous nous sommes écarté très peu de ceux donnés par la formule, les épreuves étaient beaucoup moins nettes. Des différences de cinq à dix secondes sont déjà appréciables même sur des temps de pose relativement longs, ce qui ne doit guère nous étonner, attendu que vingt secondes suffisent à une bonne radio- graphie de la main. Il est bien entendu que l'obtention de résultats pareils aux nôtres est subordonnée au bon fonctionnement du tube. Un des meilleurs guides est l’examen attentif et minutieux des caractères physiques que présente lappa- reil : éclairement, taches lumineuses, etc. De très petites variations modifient sensiblement les résultats et néces- sitent un nouvel étalonnage. A ce point de vue, le tra- vail en chambre obscure, ou semi-obscure, est à recom- mander. Enfin, tout objet à radiographier doit être immobilisé de la façon LA PLUS ABSOLUE ; c’est encore une condition sine qua non pour obtenir des épreuves bien nettes. (472) CLASSE DES LETTRES. Séance du 12 octobre 1896. M. le comte GOBLET D’'ALVIELLA, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. le chevalier Epm. Marcuau, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Alph. Wauters, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, T.-J. Lamy, G. Tiber- ghien, F. Vander Haeghen, Ad. Prins, J. Vuylsteke, Em. Banning, A. Giron, Paul Fredericq, God. Kurth, Mesdach de ter Kiele, H. Denis, G. Monchamp, mem- bres; Alph. Rivier, Joan Bohl, J.-C. Vollgraff, associés ; D. Sleeckx, Ch. Duvivier, V. Brants et Alph. Willems, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur et de l'instruction publique envoie pour la bibliothèque de l’Académie, un exemplaire des ouvrages suivants : 1° a) Les théories économiques aux XIII et XIV siècles ; hb) Le régime corporatif au XIX" siècle dans les États ger- maniques; par V. Brants; ( 475 ) 2e L Église et l État ou les deux puissances; leur origine, leurs relations, leurs droits et leurs limites, 4° édition, par Ferdinand Moulart; 5° Poésies; par Jules Abrassart, 5 volumes; 4° Mémoires pour servir à l'histoire du Traditionalisme et de l’Ontologisme en Belgique, de 1834 à 1864; par l'abbé zilson; 5° Le roman en France pendant le XIX’ siècle; 2° édi- tion, par Eug. Gilbert; 6° Galerie nationale. La Chambre des Représentants; T° Histoire de Dinant; tomes I et I, par Henri Hachez; ° Sint-Martenskerk te Kortrijk van den vroegsten tijd tot heden, met menigvuldige bewijsstukken en platen; par Théodore Sevens; 9° Grondbeginselen van het belgisch strafrecht; par de Hoon; 10° Lexique français-hiéroglyphique; par G. Hagemans; 11° Anthologie des poëtes wallons ; par Defrecheux ; 12° M!" Seghers, l'apôtre de l’ Alaska ; par l'abbé Maurice de Baets; 15° Bibliothèque de la Compagnie de Jésus. Bibliogra- phie, tome VII; 14° Mémoires archéologiques ; tome VI, par D.-A. Van Bastelaer ; 15° Traité de la capacité de disposer, la quotité disponible el son calcul; par C. De Bock-Bauwens ; 16° Geschiedenis van Ternuth ; par Th. Poodt; 17° La seigneurie de Renaix; par Oscar Delghust ; 18° Antwerpen's Sint-Willibrordskerk sedert hare stich- ting; par J.-B. Stockmans; 19° Compte rendu des travaux du 9° et du 10° congres de la Fédération archéologique et historique de Belgique; 5®* SÉRIE, TOME XXXH. 51 Pa ( 474 ) . 20° Procès-verbaux des séances des conseils provinciaux, 1894 et 1895; 21° Rapport triennal sur l'instruction primaire, 1890- 1895 ; 22% Supplément à l'inventaire des cartes et plans des archives provinciales de l'État, à Mons; par L. Devillers; 23° Bibliotheca Belgica; livraisons 153-156 ; 240 Woordenboek der nederlandsche taal, deel XI, 2 aflevering, en deel IT, 8° aflevering; 25° Mélanges Ch. de Harlez. Recueil de travaux d'éru- dition offert à Mer de Harlez à l’occasion du vingt-cin- ‘quième anniversaire de son professorat. — Remerciements. M. le Ministre de la Justice fait hommage des ouvrages suivants : 1° Procès-verbaux des séances de la Commission royale des anciennes lois et ordonnances; vol. VII, 4; 2 Coutumes des pays et comté de Flandre : quartier de Gand ; tome VI. . — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° La Iglesia y la Moral, par Dom Jacobus; tomes I et IL. Traduit du francais; 2 a) Discours prononcé à l'assemblée générale de la Société de l'histoire de France, le 5 mai 1896; b) Les archives de Dropmore; par le marquis de Nadaillac, associé; : 5° a) Deux fragments de musique grecque; b) Pour la tiare d'Olbia; par Th. Reinach, associé; 4° La Belgique sous la domination française, tomes I ( 475 ) et I, par L. Delplace, S. J.; présenté par M. Lamy, avec une note qui figure ci-après; 5° Le château de Turnhout; par Louis Stroobant; 6° Principes de droit international privé; tomes I à HI, par Albérie Rolin; T° Législation héraldique de la Belgique, 1595- 1895. Jurisprudence du Conseil héraldique, 1844-1895, par Léon Arendt et Alfred De Ridder; présenté par M. Mesdach de ter Kiele; 8° Éléonore d'Autriche et de Bourgogne, reine de France; par Charles Moeller; présenté par M. V. Brants avec une note qui figure ci-après. — Remerciements. — Travaux manuscrits à examen : 1° De Secten der Geeselaars en der Dansers in de Neder- landen tijdens de XIV? eeuw; door Dr Paul Fredericq. — Commissaires : MM. Wauters, Vuylsteke et Piot; % La torture aux Pays-Bas autrichiens pendant le XVIII siècle; son application, ses partisans et ses adver- saires; son abolition. — Etude historique, par Eugène Hubert, professeur à l’Université de Liége. — Commis- saires : MM. Prins, Duvivier et Brants. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, de la part du R. P. Delplace, le travail historique, fruit de longues recherches, qu'il vient de publier sous le titre: La Belgique sous la domination française. C'est une étude sur ce qui ( 476 ) s’est passé en Belgique, au point de vue religieux surtout, sous la grande Révolution française et sous Napoléon. L'auteur n’est pas un inconnu. Son étude historique sur Joseph II et la Révolution brabançonne a été reçue avec faveur. Celle-ci est plus considérable. L’Appendice biblio- graphique, qui décrit 566 opuscules écrits sur les événe- . ments contemporains et que le père Delplace a consultés indépendamment du Recueil des lois de Hughes et des écrits de Borgnet, Namèche, Daris, Balau, de Lanzac et d’autres, indique suflisamment le caractère sérieux et consciencieux du travail que j'offre à l’Académie. „auteur retrace d’abord les divers incidents qui marquèrent la première invasion française et la restaura- tion autrichienne. L'état de la Belgique sous la Conven- tion et sous le Directoire, la situation religieuse, la suppression des ordres religieux, les difficultés suscitées par la question scolaire, par le serment de haine à la royauté et par la conscription forment autant de chapitres qui renferment beaucoup de renseignements inédits. Mais on lira surtout avec émotion le magnifique tableau de la grandeur d'âme que déployèrent tant de membres du clergé traqués comme des fauves et déportés en masse plutôt que de trahir leur foi et leur conscience. Le second volume nous montre la situation religieuse de la Belgique sous Napoléon, les effets du Concordat, les églises rouvertes et le culte rétabli, les difficultés suscitées par les articles organiques. Un chapitre est consacré au Stévenisme, qui est trop peu connu. Bona- parte en Belgique, le Code Napoléon, l’université et le catéchisme impérial, les affaires religieuses de Tournai et de Gand nous conduisent jusqu’à la fin de la domination française en Belgique amenée par le grand désastre et ( 477 ) l'anéantissement de la puissance de Napoléon à Waterloo. Comme on le voit, l’auteur écrit plutôt une histoire ecclé- siastique qu'une histoire profane et s'occupe moins des. événements guerriers que des événements religieux. C’est que les premiers se confondent avec l’histoire de la: France et les seconds forment toute l’histoire interne de la Belgique à cette époque. P.-J. Lamy. ` Cu. Moerrer, professeur à l’Université de Louvain, Éléonore d’ Autriche et de Bourgogne, reine de France. 4 vol. in-8°. Paris, Thorin, 1895. J'ai l'honneur de présenter à la Classe un ouvrage de M. Ch. Moeller, professeur à l'Université de Louvain. Il est remarquable et intéressant à plus d’un titre. L'héroine du livre, Éléonore d'Autriche, sœur ds Charles-Quint, était jusqu'ici peu connue, mais sa jeu- nesse aujourd'hui reconstituée est mêlée à une foule d'incidents politiques où l'on retrouve son frère, le Grand Charles, et beaucoup de personnages de marque. On peut jeter un coup d'œil sur l'entourage des princes, sur la coutume des cours du XVIe siècle, sur le milieu social, moral, intellectuel dans lequel ont grandi Charles V et sa sœur. Cette biographie, écrite avec autant de verve que de science, a tout l'intérêt d’une étude neuve, toute la valeur de l’érudition, toute l'intrigue d'un roman. C'est l'histoire — triste — d’une princesse dont les sen- timents intimes sont sacrifiés à la raison d’État. M. Moel- ler fait dérouler devant nous la douloureuse histoire de ce cœur qui eut le malheur d’être royal. Admettons, dit- ( 478 ) il, avec la foule, que les grands soient si enviables, je demande ici qu’on fasse seulement une exception pour les princesses (p. 509). Mais si le récit est attachant par son allure et par son sujet, son mérite historique en augmente surtout le prix. Ce n’est pas seulement une œuvre littéraire, c'est avant tout un travail scientifique. Il y a d’ailleurs pour un travail scientifique un réel mérite à n'être pas ennuyeux, et il faut savoir remercier ceux qui en font la preuve. M. Moeller, on le sait, attache avec raison grande importance aux archives pour la confection de l’histoire moderne. C'est pour lui l’époque diplomatique, marquant par ce nom la prééminence qu'il accorde aux documents sur les historiens. Il en a donné les raisons dans son Introduction critique à l'histoire moderne et cette fois il veut joindre l'exemple au précepte (p. 116). La biographie d'Eléonore revêt à cet égard sa marque de maître, et des documents nom- breux en ont fourni les éléments. - C’est à ce titre qu’elle méritait d'être spécialement signalée ici. La méthode d'archives, l'importance relative des historiens, des mémoires, sont l’objet de controverses. L'auteur a voulu faire œuvre d'archives pour une période qui a peu d’autres sources, et il a réussi à faire œuvre vivante et vraie. Telle est la note personnelle, la marque de cet ouvrage. Bien que restreint par son sujet, ce volume est donc plus qu’une biographie comme il en paraît tant. Il a son caractère tranché, sa méthode personnelle, et mérite une place de choix dans la bibliothèque à la fois littéraire et scientifique de notre pays. V. Brants. ( 479 ) M. Léonce Pingaud, correspondant de l’Institut, vient de publier un travail intitulé : Auguste Castan, sa vie, son œuvre (1855-1895), un volume in-8°, Besançon, 1896, dont il a envoyé un exemplaire à l'Académie royale de Belgique. Dans ce travail, l’auteur donne la biographie d’un de nos correspondants français les plus actifs, auteur d’impor- tants travaux relatifs à l’histoire de la Franche-Comté. Bibliographie, arts, tapisserie, architecture, musique, mythologie, archéologie, numismatique, toutes ces branches ont été abordées par Castan avec une ardeur, une facilité et un entrain remarquables. La Franche-Comté intéresse particulièrement la Bel- gique à plus d'un titre. Elle tenait à notre pays par des liens féodaux, jusqu'au moment où les armées françaises s'en emparérent. Ce comté a eu aussi le grand avantage d’avoir donné le jour à des hommes remarquables, qui ont rendu à notre pays des services signalés au point de vue de l’histoire, de l'administration, du droit et de la diplomatie. Castan, dans plusieurs de ses publications, s'en est spécialement occupé; souvent il a fait ressor- tir ces circonstances dans ses travaux, dont M. Pingaud donne une nomenclature complète, accompagnée d’excel- lentes appréciations, de recherches minutieuses, basées sur une critique très soignée et des correspondances intimes. Castan était d’une complaisance rare. Jamais un Belge ne s'adressait en vain à lui dans le but d'obtenir des renseignements scientifiques. Il était prodigue sous ce rapport. Nous venons de le dire, feu notre contre. s'est occupé ( 480 ) de l'histoire de l'architecture de sa ville natale. Il a publié une monographie très développée du palais Granvelle à Besançon, travail dans lequel il a traité de l’origine de cet édifice. Ensuite il en a donné une description archi- tectonique, résumé les annales et parlé de sa destination. Ce livre a été publié en 1886. Malgré ses recherches, l’auteur n’est pas parvenu à trouver le nom de l'architecte de cet édifice, conçu dans le style de la Renaissance. Dans une lettre adressée au prieur de Bellefontaine, le 4 Janvier 1586, le cardinal Granvelle écrit : « Ce m'est grand plaisir d'entendre ce que vous me dites que le fils de fer maitre Richard vous semble à propos pour pour- suivre l'ouvrage entrepris par le père en notre bâtiment de Besançon, et vous prie continuer d'y assister à faire le marché pour le troisième étage, pour lequel et pour la chapelle j'ai écrit clairement ma résolution (1). » Que signifient les mots « notre bâtiment à Besançon » ? Ils font allusion, à n'en pas douter, au palais Granvelle en cette ville, + r A notre avis, ces lignes ne laissent pas de doute au sujet ‘lu nom de l'architecte de cette construction, qui à été achevée par son fils en 1586. Qui est ce maître Richard? C’est, à notre sens, le nom du constructeur et de l'architecte du palais Granvelle. M. Pingaud, à qui nous avons fait part de nos conjec- tures à ce sujet, a bien voulu nous fournir des indications concernant maître Richard. Il constate que dans les déli- bérations municipales de Besançon, en 1569, se trouve (1) Voir notre tome XII, page 248 de la Correspondance de Granvelle. ( 481 ) le passage suivant : « On achève de tirer le front de la maison (de ville) de céans jusqu'à la ruelle, et on mar- chandera cet achèvement avec maître Richard Muyre, qui a déjà fait le commencement. » Ce maître Richard Muyre est évidemment le maître Richard père cité par Granvelle. A cette époque, ne l'oublions pas, les maîtres des « œuvres » des villes étaient les architectes municipaux, chargés de la direction et de exécution des travaux publics. Ilsétaient en même temps constructeurs, entrepreneurs et architectes. Les comptes des villes ne laissent pas de doute à ce sujet. En terminant sa lettre, M. Pingaud ajoute : « Les con- structions du palais Granvelle ont été commencées en 1555; elles sont contemporaines de celles exécutées à l'hôtel de ville par Richard Muyre. Je serais donc porté à croire que ce personnage et ensuite son fils seraient les entrepreneurs de la bâtisse du palais Granvelle, sinon les architectes. C'est aussi notre manière de voir. En vain nous avons cherché, dans les publications de France, des renseigne- ments concernant Richard Muyre et son fils. Nulle part nous n’en avons trouvé de trace. Cu. Pior. COMMUNICATION ET LECTURE. M. Jean Bohl, associé, donne lecture d'une notice intitulée : Étude historique et juridique : Charles Ir de Roumanie, fondateur du Royaume. ER ( 482) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 8 octobre 1896. M. Ta. Vingorre, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. le chevalier Epmoxp MarcHaL, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Éd. Fétis, Ad. Samuel, G. Guffens, As n daqhel, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Biot, Joseph Stallaert, Alex. Markelbach, J. Robie, G. Huberti, k Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alfr. Cluysenaar, F. Laureys, le comte J. de Lalaing, J. Winders, Em. Janlet, H. Maquet, membres; Alb. De Vriendt, Flor. van Duyse et C. Hermans, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics (direction des beaux-arts) fait parvenir une copie du procès-verbal du jugement du grand concours de gravure de cette année. En voici le résultat : Grand prix : M. Sterckx, Arthur, d'Anvers, élève de l’Institut des beaux-arts d'Anvers (atelier de M. Biot). Premier second prix : M. Montenez, Georges, de Rou- veroy, élève de l’Académie des beaux-arts de Mons et de M. Aug. Danse. ( 485 ) Deuxième second prix : M. Peeters, Louis, d'Anvers, élève de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers et de M. Fr. Lauwers. _— M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages ayant pour titres : 4° A l'hirondelle, chœur pour trois voix égales avec accompagnement de piano (poésie de Edg. Bonehill) ; par R. Moulaert; 2° Amour d’un jour (poésie de Me Cécile Gay); musique de Jean Kefer; 5° Les Musées royaux du Parc du Cinquantenaire; par J. Destrée, ete., 4° livraison; 4 La Belgique illustrée, publié sous la direction de M. Emile Bruylants, tomes I-II, — Remerciements. — Hommage d'ouvrage : La mélopée antique dans le chant de l'Église latine, second appendice; par F.-A. Gevaert. — Remerciements. — M. le Secrétaire perpétuel remet pour l'Annuaire de 1897 le manuscrit de sa notice sur feu Gustave De Man, ancien membre de la Classe. RAPPORTS. Il est donné lecture des appréciations : 4° De MM. Winders, Janlet et Maquet sur le troisième rapport de M. E. Vereecken, prix de Rome pour l'archi- tecture en 1895; ( 484 ) 2% De MM. Maquet, Janlet et Laureys sur quarante des- sins formant l'envoi réglementaire de M. Lambot, bour- sier de la fondation Godecharle pour l'architecture en. 1895; 5° De MM. Flor. van Duyse et Huberti sur le rapport (séjour à Rome) de M. Mortelmans, prix de Rome pour la musique, en 1895; 4° De la section de sculpture sur les modèles du buste de Guillaume Geefs, par M. Georges Geefs, et du buste de Henri Vander Haert, par M. Hérain. — Copies de ces appréciations seront adressées au Gouvernement. JUGEMENT DU CONCOURS POUR 1896. ART APPLIQUÉ, La Classe procède au jugement de son concours d'art appliqué pour 1896 (peinture et gravure en médailles). Le prononcé du jugement aura lieu dans sa ee séance. (485 ) OUVRAGES PRESENTÉS. Brants (Victor). Les théories économiques aux XIII. et XIVe siècles. Louvain, 1895 ; in-8° (279 p.). — Le régime corporatif au XIXe siècle dans les Etats ger- maniques. Étude de législation sociale comparée. Louvain, 1894 ; in-8° (xv1-189 p.). Delacre (Maurice). Sur lhydratation de la pinacoline. Paris, 1896; extr. in-8° (6 p.). — Sur la constitution de la pinacoline. Paris, 1896 ; extr. in-8° (à p.). Errera (L.). Une pluie expérimentale. Lettre à M. Lan- caster. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (3 p., 1 fig.). Gevaert (Aug.). La mélopée antique dans le chant de l’Église latine, second appendice. Gand, 1896, gr. in-8° Jorissen (A.). Sur la présence du molybdène, du sélé- nium, du bismuth, etc. dans le terrain houiller du Pays de Liége. Liége, 1896 ; extr. in-8° (T p.). (Dom Jacobus]. La Iglesia y la Moral, tomo I y IL. Madrid ; 2 vol. pet. in-8°. (Traduit du français.) Mélanges Charles de Harlez. Recueil de travaux d’érudi- tion offert à Ms Charles de Harlez à l’occasion du vingt- cinquième anniversaire de son professorat. Leyde, 1896; vol. in-4°, Delplace (L.). La Belgique sous la domination francaise, tomes I et Il. Louvain, 1896 ; 2 vol. in-8°, Moulart (Ferdinand-J.). L'Église et l’État ou les deux puissances; leur origine, leurs relations, leurs droits et leurs limites, 4° édition. Louvain-Paris, 1895; in-8° (667 p.) ( 486 ) Arendt (Léon) et De Ridder (Alfred). Législation héral- dique de la Belgique, 1595-1895. Jurisprudence du Con- seil héraldique, 1844-1895. Bruxelles, 1896; vol. in-8° (462 p.). Moeller (Charles). Eléonore d’Autriche et de Bourgogne, reine de France. Un épisode de l’histoire des cours au XVIe siècle. Paris, 1895; in-8° (348 p.). Abrassart (Jules). Poésies : Les ailes de la lyre, tomes I et II. Hexaméron poétique belge. Les Mandragores. La vie aimante. Liége, 1894 ; 5 vol. in-12. Gilson (l'abbé). Mémoires pour servir à l'histoire du Tra- ditionalisme et de l’Ontologisme en Belgique, de 1834 à 1864. Correspondance avec M. Kersten. Alost, 1894 ; in-8° (x1-308 p.). Gilbert (Eugène). Le roman en France pendant le XIX° siècle, 2° édition. Paris, 1896; pet. in-8° (473 p.). Galerie nationale. La Chambre des Représentants en 1894-1895. Bruxelles, 1896 ; in-8° (468 p.). Hachez (Henri). Histoire de Dinant, tomes I et II. Court- S'-Etienne, 1893-1896 ; 2 vol. pet. in-8°, Portmans (le P. Fr.-A.-M.). En Égypte, Palestine et Grèce. Notes et impressions. Bruxelles, Paris, 1896; vol. in-8° (292 p.). Crocq fils (le docteur). L'hypnotisme scientifique. Intro- duction de M. le professeur Pitres. Bruxelles, 1895; gr. in-8° (x1-450 p.). Sevens (Théodore). Sint-Martenskerk te Kortrijk van den vroegsten tijd tot heden, met menigvuldige bewijsstukken en platen. Courtrai, 1896; in-8° (184 p.). de Hoon. Grondbeginselen van het belgisch strafrecht. Alost, 1896 ; in-8° (276 p.). Hagemans (G.). Lexique francais-hiéroglyphique. Bru- xelles, 1896; gr. in-8° (928 p.). ( 487 ) Defrecheux (Charles), Defrecheux (Joseph) et Gothier (Charles). Anthologie des poètes wallons avec courtes notices biographiques et bibliographiques. Liége, 1895; in-8° (v11-321 p.). Moulaert (R.). A l'hirondelle, chœur pour trois voix égales avec accompagnement de piano; poésie de Edg. Bonehill. Bruxelles, 1896 ; in-8° (8 p.). Kefer (Jean). Amour d’un jour, poésie de M Cécile Gay, musique de Jean Kefer. Bruxelles, 1896 ; in-4° (3 p.). Stroobant (Louis). Le château de Turnhout. Malines, 1896 ; in-8° (48 p.). De Baets (l'abbé Maurice). Ms Seghers, l'apôtre de l'Alaska. Paris-Gand, 1896; in-8° (xcr1-237 p.). Sommervogel (Ch.). Bibliothèque de la Compagnie de Jésus. Bibliographie, tome VII. Bruxelles-Paris, 1896; in-4°, Bastelaer (D.- A. Van). Mémoires archéologiques, tome VL. Bruxelles, 1894; in-8° Destrée (J.), Hannotiau et Kymeulen. Les Musées royaux du Parc du Cinquantenaire et de la Porte de Hal, à Bruxelles : Armes et armures, industries d'art, 4° livraison. Bruxelles, 1896; in-folio. De Bock-Bauwens (C.). Traité de la capacité de disposer, la quotité disponible et son calcul. Gand. 1895; in-8° (440 p. Poodt (Theofiel). Geschiedenis van Ternath. Bruxelles, 1895; in-8° (324 p.). Delghust (Oscar). La seigneurie de Renaix. Renaix, 1896; in-8° (164 p.). Stockmans (J.-B.). Antwerpen’s Sint-Willibrordskerk sedert hare stichting tot heden; met eene beschrijving der nieuwe kerk, door Jaak Hendrickx. Anvers, 1895; in -8° Van den Bussche (J.-Emm.). Les peintures murales du ( 488 ) vestibule de l'Hôtel des Postes de Bruxelles. Notice explica- tive. Bruxelles, 1896 ; in-16 (16 p.). ` Rolin (Albéric). Principes de droit international privé et applications aux diverses matières du Code civil (Code Napoléon), tomes [-[II. Paris, 1897; 3 vol. in-8°. _ Fédération archéologique et historique de Belgique. Compte rendu des travaux du 9° congrès, tenu à Mons en 1894, second fascicule; et 10° congrès, tenu à Tournai du 5 au 8 août 1895. 2 cah. in-8°. La Belgique illustrée, ses monuments, ses paysages, ses œuvres d'art, publiée sous la direction de M. Émile Bruy- lant, tomes I, I, II. [1896]; 3 vol. in-4°. - Ministère de l'Intérieur et de Instruction publique. Rap- port triennal sur la situation de l'instruction primaire en Belgique, 1890-1893 ; gr. in-8°. — Supplément à l’inventaire des cartes et plans, manu- scrits et gravés, qui sont conservés au dépôt des archives provinciales de l’État, à Mons (L. Devillers). Mons, 1896; in-4° (vu-193 p.). — Procès-verbaux des séances des conseils provinciaux, sessions de 1894 et 1895. Ministère de la Justice. Procès-verbaux des séances de la Commission royale des anciennes lois et ordonnances, vol. VIE, 4° fascicule ; 1896. — Coutumes des pays ct comté de Flandre : quartier de Gand, tome VI, 1896 ; in-4°. Gano. Archives de biologie, tome XIV, 3° et 4° fasc. 1896. — Bibliotheca Belgica, livraisons 133 à 136, 1896; in-12. Ganp. Kon. Vlaamsche Academie. Hennen van Merchte- nen’s cornicke van Brabant (1414); door Guido Gezelle, 1896; in-8°, Lice. Wallonia, 1896, n° 6. ( 489) ALLEMAGNE. Koelliker (Albert). Ueber den Fornix longus sive superior des Menschen. Zürich, 1896; in-8° (22 p.). Tannert (A.-C.). Der Sonnenstoff als Zukunftslicht und Kraftquelle. Eine physikalische Entdeckung. Neisse, 1896; in-8° (47 p.). Riem (Dv.-Joh.). Ueber eine frühere Erscheinung des Kometen 1881, IH. Tebbut. Göttingen, 1896; in-8° (26 p., 1 pl). ag Jniversitäls-Sternwarte. Annalen,Band1. 1896; Pus S/M. Naturforschende Gesellschaft. Bericht, 1896. Vienne. V. Kuffner'sche Sternwarte. Publication, Band IV. 1896; in-4°. Munten. Kön. Akademie der Wissenschaften. Festrede gehalten am 14 März 1896 (Aug. von Bechmann) : Der churbayerische Kanzler Alois Freiherr von Kreittmayr, 1896; in-4° INNsBRUCK. Ferdinandeum. Zeitschrift, 40. H. Association géodésique internationale. Comptes rendus des séances de la onzième conférence, à Berlin, en 1895. 1896; in-4°. Bern. Kön. Akademie der Wissenschaften. Abhandlun- gen, 1895; in-4°. Graz. Historischer Verein für Steiermark. Beiträge, 27. Jahrgang. 1896. Lezig, Verein für Erdkunde. Verôffentlichungen, Band 1, H. 1891-95; in-8°. Casser. Verein für Naturkunde. Abhandlungen md Bericht, XLI, 1895-96 5e SÉRIE, TOME XXXII. 52 ( 490 ) Macpesourc. Naturwissenschaftlicher Verein. Jahresbericht und Abhandlungen, 1895-96. RATISBONNE. Naturwissenschaftlicher Verein. Berichte, 5. Heft, 1894-95. STUTTGART. Verein für vaterländische Naturkunde. Jahres- hefte, 52. Jahrgang. 1896 AMÉRIQUE. La Prata. Museo de la Plata. Revista, tomo VII, 4° parte. 95. — Anales, seccion zoologica IL, HI. 1895; 2 cah. 4°. Rro pe JANEIRO. Observatorio. Annuario, 1896. Buenos-Arres. Museo nacional. Anales, 2° série, tomo I, 1895. — Oficina meteorologica Argentina. Anales, tomo X. 1896; in-4°. Mexico. Anuario estadistico de la Republica mexicana, 1894. SALEM. Association for the advancement of science. Procee- dings, 1896 WASHINGTON. Bureau of Ethnology. 13 annual report. 1896; in-4e, — U. S. geological Survey. 15 an 16% annual report. 1894-96; in-4e, FRANCE. Vial (Louis-Charles-Émile). L'amour dans l'Univers. L'in- version dans la création: Paris, 1896; in-8° (180 p. et 63 vignettes). ADS (29E) Nadaillae (le marquis de). Discours prononcé à l’assem- blée générale de la Société de l’histoire de France, le 5 mai 1896. Nogent-le-Rotrou, 1896; extr. in-8° (15 p.). — Les archives de Dropmore. Paris, 1896; extr. in-8° (48 p.). Albert 1 de Monaco (S. A. Mer le Prince). Résultats des campagnes scientifiques; fasc. X : Poissons provenant des campagnes du yacht « Hirondelle ». Monaco; 1896 ; in-4°. -- Sur la deuxième campagne de la « Princesse Alice ». Paris, 1895 ; extr. in-4° (4 p.). Escary (J J Mémoire sur la théorie générale du mouve- ment des planètes autour du soleil. Foix, 1896; in-8° (104 Jobyet (F). et Lalesque (F.). Travaux des laboratoires d’Ar- cachon. Paris, 1895; in-8° (59 p.). Reinach (Théodore). Deux fragments de musique grecque. Paris, 1896; extr. in-8° (30 p.). — Pour la tiare d’Olbia. Paris, 1896; extr. in-8° (29 p.). Lyon. Université. Annales: L’évolution d’un mythe. Acvins et dioscures (Ch. Renel). Paris, 1896; in-8°. —— Pays-Bas. Einthoven (W.). Onderzoekingen gedaan in het physio- logisch laboratorium, 2% reeks, Il. Leyde, 1896 ; in-8°. Woordenboek der nederlandsche taal, deel XI, 2% aflev., en deel II, 8° aflev. La Haye, 1896; in-8°. Flora Batava, 313% en 314% aflevering. Harlem, 1896; in-4e, Levne. Société néerlandaise de zoologie. Compte rendu des séances du troisième congrès de zoologie en 1895. 1896; gr. in-8°. Urrecur. 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Lau- sanne, 1896; in-4°, BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1896. — N° 11. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 7 novembre 1896. M. Ar. BRIALMONT, directeur, président de l’Académie. M. le chevalier Epm. MarcHaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Selys Longchamps, G. Dewalque, E. Candèze, Éd. Dupont, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, M. Mourlon, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, Ch. Lagrange, F. Terby, J. Deruyts, H. Valerius, L. Fredericq, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A.-F. Renard, L. Errera, A. Lancaster et G. Cesàro, correspondants. MM. Éd. Van Beneden et J. De Tilly s’excusent de ne pouvoir assister à la séance. me SÉRIE, TOME XXXII. 53 (49 ) CORRESPONDANCE. La Classe apprend, sous l'impression d'un profond sentiment de regret, la perte qu’elle vient de faire en la personne du doyen des membres titulaires de la section des sciences mathématiques, M. François Donny, décédé à Gand, le 26 octobre dernier. M. le Directeur, après avoir rappelé les travaux acadé- miques du défunt, remercie M. Van der Mensbrugghe, au nom de la Classe, d’avoir bien voulu être son organe aux funérailles. Le discours de M. Van der Mensbrugghe paraitra au Bulletin. Une lettre de condoléance sera adressée à la famille Donny. — La Classe prend également connaissance de la mort de M. Tisserand, directeur de l'Observatoire national de Paris, décédé dans la même ville le 49 octobre dernier. — Mie C. Delbœuf remercie, au nom de sa famille, pour les sentiments de condoléance qui lui ont été exprimés lors de la mort de son père. — La Société industrielle d'Amiens adresse son pro- gramme de concours pour l’année 1896-1897. EEE a a a ( 495 ) — Hommages d'ouvrages : 1° Annales de l'Observatoire royal de Belgique, nouvelle série, Annales astronomiques, tome VII (présenté par M. Folie); 2e Travaux du laboratoire de l'Université de Liége, tome V, 1895-1895; par Léon Fredericq; 5° Les Biélides, résultats des observations de 1895; par Paul Stroobant (présenté par M. Terby, avec une note qui figure ci-après) ; 4° Archives de pharmacodyynamie. Recherches expérimen- tales sur l'action physiologique et thérapeutique des iodures ; par Fr. Henrijean et Gabr. Corin; 5° Travaux de thérapeutique expérimentale, tome Ier; par Van Aubel, Henrijean et Corin ; 6° Atlas photographique de la Lune (note de Ciel et Terre); par W. Prinz. — Remerciements. — Travaux manuscrits à l'examen : 1° Recherches expérimentales sur l'assimilation de l'azote ammoniacal et de l'azote nitrique par les plantes supérieures; par Em. Laurent, Ém Marchal et Ém. Carpiaux. — Commissaires : MM. Errera, Gilkinet et Crépin; 2° Tempétes et cyclones; par le chevalier A. de Longrée. — Commissaires : MM. Lancaster et Terby; 5° Lettre de M. Stephen H. Emmens, à New-York, sur la constitution des corps. — Commissaires : MM. Spring et Van der Mensbrugghe ; 4 Lettre de M. Constantin Emmanuel, à Constanti- pes sur un appareil de locomotion. — Commissaire : M. Val ( 496 ) Discours prononcé aux funérailles de François-Marie-Louis Donny, membre de la Classe; par G. Van der Mens- brugghe, membre de l’Académie. A peine la terre s’est-elle refermée sur les tombes de deux académiciens des plus distingués, MM. Wagener et Delbœuf, que la Classe des sciences vient d'éprouver encore une perte cruelle en la personne de François- Marie-Louis Donny. Né à Ostende, le 51 janvier 1822, il a pu, dès son enfance, exercer son esprit d'observation par le spectacle des grands phénomènes de la nature. Bien que n'ayant pas fait d’études universitaires com- plètes, il avait acquis de bonne heure une aptitude exceptionnelle pour les sciences, et notamment pour la physique; il débuta à 24 ans par un mémoire Sur la cohésion des liquides et sur leur adhérence aux corps solides. Ce début fut un vrai coup de maître : le jeune physicien fit voir, par des expériences devenues classiques, que la cohésion des liquides, bien loin d'être insignifiante comme on l'avait toujours pensé, pouvait au contraire devenir très considérable, et même les empêcher de bouillir à la température normale. Et que fallait-1l pour arriver à ce résultat d'une importance capitale? Rien que chasser l'air par une ébullition suffisamment prolongée. À l’occasion de ces recherches, Donny inventa une pompe pneumatique qui lui rendit les plus grands services. Le premier mémoire de Francois Donny appela d'em- blée sur lui l'attention des physiciens et des chimistes ; c'est ce qui redoubla encore son ardeur au travail. En 1845, il déploya son remarquable talent d'expérimentateur dans ses recherches faites en collaboration avec le pro- RO ne die ae ii den QU | ein de Qu D SES and < 497 ) fesseur Mareska, sur les propriétés de l'acide carbonique liquide et solide. En 1848, il publia un mémoire très important Sur la sophistication des farines, mémoire qui lui valut un grand renom en Belgique et à l'étranger; il fut invité par le Gouvernement français à vulgariser son procédé dans les divers départements et fut nommé, à cette occasion, chevalier de la Légion d'honneur. Tant de travaux remarquables ne pouvaient manquer d'ouvrir au jeune savant les portes de l'Académie; en 1850, il fut élu correspondant de la Classe des sciences; il n'avait que 28 ans, et déjà son nom était cité honora- blement dans tous les centres scientifiques de l’Europe! En 1851, il se livra, à la prière de Mareska, à de dan- gereuses recherches sur l'extraction du potassium ; v’est, je pense, vers la même époque qu’il contracta une pénible maladie à la suite de l'absorption de vapeurs mercurielles : sa constitution en ressentit une grave atteinte et son acti- vité scientifique se trouva arrêtée dans son élan couronné jusqu'alors de tant de succès. Nous touchons ici à une époque de sa vie où les soins à donner à son ensei- gnement universitaire (il devint professeur de chimie industrielle en 1858) et peut-être aussi les soucis créés par sa nombreuse famille, empéchèrent notre excellent confrère de poursuivre ses belles recherches. Devenu son collègue et son ami, j'ai eu bien souvent avec lui de longs entretiens où il me témoignait avec une sorte d’enthou- siasme le vif désir de reprendre ses études si fécondes sur la cohésion des liquides; toute sa personne s'animait à la pensée de se montrer toujours le savant original et l’habile expérimentateur qui s'étaient révélés en lui dès ses débuts. S'il n’a pas donné suite à cette résolution, il n’en a pas moins fourni des preuves nouvelles de son talent de ( 498 ) chimiste ; il ne laissait passer aucune occasion d’être utile à son célèbre confrère Joseph Plateau, pour qui, à maintes reprises, il a préparé les substances destinées à assurer le succès des expériences sur les figures d’équi- libre des liquides, expériences qui ont tant contribué à illustrer la science belge. En 1864, il a fait paraitre son Essai sur les huiles, sa note si remarquable Sur une grille à combustion pour les analyses organiques, une notice Sur la recherche de l'arsenic (travail fait en collaboration avec un de ses élèves, M. Szuch) et une note Sur un moyen propre à distinguer le beurre artificiel du beurre naturel. Nommé membre de l’Académie en 1866, il aurait pu sans doute enrichir encore nos recueils par des travaux fort intéres- sants, malheureusement sa santé était devenue chance- lante, et son enseignement absorbait toute l’ardeur qui lui restait. Dans ces dernières années, il n’assistait plus que rare- ment aux séances de notre Classe ; toutefois je me souviens encore avec émotion de celle où notre éminent confrère rappela ses expériences si instructives sur la liquéfaction et la solidification de l'acide carbonique et où il nous montra qu'il avait été bien près de pouvoir annoncer, dès 1845, la liquéfaction d'un gaz qu'on a seulement pu liquéfier trente ans plus tard. Cher et digne ami, à toi dont le nom demeurera à jamais gravé dans les annales de la science, à toi que nous avons appris à estimer hautement pour ta grande originalité en matière scientifique et à aimer pour ta droiture, ta bonté et ton exquise modestie, j'adresse en ce moment, au nom de tous tes confrères de l’Académie, un solennel et suprême adieu ! ( 499 ) NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. M. Paul Stroobant, docteur en sciences physiques et mathématiques, astronome adjoint à l’ Observatoire royal de Belgique et secrétaire de la Société belge d'astronomie, déjà avantageusement connu de l’Académie par de nom- breuses publications, fait hommage à notre Compagnie d'un nouveau travail qu’il vient de faire paraître dans le Bulletin mensuel de la Société précitée. Ce travail est intitulé : Les Biélides, résultats des observations de 1895. La Société belge d'astronomie avait organisé des observations systématiques des Biélides, et M. Stroobant rend compte ici des résultats obtenus à Bruxelles, Malines, Nimègue, Alassio, Pavie et Levis (près de Québec, au Canada). L'auteur montre que le maximum, en 1895, a dû se produire du 20 au 21 novembre, trois jours plus tôt qu'en 1892. M. Stroobant a calculé aussi les éléments paraboliques de l’essaim et, en les comparant à ceux de la comète de Biéla, il constate une discordance remar- quable pour linclinaison; celle-ci se serait fortement modifiée et ce résultat montre la nécessité de nouvelles observations pendant les années subséquentes. Nous croyons que ce travail fera honneur à son auteur et à la Société belge d'astronomie qui lui a permis d'en recueillir les éléments. F. Tersr. ( 500 ) RAPPORTS. Sur l'avis verbal de MM. Plateau et Fredericq, une note de J.-F. Heymans (Le bromure d'éthyle comme anes- thésique opératoire chez les céphalopodes), figurera au Bulletin, Contribution à l'étude des phénomènes polaires des muscles ; par le Dr E. Lahousse, professeur à l'Université de Gand. Rapport de M, Léon Fredericqg, premier commissaire. « Pflüger et Chauveau ont découvert, en 1859, indé- pendamment l’un de l’autre, que le courant électrique n’excite pas les nerfs à la fois dans toute leur étendue, mais seulement au niveau de l’un des pôles. L’excitation est limitée au voisinage du pôle négatif ou cathode au moment de la fermeture du courant constant; elle appa- raît au pôle positif ou anode au moment de la cessation ou rupture du courant. On a reconnu que cette loi polaire de l'excitation élec- trique était également applicable aux muscles striés et à d’autres éléments vivants. Mais on a signalé quelques ( 501 ) exceptions à la règle. Ainsi, pour certains Protistes, il paraît bien établi que l'excitation de fermeture se produit à l’anode et celle de rupture au cathode (loi polaire inverse de celle de l'excitation des nerfs et des muscles striés). En ce qui concerne les muscles lisses des vertébrés et des animaux inférieurs, les divers expérimentateurs sont arrivés à des résultats assez peu côncordants. M. Lahousse a repris cette étude à la station zoologique de Naples : il a expérimenté l’action du courant constant sur les muscles lisses d'un certain nombre d'animaux inférieurs. Je ne suivrai pas l’auteur dans le détail des particularités intéressantes qu'il a découvertes pour les différentes variétés de muscles. Je me borne à signaler la conclusion générale qui se dégage de ses études : la fermeture du courant constant produit des phénomènes d'excitation (contraction) au niveau du pôle négatif, d'in- hibition (relàchement) au niveau du pôle positif. Ces phénomènes persistent pendant toute la durée du passage du courant, Les recherches de M. Lahousse apportent une contri- bution intéressante à une question très importante de physiologie générale. J'ai l'honneur de proposer à la lasse : 1° D'insérer le travail de M. Lahousse dans le Bulletin de la séance; 2° De voter des remerciements à son auteur. » M. Plateau, second commissaire, déclarant se rallier complètement à l'appréciation et aux conclusions de son Savant confrère, celles-ci sont adoptées par la Classe. ( 502 ) Observations sur la respiration cutanée des Limnées et son influence sur leur croissance; par V. Willem. Rapport de M, Plaleau, premier commissaire. « C. Semper, par des expériences sur la Limnæa sta- gnalis, avait constaté qu'il existait une relation entre la croissance de ce Mollusque et la capacité des vases où on l’élevait : toutes choses égales d’ailleurs, les individus vivant dans un volume d’eau faible croissaient moins rapidement que ceux placés dans un volume d’eau plus considérable. Il expliquait ce fait par l'hypothèse suivante : l'eau contiendrait des traces d’une substance stimulante qui ne peut être absorbée en quantité utile par l'animal que dans le cas où le volume du liquide ambiant dépasse une certaine limite. H. de Varigny, dans un travail plus récent sur le même sujet, arrive à cette conclusion que la superficie des récipients a, sur la croissance des Limnées, une influence beaucoup plus grande que leur capacité. Il attribue le retard dans la croissance des individus restés petits au défaut d’exercice ou à l’absence de mouvements. Des observations et des expériences d’autres naturalistes sur les Limnées et les Planorbes ayant démontré, depuis longtemps, l'existence chez ces Pulmonés d’une respi- ration aquatique cutanée active leur permettant, dans ( 505 ) une eau bien aérée, de se passer de la respiration aérienne proprement dite, l’auteur de la notice que nous analysons a pensé que les différences de taille observées par Semper et de Varigny résultaient simplement de ce que ces expé- rimentateurs avaient négligé de tenir compte d’une con- dition importante, celle de l’aération du liquide. Après avoir prouvé par de; expériences bien conduites que chez les Limnées et les Planorbes, la respiration cutanée non seulement existe, mais joue un rôle de plus grande valeur que la respiration pulmonaire et peut, à elle seule, suflire à la vie des animaux en question, M. Willem a élevé des pontes de Limnæa ovata et de Planorbis corneus; puis, lorsque les jeunes eurent atteint une taille d’environ 4 millimètres, il a choisi ceux qui avaient sensiblement les mêmes dimensions et les a répartis, par moitié, dans deux vases de même capacité contenant comme aliments, non des plantes vertes qui auraient pu modifier la proportion des gaz, mais des rondelles de carottes et de pommes de terre. Des pré- cautions étaient prises pour éviter la putréfaction de ces substances. L'eau de l’un des vases était continuellement aérée à l’aide d’un dispositif décrit par l’auteur, celle de l’autre n’avait de rapports avec l’atmosphère que par sa surface. Les expériences ont duré trois mois et demi et quatre mois. Les résultats ont été des différences de taille du même genre que celles obtenues par Semper et de Vari- gny, les plus grands individus ayant toujours été, dans ce cas-ci, ceux du vase aéré. Afin d'apporter une preuve de plus à sa manière de voir, M. Willem a placé les Mollusques dans les condi- ( 504 ) tions réalisées par de Varigny, c’est-à-dire une partie des individus dans un vase de faible capacité, les autres dans un récipient de capacité beaucoup plus considérable; seulement il a disposé l'appareil de façon que l’aération de l’eau fût la même dans les deux. Les animaux étaient des Limnæa ovata et des Pla- norbis marginatus choisis de la même manière que plus haut. Si l'explication de de Varigny était exacte, on aurait dû trouver, au bout d’un temps suffisant, que les individus du grand vase auraient acquis une taille supérieure à celle des exemplaires du petit récipient. Or, il n’en fut rien; après trois mois, les tailles étaient identiques de part et d’autre. Ce travail résout donc définitivement une petite ques- tion intéressante touchant la biologie des Pulmonés aqua- tiques. Je propose en conséquence à la Classe d'en décider impression dans le Bulletin de la séance, ainsi que la reproduction des deux figures accompagnant le texte. » M. Fredericq, second commissaire, fait savoir qu'après avoir pris connaissance de l’intéressant travail de M. Wil- lem et de l'analyse si complète qu’en a donnée le premier commissaire, il croit pouvoir se borner à se rallier aux conclusions formulées dans le rapport de M. Plateau. Ces conclusions sont adoptées par la Classe. ( 305 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Comment les fleurs attirent les Insectes. — Recherches expérimentales. Deuxième partie; par Félix Plateau, professeur à l’Université de Gand, membre de l’Aca- démie royale de Belgique, etc. S 4. — INTRODUCTION. En 1895, j'ai publié, sous le même titre, une première notice (1), dans laquelle je donnais à peu près exclusive- ment les résultats d'expériences effectuées sur des Dahlias simples dont j'avais couvert soit seulement les fleurons périphériques, soit, à la fois, les fleurons périphériques et les fleurons centraux à l'aide de feuilles du même vert que celles des plantes supports. Les conclusions qui découlent de cet essai, conclusions (1) Bull. de l Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXX, pp. 466-488, 1895. Des résumés fort bien faits de ce petit travail ont été publiés par MM. Courix (La Nature, 11 avril 4896), KIENITZ-GERLOFF (Botanische Zeitung, 16 avril 1896), Tiepe (Biologisches Centralblatt, Aer juin 1896) et FLORENTIN (Le Naturaliste, 15 juillet 1896). Je saisis l’occasion de celte mention pour remercier encore une fois ceux qui ont ainsi contribué à faire connaître mes recherches. ( 506.) que j'ai pris alors la précaution de n’appliquer qu'aux Composées radiées, sont les suivantes : 1° Les Insectes visitent activement les inflorescences qui n’ont subi aucune mutilation, mais dont la forme et les couleurs sont masquées par des feuilles vertes; 2° Ni la forme ni les couleurs vives des capitules ne semblent avoir d’action attractive ; 5° Les fleurons périphériques colorés des Dahlias simples et, par conséquent, des capitules des autres Com- posées radiées n’ont pas le rôle vexillaire ou de signal qui leur a été attribué ; 4 La forme et la couleur ne paraissant pas avoir de rôle attractif, les Insectes sont évidemment guidés vers les capitules de Composées par un autre sens que la vue, sens qui est probablement l’odorat. Les résultats étaient tellement en désaccord avec les idées reçues que je compris immédiatement la nécessité de poursuivre ce genre de recherches en variant les condi- tions de toutes les façons possibles. J'ai donc fait, cet été, dans mon jardin qui est assez étendu, au Jardin botanique de Gand et en pleine campagne, les observations et les expériences dont je vais rendre compte dans cette deu- xième partie et dans une troisième qui paraîtra sous peu; les unes ne sont que la répétition de tentatives déjà effec- tuées par des naturalistes qui m'ont précédé, les autres sont nouvelles. En outre, n'ayant pu, dans le cours d’une seule saison, du reste assez défavorable, épuiser tout le programme que je m'étais tracé, je réserve pour une quatrième partie certaines expériences encore incomplètes. Avant d'aborder les faits qui font le sujet de la présente ( 507 ) notice, je tiens à répondre dès à présent à quelques cri- tiques probables : 1° On pourrait blâmer qu’observant les allures d’In- sectes indigènes, j'aie fait beaucoup de mes expériences en employant des végétaux exotiques. Toutes les plantes en question sont cultivées en Europe depuis très longtemps; les Insectes montrent en général pour elles une préférence marquée, au point de négliger les végétaux du pays croissant au voisinage; les organes floraux réputés attractifs sont fort souvent plus grands et plus brillamment colorés; enfin, le parfum est parfois plus intense; toutes conditions rendant les expériences bien plus démonstratives que si l’on opérait sur des espèces de notre flore. 2° Dans un certain nombre de cas, je n’ai pu noter de visites de l’Abeille domestique, ou bien je n’en ai vu que fort peu. Ce détail n’infirme en rien les résultats constatés; il provient exclusivement de ce qu’il n'existe pas d’apiculteurs dans mon voisinage immédiat. 3° Le lecteur se demandera peut-être pourquoi je n’ai pas essayé l'emploi de fleurs artificielles. Je pourrais me borner à répondre que les fleurs artificielles n’étant pas colorées au moyen des matières colorantes des fleurs naturelles, mais à l’aide de couleurs minérales ou de cou- leurs d’aniline, leurs teintes peuvent ne pas être perçues par les Insectes de la même façon que par nos yeux humains. J'ai une réponse plus nette à formuler : d'expé- riences variées que j'ai faites dès 1876, à l’aide de fleurs artificielles (1), j'ai cru pouvoir conclure que « les Insectes (1) L'instinct des Insectes peut-il être mis en défaut par des fleurs artificielles? (Association française pour l'avancement des sciences. Congrès de Clermont-Ferrand, 1876.) ( 508 \ » perçoivent entre les fleurs naturelles et les fleurs artifi- » cielles de même forme et de même couleur (même » couleur pour l’homme) des différences qui échappent à » un observateur non prévenu; différences assez grandes, » non seulement pour ne permettre aucune erreur, mais » encore pour déterminer, dans certains cas, de la mé- » fiance ». Je serai donc fondé à considérer comme sans utilité de nouvelles tentatives dans la même direction; mais recon- naissant que mes expériences sur les fleurs artificielles ne sont pas à labri de toute critique, surtout au point de vue du choix des espèces botaniques, et ayant connais- sance de quelques observations en contradiction appa- rente avec les miennes, je me propose de reprendre ce genre d’investigations en m'entourant de toutes les pré- cautions désirables. Ces préliminaires posés, je passe à la description des expériences que comprend cette deuxième partie. S 2. — SUPPRESSION DES PÉTALES OU DE LA PORTION COLORÉE DE LA COROLLE. Plusieurs naturalistes ont eu avant moi l’idée bien simple d'enlever les pétales colorés pour voir comment se comporteraient les Insectes; tels sont Kurr, Anderson, Ch. Darwin, Van Tieghem et Gaston Bonnier. Les résultats obtenus par mes prédécesseurs diffèrent; les uns semblent démontrer l'exactitude de la théorie de H. Müller, d'après laquelle l'éclat de la corolle est la cause principale dirigeant l’Insecte vers la fleur, tandis que d’autres paraissent prouver que cette théorie est totalement ou partiellement fausse. ( 509 ) Ces désaccords proviennent peut-être quelquefois de certains détails dans la forme de la fleur mutilée (voir plus loin, Antirrhinum) ; mais je suis persuadé, mes expé- riences le prouvent, que l'absence de visites d’Insectes après la mutilation provient surtout du peu de précau- tions prises par les observateurs. Ainsi il faut éviter de manier longuement la fleur entre les doigts; le simple arrachement des pétales est mauvais; il est indispensable de les couper rapidement avec des ciseaux fins et propres; l’expérimentateur se lavera les mains avant de toucher aux plantes; il s’abstiendra de fumer pendant l’ablation des organes colorés; enfin il s’armera de patience pour observer longnement, afin de ne pas émettre à la légère une opinion hàtive. a. — Expériences sur le LoBezia Ernus L. On a fréquemment cité (1) l'expérience de Ch. Dar- win (2) sur le Lobelia Erinus comme démontrant, sans discussion possible, que les Insectes sont fortement attirés par les couleurs éclatantes des fleurs. Darwin s'exprime littéralement comme suit : « C’est » une question curieuse que celle de savoir comment les Abeilles reconnaissent les fleurs de la même espèce. II » wy a aucun doute que la corolle colorée soit ici le (1) Par exemple dans L. ERRERA et G. GEVAERT, 5 la structure et les modes de fécondation des fleurs, p. 102 (BuLL. Soc. ROY. DE BOTANIQUE DE BELGIQUE, t. XII, 1878); THéon. ps Rôle des Insectes dans la fécondation des wegbtanz, p. 104, Paris, 1886, etc. (2) Darwin, The effects of cross and gehe. fertilisation in the vegetable kingdom, p. 420, London, 4876. Se SÉRIE, TOME XXXII. 54 ( 510 ) » guide principal. Par une belle journée, alors que les » Abeilles visitaient sans cesse les petites fleurs bleues » du Lobelia Erinus, je coupai tous les pétales de certaines » fleurs et seulement les pétales inférieurs striés d’autres. » Ces fleurs ne furent plus une seule fois sucées par les » Abeilles, quoique plusieurs de ces Insectes marchassent » dessus. L'enlèvement des seuls petits pétales supérieurs » wamena aucune modification dans les visites. » Le résultat est si différent de ceux d'essais analogues que j'avais effectués et dont on trouvera plus loin la des- cription que je voulus reprendre l'expérience de Darwin sur le Lobelia Erinus. Afin de me mettre à l'abri de causes d'erreur, j'ai pro- cédé de la manière ci-dessous, en prenant comme tou- jours les précautions que j'ai énumérées. Deux pots de Lobelia sensiblement identiques, portant Pun et l’autre de trente à quarante fleurs, sont placés en plein air, à une bonne exposition (sud) et à 50 centimètres Pun de l'autre. On les a posés chacun sur une planchette terminant un piquet, de manière qu’ils dépassent d'une vingtaine de centimètres les plantes basses avoisinantes (fig. 1). Derrière les pots de Lobélias s'élèvent des touffes de Dahlias simples et, autour des piquets portant les pots, existe un épais fouillis de Petunia et de Tagetes patula en fleurs; tous ces végétaux servant d’entourage attirent beaucoup d'Insectes. Cet arrangement avait pour objet de laisser aux ani- maux à observer le choix le plus large; de sorte que Si quelques-uns d’entre eux se portaient sur les Lobélias, il fût impossible d'expliquer le fait en disant qu’ils n'avaient que cela à leur disposition, ( Sf) On a commencé par s'assurer pendant deux ou trois jours : 4° que les Lobélias sont relativement peu visités ; 2 que dans le jardin où les expériences ont été effectuées, ces fleurs ne sont jamais sucées par les Hyménoptères et ne le sont que très rarement par les Lépidoptères diurnes. Les Insectes appartenant à ces deux groupes viennent de temps à autre examiner les Lobélias en décrivant autour d'eux une courbe plus ou moins serrée, mais ne s'y posent pas, ou, s'ils s’y posent par extraordinaire, comme je Fai vu faire une fois à une Abeille, une fois à la Vanessa urticæ et une fois à la Vanessa Atalanta, l'examen atten- tif montre qu’ils n’introduisent pas leur trompe dans les corolles. Les seuls Insectes qui, dans le jardin en question, explo- rent d'habitude réellement les fleurs de Lobélias pour y puiser des substances alimentaires, sont les Diptères et surtout les Eristalis (4). Ceci constaté, on coupe à laide de ciseaux tous les (4) Les Eristalis font partie des plus grands représentants de la famille des Syrphides, famille au sujet de laquelle H. Mürrer (The fertilisation of flowers. Traduction anglaise de D'Arcy W. Thompson, p. 36, Londres, 1883) s'exprime ainsi : « La famille des Syrphides est » (dans le groupe des Diptères) de beaucoup la plus importante, au » point de vue de la féeondation. La plupart des nombreuses espèces » et surtout les espèces communes vivent exclusivement ou presque » exclusivement des fleurs, et c'est dans cette famille que se ren- » contrent les adaptations les plus parfaites à une alimentation par » le pollen et par le nectar. » Il représente à ce propos, figures 4 et 5, les pièces buccales de l'Eristalis tenax dont il décrit le fonctionne- ment. Si j'insiste sur ce point, c'est que les Diptères Syrphides sont trop souvent considérés seulement comme mangeurs de pollen, alors que plusieurs d'entre eux, les Éristales entre autres, se servent très habilement de leur trompe pour sucer du nectar. ( 512 ) pétales de la totalité des fleurs d’un des pots, aussi bien les deux petits pétales supérieurs que les trois grands” pétales inférieurs, de façon à ne conserver que les tubes des corolles (fig. 2). Dès ce moment, les deux pots sont différents d'aspect; Fun, intact (fig. 1, a), est couvert de fleurs bleues épa- nouies, l’autre (fig. 1, b) n’a plus que des tubes et semble, à très petite distance, être complètement défleuri. Le jour même de cette opération, le temps devenu détestable a obligé de remettre les observations aux jour- nées suivantes. Voici ces observations : 14 septembre, de 9 à 10 heures du matin, Temps va- riable, nuages fréquents, du vent (1). On s'assure que le pot de Lobélias mutilés n'offre pas de nouvelles fleurs ouvertes et, par une revision attentive, on fait disparaître aux ciseaux les dernières traces de pétales. En une heure, les Insectes qui se sont rendus vers les Lobélias se sont répartis comme suit : LOBÉLIAS INTACTS, ` LOBÉLIAS SANS PÉTALES. Individus, Individus. Insectes se pea Eristalis tenax, 13 Eristalis tenax, pour sucer Syrphus, 9 hina eami Eristalis tenax, 4 Syrphus, 1 nant en décri S t) Bombus terrestris, 2 Helophilus, 1 es A ] 1 espa vulgaris, 4 Vespa vulgaris, aaae oe in Vanessa Atalanta, 1 Vanessa Atalanta, 1 (4) Les dates, les heures et le temps qu’il faisait sont indiqués à propos de chaque SR A en Sas bien préciser les conditions dans lesquelles celle-ci était effectu (515 } Sur les Lobélias sans pétales, les Eristalis observées de près passaient d’un tube à l’autre; l’une d’elles à ainsi exploré en suçant, successivement treize tubes. 14 septembre, après-midi, de 2 heures à 5 h. 10. Mêmes précautions préliminaires quant à la suppression complète des pétales sur les Lobélias mutilés : LOBÉLIAS INTACTS. LOBÉLIAS SANS PÉTALES. Individus. Individus. Insectes se posant } Eristalis tenax, 1 Eristalis tenax, 3 pour sucer. His 1 Insectes exami- | Bombus terrestris, 5 Bombus muscorum, 1 nant en décrivant) Odynerus quadratus, À Bombus terrestris, A cereles au vol. Vespa vulgaris, 1 Encore une fois, sur les Lobélias sans pétales, les Eristalis passent d'un tube à l’autre. Deux de celles-ci sucent chacune successivement six tubes. 16 septembre, matin, de 11 à 12 1/ẹ heures. Beau temps, un peu de vent; mêmes précautions que plus haut : LOBÉLIAS INTACTS. LOBÉLIAS SANS PÉTALES. Individus. Individus. Insectes se posant | Eristalis tenax, 18 Eristalis tenax, 15 our er. p Syrphus, 1 Pieris napi, 1 ui ne ge an) Pieris napi, 1 Pieris napi, instant très court | Vanessa urtictæ, 1 Bombus terrestris, 1 Bombus terrestris, 3 Bombus terrestris, 2 Insectes exami- nant en décrivant ) Eristalis tenax, 8 1 os Pieris napi, 1 Eristalis tenax, 3 cercles au vol. ns ; Vanessa urtiew, 1 Pieris napi, 1 Sur les Lobélias sans pétales, un Pieris napi a, par extraordinaire, réellement butiné, plongeant sa trompe ( 514 ) dans trois tubes corolliens. Quant aux Eristalis, elles ont encore butiné longuement; l’une d'elles a été jusqu’à sucer vingt-sept tubes. En général, les visites des Eristalis aux Lobélias mutilés étaient beaucoup plus prolongées, le nombre des fleurs sucées étant plus grand que pour les Lobélias intacts qu’elles quittaient presque toujours assez vite. J'attribue ce détail à ce que l'animal atteint peut- être plus facilement le fond du tube de la corolle quand les pétales sont enlevés. Si nous résumons les résultats, nous trouvons pour les visites actives réelles, c'est-à-dire où les Insectes ont sucé (en 5 t/o h.) : LOBÉLIAS INTACTS, LOBÉLIAS SANS PÉTALES. 33 Insectes. 95 Insectes. Et pour les Insectes simplement attirés, mais ne suçant pas, respectivement : LOBÉLIAS INTACTS. LOBÉLIAS SANS PÉTALES. 99 Insectes. 16 Insectes. Il y a done eu un peu plus d'Insectes pour les Lobélias intacts que pour les Lobélias mutilés; mais il reste incon- testable que le Lobelia Erinus est visité d'une façon réelle, malgré la Suppression totale des pétales colorés, et que le résultat de expérience de Darwin, exact au moment où il l'a effectuée, dans les conditions où il a opéré et pour les Abeilles de son jardin, n’a pas la portée générale qu'on lui a attribuée (1). (1) J'ai donné assez de preuves, dans mon enseignement et dans des publications, du grand respect que je professe à l'égard de la personne et des travaux de Darwin pour ne pouvoir être soupçonne un seul instant de faire de la eritique systématique. (815 ). b. — Expériences sur l'OENOTHERA BIENNIS L. L'Onagre, Oenothera biennis, originaire de la Virginie, mais naturalisée en Europe depuis longtemps, ouvre ses larges fleurs d'un jaune paille vers le soir; elles restent ainsi épanouies toute la nuit et pendant le commence- ment de la matinée suivante. De bon matin, les fleurs sont visitées par les Abeilles qui sy barbouillent littéralement de pollen; puis, les Abeilles parties, viennent quelques Diptères, entre autres l Eristalis tenax (1). Dès que le soleil est un peu haut, les fleurs se fanent et les Insectes n'arrivent plus. Dans les expériences, il fallait done, sous peine d'in- succès, opérer avant l’arrivée des Abeilles, c’est-à-dire de bonne heure. 5 septembre, de 7 à 8 heures du matin. Soleil voilé, temps frais. Sur une forte touffe d'Oenothera cultivée dans mon jardin et la seule probablement à une grande distance à la ronde, il y a des boutons, des fleurs fanées de la veille et dix fleurs épanouies (fig. 5, a). A l’aide de ciseaux fins, je coupe rapidement, près du calice, les pétales de ces dix fleurs, pétales qui tombent sur le sol. Les fleurs ainsi mutilées ont l'aspect représenté (1) H. MüLLER (op. cit., édition anglaise, p. 264) cite aussi comme visiteurs diurnes de Oenothera, l'Abeille et diverses espèces d’Éristales,. ( 516 ) figure 5, b. On les retrouve sans peine à cause de la colora- tion jaune des étamines et du stigmate cruciforme, mais, en réalité, elles sont infiniment moins apparentes que les fleurs intactes ou les fleurs fanées. L’Abeille qui visite la plante vole dans tous les sens, vers les fleurs fanées, vers les boutons, même sur les pétales tombés à terre qu'elle examine assez attentive- ment en se promenant dessus; cependant elle ne se pose pour butiner que sur les fleurs mutilées privées de corolle. J'ai vu une Abeille butiner ainsi successivement dans quatorze fleurs mutilées. La plante n’en portant que dix, elle est donc retournée à plusieurs de celles qu’elle avait déjà visitées. Quant au fait que l’Abeïlle tournoie autour des boutons fermés ou des fleurs fanées et se pose aussi sur les pétales coupés gisant sur le sol, rien n'autorise à attribuer exclu- sivement ces allures à l'éclat jaune des objets en question, comme on l'aurait fait certainement il y a quelques années. Il ne faut pas oublier, en effet, que les fleurs d'Oenothera ont un parfum agréable très perceptible et qui devait surtout imprégner des pétales récemment enlevés à des fleurs fraiches (1). EE (4) C'est évidemment aussi l'odeur, et spécialement Podeur du nectar sécrété à la base de deux des étamines restées adhérentes à la corolle tombée, qui explique le fait suivant, rapporté par ERRERA et GEVAERT (op. cit., p. 189) : « Nous avons remarqué à diverses reprises » que les Insectes butinent indistinctement les corolles (de Pent- » stemon) tombées sur le sol, de quelques variétés qu’elles soient... » seulement, les Insectes y puisent le nectar, non plus par louver- » ture supérieure de la corolle, mais bien en introduisant leur trompe » par l'extrémité opposée. » (BF) 6 septembre, de 7 à 8 heures du matin. Temps beau, chaud. L'Oenothera porte ce matin-là treize fleurs épanouies dont j'enlève rapidement les pétales à coups de ciseaux. Les Abeilles se comportent exactement de la même façon que précédemment, sauf qu’elles n'explorent presque plus les pétales tombés. J'ai noté : Une Abeille visitant successivement 10 fleurs mutilées. Une — — — 15 — ` La dernière revenait donc à des fleurs déjà visitées. Bien que dans ces visites très actives, les Abeilles se couvrent du pollen abondant de l’ Oenothera, elles vien- nent exclusivement pour le nectar et pas pour le pollen dont elles se débarrassent fort adroitement, quoique ce pollen soit accompagné de filaments plus ou moins vis- queux. A cet effet, après avoir visité une série de fleurs C Oenothera, l Abeille, toute revêtue de pollen jaune, va se poser sur une feuille d'une autre plante et se brosse vivement, de façon à ramasser tout le pollen en une bou- lette de 3 millimètres environ de diamètre qu’elle finit par laisser choir sur le sol. Ces expériences sur Oenothera prouvent done aussi que les Insectes, et ici des Hyménoptères à instincts développés, visitent les fleurs artificiellement privées de leur corolle grande et très voyante. C. — Expérience sur l'IPOMAEA PURPUREA L. Un petit groupe de Volubilis ou Liseron des jardins, Ipomaea (Pharbitis) purpurea L., le seul pour le moment en fleurs dans le jardin, porte, le 17 août, des boutons fer- ( 518 ) més, quelques fleurs fanées et fermées et neuf fleurs épanouies. On sait que celles-ci sont en forme d’entonnoir (fig. 4, a) et que le nectar sécrété sur l'ovaire se trouve par conséquent au fond de la corolle, dans la partie la plus étroite. Aussi n’y a-t-il guère que les Bombus qui visitent ces fleurs d'une façon fructueuse. A l’aide de ciseaux fins, je coupe les corolles des neuf fleurs juste au-dessus des sépales du calice (fig. 4, b). Non seulement toute la partie voyante et soi-disant attractive se trouve enlevée, mais en outre on a supprimé en même temps les cinq stries rayonnantes (fig. 4, a, 1, 2, 5, 4, 5), plus vivement colorées que le reste et faussement considérées depuis Sprengel comme stries directrices. Le groupe d’Ipomaea, si beau il y a un instant, avec ses larges fleurs d’un rose vif largement ouvertes au soleil, est devenu triste à regarder; il faut de l'attention pour y voir les restes des fleurs mutilées. Malgré cela, malgré la présence dans le jardin d’autres :spèces de plantes nombreuses activement visitées, J'ai noté en une heure d'observations, du reste interrompues par des allées et venues, l’arrivée de quatre Bombus. Un Bombus muscorum visite successivement 5 fleurs mutilées. Un Bombus terrestris = — 3 Un id. > cu 5 — Un id. — me 3 — Ce dernier part, puis revient visiter une quatrième fleur sans corolle. Ces visites ont lieu sans hésitation; elles sont réelles, l’Insecte plongeant sa tête dans le peu qui reste de la ( 519 corolle et sucant comme il le ferait dans une fleur intacte. De temps à autre, les Bombus s'adressaient, mais natu- rellement d’une façon inutile, aux fleurs fanées et à corolles fermées par l’enroulement en dedans caractéris- tique du bord. Ces Insectes étaient évidemment attirés par un reste d’odeur. L'expérience que je viens de décrire me semble dé- monstrative. d. — Experiences sur le DeLpamNium Asacis L. J.-G. Kurr (1) a effectué, il y a déjà plus de quarante ans, l'expérience consistant à enlever les sépales et les pétales au Delphinium Ajacis et au D. consolida. Malgré ces mutilations, les fleurs donnèrent des graines, fait au sujet duquel Darwin exprime son étonnement (2). L'il- lustre naturaliste ne pouvait évidemment plus, après son essai sur le Lobelia Erinus, se figurer la possibilité de visites fructueuses d’Insectes à des fleurs privées de leurs ornements Tome. Ces visites à des Delphinium mutilés sont cependant bien réelles, comme le démontre ce qui suit : > juillet. Temps beau. Quatre pieds de Delphinium Ajacis, deux bleus et deux roses croissant ensemble, sont de temps en temps visités par des Bombus terrestris. On coupe aux ciseaux toute la partie attractive de la (1) KURR, Untersuchungen über die Bedeutung der Nektarien in den Blumen, p. 135. Stuttgart, (2) Darwin, The effects, etc., oP. cIT., p. 420, en note. ( 520 ) totalité des fleurs, ne laissant à peu près que l’éperon nectarifère (fig. 5, b). En trois quarts d'heure d'observations interrompues, on note la visite de deux Bombus; le premier suce rapi- dement deux fleurs mutilées, puis part; le deuxième décrit seulement quelques excursions dans le sens verti- cal, le long des grappes, puis s’en va. Ce jour-là, je n'ai plus vu de nouvelles visites. Il est du reste à remarquer que le jardin contenait un nombre considérable d’autres fleurs attractives : Pois à bouquets (Lathyrus latifolius), Capucines, Digitales, etc., attirant beaucoup les Bour- dons et les détournant des Delphinium. 6 août. Temps calme, un peu couvert. Je coupe aux ciseaux la partie attractive des fleurs d’une partie seulement des Delphinium, laissant les autres entières. Un Bombus terrestris visite rapidement (comme le font toujours ces Insectes pour cette forme de fleurs) les fleurs intactes, restant à peine une seeonde sur chacune d'elles et, pendant son exploration, visite et suce exactement de la même manière deux des fleurs mutilées. Les fleurs intactes étaient bleues, les fleurs n’ayant plus que l'épe- ron étaient roses; leur mutilation était sérieuse, pas aussi complète cependant que dans l'expérience précédente : un peu de la base des sépales roses attractifs s'y voyait encore. Je ferai remarquer à propos de ces expériences, qui, répétées un plus grand nombre de fois, auraient toujours fourni les mêmes résultats, que, vu la rapidité des allures des Bourdons sur les Delphinium, il eù: sufi d'un instant d’inattention de la part de l'observateur pour ne pas voir les visites aux fleurs mutilées et pour émettre des conclusions absolument fausses. ( B243) e. — Expériences sur le CENTAUREA CYANUS L. On sait que chez le Bleuet commun, les fleurons cen- traux, fort peu apparents, ont seuls des étamines, un pistil et une glande nectarifère, tandis que les fleurons périphériques, grands, infundibuliformes, vivement colo- rés, sont vides. Les dimensions de ces fleurons du pour- tour, leur couleur, leur position, ont fait admettre par H. Müller (4) et ses continuateurs qu’ils servent d'organes attractifs. L'expérience suivante montre que ce rôle vexillaire est bien douteux. 28 juin. Temps beau. Quatre variétés de Centaurea cyanus, bleue, rose, blanche et violette foncée, sont cultivées en mélange, formant un grand groupe serré portant des centaines d'intlorescences. Ces Bleuets sont visités par quelques rares Abeilles et très activement par de nombreuses Mégachiles (Megachile ericetorum) qui passent, par des mouvements brusques, d'un capitule à l’autre, explorant et suçant sur chacun les fleurons centraux tout en piétinant en cercle. J'enlève les fleurons périphériques réputés attractifs à dix inflorescences disséminées çà et là au milieu de la multitude des autres intactes. Les inflorescences mutilées appartiennent aux diverses variétés de couleurs; elles contrastent naturellement beaucoup d'aspect avec celles (1) MüLLER (édit. anglaise, op. cit., pe 350). ( 522 ) qui sont restées entières et ressemblent aux inflo- rescences en fruit dont les fleurons du pourtour sont tombés (fig. 6, b). Malgré cela, en une heure et demie d'observation, j'ai vu une Abeille visiter une inflorescence mutilée et les Mégachiles sucer, absolument comme elles se comportent sur les autres capitules, dix-neuf (1) inflorescences pri- vées de leurs fleurons colorés. Ces Insectes passaient, comme si rien de spécial n'avait été effectué, des capi- tules intacts aux capitules mutilés. Le lendemain, 29 juin, je constate que les Mégachiles visitent encore les mêmes inflorescences dépourvues de fleurons périphériques. L'expérience est décisive et les chiffres de visites eussent pu être bien plus élevés si, pour forcer artificiel- lement les choses, j'avais mutilé un plus grand nombre de Bleuets. On le voit, le résultat est, sous une forme un peu différente, celui que j'avais obtenu avec une autre Com- posée, le Dahlia simple, en masquant les fleurons péri- phériques rouges ou roses au moyen d’une feuille trouée ne laissant voir que les fleurons tubuleux centraux jaunes (2). L'expérience en question se réalise du reste souvent d'elle-même; en effet, en observant les allures des Hyménoptères et des Diptères visitant un groupe un peu considérable de Dahlias, il n'est pas rare du tout de voir ces Insectes butiner en passant indifféremment de (4) Les Mégachiles revenaient donc à des capitules mutilés déjà explorés. (2) Voyez première partie, § 5, et figure 6 de la planche de ectte première notice. : ( 523 ) capitules intacts à des capitules dont tous les fleurons du pourtour sont tombés. Je ferai seulement remarquer que la masse centrale des fleurons jaunes de Dahlia est encore un corps très visible à distance, tandis que, comme je le disais plus haut, il n’en est pas ainsi pour le Centaurea cyanus. L'expérience sur le Bleuet a, par conséquent, un caractère plus démonstratif. f. — Expériences sur la DIGITALIS PURPUREA L. Gaston Bonnier (1) relate que « les Abeilles continuent à visiter en même nombre les Digitales sur les pieds où toutes les corolles avaient été enlevées ». Les expériences ci-dessous montrent que l'observation de Bonnier était exacte. 17 juin. Temps beau, chaud; un peu de vent. Les Digitalis purpurea sont plantées en une ligne orientée à peu près de l’est à l'ouest. Dix-neuf de ces plantes portent chacune une grappe de fleurs. Sur cinq de ces grappes, non rapprochées, mais dissé- minées çà et là, on abat les corolles à coups de ciseaux, coupant en même temps styles et étamines, et ne laissant en place, pour chaque fleur, qu’un reste de la base de 1 centimètre environ de longueur (fig. 7, b). Les Insectes qui visitaient les Digitales étaient, avant la mutilation, des Bombus terrestris, relativement rares, et o Bonnier, Les Nectaires ; étude critique, erin et Ta ue (ANNALES DES SCIENCES NATURELLES, BOTANIQUE, 49e an Da série, t: VIII, nes 1 et 2, p. 61, 1879). 524 ) un bel Apiaire de la saison, |’ Anthidium manicatum L. en nombreux exemplaires. En deux heures d'observation (de 2 à 4 heures), j'ai noté : Anthidium, 11 indiv. Insectes tournant autour des grappes mutilées. Bombus, 5 — =e suçant réellement les fleurs mutilées, { Anthidium, 12 indiy. introduisant naturellement que e la Bombus, 1 — Dans ces treize derniers cas, les faits se sont représen- tés comme il suit : v à Anthidium ne sucent chacun qu'une fleur mutilée, puis partent; su 1 e successivt 3 fleurs mutilées d'une même grappe; 1 — 9 ae 1 — — 3 — — 1 se EA Da a 1 me = 3 fleurs sanne d'une sieg et 2 mu- ‘une autre 1 man ar 9 fleurs ie d'une grappe et 1 mu- tilée d'une autre 1 — — 6 fleurs mutilées d’une méme grappe; 1 Bombus terrestris — 4 — — 25 juin. Temps couvert; du vent; fort peu d'Insectes. On coupe les fleurs de trois grappes sur cinq, stricte- ment à 1 centimètre du pédoncule. En deux heures d'observation (de 2 à 4 heures), les Digitales ne sont visitées que par six Bombus terrestris. Quatre de ceux-ci se bornent à tourner autour des fleurs mutilées, après ou avant de visiter les grappes intactes. Deux autres individus, dont les arrivées ont été séparées par près d’une heure et demie d'intervalle, sucent des ( 525 ) fleurs ayant subi la mutilation ; le premier en visite De le deuxième 6. J’ajouterai, pour éviter une objection ma que c’étaient bien des individus différents, car j'avais capturé et tué le premier. 26 juin. Temps beau, calme. Mêmes grappes que la veille. En moins d’une heure d'observations interrompues par des allées et venues, je note les visites de quatre Bombus terrestris. Le premier ne visite que les fleurs de grappes intactes; Le deuxième tourne un instant autour des fleurs n mu- tilées; Le troisième, après visite à quelques fleurs intactes, suce successivement six fleurs mutilées ; Le dernier, après avoir également visité des fleurs entières, suce successivement neuf fleurs mutilées. Le lecteur voudra bien remarquer qu’il ne s'agissait jamais de grappes portant un mélange de fleurs intactes et de fleurs mutilées, mais que toujours toutes les fleurs d'une même grappe avaient été coupées. Les allures des Insectes visitant les fleurs coupées sont curieuses à observer : on sait que dans la fleur normale de Digitale (fig. 7, a), la lèvre inférieure de la corolle accrochée d’abord par les pattes antérieures de l’Hymé- noptère, sert en quelque sorte de marchepied pour entrer dans l’intérieur du tube; tout le monde a vu aussi qu'un Bourdon passe en général d’une fleur à une autre voisine. Or, dans le cas où une grande partie de la corolle a été enlevée, le marchepied ordinaire n’existant plus, l’Insecte, dominé par l’habitude, fait des gestes grotesques des pattes antérieures qui s’agitent dans le vide, gestes qui 9"® SÉRIE, TOME XXXIIL 55 ( 526 ) recommencent pour chaque nouvelle corolle raccourcie à laquelle il se rend. Ainsi, les Hyménoptères visitent encore, et d’une façon effective, les fleurs de Digitales n'ayant plus ni leur cou- leur attractive, ni des dimensions les rendant très visibles, ni la forme que ces animaux ont coutume d'utiliser pour parvenir aisément au nectar. ` g. — Expérience à résultat négatif sur L’ANTIRRHINUM Maus L. 27 juin. Temps beau et calme. Des Mufliers, Antirrhinum majus, sont visités par des Bombus terrestris. A huit grappes, sur vingt-cinq que porte le groupe de plantes, je coupe toutes les corolles à 1 centimètre de leur pédoncule (fig. 8). De cinq Bourdons observés, trois se bornent à tourner autour des grappes à fleurs coupées, deux autres explorent ces grappes au vol en décrivant des zigzags dans le sens vertical, puis partent vers des fleurs entières. Il est évident que si je n'avais expérimenté que sur des Mufliers, je serais resté persuadé du rôle attractif de la corolle; heureusement que les autres expériences décrites plus haut ont donné des résultats montrant qu’au contraire ce rôle attractif n’a qu'une valeur fort discutable. Mais alors, pourquoi cette différence entre la façon de se comporter des Insectes envers les fleurs mutilées d'Antirrhinum, d'une part, et de Digitalis, d'autre part? L'explication est, je crois, très simple : les fleurs coupées de Digitales ont leurs orifices plus ou moins dirigés vers le bas, tandis que celles de Mufliers traitées ( 527 ) de la même manière ont, au contraire, leurs ouvertures franchement tournées vers le haut. Les Hyménoptères et surtout les Bourdons, qui attaquent toujours ces deux espèces de fleurs (à l’état normal) par un vol de bas en haut, parviennent encore, malgré l’absence de l'appui constitué par la lèvre inférieure, à introduire leur tête dans les restes de fleurs de Digitales, vu la position de ceux-ci; mais il n’en est pas de même pour les Mufliers ; ainsi que je lai indiqué sur la figure par une flèche courbe, l’Insecte serait obligé d'effectuer en l'air une véritable culbute. Le fait s’expliquerait done par la nécessité d'exécuter des mouvements tout à fait exceptionnels, mouvements que l’animal renonce d'autant plus vite à tenter que d’autres fleurs voisines et intactes lui offrent toute facilité de céder à ses habitudes (1). h. — Recapitulation et cas observés par d'autres natu- ralistes. Si nous récapitulons ce qui résulte des observations décrites dans ce paragraphe, nous constatons que les Insectes continuaient à visiter les fleurs ou les inflores- cences dont j'avais supprimé la presque totalité des organes colorés voyants, pétales, corolle entière, fleurons, ete., (1) DARWIN (op. cit., p. 420) cite une expérience de J. ANDERSON (Gardner's Chronicle, p. 534, 1853), qui dit que lorsqu'il enleva les corolles de Calcéolaires, les Abeilles ne visitèrent plus ces fleurs. Les Calceolaria sont des Serophularinées si voisines des Antirrht- mim que l'expérience mériterait d'être reprise afin de voir si son résultat négatif ne s'explique pas de la même manière. ( 528 ) chez Lobelia Erinus, Oenothera biennis, Delphinium Ajacis, Ipomaea purpurea, Centaurea Cyanus, Dahlia variabilis (4) et Digitalis purpurea. Ainsi que je le disais au début, d’autres cas semblables ou analogues ont déjà été signalés; en voici l’'énuméra- tion rapide : Darwin (2) a vu des Bourdons visiter encore les fleurs de Geranium phoeum dont tous les pétales étaient tombés; H. Müller (5) a observé le fait d’Abeilles sucant des fleurs de Veronica spicata dont la corolle s'était détachée; G. Bonnier (4) a constaté pour les Abeilles et les Bourdons les mêmes visites que Darwin vis-à-vis du Geranium phoeum dépourvu de pétales; il a vu aussi les Abeilles butiner sur des fleurs de Butomus umbellatus n'ayant plus de périanthe, sur celles de Galeob- dolon luteum dont la corolle s'était détachée, et les Bour- dons visiter les fleurs de Tropeolum où l'éperon était seul conservé. Enfin, d’après une note de bas de page pu- bliée par le même auteur, Van Tieghem aurait été témoin de faits identiques pour la Capucine n’ayant gardé que l'éperon et pour le Nicotiana tabacum dont il avait supprimé la partie de la corolle supérieure aux éta- mines. Darwin, à propos du cas du Geranium phoeum, suggère l'hypothèse que les Hyménoptères peuvent avoir appris que ces fleurs sans pétales sont bonnes à visiter, et cela parce qu’ils ont trouvé du nectar dans celles qui n’avaient (1) Voyez la première partie. (2) DARWIN, op. cit., 0. (3) H. MÜLLER, édition allemande, p. 288. Ce détail ne figure plus dans l'édition anglaise, la seule que j'aie consultée. (4) Bonnier, Les Nectaires, ete. (oP. cir., pp. 60 et 61). manen ( 529 ) encore perdu qu’un pétale ou deux. Cette théorie, après mes expériences, est insoutenable; où et comment, je le demande, les Insectes qui butinaient sur des fleurs dont je venais de couper les organes voyants, auraient-ils acquis cette expérience? Je préfère de beaucoup l'interprétation d'Errera et Gevaert, qui s'expriment ainsi : « IÌ nous paraît fort pro- » bable que c’est, dans tous les cas de ce genre, l'odeur » du nectar qui guide les Abeilles. Nous avons vu que » leur odorat est très fin; en visitant les fleurs épanouies, » elles sont tout près de celles qui n’ont plus de corolle » et peuvent aisément percevoir le moindre parfum du » nectar qui s’en exhalerait (1). » L'interprétation de ces auteurs demande cependant quelques correctifs pour s'appliquer entièrement aux faits : 4° il ne s’agit pas des Abeilles seules, mais de tous les Insectes fréquentant les fleurs; 2 il n’est pas du tout indispensable qu’il y ait d’autres fleurs voisines intactes, plusieurs de mes expériences (voyez plus haut, b et c) prouvant qu'on peut, sans supprimer les visites, couper les pétales ou les corolles de la totalité des fleurs d’une plante absolument isolée. $ 5. — FLEURS MASQUÉES PAR DES FEUILLES. On sait que j'ai observé la continuation des visites d'Hyménoptères et de Lépidoptères aux capitules de Dahlias simples complètement masqués (centre et pour- (1) ERRERA et GEVAERT, Sur la structure, etc. (op. cir, p. 141). ( 530 ) tour) par des folioles de Vigne vierge (1) et que j'avais adopté ce procédé parce qu’en cachant les parties colorées des fleurs par des organes végétaux vivants verts et par conséquent du seul et véritable vert chlorophyllien, j'évitais absolument les objections très fondées que sou- lève l'emploi de papiers verts ou d’étoffes vertes teintes de couleurs artificielles pouvant produire sur l'œil des Insectes une impression entièrement différente de celle qu’elles déterminent dans nos organes visuels. J'ai voulu reprendre ce genre d'essais en employant des inflorescences d'Ombellifères. Expériences sur l HERACLEUM FiscHERI. L’Heracleum étiqueté Fischerii au Jardin botanique de Gand, nom spécifique que je lui conserve ici faute de mieux, est une de ces grandes Ombellifères décoratives portant des ombelles de plus de 50 centimètres de dia- mètre, exhalant un parfum assez intense rappelant celui de notre Reine des prés (Spiraea Ulmaria). Le pied unique croissant dans mon jardin provient de graines récoltées, il y a plusieurs années, au Jardin bota- nique, situé à plusieurs kilomètres de mon habitation. Aucun autre pied n'existe dans le voisinage et, dans la région, la floraison a eu lieu bien avant celle de l'espèce indigène (H. Sphondylium). Ceci dit pour réfuter d'avance toute explication dans laquelle on ferait jouer un rôle à des habitudes prises par les Insectes. (1) Première partie, §§ 5, 6, T et fig. 7. ( 53T ) 5 juin, entre 5 et 4 heures de l'après-midi. Temps demi-couvert, du vent. Peu d’Insectes en général, toutes conditions défavo- rables et qui, cependant, n'empêchent pas une première expérience de réussir nettement. Une seule grande ombelle en fleur attirant quelques Abeilles; les petites ombelles accessoires sont en boutons encore fermés, verts et non visités. On couvre l’ombelle d’une grande et de plusieurs petites feuilles de Rhubarbe (1) d’un vert analogue à celui des feuilles de F Heracleum (fig. 9). En trente minutes d'observation, j'ai constaté : Apis mellifica (var. Ligustica). . . . 3 visites. Petit Hyménoptère indéterminé . . . . 9 — Calliphora vomitaria tan 1 — Phyllopertha horticola . . . . . . . . 1 — Les allures des Abeilles sont curieuses : attirées par l'odorat, elles se posent d’abord sur les feuilles de Rhu- barbe servant de couverture et s’y promènent en les explorant dans divers sens, puis elles volent autour et arrivent parfois à atteindre l’inflorescence par-dessous. Le Phyllopertha, Coléoptère mangeur de pollen, finit aussi par passer sous les feuilles de Rhubarbe, à la face inférieure desquelles je lai retrouvé. | 11 juin. Temps calme, assez beau. Cinq ombelles accessoires s’étant épanouies autour de l’ombelle principale centrale, je réunis le tout en faisceau, (1) Rheum Tataricum L. ( 532 ) à l’aide de quelques ficelles, et j'assujettis dessus plu- sieurs feuilles de Rhubarbe comme dans le cas précédent. L'ensemble offre encore une fois l'aspect représenté figure 9. L'observation, plusieurs fois interrompue pendant une ou deux minutes, a duré une heure et demie. Dans ce laps de temps, les visites ont été nombreuses : Odynerus quadratus, 25 individus posés. — 6 volant autour de la couverture de feuilles. Calliphora vomitoria, 3 individus posés. Musca domestica, 2 Prosopis communis, 10 individus posés au moins. TOTAL APPROXIMATIF. 45 visites au minimum. Les Odynères ont fréquemment agi d’une manière rappelant la façon de procéder des Abeilles de la pre- mière expérience; se posant d’abord sur les feuilles de Rhubarbe, ils finissaient par passer en dessous, soit en profitant d’une petite déchirure, soit en contournant le ord. Ainsi les Ombellifères cachées par des feuilles four- nissent un résultat absolument semblable à celui donné par les Composées masquées d’une façon analogue. Les Insectes continuent à s’y rendre, guidés par un sens évi- demment autre que la vue et qui ne saurait être que Fodorat (1). (1) H. Mürren (édit. anglaise, p. 287) a reconnu lui-même que l'odeur des Ombellifères a probablement une influence sur le nombre et la nature des visites. ( 535 ) * * * Il est, je pense, inutile de formuler, dès à présent, des conclusions détaillées; celles-ci figureront à la fin de la dernière notice que je publierai sur le même sujet. Retenons seulement que les expériences de cette deu- xième partie, entreprises pour contrôler, en se plaçant dans d’autres conditions, les résultats donnés par les Dahlias masqués par des feuilles, ont, d’une façon géné- rale, confirmé ces derniers et prouvé que le rôle attractif des organes colorés de la fleur, s’il existe, est peu impor- tant. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fie. 1. — Disposition des expériences sur le Lobelia Erinus (réduite au dixième) : a. Pot de Lobélias couvert de fleurs intactes. b. Pot où les pétales ont été coupés Fi. 2. — Lobelia Erinus (gross. 9) : a. Fleur intacte. b. Fleur dont les pétales sont coupés. FiG. 3. — Oenothera biennis (g. n.\: a. Fleur intacte b. Fleur privée de pétales. Fie. 4. — Ipomæa purpurea (g. n.): a. Fleur intacte; 1, 2, 3, 4, 5, prétendues stries direc- trices; a, B, ligne suivant laquelle la corolle sera coupée. b. Fleur à corolle coupée. Fic, 5. — Delphinium Ajacis (g. n.) : a. Fleur intacte. b. Fleur dont les organes voyants, sauf l'éperon, ont été supprimés. ( 534 ) Fie. 6. — Centaurea Cyanus (g. n.) : a. Capitule intact. b. Capitule privé des fleurons colorés périphériques. Fie. T. — Digitalis purpurea (g. n.) : a. Fleur intacte. b. Fleur où la corolle a été coupée. Fie. 8. — Fleur coupée d'Antirrhinum (g. n n.). La flèche courbe indique la culbute qu'un re devrait effectuer pour introduire la tête dans ce qui reste de la fleu Fie. 9. — Ombelle d'Heracleum masquée par des feuilles de Rhu- barbe (réduite au dixième). Impression photographique produite par les courants gazeux renfermant des particules solides en suspension ; par P. De Heen, membre de l'Académie. On sait que les courants de vapeur renfermant des gouttelettes d’eau en suspension développent de l'élec- tricité lorsqu'ils rencontrent un obstacle, et qu'il en est e même de l'air qui renferme des particules solides. Il nous a dès lors paru intéressant de rechercher si un pareil courant ne déterminerait pas une impression pho- tographique en venant frapper une plaque sensible, de manière à vérifier cette proposition fondamentale que nous avons formulée antérieurement, que « l'électricité, indépendamment de tout phénomène lumineux, détermine une impression photographique ». L'appareil se compose d’une soufflerie ordinaire de laboratoire; l'air passe d’abord dans un tube desséchant renfermant du chlorure de calcium, puis traverse du coton de manière à être parfaitement filtré; il passe ensuite dans un flacon à deux tubulures renfermant de la poudre de lycopode. L'exeès de la poudre ainsi entraînée se Bull. de VAcad R.de Belgune, 82 Série tome XXXI. a+ og Éd \ fig. 3 (én) fige (x2) fig. 3 (én) ( 555 ) dépose ensuite dans un long tube en laiton, assez large. Enfin, un tube en caoutchouc amène l'air chargé de poussière sur une plaque photographique, laquelle est enfermée dans une boîte munie d’un tube d'évacuation pour lair. Le courant tombe normalement sur cette plaque. On remarque dans ces din diens que si l’on fait usage d'une plaque non voilée on obtient une impression très faible mais très distincte après une heure et demie de pose. Si, au contraire, on fait usage d’une plaque voilée, l'impression produite est incomparablement plus forte. La planche nous montre cette impression qui est parfaite- ment mise en lumière en comparant la partie de la plaque qui a été exposée au courant à la partie de la plaque qui ne l'a pas été. Mais la particularité la plus remarquable réside dans les ramifications qui se sont produites, car, chose surprenante, le voile que présentait la plaque avant son exposition a complètement disparu en ces points. (Voyez surtout les points a.) Il s’est donc produit un phénomène absolument identique à celui que nous avons signalé dans notre dernière note (1) lorsqu'il s'agissait des phénomènes infra-électriques. Les points où le voile a disparu sont ceux où la poudre de lycopode s’est déposée de préférence, car en certains points elle est même restée adhérer en rendant ceux-ci opaques. (Voir les points b.) Ces ramifications paraissent être les directions suivant lesquelles l'électricité s’est propagée à la surface de la plaque. Ce qui confirme l’hypothèse émise dans notre der- nière note et d’après laquelle l’infra-électricité en mouve- (©) Voir Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3e série, t. xxxu, octobre 1896 ( 536 ) ment fait disparaitre l'impression photographique, alors qu'étant au contraire en repos, elle active celle-ci. On voit d’après ce cliché qu’il en est de même pour l'élec- tricité proprement dite. Car le courant d'air chargé de poudre de lycopode relève fortement les feuilles de l’élec- troscope à feuilles d’or. Si, au contraire, on se sert de lair simplement filtré, toute électricité disparait en même temps que toute impression photographique. Conclusions. — L’électricité produite par le procédé que nous venons d'indiquer, se comporte absolument comme l’infra-électricité produite par des rayons lumi- neux. 4° Elle est essentiellement continuatrice de la réaction photographique; 2° Elle détermine des actions inverses suivant qu’elle est en mouvement ou en repos. La valléite, nouvelle amphibole orthorhombique ; par G. Cesàro, correspondant de l’Académie. J'ai signalé, dans le Bulletin de l'Académie (*), un minéral provenant de Saint-Lawence Co, N. Y. (Edwards) qui accompagne la trémolite violette, minéral qui me paraissait constituer une nouvelle espèce. Effectivement, d’après mes nouvelles recherches et d'après une analyse de notre confrère M. Renard, le minéral dont il s’agit constitue un métasilicate de magnésium presque pur, orthorhombique, voisin de Pantophyllite, et auquel j'attribue le nom de valléite, en hommage à notre savant confrère, M. de la Vallée- Poussin, La valléite ressemble beaucoup, comme aspect, () 3e série, t. XXIX, n° 4, pp. 508-510, 1895. P. DE HEEN, Bull. de l'Acad., 3° série, T. XXXII, n° zr. 2 NEE PHOTOTYPIE E. CASTELEIN, BRUX. ( 357 ) à l’antophyllite, sauf qu'elle est de couleur claire, mais s'en distingue essentiellement par le signe optique, par la valeur de langle des axes optiques et par la direction de la bissectrice aiguë. Forme cristalline et dimensions du primitif. Les petits cristaux de valléite ne peuvent ordinaire- ment fournir aucune mesure : leur section transversale est un hexagone grossier, arrondi; le cristal se compose de m, de h! et de faces intermédiaires mal définies; dans un eristal, j'ai pu obtenir quelques mesures en pre- nant pour mire la flamme d'une bougie très rappro- - chée; on a obtenu (fig. 1) : ON "mm = 54° 50° i mX = 20° 15" trés KX = 6°12, | On voit queles angles mh! == 26° 55' etm'h1= 97° 57! 4 | | diffèrent de plus d’un degré; | A | mais les faces ne sont pas en état convenable pour pou- voir établir rigoureusement | le système cristallin, en se X basant sur les propriétés géo- métriques de l'enveloppe. Parmi les solides de clivage très minces que l’on obtient en triturant entre les doigts des lamelles de valléite, on observe souvent la forme représentée par la figure 2, dans laquelle on remarque un plan normal à ht ct incliné sur la verticale de 63° environ. En notant cette Fic. 4. ( 538 ) face e°*‚ pour rapprocher l'espèce de l’amphibole propre- ment dite, on à : "erg = 65°. Les dimensions du prisme primitif, calculées en par- tant des incidences marquées par un astérisque, sont : a:b:c=— 0,515: 1 : 0,255 (*). Quant à la forme X, elle correspond assez bien à h" = 920, avec ht" h = 6° 352’. Clivages. a) Un clivage très facile, à éclat nacré sur les plans qu’il produit, existe parallèlement à ht; c’est ordinaire- ment suivant cette face que les cristaux sont aplatis; avec la pointe de la lame d’un canif, on arrive facilement à produire de belles lamelles de clivage, transparentes, toujours striées verticalement. b) Si l’on place sur le doigt une de ces lamelles et qu'on la presse avec le dos de la lame d’un canif, on obtient facilement un second clivage, g!, normal au premier CE c) Les lames de clivage h! portent presque toujours sur leurs bords verticaux de petites’ facettes, indiquant (€) Dans l’amphibole proprement dite, on a: a:b:c:=—= 0,551 : 1 : 0,294 (Dana, p. 386). C*) L'angle h'g? a été trouvé de 90e, à quelques minutes près. ( 539 ) très probablement un clivage m. L'ensemble de ces cli- vages verticaux permet de diviser la valléite en aiguilles qui s'éteignent suivant l'allongement, quelle que soit la face par laquelle elles pe E s'appuient sur le porte-objet, ce qui (BINE indique que la verticale est un axe d'élas- nur ticité optique. d) D’autres clivages, plus ou moins réguliers, peuvent être obtenus en appli- quant sur une lamelle ht, transversale- h ment aux stries verticales, le dos de la lame d'un canif (*. Le plus régulier parmi ces clivages est celui auquel nous avons attribué ci-dessus la nota- tion e"? (fig. 2). On obtient aussi assez P souvent la face p. D'autres clivages, moins réguliers, font respectivement, avec la verticale, des angles de 75° et 53°; ils corres- pondent assez bien à e! et e", avec et gt = 75° 49" e"sg! = 52° 37'. Fic. 2 Étude microscopique et propriétés optiques. Une lame de clivage h se montre, au microscope, lorsque sa surface est assez grande, terminée latérale- ment par des facettes m; elle est traversée par des plans () Pendant cette opération, la lame se dédouble très souvent parallèlement à hi; c'est ainsi qu'on obtient les meilleures lamelles pour l'étude des propriétés optiques. ( 54 ) de division grossièrement dessinés, obliques sur la verti- cale et paraissant, en général, normaux au plan de la lame; les fentes produites par ces plans ne s'éteignent pas avec la lame et sont remplies probablement par une substance autre que la valléite. En général, les lames A! ne paraissent pas symétriques par rapport à la verticale; leur aspect général est celui d’une lamelle gt clinorhom- bique ; rarement les plans de division se répètent symé- triquement par rapport à la verticale comme dans les lames représentées par les figures 5 et 4; ordinairement il n’en existe qu’un seul système, comme le montrent les figures 5 et 6. Ces lames s’éteignent suivant la verticale, direction qui est positive (*). Elles montrent en lumière convergente une bissectrice aiguë, à axes rapprochés, bissectrice qui est perpendiculaire au plan de la lame et qui est négative. La figure d'interférence, parfaitement centrée, est absolument symétrique, en lumière blanche, par rapport aux traces de p et de g'. Le plan des axes optiques est dirigé suivant g!. On a mesuré l’angle apparent des axes optiques autour de la normale à ht en le comparant, à l’aide du micro- scope Bertrand, à celui d'un mica pour lequel la mesure directe, faite à l'appareil Des Cloizeaux, avait donné 68°. On a obtenu 2E = 90° 28" (**). ©) Suivant la verticale est donc dirigée oer minima c? et non la maxima, comme je l'ai écrit par mégarde, loc. (*) En supposant que l'indice moyen de la vie soit 1,64 (indice des substances analogues), on obtient 2 V == 18’ (54) Fie. ÿ. Fic. 6. 3"* SÉRIE, TOME XXXII. 56 (-542 ) La dispersion des axes optiques m'a semblé nulle. L'orientation optique, représentée dans la figure 6, peut donc se résumer ainsi : P. A. O. = gf, bissectrice aiguë négative normale à h!. Biréfringence d'une lame ht. Une lame d’épaisseur 14,5 accusait un retard de 52,92; on en déduit : 1 -— — — Nm |! = 3.6. © b : g 6 Composition chimique. Voici le résultat de quelques dosages partiels que j'ai effectués, ainsi qu'une analyse complète faite par notre savant confrère M. Renard sur de la matière bien pure : CESÀRO. RENARD, ts. sio: 57,10 58,92 57,21 58,02 1 Mg0 26,05 29,20 27,99 0,7236 Ca0 5,21 5,52 413 5,04 0,0931 Fe203 1,40 1,08 1,28 0,0083 Mn0 2,95 2,08 2,88 0,0419 K20 0,81 0,89 0,0098 H20 3,68 3,13 0,1798 99,23 ( 543 ) En considérant l’eau comme combinée et en comptant le fer à l’état de protoxyde (*), on obtient, en molécules : Sio’ ... 1 RO … 1,0648. La valléite est donc un silicate de formule Si0?.RO, dérivant de l'acide métasilicique H?Si05. On peut dire que ce minéral est un métasilicate de magnésium et de calcium dans lequel une certaine quantité de ces métaux est remplacée par de l'hydrogène, du manganèse et du potassium. Comparaison de la valléite et de l’antophyllite. Au point de vue géométrique (**), ainsi qu’au point de vue chimique, la valléite se rapproche beaucoup de Pantophyllite; elle n’en diffère, sous ce dernier rapport, que par l’absence du fer. On pourrait être tenté de ne voir dans la valléite qu'une variété d’antophyllite, de même qu'a la rigueur la trémolite pourrait être consi- dérée comme une variété d’actinote, mais la valléite diffère beaucoup plus de l’antophyllite que la trémolite ne diffère de l’actinote, surtout au point de vue des proprié- tés optiques, comme le montrele tableau suivant, dans lequel sont comparées les propriétés des deux espèces; j'ai indiqué en italique les différences saillantes. (°) Je pense que le fer se trouve à l’état de mélange ; si l’on en fait abstraction, on a pour RO … 1, I] L'antophyllite possède aussi en hen transversaux ; je compte revenir prochainement sur ce s (54) VALLÊITE, ANTOPHYLLITE, Système cristallin. Prisme orthorhombique | Prisme orthorhombique de 1250 30’, de 1250 37! ("). Dureté. 4,5 5,5 à 6 Densité. 2,88 3,08 Clivages. h1,g1,m, ei … m, hi, gf, … (°). Fusibilité. Facilement fusible en | Difficilement fusible en globule blanc presque globule noir magné- ue. Signe optique. Négatif. Positif. Angle axial. 2V = 54° environ. 2V = 880 46 (***). PPE ale Négative, aiguë. Négative, obtuse. å ht, Angle axial autour de ble environ. 910 44° la normale à ht, Liréfringence d'une pr. Er lame hi, PA tes 3,6. ss = 45. Place que la valléite doit occuper parmi les silicates. La valléite représente dans le groupe des amphiboles orthorhombiques ce que la trémolite représente dans les amphiboles clinorhombiques. En appelant amphibole un métasilicate dont les bases essentielles sont la magnésie, ee (C) Dana, p. 384. (”*) Depuis ma note citée, j'ai rencontré un échantillon d’anto- phyllite de Kongsberg dans lequel le clivage A! est plus facile que le clivage m. (°°°) Dana, p. 384. ( 545 la chaux et l’oxyde ferreux, cristallisant en prismes de 125° environ, avec clivages parallèles aux faces latérale; de ce prisme, on peut diviser les amphiboles en trois sections : Amphiboles. ORTHORHOMBIQUES CLINORHOMBIQUES CLINOÉDRIQUES ec MgO dominant we beaucoup, MgO : (Ca, Fe)O =3: 1 sans MgO, CaO en petite quantité. io Sans fer: Valléite. Šank | Sans fer; Trémolite. Cossyrite (**). 2 {°} {Avec fer: Antophyllite. | APOS) Avec fer: Actinote, Avec A1205 ; Gédrite. Avec A1302 : Hornblende.| Contribution à l'étude des phénomènes polaires des muscles ; par le docteur E. Lahousse, professeur à l'Université de Gand. En 1887, Schillbach (1), expérimentant sur les muscles intestinaux du lapin, constata, en contradiction avec la loi polaire de Pflüger pour les muscles striés et les nerfs, qu'à la fermeture du courant constant l’anode détermi- nait, à l'instar du cathode, une contraction idio-muscu- laire, avec cette seule différence que la contraction (°) Sous-entendu : ou avec peu. (“*) Dans la cossyrite, l'angle du prisme de clivage mt est de 114°. (1) ScruuBacH, Virchow's Archiv, Bd, 109, 1887. ( 546 ) cathodique restait localisée à l'endroit d'application de Pélectrode négative, tandis que la contraction anodique ne tardait pas, après quelques secondes, à se transformer en des contractions péristaltiques très intenses. En 1889, Biedermann et Simchowitz (1) conclurent de leurs expériences sur divers mammifères, les pigeons et les grenouilles, que les muscles longitudinaux et les muscles circulaires de l'intestin des vertébrés, malgré l'identité de leurs caractères morphologiques, se comportent tout différemment vis-à-vis du courant constant : au moment de la fermeture du courant, les fibres longitudinales sont excitées, en conformité avec la loi polaire de Pflü- ger, à l'endroit où le courant sort de la substance con- tractile, c'est-à-dire au cathode (contraction cathodique de fermeture), tandis que les fibres circulaires sont exci- tées, en contradiction avec cette loi, à l'endroit où le cou- rant pénètre, c'est-à-dire à anode (contraction anodique de fermeture) ; au moment de l'ouverture du courant, les fibres circulaires seules sont excitées, contrairement aussi à ce qui arrive pour les muscles striés, à l'endroit de sortie du courant (contraction cathodique d’ouver- ture). Vers la même époque, Jofé (2) constata également la constriction annulaire de l'intestin, de l'estomac et de l'utérus, au niveau du pôle positif, pendant toute la durée du courant constant. Cet auteur émit même l'opinion que les muscles striés et les nerfs entrent en excitation au moment de la fermeture du courant constant, aussi bien (1) BIEDERMANN u. SIMCHOWITZ, Pflüger's Archiv, Bd. 45, 1889. (2) HILLEL Jork, Recherches physiologiques sur l'action polaire des courants électriques. (Thèse inaugurale. Genève, 1889.) ( 547 ) et quelquefois même plus fortement à l’anode qu'au cathode. En 1890, Fürst (1), recherchant, sous la direction de Biedermann, l'influence du courant polarisant sur la musculature cutanée du ver de terre et de la sangsue, aboutit aux résultats suivants : 1° L’excitation électrique de l’enveloppe musculo-cuta- née du ver de terre et de la sangsue agit de la même façon sur les muscles longitudinaux et sur les muscles circu- laires, contrairement à ce qui arrive, d'après les recherches de Biedermann et Simchowitz, pour les muscles antagonistes de l'intestin des vertébrés. 2 A l'endroit d'arrivée du courant, il n’y a pas d’excitation, mais, au contraire, dans certaines circon- stances, le tonus préexistant y est supprimé, tandis que tout autour se manifeste un certain degré de contrac- tion. 5° A l’endroit de sortie du courant, il se produit tou- jours une bosselure limitée, aussi bien sur les muscles longitudinaux que sur les muscles circulaires (contraction permanente de fermeture). 4e L'excitation locale ne se propage pas au loin, sous forme d’une onde contractile. À la suite du travail de Fürst, Biedermann (2) reprit ses recherches sur la musculature intestinale des vertébrés et fit des expériences sur enveloppe musculo-cutanée de deux espèces d’annélides marins : l’Arenicola pisca- torum et le Terebella Meckelii, ainsi que sur les muscles rétracteurs et transversaux de l’ Holothuria Poli et sur les (4) Fürst, Pflüger's Archiv, Bd. 46, 1890. (2) BIEDERMANN, Pflüger's Archiv, Bd. 46. 1890. ( 548 ) muscles de l'appareil masticateur de l Echinus esculentus ; il expérimenta (1) en outre sur l’uretère du lapin et du cobaye, mais dans d’autres conditions que celles dont s'était servi auparavant Engelmann (2). Ces différents travaux amenèrent Biedermann à modi- fier complètement l'opinion qu'il avait émise antérieure- ment, concernant l’action polaire du courant électrique sur les muscles lisses. Voici comment il s'exprime dans son ouvrage sur l’électrophysiologie : « Il est un fait important et capital qui résulte avant tout des expériences faites sur divers organes à fibres musculaires lisses. En harmonie avec la loi polaire d’excitation à laquelle sont soumis les muscles striés, on remarque que l'excitation de fermeture a lieu sans exception au cathode physiolo- gique, c'est-à-dire à l'endroit où le courant quitte la substance contractile, sans que d'ordinaire elle se pro- page au loin. A l’anode physiologique, il ne se produit jamais d’excitation au moment de la fermeture du cou- rant, mais bien au contraire la suppression locale de l’état tonique préexistant, d'où résulte le relâàchement plus ou moins manifeste du tissu musculaire. Dans cer- taines circonstances, l'ouverture du courant est suivie d'une contraction anodique tout à fait semblable, pour les caractères et pour l'étendue, à la contraction catho- dique de fermeture. Mais après la fermeture du courant, on voit apparaître des deux côtés de la région anodique une bosselure qui souvent s'étend très loin, contrairement à la bosselure cathodique qui est presque toujours assez nettement limitée. Ces contractions anodiques, de tout (4) BIEDERMANN, Electrophysiologie, 1895. (2) ENGELMANN, Pflüger’s Archiv, Bd. 3, 18. ( 549 ) autre caractère que la contraction cathodique, appa- raissent dans certains cas (intestin, enveloppe musculo- cutanée des vers, uretère), comme si l'excitation de fermeture provenait complètement ou presque complète- ment de l’anode, opinion qui a été en réalité émise pour l'intestin par Jofé. » A la suite de ses expériences, en 1891, sur la muscu- lature intestinale du lapin, du cobaye et du chat, Lüderitz (1) confirma la manière de voir de Biedermann, concernant l’action relàchante de l’anode, avec excitation dans le voisinage de celui-ci. En 1896, v. Uexküll (2) rechercha l’action polaire des courants électriques sur les muscles rétracteurs de Sipun- culus nudus et, admettant avec raison l'existence d’un tonus normal pour les muscles lisses, il modifia comme suit la loi polaire de Biedermann : « Disparition du tonus à anode et augmentation du tonus au cathode, pendant la fermeture du courant; augmentation du tonus à anode, quand le courant est interrompu. » Il Pendant notre récent séjour à la station zoologique de Naples, nous avons eu l’occasion d'étudier l’action polaire des courants constants sur les muscles lisses et les muscles cardiaques d’un grand nombre d'animaux marins. Le courant constant était fourni par quinze piles (4) Lüperrrz, Pflüger's Archiv, Bd. 48, 1891 (2) V. UexxüL, Zeitschrift für Biologie, Bd. 32, 1896. ( 550 ) Daniell, gradué par le rhécorde composé de Dubois- Reymond, dirigé à l’aide du gyrotrope de Pohl, et amené aux muscles par les électrodes impolarisables de v. Fleischl. Nous avons eu recours tantôt à l'excitation bipolaire, tantôt, et le plus souvent, à l'excitation unipolaire. Tantôt les muscles étaient laissés in situ, tantôt ils étaient soigneusement détachés et isolés tout à fait des tissus ambiants. UI Hâtons-nous de dire que toutes nos expériences, sans aucune exception, ont confirmé l'exactitude de la loi polaire établie par Biedermann pour les muscles lisses. En effet, excités par les courants constants, les muscles lisses et les muscles cardiaques se contractent au cathode et se relàchent à l’anode; la contraction cathodique et le relâchement anodique sont toujours circonscrits à Pendroit d'application des électrodes. Mais nos recherches ont en outre révélé quelques par- ticularités nouvelles que nous croyons assez intéressantes pour être publiées. À. — MUSCLES RÉTRACTEURS DE Cucumaria Plancii. Les muscles rétracteurs de Cucumaria Plancii peuvent quelquefois être obtenus à l’état de relâchement aussi complet que possible, c'est-à-dire dépourvus de tonus anormal, à condition qu’on les laisse, après les avoir (BA ) soigneusement préparés, submergés pendant quelque temps dans l’eau saline. Lorsqu'on excite ces muscles, soit par la méthode uni- polaire, soit par la méthode bipolaire, on observe après la fermeture et pendant toute la durée du courant con- stant, une bosselure circonscrite, du côté du cathode, et, au contraire, un enfoncement bordé de deux bosselures secondaires, du côté de l’anode. Ces phénomènes sont d'autant plus prononcés que le courant polarisant est plus intense; mais il est inutile de s’en occuper davan- tage, car ils ne semblent pas différer de ceux que Biedermann a observés sur les muscles rétracteurs d' Holothuria Poli. Contentons-nous de relever quelques faits nouveaux : 1° Lorsque l'excitation bipolaire porte sur des muscles détachés et isolés des tissus ambiants, il ne se produit, à côté de la région anodique relâchée, qu’une seule bosse- lure, située dans la région intrapolaire. La bosselure extrapolaire n'existe que dans le cas où le courant est très intense; mais elle est toujours plus petite que la bosselure intrapolaire. Ce même fait a été observé par v. Uexküll sur les muscles rétracteurs de Sipunculus nudus. 2° Le raccourcissement musculaire succède aussi bien à l'excitation anodique qu’à l'excitation cathodique, comme l'ont observé également Biedermann et v. Uex- küll. Mais nous avons constaté, en outre, que le raccour- cissement cathodique est plus prononcé et se produit plus rapidement que le raccourcissement anodique. On peut s'en convaincre le plus facilement en excitant à la fois deux rétracteurs antagonistes in situ : la masse buccale ( 552 ) dévie toujours du côté de l’électrode négative. Voilà aussi pourquoi, lorsque la masse buccale a dévié sous l'influence du raccourcissement anodique (excitation unipolaire), l'application brusque de l’électrode négative, par renver- sement du gyrotrope, fait encore augmenter la déviation, tandis que le raccourcissement cathodique n’augmente pas du tout, souvent même diminue quand l’électrode positive est brusquement substituée à l’électrode négative. 5° Nous avons constaté souvent, quand le courant élec- trique est intense et employé d’après la méthode bipolaire, une bosselure située dans la région intrapolaire, et entiè- rement distincte de la bosselure cathodique et de la bosselure anodique intrapolaire. 4 Lorsqu'on augmente graduellement, à partir de 0, l'intensité du courant, on obtient plus vite la contraction cathodique que le relâchement anodique. B. — Muscies RÉTRACTEURS DE Stichopus regalis. Les muscles rétracteurs de Stichopus regalis constituent un excellent objet d'étude, car on les obtient facilement exempts de tonus anormal, et ils sont d’un bleu pâle à l’état de repos, et blancs, au contraire, quand ils se con- tractent. a. — Excitation unipolaire. 1° Le cathode agit avec plus d'énergie que l’anode. 2 Le courant minimum suffisant est plus faible pour l’action cathodique que pour l’action anodique. ( 553 ) 3° À côté de la bosselure cathodique, à droite et à gauche, la substance contractée se relâche, devient plus claire et s'enfonce en forme de rainure. Au delà de cette rainure apparaît une petite bosselure blanche. Mais ces rainures et ces petites bosselures secondaires finissent par disparaître, lorsque le courant reste longtemps fermé, et il ne reste plus alors que la bosselure cathodique unique, limitée à l'endroit d'application de l’électrode négative. 4 Le relâàchement anodique n’atteint pas immédiate- ment son apogée, mais augmente progressivement, de sorte que le muscle est le plus raccourci immédiatement après la fermeture du courant. b. — Excitation bipolaire. 1° Dans la région intrapolaire, on voit une ou quelque- fois même deux bosselures nettement distinctes de la bosselure cathodique et de la bosselure anodique secon- daire intrapolaire. 2 Entre la bosselure cathodique et la ou les bosselures intrapolaires, la substance contractile est amincie et plus claire. 5° Lorsque les muscles sont isolés des tissus ambiants et fixés en l’air au moyen de deux épingles, la bosselure anodique extrapolaire manque complètement ou presque complètement. 4 Avec un courant très intense, la région intrapolaire tout entière est fortement plissée. C. — PARTIE SUPÉRIEURE DU TUBE DIGESTIF DE Halla parthe- nopeia. a. — Excitation unipolaire. A l’anode, deux bosselures très grandes avoisinent la région relâchée : il en résulte un fort raccourcissement de l'organe musculeux. Mais après quelque temps, ce raccour- cissement diminue, parce que le relàchement augmente et les bosselures diminuent progressivement. Cependant il s’en faut que l'effacement des bosselures devienne complet; aussi les muscles restent toujours un peu rac- coureis. Le raccourcissement anodique, au début du courant, est plus prononcé que le raccourcissement cathodique, l'intensité du courant étant la même. Nous avons vu pré- cédemment que c’est le contraire pour les muscles rétrac- teurs de Cucumaria Plancü et de Stichopus regalis. D'ailleurs, on peut voir manifestement à Vceil nu que chacune des bosselures anodiques secondaires est plus volumineuse que la bosselure cathodique unique. Il n'est donc pas étonnant que le raccourcissement cathodique augmente assez considérablement après qu’on a renversé brusquement le gyrotrope, tandis que le raccourcissement anodique, au contraire, diminue par le changement de direction du courant, b. — Excitation bipolaire. Avec lexcitation bipolaire, du côté de l’anode, on voit aussi l’enfoncement augmenter progressivement, apres quelque temps, en profondeur et en étendue, pendant ( 555 ) que la bosselure secondaire intrapolaire diminue parallé- lement. En outre, quand le courant est intense, la région intrapolaire est fortement plissée. D. — MUSCLES MASTICATEURS DE Spheerechinus granularis. Sur les muscles masticateurs de ce magnifique oursin, nous avons constaté les mêmes particularités que celles que Biedermann a décrites pour les muscles masticateurs d'Echinus esculentus. Mais nous avons observé en outre que, pendant lexecitation anodique, le muscle s'élargit considérablement sur toute sa longueur, beaucoup plus que pendant l'excitation cathodique. E. — Sipnon pe Tellina planata. Nous avons réussi quelquefois à obtenir, dans un état de relâchement aussi complet que possible, le plus mince des siphons de Tellina planata. Ce siphon est alors très allongé. a. — Excitation unipolaire. 4° L'enfoncement anodique de fermeture est bordé de chaque côté d’une bosselure moins épaisse, mais plus large que la bosselure cathodique. 2 Le raccourcissement cathodique est plus prononcé que le raccourcissement anodique. 5° L'enfoncement anodique nent avec la durée ( 556 ) du courant, sans que pour cela le raccourcissement du siphon diminue, contrairement à ce qui a lieu pour le tube intestinal de Halla parthenopeia, car les bosselures secondaires, au lieu de diminuer, augmentent légère- ment. b. — Excitation bipolaire. Le raccourcissement musculaire consécutif à lexcita- tion anodique, malgré le relâchement au niveau de Pélectrode, constitue la meilleure preuve que les bosse- lures anodiques secondaires ne résultent pas de l’accumu- lation de substance contractile relâchée, mais dépendent de contractures locales. Cette origine active est rendue tout aussi évidente quand on excite bipolairement le plus mince des siphons de Tellina planata : on voit, en effet, à l'œil nu, la substance contractile de la région intrapolaire se rapprocher vivement de la région ano- dique. F. — Bras pe Comatula mediterranea. Quand on fait traverser les bras de Comatula mediter- ranea soit par un courant unipolaire, soit par un courant bipolaire, le cathode détermine une convexité dirigée du côté de l’électrode, tandis que l’anode détermine une concavité. Lorsque le courant est assez intense, les bras cassent au point d'application des électrodes, surtout de l’élec- trode positive. (Autotomie de Fredericq.) (557) G. — Piep pe Tellina planata, Pectunculus glycimeris, Cardium aculeatum, Tellina nitida, Cytherea chione, etc. Nous ne connaissons pas un organe musculaire qui puisse démontrer d’une façon plus évidente la loi polaire de Biedermann que le pied de ces divers mollusques qu'on désigne vulgairement à Naples du nom de Frutti di mare. a. — Excitation unipolaire. Le cathode appliqué sur lune des faces du pied détermine une bosselure, au niveau de son application, et autour de cette bosselure une rainure des plus mani- festes. En outre, les bords du pied se retournent du côté de la face opposée. L'anode, au contraire, détermine un enfoncement et autour de cet enfoncement un bord très saillant. En outre, les bords se relèvent du côté de l’électrode posi- tive. L'expérience est surtout démonstrative quand on pro- mène lentement les électrodes d’un bout à l’autre de la surface: la bosselure ou l’enfoncement Ange l'électrode négative ou positive. Chez les Tellinidæ qui possèdent un pied triangulaire, la pointe de celui-ci se relève du côté de l’électrode posi- tive et s'éloigne de l’électrode négative. Sur le pied de Tellina nitida, nous avons observé sou- vent qu’au moment de l'application du cathode, le pied se raccourcit d’abord, puis s'allonge un peu ss 5" SÉRIE, TOME XXXII. ( 558 ) ment après, parce que le sillon de relàchement qui contourne la bosselure ne se produit qu'après que celle-ci est déjà presque complètement formée. Récipro- quement, après l'application de l’anode, il y a d’abord allongement, puis immédiatement après, raccourcisse- ment, parce que le relâchement commence à se produire avant les bosselures. A l'ouverture du courant, on observe quelquefois, dans la région cathodique, quand le courant a été assez fort et a duré longtemps, un enfoncement passager suc- cédant à la bosselure, même avec relèvement des bords et de la pointe. Mais nous n'avons jamais vu, à l'ouverture du courant, une bosselure se substituer au relâchement anodique. b. — Excitation bipolaire. 1° Lorsque le pied est assez grand pour permettre l'application des deux électrodes à la fois, on obtient les mêmes phénomènes qu'avec l'excitation unipolaire. 2 Lorsqu'on applique l’anode sur l’une des faces et le cathode sur l’autre, le pied se renverse, presque en forme de godet, autour de l’électrode positive. H. — Coeur DE Cardium aculeatum, Pecten Jacobi, Mac- tra helvacea, Pectunculus glycimeris, Venus gallena, Eledone moschata et autres mollusques. A l’aide de la méthode unipolaire, nous avons excité le cœur in situ, tantôt pendant qu’il battait normalement, tantôt immédiatement après qu'il eùt cessé ses batte- ments spontanés. ( 559 ) a. — Cœur:battant normalement. Avec un courant d'intensité moyenne, l'excitation cathodique détermine l'arrêt complet du cœur, pendant tout le temps que le courant reste fermé. A louverture du courant, le cœur reprend immédiatement ses batte- ments ; ceux-ci, au début, sont d'ordinaire plus énergiques et plus accélérés qu’à l’état normal. A l’aide de la loupe ou même à l’œil nu, on observe au point d'application de l’éleetrode négative une bosselure limitée dont les dimensions varient d’après l'intensité du courant; autour de la bosselure, le cœur est relâché. Sur le cœur d’Eledone moschata, on reconnait très facilement la bosselure cathodique, quelque petite qu’elle soit, à son aspect blanc laiteux, tandis que la partie relâchée est rougeâtre. Sous influence de l'excitation anodique, au contraire, les battements sont considérablement accélérés, et même au début ils sont plus énergiques. A l'ouverture du cou- rant, le cœur s'arrête pendant quelques secondes (pause compensatrice) et reprend ensuite son rythme normal. Avec la loupe ou même à l'œil nu, surtout chez l Eledone moschata, on voit distinctement l’enfoncement et le relâchement, au niveau de l’électrode positive. Au moment de la fermeture du courant, le cœur tout entier se porte du côté de l’électrode, quand celle-ci est négative, et, au contraire, s'éloigne de l’électrode, quand celle-ci est positive. Au moment de l’ouverture, le cœur reprend immédiatement sa position normale. Il arrive quelquefois que le cœur ne suspende pas ( 560 ) immédiatement ses battements, après l'application du cathode, mais exécute encore une contraction. Cela se remarque surtout quand le courant se ferme pendant l'intervalle qui sépare les systoles ; si, au contraire, la fermeture coïncide avec la systole même, alors le repos, la systole étant achevée, s'établit d'emblée. Avec un courant très faible, l'excitation cathodique ne produit pas l'arrêt complet du cœur, mais un simple ralentissement. Quant à l'accélération qui accompagne l'excitation anodique, elle est en raison directe de l'intensité du courant. L'expérience de larrêt et de l’accélération du cœur sous l'influence de l'excitation cathodique et de l'excita- tion anodique est surtout démonstrative quand on place deux animaux dans le même circuit et qu’on applique électrode négative sur le cœur de lun et l’électrode positive sur le cœur de l’autre. Dès que le courant est fermé, le cœur cathodique sus- pend ses battements, tandis que le cœur anodique se met à battre plus vite; si l’on renverse le courant, à l'instant même, le cœur arrêté reprend vivement ses battements, tandis que le cœur accéléré s'arrête brusquement. b. — Cœur ne battant plus spontanément. Sur le cœur qui vient de suspendre ses battements spontanés, mais dont Pexeitabilité vis-à-vis des excitants hétérogènes est encore conservée, le cathode est sans effet à la fermeture du courant, tandis que, à l'ouverture, il produit une ou même plusieurs pulsations, d'après l'intensité du courant et la vitalité du cœur. L'anode, au contraire, produit une ou plusieurs pulsations après la (561) fermeture du courant, mais à louverture, le cœur retombe en repos. Les mêmes phénomènes s’observent aussi bien sur le cœur détaché que sur le cœur laissé en place. À Les bosselures situées à côté du relâchement anodi- que et la limitation de la bosselure cathodique sont dues, d’après Biedermann, à la formation de cathodes physiologiques et d’anodes physiologiques secondaires. Voici comment cet auteur s'exprime, à propos de ses recherches sur luretère : « Il se produira toujours une bien plus grande expan- sion des courants électriques, et par conséquent un plus grand nombre de cathodes secondaires, dans le voisinage de l’anode, et réciproquement un plus grand nombre d'anodes secondaires dans le voisinage du cathode, dans le cas où l’uretère est laissé in situ, ou repose sur un corps bon conducteur et volumineux. Et alors, quand les autres conditions sont favorables, il en résultera, au moment de la fermeture du courant, à une foule d’en- droits, dans le voisinage de l’anode (pas à l’anode même), de lexcitation (contraction) qui, ou bien se propage en forme d'onde (uretère), ou bien reste localisée à l'état de contraction permanente. Réciproquement, grâce au voisinage d'endroits anodiques secondaires, l'excitation de fermeture qui s'est produite au cathode sera dans l'impossibilité de se propager. » A l’aide de l'hypothèse de Biedermann, nous pouvons facilement interpréter deux faits importants dont nous ( 562 ) avons parlé précédemment : 4° le relèvement de la pointe et des bords du pied des mollusques du côté de Pélectrode positive, et leur éloignement de l’électrode négative; 2 le ralentissement ou l'arrêt du cœur des mollusques sous l'influence de l'excitation cathodique et l'accélération sous influence de l'excitation anodique. Les bords et la pointe du pied fuient le cathode et se rapprochent de l’anode, parce que, autour de la région anodique en relâchement, les fibres musculaires se con- tractent, à cause des cathodes secondaires, et que, tout autour de la bosselure cathodique, les fibres perdent leur tonus, à cause des anodes secondaires. Lorsque l’électrode négative est appliquée sur le cœur in situ ou reposant après ablation sur un corps bon con- ducteur et volumineux, le courant électrique pénètre dans le cœur par une grande surface : il s'y produit par conséquent une foule d’anodes physiologiques qui ont pour résultat de relâcher le cœur et de le rendre insen- sible à son stimulus normal. Réciproquement, lorsque le cœur est en contact avec l’électrode positive, de nom- breux cathodes physiologiques se produisent sur la face par où le courant électrique sort avec une faible densité; ces cathodes disséminés mettent le cœur dans un état d'exeitabilité exagérée. En terminant, nous tenons à remercier M. le professeur Schônlein pour l'obligeance qu’il n’a cessé de nous témoi- gner pendant notre séjour au laboratoire de physiologie de la station zoologique de Naples. ( 563 ) Observations sur la respiration cutanée des Limnées et son influence sur leur croissance; par Victor Willem, chef des travaux pratiques de zoologie à l'Université de Gand. En 1874, C. Semper (1) publiait les résultats curieux d'expériences d'élevage qu’il avait faites avec des Limnées et au cours desquelles il avait observé que la croissance de ces animaux était en rapport avec la capacité des réci- pients qui les contenaient. Ayant placé dans des aqua- riums de contenances diverses, avec une nourriture surabondante, de jeunes Limnées d’origine et de taille identiques, il constatait, au bout de quelque temps, de notables différences de taille; la progression correspon- dait avec la progression de la capacité des récipients; l'effet favorable d'une augmentation de volume de l'habitat était surtout manifeste dans le cas d’additions à de petites quantités d’eau; enfin, optimum de volume pour une Limnée lui paraissait être d'environ 4 litres d’eau. L'interprétation que hasardait Semper de ces résultats est assez étrange : il existerait dans l’eau, en très petite quantité, une substance inconnue, stimulante plutôt que nourrissante, nécessaire néanmoins à la croissance et qui (1) CARL SEMPER, Ueber die Wachsthums-Bedingungen des Lymnaeus stagnalis (ARBEITEN AUS DEM Z0OLOGISCH-ZOOTOMISCHEN INSTITUT IN WürzBURG, Bd. I, 1874) ( 564 ) ne pourrait être absorbée par la Limnée, en quantité convenable, qu’au cas où le volume d’eau ambiante serait supérieur à une certaine limite (1). Plus tard, en 1894, H. de Varigny (2), après avoir expérimenté dans des conditions d'installation plus favo- rables que Semper, arrivait à cette conclusion que l'in- fluence de la superficie des récipients est beaucoup plus importante que celle de leur capacité; il attribuait le retard dans la croissance observé chez les individus plus petits à l'absence d'exercice et de mouvement; d’autres résultats restaient sans explication plausible. * x * La lecture des mémoires de Semper et de de Varigny m'avait laissé sous l'impression que les faits observés étaient susceptibles d'une explication simple, méconnue (4) « Es scheint aus meinen Experimenten gefolgert werden zu können, dass im Wasser irgendein — hisher unbekannter — Stoff vorhanden sein muss, warscheinlich in minimalen Mengen, welcher durch seine Beziehungen zum Wasser, das ihn gelösst enthält, und seine osmotische Verwantschaft zur Haut des Thieres von dieser letztern in bestimmten Zeitraümen und Wassermengen nur in ganz bestimmter und zwar geringer Menge absorbirt werden kann. Wenn nun dieser Stoff fernerhin zu den Reizmitteln gehörte, und also, ohne zum Wachsthum selbst beizutragen, doch für dieses nothwendig wäre — dem Oel in der Dampfmaschine vergleichbar — so würde er im Optimum absorbirt werden müssen, wenn die normale Grösse in bestimmter Zeit erreicht werden sollte. » KARL Semper, Die natür- lichen Existenzbedingungen der Thiere, Leipzig, 1880. Ater Theil, page 205. (2) H. pe VARIGNY, Recherches sur le nanisme expérimental au NAL DE L'ANATOMIE ET DE LA PHYSIOLOGIE, t. XXX, 1894) ( 565 ) par ces naturalistes, parce qu’ils n'avaient pas tenu compte de la respiration cutanée aquatique des Basom- matophores. Les observations de von Siebold, de Forel, de Pauly, sur les mœurs de Limnées et de Planorbes qui vivent sans relation avec l'atmosphère (1); les expériences de Moquin-Tandon (2) et de Pauly sur des Pulmonés basom- matophores intentionnellement immergés, ont démontré depuis longtemps l'existence chez ces animaux d’une respiration aquatique active. J'ai pensé que les différences de taille observées par Semper et de Varigny provenaient de ce que ces natu- ralistes avaient négligé dans leurs expériences le facteur aération de l’eau et c’est pour justifier cette présomption que j'ai entrepris les quelques essais que je vais exposer. (Db Il s’agit de Limnées et de Planorbes vivant au fond de certains lacs (lacs de Genève, de Constance, etc.) ou habitant des eaux forte- ment aérées et renfermant de nombreuses bulles d’air ; la cavité du poumon est remplie, suivant les cas, ou d'air ou d’eau. J'ai signalé aussi que Planorbis cristatus a gardé la respiration complètement aquatique que présentent tous les Basommatophores à l’état jeune FoREL, Matériaux pour servir à l'étude de la Loen profonde du lúc Léman (BULL. SOC. VAUDOISE sie NAT., t. XII, 1874). IEBOLD, Ueber das ni te der. mit Lungen athmenden Sinse mas (SITZUNGSBER. MATH. PHYS. CLASSE Acap. Wis., München A. PAULY, Ueber die waste ids der Limnaeiden, München, 71. WiLLEM, Prosobranches aériens et Pulmoné aquatique {BULLETINS ACAD. ROY. DE BELGIQUE, t. XXIX, 1895). (2) Moquix-Tanpox, Histoire naturelle des die re terrestres el ven de France, Paris, 1855, t. I, p A. PAULY, mémoire cité ci-dessus ( 566 ) * * x Si on place des Limnées ou des Planorbes dans de l'eau fortement aérée, on constate que ces Pulmonés n’éprou- vent pas le besoin de venir à la surface renouveler leur provision d'air : ils restent dans le fond du bocal, où les retiennent les plantes, profondément immergées, qui leur servent de nourriture. Dans semblable expérience, je n'ai pas constaté une seule fois, en un espace de dix jours, la présence d’un Mollusque à la surface de l'eau. Pour rendre l'essai plus démonstratif, j'ai immergé un écran de mousseline, disposé de façon à empêcher les | animaux de venir en contact avec l'atmosphère; au bout de quinze jours, les Pulmonés se meuvent allègrement et se comportent comme si rien ne manquait à leur bien-être. J'obtiens dans ces expériences une bonne aération de l'eau au moyen de l'appareil suivant (fig. 1). Il se compose d’un tube de verre d'environ 13 millimètres de dia- mètre, portant un orifice latéralO"; dans l’intérieur débouche l’extré- mité effilée d'un tube plus fin, raccordé à une soufflerie. L’orifice PE tt qu rn HIT il [liliki | | Ni | | if til {il LER | j ODD AAA { ui IH HI tE Lt Fie. 4. latéral O’ et le bout inférieur O du tube principal sont fermés par une paroi de mousseline. Le tout est plongé verticalement dans le liquide jusqu'au niveau N, ( 567 ) et de l'air est injecté dans l'appareil de façon continue. Les bulles qui s'échappent de l’extrémité effilée aèrent l'eau du tube principal; leur mouvement ascensionnel détermine un courant d’eau de O vers 0’, qui renouvelle constamment le contenu de l'instrument et mélange celui du récipient où il est immergé. En réglant le diamètre des orifices et la puissance du jet d’air, on obtient aisé- ment dans l’eau à aérer un courant faible qui ne gêne pas les mouvements des Mollusques. Inversement, si on place des Limnées dans une eau débarrassée d’air par ébullition, on constate qu'après peu de temps toutes sont sorties du liquide en grimpant le long des parois du récipient. Celles qu'on maintient immergées s'engourdissent au bout de quelques heures et meurent. Cette expérience demande à être effectuée avec quelque précaution, étant donnée la très grande sensibi- lité de ces Mollusques vis-à-vis des changements de com- position de l’eau ambiante : on pourrait attribuer au défaut d'aération des phénomènes produits par la modi- fication de la teneur en sels d’une eau soumise à l’ébullition. Pour éviter cette cause d'erreur, j'ai au préalable habitué progressivement les Limnées à vivre dans de l'eau dépourvue de sels calcaires et opéré avec ce liquide. Ces expériences, jointes à celles des observations de Moquin-Tandon, de von Siebold et de Pauly où le pneu- mostome des Pulmonés restait fermé, prouvent que chez les Basommatophores la respiration cutanée est plus impor- tante que la respiration pulmonaire et qu'à elle seule, elle peut suffire à la vie de ces animaux. ( 368 ) * x * + Ceci démontré, il devient évident a priori que laération plus ou moins grande de leau doit avoir une influence sur la croissance des Limnées et des Planorbes qui y vivent; il reste à établir l'importance de ce facteur. Pour cela, j'ai élevé des pontes de Limnaea ovata et de Planorbis corneus; attendu que les jeunes eussent atteint une taille d'environ 4 millimètres pour que la respiration pulmonaire fût bien établie; choisi parmi les individus, souvent très variables, d’une même ponte, ceux qui avaient la même grandeur, et réparti ces exemplaires, par moitié, dans deux bocaux différents. Ces récipients, cylindriques, avaient environ 9 centi- mètres de diamètre et étaient remplis jusqu’à une hauteur de 11 centimètres; le liquide de l’un était aéré par l'appa- reil représenté figure 1; l’autre contenait de leau tran- quille. J'ai nourri les animaux, non avec des plantes vertes dont la présence aurait modifié l’aération du milieu, mais avec des tranches de carottes ou de pommes de terre, que Limnées et Planorbes mangent avidement. J'ai remarqué qu’au bout de deux ou trois jours, l’eau du bocal non aéré se troublait et commençait à se putréfier, tandis que celle du récipient aéré restait claire. Pour éviter une cause d'erreur, j'ai changé le liquide du pre- mier régulièrement tous les jours. Cette eau nouvelle, remuée par les manipulations et en contact constant avec Patmosphère par sa surface libre, constituait, non un milieu dépourvu d'air où les animaux seraient morts, mais un liquide moins aéré que celui du second vase. Les expé- riences suivantes ont donc consisté à comparer la crois- sance des Pulmonés vivant, les uns dans une eau aérée à (- 569) saturation, les autres dans une eau moins oxygénée; les résultats n’en sont que plus démonstratifs. . Première expérience. — Dans chaque récipient, cinq Planorbis corneus et dix Limnaea ovata de 4 milli- mètres (1). Après quinze jours, les Limnées du vase le plus aéré ont une taille moyenne de 4"",5; celles de l’autre, 4™, 2. Les Planorbes de celui-ci sont mortes, les autres bien portantes. Deuxième expérience. — Dans chaque récipient, deux Limnaea ovata de 7 millimètres; après trois mois et demi, le 24 septembre, elles mesurent respectivement : Dans le vase le plus aéré. Dans le vase le moins aéré, 9 7,6 10 8 Moyenne 9,5 millimètres. Moyenne 7,8 millimètres. Troisième expérience. — Dans chaque récipient, six Limnaea ovata de 4 millimètres; après quatre mois, en septembre, elles mesurent : Dans le vase le plus aéré. Dans le vase le moins aéré. 7 5,5 8 6 8,8 6,2 8,6 6,5 8,9 7 8,9 6,2 Moyenne 8,56 millimètres. Moyenne 6,24 millimètres. (4) Cette mesure correspond, pour les Limnées, à la hauteur de la coquille; pour les Planorbes, au plus grand diamètre de celle-ci. ( 570 ) Ces différences de taille sont du même erdre que la majorité de celles qu'ont observées Semper et de Varigny; elles témoignent que laération joue un rôle appréciable dans la croissance des Pulmonés basommatophores. Dans le cas particulier que j'ai étudié, ce facteur agit seulement sur la respiration cutanée; mais il peut aussi produire des effets moins directs en modifiant l'assimilation chez les plantes immergées et partant la nourriture des Mol- lusques, en influençant le développement des myceliums et des bactéries dans le milieu habité par ces animaux. * * * L'influence de l’aération de l’eau, ainsi que je l'ai dit plus haut, a été négligée dans les expériences de Semper et de de Varigny. Et cependant ce facteurdoit, sous certain rapport, y avoir agi plus que dans mes essais, car ces naturalistes prenaient leurs sujets dès l'éclosion, au moment où leur respiration est, pour un certain temps encore, complètement aquatique. Semper avait tenté d'étudier l'influence de l’aération de l’eau sur la croissance de ses Mollusques ; mais ses essais avortèrent parce que le courant d'air qu’il lançait dans le liquide y produisit un courant tel qu’il empéchait les jeunes Limnées de se mouvoir et provoquait ainsi leur mort en peu de jours. Sans vérification, il admet a priori que l’eau de ses vases a toujours été suffisamment aérée (1). (4) « Dass das Zurüekbleiben gesellig oder in geringem Wasser- volum lebender Thiere nich auf Mangel oder Ueberfluss an Sauer- stoff in Wasser geschoben werden kann, geht... aus der Ueberlegung hervor, dass die Futterpfanze gewiss mehr als vak ad stoft abgesonderd hat. » (Ueber die Wachsthums-Bedingungen, etc., p. 162.) (574 ) De Varigny, à son tour, rapporte (p. 156) trois expé- riences qui démontrent, d’après lui, « que l’aération de l’eau importe peu aux Lymnées » : il place dans deux vases identiques, contenant une même quantité d’eau et incom- plètement remplis, deux Limnées, avec un excès de plantes aquatiques. L'un des vases est ouvert; l’autre reste fermé pendant toute la durée (sept mois) des expé- riences ; après cette période, les habitants des deux bocaux ont acquis des tailles semblables. Ces observations prouvent-elles que l’aération de l’eau n’a rien à voir avec la croissance des Limnées? A ce compte, elles prouveraient aussi, par la même occasion, que celle-ci est indépendante de la composition de l'atmosphère gazeuse mise à la disposition des Pulmonés. L'absurdité de la conclusion témoigne du défaut du raisonnement. Les expériences en question démontrent que la respiration des plantes du bocal fermé s’est trouvée suffisante pour y maintenir dans des proportions conve- nables la quantité d'oxygène de l’eau et de l'atmosphère confinée. Je veux maintenant reprendre les résultats des expé- riences des auteurs précédents, si péniblement et si imparfaitement interprétés par eux, et montrer qu’ils se laissent facilement expliquer dès qu’on fait intervenir le rôle de l’aération du liquide. 1° Les dimensions des Limnées croissent avec l’aug- mentation de volume du récipient où on les élève. L'influence, relativement faible d’ailleurs (1), de ce facteur peut s'expliquer, je pense, par ce fait que les (1) H. pe VARIGNY, mémoire cité, p. 159. ( 572.) grands bocaux employés renfermaient plus de plantes aquatiques que les petits et que celles-ci maintenaient l’oxygénation de l’eau ambiante à un taux plus élevé. Le peu d’action de la différence de volume des récipients me paraît montrer que les petits contenaient presque assez de végétaux pour contre-balancer la respiration des Mollusques. Une autre influence peut aussi être intervenue dans un sens défavorable aux Limnées des vases plus petits: celle des déjections des animaux, dont une partie se dissout dans l’eau et retarde la croissance des hôtes, ainsi que l’a montré de Varigny (p. 179). 2 Les dimensions des Limnées augmentent avec la superficie des vases. On comprend aisément que plus la surface de contact avec l'atmosphère est grande, plus actifs sont les échanges gazeux entre celle-ci et le liquide du récipient, dont l’aération se maintient meilleure, De Varigny attribue l’action favorable de l’augmenta- tion de la superficie sur la croissance à ce fait qu'elle favorise « l'exercice et les mouvements » des Limnées ; on s'attendrait cependant à voir des animaux ayant à proximité un excès d'aliments et soustraits à la nécessité de déplacements nombreux, acquérir une taille supé- rieure à celle que présentent d'autres exemplaires qui doivent circuler constamment à la recherche de leur nourriture. 5° Dans des conditions identiques de volume et de superficie, les Limnées restent plus petites quand elles sont plus nombreuses. Cela se comprend aisément aussi : des Mollusques plus nombreux profitent chacun d'une part plus petite de l'oxygène disponible dans le liquide et accroissent plus ( 575 ) rapidement sa teneur en acide carbonique et autres déjections. Il n’est pas nécessaire d'invoquer, avec de Varigny, une influence «morale{1)» des Limnées d’un même récipient les unes sur les autres. Je pense qu’il faut attribuer de même à la respiration cutanée et à influence de laération de Peau ce fait, observé par Yung, que « la durée du développement des larves de grenouilles est d’autant plus longue que leur nombre est plus grand dans une même quantité d’eau, la nourriture étant d’ailleurs en surabondance (2) ». * *x * Il me reste à discuter un petit nombre d'expériences rapportées par H. de Varigny (pp. 174 et suiv.) et dont les résultats ne semblent pas, à première vue, concorder avec mon explication. Ce naturaliste employait deux récipients, dont le plus petit, plongé à l'intérieur de l'autre, était constitué par un tube de verre fermé par une paroi de mousseline. « Pour bien assurer l'identité de composition, j'avais l'habitude, dit H. de Varigny (p. 175), deux ou trois fois par jour, de soulever le tube entièrement hors de l’eau, de façon à opérer le mélange complet des deux masses... De la sorte, l’eau du tube et celle du vase principal devaient être identiques, se trouvant en constante com- munication et étant souvent mélangées de la façon la plus complète. » Ou bien encore le vase interne était (1) Je renvoie le lecteur à la page 187 du Mémoire de de Varigny pour l'explication de ce terme. (2) E. Yune, De l'influence des variations du milieu physico-chi- mique sur le développement des animaux (ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES, t. XIV, 1885, p. 506), 5"° SÉRIE, TOME XXXII. 58 ( 574 ) constitué par une cage de mousseline suspendue dans le grand récipient et l'appareil était de temps en temps soulevé, « de façon à assurer un mélange constant » (p. 176). Dans ces conditions, l'observateur constatait, après un certain temps, une différence, considérable même, dans la taille des Limnées distribuées respectivement dans le grand et dans le petit récipient. Peut-on encore, dans les conditions ci-dessus décrites, invoquer une différence dans la richesse en oxygène des deux milieux? A mon sens, l'explication est la suivante : Il n’y a mélange et identité de composition de l'eau dans les deux vases, qu'au moment de la manœuvre ci-dessus décrite ; quand l'appareil est en repos, les échanges entre les deux récipients, à travers les parois de mousseline, sont faibles et le dispositif fonctionne à peu près comme si les deux vases étaient complètement séparés (1). H. de Varigny lui-même en fournit involontairement la preuve, en rapportant (p. 178) l'observation que voici : « Dans un même vase plongeaient deux tubes iden- tiques, Pun avec un diaphragme de mousseline, l'autre bouché avec du liège recouvert de cire à cacheter. Dans chaque tube, une Lymnée et deux Lymnées dans le vase. » Après trois mois, les Limnées des deux tubes sont sensi- blement de même taille (fig. 50, les deux coquilles de gauche), et les deux exemplaires du vase extérieur ont acquis des dimensions doubles (les deux coquilles de droite, fig. 50). Si l'explication que j'énonce est exacte, si la seule (4) Ajoutons encore que les plantes placées dans la cage de mo seline se trouvaient moins éclairées et fournissaient par € diront moins Are à l’eau ambiante que celles du grand récipient, transpare ( 575 ) cause des différences de taille observées par de Varigny dans ses expériences est l’aération de l’eau, on devra observer la même croissance chez des Limnées réparties dans des vases analogues à ceux qu'employait de Varigny, mais dans lesquels l'identité de composition des liquides est complète. Cette condition n’est pas facile à réaliser. Dans une première tentative, j'avais placé un petit récipient à lin- térieur d’un plus grand et disposé un système de tubes de façon que l’eau qui traversait constamment l'appareil dût passer de l’un des vases dans l’autre avant de s'écouler au dehors. Ce procédé ne suffit pas pour obtenir un mélange complet et, de plus, à cause de la mauvaise qualité de l’eau fournie par la distribution gantoise, les tubes s’obstruaient de moisissures. CORRE EE PERS EEREE p Fic. 2. Jai finalement employé le dispositif représenté figure 2. Dans un grand vase est plongé un plus petit, ( 576 ) dont le fond est fermé par un écran de mousseline; le mélange du liquide et son aération sont produits au moyen d’un tube en U fonctionnant comme l'appareil représenté figure 1 : constamment, de l’eau puisée à la surface du récipient extérieur est déversée dans le haut du cylindre intérieur, dont le trop-plein s'échappe ensuite par la toile de fond. Des plantes aquatiques sont réparties dans les deux bocaux. Des Limnaea ovata et des Planorbis marginatus, choisis comme je l'ai indiqué à propos des expériences précé- dentes, furent répartis par moitié dans les deux réci- pients. Les uns vécurent dans un volume d’eau de 5110 centimètres cubes, présentant une surface libre de 200 centimètres carrés; les autres disposaient d'une capacité de 575 centimètres cubes, avec une superficie horizontale de 25 centimètres carrés. Ces grandeurs sont dans le rapport approximatif de 8 à 1; pour une valeur semblable, les théories de Semper et de de Varigny font prévoir une grande différence dans la croissance des individus appartenant aux deux récipients. Tous les fac- teurs autres que la capacité des vases : lumière, nourri- ture, aération, sont uniformisés autant que possible. _ Première expérience. — Dans chaque vase, quatre Pla- norbis marginatus de 5 1/3 millimètres (27 juin). Après trois mois, le 26 septembre, ils mesurent respectivement : Dans le grand vase. Dans le petit vase. 7 6,8 6,5 6,5 5,5 5,6 5,8 5,5 Moyenne 6,2 millimètres. Moyenne 6,1 millimetres. ( 577 ) Deuxième expérience. — Dans chaque vase, six Lim- naea ovata de 6 millimètres; au cours de l'expérience, un individu meurt dans chaque récipient. Après trois mois (mêmes dates que I), ils mesurent : Dans le grand vase. Dans le petit vase. 9 J 8,8 8,5 8 8,0 7,8 8 7 7,7 Moyenne 8,4 millimètres. Moyenne 8,3 millimètres. Ce qui me parait démontrer que, dans deux récipients de volumes et de superficies différents où laération de l'eau est maintenue identique, la croissance des Basom- matophores est égale. Et cela prouve aussi, de manière directe, que dans les expériences de Semper et de de Varigny, les différences de taille observées étaient dues à l'influence de l'aération de l'eau et de la respiration cutanée des Pulmonés. Cette explication rationnelle me semble remplacer avantageusement l'hypothèse, peu acceptable a priori, de Semper et la théorie, émise par de Varigny, de l'amélioration de la race des Limnées par la gymnastique. * * * Les expériences qui précèdent ont été faites dans le Laboratoire de zoologie et d'anatomie comparée de l’Université de Gand; c'est pour moi un devoir et un plaisir de remercier à ce propos mon maître, M. le pro- fesseur F. Plateau. (578 ) Le bromure d'éthyle comme anesthésique opératoire chez les Céphalopodes ; par J.-F. Heymans. Pendant notre séjour à la station zoologique de Naples, en 1894 et 1895, nous avons institué sur les Céphalo- podes, surtout sur l’Eledone moschata, diverses expé- riences de vivisection qui exigèrent l'observation ultérieure pendant plusieurs jours des animaux opérés. Sur des animaux aussi mobiles et aussi rétractiles, on ne peut faire à main levée que les opérations tout à fait simples, ne comportant qu'un coup de ciseaux. Les vivi- sections plus délicates demandent la fixation ou l’'immobi- lité de l'animal. Dans ce but, L. Fredericq fixa le poulpe vivant sur une planchette de bois rectangulaire, à l’aide de clous enfoncés dans le bois. « Cette façon d’immobi- liser l’animal en le clouant, dit-il, pourra paraître barbare et primitive, mais c’est la seule qui soit réellement pra- tique (4). » Comme le fait observer von Uexküll, cette méthode estinapplicable quand l'animal doit survivre à l'opération, sans qu’il survienne les symptômes concomitants les plus désagréables du côté des bras lésés. Cet auteur (2) est parvenu, après bien des insuccès, à surmonter d’une (4) L. FREDERICQ, Recherches sur la physiologie du poulpe commun. (ARCH. DE ZOOL. EXP., 1878, t. VII, p. 539 (2) J. von UEXKÜLL, Physiol. fees an Eledone moschata. (ZEITSCHR. FÜR IOLOGIE. 1804, Bd. 31, S. 585) ( 579 ) manière ssétiränte: dit-il, toutes les difficultés à l'aide de l'appareil de contention qu'il décrit et qui est compa- rable à un appareil de contention de lapin, de chien, ete., en ce qui concerne son but. Seulement, l'appareil de contention de von Uexküll ne donne pas l’immobilité complète et le relàchement mus- culaire, conditions presque indispensables à l'exécution d'opérations délicates, surtout chez les Céphalopodes. Aussi, dès le début de nos expériences, nous avons songé à opérer sous anesthésie. Pour anesthésier diffé- rents vertébrés dangereux et difficiles à fixer, une pra- tique déjà ancienne consiste à laisser tomber du chloro- forme ou de l’éther dans la cage ou dans le bocal où ils se trouvent; après quelques instants, on les retire et on les opère sans aucune difficulté. Au contraire, si on verse, même en excès, du chloroforme ou de l’éther dans de l’eau de mer où nage le Céphalopode, celui-ci continue à s'y mouvoir normalement; aucun signe d’anesthésie, même partielle, n'apparaît. Il n'est pas possible d’anes- thésier les Céphalopodes en les faisant séjourner dans l'eau de mer saturée de chloroforme ou d'éther. Comme on sait, il n’en est pas de même pour un grand nombre d'animaux aquatiques; c'est ainsi que la grenouille même est rapidement et complètement narco- tisée dans l’eau chloroformée; elle y meurt à bref délai. D’après les expériences de Decroly, instituées dans notre laboratoire, la grenouille rousse est anesthésiée dans eau renfermant 0,16 °/ en volume de chloroforme; elle survit seulement dans l'eau renfermant moins de 0,05 °/, de cet anesthésique. La narcose de la grenouille séjournant dans l’eau est produite surtout par l’absorp- ( 580 ) tion cutanée de l'agent anesthésique. En effet, l’absorp- tion par le train postérieur suffit à déterminer lanes- thésie; nous le démontrons en plongeant uniquement cette partie du corps dans une atmosphère saturée de vapeurs de chloroforme ou dans de l’eau chloroformée, la partie antérieure du corps étant soustraite aux vapeurs de chloroforme à l’aide d’une enveloppe de caoutchouc. Dans l’un et dans l’autre cas, l’anesthésie complète s’éta- blit en 15-20 minutes. L'absence d'anesthésie chez les Céphalopodes séjour- nant dans l’eau chloroformée ou éthérée, démontre que l’anesthésique n’est pas absorbé par la peau, ce qui d'ail- leurs est en rapport avec la structure de celle-ci, et que l'absorption branchiale elle-même est insuffisante pour que l’action générale apparaisse. En effet, l'absence d’anesthésie générale ne résulte pas de ce que le chloroforme et l’éther ne sont pas actifs chez ces animaux : si nous les plaçons dans des bocaux vides, simplement mouillés, à côté d’un tampon imbibé de chloroforme ou d’éther, nous voyons apparaitre aussitôt l’action anesthésiante des vapeurs; la motilité, la sensi- bilité et l'excitabilité réflexe diminuent peu à peu. Mais les mouvements respiratoires se modifient en même temps et disparaissent aussi rapidement que les mouve- ments réflexes. Nous ne sommes jamais parvenu chez les Céphalopodes à produire par inhalation l'anesthésie véritable avec conservation de la respiration. On pourrait supposer que l'arrêt si précoce de la respi- ration est dù, au moins partiellement, à un début d’asphy- xie résultant du séjour hors de l’eau. Il n’en est pas ainsi, car si l’on replace les animaux dans l’eau de mer et si l'on fait passer un courant d’eau à travers le sac branchial, les ( 581 ) résultats demeurent les mêmes ; ou bien l’anesthésie était incomplète et dans ce cas l'animal survit, ou bien, si elle était complète, la respiration s’arrête et la mort survient, quoi qu’on fasse. Nous savons qu'il est impossible d’anesthésier les mammifères (lapin, chien, homme, etc.) par injection hypodermique de chloroforme ou d’éther, même à doses très massives, tandis qu'un dixième, un vingtième de centimètre cube de chloroforme injecté à la grenouille dans le sac lymphatique dorsal détermine en quelques minutes l’anesthésie la plus complète. Cette différence d'action résulte évidemment de la rapidité différente de l'absorption; chez le lapin, un demi-centimètre cube de chloroforme n’est pas encore complètement absorbé après vingt-quatre heures (1). Y a-t-il moyen de déterminer chez les Céphalopodes l'anesthésie générale par injection hypodermique des anesthésiques? Comme nous venons de le voir, cela dépendra avant tout de la rapidité de l’absorption. Sai- sissant de la main gauche, à l’aide d’une forte pince, un des bras de l’animal, plongeons dans la partie tendue Paiguille d’une seringue de Pravaz chargée de chloroforme ou d'éther et injectons 0°°,5 à 2 centimètres cubes : au niveau de l'injection il se forme un bourrelet, de part et d'autre les tissus se rétractent fortement. Nonobstant, l'absorption s'effectue, car l’action générale de lanes- thésique apparaît bientôt : d’abord un stade d’excitation, puis la paralysie et l’anesthésie. Seulement, ici encore, les fonctions respiratoires et circulatoires sont entreprises (4) Archives de pharmacodynamie, 1895, vol. I, p. 57. ( 582 ) presque en même temps que les fonctions nerveuses ; nous n'avons jamais vu, après injection de chloroforme ou d'éther, la respiration persister apres la disparition des réflexes des ventouses. Le chloroforme et l’éther, contrairement à ce qui existe à un si haut degré chez les vertébrés, surtout chez les mammifères, n’agissent donc pas chez les Céphalo- podes, d’abord sur les centres psycho-moteurs et réflexes, puis sur les centres respiratoires et cardiaques; ils ne possèdent pas d'action élective vis-à-vis des différents centres nerveux; ceux-ci ne possèdent pas encore cette différenciation fonctionnelle et chimique qui leur permet, chez les animaux supérieurs, de réagir différemment vis- à-vis de ces anesthésiques. Une autre substance, le chlorhydrate de cocaïne, est employée pour anesthésier le protoplasme, qui dès lors ne se rétracte plus sous l’action des liquides fixateurs ; cet anesthésique local ne détermine pas d’anesthésie géné- rale. A la station zoologique de Naples, on pratique couram- ment l'addition d'environ 10 °/, d’alcool à l’eau de mer afin de tuer les animaux ; ceux-ci meurent dans la narcose et la paralysie; mais nos expériences démontrent que l'alcool ne possède non plus l’action élective des anesthé- siques proprement dits. En face de cet échec complet et de cette réaction diffé- rente des Céphalopodes vis-à-vis des anesthésiques préci- tés, nous nous proposions d'essayer sur ces animaux les principaux hypnotiques et narcotiques; nous savons, en effet, que la narcose par l’uréthane, le chloral, le chlora- lose, etc., remplace avantageusement dans les vivisections l’anesthésie par le chloroforme ou l’éther. Pour diverses ( 585 ) raisons, ne füt-ce que la question de dépense, tout pro- cédé pratique d’anesthésie chez les animaux aquatiques doit éviter la solution de l’anesthésique dans l’eau; le seul mode d'administration approprié consiste dans l'injection hypodermique. Nous passons sous silence les essais infructueux que nous avons institués à l’aide de diverses substances dans le but de déterminer lanesthésie de l Eledone; disons aussitôt que le bromure d’éthyle seul nous a donné un résultat positif, satisfaisant, complet peut-on dire. Cette substance, administrée par voie sous-cutanée chez les Céphalopodes, constitue, d’après nos expériences, un agent anesthésique dont les propriétés sont absolument comparables à celles du chloroforme ou de l’éther donné en inhalation chez les vertébrés supérieurs. C’est affirmer du coup que l’action anesthésique du bromure d’éthyle chez les Céphalopodes est plus profonde que chez les ver- tébrés supérieurs et chez l’homme; l'inhalation des vapeurs de ce bromure ne détermine en effet chez l’homme qu’une insensibilité passagère à la douleur, jamais la perte complète de la conscience ni la résolution musculaire. Nous injectons le bromure d’éthyle liquide en nature, soit dans un bras fixé à l’aide d’une forte pince, soit sous la peau de l'abdomen, l'animal étant captif dans un filet. L'action locale du bromure d’éthyle, tout en étant mani- feste, ne présente pas d'inconvénient sérieux, lors même que l’animal est destiné à survivre. La quantité de liquide à injecter chez un Eledone moschata de taille moyenne est au minimum d’un sixième de centimètre cube; l’anes- thésie n’est généralement pas complète pour cette dose. La dose anesthésiante moyenne est d’un tiers à deux tiers de centimètre cube; l'injection de cette quantité déter- ( 584 ) mine une petite tumeur, qui est surtout visible lorsque le bromure a été préalablement additionné d’une trace de matière colorante, de bleu de méthylène, par exemple. Le liquide injecté étant coloré, on peut aisément observer le degré d'absorption de la substance. Au moment de l'injection et quelques instants après, l'animal réagit contre l’action locale douloureuse; il revient ensuite à l’état normal pour présenter bientôt le stade d’excitation, qui se caractérise par les symptômes habituels de cet état : il s'agite en tous sens et présente des changements de coloration rapides et considérables ; la respiration est plus fréquente et plus étendue. Au bout d’une dizaine de minutes, en moyenne, les mouvements des bras et les déplacements deviennent plus lents, moins étendus et moins énergiques; les ventouses adhèrent moins fortement et en plus petit nombre; la respiration se ralentit. En moyenne, après quinze minutes, immo- bilité est complète, tout mouvement spontané fait défaut, les ventouses n’adhèrent plus, la position est celle d'un animal complètement paralysé : on dirait celle d'un cadavre non rigide, n’était la respiration, avec ascension ample, qui se poursuit régulièrement à raison de quinze mouvements en moyenne par minute. À ce moment, les réflexes brachiaux ont totalement disparu ; le réflexe palpébral persiste généralement. L'animal se trouve dans un état d’anesthésie et de paralysie complètes; on peut, sans aucune difficulté, le placer dans toutes les positions et pratiquer les vivisections et dissections les plus variées sans provoquer le moindre réflexe. La respiration et la circulation continuent à fonctionner régulièrement, et cela malgré des mutilations très étendues. L'administration du bromure d’éthyle aux Céphalopodes (585 ) est évidemment régie par des règles analogues à celles qui président à [application des anesthésiques en général, par exemple, à la chloroformisation chez l’homme. Plus la dose injectée est forte, plus l’anesthésie est rapide, pro- fonde et dangereuse. Pour une dose déterminée, on peut hàter et renforcer l’action de la substance en pratiquant quelques mouvements de massage sur le nodule d’injec- tion. Si l’on a pratiqué injection dans un bras, on peut régler presque à volonté l’intensité et la durée de l’anes- thésie en faisant une ligature plus ou moins serrée en deçà du point d'injection : on ralentit ou même on supprime ainsi l'absorption. Lors d'une anesthésie trop profonde, la respiration et le cœur peuvent évidemment être atteints; cet accident peut parfois se produire, même pour une dose moyenne : la respiration faiblit alors et finit par s'arrêter, cela d'autant plus facilement que les Cépha- lopodes semblent ne pas réagir par une accélération respiratoire contre une asphyxie débutante (1). Le moyen héroïque pour combattre cet accident consiste ici, comme chez les vertébrés supérieurs, à pratiquer la respiration artificielle. Celle-ci s'établit instantanément et sans aucun appareil chez les Céphalopodes : il suffit d’écarter le man- teau à l’aide des doigts et de tenir l'ouverture béante sous un filet d’eau ; pour instituer une respiration artifi- cielle continue, on introduit dans la cavité du manteau un tube relié à un robinet d'eau de mer. D'ailleurs, puisque l’animal est immobile et ne déplace par ses mou- vements respiratoires qu'une certaine atmosphère d’eau autour de lui, il est absolument indiqué, si l’on veut pré- (1) L. FrEDERICQ, loc. cit., p. 570. ( 586 ) venir l’asphyxie à longue échéance, d’aérer suffisamment Peau du bassin dans laquelle l'animal est couché (par agitation, insufflation, écoulement, etc.). Pour stimuler directement la fonction respiratoire en cas d’asphyxie, l'excitation mécanique des bords de l’entonnoir nous a paru spécialement efficace : chaque fois qu'on pince Pentonnoir, une expiration profonde se produit; le rythme respiratoire normal tend ensuite à se rétablir. La durée de l’anesthésie varie évidemment d’après la dose; pour une dose justement suflisante, ou pour une dose notablement supérieure dont on arrête l’absorption ultérieure par une ligature serrée au moment où lanes- thésie est complète, l’animal demeure en moyenne un quart d'heure à une demi-heure dans un état d’immo- bilité absolue. Puis survient le réveil; la motilité et les réflexes réapparaissent lentement, l'état normal se réta- blit et Panimal survit indéfiniment. En résumé, le bromure d’éthyle en injection constitue chez les Céphalopodes un anesthésique général, au même titre que le chloroforme et l’éther en inhalation chez l’homme et les animaux ese D’après des expé ‚mais moins COM- plètes, le bromure d’éthyle possède les mêmes propriétés anesthésiques chez différents groupes d'invertébrés et même chez les poissons et les grenouilles. ( 387 ) CLASSE DES LETTRES, Séance du 9 novembre 1896. M. le comte GOBLET p'ALVIELLA, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. le chevalier Epm. MarcmaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, P. Willems, S.. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Vanderkindere, F. Vander Haeghen, Ad. Prins, J. Vuylsteke, Ém. Ban- ning, À. Giron, P. Frederic, God. Kurth, Mesdach de ter Kiele, H. Denis, le chevalier Ed. Descamps, G. Mon- champ, membres; Alphonse Rivier, J.-C. Vollgraff, asso- ciés ; Paul Thomas, Ern. Discailles, Ch. Duvivier, V. Brants, Ch. De Smedt et A. Willems, correspondants. CORRESPONDANCE, M. le Secrétaire perpétuel fait savoir que, sur la demande de M. le Ministre de [Intérieur et de l’Instruc- tion publique, il a donné lecture, dans la séance publique de la Classe des beaux-arts du 8 novembre, de l'arrêté royal du 28 octobre, décernant, sur la proposi- tion du jury, le prix quinquennal des sciences histori- ques (1891-1895), à M. G. Kurth, membre de l’Académie et professeur à l’Université de Liége. ( 588 ) M. le Vice-Directeur félicite M. Kurth, au nom de ses confrères de la Classe des lettres. M. Kurth exprime ses remerciements. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique demande que la Classe lui soumette une liste double de candidats pour la formation des jurys chargés de juger la 5° période du concours quinquennal des sciences sociales et la 15° période du concours triennal de littéra- ture dramatique en langue française. — M. le Ministre de l'Intérieur et de lInstruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages suivants : 4° Inventaire des archives de la ville de Malines, tome VHL; par V. Hermans ; 2 Grondbeginselen van de belgische strafvordering; par De Hoon; 5° Exposé de la situation administrative des provinces pour l'année 1895 ; 4° Le socialisme et le droit de propriété; par A. Caste- lemn, Sed.: 5° Les repos de Jésus et les berceaux reliquaires; par Ed. Niffle-Anciaux, nouvelle édition. — Remerciements. — MM. le baron de Chestret de Haneffe et D. Sleeckx offrent, pour la bibliothèque, divers ouvrages dont les titres figurent ci-après sous la rubrique : Ouvrages présentés. — La Classe reçoit encore, à titre d’hommages, les ouvrages suivants : 1° De la personnification civile des Universités, dis- cours; par le comte Goblet d'Alviella; ( 589 ) 2 Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique, tome IX, par Alph. Wauters; 5° Correspondance du cardinal de Granvelle, 1586, tome XII; par Ch. Piot, avec une note qui figure ci-après ; (Ces deux derniers ouvrages font partie de la collection des chroniques belges inédites publiée par ordre du Gou- vernement.) 4° Histoire de l'enseignement primaire en Hainaut; par Ernest Matthieu (présenté par M. Ch. Duvivier, avec une note qui figure ci-après) ; 5° P.-F. Le Roy, sculpteur namurois (1759-1812); par Georges Cumont ; 6° De l'application des peines comminées par le Code rural aux infractions qu'il prévoit; par le procureur général Detroz ; 7° Johann Pupper von Goch; par Otto Clemen (pré- senté par M. P. Fredericq avec une note qui figure ci-après). — Remerciements. — Travaux manuscrits à l'examen : Les passions allemandes du Rhin dans leurs rapports avec l'ancien théâtre francais; par Maurice Wilmotte. — Commissaires : MM. J. Stecher et P. Frederieg ; Le dieu celtique Intarabus ou Entarabus; par J. Walt- zing. — Commissaires : MM. G. Kurth et P. Willems. STe SÉRIE, TOME XXXII. 59 ( 590 ) NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur de présenter à la Classe le douzième et dernier volume de la Correspondance du cardinal de Gran- velle, Cette publication, si intéressante pour l’histoire de notre pays, l’est également pour celle de la réforme religicuse. Elle offre aussi un grand intérêt au point de vue des événements politiques en Angleterre, en Alle- magne, en Espagne, en France et en Italie. Elle est spé- cialement mise à profit par les historiens préoccupés des annales du XVI° siècle, et donne la clef de la politique suivie par un de nos hommes d’État les plus remarquables de cette période. Commencée en 1877 par feu notre regretté confrère M. Poullet, la publication de ce recueil fut suspendue jusqu’au moment où la Commission royale d'histoire voulut bien, en 1885, me charger de la continuer. Ce tome douzième, que je viens d'achever, renferme des détails concernant la maladie et la mort de Margue- rite de Parme, la fin de la carrière de Granvelle, les affaires politiques en France, les démarches faites par le cardinal Farnèse dans le but de succéder au pape Gré- goire XIII. Les lettres de Philippe II et d'Alexandre Farnèse, imprimées dans ce volume, fournissent aussi des données intimes sur la situation de la Belgique pendant le der- nier quart du XVIe siècle. Les campagnes de Farnèse, la conquête par les Espagnols des villes de Bruxelles, de ( 591 ) Malines et particulièrement d'Anvers, le dernier boule- vard défendu avec énergie par les insurgés belges, y font l’objet de relations restées inconnues jusqu’à ce jour. J'y ai donné aussi des renseignements nouveaux sur les négociations politiques entre l'Espagne et les Pays-Bas méridionaux, d'une part, et l Angleterre, d'autre part. Les correspondances inédites relatives à ces négocia- tions démontrent à l'évidence que Philippe H, pas plus qu'Élisabeth, ne se souciait de conclure une paix défi- nitive, malgré les affirmations contraires produites de part et d’autre. Il fallut décider plus tard par la force les questions pendantes entre les deux cours. Ce fut la destruction de la célèbre Armada qui les résolut. CH. Pior. J'ai l'honneur de présenter à la Classe, au nom de l’auteur, une Histoire de l’enseignement primaire en Hai- naut, par M. Ernest Matthieu. M. Ernest Matthieu s'est fait connaître déjà par divers travaux historiques concernant le Hainaut, et spéciale- ment par la publication d’une excellente Histoire de la ville d'Enghien, qui peut servir de modèle pour les monographies de ce genre. L'œuvre nouvelle de l’auteur est remplie de recherches sur cette obscure question de l'initiation à la vie intellec- tuelle des populations d'autrefois, depuis la chute de l'empire romain jusqu’à nos jours. Dans la première partie de son livre, l’auteur jette un coup d'œil général sur les institutions scolaires, il signale (592 ) les efforts des conciles et du pouvoir civil pour introduire partout l’enseignement primaire. L'état de la société rendit plus ou moins stériles ces efforts généreux, et ce n’est qu'aux XV° et XVIe siècles qu'on se remit sérieusement à l'œuvre, à l'effet de pro- curer à la jeunesse une instruction élémentaire. Le livre dont nous nous occupons fournit des données statistiques curieuses pour le Hainaut. Ainsi il relève, au XIE siècle, cinq localités dotées d'institutions scolaires ; il en cite neuf au XIe et treize au XIVe, dont quatre communes rurales. Aux XVe et XVIe siècles, le nombre s'accroìt dans une forte proportion, et en 1794, sur 440 communes, le Hainaut comptait 565 écoles dans lesquelles l’enseignement était organisé d’une façon plus ou moins complète. M. Matthieu consacre ensuite plusieurs chapitres aux écoles elles-mêmes, à leur organisation et à leur fréquen- tation; aux maîtres d'école, au programme de l'ensei- gnement. Un autre chapitre fait connaître l’état de l'instruction primaire en Hainaut depuis 1794. Enfin, dans une partie spéciale, l’auteur dresse une liste très complète des com- munes ayant eu une organisation scolaire dans les temps antérieurs. Le livre de M. Matthieu, fruit de nombreuses recher- ches dans les archives, est en tous points recommandable. Cu. DUVIVIER. ( 593 ) Au nom de l’auteur, j'ai Phonneur d'offrir à la Classe des lettres un livre intitulé : Johann Pupper von Goch, par M. le Dr Otto Clemen (1). On sait que Jean de Goch, qui fut à la fin du XV: siècle directeur de conscience d'un couvent de religieuses à Malines, a été l’un des précurseurs de Luther par ses écrits dont le plus important est son traité De libertate christiana. C'est pour avoir publié cet ouvrage que le savant secrétaire d'Anvers, Corneille Grapheus, Fami d'Erasme, d'Albert Dürer et de Thomas Morus, fut pour- suivi par l Inquisition, en 1522. M. Clemen, dans sa consciencieuse monographie, nous apporte beaucoup de renseignements nouveaux, non seulement sur Jean de Goch et ses ouvrages, mais aussi sur Grapheus et d'autres personnes de son entourage, par exemple sur le mystérieux Nicolas de Bois-le-Duc. Tous ceux qui, en Belgique et en Hollande, s'occupent de l’histoire de nos humanistes et de nos premiers réformés contemporains d'Érasme, retireront le plus grand profit de la lecture du livre clair et érudit de M. Clemen. PAuL FREDERICQ. (4) Leipzig, Duneker et Humblot, 300 pages. (Leipziger Studien aus dem Gebiet der Geschichte.) (594) CONCOURS ANNUEL DE 1897, ane M. le Secrétaire perpétuel fait savoir qu'il a reçu : te Un mémoire portant pour devise : Dicit Sallustius Cretenses primos invenisse religionem (Servius IN VERG. Arnew., VIII, 555), en réponse à la question : On demande une étude, d'après les découvertes des dernières années, sur les croyances et les cultes de lile de Crete dans l'antiquité. — Commissaires : MM. Vanderkindere, Alph. Willems et le comte Goblet d'Alviella. 2° Cinq mémoires en réponse à la question : Quel est le fondement du droit de propriété individuelle? La sup- pression de ce droit serait-elle compatible avec l'existence d'un État régulièrement organisé et avec le développement de la richesse publique ? L'auteur analysera et discutera les principales théories socialistes et collectivistes modernes. Ces mémoires portent les devises suivantes : A. Suum cuique; B. Le défaut d'unité est le signal de la mort; il est également le signal de l'erreur ; C. Improbos odimus odio civili (Cicero); D. L'homme est une personne sociable ; E. Aer yžo ws uty elvat motvär, hwc Ö'(òrag (rThoets). ARISTOTE. Politique, l. J, chap. H, 4. — Commissaires : MM. Mesdach de ter Kiele, Denis et Brants. ( 593 ) 5° Un mémoire, avec la devise : Quid deceat, quid non (Horace, Art poétique) en réponse à la sixième question : Exposer les théories de la colonisation au XIX? siècle et étudier le rôle de l’État dans le développement des colonies. — Commissaires : MM. Denis, Banning et Descamps. PRIX DE SAINT-GENOIS. HISTOIRE OU LITTÉRATURE EN LANGUE FLAMANDE. (Troisième période : 1888-1897.) Caractériser l'influence exercée par la Pléiade française sur les poètes néerlandais du XVI: et du XVIP siècle. Aucun mémoire n’est parvenu en réponse à cette ques- tion. RAPPORTS. La torture aux Pays-Bas autrichiens pendant le XVII siè- cle; par Eugène Hubert, professeur à l’Université de iége. Rapport de M, Prins, premier cominissaire. « Le mémoire de M. Eugène Hubert, sur La torture aux Pays-Bas autrichiens pendant le XVIII siècle, est une étude historique puisée aux sources officielles et dont l'intérêt et le mérite sont incontestables. ( 596 ) Après tout ce qui a été écrit sur la torture, il devient difficile d’être encore neuf et original en traitant ce sujet. M. Hubert y a pleinement réussi cependant, et en consul- tant les nombreux écrits publiés sur ces matières, et surtout en recourant à nos archives, si riches en docu- ments sur la question, en mettant à profit les archives de Vienne et du grand-duché de Luxembourg, il a su, en fournissant des détails inédits, retracer avec autant d'exac- titude que d’érudition le fonctionnement de cet atroce système de preuve dans nos provinces; il nous fait ensuite assister au grand mouvement d'idées qui peu à peu a soulevé les esprits contre la barbarie de la procédure et qui, aux Pays-Bas autrichiens, a mis les tendances réfor- matrices du despotisme éclairé aux prises avec l'esprit routinier de nos corps de justice. Déjà dans le beau travail de M. E. Poullet que vous avez couronné il y a bientôt trente ans, léminent et regretté professeur avait consacré des paragraphes impor- tants à la torture; et le dernier chapitre de son savant ouvrage est l'exposé des imperfections et des cruautés de nos institutions pénales au XVIII siècle, et des tentatives faites pour y remédier. Reprenant cette fois la question spéciale de la torture et se livrant à de patientes et consciencieuses recherches qui dénotent un travail énorme, M. Hubert a achevé et complété ce que M. Poullet avait commencé et il a apporté ainsi une contribution considérable non seule- ment à l’évolution du droit pénal, mais encore à la psychologie sociale. C'est en effet un phénomène absolument extraordi- naire et en réalité peu flatteur pour l'humanité, que de voir, sous l'influence du droit romain, la torture faire sa (OF) réapparition en Europe, franchir le seuil de nos échevi- nages et se développer avec des raffinements inouis de férocité sous l'œil indifférent de magistrats qui, rentrés chez eux, étaient sans doute de fort bons pères de famille. Et non seulement ces magistrats trouvaient cela tout naturel; non seulement il leur arrivait de boire et de manger à côté des patients qui gémissaient et s'évanouis- saient, mais encore ils ont résisté à tous les efforts faits par la législation pour restreindre l'arbitraire de la procé- dure. C'est ainsi, M. Hubert le montre, qu'esclaves de la tradition qui exigeait pour la condamnation l'aveu de l'accusé, ils n'observaient pas les dispositions progres- sives de Fordonnance de Philippe H de 1570, essayant au moins de supprimer la torture quand, d'après le droit de l’époque, elle ne pouvait avoir aucune utilité, c'est-à- dire quand les preuves contre Faccusé étaient complètes. rest ainsi encore qu’ils méconnaissaient l’article 44 de ladite ordonnance, interdisant de remettre à la torture, à moins de nouveaux indices, celui qui y avait résisté sans avouer. Et ils recommencaient plusieurs fois, jusqu’à ce que toute résistance fût brisée. C'est ainsi qu'ils ne tenaient pas compte de l'usage de ne pas faire durer la question plus d’une heure; les docu- ments cités par M. Hubert établissent que nos juges appli- quaient les supplices 17, 18, 19, 25, 24 heures! Le 2 juin 1758, à Bruxelles, un accusé fut torturé 29 heures sans interruption. Et en décembre 1767, le drossart de Brabant infligeait à un voleur d'église une torture de 118 heures ! Et, chose plus révoltante encore et que M. Hubert, historien et non juriste, ne fait peut-être pas ressortir avec ( 598 ) autant de relief qu’il le faudrait, ces horreurs finissaient par n'être plus que de la sauvagerie inconsciente et ne constituaient même pas des moyens péremptoires de preuve, au sens du droit existant, puisque l'aveu arraché par la douleur physique entrainait l’exécution, mais que la résistance la plus surhumaine aux supplices les plus terribles n’entrainait pas l’acquittement et n’empêchait pas de condamner à toute peine autre que la peine de mort. Le patient qui luttait contre ceux que Voltaire a appelés « les barbares en robe », ne luttait pas pour démontrer son innocence et reconquérir son honneur et sa liberté, mais simplement pour échapper à l'exécution capitale immédiate. Telles sont les épouvantables pratiques contre les- quelles les protestations se font déjà jour au XVI et au XVI siècle et contre lesquelles enfin, au XVIIe siècle, l’autorité essaie de réagir. M. Hubert fait un résumé très méthodique de ce mouvement continu d'opinion et développe avec une grande richesse de preuves les phases diverses de la période pendant laquelle, au XVII siècle, le gouvernement autrichien s'efforça d'hu- maniser la procédure criminelle aux Pays-Bas. Cet exposé, appuyé sur des documents inédits de nos archives, a le mérite et l'attrait de l'authenticité et de la nouveauté. Nous connaissons, par les travaux du chevalier Van Arneth, les intentions louables et paternelles de Marie-Thérèse, ses hésitations combattues par ses minis- tres et par son fils, et l’opinion bien arrêtée de ce dernier quant à l'abolition de la torture; nous connaissons aussi la résistance de notre magistrature. Jamais on ne nous a montré avec une telle évidence à quel point cette résis- tance a été opiniâtre et obstinée, ` Quand on songe à l'intensité des abus odieux qu'il ( 599 ) s'agissait de supprimer; quand on se rappelle que l’Angle- terre depuis un siècle, la Prusse et la Russie, la Bavière, la Saxe, la Suède avaient aboli la torture; quand on lit les avis éclairés des conseillers de la couronne autri- chienne, il est humiliant de comparer leurs persévérants efforts et l'esprit public à Vienne, à la situation morale de nos dirigeants; il est humiliant de constater à quel point nos conseils de justice se sont laissé dominer par les préjugés les plus étroits et se sont déclarés rebelles à toute tendance novatrice dans une matière où la voix de humanité parlait si haut et où il était si facile de l'écouter. La prudence de Marie-Thérèse, la fermeté de Joseph IL, les moyens détournés employés par le pouvoir central, rien n’y fit. Les corps de justice, les uns en ayant souci de ne pas se compromettre, les autres en se mon- trant ouvertement hostiles, refusent de suivre la cour de Vienne. Joseph II, ayant enfin aboli la torture le 5 avril 1787, dut retirer son édit au bout de cinq mois et il fallut la bataille de Fleurus et la rentrée des Conven- tionnels dans nos provinces pour faire disparaître défini- tivement l’épouvantable question de nos codes. Il est juste de rappeler avec M. Hubert que la Hollande, le Hanovre, certains cantons suisses et la Sicile ont mis encore plus de lenteur que nous à la balayer de leur terri- toire. Tels sont les faits que l’auteur met en lumière avec une grande netteté, dans un style sobre et clair. M. Hubert, au début de son étude, dit : « Les juriscon- sultes ne proposent pas les réformes, elles se font mal- gré eux. » M. Hubert a raison. Ce sont les écrivains qui provoquent les réformes. Les juristes ne sont pas nova- teurs; ils représentent, dans l’organisation sociale, la tradition. ( 600 ) Mais comment se fait-il que pendant la période étudiée avec tant de soin par l’auteur du mémoire, ils aient poussé aussi loin le sentiment de résistance au change- ment? M. Hubert se borne à constater le fait. M. E. Poul- let en a recherché les causes : il a signalé en premier lieu l'absence de ces hommes de lettres qui, en France, savaient donner à leurs pensées vraies ou erronées une forme entrainante et séductrice qui en décuplait lin- fluence. Il montre ensuite que notre régime national bien différent du régime français, n'avait pas suscité les mêmes haines. Les attaques contre l’ensemble des institu- tions étant beaucoup moindres, les institutions pénales profitaient de cette situation et étaient épargnées plus qu'ailleurs par opinion publique. Peut-être aussi faudrait-il ajouter que les Belges, engourdis par l'atmosphère paisible que leur créait le gouvernement de Charles de Lorraine, avaient de la peine à se mettre en mouvement. Ce n’est pas la seule fois que l’on a vu dans l’histoire le bonheur et la tran- quillité matérielle paralyser l'énergie d'un peuple jus- qu’au jour où il est entrainé plus loin qu'il ne le voudrait. Quoi qu'il en soit, et c'est la conclusion morale qui se dégage du savant travail qui vous est soumis, le senti- ment de l'humanité a eu de la peine à éclore en Europe. Il est moins étonnant qu'on ne pourrait le croire de voir cette vérité confirmée si douloureusement, précisé- ment à un moment où la sensiblerie, antithèse du senti- ment de l’humanité, était à la mode et où dans les salons, les pares et les jardins on élevait de petits autels à la sensibilité. Je conclus à l'impression du mémoire. » ( 601 ) Rapport de M. Ch. Duvivier, deuxième commissaire, « Je me réfère aux considérations pleines de justesse qui ont été développées par M. Prins. Le travail de M. Hubert présente un grand intérêt et mérite d’être publié; il est riche de faits, il expose avec netteté et exactitude la législation sur la torture, le rôle que jouait celle-ci dans l'instruction judiciaire, le mouve- ment de l'opinion en faveur de son abolition, les résis- tances que rencontra cette suppression. Il serait banal aujourd’hui d'énumérer au long les atrocités de la torture, dans unique vue d'inspirer l'horreur d'une monstrueuse institution introduite dans le système des preuves. Mais le récit des faits ouvre le champ des réflexions, et de celles-ci se dégage un ensei- gnement : pourquoi ces lamentables supplices préalables ont-ils eu une pareille durée et comment ont-ils résisté aux attaques dont ils étaient l’objet, jusqu’au grand bouleversement de la fin du dernier siècle? Les abus invétérés finissent par ne plus être envisagés comme des abus, et l’accoutumance suffit à la longue à leur justification. On résiste à l’idée de douter de leur légitimité, celle-ci parait incontestable parce qu’elle a dû être discutée et vérifiée à l’origine de l'institution, et l’on tient peu de compte des progrès réalisés, du changement ou de l’adoucissement des mœurs. Dans sa déclaration du 24 août 1780, Louis XVI dit avec beaucoup de vérité qu'on n’a maintenu, en 1670, la question préparatoire que « par une sorte de respect pour son ancienneté ». C'est la principale des raisons qui furent données par nos cours de justice lorsque, dans la seconde moitié du XVII siècle, elles furent consultées par le gouvernement sur la suppression de la torture. ( 602 ) Elles en ajoutèrent d’autres encore, non moins discu- tables, et l’une d'elles notamment serait une véritable ironie si elle n’était l'indice d’un état d'esprit assez naturel chez l’homme armé du redoutable pouvoir de disposer de la vie et de "honneur de ses semblables. « De quoi, en somme, disait-on, peut se plaindre Pindividu mis à la question pour se voir arracher un aveu? N'est-il pas constitué juge dans sa propre cause? » Ainsi, et par ce judica te ipsum, se trouvait mise à l’aise la conscience du magistrat. L'auteur du mémoire va peut-être loin en disant d’une façon générale : « Les jurisconsultes ne proposent pas les » réformes, elles se font malgré eux. » Il est vrai que M: Hubert applique sa remarque aux conseils de justice, dont la mission, strictement réglée, se limite à l'interpré- tation des lois, et qui sont ainsi voués, par état, à la discussion des applications et non à la recherche des principes. L'observation est peut-être moins exacte à l'égard des juristes n’appartenant pas à un corps de judicature, plus libres d’allures et qu'aucune discipline n’empéche de se mêler au mouvement des idées. Ce qui reste vrai, c'est que les grandes réformes sont dues souvent à l'initiative et à la persévérance des écri- vains et des penseurs, dégagés de toutes les entraves qui enserrent les juristes dans l'application de la loi. Je conclus, comme M. le premier commissaire, à l'impression du mémoire. » M. Brants, troisième commissaire, se rallie aux con- clusions des rapports de ses confrères. Celles-ci sont adoptées par la Classe. ( 603 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Notes sur les Oiseaux d’Aristophane (1); par A. Willems, correspondant de l’Académie. La comédie des Oiseaux est d’une lecture relativement aisée. A part un certain nombre de noms d'oiseaux que, malgré de patients eflorts, les spécialistes ne parviennent pas à identifier (2); à part un vers (le vers 63) qui, je le crains, ne sera jamais restitué, par la raison qu’il est impossible de deviner ce qu'il doit signifier; à part un autre vers, très authentique, celui-là, mais qui renferme une énigme dont personne encore n’a trouvé le mot, le reste de la pièce se laisse, ce me semble, assez bien entendre. Le vers auquel je fais allusion est celui où l’on interroge Méton sur le but de son voyage (vers 994) : Tis à ’rivora, zig ó xobopvog tijs óo. Sur la foi de Dindorf, on s'accorde à traduire : zig ó (1) Aristophanis Aves. Annotatione critica, commentario exegetico, et en instraxit Fred. Fe -M. Blaydes. Halis Saxonum, 1882, in-8. es Arist tophanes, erklärt von Theodor Kock. Die Vögel, 3. Auflage. Berlin, 1894, ins. (2) J'ai surtout en vue l'ouvrage récent de M. D'ARCY WENTWORTH THompson, A glossary of greek birds (Oxford, Clarendon press, 1895, in-8), répertoire très complet de tout ce que l'antiquité nous a laissé de documents, mais où l’auteur, de son propre aveu, s’est montré plus réservé que ses devanciers sur les questions d'identité. 604 ) x06800pvos ; par cur tam superbe incedis? pourquoi cet appa- reil tragique? N'est-il pas singulier qu'aucun des éditeurs ne se soit avisé du contresens? Quoi, personne n'a remarqué que jamais, chez les anciens Grecs, la chaussure tragique ne s’est appelée xóbopvos; qu'il faut laisser aux Romains cette appellation; qu’à Athènes le cothurne était la chaussure des femmes, et commode entre toutes, puisqu’elle allait indifféremment aux deux pieds? En attendant, nous ignorons ce que le poète a voulu dire, et bienvenu sera celui qui nous l’expliquera (1). Nous ne rangeons pas, avecM. Koek, parmi les passages désespérés, le suivant (vers 489-499) : OTOTAY pOvov òpbprov à don varna ndvres èn’ Epyov, yadxis, xepauñs, oxvhodiper, cxuths, Bakavis, dhprragorBot, zopvevrokvpaardornyot * où òè Baêtlous ’ moônodyevor vóxTwp Il se peut que je me trompe, mais je ne discerne pas bien la difficulté. Ce sont au contraire les conjectures (of ze, Reiske; eita, Blaydes; dmoöúsovreg, Kock; droûe- Eduevo., Ludwich) que je ne parviens pas à m'expliquer. (4) N'a-t-on affaire que d’une conjecture? Rien de plus facile à trouver. S'il est vrai, ce dont je doute, que Lucien a imité ce passage dans son Ménippe (2) : zis à érivoié cov ths xa0dDov éyéveto, tis Ôè ó zis mopetas yepwv; il n'y aurait qu’à lire, par allusion aux vers 7, 15 et 1174 : vig ó xodouds; « Quel est le choucas qui t'a montré Ja route? » Le xohot6ç d'Aristophane serait devenu le ñyeuwv de Lucien. Mais le texte est bien établi. Il s’agit de l’interpréter, non de faire montre d’ingéniosité. Les conjectures, pour emprunter un mot à notre poète, sont un aimable et docte jeu, mais, à de rares exceptions près, elles ne sont que cela. ( 605 ) Voici la traduction littérale : « Dès que le coq fait entendre son chant d’aubade, tous sautent en pied pour vaquer à leurs travaux, forgerons, potiers, corroyeurs, cordonniers, baigneurs, fariniers, tourneurs en lyres, fabricants de boucliers; tandis que d’autres (1) se chaussent et se mettent en route qu’il fait encore nuit. » Cela est-il si difficile à entendre? et y a-t-il lieu de s’arrêter aux objections de M. Kock? — Qui sont ces autres? dit-il. — Dame, tous ceux que leur besogne ne retient pas au logis, maçons, laboureurs, voyageurs, citoyens se rendant à l'ecclésie (Ecclés., vers 740), dicastes attendus au tribunal (Guépes, vers 218), etc. Tous ceux-là font comme la citoyenne zélée de l’Ecclésie des femmes (vers 30) : ils se chaussent au saut du lit et vont à leurs occupations. — Pourquoi dès la nuit? demande encore M. Kock. — Parce qu'ils obéissent au premier signal (örórav uévoy den) de leur roi, et que le jour n’a pas encore lui quand le coq fait entendre son premier, ni son deuxième, ni même son troisième chant (2). On conçoit qu’ Aristophane n'ait pas songé à expliquer cela. (1) Ot è, pris absolument dans le sens de d'autres, comme s’il était précédé de of uèv, est un idiotisme fréquent. Cf. Caval., 600; Nuées, 396; Ois., 530. On remarquera que of pèv, ici sous-entendu devant yahxñs, xepauñs, etc., comprend à dessein le groupe des professions sédentaires. (2) Cf. Ecclés., vers 31, à mettre en rapport avec le vers 50; THÉOCRITE, XXIV, 63. Entre vingt exemples, il suffit de citer ici le vers 741 des Ecclés., où les mêmes mots se trouvent rapprochés : rolda« dvaarhoaad w els xxAnoiav dwpì vóxtwp Örà Tv ÖpDprov vopoy, Pour le dire en passant, c'est d'après ce dernier vers que Porson a 9° SÉRIE, TOME XXXII. ( 606 ) Quand je dis que le reste de la pièce s’entend sans trop de peine, je suis loin de prétendre que la lumière soit faite partout. Des difficultés, il en reste et il en restera probablement toujours. Fort souvent, il est vrai, elles sont du fait des éditeurs, trop portés à déclarer inintelligible ce qu’ils n’entendent pas du premier coup. Comme presque toujours une conjecture en appelle une autre, il s'ensuit une confusion qui cesserait si l’on en revenait simplement à la leçon des manuscrits. Mais eussions-nous sous les yeux le texte même du poète, il n’en demeurerait pas moins bon nombre d’obscurités. Jl faudrait, pour qu'il en fût autrement, que le lecteur sût tout ce que savait le spectateur athénien, et sentit en tout comme lui. Malheureusement, nous n’en sommes pas là. Mais c’est là qu’il faut viser, Le plus souvent, c’est affaire de sagacité bien plus que d’érudition. Tel, n'ayant d'autre guide que son tact et son goût, verra clair là où les savants de profession se sont fourvoyés. Pour peu qu'il ait quelque pénétration, tout lecteur attentif d’Aristophane peut donc, dans la mesure de ses talents, aider à l'éclaircir. C'est ce que nous avons tenté de faire dans les quelques notes qui vont suivre. CON substitué, d t , à la leçon de tous] vóuov čpðp:ov kon. On ne voit pas ce que le texte gagne à cette prétendue correction. ‘Ondrav ou xv pdvov, dès que, n'est-il pas grec, ainsi que l'adverbe 6p0ptov? Dans une tirade d'une emphase toute tragique et où les mots ronflants sont de rigueur, le poète s'avise de dire que le coq éveille les gens « en chantant son nome orthrien ». Est-ce une raison de le chicaner pour avoir écrit simplement ailleurs : « dès que le coq chante à l'aube? » Ne eonfondons pas les tons, dirons-nous avec Sainte-Beuve, le goût est dans ces distinctions fines. ( 607 ) Vers 76-78. vóre utv dp% paysty dyúaç Pahnpuxis… êrvoug Ò éntfuuer.. Meineke remplace zóre ev, leçon de tous les manu- scrits, par őre èy, conjecture que MM. Koek et Green n'hésitent pas à introduire dans le texte. Déjà Hamaker avait proposé yore, et M. Blaydes est tenté de lire zott. Voici deux textes de Platon qui tranchent la question en faveur des manuscrits. Phedr., 261 D : tóte uèv Ölxarow, rav de Bouknrar, döuxov. Gorg., 518 À : zóve pév pot Öoxeis gavldvery re Aéyw... Fixer dE dàlyov Üorepoy Jéywy… Il y aurait lieu à bien des remarques de ce genre, mais qui seraient de peu d'intérêt pour nos lecteurs. J'ai voulu, dès le début de la pièce, montrer par un exemple combien il importe de se tenir en garde contre la manie de certains éditeurs d'amender à tort et à travers les textes. Heureuses ces prétendues corrections, quand elles n’ont trait, comme ici, qu'à des vétilles grammaticales, et n'altèrent pas gravement le sens! L'entrée du chœur (vers 267-504). L'Épops (la huppe) a convoqué les oiseaux, pour leur faire part des propositions des deux Athéniens. Ici com- mence la Parodos, c’est-à-dire l'entrée du chœur. Le premier oiseau qui répond à l'appel est le phéni- coptère, dont il est fait mention ici pour la première fois en grec. Aristophane le donne pour un oiseau des lacs, ( 608 ) détail qui n’est pas sans importance, comme nous allons le voir. Le deuxième, c’est le Mède, qu’on identifie à tort avec le coq. Le troisième est un oiseau dont on ne nous dit pas le nom, mais proche parent de l’épops. Enfin, le quatrième est désigné sous le nom de xarweayäs, propre- ment « celui qui mange en portant bas la tête » (cf. le xatw- Bhérwv, taureau d'Afrique à tête pendante); on traduit d'ordinaire « le glouton », comme s’il y avait xarapayas, et de fait, quoique différentes, les deux idées arrivent ici au même sens. Je dis que c’est à tort que les interprètes ont identifié le Mède avec le coq. En effet, à qui fera-t-on accroire qu’en voyant paraître un coq, des Athéniens hésitent à le reconnaître, alors que le coq était si commun en Grèce, qu'on l'appelait simplement dovig, « l'oiseau » par excel- lence. Notez qu’ils viennent précisément de faire allusion aux combats de coqs (vers 70) qui avaient lieu journelle- ment à Athènes. Cette preuve à elle seule suffit. J’ajou- terai toutefois que le coq était aussi connu sous le nom de ressinds dovs ; et s’il était l’oiseau de Perse, il n’était donc pas l'oiseau de Médie. Car en telle matière on n'use pas de synonymes. Qui s’aviserait, en francais, au lieu d’un cheval anglais, d’un fromage suisse, du blé de Turquie, de dire un cheval britannique, un fromage helvé- tique, du blé ottoman? Et cela est si vrai que précisément aMhoy repstx6y désigne la pêche, et 7oy unôtxóv le limon. Le scholiaste ne s’y est pas trompé, lui qui se demande : Existe-t-il réellement un oiseau qui s'appelle mède ? Cnreïrar dE el Ovrwg wakertat tic Ópvis Unidos. J'ai une explication beaucoup plus simple à proposer. Le chœur comique, qu’il fût disposé par rangs ou par files, avait toujours quatre chefs de file. Ce seraient ( 609 ) ces quatre choreutes, c’est-à-dire le coryphée et ses trois parastates, qu’Aristophane ferait entrer un à un dans l'orchestre. Le phénicoptère, le premier, si peu connu à cette époque qu'il pouvait passer pour un oiseau fabuleux; puis les trois autres, simples créations de la fantaisie du poète, pour lui fournir matière à de bons mots. Les commentateurs me paraissent bien bons, qui se donnent du mal pour spécifier ce que pouvait être le catophagas, ou le Mède, ou l'espèce de huppe descendant de l’épops. Le Mède, pour moi, c’est le chef du chœur (1). Le choix des épithètes l'indique clairement. Aucune d'elles ne s'applique au coq. « Un autre oiseau! » s'écrie Evel- pide. — « Un autre, en effet, répond Pisthétaire, et qui tient une place à part. Qu'est-ce donc que ce devin des Muses, cet oiseau singulier, gravisseur de montagnes? » vh Al’ Erepoc Öïjra xoro; teðpov yópav Ey wv zig not’ lol’ ó povedpavris àtonoc dpviç dperBdrns ; "E£eèpoy yopay éy®y ne peut signifier, comme on l'interprète d'habitude, « venant de l'étranger » ou « ayant pour patrie l'étranger » (et le phénicoptère, d'où venait-il?), mais : « occupant une place spéciale, à part des autres»; et c'était bien ainsi qu'était placé le coryphée, lequel, en sa qualité de chef de musique, était en même temps le gousógavris, l'interprète des Muses. Car c'est en vain qu’on a cherché à donner à cette épithète un autre (4) Peut-être était-il connu à Athènes sous ce sobriquet. Ainsi s'expliquerait le quolibet qui suit : « Comment, s’il est Mède, a-t-il volé jusqu'ici sans chameau? » Plaisanterie peu digne d’Aristophane, mais qui sans doute contenait une allusion, transparente pour les spectateurs, à quelque anecdote toute personnelle. ( 640 ) sens. Quand on aura montré, par des textes de Pline et d'Élien, que le coq prédit les changements de temps, privilège qu'il partage d’ailleurs avec la chouette, la grue et bien d’autres oiseaux, quel rapport cela a-t-il avec notre passage, à moins qu’on ne prétende que les Muses présidaient aux variations de la température? Enfin, l'épithète d'egeiBáens n'est pas moins signifi- cative. Il est évident que le coryphée est allé se placer sur une éminence. Où? Est-ce sur la thymélé (PorLux, IV, 125 : h Ovgédn, ette Bnua tt obsa etre Bwuos)? Est-ce sur les gradins menant à la scène? Le texte ne le dit pas. Mais il est certain que le coryphée, qui dialoguait avec les acteurs, qui dirigeait les chants et les danses du chœur, occupait une place en vue et dominait orchestre. J'entends bien que pour justifier l’épithète d'ógeuZáens appliquée au coq, on cite le vers 856 : ds ©’ beds nith- deros otxetv ént mevrouw. Mais ce vers, d’ailleurs mal traduit, ne prouve rien. « Qui done, demande-t-on, occupera la citadelle de la nouvelle Néphélokokkygie? » — « Un oiseau de race persique, répond Pisthétaire, un poussin d'Arès. » — « O poussin, mon maître, s'écrie Evelpide, non moins que le dieu, tu es fait pour habiter sur des roches! » Ce qui veut dire simplement que le coq, le grand batailleur, convient autant qu’Arès pour veiller sur la citadelle. Car « les roches » ne signifient autre chose que l’Acropole. Et si le Mède s’est posé sur une éminence, c’est le cas également pour l'oiseau qui suit, la pseudo-huppe; car on ne s'explique pas autrement le vers : Ëtepos ad Adpov karerhnpws tig dpvie obToai. Qu'il y ait là une allusion à la touffe de plumes qu'il ( 611 ) porte sur la tête, je n'y contredis pas. Mais si le poète avait uniquement voulu dire : affublé d’une huppe, il se serait servi d’un autre verbe que xxrakau3avery, l’expres- sion Àógov xare.Angws ayant le sens très précis de : ayant pris, occupé une crête (cf., entre autres, Lysistr., vers 265). D'ailleurs la particule «ù, à son tour, indique bien que l’oiseau a fait comme celui qui l’a précédé, et il n'est pas même dit du Mède qu'il soit paré d'une crête. Suivant oi, la pseudo-huppe serait le chef du demi-chœur, le premier des choreutes après le coryphée. Les deux autres oiseaux, le phénicoptère et le cato- phagas, prennent place simplement dans l'orchestre. Aristophane le fait clairement entendre du premier, en le désignant comme un oiseau lacustre. On a soulevé, à propos du chœur des Oiseaux, une difficulté à laquelle on aurait tort, je crois, d’attacher de l'importance. Nous savons par des témoignages anciens que le chœur comique comprenait vingt-quatre choreutes. Mais on ne dit pas que ce nombre fût invariable. Dans les Oiseaux il y en a vingt-huit. Qu'est-ce que cela prouve? Simplement que ce chiffre de vingt-quatre, exigé par la tradition et par l'usage, pouvait être dépassé, pourvu que le chorège souscrivit à ce surcroît de frais. Par respect pour la vraisemblance, Aristophane introduit son chœur dans l'orchestre, non en corps, mais oxopäèny, au hasard et sans ordre, éparsement, comme disaient les anciens : d’abord quatre (un à un), puis encore quatre (vers 297-298), puis deux (vers 299-501), puis dix-huit (vers 502-504). Ceci une fois admis, et il n'y a pas moyen de le contester, il va de soi, ce me semble, que les plus habiles choreutes, ceux dont la mimique était le plus expressive, se trouvaient marqués pour entrer | LI (:612;) En tous cas, pour rencontrer une hypothèse qui a reçu l’assentiment de M. M. Croiset (1), cet office n’est pas de ceux qu'on confie à des joueurs de flûte (2). Reste à expliquer un dernier passage. Nous avons vu que trois des oiseaux mentionnés ci-dessus sont munis de crêtes ou de huppes, et que deux se sont posés sur une éminence. Le poète, jouant sur les diverses acceptions du mot Aévos (éminence, crête, cimier, aigrette, panache), fait dire à Pisthétaire : « D'où vient, après tout, que les oiseaux affectent ainsi les crêtes? Sont-ils venus pour le diaule? » entendant par là qu’ils font l'effet d’athlètes se préparant à courir le Òlaudog or Atrns, la course armée, où l’on avait la tête couverte d'un casque. L'épops répond (vers 292) : orep of Käpec pèv oùv pr BEE | À , ? ~ , er Ent Adpuv otxoŭotv, dapaketag oövera. Pour comprendre cette boutade, il faut se rappeler deux particularités : la première, que les Cariens avaient une réputation de lâcheté bien établie, et dont faisait foi maint proverbe; la seconde, que l'invention des aigrettes et plumets qu'on mettait sur les casques était due aux Cariens (Héronote, I, 171), d'où le surnom de « coqs » qui leur était donné par les Perses (PLurarquE, Artax., 10). (1) Histoire de la littérature oem t. III, p. 482. (2) Si l’on tient pou able ce chiffre de vingt-quatre choreutes, il est plus simple de ner ao en musiciens les quatre oiseaux mentionnés vers 297-298, la perdrix, le francolin, le pénélops et l’aleyon, lesquels alors, suivant l'usage, marcheraient à la tête du chœur (Cf. le vers 299 : Ariabev at). ( 643 ) Maintenant, que signifient les mots : ri Adpwy otxousuv? Il est bien vrai qu’à première vue, et c’est une malice du poète, ils semblent vouloir dire : « Ils habitent sur des crêtes. » Mais ofxety n’a pas que le sens d’habiter, il a aussi le sens de vivere, degere, c'est-à-dire vivre; et, d'autre part, èz}, avec le génitif, a également un sens spécial, celui de fultus, en français : appuyé sur, protégé par. Ainsi Hésiode, parlant des Gorgones : ¿zi à yAwpog ddduavros fBarvouséwy (Boucl. d'Hér., 251); Sophocle, OEd. Col., 746 : xäri nposréhou us ywpouvra; enfin Euripide, Phénic., 1476 : ed dé nwe rpounôlg xafïoro Käôuov ads dortdwvy Er, ce que le scholiaste explique : dyti vou év 6mhorç, toutéoruy voros, comme dans notre passage éri Aópwy pourrait s'expliquer par Aogwvres. Même en prose, Lysias emploie l'expression èni rpostérou oue!, il habitait, il vivait sous la protection d'un prostate (187, 50. et 188, 9). Et c'est aussi ce que répond l’épops : « Dis plutôt, mon brave, que, comme les Cariens, ils vivent à l'abri de crêtes, par mesure de sûreté », ou, plus librement : « Ils font comme les Cariens : s'ils ne quittent pas leurs crêtes, c’est en vue de leur sûreté. » Ce jeu d’esprit peut nous sembler tiré de loin, mais n'oublions jamais que le public auquel s'adressait Aristophane était au courant et comprenait à demi-mot. (614) Qu'est-ce que l'insecte appelé Serphos? Aristophane fait trois fois mention du séopog : Oiseaux, 82 et 509; Guépes, 352. Il n'y a rien à tirer des deux pas- sages des Oiseaux, tout autre insecte très petit pouvant aussi bien convenir. Mais le texte des Guépes est caracté- ristique. Le chœur engage Philocléon, étroitement gardé dans la maison de son fils, à s'enfuir, ajoutant : « Il doit y avoir quelque pertuis que tu puisses élargir du dedans. » — « Tout est barricadé, répond Philocléon; de pertuis il n'y en a pas, de quoi livrer passage à un serphos. » Si nous consultons les dictionnaires, ils nous donnent le choix entre le moucheron (xcvwb) et la fourmi (mópwnë), ce qui est évidemment inexact. Commencons par écarter le moucheron, que le texte cité des Guépes met définiti- vement hors de cause. Et quant à la fourmi, le proverbe suivant, cité par Suidas et l’ Anthologie, prouve que si les Grecs aimaient à la rapprocher du serphos, ils ne laissaient pas de les distinguer : žst. xdv püpune dv cépge yok, « même une fourmi, même un serphos ont de la bile ». Il faut done chercher ailleurs, et d’abord recueillir avec soin les témoignages de l'antiquité. Malheureusement ils sont rares et manquent de clarté. Les voici au complet : Le scholiaste des Guépes, 552 : ov: notôtoy Tu ptxpóy. Kodrns de múpunxá onor toy céppov. Ot de Lwúprov xwvo- nwdeg. Photius : cépyot, ol nrepwrol aÜpunxes, os hers vogpes” oörw Alôuuos. Kdaorog GE Aoyyivos, séppos menvóv Tt uuxpôy XOVOTL dupepeg xaTà zò méyelos . sréopvous paly elvas TOUS TEPUTOÙS LLUPULAXAS (615) Le scholiaste des Oiseaux, 82 : oéopog sxwnxwdes Gwúprov à uuopmnxwdeg: Taura dE vepovran Tà pyesa. Nixoçwv év ’Agpodirns L'ovats: mep chist txut? tà movýp’ dpvibe, gépyous tows, SXWANXAG, äxptôas, ndpvoras. Laissons cette dernière scholie, où l'explication est évidemment suggérée par les vers cités de Nicophon. Les deux autres textes peuvent se résumer en ceci : 1° pour Cratès, le serphos est une fourmi ; pour d’autres, un petit animal de la nature du moucheron ; 2 Didyme prétend que le serphos est une fourmi ailée, tandis que Cassius Longinusle donne pour un petit insecte ailé de la taille du moucheron, distinguant entre le serphos et le sterphnos, lequel est bien la fourmi ailée. Or il est un insecte qui répond de tous points à ces indi- cations : c'est le termite. Les naturalistes nous apprennent qu’à côté des espèces importées de l’Extrême-Orient, il en existe une, indigène à la Grèce, et dont le nom ancien ne nous est pas autrement connu. Le termite est en effet de la taille du moucheron ; la femelle est ailée comme celle de la fourmi, et l’analogie avec ce dernier insecte est telle, qu’on le connaît en français sous le nom de fourmi blanche (1). (1) Voir la figure dans Sicarp, Éléments de zoologie. Paris, 1883, p. H4. ( 616 ) 544. X0 dé por xarà Õalpova xal ward œuvruylav d'yabny Axerg uol coro. Rd \ A r Avalleis yp iyo oor TA TE vorria xduauròv olxhow. La fin de cette strophe est altérée dans les manuscrits. Le verbe oëxery, ainsi mis seul, n'offre pas de sens, et de plus oöxfew pèche contre la quantité. Il faut — v — — G. Hermann propose ofxereúsw (d'après Eurieipe, Alc., 449); M. Kock, otx© 5e. Je laisse là d’autres conjectures, entre autres celle de Blaydes, qui ne valent pas la peine d’être relevées. Ofxeretow, j'habiterai, satisfait au mètre, mais non au sens. Autant en dirai-je de otx ce. « Tu vins vers moi en libérateur. Car, après t'avoir confié mes petits et moi- même, je l'offrirai une habitation » est illogique. Le sens réclame : je vivrai en paix, je vivrai une heureuse vie, — Secure degam, comme l’a rendu Brunck, et d’après lui tous les traducteurs. Ce sens, nous l’obtenons en lisant ed veuouua. La conjecture est hardie, j'en conviens, et je la donne pour ce qu’elle vaut. Mais étant donné que oëxúsw n'entre point dans le vers, on ne peut y voir qu'une glose explicative, introduite mal à propos dans le texte. Et si c’est en effet une glose, il me semble que le mot dont elle a pris la place est tout indiqué. C'est le synonyme poétique de otxety, c'est-à-dire véuestx (Comparez repov atùva otxn- couey d'EURIPDE, Iphig. Aul., 1507, avec döaxouw vépovrat alova de Pinpare, Ol., II, 66; ou bien ofxety edòarpóvos de PLarow, Polit., 501 D, avec hovyà veuópevos de PINDARE, Pyth., XI, 55). (617) 169. TOLAŸE XÚXYOL TLÔ TLO TLO TLO TLÒ P TLOTLE dln € pohy bpo TTEpOLG XPÉXOVTES a *Ax6dw, TLÒ TLÔ TLÔ zioris d0w écelouevor zag’ "Efpov norapòv, Ò TLO TLO TLOTLE, ÔLà d'atféproy vépos HAIE Bo: nine de nouxiha oUa ze Gnowv, xopard T'ésfece vrveuoc atden, nd naş d'érexrürns "Oum ete de Bapes dvaxtas: Doubs 5 dE os Xapires Moveat + ènwhóhukav TLÒ TLÒ TLO TUOTÉE. Ouvrez n'importe quelle traduction, vous verrez que cette strophe a été rendue comme s'il s'agissait d'un hymne de fête chanté par un chœur de cygnes en l'honneur d'Apollon. C’est ainsi, en effet, que l’expliquent les commentateurs, et le plus récent, M. Kock, part même de là pour trancher par laffirmative la question si controversée du chant du cygne. A mon avis, rien n’est plus inexact, et le contresens est d'autant plus grave qu’il porte, non sur un mot ou une phrase isolée, mais sur tout le morceau, dont il dénature complètement l'esprit et la portée. Ce n’est pas le chant, c’est le eri, rien que le cri, du eygne qui fait le sujet de cette strophe. Il est essentiel de noter que l'ode entière, c'est-à-dire la strophe qui précède (vers 737-751) et celle-ci, qui ( 618 ) forme l’antistrophe, compose cette partie de la parabase ordinairement consacrée à la louange des dieux. Telle est bien l'intention d’Aristophane; mais il fait une distinction très marquée entre les deux formes sous lesquelles se produisait la piété des chœurs religieux, l'hymne d’une part, la clameur sacrée de l’autre. Dans la strophe, les oiseaux chantent des hymnes à Pan et à Cybèle. Dans l'antistrophe, les cygnes ne chantent point, ils font entendre, en l'honneur d’Apollon, F'ekoduyú, c'est-à-dire espèce de hurlement sacré qu'Hérodote (IV, 189) faisait remonter aux Libyens, cette ululation dont il est question déjà dans Homère (4, VI, 301), et qui retentissait dans les temples, en signe, tantôt de douleur, tantôt de joie (4). Le choix des expressions, dont les traducteurs atténuent à plaisir le sens, l'indique suffisamment. Le mot for deux fois répété; l’épithète cuuprvae, au lieu de cúpspwvos, ou suvodds; le verbe taxyery, et non dew, Úpvery OU pohne; nthocew, marquant, non l’étonnement, mais la plus haute expression de la terreur; 84u80s, indiquant, non l'admiration, mais la surprise mêlée d'effroi, la stupeur; enfin et surtout &rokokúlerv, qu'on rend par (4) Il est intéressant de rapprocher du morceau d’Aristophane la strophe suivante d'un chœur des Héraclides (vers 717-183), où la distinction est également faite entre les otat oral te d'une part, et les dohóyparta de l’autre : êrel cot moAVOvTOS del TL XPAİVETAL véwvy T'äotdal yopõv te portal. avepdevrt dé y èn’ pep dhokbygara zawvytors Üro rap- Oévwv layet modtv wodrorew, ( 619 ) chanter, faire retentir, mais qui signifie : répondre par une dhokuyh, C'est-à-dire par des cris, par une clameur (ef. émahaderv, émdderv, émauheiv, etc.). Et qu'on ne nous oppose pas le mot pékos, comme s’il signifiait chant, mélodie; car péos, de même que le latin carmen, ou le français accents, s'applique à tout son de voix, même inarticulé (cf. Sopnoce, Ajax, 976, Bowvrog péhoc; EuriPme, El., 756, uëlos Bors, etc.). Il est construit ici avec &rod.ohubeuv, de la même manière que dans ce passage d'Eschyle (Choéph., 950) : ènohohúókart ö, Öeonooúvwy ğópwy dvapoyds Kax bv, Tout d’ailleurs, dans le tableau tracé par le poète, est conforme à la réalité. D'abord le lieu de la scène : c'est à l'extrême nord, dans la partie la plus désolée de la Thrace, cette Sibérie des Grecs, c'est sur les bords de PEbre, la Maritza actuelle, —"EBpoy zàp rorapèy, éyy08ev &oxrw (1) — qu'on nous montre les cygnes entonnant leur sauvage concert. C’est en effet dans ces régions, et sur les côtes du Pont-Euxin, que ces oiseaux, originaires du cercle polaire, aiment à hiverner. Quand, dans ces mornes solitudes, éclate soudain le cri sauvage d’une troupe de cygnes, ce cri formidable qu'on a comparé au son de la trompette, l'effet est saisissant et tel que celui qui en a été témoin une fois ne l’oublie jamais. Une angoisse vous assaille et vous serre le cœur, les animaux pris de crainte s'arrêtent interdits, et il semble, comme le dit le poète, que (1) THÉOCRITE, VII, vers 112, ( 620 ) les choses elles-mêmes demeurent inertes et s'emplissent d’une sorte de stupeur. Ce qu’on ne saurait assez admirer, c'est comment le merveilleux artiste, après s'être plu à peindre en des vers d’une gràce et d’une suavité incomparables, le chant du rossignol et de ses émules, « ces ambrosiennes mélodies où vient s'alimenter Phrynichos et en tirer sans cesse quelque doux chant », comment il réussit, en se pliant aux mêmes rythmes, à la même coupe de vers, à évoquer en quelques traits frappants la vision grandiose d’une troupe de cygnes fendant la nue de ses cris et répandant au loin l’effroi. Voici un calque aussi fidèle que possible de cette strophe, dont on ne peut apprécier la beauté que dans l'original, car elle défie toute traduction : Tels aussi les cygnes, ga breng tiotio tiotinx, ant leurs cris et elaquant des ailes, an une clameur de fête à Apollon, iotio tiotio tinx assis sur la berge au long de l’Ébre, tiotio tiotio tinx. Et leur cri passe à travers la nue éthérée, et se blottissent les tribus bigarrées des bêtes, et un calme s’étend sur les flots dans le silence des vents, tototo tototo tototo sé L'Olympe en résonne tout e Une stupeur saisit les dieux. Et les Shores je ces accents et les Muses olympiennes répondent par une clameur pareille, tiotio tiotio tinx. (ORT) 823. Kai AGotoy pèv oùv zò PAéypas redlov, fv’ ol Bsol tovs ynysvets dhabeuópevor, xalunepnxôvrrsas, Il y a longtemps que ce passage a paru suspect aux éditeurs. Verba aut defecta aut interpolata, disait déjà Dindorf. M. Haupt, qui en a fait une étude spéciale, les écarte, en vertu de deux raisons, qu’il juge décisives, mais qui me semblent aussi peu fondées l’une que l’autre. « D'abord, dit M. Haupt, la combinaison xal -uèy oùv est impossible. » Impossible est bientôt dit; du moins faudrait-il expliquer pourquoi. Mey oùy, chacun le sait, signifie imo vero, quidni potius, ut rectius dicas (cf., entre autres, le vers 292, expliqué ci-dessus), en français : bien plutôt, mieux que cela. Qu'est-ce qui empêche de mettre xai devant? Et, de fait, prenons le début de l’OEdipe à Colone. OEdipe ignore en quel lieu il se trouve. « Nous allons le savoir, dit Antigone, car j'aperçois quelqu'un venant de ce côté. » — « Approche-t-il? fait-il dili- gence? » Sur.quoi Antigone (vers 51) : Kat òh pèv oùv rapovra. « Bien mieux, le voilà tout porté. » — Darts les Perses d'Eschyle, le chœur s'écrie : nanat, nanat. Alors Xerxès (vers 1000) : Kat rhdov à nandi pèv oùv. « C’est plus que papaië qu'il faut dire, » Passage tout à fait pareil au nôtre. 3° SÉRIE, TOME XXXIIL. A - ( 622 ) Le second argument de M. Haupt est plus faible encore. AGoros, prétend-il, n’est pas du vocabulaire de la comédie. Qu'est-ce à dire? A&ortoç est de l'excellent grec; le poète n'est-il pas libre d'en user comme il l'entend? M. Haupt cite lui-même un fragment du comique Téléclide, où le mot, dit-il, est employé dans un sens emphatique. Eh bien! c’est le cas de notre passage : rien n’empêche de le rendre par un terme non moins emphatique : le plus insigne, le plus fameux, le plus mirifique. Et voilà les raisons qui, répétées de confiance, risquent de faire condamner définitivement ces vers. M. Kock, après avoir cité les objections de M. Haupt, ajoute que toutes les tentatives d’émendation ont échoué jusqu'ici. Souhaitons qu’il en soit de même à l'avenir. Quant à M. Blaydes, il n'hésite pas à dire qu’ils sont «une addition inepte de quelque grammairien ». Il faudrait le féliciter, ce grammairien, car le trait qu’on lui attribue compte parmi les plus piquants de la pièce. Jamais Aristophane ne s’est montré à la fois plus spirituel et plus irrespectueux des traditions religieuses de son pays. Jugez-en : Ne LL LL ` nt citnés les Evezripe. C’est bien cett grands biens de Théogène et tous ceux éébschiie (4)? PISTHÈTAIRE. Et que ne cites-tu plutôt, chose nonpareille, la plaine de Phlégrée, où les dieux dans leur jactance déconfirent les Géants fils de la Terre? (1) Les biens fantastiques des deux plus grands hâbleurs d'Athènes. ( 623 ) La scène du Poète et de Pisthétaire (vers 941-957). L’étourderie d’un copiste, qui a transformé en nom propre un nom commun, est cause que la scène la plus artistement composée peut-être du théâtre d’Aristophane, se trouve complètement défigurée dans toutes les éditions. Il faut la relire en entier, cette scène où le Poète (il n’est pas autrement désigné) vient chanter la gloire naissante de Néphélokokkygie, et se fait octroyer pour prix de ses chants une pelisse. Mais la pelisse ne lui suffit pas : il voudrait obtenir en outre une tunique, et pour arriver à ses fins il imagine de parodier trois vers de Pindare. Pindare, nous dit le scholiaste, avait reçu de Hiéron un attelage de mules. Dans le remerciement qu'il adressait au roi, il avait glissé ces vers, où il l’invitait à mots couverts à lui faire cadeau aussi d’un char : vouaôeoat yàp èv Zuidas &härar otpatõv (1) dc auabopépnroy olxov où rératar, « Chez les Scythes nomades on bannit des hordes celui qui ne possède pas une demeure juchée sur un chariot. » Le Poète des Oiseaux fait servir à son dessein ces vers, passés sans doute en dicton, et se bornant à y changer a même expression se lit ailleurs dans PINDARE, OL., I, 58 : ebpposivas &hätat; Ném., VIIL, 4 : zarpoö ph rAavalévra. Cf. aussi EURIPIDE, Troy., 642 : du hv &hävar tis nápoð eörpatias. ( 624 ) deux mots : « Chez les Seythes nomades, dit-il, on bannit des hordes celui qui ne possède pas un vêtement fait au métier, » vopddeoot yp èv Zxilars dhärat atpaTúv öz Öpavrodovaroy Zoboc où rEratat. Cela est simplement exquis, et porte le caractère du plus pur atticisme. Mais voilà qu’un copiste maladroit s'avise d'écrire Ezpdrwv, avec une majuscule, et à sa suite tous les éditeurs. D'où ce sens : « Il erre chez les Scythes nomades, Straton, qui ne possède pas... » Straton! Qu'est-ce que Straton? Comment se fait-il que le scholiaste n’en souffle mot, lui qui avait sous les yeux le texte même de Pindare? Ce doit être, dit-on, quelque écuyer de Hiéron. Comment les spectateurs pouvaient-ils le deviner? Et puis, voyez-vous cet écuyer à qui Pindare prête le secours de sa lyre, et qu’il nous représente. errant chez les Seythes! Et quand notre poète ajoute : « Inglorieuse est la pelisse à défaut d’une tunique », on ne saisit pas la conséquence, et l’on se demande comment Pisthétaire aurait pu la saisir. Tout cela est si incohérent, que c’est perdre son temps que d'insister. Les Pindaristes, eux, ne s’y sont pas trompés. Il y a longtemps que M. Ed. Lübbert avait signalé la faute (1), et je constate que l’auteur de l'excellent petit recueil des Pindars Sicilische Oden, M. Ed. Boehmer, a restitué la véritable leçon (2). | (1) Rheinisches Museum, 1886, p. 468. (2) Et aussi M. W. Christ, dont le grand Pindare, si impatiemment : attendu, a vu le jour pendant l'impression de ce mémoire. ( 625 ) . Mais les éditeurs d’Aristophane n’en continuent pas moins à réimprimer ce non-sens, et ce qui aggrave leur cas, c'est qu'un manuscrit au moins, le Parisinus À, donne le vrai texte : stparwy, au lieu de Erodtwv. A quoi bon recueillir minutieusement jusqu'aux moin- dres variantes, si on laisse trainer au bas de la page celle qui seule donne un sens satisfaisant, la leçon unique dont l'authenticité crève en quelque sorte les yeux? IPIS. nota yèp 4h Yen métesflar Tous Beoug ; NEIE. oûx oida pà AL ëyoye: Tide pev yàp où. 1991. dòLxetç dE xal voy: dod V'otsa 008’, 671. Telle est la lecon de tous les manuscrits; elle est excellente, et M. Kock a eu raison de la maintenir. Inutile de lire, avec G. Hermann, Meineke et Green : dduxets dE. xal vùv dod y’, ou, avec Bergk : IP. dûvxets ue xal voy. HE. doa y’, ou, avec Dindorf : dûtuei de xal voy (notez que Dindorf veut qu’on construise xxi avec döuxet, et non avec voy), ou avec Blaydes : dôvuer dE xal où y”, etc. M. Blaydes qui, malgré tout, conserve dans son texte la vulgate, l'explique de la sorte : Facis autem injuriam etiam nunc, quæ etiam postquam comprehensa es, nolis te peccasse confiteri. Non, positivement non, xz} vov ne signifie pas etiam nunc. Il y a beau jour que les grammairiens ont averti que voy a souvent le sens de rebus sic se habentibus, que quum ita sint, c'est-à-dire les choses étant ainsi, dans cet état de choses (cf. Künner, § 690, 2). D'où la locution, ( 626 ) non pas temporelle, mais causative, xx} voy, répondant à : et dés lors, et partant, aussi, mais qui, suivant le contexte, se rend en français de quantité de manières. Il est peu d'expressions, comme le remarque justement Paley (sur Euripime, Cycl., 52), qui aient donné lieu à tant de méprises. En voici quelques exemples pris au hasard, car elle n’est pas rare. SOPHOCLE, Phil., 634 : &AX Zot’ xelve ndyta Aextà, ndvra è rokuntd + xat vv old’ óðovvey’” tetar. « Mais il est capable de tout dire, de tout oser. Aussi sais-je bien qu'il viendra. » — Antig., 516 : oùx olola zat vüv ds dvraptg Ayers; « Ne sais-tu pas enfin que tes discours m'obsèdent » (enfin, c'est-à-dire après tout ce que je viens de dire). — XÉNoPHoN, Anab., VIL, 4, 24 : 5 B'eïmey: dAN Eywye lxavny vogibw xal voy déxny čyerv. « Xénophon dit : Pour moi, je les trouve assez punis dès à présent. » — Ibid., VII, 7, 17: et de un, éoyôuela uty xal vy Bonfnsovres routois. « Sinon nous venons malgré tout à leur secours » (malgré tout, c'est-à-dire etiam post ea, quæ tu dixisti, comme l'explique très bien Krüger). De même dans notre passage : Iris. Par quelle voie les dieux sont-ils tenus de voler ? PISTHÉTAIRE. Je n'en sais rien, par Zeus; toujours pas par là. Et partant tu es coupable. (627 ) La scène de Cinésias et Pisthétaire (vers 1575-1409). Toute cette scène, une des plus amusantes de la pièce, me semble avoir été dénaturée étrangement par les inter- prètes. D'abord on s’est mépris tout à fait sur le rôle de Cinésias. On a fait de lui un être burlesque, ne parlant qu'en phrases décousues et débitant à tort et à travers n'importe quelles sottises. Il s'en faut que ce soit là l'intention d’Aristophane. Avecson clair génie, le comique athénien faisait peu de cas de la poésie dithyrambique, où le faux brillant, l’enflure du style, l’outrance des images ne parvenaient pas à dissimuler le vide des idées. Cinésias est pour lui le modèle du genre, mais il n’est que cela. S'il parle avec emphase, du moins sait-il ce qu'il veut dire, et rien ne ressemble moins que son langage à un amphigouri. Par une erreur non moins choquante, on nous montre Pisthétaire maltraitant Cinésias et le chassant de la scène à coups de bâton, alors qu'en réalité il se borne à Péconduire, sans user de la moindre violence. Qu'était-ce en effet que Cihésias? Un personnage dan- gereux pour l’État, une de ces pestes publiques, dignes de servir de victimes expiatoires, un gaouaxós? Nulle- ment. C'était tout simplement un poète ridicule, et qu'un extérieur grotesque désignait spécialement aux traits de la comédie. Car il était fort disgracié de la nature. Mince et long, il semblait qu'un coup de vent dût l'enlever dans les airs (Grenouilles, 1437) ou le courber comme un roseau. Athénée (1. XII, p. 551) nous apprend qu’il s'était fait faire une sorte de corset en tilleul, pour se soutenir ( 628 ) la taille, ce qui lui avait valu le surnom de philyrinos, c’est-à-dire bois de tilleul. De plus Cinésias était pied bot et marchait, comme on dit, en fauchant. Suivons maintenant le texte. Cinésias, avec sa lyre, entre en scène en clochant : PISTHÉTAIRE. Salut à Cinésias bois-de-tilleul. Que viens-tu faire ici en décrivant des ronds de ton pied cagneux See (chantant). Je veux être un oiseau, un rossignol au clair ram Prins: Cesse de chanter, et dis-moi ce que tu as à dire. CiNÉsIas. Pourvu d'ailes par toi, je veux m'élancer au haut des cieux, pour recueillir dans la nue de nouveaux préludes « balancés par les airs » et « battus par les neiges ». PISTHÉTAIRE. Ainsi, c’est à la nue qu’on emprunte des préludes? siAS. Bien mieux, c'est à la nue que se rattache notre art. (Notez ce détail, il explique ce qui va suivre.) Dans un gn, pour que le morceau brille, il doit être « aérien, ténébreux, marqué d'un éclat sombre, balancé par des ailes ». (Ce sont là paden d'épithètes des nuées.) Écoute, tu vas en juger. PISTHÉTAIRE. Moi? Jamais de ma vie. C’est ici, selon moi, que les méprises commencent. Voici comment la plus récente édition donne la réponse de Cinésias : h zòv “Hpaxhéa oúye. änavra yàp dleuui cot vòv dpa, stwa merervöjv atdepoôpdpwv olwvõv Tavaodelpuv, On voudra bien me dispenser de reproduire toutes les conjectures et interprétations proposées sur ces vers. M. Koek voit dans les etöwha otwvav de vrais fantômes d'oiseaux, pareils aux ombres pâles, etöwha xapóvrwvy, de l'Odyssée. M. Piccolomini supprime le dernier vers. ( 629 ) M. Blaydes propose óda, sièges, c’est-à-dire demeures d'oiseaux, qu'il fait dépendre de Batny (vers 1596), etc. Il n’y a rien à modifier ni à retrancher. Il suffit de rétablir le point après dépa, où finissent les vers sénaires. Immé- diatement commence le chant lyrique. Cinésias fait comme il l'avait dit : il emprunte son prélude aux nuées. C’est à elles qu'il s'adresse, car etdwlx est un vocatif. Nous traduisons donc : CinÉsias. Si fait, par Héraclès. Car pour toi je vais traverser tout le domaine des airs (Il lève les yeux au ciel, et chante) : Formes ailées, vaguant dans l’éther, oiseaux au long col !… Pour qui connait le style habituel des dithyrambes, rien n'est plus clair. Aristophane lui-même a donné dans les Nuées toute une série d'apostrophes pareilles (vers 555-558). Pisthétaire, lui, est agacé dès le début, et lui crie : halte! ou plutôt, car il emploie le terme de marine : PISTHÉTAIRE. Stop! Mais Cinésias continue : Tôv dÀdôpopov dhdpevos dp. àvéuwy rvodiot Bainv. Le scholiaste explique 4)döpopov par ets dla Gpépoy, « ma course vers la mer », ce qui n’est pas même grec. Et G. Hermann, abondant dans le sens du scholiaste, corrige : zòy hade õpópov, correction que les éditeurs ont eu tort d'accepter; car si elle satisfait à la grammaire, elle est inadmissible pour le sens, la mer n'ayant quê ( 630 ) faire ici. Mais n'est-il pas entendu que Cinésias ne dit que des sottises? — Eh bien! non. ’AXnôgouos (il faut changer l'esprit) est un mot régulièrement composé, à limitation de Bondpouos (dn, dpéuos), et signifie : course errante. Cinésias use ici de la forme dorique, chère aux - poètes dithyrambiques (cf. toujours Muées, 535-339), et qui a de plus l'avantage de produire une allitération, &hadoouov-khauevos, Comme dans un cas pareil deotas- depovnyets (Nuées, 557). Ainsi : CINÉSIAS ( t chanter) Randiessant dans ma ronrge errante UAE AL ? puissé-je aller avec le souffle des vents! De plus en plus impatienté, et l’interrompant une seconde fois : 2 PISTHÉTAIRE. Par Zeus, je vais l’intercepter, ton soufile. lei surtout, ce me semble, les interprètes ont pris le change. Sur les pas du scholiaste, ils ont cru que Pisthé- taire bat Cinésias avec un bâton ou une paire d'ailes. Non, Pisthétaire n’a garde de battre le poète. Les coups, il les réserve pour les Méton, pour les devins, inspecteurs, marchands de décrets, sycophantes, en un mot pour les intrigants qui troublent l’État et mènent Athènes aux abimes. Aux autres il est plutôt indulgent. Le poète venu pour chanter la naissance de Néphélokokkygie a reçu, nous l’avons vu, une pelisse et une tunique. Le parricide même sera gratifié d’une armure pour aller combattre en Thrace. Cinésias, pour qui Aristophane n’a point de haine, ne sera pas maltraité. Pisthétaire se borne à agiter vivement devant lui ses bras munis de longues ailes, de manière, dit-il lui-même, à lui couper le souffle. ( 631 ) On voit d'ici le Gila Ce grand dégingandé de Cinésias, clopinant et traînant la jambe, bondit d’un bout de la scène à l’autre, poursuivi par Pisthétaire. Le texte l'indique clairement, car le poète continue son chant : CinÉsras. Tantôt m'acheminant vers la voie du Notos (nouveau battement d'ailes de Pisthétaire). tantôt rapprochant ma personne de Borée (même jeu), traçant un sillon dans l’éther sans port (encore nême jeu)... Le texte porte : « un sillon sans port dans l’éther », et pour qu’on ne dise pas que c'est un non-sens, remarquons qu'il n’y a là qu’une simple hypallage, c'est-à-dire une figure bien de mise dans la poésie lyrique, et dont Pindare offre des exemples tout aussi hardis. Il est si vrai que Cinésias n’est pas frappé, qu'il ne se fâche même pas. A peine s’il croit à une plaisanterie. Car, arrêté dans son élan lyrique, il se borne à dire : « En vérité, vieillard, tu as inventé là d’aimables et doctes jeux. » Et ce n’est que lorsque, parodiant le mot de Cinésias sur les préludes « balancés par les airs », Pisthé- taire ajoute : « Eh quoi! n'es-tu pas enchanté d’être balancé par des ailes? » que le pauvre diable s'écrie piteusement : « Est-ce ainsi que tu traites le poète cyclique que se disputent les tribus? » On voit qu'avec l'interprétation que je propose, tout s'explique à souhait. Ajoutons que Cinésias, qui a fini par comprendre qu’on se moque de lui, se retire paisible- ment, non sans manifester l'espoir qu'une autre fois Pisthétaire sera plus libéral, et ne lui refusera pas une paire d’ailes. ( 632 ) TPIBAAAOË. xahavı xópauva xal peyaha Bastrvab OEYETO rapañtdwt. HPAKAHE. mapadouva. Asyer. HOZEIAON. 1680. uà Toy AL, oÛy, oöTós ye mapadouvar Meyer, el pen Babater y° Gonep al ehuöbves. HEISGETAIPOD. oÛxoUY magadouver Tais yeAdGLY keyen. Jimprime le vers 1681 d'après M. Kock. Ba6dZe: y’ est une conjecture de Bentley; mais il en est d’autres, ou plutôt il en est, peu s’en faut, autant d’autres que d’éditeurs. Reiske lit : Babaxi£e: y’, Brunck et Dobree ruzv6ller Y, Lenting BaraoiCor y’, Dindorf Barile. y, Meineke Boxba- Cer y’, Cobet Bauge: y’. M. Müller-Strübing s’égaie agréa- blement de cette chasse aux synonymes. « A ce compte, dit-il, il reste encore pas mal à dépister. Pourquoi pas rule, par exemple, avec Blaydes, ou bien zegeriet, ou Torbe, OU zopohile., ou bien encore xehapúler (1)? » La moquerie est piquante et juste, et l’on a d’autant plus regret de voir M. Müller-Strübing en prendre occasion pour proposer à son tour une conjecture plus bizarre que toutes les autres : ef uh œuxiler Quoi qu'il en soit, sur un point du moins tout le monde (4) Aristophanes und die historische Kritik. Leipzig, 1873, p. 710. (-653 } est d'accord, c'est qu'il convient d'interpréter de la sorte le passage (1) : « Par Zeus, il ne dit pas, lui, de la livrer; mais il ne fait que bredouiller (ou jacasser, ou piailler, ou trisser, etc.) comme les hirondelles. » Il ny a qu'un malheur : on tient trop peu de compte de la réplique de Pisthétaire : « Alors c’est aux hirondelles qu'il dit de la livrer. » Quel trait cela a-t-il à la phrase qu'on vient de lire? Le Triballe jase comme une hiron- delle, donc c’est aux hirondelles qu'il prétend livrer Basiléia, Pour moi je ne vois goutte en ce raisonnement, et, quelque subtils qu’on suppose les Athéniens, je doute s'ils s'en seraient accommodés. Au lieu de prodiguer au hasard les conjectures, sans même avoir égard à la liaison des idées, mieux cût valu, ce me semble, tàcher de découvrir ce que le poète a voulu dire, et ne pas rejeter d'emblée et sans examen la leçon de tous les manuscrits. Car, à deux lettres près, les manuscrits concordent, les uns portant : ef un Badt£ery, les autres : ef uh fadt£or y’. Lisez : et uh Badi£er y’, et vous aurez la vraie leçon. La phrase est grammaticalement (1) Mais je erains que ce ne soit en dépit de la grammaire. On nous obligerait de citer un cas, un seul, où ei ph ye, suivi, comme ici, d'un verbe à l'indicatif, ait le sens de 4}Aà. Les passages allégués (Caval., 186; Lysistr., 949, et Thesmoph., 898) ont trait à un idiotisme : tout à fait différent : et uý ys, suivi d'un substantif ou d'un adjectif, . y est synonyme de rhñv ye, et s'explique par l’ellipse de odôets &hÀos ou oùdèv ähho, rien ou nul autre que, rien moins que, tout simplement, Cf. XENOPHON, Anab., II, 4, 42 : oùdév éottv àyabòv Aho, el ph Aa; HÉRODOTE, IV, 94 : oidi: XAkov Oedv vouitovres, et uh Tv opdrepov; ; ARISTOPHANE, Guêpes, 1507 : oùdèv &)do, rhñv ye xapxlvous. D'autres locutions, ph d)hd, où yàp dìd, ete., supposent une ellipse non moins forte, ( 654 ) correcte, et il n’est pas difficile, quoi qu’on en dise, de deviner quel rapport de sens il y a de l’idée qu’elle exprime au contexte. “E? un ye, avec l'indicatif, signifie : si du moins, si toutefois... ne pas. Cf., entre autres, Euriemme, Alc., 495 : et wh ye np nvéoust puxripwy dro (nämlich dann, wenn sie nicht, comme lexplique fort bien Kühner); ANTIPHANE (Fragm. Comic., t. III, p. 86, éd. Meineke) : et ph vh Ata ToÙc ete a Qu YÉ Tes héyery ; XÉNOPHON, Anab., WE I I:a ph y Ahhws ddúvw ; Bang., VI, 6 : el un ye ÉdOXELS TWV ETEWPWY PPOYTLGTNG slvat. — E? uh padi£er ye signifie done : si toutefois il, ou plutôt elle (car c’est évi- demment de la jeune femme qu'il est question) ne marche pas, à moins qu'elle ne soit pas en état de marcher (1). Il n'y a plus qu’à rétablir la ponctuation, pour obtenir un sens de tout point satisfaisant : pà Tòv Al’ oby oùrds ye * rapadoövar yet el uh Badile: y borep at yeliddvec (2). Poseidôn cherche un prétexte pour ne point livrer Basiléia. Il feint d’avoir compris autrement qu’Héraclès le baragouin du Triballe. Hapañièwpu, « je la livre », est formel, et ne laisse pas de place à l’équivoque; mais Poseidôn se rabat sur gasuhuvaù (Borg, marche, ékvüw ?) Öpvuzo, qui peut s'interpréter de plus d'une façon. Ici du moins le scholiaste a vu clair : zò àë gasuhuvaù els zò fast petébahey à [loseècv. Quon livre donc Basiléia, mais seulement au cas qu’elle ne sache pas marcher. Car fadl£et” (4) « A moins qu’elle ne marche » serait : Av ph pra ye. (Cf. ARISTOPHANE, Acharn., 60; Oiseaux, 439; Thesmoph., 210.) (2) Cf. Gren., 188 : pà Al’ odx Exetvog; Ib., 4457 : où dt” Éxelvn YE, et passim, ( 655 est bien le mot propre pour désigner l’action de se mouvoir à l’aide des pieds ou des pattes (1). Et si Poseidôn ajoute « ainsi que les hirondelles », c’est qu’en effet les Grecs se persuadaient que l'hirondelle ne marche pas. A preuve le nom d’äxrous qu’ils donnaient à une hirundinidé, on ne sait au juste laquelle. À preuve surtout ce passage d'Aristote (Hist. Anim., I, 4, 9) : « Parmi les oiseaux, il en est quelques-uns qui ont des pieds mauvais, et que pour cette raison on appelle Apodes; mais ce genre d'oiseaux a des ailes excellentes. Et presque toutes les espèces qui leur ressemblent ont des ailes excellentes et des pieds mauvais, comme l’hirondelle et le martinet. » Préjugé si l’on veut, mais à voir l'hirondelle voler sans cesse, et même boire et se nourrir tout en volant, les anciens (2) s’imaginaient qu’elle musait de ses pieds que pour percher; et il ne manque pas de gens qui sur ce point pensent encore comme les anciens. Et dès lors on comprend la réponse de Pisthétaire; si elle est dans le cas des hirondelles, c'est aux hirondelles qu'il faut la livrer. En résumé, voici le passage entier, rendu tant bien que mal en français : Le TRIBALLE. Belle fille et grand reine marche à oiseau je la livre. HÉRACLÈS. Il dit de la livrer. Poseipôn. Point du tout, par Zeus : à dit de la livrer, oui, si, comme les hirondelles, elle ne sait pas m PISTHÉTAIRE. C'est done aux bironi qu il dit de la livrer. (å) Lire, entre vingt exemples, le passage de XÉNOPHON, Command, Caval., Iv, 1, où Baêilery est donné comme l'équivalent exact de retoropet eiv. (2) Car on lit la même chose dans PLINE, X, 39 : his quies nisi in nido nulla, etc., et aussi XI, 4 Á ( 636 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 5 novembre 1896. M. Ta. Rapoux, directeur. M. le chevalier Epmonp MarcHaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Vincotte, vice-directeur ; Éd. Fétis, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, G. Guffens, Peter | Benoit, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, J. Stallaert, Alex. Mar- kelbach, J. Robie, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alfr. Cluysenaar, F. Laureys, le comte J. de Lalaing, J. Winders, Ém. Janlet, H. Maquet, mem- bres; J.-B. Meunier, Alb. De Vriendt et Flor. van Duyse, correspondants. RAPPORTS. Il est donné lecture des appréciations de MM. Win- ders, Janlet et Maquet sur la requête par laquelle M. Ém. Vereecken, lauréat du grand concours d'architecture de 1895, demande à pouvoir différer les voyages qui lui sont ` imposés pour sa quatrième année d’études. — Copie de ce rapport sera transmise au Gouverne-: ment. ( 637 ) CONCOURS ANNUEL POUR 1896. — JUGEMENT DU CONCOURS D'ART APPLIQUÉ. PEINTURE. Sujet proposé : On demande une frise destinée à décorer un asile de nuit. La section de peinture propose, à l'unanimité, d'accor- der le prix (mille francs) à l’auteur du carton portant la devise : Celui qui aime son frère Demeure dans la lumière. (SAINT JEAN, chap. 10-11.) Elle propose également d'accorder une mention hono- rable, en partage, aux auteurs des cartons portant les devises : 1° Sol lucet omnibus (avec le Christ à droite du dessin) ; 2 Habiller ceux qui sont nus, donner à boire à ceux qui ont soif, etc. La Classe a unanimement ratifié ces propositions. GRAVURE EN MÉDAILLE, Depuis 1872, date de la mise en vigueur de la déci- sion prise en 1849 par la Classe des beaux-arts, « qu'un » concours d'application des arts aurait lieu, chaque » année, concurremment avec son concours littéraire, » c'est la septième fois que le roulement des matières appelle la GRAVURE EN MÉDAILLE à figurer au programme, 3"° SÉRIE, TOME XXXII. 42 ( 658 ) A trois reprises, c’est Charles Wiener, l’éminent médailliste, mort le 15 avril 1888, à l’âge de 56 ans, qui remporta le prix : En 1875, pour ses deux médailles : La visite du czar Alexandre à Londres, en 1874, et l'Alliance des républi- ques américaines du Sud pour la défense de Lima ; en 1880, pour sa médaille commémorative du Cinquantième anni- versaire de l'Indépendance nationale belge; et en 1884, pour sa médaille de la Consécration au peuple, en 1882, de la forét d Epping, près de Londres, par l'Impératrice- Reine Victoria. Il n’y eut pas de sujet spécifié pour chacun de ces con- cours. Les concours de 1887 et de 1890 ne donnèrent pas de résultats, malgré la désignation des sujets qui cepen- dant étaient de nature à provoquer des projets : les con- currents firent défaut. Sujet pour 1887 : Le médaillon préalable à une médaille destinée aux lauréats des concours de l Académie. Sujet pour 1890 : Une médaille commémorative de la loi qui a autorisé S. M. Léopold II à prendre la souveraineté de l'État Indépendant du Congo. L'envers est réservé à l'effigie de Léopold H. Les concurrents avaient le choix, pour le revers, entre les sujets suivants : La Belgique et l'État du Congo unis sous une méme sou- veraineté. L'État du Congo accomplissant en Afrique son œuvre civilisatrice. La Classe demanda, comme sujet du concours de 1895, un projet de Médaille commémorative de la mort de S. A. R. le Prince Baudouin. ( 639 ) Le prix proposé fut attribué à M. Joseph Geleyn, de Schaerbeek. Entre six concurrents qui viennent de prendre part au concours pour 1896, ouvert en ces termes d’après le programme : Un prix de six cents francs sera accordé à la meilleure médaille exécutée par un artiste belge depuis le 4” janvier 1880, la Classe a décidé, à la majorité des voix, d'accorder le prix à M. Jules Baetes, d'Anvers, auteur du médaillon sans revers portant au bas, comme marque distinctive, trois palmes et une couronne. La Classe avait repris, pour ce concours, le sujet qu’elle avait proposé pour 1887, c’est à dire un Projet de médaille pour les lauréats des concours de l Académie. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Conformément à Particle 45 du règlement de la Classe, M. Th. Radoux, directeur, donne lecture de son discours ` destiné à la séance publique. ÉLECTIONS. La Classe se forme en Comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidatures présentées par les sections pour les places vacantes. ( 640 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance publique du dimanche 8 novembre 1896. M. Tu. Rapoux, directeur. M. le chevalier Epm. Marcar, secrétaire perpétuel. M. Tu. Vincorre, vice-directeur. Sont présents : MM. Éd. Fétis, Ad. Samuel, Godf. Guffens, Jos. Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, Henri Hymans, Joseph Stallaert, Alex. Markelbach, G. Huberti, A. Hennebicq, Ed. Van Even, Ch. Tardieu, Alfr. Cluysenaar, J. Winders, H. Maquet, membres; J.-B. Meunier, correspondant. Assistent à la séance : CLASSE DES SCIENCES. — MM, G. Dewalque, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, G.Van der Mensbrugghe, M. Mourlon, P. De Heen, F. Terby, Léon Fredericq, membres ; Ch. de la Vallée Poussin, associé. CLASSE DES LETTRES. MM. P. Willems, S. Bormans, Ch. Potvin, T.-J. Lamy, E. Banning, A. Giron, membres ; J.-C. Vollgraff, associé, et Ern. Discailles, correspondant. La séance est ouverte à 4 heure et demie. ( 64 ) La musique et les écoles nationales ; discours par M. Th. Radoux, directeur de la Classe. En prenant place à cette tribune, où se sont succédé tant d'éminents confrères dont l'éloquence a su conquérir vos suffrages, j'éprouverais une inquiétude bien légitime si je ne savais que [honneur qui m’échoit trouve sa signification dans la bienveillante sympathie qui m'a appelé à diriger les travaux de la Classe des beaux-arts pendant l’année écoulée. Un musicien n’est pas un orateur, et s’il est des excep- tions parmi nous, elles ne peuvent que confirmer la règle. C'est done plein de confiance dans l’indulgence du public éclairé, me faisant l’insigne honneur de m'écouter, que j'ose aborder mon sujet, une simple causerie sur l’art musical. La musique, dont l’origine remonte aux temps les plus reculés, peut être considérée cependant comme l’art le plus jeune, si l’on tient compte de sa lente action évo- lutive. En effet, il lui a fallu des siècles pour arriver à la per- fection déjà atteinte par les Grecs dans la littérature avec Homère, et dans les arts plastiques avec Phidias. Les peuples hellènes, il est vrai, n’étaient rien moins ( 642 ) qu'encourageants pour ceux qui montraient quelque vel- léité à la faire progresser, témoin la peine de bannisse- ment infligée à Timothée, pour avoir osé ajouter deux cordes à la lyre! Le décret rendu à cette occasion par le sénat spartiate est trop curieusement amusant pour que j'en prive mon auditoire. « Attendu, dit cette pièce, que Timothée le Milésien est venu dans notre ville déshonorer notre ancienne musique, et, méprisant la lyre à sept cordes, a, par lin- troduction d’une plus grande variété de notes, corrompu les oreilles de notre jeunesse; qu'au lieu de conserver à la mélodie la simplicité et la sagesse qu’elle a eues jus- qu'ici, il Pa rendue infàme, en composant dans le genre chromatique au lieu de l’enharmonique, le Roi et les Ephores déclarent qu'ils censurent Timothée, et le ban- nissent de notre ville, afin d’avertir tout homme qui vou- drait introduire dans Sparte quelque indécente coutume.» Félicitons-nous, Mesdames et Messieurs, que de nos jours, les hommes de génie évoluant dans toutes les sphères de l'activité humaine, puissent, sans craindre le bannissement, donner libre carrière à leur imagination, et inventer des merveilles, telles que le téléphone et le phonographe, par exemple, qui, à l’époque où vivait Timothée, les auraient certes fait condamner à mort. Il est vrai de dire que, suivant un ouvrage très circon- stancié sur la littérature hellénique, les Grecs étaient à ce point amoureux des beautés rythmiques de leur poésie, qu’ils auraient repoussé toute musique pouvant en détour- ner l'attention. L'accent, perdu pour nous, en faisait une caresse pour l'oreille, et la notation musicale n'avait qu'à en suivre ( 643 ) la rythmique dont elle était l'esclave, pour réaliser cette union parfaite de l’art et de la poésie. ; N'est-il pas curieux de constater que là, peut-être, se trouvaient déjà les ancêtres de Gluck et de Wagner, ces deux révolutionnaires du drame lyrique ? Tel qu’il est aujourd’hui, l’art musical semble être arrivé, avec le drame lyrique wagnérien, à sa perfection idéale. Il serait pourtant téméraire d'affirmer qu’il a atteint sa forme définitive, car celle-ci varie selon les époques, et, la mode actuelle le conduisant à une polyphonie à outrance, rien ne nous prouve que la satiété ne ramè- nera pas, dans les siècles futurs, une expression moins ornée de la pensée musicale. Ce phénomène s'est du reste présenté une fois déjà, et il suffit de faire un retour vers le XV: siècle pour s’en convaincre. Ce fut alors, on le sait, un assaut de polyphonie entre les représentants les plus illustres de l’art musical, parmi lesquels brillèrent Adrien Willaert, le fondateur de l’école de Venise, Josquin Després, Clément Jeannequin, Gombert, Guillaume Dufay, Ockeghem, Philippe de Mons et d’autres, qui partagèrent la gloire du fondateur de l’école franco-belge, en instruisant les maitres italiens du XVI: siècle. Leurs recherches scolastiques s’exerçaient sur de véri- tables rébus musicaux. Ils s’envoyaient des canons énigmatiques dont il fal- lait trouver la clef, enfantillage sans but artistique, don- nant naissance à de la musique pour les yeux, mais non pour les oreilles. Dès le milieu du XVI° siècle, la réaction se produit, et, ( 644 ) comme toute réaction, elle est excessive. La mélodie, belle et chatoyante, étale ses grâces pures, à peine revé- tues d’un simple tissu harmonique, et berce délicieuse- ment plusieurs générations. La polyphonie, si dédaignée cependant à l’époque du bel canto, reprend insensiblement ses droits, et, gràce aux efforts de quelques compositeurs illustres, commence à jouer un rôle considérable dans l’orchestration des opé- ras, jusqu’à ce que, après bien des transformations, elle devienne tout à fait prépondérante dans le drame wagné- rien. Mais hâtons-nous de reconnaître que la polyphonie, telle qu'on l’emploie de nos jours, n’a rien de commun avec les formules scolastiques et fastidieuses des composi- teurs du XVe siècle. Ici, elle est devenue un complément obligé de la pensée émise et forme avec elle un tout complet. Chaque siècle, du reste, apporte avec lui son contin- gent de formes nouvelles qui, repoussées tout d’abord par esprit de routine, finissent toujours par s'implanter, dirai-je, et le nombre d’adeptes, sans cesse grossissant, impose aux dissidents une musique nouvelle qui règne alors à l'exclusion de toute autre. . La polyphonie du XV: siècle n'était qu’érudition, sécheresse; celle du XIX°, au contraire, est deve- nue aflinée, ultra-sensible, d’une souplesse et d’une vie merveilleuses, lui permettant de traduire toutes les émo- tions, toutes les passions humaines. C'est donc vers celle-ci que tous les efforts se portent, et Wagner, une fois encore, en aura été la suprême expression ! Aussi n'est-ce pas sans inquiétude qu’on peut envi- sager lavenir musical, car, déjà à l'heure actuelle, il ( 645 ) n'y a presque plus d'écoles reflétant franchement l'esprit et les aspirations natives d’une nation; toutes se wagné- risent plus ou moins; toutes subissent l'influence du colosse de Bayreuth, et Dieu sait le nombre de monstres musicaux qu’elle fait éclore par une imitation trop servile des procédés et de l'harmonisation du Maître. II faut admirer les grands hommes, sans vouloir les imiter. L'imitation est un mensonge que l’homme se fait à lui-même! Mais, comme la dit Taine excellemment, « lorsqu'une civilisation nouvelle amène un art nouveau à la lumière, il y a dix hommes de talent qui expriment à demi l'idée publique autour d'un ou deux hommes de génie qui l’expriment tout à fait. Les uns forment le chœur, les autres sont les coryphées. | » C'est le même morceau qu’ils chantent. » Dans certains passages, le choriste est à peu près l’égal du chef, mais ce n’est que dans certains passages. » Sans doute, il faut être de son temps; le cerveau, ter- rain intellectuel, pour produire, doit être nourri de la moelle des chefs-d’œuvre, mais à la condition que lon reste soi ; car les œuvres doivent être d’essence intime, et ne sont sincères et durables qu’à la condition d’être l'expression d’un tempérament; et le tempérament est lui-même la résultante naturelle de l'éducation, des mœurs, voire même de l’état social d’un pays. De là ces dissemblances marquées et si facilement reconnaissables dans l'expression musicale des écoles italienne, allemande et française, pour ne citer que celles qui, pendant longtemps, surent conserver leur physionomie originale. Je suis personnellement fort sympathique à toute ten- tative avant pour objet d'imprimer à la pensée cette ( 646 ) couleur locale propre aux différentes races; et cela m'amène à dire quelques mots des deux écoles qui, de nos jours, tendent le plus nettement vers ce but. C’est d’abord la jeune école slave, avec Borodine, Cui, Moussorgsky et Rimsky-Korsakow comme principaux protagonistes, et l’école scandinave, dont le plus cha- toyant représentant actuel est Edward Grieg. La nouvelle école russe procède évidemment de Berlioz et de Liszt. On n’a pas oublié que c’est surtout en Russie que le premier de ces compositeurs obtint ses plus beaux suc- cès, et l’on comprendra aussi que l'essence même de ses œuvres, plus littéraires que franchement musicales, ait exercé une grande influence sur des lettrés tels que Boro- dine et ses concitoyens. Berlioz avait créé la symphonie à programme; Liszt, le poème symphonique, et la jeune école a adopté ces formes dart en les amplifiant. Mêmes audaces harmo- niques, mêmes procédés d’instrumentation; tout y est, sauf le caractère typique des œuvres, qui reste national. Il ne faudrait pas croire, cependant, que ce résultat pût être attribué à des causes psychologiques, mais bien plutôt à un système d'éducation musicale raisonné, et dont les sources se trouvent dans la mélodie populaire. ll n'est pas de pays où le peuple ait exprimé ses joies et ses douleurs avec une naïveté plus poétique qu'en Russie, et nulle part le chant populaire n'a mieux fait vibrer l’état d'âme d’une nation. « Les chansons populaires, nous apprend César Cui, sont : les rondes chantées; les chansons à sujets occasion- nels, dont l’épithalame est le genre le plus cultivé; les chansons des rues et la chanson bourlak ou des haleurs de bateaux. ( 647 ) » La construction rythmique en est souvent capricieuse par l'emploi de différentes mesures à cinq et sept temps; la plupart aussi procèdent des modes grecs; le mode dorien, entre autres, y est le plus souvent employé. » C'est incontestablement dans ces chants que cette jeune école a puisé le principe de ses inspirations musi- cales, imprimant à ses œuvres ce caractère si particuliè- rement national. Nous avons dit que ce résultat est dû à un système d'éducation, et la preuve en est dans le soin avec lequel les chansons du peuple ont été recueillies, annotées et harmonisées par des compositeurs de mérite. Livrées ensuite aux réflexions des artistes élevés à l’école gratuite fondée en 1862 par Balakirew, et dirigée par Rimsky-Korsakow, il est évident que cette moelle populaire, infiltrée dans le cerveau d’une génération, devait porter en elle une force créatrice originale, et le présent de la jeune école russe le prouve surabondam- ment. Chose bizarre, cependant, ces modernes sont restés hostiles à l'école wagnérienne, quant à sa conception dramatique, qu’ils repoussent absolument. Dans une lettre datée de 1876, Borodine, le plus russe de tous, faisait sa profession de foi en disant : « Dans l'opéra, les voix doivent occuper la première place; l'orchestre, la seconde; je me sens de plus en plus attiré par la mélodie et la cantilène. » Et de fait, nous avons pu nous convaincre, en général, que les anciennes divi- sions en airs, duos, trios, etc., sont rigoureusement res- pectées dans l'opéra russe. Cependant, là comme ailleurs, le besoin d'un renou- veau hante certains esprits et les pousse vers les combi- naisons les plus excentriques. ( 648 ) Les œuvres modernes ne leur paraissent plus répondre aux aspirations du moment, et on y rêve déjà d'une transformation ! Le fait ressort d’une conversation que j'eus jadis avec un grand artiste, bien connu des Bruxellois, et qui con- courut d’une façon active à faire éclore chez nous l'idée wagnérienne : je veux parler de Louis Brassin. Il ya dans ce pays, me disait-il, à côté de la jeune école russe, dont le chef incontestable est Borodine, un petit cénacle très remuant qui, en musique, professe des théories absolument anarchiques! Ses œuvres ont un degré de parenté avec celles des décadents de la littérature et exigent, comme elles, une initiation préalable, sans laquelle elles restent lettre morte! L'écriture en est spéciale, surtout par l’accentuation ; leur forme est vague et donne le sens de l’incohérence, de l'indéfini; leur harmonisation est d’une audace peu commune et froisse brutalement les règles de la syntaxe musicale. Est-il besoin de vous dire, ajoutait-il, que les jeunes artistes qui composent ce cénacle parlent avec un souve- rain mépris des anciens compositeurs qui ont illustré notre art, et que certains d’entre eux considèrent déjà Wagner comme un vieux !! Consolons-nous en pensant que ces jugements témé- raires s’exercent encore de nos jours à propos de tous les arts. Ainsi que nous avons pu le constater à la lecture d’un grand nombre d'œuvres de tous genres, certains compo- siteurs scandinaves sont également arrivés à nationaliser leur art, puisant leurs inspirations à la source populaire si heureusement employée par la jeune Russie. ( 649 ) Ici encore, un parfum bien caractérisé s'en dégage et nous fait respirer, en quelque sorte, une atmosphère nationale. Tous les compositeurs n'en sont pas imprégnés au même degré, quelques-uns même ont subi plus ou moins l'influence étrangère, comme Niels Gade et Schytte; mais le prestige exercé par les principaux, et notamment par Noordrack, Svendsen et Grieg, finira, n'en doutons pas, par épurer la source et donner à ce pays un art par- ticulier. Cela ne paraîtrait-il pas suffisant à nos jeunes musiciens qui presque tous s’obstinent à vouloir être de petits Wagner, oubliant, comme l'a dit le célèbre humoriste anglais Sterne, « qu'un homme est plus riche avec une once de son propre esprit, qu'avec un tonneau de celui des autres »? Qu'en reflétant dans ses œuvres l'esprit d'autrui, il ne sera toujours qu'un écho affaibli du génie qui lui sert de modèle? Pourquoi, dès lors, ne tenterait-on pas dans notre pays ce qui a si merveilleusement réussi chez les peuples du Nord? Les éléments ne manquent certes pas : nos provinces, tant flamandes que wallonnes, possèdent une quantité fort respectable de chants populaires qui ont bien aussi leur caractéristique, leur saveur sui generis. Pour arriver au but que j'indique, il ne faudrait pas seulement s'en tenir à la publication de ces chants, dûment harmonisés, mais en extraire les plus typiques, qui serviraient de thèmes à la composition de solfèges, où toutes les difficultés modernes de rythmes, d’intona- tions, etc., seraient méthodiquement graduées. On envelopperait, en quelque sorte, dès l'enfance, le ( 650 ) futur compositeur dans une atmosphère nationale en lui infusant peu à peu, et à son insu, cette sève populaire qui, dans sa forme naïve, est l’âme de la patrie; son imagination, ainsi préparée, pourrait revêtir à l’heure de la production une forme plus savoureuse, plus particulière, et dont Weber, dans le Freischütz, notamment, offre un si frappant exemple, car, ainsi qu'on l’a dit, n'est-ce pas le chant des rues élevé à l'idéal, à la poésie, au drama- tique? N'est-ce pas la musique allemande dans ce qu’elle a de plus profond, de plus intime? * * * Ici se dresse tout naturellement un point d’interroga- tion : Les voyages sont-ils utiles ou nuisibles au dévelop- pement du sentiment national? Cette question a fait naguère encore l’objet d’une dis- cussion intéressante au sein de la Classe des beaux-arts de l’Académie, et les avis ont été partagés. J'avoue, pour ma part, que j'en suis fort partisan, bien que l’on puisse soutenir que le musicien ne se trouve pas dans la situation du peintre, du sculpteur ou de l'archi- tecte, et que, sans sortir du pays, il peut parfaitement se rendre compte de toutes les écoles. A cela je répondrai que je ne puis me résoudre à ne connaître d'une œuvre musicale que la lettre; qu’au-des- sus, il y a l'esprit qui ressort de son exécution dans le pays qui l’a vue naître, par des interprètes imprégnés de son caractère propre, et qu’ainsi seulement je pourrai me faire une idée complète de sa valeur esthétique. Ne peut-on dire avec raison que pour bien connaître Wagner, il faut l'entendre en Allemagne, et surtout à ( 651 ) Bayreuth? Est-ce que, de nos jours, ceux qui veulent approfondir son génie ne font pas le pèlerinage au temple spécialement érigé pour l'exécution de ses œuvres? Et puis, les mœurs d’un pays, les types étrangers, les caractères différents, et jusqu’à la beauté d’un site, ne peuvent-ils done inspirer l'artiste créateur, toujours en quête de sensations diverses; son imagination éveillée, surexcitée ne doit-elle pas grandir et se transformer à leur aspect? Nos jeunes compositeurs, je le sais, ne vont plus volon- tiers en Italie, parce que, disent-ils, elle ne peut rien leur apprendre au point de vue de leur art. Cela peut être vrai en partie; mais n’oublient-ils pas que là, pourtant, se meut constamment une pléiade d'artistes, pensionnaires de la Villa Médicis, et dont la vie en commun doit forcément amener un échange de vues, de pensées, ayant toutes leur essence dans une même religion : l'art? Et d’ailleurs, où trouve-t-on la preuve que les voyages ont exercé une influence funeste au point de vue de la nationalité, sur des artistes véritablement doués? ubens et Van Dyck, pour ne citer que ceux-là, qui ont séjourné longtemps en Italie, en s'y affinant singu- lièrement, au fond, n'en sont-ils pas moins restés Flamands ? Mozart, le divin Mozart, comme on l’a appelé, ce génie raphaélique, ce musicien miraculeux, qui a réussi de la valse au Requiem, n'est-il pas resté constamment ori- ginal ? Niera-t-on que quelquefois aussi cette influence peut être salutaire à l'éclosion de la pensée, qui revêt une forme spéciale, née d’une impression? Nous en trouvons ( 652 ) la preuve dans ce paragraphe d’une lettre que Mendelssohn adressait de Rome, en 1851, à sa sœur Fanny, au sujet de sa symphonie italienne : « J'attendrai pour l'écrire, lui disait-il, d’avoir vu Naples, car je veux y mettre un peu de l'émotion que cette vue m'aura fait éprouver »; et cette émotion y est manifeste. On le voit, les nombreux voyages de ces grands hommes n'ont nullement empêché leur personnalité de s'établir pleine et entière, tant il est vrai que le contact de l'étranger n’annihilera jamais une nature, l'artiste vrai- ment digne de ce nom étant doué de telle sorte que, malgré tout, il restera lui, et non un autre ! Il me serait facile de citer d’autres exemples, mais j'ai hâte d'arriver à la conclusion de ce discours déjà trop long. Je crois avoir établi que le plus sûr moyen de carac- tériser une école se trouvera désormais dans la chanson populaire. Il ne faut pas oublier que le plus beau titre de gloire d'un musicien sera toujours son identification complète au génie de sa race. Aristocratiser la chanson du peuple, l’élever assez haut pour qu’elle atteigne à l’œuvre d'art, telle doit être, à mon avis, l'ambition du compositeur. | L'artiste inspiré, assez heureux pour marquer ce but, et nous le croyons digne d’être tenté, se créera des titres inappréciables à l'admiration universelle, en donnant à notre pays une musique nationale, (63) M. le Secrétaire perpétuel proclame les résultats sui- vants du concours annuel de la Classe et des concours du Gouvernement. CONCOURS ANNUEL POUR 1896. PARTIE LITTÉRAIRE. La Classe a constaté avec regret qu'aucun mémoire ne lui est parvenu en réponse aux questions posées. ART APPLIQUÉ. PEINTURE, On demande une frise destinée à décorer UN ASILE DE NUIT. Douze projets ont été reçus : La Classe s’est ralliée au jugement de sa section de peinture, laquelle a proposé, à l'unanimité, de décerner le prix de mille francs à M. Émile Vloors, à Borgerhout (Anvers), auteur du carton portant pour devise : Celui qui aime son frère Demeure dans la lumière. (SAINT JEAN, chap. 10-11.) Une mention honorable, en partage, est accordée aux auteurs des cartons portant comme devises : 4° Sol lucet omnibus; 2 Habiller ceux qui sont nus, donner à boire à ceux qui ont soif, etc. 9"* SÉRIE, TOME XXXII. 45 GRAVURE EN MÉDAILLE, On demande un projet de médaille pour les lauréats des concours de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Six modèles ont été reçus : Sur la proposition des sections de gravure et de sculp- ture, la Classe a décerné le prix de siz cents francs à M. Jules Baetes, à Anvers, pour son projet ayant comme marque distinctive Trois palmes et une couronne. PRIX DU GOUVERNEMENT. GRAND CONCOURS D'ARCHITECTURE DE 1996. Comme suite aux résolutions du jury qui a jugé ce concours, le grand prix a été décerné, à l'unanimité, à M. Cols (Augustin), d'Anvers, élève de l’Institut supérieur et de l’Académie royale des beaux-arts de la même ville. GRAND CONCOURS DE GRAVURE DE 1896. Comme suite aux résolutions du jury qui a jugé ce con- cours, le grand prix a été décerné à M. Sterck (Arthur), d'Anvers, élève de l’Institut supérieur des beaux-arts de la même ville (atelier de M. Biot). Un premier second prix a été décerné à M. Montenez (Georges), de Rouveroy, élève de l’Académie de Mons et de M. Aug. Danse. ( 655 ) Un deuxième second prix, à M. Peeters (Louis), d'Anvers, élève de l’Académie royale des beaux-arts de cette ville et de M. Fr. Lauwers. PRIX QUINQUENNAL DES SCIENCES HISTORIQUES. (Troisième période : 1891-1895.) Par arrêté royal du 28 octobre 1896, pris sur les con- clusions du rapport du jury qui a jugé les travaux soumis pour cette période, le prix de cinq mille francs est décerné à M. Godefroid Kurth, membre de l'Académie et profes- seur à l’Université de Liége, pour son ouvrage intitulé : Histoire poétique des Mérovingiens. La séance s'est terminée par l'exécution de la cantate : Callirhoé, musique de M. Nicolas Daneau, 1° second prix du grand concours de composition musicale de 1895: poème de M. Lucien Solvay, lauréat du concours des can- tates françaises de la même année. ( 656 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Chestret de Haneffe (le baron J. de). Geschichte der Familie Merode, von E. Richardson. S. l. ni date; in-8° (4 p.). — Recherches sur le village et la famille de Bunde. Rure- „monde; in-8° (12 p.). — Mélanges de numismatique. Liége, 1869-89; in-8° (222 p.). — Histoire de la seigneurie impériale de Reckheim. Ruremonde, 1873; in-8° (101 p., 1 pl.). — Généalogie de la famille de Chestret. Bruxelles, 1883 ; in-18 (23 p.). — Glanes poétiques liégeoises. Liége, 1884; in-18 (37 p.). — Encore l’ancienne faïence liégeoise. Liége, 1884; extr. in-8° (9 p.) — Les conjurations des La Marck formées à Liége contre Charles-Quint. Bruxelles, 1891 ; extr. in-8° (34 p.) — Renard de Schönau, sire de Schoonvorst. Un financier an du XIVe siècle. Bruxelles, 1892 ; extr. in-8° LE Tai Habets. Bruxelles, 1893 ; in-8° (3 p.). — Note bibliographique sur P « Histoire monétaire des comtes de Louvain, dues de Brabant et marquis du Saint- Empire romain », par Alph. de Witte. Bruxelles, 1895 ; extr. in-8 (3 p.). Folie (F.). Annales astronomiques de l’Observatoire royal de Belgique, nouvelle série, tome VII. 1896; in-4°. Fredericq (Léon). Travaux du laboratoire de l'Université de Liége, tome V, 1893-95. 1896. Piot (Ch.). Correspondance du cardinal de Drantelie, tome XIL. 1896 ; in-4° (Lxv11-682 p.). ( 657 ) Wauters (Alph). Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l’histoire de la Belgique, tome IX (1321-1339). Bruxelles, 1896; in-4° (xLv1-938 p.). Sleeckx (D). Tooneelen en Tooneelzalen. S. l. ni date; in-8° (16 p.). — Voorbeelden van stijl en letterkunde getrokken uit de Nederlandsche schrijvers. Leesboek, Liége; in-12 (421 p.). — AU van Braband. Gand, 1861; pet. in-8° (206 p — beschrijving der provincie Antwerpen. Anvers, 4852; pet. in-8° (208 p. — Robert Bies en zijn «Danton und Robespierre ». Anvers, 1878; in-8° (69 p.). — De visschers van Blankenberg, blijspel met zang in éen bedrijf, 4% uitgaaf. Anvers, peni in- 18 (28 p.). — Miss Arabella Knox, eene ț g is. Ninove, 1889 ; in-18 (36 p.). — Gronden der Nederlandsche spraakleer in betrekking met de programma’s van het Staatsbestuur, ten gebruike van lagere en middelbare scholen, 2° uitgave. Namur ; pet. in-8° (103 p.). — Nederlandsche spraakleer ten gebruike der gestichten van middelbaar onderwijs. Namur, 1887; pet. in-8° (150 p.). — Oefeningen op de Nederlandsche spraakleer ten ge- bruike der gestichten van middelbaar onderwijs, deel I en II. 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Matroos, soldaat en sjouwerman. Het erfdeel. De keizer en de schoenlappers. De vrouw met den baard. Gand, 1878-83 ; 4 vol. pet. in-8e. — Verhalen en Novellen. In alle standen en ontmoe- tingen. Gand, 1879 ; pet. in-8° (366 p.) — Verhalen en Novellen. Hildegonde; een verhaal van het einde der XVe eeuw. Gand, 1879; in-8° (246 p.). ` — Verhalen en Novellen. Op *t eksterlaar. Herinneringen van afgestorven en van nog levende vrienden. Gand, 1879; pet. in-8° (419 p.). — Verhalen en Novellen : In de vacantie. Gand, 1880; pet. in-8° (258 p.). === reine en kunst, deel Len H. Gand, 1880; 2 vol. pet. in- — veter en Novellen. Tybaerts en Cie, en andere ver- halen. Gand, 1881 ; pet. in-8° (298 p.) — Verhalen en Novellen. De plannen van Peerjan, neef en nicht, en andere verhalen. Gand, 1882; pet. in-8° (331 p.). — De scheepstimmerlieden, en andere verhalen. Gand, 1884; pet. in-8° (306 p.) — De óude monumenten van Luik. Anvers, 1893 ; in-4° (15 p.). (659 ) Stroobant (Paul). 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P.-F Le Roy, sculpteur namurois (1739-1812). Notes biographiques. Namur, 1896; extr. in-8° (36 p.). Ministère de l'Intérieur. Exposé de la situation adminis- trative des provinces pour l’année 1895. ARLON. Institut archéologique. Annales, tome XXXL. 1896. Mons. Société des sciences, des arts et des lettres du Hai- naut. Mémoires, tomes VI et VIII. 1893-96. ALLEMAGNE. Clemen (Otto). Johann Pupper von Goch. Leipzig, 1896; in-8° (x-290 p.). Francrort s/M. Physikalischer Verein. Jahresbericht, 1894-95. — Das Klima von Frankfurt am Main (Julius Ziegler und Professor Dr. Walter König. 1896; gr. in-8°, Bern. Kgl. geodätisches Institut. Jahresbericht, 1895-96. Drespe. Gesellschaft für Natur- und Heilkunde. Jahresbe- richt, 1895-96. — Verein für Erdkunde. XXV. Jahresbericht, 1896. FRANCE. Répertoire bibliographique des sciences mathématiques, Are à 4° séries : fiches n°% 1 à 400. Paris, 1894-96; in-12. Paris. Société d'agriculture de France. Table générale des principales matières contenues dans le Bulletin depuis 1837 jusqu’à l’année 1894. 1896. ( 661 ) Liste des ouvrages déposés dans la bibliothèque de l’Académie par la Commission royale d'histoire. De Raadt (Joh.-Théod.) et Stockmans (J.-B.). Geschiedenis der gemeente Schelle. Lierre; in-8° (209-vu p. et une carte). De Raadt (J.-Th.) et De Munck (Emile). Les Micault belges, leurs portraits et leur histoire. Bruxelles, 1889; extr. in-8° (47 p. et 2 photogr). De Raadt (J.-Th.). Bestellung von Brüsseler Kunstwirke- reien für das Düsseldorfer Schloss (1701). S. 1. ni d,; in-8° (10 p.). — Beaucoup de communes des anciennes XVII provinces des Pays-Bas ont des armoiries incorrectes ; citer ces com- munes et établir leurs blasons conformément aux données historiques. S. l. n. d., in-8° (37 p.). — Armorial brabançon, recueil d’armoiries inédites. Bruxelles, 1890; extr. in-8° (60 p.). — Le triptyque de la famille Micault. Bruxelles, 1890; extr. in-8° (16 p.). — De Heerlijkheden van het Land van Mechelen: Duffel, Gheel en hunne Heeren. Turnhout, 1890 ; in-8° (119 p.). — Rapport sur les travaux de la Société d'archéologie de Bruxelles, 1890. Bruxelles, 1891 ; in-8° (42 p.). — La Maison des Douze-Apôtres à Bruxelles. Bruxelles, 1891 ; extr. in-8° (23 p). — Le manoir de Bosschesteyn, appelé vulgairement Halmalshof et Allemanshof, à Broechem. Malines, 1891 ; extr. in-8° (59 p., fig. et pl). — De heerlijkheden van het land van Mechelen : Norder- wijk en zijne heeren. Turnhout, 1892; in-8° (94 p. et 4 pl.). — Een zoenbrief van de XIVe eeuw betreffende de familie Van der Noot met heraldieke bijzonderheden. Gand, 1893; extr. in-8° (27 p.). — Le registre de la confrérie de Sainte-Barbe en l’église ( 662 ) Sainte-Gudule à Bruxelles. Une pièce de vers flamande du XVe siècle. Gand, 1893 ; in-8° (29 p.). — Verzameling van grafschriften en wapens in verschil- lende noordbrabantsche kerken. Helmond, 1893; in-8° (76 p.). — Volkskundige mengelingen. Brecht, 1894; in-8° (25 p.). — Mengelingen over heraldiek en kunst. Anvers. 1874; in-8° (133 p.). Devillers (Léopold). Inventaire analytique des archives de la ville de Mons, tome III. Mons, 1896 ; in-8° (344 p..). — Inventaire (avec supplément) des cartes et plans manu- scrits et gravés qui sont conservés au dépôt des archives provinciales de l'État à Mons. Mons, 4870-1896; 2 cahiers in-4°. Magnette (F.). Saint Frédéric, évêque de Liége (1119-1121). Liége, 1895; extr. in-8° (38 p.). BRUXELLES. Société d'archéologie. Annales, t. X, livraisons 2-4, Annuaire pour 1896. Gann. Cercle historique et archéologique. Bulletin, 3° année n° 9; 4e année, n 1-3. Annales, t. II, 3. Louvain. Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de Belgique, 2° série, X, 1 et 2. Deuxième section, 2° fasci- cule. 1896 Mons. Cercle archéologique. Annales, tome XXV, 1896. Namur. Société archéologique. Annales, tome XXI, 2° liv; t. XXII, 2e liv. Saint-Nicoras. Cercle archéologique du pays de Waes. Annales, tome XV, 4. 1896. Ehrenberg (D° Richard). Das Zeitalter der Fugger. Geld- kapital und Creditverkehr im 16. Jahrhundert, Band l und IF, Iéna, 1896; 2 vol. in-8°, Hergenroether (Le cardinal Jos.). Leonis X. Pontificis maximi Regesta glosiosis auspiciis Leonis D. P. PP. XIM. feliciter regnantis e tabularii vaticani manuscriptis volumi- nibus alisque monumentis adjavantibus tum eidem archivo ( 665 ) addictis tum aliis eruditis viris, fasc. 4-8. Fribourg, 1886-91 ; 3 cah. in-4°. CARLSRUHE. Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins ; neue Folge, Band X, 1-3. 1896. Graz. Historische Landes-Commission. IV. Bericht, 1895-96. LunreBoure. Museums-Verein. Jahresbericht, 1891-95. 1896. WASHINGTON. American historical Association. Annual report, 1894. New-York. Jewish historical Society. Publications, n° 4, 1894. Nancy. Académie de Stanislas. Mémoires, 5° série, tomes I, I-VI, VIH-XIH, 4884-95. BESANGON. Département du Doubs. Inventaire-sommaire des archives départementales : Archives civiles, série B, tome III. 4895 ; in-4°, Paris. Ministère de Instruction publique, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, fasc. 72-74. — Collection de documents inédits : Rôles gascons, supplément au tome Ier, Remontrances du Parlement de Paris au XVIIe siècle, tome H, 1895-96 ; 2 vol. in-4°. — Bibliographie des travaux historiques et archéolo- giques, tome III, {re liv., 1896; in-4°. SAINT-OMER. Société des antiquaires de la Morinie. Bulletin historique, n° 475-176, 1895-96. — Mémoires, tome XXII. — Le Cartulaire de Saint-Barthélemy de Béthume. 1895 ; in-4°. Pamphilj (le prince D. Alfonso Doria). Lettere di D. Gio- vanni d’Austria a D. Giovanni Andrea Doria I. Rome, 1896; in-4° (97 p.). Rome. Accademia dei Lincei. Rendiconti, Scienze morali, serie quinta, vol. V, fasc. 1-9. Atti, parte 2*, scavi, 1895 dicembre-1896 settembre. ( 664 ) Rome. Società romana di storia patria. Archivio, vol. XIX, fasc. 1-2, 1896. Bibliotheca apostolica vaticana : — Regesivm Clementis Papae V, ex vaticanis archetypis sanctissimi domini nostri Leonis XIII pontificis maximi ivssv et mvnificentia nvne primvm editvm cvra et stvdio monachorvm ordinis S. Benedicti, 1884-88, I-IX. Appen- dices, tomvs I. Rome, 1885-1892; 8 vol. in-4°. — Regesta Honorii Papae III, ivssv et mvnificentia Leo- nis XIII pontificis maximi ex vaticanis archetypis aliisqve fontibvs, edidit Sac. Petrvs Pressvtti I. V. D., volvm. I et II. Rome, 1888-95; 2 vol. in-4°. — Al sommo pontefice Leone XIII, omaggio giubillare. Rome, 1888; volume in-folio (illustrations). — Seu Tatiani evangeliorum harmoniae Arabice. Rome, 1888 ; in-4°. Codices manuscripti recensiti iubente Leone XIII : codices urbinates Græci; codices reginae Svecorum et Pii PP. I; codices manuscripti graeci ottoboniani; codices Palatini Greci ; codices Palatini latini, tom. 1. 1885-95; 5 vol. in-4°. — Il Grande papiro egizio della Bibliotheca vaticana. Rome, 1888; vol. in-4° (vur-444 p., pl.). — Marucchi (Horatius). Monumenta papyracea aegyptia Bibliothecae vaticanae. Rome, 1891 ; in-4° 1x-136 p., pl.). — Monumenta papyracea latina Bibliotecae vaticanae. Rome, 1895 ; in-4°{1x-57 p., pl.). Stevenson (Enrico). Inventario dei libri stampati Palatino- vaticani, volum. I e IL. Rome, 1886-91 ; 4 vol. in-4°. NeucaaTEL. Société de géographie. Bulletin, t. VIM, 1895. nn BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. - 1896. — N° 12, CLASSE DES SCIENCES. ne Séance du 5 décembre 1896. M. Ar. BRIALMONT, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Epm. MarCHaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Gilkinet, vice-directeur; le baron de Selys Longchamps, G. Dewalque, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, H. Valé- rius, L. Fredericq, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; J.-B. Masius, A.-F. Renard, L. Errera, A. Lan- caster et G. Cesàro, correspondants. 3° SÉRIE, TOME XXXII. 44 _( 666 ) En ouvrant la séance, M. le Directeur adresse les féli- citations de la Classe à M. L. Fredericq, pour le prix quinquennal des sciences médicales qui vient de lui être décerné, en partage avec M. Nuel, pour leurs Éléments de physiologie humaine. (Applaudissements.) M. Fredericq remercie la Classe pour cette nouvelle marque de sympathie, CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l’Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l’Académie, les deux volumes suivants, publiés en 1880-1881 par la Société royale de médecine publique de Belgique : Assemblée nationale scientifique d'hygiène et de médecine publique de 1880; tome Ier, Rapports; tome II, Discus- sions. — Remerciements. — M. George Donny remercie la Classe, au nom de sa famille, pour le discours prononcé aux gone de son père, François Donny. — Le Comité pour la célébration du soixante-dixième anniversaire de naissance de Stanislas Cannizzaro, avait demandé que l’Académie s’associät à cette manifestation, qui a eu lieu à Rome, le 24 novembre dernier. Les sentiments de l’Académie ont été exprimés au Comité par M. le Secrétaire perpétuel. ( 667 ) — Hommages d'ouvrages : 1° Service climatologique de l'Observatoire royal de Belgique; Instructions pour les stations de troisième ordre; par À. Lancaster; 2 Les grandes modalités cliniques de la pneumonie, envi- sagées au point de vue de leur traitement; par C. Vanlair; 5° Notice sur les travaux scientifiques de Bernard Renault, associé de l’Académie ; 4 a. Rubra Canicula. Considerazioni sulla mutazione di colore che si dice avvenuto in Sirio; b. Osservazioni astronomiche e fisiche sull asse di rotazione e sulla topo- graphia del pianeta Marte; par G.-V. Schiaparelli, associé; 5° Lezioni di Geometria intrinseca; par Ernesto Cesàro, à Naples; 6° Réve dun profane sur la navigation aérienne de demain, brochure et quatre plans photographiés; par le colonel en retraite V. Goffinet. — Remerciements. — Travaux manuscrits renvoyés à examen : 1° Étude sur les efluves électriques, deuxième partie; par Alex. de Hemptinne. — Commissaires : MM. De Heen et Van der Mensbrugghe; 2° Sur les dérivés cadmiques halogénés de l'antipyrine ; par M.-C. Schuyten, docteur en sciences. — Commis- saires : MM. Spring et Jorissen ; 5° Sur un nouveau développement de la fonction Gamma, qui contient la série de Stirling et celle de Kummer ; par G. Landsberg, à Heidelberg. — Commissaires : MM. Mansion, J. Deruyts et Neuberg. ( 668 ). CONCOURS. Conformément à l’article 58 du règlement général, il est donné lecture des rapports sur les travaux reçus pour le concours annuel et pour les prix Stas et Mailly. La Classe se prononcera dans la séance du 15 sur les conclusions des rapports de ses commissaires. ÉLECTIONS. La Classe procède à l'élection de : 1° Sa Commission spéciale des finances pour 1897. — Les membres sortants sont réélus; 2 De quatorze noms pour la formation du jury qui sera chargé de juger la première période du concours décennal des sciences minéralogiques. Cette liste sera transmise à M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruc- tion publique. RAPPORTS. La Classe décide le dépôt aux archives : 4° D'une lettre de M. Constantin Emmanuel, à Constan- tinople (mouvement perpétuel), examinée par M. Valérius ; 2 D'une note de M. le chevalier A. de Longrée (tempétes et cyclones), examinée par M. A. Lancaster. ( 669 ) Sur les fonctions hypergéométriques d'ordre supérieur ; par J. Beaupain. Rapport de M. J, Beruyts, premier commissaire. « M. Beaupain a communiqué précédemment à l Aca- démie deux mémoires sur les équations hypergéomé- triques E (n, m) : ; ariya La gl pe a Ley ==" ij) 4 ve a KY. Il résulte des recherches de l'auteur que pour n> m1, les substitutions i 1 , z\n—m è zn md y =/ aeg) vV du et y =f 4 vl! Vadu, dans lesquelles les intégrales sont convenablement défi- nies, déterminent V; et Vo respectivement comme solu- tions d'équations E (n — 1, n — 1) et E (n —1, n — 2). Dans son nouveau travail, M. Beaupain détermine les constantes des équations réduites et obtient comme con- séquence un double système d’intégrales définies multi- ples, pour représenter les solutions principales de E (n, m) (à l'exclusion des solutions logarithmiques). Les formules généralisent celles qui avaient été données dans les deux mémoires précédents, pour le cas de m = 0. Les résultats obtenus dans l'étude des fonctions hyper- géométriques trouvent des applications importantes aux équations ; B y =. y et y= |P tl y dont la première a fait objet de nombreux travaux des géomètres (Labatto, Kummer, MM. Pochhammer et de Tilly). Ces équations sont ramenées à la forme E (n, 0). ( 670 ) La transformation employée permet d'indiquer les valeurs de n et de p pour lesquelles l’équation y" = æy n’a pas de solution logarithmique; en même temps, les solutions sont exprimées en intégrales définies (n — 1) uples. Au cours de ses recherches, l’auteur rattache à son sujet diverses classes d'équations déjà considérées par MM. Le Paige et Lommel; il signale en outre certaines équations hypergéométriques qui s’intègrent sous forme finie, = Le nouveau travail de M. Beaupain me parait très digne, comme les précédents, d’être publié dans les recueils de l'Académie; je propose à la Classe de décider Pimpression dans les Mémoires in-4°. » MM. Le Paige et Mansion déclarant se rallier aux con- clusions du rapport de M. J. Deruyts, celles-ci sont adop- tées par la Classe. Lettre de M. Stephan Emmens. Rapport de M. W, Spring, premier commissaire, pJ « M. Stephan Emmens croit devoir porter à la con- naissance de l’Académie qu’il a découvert l'existence de certaines relations de poids chez les corps, relations qui mettraient en cause l'exactitude de l'hypothèse de Newton sur la gravitation, la théorie de Dalton sur les atomes et les hypothèses d’Avogadro et de Bernoulli sur les gaz. Cette lettre a sans doute pour objet de prendre date pour cette découverte, Quoi qu’il en soit, j'estime que l’Académie doit se borner, pour le moment, à conserver cet écrit dans ses archives, car M. Emmens ne dit encore (OIE) rien qui pourrait permettre d'apprécier la valeur de sa découverte. » M. Van der Mensbrugghe, second commissaire, pro- pose le dépôt aux archives de la lettre de M. Emmens en attendant que celui-ci fasse connaître en quoi consiste sa découverte. — Adopté. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Les mers quaternaires en Belgique, d'après l'étude stratigra- phique des dépôts flandriens et campiniens et de leurs relations avec les couches tertiaires pliocènes ; par Michel Mourlon, membre de l’Académie. A toutes les époques géologiques, il y a eu des conti- nents et des mers; aussi peut-on s'étonner que durant la période quaternaire, les phénomènes fluviaux aient, en Belgique, exercé une si grande action et donné naissance à de si importants dépôts de cailloux et de limons sans que l’on ait pu constater encore jusqu'ici l'existence, ou tout au moins la succession des sédiments marins qui leur sont contemporains. La raison en est, peut-être, que les régions de la Bel- gique où l’on pouvait surtout espérer les rencontrer, je veux parler des Flandres et de la Campine, n’avaient encore été que peu ou point étudiées à ce point de vue spécial. Pour combler cette lacune, il fallait pouvoir se livrer à une étude stratigraphique détaillée des dépôts quaternaires de ces régions et rechercher quelles sont ( 672 ) leurs relations avec nos couches tertiaires pliocènes les moins anciennes. Je suis heureux que les travaux de levés de la Carte géologique du pays maient fourni l’occasion d'aborder cet intéressant problème. j Un simple coup d'œil jeté sur la carte du sol de la Belgique, d'André Dumont, montre que les dépôts super- ficiels ou quaternaires, en dehors bien entendu des dépôts modernes de la plaine maritime, constituent deux grandes formations assez tranchées pour avoir pu être délimitées sur la carte. L'une au S. où domine le limon, c’est l’hesbayen de Dumont, et l’autre au N, formée presque exclusivement de sables, c’est le campinien du même auteur. Celui-ci renseigne dans la légende de sa carte le sable campinien comme étant antérieur au limon hesbayen. Depuis près d’un demi-siècle qu'a paru l'œuvre magis- trale du grand stratigraphe, on a émis des opinions fort différentes sur l’âge relatif de ces deux formations. Certains auteurs ont considéré le sable campinien comme étant postérieur au limon hesbayen. On verra plus loin que cette divergence d'opinions provient de ce que l'on a confondu sous le nom de « campinien » des dépôts d’âge bien différent. Déjà en 1885, MM. Rutot et Van den Broeck ont dis- tingué dans la grande masse sableuse du campinien de Dumont, deux parties qu’ils ont rangées l’une à la base du quaternaire et l’autre tout au sommet (1). Ils ont conservé le nom de « campinien » à la masse plus spécialement représentée dans la Campine limbour- geoise en relation directe avec les dépôts de la Meuse, et ` (4) Ann. de la Soc. roy. malac. de Belgique, t. XX, pp. LXXVIN-LXXXI. ( 673 ) ils ont donné le nom de « flandrien » à la masse surtout répandue dans les Flandres. C'est cette interprétation qui a prévalu dans la légende de la nouvelle carte et que j'ai par conséquent appliquée sur les planchettes dont le levé m'a été confié, tant sur le littoral que dans les Flandres et sur tout l’espace it entre celles-ci et le Limbourg hollandais. Il ne sera pas sans intérêt de faire connaître le résultat des observations que ce grand travail m'a permis d’effec- tuer et de rechercher dans quelle mesure les conclusions qu'il y a lieu d'en tirer concordent avec l'interprétation de mes distingués collègues du Service de la carte géolo- gique. Dans l’exposé des faits ci-après, je suivrai le même. ordre que celui dans ge je les ai observés en poursui vant mes levés de l'O. à PE. Je désignerai, autant que possible, les différentes cou- ches de mes nombreuses coupes par les mêmes notations que celles adoptées dans la légende de la carte. Toutefois, je ferai une exception pour celles de ces couches dont je suis arrivé à pouvoir préciser la position stratigraphique sous les amas de cailloux que tous les géologues sont unanimes à considérer comme formant la base du campi- nien proprement dit. C'est assez dire que ces couches, considérées avec rai- son comme quaternaires dans la légende de la carte et reconnues maintenant comme étant plus anciennes que le campinien, doivent forcément être rapportées au terme le plus ancien de notre quaternaire inférieur ou diluvien, c'est-à-dire au moséen. En acceptant l'interprétation que je propose pour les couches en question, elle n’entraînera pour la carte géo- logique en voie d'achèvement qu’un faible changement à ( 674 ) apporter à la deuxième édition des feuilles déjà publiées. Il consistera à substituer, pour les différents horizons lithologiques des couches moséennes, la notation q1 à la notation q2, laquelle sera réservée au campinien pro- prement dit. Qu'il me soit permis de faire remarquer que s’il m'a été possible de mener à bonne fin mes travaux de levés et de tenter l'étude stratigraphique des dépôts qui font l’objet de cette communication, c'est grâce à l'emploi de nouveaux appareils de sondage qui me permettent de reconnaître la constitution du sol jusqu’à plus de 80 mè- tres de profondeur. Ce sont ces grands sondages qui m'ont fait reconnaître notamment que le facies marin du flandrien s'étend beau- coup plus à l’intérieur du pays qu'on ne le supposait. C’est ainsi qu’il m'a été possible de renseigner l'existence dudit facies dans la légende des feuilles de Nieuport- Leke, Watervliet, Bassevelde-Selzaete, Langelede-Ste- kene, Evergem-Loochristy, Wetteren-Zele et Termonde- Puers. Ce sont encore les grands sondages qui ont décelé la présence à différents niveaux dans le flandrien marin d'abondantes Corbicula fluminatis. C’est d’abord le son- dage du Petit-Crocodile, pratiqué à la limite de ma plan- chette de Nieuport avec celle de Middelkerke, levée par M. Rutot, et dont voici la coupe : Sondage du Petit-Crocodile. Mètres. alpi. 1. Argile grise des polders. 1 alr2. 2. Argile sableuse, grise, coquilliëre, à Cardium et Mytilus à * ,40 3. Sable gris, coquillier. he ee ur eed À REPORTER. ` . 9,20 (675 ) Mètres REPORT. . . 9,20 4. Argile sableuse semblable au numéro 2 et renfer- mant ral mêmes coquilles, avec linéoles très sableu + A30 g#m. 5. Sable pi pe légèrement glauconifère + 000 6. Argile sableuse coquillière. . E T. Sable identique au numéro 5, mais pee coaller. renfermant, outre la Corbicula fluminalis, les i RE E TE PRET que celle des espèces qu’on trouvera renseignées plus loin dans le sondage de Leffinghe, sont dues à M. G. Vincent Lamna elegans. Woodia digitaria. Balanus. Cardium edule. Buecinum undatum. ax anaticum. Vermetus (Serpula) intortus. Solen ensis. Littorina littorea. Mactra subtruncata. alaria communis. olas sp. ? Dentalium sp.? Tellina baltica. Ostrea edulis. — tenuis. Pecten (Chlamys) opercularis. Echinocyamus pusillus. Mytilus edulis. Piquants d'Échinodermes. Pectunculus glycimeris. Bryozoaires, Nucula nucleus. La couche numéro 7 a une épaisseur de . . 6,20 8. Argile grise coquillière, avec os et ES cail- Joux à la base . . . . i i Ye. 9. Argile gris foncé ypresienne D TOTAL. MW Un deuxième sondage à Leffinghe, au contact de ma planchette de Leke et de celle d'Ostende, levée par M. Rutot, a donné la coupe suivante : (676 ) Sondage de Leffinghe. - 4: Argile grise des polders Mètres. 1,50 - 2. Sable quartzeux, gris blanélistre, pérenne gläv- conifère . 10,70 3 rs nr avec sions roulé de dek; gë - coquillier, à Corbicula fluminalis et autres nom- breuses espèces qui sont, outre celles renseignées plus haut dans la couche numéro 7 du sondage du Petit-Crocodile, les suivantes : Crustacés indéterminés. a Pfe Succinea eri. Pleurotoma turricula. Lim nea truncatula. Nassa reticulata. pygmæa. — prismatica. Murex clathratus. — erinaceus. Purpura lapillus. Cypræa Europæa. Cerithium A Turritella Sola Em sp.? „Rissoia ulvæ Valvata piscinalis. Velutina lœvigata. Natica Alderi. — monilifera Adeorbis subcarinatus. Scalaria clathratula. Odostomia pupa Phasianella pullus. Trochus cinerarius. — izyphinus. millegranum ? bictaerrtina serpuloides. Emarginula rosea. Pecten (Chlamys) rss Modiola TES Arca lactea. Montacuta bidentata. Cardium papillosum. en a ? Venus T plate Cyclas rnea Pisidium amnicum. Solen vagina. Mya truncata. — sp.? Saxicava rugosa. Barnea candida. Zirfæa crispata. A REPORTER. . . 12,20 ( 627 ) Mètres. REPORT. . + 12, 20 Lucina divaricata. Foraminifères sp. ? Syndesmya alba. Nummulites variolaria ? ou Semele piperata. Wemmelensis ? Venus striata. couche numéro 3 a une épaisseur de . . . . 12,10 4. pris grise, coquillière, avec ware et cailloux - . 0,60 fe 5. -Argile gris foncé ypresienne . ` 4,50 Forai: . : D Les autres sondages que nous avons effectués, de con- cert avec M. Rutot, au contact de nos feuilles respectives de Breedene-Houttave (Rutot) et de Ghistelles-Zedelghem (Mourlon), wont donné que du flandrien sans coquilles. Celui au sud d'Oudenbourg a traversé 8",80 de sable flandrien et 5",60 d'argile grise plastique que nous rap- portons au paniselien inférieur (P4m); celui au nord de Snelleghem- n’a rencontré que 5",20 de sable flandrien séparé de l'argile grise schistoide (Plm) par 12 mètres de sables quartzeux et argileux (P4d-b). J'ai encore rencontré le flandrien marin dans un grand nombre de sondages. C'est d’abord dans ceux dont j'ai déjà publié la coupe (1), de Watervliet, de Bassevelde, de Bouchoute et d'Assenede (pl. Selzaete), de Zwarten- Ruiter et Vernitersten (pl. Langelede), de Zwartenberg à l’ouest de Stekene et du hameau de Sainte-Anne (pl. Lo- keren). Enfin j'en ai reconnu la présence sur la planchette de Wetteren, au hameau de Beirvelde, où un sondage pra- (1) Ann. de la Soc. géol. de Belgique, t. XXII, 1895, pp. 237-256. ( 678 ) tiqué à la cote 7, dans la cour de l'habitation de M. J.-B. Desmedt, m'a donné la coupe ci-après : g4. 4. Sable quartzeux, ge blanchâtre, avec SEAN grains de glaucon 6,20 gám. 2. Idem, gris joe, avec quelques traces de co- quilles (Cardium) . 2,80 3. Sable quarter, site, avec strès faibles traces de ee ane 1,00 4. Sable quartzeux, grisûtre, coquilli wo. 1,30 5. Sable can argileux, avec linéoles de sable « un peu 0,80 6. Sable side iste, coquilier, avec petits fragments argileux ; . ‚10 i: m,t très grossier t trè q illi (Cardium), avec petits cailloux . 1,20 : 8, Sable quartzeux, grisâtre, pen T a avec rares cailloux 1,00 9. Idem, avec dobrent graviers, ents, coquilles, fragments de bois et fossiles remaniés tels que Nummulites et Ditru 0,90 : We, 10. Sable fin, gris påle, pulrårilént; légèrement ag leux, fossilifère, à Operculina et Nummulites Wema wi - 0,30 Ti: at fin, grisâtre, légèrement giaueodifère, a avec mbreux spicules de Spongiaires, Operculina, nel Wemmelensis et rares Ditrupa, gra- VEE ee à nds, Le. 12. Grès dur, non percé de l’éocène supérieur ledien. Totar: … : 20,00 Au S. du sondage précédent, j'en ai fait encore deux Sondage de Beirvelde. (PI. Wetteren.) Mètres. autres qui n’ont plus rencontré que du sable flandrien non coquillier. C’est d’abord celui effectué contre la route (679 ) de Gand, au cabaret In de Kroon, qui a traversé, avant de toucher le sable wemmelien, 25 mètres de sables avec gravier et cailloux, présentant à la profondeur de 13",80 une couche tourbeuse avec fragments de bois. Le deuxième sondage, pratiqué au hameau de Kerk- straet, a rencontré 25",40 des mêmes dépôts flandriens qu'une épaisse couche de cailloux séparait du dépôt argilo-sableux légèrement pailleté que je rapporte au wemmelien. Le point le plus éloigné du littoral où il m’a été donné d'observer la présence du sable flandrien coquillier est à Termonde, où les échantillons réunis par M. l'architecte Bouwens et provenant du puits artésien construit par la ville rue Lindanus, mont permis de constater, au-dessus de 50 mètres de dépôts appartenant aux étages ypresien, paniselien et ledien, la présence d’une masse sableuse de 18 mètres se rapportant en majeure partie au flandrien avec un peu de dépôt tourbeux moderne à la partie supé- rieure. Le sable gris coquillier flandrien a fourni, à la profondeur de 15",10 de l’orifice du puits, outre du bois fossile, la Corbicula fluminalis, Valvata piscinalis, Bithi- nia Leachi ? Bithinia tentaculata ? (opercules), une graine de Chara et des Entomostracés. La limite orientale du sable flandrien coquillier qu’on vient de voir passer par Termonde, s'étend vers le N. un peu à PE. de la planchette de Stekene. Et, en effet, de même que le sondage déjà mentionné de Zwartenberg, à l'O. de Stekene, celui pratiqué à la limite orientale de la même planchette, à la station de La Clinge, située à la frontière de Hollande, m’a fourni encore des traces incontestables de coquilles marines. Seulement, : celles-ci se trouvent en ce dernier point, ( 680 ) pour la première fois, à deux niveaux et dans des sables d'aspects bien différents. Or, sans qu'il y ait interposition de gravier apparente entre ces sables, leur examen attentif met hors de doute leur identité avec des sables coquilliers d’autres sondages décrits plus loin et que leurs caractères paléontologiques aussi tranchés que leurs caractères minéralogiques ont permis de rapporter avec certitude à deux étages diffé- rents: le supérieur au quaternaire flandrien marin et l'inférieur au pliocène supérieur poederlien. Voici, pour commencer, la coupe que m'a fournie le sondage de La Clinge à la cote 5 : Sondage de La Clinge. (PI. Stekene.) Métres. VEN 1. Sable quartzeux, gris En do Red 2. Idem, gris blanchâtre D + + +: 20 . 3. Sable tourbeux . . D ie à: 210 4. Sable semblable au n° 2 a. Eon 5, gám. 5. Sable quartzeux, grisâtre, avec traces de momia marines 1,00 Po. 6. Sable gris verdie: Die. glauconitére, Rhemeñt ` pailleté, identique aux sables poederliens rencon- trés respectivement à la profondeur de 21 mètres au sondage de Kieldrecht et à celle de plus de 42 mètres au grand sondage de Calmpthout, qu'on trouvera D plus loin, renfermant des frag- ments d'Ostr, ; 2,50 1. Idem, avec cailloux noirs et petits ‘eailloux: de quartz blan è sn nmm ore 600 8. Cailloux dons” T'argile rapel cnbe. 1,20 R2c. 9. Argile grise, plastique du abt enpi supérieur (oligo. cèné moyen). . . à TEN TOTAbe es 18,90 ( 681 ) Au N.-E. du sondage précédent, on voit, toujours sur la frontière de Hollande, au Fort Verboom, à PO. de Kieldrecht, affleurer un sable légèrement glauconifère, gris blanchâtre et jaunâtre, parfois brunâtre, d'aspect limo- neux, avec lits concrétionnés, pétris de coquilles : Fusus contrarius, Ostrea edulis, Pecten opercularis, Cyprina Islandica, Mya? Pectunculus, etc. Ce sable est recouvert d’une couche de 0",50 de sable rouge brunâtre, ferrugineux, très -graveleux (q4), et un petit sondage pratiqué dans l’une des sablières où on l’a exploité sur 1",50 d'épaisseur, a permis de le percer encore sur 5,70. Il est assez intéressant de constater que ce sable, qui paraît bien être du pliocène supérieur poederlien, difière, par ses caractères minéralogiques, autant de celui rap- porté au même étage, dans le sondage de La Clinge, que de ceux traversés par le grand sondage que j'ai pratiqué au village même de Kieldrecht et dont voici la coupe, à la cote 5: Sondage de Kieldrecht. qá. |. Sable quartzeux, gris blanchâtre . 2. Sable tourbeux. ; o À 3. Sable semblable au n° i, mais un n pali jü foncé . 4,70 Po. 4. Sable gris, coquillier, à ‘Corbula gibba, var. rotun- data, rencontrée à quatre niveaux différents avec les espèces suivantes : Balamus Capullaria denticulata. Turritella incrassata. trupa. Natica va Ostrea edulis Vermetus (Serpula) intortus? Pecten (Chlamÿs) opercu- Nassa reticularis. laris. À REPORTER. . . 8,80 3"° SÉRIE, TOME XXXII. 45 ( 682 ) Mètres REPORT. . . 8,80 Pectu nculus glycimeris. Astarte incerta. Nucula nucleus. — Basteroti. Cardium edule. Cardita orbicularis. Cyprina Islandica. Bryozoaires. Corbula gibba, var. rotundata. De petits cailloux s’observent à partir de 2m,20 dans le sable n° 4, qui a une épaisseur de. . . . . 13,20 Sable gris verdâtre foncé, glauconifère, sans co- quilles, identique au den Ren du grand sondage de La Clinge. . . 3, . Sable gris avec petits y Gpaques, poduilier, mé en majeure partie de Vermetus (Serpula) intortus, et de quelques autres coquilles marines, telles que : Emarginula fissura, Turritella in- crassata, Luana borealis, Nucula pr Pecten opercularis, Cyprina Islandica , pr [er 7. Sable gris verdâtre foncé, glauconifère, sans CO- quilles, avec petits cailloux opaques et translu- cides blanes et noirs, devenant TET au contact de l'argile 8 si V R2c. 8. Argile grise plastique du rupelien supérièur à B. TRIO Torak. . > 81,90 A l'E.-N.-E. du sondage précédent, au Doel, plan- chette de Lillo, sur la rive gauche de l’Escaut, un autre sondage, à la cote 5, a permis de constater que le flan- drien fait complètement défaut en ce point, les sables poederliens à Corbula gibba, var. rotundata, y étant recou- verts directement par des dépôts modernes, comme le montre la coupe ci-après : Sondage de Doel. (PL. Lillo.) Mètres. r. 1. Remanié. 2,00 alr2. 2. Sable gris foncé, légèrement argileux ” Gubuk. 4,40 3. Argile sableuse, pailletée, légèrement tourbeuse . 4,50 A REPORTER. . . 4,60 ( 685 ) Mètres REPORT. . . 4,60 i 4: Tourbe . . sis + + DU alr1. 5. Sable gris foncé, légèrement tourbeu 3,10 6. Argile grise, finement pailletée, avec ide de bois 1,00 Po. . 7. Sable gris vérdite, glanconifère, coroiliet à Coik bules et autres fossiles : Balamus. Gastéropodes sp. ? Turritella incrassata. Pecten (Chlamys) opercu- Natica varians. aris. Nassa reticulata. Corbula gibba, var. rotun- Ditrupa. ata Lamellibranches sp.? avec linéoles argileuses, coquillières, renfermant également la Corbule. ... . . . . . . . 6, BOVAG + 11,40 A l’extrémité N.-E. de la planchette de Lillo réappa- rait de nouveau le flandrien, qui se prolonge vers PE. sur la planchette d'Eeckeren. Néanmoins, le sondage de Stabroeck, pratiqué à la cote 5, sur cette dernière planchette, a traversé, avant d'atteindre le poederlien, plus de 12 mètres de sable grossier à gros grains de quartz, que je ne rapporte que sous toutes réserves au flandrien, comme le montre la coupe ci-après : Sondage de Stabroeck. (Pl. Eeckeren.) Mètres. qá? ` A. Sable grisâtre, très quartzeux, assez grossier. . . 6,10 2. Idem, un peu ma foncé, avec petits fragments de ois. Po. 3. Sable demi-fin, gris verdètre, légèrement glauconi- fère, avec quelques paillettes de mica A REPORTER. . . 13,90 ( 684 ) Mètres. Report. . . 13,90 4. Sable gris, très quartzeux, avec petits cailloux blanes et noirs, coquillier, renfermant, outre la Corbula gibba, var. rotundata, Fusus ?, Pecten (Chlamys) enseia Cyprina Islandica tous A 5. Matière dure, blanchât . 0,20 6. Sable à Corbules, irie au n° 1 et renfermant, outre les espèces y renseignées, Balanus et Lamel- libranches sp.? . . 3,20 7. Linéole de sable gris, argileux, en F avec cle Corbule et le Pecten opercularis . 0,30 8. Sable gris, légèrement glauconifère, SE à Corbules, Pecten opercularis et Cyprina Islandica. 0,60 9. Linéole argileuse, coquillière à Corbules, Natica? Cyprina Islandica, ete. . ooo . . „30 10. Sable gris, coquillier. Pie EAN 14. Sable gris, argileux, coquillier : A Corbales … . 200 TIL: … , AD C'est un peu à VE. et au N. de ce dernier sondage qu'apparaissent pour la première fois, sous les sables flandriens, des argiles et des sables quartzeux, légèrement pailletés, séparés des premiers par un niveau de cailloux et de gravier. Les argiles donnent lieu, à l'E.-N.-E. de Stabroeck, tant sur la planchette d’ ass que sur cehe de Cap- pellen, à d'importantes exploitations. On verra par la suite que ce sont les argiles dites de la Campine qui, avec les sables exploités dans cette région, ont été rangés par erreur dans le campinien (q2) et doivent être rapportés, comme il est dit en commen- çant, au moséen (q1). Il convient de faire remarquer que, dans la partie de la Campine anversoise où nous sommes arrivés, le dépôt sableux supérieur n’est plus, à proprement parler, ( 685 ) du véritable flandrien, mais bien, comme l'indique du reste la légende en lui attribuant la même notation q4, du « sable supérieur ou remanié de la Campine ». Il arrive même parfois que l’on constate l’absence de ce dernier sable, notamment sur le territoire des plan- chettes de Calmpthoutschenhoek et de Calmpthout, comme le montre la coupe ci-après du grand sondage que j'ai fait pratiquer, à la cote 21, au village de Calmpthout, chez M. le brasseur Beyers : Sondage de Calmpthout. Mètres. gla. å. Argile jaune, bigarrée de grisât 2. Argile sableuse, pailletée, e tiia, avec linéoles plus argil euses so Fi, 30 qis. 3. Sable gris, pailleté j 50 t 4. Tourbe formant une couche de Om, 30 : sur Ae, T0 de sable quartzeux, légèrement tourbeu ‘2,00 qta. 5. Argile grise, pailletée, passant au sb. argileux 3,50 qis. 6. Sable gris, pailleté, demi-fin . . . 16,30 1. Idem, parfois un peu argileux 3,00 8. Sable quartzeux, gris banchätr, finement plié, avec fragments de . 2,00 9. Idem, très quartzeux, giiia graveleux. í ‘210 10. Sable un peu moins grossier et un peu wi foncé que le précédent 3,90 11. Sable assez grossier, finerieni päilleté, avec un débris de cailloux et quelques fragments argilo- ferrugineux, probablement remaniés de la cou- che 12. 0,80 Po. 12. Sable gris verdâtre fonch; glauconifère, “finement pailleté, identique au sable pliocène supérieur nnedarlion dne A E PE et WY 1 By Fr © \ 79 avec pelits fragments de grès ferrugineux . . . 4,10 ToraL. . . 44,50 ( 686 ) On retrouve la même disposition de couches que celle du sondage précédent, au S.-E. de ce dernier, au grand sondage pratiqué chez M. Cornelius Fraeters, à Stern- hoven, au S.-0. de Brecht, à la cote 25, et dont voici la coupe : Sondage de Sternhoven. (PI. Brecht.) Mètres. gisa. A. Sable quartzeux, es légèrement mope oe c 610 qla. 2. Argile grise, pailletée . us i qlas. 3. Idem, devenant sablea et passant | au able: ie LD qls. 4. Sable gris, assez fin, légèrement pailleté . . . . 0,50 5. Sable gris, quartzeux, are avec une linéole argileuse au sommet . AE du ue à 00 6. Sable quartzeux, gris blanchaire. . 1,90 1. Sable quartzeux, gris, devenant grossier vers le bas. 12,00 Po, 8. Sable quartzeux, gris, a ida coquillier, Cor- bula gibba, var. rotundata ‚00 9. Sable quartzeux, graveleux, avec ‘eailloux de grès à la base, très coquillier et renfermant, outre la Corbule, une pince de Crustacé, des Balanes, … Gastéropodes et Lamellibranches, tels que Astarte sp.? Cardium ne Pecten (Chlamys) opercularis, Lucina borealis, e La couche numéro ba a une épaisseur de . . . . 4,30 10. Sable assez fin, d'un gris päle. . . -Aa n o e Oe 000 ToTaL. . : 43,50 u S.-E. du précédent sondage de la planchette de Brecht, j'en ai effectué encore deux autres sur le terri- toire de la planchette contiguë d’Oostmalle : l’un près de l’abbaye de la Trappe, au S.-0. de Westmalle, et l'autre au village même d’Oostmalle. ( 687 ) Voici la coupe du premier de ces sondages, à la cote 20 : Sondage de la Trappe. (PI. Oostmalle.) Mètres, qis. 41. Sable quartzeux, gris blanchâtre gta. - 2 T grise, parfois noirâtre, Anéthèit: pailleiéé de a b ne D i 0.60 gfs.. 8 Sable es ge blanchâtre. EPN 4. Idem, gris bleu ; à oen an a i 5. Argile pirs: Aer TRS LU RUN U i Tourbe et bois. . Eede A qla. 7. Argile grise or no 7,80 fo: U: nr sableuse es verdôtre, finement pailletée de 1,40 9. sale deni ‚gris verdâtre foncé, légèrement glau- 2,20 10. argile BES brin verdàåtre, interstratifiée de able Ke, avec faibles traces de bois et un eci : : X 090 Po. 44. Sable demi-fin, pis verdâtre foncé é 1,00 12, Sable gris, coquillier, dali graveleux avec un caillou de quartz blanc 0,80 13. Idem, sans caillou apparent 0,80 14. Sable gris, demi-fin, iussit, cquillier, renfer- mant, outre la Corbula gibba, var. rotundata, les espèces suivantes : alanus. Cardium sp.? Turritella incrassata. Astarte incerta. ; Fusus? Pecten (Chlamys) opercu- laris. La couche n° 44 renferme des fragments de oan et a une épaisseur de. . a ek 15. Sable argileux, coquillier . ee me re TOTAL. . 25,90 ( 688 ) - Le fait le plus saillant qui ressort de la coupe pré- cédente, c’est le passage pour ainsi dire insensible du pliocène supérieur poederlien au quaternaire inférieur moséen. Il y a, en effet, presque autant de raison pour rapporter les couches n% 8 à 10 au moséen qu’au poe- derlien, dans lequel je ne les ai fait rentrer, sous toutes réserves, qu'en m’appuyant sur leurs caractères litholo- giques. Il est à remarquer aussi que, tandis que dans le sondage de la Trappe les premières couches rapportées au poeder- lien ont déjà été rencontrées à 18 mètres de profondeur, dans celui d’Oostmalle la sonde est descendue à plus de 51 mètres sans atteindre le tertiaire. C’est ce que montre la coupe suivante du grand sondage pratiqué, à la cote 25, derrière l’église de ce village, au cabaret In den Keyser. Sondage d Oostmalle. 8 Mètres. q4. 1. Sable qora, spm brunâtre, avec quelques grains de grav 1,00 2. Idem, on argileux, forment : un véritable gravier de base avec petits cailloux de quartz et de silex . . 0,20 gla. 3. oet rh bigarrée dej jaune, nement i pailletéo de x qisa. 4. Sable le. gris, pailler Í F a qis. 5. Sable quartzeux, jaunâtre . | à OW gisa. 6. Linéole de sable Sga, pris bleuâtre foncé 040 qts. 7. Sable quartzeux, sas assez grossier » -> - 1,00 F 8. Linéole tourbeuse. . . 2 à À 9. Sable eeen au n° 7, légèrement tourbeux 090 gAs. 10. Sable quartzeux, assez grossier, gris foncé . . . 1,80 11. Idem, gris pâle. . - 4,00 qisa. 12. Sable quartzeux, gris pale, légèrement argileux avec paillettes de mica 1,90 A REPORTER. . - 13,90 ( 689 ) Mètres. REPORT. . . 13,90 qtas. 13. Argile sableuse, gris foncé, pailletée . . . . . 0,20 qis. 14. Sable demi-fin, gris bleuâtre, pailleté . . . . . 1,00 15. Idem, plus quartzeux, avec as fragments d’ar- gile noire sur 0m,50 vers le bas 5,20 gla. 16. Argile schistoïde noirûtre . RU ue qisa. 17. Sable argileux, demi-fin, noirätre 0,30 qts. 18. Sable tele demi-fin, légèrement glauconifère et pailleté 7 En . 0,4 gta. 19. Argile noirätre, alien ‘ í dte ES qis. 90. Sable quartzeux, nend éd fonc 0,60 gla. 21. Argile plastique grise, presque dire devenant un peu sableuse à la partie supérieure . . . . . 2,60 qis. 22. Sable quartzeux, gris foncé . cs es ed qtas. 23. Argile schistoïde, sableuse, gris fo oncé 3,00 gla 24. Argile Rennes foncée, légèrement t pailletée, t très dure , 0,50 gts. 28. Sable gameten, gris foncé” Ms eeen 000 TOTAL ST 20 Au N.-E. du sondage d'Oostmalle, le puits artésien de la colonie de Merxplas, sur le territoire de la planchette de Beersse, a traversé 46",10 de dépôts moséens avant d'atteindre le tertiaire. C'est ce qui ressort de la coupe si détaillée qu’en a publiée notre savant collègue, M. le capitaine Delvaux, d’après les documents que lui ont remis M. le baron Van Ertborn pour les 50 premiers mètres, et M. l'ingénieur Zanen pour les 60 mètres sui- vants forés par M. Axer. (Ann. de la Soc. géol. de Belg., t. XVIII, Mémoires, 1891, pp. 107-156.) Depuis la publication du travail de M. Delvaux, le puits a encore été approfondi de 20 mètres dans un sable gris . pâle, glauconifère, assez fin et fossilifère par places. C'est en m'aidant de toutes ces données qu’il m'est ( 690 ) possible se hd la coupe du puits en question comme il suit Puits artésien de la colonie de Merxplas. Mètres. BRE ee 20 QUATERNAIRE. es i na qlas Lo aa à: 0 UIS :, . 3,95 qla . 4,60 q1s . 27,40 —— 429 supérieur poederlien. Po. . . . 18,10 noreo. inférieur diestien. . D . . . . 66,80 Lim 84,9 Totar . . 134,00 A proximité du puits artésien de la colonie de Merx- plas, on observe dans la grande briqueterie, sous 1",20 de sable flandrien (q4) blanc et jaune, quartzeux, avec petits cailloux à la base dans un sable brunâtre, 5 mètres d'argile (q1a) gris bleuâtre et verdâtre, avec parties noires et quelques blocs jaunes de septaria rouges ferrugineux à la partie supérieure. Le directeur de la colonie, M. Lambert, m'a assuré que c’est dans cette argile qu'on a recueilli les bois de Cervidés qui ont été ar à Bruxelles, au Musée de la Porte de Hal (1). (1) M. De Pauw, l’ancien contrôleur des ateliers au Musée, aujour- d'hui conservateur des collections à l'Université de Bruxelles, m'a dit qu’il croyait se rappeler avoir vu des restes de Bison avec ceux de Cervidés. ( 69% ) Un sondage que j'ai fait exécuter à la cote 28, au dilis de Merxplas, situé à un peu plus de 2 kilomètres à lE. de la colonie, montre que la prédominance de l'élément argileux dans le moséen se maintient dans cette direc- tion, comme l'indique la coupe suivante : Sondage au village de Merxplas. (Pl. Beersse.) Mètres qå. 4. Sable quartzeux, gris blanchâtre, telen avec petits Rs et een à la base + , gla. 2. Argile gris fo 2,40 qisa. 3. Sable qurieux gris foncé, avec petites linéoles argileu s qla. 4. Argile ie ‘ ERR Et qtas. 5. Argile sablènde; dre, très paleis See At qfa. 6. Argile grise, très pailletée Jar ne à UD qis. T. Sable quartzeux gris. oa . 4,00 TOTAL. 47,00 Au S.-E. de ce dernier sondage, le puits artésien de l'atelier de construction du chemin de fer vicinal, un peu à l'O. de Turnhout, n’a eu à traverser que 25 mètres de quaternaire avant d'arriver au pliocène supérieur poeder- lien, dans lequel on n’est descendu que jusqu’à 29 mètres de la surface. On sait que le sondage de recherche exécuté à Gierle (pl. Lille), à 5 kilomètres au S.-0. du puits de Turnhout, à la cote 24, par MM. Cogels et Van Ertborn, pour leurs travaux de levés de cette planchette, n’a traversé que 5,80 de flandrien et 1",70 de campinien (lire moséen) avant d'atteindre le poederlien. Le puits foré un peu à VE. de la gare de Turnhout, aux ateliers de M. Léonard Bierman, à la cote 25, et (‘692 ) dont M. l'ingénieur Zanen a bien voulu me remettre la série des échantillons, a traversé 16",50 de sables dont une couche seulement de 4 mètre d'épaisseur à la profon- deur de 9",75, est un peu argileuse et finement pailletée de mica. A l'E. de Turnhout, un grand sondage à Arendonck, à la cote 25, chez M. Maes, à l'enseigne In den Keizer, m'a fourni la coupe suivante : Sondage d'Arendonck. Mètres. rer: E Sable gris, quartzeux, avec ] ins d 1 blanc laiteux, se présentant sur Om, 30 à la partie inférieure, légèrement tourbeux et, d’après le carnet du sondeur, avec À cailloux : mais comme ceux-ci ne se trouvent pas parmi les échantillons recueillis, k est probable que c’est plutôt du sable durci ou des fragments de grès, qui ont opposé une petite résistance à la sonde. ee ru 0, qts. 2. Sable gris, quartzeux, assez grossier 3. Idem, coloré en noir par la tourbe . . se 0,90 qlas. 4. Argile grise, sableuse, légèrement tourbeuse. < 000 qis. 5. Sable gris, demi-fin, un peu pailleté de mica. . . 1,00 gfas. 6. Argile grise, sableuse, pailletée . . HEL: Gisa. 1. Sable gris, pes légèrement pailleié , eed gts. _ 8. Idem, non ans eee AN t. 9. Tourbe et bois. . . Pr, 00 gla. 10. Argile haine: grise et noire, tourbeuse rs. + 20 glas. 11. Argile sableuse, grise, aad KEE dn «HAN qisa. 12. Sable argileux, pailleté. . + « dek qlas. 13. Argile sableuse, semblable au numéro D: 1% qis. 14. Sable gris, demi-fin. . . +. 0 yfas. 15. Argile sableuse on 2,50 Is. 146. Sable gris, demi-fin 3,30 17. Idem, plus quartzeux ne 0,70 t. 18. Tronc d'arbre non percé . . . . . . . . . 0,10 To: 3110 ( 693 ) C'est au N. du sondage précédent que commencent à apparaître à la surface du sol les abondants cailloux et les bloes de roches quartzeuses qui prennent un si grand développement sur le territoire de la même planchette, entre Postel et la frontière de Hollande, et sur lesquels j'aurai l’occasion de revenir plus loin. Il est encore un autre point, fort important à noter ici, c'est que, tandis que l'élément argileux est fortement accentué dans les couches rapportées au moséen du son- dage d'Arendonck et des autres dont on vient de voir la coupe, pour les autres grands sondages dont il me reste à donner la succession des couches, c'est élément sableux qui se rencontre presque à l’exclusion de l'élément argi- leux. Le grand sondage de Postel, pratiqué au monastère des Pères Prémontrés, à la cote 57, sur la crête de partage des bassins de l’Escaut et de la Meuse, en fournit un premier exemple, comme le montre la coupe ci-après : Sondage de Postel. Mètres der. 4. Sable Quartreux, jaune. me g2n. 2. Cailloux de quartz blanc . . . ae + +020 gfs? 3. Sable quartzeux, gris, avec quelques grains de : i 0,30 gia. 4. Argile grise degtrersent vallende si 300 qis. 5. Sable quartzeux, assez grossier, ati en ER | 6. Sable très quartzeux, d'un beau blanc. . . . . 18,00 1. Idem, legerement ne = oo n à : , |, AU 8. Sable quartzeux, d’un beau blanc 3,00 9. Sable quartzeux, blane, demi-fin à a pitje sujé- rieure et plus ee de 40 à 50 mètres de la surface + 19,40 . Sable quartzeux, pi verđiitre; dont la teinte et la nature plus graveleuse semblent bien indiquer qu’on touche au pliocène supérieur diestien . . 2,80 Torat. . . 54,30 a © ( 694 ) Les sables blancs qui ont été traversés par le sondage de Postel sur une épaisseur de plus de 51 mètres, se pro- longent au S., où ils ont donné naissance aux grandes sablières disséminées sur le territoire des planchettes de Réthy, de Moll et de Lommel. Ce sont ces sables blancs qui sont utilisés tant en Belgique qu’à l'étranger, dans les verreries et les cris- talleries, et qui sont presque exclusivement employés maintenant pour les usages domestiques de nos grands centres. Dans les immenses exploitations qui forment autant de grands lacs, le sable en question est retiré jusqu'à une profondeur atteignant parfois plus de 15 mètres, et eela à l’aide de bateaux dragueurs ou simplement au moyen assez primitif de dragues à la main, pour les faibles pro- fondeurs. Partout dans ces sablières on observe à la partie supé- rieure un niveau de cailloux de quartz blanc, de silex et de roches primaires, sarmonté d’une couche de sables blanc et jaune, graveleux, variant en épaisseur de 0",50 à 2 mètres et formant parfois, comme dans la sablière au sud de la station de Lommel, des poches de ravinements descendant jusqu’à plus de 3 mètres de profondeur dans le sable blanc dit de Moll. Je dois-encore faire remarquer que si l'élément argileux est fort peu développé dans toutes ces sablières, il n’en est cependant pas complètement exclu. C’est ainsi que dans la sablière de Lommel, dont il vient d’être fait mention, on constate à la partie supérieure du sable blané, ùn lit d'argile noire et gris pâle, variant en épais- seur de 0",10 à 0",30, A PO. de cette exploitation, dont le sable blanc est le plus pur et le plus estimé de la région, on a rencontré ( 695 ) dans les sablières de la Société anonyme de Wezel, situées entre le chemin de fer d'Anvers à Gladbach et le canal, deux bancs minces d’argile séparés de 4 mètres l’un de l’autre et se trouvant dans la moitié supérieure de la masse de sable blanc exploitée jusqu’à 12 mètres de pro- fondeur. Il faut encore citer à la partie supérieure du sable blanc, le bane d'argile grise, pailletée de mica, de 2",25 d'épaisseur, qui a donné naissance à la briqueterie située au N.-E. de Lommel, au N. et contre le canal de jonc- tion de la Meuse à l’Escaut. C'est au N. et à partir de ce même canal que s'étend sur la planchette de Réthy la grande sablière au N. de celle dite du Congo et dans laquelle les ouvriers m'ont signalé l'existence d'un banc d'argile sous 107,90 de sable blanc gfs. Un grand sondage pratiqué, à la cote 22, au hameau de Pompfort, sur le territoire de Réthy, et presque à la limite de cette planchette avec celle d'Arendonek, m'a montré que dans cette direction le sable moséen ne conserve. plus sa couleur blanche, devient verdâtre et se confond pour ainsi dire vers le bas avec le dépôt argilo- sableux verdâtre que j'ai cru pouvoir rapporter au plio- cène inférieur diestien. C’est ce que montre la coupe ci-après : Sondage de Pompfort. (PL. Réthy.) Mètres q2s. 1. Sable quartzeux, jaune, graveleux . . . . = . 2,10 głs. 2. Sable quartzeux, gris blanchâtre : 4,80 3. Sable quartzeux, e verdâtre foncé et pus pale vers le bas . À REPORTER. . . 38,20 ( 696 ) i Mètres REPORT. . . 39,20 qisa. 4. Sable argileux, er avec Sr ee petits gra- VIS -. ` D? 5. Sable vert, quarta, pdi ou G point glaucoñiférs, avec quelques grandes paillettes de mica, alter- nant avec des couches minces d’argile sableuse verdatre: n a de ur, + Toni- _ 39,90 Au N. de Moll, à la limite de la planchette de ce nom avec celle de Réthy, un grand sondage, à la cote 27, ma donné une succession de couches semblable à celle du sondage précédent, mais avec cette différence que les éléments en sont mieux caractérisés, comme le montre la coupe suivante de ce sondage : Sondage au N. de Moll. (PI. Moll.) Mètres. qis. 1. Sable ent blane demi-fin, légèrement, K leté. . SE en , 2. Idem, gris verdâtre pà ale . … 13,00 qisa. 3. Sable quartzeux, gris verdätre, demi- fin, avec linéoles d'argile grise et concrétions pyriteuses. 5,20 D. 4. Argile sableuse, d'un vert foneé, avec vane rares grai Poo . „30 5. Sable glauconifère, e ‘A 6. Idem, un peu plus foncé . . . . . . . . . 2,2 Tori. . : 85,00 On à vu plus haut que c’est sur le territoire des plan- chettes d’Arendonck et de Postel que commencent à apparaître à la surface du sol les amas de cailloux de silex et de roches primaires ainsi que les blocs de roches quartzeuses, ( 697 ) En poursuivant mes levés à PE. de la planchette de Moll, sur le territoire des planchettes de Lommel et d'Overpelt, je me suis trouvé en présence non seulement des mêmes cailloux et autres éléments plus ou moins roulés, mais damas de ces mêmes roches mélangées à du sable grossier et dans lesquels sont ouvertes parfois de véritables petites gravières, Malheureusement celles-ci, malgré des sondages à la main arrêtés à quelques mètres de profondeur par la difficulté de retirer l'appareil, ne permettaient pas de décider quelles étaient leurs relations stratigraphiques avec le sable blanc de Moll rapporté au campinien dans la légende de la carte. Représentaient-elles la base du dépôt de sable jaune renseigné provisoirement sous la notation q4, ou bien ce que la légende de la carte appelle les « cailloux ardennais du plateau oriental du Limbourg », en leur assignant la notation q2n, et dans ce dernier cas étaient-elles supé- rieures ou inférieures au sable blanc? Tel était le point important à élucider. Il est bien vrai que dans certaines sablières, comme celle déjà mentionnée au S. de la sta- tion de Lommel, de même que dans celles abandonnées, situées à 'O,-N.-0. de Lommel, un peu au S. et à peu de distance de la 25° borne du canal de jonction de la Meuse à l’Escaut, on observe au-dessus du sable blane 2 à 5 mètres de cailloux surmontés de sable jaune, plus ou moins graveleux ; mais sur d’autres points, il se trouve des dépôts argilo-sableux identiques à ceux de Moll et reposant sur la couche graveleuse. Les mêmes successions de couches furent constatées par mes levés des planchettes, situées plus à PE., d'Hamont et de Veldhoeven, et un grand sondage pratiqué à ce dernier village, à la cote 42, ne fit que me plonger De SÉRIE, TOME XXXII. 46 ( 698 ) dans une plus grande perplexité, comme on le verra par la coupe ci-après, que j'interprète, sous le rapport des notations, d'après la légende de la carte. | Sondage de Veldhoeven. g2s. 1. Sable quartzeux, blanchâtre, légèrement graveleux. 1,40 q2n. 2. Sable grossier, avec gravier et cailloux de quartz, de silex a de roches primaires, pe très abondan . 12,50 q2s. 3. Sable assez geer grise les avec quelques grains de glaucon . 2,60 g®n.. 4. Banc de silex - ; . hs RU q2a. 5. Argile plastique grise, bigarrée de brunâtre in de VO q2sa. 6. Sable gris foncé, assez grossier, un peu argileux . 0,70 qu. T: de grise, légèrement sableuse et avec quelques ailloux vers là base , arn go ere 090 dn 6, B Torat. . ‘ 18,70 L'examen attentif des échantillons de chacune des cou- ches de la coupe précédente montre que celles de ces couches auxquelles sont attribuées les notations q2s, q2a et q2sa ne sont en réalité que des couches subsi- diaires, mais très utiles à distinguer sur la carte, des amas de sable grossier, de gravier et de cailloux représentés par la notation q2n. Ces amas, traversés sur plus de 18 mètres d'épaisseur par la sonde qu’un banc de grès n’a pas permis de des- cendre plus bas, représentent incontestablement la base du campinien proprement dit. Seulement, il importait de savoir Sur quoi il repose. A cet effet, j'ai entrepris une série de nouveaux grands sondages sur le territoire des planchettes, plus au S., de Peer, Meuwen et Brée. ( 699 ) Ces sondages ont tous abouti à de très heureux résul- tats, malgré la difficulté de traverser les amas de cailloux contre lesquels mes ce sont venus plus d’une fois se briser. Je commencerai par celui pratiqué près de la gare de Wychmael, dans les dépendances de la fabrique de cigares J.-W. Hoefnagels et fils, à la cote 62. Sondage de Wychmael. (P1. Peer.) Mètres. g2n. 1. Sable "o assez grossier, E avec cail- lou -1,2 2 Sable blanchâtre, graveleux : E ire as + "OU 3. Sable grossier avec gravier et call 0,50 4. Graviers et cailloux de Ton nes, de silex et de roches primaires . . i -< 2,00 5. Sable grossier, graveleu 4,20 qis. 6. Sable quartzeux, gris verte walb: ruik: sur te jaunâtre, légèrement rés parfois un peu argileux. 9,20 h Sable quarieux verdatre, assez ; fonc, ‘légèrement pai „50 qla. 8. Argile bald grise, sehistode, légétémient pit: letée, avec quelques petits cailloux. . . 0,20 D? 9. Sable > tzeux, demi-fin, verdâtre , légèrement i paillet ,50 10. Sable an påle, pailleté, rappelant i sable Eóin Casterlé et celui des plus hauts sommets du milieu de la limite orientale de la bas de Beeringen, ainsi que celui qui, à Waltwilder, s'observe entre le diestien et le ans Bee, D. 11. Argile sableuse, vert foncé . . se RON 12. Sable vert, glauconifère Er uO ao 13. Argile sableuse, seb au numéro ou „0, 14. Sable vert, alternant avec de l'argile vert foncé. + 9,60 À REPORTER. . . 43,50 ( 700 ) Mètres. REPORT. . + 43,50 et linéoles argileuses d’un vert jisnôtre … in 80 16. Sable d’un vert jaunâtre, légèrement argileux, rap- pelant un peu le boldérien de la région de Lierre. 1,00 17. Sable verdâtre, avec rares an ti de grès. + 4,09 Sable vert, glauconifère, avec pàn ge 18. Idem, avec linéoles argileuses . . ad an À. 19. Argile sableuse, verdâtre, finement pailletée rs 6,00 20. Idem, passant au sable argileux avec quelques rares fragments de grès et de nombreux a cailloux plats de silex, surtout vers le bas . . ; Ten KOTA > ~ 86,00 La coupe qui précède, bien qu'ayant une très grande importance au point de vue de la connaissance du sous- sol tertiaire, n'en a pas autant pour la question qui fait l'objet de cette communication. Et, en effet, entre les cailloux q2n et les dépôts argilo-sableux rapportés au diestien (D), il y avait bien 11",90 de sables, séparés de ces derniers par un banc d'argile, et présentant de sérieuses analogies avec les dépôts moséens. Mais, outre leur peu d'épaisseur relative et leur coloration particulière provenant sans doute de la nature des dépôts sous-jacents, on ne pouvait guère trancher une question aussi impor- tante que celle de la superposition des cailloux g2n sur le sable moséen, rapporté jusqu'ici au campinien, sans obtenir d’autres preuves à l'appui. Cela s'imposait d'autant plus que certains faits, obser- vés non loin du sondage de Wychmael, semblaient venir à l’encontre de cette superposition. Je citerai notamment la coupe qu’il ma été donné de relever en juin 1896, à la cote 62, dans une petite sablière à FO. d'Hechtel : gan. g2sa. q2a. gan. (701) Sablière à l'O. d'Hechtel. (PL. Peer.) 1. Sable noir végétalisé, avec cailloux disséminés . 2. Sable blanc et jaune, avec petites poches de sable argileux passant à l'argile, lentille de sable blanc rie et nombreux cailloux disséminés et en lent 3. Sable ne nemen pailleté, hanen sur Om, 40; n sondage donne encore Om,70 du même sable, son en toat- D nn , 4. Argile grise, plastique . SR EN A 5. Sable jaune, grossier, gravelaus , TOTAL. Mètres. 0,30 3,50 Aux environs de Peer, sur le territoire de la planchette de Meuwen, on exploite, pour en faire des briques, une argile plastique qui atteint parfois près de 1 mètre d'épaisseur et qui se trouve entre deux niveaux de cailloux et de gravier. Le grand sondage que j'ai fait exécuter à PE. de Peer, à la station du tram d’Ellicum, chez le sieur Cillen, à la cote 62, fournit encore un cas analogue en même temps que d’autres faits intéressants relevés dans la coupe ci- après : q2n. q2as. Sondage d'Ellicum. (Pi. Meuwen.) ` t. pp voe avec gravier et cailloux dans lesquels a été ouverte une gravière à proximité du sondage 2. Argile abide jaunâtre, homes: au sable hinde avec caill : 3. Argile jaune bigarrée À REPORTER. 1,00 0,20 1,60 ( 702 ) Mètres. REPORT. … . 1,60 q2n. 4. Sable grossier, jaune et gris, nn légèrement argileux, avec gravier et cai qis: + à. + re pion jil, légèrement pail ,40 6. o quartet, pris bleuâtre foncé Per OM 7. Idem, avec petits cailloux de pri PR de RA 8. Sable semblable au n° 6. . és 20 9. Sable semblable au n° 7, avec petits éilloux de Hi D. 10. Sable quartzeux vert foncé, légèrement pailleté. . 2,20 11. Sable argileux, vert foncé . De Poe v À 42. Sable semblable au n° 10 . . . . . 7,60 43. Sable vert, glauconifère, avec trigmente de grès Be rugineux et cailloux plats dans la masse, limité vers le bas par une roche lisse d’un brun foncé Om,05 d'épaisseur . “4,9 14. ur sableuse, Haans dan vert foncé paš- nt vers le bas, sur 0m,90, à un sable vake sier 15. Sable vert, glauconière, assez “grossier: avec pets cailloux à la base : + 3 16. Roche dure non percée. > TOTE se 46,65 Il me reste, enfin, à faire connaitre le relevé des couches rencontrées dans le grand sondage que j'ai fait pratiquer, non plus à la cote 62, comme les deux précé- dents, mais à la cote 42, au hameau d’Opitter, au S.-E. de Brée, et dont voici la coupe détaillée : Sondage @ Opitter. (PL. Brée.) Mètres. g2n. 1. Gros cailloux de quartz, de silex et de roches pri- maires schisteuses, très As de mica, avec sable jaune grossier et gra , q2a. 2. Argile plastique gris linde bigam ée de jaune, avec gravier et cailloux . Å REPORTER. « « 2,20 ( 705 ) Mètres. ÉPORT. 0 L) g2n. 3. Roches semblables au n° 1, présentant des bloes de roches quartzeuses de Om, 30, de 0m,40 et de Om,10, respectivement à la ms de 4 mètres, de 6m, t 8m,60 . : | rab Vitalius Victorinus | et Novellinius Mallus fa [num elt] simulacrum a fundam||ent}is ex voto rles|tituerunt. « En l'honneur de la maison divine, au dieu Mars » Intarabus, Vitalius Victorinus et Novellinius Mallus » ont réparé ce sanctuaire avec la statue, depuis les fon- » dations, en accomplissement d’un vœu. » Les deux premières lignes sont ainsi disposées : IN-H-D-D-DEO - MARTI - INTAI RABO : VITALIS :- VICGTORINVS - Le graveur voulait mettre: INTARABO. Comme il gme SÉRIE, TOME XXXII. 49 ( 746 ) restait un peu de place à la fin de la première ligne, il a essayé d’y mettre encore la lettre R et il a gravé la haste verticale, puis il y a renoncé. Voilà comment le Dr Lehner explique la présence de ce trait, que l'on prendrait à tort pour un 1. La même erreur s’est produite à la fin de la troisième ligne, dans le mot FANVM. Il est done incontestable que le dieu s'appelait Inta- rabus ou Entarabus. Quant à la nature et aux attributs de ce dieu, il n’y avait pas d'indice certain et les celtisants n'ont pu expliquer son nom (1). On ne pouvait faire que des conjectures. Dans l'inscription de Foy, il s’agit d'un vœu adressé à ce dieu par deux soldats, et le dieu celtique est associé au Genius centuriae Ollodagi, au génie de la centurie commandée par Ollodagus. Il était assez naturel de supposer qu’on avait affaire à un dieu guerrier, mais la conclusion n'était pas sûre, parce que les soldats asso- cient souvent des dieux quelconques, surtout des dieux nationaux, aux dieux militaires (2), ou bien choisissent comme protecteur un dieu qui n’a pas d’attributions guerrières (3). Les divinités celtiques furent souvent identifiées aux divinités romaines ayant des attributs analogues et on leur donnait à la fois le nom romain et le nom celtique : c'est un moyen sûr de reconnaître leur nature. C’est ce que Vitalius Victorinus et Novellinius Mallus ont fait dans l'inscription de Loewenbrücken. C’est au deus Mars (1) Nous avons donné la conjecture de D'ARBOIS DE JUBAINVILLE (l L, p 388, n. 3, Horper (Altceltischer Sprachschatz, s. v. Entarabus) traduit par Mittler, médiateur (2) Bulletin de l Acad. roy. de Belgique, l. L., p 392. (3 Vox Domaszewski, Die Religion des römischen Heeres (WEST- DEUTSCHE ZEITSCHRIFT, XIV, 1895, pp. 41-421). ( 747 ) Intarabus qu’ils ont reconstruit un sanctuaire orné d’une statue. Intarabus était donc un dieu guerrier identifié à Mars par les Trévires romanisés. Dans notre précédente communication, nous parlions d'une statuette en bronze, haute d’environ 20 centi- mètres, trouvée, il y a plus de vingt ans, dans le champ même où fut déterrée l'inscription de Foy. Cette statuette a été décrite par Schuermans (1), mais elle n’a pas encore reçu les honneurs de la publication. Schuermans a sup- posé qu’elle représentait soit le dieu Entarabus, soit le génie de la centurie d’Ollodagus. Le D: Lehner fait remarquer qu’elle n’a rien de commun avec le type connu des génies militaires, et il incline à croire qu’elle représente le dieu Entarabus. Nous souhaitons qu’elle soit bientôt publiée. (1) Schuermans, L. l, p. 394. La statuette est conservée par M. Louis Mathieu, Grand'Place, à Bastogne ( 748 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 5 décembre 1896. M. Ta. Rapoux, directeur. M. le chevalier Epuonp MarcaaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Vinçotte, vice-directeur ; Éd. Fétis, Ad. Samuel, G. Guffens, Jos. Jaquet, J. Deman- nez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, J. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Alfr. Cluyse- naar, F. Laureys, le comte J. de Lalaing, J. Winders, Em. Janlet, H. Maquet, membres; J.-B. Meunier, Alb. De Vriendt et Flor. van Duyse, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le Directeur, en ouvrant la séance, annonce la perte que M. Charles Tardieu vient de faire presque inopinément, par la mort de sa femme. La Classe s'associe aux sentiments qu'exprime à ce sujet M. Radoux et, sur la proposition de celui-ci, M. le Secrétaire perpétuel écrira à M. Tardieu, pour lui exprimer les condoléances de ses confrères au sujet de l'événement douloureux qui vient de le frapper. ( 749 ) — M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics fait parvenir : 4° une expédition de l'arrêté ministériel qui alloue la pension de 4,000 francs à M. Augustin Cols, lauréat du grand concours d’archi- tecture de 1896; 2° trois exemplaires du programme du grand concours de sculpture de 1897. — Le même Ministre envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, la 5° livraison de la publication intitulée : Les Musées royaux du Parc du Cinquantenaire et de la Porte de Hal, à Bruxelles. — Remerciements. — MM. Émile Vloors et Jules Baetes, lauréats des con- cours d'art appliqué, adressent des lettres de remercie- ments. — Hommages d'ouvrages : Notice sur la vie et les travaux de M. Ambroise Thomas; par le comte Henri Delaborde ; Aesthetische Durchbildung der Hochbauten der Verkehrs- Anlagen und der Donau-Canal-Regulierung; par Otto Wagner, architecte à Vienne. (Présenté par le chevalier Edm. Marchal.) — Remerciements. RAPPORTS. Il est donné lecture des appréciations suivantes : 4° De MM. Winders, Janlet et Maquet, sur le cinquième rapport de M. Arthur Verhelle, prix de Rome pour l'ar- chitecture, en 1890, et sur le premier rapport (5° année ( 750 ) d’études) de M. Lambot, boursier de la fondation Gode- Sr pour l'architecture ; De MM. Jacquet, De Groot et Vincotte, sur le pee rapport de M. Égide Rombaux, prix de Rome pour la sculpture, en 1891 ; 3° De la section de sculpture sur le modèle du buste de J. Brasseur, exécuté par M. Émile Cantillon. Copies de ces appréciations seront transmises au Gouvernement. CONCOURS ANNUEL. — La Classe nomme, conformément à l'article 15 de son règlement, les commissions chargées de s'occuper de la présentation des questions pour le programme du con- cours de 1898. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES. Conformément à l’article 15 du règlement de la Caisse centrale des artistes belges (arrêté royal du 40 janvier 1849), M. Marchal, trésorier, soumet à l'approbation de la Classe l’état général des recettes et des dépenses de la Caisse pendant l’année 1896, dressé èn conformité de l’article 16 du règlement. (Impression au Moniteur et dans l Annuaire de1897.) ape ren Le Ee Pan de sh T APSE dé Cd SR A (781) ÉLECTIONS. La Classe procède à l'élection de sa Commission spé- ciale des finances pour 1897. — Les membres sortants sont réélus. — M. Hymans remplacera M. Pauli. Elle se constitue en comité secret pour la discussion des titres des candidats aux places vacantes êt la présen- tation de candidatures nouvelles. COMMUNICATION ET LECTURE. Un mot au sujet du discours prononcé par M. Théodore Radoux, directeur de la Classe des beaux-arts, dans la séance publique du 8 novembre 1896 ; par Peter Benoit, membre de l’Académie. ` Je tiens à exprimer personnellement mes plus vifs remerciements à notre cher Directeur de la Classe, M. Théodore Radoux, au sujet de son exposé de prin- cipes relatifs à la nationalité dans l’art musical, et déve- loppés dans son discours directorial, en séance publique de la Classe des beaux-arts de l’Académie royale de Belgique, le 8 novembre 1896. M. Radoux, avec l'autorité que lui donnent son savoir et sa position de directeur du Conservatoire de Liége, a prononcé pour les musiciens wallons le sacramentel : « Sésame, ouvre-toi! » mettant ainsi en leur possession des trésors de musique populaire wallonne, dont ils pourront s'inspirer à l'avenir, afin d'imprimer à leurs compositions musicales le cachet national wallon. ( 253 ) C'est ce que fit, il y a bientôt un quart de siècle, un musicien flamand (4) pour les Flamands, en adoptant comme un des principes fondamentaux de l'éducation musicale à l'École de musique d'Anvers, l'étude pratique dans tous les cours et l’application aux œuvres musicales de la musique populaire flamande, ce qui, du reste, n’était pas entièrement nouveau pour la Belgique, certains pays nous ayant précédés depuis longtemps dans cette voie artistique nationale. Je trouve dans l'opinion exprimée par M. Radoux une adhésion aux idées défendues, depuis bientôt trente ans, par le musicien flamand précité, et une confirmation de ce que celui-ci a préconisé dans de nombreux écrits, c'est-à-dire le principe autrefois controversé et com- battu « de la nationalité dans l’art musical en Bel- gique ». L'initiative prise par M. Radoux fera sensation dans notre pays si éminemment artistique. Dorénavant, espé- rons-le, les musiciens wallons, puisant aux sources de la musique populaire wallonne, et les musiciens flamands, continuant leur œuvre flamande commencée et poursuivie avec succès, marcheront d’accord vers la réalisation d’un idéal rêvé : « donner à notre patrie bilingue une dualité musicale artistique sincère et caractéristique ». Merci encore à notre honoré confrère, M. Théodore Radoux, et bonne chance à tous. (1) Peter Benoit. N + Se er ed CLASSE DES SCIENCES. Séance du 15 décembre 1896. M. AL. BRIALMONT, directeur, président de l’Académie. M. le chevalier En». MarcHaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alfr. Gilkinet, vice-directeur; le baron de Selys Longchamps, G. Dewalque, E. Candèze, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, H. Valé- rius, L. Fredericq, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; L. Errera, A. Lancaster, G. Cesàro et J. Frai- pont, correspondants. En ouvrant la séance, M. le Directeur félicite MM. Can- dèze, Van Bambeke et Spring pour leur promotion au grade d'officier de l'Ordre de Léopold. Nos trois con- frères, ajoute-t-il, peuvent être d'autant plus fiers de porter leurs nouveaux insignes que leur promotion est des plus méritées. (Applaudissements.) M. Candèze remercie la Classe tant en son nom per- sonnel qu’en celui de MM. Van Bambeke et Spring. (754 ) CORRESPONDANCE. M. le Recteur de l’Université de Liége fait savoir que la cérémonie des derniers honneurs à rendre à M. le profes- seur Delbœuf, membre de la Classe, aura lieu à la salle académique de l’Université, le jeudi 47 décembre, à 11 heures. — La Classe accepte le dépôt dans les archives d’un billet cacheté de M. L. Errera, portant la date du jour de la séance. — Hommage d’un ouvrage : Planches de physiologie végétale; par L. Errera et Ém. Laurent. Texte descriptif français avec 86 figures et explications des planches en français, en allemand et en anglais. — Remerciements. — Un travail de M. Julien Fraipont (La grotte du mont Falhise, Anthée) est renvoyé à l'examen de MM. Dewalque, Dupont et Malaise. ( 758 ) JUGEMENT DES CONCOURS. SCIENCES NATURELLES. PREMIÈRE QUESTION. On demande des recherches nouvelles au sujet de l Inter- vention de la phagocytose dans le développement des Inver- tébrés. Rapport de M. Plateau, premier commissaire, « Je vais essayer de résumer le long, mais très impor- tant travail, portant pour épigraphe : Ab ovo usque ad mala, en réponse à la question : On demande des recher- ches nouvelles au sujet de l'intervention de la phagocytose dans le développement des Invertébrés. L'auteur, obligé naturellement de limiter ses recherches à certains groupes déterminés, a choisi les Insectes et les Mollusques lamellibranches. Chez les Insectes, dont le développement post-embryon- naire constitue un sujet des plus intéressants, il a étudié successivement les phénomènes qui se passent chez les formes à métamorphoses complètes et chez celles à méta- morphoses incomplètes. (756 ) INSECTES A MÉTAMORPHOSES COMPLÈTES. A. — Transformation du tissu musculaire. Deux opinions principales régnaient au sujet de la transformation du tissu musculaire des organes larvaires. D'après l’une, soutenue surtout par Kowalevsky et Van Rees, la destruction -du tissu musculaire de la larve serait ` due exclusivement ou presque exclusivement aux globules sanguins ou amibocytes passant à l’état de phagocytes, dévorant et digérant la substance contractile des fibres et même les noyaux. D'après l’autre, basée principalement sur des recherches concernant l’atrophie de la queue des Têtards et qui fut défendue par S. Mayer, Barfurth, Loos, etc., le tissu musculaire subit une désagrégation sans intervention active, déterminante, de phagocytes, ces derniers élé- ments ne jouant qu’un rôle accessoire. Metschnikoff interpréta cependant les choses d'une troisième manière : il ne se produirait, dans le muscle, ni disparition de noyaux, ni désagrégation spontanée des fibres, ni destruction par des phagocytes provenant du sang de l'animal. Il y aurait destruction et absorption du tissu par des phagocytes musculaires nés dans son sein et constitués des noyaux musculaires entourés de portions empruntées au tissu contractile. L'auteur du mémoire de concours, par l'examen des éléments de nombreuses nymphes de Calliphora vomitoria fixées par des procédés divers, est parvenu à expliquer une partie de ces désaccords, en montrant que le phéno- FT (207 ) mène d’histolyse du tissu musculaire des Muscides s'effectue par deux procédés pouvant marcher parallèle- ment : le muscle étant entré dans la phase d’inactivité, l'élément contractile perd sa structure, devient homogène et se résout en fragments qui, l’action des réactifs colorants semble l'indiquer, sont le siège d’altérations chimiques, les phagocytes proprement dits d’origine sanguine n'intervenant pas comme agents dissociants. Les phago- cytes ne commencent leur œuvre que plus tard, l’altération chimique des parcelles ou sarcolytes du tissu en voie de destruction les attirant par chimiotaxisme. Mais, tandis que la partie contractile des fibres subit ainsi les modifications que nous venons de rappeler, il arrive fréquemment aussi que les noyaux musculaires s’hypertrophient, s'entourent d’une zone de cytoplasme et forment ainsi de grandes cellules ou myoclastes qui deviennent libres par rupture du sarcolemme et fonc- tionnent à peu près comme les éléments décrits par Metschnikoff; ils absorbent en grand nombre les sarco- lytes qui subissent dans leur intérieur des modifications profondes, telles que la dégénérescence graisseuse, par exemple. En résumé, il y aurait ici désagrégation spontanée du tissu musculaire, puis enlèvement et digestion des débris par deux espèces éléments cellulaires distincts, des phagocytes proprement dits et des myoclastes. Le Bombyx Mori a donné à l’auteur des résultats ana- logues. Chez la nymphe d’un Coléoptère, le Tenebrio molitor, les faits sont un peu différents : la destruction musculaire débute encore une fois dans l'élément con- tractile lui-même et la phagoeytose n'apparait qu’ulté- rieurement, mais il n’y a pas intervention de myoclastes ( 758 ) et ce sont des phagocytes vrais provenant du sang qui seuls absorbent et véhiculent les produits de désagrégation des muscles. Enfin, pour terminer ce qui concerne la destruction du tissu musculaire chez les Insectes à métamorphoses complètes, disons que la larve de Phrygane âgée a fourni des faits qui, mis en parallèle avec d’autres offerts par Calliphora et Bombyx, permettent de supposer que c’est surtout vers la fin de la phase larvaire et au commence- ment de la phase nymphale que les muscles se détruisent par myoclastes et que le rôle des phagocytes vrais ne devient prépondérant qu'à des époques plus avancées. B. — Destruction des glandes salivaires. Dans ce cas encore, l’auteur constate que les phago- cytes ne sont pas la cause première de la destruction. Les cellules glandulaires épuisées présentent d’abord incontestablement des phénomènes de dégénérescence, et ce n’est que lorsque celle-ci est assez accusée que les phagocytes amenés par chimiotaxisme les corrodent et en incorporent la substance. Il réfute en passant l'opinion de Viallanes, qui croyait à la formation endogène de petites cellules quittant sans cesse la cellule salivaire au sein de laquelle elles étaient nées, pour se répandre dans la cavité du corps. C. — Destruction de l'épithélium chitinogène larvaire. En examinant ce qui se passe chez la Mouche bleue, le Ver à soie et le Ver de farine, l’auteur du travail a pu confirmer les observations de Van Rees : les cellules (708) chitinogènes destinées à disparaître offrent des signes évidents de destruction spontanée : condensation du noyau (Calliphora), fragmentation du cytoplasme, appari- tion de granulations graisseuses, etc. De nouveau, ce n'est que quand ces phénomènes ont débuté que. les phagocytes vrais interviennent. Pendant que l’ancien épithélium subit ainsi l’histolyse et la phagocytose, ses cellules cèdent la place à des éléments histologiques nouveaux provenant de la prolifé- ration d'îlots embryonnaires ou disques imaginaux. De cette façon, jamais la couche chitinogène n'offre de solu- tions de continuité. D. — Destruction du corps adipeux. Kowalevsky a décrit la destruction du corps adipeux comme effectuée directement par des phagocytes. Van Rees, de son côté, croit à la pénétration de globules san- guins (amibocytes) dans les cellules du corps adipeux; ils s'y gorgeraient de granulations graisseuses, puis quitte- raient successivement l’élément cellulaire. L'auteur du mémoire qui nous est soumis n’admet ni l'une ni l’autre de ces interprétations. Pour lui, il n’y a pénétration dans la cellule adipeuse ni de globes granu- leux (phagocytes) ni d’amibocytes dont on pourrait toujours, s'ils existaient, reconnaître les noyaux. lei, comme pour les autres tissus, la phagocytose n’intervient que lorsque la cellule adipeuse s'est désagrégée sponta- nément en passant par une série de modifications. INSECTES A MÉTAMORPHOSES INCOMPLÈTES. L'évolution d’un Insecte à métamorphoses incomplètes est en général considérée comme se résumant en un simple accroissement. L'auteur s’est proposé de vérifier pour les muscles et l’épithélium chitinogène, chez la Forficule, la Nèpe et la Nautonecte, le bien-fondé de l'hypothèse émise par Korschelt et Heider, d’après laquelle les choses se passeraient, au contraire, chez les Insectes hémimétaboles comme chez les holométaboles, c'est-à- dire par destruction de groupes d'éléments cellulaires épuisés et régénération d'éléments nouveaux. Il a constaté que la théorie émise par les naturalistes précités était exacte : la destruction des tissus n’est natu- rellement pas générale; à un moment donné, quelques muscles seulement sont le siège de désagrégation et de formation de myoclastes: la couche chitinogène n'offre pas de grandes régions en voie de remplacement; ce sont des cellules isolées qui présentent des symptômes de mort, tandis que d’autres en pleine activité se multi- plient après avoir puisé des matériaux de nutrition dans la substance de myoclastes répandus à la base de l'épi- thélium. Constatant, à propos de la destruction du tissu mus- culaire, que celle-ci, chez les hémimétaboles, a lieu par seule production de myoclastes, done par autophagocy- tose, tandis que chez les holométaboles il y a phagocy- tose mixte, ou intervention subséquente de cellules migratrices, l’auteur émet, au point de vue phylogéné- tique, l’idée que l’autophagocytose serait un phénomène (et) primordial, tandis que la phagoeytose par phagocytes vrais serait un phénomène acquis apparaissant là où des métamorphoses profondes doivent s'effectuer d’une façon rapide. DESTINÉE DES PRODUITS DE DESTRUCTION. Que deviennent les phagocytes bourrés de débris de üssus et les myoclastes? Avec Van Rees et Kowalevsky, l’auteur voit les phago- ` cytes qui se répandent çà et là être le siège d'une diges- tion intracellulaire plus ou moins complète des éléments qu’ils ont absorbés. Tantôt, comme chez Calliphora, les sarcolytes et autres substances y seraient en partie trans- formés en liquides diffusant au travers de la membrane cellulaire, une autre portion de ces substances pouvant être mise en liberté avant transformation totale. Tantôt, comme chez Tenebrio, les matériaux ingérés se trans- forment, dans le phagocyte, en graisse expulsée ensuite sous forme de boules. Les myoclastes aussi sont le lieu d’une digestion intra- cellulaire, puis se désagrègent et mettent en liberté leur contenu semi-liquide au voisinage de jeunes tissus en voie de formation, lesquels l'absorbent à leur tour. D'une façon générale, dit l’auteur, les produits de la destruction histolytique servent tous de matériaux nutri- tifs aux organes imaginaux. DÉVELOPPEMENT DES ORGANES REPRODUCTEURS. La reproduction est la destinée finale à laquelle tendent toutes les forces de l'organisme animal. Aussi les pro- duits de destruction des tissus larvaires servent-ils, chez 9" SÉRIE, TOME XXXII. 50 (462) les Insectes, à la nutrition et au développement des élé- ments reproducteurs. Ainsi la graisse passe, à la suite d’une division poussée très loin, dans les cellules épithé- liales des gaines ovariques qui la cèdent plus tard aux ovules. ; L'auteur a examiné attentivement ce qui se passe dans l'ovaire du Dytique. Il a vu dans la chambre initiale ou germigène des gaines ovigères, à côté des phénomènes déerits, par exemple par Korschelt, ce fait intéressant que plusieurs cellules du germigène subissent une des- , truction histolytique sans intervention de phagocytose, et que les produits de cette destruction pénètrent finalement dans les jeunes ovules, cette pénétration permettant d'ex- pliquer d’une manière rationnelle des détails probable- ment mal interprétés par Will. On admet depuis longtemps que, dans les.gaines ovi- gères des Insectes où les ovules se trouvent bientôt sépa- rés par des groupes de cellules vitellines ou nutritives, le contenu de ces dites cellules est absorbé par l'œuf. L'au- teur a étudié cette absorption dans ses diverses phases : la mince couche épithéliale qui sépare les unes des autres les cellules nutritives devenues énormes, cède par places ; des cellules nutritives se fusionnent, puis leur substance coule et pénètre dans l'œuf voisin qui fonc- tionne comme un volumineux phagocyte; là leur cyto- plasme se confond intimement avec le vitellus, tandis que leurs noyaux, soit entiers, soit en traînées diffluentes, restent durant longtemps distinets et décelables par les réactifs. Pendant cette pénétration, le noyau de l'œuf ou vésicule germinative présente des mouvements ami- boides et se porte à la rencontre du ou des noyaux entrés qu'il entoure et englobe dans sa substance. ( 765 ) De cette facon, "le cytoplasme des coliates Ainus sert à augmentation de volume et à la nutrition du vitel- lus de l’œuf, tandis que les noyaux dẹ ces mêmes cellules servent à la nutrition de la vésicule germinative et, sem- ble-t-il, à l'accroissement de sa chromatine. Les résultats fournis par le Dytique et confirmés par des observations sur le Carabe, le Bombyx de la soie, PHydrophile, le Téléphore, semblent tous conduire à cette conclusion que l'œuf s’est nourri par phagocytose, depuis son origine et pendant tout son trajet au travers de la gaine, de substances fournies par les cellules épithé- liales et les cellules nutritives, accumulant ainsi, dans son intérieur, les matériaux destinés à la production des cel- lules blastodermiques. Celles-ci donneront lieu à des organes larvaires devant disparaître à leur tour pour nourrir par phagocytose les organes de l’Insecte par- fait et, entre autres, les organes génitaux. Tout le cycle évolutif de l Insecte, dit l’auteur, est donc basé sur le principe de la ge an pouvant revétir des formes diverses. Dans un chapitre intitulé : Considérations phylogéné- tiques, il montre, par une comparaison de ce qui a lieu dans l’ovaire des Insectes des divers types, que l’évolu- tion progressive de l'organe femelle de ces animaux marche de pair avec la complication organique ainsi qu'avec le développement phylogénique. MorLusQues. L'auteur a surtout étudié les Anodontes et la Cyclas- cornea. On sait que, chez les Anodontes, les œufs, puis les embryons en voie de développement, connus sous le ( 764 ) nom de Glochidium, séjournent dans les feuillets externes des branchies maternelles. Pendant toute la durée de la présence de l'embryon dans la branchie, celui-ci étant dépourvu d'organes" locomoteurs, digestifs et respira- toires, ne peut se nourrir de matériaux solides; aussi l’auteur a-t-il vu que, depuis les premiers stades jusqu’au moment où il va être expulsé, le Glochidium vit surtout aux dépens des phagocytes provenant du corps de la mère. D'après des travaux récents, la sortie des phagocytes se fait d'une façon continue à la surface de l’épithélium branchial des Mollusques lamellibranches. Ce phénomène s'exagère encore lorsque le feuillet branchial contient des œufs. Les phagocytes affluent dans les loges qui les ren- ferment, puis, traversant la membrane ovulaire, pénètrent dans les œufs. Si l’ovule n’a pas été fécondé, il subit des phénomènes de dégénérescence, et les phagocytes le dévorent entièrement, comme un corps étranger dont l'organisme doit être débarrassé; si, la fécondation ayant eu lieu et l'embryon ayant commencé à se développer, une cause ou l’autre s'oppose à une évolution complète, organisme maternel lutte encore une fois avec avantage; un grand nombre d’amibocytes arrivent et, se rangeant à la file, forment autour de l'embryon avorté une membrane eystique lui fermant toute communication avec le milieu ambiant et le condamnant à une dégénérescence sur place. Dans le cas, enfin, le plus intéressant de tous, où l'em- bryon en voie de formation est sain et vigoureux, ce sont les amibocytes et les phagocytes ayant traversé la mem- brane ovulaire et, par conséquent, pénétré dans l'œuf, qui, loin de parvenir à le détruire, servent au contraire à ( 765 ) sa nutrition. Ils dégénèrent, leur membrane se dissocie, leur contenu se désagrège; les sphères de segmentation de l’œuf présentent des mouvements amiboïdes éner- giques et englobent ces détritus. Malgré les observations résumées ci-dessus, l’auteur admet cependant très sagement que ce qui précède ne représente pas le mode exclusif de nutrition des embryons d'Anodontes. Il pense qu'un grand nombre des amibo- cytes, attirés dans les chambres incubatrices par la pré- sence des embryons, y meurent simplement comme périssent ceux qui arrivent à la surface extérieure de la branchie. Ils se dissocient alors et forment ainsi un amas nutritif passant dans l'embryon par diffusion. C’est donc toujours aux dépens de la phagocytose ayant lieu dans le corps de la mère que l'embryon se développe pendant tout le temps qu’il passe dans la branchie. On voit par cette analyse, qu'il m'eût été difficile d'écourter davantage tant le travail contient de faits inté- ressants, que le mémoire répond largement à la question posée. L'auteur s'y montre parfaitement maître de son sujet; il est bien au courant de la bibliographie et semble fami- lier avec les procédés de la technique sp enfin, les planches sont bien exécutées. En raison peut-être de la tournure spéciale de mes recherches personnelles, je regrette de voir la micro- chimie tenir si peu de place dans les recherches qui nous sont soumises. Les produits de destruction histolytique doivent cependant présenter à cet égard des caractères spéciaux. Je crois aussi que l’auteur se trompe lorsqu'il dit, à propos des Insectes, que les produits de la destruction ( 766 ) histolytique servent tous de matériaux nutritifs aux organes imaginaux : il oublie les phénomènes de désassi- milation, qui sont évidemment très intenses pendant la phase nymphale des Insectes à métamorphose complète, comme le prouve la masse de liquide urinaire expulsé par les Lépidoptères, par exemple, au moment de l’éclo- sion de l'animal parfait. Malgré ces quelques critiques, j'estime que le mémoire mérite le prix et est très digne d’être publié, ainsi que les planches qui l'accompagnent, dans le recueil des Mémoires in-4°. » Rapport de M, Ch, Van Bambeke, deuxième commissaire. « Le rapport de M. Plateau, premier commissaire, permet d'apprécier en connaissance de cause le mémoire en réponse à la question : On demande des recherches nou- velles au sujet de l'intervention de la phagocytose dans le développement des Invertébrés. I donne de ce mémoire une analyse complète, et fait bien ressortir les données nouvelles fournies par l’auteur touchant les points con- troversés. Notre besogne comme second rapporteur se trouve ainsi singulièrement facilitée. Je ne puis qu’approuver les éloges et aussi les quelques critiques que fait mon savant confrère du travail portant pour épigraphe : Ab ovo usque ad mala; comme lui, j'estime que ce travail mérite le prix et est très digne d’être publié, avec les planches qui Paccompagnent, dans le recueil des Mémoires in-#. » (767) Rapport de M. Ervera, troisième commissaire, « Le travail sur la phagocytose qui est soumis au juge- ment de la Classe me paraît mériter à tous égards les éloges que les deux premiers commissaires lui ont décer- nés. IT est superflu d'en refaire l'analyse après le remar- quable rapport de M. Plateau. Je désire seulement relever m assertions de l’auteur qui gagneraient, suivant moi, à être formulées d’une manière moins absolue. Quand il nous dit que : Tout le cycle évolutif de l Insecte est basé sur le principe de la phagocytose, qui peut revétir des formes diverses, ne doit-on pas lui objecter que ses propres observations nous révèlent dans les tissus mêmes la « cause initiale » des modifications et de la destruction des éléments larvaires, les diverses formes de phagocy- tose intervenant seulement après coup et d'une manière en quelque sorte secondaire ? Une autre conclusion n’a pas davantage la portée tout à fait générale que le mémoire semble lui attribuer. « Dans tout tissu bien vivant et fonctionnant, nous dit- on, il ya eee destruction et régénération simultanées de cellules. » Je ne sais si cette notion s'applique à tous les tissus animaux, mais, à coup sûr, pour la presque totalité du règne végétal, elle ne répond pas à la réalité. Notons aussi que l’auteur désigne sous le nom de pha- gocytose à la fois l'absorption des résidus par les phago- cytes et la destruction des phagocytes eux-mêmes par les cellules embryonnaires. A la rigueur, cette terminologie peut se justifier; toutefois, il est à craindre qu’elle n'amène quelque confusion, en réunissant trop étroite- ( 768 ) ment deux phénomènes distincts et, dans une certaine mesure, inverses l’un de l'autre. Mais il s’agit là de nuances d'appréciation, et non de critiques. Aussi est-ce avec grand plaisir que je me joins à mes deux savants confrères pour proposer à la Classe d'accorder le prix au mémoire qui nous occupe; j'en propose aussi la publication, avec les belles planches qui l'accompagnent, dans le recueil des Mémoires in-4° de l’Académie. » La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, décerne sa médaille d'or, d'une valeur de six cents francs, à l’auteur de ce travail, M. le Dr C. De Bruyne, chef des travaux histologiques et embryologiques à l’Université de Gand. DEUXIÈME QUESTION. On demande la description des minéraux phosphatés, sulfatés et carbonatés du sol belge. On ajoutera l'indication des gisements et celle des localités. Rapport de M.G. Dewalque, premier commissaire. « Un mémoire portant la devise : Maxima in minimis a été ren en réponse à notre deuxième question : Décrire les minéraux phosphatés, sulfatés et carbonatés du sol belge. C’est un travail d'une très haute valeur, œuvre d'un cris- tallographe de première force, qui a dû y consacrer un temps considérable. L'auteur examine successivement une bonne trentaine d'espèces minérales. Ces descriptions ne se prêtent pas à ( 769 ) un résumé et je me bornerai à signaler les points les plus remarquables. L'apatite a pu être étudiée sur un cristal de Salm-Chà- teau. La pyromorphite a fourni une forme cristalline nou- velle. b 9/5. La monarite à été l’objet de recherches intéressantes, qui permettent de la distinguer aisément du sphène. La hopéite, minéral rarissime, du gîte zincifère de la Vieille-Montagne, à Moresnet, où on ne l’a plus retrouvé depuis soixante ans, n’avait pu être déterminée avec une exactitude suffisante au point de vue cristallographique. L'auteur a trouvé quelques cristaux à faces bien nettes qui lui ont fourni des données très exactes pour le calcul des dimensions de la forme primitive. Il en a aussi déterminé la biréfringence par le procédé élégant que M. Cesàro a fait connaitre dans nos Mémoires. La Koninckite, qui avait été considérée comme clino- rhombique, a été reconnue être orthorhombique. L'auteur en a étudié les propriétés optiques et montré comment elle se distingue de la wavellite. La Vivianite est traitée rapidement. L'auteur en a déterminé la forme primitive d’après des cristaux des Cornouailles, qui lui ont donné des résultats un peu différents de ceux auxquels G. vom Rath était arrivé. La Libéthénite a été déterminée cristallographiquement à l’aide du microscope. La chalcolite a été trouvée presque monoréfringente. La pseudomalachite a présenté une variété alumineuse qui appelle de nouvelles recherches. Pour la wavellite, des aiguilles terminées ont permis à l’auteur de déterminer les dimensions de la forme ( 770 ) primitive et de modifier les paramètres généralement admis. La barytine, dont on connaît la grande variété de formes, a présenté 21 formes simples, dont une nouvelle, = 7.17.16; elles ont fourni une trentaine de types. Plus intéressante encore est l'étude des variétés bacil- laires ou fibreuses : l’auteur a reconnu que l'allongement se fait suivant l'arête el el, c'est-à-dire suivant le grand axe de l’ellipsoide inverse d’élasticité optique. Les varié- tés crêtées ont fourni des résultats non moins curieux : l'élément lamellaire se compose de deux séries de très petits cristaux maclés suivant h 7/;. La variété zonaire de Chaudfontaine est également cristalline. a Langite a été déterminée par l'étude microscopique. La calcite est l'espèce minérale la plus riche en formes simples. L'auteur en a reconnu 118, savoir : la base et les deux prismes hexagonaux, 15 rhomboëdres directs, 50 scalénoèdres directs, 5 isoscéloèdres, 25 scalénoèdres inverses et 22 rhomboèdres inverses. L'auteur décrit leurs nombreuses combinaisons, puis étudie les variétés bacillaires et fibreuses, et enfin la variété fistulaire, rudi- ment de stalactite, qui se comporte optiquement comme un cristal. L’Aragonite a présenté 22 formes simples, d’une étude fort difficile. Une d'elles est nouvelle. La cérusite a montré 11 formes simples. Les variétés bacillaires sont allongées suivant l'axe vertical. L'hydrozincite de Bleyberg a présenté une certaine quantité de chlorure de plomb. L'aurichalcite a été étudiée à l’aide du microscope et l’auteur en a déterminé la biréfringence. Il résulte de cette revue que le mémoire dont nous Ct) venons de rendre compte apporte de précieux documents à la minéralogie générale en ce qui concerne une bonne demi-douzaine d'espèces. Pour nos minéraux, il est d’une valeur exceptionnelle. On aura remarqué l'emploi fréquent du microscope et l'importance des résultats que l’auteur en a tirés pour la Langite, l’aurichalcite, etc., ainsi que pour les variétés fibreuses. Ainsi s'explique, sans doute, l’épigraphe Maxima in minimis. Arrivons maintenant à la que L'auteur a été visi- blement absorbé par le travail cristallographique. Les variétés non cristallines ont été sacrifiées; les descrip- tions sont fort succinctes et la partie chimique pourrait être augmentée. Il nous dit, au début de son introduc- tion, « qu'il a cru bien faire en insistant peu sur les minéraux non cristallisés, ainsi que sur les points qui ne se prêtaient qu'à une œuvre de compilation », Ses goûts lont peut-être entrainé trop loin et nous l’engageons à revoir cette partie pour la publication. Car, malgré ce reproche, son travail est une œuvre de très grande valeur, et, sans la moindre hésitation, nous avons l'honneur de proposer à la Classe de lui décerner la médaille d’or; j'en propose aussi l'impression dans les Mémoires in-4°, avec les figures, qui pourront être intro- duites dans le texte. » Rapport de M, de la Vallée Poussin, second commissaire. « Je n'ai reçu que le 27 novembre le grand mémoire manuscrit portant la devise: Maxima in minimis, consacré à la description des minéraux phosphatés, sulfatés et car- (AIR) bonatés rencontrés en Belgique. Je n'ai pas eu le loisir, dans un intervalle si court, d'étudier dans tous leurs détails les descriptions que nous donne l’auteur d’un très grand nombre de formes cristallines extraites des gise- ments du pays. Mais un examen complet de toutes les parties du mémoire ne me paraît pas nécessaire pour en apprécier la très grande valeur. C'est une série de des- criptions plus ou moins indépendantes les unes des autres, mais qui font appel au même genre de connais- sances et d’aptitudes. Il suffit de lire la description détail- lée de quelques espèces pour apprécier ce qu'est l’auteur comme homme d'observation, de calcul et de précision. Or, la lecture du manuscrit fait bientôt reconnaître un cristallographe d’une habileté rare et en possession de toutes les ressources de sa science. Comme l’a remarqué le premier commissaire, ces mérites ressortent particu- lièrement dans la description des spécimens de certaines espèces qui se présentent en cristaux ou en aiguilles sub- microscopiques, en associations globuleuses ou fibreuses, en enduits très minces, et qui semblent au premier abord rebelles à toute mesure géométrique un peu pré- cise. C'est le cas, par exemple, de la Koninckite, de la Libéthénite, de la Destinézite, de lAurichalcite, de lAn- glésite de Rocheux. L'auteur, en combinant l'examen des propriétés optiques avec celui de quelques faces perceptibles, parvient, malgré les difficultés, à fixer le système cristallin et les indices des faces réalisées. Il est curieux de le voir, en partant des cristaux aciculaires et minuscules de la wavellite d’Arbre- fontaine, rectifier les rapports paramétriques affectés par Senft à cette espèce, rapports qui ont passé dans la littérature minéralogique. L'auteur n'est pas moins ( 773 ) remarquable par son analyse de certains assemblages de cristaux, tels que ceux de la Langite, et plus encore de ceux de la Barytine crêtée de La Rochette, dont l’éclair- eissement est une contribution des plus intéressantes à la connaissance des groupements eristallins. Signalons aussi la partie du mémoire qui traite des cristaux d’Aragonite du pays, chez lesquels l’auteur a déterminé vingt-deux formes différentes. Dans quelques cas, comme par exemple à propos des cristaux aciculaires de Lomprez, dont les faces sont revêtues de produits de seconde formation et dont la structure se complique de l'intervention de macles multipliées, il a su triompher de grandes difficultés. Les discussions concernant l'indice vrai de faces cristallines dont les relations avec les faces adjacentes prêtent à des doutes, comme celles du scaléno- èdre de d 7/, de la calcite de Chokier et de Visé, sont également très dignes d'attention. La recherche des valeurs angulaires qui servent de base à tous ces résultats suppose un travail très considé- rable. Les tableaux qui les renseignent expriment, à peu d'exceptions près, pour toutes les faces enregistrées, la valeur calculée et la valeur obtenue au goniomètre, cette dernière résultant parfois de trois ou quatre mesures suc- cessives dont les écarts sont indiqués. L'auteur n’a insisté sur les caractères chimiques qu’à propos d’un petit nombre d'espèces, telles que l’ Hydro- zincite, la Destinézite, la Pseudomalachite, pour les- quelles cet ordre de considérations était en eflet le plus indiqué. Peut-être ferait-il bien de s'étendre un peu davantage sur les propriétés chimiques lors de l’impres- sion de son mémoire, impression que la Classe décidera très probablement. ( 774 ) Ma conclusion est la même que celle de mon savant confrère; je prie la Classe d'accorder la médaille d’or à l’auteur du beau et grand mémoire portant la devise : Maxima in minimis; j'en propose aussi l'impression dans les Mémoires in-4°, en y comprenant toutes les figures de cristaux qui l’accompagnent. » M. Renard, troisième commissaire, se rallie aux conclu- sions des deux premiers rapporteurs. La Classe adopte ces conclusions et décerne sa médaille d'or, d'une valeur de six cents francs, à l’auteur de ce travail, M. G. Cesàro, correspondant de l’Académie, à Trooz (Liége). TROISIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches sur le système ner- veux périphérique de ľ Amphioxus et, en particulier, sur la constitution et la genèse des racines sensibles. Rapport de M. Ch, Van Bambeke, premier issai cobssireoss « En réponse à la question : On demande de nouvelles recherches sur le système nerveux périphérique de l'Am- phioxus et, en particulier, sur la constitution et la genèse des racines sensibles, la Classe a reçu un mémoire portant pour épigraphe : Afin de connaître l'organisation exacte des Vertébrés supérieurs, il faut commencer par étudier le Vertébré le plus inférieur, Le travail est divisé en trois parties, chacune compre- nant un certain nombre de subdivisions; on s’en assure 775 ) seulement en parcourant le manuscrit, car l’auteur a négligé de donner une introduction initiant le lecteur au plan qui a été adopté. C’est une lacune regrettable, mais d’ailleurs facile à combler. Nous trouvons d’abord un chapitre intitulé : Genèse des racines dorsales et des racines ventrales. Il y est dit : « Malgré le grand nombre de recherches sur l’embryo- logie de l’Amphioxus, la question de l’origine des racines nerveuses n’a été entamée par aucun embryologiste. » Après avoir insisté sur la difficulté de la question, l’auteur nous apprend qu'il lui a été possible de vaincre ces difficultés et de trouver les différentes phases de la genèse du système nerveux périphérique. Afin de mieux faire ressortir les différences qui exis- tent, à ce point de vue, entre l'Amphioxus et les autres Vertébrés, il a étudié comparativement le développement des nerfs de l’ Amphioxus et des Sélaciens, tout en tenant compte des résultats auxquels sont arrivés ses devanciers. Après une revue historique de la bibliographie concer- nant la genèse des ganglions spinaux et des racines dor- sales, vient l’exposé succinct des résultats obtenus chez des embryons de Sélaciens appartenant à trois genres : Pris- tiurus, Scyllium et Torpedo. Contentons-nous de dire que ces résultats concordent surtout — sauf certaines diffé- rences sur lesquelles nous ne pouvons insister ici — avec ceux décrits par von Lenhossec chez l’embryon humain et par Kupffer chez Petromyzon. Une des phases, celle de l’ébauche impaire, corres- pendant au stade de la plaque cérébro-dorsale, « dorsale Hirnplatte » de Kupffer, est signalée comme présentant un grand intérêt au point de vue du névraxe de l’Am- phioxus. ( 776 ) Le premier chapitre se termine par l'étude de l’origine des racinesspina les dorsales et ventrales chez les Sélaciens susdits. Le suivant comprend une description minutieuse du mode de genèse et des caractères des racines nerveuses dor- sales et ventrales chez l Amphioxus. Dès leur apparition, les premières sont représentées par une double ébauche, mais les observations de l’auteur le conduisent à admettre que celle-ci ne correspond pas à celle des Sélaciens et des autres Vertébrés. D’après lui, cette double origine des nerfs dorsaux explique leur situation par rapport à la moelle épinière, leur nature mixte, sensible et motrice. A la description de l’origine et des caractères des racines ventrales fait suite la liste bibliographique des nombreux travaux consacrés au mode de genèse du sys- tème nerveux périphérique. Dans la deuxième partie du mémoire, l'étude des racines ventrales et des racines dorsales est reprise, mais cette fois principalement d’après les préparations par les méthodes de Golgi et d'Ehrlich, lesquelles ont donné des résultats absolument concordants. En ce qui concerne les racines ventrales et motrices, l’auteur, sans s'arrêter à refaire l'historique des faits acquis, passe à l'exposé de ses observations, pour autant qu'elles contredisent ou qu'elles complètent celles de ses prédécesseurs, Nous rencontrons ici de nombreux et intéressants détails sur l’origine apparente des racines ventrales, lem- placement de cette origine par rapport à celle des racines dorsales, le mode de pénétration et la distribution des racines ventrales dans le myotome, la non-division d'une LIT. même racine en deux parties, l’une ventrale et l'autre dorsale (contrairement à la manière de voir de Ret- zius), l'existence de fibres nerveuses transversales ascen- dantes ou descendantes, l’écartement, le volume, la non- striation transversale ni longitudinale et la forme des fibres ventrales. Fusari et Retzius n’ont pu déterminer le mode de terminaison de ces fibres. Or, dans ses préparations au solgi et dans celles durables au bleu de méthylène, l'au- teur a observé de la manière la plus manifeste, comme cela ressort de l’examen des photogrammes annexés au mémoire, que les fibres nerveuses motrices intramuscu- laires, arrivées près de la périphérie du myotome, s’élar- gissent et se terminent par une tache motrice, aplatie et conique, en forme de spatule. Il s'attache à faire ressortir les avantages de cette disposition. Chaque myotome ne recevant d'autres fibres nerveuses que celles de la racine ventrale correspondante, il en conclut que le myotome est non seulement une unité anatomique, mais aussi une unité physiologique. Il constate aussi, contrairement à l’aflirma- tion de Rohon, que les racines dorsales ne donnent pas de fibres à la charpente conjonctive sur laquelle le myotome s'insère et agit directement; par conséquent, il n'existe pas, dans le muscle ou dans les tendons, de fibres spé- ciales pour le sens musculaire. Viennent ensuite des indications au sujet du caractère amédullaire des fibres nerveuses de la racine ventrale, des noyaux accolés à la surface de ces fibres, de leur charpente conjonctive ainsi que des fibres musculaires qui l'accompagnent. Dans le chapitre consacré à l'étude des racines dorsales, certains détails de la description topographique mg gme SÉRIE, TOME XXXII. ( 778 ) par Hatschek sont rectifiés. Touchant les ramifications cutanées du nerf dorsal, signalons entre autres particula- rités que, ni dans les préparations par la méthode de Golgi, ni dans celles par la méthode d'Ehrlich (les der- nières étant examinées à frais ou après fixation), l’auteur n’a pu se convaincre de l'existence de cellules épithéliales spéciales, se trouvant particulièrement en continuité avec les fibres nerveuses terminales. Ceci l’amène à insister sur les caractères des cellules épidermiques chez l’Am- phioxus. Les préparations par la méthode de Golgi et surtout celles au bleu de méthylène lui ont permis de se faire une idée presque complète de l’innervation de la boucle et du velum ainsi que de celle de la cavité buccale. Ses recherches confirment, en grande partie, la description très exacte déjà donnée par Van Wijhe; mais ici encore des résultats nouveaux viennent s'ajouter à ceux déjà connus. Il en est de même dans les quelques pages consacrées à l’étude des nerfs viscéraux. Celle du riche réseau auquel ces nerfs donnent naissance mérite surtout de fixer l'attention. Elle donne lieu à d’intéressantes consi- dérations morphologiques et physiologiques. Toutefois, ce qui est dit de l’action de contact ou à distance pour- rait prêter à discussion. Il est ensuite question du trajet et de la distribution du nerf viscéral ascendant auquel chaque nerf viscéral thora- cique donne naissance. A noter ce qui a trait au prétendu nerf branchio-intestinal ou vague de Van Wijhe. L'auteur nie l'existence de ce nerf et ajoute : « Existerait-il même, il serait formé indistinctement par des branches différentes de tous les nerfs viscéraux ascendants, tout le long du ligament dentelé. » (. 779) Le chapitre terminant la deuxième partie est consacré à des recherches sur la structure des nerfs dorsaux. Les fibres nerveuses, les noyaux cellulaires et la charpente entrant dans la constitution de ces nerfs sont successive- ment décrits. Il n’a pas été possible de constater la pré- sence de ganglions spinaux sur le trajet des racines dorsales. L'étude du système nerveux central ou névraxe fait l’objet de la troisième partie du mémoire. Cette étude est basée d'abord sur des préparations par les méthodes habituelles de fixation et de coloration. Nous partageons l'opinion de l'auteur lorsqu'il dit que les données d’observation recueillies par les préparations au Golgi et à "Ehrlich acquièrent seulement de la certitude lorsqu'elles sont concordantes ou au moins pas discor- = dantes avec celles obtenues par les méthodes de colora- tion et de fixation habituelles. Les cellules nerveuses du névraxe sont classées en trois catégories principales : 1. Cellules nerveuses ganglionnaires. — Elles sont exa- minées, au point de vue de leur siège et de leur distribu- tion, chez des larves de différents âges, et enfin chez l'animal adulte. Retzius et von Kölliker ont démontré — et le dernier insiste sur l'importance du fait — que, chez l’ Amphioxus, l'ébauche ganglionnaire ne se sépare pas de la moelle épinière, v. Kölliker ajoute : « S'il était démontré que cette ébauche correspond à la région dorsale de la moelle, son homologie avec les ganglions ou les bandelettes nerveuses des Vertébrés supérieurs serait rendue plus évidente encore, et on pourrait conclure avec probabilité ( 780 ) à l’origine médullaire plutôt qu'ectodermique de ces bandelettes (1). » Non seulement les recherches dont 1l est rendu compte dans le mémoire répondent à ce desi- deratum, mais elles prouvent en outre que, chez l’ Am- phioxus, le développement de l’ébauche ganglionnaire s'arrête au stade de l’ébauche paire, et cela à l'endroit où apparaît, chez les Sélaciens, la première ébauche gan- glionnaire paire. En trois points seulement, la fusion s'opère pour engendrer, au-dessus du canal central, l'ébauche impaire. A signaler aussi, dans la description histologique très soignée des cellules ganglionnaires, la découverte de la sphère attractive d'Ed. Van Beneden, avec toutes ses parties constituantes. 2. Cellules pigmentaires. — L'étude du mode de genèse de ces cellules conduit l’auteur à admettre, avec Retzius, leur double origine. Elles se forment en partie aux dépens des cellules ganglionnaires, en partie aux dépens des cellules neurogliennes. 5. Cellules nerveuses à structure fibrillaire ou cellules nerveuses proprement dites. — Après avoir justifié l'emploi de ces dénominations, l’auteur nous fait connaître les résultats de ses observations sur les caractères et la fine structure des cellules colossales des auteurs, des cellules de moyenne grandeur, des petites cellules nerveuses et des cellules nerveuses claires et hyalines. Il donne les motifs qui le portent à considérer les deux premières formes, c'est-à-dire les cellules colossales et celles de moyenne grandeur, comme motrices et comme corres- (1) von KöLLIKER. Handbuch der Gewebelehre des Menschen. Bd. Il, 1. Hälfte, 1893, p. 158. ( 781 ) pondant aux grandes cellules des cornes antérieures de la moelle épinière des Vertébrés. Grâce à la fixation par les liqueurs de Flemming et d'Hermann, suivie de la coloration par la safranine, il est parvenu à donner de la névroglie une description plus précise que celle connue jusqu'alors. Plus bas viennent d'intéressants détails sur le mode de terminaison des fibres radiculaires dorsales et ventrales dans le névraxe. Ceux concernant ces dernières rectifient et complètent les données fournies notamment par Retzius et Rohde. Un chapitre spécial est consacré à l'exposé des résultats obtenus, à l’aide de la méthode de Golgi, dans l'étude du névraxe. (Par celle au bleu de méthylène, le système nerveux périphérique à seul pu être coloré.) Ces résultats viennent confirmer, en ce qui touche le trajet des fibres radiculaires dorsales dans le névraxe, ceux auxquels con- duisent les méthodes de fixation habituelles. D’autre part, les préparations imprégnées par le chromate d'argent constituent le pendant de celles au bleu de méthylène de etzius. Se basant sur les images obtenues par la méthode de Golgi, l’auteur admet, comme preuve indiscutable d’ob- servation, la division des fibres radiculaires dorsales au moment de leur entrée dans le névraxe. Il décrit le trajet de ces branches de division et les rapports qu’elles con- tractent avec les cellules nerveuses. De quelle manière les fibres radiculaires motrices établissent-elles leurs connexions anatomiques et fonc- tionnelles avec le névraxe et avec la substance grise de ce dernier? C’est une question difficile à résoudre, d’abord parce que les fibres motrices intra-centrales ne s'im- ( 782 ) ‚prègnent pas aussi fréquemment que les extra-centrales; ensuite et surtout parce que les fibres radiculaires ven- trales ne se continuent pas comme telles, ni sous forme de branches analogues à l’intérieur du névraxe. Pas plus que la méthode d'Ehrlich entre les mains de Retzius, la méthode de Golgi entre les mains de l’auteur n’a permis de trancher la question de façon absolument satisfaisante. On distingue, dans certaines préparations, au niveau de la pénétration des fibres ventrales, une éminence gra- nulée, comparable à celle décrite et figurée par Retzius; mais il faut la considérer comme une production artifi- cielle. Sans qu'il puisse le démontrer de façon péremp- toire, il paraît hors de doute à l’auteur que chaque grosse fibre radiculaire motrice se continue par une mince fibre „du névraxe. Il s'occupe ensuite de l’origine dernière des fibres motrices intra-centrales; malheureusement, la méthode de Golgi ne donne pas une imprégnation assez complète ‚pour permettre de résoudre sûrement le problème. Ret- zius ne paraît pas avoir réussi davantage à colorer la substance blanche en se servant du bleu de méthylène. Par contre, chez un lot d'Amphioxus jeunes, de 15 mil- limètres environ, recueillis Pan dernier dans le golfe de Naples, l’auteur a obtenu une imprégnation nette des éléments nerveux en question. Il estime qu’en variant la durée d'imprégnation, chez des individus jeunes, on doit certainement parvenir à compléter les -données qui résultent de ses préparations. A cette remarque fait suite une description détaillée des images fournies par les pré- parations susdites : cellules nerveuses motrices, leur siège dans le névraxe, les caractères et la direction de ( 785 ) leurs prolongements; leurs rapports avec les fibres radi- culaires motrices; forme et situation des cellules dor- sales. S'appuyant sur ces recherches, il distingue, dans le névraxe, trois systèmes de fibres longitudinales dont il décrit les caractères. L'imprégnation du névraxe antérieur ne lui a rien révélé dans la disposition des fibres ou des cellules ner- veuses qui pérmette d'attribuer une fonction visuelle à la tache pigmentaire située dans la paroi antérieure du ven- tricule; par contre, le prolongement nerveux se rendant à la fossette olfactive a réagi à la manière de la substance nerveuse. À la fin du mémoire, l’auteur nous fait connaître son opinion sur la signification de l'extrémité antérieure du névraxe chez l Amphioxus : cette extrémité peut être considérée comme représentant le cerveau anatomique à son premier stade de développement, mais le cerveau physiologique se trouve éparpillé peut-être dans tout le névraxe, surtout dans le segment eeen à la région buccale et branchiale. Treize planches accompagnent le mémoire. Elles ren- ferment un grand nombre de figures très soignées et plu- sieurs photogrammes, la plupart suffisamment démons- tratifs. Après les importants travaux parus sur la matière, la question posée par la Classe n’était pas précisément de nature à tenter les efforts d’un biologiste. Il pouvait se demander, en effet, ce qui restait à glaner sur le terrain où les Stieda, les Owsjannikow, les Rohon, les Rohde, les Retzius, les von Kölliker, les Van Wijhe avaient fait de ( 784 ) si amples et si riches moissons. Pourtant, notre auteur s'est mis bravement à l’œuvre, et, comme le prouve l'ana- lyse que nous venons de donner de son mémoire, sa ten- tative a été couronnée de succès. Il n’a pas dû se contenter de glaner; à son tour, il est parvenu à obtenir une récolte qui, venant s'ajouter à celle de ses devanciers, présente une réelle valeur. C’est dire que je propose à la Classe d'accorder le prix à l’auteur du travail. » MM. Plateau et Éd. Van Beneden déclarant se rallier à ces conclusions, celles-ci sont adoptées par la Classe. La Classe décerne, en conséquence, sa médaille d'or, d’une valeur de six cents francs, aux auteurs du travail, MM. J.-F. Heymans et O. Van der Stricht, de l'Uni- versité de Gand. QUATRIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches sur le mécanisme de la cicatrisation chez les végétaux. Rapport de M. Errera, premier commissaire. « Un seul mémoire, portant pour devise : Facies non omnibus una, a été envoyé à l’Académie en réponse à la question de botanique : On demande de nouvelles recherches sur le mécanisme de la cicatrisation chez les végétaux. I La chute des feuilles et des rameaux, le bouturage, la greffe, les blessures des arbres ont déjà fait l'objet d’études nombreuses qui nous ont appris, dans bien des ( 785 ) cas, comment les plantes cicatrisent leurs plaies. En n'envisageant que les types extrêmes et en négligeant une foule d'exemples intermédiaires, on a pu dire que tantôt il y a simplement dessiccation, mort et brunissement des tissus lésés, tantôt recouvrement par une mince couche ` de liège sans croissance notable, tantôt enfin croissance énergique, prolifération cellulaire abondante, production d’un « bourrelet » ou « cal », suivie de la différenciation histologique de ce massif de cellules nouvelles. Mais l'attention s'était portée jusqu’à présent d’une façon presque exclusive sur les Phanérogames et, ici, l’on s'était attaché avec prédilection à la formation du liège et à celle du bourrelet dans les plantes ligneuses ; on n'avait . guère non plus abordé les nombreux problèmes physio- logiques que fait surgir l’étonnant phénomène de la cicatrisation. Il y avait donc lieu surtout d'étendre les recherches aux trois autres grands embranchements du règne végétal, — les Ptéridophytes, les Bryophytes et les Thallophytes, — de s'occuper plutôt des végétaux herbacés que des ligneux, et de faire pénétrer un peu plus de physiologie dans ce domaine jusqu'ici trop exclusivement histologique. C'est ce que l’auteur du mémoire nous parait avoir senti avec beaucoup de raison. H Commençant par les Thallophytes, il montre que, chez eux, la nature et l'étendue de la réaction cicatricielle dépendent de la constitution du thalle : les Cœloblastes avec leur structure non cellulaire, les Algues filamen- teuses, celles à thalle massif, enfin les Champignons et ( 786 ) les Lichens forment done l’objet d'autant de paragraphes distincts. Chez les Coeloblastes (Myxomycètes, Siphonées, Muco- rinées), l’occlusion de la plaie se fait par une couche ` d’hyaloplasme; l’auteur aurait pu ajouter que, dans les deux derniers groupes, il y a ensuite recouvrement par un nouveau morceau de membrane. Les Algues filamenteuses qui ne se ramifient pas, ne présentent point de cicatrisation : les cellules atteintes meurent, et c'est tout. Chez celles, au contraire, qui sont capables de se ramifier, la mort d’une cellule est suivie de la production d’un rameau latéral par la cellule sous- jacente. Parfois, comme chez la Floridée Griffithsia, le rameau nouveau pousse dans la cavité de la cellule que le traumatisme a tuée : la réparation du dommage n'en est que plus complète, puisqu’un rameau nouveau s’est ainsi tout à fait substitué à l’ancien. A ce propos, l’auteur aurait pu rappeler les phénomènes analogues connus chez les Sphacélariées et les Saprolégniacées. Dans les Algues dont le thalle est une lame formée + filaments juxtaposés, comme le Phycopeltis, les filaments cessent de s'allonger quand leur cellule terminale a été blessée; mais les filaments contigus s’accroissent, se ramifient avec énergie et envahissent la place inoccupée. L'auteur signale à cette occasion, chez le Phycopeltis, un fait curieux d’inhibition de croissance : dès que la pointe d'un filament a touché une autre cellule vivante de Phycopeltis, appartenant ou non au même individu, sa croissance s'arrête. Il voit dans ce fait le contraire d'une lutte pour l'existence : « une entente fraternelle entre les divers filaments. » Nous avouons ne pas saisir en quoi cette inhibition exclut l'idée de lutte: deux ( 787 ) athlètes qui pressent l’un contre l’autre, sans qu'aucun recule et cède, ne luttent-ils pas ? Parmi les Algues à thalle massif, le mémoire ne men- tionne pas du tout les Algues vertes et s'occupe seule- ment des brunes et des rouges. Chez elles, les cellules profondes, mises à nu par le traumatisme, « se multi- -plient, et leurs cellules-filles prennent tous les caractères de cellules superficielles normales ». En outre, beaucoup d'espèces, mais non toutes, forment, au voisinage de la lésion, de nouveaux points végétatifs qu'on pourrait appeler adventifs. Les deux phénomènes de la cicatrisation et de la régénération, plus ou moins confondus chez les Algues inférieures, sont ici distinets : et il en est de même pour les trois embranchements plus élevés. Ce qui frappe dans tout cet exposé de l’auteur, si substantiel malgré sa concision, ce sont les différences très grandes qu’il peut y avoir entre les modes de réac- tion traumatique, non seulement de groupes voisins, mais encore de genres voisins et d'espèces voisines : le Deles- seria Hypoglossum réagit autrement que le D. alata, le Fucus serratus autrement que ses congénères, etc. Des divergences semblables se retrouvent parmi les Champi- gnonsetles Lichens, par l’étude desquels l’auteur termine le premier chapitre. La plupart du temps, une surface analogue à la surface primitive s'y reconstitue après la blessure; mais chez quelques espèces, par exempl® l’Hy- pholoma fasciculare, aucune cicatrisation ne se produit. ne complication intéressante s'observe chez les Lichens hétéromères : si la blessure met à nu une couche profonde privée d'Algues, non seulement les hyphes atteintes constituent une assise corticale, mais encore cette nouvelle écorce se garnit d’Algues, provenant pro- ( 788 ) bablement des régions limitrophes. L'auteur n’a malheu- reusement pas étudié les détails de ce phénomène. Chez certains Lichens, il a vu se produire des sorédies en abondancè le long des blessures. ui L'activité cicatricielle est remarquablement faible chez la plupart des Bryophytes et des Ptéridophytes. Les cel- lules blessées meurent, puis, d'ordinaire, la mortification gagne de proche en proche; ou bien cette gangrène est arrêtée, soit par un simple épaississement des cellules voisines de la blessure, soit par le bombement de leur paroi. Certaines Mousses produisent, en outre, à une dis- tance plus ou moins grande de la plaie, des filaments de protonéma sur lesquels se développeront des tiges feuil- lées, adventives en quelque sorte. De tous les Bryophytes et Ptéridophytes, les Marattia- cées seules cicatrisent leurs blessures par un cloisonne- ment cellulaire qui se rapproche du liège des Phanéro- games, sans toutefois qu'il y ait subérisation des membranes. [Vv La cicatrisation ayant déjà été relativement bien étu- diée cħez les Phanérogames, nous pouvons résumer d’une façon plus succincte cette partie du mémoire, bien qu'ici encore nous trouvions une foule d'observations nouvelles et d’aperçus originaux. Les cellules sérieusement atteintes par le traumatisme succombent bientôt, puis commence, dans les cellules sous-jacentes, la série des réactions cicatricielles : agran- ( 487") dissement des cellules vers la surface lésée, comme vers un lieu de moindre résistance, effacement des méats intercellulaires, amincissement des parois épaissies, dis- parition graduelle de l’amidon et généralement aussi des plastides; enfin, segmentation cellulaire. Les cloisons nouvelles sont, dans chaque cellule, perpendiculaires à l'axe de sa croissance récente, parallèles par conséquent à la surface de lésion ; ce qui, pour le dire en passant, est tout à fait conforme à la règle formulée déjà par Hof- meister, il y a près de trente ans (1). Ces divisions cellu- laires, qui servent à la cicatrisation, se font presque tou- jours suivant le mode direct, sans caryocinèse; du moins en est-il ainsi dans les trois plantes que l’auteur a étu- diées à ce point de vue, et dans les cas décrits antérieu- rement par von Bretfeld. La série des réactions que nous venons d’énumérer est parfois limitée à une seule couche de cellules ; parfois elle se répète, en s’affaiblissant, dans plusieurs couches suc- cessives. Cela dépend de la nature de la plante et peut varier aussi d'un tissu à l’autre. Quel est l'agent qui provoque dans les cellules cette série de modifications? L'auteur suppose qu’une excita- tion particulière émane de la surface lésée (excitation à la division cellulaire ou excitation méragogue, comme il l'ap- pelle), qu’elle se propage en ligne droite de cellule en cellule, mais en contournant les éléments morts, (fibres et vaisseaux) qu’elle rencontre, et il se prononce pour un excitant de nature chimique : hypothèse ingénieuse et séduisante, en faveur de laquelle il a groupé un certain nombre de faits. Toutefois, avant d'accepter cette hypo- (1) HormeisrTer, Pflanzenzelle, 1867, p. 199. ( 790 ) thèse et de renoncer aux explications plus simples, comme celle du lieu de moindre résistance, par exemple, il faudrait le contrôle d'expériences directes : pour être délicates, elles ne semblent pas irréalisables. Jl reste à voir l'influence des facteurs internes et externes sur l'apparition des cloisonnements cicatriciels et sur le sort final des cellules ainsi produites. | L'intensité de la réaction dépend pour une large part de l'espèce végétale considérée, du tissu atteint, du degré de vitalité des cellules, de leur âge, de leur con- tenu. L'auteur fait remarquer que les cellules profondes réagissent presque toujours plus vite et plus fort que les cellules périphériques : nous pensons que cela tient, au moins en partie, à leur extensibilité plus grande, qui est _ démontrée par l'étude des organes fendus et plongés dans l'eau. La nature du traumatisme a peu d'importance : plaies, piqûres, brülures, déchirures spontanées des tissus amènent les mêmes effets, pourvu que la plaie soit expo- sée à l’air. Au contraire, la réaction cicatricielle est très faible ou même nulle quand la plaie est complètement soustraite au contact de l'air extérieur : c’est le cas pour les lacunes internes et pour la percée des jeunes racines. Une fois les cellules cicatricielles formées, c’est encore l'accès plus ou moins facile de lair qui a une action pré- pondérante sur leur destinée finale : plus elles sont expo- sées à l’atmosphère, plus elles se subériseront. Mais l'exposition à lair libre signifie surtout, au point de vue des cellules, une transpiration plus forte; aussi l'auteur a-t-il sans doute raison de regarder la subérisation comme la réponse de la cellule à une transpiration exagérée. Cependant il mentionne quelques exemples où la produc- ( 797 ) tion du liège se fait même dans un milieu saturé, et où elle doit donc dépendre d’autres causes, — si tant est, comme on le croit généralement et comme, pour notre part, nous ne l’admettons pas, que la saturation parfaite de l’atmosphère arrête toute transpiration. Pendant que les cellules périphériques se subérisent et constituent un manteau protecteur, les cellules pro- fondes, nées à la suite du traumatisme, se différencient. Il semble qu’elles deviennent soit des cellules de la moelle, soit des faisceaux libéro-ligneux, suivant que la pression qu’elles subissent est plus ou moins forte. L'auteur rapporte encore un effet traumatique à dis- tance, très remarquable, qu’il a constaté chez l’Impatiens Sultani. La section d’un entre-nœud vers sa partie supé- rieure ne provoque aucune réaction apparente au voisi- nage de la plaie; mais, après peu de jours, l’entre-nœud tout entier se détache et la cicatrisation se fait au niveau du nœud inférieur. Il y a là une véritable autotomie, qui nous paraît comparable aux phénomènes si bien mis en lumière, dans le règne animal, par notre savant confrère M. Fredericq. V Après avoir donné de la sorte un aperçu du mémoire, il nous sera facile de formuler notre appréciation. Déjà, chemin faisant, nous avons émis quelques légères observations. Si nous ajoutons que la bibliographie pour- rait être plus complète (c’est ainsi que le travail bien connu de Stoll, sur la formation du bourrelet dans les boutures, n’est pas mentionné) et qu’on aimerait trouver à la fin du travail une table alphabétique des espèces ( 792 ) citées, nous aurons épuisé la série de nos critiques et nous n’avons plus qu’à décerner des éloges. L'auteur est maître de son sujet, il connaît la littéra- ture botanique et il sait s’en servir sans se laisser écraser par elle. Ses recherches, présentées avec méthode et concision, embrassent toute la série végétale, et l'on est frappé à chaque page par la sûreté de son coup d'œil et son habileté peu commune à débrouiller les effets com- plexes. Les dessins joints au mémoire sont bornés aux contours indispensables : ils sont par là d'une grande clarté et d’une reproduction facile. En résumé, nous avons devant nous une œuvre d’un vrai mérite; on peut prédire qu’elle occupera d'emblée un rang distingué parmi les travaux d'anatomie physio- logique, et nous n’hésitons pas à proposer que le prix soit accordé à l’auteur. Nous proposons, en outre, la oe cation du texte et des figures. » Rapport de M. Crépin, deuxième commissaire. « Le mémoire portant pour devise : Facies non omni- bus una, présenté à l’Académie en réponse à la question proposée par celle-ci : On demande de nouvelles recherches sur le mécanisme de la cicatrisation chez les végétaux, nous paraît avoir répondu d'une façon remarquable à cette question. Nous partageons entièrement l'opinion de M. Errera, premier commissaire, sur la valeur de ce mémoire et nous adoptons les conclusions de son rapport. » M. Gilkinet, troisième commissaire, déclare se rallier (795 ) aux conclusions des rapports de ses collègues, à la con- dition que les figures soient réduites au nombre stricte- ment nécessaire pour l'intelligence du mémoire. La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné sa médaille d'or, d’une valeur de six cents francs, à l’auteur de ce travail, M. Jean Massart, assistant à l’Institut botanique de Bruxelles. La Commission administrative de l'Académie statuera sur les demandes de publication des mémoires couronnés. —- PRIX FONDÉ EN MÉMOIRE DE JEAN-SERVAIS STAS, ANCIEN MEMBRE DE LA CLASSE DES SCIENCES DE L’ACADÉMIE. Déterminer, par des recherches nouvelles, le poids ato- mique d'un ou de plusieurs éléments pour lesquels cette constante physique est encore incertaine aujourd'hui. Rapport de M. W, Spring, premier commissaire, « Dans sa séance du 4 février 1895, la Classe des sciences a institué un prix à la mémoire de son illustre et regretté membre, J.-S. Stas. Le sujet proposé a été formulé comme il suit : Déterminer, par des recherches nouvelles, le poids atomi- que d'un ou de plusieurs éléments pour lesquels cette con- stante physique est encore incertaine aujourd'hui. On le voit, une grande latitude a été laissée aux con- currents dans le choix de leur travail : la seule restric- tion se trouve dans la condition de fournir une étude sur un élément dont le poids atomique est encore douteux. 3" SÉRIE, TOME XXXII. p ( 794 ) Un seul auteur a répondu à l'appel de l'Académie. Son travail porte comme devise : Celui qui observe ou expéri- mente à l'aventure n'est qu'un empirique, du travail duquel il n'y a rien à attendre, et il a pour objet la détermination du poids atomique du molybdène. La première question qui se pose est celle de savoir si le poids atomique du molybdène est encore incertain aujourd’hui ? Je n'hésite pas à répondre affirmativement. Pour motiver mon avis, il suffira d’invoquer lauto- rité d’un spécialiste dans la matière, le professeur F.-W. Clarke, de Cincinnati, qui a fait des poids atomi- ques une étude aussi complète que possible. Dans son ouvrage The constants of nature. À recalculation of the atomics weights, ce savant montre le grand désaccord qui règne entre les nombres trouvés par les divers expé- rimentateurs, depuis Berzelius jusque Lothar Meyer. Entre le nombre le plus petit (81,5) et le nombre le plus grand (95,7), il y a une différence de 14,2, soit 14,8 °/o, Si l’on prend le plus grand nombre comme base, et 17,4 °/o, si l’on rapporte le calcul au plus petit nombre. Dans les rapports annuels que le professeur Clarke a faits au nom de la Commission américaine des poids ato- miques (*), depuis la publication de son grand ouvrage, il est encore fait mention deux fois du molybdène. En 1895, Smith et Maas ont trouvé en moyenne Mo — 96,087 en convertissant le molybdate de sodium en chlorure dans une atmosphère d'acide chlorhydrique pur (*) et, en 1895, Seubert et Pollard (***) trouvèrent Mo = 95,722, (*) Journal of the American Chemical Society. (CJ Ibid., t. XV, p. 397; 1893. C**, Zeitschrift f. an. Chemie, t. X, p. 189; 1895. (79 en moyenne, en dissolvant [anhydride molybdique dans une solution normale de soude et en titrant, par deux méthodes destinées à se contrôler, Pexcès d’alcali. Si, à la vérité, ces derniers travaux serrent de plus près le vrai poids atomique du molybdène, on reconnaitra cependant qu’ils ne concordent pas assez dans leur résul- tat final pour pouvoir être regardés comme se confirmant Pan l’autre. La différence absolue 96,087 — 95,722 = 0,565 ne répond pas au degré d’exactitude que l'on peut demander aujourd’hui dans des déterminations de l'espèce. Ce point étant établi, je puis passer à la seconde ques- tion, celle de savoir si le travail que la Classe m'a chargé d'examiner peut être couronné. Dans l'introduction à son mémoire, l’auteur n’a pas cru devoir donner un aperçu historique proprement dit des recherches auxquelles le poids atomique du molybdène a donné lieu. Il se borne, en somme, à se rapporter à l'ouvrage d'Ostwald (Lehrbuch d. allg. Chemie) pour appuyer son opinion au sujet de l'insuffisance des travaux actuels et à mentionner que Seubert et Pollart (voir plus haut) ont fait une excellente critique des méthodes sui- vies avant eux. Il y a là une lacune que le lecteur ressent aussitôt. Celui-ci désire, naturellement, être renseigné, au cours de sa lecture, sur l’état de la question sans avoir à se livrer lui-même à des recherches bibliographiques incommodes. Un historique succinct eût été d’ailleurs - d'autant plus aisé à faire que tous les documents avaient déjà été recueillis et classés par Clarke, dont les écrits ont sans doute échappé à l’auteur, car il n’en fait pas mention. L'auteur procède à la critique générale des méthodes (796) employées à la détermination du poids atomique du molybdène ; il établit que les méthodes basées sur l'oxyda- tion du molybdène, ou sur la réduction de son anhydride, sont défectueuses parce qu'on n’a pas encore pu obtenir le métal pur, ou parce que la formation de Mo05 ne se fait pas sans perte par volatilisation. Les méthodes basées sur la conversion d’une combinaison du molyb- dène en une autre sont également incertaines parce qu'on n’est pas en état d'arriver à des produits complè- tement purs. Pour résoudre le problème d'une facon satisfaisante, l’auteur a cherché d’abord à préparer du molybdène pur. Il y est parvenu en réduisant le bi-bromure de molybdène par l'hydrogène, et non le chlorure, comme Wöhler l'avait fait le premier. Sa méthode constitue un progrès parce que le MoBr? peut s’obtenir, sans difficultés insurmontables, complètement exempt d'oxybromure, de tri- et de tétra- bromure. Ensuite, il a oxydé par l'acide nitrique le molybdène pur et il a déduit le poids atomique du métal en prenant pour base la formule MoO5 généralement admise. En vue d'obtenir le bibromure de molybdène pur, l'auteur a dû préparer d’abord du brome pur et du molybdène ne contenant plus que des traces d'oxyde. Il a fait ensuite réagir ces deux corps dans une atmo- sphère d'azote en prenant soin d'éliminer, par volatilisa- tion, les traces d'oxybromure formé et de détruire, par l'élévation de la température, le tribromure formé en même temps que le bibromure. Toutes ces opérations sont décrites avec soin. La manière dont elles ont été conduites est d'un chimiste qui sait que la patience et la persévérance sont aussi indispensables au succès que (797) le savoir et l'intelligence. Je n’entrerai néanmoins dans aucun détail à leur égard parce qu’il n’est pas possible de résumer une relation de travaux de cette espèce, et je passerai immédiatement aux résultats définitifs. ` Cinq oxydations du molybdène par lacide nitrique ont été exécutées; elles ont conduit aux nombres suivants : Mo = 95,851 95,854 95,899 95,855 95,899 qui s s'accordent entre eux d’une manière très satisfaisante et parlent, par conséquent, en faveur du soin avec lequel le travail a été conduit. J’exprimerai néanmoins le regret que l’auteur n'ait pas pu faire un nombre plus grand de déterminations. Il aurait alors été en état de calculer utilement l'erreur probable du résultat par application de la méthode des moindres carrés. En ramenant les pesées au vide et en prenant pour l'oxygène la valeur 45,96, on arrive à Mo == 95,829, nombre qui se rapproche beaucoup de celui donné par Soubert et Pollart (voir plus haut), savoir : 95,722. Nos renseignements sur le poids atomique du molybdène cal- culé en prenant pour base la formule MoO; sont donc complétés; mais il ne résulte pas encore du travail qui nous est soumis qu’ils soient définitifs. S'ils peuvent satisfaire aux besoins des- applications de la chimie, ils laissent néanmoins ouvertes plusieurs questions de prin- cipe. Cette remarque n’est pas un reproche que j adresse à ce travail, car, dans les sciences expérimentales, le plus grand nombre de problèmes ne se résolvent que par approximations successives. Aussi n’hésiterais-je pas à le regarder comme méritant le prix, si nous ne nous trou- vions aujourd'hui dans une situation particulière. ( 798 ) Le prix de l’Académie porte le nom d’une de nos illustrations. Les travaux de Stas ont fait l'admiration du monde des savants par leur précision et leur profondeur. Il entre sans doute dans les vues des membres de la Classe des sciences d'honorer la mémoire de leur regretté con- frère en décernant, à l'unanimité des suffrages, les palmes à un travail qui eùt eu l'approbation du Maitre lui-même. L'auteur du travail qui fait l’objet de ce rapport a prouvé que rien ne lui manque pour rendre son œuvre, si on lui en laisse le temps, vraiment digne du nom de Stas. - En conséquence, je propose de proroger la mise au concours de la question jusqu’au 4% août 1897, afin de permettre au concurrent de représenter son travail après lavoir perfectionné dans le sens désiré sans doute par l’Académie. » Rapport de M, Louis Henry, deuxième commissaire « Après le substantiel rapport de mon savant confrère, M. Spring, je puis être bref. Je me bornerai donc à quel- ques observations fondamentales. Mais auparavant, je me permettrai une courte digres- sion. L'auteur a pris pour épigraphe de son mémoire la phrase suivante tirée d’un des écrits de Stas : Celui qui observe ou expérimente à l'aventure n'est qu'un empirique, du travail duquel il wy a rien à attendre. Je ne puis admettre tout entière cette proposition. Sans doute, celui qui entreprend des recherches à l'aven- ture, sans but déterminé, est un empirique; mais pré- tendre qu’il n'y a rien à attendre de son travail, c'est (79) sortir de la vérité. L'histoire de la chimie avant Lavoisier en est la preuve : le travail des alchimistes a été fait bien souvent à l'aventure dans le sens complet du mot, en dehors de toute idée, sans autre but que la découverte insensée de la pierre philosophale. N'a-t-il pas été, dans bien des cas, fécond au point de vue des faits? Quoi qu'il en soit, se mettant, au moment d'entre- prendre ses recherches, à l'abri de cette proposition, l’auteur s’est créé une situation vraiment Eee: IL a admis, en effet, deux points : 1° que la place du molybdène dans le système pério- dique est bien déterminée ; 2 que l’anhydride molybdique répond à la formule Mo0;. C'est là évidemment simplifier et restreindre le pro- blème à résoudre. En fait, l’auteur s’est borné à déterminer le nombre proportionnel ou, comme on dit encore, l'équivalent du molybdène par rapport à l’oxygène. Dans ce but, il a déterminé la quantité d'oxyde molybdique que produit Poxydation d’une quantité pesée de cet élément, par l’acide azotique. La méthode est nouvelle. L'oxygène étant 7,98, le nombre proportionnel déduit de la moyenne des expériences de l’auteur est 15,986. Il n’est pas inutile de faire remarquer en passant que le nombre proportionnel ou l'équivalent du molybdène par rapport au chlore (55,57, équivalent réel de O0 repré- senté par 7,98) est 19,2 (1). Je ne voudrais pas négliger de constater ici que les déterminations numériques de l’auteur me paraissent (1) Lornar Meyer, Grundzüge des theoretischen Chemie. (800 ) avoir été faites dans des conditions excellentes d’exacti- tude. J'ajoute qu'avant d'y procéder, il s'est mis en possession d'échantillons de molybdène pur, plus pur certainement que ceux avec lesquels ont expérimenté ses devanciers; son molybdène est le résultat de la mise en pratique d’une méthode nouvelle, la réduction du bibro- mure pur par l'hydrogène. . À mon sens, l’auteur ne s’est pas souvenu suffisamment que l’Académie demandait la détermination par des recherches nouvelles de « poids atomiques ». Or, ai-je besoin de dire que dans le langage de la chi- mie moderne, langage qui, heureusement, a tant gagné en précision, les poids atomiques sont tout autre chose que les nombres proportionnels ou les équivalents de la chimie d'autrefois? Les confondre dans la langue usuelle, comme ont l'habitude de le faire certains auteurs, est un tort et „un abus préjudiciable à l'expression rigoureuse des faits. Le nombre proportionnel est un chiffre que l'analyse fait connaître et dont l'exactitude est en rapport avec l'exactitude même des procédés analytiques dont il est le résultat. Quant au poids atomique, il représente le nombre proportionnel ou l'équivalent multiplié par un coeffi- cient n. Or, pour connaitre ou assigner une valeur con- crète à ce coefficient n, il faut s'adresser à des données d'un tout autre genre que les données analytiques. Ce sont là des points de doctrine que l’auteur me paraît avoir oubliés, et je le regrette parce que je le juge parfaitement capable de résoudre les questions qu'ils .Soulèvent. Le poids atomique des éléments est particulièrement en relation avec la chaleur spécifique de ceux-ci et le poids moléculaire des composés qu’ils déterminent. ( 801 ) La chaleur spécifique du molybdène a été déterminée, il y a une cinquantaine d'années, par Regnault, et trouvée égale à 0,7248. L'échantillon dont s’est servi cet illustre physicien était impur et renfermait du carbone. Si l’on multiplie 0,7218 par le poids atomique attribué par lau- teur au molybdène, on obtient comme chaleur spécifique atomique 6,9. Ce chiffre s'éloigne notablement de la moyenne 6,4, chaleur spécifique atomique des éléments dont le poids atomique et la chaleur spécifique ont été déterminés avec le plus d’exactitude. L'auteur ayant eu à sa disposition du molybdène pur, du moins qu'il regarde comme tel, j'aurais voulu qu’il en profitât pour déterminer à nouveau la chaleur spécifique de son élément, donnée physique d’une si capitale importance. Dans la chimie moderne, l'atome se définit : « la plus petite quantité pondérable d'un élément, existant en combi- naison, par conséquent dans une molécule. » De cette définition découle directement le mode de détermination des poids atomiques par rapport aux nombres proportionnels et en fonction de ceux-ci. La détermination de cette quantité minimum nécessite évidemment la connaissance de divers composés renfer- mant l'élément dont le poids atomique est à trouver, combinaisons dont la composition chimique est connue exactement de même que le poids moléculaire. Or, je ne connais, pour le moment, en fait de composés molyb- diques dont le poids moléculaire a été directement déter- miné, par la méthode gazométrique, que le perchlorure seul Mo Cl; (1). C'est évidemment insuffisant. L'auteur, qui (i) Voir Ap. VAN DEN BERGHE, Re à Age du dihy- droxychlorure de molybdène. (BULL. DE L'ACAD. ROY. DE BELGIQUE, t. XXIX, 3e série, année 1895, pp. 281 ot B ( 802 ) paraît très au courant des composés du molybdène, aurait bien trouvé, ce me semble, si son attention avait été attirée sur ce point, certains composés de cet élément dont il aurait pu, par les diverses méthodes connues aujourd’hui, déterminer directement les poids molécu- laires. Je me résume. Le mémoire présenté à l’Académie dénote un chimiste soigneux, habile et expérimenté, fami- lier avec le maniement des composés molybdiques. C'est un travail, à mon sens, digne de toute estime. Je ne puis cependant pas proposer à l’Académie de le couronner dès à présent et tel qu’il est, parce que je le trouve incomplet en divers points fondamentaux. Je pro- pose donc, comme mon savant confrère, de remettre la question au concours pour l’année prochaine. L'Académie doit, semble-t-il, tenir d'autant plus à voir compléter ce travail que la valeur du prix qui doit récompenser la question posée est relativement considé- rable et que le concours actuel porte le nom de notre illustre et regretté confrère Stas, dont les travaux, dans l’ordre expérimental, se font remarquer par leur caractère de perfection. » M. De Heen, troisième commissaire, se rallie aux con- clusions des rapports de MM. Spring et Henry. La Classe décide la remise de la question au concours et fixe le délai fatal de celui-ci au 1°r août 1897. ( 803 ) Prix Épovarp Mamy fondé pour favoriser les progrès de l'astronomie en Belgique. (Première période : 1892-1895.) M. Édouard Mailly, en son vivant membre de la Classe des sciences de l’Académie, décédé à Saint-Josse-ten- Noode le 8 octobre 1891, avait inscrit la disposition sui- vante dans son testament : « Je lègue à l'Académie royale de Belgique une somme de dix mille francs pour fonder un prix à décerner au Belge qui aura fait faire quelque progrès à l'astronomie Où qui aura contribué à répandre le goût et la connais- sance de cette science dans le pays. » Rapport de M, Folie, premier commissaire. « Edouard Mailly, qui a consacré sa longue carrière à l'astronomie, et particulièrement à l'étude de son his- toire et de ses progrès, a voulu développer chez ses com- patriotes le goût de sa science de prédilection en fondant un prix de 4,000 francs à décerner tous les quatre ans «au Belge qui aura fait faire quelque progrès à l’astro- nomie ou qui aura contribué à répandre le goût et la con- naissance de cette science dans le pays ». La Classe des sciences étant appelée, cette année, à décerner ce prix pour la première fois, il importe de bien spécifier quelles sont les conditions du concours, en res- pectant religieusement les intentions du fondateur. ( 804’) Celles-ci paraissent bien formelles : il ne s’agit pas, pour l’Académie, d'appeler à concourir les Belges qui croient pouvoir prétendre au prix Ed. Mailly, mais de décerner celui-ci au Belge qui « aura fait faire quelque progrès à l'astronomie ou qui aura contribué à répandre le goût et la connaissance de cette science dans le pays », soit qu'elle attribue le prix à un seul, dont les travaux seraient supérieurs à ceux des autres, soit qu’elle juge à propos de partager le prix entre deux ou plusieurs auteurs de mérite égal. ` Il en est du prix Éd. Mailly comme des prix quinquen- naux ou des prix décernés par l’Académie des sciences de Paris ou par d’autres académies étrangères, quand il ne s’agit pas d’un concours sur une question déterminée. Lorsque les Plateau, les Van Beneden, les Gloesener obtenaient chez nous des prix quinquennaux, lorsque naguère ùn prix de 50,000 francs était décerné à Paris à lord Ramsay, il est bien certain que ces savants illustres n'avaient pas annoncé, à l’avance, léur intention de con- courir pour le prix. Si la Classe jugeait que ses commissaires n’ont à exa- miner, pour décerner le prix Éd. Mailly, que les ouvrages qui lui auraient été envoyés en vue du concours, je récu- serais pour lavenir les fonctions de commissaire, ne voulant pas m'exposer à décerner le prix à des ouvrages médiocres, en écartant des ouvrages plus méritants parce que leurs auteurs ne les auraient pas présentés. Le devoir de F Académie me paraît être de rechercher, parmi les ouvrages publiés pendant la période, quels sont les plus dignes du prix. Cette question de principe ne m'embarrasse, du reste, nullement dans le cas actuel. (805 ) En dehors des ouvrages présentés, il ne s’est publié en Belgique, en ce qui concerne l'astronomie, pendant Ja période 1892-1895, aucun travail sur la valeur duquel il m'appartienne de me prononcer. Je puis donc, sans contrevenir à la règle que je me suis imposée, me borner à examiner la requête adressée à M. le Secrétaire perpétuel par le Comité de rédaction de Ciel et Terre. Mais ici surgit une autre question. L'Académie peut-elle décerner le prix Éd. Mailly à un comité de rédaction ? Je ne le pense pas. Bien évidemment, si un travail astronomique méritant avait paru dans les Mémoires de l’une des sociétés scienti- „tiques du pays, c'est à l’auteur du travail, et non à la société, que le prix serait décerné, conformément, du reste, à la volonté expresse du fondateur qui veut que le prix soit décerné, non pas à l'ouvrage belge, mais au Belge qui aura bien mérité de l'astronomie. Et remarquez qu'Édouard Mailly connaissait et appré- ciait beaucoup Ciel et Terre, et que, s'il avait eu linten- tion de l’appeler à concourir, il eût, très légèrement du reste, modifié son texte en conséquence. Mais si, en principe, je ne crois pas pouvoir décerner le prix à Ciel et Terre, malgré le grand mérite de cette Revue, qui porte bien son nom et l'a même inspiré aux fondateurs de la revue allemande Himmel und Erde, j'ai à examiner cependant s’il ne pourrait pas être décerné soit à l’un, soit à plusieurs de ses rédacteurs astro- nomes. Ceux qui ont écrit le plus grand nombre d'articles astronomiques dans cette Revue sont : M. Niesten, qui, indépendamment de ses notices men- ( 806 \ suelles sur les phénomènes célestes à signaler aux obser- vateurs, a décrit l’aspect physique de la planète Mars, qu'il a suivie lui-même, comme on sait, pendant un grand nombre d'années, ainsi qu’une note sur les neiges polaires de cette planète; un article sur les plans plané- ‘taires et l'équateur solaire, sujet de ses études également depuis fort longtemps; sur la nature et la rotation des satellites de Jupiter, qu’il a observés très assidûment; sur la distance des étoiles à la Terre; enfin, sur les comètes périodiques dont le retour est attendu en 1896. M. Prinz, qui a écrit un nombre très considérable d'articles sur la sélénographie : Les prétendus fleuves lunaires; A propos des rainures en forme de fleuves sur la Lune (deux articles); Y a-t-il eu des changements dans les cratères lunaires Messier et Linné? Agrandissement des photographies lunaires de Lick Observatory; Esquisses sélénologiques; Y a-t-il eu des changements dans le cra- tère Linné? Quelle est la dimension maxima des détails visibles sur les photographies lunaires? ainsi qu’une note très intéressante sur les grands instruments astrono- miques et leur rendement photographique. M. Stroobant, qui a écrit sur Saturne, sur rapútieádon de la spectroscopie à l'étude de la constitution de ses anneaux ; sur le diamètre de la Lune; sur le mouvement des satellites des planètes par rapport au Soleil; enfin, sur le Congrès astronomique d'Utrecht et les observatoires des Pays-Bas. Indépendamment de ces articles, M. Stroo- bant a publié également, dans le Bulletin de l'Académie, une note très intéressante sur le mouvement des satellites par rapport au Soleil, au sujet de laquelle M. Terby et moi nous avons fait un rapport favorable dans la séance Ju 7 juillet 1894. ( 807 ) Pour être complet, je mentionnerai enfin l’article : La physique des globes, de notre confrère M. C. Lagrange. Tous ces articles sont surtout des articles de vulgarisa- tion, mais qui ont grandement contribué à répandre le goût de l'astronomie parmi les nombreux lecteurs de Ciel et Terre. L'un des articles de M. Stroobant renferme une remarque très ingénieuse sur laquelle j'ai émis mon appréciation dans le rapport précité; je ne crois pas cependant devoir la considérer comme méritant le prix Éd. Mailly pour le progrès qu’elle a fait réaliser à la science astronomique. Il s'agit done, pour moi, de décider quels sont, parmi les auteurs dont je viens de parler, ceux qui ont le plus contribué à répandre le goût de l’astronomie. En tenant compte, d’une part, des nombreux articles de M. Niesten sur des sujets très variés, qu'il a travaillés personnellement, et de ses revues astronomiques men- suelles; d'autre part, des articles très intéressants de M. Prinz et des remarquables agrandissements, univer- sellement connus (1), qu'il a exécutés du cliché de Lick (1) Les premiers agrandissements d'après un cliché original de Lick Observatory ont été faits par M. Prinz et présentés à l’Académie en avril 1892 Ils ont fait l’objet d’appréciations flatteuses (The Obser- valory, janvier 1893, GAEA, août 1893, etc.) ‘époque où j'ai présenté à la Classe les beaux agrandissements publiés par M. Prinz, en juillet 1894, rien de semblable n'avait été fait. Ces photographies ont servi à notre éminent associé M. Suess dans ses recherches de géologie comparée (Sitzbericht der Wiener Aka- demie, février 1895), ainsi qu’à différents sélénographes (MM. Krieger, Fauth, ete.) Voir aussi : G. Towne, Astronomie, astroplysique, ete., 1896, t. I, pp. 441 et 443, 465 et 466. ELGER, The Moon, 1895, Introduction. HoLDEN, Bulletin de la Société astronomique du Pacifique, 1895. ( 808 ) Observatory, par un procédé qui constitue, à mon sens, un véritable progrès, et dont MM. Loewy et Puiseux viennent de donner de si beaux exemples dans leur Atlas des agrandissements de leurs propres photographies de la Lune, j'ai l'honneur de proposer à la Classe de par- tager le prix Éd. Mailly entre MM. L. Niesten et W. Prinz. » Rapport de M, €C. Le Paige, deuxième commissaire. « Je regrette de ne pouvoir me rallier aux conclusions de l’honorable premier commissaire. Les termes du règlement relatif au prix Éd. Mailly exigent que les tra- vaux soient remis à l’Académie. Sans doute, il ne pourrait résulter pour celle-ci, comme semble le craindre M. Folie, l'obligation de décerner le prix fondé par notre regretté confrère si le travail pré- senté dans les conditions réglementaires n'avait aucune valeur. La Classe, dans ce cas, pourrait évidemment déci- der qu’il n’y a pas lieu d'accorder le prix. Mais nous n'avons pas, pour le moment, à examiner cette question, puisque l'honorable premier commissaire lui-même propose de donner le prix à des travaux insé- rés dans la Revue Ciel et Terre, dont les cinq derniers volumes ont été adressés à M. le Secrétaire perpétuel, dans le délai voulu, par le Comité de rédaction. Un seul doute pourrait donc subsister: celui de savoir si, dans la pensée du fondateur, le prix pourrait être accordé à un comité directeur qui, à la rigueur, pourrait n'avoir collaboré en rien à la Revue qu'il dirige. Outre qu’en réalité il est loin d'en être ainsi, j estime ( 809 ) que ce ne serait pas, même dans ce cas, outrepasser la volonté de notre regretté confrère que de décerner le prix au Comité de rédaction. À celui-ci, en effet, incombe la responsabilité de la publication, le travail de condensation, de réunion de travaux de valeur. C’est à son initiative qu'est due l'en- treprise et la continuation d’une Revue qui a bien, en réalité, répondu au vœu de Mailly et contribué dans une forte mesure à répandre le goût et la connaissance de l'astronomie dans le pays. J'ai donc l'honneur de proposer à la Classe de décerner le prix Éd. Mailly au Comité de rédaction de la Revue Ciel et Terre. » Rapport de M, Herby, troisième commissaire. « Je crois, avec M. Le Paige, qu'une seule interpréta- tion peut être donnée aux termes du règlement qui con- cerne le prix Mailly; ces termes sont formels : « Seront seuls admis les travaux présentés par des auteurs belges ou naturalisés, » Et il y a d’autant plus à s'étonner des doutes émis à ce sujet par le savant premier commissaire que celui-ci a contribué à élaborer ce règlement et doit avoir pesé les termes employés lors de sa rédaction. Ce n’est pas que nous soyons de l'avis deM. Folie quand il laisse entendre qu’en dehors de Ciel et Terre et de cer- tains travaux qu'il précise en disant qu'il ne lui appar- tient pas de se prononcer à leur sujet, il ne s’est rien publié de méritant pendant la période. Nous croyons qu'il oublie ici tout au moins l'Annuaire pour 1896 de la Société belge d'astronomie, bien fait pour propager le 9"* SÉRIE, TOME XXXII. 53 { 810 :) goût de l'astronomie en Belgique. Mais nous concédons volontiers qu'aucune publication belge, sans exception, ne peut entrer en parallèle, comme importance, comme intérêt et comme ancienneté, pour l'obtention du prix, avec Ciel et Terre, D'ailleurs, encore une fois, le Comité de rédaction de Ciel et Terre est seul entré en lice; seul, il réalise la con- dition préalable à l’obtention du prix. Nous n'avons pas à examiner si une autre interprétation serait plus con- forme aux intentions du donateur; nous devons considérer cette question préalable comme résolue par les auteurs du règlement, et nous conformer strictement à la lettre de celui-ci. La principale question en litige entre MM. Folie et Le Paige se présente ensuite : L'Académie peut-elle décerner le prix à un comité de rédaction? Et pourquoi donc ne le pourrait-elle pas? Le règlement décerne le prix à l’auteur du meilleur travail présenté, effectué pen- dant la période. Je ne crois pas que l'on puisse soutenir que le singulier employé ici exclut la possibilité d’adju- ger le prix à deux ou plusieurs collaborateurs d’un ouvrage important. Or, le Comité de rédaction de Ciel et Terre ne doit-il pas, aux yeux du jury, rester un ensemble indivi- sible de plusieurs collaborateurs qui réalisent précisément cette condition et qui présentent à son appréciation leur œuvre commune? Aucune comparaison n'est possible, contrairement à ce que croit le premier commissaire, entre cette association indivisible et la réunion des membres d’une académie ou d’une société scientifique, daus les publications de laquelle aurait paru un ouvrage digne de remporter la palme. Mais il nous faut examiner de plus près le résultat du système du savant premier (SH ) commsisaire : ce système l’obligeant à faire un choix parmi les rédacteurs de Ciel et Terre, il met en avant deux noms dont je me garde bien de contester les mérites, mais dont l’un appartient à un savant entré dans le Comité de rédaction il y a un peu plus de trois ans seulement (1). Il exelut, par le fait, tous les membres les plus anciens, un seul excepté (M. Niesten) et frappe d'ostracisme un travailleur dont on peut dire que le zèle infatigable a le plus contribué à mener victorieusement à travers de nombreux écueils et cela pendant les seize années qu'elle compte d'existence, notre Revue belge d'astronomie et de physique du globe : j'ai nommé notre savant et laborieux confrère, M. Lancaster. Dirigeant la Revue depuis son origine, il lui consacre tous ses soins et une grande partie de son temps, stimulant le zèle de ses collègues, leur signalant bien souvent des articles à faire, à traduire ou à résumer, Constamment à laffüt de ce qui paraît de nouveau dans les revues et ouvrages de l'étranger, il tient à honneur de ne rien laisser passer d'intéressant sans que Ciel et Terre en parle; par ses nombreuses relations, il est tenu au courant de faits nou- veaux dont la Revue a souvent la primeur. Lorsque le Comité de rédaction se présente par le fait du commun accord de tous ses membres, est-il équitable d’écarter du prix Mailly le collaborateur qui, pendant seize ans, a été l'àme de cette publication? C'est donc au Comité de la Revue tout entier que le prix doit être accordé; cette récompense méritée, à côté (1) M. Prinz fait partie de la rédaction de Ciel et Terre depuis le 16 mars 1893 ( 812 ) de l'encouragement moral qu’elle apportera à ses rédac- teurs, leur permettra aussi, j'en ai la conviction, d’amé- liorer les conditions matérielles de leur œuvre, de combler certaines lacunes, parmi lesquelles on peut signaler une table générale des volumes parus, qui fait défaut jusqu'ici, et dont l'utilité, la nécessité même, s'affirment de jour en jour. L’éloge de Ciel et Terre n’est plus à faire, ce n’est point son mérite qui est discuté ici; les trois commissaires sont unanimes à le reconnaître; aussi serait-il superflu d’al- longer ce rapport en montrant comment, depuis 1880, cette Revue n’a pas failli à la tâche qu'elle s’est imposée et qui est aussi le but visé par notre regretté confrère Ed. Mailly, c’est-à-dire le progrès de l'astronomie et la diffusion du goût et de la connaissance de cette science dans le pays. Nous terminons en nous ralliant complètement aux conclusions de notre savant confrère M. Le Paige, et en proposant avec confiance à l’Académie de décerner le prix Mailly au Comité de rédaction de Ciel et Terre. » La Classe a décerné le prix de mille francs à MM. C. La- grange, E. Lagrange, A. Lancaster, L. Niesten, W. Prinz et P. Stroobant, membres du Comité effectif et respon- sable de la Revue Ciel et Terre. (813) RAPPORTS. Recherches expérimentales sur l'assimilation de l'azote am- moniacal et de l'azote nitrique par les plantes supérieures; par Ém. Laurent, Ém. Marchal et Ém. Carpiaux. fiapport de M. Errera, premier commissaire, « Les plantes sont, comme on sait, les seules fabriques de matière organique. On connait exactement l'endroit où s’accomplit chez elles la synthèse des sub- stances hydrocarbonées et les conditions dans lesquelles cette synthèse se fait; mais on est beaucoup moins bien renseigné relativement aux composés organiques azotés. Dans leur mémoire, MM. Laurent, Marchal et Carpiaux nous apportent à ce sujet des données précieuses. Ils com- mencent par résumer létat actuel de la question. Nous les voyons avec plaisir faire grand cas des travaux trop peu connus de Pagnoul; mais ils ne nous paraissent pas avoir rendu tout à fait justice à ceux de W. Schimper (1888) et de Boussingault. A la suite de leurs propres expériences, exécutées avec autant de méthode que de soin, sur les tiges étiolées et les tiges vertes de la Pomme de terre, les tiges étiolées de l’Asperge et de l’Orge, les feuilles vertes de la Bette- rave, les feuilles vertes et les feuilles blanches de l'Orme, de l’Érable et de l’Aspidistra, les auteurs arrivent aux conclusions suivantes : Chez les plantes supérieures, l'assimilation des nitrates ou des sels ammoniacaux et la formation consécutive de com- posés organiques azotés exigent l'intervention de la lumière el, particulièrement, des rayons ultra-violets. ( 814 ) La présence de la chlorophylle n'est pas nécessaire à ces phénomènes, mais elle favorise grandement l'assimilation de l'azote nitrique, tandis que l'assimilation de l'azote ammo- niacal s'effectue mieux dans les feuilles blanches. L'assimilation de l'azote nitrique donne lieu à une pro- duction intérimaire d'ammoniaque. Il est superflu de faire ressortir l'importance de ces résultats. Peut-être même doit-on aller plus loin que les auteurs et admettre, avec Schimper, que l’assimilation des nitrates chez les plantes supérieures ne se fait que dans les cellules chlorophylliennes; en tout cas, le contraire ne nous semble pas encore définitivement démontré, d'autant que de petites quantités de nitrates peuvent avoir été réduites, en l'absence de chlorophylle, soit par des micro-organismes, soit par des actions chimiques secondaires, soit par l'effet direct de la lumière, et que, d'autre part, des traces de chlorophylle échappent aisé- ment à observation. Nous sommes heureux de proposer à la Classe d'insérer ce beau travail dans le Bulletin et d'adresser des remer- ciements aux auteurs. » MM. Gilkinet et Crépin ayant adhéré à ces conclusions, celles-ci sont adoptées par la Classe. Sur les dérivés cadmiques halogénés de l'antipyrine ; par M. C. Schuyten. Rapport de M, W. Spring, premier commissaire, « M. Schuyten, docteur en sciences et professeur à Anvers, a étudié en détail les propriétés des chlorure, bromure et iodure doubles de cadmium et d’antipyrine. ( 815: ) Les deux premiers corps avaient déjà été entrevus par M. L. van Itallie, qui a préparé les composés halogénés correspondants du zinc; le dernier corps a été préparé pour la première fois par M. Schuyten. La note, très substantielle, de l’auteur ne se prête pas à un extrait, car elle est la description de procédés de préparation et de propriétés spéciales dont on ne peut faire un résumé. A mon avis, ces recherches augmentent utilement nos connaissances sur les dérivés, déjà nombreux, de lanti- pyrine; j'ai donc l'honneur de proposer à la Classe l'in- sertion de cette note dans le Bulletin de la séance. » M. Jorissen, second commissaire, se rallie à cette pro. position, qui est adoptée par la Classe. ; COMMUNICATIONS ET LECTURES. B Recherches expérimentales sur l'assimilation de l'azote ammomiacal et de l'azote nitrique par les plantes supé- rieures; par Ém. Laurent, Ém. Marchal et Ém. Car- piaux. Seuls parmi les organismes, les végétaux sont capables de faire la synthèse, non seulement des matières hydro- carbonées, mais encore celle des substances albuminoïdes. lis utilisent l'azote libre, l’acide nitrique, l’'ammoniaque. et les combinaisons azotées organiques. ( 816 ) Chez les Léguminées, l'assimilation de l'azote libre est l’œuvre de microbes spéciaux qui vivent dans les nodosités radicales; bien qu’elle ait lieu à l'obscurité, elle dépend indirectement de la lumière; en effet, pen- dant ce travail de synthèse, il y a disparition d'impor- tantes réserves d'amidon provenant de l'assimilation foliaire (*). Le Clostridium Pasteurianum, de Winogradsky, con- somme, pendant qu'il fixe l’azote, de grandes quantités de sucre (**). Quant aux Algues, PIR que les Nostoccacées, qui, seules ou en symbiose avec des bactéries, assimilent l’azote libre, elles ne se développent qu’à la lumière. Ces divers micro-organismes empruntent sans aucun doute l'énergie nécessaire à la synthèse des matières albuminoides, soit directement, soit indirectement, à la radiation solaire ; à défaut de chlorophylle, ils utilisent une substance hydrocarbonée appropriée. En est-il de même pour la synthèse des substances albuminoïdes à l’aide des nitrates et des sels ammonia- caux? Ces combinaisons azotées peuvent-elles pénétrer dans la matière vivante sans l'intervention de l’action solaire ? Pour les organismes inférieurs privés de chlorophylle, la question est résolue depuis longtemps déjà. (*) Ém. LAURENT, Recherches sur les nodosités radicales des Légu- mineuses. (ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR, t. V, 1 (*) S. Winoarapsky, Recherches sur l'assimilation de l'azote libre de l'atmosphère par les microbes. (ARCHIVES DES SCIENCES BIOLOGIQUES, t: HI, ne 4, 1895.) ( 817 ) Pasteur a fait croître, à l'obscurité, la Levure de bière dans un milieu minéral additionné de sucre et d’un sel ammoniacal (*). D’autres, après lui, ont eultivé de même des bactéries et des moisissures dans des mélanges salins renfermant un nitrate ou un sel ammoniacal (**). Assurément, pour les organismes ainsi cultivés comme pour le Clostridium Pasteurianum, il faut qu'une certaine quantité de sucre soit brûlée pour fournir l’énergie néces- saire à la synthèse des matières albuminoïdes. Néan- moins, on peut affirmer que chez les plantes inférieures l'assimilation de l'azote ne dépend ni de la chlorophylle ni de la lumière (directe), qu’il s'agisse de l'azote des combinaisons minérales, ou, à plus forte raison encore de l’azote des combinaisons organiques plus ou moins simples. L'état de nos connaissances est beaucoup moins par- fait si l’on envisage, non plus les végétaux cellulaires, mais les plantes supérieures. On sait déjà que leurs Capacités de synthèse pour les substances hydrocarbonées sont beaucoup plus limitées que celles des microbes (***). En serait-il de même pour la production des matières albuminoïdes? (C) PASTEUR, Mémoire sur la fermentation alcoolique. (ANNALES DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, t. LVIII, 1859. (") Ém. LAURENT, Recherches. sur la valeur comparée des nitrates et des sel. ] li t de quel autres plantes. (ANNALES DE L'INSTITUT deken t. IH, 1889.) (**) Comparer, à ce point de vue, les résultats des essais d'Ém. LAURENT, Sur la nutrition de la Laure et de la Pomme de terre avec des solutions organiques. (BULL. DE LA SOC. ROY. DE BOT. DE BELGIQUE, t. XXVI, et ANNALES DE Ke PASTEUR, t. IH, 1889.) ( 818 ) Les expériences de Th. Schloesing fils et Em. Laurent ont démontré que les plantes vasculaires, autres que les Léguminées, qui n’ont pas de nodosités microbiennes, n’assimilent jamais l'azote libre (*). A la suite des travaux de A.-B. Frank, on admet, sans que ce soit absolument démontré par lexpérience, que diverses espèces de plantes pourvues de mycorhizes peuvent se nourrir aux dépens non seulement des com- posés hydrocarbonés de humus, mais également de ses combinaisons organiques azotées. Ce mode de nutrition doit être fréquent dans les forêts des régions équatoriales abondamment pourvues d’humus. Les plantes carnivores ont aussi la propriété d'utiliser les produits azotés de la digestion des petits animaux qu'elles capturent. Enfin, expérimentalement, on a pu alimenter des plantes privées de mycorhizes (Maïs) avec des solutions d’asparagine privées de microbes. Pour ce qui est des nitrates, on a des raisons de sup- poser que les plantes supérieures ne peuvent les utiliser en l'absence de lumière, mais c'est là une opinion qui a été mise en doute. Quoi qu'il en soit, on ne sait pas non plus si la consommation des nitrates est liée ou non à la présence de la chlorophylle. Si nous considérons l’assimilation des sels ammonia- caux, les quelques faits relatifs à leur disparition dans les feuilles manquent de netteté; ici encore, on ne peut affirmer, d'une façon formelle, si leur utilisation exige l'intervention de la lumière et de la chlorophylle. (*) Annales de l'Institut Pasteur, t. VI, pp. 65 et 824, 1892. Re ( 819 ) Nous nous sommes proposé d’élucider la question de la production de matière organique azotée aux dépens de l’ammoniaque et de l'acide nitrique. Les travaux antérieurs sur la question. Ce fut Pagnoul qui observa, le premier, que dans les. tissus des plantes expesées au soleil, les nitrates dispa-. raissent et sont transformés en combinaisons organiques azotées. Il fut amené à faire cette importante décou- verte à la suite des inconvénients que présente pour la pureté des jus l'emploi tardif des nitrates dans la culture de la Betterave à sucre (*). l Il voulut rechercher si l'accumulation dans les racines de ces sels était due uniquement à cette cause, à une sura- bondance d'éléments azotés, et ne pouvait être attribuée aux conditions de la végétation et notamment à l'intensité de la lumière. | En analysant à des moments déterminés des Betteraves en croissance, cultivées en sol enrichi de nitrates, dans des conditions variables d’éclairement, il put constater que, sous l'influence de la lumière, les nitrates amenés dans les feuilles y disparaissent presque aussitôt; au con- () Expériences diverses faites à la Station agricole du Pas-de-Calais sur la culture de la Betterave. (ANNALES AGRONOMIQUES, t. V, p. 484, 1879.) — Champs d'expériences de la Station agricole du Pas-de-Calais. Essais divers. (Inem, t. VII, p. 5, 1881.) — Influence de la lumière dans les phénomènes de végétation. (BULI. DE LA STATION AGRONOMIQUE DU PAS-DE-CALAIS, p. 27, 4890.) ( 820 ) traire, ils s'accumulent à Tobscurité et ne subissent pas de modification. Pagnoul fut ainsi amené à cette conclusion fort impor- tante : «La lumière paraît avoir à remplir, dans la décomposition des nitrates et dans la formation des principes azotés et des corps organiques, un rôle ana- logue à celui qu’elle joue dans la décomposition de l'acide carbonique pour la formation des corps hydro- carbonés. » Cette conception nouvelle de la formation des prin- cipes azotés des plantes n’a point subi jusqu'ici d'autre contrôle expérimental. Cependant, plusieurs faits tendent indirectement à prouver que c’est surtout dans les feuilles, sous l'in- fluence des radiations, que s'effectue la formation des matières organiques azotées aux dépens des nitrates. L'absence de ces composés dans les limbes foliaires, alors qu’ils existent plus ou moins abondamment dans les racines, les tiges, les rameaux et les pétioles, a été signalée par B. Frank (*), puis surtout par Schimper (**). Toutefois, Frank pensait que chez les arbres et cer- taines espèces pauvres en nitrates, l'assimilation de ces sels peut avoir lieu dans tous les organes traversés par des faisceaux libéroligneux, même déjà dans les racines. L'accumulation d’asparagine dans les feuilles pendant () Ursprung und Schicksal der Salpetersäure in der Pflanze. (BER- D. DEUTSCHEN BOT. GES., t. V, p. 472, 1887.) C*) Botan. Zeitung, 1888, n° 5; Flora, 1890. (‘82 ) le jour, -démentrée par Frank et Otto (*), peut aussi trouver son explication dans la réduction des nitrates à la lumière. Quant à l'assimilation de l’ammoniaque, on sait que ce corps peut servir à la production de matières orga- niques azotées, aussi bien chez les plantes none que chez les micro-organismes. Cette transformation s'opère directement, sans oxy- dation de Pammoniaque. Les recherches de Molisch (**), de Frank (**), de Schulze (*), de Kreusler (‘) et les expériences toutes récentes de Pagnoul (*) ne laissent subsister aucun doute à ce sujet. Elles prouvent que, contrairement à l'opinion de Berthelot et André (“”), les plantes supérieures ne nitrifient jamais l’ammoniaque. L'influence de la radiation sur l'assimilation de l'am- moniaque n’a pas encore été précisée. A la fin de son important travail sur l'intervention de l’ammoniaque (C) Franck et Orro, Untersuchungen über Stickstoffassimilation in der Pflanze. (BER. D. DEUTSCHEN BOT. GES., t. IX, .) (*) Mouscn, Ueber einige Beziehungen zwischen veger Stickstoffsalzen in der Pflanzen. (SITZUNGSBER. D. MATH.-N u CE, D. KAIS. AKADEMIE WIEN, CV, Heft I, p. 2: A (C) ScuuLze, Bilden sich Nitrate im or ganismus höherer Pflanzen ? (BER. D. DEUTSCHEN CHEM. GES. 887.) (”) Ber. der deutschen bot. Ges., t (©) KREUSLER, Bildet dich im Or idee höherer Pflanze Salpe- tersäure? (BER. p DEUTSCHEN este Ges., p. 999, 1887 (1) PAGNOUL, As: le l'azote par les plantes sous les deux formes nitrique et pre (ANNALES AGRONOMIQUES, t. XXII, 1896. () BERTHELOT et ANDRÉ, Sur la formation du salpêtre chez les m laux. (ANNALES DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, 6e série, p. 116, 1 ( 822 ) atmosphérique dans la nutrition végétale, Muntz (*) fait remarquer que la lumière favorise l’utilisation des com- posés ammoniacaux par les plantes; mais il ne cite pas d'expérience bien concluante à l'appui de cette opinion. En revanche, les recherches de Kinoshita (**), faites sur des plantes d'Orge et de Mais développées à l'obscurité, tendent à prouver que l'assimilation de l’azote ammo- niacal ne dépend pas de l’action du soleil; et il émet la même opinion pour ce qui Concerne les nitrates. Méthodes d'analyse adoptées. L'azote nitrique a été dosé par le procédé Schloesing. Un poids de matière séchée à 100° est soumis à l’extrac- tion alcoolique pendant douze heures en présence d'un peu de chaux. L'extrait évaporé à sec, repris par l’eau, est mis à bouillir dans un ballon, afin d'en chasser l'air; puis, sans laisser pénétrer celui-ci, on introduit 50 centimètres cubes de chlorure ferreux, 30 centimètres cubes d'acide chlorhydrique, qu’on a purgés d'air par une courte ébul- lition. Le bioxyde d’azote qui se dégage est reçu dans une cloche à mercure dans laquelle on a placé 20 centi- mètres cubes d'un lait de chaux destiné à absorber l'acide chlorhydrique qui a passé avec le gaz. () Muntz, Recherches sur l'intervention de l'ammoniaque atmo- sphérique dans la nutrition végétale. (ANNALES DE LA SCIENCE AGRONO- MIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE, série 2, t. I, 1896 (*) KkixosrA, Bull. College of a Tokio, 1895. (.823 ) = Le bioxyde d'azote est transvasé dans un ballon purgé d'air par l’ébullition de quelques centimètres cubes d'eau. Le gaz est absorbé par le vide qui se produit pen- dant le refroidissement du ballon. Ce dernier est mis en communication avec le gazomètre à oxygène; après six heures, tout le bioxyde est transformé en acide nitrique. Il ne reste plus qu'à doser l'acide formé par une solution d'ammoniaque titrée. Le dosage de l’azote organique et ammoniacal a été fait par le procédé Kjeldahl : = Un gramme environ de la matière séchée à 100°-105° et finement pulvérisée est introduit dans un ballon avec 20 centimètres cubes d'acide sulfurique à 66" et 0#,8 de bioxyde de mercure. Le ballon est chauffé jus- qu'à ce que le mélange devenu d’abord goudronneux soit complètement décoloré. _ Après refroidissement, on ajoute au liquide transvasé dans un grand ballon, 100 centimètres cubes de soude caustique à 50 °/,, 20 centimètres cubes de sulfure de sodium à 8 °% et 1 gramme de poudre de zinc. Les vapeurs ammoniacales sont reçues dans 100 centimètres cubes d'acide sulfurique titré. L’excès de cet acide est neutralisé par l’ammoniaque titrée en prenant le tourne- sol pour indicateur. Le procédé Kjeldahl ainsi appliqué permet de doser l'azote organique (albuminoïdes, amides, asparagine). et ammoniacal. Les nitrates échappent intégralement à l'analyse, gràce à la présence du bioxyde de mercure. __L'azote ammoniacal est obtenu par distillation de la matière sèche pulvérisée, en suspension dans l'eau, en présence de magnésie calcinée. On sait que celle-ci ne décompose que les sels ammoniacaux et laisse intacte ( 824 ) la presque totalité des composés organiques azotés des végétaux, si ce n’est toutefois quelques principes amidés instables. Pour les hitre bien homogènes, la limite d'erreur du chef des lectures et des mesurages de solutions titrées peut être évaluée à Orer,5 d'azote. D'habitude, nous opé- rions sur le quart ou le sixième de la matière et l'erreur maxima était de 2 ou de 3 milligrammes. Le plus souvent, pour le dosage de l’azote organique et ammoniacal, on a fait deux dosages au moins et on a pris la moyenne des résultats. Rarement, ils différaient de plus de 2 milli- grammes pour des quantités totales de 200 à 500 milli- grammes. Faute d’avoir tenu compte de l'erreur inévitable dans ce genre d'analyses, on a pu être conduit à des interpré- tations vicieuses des résultats donnés par des recherches sur l’azote des végétaux. EXPÉRIENCE 1. FEUILLES VERTES DE BETTERAVE EXPOSÉES A LA LUMIÈRE SOUS DES ÉCRANS ABSORBANTS. Les recherches de Pagnoul on mis en évidence l’action de la lumière sur l'assimilation des nitrates dans les feuilles vertes. Bien que cet expérimentateur ait opéré avec des plantes cultivées sous une eloche en verre vio- let, on n'avait aucun renseignement sur l'influence propre aux diverses régions du spectre sur la réduction des nitrates. Car dans les essais de Pagnoul, les plantes sont restées constamment sous la cloche violette, ce qui a dû forcément troubler toute leur nutrition. On ne peut donc tirer aucune conclusion de ce fait que, dans ces condi- ( 825 ) tions, les plantes renfermaient des quantités considé- rables de nitrates. Comme on va le voir par les résultats de l'expérience I et aussi par ceux de l'expérience IX, ce sont les rayons violets et surtout ultra-violets qui inter- viennent dans l'assimilation des nitrates. Le 16 juillet 1895, à 8 heures du matin, des feuilles de Betterave à sucre sont cueillies dans un champ. On en fait quatre lots, dont l’un À doit sérvir à doser les nitrates; il est aussitôt desséché et soumis à l’analyse. Le lot B est placé sous une cloche à double paroi con- . tenant une couche de 50 millimètres d’eau; les pétioles des feuilles plongent dans l’eau distillée. Le lot C est placé sous un écran formé par une solu- ton de bichromate de potassium à saturation, de la même épaisseur que la couche d’eau recouvrant B. Enfin, la cloche qui se trouve au-dessus du lot D sh a une solution de sulfate de cuivre ammoniacal à 9o Les pébioles des feuilles composant les lots C et D plongent aussi dans l’eau distillée. L'expérience a duré du 16 juillet, à 9 heures du matin, au soir du 22 du même mois, c'est-à-dire pendant sept jours. Durant ce laps de temps, le ciel a été presque toujours couvert et pluvieux, sauf le 47 et le 18 avant midi. L’acide nitrique a été dosé dans chaque lot par la méthode de Schloesing. Lot A (échantillon) : Poids sec, 5,405. Azote nitrique : 19msr,2 = 5,6 0/oo du poids sec. Lot B (sous l’eau) : Poids sec, 45,056. Azote nitrique : 5mgr 65 = 1,4 0 du poids sec. 3" SÉRIE, TOME XXXII. 54 ( 826 ) Lot C (sous le bichromate de potassium) : Poids sec, 5«,057. Azote nitrique : 12mer,2 — 4 0}, du poids sec. Lot D (sous le sulfate de cuivre) : Poids sec, 34,678. Azote nitrique : Smer,1 = 1,4 ofoo du poids sec. Au moment où elles ont été cueillies, les feuilles ren- fermaient une quantité d’azote nitrique égale à 5,6 °/oo de leur matière sèche; sous l'écran formé par la solution de bichromate de potassium, une petite partie de cet azote a disparu, tandis que sous l’eau et le sulfate de cuivre la plus grande partie a été transformée. La réduction des nitrates dans les feuilles vertes est un phénomène que domine l'action des rayons les plus réfran- gibles du spectre. EXPÉRIENCE Il. TIGES ÉTIOLÉES DE POMME DE TERRE CONSERVÉES A L'OBSCURITÉ. Des Pommes de terre ont germé dans une cave obscure. Le 12 juillet 4895, on a cueilli 4,250 grammes de tiges étiolées, dont on a fait quatre lots désignés par les lettres A, B, Cet D. Ils sont de composition bien uni- forme : on évite de rassembler un grand nombre de tiges minces dans un même lot; pour éviter des inégalités dans la composition, on n’emploie que les portions supé- rieures des tiges et on rejette les parties vieilles, ligneuses. Le lot A pèse 100 grammes; il servira au dosage de la matière sèche, de l’azote organique et ammoniacal. ( 827 ) Le lot B, de 250 grammes, est placé à l'obscurité et plonge dans l’eau jusqu’à 5 centimètres de profondeur. On prépare la solution suivante, qui n’est autre que le mélange salin de Sachs, dans lequel le nitrate de potas- sium est remplacé par le sulfate du même métal et auquel on ajoute du sucre. Eau (privée de nitrate et a … + 4,000 Sulfate = poea um e zang Osr,5 — magnésium: rin Ses Osr,5 5 CACAO Eee Osr,5 Saccharose très pure a i as à 40sr,0 Comme l’eau, la saccharose est très pure; elle ne con- tient que des traces d’azote ammoniacal et nitrique. À une moitié de la solution, on ajoute 2 °/, de nitrate de potassium; à l’autre moitié, 2 °/o de sulfate d’ammo- niaque. Nous avons employé ces solutions dans les expériences II à IX; nous les désignerons simplement sous les noms de solutions nitrique et ammoniacale. Il est bien entendu qu'elles renferment toujours des sels minéraux et du sucre. Le lot C pèse 400 grammes; les tiges qui le composent plongent par la base jusqu’à 5 centimètres de hauteur dans la solution ammoniacale. Le lot D pèse 500 grammes; il plonge de même dans la solution nitrique. Les lots C et D sont placés dans l’armoire obseure à côté du lot B; la température y varie de 15 à 22°. Tous les jours les solutions et l’eau sont renouvelées pour éviter le développement des moisissures et l'élaboration de matières albuminoïdes par ces organismes, ( 828 ) Le 20 juillet au soir, au bout de huit jours et demi, on a mis fin à l’expérience. Etude du lot A (échantillon) : matière sèche, 54,76 pour 100 grammes de poids frais. Milligrammes. Azote organique etammoniacal. . . … … . 964,5 Azote ammoniac À té 43,1 Azote nitriqu LU) 10,0 Azote dits (264me, 3- — 43mg A). Ao DS Étude du lot B (tiges dans l’eau): matièresèche, 5,75 °/o. Dans 100 grammes de tiges, il y a : Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 261,9 Azote ammoniacal ous 202 Azote organique (Amer, 9 - o 10mgr H. de o LS Azote nitrique : le dosage n’a pas réussi. Étude du lot C (tiges dans la solution ammoniacale) : matière sèche, 6,07 °,. L'augmentation de la matière sèche provient de l'absorption du sucre; il peut même, comme on sait, en résulter une production d’amidon. Dans 100 grammes de tiges fraîches, il y a : Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 289,8 Azote ammoniacal . oi, = o 02 Azote organique P 8- — 3mer 2) -l + on Azote nitrique . . . ER 9o Etude du lot D (tiges dans la solution nitrique) : ( 829 ) matière sèche, 5,75 ‘,. Dans 100 grammes de tiges fraiches, il y a : Milligrammes, Azote or senti et amimoniaca o u e MO Azote am en DEA Azote or fiia “er, ge _ mer D ss + US Azote nitrique. . . ; ed \ Il n’y a pas eu transformation de l'acide nitrique en matières organiques azotées ; mais une certaine quantité de nitrates a été transformée en composés ammoniacaux. On savait déjà que les nitrates peuvent être réduits en nitrites dans les tissus vivants des plantes, notamment par la Pomme de terre (*). Résultats de l'expérience II. us le a BEES |3 812 g Sea ls B =z Sip 9 Sas |S 8| 5 |É 8 LOTS. Ses |asss |s oo oaan a T 10,1 251,8 » — — Ja solution ammoniacale. | 289,8 36,2 253,6 8,5 er — — nitrique . . | 275,6 24,4 251,2 37,0 () Ém: Laurent, Bull. de l'Académie royale de Belgique, 3e série, t. XX, p. 478, 1890 ( 850 ) Les différences entre les quantités d'azote organique des quatre lots sont insignifiantes, inférieures à la limite d'erreur que les analyses comportent. A l'obscurité, les tiges étiolées de Pomme de terre n'assi- milent ni l'azote ammoniacal ni l'azote nitrique. EXPERIENCE II. TIGES VERDIES DE POMME DE TERRE EXPOSÉES AU SOLEIL. Le 27 juillet 1895, 600 grammes de tiges de Pomme de terre, cueillies avec les mêmes soins que dans l'expé- rience IT, ont été placées à la lumière afin de les laisser verdir. Tous les deux jours, on à renouvelé l’eau dans laquelle elles plongeaient. Le 5 août, les tiges ont été retirées; elles étaient devenues vertes et portaient de jeunes feuilles de même ` couleur. On a coupé la partie inférieure des tiges, le plus souvent pourrissante, puis on a fait quatre lots : Lot A : 450 grammes destinés au dosage de l'azote organique, ammoniacal et nitrique. Lot B: 100 grammes; les bases des tiges plongent dans l’eau. Lot C : 150 grammes, placés dans la solution ammo- niacale. Lot D : 150 grammes, que l’on fait plonger dans une solution nitrique. Les lots B, C et D sont placés à la lumière sur le rebord d'une fenêtre exposée au nord-ouest. Les solu- tions sont renouvelées tous les jours. L'expérience a duré jusqu’au 8 août matin. Dans l'in- tervalle, le ciel avait été assez clair les 5 et 5 août; cou- vert et pluvieux, les trois autres jours. ( 831 ) Étude de A (échantillon) : matière sèche, 5,7 °/,. Dans 100 grammes de tiges fraîches, il ya: Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . ..... ... . 9924 Azote ammoniaca à AL RC E Azote organique Dame: = 3Omer 2) E a e e Azote nitrique. . ke a Au moment où elles ont été coupées à la cave, ces tiges renfermaient 251mer,4 d'azote organique, 158,1 d’azote ammoniacal, 108,3 d'azote nitrique. Pendant le verdis- sement, elles ont perdu la plus grande partie de leur nitrate; par contre, elles sont plus riches en ammoniaque formé aux dépens de l’acide nitrique et enlevé à l'air et à l'eau. Il y a euassimilation de 262mer,2 — 251 mer, 4 = 10"s,8 d'azote organique. Étude de B (tiges dans l’eau) : matière sèche, 6,5 °/.. Dans 100 grammes de tiges fraîches, il y a : Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 292,4 Azote ammoniaca nu 8,8 Azote organique game, 4 — _ Bug, EN a RDS Azote nitrique . . eerd L'ammoniaque contenu dans les tiges pendant le ver- dissement a en grande partie disparu sous l'influence de la lumière solaire. Un peu de nitrate a persisté dans les tiges. Étude de C (tiges dans la solution ammoniacale) : ( 832 ) matière sèche, 7,5 °,. Dans 100 grammes de tiges fraiches, il ya: Milligrammes. Azote organique etammoniacal . . . . . . 422,8 Azote ammoniacal nes. O0 Azote organique (daze, T= G8mer mS) en E Azote M i PoE » Il y a eu une assimilation énergique de l'azote ammo- niacal. Étude de D (tiges dans la solution nitrique) : matière sèche, 7,02 °/,. Dans 100 grammes de tiges fraiches, Hya: Milligrammes. Azote organique a BRRERONIMSAE et er "008,1 Azote ammon iacal LS Te 2 BS Azote organique ane, 1- == . 33mg à dre ts 10408 Azote nit itrique . i oao 7,6 Les lots C et D renferment beaucoup plus de matière sèche que le lot Bet surtout que le lot A; ils ont assimilé l'acide carbonique de l'air absorbé et en outre le sucre des solutions. Les tiges verdies exposées à la lumière assimilent l'azote nitrique; il paraît y avoir d’abord réduction de l'acide nitrique en ammoniaque, comme tend à le prouver la quantité d'azote ammoniacal constatée lors de lana- lyse. L'azote nitrique (776,6) provient du nitrate qui se trouvait diffusé au moment où l’on a mis fin à l'expé- rience et qui n’avait pas encore été décomposé par l’action combinée du protoplasme et de la lumière. ( 855 ) Résultats de l'expérience HI. were 2] 832$ 412 413 g Z a = m 5 = ZERE sld apii LOTS. Sés|asss | -19995 Azote ammonia RT ifi Azote pans arre 98. — Que T leoo 20800 Les feuilles blanches renferment 4,44 °/ du poids sec en azote organique; dans les feuilles vertes, il y en a seu- lement 2,52 °/,. Celles-ci provenaient de rameaux parti- culièrement vigoureux, à végétation tardive; elles étaient larges et épaisses, et avaient dû assimiler en abondance. Étude de B, (feuilles blanches dans la solution ammo- ( 848 ) niacale) : matière sèche, 58,65 — 24,55 °/s. Il ya eu une absorption considérable de sucre. Milligrammes. Azote organique etanunenieal .. ... , . . 139,8 Azote ammoniacal | À Azote organique A38 mer, Š- — Um 9 tee AM Étude de B, (feuilles vertes dans la solution nitrique) : matière sèche, 76,49 = 29,96 °. Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 194,7 Azote ammoniacal . En To Me Azote organique (10mgr, 0 — 19e, 7 D ee ss Ll Résultats de l'expérience VII. u ua 5 882 |G se 2 Kalk JZ B SSE | 5 a z 2e £ LOTS. SSE Zes | ESE Et + Ea ta cn ta) = Ea pre d Em 3 S po U a S Sog a [=] = < o > | < As. Feuilles blanches dans l'eau . . . . . | 1339 45 129,4 Bi. Feuilles blanches dans la solution ammo- 5 ST cn de pr . | 138,8 11,9 126,9 Av. Feuilles vertes dans l'eau . . . . . .| 498,25 9,7 | 188,55 By. Feuilles vertes dans la solution nitrique . | 194,7 10.0 184,7 Il y a moins d'azote organique dans les lots plongés dans les solutions nutritives que dans les deux autres lots. Pour B,, la différence ne dépasse pas la limite d’erreur provenant des analyses; pour B,, elle est peut-être acci- ( 849 ) dentelle, car, d’après Th. Schloesing fils (*), on ne peut admettre qu'il y ait dégagement d’azote libre par les tissus végétaux. Nous savons encore qu’ils sont aussi inca- pables de nitrifier lammoniaque. Mais il a pu se former de l’ammoniaque aux dépens des matières azotées orga- niques. A l'obscurité, les feuilles blanches n'assimilent pas l'azote ammoniacal et les feuilles vertes n'utilisent pas les nitrates pour élaborer des matières organiques azotées. Évidemment, on peut aussi admettre qu’à l'obscurité les feuilles blanches n’assimilent pas les nitrates et que les feuilles vertes ne consomment pas les sels ammonia- Caux. EXPERIENCE VIII. FEUILLES BLANCHES ET FEUILLES VERTES D’Aspidistra elatior EXPOSÉES A LA LUMIÈRE. Les plantes qui jusqu'ici ont été l’objet de nos recher- ches sont des Dicotylédones. L'Aspidistra est une Mono- cotylédone. Nous avons eu la bonne fortune de disposer d’un assez grand nombre de feuilles, toutes blanches, d’Aspidistra elatior fol. var. provenant de plantes cultivées dans la même serre et dans les mêmes conditions de sol. Nous en avons fait trois lots : Grammes, Lot A; pesant, 2.0, e Lot Be pesant, 4, 0, ea W Lot G pesant... 0 o HN (C) TH. SCHLOESING fils, Contribution à l'étude de la germination. (COMPTES RENDUS, 10 juin 1895.) ( 850 ) En même temps, on a préparé trois lots de feuilles vertes de la même espèce, cueillies dans la même serre, mais sur des plantes complètement vertes. Ces lots pesaient : A, 56 grammes, B, 55 grammes et C, 54 grammes. Les six lots ont été placés dans des vases au fond des- quels il y avait une couche de 4 centimètres d’eau ou de solution nutritive ; les feuilles y plongeaient par la base de leur limbe, les pétioles ayant été coupés. A, et A, plongeaient dans l’eau; B, et B, dans la solu- tion ammoniacale; C, et C, dans la solution nitrique. Le 2 oetobre au soir, tous ont été placés dans une serre où la température a varié de 15 à 18°, à un endroit bien éclairé. Le lendemain, il fit un beau soleil ainsi que le 4, de 10 à 12 heures, le 6, avant midi, et toute la journée du 8. Pendant le reste du temps, le ciel fut couvert et pluvieux. On a mis fin à expérience dans la soirée du 8 octobre. Étude de A, (feuilles blanches dans l'eau): matière sèche : 25,545 — 12,44 9h. Milligrammes. Azote organique CCR OA 09,0 Azote ammoniaca Ban ie Cn ; Azote organique (53m, gen ‘3mgr 9) een Azote organique pour 100 de matière sèche . . 1,95 Étude de A, (feuilles vertes dans l’eau) : matière sèche, 118,750 = 32,64 °/ Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 191,95 Azote ammoniacal ve et 19,3 Azote organique (191mg, 95. — 19mer,2 d) . » Va “178,70 Azote organique pour 100 de matière sèche . . 1,47 Mêmes remarques que pour l'Orme et l’Érable, en ce ( 851 ) qui concerne la proportion de la matière sèche et le taux d'azote organique. Étude de B, (feuilles blanches dans la solution ammo- niacale) : matière sèche, 25,810 = 14,05 °/,. Milligrammes. Azote ere ` ammöniacal soo e n 7 005 Azote ammonia Caa nee ET Azote organique gp — | {96 D. dre COR Etude de B, (feuilles vertes dans la solution ammonia- cale) : matière sèche, 12#",190 = 54,85 °/. Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 236,65 Azote ammoniacal en Azote organique (236wer, 65 — 39mgr,5). . . … 497,45 Etude de G, (feuilles blanches dans la solution nitrique) : matière sèche, 2,8 — 15,55 °/.. Milligrammes. Azote pire et ammoniaca . : < . 00,0 Azote ammoniac Son rank 8,5 Azote organique pe, 6 — | gmge B). sa or n ‘tude de C, (feuilles vertes dans la solution nitrique) : matière sèche, 195,2 — 35,88 °/.. Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 260,2 Azote ammoniaca io. De Azote organique (260mer, 2 - = Omer d. ee Rd Les lots A,, B, et C, n'avaient pas le même poids ; il en est de même des lots A., B, et C,. Si l’on calcule les quantités d'azote organique et ammoniacal pour ( 852 ) 20 grammes des trois premiers et 35 grammes des trois derniers, on obtient les chiffres indiqués au tableau suivant : Résultats de l'expérience VIII. S] 3 jg g s 218 € LOTS. 885 | ESE < As. Feuilles blanches dans l'eau . . . . . . . . .|] 485 3,8 B. — — — la solution ammoniacale . . 69,8 12,7 Ch. — — mo o DUIME, <- -| PZ 8,4 Av. = verleg dens Veme o ea and 18,7 Bo. — — — la solution ammoniacale. . . | 19715 39,5 Ce — — — = nitrique. , . . .| 2988 29,0 A la lumière, les feuilles d’Aspidistra vertes et blanches assimilent l'azote nitrique et l'azote ammoniacal ; les pre- mières préfèrent les nitrates et les secondes l’ammoniaque. Pour l’ Aspidistra, comme pour Orme et l'Érable, le fait suivant se vérifie : tandis que les feuilles blanches ont une préférence marquée pour l’'ammoniaque, les feuilles vertes assimilent beaucoup mieux l’acide nitrique. Le faible pouvoir des feuilles privées de chlorophylle de réduire les nitrates se comprend aisément : elles ne peuvent utiliser pour ce travail les rayons absorbés par la chlorophylle. Pour ce qui est des feuilles vertes, on comprend moins bien leur prédilection pour les nitrates. On sait depuis longtemps que parmi les plantes, supérieures et infé- ( 853 ) rieures, il y a des espèces qui préfèrent les nitrates, d’au- tres les sels ammoniacaux et qu'il en est aussi pour lesquelles la nature du sel azoté est indifférente. D’après Loew, ces différences s’expliqueraient par l’action des combinaisons ammoniacales sur la cellule végétale : elle résisterait, suivant les espèces, à des doses d'ammoniaque plus ou moins considérables. Et cette résis- tance serait plus grande chez les espèces qui préfèrent l’ammoniaque. Cette interprétation peut sans doute être appliquée dans le cas actuel, puisque, comme nous l’avons fait remarquer page 846, dans l'expérience VI, il y avait la même quantité d’ammoniaque dans les feuilles vertes nourries avec la solution nitrique et la solution ammoniacale. Néanmoins, nous sommes portés à croire que, à côté de l'influence de l’ammoniaque sur la cellule, il y a aussi l’action de ce corps produit à l’état naissant à la suite de la réduction des nitrates. Sinon, comment comprendre que pour la même espèce, les feuilles blanches assimilent activement l’ammoniaque? Peut-être pourrait-on supposer que l’action nuisible de ce corps se ferait surtout sentir en présence de certains produits de l’assimilation chloro- phyllienne. EXPÉRIENCE IX. QUELS SONT LES RAYONS QUI INTERVIENNENT DANS L'ASSIMI- LATION DE L'AZOTE AMMONIACAL ET DE L'AZOTE NITRIQUE ? Pour répondre à cette question, que résout incomplè- tement l’expérience I, nous avons eu recours aux feuilles blanches et aux feuilles vertes de l’Acer Negundo et à la méthode des écrans absorbants. C'étaient les mêmes clo- ches et les mêmes solutions que dans l'expérience I. ( 854 ) L'expérience IX a été entreprise en même temps que l’expérience VII: On a fait quatre lots de 15 grammes de feuilles blanches et quatre lots de 25 grammes de feuilles vertes. Les lots de feuilles blanches sont C,, D,, E, et F,; ils plongent dans la solution ammoniacale. Les feuilles vertes des lots C,, D,, E, et F, ont les parties inférieures de leurs pétioles immergées dans la solution nitrique. C, et C, sont placés côte à côte sous un écran formé par une couche de 50 millimètres de bichromate de potas- sium à saturation. Les lots D, et D, sont recouverts par une solution de sulfate de cuivre ammoniacal de même épaisseur. Les lots E, et E, sont placés sous la cloche double avec une solution de bisulfate de quinine à 2 °/.. Enfin les lots F, et F, sont recouverts par une cloche de mêmes dimensions que les trois premières, mais entre ses parois doubles, il y a de l'eau. Les quatre cloches se trouvent dans un endroit bien exposé au soleil, à partir du 26 septembre, à 11 t/a heures du matin. Le soleil, alors assez vif, a fait place, à 1 heure, à un temps couvert, qui a persisté jusqu’au soir. Le 28, soleil pendant presque toute la journée. Le 29, ciel un peu brumeux. Le 50, à 7 heures du matin, on retire tous les lots en expérience. | On remarque que le lot D, n’a pas bien plongé dans la solution et qu'il est partiellement desséché. Sousla cou- che, assez foncée, de sulfate de cuivre, cet accident avait passé inaperçu pendant la durée de l'expérience. L'assi- milation a dû s'en ressentir. ( 855 ) - Étude de €, (feuilles blanches sous le bichromate de potassium) : matière sèche, 25,9 = 19,55 °/ Milligrammes, _ Azote organique et ammoniacal . . . . . . 41442 Azote ammoniaca SE RA Azote organique (Aer, 2— Lier D ese A328 Étude de C, (feuilles vertes sous le bichromate de potassium) : matière sèche, 85,25 — 55 °. Milligrammes. Azote en ‘y ammoniacal . . . . . . 198,4 Azote ammoniac + 10,5 Azote organique DBE i — 10mgr 5) ed Etude de D, (feuilles blanches sous le sulfate de cui- vre) : matière sèche, 25,94 — 19,6 °/,. Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 443,1 Azote ammoniacal ee 8,5 Azote organique (ibne, i — giar 5). se l A Étude de D, (feuilles vertes sous le sùlfate de cuivre) : matière sèche, 85,575 — 53,5 °/o. Milligrammes. _ Azote organique et somona . o. s : 0) = Azote ammoniaca CAL Azote organique (AAS, 9- — Imer 0) . she Md Étude de E, (feuilles blanches sous le sulfate de qui- nine) : matière sèche, 34 de = 20,07 °/.. Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 134,6 Azote ammoniaca sd à 3,6 Azote organique A BAmer 6 — ed): si +0 1040 ( 856 ) Étude de E, (feuilles vertes sous le sulfate de quinine) : matière sèche, 86,67 = 54,7 °/. Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 199,0 Azote ammoniacal un + «à ke Azote organique (A9Qwer, O—13m8r,4) . . . . 185,6 Étude de F, (feuilles blanches sous l'eau): matière sèche, 56,22 — 21,46 °/, Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 168,1 Azote ammoniacal roger 8,4 Azote organique A6Smer, i: — mgr 4). en TON . Étude de F, (feuilles vertes sous l’eau) : matière sèche, gsr 42 = 55,68. Milligrammes. Azote organique E ammoniacal 25054 oee. 5709 Azote ammoniaca AE E D CRD Azote organique us. — 39mer 6 DCS MED Remarquons l'augmentation de la matière sèche des lots D,, D,, E,, E,, de F, et surtout de F,. Aux chiffres exprimant les résultats précédents, joi- gnons ceux de l'expérience VII, faite le même jour et avec les mêmes matériaux. Les lots de cette expérience serviront de témoins. A cause de la dessiccation des feuilles, nous ne tiendrons pas compte du chiffre relatif à D,. Disons encore que, au moment où l'expérience a été commencée, le 26 septembre, beaucoup de feuilles de l'Érable à feuilles de Frêne étaient sur le point de tom- ber; elles n’ont done pu fonctionner comme elles l'au- raient fait plus tôt. C’est à cette cause qu’il faut attribuer, (837) sans aucun doute, le peu d’azote que le lot F, (sous l'eau) _ a assimilé ; comme on le voit au tableau VI, des feuilles : de la même variété avaient été beaucoup plus actives dans les premiers jours de septembre. Résultats des expériences VII et > LOTS. AZOTE ORGANIQUE et ammoniacal en milligrammes. AZOTE AMMONIACAL en milligrammes, AZOTE ORGANIQUE en milligrammes Ab. Feuilles blanches dans l’eau à l'obscurité. Bs. ierse blanches dans la solution ammo- iacale à l'obscurité Ca. Feuilles blanches dans la solution ammo- iacale sous le bichromate de potassium, Ds. Feuilles Linie dans la re pas ammo- niaca us le sulfate de c Es, Feuilles blanches dans la solution ammo- niacale sous le sulfate de quini ige Fo. Feuilles blanches dans la solution ammo- niacale sous l'en sr sne wen Av. Feuilles vertes dans l'eau à l'obscurité. Bo. Feuilles vertes dans la solution nitrique à FOSC ne Cv, Tua vertes dans la tin ue s le bichromate de potass Do. pa s vertes dans la a noS s le sulfate de cuiv "Fo Fouilles vertes dans la soimaan. pliriqu ËE e sulfate de quin Fv. Feuilles vertes dans la solution nitrique D. SOUSIGMR o ono na nN Se SÉRIE, TOME XXXIL. 133,9 (858 ) De l'expérience IX, nous pouvons tirer les conclusions suivantes : 4° UU n'y a pas assimilation de l'azote nitrique par les feuilles vertes de l'Acer Negundo sous les solutions de bichromate de potassium et de sulfate de quinine. Cette assi- ` milation est très active sous la solution de sulfate de cuivre et sous l’eau. Ce sont donc les rayons ultra-violets qui inter- viennent dans cette assimilation. 2 Avec les feuilles blanches de la même espèce, il n'y a qu'une assimilation minime de l'azote ammoniacal, et peut- étre elle est nulle, sous les solutions de bichromate de potas- sium et de sulfate de quinine; sous l'eau, elle est considérable. L'assimilation de l’ammoniaque est donc stimulée par les rayons ultra-violets. Les essais avec les feuilles blanches placées sous des écrans absorbants seront répétés l’an prochain, afin de nous assurer s'il y a réellement une légère assimilation de l’ammoniaque dans la région lumineuse du spectre. Le rôle des rayons ultra-violets dans la synthèse des matières albuminoides avait déjà été mis en évidence, mais par une autre voie, dans des recherches entreprises zel * eere À L Il aa vu hoek Fes nr soustraites aux le fleurir, faute de Fe produire les substances albuminoïdes nécessaires à la formation des boutons floraux. J. Sacus, Ueber die Wirkung der ultravioletten Strahlen auf die Blüthenbildung. (ARBEITEN DES BOTAN. INSTITUTS IN WürzsuRG, Bd. IH, p. 372, 1887.) ( 859 ) EXPÉRIENCE X. . PLANTES D'ORGE CONSERVÉES A L'OBSCURITÉ. Les expériences que nous venons de rapporter étaient terminées, lorsque nous avons eu connaissance d’un tra- vail de Kinoshita (*) sur l assimilation de lazote des nitrates et des sels ammoniacaux. -En opérant à l'obscurité sur de jeunes plantes d’Orge et de Maïs cultivées dans du sable et arrosées avec des solutions de nitrate de sodium et de chlorure d’ammo- nium, cet expérimentateur a obtenu le résultat suivant : lorsque les tiges d’Orge avaient 20 centimètres de hau- teur et celles de Maïs 40 centimètres, les unes et les autres renfermaient plus d’azote organique que d’autres plantes des mêmes espèces, cultivées dans les mêmes conditions, mais arrosées avec de l’eau pure. Les plantes qui avaient reçu le sel ammoniacal renfermaient beau- coup d’asparagine; au contraire, ce corps n’a pas aug- menté dans les plantes arrosées avec la solution de nitrate de sodium. Nous avons répété cette expérience et nous avons obtenu des résultats qui ne concordent pas avec ceux de Kinoshita. Le 16 octobre 1896, nous avons fait six lots de 80 grai- nes d'Orge de grosseur aussi régulière que possible et qui provenaient d’une malterie; les racines ont environ 1 centimètre de long et les tigelles commencent à poindre. (à Loc. cit. ( 860: ) Poids des lots : Grammes. Grammes. : KOA e Gs RD een et LB 0, 00 IE à o e OA E e en Ed ooa Les lots A, Bet C sont placés sur des étamines au- dessus de bocaux cylindriques contenant de l’eau privée de combinaisons azotées; chaque lot est recouvert d'une cloche reposànt sur une assiette. Les lots D; E et F sont plantés dans des pots avec du sable calciné auquel on a ajouté 12 °/, d’eau privée de combinaison azotée. Les pots sont aussi placés sur une assiette et recouverts de cloches. Le 20 octobre au matin, on s'assure que la germina- tion a été très régulière; quelques graines à peine n’ont pas continué à croître. Les tiges ont de 4 à 5 centimètres de longueur. On remplace l’eau de B par la solution ammoniacale sans sucre et celle de C par la solution nitrique, égale- ment sans sucre. Le lot E est simplement arrosé avec la solution ammoniacale sans sucre et le lot F par la solu- tion nitrique dépourvue de sucre. Pour ne pas déranger les jeunes plantules, on ne verse pas les solutions au- dessus du sable, mais sur lassiette, de façon qu’elles remontent par imbibition. Tous les jours on arrose ainsi les trois pots, D recevant simplement de l’eau; de deux en deux jours, on renou- velle, en les siphonant, les liquides de C et B. Le développement des six cultures a été aussi régu- lier que la germination; sous l'influence des.matières minérales, les lots B, C, E et F étaient un peu plus ( 861 ) beaux que ‘A et D. Nous avions oublié de donner à ceux-ci, au lieu d’eau, la solution minérale privée d’azote. Le 50 octobre, dans tous les lots, la plupart des tiges avaient environ 20 centimètres de hauteur. On a mis fin à l'expérience et soumis chaque lot à un examen attentif. Seules, les quelques graines qui m'avaient pas continué à croître présentaient des traces de moisissures. On a pu facilement rassembler les plantes qui avaient été placées sur les étamines et ne point perdre la moindre radicelle. Pour celles qui avaient été cultivées dans du sable, celui-ci adhérait si intimement aux poils radicaux que nous avons renoncé à l’éliminer complètement. Une certaine quantité de sable se trouvait done mélangée à la matière sèche et se retrouvera après dessiccation. Tous les lots ont été desséchés immédiatement. Dans un lot de 10 grammes de graines analogues à celles qui avaient été mises en culture, on a trouvé : Milligrammes. Azote organique et ammoniacal . . . . . . 111,0 Azote ammoniacal . . . Pea , Azote organique. ‘5 "27." aa ne ANT Le poids des six lots sera ramené plus loin à 6 grammes; dans ce poids de graines, il y a donc des quantités d’azote égales aux 6/,, des chiffres ci-dessus, soit 668,6, 3,2 et 65e, 4 L'analyse des plantes composant les lots, restes des graines compris, a donné des résultats qui ne peuvent pas être aussi exacts que ceux donnés par les expériences précédentes. Voici pourquoi : les enveloppes des graines épuisées se mêlent assez difficilement aux tiges et aux racines pul- vérisées après dessiccation; en outre, la présence d’une ( 862 ) certaine quantité de sable dans les lots D, E et F n’a pas permis d'en avoir des échantillons parfaits pour l'analyse. Et nous ne pouvions songer à doser l'azote total dans chaque lot, puisque nous devions tenir compte de l'azote ammoniacal. Il faudra faire la part de ces difficultés dans l'examen des résultats des analyses. Étude de A : matière sèche, 2,7. Dans 68,72, Dans 6 gr. Milligr. Milligr. Azote organique et ammoniacal . . . 74,5 66,5 Azote ammoniacal . : ao e Ok 7,9 Azote organique . . . rk 59,0 Étude de B : matière en Der 58. Dans 6sr,38. Dans 6 gr. Milligr. Milligr. Azote organique et ammoniacal . . . 83,8 18,8 Azote ammoniacal-. : . =. . 14,2 13,4 Asote organique .- .-.-. : . ~- . 60,6 65,4 Etude de C : matière sèche, 25,885. Dans 685,54 Dans 6 gr. Milligr. Milligr. ngoje organique et ammoniacal. . . 14,8 68,6 zote ammoniacal ei 06 9,7 papt organique . . . hs 0 58,9 Étude de D : matière sèche, 45,01 (avec sable). Dans 68r,37. Dans 6 gr. Milligr. Milligr. Azote organique et ammoniacal. . . 85,3 80,3 Azote ammoniacal . . HR 12,0 11,3 NOME orpimique . s ve na eene 1408 69,0 < 865 ) Étude de E : matière sèche, 4#,32 (avec sable). Dans 687,47. Dans 6 gr. Milligr. Milligr. Azote organique et ammoniacal. . . 94,5 88,9 Azole ammoniacal . . Re 19,5 18,9 Azote orgämgde 75". ete 70,0 Étude de F : matière sèche, 55,48 (avec sable). Dans 631,854. Dans 6 gr. Milligr. Milligr. Azote organique et ammoniacal. . . 89,1 82,1 Azote ammoniaca sen 10,1 9,3 Azote OPGAAN Ger re nnee 19,0 12,8 Résultats de l'expérience X. (Galculés pour un poids initial de 6 grammes de graines.) a » | = | sm Sails sle à LOTS. zgo] ESE EEE a < oR ek asgja JEE Stals ajg 8 he < Échantillon A pi au moment de la mise en expérienc 6,6 32 | 634 A. Graines avet eau, o ur 2 66,5 7,5 | 59,0 B. — __— solution ammoniacale . . .| 78,8 43,4 65,4 & — — = nitrique. . . : | o 9,7 58,9 D. — dansle sable avec cau. . . . .| 803 1,3 69,0 E — — — solution ammoniac. | 88,9 18,9 70,0 F. — — ‘— — nitrique ,| 824 9,3 12,8 ( 864 ) Comme nous le faisions pressentir plus haut, ces résul- tats n’ont pas la netteté de ceux que nous avons obtenus avec les feuilles. Ainsi, pour s’en convaincre, il suffit de comparer la teneur en azote organique de l'échantillon original, de À et de D. Dans A et C, on serait tenté de voir une diminution de l'azote organique avec transfor- mation partielle en ammoniaque. Cette expérience demande à être répétée et c'est ce que nous ferons pro- chainement. En attendant, nous croyons pouvoir conclure qu'il n'y a pas eu dans l'expérience X assimilation de l'azote ammoniacal ni de l'azote nitrique. Les résultats de Kinoshita s'expliquent soit par des accidents analogues à celui que nous venons de signaler, soit, ce qui est plus probable, par le développement de moisissures sur les graines mises en culture. Lorsque ces champignons apparaissent sur une matière organique imbibée d’une solution nitrique et surtout ammoniacale, il faut s'attendre à ce qu’ils assimilent de l'azote de ces combinaisons. Nous avons eu l’occasion d'en avoir la preuve dans un essai fait à l'obscurité avec des tiges étio- lées de Pomme de terre. Le témoin renfermait au début de l'expérience 32°5',9 d'azote organique. Quatre jours plus tard, un lot de même poids, plongé dans la solution ammoniacale (tem pérature, 20 à 25°), renfermait 54,4 d'azote organique; un autre lot, plongé en même temps dans la solution nitrique, a donné à l'analyse 67"#,7 d'azote organique. On n’avait pas renouvelé les solutions et de nombreux filaments mycéliens avaient envahi les tiges, déjà souf- frantes au début de l'expérience. ( 865 ) CONCLUSIONS. 1° Chez les plantes supérieures, l'assimilation des nitrates n'a pas lieu à l'obscurité; elle exige Vintervention des rayons ultra-violets. 2° Pour les sels ammoniacaux, l'influence des mémes rayons est sûrement prédominante ; il se peut cependant que les rayons lumineux provoquent une faible assimilation de l'ammoniaque dans les feuilles blanches. 5° L'intervention de la chlorophylle n'est pas nécessaire; les feuilles blanches assimilent méme mieux l'azote ammo- niacal que les feuilles vertes. 4° L'assimilation de l'azote nitrique donne lieu à une production intérimaire d'ammoniaque. Ce travail met une fois de plus en relief le rôle dévolu à la radiation solaire dans l’économie de la nature : elle ne donne pas seulement aux plantes supérieures l'énergie nécessaire à la synthèse des matières hydrocarbonées ; elle est aussi indispensable à la production, par ces végé- taux, des substances albuminoïdes, ces éléments fonda- mentaux de la matière vivante. Gembloux, Laboratoire de botanique de l’Institut agricole de l’État. T novembre 1896. (. 866 ) Sur les dérivés cadmiques halogénés de l’antipyrine; par M.-C. Schuyten, docteur en sciences. Dans les pages qui suivent, j'ai exposé l'étude des pro- priétés des chlorure, bromure et iodure doubles de cadmium et d’antipyrine. M. L. van Itallie a annoncé existence de ces composés (Ned. Tijdschr. voor Pharm. Chem. en Toxicologie, 1895); mais comme j'avais déjà décrit, avant lui, sommairement, l’iodure (Chem. Ztg, 1895, 65), ce chimiste a bien voulu me communiquer qu'il renonçait à poursuivre ses recherches dans cette vole. Je demande respectueusement à l'Académie la per- mission de lui soumettre le résultat de mes expériences. Chlorure double de cadmium et d'antipyrine. On mélange les solutions assez concentrées des com- ponents, dans la proportion d'une molécule de chlorure de cadmium à deux molécules d'antipyrine. Il se forme ordinairement un précipité, qui est le composé qu'on cherche; mais s’il ne se forme pas, par suite d’une trop grande dilution, on peut soumettre le liquide à l’évapo- ration spontanée; je ne recommande pas l'usage du bain-marie; non plus quand on veut concentrer les eaux mères; par la chaleur, le liquide jaunit, et les croùtes déposées par le refroidissement, qu’on recueille, ne sont pas d’une blancheur irréprochable. On jette le composé ( 867 ) sur un filtre et on aspire à la trompe, puis on comprime dans du papier buvard et on laisse sécher à l'air, à labri des poussières. Le corps perd facilement son humidité; on le pulvérise alors très finement et on le rejette sur un filtre mouillé; puis on lave à grande eau. Après séchage, le corps est suffisamment pur pour être soumis à l'ana- lyse. Le motif de ce mode opératoire réside dans ce fait que, si on lave le composé immédiatement après sa for- mation, il disparaît sur le filtre à vue d'œil, tandis qu'il se dissout beaucoup plus lentement quand il a été d'abord séché. Le rendement est théorique. Pour sécher, on doit, avant de porter le corps à l’étuve, lui enlever au préa- lable toute humidité apparente dans l'exsiccateur, car l'eau, sous l’action de la chaleur même modérée, finit promptement par le jaunir; il mest même arrivé de le fondre dans ces conditions à une température qui n'avait pas dépassé 80°. Dans le tube, il fond en un liquide jaunâtre qui devient rapidement charbonneux en dégageant des vapeurs d’une odeur pyridique bien prononcée; j'ai pu faire cette même remarque (*) pour le chlorure double de zinc et d’anti- pyrine. Point de fusion, déterminé dans l'appareil de Auschutz et Schulz (**) modifié par Roth (***), 259° (non corr). Il est assez soluble dans l'eau à froid et à chaud, se dissout dans le chloroforme et l'alcool éthylique et est presque complètement insoluble dans l’éther sulfurique. A première vue, il semble ne pas affecter une forme C) Chem. Ztg., p. 63, 1895 (**) Fresenius Ztschr., p. 410, 1878. (**) Ber., 1886, 1971. ( 868 ) cristalline bien définie; mais quand on examine sous le microscope le résidu d’évaporation lente d’une goutte de la solution aqueuse pas trop concentrée, on observe, au milieu de la préparation, des agrégats globulaires du sys- tème hexagonal, présentant la croix noire entre nicols croisés; ces sphérolithes peuvent très bien être comparées à celles que forme le sulfate de cérium dans les mêmes conditions (solution 4 : 6) (*). La préparation est bordée par une très jolie cristallisation en éventails colorés en rouge, jaune, vert, qui devient toujours éclatante quand on l'observe sur fond noir; en certains endroits, on peut nettement constater que ces éventails se sont formés par suite d’un développement exagéré du côté des globules tourné vers le centre du résidu d’évaporation. L'analyse a montré que le corps a une composition qui correspond à la formule (C11H;2No0)9.CdCle. Le cad- mium a été dosé à l’état de sulfate, en détruisant la sub- stance au rouge modéré dans une capsule en platine, à l’aide de quelques gouttes d'acide sulfurique concentré pur; le chlore, par la méthode de Piria. Les résultats des analyses sont condensés dans le tableau suivant : | SUBSTANCE. CdSO,. AgCl. | 0,2453 0,0889 2i 0,2360 — 0,41464 C) C. KLEMENT et A. RENARD, Réactions microchimiques à cris- taux, p. 52. ? re ( 869 ) Calculés en °/,, ils donnent : Trouvé. Théorie. ET Dar cmt eh 19,48 °/, 20 05 °/, tn 1249, 12,68 °/, La solution aqueuse est neutre, contrairement à ce que l’on observe pour les sels de cadmium ordinaires, qui ont une réaction acide; la remarque me paraît intéres- sante, en ce sens qu’elle appelle l'attention sur l'influence, dans la combinaison, des deux molécules d’antipyrine; nous savons en effet que cette base, isolée, n'a aucune action sur les réactifs colorés, vu sa nature d’amine ter- taire. : L'hydrogène sulfuré donne un précipité jaune pâle, cailleboté, soluble dans les acides chlorhydrique, sulfu- rique et nitrique étendus, soluble dans la soude caus- tique et le cyanure de potassium. Ce précipité, séché et chauffé dans un tube ouvert aux deux bouts, se fonce et dégage des gaz empyreumatiques ; finalement on obtient un résidu fixe, brun, d’oxyde de cadmium. La solubilité du sulfure dans les acides minéraux étendus, froids, ainsi que l’action de la chaleur, semblent indiquer la formation, aux dépens du chlorure double, d'un sul- fure double de cadmium et d’antipyrine. Si on opère en solution acide, en présence de l’acide chlorhydrique ajouté en faible quantité, le précipité semble être un peu plus påle et colle moins fort au filtre; il se laisse très bien réunir au fond; il est insoluble dans les acides chlorhydrique, sulfurique et nitrique à froid, dans la soude caustique et le cyanure de potassium ; chauffé dans le tube ouvert aux deux bouts, il donne un résidu qui se caractérise, à la loupe, comme un mélange de sulfure et ( 870 ) d'oxyde de cadmium, celui-ci en quantité peu considé- rable; j'avais pensé qu’en lavant le sulfure longtemps, je serais parvenu à enlever toute trace de matière orga- nique; il n’en est rien, car j'ai constamment obtenu, après la calcination modérée, une petite quantité d'oxyde de cadmium dans le résidu; d’où je crois pouvoir conclure que l’acide sulfhydrique produit, dans la solution acidu- lée par l'acide chlorhydrique, du sulfure de cadmium qui entraine et fixe mécaniquement une certaine quantité de matière organique. En solution alcaline, les phénomènes se passent un peu différemment. L'addition de quelques gouttes de soude caustique produit un précipité blanc gélatineux ; si on fait passer, après, dans la masse un courant d'hydrogène sulfuré, le précipité blanc est décomposé et se transforme en précipité jaune, beaucoup plus foncé que les précédents; il est aussi plus cailleboté et se concentre facilement au fond du vase; sec, il est très foncé et se comporte dans le tube ouvert aux deux bouts, à une chaleur rouge sombre, comme du sulfure de cad- mium pur. Je crois pouvoir conclure de ce qui précède que la décomposition du chlorure double de cadmium et d'antipyrine, en solution aqueuse, est plus complète par la soude que par l'acide chorhydrique. Le sulfocyanure de potassium ne donne aucune réac- tion; non plus quand on ajoute de l'acide sulfureux. Les ferro- et ferricyanure de potassium donnent succes- sivement des précipités jaune pâle et jaune foncé, inso- luble et un peu soluble dans l'acide chlorhydrique. Une baguette de zine, fraichement décapée par l'acide nitrique, plongée dans la solution aqueuse, se couvre d’un dépôt noir qui s'enlève très facilement et tache les doigts; il se forme plus lentement qu'avec une solution de chlorure de cadmium ordinaire. ( 871 ) Les réactions du côté de l’halogène sont assez typiques. Ainsi l’acétate de plomb ne produit absolument rien : si on concentre le liquide au bain-marie, et qu’on laisse refroidir, il n'y a encore rien; mais l'addition d’un peu d'ammoniaque, qui ne déplace pas l’antipyrine, au contraire, provoque immédiatement une précipitation blanche insoluble dans un excès, aisément soluble dans l’acide nitrique étendu. Le nitrate d'argent donne un cailleboté blanc devenant lentement violet à la lumière du jour, plus lentement que le chlorure d'argent; il ne se dissout pas immédiatement dans Pammoniaque; il faut secouer et attendre un peu. L'addition d'acide nitrique change complètement l'aspect du précipité qui se réunit tout de suite au fond, et se dis- sout, après lavage, dans l’'ammoniaque comme du chlorure d'argent pur. Tous ces phénomènes se présentent done comme s’il s'était formé d’abord un composé additionnel de chlorure d'argent et d’antipyrine, décomposable par l'acide nitrique ; ce serait une combinaison du type H, | ; N

H,02) décompose l'iodure double avec la plus grande facilité; il se forme un trouble rouge-brun, composé en majeure partie d'iode libre; petit à petit, l’iode est absorbé par l’antipyrine qui peut en fixer un atome par molécule, et le liquide redevient transparent, tout en affectant une couleur jaunâtre; ensuite il se fonce de nouveau en même temps que des produits résineux viennent nager à la surface; la liqueur devient noire à la fin. L'addition de quelques gouttes d'eau de chlore pro- voque la mise en liberté instantanée de l’iode, mais il disparait vite; il réapparait encore quand on ajoute du réactif, pour disparaitre une seconde fois, et ainsi de suite. L’acide sulfurique concentré, versé sur le corps sec, le colore en brun; peu de temps après, dégagement de vapeurs d'iode. (. 880 ) L'acétate de plomb donne un précipité jaune pale qui n’est pas comparable, au point de vue de la couleur, à Piodure de plomb pur qui est d’un jaune superbe; quand on le lave, il se fonce et disparait plus vite sur le filtre que ne le fait l’iodure métallique ordinaire. Probable- ment avons-nous affaire encore à un composé addi- tionnel. L'acide nitrique concentré, à froid, précipite liode; à chaud, celui-ci paraît se dissoudre, mais réapparait, violet, dans les vapeurs qui se dégagent du liquide en ébullition. Le brome chasse aussi l’iode; au fond du liquide brun ainsi obtenu, on voit apparaître, après quelque temps, une cristallisation blanchâtre assez clairsemée; par la chaleur, elle disparaît, et à l’ébullition on n’observe plus de vapeurs violettes. Appendice. L'analyse des trois dérivés cadmiques de l’antipyrine que je viens de décrire, permet de donner à ces corps la structure générale suivante : | N—Cd—N | R’ R’ dans laquelle R’ représente le résidu halogénique mono- valent; l’addition des components s’est effectuée au moyen des deux valences libres de l’azote méthylé; du moins, on accepte généralement cette manière de voir pour ( 881 ) les combinaisons de ce genre. Si elle est exacte, il me semble qu'on doit accepter ce mécanisme de com- binaison aussi pour les dérivés substitués de l’antipy- rine, comme la bromo- et la nitroso-antipyrine, et admettre que dans ces composés l'azote trivalent est aussi devenu pentavalent; ces corps, en effet, ne se combinent plus aux composés qui peuvent s'ajouter à Vantipyrine libre. J'ai fait des essais dans cette direc- tion avec la nitroso- et la bromo-antipyrine et j'ai essayé de les combiner avec le chloral, la résorcine, l'acide salicylique, les chlorure, bromure et iodure de zinc, les chlorure, bromure et iodure de cadmium, le chlorure et le rhodanate ferrique, l'acide rhodanique; on n'obtient dans aucun cas un précipité, et si on con- centre par évaporation spontanée ou au bain-marie, on recueille des produits résineux de décomposition, ou un mélange de produits dont il est impossible de sortir. Ce qui est certain, c’est que les phénomènes ne se passent jamais comme pour une simple addition. Le caractère basique de l’amine tertiaire est donc annulé par l'intro- duction dans la molécule d’un groupe négatif. Mais s’il est possible d'expliquer cette assertion, acceptée d’ailleurs par la généralité des chimistes, pour le nitroso-type, en représentant sa constitution : Ng CH, | N comment faire pour le bromo-type, qui, lui non plus, ne se combine à aucun des corps précités? Nos connais- ( 882 ) sances ne se sont pas encore suffisamment étendues, ce me semble, pour accepter la trivalence du brome. De toutes ces considérations, et de beaucoup d’autres du même ordre d'idées, il résulte une fois de plus que la notion de « valence », telle qu’elle est représentée ordi- nairement, ne s'adapte pas à un nombre déjà considé- rable de faits qui ne peuvent que s’accumuler au fur et à mesure que la science se développe, et que l’élément le plus bizarre, à ce point de vue, est certainement l’azote. Laboratoire privé. Anvers, novembre 1896. ÉLECTIONS. La Classe se constitue en Comité secret et procède aux élections pour les places vacantes, La proclamation des résultats des concours et des élec- tions aura lieu dans la séance publique du 16. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Conformément à l’article 17 de son règlement, M. le général Brialmont et M. Ch. de la Vallée Poussin sou- mettent à la Classe leurs communications destinées à la séance publique. ( 885 ) CLASSE DES SCIENCES, Séance publique du 16 décembre 1896. M. Ar. BriaLmonr, directeur, président de l’Académie. M. le chevalier Epm. MarcHaL, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alfr. Gilkinet, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, E. Can- dèze, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, M. Mourlon, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, Léon Fredericq, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; L. Errera, A. Lancaster et G. Cesàro, correspondants. Assistent à la séance : CLASSE DES LETTRES. — MM. Alph. Wauters, Ch. Pot- vin, T.-J. Lamy, A. Giron, G. Monchamp, membres; Alph. Rivier et J.-C. Volgraff, associés. CLASSE DES BEAUX-ARTS. — MM. Th. Radoux, directeur; Éd. Fétis, Godfr. Guffens, Jos. Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gust. Biot, H. Hymans, Jos. Stallaert, - Alex. Markelbach, G. Huberti, Ch. Tardieu, Alfr. Cluy- senaer, F. Laureys, J. Winders, Ém. Janlet et H. Maquet, es. ( 884 ) De l'accroissement de la population et de ses effets dans l'avenir ; par le général Brialmont, président de l’Aca- démie et directeur de la Classe des sciences. Je me propose d'appeler votre attention sur une ques- ton importante, dont on ne s’est guère occupé jusqu'ici, parce qu’elle intéresse seulement les hommes de l'avenir. Cette question est celle-ci : Quels effets produira l’accrois- sement continu de la population, non pas dans un ou deux siècles, mais dans plusieurs centaines de siècles, rien ne permettant de limiter à une durée moindre l'existence de l’humanité sur le globe? Pour que l'homme disparût, il faudrait que la température de lair s’abaissât au point que toute vie organique vint à cesser. Or, cette température n’a pas subi de diminution appréciable depuis les temps historiques. Comme la population s’accroit indéfiniment et qu'il n'en est pas de même de la production des subsistances qui est limitée par l'étendue et le rendement des terres, il arrivera un moment où il y aura trop d'hommes sur le globe et où l'équilibre entre la population et la produc- tion se rétablira, par la disparition de ceux qui ne trou- veront plus de place au banquet de la vie. Pour calculer approximativement la date où cette situation se présentera, je supposerai que la population dans les siècles futurs s’accroitra comme elle s'est accrue depuis cent ans. D’après les documents statistiques les plus dignes de ( 885 ) confiance (1), la population de la terre s ~ en 1882, à 1,592 millions d'habitants et, en 1890, à 4,480 mil- lions. Elle s’est donc accrue en huit années de 88 mil- lions ou de 6.5 °/,. Si l’on calcule sur cette base la date où la population de la terre s'élèvera à 27 milliards, c’est-à- dire au double du nombre d'hectares que mesure la surface non immergée du globe, on aboutit à l’année 2280 (2). Ainsi, dans 586 ans, la terre, dont une grande partie (4) Petermans Mittheilungen et Die Bevölkerung der Erde, par Hermann Wagner et Alexandre Supan. (2) La population de la terre s’accroissant de 6.3 °/, en huit ans, elle sera en 1898, de . . < > e + 2 ee UNS d'habitants ; 4B08, dB: ee en a A PE 1,716 si AE de. a an ‚ 1,888 — MD de ee ZNA S SOON OO au a D oc DL. 2,130 — Re. o. ier 4464 ir KOOR de e BAT — 4902 dE ien ‘Los rj ea adi, de. o nn o rl -i 4978, de. o on ve e ot AND — L'aceroissement en quatre années étant à peu près de 3 o/o, la population en l'an 1982 s'élèvera à 2,977 millions d'habitants ou au double de ce qu’elle était en 1890. La période de doublement de la ( 886 ) sera toujours inhabitable, aura une population moyenne aussi dense que celle de la Belgique et de la Saxe, les pays les plus peuplés du monde. Pour contester l’exacti- tude de ce calcul, il faudrait prouver que la population ne continuera pas à s'accroître aussi rapidement que je l'ai supposé, et cette preuve, les considérations suivantes permettent d'affirmer qu’on ne la fera point. La population de l'Europe était de 144,561,000 âmes en 1788 et de 549,000,000 en 1886, ce qui constitue un accroissement de 140 °/ en un siècle. Le président du Congrès de statistique réuni à Vienne en 1887 produisit des documents prouvant que la population de l’Europe a doublé depuis soixante-dix ans (1), bien que de nom- population terrestre est, par conséquent, de quatre-vingt-douze ans. D'après cette donnée, la terre aura en l'an BOITE Laver, 5,954 millions d'habitants; AU Lea a 4 11,908 — PE een 29,516 — Augmentons ce dernier chiffre de 6.3 °/, pour avoir la population en l'an 2266. Elle sera, à cette date, de 24,953 millions; en 2274, de 95,181 millions, et en 2282, de 27,405 millions, nombre double de celui des hectares de la surface non immergée de la terre. (1) Le statisticien Loua, se fondant sur les recensements de 1831 à 1871, assigne à la période de doublement de la population une durée de soixante-dix-sept à quatre-vingt-sept ans, d’après la méthode géométrique (celle du calcul de l'intérêt composé), et de cent onze ans d’après la méthode arithmétique. (Journal de la Société statistique de Paris, 1876.) EEE Ee D dE | k 4 a à j 3 A 4 We 4 3 RE. PTT RE A E ein inden DAME rer TT N ( 887 ) breuses guerres (1) et l'émigration (2) lui aient fait subir de grandes pertes. (4) Les grandes guerres de la République et de l'Empire français ont coûté à l'humanité 5 millions d'hommes; la guerie de Crimée, 750,000 ; la guerre d'Italie, 45,000; la guerre de la Sécession, 332,000; la guerre de Bohême, 45,000; la guerre franco-allemande, 215,000; la guerre turco-russe, 250,000. D’après les documents statistiques du docteur Engel, les pertes causées par la guerre danoise, les expédi- tions de la Chine, du Mexique et de la Cochinchine, la guerre entre les Serbes et les Bulgares, la guerre de l'Afrique du Sud et la guerre afghane, s'élèvent à 148,000 hommes, auxquels il faut ajouter les pertes provenant des guerres du Tonkin, de la guerre d’Abyssinie, de l'expédition de Madagascar, de celle des Anglais en Égypte et des guerres civiles dans la Chine et dans l'Inde. Ces chiffres représentent uniquement les hommes tués et ceux qui sont morts dans les ambulances; or, comme le fait observer J -B. Say, « des champs ravagés, le pillage des habitations, des établissements industriels détruits, des capitaux consommés, etc., en ravissant des moyens de subsistance, font mourir bien du monde hors du champ de bataille ». D’après Johan von Bloch, les hommes tués un jour de bataille ne s'élèvent qu’au cinquième des pertes totales; les quatre autres cinquièmes sont causés par les fatigues et les maladies. (Jahrbücher, ete., 1895 (2) De 1824 à 4830, ded a fourni aux États-Unis, . 443,439 habit. De 1831 à 1840, i 99,125 De 48H à 1850, — — . … 1,181 — De 4851 à 4860, — — . + 2598214 — De 4861 à 4870, al à . . 246672 — De 1871 à 1880, — — . . 2944695 — De 1881 à 4890, — f — . … 5,189,094 — Sur 451/, millions d'émigrants que les États-Unis ont reçus de 1821 à 1890, il y Br pe rs Anglais, Écossais et Irlandais, 4, de 90,000 REL ‚000 Alleman 402, 000 Italiens, 369, por Frames, ay 000 Russes, 174,000 Suisses, 102,000 Hollandais et 290,000 C n 1890, il y avait une DR à d'origine européenne de ( 888 ) La population dans les autres parties du monde s’est accrue plus rapidement encore. Celle de l'Amérique du Nord était, en 1790, de 4,000,000 d'âmes; en 1870, de 58,598,571, et vingt ans après, de 62,622,250. L'Australie britannique avait, en 1801, une population de 5,547 colons, et, en 1890, de 5,945,000. En 1816, Java et Mudura avaient une population de 4,615,000 habitants; en 1850, de 6,850,000; en 1849, de 9,584,000; en 1869, de 15,575,000; et en 1889, de 22,818,000. Si l’on déduit de la population de ces contrées le contingent fourni par l'émigration, son accroissement demeure encore plus rapide que n’a été celui de la popu- lation de l'Europe dans le même temps. On conclura de ces faits que mon évaluation, qui porte à quatre-vingt-douze ans la période de doublement de la population de la terre, loin d’être exagérée, reste en dessous de la réalité, car c’est dans les États civilisés que la natalité est la plus faible pour diverses raisons, dont la principale est la tendance de l’homme civilisé à aug- menter sa richesse plutôt que sa famille. Les économistes qui prétendent que la progression actuelle de l'accroissement ne se maintiendra pas, se fondent sur une décroissance de natalité constatée depuis quelques années dans plusieurs États européens. Cette décroissance se manifeste surtout en France où 3,136,000 âmes en Afrique; de 4,698,000 en Asie; de 3,915,000 en Océanie; de 67,500,000 dans l'Amérique du Nord, et de 45,520,000 dans l’Amérique du Sud. Au commencement du XIXe siècle, il n'y avait hors d'Europe que 9 t/a millions d'Européens. ( 889 ) la natalité était de 51.25 °/,, de 1816 à 1850 et n’était plus que de 22.40 °/,, en 1892 (1). Leroy-Beaulieu attri- bue ce mouvement rétrograde au désir du paysan fran- çais de ne pas morceler son patrimoine, aux charges militaires qui diminuent et retardent les mariages, au fait que les enfants n’apportent plus de revenu aux parents, comme autrefois, dans les occupations agricoles et indus- trielles, et au développement de l'instruction, de lambi- tion personnelle et familiale, des idées démocratiques (2), de la concurrence dans les carrières et des goûts de luxe. La plupart de ces causes de ralentissement du mouve- ment ascensionnel de la population existent dans les autres pays civilisés, mais ne produisent pas les mêmes effets, car la natalité y est plus forte et, dans quelques- (4) Le 12 avril 1891, la population de la France s'élevait à 38,095,180 habitants, et le 29 mars 1896, à 38,228,999. Ainsi, dans l’espace de cinq ans, elle n'a augmenté:que de 133,819 âmes. Par rapport à l’année 1899, il y a même décroissance, car cette année la population s'élevait à 38,243,000 âmes. Aux causes de stagnation e la population indiquées par Leroy-Beaulieu, il faut ajouter le dépeuplement des campagnes au profit des villes qui voient par là augmenter le nombre des sans-travail et des pauvres. M 1846 à 1891, la Ds rurale est descendue, en France, de 5.6 o/o à 62.6 ° 2) D’après hs asscur, le sentiment démocratique et le développe- ment de l'instruction tendent à élever le niveau de la classe ouvrière, à augmenter ses besoins et à lui i inspirer, pour es ces besoins, l'idée de restreindre les mariages et d'user de pru « Dans une société démocratique, dit Nitti, bie hom nme s'élever au-dessus de sa position. » (La pomiiation à et le système die, Paris, 1897.) C'est ce qu'on appelle le phénomène de la apia sociale. Aux pauvres, cette ascension est interdite, et voilà pourquoi la misère est prolifique 5e SÉRIE, TOME XXXII. 58 ( 890 ) uns, même double de ce qu’elle est en France (1). Ce dernier pays est entré si avant dans la voie de la limita- tion de la population qu’un grand nombre de familles, dit Leroy-Beaulieu, considèrent le troisième enfant comme une erreur et le quatrième comme une fàcheuse surprise. (1) Un tableau dressé par Bodio, chef de la statistique de l'Italie, prouve que, de 1874 à 1892, la natalité par 1,000 habitants est montée, en Italie, de 34.9 à 36.4; en Espagne, de 36.0 (en 1878) à 36.5 (de 1886 à 1888); en Portugal, de 33.1 (en 1886) à 35 3; en Serbie, de 41.8 à 42.1. La natalité est descendue, en Angleterre, de 36.0 à 30.5; en Irlande, de 26.7 à 22.5; dans l’Empire allemand, de 40.1 à 35.7; en Autriche, de 39.7 à 38.4 (en 1891); en Hongrie, de 42.7 à 42.3 (en 1891); en Suisse, de 30.4 à 98.1; en Belgique, de 32.9 à 98.6; en Hollande, de 36.4 à 32.0; en Suède, de 30.7 à 28.4 (en 1891); en Norvège, de 36.6 à 30.8 (en 1891); en Danemark, de 30.9 à 29.5; en Roumanie, de 42.2 (en 1886) à 42.0; en Russie, de 50.4 à 48.5 (de 1886 à 1888) ; en Finlande, de 37.7 à 34.0 (en 1891); en Grèce, de 30.1 à 26.2 (en 1889); en France, de 26.2 à 22.3. De l'examen de ces chiffres, il résulte que la natalité par 1,000 était, il y a quatre ans, de : DU non en France; BOS ee en Grèce; RE en en Suisse; ne E a en Suède; DE en Belgique; DD ee en Danemark; ORD ee en en Angleterre; GOB ee en Norvège; BRO + en Finlande ; on ee en Portugal; a LE ee dans l'Empire allemand ; ES en Italie; 36.5 en Espagne; B4, oo nnn‘ en Autriche; MEO nn en Roumanie; BRA eee en Serbie; BUS en en Hongrie; ( 894 ) Le savant économiste frangais tire toutefois de ce cas particulier une conclusion trop générale en soutenant que la population des États civilisés s’accroîtra de moins en moins et que, dans un avenir peu éloigné, elle restera presque stationnaire. Tout porte à croire, au contraire, que la population, dans les siècles futurs, — si elle n’est pas volontairement limitée, — s'accroîtra aussi rapide- ment et même plus rapidement qu’elle s’est accrue dans le siècle actuel, parce que les progrès de la civilisation feront disparaitre ou atténueront des causes de mortalité dont plusieurs ont produit, jusque dans ces derniers temps, de grands déchets. Ainsi les nombreuses et rapides voies de communication par eau et par terre entre les diverses parties du monde rendront les grandes famines plus rares, sinon impossibles; la vaccination, lorsqu'elle sera obligatoire dans tous les pays, arrêtera les ravages de la variole (1) ; les progrès de la médecine et de la chirurgie empêcheront que le croup, la diphtérie et d'autres maladies ne fassent de larges brèches dans la population, et les succès obtenus, depuis peu, dans le trai- tement des maladies causées par les bactéries pathogènes, permettent d'espérer qu'on parviendra à rendre moins fréquente, à prévenir peut-être la tuberculose qui con- (1) Avant la découverte de la vaccine, il mourait de la variole, en Westphalie, 26.43 habitants par 10,000, et à Berlin, 34.22 par 10,000. Depuis que la vaccination et la revaccination ont été rendues obliga- toires en Prusse, il n’est mort que 0.16 habitant par 40,000 en 1880, 0.14 en 1885 et 0.05 en 1886, soit 5 par million au lieu de 3,0C0. (Rapport du D Devaux sur la vaccination, 1891.) ( 892 ) tribue à la mortalité générale pour plus de !/,,. Par des mesures sanitaires locales et internationales, on parvien- dra également, sinon à empêcher la production des pestes, du moins à limiter leur propagation et à les rendre moins meurtrières. Enfin l'amélioration graduelle des logements d'ouvriers, des usines, des ateliers et des procédés de fabrication, due à l'application des principes de l'hygiène et à l'intérêt croissant que l'on porte aux travailleurs, diminuera notablement la mortalité dans les classes inférieures de la société (1). Ces faits prouvent que le développement de la- popu- lation ne se ralentira pas dans les siècles futurs, à moins cependant que toutes les nations ne suivent l'exemple de la France, ce que certains économistes considèrent comme probable; mais la raison qu’ils en donnent — la décroissance de la natalité — n’est pas suflisante pour justifier leur prédiction, car cette décroissance pourrait n'être que passagère et s'arrêter par suite d’un accroisse- ment de prospérité modifiant les idées des pères de famille sur les inconvénients d’une nombreuse. progéni- ture, ou par la crainte patriotique de faire descendre leur pays dans le rang des nations. On peut donc admettre comme exacte la base du calcul d’après lequel, dans 586 ans, la population du globe s'élè- verait à 27 milliards, si la terre était en état de la nour- rir; mais nous verrons plus loin que la production des (1) Pour donner une idée de l'influence que ces progrès ont exercée sur la mortalité, je citerai ce fait qu’en France, la mortalité était de 1 sur 26.8 de 1780 à 1784, de 4 sur 39.6 en 1816 et de 1 sur 42.8 en 1891. ; : ‘ 1 t DE ; 3 : 4 : : Bie : i ( 893 ) subsistances sera insuffisante bien avant que la popula- tion ait atteint ce développement. Déjà actuellement, tous les États de l'Europe, à l'exception de la Russie, de Autriche, de la Roumanie et de la Serbie, sont obligés d'importer des céréales pour alimenter leur population, bien que celle-ci n’atteigne qu’en Belgique et en Saxe la densité de 2 habitants par hectare. En France, elle n’est que de 0.72; en Prusse, de 0.86; en Italie, de 1.07; en Angleterre, de 1.24, et en Hollande, de 1.56. Or, comme le fait remarquer un économiste français, « on doit pré- voir le moment où les deux Amériques, la Russie, l’ Asie septentrionale et centrale, l'Océanie et l'Afrique seront tellement peuplées que leur production en denrées sera absorbée par leurs habitants ». Leroy-Beaulieu estime que cette situation se présen- tera dans un délai de un à deux siècles (1). Un savant géographe anglais, M. Ravenstein, a lu, en 1890, à la Société de géographie de Londres, un mémoire (2) dans lequel il évalue la surface de la terre, non compris les régions polaires (dont la surface est de 4,888,000 milles carrés), à 46,550,000 milles carrés, comprenant 28,269,000 milles carrés de terres fertiles, 13,901,000 milles carrés de steppes et 4,100,000 milles carrés de déserts. D’après lui, le maximum d'habitants que peuvent admettre ces catégories de terres est de 207 par mille carré de terres fertiles, 10 par mille carré de steppes et 1 par mille carré de déserts ; d’où il conclut (1) Traité pratique et théorique d'économie politique, 1896, t. IV, p- 532. (2) Publié dans les Proceedings, ete., en janvier 1891. ( 894 ) que la terre peut porter 5,994 millions d'habitants, et que ce maximum sera atteint dans 176 ans (1). Cette date correspondant à celle que donne mon caleul de l'accroissement de la population, on peut la considérer comme exacte; il n’en est pas de même de la conclusion de Ravenstein que la terre ne pourra fournir des aliments à plus de 5,994 millions d'hommes. Ce savant n’a pas tenu compte de l'extraordinaire fécondité des terres tro- picales, ni de la sobriété des habitants deces terres, ni de l’accroissement de production qui sera le résultat des progrès de l’agriculture. Le maximum d'habitants que la terre pourra nourrir est certainement supérieur à 6 milliards; mais il ne dépassera pas le double de ce nombre, qui sera atteint dans 270 ans (2). Je fonde cette appréciation sur le rai- sonnement suivant : Si des 15 1/5 milliards d'hectares que mesure la surface (1) D’après les calculs de Ravenstein, la population de toutes les parties du monde s’accroit actuellement en dix ans dans les propor- tions suivantes : ss Faroe Li : 1, de 8704 ns Le se er à 6 Enk Afrique... Re ae 10 En Amérique du Nord, Né ph 20 En poe e m Sa. snn. 45 En Aus ian i a 20 Sur la terre entière. E de 8 Ravenstein estime qu’à la fin de notre siècle la population de la terre sera de 1,587 millions d'habitants ; en 4950, de 2,332 millions; en 2000, de 3,426 millions, et en 2072, — soit dans cent soixante-seize ans, — de 5,977 millions, maximum, d’après lui, de la population que la terre pourra nourrir. « I therefore assume, dit-il, that this world of ours, if brought fulli into cultivation, can supply 5,994 million human beings with food and other necessary products of the vegetable kingdom. » (2) Voir la note 2 de la page 885. ( 895 ) du globe on retranche la surface des régions polaires, dessteppes, des déserts, des montagnes couvertes de neige, des roches entièrement dénudées, des forêts, des lacs, des cours d’eau, des routes, des terrains qui seront rendus improductifs par l’industrie et l'énorme surface qu’occu- peront les habitations quand la population sera huit fois plus dense qu’elle ne l’est aujourd'hui (1), il restera à peine 2 milliards d'hectares de terres arables, et de ces hectares, un quart au moins servira à la production de la nourriture des animaux, des plantes industrielles et médi- cinales. La nourriture des hommes devra done être pro- duite par la culture de 4 t/a milliard d'hectares. Cette pro- duction suffira-t-elle aux besoins de plus de 12 milliards d'habitants ou de 8 par hectare cultivé? On doit répondre négativement à cette question, bien que Gasparin, dans son Cours d'agriculture, soutienne qu'on peut octupler le produit actuel des terres « là où la culture à plusieurs assolements est bien organisée ». Mais cette culture ne pourra pas être appliquée sans interruption avec le même succès à toutes les terres arables et dans tous les climats. Il est constaté, du reste, que la culture se perfec- tionne moins vite que ne s'accroît la population (2), (1) Le statisticien Kautsky nous apprend que dans les villes anglaises, 270 habitants occupent 4 hectare de terrain. (Revue statistique, t. I, Paris, 1880.) A Anvers, en 1860, 125,000 habitants occupaient 17,025 maisons sur un terrain de 300 hectares, ce qui porte à 417 le nombre des habitants par hectare et à 7 le nombre moyen d'habitants par maison. Les mai- sons rurales occupant pour un même nombre d'habitants plus de place, on peut admettre que la surface de terre enlevée à l’agriculture par les habitations est de 4 hectare pour 200 habitants. 2) L'économie politique jugée par la science, par Tchernyehewsky, Bruxelles, 1871. ( 896 ) de sorte que le débordement de celle-ci sur la produc tion se produira longtemps avant que le chiffre de 12 milliards ait été atteint. Déjà de nos jours lexeès de population a manifesté sa funeste influence dans plu- sieurs États européens, qui n’ont cependant en moyenne que 1 à 5 habitants par hectare cultivé (1). Il est la prin- cipale cause de l'émigration des Européens vers l’ Amé- rique et l’Australie, des Indiens et des Chinois vers les zones tropicales (2). Ce mouvement toutefois devra s'arrêter dans un avenir prochain, car les Etats-Unis prennent déjà actuellement des mesures pour limiter l'immigration, dans l'intérêt des travailleurs nationaux, qui se plaignent de la concurrence que leur font les étrangers. Bientôt il ne restera donc plus d'autre ressource à la population européenne que de déverser son excédent sur les pays tropicaux, dont le climat est mortel pour un grand nombre de blancs et rend infé- conds à la deuxième génération ceux qui résistent. Pour reculer autant que possible l’époque où la popu- lation sera limitée par cette émigration meurtrière ou par la misère, on mettra en culture toutes les parties de (1) Le maximum 3 est atteint et même un peu dépassé en Belgique où la superficie des terres en culture est de 1,955,000 hectares et la population de 6,400,000 habitants. Dans la plupart des autres pays de l’Europe, le rapport entre la contenance des terres cultivées et le chiffre de la population est plus élevé. Les habitants y vivraient done aisément si la production moyenne de la terre était la même qu’en Belgique; or, chez plusieurs, elle est notablement inférieure, cé qui provoque l'émigration. (2) D’après Levasseur, il y avait, en 1889, 160,000 Chinois à Hong- Kong, 180,000 à Bangkok, 50,000 en Cochinchine, 174,000 à Singapore, 295,000 à Java, 40,000 en Australie et 25,000 à Hawaï. Le recensement de 4890 porte à 107,475 le nombre des Chinois établis dans les États- Unis. L'émigration chinoise, dit Legoyt, est surtout provoquée par la misère et l'insuffisance des produits du sol. $ ( 897 ) déserts, de steppes et de marais, qui pourront être ferti- lisées par des irrigations ou par des travaux de drainage. Mais la surface des terres que l’on gagnera ainsi pour la production ne dépassera vraisemblablement pas celle des terres que stériliseront l’industrie, les voies de communi- cation et les bàtisses. Il scra, en effet, impossible de fertiliser les déserts salins, et les autres ne pourront être cultivés que dans les vallées sablonneuses susceptibles d'irrigation. Les vastes plateaux de grès, desséchés, dénudés et inhabitables, qui occupent une grande partie du Sahara, ne produiront jamais que des arbustes aux racines rampantes qui seront dépouillés par les sauterelles. Il est constaté, d’ailleurs, que les conditions atmosphériques du Sahara se sont modifiées par une révolution météorologique qui a trans- formé peu à peu des contrées fertiles du temps des Grecs et des Romains, en terres arides (1). Je ferai remarquer aussi que la direction des vents régnants rendrait toute végétation impossible sur les pentes de l'Atlas opposées au désert, comme sur celles des Andes opposées à l'Océan, parce que ces pentes sont privées de pluie (2). D'autres grandes parties du globe sont également destinées à res- ter stériles. Dans le voisinage des tropiques, il y a sou- vent des périodes de plusieurs années durant lesquelles il ne tombe pas une goutte d’eau. Ces terres infertiles sont, sous le tropique du Cancer : le Nouveau-Mexique, (1) Voir Le Sahara algérien et les déserts de l'Erg, par Largeau, Paris, 1 - (2) La cause de ce phénomène est que le versant opposé aux vents régnants des hautes montagnes est boisé et que les bois arrêtent les vapeurs de l’atmosphère et déterminent leur chute sous forme de pluie, par l'effet du refroidissement que produit l'eau en transsudant des arbres. (Explication de Moreau Jonnès.) ( 898 ) le Texas, le Sahara, l'Arabie et le nord de l'Inde; et sous le tropique du Capricorne : le désert d’ Atacama, le Chaco, le Kalahari et une partie de l'Australie. On ne pourra pas non plus livrer à l’agriculture les versants dénudés des hautes montagnes et les terres des régions polaires. Quant au défrichement des forêts, ses résultats seront peu importants, car au delà d’une certaine limite, atteinte déjà et même dépassée dans quelques pays, il produit des effets nuisibles. Lorsque les versants des montagnes sont déboisés, la pluie s'écoule rapidement et entraîne avec elle une terre généralement moins fertile que celle des vallées dont elle diminue ainsi la productivité. Souvent aussi le déboisement donne naissance à des torrents qui causent des crues subites et ravagent les vallées. Comme dans les pays montagneux les forêts agissent sur les nuages et augmentent la quantité d’eau qui tombe annuellement, en les abattant on stérilise les plaines. C’est ce qui a produit les vastes solitudes infer- tiles que forment le Paramas du nouveau monde, les steppes de la haute Asie, les déserts sablonneux de l'Afrique, les landes et les bruyères de l’Europe. La Palestine a été stérilisée par le déboisement. Le roc sec et dur y remplace les terres sillonnées de ruisseaux qui de toutes les collines boisées descendaient dans les plaines et les fertilisaient. « La constante fécondité, dit Kautsky, diminue là où le déboisement à pris une certaine proportion; elle est remplacée par les deux extrèmes, l'inondation et l’aridité: En Mésopotamie, en Asie Mineure, en Grèce, en Sicile, en Sardaigne, nous voyons parfaitement les résultats funestes ( 899 ) du déboisement. Ces pays, de culture jadis si florissante, sont aujourd’hui presque des déserts où les inondations intermittentes détruisent, au lieu de l’arroser, le meilleur reste du sol cultivable. » En Russie, laridité et les inondations augmen- - tent (1). Dans l'Ohio, le niveau de plusieurs rivières a baissé, au préjudice de la navigation. Les étés y sont devenus plus chauds et les hivers plus froids. Par suite des besoins croissants de la marine, des che- mins de fer et de l’industrie, le déboisement a fait des progrès alarmants (2), contre lesquels réagissent en ce moment plusieurs États, non seulement dans l'intérêt de l’agriculture, mais encore dans celui de l'hygiène, car la (1) Kautsky, Revue socialiste, 1880. Au commencement du siècle, les bois occupaient un quart envi- ron des terres a ene Cette proportion est fortement réduite nos jou e le prouve le tableau suivant, extrait du Traité théorique et dre de statistique, par Maurice Block (1878): Sur 400 hectares, l'Angleterre a . . . . 5 hectares de forêts; la France. . Ve at — — ‘Allemagne . i 26 — — ‘Autriche — — a Russie d’ Europe 40.3 — — uède . 60 — ‘— a Norvège . 66 — — e Danemark 47 — — les Pays-Bas . TA — — la Belgique. . 18.5 — — isse. . $ 459 — — la Grèce. . vi 189 — -— lEs n.n |, S — — le Portugal. nk — Dans l’Afrique australe, la destruction des forêts fait chaque année le désert sur des millions d’hectares (La question du déboisement, REVUE D'ÉDIMBOURG, 1875). Il en est de même dans presque toutes les colonies britanniques. En 1830, il y avait dans la Nouvelle-Zelande 20 millions d’acres boisés sur 66 millions, surface totale de l'ile; en 1879, il n’y avait plus que 12 millions d'hectares boisés. ( 900 ) destruction des forêts produit des variations de tempéra- ture nuisibles à la vie animale autant qu’à la vie végétale. D’après le D" Jeannel, la mortalité dans les trente dépar- tements déboisés de la France est notablement plus forte -que dans les cinquante-sept départements boisés. Ce même effet a été constaté dans les îles de la Martinique, de la Trinité, de Saint-Domingue et Maurice. On devra donc renoncer bientôt à la transformation des terrains boisés en terrains de culture et suppléer au bois de charpente et de menuiserie par le fer, et au bois à brüler par le charbon. Mais ce combustible finira égale- ment par faire défaut, et même plus tôt qu'on ne pense, car l’industrie en consomme déjà actuellement de si grandes masses que, de l'avis de plusieurs géologues, les gisements de houille seront épuisés ou inexploitables dans un siècle (1). La découverte de nouveaux gisements (1) La consommation du charbon augmente très rapidement. De 1800 à 1869, elle est montée par année, en Angleterre, de 10 millions de tonnes à 408 millions. Elle s'élève actuellement à 170 millions de tonnes, et l’on considère comme probable que, dans cinquante ans, elle sera de 300 millions de tonnes. Un accroissement analogue est constaté dans tous les pays producteurs de charbon. Tenant compte de ce fait, l'économiste anglais Jevons estimait, en 1866, que le charbon sera épuisé dans un siècle. Son compatriote Price Williams assignait, en 1889, à la période d’épuisement la extraire, en Angleterre, 140 millions de tonnes de houille, ce qui assurerait la consommation pour 4 '/s siècles, au taux de 300 mil- lions de tonnes par an, chiffre qui sera atteint avant cinquante ans. Mais l'exploitation des mines de charbon à de pareilles profondeurs serait vraisemblablement impossible à cause des difficultés d'épui- sement et de ventilation, et surtout à cause du grisou qui se rencon- trerait à l’état liquide ou solide par suite de la grande pression à laquelle il est soumis, ( 901 ) fera sans doute reculer cette date, mais il n’en est pas moins certain qu’en prévision des besoins de l’avenir on devra trouver une source de chaleur et de force pouvant remplacer les combustibles du règne végétal et du règne minéral. Ce problème est déjà partiellement résolu par l’utilisation de la force du vent et des chutes d’eau. Il le sera complètement lorsqu'on parviendra à capter une partie de l'énorme force que développent les marées et les rivières, et que représentent la chaleur du soleil et celle du noyau central de la terre. Le problème du remplacement des combustibles par les forces de la nature sera done résolu; il n’en est pas de même du problème de l'alimentation de la population à tous ses degrés de densité. Ce problème est insoluble parce que la production des substances est limitée et que celle de l’homme ne l’est pas. L'équilibre entre ces deux éléments ne s’établira donc que par la diminution volon- taire de la natalité ou, à défaut de celle-ci, par un accroissement de mortalité résultant principalement de la misère. C’est ce que n'admettent pas encore certains écono- mistes. « Qui peut affirmer, dit Rossi, que de nouvelles substances ne seront pas découvertes et qu’on ne trouvera pas le moyen d'obtenir de la même étendue de terre des produits pouvant suflire à la nourriture d’une population double ou triple de celle qu'on peut alimenter avec les produits actuels? » Cela n'est pas impossible, mais rien, jusqu'ici, ne prouve qu'on y parviendra. Et alors même que la pré- vision de Rossi se réaliserait, il arrivera toujours un moment où la production ne suffira plus aux besoins de la population, si rien n’en arrête le développement. ( 902 ) M. Thiers était donc dans l'erreur quand il disait : « Si l’on pouvait imaginer un jour où toutes les parties du globe seraient habitées, l’homme obtiendrait, sur la surface du globe, dix fois, cent fois, mille fois plus qu'il ne recueille aujourd’hui... L'espèce humaine finira glacée ou brisée, n’ayant encore mis en culture que la moindre partie du globe (1). » La même erreur a été commise par Godwin, soutenant que « la population peut croître pendant des myriades de siècles sans que la terre cesse de suffire à la subsistance de ses enfants ». Exagération manifeste dans laquelle tombent tous ceux qui considèrent la terre comme un admirable capital s'améliorant indéfiniment par usage, tandis qu’en réa- lité elle s’épuise par l'usage et deviendrait même stérile si l’on ne maintenait sa productivité par les engrais et l’assolement. La culture qui, dans les zones tempérées, produit le plus de substances alimentaires pour l’homme, est celle de la pomme de terre. Un champ qui permettrait de nourrir avec ce tubercule vingt hommes, ne fournirait des aliments qu'à cinq ou six hommes s’il était cultivé en céréales et qu'à un seul homme s’il était converti en pâture. Dans les zones tropicales, les savanes sont égale- ment au dernier rang sous le rapport de la production. On devrait done, pour retarder le moment où les vivres viendront à manquer, supprimer non seulement les vignobles, les parcs, les jardins et les cultures d’agré- ment, mais encore les pâturages et renoncer par consé- quent à la nourriture animale, sacrifice qui ne pourrait (1) De la propriété, p. 110 de l'édition belge de 1848. ( 903 ) être imposé à l'humanité sans provoquer sa dégénéres- cence. A la fin du siècle dernier, un ministre anglican, Mal- thus, frappé de l’inefficacité de la loi des pauvres, édictée par la reine Élisabeth, et de la misère croissante de la classe ouvrière en Angleterre, publia son célèbre Essai sur le principe de la population (1). Attribuant la misère à l'accroissement trop rapide de la classe ouvrière, il pro- posa d'en limiter le développement par la contrainte morale, qui se réduisait à ceci : la chasteté dans le céli- bat et le retardement du mariage jusqu'au moment où Fon est à peu près certain de pouvoir entretenir les enfants. Mais ces moyens préventifs furent exagérés et travestis par quelques-uns des disciples de Malthus (2), au point qu'ils jetèrent du discrédit sur sa doctrine, ce qui n'empêcha pas qu’elle ne fût admise par les éco- nomistes et les sociologues les plus distingués, notam- ment par J.-B. Say (5), Stuart-Mill, Broca, Rossi, Dar- win, Block, Garnier, Frédérie Passy, de Molinari et Quetelet. (1) Ce livre parut en 1798, vingt-deux ans après qu’Adam Smith eût soutenu que « l'indice le plus sûr de la prospérité d’une nation est l’accroissement rapide de sa population ». Le célèbre économiste vécut assez longtemps pour se convaincre za cela n’est pas toujours vrai. Son propre pays lui en fournit la preuv (2) Certains malthusiens préconisèrent de “restrictions immorales et humiliantes. Ainsi Stuart-Mill l proposa, dans ses Principles of poli- tical economy, d'éteindre le paupérisme au moyen de la réglementa- tion de la mere et od la punition des ss Récemment, un conseiller du r annuel- lement un certain nombre d'enfants (cité par Nitti). (3) « Le livre de Malthus, dit-il, est rempli de recherches et de raisonnements judicieux, et il a résisté aux nombreuses critiques a dirigées contre lui, parce qu’il est fondé sur la méthode pe Ene et sur la nature des choses telles qu’elles sont. » ( 904 ) « Le livre de Malthus, dit Rossi, fut dicté par un amour éclairé de l’humanité, mais écrit sous l'inspiration de la terreur et de noirs pressentiments. » Cette disposi- tion d'esprit s'explique par la preuve que croyait avoir trouvée Malthus que la population s'accroît suivant une progression géométrique, tandis que les subsistances ne s’accroissent que suivant une progression arithmétique. En cela il se trompait, car l'accroissement de la popula- tion varie avec les peuples et leur degré de civilisation, sans suivre de loi, et moins rapidement qu’il ne l'afir- mait (1). Ce réformateur, dit Bastiat, n'avait pas com- pris que « la densité croissante de la population équivaut à une facilité croissante de la production ». Mais cela n'est pas exact non plus, car la facilité de production sera sans effet utile lorsqu'il y aura plus de travailleurs qu'il n’en faut pour tirer des terres le maximum de ren- dement. Alors, au lieu de constater un excédent de pro- duction croissant avec la population, on constatera un déficit de production proportionné à l’excédent de popu- lation. On ne peut reprocher à cet économiste que d’avoir attribué la misère qui sévissait dans son pays unique- ment à un excédent de population, alors qu’elle provenait en partie d'une mauvaise répartition des richesses (2). (1) Malthus eroyait que la population des États-Unis doublerait en vingt-cinq ans; or Leroy-Beaulieu prouve, dans son Traité d'économie politique publié en 1896, que cette population n'augmente pas actuel- lement de plus de 4 à 4 1/; °/o par an du chef de son mouvement propre, c'est-à-dire déduction faite de l'immigration. Cet accroissement correspond à peu près au tiers de celui que prévoyait Malthus. (2) Il n’est pas douteux qu'il peut y avoir de nombreux pauvres là où les subsistances sont égales et même supérieures à la popu- lation. Ce fait, résultat d'une mauvaise organisation économique, ( 906 ) Mais Malthus était dans le vrai quand il soutenait qu'un accroissement excessif de la population conduit aux mariages prématurés et d'une grande fécondité, affaiblit l’organisme et fait mourir d'anémie un grand nombre dhommes. Conseiller de limiter cet accroissement par la contrainte morale était donc faire œuvre de philanthrope. « Le principe de Malthus, dit Leroy-Beaulieu, ne tient pas devant ce fait que la prolificité déeroît proportionnel- lement au développement du bien-être, de l'instruction, des idées démocratiques et nouvelles. » Il perd de vue que si la natalité décroit dans plusieurs États européens et si de ce chef la misère a diminué, c'est parce qu’on y appli- que plus ou moins la doctrine de Malthus (1). Ainsi en Angleterre, où l’accroissement de la population avait été très rapide de 1798 à 1878, il s’est fortement ralenti après cette dernière date parce que Bradlaugh et M"° Besant, partisans de la doctrine de Malthus, ouvrirent une active campagne en faveur de cette doctrine, et obtinrent de grands succès en persuadant la classe ouvrière que la limitation de la population est nécessaire au triomphe du socialisme. Par le. fait de cette propagande effrénée, la natalité, qui était de 55.5 °/ en 1878, est descendue à 50.5 °% en 1889. Stuart-Mill, par ses écrits, a aussi con- tribué à ce résultat. s'est produit en Angleterre dans la période de 1818 à 1848. On doit attribuer à cette même cause les horribles misères qui ont sévi au moyen âge. (1) L'application en est faite non par les pauvres que visait uni- quement Malthus, mais par ceux qui ont des biens meubles ou immeubles, et dont les pratiques sont en partie de celles que condam- nait l'austère ministre anglican. De SÉRIE, TOME XXXII. 59 ( 906 ) Plusieurs économistes ont combattu la doctrine de -Malthus tout en constatant que son application conduit à de bons résultats. Ainsi Spencer et Curey tirent du fait que la civilisation en progressant fait diminuer la natalité, la conclusion qu'il n’est pas nécessaire de recourir à la contrainte morale pour opérer la limitation de la popu- lation. L'économiste Nitti fonde cette même conclusion « sur la tendance virtuelle qui porte la population à s'équilibrer avec la production des subsistances, et sur Pindividualisation toujours croissante qui devra réduire la natalité à des proportions beaucoup moins considé- rables que les proportions actuelles», Or, cette réduction, comme celle reconnue par Spencer et Curey, n’est due qu'à la volonté des pères de famille de limiter leur progéniture, ce qui est conforme à la doctrine de Malthus. Il est à remarquer, du reste, que certains adversaires de cette doctrine soutiennent qu’ « on pourra l'appli- quer, mais dans deux ou trois siècles au moins (4) ». Ils Padmettent done comme vraie, mais pour l'avenir seulement. La limitation de la race humaine n’est, en réalité, que application sous une autre forme d’une loi de la nature en vertu de laquelle chaque espèce du règne animal a pour ennemies une ou plusieurs espèces qui en limitent le développement, afin d'empêcher qu'aucune d’elles ne finisse par couvrir toute la terre. L'homme seul n’a pas à combattre une espèce animale qui le haïsse instinctivement et cherche à le détruire. Son unique ennemi est l’homme lui-même. (4) Précis d'économie politique, par A. Leroy-Beaulieu, Paris, 1868. ( 907 ) L'accroissement de la population a été limité dans les républiques de la Grèce par des moyens que la morale et l’humanité condamnent et qui furent cependant approuvés par Platon et Aristote, comme nécessaires à la commu- nauté. Cet accroissement a été entravé aussi, jusque dans les derniers temps, par l'esclavage qui s'oppose à la for- mation de la famille et abrège la vie des hommes par les mauvais traitements qu’il leur fait subir et les travaux insalubres ou excessifs qu’il leur impose (1). Des moyens barbares et immoraux sont encore appli- qués de nos jours, dans le même but, en Chine (2), dans PInde et chez la plupart des peuplades de l'Afrique et de la Polynésie. Au moyen âge, l'accroissement de la population était entravé par la législation qui limitait le mariage des serfs et par les seigneurs suzerains qui, devant régler le nom- bre de serfs d’après les besoins et les ressources de leur fief, n’accordaient des permissions de mariage qu'à un nombre restreint de sujets. Dans plusieurs pays, la législation défendait le mariage (1) Les esclaves sont moins prolifiques que ne l'étaient les serfs du moyen âge, parce qu'il y a plus d’esclaves du sexe masculin que du sexe féminin, et aussi parce que la triste condition des mariés de cette classe leur fait craindre de donner le jour à des êtres qui seront aussi malheureux qu’ils le sont eux-mêmes (2) Le docteur Matignon, attaché à la légation française en Chine (voir les Archives d'anthropologie criminelle de 4896), dit qu’en Chine l'avortement est passé dans les mœurs au même titre que l’infanti- cide. Celui-ci, toutefois, ne porte que sur les filles et, dans certaines contrées seulement, sur les mâles chétifs ou heinen On tue aussi les mâles illégitimes, qui sont peu nombre A Ping-Yang, il y a quelques années, en à 40 °/o des filles étaient supprimées (novées, étouffées ou enfouies). ( 908 ) aux pauvres. Cette défense n’a été levée en Bavière és 1868 et en Suisse qu'en 1874 (1). Actuellement la limitation de la population rencontre encore de nombreux adversaires. Quelques sociologues la condamnent parce qu’elle est contraire aux desseins de la nature qui a fait de l’homme le seul être produisant sa nourriture par le travail, ce qui lui permet, disent-ils, de se multiplier à l'infini. Mais cette conclusion ne serait fondée que si le rendement des terres pouvait aussi s'accroître à l'infini, ce qui n’est pas possible. La limitation est condamnée aussi par des théologiens soutenant quelle est contraire au précepte religieux : Croissez et multipliez, et à la doctrine de saint Jean Chrysostome qui prescrivait le mariage « dès l’âge nubile, afin, disait-il, de procurer la sainteté des mœurs, l'union des familles et de nombreux enfants ». Mais ces théolo- giens ne considèrent pas que des prescriptions utiles, nécessaires même après le déluge qui avait dépeuplé la terre, et du temps de saint Jean Chrysostome, quand les barbares commençaient à massacrer les populations du Bas-Empire, ne doivent être observées de nos jours et ne devront l'être dans l'avenir que pour autant qu’elles ne nuisent pas à l'humanité qu'aucune religion ne peut vou- loir condamner à la misère, conséquence inévitable du déséquilibre entre la population: et la production. Il est à remarquer, d’ailleurs, que si les sectes chré- tiennes primitives honoraient le mariage comme institu- tion, elles préféraient cependant le célibat et cherchaient plus à peupler le royaume des cieux que les royaumes de (1) La population, par Van der Smissen, 1895, DE de == SELNES ONEEN PEES E REINET TIETEN E OES SEN a da E E ol < are ee ( 909 ) la terre. « Qui marie sa fille, disait saint Paul aux Corin- thiens, fait bien ; qui ne la marie pas fait mieux (1) ! » - La limitation de la population est condamnée égale- ment par des socialistes qui reprochent à Malthus de pro- clamer l'impuissance de l’État à assurer aux hommes une équitable répartition des biens et d'aboutir ainsi à da formule la plus odieuse de l’égoisme individuel. La propriété, dit Henry Georges, est illégitime, entretient la misère et entrave le développement de la population. » Ce réformateur appartient à une école qui prétend. pouvoir supprimer la misère, tout en tenant compte du fait que les besoins et les prétentions des classes inférieures augmentent à mesure que la civilisation progresse (2). Aussi ne redoute-t-elle pas les effets d'un accroissement de population qui serait cependant fort rapide sous un régime assurant Ja subsistance à tous les hommes, affranchissant les pères de famille de la (1) La doctrine chrétienne, enseignant que le bonheur n'est pas de ce monde, a certainement un caractère pessimiste; or le pessi- misme met une entrave au développement de la population, de même que la constitution actuelle de la société, qui, étant individualiste, pousse. à la décroissance de la natalité C'est ce qui explique que rAcerdisainent de la Conte est moins rapide chez les catholiques que chez les protestants et les juifs. M. Nitti en cite comme preuve les chiffres suivants : de 1851 à 1864, les 12,365,000 catholiques de l'Europe ont eu un accroissement annuel de 0.48 o/,; les 52,000,000 de protestants, de 0.98 v/a, et les israélités, de 4.53 9 2) Bien des choses considérées aujourd'hui comme indispen- sables étaient objets de luxe il y a deux siècles. La classe ouvrière n'avait alors ni café, ni tabac, ni rare ni genièvre et un grand nombre de travailleurs n’avaient pas même de chemise. Dans l'Inde et en Chine, il y a encore actuellement dek millions d'hommes qui ne se nourrissent que de végétaux. 910 ) crainte d’avoir trop d'enfants (1) et supprimant les guerres par l'établissement d'une harmonie perpétuelle entre les nations. Malheureusement, cet idéal socialiste n’est pas réalisable. Si le collectivisme pouvait fonctionner quelque temps, on constaterait bientôt qu’il ne produit pas les effets bienfaisants qu’en attendent ses apôtres. La raison en est que la misère a moins pour cause une organisation défectueuse de la société que les vices des hommes et l'inégalité native de leurs forces et de leur intelligence. H faut connaître bien peu la nature et l’histoire de la race humaine pour espérer que ces vices et cette inégalité dis- paraîtront. « Il y aura toujours des pauvres parmi vous », dit l'Évangile. Et, en effet, aucune organisation sociale ne peut assurer la subsistance à des familles dont les chefs refusent de travailler ou dépensent le produit de leur travail dans l'ivresse ou la débauche; ce serait du reste encourager-le vice et pousser à la corruption. L'inégalité des conditions durera done aussi longtemps que l’huma- nité, parce qu’il y aura toujours des hommes inégalement doués au physique et au moral. La seule égalité que la société puisse et doive assurer à l’homme est légalité dans le droit et la liberté. L'uto- (4) Le communisme, dit l’économiste Dumont, serait prolifique parce qu’il supprimerait chez le plus grand nombre le désir de s'élever. Le même effet se produit dans les castes de l'Inde d'où l'on ne peut s'élever à une caste supérieure, et dans l'empire chinois où le passage à un rang plus élevé est soumis à des épreuves que bien peu dhommes consentent à subir ou sont en état de subir. Les sociétés communistes de l’antiquité n’ont pu se maintenir, dit Nitti, qu’en limitant la natalité. do Den 1 (He) pie consiste à considérer l'amour et la fraternité comme les seuls ressorts de la production, alors qu’en réalité les plus énergiques stimulants au travail, à l'initiative indi- viduelle et à l'esprit d'invention sont la nécessité pour le père de famille de pourvoir aux besoins des siens et la possibilité d'accroître ensuite son bien-être et sa considé- ration par l'épargne et la propriété. « Rien de plus sim- ple en théorie, dit Garnrer, que ce précepte : Vivons en frères; rien de plus difficile à pratiquer... Les hommes sont ainsi faits que les uns exploitent le dévouement des autres et seraient d'autant plus imprévoyants, paresseux, intempérants qu'ils pourraient plus compter sur des frères plus sobres et plus laborieux. » Ce n’est donc pas le collectivisme qui résoudra la diffi- culté d'assurer des moyens d'existence aux hommes, quel que soit leur nombre. Il ne pourra qu’en rendre la solu- tion plus difficile ou pour mieux dire impossible. C'est ce que comprenait le socialiste Adolphe Wagner quand il disait : « Aucun système socialiste ne peut durer s’il ne commence par limiter les naissances (1). » vette limitation n’est possible qu’à la condition de morceler de plus en plus la propriété, parce qu'un grand nombre de propriétaires désirent n’avoir que un ou deux enfants, les uns pour ne pas faire descendre leur famille du rang qu’elle occupe dans la société, par la division de leur bien, les autres pour la faire monter d’un rang, par l'accroissement de ce bien au moyen du travail et de l'épargne, ce qui constitue le phénomène de la capillarité (4) Grundlegung der politischen Oekonomie, Leipzig, 1873. (918) sociale. Or, la population doit nécessairement décroitre lorsqu'il y a par famille moins de trois enfants, deux pour remplacer les parents, et un pour faire face à len- fant qui viendrait à mourir avant l’âge nubile. L'influence de la propriété sur la natalité est constatée par ce fait que les familles qui n’ont pas de biens immeu- bles : celles des pauvres, des ouvriers, des pêcheurs et des fermiers, sont d’une grande fécondité, les unes parce qu’elles comptent sur l'assistance publique ou sur des réformes sociales dont elles attendent une amélioration de leur sort, les autres parce que les enfants sont des aides qui augmentent le produit de leur travail. Les faits et les considérations que je viens d'exposer prouvent que les maux résultant du débordement de la population sur la production ne peuvent être évités que par l’application des idées de Malthus et le concours des causes inévitables de destruction dont la principale est la guerre. Cette situation a été appréciée dans les termes suivants par notre savant économiste Émile de Laveleye : « Les hommes trop nombreux seront-ils réduits, faute de vivres, à s’entre-dévorer ? Non, notre race trouvera son salut dans le véritable progrès qui peut se résumer en ces mots : plus de lumière, plus de vertu, plus de justice. Plus de lumière fera prédominer la vie de l'esprit sur eelle de la brute qui est en nous. Plus de vertu produira plus de continence et plus de prévoyance. Plus de justice enfin, assurant à chacun pleine possession de son travail, généralisera la propriété, antidote éprouvé contre l'excès de multiplication de notre espèce. » Si le moyen d'entraver le développement de la popu- lation par la division de la propriété était rendu impos- ( 915 ) sible par une réforme sociale, ou si la hmitation volon- taire était condamnée par la religion ou la morale, c'est à la guerre et aux autres causes de destruction qu'il faudrait recourir. Or, la guerre est généralement considérée comme un fléau dont le progrès des mœurs et des idées délivrera humanité. C’est un fléau sans doute, mais inévitable comme les tremblements de terre, les irruptions volcaniques et les cyclones, avec cette diffé- rence qu'au lieu d’être funeste comme ceux-ci, il est au contraire utile, nécessaire même, à titre d’agent de pro- grès et de régénération. La guerre a sa source dans la nature humaine, car l’homme est un combattant. L'instinct de la combativité et de la destructivité se manifeste chez lui dès son jeune âge. Sa cruauté naturelle lui fait aimer la guerre, la chasse, les jeux où l’on verse le sang des bêtes et expose la vie des joueurs. Cela est si vrai que jamais on ne verra des soldats se mettre en grève sur un champ de bataille, où un grand nombre d’entre eux auront à verser leur sang ou à perdre la vie; et cependant si, à ces mêmes soldats, redevenus ouvriers après leur temps de service, on impose une réduction de salaire même peu importante, ils refu- seront de travailler et se porteront peut-être à des actes de rébellion. Le progrès des idées et des mœurs ne ferait donc dis- paraître la guerre que s’il modifiait la nature humaine, ce qui west pas en son pouvoir. « L'état de guerre com- mence, dit Montesquieu, dès que les hommes sont en société. » On ne doit pas le déplorer, car la civilisation est sortie des luttesqui ont accéléré, à toutes les époques, la marche de l'humanité. Le philosophe Hegel, contemporain des guerres de la ( 944) République et de l’Empire francais, qui ont coûté la vie à cinq millions d'hommes, apprécie la guerre dans les termes suivants : « Elle donne du relief à notre vertu, et y met le sceau; elle retrempe les nations que la paix a amollies, consolide les États, éprouve les races, commu- nique à tout, dans la société, le mouvement, la vie, la flamme! » Après les guerres médiques commença pour la Grèce le grand mouvement politique, littéraire, philosophique et artistique que personnifient Périclès, Eschyle, Sopho- cle, Euripide, Pindare, Thucydide, Socrate et Phidias. Aucun grand progrès dans l’ordre politique et social n’a été réalisé sans le concours de la guerre. Ce sont les armées de la féodalité qui ont repoussé les barbares vain- queurs du Bas-Empire et qui, plus tard, ont préservé l'Europe de la domination des musulmans. L’affranchis- sement des communes, la constitution de l'unité natio- nale et l’abolition de l’esclavage sont l’œuvre de la civilisation s'appuyant sur les armées. Les libertés civiles et politiques conquises et proclamées par la Révolution française, ne se seraient pas répandues dans le monde si les forces qui s’opposèrent à leur expansion n'avaient été vaincues par les armées de la République et de l'Empire. Jamais l’activité intellectuelle de l’Europe dans le domaine des sciences, de l’industrie et du commerce n’a été plus vive et l'esprit d'entreprise plus général, plus hardi, qu'après ces grandes guerres du commencement de notre siècle. Jamais aussi de plus merveilleux résultats n’ont été obtenus. Tout récemment un fait remarquable a permis de con- stater l’utile influence qu'une guerre même malheureuse peut exercer sur les destinées d’un peuple. La Chine, ( 915 ) dont l’état social n’a pas varié depuis mille ans, est sortie de sa léthargie et va se mettre en marche, uniquement parce que son armée et sa flotte ont été battues et son territoire envahi par les Japonais. Avant peu elle aura des chemins de fer, des lignes télégraphiques, des câbles sous-marins, des établissements et des institutions qui la feront entrer dans des voies où elle refusait de s'engager avant ses salutaires désastres. Cet immense empire, dont la population dépasse celle de l’Europe, serait done resté immobile, sans force, sans influence, sans utilité dans le monde, s’il m'avait passé par l'épreuve eivilisatrice et régénératrice de la guerre. Ce prétendu fléau est en réalité, comme le dit Renan, « une des conditions du progrès ». La civilisation ne diminue ni les risques de la guerre ni les maux qu'elle entraîne. On peut même dire qu'elle pousse au développement des armées, car sans les progrès réalisés dans le domaine des sciences et de l’industrie, progrès auxquels nous devons les bateaux à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes et les procédés de con- servation des aliments, il serait impossible de faire mar- cher, combattre et subsister des armées de plusieurs cen- taines de mille hommes. Les pertes que ces grandes armées feront subir à l'humanité seront énormes, à cause de la puissance de leur armement et de l'impossibilité d'arriver au dénouement d’une bataille avant plusieurs jours de combat. A Leipzig, où Napoléon eut à combattre 300,000 alliés avec une armée de 150,000 hommes, la lutte ne cessa qu'à la fin du quatrième jour, et cependant cet ensemble de forces ne représente que le tiers de celles qui se trouveront en présence sur les futurs champs de bataille de l'Europe. ( 916 ) Parmi les causes qui viendront en aide aux armées, pour entraver le développement de la population, se trouve l'alcoolisme, « un fléau plus redoutable, dit Glad- stone, que la peste, la famine, le choléra et la guerre ». Une cause secondaire, concourant au même résultat, est le féminisme, qui est appelé à prendre un grand déve- loppement et dont les effets se Sont déjà fait sentir dans la Nouvelle-Zélande, l'Australie du Sud et une partie des États-Unis. Dans la Nouvelle-Zélande, la natalité, qui était de 40 °/o en 1871, est descendue à 27 °/ en 1895. Cette décroissance provient de ce que les femmes, employées aux mêmes travaux que les hommes, sont peu disposées à se marier et redoutent, quand elles ont renoncé au célibat, les charges de la famille. Mais ces diverses causes de limitation de la population n'empêcheront pas que celle-ci ne déborde finalement sur la production, alors même qu’on augmenterait consi- dérablement l'étendue des terres arables du eide et le rendement de ces terres. Les économistes les plus rassurants dans leurs prévi- sions sont obligés d’en convenir, mais ils jugent inutile d'appeler l'attention de leurs contemporains sur ce qui arrivera quand cette situation se présentera. « Il est bon, dit Leroy-Beaulieu, que le nombre des hommes augmente dans une certaine mesure. Évidem- ment cet accroissement ne pourra pas se poursuivre pendant la durée indéfinie des siècles, puisque, si modeste fùt-il, au bout de cinquante ou cent siècles, il finirait par transformer la terre en une fourmilière. Mais nous n'avons charge de nous inquiéter de ce qui se pas- sera dans cinquante ou cent siècles, ni même. dans $ à i B en den EE EEN RE TRE BTE di (IT) dix siècles, et il suffit que notre prévoyance s'étende à une couple de centaines d'années (1). » Le savant économiste considère deux cas: celui où l’'honime continuerait à vivre sans modifier son régime alimentaire et où l’agriculture resterait à peu près dans ` l’état où elle est actuellement; et celui où l’homme, pour faire produire à la terre le maximum de céréales, conver- ürait les pâturages en terres arables, renoncerait à la nourriture animale et ferait faire à la culture des progrès qui augmenteraient considérablement le produit des champs. Dans le premier cas, « il serait possible, dit-il, de tripler la population du globe sans qu'on pùt vraiment soutenir qu'il y eût encombrement, à condition de la déverser sur tous les points de la terre, en raison de leurs facultés productives (2) ». Dans le second cas, le monde ne pourrait nourrir plus de 10 à 12 milliards d'habitants (5). L'humanité se trouve done fatalement acculée à ce dilemme : entraver son développement par des moyens préventifs et des moyens de destruction, ou se résigner à voir cet effet se produire par la misère, en vertu du principe que la population se proportionne toujours aux moyens de subsistance. Levasseur espère que les pays fortement peuplés échapperont à cette cruelle limitation en suivant l’exem- ple de son pays, où le paupérisme décroit par l'effet de la (4) Traité pratique et théorique d'économie politique, t. IV, p. 634. (2) Traité pratique, ete., t. IV, p. 531. (3) Traité pratique, ete., t. IV, p. 540. ( 98 ) diminution de la natalité, conséquence du morcellement du sol et de l’accroissement des richesses. « Nous inclinons à penser, dit-il, que plusieurs nations, probablement parmi les plus denses et les plus riches, verront quelque jour, comme la France, leur croissance se ralentir d’une manière continue, et le mouvement de leur population se rapprocher de l’état stationnaire; peut- être à cette époque, si l'esprit européen n’est plus hanté par le cauchemar de la guerre, les démographes s’accor- deront-ils à louer ce ralentissement comme un grand progrès de la prévoyance humaine. » La guerre et le cauchemar qu’elle provoque ne pouvant disparaître et les grands États ayant tout intérêt à voir leur population s'accroître, exemple de la France ne sera pas suivi si tôt et l’idéal du savant démographe ne se réalisera que dans un avenir lointain, s’il doit se réaliser jamais. Il avoue du reste, dans un autre passage de son livre, que « la population de la France s’accroit trop lentement pour maintenir son rang dans l'échelle des populations européennes ». La même opinion a été exprimée. par Leroy-Beaulieu : « La stagnation de la population, dit-il, n’est pas seulement pour la France une cause incontestable d'infériorité, tant politique qu'économique, mais aussi une cause d’amollissement.… L'enfant unique est entouré d'une tendresse si pusilla- nime, de soins si minutieux, que la trempe de son carac- tère s'en trouve fort affaiblie et que l'esprit d'entreprise chez lui tend à disparaître (1). » C’est la principale cause de l’infériorité des Français comme peuple colonisateur. (i) L'économiste français, n° du 15 août 1896. ( 939 ) Les familles allemandes et anglaises ne craignent pas d'exposer quelques-uns de leurs enfants aux privations et aux dangers de l'exploitation industrielle et commer- ciale dans les pays tropicaux ou de la recherche de débouchés nouveaux dans des contrées barbares encore inexplorées. Lorsque la ressource de l'émigration fera défaut aux nations prolifiques et que toutes suivront l’exemple de la rance, humanité arrivera à une situation stable dont elle n’aura pas à se féliciter, car le déséquilibre entre la population et la production est, d’après Darwin, « le moteur le plus puissant du progrès, l’auteur bienfaisant de l’évolution sociale ». Et en effet, la lutte pour lexis- tence sera d’autant plus vive et acharnée que l'excédent de population sera plus grand. Si la limitation volontaire de la population et les causes inévitables de destruction parvenaient à préserver l'humanité de cette lutte et de la limitation forcée qu’elle entraine, la principale source du progrès se tarirait. La plupart des économistes sont convaincus que les idées philanthropiques feront préférer cette solution à celle qui accélérerait la marche de l'humanité au prix de la mort d’un grand nombre de misérables. Leroy- Beaulieu évite de s'expliquer sur les consé- quences de l’état de stagnation qu'il prévoit. Voici ses paroles; elles expriment plutôt la crainte que le désir de voir réaliser sa prévision : « On dira : l'inégalité entre l'accroissement de la population et l'accroissement des forces productives du sol finira par être un jour le grand obstacle que rencontrera l'humanité. Oui, certes, nous l’admettons. Selon la parole de Stuart-Mill, « il y aura » une inévitable nécessité de voir le fleuve de l’industrie 920 ) » humaine aboutir en fin de tout à une mer stagnante »: Mais quoi! si quelques dizaines de siècles nous séparent de ce temps fatal, ne pouvons-nous mettre notre esprit en repos ? » Bien ge « Loies dizaines de siècles » ne consti- tuent qu'une courte période dans la durée de l'humanité, on comprend que la génération actuelle ne s'inquiète pas de ce qui arrivera dans un temps si éloigné ; mais l'homme d'Etat, Péconomiste, le sociologue et le philosophe, dont les prévisions et la sollicitude doivent s'étendre aux géné- rations futures, ne partageront pas cette égoïste indiffé- rence. Ils reconnaitront que la guerre et les autres causes d’accroissement de la mortalité ne pourront pas seules empêcher le débordement de la population, et que celle- ci devra par conséquent être limitée volontairement pour éviter les maux résultant d’un accroissement excessif de la race humaine. | Cette nécessité est cependant contestée encore par les économistes qui soutiennent avec Rümelin, mais sans appuyer leur opinion d'aucune preuve, que « le problème de la population se résoudra de lui-même ». Elle est contestée aussi par ceux qui échappent à toute discussion en affirmant que la Providence saura préserver l’huma- nité des maux que la science déclare inévitables (1). Elle est contestée enfin par ceux qui disent avee Spencer : « Quand le globe sera entièrement habité, quand il sera cultivé aussi bien qu’il peut l'être dans toutes ses parties habitables, quand l'intelligence et les sentiments néces- saires à la vie sociale se seront développés, l'abondance (1) « Dieu, dit Luther, crée les enfants et les nourrira. » ( 921 ) de la population aura accompli sa mission et cessera graduellement (1). » ais l'éminent sociologue ne nous apprend pas com- ment l’abondance de la population pourra cesser gra- duellement, si l'on n’applique pas les idées de Malthus, dont il combat la doctrine. La nécessité de cette application est contestée par ceux qui espèrent que la science créera de nouvelles substances alimentaires, en dehors du règne végétal et du règne animal. Puisque, disent-ils, elle est parvenue à extraire, des minéraux, la glucose et des corps gras, pourquoi n’en extrairait-elle pas aussi la matière du blé qui se compose d'amidon, de cellulose et de gluten, dont les éléments constitutifs sont le carbone, l'hydrogène, l’oxy- gène et l’azote ? L'espoir de ces économistes est fondé sur le témoi- gnage d’un célèbre chimiste français, M. Berthelot, qui s’est exprimé comme suit au banquet donné en avril 1894 par la Chambre syndicale des produits chimiques : « En Pan 2000, il n’y aura plus dans le monde ni agri- culture, ni pâtres, ni laboureurs : le problème de l’exis- tence par la culture du sol aura été supprimé par la chimie! Il n'y aura plus de mines de charbon de terre et d'industries souterraines, ni par conséquent de grèves de „mineurs! Le problème des combustibles aura été sup- primé par le concours de la chimie et de la physique. H n’y aura plus ni douanes, ni protectionnisme, ni guerres, ni frontières arrosées de sang humain! La navigation aérienne aura relégué ces institutions surannées dans le (4) Résumé de la doctrine de Spencer donné par Nitti dans son livre sur la population. Se SÉRIE, TOME XXXII. 60 (922) passé. Nous serons alors bien près de réaliser les rêves du socialisme. » Le savant qui nous fait cette prédiction n'est-il pas lui-même sous l'influence d'un rêve, et croit-il parler sérieusement quand il nous dit : « Tout se passera comme je annonce, pourvu que l'on réussisse à découvrir une chimie spirituelle qui change la nature morale de l’homme aussi profondément que notre chimie transformera la nature matérielle. » Cette chimie matérielle, M. Berthelot la connaît mieux que personne, mais lillustre savant n’a pas encore trouvé et ses successeurs ne trouveront pas non plus cette merveilleuse chimie spirituelle, devant transformer complètement la nature humaine qui n’a pas subi la moindre modification depuis les temps historiques. Quant aux grands progrès à réaliser dans l’ordre matériel, aucun ne semble impossible à M. Berthelot. « Le jour, dit-il, où l’énergie sera obtenue économiquement, on ne tardera pas à fabriquer des aliments de toutes pièces avec le car- bone emprunté à l'acide carbonique, avec l'hydrogène et l'oxygène pris à l’eau, avec l'azote tiré de l’atmosphère. » On sera alors obligé de trouver mieux que le charbon, qui produit la vapeur, mais dont la proportion va sans cesse en diminuant. « Or, le principe de cette invention, dit M. Berthelot, est facile à concevoir : il faut utiliser la chaleur solaire ; il faut utiliser la chaleur centrale de notre globe. Cette dernière sera captée en creusant des puits de 3,000 à 4,000 mètres de profondeur, ce qui ne surpasse peut-être pas les moyens des ingénieurs actuels, et surtout ceux des ingénieurs de lavenir..... L'eau atteindrait au fond de ces puits une température élevée et développerait ( 923 ) une puissance. capable de faire marcher toutes les machines possibles. » Quand la chimie aura accompli dans le monde cette révolution, « il n’y aura plus, affirme le savant chimiste, ni champs couverts de moissons, ni vignobles, ni prairies remplies de bestiaux, l’homme gagnera en douceur et en moralité, parce qu’il cessera de vivre par le carnage et la destruction des créatures vivantes. Il n’y aura plus de distinction entre les régions fertiles et les régions stériles. eut-être même que les déserts de sable deviendront le séjour de prédilection des civilisations humaines, parce qu’ils seront plus salabres que ces alluvions empestées et ces plaines marécageuses engraissées de putréfaction qui sont aujourd’hui le siège de notre agriculture... La terre deviendra un vaste jardin arrosé par l’effusion des eaux souterraines et où la race humaine vivra dans l’abondance du légendaire âge d’or. » Ce beau rêve est aussi peu réalisable que la prophétie d'Isaïe annonçant qu’un jour viendra où le veau et lours paitront dans les mêmes pâturages et où le lion mangera de la paille comme le bœuf. La vérité, dégagée de toute illusion, est done celle-ci : Ou bien l'humanité, limitée dans son développement par les causes inévitables de destruction et par la contrainte morale, aboutira à un état de stagnation qui tarira la principale source du progrès, ou bien elle s’accroîtra librement, puisera sans cesse de nouvelles forces dans la lutte pour l'existence et se résignera à voir disparaître prématurément et misérablement ceux qui succomberont dans cette lutte. Ne pouvant éclairer les hommes de l'avenir sur les ( 924 ) effets de la solution qui l'emportera, je me bornerai à dire aux hommes du présent, sous forme de conclusion : Félicitons-nous d’être venus au monde dans le siècle de la vapeur et de l'électricité, de ces merveilleux agents qui ont développé si rapidement le commerce et l’indus- trie, sources de bien-être et de prospérité; dans ce siècle où l’on peut encore se marier sans avoir de sombres préoc- cupations, où l’on n’est pas encore obligé, pour augmenter la production, de supprimer les vignobles, les jardins et les parcs d'agrément et de renoncer à la nourriture ani- male; dans ce siècle où la chimie n’a pas encore fait les progrès annoncés par M. Berthelot, qui auront pour résultat de supprimer toute distinction entre les terres fertiles et infertiles et d'engager les hommes à choisir les déserts comme lieux d'habitation; dans ce siècle, enfin, où l’on n’en est pas encore réduit à se contenter de ce menu de l'éminent chimiste français : « Une petite tablette de matière azotée, une petite motte de matière grasse, un petit morceau de fécule ou de sucre et un petit flacon d'épices, le tout exempt de microbes pathogènes. » Oui, félicitons-nous d’appartenir à ce siècle de lumière, de tolérance et de liberté, — que nos descendants appel- leront le grand siècle, — où il y a encore assez de place au banquet de la vie pour que tous puissent s’y asseoir, si nous voulons bien nous serrer un peu et nous entr’aider. (925 ) La géographie physique et la géologie; par Ch. de la Vallée Poussin, associé de l’Académie. Invité à faire une lecture à la séance publique de la Classe des sciences de l’Académie, il ma paru que mes savants confrères s’intéresseraient à quelques considéra- . tions concernant les rapports devenus de plus en plus intimes entre la géographie physique et la géologie dans la science de notre temps. Parmi ces relations, il en est qui furent saisies de bien bonne heure; car, dès l’antiquité, les Grecs avaient compris les conséquences de certains phé- nomènes physiques pour la transformation progressive des contrées, et signalé l'instabilité de ce qui apparaît le plus stable. En voici un exemple classique. Hérodote, qui avait visité la vallée du Nil et conféré avec les prêtres du pays, nous enseigne que les plaines fertiles de la Basse-Égypte sont le produit des alluvions accumulées de siècle en siècle par le grand fleuve. Il ajoute que ces alluvions comblèrent un golfe de la Médi- terranée qui s'étendait primitivement au midi beaucoup au delà du lac Meeris. Il compare ce golfe antique à la mer Rouge, et il calcule le temps nécessaire au comble- ment de cette dernière mer, si le Nil, se détournant à l'est, y portait désormais ses alluvions (1). Quand il écrit ces choses, Hérodote observe et raisonne exactement comme nous le faisons à l'heure actuelle. (4) HÉRODOTE, liv. II, 40, 41. ( 926 ) Le même esprit d'observation se révèle çà et là chez les philosophes et les géographes anciens, à propos des divers modes de formation des îles, de la modification séculaire des rivages, de la transformation d’un fond marin en terre ferme et réciproquement. Dans nos temps modernes et avant notre siècle, les questions du même ordre ont préoccupé un grand nombre de naturalistes. Kircher, Steno, Guettard, Buffon, Giraud- Soulavie, De Luc, Werner (1), pour ne citer que peu de noms, ont cherché à rattacher telle ou telle forme topo- graphique aux causes physiques capables de les produire. Leurs explications sont parfois judicieuses. Mais les con- ceptions hypothétiques avaient le dessus; les recherches manquaient de suite; les causes vraiment agissantes n'étaient pas envisagées d’assez près. Pour trouver la méthode efficace, il faut, semble-t-il, en venir au père de l’école écossaise en géologie, à James Hutton, qui, dès 1785, dans une séance de la Société royale d'Édimbourg, lisait à quelques amis un mémoire où le rôle de l'atmosphère et des eaux sur le modelé toujours changeant du globe était apprécié avec une justesse admirable (2). Alexandre de Humboldt lui-même, si grand maître dans la physique du globe, en percevait moins bien les conséquences sur le relief continental. (1) On doit signaler notamment les vues exprimées par Guettard sur la dénudation continentale. (Mémoire sur différentes parties de la phy- sique, t. III, p. 223. Paris, 1774 ) Mais l’auteur français n’en avait pas poursuivi les conséquences comme le fit Hutton quelques années plus tard. (2) Theory of the Earth. (TRANS. OF THE ROYAL SOCIETY OF EDIN- BURGH, t. I.) Conf. : James Hutton et la géologie de notre temps. (REY. DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, juillet 1891.) (181) C'est l’école de Hutton et de ses disciples qui a ouvert nos yeux sur la portée géologique des actions physiques qui nous entourent, actions lentes le plus souvent, mais plus ou moins constantes et générales, et dont l'efficacité est presque sans limites, si l’on accorde un temps suffisant. Ils indiquaient ainsi le chemin qu’il faut prendre pour arracher le secret des transformations géographiques, et relier sans trop d'erreur le présent de la Terre à son passé. es agents modificateurs de la surface du globe, beau- coup mieux étudiés qu’autrefois, se prêtent à la solution de problèmes géographiques autrement complexes que celui traité par Hérodote. Si ces agents sont les facteurs qui ont donné la dernière main au monde que nous habitons et que déerit la géographie, leur empreinte doit être reconnaissable sur tous les points de la surface où l’homme n’est pas intervenu directement. Démêler ces empreintes, les rapporter à leurs causes, telle est la tâche de l'étude qui nous occupe. Pour aboutir, elle doit faire appel à diverses branches du savoir. On doit posséder la figure exacte des contrées; connaître dans une certaine mesure et comprendre leur structure géologique, et finalement apprécier la nature et la valeur des puissances dynamiques qui travaillent la superficie du globe. De grands pas ont été faits de notre temps dans toutes ces directions. Et d’abord, cette forme extérieure et dernière du globe, avec ses mers et ses continents, ses plateanx et ses val- lées, ses plaines basses et ses rivières, dont on essaie d'expliquer la genèse, il en faut avant tout connaître la configuration. Par l'absence des documents et aussi par le manque de méthode, la plupart des anciennes cartes. de géographie sont d’un usage très restreini-au point de vue ( 928 ) physique. Les divisions et subdivisions politiques, les itinéraires, le nom des localités encombrent le canevas qui ne renseigne pas sérieusement les inégalités du sol continental. Une révolution s’est opérée. L'explorateur et le géographe ne sont satisfaits que quand les coordon- nées d’un point sont accompagnées des chiffres de son altitude. On n’a épargné ni les voyages, ni les mesures, ni les calculs pour beaucoup de contrées dont on pos- sède le levé sensiblement exact. Je suis heureux de citer la Belgique avec les cartes terminées de l’Institut mili- taire, aux échelles du 20 000° et du 40 000°, accompagnées de courbes équidistantes de niveau très rapprochées les unes des autres. Comme un exemple entre beaucoup d’autres du parti que l’on peut tirer des cartes donnant les altitudes positives et négatives relativement au niveau de la mer, nous rappellerons les recherches aussi intéres- santes que décisives de M. Mac Gée sur les grandes oscil- lations subies par la plaine maritime des États-Unis depuis l'ère tertiaire (1). Même les cartes actuelles des régions très éloignées, ou moins avancées et dressées à petite échelle, dénotent la préoccupation scientifique des auteurs. Si l’on consulte les bons atlas généraux, on admire le soin donné à l'oro- graphie et à l’hydrographie des divers continents. On mesure le progrès accompli si l’on compare, par exemple, les premières éditions de l’atlas de Stieler avec celle de 1890, ou le grand atlas encore inachevé de Vivien de Saint-Martin avec l'atlas célèbre autrefois de Lapie. (4) Voir le grand mémoire: The Lafayette formation, par M. M'Gé (UNITED STATES GEOLOGICAL SURVEY, 42e Rep., t. I, pp. 347-521) et = cartes attenantes, à échelle du cinq-milliouième. M ER ( 929 ) Rappelons aussi les recherches récentes de sondage et de draguage opérées à toutes profondeurs dans les bas- sins marins. Elles nous ont appris, du moins dans ses traits généraux, la topographie du fond des océans et des mers intérieures. Il est devenu possible de comparer dans une certaine mesure les reliefs sous-marins aux reliefs continentaux, et d'y lire des analogies et des contrastes très suggestifs dans la grave question de l'ancienneté des continents. Cette représentation plus vraie que nous nous formons de la morphologie terrestre peut écarter, par elle seule, des hypothèses ingénieuses soutenues jadis par des savants célèbres. Ce n’est pas sans raison que M. E. de Margerie a remarqué que la théorie des fuseaux sphé- riques d’écrasement invoquée par Elie de Beaumont pour classer ses systèmes de montagnes, n’eût pas com- porté les développements inutiles que lui donna l’auteur s’il avait eu en mains nos documents cartographiques. De son côté, la géologie a centuplé ses richesses durant la seconde moitié de notre siècle, les travailleurs consti- tuant une petite armée dispersée dans tous les continents. Le théâtre de l’investigation étendu à tant de régions différentes a fait retrouver partout les systèmes stratigra- phiques établis primitivement sur les données fournies en un coin de l’Europe, parce qu'ils sont reconnaissables à distance, par l’évolution graduelle et générale des orga- nismes fossiles qu’ils renferment. Ces systèmes com- portent néanmoins des variations régionales auxquelles on ne s'attendait pas : variations graves, parfois embar- rassantes, mais éminemment instructives, puisqu'elles répondent aux conditions physiques qui présidèrent à la formation des dépôts. L'interprétation de ces variantes ( 930 j amène naturellement l'observateur à scruter des facies pélagiques, littoraux, lagunaires et d'eaux saumâtres, continentaux, glaciaires, volcaniques, tous susceptibles d’apparaître à un même niveau de l'échelle des terrains. En cherchant à les raccorder les unes avec les autres, on entrevoit peu à peu l'emplacement de l'Océan et des mers intérieures, la configuration des côtes, la distribu- tion des chaines de montagnes, parfois celle des lacs et des rivières, en un mot la physionomie de la surface en un temps reculé de lhistoire de notre Terre. Les dra- guages pratiqués de notre temps au fond des océans Atlantique, Pacifique, Indien, et de la plupart des mers intérieures, apportent ici leur part de renseignements utiles. Ils ont conduit à classer les dépôts marins actuels comme terrigènes ou comme océaniques, distinction importante, qui projette ses conséquences dans l’analyse des dépôts plus anciens, puisqu'elle fournit une sorte de critère pour supputer à quelle profondeur bathymé- trique, à quelle distance de la côte ces dépôts se sont formés. han En s'étendant de la sorte, le champ de l'observation a soulevé, comme on voit, des questions nouvelles, imposé un examen de plus en plus approfondi de la structure du sol et du sous-sol, et il s’en est suivi plus d’une rectifica- tion des idées auparavant acceptées sur la nature et là marche des agents de transformation. Parmi ces décou- vertes de notre temps, qui éclairent d’un jour nouveau les formes géographiques, il faut, selon nous, ranger au tout premier plan celle du rapport existant entre les zones terrestres à couches plissées et converties èn chaines de montagnes, d'une part, et les massifs stables et rigides contre lesquels les premières ont été refoulées et froissées par une poussée latérale. Il en résulte que ces massifs ( 931 ) résistants, représentés généralement par les plates-formes et les grands plateaux de nos continents, sont précisé- ment côtoyés par les plus hautes chaînes de montagnes. Le mode de distribution des traits orographiques qui dominent la surface de notre planète rencontre done ici son explication. Les orientations variées, les liaisons, les grandes bifurcations de l’Atlas, des Pyrénées, des Alpes et des Apennins, des Carpathes, des Balkans, du Caucase, de l’Indou-Koh, de l'Himalaya avec ses divergences vers la Chine, l’Indo-Chine et l’Insulinde, des Montagnes Rocheuses, de la Sierra-Nevada, de la Cordillère des Andes, se trouvent ainsi justifiées pour la première fois! Ed. Suess, l’homme de génie à qui appartiennent ces vues magistrales, confirmées par les études de détail, n’a pas méconnu la part dévolue à l’affaissement dans cés grands mouvements de terrains. Ces affaissements sont impliqués dans l'interruption brusque de certaines chaînes, comme dans la disparition partielle ou totale de plusieurs massifs, actuellement ensevelis sous les mers. L'abaissement d'un paquet de roches le long des failles avait été noté des milliers de fois, mais l'extension que le phénomène peut prendre avait échappé aux observateurs, et l’on ne se doutait pas naguère qu'il fallût rattacher à des effondre- ments les fosses profondes et beaucoup de découpures des mers intérieures de l’Europe, de l'Amérique, de l'Asie et de l'Océanie. Après quoi il est permis de se demander si la chute verticale des compartiments de l'écorce n’égale pas les redressements sous forme de bourrelets montagneux dans le dessin présent du globe (1). (1) Conf. sur ce point : E. Kayser, Lehrbuch der Geologie, Erst Th., pp 422-498, 1893. ( 968 à Nous avons assisté, depuis une vingtaine d’années, à plusieurs de ces modifications des doctrines géogéniques, imposées par le progrès des connaissances et dont les corollaires portent directement sur la géographie phy- sique. Un résultat bien acquis à la science, c’est la pré- pondérance de la dénudation continentale sur l'érosion côtière dans les modifications de la terre ferme, pré- pondérance qui échappait au coup d'œil de Lyell. Un autre résultat très moderne de l’investigation en Europe comme en Amérique, c’est le rôle capital réclamé par les glaciers proprement dits au détriment de celui des glaces flottantes dans la formation des immenses terrains de transport qui recouvrent le nord des deux continents, et, chez les glaciers eux-mêmes, l’action puissante d’un terme à peine aperçu des premiers glaciéristes, la moraine profonde, à qui l’on doit faire appel pour rendre compte de la composition et de la structure du sol en Scandi- navie, en Allemagne, en Écosse, au Canada et aux États- Unis, pour les territoires contigus aux grands lacs. Il en est de même avec l’action géologique des courants de l’atmosphère. On savait depuis des siècles que les vents transportent les cendres volcaniques à d’énormes distances et qu’ils entassent des montagnes de sable au milieu des déserts ou le long de certaines côtes; et l'on s’en tenait là. L'idée de leur attribuer un rôle très actif dans la formation des nappes de terres meubles, qualifiées de limon, terres suffisamment perméables, parfaitement appropriées au développement des plantes sous un ciel favorable, et qui recouvrent des millions de kilomètres carrés dans l’ancien et le nouveau continent, cette idée, il y a peu d'années encore, était étrangère aux théories géologiques. A la suite de l'exploration de l'Asie centrale ( 933 ) par M. de Richthofen, on a saisi pour la première fois la valeur du transport aérien de la poussière dans l’éco- nomie du globe. Appelées de siècle en siècle par les vents d'est et de nord-est dans le bassin du Hoang-Ho, les nuées poussiéreuses l'ont revêtu, sur une énorme épais- seur, de ces fameuses terres jaunes qui l'emportent en fertilité sur les terres d’alluvion. Des raisons que nous n'avons pas à rappeler ici décèlent également l’interven- tion aérienne dans la formation d’une grande partie des limons de l’Europe centrale et occidentale et des deux Amériques (1). En possession d'idées plus justes sur le mécanisme des changements physiques, les géologues sont plus assurés de leurs inductions quand, après en avoir étudié anatomie, ils entreprennent l'histoire d’une région natu- relle. Ils apportent ainsi à la géographie savante la méthode et les données qui permettent à cette science de remonter à l'origine des choses qu’elle se contentait de décrire. C’est pourquoi les livres traitant de la géogra- phie physique publiés en Allemagne par Supan, par Günther, par Penck, renferment des chapitres étendus qui seraient à leur place dans un traité de géologie. Le beau livre publié récemment par M. de Lapparent, sous le titre de Leçons de géographie physique, est à bien des égards l’œuvre d’un géologue. Amenée à donner la vraie signification des faits géographiques sur toute la surface du monde, la géologie s'engage dans une carrière pleine de grandeur, mais (1) Conf. BERGHAUS, Physikalischer Atlas, % Auf., Nr 4: Erodierte aeolische Aufschüttung. (954 ) hérissée de difficultés, et qui réclame plusieurs généra tions de savants. L'ampleur du domaine à conquérir n’en est pas l’unique raison. Sans insister sur la modification probable de plusieurs de nos vues théoriques au cours d’un inventaire général de la surface des continents, l'application pure et simple des influences dynamiques scientifiquement établies à l’évolution physique d’un pays exigera maintes fois du naturaliste autant de saga- cité que de patience, même lorsqu'il se borne aux der- nières phases du globe. La difficulté réside dans la superposition des matériaux nouveaux aux matériaux d’ancienne date dans tout territoire, Pour éclaircir lori- gine et la disposition présente des uns et des autres, on doit communément s'adresser à des facteurs très divers et susceptibles des plus graves oscillations. Car si l'obser- vation des phénomènes actuels est la base de nos induc- tions les plus certaines, il n’est pas moins avéré que chaque cause modificatrice de la topographie peut changer singulièrement de direction ou d'intensité avec le temps dans le même lieu. Il en découle que l’on ne commente souvent les caractères les plus saillants d’une contrée qu’en partant d'influences très opposées, parmi lesquelles il en est d’entièrement disparues. Le voyageur qui contemple la physionomie du Sahara algérien, sous son ciel sans nuages balayé par les vents du nord, se rend un compte immédiat de l'absence de végétation, comme de la présence et de l’alignement des dunes de sables; mais sous de telles conditions climato- logiques, il ne s’explique ni la présence d'alluvions des- séchées, ni les larges couloirs qui découpent les plateaux. ni le prolongement de ces mêmes plateaux sous forme de buttes isolées et grandioses s'élevant çà et là dans le ( 953 ) désert : accidents qui constituent autant de témoins d’un régime très humide et d’une action extrêmement éner- gique des eaux courantes à la surface de l'Afrique en un temps antérieur (4). _ En Belgique, les cours parallèles de la Gette, de la Dyle, de la Senne, de la Dendre, de l’Escaut et de la Lys accusent entre le présent et le passé une discordance analogue. Dans leur traversée du Brabant et des Flandres, toutes ces rivières commencent par couler au nord-est, fait contradictoire avec la pente moyenne du plan terri- torial actuel, lequel s’ineline au nord-ouest vers la mer du ord. L'histoire d’un réseau fluvial peut être d’une compli- cation singulière, tant par l’ancienneté de son origine, d'ordinaire très reculée, que par les révolutions qui se sont succédé dans l’atmosphère et par les déformations du bassin qu’il arrose. La reconstitution chronologique de tous ces événements suppose, avec la connaissance appro- fondie de la géologie du bassin, un tact critique qui n’est pas sans analogie avec celui qu’exige l'interprétation d’un palimpseste. Les hydrographes de nos jours en ont donné de fort bons exemples en retraçant l’histoire de quelques fleuves d'Amérique et d'Europe. On y apprend que tout peut se rencontrer dans l’évolution progressive de certains cours d’eau. Existence de rivières répondant à un relief originaire à demi effacé; formation postérieure d’autres rivières se rattachant aux modifications subies par le relief primitif; capture des rivières les moins douées au point de vue du volume et de la pente par des rivières voisines (4) G. ROLLAND, „Aperçu sur l'histoire géologique du Sahara. depuis les temps primaires jusqu'à l'époque actuelle. (BULL. DE LA SOC GÉOL, DE FRANCE, 3e série, t. XIX, pp. 247 et suiv.) ( 936 ) en possession de plus d'énergie et qui creusent leur che- nal avec plus de rapidité; décapitation d’autres rivières dont les eaux de tête s'écoulent dans un sens opposé à celui qu’elles suivirent d’abord ; partage d’un affluent jadis continu en tronçons désormais indépendants : la plupart de ces vicissitudes se révèlent dans l’hydrographie des Alleghanys et des contrées avoisinant les grands lacs de l Amérique, comme aussi dans les bassins de la Seine, du Rhin et de diverses rivières d'Allemagne (1). Si, comme l’écrivit le botaniste Turpin, l’on ne com- prend bien les choses qu’à la condition de savoir comment elles sont arrivées, on devine combien de problèmes com- plexes les investigateurs auront à résoudre avant de nous transmettre l'intelligence de la géographie universelle! Quoi qu'il en soit de cette longue échéance, la marche des découvertes accomplies touchant l’origine topographique de plusieurs contrées est de nature à encourager. Elle montre que les observations précises faites en un canton sont parfois applicables à des régions tout entières. Elle enseigne aussi qu’en dépit de ses préjugés et de ses tâton- nements immanquables, l'intelligence humaine, grâce à quelques données bien comprises, est ramenée un jour en face de phénomènes dont elle ne soupçonnait pas la portée, et qui éclaircissent du même coup l’origine de beaucoup de pays. Les recherches concernant le terrain erratique du Nord et sa signification véritable sont des plus instructives à cet égard. Rappelons-en l’histoire en raccourci. (4) Conf DE LApPARENT, Leçons de géographie physique, 10° leçon, pp. 181-205; 24e leçon, pp. 539-563 et passim. p a i 4 1 ( 937 ) Voilà un terrain qui tapisse les plateaux sur une surfacé colossale dans le nord de l’Europe et de l’ Amérique. Sa dénomination rappelle les blocs de roches de provenance exotique qu'on y rencontre à chaque pas. I] a sa topogra- phie et ses paysages qui ne ressemblent pas à d’autres. En Suède et en Finlande surtout, c’est une région de lacs, d'étangs, de marais alignés vers le sud, entourés de col- lines formées de granits et de gneiss; collines basses, mame- lonnées, polies ou sillonnées de cannelures profondes et de stries : l’extrémité de ces collines tournée vers le nord s’abaissant en pente très douce, tandis que l’extré- mité opposée se termine invariablement par une pente raide. Des fragments pierreux de transport, parmi les- ` quels des blocs de granit de la grosseur d'une maison, sont éparpillés sur la surface ou entassés en monticules. Rien de mieux marqué que le parallélisme de tous les traits du paysage : lacs, marais tourbeux, collines mame- lonnées, amas de débris sont orientés systématiquement vers le sud. Là aussi apparaissent les accumulations étranges nommées æsars par les habitants. Ce sont des levées rectilignes ou légèrement sinueuses, portées à 40, 50 mètres au-dessus du plateau et composées d’argile, de sable, de fragments de blocs. Elles rappellent des chaus- sées gigantesques, parfois d'énormes remblais de chemin de fer. Elles persistent sur 50, 80, 100 kilomètres de longueur et gardent une allure qui semble mdépendante du sol qui les porte. Elles passent avec indifférence sur les renflements et les dépressions de la surface, comme au travers des lacs et des étangs qu'il leur arrive de cou- per en deux. Plus avant au midi, les débris superficiels de plus en plus abondants finissent par recouvrir entièrement les 3"? SÉRIE, TOME XXXII. 6 ( 938 ) terrains cristallins et paléozoiques. On arrive à des col- lines plus ou moins elliptiques (Drumlins des Américains) où intervient une des roches les plus significatives que l’on connaisse en lithologie : l'argile massive à blocs ou Boulder clay des Anglais. C'est un composé d'argile siliceuse ou marneuse enveloppant avec la plus grande irrégularité et dans toutes les positions imaginables des morceaux en partie arrondis, polis et striés, en partie anguleux, des roches cristallines les plus variées. En Allemagne, cette argile à blocs extrêmement déve- loppée forme des lits imperméables qui supportent des milliers de lacs et de marais. Elle aboutit à plusieurs zones de collines qu'on peut suivre sans interruption notable sur 1,000 kilomètres de distance entre la Vistule et l’Elbe. Ces collines, aux contours généralement aplatis et arrondis, sont jetées en travers des plaines allemandes de la manière la plus capricieuse. Il en est d’isolées, d’autres sont sinueuses et ramifiées. Le plus souvent elles se séparent pour se rejoindre ailleurs, laissant entre elles des espèces d'entonnoirs, des dépressions sans issue où dorment des flaques d’eau. Le géologue s'aperçoit d’em- blée que les facteurs habituels, l'érosion aérienne et l’eau . courante, n'ont pas façonné ces allures excentriques. Le réseau très complexe de petites rivières et de ruisseaux qui serpentent entre ces éminences s’est évidemment superposé à un relief auquel il n’a pas contribué. D'où la conclusion que la figure et l'agencement des collines sont originaires. À s’en rapporter à leur disposition générale, on est tenté de les rapprocher des monticules si irrégu- liers des grandes dunes. Mais cette première impression ne tient pas. On n’a pas affaire à des amas de poussières ou de sables mobiles, mais à des agglomérats confus de > + (989 ) sables et de boue entremélés à des cailloux, à des frag- ments rocheux des plus variés, où surgissent des blocs volumineux dont l’origine septentrionale est indubitable. En somme et à l’embrasser dans l’ensemble, la topogra- phie de l’erratique implique la présence autrefois d’un agent d'excavation, de friction et de transport doué d’une puissance incomparable. Les premiers savants qui s'enquirent en naturalistes ‘du mystère de ces masses de transport s'aperçurent promptement que les roches fondamentales des pays entourant le golfe de Bothnie y avaient fourni un large contingent. Afin d'expliquer leur dispersion, ils invo- quêrent des courants d’eau d’une violence inouie partis du Nord; une débâcle diluvienne, suivant une de leurs expressions, qui aurait balayé une moitié de notre con- tinent avant l'ère actuelle. C’est ce que pensaient des maîtres de la science, tels que Léopold de Buch, Haussmann, Buckland, d’Aubuisson. Cependant le terrain erratique portait inscrite dans les détails de sa structure la signature d’un instrument physique, la glace, entièrement méconnu de ces hommes illustres. On la lit dans le polissage des roches, dans les stries gravées sur des milliers de spécimens, comme dans la composition spéciale de l'argile à bloes. Mais en partant des agents physiques qui règnent actuellement en Fin- lande et en Allemagne, on n'eùt jamais débrouillé le hiéroglyphe. La leçon vint d’ailleurs. Elle arriva de quelques districts de lOberland suisse qu'exploraient alors Agassiz et Charpentier. Des premiers ils signalèrent dans les pierres de l’erratique du Nord des effets méca- niques semblables à ceux que produisent les glaciers ( 940 ) actuels des Alpes. Ils provoquèrent une volte-face des théories qui gagna peu à peu l'opinion générale (1). Il faut convenir en cffet que les parois de roches mame- lonnées et rayées où sont encastrés les glaciers de la Suisse, de même que les amas confus et si caractéris- tiques de leurs moraines, sont les analogues incontes- tables de beaucoup de surfaces rabotées, de beaucoup de collines confuses de l'Europe septentrionale. Mais si l'on compare la topographie des contrées, on découvre entre les deux régions un contraste absolu, au premier abord inexplicable. Les glaciers alpins, entourés de montagnes de plusieurs mille mètres d’altitude, sont enchässés dansdes vallées étroites et profondes où sont concentrés tous leurs matériaux de transport; tandis que les produits glaciaires du nord de l’Europe et de l'Amérique s'étalent à la surface de plaines et de plateaux d’une étendue immense et d'un relief des plus monotones. Comme paysage, il est difficile d’imaginer quelque chose de plus opposé que les environs de Zermatt ou d’Interlaken, et ceux de Malmo en Scanie, ou de Dramburg en Poméranie. (1) Untersuchungen über die Gletscher, 1841, p. 286 — DE CHAR- PENTIER, Sur l'application de l'hypothèse de M. Venetz aux phénomènes erratiques du Nord, BIBL. UNIVERS. DE GENÈVE, nouv série, t XXXIX, 1842. Auparavant et dès 1832 (Leonhard und Bronn’s Jahrbuch, p 258), un Allemand, A Bernhardi, avait exprimé, dans une courte note, l'opinion que l’erratique du nord de l'Europe pouvait être l'œuvre d'un glacier s'étendant des régions polaires jusqu'en Alle- magne. Conf. Gletscher Theorie oder Drift Theorie in Norddeutschland. G. BERENDT (Zeits. der Deutsch geolog. Gesels., t. XXXI, pp. 2-3 . Dès 1836, le Suédois Sefström attribuait les stries gravées sur les roches de son pays à la glace Conf Penck, Die Geschiebe Formation Nord- Deutschlands. (Or. cır., p. 129.) ( 941 ) Dans l'espoir de concilier ces divergences, on invoque la théorie du Drift ou des glaces flottantes, qui régna trente ans dans la science (1). On admet que l’erratique de la Russie et de l'Allemagne a été déposé par des glaces flottantes, émanées des anciens glaciers de la Scandina- vie, chargées des roches de ce pays, et qui en fondant déposaient leur chargement pierreux sur le lit d’une vaste mer réduite aujourd’hui aux proportions de la Baltique. Ainsi pensait-on expliquer la dispersion des matériaux glaciaires sur des plaines sans bornes, en même temps que la distance très considérable, plus de 1,000 kilo- mètres, où gisaient certains blocs erratiques de leur point de départ. Un autre trait physique propre au terrain erra- tique du Nord semblait aussi trouver son explication dans la théorie du Drift. C’est l'insertion habituelle parmi les matériaux où l’action mécanique de la glace est mani- feste, de couches de sables ou d’argiles nettement strati- fiées dont il est impossible de nier la formation sous leau. On se trompait. L'examen plus méthodique des masses minérales remaniées par les glaciers du continent, en (4) L'idée d'expliquer, à l'aide d’un transport par les glaces flot- tantes, la position de certains dépôts où l’action glaciaire est visible, mais qui sont situés à une grande distance des glaciers actuels, remonte à Ch. Lyell qui, dès 1835, la mettait en avant pour rendre compte de la distribution des blocs erratiques de provenance alpine disséminés sur les hauteurs du Jura. Peu de temps après, on s'inspira de la même idée pour expliquer la dispersion des blocs erratiques et la plupart des dépôts de transport quaternaires du nord de l’Europe et de l’Amérique. A part Agassiz, Charpentier, Sefström, G. Rose, cette opinion domina tout à fait chez les géologues jus- qu'après 1875 (942 ) faisant connaître à la fois leur immense extension et leurs fluctuations plus étonnantes encore à l’époque qua- ternaire, allait dévoiler le commentaire rationnel du pays erratique. Le résultat le plus inattendu de l'exploration minu- tieuse des Alpes suisses et. tyroliennes est d'établir, d’après des points de repèré incontestables, l’énorme extension qu'y prirent les glaciers à deux reprises durant l’époque quaternaire ancienne, ces deux phases glaciaires étant séparées par une phase interglaciaire où prédomina le phénomène de la fusion et durant laquelle les glaces se retirèrent jusqu'au cœur des montagnes. Lors des grandes extensions, le système alpin tout entier fut incrusté par une carapace de glace qui n’était dépassée que par la cime de quelques pics, et qui débordait notam- ment au sud du Wurtemberg et de la Bavière. Elle rencontrait là un pays de plateaux de moyenne hauteur, où elle épanouissait largement ses moraines profondes et terminales. Après leur disparition, les glaces y abandon- nérent un espace étendu auquel elles avaient imprimé une configuration originale, fort rapprochée de celle des plaines du Nord. C’est une région de lacs et de marais tourbeux enclos de collines ayant la composition des moraines et distribuées en opposition avec les règles habituelles de l’orologie. Mèmes conclusions des glaciéristes en ce qui concerne la Norvège et la Suède. La grande péninsule du Nord fut ensevelie, comme l’est actuellement le Groënland, sous une coupole de glace atteignant 1,000 mètres et même 1,700 mètres d'épaisseur en certains points. Là aussi on tient les preuves de deux phases d'avance énorme des glaciers, séparées par une période de fusion générale et de (45) | recul presque total de la nappe glaciaire. Si lors de ses avances cette nappe conservait un minimum de six à sept cents mètres de puissance en abordant les rivages de la Baltique, comme le dit Helland, elle n’a pu s'y arrêter. Elle a comblé et traversé cette mer dont la profondeur moyenne actuelle ne dépasse pas 67 mètres, d’après Krummel; et le fossé franchi, l'énorme masse plastique s'étendit sans obstacle sur les bas plateaux et les plaines de la Russie et de l'Allemagne. Dès lors, la plupart des caractères géologiques et topographiques de ces contrées, y compris leur parallélisme habituel, se lient, soit à l'avance des immenses glaciers continentaux qui descen- daient lentement autrefois du centre scandinave, soit au recul de ces glaciers et au ruissellement abondant de leurs eaux de fusion (1). : Or, les recherches persévérantes des glaciéristes scan- dinaves et allemands prouvent bien qu'il en est ainsi. Les accidents propres à l’erratique de la Suède rappellent entièrement les effets constatés tantôt à la base, tantôt à (i) Le géologue scandinave Torell est le premier savant qui, familiarisé avec les terrains de transport du nord de l’Europe, ébranla l'hypothèse du Drift et attribua les caractères dominants du terrain erratique de l'Allemagne à l'extension pure et simple d'un immense glacier parti des centres montagneux de la Norvège. C'est à la suite d'une excursion faite en compagnie de Berendt aux calcaires tria- siques moutonnés et striés de Rudersdorf, près de Berlin, qu'il se décida à déclarer son opinion à la Société géologique allemande : séance du 3 novembre 1875. (ZEITS. D. DEUTSCHE GEOLOG. GESELL., XXVII, p. 961.) Depuis lors, les études de Helland, Berendt, H. Cred- ner, A. Penck, J. Wahnschaffe et d’autres savants, ont fixé définitive- ment l'explication glaciaire, appuyée sur des observations multipliées faites dans diverses régions de l'Allemagne, depuis la Saxe jusqu’à la mer Baltique. ( 944 ) l'extrémité inférieure des glaciers de notre temps, comme les sables stratifiés qui s’y intercalent rappellent les dépôts de ces mêmes glaciers remaniés par les eaux provenant de la fusion de la glace. Les mêmes accidents se répè- tent au delà de la Baltique, en Russie et en Allemagne, avec les mêmes caractères, la même ordonnance; les uns et les autres dérivent nécessairement de causes sem- blables. Labourage inégal, polissage et rayure du soubas- sement rocheux; formation de l’argile massive à blocs par suite du mélange de la boue provenant de la tritura- tion des roches et des fragments de composition variée, les uns transportés de loin, les autres arrachés à très peu de distance; accumulation des matériaux de trans- port sous la forme de collines dépourvues d’un agence- - ment régulier : tous ces traits de nos glaciers alpestres se répètent sans exception dans le terrain erratique. Seule- ment, ils y sont réalisés sur une échelle proportionnée à l'épaisseur, à la largeur, à l’uniformité d'une couverture de glace dont le front se développait sur des milliers de kilomètres. Les protubérances à pentes douces en amont, raides en aval, les mares d'eau, les tas de boue pétrie de frag- ments qu'un glacier des Alpes ou du Tyrol met à décou- vert quand il se replie en arrière au fond de sa vallée, sont la miniature des collines entrecoupées de lacs et d'étangs, des immenses nappes d'argile à blocs de la Suède, de la Finlande ou de l'Allemagne jusqu’au delà de Berlin. Les ruisseaux alimentés par l’eau provenant de la glace fondue et qui circulent en dessous de nos petits glaciers de l’Europe centrale, étaient remplacés jadis au nord par des rivières sous-glaciaires d’un volume consi- dérable. Leurs anciens lits ressortent aujourd’hui sous la ( 945 ) forme des longues chaussées des sars (1). Les lits sableux, parfois associés à des débris de plantes et à des restes d'animaux, qui reposent sur les dépôts de la pre- mière et de la deuxième époque glaciaire, répondent à la recrudescence du ruissellement qui couvrait presque toute la surface quand la modification du climat amena par deux fois la destruction des grandes glaces. D'autre part, il est impossible de méconnaître la com- position des moraines dans les chaines de collines qui se suivent à plusieurs reprises entre la Vistule et l’Elbe. Elles constituent les moraines terminales de l’ancien glacier quaternaire. Leur distribution désordonnée cor- respond précisément à cette origine; car, assujettis à des avances et à des reculs fréquents, les glaciers déchargent tour à tour leurs moraines en des points différents, et il leur arrive de les jeter un jour au travers des talus formés par les amas antérieurs, laissant dans l'intervalle des creux sans écoulement (Lapparent). Les deux ou trois séries de collines quaternaires de l'Allemagne dessinent done les étapes et les oscillations prolongées du grand glacier, lors de sa retraite définitive. (4) Le mode d'origine assigné à ces formations singulières a été proposé par Holst. Il est accepté généralement par les enr européens. (BERENDT, Asarbildungen in Norddeutschland. Ze1ts D. DEUTSCHE GEOLOG. GESELL., XL, pp. 683 et suiv.) Les géologues écossais l’adoptent aussi pour leurs Eskers (J. GEIKIE, The Great Ice Age, 2e édit , p 209%; les Américains, pour les cesars de leur pays, et ils attribuent un mode de formation plus ou moins analogue à leurs Kames. (CHAMBERLIN, Preliminary Paper on the Terminal Moraine of the second glacial Epocle. UN. Sr. GE0LOG. Survey, 3e Rép., pp. 299- 300 ) Il reste toutefois quelques points douteux Vervelend à la genèse des cesars du nord de l'Allemagne. ( 946 ) Toutes ces conclusions s'appliquent au terrain erratique de l’ Amérique comme à celui de l'Europe; les géologues des deux continents ont contribué à les établir, et l’on peut dire qu’ils se sont tendu la main des deux côtés de l'Atlantique. En résumé, une région septentrionale distinguée par des caractères spéciaux et notamment par l'extrême abondance des roches entrainées de très loin, s'offre à l'observation. Les savants, pour l’interpréter, commen- cent par s'adresser à l'agent de transport le plus général et le plus puissant qu'ils connaissent, à l’eau courante, et ils lui accordent, pour cette occasion, un volume incom- parable. Un peu après, des observations faites avec toute la précision scientifique, dans une région éloignée et très différente de la première, accusent un agent matériel et un mode de transport auxquels on ne songeait pas, et dont les signes se retrouvent avec évidence dans la contrée septentrionale. Mais le contraste des conditions topogra- phiques entre les deux régions est porté à ce point qu'il semble impliquer entre elles l’incompatibilité des causes modificatrices de la surface. Nait alors l'hypothèse des glaces flottantes, qui persiste jusqu’au moment où, sous la poussée de données positives de plus en plus nom- breuses et étendues, le phénomène glaciaire apparaît dans toute sa majesté aux yeux du savant. La nappe dilu- vienne de Buckland et de d’Aubuisson est convertie en une nappe, plus grande peut-être, mais faite de glace, qui a laissé ses témoignages authentiques. Quand Hérodote apercevait les conséquences géogra- phiques de l'apport séculaire des alluvions du Nil, il con- templait un moteur à l’œuvre; la nature du travail et les résultats étaient sous ses yeux. Nous allons plus loin. ( 947 ) Avec la même certitude qué le grand historien de la Grèce, nous savons rapporter la figure de plusieurs con- trées à des influences qui ne s’y manifestent plus depuis des milliers d'années ou de siècles, et que l’homme n’a jamais aperçues. On voit alors comment des causes mul- tiples, prochaines ou lointaines, les inégalités et l'altitude des terres émergées, les avances et reculs des mers, les variations du climat, ont travaillé de concert à la richesse de détails, à la diversité pittoresque, au trésor de res- sources que possède aujourd’hui notre terre. En progres- sant dans ces nobles études, on admirera davantage le monde où nous sommes placés parce que l’on en compren- dra mieux la préparation et l'adaptation providentielle à la destinée des peuples. Oswald Heer, le célèbre professeur de Zurich, en méditant sur l’enchainement harmonieux si frappant dans le développement du globe, se rappelait les symphonies de Beethoven, dont l'auditeur, disait-il, n’est pas toujours capable d'apprécier le plan artistique. Bien des siècles auparavant, saint Augustin entendait dans la suite des âges le chant d’un ineffable musicien, ineffabilis modulatoris carmen. Heureux, dirons-nous, ceux-là qui, saisis d’admiration devant ce concert des choses créées, s'élèvent d'esprit et de cœur vers l’Artiste invisible et tout-puissant qui en a ordonné les instru- ments et la marche (1)! (1) O Heer, Le monde primitif de la Suisse. Traduction francaise, p. 771. — S. Augustin, Ad Marcellinum. Op. II, p. 615A. Éd. Gaume. ( 948 ) M. le Secrétaire perpétuel proclame les résultats ci-après des concours et des élections. CONCOURS ANNUEL (1896). SECTION DES SCIENCES NATURELLES. Un mémoire portant pour devise : Ab ovo usque ad mala, a été recu en réponse à la première question sur l Intervention de la phagocytose dans le développement des Invertébrés. La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné sa médaille d'or, d’une valeur de six cents francs, à l’auteur de ce travail, M. le D: C. De Bruyne, chef des travaux histologiques et embryologiques à l'Université de Gand. Un mémoire portant pour devise : Maxima in minimis, a été reçu en réponse à la deuxième question sur Les minéraux du sol belge. La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses - commissaires, a décerné sa médaille d'or, d’une valeur de six cents francs, à l’auteur de ce travail, M. G. Cesàro, correspondant de l’Académie, à Trooz. Un mémoire portant pour devise : Afin de connaître mieux l'organisation exacte des Vertébrés supérieurs, etc., a été reçu en réponse à la troisième question sur Le système nerveux périphérique de ľ Amphioxus. La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses ( 949 ) commissaires, a décerné sa médaille d'or, d’une valeur de six cents francs, aux auteurs de ce travail, MM. J.-F. Hey- mans et O. Van der Stricht, de l’Université de Gand. Un mémoire portant pour devise : Facies non omnibus una, a été reçu en réponse à la quatrième question sur La cicatrisation chez les végétaux. La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné sa médaille d'or, d’une valeur de six cents francs, à l’auteur de ce travail, M. Jean Massart, assistant à l’Institut botanique de Bruxelles. Prix fondé en mémoire de JrAN-Servars Stas, ancien membre de la Classe des sciences. Un mémoire intitulé : Détermination du poids atomique du molybdène, a été reçu en réponse à la question posée. Ce manuserit porte pour devise : Celui qui observe ou expérimente à l'aventure n'est qu'un empirique, du travail duquel il n'y a rien à attendre (J.-S. Sras, Discours sur l'imagination). La Classe, après avoir entendu la lecture des rapports des commissaires, décide la remise de la question au concours et fixe le délai fatal de celui-ci au 1° août 1897. Prix Epovarp Mary fondé pour favoriser les progrès de l'astronomie en Belgique. (Première période : 1892-1895.) M. Édouard Mailly, en son vivant membre de la Classe des sciences de l’Académie, décédé à Saint-Josse-ten- ( 950 ) Noode le 8 octobre 1891, avait inscrit la disposition sui- vante dans son testament : « Je lègue à l’Académie royale de Belgique une somme _ de dix mille francs pour fonder un prix à décerner au Belge qui aura fait faire quelque progrès à l'astronomie ou qui aura contribué à répandre le goût et la connais- sance de cette science dans le pays. » Ce legs a été accepté au nom de l’Académie, par arrêté royal du 18 janvier 1892. | La Classe a décerné le prix de mille francs à MM. C. La- grange, E. Lagrange, A. Lancaster, L. Niesten, W. Prinz et P. Stroobant, membres du Comité effeetif et respon- sable de la Revue Ciel et Terre. ÉLECTIONS. Depuis ses dernières élections, la Classe a perdu deux de ses membres titulaires : MM. Joseph Delbeeuf et Fran- çois Donny, et cinq de ses associés : MM. le marquis de Menabrea, G.-A. Daubrée, sir Joseph Prestwich, F.-Aug. Kekulé von Stradonitz et Louis Fizeau. Ont été élus : Dans la section des sciences mathématiques et phy- siques : Associés : MM. Mendeléiff (Dmitri Ivanowich), profes- seur à l'Université de Saint-Pétersbourg; Beltrami (Eug.), professeur à l'Université de Rome, et Janssen (P.-J.-C.), membre de Institut, directeur de l'Observatoire de Meudon et de l'Observatoire du Mont-Blanc. ( 951 ) Dans la section des sciences naturelles : Membre titulaire (sauf approbation royale) : M. Masius (J.-B.-N.-V.), correspondant. Associés : MM. Des Cloizeaux (A.-L.-0. Legrand), membre de l’Académie des sciences, à Paris, et Treub (Melchior), directeur du Jardin botanique de Buitenzorg (Batavia), OUVRAGES PRÉSENTÉS. Errera (L.) et Laurent (E.). Planches de physiologie. végétale. Texte descriptif français avec 86 figures et expli- cation des planches en français, en allemand et en anglais. Bruxelles, 4897 ; in-4° (98 p.) avec un atlas de 15 planches in-plano. Lancaster (Alb.). Service climatologique de l'Observatoire royal de Belgique. Instructions pour les stations de troi- sième ordre. Bruxelles, 1896; in-8° (20 p.). Thomas (Paul). Sénèque. Morceaux choisis extraits des lettres à Lucilius et des traités de morale, texte latin, publié avec une introduction, des remarques et des notes. Paris, 1896; in-16 (296 p.). Vanlair (C.). Les grandes modalités cliniques de la pneu- monie, envisagées au point de vue de leur traitement, Liége, 1895 ; extr. in-8° (19 p.). Buisseret (Conrad de). Paysages étrangers. Bruxelles, 1897 ; petit in-8° (v1-300 p.). Stefanowska (Micheline). Action des alcaloïdes et de ( 952 ) diverses substances médicamenteuses sur les cœurs lympha tiques de la grenouille, expériences faites aux laboratoires de physiologie de l’Université libre de Bruxelles ct de l’Université de Varsovie. Bruxelles, 1896 ; extr. in-8° (31 p.). Hynderick de Theulegoet (Le chevalier). Des perquisitions et des saisies en matière répressive. Gand, 1896; in-8° (67 p.). Bernaert (Éd.). Les dix jours du Juif-Errant, poème. Bruxelles, 1896; extr. in-4° (16 p.). — Les piétés féroces! Pour Allah! Poème. Bruxelles, 1896 ; extr. in-4° (7 p.). — Ode à feu le lieutenant-général baron Van der Smissen. Bruxelles, 1895 ; extr. in-8° (1 p.). Frank (Louis). Office féministe universel. Le témoignage de la femme. Rapport. Bruxelles, 1896 ; in-8° (48 p.). — L'épargne de la femme mariée. Bruxelles, 189%; in-8° (58 p.). : — Les salaires de la famille ouvrière. Bruxelles, 1896; in-8° (114 p.). — La femme contre l'alcool. Bruxelles, 1897; in-8° (273 p.). Cauchie (L'abbé Alfred). De la création d’une École belge à Rome. Tournai, 1896; extr. in-8° (68 p.). Goffinet (V.). Rêve d’un profane sur la navigation aérienne de demain. aad 1896; in-8° (42 p. et 4 plans photo- graphiés). BruxeLres. Caisse génér ale d'épargne et de retraite. Compte rendu des opérations et de la situation de la Caisse, 1865-95. 26 br. in-4e. — Société royale de médecine publique de Belgique. Assemblée nationale scientifique d'hygiène et de médecine publique de 1880, tome I: Rapports; tome Il : Discussions, 1880-81 ; 2 vol. in-8°. ( 9553 ) ALLEMAGNE ET AUTRICHE-HONGRIE. Wagner (Otto). Aesthetische Durchbildung der Hoch- bauten der Verkehrs-Anlagen und der Donau-Canal-Regu- lierung. Vienne, 1896; in-4° (26 pl.). Schwikert (Joh.-Jos.). Ein Triptychon, klassischer kritisch- exegetischer Philologie. Leipzig, 1896 ; in-8° (88 p.). — Kritisch-exegetische Untersuchungen zu Pindars zwei- ten olympischen Siegesgesange. Trèves, 1891; in-4° (30 p.). — La fille de Radziwill, tragédie en cinq actes, en vers (remaniée du polonais pour la scène francaise). Paris, 1896; in-8° (112 p.). Harre. Verein für Erdkunde. Mitteilungen. 1896. Wiespape. Nassauischer Verein für Naturkunde. Jahr- bücher, Jahrgang 49. VIENNE, Gradmessungs-Commission. Verhandlungen : Pro- tokolle über die am 19. Juni 1896 abgehaltene Sitzung. 1896. FRANCE. Delaborde (Le comte Henri). Notice sur la vie et les travaux de M. Ambroise Thomas. Paris, 1896; in-4° (24 p.). Lallemand (Léon). Étude sur la législation charitable en Hollande. Paris, 1896; in-8° (34 p.). Raspail (Xavier). Observations complémentaires sur la ponte et les mœurs du Hanneton. Paris-Lille, 1896; extr. in-8° (17 p.) wee Renault (Bernard). Notice sur ses travaux scientifiques. Autun, 1896; in-4° (161 p. et 8 pl.). Piette (Edouard). Fouilles faites à Brassempouy en 1895. Paris, extr. in-8° (T p.). 51° SÉRIE, TOME XXXII. 62 ( 954 ) Piette (Edouard). Études d’ethnographie préhistorique : Il. Les plantes cultivées de la période de transition au Mas- d’Azil; HI. Les galets coloriés du Mas-d’ Azil, Paris, [1896]; ‘2'extr. in-8° (24 et 47 p.) — Une semaine coopérative, 25 octobre-A® novembre 1896: neuvième congrès coopératif national. — Deuxième congrès coopératif international. Paris, 1896; in-4° (132 p.). Paris. Institut de France. Comptes rendus de l'Académie des sciences et de l’Académie des Inscriptions, 1896. Comité international des poids et mesures. Procès-verbaux des séances de 1895. Comptes rendus des séances de la deuxième conférence générale des poids et mesures, réunie à Paris en 1895. In-4°. GRANDE-BRETAGNE ET COLONIES BRITANNIQUES. Fraser aleon; i -C.). Weten australian line for 1894-95. Perth, 1896 ; in-8° (393 p., 1 carte). Capetown. Observatory of the Cape. Report for 1895. Results of meridian observations of stars, made in 1888-91 (David Gille). 3 vol. in-4°. Lonpres. Royal historical Society. Transactions, new series, vol. X. 1896, — Royal Institute of british architects. Journal, vol, IH. 1896. Kalendar, 1896-97. — Royal Society. Proceedings, 1896. Orrawa. Royal Society of Canada. Proceedings and trans- actions, volume I. 1895. SYDNEY. Australian Association for the advancement of science. Report of the sixth meeting, 1895. Er LE EE (955) lane Schiepers (Giovan). Rubra Cänicula. Considesiriint sulla mutazione di colore che si dice avvenuto. in Sirio. Sa 1896; in-8° (37 p.) at : Osservazioni astronomiche e fisiche sul} asse di rota- zione e sulla topografia del pianeta Marte, fatte nella reale Specola di Brera in Milano, coll’ equatoriale di Merz: (8 o lici). Rome, 1896; extr: in-4° (60 P:, 3 pl.). ij Scognámiglio (Gennaro). Relazione della mostra di pro- dotti chimici. Naples, 1894; in-8 (126 p.). — Creosotal. Naples, 1893; extr. in-8° (4 p.). — Il trional. Naples, 1895; ext. in-8° (7 p.). | — La spermina di Poehl. Naples, 1895; extr. in-8°{11 p.). - — Il carbonato di creosoto Heyden nel processi tuberco- lari. Naples, 1895 ; extr. in-8° (12 p.). 5 — Una nuova specie di raggi (Raggi Röntgen). Naples, 1896; extr. in-8° (8 p.). — Sulla somatosi. Naples, 1896; extr. in-8° (8 p.). — = Carbonato di guajacol. Naples, 1896; extr. in-8° (T p.). Salvioni (E.). Un metodo per confrontare gli schermi fluorescenti ai raggi. Perugia, 1896; ext. in-8° (18 p.). Omboni (Giovanni). Di un criterio facile proposto dal prof. J. Agostini, per i prinostici del tempo. Padoue, 1896; in-8° (10 p.). - Cesàro (Ernesto). Lezioni di geometria intrinseca. je 1896; in-8° (264 p.). Napres. Zoologischer Jahresbericht, 1895. ( 956 ) PAYS DIVERS. 2 Blok (P.-J.). Geschiedenis van het nederlandsche volk, deel IHI. Groningue, 1896; in-8° (548 p., 1 carte). Peyrot (Ph.-H.). Paciani Barcelonensis Episcopi opvscvla. Zwolle, 1896; in-8° (x1-142 p.). Nijhoff (Martinus). Catalogue de livres anciens et mo- dernes, cartes, plans, vues, etc., concernant l’histoire locale et la topographie des Pays-Bas. La Haye, 1896; in-8°. Batavia. Genootschap van kunsten en wetenschappen. Cata- logus der numatische verzameling, 4 druk. 1896; in-8°. L'Académie a reçu en outre, pendant l’année 1896, les recueils ci-après et les publications des Sociétés savantes et des Etablissements dont les noms suivent. Anvers. Académie d'archéologie. — Société royale de géo- graphie. — Société de médecine. — Société médico-chirurgi- cale. — Société de pharmacie. Bruges. Société d'émulation. Bruxelles. Académie royale de médecine. — Analecta Bol- iandiana. — Annales de médecine vétérinaire. — Annales des travaux publics. — Association belge de photographie. — Bibliographie de la Belgique. — Bulletin de statistique démo- graphique et sanitaire (Dr Janssens). — Ciel et Terre. — Commission royale d'histoire. — Commissions royales d'art et d'archéologie. — Institut de droit international et de légis- lation comparée. — Institut des sciences sociales. — Institut international de bibliographie. — Ministères des Affaires étrangères, de Agriculture, de l'Intérieur, du Travail. — Moniteur belge. — Moniteur industriel belge. — Observatoire royal. — Presse médicale belge. — Revue bibliographique belge. — Revue de Belgique. — Revue générale. — Sociétés : d'Agriculture, d Anthropologie, d A rchéologie, d'Architecture, d'Astronomie, royale de Botanique, d'Électriciens, Entomo- ( 957 ) logique, de librairie, belge de Géographie, de Géologie et d'Hydrologie, royale Malacologique, royale de Médecine publique, de Microscopie, royale de Numismatique, royale de Pharmacie, des Sciences médicales et naturelles, Scientifique. Charleroi. Société paléontologique et archéologique. Gand. Kon. vlaamsche Academie.— Cercle histor. et archéol. — Messager des sciences historiques. — Société de médecine. Gembloux. Institut agricole. Huy. Cercle des sciences et des beaux-arts. — Cercle des ne Liége. Echo vétérinaire. — Institut archéologique. — Revue de l'instruction publique. — Société géologique de Belgique. — Société médico-chirurgicale. — Wallonia. Louvain. Le Muséon. — Revue néo-scolastique. Maredsous. Abbaye. Namur. Société archéologique. Saint-Nicolas. Cercle ph du Pays de Waes. Termonde. Cercle archéologique Verviers. Caveau verviétois. Berlin. Kön. Akademie der Wissenschaften. — Deutsche chemische Gesellschaft. — Geologische Gesellschaft. — Gesell- schaft für Erdkunde. — Gesellschaft für Anthropologie, Ethno- logie und Urgeschichte. — Physikalische Gesellschaft. Bonn. nd rte Verein der preussischen Rhein- lande und Westpha Brême. a Verein. Budapest. Institut royal de géologie. — Académie des sciences. — Slatistisches Bureau. Cracovie. Académie des sciences. Dantzig. Naturforschende Gesellschaft. Francfort-sur-Main. Senckenberg. naturforsch. Gesellschaft. Francfort-sur-Oder. Naturwissenschaftlicher Verein. Gotha. Geographische Anstalt. Göttingen. Kön. Gesellschaft der Wissenschaften. Halle. Naturwiss. Verein für Sachsen. und Thüringen. ( 938 ) … Iéna; Medizinisch-natui issenschaftlich Gesellschaft. Leipzig. Archiv der Mathematik und Physik. — Astrono- mische Gesellschaft. — Beiblätter zu den Annalen dér Physik und Chemie. — Forschungen zur brandenburgischen und preussischen Geschichte. — Kön. R der Wissen- schaften. — Zoologischer Anzeiger. ` Marbourg. Jahresbericht über die Forlschr itte der Chemie. Munich. Kön. Akademie der Wissenschaften. ` Prague. Académie tchèque des sciences. — Kön. Gesell- schaft der Wissenschaften. — Le Journal sa « Krok ». — Société mathématique. Strasbourg. Société des sciences, apnée et arts. Vienne. Kaiserl. Akademie der Wissenschaften. — Anthro- pologische Gesellschaft. — Zoolog.-botanische Gesellschaft. — Kais. Geologische Reichsanstalt. — Monatshefte für Mathe- matik und Physik. — Kais. Naturhistorisches Ee — Zool. botanische Gesellschaft. Warzbourg. Physikal.-medizinische Gesellschaft. Universités de Carlsruhe, Fribourg-en-Br., Giessen, Hei- delberg, Kiel, Marbourg, Strasbourg, Tubingue et Vienne. - Albany. University of the state of New-York. Baltimore. John Hopkins University. Berkeley. University of California. Boston. Academy of arts and sciences. — Natural History Sociely. Buenos-Ayres. Sociedad cientifica Argentina. — Bulletin mensuel de statistique municipale. Cambridge. Museum of compar. zoölogy. — Observator. Chicago. The astrophysical Journal. Cordova. Academia de ciencias. Halifax. Nova-Scotian Institute. Lima. Sociedad geographica. Lincoln. University of Nebraska. Mexico. Observatorio. — Sociedad « Antonio Alzate ». — Sociedad de historia natural, : san ( 959) Montévidéo. Universidad. : i Mont-Hamilton. Lick Observatory: ` Montréal. Natural history van New-Haven. Journal of sciences... New-York. Geographical Society. — “dia ofs sciences Philadelphie: Academy of natural sciences. —: Franklin Institute. — The american naturalist. — Philosophical Society. — Historical Society. - Rio de Janeiro. Instituto historico. — Soe. de geographid Rochester. Academy of sciences. Saint-Louis. Academy of sciences. Salem. Esser Institute. San-Francisco. California Academy of: sciences. Santiago. Société scientifique. — Toronto. Canadian Institute. Washington. Department of agriculture. — U: S. national Museum. — Smithsonian Institution. Copenhague. Institut météorologique. Société royale des sciences. — Société des antiquaires: - Madrid. Sociedad { geografica. —R. Academia de z niatorta, Manila. Observatorio meteorologico. , Abbeville. Société émulation. Amiens. Société industrielle. — Société des antiquaires. Arras. Commission des départementales. Bône. Académie d Hippon „Caen. Société linnéenne. — Faits des sciences. — Société des beaux-arts. | Dax. Société de Borda. Le Havre. Société d'études diverses. Lille. Société géologique du Nord.— Société des architectes. — Université. Marseille. Société scientifique industrielle. — F acullé des sciences. ( 960 ) Montpellier. Académie des sciences. Paris. Académie de médecine. — Bulletin scientifique (Giard). — École normale supérieure. — École des chartes. — Journal de l'agriculture. — Journal des savants. — Le Cosmos. — La Nature. — Le Progrès médical. — Le Polybiblion. — Ministère de l'Instruction publique. — Moniteur scientifique. — Musée Guimet. — Muséum d'histoire naturelle. — Revue britannique. — Revue des queslions historiques. — Revue générale des sciences. — Revue politique et littéraire. — Revue scientifique. — Sociétés : d'agriculture, d'anthropolo- gie, astronomique, de. biologie, chimique, géologique, de géograghie, mathématique, météorologique, philomatique, zoologique. Saint-Omer. Société des antiquaires de la Morinie. Toulouse. Société archéolog. — Soc. d'histoire naturelle. Valenciennes. Société d'agriculture. Adelaïde. Royal Society of South Australia. Birmingham. Philosophical Society. Brisbane. Royal Society. Calcutta. Asiatic Society of Bengal. — Meteorological Department. — Geological Survey. Cambridge. Philosophical Society. Dublin. Royal Irish Academy. — Dublin Society. Édimbourg. Botanical Society. — Geological Society. — Physical Society. — Royal Society. Londres. Anthropological Institute. — R. Society of Anti- quäries. — Royal Astronomical Society. — Royal Institute of british architects. — Chemical Society. — Royal Geogra- phical Society. — Geological Society. — Institution of mecha- nical engineers. — Institute of civil engineers.. — Royal Institution of Great Britain. — Linnean Society. — Mathe- matical Society. — Meteorological Society. — Royal Micro- scopical Society. — Nature. — Numismatic Society. — Zoolo- gical Society. ( 967 ) Manchester. Literary and Philosophical Society. Newcastle-upon-Tyne. Institute of mining and mechanical engineers. Sydney. Linnean Society. — Government statistitian's Office. — R. Society of N. S. Wales Florence. Biblioteca nazionale centrale. — Società entomo- logica italiana. — Rivista scientifico-industriale. Milan. Società di scienze naturali. — R. Istituto di scienze. Modène. Società dei naturalisti. — R. Stazione agraria sperimentali. Naples. Società Reale. Padoue. Società veneto-trentina di scienze naturali. Palerme. Circolo giuridico. — Circolo matematico. arme. [l nuovo Risorgimento. Pise. Società toscana di scienze naturali. Rome. Reale Academia dei Lincei. — Academia pontificia de nuovi Lincei. — Comitato di artigliera e genio. — Minis- terio dei lavori pubblici. — Società per gli studi zoologiche. — Società di storia. Turin. Academia reale delle scienze. ‚Venise. R. Istituto di scienze. Vérone. Accademia d'agricoltura. Amsterdam. K. Akademie van wetenschappen. Batavia. Genootschap van kunsten en wetenschappen. — Natuurkundige vereeniging. Buitzenzorg. Jardin botanique. Delft. École polytechnique Harlem. Société holiaadise des sciences. — Musée Teyler. La Haye. Instituut voor... volkenkunde. — Entomologische zede ng. Leyde. Maatschappij der Nederlandsche letterkunde. — take dierkundige Vereeniging. Utrecht. Historisch Genootschap. ( 962 ) ; Bukarest. Anstitut météorologique.-—Sovciété .des sciences physiques. — Ministère de l'Instruction publique. Jassy. Société scientifique et lilléraire. Dorpat, Université. — Nalurforschende Gesellschaft Kazan. Université impériale. Moscou. Société impériale des naturalistes. ‘Saint-Pétersbourg. Académie impériale des sciences. — Institut impér ial de médecine expérimentale. —:Comité géo- logique. — Jardin impérial -de botanique. — Société impériale de géographie. — Société de chimie. Christiania. Société des sciences. Stockholm. Nordiskt medicinsk Archiv — Acta mathema- tica. — Institut royal set — Société des soniant -- Société entomologique. Upsal. Université. ilaria, Le droit Piter. >a Genève. Archives des sciences Pn et naturelles. — Société de géographie. Lausanne. Société vaudoise des sciences natur weide Zurich. Naturforschende Gesellschaft. — Astronomische Mittheilungen (Wolf). Alexandrie. Institut égyptien. Belgrade. Académie royale des sciences. Coïmbre. Jornal mathematicas (Teixeira). Le Caire. Société khédiviale de géographie. Luxembourg. Verein für Geschichte. Tokyo. Gesellschaft für Natur- und Vôlkerkun:le Ostasiens. — Imperial University. BULLETINS DEL ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. Ee TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME TRENTE-DEUXLÈME DE LA TROISIÈME SÉRIE. 1896. TABLE DES AUTEURS. e_n A. Albert Ier (S. A. le prince). Hom- mage d’ ouvre, 579, Arendt (L.). Hon ‘ouvrage - 475. Association philosophique, à Pra- gue. Invite l'Académie au troi- sième centenaire de Descartes, í . Aubel (Van). Hommag d'ouvrage, 495. - B Baetes (J.). Lauréat du concours d'art appliqué (gravure en mé- daille , 639, 654; remercie, 749. Bambeke (Ch. Van). Hommage d'ouvrage, 222. — Promu au grade d'officier de l'Ordre de Léopold, 755. — Rapports : voir Re vage -F.)}; Van der Strich À à Banning or pe : voir Burny (F.) et Hamande (L.); étrangers, in-4°). Rapports de MM. J. Deruyts, Le Paige et Mansion, 669, 670 Beltrami (Eug.). Élu associé, 950. Beneden (Ed. Van». id voir Heymans (J.-F.) e n der Sricht (0.). Benoît (Peter. Un mot au sujet du discours de Th. Radoux ‘La mu- mi et les écoles nationales), Fliet Éd). Hommage d'ou- vrages avec note par le cheva- lier Edm. Marchal (A. Les dix 964 jours du Juif-Errant; B. Les piétésféroces. Pour Allah !), 729, 154. Biltris (Alfred). Contribution à l’étude des quinhydrones. — Quinhydrones mixtes, 286; rap- port seng Spring d eiry, 232, Blok E ý Hommage d'ouvrage avec note par P. Fredericq (Ge- schiedenis van het Nederland- sche volk), 729, 755. Bohl (J.). Lecture d’une étude his- torique et juridique : Charles Ier de Roumanie, fondateur du royaume, Bormans (Stanis. ). Membre de la Commission des finances, 759. Brants (V.). Rapport : voir Hubert (Eug.).— Note bibliographique: voir Moeller (Ch.). Brasseur (J.-B.). Son buste Ém. po (appréciation ie mod Be 7. Membre de la Commission des finances, 668. : — De l'accroissement de la population et de ses effets dans l'avenir, 884 Bryce (Ji Remercie pour son diplôme d’associé, 127. Burny (F.) et Hamande (L.). Leur travail couronné (Les caisses d'épargne) figurera dans le tome LVI des Mémoires in-8°, sur la proposition de MM. Denis, Pot- vin et Banning, 157. M. Denis remet, pour l'impression, la seconde partie du texte de ce mémoire, 728. TABLE DES AUTEURS. C Candèze (Ern.). Promu au grade d’officier de l'Ordre de Léopold, 753. Sea \Stanislas\. Soixante- dixième anniversaire de nais- sance (félicitations), 666. Cantillon (E.). Buste de J.-B. Bras- seur (appréciation du modèle), 750 Carpiaux (Ém.), Laurent (Ém.) et Marchal (Ém.). Recherches ex- périmentales sur l’assimilation de l'azote ammoniacal et de l'azote nitrique par les plantes supérieures, 815, 986; rapports de MM. Errera, Gilkinet et Cré- pin, 813, 814. Cauchie (Alfr.). Hommage d'ou- vrage avec note par T.-J. Lam (Création d’une École historique belge à Rome), 729, 755. Cesàäro (Ern. ). Hommage. d’ou- vrage, Cesàro (G.). Des polyèdres super- posables à leur image (t. LII des Mémoire in-4°). Ch de la Vallée-Poussin, 226, 250, 251. — Le mispickel de . Nil-Saint-Vincent, 279. — La valléite, nouvelle amphibole orthorhombique, 536. — Des- cription des minéraux du sol belge (Mémoire couronné). Rap- ports de MM. Dewalque, de la Vallée-Poussin (Ch.) et Renard, 768, 774, 774. TABLE DES AUTEURS. Chestret de Haneffe (Le baron J.). Hommage d'ouvrages, 588, Ciel et Terre. (Membres du Comité | de la Revue). Prix Mailly. Rap- ports de MM. Folie, Le Paige et Terby, 803, 808, 809, 949. Clemen (0.). Hommage d'ouvrage avec note par P. Fredericq (Jo- Ee Pupper von Goch), 589, Carr e ). Rapport : voir ille (J.) ie he k Lauréat du grand con- rs d’architecture de 1896, ei, Jii Allocation de sa pen- sion, 7 Corin (G.). Hommage d'ouvrages, 495. Te (F.). Membre de la Com- mission des finances, 668. — Rapports : voir De Droog (É.); Laurent \Ém.), Marchal (Ém.) et Carpiaux (Ém.), Massart (J.). Cumont (G.). Hommage d'ouvrage, 589. Curtius (Ern.). Décès, 537. D Daneau (Nicolas). Exécution de loppement des invertébrés (Mé moire couronné). Rapports de MM. Plateau, Van PETE et Errera, 755, 766, 76 De Droog (Émile). PAR à l'étude de la localisation micro- chimique des alcaloïdes dans gös la famille des Orchidacées ‘ Mé- moires in-86, t. LV). Rapport de MM. Jorissen, Errera et Crépin, 584, 386. De Groot (G.). Rapport : Rombaux (Égide). De Heen (P.). Note sur la théorie du radiomètre, sur la photogra- phie Le Bon et sur la nature de l'électricité, 75. — Vérification expérimentale de notre théorie du tube de Crookes, 277. Note relative à kr fe SAT tions d’équilibres infra-électri- ques et à la res de cette énergie, — Impression on et produite par les courants gazeux renfermant des particules solides en sus- pension, 554. — Sur l’infinie variété de Ténergie weed 712. — Sur le système du monde électro- dynamique de nger, 717. — rai ni (A. de); V L.-N.); idg Stas (Täbie des matière de done a epa B.). Hom- mage d'ouvrage, Delaborde (le a rs ). “Hominägée d'ouvrage, Delacre ihn Étude de la syn- thèse du benzène par l'aètion du zinc-éthyle sur l’acétophé- none (cinquième et sixième communications), 95, 446; rap- ports de MM. L. Henry et Spring, 4, 5, 580, 382. — Hom- mage d'ouvrage, 379. ; de la Vallée Poussin (Ch.), La géo- voir 966 TABLE DES „voir Cesàro i graphie pe et la. géologie, 925. — Rap Delbeuy dq. Rapport: voir r Schtiy- | mémoire (Université de Liége), 754. Remerciements de Mie C. Delbœuf pour les condoléances de l’Académie, 494. Delplace (L.). Hommage d'ouvrage avec note par T.-J. Lamy (La Belgique pas la domination française), 4 Delville (J.). Prés rapport (lec- ture des appréciations de MM. Hymans, Robie, Hennebicq et Cluysenaar), 372. De Man (G.). Sa notice nécrolò- gique par M. Marchal, pour l'Annuaire de 1897, 485. Demannez (J.). Membre de la Com- mission des finances, 751. Denis (H.). Rapport : voir Burny (F.) et Hamande (L.). De Ridder (Alfr.). Hommage d'ou- vrage, 475 Deruyts (1. Sur les fonctions invariantes associées à un sys- tème transformable, 82.— Quel- ques propriétés du déterminant d'un système transformable, — Rapport : voir Beau- pain (J). Des Cloixeaux (A.-L.-0. Legrand). Élu associé, 951. Detrox (J.-C). Hommage d'ou- vrage, 589, Devillers (Léopold). Hémmage d' ou- vrages, 128 ; note sur le tome VI du Cartulaire des comtés de AUTEURS. Hainaut; + ONE Dewalque (G.). Rapport : Cesàro (G.). De Wildeman (E.). Hommage d’ou- vrage avec note par L. Errera (Flore des algues de Belgique), par. Alph. Wauters, ‚voir ‚225. Donny (F.). Décès, 494. Discours à ses funérailles; par G. Van der Mensbrugghe, 496. — Re- merciements de M. Georges Donny fils, pour les condo- léances atsdémiques, 666. Duvivier (Ch.). Rapport : voir Hubert (Eug.). Noté bibliogra- phique : voir Matthieu (Ern.). Duyse (Florim. van). A LI SUI DOUNES, chanson de trouvère découverte aux archives de Tournai, 211, 986. — Rapport: voir Mortelmans (L.). E Emmanuel .C.). Dépôt aux archives de sa note sur le mouvement perpétuel (lecture du rapport de M. Valérius), 668. Emmens (Stephan-H.). Relations de poids chez des corps (Note déposée aux archives). Rapport de MM. Spring et Van der Mens- brugghe, 670, 671. Errera (L.). Hommage d'ouvrages, 579, 754. — Dépose un billet ca- cheté, 754, — Rapports: voir De Bruyne (C.); De Droog (E.\; Laurent (É.), Marchal (É.) et Carpiaux (É.); Massart (J.). — Note bibliographique : voi De Wildeman (E.). TABLE DES LE Faidherbe (Alex. ). Bonimage d’ou- vrage, Fizeau (A. -H. -L.). Décès, 578. Folie (F.). UNE RÉACTION EN ASTRO- NOMIE. Où git l'erreur fondamen- tale des formules de réduction rapportées à. l’axe instantané, 587, — Hommage d'ouvrage, 495, — Rapport (prix Mailly): voir Ciel et Terre Fraipont (Julien). Soumet une notice sur la grotte du mont Falhise (Anthée), 754. Fe ra L'épargne de la iée; B. Salaires de la Pr ouvrière; C. Témoi- gnage de la femme ; D. La femme contre l'alcool), 729, 756. Fredericg (L.). Hommage d'ou- vrage, 495. — Prix quinquennal des sciences médicales, en par- Le avec M. Nuel (félicitations), — Rapports : voir Hey- mans (J-F.); Lahousse (E.); Schuyten (M.-C.); Willem (V.). Fredericq (P.). De Secten der Geeselaars en der Dansers in de Nederlanden tijdens de XIVe eeuw (Mémoires in-4°). Lecture des rapports de MM. Wauters, Vuylsteke et Piot, 759; — Rap- ports : voir Magnette (F.): Wil- motte (M.). — Notes eh phiques : voir Block (P.-J.); Clemen (Otto). we AUTEURS. -G eend (Albert). Hommage: d'ou- 29. Gays Corp Buste de Guill. ee meen du wee cah (Guill. ). spatial du mo- dèle de son buste par com Geefs Geluy (A a% PR d'un mé- moire sur le monument chrétien de si épis son texte et sa icere 729. t-(F.-A.). Hommage wo: ee 485. — ir : voir Lebrun (P.). Gilkinet (Alfred). Désigné pour ‘représenter l’Académie à la cérémonie qui aura lieu à Liége à la mémoire de J. Delbœuf, 378, 754. — Rapports : voir Lat- ent (Ém.); Marchal (Ém.) et Carpiaux (Ém.); Massart w à Gille Farine emae bee vrage, 128. ns nge 7 se la Com- n des finan i Goblet d Abviella ike conte E. zi Hommage d'ouvrage, Discours ps umer en Paul Henrard, 7 Goeij (Roger de Hommage uye- vrage, 128. sus (V.) Hommage d'ouvrage, cos (A.). Michel Adanson et son cabinet d'histoire naturelle (remis en possession de son manuscrit), 380, TABLE DES u Hamande (L.). Voir Burny (F.). Harlez (C. de). L'interprétation du Yi-King. La version mandchoue et ma traduction ad (P.). Hommage d'ouvrage, ka. (A. de). Sur l’efiluve électrique et les rayons Röntgen Rapports de MM. De Heen et W. Spring, 582, 585. — Étude sur les eaor électriques (lIe partie), 66 Hennebicg a ). Rapport : voir Delville (J.). Henrard (P.). Décès, 727. — Dis- cours à ses funérailles; par le comte Goblet d'Alviella, 730. Henrijean (F.). Hommage d'ou- vrages, 495. Henry (Louis). Sur divers alcools nitrés, 17. — Recherches sur les dérivés monocarbonés, $ XII, 55. — À propos d’une prétendue erreur, 59. — Recherches sur la volatilité dans les composés carbonés. De la volatilité des composés chloro-nitrés et bro- mo-nitrés, 240. — Sur divers composés tri- méthyléniques, 255. — Analyse de la nitro-gly- cérine, 266. — Sur la prépa- ration du glycol éthylénique, 402, — Rapports : voir Biltris (A.); Delacre (M.); Vandevelde (A.-J -J.); Prix Stas (Table des matières). AUTEURS. Henry (Paul). Sur la préparation du glyeol éthylénique, 402. Hérain (J.). Buste de H. Vander Haert (appréciation du modèle), 484 Heymans (J.-F.). Le bromure d’é- thyle comme anesthésique opé- ratoire chez les Céphalopodes, 578; avis verbal de MM. Pla- teau et L. Frederieq, 500. — Système nerveux périphérique de l'Amphioxus (Mémoire cou- ronné). Rapports de MM. Van Bambeke, Plateau et Van Bene- den, Dn 784. — Proclamé lauréat Hoefler ri lee von). Délégué de l’Académie au IIIe centenaire de Descartes, à Prague, 728. Houxé (E.). Hommage d'ouvrage, 2 Hubert (E,). La torture aux Pays- Bas autrichiens pendant le XVIIIe siècle (Mémoires des sav. étr., in-40, t. LV). Rapports de MM. Prins, bied et Brants, 595, 601, Huberti En Rapports : voir Lebrun (P.); Mortelmans (L.). Hymans (Henri). Membre de la ommission des finances, 751. — Rapport : voir Delville (J.). — Note RE voir Rondot (Nata Hynderick de ni. (Le che- valier). Hommage ‘d'ouvrage, 129 Re . TABLE DES AUTEURS. I Institut Solvay. Hommage dou- vrage, 225. J Jacobus Pa [Potvin (Ch.)]. Hom- mage d'ouvrage, 474. Janlet (É.). Rapports : voir Lam- bot (E.); Vereeken (E.); Verhelle Janssen (P.-J.-C.). Élu associé, 950. Lu ir Hommage d'ou- Fa j à hin voir Rom- baux ( Jorissen EE) Hommage d'ou- vrage, 579. — Rapports : voir De Droog (É }; Schuyten (M.-C.). Justice (Ch.). Hommage d'ouvrage (Anecdota bruxellensia, II), 128; note sur cette dissertation, par P. Thomas, 15 K - Kekulé von Stradonitz (Fred. - condoléances de l'Académie, 578. Kölliker (A.). vrages, 2, 579. Kurth (G.). Lauréat du concours quinquennal des sciences his- toriques (1891-1895), 587, 655. — Remet pour l'impression la seconde partie de son mémoire qui a remporté en 1888 le Prix Se SÉRIE, TOME XXXII. Hommage d'ou- 969 de Stassart (La frontière linguis- tique en Belgique et dans le nord de la France), 728, — Rapport: voir Waltzing (J.-P.). f L Lagrange (Ch.). Dépose des nt . Moin carrés. EEE du prih- cipe de la moyenn ond les probabilités a posteriori, 60. — Prix Mailly (voir Ciel et ie — Rapport : voir Pas- rn). Lagrng nd ). Prix Mailly (voir Ciel et -Lahousse m s Cotitriation à l'é- tude des phénomènes polaires des muscles, 545; ra de MM. L. Fredericq et Plateau, )01 00, 501. Lallemand (L.). Hommage d'ou- E. i Premier rapport (troisième année d’études) et envoi réglementaire(40 dessins). Lecture des appréciations de MM. Winders, Maquet, Janlet et Laureys, 484, 749, Lamy (T.-J.). Présente un | trav ail intitulé : Le monument chré- tien de Si-ugan-fou, son texte et sa signification, 729. — Membre de la Commission des finances, 759. — Notes bibliographiques : voir Cauchie (Alfr.) et Del- place (L.). Lancaster (A). Hommage d'ou- vrage, 667. — Prix Mailly {voir 65 „970 Ciel et Terre). — Rapport : voir Longrée (le chevalier). Landsberg- (G.). Soumet un tra- vail sur un nouveau développe- ment de la fonetion gamma, qui contient la série de Stirling et celle de Kummer), 667. Laurent (Ém ). Hommage d'ou- vrages, 222, 754 Laurent (Ém.), Marchal (Ém.) et _Carpiaux (Ém.). Recherches expérimentales sur l’assimila- . tion de l'azote ammoniacal et de … azote nitrique par les plantes supérieures, 815; rapport de MM. Errera, Gilkinet et Crépin, 815, 814, 986. Laureys (F.). Rapport : voir Lam- bot (E.\. Lebrun (P.). A. Second acte de la Fiancée d'Abydos; B. Rapport sur son voyage en Autriche (lec- ture des appréciations de MM Huberti, Gevaert. et Radoux), 372. ROUES (A.). Hommage d'ouvrage, Le Paige sa Rapports : voir |- Beaupain (J.); Ciel et Terre (Prix Mailly) . Longrée (Le chevalier A. de). Aéro- plane à ailes (note déposée aux archives), 579, — Tempêtes et eyclones (note déposée aux archives sur l'avis de M. Lan- caster), 668. M Magnette oe ). Joseph H et la liber- té de l'Escaut. La France et TABLE DES AUTEURS. l'Europe (Mémoires in-8e, t. LV); rapports de MM. Piot, Banning et P. Fredericq), 157, 159, 168. Mansion (P ). Rapports: voir Beau- pain(J ); Marchal J.); Vial(E.). Maquet (H.). Rapports : voir Lam- bot tE.); Vereecken {E ); Ver- helle (A). Marchal (Le chevalier Edm.). Remet pour l'Annuaire sa no- tice sur feu G. De Man, 485. — État général des recettes et des dépenses de la Caisse centrale des artistes belges, pendant l’année 1896 (lecture), 750. — Note bibliographique: voir Ber- naert (Éd.). > Marchal (Ëm.\, Laurent (Ém), Carpiaux (Ém.). Recherches expérimentales sur l’assimila- tion de l'azote ammoniacal et de l'azote nitrique par les plan- tes supérieures, 815; rapport de MM. Errera, Gilkinet et Cré- pin, 815, 814, 986. Marchal d. ). Sur le calcul des nombres premiers (dépôt aux archives sur le rapport verbal de M. Mansion), 226. Masius (J.-B.-N.-V.). Élu membre titulaire, £51. Massart (J.). Mécanisme. de la cicatrisation chez les végétaux (Mémoire couronné). Rapports de MM. Errera, Gilkinet et Cré- pin, 784,742; proclamé lauréat, £49. Matthieu (Ernest). Hommage d'ou- vrage avec note par Ch. Duvi TABLE DES AUTEURS. vier. (Histoire de l'enseignement primaire en Hainaut), 589, 594. nemend pandi Ivanowich'. Élu associé Ministre e ne et des Travaux dr Envoi d'ou- vrages, Ministre de la Gaas Envoi de la de livraison de la carte topogra- phique de la Belgique, 2 Ministre de l'Industrie et e Tra- vail Envoi d'ouvrage, Ministre de l'Intérieur vs m lIn- struction publique. Envoi d’ou- vrages, 204, 578, 472, 485, 588, 666, 728, 749. Ministre de la Justice. Envoi d’ou- vrages, Moeller Ch. : Honimage d'ouvrage avec note par V. Brants (Éléo- nore d’Autriche, etc.), 475, 477. Montenez (Georges). Premier se- de gravure en 18 2, 654, D (L.). Rapport sr Rome); Hélios (partiti Pure des appréciations de MM. Huberti et F. van Duyse, 372, 484. Mourlon (Michel). Les mers qua- ternaires en Belgique, 671. — Membre de la Commission des finances, 668. N Nadaillac (Le marquis de). Hom- Rapport voir Cesàro (G.) 971 Niesten (L.). Prix Mailly (voir Ciel - et Ferré). Nuel (J.-P.). Prix quinquennal des sciences médicales (en partage avec L. Fredericq), 666. 0 Observatoire royal de Belgique. Hommage d'ouvrage, 495. r Pasquier (Ern.). Sur les solutions multiples du problème des co- mêtes, 111. — Rapports de ne Ch. Lagrange et Terby, 5, ina (L.). Deuxième second prix du grand concours de gra- vure en 1896, 485, 655. Peyrot (Ph.-H.). Hommage d'ou- vrage avec note par J. Vollgraff (Paciani Barcelonensis Episcopi opuseula), 729, 737. Pingaud (L.). Hommage d'ouvrage avec note par Ch. Piot (Auguste Castan’, 128, 479. Piot (Ch.'. Hommage d'ouvrage avec note (Correspondance du rh de Granvelle, t. XID), 589, — Membre de la Com mision Fa finances, 739. — R $ Plateau (F.). Comment les fleurs attirent les Insectes. Deuxième Lahousse (E.); Van der Stricht (0.); Willem (V.). Potvin Ch.). Hommage d'ouvrage, 474, — Rapport: voir Burny(F.) et Hamande (L. Prestwich (sir J.). Décès Prins (Ad.). Rapport : voir re ug.). Prinz Uw .). Hommage d'ouvrage, 495, — Prix Mailly (voir Ciel et Terre). R Radoux (Th.). La musique et les écoles nationales (discours), 644. Un -mot au sujet de ce discours; par Peter Benoît, 751. — Rapport : voir Lebrun (P.). Reinach (Th.). Remercie pour son diplôme d’associé, 127, — Hom- mage d'ouvrages, 474. Renard (A.-F.). La météorite de Lesves et le mode de formation des ere pierreuses, 225. rt: voir Cesùro (G.). Renai (B.). Hommage d’ou- vrages, 2, 667. Robie (d). Membre de la Commis- sion des finances, 751. — Rap- port : voir Delville ge (A.). Hommage d'ouvrage, Ph (L.). Sur la solubilité réciproque du bismuth et du plomb dans le zinc. Existence d'une température critique, 51. Rombaux (Égide). Septième rap- port (lecture des appréciations de a Jaquet, De Groot et Vincotte), 750. Rondot isen Les Graveurs sur bois et les Imprimeurs à = TABLE DES AUTEURS. Lyon au XVe siècle. Les Relieurs des livres à Lyon du XIVe au XVIIe siècle. Les Médailleurs lyonnais. Graveurs d'estampes à Lyon au XVIIe siècle (note sur ces ouvrages, par H. Hymans), 205, S Samuel (Ad.). Membre de la Com- mission des finances, 751. Schiaparelli (G.-V.). Hommage d'ouvrages, 667. Schuyten (M.-C.). Influence des variations de la température atmosphérique sur l'attention volontaire des élèves, 315; rap- ports de MM. Delbœuf et L. Fre- dericq, 255, 258. — Sur les déri- vés cadmiques halogénés de l’antipyrine, 866; rapport de MM. Spring et Jorissen, 814, is Longéhamps (Le bon Edm. de). mmage d'ouvrage, 2. Sleecke (D.). Hommage d'ou- vrages, 588. Snieders (Aug.). Délégué de l'Aca- démie au XXIIIe Congrès de littérature néerlandaise, 127 Société des mathématiciens, à Prague. Invite l'Académie au Ile centenaire de Descartes, 728 i . Société industrielle d Amiens. Adresse son programme de con- cours pour l'année 1896-1897, Solvay (E.). Dépose un pli cacheté, Ps UT CU ON ant ile Ar AES in TON er) MT S en ct. VED oh in a et Fl En ETE Le Oi TABLE DES Solvay Lucien). Lauréat du con- ours des cantates francaises (1895), 655. Spring (W.). Sur la couleur et le spectre lumineux de quelques corps organiques, 45. — Sur la solubilité réciproque du bis- muth et du plomb dans le zinc. Existence d’une température critique romu au grade d’officier de ror dre de Léopold, 155. — Accepte de faire la bio- pel voir Biltris (Alfr.); acre (M.\, Emmens (Stephan); zak (A. de); Schuyten (M.-C.\;, Vandevelde (A.-J.-J.); Prix Stas{(Table des matières’. Stallaert (J.). Membre de la Com- mission des finances, 751. Stecher (J.). Rapport : voir Wil- motte (M.). Sterck (A.). Grand prix de gra- vure en 1896, 482, 654. Stroobant (L.). Hommage d'ou- vrage, 475. Stroobant (P.). Hommage d'ou- vrage avec note par F. Terby. (Les Bielides, résultats des ob- servations de 1895,) 495, 499. — Prix Mailly (voir Ciel et Terre). T Tackels (C.-J.). Hommage d'ou- vrage, 5. Tardieu (Ch). Mort de Mme Tar- dieu (condoléances), 748. Terby (Fr.). Rapports : voir Ciel et Terre (prix Mailly); Pasquier AUTEURS. 975 (Ern.). — Note bibliographi- que : voir Stroobant (P.). Thomas (P.). Hommage d'ouvrage avec note par P. Willems (Sé- nèque. Extraits des lettres à Lucilius et des traités de mo- rale), 729, 732, — Note biblio- graphique : voir Justice (Ch ). Tilly (J. De). Membre de la Com- mission des finances, 668 Rapport : voir Ceskro (G.). Tisserand (F.-F.). Décès, 494. dunes ke horse Hom- g 538. Trie Melchior) Élu associé, 951. y Valérius (H.), Rapport : voir Em- nanuel (C.). Van den Corput (Le Dr). Hommage d'ouvrages avec note par Alph. Wauters (A. Bruxellensia. Cro- quis artistiques et historiques. B. Le poison alcool, C. La loi de l'alcool), 558. Vander Haert (H.). Son buste par J. sen Matos du mo- dèle), 4 “pat (L.). Quelques feuillets de la vie privée des Athéniens, 169. — Note biblio- raphique : voir Frank (L.). Van der Mensbrugghe (G.). Sur les nombreux effets de lélasticité des liquides, tre et 2e notes 270, 418. — Discours aux funé- railles de François Donny, 496. — Rapports : voir Emmens Ste- phan); Vandevyver (L.-N.). Van der Stricht (0). Système ner- 974 veux périphérique de l’Am- phioxus (Mémoire couronné). ’ Vue (A.-J.-J ). Recherches sur l’éther phénoxacétique. Son action sur l'éther chloracétique, 502; rapport de MM. Spring et Henry, 254, 255. Vandevyver (L -N ).Temps de pose qu'exige une bonne épreuve radiographique, 467; rapport de MM. Van der Mensbrugghe et P. De Heen, 386, 387 Vanlair (C.). Hommage d'ouvrage, 667. Vereecken (E.). Troisième rapport ct requête au sujet de sa qua- trième année de voyage tre des appréciations de MM. W in- ders, Janlet et Maquet), 485, 656. Verhelle (A.). Cinquième rapport (lecture des appréciations de MM. Winders, Janlet et Maquet), 49, Vial (E.). Sur la formule + (dépôt aux archives sur le rapport verbal de M. Mansion), 226. Vincent (J.). Hommage d'ouvrage, 222, Vincotte (Th.). Rapport : Rombaux (Égide). Vloors (E). Lauréat du concours d'art appliqué (peinture), 657, 653; remerciements, 749. Vollgraff (J.-C). Note bibliogra- phique : voir Peyrot (Ph.-H.). voir TABLE DES AUTEURS. Vuylsteke !J.). Rapport : voir Fre- dericq (P.). W : Wagner (Otto). Hommage d'ou- vrages, 749, Waltzing (J.). Le dieu celtique Intarabus ou Entarabus, 744; rapport de MM. Kurth et Wil- lems (P.), 745. Wannyn Wean.. Hommage dou- Wauters (Alph.). Hommage d'ou- vrage, 589. — Membre de la Commission des finances, 759. — Rapport : voir Fredericq (P.). — Notes bibliographiques: voir Devillers (L.) et Van den Corput. Willem (Victor). Observations sur la respiration cutanée des Limnées et son moyenne par le p 1071; pat ' Ch. Lagrange, j: Cartulaire. Note par Alph. Wau- ters sur le Cartulaire des comtes de Hainaut, t. VI, publié par L. Devillers, 155. Castan (Auguste). Note par Ch. Piot sur la brochure de Léonce Pingaud (A. Castan), 479. Céphalopodes. Voir Éthyle. Chanson. A LI SUL DOUNES, chan- son de trouvère découverte aux archives de Tournai; par Flor. van Duyse, 211, 986 Charles Ier, de Roumanie, fonda- teur du royaume (Étude histo- rique et juridique), lecture par J. Bohl, 481. Cicatrisation. Voir Végétaux. Comètes. Sur les solutions multi- ples du problème des comètes; par Ern. Pasquier, 111; rap- ports de MM. Ch. Lagrange et Terby, 5, 16 Commission pour la publication des œuvres des grands musi- TABLE DES MATIÈRES. ciens du pays : OEuvres de Gré- 20me livraison, 371. nn royale d'histoire. Lis- te des ouvrages déposés dans la Bibliothèque de l'Acad., 661. Commissions spéciales des finan- ces. Réélection: Sciences, 668. Lettres, 759. Beaux Composés tri- kppp mc vie L. Henry, 255. — té G ix. Concours de la Classe des beaux: arts, 1896 (Art appliqué: pein- ture et gravure en médaille). Jugement, 637 ; MM. Ém. Vloors et J. Baetes, lauréats, 637, 639; proclamation, 655, 654; remer- ciements des lauréats, 749. Concours de la Classe des lettres (1894) : BURNY (F.) et HAMANDE (L.), Histoire des caisses d'épar- t é 728.(189'7): Mémoires reçus et nomination des commissaires, 594. — Programmes pour 1898 et 1899, 129, 142. Concours de la Classe des sciences ( Bruyne. Rapports de MM. Pla- teau, Van Bambeke et Errera, 755, 766,767: — Description des minéraux du sol belge; auteur -arts, 751. 977 ‘ couronné : G. Cesàro. Rapports de MM. Dewalque, Ch. Vallée Poussin et Renard, zes: 771, 774. — Système nerveux périphérique de l’Amphioxus; auteurs couronnés : J.-F. Hey mans et 0. Van der Stricht. Rapport de MM. Van Bambeke, Plateau et Van Beneden, 7 784. ronné : ; Concour s (Grands). Prix de Rome: ARCHITECTURE (1890. Cin- quième rapport du lauréat Ver- helle (lecture des appréciations de MM. Winders, Janlet et Ma- quet , 749. — 1893) Troisième rapport et requête du lauréat née d’études (lecture des appré- ciations de MM. Winders, Janlet et Maquet), 485, 656. — (1896) M. Aug. Cols, lauréat, 570, 634; Allocation de sa pension, 749. GRAVURE (1896). Lauréats, , 654 482 Musique ( an ks (P.). "Aby- rapport sur son red en Autriche (lecture des apprécia- seta de la appréciations de MM. Huberti et Flor. van Duyse: 1° sur sa parti- “tion Hélios ; 2 sur son rapport ien son séjour à Rome, 572, ssp de M. N. Daneau, jer se- cond prix PEINTURE (1895). DELVILLE (JEAN). Premier rapport (lecture des appréciations de MM. Hy- mans, Robie, Hennebicq et Cluysenaar), 572. SCULPTURE (1891). Septième rapport du lauréat Égide Rom- baux, 571; lecture des appré- ciations de MM. Jaquet, De Groot et Vincotte, 750. — (1897.) Programme, 749. Concours Godecharle. ARCHITEC- TURÉ (1893). Envoi réglemen- taire et premier rapport (troi- sième année d'études) du lau- _réat E. Lambot. (Lecture des appréciations de MM. Maquet, Janlet et Laureys), 484, 749. . Concours des cantates. M. L. Sol- vay, lauréat en 1895, 655. Congrès de littérature néerlan- daise, à Anvers (XXIIIe session). M. Aug. Snieders, délégué de l’Académie, 127. Couleur et spectre lumineux de quelques corps organiques; par W. Spring, Cyclones. Voir Tempêtes. D Dansers, etc. (De Secten der). Voir Secten (De). De Man (G.). Sa notice pour l'An- nuaire; par le chevalier Edm. Marchal, 485 Dérivés monocarbonés (Recherches sur les), § XII; par L. Henry, 35. Dons : TABLE DES MATIÈRES. |: Déterminant d'un système trans- 34. — (1895). Exécution de la | formable (Quelques propriétés du); par Jacq. Deruyts, 455. Dieu (Le) celtique INTARABUS ou ENTARABUS; par J. Waltzing, 744; rapport de MM. G. Kurth et P. Willems, 743. Ouvrages imprimés, par : Albert e praes de Monaco, 379; Arendt (L.), 475; Aubel (Van), 495; Bambeke Ch. Van), 222; Bernaert (Éd.), 729; Blok -J.), 729; Cauchie (Alfr.), 729; Cesàro (Ern.), 667; Ghes- tret de Haneffe (Le baron J.), 538; Clémen (Otto), 589; Corin (G.), 495; Cumont (G.), 589; de Jonghe (Le vicomte B.), 338; Delaborde (Le comte H.), 749; Delacre (M.), 579; Delplace (L.), 415; De Ridder (Alfr.), 475; Detroz, 589; Devillers (L.), 128; De Wildeman (E.), 222; Errera (L.), 379, 754; Faidherbe (A.), 128; Folie (F.), 495; Frank :L.), 729; Frederieg (L.), 495; Gau- ` dry (A. , 222; Gevaert (F.-A.), 483; Gille (V.), 128; Goblet d’AI- viella (le comte Eug.), 588; Goeij (Roger de), 128; Goffinet (V.), 667; Héger (P.), 223; Henrijean (F.), 495; Houzé E.) 2; Hynde- rick de Theulegoet ‘le chevalier) 729; Institut Solvay, 223; Jaco- bus (Dom), 474; Janssens (E.), 128; Jorissen (A.), 579; Justice (Ch:), 128; Kölliker (A.), 2,379; Lallemand (L.), 729; Lancaster (A), 667; Laurent (Ém.), 222, 754; Lefèvre-Pontalis, (A.), 558; Matthieu (Ern.), 589; Ministre TABLE DES MATIÈRES, de l'Agriculture et des Travaux publics, 571, 749; Ministre de la publique, 204,578, 472, 485, 588, 666,728,749; Moeller (Ch), 475; Nadaillae (le marquis de), 474; Observatoire roval de Belgique, _ gaud (L.), 128; Piot (Ch), 589; Potvin (Ch), ii; Prinz (W. \ 405; Reinach (Th. ), 474; Re- nait (B.),2,667; Rolin (A.),475; Schiaparelli (GV, 667; Selys Longchamps (le bon Edm. de), 2; Sleeckx (D.), 588; Stroobant (L.), 475; Stroobant (P.), 495; Tackels (C.-J.), 5; Thomas (PJ), 729; Toussaint, 558; Van den Corput (le Dr), 558; Vanlair (C.), 667 ; Vincent (J.), 222 ; Wagner (Otto), 749; Wannyn (J.\, 558; Wauters (Alph.), 589, E École. Note par T.-J. Lamy (De la création d’une École historique belge à Rome; par Alfr. Cau- chie), 755. Élasticité des liquides (Sur les effets de l», par G. Van der Mensbrugghe, fre et Je notes, 270, 418. Élections. CLASSE DES LETTRES. MM. Reinach et Bryce remer- cient pour leurs diplômes d’as- socié, 127. CLASSE DES SCIENCES. M. Ma- 979 - sius, élu membre titulaire, 951; MM. Mendeleiff, Beltrami, Jans- sen, Des Cloizeaux et Treub, élus associés, 950, 951, Électricité. A. Sur la nature de Féleemiesté, 75; B. Note relative conduction de cette énergie, 26; ssion photogra- phigue produite les cou- rants gazeux ren reerd solides en suspe électro-dynamique de Zenger, en. — Étude g partie (Mémoires). Rapports de MM. De He 85; seconde partie, 667. Éléonore d'Autriche. Note par Élèves (Attention des), — Voir Attentio Enseignement Note par Ch. Du- er (Histoire de l'enseigne- ax primaire en Hainaut; par Ern. Matthieu), 591. — Voir Attention. Erreur. > propos d’une prétendue erreur; par L. Henry, 59. Eseun (iben de l'y. — Voir h II. bier phénoxacétique. Son action r l'éther chloracétique; par TRE (AJJ), 502; rap- 980 . port de MM. Spring et Henry, Éthyle. Le bromure d’éthyle comme anesthésique opératoire chez les Céphalopodes; par J.-F. Heymans; 578; avis de MM. Plateau et Fredericq (L.), 500. Éthyle sodé. — Noir Phénoxacé- late. F Femme. Note par L. Vanderkin- dere (A. L’épargne de la femme mariée; B. Le témoignage de la : femme; C. La femme contre l'alcool; par L. Frank), 756. Fleurs. Comment les fleurs atti- rent les Insectes. Deuxième partie, par F. Plateau, 505. Fonctions hypergéométriques d'ordre supérieur; par J. Beau- pain (Mémoires des savants étrangers, in-4°); rapports de _ MM. J. Deruyts, Le Paige et Mansion, 669, 670. — Fonc- tions invariantes associées à un système transformable; par - Jacques Deruyts, 82. — Sur un nouveau développement de la fonetion gamma qui contient la série de Stirling et celle de - pa par G. Landsberg, Pelie — Voir Concours ; Prix. Formule z, par E. Vial (Note dé- aux archives après rap- port verbal de M. Mansion), 226. Funérailles. Discours prononcés aux funérailles : de Francois „Donny, par G. Van der Mens- TABLE DES MATIÈRES. brugghe, 496; du lieutenant général P. enrard, par comte Goblet d'Alviella, 750. — Derniers honneurs à rendre à la mémoire de J. Delboeuf (M. , délégué de l’Acadé- mie), 378, 154. G sr Ee Secten der). Voir Secte de af géologie. La géogra- phie physique et la géologie, par Ch. de la Vallée Poussin, 925. : Glycérine. Voir Nitro-glycérine. Glycol éthylénique (Sur la prépa- ration du), par L. et P. Henry, 402 Granvelle. Note par Ch. Piot sur le tome XII de la Correspon- danee en cardinal de Granvelle, 590. Grotte. bé grotte du mont Falhise (Anthée), par J. Fraipont, 754. H Hainaut. Voir Cartulaire et Ensei- gnement Insectes. Comment les fleurs atti- ent les Insectes. Deuxième partie, par F. Plateau, 505. nvertébrés. Mémoire sur linter- vention de la phagocytose dans le développement des Inverté- brés, par le Dr G. De Bruyne, Rapports par MM. Plateau, Van Bambeke et L. Errera, 755,766, TABLE DES J Jean de Goch. Note par P. Fre- derieq (Johan Pupper von Goch; von Otto Clemen), 595. sg Il en la liberté de l’Escaut. Fra Banning et P. Frederieg, 157, 159, 168. Jubilé. — Voir Anniversaire. Juif-Errant. Note par le chevalier Edm. Marchal (Les dix jours du Juif-Errant; poème par Éd. Ber- naert), 754. K Kekulé von Stradonitz (F.-A.). M. Spr romet sa notice ing P pour l'Annuaire, 222, L ved de l'Escaut. Voir Joseph IL. Lim Liquides. Voir Élasticité. Littérature néerlandaise. Congrès fyon. Note par H. Hymans. (Gra- rs sur bois et imprimeurs à Lyon au XVe rt Relieurs de livres à L XVII siècle. Les médailleurs Voir lyonnais. Graveurs d’estampes MATIÈRES, 981 à Lyon au ci siècle; par N, Rondot), 20 M Mers (Les) quaternaires en Belgi- ourlon, 671. rites Fe par A.-F. Re- nard, Minéraux. Dai des miné- raux dus È la nr et Renard, ‚ 114 Mipil aje de Nra par G. Cesàro, 279. Molybdène. Sue le poids a need du geiter Rapports MM. Spring, L. Henry et Di Heen, 795, 798, 8 Monde. Note sur le système du monde électro-dynamique de Zenger; par P. De Hee Mont Falhise, Anthée (La. grotte du); par J. Fraipont, 754. Monument. Le monument chrétien de Si-ugan-fou, son texte et sa signification; par T.-J. Lamy et A. Geluy, 729. ut perpétuel. Dépôt aux archives d’une lettre de M. Con- nie a examinée ar M. Valériu Muscles. Gon à l'étude des phénomènes polaires des muscles; par le Dr E. Lahousse, 545; rapport de MM. L. Fréde- ricq et Plateau, 500, 501. Musique. La musique et les écoles 982 TABLE DES nationales; discours par Th. Radoux, 644. Un mot au sujet de ce discours; par Peter Be- noit, 751. N Nécrologe : Curtius (Ern.), 337; Delbœuf (Joseph), 378; Donny (François), 494; Fizeau (A.-H.- Louis), 578; Henrard (Paul, Kekulé von Stradonitz (F.-A.), 222; Prestwich (sir Joseph), 2; Tardieu nt Ch), 748; Tisserand (F.-F.), 4 Nitro-glycérine er de Ja); ; par L. Hen nry, 266 Nombre premiers (Ca leul des); par Jos. Marchal (note déposée aux archives après rapport ver- bal de M. Mansion), 226, o Oiseaux. Notes sur les Oiseaux d'Aristophane; par A. Willems, 03 Orchidacées Contribution à l'étude de la localisation microchimi- que des alcaloïdes dans la fa- . mille des Orchidacées, par E. De Droog (Mémoires in-8e, t. LV Rapport de MM en Errera et Crépin, 584, 586 Ordre de Léopold. MN. Candèze, Van Bamkeke et Spring, promus officiers, 755. beg shear Juillet, 218; 372; octobre, 485; novem- an 6565 noue. ‘ost. Voir ~ . MATIÈRES. P Pacien (évêque). Note par J.-C. Vollgraff (Paciani rs Episcopi opuscula, par Ph.-H Peyrot), 757. Passions. Mémoire sur les pas- sions allemandes du Rhin dans leurs rapports avec. l’ancien théâtre français, par Mauriec Wilmotte. Rapports. de MM. J. Stecher et P. Fredericq, 740, 9 Pays-Bas autrichiens. — Voir Tor- ture. Peuple néerlandais. Note par Paul Fredericq (Geschiedenis van het Nederlandsche volk, derde deel, door P.-J. Block’, 735. Phénozxacétate d'éthyle sodé (Sur le), par A.-J.-J. Vandevelde, 302; rapport de pan n et Louis Henry, 254, Phagocytose. Eu ention de la phagocytose dans le développe- ment des Invertébrés. Rapports sur ce mémoire couronné du Dr ©. De Bruyne, par MM. Pla- teau, Van Bambeke et L. Errera, 155, 766, 767. Photographie Le Bon (Sur la); par . De Heen, 75. — Impression photographique produite par les courants gazeux renfermant des particules solides en sus- pension; par P. De Heen, 554. Piétés féroces, Note par le cheva- lier Edm. Marchal (Les piétés féroces, Pour Allah ! par Éd. Ber- naert), 734. TABLE DES Plantes supérieures. Voir Atole. Plomb. Voir Solubilité. Poids. Dépôt aux archives d’une lettre de M. Stephan Emmens sur existence de certaines rela- tions de poids chez les corps. Polyèdres superposables à leur image (Mémoires in-4e dé l’Aca- démie, t. LIII), par G. Cesàro Rapports de MM De Tilly, Neu- berg et de la Vallée Poussin (Ch.), 226, 250, 251 Population. De l'accroissement de la population et de ses effets dans l'avenir; par le général A. Brialmont, 884. Prix Anton Bergmann (deuxième période). Programme, 137, 151. Prix Castiau (sixième période). Programme, 140, 1 Prix Édouard Mailly {première _ période, 1892-1805). Rapports de MM. Folie, Le Paige et Terby, 803, 808, 809; proclamation, 949 Prix Émile de ER (première période). Programme, 142. Prix de Saint nos es période", dg een 136, 150; sans résultat, 595. Prix Jean-Servais Stas. Mémoire sur le poids atomique du molyb- ‚4 Pes de Stassart (Histoire natio- nale, cinquième période, 1871- 1888). M. Kurth, lauréat, remet Ja seconde partie de son mé- MATIÈRES. 985 moire pour l'impression, 728; programme de la Vlle période. 155, 149. — (Notice sur un Belge célèbre.) Programme de la VII» période, 135, 149. Prix Joseph De Keyn (neuvième concours). Programme, 158, 152, Prix Joseph Gäntrelle (troisième et Heee périodes). Pro- gramme, 141. Prix a dal de littérature dra- malique en langue française (treizième période). Liste dou- ble de candidats pour la forma- tion du jury, 588, 759. Prix quinquennal des sciences so- ciales (troisième période). Liste né à MM. L. Fredericq et Nuel, 666. Prix quinquennal des sciences his- toriques (troisième période, 1891-1895). M. Godfr. . Kurth, lauréat re à Prix décennal des sciences regine Liste double de can- di pour la formation du ju m À ry, probabilités. Voir Carrés (Moin- dres) Q Quinhydrones mixtes; par Alfr. ppor Biltris, 286; ra t de MM. Spring et L. Henry, 252, 255. TABLE DES R Radiographie. Temps de pose qu’exige une bonne E radiographique; par L.-N. V devyver, 467; rapport de MM. Van der Mensbrugghe et De Heen, 386, 587. — Voir Électri- cité. Radiomètre (Note sur sa théorie); par P. De Heen Rayons Röntgen. Voir Électricité et Radiographie. S Salaire. Note par L. Vanderkin- dere (Les salaires de la famille ouvrière, par L. Frank), 756. Secten (De) der Geeselaars en der Dansers in de Nederlanden tij- dens de XIVe eeuw; door P. Frederieq ‘Mémoires in-te). Lec- ture des rapports de MM. Wau- ters, Vuylsteke et Piot, 739. Sénèque. Note par P. Willems - (Sénèque. Morceaux choisis; par ‚Le monument chré- tien de Si-ugan-fou; par T.J. La- my et A. Geluy, 729. Solubilité. Sur la solubilité réci- proque du bismuth et du plomb dans le zinc. Existence d’une sp ee par W. Sprin , 51. Spectre ét: Voir Couleur. T Température ne — Voir Attention MATIÈRES. Température critique. — Voir Solubilité. Tempêtes et cyclones; par le che valier A. de Longrée (note dé- posée aux riens sur l'avis de . Lancaster Théâtre daze ae — Voir Passio ae à aux Pays-Bas autrichiens pendant le XVIIIe siècle (La), par Eug. Hubert (Mémoires savants étrangers, in-4°, t. LV). Rapports de MM. Prins, Duvivier et Brants, 595, 601, 602 Tube de Crookes (Vérification ex- périmentale de notre théorie du); par P. De Heen, 277 Vv Valléite (La), nouvelle amphibole rid par G. Gesàro, lt men sur la vola- tilité s composés carbo- w e la volatilité des compo- sés chloro-nitrés et bromo-ni- trés; par L. Henry, 240. Végétaux. Sur le mécanisme de la cicatrisation chez les végétaux; Errera, Crépin et Gilkinet, 784, 192. Y Yi-King (Interprétation du). La version mandehoue et ma tra- duction ; par C. de Harlez, 559, Z Zenger. — Voir Monde. TD in CL RS TE MS tn ie SEEN AUS dh den OS » MIE SRE à TABLE DES PLANCHES CESARO (G.). Le mispickel de Nil- ze bole orthorhombique (6 fig. ), 7-541. De | HEEN (P.). Sur la théorie du radiomètre, sur la photographie Le Bon et sur la nature de l'électricité (4 té hes), 75. — Vérification de notre théorie du ditions d’équilibres infra-élec- triques et à la conduction de cette énergie (6 figures et3 plan- ches), 428-432. — Impression photographique produite par électrique (4 figures), 712-716. — Note sur le système du monde éleetro-dynamique de Zenger aux archives de Tournai (2 pl.), 211 Forte (F.). Une réaction en as- tronomie. Où git l'erreur fon- damentale des formules de 5° SÉRIE, TOME XXXII. ET DES FIGURES. | réduction rapportées à l'axe instantané (1 figure), 592. PLATEAU (F.). Comment les fleurs attirent les Inseetes (seconde ; ns em moe re ec sur l'attention volontaire des élèves (1 figure “p 2 planches), 316-355 SPRING (W.) ct ROMANOFF (L ). Sur la solubilité réciproque du bis- muth et du plomb dans le zine. Existence d'une température critique (1 figure), 59. VAN DER MENSBRUGGHE (G.). Sur les nombreux effets de l’élasti- deuxième is na Lp Recherchés sur Péther phénoxacétique. Son action sur l’éther ehloracétique (1 figure), 312 VANDEVYVER (L.-N.;.Temps de pose qu’exige une bonne épreuve radiographique (5 planches), 470. WILLEM (V.). Observations sur la croissance (2 figures), 566-575. ERRATA. Page 211, Planche accompagnant la note de M. FI. van Duyse, 3e portée, au lieu de : gres. me vo > rai te lisez : EEN Ed ee gres me vo rai Page 848, ligne 10, au lieu de : Azote organique (10m97,0 — 194m97,7), lisez : Azote organique (194m9r,7 — 10mor,0) Te — — PUBLICATIONS ACADÉMIQUES. Depuis la réorganisation, en 1816. oires, t. I-XIX (1820-1845); in-4. — Mémoires, È È CL 4846- 1803); Sr — Prix : 8 fr, par volume à rit du tome X. émoires nt mn i t. I-X V (1847- 1019); in-40 — Mémoires uronnés et Mémoires dessavan g t XVI-LIV (1843-1894). — bri: at fr. ae More à partir r du tome XII. in xna t. I-LIV. haia; 4 fr. par T Tables de es A. Namur et P. Mans FA pra Tables des Médioires. desen " {858-1878) te 48. Annuaire, {re à Game année, 1835-4896; in-48. Rëglements e -48. ultetins, {re sér., t. I-XXHH; ;— 2e sér., sA T nit: 5 ROI AT ~ sereen aux ed de zach sr fr. par Ta s gén s des tins Cu “xx IT, dre be. (182-150 1858; in-80. ig dr. t.l- CXX A85 a X TXE L (1867. 1880), 1883; i Bibliographie académique, {re édit., 1854, 2e édit. 1874, ge édit., 4886; in-48. ogue de la os ge p eid Are partie : nous sayantes et ee ek heg 2de partie : s, lettres, arts, 4884-90 ; 4 n-80, Catalogue de la bibliothèque du baron de Scan, 1863; in o 1719-1879). 1872; 2 vol. gr. in-8° Monimente de la ins flamande. rlant : DER NATUREN en, tome 4er, publié DFT Hondt 857 SV inte, — RYMBYBEL, avec Glossaire, publié par J. pavia, 4855-4860; 4 vol.; Aa iink GEESTEN, publié par Snellaert i 860-1862; 2 vo Nederlandsche godichten, ins da seg par Snellaert, ed re — Parthonopeus van Bloys r J. Bor , 4871; vol, — spegnel der Wysheit, van Ba Raat Publié aes. das, len: 4 vol. Fr es des grands écrivains du pays. re ere publiées par le baron Kervyn de Lettenhove, PAN eam, Py GE ve — Le le livre des Chroniques de Frois- sart, par le mêm Hrá vol. — penn de par L. 1863, 2 vol, — Li umans de Cléomadès, par André pi vre yay 2 vol — Dits et Contes de Jean et hk . par ie Scheler. cri 3 Vol, — Li ars À dote ar rs 1866 1873, 2 vo — Œuvres de Froiss : Chr oniques, zal e baron Kervyn de Lanhore 1867-1877, 26 vol; — Polini. par Aug. Scheler. rept 72, 3 vol; — Glossaire, par le même. 1874, 4 vol. — Letres de Come mines, rés Kérvyn de ij es Ke 3 vol, — Dits deg À fr Dr in, par A. Scheler. 486$, 1 vol. — Les En le même. EA LUE - Bueves de OEE EnA par ideate li Riis, par le même. 4874, 4 vol. 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