SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, 2, rue Mignon. k oh BÜLLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 TOME DEUXIEME PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTE RUE DU VIEUX-COLOMBIER, 24 1855 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE (MARS 1855). ACARD (A.), pharmacien, à Rugles (Eure). AMBLARD (Louis), rue de Madame, 43, à Paris. AVICE DE LA VILLEJAN, rue du Bac, 34, à Paris. BAILLON (H.), interne des hôpitaux, à la Salpêtrière, à Paris. BALANSA (B.), rue Suger, 1, à Paris. BALL (JOHN), membre du parlement britannique, Stephen-Greens, à Dublin (Irlande). BARAT, professeur au lycée Impérial d'Alger. BARRAU (ADOLPHE DE), docteur en médecine, à Carcenac, près Rodez (Aveyron). BAUDRIMONT, pharmacien en chef de l’hospice Sainte-Eugénie, rue du Dragon, 4?, à Paris. BAUDRY (FRÉDÉRIC), ancien bibliothécaire de l'institut agronomique, rue de la Peroisse, 12, à Versailles. BEAUTEMPS-BEAUPRÉ (CHARLES), substitut du procureur impérial, à Cher- bourg (Manche). BILLOT (CHARLES), professeur au collége de Haguenau (Bas-Rhin). BLANCHE (ISIDORE), vice-consul de France à Tripoli (Syrie). — (Correspondant à Paris : M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72). BOISSIER (EDMOND), à Genève (Suisse). BONAFOS PÈRE, docteur en médecine, rue Porte-de-l’Assaut, 2, à Perpignan. ! BONHOMME (JuLEs), naturaliste, à Milhau (Aveyron). BORDÈRE, instituteur primaire, à Gèdres, près Luz (Hautes-Pyrénées). BORNET (ÉpouARD), rue de la Calandre, 27, à Paris, BOUCHARDAT, professeur à la Faculté de médecine, à l'Hôtel-Dieu, à Paris, BOUDIER, pharmacien, à Montmorency (Seine-et-Oise). BOUIS (DE), docteur en médecine, rue Saint-Louis, 44, au Marais, à Paris. BOULOUMIÉ (Louis), rue du Vieux-Raisin, 26, à Toulouse. BOURGEAU (ÉMILE), naturaliste voyageur, rue Saint-Claude, 44, au Marais, à Paris. BOURGUIGNAT, préparateur à la chaire de paléontologie du Muséum, rue Saint- Guillaume, 2, à Paris. a ij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOUTEILLE, à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise). BOUTEILLER (En.), professeur à Provins (Seine-et-Marne). BOUTIGNY, garde général des forêts, à Lourdes (Hautes-Pyrénées). BRICE (GEORGES), chef de bureau au ministère de la maison de l'Empereur, rue des Écuries-d’Artois, 13, à Paris. BRIMONT (le baron DE), rue de Grenelle-Saint-Germain, 53, à Paris. BRONDEAU (Louis DE), à Reignac, commune de Moirax, près Agen (Lot-et- Garonne). | BRONGNIART (ADOLPHE), membre de l’Académie des sciences, etc., au Jardin des Plantes, à Paris. BROU (l'abbé), curé à Oulins, par Anet (Eure-et-Loir). BRUTELETTE (B. DE), à Abbeville (Somme). BUREAU (ÉDOUARD), rue Madame, 40, à Paris. CADET DE CHAMBINE (Eomonp), rue du Faubourg-Poissonnière, 31, à Paris. CAILLETTE DE L'HERVILLIERS (EDMOND), membre de l’Institut historique de France, rue Vavin, 6, à Paris. CALLAY (A.), pharmacien, au Chêne (Ardennes). CALMEIL (le docteur), médecin en chef de la maison impériale de Charenton, près Paris. CARON (HENRI), à Bulles (Oise). CARUEL (T.), au musée d'histoire naturelle de Florence (Toscane). * CAVENTOU (EUGÈNE), rue Gaillon, 20, à Paris. CHASTANET (A.), à Mussidan (Dordogne). CHATIN (A.), professeur à l’École de pharmacie, rue du faubourg Saint- Honoré, 208, à Paris. CHAVIN (l'abbé), curé à Compesières, près Genève (Suisse). CHEVALLIER, chef d'institution, rue Villeneuve, 42, à la Rochelle. CHOISY (le professeur), à Genève (Suisse). CLARINVAL, colonel d'artillerie, à Metz. CLOS (D.), professeur à la Faculté des sciences, au jardin botanique, à Toulouse, Membre à vie. COMAR (FERDINAND), élève en pharmacie, rue de Poissy, 4, à Paris. CONTES (le baron GUSTAVE DE), maison Laurencin, à Nice (États sardes). COSSON (Ernest), docteur en médecine, rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. COURTAUT (HENRI), sous-chef à l'administration des Domaines, rue de l'Ouest, 35, à Paris. CROUAN (HIPPOLYTE), pharmacien, rue de la Fraternité, 6, à Brest, CUIGNEAU (TH.), docteur en médecine, Allées-Damour, 16, à Bordeaux. DAENEN (l'abbé), aumônier de la chapelle Saint-Louis, à Dreux (Eure-et-Loir), DARRACQ (Uzysse), pharmacien, à Saint-Esprit (Landes). DARRIEUX (Arsène), docteur en médecine, maire de Saint-Jean-Pied-de-Port (Basses-Pyrénées). DAUDIN (H.), propriétaire, à Pouilly, par Méru (Oise). DEBEAUX (ODON), pharmacien aide-major, à l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris. DECAISNE (J.), membre de l’Académie des sciences, etc., au Jardin des Plantes, à Paris, LISTE DES MEMBRES. il] DE CANDOLLE (ALPHONSE), à Genève (Suisse). DELASTRE, rue de l’Hospice, 23, à Poitiers. DELAUNAY, manufacturier, à Tours. DELESSERT (FRANÇOIS), membre de l’Académie des sciences, etc., rue Mont- martre, 172, à Paris. DELONDRE (AUGUSTE), à Graville-Hlavre (Seine-Infériceure). DELONDRE (AUGUSTIN), rue des Juifs, 20, à Paris. DERBËS, professeur à la Faculté des sciences, rue des Minimes, 10, à Marseille, DEROUET, membre du conseil général d’Indre-et-Loire, ruc des Fossés-Saint- Georges, 4, à Tours, et rue Chabannais, 4, à Paris. DES MOULINS (CH.), membre de plusieurs académies, rue et hôtel de Gourgues, à Bordeaux. DORVAULT, pharmacien, rue de la Vrillière, 10, à Paris. DOUMET {E.), député au corps législatif, maire de Cette (Hérault). DOURS, docteur en médecine, à Péronne (Somme). DOVERGNE, pharmacien, à Hesdin (Pas-de-Calais). DUBOC (ÉDOUARD), rue des Gobelins, 27, Ingouville, au Havre (Seine-[nférieure). DUBY (le pasteur), à Genève (Suisse). DUCHARTRE (P.), docteur ès sciences, rue de Sèvres, 14, à Paris. DUCLAUX, vice-président du tribunal civil, à Laval (Mayenne). DUCOUDRAY-BOURGAULT (L.-H.), rue Cambronne, 2, à Nantes. DUFOUR (LÉON), à Saint-Sever-sur-Adour (Landes). DUHAMEL, employé au ministère de la Guerre, rue Saint-Honoré, 501, à Paris, DUMOLIN (J.-B.), à Saint-Maurin, par Puymirol (Lot-et-Garonne). DUNAL (FÉLIX), professeur à la Faculté des sciences de Montpellier. DUPUY (l'abbé), professeur d'histoire naturelle au petit séminaire d’Auch (Gers). DURIEU DE MAISONNEUVE, directeur du nouveau Jardin des Plantes, allée des Noyers, 28, à Bordeaux. DUSACQ, libraire-éditeur, rue Jacob, 26, à Paris. DUVAL.-JOUVE, inspecteur d’Académie, rue des Veaux, 3, à Strasbourg. ÉLOY DE VICQ (LÉON), place de la Placette, à Abbeville (Somme). FABRE, professeur d’histoire naturelle au lycée d’Avignon. FAIVRE, docteur en médecine, professeur au collége Stanislas, rue Bonaparte, 72, à Paris. FAUCHIER (P.), pharmacien, à Nérondes (Cher). FAYE (Léon), conseiller à la Cour impériale de Poitiers. FÉE, professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Strasbourg, FÉRAUD (HIPPOLYTE) , percepteur des contributions directes, à Carpentras (Vaucluse). FERMOND (CHARLES), pharmacien en chef de la Salpêtrière, à Paris. FONTÈS, docteur en médecine, rue du Bouloi, 17, à Paris. FOVILLE (ACHILLE), interne des hôpitaux, à la Salpêtrière, à Paris. FRANQUEVILLE (ALBERT DE), rue Palatine, 5, à Paris, et au château de Bisanos, par Pau (Basses-Pyrénées). GAILLARDOT (C.), médecin de l'hôpital de Saïda (Syrie). — (Correspondant à Paris : M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.) iv SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GAY (CLAUDE), boulevard Bonne-Nouvelle, 25, à Paris. Membre à vie. GAY (JAGQUES), rue de Vaugirard, 36, à Paris. GENTILHOMME (E.), pharmacien à Plombières-les-Bains (Vosges). GERMAIN DE SAINT-PIERRE, docteur en médecine, rue Pavée-Saint-André, 3, à Paris, GIDE (CasrMiR), libraire-éditeur, rue Bonaparte, 5, à Paris. GIRAUDY, boulevard Chave, 90, à Marseille. GODRON, doyen de la Faculté des sciences, rue de Ja Monnaie, 4, à Nancy. GOGOT, docteur en médecine, rue des Trois-Pavillons, 4, à Paris. GONOD EUGÈNE), élève en pharmacie, rue de Sorbonne, 20, hôtel Rollin, à Paris. GONTIER, docteur en médecine, rue Saint-Honoré, 364, à Paris. GRAVES (Louis), directeur général des forêts, rue de Verneuil, 51, à Paris. GRENIER, professeur à la Faculté des sciences, rue de la Préfecture, 44, à Besancon. GROENLAND (JEAN), rue d'Enfer, 19, à Paris. GUBLER, agrégé à la Faculté de médecine, rue de Seine, 42, à Paris. GUÉPIN, docteur en médecine, rue des Lices, 11, à Angers (Maine-et-Loire). GUEYDON DE DIVES, à Mansac, par Saint-Astier (Dordogne). GUIDI (Louis), à Pesaro (États de l'Église). GUILLON (ANATOLE), contrôleur des contributions indirectes, rue de la Tour, 71, à Passy, près Paris. GUYOT-RESSIGEAC (CHARLES), capitaine d’artillerie, à Grenoble. HÉNON, interprète militaire, à Biskra (Algérie). HENNECART, ancien député, rue Neuve-des-Mathurins, 44, à Paris. HÉRÉTIEU, inspecteur des contributions directes, à Montauban (Tarn-et- Garonne). HÉRICART-FERRAND (le vicomte), rue Sainte-Catherine-d’Enfer, 4, à Paris. HÉRINCQ, attaché au Muséum d'histoire naturelle, rue Guy de la Brosse, 11, à Paris. HERLING (A.), rue des Petites-Ecuries, 53, à Paris, HOOKER (sir William), au jardin botanique de Kew, près Londres, HOWARD (Jonn ELLIOT), à Tottenham, près Londres. HUBERT, pharmacien, à Brest (Finistère). HUGUENIN (AUGUSTE), à Chambéry (Savoie). IRAT (ALBERT), substitut du procureur impérial, à Cahors (Lot). JACQUEL (l'abbé), curé à Liezey, canton de Gérardmer (Vosges). JAMAIN (A.), docteur en médecine, rue de Savoie, 43, à Paris. JAUBERT (le comte), ancien ministre, rue Saint-Dominique, 67, domaine de Givry, par La Guerche-sur-Aubois (Cher). JORDAN (ALEXIS), rue Basseville, 40, à Lyon. JOUFFROY-GONSANS (M. DE), rue de la Préfecture, 20, à Besançon, et à rue de l’Ancienne-Comédie, 24. f JOUVIN, professeur à PEcole de médecine navale, rue Saint-Lonis fort-sur-mer (Charente-{nférieure), | ! à Paris, et au Paris, 88, à Roche- LISTE DES MEMBRES. v JULLIEN-CROSNIER, conservateur du Jardin des Plantes, rue d’Illiers, 54 bis, à Orléans. KIRSCHLEGER, professeur à l'Ecole supérieure de pharmacie de Strasbourg, KRESZ, docteur en médecine, rue des Bourdonnais, 14, à Paris. LABOURET (J.), hôtel de l’ancienne sous-préfecture, à Ruffec (Charente). LACROIX (l'abbé DE), à Saint-Romain-sur-Vienne, par les Ormes (Vienne). LAGRANGE, docteur en médecine, rue des Francs-Bourgeois, 14, au Marais, à Paris. | LAGRÈZE-FOSSAT (ADRIEN), avocat, à Moissac (Tarn-et-Garonne). LAISNÉ (A.-M.), ancien principal du collége, à Avranches (Manche). LAMBERTYE (le comte LÉONCE DE), à Challrait, par Montmort (Marne). LAMIHABLE (G.), rue de l'Est, 23, à Paris. LAMOTTE (M.), pharmacien, à Riom (Puy-de-Dôme). LA PERRAUDIÈRE (HENRI DE), rue du Cornet, 24, à Angers. LAPORTE (EpMonp), boulevard de l'Étoile, 38, aux Thernes, près Paris. LARAMBERGUE (HENRI DE), à Castres (Tarn). LAREVELLIÈRE-LÉPEAUX, au Gué du Berger, à Thouarcé (Deux-Sèvres). LASÈGUE (A.), conservateur descollections botaniques de M. Francois Delessert, rue Montmartre, 172, à Paris. LAVAU (GASTON DE), rue du Bac, 97, à Paris. LAVERNELLE (OSCAR DE), hôtel de Ja préfecture, à Besançon. LEBAIL, docteur en médecine, au Mans, LEBEL (E.), docteur en médecine, à Valognes (Manche). LEBEUF (FERDINAND), pharmacien, à Bayonne (Basses-Pyrénées). LEBLANC, ancien ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue du Gindre, 4 kd à Paris. LECLÈRE (Louis), chez M. Léon Denouette, à Montviller, près le Havre (Scine- Inférieure). LECOQ (HENRI), professeur d'histoire naturelle, à Clermond-Ferrand (Puy-de- Dôme). Membre à vie. LEGRAND (de l'Oise), ancien député, rue Richepanse, 7, à Paris. LEGUAY (LÉON), inspecteur des jardins impériaux, rue du Cherche-Midi, 17, à Paris. LE MAOUT, docteur en médecine, quai de la Tournelle, 33, à Paris. LENORMANT (FRANÇOIS), rue Neuve-des-Petits-Champs, 14, à Paris. LE PRÉVOST (AUGUSTE), membre de l’Institut, à Bernay (Eure). LEROUX DE BRETAGNE, avocat, rue des Saints-Pères, 61, à Paris. LESPIAULT (M.), peintre d'histoire naturelle, à Nérac (Lot-et-Garonne). LESPINASSE (GUSTAVE), agent de change, rue de l’Intendance, 9, à Bordeaux. LESTIBOUDOIS, conseiller d'État, rue de la Victoire, 92, à Paris. LEVENT, ancien pharmacien, place du Palais-de-Justice, 16, à Reims (Marne), LHERITIER, docteur en médecine, rue de la Victoire, 8, à Paris. LOMBARD (F.), place d’Armes, 4, à Dijon. LORIÈRE (IRÉNÉE DE), rue Chanoinesse, 42, à Paris. vi SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LORT-MIALHE (DE), à Narbonne (Aude). Membre à vie. LOYSEL (FRANÇOIS-CHARLES), rue Mazarine, 3, à Paris. MACKENNA (BENJAMIN VICUNNA), au Chili. — (Correspondant à Paris: M. Charles Valder, passage de la Madeleine, 4.) MAILLARD (AUGUSTE), rue Saint-Sulpice, 4, à Paris. MAILLE (ALPHONSE), rue Madame, 4, à Paris. MANESCAU, ancien représentant, à Pau (Basses-Pyrénées). MARCILLY (DE), garde général des forêts, à Compiègne (Oise). MARÈS (P.), docteur en médecine, rue Blanche, 40, à Paris. MARJOLIN, docteur en médecine, rue Neuve-Saint-Augustin, 69, à Paris. MARSY (DE), procureur impérial, à Vervins (Aisne). MARTIN (ÉMILE), juge, à Romorantin (Loir-et-Cher). MARTINS (CHARLES), professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. MARTRIN-DONOS (le comte VICTOR DE), Grande-Rue, à Montauban (Tarn-et- Garonne). MARULAZ (V.), inspecteur des forêts, à Bar-le-Duc (Meuse), MASSON ({Vicror), libraire-éditeur, place de l'École-de-Médecine, à Paris. MASSOT (Armé), docteur en médecine, rue Saint-Jean, 9, à Perpignan. MATHIEU (AUGUSTE), inspecteur des forêts, professeur à l’école impériale fo- restière, rue Stanislas, 46, à Nancy. MATIGNON (E.), à Fontainebleau (Seine-et-Marne). MAUGERET, directeur du télégraphe, à Agen (Lot-et-Garonne). MELICOCQ (le baron DE LArons DE), rue Royale, 84 bis, à Lille. MENIÈRE (le docteur), médecin de l'établissement des sourds-muets, à Paris. MICHALET (EUGÈNE), à Dôle (Jura). MIERGUES (AUGUSTE), docteur en médecine, à Anduze (Gard). MILLET (C.), inspecteur des forêts, rue Castiglione, 14, à Paris. MONARD (P.), ancien médecin en chef des armées, conservateur du jardin bo- tanique, rue de l’Évêché, 25, à Metz. MONIN, docteur en médecine, à Blois (Loir-et-Cher). MONTAGNE (CAMILLE), membre de l’Académie des sciences, etc., rue des Beaux- Arts, 12, à Paris. MOQUIN-TANDON, membre de l’Académie des sciences, etc., rue de l'Est, 2, à Paris. MOUGEOT Père, docteur en médecine, à Bruyères (Vosges). MOURA-BOUROUILLOU (B.), docteur en médecine, rue de la Fontaine-Molière, 33, à Paris. MUNBY (G.), à Oran (Algérie). NOÉ (le vicomte DE), rue du Bac, 109, à Paris. NOULET, professeur à l'École de médecine, rue du Lycée, 8, à Toulouse. PARISOT (Louis), à Belfort (Haut-Rhin). PARLATORE (PmLIIPPE), professeur de botanique au Musée grand-ducal d’his- toire naturelle de Florence (Toscane). PARSEVAL-GRANDMAISON (JULES DE), avocat, aux Perrières, près Mâcon (Saône-et-Loire), LISTE DES MEMBRES. vij PASSY (ANTOINE), ancien député, rue Pigale, 6, à Paris. PAYER, membre de l’Académie des sciences, etc., rue Saint-Hyacinthe-Saint- Michel, 6, à Paris. PENCHINAT (CHARLES), docteur en médecine, à Port-Vendres (Pyrénées-Orien- tales). PERRIO (FRANCISQUE), à Napoléonville (Morbihan). PERROTTET, à Pondichéry. — (A Paris, rue Montmartre, 172). PERSONNAT (CAMILLE), rue d’Étigny, 20, à Auch (Gers). PERSONNAT (Vicror), employé des contributions indirectes, au canal de Béziers (Hérault). PETIT (GUILLAUME), membre du conseil général de l'Eure, à Louviers (Eure). PETIT (V.), docteur en médecine, à Hermonville, près Reims (Marne). PEUJADE (ULY55E), docteur en médecine, à Najac (Aveyron). PLANCHON (J.-E.), professeur suppléant à la Faculté des sciences de Montpellier. POMMARET (E. DE), à Agen (Lot-et-Garonne). POUCHET (EUGÈNE), à Saint-Michel-de-la-Haie, par Bourgachard (Eure). PRILLIEUX (ÉDOUARD), rue de la Ville-l'Évêque, 44, à Paris. PUEL (TIMOTHÉE), docteur en médecine, boulevard Beaumarchais, 72, à Paris. QUESTIER (l'abbé), curé, à Thury en Valois, par Betz (Oise). RABOTIN, pharmacien, à Fontainebleau (Seine-et-Marne). RAMBUR (P.), docteur en médecine, à Saint-Christophe-sur-le-Nais, par Neuillé- Pont-Pierre (Indre-et-Loire). RAMOND, directeur des douanes, au Havre (Seine-Inférieure). RASCON (MARTIN-JOSsE), à Mexico, — (Correspondant à Paris : M. O’Brien, rue Mogador, 4). RATIER (l'abbé), professeur au petit séminaire, rue de l’Esquille, 4, à Toulouse, RAULIN (VICTOR), professeur à la Faculté des sciences, rue Croix-de-Seguey, 87, à Bordeaux. REVEIL, agrégé à l'Ecole de pharmacie, à l'hôpital de Lourcine, à Paris. REVELIÈRE (EUGÈNE), rue des Payens, à Saumur (Maine-et-Loire). REY FILS, à Saint-Amand-Montrond (Cher). ROBERT (EUGÈNE), docteur en médecine, à Bellevue, près Meudon (Seine- et-Oise), ROBIN, ancien ingénieur divisionnaire des ponts et chaussées, rue de la Victoire, 73, à Paris. ROQUE' DE SAINT-PRÉGNAN, sous-inspecteur des forêts, rue Royale, 8, à Paris. ROUMEGUËÈRE (Casimir), secrétaire en chef de la sous-préfecture, rue du Fau- bourg-Saint-Etienne, 29, à Toulouse. ROUSSEL (le docteur), rue des Fossés-Saint-Jacques, 26, à Paris. ROYS (le marquis DE), ancien élève de l’École polytechnique, rue de Verneuil, 53, à Paris. SAINTINE (X.-B.), rue Cadet, 3, à Paris. SAUBINET aîné, membre de l’Académie impériale de Reims (Marne). viij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SAULCY (DE), membre de l’Institut, etc., place Saint-Thomas-d’Aquin, à Paris. SAUZÉ (C.), docteur en médecine, à la Mothe-Saint-Heraye (Deux-Sèvres). SAVATIER (ALEXANDRE), de Chéray (ile d'Oléron), docteur en médecine, à Beauvais-sur-Matha, par Matha (Charente-Inférieure). SAVATIER (Lupovic), de Saint-Georges {Ile d'Oléron), chirurgien de la marine, au port de Rochefort-sur-mer (Gharente-Inférieure). SAVI /PIETRO), professeur de botanique, à Pise. SCHIMPER (W.-P.), conservateur du Musée d'histoire naturelle de Strasbourg. SCHOENEFELD (W. DE), rue de la Ferme-des-Mathurins, 30, à Paris. SERINGE, professeur à la Faculté des sciences de Lyon. SERRES, colonel d'artillerie en retraite, à la Roche-des-Arnauds, près Gap (Hautes-Alpes). SERRES (HECTOR), pharmacien, à Dax (Landes). SOUBEIRAN (LÉON), agrégé à l'Ecole de pharmacie, quai de la Tournelle, 47, à Paris. SPACH (ÉpouaRD), garde de la galerie de botanique du Muséum d'histoire na- turelle, au Jardin des plantes, à Paris. TCHIHATCHEF (P. DE), membre de l’Académie des sciences de Berlin, etc. , rue de la Paix, hôtel Mirabeau, à Paris. THIBESARD, fondé de pouvoirs du receveur général à Laon (Aisne). THOMPSON (le docteur), à Kew, près Londres. THURET (GUSTAVE), rue Napoiéon, 18, à Cherbourg (Manche). TILLETTE DE CLERMONT-TONNERRE (le baron), député au Corps légis- latif, à Abbeville (Somme). TIMBAL-LAGRAVE, pharmacien, rue Pargaminière, 84, à Toulouse. TISSEUR (l'abbé), missionnaire, aux Chartreux, à Lyon. TITON, docteur en médecine, à Soudron, près Châlons-sur-Marne (Marne) TOCQUAINE (ADOLPHE), à Remiremont (Vosges). TRACY (DE), ancien ministre, rue d’Anjou-Saint-Honoré, 48, à Paris. TRÉCUL (A.), rue Cuvier, 20, à Paris. TULASNE(L.-R.), membre de l’Académie des sciences, cte., rue de Vaugirard, 73, à Paris. VANDERMARQ, rue de Lille, 76, à Paris. VIAUD-GRANDMARAIS (AMBROISE), étudiant en médecine, rue de l'Abbaye, 8, à Paris. VILLIERS DU TERRAGE (le vicomte DE), ancien pair de France, rue Racine, 8, à Tours. VILMORIN (L.), quai de la Mégisserie, 28, à Paris. WATELET (Ap.), professeur, officier d'Académie, à Soissons (Aisne). WEDDELL (H.-A.), docteur en médecine, aide-naturaliste au Muséum, rue de Poissy, 4, à Paris. WEGMANN (FERNAND DE), rue de Clichy, 45,à Paris. WEISS-SCHLUMBERGER, à Mulhouse (Haut-Rhin). Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2, SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. RRQ ——— — SÉANCE DU 5 JANVIER 1855. PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 décembre 1854, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Goxop (Eugène), élève en pharmacie, rue Hautefeuille, 11, à Paris, présenté par MM. Lecoq et Lamotte. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société. 4° De la part de M. V. Raulin, de Bordeaux : Essai d’une division de l’Aquitaine en pays. Essai d'une division de la France en régions naturelles et botaniques. 2° De la part de M. Ch. Laterrade, de Bordeaux : Observations relatives å l'accroissement en diamètre des arbres des Dicotylés. 3° En échange du Bulletin de la Société : Thedenius, Nya Botaniska Notizer (Journal de Botanique en langue suédoise), 1854. Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, tome 2°, 1854. Bulletin des travaux de la Société d'horticulture de la Seine, no- vembre 1854. T. 11. 4 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Conformément à l’art. 28 du Règlement, M. le Président fait con- naitre à la Société les noms des membres des diverses commissions nommées par le conseil, pour l'année 1855, dans sa séance du 29 décembre dernier. Ces commissions sont composées de la manière suivante : 4° Commission de comptabilité, chargée de vérifier la gestion de M. le trésorier : MM. le baron de Brimont, Gay et Graves. 2° Commission des archives, chargée de vérifier la gestion de M. l'archiviste : MM. Chatin, Germain de Saint-Pierre et Moquin- Tandon. 30 Commission permanente du Bulletin : MM. Lasègue, Moquin- Tandon et Weddell, M. le Président annonce que, par suite du tirage au sort qui a été fait le 29 décembre dernier, les membres du conseil qui doivent ètre remplacés cette année, sont : MM. Chatin, Maille, Montagne ct Tulasne. On procède ensuite à l'élection du Président pour l’année 1855. M. J. Decaisne, ayant obtenu 99 suffrages sur 138, est proclamé président de la Société pour l’année 1855. La Société nomme ensuite successivement : Vice-présidents : MM. Antoine Passy, Weddell, le comte Jaubert et Montagne. Membres du conseil: MM. Gay, Ad. Brongniart, Fr. Delessert, le baron Tillette de Clermont-Tonnerre, Moquin-Tandon , Laségue et E. Le Maout. I résulte de ces nominations, que le bureau et le conseil d'admi- nistration de la Société se trouvent composés, pour l’année 1855, de la manière suivante : Président. M. J. Decusxe. Vice- présidents. MM. le comte Jaubert. MM. Antoine Passy. Montagne. | Weddell. SÉANCE DU 12 Janvier 1855. 3 Secréluires. Vice-secrélaires. MM. Duchartre. MM. E. Cosson. de Schænefeld. T. Puel. Trésorier. ! Archiviste, M. Caillette de FHervilliers. | M. de Bouis. Membres du conseil. MM. Bouchardat. | MM. Laségue. le baron de Brimont. E. Le Maout. Ad. Brongniart. | Moquin-Tandon. Fr. Delessert. le vicomte de Noè. J. Gay. le baron Tillette de Cler- Germain de Saint-Pierre. | mont-Tonnerre. Graves. Avant de se séparer, la Société vote des remerciments unanimes à M. Ad. Brongniart pour le dévouement avec lequel il a bien voulu présider à sa fondation et diriger ses travaux durant la première année de son existence. SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. s M. de Schænefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l’adnussion de : M. DorvauLT, pharmacien, rue de la Vrilière, à Paris, présenté par MM. Decaisne et Duchartre : M. le Président annonce, en outre, cinq nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 4° Par M. Decaisne: Histoire et culture de l'Igname de la Chine, 185. Notice historique sur Adrien de Jussieu, 185h, LE SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 9 Par M. Léon Soubeiran : Des applications de la Botanique à la Pharmacie, thèse du concours d’agrégation, 1854. 3° Par M. Henri Caron : Annonces des publications relatives à la Botanique. h° De la part de M. Laterrade, de Bordeaux : Rapport sur une nouvelle espèce d’ Agaric, 1854. 5 En échange du Bulletin de la Sociéte : Annales de la Société impériale d’horticulture, décembre 1854. Une lettre de M. A. Passy, datée de Gisors (7 janvier), remercie la Sociéte de lavoir appelé aux fonctions de vice-président. Sur la proposition de M. Graves, appuyée par le Bureau, la Société décide à l'unanimité que la Commission du Bulletin sera invitée à insérer dans le plus prochain numéro les deux notices sur M. A. Ri- chard et A. de Jussieu, lues récemment à la Société impériale et cen- trale d'Agriculture, par MM. A. Brongniart et Decaisne (4). MM. les secrétaires donnent lecture des communications sui- vantes, adressées à la Société : DU STIPULIUM CHEZ LES GÉRANIACÉES, LES CISTÉES, LES LÉGUMINEUSES ET LES ROSACÉES, par M. D. CLOS. (Toulouse, décembre 1854.) Il est bien rare, en histoire naturelle, qu'un fait, qui paraissait d’abord limité, ne se prête pas à une plus large extension. Dans une note adressée dernièrement à la Société, j'ai cherché à démontrer que les Malvacées n'ont ni involucre (verticille de bractées), ni calice extérieur ou calicule, et j'ai proposé le nom de stipulium (qu'on pourra traduire en français par stipu- lion) pour le verticille qui accompagne le plus souvent leurs fleurs, et qui, à mon avis, est formé de stipules. L'examen des plantes de la famille des Géraniacées m’a prouvé que là encore il y a un séipulium, seulement il y accompagne une ou plusieurs fleurs. Il est surtout manifeste à Ja base de l'ombelle des £rodium et des Pelargonium, et la nature des pièces du stt- pulium y est, s’il est possible, encore plus évidente que chez les Malvacées. Je signalerai, en particulier, comme un excellent exemple, le Pelargonium (1) Ces deux notices ont été annexées au compte rendu de la séance du 22 dé- cembre 1854. Voyez le Bulletin, t. I, p. 378 et 386. SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. 5 spinosum. Les feuilles de cette espèce sont blanches-tomenteuses en dessous, et leur face inférieure est entièrement différente de la supérieure. Au con- traire, les stipules adjacentes aux feuilles ont à peu près la même apparence aux deux faces, et celles du stipulium revêtent des caractères identiques. Dans les Pelargonium quercifolium et lacerum, les stipules sont ovales, courtes, et les parties du stépulium le sont aussi. Chez le Pelargonium alchimilloides et le Geranium pratense, la ressemblance entre les unes et les autres n’est pas moins frappante, et parfois ici les pièces du séipulium ont encore auprès d'elles deux petites feuilles. Enfin, dans le genre Mon- sonia, les pédoncules uniflores portent au-dessus de ieur milieu un verticille de petits appendices qui ne diffèrent pas des stipules ; c'est là un sfipulium uniflore. Un autre fait m'a frappé : c'est celui de l'analogie qui nous est offerte par quelques Géraniaciées (Erodium serotinum, Pelargonium glaucum, Gera- nium carolinianum), entre les stipules et les sépales ; dans la dernière des espèces citées, ces deux sortes d'organes sont également terminés par une longue soie. Y aurait-t-il donc des calices formés par des stipules? Dans la famille des Cistées, les pétales sont ordinairement accompagnés, à l'extérieur, de cinq pièces, trois supérieures, plus grandes, deux exté- rieures, plus petites, et qui manquent dans certains cas. M. Spach, dans son Conspectus de la famille, n'hésite pas à leur appliquer à toutes cinq le nom de sépales (1). Endlicher semble partager cette opinion, traçant en ces termes ies caractères du groupe : Calyx pentaphyllus, persistens, foliolis biseriatis, 2 exterioribus plerumque minoribus interdum nullis, rarissime æqualibus vel majoribus, ete. (2). Mais, chose étrange, dans sa description des genres, il leur assigne un calice à trois folioles, accompagné de deux bractées. Aug. de Saint-Hilaire me paraît avoir pénétré la véritable nature de ces organes. Il remarque d’abord que la bractée des Helianthemum, placée latéralement par rapport à la fleur, représente sans doute une des stipules, car ces derniers organes et ces bractées manquent dans les Cis- tus (3). Et, un peu plus loin, il n'hésite pas à voir des stipules dans les deux folioles appliquées extérieurement sur les trois du calice, car, dit-il, elles sont absolument semblables aux bractées (4). L'observation des Helian- themum vulgare et glaucum dissipera tous les doutes et prouvera la vérité de cette interprétation. Une seule objection pourrait se produire, c’est l’exis- (4) Voyez Annales des sciences natur., 2° série, te VI, p. 357 et suiv.; et Hist. nat. des végétaux phanérogames, t. Vi. p. 5 etsuiv. — Il en est de même de A.-L, de Jussieu (Genera plantarum, 294), de M. Lindley (A nat, syst., 91), d’Adr. de Jussieu, art. GISTÉES du Dict. univ. d'hist, nat. (2) Genera plantarum, p. 903. (3) Morphologie végétale, p. 326. (4) Loc. cit., p. 371. 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tence de ces deux petits appendices au calice de genres ou d'espèces de Cistées, dont les feuilles sont privées de stipules. Mais cet argument n'est rien moins que concluant. Il y a tout lieu de penser que les stipules entrent dans la symétrie générale de la famille, et que l'avortement des feuilles au voisinage des fleurs détermine, sinon toujours (car le genre Hudsonia n'a que trois sépales), du moins le plus souvent, leur développement dans les genres ou les espèces où elles sont restées tout à fait rudimentaires. C'est un bel exemple de la loi de balancement. Ne trouve-t-on pas dans le genre Helianthemum des stipules à tous les degrés de grandeur ? Chez les Légumineuses, les stipules remplissent assez fréquemment le rôle de bractées, C’est ce que montrent en particulier le Galega officinalis, les Oxytropis campestris et Buxbaumii, les Phaca elata et curvicaulrs, les Pso- ralea bituminosa et palæstina, plusieurs Hedysarum et Desmodium, ete. Le Trifolium physanthum, Hook., se fait remarquer par une large membrane discoide et dentée, placée au-dessous du capitule floral. Cette espèce a des stipules larges, scarieuses et blanchâtres ; on n'a pas de peine à reconnaitre dans la membrane mentionnée un verticille de ces stipules soudées, ou un stipulium gamophylle (1). Si la membrane basilaire qui borde le pétiole dans le genre Rosa repré- sente deux stipules soudées, comme elle persiste seule à la base des pédon- cules, chez la plupart des espèces de ce genre, on doit voir encore dans ces appendices des stipules bractéales. Le Rosa bracteata, dit Ventenat, a de six à huit bractées, situées au sommet du pédoncule et représentant un ca- lice extérieur, se recouvrant mutuellement comme les tuiles d’un toit... terminées quelquefois par une foliole entièrement conforme à celle des feuilles (2); c’est un bel exemple de stépulium polyphylle. Il ressort des considérations qui précèdent : 4° que plusieurs familles à feuilles stipulees offrent, soit des stipules bractéales, soit des stipulium, soit même l’une et l'autre de ces dispositions; 2° que les séipulium sont gamophylles ou polyphylles , uniflores ou pluriflores ; la famille des Géra= niacées offre à elle seule ces quatre modifitations. DE L'INTRODUCTION EN EUROPE, DE LA NATURALISATION ET DE LA FLORAISON DE L’AGAVE AMERICANA, par M. CH. MARTINS. (Montpellier, décembre 1854.) Le Mexique est la patrie originelle de l’ Agave americana, L. De là il s'est (1) Bien que les stipules ne soient pas des feuilles, j'ai cru devoir appliquer au stipulium ces mots de gamophylle et de polyphylle, qui ont cours dans la science, afin d'éviter la création de mots nouveaux. (2) Jard. de Cels,, 28, verso. SÉANCE DU 42 JANVIER 1855. 7 étendu (1) dans le Nouveau monde : au nord jusque dans les Florides, la Géorgie et la Caroline du sud; au midi dans la Nouvelle Espagne, le Yuca- tan, les provinces de Caracas, de Venezuala et de Cumana, jusqu'à l’Oré- noque. Traversant le golfe du Mexique, il s'est répandu dans le sud-est jusqu’à l'ile d'Antigoa, l’une des petites Antilles. Dans le Nouveau monde, il s'étend donc du 34° degré au 8° de latitude septentrionale et du 64° au 120° de longitude occidentale. En Europe, l’Aloès-pitte se trouve à l’état sauvage, même en France, aux environs de Perpignan, où il forme des haies en plein champ et se re- produit sans soins. En Catalogne, aux Baléares, il est excessivement com- mun et descend tout le long de la côte orientale de l'Espagne jusqu'à Va- lence, mais sans s'éloigner du bord de la mer. A partir de ce point, on le rencontre dans toute l'étendue du royaume de Grenade et dans la partie de l’Andalousie située au sud du Guadalquivir. On le retrouve ensuite à la pointe méridionale du Portugal et sur les côtes de l'Atlantique jusqu’à la hauteur de Coïmbre (2). Ainsi cette plante, qui, sur les bords de la Mé- diterranée, remonte jusqu’au 43° de latitude nord, dépasse à peine le 40° sur les rivages de l’ Atlantique. Dans la partie orientale du Languedoc et dans toute la Provence, l’Agave est partout en plein air, mais non en plein champ; car aux environs de Narbonne, Montpellier, Avignon, Aix, Marseille, on ne le voit que dans les jardins, à l'abri des murs ou des rochers qui le garantissent des vents du nord. Près d'Hyères, Fréjus, Cannes et Antibes, il est presque spontané, quoique non complétement naturalisé, comme dans la Catalogne et le Roussillon. Aux iles Borromées, sur le lac Majeur et sur les bords du lac de Côme, contrées dont le climat exceptionnel tient au voisinage des Alpes qui les abritent des vents du nord et à de grandes masses d’eau qui égalisent les saisons, l’ Agave est de même presque à l’état sauvage. A partir de Nice jusqu’à Gênes, on le voit assez souvent dans la campagne formant des clô- tures. A Pise, Lucques, Florence, Bologne, Padove, Venise, et plus au sud, à Sienne, Arrezzo, Pérouse, il ne se trouve, comme à Montpellier, que dans les jardins ou dans des localités abritées. Aux environs de Rome et de Na- ples, il redevient spontané comme en Corse, en Sardaigne, dans les Cala- bres et dans toute la Sicile. En Algérie, cette plante est une des plus communes et d’un usage habi- tuel pour entourer les champs. Elle y acquiert des dimensions énormes et forme des défenses que l’art militaire a mises à profit autour de nos établis- sements coloniaux. (1) R. Schomburgk, Ueber die americanische Aloe (Verhandlungen des Vereins zur Befoerderund des Gartenbaues in Preussen, 1835, t. XI, p. 225), (2) Voyez la carte de l'ouvrage de M. Willkom, intitulé : S{randgebiete der lberischen Halbinsel, 18592, 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je ne parlerai pas des autres parties de l'Europe et de l'Afrique où se rencontre l’Agave. J'ajouterai seulement qu'il existe dans les lieux abrités du Péloponèse et dans les jardins de Smyrne et de Constantinople. En Eu- rope, on le trouve donc dans la région méditerranéenne du Ah° au 36° degré de latitude septentrionale et du 11° degré de longitude occi- dentale de Paris au 27° degré de longitude orientale; son aire est de 8 degrés en latitude et de 38 degrés en longitude, extension considérable pour une plante originaire des parties tropicales de l'Amérique. Si sa limite équatoriale en Afrique était bien déterminée, on verrait probable- ment que cette aire est aussi étendue dans l'ancien monde que dans le nouveau. En se bornant à l'Europe, ce que j'ai dit suffit pour montrer que cette plante est répandue sur une portion considérable de notre conti- nent, puisqu'elle borde tout le pourtour de la Méditerranée ; elle existe de plus dans la plupart des serres, et nous verrons qu'elle peut fleurir sous tous les climats. Sa floraison est si extraordinaire, qu'elle a eu de tout temps l'attrait du merveilleux, même pour les individus les plus indiffé- rents aux phénomènes naturels. En effet, un pied reste souvent de longues années, un siècle même, sans donner de fleurs. Tous les ans, de nouvelles feuilles se développent en dedans des anciennes ; la plante semble condamnée à une éternelle stérilité. Mais tout à coup, sans que rien n'annonce un changement quelconque dans sa vitalité, une tige parait au milieu du fais- ceau central, écarte les feuilles qui le composent, s'élance verticalement, semblable à une asperge colossale, puis se ramifie et forme un candélabre gigantesque qui porte plusieurs milliers de fleurs. Tous ces phénomènes s'accomplissent en cinq ou six semaines ; ce temps suffit à la plante pour s'élever à une hauteur qui varie de 3 à 8 mètres dans nos climats; sur la côte d'Afrique et en Amérique, elle atteint souvent 14 mètres. Ces milliers de fleurs portées sur un candélabre gigantesque offrent un des plus magni- fiques spectacles que présente le règne végétal. Au Mexique, des colibris aux brillants reflets; en Europe, des abeilles et des papillons assiégent ces fleurs pour pomper le nectar qu’elles recèlent au fond de leur calice, Mal- heureusement celle magnificence est de courte durée : épuisé par l'effort qu'il a fait pour développer un si grand nombre de fleurs, le pied meurt dès que les rares capsules qui leur succèdent ont répandu leurs graines au- tour de lui. Insoucieuse des individus et uniquement préoccupée de la con- servation des espèces, la nature y a pourvu par les graines et par les nom- breux rejetons qui, après la mort de la plante mère, repoussent de ses racines, A ia fin du xvi° et même au commencement du xvir siècle, la floraison d'un Agave était un événement qui faisait sensation dans le monde bota- nique; on l'enregistrait avec soin, et, grâce à ces documents, nous pouvons suivre pour ainsi dire pas à pas l'introduction de cette plante en Europe. SÉANCE DU 12 Janvier 1855. 9 L'an 1521, le Mexique, patrie originelle de l’Agave, fut conquis par Cortez; il y établit la domination espagnole; de là des relations entre la mère-patrie et la nouvelle conquête. Aussi est-ce en Espagne que la plante est vue pour la première fois par Charles de Léciuse, en latin Clusius, qui voyageait dans ce pays vers le milieu du xvi* siècle. Un médecin, nommé Jean Placa, professeur à {Université de Valence, la lui montra dans le jardin du couvent de Marie et Jésus, situé à un mille de la ville, ĮI en vit un autre pied chez son hôte, Pierre Alleman, et rapporta en Belgique deux rejetons : l’un périt, l'autre, qu'il confia à Pierre Coudebecq, pharmacien d'Anvers, continua de végéter, et servit de modele à la figure qu'il a donnée de cette plante. Il le raconte lui-même dans plusieurs de ses ouvrages, et en particulier dans son Histoire des plantes rares d'Espagne (1). Lécluse énu- mère ensuite, d’après Gomara, auteur d’une histoire du Mexique, les pro- priétés de ce végétal. Dubartas, poëte célèbre de l'époque, les a traduites en vers de la manière suivante : Là pousse le Melt qui s’est vu en Mexique, D'aiguille, de filet, d'armes, de bois, de brique, D'antidote, de miel, de lissé parchemin, De sucre, de parfum, de conserve et de miel. Son bois nourrit le feu, etses plus durs feuillages Par une artiste main reçoivent mille usages : Les louanges des dieux et les gestes des rois, Ores sur les maisons on les couche à la file, Si bien qu’on les prendrait pour de beaux rangs de thuile, Ore on les tord en fil et de leurs bouts on fait Aiguille des petits, et des grands fers de trait. La liqueur de ses pieds est un vrai miel figée, Détrempée est vinaigre et sucre repurgée. On voit, par les récits de Lécluse, que c’est pour la première fois qu’il vit l'A gave americana dans un jardin de Valence en Espagne. Il en eût parlé dans des termes bien différents si cette plante avait été aussi commune dans ce pays qu'elle l’est aujourd'hui. Son récit nous prouve donc qu’elle nexis- tait pas à l'état sauvage sur la côte orientale d'Espagne, au milieu du xvi? siècle. Cherchons maintenant dans les anciens auteurs les traces des migrations de notre plante, Le Jardin botanique de Padoue, le plus ancien de l'Europe, avait été fondé, en 1545, par le sénat de Venise. Cortusi avait succédé à Guilandin. C'est dans ce jardin que Camerarius vit, en 1561 (2), le premier Agave qui ait été introduit en Italie ; mais, suivant le mème auteur, c'est à (1) Rariorum aliquot stirpium per Hispanias observatarum historia, 1576, p. 442; et Rariorum plantarum historia, 1601, p 160. (2) Hortus medicus et philosophicus, 1586, p. 11. 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Florence, dans les jardins du grand-duc de Toscane, que l'on admira le premier Agave en fleur dans l'été de 4586. Camerarius en publia la figure, qu'il devait à l'obligeance de l’apothicaire du prince. Le second Agave en fleur dont il soit fait mention dans les vieux au- teurs est celui que Cæsalpin (1) vit, en 1590, à Pise, dans les jardins Fornaboni. Le troisième fleurit à Rome, où il a été observé par le père du commen- tateur de Théophraste, Bodœus Stapel, médecin d'Amsterdam (2). A la fin du xvi‘ siècle, Avignon était, comme on le sait, une ville papale habitée par un grand nombre de familles italiennes. Parmi ces familles se trouvait celle des Doni, originaire de Florence, et immortalisée par un por- trait de Raphaël (3). Nous avons vu qu’un Agave americana fleurissait dans les jardins du grand-duc de Toscane en 1586. Probablement un rejeton fut apporté à Avignon par un membre de la famille Doni; car c’est dans le jardin de la maison habitée par cette famille que fleurit un Agave, le pre- mier que l’on ait vu en France, si l’on en juge par la sensation extraordi- naire qu'il produisit. Son histoire nous a été conservée par Jacques Fon - taine, médecin et ami du célèbre érudit Peirese. Il en écrivit la relation au marquis de Capisula, gouverneur d’ Avignon et du comtat Venaissin. Cette lettre nous a été conservée dans les œuvres posthumes de Charles de Lécluse (4). « La hampe, dit-il, commença à pousser le 6 mai 1599; en quarante- cinq jours elle s'éleva de trente-Geux palmes, émit vingt-neuf pédoncules portant de nombreuses fleurs jaunes. Un si grand accroissement excita un étonnement universel. Des gens de toute condition accouraient en foule, même des villes voisines, pour en être témoins. Des personnages de marque ayant beaucoup voyagé confessaient n'avoir jamais vu d'Aloës (5) aussi grand, Cet accroissement prodigieux ne serait-il pas dû à la piété et à l'observation du culte qui distinguent la noble ville d'Avignon, ou au grand savoir des pieux docteurs si nombreux dans son enceinte? L'Aloës a été employé par les disciples du Christ pour conserver son corps incorruptible plutôt dans le but de satisfaire à l'opinion que par nécessité ; car Dieu n'eùt pas permis que son saint fût envahi par la corruption. L’Aloès est donc le sym- (1) De plantis, lib. X, cap. 32. 1583. (2) Note ad Librum VIT Theophrasti, p. 900. (3) Galerie du palais Pitti, à Florence, salon d'Apollon, n° 61, portrait d'Ange Doni. En patois avignonnais ce nom se prononce Donis, dont quelques auteurs que nous citons, entre autres Garidel, ont fait Doins. (4) Caroli Clusii curæ posteriores, p. 63; ad Calcem C. Clusii exoticorum, 46414; et Garidel, Histoire des plantes de la Provence, 1715, p. 21. (5) Le docteur confond ici PAgave avec FAloès, qui fournit une résine pur- vative, SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. 11 bole de la conservation et de l'accroissement des choses sacrées. Les phy- siciens qui se renferment dans les limites des lois naturelles expliquent cet effet par des causes plus simples. Cet Agave avait accumulé une énorme quantité de sucs, et l'été de cette année fut très chand et très sec. Cette chaleur agit alors comme cause efficiente, raréfia les sucs contenus dans la plante et provoqua aipsi la croissance prodigieuse de sa tige. » Ce récit nous prouve qu'à cette époque l'Agave était rare en France, puisque sa floraison excitait un si grand étonnement. IH n’en était pas de même en Italie. Aldinus (1) nous apprend qu'a Rome lAgave etait déja commun au commencement du xvn? siècle; il l'avait vu souvent en fleur et crut devoir en donner la figure détaillée d'un bel individu qui fleurit dans les jardins du palais Farnèse en 4625. ĉn Languedoc, c'est à Pézénas, près de Montpellier, dans année 1641, que l’on vit le premier Agave en fleur (2). Le roi Louis XIII et le cardinal de Richelieu furent témoins de ce phénomène, et le roi fit faire par son peintre un dessin de la plante. A Montpellier, un autre pied fleurit dans le jardin d'un pharmacien appelé Perrier, qui, dit Borelli, faisait payer les curieux désireux de voir sa plante et en tira grand profit. On signale encore (3) un Agave vu par Vollgnad à Vérone, en 1648, dans les jardins du comte Giusti. Au milieu du xvne siècle, où nous sommes parvenus, l'Agave était de- venu une plante assez répandue dans l'Europe méridionale pour que sa floraison ne fit plus sensation comme dans l'origine. Ainsi Colamna raconte. dans un ouvrage publié en 1616, qu'a Rome et à Naples il avait vu depuis longtemps un grand nombre d'Agave en fleur, et au commencement du xvit? siècle on en trouvait sur les côtes de Provence depuis Marseille jusqu'à Antibes; mais Garidel avoue qu'il n’est pas assez commun pour croire qu'il y vienne naturellement (4). Nous n'avons parlé jusqu'ici que des floraisons d'Agave croissant en pleine terre dans le midi de la France ou en Italie; pour compléter cette notice, citons quelques exemples de la même plante élevée en serre, dans des caisses, et fleurissant néanmoins pendant l'été, soit qu’on la laisse dans la serre, soit, comme cela arrive le plus souvent, qu'on la sorte pendant la belle saison de l'orangerie où elle est abritée pendant l'hiver. Nous verrons (1) Exactissima descriptio rariorum quarumdam plantarum que continentur Romæ in horto Farnesiano, 1625, p. 95. (2) Petri Borelli castrensis historiarum et observationum centuriæ, 1676. IV, p. 4. (3) P. J. Sachs à Lewenheimb de Aloe Silesiaca florente (Miscellanea curiosa sive Ephemeride naturæ curiosorum annus primus, 1670, t. 1, 185), 4684. (4) Garidel, Histoire des plantes de Provence, 1715, p. 20. 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que la floraison de cette plante a été observée dans toute l'Europe septen- trionale, depuis la France jusqu’en Suède. A Montpellier, c'est presque toujours au commencement de mai que la hampe commence à pousser; nous annonterons, chaque fois que nous la trouverons indiquée, la date du moment où la hampe parait, afin de faire apprécier l'influence de la différence des climats. Notre liste est nécessaire- ment incomplète, mais elle suffit pour montrer que cette belle et singulière plante, quoique originaire des parties chaudes du Mexique, s’accommode avec une facilité remarquable des conditions d'existence les plus diverses. FLORAISONS D' AGAVE CONSERVÉS L'HIVER EN SERRE , OPSERVÉES PENDANT LES XVII‘, XVII ET XIX? SIÈCLES. France occidentale. Saint-Pol-de-Léon (Finistère). Agave de 30 ans. Commencement de la flo- raison, 46 juin 4827. Le 25 septembre, la hampe avait 8™,42 et portait 40 pédoncules (1). Talence, près Bordeaux. Agave âgé de 87 ans. Apparition de la hampe le 28 mai 4828; hauteur, 5 mètres (2). Angers (Maine-et-Loire). Agave âgé de 65 ans environ. Apparition de la hampe le 24 mai 4849 ; hauteur, 3,65. Nombre des flenrs, 3,875 (3). Versailles (Seine-et-Oise), Agave ågé de 62 ans environ. Commencement de mai 1830. Hauteur, 3,25, Versailles (pavillon de la Jonchère). Une hampe en octobre 4828, puis deux autres en juin 4829 (4). Allemagne. Augsbourg ? 1633 (5). Stuttgardt (royaume de Wurtemberg). Agave fleurissant dans le jardin grand- ducal en 4658. C'est le premier qu'on ait décrit en Allemagne. La hampe avait 7,46, le nombre des fleurs était d'environ 12,000 (6). Oppersdorf, en Silésie. Agave âgé de 31 ans, en 1662 (7). Choren près Leipsig. Agave âgé de 55 ans. Commença à pousser le 46 mai 1663, les fenêtres de la serre étant ouvertes. La hampe s'éleva à 6,78. Ses trente-deux pédoncules floraux portaient 2,407 fleurs (8). Sondershausen, en Thuringe, en 4664 (9). (1) Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, 4827, t. XV, p. 475. (2) Annales de la Société d'horticulture de Paris, 1898, t. ILE, p. 856. (3) Boreau, Notice sur l’Agave americana (Bulletin de la Société industrielle d'Angers, n°* 5 et 6, 21° année, 1850). (h) Annales de la Société horticulture de Paris, 1830, t. VII, p. 233. (5) Observatio Lucæ Schræckii de Aloe augustana (Miscellanea curiosa annus sextus et septimus), 1677, observ. 231, p. 340. (6) Miscellanea curiosa, annus primus, 4684, p. 486. (7) Ibid. (8) Ibid. (9) Ibid. SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. 45 Gottorf (Schleswig-Holstein), 4668 (1). Steven, près d'Iéna, en 1669. Agave âgé de 49 ans, hampe de 6,81. Pays-Bas. Groningue. Agave âgé de 38 ans. Le 4 août 1674, trois hampes, le 3 sep- tembre, trois autres hampes (2). Neurenberg, en 1636. Hauteur, 77,164 (3). Utrecht, 1788. Agave avec cinq hampes (4). Leyde, 1797. Bruxelles, fin d'août ; hauteur, 6",750. Gand, 4845. Dans une serre. Leyde, mai 1847. Hauteur, 7,874. 40 pédoncules, Suède. Carlsberg, près de Stockholm, en 1708. Un Agave àgé de 92 ans porta 5,018 fleurs (5). Soedermanland. Sur une propriété du comte Morner , en 1832 : plante âgée de près de 100 ans. Croissance du 25 juin au 20 septembre. Au château de Rosendal, près de Stockholm, en 1834. Commença le 30 juin; le 12 août elle s'élevait à 5,494, et portait 25 pédoncules (6). En parcourant cette liste, on remarque que c'est en Allemagne que flea- rirent les premiers Agave de serre, ou du moins les auteurs de ce pays nous en ont conservé le souvenir ; la Hollande, la Suède et le nord de la France occupent le second rang. L'influence printanière du mois de mai sur la floraison se manifeste encore dans le nord de la France et en Saxe; toutefois, on remarque trois exceptions : celle de l’ Agave de Saint- Pol-de- Léon, qui commença à fleurir au milieu de juin, puis les individus du pavil- Jon de la Jonchère et de Groningue, qui fleurirent, le premier en octobre, le se- cond en août. La première exception s'explique par le peu de chaleur des étés (4) Ibid. (2) Aloidarium sive aloes mucronato folio americanæ majoris aliarumque ejusdem speciei historia, auctore Ab. Mutingio, Groninga Frisio. 1680. (3) Cette indication et celles pour Leyde et Bruxelles sont tirées de l'excellent mémoire de M. de Vriese intitulé : Recherches sur le développement d’un Agave americana (Annales de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand, 1848). (4) Reynier, Journal de physique, 1788, t. XXXIII, p. 217. (5) Wickstræm, Arsberattelse om framstegen uti Botanik for an 1827, p. 294. (6) Wickstræm, Jahresbericht ueber die Fortschritte der Botanik , 1895, p. 323. Je n'ai pas trouvé dans les ouvrages qui sont à ma disposition Ħ’'indication de floraison d’Agave americana en Angleterre pendant le xvii* et le Xviri° siècle, Seulement une expérience faite sur cette plante par le docteur Merret nous ap- prend qu'elle était déjà connue dans les îles Britanniques en 1656 (Voy. Acta phi- losophica Societatis regiæ in Anglia, p. 365, in-4°, Lepsiæ, 1675; et Philosophical Transactions, 1705, t. II, p. 645). l4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du Finistère; chez les deux autres individus, la floraison fut anormale, comme l'époque à laquelle elle commença. La hampe centrale avorta ct fut rem- placée par plusieurs hampes latérales. Ainsi done, ces trois cas, loin d’in- firmer la règle, en sont la confirmation, et Agave, comme les plantes de nos climats, éprouve cette influence spéciale que le printemps exerce sur les végétaux. Toutefois, en Suède, où les froids de Phiver se prolongent jusqu'en mai, nous voyons que c'est seulement vers la fin de juin que les hampes ont commencé à pousser; mais, comme je l'ai déjà fait remarquer ailleurs (1), dans ces pays septentrionaux, le printemps physiologique se réduit à un mois, celui de mai, qui correspond exactement à notre mois d'avril par son influence sur Je réveil de la végétation. En résumé, nous avons démontré dans cet article que, malgré son ori- gine américaine, son aspect étrange, son mode extraordinaire de floraison, la croissance prodigieuse de sa hampe, l’Agave americana est une de ces es- pèces plastiques qui s'accommodent de climats bien différents du sien, puis- que, originaire des bords du golfe du Mexique, elle a créé une vaste colonie sur ceux de la Méditerranée. Transportée dans des pays moins tempérés, elle supporte des froids passagers de — 450 centigrades, n’est affectée ni par les longues sécheresses, les pluies continues, où les plus fortes cha- leurs, et fleurit avec des températures qui, en Hollande, par exemple, ont rarement atteint 28° centigrades, et n’ont jamais dépassé ce chiffre; car elles oscillaient en moyenne autour de 20°. L’'Agave americana mérite donc à tous égards de fixer l'attention des horticulteurs de l’Europe méridio- nale et des industriels de tous les pays, car elle pourrait être utilisée comme plante textile avec autant d'avantage que le Palmier nain et le Lin de la Nouvelle-Zélande, M. Decaisne rapporte, à cette occasion, que deux pieds d'Agave americana ont fleuri, en 1853, à Rueil, près Paris. M. Duchartre ajoute qu'il a vu, au mois d'août 1853, à Agde (Hérault), trois pieds d’Agave fleuris simultanément, en pleine terre, bien que cette plante soit très peu répandue aux environs de cette ville, M. Trécul dit que l'Agave americana est moins répandu dans l'Amérique du Nord que ne le pense M. Martins. Il l'a vu dans l'Etat de Cobahuila, où lon emploie son sue pour faire une liqueur (4) Voyage botanique le long des cotes septentrionales de la Norvége. (Voyage pn Scandinavie, ett., GÉOGRAPHIE, PHYSIQUE, t. IL, p. 209, et Comptes rendusde l'Académie des sciences de Paris, 4846,1. XXU, p. 1091, ) SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. 15 alcoolique nommée mescal, ayant une saveur d'amandes amères, et très différente du pulqué. M. Trécul n’a rencontré lAgare ni dans l'État du Mississipi, ni dans la Louisiane, ni même dans le Texas. Cette plante est très rare dans plusieurs des pays qui avoisinent le golfe du Mexique. M. Cosson ajoute qu’en Algérie cette plante, en général, s'éloigne peu de la région littorale. OBSERVATIONS DIVERSES FAITES DANS LA BRETAGNE, EN 1854, SUR LE DÉVELOPPEMENT DE QUELQUES PLANTES, SUR LEUR DISSÉMINATION ET LA COLORATION DES FLEURS, pr M. EUGÈNE ROBERT. (Bellevue, 5 octobre 1854.) Presque toutes les côtes de la Bretagne que j'ai parcourues depuis l'em- boucbure de la Loire jusqu'à celle de la rivière de Morlaix, appartiennent aux roches cristallines (granit, gneiss, micaschiste), qui sont désagrégées à une profondeur plus ou moins grande ; le sol est par conséquent très sili- ceux et la chaux tres rare. Le Magnolia grandiflora sert d'ornement à Nantes dans les promenades publiques ; ii en existe une belle plantation le long de la Loire sur le Cours. L’allée qui conduit au cabinet d'histoire naturelle de Nantes est garnie, à droite et à gauche, de Lauriers-Tins ( Viburnum Tinus) qui masquent com- plétement les murs entre lesquels elle passe ; à un feuillage toujours vert, ces grands arbustes joignent l'avantage d’être, tout l'hiver, couverts de fleurs. L Umbilicus pendulinus peut être considéré, dans toute la Bretagne, comme le représentant de la famille des Crassulacées : à l'exception de quel- ques Sedum, qui semblent rechercher le calcaire, on trouve cette plante grasse partout, dans les fentes des rochers aussi bien que sur les murs de terre et les toits de chaume ; je l'ai même rencontrée dans les fissures des dolmens et des menhirs. Il en est de mème de la grande Fougère, du Pteris aquilina, qui vient partout, jusqu'aux portes des maisons; il n’y a pas, je crois, en Bretagne, de plante plus commune, et il est bien à regretter, pour le dire en passant, qu'elle ne puisse être employée comme plante fourragère. (On a essayé vai- nement de la mélanger aux bons fourrages; les bestiaux se gardaient bien d'y toucher.) Le Pteris n'exelut pas cependant d'autres Fougères, telles que l'Osmunde regalis, qui est commun dans les rochers humides de Ja baie de Douarnenez et l'Asplentum marinum qui tapisse les grottes de Morgate. Le Digitalis purpurea est presque aussi commun en Bretagne que l’est 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Pteris aquilina ; on peut dire, sans exagération, que ces deux plantes se disputent les meilleures terres non cultivées du pays, et encore faut-il plu- sieurs années de culture pour faire disparaitre complétement Ja grande Fou- gère. La Digitale anime surtout de ses vives couleurs les berges des routes taillées à même le granit friable. Je n'ai pas rencontré une seule fois la va- rieté blanche de cette plante. En général, le rouge et le jaune dominent dans la coloration des fleurs en Bretagne ; les fleurs jaunes du Chrysanthemum segetum sont aussi communes que celles du C. Leucanthemum, si même elles ne les effacent pas. Quelles que soient la grandeur des étangs et des petits cours d’eau, ainsi que l'épaisseur du dépôt limoneux qui en occupe le fond, le Nymphæa alba n'atteint pas, sur tous les points de la Bretagne où je l'ai observé, les dimensions de celui de la flore parisienne, à moins que cette contrée ne possède que la variété 8 minor de la même flore; les fleurs et les feuilles de cette Nymphæacée sont d'un tiers moins grandes que dans la nôtre, et cependant elle est souvent accompagnée du Nuphar luteum, qui n'offre rien de particulier dans son port habituel. Le Cresson de fontaine (Sisymbrium Nasturtium) s'est emparé de tous les filets d'eau qui se rendent à la mer, et sert à les faire reconnaitre de loin, au milieu du Crithmum maritimum qui garnit les rochers. Le Fenouil (Anethum Fœniculum) réussit parfaitement sur les murs en terre sablonneuse ; le rapprochement naturel de ses tiges creuses sert de clôture. Il n'est pas rare de voir, dans les cimetières de Bretagne, de chaque côté de la porte d'entrée, des Ifs qui remontent à la fondation d'un grand nombre d'églises, c’est-à-dire au xtm° siècle. J'ai mesuré, à la Forest, près de Con- carneau, un de ces arbres, qui avait, à hauteur d'homme, 3",60 de circon- férence. Les Châtaigniers atteignent de grandes dimensions dans cette partie du Finistère; on peut en voir un à Pont-l’ Abbé, qui a 44™,60 de circonfé- rence, Il existe dans un jardin de Quimper, le plus beau Magnolia grandiflora qu'on puisse imaginer; il peut avoir 10 mètres de hauteur. Le jardin botanique de Brest en possède également un très beau. Dans le même établissement, les plates-bandes offrent, en pleine terre, l'£rica arborea, l Arbutus Unedo, le Phœnix dactylifera, \e Myrte, et les murs sont tapissés à l'exposition du midi de Camellia, de Grenadiers, de Pista- chiers, ete. Dans les cimetières, où, par un pieux respect, on abandonne à elles- mêmes les plantes qui ornent les tombes, les Fuchsia coccinea et macros- temma prennent de grands développements ; il en est de même du Veronica salicifolia, qui y passe l'hiver en pleine terre; ce sont de véritables arbris- - SÉANCE DU 12 janvier 1855. 17 seaux dont les premiers servent quelquefois à faire des séparations dans les jardins d'agrément. Les Hortensia sont généralement bleus en Bretagne: le rouge purpurin est une exception. Je n'ai pas remarqué que le sol où croissaient ces Saxi- fragces renfermåt beaucoup de fer; je serais plutôt porté à croire qu'étant plus alcalin qu'aucun autre, à cause de Ja decomposition rapide des roches feldspathiques qui en forment la base, il a une action toute particulière sur la coloration des fleurs de l'/Zortensia. Le Lippia citriodora passe hiver en pleine terre dans la propriété de M. Goubin, près de Saint-Jear-Piougastel, et y devient un arbrisseau. Dans la même propriété, on voit un très gros Houx (Kex aquifolium) (ces arbres sont excessivement communs en Bretagne), sur le trone duquel on a enlevé, je n'ai pu savoir pour quel motif, presque toute l'écorce, et cepen- dant cet arbre ne parait pas être ralenti dans sa végétation: il se forme ac- tuellement des bourrelets épais ser les lèvres des incisions circulaires qui doivent remonter à deux ou trois ans, Les Chènes, les Hêtres, les Châtaigniers et les Noyers viennent bien dans le Finistère jusque vers la pointe de Saint- Mathieu, : mais, cette année, ils ont été complétement stériles: ce n'est qu'en pénétrant un peu plus dans l'intérieur des terres, et en se rapprochant du département des Côtes-du- Nord, que les Châtaigniers commencent à donner des fruits fort petits. Le Bouleau est très rare dans le mème département. La propriété de M. Deschamps, à Roscoff, renferme peut-être le plus grand Figuier qui existe en France: p'anté, il y a une centaine d'années, par un frère capucin, cet arbre à aujourd'hui 1",65 de circonférence, le tronc n'ayant que 1,45 de hauteur ; il en part un grand nombre de branches horizontales, dont les principales sont soutenues par un mur au pied duquel ce Figuier a été planté dans l'origine et dans lequel elles ont pris racine ; au delà de ce mur, les branches occupent un espace circulaire qui n'a pas moins de 418 mètres de diamètre où 12,20 de rayon, depuis le pied de l'arbre, et jusqu'à present il a fallu les soutenir à six pieds au-dessus du sol, par trente-deux piliers de granit; inutile de dire que lorsque je visilai cet im- mense figuier, le 23 septembre dernier, ses fruits, qui appartiennent à la Fique blanche longue, étaient d’une abondance extrême et commençaient à mürir. J'ai mesuré également, dans la même propriété, où l’on cultive en grand les Artichauts gros camus de Bretagne qu'on apporte vers le mois de mars sur le marché de Paris, des Lauriers d'Apollon, bien remarquables aussi par leurs grandes dimensions; l’un d'eux a un trone presque cylindrique de 1,20 de circonférence et 1,90 de hauteur ; l'arbre, dans son ensemble, peut avoir 10 mètres de hauteur. Comme on le voit, ces arbres, si sensibles au froid sous le climat de Pa- T. u. 2 15 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ` . ris, ne gèlent pas dans louest de la France, mais ils sont exposés à avotr, dans le courant de l'été, les jeunes pousses et leurs feuilles brülées par le vent salin de la mer. Ce n’est pas seulement à Roscoff que les Figuiers et les Lauriers d'Apollon prennent de grandes dimensions; les premiers forment même des arbres tres élevés dans les jardins abrités des vents de la mer, de Quimper, de Brest, ete. Dans le cimetière de cette dernière ville, il y a un Laurier d’Apolion qui à 0,80 de circonférence sur 6,50 de hauteur. Dans le jardin de l'archevèché, à Saint-Pol-de-Léon, le Laurus nobilis entre dans les massifs comme arbrisseau d'agrément. Le Pittosporum undulatum et le Daphne pontica, ou indica, forment des buissons dans le jardin précité de M. Deschamps, à Roscoff. Enfin, les Geranium et les Pelargonium passent l'hiver en pleine terre dans la même localité ; on les coupe seulement du pied à la finde automne. Mais la plante la plus remarquable que j'aie vue en Bretagne, sous le rapport du elimat exceptionnel de cette contrée, est assurément un Agave americana, qui était (23 août) sur le point de fleurir dans la propriété de M. de Nanteuil, à Saint-Pol-de-Léon : les feuilles amplexicaules, épaisses et couchées, sont tellement longues, qu'il est impossible d'approcher, pour le mesurer, du tronc, qui est fort court et gros, et d'où s'élève une tige flo- rale semblable, par ses fleurs groupées et redressées trois par trois, à un immense candélabre; M. de Nanteuil estime qu'elle peut avoir 6,50 de haut. Au dire des personnes qui sont allées à Saint-Domingue, cette plante . est aussi vigoureuse à Saint-Pol-de-Léon que dans son pays natal ; elle a toujours été en pleine terre, sans aucun abri l'hiver, et quand elle périra, après sa floraison, elle sera remplacée dans le voisinage par un jeune Agave qui marche déjà sur ses traces. SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS ET USAGES DU CROTON TINCTORIUM, par M. MIERGUES. ( Anduze, décembre 1854.) Je n'ai jamais trouve cette plante que dans les terrains crétacés, à Tor- nae près Anduze, aux Tavernes, à Cassagnoles, ete., toujours sur la ligne des terrains néocomiens, dans Ja direction d'Anduze à Uzès. Sa tige, presque dichotome, d'un vert glauque, et étalée, ne s'élève qu'à 30 centi- mètres; les feuilles sont alternes, ovales, ondulées sur les bords, un peu sinueuses, d'apparence farineuse et à long pétiole ; Jes fleurs axillaires aux rameaux sont en grappes jaunes, les fleurs mâles composent presque toute la grappe et sont presque sessiles ; elles présentent un calice cotonneux à cinq folioles, cinq pétales lancéolés, et huit étamines en faisceau: les feurs femelles sont situtes à la base des grappes et munies de longs pédoncules qui portent lo graine, composée de trois capsules réunies et SÉANCE DU 12 JANVIER 4855. 19 herissées de papilles blanches. Cette plante fut, dans le temps, un sujet assez important d'exploitation pour les habitants de Gallargues, entre Nimes et Uzès; on venait cueillir la plante jusque chez nous pour faire le bleu copnu sous le nom de tournesol en drapeau ; les auteurs an- ciens ont cru ce bleu identique avec celui qui nous vient d'Allemagne; on a été jusqu'à dire que notre tournesol en drapeau était achetè ar des Hol- landais qui, par certains procédés, le convertissaient en tablettes etes- voyaient de nouveau en France; mais j'ai pu m'assurer par expérience que le bleu de notre Croton ne rougit nullement par les acides, tandis que le bleu en tablettes est un bon réactif qui pourrait bien être le produit de la fleur d'/ris germanica. Voiei comment on extrayait le blen à Gallargues : on passait sous la meule les somimités de la plante ainsi que les graines; la pulpe, placée dans des cabas, était soumise à la presse; des chiffons de linge étaient trempés dans ce suc et séchés au soleil; après quoi on les exposait à la vapeur de l'ammoniaque obtenue par la réaction de la chaux sur de l'urine, on les plongeait de nouveau dans le suc de la plante et on les envoyait daus le commerce, où ils servaient probablement à teindre la pâte des papiers bleus. Il parait qu'on s’en servait en Hollande pour teindre eu violet la croûte des fromages: des industriels s'en sont servis pour co- lorer du sirop parfumé à la racine d'Iris qu'ils vendaient pour du sirop de Violette. L'industrie du tournesol en drapeau a été détrônée par Fhydro- ferrocyanate de fer; on ne trouve aujourd'hui, dans le commerce, que le tournesol en tablettes, qui sert de réactif dans les laboratoires. Lorsqu'on chauffe à 100° le suc de cette plante et qu'on jettesur le filtre, on obtient un liquide bleu ; si l'on ajoute à ce liquide un quart d’éther et qu'on agite fortement, le liquide, au bout de quelques minutes de repos, se sépare en trois couches: la couche supérieure est incolore et concrète, elle est com- posée d'éther et d'une substance résinoïde azotée, d'une odeur suave, brú- lant avec flamme, et donnant beaucoup de cendre pour résidu, répandant en brûlant l'odeur de la corne brülée. Cette substance contient le principe actif du Croton; pour l'en séparer, on fait bouillir ce produit dans l'eau, on filtre et l’on évapore. Ce principe a une saveur brûlante; le résidu restant sur le filtre est pulvérulent, insoluble à l'alcool et à l'éther. La couche moyenne du liquide est une dissolution aqueuse du principe colorant. La couche inférieure est une poudre blanche dont je n'ai pu apprécier la nature. M. Ballon demande la parole pour répondre aux objections faites par M. Meniere, au sujet de sa communication sur la fécondation du Catasetum luridum. Voici le résumé de sa réponse : 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D'une part, M. Ménière n'a pas entendu la communication que j'ai faite le 2h novembre dernier, et, d'autre part, je n'étais pas présent aux objections faites par notre honorable confrère; mais comme, d'après les termes du procès-verbal de la dernière séance de décembre, on a semblé mettre en doute que le rétinacle puisse quitter sa cavité, je crois devoir répondre que c’est un fait constant dans l'espèce dont il s'agit, et que ce fait a été constaté dans les serres du Muséum par un grand nombre de personnes. Que si, toutefois, on veut, négligeant les faits eux-mêmes, avoir recours au raisonnement pour induire, par analogie, qu'un fait qui se passe d'une cer- taine manière dans beaucoup d’autres plantes de la famille doit se passer de même dans toutes, j’objecterai qu'il est plus philosophique d'admettre, comme nous le montre sans cesse la nature, qu'un but constant peut être atteint par bien des voices différentes. En tous cas, il sera facile de con- vaincre chacun par l'observation prochaine d'une plante qui, dans nos serres, fleurit souvent et abondamment. M. Méniére répond à son tour qu'il wa pas fait d’objections au fait même signalé par M. Baillon. Mais il persiste à ‘dire qu’il a vu dans le Catasetum semiapertum le rétinacle rester adhérent à la partie supérieure du stigmate, et que chez cette plante ce sont Tes masses polliniques qui, par l’élasticité du caudicule, quittent leur loge. Toutefois, pour lui, la fécondation ne saurait s’opérer ainsi, à cause du trop grand éloignement des organes. M. Ménière rappelle que, d'après M. Guépin (d'Angers), il ne peut y avoir de fécondation spontanée, même chez nos Orchidées indigènes. M. Brongniart rapporte que M. Neumann fils, qui s’est beaucoup occupé dans les serres du Muséum de la fécondation des Orchidées, lui a dit que, chez les Catasetum, il n'avait jamais pu faire grossir les ovaires, mème en les fécondant artificiellement. Quant à nos Or- chidées indigènes, M. Brongniart pense que leur fécondation, quand bien même elle serait opérée par le secours des insectes, doit être considérée comme une fécondation spontanée. M. Decaisne est d'avis que certains Catasetum pourraient bien n'être que des monstruosités de Myanthus, mais il ne pense pas qu'il faille admettre cela pour toutes les espèces de ce genre, qui à en Amérique des représentants à l'état sauvage. M. Baillon ajoute que chez les Catasetum, et surtout chez le C. tridentatum, les masses polliniques sont généralement vides. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture des extraits suivants des dernicres lettres adressées à feu M. Webb, par M, Kralik : SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. 21 LETTRES DE M. KHRALIK. Tunis, le 29 juin 1854. Dans ma dernière lettre, je vous annonçais mon départ très prochain pour Djerba et Zerziz. Mais, dans ces pays si arriérés en civilisation, où les re- lations d'un point à un autre sont si rares, où il faut le plus souvent se frayer soi-même les voies, on doit, plus que partout ailleurs, dire : Le voyageur propose, mais il est l'esclave des circonstances. Ainsi, le rhama- dan a été cause que mon excursion projetée sur Djerba et Zerziz a été tron- quée, et que Zerziz en a été exclu. C'est encore par la même cause que je suis aujourd’hui à Tunis et non pas ailleurs. A Djerba, j'avais trouvé un refuge chez le père capucin charge de desservir les intérêts religieux de la petite colonie européenne qui y réside et qui se compose en majeure partie de Maltais. L'agent consulaire français, Tunisien d'origine, m'a témoigné ses regrets que je ne me fusse pas adressé à lui, et il a mis à ma disposition les moyens de faire mon excursion projetée. Mais le chaoueh qu'il avait mis à mes ordres avec les bêtes nécessaires, après avoir jeûné le jour, avait fait trop bombance la nuit; et, le matin, ni chaouch ni bètes m'étaient arrivés. La petite caravane à laquelle je devais me joindre, car les côtes de Zerziz n’of- frent pas une sécurité complète, était déjà partie et je dus rester. Attendre une autre occasion m'eût trop retardé et j'ai profité d’un bateau qui partait le lendemain pour m'en retourner à Sfax. Ainsi, arrivé le 9 juin à Djerba, je l'ai quitté le 16. Malgré la brièveté de ce séjour, j'ai pu y récolter ou y reconnaitre environ trois cents espèces, en très majeure partie identiques à celles de Gabès. Du reste, cette ile n’est que la continuation du continent à l’est de Gabès, et elle y est rattachée par des bas-fonds continus que les marins européens appellent ici 2 secchi. Ces bas-fonds ne sont navigables que pour les barques côtières de la force desquelles était sans doute le vais- seau sur lequel Ulysse aborda à l'ile des Lotophages. La nature de ces lieux est encore la même aujourd'hui, et, comme vous l'avez vu dans ma dernière lettre, pendant une traversée de Gabès à Sfax, nous avons eu le sort d'un des vaisseaux d'Enée (Uliditque vadis atque aggere cingit arenw, Virg.), et nous nous sommes réveillés à un mille de la mer. Néanmoins, j'ai environ 25 ou 30 espèces que je n'avais constatées ni à Gabès ni à Sfax, entre autres |l Heliotropium undulatum, qui y est abondant. Le Neurada procumbens y était magnifique au bord des sentiers et dans les lieux incultes, un seul échantillon remplissant une feuille de papier; tandis que, dans le désert de Gabès, il était maigre et chétif. J'y ai trouvé aussi un seul petit pied de l'£uphorbia Forskahlei, que je n'avais vu en Egypte que sous une latitude bien plus méridionale. Quant aux plantes fort communes, ou dont les fruits murs étaient déjà tombés, mais qui ne me 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. laissaient aucun doute sur leur identité, je me suis contenté d'en dresser une liste. Comme vous le pensez bien, la question du Lotus des anciens a été l'une de mes principales préoccupations pendant le court séjour que j'ai fait sur l'ile qu'Homère donne comme la demeure des Lotophages. Mais que l'ile a dù changer d'aspect depuis les temps homériques ! Dans ces temps reculés, lorsque l'ile était peu habitée, inculte et couverte seulement des produits spontanés de la nature, il a pu y exister avec prédominance sur le reste de la végétation, un arbre ou un arbrisseau dont les fruits formaient Pune des bases de la nourriture des habitants. Mais, aujourd’hui, Pile entière est cultivée! Dans deux endroits seulement il y a des groupes de maisons for- mant deux petits villages; dans tout le reste de l'ile, les habitations sónt disséminées et isolées les unes des autres par de grandes exploitations ru- rales, C'est là la principale cause qui a fait disparaitre les productions na- turelles du sol. 11 est dès lors impossible aujourd’hui, en se bornant aux matériaux que fournissentencore les faibles restes de la végétation primitive, de décider la question du &Łotus. Ces éléments ne peuvent servir qu’en seconde ligne pour aider à élucider et à discuter ce que les anciens ont écrit à ce sujet. Pendant mon séjour à Gabès, j'avais cru que, vu ce qu'Homère dit de la saveur de ce fruit, ce devait être tout simplement le Dattier. Aujourd’hui, je n'abandonne pas encore totalement cette opinion, quoiqu’elle ait été bien ébranlée par ce qu’en dit Hérodote, qui, en parlant du Lotus, le compare au Dattier pour la douceur. Je verrai à mon retour à Paris s'il faut aban- donuer définitivement mon opinion. Si le Dattier est exclu, il ne reste que le Zizyphus Lotus, le Nitraria tridentata ou un Rhamnus, que j'ai récolté avec des fruits mürs à Gabès et retrouvé en fleur à Djerba, et que M. Pélis- sier, dans son récent ouvrage sur la régence de Tunis, considère comme le Lotus des anciens; et alors, je crois qu'il faut se ranger à l'avis de Desfon- taines, regarder comme le Lotus des anciens le Zizyphus Lotus, et traiter d'hyperbole poétique ce qu'Homère, et d’après lui, les anciens ont dit des qualités supérieures de ces fruits. De retour à Sfax, le 17 juin au soir, je voulais repartir le plus tôt possible, par terre, pour les monts Zaghouan ; mais là encore le rhamadan est venu à la traverse, D'un autre côté, le bâtiment de la famille Mattei allait partir pour Tunis; je m'y suis embarqué, et voilà comment je me trouve aujour- d'hui dans cette ville. D'ici au Zaghouan il n'y a que huit ou neuf lieues : mes dispositions sont prises pour partir demain, et j'espere bien y être vers midi. Quant à la durée de mon séjour dans le Djebel Zashouan, je ne puis vous eu rien dire, même approximativement. Elle dépendra uniquement de la végétation. J'espère et je désire trouver là de l'occupation pour au moins un mois, SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. 23 Post-scriptum. J'ai vu ce matin, au moins dans une traduction française, ce que dit Homère du Lotus, et je me suis convaincu qu’on n’en peut rien induire pour une détermination botanique quelconque. Les articles Zotus et Lotophagi de Forcellini, dont j'ai trouvé ici une édition allemande, don- nent de bonnes indications, et la deseription, tirée probablement de Pline, doit se rapporter au Zizyphus Lotus. M. Bouillet, dans son Dictionnaire d'histoire et de géographie, a étrangement confondu comme une même plante le Nymphæa Lotus et le Zizyphus Lotus (article LOTOPHAGES). Zaghouan, le 48 juillet 4854. Je devrais presque, mon cher monsieur Webb, dater ma lettre de mon pachalik de Zaghouan, car j'ai été reçu ici et jy suis traité comme un petit pacha. Quelle différence quand on se reporte à vingt-cinq ans seulement en arrière, lorsque l’Algérie n'était pas encore française, et que Tunis lui-même était encore un nid de pirates ! Aujourd'hui, un étranger, un chrétien, non- seulement y vit dans une parfaite sécurité, mais encore il y est accueilli et reçu hospitalièrement, et le gouvernement tunisien pourvoit à tous ses besoins. Quoiqu'il n’y ait aucun Européen établi ici, l'habit européen y est très connu. Le Djebel Zaghouan est la Suisse pour les Européens établis à Tu- nis, et, dans la belle saison, ils y viennent faire une partie de campagne, comme le Parisien va à Saint-Cloud ou à Montmorency. Toutefois, ils n’y arrivent pas avec la même facilité; car ils sont obligés de se laisser cahoter pendant six ou huit heures sur un chemin affreux. Avant de vous parler de l’état actuel de la végétation du Zaghouan et de mes récoltes, un mot sur le théâtre lui-même de mes présents exploits. Le bourg de Zaghouan est situé sur une légère éminence, premier gra- din du Djebel Zaghouan, auquel elle se rattache vers le sud par un léger plan incliné. De tous les autres côtés, cette éminence est entourée par une petite vallée où sont situés les jardins. Ces jardins sont continuellement arrosés par l’excédant des eaux du bourg, et ils offrent ainsi une végétation luxuriante. Presque chaque maison a sa fontaine. Il y a en outre des fon- taines sur la voie publique, et, en quelques endroits, les conduites d’eau ont des ouvertures dans les murs mêmes des maisons, qui forment de petits bassins où le passant peut puiser. Les eaux sont amenées de la distance d'un quart de lieue. Les sources qui les fournissent sont très abondantes ; elles sont situées au pied de celui des sommets du Djebel Zaghouan dent la surface offre le plus de développement. A endroit même des sources, et les recouvrant en partie, se trouvent les ruines d'un ancien temple romain; cest là aussi qu'on voit encore le commencement de l'aqueduc qui amenait les eaux à Carthage. A l'endroit où sont les sources, il se perd une grande quantité d'eau qui transforme les terrains voisins en prairies marécageuses 2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vù dominent les Juncus, les £rythræa, le Chlora grandiflora, te Lythrum Græfferi, tes Mentha et les Kpilobium d'Europe. Le Djebel Zaghouan se divise en trois principaux sommets, dont les deux plus élevés sont de véritables aiguilles à peine accessibles, si ce n'est en sè hissant dans quelque anfractuosité. Le sommet le plus septentrional, qui est le moins élevé, offre encore une certaiue surface, et, quoi qu'il soit très roide à monter, il est encore facilement accessible. . Le sommet méridional est le plus élevé ; il dépasse 4,000 pieds d'altitude. La formation de la mon- tagne me paraît basaltique. Ses flancs sont le plus souvent à pie, et ils ne sont accessibles que par quelques endroits. Quant à la végétation, elle est telle queje l'avais supposée. C’est le grand fond des basses montagnes méditerranéennes : les Cistes, le Lentisque, le Caroubier, le Romarin, le Calycotome spinosa, les Æuphorbia dendroides et ceratocarpa, | Acer monspessulanum, ete. Cette végétation frutescente peut vous donner aussi l'idée de la végétation aunuelle correspondante. Quant à l'état dans lequel je l'ai trouvée, il est inutile de vous le dire. Vous savez ce que doit être une montagne sous cette latitude, au mois de juillet, même lors- qu’en hiver elle est aux deux tiers couverte de neige, comme je l'ai entrevue dans le lointain au mois de février passé. N'allez pas en conclure que mon temps est perdu ici; je vais immédiatement lever vos incertitudes à cet égard en vous disant que, si ma provision de papier le permet, j'ajonterai une ou même deux semaines aux quatre que je m'étais proposé de passer ici, tellement j'y trouve encore à récolter ou à constater. Sans doute, bien des plantes m'échapperout, qu'il eùt été facile de constater et de récoiter dans une saison plus opportune; mais j'espère, néanmoins, arriver à former une liste d'environ 500 espèces, tant de la montagne que des environs im- médiats de Zaghouan. = Maintenant, quelques mots de mes courses et des plantes intéressantes qu'elles m'ont fournies jusqu'à présent. Dans la localité et à la hauteur in- diquée pour l'Anfhemis punctata, j'ai trouvé un Anthemis, mais à rayons blancs. II est vivace, et émet de la mème souche plusieurs tiges qui attei- gnent 2 et 3 pieds de hauteur; les divisions de ses feuilles sont linéaires: ses capitules sont portés sur un long pédoncule nu, et leur diamètre égale presque celui des capitules du Chrysanthemum Leucanthemum. Vai fait les honneurs à cet Anthemis comme s’il était bien et dûment l'Anthemis punc- tata, et j'en ai fait ample provision. Mais je ne l'ai trouvé que dans l'état où l'on trouve au mois de juillet une plante dont la floraison est indiquée pour le mois d'avril; il est en fruits, mais en fruits bien couservés, grâce aux longues paillettes dont le réceptacle des capitules est hérissé. Je n'en ai qu'un seul pied en fleurs; sur deux où trois autres pieds se trouvent quel- ques fleurs retardataires où peut-être anticipant sur l'année prochaine, car elles se montrent sur des pousses radicales, Je l'ai récolté trois fois, les 4 et SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. 95 5 juillet, sur le sommet le plus septentrional, à la hauteur de 3,000 pieds, et le 13, dans les anfractuosités du pie méridional, à la hauteur de près de h,000 pieds. Je ne l'ai point observé sur le pie du milieu. A une moindre hauteur, 2,000 pieds environ, j'ai trouvé un Chrysanthe- mum qui a quelques rapports de facies avec mon Anthemis. Ce doit être le Chrysanthemum corymbosum ou quelque espèce voisine. C'est le 41 et le 12 juillet que j'ai fait l'ascension des deux pics les plus élevés du Djebel Zaghouan. Cette excursion de deux jours m'a valu une ré- colte de 102 espèces, et en a ajouté une trentaine à mon catalogue. J'en ai rapporté aussi un Zrysimum vivace, un Asperula, deux Galiwn, le Sero- phularia lwvigata, deux. Buplevrum vivaces, Pun en fleurs seulement, l'autre encore uniquement en boutons; deux Ruscus, l'aculeatus et un autre à feuilles beaucoup plus grandes, mais sans fleur ni fruit; toutefois, on voit que la fleur est tantôt épiphylle, tantôt hypophylle; quatre où cing Om- bellifères en fruit seulement; un Eryngium non encore en fleurs; deux autres Ombellifères uniquement en fleurs; l Helminthia aculeata, dont tou- tefois j'avais déjà fait ma provision le 5 ; cette plante descend, au reste, jus- qu'au bas de la montagne, et se retrouve sous les buissons jusque sur les collines voisines; deux Campanula; un Lonicera en fruit, un Hedera, ete. Le Djebel Zaghouan m'a valu mes seuls représentants de la famille des Fou- gères, au nombre de cinq espèces. Les environs de Zaghouan m'ont donne mes seuls Ranunculus, Trifolium, Rubus; je n'avais encore trouvé aucun représentant de ces grands genres, pas même le Trifolium stellatum. Ce que je suis fâché de devoir ajouter, c’est que, malgré toute mon attention, quoique je fusse continuellement sur le qui vive à cet égard, je n'ai aucun Isoetes. J'ai amené ici avec moi mon nègre ; néanmoins l'administration locale a cru devoir m'adjoindre encore un Arabe pour me guider danus mes courses. Cet Arabe m'a apporté, d'une course qu'il avait dù faire pour le caïd, un bouquet d'herbes. Au milieu d’un tas de plantes communes, j'y ai trouvé une perle. Cette perle est un Allium qui s'éloigne par son port de tout ce qui m'est connu dans ce genre. Le lendemain, je me suis fait conduire par mon Arabe dans la localité où il avait pris cette plante. Ce sont de basses col- lines incultes et couvertes de buissons, à une lieue et demie à l'ouest de Zaghouan. J'ai depuis observé ailleurs cette espèce, maïs toujours dans une localité analogue. Cette même excursion m'a encore donné un Zesedu ayant le port du Æ. Phyteuma, dont le fruit est couvert de petits granules cristallins qui s'oblitèrent facilement par la dessiceation et sous une pression même très modique. Quant à la transparence cristalline de ces granules, elle dis- parait complétement sur la plante sèche; mais ils sont encore indiqués par des papilles qui servaient d'utricules au liquide dont ils étaient formés. Cette lettre est sans doute la dernière que vous recevrez de moi de la ré- 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gence de Tunis. Je compte rester ici jusque vers le 10 août. Je trouverai ensuite de quoi employer utilement à Tunis une quinzaine de jours pour la végétation maritime, de sorte que je ne compte guère quitter cette ville avant le paquebot du 28, et je ne serai ainsi à Paris que le 6 ou le 7 sep- tembre. Tunis, 46 août 18544 Mes dernières courses dans la montagne et aux environs de Zaghouan ont encore ajouté quelques plantes intéressantes à mes précédentes récoltes, J’ai repris, en aussi bon état que possible, les quelques Ombellifères qui s'étaient trouvées trop peu avancées lors de mes précédentes excursions. J'irai, pour trois ou quatre jours, m'installer à la Goulette, entre le lac et la mer. Non loin de là se trouve l'embouchure de l'Oued-Melianah. Je compte que l’alluvion de cette rivière, dont le cours est de près de 20 lieues, me donnera quelques bonnes plantes. Je l'ai traversée en venant de Za- ghouan, et le simple inoment d'arrêt qui a été nécessaire pour faire fran- chir aux charrettes ce ravin profond, m'a donné trois plantes que je n'avais pas encore rencontrées ailleurs : le Cyperus flavus, | Heliotropium supi- num et le Pulicaria arabica. M. Weddell met sous les veux de la Société des échantillons de caoutchouc de diverses provenances qui lui ont été adressés par M. Howard, de Londres, et ajoute quelques détails à ceux qu'il a donnés précédemment. 1} résulterait des recherches faites par M. Howard, sur le marché de Londres, que le caoutchouc du Ficus elastica où des Indes ortentales est aujeurd'hui très rare dans le commerce. La plus estimée parmi les diffé- rentes variétés importées est le caoutchouc du Brésil ou du Para, Celle qui est à plus vil prix est le caoutchouc des iles de la Sonde, connu sous le nom de caoutchouc de Batavia, de Singapore ou Pulo-Penang. M. Weddell appelle particulièrement l'attention de la Société sur ces derniers produits, obtenus par la coagulation naturelle du sue sur le trone même de l'arbre dont il a découlé. La couleur de cette gomme étant la même que celle du caoutchouc du Para dont la coagulation s’est faite sous l'influence de la fu- mée, il est permis de croire que l'air et la lumière sont les agents princi- paux de cette coloration. M. Weddell signale encore, parmi les échantillons exposés, un morceau de caoutchouc de belle qualité importé du Guayaquii, dans la République de l'Equateur, point dont on n'avait pas encore reçu ce produit; et enfin un spécimen de caoutchouc de la Jamaïque, bien différent des autres caout- choues par sa couleur qui reste blanche, par son odeur animale et enfin par son peu d'élasticité; son origine botanique parait encore inconnue, e ‘I SÉANCE DU 12 JANVIER 1855. °) M. Mémière fait à la Societėla communication suivante : NOTE SUR UNE MONSTRUOSITÉ PAR EXCÈS OBSERVÉE DANS UNE ORCHIDÉE (CYMBIDIUM SINENSE), par M. MÉNIÈRE. Une fleur d'Orchidée, si extraordinaire qu'elle paraisse (un Sfanhopea, par exemple, un Cypripedium caudatum) peut être ramenée par la théorie à une symétrie complète, et cette vue de l'intelligence se trouve contirmée par des faits matériels ; la nature se charge volontiers de ces sortes d'expé- riences, et l'observateur est conduit peu à peu à cette démonstration qu'un premier coup d'œil rejetterait comme impassible. La famille des Orchidées, par ses analogies avec les Liliacces, les Iri- dées, les Musacées, les Narcissées, les Cannées, appartient à cette grande division du règne végétal dans lequel l'appareil floral affecte la forme ter- naire et ses multiples. Mais, de même que certaines familles ont une ten- dance naturelle à voir se multiplier les parties de la fleur, il en est d’autres qui marchent en sens contraire, est-à-dire qui ont des divisions moins nombreuses, non-seulement à l'enveloppe florale, mais encore aux parties essentielles de cet appareil organique. La forme gynandrique est le carac- tère le plus saillant de cette concentration de parties; la soudure complète des étamines avec le pistil réduit les premières le plus souvent à l'unité, très rarement à deux, comme dans les Cypripédiees, de sorte que l'on peut dire que les-Orchidées offrent comme particularité spécifique la diminu- tion du nombre des organes qui constituent la fleur. Cette diminution ne se remarque pas seulement aux étamines : la corolle subit la même loi, et il est facile de voir dans un certain nombre de genres que les divisions du périanthe tendent à se souder entre elles et même à disparaitre. Ainsi, dans les Cypripedium, les deux sépales inférieurs se réunissent sur la ligne médiane, reproduisant très exactement dans piu- sieurs espèces le sepale supérieur qui est releve en étendard. Les Cypripedüun n'ont que cinq divisions à la corolle, au lieu de six, deux sépales, un su- périeur et un inférieur, deux pitales formant la croix avee ceux-ci, et enfin le labelle dont la forme singulière est si digne d'attention, Cette soudure des deux sépales inférieurs se remarque encore dans le genre Purlingtonia, dans les Aodriquezia, que les nomenclateurs modernes ont justement réunis; ici ces sépales rapprochés et soudés par lear bord in- terne forment une sorte de carène canaliculée indiquant bien ce rappro- chement des parties similaires. ` il y a des Xodriguezia, le laxiflora, par exemple, dont les deux sépales inférieurs ne sont soudés que dans la moitié supérieure de leur longueur et qui montrent dans la bifureation restante le phénomène inachevé dont nous parlons ici, 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Beaucoup de Pleurothallis ont aussi cette soudure des sépales inférieurs ; dans l'ophiocephala et dans le saurocephala, rien n'est plus évident; on dirait les deux mâchoires d'un reptile s'écartant pour laisser passer le label dont la forme se rapproche beaucoup d’une langue, On remarque que cette disposition stomatoïde est d'autant plus frappante que les deux pétales sont presque à l’état rudimentaire, et qu’il faut les chercher attentivement pour constater leur présence. Dans le genre Restrepia, cette forme crucifère du périanthe est extrême- ment marquée; il est impossible de voir, comme dans les Pleurothallis, la trace d’une soudure entre les deux sépales inférieurs, de sorte que la co- rolle est évidemment réduite dans sa composition primitive. Il est une Orchidée qui a subi une altération encore plus considérable, Le Goodyera discolor wa que trois divisions au lieu de cinq; le sépale supérieur est bien développé, les deux pétales latéraux sont à leur place ordinaire, mais les sépales inférieurs ont disparu. Il n'y a à leur place que deux ma- melons peu saillants, simples rudiments de parties qui ont avorté. Le labelle, bien que tordu sur lui-même et très irrégulier, forme symétriquement, avec les trois parties du périanthe qui persistent, une enveloppe florale fort réduite. Je pourrais multiplier ces exemples et montrer par là que, dans les Orchidées, la corolle composée de six parties a une tendance à restreindre ce nombre, et que ces altérations du type normal ne constituent pas une monstruosité, car elles n’ont aucune influence fâcheuse sur l’accomplisse- ment des fonctions de l'appareil floral. En est-il de même dans les cas bien plus rares où le nombre des parties Ge la fleur de l'Orchidée s'est accru, et comment doit-on considérer l’état inverse de celui qui est normal dans cette famille de plantes? J'ai vu un Cypripedium dont le périanthe était revenu à l'état normal par la séparation complète du sépale inférieur en deux sépales latéraux. Le reste de la fleur n'offrait aucune trace d’altération. Dans un autre genre, qui a la corolle divisée en six parties, le Cymbi- dium sinense, j'ai observé non-seulement un sépale de plus, c'est-à-dire trois sépales inférieurs, mais encore deux labelles situés côte à côte, très également développés, et cependant le gynostème n’était pas plus volumi- veux que de coutume; l'ovaire était à l’état normal, la fleur n’était pas plus grande que celles qui garnissaient le scape. Cette fleur n'avait qu'une bractée florale : elle était située à une égale distance de celle qui était au- dessous et de celle qui était au-dessus ; il n'y avait pas contraction de l'épi formé, comme de coutume, par sept ou huit fleurs; en un mot, rien dans cette inflorescence indiquait une de ces monstruosités résultant d'un ob- stacle au développement naturel de la hampe et des fleurs qu'elle portait. Ce fait, qui n'est pas unique, est du moins extrêmement rare. Le pé- SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. 29 riantbe était composé de trois sépales ordinaires, d'un sépale surnumeraire placé entre les deux inférieurs, de deux pétales supérieurs, et enfin de deux labelles, ce qui porte à huit le nombre total des parties de la fleur. Je laisse aux tératologues plus expérimentés que moi le soin de donner l'explication d'un tel phénomène. SEANCE DU 26 JANVIER 1555. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE, M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 42 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. BauprimonT, pharmacien en chef de l'hospice Sainte-Eugénie, à Paris, présenté par MM. Fermond et Réveil. Gay (Claude), boulevard Bonne-Nouvelle, 25, à Paris, pré- senté par MM. Brongniart et Weddell. Roys (le marquis de), trésorier de la Société géologique de France, rue de Verneuil, 53, à Paris, présente par MM. le baron de Brimont et Puel. Savi (Pietro), professeur de botanique à Pise (Toscane), pre- senté par MM. Brongniart et Decaisne. Taowpsox (le docteur), à Kew, près Londres, présenté par MM. Brongniart et Decaisne. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. M. François Lenormant fait à la Société une communication qui sera annexée au compte rendu d’une prochaine séance (1). M. Weddell fait à la Societé la communication suivante : COUP D'ŒIL SUR LA FLORE DE PLOMBIÈRES, par M. H.-A. WEDDELL (2). Il n’est guère de vovageur qui, en parcourant le département des Vosges te D D 2 toj 9 n'ait admire la végétation luxuriante des environs de Plombières., Peu de (1) La notice de M. F. Lenormant devant être accompagnée d'une gravure, sa publication est ajournée afin de ne pas retarder l'impression du Bulletin. (2) Je n'ai pas besoin de dire combien m'a été utile, pour la rédaction de celte 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. villes sont mieux partagées sous ce rapport. L'hamidité de l'atmosphère, due aux sources innombrables qui humectent son terrain, la hauteur des berges qui l'encaissent de toutes parts et la concentration des rayons solaires qui en résulte, la nature siliceuse du sol, toutes ces causes réunies donnent aux plantes que nourrit la gorge de l'Eaugronne, une vigueur, une fraicheur que l'on chercherait en vain dans des lieux moins heureusement dotés. Mais au botaniste, en particulier, la flore de Plombières offre un attrait de plus qui consiste en ce que, rattachée essentiellement à la flore des plaines, elle se lie cependant déjà, par quelques traits, à celle de la région alpestre des Vosges. C'estce caractère mixte qui nous semble mériter surtout d'être mis en évidence, et, pour cela, il nous suffira de citer les plantes dont la découverte nous a le plus charmé dans nos herborisations autour de Plom- bières. On verra que beaucoup d'entre elles sont précisément des espèces éminemment montagnardes, ou de celles qui, habitant ordinairement les plaines des parties plus septentrionales de l’Europe, trouvent encore en ce point, grâce à une élévation de 4 à 500 mètres au-dessus du niveau de la mer, les conditions nécessaires à leur existence ; nous aurons soin de signa- ler leurs noms par un astérisque. Commençons notre énumération par les végétaux auxquels l'absence de véritables fleurs a fait donner, par les botanistes, le nom de Cryptogumes. Leur revue nous conduira à citer quelques localités générales, les marais, les prés, les bois, où nous ferons connaissance avec ceux d'un ordre plus élevé. Une excursion dans les montagnes, excursion aussi rapide que les herborisations qui lont précédée, terminera notre aperçu. Par l'élégance de leur feuillage et par leur fréquence mème, il n'est pas, sous ce ciel humide, de plantes qui attirent davantage l'attention du prome- neur que les Fougères. Plusieurs d'entre elles, la Fougère mâle (Aspidium Filix mas) en particulier, et l Aspidium dilatatum (4), sont si abondantes, qu'elles constituent, en certains endroits, un véritable fond de végétation. Mais, aux yeux du floriste, ces espèces trop vulgaires cèdent le pas au frète Cystopteris (C. fragilis), dont les frondes délicates couvrent quelques vieux murs près de la promenade des Dames, au Blechnum Spicant des marais, note, l'excellent travail de M. le docteur Mougeot sur la Fégélation spontanée du département des Vosges ; son livre mwa servi de manuel d'herborisation. M, Maille a bien voulu aussi me communiquer le résultat de ses observations sur la végéta- tion de Plombières, et m'a fourni, de plus, bon nombre d'indications utiles sur les localités des environs. Je suis heureux de trouver ici l'occasion de rendre hom- mage aux Connaissances étendues de ce botaniste, aussi modeste qu'obligeant. (1) Val d'Hérival, surtout au voisinage de la glacière, point curieux où, à la fa- veur de circonstances particulières, la neige, accumulée Fhiver dans un creux de roche, persiste d'une année à l’autre. ? SÉANCE DU 26 JANVIER 1859. 31 au Polypodium Dryopteris (1) et surtout au ‘2. Phegopteris, abondant a l'entrée de la route de Luxeuil, et à P* Asplenium septentrionale, que nous avons recueilli sur l'indication de notre ami M. Maille, dans les fentes des rochers du Calvaire, ainsi que sur Ia côte de la route d'Epinal. Voisins des Fougères par quelques caractères botaniques, les Lycopodes s'en éloignent par le port, mais plaisent par leur bizarrerie. « L'une d'elles, nous dit M. Mougeot, connue dans le pays sous le nom de Jalousie {2), offre des tiges rampantes de la grosseur d'une plume à écrire, longues de plus d'un mètre, s'eniaçant à travers le gazon et les broussailles des bois. La souplesse de toute cette plante, son menu feuillage, la propriété qu'eile a de se décolorer dans l'eau sans s'y décomposer, permettent de lemplover en guise de linge au fond du couloir par lequel on passe le lait qu'on vient de traire, afin d'en séparer tous les corps étrangers, que retient alors dans ses replis cette Jalousie. Aussi la voit-on dans toutes les auges des fon- taines pour servir à cet usage et conserver, par ce lavage permanent, une extrême propreté. » Par sa fréquence relative, autour de Plombières, cette espèce contraste avec le * Lycopodium Chamcæcyparissus rencontré par M. Maille dans les bruyères du Chanot du Mencel, sur le plateau de la commune du Val-d'Ajol. Le Lycopodium inundatum (3), moins rare, se montre çà et là rampant sur le sol fangeux de quelques marais, où le pro- fane le confond volontiers avec les mousses qui lui tiennent conpagnie, mais dont plusieurs jouent dans la nature un rôle bien plus important que celui qui est dévolu aux Eycopodes. On devine que je fais ici allusion aux Sphaignes, ces petits végétaux qui contribuent si puissamment à la forma- tion des tourbières ou faëngs et qui, aux environs immédiats de Plom- bières, présentent cela de particulier qu'ils masquent souvent les anciennes moraines, sur lesquelles ils ne forment même, quelquefois, qu'une couche assez mince, Par leur tissu poreux ct leur avidité pour l’eau, ces mousses peuvent être comparées à de véritables éponges, et à ce titre on les voit servir, en quelque sorte, de sol à d'autres végétaux, et, si constamment, qu'on à été plusieurs fois tenté de regarder ces derniers comme de vrais parasites, Tels sont, en particulier, les Rossolis (Drosera rotundifolia et intermedia), dont les feuilles, ornées de longs cils rouges, enlacent l'insecte trop confiant qui a cherché sur elles sa pâture, Le Rhynchospora alba, le Schænus nigricans (h), les Linaigrettes, la modeste Violette des marais (*Viola palustris) (5), la Parnassie (Parnassia palustris), la petite Seutel- (1) Çà et là, au bord des bois, dans le val de Saint-Loup. (2) Lycopodium clavatum où Patte-de-Loup. (3) Faing du Bray, derrière le bois de Tarpenet, à gauche de la route d'Épinal, ainsi que sur le chemin de Remiremont et dans les faings du val d'Ajol. (4 Faing du Bray. (5) Commune dans une petite tourbière, à droite du chemin du Moulin-Joli, un 3A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tation des bois, et celle-ci abrite, à son tour, les feuilles en cœur et les grappes délicates du Petit-Muguet (Vaianthemum bifolium). Cet aperçu de la végétation des environs de Plombières, tout incomplet qu’il est, suffira pour en donner une idée, surtout à ceux qui possèdent déjà sur la flore française quelques notions générales. Au botaniste satisfait jusque-là des trésors modestes de la plaine, peut-être donnera-t-il aussi le désir de porter ses explorations vers les régions plus élevées. Si alors, laissant au-dessous de lui l'étroite vallée de l'Eaugronne, il se dirige vers quelqu'un des pics nombreux qui hérissent la chaine des Vosges, il verra se multiplier sous ses yeux toutes ces plantes que nous avons signa- lées comme les sentinelles avancées de la région montagneuse ; puis, à celles- là, il verra sans cesse s’en ajouter de nouvelles. La station des lacs marque le commencement de la végétation alpestre proprement dite. A ce niveau (6 à 700 mètres), les forêts, changeant d'es- sence, prennent un caractère particulier de grandeur, dù à la prédominance des arbres verts, auxquels s'unissent cependant encore le Hêtre et le Frêne. « Le Sycomore (Acer Pseudoplatanus) vient aussi, dit M. Mougeot, varier cette magique verdure, et il finit par s'emparer, avec le Hêtre, des régions les plus élevées. Dans ces dernières localités, ces deux arbres, battus des vents, écrasés par le poids des neiges des longs et rigoureux hivers, restent petits, rabougris, tout en acquérant beaucoup de dureté, et deviennent par là un excellent bois de chauffage. Ces grands arbres de la montagne acquièrent une dimension gigantesque; on y rencontre des Sapins et des Pesses, dont le trone a, dans le bas, 3 metres et plus de pourtour et 40 mètres et plus d’élévation; des Sycomores de 20 mètres de haut, à trone d'une épaisseur de plus d'un mètre et envergure de 12 mètres et plus. » L'herborisation sur les lacs présente un charme infini. C’est à leur surface que l'on voit flotter, parmi les Rienoncules aquatiques, parmi les Potamots et les Utriculaires des plaines, le joli Nuphar pumilum, plante commune à l'ancien et au nouveau monde, le Myriophyllum alterniflorum, et une espèce particulière de Sparganium (S. affine, Schnitz.), à feuilles longuement li- neaires et glauques. Au fond de ces mêmes eaux, et souvent à une profon- deur de plusieurs metres, se rencontre un tapis du singulier et fragile Isoetes lacustris, remplacé, près des bords, par la Littorelle (Ziétorella la- custris), qui y prend presque l'apparence de cette intéressante cryptogame, avec laquelle on la confond même parfois. Les rives sont habitées par plu- sieurs espèces intéressantes de Cares (C. Limosa, C. pauciflora, C. canes- cens), par le Scheuchzeria etle Calla palustris, la Grande-Ciguë (Cicuta vi- rosa), la Renoneule à feuilles U Aconit (Ranunculus aconiti folius), te Comarum palustre, et deux espèees de Rossolis (Drosera anglica et D. obovata), qui y croissent en societé avee une de celles que j'ai citées plus haut (D. rotun- difolia); tandis que dans les bois ou les marais environnants se voient le SÉANCE DU 26 janvier 4855. 35 Valeriana tripteris, V Andromeda polifolia, le Pyrola secunda, le Moneses grandiflora, le Groscillier des Alpes (Ribes alpinum), le Convallaria ver- ticillata, le Malaxis paludosa, le Neotiia cordata et plusicurs autres plantes intéressantes sous-alpines où du nord de l'Europe. Prolonge-t-on enfin Fexcursion jusqu'au sommet du pie voisin du HohnecE (1,367 mètres au-dessus de la mer), on est bien viteédétommagé de la fatigue légère occasionnée par l'ascension. À peine a-t-on franchi la zone de forêts, que l'on foule un gazon tout émaillé de fleurs (1); un air plus pur dilatant les poumons fait bondir le cœur, et l'œil qui se porte tour à tour sur Fadmirable perspective qu'offre le paysage lointain et sur cette autre perspective non moins séduisante Œd'Anémones et de Saxifrages, ne sait trop d'abord sur laquelle s'arrêter; mais Flore finit par leapoiter, L'Anémone des Alpes (Anemone alpina), Aéployant ici ses ccrolies blanches lavées de pourpre, agitant plus loin au vent ses longs fruits soyeux, le Viola sudetica aux larges pétales jaunes ou violets, la grande Gentiane aux feuilles en croix, la Grassette, le Leontodon pyrenaicus, plusieurs Saxi- frages (S. Aëzoon et S. stellaris), quelques Orchis (O. albida et O. globosa) semés dans un gazon de Nardus, de Festuca, d’ Agrostis et de Luzules, atti- rent tout d'abord Pattention du botaniste; mais celui-ci, aspirant à des conquêtes plus difficiles, s'approche bientôt des précipices qui flanquent le pic à lorient, et séduit aussitôt par les trésors que lui p'omcttent les mystérieuses anfractuosités de la roche, il s'y risque, indifférent au danger. « [l disparait bientôt, dit M. Mougeot, au grand étonnement du berger at- tentif qui le suivait des yeux; il atteint les emplacements que le troupeau wa jamais pu brouter, et gest dans ces retraites propices, encore épargnées par la main destractive de homme, que Flore va lui offrir ses dons dans leur première et antique abondance. » Le Trollius europœus, V'Anemone narcissiflora, V Aconitum Lycoctonum, le Potentilla salisburgensis, le Rubus saxatilis, le Pyrus Chamæmespilus, le Rosa alpina, le Sibbaldia procumbens, Alchemilla alpina, le Sedum Rhodiola, Ve Campanula latifolia, le Pedi- cularis foliosa, les Sonchus Plumieri et alpinus, les Hieracium albidum et aurantiacum, V Imperatoria Ostruthium, le Dupleurum longifolium, le Gna- phalium norvegicum, ie Carduus Personata, le Streptopus amplexifolius, le Maitagon, la Victoriale, le Carew frigida, ete., ete., voila seulement une partie des richesses que présente ce point intéressant. Le froid du soir oblige trop tôt à la retraite le naturaliste toujours ardent. H quitte à regret ces licux qu'il n'a eu que le temps d’effleurer, et qu'il ne reverra peut-être Jamais, Mais durant ces quelques heures passées sur la montagne, ila éprouvé des jouissances que bien des aunces écoultes dans la plaine ne tai ont pas precurces; et longtemps apiès, quand il reverra, dans son herbier, (1) Cette région dépourvue d'arbres porte, dans le peys, le nom de chaumes. 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. laire (Scutellaria minor), le Souci des marais (Caltha palustris) et le joli Polygala depressa, méritent encore une mention parmi Jes habitants ordi- naires des faings et lieux analogues. Si, de ces localités, nous passons aux prés proprement dits, nous abor- dons une des parties les plus intéressantes du tableau floral de Plombières, et l'une de celles qui présentent le plus grand nombre de ces faits particu- liers que je signalais plus haut. Il faut ajouter que les prés de cette partie du département des Vosges en sont un des plus grands ornements, comme ils en sont une des principales richesses. L'énumération de toutes les espèces végétales qui s'y trouvent réunies serait trop longue : au milieu de la foule brillante, contentons-nous de citer le *Meum athamanticum (1), aux feuilles plumeuses, et dont la racine simule par sa forme un pied de biche, la Bistorte (Polygonum Bistorta), aux jolis épis roses, l'Arnica (“Arnica montana) (2), aux fleurs orangées, recherchée pour ses qualités vulnéraires et excitantes, enfin le Pied-de-Lion (Alchemilla vulgaris), toutes plantes caractéristiques de la région montagneuse, ainsi que l'* Adenostyles Peta- sites (3) et la Renoncule à feuille d'Aconit (*/Æanunculus aconitifolius) (h), dont nous n'avons rencontré près de Plombières que quelques pieds isolés. La Saxifrage dorée (Chrysosplenium oppositifolium) (5), par contre, est commune sur les bords de quelques ruisseaux où se montrent souvent le feuil- lage flottant du Montia rivularis et près desquels on rencontre aussi, quel- quefois, le Caærophyllum hirsutum (6), V Impatiens Noli-tangere (7), et çà et là les tiges élevées du * Senecio saracenicus (8). Les bois des environs iinmédiats de Plombières sont composés des mêmes essences que ceux de la plaine : des Chènes, des Charmes, des Hêtres, des Trembles, des Érables, des Saules, des Aunes, voilà les arbres que l’on aper- peu au delà de la scierie, ainsi que dans les faings de la route de Remiremont, avec le Rhynchospora alba, etc. (1) Prés secs au-dessus de la route de Remiremont, etc. (2) Prés, marais et clairières des bois, sur les plateaux, dans les communes des Granges et de Belle-Fontaine. M. Gentilhomme, pharmacien à Plombières, fait un commerce assez important des fleurs de cette plante, ainsi que des feuilles de la Digitale, recueillies par les pauvres femmes du pays. (3) Dans un petit bois, au-dessous de la route de Luxeuil, avant son premier coude. (4) Dans les fossés des près marécageux, à gauche du chemin du Moulin-Joli, au delà de la scierie. (9) Abondante sur les pierres du petit mur de soutènement, à l'entrée de la route de Luxeuil, entre la gendarmerie et le bois, avec le Polypodium Phegopteris. 6) Au bord du bois, à droite du chemin de la fontaine Guizot, ete, (7) Dans le fossé, à droite de la promenade des Dames, l (8) cemin du Moulin-Joli, et à l'entrée de la route de Remiremont, dans le bois, a gauche, SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. 39 coit habituellement; ce n’est, pour ainsi dire, que de loin en loin que se montrent quelques Pins sylvestres où des Sapins. Il y a cependant une exception à la règle; je veux parler du val d'Hérival, où, à une faible dis- tance des bains, on peut jouir, au milieu de magnifiques forêts d'arbres verts, d'un avant-coût des scènes que nous offrent les hautes Vosges. C’est de ce côté aussi que se présentent avec le plus de fréquence deux des plantes le plus dignes de mention parmi celles qui ornent la Flore de Plom- bières : le Sureau à grappes (* Sambucus racemosa) (1) et le Galeopsis dubia. Dans la partie aride de cette vallée, la végétation herbacte, s'il y en a (car souvent les Sapins n'ombragent que du sable pur), est peu varice; je ne vois que le Luzula mazima, le Teesdalia nudicaulis et V Arabis arenosa, dont la présence mérite d'être signalée, Plus avant, par contre, du côté de la Pierre-du-Tonnerre, par exemple, se trouve une partie éminemment humide où croit le *Stellaria nemorum, si commun dans les forêts bru- meuses des régions élevées. Enfin, si, pour gagner Hérival, on a pris par le val d'Ajol, on rencontre une autre plante alpestre, le *Silene rupestris, abondant sur toute la côte au-dessous de la Nouvelle-Feuillée. Inconnue dans nos plaines, cette jolie plante est, sans contredit, une des plus communes des Vosges. La flore herbacée des bois qui avoisinent Plombières est moins riche que celle des prés et des marais. Deux plantes surtout la caractérisent, mais celles-ci y sont si répandues, surtout dans les bois de la gorge de l'Eau- gronne, que l’on ne peut guère y faire vingt-cinq pas sans les rencontrer. L'une de ces plantes, si particulierement caractéristiques de la flore de Plombières, est le “Luzula albida; il y remplace partout, on peut le dire, les Luzules de nos plaines; l’autre est le *?renanthes purpurea, une des plantes les plus élégantes de sa famille et le plus bel ornement des bosquets qu'il habite. Après ces plantes, les seules que je pense devoir citer sont le Lysi- machia nemorum (2), le Senecio sylvaticus (3), le “Galium saxatile (4) et la Digitale pourprée (Digitalis purpurea), intéressantes à divers titres, mais les dernières surtout par leur abondance. Enfin, sur les plateaux, c'est la Brimbelle ( Vaccinium Myrtillus), qui constitue le fond de la basse végé- (1) Se trouve aussi çà et là, dans le val de Saint-Loup, et même à quelques pas de la ville, sur le chemin de la fontaine Stanislas. (2) Chemin de la fontaine Guizot, et voisinage de la ferme Jacques, sur le bord des bois. (3) Plateaux de la commune du Val-d’Ajol, derrière la Nouvelle-Feuillée, avec la Digitale, dont on recueille les jeunes feuilles pour les employer aux usages de la médecine. (4) Très répandu dans les clairières des bois, autour de Plombières, en particu- licr sur les plateaux. 9 T. li. 9 35 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ces plantes qu'il a ravies aux précipices et aux neiges du Hohneck, il se rappellera les émotions qu'elles lui ont occasionnces. M. Planchon rappelle que Roth a déjà parlé de l'irritabilité des feuilles de nos Drosera, qui deviennent concaves lorsqu'un insecte vicent à s'y poser. Quant à lui, il n’a pas constaté ce fait, mais il est bien constant surtout chez certaines espèces australiennes du même genre. En ce qui concerne le Drosera obovata, M. Planchon croit devoir adopter l'opinion de Schiede, qui considère cette espèce comme un hybride des D. rotundifolia, L., et longifolia, Huds., par la raison qu'elle ne présente jamais de capsules fertiles. MM. Grenier et Go- dron lui donnent comme caractère distinctif la dimension des cap- sules, qui seraient, suivant eux, plus courtes que les calices. Gette erreur provient peut-être desce qu’ils n’en ont vu que d'imparfaite- ment mûres. M. Planchon ajoute que le Nuphar pumilum, Sm., synonyme du N.Spennerianum, Gaud., est identique avec le N. Kalmianum, Hook., du'Canada. Cette plante paraìt se plaire toujours dans les lacs al- pestres. Dans les Vosges, elle est associée au Sparganium affine, longtemps confondu avec le Sp. natans. M. le comte Jaubert dit que le Sp. affine se distingue, au premier coup d'œil, par ses feuilles très longues et très étroites. Il l’a vu dans les Vosges, à la localité indiquée par M. Weddell. Mais il n’a jamais vu associé au Nuphar pumilum Isoetes lacustris, autre plante ca- ractéristique des lacs de cette région. M. Planchon dit, au contraire, qu'il a vu ces deux plantes crois- sant ensemble dans le lac de Gerardmer. M. Decaisne rappelle, à cette occasion, que la variété très curieuse du Littorella lacustris, qui a tout à fait le port de l Isoetes et a sou- vent ete prise pour fui, a toujours été trouvée stérile, M. Cosson, vice-secrétaire, communique à la Société la note sul- vante : DE LA CULTURE DU DATTIER DANS LES OASIS DES ZIBAN, par MM, E. COSSON, et P, JAMEN, directeur du jardin d'acclimatation de Beni-Mora. à í tap 2 A A à y ` 1 + e Le Dattier (Phænix (4) dactylifera, L.), dont la véritable patrie est aussi inconnue que eche d'un grand nombre de plantes utiles cultivces (1) Phænis, L. Gen, n. 1224, Gærin, Fruct, et sem. 1, 23, t 9, f. 2. Juss. SÉANCE DU 26 janvier 1855. 37 depuis la plus haute antiquité, est la culture dominante dans la vaste zone presque privee de pluie qui s'étend de l'océan Atlantique jusqu'à la vallée de Pindus, vers le 64° degré de longitude orientale, et qui, en Afrique, est comprise cntre le 35° degré de latitude boréale et Ja limite septentrio- nale de Ja région des pluies estivales, soit le 42° ou le 45° degré de latitude boréale (1). — Dans les parties les plus chaudes du midi de la France, en Corse, en Sardaigne, dans le nor de l'Ftalie, aux iles Foniennes et dans la Grèce septentrionale, ie Dattier est planté seulement comme arbre Qorne- ment ; il ne commence à pouvoir donner des fruits que dans le midi du Portugal (aux Algarves), dans le midi de l'Espagne, en Sicile et sur un petit nombre de points de la Grèce méridionale, Le Daltier ne se rencon- trant ordinairement dans ces diverses contrées que par individus isolés, et ses fruits n'y mürissant qu'irrégulièrement ou d’une manière imparfaite, elles ne sauraient être considérées comme appartenant à l'aire de la grande culture de ce précieux végétal. A Eiche (39° 44 lat. bor.), dans leroyaume de Valence, près de 60,000 dattiers forment, il est,vrai, une sorte d'oasis, et donnent lieu, par leurs produits, à un commerce assez important; mais c’est là un fait tout exceptionnel qui s'explique par la nature du sol, l'ex- position et des influences climatériques analogues à celles des déserts afri- cains ou arabiques (2), ainsi que le démontre la présence, dans cette partie de l'Espagne, d’un assez grand nombre d'espèces qui lui sont communes avec la zone subtropicale, véritable région du Dattier. L'absence d'oasis sur le littoral de F Algérie, où le Dattier n’est cultivé que par pieds isolés et où ses fruits n'arrivent pas à maturité, est une nouvelle preuve de l'opinion que nous venons d'exprimer. — En Algérie, comme au Maroc et à Tunis, la région des oasis ne commence qu’au sud de la grande chaine de l’ Atlas qui, de la partie méridionale du Maroc, s'étend obliquement du sud-ouest au nord-est, vers le centre de la régence de Tunis. En raison de cette obliquité de la chaîne qui sépare le Tell de la région saharienne et de l'altitude plus considérable du désert dans l’ouest et dans le centre de l'Algérie, les pre- Gen. pl. 38. Roxb. Corom. t. 74 et 273. Mart. Palm. t. 120, 124, 436, 164, Endlich. Gen. pl. n. 1763. Kunth Enum, pl. HT, 254. Phœnix dactylifera, L. Hort. Cliff. 482, et Sp. 1658. Duham. Arbr, fruit. IV, 4, t. 4-38. Gærtn., loc. cit. Lmk. Encycl. méth. H, 261, et Illustr. t. 893, f. 4. Desf, Fl. Atl. Ii, 438. Delile Fl. Egypt. 169, t. 62, ed. 2, 435. Turpin in Mém. Mus. 1, 4144, t. 15. Mart. Palm. HI, 257, t. 420, t X, f. 14, t Z1, f A. Kunth Enum. pl. HI, 255. — Palma hortensis, Kæmpf. Amænit. exot. 668-786, t. 4-9, — Phænix excelsior, Cav. Je. et deser. n. 125. (4) La limite méridionale du Dattier, telle que nous lindiquons, présente d'assez nombreuses exceptions : ainsi, au voisinage de la mer, cet arbre se rencontre jusque dans la région équatoriale, (2) Nous croyons devoir rappeler que le sud-est de Espagne est souvent privé de pluie pendant plusieurs années, 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mières oasis ne se rencontrent dans ces parties du Sahara qu'au-dessous du 34e degré de latitude boréale, tandis que dans la province de l’est, vers le 35° 46, à EI Kantara, il existe déjà une oasis de plus de 76,000 dattiers. Le territoire des Ziban, dont Biskra est la capitale, situé dans fa partie mé- ridionale de la province de Constantine, au delà des derniers contre-forts de PAtas, fait partie de cette portion du Sahara, que tous les auteurs s’accor- dent à considérer comme la plus riche en dattiers (1). Ce territoire, compris (4) Pour donner une idée exacte de l'importance des diverses oasis comprises dans le territoire des Ziban, et de celles situées plus au nord, nous croyons devoir donner ici le tableau officiel qui nous a été communiqué, en 1853, par M. le capitaine Seroka, chef du bureau arabe de Biskra, du nombre des dattiers et des autres arbres fruitiers (figuiers, grenadiers, oliviers, abricotiers, pêchers, elc.), plantés dans les principales oasis, avec le prix de l'impôt payé, par pied d'arbre, par les indigènes. Oasis des Ziban. Nombre Nombre Impôt perçu Noms des oasis, des dattiers. des arbres fruitiers, par arbre, Biskra. o. .. , .. 110858 6046 40 c. Sidi Okba . . . . .. 59026 4467 — Chetma . ...... 13561 2338 — Filiach. . . . , , .. 19297 109 — Beuchagroun . . , . 39236 2090 — Lichana. . e... 381540 7948 — Farfar. , .,. .... 19873 2120 — Tolga, . .., ... 76013 11705 — El Bordj. . . .... 25936 3104 — Foughala ,,,,.. 48709 77 90 c. El Amri. ...,.,. 129147 294 — Liouah. . . ,., . .. 8286 361 h0 c. Sahira., . .., ... 42041 152 — Ben Thious , , ., .. 14470 1487 — Ourlal, , .. .,.. 39504 906 — Bigou et Zaouïa . . . 207638 142 — Zaouïa et Mlili. . .. 4592 494 — Mlili. . ....... 23938 595 — Oumach. . . . . .. 28201 466 — Oasis au nord des Ziban. El Kantara.. . . .. 76200 8552 20 c. Djemora, sss 60983 3949 50c. Branis, , , ., .., 10761 429 hO c. eni-Souik, , , ,. ,. 13146 2168 30c. Sur la carte qui accompagne le Rapport sur un voyage botanique en Algérie, de Philippeville à Biskra et dans les monts Aurès, par E. Cosson (notice qui sera prochainement publiée dans les Annales des sciences naturelles), sont représentées SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. 39 environ entre le 34° 40” et le 35° degré de latitude boréale, le 2° 95’ et le 3° 35’ de longitude orientale, est limité au nord par des montagnes peu éle- vées, nues et déboisces, et au nord-est par le groupe des montagnes de l’Aurès, dont les sommités les plus hautes sont couvertes de neige pendant une assez grande partie de l'année; son sol, argilo-calcaire, parsemé de gypse, imprégné de sel, et ne présentant que çà et là quelques espaces couverts de sable où des montieules sablonneux, constitue une vaste plaine qui se continue au sud avec celles qui sont ogeupées par les groupes im- portants des oasis de l’Oued-Righ et de l'Oued-Souf, et à l'est, avec celles de la régence de Tunis, connues sous le nom de Belad-el-Dierid (pays des dattiers). La culture principale dans les oasis des Ziban est celle du Dattier, il est cultivélà nou-seulement pour l’abondance et fa variété de ses produits, mais encore pour son ombrage tutélaire, source de toutes les autres richesses de l'oasis ; grâce à lai, les plaines arides du Sahara, qui eussent été vouées à une éternelle stérilité, n’ont besoin que d’un peu d’eau pour n'avoir rien à envier à des contrées qui semblent plus favorisées de la nature. L'importancede cet arbre précieux, qui seul donne la vie au désert, explique tous les soins et la vénération dont il est l'objet de la part des indigènes. Les conditions qui paraissent le plus nécessaires au parfait dévelop- pement du Dattier, sont une latitude assez basse, une grande somme de Chaleur, des étés très chauds, un ciel pur, des pluies rares et l'humidité du sol. La nature du terrain parait avoir moins d'importance; car les argiles calcaires ou gypseuses, qui forment une grande partie des Ziban, présentent des oasis, qu'elles soient ou non imprégnées de sel. Les eaux qui servent à l’arrosement du Dattier peuvent être douces ou chargées de matières salines, leur quantité étant plus importante que leur qualité ; néanmoins, il faut noter que les dattes les plus estimées sont généralement produites par les oasis où les eaux d'irrigation sont saumâtres ; d’un autre côté, l'expérience a fait voir, en Égypte, que les arrosements d’eau de mer peuvent faire périr les dattiers (1). M. d'Escayrac a fait remarquer que si les dattiers de lÉ- gypte et de la Nubie, arrosés par les eaux limoneuses du Nil, ne présentent les diverses oasis comprises dans le territoire des Ziban, ainsi que celles situées plus au nord, et dont la plus septentrionale se trouve, comme nous l'avons déjà dit, à ql Kantara (35° 46! lat. bor.). On voit, sur la même carte, que dans la chaîne des monts Aurès, la limite d'altitude où le Dattier mâûrit ses fruits est entre Djemora et Beni- Souik (vers 400 mètres d'altitude) ; à Menah (environ 900 mètres), le Dattier est encore planté cà et là dans les vergers qui sont groupés sous forme d'oasis, mais il n'y figure que comme arbre d'ornement, car les fruits ne peuvent y arriver à maturité. A El Kantara, à l'extrémité nord de la plaine El Outaïa, largement ouverte à l'influence du vent du sud, le Dattier amène ses fruits à maturité parfaite, bien que l'oasis soit à une altitude de plus de 830 mètres. (4) Delile, Flore d'Égypte, 2° éd. p. 439. h40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas une moins belle végétation que ceux du Sahara, plantés dans un sol généralement maigre et salé ou arrosé par des eaux saumâtres, leurs fruits sont néanmoins d'une qualité relativementinférieure, Dans loasis de Chetma, qui fait partie des Z'ban, les Dattiers sont arrosés par des eaux chaudes et fortement chargées de matières salines. — Des variations extrêmes de tem- pérature (— 3° à + 49°) n'exercent aucune infiuence défavorable sur le développement de l'arbre. Il en est de même de l'action des vents qui règnent souvent avec violence dans le Sahara ; les individus qui bordent les oasis ne présentent pas une végétation moins vigoureuse que ceux qui sont mieux abrités. Les dattiers isolés, que lon rencontre quelquefois sur emplacement des anciennes oasis ou au voisinage des aiguades abandonnées, ne mürissent qu'incomplétement leurs fruits, et sont même souvent stériles; car, il ne faut pas l'oublier, F'oasis est une conquête de l'homme, et son sol redevient stérile dès qu'il n'est plus fertilisé par le travai. — Kæmpfer avait déjà noté que les arbres qui se rencontrent isolément dans les lieux éloignés des habitations sont nés de noyaux de dattiers cultivés jetés par les voyageurs. — D'après Laborde (Voyage dans l'Arabie Pétrée, page 66), le Dattier, dans les lieux où il est complétement abandonné à lui-même, est quelquefois cou- vert, de la base au sommet, de feuilles desséchées ou décomposées en partie, et revet alors un aspect bizarre qui rappelle bien peu l'élégance de port de la plante cultivée. Les dattiers sont généralement plantés sans ordre et à 4 ou 5 mètres de dise tance; dans les jardins bien tenus, les pieds sont généralement isolés, et ce n'est que lorsque l'arbre a été négligé qu'il forme des touffes par le déve- loppement des rejets de sa souche, qui, souvent, égalent alors celle-ci en bau- teur. Un bassin circulaire, pouvant contenir 3 à 4 hectolitres d’eau, entoure le pied de chaque arbre, et les bassins communiquent entre eux par un canal (saguia), ce qui permet d'arroser les plantations toutes les fois que cela est nécessaire. Une partie de la terre extraite pour la formation des bassins est amoncelée autour de la partie inférieure du tronc pour empêcher le dessè- chement des racines adventives inférieures. — On arrose le Dattier dans toutes les saisons, mais c'est surtout au printemps, avant la floraison, et en été, avant la maturité des fruits, que ces irrigations sont le plus utiles. Dans l'oasis de Beui-Mora, les dattiers qui ont fleuri les premiers en 4852, sont ceux quiontéte arroses le plus fréquemment. Le mode de propagation le plus généralement adopté est la séparation des jeunes rejets que fournissent les souches des arbres adultes; ce mode per- mettant de ne multiplier que les meilleures variétés et d'obtenir plus tôt des fruits d'une mélicure qualité, — Les rejets sont détachés avec la hache et plantes apres avoir été dépouilles de leurs feuilles extérieures, sans aucune prépa ation du terrain, dans des trous en forme de cône renversé, dont la base a de 40 à 50 centimètres de diamètre. Le jeune arbre est enveloppé SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. h1 avec des feuilles de dattier, qui ne sont enlevées qu'après environ deux mois; pendant ce temps, on a soin de l'arroser tous les deux ou trois Jours. Lorsque l'appareil protecteur est enleve, le sujet a développé deux ou trois feuilles et porté mème quelquefois des fleurs. — Les arbres ne commencent à donner de fruits que vers la cinquieme année de leur plantation: mais ces fruits ne deviennent assez abondants qu'à l'âge de dix à quinze ans; c'est à peu près à trente ans que l'arbre est en plein rapport. La multiplication par semis n'est pas pratiquée dans les oasis des Ziban, à cause du Géveloppement plus tardif de l'arbre qui en résulte, et surtout de l'inconvénient grave que présente ce mode de propagation, exposant à laisser pendant longtemps occuper le soi par des arbres de variétés inférieures ou par un trop grand nombre de pieds mâles, dont le sexe ne se révèle qu’au bout de plusieurs années. D'apres Reynier, « l'an des principaux changements à remarquer sur le Dattier de semence, est le grossissement du noyau et la diminution de la pulpe;... cette observation est d'accord avec d'autres sem- blables sur diverses plantes, où lessoins de la culture oblitèrent la semence et augmentent la pulpe. Fl est aussi connu que la reproduction par bouture ou par drageons longtemps répétée oblitère les semences, » Il n’en est pas moins certain, cependant, que les variétés les plus estimées doivent leur origine au semis, ainsi que le prouve une légende populaire dans les Ziban (í). D'après Delile, lorsqu'un dattier a vieilli et que la séve ne se porte plus que faiblement à son sommet, il est possible a de couper le dattier et de le replanter, en descendant son sommet en terre. Une année avant cette opération, on enfonce deux coins de bois en croix à travers le trone, à trois coudées environ au-dessous des feuilles; on recouvre ces coins et les nouvelles blessures d’un bourrelet de limon, soutenu avec un réseau de cordes; on tient ce limon toujours humide: chaque jour un homme monte en été l'arroser, en tirant à lui, lorsqu'il est en haut de l'arbre, une cruche d'eau qu'il verse sur le limon. Il se trouve, à la fin de l'hiver, des radicules for- mées sous le bourrelet de limon ; on coupe le sommet de l'arbre au-dessous de ce bourrelet et on le plante dans un trou près d'une rigole pour l’arroser. Cette méthode, pratiquée pour conserver quelques espèces rares de Dat- tier....., parait d'accord avec ce que rapportent Pline et Thtophraste, que le dattiers peuvent èire plantés de bouture après avoir été coupés à, deux coudées au-dessous de leur tête. » (1) Une vieille femme craignant Dieu ne vivait que des dons que lui accordait la charité des croyants ; agenouillée tout le jour sur le bord d’un chemin, elle consa- crait sa vie à glorifier le Très-Haut et son prophète: trop pauvre pour acheter un chapelet, elle comptait ses prières avec les noyaux des dattes qu'elle devait à la Commisération publique. Elie mourut, et près delle furent enfouis les noyaux qu'avail sanctifiés sa piété; bientot, sur sa tombe S'élevèrent de magnifiques arbres, souche primitive du Deglet-Nour {datte-lumière), le roi des dattiers. Dieu récompensait ainsi le bien qui avait été fait à sa fidèle servante. h2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D'après l'assertion de quelques Arabes, les meilleures variétés peuvent être greffées sur les individus måles ou de variétés inférieures en y im- plantant la sommité d'un sujet. Ce procédé, que nous ne savons pas avoir été mis en usage dans les Ziban, nous parait devoir entrainer la mort des deux individus (1). Le Dattier croit lentement; il atteint communément de 45 à 25 mètres de hauteur. La tige, tres flexible, présente un diamètre qui varie de 30 à 60 centimètres; elle est généralement renflée en cône à la base, plus rare- ment elle est plus grêle à la base qu'au sommet, quelquefois elle présente un ou plusieurs étranglements (2). — Reynier dit « avoir vu des ouragans briser de tres gros Sycomores (Ficus Sycomorus, L.), tandis que les dattiers isolés qui se trouvaient auprès d'eux ployaient leur tête jusque près de terre et se relevaient ensuite sans avoir éprouvé la plus légère atteinte. » Nous avons remarqué également que les vents les plus violents déracinent les dattiers plutôt que d'en briser la tige, Au siége de Zaatcha, on a vu souvent les boulets frapper les tiges des dattiers sans les abattre, et l'abri que trou- vaient derrière ces arbres les défenseurs de l’oasis n’a pas été un des moin- dres obstacles qu'ait eu à surmonter le courage de nos soldats. Dans le village de Ras-el-Gueria, dépendance des oasis de Biskra, on remarque un dattier dont le tronc, à 4-5 mètres du sol, se divise en deux branches d’égale grosseur et portant chacune uue couronne de feuilles. Des exemple: analo- gues de ramification anormale ont été signalés par presque tous les observa- teurs qui ont parcouru les régions où le Dattier est cultivé. — L'arbre donne des produits abondants pendant soixante à soixante-dix ans; rarement on lui laisse dépasser quatre-vingts ans, quoique sa durée puisse se prolonger au delà de deux cents ans. Les feuilles (Djerid) qui couronnent le sommet de l'arbre sont ordinai- rement au nombre de quarante à soixante ; chaque année il s’en développe de nouvelles en même nombre que celles qui se dessèchent, et dont les indi- (1) Les conditions de végétation du Dattier paraissent devoir rendre fort difficile, sinon complétement impossible, la greffe, qui serait le moyen le plus efficace de multiplier les meilleures variétés ; pour présenter quelques chances de succès, l'opération devrait être tentée, ainsi que Pont fait observer M. Duchartre et d’autres de nos confrères sur des dragcons très jeunes et adhérant à la plante mère. (2) « Le Dattier ne changeant plus le diamètre qu'il a une fois acquis, les années où l'individu a souffert de la sécheresse, du défaut de culture, d’un accident quel- conque, la partie du tronc qui s'est formée a moins de volume, et cette époque y reste empreinte par un rétrécissement plus où moins considérable, mais toujours très apparent; c'est la raison pour laquelle on voit souvent des palmiers dont la base est moins grosse que le sommet, d’autres où l'on distingue un ou plusieurs étranglements, accidents qui étonnent d'autant plus que l'œil est déjà frappé de ces longues colonnes, qui soutiennent dans les airs une masse énorme de fruits et de feuillage, » (Reynier, Observations sur le Palmier Dattier.) SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. h3 gènes ont soin de débarrasser l'arbre; ces feuilles sont coupées vers leur base, et ee sont les bases des pétioles qui; persistant plus où moins long- temps, suivant les variétés, donnent au trone de l'arbre un aspect écailleux si caractéristique et constituent des espèces d’échelons pour parvenir au sommet. Avec le temps, les écailles deviennent moins distinetes, et, dans certaines variétés, disparaissent enfin complétement. L'opinion générale et Égypte est, selon Reynier, que le Dattier pousse une feuille tous les mois. D'après les observations faites par cet auteur, « l'arbre produit à peu pres douze feuilies chaque année, mais leur développement suit une marche inégale, plus rapide dans les mois de végétation, plus iente dans ceux où la maturation des fruits se prépare ou’s'achève, et le degré de vigueur de Pindividu entraine aussi quelques différences dans l'évolution des feuilles, » C'est vers le mois d'avril (en Égypte, en février et mars), que le Dattier commence à fleurir et qu’on pratique la fécondation artificielle; les spathes mâles sont fendues au moment où l'espèce de crépitation qu'elles produisent sous le doigt indique que le pollen des fleurs de la grappe est suffisamment développé sans toutefois s'être échappé des anthères; la grappe est ensuite divisée par fragments portant chacun sept ou huit fleurs. Après avoir placé les fragments dans le capuchon de son bournous, l’ouvrier grimpe avec une agilité merveilleuse jusqu’au sommet de l'arbre femelle en s'appuyant sur une anse de corde passée autour de ses reins et qui embrasse à la fois son corps et le trone de l'arbre; il se glisse ensuite avec une adresse extrême entre les pétioles des feuilles dont les aiguillons forts et acérés rendent cctte opération assez dangereuse, et après avoir fendu avec un couteau la spathe, il y insipue l'un des fragments qu'il entrelace avec les rameaux de la grappe femelle dont la fécondation est ainsi assurée, Le procédé que nous venons de décrire est celui qui parait adopté généralement pour la fécondation artifi- cielle du Dattier dans les pays où sa culture est pratiquée en grand. Ainsi, d’après Reynier, la pratique des Égyptiens ne diffère de celle des habitants des oasis des Ziban qu'en ce qu'ils prennent le soin de fier l'extrémité des grappes femelles pour garantir des influences atmosphériques le rameau mâle qui y a été fixé, et qu'ils délient ensuite ces grappes après que la féconda- tion est effectuée, en ayant soin de les rejeter en dehors des feuilles pour que leur développement ne soit pas gêné. Le procédé suivi à Bassora, d'après Roxburgh (74. Indic., TIT, 786), est identique avec celui des Ziban.— En se bornant à suspendre des fragments de la grappe mâle au-dessus de la grappe femelle ou en répandant du polien sur cette même grappe, il est plus rare que toutes les fleurs soient fécondées (1). — Tous les auteurs sont d'accord pour constater que les dattiers abandonnés à eux-mêmes ne sont pas fécondés (1) Le pollen du Dattier, desséché avec quelques précautions, peut conserver pendant assez longtemps sa propriété fécondante. (Voy. Bulletin de la Société Botanique, 1, 288; Perroutet, Sur la fécondation artificielle d'un dattier.) Ah SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ou ne le sont que d'une manière imparfaite ; les fruits, dans ce dernier cas, sont souveht réniformes, plus où moins irréguliers, par suite de l'avorte- ment du noyau, et de qualité tellement inférieure, qu'ils ne sont guère em- ployés que pour la nourriture des animaux. Deliie a fait remarquer que les dattiers ne donnèrent pas de fruits aux environs du Caire en l'année 4800, parce qu’ils ne purent, en raison de la guerre, être fécondés comme de cou- tume. — Il n'y a, pour chaque oasis, qu'un très petit nombre de dattiers mâles, un seul de ces arbres pouvant suffire pour la fécondation de plus de cent pieds femelles. C'est en automne que les dattes atteignent leur parfaite maturité, à des époques différentes, suivant les variétés. Les arbres arrivés à leur complet développement portent généralement huit à dix régimes dont chacun peut peser 6 à 10 kilogrammes. On peut juger de la valeur des produits du Dat- tier par l'importance de l'impôt que l'administration française, malgré toute sa sollicitude pour la population indigène, exige pour chaque pied d'arbre : dans les oasis situées au pied de la chaine de l'Atlas, et où les dattes sont de moins bonne qualité, la taxe par arbre est de vingt centimes, cette même taxe s'élève jusqu’à quarante centimes pour les oasis plus au sud, où les dattes sont de meilleure qualité. Les dattes fournissent aux Sahariens de précieuses ressources alimen- taires: elles peuvent être mangées fraiches ou desséchées; par expression on en obtient un sirop ; on en forme par compression des sortes de gâteaux; sèches elles peuvent être réduites en une espèce de farine avec laquelle on compose, en l'humectant, une pâte tres saine et très nourrissante; elles en- trent dans la composition de presque tous les mets, sinon comme base, au moins comme accessoire; le sue qui en découle, lorsqu'on les soumet à la dessiceation, rappelle le miel par le goût et la consistance, c'est le miel de dattes ; par la distillation, elles peuvent fournir de l’aicool, mais leur prix assez élevé sera probablement toujours nn obstacle à ce que l'extraction de ce produit puisse avantageusement être opérée en grand ; elles constituent l'un des principaux agents de la thérapeutique, assez pauvre d'ailleurs, des Arabes. La partie centrale de la jeune pousse, qui présente une consistance ferme et charnue et a à peu près le goût de la châtaigne, est un aliment recherché (chou de palmier), mais de luxe, car il ne s'obtient qu’au prix de la perte de l'arbre; aussi le chou de palmier n'est-il guère recueilli que sur les arbres qui ont été renversés par le vent, Le Dattier, par incision, fournit en abondance un liquide sucré (lait de palmier) qui, par la fermentation, ne tarde pas à prendre une saveur vi- neuse (vin de palmier, fagmi) et peut, par la distillation, fournir de l'alcool (kirehem). Le lait de palmier est obtenu, d'apres M. Guyon (Voyage aus Ziban), en coupant la cime de Farbre et en creusant la surface.de la sec- tion d’une cavité où la séve vient se réunir ; plusieurs rigoles conduisent le SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. hö liquide dans des vases destinés à le recevoir. Cet écoulement de la séve a lieu pendant six semaines ou deux mois, mais en diminuant de quantité chaque jour, Le procédé qui vient d'être décrit, et qui entraine la mort de l'arbre, nous parait bien inférieur à celui qui a été signalé par M. Kralik (4) comme se pratiquant à Gabès, dans la régence de Tunis, Dans cette localité, la séve du palmier est obtenue en enlevant cireulairement la couronne de feuilles, mais en ménageant toutefois le bourgeon central et en ravivant chaque jour la blessure. Un dattier ainsi traité peut donner jusqu'à huit à dix litres de lait de palmier par vingt-quatre heures, et cela pendant trois ou quatre mois; on laisse alors la plaie se cicatriser ct l'arbre continue de vivre, mais il ne fructifie pas dans la mème année, Au bout de deux ans on peut le soumettre à la même opération, etil y a des dattiers qui Font subie jusqu'à trois fois. Le tronc du Dattier fournit aux indigènes leur bois de construction et leur combustible; ce bois, plus dur à lextérieur qu'au centre, est fibreux, mais très résistant. On l emploie utilement pour les charpentes, mais il est peu propre à la fabrication des planches. II y a des variétés dont le bois est plus dur et susceptible de recevoir un assez beau poli. La combustion du bois du Dattier est lente et donne peu de flamme, mais dégage beaucoup de chaleur. Les feuilles sont employées pour la couverture des maisons, et les nègres confectionnent avec leurs folioles des paniers, des nattes, des chapeaux, ete. Les fibres des spathes et celles de la base des pétioles servent à la fabrica- tion de cordages grossiers. H n'est pas jusqu'au noyau qui n'ait aussi son usage; les Sahariens en composent des chapelets qui leur servent à comp- ter leurs prières, et il paraitrait, d'après plusieurs auteurs, qu'après avoir été macérés dans l’eau, ils peuvent servir à la nourriture des chameaux et des autres animaux domestiques. = D'après Martius (Genera et species palmarum, IT, 258), les variétés du Dattier doivent être classées de Ja manière suivante : var. a) sylvestris, fruit assez petit, cylindrique où en forme d'olive, vert ou brunâtre, à pulpe peu abondante, toujours sèche et acerbe ; 4) cylindrocarpa, fruit assez gros, allongé, cylindrique obtus, à pulpe d'un goût sucré; c) sphærocarpa, fruit subglobuleux, à pulpe d'un goùt sucré; d) oocarpa, fruit ovoide, aigu ; e) gonocarpa, fruit anguleux; f) sphærosperma, fruit à pulpe mince, coriace, subpapyracée, à noyau globuleux mou; g) oxysperma, fruit à noyau aigu aux deux extrémités. Desfontaines évalue à 45-20 les variétés de Dattier cultivées dans jes oasis du Belad-el-Djerid de la régence de Tunis. M. d'Escayrae en admet plus de soixante pour cette mème région, et en énumère trente-cinq pour les seules oasis de Tozer et de Nefta. Selon Reynier, les oasis de | Egvpte (1) Bulletin de la Société Botanique, 1 (1854), p. 26. AG SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ne présenteraient pas moins de soixante-dix variétés, D'après les rensei- gnements qu'a bien voulu nous communiquer M. le capitaine Sercka, chef du bureau arabe de Biskra, et ceux recueillis par Pun de nous (M. Jamin), le nombre des variétés s'élèéverait à soixante-quinze dans les oasis des Ziban (1). Les variétés peuvent être rapportées, d'après la consistance du fruit, à deux groupes principaux : dettes dures et dattes molles. — Les dattes dures sont (1) Voici énumération des diverses variétés du Dattier cultivées dans les oasis des Ziban, que nous devoas à M. le capitaine Seroka, avec la traduction de leurs noms arabes, dont M. Urbain, ancien interprète principal de lParmée d’Algérie, et attaché à l’administralion des affaires arabes de l'Algérie au ministère de la guerre, a eu l’obligeance de se charger : Deglet Nour, datte lumière. El Deglet el beidha, le deglet blanc. El Ghars, le rejeton, le plant. Temzezet, l'aigre-douce. Amekentichi Deglet, la précoce. El soukria, la sacrée. El archeti, leffiée. Bou Zerrou.…. El Itima, orpheline. El Djouzia, la noix. El Humraïa, ia rouge. Kerch hamar, le ventre de âne. EL Kendi, la sucrée (sucre-candi). Chettoui, Y'hivernale. El aksia, l'ultième, ou la bien vêtue. EL kethara, la distillante. El haloua, la douce. Ain el Fas, Vœil du mors. El ghazi, la guerrière, Chedret, les perles enfilées. El dekmaci, la soyeuse,. Senan el meftah, les dents de la clef. Bent el Faki, la fille du légiste. Rothbet Djeda, la noble primeur, Bent el merak, la juteuse, El khoudri, tombant avant maturité, El ämmari, Vabondante, Badja, éclatante. Zarza... El hariri, la soyeuse. Zemret Mimoun, la beauté de Mimoun. | £} Loukzi, le coup de poing, la pleine. Halouat el Oulach, la douceur d'Oulach. | Termin el Khadem... Bou Hallas, la foisonnante. Bechoult el Oussif... il amari, Padmirable. Foula foul, la fibreuse. Hamretbechri, précurseur de la douceur. | Ksob helou, roseau doux. El emkentichi, la précoce. Temelhat, la salée. Hameur Meçåb, l'étalon de la douceur. | Djerboua, gerboise, El amsalaïa, la Messilienne. Tebessit, près de mâûrir, Fahl aksba, måle fécond. Soualef Roumia, tresses de la chrétienne. El Tsouri, le taureau. Aloukh ez zaouch, cervelle de l'oiseau. El Sefraïa, la jaune. Djermenani, dalie au récolteur. Deglet Debab, datte des hyènes. El Khedhraï, la colombe. El Achara, la datte du soir. Kern el Ghezel, corne de gazelle, Heurt el Arab, la noble des Arabes. ET dehabia, la dorée. Ghars bou Said, le plant de bou Saïd. | Elinaalkaïa, la gomineuse, Sebah bedarad, sept coudées, Sefok low tilia, frappe dans la main, Djamdia, la rassemblée, elle tombera. Rothba aza, primeur précieuse, Zentil el Maza, mandibules de la chèvre, Moussa el amlas, Moussa le glabre. Deglet bou Sekhraïa, datte des chame- Sebäa el Arous, le doigt du fiancé. to Hers, Bar el Djahech, le erotain du poulain. El khebelia, Pagitée. khen chouch el Dib, le trésor réservé du | Noua el Ghazi, noyau de la guerrière. chacal. Bidh Hamam, œuf de pigeon, Degiet el Hamar, la datte de Pàne. Deglet el Noub, la Nubienne. El Hora, la noble. El Ghars el akdar, le rejeton vert Noua Deglet nour, noyau du deglet nour. SÉANCE DU 26 Janvier 1855. AT les plus estimées en raison de la facilité avec laquelle elles peuvent se con- server pendant longtemps après avoir été desséchées; elles offrent également l'avantage de pouvoir être transportées au loin sans subir d'altération. Le groupe des dattes dures renferme environ quarante variétés (1), dont le Deglet Nour (datte lumière) est la plus recherchée ; le Deglet bou Sekhraïu (datte des chameliers) sert d'approvisionnement pour les voyages, — Les dattes molles, en raison de leur consistance, ne peuvent être conservées que dans des vases ou des peaux de boue, où on les comprime fortement et où on les garantit du contact de l'air pour empêcher, au moins pendant quelque temps, le développement des moisissures où la fermentation, Le groupe des dattes molles renferme environ trente-cin:; variétés (2). (4) Voici lénumération des variétés du Dattier à fruit dur cuitivées dans les oasis des Ziban : Deglet Nour. Amekentichi Deglet El emkentichi. Hamraïa. El Hora. Medhia. El Haloua. El Djouzia. Anouhara. Halouat Saadu. Ksob helou. Chedret. Moukh ez zaouch. Medjel Kesseba. | Fissaoua. Bou Zerrou. Deglet ben Ameur. Deglet Halala. Moussa el amlas. Senan el meftah. Bou Hallas. Baar el Djahech. ET Achaïa. Sebäh bed edra. Soualef Roumïa. Halouat el Oulach. Deglet Debab. Deglet ben sebia, Rebabia. ET amari. Deglet el bab. Deglet zalif. Bidh el Gholl. Assboura el Arous. Deglet bou Sekhraï«. Deglet el Arab. El Deglet el Beidha. Kern el Ghezel. Ach moulaoh. Halouat kaddour. Keurch Amar. El Tsouri. (2) Voici Pénumération des variétés du Dattier à fruit mou cultivées dans les oasis des Ziban : El Ghars. Kseba. El ghazi. El liima. Archeti. Sefraïa. Cent el Seguh. Hameur Meçib. El amsalara. Noua el Ghazy. Cheda Kra. Bidh Hama. El Loukzi. Bent el Merak. Hamret Bechri. El dekmaci. El Khoudri. Badja. Thermin el Khadem, Dhfeur el Koth. Zentit el Maza. El Dehbia. El chettoui. El Kethara. Ain el Fas. El Missoussi. El âmmari. Moukh el Begri. El Fezani. Dethob Azou. Dethob Abdhla. Tim Djouhert. Guendi. Noua Guendi. El hariri. Nous devons faire remarquer qu'un grand nombre des noms mentionnés dans cette liste et la précédente ne figurent pas dans celle qui nous à été communiquée par M. Seroka. Ces différences s'expliquent facilement, car les dénominations des variétés du Dattier différent mème dans les oasis les plus rapprochées, la nomen- clature arabe étant aussi variable que celle des noms vulgaires de nos arbres frui- tiers en Europe. AS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Outre la consistance, les variétés sont distinguees d'après la forme du fruit, sa saveur, sa grosseur, sa couleur, l'époque de sa maturité, la forme du noyau, ete. — La variété sans noyau dont parle Prosper Alpin, et qui n'a pas été observée en Egypte par Reynier, ne parait pas non plus se rencon- trer dans les Ziban. — La variété la plus rare et la plus estimée de la régence de Tunis est le Monakhir (nez), dont la longueur, d'après M. d'Escayrae, peut égaler celle du petit doigt. La forme du noyau représente assez exactement celle du fruit, et les ha- bitants nous ont assuré qu'il leur Ctait possible, par son inspection seule, de juger de la qualité de la datte qui le contenait. — La dépression sub- orbiculaire qui correspond à l'embryon et qui est située sous l'endocarpe, sur la face convexe du périsperme corné, varie un peu quant à sa position, car elle occupe exactement le milieu de la longueur du noyau ou se rapproche plus ou moins de l'une ou de l’autre de ses extrémités. — Quelques variétés paraissent présenter un port assez tranché pour qu’il soit possible de les déterminer d’après l'examen de l'arbre, alors même qu’il ne porte pas de fruits. On peut voir, d'après ce qui précède, que le Dattier n'a pas fourni, par la culture intelligente et prolongée des indigènes, des variétés moins nom- breuses que la plupart des arbres fruitiers d'Europe les plus perfectionnés. Ce fait est une nouvelle preuve à l'appui de l’opinion généralement admise, mais récemment contestée, que les races et les variétés d’une même espèce dérivent d'un type unique dans la nature et sont exclusivement le résultat des soins de l’homme ; le peu de variations que présentent, au contraire, les autres espèces d'arbres fruitiers, cultivés avec moins de soin par les indi- gènes, est encore une confirmation de cette mème opinion. L'étude des variétés du Dattier offre les plus grandes difficultés et ne pourrait être entreprise utilement que dans un voyage spécial, non pas seu- lement dans les oasis à la limite du Sahara, mais encore dans celles des points extrêmes de l'occupation française; ce voyage devrait avoir lieu au moment où les fruits sont arrivés à leur maturité, mais sont encore portés par l'arbre; car, d’après le degré de dessiccation, une même datte présente des caractères de couleur, de consistance et de saveur si différents, qu'ils pourraient faire croire à plusieurs variétés. Une des complications les plus graves de cette étude est l'impossibilité presque absolue d'établir une synonymie exacte des noms arabes des diverses variétés; car, ainsi que nous l'avons déja dit, ces noms différent non-seulement d'un pays à l'autre, mais encore dans la même localité, Le meilleur moyen d'arriver à des notions positives, au milieu de tous les obstacles que présente Ja solution de la question, serait de former une oasis composée des variétés les plus estimées du Dattier: on pourrait ainsi plus facilement trouver les caractères essentiels des races les plus distinctes ; SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. h49 c'est de cette manière, du reste, que l’on a procédé à l'étude des innombra- bles variétés des arbres fruitiers d'Europe. Quoique la culture du Dattier ait déja atteint un degré de perfection qui laisse peu à désirer, on pourrait peut-être, cependant, obtenir des résultats utiles du choix éclaire des individus mâles, si l'on voulait tenter par le semis la création de variétés nouvelles. L] Principaux ouvrages à consulter pour la distribution géographique, la culture et les usages du Dattier. Kæmpfer, Amænitatum exoticarum politico-physico-medicarui fasciculi V... p. 668-736. Shaw, Voyage dans la Barbarie et dans le Levant, I, 290. De Lamarck, Encyclopédie méthodique, Botanique, II, 261. Desfontaines, Flora Atlantica, I, 438. Reynier, Observations sur le Palmier Dattier et sur sa culture, dans les Mémoires sur l'Égypte, HI, 159-181. — Le même mémoire dans la Décade égyptienne, publiée au Caire, IIT, 479. Olivier, Voyage dans l'empire othoman, l'Égypte et la Perse, I, 53. Delile, Flore d'Égypte, éd. 4, 169, 2° éd., 435-450. Martius, Genera et species palmarum..., I1, 257. Guyon, Voyage aux Ziban, p. 241-216. D'Escayrac de Lauture, Le désert et le Soudan, p. 4-15. Pour la description du genre Phæniz et du Phænix dactylifera, con- sulter les ouvrages déjà cités pages 36 et 37 pour la synonymie de la plante, et en particulier ceux de Gærtner, Jussieu, Lamarck, Desfontaines, Delile, Turpin, Martius, Endlicher, Kunth. M. Germain de Saint-Pierre ne pense pas que chez les Palmiers la greffe par implantation de la sommité d'un individu sur la tige d'un autre doive nécessairement échouer. M. Trécul cite comme exemple de greffe de monocotylédones deux pieds de Dracæna reflexa, greffés par approche au M useum. M. Decaisne fait observer que la réussite de la greffe du Dracena ne peut rien faire conclure relativement au Dattier. L'ensemble de la structure de ces deux arbres est très différent; le tissu externe, trés compacte chez le Dracæna, doit faciliter la juxtaposition des faisceaux ligneux. M. Trécul répond que la structure des Draræna ne lui parait pas différer beaucoup de celle des autres arbres monocotylédonés, el que T. 1i. h 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d’ailleurs, suivant lui, les faisceaux ligneux ne jouent aucun rôle dans la greffe. M. Cosson croit la greffe du Dattier impossible, parce que tout Dattier étêté meurt inévitablement. A propos de l’action des eaux saumâtres sur la végétation du Dat- tier, M. Chatin fait observer que, d’après ses propres expériences, l'eau de mer agit défavorablement sur la végétation, surtout à cause des sels de soude qu’elle renferme. M. Balansa rapporte qu'il n’est pas rare de voir des dattiers bifur- qués. Il en a même vu un à Oran dont l'axe central avait produit jusqu’à six branches ; trois de ces branches existaient encore, et les trois autres avaient laisse leurs cicatrices. M. Planchon rappelle, à cette occasion, que le Dracæna Draco ne grossit que lorsqu'il se ramifie. [l rappelle également que le Cocotier passe pour avoir besoin de l'influence de l’eau salée. Cet arbre croît d'ordinaire au bord de la mer, qui en baigne souvent le pied. M. Ménière demande à M. Cosson comment les oasis, qu’il avait cru jusqu'ici être un produit de la nature, peuvent être le résultat de l’industrie humaine. M. Cosson répond qu’en Algérie, comme dans la plupart des pays où le Dattier est cultivé en grand, les plantations de cet arbre con- slituent essentiellement les oasis, qui ne peuvent exister sans irriga- tions artilicielles. Si, par une cause quelconque, ces irrigalions n’ont plus lieu et si les soins de culture cessent également, les dattiers, ne donnant plus de fruits, ne se reproduisent plus et finissent, à la longue, par disparaitre. M. Weddell donne, à son tour, quelques détails sur la manière dont se forment les oasis sur la côte occidentale de l'Amérique du sud : Aucune partie du monde n’est plus propre à donner une idée de la for- mation des oasis que la côte occidentale de l'Amérique du sud. A partir de Tombez, point situé à l'entrée de la baie de Guayaquil, jusqu'au Chili, on peut dire qu’il n’y a aucune végétation naturelle. Dans les rares points où il apparait quelque verdure, c'est au travail de l'homme qu'elle est due. Par une irrigation patiente, des sables parfaitement stériles jusque-là ont été convertis en riantes oasis, à plusieurs desquelles la culture du Dattier donne même beaucoup d’analogie avec celles du nord de l'Afrique. L'eau est malheureusement si rare dans toute cette région que ce n'est que de loin en loin que l'œil du voyageur est distrait de l'uniforme aridité de SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. 51 cette longue ligne de déserts. Il est à croire, cependant, que tel n’a pas toujours été l'état de ce pays, car les alluvions recouvrent, dans certains points, les restes d'antiques forêts que les habitants exploitent comme com- bustible. Le cataclysme qui a mis fin à cette végétation primitive, en des- séchant la plupart des cours d’eau qui l'entretenaient, semble avoir con- damné le sol à une stérilité perpétuelle. M. Balansa dit qu'il a vu lui-même, dans les Ziban (Algérie) Ja création de quelques oasis el la destruction de quelques autres. I ajoute que les dattiers n’ont pas besoin d’eau pendant l'hiver. L'eau légèrement saumàtre leur est très favorable. Les dattiers abandon- nés ne deviennent pas stériles, mais leurs fruits sont mauvais et perdent les qualités que la culture seule peut leur donner. M. Decaisne rappelle qu’en Égypte les dattiers, bien que privés de l'influence de l’eau salée, portent des fruits excellents. C'est là no- tamment que vient la datte sans noyau, variété remarquable obte- nue par la culture. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Morphologisehe Mittheilungen ueber die Verzweigung einiger Monocotylen (Notes morphologiques sur la ramification de quelques Monocotylés); par M. Thilo Irmisch. Botan. Zeitung des 19 et 26 janv. 1855, col. 41-48, 57-63. Les plantes étudiées par M. Thilo [rmisch dans ce travail sont les sui- vantes : Nardus stricta; Heleocharis palustris; Scirpus lacustris, sylva- ticus; Juncus effusus, conglomeratus, glaucus, lamprocarpus, compressus. Voici les faits les plus généraux qu'elles ont présentés. Le plus grand nombre d'entre ces plantes concordent entre elles sur ce point que leur jet antidrome se développe le mieux. Chez toutes, le bour- geon situé le plus bas est le plus vigoureux, tandis que les suivants devien- nent progressivement de plus en plus faibles. Le bourgeon principalse pré- sente à Vaisselle de la première feuille d’une pousse chez le Scirpus palus- triset le Nardus stricta, à celle de la seconde feuille chez le Juncus glaucus, de la quatrième, chez le Juncus compressus, àe la cinquième, chez le Scirpus lacustris, et d'une feuille située encore plus haut chez le Scirpus sylvaticus (sur les re,ets). Cet ordre du développement des bourgeons est nommé par l'auteur développement centripète. Sous ce rapport, auprès de ces plantes, viennent se ranger parmi les Monoco'ylédons, entre autres : Colchicum autumnale, Sparganium, Alstræ- meria Pelegrina. On observe aussi un développement inverse ou centrifuge des bour- geons persistants, lorsque ce n’est pas le bourgeon le plus bas qui se pré- sente comme le bourgeon principal, mais, au contraire, celui qui est placé le plus haut, ou au moins un bourgeon qui a été déjà précédé par quelques autres plus faibles. C'est ce qu'on voit parmi les Monocotylédons, notam- ment chez les Crocus et les autres Iridées; chez les Liliacées; chez l’ Arum maculatum, le Culla palustris, V Acorus Calamus, le Sagittaria sagittæ- folia, VAlisma Plantago, le Triglochin, le Convallaria Polygonatum, et chez les Orchidées. En somme, on reconnait que les ramifications, par lesquelles se conserve l'individu, présentent des phénomènes absolument semblables à ceux qu'on retrouve dans les inflorescences. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 On the structure of the anthers of Erica (Sur la struc- ture des anthères des Erica); par M. John Lowe. Note communiquée à la Société botanique d'Edimbourg, le 14 décembre 1854. On décrit ordinairement les anthères des Erica comme formées de deux loges, qui s'ouvrent et laissent sortir leur pollen par deux pores latéraux. En effet, une fleur entièrement epanouie présente ses antheres libres et pourvues d'un pore ou plutôt d'une fente de chaque côté. Mais si l’on exa- mine une fleur encore jeune et non épanouie, on voit que ses anthères sont rattachées entre elles en cercle et ne présentent pas de pores, Leur décolle- ment ultérieur est causé par le grossissement du pollen. M. Rob. Brown parait avoir mentionné le premier cette particularité en 1811, dans l’ Hortus Æewensis, où il dit : Antheræ ante anthesin per duo foramina lateralia con- nexæ. Un autre point intéressant relativement aux antheres des Erica, est celui de la séparation qui a lieu entre les loges d’une même anthère, et qu'on observe dans toutes les espèces, quoique à différents degrés. Dans certaines, cette division s'étend presque jusqu'à la base, ou même jusqu'à la base de l'anthère, et chez deux espèces, Erica Bahksiana et E. Sebana lutea, il existe une séparation si complète que les loges de deux anthères adjacentes sont plus fortement unies entre elles que celles d’une même anthere, Dans ces deux plantes, les filets sont étalés en forme de tube, et il parait y avoir, chez toutes les espèces examinées, un rapport constant entre l'élargissement des filets et la séparation des loges. Il semblerait que la rigidité des filets a quelque effet pour amener la séparation des loges ; car lorsque les filets sont grêles et délicats, les loges sont moins séparées, et vice verså. Les observations de M. John Lowe ont porté sur vingt-trois espèces. Der Baum. Betrachtungen ueber Gestalt und Lebens- geschichte der Holzgewaechse (L'arbre. Considérations sur la forme et la vie des végétaux ligneux); par le docteur Albert W igand, professeur extraordinaire à l'université de Marburg. Brunswig, 1854, in-8° de 256 pages et 2 planches. Voici encore un ouvrage publié en Allemagne au sujet des végétaux ligneux et sous le titre de Der Baum, « l'arbre. » Mais celui-ci est écrit sur un plan tout différent de celui de M. Schacht, et les végétaux ligneux y sont étudiés à un point de vue tout nouveau. En efiet, ce dernier savant envisageait l'arbre sous le rapport de l'anatomie et de la physiologie, tandis que M. Wigand le considère essentiellement dans sa configuration exté- rieure, dans laquelle il s'est efforcé de démontrer l'existence d'une régularité symétrique, malgré l'apparence de l'irrégularité et presque du désordre. Dans son Introduction, l’auteur cherche à montrer que le port des arbres 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peut entrer en ligne de compte dans leur description, et qu'il peut fournir des caractères propres à en distinguer les espèces. 11 énumère les considé- rations qui devraient entrer dans le signalement méthodique d'un arbre, tels que : le rapport de l'axe avec la ligne droite; le rapport de sa longueur avec son épaisseur moyenne; l'élancement du cône qu'il forme; les rapports de position des axes latéraux avec l'axe primaire ; l'angle d'ouverture des axes latéraux ; le nombre des ramifications successives des axes secon- daires, ete., ete. « Il est clair, dit-il, que toutes ces questions, à poser par l'observateur sur l'arbre même, dépendent de simples déterminations de nombres et de mesures, par conséquent de rapports absolus de grandeur, et qu'on peut ainsi arriver à traduire la forme de l'arbre par une expression qui contienne l'essence de cette forme dans l'espèce, et qui soit telle qu'on puisse en tout temps reconstruire cette forme d'après les seules données fournies par la description. » Cette phrase résume les idées de l’auteur dans ce qu’elles ont de plus essentiel, et elle montre nettement le but vers lequel il a principalement tendu dans son livre. Ses lecteurs pourront seuls décider s’il est réellement arrivé à ce but, et si la forme extérieure des arbres n’est pas trop dépendante des influences extérieures, des circonstances de la vé- gétation, ete., pour pouvoir être ainsi traduite en une formule en quelque sorte mathématique. Voici du reste la division de l'ouvrage de M. Wigand et les différents points de vue auxquels il envisage son sujet. Dans une introduction développée, M. Wigand examine d’abord l'arbre dans ses rapports avee la classification des espèces, et il se propose de montrer que le port peut fournir de bons caractères pour les distinctions spécifiques ; il le considère ensuite aux points de vue morphologique et bio- logique, à celui de la métamorphose; enfin, il termine par un paragraphe intitulé: Division de l'arbre en ses unités. Sous ce dernier rapport, il décompose l'arbre en ses différentes parties : tige et racine ; en second lieu, branches et rameaux; en dernier lieu, entre-nœuds constituant les véri- tables individus qui composent l'arbre considéré par l'extérieur, tandis que la cellule simple est l'unité qui donne naissance à toute sa structure inté- rieure. Le corps mème de l'ouvrage arrive ensuite sous le titre général: Méta- morphose de l'arbre, ou reconstruction de sa configuration extérieure au moyen de ses unités combinées en un ensemble harmonique. Ce sujet est divise en trois parties : Ie Partie. L'harmonie dans la sphère végétative. — Neuf chapitres forment cette partie, — I“ Cnapirre. La métamorphose dans l'organisa- tion intérieure de l'arbre. Voici les sujets traités dans ce chapitre, chacun en un paragraphe distinet et séparé: Métamorphose de l'élément chimique ; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 métamorphose des matières organiques; individualité de la cellule; méta- morphose de la cellule; individualisation des tissus; métamorphose du faisceau vasculaire; caractère individuel de la tige d'après sa structure inté- rieure, — He CaapirrE. Le mérithalle ou entre-nœud, considéré comme individu. — Iie Cuapirre. Le scion considéré comme individu. Ici sont étudiés successive:nent l'accroissement longitudinal du jet annuel, la dispo- sition des feuilles, la métamorphose de la feuille sur la longueur du jet annuel, la métamorphose du jet annuel relativement au pouvoir qu’il a de développer des pousses lalérales. — IV® Cnapirre. La pousse latérale simple considérée comme individu. Ce chapitre se subdivise en plusieurs paragraphes qui viennent se grouper sous les cinq sections suivantes : a. La pousse individualisée par le nombre de ses jets; 4. la pousse individualisée par les rapports en longueur de ses jets ; €. la pousse individualisée par la qualité de ses parties; d. rapport de l'accroissement en épaisseur à l'accrois- sement longitudinal, e. rapport de l'axe avec la ligne droite. — V° CHa- PITRE. Existence de lois dans la famille simple de pousses. — VI CHAPITRE. Combinaison de plusieurs familles de pousses dans la direction de l'axe principal. — VIl? Cnapirre. Existence de lois dans la combinaison des axes d’après les générations successives où alternatives de l'arbre. — VIIe Caapirre. Le système de pousses ou le principe de Funité dans la génération alternative. — iX° Caapirre. L'arbre entier. Ile ParTIE. L'ordre dans lequel la fleur se présente sur l'arbre. — Cette partie comprend trois chapitres. — I° Caapirre. La fleur sur la pousse simple. — II° CnaPpiTRe. Arrangement des fleurs sur l'axe ramifié. — TI? Caapirre. Arrangement des fleurs sur l'arbre tout entier. Ie Parr. Rhythme dans le développement de la forme de l'arbre. — Trois chapitres composent cette partie. — I“ CHapirre. Rhythme dans le développement de la pousse considérée isolément. L'auteur divise ce cha- pitre en quatre paragraphes dont les titres indiquent suffisamment l'objet, 4° Rhythme dans l'accroissement longitudinal. 2° Rhythme dans l'accrois- sement en épaisseur. 3° Temps du développement annuel des feuilles et de l'épanouissement des fleurs. 4° Rhythme dans l’accroissement journalier. — Ils Caapirre. Rhythme dans la formation des pousses latérales. — Il? Crapirre. Rhythme dans le développement de l'arbre entier. M. Wigand termine son livre par un aperçu rapide des principales con- séquences philosophiques qui lui semblent découler de l'examen auquel il s'est livré, et des idées qui l'ont dirige dans ses ctudes. ©! (en SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE SYSTÉMATIQUE. Notes détachées sur quelques plantes de la flore de la Gironde, et description d’une espèce nouvelle d’ Avena; par M. Durieu de Maisonneuve (Actes de la Société Linnéenne de Bor- deaux, XX, 1" livr.; tirage à part en broch. in-8° de 83 pages). Ce mémoire renferme les observations faites par M. Durieu de Maison- neuve sur des Cryptogames et des Monocotyledons de la flore de la Gi- ronde, surtout depuis que les fonctions dont il a été chargé au jardin des plantes de Bordeaux l'ont amené à fixer son séjour dans cette ville. Les remarques relatives aux plantes dicotylédones sont réservées pour un pro- chain travail. Il serait difficile de résumer dans les limites d’un article de cette Revue les discussions intéressantes dont la réunion constitue l'écrit que nous avons sous les yeux. Nous nous contenterons donc d'iudiquer les sujets traités par le savant auteur de la Flore de l'Algérie, et les faits qui nous ont paru les plus saillants dans son mémoire, M. Durieu rappelle d'abord incidemment la naturalisation récente à Bordeaux, de là le long de la Garonne et de tous ses affluents, d’une Gra- minée presque cosmopolite, qui a reçu une foule de noms différents, et à la- quelle doit rester, comme le plus ancien, le nom de Paspalum vaginatum, Sw., modifié forcément en Panicum vaginatum, Sw. (sub Paspalo). Il rat- tache à ce premier fait celui d'une autre Graminée qu’il a trouvée dès 1849, naturalisée aussi, dans les parties basses et marécageuses du bois de Meudon, et qu’une étude attentive lui a prouve être le Poa nervata, Willd., c'est-à- dire le Glyceria nervata, Trin. (Poa striata, Michx, Flo. Bor. Am.), plante de la Virginie, Pensylvanie, ete. Il exprime l'espoir de voir cette espèce natu- ralisée un jour dans les marais boisés de toute la France, de manière à donner un fourrage d'excellente qualité dans ces terrains à peu près ou entièrement improductifs par eux-mêmes. Parmi les LicHens, M. Durieu signale comme existant dans la Gironde le Lenormandia Jungermanniæ , Delise ( Lichen Jungermanriæ, Fi. Dan. t. 1063, f. 1), qui croit exclusivement sur une Hépatique, le Frullania dilatata, et il engage les botanistes à en rechercher la fructification dont l'examen attentif peut seul lever les doutes qui existent sur cette crypto- game, Parmi les CHamPpiGNons, il signale, 4° sous le nom provisoire de Pero- nospora Pepli une Mucédinée qu'il n'a observée que sur V Euphorbia Pe- plus, tant à Paris qu’à Bordeaux ; 2° i' Erysiphe communis, Link, trouvé par lui dans les prés salés du Teich, très abondant sur les feuilles du Statice Limonium. C'est le second exemple connu de la présence d'un Erysiphe sur une Plumbaginée, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 L Isoetes Hystrix, espèce terrestre, découverte d’abord par M. Durieu en Algérie, a été retrouvée depuis les côtes de l'Asie Mineure jusqu'en Bre- tagne, sauf des solutions de continuité où il n’a pas été recherché. On ne l’a pas vu encore dans la Gironde; mais l'auteur pense qu'il doit y exister. A propos du Pilularia globulifera, qui est resté longtemps ignoré dans la Gi- ronde, et qui cependant y existe en abondance dans quelques localités, M, Durieu fait une digression intéressante sur son Pilularia minuta de V Al- gérie, qu'il croit merveilleusement propre à donner dans les serres des gazons charmants par leur fraicheur, par leur finesse et par leur régularité, TI in- dique le mode de multiplication et de culture qui convient à cette jolie mi- diature végétale, dont le développement se fait avec une surprenante rapi- dité. Les GRAMINÉES occupent une large place dans le mémoire de M. Durieu. 4° L'Anfhoxanthum Puelii, Lecoq et Lamothe, lui parait être une bonne espèce, bien distincte de l'A. odoratum, soit comme annuelle, soit par ses chaumes constamment rameux, ordinairement génieulés à la base et ascen- dants, grêles et faibles, par son odeur beaucoup moindre, par sa panicule plus allongée, plus lâche, par les glumelles de ses fleurs neutres dépassant du double la fleur hermaphrodite, etc. 2° Le genre Avena est représenté dans la Gironde par 7 espèces cultivees ou spontanées, auxquelles M. Durieu en ajoute une nouvelle sous le nom de A. Ludoviciana. Ces espèces sont : A. SaTivÆ, Coss. et DR. : A. sativa, Lin., A. orientalis, Schreb. , A. strigosa, Schreb., A. brevis, Roth.; B. AGnesres, Coss. et DR. : A. sterilis, Lin., A. Ludoviciana, DR., À. fatua, Lin. , A. hir- suta, Roth. Voici les caractères assignés par l'auteur à sa nouvelle espèce. Avena Ludoviciana, DR. A. annua; foliis vaginisque glabris vel pilosiusculis, ligula brevi ovata vel truncata, denticulato-fimbriata; panicula secunda, subsecunda vel in planta vegetiori plane effusa laxa, simplici vel composita ; spiculis constan- ter bifloris cum tertii floris rudimento, 20 millim. vix longis, axe glabro; glumis latiuscule lanceolato-acuminatis subæqualibus, inferiore 7-9, supe- riore 9-11-nervia, flores superantibus ; flore inferiore articulato, callo ob- tuso villosissimo foveola ovato-elliptica insculpto; glumella inferiore floris inferioris 47-48 , floris superioris haud articulati 10-12 millim. circiter longa, utraque in apicem bieuspidatum attenuata, 7-nervia, a basi ad me- dium pilis rigidis obsessa, aristam geniculatam sesquilongam gerente; caryopsi lineari attenuata, basi rostellata, macula hilari angustissima notata. Has. Assez fréquente dans les environs de Bordeaux. Elle semble pré- férer les terrains calcaires aux siliceux ; elle se plait au bord des routes, sur les pentes incuites et découvertes, le long des berges herbeuses, Cette espece se range à côté de l Avena sterilis. 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3 Glyceria procumbens, Sm. Trouvé à la Bastide, sur la jetée de la Ga- ronne, par M. Lespinasse, le 48 juin 1854, venu de graines transportées probablement de l’un des ports de la Normandie ou de la Bretagne. 4° Bromus. Le B. sterilis, Lin., si vulgaire partout, est beaucoup moins commun dans la Gironde que le B. Gussonii, Parlat., qui ne diffère pas spé- cifiquement du B. rigidus, Roth. 5° Triticum sect. Agropyrum. La Gironde en possède 6 espèces et peut- être 7, savoir: Triticum pungens, Pers, et sa variété macrostachyum, Godr; T. acutum, DC.; T. repens, Lin.; T. pycnanthum, Godr.? T. pycnanthum campestre, Godr.?; T. junceum, L.; T. caninum, Lin. Scıgeus. Juncus. Le J. heterophyllus, L. Duf., croit aux portes de Bor- deaux, dans les mares de la lande du Tondut. M. Durieu examine ses ca- ractères et ses variations comparativement à ceux du J. uliginosus, avec lequel ses rapports sont plus marqués, dit-il, qu'avec le J. lamprocarpos. I compare aussi les J. bulbosus et Gerardi. Wocrrra. Le W. Michelii, Schleiden (Lemna arhiza, Lin.) est extrême- ment abondant dans les fossés des environs de Bordeaux et jusque dans une rue de la ville. L'auteur fait sentir l'importance qu'il y aurait à en découvrir la fructification, ainsi que celle de la Lemna polyrhiza (Spirodela, Schleid.), également commune à Bordeaux, dont la fleur n’a été vue encore qu'une fois, et dans un état imparfait. Zostera. M. Durieu exprime quelque étonnement sur ce que le Bulletin de la Société botanique (n° de septembre 1854} a donné à la découverte faite par lui du Zostera nana, Roth, autour du bassin d'Arcachon, plus d’impor- tance qu’elle n’en avait. Le Bulletin wa fait que reproduire les indications d'un botaniste distingué qui est regardé avec raison comme le plus compétent en matière de Zostéracées indigènes. M. Durieu rapporte que la première découverte de celte espèce en France a été faite, en 1805, près de Montpel- lier, par M. le docteur de Lamothe, de Bordeaux, dans l'herbier duquel il en existe encore de nombreux échantillons, avec la date et l'étiquette : Zostera mediterranea? Avec cette plante, mais en général plus avant vers la basse mer, on trouve au bassin d'Arcachon le Zostera marina B an- gustifolia, Auct., ou Z. angustifolia, Rehbe., Icon. FL. Germ., VIE, p- 3, tab. TT, distingué du Z. marina par la différence de station, par la réduction de toutes les parties, par les feuilles à 3 nervures principales au lieu de 5. Cependant M. Durieu, quoique porté à regarder ces deux plantes comme distinctes spécifiquement, déclare rester encore dans le doute jusqu'à ce qu'il lui soit possible d'étudier sur le frais leur fractification. ZannicHecria. Toutes les espèces et formes de ce genre qui ont été dé- crites jusqu'à ce jour se réunissent dans le Z. brachystemon, Gay, et le Z. ma- crostemon, Gay. Le premier, très vulgaire ailleurs, est rare dans la Gironde. Quant au second, il n'y a pas été trouvé Jusqu'à ce jour, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 POTAMOGETON. On a découvert récemment, dans ia Gironde, plusieurs espèces de ce genre, parmi lesquelles les plus remarquables sont le P. rufes- cens, Schrad., le P. plantagineus, Duer., surtout le P. variifolius, Thore, plante imparfaitement connue, très rare dans les herbiers, et dont M. Durieu aurait donné une description complète s'il avait pu étudier le fruit můr qui lui manque encore. Fumel et ses environs (haut Agenais). Recherches géologiques et paléontologiques, météorologiques et botaniques; par Jacques Ludomir Combes. Agen, in-8°, 56 pages, janvier 1855. Ce travail renferme l'indication des plantes que l'auteur a observées aux environs de Fumel, et dont le nombre est d'environ 350 ; il n'a indiqué que les plantes qu’il a pu analyser, et il s’est attaché principalement à celles qui sont tres rares ou très communes; il a eu soin de spécifier celles qui, par leur nature, deviennent pour la localité une branche particulière de com- merce. L’énumération des plantes des environs de Fumel, faite dans l'ordre alphabétique, renferme quelques plantes nouvelles pour le département, c'est-à-dire qui n'ont pas été citées dans la Flore Agenaise de Saint-Amans: Anthericum ramosum, Cucubalus Behen, var. viridiflora, Ranunculus fla-- bellatus, Veronica Anagallis, var. nana, Veronica precox et Vicia sativa, var. obovata. Eimige Bemerkungen ueber ÆEpilobium Dodonæi und die verwandten Arten (Quelques remarques sur l'Epilobium Dodonæi et les espèces voisines); par C.-A. Meyer. Bullet. physico- mathém. de l Acad. de Saint-Pétersbourg, XII, n° 10, col. 156 ; 21 oc- tobre 1854. La discussion qui compose cette note et qui est relative à la synonymie de quelques Æpilobium est résumée par l'auteur, de la manière suivante : Epilobium Dodonæi, Vill. = E. rosmarinifolium, Haenke. E. angustissimum, Curt., Ait. = E. denticulatum, Wender. ; E. Fleis- cheri, Hochst., Koch. E. crassi folium, Lehm. = E. Dodonæi, Ledeb., FI. ross. ; E. angustis- simum, M. B. Ueber die URTICACEÆ des Kiewschen Gouvernements (Sur les Urticacées du gouvernement de Kiew); par M. E. R. Traut- vetter, Bulletin physico-mathém. de VAcad. de Saint-Pétersbourg : XIT, n° 12, col. 487-192 ; 11 décembre 1854. La famille des Urticacces est faiblement representee dans le gouvernement 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de Kiew. Cependant le petit nombre de ses représentants y existe avec des formes que l’auteur a cru devoir décrire avec soin, parce qu'il s'en trouve parmi elles de rares ou peu connues. Voici l'indication de ces espèces, de leurs formes, et la synonymie que M. Trautvetter y rapporte: 4. Urtica dioica, Lin. — Ledeb., FT. ross., II, p. 637. Var. latifolia, Ledeb. loc., cit. Var. pubescens, Trautv.— Urtica pubescens, Ledeb. , FL. ross., II, p. 638; FL. Alt., IV, p. 240. — Eichw. Pl. casp. cauc., tab. 39. Var. monoica, Trautv. — Urtica Kiovensis, Rogov in Bullet. de la Soc. des natur. de Moscou, 1843, no 2, p. 324. 2. Urtica urens, Lin. — Ledeb., FZ. ross., TIL, p. 638. 3. Parietaria lusitanica, Lin. — M. Bieb. , FT. taur. cauc., IN, p. 440. — Ledeb., FT. ross., III, p. 639. — Bess., Enum. pl. Volh., p. h2. Pescatoren. /conographie des Orchidées de la collection de M. Pescatore, au château de la Celle-Saint-Cloud ; rédigée par MM. J. Linden, G. Lued- demann, J.-E. Planchon et H.-G. Reichenbach. Bruxelles, Gand et Leipzig ; chez Charles Muquardt. In-fol. Ce bel ouvrage est annoncé sur la couverture comme devant paraitre régulièrement tous les mois, à partir du 1°" juin 1854, par cahiers contenant chacun 4 planches coloriées, avec autant de feuilles correspondantes de texte, de manière que chaque année, composée de 12 livraisons, formera un magnifique volume in-folio. A la fin de 1854, quatre livraisons avaient été publiées. Les planches du Pescatorea sont coloriées sur la lithographie. Les dessins originaux ont été exécutés, dans les 4 livraisons que nous avons sous les yeux, par MM. Detollenaere et Maubert. Les planches et les feuilles cor- respondantes du texte forment chacune une page séparée. Le texte relatif à chaque espèce comprend une diagnose, quelquefois suivie d’une description, des considérations sur la géographie botanique, sur les particularités les plus caractéristiques, enfin un article spécial sur la culture, Voici les noms des espèces figurées jusqu'à ce jour : {re livraison : Odontoglossum Pescatorei, Linden : Uropediun Lindenii, Lindley ; Houlletia odoratissima, Linden; Dendrobium Farmeri, Paxt. 2° livr. : Cœlogyne asperata, Lindl. (C. Lowii, Paxt.); Odontoglossum Cervantesii B. membranaceum, Lindley; Warscewiczella marginata, H. G. Reichenb. ; Vanda suavis, Lindl. 3° livr.: Renantheramatutina, Lindl. ; Odontoglossum hastilabium, Lindl.; Barkeria elegans, Knowles et Weste. ; Cattleya citrina, Lindl. he livr.: Catasetum sanguineum, Lindl.; Angræecum Brongniartianum, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 H.G. Reichenb.; Warscewiczella candida, H. G. Reichenb. ; Odontoglossum nævium, Lindl. Les 6 premières planches du Pescatorea portent un numéro d'ordre. Les suivantes ne portent absolument aucune indication qui permette de les citer de manière ni précise ni même commode. Notes on some Ferns in the Wallichian Herbarivm (Notes sur quelques Fougères de l'herbier de Wallich) ; par M. Thomas Moore. Société Linn. de Londres, séance du 21 février 4854 (voy. The Annals and Magaz. of nat. Hist., févr. 1855, p. 149). L'examen auquel s’est livré M. Th. Moore dans l'herbier de Wallich avait pour principal objet de déterminer le genre Prionopteris, Wall., qui a été cité par MM. Pres! et Fée sans que ces auteurs aient eu, dit-il, la moindre connaissance de la plante sur laquelle il a été établi. Il a ainsi reconnu que le Prionopteris Farquhariana, Wall., Catal. n° 184, est le Matonia pectinata, R. Brown, in Wall. PL. asiat. rar., I, p. 16, tab. 16. Il a vu également que le Sphæropteris Hockeriana, Wall., Catal. n° 775, in corrig., p. 248, est la même chose que le Diacalpe aspidioides, Blume, ce dernier genre différant du Sphæropteris par ses sores sessiles et non sti- pités, et se rapportant, d'après lui, à la section Woodsieæ des Polypodiee, qui rattache ce groupe aux Cyatheæ. Wallich compare cette plante au Davallia stipellata, Wall., Catal. n° 260, auquel il ressemble par son appa- rence générale, mais dont il diffère entièrement par sa fructification. Le Davallia stipellata est rapporté à l'Acrophorus nodosus, Presl, et il a pour synonyme douteux le Monachosorum davallioides, Kunze. M. Th. Moore rapporte au genre Acrophorus la majorité, sinon la totalité des espèces qu'on a rangées dans le genre ZLeucostegia, ainsi que le Davallia jamaicensis, W. Hooker. Il arrive ainsi au tableau suivant des espèces de ce genre, 4. Acrophorus nodosus, Presl. = Aspidium nodosum, BI.; Davallia stipellata, Wall. ; D. nodosa, Hook. ; Monachosorum davallioides, Kunze? 2. Aer. immersus = Davallia immersa, Wall. ; Leucostegia immersa, Presl. 3. Acr. chæerophyllus = Davallia chærophylla, Wall. ; D. ligulata, Wall. ; D. pulchra, Don; Leucostegia chærophylla, L. ligulata et L. pul- chra, J. Smith. h. Acr. affinis = Leucostegia affinis, J. Smith ; Davallia affinis, Hook, 5. Acr. hispidus = Davallia hispida, Heward; D. Novæ-Zelandiæ, Colenso. 6. Acr. membranulosus — Davallia membranulosa, Wall. 7. Acr. parvulus = Davallia parvula, Wall.; Leucostegia parvula, J. Smith. 8. Acr. Jamairensis = Davallia jamaicensis, Hook, 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Note on the genus Ancistrocladus of Walliel (Note sur Le genre Ancistrocladus de Wallich); par M. G.-H.-K. Thwaites, surin- tendant du jardin botanique de Peradenia, à Ceylan, lue à la Soc. Linn. de Londres, le 21 février 1854 (voir The Annals and Magaz. of nat. Hist., févr. 4855, p. 149). L'auteur rappelle les différentes places assignées par divers auteurs au genre Ancistrocladus, en raison de ce que son fruit est entouré par les seg- ments élargis du calice. On l’a rangé successivement parmi les Combréta- cées, les Malpighiacées et les Diptérocarpées; mais il s'éloigne de ces familles parce que ses graines ont un albumen. L'examen qu'il a fait des fleurs et du fruit à différents états de développement, lui a fait penser que ce genre se placerait mieux à côté des Symplocées, auxquelles il ressemble par ses feuilles indivises, sans stipules, par son inflorescence, par son calice et sa corolle imbriqués, par son calice persistant, par ses étamines adhérentes à la base de la corolle, par son ovaire infère, par son albumen et par son embryon cylindrique; mais dont il diffère, d’un autre côté, par son port grimpant, par les segments de son calice accrescents, par son ovule soli- taire dressé, par la structure particulière de son albumen. Ce genre a aussi une légère affinité avec les Myristicées et Annonacées ; son ovule jeune rap- pelle celui d'un Myristica ; son embryon n’est pas non plus très différent d'avec celui de ces dernières plantes; tandis que son port grimpant et ses ramules oncinés lui donnent beaucoup de ressemblance avec un Artabotrys. — M. Thwaites expose ensuite les caractères du genre Ancistrocladus, Wall., déduits de l'étude, d'échantillons frais de l'Ancéstrocladus Vahlii, Arn., et de la figure de l'A. Æeyneanus, Wall., qui a été donnée par M. Wight, dans le dernier volume de ses Zcones. IL fait observer que F An- cistrocladus Vahlii est très abondant dans quelques-uns des districts chauds de Ceylan, où ii constitue une mauvaise herbe fort incommode dans les terres cultivées, Cette espèce porte les noms cinghalais de Gonawel et Gona- pittanwel. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Notes of an excursion to the South of France and the Auvergne in search of Diatomaceæ (Notes sur une excur- sion dans le midi de la France et en Auvergne à la recherche des Diatoma- cées); par M. William Smith, professeur d'histoire naturelle au Collége royal, à Cork (The Ann. and Magaz. of natur. Hist., WE série, janvier 1855, p. 1-9, pl. T). « J'avais toujours pensé, dit M. William Smith, que la distribution géo- graphique des espèces de Diatomacées est beaucoup plus générale et plus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 63 uniforme que celle des végétaux appartenant à des ordres plus élevés, et cette opinion a été amplement confirmée par l'examen des produits de diffé- rentes localités que j'ai explorées pendant mon voyage. « Tandis que la flore phanérogamique du midi dela Francediffère tellement de celle des iles Britanniques que l'observateur le plus superficiel ne peut qu'être frappé de sa nouveauté, les Diatomacées de ses cours d’eau et de ses lacs, ainsi que de la portion de la Méditerranée qui baigne ses côtes, sont presque identiques avec celles de nos pays plus septentrionaux, » Après avoir exposé l'itinéraire qu’il a suivi, M. William Smith passe à l'indication des espèces et des formes de Diatomacées qu'il a trouvées et qu'il divise en cinq catégories. Nous croyons devoir reproduire ses listes comme fournissant de bonnes indications sur une partie interessante et dif- ficile de la flore française. 1° Formes méditerranéennes trouvées dans le golfe de Lion. Epithemia Musculus, Kuetz. — Cocconeis Scutellum, Ehr.; C. dia- phana, W. Sm. — Eupodiseus fulvus, W. Sm. — Tryblionella soleæformis, W. Sm. — Surirella fastuosa, Ebr. ; S. striatula, Turp. — Amphiprora alata, Kuetz. — Navicula didyma, Kuetz. ; N. Westii, W. Sm. ; N. Pan- dura, Bréb. — Stauroneis pulchella, W. Sm. — Pleurosigma elongatum, Id. ; P. angulatum, Id. — Synedra affinis, Kuetz. ; S. fulgens, W. Sm. — Podosphenia Ehrenbergii, Kuetz. ; P. Lyngbyei, Kuetz.; P. elegans, W. Sm. — Rhipidophora elongata, Kuetz. — Liemophora splendens Grev. — Fragilaria striatula, Ag. — Hyalosira delicatula, Kuetz. — Rhabdonema arcuatum, Kuetz.; R. Adriaticum, Kuetz, — Grammatophora marina, Kuetz. ; G. serpentina, Id. — Biddulphia pulchella Gray. — Achnanthes longipes, Ag.; A. subsessilis, Kuetz. — Podosira hormoides, Kuetz. — Beikeleya fragilis, Grev. 2° Formes des eaux saumâtres trouvées dans des localités qui sont sous l'influence de la Méditerranée. Epithemia constricta, Bréb. — Tryblionella gracilis, W. Sm. ; T. punc- tata, Id. ; T. marginata, Id. — Navicula tumens, Id. ; N. Amphbisbæna, ß, ld. — Pinnularia peregrina, Ehr. — Nitzschia dubia, W. Sm. — Mastogloia Danseii, Thw. ; M. lanceolata, Thw. 3° Espèces recueillies dans les sources et les cours d’eau à des hauteurs peu considérables ; plusieurs se rencontrent aussi plus haut, parmi celles de la catégorie suivante: Epithemia turgida, W. Sm. ; E. alpestris, W. Sm. — Cymbella helve- tica, Kuetz.; C. affinis, Id.; C. maculata, Id.; C. ventricosa, Id. — Amphora ovalis, Id. -— Cocconeis Pediculus, Ehr.; C. Placentula, 1d. — Cyclotella operculata, Kuetz. — Campylodiscus costatus, W. Sm. — Suri- rella angusta, Kuetz. ; S. ovata, Id. ; S. ovalis, Breb. ; S. turgida, W. Sm. — Cymatopleura Solea, W. Sm.; C. hibernica, Id. ; C. elliptica, Id. — 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nitzchia minutissima, W. Sm. ; N. sigmoidea, Id.; N. linearis, Id.; N. Amphioxys, Id. — Navicula ambigua, Ehr. ; N. ovalis, W. Sm.; N. dicephala, Kuetz.; N. tumida, W. Sin. ; N. Amphirhynchus, Ehr. — Pinnularia radiosa, W. Sm. ; P. acuta, Id.; P. viridis, Id.; P. stauro- neiformis, Id. ; P. stauroneiformis, 6, Id. — Stauroneis Phænicenteron, Ehr. ; St. gracilis, Id. ; St. anceps, Id.; St. ? rectangularis, Greg. — Pleu- rosigma attenuatum, W. Sm. — Synedra radians, W. Sm. ; S. Ulna, Ehr. ; S. pulchella, Kuetz.; S. (Nitzschia) Palea, Kuetz. — Cocconema lanceo- latum, Ehr. ; C. Cistula, Id. ; C. cymbiforme, Ehr. — Gomphonema capi- tatum, Ehr. ; G. constrictum, Id. ; G. acuminatum, Id. ; G. dichotomum, Kuetz. ; G. olivaceum, Ehr. ; G. curvatum, Kuetz.; G. cristatum, Ralfs. — Meridion circulare, Ag.; M. circulare, B, W. Sm. ; M. constrictum, Ralfs; M. constrictum, B, W. Sm. — Fragilaria capucina, Desm. -- Odontidium mesodon, Kuetz. ; O. Tabellaria., W. Sm. — Diatoma vulgare, Kuetz. — Denticuia tenuis, Kuetz. ; D. inflata, W. Sm. ; D. sinuata, Id. — Achnan- thidium lanceolatum, Bréb. — Achnanthes exilis, Kuetz. — Melosira varians, Ag. — Orthosira arenaria, W. Sm. — Mastogloia Smithii, Thw. — Encyonema prostratum, Ralfs; E. cæspitosum, Kuetz. h° Espèces trouvées à de grandes hauteurs sur le Puy-de-Dôme et le mont Dore. Epithemia rupestris, W. Sm. — Eunotia Arcus, W. Sm. ; E. gracilis, Id. ; E. tetraodon, Ehr. ; E. tridentula, Id. ; E. quaternaria, Id. ; Z. qui- naria, Id. — Cymbella cuspidata, Kuetz. — Cocconeis Thwaitesii, W. Sm. — Surirella biseriata, Bréb.: S. splendida, Kuetz.; S. linearis, W. Sm. — Navicula rhomboidea, Ehr. ; N. rhynchocephala, Kuetz. ; N. crassinervia, Bréb, ; N. serians, Kuetz. ; N. firma, Id. ; N. gibberula, Id. — Stauroneis dilatata, W. Sm. — Pinnularia nobilis, Ehr.; P. major, W. Sm. ; P. acu- minata, W. Sm.; P. gibba, Ehr. : P. divergens, W. Sm. ; P. late striata, Greg.; P. hemiptera, Bréb. ; P. nodosa, W. Sm. ; P. tenuis, Greg. — Synedra linearis, Ehr. ; S. biceps, W. Sm. — Himantidium Arcus, Ehr. ; H. gracile, Ehr.; H. pectinale, Kuetz. — Fragilaria virescens, Ralfs. — Odontidium hyemale, Kuetz. — Tabellaria flocculosa, W. Sm. ; T. fenes- trata, Kuetz. — Melosira distans, Kuetz.; M. nivalis, W. Sm. — Ortho- sira orichalcea, W. Sm. — Colletonema vulgare, W. Sm. 5° Espèces ou variétés qui wont pas encore été figurées ou qui n'ont pas été décrites. Navicula firma, var. 8, W. Sm. — Gomphonema capitatum, var. et y, W. Sm.; G. Brebissonii, Kuetz. ; G. elongatum, W. Sm. — Diatoma vul- gare, var. B, W. Sm.; D. grande, W. Sm. — Fragilaria undata, W. Sm. — Odontidium anomalum, Id. — Achnanthidium lineare, Id. ; A. coart- tatam, Bréb. — Amphitetras antediluviana, var. 5, W. Sm, — Orthosird spinosa, W. Sm, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 Toutes ces dernières espèces ou variétés sont décrites dans le mémoire de M. William Smith, et, en outre, elles sont figurées dans la planche qui l'ac- compagne. « Ces listes montrent, dit M. William Smith, que, parmi les espèces tecueillies pendant mon voyage, trois seulement doivent être regardées comme étrangères aux eaux de la Grande-Bretagne; il n'est même pas improbable que l'£unotia quinaria, Ehren., et le Nitzschia Palea, Kuetz., puissent être trouvées dans notre pays. Il ne reste donc que l'/Zyalosira delicatula, Kuetz.; et comme M. Kuetzing lui assigne pour localité l'Océan Atlantique, elle peut bien encore être indigène chez nous. « Ce résultat prouve combien est générale la distribution géographique de ces organismes inférieurs. D'un autre côté, la découverte faite par M. Balfour, sur les parties élevées des Grampians, de plusieurs formes rares de l'Auvergne, est un fait intéressant qui démontre que l'altitude et, par suite, la température, exercent leur influence sur la végétation des Diato- macées, aussi bien que sur les formes plus grandes et plus visibles de ces régions. » BOTANIQUE APPLIQUÉE. De Hydrocotyle asiatica, Linn., par M. J. Lépine, pharmacien de première classe de la marine, suivi des Æapports de MM. les docteurs Poupeau, Houbert et du Medical Board de Madras. In-8° de 86 pages. Pondichéry, imprimerie du gouvernement. Ce travail de M. Lépine, déjà publié en partie dans le Moniteur officiel des établissements français de l'Inde (numéros d'août 1853 à avril 1854), renferme l'historique de la découverte de l'usage contre la lèpre, de 1 Hy- drocotyle asiatica, faite en 1852, par le docteur Boileau, de l'île Maurice. L'emploi de cette plante, administrée sous forme de poudre, de tisane et de sirop, parait être suivi d'heureux résultats dans la maladie dont il s'agit, ce qui est confirmé par les observations des docteurs Poupeau, Boileau, Hou- bert, et par un rapport du Medical Board de Madras, adressé au chef-secré- taire du gouvernement de Madras. Avant d'entrer dans la partie médicale de son travail, l'auteur donne la description botanique de l Hydrocotyle asiatica, et indique divers noms que cette plante porte dans l'Inde: Bevi- lacqua à) Maurice, Vellérai en Tamoul, Thalkurá en Hindoustani, Codagen en Malabar (Rhèede), Eloukatchevikoura {plante a oreille de rat) en Telinga. Puis il donne l'analyse chimique de la plante pes equinus de Rumphius). Suivant lui, le principe actif est une matière grasse, de couleur jaune, qu'il nomme Fellarine, pour rappeler son nom tamoul. Puis il in- dique les diverses formes médicamenteuses que peut revêtir ce nouveau médicament. T. II. 9 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MÉLANGES ET NOUVELLES. — Emploi des feuilles du Houx, Iex aquifolium, en place de thé. — D'après la Botanische Zeitung du 12 janvier dernier, M. Hugo v. Mohl, se trouvant l'automne dernier dans la forêt Noire, apprit, à son grand éton- nement, qu'on y fait fréquemment usage, en place du thé de Chine, des feuilles de Houx séchées au soleil, Ne pouvant se procurer de ces feuilles déjà préparées, dans le lieu où il se trouvait, il fit un essai avec des feuilles fraiches. Celles-ci ne doivent pas être prises en simple infusion théiforme, mais il faut les faire bouillir. Quoique étant, dit-il, amateur de thé et surtout ennemi de tout ce qu’on a proposé pour succédanées, il trouva que ce thé de Houx n'était nullement à dédaigner, et que, dans tous les cas, il était préférable à celui de Maté qu'il avait eu occasion de boire. Comme il le fait observer, il serait intéressant d'essayer si, en torréfiant les feuilles du Houx, ainsi qu'on le fait pour les feuil'es de l’ Zex paraguayensis qui servent à pré- parer l'infusion de Maté, si, en outre, en faisant un choix parmi les feuilles de cet arbre, on n’arriverait pas à en faire une matière d’une valeur réelle, et dont l'usage pût se généraliser en Europe. — Le 4°" mai prochain doit avoir lieu à Pavie la vente aux enchères de la bibliothèque botanique de Moretti. Cette précieuse collection se compose d'environ 9000 volumes, outre un grand nombre de brochures. Elle est principalement formée d'ouvrages relatifs aux plantes phanérogames. Ses plus grandes richesses consistent dans une collection aussi complète que possible des auteurs anciens, collection qui commence par l Herbarius Ma- guntie impressus (1484), V Hortus Pataviæ impressus (4485), l Hortus sani- tatis (1h85), et qui comprend tous les ouvrages de Macer, Brunfels, Fuchs, Turner, Lonicer, Dodoens, l'Ecluse, Pena, Lobel, Cesalpin, Tabernœmon- tanus, Colonna, Bauhin, Boccone, etc. Comme exemple du soin avec lequel Moretti avait cherché pendant toute sa vie à compléter cette partie de sa bibliothèque, on doit surtout citer sa collection de 49 éditions des Com- mentuires de Matthiole sur Dioscoride. La botanique descriptive du xvin° et du x1x° siècle y est représentée avec une richesse peu commune, surtout, comme il est facile de le penser, pour tout ce qui a rapport à la flore de l'Italie, On y trouve aussi plusieurs grands ouvrages à planches du plus haut prix, tels notamment que ceux de Jacquin et le Flora græca, et plusieurs collections périodiques précieuses, comme celles du Botanical Magazine, de la Flora, de la Biblioteca italiana, du Giornale dell” Istituto lombardo, ete, — La reine-veuve de Saxe vient de réunir au cabinet royal d'histoire naturelle, et par suite, de mettre à la disposition du publie les riches col- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 lections botaniques qui étaient devenues sa propriété à la mort du roi Fré- déric Auguste IT, son mari. Ces collections se composent d'un herbier de grande valeur, d'une collection précieuse de figures de plantes intéressantes et d’une riche bibliothèque botanique. — M. Zollinger, qui était reparti l’an dernier pour Java dans l'intention d'y faire de nouvelles collections de plantes, a eu le malheur de se casser une jambe, au Caire. Ce triste accident l’a mis dans l'impossibilité de con- tinuer son voyage, et l’a obligé de retourner en Europe reprendre les fonc- tions de directeur du séminaire de Kuessnacht, canton de Zurich, qu'il rem- plissait depuis son retour de Java. — M. Th. Orphanidès, professeur de botanique à l’université d'Athènes, que nous avons connu pendant plusieurs années à Paris se livrant avec ar- deur aux études botaniques, vient de remporter un prix de mille francs qui avait été proposé par M. Ambrosios Rallis, riche Grec de Trieste, pour la meilleure pièce de poésie présentée au concours ouvert par lui. En zélé botaniste, M. Orphanidès a consacré la valeur de ce prix à la formation de deux collections de plantes de Grèce, dont il désire qu’une reste au Musée d'Athènes, tandis que l’autre sera destinée à l’un quelconque des musées d'Europe dont la désignation sera faite par M. Rallis. — La Société impériale et centrale d'horticulture fait en ce moment les préparatifs nécessaires pour une exposition qui doit dépasser, sous tous les rapports, tout ce qu'on a vu encore dans ce genre de plus brillant et de plus grandiose. Cette exhibition horticole différera d'abord par sa durée de celles qui ont lieu d'ordinaire ; car, ouverte le 1° mai prochain, elie ne finira que le 31 octobre suivant. Elle devra ainsi amener un renouvellement dans les plantes exposées. En outre, et pour le même motif, elle permettra de suivre le développement de plusieurs végétaux qui y séjourneront pendant long- temps. Enfin, elle sera universelle et les horticulteurs de tous les pays sont invités à y prendre part. Pour conserver les diverses plantes exposées dans les conditions de culture qui leur sont nécessaires, la Société fait construire, sur la vaste portion des Champs-Elysées où aura lien son exposition, des tentes et abris divers, des serres à différentes températures et même un vaste aquarium dans lequel plusieurs pieds de Victoria regia étaleront leurs gigantesques feuilles et leurs admirables fleurs, en compagnie de nombreux Nymphœa, de Nelumbium, etc., qui composeront pour cette Reine des eaux un magnifique cortége. Au tota!, un spectacle ravissant sera offert aux horticulteurs et aux botanistes qui verront ainsi réunies, dans un mème lieu, les plantes habituellement disséminées dans un grand nombre de jardins en France et à l'étranger. Du reste, tout ce qui est du domaine de l’horticulture occupera sa place 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans cette exposition, ainsi que nous l’apprend un article du règlement que nous reproduisons textuellement: « Pourront être admis à cette exposition les plantes, arbres, arbrisseaux et arbustes de tout genre et de toute espèce, fleuris ou non, les légumes et fruits forcés ou cultivés naturellement, et les objets d'art et d'industrie ayant un rapport direct à l'horticulture, » — M. Daënen, que des voyages fréquents, en Suisse, et en particulier dans le Valais, ont mis à même de recueillir un grand nombre d'espèces rares de la Flore helvétique, et qui a exploré récemment une partie des Alpes de la Lombardie (spécialement les environs de Côme), a composé une collection renfermant les plantes les plus intéressantes de ses récoltes. — Les échantillons sont préparés avec le plus grand soin et déterminés avec exactitude. — La collection se compose d’une centurie dont le prix a été fixé à 45 fr. (1). — M. de Heldreich, directeur du jardin botanique d’Athènes et qui, depuis plusieurs années, explore les points les plus intéressants de la Grèce, a composé des collections non moins importantes par la rareté des espèces qu'elles renferment que par le soin avec lequel les échañitillons sont recueillis et préparés. — Le catalogue des centuries, actuellement en vente, offre la réunion d'un très grand nombre de types soit du Flora græca de Sibthorp et Smith, soit de publications plus récentes et en particulier de celles de MM. Boissier et de Heldreich. — Trois centuries ont paru (2). — Le premier numéro du Bulletin de la Société botanique de France contient l'annonce d'un voyage que M. Lindeberg, de Gotheborg (Suède), allait exécuter dans les Alpes de Dover ou Dovre, en Norwége, avec linten- tion de former des collections de plantes. Nous pouvons annoncer aujour- d'hui que les collections formées par M. Lindeberg, dans le cours de son voyage, sont maintenant arrivées à Paris, et qu’elles sont déposées chez M. le docteur Puel, boulevart Beaumarchais, 72. — Nécrologie. — Le 27 janvier 1855 est mort à Leipzig, le docteur et professeur Wilhelm Ludwig Petermann, conservateur de l’herbier de luni- versité. Il etait né à Leipzig le 3 novembre 1806. Il a écrit plusieurs ouvrages et mémoires de botanique dont on trouve l'indication dans le The- saurus de M. Pritzel, n° 7907-7915, et dont le principal est une Flore d'Al- lemagne. (1) S'adresser à M. Bourgeau, à Paris, rue Saint-Claude (au Marais), 14. (2) M. de Heldreich a fixé le prix de ces plantes à 25 francs par centurie. Les demandes doivent ètre adressées à M. de Heldreich, directeur du Jardin botanique d'Athènes, où à M, Bourgeau, à Paris, rue Saint-Claude (au Marais), 14. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 BIBLIOGRAPHIE. Dans le cahier n° 7 du Bulletin, on a donné le relevé des articles origi- naux publiés dans deux Journaux botaniques allemands, à partir du com- mencement de l’année 1854. Dorénavant des relevés analogues seront in- sérés dans le Bulletin, et l'on aura soin, non-seulement de les étendre, autant que possible, à toutes les publications périodiques françaises et étran- gères qui renferment des travaux sur la botanique, mais encore de les con- tinuer régulièrement dès l'instant où l’arriéré de 1854 aura été effacé. Les botanistes auront ainsi sous le: yeux l'indication des articles et mémoires dont la connaissance peut les intéresser, en attendant qu’il ait été possible de leur présenter une analyse succincte de tous ceux qui sont susceptibles d'être résumés, ou qui ont assez d'importance pour mériter d’être connus moins imparfaitement que par un simple titre. Flora oder ailgemeine hotanische Zeitung, herausgegeben von der Kænigl. bayer. botanischen Gesellschaft zu Regensburg. (Flora ou Journal botanique général, publié par la Société royale bavaroise de botanique, siégeant à Ratishonne.) 12° année, 4°" et 2° tomes de la nou- velle série, ou 33° année et 1° et 2° tomes de la série entière (1). Articles originaux publiés en 1854. Wichura.— Ueber kuenstlich erzeugte Weidenbastarde (Sur des hybrides de Saules produits artificiellement), p. 1-8. Hermann Itzigsohn. — Ueber die Algengattung Psichohor mium (Sur le genre d'Algues Psichohormium), p. 17-20. Wenderoth. —- Noch ein Wort ueber Epilobium denticulatum, Wender, und. Æ. crassifolium, Lehm. (Encore un mot sur l' Epilobium denticu- latum, Wender. et sur l' Æ. crassifolium, Lehm. ), p. 33-36. H. Widler. — Morphologische Notizen (Notices morphologiques). 4. Ueber scheinhar gipfelstaendige Blüthen (Sur les fleurs en apparence termi- nales). 2. Intlorescenz von Linum tenuifolium (Inflorescence du Linum tenuifolium). 3. Ilex aquifolium. h. Paris quadrifolia, p. 49-57. Schnizlein. — Weitere Mittheilungen ueber die Sitzungen der botanischen Section der Versammlung deutscher Aerzte und Naturforscher zu Tue- bingen (Communications plus étendues sur les séances de la Section (1) Ce journal est dirigé par le docteur A.-E. Fuernrohr, à Ratisbonne (Re- gensburg), 11 paraît par cahiers hebdomadaires, in-8°, au prix de 16 francs par année, 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. botanique du congrès des médecins et des naturalistes, qui a eu lieu à Tubingue), p. 65-73. Carl Schimper. — Anhang. Appendice à l'article précédent: Lettre adressée au congrès, p. 73-78. Schnizlein. — Ueber die Zukunft der systematischen Nomenclatur in der Botanik. Ein Vortrag, gehalten in der 4°" Sitzung der botanischen Section der Naturforscher-Versammlung zu Tuebingen (Sur l’avenir de la nomen- clature systématique en botanique. — Communication faite à la qua- trième séance de la section botanique du congrès des naturalistes, à Tu- bingue), p. 81-86. C. Fischer-Ooster. — Kleine Beitraege zur Flora Deutschlands und der Schweiz (Petites notes relatives à la flore de l’Allemagne et de la Suisse), p. 97-101. Rob. de Visiani et Abrah. Massalongo. — Synopsis plantarum Floræ tertia- riæ Novalensis, p. 113-124. Friedr. Leybold. — Botanische Skizzen von den Grenzen Suedtirols (Es- quisses botaniques des frontières du Tyrol méridional), pages 129-139, 147-157. Krempelhuber. — Lecanora Zwackhiana, eine neue Flechtenart aus Bayern (Lecanora Zwackhiana, nouvelle espèce de Lichen de Bavière), p. 145-147. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés en 1854 (d'octobre à la fin de décembre). Karl Mueller. — Ueber einige bisher verwechselte Arten der Farngruppe der Æymenophyllaceæ (Sur quelques espèces de Fougères jusqu'à ce jour mal déterminées et appartenant au groupe des Æymenophyllaceæ), Colon. 713-723, 729-738, 745-755. § 1. Sur le Trichomanes trichoideum, Sw. — $ 2. Sur l Hymenophyllum ciliatum, Sw. —< 3. Sur V Hymenophyllum hirsutum, Sw. — § h. Sur le Trichomanes digitatum, Sw. — $ 5. Sur l Hymenophylium dilatatum, Sw. — § 6. Sur le Trichomanes muscoides, Sw. — § 7. Sur le Trichomanes rigidum , Sw. — § 8. Sur le Trichomanes pyxidiferum, Lin. Hugo von Mohl. — Ueber die Fleckenkrankheit der Maulbeerblaetter und die Septoria Mori, Lév. (Sur les taches des feuilles de Mûrier et sur le Septoria Mori, Lév.), col. 761-771. L. C. Treviranus. — Eine auffallend schaedliche Einwirkung des Sonnen- lichts auf die untere Blattseite (Action remarquablement nuisible de la lumière solaire sur la face inférieure des feuilles), vol. 785-788. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 Schlechtendal, — Ein Wort ueber Pisonia aculeata (Un mot sur le Pisonia aculeata), col. 788-790. Schlechtendal. — Beobachtungen an Garten-Euphorbien (Observations sur les Euphorbes des jardins), col. 801-805. Schlechtendal. — Nachtraegliche Bemerkungen ueber Portulacca (Remar- ques additionnelles sur les Portulacca), col. 805-808. Schlechtendal. — Kritische Bemerkungen ueber Graeser (Remarques cri- tiques sur les Graminées) : Cymatochloa. — Col. 817-822. Hermann Crueger. — Westindische Fragmente {Fragments envoyés des Indes occidentales); 5° fragment: Vertheidigung der Primitivfaser (Défense de la fibre primitive), col. 833-839, 853-872. Th. Hartig. — Ueber das Verfahren bei Behandlung des Zellenkerns mit Farbstoffen (Sur la manière dont se comporte le nucleus cellulaire sous l’action des matières colorantes), col. 877-881. Milde. — Ueber Botrychium rutæfolium, Al. Braun (Botrychium matri- carioides, Willd.) (Sur le Botrychium rutæfolium, Al. Braun), col. 882-884. Th. Hartig. — Ueber das Verhalten des Zellenkerns bei der Zellentheilung (Sur la manicre dont se comporte le nucleus cellulaire lors de la division des cellules), 893-902. Schlechtendal. — Betrachtungen ueber die Zimosella-Arten (Considérations sur les espèces du genre Limosella), col. 909-918. Hooker's Journal of botany and Kew Garden Miscellany (Journal de botanique de M. Hooker et Miscellanées du jardin de Kew); publié par sir William Jackson Hooker, directeur du jardin royal bota- nique de Kew (1). Articles originaux publiés en 1854. G. Bentham. — Florula Hongkongensis : An enumeration of the plants col- lected inthe Island of Hongkong by Major J. G. Champion; the determi- (1) Ce journal paraît par cahiers mensuels in-8° de 2 feuilles, et 4 planche litho- Braphiée. Son prix est de 2 shillings (2 fr. 50 c.) par cahier. Il existe depuis 1834 ; mais il a formé successivement, depuis cette époque, trois séries distinguées par leur titre : La première série, intitulée The journal of Botany, a donné 4 volumes, dont le 4° porte la date de 1834, tandis que les 2°, 3° et 4° portent celles de 1810, 1841 et 4842. La deuxième série est intitulée The London Journal of Botany; elle a donné 7 volumes, de 1842 à 1848 inclusivement. Enfin, la troisième série porte le titre de Hooken's Journal of Botany and Kew Gurden Miscellany; commencée en 1849, elle en est en ce moment à son 7° volume. 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nations revised and the new species described by G. Bentham (Florule de Hongkong, Enumération des plantes récoltées dans l'ile de Hongkong, par le major J. G. Champion; les déterminations revues et les nouvelles espèces décrites par M. G. Bentham. Pages 1-9, 72-78, 112-117. Get article est la continuation d’un travail déjà publié en partie dans le volume précédent. Sir W. J. Hooker. — Kew Garden Museum; or, a notice on the origin and some of the contents of the Museum of economic botany attached to the Royal Gardens at Kew (Musée du jardin de Kew, ou Notice sur l'ori- gine et sur quelques-unes des substances du musée de botanique écono- mique ajouté au jardin royal de Kew), p. 10-26. Cet article fait la suite d’un travail déjà publié en partie dans le volume pré- cédent. Nees von Esenbeck. — Cyperaceæ Cumingianæ (Insularum Philippinen- sium) herbarii Lindleyani ; auctore Neesio ab Esenbeck. 1849. P. 27-30. Ric. Spruce. — Journal of a voyage up the Amazon and Rio Negro (Journal d'un voyage le long de l’Amazone et du Rio-Negro), p. 33-42, 107-111. Cet article est la suite d’une publication déjà commencée. J. S. Roe. — Report of a journey of discovery into the interior of Western Australia, between 8 september 1848 and 3 february 1849 (Rapport sur un voyage de découverte dans l'intérieur de l’ Australie occidentale, exécuté du 8 septembre 1848 au 3 février 1849), pages 42-48, 78-88, 117-123, 146-151, 174-180, 212-217, 241-247, 239-345, 377-380. Berthold Seemann. — Remarks on Passifloraceæ and Turneraceæ (Remar- ques sur les Passifloracées et les Turnéracées), p. 53-54. C. F. Meisner. — New Proteaceæ of Australia (Protéacées nouvelles de P Australie), p. 65-78. James Motley. — Extracts of letters from the Malayan Islands, addressed to sir W. J. Hooker and to W. Mitten (Extraits de lettres écrites des îles de la Malaisie, adressées à sir W. J. Hooker et à M. W. Mitten), p. 78-84. Thomas C. Archer. — On two fibres from Brazil; with a note by sir W. J. Hooker (Sur deux matières fibreuses du Brésil; avec une note, par sir W. J. Hooker), p. 84-87. G. H. K. Thwaites. — Description of some new Genera and species of Ceylon plants (Description de quelques nouveaux genres et espèces de plantes de Ceylan), p. 65-72, 298-304; pl. I, I], IX, X. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, 2, rue Mignon. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A pv. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Viaup-GRaNpmarais (Ambroise), étudiant en medecine, rue de l'Abbaye, 8, à Paris, présenté par MM. Jamain elt Bureau. Dons faits à la Société : 1° Par M. Ad. Brongniart : Séance publique (du 8 novembre 1854) de la Société impériale et centrale d'agriculture. 2° Par M. Weddell: Revue de la famille des Urticées. Notice sur quelques Rubiacées de l'Amérique tropicale. Considérations sur l'organe reprodacteur des Balano;/horées et des Rafflésiacées. Description d'un cas remarquable d'hybridité entre des Orchidées de genres différents. Notice sur la Coca, sa culture, sa préparation, son emploi. 3° Par M. Dusacq : Le Bon Jardinier, almanach pour 1855. Ti, 6 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. h° De la part de M. Ch. Des Moulins, de Bordeaux : Examen des causes qui paraissent influer particulièrement sur la croissance de certains végétaux, 1847. Deuxième et troisième Mémoire sur la même question, 1848. Documents sur la naturalisation, en France, du Panicum Digitaria, 1848. Erythræa et Cyclamen de la Gironde, 1851. Notice sur le Sisymbrium bursifolium. Lap. non L., 1843. Une visite au berger des Eaux-Bonnes, 1552. Discours sur l’évolution des forces vitales dans la nature. De la propriété littéraire en matière de nomenclature scientifique, 1854. Notice sur les feuilles du Scirpus lacustris. Suite du Catalogue raisonné des Phanérogames de la Dordogne. Discours d'ouverture prononcé à la séance publique de la Société lin- néenne de Bordeaux, en 1853. Programme des récompenses académiques proposées par la Société linnéenne de Bordeaux, 1854. 5° De la part de M. Alph. De Candolle, de Genève: Des caractères qui distinguent la végétation d’une contrée. 6° De la part de M. Durieu de Maisonneuve, de Bordeaux : Notes sur quelques plantes de la flore de la Gironde, et description d'une nouvelle espèce d’Avena. 7° De la part de M. Noulet, de Toulouse: Flore analytique de Toulouse et de ses environs, 1855. 8 De la part de M. Leon Dufour, de Saint-Sever-sur-Adour : Lettre sur la maladie de la vigne. 9° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, journal des sciences, 4855, 6 numéros. Bulletin des travaux de la Société d'horticulture de la Seine, décembre 1854. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante adressée à la Societe : L'OMBELLE , INFLORESCENCE DÉFINIE ET INDÉFINIE, par M. D. CLOS. (Toulouse, 8 janvier 1855.) « Il est étonnant, dit M. Alphonse De Candolle, que la vue du Daucus SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1855. 75 Carota, où la fleur centrale se distingue nettement par la couleur et la forme, n'ait pas empêché les auteurs de se copier tous, en rapportant les ombelles aux inflorescences indéfinies : ce sont des inflorescences définies dont la fleur centrale se distingue mal ou fait défaut, excepté dans la Ca- rotte (1). » Cette note, que nous transcrivons eneñtier, date de 1852. Tout récemment, dans une communication faite à la Société, M. Germain de Saint-Pierre, suivant l'exemple de M. Rœper et de tous les auteurs de traités élémentaires, a rapporté l'ombelle au grand groupe des inflores- cences indéfinies (2). Le savant de Genève n'a cité aucun fait, n'a donné äucüne preuve à l'appui de son assertion ; j'ai donc eru devoir rechercher jusqu'a quel point elle était fondée, et l’objet de cette note est de discuter les raisons qui lui sont ou favorables ou contraires. Les motifs qui ont fait ranger l’ombelle au nombre des inflorescences in- définies sont, si je ne me trompe, les deux suivants : 4° la diminution gra- duelle de lougueur des pédoncules, à mesure qu'ils se rapprochent plus du centre ce l’ombelle ; 2° la marche centripète de la floraison. A ces raisons, j'oppose les considérations que m'a suggérées la revue des plantes de cette famille : 1° l'axe très court qui supporte les rayons de l'ombelle, et que l'on Suppose refoulé sur lui-mème par les deux extrémités, comme le seraient les tubes d’une lunette d'approche (3), n'a jamais été vu, que je sache, ter- Miné par ün bourgeon ou un moignon de feuilles (4). 2° La marche de la floraison et cette décroissance de longueur des rayons vers le centre s'ex- pliquent dans une inflorescence définie, en admettant que les rayons exté- tieurs de l’ombeélle naissent seuls de l'axe primaire et donnent naissance par leur base aux intérieurs. C'est une pure supposition, dira-t-on peut-être : d'äccord; mais à une hypothèse n'est-il pas permis de répondre par une hypothèse (5) ? 3° Dans tes Eryngium corniculatum, dichotomum et autres, la tige est réellement dichotome, car chacune des branches de la bifurca- tion est à l'aisselle d’une bractée ; aux ramifications inférieures, les dicho- toiies offrent un pédoncule alaire que termine un capitule; aux supé- rieures, ce pédoheule médian avorte, mais les deux bractées opposées n'en Petsistent pas moins. De semblables exemples de véritables dichotomies se (1) Voy. Bibliothèque universelle de Genève, Archives des sciences physiques et naturelles, t. XXI, p. 340, en note. (2) Voy. Bulletin de la Société Botanique de France, t. I, p. 121 et suiv. (3) Voy. De Candoile, Organographie végétale, t. 1, p. 409. (4) Au centre des rayons de l’ombelle, on voit, dans la plupart des Ombellifères, ua vidé qui peüt tout aussi bien être considéré comme indiquant la place d'une fleur que d'un bourgeon, Dans les Buplevrum gibraltaricum et fruticosum, dans le Crithmum maritimum, eic., ce vide n'existe pas. (5) Je rappellerai que les botanistes expliquent de la sorte les fleurs d'apparence fasciculée que l’on voit à Vaisselle des feuilles chez certaines plantes, 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. retrouvent dans les Sanicula, et aussi, d'après De Candolle, dans le Petagnia saniculæfolia (1). N'est-il pas probable que les dernières ramifications de ces plantes obéissent à la même loi et que leurs prétendus capitules ne sont que des cimes à un état extrême de contraction, ou, pour employer le lan- gage de M. Rœper, des glomérules? h° Chez les Buplevrum falcatum, jun- ceum, et plus fréquemment encore chez le B. tenuissimum, on voit certaines ombellules réduites à trois fleurs, dont une centrale, et les deux autres chacune à l'aisseile d'une bractée : quelquefois avec trois fleurs il y a quatre bractées en croix, deux de celles-ci abritant chacune un rudiment de fleur. Je lis dans le Prodrome de De Candolle que les ombellules du Wicropleura renifolia et du Diposis saniculæfolia se terminent aussi par trois fleurs, dont une médiane. Le même fait se reproduit dans notre Bowlesia tripar- tita, décrit dans le Flora chilena, et dans l' Hydrocotyle solandra. Mais il y a plus: dans le Xanthosia tridentata, d'après De Candolle, dans le Lagæcia cuminoides, chaque ombellule ne consiste qu’en une seule fleur accompa- gnée d’un involucre et forcément terminale ; l Hydrocotyle virgata, figuré dans les Z{lustrations de Lamarck, planche 488, parait être dans le même cas. 5° Si ombelle est une inflorescence indéfinie, la fleur, considérée dans chaque groupe floral comme la plus élevée sur l'axe, devra être la moins développée, la moins parfaite. Or, dans les genres Diposis et Micropleura, déjà cités, et dans l’£chinophora, la fleur médiane est seule fertile dans chaque ombellule, les latérales sont stériles (2). Chez la Carotte, la fleur médiane de chaque ombellule est fréquemment rouge, et, au rapport de M. Germain de Saint-Pierre, plus vigoureuse que les fleurs blanches qui l'entourent immédiatement, souvent plus large qu'elles et presque toujours fertile. D'une autre part, notre honorable confrère dit avoir vu dans la Carotte l'ombelle centrale uniflore, et cependant il déclare qu'il wya, à proprement parler, ni ombellule centrale daus une ombelle, ni fleur centrale dans une cmbellule. Je sais combien, dans l'explication des phénomènes orga- niques, il faut se tenir en garde contre les apparences. Mais cette conclusion, d'après laquelle une fleur vue centra’e ne l'est pas, me paraît reposer sur un cercle vicieux : on part de cette donnée, que l’ombelle est une inflorescence judéfinie ; mais c’est ce qu’il faudrait préalablement démontrer. Je crois avoir prouvé, dans les lignes qui précèdent, qu'un certain nom- bre d'Ombellitères ont une inflorescence définie, et que, sans forcer la na- ture, on peut expliquer autrement qu'on ne le fait les apparences d'inflo- (1) Voy., pour la Sanicle, les Hlustrations de Lamarck, pl. 101; pour le Peta- gnia, le Prodromus de De Candolle, t. 1V, p. 83. Les Scandix Pecten et brachy- carpa wont que l'apparence de tiges dichotomes , Pune des deux branches de la bifurcation possédant seule une feuille ou bractée à sa base. (2) Toutefois, dans les genres Osmorhiza et Myrrhis, les fleurs centrales des ombrllules sont mâles, C'est l'inverse dans l'Hermas. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1855. 77 rescence indéfinie que présentent la plupart d’entre elles. Les faits ne m'ont pas permis d'aller au delà, de généraliser davantage en ce qui touche cette famille, Si des recherches ultérieures confirmaient l'opinion que l'ombelle du plus grand nombre de ces plantes est une inflorescence indéfinie, ne serait-ce pas un résultat bien curieux acquis à la science que la coexis- tence, dans un des groupes les plus naturels du règne vegetal, de deux sortes d'inflorescences aussi différentes l'une de l'autre qu'elles peuvent l'être, quant à leur essence, et cependant d'apparence presque identique? Mais les Ombellifères ne sont pas les seules à offrir des ombelles définies. Si les ombelies de certaines Légumineuses (Coronilla, Lotus corniculatus et autres, Cytisus hirsutus, ete.), de certaines Primulacées (Primula, Andro- sace, etc.}, Asclépiadées (Asclepias, ete.), Liliacées (Allium, ete.), appar- tiennent à la division des inflorescences indéfinies, il est une famille aux nombreuses espèces et dont les ombelles simples épanouissent leurs fleurs du centre à la circonférence, et doivent évidemment prendre rang dans linfloreseence définie, je veux parler des Géraniacées, et en particulier des Pelargonium et des Erodium. La comparaison de ces plantes avec les Geranium, dont elles diffèrent si peu, aurait suffi à faire prévoir ce résul- tat à priori. En résumé, il n’est plus exact de dire, avec tous les auteurs qui ont suivi le travail si plein d'originalité de M. Ræper : l'ombelle est une inflores- cence indéfinie; il ne l’est pas non plus de déclarer, avee M. Alph. De Candolle, que c’est une inflorescence définie (1). La vérité est à la limite de ces deux propositions extrêmes: l’ombelle est, selon les cas, l’un ou l'autre, et doit trouver place dans chacun des deux grands groupes qu'on admet dans l'inflorescence, servant à les relier de plus près, à l'exemple des inflorescences mixtes. Les mots ombelle et sertule ayant été jusqu'ici appli- qués implicitement à une inflorescence indéfinie, doit-on donner un nom spécial à l'ombelle définie? Non, sans doute ; il suffira de qualifier par les mots définie et indéfinie chacune des deux sortes d'ombelles. S'il avait fallu créer un nom nouveau pour l’une des deux, il semble que le mot ombelle aurait dù être réservé de préférence pour les ombelles définies, car une fleur terminant la tige met à l'allongement de celle-ci beaucoup plus d'obstacles que ne le fait un bourgeon de feuilles. La note précédente était écrite, lorsque, jetant les yeux sur le chapitre de l’inflorescence dans l'Atlas élémentaire de Botanique, par M. Le Maout, j'ai vu que cet ingénieux noturaliste admet l'ombelle définie, et cite pour (1) Dans son /ntroduction à la Botanique, publiée en 1835, M. Alphonse De Candolle range l'ombelle au nombre des inflorescences indéfinies. On a vu plus haut que c'est en 1852 qu'il a émis une opinion diamétralement opposée ; il est à regretter que ce savant n'ait pas développé les raisons qui l'ont conduit à cette Conclusion, 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. exemple la Chélidoine. Ses vues s'éloignent considérablement de celles de M. Rœper. Ce dernier déclare que « les modifications de la première classe (c’est-à-dire des inflorescences définies) sont les fleurs terminales solitaires ou agrégées (fleurs en corymbe des auteurs), le g/omérule, la cyme, le fas- cicule...,» et que « les modifications de la seconde classe (inflorescences indéfinies) sont l'épi, le chaton, le spadix, la grappe, le corymbe, V'ombelle, le capitule, la panicule et le thyrse (1). » Les auteurs qui l'ont suivi disent bien qu'il y a des panicules, corymbes ou grappes définies (Ad. de Jussieu), ou des cymes racémiformes, paniculées, axillaires, terminales (Ach. Ri- chard); mais M. Le Maout me semble avoir mieux fait ressortir eette cor- respondance parfaite entre les divers termes des deux sortes d'inflorescences, donnant aux uns et aux autres un égal développement. A l’occasion de cette communication, M. Trécul fait observer que pour lui il n'existe pas de véritable dichotomie chez les Ombelliféres, ni en général chez les plantes à feuilles alternes. Ainsi, dans les Bégo- niacées, dont les feuilles sont distiques, il n’y a que de fausses dicho- tomies, malgré l'apparence contraire. Il existe une fleur mâle alaire entre les deux rameaux de l’inflorescence. Mais, par un examen attentif, on voit que l’un des deux rameaux est inférieur à l’autre. M. Germain de Saint-Pierre ajoute que M. Clos ne lui parait pas avoir bien saisi le sens des idées qu’il a exposées dans sa notice sur l'inflorescence des Daucus. Il n'y a, a-t-il dit dans cette notice, ni ombellule centrale dans une ombelle, ni fleur centrale dans une ombellule. Il désigne l'ombellule la plus voisine du centre sous le nom d'ombellule dite centrale (t. I, p. 124); cette ombellule est toujours, pour lui, la dernière pièce d’une spirale indéfinie. M. le bäron de Brimont donne lecture du rapport de la Commis- sion de comptabilité, chargée de vérifier la gestion de M. le trésorier pendant l'exercice 1854. Ce rapport est ainsi conçu : RAPPORT DE LA COMMISSION DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, POUR L'ANNÉE 1854. MESSIEURS, Les membres de la Commission nommée pour examiner la gestion du trésorier de la Société Botanique de France, pendant l'année 1854, ont bien voulu me charger de vérifier les comptes et de vous faire un rapport à (1) Voyez son travail, traduit en francais, dans les Mélanges de Botanique, de M. Seringe, n° 5, p. 85. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1855. 79 ce sujet. C’est ce rapport que j'ai l'honneur de vous présenter, et finale- ment l'aperçu de la situation financière de la Société. Je dois, en commençant, constater la parfaite exactitude qui existe dans tous les comptes de notre trésorier, quoique les premiers éléments lui aient manqué au début de ses fonctions. Des mesures ont été prises pour qu’en 1855 les registres et bordereaux mensuels des recettes et des dépenses soient dressés selon le mode. de comptabilité adopté depuis longtemps par la Société Géologique de France, d'où il résultera simplification dans le travail du trésorier. Recettes. La Société Botanique de France n'ayant pas de droit d'entrée ou de diplôme, son actif ne se compose que des sommes dues par les souserip- teurs pour leur cotisation annuelle de 30 fr. Cette somme a été réduite à 20 fr., pour cette année seulement, et il v a eu en recette 4,660 fr., soit 233 membres qui ont payé, sur 256. Il ya, vous le voyez, Messieurs, un certain nombre de membres retar- dataires au 34 décembre 1854; mais je me hâte de dire que quelques-uns ont acquitté leur dette dans le courant de janvier dernier; d'autres, malgré les réclamations réitérées de notre trésorier, n’ont encore rien payé jusqu'à ce jour; mais il faut espérer que ce retard est dû à un oubli ou à un éloi- gnement momentané de leur résidence habituelle, et qu’il n’y aura pas lieu de les rayer de la liste des membres. Trois membres ont payé une cotisation de 300 fr., et se trouvent ainsi membres à vie. Enfin il a été vendu pour 36 fr. de Bulletins. En résumé, la recette totale, au 34 décembre 1854, a été de 5,640 fr. Dépenses. Les deux premiers articles du chapitre de la dépense, relatifs au per- sonnel, n’ont point subi de variations. On se rappelle que, pour cette année, une somme spéciale et fixe avait été votée par le Conseil, lors de sa pre- mière réunion. Le chauffage et l'éclairage ont coûté 92 fr. 75 c., soit, en moyenne, 9 fr. par jour de séance. Le chiffre des dépenses diverses a été de 105 fr. 70 e., et aussi minime qu'il pouvait être, eu égard aux exigences d’une première installation. Il y a eu pour 106 fr. de ports de lettres et d'affranchissement de cir- culaires, et pour 396 fr. 75 c. d'impression de registres, quittances, ete., utiles au trésorier pour le recouvrement des cotisations. Dans cette der- nière somme se trouve aussi comprise l'impression de nombreuses circu- laires que nos zélés secrétaires ont fait parvenir aux botanistes résidant en 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. France et à l'étranger, dans le but de faire connaître davantage notre Société naissante, La plupart des membres ayant acquitté cette année leur cotisation au moyen de mandats sur la poste, les frais d'encaissement d'argent ont été peu considérables; mais comme ce moyen, eu égard à une foule de circon- stances locales et imprévues, ne peut être généralisé, il faut s'attendre à une plus forte dépense l’année prochaine, et notre trésorier devra la prévoir à ce chapitre du budget de 4855. L'impression du Bulletin a coûté 1,740 fr. 90 c., et le port du Bulle- tin a été de 147 fr. 55 c. Je ferai observer que j'ai compris, dans l'exer- cice 4854, quelques sommes relatives à la publication de notre Recueil, et qui n’ont été payées réellement qu’en janvier dernier, mais j'ai eu pour but, en agissant ainsi, de fixer davantage la Société sur ses ressources réelles pour l’année 1855. Il reste encore à payer deux numéros du Bulletin de 4854, et cette dépense sera signalée par notre trésorier dans son projet de budget pour l’année courante, Deux cotisations à vie, soit 600 fr., ont été placées en bons sur le Trésor, à six mois d'échéance. Il y aura lieu de continuer ainsi ce placement de fonds résultant des versements des cotisations à vie, jusqu'à ce qu’il y ait possibilité de les convertir en rentes sur l'État, ainsi que cela se pratique à la Société Géologique de France, reconnue comme établissement d'utilité publique. En résumé, la recette totale pour 1854 est de. . . . . 5,640 fr. » C. La dépense est de. . sos... + 3,617 85 Conséquemment, il reste en caisse à reporter au budget de 14855. . . . .. és ess ess se se 2,022 15 Telle est, Messieurs, la position financière de la Société Botanique de France, au 1° janvier 1855. Elle est aussi heureuse que possible. Le nombre considérable de souscripteurs qui ont adhéré, dès la première année, à ses statuts, nous fait espérer que son utilité sera goûtée de plus en plus, et qu’appréciée comme elle le mérite, cette Société verra, avec le nombre de ses nouveaux membres, accroître ses ressources pécuniaires. Elle pourra, dès lors, donner plus d'extension à ses travaux et entreprendre la publica- tion de Mémoires particuliers qui contribueront à la faire connaître davan- tage en France et à l'étranger. La Commission vous propose, Messieurs, d'approuver le compte présenté par M. de l’Hervilliers, et de le déclarer quitte et libéré de sa gestion de 1854. Paris, le 9 février 14855. Les membres de la Commission : J. Gay, GRAVES, baron DE Brimonr, rapporteur, SÉANCE DU 9 FEVRIER 1855. 81 Les conclusions de ce rapport sont adoptées par la Société. M. Caillette de l'Hervilliers, trésorier, présente le compte des recettes et dépenses de la Société pendant l'exercice 1854, ainsi que le projet de budget pour l'exercice 1855. COMPTE DES RECETTES ET DÉPENSES EFFECTUÉES PENDANT L'ANNÉE 1854 POUR LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, présenté par M. EDMOND BE L'HERVILLIERS, trésorier. Recettes. DÉSIGNATION | Nes RECETTES | des NATURE DES RECETTES. , DES CHAPITRES DES RECETTES. | ART EFFECTUEES, . . | La $ 1. Produits ordinaires desf 4 Cotisalions de l’année courante.|4660 » réceptions . . . . . .) 2 > anticipées . . . . .| 4h » $ 2. Produits extraordinaires des réceptions. . . . | 3 |Cotisations une fois payées. . . .| 900 » § 3. Produit des publica- tions. esee.. . .| 4 |Vente de Bulletins. . . . . . . .| 36 » Total des recettes. . . , |5640 » Dépenses. DÉSIGNATION N° | DÉPENSES des NATURE DES DÉPENSES. | DES CHAPITRES DES DÉPENSES, ART EFFECTUÉES. 4 | Agent, son traitement. . e . e .| 300 » $ 4. Personnel . .. . . .. G v Garçon de bureau, ses gages. . .| 400 » Chauffage, éclairage . . . ....| 92 75 $ 2. Frais de logement. . . l |Dépenses diverses . . . . + e e .| 405 70 $ 3. Frais de bureau . . . . 5 |Ports de lettres . . . . e e e = | 106 75 6 Impressions d'avis, circulaires,etc. 396 75 § 4. Encaissement .. .. .| 7 |Change et frais de mandats en- Caissés. e seso + + + 27 20 $ 5. Matériel . > èo ù o où o o 8 Bibliothèque . .». e.. .>»ù o». o o o 1740 25 . . Texte. es oeo + |174 § 6. Publications . . . . . 10 Bulletin . À bot 2 2 222. | 447 55 $ 7. Placement des capitaux. | 44 |Placement sur le trésor > . . . .| 600 » Total. . . . . . .15617 85 Résultat général et situation au 31 décembre 1854. La recette totale étant de , ... . + «+ + + + + + 5640 » La dépense totale étant de ss . +. + + + + + + ee + 8617 85 I reste en caisse audit jour, s.o + + + + s + 2022 15 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mouvement des cotisations une fois payées et des placements de capitaux. NOMBRE DE MEMBRES à vie. Recette pendant l’année 1854, . . . - . . . essene . 3 900 » Totaux. ..... e... 3 900 » 600 fr. ont été placés en bons du Trésor, et seront remboursés. . . .| 600 » Excédant de la recette sur la dépense. . . . . . . . . . . . . >e e| 300 » Mouvement des entrées et des sorties des membres. Les réceptions, du 23 avril au 3 décembre 1854, sont montées à . . . 256 A déduire pour cause de décès . . . «eo 2 Le nombre des membres inscrits sur le registre, au 4°" janvier 1855, s'élève à. ss. se. ss e. 254 Dont 251 métibres payant cotisation annuelle et 3 membres à vie. PROJET DE BUDGET POUR L'ANNÉE 1855. Observations préliminaires. Recettes. Art. 1+, Au moment de la préparation du budget, le nombre des mem- bres portés au sommier général s'élevait à 259, à 30 fr. de cotisation, soit 7,770 fr. Cette somme de 7,770 fr. ne peut être intégralement portée aux recettes, attendu que, suivant les prévisions, 18 à 20 membres n’ac- quitteront pas leur cotisation en 1855, ce qui réduit les cotisations à 240, à 30 fr., soit 7,200 fr. Il reste 19 retardataires, à 30 fr., soit 570 fr., sur lesquels il ne faut pas compter cette année. Art. 2. 21 cotisations restent à recouvrer sur l'exercice 1854. Le tréso- rier ne compte recevoir eette année que 15 cotisations environ, les 6 autres sont dues par des membres étrangers ou à l'étranger. 21 cotisations à 20 fr. . . . . . . . . h20 fr. A déduire 6 cotisations à 20 fr. . . . 120 ĮI reste. . . . . . . . . 300 Art. 3. Les anticipations, en 1854, sont montées à 44 fr. On peut les évalner, pour 1835, à 3 cotisations, soit 90 fr. Art. 4. 3 cotisations à vie ont été acquittées en 4854. I n'en est porté SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1855. 83 qu'une au projet de budget de 1855, attendu que rien ne nous fait présu- mer que les membres en verseront plusieurs. Art. 5. Vente de Bulletin. Le chiffre de 234 fr. porté en recette se dé- compose ainsi : Aux membres nouveaux, 10 exemplaires à 5 fr. . . . . . 50 fr. Aux libraires. _ | Année 1854, 4 exempl. à 48 fr. . . . . 72 '' | Année 1855, 4 exempl. à 28 fr. . . .. 112 234 Art. 6 et 7. Encaissement des bons du Trésor. Un bon de 600 fr. exi- gibles en mai 1855, et produisant 12 fr. pour six mois. Le trésorier a placé cette somme de 600 fr. pour six mois seulement, afin de ne pas laisser trop longtemps improductives ies cotisations à vie qui pouvaient survenir, Le Trésor n’admettant pas de bon au-dessous de 500 fr., ce fait explique pour- quoi la troisième cotisation à vie est restée jusqu’à ce jour sans emploi. Les recettes prévues au budget de 1855 s'élèvent à. . 8,736 fr. » c. Le reliquat en caisse, au 31 décembre 1854, est de. . 2,022 15 Les totaux de la recette et du reiiquat en caisse sont : 10,758 15 Dépenses. Art. 4er. On propose d'élever le traitement de l'agent comptable de la Société de 300 à 500 fr. Cette augmentation est justifiée par l’accroisse- ment des travaux que l'extension de la Société a donné à M. Laudy. Art, 2. On propose de même de porter les gages du gardien de bureau à 200 fr. au lieu de 100 fr., à raison des courses nombreuses qu'il est obligé de faire pour la rentrée des cotisations. Le gardien de bureau reçoit une pareille somme de la Société Météorologique. Art. 3. En 1854, la Société Botanique a reçu une hospitalité entièrement gratuite de la part de la Société Géologique. En 1855, on porte le loyer à 400 fr., sauf la ratification de la Société Géologique ; cette somme de 400 fr. est égale à celle que donne la Société Météorologique, moins riche que la Société Botanique. Art. 4. Les frais de chauffage et d'éclairage pour chaque séance sont, en moyenne, de 9 fr. par séance; sur douze mois, la Société a trois mois de vacances. Il reste neuf mois à 2 séances par mois, et 3 en janvier, ce qui donne 49 séances X 9... .. . . . .. . . . . . . . . .. . 161 fr. Plus, 8 séances du conseil, à 6 fr. environ, x 8........ L8 209 Je porte 200 fr. en dépense. Art. 5. Les 450 fr. portés aux dépenses diverses se composent des frais de bureau et de copie de divers travaux, ete., ete. Art. 6. Ports de lettres, 450 fr. Voici comment cette somme est justifiee. La Société ayant admis en principe qu'elle affranchirait tout ce qu'elle en- verrait, les ports de lettres sont ainsi repartis : 8h l SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Envoi de 200 quittances, à 20 cent. . . .. . . . . .. 40 fr. — de 200 lettres circulaires pour les élections. . . . 40 — de 150 lettres, réclamations des cotisations, à 20 c. 30 — de 50 circulaires de rappel (cotisations), à 20 e.. 10 Affranchissement de lettres diverses reçues ou envoyées par MM. les secrétaires. . . . , . . . . . . . . . . 80 200 Il n’est pas tenu compte ici des envois de lettres à 10 ce. dans l’intérieur de Paris; cette dépense se trouvera confondue dans les affranchissements divers et les lettres de réclamations. Art. 7. En 1854, les impressions de lettres d'avis, circulaires, sont mon- tées à près de 400 fr., à cause des envois multipliés qu'on a été obligé de faire pour l’organisation de la Société. En 1855, nous pensons que la moitié de cette somme, c'est-à-dire 200 fr., devra suffire. Art. 8. Les frais de mandats encaissés ont été de 27 fr. 20 e. en 1854; nous les portons à 50 fr. pour l'exercice 1855. Cette prévision de 22 fr. 80 c. en plus ne parait pas exagérée. Art. 9. Comme la Société Géologique veut bien laisser la jouissance de ses meubles à la Société Botanique, on pense qu’une somme de 50 fr. sera suffisante pour les menus frais mobiliers. Art. 10. Bibliothèque, 50 fr.; port des brochures envoyées par l’étran- ger ; achat de quelques livres. Art. 11. Impression du Bulletin. En 1854, 5 Bulletins, composés de 18 feuilles, ont coûté 68 fr. 25 c. la feuille imprimée; 439 fr. 20 c. de papier pour 18 feuilles, soit par feuille. . . . . . . . .. 24 fr. 40 c 7,165 brochages des 5 numéros, soit l’un. . . . . . . A4 33 38 7B 18 feuilles, à 68 fr. 25 e. la feuille imprimée. . . . . 68 25 106 98 Arriéré de 1854, 9 feuilles, 407 fr. l’une. . . . . . .. 963 » Bulletin de 1855, 36 feuilles à 107 fr. l'une. . . ... 3,852 » Total. . ......... 4,875 » Je porte en dépense, 5,000 fr. Art. 12. L'envoi des Bulletins sera d'environ 35 à 40 fr. l’un; la Société ayant 12 numéros à envoyer en 1855, y compris l'arriéré, la dépense sera d'environ 500 fr. Art. 43. 4 cotisations à vie, dont une en prévision, placées sur le Trésor, donnent 1,200 fr. En comparant les recettes. . . . . . . . . . . . ... 10,758 fr. 15 e. Avec les dépenses, qui se montent à. . . . . . .. .. 8,700 » Il y aurait, au 51 décembre 1855, un reliquat de. . . 2,058 15 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1855. 85 BUDGET DE 1855, — Recettes. RECETTES DÉSIGNATION Ne A des | NATURE DES RECETTES. |< D VUES DES CHAPITRES DES RECETTES. | apr EFFECTUÉES] PRUVUFS - en 1854. au budget de 1835. aa 1 : de l’année cou- . . | rante. . . .[4660 » | 7200 » $1. Produit ordin. des 2 [Cotisations } “‘cédentes. . récepti e.o) ; éceptions | cédentes, . » 300 N \ anticipées ..| 44 » 90 $ 2. Produit extraordin , des réceptions . . l4 |Cotisations une fois payées .| 900 » 900 » $ 3. Produit des publi- cations. . . . . 5 |Vente de Bulletins. . . . .| 36 » | 234 » | 6 |Encaissement des bons du on Trésor. .. . .. . . .. » 600 » $ 4. Recettes diverses . | 7 |Arrérages desdits bons. . . » 12 » | 8 Recettes imprévues. . . . . » » Totaux des recettes.|5640 » | 8736 » $ 5. Solde du compte précédent . . .. 9 |Reliquat en caisse au 31 dé- cembre 1854. . . . . .. » 2022 145 Totaux de la recette et du reliqüat . . ...... 0 10758 15 Dépenses. , | Nos DÉPENSES DÉSIGNATION | N a. o PEDEN [n b © > | des | NATURE DES DÉPENSES. iyers ES CHAPITRES DES DEPENSES, ART EFFECTUEES : en 1834. au bndget i de 1855. 1. Per | y 4 |Agent, son traitement . . .| 300 » | 500 » $1. Personnel. . . *I 2 Garçon de bureau, ses gages. | 400 » | 200 » : f d LOY ,.... 4. .7.. » L00 » $2. Frais de logement. | 4 |Chauffage et éclairage . . .[ 92 75 | 200 » | 5 | Dépenses diverses , . . . .| 405 70 | 150 » dut 6 |Ports de lettres. . . . . . .f 406 75 | 200 » s -e < i $ 3. Frais de bureau. ‘| 7 [Impressions d'avis, circu- \ laires , . . . . . o + e .| 396 75 | 200 » $ 4. Encaissement . . . | 8 |Change et frais de mandats ( encaissés. . . . . . + e| 27 20 50 » 5. sn \ 9 Mobilier, . .. . . . . . . » 50 » $ 5. Matériel... ...) 40 Bibliothèque . . . . ....| » 25 | 50 » sons 414 . Texte. . . . . .11740 90 |5000 » $ 6. Publications. . . | 19 {Bulletin . | port TT 447 55 | 500 » $ 7. Placement de capi- | taux . ....,.. 43 [Placement sur le Trésor . .| 600 » |4200 » | Totaux . . .13617 85 |8700 » Comparaison. La recette présumée étant de . . . . . . ees.. e 10758 15 La dépense présumée étant de , ,, . . + . . + + + 8700 v La différence en plus serait de , ,......... 205815 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La Société arrète son budget pour 4855, conformément au projet ci-dessus. MM. Planchon et Decaisne font à la Société la communication suivante : Les rapports des Santalacées, Olacinées, Loranthacées et Protéacées signa- lés par M. R. Brown, adoptés par MM. Brongniart et Ad. de Jussieu, n'ont jamais été établis sur les analogies que présentent ces diverses familles dans leur structure florale. Suivant l'opinion la plus généralement adoptée, les Olacinées sont des polypétales thalamiflores, les Loranthacées des monopétales calyciflores, les Santalacées et les Protéacées des monochlamydées. Un auteur qui vient de traiter récemment de certaines de ces familles, (Santalacées et Olacinées), M. Miers, admet les affinités de ces plantes ; mais faute d'avoir reconnu l'identité de la prétendue corolle des Olacinées et du calyce des Santalacées, il décrit à la fois d'une manière peu intelligible et peu juste, les fleurs des Olacinées, et particulièrement celles de son genrë Cathedra. Un examen attentif des genres des quatre familles que nous ve- nons de citer nous porte à considérer comme strictement identiques la pré- tendue corolle polypétale des Olacinées, la soi-disant corolle monopétale des Loranthacées et les périanthes simples des Protéacées et Santala- cées. Notre opinion, à cet égard, se base principalement sur les faits suivauts : Chez le Viscum album, la fleur mâle n’a qu'un périanthe simple; la fleur femelle du même genre, comme la fleur hermaphrodite des Loranthacées; ressemble, au premier abord, à une fleur de Caprifoliacées, avec un ovaire infère, muni d'un calyce adhérent et une corolle monopétale. Mais cette prétendue corolle, par sa texture, son estivation valvaire, ses étamines opposées à ses divisions, répond évidemment au calyce du Viscum, et le calyce apparent dont le tube recouvre l'ovaire n'est pour nous que la por- tion inférieure d’un périanthe simple, dont la soi-disant corolle est la por- tion supérieure. Nous proposons d'appeler calycode cette portion inférieure qu'on a décrite comme un véritable calyce. Dans un travail plus étendu, et que des figures rendront plus complet et plus clair, nous montrerons les diverses modifications que présente ce calycode, depuis l'état de simple rebord persistant au sommet des pédi- celles, comme dans le Viscum et certaines Protéacées, après que les pièces du périanthe se sont détachées, jusqu'à l'état où il simule un calyce adhérent à bord saillant et prolongé en cupule tronquée. Nous retrouvons ce calycode sur les fleurs du Myoschylos, où il n'est séparé que par un léger sillon superficiel du limbe du périanthe qui le surmonte SÉANCE DU 9 FÉVRIER 4855. 87 chez le Choretrum, où M. R. Brown l'a dès longtemps signalé comme un calycule à cinq dents (1). La ressemblance la plus frappante existe entre la fleur de certaines Ola- cinées (Liriosma) et celle de quelques Cornées (Polyosma), d'une part, et, d'autre part, entre celles des Santalacées (Groutia) et celles des Vitis et de diverses Araliacées. Nous croyons pourtant qu'il n’y a pas la véritablement correspondance exacte entre les parties semblables, et que la corolle des Ampélidées, par exemple, n’est pas, comme la prétendue corolle des Grou- tia, un périanthe simple de nature calycinale. Nous adoptons, du reste, l'opinion de MM. R. Brown, Ad. Brongniart et Adr. de Jussieu, en laissant les quatre familles en question, Olacinées, Santalacées, Loranthacées, Protéacées, parmi les Monochlamydées. (1) « Haud levis confirmatio doctrinæ Jussæanæ, de calyce et corolla, ex Com- bretacearum familia haurienda sit, Si enim ex propinqua cognatione cum Quisquali et Combreto calyx Terminaliæ conceditur, indoles pariter calycina integumenti flo- ralis Santalacearum, Elæagnearum, Proteacearum et Thymelæarum, vix dene- ganda sit, » Aliqua tamen argumenta, hanc conclusionem primo intuitu ut videatur haud parum infirmantia, licet a nullo auctore adhucdum prolata fuere, minime reticenda sint : nempe, 4° in Choretro, e Santalacearum familia, quantum de flosculo minu- tissimo asseverare liceat, denticuli adsunt basin perianthii extus munientes ; 2° structura ovarii et seminis Olacis cum Thesio penitus convenit et habitus in- super Santalacearum adeo similis, ut de hujus generis aflinitate vix dubitandum, attamen etiam ad anthesim calyculum manifestum habet, qui, hac peracta, pluri- mum auctus et quandoque baccatus, pericarpium fere totum involvit; 3° corolla Loranthi textura, figura, divisione, æstivatione, staminumque penitus similium inšerlione, cum perianthio Proteacearum per singula puncta similis, calyculo quainvis manifesto subtensa. » Sed in exemplis nunc prolatis, integamentum floris exterius, forsan pro parte accessoria, perianthio externo Scitaminearum analoga, habenda sit : nam, 4° in generibus memoratis æstivatio integumenti interioris floris valvata est, quæ in genuinis corollis rarius obtinet, nisi in paucis calyce abbreviato donatis; 2° in Quinchamalio bractea adest, urceolata, calyculiformis, ovarium includens, sed ab eo penitus soluta; si itaque liceat concipere petala Olacis invicem arcte cohærentia, etovario accreta, structuram Quinchamalii subsimilem habuerimus, et huic quoque subanalogum est receptaculum auctum et baccatum ÆExocarpi; 3° in Visco et Chlorantho, genera Lorantho arctæ aflinia, integumentum florisest simplex, corollæ Loranthi, perianthio tamen Proteacearum et Santalacearum analogum. « Hæc argumenta opposita Botanicis ponderanda relinquo, quibus tales disquisi- tiones nec vanæ nec scientiæ progressui inutiles videantur. Quæstio interea de diagnosi inter calycem et corollam in pristina obscuritate manet, ampliore induc- tione, penitiorique cognitione fabricæ internæ partium tantummodo resolvenda. » (Rob. Brown, Prodr. Fl. Nov.-Holl., p. 551-352.) 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Decaisne ajoute quelques mots pour rappeler que M. Brongniart avait déjà signalé l’affinité des Thymélées et des Aquilarinées avec les Rosacées. Cette affinité est réellement évidente, mais la structure très remarquable de l'écorce et du bois chez les Thymélées, jointe à des caractères particuliers de végétation, s'oppose à ce que l'on réunisse ces familles. M. Payer, qui a étudié l’organogénie des Protéacées, dit que le pédoncule développe, en dehors et à la base du calice, et postérieu- rement à celui-ci, quatre petites dents. Ailleurs, dans les Composées et les Dipsacées, etc., ce qu’on appelle le calice n’est pour lui qu'une production du pédoncule. Ce que, chez les Protéacées, M. Planchon appelle calycode, se développe après les organes floraux, et n'est aussi qu’un gonflement du pédoncule. Il est aise, dès leur première origine, de distinguer un calice d’une corolle; car les sépales se développent toujours successivement, tandis que les pétales se déve- loppent toujours simultanément. M. Planchon pense que le calycode résulte d’un épatement du pédoncule. Il a constaté l'existence de cet épatement chez les Pro- téacées, et notamment chez deux Grevillea. M. R. Brown l'ayant vu et signalé dans d’autres genres, M. Planchon croit devoir admettre l'existence de ce calycode chez toutes les Protéacées. Quant au fait d'organogènie que vient de rapporter M. Payer, M. Planchon pense qu'il doit être très difficile de constater si dans les calices très régu- liers les sépales se développent successivement. Il lui paraît surtout impossible de distinguer organogéniquement un calice d’une corolle à préfloraison valvaire, comme celle des Styrax. Dans les Composées il doit être également difficile de distinguer le mode de développe- ment de ces deux organes. M. Planchon demande enfin à M. Payer comment, d’après les idées qu’il vient d'émettre, il explique la struc- ture des Olacinées. M. Payer répond qu'il a étudié cette famille et celle des Santa- lacées au point de vue organogénique, mais qu'il n’a pas, en ce moment, les faits présents à la mémoire. Quant aux Composées, la corolle se développe, chez elles, exactement comme un calice; ce qu'on nomme calice, au contraire, se développe postérieurement. Chez les Protéacées, il en est de mème, et ce n’est que beaucoup plus tard que se développe le gonflement du pédoncule auquel on donne le nom de calycode, M. Planchon réplique que ce qu'on appelle corolle, chez les Com- SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1859. 89 posées, est bien une corolle : l'analogie des familles voisines, telles que les Campanulacées, ete., le prouve évidemment. Or si, comme le dit M. Payer, cette corolle se développe comme un calice, il ne peut y avoir de distinction absolue entre un calice et une corolle, d'après le mode de leur développement. M. Payer dit que le périanthe des Protéacées n'est qu'un calice; il maintient que, chez les Composées, la corolle se développe comme un calice. Chez les Campanulacées, au contraire, le calice se déve- loppant comme cetorgane doit se développer, est un vrai calice. Leur structure n’est pas comparable à celle des Composées. Il n'admet, pour distinguer les organes, que la situation, l’origine et le mode de développement, et non pas la forme ou la couleur, qui sont pour lui sans valeur. M. Decaisne fait remarquer que, dans la fleur femelle du Gui, le calice est bien un calice, et néanmoins ses quatre sépales se déve- loppent simultanément. Ce nouvel exemple lui semble contredire la théorie de M. Payer. M Planchon constate que, si pour M. Payer le mode de dévelop- pement détermine la nature des organes, la corolle des Composées, qui se développe comme le calice des Protéacées, devrait done aussi être regardée comme un calice. Il demande à M. Payer s’il accepte la responsabilité de cette manière de voir. M. Payer ne prétend pas trancher cette question d’une manière absolue. Ce qu'il a voulu établir, c'est seulement : 1° Que la corolle des Composées se développe exactement comme le calice des Protéacées, tandis que le calice des Composées, aussi bien que le calycode des Protéacées, se développe postérieurement ; 2° Que la nature des organes est déterminée exclusivement par leur mode de développement et leur position. M. Trécul demande à M. Payer si, par mode de développement, il entend parler de l’ordre dans lequel se développent successivement le calice et la corolle. Dans ce cas, il ne pourrait admettre que ce développement déterminât la nature des parties, car, dans un rameau, toutes les parties ne se développent pas de bas en haut. La corolle pour- rait donc naître avant le calice, sans cesser d'être une vraie corolle. ` M. Payer répond qu’en effet les organes se développent tantôt de bas en haut, tantôt de haut en bas, tantôt mème en commençant par le milieu. H désire ne pas se prononcer sur ces faits, dont les Conclusions sont réservées par lui pour un travail special. T. IL. í 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Planchon ajoute que, chez les Protéacées, le calycode, ou dila- tation du pédoncule, forme une sorte de petite coupe continue avec le périanthe et que, dans les Grevillea, il ne présente ni dents externes ni bord saillant. Ce n’est pour lui, en quelque sorte, que la base de la fleur. Il ne peut done pas y avoir d'assimilation entre cet organe et le calice des Composées. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : STRUCTURE DES TIGES CHEZ LES VÉGÉTAUX DICOTYLÉS : OBSERVATIONS PUISÉES CHEZ UNE FORME ANORMALE DES TUBERCULES DU SOLANUM TUBEROSUM, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans une communication précédente sur la structure des ovaires dits adhérents, j'ai cherche à établir que les parois de ces ovaires sont consti- tuées par les décurrences de tous les verticilles floraux, et que l'ensemble de ces décurrences, y compris celles du verticille interne (verticille carpel- laire), constitue en réalité un organe axile. Cet organe axile diffère des axes ordinaires : 41° en ce qu’il présente une cavité centrale, cavité qui, chez les autres axes, est généralement occupée par du tissu cellulaire, et 2° en ce que les parois de cette cavité, qui sont une dépendance du verticille carpellaire, émettent des bourgeons ovulai- res (1). Mais il ne diffère pas, quant à la structure, de l'axe creux de l'in- florescence du Figuier, dont la nature réellement axile n'est pas contestée. — Je pose, en outre, en principe, que les axes ne sont caractérisés par au- cune forme déterminée, mais par leur mode de développement et par cer- taines propriétés. Or, la propriété la plus caractéristique des axes consiste dans l'existence de feuilles contemporaines de l'axe lui-même. Les feuilles, foliacées chez les tiges normales, sont représentées, chez les ovaires adhé- rents, par les verticilles floraux. Elles présentent généralement un dévelop- pement limbaire et pétiolaire ; néanmoins la partie libre de ces feuilles peut ve consister, tant chez certaines tiges que chez certaines fleurs, qu’en un mamelon rudimentaire, la partie décurrente de ces feuilles incomplètes étant alors considérable, relativement à la partie libre : c’est ce que l'on observe pour les ovaires infères ou adhérents, chez certaines plantes à limbe calicinal rudimentaire; et pour les tiges j or r j souterraines, rhizomes, ou tubercules. 5 chez un grand nombre de 18° J'ai poise rate give au mode de structure des tiges, que je soumets aujourd'hui à la Société, dans l'étude des tiges char - raines que l'on désigue sous le nom de tubercules. le crois pouvoir en dé- (1) Dans une prochaine communication, j'exposerai les observations sur lesquelles je me fonde pour désigner les ovules sous le nom de bourgeons ovulaires, SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1855. O1 düire, reélätiveinent à la théorie de la structure des axes, des conséquences ahalogues à célles que j'ai tirées de l'examen de la structure des ovaires dits infèreS où adhérents. Ile s'agit plus ici d'axes creux, mais il s’agit toujours d'axes constitués évidéminent par les décurrences des feuilles. Le hasard avait fourni à M. le professeur Seringe les éléments d'une observation des plus intéressantes au point de vue tle la structure des tiges : cet estimable observateur avait ren- contré, à la surface du sol, des tubercules de Pomme de terre développés Sous la forme de rosettes de feuilles charnues, et qui présentaient des formes intermédiaires entre les tubercules et les tiges normales. — Pendant un des äuütomnes derniers, désirant étudier, à mon tour, le fait remarquable signalé par M. Séringe, je plaçai sur une table de marbre, dans une chambre un peu humide, niais aérée et éclairée, un certain nombre de tubercules de Pomme de terre. Je m’absentai pendant deux mois; à mon retour, au 1° décétnbre de la même année, je trouvai les tubercules flasques et épui- sés; mais ils étaient couverts d’une végétation nouvelle pleine de force et de vigueur, Ce n'étaient pas ces longues tiges étiolées, d'un blane nacré et à feuilles rudimentaires, longuement distantes, que l’on observe communé- metit vers le soupirail des caves où séjournent des tubercules abandonnés. Gë n'étaient pas non plus des tiges vertes et feuillées, comme celles qui se produisent ddns les conditions ordinaires ; c'étaient des tubercules allongés en tiges courtes ou dés tiges à demi condensées eii tubereules. L'observation faite par M. Seringe s'était reproduite sous mes yeux. Je présente à la Société la figure des principaux groupes de ces curieux tubercules, que j'ai dessinés aussi fidèlement qu'il m'a été possible de le faire. — Quelques-unes de ces productions présentent l'aspect de bourgeons à axes charnus et à feuilles tantôt rudimentaires, tantôt a limbe ‘oliace, — Dans certains cas, il s’est produit une tige feuillée dont les feuilles présen- tent un petit tubercule à leur aisselle. — Dans d'autres cas, la production est fusiforme ; épaisse et charnue à la base, elle s'amincit ensuite en une tige presque normale. Quelquefois la base constitue un tubercule globu- leux, puis le même axe se continue brusquement en tige cylindrique. — Où voit eiivore aussi un même axe alternativement et par étage : globuleux, Puis cylindrique, puis globüleux. Cette observation démontre une fois de plus un fait admis sans contesta- tion, à savoir que les tubereules proprement dits, et ceux du Solanun tu- berosum en particulier, sont des tiges charnues et raccourcies, dont la par- tie libre des feuilles est rudimentaire et susceptible de se developper dans des conditions particulières ; mais elle démontre, en outre, selon moi, un fait d'une importance non moins grande, à savoir que les tiges sont consti- tuées par les décurrences des feuilles et par du tissu cellulaire qui unit ces décurrences entre elles. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En effet, des coupes de ces tiges charnues ou tubercules-tiges m'ont tou- jours montré que les productions vasculaires partent de la base de la partie libre et foliacée des feuilles, et que, dans l'origine, ces productions vascu- laires n'ont aucune connexion avec les parties vasculaires du tubercule- mère, lequel joue le rôle de branche relativement au rameau représenté par le tubereule de nouvelle formation. Chez les tubereules normaux, il existe de semblables productions vas- culaires ; et, de même que dans les tubercules-tiges, les productions vascu- laires de l'axe partent du point qui représente la base de la partie libre des feuilles. Chez ces tubercules, cette partie libre est représentée par une émi- nence charnue, tres obtuse dans les variétés communes, et par une émi- nence prononcée dans une variété fort curieuse, connue vulgairement sous le nom de Pomme-de-terre-Artichaut, en raison des saillies foliaires dont elle est hérissée et que l'on a comparées aux feuilles d'un Artichaut. Les coupes de ces tubercules démontrent, en outre, que la masse du tubereule est formée par les décurrences charnues des feuilles superposées et unies entre elles par du tissu cellulaire. Or si la tige aérienne du Solanum tuberosum est une véritable tige, ne différant pas, par la structure générale, des tiges de la plupart des Dicoty- lédones ; si le tubercule du Solanum tuberosum west autre chose qu’une tige raccourcie ; si ce tubercule est constitué par des décurrences de feuilles unies par du tissu cellulaire, je crois pouvoir en conclure : 1° Que la tige du Solanum tuberosum est constituée par des décurrences de feuilles ; 2° Que les tiges annuelles et les tiges et rameaux de première année des autres Dicotylédones ont une structure analogue. M. Duchartre dit avoir suivi le développement d’une Pomme de terre qui, conservée à lair et à la lumiere, avait produit un grand nombre de petits tubercules oblongs; mais ces productions étaient évidemment des rameaux renflés, et ne pouvaient être regardées comme des décurrences de feuilles. Il croit que des faits analogues se montrent fréquemment. Il ajoute que, si un tubercule de Pomme de terre résultait uniquement de décurrences, on devrait également con- sidérer le tronc d’un Chène comme résultant aussi des décurrences de ses feuilles. M. Germain de Saint-Pierre répond que la production de tuber- cules à la surface d'un tubercule-mére est, en effet, un accident fréquent et presque normal; et que ces tubercules secondaires, comme le tubercule-mére, sont aussi pour lui de véritables rameaux ; mais que tous les tubercules, qu'ils soient de premiére ou de deuxième ` SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1855. 93 formation, sont constitués par une spirale de décurrences (de feuilles à limbe abortif) qui entoure une masse cellulaire représentant la partie médullaire du rameau. Les tubereules-rameaux, dont il a mis les figures sous les yeux de la Société, lui paraissent de nature à faciliter la démonstration de cette structure. Ce qui se passe chez un tubercule {qui est un bourgeon ou un rameau d'un anj, se passe de même, en effet, chez un bourgeon où un rameau d’un an, que ce rameau appartienne au Chéne ou à toute autre Dicotylédone. M. Brongniart fait observer que la structure anatomique du tuber- cule contredit la théorie de M. Germain de Saint-Pierre. Il présente, en effet, un cercle de petits faisceaux vasculaires, entourant une moelle qu’on ne peut pas considérer comme constituée par la décur- rence des feuilles. M. Trécul rappelle combien il importe de considérer l'ordre de développement des organes. Il est regrettable, suivant lui, que M. Germain de Saint-Pierre n'ait pas constaté si la feuille existe avant les faisceaux de la tige ou si elle nait postérieurement. M. Planchon pense que la structure de la Pomme-de-terre-Artichaut peut être comparée à celle d’un Mamillaria. Seulement, chez le Mamillaria, les protubérances , bien que dépourvues de feuilles, sont aussi saillantes que celles de la Pomme de terre. M. Germain de Saint-Pierre répond à l'objection faite par M. Bron- gniart, que, chez les tubercules comme chez les rameaux ligneux , il existe, en effet, un cercle fibro-vasculaire autour d’une moelle cen- trale, et que la seule différence entre le tubereule et le rameau ligneux consiste dans l'abondance de la partie médullaire chez le tubercule. Il espère démontrer anatomiquement, comme il a essayé de le faire organographiquement , que ce cercle fibro-vasculaire est constitué, dans toutes les tiges, par des vaisseaux et des fibres qui partent des jeunes feuilles. Ce sont ces émanations vasculaires des feuilles qu'il désigne comme appartenant à la décurreuce des feuilles. Il répond à M. Trécul, que les faisceaux étant une émanation des feuilles, ils ne paraissent, en effel, qu'à mesure que les feuilles se développent dans le bourgeon ; et à M. Planchon, que chez la Pomme- de-terre-Artichaut, les protubérances saillantes représentent les pro- tubérances mousses des Pommes de terre communes, et que ces protubérances mousses ou saillantes représentent chacune la base d'un limbe abortif à l'aisselle duquel se développe l'œil ou bourgeon. M. Trécul demande à M. Germain de Saint-Picrre comment, avec 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . cette théorie, il explique la structure des Monocotylédones, et insiste sur ce point, que les parties vasculaires se rendent de la tige dans les feuilles. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il ne saurait, en quelques mots, traiter une question d’une si haute importance, et qu'il se propose d'en faire l’objet de communications spéciales; que, pour l'instant, il déclare avoir vu chez les Monocotylées comme chez les Dicotylées, les faisceaux fibro-vasculaires partir des jeunes feuilles pour constituer la partie ligneuse de la jeune tige, et non les fais- ceaux partir d'un point inférieur de la tige pour se rendre dans les jeunes feuilles. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une présentation. M. Claude Gay, membre de la Société, est proclamé membre à vie, sur la déclaration faite par M. le trésorier qu'il a rempli la con- dition à laquelle l’art. 14 des Statuts soumet l'obtention de ce titre. Dons faits à la Société. 4° Par M. Cosson : Rapport sur un voyage botanique en Algérie, d'Oran au Chott-el- Cherqui. Classification des espèces du genre Avena, du groupe de l’ Avena sativa. 2 Par MM. Cosson et Durieu de Maisonneuve : Notes sur quelques Graminées d’ Algérie. 3° Par M. B. Vicunna Mackenna (du Chili) : Le Chili, considéré sous le rapport de son agriculture et de l'émigra- tion européenne. Paris, 1855. he De la part de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux : Mémoires de la Société, tome I°", divisé en deux parties, 1854-55. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1855. 95 5 En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, février 1855, deux numéros. Une lettre de M. L. Kralik adressée à M. le Président est ainsi conçue : Paris, le 15 février 1855. MONSIEUR LE PRÉSIDENT, J'aurais dû, à l’avant-dernière séance de la Société, demander la parole pour ne pas laisser s'accréditer une erreur, quelque légère qu'elle soit, quelque peu d'importance qu’elle ait en elle-même, surtout lorsqu'elle ten- dait à s'introduire, pour ainsi dire, sous vos auspices. Je l'ai négligé ; je me le reproche aujourd’hui, et, pour l'acquit de ma conscience, je vous adresse ces quelques lignes. Il s'agissait de l’intéressante communication de M. Cosson sur les Dat- tiers, sur leur culture, sur le degré de salure que devait avoir le sol pour les faire prospérer, sur la question enfin de savoir si des éléments salins étaient indispensables à leur végétation. C’est précisément pour combattre cette opinion, pour prouver que le Dattier peut se passer d'une terre plus ou moins saturée de sel, que vous avez cité les Dattiers d'Egypte. Mais le sol de la valiée du Nil, quoique annuellement et profondément dé- trempé et lavé par les eaux douces de ce fleuve, retient encore des éléments salins. La végétation le prouve; les Frankenia, les Atriplex et autres plantes propres aux terrains salés, remontent jusque dans la Thébaïde et prospèrent sur l’alluvion même du fleuve. Sans doute, on pourrait calculer avec une précision mathématique l'épo- que où les derniers éléments salins du sol auront été dissous et entrainés vers la mer, D'un côté, le degré de salure des vallées voisines, privées des bienfaits des inondations périodiques, où quelques gouttes de pluie sont une très rare exception, et qui retiennent par conséquent encore tout le sel que la mer y a déposé en se retirant ; d'un autre côté, le degré de salure actuel du sol de la vallée, détrempé et lavé annuellement par les débordements du fleuve, comparé avec le laps de temps pendant lequel les eaux douces ont exercé sur ce sol leur influence, fourniraient les termes d'une proportion qui permettrait de fixer l'époque où tout élément salin aura disparu du sol de la vallée du Nil. Mais s’ensuit-il de là que le Dattier aussi disparaitra avee les éléments salins du sol? Je suis bien loin de le penser. Mon opinion, au contraire, est, ainsi que vous m'avez paru le croire aussi : 1° que les éléments salins ne Sont pas indispensables au Dattier ; 2° que rien n'autorise à conclure de Ja Coexistence du Dattier et d'un sol imprégné de sel, que le second soit une Condition sine qua non pour le premier ; 3? que rien ne prouve même que le 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dattier absorbe et s'assimile les éléments salins du sol; 4° qu’il ne faut, en un mot, au Datticr, pour prospérer, que la chaleur et un certain degré d'humidité du sol. Vous ferez, Monsieur le Président, de cette communication l'usage que vous jugerez à propos. Agréez, etc. L. KRALIK. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : STRUCTURE DES TIGES : EXPOSITION DE LA DOCTRINE OU THÉORIE DES DÉCURRENCES , par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans une communication précédente, relative à la structure des tuber- cules du Solanum tuberosum (1), que je prends comme exemple de tiges faciles à analyser et à comprendre (en raison de la masse considérable de tissu cellulaire qui sépare les parties fibro-vasculaires entre elles), j'ai indi- qué en quelques mots la structure qui, selon moi, est propre aux tiges des végétaux vasculaires en général et des Dicotylés en particulier. Cette indi- cation sommaire sera développée dans une série de communications suc- cessives relatives aux embryons en germination et aux tiges adultes. Je crois devoir cependant, dès aujourd’hui, préciser les points les plus impor- tants d’une doctrine sur laquelle j'ai déjà eu plusieurs fois l'honneur d'ap- peler l'attention de la Société. Deux systèmes qui, pendant ces dernières années, ont été l’objet de nom- breuses recherches et de longues et savantes controverses entre des phy- siologistes éminents, sont encore aujourd’hui en présence. L'un est celui qui a été développé par M. de Mirbel ; l’autre est celui de Du Petit-Thouars, modifié par 41. Gaudichaud. Notre regrettable maitre, Adr. de Jussieu, m'a souvent exprimé la pen- sée que ces deux systèmes sont moins opposés dans le fond que dans les mots et dans la forme, et que peut-être pourraient-ils un jour se combiner et n’en former qu’un seul, qui serait l'expression de la vérité. J'ai été assez heureux, d'autre part, pour entendre l'honorable doyen des botanistes de l'Académie, M. Ad. Brongniart, exprimer la même idée. J'ai acquis, quant à moi, par mes propres études, la conviction qu'il y a des faits non moins bien observés dans la théorie du cambium que dars la théorie des mérithalles. — Comme Du Petit-Thouars, je me suis assuré (4) Le tubereule de la Pomme de terre (Solanum tuberosum) est le type dn tubercule proprement dit chez les Dicotylédones. Les tubercules du Topinambour (Helianthus tuberosus), de la Capucine tubéreuse (Tropæolum tuberosum), de Oxalis erenata, ete., présentent une structure identique, SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1855. 97 que le principe de l'accroissement des tiges réside dans les bourgeons et s'étend de haut en bas. Avec M. Gaudichaud, je vais plus loin que Du Petit- Thouars, et, divisant le bourgeon en un noyau cellulaire et en organes ap- pendiculaires ou foliaires, je considère une feuille isolée, y compris sa dé- currence, comme un végétal réduit à sa plus simple expression, et j'admets que cet organe foliaire, ou individu élémentaire, produit les premiers liréa- ments des fibres et des vaisseaux qui s'étendent de haut en bas sur l'axe celluleux dont il est un appendice. Ces fibres et ces vaisseaux font de cet axe celluleux une véritable tige ou un véritable rameau. Mais j'admets, de plus que M. Gaudichaud, comme partie intégrante de l'individu simple qu'il désignait sous la dénomination générale de phyton, Je bourgeon axillaire de cette feuille, qu'il ait commencé à se développer sous la forme d’une petite masse de tissu cellulaire, ou qu'il soit à l'état latent. J'ajouterai que, daus un certain nombre de cas, la feuille consiste presque uniquement dans sa partie décurrente ; sa partie libre ou limbaire étant alors réduite à une petite écaille ou même à une légère éminence. — J'attache moins d'importance que M. Gaudichaud à la distinction de la par- tie libre de la feuille en deux parties dites mérithalle pétiolaire et méri- thalle limbaire ; ces deux parties étant le plus souvent peu distinctes l’une de l'autre. Je n'admets pas, avec MM. Du Petit-Thouars et Gaudichaud, que le tissu fibro-vaseulaire qui émane des feuilles constitue des racines qui s'étendent et que l'on peut suivre dans toute la longueur d'un arbre depuis chaque feuille jusqu’à l'extrémité de chaque racine. J'admets que la séve ascendante élaborée dans les feuilles, et que j'ap- pellerai volontiers du nom de cambium après cette élaboration, existe d'abord dans les feuilles, y compris leur décurrence (depuis leur plus ex - trême jeunesse), à l'état liquide, puis mucilagineux (cambium proprement dit), puis cellulo-fibreux, puis fibro-vasculaire ; — que ce cambium, qui est élaboré dans les feuilles et probablement dans toutes les parties herbacées du végétal, est une matière organisable qui, encore fluide, descend de la feuille au rameau; — que cette séve élaborée, après avoir constitué la par- tie fibro-vasculaire de l'axe du bourgeon (qui devient rameau de première année), continue à s’'épancher en abondance dans l'épaisseur des tissus de l'année précédente. Cette séve descendante, ou cambium, parait pénétrer l'aubier, d'une part, et le liber, d'autre part, et s'organiser simultanément, entre ces deux couches qu'il écarte, sous la forme d’une nouvelle eouche de liber et d’aubier, dans la longueur des branches, de la tige et des racines. — Dans un grand nombre de cas, un excédant de cette même séve élaborée s'orga- nise et se dépose sous la forme de matières féeulentes ou sous diverses autres formes dans des organes de nature variée qui lui servent de réservoirs, et 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. elle est résorbée (sous une forme fluide) pour servir au développement de nouveaux organes, pendant une période de végétation ultérieure. — Enfin j'insisterai sur un point important de la théorie des mérithalles, à savoir que le tissu cellulaire des nouvelles couches d’accroissement des tiges ou des rameaux est produit par une sorte de génération sur place du tissu cel- lulaire des couches de l’année précédente, tandis que le tissu fibro-vascu- laire de nouvelle génération parait être indépendant, dans sa formation, des tissus de l’année précédente. — Je m'élève surtout contre cette assertion, qui domine la théorie dite du cambium, à savoir que les filets vasculaires partent de la tige pour se rendre dans les feuilles. J'espère, en effet, pouvoir démontrer que la séve organisable produit le tissu fibro-vasculaire des jeunes rameaux, des feuilles vers la tige, et non de la tige vers les feuilles. En résumé, j’admets, d'une part, le cambium, ou séve organisable, si bien étudiée, et dont les transformations sont si exactement figurées par M. de Mirbel, dans son Mémoire sur l'anatomie de la germination du Dat- tier. — Et, d'autre part, j’admets l'accroissement des tiges de haut en bas de De La Hire et de Du Petit-Thouars, et l'individualité des feuilles de M. Gaudichaud, en ajoutant, de plus que M. Gaudichaud, le bourgeon axil- laire à chacun de ces individus-feuilles. — Je donne à ce système mixte, que je regarde comme l'expression de la vérité, et que je me réserve de développer par l'analyse d'un grand nombre de faits normaux ou anormaux, le nom de système des décurrences. C'est dans le travail le plus complet de M. de Mirbel sur la structure des tiges, dans son Mémoire sur l'anatomie du Dattier, que je puiserai un des arguments les plus décisifs pour combattre l'opinion qui fait naître les vais- seaux dans la tige et les fait se diriger vers les jeunes feuilles, Cet habile observateur a vu et dessiné les choses comme je les ai vues moi-même. Pendant trop longtemps on s’est efforcé à chercher dans l'examen des tiges adultes les éléments de la question. Or, bien que la nature suive une marche uniforme à un point de vue général, les tiges adultes présentent (en raison des relations qui existent entre les tissus anciens et les tissus nou- veaux, et en raison des anastomoses des parties fibro-vaseulaires entre elles), des difficultés d'observation que des productions de première année ne présentent pas. — Cette réflexion devait se présenter à l'esprit judicieux de M. de Mirbel, à savoir qu'il était nécessaire d'examiner et de com- prendre l’état simple avant d'examiner l’état complexe. Le même principe m'a guidé dans mes recherches, et les déductions à l'appui des idées que j'expose sont surtout puisées dans l'examen des bourgeons et des embryons en germination, Dans la première planche (fig. 2) du Mémoire de M. de Mirbel sur l Ana- tomie du Dattier, nous voyons représentée la coupe longitudinale grossie d'un embryon de Dattier qui commence à entrer en germination. Les quatre SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1855. 99 cinquièmes de la masse appartiennent à la feuille cotylédonaire. C'est dans cette feuille cotylédonaire qu’apparaissent les premiers rudiments des vais- seaux, ou du moins le tissu à mailles allongées dans lequel ces vaisseaux prendront naissance. Quant à la partie qui représente la tige de la jeune plante, partie située immediatement au-dessous du bourgeon central, cette partie ne présente encore aucune trace du tissu vasculaire. — La planche deuxième du même Mémoire est plus concluante encore ; les fig. 9 et 44 représentent la base de la jeune plante en germination, à un état un peu plus avancé; des vaisseaux encore très courts mais nombreux se sont développés dans le tissu cellulaire allongé de la feuille cotylédonaire, et ces vaisseaux, déjà allongés et bien formés dans la partie supérieure de la feuille coty lédo- naire, sont à peine ébauchés vers sa base, dans la partie qui avoisine le collet de la jeune plante et qui constituera son axe, sa tige. Or si l’on admet l'exactitude des figures anatomiques du Mémoire de M. de Mirbel (et personne n'a jusqu'ici contesté cette exactitude), on est obligé d'admettre que chez le Dattier, au moins, les premiers vaisseaux de la plante ne viennent pas de la tigelle, mais qu'ils viennent du cotylédon. Si, en second lieu, on admet que le cotylédon est une feuille qui ne diffère des autres que par sa forme et son usage, on sera porté à admettre que dans les feuilles qui se développent successivement après la feuille cotylédonaire, la nature suivra la même marche, et fera paraitre le tissu fibro-vasculaire, qui de là se continuera dans la jeune tige. _ Ce que M. de Mirbel a particulièrement observé chez le Dattier en ger- mination, je l'ai observé chez la même plante et ehez diverses autres Mo- nocotylédones. Enfin, je suis arrivé à un résultat analogue dans l'examen des Dicotylédones en germination et dans l'examen des jeunes bourgeons. M. Trécul demande à M. Germain de Saint-Pierre dans quelles plantes il a vu un liquide circulant entre le bois et l'écorce. = M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il a constaté les phénomènes qu'il décrit chez toutes les plantes dicotylédones qu'il a observées. M. Trécul maintient que le liquide en question ne peut pas exister. Il offre de le prouver et de démontrer, notamment chez les Tecoma, Ailanthus, etc., que, dans les bourgeons adventifs développés sur les boutures des racines, les vaisseaux existent avant la première formation des feuilles. M. Decaisne partage l'opinion de M. Trécul à cet égard. A aucune époque de la végétation, il n’a pu constater la séve descendante, entre le bois et l'écorce. La sève descendante est admise théorique- ment, mais elle ne circule qu'à l’état de later. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il n'a pas vu plus que 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d’autres observateurs une séve descendante liquide couler dans un espace libre entre le bois et l'écorce; mais que la séve descendante qui imprégne les tissus contigus où continus de l’aubier et du liber se dépose entre ces deux couches qu’elle écarte et entre lesquelles elle s'organise sous le nom de cambium. M. Decaisne fait observer que le nom de cambium a été réservé pour désigner le tissu naissant, et ne peut être pris dans un autre sens. M. Trécul demande à M. Germain de Saint-Pierre comment , suil- vant lui, se développe le bois sous l'influence du sue dit descendant. M. Germain de Saint-Pierre répond que cette question générale ne peut pas être traitée d’une manière incidente; il ne prétend pas pour l'instant aller au delà des faits et des conséquences exposés dans sa communication. M. Duchartre rappelle à ce propos, comme point d'histoire, que la continuité de tissu qui existe au printemps, entre le bois et l'écorce, par l'intermédiaire du cambium, ou tissu en voie d'organisation, est un fait établi depuis longtemps. En effet, dans ses Beitraege publiés en 14812, J.-J.-P. Moldenhawer a décrit avec soin cette continuité du tissu telle qu'il l'avait observée chez le Sureau. M. Duchartre fait observer que cette continuité de tissu, au moment de la végéta- tion, lui semble un argument puissant contre l'arrivée d’un tissu quelconque, venant de haut en bas, pour donner naissance à de nou- velles formations. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il se croit fondé à main- tenir : 1° que le liquide générateur, ou séve descendante, est élaboré dans les feuilles, et descend des feuilles à l’axe; 2° que ce liquide générateur se transforme chez l'embryon en germination, et, chez le jeune bourgeon, en tissu allongé et en vaisseaux qui commencent à se manifester dans la feuille et se prolongent dans laxe dont ils forment la charpente fibro-vasculaire; 3° que de nouvelles quantités de la même sève descendante arrivent au niveau des branches des années précédentes et du tronc; cette séve pénètre alors, sous forme liquide, le liber et aubier, et s’épanche entre ces deux couches, qu'elle écarte par son interposition, sous la forme d’une couche géla- tineuse qui s'organise pour constituer une nouvelle couche d’aubier et une nouvelle couche de liber. M. Chatin présente les observations suivantes : M. Germain de Saint-Pierre dit que les vaisseaux des plantes s'organisent SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1855. 101 des feuilles vers la tige, c'est-à-dire des appendices vers l'axe. Suivant notre savant confrère, la tige elle-même serait une production résultant de la décurrence des feuilles. Ce fait, qui impliquerait la formation de l'axe après celle des appendices, serait, d'après l'auteur, en accord avec ses observations sur l'organisation vasculaire des feuilles préexistant à celle de la tige qui les porte; au point de vue de M. Germain de Saint-Pierre, il s'accorderait aussi avec cette loi, non absolue, mais très générale, en vertu de laquelle les tissus les plus anciens arrivent à la dernière phase de leur développement avant les tissus plus jeunes. Sur le point de savoir lequel de l'axe ou de l'appendice se forme le pre- mier, je présenterai de courtes remarques. J'ai fait bien des fois l'anatomie de fleurs en voie de formation, et tou- jours j'ai vu les choses (qui au fond ne sauraient différer dans les bourgeons à feuilles) se passer comme il suit : L'axe de la fleur est pourvu, vers sa portion centrale, d'un nombre assez considérable de trachées, dont l'ensemble se termine en une sorte de cône arrondi sous le tissu cellulaire du réceptacle. Sur celui-ci, nu à l'origine, on voit peu à peu se former les mamelons dont les premiers répondent aux sépales, les seconds aux pétales, les troisièmes aux étamines, les derniers aux Carpelles. D'abord les vaisseaux ne se montrent dans aucun des appen- dices et ne se dirigent même pas de f’axe vers ces derniers. Un peu après, on voit quelques vaisseaux se produisant de Faxe vers les sépales, que bientôt ils atteignent et parcourent. Les vaisseaux se dirigent ou plutôt s'organisent ensuite successivement de l'axe vers les pétales, les étamines et les carpelles, en suivant l'ordre d'ancienneté de ces organes. Si, parmi les étamines, it en est d'âges différents, on observe ordinairement que les vaisseaux vont d’abord aux plus âgées, même si celles-ci sont placées le plus haut sur le réceptacle, comme cela a lieu chez les Géraniacées, Oxa- lidées, Cistinées, etc. (1). Qu'il s'agisse donc de la première ou de la seconde période de formation des tissus, de la période cellulaire ou de la période vasculaire, j'ai vu lor- ganisation de l’axe précéder celle des appendices. J'ajo:terai que sur un certain nombre de plantes (Malvacées, Géraniacées, ete.), les vaisseaux se prolongent dans l'axe, bien au delà du point où s'arrêtent les appendices. J'ai donc vu, comme la plupart des anatomistes, l'organisation vascu- laire procéder des parties anciennes aux parties nouvelles (2) ; mais, d'après (4) M. Payer a bien vu l'ordre suivant lequel paraissent les étamines de ces Plantes, (2) En quelques cas spéciaux en rapport avec la nature des parties, le milieu où elles se développent, cte., les parties anciennes, peuvent manquer de vaisseaux quand les parties nouvelles en sont pourvues. 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mes observations, d'accord encore avec celles de la majorité des botanistes, la partie ancienne est l'axe et non l'appendice. Les arrêts de développement décideraient, d’ailleurs, s’il était nécessaire d'y recourir, la question. On sait que lorsqu'un organe formé de plusieurs parties développe successivement celles-ci, il peut arriver que, par des causes qui ne se traduisent le plus souvent à nous que par leurs effets, cet organe soit arrêté à la première ou à la seconde de ses parties, c’est-à-dire à la première ou à la seconde phase de sa formation. Or nous voyons souvent (principalement dans de jeunes productions) des axes, des sommets d’axe surtout, exister, évidemment par arrêt de développement, sans appendices ; et, par contre, je ne sache pas que quelqu'un ait encore observé des appendices sans axe, ce qui devrait cependant arriver s’il était vrai que celui-ci fût produit par ceux-là. M. Trécul maintient qu’à l'époque de la végétation , il y a conti- nuite de tissu entre le bois et l'écorce, mais il reconnait qu’à d’autres époques de la vie du végétal, il peut y avoir discontinuité entre ces deux parties. Il ajoute que, dans une feuille très grande, comme celle des Palmiérs, si la partie supérieure est plus âgée, c’est-à-dire s’est développée plus tôt que la partie inférieure, on peut trouver des vaisseaux dans la première sans qu'il y en ait dans la seconde, et sans qu'on puisse néanmoins dire que ces vaisseaux sont descendus du haut vers le bas. M. Germain de Saint-Pierre rappelle qu’il s'appuie sur ses propres observations et aussi sur l'autorité de M. de Mirbel. Ceque cet illustre physiologiste a vu dans la germination du Dattier, M. Germain de Saint-Pierre l’a constaté, non-seulement chez le Dattier en germina- tion, mais chez plusieurs autres Monocotylédones, notamment chez les Liliacées; il a vu le même phénomène se produire dans les jeunes bourgeons du tubercule de la Pomme de terre; il pense que s’il est constaté que, chez l'embryon, les vaisseaux se forment dans la feuille cotylédonaire avant de se manifester dans la tigelle, on est fondé à admettre que la formation de ces vaisseaux marche de haut en bas. M. Trécul fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA STRUCTURE DES RACINES , ET EN PARTICULIER SUR UNE RADICELLE MONSTRUEUSE DE LA BETTERAVE , par M. A. TRÉCUL. Dans une des précédentes séances, M. Moquin-Tandon, après avoir pré- senté à la Société une Betterave monstrueuse, qui offrait une protubérance SÉANCE DU ?3 FÉVRIER 1855. 103 considérable et très irregulière à sa surface, eut l'obligeance de me la re- mettre, afin que j'en tisse l'étude anatomique. Cette Betterave avait 25 cen- timetres de longueur et 5 centimètres de diamètre. La loupe ou protubé- rance qu'elle portait avait 11 centimètres de longueur, 13 centimètres de largeur et 8 d'épaisseur. Ayant disséqué avee précaution la racine et sa protubérance, je reconnus, ainsi que M. Moquin l'avait supposé, que celle-ci était due à une hypertro- phie de l’une des radicelles. Cette loupe, fixée à la racine principale par un pédicule court, de 2 centimètres de diamètre, présentait à son centre une partie nécrosée, une petite cavité irrégulière, qui semblaient indiquer que l'accroissement anormal de la radicelle doit être attribué à la piqûre de quelque insecte. Sa structure, envisagée au point de vue de l’accroissement en diamètre des végétaux, offrait beaucoup d'intérêt; mais avant d'en donner la des- cription, je rappellerai sommairement la disposition générale du système fibro-vasculaire de la Betterave. Celle-ci ayant été étudiée par M. Decaisne, dans un travail spécial, je renverrai, pour plus de détails, à son intéressant mémoire. La Betterave se compose de deux parties principales : l'une, radiculaire, qui est toujours très développée; l'autre, tigellaire, qui l'est souvent très peu en longueur. Ces deux parties ont une structure très différente. Le centre de la racine est occupé par un petit cylindre fibro-vasculaire, dont Ja moelle est à peu près nulle, ainsi qu'on le verra plus loin ; dans la partie tigellaire, au contraire, il y a une moelle très considérable. Quand on fait des coupes transversales de la racine, on y trouve plusieurs zones concentriques de faisceaux fibro-vasculaires, alternant avec des zones de tissu cellulaire. Si on la coupe longitudinalement, on voit, surtout quand la Betterave n'a pas pris encore un grand développement, que ces zones fibro-vasculaires ne forment point des couches qui s'étendent avec une parfaite régularité d'une extrémité à l’autre de la racine; mais qu'elles for- ment entre elles des anastomoses dont la disposition me semble d'autant plus incompatible avec la théorie des fibres radiculaires descendant des feuilles ou des bourgeons, que ce ne sont point ces couches, produites du centre à la circonférence, à mesure que la Betterave grossit, qui donneut naissance aux ramifications de la racine, comme cela devrait être suivant cette théo- rie. Ces radicelles naissent au contact du cylindre fibro-vasculaire qui oc- cupe le centre de la racine. Quelle que soit la longueur de la Betterave, quelle que soit son épaisseur, quel que soit aussi le nombre des radicelles, celles-ci partent toujours du petit cylindre central, ordinairement suivant deux lignes opposées (1). (4) C'est donc avec raison que M. Clos place le genre Beta dans le type Il de la disposition symétrique des radicelles sur la souche. 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quand les radicelles ne s’accroissent pas, ou fort peu en diamètre, les couches fibro-vaseulaires de la racine, loin d’être en communication immé- diate avec la partie exserte de la radicelle, loin de s’y prolonger, de s'y terminer, ces couches fibre-vasculaires sont ordinairement rentrantes, au contraire, au point de rencontre avec les radicelles; ce n'est que lorsque ces dernières s'accroissent beaucoup, ou notablement en diamètre, que l'on découvre dans leur intérieur des zones vasculaires comme celles de la racine, avec lesquelles elles sont nécessairement eu relation. C’est alors que les unes semblent un prolongement des autres; mais rien dans la structure de ces couches n'indique l'antériorité ni de celles de la racine principale, ni de celles des radicelles. Ce qu'il y a de certain, c’est que la radicelle est née avant les couches quelquefois nombreuses qu'elle traverse; car les radicelles se multiplient sur les côtés du cylindre central à mesure qu'il s'accroit en longueur. Ces quelques mots sur la structure de la Betterave suffiront pour faire comprendre celle de la monstruosité qui fait le sujet de cette note. Cette monstruosité n’est autre chose qu’une hypertrophie d’une de ces ramifica- tions de la racine, qui, ayant été piquée par un insecte, a pris un dévelop- pement si extraordinaire, Cette loupe, ai-je dit, était fort irrégulière à sa surface. On suivait dans son intérieur le faisceau ou petit cylindre fibro-vasculaire central, né au contact de celui de la racine mère, jusqu’à la piqûre; là ses éléments se perdaient au milieu de l’exubérance du tissu cellulaire qui était résultée de la piqûre. Les quelques zones fibro-vasculaires de la périphérie de la radi- celle s'étaient aussi multipliées outre mesure dans la loupe, et leurs cellules fibreuses étaient changées en véritables fibres ligneuses, dont elles avaient toute la dureté, Mais ces zones avaient toute l'irrégularité de la surface de la protubérance; c’est pourquoi elles étaient contournées dans toutes les directions, et leurs anastomoses fréquentes ne permettaient de les suivre qu'avec difficulté. Il n’est pas inutile de dire que les éléments fibreux et vasculaires de cette hypertrophie étaient infiniment plus abondants que ceux qui étaient conte- nus dans le pédicelle de la loupe, et que, par conséquent, ils ne pouvaient descendre des feuilles. Non-seulement ce système fibreux et vasculaire de la protubérance était plus considérable que celui du pédicelle, mais encore il excédait de beaucoup le système fibro-vasculaire de la racine tout entière. Le développement extraordinaire de cette radicelle était une preuve nouvelle en faveur de l'opinion que je défends depuis longtemps, et qui consiste à penser que la multiplication des fibres ligneuses et des vaisseaux a une origne toute locale, subordonnée seulement à la quantité de matière nutritive que reçoit la partie de la plante dans laqueile ces organes se dé- SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1855. 105 veloppent. Dans le cas qui nous occupe en ce moment, la piqûre d'un insecte ayant déterminé une surexcitation qui fit affluer en abondance les sues nourriciers dans la radicelle, la multiplication utriculaire et, par suite, fibro-vasculaire, s'y fit avec une vigueur très grande. Puisque j'ai l'occasion de parler de la structure des racines et de l’origine de leurs ramifications, je prie la Sociéte de vouloir bien me permettre de l'entretenir, pendant quelques instants, d'un Mémoire sur ce sujet, publié dans le Flora, en 1853, par M. Schacht, Méivoire dont le tome I" de notre Bulletin contient un résumé à la page 333. Si toutes les conclu- sions du travail de M. Schacht concordaient avec celles du Mémoire que j'ai publié en 1846, dans le tome VI de la 3° série des Annales des sciences naturelles, j'aurais gardé le silence; mais, outre que les principaux résul- tats que donne l’auteur sont tous consignés dans mes Recherches sur lori- gine des racines, M. Schacht généralise des faits qui ne doivent pas l'être, et certaines de ses assertions sont tout à fait erronées. Si ce n’est pas abuser des instants de la Société, je rappellerai quelques- unes des conclusions de M. Schacht, en y joignant quelques observations. L'auteur dit, dans la première conclusion, que « le pivot et les racines latérales ne diffèrent pas entre eux anatomiquement. » Je ferai remarquer que cette proposition n'est pas générale ; car les racines latérales ont quelque- fois une structure très différente de celle de la racine principale. Ainsi, les racines du Nuphar lutea adulte ont de douze à quinze faisceaux vasculaires distribués autour d'un centre médullaire, tandis que les radicelles qui nais- sent vis-à-vis de chaque faisceau n'ont qu'un seul fascicule vasculaire central, sans partie médullaire. Deuxième conclusion de M. Schacht. — « L'extrémité d'une racine est toujours pourvue d’une coiffe ; elle a dès lors un point végétatif couvert, et par suite elle ne peut développer de feuilles. » Tous les botanistes ont vu la coiffe qui termine la racine des Lemna ; une telle coiffe a même été figurée ; mais je crois avoir fait connaitre le pre- mier la nature de cette coiffe ; j'en ai décrit avee beaucoup de détails la structure et le développement dans mes Recherches sur la structure et le dé- veloppement du Nuphar lutea (Ann. des sc. nat., 3° série, 1845, tome IV). Je lui ai conservé, à tort, dans ce travail, le nom de spongiole ; mais, dans mon Mémoire sur l'origine des racines, je l'ai nommée piléorhize, parce qu'elle enveloppe l'extrémité de la racine comme une sorte de bonnet. Si une racine ne donne pas de feuilles, ce n’est pas parce que son extré- mité est revêtue d'une coiffe ou piléorhize, mais tout simplement parce qu'elle est une racine et non un rameau. Troisième conclusion de M. Schacht. — « La racine des Dicotylédons pos- sède comme la tige une moelle centrale, une zone te faisceaux vasculaires et une écorce, » i T. IH, 8 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cette proposition est exprimée d'une manière beaucoup trop générale. En effet, il est des plantes dicotylédonées dont la radicule, pas plus que la tigelle, n’a de moelle ; leur axe est occupé par un très petit faisceau vascu- laire. Ces plantes sont le Nuphar lutea, le Nymphæa alba, ìe Victoria regia, etc. La partie centrale du pivot de la Betterave, dont je viens de parler, n'est certainement pas semblable au centre de la portion tigellaire de cette même Betterave. La moelle de cette tige raccourcie qui surmonte le pivot, avait, dans une Betterave de 7 centimètres et demi de diamètre, 4 centimètres et demi de largeur, tandis que tout le cylindre ligneux central de la racine n'avait pas tout à fait 5 millimètres de diamètre. Ce cylindre a une appa- rence toute différente de celle de la partie tigellaire, bien que son organisa- tion soit celle de beaucoup de racines du groupe des végétaux dicotylé- donés. Il est partagé longitudinalement en deux moitiés par deux rayons médullaires opposés, qui sont réunis au centre de la racine; en sorte que toute la moelle de celle-ci, si moelle il y a, est constituée par le point de jonction de ces deux rayons médullaires. II me semble qu'ici l’on n’est pas suffisamment autorisé à assimiler cette partie axile de la racine avec la moelle, de 4 centimètres et demi de diamètre, qui la surmonte dans la tige. C'est tout le long de ces deux rayons médullaires opposés que naissent les radicelles de la Betterave, et c’est pour cela qu’elles sont distiques. En citant la racine des Dicotylédons, M. Schacht entend assurément le pivot, leurs racines principales et leurs ramifications, puisque les unes et Jes autres, a-t-il dit plus haut, ont la même structure; il entend probable- ment aussi les racines adventives des Dicotylédons, qui, du reste, ont sur Ja tige une origine semblable à celle des ramifications de la racine sur celle-ci. Je suis désolé de me trouver ici encore en contradiction avec M. Schacht, pour lequel je professe la plus haute estime ; mais je suis obligé de répéter ici ce que disait, il y a peu de temps, M. Biot, en parlant de Bessel et de quelques-uns de ses travaux : « J'aime beaucoup Bessel, mais j'aime encore mieux la vérité. » Eh bien, la vérité, dans le cas dont il s’agit, c'est que le centre des ramifications des racines et celui des racines adventives est, dans les plantes assez nombreuses que j'ai examinées, de méme nature que la partie sur laquelle ces racines ou ces ramifications reposent. Dans le Nuphar, par exemple, que j'ai déjà cité, les radicelles naissent d'un faisceau vasculaire de la racine, le centre de ces radicelles est vasen- laire. Au contraire, chaque racine adventive du Valeriana Phu, qui couvre une des mailles du système fibro-vaseulaire de la tige, a son centre médullaire, parce qu'il repose immédiatement sur la moelle de la tige. Les ramifications des racines du Chêne, ete., ou les racines adventives du Chevrefeuille, ete., ont une autre structure. Le corps lisneux de ces plantes est traversé par de nombreux rayons médullaires, en sorte que la base de SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1855. 407 chaque racine couvre toujours l'extrémité de plusieurs de ces rayons. Dans ce cas, les cellules, qui constituent le centre de ces racines, sont de la nature de celles de ces rayons médullaires qui semblent se réunir pour se prolon- ger dans l'interieur de la racine. Si, au contraire, la racine est insérée sur une couche fibreuse dépourvue de rayons médullaires, le centre de cette racine est fibreux (Mentha rotundifolia, ete., racines adventives). En sor- tant du groupe des Dicotylédonés, je pourrais citer le Pothos violacea, le Seigle, l'Avuine, ete., ete. Quand la racine est insérée à la surface latérale d'un faisceau fibro-vascu- laire, son centre est fibreux ou vasculaire et non imédullaire. On ne peut donc établir en principe que les racines des végétaux dicoty- lédonés soient pourvues d’une moelle centrale, comme le sont ordinaire- ment les tiges. M. Duchurtre fait remarquer que l'opinion soutenue par M. Schacht avait été déjà antérieurement émise par M. Schleiden. M. Germain de Saint-Pierre conteste que l’on puisse tirer un argu- ment contre la théorie de la formation des tissus de haut en bas, de ce que, dans la racine de Betterave, les fibres ne s'étendent pas en ligne droite et présentent des anastomoses. Il n'admet pas que les fibres descendantes, qui émanent des feuilles, se continuent simples et isolées; ces fibres présentent, au contraire, presque toujours des anastomoses qui ne permettent pas de suivre la continuité de chacune d'elles en particulier. M. Meuière donne lecture de la notice suivante : NOTE SUR LA COLLECTION D'ORCHIDÉES EXOTIQUES DU JARDIN BOTANIQUE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS, par M. MENIÈRE. Le professeur Achille Richard avait, et personne ne l'ignore, une prédi- lection singulière pour la famille des Orchidées; au milieu de tant de travaux qui ont illustré son nom, il revenait toujours à ces plautes si dignes d'intérêt, il les recherchait partout, on lui en apportait de tous côtés. MM. Claussen, Galeotti, lui confiaient le soin de déterminer un grand nombre d'espèces nouvelles recueillies au Mexique, au Brésil, et ces travaux partiels le conduisaient peu à peu à l’accomplissement de la tâche immense qu'il s'était imposée, la monographie complète des Orchidées. Pour arriver à ce but, il ne suffisait pas de voir des herbiers, des dessins, il fallait demander à la nature elle-même le secret de l'organisation d'une famille qui compte les espèces par milliers, et dans laquelle on observe une Variété infinie de formes et d'aspects ; il fallait avoir ces plantes scus la 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. main, étudier leur mode de développement, en un mot, cultiver les Orchi- dées exotiques et les décrire sur le vivant. Ce vœu d’un maitre si habile a été réalisé, Comment? J'essaierai de le dire, de raconter ce que j'ai vu, ce que j'ai entendu. Cent fois je me suis promené avec Achille Richard au milieu de cette collection d’Orchidées objet de tant de soins et d'amour, cent fois il a vanté devant moi le talent pratique des artistes qui le secondaient si bien; c’est dans ces entretiens, dont le souvenir m'est si doux, que j'ai trouvé les matériaux du travail que j'ai l'honneur de soumettre à la Société. Il ne m'appartient pas, en présence des amis, des collègues de ce savant professeur, de le louer comme il mériterait de l'être, je veux seulement honorer sa mémoire en donnant quelques détails sur des faits dont j'ai été témoin, et qui intéresseront, j'ose l'espérer, les amis d'une science à laquelle je suis heureux de consacrer mes rares loisirs. Les personnes qui ont visité les magnifiques établissements consacrés, en Belgique et surtout en Angleterre, à la culture des Orchidées, auront peine à croire que la faveur dont jouissent ces végétaux extraordinaires, ne date guère que d’une vingtaine d'années. En France, il suffit de remonter à 1838, pour découvrir les premières tentatives faites dans ce genre d'hor- ticulture, et, il faut le dire, parce que c'est la stricte vérité, ces tentatives sont l'œuvre du jardinier en chef de la Faculté de médecine. Quelques détails sur ce point d'histoire contemporaine doivent trouver ici leur place, ils ne paraitront pas dénués d'intérêt, j'ose le croire, et d’ailleurs, ce sera une occasion de rendre justice au mérite d'un homme dont les humbles travaux ont tant contribué, chez nous, à fonder cette partie de la science. | Jean-Baptiste Lhomme, entré au service du jardin botanique de la Faculté de médecine de Paris en 1803, sous le professeur CI. Richard, trouva la collection d’espèces médicinales de l'enclos des Cordeliers dans un état assez piteux : il fallait emprunter au Jardin des Plantes la plupart des échantillons un peu intéressants, il n'y avait pas de serre; mais l'ardeur du jeune Baptiste ne tarda pas à métamorphoser cet établissement appauvri. A l'aide de matériaux informes, il parvint à construire une serre qu’un vieux poële de fonte devait échauffer suffisamment; il obtint de la bien- veillance de ses confrères des boutures, des fragments de végétaux exotiques et, quelques années plus tard, Baptiste ne fut plus obligé de demander à d'autres jardins plus riches les espèces officinales destinées à remplir les plates -bandes de l'École de botanique. Le nombre des plantes exposées avec étiquettes s'éleva rapidement de 12 à 4,800, il dépasse aujourd'hui 4,000, et | si l'on y joint les individus conservés dans les serres, on atteint le chiffre de 8,000, On peut dire avec vérité que cette collection, si importante par le nombre et le choix des espèces, est due en grande partie aux efforts inces- SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1855. 109 sants de Baptiste, à l'ardeur qu'il met aux échanges avec les autres jardi- niers, au talent avec lequel il multiplie certaines plantes rares qui lui servent de monnaie courante; admirable résultat d’un amour ardent pour sa pro- fession, d’une véritable passion que seconde une sagacité à laquelle rendent hommage tous les vrais amateurs d’horticulture de Paris. Mais il ne s’agit ici que d’Orchidées, laissons là le jardin botanique pour les serres, et plus spécialement pour celle qui est remplie de ces admirables plantes. Baptiste avait obtenu du Muséum une Orchidée exotique, l'£pi- dendrum elongatum, qui, placée par lui dans des conditions favorables, avait végété et fleuri. Plus tard, l'£Zpidendrum cochleatum recut des soins semblables, avee non moins de succès, et enfin le Cypripedium insigne était venu clore cette liste de plantes rares. TI faut cependant y joindre le Lissochylus streptopetalus, et nous aurons ainsi le catalogue complet de ces premières richesses, rudiments d'une collection qui compte aujourd'hui plus de 800 espèces. Ces débuts si modestes avaient suffi pour donner à Baptiste une idée exacte du mode de culture des Orchidées exotiques. Il avait reconnu que ces plantes, munies pour la plupart de pseudo-bulbes, demandaient certaines conditious de culture assez faciles à remplir, que leurs racines trouvaient des matériaux de nutrition dans un sol léger, spongieux, comme la terre de bruyère, et que celle-ci devait être en fragments irréguliers, de manière à laisser un libre accès à l'air humide. Mais n’anticipons pas sur ces détails, qui seront mieux placés dans une autre partie de cette notice. Achille Richard, conservateur pendant dix ans (de 1817 à 1827) des collections botaniques de M. Benjamin Delessert, avait pu voir et classer un grand nombre d'Orchidées ; il cédait ainsi à une vocation spéciale, il marchait sur les traces de son père, et déjà, sans doute, il préparait les matériaux de la monographie à laquelle il travaillait encore à ses derniers moments. Ses relations avec les voyageurs, avec les savants qui venaient visiter les établissements français, lui donnèrent le désir de posséder vivantes les Orchidées qui abondent au Mexique et au Brésil ; il engagea plus particu- lièrement M. Peixoto, premier médecin de S. M. l'empereur dom Pedro, à lui envoyer quelques-unes de ces plantes si intéressantes pour lui, afin d'es- sayer s'il serait possible de les conserver et d'assister aux phases successives de leur développement. Tous les voyageurs qui ont herhorisé dans les régions tropicales du Nouveau Monde s'accordent à exalter la magnificence de ces fleurs qui parent, non-seulement le sol, mais couvrent le tronc des arbres, éclatants parasites qui revêtent des nuances les plus splendides tous les corps capables de leur servir de point d'appui. Achille Richard, retenu à Paris par des devoirs impérieux, brüûlait du désir d’être témoin de ces merveilles, il voulait étudier sur le vivant ces inflorescences si variées, si bizarres, que 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les dessins les plus exacts ne reproduisent qu'imparfaitement, que le plus habile coloriste ne peut rendre avec tout leur éclat, et dont les plantes et herbier ne représentent que le cadavre. © M. Peixoto, que des liens de vive amitié unissaierit à Achille Richatd, s'empressa de faire ce qu’on lui demandait, il recueillit une masse d'Orchi- dées à pseudo-bulbes, à rhizomes traçants, il en remplit plusieurs tonneatix, il en fit de gros paquets solidement enveloppés de feuilles de palmiers, de lanières de bambou, et cet envoi, confié aux soins d’un capitaine de navire, arriva à Paris en août 1838. J'ai trouvé dans l'ouvrage de Ventenat {Tableau du règne végétal, tome Il; page 209, publié à Paris en 1799), une note dañs laquelle ce savant dit que le Limodorum Tankervilliae, Phajus grandifolius de Loureiro, qui croit naturellement à la Cochinchine, est cultivé chez Cels, et il donne une description exacte de cette belle plante. Je ne doute pas que quelques Orchidées exotiques n'aient ainsi figuré chez des horticulteurs habiles, que; par exemple, les serres du Muséum d'histoire naturelle n'aient offert çà et là des échantillons remarquables de ce genre de culture ; mais ce sont toujours des faits isolés, n'ayant pu servir à établir les bases d'un travail toùt nouveau. C'était donc la première fois qu’on tentait pareille aventure, qu'oti allait s’ingénier à reproduire, dans une serre chaude, les conditions maté- rielles à l’aide desquelles des végétaux, considérés comme parasites, potir+ raient se développer, fleurir, vivre, en un mot, comme dans les régions tropicales d'où ils arrivaient. M. A. Richard, au milieu de la joie que lui causait cette masse d'Orchidées exotiques, éprouvait une certainë crainte de les voir périr loin de leur sol natal. l Or done, pour tâcher de prévenir un si grand malheur, le maitre et ses aides tinrent conseil, etil fut résolu que l'on s’adresserait à M. Neumann, jardinier en chef des serres du Muséum, ainsi qu'à M. Bréon, son collègue, tous detx anciens habitants de l'ile Bourbon, et accoutumés à la culture des plantes équatoriales. Baptiste avait bien en tête ses petites idées à ce sujet, mais Achille Richard, qui craiguait surtout de perdre ce trésor, et qui comptait sur le talent et sur l'expérience de ces deux habiles horticulteurs, refusa dé courir la chance d’une expérimentation douteuse à ses yeux ; en conséquericé Favis du maitre prévalut et la consultation eut lieu. Il s'agissait, non pas de faire vivre ces plantes délicates, Baptiste était certain de les conserver, mais de savoir quel parti prendre a l'égard de ces masses de pseudobulbes réunis par des rhizomes, munis de stipules engainantes, laissant échapper des bourgeons alternes et opposés. C'était; non pas une plante, mais des agglomérations de plantes, dont les rapports entre chacune de leurs parties n'étaient pas connus. La question impor- tante était là tout entière, Les pseudo-balbes à divers degrés de dévelop- pement sont-ils solidaires, celui-ci est-il utile a celui-la, ces renflements SÉANCE DU 23 FÉVRIER 4855. 144 formes par la base des feuilles jouent-ils un rôle dans la vie de ces végétaux, et quel est ce rôle? M. Neumann, dont les lumières sur ce point ne pouvaient être mécon- nues, pensait alors que ce système de racines, de bulbes, était indispensable à la conservation de ces plantes, qu'il fallait bien se garder de les séparer, car, en agissant ainsi, on pouvait compromettre leur existence. Baptiste ne partageait pas cette manière de voir. Il prit la résolution de diviser ces agrégations de pseudobulbes, de n’en laisser ensemble qu'un très petit nombre, et surtout de ménager certains bourgeons qu'il avait ren- contrés à la base de ces corps. Cette expérience hardie fut couronnée du plus brillant succès. On avait reconnu que l'énorme envoi de M. le docteur Peixoto renfermait vingt-neuf espèces parfaitement distinctes. Baptiste divisa si bien ces groupes qu’il obtint un total de six cents individus placés par lui sur une couche sombre et recouverts de châssis. Il eut le soin de la préserver de l’action directe du soleil; des paillassons les ombrageaient dans le milieu du jour ; il entretenait une humidité tiède dans ces couches bien réduites ; des fragments de terre de bruyère permettaient aux racines de se glisser dans des interstices, où l'air chaud et humide circulait sans obstacles, et au bout de deux mois de ces soins intelligents, il eut le bonheur de constater que sur ce nombre immense d'individus, une vingtaine tout au plus étaient morts. Notons ici que le Maxillaria squalens fut le premier qui fleurit. Ainsi, la question était résolue, on pouvait sans inconvénient diviser ces masses de pseudo-bulbes et multiplier ainsi, presque à l'infini, ces végé- taux précieux. Baptiste triompha modestement, il offrit à M. Neumann, et celui-ci choisit un certain nombre d'espèces des plus intéressantes qui se trouvent encore aujourd'hui dans les serres du Muséum. Et comme ce succès eut du retentissement, des jardiniers habiles, MM. Cels, entre autres, reçurent quelques-unes de ces belles plantes, et l’on commença dès lors à présager le brillant avenir réservé à ce genre de culture. Notons ici qu’en 1839, un jeune médecin des plus distingués, M. Capi- taine, agrégé de la Faculté, rapporta de Panama ure espèce d'Orchidée magnifique, le Peristeria elata, qui fut bientôt multiplié par Baptiste à l'aide du même procédé; cette plante, chose bizarre, cultivée par plusieurs ämateurs, n'a fleuri, pendant quinze ans, que dans les serres de la Faculté de médecine. M. Guibert, de Passy, a eté plus heureux, mais encore peut- on dire que son Peristeria n'a pas acquis le merveilleux développement de ceux que l’on admire chez nous. Ces belles plantes grandissaient, il leur fallait un asile, on les transporta dans la petite serre aux boutures, où elles prirent un accroissement remar- quable. De nouveaux envois du Brésil, celui de M. Pinel, en 1839, des échanges avec quelques amateurs, des cadeaux faits par des personnes qui 412 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. arrivaient des pays chauds, grossirent bientôt la collection de la Faculté, au point qu'il devint indispensable de bâtir une serre tout exprès pour elle. En conséquence, dans le courant de l'année 1840, cette construction fut faite. C'est celle des quatre serres qui est le plus au sud. Baptiste, qui suivait d'un œil attentif le mode de développement des Orchi- dées et qui savait, par M. A. Richard, que ces végétaux, pour la plupart épi- phytbes, croissent sur des troncs d'arbres vivants ou morts, sur des corps incapables de leur fournir autre chose qu'un point d'appui, avait cherché à reproduire ces conditions d'habitat ; il plaça dans sa nouvelle serre des bûches revêtuesdeleur écorce, affectantune position verticaleou horizontale, espérant que les racines de ces plantes s’attacheraient à ces surfaces rugueuses et y prendraient la position la plus favorable à leur mode de développement. Mais que d'essais tentés avant d'arriver au point convenable, que de difficultés à vaincre dans une route qu’il fallait tracer? Un zèle à toute épreuve était nécessaire pour arriver au but. Baptiste ne négligea rien, il multiplia ses tentatives, il était sur pieds nuit et jour pour surveiller cette éducation nouvelle, et peut-être n'eùt-il pu suffire à tant de travaux s'il n'avait été secondé par un aide intelligent et dévoué. Le 1° avril 1837, Auguste Rivière, son neveu, était entré en qualité de jardinier adjoint, à l'École de botanique de la Faculté. Ce jeune garçon, plein de goût pour sa profession, profitant des leçons pratiques de son oncle, acquit rapidement, sous l'œil d'un tel maitre, les connaissances nécessaires, et fut bientôt en état de seconder Baptiste dans des travaux qui dépassaient les forces d'un seul homme. Désormais, les Orchidées furent l'objet des soins les plus actifs, les plus intelligents. La collection grandit, sa répu- tation grandissait aussi, les envois se multipliaient, les échanges devenaient très actifs avec les principaux horticulteurs de Paris et des départements voisins. En 1842, M. Claussen envoie du Brésil un grand nombre d’Orchidées qui, par malheur, restent en route pendant neuf mois. Tout arriva mort, à l'exception de trois espèces des plus rares, le Liparis amæna, le Malaxis Clausseniana et un superbe Catasetum, qui n’est pas encore déterminé (1). Dans la même année, M. Belot, de Cuba, fut plus heureux ; ses plantes, bien conservées, devinrent un objet d'admiration pour tous les amateurs. Plus tard, en 1846, M. Veyret, ancien consul de France, près la république de Y'Équateur, et qui s'était fait construire une serre à Marly-le-Roi, reçut une cargaison d'Orchidées, que Baptiste fut chargé de déballer, d'arranger, de classer, et dont les doubles enrichirent le jardin de la Faculté. A cette même époque, le docteur Luna rapporta de Guatemala un bon nombre (1) I vient de fleurir encore (avril), et nous croyons que c'est le Catasetum trifidum, où plutôt le Myanthus trifidus, car le labelle est plane, SÉANCE DU 23 FEVRIER 1855. 113 d'espèces nouvelles, de sorte que, par suite de ces additions importantes, la petite serre de notre jardin ne pouvait contenir tant de richesses. Ce fut à cette même époque (1846) que M. Pescatore, riche armateur, commença la belle collection d'Orchidées qui attire tant de visiteurs empressés dans sa propriete de la Celle-Saint-Cloud. Une serre magnifi- quement construite, dotée de tous les perfectionnements, fruits de l'expé- rience et des conseils de Baptiste, reçut de beaux échantillons des espèces Jes plus rares; l'Angleterre, la Belgique furent mises à contribution; un habile jardinier, M. Luddemann, fut chargé de diriger cette culture, désor- mais entrée dans le domaine public, et les succès obtenus par M. Pescatore déterminèrent plusieurs autres personnes à suivre la mème voie. L'année 1847 doit être signalée comme une des plus heureuses, pour la culture définitive des Orchidées exotiques à Paris. Il nous sera permis d'entrer, à ce sujet, dans quelques détails dont nous pouvons garantir l'authenticité. Personne ne s'étonnera que certains hommes, si haut placés qu'ils soient dans l'estime de tous, montrent peu de goût, aient peu d'ap- titude aux affaires d'administration. Achille Richard, plongé le plus souvent dans la solitude de son cabinet, s'occupait peu des voies et moyens ; et, d’ailleurs, à une époque où des dissentiments politiques rendaient difficile tout rapport entre certains professeurs et le ministre de l'instruction pu- blique, ce dernier n'eùt pas accordé volontiers des fonds pour construire des serres nouvelles et augmenter un matériel déjà considérable. Si donc le professeur de botanique de la Faculté de médecine ne demandait rien à l'autorité supérieure, M. Orfila, doyen de l'École, ardent promoteur de tout ce qui pouvait contribuer au progrès de l’enseignement, se char- geait volontiers d’un soin qui était à la fois dans ses attributions et dans ses goûts. M. Orfila connaissait Baptiste, il savait sa passion pour les plantes, il avait pu apprécier la valeur et l'utilité de ce jardin où les élèves trouvaient une si belle collection d'espèces médicinales, il savait surtout à quel point le jardinier de la Faculté était honnète, désintéressé; il y avait entre ces deux hommes (Orfila eût accepté volontiers la comparaison) une telle sympathie pour la gloire et la prospérité de l'École, chacun dans sa sphère, que l'illustre doyen, cédant aux prières de Baptiste, obtint des fonds pour bâtir cette serre tant désirée, celle qui, depuis cette époque, a été consacrée à la culture exclusive des Orchidées exotiques. Ajoutons, à l'honneur de ces hommes passionnés pour le bien, que quand le doyen annonça à Baptiste que le crédit nécessaire était obtenu, le jardinier transporté de joie, poussé par un élan irrésistible, se jetta au cou du célèbre professeur, l'embrassa avec effusion, et se confondit en excuses d’une liberté que l'en- thousiasme lui avait fait prendre au détriment du respect. Le doyen n'était pas homme à se formaliser d'une telle démonstration, 44h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La serre fut bientôt construite. Il fut possible, dès lors, de varier les moyens de classement, de placer suivant certains principes, des espèces venues du Brésil, du Mexique, et d'autres pays où les conditions de l'at- mosphère sont fort différentes. L'expérience acquise avait indiqué diverses modifications dans la position à donner aux Orchidées : les unes voulaient plus de lumière, d’autres recherchaient presque l'obscurité; celles-ci demandaient les parties de la serre les plus échauffées, celles-là préféraient les lieux humides, ombragés, moins directement exposés aux rayons du soleil. On fit mille essais sur les corps spongieux destinés à servir de sup- port à ces plantes, sur les substances les plus propres à recevoir leurs racines; il fallut créer une multitude d’appareils de suspension, et les per- sonnes qui se promènent aujourd'hui dans cette serre, si bizarrement meublée de ces objets de toute nature, de toute forme, ne se doutent guère de ce qu'ont coûté d'efforts et de soins ces choses qui leur paraissent si simples. Mais cela est à la fois si original et si charmant que l'on comprend faci- lement la passion qu'inspirent les Orchidées, quand on a visité avec quel- que attention une serre pleine de ces végétaux singuliers. Les Orchidées, en effet, ne le cèdent à aucune autre famille de plantes, tant sous le rapport de la beauté des fleurs que sous celui de leur forme extraordinaire. Nulie part, en histoire naturelle végétale, on ne rencontre autant de particularités d'organisation, et qui soient mieux faites pour exciter, non pas seulement la sagacité des maitres de la science, mais encore la curiosité des gens da monde. | Ne disputons ici ni des goûts ni des couleurs. Qu'on se pique de réunir quinze cents variétés de Roses bien plus remarquables, assurément, par l'étrangeté des noms dont on les a baptisées, que par une physionomie un tant soit peu distincte, qu’on ait par centaines des Calcéolaires et des Fuchsia de toutes couleurs, de toutes dimensions ; qu’on obtienne, à l’aide d’habiles croisements, des Rhododendron nouveaux, des Azalées bril- lantes ; qu’à l'exemple de M. Lemichez, on demande au Camellia tout ce qu'il peut donner de nuances, de formes, de caractères plus ou moins fù- gaces, tout cela est bien, nous y applaudissons volontiers, très disposés à convenir que nos florimanes parisiens ou de la banlieue font de vrais mer- veilles en ce genre de tours de force ou d'adresse; mais enfin, quoi qu'ils fassent, ils ne peuvent faire que des Roses, des Fuchsia, des Calcéolaires, des Azalées, des Rhododendron, et enfin des Camellia. Le botaniste n’a rien à voir dans cette fabrique, ou plutôt il se détourne en souriant de ces individualités douteuses que l’on revêt de titres pompeux. C'est une affaire de mode ; ces goùts passent vite, et nous nous rappelons le temps où le pro- fesseur Marjolin, notre cher et vénéré maitre, aprés avoir grossi outre me- sure le catalogue immense de ses Dahlia, finit par se lasser de cette culz ture, qui ne disait rien à son esprit éclairé. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 4855. 145 Voyez, au contraire, quel intérêt offre ane collection d'Orchidées. Là, tout est nouveau, inattendu, singulier. La plupart de ces plantes végètent dans des conditions inaccoutumées. Les unes, tout à fait aériennes, n’ont jamais de rapport quelconque avec le sol, des organes spéciaux enlèvent à Pair humide les divers matériaux de nutrition dont elles ont besoin: les autres, munies de pseudo-bulbes, portent avec elles des réservoirs remplis de substances réparatrices ; d'autres, enfin, partant de rhyzomes rampänts, puisent dans les corps spongieux qui les entourent ce qui peut concourir à leur accroissement. La forme générale de la tige n'est pas moins remar- quable. Les feuilles les plus variées s'élèvent en l'air ou s'étalent sur le sols leurs dimensions varient depuis quelques millimètres jusqu'à 4 mètre et même davantage ; les unes solides, charnues, rappellent les Aloës, les Cac- tus; d’autres sont filiformes, graminoïdes; celles-ci, largement étalées, comme un capitule de palmier ; celles-là, imbriquées, écailleuses, grou- pées en masses irrégulières ; si bien que, dans une serre d’Orchidées, l'œil, surpris par l'aspect de tant de formes bizarres, croit apercevoir une réunion complète de tous les types appartenant aux Monocotylées. Mais c'est surtout l'inflorescence qui semble prendre à tâche de s’éloi- gner autant que possible d'une forme primitive quelconque, et qui prouve la merveilleuse fécondité de la nature dans ces variations infinies de cha- cune des parties de la fleur. Toutes les lois de la symétrie sont violées à ehaque instant, et cependant le type fondamental, caractéristique, est tou- jours conservé. Il n’est pas de famille plus naturelle que celle des Orchi- dées, et cependant il n'en est aucune dans laquelle les organes essentiels de la fleur ont subi des transformations plus considérables. Quand on embrasse d'uii seul coup d'œil les longues girandoles des Stanhopées, des Gongora, les papillons d'ùn Oncidium, les longs cornets du Brassavola, l'épi des Sacco- labium, des Rhenanthera, les fleurs microscopiques de certains Pleurothul- lis, des Bolbophyllum, on se demande si quelque erreur capitale n'a pas présidé à cette agglomération d'individus qui n'offrent, de prime abord, aucune analogie de tournure et d'aspect. Ces qualités si diverses se rencontrant dans un groupe de plantes, ont dû attirer l'attention des savants, aussi compte-t-on un bon nombre de mono- graphies sur les Orchidées. Claude Richard, R. Brown, Swartz, et, à une époque plus rapprochée de nous (1833), M. Lindley, et plus récemment en- core, M. Reichenbach fils, ont tracé l'histoire de cette famille, qui deve- nait plus nombreuse et plus intéressante à mesure que les voyageurs rap- portaient leurs récoltes nouvelles. Achille Richard, nous l'avons déjà dit, au milieu de travaux incessants, revenait toujours à cette étude, objet de ses prédilections, il ne négligeait rien pour grossir son herbier, et quand il se vit le maitre d'une multitude d'espèces d'Orchidées rares qui fleuris- saient sous ses veux, qui lui permettaient de décrire sur le vivant ces 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mêmes fleurs que l’on avait crues jusque-là l'ornement privilégié des régions tropicales, il comprit enfin qu'il pourrait achever l'édifice auquel son père avait tant travaillé. Chaque espèce qui arrivait à un développement com- plet était aussitôt étudiée, décrite, dessinée; à mesure que des collections nouvelles se formaient, M. Richard y puisait des matériaux, et son œuvre allait arriver à son terme quand la mort est venue le frapper. Les amis de la science regretteront la perte d'un tel homme (ses amis de cœur savent tout ce qu’il valait); les essais qu’il a publiés à diverses re- prises ont montré ce que l’on devait attendre d’un talent de cet ordre. Per- sonne n'a porté plus loin que lui l'exactitude dans les descriptions, la jus- tesse dans l'appréciation des caractères; dessinateur habile, son crayon reproduisait avec la fidélité la plus scrupuleuse la disposition des parties de la fleur, leur forme, leur volume ; l'habitude de disséquer ces organes déli- cats le conduisait rapidement à la connaissance exacte de leurs rapports mu- tuels, de sorte que ses phrases caractéristiques sont à la fois des modèles de concision, de justesse et d'élégance. En résumé, la collection d’Orchidées du jardin de la Faculté de médecine, l'ainée, sans contredit, de celles qui se trouvent aujourd’hui à Paris, due à l'initiative du professeur Richard, si bien secondé par deux aides intelli- gents, n’a pas peu contribué à répandre le goût de ces plantes si remar- quables, et fournira, nous l'espérons, des moyens d'étude aux amateurs qui voudront marcher sur les traces de leurs devanciers dans cette voie inté- ressante. Tout n’est pas dit sur les Orchidées, sur leur classement, sur leur description ; il y a là ample matière à des recherches nouvelles; les particu- larités de leur organisation se prêtent à des expériences nombreuses sur leur mode de développement, sur les moyens de les multiplier ; on pourra, mieux que sur beaucoup d’autres plantes, étudier les procédés de fécondation, naturels ou artificiels, reconnaitre la valeur réelle de certaines espèces, constater l'apparition des hybrides par la stérilité constante de quelques individus, essayer des croisements destinés à donner des résultats semblables et retrancher de la nomenclature des noms qui n’ont pas le droit d'y figurer. Ces résultats ont une importance réelle; j'ai tenu à les signaler comme une conséquence directe des travaux du professeur Achille Richard, de son goût pour les Orchidées, de son empressement à les faire venir de si loin et des encouragements donnés à leur culture. Ceux qui sont les promoteurs d'un pareil progrès ont bien mérité de la science, et j'espère que la Société Botanique ne refusera pas de s'associer à cet éloge d'un homme qu'elle eût été si heureuse de compter au nombre de ses membres. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ueber den Bau des Chlorophylls (Sur la structure de la Chlo- rophylle), par M. Hugo v. Mohl, Botan. Zeitung, 9 et 16 fév. 1855, n” 6 et 7, col. 89-99, 405-115. Ce nouveau Mémoire de M. H. v. Mohl vient à l'appui de celui que le célèbre professeur de Tubingue a publié sur le même sujet, en 1837. Dans ce premier travail, il avait voulu établir que les grains de chlorophylle sont formés d’une substance molle, voisine de l’albumine, dans laquelie se trou- vent le plus souvent englobés un ou plusieurs grains de fécule,et qu'ils doi- vent leur couleur verte à une quantité extrêmement faible d'une matière colorante. L'opinion qui a été opposée à la sienne consiste à regarder les grains de chlorophylle comme des vésicules ; elle a été soutenue principa- lement par Meyen; mais M. Mohl se propose aujourd'hui de prouver qu'elle ne repose que sur une interprétation erronée des faits. Cette idée de la nature vésiculeuse de la chlorophylle a eu récemment pour zélé partisan M. Naegeli. M. Mohl discute d'abord la manière de voir de cet observateur, et il s'attache surtout à prouver que l'existence de vési- cules constituant un organe distinct des cellules est inadmissible, malgré les arguments par lesquels M. Naegeli a cherché à l'établir. Après avoir rappelé encore l'opinion de MM. Goeppert et Cohn, qui regardent les grains de chlorophylle des Nitella comme formés d'une membrane hyaline susceptible de se gonfler dans l'eau, et d’un contenu fluide vert, avec plusieurs nucleus solides, formés de fécule, M. Mohi passe à l'exposé de ses propres observations. Tl étudie d'abord la chloro- phylle en rubans spiraux des Zygnema. Ces rubans, formés en majeure partie d'une substance molle, brunissant sous l'action de l’iode et d'une quantité extrêmement faible de matière colorante, subissent des change- ments très remarquables lorsqu'on coupe transversalement sous l'eau les cellules qui les renferment et dans lesquelles pénètre alors le liquide. Jis se gonflent et se disposent irrégulièrement en masses globuleuses ou ovoïdes, quelquefois plus allongées, et alors spirales, qui sont d'abord uniformément vertes, mais desquelles sortent plus tard une ou plusieurs vésicules inco- lores, formées d’une matière mucilagineuse homogène et remplies d'eau. Ces vésicules viennent certainement de l'intérieur du ruban vert, et se font jour à travers la couche extérieure verte. Leur formation est entièrement 418 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. accidentelle, et elle a lieu tantôt au milieu, tantôt au bord du ruban. Il n'y a pas le moindre doute, dit M. Hugo v. Mohl, que ce phénomène ne soit dû à une endosmose opérée par la substance interne du ruban de chlorophylle. A cette disposition de la chlorophylle en couche ou lame mince que pré- sentent les Zygnema, se rattache celle en couche plus cohérente qu'elle affecte chez les Draparnaldia, Ulothrix, ete., chez lesquels elle forme un revêtement plus ou moins complet de la paroi cellulaire. Ici encore vient se rattacher la chlorophylle de l Anthoceros lævis, qui forme dans chaque cellule le revêtement vert d’une masse de protoplasma environnant le nü- cleus cellulaire, située au centre de Ja cellule, et rattachée aux parois cel- lulaires par deux ou plusieurs prolongements rayonnants courts et épais. Le nucleus entouré par ce protoplasma est remarquable parce qu'il ren- ferme un très grand nombre (peut-être 100 et plus) de petits grains de fé- cule oblongs. L'eau agit sur la chlorophylle de l'Anfhoceros comme sur celle des Zygnema. La masse entière se renfle en raccourcissant ses prolon- gements rayonnants et devient irrégulièrement arrondie ou ovoïde ; en même temps, les granules de fécule du nucleus deviennent plus visibles; ensuite, dans l’intérieur de la masse, il se forme une ou plus rarement deux grosses vésieules qui sortent à travers la couche verte externe. Il n’existe pas d'in- dice d’une membrane externe. Des faits dont on vient de voir le résumé succinct, M. H. v. Mohl con- clut que la seule condition nécessaire pour qu'il y ait production de chlo- rophylle, c'est qu'il se forme dans une cellule de la matière verte en rap- port avec une masse de substance protéique, quelle que soit la configura- tion de celle-ci; dans tous les cas, il est clair, ajoute-t-il, qu'il n'existe aucun organe élémentaire analogue à une cellule, qui se montre uniformément chez toutes les plantes à chlorophylle, ni auquel on puisse attribuer la for- mation de cette matière. Quant à la structure des grains ordinaires de chlorophylle, tels qu'ils se montrent dans la très grande majorité des plantes, M. H.v. Mohl en distingue deux sortes bien tranchées dans leurs formes extrêmes, mais passant l’une dans l’autre par de nombreux intermédiaires. 1° La première sorte forme des grains globuleux, plus ordinairement en- core aplatis et rattachés par leur côté plane à la paroi de la cellule, dont le diamètre excède rarement 545 à 54 de ligne, et reste souvent au- dessous. Ces grains prennent souvent, par suite d'une pression réciproque, un con- tour hexagonal. Dans leur substance, on reconnait, dans bien des cas uni- quement après l’action de l'eau, des granules très petits, qui arrivent même parfois à la surface du grain. L'eau agit sur eux très rapidement: sous son action, ils se gonflent en vésicules, d’ou leur teinte verte s'éclaircit, et leurs granules intérieurs deviennent plus visibles. Ces grains sont essentiellement analogues à la chlorophylle des Zygnema et de l Anthoceros. Dans l'eau, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 chacun d'eux se creuse d'un ou plusieurs vacuoles qui distendent la matière verte, et qui, plus tard, en sortent sous la forme de vésicules incolores. Cette matière se montre alors en masse continue ou plus ou moins frac- tionnée sur la surface de ces vésicules. La substance de ces grains de chlo- rophylle est très molle; il est très vraisemblable que leur couche externe est plus consistante, mais rien n'y indique l'existence d'une membrane différente de la substance interne. On peut étudier très bien cette surte de grains dans les feuilles du Clivia nobilis. 2° Les graius de chlorophylle de la deuxième sorte sont souvent plus gros que les précédents. On reconnait dans leur intérieur, soit lorsqu'ils sont frais, soit après l’action de l'eau et surtout de l'iode, un ou plusieurs grains de fécule. La surface de ces grains de chlorophylle est plus unie que celle de beaucoup de grains de la première espèce, et leur matiere a ordinairement ses granules plus fins. L'eau n'agit que très faiblement sur ces grains; elle rend seulement plus apparent le contour de leur fécule. Leur enveloppe verte a une assez grande consistance. M. Moh! n’a jamais vu s'y former de vacuoles. Les cellules intérieures des feuilles du Cerato- phyllum demersum sont celles qui lui ont paru les plus avantageuses pour l'étude de cette seconde espèce de chlorophylle. Il n'existe pas de règle générale pour la distribution des deux formes de grains de chlorophvlle dans les différentes cellules d'une plante. Les cel- lules les plus voisines des deux faces d’une feuille renferment ordinairement des grains sans fécule ou de ceux qui, n'ayant que de très petits granules de fécule, se renflent en vésicules par l’action de l'eau; au contraire, dans les couches profondes de la même feuille se trouve la chlorophylle à gros grains de fécule. Mais il y a aussi des feuilles dout toutes les cellules n'ont que de la chlorophylle sans fécule. M. H. v. Mohl examine ensuite une question théorique d'un haut inté- rêt, qui a été soulevée par M. Mulder; on sait, en effet, que, d’après ce chimiste, la production d'oxygène par les plantes vertes provient d’une transformation de la fécule en chlorophylle. II cherche à reconnaitre si l'observation directe et l'anatomie appuient cette théorie de la trausforma- tion de la fécule. La discussion à laquelle il se livre à ce sujet le conduit å la conclusion suivante : « L'existence de la chlorophylle dans des cellules qui ne renferment pas de fécule, l'existence de chlorophylle en lames, qui n'a pas été précédée par de la fecule, le grossissement des grains de chloropbylle après que la fécule a disparu de leur intérieur ; chez d’au- tres plantes, l'accroissement simultané des grains de fécule et de chloro- phylle, tous ces faits amènent à la conclusion que la chlorophylle ne pro- vient pas d'une transformation des grains de fécule, mais que ces deux formations, quoique fréquemment rattachées entre elles, sont cependant indépendantes l'une de l’autre. » 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber die Bildung der Kospendeckbhlaetter von Salix . und Magnolia durch Spaltungsflneehen (Sur la formation des écailles des bourgeons de Salix et de Magnolia par des surfaces de rupture), par M. Th. Hartig. Botan. Zeit., du 30 mars 1855, n° 13, col. 223. L'enveloppe extérieure des bourgeons de tous les Saules n’est pas for- mée, comme chez la plupart des arbres, de plusieurs écailles étalées, dispo- sées en spirale autour du cône végétatif du bourgeon; elle consiste en une seule tunique conique, parfaitement close, soudée à sa base tout autour de ce cône. L'étude organogénique de ces bourgeons montre, avec la plus grande netteté, que cette enveloppe conique n’est pas provenue d'une écaille primitivement ouverte, dont les bords se seraient soudés, mais que, dès l'origine, elle a été parfaitement close, et qu’elle à été isolée par une fissure conique, qui s’est étendue graduellement du haut vers le bas. Ce fait se montre d'une manière encore plus remarquable dans les bourgeons des Magnolia, dans lesquels toutes les écailles forment des enveloppes closes et coniques. On reconnait aussi qu'il ne s'opère pas, dans ce cas, une sou- dure sur les bords d’écailles primitivement étalées, mais que chaque cône se détache par une fissure conique, absolument comme dans les Saules. Abnorsme Bluethen von Aconitum taurieum, Wulf. (Fleurs anormales d'Aconitum tauricum) ; par M. Hochstetter. Wuerttember- gische naturwissenschaftliche Jahreshefte, X1° année, 1° cah., 1855, p. 33-39. L Aconitum tauricum, Wulf., est très voisin de l'A. Napellus, et n'en est peut-être qu’une variété à laquelle l'élégance de ses fleurs a valu une place dans les jardins d'agrément. Les fleurs monstrueuses de cette plante, qui ont fourni le sujet de cette note, ont été observées par l’auteur dans un jardin d’Eslingen. Leur examen conduit le botaniste allemand à une expli- cation de la structure florale des Aconitum autre que celles qui ont été proposées jusqu'à ce jour. On sait que les anciens botanistes voyaient dans la fleur des Aconits une corolle irrégulière sans calice, et, sous l'abri du pétale supérieur fortement concave, deux nectaires en capuchons longuement pédieulés. Aujourd'hui les botanistes s'accordent généralement à voir un calice dans l'enveloppe colorée que les anciens nommaient corolle, et deux pétales dans ce qu'on à regardé autrefois comme des nectaires ; ils regardent aussi, pour la plupart, comme trois pétales, trois petits organes filiformes, pointus, nommés para- pétales par divers auteurs, qui se montrent, chez quelques espèces, à la base des étamines, et qui avortent, pense-t-on, dans beaucoup de cas, ou se changent en étamines, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 121 Dans les fleurs anormales observées par M. Hochstetter, l'irrégularité était moins grande que de coutume. Dans les fleurs normales, les deux sépales inférieurs sont toujours inégaux, l’un, tantôt celui de droite, tantôt celui de gauche, étant beaucoup plus large que l’autre ; dans les fleurs anor- males, ils étaient parfaitement égaux et étroits; mais, entre eux, et plus intérieurement, se montrait un troisième sépale régulier, un peu plus large, de sorte que le “alice semblait avoir six sepales. Le plus étroit des deux sépales inférieurs de la fleur normale commence le cycle calycinal, dont la deuxième feuille est le sépale en casque, dont la troisieme feuille est le plus large sépale inférieur, dont la quatrième et la cinquième feuille sont les deux pétales symétriques latéraux. Pourquoi cette troisième feuille du cycle calicinal est-elle toujours plus large que sa symétrique, dans la fleur nor- male? M. Hochstetter pense que cela tient à ce que cette troisième feuille se soude toujours avec le premier pétale de la corolle, pour laquelle les deux cornets pédiculés formeraient la deuxieme et la cinquième feuille du cycle. Il n'y aurait donc que deux pétales ordinairement avortés sur cinq. Il est porté à croire que ces deux pétales manquants sont soudés avec les deux sépales latéraux ou moyens de la fleur normale ; dans ce cas, le quatrième sépale serait soudé avec le troisième pétale, et le cinquième sépale avec le quatrième pétale. Dans cette manière de voir, la fleur des Aconits aurait un calice et une corolle également pentamères, dont les cycles alterneraient entre eux, et il n’y aurait pas d’'avortement, mais bien trois soudures, M. Hochstetter pense que les soudures des organes foliaires des fleurs sont plus fréquentes qu'on ne le croit généralement, et qu'elles déterminent sou- vent dans ces organes des ‘manières d'être pour l’explication desquelles on recourt volontiers aux avortements. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Herborisations dans le’midi de la Franee, en 1554, par M. Victor de Martrin- Donos; broch. in-8° de 28 pag. Montauban, 1855; Lapie-Fontanel. Cette brochure renferme le récit de quelques excursions botaniques faites par l’auteur à la fin du mois de juin et au mois de juillet, dans les environs de Narbonne, de Perpignan et de Molitz, dans les Pyrénces-Orientales. On y trouve : 1° l'indication de localités nouvelles, telles que le Pas-du-Loup, entre Narbonne et Bézier:, et le domaine des Lebrettes, pour l Astragalus Glaux, Lin., le Pech de V Agnèle, aux portes de Narbonne, pour le Dian- thus velutinus, Guss., ete.; 2° quelques faits de géographie botanique assez curieux, tels que la présence de l'Anarrhimem bellidifolim, Lin., plante montagnarde, aux bords de la Méditerranée, sur la plage de Canet, et celle T. NH. 9 492 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du Thapsia villosa, Lin., qui croit habituellement dans les sables brûlants du littoral méditerranéen, sur l’un des sommets qui entourent Molitz; 3° la mention de quelques plantes que l’auteur regarde comme nouvelles, mais qu'il nomme sans les caractériser suffisamment, comme un Orchis Martrinii, Timb. Lagr., trouvé sor le trajet de Molitz à Nohédas, et qui est voisin des Orchis coriophora et fragrans, où dont il indique les caractères distinctifs sans les nommer, comme un Ciste des Corbières, qui se rapproche beaucoup du Cistus salviæfolius ; h° enfin, une espèce nouvelle dont nous reproduirons la description, en faisant remarquer que l'auteur en accom- pagne le nom d’un point de doute. Cistus petiolatus de Martr.? « Fleurs de 4-6 centimètres, en corymbe au sommet des pédoncules, munies à la base de bractées écailleuses, lancéolées, caduques, et, vers le milieu, de petites feuilles bractéiformes, ovales-lancéolées, nerviées, velues- soyeuses en dedans et sur les bords. Pédicelles deux ou trois fois plus longs que les calices, hérissés de longs poils; sépales largement cordiformes-acu- minés, glabrescents sur les faces, longuement ciliés aux bords; pétales blancs, tachés de jaune à la base, deux, trois fois plus longs que le calice. Feuilles très longuement pétiolées, à pétiole grêle, non ailé, à la fin réflé- chies, ovales, élargies vers leur base, longuement lancéolées, crispées fine- ment en leurs bords, {omenteuses-étoilées sur les deux faces, veinées- rugueuses seulement en dessous et d'un vert pâle ou jaunâtre ; tige glabre, élancée, haute de plus d'un mètre, d’un brun rougeâtre clair; ainsi que les rameaux, qui sont très allongés et un peu visqueux au sommet, » Has. Gorges abritées de Font-Froide. Ce Ciste se place entre le Cistus corbariensis, Pour., regardé par l'auteur comme une bonne espèce, et le C. longifolius, Lin. 11 se distingue du premier par ses feuilles, très longuement pétiolées, Jamais cordiformes, et ses Sépales moins hérissés; il diffère du second par la couleur claire et non noirâtre de toute la plante, par ses fleurs plus grandes, disposées en une ombelle plus lâche, par les pétioles de ses feuilles plus gréles, non ailés, et par les autres caractères indiqués dans la description. Icones plantarum Galliæ rariorum nempe incertarumn aut nondum delineatarum; auctore Augustino-Pyramo De Candolle. Parisiis, 1808, fol., c. 50, tab. ære incisis. Dusacq, rue Jacob, 26. Il pourra sembler étrange que le Bulletin annonce, en 4855, un ouvrage qui porte la date de 1808. Mais, tout ancien qu'il est, le livre de De Can- dolle se présente aujourd’hui, en quelque sorte, comme nouveau. On sait, en effet, que, depuis sa publication, il était resté à un prix tellement élevé REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 493 que peu de botanistes en avaient enrichi leur bibliothèque. Le premier tirage des 50 planches qui le composent avait été fait à un petit nombre d'exemplaires, et depuis longtemps déjà ce livre important pouvait être regardé comme n'existant plus dans le commerce de la librairie, Mais, récemment, les cuivres de ces planches et l'édition entière du texte ont été acquis par M. Dusacq, qui a fait faire un nouveau tirage des figures, et qui, en réduisant à 45 francs le prix du volume, l'a rendu parfaitement acces- sible à tous les botanistes. C’est cette circonstance qu'il nous parait impor- tant de faire connaître, et qui nous détermine à rappeler au souvenir des botanistes les /cones de De Candolle. On sait que cet ouvrage n'a jamais compté que 50 planches, quoique son illustre auteur l'eût entrepris avec l'intention de lui donner une bien plus grande étendue; mais, tel qu'il est resté, il n'en forme pas moins un élément essentiel pour l'étude de la flore française, puisque les 50 figures qu'il comprend, toutes dessinées par Turpin et Poiteau, sont certainement au nombre des meilleures illustrations que nous possédions pour des espèces de notre sol. Quant au texte qui accompagne ces figures, il a surtout de l'intérêt pour les espèces nouvelles, dont il renferme une description étendue; pour les autres, il se compose d'une diagnose, des principaux synonymes, de l'indication des localités, et parfois de |’ exposé des caractères qui les distinguent des plantes voisines. Flora dell’ Italia settentrionale e del Tirolo meridionale, rappresentata colla fisicotipia dei fratelli Carlo e Agostino Perini (Flore de l'Italie septentrionale et du Tyrol méridional, figurée au moyen de la physicotypie des frères Charles et Augustin Perini). Cet ouvrage est destiné à la reproduction des plantes au moyen du pro- cédé d'impression naturelle inventé à Vienne par M. Auer, et au sujet du- quel nous rènvoyons à une note qui a été ajoutée, dans le dernier cahier du Bulletin, à l'analyse d'un Mémoire de M. d'Ettingshausen. Le premier fas- éicule contient 10 planches, et représente les plantes suivantes : Acer cam- pestre, Geum reptans, Trifolium alpinum, Cirsium spinosissimum , Alche- milla alpina, Melittis Melissophyllum, Berberis vulgaris, Adenostyles alpina, Rhus cotinus, Aconitum Anthora. Les deux auteurs reconnaissent que leurs figures sont encore inférieures à celles qu’on exécute à l'imprimerie impériale de Vienne; mais ils espèrent que les suivantes ne laisseront rien à désirer, Dans tous les cas, lear publication a le mérite d'appliquer a une flore particulière la découverte toute récente de M. Auer, et de permettre d'apprécier l'importance qu'elle peut avoir pour la botanique. Mazzetto di fiori per la festa dell’ $ gennajo 1855, /ormato con alcune piante nuove o poco conosciute del R. orto botanico (Petit bou- 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quet de fleurs pour la fête du 8 janvier 1855, formé de quelques plantes nouvelles ou peu connues du jardin botanique royal), par M. G. Passerini; broch. in-4° de 44 pag. et 4 pl. lith. Parme, impr. roy., 1855. Ce Mémoire est consacré à huit espèces, dont six sont décrites pour la première fois. Pour les sept premières de ces plantes, l’auteur donne une diagnose latine et une description en italien. Voici les noms de ces espèces : 1. Crinum Ludovicæ, Passer; c'est la plante figurée dans la planche qui accompagne le Mémoire. Patrie inconnue ; cultivée depuis longtemps au jar- din botanique de Parme. — 2. Baccharis festiva, Passer.; Nouvelle- Zélande. — 3. Sida Janii, Passer.; patrie inconnue ; cultivée au jardin, sous le nom de Sida ovata, Lav. — h. Prosopis plesiophylla, Vasser.; patrie inconnue. — 5. Oxalis subincarnata, Passer.; patrie inconnue. — 6. Rhus verrucosa , Passer.; patrie inconnue. — 7. £upatorium Morisii, Visi. in litt. 8. Helleborus abascius, Passer.; sans diagnose ni description. Cette plante avait été décrite dès 1847. Elle figure dans le Catalogue des graines du jar- din botanique de Berlin pour 1854, sous le nom de Helleborus abschasicus. Natuurkundige Verhandelingen van de hollandsche Maatschappij der Wetenschappen te Haarlem (Mé- moires relatifs à l'histoire naturelle de la Société hollandaise des sciences de Haarlem), 2° série, 10° volume. Haarlem, 1854, in-4°. Ce volume est entièrement consacré à la botanique; car, après la liste des membres de la Société de Haarlem, il ne comprend que les deux Mémoires suivants : 1. GoopENOVIE®. AQ auctoritatem Musei cæsarei vindobonensis, pa- risiensis, ilustr. Roberti Brownei, Guil. J. Hookeri, Joan. Lindleyi, Franc. Lessertii, Lud. Preissii, Fred. Lud. Splitgerberi, aliorumque proposuit Guil. Henr. de Vriese. Figuris illustravit Q. M. R. Ver Huell. Scriptio oblata est Societati scientiarum Batavo-Harlemensi, festum seculare celebranti, d. 21 m. maii, anni 4852. Pag. V-VIII, 4-194; 38 planc. lithogr. Voici les noms des espèces figurées. Les figures de port sont accompa- gnées d'analyses détaillées. PI. 4. Temminckia macrophylla, de Vriese. 2. T. mollis, Id. Camphusia glabra, Id. 3. Scævola macrocalyx, 1d. b. Sc. Macræi, I. 5. Molkenboeria semiamplexicaulis, 1d. 6. M. platy- phylla, 1d. 7. M. pilosa, 1d. 8. M. macrophylla, 1d. 9. M. microphylla, 1d. 10. Merkusia multiflora, 14. 44. M. thesioides, 14. 42. M. Hookeri, 1d. 13. Aillya umbellata, 1d. 4h. Dampiera ferruginea, 1d. 45. D. Reinwardti, ld. 16. D. adpressa, All. Cunn. 47. D. lanceolata, All. Cunn. 18. D. cau- loptera, DC. 49. D. canescens, Benth. 20. D. Verreauxii, de Vriese. 21. D. eriocephala, id. 22. Linschotenia discolor, 1d. 23. Goodenia humilis, R. Br. 24. G. armstrongiana, de Vriese, 25. G. flagellifera, 1d. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 125 26. G. lanata R. Br. 27. G. hederacea, R. Br. 28. G, incana, R. Br. 29. G. squarrosa, de Vriese. 30. G. pinifolia, 1d. 31. G. decurrens, R. Br. 32. Stekhovia scapigera, de Vriese. 33. Euthale macrophylla, Id. 3h. Vel- leya macrocalyx, Id. 35. Leschenaultia biloba, Lindl. 36. L. pinastroides, Lehm. (f. 4-6); Z. arcuata, de Vriese (f. 6-11). 37. Anthotium humile, R. Br. 38. Lemairea Amboinensis, de Vriese. 2. PRODROMUS FLORÆ BRYOLOGIC Œ SURINAMENSIS; auctoribus F. Dozy et J. H. Molkenboer. Accedit pugillus specierum novarum floræ bryologicæ Venezuelanæ. P. 1-54; 19 planc. gravées sur pierre. Voici les noms des espèces figurées, dont chacune est illustrée par de nombreux détails : PI. 4. Fissidens Splitgerberianus, Dz. et Mb. 2. Arthrocormus pulvinatus, Id. 1d. 3. Calymperes Richardi, Muell. 4. Bryum Lambergii, Dz. et Mb. 5. Campylostelium Venezuelanum, Id. Td. 6. Syrrhopodon Surinamensis, Id. Id. 7. S. cryptocarpos, Id. Id. 8. Barbula agraria, Sw. 9. Neckera Korthalsiana, Dz. et Mb. 40. Meteorium patulum, Dz. et Mb. 14. M. peni- cillatum, Id. Id. 42. M. macranthum, Id. Id. 13. Hookeria divaricata, Id. Id. 44. Hypnum Surinamense, Id. Id. 15. H. papillosum, Hornsch. 16. H. subsimplex, Hedw. 17. H. Kegelianum, Muell. 48. H. microtheca, Muell. 19. H. pungens, Hedw. Betrachtungen ueber die Zwergmandeln und die Gat- tung Amygdalus ueberhaupt (Considérations sur les Amandiers nains et sur le genre Amygdalus en général), par M. D.-F.-L.-V. Sch- lechtendal. Halle, 1854, in-4° de 30 pages. Extrait des Abhandlungen der naturforschenden Gesellschaft, zu Halle. Dans son introduction, M. de Schlechtendal rapporte à l’année 1784 et à James Sutherland (Hortus Edinburgensis, d'après Aiton et Sweet) la pre- mière mention de l'existence dans les jardins d'Europe de l’ Amygdalus nana, Lin., qui cependant était déjà connu alors depuis un siècle. Il examine si cette espèce appartient à la flore de l'Allemagne, et il déclare le fait dou- teux. Il rappelle et discute les indications fournies à ce sujet par MM. Rei- chenbach, Neilreich, Schnizlein, Sadler, ete. Le corps de son Mémoire est ensuite divisé en quatre parties. I. Espèces ‘d'Amandiers nains considérées quant à leur délimitation actuelle, — L'auteur examine en détail, à ce point de vue, les espèces sui- vantes : 4. Amygdalus nana, Lin.; 2. A. campestris, Besser ; 3. A. sibirica, Tausch ; 4. A. pumila, Lour.; 5. A. fruticosa, Wender; 6. A. humilis, Edgeworth. La conclusion générale a laquelle il est conduit par cet examen circonstancié est que, dans l'état actuel de nos connaissances, l'histoire des Amandiers nains exige encore de nombreuses observations ponr être défi- Ditive{ent fixée. 126 © SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. JT. Les Amandiers nains, en général. — Dans ce chapitre, M. de Schlech- tendal étudie la végétation et l’ensemble des caractères des arbrisseaux qui forment le sujet de son Mémoire. Les Amandiers nains rampent tous sous la terre, mais à des degrés un peu différents. Les feuilles de leurs jets radi- caux simples qui se développent chaque année portent des feuilles beaucoup plus grandes et un peu autrement configurées que celles de leurs tiges âgées de plusieurs années. Les fleurs varient, dans chaque espèce, de nombre, de grandeur ; elles tendent toutes à développer mal,ou même pas du tout, leur pistil; de là leur faible fertilité. En Allemagne, les fruits ne müûrissent qu’en septembre et octobre. Leur maturité est indiquée par l'ouverture d'une fente sur le bord le plus convexe du péricarpe, qui laisse ensuite le noyau de plus en plus à découvert. Les fruits entiers, et surtout les noyaux, four- pissent de bons caractères spécifiques, tandis qu'on admet généralement, à la vérité sans preuves directes, que les variations analogues, chez l'Aman- dier commun, n’ont absolument aucune valeur. Les Amandiers nains ont toujours la graine amère. Leurs fleurs sont rouges, excepté chez l'Amyg- dalus campestris, Besser, qui les a blanches. Il faudrait vérifier expéri- mentalement si, comme l’a dit Ledebour, les fruits de ces fleurs blanches peuvent donner des pieds à fleurs rouges. II. Les espèces d’Amandiers nains exposées d’après les observations de l'auteur. — Ce chapitre contient la description étendue, mais non accompa- gnée de diagnose, ainsi qu'une discussion des espèces telles que ies admet l’auteur. On sent que cette partie du Mémoire n’est pas susceptible d'ana- lyse- Voici les noms de ces espèces et leur synonymié. 14. Amygdalus pallasiana = Amygdalus nana, Pall., FL ross., tab. VI (Deser., p. 12, excl, formis plur.) ; Schkuhr, Handb., IL, tab. CXXX, I, p. 21; Bot. Magaz., t. 161. 2. Amygdalus Besseriana = Am. campestris, Besser, nec alior, auctor, _ 3. Amygdalus Gæœrtneriana = Am. nana, Gaertn, de fruc., IF, p. 75, t. 93, f. 3. . 4. Amygdalus Ledebouriana — Am. nana, altaica, Ledeb., Fl. alt. IV. Les autres groupes du genre Amygdalus. — L'auteur expose les con- sidérations qui forment ce chapitre, surtout dans l'intention de provoquer de nouveaux travaux sur ce sujet, Observations on a remarkable Cycadeo:s plant from Port Natal (Observations sur une Cycadée remarquable de Port- Natal); par M. John Smith. Hooker's Journ. of botany and Kew garden miscel., 1854, p. 88. La plante dont il est question dans cette note, quoique découverte depuis quelques années, n'a été connue que tout récemment, soit dans son organi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 sation, soit relativement à la place qu’elle doit occuper dans le règne végé- tal. Elle a été décrite en 1853 (Hooker's Journ. of botan., p. 228), par M. Thomas Moore, dans un article intitulé: Liste des Fougères de Natal, recueillies par M. Plant, comme formant le type d'un genre nouveau, qui a reçu le nom de Sangeria, en l'honneur du docteur Stanger, qui l'avait introduite, en 4851, au jardin botanique de Chelsea, et elle a pris rang dans ce genre sous le nom de S. paradoxa, Th. Moore. Mais ce botaniste n'avait pu, faute de matériaux suffisants, se faire une idée exacte de la famille à laquelle elle appartient, et ne sachant s’il avait sous les yeux une Fougère ou une Cycadée, il disait dans son Mémoire qu'elle paraissait être ou un Zamia semblable à une Fougère, ou une Fougère semblable à un Zamia. Cependant, ajoutait-il, son affinité paraît être plus grande avec les Cycadées qu'avec les Fougères. M. John Smith a pu étudier plus complétement cette plante remarquable, et il est arrivé à démontrer qu'elle appartient réellement à la famille des Cycadées. Du reste, l'erreur qui lavait fait prendre pour une Fougère re- moptait déjà haut; car le célèbre ptéridographe Kunze l'avait prise pour un Lomaria, qui lui avait semblé d'abord n'être que le Lomaria coriacea Schrad., mais qu’il avait bientôt reconnu pour une espèce distincte, à la- quelle il avait donné le nom de Lomaria eriopus (Voy. Linnæa, XIII, 1839, p. 152). « Il est surprenant, dit M. John Smith, que Kunze ait rap- porté ses échantillons de cette plante au genre Lomaria, car le fait d'un stipe laineux est parfaitement suffisant pour montrer qu'elle n'a rien de Commun ayec ce genre. » Les matériaux sur lesquels le botaniste anglais a étudié le Sfangeria paradoxa sont surtout deux pieds rapportés de Natal par le capitaine Garden, deux cônes mâles, quelques fragments qu'on sup- pose appartenir à un cône femelle, enfin plusieurs petits individus. Voici les particularités nouvelles que lui ont montrées ces divers objets. « Chez les Cycadées, dit-il, la vernation, telle qu’on l'a caractérisée jus- qu'à ce jour, est droite; chez les Zumia et les genres voisins, les pinnules sont planes et ployées en opposition l’une par rapport à l'autre; chez les Cycas, elles sont circinées. Le Sfangeria differe du caractère général de la famille, et aussi du caractère secondaire du genre, en ce que ses frondes sont infléchies dans Ja vernation ; la portion supérieure de la fronde qui porte les pinnules naissantes étant brusquement infléchie contre le stipe : comme son développement procède de l'axe d’accraissement, le stipe s'allonge gra- duellement, et la portion supérieure infléchie qui porte les jeunes pinnules devient rectiligne. Comme chez les Zamia, les pinnules se regardent face à face ; mais, au lieu d'être planes comme chez ceux-ei, chacune d'elles s'en- roule longitudinalement, On voit dès lors que le Sfangeria diffère de toutes les Cycadées connues par sa vernation infléchie et involutce, et parce que les veines de ses pinnules naissent d'une véritable côte mediane, dont l'exis- 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tence rend inadmissible le caractère par lequel on distingue habituellement les Fougères fossiles des Cycadées fossiles. » Ueber die Algengattungen Œdogonium und Bolbhochæte (Sur les genres d'Alques OŒEdogonium et Bolbochæte); par le docteur Ant. de Bary. Abhandl. herausgeg. von d. Senckenbergischen natur forsch. Gesellschaft; 1, 4 livr., p. 29-105, plan. 2, 3 eth. Franefort-sur-Mein, 41854, in-4°. Ce Mémoire est fort étendu, et renferme un si grand nombre de détails, qu'il serait impossible d'en donner une analyse suffisante sans dépasser les limites d’un article de cette Revue. Nous indiquerons cependant les princi- pales conséquences déduites par l’auteur de ses observations. L'étude attentive des espèces comprises dans les deux genres Œdogonium et Bolbochæte a montré à M. de Bary que les cellules de ces Algues s'ac- croissent par leur extrémité. La portion essentiellement formatrice de ces cellules, ou l’utricule primordiale, sécrète la membrane cellulaire, com- posée de cellulose, sous la forme de couches pius ou moins nettes, parmi lesquelles les plus âgées sont toujours les plus extérieures, et dont la plus jeune entoure immédiatement l'atricule primordiale. La partie la plus jeune de la cellule s'allonge à son extrémité supérieure et perce à travers la vieille membrane; le nouvel alongement terminal se sépare, en qualité de cellule- fille, de la portion inférieure persistante, c’est-à-dire de la cellule-mère, et il se présente dans les mêmes conditions que la cellule-mère, ou bien il se renfle soit en sporange, soit en cellule-mère (Bo/bochæte setigera), ou bien il devient une cellule-soie qui ne produira plus de cellule-fille. Dans d'autres cas, le contenu cellulaire organisable s’isole complétement de la membrane cellulaire en gonidie locomolite ; il devient une cellule à végétation indé- pendante, et produit à son tour une famille de cellules semblable à celle de laquelle elle émane, c’est-à-dire un nouveau filament cellulaire. Cet accroissement des cellules par leur extrémité, cette division en deux cellules d'inégale valeur, distingue les deux genres ŒÆdogonium et Bolbo- chete des Confervacées, parmi lesquelles on les a rangés jusqu’à ce jour. Celles-ci, comme les Zygnémacées et beaucoup d’autres, sont formées de cellules qui s’accroissent par les deux extrémités, et qui se multiplient par la production de cellules-filles, dont la formation marque la mort de la cel- lule-mère. Les cellules des ŒÆdogonium n’ont qu’un accroissement longitu- dinal, qu'une extrémité où ait lieu leur allongement, qu'un seul point végé- tatif, s'il est permis de s'exprimer ainsi. A ce point végétatif naissent des cellules essentiellement différentes, savoir : des cellules végétatives cylin- driques, produisant à leur tour des cellules-filles ou bien des cellules qui produisent des gonidies ou des sporeset qui se renflent souvent en globules, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 Chez le Bolbochæte, la cellule la plus basse possède seule un point végé- tatif; toutes les autres en ont deux adjacents situés à leur extrémité supé- rieure, lesquels donnent deux cellules-filles divergeant en angle aigu, et qui diffèrent d'importance dans un ordre régulier, savoir : une cellule-soie, qui reste toujours indivise, et une cellule verte ou sporange. La similitude de la végétation, de la formation des spores, des gonidies, fait penser à M. de Bary que les ŒÆdogonium et Bolbochæte doivent être sé- parés des autres Confervacées de Kützing en une famille particulière qui se place, sans doute possible, près des Vaucheria, Achlya et Saprolegnia. Voici le tableau de cette famille, tel que le trace l’auteur. OEDOGONIEÆ. Cellules à croissance terminale, unies en filaments simples ou ramifiés, produisant avec tout leur contenu des gonidies dis- tinctes, motiles, ovoïdes-élargies. Sporanges plus ou moins renflés, formant avec tout leur contenu une spore globuleuse ou ovale. Genre 1. ŒEdogonium, Link. Cellules à croissance terminale dans une direction ; de là filaments simples. Forme des cellules cylindrique, un peu élargie vers le haut. a. OEdogonia genuina, Kütz. Sporanges globuleux ou ovales, renflés, dans la continuité du filament. Spores globuleuses, situées librement dans leur milieu, b. Isogonium, Kütz. Sporanges cylindriques ou à parois moins prolongées sur la continuation du filament. Spores comme en a. c. Astrogonium, Itzigsohn. Sporanges en étoile, sur la continuation du filament. Spores comme en a et 4. OEdogonium Itzigsohnii. d. Acrogonium. Sporange ovoïde, situé en cellule terminale sur l’extré- mité du filament. Spore le remplissant entièrement. OEdog. acrosporum. GENRE 2. Cymatonema, Kütz. (OEdogonium undulatum, A. Br. msp.). Cellules à croissance terminale dans une seule direction ; filaments simples. Cellules cylindriques, avec (le plus souvent 5) étranglements transversaux, et par suite contour sinueux ; sporanges ? (Il se classerait peut-être mieux comme sous-genre d'Ædogonium.) GENRE 3. Bolbochæte, Ag. Cellules cylindriques- claviformes, avec contenu vert, à croissance terminale dans deux directions, produisant des cellules-filles hétérogènes les unes après les autres, ou à croissance termi- nale dans une seule direction, sous la forme d'une soie incolore allongée avec une base demi-globuleuse, laquelle ne produit pas de cellules-filles. Par suite, filaments dichotomes, cellules vertes, situées sur l'extrémité su- périeure d'une cellule, soit par deux, soit isolément avec une cellule-soie (la cellule inférieure ne produisant alors des cellules-filles que dans une direction). Sporanges naissant de la cellule-mére dans une seule direction, globuleux sur une portion inférieure cylindrique, ou purement globuleux, 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ou ovoïdes; spores remplissant entièrement la partie renflée du sporange, rouge écarlate à la maturité. 4. Bolbochæte setigera, Ag.; 2. B. intermedia, de Bary ; 3. B. minor, À, Br. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Recherches sur le mode de répartition des végétaux dans le département de la Gironde. Thèse de botanique ` pour le doctorat ès séiences naturelles, par M. J. Delbos. In-4° de h2 pages. — Bôrdeaux, décembre 1854 (1). Ce Mémoire a été écrit dans le but d’exposer la distribution des plantes dans le département de la Gironde, conformément aux idées de M. Thur- mann; c'est dire que M. J. Delbos admet, comme l’auteur de la Phytosta- tique du Jura, que le sol influe sur la dissémination géographique des espèces végétales par ses propriétés physiques et non par sa composition chimique. Son travail comprend plusieurs paragraphes. ; 4° Une sorte d'introduction est consacrée à quelques définitions et à quel- ques explications préliminaires. L'auteur y examine successivement ce qu'on entend par régions botaniques; l'influence, sur la répartition des plantes, du climat, du sol, de l'aire de dispersion et de la quantité de dis~ persion des espèces. Il expose les deux opinions régnantes et contradictoires au sujet de l’action du sol sur la distribution géographique des végétaux, dont l'une donne la plus grande importance à la composition chimique, tandis que l’autre l’attribue à l'état d’agrégation, de division, etc. , ou plus généralement aux propriétés physiques. Il entre dans des développements assez étendus pour montrer que « dans chacune de ces manières de voir on a poussé peut-être quelquefois les conséquences trop loin, » et que « dans certains cas aussi, le désaccord peut bien ne s'être produit que faute de s'entendre. » Le paragraphe suivant est consacré au tableau des stations botaniques dans le département de la Gironde, et à l'indication des espèces qui appar- tiennent à ces diverses stations. Cette partie forme le corps même du trayail de M. Delbos; mais il est presque inutile de dire qu'elle n’est pas suscep- tible d'être analysée. Tout ce qu’il nous semble possible de présenter ici, c'est le tableau des stations distinguées par l’auteur. Les stations botaniques du département de la Gironde se partagent en deux groupes : 4° la région maritime ; 2 la région continentale. La RÉGION MARITIME Comprend la bande étroite qui s'étend le long de l'Océan, à (1) Ge Mémoire est reproduit dans le deuxième cahier du tome [°' des Mémoires de la Societé des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, p. 427-469, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 48 laquelle l'auteur réunit les dunes, qui établissent souvent une transition la flore continentale. Dans cette région se trouvent distingués : les eaux salées ; les prés salés ; les sables maritimes, qui passent insensiblement aux dunes; les dunes blanches, c'est-à-dire mobiles ou non fixées ; les dunes ense- mencées ; les laites ou vallons qui séparent les dunes blanches, et qui éta- blissent |e passage des prés salés aux marais des landes et aux dunes; enfin les rochers maritimes. Dans la RÉGION CONTINENTALE se trouvent caractérisées par leurs plantes habituelles les stations suivantes : les eaux courantes ; les eaux tranquilles ; les marais; les bords des eaux courantes ; les tourbières spongieuses ou & Sphagnum; les tourbières sèches ou sables tourbeux; les sables arides; les pelouses naturelles ; les rochers ; les bois; j les prairies ; les moissons ; les jachères. Un troisième par agraphe est intitulé : Des rapports qui existent entre le mode de répartition des plantes et la constitution géologigue du pays. C'est ici particulièrement que l’auteur fait l'application des idées de M. Thurmann au département de la Gironde. Pour cela, il étudie successivement la consti- tution géologique des divisions naturelles de cette circonscription, c'est-à- dire : 4° de la partie occidentale ou des landes proprement dites; 2° de la partie médiane ou du triangle compris entre la Dordogne et la Garonne, partie qu'on nomme dans le pays l'£ntre-deux-mers ; 3° de la partie à l’ est de Ta Gironde et de la Dordogne; 4° des grandes vallées. Ii rapporte à chacune de ces divisions les principales espèces qui figuraient plus haut dans ses listes par stations; seulement il les distribue ici en raison de la constitution géologique du sol. Un quatrième paragraphe porte pour titre : Sur les aires de dispersion de quelques espèces. L'auteur distingue : 1° quelques espèces dont l'aire est très limitée, comprise tout entière dans le département de la Gironde, savoir; Silene læta, Erica lusitanica, E. mediterranea, Lobelia Dortmanna, Salvinia natans, Scorpiurus subvillosa ; 2° d'autres espèces qui se ratta- chent aux départements voisins, ou qui se sont naturalisées plus ou moins complétement. | Uu paragraphe intitulé : Résumé et conclusions, termine le Mémoire de M. Delbos. Voici les plus importantes de ces conclusions. Les terrains du département de la Gironde présentent quatre sols principaux nommés, d'après la nomenclature de M. Thurmann : 1° Eugéogène psammique (landes et molasses) ; 2° Eugéogène pélique (alluvions) ; 3° Eugéogène pélop- Sammique (diluvium) ; h° Dysgéogène pélique (calcaires de divers âges). Le premier et le dernier de ces sols sont seuls importants à considérer, les deux autres n'offrant rien de bien particulier, dit l'auteur. Or, « si nous compa- rons les différentes listes des plantes des stations sur le sol psammique, nous remarquerons : 1° que quelques plantes des tourbières spongieuses sont spéciales à notre région, mais que la plupart s'avancent au nord jus- g tt 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu’à la Loire, et quelques-unes même beaucoup au delà ; 2° que les sables tourbeux offrent certaines espèces qui s'avancent encore vers le nord, mêlées à d'autres spéciales (Viola lancifolia, Narcissus Bulbocodium, Allium ericetorum); 3° que les sables arides ont un certain nombre d'es- pèces spéciales, ou qui ne dépassent guère la Loire (Silene Portensis, Cistus alyssoides, Ornithopus roseus, Lupinus reticulatus, Linaria juncea, Anthe- ricum planifolium, Avena Thorei); h° que les prairies et les moissons pro- duisent des plantes qui s'avancent très loin vers le nord. v Sur le sol dysgéogène ou calcaire, on remarque: 1° que les plantes de nos pelouses ou friches rocailleuses sont, pour la plupart, assez indifférentes quant au climat. Cependant on voit apparaitre dans ces stations des espèces dont le facies est bien réellement méridional (Scorpiurus subvillosa, Linum strictum, Cotoneaster pyracantha), tandis que quelques autres ne s’avan- cent jusqu’à la Loire que par le concours de circonstances très favorables ; 2° que la végétation rupestre présente des caractères analogues, peut-être même plus tranchés, et comprend des plantes des régions méridionales de la France, ou qui s'avancent peu vers le nord, comme Phillyrea latifolia, Rhus Coriaria, Coriaria myrtifolia, Rhamnus Alaternus, Centaurea aspera; 3° que les moissons n'offrent pas de caractères bien particuliers. » En résumé général: « le sol psammique des Landes produit plus d'espèces spéciales, le sol dysgéogène des coteaux calcaires plus d’espèces méridionales, » BOTANIQUE APPLIQUÉE. On two fibres from Brazil (Sur deux matières textiles du Brésil); par M. Thomas C. Archer ; avec une note de sir W. J. Hooker. Hooker’s Journ. of botan. and Kew Garden Miscell., cah. de mars 1855, p. 84. Les deux matières dont il s’agit dans cet article ont été importées, il y a quelques semaines, de Bahia à Liverpool. M. Archer les regarde comme nouvelles pour le commerce de l'Angleterre. L'une d'elles constitue une sorte de lin, et on la dit propre aux mêmes usages que cette utile matière; elle est en petits écheveaux, longs d'environ 12 pouces anglais. Ses fibres sont d'une finesse remarquable, et elles ont un aspect particulier, qui rap- pelle un peu la toison des moutons à longue laine. Elle est d'un vert pâle. Elle a été importée sous le nom de Tecum. En la comparant avec un échan- tillon qui se trouve dans la collection des matières d'importation de Liver- pocl, M. Archer a été conduit à penser qu’elle provient d'une feuille de Palmier. Cet échantillon, auquel il l'a comparée, était une matière fibreuse obtenue par une préparation grossière des feuilles du Carnauba où Car- nahuba (Corypha cerifera). Quant à l'autre matière, elle consiste en fibres rouges très grossières et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 très longues; c'est évidemment, dit M. Archer, la portion fibreuse d'une écorce d'arbre, probablement, pense-t-il, d’un Acacia. Aucune de ces deux matières n'a trouvé des acheteurs à Liverpool. Dans sa note, ajoutée à celle de M. Archer, M. Hooker dit que, grâce à des échantillons envoyés d'Amérique par M. Spruce, il a pu reconnaitre la véritable origine des deux matières dont il s'agit. La première est fournie par les feuilles des jeunes pousses, encore blanches, comme ne s'étant pas fait jour au dehors, du Palmier Tucum (Astrocaryum Tucum, Martius). Tordus, les filaments extraits de ces feuilles donnent des fils et des cordons excellents, forts et très beaux. Quant à la seconde matière, aux fibres rouges et grossières de M. Archer, elle n’est rien autre chose que le liber du Ber- tholletia excelsa, Humb., dont les fruits arrivent maintenant en Europe sous le nom de Voix ou Amandes du Brésil. Il paraît qu'on en fait grand usage à Para, pour calfater les navires, et qu’elle est parfaitement propre à cet usage. L'examen de ces dernières fibres a conduit M. Hooker à examiner les lames de liber, avec lesquelles on fait, sur l'Amazone, les enveloppes de cigares, et qu'on nomme Z'auaré. Ce liber provient d’un arbre immense que M. Spruce croit être un Lecythis différent de l'ollaria, mais dont il n’a pu se procurer un échantillon, à cause de ses immenses proportions, et sur- tout de la hauteur extraordinaire de son énorme tronc. MÉLANGES. Muthmassliche Anzahl aller auf der Erde vorhandenen Pflanzen; mit hauptsnechlicher KRuecksieht auf die Graeser (Évaluation approximative de toutes les plantes qui existent sur la terre, en prenant surtout en considération les Graminées); par M. Steudel ( Wuerttembergische naturwissenschaftliche Jareshefte ; XIe année, 4855, 1°" cah., p. 66-71). Cette note est un extrait d'un travail encore non terminé au sujet de la distribution numérique et géographique des plantes sur la surface du globe. Il y a trente-sept ans que De Candolle évalua à 100,000 le nombre des espèces vegétales. Oken s'efforça de prouver, en 1818, dans l'/sis, et plus tard, en 1841, que ce chiffre était trop fort, et qu'il devait être réduit à 65,000. Mais évidemment De Candolle lui-même était au-dessous de la vérité, puisque le relevé des espèces déjà décrites donne actuellement, dit M. Steudel, 110,000 Phanérogames et 35,000 Cryptogames. Pour évaluer approximativement le nombre des espèces encore incon- nues, M. Steudel emploie la méthode suivante : La surface entière du globe est divisée en vingt-quatre régions qui ont une flove assez spéciale, de sorte 43h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qué les pläntés d'une région ne se retrouvent qu'en petit nombre dans les äutres. Cinq tableaux ont été dressés conformément à cétte idée. On y voit que, sur 850 Panicum, 100 seulement se retrouvent dans des régions autres quë éelle qui leur est assignée ; que sur 457 Andropogon, 40 seulement, et sur 104 Danthonia, 2 seulement passent dans d’autres régions. Beaucoup d'autres faits prouvent cette netteté de délimitation des espèces. Ainsi, sur 38 Giumacées rapportées par Boivin de Madagascar et des îles voisines, 26 sont nouvelles; il y a incertitude pour 2 autres, et 10 seulement sont déjà éoühues ; et cependant la proximité du cap de Bonne-Espérance permettait de pénser qu'il y aurait beaucoup plus d'espèces communes aux 2 régions = Les Phanérogames plus élévées se montrent également circonscrites, èt lé ombre des espèces découvertes tous les jours est considérable dans toutes les divisions du règne végétal. Ainsi, aux 200 Chénes connus en 4840, MM. Bentham, Blume, etc., en ont ajouté 40 nouveaux du Mexique et des archipels de l'Inde. Comme on connait à peine la moitié de la terre au point de vue de la végétation, et que la moitié inconnue est probablement la plus riche, ön peut supposer, dit M. Steudel, que les régions inconnues possè* dent, à égalité de surface, autant de plantes que, par exemple, l'Allemagne: Pärtant de cette hypothèse, il évalue à 168,000 les espèces de plantes qui devraient exister, Mais il ajoute que ce chiffre est évidemment trop faible, à cause de la richesse de la zone tropicale et des 10 degrés adjacents à cha- cun des deux tropiques. En résultat définitif, il arrive à estimer à 200,000 les espèces des régions intertropieales, et à 100,000 les espèces extratropi- cales, ce qui porterait à 300,000 le chiffre probable des plantes qui erois- sent à la surface de la terre. Par une méthode différente, en se basant sur l'accroissement graduel du nombre des espèces décrites par les auteurs, M. Steudel arrive, à très peu près, au mème chiffre total probable de 300,000 plantes. Richesse saccharine du Sorghum saccharatum. A la séance tenue par la Société des naturalistes de Berlin, le 46 jan- vier dernier, M. Luedersdorff à fait une communication relative au sucre du Sorghum saccharatum. D'après cet observateur, le sucre se développe seulement vers l’automne dans la tige de cette plante, et il existe en quan- tité beaucoup plus grande dans sa portion inférieure que dans la supérieure. La proportion de cette matière contenue dans la tige entière ne s'élève, dit- il, qu'à 7,54 pour 100 ; elle serait done beaucoup plus faible que celle qui a été trouvée par M. L. Vilmorin. La plus grande partie de ce sucre est du sucre de cannes, malheureusement mêlé de sucre de fruits, de telle sorte que le Sorghum ne devrait pas être inscrit parmi les plantes d’où l’on peut extraire le sucre avantageusement. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 435 Annales de lia Société linnéenne de Maine-et-Loire, première année 1853, 1 vol. grand in-8°, 327 pages, 1854. Cosnier et Luchèse, imprimeurs. Ce volume renferme plusieurs notices ayant trait à la botanique : 4° Notice historique sur l'ancienne Société d'histoire naturelle de l'An Jou, par M. Aimé de Soland. -— On y trouve un catalogue des plantes du jardin botanique d'Angers, dressé avant 1788, et qui, jusqu'à ce jour, n'avait jamais été publié en entier. Ce catalogue, divisé en 17 classes, renè ferme 654 espèces de plantes, dont 305 exotiques. 2° Notice sur une flore angevine manuscrite, suivie d'un supplément à la flore de Maine-et-Loire, par M. Guépin. — C'est la flore des environs d'Angers, écrite en 1763, par un docteur en médecine, le baron de la Rishérie : elle renferme environ 700 plantes, qui presque toutes ont été retrouvées de nos jours aux localités qu'y indique l'auteur ; quelques-unes cependant ont échappé aux explorations faites jusqu'à ce jour. Le supplé- ment à la flore de M. Guépin indique des plantes nouvellement trouvées dans le département de Maine-et-Loire , donne des caractères nouveaux et plus précis pour quelques plantes déjà mentionnées, et fait connaître quelques localités nouvelles. (Le travail de M. Guépin a été tiré à part en format in-18.) 3° Notice et expériences relatives à plusieurs Cryptoyames parasites Mmicroscopiques qui attaquent les Céréalès, les Graminées fourragères et cer- taines autres plantes herbacées mêlées à ces dernières, et qui abondaient dans l'année 1852 sur la paille, par M. Dupont. ke Note sur l’hybridation des Orchidées, par M. Guépin. 5° Simple esquisse littéraire et botanique sur Horace, par M. Guépin. Ces deux travaux de M. Guépin ont été tirés à part en une brochure grand in-8° dè 16 pages, 1854. Le travail sur Horace est une étude très intéres- sante de littérature botanique, et donne des indications sur les fleurs, les arbres, les fruits et les légumes usités par les Romains au temps d'Auguste. 6° Mélanges d'histoire naturelle. Première culture de la pomme de terre en Anjou, dénomination de fleurs de lis donnée à cette Solanée. — Note sur l'Ornithogalum refractum de Waldstein et Kitaibel (avec figures indi- quant les caractères qui le différencient de l'O. umbellatum). Des progrès de la botanique en Anjou, par Aimé de Soland. Dans ce dernier travail est le fac-simile d'un autographe de Morison, par lequel ce botaniste déclare S’être fait recevoir docteur en médecine à la Faculté d'Angers en 1648. On y indique aussi les noms et les travaux des principaux botanistes d'Angers, dans le siècle dernier. 1° Plan d'une statistique générale, suivi d'une notice sur la commune de Murs, par M. Aimé de Soland. On y trouve l'indication des plantes 136 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. phanérogames et eryptogames les plus rares qui croissent dans cette com- mune. 8° Note sur une galle de Nasturtium palustre, D. C., par J. Léon Sou- beiran. C'est l'étude des modifications apportées par la piqûre d’un insecte sur les pédoncules floraux ; cette galle est curieuse en ce que les diverses parties de l’inflorescence tuméfiées viennent en contact et ne se soudent pas ensemble, 9 Détermination d'un herbier attribué à J.-J. Rousseau, par M. Ménière. Ce travail tend à prouver que cet herbier a été fait par Lemonnier, premier médecin de Louis XV. 10° /nfluence des verres colorés sur la végétation, par l'abbé Lacroix. Il a observé que la couleur jaune favorise l'accroissement des tiges en lon- gueur, et que la couleur bleue provoque le développement des parties végé- tantes en largeur; le rouge, le vert et le violet déterminent l’amincissement des tiges et de la substance foliacée ; enfin, sous l’action du rouge, surtout du violet et du jaune, les plantes offrent une tendance à présenter à la lumière la face inférieure de leurs feuilles. 11° Comptes rendus des excursions de la Société linnéenne de Maine-et- Loire, par M. Aimé de Soland. Il donne l'indication des plantes récoltées dans ces diverses courses. Jardin de Hew. Le rapport fait le 31 décembre 1854, par sir William Hooker, au sujet du jardin de Kew, fait connaitre, sur cet important établissement, diverses particularités qui méritent d’être connues de tous les botanistes. Le nombre des personnes qui ont visité le jardin s'est accru d’après une progression rapide, depuis l’époque où le public y a été admis pour la pre- mière fois. Voici, année par année, le nombre des visiteurs qui se sont pré- sentés. En 1841, 9,174 ; 1842, 11,400; 1843, 13,492; 4844, 16,114; 1845, 28,139 ; 1846, 46,573 ; 1847, 64,282; 1848, 91,708; 1849, 137,865 ; 1850, 179,627 ; 1851 (année de l'exposition universelle), 327,900; 1852, 231,210 ; 1853, 331,210 ; 1854, 339,164. Les personnes qui ont fréquenté le jardin pour y étudier les plantes et les produits du règne vé- gétal à différents points de vue, ont été également de plus en plus nom- breuses d'année en année; beaucoup d’entre elles sont venues journellement puiser dans le Musée de botanique pratique ou économique, création récente et d'un haut intérêt, les renseignements qui leur étaient nécessaires relati- vement aux bois, huiles, gommes, matières textiles, ete., qui font l'objet de leur commerce ou de leur industrie. Deux importantes additions viennent d'être faites au jardin de Kew, qui devient par elles un établissement complet pour les ressources qu'il offre relativement au règne végétal : une bibliothèque et un herbier ont été for- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 més, en 1553, et mis à la disposition du public. Le noyau de la première a été fourni par deux dons importants : l'un se compose de la bibliothèque de feu le docteur Bromfield, de l'ile de Wight, qui a été donnée par sa sœur ; l’autre est dû à la générosité de M. Bentham. En outre, M. Hooker a mis à la disposition du public sa propre bibliothèque et son herbier par- ticulier, qui comptent parmi les plus belles collections existant aujourd’hui en Europe. C’est au commencement de l’année 1854 qu'ont été prises les dispositions nécessaires pour rendre accessibles aux botanistes les précieuses collections de l'illustre directeur de Kew , et des savants de toutes les par- ties de l'Europe ont pu profiter, depuis un an, des richesses qu'elles ren- ferment. Déjà des dons importants ont permis d'ajouter à la collection de livres une série nombreuse de figures de plantes. Miss Cathcart a donné, en 1854, à l'établissement plus de 1,000 dessins exécutés dans l'Inde, sous la direction de son frère, le major Cathcart, qui a été tué, il y a peu de mois, en Crimée, D'un autre côté, M. William Atwell Smith a fait don d'une série de 2,188 figures de plantes de Kew, dessinées sous la direction d'Ai- ton. On voit que ce noyau forme déjà une riche collection. NOUVELLES. — Les journaux d'horticulture anglais annoncent que le Garcinia Man- gostana où le Mangoustan, dont le fruit est regardé comme le meilleur de tous ceux que produit la zone intertropicale, vient de fructifier dans les magnifiques serres du duc de Northumberland, à Syon. C'est la première fois qu’on voit le fruit de cet arbre arriver à maturité depuis qu'il est cul- tivé dans les serres d'Europe. La floraison avait eu lieu au mois de décembre dernier; deux fruits étaient arrivés à une parfaite maturité au milieu d'avril. A Ja même date, trois autres étaient presque mùrs, et l’un d’eux paraissait devoir être aussi gros qu'il eût pu l'être dans les îles de la Malai- sie, patrie de l'espèce. Il était à craindre que ces fruits, développés en serre, pe fussent de qualité très médiocre. Il n’en a rien été, et leur saveur a été trouvée délicieuse, analogue à ce que pourrait être une pêche fondante, re- levée par un goût d’excellent raisin. Ils n’ont pas présenté le moindre indice de graines. — Dans le programme des prix proposés par l'Académie impériale des Sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, se trouve le passage suivant, qui doit être porté à la connaissance des botanistes. « Les remarquables observations récemment publiées par M. Tulasne, de l'Institut, sur les organes reproducteurs des Champignons et des Lichens, ont démontré qu'un grand nombre de ces végétaux présentent plusieurs degrés de fructification, dont les formes variées les ont souvent fait prendre T. H, 19 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pour des végétaux autonomes ct distincts. On doit donc croire que le re- dressement de ces erreurs diminuerait considérablement le nombre fictif de ces végétaux inférieurs, en ramenant à des types spécifiques réels les formes qu'on avait faussement crues typiques. » L'Académie, désirant encourager des études locales dans le sens qui vient d'être indiqué, met au concours la question suivante : « Étudier les Cryptogames inférieurs de la Gironde, et les classer en » cherchant dans l'observation directe l'application et l'examen des principes » les plus récents. » « Le prix sera une médaille d'or de 300 frances. » Les pièces de concours, écrites en français ou en latin, seront reçues, franches de port, jusqu’au 30 septembre 1855, inclusivement, à l'hôtel de l'Académie, rue Saint-Dominique, n°1, à Bordeaux. » Chacune de ces pièces portera une épigraphe, et, sous une enveloppe cachetee, attenante à la pièce, d'abord la même épigraphe, avec le nom et l'adresse de l’auteur ; ensuite la déclaration que la pièce présentée est iné- dite, qu'elle na été soumise à aucun concours, et qu'elle ma été com- muniquée à aucune autre Société scientifique. Toute pièce dont l’auteur aurait préalablement fait connaître son nom serait, par ce fait seul, mise hors de concours. » — M. D. B. Abrab. Massalongo, professeur à Vérone, va commencer pro- chainement la publication des Lichens de l'Italie, sous le titre de Zichenes ita- lici exsiceati. Impossible, on le conçoit sans peine, de déterminer exactement par avance le nombre de volumes que comprendra cette importante publica- tion; mais, d’après un calcul approximatif, M. Massalongo présume que ses Lichens, s'élevant à peu près au chiffre de 600 numéros, formeront au moins 20 volumes, à raison de 30 numéros par volume. Les volumes seront dans le format in-4°, reliés et formant boite, avec étiquettes imprimées et série de numéros. Autant qu'il sera possible, l’auteur donnera les espèces selon la succession des genres. Il fera en sorte que tous les échantillons aient une origine italienne, et, dans le cas où il serait obligé d'en admettre d'un autre pays, il aura, dit-il, le soin d'indiquer d'où et de qui il les tient. Le premier volume paraitra au mois de mai; les volumes suivants suivront de mois en mois. Le prix est fixé à 4 florins par volume pour les personnes qui souscriront avant la fin du mois de mai, à 5 florins pour celles qui souscriront après cette époque. Les souscriptions doivent être adressées par lettres à M. Massalongo, à Vérone. — D'après la Botanische Zeitung (6 avril 1855, col. 248), le docteur Fintelmann a fait la découverte intéressante que, lorsque du bois est placé verticalement et en sens inverse de sa position naturelle, c’est-à-dire la partie correspondante au haut du tronc située en bas, il est entièrement REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 respecté par les vers, Des faits rapportés de divers côtés sont venus, dit-on, confirmer l'exactitude de cette observation. — Il parait que l'accident survenu à M. Zollinger, d'après les journaux allemands, auxquels le Bulletin avait emprunté l'annonce de ce fait, n'a pas eu toute la gravité qu'il pouvait avoir; car ce zélé collecteur-botaniste va. repartir pour Java dans des conditions qui lui permettront de former des collections parfaitement soignées. D’après une lettre de M. Reichenbach fils à M. le comte Jaubert, M. Zollinger est à la tête d'une société puissante patronnée par le gouvernement hollandais, qui a pour objet la culture du Cocotier en grand dans l'ile de Java. Les collections de plantes que M. Zollinger se propose de former seront divisées en diverses catégories. Il pourra d’abord y avoir deux sortes de souscripteurs : 4° ceux qui s'engageront à prendre des collections com- plètes ou qui seulement souscriront pour une somme de 200 francs; les plantes leur seront livrées au prix de 40 franes le cent; 2° ceux qui ne souscriront que pour une somme inférieure à 200 francs ; les plantes leur seront comptées à 50 franes le cent. En outre, M. Zollinger admet des souscriptions spéciales dans les condi- tions suivantes: 4° les collections de Cryptogames (les Algues et les Cham- pignons exceptés), et celles de Graminées, de Cypéracées, seront comptées à 40 francs le cent. Il estentendu que, pour les petites Cryptogames, Lichens, Mousses, Hépatiques et petites Fougères, on tåchera de représenter chaque espèce par plusieurs échantillons ; 2° pour les Algues, les Champignons, pour toutes les familles de monocotylédons autres que les Graminées et les Cypéracées, enfin pour les familles de dicotylédones, les collections spéciales seront payées à raison de 50 franes le cent. Ces prix pourront être diminués fortement, au moins de moitié, pour les personnes qui prendront un grand nombre d'échantillons de chaque espèce. Ces personnes devront traiter, pour cela, directement. Les souscripteurs recevront les échantillons les mieux choisis. On pourra s'entendre sur le prix auquel seront payés les objets autres qu’échantillons séchés, comme bois, fruits, graines, fleurs, etc., conservés dans l’esprit-de-vin. Les souscripteurs aux premières collections de M. Zollinger qui souscriront à celles dont il est question ici ne seront pas forcés de recevoir ni de payer les espèces qu'ils auront déjà reçues. Le représentant de M. Zollinger, à qui doivent être adressées toutes les demandes, est M. Reichenbach fils, professeur au Mauricianum, à Leipzig. — La Société botanique de Londres a formé dans son sein un comptoir d'échange de plantes avec les étrangers, sous le nom de Foreign Exchange 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Club. Pour faciliter ces échanges, elle a publié, il y a quelques années, le catalogue des espèces qu'elle peut offrir à ses correspondants. Ce catalogue a eu déjà quatre éditions. Un exemplaire de la quatrième édition vient d’être envoyé à la Société Botanique de France, avec une liste manuscrite des espèces françaises que le Foreign Exchange Club désirerait recevoir en échange de ses plantes. Ces deux pièces sont déposées au secrétariat de la Société, rue du Vieux-Colombier, 24, où l’on pourra les consulter le lundi, le mercredi et le vendredi de chaque semaine. Voici, du reste, les conditions que la Société botanique de Londres met à ses échanges, telles que les indique une lettre de M. John S. Syme : 4. Les botanistes étrangers peuvent devenir membres de la Botanical Society of London, en exprimant le désir de faire avec elle des échanges de plantes. 2. Ils sont priés d'envoyer une liste de desiderata en plantes britanniques, ou d'indiquer de quel pays ils désirent des plantes. 3. La Société leur enverra les échantillons qu’elle possède au moment de la demande, ainsi que la liste de ses propres desiderata en plantes des pays qu'habitent les membres étrangers. h. De leur côté, les membres étrangers doivent envoyer les plantes, comprises parmi les desiderata de la Botanical Society, dont ils peuvent disposer. 5. Il est bon de demander les plantes britanniques au commencement de l’année, la Botanical Society en étant alors plus richement pourvue. 6. En ee moment, la Société de Londres peut offrir, outre les plantes britanniques, des especes du cap de Bonne-Espérance, d'Amérique, et même d'Australie, celles-ci eu nombre moindre. 7. S'adresser à M. John S. Syme, curator of the botanical Society, 20, Bedfort Street, Covent Garden, London. — Nécrologie. — Dans la nuit du 24 février est mort Charles Antoine v. Meyer, directeur du jardin botanique impérial de Pétersbourg. La répu- tation de ce botaniste est basée sur sa collaboration avec Ledebour et Bunge a la Flora altaica, sur de nombreux écrits relatifs à la botanique, ainsi que sur ses voyages dans le Caucase et son ascension de l'Elbrouz, en 1829. Il etait né à Vitepsk, mais de parents allemands. BIBLIOGRAPHIE. Verhandiungen des zoologisch-hotanischen Vereins in Wien (Mémoires de l'Union zoologico-botanique de Vienne); vol. IV, an. 1854. Vienne, in-8° de 122 et 628 pag. et XI planches, en commis- sion, chez A. Braumueller. Ce volume est divisé en deux parties : la première est consacrée au + REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 141 compte rendu des séances de l'Union zoologico-botanique ; elle a 122 pages ; la seconde comprend les Mémoires présentés à l’Union ; c’est la plus étendue des deux ; elle n’a pas moins de 628 pages. Voici le relevé des notes et mémoires sur la botanique imprimés dans le volume. 4° COMPTES RENDUS DES SÉANCES. Séance du 1% février 1854. — M. Mayer de Pernebyk : Ueber Maclura aurantiaca (Sur le Maclura aurantiaca), p. 12. — Séance du 4 mars. — D" Stur : Ueber Sisyrinchium anceps (Sur le Sisyrinchium anceps), p. 14. — Séance du 5 avril, — D" F. Unger : Fossile Coniferen (Conifères fossiles), p. 23. A. Senonner: Ueber botanische Abbildungen in Na- turselbstdruck (Sur les figures botaniques obtenues par l'impression natu- relle), p. 35. — Séance du 3 mai. — Docteur E. Fenzl : Ueber Aehrchen- Schuppen von Cyperus (Sur les écailles de lépilet des Cyperus), p. 61. R. v. Heufler : Flora Tirols von Freih. v. Hausmann (Sur la Flore du Tirol, par M. Hausmann), p. 65. — Séance du 5 juillet. — D" A. Ker- ner : Erfahrungen ueber die Weinlese ( Expériences sur la vendange ), p. 85. F. Vucotinovich de Kreuz : Neue Viola (Nouvelle Violette), p. 91. — Séance du 6 décembre. — F. Bayer de Pesth : Zur Flora von Oesterr. Schlesien (Additions à la flore de la Silésie autrichienne), p. 418. 2° MÉMOIRES. J. Ortmann. Bemerkungen ueber niederoesterreichische Pflanzen (Re- marques sur quelques plantes de la basse Autriche), p. 9-14. ALois Pokorny. Vorarbeiten zur Kryptogamenflora von Unter-Oester- reich (Prolégomènes d'une flore cryptogamique de la basse Autriche), p. 35-168. Ce grand Mémoire comprend une introduction et deux parties. La première partie, intituléé : Révision de Ja littérature, est consacrée a une énumération systématique de tous les auteurs qui ont écrit sur les Cryptogames de la basse Autriche. Cette liste ne présente pas moins de 57 numéros, qui, en déduisant les doubles emplois, appartiennent à trente auteurs différents. La seconde partie, qui est naturellement la plus consi- dérable des deux, est intitulée : Enumération systématique des Crypto- games de Ja basse Autriche mentionnées jusqu’à ce jour par les auteurs. Elle comprend 1,218 numéros, qui correspondent à tout autant d'espèces. J.-G. Beer. Versuch einer Eintheilung der Bromeliaceen (Essai d’une division des Broméliacées), p. 185-188. F. Ptuskar. Nachtrag zur Phanerogamenflora von Lomnitz (Complément à la flore phanérogamique de Lomnitz), p. 197-200. J.-G. Beer. Funktion der Luftwurzel der tropischen Orchideen (Fone- tions des racines aériennes des Orchidées tropicales), p. 211-212, 412 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A. Kerner. Beitrag zur Kenntniss der Flora des Muchlviertels (Note relative à la flore du Muehlviertel), p. 213-220. H.-W. Rercuarprt. Verzeichniss aller von Herrn J. Ch. Neumann in Boehmen gesammelten Pflanzen (Liste de toutes les plantes recueillies en Bohême, par J.-Ch. Neumann, dressée d’après son herbier), p. 253-284. Cette liste comprend 853 espèces, dans lesquelles il y a 199 Cryptogames. Georg FrauenreLD. Aufzaehlung der Algen der dalmatinischen Kueste (Enumération des Algues des côtes de la Dalmatie), p. 317-350. — N. B. Cette liste a été dressée d'après une collection de M. Vidovich, de Sebenico, a laquelle l’auteur a joint des matériaux de son propre herbier, et ceux d'une collection formée par M. P. Titius, et qui se trouve dans l’herbier de l'Union. Les genres y sont rangés par lettre alphabétique ; ils sont au. nombre de 113. AuG. Neirreicu. Ueber Aconitum Stoerkianum, Rebe. (Sur l Aconitum Stoerkianum, Rebe.), p. 535-540. Hooker’s Journal of botany and Kew Garden Miscellany (Journal de botanique de M. Hooker et Miscellanées du jardin de Kew); publié par sir William Jackson Hooker, directeur du jardin royal bota- nique de Kew. Articles originaux publiés en 1854 (suite et fin). John Smith. — Observations on a remarkable Cycadaceous Plant from Port-Natal (Observations sur une Cycadée remarquable de Port-Natal), p. 88-90. W. J. Hooker. — On the Argan-tree of Marocco (Sur l Argan du Maroe, Argania Sideroxylon), p. 97-407 ; pl. HI, IV. M. J. Berkeley. — Decades of Fungi (Décades de Champignons), p. 127- 143, pl. VI, VIT, p. 161-174, 204-212, 225-235. W. H. Harvey. — Short characters of three new Algæ from the shores of Ceylon (Caractères succincts de trois nouvelles Algues des côtes de Cey- lan), p. 143-145, pl. V, VI. W. H. Harvey. — Notes on the botany of King George’s Sound (Notes sur la botanique de la baie du Roi Georges), p. 180-184. G. Bentham. — Notes on North brazilian Gentianeæ, from the collections of M. Spruce and sir Robert Sehomburgk (Notes sur les Gentianées du Bré- sil septentrional, qui se trouvent dans les collections de M. Spruce et de sir Robert Schomburgk), p. 493-204. W. H. Harvey. — Notes on the botany of Cape Riche (Notes sur la bota- nique du cap Riche, dans l'Australie occidentale), p. 217-219. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 G. Bentham. — On the tree supplying the Sabici wood of Cuba (Sur l'arbre qui fournit le bois de Sabicà de l'ile de Cuba), p. 235-237. C. R. Nesbitt. — Vegetable fibres of the Bahamas (Fibres végétales pré- parées dans les îles Bahama; lettre adressée à M. W. J. Hooker), p. 237- 2/1. Berthold Seeman. — Revision of the genera Crescentia, Parmentiera and Kigelia (Révision des genres Crescentia, Parmentiera et Kigelia), p. 269- 277. C.J. Muller. — Extract of a letter dated Patna, october 28, 1853, relating to preparations from Cannabis sativa in India; adressed to D" Hooker (Extrait d'une lettre datée de Patna, 28 octobre 1853, relative aux pré- parations obtenues dans l'Inde du Chanvre cultivé, adressée au D" Hoo- ker), p. 277-279. J. D. Hooker. — On some species of Amomum, collected in western tropi- cal Africa by D" Daniel! (Sur quelques espèces d’ Amomum recueillies dans l'Afrique tropicale occidentale, par le docteur Daniell), p. 289-297. G. Bentham. — On the nordth Brazilian Euphorbiaceæ in the collections of M. Spruce (Sur les Euphorbiacées du Brésil septentrional qui se trouvent dans les collections de M. Spruce), p. 321-333, 363-377. Kichard Spruce. — Extract of a letter relating to vegetable oils, ete., dated San Carlos del Rio Negro, Venezuela, 19 th. march, 1854 (Extrait d'une lettre relative à des huiles végétales, ete., datée de San Carlos, du Rio Negro, Venezuela), p. 333-337. G. Bentham. — On Henriquezia verticillata, Spruce; a new genus of Bi- gnoniaceæ, from the Rio Negro, in North Brazil (Sur l Henriquezia ver- ticillata, Spruce, nouveau genre de Bignoniacées, du Rio Negro, dansle Brésil septentrional), p. 337-339. John Macgillivray. — Letter from, dated Sydney, march 3rd, 4854 (Lettre datée de Sydney, 3 mars 1854), p. 353-363. J. D. Hooker et T. Thomson. — On Maddenia and Diplarche, new genera of Himalayan plants (Sur le Maddenia et le Diplarche, nouveaux genres de plantes de l'Himalaya), p. 380. Berthold Seemann. — Note on the genera Streptostiqina, Regel, and Strep- tostigma, Thwaites (Note sur les genres Streptostigma, Regel, et Strep- tostigma, Thwaites), p. 384. | Flora oder ailgemeine hotanische Zeitung, herausgegeben von der Kænigl. bayer. botanischen Gesellschaft zu Regensburg. (Flora, ou Journal botanique général, publié par la Société royale bavaroise de 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. botanique, siégeant à Ratisbonne). 12° année, 4°% et 2° tomes de la nou- velle série, ou 33° année et 1°" et 2° tomes de la série entière. Articles originaux publiés en 1854 (suite). Wimmer. — Zwei neue Arten aus der Flora der Schweiz (Deux nouvelles espèces appartenant à la flore de la Suisse : Carex Laggeri, Salix Laggeri), p. 161-162. Th. Guembel. — Beitrag zur Moosflora des bayerischen Waldes {Addition à la flore bryologique de la Forêt bavaroise), p. 179-183. Krempelhuber. — Lichenologisehe Beobachtungen auf einer Wanderung durch den bayerischen Wald (Observations lichénologiques faites pen- dant une excursion dans la Forêt bavaroise), p. 193-202, 209-223. F. Schultz, de Weissenburg. — Drei Bastardarten aus der Gattung Mentha (Trois hybrides du genre Mentha), p. 225-227. Guembel. — Die Wurzelblaetter von Ranunculus Flammula, durch das Mikroskop entdeckt (Les feuilles radicales du Ranunculus Flammula découvertes à l’aide du microscope), p. 228-230. E'isenbarth. — Ueber die Vegetationsverhaeltnisse der noerdlichen Umgebung von Muenchen, zwischen der Amber und Isar (Sur la végétation des environs de Munich, au nord, entre Amber et l'Isar), p. 241-955. W. Hofmeister. — Ueber die Befruchtung der Farrnkraeuter (Sur la fécondation des Fougères), p. 257-259. C. A. Schultz Bipont. — Zollingeria, eine neue Gattung der Artemisieen (Zollingeria, nouveau genre d’Artémisiées), p. 273-275. Joh. Heuffel. — Ueber einige verwechselte Arten der Flora Ungarns (Sur quelques espèces méconnues de la flore de Hongrie). 1. Saxifraga Flitt- neri, Heuff. 2. Oenanthe banatica, Heuff. 3. Symphyandra Wanneri, Heuff. — P. 289-293. K... — Die lichenologischen Schriften der Herrn Prof. Massalongo zu Verona (Sur les écrits lichénologiques du professeur Massalongo, de Vérone), p. 305-320. Sendter. — Die Suedbayerischen Hieracien (Les Hieracium de la Bavière méridionale), p. 321-335, 337-346, 353-365. Leybold. — Ranunculus minutus und Artemisia norica in den oestlichen Centralalpen (Ranunculus minutus et Artemisia norica dans l'est des Alpes centrales), p. 369-370. y Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 MARS 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 février, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Mackexxa (Benjamin-Vicunna), du Chili, actuellement à Paris, rue Madame, 40, présenté par MM. Bureau et Viaud- Grandmarais. M. le Président annonce, en outre, cinq nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 4° Par MM. Puel et Maille : Catalogue de l'herbier de Syrie, publié par MM. J. Blanche et C. Gail- lardot, fascicule 2. 2 De la part de M. Vital Bavoux : Notice sur quelques plantes du département du Doubs. 8° En échange du Bulletin de la Societé : L'Institut, février et mars 1855, deux numéros. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication Suivante adressée à la Société : NOTE SUR UN MODE DE MULTIPLICATION DU CONVOLVULUS SEPIUM, L., par M. LAGRÈZE-FOSSAT. Moissac, 24 février 1855, Si l'on voulait étudier les végétaux au point de vue seulement de leurs modes de reproduction, on pourrait en faire trois catégories : T. II. 11 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La première comprendrait ceux qui se reproduisent exclusivement au moyen de germes ; La seconde, ceux dont les germes avortent normalement et qui ne se re- produisent que par division ; Enfin, dans la troisième, viendraient se ranger toutes les espèces dont la reproduction a lieu tout à la fois par germes et par division. Dans cette dernière catégorie rentrerait le Convolvulus sepium, L., d'après une observation que j'ai faite cette année et que je crois nouvelle. Si elle est déjà consignée dans les archives de la science, ces lignes auront peu d'intérêt, sans doute, mais elles prouveront du moins que celui qui les a tracées tient à honneur de concourir à l’œuvre entreprise par les bota- nistes français. La tige du Liseron des haies, comme celle d’une foule d’autres plantes, est souterraine. Vers le milieu du printemps, les bourgeons qu'elle a pro- duits l’année précédente prennent de l'accroissement et se développent en rameaux aériens. Ces rameaux sont de deux sortes : les uns s’enroulent sur les végétaux voisins et se couvrent, en été, de fleurs et de fruits; les autres restent couchés sur le sol et ne portent que des feuilles ; on les dirait frap- pés de stérilité. Cependant, il n'en est point ainsi: lorsque, après les pre- mières pluies du mois de septembre, on observe un de ces rameaux, on remarque que son extrémité supérieure s'est courbée vers la terre et y a pénétré à une profondeur de 4 à 3 centimètres. Bientôt le bour- geon qui le termine semble se dédoubler, et deux nouveaux rameaux se développent presque parallèlement. Ces rameaux souterrains sont plus épais que celui qu'ils terminent ; ils sont d'une couleur blanchâtre et d’une con- sistance charnue ; leurs articulations sont très marquées ; elles portent de très petites feuilles blanchâtres et charnues, de la même forme que les feuilles aériennes, et, à l'aisselle de chacune d'elles, se voit un bourgeon plus ou moins bien formé, mais parfaitement distinct. Vers le mois d'octobre, ces rameaux ont de 8 à 10 centimètres de lon- gueur. Quelquefois, l’un d'eux ou tous les deux, présentent alors des rami- fications ayant la même forme, affectant la même direction et offrant les mèmes caracteres. Cependant la plante-mère cesse de végéter et se dépouille de ses feuilles. Les rameaux non volubiles ont alors accompli leur fonction ; chacun d'eux a laissé dans le sol, à une distance de 1 à 2 mètres de son point de départ, une tige semblable à celle de la plante-mère, n'attendant plus que les pre- mieres chaleurs du printemps pour produire des racines et développer ses bourgeons. Si 2s eñtre-nœuds qui composent la tige souterraine, formée par les ra- meaux non volubiles du Convolvulus sepium, s'étaient confondus en se rap- proch. at, on trouverait, à la place de cette tige, un tubereule analogue à SÉANCE DU 9 mars 41855. 417 celui du Solanum tuberosum, L., moms la grosseur e a couleur. Or, comme ces caractères sont sans importance, on peut dire que le Convol- vulus sepium se multiplie par division comme le Solanum tuberosum, avec cette seule différence que les tubercules produits par la Pomme de terre le sont par des rameaux souterrains, tandis que ce sont des rameaux aériens qui donnent naissance aux tiges souterraines du Liseron des haies. A loccasion de cette lecture, M. Germain de Saint-Pierre pré- sente les observations suivantes : Dans un article lu à la Société philomatique en 1850 (1), intitulé: De la tendance de certaines tiges à descendre verticalement dans le sol par leur sommet, à la manière des racines, j'ai exposé le curieux mode de végéta- tion du Liseron des haies (Calystegia sepium) que M. Lagrèze-Fossat vient d'exposer, à son tour, sans avoir eu Connaissance de mes observations. Des faits mentionnés dans ma notice, je déduis cette conséquence, à sa- voir que : la direction ascendante ou horizontale n'est pas un caractère des tiges aussi essentiel qu’on pouvait être porté à le croire. J’expose en pre- mier lieu ce fait: que les tubercules proprement dits sont constitués par des bourgeons qui revêtent la forme et les caractères du tubercule s'ils sont recouverts de terre, et qui se développeraient en rameaux cylindriques, s'ils étaient, dès l’origine, exposés à l'air; j'insiste ensuite sur ce deuxieme fait, à savoir que : la direction de la plupart des rameaux-tubercules (que je nomme éuriobulbes ou turiosarques) est descendante (2). Arrivant au mode de végétation du Calystegia sepium, qui présente des phénomènes tout à fait spéciaux, j'expose les faits suivants : Les tiges fili- formes pendantes de cette plante volubile, venant, en s’allongeant, à toucher un sol humide, s'y introduisent verticalement par leur sommet en conti- nuant à s'allonger; de telle sorte que ces tiges, qui sont ascendantes- aériennes pendant la première période de leur vegétation, deviennent des- cendantes-souterraines pendant une période ultérieure. — En approchant du sol, la tige commence à s'épaissir ; en pénétrant dans le sol et en s'y al- longeant, la tige (et les rameaux axillaires qui en naissent souvent) s'épais- sissent et prennent la forme d'un tubercule cylindrique rameux, de couleur blanche. Les feuilles squamiformes dont ce tubereule est revêtu continuent la spirale commencée par les feuilles vertes et foliacées aériennes. Dès les premières gelées de l'automne, la portion aérienne de la tige se détruit, le tubercule constitué par son sommet enfoui dans le sol et qui est (1) Comptes rendus des séances de la Société philomaltique, juin 1850. (2) J'ajoute aujourd'hui: selon l'époque à laquelle s'opère la végétation du bourgeon. 418 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. devenu (par le fait de cette destruction) plante indépendante, reste station- naire, pendant la durée de l'hiver, dans le sol où il s’est ménagé un abri à la manière des animaux hibernants. — Dès le printemps suivant, de l'ais- selle de chaque feuille squamiforme part un bourgeon qui devient une nou- velle tige aérienne, susceptible de se comporter ultérieurement comme la tige-mère. Deux fibres radicales sont émises à cette époque, l’une à droite et l'autre à gauche, de la base de chaque bourgeon axillaire destiné à deve- nir rameau acrien, et paraissent sortir avec lui de l’aisselle de la feuille squamiforme (ces racines sont une production du nouveau bourgeon et non du tubercule). J'expose ensuite le mode de végétation du Sagittaria sagittæfolia, qui présente des rhizomes radiciformes terminés par un bulbo-tubercule. Je dois ajouter ici que je n'ai rien vu d’analogue à la bifurcation ou au dédoublement terminal que signale M. Lagrèze-Fossat dans l'extrémité de la tige du Liseron qui prend la forme de tubercule. J'ai toujours vu ce tu- bercule constitué par la continuation directe de la tige, et lorsqu'il présente un ou plusieurs rameaux, ces rameaux ne sont autre chose que les rameaux nés à l’aisselle des feuilles ou des écailles de cette tige. Un dédoublement par divulsion pourrait être observé chez cette tige souterraine, comme chez une tige aérienne quelconque ; mais ce dédoublement serait un accident et non un caratère de cette tige radiciforme. M. le Président ‘donne communication à la Société de l'extrait suivant d'une lettre qu’il vient de recevoir de M. G. Munbr : Oran, 23 février 1855. J'ai trouvé ces jours-ci une espèce d'Ürchis que je crois nouvelle, et dont voici les caractères : Orchis cordifolia sp. nov. — Caule bifolio ; foliis late cordatis, amplexi- caulibus, basi vaginantibus; folio inferiore superiore duplo majore ; labello trifido, lobo medio triangulari, lobis lateralibus acutis ; petalis triangulari- bus apice recurvis, sepala oblonga obtusiuscula excedentibus ; calcare bre- vissimo, obtuso, germine multo breviore ; bractea lanceolata, germen subæ- quante; floribus omnino viridibus; radice tuberosa, tuberibus globosis. Plante de neuf pouces de hauteur ; épi cylindrique de trois pouces de lon- gueur, — Je l'ai trouvée sur les bords d’une petite mare ou source d’eau, dans le sable pur, à 20 mètres de la mer, près Aïn Mazouch, dans le pays de Ghammara, près Oran, le 19 février, Je n'en ai trouvé qu'un seul pied en fleur, mais j'ai remarqué à côté deux ou trois jeunes plantes qui fleuriront probablement l'an prochain. G. Mungy. SÉANCE DU 9 mars 1855. 149 M. Cosson fait observer que très probablement la plante décrite par M. Munby n'est autre que le Peristylus cordatus, Lindl., déjà observé en Algérie par M. Balansa, sur les falaises de la Batterie es- pagnole, aux environs immédiats d'Oran. Cette espèce existe dans quelques iles de la Méditerranée, dans le midi du Portugal et aux iles Canaries. M. Weddell fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES ÉCORCES OFFICINALES , pw M. WEDDELL. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société quelques écorces offi- cinales envoyées récemment de Londres au Muséum, par notre confrère M. Howard, et qui me paraissent assez dignes d'intérêt. La plupart provien- nent de diverses espèces de Cinchona, et plusieurs, offrant le cachet de Ca- lisayas de première qualité, sont assez semblables entre elles pour que l'œil peu exercé y saisisse à peine quelques caractères différentiels. Par leur con- stitution chimique, ces écorces diffèrent néanmoins très notablement, ainsi que leur analyse l'a démontré, et les résultats de celle-ci sont assez nou- veaux pour que je croie devoir les communiquer à la Société, En combinant les données fournies par la chimie, dans l'étude de ces produits, avec celles puisées dans un examen purement botanique, peut-être arriverons- nous à des résultats que nous aurions cherché en vain en dehors de cette alliance. Lors de mon premier voyage au Pérou, je reconnus que le quinquina- Calisaya du commerce était la dépouille de deux espèces de Cinchona qui n'avaient pas été décrites jusque-là ct auxquelles je donnai les noms de C. Calisaya et C. boliviana ; je constatai de plus que la première de ces espèces présentait plusieurs variétés. Depuis lors, en continuant mes études sur les produits variés qui ont apparu, de temps en temps, sur les marchés de France et d'Angleterre, sous le nom de Calisaya, j'ai pu reconnaitre qu'il s’y rencontrait plusieurs formes différentes de celles dont j'avais pu constater antérieurement l'existence, et je désirai, naturellement, m'assurer si ces nouvelles formes dans l'écorce coincidaient, ainsi que les premières observées, avec des variations dans les autres parties des arbres qui les portaient. C’est ce que j'ai pu faire dans mon second voyage aux forêts de Quinquinas, exécuté en 1851; et je crois pouvoir dire que les ma- tériaux recueillis dans le cours de cette excursion me permettront de compléter, dans un supplément à mon premier ouvrage, l'histoire bota- nique du Cinchona Calisaya. Je me contenterai de dire ici, par anticipa- tion, que les nouvelles variétés de ce type que j'ai été à même d'observer dans les forèts de la Bolivie, constituant, en quelque sorte, un passage entre 450 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Jui et mon C. boliviana, me porteront peut-être à ne considérer cette der- nière espèce que comme une des formes de la première. Une des variétés du C. Calisaya auxquelles je viens de faire allusion, connue dans le pays sous le nom de Calisaya zamba ou zambita, mérite d'autant plus d'être citée ici, que l’une des écorces mises sous les yeux de la Société parait être le produit de cet arbre, et je dois la signaler à son attention comme étant, de beaucoup, le plus riche en quinine de tous les quinquinas dont on ait publié, jusqu'à ce jour, les analyses. Voici, en effet, sur cent parties en poids d'écorce, la proportion d’alca- loides que M. Howard y a découverte : Quinine cristallisable . . . . . . . . . . . . . . ADA Quinine amorphe. . ...,............ 0,14 Cinchonine. . .................. 0,09 Total des alcaloïdes . . . . 4,77 La quinine est dosée ici à l’état de base, mais vient-on à la convertir, par Ja pensée, en sulfate, en tenant compte de la petite partie qui reste en dis- solution dans les eaux mères, on voit que chaque kilogramme d'écorce donne 62 grammes de sulfate de quinine, tandis que tout le monde sait que le bon Calisaya ordinaire n’en donne guère que 32 à 35 grammes; le produit moyen de cette écorce, d'après l'excellent ouvrage pratique de notre confrère M. A. Delondre, ne serait même que de 30 à 32 grammes de sulfate par kilogramme ; et je mets ici, sous les yeux de la Société, deux variétés d'écorce de ce même C. C'alisaya, chez lesquelles la proportion de l'alcaloïde se trouve constamment réduite à près de la moitié de cette quan- tité, ou soit à 1,60 pour 100 de quinine pure. L'une est l'écorce du C. Cali- saya, var. Josephiana, et l'autre celle de la sous-variété pallida. Les quinquinas sur lesquels j'appellerai ensuite l'attention de la Société, sont le produit du Cinchona Mutisii, dont j'ai décrit et figuré deux varié- tés : l'une sous le nom de microphylla, l'autre sous celui de crispa. L'écorce de la première présente une texture finement fibreuse, et l'analyse chimique y démontre la présence d'une forte proportion de quinine (1,17 pour 100). L’écorce de la seconde variété, au contraire, est caractérisée par une struc: ture fibro-ligneuse, et, au lieu de quinine, on y trouve une quantité notable (0,70 pour 400! de l’alcaloïde auquel MM. Henri et Delondre ont donné le nom de quinidine. Lorsque j'écrivais mon travail sur les Quinquinas, cette quinidine, bien que découverte depuis longtemps, avait peu attiré l'attention ; ce n'est que depuis quelques années qu'elle a été soumise à une étude sérieuse et que sa présence à été démontrée dans un grand nombre de quinquinas. On se rappellera peut-être qu'en étudiant l'anatomie des écorces de Quin- quina, en général, j'ai cherché à déterminer s'il y avait quelque rapport SÉANCE DU 9 Mars 1855. 151 entre leur structure et la présence de tel ou tel alcaloïde. Je trouvai en effet que de tels rapports existaient bien réellement pour les deux seuls alca- loïdes dont on avait recherché jusqu'alors, d’une maniere suivie, la pré- sence dans les écorces, la quinine et la cinchonine; aujourd'hui je puis ajouter qu'il en est de même pour la quinidine. Les belles recherches de M. Howard me semblent, en effet, démontrer que la présence de cet alcaloïde est ordinairement liée, dans l'écorce, à la structure ligneuse de son liber, c’est-à-dire au développement de l'élément fibreux aux dépens de l'élément cellulaire, Aucun exemple ne peut être plus propre à démontrer la vérité de ce fait que celui que nous présente le C. Mutisii ; mais on eu trouvera d’autres non moins frappants dans l'étude du quinquina-Lancifolia-erythroderma du quinquina-Scrobieulata, du quin- quina-Amygdalifolia, etc. Ces écorces, remarquables par la présence d’une grande proportion de quinidine, le sont aussi en général par leur structure éminemment fibreuse. Aucune structure anatomique n’est d’ailleurs incompatible avec lexis- tence de l’alcaloïde en question, puisque, dans les quinquinas où la texture de l'écorce est la moins ligneuse, tels que les Calisayas, il existe également, et se trouve en quantités notables dans le C. pubescens, le C. cordifolia, ainsi que chez plusieurs variétés du C. ovata et du C. micrantha. Comment maintenant expliquer le fait bizarre de la production de cet alcaloide dans l'une des deux écorces appartenant à une seule et même es- pèce, lorsqu'il manque dans l’autre, ou du moins ne s’y rencontre qu'en proportions relativement très minimes ? Pourquoi de deux individus du même âge du C. lancifolia, croissant eûte à côte, dans les forèts de la Nouvelle-Grenade, l’un donne-t-il une écorce contenant surtout de la quinidine, tandis que l’autre renferme, au même moment, de la quinine et de la cinchonine ? — Voici ce que lon peut ré- pondre à ces questions : J'ai signalé autrefois chez les Cinchonées, non comme un fait entitrement nouveau, mais comme un fait susceptible de généralisation , l'inégalité de développement des organes sexuels chez les divers individus d'une même espèce, et j'ai cherché à démontrer qu'il pourrait bien y avoir là plus qu'une simple minutie de Botanique descriptive, en m'appuyant surtout sur ce que les Indiens, qui certes ne s'étaient pas préoccupés de la longueur du style ou des étamines des Quinquinas de leurs forêts, avaient pourtant donné instinctivement aux arbres qui portaient ces caractères, les nithètes si Caractéristiques de macho et hembra, « mâle » et « femelle, » Test que chez ces arbres il y avait en effet autre chose qu'une simple élongation du Style ou un développement particulier des étamines; et la difference n'aurait-elle consisté, chez l'un des individus, qu'en une vigueur plus considérable de toutes les parties vegétatives, elle méritait certes 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d’être prise cousidération. Eh bien, nous nous sommes demandé, M. Howard et moi, si les variations si remarquables qui se présentent dans les proportions des alealoides chez les différents individus d’une même es- pèce, ne se lieraient pas à ces balancements de la sexualité, ou, si l'on veut, aux phénomènes dont ils sont le signe botanique. Ce n’est là qu’une hypothèse que nous mettons en avant à défaut d'une autre, hypothèse basée néanmoins sur quelques faits, mais qui demande nécessairement, pour être admise, des observations bien plus nombreuses que celles que nous avons pu faire jusqu’à présent. Pour terminer, je dirai quelques mots sur un produit fourni par une fa- mille bien éloignée de celle dont il vient d’être question : c'est l'écorce d’une Euphorbiacée, le Croton Pseudo-china. Elle est connue des pharmacologues sous le nom d'Écorce de Copalche roulée, et c'est comme telle que je l'ai reçue de M. Howard. Son derme dénudé, examiné à la loupe, présente une infinité de stries transversales interrompues, qui la font facilement reconnaitre de toutes les autres écorces avec lesquelles on serait tenté de la confondre ; mais ce qui Jui donne un intérêt tout particulier, c’est la découverte qui y a été faite par M. Howard, d’un alcaloïde particulier, ayant la plus grande analogie avec la quinine dontila, à peu près, la saveur ; il est de plus soluble comme_elle dans l’éther, et, comme elle, précipitable sous forme d’un hydrate blane, de sa Solution dans les acides. Ce qui, enfin, tendrait surtout à faire penser que cette crotonine est réellement identique avec la quinine, c’est que, sous l'influence combinée du chlore et de l’ammoniaque, elle donne la couleur verte considérée jusqu'à ce jour comme ne pouvant être produite que par Ja quinine et ses composés. Mais elle diffère de l’alcaloïde des quinquinas en ce qu’elle est susceptible de cristalliser de sa solution alcoolique et en ce que, examinée au microscope polarisant, elle ne présente pas les remarquables caractères optiques indiqués par Hérapath comme constituant la meilleure pierre de touche de la quinine. La proportion de la erotonine, dans l'Écorce de Copalche, est d’ailleurs si faible, qu’en supposant qu’elle ait aussi les pro- priétés de la quinine, elle ne pourrait jamais lui faire une concurrence re- doutable. M. Chatin demande à M. Weddell si l'analyse élémentaire de la crotonine a été faite. Ne serait-ce point une substance isomère à la quinine ? M. Weddell répond qu'il n'est pas à sa connaissance que cette analyse ait été faite. M. Gubler demande si les ecorces présentées par M. Weddell n’ont pas été récoltées dans des saisons différentes. Cette circonstance. SÉANCE DU 9 Mars 1855. 153 jointe à la diversité d'âge des écorces, pourrait être cause de la diversité de leurs produits. M. Weddell dit que les écorces mises sous les yeux de la Société ayant été retirées du même ballot, il est probable qu’elles ont été recueillies dans la même saison. L'expérience a d’ailleurs démontre que les mêmes variétés donnent toujours les mêmes alealoïdes, et que la proportion de ceux-ci ne varie qu'entre certaines limites. Passé un certain âge, la quantité de ces alcaloïdes, loin d'augmenter, diminue progressivement. M. Reveil fait observer qu'il parait prouvé que, sous l'influence des alcalis, la quinine se transforme en quinoïdine. Il ajoute que la quantité de cendre que donne une écorce est d'autant plus grande que l'arbre était plus âgé, et que toujours la production de quinine est en rapport inverse avec la quantité de cendre produite. M. Trécul fait à la Société la communication suivante : FORMATIONS SPIRALES DANS DES CELLULES QUE RENFERMENT LES FEUILLES DE CERTAINES ORCHIDÉES, par M. A. TRÉCUL. Turpin a dit : « Trop généraliser, c'est se placer tellement au-dessus des objets, que la distance ne permet plus de rien distinguer: alors plus de bornes aux écarts de l'imagination. » Si Turpin pensait qu'une trop grande généralisation, après une analyse minutieuse {car il supposait toujours cette analyse préalable), est un défaut qu'il importe d'éviter avec soin, il eût certainement blâmé la méthode des anatomistes qui déduisent des lois géné- rales de quelques observations isolées, et souvent même incomplètes. J'ai déjà donné des preuves nombreuses à l'appui de cette assertion. Aujour- d'hui, j'en apporte de nouvelles qui me sont fournies par un phénomène bien digne de fixer l'attention de la Société. Ce phénomène est la formation des spiricules dans les cellules végétales. On a cru pendant longtemps, avec M. de Mirbel, que ces productions hélicoïdes étaient le résultat d’une simple découpure de la membrane cel- lulaire, suivant des lignes contournées en spirales. On pensa ensuite que les spiricules étaient dues à des dépôts en hélice effectués à la face interne des utricules par les liquides renfermés dans ces utricules. D'autres opinions ont été émises, mais je ne rappelle ici que celles qui ont été généralement reçues dans ces derniers temps. Je résume toutes les autres dans mon Mémoire sur les formations secondaires dans les cellules végétales, qui est publié dans le deuxième volume de la quatrième série des Annales des sciences naturelles. La Société se rappelle que dans la séance du 28 juin 1854 (Bulletin, t. 1°, 4154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. p. 67) j'ai annoncé que les spiricules ont une structure et un mode de développement tout différents de ceux qu'on leur avait attribués jusqu'alors; j'ai dit, en effet, que les spiricules sont sécrétées par la membrane même de ces cellules. J'ai dit de plus qu'au lieu d’avoir une composition homogène, elles sont composées de deux substances : l’une extérieure, tubuleuse ; l'autre intérieure, liquide, gélatiniforme ou solide, suivant l'âge de l'organe. Les spiricules des cellules fibreuses des Cactées, que j'ai signalées dans cette communication, sont nées à la face interne de la membrane utricu- laire; celles que je décrirai plus loin prennent naissance, au contraire, à sa face externe ; elles rentrent par conséquent dans la catégorie des formations secondaires externes, tandis que les premières appartiennent à celles des formations secondaires internes : catégories que j'ai établies dans la séance du 24 novembre 1854. Les exemples que je vais citer de ces formations hélicoïdes externes m'ont été donnés par les cellules spiralées que renferment les feuilles de certaines Orchidées. Meyen, dans le tome Ie de sa Physiologie, a signalé ces cellules dans l'Oncidium maximum, VO. juncifolium et le Vanda tereti- folia, mais jugeant le développement d'après la structure de ces organes, il a cru que la spiricule était placée à la face interne de la membrane. La description que je donnerai bientôt de l’évolution de ces cellules spiralées montrera qu'il n’en est point ainsi. Les feuilles des Orchidées qui les présentent ont une structure néces- sairement différente de celle des feuilles des autres plantes de la même famille. Elles ont bien comme elles un parenchyme vert, dont les éléments utrieulaires ont la même disposition ; mais ce parenchyme n’est pas tou- jours recouvert immédiatement par l’épiderme sur l'une et l’autre face de la feuille. Entre ce tissu utriculaire muni de chlorophylle et l’épiderme, il y a souvent une couche de cellules dépourvues de matière colorante (Pleu- rothallis racemiflora, spatulata, panicoides (1), Physosiphon Loddigesii, Lepanthes cochlearifolia, ete.). A la face inférieure, il n’existe ordinaire- ment qu'une rangée de grandes cellules spiralées, qui cependant dans le Physosiphon Loddigesii, sont entremélées de cellules contenant des grains de matière verte; tandis qu'à la face supérieure, il y a, au contact de l'épi- derme, quelques rangées de cellules incolores de moyenne grandeur; et, entre celles-ci et le parenchyme vert, on observe de très grandes cellules allongées perpendiculairement à la face de la feuille. Ce sont quelquefois ces dernières cellules, mais plus souvent celles de la rangée voisine de l'épi- derme inférieur, qui produisent les spiricules dont je désire entretenir la Societé. Dans les Pleurothallis prolifera, P. cochleata, certains Stelis, ete., ces cellules spiralées sont dispersées au milieu du parenchyme vert ; le tissu (1) Pleurothallis panicoïdes, Ad. Br., Hort. par. SÉANCE DU 9 Mars 1855. 455 incolore subépidermique n’y existe pas. Dans le Pleurothallis panicoïdes, chez lequel ce tissu existe, il n’y a ordinairement pas de spirales dans les cellules incolores de la face inférieure de la feuille, et elles ne se forment pas dans toutes les grandes cellules de la face supérieure; mais dans le Pleurothallis racemiflora, ‘le Lepanthes cochlearifolia, le Physosiphon Lod- digesii, les spiricules sont principalement à la face inférieure de la feuille ; tandis que dans les feuilles adultes du Pleurothallis spatulata, il y a, en outre, au-dessus du parenchyme vert, deux rangs de longues cellules spi- ralées, séparées par une couche mince d’utricules ordinaires beaucoup plus petites. Ce sont ces plantes que j’ai trouvées les plus favorables pour l'étude complète de leur développement. Ces organes dont les tours de spire sont rapprochés les uns des autres, font voir facilement leur terminaison en colimaçon vers les extrémités des utricules, à l’intérieur desquelles ils sont saillants. Après leur développe- ment complet, il mest pas rare de trouver les filaments tubuleux héli- coïdes, isolés, séparés les uns des autres par la résorption de la membrane mère qui les tenait réunis dans le principe. Très communément aussi, sur- tout dans les très longues cellules de la face supérieure de la feuille, il n’y a point de spiricules proprement dites ; les membranes sont seulement plis- sées en hélice comme si ces spiricules existaient; mais aucun dépôt, aucune excrétion de matière de formation secondaire ne remplit les sillons extérieurs de la membrane plissée, comme cela s'observe pendant la production des Spiricules. Ce que je vais dire du développement de celles-ci se vérifie avec facilité, surtout dans le Pleurothallis spatulata, dans le Lepanthes cochlearifolia et dans le Physosiphon Loddigesii. Les cellules dans lesquelles ces spirales se développent ont, dans leur jeunesse, des parois parfaitement lisses, et les cavités de deux utricules voisines sont séparées par une membrane com- mune aux deux. La formation des spiricules peut commencer dès eette époque : c’est ce que j'ai observé le plus souvent dans le Lepanthes co- chlearifolia ; mais fréquemment, surtout dans le Physosiphon Loddigesii, j'ai vu commencer leur apparition lorsque la membrane de chaque utricule ‘était distincte. Examinons d’abord le premier eas, celui dans lequel le développement commence quand la cloison ou membrane qui sépare deux utricules est simple. Une seule cellule peut être active, c’est-à-dire engendrer des spires, ou bien elles en produisent toutes les deux. Alors il n’y à de modification que sur l’un ou sur l’autre côté de la cloison, ou bien il y en a sur les deux ‘côtés à la fois, si les deux cellules prennent part au phénomène, Supposons d'abord qu'il ne naisse de spiricule que de l’une des deux cellules que limite Cette cloison. On reconnait dans ce cas, sur des coupes tranversales, que la membrane s’épaissit du côté de cette cellule à des intervalles réguliers. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Comme l'épaississement s'opère dans l'intérieur de la cloison, il en résulte que la paroi utriculaire est infléchie vers le centre de la cavité de la celiule: la membrane y fait des ondulations, des saillies alternant avec des parties déprimées, tandis que la surface interne de l’autre cellule, qui n’a rien pro- duit, reste rectiligne. Quand ces ondulations. qui décrivent une hélice sail- lante et une hélice déprimée dans la cavité cellulaire, sont arrivées à une certaine dimension, on s'aperçoit, sur des coupes transversaies, que chaque éminence se divise en deux parties : l’une, mince, circonscrit l'intérieur de la cellule, c’est la membrane utriculaire; l’autre, semblable à de la ma- tière intercellulaire, remplit les tubulures formées par les ondulations dues à l'écartement de la membrane qui s’est éloignée de sa voisine à des inter- valles égaux. Nous venons d'examiner le cas où l'une des deux cellules est active ; il peut arriver que les deux le soient, et que ce qui s’est produit d’un côté de la cloison s'opère sur les deux, c'est-à-dire à la surface des deux cellules. Alors les ondulations de l’une de ces utricules sont rarement opposées à celles de l’autre; elles sont plus fréquemment alternes, de manière au con- traire que les dépressions d’une cellule correspondent aux éminences ou spiricules de l’autre. Ce phénomène s'accomplit comme si une cloison étant plissée, les membranes qui la constituent venaient à se séparer ; il est clair qu'ici les parties saillantes à l'extérieur d’une cellule seraient vis-à-vis des parties renfoncées de l’autre cellule; si les parties déprimées externes se remplissaient de cellulose, les épaississements qui en résulteraient à la surface d'une cellule seraient nécessairement alternes avec ceux de la cel- lule adjacente. Cependant on trouve quelquefois des utricules dans les- quelles ces épaississements sont opposés. Nous avions d'abord considéré des cellules dont les membranes n'étaient pas séparées l’une de l’autre : dans ce cas, si les épaississements sont alter- nes, le produit de la sécrétion d’une cellule peut être bien distinct de celui de la sécretion de sa voisine, les ondulations ou renflements étant quelque- fois séparés par de courts espaces dans lesquels la membrane ou cloison primitive n’a pas été modifiée ; mais quand la végétation est très active, la sécrétion peut être assez abondante pour que les matières épanchées entre les deux parois soient confluentes : il n’y a pas alors de ligne de démareation entre l'épanchement fourni par l’une et l’autre cellule. Toute la formation secondaire a, dans celte occasion principalement, les carac- tères de la matière intercellulaire telle que les botanistes la comprennent. Avant d'aller plus loin dans la description du développement de ces spi- ricules, considérons ce qui se passe quand, dès l'origine de ces formations secondaires externes, les membranes des cellules contiguës sont distinctes. Les phénomènes généraux sont semblables à ceux que je viens de décrire; mais on reconnait mieux encore ce qui appartient à chacune des utricules. SÉANCE DU 9 mars 1855. 457 J'ai trouvé le Physosiphon Loddigesii très favorable à cette observation ; mais j'ai vu aussi bien souvent ce phénomène dans d’autres espèces. Dans cettecirconstance, de même que dans la précédente, ilarrivetrès fréquemment que l’une des deux utricules seulement engendre des spiricules. On voit sa membrane se plisser avec régularité, en s’écartant à des intervalles égaux de la membrane adjacente, au contact de laquelle elle demeure dans les par- ties où il ne se fait pas d’excrétion. A mesure que l’écartement a lieu, les petits espaces intercellulaires se remplissent d’une matière semi-fluide, dont la densité est manifestement plus grande près de la cellule formatrice. Si les deux cellules sont écartées par la section, en préparant l'objet, la cel- lule active emporte avec elle ce qu'elle a produit, et l'on voit distinctement que la matière sécrétée, qui est nettement délimitée, n’est bordée à l'exté- rieur par aucune pellicule qui puisse résulter d’un dédoublement de la membrane-mère; mais à une époque un peu plus avancée, la sécrétion acquiert plus de densité à sa limite externe; une pellicule d’abord d’une très grande ténuité apparaît: elle augmente peu à peu, et finit par atteindre l’épaisseur de la membrane formatrice qui a été refoulée vers le centre de la cellule, Un épanchement semblable peut être produit aussi par la cellule collaté- rale. Dans ce cas, la sécrétion de chacune des deux cellules voisines est dis- tincte, même avant l'apparition de la pellicule externe ; car les deux sécré- tions contiguës sont séparées à leur point de contact par une ligne noire très déliée, suivant laquelle naissent ensuite les membranes externes, Celles-ci paraissent quelquefois unies comme le serait l'eustathe de M. Hartig, auquel elles correspondent évidemment ; mais dans un âge plus avancé encore, cet eustathe, ou mieux ces deux membranes tertiaires externes, se séparent, ce qui n'a point lieu d’après la théorie de M. Hartig. Bien que les diverses parties de ces cellules spirales apparaissent de l'inte- rieur à l'extérieur, leurs spiricules n'ont cependant pas la composition que cet anatomiste attribue aux spiricules en général ; car suivant lui (Ann. se. nat., 3° série, t. Ie, p. 360) la spiricule est formée d’un astathe environné et soutenu par le ptychode, tandis que nous avons dans les spirieules des feuilles des Orchidées mentionnées ici (en adoptant les termes de M. Hartig) le ptychode ou membrane primaire à l'intérieur, l’eustathe ou membrane ter- tiaire à l'extérieur, et l’astathe ou production secondaire entre les deux pré- cédents. Ainsi, dans ce cas spécial même, qui diffère au plus haut point de l’évolution des spirieules que j'ai décrites dans la séance du 28 juin 1854, la spiricule n'a pas, je le répète, la composition que M. Hartig a cru trouver dans les formations spirales en général; et cependant la production de cette Spiricule s'accorde avec sa théorie sur l'accroissement de la cellule. Voilà done des faits qui concordent à peu près complétement avec l'opi- nion de ce savant, si on la considère comme l'expression de quelques cas 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. particuliers; mais ce botaniste, ayant cru pouvoir généraliser quelques observations isolées, n'a pas admis qu'il y eût des cellules qui continssent des formations secondaires internes; et Ge plus, les principaux exemples qu'il cite, tels que le Taxus baccata, ne sont pas conformes à sa théorie, puisqu'on observe à la fois pendant le développement des fibres ligneuses de cet arbre et d’autres Conifères, que la membrane-mère, qui n’est pas la plus interne, comme le pense M. Hartig, produit des formations secondaires internes et des formations secondaires externes; et puisque le ptychode ou membrane interne, qui serait primaire, suivant cet auteur, est en réalité d'ordre secondaire. M. Martine fait à la Société la communication suivante : L'OIDIUM TUCKERI ET L'ERYSIPHE PISI, pr M. CH. MARTINS. Au commencement de juin 1854, l’école des vignes du Jardin des plantes de Montpellier fut envahie par l'Oïdium. A la fin du mois, presque tous les ceps étaient malades. Différentes variétés de Pois communs situées à 20 mètres de distance étaient restées tout à fait saines jusqu'à la récolte des graines; mais immédiatement après, dans les premiers jours de juillet, les feuilles se couvrirent d’une poussière blanche qui, examinée au micros- cope, se trouva être l'Erysiphe Pisi, DC. Étudiant comparativement l'Oidium de la Vigne et F Erysiphe du Pois, je fus frappé, je ne dirai pas de leur analogie, mais de leur identité. Pendant huit jours, je les examinai attentivement au microscope, et il me fut impossible de trouver la moindre différence. Pour mieux constater cette identité, je priai M. Albert Moites- sier, aide de Botanique de la Faculté de médecine, de photographier ces végétaux au microscope solaire à un grossissement de 300 fois; ce sont ces images que je présente à la Société. La première est un thallus d’ Oidium de grain de raisin surmonté de ses spores; la deuxième, un Zrysiphe de feuille du Pois avec ses gonidies ; la troisième, des spores d' Oidium Tuckeri ; la quatrième, des spores d' Erysiphe Pisi. L'inspection de ces figures dé- montre qu’il n'existe pas de différence appréciable entre ces deux parasites. Je wai point aperçu le second mode de fructification signalé dansles Oidium et dans les Erysiphe par MM. Amici et Tulasne (Comptes rendus de l Acad. des sciences, 17 octobre 1853), ni le troisième que ce dernier botaniste sup- pose devoir exister dans l’ Oidium comme dans la plupart des Erysiphe. La connaissance de ces trois modes lui paraît indispensable pour identifier l'Oidium de la Vigne avec l'une des espèces d'Ærysiphe déjà connues, ou pour constituer une espèce nouvelle. En attendant qu'un observateur plus heureux ou plus habile que ses devanciers découvre ce troisième mode de fructification de l'Oidium (Erysiphe) Tuckeri, je ne puis m'empêcher, pour SÉANCE DU 9 mars 1855. 159 ma part, de le considérer comme identique avec celui du Pois, lorsqu'il se compose uniquement d’un thallus hérissé de spores pédicellées. Cetteidentité de l'Oidium de la Vigne avec les Erysiphe me parait digne d'oc- cuper les mycologistes. En effet, si l’on venait à prouver quel Oidium Tuckeri n’est point un champignon nouveau, né en 1845 dans une serre de Margate en Angleterre, mais un parasite vivant déjà depuis longtemps sur d'autres plantes , il ne s'agirait plus que de rechercher pourquoi il a envahi la Vigne qu'il épargnait auparavant. Les avis seraient partagés. Les uns cherche- raient à expliquer l'invasion par les circonstances météorologiques ou des causes cosmiques, les autres par une prédisposition morbide de la Vigne elle-même, Néanmoins le problème se simplifierait et l'étude du parasite sur les végétaux qu’il hante habituellement amènerait peut-être la décou- verte d’un moyen préventif. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : STRUCTURE DES TIGES CHEZ LES VÉGÉTAUX MONOCOTYLÉS : OBSERVATIONS PUISÉES DANS L'ÉTUDE DE LA GERMINATION DES ESPÈCES DU GENRE TULIPA, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans une communication précédente sur la structure et l'accroissement des tiges, j'ai annoncé que j'espérais, à l'aide d’une série d'observations puisées dans l'étude de la germination des plantes, mettre en évidence le fait important de l’individualité des feuilles. L'observation suivante du mode de germination de l'embryon chez un genre de monocotylées ( Tulipa) contribuera, je pense, à démontrer : 1° qu’une plante phanérogame peut, à l’époque de la germination, être uniquement constituée par une feuille, dite cotylédon, terminée par une ra- cine, sans aucun organe intermédiaire distinct de la feuille et que l'on puisse désigner sous le nom d'axe.— 2° Que le bourgeon primordial, désigné ordinairement sous les noms de tigelle et de plumule, se développe chez la jeune Tulipe au fond de la cavité d'un éperon de la feuille cotylédonaire, et que ce bourgeon, qui présentera plus tard un axe court (nommé plateau chez les bulbes), est de structure purement cellulaire, lorsque est déjà déve- loppé le système fibro-vasculaire de la jeune plante représentée par une feuille terminée par une racine, et dont le bourgeon celluleux situé au fond de l'éperon parait être une dépendance. — 3° Que par conséquent, cette Plante-feuille a dû se fournir elle-même son système fibro-vasculaire et n'a pu le recevoir d’une tige ou d'un axe qui n'existe pas encore en dehors de la feuille unique elle-même, et ne se montre que plus tard sous la forme d'une Petite masse de tissu cellulaire. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Au mois d'octobre 1850, j'ai semé des graines du Tulipa Gesneriana (1); quelques jours après les graines étaient en germination. La jeune plante, dont l'extrémité cotylédonaire était engagée dans les téguments de la graine, présentait, après avoir été retirée de ces téguments, la forme d'un cylindre parfait de 2 on 3 centimètres de longueur. Je pratiquai des coupes longitudinales de cet embryon en germination, et je le trouvai parfaitement indivis dans toute son étendue; aucune coupe ni aucun éclairage sous un verre grossissant ne purent, à cette époque, me faire distinguer une gem- mule, ni aucune trace apparente du point où le cotylédon cessait, et où commençait la radicule. J'étais d'autant plus surpris de ce fait que-chez les Liliacées, chez les A//ium par exemple, une coupe longitudinale met géné- ralement en évidence les jeunes feuilles emboitées de la gemmule à une époque où l'embryon est encore renfermé dans le périsperme. Je pensai qu’une germination plus avancée me donnerait la clef de ce mystère; c'est ce qui ne manqua pas d'arriver. La jeune plante resta presque stationnaire pendant une partie de l'hiver; mais le 12 mars suivant, je trouvai, en examinant mes semis, que les jeunes plantes de la Tulipe avaient acquis, y compris la racine, plus d’un décimètre de longueur. Une petite tubérosité située vers les deux tiers inférieurs de la plante attira mon attention ; cette tubérosité me paraissait devoir être le jeune bulbe, mais sa configuration différait beaucoup de celle des bulbes du même âge que j'avais observée chez un grand nombre de Liliacées bul- beuses ; en effet, cette protubérance était latérale et descendait en manière de cul-de-sac arrondi au-dessous du niveau de l'insertion de la racine. Une coupe longitudinale grossie me dévoila cette structure exceptionnelle ; la petite tubérosité descendante latérale (qui ne dépassait pas en grosseur le diamètre de la partie supérieure de la plante) était un éperon latéral de la base de la feuille cotylédonaire, laquelle constituait, à partir de ce niveau, toute la partie supérieure de la plante. Au niveau et en face de la naissance de l'éperon, un léger étranglement indiquait que la feuille cotylédonaire cessait et que la racine commençait, mais entre ces deux points, au collét proprement dit, rien n'indiquait la présence d'une gemmule. Un faisceau central de nature fibro-vasculaire s'étendait dans toute la longueur de la jenne plante, de l'extrémité cotylédonaire au voisinage de l'extrémité radi- culaire, sans avoir de connexions apparentes avec l'éperon qui était entière- ment de texture cellulaire. En examinant avec soin cet éperon, je vis qu'il (1) Le mode de germination du T. sylvestris ne diffère pas de celui du Z. Ges- neriana ; or le mode de végétation du bulbe des diverses espèces du genre Tulipa que j'ai pu cultiver étant le même que celui des T, Gesneriana et sylvestris, il est probable que le mode de germination de toutes les espèces de ce genre est également identique. SÉANCE DU 9 mars 1855. 161 présentait au fond de sa cavité une petite masse cellulaire conique que je regardai comme devant représenter la gemmule ; un examen ultérieur vint confirmer cette supposition. En effet, le 6 mai suivant, ayant de nouveau retiré les jeunes plantes de la terre, je remarquai que ni la feuille cotylédonaire ni la racine n'avaient pris, depuis le dernier examen du mois de mars, le moindre accroissement; mais l'éperon, terminé en cul-de-sac, avait pris un développement considérable, et présentait le volume d’une petite noisette. Une coupe longitudinale me démontra que le cul-de-sac constituait alors un véritable bulbe. La tunique externe de ce bulbe n’était autre chose que l'éperon accru et épaissi de la feuille cotylédonaire. Au fond de cet éperon était inséré le bulbe proprement dit. La masse presque entière de ce jeune bulbe était constituée par une seule tunique charnue à la base et au centre de laquelle on trouvait un très petit bourgeon cellulaire dont l'axe ou plateau n’était représenté que par un tissu cellulaire fin et serré. Voilà donc une plante qui, pendant la première période de sa germina- tion, est entièrement constituée par une feuille cotylédonaire terminée infé- rieurement par une racine, et ne présentant à cette époque ni tigelle ni gemmule ; son axe étant réduit au plan (désigné sous le nom de collet} au niveau duquel le cotytédon cesse et la radicule commence. — Néanmoins, cette plante, constituée par une feuille et une racine, présente un système fibro-vasculaire central, et la tige future, le plateau, ne se manifestera que plusieurs mois plus tard, sous la forme d'une masse celluleuse dans un éperon qui, dans l'origine, est lui-même entièrement celluleux. On ne peut évidemment, dans ce cas, admettre qu’un axe ait précédé la feuille, et que le tissu fibro-vaseulaire dont cette feuille est pourvue vienne d'un axe qui n'existe pas encore. — Je me propose de démontrer plus tard, par des exemples nombreux, que l'ordre de développement suivi par la nature dans ce cas de structure exceptionnelle, est le même qu'elle suit chez les autres plantes monocotylées; c’est surtout, en effet, chez les mo- nocotylédones que (la jeune plante étant réduite à une seule feuille ou coty- lédon) il est facile de démontrer que la formation de cette premiere feuille précède la formation de la tigelle proprement dite, et que le système vascu- laire de cette feuille est déjà avancé à une époque où la tigelle n'est repré- sentée que par une petite masse de jeune tissu cellulaire. Or, si dans le premier âge de la plante, la feuille précède l'axe dans sa formation, on peut ne pas regarder comme improbable que chez un jeune bourgeon le système vasculaire dérive ou au moins soit contemporain des feuilles. J'ajouterai, en terminant, que le mode curieux de germination de la Tuiipe se reproduit chaque année dans le mode de végétation de cctte plante que j'ai déjà exposé ailleurs, et sur lequel j'aurai occasion de revenir. C'est T, IL 12 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en effet au fond d’éperons descendants et radiciformes que se forment chaque année la plupart des cayeux qui renouvellent la plante. M. François Delessert fait à la Société la communication suivante : J'ai pensé que la Société entendrait avec intérêt la communication de nouvelles que j'ai reçues de M. Aimé Bonpland, l’un des vétérans de la Bo- tanique française, absent depuis quarante ans du sol de la patrie, et qui, malgré ses quatre-vingt-trois ans, conserve le vif désir, si souvent mani- festé par lui, de revenir en France avec ses collections pour les offrir à l’Institut ou au Muséum d'histoire naturelle. Au commencement de l’année dernière, j'ai donné connaissance à l’Aca- démie des sciences d’une lettre de M. Bonpland ; il avait appris avec un grand bonheur, dans sa solitude des bords de l'Uruguay, qu'il n'était pas oublié à Paris et qu'on lui gardait un bon souvenir de ses anciens travaux. Je lui ai envoyé à cette époque une lettre de M. Decaisne lui demandant quel- ques renseignements auxquels il s’occupe de répondre. — La lettre de M. Bonpland est datée du 2 octobre dernier. — Il était alors à la Restau- racion, petite ville du Paraguay sur la rive occidentale de l'Uruguay. Cette lettre ne renferme aucun travail spécial sur quelque famille, ou quelque genre, mais seulement des renseignements généraux sur des plantes de l'Amérique meridionale. — Quoiqu'ils n'aient pas une très grande im- portance, je ne doute pas que la Société ne soit bien aise d'entendre quelques portions de cette lettre, et M. Bonpland sera, de son côté, heureux de savoir que son nom a été prononcé et bien accueilli au sein de la Société Botanique de France. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M, AIMÉ BONPLAND A M. FRANÇOIS DELESSERT. La Restauracion (Paraguay), 2 octobre 1854 (1). ..….. Je vois que vous avez communiqué ma lettre à l’Académie des sciences et qu'on a bien voulu accueillir l'expression du désir que j'ai toujours eu de retourner en Europe et d'y porter mes collections de l'Amérique du Sud, pour les réunir à celles que j'ai faites avec mon illustre ami, le baron Alexandre de Humboldt. Je m'étais proposé d'aller à Montevideo vers la fin de décembre prochain, mais je crois devoir retarder ce voyage jusqu’en mars 4855. C’est dans les mois de décembre et janvier que plusieurs végétaux de ces contrées, utiles (4) La Restauracion est une nouvelle petite ville de Uruguay, vis-à-vis la Uru- guayana, à sept lieues au-dessous de Santa-Anna. SÉANCE DU 9 mars 4855. 163 à l'Algérie, mürissent leurs fruits, et je désire ardemment les réunir, afin de remplir les vues de M. le ministre de la guerre, pour enrichir le sol algé- rien de plantes utiles de l'Amérique du Sud. Depuis mon retour de Montevideo, j'ai fait plusieurs remises de graines pour l'Algérie, qui ont été adressées à M. le chevalier Maillefer, chargé d'affaires de France à Montevideo ; j'ai écrit à divers amis de ce pays de m'envoyer des graines; aucun de mes désirs n’a été rempli et je me vois forcé de tout faire par moi-même. En Europe, on ne peut se faire une idée du travail, des dépenses que né- cessite, dans ce pays, une collection quelle qu'elle soit. Ici, les plantes, loin d’être réunies comme en France, se trouvent disséminées à de grandes distances, et les étés sont tellement chauds, que la plupart des fruits se flétrissent et se sèchent avant d’être mürs. Il n'est pas rare de trouver des arbres dont il est presque impossible de voir et les fleurs et les fruits ! Permettez-moi de vous citer deux exemples de ce fait : Pendant tout le temps (quatorze ans) que j'ai été détenu dans le Paraguay, ce n’est qu'après sept années de recherches assidues que j'ai pu étudier la fleur d’un arbre forestier très utile, connu des Espagnols sous le nom de Incienso, et des Brésiliens sous celui de Cabriuba. Cet arbre précieux par la dureté et l'utilité de son bois et par la résine odoriférante qu'il produit, appartient à la grande famille des Fégumineuses. Je n'ai jamais pu m'en procurer des fruits à maturité. Il en a été de même pour un autre arbre nommé Zbiraro, des mots guaranis ibira, bois, tro, amer. En effet, le bois et l'écorce sont d’une amertume remarquable. L'Zbi- raro est un arbre forestier très utile par la qualité de son bois; on ne le trouve qu’au Paraguay. Jamais je n'ai pu le rencontrer dans les forêts de Corrientes, des Missions jésuitiques et sur la Sierra. Dans mon habitation au Paraguay, sur la pente occidentale de la montagne de Santa Maria de Fé, j'étais entouré de magnifiques bois d’Jhiraro. Eh bien, pendant neuf années consécutives, et quoique je fusse aidé d'un bon nombre de journa- liers, il m'a été impossible de découvrir la fleur de cet arbre. C'est à Itapna seulement que j'ai pu trouver une fois l'/biraro en fleur et en fruit. Cet arbre pourrait être utile au charronnage ; il me parait appartenir au genre Fraxinus. Je vous remercie d’avoir fait part de ma lettre à M. Decaisne ; son nom est parvenu jusque dans les déserts des Missions ; il me demande des échan- tillons de | Zlex ; ses désirs seront satisfaits aussitôt que j'irai à San- Borja, où se trouve mon herbier. En attendant, M. Decaisne pourra se procurer de beaux échantillons de l Zex paraguayensis, décrit et publié par M, Aug. `de Saint-Hilaire, dans les plantes que j'ai envoyées au Muséum après ma sortie du Paraguay. Un des arbres précieux de l’ Amérique du Sud, par la qualité de son bois, 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est désigné par les Espagnols sous le nom de Lapacho, et par les Brésiliens sous celui de /pé. Cet arbre appartient au genre Bignonia et ne se trouve pas dans Willdenow. Tout récemment, en parcourant le genre Bignonia dans le Prodromus de De Candolle, j'ai vu un Bignonia nouveau. Il est indiqué se trouver à Rio-Grande, où M. Sellow l’a vu. Tout me porte à croire que ce nouveau Bignonia est le Lapacho des Kspagnols. Il est présumable que son bois fait partie des bois du Brésil qui sont au Muséum de Paris. Je renvoie à cette collection. Le Lapacho existe dans la mienne et il sera facile de le comparer avec les bois d'ébénisterie et autres que possède le Muséum d'his- toire naturelle. M. de Saint-Hilaire doit nécessairement avoir publié mon Bignonia Lapacho. Cet arbre fait l'ornement des forêts de l'Amérique du Sud. Le Lapacho perd ses feuilles pendant l'hiver; c'est un des premiers arbres qui annoncent le printemps; il se couvre de nombreuses fleurs de cou- leur rose qui le font distinguer de très loin. Ce n’est qu'après la chute des fleurs que se montrent les feuilles. Le bois du Zapacho est d'une couleur jaunâtre; sa dureté dépasse celle du Chêne ; jamais il se ne fend ; le bois du Lapacho est éternel, c’est une espèce de bois de fer. fl sert à la menuiserie, à la charpente, dans les constructions navales, mais surtout au charrounage. L'autre propriété du Lapacho, c’est qu'il fournit une belle couleur rouge, et que traitépar des mains habiles, le rouge du Lapacho doit rivaliser avec le rouge de notre Garance, En decembre, j'espère réunir des graines du Bigno- nia Lapacho et en envoyer pour l'Algérie, où je suppose que cet arbre utile pourra croitre parfaitement. | J'ai constamment, pendant mon absence de la patrie, travaillé dans le but d'être utile à notre belle France et crois en avoir donné des preuves répé- tées. J'ai fait des remises de toutes espèces au Muséum d'histoire naturelle, et si je n'ai pas continué mes envois de graines, ce n’est pas ma faute ; mais des circonstances que vous connaissez ont arrêté mes relations avec le Jardin des plantes. J'arrive au Solanum Commersonii dont me parle M. Decaisne. Cette nou- velle espèce, dont j'ignorais le nom spécifique, se trouve à Montevideo, à Buenos-Ayres, à Martin-Garcia, dans toutes les Missions jésuitiques, sur la Sierra et sur les bords de l'Uruguay, depuis les Missions jusqu’à Belem, le Salto et la Concordia. Tant au Paraguay que dans les Missions et à Santa- Anna, j'ai cultivé ce Solanum dans l'espoir d'utiliser les tubercules, et wai rien pu obtenir. Les tubereules du Solanum Commersonit sont de couleur verdâtre, de la grosseur d'un très gros pois, et offrent constamment un goût àpre qui répugne. A Santa-Anna, les oiseaux mangent les tubercules du Solanum tuberosum, de la Pomme de terre, mais ils respectent ceux du Solanum Commersonii. Sur la demande de graines que me fait M. Decaisne, je vais m'occuper de lui en envoyer une collection. Ses désirs au sujet du Victoria seront aussi SÉANCE DU 9 mars 1855. 165 remplis, si les pluies abondantes de cet hiver n’ont pas détruit les plantes que j'ai trouvées, il y a peu d'années, dans la rivière Mirinan. Tout ce que j'ai lu dans les journaux anglais sur le Victoria me semble peu exact et fourmille d'exagérations, à moins que le Victoria de la Guyane anglaise ne soit différent du Victoria de Corrientes que j'ai décritet envoyé à M. de Mirbel sous toutes les formes. [l y a peu d'années que j'ai remis aux Etats-Unis, en Angleterre, en France et en Italie, des graines du Victoria de Corrientes. M. de Gore, chargé d'affaires d'Angleterre à Montevideo, m'a assuré, en septembre dernier, que les graines du Victoria, remises en An- gleterre, avaient très bien levé et qu'elles prospéraient. Quant aux mêmes graines , envoyées dans les autres pays ci-dessus indiqués, je n’en ai reçu aucune nouvelle. Depuis que j'ai pu obtenir, par vos soins, le Genera plantarum d'En- dlicher, j'ai trouvé dans cet ouvrage deux genres qui, je suppose, avec le temps, seront réunis en un seul et formeront le genre Victoria, qui me semble assez bien décrit par Endlicher ; cependant j'y trouve quelques diffé- rences avec le Victoria de Corrientes. Cette dernière plante offre une baie: bacca orbiculata, manifeste depressa, exsucca, putredine dehiscens, mul- tilocularis, polysperma. Semina forma et magnitudine pisi majoris, hilo longo varie flexuoso instructa, membrana ampla undulata absoluta. Cette membrane est un véritable amnios. Il me serait très utile d'avoir le Catalogue des plantes qui se cuitivent au Muséum. Je saurais alors si l ex paraguayensis existe dans lorangerie ; si le Victoria prospère, donne des fleurs et fructifie dans les serres chaudes. J'apprendrais enfin l'existence de bien des plantes qui me sont inconnues, et j'éviterais d'envoyer des plantes qui déjà existent ; de même que je serais plus sûrement guidé pour en envoyer qui n'existent pas ; enfin, je serais plus stimulé que je ne l'ai été jusqu’à ce jour, étant resté sans nouvelles d'Europe, sauf les lettres de M. de Humboldt et celles que vous avez bien voulu m'écrire. M. Decaisne fait observer que la poudre appelée Maté n'est pas faite seulement avec les feuilles de l Zlex paraguayensis, mais encore avec celles de plusieurs autres végétaux, tels que des Celastrus, ele. M. Weddell présente, au sujet de divers faits signalés dans la lettre de M. Bonpland, les observations suivantes : Il est à regretter que M. Bonpland n'ait pas donné le nom scientifique de l'arbre dont il parle sous le nom d'/ncienso; c'est probablement une espèce de Myrospermum (M. peruiferum), que j'ai souvent rencontrée dans les forêts du sud de la Bolivie èt qui se trouve répandue sur tout le versant oriental des Cordillères, où elle est connue sous le nom de Ouina-yuina. La 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. résine balsamique qui découle des plaies faites à son écorce sert d'encens (incienso), et M. le professeur Guibourt, à qui j'en ai communiqué des échantillons, a reconnu en elle le Baume du Pérou sec du commerce. Le bois de cet arbre, qui est d’une belle couleur rouge foncé et d’une grande dureté, est regardé comme incorruptible , aussi l’emploie-t-on générale- ment à la confection de toute espèce de machines hydrauliques. La remar- que faite par M. Bonpland relativement à la rareté des fleurs de cette plante est parfaitement confirmée par ma propre expérience. Le Lapacho de M. Bonpland est assez fréquent dans le sud de la Bolivie ; les bosquets qu'il constitue présentent au moment de la floraison un coup d'œil admirable, la couleur de ses fleurs rappelant assez exac- tement celle des fleurs de nos Pêchers. Il n’était pas à ma connaissance que cet arbre fournit une teinture ; mais ses corolles paraissent avoir des pro- priétés tonifiantes, mises à profit par les Indiens pour combattre les effets trop rafraichissants des boissons dont ils font un usage immodéré. L'âcrete signalée par M. Bonplanä comme caractéristique des tubercules du Solanum Commersonii me rappelle celle d’une pomme de terre que j'ai eu occasion d'observer dans mon dernier voyage au Pérou, et à laquelle les gens du pays donnent le nom de Papa sylvestre, ou pomme de terre sauvage. Ce qu’il y a de plus singulier dans l’histoire de cette plante, c'est qu'elle lève spontanément du sol des forêts, lorsque celles-ci ont été dé- truites par le feu afin de faire place à un champ labouré. Pour expliquer ce phénomène, les Péruviens admettent qu'il existait, très anciennement, dans ces mêmes lieux, des cultures qui, délaissées par l'homme, ont été envahies de nouveau par la forêt, et que les germes de la Solanée s’y conservent à l'état latent, jusqu’à ce qu'ils rencontrent les conditions nécessaires à leur développement. M. Cosson rapporte à cette occasion que dans un bois situé entre Nemours et Montargis, dans la commune de Dordives (Loiret), il a vu le Lathyrus angulatus couvrir le sol, après une coupe de bois, et disparaitre peu d'années après, le bois ayant repris un certain ac- croissement. SÉANCE DU 23 Mars 1895. 167 SÉANCE DU 23 MARS 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 mars, dont la rédaction est adoptée, A propos du procès-verbal, M. Cosson rappelle que M. l'abbé Dænen a con- staté depuis longtemps, aux environs de Dreux (Eure-et-Loir), que le Vicia serratifolia, Jacq., très rare dans les clairières des bois déjà d’un certain âge, se développe au contraire avec une extrême abondance dans les jeunes taillis des mêmes bois. M. Decaisne fait observer que le fait est d'autant plus singulier que le Vicia serratifolia a les graines très grosses et qu'il est difficile de com- prendre comment, si elles existent en grande abondance sur le sol, on ne les remarque pas. Il rappelle, à cette occasion, le fait singulier de l’appa- rition passagère, mais en grande abondance, du Centaurea melitensis sur les fortifications de Paris, en 1843. M. A. Passy dit que, dans l'Amérique du Nord, on a vu, à la suite du défrichement des forêts, apparaître tout à coup des plantes inconnues jusque-là dans la localité et ne croissant qu'à cinquante lieues de dis- tance. — Il rapporte, en outre, le fait suivant : M. Passy père ayant fait planter près de Gisors un bois de vingt-cinq arpents, le Pyrola minor, rare dans les environs, s’y est montré peu d'années après en grande quantité. M. Weddell donne, à cette occasion, quelques détails sur le développe- ment très rapide, au Brésil, de certaines plantes des Campos dans les lieux où l’on a brûlé des bois. Ces plantes portent, dans le pays, le nom de fleurs de l'incendie. M. Moquin-Tandon rapporte que, lorsqu'on a creusé le canal latéral de Toulouse, les :terres remuées et restées à sec pendant deux ans se sont su- bitement couvertes de Polypogon monspeliensis, plante qui manque à Tou- louse. M. Decaisne mentionne encore plusieurs faits analogues. — A Ermenon- ville le lac ayant été mis à sec, s'est couvert de Sincpis alba. — Aux envi- rons de Bordeaux, après l'incendie d'un bois, le Papaver somniferum s'est montré de même en grande quantité. — En Angleterre, le creusement d'un canal a fait paraitre en abondance le Plantago arenaria. M. Cosson ajoute qu'il a vu, une année, l'étang tourbeux de Saint- Germer, près Beauvais, desséché et couvert de Digitalis purpurea. M. Chatin fait remarquer que les plantes qui se développent ainsi tout à 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. coup dans les terrains remués sont, en général, des plantes appartenant à une région plus méridionale. Ne pourrait-on pas en conclure que la couche de terrain où leurs graines sont enfouies aurait été à découvert à une époque où le climat était plus chaud que le climat actuel. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Bizzor (Constant), à Haguenau (Bas-Rhin), présenté par MM. de Noé et Puel. CLARINVAL, colonel d'artillerie, à Metz, présenté par MM. Mo- quin-Tandon et Puel. Degraux (Odon), pharmacien aide-major à l'hôpital du Yal- de-Grâce, à Paris, présenté par MM. Chatin et Lasègue. LesaiL, docteur en médecine, à Évron (Mayenne), présenté par MM. Puel et Maille. LecLÈRE (Louis), chez M. Léon Denouette, à Montivilliers, près le Havre, présenté par MM. Moquin-Tandon et Puel. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. Dons faits à la Société. 4° De la part de M. Ch.-J. Desnoix : Notice historique sur la famille des Loganiacées.— De la noix vomique, fève de Saint-Tgnace et de l'Igasurine, alcaloïde nouveau. 2° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, mars 1855, deux numéros. M. le President annonce à la Société que le conseil d’administra- tion a, dans sa séance du 10 de ce mois, décidé ce qui suit : 1° Les articles de la Revue bibliographique annexée au Bulletin seront dorénavant rétribués à raison de 60 fr. la feuille d'impression de 46 pages grand in-8°, 2° Le total des articles rétribués ne pourra dépasser par an vingt feuilles d'impression. 3° Un crédit proportionné au nombre et à l'étendue des articles fournis, et dont le maximum est fixé à 1,200 fr., est alloué à la commission du Bulletin pour subvenir à cette dépense pendant l'exercice 1855. SÉANCE DU 23 mars 1855. 169 M. le Président, au nom du conseil, soumet ces décisions à la sanction de la Société. Elles sont adoptées à l'unanimité. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : OBSERVATIONS SUR LE FRUIT DES LABIÉES, par M. D. CLOS. Toulouse, 49 mars 1855. La signification morphologique du fruit des Labiées a exercé la sagacité des botanistes. La présence d'un seul style bidenté pour 4 coques semblait indiquer qu’il y avait là quelque particularité d'organisation qui devait faire considérer ces 4 coques comme ne valant, ou, si l’on veut, ne repré- sentant que deux carpelles. De Candolle avait déjà vu, dans le Salvia cretica, trois carpelles didymes avec six graines et trois styles libres (4° Notice s. l. pl. rares cultivées à Geneve. —Mém. de la Soc. Genev., V,150), et ce fait lui sembla venir à l'appui de l'opinion de Gingins que, dans les Labiées, il n’y a que deux carpelles divisés en deux loges. M. Schacht, ayant étudié le développement de l'ovaire des Labiées, n'a pu se convaincre de la justesse de cette explica- tion (Das Mikrosk. et Bot. Zeit., 1851, p. 618). Enfin M. Alph. De Candolle a fait remarquer combien les ovaires des Myoporinées et des Verbénacées sont propres à faire comprendre la structure des Borraginées et des Labiées, Car, dans les deux premières familles, les deux loges ovariennes sont tantôt entières, tantôt à moitié subdivisées par un repli des feuilles qui les com- posent, tantôt enfin entièrement séparées par un prolongement intérieur de ce repli, le seul genre Myoporum offrant l'exemple de tous ces cas (Prodr., XI, 702). Un fait de tératologie végétale, qui nous a été offert par un pied de Sta- chys sylvatica, I., trouvé aux environs de Toulouse en juin 1854, semble de nature à éclairer cette question, en même temps qu'il est peut-être inté- ressant à un autre point de vue. Deux des cymes inférieures de la plante présentent chacune vers leur ceatre une fleur à cinq étamines, et l’une de ces fleurs est devenue régulière, l’autre est restée irrégulière, mais néanmoins elle diffère un peu de la struc- ture propre aux fleurs de ce genre. Examinons successivement ces deux fleurs. La première a un calice normal (cet organe est presque régulier dans le Stachys sylvatica, L.). La corolle est régulière, hypocratérimorphe, assez analogue à une corolle de Verbena. Le tube a conservé sa longueur ordi- naire ; le limbe est à cinq divisions subégales, ovales-obtuses comme le Sont les lobes latéraux de la lèvre inférieure, mais plus longues. {y a 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 6 méricarpes égaux, distincts et disposés en cercle. De leur centre part un style gynobasique, frifide au sommet, ces trois divisions étant semblables aux deux que présente le style normai. L'autre fleur a conservé sa lèvre inférieure, mais la supérieure est ren- versée (nullement en voûte) et plus courte qu’à l'ordinaire. Le tube de la corolle est à peine exsert, mais contourné et comme refoulé sur lui-même. Il y a aussi cinq étamines semblables, par suite du développement de l'étamine supérieure qui fait défaut à l’état normal. Comme dans le cas précédent, le style est trifide au sommet ; mais il n’y a ici que quatre par- ties à l'ovaire ; seulement les deux antérieures sont bien plus développées que les deux autres. Elles offrent, seules aussi, une échancrure médiane à leur bord supérieur, qui est ainsi comme bilobé, ce qui porte à penser que leur cavité renferme deux ovules; mais celle-ci s'est montrée vide. Cette observation nous paraît établir : 4° Que l’explication donnée par Gingins-Lassaraz et admise par De Can- dolle, de la signification des parties du pistil chez les Labiées est fondée ; car avec un style de plus, on y voit deux méricarpes de plus, et la compa- raison des deux fleurs que nous venons de décrire permet de suivre toutes les modifications du gynécée ; dans l’une de ces fleurs quatre des six parties de l'ovaire sont soudées deux à deux ; dans l’autre, elles sont libres toutes les six. 2° Que le développement de la cinquième étamine n’est pas intimement lié à la pélorisation de la fleur, puisque dans la seconde des deux fleurs citées il coïncide avec une légère déviation de la forme de la corolle, une simple tendance à la pélorie. 3° Que le type carpique des Labiées péloriées ou à fleurs régulières parait consister dans la présence de trois feuilles carpellaires, à l'instar des Polémoniacées. Seulement dans ces pélories, le fruit reste encore gynoba- sique (1). M. J. Gay dit : Qu'il a écouté avec intérêt la lecture qui vient d'être faite, d'où résulte une induction nouvelle en faveur de l'opinion qui considère le fruit gyno- basique et quadrilobé des Labiées comme formé de deux carpelles à sommet déprimé et à ventre bilobé. L'induction qu’on peut tirer du nombre des lobes augmentant avec celui des stigmates n'apporte pourtant dans cette (1) H est rare, si j'en juge par les descriptions, que dans les cas de pélorie des Scrophularinées, le nombre des carpelles soit augmenté. M. Chavannes cite bien, il est vrai, dans sa Monographie des Antirrhinées (p. 67, pl. IX, f. 11), un pistil d'Antirrhinum majus à 3 carpelles; mais dans ce fait observé par M. Choisy, il y SÉANCE DU 23 maks 18595. 171 question qu’une lumière incomplète, puisqu'ici le fruit à six lobes, au lieu de quatre, conserve toujours sa forme gynobasique. Il en est autrement d'une monstruosité du Stachys sylvatica (précisément la même espèce qui a fourni à M. Clos les observations qui viennent d’être lues), que M. Gay ren- contra jadis sur le versant méridional du Jura et qu'il a depuis communi- quée à plusieurs personnes, y compris M. Robert Brown, l'illustre et véné- rable doyen de la Botanique occidentale. Dans cette monstruosité, qui affecte plus ou moins, non pas quelques fleurs, mais toutes les fleurs d'un même individu, le style est resté, avec ses deux stigmates, ce qu’il était dans la plante normale, mais l'ovaire a subi toutes les transformations imaginables, depuis le gynobase quadrilobé, à peu près régulier, jusqu'à la forme d'une vessie allongée et ellipsoïde ou obovale, les quatre lobes de l'ovaire gyno- basique alors entièrement effacés ou réduits à une légère dépression du sommet de la vessie, du milieu de laquelle le style se détache. Ainsi mé- tamorphosé, l'appareil est devenu un ovaire uniloculaire, sans aucune cloison intérieure, et marqué seulement de deux placentas pariétaux, à cha- cun desquels sont attachés, vers le milieu de sa hauteur, deux crochets des- tinés à porter les ovules et très semblables aux rétinacles des Acanthacées, mais qui ici sont rarement accompagnés de leurs ovules, même rudimen- taires. Les placentas opposés l'un à l’autre, sont placés à droite et à gauche de l'observateur, et ils limitent évidemment deux feuilles carpellaires qui occupent par conséquent la position antérieure et postérieure, suivant la loi presque générale des ovaires bicarpellaires. Ainsi se révèle mieux que de toute autre manière la véritable structure de l'ovaire des Labiées. Le gynobase n’est qu'un masque, derrière lequel se cachent les éléments et les conditions essentielles d’un ovaire bicarpellaire, comme est celui des Scro- phularinées, des Solanées, des Apocynées, des Gentianées et de plusieurs autres familles gamopétales. Communiquée à M. Moquin-Tandon, cette observation a été mentionnée par lui dans une note de sa Zératotogie végétale (Paris, 1841, p. 305), mais d’une manière incomplète et qui ne permet pas d'ea saisir la portée véritable. M. Gay ajoute qu'il n’est pas certain d’avoir été le premier à observer cette évolution anormale du Stachys sylvatica. Peut-être n'est-il que le second. Ce qu’il y a de certain, c'est que M. K. Fr. Schimper a représenté, à la suite de son remarquable Mémoire sur le Symphytum Zeyheri (Heidel- avait aussi augmentation de nombre des étamines et des lobes de la corolle. On lit dans la Tératologie végétale de M. Moquin-Tandon, p. 505, en note, que MM. Schimper et J. Gay ont vu dans le Stachys sylvatica les deux ovaires changés en une capsule à peu près uniloculaire, réalisant ainsi jusqu'à un certain point l’état normal de plusieurs Antirrhinées. 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. berg, 1835, tab. 4, fig. 17-57, et tab. 5, fig. 1-22), une suite de mons- truosités dont plusieurs rappellent exactement celle dont il s’agit ici et qui proviennent peut-être de la même plante, Le fait reste néanmoins douteux, parce que M. Schimper n’a point donné l'explication des planches jointes à son Mémoire {au moins dans l'exemplaire de M. Gay), et qu'il ne les cite même nulle part dans le texte. Boenninghausen, cité par Reichenbach (F7. excurs., p. 319), parle d’une monstruosité du Stachys sylvatica, à corolle herbacée et raccoureie : Non rarò corollæ monstrosè hebetatæ, virides, persistentes, vix exsertæ. Il est probable qu'observée plus attentivement, cette monstruosité eût présenté dans son ovaire quelques particularités remarquables. Elle prouve du moins qu'en Allemagne, comme en Suisse et en France, le Stachys sylvatica peut revêtir des formes extraordinaires, ce qui doit faire espérer à M. Clos de retrouver à Toulouse même l’anomalie plus profonde dont il vient d’être question, anomalie qui l’éelairera, plus que toute autre chose, sur la véri- table structure ovarienne de la famille des Labiées. M. Trécul fait remarquer que l’inflorescence de certaines Labiées présente normalement la fleur terminale régulière. M. Decaisne indique comme exemple de ce fait le Teucrium cam- panulatum. M. Duchartre fait observer que l’organogénie des Labiées démontre que, chez cette famille, l'ovaire se compose de deux carpelles. M. Chatin confirme ce qui vient d’être dit, en ajoutant qu'il n’y a point de différence entre le développement des ovaires des Labiées et des Borraginées. M. J. Grænland fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR L'HOLGUS SETIGER, N. ab, E., pr M. J. GRÆNLAND. Dans la séance du 22 décembre dernier, M. Balansa a communiqué à la Société les résultats des observations que nous avions faites en commun sur un échantillon d’ Holcus setiger, N. ab. E., récolté par M. Drège, au cap de Bonne - Espérance. Dans les fleurs de cette plante, que M. Nees d’Esenbeck avait décrite comme très voisine des Holcus lanatus et Holcus mollis, M. Balansa avait trouvé une fleur supplémentaire qui, par son organisation et par sa position, avait tout d’abord attiré notre attention. Les matériaux nous manquaient alors pour vérifier cette assertion déduite du très petit nombre de fleurs que nous avions à notre disposition. La complaisance de mon ami M. le docteur Sonder de Hambourg, qui a bien voulu m'envoyer en communication tous les échantillons qu'il possédait de cette plante, me SÉANCE DU 23 mars 1855. 173 permet aujourd’hui de modifier essentiellement et de compléter cette obser- vation (1). Notre plante est représentée dans son herbier par des échantillons de trois localités : l’un, qui est réduit à un seul chaume sans souche, et qui porte l'étiquette autographe de M. Nees d'Esenbeck, a été récolté par Ecklon et Zeyher à Winterhoeksberg (Worcester). Les autres échantillons sont com- plets et ont été récoltés par M. Drège ; ils ont été trouvés, les uns à Paarl- berg, les autres entre Pedraskloof et Liliefontein, Chacun se compose de plusieurs chaumes d’un mètre au plus de longueur, qui forment une touffe annuelle. En analysant l'échantillon de Winterhoeksberg, je fus fort sur- pris de ne pas trouver la fleur supplémentaire qui avait été observée par M. Balansa. Cette plante est parfaitement conforme à la description de M. Nees d'Esenbeck, qui ne fait aucune mention de la fleur supplémentaire. Il en est de même des plantes de Paarlberg et d’une partie de celles de Pedraskloof. Parmi ces dernières, je trouvai cependant trois touffes dont les fleurs examinées en grand nombre m'ont offert cette fleur supplémen- taire. Sauf quelques variétés de taille, les échantillons, au nombre de onze, ne m'ont présenté aucune différence qui puisse être de nature à faire soup- Çonner un caractère spécifique. Je suis done porté à croire que la fleur supplémentaire n’est qu'une anomalie de l' Holcus setiger, mais une ano- malie qui wa paru digne d’être signalée et décrite. Avant d’entrer dans les détails de la description de la plante anomale, je dirai quelques mots sur l’organisation de l’épillet du genre Holcus : il con- tient deux fleurs qui sont toutes deux, ou seulement la supérieure, munies d'une arête dorsale à leur paillette inférieure. Ce n'est ordinairement que la fleur inférieure qui est fertile, quoique dans quelques espèces de ce genre la fleur supérieure soit aussi hermaphrodite. La fleur supérieure est toujours plus ou moins éloignée des glumes et l'axe de l'épillet offre une singularité qui parait avoir échappé jusqu'ici à l'attention des observateurs. Cet axe porte vers sa base une bosse tournée vers la glume inférieure. Dans plu- sieurs espèces, par exemple : Holcus Gayanus, Holcus grandiflorus, cette bosse est très peu prononcée, mais elle y existe toujours; les Holcus cæspi- tosus et Holcus mollis la montrent déjà dans un plus haut degré de dévelop- pement; dans l Holcus lanatus et surtout l Holcus annuus, elle forme une espèce d’éperon recourbé qu'on voit facilement sans la loupe en écartant un peu les deux glumes, et quidans l’ Holcus annuus atteint jusqu’à la moitié de la longueur de l’entre-nœud. L'examen microscopique le montre formé de cellules’allongées tout à fait analogues à celles de l’épiderme de l'axe. Cet (1) Un des plus riches de l'Allemagne, l'herbier de M. Sonder renferme entre autres une des collections les plus complètes qui existent de l'immense série végé- tale qui a été rapportce du cap de Bonne-Espérance par M. Drège. + 47h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. appendice est creux à l’intérieur, tandis que l'axe est solide. Dans plusieurs espèces (Holcus lanatus, Holcus annuus), la fleur en état de maturité, se détachant de l'axe, reste souvent fixée par un petit filet transparent à l'ex- trémité recourbée de l'éperon. Cette circonstance a fait croire à M. Balansa qu'il y avait ici deux axes soudés, dont le plus fort appartenait à une fleur qui, normalement, devait toujours avorter. Mes recherches, fréquemment réitérées et exécutées avec le plus grand soin, m'ont persuadé que cela n’est pas le cas, et que cette adhérence par le petit filet est simplement un effet de la structure des couches corticales de l'axe et de l'éperon son appendice. On verra, d’ailleurs, que cette hypothèse du dédoublement de l'axe n'est nullement appuyée par la fleur supplémentaire de l Holcus setiger, dont je vais donner une description détaillée. Tels sont les faits généraux de la structure florale dans le genre Holcus; quant à l’ Holcus setiger, en particulier, c’est une plante annuelle, eespi- teuse, fournissant plusieurs chaumes grèles, dressés, variant de 13 à 50 cen- timètres de longueur et velus au-dessous de leurs nœuds. Feuilles molle- ment velues-pubescentes. Gaînes allongées, les supérieures un peu renflées, velues comme les feuilles. Ligule membraneuse, tronquée, ciliée-dentée. Panicule contractée à rameaux pubescents. Epillets pédicellés, ovoïdes, comprimés, contenant normalement deux fleurs. Glumes presque égales, pubescentes, l’inférieure oblongue, uninerviée, aiguë-allongée, la supérieure plus large, ovoide, trinerviée, prolongée en une longue arête qui dépasse quelquefois le double de la longueur de l’épillet. Fleurs dépassées par leurs glumes. L'inférieure hermaphrodite, pédonculée, mutique ; la su- périeure mâle, beaucoup plus petite que l'autre, portant une arête ge- nouillée, un peu rude au-dessous de son sommet, La premiére a deux paillettes; l'inférieure ovoïde, un peu carénée, quinquénerviée, lisse; la supérieure binerviée, bicarénée, à carènes ciliées, le sommet denticulé. Squamules deux, lancéolées : étamines trois ; anthères linéaires ; ovaire glo- buleux ; stigmates terminaux, sessiles, plumeux. Caryopse oblong, com- primé, lisse. La fleur supérieure reste très rudimentaire ct se montre souvent réduite aux deux paillettes, dont l’inférieure est munie d'une arète dorsale. Après cette description de la plante normale, il me reste à dire quelques mots sur l’épillet à trois fleurs. Cette troisième fleur se trouve dans l’aisselle de la glume supérieure, sa paillette inférieure qui regarde cette même glume (sa feuille-mère), qui tourne par conséquent le dos à l'axe de l'épillet, est membraneuse, ciliolée vers son sommet, binerviée et bicarénée, à carènes ciliées. La paillette supérieure membraneuse carénée, uninerviée, squa- mules nulles. Deux étamines, qui sont placées des deux côtés de l'ovaire stérile, ovoide, à deux stigmates plumeux. Cette fleur a donc une organisa- tion tout à fait différente des fleurs des Graminées connues jusqu'ici. Il ya plusieurs genres (Anthoxanthum, Reynaudia, Phalaris) qui présentent la SÉANCE DU 23 Mars 1855. 175 paillette supérieure uninerviée, mais la paillette inférieure binerviée et les étamines, qui sont au nombre de deux, forment un singulier contraste avec les fleurs normales de notre plante et de la plupart des Graminées. La . Un épillet iriflore d'Holcus setiger. . Le même épillet dont on a ôté les glumes : &. le rudiment de la glume inférieure ; b. celui de la glume supérieure. La fleur supplémentaire se trouve dans l'aisselle de la glume supérieure, . Le diagramme de l'épillet. La fleur supplémentaire n’a que deux étamines. . La fleur supplémentaire ouverte, + La paillette supérieure uninerviée de cette fleur, + La paillette inférieure binerviée. 10 > D C7 À 0 fleur normale en état de maturité reste aussi- fixée au sommet recourbé de l’éperon ; la fleur supplémentaire, cependant, a son propre pédoncule très 476 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. court, en effet, mais parfaitement perceptible, qui ne peut pas, d’ailleurs, être confondu avec le pédoncule de la fleur fertile, qui est bien plus long. Comment expliquer le phénomène de la fleur supplémentaire? Sa paillette inférieure me parait être la préfeuille d’un rameau floral naissant à l’aisselle de la glume supérieure ; ce rameau ne porte qu’une seule feuille repré- sentée par une paillette uninerviée et se termine par la fleur imparfaite, composée de deux étamines et de l'ovaire stérile. Comparée à la fleur fer- tile normale de l’épillet, la glume supérieure jouerait ici le rôle de la paillette inférieure, et la paillette binerviée correspondrait à la paillette supérieure de la fleur normale. La paillette supérieure de la fleur anomale serait, pour ainsi dire, un organe surnuméraire, puisque normalement le rameau floral ne porte que sa préfeuille, car il ne me paraît pas probable que cette pail- lette uninerviée soit le produit de la soudure de deux squamules, à cause de sa nervure médiane et de sa grandeur. M. Cosson demande à M. Grœnland s’il ne serait pas disposé à con- sidérer l'éperon situé à la base de l'axe qui supporte la première fleur des Holcus, comme un prolongement celluleux du callus. Cet éperon a paru à M. Cosson, dans toutes les espèces qu’il a été à même d'examiner, se continuer directement avec cette partie de la glu- melle inférieure. M. Grænland ne se prononce pas d’une manière absolue à cet égard. Il faudrait pour cela avoir suivi le développement complet de la plante. Le tissu de l’appendice ne diffère pas de l’épiderme de l'axe. M. Weddell demande à M. Cosson comment il explique la décur- rence du callus. M. Cosson répond que l’éperon est excluSivement celluleux et n’est qu'une décurrence de l’épiderme de l'extrémité inférieure du callus. M. Gay ajoute que le fait de l Holcus setiger étant isolé, la décou- verte en appartient sans conteste à M. Grænland. M. le comte Jaubert donne lecture d’un Mémoire intitulé : Sur len- seignement de la Botanique. M. Cosson donne lecture à la Société d’une lettre adressée par M. le docteur Reboud à M. Durieu de Maisonneuve sur les récoltes botaniques qu'il a faites pendant l'expédition de Tuggurt (1). (1) L’extrait de cette lettre sera publié dans le compte rendu de la séance du 43 avril, pour être annexé à une communication de M. Cosson sur les plantes re- cueillies par M. Reboud dans son voyage. N SÉANCE DU 23 mars 1855. 17 M. Labouret fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN CARACTÈRE DIFFÉRENTIEL POUR SERVIR A L'ÉTUDE DE LA FAMILLE DES CACTÉES, par M. J. LABOURET. Jusqu'à ce jour, les caractères spécifiques adoptés pour différencier les espèces de Cactées les unes des autres dans un même genre, ont ététirés du nombre des côtes, de leur forme, du nombre, de l'insertion et de la couleur des aiguillons. Je me suis proposé, dans cette note, d'examiner à un point de vue nouveau le caractère relatif au nombre, des aiguillons, etspécialement celui qui est relatif à leur mode d'insertion. On a remarqué que, dans l’ Echinopsis formosa, l'évolution de l’aréole est continue; qu'après a voir été déplacée du sommet de la plante par les aréoles nouvelles elle continue à végéter et montre pendant longtemps de nouveaux aiguillons. Dans un article de l’ Allgemeine Gartenzeitung de MM. Otto et Dietrich, de l’année 1853, M. Poselger fait remarquer que « dans les plaines arides, » exposées au soleil, où il tombe peu de pluie, la tige de ces plantes se rata- » tine, le nombre et la longueur des aiguillons augmentent singulièrement. » Plus loin il ajoute que le nombre des côtes varie également. Les faits que je viens de citer se produisent sur un grand nombre de plantes, particulièrement sur quelques Echinocactus des sections Stenogont et Gibbosi, sur la plupart des Zchinopsis, Cereus, Opuntia et Peirescia. J'ai remarqué que, sur un grand nombre de plantes, l’évolution de l'aréole s'opère d’un seul coup, c’est-à-dire que tous les aiguillons apparaissent simultanément comme des petites pointes qui percent le duvet qui garnit les aréoles, bien que les aiguillons inféricurs atteignent leur entier déve- loppement avant les autres. Cette simultanéité dans l'apparition et cette inégalité dans la durée du développement se remarquent particulièrement sur les plantes du genre Mamillaria. Sur d'autres plantes, celles des genres Echinopsis, Cereus, Opuntia et Peirescia, dans les groupes cités du genre £chinocactus, l'évolution de l’aréole présente plusieurs périodes. Un certain nombre de points annoncent la première apparition des aiguillons ; pendant qu'ils se développent ou après leur développement, une seconde série de points se montre, et de même, après l'apparition de cette série, il s’en présente successivement une troisième, une quatrième, etc. Sur certaines plantes, j'ai remarqué jusqu'à sept sfratum qui se sont montrés successivement. En un mot, ilest constant pour moi que ces plantes présentent, les unes des aréoles à stratum unique dont les parties se développent simultanément et avec plus ou moins de rapidité; que d’autres présentent des stratum successifs, dont les parties se développent aussi simultanément et avec plus T. IL 13 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ou moins de rapidité. Ces stratum se présentent les uns après les autres, soit avant que le dernier ait atteint son entier développement, soit après. Les faits relatifs au dédoublement ou à l'avortement de quelques aiguil- lons me paraissent anormaux et peuvent toujours être appréciés par la loi de compensation. Ces diverses observations montrent la difficulté d'apprécier le nombre des aiguillons, et l'insuffisance de la connaissance du nombre des aiguillons d'un sératum, comme caractère différentiel: car en prenant ce nombre il arrivera que deux aréoles d’un même sujet seront différenciés, qu'une mère et la gemme qu'elle a produite constitueront deux espèces distinctes diffé- renciées par les nombres divers de leurs aiguillons. Afin de sortir de ces complications, j'ai cherché s'il existe un caractère auquel on puisse reconnaitre que l'évolution est terminée, que l’aréole ne donnera plus d’aiguillons. Pour cela j'ai étudié un très grand nombre de plantes dont les têtes avaient été coupées afin d'obtenir des gemmes pour la multiplication. J'ai observé que l'aréole donne une gemme; quelquefois simultanément deux, mais jamais deux successivement ; que la plante meurait ou donnait une nouvelle tige partant d'une aréole voisine du collet ou du prolongement d'un des faisceaux tronqués de la base médullaire, sans qu'une aréole pût devenir prolifère une seconde fois. Les gemmes se présentent assez indistinctement sur les aréoles qui ont montré partie ou totalité de leurs aiguillons ; mais une fois la gemme formée, le nombre des aiguillons n'a jamais varié. Les mêmes circonstances se sont présentées pour les fleurs et pour les gemmes produites sur les plantes normales. J'en conclus que le développement d'une gemme ou d'une fleur arrête l'évolution de l’aréole; mais on ne peut en conclure qu’elles indiquent la fin de son évolution, puisque ces développements se produisent sur des arcoles présentant des nombres inégaux d’aiguillons. En comparant des aréoles florifères et des aréoles qui étaient station- paires depuis longtemps, le fait le plus caractéristique, quant à la limite de l'évolution de l'aréole, se trouve dans la symétrie; ainsi une de nos plantes les plus remarquables, £'chinocactus Monvilli, montre bien cet état sta- tionnaire quand l'insertion des aïiguillons supérieurs et inférieurs est symétrique. Un fait que je noterai ici en passant, parce qu'il est en dehors de ceux observés, c'est une insertion florale intra-apicillaire sur deux espèces. Une autre circonstance qui peut aider dans beaucoup de cas, c’est l’alté- ration dans la force et la forme des aiguillons qui terminent l’aréole ; géné- ralement, ils S'aplanissent et présentent leur face plane vers le centre de l'areole, SÉANCE DU 23 mars 1855. 179 N'ayant pas de caracteres absoius pour fixer la limite de l’évolution des aréoles, j'ai cherche si dans l'insertion et le nombre des aiguillons qui com- posent une aréole il existe certaines lois qui permettent d'arriver au même but par des observations indirectes, J'ai choisi des plantes qui, dans un état normal, donnaient des gemmes, et j'ai comparé entre elles les aréoles de ces gemmes avec les aréoles nou- velles et anciennes de la plante-mère. J'ai toujours trouvé sans exceptions, sauf les cas de lésions manifestes, que le premier stratum se présente toujours ideutiquement le même pour le nombre et l'insertion des aiguillons ; Que les stratum de mêmes rangs sont également identiques; mais que, pour ceux-ci, les circonstances extérieures dont l'influence ne se faisait pas sentir dans le premier sératum, ont une influence qui parfois vient altérer cette parfaite identité. Les altérations se manifestent par de légers déplacements d'insertion qui le plus souvent, bien que appréciables, permettent de reconnaitre l'insertion régulière par des avortements et des dédoublements d'aiguillons, qui, en tenant compte de la loi de compensation, permettent encore de retrouver la loi d'évolution, bien que entrainant à des erreurs quand on étudie isolément une seule aréole. Enfin, j'ai observé que les stratum qui terminaient l’aréole présentent presque toujours une symétrie d'insertion avec le premier stratum, quoique les aiguillons qui les composent présentent des différences remarquables quant à la forme, la force et la coloration. Si l’on marque sur un plan, à l’aide de points, les insertions des aiguil- lons des divers stratum, on observe qu'ils se reproduisent suivant certaines lois de périodicité ; tantôt c'est le second sératum qui se reproduit plusieurs fois entre le premier et le dernier; tantôt la période se compose de deux, de trois stratum ; tantôt enfin, quand le nombre de stratum est impair, le stratum du milieu est seul different des autres. Jusqu'ici, j'ai observé régularité et uniformité dans la loi de stratification Pour des espèces identiques, et, ce qui devait être, similitude, pour les plantes qui, par les autres caractères, se rapprochent les unes des autres. En combinant ensemble les points qui, en allant de la circonférence au centre, occupent le même rang, j'ai reconnu : | 4° Que dans les aréoles à évolution instantanée, les aiguillons forment des verticilles circulaires et concentriques, les nombres d’aiguillons variant d'un verticille à l’autre, leur force ou leur longueur suivant une loi inverse ; 2° Que, dans les aréoles à évolution prolongée, celles qui paraissent avoir terminé leur évolution présentent également des séries enveloppantes figu- rées par des courbes fermées semblables et concentriques. Celles qui ne paraissent pas avoir terminé leur évolution {présentent bien des courbes 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. semblables ct concentriques, mais ces courbes ne sont pas fermées, ou bien quelques-unes seulement le sont. Il résulte de la comparaison de ces verticilles concentriques : inégalité dans les nombres d'aiguillons qui les composent, et aussi un fait qui me semble important pour la différenciation des espèces; c’est que, si l’évolution de l’aréole n’est pas illimitée, comme la symétrie, l'état d'inertie absolue des plus anciennes, semblent le montrer, l'identification des espèces n'exigera plus le développement total de l’aréole, mais s’obtiendra par la compa- raison des stratum. L'identité de ces stratum permettra le plus souvent de déterminer les plantes qui n'auraient montré que les premiers aiguillons avec d’autres qui les auraient tous montrés, si d'autre part il y a concordance entre les autres caractères. Le nombre total des stratum pourra se déduire le plus souvent de l'obser- vation des premières, sauf le cas où, le verticille le plus intérieur étant linéaire, on n’a pas pu déterminer le nombre d’aiguillons dont il se compose. Telles sont les conséquences auxquelles j’ai été conduit par ces observa- tions. Je viens d'observer et d'étudier un très grand nombre de plantes que M. le capitaine Cels a recueillies sur les iles Torva, Léones et les côtes de la Patagonie (4). L'étude de ces plantes a complétement confirmé les conséquences que je viens d'exposer. Pour des plantes qui nous arrivent après une longue traversée, dont les aiguillons sont cassés où mutilés, l'observation de ces lois est souvent diffi- cile; on risque souvent de s'égarer quand on ne tient pas compte de la com- pensation et de la symétrie. J'ai pensé que cette étude pouvait présenter quelque intérêt pour les botanistes; je désire qu’elle détermine de nouvelles observations qui man- quent, et à défaut desquelles la caractérisation des espèces et leur classifi- cation restent indécises et presque inabordables. M. Decaisne prie M. Labouret d'ajouter quelques détails sur le mode de développement des aréoles. Ces aréoles ne seraient-elles pas des rameaux déprimés, et les aiguillons ne représenteraient-ils pas des feuilles comme dans les Grossulariées ? M. Labouret répond que le développement des aiguillons a lieu successivement. Dans un Cereus, par exemple, il se montre d’abord quelques points qui forment une première série d’aiguillons, puis se développent l'une après l'autre de nouvelles séries d’aiguillons qui constituent autant de stratum. M. Labouret ne pense pas que aréole (1) 45 degrés de latitude sud : le thermomètre y descend à — 4° en hiver; il y neige, SÉANCE DU 28 Mars 1855. 181 soit un rameau déprimé. Ce serait plutôt l’aisselle d’une feuille, et les mamelons des Mamillaria, comme les côtes des Melocactus, se- raient les supports des feuilles. Ces feuilles s’atrophient ou ne se développent pas le plus souvent. Dans de jeunes gemmes de Hamil- laria, chez lesquels la végétation était très active, il a vu, sur le ma- melon de forme conique et portant déjà des aiguillons, une petite écaille plane et triangulaire qui disparaissait en peu de temps. M. Labouret est convaincu que dans les Mamillaria, Cereus, Echi- nocactus, Echinopsis et autres Cactées considérées comme depour- vues de feuilles, il y a de petites feuilles réelles qui s'atrophient et tombent rapidement. Les fleurs se développent sur les aréoles, qui sont les vrais nœuds vitaux. Le bouton floral peut se transformer en rameau, mais jamais l’aréole ne se transforme ainsi. Quant au nombre des aiguillons, il peut être considérable, et, sous ce rapport, l'évo- lution de l’aréole est en quelque sorte illimitée. Dans une espèce rapportée par M. le capitaine Gels et qui porte son nom, il y a plus de quarante aiguillons à chaque aréole. Mais les verticilles sont sou- vent incomplets et ne se ferment pas, ce qui semble démontrer qu'on ne peut considérer l’ensemble des aiguillons d’une aréole comme un rameau déprimé. M. Cosson présente à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE GENRE HOHENACRERIA , par M. E. COSSON (1. Le genre /Zohenackeria nous ayant offert en Algérie une espèce nouvelle des mieux caractérisées, le H. polyodon, nous croyons devoir donner les descriptions comparatives de notre plante et du H. bupleurifolia, en les faisant précéder de l'exposition des caractères du genre Æohenackeria qui doivent être notablement modifiés. HOHENACKERIA Fisch. et Mey. Hohenackeria Fisch. et Mey. Ind. I. hort. Petrop. (1835) 38. Cesati in Linnæa, XI, 323, t. 7. Hohenack. Enum. pl. Talysch in Bull. soc. imp. Mose. VI, 90. Meisner Gen. pl. 441 et 358. Endlich. Gen. pl. n. 4389. Ledeb. Fl. Ross. II, 240. J. Gay, Eryny. hept. in Ann. se. nat. sér. 3 (mart. 4848), IX, 154, et ap. Coss. PL. erit. 164. Flores sessiles hermaphroditique omnes, apice caulis in reecptaeuium di- (1) Cette note est extraite d’an article plus étendu qui sera publié prochaine- ment dans les Annales des sciences naturelles, avec deux planches représentant les deux espèces du genre Hohenackeria et leurs détails d'analyse. 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. latato et in dichotomiis aggregato-capitati, involucro plane destituti, pa- leisque nullis interstincti, capitulis sessilibus. Calycis limbus 5-dentatus, dentis unius vel et alterius abortu inæqualiter 4-3-dentatus, vel dentibus fere ad basim bifidis sub-40-dentatus, dentibus subulatis, patentibus, demum subspinescentibus. Petala albo-virentia, subovato-oblonga cum lacinula in- flexa. Filamenta brevissima. Styli brevissimi, divergentes. Stylopodia co- nica, stipite columnari longiuseulo vel breviuseulo suffulta. Fructus gla- ber vel pubescens, tetragono-pyriformis vel ovatus, sua sponte vix bipar- tibilis, apice limbo calycino sessili vel in collum columnare contracto coronatus ; mericarpia convexa vel superne gibba, ad commissuram plana, suberoso-corticata cortice crassissimo vel crassiusculo, jugis primariis 5 æqualibus obtusis solidis crassiusculis, ad apicem distinctis vel in parte su- periore demum gibboso-incrassatis vix distinctis, jugis secundariis nullis, valleculis plane evittatis; commissura univittata. Carpophorum obsoletum, mericarpiis adnatum. Semen nisi ad latus interius pericarpio adnatum, 5-angulatum, angulis obtusis in mericarpii juga penetrantibus. Plantæ annuæ, glaberrimæ, pumilæ, sæpe conglobatæ. Caulis quasi nul- lus, capitulo terminatus ; rami 2 vel plures infra capitulum centrale, abbre- viati simplices, vel longiusculi semel, bis vel ter dichotomi, in quaque dichotomia capitulum sessile gerentes, erecto-subdiffusi. Folia Bupleuri, numerosa, indivisa (phyllodia) margine serrulato-scabrida, lineari-lanceo- lata, trinervia nervis paralelis, inferne angustata, ima basi dilatata et capi- tula quasi involucrantia, inferiora et ramealia subæquilonga, ratione plan- tulæ longiuscula ramos longe superantia, caulina opposita. Flores apice eaulis et in dichotomiis sessiles aggregato-capitati, plane exinvolucrati, pa- leis nullis interstincti, capitulis sessilibus. Sect. T. Ackeria. — Calycis limbus 5-dentatus abortu sæpius inæqualiter 3-4-dentatus, in fructu infra dentes in collum columnare contractus. Stylopodia stipite columnari longiusculo suffulta. Fructus glaberrimus, tetragono-pyriformis, cortice suberoso crassissimo, jugis demum superne gibboso-incrassatis vix distinctis. 1. HOHENACKERIA BUPLEURIFOLIA Fisch. et Mey. loc. cit. 39. Cesati loc. cit. Hohenack. loc. cit. Ledeb. loc. cit. J. Gay loc. cit., et in Coss. loc. cit. 16h. — Valerianella exscapa Steven in Mém. soc. nat. Mose. III, 251. DC. Prodr. IV, 625. — Fedia exscapa Ræm. et Schult. Syst. veg. I, 366. — F. acaulis Stev. in Mém. soc. nat. Mosc. V, 35h. M. Bieb. F1. Taur.- Cauc. I, 35. Planta ramis sæpius abbreviatis conglobata, rarissime ramis longiusculis; foliis basi late vaginato-dilatatis, margine membranaceo-subscariosis, infe- rioribus sæpius persistentibus. ©. Maio-Julio. In Hispania australi, in pascuis apricis regionis montanæ inferioris SÉANCE DU 23 mars 1855. 183 montis Sierra de Baza prope Baza regni Granatensis oppidum (Bourgeau). In Algeriæ orientalis, mediæ et occidentalis planitiebus excelsis, rarius in regione montana inferiore, in glareosis et in terra mobili, sæpissime inter segetes, ad 700-1300 metr. : in Numidia, Batna ! (Balansa pl. Alger. exsice, n. 882), Timegad !, in montibus Aurasiis infra Haïdous! ; inter Boghar et Laghouat prope Djelfa (Reboud) ; supra Saëda ex. gr. inlocis Timetlas! (Balansa pl. Alger. exsice. n. 478), Sfid ! et Tafraoua dictis; prope Géry- ville (El Biod) (Segrétain). In provinciis Caucasicis : in arvis sabulosis inter urbem Ælisabethpol et coloniam Helenendorfrara, copiosa prope muros urbis Ælisabethpol (Gandsha) cireumdantes (Steven loc. cit., Hohenack. pl. Iber. exsice. un. it. 1838-42). Sect. II. Keracia. — Calycis limbus dentibus fere ad basim bifidis sub-10-dentatus, in fructu sessilis. Stylopodia stipite breviusculo suffulta. Fructus pubescens, ovatus, cortice suberoso crassiusculo, jugis superne haud incrassatis ad apicem distinctis. 2. HonEnackertA POLYODON Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc. (1853) n. 883. Planta evidentius dichotoma ramis longiuscalis, rarius conglobata ; foliis basi vaginato-subdilatatis, margine anguste membranaceo-subscariosis, infe- rioribus sub anthesi sæpius evanidis. (D. Maio-Julio, In Algeriæ planitiebus excelsis, rarius in regione montana inferiore, in glareosis et in terra mobili, sæpissime inter segetes M. bupleurifoliæ sotia, ad 800-1300 metr.: in Numidia ad Chott-Msouri !, Oum-el-Asnam!, Batnu!, Timegad !, in montibus Aurasiis infra {aidous !, Ksour , les Tamarins ! ; inter Boghar et Laghouat prope Djelfa (Reboud). M. Germain de Saint-Pierre présente à la Société la communica- tion suivante : INDIVIDUALITÉ DES FEUILLES : FEUILLES GEMMIPARES CHEZ L'ALLIUM MAGICUM ET CHEZ LES A. SPLÆROCEPHALUM ET MULTIFLORUM (1), par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. J'ai été conduit à admettre qu'un végétal est un individu collectif, dont Chaque feuille est un individu simple ou élémentaire, par l'observation de Certains actes de la vie végétale, en première ligne desquels je place les Suivants : 1° Une plante phanérogame peut être constituée pendant la première (4) Les bulles-mères de l'Allium Srorodoprasum, de l'A. rotundum et de lAro- seum, présentent des bulbilles pédicellés analogues à ceux des A. sphærocepha- lum et multiflorum. 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. période de son existence par une seule feuille. Ce cas m'a paru être celui de la plupart, sinon de toutes les plantes monocvtylées, et d'un certain nombre de plantes dicotylées, sur lesquelles je reviendrai plus tard. Cette feuille unique, qui constitue, à cette époque, toute la plante, émet à sa face antérieure un bourgeon désigné sous le nom de gemmule, et se pro- longe à sa base en un organe descendant qui est la radicule. J'ai exposé le mode de germination des espèces du genre Tulipa dont la plantule est, pendant une première période, une feuille sans gemmule, et chez laquelle la gemmule se développe dans un appendice de la feuille, appendice qui ne se manifeste que pendant une seconde période de végétation. 2° Chez certaines plantes monocotylées adultes, il se produit des feuilles qui présentent le caractère regardé comme le plus distinctif des tiges, caractère qui consiste dans la production d'un bourgeon ; non pas un de ces bourgeons dits adventifs que l'on peut faire naitre presque à vo~- lonté sur toutes les parties d'un grand nombre de végétaux, mais un bour- geon dont le lieu d'insertion est déterminé. Cette insertion est située à la partie moyenne de la face interne de la feuille et au niveau ou au-dessus du niveau du point de démarcation, souvent peu tranché, qui sépare le pétiole (ou la gaine) du limbe. Je ne m’occuperai, dans cette notice, que des feuilles gemmipares qui m'ont été présentées par certaines espèces du genre Allium. Chez l’une de ces plantes, la feuille-rameau ou feuille gemmipare fait partie de la spirale des feuilles d’un bulbe dont les autres feuilles sont de forme normale. — Chez plusieurs autres espèces, la feuille-rameau ou feuille gemmipare, ou rameau-feuille, occupe la place du bourgeon ou jeune bulbe axillaire, qui nait ou peut naître à l'aisselle de chacune des feuilles ou tuniques d’un bulbe. En 1851, mon ami M. de Schœnefeld reçut, dans un envoi de plantes méridionales, un individu desséché et comprimé de lAllium magicum (4) (1) Le nom spécifique magicum, imposé à cette plante par Linné, fait allusion à sa bizarre conformation. L'A. magicum est caractérisé dans le Systema de Linné (édit. de Murray) par la diagnose suivante : A. caule planifolio umbellifero, ra- mulo bulbifero, staminibus simplicibus (cette espèce est placée dans la section à ombelles capsulifères et à feuilles caulinaires planes), Le caractère ramulo bulbi- fero prouve qu'il s'agit bien de notre plante ; l'expression de ramulus appliquée à la feuille gemmipare montre que pour le prince des botanistes, comme pour moi- même, celle feuille participe à la nature du rameau. La hampe est susceptible d'ètre capsulifère ou balbifère : Linné Fa vue capsulifère, je l'ai vue bulbifère. Linné décrit comme espèce distincte (et dans une autre section : feuilles radicales, tige nue) A, nigrum. Chez l'A, magicum, que j'ai sous les yeux, la hampe est, en cilet, grêle et plus courte que les feuilles; chez l'A. nigrum type, la hampe est vigoureuse et dépasse longuement ies feuilles, SÉANCE DU 23 Mars 1895. 185 (plante considérée comme une forme anomale de l'A. nigrum). M. de Schæ- nefeld remarqua que les jeunes bulbes de l'ombelle bulbifère avaient peu souffert de la compression et avaient conservé de la vitalité, et il voulut bien me confier l'échantillon pour en faire l'étude, et en cultiver les bul- billes. La communication de cette plante intéressante ne pouvait m'être faite plus à propos: en effet, l'Allium magicum, comme la plupart des plantes à bulbe volumineux, est assez incomplétement représenté dans les collections, et désirant vivement en étudier la structure, à l'occasion de mes recherches sur les tiges souterraines, j'avais vainement tenté de le rencon- trer dans les départements méridionaux où il est indiqué. Malheureuse- ment, une grande partie du bulbe-mère avait été enlevée parle préparateur, pour faciliter la dessiccation de la plante. Malgré cette mutilation, j'ai cru, dans le bulbe que j'avais sous les Yeux, reconnaitre la structure suivante : 4° plusieurs tuniques externes dont le limbe était nul ou détruit; 2° deux tuniques internes à limbe foliacé très ample et continuant la spirale com- mencée par les feuilles réduites à des tuniques ; 3° enfin, la feuille gemmi- pare sur laquelle je désire appeler l'attention. La base de cette dernière feuille constituait une tunique fermée, analogue aux tuniques des feuilles précédentes (1). Elle se prolongeait en une longue et large gaine foliacée à bords libres et se terminait en une partie limbaire très courte et recourbée en forme de capuchon. C’est à la partie antérieure et moyenne de ce limbe qu'était inséré un jeune bulbe qui distendait le capuchon et commençait, à cette époque, à entrer en germination. La hampe du bulbe-mère nue (c’est-à-dire non enveloppée par des gaines de feuilles), et constituée par un (1) Un individu vivant de °A. magicum serait nécessaire pour compléter l'étude que j'ai pu faire sur ce bulbe-mère mutilé, et particulièrement pour reconnaître l'insertion précise de la feuille gemmipare et la situation, relativement à cette feuille, du cayeu basilaire volumineux, ou jeune bulbe, renfermé dans les tuniques du bulbe-mère, et destiné à reproduire la plante l’année suivante. — Le bulbille inséré au limbe de la feuille gemmipare me paraît être le bourgeon axillaire dé- placé de cette feuille, le cayeu basilaire semblerait donc devoir appartenir à l'ais- selle d’une autre feuille ; cependant la tunique de la feuille gemmipare, qui est très ample, me semblait avoir embrassé directement la hampe centrale et le cayeu basi- laire, ce cayeu serait par conséquent axillaire de la feuille gemmipare, et il faudrait admettre que cette feuille émet plusieurs bourgeons ou cayeux. Du reste, j'ai fré- quemment observé chez les bulbes, et en particulier chez les Allium, plusieurs bourgeons axillaires collatéraux à l’aisselle d’une même feuille ou tunique; seu- lement ici l'insertion des deux bourgeons aurait lieu, l'une à la base, et l'autre vers la partie supérieure de la feuille; et tandis que, dans les cas ordinaires, il existe un bourgeon principal occupant le centre de Vaisselle et flanqué à droite et à gauche de bourgeons plus jeunes, il existerait ici deux bourgeons superposés à un long intervalle, Pun à l'aisselle de la feuille, l'autre vers la partie supérieure de cette même feuille, 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. seul entre-nœud (comme celle de tous les Alium) présentait, au niveau de l'ombelle, une feuille en forme de spathe et deux à trois bractées portant des bulbilles à leur aisselle, et continuant la spirale des feuilles du bulbe-mère; les bulbilles, gros et peu nombreux, couvraient le réceptacle (occupé par des fleurs nombreuses chez l’Allium nigrum). Le jeune bulbe de la feuille bulbifère ou gemmipare détaché de cette feuille, et les jeunes bulbes de la hampe bulbifère ne présentaient entre eux aucune différence de forme. Chez l’ Allium magicum, la feuille gemmipare est donc une feuille anomale appartenant à une spirale de feuilles de forme normale. Chez les espèces dont il nous reste à nous occuper, chez l Allium sphærocephalum, par exemple, l'organe gemmipare n'est pas une des feuilles du bulbe, il naît à l’aisselle de l’une (ou de plusieurs) de ces feuilles. A part des différences dans la forme, la longueur et le volume relatif des parties, et des différences dans la direction que prend, dès l'origine, l'organe gemmipare, la structure est la même chez l’Allium sphærocephalum et chez l'A. multiflorum, espèces que j'ai eu plus particulièrement occasion d'étudier. Si, pendant l'hiver, on enlève une à une les tuniques d’un bulbe de l’une de ces espèces, on remarque, à l’aisselle de chacune de ces tuniques, un et sou- vent plusieurs, ordinairement trois (quelquefois un plus grand nombre) très jeunes bulbes ou bourgeons, dont le plus avancé, qui occupe le centre, semble déjà pédicellé.— Dès le mois de mars ou d'avril, les jeunes bulbes axillaires ont pris un certain développement, et chez l'A. sphærocephalum, ils termi- nent chacun un pédicelle filiforme très allongé; ces pédicelles les élèvent souvent très haut entre les gaines des feuilles, qu'ils distendent en donnant à la partie inférieure de la tige engainée par ces feuilles une apparence bos- selée. Plus tard, vers le mois de mai, les jeunes bulbes ont acquis tout le développement qu'ils doivent atteindre cette première année ; ils ont, en grossissant, déchiré les parois des gaines qui les apprimaient contre la hampe, et lorsque ies gaines sont détruites, ils restent suspendus au som- met de leurs pédicelles, jusqu’à ce que la destruction ou la rupture de ces pédicelles les laisse libres sur le sol où chacun constitue dès lors un individu distinct. Si l’on fait une coupe longitudinale de ce bulbille et de son pédicelle, à l'époque où toutes ses parties sont encore vivantes, on constate que la base du pédicelle est creuse et parait représenter la partie tubuleuse et en- gainante d'une feuille; le pédicelle devient plus grêle au-dessus de ce niveau, et, soit étroitesse du canal, soit plutôt oblitération réelle, il cesse d'être tubuleux ; mais, vers l'extrémité supérieure, qui se termine par le jeune bulbe, le canal reparait, et, en s’évasant, ses parois constituent une véritable feuille membraneuse qui sert de tunique externe au jeune bulbe. Ce jeune bulbe n’est pas inséré au point où le pédicelle devient tunique, il est inséré, en quelque sorte, sur l’une des parois latérales de cette tunique. SÉANCE DU 23 mars 1855. 187 La masse de ce jeune bulbe est constituée, comme chez la plupart des cayeux, par une tunique charnue à cavité filiforme (deuxième tûnique, si la tunique résultant de l’évasement du pédicelle est considérée comme la première) ; au centre et à la base de la tunique charnue se trouve un très jeune bourgeon. Chez l'Allium multiflorum, la structure est la même, la différence con- siste surtout dans la brièveté relative du pédicelle, et dans la rupture beau- coup plus prompte des tuniques qui emprisonnaient les bulbilles; ces bul- billes sortent, par conséquent, au niveau du bulbe et non au niveau de la hampe et ils se dirigent horizontalement. Il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de décider si ces pédi- celles terminés en limbe gemmipare chez l'A. sphærocephalum et V A. mul- tiflorum, sont plutôt une feuille qu’un axe ou un axe qu'une feuille, D'après leur situation à l’aisselle d’une feuille et d'après l’analogie avec les bourgeons ou cayeux ordinaires, on devrait les considérer comme de nature axile; mais un organe tubuleux au moins à ses deux extrémités, et s'épanouissant en un limbe qui constitue la première tunique d'un bulbe, peut-il être consi- déré comme un axe? Quant au bourgeon, renfermé dans cette tunique, il naît précisément sur la partie foliacée de cet organe. D'ailleurs, chez l’ Allium magicum, l'organe qui porte le bulbiile anomal est une véritable feuille, puisque cette feuille appartient à la même spirale que les feuilles normales du bulbe ; de plus, chez l'A. magicum, la partie qui correspond au pédicelle que nous observons chez l'A. sphærocephalum se compose, à sa base, d'une large tunique cireulaire, et, dans sa partie supé- rieure, d’une gaine foliacée à bords libres. Or, bien que par sa situation et sa forme l'organe gemmipare de l'A. magicum soit plutôt une feuille, et que par sa situation et sa forme (dans une partie de son étendue) l'organe gem- mipare de l'A. sphærocephalum soit plutôt un axe, il est difficile de mé- connaître une analogie réelle dans les organes gemmifères de ces deux plantes, De ces observations, je me crois fondé à conclure que : certains organes tiennent autant de la nature des organes axiles que de la nature des organes appendiculaires, et que, par conséquent, il n'existe pas entre ces deux sortes d'organes de différences aussi essentielles que cela est admis généralement. Enfin, que : si certaines feuilles tiennent évidemment de la nature de l'axe et possèdent ses propriétés, on peut admettre qu'une feuille peut constituer un individu végétal complet (1). (1) M. Baillon, qui a communiqué à la Société une note fort intéressante sur les bractées (glumelles uninerviées) floripares del Hordeum trifurcatum, a été conduit par cette étude à une conclusion analogue à la mienne, à savoir que toute nervure médiane peut devenir axe ou pédoncule florifère. (Voyez le Bulletin, t. I°, p. 187.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ueber die Entstehung der Markstrahlen (sur /a naissance des rayons médullaires), par M. Th. Hartig, Botan. Zeit., du 30 mars 1855, col. 217-221. Les végétaux les plus avantageux pour des recherches sur ce sujet sont les Pinus et Fagus, à cause de la rapidité d’accroissement de leur bourgeon hyémal, et plus particulièrement encore le Pinus austriaca, chez lequel les pieds jeunes et vigoureux présentent des bourgeons d’une grosseur extraor- dinaire. Lorsqu'après avoir entièrement dénudé l’axe de ces bourgeons, ou, comme l'appelle M. Hartig, leur plumule, après l'avoir même laissé sécher, on en enlève des tranches transversales minces, de haut en bas, on observe immédiatement sous leur mamelon végetatif un plan horizontal dans lequel le tissu cellulaire parenchymateux présente une disposition particulière. La moelle s'y montre séparée de la zone cellulaire corticale par une couche concentrique de cellules radiales (parenchyme du cambium)qui, sur la sec- tion verticale, forment des files longitudinales, comme celles de la moelle et de l'écorce. C’est dans cette couche que naissent les faisceaux fibreux par simple division et métamorphose des cellules du cambium. Sur une coupe transversale menée peu au-dessous du mamelon végétatif du bourgeon, on voit vingt, vingt-quatre cellules du tissu du cambium, à peu près équidis- tantes, subir leur première transformation en cellules-fibres, chacune d'elles se partageant par une cloison diagonale en deux cellules-fibres, dont la forme revient ainsi à celle d’un coin. C’est là le premier pas pour le développement de ces cellules en fibres. Les cellules ainsi formées sont situées sur un même cercle, et elles sont séparées les unes des autres par dix, quinze cellules du cambium, La transformation des cellules du cambium en fibres se continue d'abord dans le sens vertical, ensuite dans le sens radial, à partir des fibres formées les premières vers l'écorce, enfin de tous les côtés de ces mêmes fibres. Or, comme chaque cellule du cambium donne deux fibres, chaque faisceau fibreux ainsi formé grossit en doublant latéralement le nombre de ses fibres. Cette transformation des cellules du cambium situées entre deux faisceaux se continue jusqu'à ce que l'épaisseur du cambium comprise entre ceux-ci, qui était d’abord de dix, quinze, soit réduite à une seule cellule, Alors la zone ligneuse est fermée. La cellule de cambium qui REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 189 reste comprise entre ces deux faisceaux adjacents nese change pas en fibre, mais bien en rayon médullaire. Chez les Pinus, il n'y a qu’une seule cel- lule de cambium qui se change en rayon ; chez les Quercus, Fagus, ete., il y en a plusieurs juxtaposées. Pendant que chaque faisceau fibreux naissant grossissait ainsi sur ses deux côtés, il s'étendait aussi dans le sens radial, vers l'écorce; en même temps les fibres les plus internes ou formées les premières se sont changées en fibres spirales de l'étui médullaire, et les autres en fibres ponctuées. Si l’on descend, par des coupes transversales, plus bas que le niveau où la couche ligneuse vient de se fermer, on reconnait qu'il se forme de nou- veaux rayons médullaires à travers tout le faisceau fibreux, qui n’était com- posé jusqu'alors que de fibres. Ces nouveaux rayons ne naissent pas entre les fibres déjà existantes, mais ils proviennent de la transformation de ces fibres mêmes, comme celles-ei ont été formées d’abord par simple métamorphose de cellules du cambium. Plus tard encore il se produit de nouveaux rayons qui prennent leur origine dans la couche de cambium, et qui dès lors n'at- teignent pas le canal médullaire. De là M. Hartig distingue trois catégories de rayons médullaires : 4° rayons primaires, tirant leur origine du paren- chyme du cambium primitif ; 2° rayons secondaires, dus à une transforma- tion de cellules-fibres déjà formées ; 3° rayons tertiaires, surpassant tous les autres en nombre dans les vieux arbres et ayant pris tard leur origine dans la zone de cambium entre le bois et le liber. Sur les couleurs des plantes, par M. Martens (Bullet. de l’ Aca- démie royale de Belgiq., séance du 3 février 1855). Les nouvelles recherches auxquelles s’est livré M. Martens et dont il donne un exposé détaillé dans sa note, le conduisent à des conclusions que nous reproduisons. « Il me parait résulter, dit M. Martens, des observations qui précèdent : » 1° Que toutes les plantes élaborent dans les cellules de leur parenchyme sous-épidermique un sue jaunâtre, pâle, qui tend à prendre une couleur jaune de plus en plus foncée par l’oxygénation, surtout sous l'influence des alcalis et de la lumière ; » 2° Que le principe extractif colorant contenu dans ce suc peut, en se modifiant diversement par l'acte de la végétation ou en s'associant à des substances grasses qui le rendent insoluble, produire les diverses couleurs jaunes des feuilles et des fleurs, couleurs qui peuvent passer au rouge dans les plantes sous l'influence prolongée de la lumière et de l'oxygène ; » 3° Que le même principe extractif que nous avons appelé zanthéine (anthoxanthine soluble), coexiste généralement dans les plantes avec d'au- tres matières colorantes, et notamment avec le principe bleu ou l’antho- 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cyane, qui, ne pouvant guère être obtenu à l'état isolé, tend, par cela même, à verdir par les alcalis qui jaunissent la xanthéine ; » 4° Que les couleurs de la série cyanique sont généralement accompa- gnées, dans les fleurs, de couleurs xanthiques, et que celles-ci, à raison de l’aitérabilité du principe bleu ou de son défaut de production, se rencontrent souvent isolément dans les plantes et y prédominent généralement. » On the embryo of Velumbium (Sur l'embryon des Nelumbium); par M. Benjamin Clarke. Le Mémoire de M. B. Clarke a été lu à la Société linnéenne de Londres le 7] novembre 4854. Nous en trouvons un résumé dans The Ann. and Mag. of natur. hist., cab. de mai, 4855, p. 369. Les observations de ce botaniste ont été faites au jardin de Kew. D’après lui, dans l'embryon des Nelumbium, la plumule est renfermée dans deux grands cotylédons amygdaloides, à bords bien définis, qui restent distincts jusqu’au niveau de la base de la plumule ou à peu près. Il y existe une tendance manifeste à former la radicule, de sorte que cet embryon parait conformé tout à fait d’après le type dicotylé ordinaire. On y trouve ensuite l'enveloppe membraneuse et quatre feuilles qui alternent avec les cotylédons ; le plus souvent même il existe une ébauche d’une cinquième feuille. L'en- veloppe membraneuse, ou la membrane propre de la plumule, est entière- rement cellulaire et n'a que très vaguement l'apparence d’une feuille alterne avec la première feuille située au-dessus d'elle. Les deux premières feuilles pourvues d’une lame sont élevées sur la jeune tige de la plumule, de ma- nière à laisser un intervalle appréciable entre elles et les cotylédons, tandis que la membrane propre elle-même part de la base même de cette tige, et pourrait étre décrite comme attachée à la ligne de jonction de la jeune tige et des cotylédons. Elle ne peut se rattacher à ia première feuille de la plu- mule, dont elle est séparée par une grande longueur de l'axe. Si l’on y voit une stipule, elle doit être formée de deux réunies qui appartiendraient aux cotylédons. Mais M. Clarke ne croit pas que cette manière de voir soit fondée, et il donne plusieurs raisons qui lui semblent établir positivement que cette membrane est une feuille rudimentaire de la plumule. Il est re- marquable que les quatre autres feuilles de cette plumule possèdent toutes également une lame, différant en cela de celles de la tige, parmi lesquelles une, sur trois seulement, est pourvue d’une lame. De ces quatre feuilles de la plumule, la première manque de stipules, nouvelle preuve, aux yeux de l'auteur, que la membrane propre n’est pas de nature stipulaire. Pour les trois feuilles suivantes, la stipule intra-axillaire de chacune ren- ferme la feuille suivante. Cette stipule est regardée par M. Clarke comme composée de deux, qui, situées originairement de chaque côté du pétiole, se REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 494 seraient unies par leur bord membraneux dans l'aisselle de la feuille, comme chez les Pontederia et les Potamogeton. Quant aux feuilles de la plante elle-même, l'auteur pense qu'il sen produit trois sur chaque nœud; les deux les plus extérieures de chaque verticille consistent uniquement en écailles membraneuses, sans rudiments de stipules, entourant com- plétement la troisième feuille, qui est parfaite. Celle-ci ayant une lame devrait, comme celles de la partie supérieure de la plumule, avoir une grande stipule intra-axillaire renfermant le bourgeon terminal; M. Clarke trouve que c’est évidemment là la structure régulière. Dans un cas, la fleur s’est montrée non terminale, mais produite dans l’aisselle de la seconde feuille écailleuse, tandis que les bourgeons placés dans les aisselles des feuilles pourvues de lames étaient des bourgeons à feuilles. Quant à l’affinité, M. Clarke pense que l'alliance nymphéale (Lindl.), telle qu’elle est limitée actuellement, n’a pas d'autre relation intime qu'avec les Renonculacées ; mais il trouve beaucoup d’analogie entre elle et quelques familles d'Endogènes, et il croit qu’elle peut se rattacher aussi aux Crypto- games par l'intermédiaire des Ceratophyllum et des Chara. Second Mémoire sur les Urédinées et les Ustilaginées, par M. L.-R. Tulasne, de l’Institut. Annal. des sc. natur., Botan., he série, IL, p. 77-196, pl. VII-XII. Ce remarquable travail de M. £.-R. Tulasne vient éclairer d’un nou- veau jour l'histoire des petits Champignons qui en sont l’objet, en ajoutant une multitude de faits importants à ceux que possédait déjà la science, et en montrant entre ces faits des rapports pour la plupart encore inaperçus. Malheureusement, par cela même qu'il renferme l'exposé de très nom- breuses observations, il échappe en grande partie à une analyse succincte, la seule qui soit possible dans une publication de la nature de cette Revue bibliographique. Aussi essaierons-nous seulement d'en indiquer la division générale et les résultats les plus saillants. Le texte du Mémoire est illustré de 6 planches contenant de nombreux dessins analytiques dus au frère de l’auteur, dont tous les botanistes connaissent le rare talent et la rigoureuse exactitude, et à qui étaient dues également les figures qui accompagnaient le premier Mémoire sur les Urédinées et les Ustilaginées, publié en 1847 (Annal. des se. nat., 3° série, p. 12-127, pl. 2-7). L'ensemble du second Mémoire sur les Ustilaginées est divisé en 4 chapitres. I. Du pimorpnismME DES URÉDINÉES. — La cohabitation presque con- stante de la plupart des Vredo avec d'autres Urédinées d'une organisation plus compliquée a donné naissance à différentes hypotheses. Les uns (M. Unger) n'y ont vu qu’un fait accidentel, qu'une simple association de Productions que rien ne rattacherait entre elles ; d'autres (Corda et M. Fries) 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ont pensé que les Urédinées élevées en organisation vivaient en parasites sur les simples Uredo; d’autres enfin (MM. Eysenhardt et Schwabe) ont supposé que la coexistence de ces formes différentes tenait uniquement à ce que chaque grain d’Uredo se développait en un fruit de l'Urédinée la plus élevée. M. Tulasne pense que ces deux formes différentes qu’on voit coha- biter ne sont qu’un seul et même végétal sous deux états différents, qu'il n'y a là, par conséquent, qu’un fait de dimorphisme analogue à ce qu'il a déjà reconnu chez une foule de Champignons chez lesquels il a signalé l'existence de plusieurs sortes de corps reproducteurs. Au reste, il ajoute beaucoup d'exemples d'associations d'Urédinées, ou mieux de succession et de dimor- phisme de ces petits Champignons, à ceux que l’on avait déjà signalés. Il rapporte à ce sujet les observations variées qu'il a faites pour établir ces rapports de succession entre les Uredo d'une part, et les Pragmidium, Puccinia, Uromyces, Pileolaria, surtout les Coleosporium, Melampsora, Cronartium, Cystopus de l'autre. Le résultat le plus général des faits consi- gnés dans ce chapitre est que « l Uredo serait pour l'Urédinée qui le pos- sède une sorte de pycnide, c'est-à-dire un système reproducteur précoce, de rang inférieur et dont les éléments correspondraient aux stylospor es des Champignons pourvus de thèques. » lI. DES SPERMOGONIES DES URÉDINÉES. — Outre les deux appareils reproducteurs dont il était question dans le premier chapitre du Mémoire de M. Tulasne, il existe encore chez les Urédinées des spermogonies, ou des organes, qui, chez elles, semblent être les analogues de ceux qu'il a désignés sous ce nom chez d’autres Champignons et chez les Lichens. M. Unger avait observé, chez les (Æcidium et les genres voisins, ces organes précédant l'apparition des conceptacles sporophores dont il voyait en eux une sorte d’ébauche. Leur uniformité de structure les lui fit regarder comme un type unique qui devint son (cidiolum Exanthematum. Plus tard Meyen pensa que ces organes représentaient peut-être l'appareil mâle des Urédinées; « supposition hardie, dit M. Tu- lasne, sinon téméraire, alors que la sexualité des Champignons devait être regardée comme une thèse absolument neuve. » Dès 1851, M. Tulasne voyait dans ces formations les spermogonies des Urédinées. Sa ma- nière de voir a été partagée récemment par M. de Bary, qui regarde aussi comme assez vraisemblable que des fonctions fécondatrices sont dévolues au contenu de ces petits organes. D'après M. Tulasne, les spermogonies des Urédinées ont une structure très simple; elles consistent en un tégument (peridèum) globuleux ou hémisphérique, dont la paroi interne porte une forêt de filaments simples et dressés (stérigmates), donnant naissance, à leur extrémité, à des utricules (spermaties) isolées ou en chapelets, ovoïdes ou oblongues, très petites, qui ont bientôt rempli la cavité simple de la spermogonie, et auxquelles se mêle une matière visqueuse sécrétée par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 cette dernière. Suivant Ja fluidité de cette matière, on voit tantôt des gouttes d'un liquide trouble, tantôt des fils contournés sortir des spermogonies, comprenant les spermaties avee le fluide visqueux qui les englobe, La situa- tion des spermogonies sur les Urédinées varie au point que souvent elles sont en relation constante avee les sores, tandis que chez les Urédinées à sores épars, les spermogonies et les pulvinules fertiles peuvent être dispersés sur ces individus différents, comme s'il y avait là une diœcie, Les spermogonies apparaissent généralement avant les sores fructiféres, mais généralement aussi le développement des uns et des autres est simultané, ce qui permet de trouver réunis des sores et des spermogonies fertiles. H est seulement important de faire remarquer que ces derniers organes n'ont pas été encore découverts chez un grand nombre Œ'Urédinées, chez lesquelles il est pro- bable qu’on les observera plus tard. HT. De LA GERMINATION DES URÉDINÉES ET DES USTILAGINÉES. — M. Tulasne expose genre par genre ses observations sur ce sujet. A. Uré- dinées. — 1° Cœoma, Tul. L'auteur n'a pu faire germer les spores de ce genre en les soumettant aux épreuves qui ont amené la germination de beaucoup d’autres. — 2° OFEcidium, Pers. Tla fait germer leurs spores, soit en les répandant sur une goutte d’eau sous un dé de verre, soit en renfer- mant dans un air très humide ou en plaçant sur l'eau les feuilles mêmes qui les portaient. Il en a même souvent rencontré de germées naturellement sur ces feuilles, autour des sores. Ces spores émettent, sans pores, un filament qui, selon lesespèces, reste simple, se contourne en spirale, devient flexueux, se bifurque, ete. — 3° Peridermium, Link. Les spores du P. pineum, Link, répandues sur l’eau, sous verre, germent par un point quelconque de leur surface, donnent même parfois deux filaments ou germes; sans s'allonger beaucoup, ehaque germe śmet bientôt une multitude de petites branches épaisses, simples ou rameuscs. 4° Reæstelia, Rebent. Le X. cancellata, Rebent., germe assez facilement sur l'eau. Sa spore émet un germe linéaire qui s'enroule fréquemment sur lui-même ou décrit des courbes varices, et qui se charge vers son extrémité de protubérances, où quise termine par une grosse vésicule de laquelle sort ensuite un filament grêle. 5° Melamp- sora, Cast, La germination des fruits de leur appareil estival de reproduc- tion ne semble pas, dit M. Tulasne, devoir présenter des caractères parti- culiers, Chez les M. populina et salicina, Eev., leur germe cylindrique S'allonge beaucoup sous un diamètre uniforme, et tantôt il reste presque simple, tantôt il donne beaucoup de branches divariquées, d'égale grosseur, 6° Coleosporium, Lev. Ces Urédinées possedent des spores sphcriques et hérissées avec des sporidies réniformes, acrogènes, Celles-ci germent en grand nombre dès qu’elles sont libres. Le filament qu'elles emeltent alors reste quelquefois simp'e et uniforme, mais plus babihioileneat il se renfle bientôt à son extrémité comme en une seconde sporidie; celle-ci s'isole par- T. H. Al 494 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fois, ou bien elle s'allonge en filament renflé inégalement de distance en distance. Les spores sphériques germent aussi en donnant de très longs germes filiformes simples ou rameux. 7° Puccinia, Pers., non Mich. M. Tulasne a vu, chez un grand nombre de Puccinies, deux sortes de corps reproducteurs : les uns globuleux et uniloculaires, le plus souvent hérissés, les autres généralement plus gros et biloculaires. Les premiers (7richoba- sis, Lév.) germent aisément et en peu d'heures, sur l’eau, en émettant par un des pores situés à leur équateur un tube droit ou diversement courbé, Pour les fruits biloculaires, à leur germination, on voit sortir par le pore de chaque loge un tube claviforme, qui atteint deux ou trois fois la lon- gueur du fruit, dont le bout obtus se courbe plus ou moins en crosse, qui produit ensuite quatre petits filets ou spicules, au sommet desquels nait une cellule ou sporidieréniforme, Après ce moment, le tube se détruit. Chaque sporidie, à son tour, en produit une seconde, au bout d'un filament émis par elle, et cette seconde sporidie germe aussi, mais après s'être déta- chée dans fa plupart des cas. 8° Uromyces, Link, Lév. Ces Urédinées, sortes de Puccinies à fruit uniloeulaire et à un pore, ont aussi des grains plus giobuleux et à trois pores, ou des spores précoces qui reviennent à des Trichobasis. Celles-ei germent aisément et donnent alors de longs fila- ments parfois branchus. Les autres germent absolument comme la loge supérieure d’une Puccinie. 9° Phragmidium, Link. Ces Urédinées different des Puecinies par leur fruit à loges plus nombreuses, dans lequel chacune de ces cavités a trois ou quatre pores latéraux, équidistants, Leur germi- nation ressemble assez à celle des Puccinies ; seulement leur germe s'allonge moins, ne se courbe pas en erosse a son extrémité, et les sporidies qui en paissent sont globuleuses et orangées. Leur appareil reproducteur printa- nier, ou l Uredo, germe en donnant un très long germe tubuleux, assez épais, qui se ramilie très irrégulièrement. 10° 7riphragmium, Link. Leurs fruits triloculaires germent (7. Ulmariæ, Link) comme ceux des Phragmi- dium, et les grains orangés qui les accompagnent germent aisément sur l’eau, en donnant un long filet assez uniforme. 41° Cronartium, Fr. M. Tu- lasne à vu plusieurs fois germer les spores précoces on stylospores du C. asclepiadeum, Fr. Wen a vu sortir, par un point quelconque, un fila- ment grêle, un peu toruleux, continu, ordinairement simple, qui se renflait bientôt au sommet en cellule sphérique, pour continuer le plus souvent ensuite de s'allonger en ligne droite; ailieurs cette cellule commençait une nouvelle végétation en produisant un ou plusieurs filaments. Sur la colonne eelluleuse ou ligule de cette mème Urédinée, les cellules-graines produisent des tubes ou germes deliés, sur lesquels se développent presque simultanément deux à quatre spicules, et sur chacun de ceux-ci se forme une sporidie sphérique et lisse ; celles-ci germent en donnant un long filet uniforme et grèle. 42° Podisoma, Link. Ce genre a cte déjà étudié dans un REVUE RIBLIOGRAPHIQUE. 195 travail antérieur de l'auteur, 43° Cystopus, Lèv. Sur le C. Portulace, M. Tulasne a vu les spores les plus grosses, qui sont sphériques, colorées, à trois sillons équidistants, germer sur l'eau en émettant un filament inco- lore, droit, uniforme, qui sort du fond d'un des sillons. TI n'a pu faire ger- mer les petites spores cylindroiïdes et peu colorées de la même espèce. B. Ustilaginées. Dans son premier Mémoire, M. Tulasne avait décrit la germination des Ustilago Carbo et U. antherarum. M ajoute aujourd'hui quelques faits à ceux qu'il avait alors signalés. J} décrit ensuite la germina- tion de l Ustilago receptaculorum, de celui de la Scorzonère, enfin et sur- tout celle de l'entophyte qui cause la carie des Blés, ete. A cet égard, il déclare avoir reconnu l'exactitude de presque tout ce qu'avait avancé Béné- dict Prévost. Pour la germination, le tégument réticulé des spores de la carie Se brise irrégulièrement et sur un point quelconque. Le tégument interne ou l’endospore émet un tube épais et flexueux, de longueur variable, qui se cloisonne lorsqu'il est long, qui reste souvent sans cloisons, lorsqu'il s'allonge peu. Dans ce dernier cas, ce tube se couronne d'une gerbe de 8 à 10 spores secondaires ou sporidies, formant des corps linéaires, réunis vers le bas deux par deux, par ure bride courte, qui donne à chaque paire la forme d'un H. Ces couples reproducteurs s'isolent ensuite et se répandentsur les corps sous-jacents, sur lesquels quelques-uns germent bientôt, en don- nant vers leur sommet des fils très ténus qui se ramifient promptement. La plupart, au contraire, produisent des sporidies secondaires épaisses, oblon- gues, très arquées, portées chacune sur un pédicule conique. Ces +poridies secondaires sont bientôt fort nombreuses, et M. Tulasne est porté à les regarder comme les agents les plus importants de la multiplication de lento- phyte. Beaucoup germent en donnant un ou plusieurs fils très ténus, tandis que quelques-uns produisent une sporidie tertiaire semblable à elles. IV. DÉFINITION ET COORDINATION NOUVELLES DES GENRES D'URÉDINÉES. — Dans ce chapitre important, M. Tulasne part de ses observations pour circonscrire et caractériser les genres des Uredinées, comme if croit que leur organisation mieux connue l'autorise a le faire. Cette portion du travail du savant mycologue, échappant à toute analyse, nous nous contenterons d'en extraire le tableau des genres et des divisions du groupe entier. UREDINEI. T. Albuginei (candidi s. melini, heterospori). 4. Cystopus, Lévy. I. Œcidinei, Lév. (peridiati, homæospori). 2. Cæoma, Tul. 3. Oci- dium, Link, 4. Ræstelia, Rebent., Fr. 5. Peridermium, Linh. HI. Melampsorei (solidi, pulvinati, biformes). 6. Melenpsoru, Cast. 7. Coleosporium, Lev. IV. Phragmidiacet (puiverulenti, biformes, infascati, ovd nis centrum). 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 8. Phragmidium, Link. 9. Triphragmium, Link. 10. Puccinia, Link. 41. Uromyces, Link. 12. Pileolaria, Cast. V. Pucciniei (carnosi, ligulati v. tremelliformes, nudi et fructibus uni- formes; ordinis magnates). 13. Podisoma, Link, Fr. 44. Gymnosporangium, Link, Nees, Fr. VI. Cronartiei (peridiati, biformes, ligulati, omnium fortassis præ struc- tura nobilissimi). 45. Cronartium. Fr. Sur le développement des feuilles du Victoria regia, par M. Caspary (Botan. Zeit., du 6 avril 1855, col. 246). M. Caspary a communiqué le 20 février dernier, à la Société des natu- ralistes de Berlin, les observations qu'il a faites sur l'accroissement de la feuille du Victoria regia. Ces observations lui ont montré que cette feuille acquiert ses p'oportions gigantesques par un simple agrandissement des cellules qui la forment et non par production de nouvelles cellules. Il a suivi le développement de ces feuilles d'heure en heure, le jour et la nuit, pour une pendant 55 heures, pour une seconde pendant 56 heures, pour une troisième pendant 25 heures. L’accroissement de cette feuille pendant le jour marche parallèlement à la température de l'air, tandis qu'elle ne pré- sente pas de rapport précis avec la chaleur de l’eau, avec l'humidité relative ou absolue de l'air. Le plus fort accroissement observé par M. Caspary, pour un intervalle de vingt-quatre heures, a eu lieu le 46 août; ce jour-là une feuille s'est agrandie en diamètre de 11 pouces et 4 lignes; le plus fort accroissement horaire à éte observé le 20 août, entre midi et une heure ; il s'est élevé à 10 lignes d'extension en diamètre. Ueber das Leuchten des weissfaulen Holzes (Sur la phospho- rescence du bois pourri); par M. Th. Hartig. Botan. Zeitung, 2 mars 1855, XII, col. 148. On pense aujourd'hui généralement que la phosphorescence du bois tombé en pourriture sèche, et dont on voit souvent des exemples dans le bois des Saules, des Peupliers, des Tilleuls, du Marronnier d'Inde, n’est pas due aux fibres ligneuses, mais à des Champignons qui remplissent plus où moins les vides de ces fibres et des vaisseanx, L'été dernier, l’auteur a rencontré un tronc de Peuplier décomposé, doué d'une telle phosphorescence, qu'un fragment de son bois, de l'épaisseur du pouce, permettait de lire, dans l'obscurité, les lettres d’un journal placé au-dessous, Toute la masse de ce fragment était uniformément lumineuse, asolument comme un morceau de fer chauffé à blane. Dans l'obscurité, la loupe montrait, au voisinage immédiat du bois, un mouvement de latmo- sphère semblable à celui qu'on observe lorsqu'on frotte sur un corps quel- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 conque une allumette chimique. Examiné au jour, ce bois était parfaitement blanc, et il montrait çà et là, par bandes et par plaques, le feutre d'un Champignon brunâtre , semblable à un Aylostroma. Les vaisseaux eu étaient remplis, tandis qu'on ne voyait aucune trace dans les fibres ligneuses, ni des filaments de ce Champignon, ni de ses pores. Quelques morceaux de bois, plus particulièrement lumineux, ne montraient leur phosphorescence au’à des places d'un blanc pur ; là où des amas de filaments du Champignon se présentaient sur la surface, la phosphorescence cessait. Sur des coupes transversales nettes, toute la surface était uniformement lumineuse, ce qui n'aurait pas eu lieu si la lueur était provenue des fiiaments du Champignon agolomérés dans les gros vaisseaux très disséminés dans la masse. Bref, M. Th. Hartig dit s'être parfaitement convaincu que la phosphorescence résidait dans la substance même du bois mort et en voie de décomposition, et non dans le Champignon qui vivait au milieu de cette substance. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Flore élémentaire des jardinset des champs accompagnee de clefs analytiques conduisant promptement à la détermination des fa- milles et des genres, et d'un vocabulaire des termes techniques; par MM. Emm. Le Maout et J. Decaisne. Un vo!. grand in-18 de 936 pages, divisé en deux tomes; Paris 1855; librairie agricole de Dusacq, rue Jacob, n° 26. Cet ouvrage répond à un besoin que ressentent tous les jours les per- sonnes encore peu exercées à l'étude des plantes ou désireuses de s’y livrer, Nous possédons, en effet, plusieurs Flores spécialement destinées aux bota- nistes déjà instruits et qui embrassent l'ensemble de la végétation de la France ou qui présentent le tableau de celle d'une circonseription plus res- treinte ; mais, il faut bien le dire, ces ouvrages ne sont pas, pour la plu- part, de nature à être mis entre les mains des amateurs peu habiles en bo- tanique, et ceux qui paraissent chaque jour deviennent de moins en moins abordables pour les commençants, par cela même qu'ils sont le fruit d'une étude plus approfondie et plus minutieuse des plantes, par suite aussi de la subdivision sans cesse plus grande, et, qu'on nous permette cette expres- sion, de la pulvérisation des espèces qui sont dans les gouts de plusieurs botanistes de notre époque. Ajoutons que, dans les flores récentes, les diag- noses disparaissent et laissent seules des descriptions ctendues, excellentes sans doute pour des botanistes exercés, mais tres embarrassantes pour de simples élèves qui se perdent au milieu de leurs nombreux détails; que les divisions dichotomiques destinées à conduire commodement aux familles, dans les familles aux genres, dans les genres aux especes sont trop souvent 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. supprimées, comme si rendre facile l'usage d'un livre n'était pas un moyen sûr de le faire rechercher et, par suite, de propager le goût d’une science dans laquelle on cherche naturellement un agréable délassement autant qu'une occupation instruetive. Ces motifs nous font regarder comme très heureuse l'idée qui a dirigé MM. Le Maout et Decaisne dans la rédaction de leur Flore élémentaire. ils ont voulu combler la lacune que nous venons de signaler, et rendre service moins aux botanistes déjà exercés qu'aux débutants dans la science. Pour tenter une pareille œuvre il faut un véritable courage scientifique ; pour la mener à bonne fin, il faut une profonde connaissance des plantes. Un histo- rien célèbre a dit que celui qui apu écrire une grande histoire, est seul ca- pable de publier un abrégé; de mème nous n’hésitons pas à dire, contraire- ment peut-être aux idées reçues, qu'il faut être un très habile botaniste pour faire un bon ouvrage élémentaire. Celui que nous annoncçons ici nous semble être une preuve de l'exactitude de notre assertion. Avec les facilités qu'il donne pour la détermination des plantes, il nous parait atteindre par- faitement le but que ses deux auteurs se sont proposé, et fournir aux botanistes commençants un guide qui lèvera pour eux toutes les dif- ficultés. Les tableaux analytiques qu'il renferme ont été faits avec soin, et les auteurs s'y sont particulierement préoccupés des organisations exceptionnelles qui, souvent, font faire fausse route dans l'emploi de l’ingénieuse methode analytique de Lamark. Ils se sont aussi attachés à simplifier le plus possible la iangue technique dont, au reste, un vocabu- laire placé à la fin de l'ouvrage définit et explique tous les mots employés par eux. Ne voulant pas faire une Flore française complète, jls n'ont pré- sente que le tableau de la majorité des espèces; mais ils n'ont oublié aucun des genres qui possedent des représentants dans notre pays et méme en Europe, C'est qu'ils ont parfaitement senti que la connaissance des genres entre pour une très large part dans la saine instruction botanique. Enfin, ils ont eu l'heureuse idée d'introduire dans leur Flore les plantes étrangères à la France qu’on rencontre le plus fréquemment dans les jardins. Par là, non-seulement ils ont étendu le tableau des familles et des genres, auquel il est aisé de voir qu'ils ont apporté une attention particulière, mais encore ils ont fourni un très bon moyen pour faire de la botanique avec fruit par- tout où il existe des plantes. Peut-être même leur livre contribuera-t-il à faire disparaitre cette sorte de dédain que ressentent trop souvent les bo- tanistes pour les hôtes gracieux de nos jardins. Voici quelle est la division de la Flore élémentaire de MM. Le Maont et Decaisne: — Dans leur avant-propos, les deux auteurs exposent le but de vulgarisation qu'ils se sont propose et la voie qu'ils ont suivie pour y pat- venir, Un chapitre intitulé: Des herborisations et de l’herbier. renferme ensuite des conseils sur la manière d’herboriser et sur la composition d'un REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 herbier. Il est suivi de l'indication de la marche à suivre dans l'emploi des clefs analytiques, et, par suite, dans la détermination des plantes. Vienten- suite le corps de l'ouvrage, dans lequel l'ordre adopté est celui qu'a proposé A. de Jussieu, c’est-à-dire que la série des familles commence par les Dico- tylédones moncpétales périgynes, Composées, Campanulacées, Rubiacées et familles intermédiaires, et se termine par les Acotylédones vasculaires inclusivement. Pour les Acotylédones cellulaires, la Flore élémentaire pré- sente les caractères des familles, l'indication des genres les plus intéressants et celle de leurs usages. Un vocabulaire explicatif des mots techniques, un tableau des signes et des abréviations employés pour diminuer l'étendue du texte, sait pour les termes descriptifs, soit pour les auteurs cités: enfin, un Catalogue des principales Flores de France publiées depuis 1780, et une table alphabétique terminent l'ouvrage. Ce catalogue des Flores de France présente une omission trop frappante pour être autre chose qu'involon- taire, et, en effet, les auteurs ont bien voulu nous témoigner tout le regret qu'ils en éprouvent. La Flore de France de MM. Grenier et Godron n'a pas été inscrite sur leur liste. Tout en regrettant comme eux cet oubli, nous ne pouvons le regarder comme aussi fâcheux qu'il le serait pour un ouvrage moins important et moins répandu ; est-il si nécessaire de signaler un livre que tout le monde connait? Notes sur quelques plantes nouvelles du platenu cen- tral de la Frances par M. Martial Lamotte; lues à l'Acad. des sc., bel.-lettr. et arts de Clermont-Ferrand, le 7 décembre 1854. Bro- chure in-8° de 29 pages ; Clermont-Ferrand, 1855. Cette brochure renferme trois notes différentes. Les plantes qui en ont fourni le sujet y sont l'objet d'une description étendue et sans diagnose, qu'il est impossible de reproduire; mais M. Lamotte ayant imprimé en ita- liques les caractères qu'il regarde comme les plus importants, et ayant si- gnalé, en outre, après ses descriptions, les principales différences par les- quelles chaque espèce se distingue de ses voisines, il devient facile d'extraire de son travail les caractères comparatifs et essentiels des plantes qui s'y trouvent décrites. A. Revue des Sempervivum de l'Auvergne. Cette revue a été faite sur des plantes spontanées et cultivées. Elle in- dique, comme appartenant à l'Auvergne, cinq espèces de Sempervivum, dont une est caractérisée ici pour la premiere fois. 4. Sempervivum tectorum, Vin.; DC., FE fr.; Gren. et Godr., Fl. de Fr. ; Lec. et Lamt., Cat. Panicule cymiforme, longuement velue-glanduleuse : fleurs grandes, subsessiles : pétales rose-pâle marqués de linéoles purpurines et glabres en 200 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. dessus, deux fois plus longs que le calice; écailles hypoyynes d'un blane verdâtre, petites ( = 1/4 de min.), glanduliformes, plus larges que hautes, arrondies au sommet, subhorizontales, — /?osettes globuieuses, à feuilles oblongues-obovées, brusquement acuminées-mucronées, glabres, briève- ment ciliées ; feuilles caulinaires ovales-lancéolées, les inférieures glabres. Has. Naturalisé et planté sur les toits et les vieux murs. Fleurit du mi- Jieu de juiliet à Ja fin de septembre. M. Lamotte décrit un exemple, observé par lui, de transformation des étamines de cette planteen carpelles. Nous rappellerons que le fait de cette transformation est parfaitement connu depuis le beau Mémoire de M. Hugo v. Moul sur ce sujet (Dissertat. de 1816, réimprimée dans Ver- mischte Schriften, p. 28-hh). 2. S. arvernense, Lecoq et Lamotte, Cat., p. 179. Panic. cymiforme, velue-clanduleuse ; fl. de grandeur moyenne, subpé- donculées ; péf. d’un rose assez vif, marques de linéoles purpurines et gla- bres en dessus, une fois et demie plus longs que le calice; écail. hypog. d'un blane verdâtre, petites (= 1/5° de mm.), glanduliformes, plus larges que hautes, arrondies au sommet, horizontales. — /oset. ouvertes, à feuil. oblongues, brusquement acuminées-mucronées, fortement carénées sur le dos, munies sur les deux faces de très petits poils blancs, cadues, briève- ment ciliées; feuil. caulinaires, oblongues-lancéolées, les inférieures briève- ment hispidules. Hag. Sur les rochers granitiques et basaltiques de l'Auvergne, de l'Ar- dèche. FI. de la mi-juillet au commencement d'octobre. 3. 5. Pomelii, Lamt. (nov. sp.), Notes, p. 13. Panie. eymiforme, velue-olanduleuse ; fl. de grandeur moyenne, subpé- donculées ; pét. d'un rose vif uniforme, sans linéoles et glabres en dessus, une fois et demie plus longs que le calice; écail. hypog. d'un blanc verdâtre, sublamelliformes, plus allongées (— 1/2 mm.) et moins épaisses que chez le précédent, presque triangulaires, à sommet arrondi, subdressées. — Roset. d'abord subovales, puis un peu étalées, à feuil. dressées, oblongues, étroites, assez fortement carénées sur le dos, vertes, parsemées de poils blanes très courts, glanduliformes, à cils blancs et longs { = 2 mm.), à pointe termi- nale rougedtre, couverte de longs poils blancs en houppe: feuil. eaulinaires oblongues-lancéolées, brièvement velues-glanduleuses, et à pointe terminée par de longs poits blancs. Has. Puy-de-Dôme, rochers de Saint-Y voine ; rochers granitiques entre Champeix et Saint-Nectaire. FI. du commencement de juillet à la fin d'août, M. Lamotte avait regardé d’abord cette plante comme une hybride des S. arvernense et arachnoideum. h. S. Funkii, Braun; Koch. Panic. evmiforme, couverte de longs poils blanes, mous et glanduleux ; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201 fl. assez grandes, subsessiles ; pét. d'un rose un peu pâle, souvent maculés de taches blanchâtres au sommet, sans linéoles en dessus, une fois et demie plus longs que le calice; écail. hypog. blanchâtres, lamelliformes, sub- quadrangulaires, dressées (— 1/2 mm.), un peu plus larges que hautes, à sommet droit; carpelles largement ovales, subrhomboïdes. — Roset. subglo- buleuses, à feuilles oblongues-obovales, assez brièvement atténuées et acumi- nées au sommet, un peu carénées sur le dos, couvertes sur les deux faces de très pelits poils blanes, en partie tombants, brièvement ciliées ; feuil. caulinaires oblongues-lancéolées, hispides-clanduleuses, les inférieures brièvement, les supérieures plus longuement. Haer. Puy-de-Dôme; Allier, à Gannat. FI. de la tin de mai ou du com- mencement de juin au commencement de juillet. 5. S. arachnoideum, Lin.; DC., FT. fr.; Koch; Gren. et Godr., Fl. de Fr. Panic. cymiforme, assez brièvement velue-glanduleuse ; fl. de grandeur moyenne, subpédonculées ; pét. d'un rose vif, sans linéoles en dessus, deux fois plus longs que le calice; écal. hypog. d'un blanc verdâtre, lamelli- formes, subquadrangulaires-allongées, étalées-dressées, plus hautes que larges ( —1/4 mm.), à sommet arrondi. — Roset. subglobuleuses, à feuilles vertes, oblongues, obtuses, bomhées en dessus, un peu arrondies en des- sous, couvertes des deux côtés de très petits poils blancs, garnies sur les bords, dans le haut et surtout à la pointe, de poils blanes, mous, très longs, qui recouvrent la rosette comme d’une toile d'araignée ; feuil. caulinaires oblongues ou oblongues-lancéolées, obtuses, toutes brièvement pubescentes- glanduleuses, ciliées, ayant à la pointe de longs poils mous et tombants. Has. Puy-de-Dôme; Mont-Dore; Cantal; Allier; Creuse. FI. en juin dans la plaine, en juillet dans la montagne. B. Genre Tarasp, Lin. La plante indiquée dans le Catalogue de MM. Lecoq et Lamotte sous le nom de Thlaspi virgatum, Gr. et Godr., comparée récemment à des échan- tillons-types de cette espèce, s'est montrée distincte. M. Lamotte en fait aujourd'hui l'espèce suivante : Thlaspi vulcanorum, Lamt. (nov. sp.), Notes, p. 2h. FL. en grappe terminale, simple; sép. à une seule nervure; pét. blancs, étroits, linéaires-obovales, arrondis au sommet, à veinules peu visibles, deux fois plus longs que les sép. ; éfam. aussi longues ou un peu plus lon- gues que les pétales, à anthères liliacées ; ovar. obovales-elliptiques, tron- qués-échancrés au sommet; style aussi long que la moitie de l'ovaire et le dépassant même ; silicule obcordée-oblengue, ayant ses deux lobes séparés par un sinus ouvert au sommet, obtus à la base, plus longs que le style; h-6 grai. par loge, d'un jaune légèrement fauve. — Feuilles radicales obo- 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vales-elliptiques, obtuses, rétrécies en pétiole étroit, souvent presque double du limbe, les caulinaires sessiles embrassantes, ovales-lancéolées, subaiguës ; racine bisannuelle, rarement trisannuelle. Has. Toujours sur le terrain volcanique, dans les bois taillis, les champs en friche ; Puy-de-Dôme ; Cantal. FI. du milieu de juin à juillet. Voisin du Th. brachypetalum, Jord. (Th. virgatum, Gr. et Godr.) et du Th. sylvestre, Jord. C. Genre Crrsrum, Lin. Cirsium lanceolato-eriophorum, Lamt., Notes, p. 28. La plante dont il s'agit ici est regardée par l'auteur comme une hybride des Cirsium lanceolatum et eriophorum, entre lesquelles elle tient exacte- ment le milieu. Elle a été trouvée au Puy-de-Dôme, au milieu de ces deux espèces, près de Fassemeunier, sur le terrain granitique, en fleur au mois d'aoùt. Description et culture des Müriers, par M. N. C. Seringe, professeur à la Faculté des sciences de Lyon, 4 vol. in-8° de XI et 336 pag., et atas in-4° de 26 planch. lithog. Paris, 4855, chez Victor Masson. M. Seringe nous apprend dans une courte préface qu’il a été chargé ré- cemment, par la Société d'agriculture de Lyon, de faire un cours sur la Description botanique, la culture et la taille des Märiers. Afin de donner une utilité générale à cet enseignement spécial, la même Société a fait im- primer dans ses Annales les manuscrits des leçons faites par M. Seringe (Annales des sciences physiques et naturelles, d'agriculture et d'industrie, publiées par la Société impér. d'agriculture, ete., de Lyon, 2° série, t. VIF, 2° partie, 1855), et c'est le tirage à part de ces leçons qui forme le volume dont il s'agit dans cet article. Supposant à son auditoire, et maintenant à ses lecteurs, peu de connais- sances scientifiques, M. Seringe consacre la premiere division de son livre à leur faire connaître l'atmosphère, l’eau, et le sol considéré soit en lui- même, soit au point de vue des modifications qu'il subit par les amende- ments et les engrais. Cette première partie occupe les cent sept premières pages. Une seconde division, de soixante-dix-huit pages (107-185) est des- tinée à compléter cette introduction à l'étude des Müriers. Elle consiste en un résumé d'organographie végétale. Enfin, la troisième division, qui forme le corps même du livre, est relative à l’histoire botanique et culturale des Mûriers. Elle est divisée en trois sections : 4"° section, caractères des quatre familles des Urticacées, Cannabisacées, Artocarpacées, Morusacées. On voit que M. Seringe a eru devoir modifier certaines des dénominations générale- ment adoptées. 2° section, genres et espèces des Morusacées. 3° section, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 plantation et, plus généralement, culture des Müriers avec l'étude de leurs maladies. Inutile de dire que, dans l'ouvrage entier de M. Seringe, la deuxième sec- tion de la troisième division est celle dans laquelle se concentre tout l'intérêt botanique. Le genre Mürier, Morus, Tourn., est représenté par huit espèces : 4. Morus alba, Lin. (pl. de I a X VFHIT), sous lequel se rangent les variétés suivantes, décrites et figurées pour la plupart dans l'ouvrage : a, Müûrier blanc, mince, Morus alba tenuifolia, Serin., pl. XI; b, M. b. ita- lique, M. a. italica, Spach (M. italica, Poir.); c, M. b. tartare, M. a. tata- rica, Serin., pl. XI (M. tatarica, Lin. ? Audib. !); d, M. b. Moretti, M. a. Morettii, Serin. (M. Moretti, Audib.); e, M. blanc rosé, M. a. rosea, Serin., pl. XIII; f, M. b. Colombasse, M. a. Colombassa, Serin., pl. XIV; g, M.b. Colombassette, M. a. Colombassetta. Serin. , pl. XV ; 4, M. b. Lhou, M. a. Lhou, Serin. (M. intermedia, Perr.) ; i, M. b. de Constantinople, M. alba Constantinopolitana, Seriu., pl. V et XVII (M. Constantinopoli- tana, H. Par.); M. b. nain, M. a. nana, Audib.; k, M. b. pyramidal, M. a. pyramidalis, Serin. ; l, M. b. fibreux, M. a. fibrosa, Serin. — 2. Morus multicaulis. Perrot., Serin., pl. VI, fig. 6, et pl. XVIII: a, M. m. bullé, M. multicaulis cucullata, Serin., pl. XVII: b, M. m. plan., M. m. pla- nifolia, Serin. (M. m. hybride, Audib.). — 3. Morus nigra, Lin.; Serin., pl. XIX et VI, fig. 3, h, 5 et 6: a, M. n. denté, M. n. dentata, Serin. ; b, M. n. lobé, M. n. lobata, Serin. — 4. Morus rubra, Lin.; Serin., pl. XX. — 5. Morus canadensis, Poir. — 6. Morus stylosa, Serin., pl. XXH (1854) : a, M. st. ovalifolia, Serin. ; b, M. st. latidentata, Serin. ; c, M. st. cordi- folia. — 7. Morus Kæmpferi, Audib.; Serin., pl. XXHE — 8. Morus indica, Lin.; Serin., pl. XXI, fig. 2. A l'histoire des Müriers, M. Seringe a joint celle des deux genres Ma- clura, pl. XX VI, représentés par le M. aurantiaca, Nutt., et le M. xan- thoxzylon, Endl. , et Broussonetia, pl. XXV, représenté par le B. papyrifera, Vent. Nouvelles espèces de Conifères découvertes en Californie, par M. W. Murray, et décrites par M. A. Murray. Le 8 février dernier, M. A. Murray a communiqué à la Société botanique d'Édimbourg les descriptions de six nouvelles espèces de Conifères qui viennent d’être découvertes sur les montagnes de la Californie par une expédition à la tête de laquelle était M. W. Murray. Les voyageurs, partis de San-Francisco l'automne dernier, ont étendu leurs recherches sur une grande étendue de montagnes, à partir du 40° degré de longitude, en se di- rigeant vers le nord. Voici quelles sont les especes découvertes pendant cette exploration. 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1. Pinus Beardsleyi, A. Murray. Cet arbre est voisin surtout du P. Benthamiana. Il s'en distingue par ses cônes presque de moitié plus courts, par ses feuilles plus courtes dans la même proportion, par ses graines moitié plus petites, avec une aile beaucoup moindre. Son bois est bon, de couleur claire, homogène dans toute son épaisseur, sans duramen distinct. Il acquiert de tres fortes proportions. On en a mesuré un pied qui avait été abattu, et qui avait 37",515 de hauteur, avec un diamètre de 1",118 à sa base. Un pied voisin mesurait 5,287 de circonférence à 1 mètre du sol, et son tronc s’élevait en une belle colonne de 10 mètres de hauteur au-dessous des branches. Ce bel arbre a été trouvé sur le sommet des montagnes. 2. Pinus Craigana, A. Murr. Cette espèce est encore assez voisine du Pinus Benthamiana. Elle diffère de l'espèce précédente par les écailles de son cône qui ont une pointe forte et redressée, non petite ni rabattue, et dont l'apophyse est beaucoup plus développée. Sa graine est deux fois plus grosse, avec une aile plus courte et relativement plus large. D'un autre côté, sa feuille, quoique plus fine et plus courte, est embrassée par une vaginule beaucoup plus longue. Cette arbre a été trouvé un peu moins haut que le précédent. 3. Abies Hookeriana, A. Murr. Arbre très voisin de l'A. Pattoniana, mais ne dépassant guère 16 mètres de hauteur, tandis que l'autre atteint trois fois cette hauteur. Il se distingue encore par ses cônes brunâtres, dont les écailles sont plus petites d’un tiers et crénelées, par sa graine et són aile d'un tiers plus longues, ete. Il a été découvert vers le 41° degré de ia- titude nord, à une hauteur telle que la neige y couvrait la terre dès le 16 octobre. h. Cupressus Lawsoniana, A. Murr. Magnifique espèce qui atteint 33 mètres de hauteur, à feuillage délicat et très gracieux; à branches étalées, pendantes aux extrémités. Son bois est de bonne qualité, propre à être mis en œuvre, de couleur claire. Sur les bords d’un ruisseau dans une vallée. 5. Cupressus Macnabiana, A. Murr. Petite espèce frutescente. 6. Taxus Lindleyana, A. Murr. Grand arbre, dont les branches sont extrêmement longues et pendantes ; dont le bois très élastique est employé par les sauvages pour leurs arcs. The ferns of Great Britain and Ireland (Les Fougères de la Grande-Bretagne et de l'Irlande ; par M. Thomas Moore ; éditées par M. John Lindley ; imprimées sur nature par Henri Bradbury). Grand in-folio. Londres, 1855. Une courte préface de M. Lindley nous apprend que ce splendide ou- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 vrage est destiné à faire le pendant de ceux qui ont été déjà publiés en Allemagne, ou plus généralement sur le continent, par le procédé de l'im- pression naturelle inventé à l'Imprimerie impériale de Vienne, et que le but dernier que l'on s'est proposé dans cette publication est de montrer jusqu’à la dernière évidence les différences qui peuvent exister entre les Fougères de la Grande-Bretagne et celles de l'Irlande. Le texte est entière- ment dû à M. Th. Moore, qui est aussi chargé de choisir les échantillons avec lesquels on obtient les planches de cuivre gravées. Enfin, c'est sousla direction de M. Heuri Bradbury que sont obtenues ces planches et qu'a lieu le tirage des figures. , Voici l'indication des espèces et variétés figurées et décrites dans les deux livraisons que nous avons sous les yeux. Ces livraisons portent la date d'avril et de mai 1855. Les trois planches de la première livraison sont en- tièrement consacrées au Polypodium vulgare et à ses variétés. — PI. I. Polypodium vulgare ; P.v. acutum ; P. v. bifidum. — PI. II. P. v. semi- lacerum; P. v. serratum. — PI. IIT, publiée dans la deuxième livraison, P. v. cambricum; P. v. crenatum. Les trois planches de ia deuxième livrai- son représentent les plantes suivantes : — PI. IV, Polypodium Phegopte- ris. — PI. V, Polypodium Dryopteris. — PI. VI, Polypodium Robertia- num. Hoffm. — Ces planches sont très remarquables par la perfection et la netteté des détails, ct elles montrent tout ce qu'on peut attendre pour l'iconographie végétale de l'application du procédé de M. Auer. Le texte renferme l'histoire détaillée de chaque espèce et de ses variétés. Le prix de la livraison de trois planches, avec le texte correspondant, est de 6 shellings ou 7 fr. 50 e Short characters of some new Genera and Species of Algæ, etc. (Caractères succincts de nouveaux genres et de nouvelles es- pèces d’ Algues découverts sur la côte de la colonie de Victoria, en Aus- tralie), par M. W. Harvey (The Annals and Magaz. of natur. histor., mai 1855, p. 332-336, pl. VIT, f. €). Cette note présente les caractères de quatre nouveaux genres d'Algues. 1. Bellotia, Harv. Ce genre et son espèce-type, le B. Eriophorum, Harv., ont été l'objet d'une communication spéciale faite récemment à la Société Botanique par M. Montagne, au nom de l'auteur. 2. Curdiea, Harv. — Frons plana, coriaceo-membranacea, lacinata, e margine sæpe pinnatim foliolosa, duplici strato constituta ; cellulis interio- ribus rotundato angulatis majoribus peripheriam versus sensim minoribus, periphericis minimis verticaliter subseriatis. Coccidia marginalia, globosa, sessilia, sporas minutas in filis ex placenta carnosa centrali radiantibus evolutas, intra pericarpium crassissimum cellulosum carpostomio apertum 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. foventia. Tetrasporæ in nematheciis intramarginalibus oblongis evolutæ, eruciatim divisæ. Algæ rubro-sanguineæ, siccitate rigidæ. C. laciniata, Harv. Assez commun. 3. Gulsonia, Harv. — Frons gelatinoso-membra., teres, nodoso- annul., decomposite ramosa, ex tubo centrali crasso articulato monosiphonio filis anastomosantib. longit. laxe circumdato, et filis horizon. excurrentib. dichot. fastigiatis muco hvalino firmiori inclusis constituta. Fructus... G. annulata, Harv. Rare. h4. Hanovia australis, Sonder. Les cystocarpes de cette plante ont été observés par l’auteur, qui y a vu des Ceramidies très analogues à ceux d’un Dasya ; d'où il suit que ce genre doit être transporté des Céramiacées dans les Rhodomeélacées, près de l'Æalydictyon. 5. Ballia Robertiana, Harv., et B. Mariana, Harv., l’une et l’autre de Port-Fairy. 6. Apjohnia, Harv. — Frons stipitata, dendroides. Stipes radicatus, monosiphonius, clavat. , annulatim coustric. et transversim rugulos., epider- mide tenui calcarea donat., in ætate majori apice ramis coronatus. Rami confervoidei, umbellatim polychotomi, flabellatim expan., fastig., liberi, articul.; articulis clavatis 1-siphoniis, omnib. basi ruguloso-annulatis, succo aquoso viridissimo repletis. A. lætevirens, Harv. Ueher Sagedia, Fries, und damit verwandte Gattungen, mit besonderer Berücksichtigung der S. gibbosa, Er. ; nach den Manuscripten v. Flotow’s bearbeitet, von Th. Schuchardt. (Sur le Sagedia, Fr., et les genres voisins, avec considération particulière du S. gibbosa, Fr.; rédigé d'après les manuscrits de Flotow, par M. Th. Schuchardt) Botan. Zeit. du 23 février 1855, col. 129-137. Flotow avait étudié avec soin diverses espèces de Lichens qu'on range habituellement dans le genre Sagedia ; cette étude l'avait conduit à éta- blir quelques genres nouveaux, et à caractériser pius nettement le genre Sagedia lui-même ainsi démembré. Nous croyons devoir reproduire les ca- ractères génériques assignés par lui à ces genres. 4. Sagedia, Fries, Lich. eur., b12. Protothallus cellulosus, contextus cellular. densus, cellul. deform. Thal- lus crustaceus, verrucoso-areolatus; vel subcontiguus, limitatus, soredi- ferus. Chlorogonidia (in S. viridula sparsim aggregata. Chrysogonidia (S. verrucarioides) sparsim aggregata, Peritheciam simplex, collare v. subpel- tatum. Nucleus integer. Hypothecium ventrale. Thecæ aut suboblongo-ela- vatæ, perisporiis speciosis 2 magnis, sporis 4 horizontaliter biseriatis, aut thecæ cum perisporiis fusiformes, sporis 4-6 verticaliter seriatis. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 Ici se rangent: 1. Sagedia viridula, Fr.; 2. S. verrucarivides, Fr. 2. Actinothecium, Flotow. Protothallus cellulosus, e cellul. deform. strictis compositus. Thal. crus- tac. rimoso-areolatus, areolis fertil. polycarpis. Chlorogonidia stratam plus minusve contiguum formantia. Perithe. thalli areolis innatum umbone dilatato papillato pertus., aut simplex integrum carbonaceum, aut duplex, exter. superficiale carbonaceum integrum. Nucleus gelatin., integer. Hy- pothec. parietale vel subparietale. Thecæ oblongo-clavatæ sporas 8 granu- lato-grumosas includentes, ex hypothecii superficie interna apicibus centri- petentes. Ici se classent: Sagedia fuscella, Fr., Verrucaria catalepta, Schaer., V. alutacea, Wallr. 3. Pyrenula, Achar., emend. Protothal. e contex. cellul. laxo formatus. Thal. crusta., verrucoso-areo- lat., areolis distinctis, chlorogonidiis sparsis instructus. Perithec. bon nisi in fructib. in primo stadio superficiale simplex, carbonac. umbonat., deinde disciforme evanescens. Nucleus spisse gelatin., sordidescens, columella centrali irregulariter compressa præditus, interdum muitilocul., e fusces- centi-nigrescens. Thecæ suboblon. clava., breviter pedicel., sporis 8 gra- nulato-grumosis instructæ. Ici se range Sagedia gibbosa, Fr., ou Pyrenula gibbosa, Achar. h. Endopyrenium, Flotow. Protothal. fibro., fibris subspongiosis contortuplie. formatus. Thal. erus- tac., in ambitu subfolia. Chlorogonidia sparsim aggregata. Perithee. simplex, membranac., fibros., ex fibris protothallinis adglutinatis compositum, um- bone hemisphærico incrassato aperto nigrescente instructum. Nucleus integ., gelatin. deliquescens. Hypothec. ventrale. Thecæ suboblongo-cla- vatæ, sporas 8 granulato-grumosas includentes. A ce genre appartient le Sagedia cinerea, Fr. Le reste du Mémoire a pour objet l’étude détaillée du Pyrenula gibbosa, Achar. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Le Chili considéré sous le rapport de son agriculture et de l’émigration européenne, par Benjamin Vieunna Mackenna. In-12, 444 pages. Paris, impr. Bouchard-Huzard, 1855. L'auteur de ce travail entre dans des considérations générales sur l'état de la végétation et de la culture des diverses zones du Chili, qui sont au nombre de quatre. La division du nord, qui s'étend du Rio Copiapo au Rio Coquimbo, est Caractérisée : par la culture exclusive de l Alfalfa, espèce de Medicago que, 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans ces derniers temps, Lindley a décrite sous le nom de M. Alfalfa et qui n’est que le M. sativa introduit au Chili vers le xvn° siècle; par le Lucumus obovatum, Batatas edulis, Anona Chirimollo, aux fruits comesti- bles, et le Brea (Tessaria absinthioides), qui donne une résine usitée comme goudron, et qui faisait autrefois l'objet d'une exportation considérable. La division centrale, qui s'étend du Rio Coquimbo au Rio Aconcagua, est surtout riche en plantes médicinales, le Pichoa {£uphorbia Chilensis), l'Yerba buena (Mentha piperita), V Erythræa Cachanlagua, le Parqui ou herbe sainte (Cestrum Parqui), le Séné (Myochilum oblongum), dont les propriétés ne le cèdent en rien au nôtre, etc. Un grand nombre de plantes colorantes, d'innombrables Cactus, qu'on pourrait utiliser pour la culture de la Cochenille, y abondent ainsi que le Gossypium Peruvianum. Là aussi se trouvent l'A/s/ræmeria Knightii, qui fournit le sagou, justement estimé, de la Conception, et le Porliera hygrometrica, au bois d'ivoire et dont les feuilles se ferment au temps pluvieux. C'est cette zone qui produit très abondamment le Jubea spectabilis, dont le trone fournit une matière sucrée et dont on donne les fruits à digérer à des animaux qui les débarrassent de l'enveloppe externe. La division australe, qui a pour limites le Rio Aconcagua et le Rio Itata, fournit de grandes cultures de céréales, de fruits d'Europe, d’ Amandiers, de Citronniers, de Fraisiers (Fragaria Chilensis), de Vignes dont les vins sont analogues aux vins de France, mais ne sont que très peu estimés dans le pays. Dans la division du sud, qui descend jusqu'au Rio Tolten, le sol est couvert de Vignes, de Myrtes, de Lauriers, de Chênes: on y trouve aussi le Quillaya Saponaria, employé pour nettoyer les étoffes, le Peumo (Cryptocaria Peumus) dont on emploie lécorce comme astringent et dont les fruits sont recherchés des Indiens, moins cependant que ceux du Cedrus Pehuen. Enfin, nous devons eiter, comme fournissant un bois de construction parfait, V Acacia Cavanea. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Poison de PAconitum Napellus. y a deux ans un Anglais s'empoisonna en mangeant des ratissures de racines d’ Aconitum Napellus qu'il prenait pour des morceaux de raifort. Ce fait ayant éveillé l'attention, M. Thornton Herapath, de Bristol, a cru de- voir soumettre à l'analyse plusieurs échantillons de ces racines récoltées à différentes époques de l'année, afin d'en étudier le principe vénéneux. lla ainsi reconnu que ce principe, ou l'aconitine, yexis'e dans la proportion de 1 grain et demi au plus sur 1000, c'est-à-dire, et plus exactement, de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 209 40,12 grains par livre. De ce résultat et de l'enquête à laquelle il s'est livré, M. Herapath conclut que l'Anglais dont l'Aconit avait causé la mort n'avait pas pris plus de 5 centièmes de grain d'aconitine ; que, par suite, le principe vénéneux de cette plante est le poison le plus actif que l'on con- naisse, sans en excepter même l'acide prussique ou evanhvdrique. Il fait observer que la racine d'Aconit est facile à distinguer de celle du Raifort, parce que ses débris prennent rapidement une couleur brun rougeâtre lors- qu'elles sont exposées à l'air. Nouvelles plantes textiles. Dans une lettre communiquée à la Société linnéenne de Londres, le 7 no- vembre 1854, M. A. Wilson, curateur du jardin botanique de Batb, à la Jamaique, dit que les plantes textiles abondent dans ce pays. H a, dit-il, retiré des fibres textiles d'une vingtaine d'espèces différentes, et il espère pouvoir en découvrir encore tout autant. Celles qui proviennent des Urtica sont excellentes; mais elles sont trop peu abondantes pour fournir matière à une culture profitable dans le pays. Il en a retiré une grande quantité du Sida mollis qui croit dans le jardin de Bath, et qui se prête, dit-il, admi- rablement à la culture dans toute espèce de sol et d'exposition. [I cite aussi un Triumfetta comme donnant une magnifique filasse. M. Wilson annonce dans sa lettre qu’il espère pouvoir envoyer des échantillons d’une vingtaine. de matières textiles de la Jamaïque à l'exposition universelle de Paris, afin de les faire connaître, et d'engager ainsi des capitalistes à en essayer la cul- ture sur une graude échelle. Les plantes herbacées d'Europe et leurs imseetes, pour faire suite aux arbres et arbrisseaux d'Europe et leurs insectes, par J. Macquart, 2 vol. in-8° de 231 et 178 pages; Lille, 1844 et 1855, L. Danel. (Extrait des Mémoires de la Société impériale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille.) Ces deux volumes commencent par un supplément de 41 pages à Fou- vrage déjà publié par M. Macquart sous le titre de : Zes arbres et les ar- brisseaux d'Europe et leurs insectes. L'ouvrage commence lui-même par une introduction de 35 pages, dans laquelle l'auteur examine successive- ment les racines, les tiges, les feuilles, les fleurs et les fruits, soit en eux- mêmes et quant à la variété de leurs formes, à leur utilité, soit au point de vue des insectes qui s’y logent et s'en nourrissent, TI comprend ensuite le tableau des plantes herbacées d'Europe rangées d'après la méthode naturelle, et l'indication des insectes qu'elles nourrissent, La partie botanique occupe plus de place dans ce tableau que les listes d'insectes qu'elle amène, car M. Macquart donne non-seulement pour chaque famille, mais encore pour T. HE, 15 240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chaque genre, une caractéristique très succincte mais suivie de considéra- tions générales, et de l'indication des usages des plantes. Dans chaque genre, les insectes sont divisés d’après leurs ordres. Pour chacun d’eux, l’auteur désigne la plante et l'organe où il se loge. Une table alphabétique des genres et des familles de plantes termine le volume. MÉLANGES. Sur le jardin botanique d'Upsal, en Suède. Extrait d'un mémoire de M. Daniel Mueller, jardinier de cet établissement (A//ge- meine Gartenzeitung, n° du 17 février 1855). La Suède ne possède que deux jardins botaniques, l’un à Lund, l’autre à Upsal. Celui-ci couvre une grande étendue de terrain, 253,200 mètres car- rés. Il est formé en partie de l’ancien jardin royal, qui avait 445,200 mètres carrés de surface, et qui est situé entre le château et ce qu'on nomme le temple de Linné. Ce qu’on nomme ainsi est un grand édifice à deux ailes, dont chacune a 127 mètres de longueur ; son aile méridionale est occupée par des plantes, tandis que l’autre est habitée. Dans la salle du milieu se trouve une belle statue de Linné, en marbre, par Bystrom. Ce grand jardin est disposé d’après le style français, avec des allées, des haies, des arbres taillés en pyramide, etc. Il y a aussi plusieurs carrés pour les arbustes. À l’ouest de ce jardin, qu'entoure un mur épais, se trouve un terrain de 108,000 mètres carrés, consacré exclusivement à la botanique. C'est là que se trouvent les serres, les couches, etc.; le sol découvert est consacré aux plantes annuelles, et reçoit aussi, pendant l'été, les plantes cultivées en pots. La grande serre située dans l'aile méridionale du grand bâtiment a 86 mè- tres de long et 13,2 mètres de haut. Ses fenêtres sont verticales, séparées par de larges piliers. A l'extrémité occidentale se trouve une division pour les plantes de serre tempérée, dont on fait très peu usage, mais qu'il seroit facile de transformer en serre à Palmiers. Cette division a 31,2 mètres de long et 16 mètres de haut. A l'extrémité de l’autre aile est une portion qui correspond à celle dont il vient d’être parlé et qui est divisée en deux étages. Il existe deux serres couvertes en verre et chauffées par des appareils à cir- culation d'eau ; mais ce genre de serres est peu convenable en Suède, du moins dans ses parties septentrionales, parce que le soleil y est si bas en hiver qu'il n'envoie pas un seul rayon sur les vitrages qui forment le toit, et aussi parce que ces serres sont difficiles à chauffer pendant les grands froids, et qu'obligé de les laisser longtemps couvertes de paillassons, on plonge nécessairement les plantes dans une obscurité presque complète. On voit encore dans le jardin deux autres serres chaudes, dont une sert pour les plantes annuelles qui, semées au mois d'août, fleurissent en hiver. Der- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 211 rière celle-ci se trouve la serre à multiplication qui sert maintenant comme serre à Fougères. Un grand inconvénient consiste en ce que toutes les serres sont isolées, ce qui les rend plus difficiles à chauffer et en rend la direction plus difficile. Les appareils de chauffage ont besoin d’être changés ; on a déjà posé sept nouveaux appareils. La collection des plantes de serre se compose d'environ deux mille espèces. Pendant l'été, on les dispose par groupes qui correspondent aux genres et aux familles. On tient en outre en plein air quelques exemplaires de toutes les espèces qui peuvent y résister. Les plantes de pleine terre, tant annuelles que bisannuelles et vivaces sont arrangées d’après le système du professeur Fries ; néanmoins, on place de la manière la plus convenable pour elles, les plantes que ce système oblige- rait à contrarier en les mettant l’une à côté de l’autre. Les espèces de La- ponie sont cultivées dans des caisses plates, dans une terre mêlée de nom- breux fragments de granit. Il y a déjà longtemps que les arbustes avaient été disposés d'après le sys- tème de Linné; mais ils étaient malheureusement dans un désordre tel qu'il a fallu le zèle infatigable de M. Fries pour en débrouiller le chaos. Ce dé- sordre s'étend, du reste, dit M. Mueller, à toutes les plantes du jardin. D'après le catalogue dressé lété passé, le jardin botanique renferme en- viron huit mille espèces. Les écoles d'arbres et d'arbrisseaux renferment beaucoup d'espèces qu’on avait regardées jusqu'à ce jour comme trop déli- cates pour ce climat, particulierement de beaux Hêtres. Il est assez remar- quable qu'on puisse cultiver ici des arbres et des arbrisseaux des climats tempérés, tandis qu’on se plaint que le Hêtre ne réussit plus. Sans doute il ne croit plus à l'état sauvage ; mais, cultivé, il vient encore très bien. Il existe probablement peu de jardins qui possèdent autant de vieilles espèces que celui d'Upsal. C’est un asile qui leur est encore ouvert, pendant que de nouvelles importations les expulsent graduellement d’ailleurs. M. Mueller se loue beaucoup des services que rendent au jardin d'Upsal les haies vives ou coupe-vents de Pinus abies. C'est à Wahlenberg qu'on en doit la plantation, qui a produit les plus heureux résultats. La nomenclature binaire chez les indigènes de Java, (Extrait d'une lettre de M. Motley à sir W. Hooker.) « Les naturels de Java, dit M. Motley, sont extrêmement intelligents. J'en avais trois avee moi qui trouvaient promptement ce dont j'avais besoin, etje dois à leurs veux pénétrants plusieurs échantillons de mes plantes en fruit. Lorsque je rencontrais une espèce sans fructification, je la leur montrais, je leur disais d’où je pensais que sortirait le fruit, et ils man- quaient rarement de le découvrir sous peu de temps. Ts semblaient s'inté- 212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. resser au dernier point à l’objet de mes recherches, et ils montraient une telle émulation pour découvrir les premiers quelque chose de nouveau, que j'aurais très bien pu me croire en compagnie de botanistes. Les montagnards javanais sont, en réalité, botanistes à un degré étonnant pour des hommes que nous regardons comme des sauvages. Chaque plante a, chez eux, son nom, qui lui est donné d’après le système des dénominations génériques et spécifiques. Par exemple, je demandais à un indigène le nom d'un petit Pavetta; il me répondit sur-le-champ : « Je ne l'avais pas encore vu, et je ne connaissais pas son nom particulier, mais seulement son nom maternel; » II me citait alors le nom générique local du Pavetta Isora et des Pavetta en général. Les auteurs du catalogue da jardin de Buitenzorg ont pensé que ces noms javanais méritaient d'être rapportés, et je crois qu’ils ont eu raison ; car il est beaucoup de plantes qui m'avaient échappé, surtout parmi les Ericées, et que je wai pu voir qu’en les demandant aux indigènes par leur nom indiqué sur ce catalogue. On est même tout surpris de voir, en regardant ces noms, combien leur système de nomenclature est avancé. Sans doute il est naturellement imparfait, mais il est certai- nement remarquable pour des hommes qui n’ont pas même une langue écrite. » Double floraison du Victoria regia. D’après le Hamburger Garten und Blumenzeitung (avril 4855, p. 490), le Victoria regia s'est conservé cet hiver, dans le jardin de M. G. Geitner, à Planitz, avec une chaleur de fond de 35° R. Le 22 décembre s'est épa- nouie la dernière fleur de la première période végétative. Après quelques semaines de repos, le mème pied a recommencé à végéter, et, vers le mi- lieu du mois de mars, il montrait déjà son quatrième bouton de fleur. D'un autre côté, un pied de Victoria cultivé dans l'aquarium de M. Oppenheim, à Cologne, vient de passer également son second hiver. On voit qu'il y à tout lieu de mettre en question si cette magnifique plante aqualique est an- nuelle, comme on l’a pensé jusqu'ici, ou vivace, comme semblent le prouver les deux exemples que nous venons de rapporter. NOUVELLES. — Les Cryptogamistes apprendront avec plaisir que la quatorzième cen- turie des Cryplogamæe Vogeso-lihenuncæ est terminée. La distribution en sera faite aussitôt après Pintercalation des étiquettes dont on s'occupe en ce moment. — Nous apprenons que M. Schimper termine, en ce moment, son Sy- nopsis Muscorum qui doit paraitre en même temps que la dernière livraison du Bryologia europea, et les tables de ce grand ouvrage. Ainsi aura été REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 213 menée à bonne fin une des grandes entreprises scientifiques de notre époque. En donnant à ce beau travail tous les éloges qu’il mérite à divers titres, on ne peut s'empêcher d'exprimer le regret que l'auteur ait cru devoir y laisser une lacune considérable, et qu'il n'y ait pas compris l'histoire du genre Sphagnum. Cette partie est, en effet, réservée par lui pour une publication séparée dont l’Académie des sciences doit faire les frais, et qui paraitra ainsi nécessairement avec de grandes différences dans l'impression, la gra- vure, etc. — MM. Théod. Kotschy et G. Frauenfeld sont en ce moment en route pour l'Ée rpte, où ils vont se livrer à des recherches d'histoire naturelle. — M. C. Naegeli, professeur à Fribourg, vient d’être nommé professeur à l'école polytechnique suisse de Zurich. — M. Roger d’Ostin {rue du faubourg Saint-Étienne, maison Rouzaud, à Toulouse, Haute-Garonne) publie deux centuries de Mousses des Pyrénées, récoltées et nommées par lui. La première centurie, comprenant des espèces de la région sous-pyrénéenne, est du prix de 10 fr. ; la seconde, formée d'espèces « de la région pyrénéenne et des neiges, » est vendue 15 fr. Le prix des: deux centuries réunies est réduit à 22 fr. pour les membres de la Société botanique, auxquels M. Roger offre en sus, et comme prime, vingt- cinq Mousses rares de la troisième centurie, non destinée à être publiée, pourvu qu'ils Jui adressent leur demande avant le 15 juillet. Nécrologie. — Le 2 mars dernier est mort à Munich, âgé de soixante- seize ans, M. W. v. Karwinski, bien connu des botanistes, et des horticul- teurs par ses voyages dans le Mexique, dont le résultat a été d'enrichir les collections d’un grand nombre d’espèces précieuses par leur beauté ou par leur rareté. Plusieurs de ces plantes ont reçu le nom du zélé voyageur qui les avait découvertes. BIBLIOGRAPHIE. Bonplandia. Zeitschrift fuer die gesammte Botanik (Bonplandia, Gazette pour l'ensemble de la botanique, organe officiel de l’Académie impériale Léopold.-Carol. des naturalistes). Rédacteur : M. Berthold Seemann, à Londres (1). Relevé des articles originaux publiés en 1854. E. Vogel. — Die Central-Afrikanische Expedition (L'expédition de l'Afri- (1) Ce journal parait le 4°% et le 45 de chaque mois. Son format est un petit in-folio à deux colonnes. I ne compte encore que deux années d'existence, Le prix de l'abonnement est, pour Paris, de 21 fr. 35 c. I semble plus spécialement con- sacré à des articles de critique, de correspondance, de relevé et de nouvelles, qu'à la publication de Mémoires originaux. 214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que centrale) ; lettre au docteur B. Seemann, datée de Murzuk, 8 octobre 1853, p. 1-5. H.-G. Reichenbach, fil. — Die Wagener'schen Orchideen bestimmt und beschrieben (Les Orchidées de Wagener déterminées et décrites par H.-G. Reichenbach, fils.), p. 9-26. W.-Th. Guembel. — Das Leben der Moose (La vie des Mousses). Dis- cours prononcé à la troisième séance de la trentième réunion des natu- ralistes et médecins allemands, à Tubingen, le 24 septembre 1853, p. 28-55. C.-H. Schultz, bipont. — Die Entwicklung der Naturwissenschaft bis zur Mitte des 16 Jahrhunderts (Progrès de l'histoire naturelle jusqu’au milieu du xvie siècle), p. 44-50. C. Sartorius. — Bilder aus Mexico (Tableaux de la végétation du Mexique); lettre datée de Mirador, dans l'état de Vera-Cruz ; 4e août 1853. H.-R. Goeppert. — Stigmaria ficoides, Brongn., die Hauptpflanze der Steinkohlenperiode (Stigmaria ficoïdes, Brongn., principale plante de la période houillère), p. 73-74. E. Vogel. — Central-Afrikanisehe Datteln (Les dattes de l'Afrique cen- trale). Note datée de Murzuk, 4°% octobre 1853, p. 74, 75 avec une planche. H.-G. Reichenbach, fil. — Notulæ orchidaceæ, p. 88-93. H.-G. Reichenbach, fil. — Orchideæ Warscewiczianæ recentiores, p. 96- 102, 407-116. G. v. Jaeger. — Ueber eine Eigenthuemlichkeit mancher Gewaechse, ete. (Sur une particularité de plusieurs végétaux qui paraît se rattacher à la forme sphérique de la cime et de l'inflorescence), p. 124-125. Ph. Wirtgen. — Bertrich ; ein Vegetationsbild (La vallée de Bertrich ; ta- bleau de sa végétation), p. 131-135, 140-145. Fr. Schultz. — Stachys sylvatica, L., S. palustris, L., et S. ambigua, Sm., p. 235-237. Fr. Schultz. — Heliosciadium nodiflorum, Koch, und H. repens, Koch, ete. (Heliosciadium nodiflorum, Koch, et H. repens, Koch, avec leurs formes et variétés considérées par quelques écrivains comme des hybrides), p. 237, 238. Steetz. — Ueber den Begriff von Species (Lettre du docteur Steetz sur la notion de l'espèce), p. 244-247. Carl Botte. — Die Palmen auf den canarischen Inseln (Les Palmiers dans les Canaries), p. 270-277. H.-G. Reichenbach, fil. — Orchideæ Schlimianæ, p. 277-284. E. Regel. — Die Verwandlung von Ægilops ovata in Weizen (Transfor- mation de l'OEgilops ovata en Froment), p. 286-293. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 245 Flora oder ailgemeine hotanische Zeitung. Articles originaux publiés en 1854 (fin). Th. Guembel. — Beitraege zur Morphologie und Anatomie der Gewaechse (Documents relatifs à la morphologie et à l'anatomie des plantes), p. 582-389. F. Schultz, de Weissenburg. — Becbachtungen ueber Ajuga genevensis, Thesium intermedium, ete. (Observations sur VAjuga genevensis, le Thesium intermedium, et sur les rapports des parasites avec la plante qui les nourrit), p. 401-403. Guembel. — Beitrag zur Physiologie der Bluethe (Note sur la physiologie de la fleur), p. 417-121. Fr. Leybold. — Der Schleern bei Botzen in Suedtirol. (Le Schleern près de Botzen, dans le Tyrol méridional; sa description générale et indication des plantes vasculaires qu'on y trouve rangées d'après leurs stations), p. 433-444, 449-456. Philipp Mueller. — Bunium verticillatum, ein neuer Florenbuerger Bayerns, nebst einigen andern, auf einem am 44 Juli 1854 gemachten Ausfluge bemerkten Pflanzen (Bunium verticillatum, espèce nouvelle pour la Bavière, avec quelques autres plantes observées pendant une excursion faite le 14 juillet 1854), p. 465-469. Cette note est suivie de deux appendices, Pun par M. F. Schaltz, de Weissen- burg (p. 469-472), Vautre par M. Pauli, médecin à Weissenburg (p. 472-475). Fr. Leybold. — Vergleichende Untersuchungen ueber die deutschen Sem- perviva, ete. (Recherches comparatives sur les Sempervivum d'Allemagne, qui se trouvent dans la collection de la Société botanique de Ratisbonne), p. 481. F. Schultz, de Weissenburg. — Ueber einige Arten der Gattung Bromus und ueber Festuca loliacea (Sur quelques espèces du genre Bromus et sur le Festuca loliacea), p. 485-4190. Otto Sendtner. — Beitraege und Berichtigungen zu der Bodenfrage der Pflanzen, gesammelt im bayerischen Walde waehrend des sommers 1854 (Notes et rectifications relatives à la question du sol pour les plantes, recueillies dans la Forêt bavaroise pendant l'été de 1854), p. 497-507. Thilo Irmisch. — Einige Beobachtungen an einheimischen Orchideen (Quelques observations sur les Orchidées indigène-), p. 513-524, pl. H. W. Hofmeister. — Ueber die Befruchtung der Coniferen (Sur la fécondation des Conifères), p. 529-542. Kirschleger. — Ueber eine Vergruenung (Virescenz) der Diclytra specta- bilis (Sur une virescence du Diclytra spectabilis), p. 5h46. Otto Sendtner, — Die Polemik des H. Director Dr. Fraas, beleuchtet von 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (La Polémique du directeur D. Fraas éclaircie par Otto Sendtner), p. 546- 555, 565-575. A. Schnizlein. — Ueber einige Pflanzen, welehe fuer Bayern im allgemei- nen und besonders im Ries neu aufgefunden wurden , nebst organogra- phischen Bemerkungen (Sur quelques plantes nouvelles pour la Bavière en général, eten particulier pourRies, avec des remarques organographi- ques), p. 361-365. Bob. Caspary. — Ueber Samen, Keimung, Specien und Naehrpflanzen der Orobanchen (Sur la graine, la germination, les espèces et les plantes nourricières des Orobanches), p. 577-588, 593-603; pl. I. Fuernrohr. — Nachtraege, Zusaetze und Berichtigungen zur Flora Ratis- bonensis (Appendices, additions et rectifications pour la Flore de Ratis- bonne), p. 609-618, 627-637. Thilo Irmisch. — Bemerkungen ueber Malaxis paludosa (Remarques sur le Malaxis paludosa), p. 625-627. W. Hofmeister. — Verhandlungen der Section fuer Botanik, Land- wirthschaft und Forstwissenschaft, ete. (Mémoires de la Section de bo- tanique, agriculture et sylviculture dans le 31° congrès des naturalistes et médecins allemands tenu à Goettingue, au mois de septembre 1854), p. 641-650. , | | Fr. Leybold. — Eine botanische Excursion von Botzen nach dem Eishof am Sued-A bhang des grossen Oetzthaler Gletschers (Excursion botanique dirigée de Botzen vers Eishof et le penchant méridional du grand glacier d'Oetzthaler), p. 657-665. Schultz Schultzenstein. — Anaphytose und Phytodomie des Baums (Ana- phytose et phytodomie de l'arbre), p. 673-685. Ph. Mueller. — Botanische Bemerkungen bei einem Ausfluge auf der Rhein- flaeche, zwischen Weissenburg, Lauterburg und Kandel (Remarques botaniques faites pendant une excursion dans le bassin du Rhin entre Weissenburg, Lauterburg et Kandel), p. 689-693. A la suite se trouve un post-scriptum de M. F. Schultz, p. 693-695. Lorenz. — Zur Berichtigung in Betreff der Torfbildangsfrage (Rectification relative à la question de la formation de la tourbe), p. 705-707. K. Th. Menke. — Kinige Bemerkungen, Karch's Phanerogamen-Flora Westphalens ueberhaupt und die in derselben aufgeführte Ableitung des Gattungsnamens Barckhausia insbesondere betreffend (Quelques remar- ques relatives à la Flore phanérogamique de Westphalie de Karch, et particulièrement sur l'étymologie du nom générique Barckhausia qui S'Y trouve indiquée), p. 721-724. Th. Guembel. — Ueber den Zusammenhang zwischen Gefaessen und Wurzeln (Sur la connexion entre les vaisseaux et les racines), p- 737- 739. Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 13 AVRIL 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE, M. de Schœnefeid, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Dersës, professeur à la Faculté des sciences, rue des Minimes, 10, à Marseille. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° Par M. Léon Soubeiran : Discours préliminaire d'un traité de physique végétale, par Bose d'An- tie, 1837. Traité de physique végétale appliquée à la culture, par le mème, 1839. 2 De la part de M. H. Lecoq, de Clermont-Ferrand : Etudes sur la géographie botanique de l'Europe, et en particulier sur la végétation du plateau central de la France, t. WA, 1855. 3 De la part de M. Kirschleger, de Strasbourg : Flore d'Alsace, 21° livraison. 4° De Ia part de M. le comte de Martrin-Donos, de Montauban : [erborisations dans le midi de la France, 1855. 5e De la part de M. Delastre, de Poitiers : Flore analytique et descriptive du département de la Vienne, A842. T, JL 16 215 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 6° De la part de M. Ch. Morel : Culture des Orchidées, 1855. 7° Eu échange du Bulletin de la Societe : L'Institut, mars et avril 1855, 3 numéros. Journal de la Société impériale et centrale Æ horticulture de Paris, numéros de janvier et février 1855. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de deux lettres de MM. Mackenna et Laisné, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. M. Montagne, vice-président, donne lecture de la traduction suivante d’une lettre qui lui a été adressée par M. le professeur Harver : LETTRE DE M. HARVEY. Melbourne (Australie), 10 janvier 1855. MON CHER AMI ET CONFRÈRE, Quoique nous soyons séparés l’un de l’autre par tout un diamètre de la sphère terrestre, je ne doute pas que vous ne vous demandiez quelquefois ce que je fais en ce moment. Je vous répondrai que je pense souvent à vous, particulièrement quand je mets la main sur quelque Algue nouvelle et intéressante que je vous sais désireux de voir et d'examiner. J'avais formé le dessein de vous écrire par la malle qui était sur son départ, même avant d'apprendre la mort imprévue et presque subite de notre ami P. Bar- ker-Webb. C'est une bien grande perte pour la science comme pour ses amis. Ses intimes de Paris, au nombre desquels vous étiez, ont dù surtout la ressentir vivement, car je suis fermement persuadé que tous ceux qui ont eu des relations avec lui ont déploré le coup fatal qui l’a ravi à notre cercle, que les pertes successives faites par la Botanique pendant ces der- nières années ont considérablement rétréci. Je vais vous dire maintenant quelques mots de ce que j'ai fait dernière- ment. Vous avez sans doute vu le genre Fanwoorstia et le Claudea multifida publiés depuis longtemps dans le journal de sir W. Hooker, et je me flatte que vous recevrez incessamment, si elle ne vous est déjà parvenue, une brochure de moi sur les Algues de l'Australie occidentale, laquelle doit avoir été lue le mois dernier (décembre) à l'Académie royale des sciences de Du- blin, et imprimée aussitôt dans ses Mémoires, J'ai chargé un de mes amis de cette ville de vous en adresser un exemplaire, Vous y verrez que j'ai veeueilli sur la côte occidentale de Ja Nouvelle-Hollande 352 espèces d'Al- gues, dont environ 140 sont nouvelles, et m'ont fourni 6 à 7 genres égale- ment inédits. En septembre dernier j'arrivai à Melbourne, où je suis revenu SÉANCE DU 13 Avril 1855. 219 aprés avoir exploré plusieurs points de Ja colonie, depuis Port-Fairy jusqu’à Port- Western, qui en sont les limites est et ouest. Je viens en ce moment de terminer l'examen de mes collections Victoriennes, et de les emballer pour Dublin ; je compte m'embarquer après-demain pour Van-Diémen, où j'ai formé le projet de séjourner jusqu’à la fin d'avril prochain. De là je re- tournerai pour quelques jours à Melbourne, mon quartier général, avant de m'embarquer pour Sidney, etc. Le nombre de mes espèces s'élève aujourd'hui à 556, sur lesquelles je compte en avoir au moins 400 à distribuer à mes souscripteurs. Je n'ai ren- contré jusqu'ici aucune Algue nouvelle à fronde réticulée. La seule plante offrant cette structure que j'aie trouvée ici, mais non dans l'Australie oc- cidentale, est celle que je vous ai adressée dans le temps, si vous vous en souvenez, sous le nom de Jhuretia teres. Je doute fort toutefois qu'elle puisse être maintenue dans le genre de M. Decaisne. J'incline à penser qu'elle doit être la même que celle publiée par Sonder sous le nom de Dictyurus Mülleri; mais c'est encore moins un Dictyurus qu'un Thuretia. Si on la séparait de ce dernier genre, elle resterait complétement isolée, et daus ce cas je proposerais de l'appeler Sonderia Mülleri, le genre Sondera de Lehmann n'étant pas distinct du Drosera. Mais cela mérite de nouvelles réflexions. Le nom de Sonder me fait songer à vous apprendre qu'un de mes amis, M. Georges Clifton, habile collecteur d'Algues, qui habite l'Australie occi- dentale, a récemment découvert les cystocarpes du genre Æanowia, Sond., lesquels sont des céramides comme celles du Dasya, d'où l'on peut inférer que cette Algue doit être retirée de la tribu des Céramiées et placée dans le voisinage de l'Aalidictyon (1), si mème elle diffère suffisamment de ce der- nier genre, La plus intéressante des Algues que j'ai recueillies dans ces derniers temps est sans contredit une Sporochnée qui doit constituer un genre nou- veau, Je dédie ce genre à la mémoire du lieutenant de vaisseau Bellot, de la marine française, qui, comme vous vous le rappelez, s'embarqua en qua- lité de volontaire sur un des bâtiments de l'expédition arctique que l'Angle- terre envoyait à la recherche de sir John Franklin, et y trouva une mort prématurée, mais glorieuse. Ce funeste événement excita par toute l'Angle- terre un profond sentiment d’affliction, et je désire perpétuer son nom dans celui d'une plante marine, tribut modeste de la science à ses éminentes qua lités. Vous trouverez dans cette lettre un rameau de cette plante, dont voici les caractères : (4) C'est ce que j'avais déjà conjecturé en lui donnant cette place dans la classifi cation qui termine mon article PaxcoLoGie du Dictonnaire universel d'histoire naturelle, car c'est sur sa seule structure que je l'avais rattachée à ma tribu des Haloplegmées, c M. 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BecLoria, Harvey: frons filiformis, solida, umbellatim ramosa, apicibus ramorum fasciculato-comosis. Receptaculum in quoque ramo unicum, Cy- lindricum, mediam partem rami cireumvestiens et e parauematibus sim- plicibus verticalibus (axi ramorum perpendicularibus) dense stipatis consti- tutum. Sporæ ad paranemata lateraliter dispositæ, oblongæ, transversim striatæ. Bellotia Eriophorum, Harv., mss. — Rejetée à la côte à l'entrée de Port- Philippe, et plus abondamment encore daus l'ile Philippe, à Port-Western. J'en ai aussi observé dans l’herbier du docteur Müller un petit exemplaire qui avait été recueilli, si j'ai bonne mémoire, au cap Wilson. — Fronde d'un à deux pieds de haut, plusieurs fois divisée, à rameaux fasciculés et disposés en ombelles terminales. Je considérerais comme une faveur singulière que vous voulussiez bien mettre sous les yeux de l’Académie des sciences de l'Institut l'échantillon de cette Algue que vous trouverez inclus dans cette lettre, et communiquer en même temps les caractères de ce genre, pour être publiés dans ses Comptes rendus, el dans un des prochains numéros des Annales des sciences natu- relles. Comme il est dédié à un Français, je désire extrêmement que la France ait les prémices de sa publication. Le nom spécifique, sans qu'il soit besoin de le dire, fait allusion à la ressemblance frappante qu'a cette Algue avec l' Eriophorum polystachyum. Je vous envoie aussi de petits rameaux de deux espèces nouvelles de Ballia tout à fait distinctes de leurs congénères, et surtout de l’ancien B. callitricha. Le dernier nommé, dans l’un et l’autre de ses états, en y com- prenant le B. ÆHombroniana, est bien commun à l'est du cap Northumber- land, mais je ne l'ai pas rencontré, ni personne que je sache, à l’ouest de ce cap. J'ai quelque velléité de placer dans ce genre le Callithamnion scopa- rium, Hook. et Harv., en modifiant un peu, pour l'y admettre, les carac- tères génériques, Il y en a plusieurs en effet qui lui sont communs avec le Ballia, tels que la consistance, la couleur, sa facilité à verdir sous l'action des rayons solaires et son parasitisme constant. J'ai déjà recueilli plus de 40 Callithamnion, dont quelques-uus, de la plus remarquable élégance, acquièrent de grandes dimensions; 10 Ceramium, 3 Corynospora, 8 Griffithsia, 6 Ptilota, 3 Crouania, 3 Hanowia, 5 Horea (1), 6 Rhabdonia, 10 Delesseria, y compris votre D. Leprieurii, 12 Nitophyl- lum, 17 Wrangelia, 3 Asparagopsis, 3 Delisea, 23 Dasya, hO Polysiphonia, un seul Bostrychia, le B. rivularis, Harv., qui croit pêle-mêle avec le Deles- seria Lepricurii (2) dans la rivière Moyne à Port-Fairy ; 12 Chordariées, (1) Le genre Horea a été nouvellement institué par M. Harvey dans la publica- tion annoncée au commencement de celte detre ; il appartient aux Cryptonémées: C. M. (2) Ainsi le Delesseria Leprieurii, découvert dans la rivière de Cayenne, a €té SÉANCE DU 13 Avril 1855. 991 3 Myriodesma, 1h Caulerpa et 5 Codium. J'ai un nouveau genre de Valo- nice, allié à votre Chamædoris, mais que j'en crois distinct; je le nomme Apjonia. Tl a le port d'un individu plus grand que nature du Cladophora pellucida. Voici quel est mon futur itinéraire : Aussitôt revenu de la terre de Van- Diémen, je me propose de me rendre en mai à Sidney, et de là à Moreton- Bay, de revenir en aoùt à Sidney, et d'en partir en septembre pour la Nouvelle-Zélande, où j'espère rester environ trois mois. Si les choses vont au gré de mes désirs, je compte retourner en Angleterre par les îles Sand- wich, la Californie et l’isthme de Panama, espérant sur chacun de ces points faire de fructueuses récoltes... Adieu, mon cher ami; puissions- nous, à mon retour, nous revoir encore une fois. Tout à vous, W. H. Harvey. A la suite de cette lecture, M. Montagne met sous les veux de la Société un échantillon de Bellotia Eriophorum de Port-Werstern. MM. les secrétaires donnent lecture des communications suivantes adressées à la Société : NOTE SUR LE SCLERANTHUS POLYCARPOS, L. ?., pr M. TIMBAL-LAGRANVE. (Toulouse, 1°" avril 1855.) M. Grenier, dans les Archives de la flore de France et d'Allemagne, ct M. Gouron, dans ses notes sur la flore de Montpellier, appellent l'attention des botanistes sur une plante qu'ils prennent peur le véritable Scleranthus polycarpos de Linné : M. Grenier signale cette plante d'après M. le doc- teur Martin à Esperon, près Aumessas (Gard), d'où je l'ai reçue aussi de ce botaniste distingué; M. Godron l'a trouvée aussi à Escandorgues, près de Lodève, et à Gange, près de Montpellier. Mon ami M. Lézat, parcourant les Pyrénées pour un travail très re- marquable d'un autre genre, a eu l'obligeance de récolter pour moi des plantes sur les sommets les plus élevés ; dans ses récoltes de l'année 1853 j'ai trouvé, à mon grand étonnement, le Scleranthus polycarpos de MM. Gre- nier et Godron exactement conforme à la plante du midi; M. Lézat a trouvé cette plante encore peu connue, en juillet 4853, sur la montagne de Basibé, près le port de Castanèze, sur les débris des roches schisteuses. La montagne de Basibé est située à 2117 mètres au-dessus du niveau de la mer, à peu près à la même hauteur que le port de Vénasque, qui est un successivement retrouvé à West-Point, dans l'Hudson, puis sur les côtes de Ja Nouvelle-Zélande, et enfin dans cette nouvelle localité indiquée par M. Harvey. C. M, 2922 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des points les plus élevés du centre de la chaine ; elle est cou verte de neige, comme cette dernière, pendant quatre ou cinq mois de l'année; cette loca- lité, bien différente de celles signalées par les savants botanistes que j'ai déjà cités, offre un grand intérêt au point de vue de la géographie de cette plante ; elle contraste singulièrement avec le sol, le climat, l'altitude de la région méridionale, où l'on a jusqu’à ce jour trouvé cette espèce. Tous les botanistes ne sont pas encore convaincus que ce Scleranthus re- présente exactement le Scleranthus polycarpos de Linné. Comme l'a très bien fait observer M. Grenier, la phrase diagnostique du Species ne se rap- porte pas exactement à notre espèce, et l’on pense avec raison, je crois, que si Linné avait counu notre plante, il n'aurait pas manqué d'ajouter à sa diagnose le mot uncinatis, qui compléterait la phrase, et qui caractériserait parfaitement la plante que nous avons en vue ; il n’y a done en réalité, en faveur de la réunion de notre espèce avec celle de Linné, que la localité de Montpellier, citée par lui, d’après les échantillons envoyés par Sauvage à cet illustre botaniste, et encore ici ne peut-il pas y avoir confusion ? A tous ces faits déjà connus, j'en ajouterai un nouveau, dont n'ont parlé ni M. Grenier ni M. Godron, et qui m'a été révélé par l'étude de la plante des Pyrénées : Linné, et après lui Reichard (1), décrivaient le Scleranthus polycarpos comme annuel, tandis que celui des Pyrénées, et sans doute celui du midi, sont bisannuels. Peut-être même leur durée est-elle encore plus longue. Les échantillons rapportés par M. Lézat sont plus robustes, les tiges sont plus grosses et plus fermes que celles des échantillons de M. Mar- tin. Néanmoins les caractères floraux sont exactement les mêmes. De tous ces faits on peut conclure que de nouvelles observations sont né- cessaires pour élucider cette question difficile, et contrairement à l'opinion de MM. Grenier et Godron, il ne faut pas se hâter de faire cette réunion. Je préfère conserver provisoirement à cette plante le nom de Scleranthus uncinatus que M. le docteur Martin lui avait donné, parce qu'il représente exactement son caractère le plus saillant, en attendant que de nouvelles preuves soient produites en faveur de cette réunion, qui, dans l'état actuel de nos connaissances, ne me paraît pas fondée, M. Cosson fait remarquer que M. J. Gay a observé aux environs de Paris une forme de Scleranthus annuus presque identique avec le S. polycarpus. M. Cosson ajoute que, dans ses voyages en Algérie, il a fréquemment rencontré dans les montagnes le Seleranthus polycarpus, qui ne lui parait pas suffisamment distinct du S. annuus pour constituer une espèce à part. (1) Je ne citerai pas les botanistes après Linné : presque tous n'ont fait que copier la phrase du Species, SÉANCE DU 43 AVRIL 1855. 293 NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES OU CONTROVERSÉES DE LA FLORE DE FRANCE, par M. le colonel SERRES. (La Roche des Arnauds près Gap, 22 mars 4855.) J'ai rencontré, en 1854, autour de Gréoulx (Provence), sur les confins des départements des Basses-Alpes et du Var, deux plantes, dont l'une est entièrement nouvelle, et dont l’autre n'a encore été signalée, à ma con- naissance, dans aucune flore générale ou locale de France, savoir: Galium vero-cinereum. Cette espèce, comme son nom l'indique, est une hybride des G. verum, L., et G. cinereum, All., au milieu desquels je l'ai rencontrée, croissant au centre d'un tapis de G. cinereum ; elle conserve beaucoup des caractères du G. verum. L'hybridation s'est bornée à lui faire perdre : 4° la couleur de ses fleurs, qui d'un jaune doré sont passées à un Jaune påle et sordide ; 2° la forme de sa panicule, qui de serrée et pyra- midaie qu'elle est dans le G. verum est devenue plus ouverte et plus ample, Du reste, ses fleurs sont très nombreuses, et ses feuilles n'ont presque rien pris de cette couleur glauque-cendrée, qui fait reconnaitre au premier coup d'œil le G. cinereum; elle est très rare à Gréoulx, quoique ses deux parents y soient très abondants. Juillet 1854. Centaurea collino-scabiosa, Schiede ; C. sordida, Willd. Celle-ci est fré- quente dans la localité citée. Elle est évidemment une hybride des C. Sca- biosa et collina, L., en société desquels on la trouve partout, Elle fleurit trois semaines après le C. collina, et huit jours seulement après le C. Sca- biosa, dont elle conserve la taille et le port. Au reste, on rencontre, outre les deux variétés, œ Lutescens et B purpurascens, signalées par Koch, Synops. fl. germ., ed. 2, p. 474, plusieurs autres nuances intermédiaires. Ainsi, lorsque les fleurs se rapprochent davantage, par leur couleur, de celles du C. collina, les cils des appendices de l'involucre demeurent à peu près semblables à ceux du C. Scabiosa (même le cil supérieur à peine épineux); quand au contraire les fleurs sont légèrement purpurines, et s'éloignent moins de la couleur de celles du C. Scabiosa, alors le cil extrème se trans- forme en une épine robuste et vulnérante, comme dans le C. collina. Juil- let 1854. J'ai distribué, depuis deux ans, un assez grand nombre d'exemplaires de deux //ieracium de nos Alpes de Gap, que je crois nouveaux. Cependant, comme ce genre n'est peut-être déjà que trop surchargé d'espèces, on ne les admettra, si l’on veut, qu'à titre de varietes, Hieracium Pseudo-prenanthes (inédit). Cette espèce vivante est une des plus belles et des plus élégantes du genre. Elle appartient, comme son nom l'indique, au groupe de l'//. prenanthoides, Vill., avec lequel on ne peut la confondre, à cause de la forme de ses feuilles, qui ne sont nullement pandu- 22h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. riformes, et de sa panicule, dont les rameaux et les pédoneules sont dressés et point dévariqués. Mais elle ressemble davantage, surtout quand elle est desséchée, à l M. cydoniæfolium, Gren. et Godr., Vill.? Elle en diffère : 1° par l'époque de sa floraison, d'un grand mois plus tardive, bien qu'elle croisse dans des lieux plus chauds et bien moins élevés ; 2° par le mode de végéta- tion de sa souche, qui ne produit qu’une tige solitaire, tandis que lH. cydo- niæfolium se présente chez nous en gazons denses formés d’un assez grand nombre de tiges fleuries ; 3° par ses feuilles plus minces, moins serrées, et d'un vert très gai en dessus ; 4° par sa tige gigantesque, de 4 mètre et plus, parfaitement lisse et douce au toucher, jusqu’à la naissance des rameaux, portant une panicule bien plus ample, plus ramifiée, à divisions souvent chargées dans leur longueur de petites calathides sessiles et avortées indé- pendamment de celles qui les terminent, et qui sont moins grosses que celles de! H. cydontæfolium. Elle vient dans les taillis subalpins de Combe-Noire à Menteyer, près Gap. Septembre. Hieracium glareosum (inédit). Celui-ci, qui me parait avoir le même mode de végétation que l H. obliquum, Jord., a de plus d'intimes rapports avec les H. tridentatum, Fries, et rigidum, Koch.; on en jugera par la des- cription suivante, faite sur la plante vivante. Calathides nombreuses, en corymbe dressé-fastigié, resserrées au milieu et ventrues à la base pendant l'anthèse, puis resserrées à leur sommet après la floraison ; rameaux et pédoncules bractéifères étalés-dressés, blanchâtres- tomenteux, sans poils simples ni glanduleux. Péricline à folioles légèrement tomenteuses, obtuses sur le frais (paraissant subaiguës après la dessiccation), dénuées de poils simples ou gianduleux, porrigées et toutes très serrées- appliquées (sur le frais), concolores et un peu verdâtres dans la plante vivante, un peu pâles au bord après la dessiccation, et ne notrcèssant pas. Styles fauves. Corolles à dents glabres. Tige très feuillée, droite, roide, très cassante dans sa moitié inférieure, velue dans le bas, plus ou moins pubes- cente ou presque glabre dans le haut, de 8-12 décimètres. Feuilles d'un vert un peu sombre, ovales-lancéolées, arrondies à la base, exactement ses- siles, plus ou moins pubescentes, presque entières où munies de quelques dents très courtes glanduliformes, les caulinaires inférieures seules obscu- rément rétrécies en pétioles, et desséchées au moment de l’anthèse, Croit en abondance dans un taillis sur les délaissés d’un torrent à la Roche, près Gap, seule localité de nos Alpes où il ait été observé jusqu'ici, Août. Observ. Dans ce même bois taillis s’est propagé depuis quelque temps l'A. lanceolatum, Vill. (selon moi). Syn. H. elatum, Gren. et Godr., non Fries, M. jurassicum, Griseb. Monog., /1. cydonicæfolium, hort. genevensis, vill. ? Je pense que les auteurs francais et allemands, depuis Villars, ont fait SÉANCE DU 13 AVRIL 1855. 995 erreur en donnant pour synonyme à l'H. Pseudo-cerinthe, Gaud., l'A. cerin- thoides, Vill., en effet, c'est à peine si dans leurs descriptions ils signalent une différence essentielle entre les H. amplexicaule, L. , et Pseudo-cerinthe, Gaud., tandis que Villars ne rapproche nullement sa plante del H. amplexi- caule, et ne dit nulle part que sa tige et ses feuilles soient glanduleuses. Il a même soin d'avertir que la var. B a de l'analogie avec l'H. prenanthoïdes. C'est done dans un groupe plus voisin de ce dernier qu’il faut chercher l'espèce de Villars: je crois fermement l'avoir trouvée. Flle est très rare dans nos montagnes des Hautes-Alpes: je ne l'ai que des monts Viso et Aurouse. Voici le nom que je propose pour cette plante, et la diagnose qui lui convient : Hieracium Villarsii ; H. cerinthoides, Vill., non L. Calathides petites en corymbe un peu resserré. Rameaux et pédonceules gréles, dressés, chargés de quelques poils étoilés, distants, et de poils simples, la plupart non glan- duleux. Péricline à folioles égales, obtuses et appliquées, très légèrement tornenteuses, et médiocrement velues, non glanduleuses. Dents des ligules glabres (vierges, obseurément ciliolées). Styles fauves-noireissants, feuilles minces, distantes, d'un vert un peu glauque, velues aux bords, médiocre- ment sur les deux faces, nullement glanduleuses ; les radicales nulles au moment de l’anthèse, les inférieures oblongues-lancéolées, les caulinaires moyennes et raméales ovales, aiguës, élargies à la base, toutes denticulées, en cœur et embrassantes. Tige assez grêle, à peu près également velue dans toute sa longueur, de 3-4 décimètres, souvent rameuse dès le milieu, et n'offrant que quelques très rares poils glanduleux dans sa panieule, lesquels ne sont nullement jaunes-aqueux (glandulæ aquose luteolæ, Koch.). M. Blanc, juge au tribunal de Gap, à qui nous devons déjà la décou- verte au mont Seüse d’une des plantes les plus rares d'Europe, Geum hetero- carpum, Boiss., m'a communiqué l’ Hieracium suivant, trouvé par lui dans les fentes des roches calcaires qui couronnent la même montagne des envi- rons de Gap. Cette belle espèce est voisine des H. amplexicaule, l., et Pseudo-cerinthe, et me parait pourtant distincte de l'un et de l'autre. Hieracium Blanci, inédit; H. Pseudo-cerinthe, Gren. et Godr., en partie. Tige feuillée, velue-scabre, à poils courts, très glanduleuse au sommet (nul- lement dans son milieu ni dans le bas), terminée par un corymbe assez court, Pédoncules pubescents et fortement velus-glanduleux. Feuilles trés amples, très minces-membraneuses (comme du papier de soie), vertes, un peu pâles en dessous, nullement glanduleuses, presque glabres, ou munies seulement aux bords et sur la face inférieure de très petits poils fins; les radicales longuement atténuées en pétiole ailé et poilu, largement laneéolées, aiguës, denticulées au-dessous du milieu, les caulinaires conformes trés lar- gement amplexicaules, mais non échancrées en cœur a la base, les supé- rieures ovales-Jancéolées, acuminées. Péricline fauve, pubescent et velu, à 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. poils fortement glanduleux, mêlés de quelques poils plus courts et noirceis- sants, à folioles aiguës. Dents des ligules ciliées, Styles fauves. La tige de celte plante est robuste, haute de 4-5 décimètres, très velue-laineuse au collet, Elle a dû être également communiquée par M. Blance à MM. Grenier et Godron. Dans le cas où ces savants auteurs lui auraient déjà assigné un autre nom dans le supplément de leur Flore, je leur céderai la priorité avec la juste déférence qui leur est due. M. Cosson, vice-secrétaire, donne lecture de la lettre suivante, qui Jui a été adressée par M. l’abbe Questier : LETTRE DE M. Fabbé QUESTIER. Thury-en-Valois (Oise), mars 4855. Monsieur, à l'occasion de l Equisetum sylvaticum, L., dont je me suis em- pressé de vous annoncer la découverte, et qui n'aurait été jusqu'ici indiqué aux environs de Paris que par suite d'erreurs de détermination, vous me demandez quelques détails sur la station de cette plante. — Pour vous satisfaire, je vais entrer dans quelques explications topographiques. La forêt de Villers-Cotterets ne forme pas une agglomération compacte et à contours plus ou moins réguliers, comme plusieurs autres, comme sa voisine, celle de Compiègne, par exemple. Après tous les morcellements que lui ont fait subir les populations environnantes, sa configuration générale, en laissant de côté beaucoup d'irrégularités secondaires, est à peu près celle d'un U, s'ouvrant à l'ouest. La partie gauche et la base de l'U présentent la plus grande épaisseur, et aussi le plus grand nombre d'irrégularités, c'est- à-dire le plus grand nombre d'angles rentrants et saillants. Cette partie, en tenant compte du buisson de Tillet, qui, d’ailleurs, depuis la plantation des bruyères de Gondreville, n'est plus distinct de la forêt, s'étend de l'est à l'ouest, depuis Lévignen (Oise), jusqu'à Longpont (Aisne), sur une longueur d'environ 24 kilomètres. L'autre partie, ou le côté droit de l'U, s'étend du sud-est au nord-ouest, à peu pres sur une égale longueur, depuis Longpont jusqu'à l’Essart-l'Abbesse (commune de Morienval, Oise), point qui sépare la forèt de Villers-Cotterets de celle de Compiègne. La pre- mière partie est entrecoupée de vallons et de coteaux; la seconde est une colline continue, d'où lui vient le nom de Col-de-Retz, d'ou vient à son tour le nom de Villers-Cotterets ( Fillare ad collum Retie, V iers-col-de-Retz), qui se trouve au fond de l'U, ou du fer-à-cheval, mais plus rapproché de la partie nord. Or, pour en venir à l Equisetum sylvaticum, c'est à lest de Villers-Cot- terets, à la base de FU, ou du fer-à-cheval, sur un plateau boisé, humide, SÉANCE DU 13 Avril 1855. 997 un peu au-dessous du Col-de-Retz, à une altitude de 440 à 150 mètres au- dessus du niveau de la mer (le point culminant du col, le carrefour de Bel- levue, s'élevant à environ 200 mètres), que se trouve l'£guisetum sylva- ticum, Ennuyé d'une excursion infructueuse, ayant encore un peu de temps de- vant moi, je voulais voir ce point culminant, le carrefour de Bellevue, Ne sachant comment y arriver, je m'en allai assez loin sur le chemin de Long- pont chercher la laie de Bellevue ; je la suivais depuis quelque temps, sans rencontrer autre chose d’intéressant que le Carex strigosa, qui n'est point rare dans cette partie élevée et fraiche, quand tout à coup, à la traversée de la route de Chavigny, ma vue est frappée d'une masse nombreuse et serrée d'£quisetum. J'avais tant de chemin à faire, que j'hésitais à m'arrêter, La Saison était avancée, et par conséquent l'Æquisetum méconnaissable. Pour- tant ce ne pouvait être un Zquisetum connu. Le souvenir de V Equisetum sylvaticum, indiqué aux environs de Paris par Mérat, me revint à la mé- moire. Je cueillis quelques pieds stériles, ou ne portant plus de trace de fructification, me réservant d'y revenir l'année suivante en temps opportun, C'était le 26 juillet 4853. Le 18 avril 1854, je retournai à la même localité, Je revis mon Equisetum fleuri et tout aussi abondant que la première fois ; il couvrait toute la lar- geur de la aie (4), mais sur une longueur très restreinte. Les tiges stériles que j'avais vues l’année précédente trop développées, me parurent cette fois ne l'être pas assez; je n’en cueillis qu'un très petit nombre d'échantillons, me promettant d'y revenir ; ce que je fis huit jours plus tard, le 25 avril. Dans les deux fois je cueillis près de 200 échantillons complets, car je fis une centurie pour M. Billot, et il m'en resta encore pour mes amis. Voilà, Monsieur, dans quelles circonstances je découvris d’abord, et je recueillis plus tard l’£quisetum sylvaticum, V..— Permettez-moi maintenant de ne pas quitter la forêt de Villers-Cotterets sans mentionner les autres es- pèces qui lui sont propres. Veuillez m'accompagner par la pensée pour y faire ensemble une excursion à vol d'oiseau. A l'extrémité occidentale, la garenne de Russy, qui se relie à la forêt par la garenne de Vaumoise, laquelle, bien que détachée, lui appartient, nous offre l Anemone Hepatica, 1., et l'Omphalodes verna, Mænch. Le bois de Tillet présente l’ Anemone ranunculoides, L. Passons la Tour-du-Grain , où nous aurions pourtant à faire une riche moisson de Mousses, Hépatiques et Lichens, parmi lesquels se trouveraient des espèces rares et curieuses, sans en excepter l’ Zphebe pubescens, Fr., qui se place maintenant entre les Phy- cées et les Lichens. Mais ce n’est pas l'objet de notre excursion. Contentons- (1) Laie herbue et fraîche, sur un plateau élevé, an milieu de la forêt de Villers- Cetterets, 228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nous de voir autour de ces blocs de grès le Carex humilis, le C. ericetorum, le C. arenaria, le Spergula Morisonii, Bor., que nous ne confondrons pas avec le S. pentandra, L., le Cerastium brachypetalum. Et entrons en pleine forêt. Nous ne descendrons pas jusqu’au buisson de Walligny, où nous ne trouverions plus le Trifolium aureum, Poll., que pourtant j'y ai vu et ré- collé une fois. Mais voici, sous la haute futaie qui avoisine Cuvergnon, et aussi sous celle qui est au-dessus de Boursonne, l'Androsæmum officinale, qui se représente encore dans la queue d'Ham, et de nouveau en pleine forêt du côté de Vi- vières, sur le versant nord du Col-de-Retz. Déjà aussi se montre, pour se reproduire jusqu'au delà de Villers-Cotterets, le Pyrola minor. C'est non loin de l'Androsæmum, au-dessus de Boursonne, que com- mence le Carex strigosa pour aller se multipliant, et finissant par devenir commun dans le centre de la forêt et sur les hauteurs du Col-de-Retz. J'en dirais presque autant du Polypodium Dryopteris, qui commence au Rond- des-Dames. Je ne parle que pour mémoire du Veronica montana, du Festuca gigantea, du Lysimachia nemorum, de l Asperula odorata, de l' Epilobium spicatum, que l’on rencontre presque à chaque pas dans toute l'étendue de la forêt. L’ Atropa Belladona reparait au bout de longues années partout où la futaie reçoit une éclaircie. Entre Boursonne et Villers-Cotterets, sur les ruines de l’ancienne char- treuse de Bourg-Fontaine, habite une plante alpine qui a servécu aux bons religieux : cest V Hieracium præaltum, Vill. Tout près de là commence à se moutrer une Fougère également alpestre, laquelle se retrouvera plu- sieurs fois jusqu'à l'extrémité orientale, je veux parler du Nephrodium Oreopteris, Kth. L'étang de Bourg m'a offert une fois le Zrapa natans, et la queue de Bourg le Daphne Mezereum. Mais ce joli arbuste devient de plus en plus rare, enlevé qu’il est par certains amateurs, pour ètre transporté dans les jardins, Nous ne sommes pas loin du vallon de Saint-Antoine, où nous avons à observer le Geranium pyrenaicum, le Polygala austriaca, le Digitalis lutea, le Phyteuma spicatum, le Cardamine amara, l Impatiens Noli-tangere, l Aco- nitum Napellus, V Hordeum europæum, et, en eryptogamie, l Ẹncalypta streptocarpa. Si nous voulons traverser l'Oureq, et visiter le buisson de Craisne, nous récolterons le Pyrola rotundifolia, qui ne vient pas sous la futaie. Un autre buisson, plus écarté, nous offrirait une espèce litivieuse, le Tormentilla reptans, L. Rentrons dans la forêt, et, en remontant vers Villers-Cotterets, nous ver- rons l'Alchemilla vulgaris, qui se cache dans épais gazon de la route tortueuse, SÉANCE DU 13 AvRiL 1855. 229 Sur une route parallèle, mais s’éloignant de Villers-Cotterets pour se rap- procher d'Oigny, de Dampleu, nous trouvons l' Epilobium roseuin, le Chry- sosplenium alternifolium, qui reparaîtront çà et là dans les endroits frais et élevés. Si nous inclinons encore à droite vers l’ancienne abbaye de T'ongpont, nous rencontrerons le Vaccinium Myrtillus, et le Maïanthemum bifolium, dans les sables et les bruyères, au milieu des roches de grès. Nous pouvons de là revenir à la localité de l Equisetum sylvaticum, dont nous ne sommes pas éloignés, et gravir ensuite le col de Retz, pour suivie vers l'ouest la route du Faite, dont l'extrémité orientale ne nous offrirait d'ailleurs rien d'important. Cette route nous présentera assez fréquemment, surtout au nord, le Carex maxima, et, plus fréquemment encore, le Cares strigosa. Enfin, si en traversant Ja route impériale, en face de Villers-Cotterets, que nous dominons d'une grande hauteur, nous voulons jouir de la vue de cette ville, en descendant un peu de son côté, nous pourrons observer deux Fou- gères curieuses, très rares dans cette contrée, l’ Osmunda regalis et V Ophio- glossum vulgatum. De là à la Haie-l’Abbesse, dont nous sommes encore assez loin, nous n'avons plus à constater, en fait de plantes intéressantes, que le Blechnum Spicant, le Nephrodium aculeatum et l Epilobium pa- lustre. Liste des plantes les plus intéressantes signalées dans la forêt de Villers-Cotterets. Anemone ranunculoides, L, |E. roseum, Schreb. C. ericetorum, Poll. A. Hepatica, L. Trapa natans, L. C. humilis, Leyss. Aconitum Napellus, L. Chrysosplenium oppositifo-|C. maxima, Scop. Spergula Morisonii, Bor. lium, L. C. strigosa, Huds. , Cerastium brachypetalum, [Omphalodes verna, Mænch |Festuca gigantea, Vill. Desp. Lysimachia nemorum, L. [Hordeum europæum, All. Impatiens Noli-tangere, L. Atropa Belladona, L. Polypodium Dryopteris, L. Geranium pyrenaicum, L. [Veronica montana, L. Blechnum Spicant, W ith. Polygala austriaca, Crantz. |Digitalis lutea, L. Nephrodium Oreopteris, Androsæniumofficinale, All. (Vaccinium Myrtillus, L. Kunth. Pyrola rotundifolia, L. Phyteuma spicatum, L. N. aculeatum, C. et G. P. minor, L. Asperula odorata, L. - [Osmunda regalis, L, Cardamine amara, L. Hieracium præaltum, Vill. [Ophioglossum vulgatum, L. Trifolium aureum, Poll. Alchemilla vulgaris, L. Equisetum sylvaticum, L. Tormentilla reptans, L. Daphne Mezereum, L. Encalypta streptocarpa , Epilobium spicatum, Lam. [Maianthemum bifolium, DC.| Hedw. | E. palustre, L, Carex arenaria, L. ‚Ephebe pubescens, Fr. Hors de Ja forêt de Villers-Cotterets, mais sans nous éloigner beaucoup, nous pouvons encore observer un certain nombre de plantes rares, dont quelques-unes sont même nouvelles pour la flore de Paris. Voici celles qui méritent le plus d’être signalées : 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Aconitum Napellus, L. Calamintha Nepeta, Clairv. |C. arenaria, L. Dianthus Caryophyllus, L. |Cirsium hybridum, Koch. |C. paradoxa, Willd. Linum montanum, Schleich. | Inula Helenium, L. C. teretiuscula, Good. Corydalis solida, Smith. Senecio Fuchsii, Gmel. C. elongata, L. Galega officinalis, L. Petasites vulgaris, Desf. C. digitata, L. Amini majus, L. Barkhausia setosa, DC. C. depauperata, L. Helosciadium repens, Koch. | Rumex scutatus, L. C. Mairii, C. et G. Orlaya grandiflora, Hoffm. |Maianthemum bifolium, DC. (Scirpus compressus, Pers. Swertia perennis, L. Narcissus poeticus, L. Eriophorum gracile, Koch. Cuscuta densiflora, Soy. |Galanthus nivalis, L. Cyperus flavescens, L. Willm. Liparis Lœselii, Rich. Melica nutans, L. C. major, DC. Cephalanthera ensifolia, R. |Lecrsia oryzoides, SW. C. suaveolens, Ser. Carex dioica, L. Nephrodium Thelypteris, C. Trifolii, Bab. C. Davalliana, Sm. Stremp. M. Chatin met sous les yeux de la Societé des échantillons vivants, màles et femelles, ct en fleur, du Vallisneria spiralis. Il présente, en outre, un échantillon d’ Erodium geifolium, Dest., rapporté d'Algérie par un touriste de Versailles. Cette jolie plante, qui croit abondamment sur les bords du Rummel, dans la province de Constantine, et qui fleurit pendant presque toute l'année, pourrait être cultivée chez nous comme plante d'ornement. M. Decaisne fait remarquer que celte espèce est presque inter- médiaire entre les Erodium et les Pelargonium, par l'irrégularité de la corolle et la présence d’une grosse glande à la base de l'androcée. M. Duchartre appelle l'attention de M. Chatin sur l'intérêt qu'il y aurait à examiner si les fleurs mâles du Vallisneria se détachent pour la fécondation, ou si leur pollen seul s'élève à la surface de l'eau, comme l'ont prétendu quelques auteurs. M. Moquin-Tandon fait observer que les fleurs mâles de celle plante sont disposées en un épi trés court. Ce n’est pas l'épi entier, mais les fleurs isolées qui se détachent. Il a vu, dans Je canal du Languedoc, des fleurs isolées, ainsi détachées, flotter à la surface de l'eau. M. Chatin fait ensuite à la Société la communication suivante : ÉTUDES SUR L'ANDROCÉE (deuxième partie), par M. AD. CHATIN (i). Recherches des lois ou rapports qui lient l'avortement des étamines à leur naissance et à leur maturation, — Loi d’inversion. En suivant, dans la première partie de ce travail, les rapports qui lient Lu r ` . ` , N l’ordre de déhiscence où de maturation à Pordre de naissance des étamines, j'ai été conduit à mentionner l'avortement plus où moins complet d'un (1) Voyez la première partie, au tome 1“ du Bulletin, p. 279: SÉANCE DU 48 avril 1895. 231 certain nombre de celles-ci; c'est qu'il est impossible d'assister à leur évo- lution sans constater que, chez beaucoup de plantes, une partie des éta- mines qui ont pris naissance n'arrivent pas à cet état de développement normal et complet dont le dernier terme est la déhiscence des anthères ct la dissémination du pollen. Alors on voit des étamines, au moment de Jeur apparition où formation première, semblables à celles qui les avoisinent ct qui conserveront le type, tantôt (a) dégénérer en organes propres aux ver- ticilles contigus (pétales, carpelles) de la fleur, tantôt (%) se changer en ces corps souvent glanduleux que l'on désigne souvent sous le nom de nectaires, ou s'atrophier et même disparaitre: les faits de la première catégorie (a) nous occuperont plus tard dans leurs triples rapports avec les naissances, avec les déhiscences et avec les avortements; ceux de la seconde caté- gorie (b), dans lesquels le type staminal disparait sans passer aux types voisins, forment l'objet spécial de cette seconde partie de nos recherches sur l'andrecée. Les deux points précédemment étudiés, savoir : l'ordre de naissance et l’ordre de déhiscence des étamines, étant les deux bases auxquelles je com- pare les avortements, la division suivante s'offre naturellement: 1" Rapports entre l’ordre d'avortement et l'ordre de naissance; 2° Rapports entre l’ordre d'avortement et l'ordre de déhiscence ou de maturation des étamines. Je reprends cette division. 1° Rapports entre l'ordre d'avortement et l'ordre de naissance des étamines. Quand, faisant abstraction de quelques cas, les uns mixtes, les autres peu tranchés, les derniers sans fixité ou accidentels, on jette un regard d'ensemble sur les avortements des étamines comparés à la naissance de ces organes, on reconnait qu'ici, comme dans la déhiscence comparée à la naissance, il existe des rapports de trois sortes qui peuvent être ainsi formules. Premier rapport, ou rapport inverse. — Il y a inversion entre l'ordre d'avortement et l'ordre de naissance. Ce rapport, des trois le plus commun comme le plus naturel, se rencontre parmi les plantes que nous avons vu offrir le premier rapport ou rapport direct entre la naissance et la déhiscence ; mais, tandis que dans le premier rapport des déhiscences, celles-ci suivent ou descendent l'ordre de nais- sance, le premier rapport des avortements est contraire à cet ordre on le remonte. On donnera donc une idée juste du premier rapport des avorte- ments aux naissances en disant, où qu'il y à 2nversion, ou que les étamines dernières nées sont les premières à avorter (Aquilegia, Hibbertia, Reseda, Androsace, Salvia, Orchis). 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Deuxième rapport ou rapport indépendant. — L'indépendance entre l'ordre d'avortement et l’ordre de naissance des étamines se rencontre dans un grand nombre de plantes qui offrent aussi l'indépendance entre l'ordre de naissance et l'ordre de maturation, à laquelle la première est opposée cu qu'elle remonte, de telle sorte qu'on peut dire qu'étant donnée une plante à déhiscence indépendante de la naissance, ¿es éfamines dernières mures seront les premières à avorter (Rhododendron, Scrophulacées en gé- néral). Chez les plantes isostémones à type ternaire, l'avortement se montre sans pouvoir être annoncé par le retard de maturation des éléments voisins ( Vallisneria). Troisième rapport; rapport direct ou parallèle. — J'ai vu le parallélisme entre les avortements et les naissances chez un petit nombre de plantes offrant presque toutes le rapport inverse entre l'ordre de déhiscence et l'ordre de naissance (Hepatica, Mesembryanthemum). Il ressort déjà de ces aperçus sommaires que les avortements, comme les déhiscences, offrent trois sortes de rapports qui se trouvent dans les mêmes plantes, mais avec des signes contraires. Les trois rapports se subdivisent d'ailleurs comme il suit, d'après le nombre des parties composant l'an- drocée et les modes de leur manifestation. Premier rapport, ou rapport inverse : SI. Type polystémone. A, Avortement centripète. Ex. : Hibbertia, Luhea, Sparmannia. B. Avortement centrifuge: Aquilegia, Magnoliæ sp. C. Avortement bractipète : Reseda, Pleurandra? $ IL. Type diplostémone (1). A. Avortement centripète : Linum, Ero- dium, Parnassia, Tillæa, Soldanella, Wachendorfia. B. Avortement centrifuge : Seringia, Lasiopetalum. C. Avortement bractipète : Orchis (2). D. Avortement bractifuge : Tropwæolum (3) ? S II. Type isostémone. A. Avortement bractipète : Digitalis, Salvia, Plectranthus. (1) 1l est probable qu'il n'existe ni type anisostémone ni type méiostémone pri- mitifs. Le Tropæolum et l'Orchis lui-même remontent certainement au type di- plostémone, Les fleurs de Fropæolum, accidentellement à 9 étamines, ne manquent que de l'étamine qui devrait être devant le pétale inférieur. (2) L'étamine qui existe dans la fleur des Orchis est Ja première née; Ja deuxième el la troisième nées forment les staminodes, la quatrième et la cinquième nées dis- paraissent (Payer, Traité d'organogénie végétale comparée, (9) Cas tératologiques, SÉANCE DU 13 AvRIL 1855. 233 Deuxieme rapport, ou rapport indépendant. SI. Type polystémone, A. Avortement bractipète : observé quelquefois dans le Magnolia, le Pæonia et le Capparis. S H. Type diplostémone. À, Avortement hractifuge : Pelargoniumn. B. Avor'ement bractipète : Rhododendron indicum, Pontederia. S HT. Type isostémone. A. Avortement bractipète : Verbascum (1), Calo- santhes (1), Catalpa (1), Gaudichaudia, Scrophularia, Linaria, Collinsia, Pentstemon, Bignonia, Gesneria, Gloxinia, Achimenes, Eranthemum, Schaueria, Vallisneria. B. Avortement bractifuge : Veronica (2), Lopezia. 2° Rapports entre l'ordre d'avortement et l'ordre de déhiscence des étamines. Loi d'inversion. La comparaison des avortements aux déhiscences montre : Que dans les plantes à déhiscence parallèle à la naissance Nymphéacces, Dilléniacées, etc.}, les avortements remontent l’ordre des déliiscences ou se produisent en sens inverse ; Que dans les plantes à déhiscence indépendante de la naissance (Scro- phulacées, Rhododendron, ete.), les avortements remontent aussi l'ordre des déhiscences ou se produisent en sens inverse ; Enfin, que chez les plantes à déhiscence inverse de la naissance ( Mésem- bryanthémées, Hépatique), le courant des avortements remonte encore celui des déhiscences ou marche en sens opposé. Ce qui, rapproché, revient à dire qu'il n'existe entre les avortements et les déhiscences qu'un seul ordre de rapports, lequel n’est ni parallele ni in- dépendant, mais inverse, et peut être exprimé en disant: Les éfumines qui avortent les premières sont celles appelées à mürir les dernières. Peu im- porte ici l’ordre de naissance, les étamines premières nécs pouvant tout aussi bien être frappées d'avortement (Anémones) que celles qui se seront montrées les dernières (Linum). Une conséquence du rapport qui lie l'ordre d'avortemept à l'ordre de déhiscence, c'est que non-seulement tout retard de déhiscence entre les étamines nées à la fois, et, plus généralement, tout manque de parallélisme entie la déhiscence et la naissance, mais aussi toute portion d'androcée arrivant à maturation apres les autres portions de l’ensemble, sont les signes d’une tendance à l'avortement, dont ils indiquent le sens et qu'ils annoncent où font prévoir. On est done porté à considérer toute étamine s'ouvrant apres les autres (qui ordinairement la dépassent en longueur), comme offrant le premier terme de l'avortement. Ainsi les étamines extérieures, plus courtes et der- (1) Cas tératologiques, fréquemment. (2) Les étamines antérieures ne se montrent pas. T. UI. 17 231 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nières müres du Zilia, du Geranium et du Sedum annoncent l'avortement dans le Sparmannia, l Erodium et le Crassula. Ici rentre cette remarque des illustres De Candolle et Robert Brown, que dans les fleurs diplostémones, les étamines les plus courtes sont celles qui offrent le moins de fixité. Jusqu'à présent j'ai hésité à donner le nom de Zois aux rapports qui lient à la naissance des androcées leur déhiscence et leurs avortements, mais quand je considère la simplicité et la généralité du rapport par lequel ces derniers s'enchainent aux déhiscences elles-mêmes, je dois élever ce rap- port au rang de loi, et je propose pour celle-ci le nom de loi d'inversion. La loi d'inversion, qui exprime le fait général de l'opposition de l'ordre suivant lequel ont lieu les avortements à l’ordre dans lequel apparaissent les parties de l’androcée, permet, par le fait même de cette opposition, de prévoir les avortements par les déhiscences, et réciproquement. Je prends au hasard quelques exemples : le Candollea (Hibbertia) et le Luhea à éta- mines extérieures avortées, annoncent, parmi les polystémones, les Dillé- niacées et les Tiliarées à étamines extérieures dernières müres, mais encore fertiles; l Erodium, le Diosma, \ Heuchera et l'Isnardia à un seul verticille staminal oppositi-sépale, disent que les Géraniacées, les Rutacées, les Saxi- fragées et les OEnothérées diplostémones sont proches, et que chez elles le verticille ajouté à l’androcée sera oppositi-pétale et le dernier můr, tandis que chez les isotémones et les méiostémones, nous saurons : par le Celsia à quatre étamines, que la cinquième étamine du Verbascum pourra être la dernière, mais ne sera jamais la première à mürir ; par le Salvia et le Mo- narda, que les étamines qui avortent devant leurs sépales latéraux seront les dernières à mürir chez les Labiées didynames. Réciproquement, le Tilia, le Geranium, le Saxifraga, V Epilobium, ete., à étamines extérieures de l'androcée s'ouvrant les dernières, nous apprennent que ce qui, chez eux, n'est encore que simple retard de maturation, pourra, par un arrèt plus complet de développement, devenir stérilité ou même avortement complet dans les genres voisins {Sparmannia et Luhea, Erodium, Heuchera, Isnardia et Prieurea, ete.). Allant plus loin, on peut dire, sans être témé- raire, que si l'on trouve un jour une fridée diplostémone (1), le verticille qui s’ajoutera sera oppositi-pétale, intérieur et dernier můr, et que si jamais on observe une Primulacée à dix étamines fertiles, le verticille nouveau se présentera devant les sépales où il sera extérieur (2) et le dernier à s'ou- vrr par rapport au verticille qui existe communément (3). (L) Les Hypoxidées sont-elles même autre chose que des Iridées auxquelles le verticille intérieur de Pandrocée est restitué? (9 nv: inin a , , . . , 2) L'organogénic apprend que le verticille qui avorte dans les Primulacées est extérieur, (5) Je dois citer, comme formant une exception remarquable comme faits €t comme causes à la loi d'inversion, le Pelargonium et l Aquilegia. SÉANCE DU 13 Avril 1855 239 En résumé: 1° les avortements se lient à la naissance des androcées par des rapports de trois sortes, savoir : Un rapport inverse ; Un rapport indépendant (qui est l'inverse du rapport indépendant signale dans la première partie de ces études (1) entre la naissance et la débiscence) ; Un rapport parallele. 2° IT existe entre les avortements et les déhiscences un rapport très général désigné sous le nom de loi d'inversion. 3? Les trois rapports qui existent entre les avortements et les naissances sont réciproquement inverses des trois rapports signalés entre celles-ci et les déhiscences (2). M. Fermond fait à la Société la communication suivante: - OBSERVATIONS SUR LES DÉDOUBLEMENTS, pw M. CH. FERMOND. Dans notre Mémoire sur le développement des mérithalles (3), nous avons indiqué plusieurs cas de déplacement de feuilles alternes où hélicoidées chez lesquels deux des feuilles sont tellement rapprochées que quelques au- teurs auraient eu le droit peut-être de les considérer comme étant le résultat d'un dédoublement. Nous ne serions pas revenu sur ce phénomène, qui à été parfaitement étudié ou décrit d’abord par De Candolle, et plus tard par MM. Duval et Moquin-Tandon, puis par MM. Kirschlezer et Ch. Martins, si l'observation ne nous avait conduit à penser qu'il y avait lieu de distinguer le cas de dédoublement véritable de ceux que nous venons de signaler. Lorsqu'un organe appendiculaire ou un axe se divise de manière à présen- ter du côté de la division une organisation semblable à l'organe ou l'axe pri- milifs, on doit supposer qu'il y a dédoublement ou chorise, suivant l’expres- sion de M. Dunal. Mais lorsque ces parties végélales sont des feuilles, et que ces feuilles sont nettement séparées, il est plus difficile d'assurer qu'elles proviennent d'un dédoublement; et tres souvent, en effet, elles peuvent être le résultat d'un rapprochement de deux feuilles hélicoidées, rapprochement qui, en raison de sa fréquence et de ses caractères particuliers, nous parait devoir être signalé et désigné sous le nom de plésiasmie, de mansasps, rapprochement (4). (1) Séance du 24 novembre 1854. (2) On se rappelle que ces derniers rapports sont les suivants : 1° rapports directs ou parallèles, 2° rapports indépendants, 3° rapports inverses. (3) Voyez le Bulletin, t. 1, p. 189, 239 et 307. (1) La création de ce mot nous a paru utile pour caractériser le phénomène dont il sagit. En effet, au commencement ou à la fin de la pousse annuelle de chaque branche, les feuilles restent rapprochées, mais sont toutes à peu près à égales dis- tances: il y a rapprochement et non plésiasmie ; Car ce qui caractérise essentielle- 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pour faire voir combien le phénomène que nous étudions est plus géneral qu'on ne pourrait le croire, nous donnons ici le tableau des plantes que nous avons conservées, et chez lesquelles le rapprochement des feuilles se pré- sente à un degré plus ou moins prononcé : Entre mérithalles Mérithalle court supérieur inférieur de de de Chrysanthèmes , , , . . Où 5 milim. 40 millim. 60 millim. Cydonia vulgaris .... 0—5 25 35 Cornus alba. ., . sse. 15—16 50 85 Opercularia perfoliata. . 4—5 20 23 Carpinus orientalis . ., 4—5 29 97 Ulmus campestris. . . . 0 —1 15 20 Vitis vinifera , . e.s.. 1—4 125 450 Colutea arborescens. . . 1 —6 90 40 Robinia Pseudo-acacia, . 2—6 oc 08 Ficus Carica. . . . . .. 3—4 80 100 Lagerstræmia indica . . 8—5 14-16 18 Spiræa Reevesiana. , . . 1 — 06 90 35 Reseda luteola ..... 1—6 45 60 Laurus nobilis ..... 1—5et8 60 65 Cerasus vulgaris .... 3—1 15 20 Amygdalus persica ... 10 45 50 Matus communis .... 2—5 h45 50 Rosa canina., . . , , , . 10—12 60 93 Citrus Aurantium , . . . 0—4 10 12 Bignonia radicans. . . . WM 116 119 Nous pourrions augmenter le nombre de ces exemples, mais nous les croyons suffisants pour éclairer la question qui nous occupe. Le zéro que nous employons correspond à des feuilles exsérées sur un même plan per- pendiculaire à l'axe de la tige, ce qui veut dire que le mérithalle est ré- duit à 0. On peut voir, par les exemples de Chrysanthèmes, Cydonia vulgaris, Ulmus campestris, Laurus nobilis, Vitis vinifera, Colutea arborescens, Spiræa Reevesiana, Reseda luteola, Citrus Aurantium, que les feuilles plus ou moins voisines pourraient être considérées comme le résultat d'un dé- doublement. Faut-il, en effet, les envisager de cette façon, ou vaut-il mieux les considérer comme le résultat d'une plésiasmie ? Comme il est facile de le constater sur le tableau, les mérithalles parais- sent se raccourcir ou s'atrophier de manière que les deux feuilles qui doi- vent les limiter subissent le phénomène du rapprochement, et l'on conçoit ment ce dernier phénomène, c'est la formation Wun mérithalle court entre deux autres mérithalles, inférieur et supérieur, beaucoup plus allongés que les mérithalles HOrmaux. SÉANCE DU 13 Avril 1855. 237 que ce phénomène puisse aller jusqu'à faire paraitre les deux feuilles for- mées en même temps et placées sur un même plan, et si, par hasard, l'angle de divergence de ces deux feuilles est petit, il arrivera nécessairement que la feuille supérieure viendra s’exsérer tout près et à côté de la feuille infé- rieure, et peut-être pourrait-il se produire une soudure qui indiquerait un dédoublement, alors qu'il n'y aurait que plésiasmie exagérée. Ce n'est que par des considérations tirées de la position des organes que l'on peut arriver à reconnaitre si le phénomène qui nous occupe doit être attribué à un dédoublement ou à une plésiasmie. Ainsi, par exemple, nous croyons posséder plusieurs échantillons de feuilles véritablement dédou- blées de Nerium Oleander, Citrus Aurantium, Lycium barbarum, Robinia Pseudo-acacia, Mahonia tenuifolia, Rosa canina, ete. En effet, dans le Nerium, le dédoublement ne se prononce qu'à partie des 2/3 du sommet de la feuille, et comme le verticille par 3 est complet, ainsi que celui qui le précède ou celui qui le suit, nous sommes fondé à penser que la duplicité est due à une chorise. Chez le Citrus Aurantium, nous avons trouvé deux feuilles parfaitement développées et soudées par la base du pétiole dans une longueur de 2 millimètres seulement; mais comme ici l'angle de divergence des feuilles est beaucoup plus grand que ne le com- porte ia position des deux feuilles soudées, et que d'ailleurs les mérithalles supérieurs et inférieurs paraissent avoir une longueur normale, nous sommes disposé à voir là un dédoublement. Dans le Lycium barbarum, nous avons une feuille chorisée dans plus de la moitié de sa longueur; mais, dessus ou dessous, la feuille la plus voisine existant à la place qu'elle doitoceuper, nous devons croire à une chorise. Le Robinia Pseudo-acacia nous présente deux feuilles soudées par la base dans une longueur de 58 millimètres ; mais les mérithalles inférieur et supérieur étant de même grandeur que les autres, et puisque d’ailleurs nous ne trouvons que deux stipules transformées en pi- quants de chaque côté, nous sommes conduit à penser que nous avons affaire à un dédoublement. Enfin, le Mahonia tenuifolia nous offre une double chorise de ses folioles, qui nous semble mériter de fixer l'attention. L'exemplaire que nous possé- dons est une feuille qui porte extraordinairement à sa base quatre folioles, provenant sans aucun doute du dédoublement de la première paire ; mais le limbe tout entier de l'une de ces folioles supplémentaires se trouve compris dans un plan qui passerait par les deux folioles normales et le long du rachis, tandis que l’autre, supérieur à ce plan, semble former avec les deux folioles normales une sorte de verticille par 3, dont le rachis serait laxe. Dans le premier cas, le dédoublement s’est fait par le côté; dans le second, il s’est fait supérieurement, c'est-à-dire suivant toute la largeur du limbe. Nous ne sachions pas que la distinction de ces deux sortes de dédou- blement, Horizontal et vertical, ait été signalée. 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Notre exemple du Xosa canina nous parait curieux en ce qu’il réunit les deux phénomènes de chorise et de plésiasmie. Nous y trouvons, en effet, un mérithalle court de 10 à 12 millimètres, limité inférieurement par trois feuilles placées à peu près sur le même plan horizontal, et supérieurement par une feuille dont l’exsertion est plutôt verticale qu'horizontale. Ce méri- thalle court est compris entre un mérithalle supérieur de 60 millimètres et un mérithalle inférieur de 93 millimètres. Des trois feuilles inférieures for- mant une sorte de verticille incomplet, deux sont soudées dans la longueur des stipules, l’autre est parfaitement libre. Chacune de ces quatre feuilles, chorisées ou non, possède son bourgeon à son aisselle, excepté la feuille oblique, qui a son bourgeon placé sur le bord droit de sa stipule; tandis que, dans le cas de la feuille d'Oranger complétement chorisée, nous ne trouvons qu’un seul bourgeon. Faut-il considérer le rapprochement de ces quatre feuilles comme le résultat d'un dédoublement plusieurs fois répété, d'une plésiasmie, ou d’une chorise et d’une plésiasmie réunies ? Nous avons reconnu qu’en général, lorsque la plésiasmie se produit, les mérithalles qui sont immédiatement placés dessus et dessous le mérithalle court sont plus allongés que les mérithalles normaux, et se partagent en quelque sorte la partie qui manque à Pautre; il en résulte que, si par exemple les mérithalles avaient normalement 50 millimètres, le mérithalle court n’en ayant que 10, le supérieur et l'inférieur auraient à eux deux h0 millimètres de plus que leur somme, c'est-à-dire 140 millimètres. Le partage ne se fait pas toujours également; mais la somme totale parait se rapprocher assez pour que l’on ait à peu près : m+2M 3M m représentant la longueur du mérithalle court, M’ celle des mérithalles plus allongés supérieur et inférieur au mérithalle court, et M la longueur moyenne d'un mérithalle normal (1). Revenant à l'exemple du Xosa canina, nous y voyons quatre feuilles limi- tant le mérithalle court, qui a une longueur de 42 millimètres; de plus, nous trouvons dessus et dessous deux mérithalles allongés : l’inférieur, de 93 millimètres; le supérieur, de 60 ; en tout, 165 millimètres, qui, divisés par 3, donneraient 55 millimètres. D'un autre côté, sur l'échantillon que nous possédons, nous avons, supérieurement aux trois mérithalles précités, deux autres mérithalles : l’un de 38 millimètres, l’autre de 45 — 83 milli- (4) Ilest évident que pour que cette formule ait quelque exactitude, il faut, pour avoir la valeur de M, prendre la longueur moyenne de plusieurs mérithalles déve- loppés normalement sur la même tige, dans la même saison et choisis dans des parties qui ne soient ni le commencement ni la fin de la végétation annuelle ; car la longueur des mérithalles est plus variable qu'on ne Va généralement supposé. SÉANCE DU 13 AvRIL 1855. 239 mètres, qui, divisés par 2, donnent 41 4/2 millimètres pour la longueur moyenne d'un mérithalle de cette tige. En regardant les quatre feuilles comme devant représenter trois mérithalles réduits au mérithalle court, et y ajoutant les deux autres mérithailes allongés, nous aurions cing méri- ~ , 165 ee thalles pour 465 millimètres de longueur totale, Or, — = 33 millimètres, 9 nombre inférieur à celui de la longueur moyenne des mévithalles de la branche. Mais si nous observons que deux de ces feuilles, celles qui sont soudées à leur base, pourraient bien étre le résultat d'une chorise, il en ré- sulte qu'il ne faut plus considérer le mérithalle court comme limité par quatre feuilles, mais seulement par trois, et alors, si nous admettons qu'il représente deux mérithalles, nous avons, avec les deux plus allongés, quatre mérithalles. C'est done par 4 qu'il faut diviser le nombre 165. Dans ce cas, > ~ 1 9 L A A ` ‘ on trouve que —— — h44 1/4, que l'on reconnait être très rapproché de i h1 1/2, longueur moyenne que nous avons trouvée. Nous devons done con - clure que nous avons ici un exemple de chorise et de doubie plésiasmie. Bien que de pareils exemples soient très rares, il nons a paru utile de rendre la formule plus générale, ainsi qu'il suit : mH naM —— = — M, n n n représentant autant de mérithalles moins 4 qu'il y a de fenilles liwitant le mérithalle court, plus les deux feuilles qui limitent les côtés extrêmes des deux mérithalles allongés. Une loi qui, jusqu’à présent, ne nous a paru souffrir aucune exception, c'est que le mérithalle immédiatement inférieur au mérithalle court est toujours plus allongé que le mérithalle immédiatement supérieur, comme on peut le voir en comparant les chiffres qui sont à la droite du tableau précité. Enfin, nous devons encore signaler la distinction à faire d'un état de dé- doublement que nous n'avons vu indiqué nulle part. H s’agit d'une cho- rise de rameaux de Vigne. Tres souvent, au sommet d'un mérithalle, on trouve deux rameaux ayant à peu près la même longueur et la même grosseur. Le plus habituellement, les mérithalles des rameaux chorisés, examinés chacun à chacun, suivant l'ordre de leur âge, sont sensiblement de même Jongueur, et leurs feuilles, ainsi que leurs vrilles, sont alternativement dirigées du même côté; c'est-à- dire que si la première feuille de l'un des rameaux est à droite, celle de l'autre sera pareillement à droite ; les secondes seront toutes deux à gauche: les troisièmes à droite, et ainsi de suite. Mais quelquefois les deux rameaux chorisés présentent une disposition 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, contraire. Dans ce cas, tandis que la première feuille de l'un des rameaux est à droite, la première feuille de l’autre rameau est à gauche, et les autres parties conservent le même rapport de position. Quelle est de ces deux chorises celle que l'on doit regarder comme normale? Nous conservons une tige fasciée de /obinia Pseudo-acacia qui se subdi- vise en trois rameaux, celui du milieu conservant encore un reste de fascia- tion. Les feuilles sont tombées, mais on voit néanmoins par les cicatrices qu’elles ont laissées, ou par les stipules épineuses et les bourgeons, que tous ces organes (les premiers formés) sont dirigés d'un même côté, et que par conséquent le phénomène est analogue au premier des deux que nous venons de décrire, Comme, d’un autre côté, nous croyons avoir observé ce premier mode de dédoublement plus souvent que l'autre, et qu’il semble & priori que les parties chorisées doivent conserver une position telle que l'une puisse être prise pour l'autre sans altérer la symétrie de l’ensemble, nous regardons cette chorise comme la plus normale; c'est pourquoi nous propo- sons pour elle le nom de chorise directe, tandis que l'on pourrait nommer l'autre chorise inverse, s'il était suffisamment démontré qu'aucune cause autre que le renversement de la symétrie ne présidât au second mode de dédoublement, M. Germain de Saint-Pierre se réserve de discuter dans une autre séance la question de priorité des observations de M. Fermond sur les dédoublements, qui lui paraissent identiques avec celles qu'il a déjà publiées. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M, REBOUD À M. DURIEU DE MAISONNEUVE (1). Djelfa, 25 février 1855. Dans ma dernière lettre je vous annonçais, je crois, mon départ pour l'Oued Djeddi ; cette course a été beaucoup plus émouvante que je ne m'y attendais, et pour mon compte j'ai pu sortir du combat d'Ain-Naga sain et sauf, et assister avec joie à la belle razzia du 47 octobre. A peine rentré, j'ai dû partir de nouveau pour un plus long voyage: j'ai rejoint, avec M. Colonna d'Ornano, par Messad et les dahias (2), la colonne, commandée par le colonel Dubarrail, qui campait sur les bords de iOucd En-Nza.— J'ai récolté, avant d'arriver à Guerrara, quelques plantes intéres- santes dans les nombreuses et charmantes dahias, qui font de cette partie du Sahara un pays délicieux, lorsque les pluies ont humecté le sol. C'est dans ces dahias que j'ai vu nos guides recueillir avec soin un énorme cham- (1) Cette lettre a été lue à la dernière séance, Voyez le Bulletin, t. IH, p. 176. (2) Dépressions du sol plus on moins mouillées en hiver, SÉANCE DU 43 AVRIL 1855. 241 pignon qui croit sur le Betoum (Pistacia Atlantica), et qu'ils vendent aux Mozabites pour la teinture en jaune ; ce champignon est connu des Arabes sous le nom de S’rra. — Sur les bords de Oued En-Nza j'ai fait également une récolte intéressante ; j'y ai trouvé surtout avec plaisir les gracieuses touffes d'une Rubiacée frutescente (a), et j'y ai observé une Asclépiadée en fruit (b), des Aristida (c), et une énorme quantité d'un Statice à fleurs jaunes (d), dont les feuilles radicales sont recherchées par les chameliers ; là se rencontre encore une Colchicacée (e), dont les nombreuses fleurs bien épanouies sortaient à peine de terre, et que mon collègue Dunal avait déjà recueillie dans un voyage au pays des Mozabites, — Autour de Guerrara j'ai recueilli un assez grand nombre d'échantillons d'une admirable Crucifere!f), que j'ai trouvée en fleurs et en fruit, et que les Arabes désignent sous le nom de Halga ; cette plante constitue peut-être un genre nouveau, et je me plais à le croire, quoique je ne puisse baser mon opinion sur aucune donnée positive. De Guerrara j'ai suivi la colonne de cavalerie indigène de Djelfa, laissant à une ou deux étapes derrière nous l'infanterie de Laghouat; mon atten- tion a été frappée par les belles touffes d'une Dipsacée très odorante (7), ligneuse, à petits capitules, et très recherchée par les chameaux de notre im- mense convoi ; il va sans dire que je wai pas négligé d'en faire provision, Le deuxième jour de marche nous avons rencontré les dunes (nebkha), en- viron à dix lieues avant d'arriver à la petite ville de Hadjira ; cette ville est située sur un monticule de terre rougeâtre, et est entourée de nebkhas d'un acces difficile ; dans ces sables j'ai vu réuni un assez grand nombre de plantes sahariennes, un £phedra (Alenda des Arabes), un Genista, que j'ai retrouvé dans le Souf, une Borraginée en fleur, plusieurs Graminées, des Salsolacées, un Zygophyllum (A) (Bou Greba des Arabes) à feuilles cylin- driques pleines d'eau, qui y croit en grande abondance, et enfin le Limonias- trum Guyonianum (Zeita), qui est l'un des arbustes les plus considérables des environs de Hadjira. — Nous avons fait un séjour Tune semaine dans cette oasis, et c’est là que nous avons reçu, M. Colonna et moi, les pre- mières nouvelles du combat de Megarin. De Hadjira à Tuggurt il y a deux fortes journées de marche, toujours dans le sable, jusqu'à Blidet-Hameur, oasis à quelques lieues de Temacin ; je n'ai trouvé dans cette partie de ma course que deux espèces nouvelles pour moi, un Cyperus (i) en fleur, et un charmant Anthyllis (J), qui est (a) Gaillonia Reboudiana. (f) Henonia deserti, (b) Dæmia cordata. (y) Scabiosa camelorum. (c) Arthratherum ciliatum, (h) Zygophyllum, sp. nov. ? (d) Statice Bonduellii. (i) Cyperus conglomeratus var. (e) Erythrostictus punctatus. (j) Anthyllis sericea, 212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. assez abondant autour de la petite ville d'Aleia, et entre cette dernière et Guerrara. Les environs de Temacin et de Tuggurt ne m'ont rien offert d'intéressant à recueillir, et je n'ai pas été plus heureux jusqu’à l'Oued Souf par la route du Taibat de l'est. L’Oued Souf est littéralement entouré de montagnes de sable, et les jardins sont des trous coniques au milicu desquels se trouve un puits d'eau saumâtre ; ces conditions n'empêchent pas ces villes d’être riches et populeuses. — Les dunes de l'Oued Souf renferment une énorme quantité de Fenec, petit renard fort joli, qui est, dit-on, le renard d'Abyssinie ; j'en ai pu voir un certain nombre. Nous sommes revenus dans l'Oued R'ir par Megarin : à deux kilomètres de cette oasis on retrouve la végétation des sables, maïs bientôt on rencontre des Crucifères, le Limoniastrum Guyonianum, ete. — Fe champ de bataille de Megarin m'a offert un joli petit Tanacetum (a) laineux, à odeuragréable, et une Crucifère que je crois avoir déjà recueillie entre Aïn-el-Ibel et Laghouat. De Megarin nous avons fait route avec la colonne de Laghouat, dont nous formions presque toujours l'avant-garde. Nous nous sommes dirigés sur Aleia, à travers la grande Sebkha-el-Chegga ; de là nous avons marché sur Guerrara, où nous étions le 4° janvier, par un temps assez froid ; puis nous avons gagné Laghouat, après cinq jours de marche sans puits ni fontaines ; les deux dernières marches ont eu lieu au milieu de dahias couvertes de Betoum (Pistacia Atlantica) ; je n'ai recueilli dans ce trajet qu'un Antir- rhinum (b) à fleurs carnées, formant de grosses touffes ligneuses de 60 à 70 centimètres de hauteur. De Laghouat nous avons suivi la grande route de Boghar, logeant à l'hôtel, parfaitement servis, bien couchés, dans les deux caravansérails de Sidi-Makhlouf et d'Aïn-el-1bel. — A Djelfa (1) une neige épaisse couvrait le sol, et en ce moment un vent des plus froids me fait trouver beaucoup de charme au feu des pins qui brülent à mon foyer. LISTE DE PLANTES OBSERVÉES PAR M. LE D: REBOUD DANS LE SAHARA ALGÉRIEN, pw M. E. COSSON (2; IHypeEcou{ procumbens, L, (H. glaucescens, Guss.) — Champs cultivés à Guerrara. MartrtHiora livida, DC. (Cheiranthus lividus, Delile). — Megarin, Guerrara. SAVIGNYA Ægyptiaca, DC. — Dahia de Taiquetbine près Guerrara. FarseTIA ÆEgyptiaca, Turr. s.-v. ovalis (F. ovalis, Boiss.) — Dahias entre Messad et Guerrara. — linearis, Decaisne. — Dahia d'Ouargla près Guerrara. (a) Tanacetum cinereum. | (b) Antirrhinum ramosissimum. (1) Djelfa est à 1090 mètres au-dessus du niveau de la mer, d’après MM. Renou et Mac Carthy. (2 Les plantes mentionnées dans cette liste ont été recueillies par M. tehoud, SÉANCE DU 13 AVRIL 1855. 2h3 Marcosia Ægyptiaca, Spreng. (Hesperis diffusa, Decaisne FI. Sinaic. var. siliquis longioribus.) — Megarin. * SENEBIERA lepidioides, Coss. et DR. — Dahia d'Ouargla près Guerrara. SISYMBRIUM Cinereum, Desf. — Megarin. — krio, L. Moricannia suffruticosa, Coss. et DR, (Brassica suffruticosa, Desf.!) — Bords de l'Oued En-Nsa près Guerrara. Dipcoraxis pendula, DC. var. (Diplotaxis crassifolia, DC.) — Entre Laghouat et Guerrara. — virgata, DC. var. humilis, Coss. —- Bords de l’'Oued Eu-Nsa. HENoN1A deserti, Coss. et DR. — Abondant aux environs de Guerrara et entre Guerrara et Tuggurt. HussoxiA ÆEgiceras, Coss. et DR. (H. uncata, Boiss. |1849]; Erucaria Ægiceras, Gay in Steud. Nom, [1840].) — Sables entre l’'Oued R'ir et Oued Souf. HELIANTHEMUM sessiliflorum, Pers. — Sables entre Megarin et l'Oued Souf, entre Aleia et Guerrara. TriguLus terrestris, L. — Dahia de Taiquetbine près Guerrara. ZYGOPHYLLUM, sp. nov.? — Hadjira. HaPLoPHYLLUM tuberculatum, Adr. Juss. — Guerrara. GENISTA Saharæ, Coss. et DR. — Sables entre Aleia et Guerrara, ANTHYLLS sericea, Lagase. — Bords de la Sebkha-el-Chegga, entre Aleia et Guerrara. TRIGONELLA anguina, Delile. — Dahia d'Ouargla près Guerrara. NEurADA procumbens, L. — Dahia d'Ouargla près Guerrara. Tawauix Gallica, L. — Fossés à Blidet-Hameur près Temacin, ParoxycniA argentea, Lmk. — Guerrara. PoLycarpox tetraphyllum, L. — Dahia de Taiquetbine près Guerrara. * DEVERRA scoparia, Coss. et DR. — Bords de l'Oued Zegrir près Guerrara. — * chlorantha, Coss. et DR. — Sables entre Aleia et Guerrara. * GaizLonra Reboudiana, Coss. et DR. — Bords de l'Oued En-Nsa. * ScasiosA camelorum, Coss. et DR. — Entre Aleia et Guerrara. NoLLETIA chrysocomoides, Cass. (Conyza chrysocomoides, Desf.; Conyza pulica- rioides, Coss. et DR. apud Balansa pl. exsicc.) — Megarin. * Ruanreriuu adpressum, Coss. et DR. — Abondant dans Oued Souf, Oued R'ir, et dans le district de Laghouat. Isura crithmoides, L. — Oasis de Megarin. FRANCOEURIA crispa, Cass. — Oasis de Guerrara. * ASTERISCUS graveolens, DC. (Buphthalmum graveolens, Forsk.: — Guerrara. * TANACETUM cinereum, DC. (Cotula cinerea , Delil.; Brocchia cinerea, Vis.) — Megarin. médecin du bureau arabe de Djelfa, dans l'expédition, sous les ordres de M. le colonel Dubarrail, dans le Mzab, l'Oued Rir et Oued Souf, du 17 novembre 41854 au 10 janvier 1855, Les plantes dont le nom est précédé d'un astérisque sont décrites où mentionnées dans l'article suivant, _ * * Ah SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CLADANTHUS Arabicus, Cass. — Dahia d'Ouargla près Guerrara. SENECIO coronopifolius, Desf. — Bords des fossés de l'oasis de Megarin. CATANANCHE arenaria, Coss. et DR. — Dahia d'Ouargla près Guerrara. ZoLLIKOFERIA resedifolia, Coss, (Sonchus chondrilloides, Desf.) — Sables entre l'Oued Souf et l'Oued R'ir, entre Laghouat et Guerrara. — * angustifolia, Coss. et DR. (Sonchus angustifolius, Desf.) — Dahia de Tai- guetbine près Guerrara. SawoLus Valerandi, L. — Fossés à Blidet-Hameur près Temacin et dans l'oasis d'El Assafia. Doma cordata, R. Br. — Bords de l’Oued En-Nsa. Cressa cretica, L. — Fossés à Blidet-Hameur. LarosPermux callosum, Vahl. — Abondant dans les sables de l’Oued Souf, de l'Oued R’ir ct du Mzab, Linaria laxiflora, Desf. — Dahia de Taiquetbine près Guerrara. — fruticosa, Desf, — Entre Aleia et Guerrara. ANTIRRHINUM ramosissimum, Coss. et DR. — Guerrara. VERBENA supina, L. — Guerrara. STATICE Bonduellii, Lestib. — Bords de l'Oued En- Nsa. LimoxiastrRuM Guyonianum, DR. — Tuggurt, Hadjira, Messad. PcaxraGo Psyllium, L. — Guerrara. EcamorsiLox muricatus, Moq.-Tand. (Cornulaca muricata, Delile). — Entre l'Oued Souf et Tuggurt, Megarin, dahia d’Ouargla entre Messad et Guerrara. ANABasis articulata, Moq.-Tand. (Salso'a articulata, Forsk.) — Hadjira. Emex spinosa, Cambd, — Dahias de Taiquetbine et d'Ouargla, près Guerrara, EupnorgiA cornuta, Pers. — Dahia d'Ouargla près Guerrara. — Chamæsyce, L. — Dahia d'Ouargla près Guerrara. ErTHRoTICTES punctatus, Sehlecht. (Melanthium punctatum, Cav.) — Dahia d'Ouargla près Guerrara et bords de l'Oued En-Nsa, Cyperus conglomeratus, Rottb. var. — Sables entre Aleia et Guerrara. SETARIA verticillata, P. B. — Jardin de la Casba de Tuggurt. PENNISETUM ciliare, Link, (Cenchrus ciliaris, L.; Pennisetum cenchroides, Rich.) — Bords de l'Oued En-Nsa. ÆLrrorts littoralis, Parlat. (Poa littoralis, Gouan., var. intermedius, Coss. et DR.) — Megariu, Tuggurt. ARTHRATHERUM ciliatum, Nees. (Aristida ciliata, Desf.) — Bords de l'Oued En-Nsa. — plumosum, Nees. (Aristida plumosa, L.) — Entre l'Oued Souf et Tuggurt et entre Alcia ct Guerrara. — sp. nov.? — El Arich entre Guerrara ct Hadjira. DaxToxia Forskalei, Trin. (Avena Forskalei, Vahl.) — Abondant entre Megarin et l'Oued Souf. ScHismus calycinus, Coss. et DR. (Festuca calycina, L.: Schismus marginatus, P. B.) — Guerrara. SÉANCE DU 43 avril 4855. 245 NOTES SUR QUELQUES PLANTES NOUVELLES OU RARES MENTIONNÉES DANS LA LISTE PRÉCÉDENTE, par M. E. COSSON. SENEBIERA LEPIDIOIDES, Coss. et DR. Planta annua, inferne glabra, superne puberula, caulibus sæpius plu- ribus, patentibus diffusisve, ramosis; foliis crassiusculis ; radicalibus rosu- latis, petiolatis, pinnatipartitis, lobis oblongis vel oblongo-cuneatis indivisis vel crenato-lobulatis, lobis superioribus in unicum trifidum confluentibus ; caulinis inferioribus conformibus sed lobis sæpius indivisis ; superioribus et ramealibus oblongis, indivisis, subintegris vel irciso-dentatis ; floribus minimis, in racemos primum corymbiformes dispositis, racemis axim ter- minantibus et inde quasi oppositifoliis in eodem ramo sæpe pluribus; pedicellis floribus longioribus, etiam fructiferis crectis ; sepalis ovato- oblongis, obtusis, superne membranaceo-albidis, petala subæquantibus, deciduis; petalis albis, oblongis, inferne angustatis, integris ; staminibus 6, lateralibus vix brevioribus, filamentis exappendiculatis; siliculis erectis, in racemos elongatos densiusculos dispositis, compressis, facie conveso- subdidymis, dorso concavo-planis aut fere planis, ovato-suborbiculatis, transversim latioribus, puberulis, reticulato-rugosis, basi subcordatis, apice emarginatis, sinus lobulis triangularibus stigma subsessile superantibus, valvis semen includentibus demum seorsim deciduis ; seminibus in quoque loculo solitariis, pendulis, ovatis, compressiusculis, immarginatis; cotyle- donibus linearibus, elongatis, planis, medium versus plicatis. @. Fructifera et etiam florigera 3° die novembris 1854 lecta. In locis hyeme inundatis deserti Algeriensis : in ditione Mzab prope Guerrara a doctore Reboud inventa. Par Jes silicules réticulées-rugueuses et non pas munies de crêtes, con- vexes sur la face interne ct planes ou concaves sur la face externe, le S. lepidioides appartient à la section Cotylodiseus (DC. Syst. veg. 1, 526); il se distingue du S. Nilotica (DC. Syst. veg. IlL, 527, et Prodr. 1, 203. — Cochlearia Nilotica, Delile, FL. Egypt. t. 3h, f. 2), type de cette section, et qui présente un port analogue, par les silicules plus grosses portées sur des pédicelles plus robustes et dressés, échancrées au sommet, à lobes de l'échancrure dépassant le stigmate, et non pas à sommet entier et surmonté par le stigmate. — Le genre Senchiera, par les cotylédons pliés sur eux-mêmes vers le milieu de leur longueur, et par la silieule à valves renfermant les Sraines, s'éloigne de la tribu des Lepidinec (DC. Syst. vey. 1, 521), dont il doit être écarté, ainsi que l'a fait Koch (Syn. fl. Germ. ed. 2, 80). — La forme de l'embryon, dans le genre Senebiera, est identique avec celle que présente le genre Subularia (Coss. PL. crit. 52). 2h6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. HENONITA, Coss. et DR. Calyx tetraphyllus, sepalis erectis, deciduis, duobus lateralibus paulo demissius insertis basi saccatis. Petala 4, hypogyna, indivisa, ungue lato a limbo vix distincto. Stamina 6, hypogyna, tetradynama, libera, filamentis edentulis, exappendiculatis, complanatis. Stigmata 2, in unicum obtusum subbilobum connata. Siliqua bivalvis, late linearis, sæpe inter semina irregulariter sinuato-contracta, complanata, valvis membranaceis planis nervo valido unico recto dorsali et venis anastomosantibus donatis, rostro obtuso aspermo lineari vel oblongo-lineari abbreviato. Funiculi septo tenuiter membranaceo adhærentes, apice tantum liberi. Semina plurima, uniseriata, ovato-suborbiculata, compressa, late membranaceo-marginata, lævia. Embryonis exalbuminosi cotyledones suborbiculatæ apice emargi- natæ, canaliculato-complicatæ radiculam amplexantes. — Suffrutex in deserto Algeriensi indigenus, erectus, ramosus, dumosus, glaber, caule rarnisque teretibus demum albescentibus, foliis crassiusculis carnulosis, indivisis, oblongis vel lineari-oblongis, obtusis, integris vel rarissime sinuatis, floribus majusculis, in racemum terminalem abbreviatum laxum ebracteatum dispositis, pedicellis filiformibus longiuseulis, petalis purpureo- violaceis ungue albido. Nous dédions ce genre à M. Hénon, interprète militaire, qui a concouru avec succès, pendant ces dernières années, à l'exploration botanique des environs de Biskra, et qui a bien voulu nous communiquer, avec la plante sur laquelle nous établissons ce genre nouveau, les autres espèces recueillies par lui, en 1855, dans une expédition dirigée par M. le générai Desvaux, et poussée jusqu'aux oasis les plus voisines de Tuggurt. — Le genre Henonia par la silique allongée déhiscente, par les graines à cotylédons condupliqués, appartient à la tribu des Brassicew, DC., où il doit être placé à côté des genres Moricandia et Euzomodendron (Coss. ap. Webb Ot. Hisp. hT, t. 43, et PL, crit. Ahh). — Tl se distingue du genre Moricandia par un port très différent, par les pétales à onglet large à peine distinct du limbe, et non pas à onglet allongé très étroit et très distinct du limbe, par la silique largement linéaire comprimée-aplanie rappelant celle de quelques espèces du genre Farsetia, et non pas linéaire étroite presque cylindrique ou subté- tragone-comprimée, et par les graines entourées d'une large bordure mem” braneuse, et non pas dépourvues de bordure ou à peine bordées. — Pat les graines largement bordées il est plus voisin du genre Luzomodendron ; mais il en diffère par les pétales à onglet large à peine distinct du limbe, par les étamines longues libres entre elles et non pas soudées par paires, par les siliques linéaires larges comprimées-aplanies, à valves planes mem” braneuses uninerviées, et non pas cblongues-lancéolées un peu compriméts à valves convexes à 5 nervures droites et égales. 1 SÉANCE DU 13 avril 1855. 94 Henonia DESERTI, Coss. et DR. In deserto Algeriensi haud procui a Zugqurt prope Zioua ad Oued Retem (Hénon, cum floribus et fructibus immaturis 20° die Martii 1853) ; in ditione Mzab ad meridiem trans urbem Laghouat prope Guerrara haud infrequens et ab indigenis Halga nuncupata, nec non inter (ruerrara et Tuggurt (Reboud, decembri 1854, cum floribus et fructibus maturis). GENISTA SAHARE, Coss. et DR. Frutex erectus, scoparius, a basi ramosissimus, habitu Retamam referens, ramis ramulisque subteretibus apice acutis non nunquam spinescentibus striatis, cortice glabro virescente striato ; ramis simplicibus, elongatis, vir- gatis, internodiis foliis longioribus, /ateraliter ramulos florigeros alternantes patulos emittentibus; foliis alternis, exstipulatis, unifoliolatis, sessilibus, pulvino minuto tuberculiformi ; foliolis fugacibus, lineari-oblongis pubes- centi-subsericeis; foribus apice ramorum et in ramulis sæpius fere a basi floriferis laxiuscule racemosis, racemis aphyllis 3-9-foris; pedicellis calycis tubum demum subæquantibus, supra medium bibracteolatis, bracteolis linearibus miputis cito deciduis ; calyce persistente, sparse adpresso-pubes - cente, campanulato basi subinfundibuliformi, limbo subbilabiato, labio superiore inferius subæquante bipartito lobis late triangularibus tubo sub- duplo brevioribus, Zabio inferiore tripartito lobis subæquilongis lateralibus late triangularibus medio angustiore lanceolato ; corolla decidua, lutea ; vexillo dorso sericeo-pubescente, late triangulari-ovato, ascendente, alis longiore ; alis apice sericeis, carinæ subæquilatis eaque vix brevioribus ; carina glabra, oblique obovata obtusa, demum deflexa, genitalia occultante ; ovario in stipitem attenuato, lineari-lanceolato, glabro, 6-8-ovulato ; stylo arcuato-ascendente ; stigmate terminali; fructu (immaturo) oblongo, utrin- que attenuato, stipitato, papyraceo-complanato, calyce multoties longiore. In arenosis deserti Algeriensis : ad amnem Oued Retem prope Zioua haud procul a Zuggurt (Hénon, 15* februarii 1853, florigera et vix fruc- tifera) ; in ditionc Mzab inter Aleia et (ruerrara (Reboud, florifera, 29° decembris 1854). Le G. Saharæ doit être rapporté au sous-genre Spartocarpus (Spach in Ann. se. nat. sér. 3, II, 240), section Retamospartum (Spach ap. Coss. Pl. crit. 15h); — il se distingue de toutes les autres espèces de la section et même du genre Genista par la forme du calice. ANTHYLLIS SERICEA, Lagase, Gen. et sp. 22, n. 291, non Willd. DC. Prodr. II, 170. In calcareis apricis deserti Algeriensis : haud procul a Tuggurt ad amnem Oued Retem (Hénon, florigera 44° die Februarii 1853) ; in ditione Mzab inter Aleia et Guerrara, et haud procul a Tuggurt inter Hadjira et 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Blidet-Hameur ad lacum salsum æstate exsiccatum Sebkha-el-Chegye (Reboud, florigera decembri 1854). LA. sericea n'avait encore été observe que dans le sud-est de l'Espagne, dans la province de Murcie (Lagasca, Bourgeau, pl. Esp. n. 621), qui pré- sente, comme nous avons déjà eu l’occasion de le signaler, un assez grand nombre de plantes des déserts africain et arabique. DEVERRA SCOPARIA, Coss. et DR. — D. virgata, Coss. et DR. ap. Balansa, pl. Alger. exsice. n. 4004. Suffrutex cæspitosus, rigidus, scoparius, caulibus erectis, superne ramos laterales sæpius simplices erectos vel erecto-patentes emittentibus; foliorum vaginis brevibus ovatis, late membranaceo-marginatis ; foliis infimis trisectis laciniis lineari-filiformibus brevibus bi-trisectis, caulinis inferioribus con- formibus sed laciniis sæpe longioribus indivisis, superioribus ad laciniam unicam redactis vel limbo orbatis, limbo foliorum in planta adulta evanido; umbellis 5-10-radiatis, radiis subfiliformibus; involucro post anthesim deciduo vel subpersistente, A-6-phyllo, foliolis lanceolatis; ¿nvolucellis post anthesim deciduis vel subpersistentibus, foliolis lanceolatis, glabris, alabastra juniora superantibus; petalis sub anthesi patentibus, majusculis, ovato-oblongis in lacinulam inflexam productis, nervo medio angusto, albis, glabris; antheris violaceis; stylopodiis conico-depressis, margine vix undu- lato-crenatis ; stylis stylopodia superantibus ; fructu suborbiculato, a latere compresso, pilis albis breviuseulis latiusculis villoso, jugis obsoletis, valle- culis 1-vittatis, vittis latiusculis ; carpophoro ad basim bipartito. — Octobri- Februario. In rupestribus, glareosis et collibus incultis, in Algeria interiore et aus- traliore : in monte Djebel Nifenser ! prope Melila haud procul a Constan- tine ; in ditione Batnensi loco dicto Aën- Yagout (Balansa) et ad Timegad (du Colombier); circa Biskra (Jamin, Balansa); in montium Aurasiorum regione calida prope Beni-Souik ; in ditione Mzab ad amnem Oued Zegrir prope Guerrara (Rebound). Nous avons dù renoncer au nom de virgata, que nous avions donné d'abord à cette espèce, car ce nom, ayant été appliqué par De Candolle à une variété du D. tortuosa, qui en est très distincte, eût été une cause de coufusion.— Le D. scoparia se distingue du D. tortuosa, qui a été observé dans les de- serts de la régence de Tunis (Desfontaines, Kralik), de la Cyrenaique (Pacho) et de l'Egypte (Delile, Sieber, Bové, Wiest), par les tiges émettant supé- rieurement des rameaux latéraux et non pas divisées en rameaux, par les gaines des feuilles courtes- ovales et non pas assez allongées-oblongues, pa" les ombelles à rayons ordinairement plus longs, par l'involucre à folioles lanctolées et non pas oblongues-lancéolées assez courtes, par les involucelles SÉANCE DU 43 avril 1855. 249 à folioles lancéolées glabres dépassant les jeunes boutons, et non pas ovales- oblongues, ordinairement plus ou moins tuberculeuses ou pubescentes- furfuracées sur le dus, égalant environ les jeunes boutons; par les pétales très étalés lors de la floraison, plus grands, d'un beau blanc, à nervure dor- sale étroite, glabres, et non pas à peine étalés lors de la floraison, blancs seulement sur les bords, à nervure dorsale verdâtre tres large, épaisse, tubereuleuse ou pubescente-furfuracée sur Ta face externe, — H diffère du D. chlorantha par les folioles des involueres et des involucelles caduques seulement après la floraison ou presque persistantes et non pas caduques avant la floraison; par les folioles des involucelles lancéolées, glabres, dépas- sant les jeunes boutons, et non pas ovales-oblongues, plus où moins tuber- culeuses ou pubescentes-furfuracées sur le dos, égalant environ les jeunes boutons; par les pétales plus grands, ovales-oblongs, étalés lors de la floraison, d'un beau blanc, glabres, à nervure dorsale étroite, et non pas ovales-suborbiculaires, à peine étalés lors de la flcraison, blanchâtres seu- lement sur les bords, à nervure dorsale très large, épaisse, d'un jaune ver- dâtre ; par les styles plus longs, par le fruit deux fois plus petit, à pubes- cence moins abondante, à côtes indisiinetes, et non pas un peu saillantes, par la columelle divisée jusqu'à la base et non pas seulement jusqu'au milieu. DevERRA caLoranrua Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 877. Suffrutex cæspit.sus, rigidus, scoparius, caulibus erectis superne ramosis, ramis patuls vel erectc-patentibus; foliorum vaginis brevibus ovatis late membranaceo-marginatis ; foliis infimis trisectis laciniis lineari- fililormibus brevibus bi-trisectis, caulinis inferioribus conformibus sed laciniis longioribus sæpe indivisis, superioribus ad laciniam unicam redactis vel limbo orbatis, limbo foliorum in planta adulta evanido ; umbellis 5-7- rarius 3-4-radiatis, radiis subfiliformibus ; involucro ante anthesim deciduo, sub-5-phyllo, foliolis lanceolatis: involucellis ante anthesim deciduis, foliolis ovato-oblongis, dorso plus minus tubereulato- vel pubescenti-furfu- raceis, alabastra juniora subæquantibus ; petalis sub anthesi arcuato-subcon- niventibus vix patentibus, minutis, ovato-suborbiculatis in lacinulam inflexam productis, nervo medio latissima, crassiusculo, luteo-virescente, externe dense furfuraceo-pubescente, marginibus albidis glabris; antheris luteis; stylopodiis conicis, margine depresso undulato-crenatis; stylis stylopodia subæquantibus; fructu suborbiculato, a latere compresso, pilis albis latiusenlis dense furfuraceo-subtomentoso, jugis vix prominulis, val- leculis 4-vittatis, vittis latis prominulis ; carpophoro ad medium bifido. — Maio florigera vel vix florigera a nobis visa, decembri 1854 a doctore Reboud fructifera lecta. In arenosis, in petrosis et collibus apricis deserti A!gerieusis : prope Æl T. I, i8 250 SUCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Outaia ! haud procul a Biskra (Gallerand): circa Biskra! haud infrequens (Jamin, Balansa) ; in ditione Mzab inter Guerrara et Aleia (Reboud); ad Chott-el-Chergui! inter Sidi-Khalifa et Khrider. — In pascuis deserti Tunetani circa Gabès (Kralik). Le D. chlorantha est voisin du D. tortuosa DC. par la forme des pétales, leur direction lors de la floraison, et la largeur de leur nervure moyenne, qui présente, sur la face externe, une pubescence ou des tubereules furfu- racés; il s’en distingue par les gaines des feuilles courtes-ovales, et non pas allongées-oblongues, par les rayons des ombelles ordinairement plus Jongs et pius grêles, par les folioles des involucres et des involucelles cadu- ques avant la floraison, et non pas caduques seulement après la floraison ou presque persistantes, par la nervure dorsale des pétales jaune-verdâtre et non pas verdâtre, par les styles plus courts, et par les fruits environ plus gros de moitié. — Le D. Pituranthus DC. (Pituranthus denudatus Viv. FI. Lyb. 15, t. 7,f.2) ne nous est connu que par la figure et la description fort imparfaites qu'en a données Viviani; il nous parait devoir être rap- porté à la variété virgata du D. tortuosa DC. ; car, d'après la description et la figure citées, il ne s’en distingue ni par le port, ni par aucun caractère essentiel. GaicLoniaA REBoubrana Coss. et DR. Frutex humilis, eæspitosus, tortuosus, ramosus, ramis sæpius oppositis, divergentibus, teretibus, cortice albo rimoso, ramis novellis papilloso-fur- furaceis, apice infra flores pilis patentibus hispidis; foliis ima basi solum mediante vaginula brevissima inter se et cum stipulis connexis, dimorphis ; caulinis et ramealibus lanceolato- linearibus linearibusve, subcarnosis, parce breviterque hispidis, infra subeanaliculatis nervo medio crassiuseulo, oppositis, in gemmis axillaribus conferto-fasciculatis, stipulis interpetiola- ribus utrinque sæpius 3, in vaginulis foliorum inferiorum minimis dentifor- mibus, in vaginulis superiorum herbaceis linearibus inæqualibus, intermedia breviore, lateralibus foliis 4-6-plo brevioribus ; floralibus lineari-subsetaceis eximie longeque hispido-plumosis, stipulis interpetiolaribus 8, 6 vel 5 omnino conformibus et æquilongis comitatis et inde involucra 40- 8- vel T-phylla referentibus; floribus eymosis, cymis terminalibus et in axillis foliorum superiorum semel vel bis dichotomis ramulis hispido-plumosis; involucris flores subæquantibus ; calycis tubo oblongo pilis brevibus et lon- gioribus apice glochidialis hispido, Zimbo bipartito sub anthesi brevissimo, acerescente demum in quovis mericarpio lanceolato cornu referente ; corolla longeetanguste tubulosa, extus breviter villosa, limbo subinfundibuliformi h-partito; staminibus et stigmatibus faucem excedentibus sed limbo bre- vioribus; fructu oblongo, dicocco, coecis separabilibus monospermis in- dehiscentibus. SÉANCE DU 13 avril 1855. 351 In deserto Algeriensi ad amnem Oued En-Nsa, in ditione Hzab a doctore Reboud inventa (273 die novembris 4854 florigera et fructifera). Nous dédions cette espèce à M. le docteur Reboud, qui l'a découverte, et qui, par ses recherches, a puissamment contribué à faire mieux con- naitre la végétation de la partie orientale du Sahara algérien et de la région des hauts plateaux de la province d'Alger. — Le G. Reboudiana doit étre rapporté à la section Ptilostephus (Jaub. et Spach, Conspect. gen. Gaill. in Ann. sc. nat. sér. 2, XX, 87. — Jaubertia Guillem. in Jaub. et Spach, /{lustr, pl. Or. 1,147, t. 8)en raison des involucres qui entourent les fleurs composés de feuilles florales et de stipules de même forme, presque sétacées, hispides-plumeuses, et soudées seulement à la base; mais la des- cription de cette section doit être modifiée, car le limbe du calice dans notre plante est constitué par deux pointes en forme de cornes, et non pas par plusieurs divisions sétacées plumeuses, comme dans le G. Aucherit (Jaub. et Spach loc. cit. — Jaubertia Aucherii Guillem. loc. cit.), qui était la seule espèce connue de la section. — Le G. Aucherii, plante du royaume de Mascate et de ia Perse méridionale (Aucher-Éloy, pl. exsiec. n. 4680), se distingue du G. Æeboudiana non-seulement par les divisions du calice sétacées-plumeuses de même que les divisions de l'involucre, mais encore par les involucres plus courts, par la corolle a tube plus court assez large- ment infundibuliforme au sommet, etc. SCABIOSA CAMELORUM Coss. et DR. Planta odorata, suffruticosa, cæspitosa, dichotome ramosa, caule tor- tuoso, cortice in caule et ramis vetustis rimoso cinerascente, ramis novellis elongatis pube brevissima densissima albidis; foliis subcarnosis, dense bre- vissimeque puberulis, radicalibus et infimis in planta adulta nullis, cauli- nis et ramealibus inferioribus remotiusculis, in gemmis axillaribus con- fertis, anguste oblongis inferne attenuatis, canaliculato-complicatis, inte- gerrimis, rarius dente uno alterove præditis, superioribus brevioribus linearibus; capitulis minutis, pedunculatis; dnvolucro floribus breviore, foliolis h-7, ovato-lanceolatis acuminatis, ¿ma basi concretis ; corollis ochro- leucis, subæquatibus, 5-fidis; involucelli tubo molliter villoso oblongo, te- reti-subtetragono, sulcis obsoletissimis, corona membranacea, tubo subtriplo breviore, nervis 46 prominulis simplicibus parallelis radiata, margine obsolete crenulata; calycis aristis corona bi-triplo brevioribus. In apricis deserti Algeriensis, in ditione Mzab inter Guerrara et Aleia florigera et fruetifera 29? die decembris 4854 a doctore /?eboud inventa. Le S. camelorum appartient à la section Succisa (Coult. Dips. 37. DC. Prodr. XV, 657) par l'involucelle à base non distincte du tube, par la cou- ronne membraneuse courte presque dressée, et par le calice à arêtes tres 252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. courtes. — Par le port, la forme des capitules et les fleurs jaunâtres, il est voisin du S. urceolata Desf., mais il en est très distinct par l'absence de feuilles radicales dans la plänte adulte, par les tiges sous-frutescentes, par les feuilles indivises, par les folioles de l'involuere soudées seulement à la base, et surtout par l’involucelle à tube cylindrique obscurément tétragone, à sillons presque nuls, à couronne presque droite, environ trois fois plus courte que le tube et présentant des nervures droites et parallèles, et non pas à tube tétragone rétréci au-dessous du sommet, à sillons évidents, à couronne un peu étalée, 5-6 fois plus courte que le tube et présentant des nervures anastomosées transversalement, et par le calice à arêtes 2-3 fois plus courtes que la couronne, et non pas plus longues que la couronne. RHANTERIUN ADPRESSUM Coss. et DR. ap. Jamin pl. Alger. exsicr. n. 270, et ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 1012! Suffrutex Gumosus, rigidus, ramosus, erectus, cortice candido, ramis numerosis, sæpius validiusculis, superne sericeo-tomentosis, monocephalis; foliis sparsis, glabrescentibus aut tomentellis, inferioribus oblongo-lanceo- latis, superioribus lanceolatis linearibusve, subintegris vel dentalis, non- nunquam argute pectinato-dentatis; capitulis majusculis, multifloris, hete- rogamis, flosculis concoloribus flavis, radii uniserialibus femineis longe ligulatis ligula plana angusta, disci tubulosis hermaphroditis 5-dentatis den- tibus lanceolatis; involucro subgloboso foliolis lanceolatis obtusis acutisve, arcte adpressis concavis vel apice tantum patulis, interioribus achænia ra- dii involventibus et cum eis deciduis; receptaculo plano, margine paleis donato, medio epaleaceo et alveolato, paleis subcanaliculatis; antheris ap- pendice terminali acuto, lobis inferne in caudam brevem indivisam produc- tis; achæniis linearibus, tereti-subpentagonis, longitrorsum striatis, glabris, erostribus, radii et sæpe disci exterioribus epapposis, disci papposis pappo e setis 5 vel abortu 3-4 composito, setis inferne integerrimis ad apicem utrinque barbellatis. In arenosis et rupestribus deserti Algeriensis : prope Biskra! (Prax, Jamin, Balansa); Æ? Ouar (Hénon); Bagnou prope Boucada (Dujardin); ad Laghouat (Geslin); in ditione Mzab frequens (Reboud). Le R. adpressum diffère du R. suaveolens (Desf. A4. IT, 291, t. 240), qui n'a encore été observé que dans la régence de Tunis (Sfax [Desfon- taines]; Nadour, Gabès, Djebel-Aziza [Kralik]), par les capitales subglo- buleux ordinairement deux à trois fois plus gros, par les folioles de j'invo- lucre lancéolées obtuses étroitement imbr iquées, ou aiguës un peu étalces au sommet, et non pas à folioles lancéolées-subnlées dans leur partie supé- rieure et fortement arquées presque réfléchies, et par le réceptacle nu au centre, et non pas muni de paillettes dans toute sa surface. — Quelques SÉANCE DU 13 avri 1859. 253 échantillons du Æ. adpressum nous ont présenté des capitules qui, par leur volume et leur forme, se rapprochent de ceux du Zè. suaveolens; mais, même dans ces échantillons, nous avons trouvé le réceptacle dépourvu de paillettes dans sa partie centrale. — Dans les deux espèces, les akènes de la circonférence sont seuls renfermés dans les folioles intérieures de l'involucre ; les autres sont appliqués sur les paillettes canaliculées qui les recouvrent, mais sont libres et se détachent du réceptacle indépendamment des pail- lettes. ASTERISCUS GRAVEOLENS DC. Prodr. V, 486. — Buphthalmum graveolens Forsk. Fl. Ægypt.-Arab. deser. 454. Vahl Symb. 1, 74, t. 19. Delile Egypt. illustr. n. 847. In deserti Algeriensis ditione Mzab prope Guerrara (Reboud). Cette plante n'avait pas encore été observée en Algérie; elle n’était indi- quée que dans les déserts de l'Egypte, près du Caire (Delile, Sieber), et près de Suez, et dans le désert Sinaïque (Bové). TANACETUM CINEREUM DC. — Cofula cinerea Delile Egypt., t. 47, f. ie — Brocchia cinerea Vis. In arenosis et glareosis deserti Algeriensis : prope Biskra (Hénon); ad Megarin prope Tugqurt [Reboud). Cette plante n'avait encore été observée que dans les déserts de l'Égypte (Delile, Sieber) et de la péninsule Sinaïque (Bové). CATANANCHE ARENARIA Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 756. Planta annua, caulibus patenti-diffusis, sæpius flexuosis; foliis villosis, linearibus, integris, pinnatilobis vel utrinque lobis linearibus 1-2 præditis, inferioribus rosulatis, caulinis sæpius indivisis; čnvolucri foliolis etiam interioribus ovatis abrupte cuspidatis; flosculis discoloribus, luteis cæruleo- variegatis; pappi setis basi in membranam ovatam integram seta multo bre- viorem dilatatis. — Aprili-Maio. In arenosis et collibus apricis deserti Algeriensis : prope Biskra (Jamin, Balansa); Joco dicto Dahia de Ouargla prope Guerrara (Reboud); prope Brezina (Segrétain), — In pascuis deserti Tunetani prope Gabès (Kralik). Cette espèce, par sa racine annuelle, se rapproche du C. lutea, mais elle en est très distincte par les tiges étalées-diffuses, souvent flexueuses, par les écailles de l'involuere, mème les intérieures, ovales brusquement cuspi- dées, et non pas lancéolées, insensiblement atténuées, par les fleurons disco- lores, et non pas jaunes, par la forme des soies de l'aigrette, ete. 254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ZOLLIKOFERIA ANGUSTIFOLIA Coss. et DR. — Sonchus angustifolius Desf.! Atl. II, 225 in herb. Mus. Par. — Rhabdotheca angustifolia C. H. Schultz in herb. Mus. Par. Planta annua vel biennis, sæpius cæspitosa, radice longa fusiformi cras- siuscula; caulibus pluribus, rarius subsolitariis, sæpius diffusis, fere a basi ramosis, ramis divergentibus, monocephalis, bracteatis, ante et post anthe- sim apice arcuato-nutantibus ; foliis glaucescentibus, subcarnosis, glaberri- mis; radicalibus rosulatis, pinnatipartitis, rachi lineari,‘ laciniis linearibus dentatis vel subintegris remotis inæqualibus apice albo-callosis; caulinis inferioribus basi late auriculata subamplexicaulibus, pinnatifidis, rachi lobis confluentibus lata sæpe dentata ; superioribus sæpius indivisis; capi- tulis majusculis, ante et post anthesim nutantibus, ovato-subglobosis; invo- lucri foliolis apice albo-callosis, adpressis, exterioribus subpatulis ovatis vel suborbiculato-apiculatis, interioribus oblongo-lanceolatis, omnibus post achæniorum delapsum reflexis ; receptaculo nudo; achæniis brevibus, eros- tribus, tetragonis, angulis late membranaceo-alatis alis tenuibus fimbriatis, et inter angulos costulatis, costulis 8 subalato-membranaceis, alis fere ad basim in pilos fimbriatis ; achæniis interioribus non nullis sterilibus, linea- ribus, tetragonis, ima basi cornubus 4 brevibus instructis; pappo sessili, multiseto, multiseriali, densissimo, molli, candidissimo. In deserti Algeriensis glareosis, calcareis vel argilosis, præsertim in locis hyeme inundatis vel humidis : Biskra (Jamin pl. Alger. exsice. n. 263 sub nomine Z. pumila; Balansa pl. Alger. exsice. n. 1015, florifera et fructi- fera 42° aprilis 1853, sub nomine Sonchus Lybicus Spach ined.); loco dicto Dahia de Taiquetbine prope Guerrara (Reboud, florifera et fructifera 23° novembris 1854.) — In deserto Tunetano prope Cafsa (Desf.) et prope Gabès (Kralik). Cette espèce se distingue des autres Zo/likoferia par la racine annuelle ou bisannuelle, et surtout par la forme remarquable des akênes; elle est le ‘type d’un sous-genre, pour lequel nous proposons le nom de Lophocarpus ; elle n'avait été placée dans le genre Sonchus, à côté du S. arvensis, par Desfontaines et De Candolle, qu’en raison de l’état imparfait des échantil- lons que ces auteurs avaient eus à leur disposition. ANTIRRHINUM RAMOSISSIMUM Coss. et DR. ap. Jamin pl. Alger. exsicc. n. 254, et ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 843. Planta suffruticosa, ramosissima, cæspitosa, habitu Serophulariam ra- mosissimam referens, glabra, cortice in caulis parte inferiore cinerascente rimosa, ramis numerosis sæpius divaricatis intertextis demum spinescenti- bus; foliis paucis, alternis, linearibus, integerrimis; floribus solitariis, pedicellatis, pedicellis bractea multo longioribus, in racemos virgatos elon- gatos laxos dispositis; calycis laciniis lanceolatis acutiuseulis, glabris ; SÉANCE DU 13 Avril 1855. 255 corolla carnea, personata, tubo basi saccato, labio superiore erecto bilobo lobis reflexis, inferiore patenti-reflexo trilobo lobis lateralibus triangulari- bus medio triangulari-lanceolato longiore, palato amplo barbato faucem claudente ; antheris bilobis, lobis subglobosis ; capsula globoso-subdidyma, loculis subæqualibus poro unico pluridentato dehiscentibus; seminibus majusculis, angulatis, facie exteriore convexis cristato-subalveolatis, facie interiore concaviusculis haud cristatis, testa punctato-tuberculata. In rupestribus et apricis deserti Algeriensis : prope Biskra in præruptis ad montem Montagne de sable dictum (Jamin, Balansa, aprili-maio flori- gerum et fructiferum); in ditione Mzab prope Guerrara (Reboud, decem- bri 1854 fructiferum et vix florigerum). L'A. ramosissimum se distingue de toutes les autres espèces du genre par son port remarquable, par le lobe moyen de la lèvre inférieure de la corolle plus long que les latéraux, par la capsule régulièrement globuleuse presque didyme, et par la forme des graines. ERYTHROSTICTUS PUNCTATUS Schlecht. in Linnea (1826) 90. Kunth Enum. pl. IV, 454. — Melanthium punctatum Cav. Ic. et. deser. VI, 6h, t. 588, f. 1. In petrosis arenosisque deserti Algeriensis : ad amnem Oued Djeddi prope Biskra (Hénon, 10 febr. 1853); in ditione Mzab prope Guerrara loco dicto Dahia d'Ouargla et ad amnem Oued En-Nsa (Reboud 23 de- cembr, 1854). Cette plante, qui n'était indiquée qu'aux environs de Mogador, a été trouvée récemment non-seulement dans le Sahara algérien, mais encore en Espagne, près d'Almeria (Lange sub nomine Erythrostictus Europæus), et dans plusieurs localités de la Palestine par MM. de Saulcy et Michon. M. de Schæœnefeld, secretaire, donne lecture de la note suivante, adressée à la Société : EFFET DE LA LUMIÈRE SUR LES PLANTES SUBMERGÉES, par M. EUGÈNE ROBERT. (Bellevue, 26 janvier 1855.) Tout le monde connait l'effet de la lumière sur la végétation; on sait combien les plantes la recherchent, soit qu'elles croissent à l'air libre ou qu'on les tienne renfermées dans des lieux obseurs où, cependant, doivent pénétrer quelques rayons lumineux. Des expériences ont prouvé que si l'on intercepte la lumière du soupirail d'une cave, en laissant pénétrer l'air par une ouverture semblable, ou si l'on fait l'inverse, en permettant seulement à la lumiere d’arriver, les tiges se dirigeront toujours vers la lumiere, L'air qui arrive de l'exterieur dans l'interieur d'une cave parait 256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. donc étranger à la direction que prennent les tiges. L'observation suivante me semble bien devoir confirmer ce fait. Ayant, cet hiver, submergé au fond d'un bassin renfermé dans une serre tempérée, des pieds de Ranunculus aquatilis, j'ai vu toutes les tiges et les feuilles à folioles capillaires se diriger constamment vers la fenêtre de la serre, devant laquelle le bassin était placé. J'ai répété plusieurs fois l'expé- rience, en ayant soin chaque fois de mettre les tiges et les feuilles du côté opposé ; et, après un certain laps de temps, variable suivant l’état du ciel, elles avaient toutes repris leur première place. J'ai cru devoir noter ce fait, parce que l’eau, dans laquelle le phénomène s’est passé, devait être un écran bien meilleur que celui de la fermeture d'un soupirail, pour savoir jusqu'à quel point l'air pouvait agir sans le concours de la lumière sur la direction des tiges. ` M. Germain de Saint-Pierre fait à la Societe les communications suivantes : NOUVEAUX RENSEIGNEMENTS SUR LE MODE DE VÉGÉTATION DE L'ALLIUM MAGICUM, pr M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans ma précédente communication sur la feuille gemmipare de l' Allium magicum, je n'avais pu, vu l'état incomplet de l'échantillon desséché qui m'était parvenu, préciser la situation de la feuille gemmipare. J'avais pu seulement affirmer que cette feuille, dont le limbe donne insertion à un bulbille, fait partie de la spirale des feuilles du bulbe florifère et que sa base est une véritable tunique embrassante, semblable aux autres tuniques. Un bulbe vivant, qui vient d'être trouvé dans les importantes collections rapportées l'année dernière d'Algérie, par M. Kralik, et qui m'a été com- muniqué par M. Kralik et M. E. Cosson, me permet d'en compléter l'étude. — Cet Alliun, recueilli aux environs de Bône, sous le nom d'A. nigrum, par M. Letourneux, procureur impérial à Bône, présente une forme intermédiaire entre l'A//ium nigrum type, et l'A. magicum décrit par Linné et par De Candolle, et dont j'ai précédemment entretenu la Société. Cette forme intermédiaire, décrite et figurée par Clusius, en 1601, et par Brotero, en 1816, démontre manifestement que Allium magicum est une déformation de l'A. nigrum ; cette variété présente la hampe dressée, robuste, à ombelle florifere hémisphérique, dépassant longuement les feuilles, qui caractérise V'Allium nigrum type; et elle présente, d'autre part, la feui'le gemmipare que Linné et, apres lui, De Candolle regardaient comme propre à leur A. magicum (forme à bampe bulbifère et plus courte que les feuilles). La plante recueillie à Bône ne m'a pas fourni des renseignements moins SÉANCE DU 13 avril 1855. 257 précieux sur le phénomène organographique qui fait l'objet principal de cette étude, que sur la détermination spécifique, qui n'est ici qu'une ques- tion incidente. — L'examen de ce bulbe, comparé à celui que j'avais pré- cédemment étudié, m'a démontré que : chez la plante à hampe florifere et chez la plante à hampe bulbifere, la feuille gemmipare est unique et que sa situation est déterminée; cette feuille est la dernière du bulbe, c'est-à-dire celle qui précède l’entre-nœud qui constitue la hampe. — L'état de dessie- cation de toutes les tuniques du bulbe florifère l'an passé, réduites à l'époque actuelle à de minces membranes agglutinées entre elles, ne m'a pas permis de constater si le cayeu reproducteur, qui constitue le nouveau bulbe et qui se trouve en contact immédiat avec la hampe actuellement desséchée, est axillaire de cette feuille à limbe gemmipare; cela est nécessairement, si la tunique qui constitue la base de la feuille à limbe gemmipare est com- plétement circulaire et renferme par conséquent le cayeu; cette même feuille présenterait, dans ce cas, deux bourgeons superposés, savoir : à son aisselle le bulbe ou cayeu florifere de l'année suivante, et au niveau de son limbe le bulbille anomal et surnuméraire. Chez la plante vivante qui mwa été communiquée, le cayeu axillaire ou nouveau bulbe qui doit fleurir cette année, et qui succède à celui qui a fleuri l'année dernière, commence à entrer en végétation; sa pousse s’est fait jour obliquement, en déchirant les anciennes tuniques; en raison de cette disposition, il semble, au premier abord, séparé par plusieurs tuniques de la hampe desséchée, à laquelle il est en réalité contigu. Ce jeune bulbe, qui sera cultivé avec soin, nous donnera, cette année, le dernier mot de la question; il suffira, pour cela, d'enlever les tuniques une à une, lorsque la feuille bulbifère fera son apparition. M. Decaisne a bien voulu se charger de faire cultiver, au jardin du Muséum, le bulibille de la feuille gemmipare qui reproduira probablement aussi la variété magicum; ce bulbille s'ac- croîtra en volume cette première année, qui est la deuxième de sa formation, et sera probablement florifère l'année prochaine. Jd'insisterai de nouveau, en terminant, sur le lieu d'insertion du bourgeon ou bulbille chez les feuilles gemmipares ; ce lieu d'insertion est très généra- lement la face interne de la nervure moyenne, soit au niveau où cesse le pétiole et où le limbe commence, soit à une certaine hauteur sur le limbe. — Chez les feuilles dites proliferes du Cardamine pratensis, le prin- cipal bourgeon nait toujours au sommet du rachis, à la base de la foliole terminale qui constitue un limbe partiel. Chez la Tomate à feuilles proliferes observée et décrite récemment par M. Duchartre, les rameaux nés sur les feuilles avaient une situation analogue. — Je ferai remarquer que Clusius, dont j'ai cité plus haut la figure, avait entrevu, il y a pres de trois siècles, l'analogie qui existe entre la feuille bulbifère de l'Allium magicum ou nigrum qu'il nomme Moly Theophrasti, et un véritable rameau : « Dans 258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » le plus grand nombre des cas, dit-il, entre la tige et les feuilles, il sort un » caudicule plan et foliacé, ou pour mieux dire une feuille portant à son » sommet comme un nucleus (bulbille) d'Ail, ce nucleus mis dans la terre, » germe et produit une plante de la même espèce (1). » NOTE SUR LA STRUCTURE DE L'OVAIRE CHEZ LES LABIÉES, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans la séance précédente, il a été lu une communication de M. Clos, sur la structure de l'ovaire chez les Labiées; n'ayant pas assisté à cette lecture, je wai pu déclarer à la Société que je suis arrivé de mon côté à un résultat analogue. M. Gay ayant eu la bonté de me remettre, en 1850, un rameau d'un Stachys sylvatica (recueilli par lui plusieurs années aupara- vant, dans une haie, aux environs d'Orbe, canton de Vaud), dont les fleurs présentaient, par anomalie, un ovaire considérablement amplifié, je me suis assuré, ainsi que M. Gay, et plus tard avec M. E. Cosson, que cet ovaire amplifié est manifestement constitué par deux feuilles carpellaires, Chez cette plante anomale, la forme de l'ovaire est celle d'une capsule membraneuse oblongue, entière-sub-bilobée à la base, et quadrilobée au sommet. Entre les quatre lobes terminaux s'élève un style de forme nor- male. Cette capsule est uniloculaire. Deux placentas pariétaux rentrant vers le centre de la capsule, composés chacun de deux cordons placentaires juxtaposés qui donnent insertion vers la partie moyenne de leur longueur à quatre ovules abortifs, démontrent que la capsule est composée de deux carpelles. Une coupe transversale, pratiquée dans les deux tiers inférieurs de la capsule, présente une seule loge; une coupe transversale, pratiquée dans le tiers supérieur quadrilobé, présente quatre loges, sortes de culs-de- sac de la loge unique. Chacune des deux feuilles carpellaires offre, en effet, une sorte de boursouflement du limbe qui, se trouvant bridé par la nervure médiane plus courte, donne lieu à deux lobes pour chacun des deux carpelles accolés. Il résulte de cette disposition, qu’à son sommet l'ovaire présente l'apparence d'un ovaire quadriloculaire. Or, chez l'ovaire normal, cette partie quadrilobée ou quadriloculaire est la seule qui existe, soit que l'on (4) Les principales figures de l'A. nigrum L. (A. monspessulanum Gouan. mul- tibulbosum Jacq. magicum L. Brot. St.-Am.) sont les suivantes : 4° Forme à hampe florifère, à feuille gemmipare : Clusius, rar. plant. hist., p. 191, fig. 2. Moly Théo- Phrasti (reproduite par J. Bauhin, t. II, p. 568, f. 3; par Dodonæus, stirp. pempt. , p. 685, f. 3, et par Lobel, stirp. hist., p. 82, f. 3). — Brotero, phyt. Lusit. select., 1816, p. 440, t. XLVII-XLVIHI, Allium magicum. — 2 Forme à hampe bulbifère, à feuille gemmipare : St.-Am., bouq. dep. Lot-et-Garonne, 1821, tab. 10, Allium magicum. — 3° Forme à hampe florifère, à bulbe émettant un grand nombre de bulbilles à pedicelles filiformes : Jacquin. Austr., 4, p. 9, t X, Allium multi- bulbosum. SÉANCE DU 13 avril 1855. 259 considère la partie basilaire comme nulle, soit que l’on admette que la bifi- dité de chaque carpelle se prolonge jusqu’à sa base. La composition bicar- pellaire de l'ovaire se trouve done masquée, dans l’état normal, par une apparence quadriloculaire qui a entraîné l'idée inexacte d’une composition quadricarpellaire. J'insiste sur cette observation, en raison de l'erreur reproduite dans notre Flore des environs de Paris, où l'ovaire des Labiées est indiqué comme con- Stitué par quatre carpelles. Cette interprétation inexacte doit être rectifiée dans une prochaine édition. M. Brongniart rappelle que plusieurs Aroïdées et Nymphéacées présentent des bulbes se développant sur les feuilles à l'extrémité du pétiole et à la base du limbe. Vu l'heure avancée, une communication de M. Munby adressée à la Société est renvoyée à la prochaine séance. Les séances du 13 et du 27 avril étant très chargées, la Commission du Bul- letin, dans sa réunion du 28 juin 1855, a décidé qu’elles ne seraient pas publiées dans le même numéro. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Some remarks on vegetable placentation (Quelques re- marques sur la placentation dans les plantes), par M. John Cleland. Cette note a été lue à la Société Botanique d’Édimbourg, le 12 avril der- nier, et elle a été imprimée dans 7he Ann. and Magaz. of nat. hist., cah. de mai 1855, p. 336-338 (avec 4 figures intercalées dans le texte). Voici, en peu de mots, quel en est le sujet : M. Cleland ne croit pas que dans les plantes pourvues d'un placenta central libre, cette partie soit formée par un prolongement de l'axe. Il expose les arguments qui lui semblent contraires à cette opinion, généralement admise. Une monstruosité de Primula qu'il figure (fig. 2, p. 338) lui a inspiré l'idée d'une autre théorie. Il suppose que le placenta central libre est formé d'un second verticille de carpelles distinct de celui des carpelles extérieurs, et alterne avec celui-ci, ce seraient ces carpelles intérieurs qui porteraient les ovules sur leurs bords rejetés en dehors. Dans la monstruosité de Primula qu'il a observée, deux des parties du verticille interne étaient devenues foliacées, et l’une d'elles était forte- ment contournée à cause du grand développement qu'elle avait pris dans l'espace étroit qui la renfermait, tandis que l’autre avait conservé sa situa- tion naturelle avec ses bords réfléchis. Les observations de M. Cleland ont été faites sur les genres Primula et Lychnis, seulement il parait oublier que ce dernier genre, comme les Caryophyllées en général, n'a un placentaire central libre qu'en apparence et seulement par suite de la rupture des cloisons qui le rattachaient d’abord aux parois de l'ovaire, et qui en faisaient un placentaire entièrement analogue à ceux que l'on nomme habituellement axiles pour désigner leur situation dans l'axe géométrique de l'ovaire. Influence de Peau de mer sur la germination, par M. Charles Darwin (Gardener's Chronicle, du 26 mai 1855). L'auteur de ce travail a été conduit à ses expériences par des considéra- tions de divers ordres. Ainsi, entre autres points intéressants, il a voulu reconnaitre combien de temps des graines pourraient flotter à la surface de la mer, tout en conservant leur faculté germinative, et jusqu'à quel point les grandes mers peuvent dès lors empêcher l'extension géographique des espèces. FI a opéré au moyen d'eau de mer artificielle, mais d'une composi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 261 tion tellement semblable à celle de l'eau de mer naturelle que des animaux marins et des Algues y vivaient parfaitement, Les graines ont été tenues dans cette eau, dans des flacons séparés, en plein air, à l'ombre, à une température moyenne de + 7° C. Une autre série d'expériences a été faite dans la même eau maintenue à 0°. Voici les résultats obtenus : Les graines de Cresson alenois, de Laïtue, de Carotte, de Céleri ont par- faitement levé apres une immersion de 32 jours dans l'eau de mer, Après le même temps, celles de Radis ont moins bien germé. Une immersion Ge 28 jours n'a nui en rien à la faculté germinative de la Bourrache officinale, du Piment, du Cucurbita ovifera, de la Rhubarbe, du Beta vulgaris, de V Arroche, de F Avoine, de l'Orge, du Phalaris canarien- sis. Le Satureia hortensis, traité de mème, a germé, mais moins bien que les espèces précédentes. Pour le Linum usitatissimum, une seule graine sur un grand nombre a germé après 28 jours d'immersion; il en a été de même après 14 jours; même après 7 jours seulement, il n'y a eu que 3 graines sur une grande quantité qui aient levé. De mème, une seule graine de Chou a germé parmi beaucoup qui étaient restées plongées dans l'eau de mer pen- dant 14 jours. Une immersion de même durée a détruit la faculté germina- tive chez presque toutes les graines de Pois, d’ Ulex qui ont été soumises à l'expérience; cependant, après avoir passé 7 jours dans le liquide salé, les pois ont bien levé, tandis que le même temps a suffi pour tuer toutes les graines de Zrifolium incarnatum. L'action de l’eau de mer à 0° a été plus lente; ginsi, prolongée pendant 30 jours, elle n'a pas empêché plusieurs graines de Chou de lever. Le résultat le plus saillant de ces expériences, c'est que les graines des Légumineuses perdent plus promptement que toutes les autres, dans l'eau salée, la faculté germinative, fait auquel il semble qu'on ne devait pas s'at- tendre, soit d'après l'organisation de ces graines, soit d'après la persistance avec laquelle elles conservent cette faculté dans les circonstances ordinaires, Des expériences comparatives ont montré à l’auteur que, lorsque les graines n'avaient pas perdu, par leur séjour dans l'eau de mer, leur faculté Serminative, elles levaient dans le même espace de temps que celles qui avaient été conservées dans l’état normal. Le séjour dans cette eau a même accéléré la germination de la Rhubarbe, du Céléri, et du Convolvulus tricolor. Sur Ia germination des graines sous l'influence d'agents chimiques, par M. J. Hutstein (Gartenflora, cah. de mars 1855, p. 80). M. Hutstein a voulu vérifier expérimentalement l'exactitude des asser- tlons qui ont été émises au sujet de l'action accélératrice que quelques acides exercerajent sur la germination. Dans ce but, il a fait pendant plus d'un 9262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. an des expériences sur les graines du Seigle, du Froment, de l'Orge, du Carum Carvi, d'un Œnanthe, du Phellandrium, du Fenouil, de la Carotte, de la Coriandre, du Sinapis alba, du Ceratonia siliqua, du Paver somnife- rum, ete. Il a fait tremper ces graines en partie dans l’eau pure, en partie dans de l’eau acidulée avec 41/400 à 1/800 d'acide sulfurique pur, d'acide chorhydrique, d'acide phosphorique et d'acide oxalique, en partie dans des solutions de sels ammoniacaux. Les graines ainsi humectées ont été semées dans du terreau de feuilles maintenu à + 44° C. Le premier résultat a été que les graines des deux dernières catégories ont levé en plus grand nombre dans le même espace de temps, ce qui semblait démontrer l'influence accélératrice des acides et des sels; mais M. Hutstein ayant répété l'expérience en laissant les graines tremper plus longtemps dans l’eau pure que dans l’eau acidulée et dans les solutions sa- lines, toute inégalité a disparu. D'où l’auteur conclut que les acides et les sels n’accélérent pas la germination. Seulement il parait qu'ils agissent sur les tégnments des graines de manière à les pénétrer plus rapidement que ne le fait l'eau pure, ce qui explique le résultat obtenu dans la première expérience. D'un autre côté, l’auteur a reconnu que ces mêmes substances ne rétablis- sent nullement la faculté germinative une fois détruite, comme l'ont cru quelques physiologistes ; car des graines trop vieilles pour germer sans pré- paration n'ont pas germé davantage après avoir trempé soit dans l’eau aci- dulée, soit dans les solutions ammoniacales. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Flore de France, où description des plantes qui croissent naturelle- ment en France et en Corse, par MM. Grenier et Godron; tome II, fre partie ; in-8° de 388 pag. Paris, 1855, chez J.-B. Baillière, et Besan- çon, chez Dodivers. La première partie du tome troisième et dernier de la Flore de France vient de paraitre, et la seconde partie étant déjà sous presse, il y a tout lieu d'espérer que cet important travail arrivera prochainement à bonne fin. Nous n'avons pas à faire ici l'éloge ni la critique de cet ouvrage, dont le succès prouve assez le mérite, et qui renferme le tableau de la végétation phanérogamique de notre pays, mis au courant des découvertes les plus récentes, au niveau de la science du jour. Nous avons seulement à pré- senter le relevé des matières contenues dans le demi-volume qui vient d'être publié et celui des nouveautés dont il enrichit notre flore. Ce demi-volume complète la série des Dicotylédons par les Monochla- mydées, dont il renferme la série complète, et il conduit plus qu’à moitié les Monocotylédons désignés, d'après De Candolle, sous le nom d'Ændo- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 268 gènes phanérogames. On y trouve traitées trente-quatre familles, dont la dernière, celle des Cypéracées, n'y est représentée que par ses deux pre- mières tribus, les Cypérées et les Scirpées. Voici la série de ces familles. DicoryLévones MoNOCHLAMYDÉES.— Phytolaccées. Amarantacées. Salso- lacées (ou Chénopodées). Polygonées. Daphnoïdées. Laurinées. Santalacées. Eléagnées, Cytinées. Aristolochiées. Empétrées. Euphorbiacées. Morées. Celtidées. Ulmacées. Urticées. Cannabinées. Juglandées. Cupulifères. Salicinées. Platanées. Myricées. Abiétinées. Cupressinées. Gnétacées. ENDOGÈNES PHANÉROGAMES ou MONOCOTYLÉDONÉES. — Alismacées. Butomées. Colchicacées. Liliacées. Smilacées (comprenant les Asparagées). Dioscorées. Tridées. Amaryllidées. Orchidées. Hydrocharidées. Jonea- ginées. Potamées. Naïadées. Zostéracées. Lemnacées. Aroïdées. Typhacées, Joncées. Cypéracées. Sur ce nombre, M. Godron a traité les Euphorbiacées; les Abiétinées, Cupressinées et Gnétacées ; les Smilacées, les Dioscorées, les Iridées, enfin les Cypéracées. Toutes les autres familles sont dues à M. Grenier. Dans les SarsoLacées, nous trouvons (p. 30), sous le nom de Suæda splendens, Gren. et Godr., le Chenopodium setigerum, DC., ou le Suæda setigera, Moq. Les deux auteurs ont cru devoir substituer au nom proposé, depuis plusieurs années, par M. Moquin-Tandon, une dénomination spéci- fique tirée de celle de Salsola splendens, donnée à cette plante par Pourret, en 1788. Dans les PoLyGonées, nous voyons (p. 36), sous le nom de Rumer Friesii, Gren. et Godr., le Rumex obtusifolius, DC., ou R. divaricatus, Fries, que les deux auteurs regardent comme différant des deux plantes désignées sous les noms de R. obtusifolius et divaricatus par Linné. Les Dapnnorbées nous présentent le Daphne Philippi, Gren. et Godr., de Bagnères-de-Bigorre, déjà publié dans les Archives de la Flore de France et d'Allemagne, et le D. Verloti, Gren. et Godr. (p. 59), espèce encore inédite, très voisine du D. Cneorum, Lin., qui a été trouvée à Saint-Eynard, près de Grenoble, par M. Verlot, à qui elle est dédiée. Ses caracteres sont : des fleurs subsessiles, avec des bractées /ancéolées -acuminées ; un périanthe à divisions /ancéolées-linéaires, d'un rose vif sur les deux faces, à tube pubescent allongé, très renflé et bossu à la base, resserré à la gorge; les anthères /inéaires, incluses ; des feuilles sessiles, linéaires-oblonques, allongées, subacuminées, obscurément ou non échancrées, mucronées, très 'approchées. Ses tiges très rameuses s’allongent en réstant grêles ; l'écorce du vieux bois est brun foncé. — M. Verlot a reconnu la fixité de ces Caractères par plusieurs années de culture. Parmi les EuPHORBrACEES, les deux auteurs publient (p. 75) une espèce nouvelle, l Euphorbia polygonisperma, Godr. et Gren., appartenant à la section Anisophyllum, Roep., à feuilles opposées, stipulées et à fleurs 264 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. alaires. C'est une très petite plante annuelle, de 5-10 cent., glabre, À tiges couchées, rameuses ; à feuilles glauques, presque sessiles, obliques à la base, obovées-oblongues, marquées de ponctuations pellucides, entières ou dentées en scie au somimet, pourvues de stipules sétacées. Fleurs petites, solitaires; glandes involucrales courtes, entières, comme tronquées. Capsule glabre, lisse, à coques presque arrondies sur le dos ; graines fauves, tri- gones, lisses, ete. Cette espèce a été trouvée par M. Salle, au cap Corse, à Lurv. L’ Euphorbia Chamæbuzxus, Bernard, dont la description a été publiée par anticipation, en 1846, dans le prospectus de la Flore de France, se trouve ici à son rang (p. 84) à la suite des Æ. spinosa, Lin., et Gerardiana, Jacq. Les CupuirÈnes nous offrent (p. 119) une nouvelle espèce de Chêne observée aux environs de Toulon par M. Auzandre, et nommée de là, Quercus Auzandri, Grea. et Godr., avec le synonyme Q. pseudo-coccifera, Webb, /£. hisp. (non Desf.) C'est un arbuste d’une taille peu élevée; à feuilles oblongues, dentées-épineuses, glabres sur les deux faces ; à fruits brièvement pédonculés (semblables à ceux du Q. Mex, Lin.), avec la cap- sule à écailles courtes, lancéolées, tomenteuses, apprimées. M. Grenier se demande si ce ne serait pas une hybride des Q. {lex et coccifera. Dans les SALICINEÉES, M. Grenier décrit (p. 130): 1° Sous le nom de Salix Wimmeriana le S. purpurea-Cupræa des Exsiccata de Wimmer, n° 16 (Contcjean, Mém. Soc. émul. du Doubs, 1853, p. 189), trouvé sur les rives du Doubs, pres de Montbéliard, par M. Contejean. 2° Sous celui de S. affinis, Gren. et Godr., un arbrisseau qui a pour synonymes Salix acuminata, Koch, Syn. (non Smith); S. viminalis- Capræa, Wimm., Exsice., ne 74. Dans les GNÉTACÉES, l Æphedra Villarsii, Godr. et Gren. (p. 161), a pour synonyme Æ. distachya, Vill., Dauph. (non Lin., nec Gaud.). C'est un arbuste de 1-2 cent. (1), que Villars avait trouvé sur les murs de la citadelle de Sisteron, et que les deux auteurs y ont retrouvé en 4853, mais dont ils n'ont vu que des individus mâles. Sa tige est dressée, très rameuse, à bran- ches ligneuses, dures, non flexibles, dressées ou étalées, tortueuses; ses rameaux sont dressés, roides, filiformes, à peine striés, non rugueux, et leurs articulations sont munies d'une gaine & tube évasé, très court, à lobes arrondis. Chatons mâles sessiles, rapprochées en deux glomérules opposés. Parmi les ALrsmacéEs, nous trouvons (p. 165) admis comme espèce l Alisma arcuatum, Michalet, au sujet duquel une communication spéciale a été faite à la Société botanique (Voy. Bull. Soc. bot., 1"° an., p. 312). (4) C'est presque certainement 4-2 décim. qu’il fallait, puisque les articles des rameaux sont décrits comme ayant déja 1-1/2 centim, de longueur, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 965 Les Licracées nous présentent : 4° le Fritillaria delphinensis, Gren. (p 180), que l’auteur a fait connaître sous le nom de F. tubæformis, dans les Mém. de la soc. d'émul. du Doubs, mai 1854. 2° Le Scilla bifolia, Lin., érigé en type d'un genre nouveau, dont voici les caractères : ADENOSCILLA, Gren. et Godr. (p.187). Périg. à 6 divis. libres et éta- lées dès la base, caduques ou subpersistantes, Etan. insérées à la base des divis. périgoniales ; filets tous semblables et subulés ; anth. fixées au filet par le dos. Caps. obovée-trisone, à trois loges, renferm. une ou plusi. grai. subglobul., à raphé non saillant, et embrassées à la base par un mamelon tubereuleux et arilliforme, provenant du renflem. du funicule. A. bifolia, Gren. et Godr. (Scilla bifolia, Vin.) 3° Allium approximatum, Gren. et Godr. (p. 200); A. sphærocephalon, Boreau, Not., nov. 1853, p. 18 (non Lin.). Il diffère de l'A. sphærocephalon par l'ovaire ovoïde et les feuilles d'un vert clair, cylindracées, un peu comprimées, fistuleuses, n'offrant en dessus qu'un sillon peu marqué et seu- lement près du sommet. Hab. : Le Cher; Angers. A. flexifolium, Jord., Msc. et exsice. (p. 208). Espèce communiquée par M. Jordan. Elle est très voisine de l'A. carinatum, Lin.; mais son ombelle est très bulbifère, sphérique, très compacte; son périsone a une belle couleur violacée-purpurine, et ses divisions ovales-oblongues, sont très obtases, denticulées au sommet; anthères rose pâle. Feuil. paraissant en automne et au printemps, larges, fortement striées et même hérissées d’aspérités, éfalées horizontalement et très contournées avant l'anthèse. Hab. : Environs de Lyon. h° Simethis planifolia, Gren. et Godr. (p. 222). — Anthericum plani- folium, Lin.; A. bicolor, Desf. 5° Asphodelus sphærocarpus, Gren. et Godr. (p. 223). Fleurs en grappe très compacte, allongée et simple. Caps. pelites (7 mm. de long et de large), à valves suborbiculaires, arrondies au sommet et paraissant apiculées par la nervure médiane non infléchie et par les bords réfléchis, à nervure dor- Sale presque nulle, à 4-5 côtes transversales, à bords séparés après la déhis- tence par une fente ovale à la base, étranglée dans son milieu, et très évasée au sommet. Tige de 1 mètre, pleine, simple et rarement rameuse au Sommet, Hab. : Bois de l'hermitain, dans les Deux-Sèvres ; embouchure de la rivière de Vannes. A. subalpinus, Gren. et Godr. (p. 224), déjà publié par les deux auteurs Sous le nom d'A. delphinensis, dans les Mém. de la soc. d’émul. du Doubs, Mai 1854 (A. ramosus, Lapeyr.) Dans les IRtoÉes, le Romulea Linaresii, Parlat., trouvé à Bonifacio par Requien, est rapporté au genre Zrichonzma sous le nom de T. Linaresii, Gren. et Godr. (p. 238). T. I 19 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmi les Orcainées, le nom de l Herminium Monorchis, R. Br., est changé (p. 299) en celui de H. clandestinum, Gren. et Godr., parce que cette plante, loin de n’aveir qu’un seul tubercule, en possède ordinai- rement 3. Dans les HYproCHARIDÉES, le Vallisneria spiralis, Lin., est cité (p. 308), avec doute à la vérité, comme se trouvant à Paris. Il serait bon de cesser de citer Paris parmi les localités de cette plante célèbre, puisque l’on sait qu’une transformation opérée par l'eau sur le Sagittaria ou quelque autre plante aquatique, a été la seule cause de la citation première qui s’est repro- duite plus tard de Flore en Flore. Dans les CypÉraAcÉEs, le Scirpus Pollichii, Godr. et Gren. (p. 374) a pour synonyme Sc. triqueter, DC., Mert. et Koch, Gaud., etc. (non Lin.). Enfin, nous ajouterons que, dans quelques familles, et particulièrement dans celle des Orchidées, les deux auteurs se sont attachés à nommer et décrire diverses formes intermédiaires regardées par eux et par différents botanistes comme des Hybrides nées d'espèces connues. Ueber die im Freien in den deutschen Gaerten vor- kommenden Arten der Gattung Sempervivum (Sur les espèces du genre Sempervivum gui passent en plein air dans les Jardins de l'Allemagne), par MM. Schnittspahn et C. B. Lehmann. (Flora, n% des 7 et 1h janv. 1855, p. 1-8, 17-24). Depuis plusieurs années, les deux auteurs se sont attachés à réunir, pour les cultiver, toutes les espèces de Sempervivum qui supportent le plein air en Allemagne; ils ont pu ainsi, en étudiant sur le vivant un assez grand nombre de plantes de ce genre difficile, reconnaitre parmi elles plusieurs espèces nouvelles, et acquérir la certitude que d'autres, dont on fait ordi- nairement de simples synonymes, sont de bonnes espèces qu’il faut regarder comme bien distinctes. « A l'état vivant, disent-ils, et surtout pendant la floraison, il est facile de distinguer les espèces dont il s’agit ici; de bonnes figures suffisent aussi pour leur distinction ; mais leur détermination sur des échantillons secs devient extrêmement difficile, et, d'un autre côté, il n’est guère possible d'en tracer des diagnoses convenables. » Aussi les deux auteurs en donnent-ils seulement des descriptions en allemand, que nous reproduirons pour les espèces proposées comme nouvelles. Toutes les espèces du genre, comprises dans le travail de MM. Schnitts- pabn et Lehmann rentrent dans les deux sections Sempervivum genuinum, Koch et Jovisbarba, Koch. Les autres sections établies par Webb, dans sa Plytographie canarienne sortent du cadre comme exigeant la serre en Allemagne. Section I. SEMPERVIVOM GENGINUM, Koch, Syn. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 267 1. S. tectorum, Lin., Sp. pl. — Partout sur les murs; fleurit en juillet. 2. S. glaucum, Tenore, Ann. di storia natur., III, 248. Au Simplon; fleu. au commencement de juillet. 3. S. Mettenianum, Schnittsp. et Lehm. Rosettes de grosseur moyen., formées de feuil. ovales-lancéo., rétrécies à la base, passant vers le sommet à l'ovale-lancéo., glabres, ciliées, marbrées de vert grisâtre sur fond vert gai, à sommet brun rougeâtre; stolons longs ordinairement de 2-3 pouces et généralement feuillés sur leur longueur, ce qui n’a pas lieu chez les deux premiers; jeunes rosettes serrées en grand nombre autour de l'an- cienne ; feuilles caulin. apprimées, terminées en longue pointe droite; tige droite, couverte de poils blancs étalés, de même que ses rameaux en grappes paniculées, un peu resserrés et les calices ; pétales linéaires-lancéolés, aigus, ciliés de poils roides dans le bas, plus longs que les lobes calycinaux, roses ; écailles hypogynes très petites, glanduliformes. Trouvé en 1847 par M. Doell, en Suisse, sur les rochers, dans la vallée d'Unterhasli. Fl. au commenc. de juillet. h. S. albidum, Schnittsp. et Lehm. Roset. grosses, à feuil. ovales-lan- céo., rétré. dans le bas, prolongées en pointe assez longue, glab., finement ciliées, vert intense, brun rougeâtre vers le sommet; stolons forts, portant les rosettes jeunes à 1-3 pone. de la vieille; feuil. caulin. un peu ctalées, de largeur uniforme, . longuement acuminées, glab., ciliées.; tige dressée, pourvue de petits poils glandulifères ainsi que ses rameaux en grappes paniculées, finalement étalées presque horizontalement; pét. deux fois aussi longs que les lobes calycinaux, liné.-lancéo., blanchâtres; écarl. hypog. très peti., glanduliformes. Origine inconnue. FI. a la fin de juillet. 5. S. Wulfenii, Hoppe; Koch, Syn. ; Rehb., Fl. excurs. Rochers des Hautes-Alpes, dans le Tirol, la Carinthie, la Styrie. 6. S. ruthenicum, Schnittsp. et Lehm. — Roset. grosses, à feuil. serrées en hiver, écartées en été, dressées, rétrécies à la base, obovales, terminées en pointe saillante, couvertes sur les deux faces de poils serres, courts et fins, ciliées, vert intense, rarement brunåtres au sommet; stolons forts, por- tant les jeunes rosettes à 1-2 pouc.; feuil. caulin: de largeur uniforme, oblon- gues, un peu étalées, avec une pointe ordinair. rouge-brun, pas très allongée ; tige dressée, divisée dans le haut en 4-5 rameaux à grappes, presque dressés, un peu arqués seulement au sommet, couverte, ainsi que les calices, de poils courts, mous, un peu glanduleux vers le haut; péć. lineai.-lancéo., aigus, 2-3 fois aussi longs que les lobes calyeinaux, jaune clair ; écail. hypog. peti., cependant ressortant nettement, élalées, arrondies. Patrie? Fi. à la fin de juillet et au commencement d'aout. 268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 7. S. globiferum, Lin., Sp. Koch, Bot. Zeit., 1835, p. 209, t. Í, et Syn. FI. en août. 8. S. grandiflorum, Haw., Rev., 66. FI. en juin et juillet. 9. S. Braunii, Funck. Koch, in Sturm's D. Flora, XVI, etc. Carinthie. FI. en juin, dans les jardins, en août à l'état sauvage. 10. S. Funckii, Braun. Koch, in Flora, 1832, p.1,t. I, et Syn. ete. Carinthie, Salzburg, Tirol, ete. FI. à la fin de juin. C’est l’une des espèces les plus anciennes dans les jardins. 41. S. fimbriatum, Sehnittsp. et Lehm. Roset. de gros. moyen., presque globul., à feuil. ovales-spatul., rétrécies peu à peu dans le bas, à pointe termin. courte ou un peu allong., faiblement recourbée en dehors, vertes, brun rougeâtre vers le sommet, un peu concaves dessus et dessous, glab., ciliées de poils glandu. blancs, qui s'allongent vers le sommet, d’où toute la rosette est revêtue de franges blanches ; solons sortant de l’aisselle des feuil. infér., gréles, droits, courts, d'où les jeunes roset. sont serrées contre la vieille ; feuil. caulin. serrées, un peu étalées, liné.-lancéo., acuminées, à cils serrés, glandu. ; éige dressée, baute de 7-8 pou., portant ainsi que ses rameaux des poils fins, blanes, divisée supérieurement en 5-6 rameaux recourbés au sommet, sur lesquels les fl. sont presque sess.; fl. pas très grandes; péla. liné.-lancéo., aigus, ciliés-clanduleux, deux fois aussi longs que les lobes calyeinaux, rouge clair; écail. hypog. en points arrondis, jaunes, elaoduliformes. Espèce très distincte. FI. à la fin de juin et en juillet. 412. S. stenopetalum, Schnittsp. et Lehm. Roset. moyen., déprimées, à feuil. ovales-oblon., rétrécies graduellement vers la base et vers le sommet, qui est un peu rougeâtre, vert-pré, avant la face supér. presque plane et l'infér. concave, portant de très petits poils glanduleu x rares, bordées de cils blancs, courts et serrés; solons sortant en abondance de J'aisselle des feuilles infér., flexueux, portant les jeunes rosettes à 2-3 pouces; feuil. caulin. flasques, un peu étalées, ovales, courtes, à villosité semblable à celle des feuilles des rosettes ; tige dressée, haute de 4 pied, divisée dans le haut en trois rameaux ordinairement tripartis, recourbés au sommet, abondam- ment florifères, couverte de poils elanduleux, serrés; fleurs brièvement pédiculées ; péta. étroits, linéai., aigus, trois fois plus longs que les lobes Calycinaux, portant dans le has et aux bords des poils mous, glanduleux, rouges, à bord blanchâtre; écaël. hypog. très peti., arrondies. Espèce bien distincte, reçue par les deux auteurs de Francfort-sur-Mein, sous le nom de S. dahuricum, sans autre indication. Les fl. se montrent dès la mi-juin. 43. S. flagelliforme, Fisch. et Lk., Enum. h berol., 11, p. 20. DC., Prod. Sibérie. Fi, en mai. Ah. S. montonum, Lin., Sp., ed, 3. — Hautes montag., de l'Allemagne REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 269 mérid,, de la Suisse, de la France. FI. dans les jard. de juin à la mi-juillet. 15. S. doellianum, C. B. Lehm., Flora, 1850, p. 449. 16. S. arachnoideum, Lin., Sp. pl.—Alpes de la Suisse ; Tirol, Salzburg, Carinthie, Styrie. Fl. en juillet et août. Section II. JovisBarBa, Koch, Syn. 17. S. hirtum, Lin., Sp. pl. — Basses -Alpes de Styrie, Silésie, Moravie. FI. en août et septembre. 18. S. soboliferum, Sims, Bot. Mag., t. 1457. — Alpes, Moravie, Silésie, FI. en août et septembre. 19. S. arenarium, Koch, Syn. — Tirol. FI. en juillet et août. Zwoelfter Jahresbericht der Potlichia, eines naturwis- senschaftliehen Vereins der bayerischen Pfalz (douzième rapvort annuel de la Pollichia, union pour les sciences naturelles du Palatinat bavarois), broch. in-8° de 48 pag.; Neustadt., 1854. Cette brochure renferme les mémoires suivants relatifs à la botanique. I. Beitraege zur Flora der Pfaiz (documents relatifs à la flore du Pala- tinat), par le Cocteur G.-F. Koch, p. 16-26. Voici les principaux faits consignés dans ce travail : Ranunculus Flammula, Lin. L'auteur a confirmé le fait déjà vu par M. Guembel, à savoir que les premières feuilles de cette plante sont en cœur. — Capsella apetala, Rchb. Cette plante s’est repro- duite parfaitement par graines. — (Ænanthe peucedanifolia, Poll. M. G.-F. Koch a observé un mode particulier de multiplication de cette plante daus des prairies où elle se montrait toujours en égale quantité, bien que chaque année les individus en fussent fauchés avec l'herbe avant d'avoir fructifié, Peu au-dessus du collet, on trouve la tige de l’année précédente un peu ren- flée, et là se produit un bourgeon qui se développe en une nouvelle‘plante. Au-dessus de ce même point, la vieille tige se montre desséchée. Plus les feuilles radicales sont jeunes, plus cet épaississement de la tige est pro- noncé, et plus sont épaisses les radicelles de la vieille souche. La jeune plante développant ses radicelles à mesure que celles-ci se renflent en tu- bereules, celles de la vieille tige s'amincissent, et elles finissent par mourir ; le nouveau pied, n'ayant plus besoin d'elles, s’en sépare, et elles disparais- sent totalement en se décomposant. L'Ænanthe fistulosa n'a rien présenté d’analogue. — Cynanchum lacum, Bartig. Cette espèce est tres souvent prise pour le C. vincetoxicum. L'auteur examine comparativement les ca- ractères distinctifs des Cynanchum laxun, vinceloxicum et contiquum, et il résume la discussion à laquelie il se livre dans les trois diagnoses sui- vantes : C. laxum, Bartlg. Caule erecto; corona ad medium usque 5-loba, lobis tenuioribus valde disjunetis membrana interjecta pellucida lata connexis. l. vincetoxicum, R. Br. Caule erecto superne subtortili ; corona ad tertiam 270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tantum partem 5-loba, lobis crassioribus ad ambitum appropinquatis mem- brana interjecta pellucida angusta connexis. C. contiguum, Koch. Caule erecto; corona ad basin fere 5-loba, lobis crassis arcte contiguis membrana interjecta pellucida deficiente. Salix repens, Lin. L'auteur en a trouvé 2 individus mâles chez lesquels une transformation, tantôt complète, tantôt incomplète, des étamines en pistils avait donné des chatons les uns totalement, les autres incompléte- ment femelles. Les pistils formés par cette métamorphose ne renfermaient pas d’ovules. — Zea mays, Lin. En 1854, les panicules mâles de cette plante ont fréquemment produit des pistils qui ont donné des grains parfaits. IT. Untersuchungen ueber die Arten, Abarten und Bastarde der Gattung Mentha (Recherches sur les espèces, variétés et hybrides du genre Mentha, portant principalement sur les formes qui se trouvent dans le Palatinat), par M. F. Schultz, p. 27-44. — Ce travail important, mais entièrement descriptif, n'est pas susceptible d'analyse, de mème que les 2 notes sui- vantes, dues au même auteur. IT. Polygonum Persicaria, P. mite und P. minus, und ihre Bas- tarde, etc. (Polygonum Persicaria, P. mite et P. minus et leurs hybrides ; leur bistoire éclaircie par le docteur F. Schultz), p. 44-47. IV. Epilobium: Lamyi, E. tetragonum, E. obscurum und E. palustre aufs Neue untersucht (Epilobium Lamyi, E. tetragonum, E. obscurum et Æ. palustre étudiés à nouveau), par le docteur F. Schultz. N. B. A la fin de ce dernier travail, M. F. Schuitz offre de déterminer toutes les Menthes, les Polygonum et les Épilobes de France et d'Alle- magne, dont les échantillons lui seront envoyés francs de port. Einige Bemerkungen ueber Diervilla, Weigela, Calys- PBhyrum und eine neue, mit ihnen verwandite Gattung (Quelques remarques sur le Diervilla, Weigela, Calysphyrum ef sur un nouveau genre qui a de l’affinité avec eux), par C.-A. Meyer. Bull. de l’Acad. impér. des scien. de Saint-Pétersbourg, XII, n° 43-14, p. 216- 220. L'examen des genres qui font le sujet de cette note conduit C.-A. Meyer à les réunir en une tribu de la famille des Caprifoliacées, sous le nom de tribu des Diervillées. Les caractères de cette tribu sont : tube du calice allongé, grèle ; glande charnue (grosse) placée au fond de la fleur et sur- montant l'ovaire; fruit sec, capsulaire. Elle comprend les genres suivants : 4° DieRviLLa, Tourn., réduit aux D. canadensis, Lin., et D. sessilifolia, Schuttlew., espèces à fleurs jaunes, de l'Amérique septentrionale; 2° WE- GELA, Thunb. (Diervilla, Sieb. et Zuce., non Tourn.), auquel appartien- nent : W. japonica, Thunb. (Diervilla versicolor, Sieb. et Zuce.), W. co- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 271 ræensis, Thunb. (D. grandiflora, Sieb. et Zucc.), W. hortensis (Diervilla, Sieb. et Zucc.), W. floribunda (Diervilla, Sieb. et Zuce.), W. amabilis, Hort., espèces japonaises, à fleurs rouges ou blanches; 3° CALYSPAYRUM, Bunge, formé des C. floridum, Bge ( Weigelia, Alp. DC.), C. pauciflorum ( Weigelia, Alp., DC.), C. roseum ( Weigelia, Lindl.) ; 4° CALYPTROSTIGMA, Trautv. et Meyer, Gen. nov. Voici les caractères assignés à ce dernier genre : Calycis tubus ovario adnatus, ultra ovar. productus; limb, 2-labia : labio superiore 3-dent., inferiore 2-part. Corol. tubus inferne angustatus, cylindra., superne amplia., ventricoso-campanul. : limb. 2-lab. : labio super. 2-fido, infer. longiore 3-fido, lob. oblon. patulis. Glandula in fundo corollæ. Stam. 5, cum stylo sub labio corollæ superiore adscendentia; anth. parall., 1-laterales, margine villoso cohærentes. Ovar. 2-loe. Ovula in loculis nu- merosa, in placentar. margine utrinq. 2-seria., pendu., anatropa. Styl. exser. Stigma membran., calyptræforme. Caps. oblon., rostra., coria., 2-loc., 2-val., valvis a vertice capsulæ deorsum dehiscent. Sem. in loculis numerosa, 2-seria., pendu., sw#scobiformia, linea.-oblon., plano-compres.; testa membran. , medio nucleum includente, basi apiceq. in appendicem lan- ceolatam producta. Frutex Sibiriæ orien., erectus, fol. annuis oppositis ovat. acut. acumin.- ve serrulatis ; flor. speciosis ochroleucis, tubo intus, sub labio infer., flavo- irrorato, dein purpurascente. C. Middendorffianum, Trautv. et Mey. (Weigelia Middendorffiana, Fisch. ) Note on the affinities of the genus Tavæa, Benth., also of Rhytidundra, Gray (Note sur les affinités du genre Vavaœa, Benth., ef du genre Rhytidandra, Gray), par M. Asa Gray. Mem. of the Amer. Acade. of arts and scien., new series, vol. V, p. 329-336. Cam- bridge, Massachusetts, 1854, 4°. Voici les résultats essentiels de la discussion à laquelle se livre M. Asa Gray dans ce mémoire. Le genre Vavæa, établi par M. Bentham pour une plante (Vavæa amicorum) trouvée d’abord par Hinds dans l'ile de Vavao, l'une de celles des Amis, plus tard à Tongatabou par les naturalistes de l'expédition du capitaine Wilkes, et sur les affinités duquel le savant botaniste anglais n'avait exprimé aucune opinion, a été reconnu par M. Asa Gray appartenir à la famille des Méliacées, tribu des Trichiliées. L'examen de la fleur avait d'abord donné cette idée que vient de confirmer pleinement l'étude du fruit. Une des notes ajoutées au mémoire presente les caractères génériques complétés par l'auteur. Quant au genre Æhytidandra, il avait été formé par M. A. Gray sur un échantillon d'un végétal frutescent ou arborescent, sans fleurs épanouies, qui 272 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avait été rapporté d'une des iles Feejee par l'expédition du capitaine Wilkes. Il avait été rapporté à la famille des Olacacées: mais le botaniste américain avait présumé que la plante avait quelque affinité avec les genres Alangium et Marlea. Seulement il n'avait pu, faute de matériaux, vérifier ce qu’il y avait de fondé dans cette présomption. Aujourd'hui il a reconnu que telles sont, en effet, les affinités du genre Rhytidandra, qui vient ainsi se ranger parmi les Alangiées, tout en se distinguant suffisam- ment des deux genres Alangium et Marlea. Posthumous papers bequeathed to the honourable, the East India Company, and printed by order of the governement of Bengal, No/ulæe ad plantas asiaticas (Papiers posthumes légués à l'honorable Compagnie des Indes-Orientales et im- primés par ordre du gouvernement du Bengale. Notes sur des plantes d'Asie, 4° partie, plantes dicotylédones), par feu William Griffith; mis en ordre par M. John M'Clelland. Calcutta, 1854; in-8° de XLIII et 764 pages. Avec un atlas in-he de 301 plane. lithogr. Les notes et mémoires laissés par W. Griffith ont été publiés par ordre du gouvernement du Bengale avec les nombreux croquis et dessins qui les accompagnaient, et que eet infatigable observateur destinait sans doute à illustrer les ouvrages dont ces notes auraient fourni les principaux maté- riaux. Cette grande publication, dans laquelle il ne faut pas, on le conçoit sans peine, chercher l'ordre et la méthode nécessaires dans un ouvrage ter- miné, a été divisée en 4 parties. La 4° partie porte le titre de Jcones planta- rum asiaticarum, and Notulæ ad plantas asiaticas. Elle est subdivisée elle- mème en 4 parties, formant autant de volumes, dont la dernière est celle qui vient d'être publiée et qui forme le sujet de cet article. Celle-ci com- prend la série des familles dicotylédones, des Cycadées aux Renonculacées inclusivement. Plusieurs familles y sont traitées avec beaucoup de déve- loppement; la partie descriptive qui les concerne est accompagnée d'obser- vations d'orgauographie et d'anatomie qui portent nettement le cachet de la sagacité et du talent de l'auteur, et les nombreux dessins analytiques qui accompagnent le texte renferment encore peut-être plus de faits que n'en signale celui-ci. Jl est seulement à regretter que l'auteur n'ait pas pu mettre lui-mème la dernière main à son travail, ou que les auteurs de la publication aient cru devoir publier sans distinction toutes les notes qu'ils ont trouvées dans les papiers de l'auteur, et dont plusieurs sont peu en harmonie entre elles, ou semblent n'avoir été que de simples memento, dont Griffith lui-même n'aurait peut-être pas fait usage dans sa rédaction défi- nitive. Au total, les travaux posthumes de Griffith ont une importance in- contestable, et la Compagnie des Indes a bien mérité de la science en les mettant au jour, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 273 BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Sur la végétation de l'ile de Ténériffe; par M. Bunbury. (Communication faite à la Société linnéenne de Londres, le 3 avril 1855.) Cette communication fait suite à une autre du même botaniste sur la végétation de Madère. A Santa-Cruz, on est frappé de l'apparence singulière que dounent aux montagnes du littoral les touffes d'£uphorbia canariensis, d'un vert pâle, disséminées de manière à produire sur le paysage l'effet de nombreuses taches qu'on distingue même à une grande distance. Sur les rochers sau- yages situés à l’est de la ville, et à l'ouverture des gorges qui les entre- coupent, la végétation prend un caractere exotique qui frappe au premier coup d'œil. Les quatre plantes qui lui donnent ce cachet particulier, sont : l' Euphorbia canariensis qui rappelle les Euphorbes charnues de la Cafrérie ; le gracieux et singulier Plocama pendula, type purement canarien; le Kleinia neriifolia et l Euphorbia piscatoria. Yes vallées profondes, situées sur la côte nord-est de Santa-Cruz, sont extrêmement intéressantes. Les rochers abruptes et inégaux sont parsemés d'£uphorbia, de Kleinia, ete., et plus haut, là où la vallée se rétrécit, les rochers sont couverts de Selagi- nella denticulata. Plusieurs Fougeres croissent sur les rochers, notamment Notochlæna Marantæ, Ceterach aureum, Gymnogramma leptophylla, Adiantum capillus Veneris, Davallia canariensis et Polypodium vulgare. Ces six espèces viennent toutes dans la région des Euphorbes, et fort au- dessous de sa limite supérieure. Les beaux environs d'Orotava, sur la côte nord-ouest, se distinguent par un caractère botanique entièrement différent. Le climat y étant moins sec et plus tempéré, la végétation a un aspect moins africain. Le trait dominant du paysage résulte de la grande abondance des Dattiers dans la vallée d'Orotava et dans quelques autres vallées; cependant il ne parait pas que le Dattier soit indigène à Ténériffe. Le Dracæna fournit encore un caractère presque aussi saillant pour le paysage; mais, quoiqu'il soit indigène de l'ile, presque tous les pieds qu'on en rencontre, dans la vallée, sont cultivés. Le fameux Dragonnier de Villa de Orotava vit encore, à l'état de ruine, il est vrai, mais d'imposante ruine. Son feuillage est encore frais, mais l'arbre a été fortement endommagé et il a perdu plusieurs branches depuis peu d'années. La portion du trone qui est restée entiere est creusée d'une cavité de 42 pieds de diamètre. Un autre pied, en bonne végétation et jeune comparativement, qui existe au couvent de Realejo de Arriba, a un trone de 14 pieds 4 pouces (angl.) de circonférence à 4 pieds du sol. I en existe Un autre encore plus beau à Icod de los Vinos. Au piveau de Villa de Oro- tava {1000 pieds), où un peu plus bas, les Fougeres commencent à se 27h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. montrer fort abondantes et belles et, avec les Joubarbes, elles parent en profusion les rochers et les murs de pierre. Les plus abondantes sont le Polypodium vulgare et Davallia canariensis, comme à Madère; Gymno- gramma leptophylla, Notochlæna Marantæ, Asplenium palmatum, Nephro- dium elongatum, sont abondantes et belles. Quelques-unes descendent beaucoup plus bas, et l Asplenium palmatum descend même au bord de la mer. Le Pteris longifolia est rare. Le Cheilanthes pulchella croit sur des rochers un peu arides, parmi des Cistus monspeliensis, dans la partie sau- vage entre Icod de los Vinos et le village de la Guancha. La belle Cinéraire rouge (Senecio cruentus) est un des plus beaux ornements de la portion inférieure de la zone boisée. Les belles forêts de Ténériffe ont été affreuse- ment dévastées ; mais on en trouve encore de très belles à Agua Mansa, au- dessus d'Orotava. A Agua Mansa, à une hauteur de 4000 pieds, on trouve beaucoup de belles Fougères, notamment Pteris arguta, Asplenium acutum et Cystopteris fragilis. Le Gymnogramma leptophylla parvient jusqu'à cette altitude. Sur le flanc de la montagne, près de la forêt d’Agua Mansa, se trouvent beaucoup de beaux Pinus canariensis. M. Bunbury dit que les figures de l'atlas de MM. Webb et Berthelot ne donnent pas une bonne idée de ce bel arbre, auquel ses feuilles très longues, grèles, presque pendantes, impriment un cachet particulier. La belle forêt de Agua Garcia est le plus bel exemple de la végétation forestière de Ténériffe ; elle est surtout remar- quable par l'abondance des Fougères et des Mousses qu’on y trouve, ainsi que par les proportions gigantesques qu'y prend l' Erica arborea. Le Wood- wardia radicans et le Polystichum aculeatum y sont d'une grandeur et d'une beauté surprenantes, et le Trichomanes speciosum couvre les endroits humides avec ses frondes luisantes et d’un vert intense. En résumé, d'après M. Bunbury, les caractères les plus saillants de lå végétation de Ténériffe sont : 4° sur la côte, les formes remarquables des Euphorbia canariensis et piscatoria, le Kleinia neriifolia et le Plocama pendula; la végétation sociale de l’Artemisia argentea qui couvre, avec son feuillage blanchâtre, de grands espaces de pierres et de rochers; l'abon- dance, surtout du côté d'Orotava, du Dattier et du Dragonnier; dans les ravins, les formes particulières et frutescentes de Rumex, Echium, Solanum et Sonchus. 2 dans la région boisée : la prédominance des arbres à feuilles de Laurier; la grande extension de l'£rica arborea, et ses proportions gigantesques en quelques endroits ; l'abondance des Fougères et des Mousses, dans les lieux humides et ombragés; celle des Cistinées et des Génistées, dans les endroits secs et découverts; le Pin des Canaries, dans la portion supérieure de cette zone. 3° La large zone occupée par l Adenocarpus frankenioides au-dessus de la région des arbres, et celle du Cytisus nubi- genus à un niveau encore plus élevé. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 275 BOTANIQUE GÉOLOGIQUE. Floratertiaria Helvetiæ. Die tertiaere Flora der Sehweiz (Flore tertiaire de la Suisse), par M. le docteur Oswald Heer, professeur de botanique au musée de botanique de Zurich; 1° et 2° livr., in-fol., avec fig. noires et souvent aussi enluminées. Les deux livraisons que nous annonçons sont le commencement d’un grand travail sur les végétaux fossiles de la formation tertiaire de la Suisse, connue sous le nom de molasse. Cet ouvrage est publié par le professeur Heer, à qui l’on doit déjà plusieurs publications importantes, avec la collaboration de son savant ami, M. Escher de la Linth. Il aura quarante feuilles in-folio de texte, et sera orné de plus de 80 planches. Dans l'introduction de son ouvrage, M. Heer dépeint la puissante végé- tation qui recouvrait autrefois en Suisse le vaste bassin situé entre les Alpes et le Jura, et qui forme aujourd'hui le terrain tertiaire nommé molasse. Cette formation se compose de trois étages : 4° la molasse d’eau douce infé- rieure; 2° la molasse marine, et 3° la molasse d'eau douce supérieure. De ces trois étages, l'inférieur était le plus riche en végétaux; l'étage marin en offre peu, et en revanche il renferme les débris d'animaux ma- rins, et particulièrement des fragments de coquilles (molasse coquillière), amoncelés précisément comme ceux qu’on trouve au bord de la mer. La molasse d’eau douce supérieure, formée par les sables et les graviers qu’ame- naient les rivières, fournit maintenant les meilleures pierres à bâtir. Les végétaux fossiles y sont moins abondants que dans l'étage inférieur; mais l’ensemble de la végétation n’a pas changé, les forêts sont encore composées des mêmes arbres que dans l'étage inférieur; ce sont encore des Lauriers, des Chênes, des Érables, des Noyers, etc. La végétatiôn qui recouvrait le sol au moment du dépôt de la molasse était entièrement différente de celle qui existe actuellement, On n'y trouve pas une seule espèce identique avec celles qui vivent de nos jours. M. Heer y a déjà reconnu 180 espèces de plantes ligneuses, proportion qui ne se rencontre que dans les pays chauds. En outre de la végétation si luxuriante des forêts, celles des bas-fonds, des rivages, des marais, se distinguaient par des Cyprès, des Palmiers, par un fouillis d Andromeda, de Myrtilles, de Myri- cées entremêlées de Massettes, de Cypéracées et de longs Roseaux. M. Heer fait observer que ces débris végétaux fossiles ne sont pas tou- jours assez complets ni assez bien conservés pour permettre d'en établir définitivement les genres et les espèces. Dans ses communications faites en 1833 à la Société des naturalistes de Zurich, M. Heer avait donné un catalogue des végétaux fossiles observés jusqu'alors dans la molasse suisse, Le nombre des especes s'élevait à 508, 276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et encore ce nombre s’est encore augmenté de nouvelles espèces qu’il décrit dans son grand ouvrage sur la flore tertiaire suisse. Ce catalogue indique des Algues, des Champignons, des Characées, des Mousses, des Fougères, des Isoetes, des Equisétacées, dont le nombre s'élève à 40 espèces. Parmi les Phanérogames gymnospermes, on y compte 14 Cycadées, Cypressinées, Taxinées, Podocarpées, Abiétinées. Parmi les Phanérogames monocoty- lédonées, vieunent 9 Graminées, 7 Cypéracées, 2 Smilacées, 2 Najadées, 3 Spadiciflorées, et 4 Palmiers. Ou voit dans ce catalogue, pour les Dico- tylédones, 10 Myricces, 7 Bétulacées, 19 Cupulifères, 6 Ulmacées, 2 Celtidées, 2 Artocarpées, 4 Balsamifluées, 22 Salicinées, 16 Laurinées, 4 Thymélée, 2 Protéacées, 4 Aristolochiée, 2 Composées, 13 Ericées, 2 Ebénacées, 3 Sapotées, 4 Myrsinée, 2 Apocynées, 2 Ombellifères, 6 Araliacées, 4 Sambucinée, 1 Renonculacée, 4 Magnoliacée, 4 Hydropel- tidée, 4 Meélastomacée, 1 Myrtacée, 5 Combrétacées, 7 Butineriacées, 2 Sterculiacées, 13 Acérinées, 2 Sapindacées, 12 Rhamnées, 3 Ilicinées, 5 Célastrinées, 9 Juglandées, 7 Anacardiacées, 4 Burséracée, 4 Xanthoxy- lée, 1 Amygdalée, 2 Pomacées, 22 Papilionacées, 6 Mimosces, et 3 Carpo- lithes, placees dans les Genera incertæ sedis. Revenons à ce qui a déjà paru de Ja Flore tertiaire de la molasse suisse. La 1° livraison comprend 44 pages avec 20 planches; elle traite pour les Champignons des Phyllerium Kunzei et Friesii, de 6 Sphæria, de 3 Depa- zea, de 3 Phacidium, de 2 Hysterium, du Stegilla Poacitarum, de T Xylo- mites, du Rhytisma Populi, et de 3 Sclerotium. Quant aux Algues, on y trouve le Nostoc protogæum, 3 Confervites, Y Enteromorpha stagnalis, le Cystosira communis, Sphærococcus crispiformis. Après ces Cryptogames, viennent 7 Characées, toutes du genre Chara. Pour les Mousses, M. Heer n'admet que le genre Hypnum, dont il énumère deux espèces. Les Fougères, au contraire, sont assez nombreuses. Il décrit les Woodwardia Roessne- riana, T Lastrea des sous-genres Goniopteris et Pecopteris; \e Polypodium Gesneri; les h Aspidiun Filix antiqua, Meyeri, elongatum, Escheri ; le Cheilanthes Laharpii; 9 Pteris, 5 Lygodium, avec plusieurs variétés. Cette 4'e livraison se termine par 3 Equisetum et le commencement de la descrip- tion de l'Zsoetes Braunii. Les planches XV-XX représentent des objets dont il sera question dans les livraisons suivantes, tels que les C'ycadites Eschert, Zamites tertiarius, les curieuses Cupressinées Widdringtonia, Taxodium, Glyptostrobus ; le Podocarpus eocenica, les Pinus Hampeana, Lardiana, et le Sequoia Langsdorfii. La 2° livraison commence à la page 45, où se trouve la suite de la des- cription de l'/soetes Braunri, suivie de celle de VZ. Scheuchzeri. Cette livraison finit à la page 92 et commence l'énumération des Phanérogames. La première famille dont traite M. Heer est celle des Cycadées, où il décrit les C'ycadites Escheri et Zasnites tertiarius ; puis il passe aux Coniferes, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 277 Dans cet ordre viennent les Cupressinées représentées par les genres Libo- cedrus, Widdrinytonia, Taxodium et Glyptostrobus. Ensuite parait la famille des Podocarpées, avec le Podocarpus eocenicus et ses variétés ; puis la famille des Abiétinées, qui présente les Sequoia Langsdorfii, Arauca- rites Sternbergii, 12 espèces de Pinus et l'Ephedrites Sotzkianus. M. Heer, passant ensuite aux Monocotylédonées, décrit 21 Graminées des genres Arundo, Phragmites, Panicum, Oryza, Poacites, et 28 Cypéracées des genres Cyperus, Scirpus, Carex et Cyperites. L'ordre des Coronariées renferme : 1° la famille des Juncacées, représentée par les 3 Juncus retrac- tus, articularius, et Scheuchzeri ; 2° la famille des Smilacées, avec 5 espèces du genre Smilax; 3° la famille des Liliacées, où est décrit le Gloriosites rostratus. L'ordre des Palmiers termine cette seconde livraison, où l’auteur décrit et figure admirablement les Chamærops helvetica, Sahal Lamanonis et major, Flabellaria platyloba et Ruminiana, Manicaria formosa. Les figures qui représentent ces Palmiers sont souvent multiples et exécutées avee un soin particulier. Le texte de cette seconde livraison s'arrête au Manicaria formosa, représentée planche XXXVII, mais il ne traite pas en- core du Phænicites spectabilis, figuré pl. XXXIX, ni des Palmacites, re- présentés sur la planche XL., Toutes les figures ne sont pas coloriées; M. Heer ne l'a fait que pour celles dont le fossile diffère par sa couleur de celle de la pierre qui le ren- ferme. Ces lithographies sont bien exéentées ct représentent surtout exac- tement l'objet auquel elles appartiennent. Il est vivement à désirer que ce grand et beau travail arrive à sa fin, car sa publication ne pourra que con- tribuer puissamment aux progrès de la paléontologie végétale et de la géologie. Nous croyons rendre service aux naturalistes en leur apprenant qu'en s'adressant à M. Heer, ils pourront obtenir à un prix modéré des échantil- lons d'une grande partie des fossiles décrits dans son bel ouvrage. MÉLANGES. Die Anwendung des Holzschnittes zur bildichen Dars- tellung der Pflanzen, ete. (Usage de la gravure sur bois pour la représentation des plantes, à sa naissance, son apogée, sa Chute et sa restauration), par M. L.-C. Treviranus. Leipzig, 1845, in-8° de 8 et 12 pages. Voici le sujet des chapitres que comprend cet écrit, intéressant par son objet et fort instructif par les nombreux renseignements qu'y à réunis son SaVant auteur : | 4. La gravure sur bois comme moyen auxiliaire pour la botanique. — 2. Ses commencements. — 3. Son perfectionnement rapide par Otto 278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Brunfels et Egenolph. — 4. Mérite de Léonard Fuchs et d'Hieronymus Bock (Tragus). — 5. Nouvelle période pour la gravure sur bois, amenée par Conrad Gesner. — 6. Matthiole n'arrive pas à l'exactitude de ses de- vanciers. — 7. Dodonœus et quelques autres. — 8. Services rendus par Matth. de Lobel à la gravure sur bois. — 9. Clusius et les auteurs de l Historia generalis plantarum, imprimée à Lyon. — 10. Rauwolf, Ta- bernæmontan et quelques autres de leurs contemporains. — 11. Joach. Ca- merarius le jeune a donné les meilleures figures de plantes gravées sur bois. — 12. Quelques Italiens ; décadence de la gravure sur bois et ses causes. — 13. Ouvrages de Jean et de Gaspard Bauhin, sous le rapport de la gravure sur bois. — 14. Continuation de la décadence de la gravure sur bois au xvit° siècle, — 15. Georges Marcgraf et quelques-uns de ses con- temporains. — 16. Gravures sur bois sans mérite d'Olaus Rudbeck. — 47. La gravure sur bois pour les plantes au xvne siècle, — 418. Restaura- tion de la gravure sur bois, par Thomas Bewich et autres. — 19. Emploi actuel de la gravure sur bois pour quelques objets relatifs à la botanique, et vœux pour son avenir. Iconum hotaniearum index locupletissimus. Catalogue alphabétique des plantes phanérogames et des Fougères représentées dans les ouvrages de botanique et d'horticulture du xvin et du xix" siècle; par M. G.-A. Pritzel. 2° partie; grand in-8°, p. xxxii et 609-1184. L'article publié dans le Bulletin sur la première partie de cet important ouvrage rend superflus de nouveaux détails au sujet de la seconde partie qui vient de paraitre. Nous nous contenterons de dire qu’elle renferme, outre la fin du corps du livre, le titre, la préface et un tableau des principaux ouvrages cités qui occupe 32 pages à deux colonnes, et qui est rangé d’après l'ordre alphabétique des noms d'auteurs. ‘@llection d'Orchidées, de M. G.-W. Schiller, à Hambourg. D'après le catalogue rédigé par M. Reichenbach fils, et publié parmi les mémoires de la Société d'horticulture de Francfort-sur-Mein, cette magnifique collection ne renferme pas moins de 800 espèces vivantes et actuellement déterminées. Pour déterminer cette grande quantité de plantes, ce botaniste, dont tout le monde connait les importants travaux sur la fa- mille des Orchidées, a fait, il y a quelque temps, un assez long séjour à - Hambourg. Le catalogue dans lequel il a consigné les résultats de ses dé- terminations sort de la ligne des catalogues ordinaires de plantes cultivées, par l'exactitude des noms qui le composent et aussi par le soin qu'on à eu d'ajouter à la dénomination de chaque espèce sa synonymie et sa patrie. Il serait vivement à désirer que les grandes collections, tant privées que pu- bliques, deviussent l’objet de semblables publications. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 279 Utilité de l’Asclepias gigantea. D'après une note publiée dans le Gartenflora, cette plante des Indes orientales, assez répandue dans les serres, peut fournir deux produits de nature entièrement différente. Le liber de sa tige donne la matière d'une filasse excellente, qui ressemble beaucoup à celle du chanvre, et, en outre, son lait, concrété à l'air, constitue une matière analogue à la gutta-percha von-seulement par sa couleur, mais encore par la faculté qu’elle possède de devenir plastique lorsqu’elle est plongée dans l'eau chaude, NOUVELLES ET ANNONCES. Prix quinquennal de Botanique, fondé par Aug.-Pyramus De Candolle. Un prix de cinq cents francs sera décerné par la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, le 9 septembre 1856, à l'auteur de la meil- leure Monographie d'un genre ou d’une famille de plantes. Seront admis au concours les ouvrages inédits, rédigés en français ou en Jatin, qui auront été envoyés à M. Alph. De Candolle, président du comité de publication, frances de port, avant le 1° juillet 1856. Les auteurs resteront propriétaires de leurs ouvrages. La Société ne s'en- gage pas à publier le mémoire couronné. Herbier à vendre. Cet herbier, formé par M. Guérin, ancien pharmacien militaire, con- tient environ 4000 plantes Cryptogames ou Phanérogames des diverses régions botaniques de France (Ouest, Provence, Jura, Alpes, etc.), et de l'étranger, notamment de Grèce et d'Amérique. Les plantes sont parfaite- ment préparées, passées au sublimé, étiquetées et classées avec soin suivant la méthode de De Candolle, avec un grand nombre d'indications d'habitat, de synonymes, etc. Prix de la collection complète contenue dans 40 cartons, 750 francs. Collection partielle de 2500 espèces à 20 centimes pièce. Des facilités seront accordées pour le paiement; s'adresser, franco, à M. Guérin, pharmacien militaire en retraite, à Mâcon (Saône-et-Loire). BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés pendant le 4* trimestre de 1855. Jul. Sachs. — Zur Entwiekelungsaesehiehte des Collema bulbosum, Achar. (Sur l'organogénie du Collema bulbosum, Achar.), p. 1-9, plane. I. CF, Meisner. — Leguminosæ quædam Australasicæ novæ, p. 9-13, 25-32, 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thilo Irmisch. — Morphologisehe Mittheilungen ueber die VerzwWeigung einiger Monocotylen (Communications morphologiques sur la ramifica- tion de quelques Monocotylédons), p. 41-48, 57-63. Vince. Cesati. — Notice à servir d'appendice aux mémoires de MM. Lé- veillé, Tulasne et autres, sur la véritable nature des Sclerotium, p. 73-80. Hugo v. Mohl. — Ueber den Bau des Chlorophylls {Sur la structure de la Chlorophylle), p. 89-99, 105-115. Th. Schuchardt. — Ueber Sagedia, Fries, und damit verwandte Gattun- gen, ete. (Sur le Sagedia, Fries, et sur les genres voisins, etc., d'après les manuscrits de Flotow), p. 129-137. Th. Schuchardt. — Zur Kenntniss der Gattungen Urceolaria und Lecidea (Pour la connaissance des genres Urceolaria et Lecidea, d'après les ma- nuserits de Flotew), p. 145-148. Th. Hartig. — Ueber das Leuchten des weissfaulen Holzes (Sur la phos- phorescence du bois carié), p. 148-149. Th. Hartig. — Ueber das Verhalten des Zellkerns bei der Zellbrut Ent- wickelung (Sur la manière dont se comporte le nucléus cellulaire dans le développement de la cellule), p. 161-169. Th. Hartig. — Ueber die Bildung der Ablagerungssehichten (Sur la for- mation des couches de dépôt), p. 185-191. Th. Hartig. — Zur Eatwickelungsgeschichte der Spiralfaserzelle (Sur lor- ganogénie des cellules spirales), p. 201-203. Herm. Itzigsohn. — Gloecapsa und Cladonia (Gloecapsa et Cladonia), p. 203-207. Th. Hartig. — Ueber die Entstehung der Markstrahlen (Sur l'origine des rayons médullaires), p. 217-221. Th. Hartig. — Ueber die Wirkung verduennter Schwefelsaeure, etc. (Action de l'acide sulfurique affaibli sur les couches du dépôt des parois cellulaires dans l'état le plus jeune), p. 222-298, Th. Hartig. — Ueber die Bildung der Knospendeckblaetter von Salix und Magnolia durch Spaltungsflaechen (Formation des écailles des bourgeons de Salix et de Magnolia par des surfaces de rupture), p. 223--224. Rectification. — Dans le cahier du Bulletin qui contient les séances de février se trouve un relevé bibliographique des travaux publiés dans le dernier volume des Actes de la Société linnéenne de Maine-et-Loire. Il s’est glissé une erreur dans ce relevé. On y attribue, en effet, à M. l'abbé de Lacroix des expériences relatives à l'influence des verres colorés sur la végétation, qui appartiennent réellement à M. Martins. Nous nous empres- sons de rectifier cette erreur, qui a été signalée par M. de Lacroix lui-même dans une lettre adressée à M. le président de la Société botanique. Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE, M. de Schœænefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 48 avril, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Resoun, docteur en médecine, chirurgien aide-major, à Djelfa (Algérie), présenté par MM. Cosson et de Schæ- nefeld. Fourier (Eugène), rue Bonaparte, 20, à Paris, présenté par MM. Maille et Puel. M. le Président annonce, en outre, deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. P.-H. Lepage : Des propriétés rubéfiantes de la poudre de Raifort sauvage, ou Cran de Bretagne. 2° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, avril 1855, deux numéros. Lecture est donnée d’une lettre de M. Leclére, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. de Schæœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication Suivante adressée à la Société : T, I 20 282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTICE SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE, par M. G. MUNBY. (Oran, mars 1855.) Myosurus {minimus L. — Mare d’eau sur le Djebel Santo près Oran; sur lès bords du Dhaya el Beggeur près Oran. RANUNCULUS ORIENTALIS L. — Terrain sablonneux au marabout de Tiaret, et lieux sem- blables sur les hauts plateaux depuis Boghar jusqu’à Saïda. Bergeris ÆTNENSIS Rœm. et Sch. — Sur le sommet de l’Atlas, au télégraphe de Sinian près Blidah. — Les fruits, qui mûrissent en octobre, sont pourpres. Lepioiuu DHAYENSE sp. nov.— Radice perenni ; caulibus fructiferis incur- vis, pubescentibus; foliis radicalibus tomentosis, longe petiolatis, ellipticis, dentatis, caulinis sagittatis, dentatis ; siliculis ellipticis, alatis, obtusiuseulis, vix emarginatis; stylis tertiam partem silicularum æquantibus. ‘Plante pubescente de 3 à 6 pouces de hauteur; feuilles de 4 à 3 pouces de longueur ; fleurs blanches. Fleurit en avril et mai, et se trouve sur la colline de la Vigie, à Dhaya, poste avancé, sur les limites du petit désert d’Angad. Cette espèce est voisine du Z. sfylatum Lagase., dont elle diffère par ses feuilles qui sont dentées et non pas entières, par ses styles qui n'égalent que le tiers de la longueur des silicules, et par sa taille qui, dans le L. stylatum, n'est que de 2 à 4 pouces. Cultivée à Oran, elle a fleuri au mois de février. IBERIS Pruiti Tineo. — Z. umbellata Desf.? — Commun à Tlemcen et à Dhaya. Mai- Juin. IBERIS PARVIFLORA Sp. nov. — Pedicellis fructiferis corymbosis ; radice annua; caule a basi ramoso parce hirtulo ; foliis glabrescentibus linearibus, valde dentatis quasi pectinatis; siliculis emargivatis, sinu latiusculo, stylo dimidium sinus æquante; petalis subæqualibus vix calycem violaceum superantibus. Fleurs blanches; plante de 2 à 5 pouces de hauteur; feuilles longues d'an pouce, et de 2 lignes de largeur. Fleurit en mars et avril. Se trouve sur le terrain argileux à Sidi-Snoussi dans la plaine d'Oran, et au pied du Zaccar à Milianah. SISYMBRIUM CRASSIFOLIUM Cay. — Dans les champs de blé, à Aïn Tekria entre Tiaret et Teniet el Haäd. Avril. SENEBIERA VIOLACEA Sp. nov. — Foliis pinnatilobatis ; siliculis acutis, compressis; racemis terminalibus; pedunculis filiformibus, silicula triplo longioribus; floribus majuseulis, violaceis. Cette espèce est voisine du S. Coronopus Poir. Elle fleurit en hiver et au printemps jusqu'au mois de juin, et se trouve dans les prairies argi- leuses et marécageuses à Dhaya-Baalis, près le village d’Ain-Turck, aux SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. 283 environs d'Oran; elle a été trouvée aussi à la Maison-Carrée près Alger par M. Duval-Jouve, et à Koleah par M. Clauson. Brassica Boisstert sp. nov. — Radice perenni; foliis sinuato-pinnatifidis, carnosis, glaberrimis, superioribus lanceolatis ; racemis elongatis, pedicellis fructiferis horizontalibus, siliquam subæquantibus, rostro elongato. Fleurs grandes, jaunes; plante haute de 2 pieds; elle a été trouvée par M. Boissier sur les rochers frais du ravin de l'Oued-Sefsaf près Tlemcen. Mai. B. sABuLARIA Brotero. — Terrains sablonneux dans le pays de Ghammara, à douze lieues d'Oran. Février-mars. | EaucariA TENUIFOLIA DC. — Dans les moissons à la Sénia près Oran, rare, Mai. Linum sQuaARROoSuM sp. nov. ~- Caule fruticuloso; foliis imis squarrosis brevibus linearibus, superioribus lanceolatis margine revolutis, omnibus glaberrimis, carinatis ; sepalis ovatis, uninerviis, cum bracteis sparse glan- dulosis, capsulam ovatam sulcatam æquantibus; petalis albo-carneis, calyce 3-h-plo longioribus ; seminibus rufis. Cette espèce est voisine du Z. suffruticosum Lam., et se trouve sur les remparts de la Vigie à Dhaya. Fleurit en mai et en juin. HYPERICUM PERFOLIATUM sp. nov. — Caule perenni, bipedali, erecto, ramoso ; foliis ovato-oblongis, connatis, cum caule pubescentibus, imper- foratis ; corymbis laxiuseulis, eorum peduneulis folio Iongioribus ; sepalis lanceolatis, glabris, margine nigro-punctatis non fimbriatis, capsula matura brevioribus ; pedicellis calyce longioribus; petalis magnis, antheras exce- dentibus ; stigmatibus simplicibus. Cette espèce est voisine de PH. Caprifolium Boiss., et se trouve sur les Coteaux ombragés de la gorge de l’Oued-el-Kebir près Blidah. Juin. Eronium Mungyanum Boissier in litteris. — Æ. geifolium Munby Fl. Alger., non Desf. — Radice perenni cylindrica, carnosa; foliis glabris, petiolatis, trilobis, lobis tripartitis incisis, petiolis retro hirsutis; caule ra- moso; stipulis magnis, obtusis, scariosis, fuscis; floribus umbellatis, pedunculis folio longioribus, pedicellis fructiferis deflexis; sepalis striatis, aristatis, lanceolatis, margine membranaceis ; petalis inæqualibus, duobus superioribus minoribus basi macula nigra irregulari notatis. Cette espèce est voisine de VE. laciniatum Cav. Elle fleurit tout le priu- temps et se trouve dans les terrains sablonneux, dans la plaine d'Orün, dans la plaine des Andalous et dans le pays de Ghammara à l'ouest d'Oran. GENISTA QUADRIFLORA Sp. nov.— Foliis nullis ; ramis inermibus, rigidis, profunde striatis ; floribus terminalibus capitatis subsessibus, capitulis qua- drifloris ; calyce pubescente, bilabiato, labio superiore bipartito, inferiore 28h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tridentato ; vexillo carina sericea breviore, alas paulo excedente ; legumine pubescente, subdispermo. Buisson de 3 à 4 pieds de hauteur, à fleurs jaunes, voisin du G. umbel- lata ; fleurit en mai, dans les bois, à Tenira près Sidi-bel-Abbès, et en juin à Dhaya à 20 lieues plus au sud; il couvre les coteaux dans cette dernière localité. TRIGONELLA LACINIATA L. — Terrains incultes au pied de la montagne de Santa-Cruz près Oran. LATHYRUS AMPHICARPUS L. — Champs à la Sénia près Oran. Montia rontana L. — Flaques d’eau, près le marabout de Tiaret. SAXIFRAGA ORANENSIS sp. nov. — Glaberrima, cæspitosa ; foliis 3-7- fidis, petiolis 4-plo brevioribus ; gemmise longatis, acutis, stipitatis ; corym- bis sub-20-floris, pedicellis capillaribus; floribus parvis; laciniis calycinis acutis, petala subæquantibus. Cette espèce est voisine du S. globulifera Desf. Elle est haute de 6 à 8 pouces, ses feuilles avec leurs pétioles ont 3 pouces de long ; elle croit dans les fentes des rochers humides, dans le ravin des Carrières près Oran, et fleurit en avril. | Viscum ALBUM L. (?) — Sur les Chênes à glands doux dans la forêt de Dhaya. V. Oxvcepnr DC, — Sur le Juniperus Oxycedrus dans la forêt de Dhaya. LoxicerA Errusca Santi. — Col de Tenyah et Ain-Telazid près Blidah; Milianah dans les haies; Médéah (Duval-Jouve). GALIUM SEROTINUM sp. nov. — Caule erecto, cylindrico; foliis 8-10 erectis, linearibus, sulcatis margine revolutis, glabris, aristatis; panicula terminali, foliosa; floribus albis. Cette espèce est voisine du G. verum; elle se trouve dans la forêt de Dhaya, province d'Oran; fleurit à la fin de juin. VALERIANELLA CARINATA Lois. — Près le marabout de Tiaret, ANTHEMIS HALIMIFOLIA Sp. nov. — Caule suffruticoso; foliis oblongis, sessilibus, integerrimis, cum caule dense tomentosis; capitulis solitariis, peduneulatis ; involucri squamis lanceolatis, velutinis, carinatis, interioribus ` apice longe rotundato-scariosis ; paleis lanceolatis, apice laceris; achæniis. .. Cette espèce est voisine de l'A. Aizoon Griseb., et m'a été communiquée par le docteur Guyon, qui l'a recueillie aux environs de Laghouat. ANTHEMIS SANTOLINOIDES Sp. noy. — À. piscinalis Munby FL. Alger. — Radice perenni ; caule ramoso, herbaceo ; foliis glabris, bi-tripinnati- sectis, lobis linearibus acutis; pedunculis elongatis, striatis, junioribus pubescentibus; involucri squamis, Margine late membranaceis ; capitulo discoideo ; receptaculo conico ; paleis obtusiuseulis, apice hyalinis; achæniis SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. 285 obovatis, nudis, tenuissime striatis. (Munby exsiccat. cent. 1, n. 5, sub nomine À. aurea.) Cette espèce croit dans les prairies marécageuses, à Dhaya-Baâlis, et sur le plateau du Djebel-Santo, près Oran ; elle fleurit en juin, et les fleurs sont jaunes ; les feuilles exhalent l'odeur de l'A. nobilis. ACHILLEA LIGUSTICA All, — Bords de la route à la Colonne Voirol près Alger (Duval- Jouve). ` À. SANTOLINOIDES Lagasc. — Dans un champ à Sidi-Chami près Oran, rare. SANTOLINA INCANA DC. — Lambessa (docteur Guyon). ARTEMISIA GLUTINOSA Gay. — Forêt de Dhaya, province d'Oran. SENECIO FOENICULACEUS Tenore. — Bois sur les bords de l’Oued-Djer entre Blidah et Milianah ; chemins ombragés sur le Boujaréah. STÆHELINA DUBIA L. — Broussailles à Tenira près de Sidi-Bel-Abbès; Tiaret et Fren- dah (Krémer). CENTAUREA SEMPERVIRENS L, — Lieux ombragés sur le bord du chemin qui monte au col de Tenyah près Blidah. C. Pancaroris Heldr. — Coteaux à Dhaya, province d'Oran. CARDUUS ALGERIENSIS sp. nov. — Caule ramoso, sulcato ; foliis-radica- libus pinnatis, supra nervosis, glabriusculis, subtus arachnoideo-tomen- tosis, pinnis decurrentibus pinnatifidis spinosis, caulinis lanceolatis decur- rentibus ; capitulis maximis, terminaiibus, erectis ; involucri squamis inte- gerrimis, lævissimis, lanceolatis, apice corneo-spinosis floribus longioribus, exterioribus reflexis dilute purpurascentibus ; flosculis purpureis. Cette espèce ressemble au €. macrocephalus Desf., mais elle en diffère par les écailles de l'involucre qui sont entièrement glabres sans nervure moyenne, par les capitules plus gros et non pédonculés; elle se trouve à la Pointe-Pescade près d'Alger, et m'a été communiquée par M. Duval- Jouve. Larra major Gærtn. — Bois humides sur le Djebel-Tiruy à Tlemcen. Juillet. CAMPANULA TRACHELIOIDES Sp. nov. — Caule stricto, indiviso; foliis ovatis, serratis, petiolatis, hirtulis, rugosiusculis, sammis sessilibus ; flori- bus ternis, nutantibus; racemo folioso, pedali et ultra ; calycis segmentis lanceolatis, basi pilis albis hispidis ; corolla ad tertiam partem in lobos quinque lanceolatos divisa, lobis parcissime ciliatis ; stylis subinclusis. Cette espèce est voisine du C. Trachelium L., mais ses feuilles sont sim- plement dentées et ne sont pas en cœur à la base ; ses fleurs sont de moitié plus petites et penchées; la plante a plus d'un mètre de hauteur. Elle se trouve sur les coteaux boisés du ravin de l'Oued-el-Kebir près Blidah ; fleurit en juin. UrricuLariA vuLgaris L, — Marais de la Maison-Carrée près Alger (Duval-Jouve). 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ANAGALLIS CRASSIFOLIA Thore. — Bords des sources à la Batterie-Espagnole près Oran, juin {Krémer). APTERANTHES GUSSONIANA Lindl. — Biskra (docteur Guyon). LITHOSPERMUM INCRASSATUM Gussone. — Au marabout de Tiaret, avril; Maison-Carrée près Alger (Duval-Jouve). VERBASCUM MONTANUM Schrad. — Aïn-Telazid près Blidah; Oued Mafrouch ; Tlemcen. V. Boœrnaavir L. — Médéah (Duval-Jouve). ORIGANUM FLORIBUNDUM SP. NOV. — Caule erectiuseulo , villoso ; foliis rotundatis, villosis, crenatis, petiolatis, subtus glanduloso-punctatis ; pani- cula maxima, ramis elongatis caudatis; floribus suboppositis, discretis ; bracteis villosis, calycem subæquantibus; calyce villoso, dentibus subæ- qualibus, acutis; corolla glandulosa, tubo exserto. Cette espèce est voisine de l'O. glandulosum Desf. Elle a un aspect gri- såtre, les panicules ont six pouces de longueur et sont couvertes au mois de septembre de belles fleurs rouges. Elle croit au marabout de Sidi- Abd- el-Kader sur le sommet de l'Atlas derrière Blidah et dans les gorges de l'Arratch près Rovigo (Duval-Jouve). SALVIA CERATOPHYLLOIDES L, — Collines à }'Union-du-Sig près Oran (Durando). TEUCRIUM ALBIDUM sp, nov. — Caule suffruticoso, pubescente, procum- bente, ramosissimo, folioso; foliis ovato-rotundatis, profunde crenatis, pe- tiolatis, margine subrevolutis, supra villosis, subtus canescentibus, florali- bus cuneatis ; verticillastris paucifloris, capitatis ; calycibus tubuloso-cam- panulatis, dentibus acutiusculis subæqualibus. Voisin du T. saxatile Cav., dont il diffère par la forme et l’indumentum de ses feuilles. Fleurs jaunâtres. Se trouve dans les fentes des rochers ver- ticaux de l'Oued-Mafrouch près Tlemcen. Fleurit en juin. TRIGUERA AMBROSIACA Cav. — Pàturages argileux dans la gorge de Boulfrède près la ferme de l'Hafra, environs d'Oran, où il est abondant. TRIGLOCHIN LAXIFLORUM Gussone. — Coteaux secs à Alger et à Oran, AmBrosiNIA Bassi L. — Chemins maures à Birkhadem près Alger (Reuter) ; Bou-Ismail (Clauson). Orcas saccarA Ten. — Coteaux secs des environs d'Oran : Ja Sénia, Santa-Cruz, etc. O. LaACTEA Rich. — Forêt de Cèdres à Teniet-el-Haâd, rare. PeristyLus cordatus Lindl. (Satyrium diphyllum Link). — Bords des sources dans le sable, sur les bords de la mer, à une lieue à l’ouest d'Aïn Mazouch près Oran. PLATANTHERA CHLORANTHA Cust. — Maison-Carrée près Alger (Duval-Jouve). LiMODORUM ABoRTIVUM Sw. — Coteaux boisés à Dhaya, province d'Oran. Narcissus præcox Tenore. — Maison-Carrée près Alger. SCILLA PULCHELLA sp. nov. — Racemis capitatis, paucifloris ; pedicellis patentibus, nudis, perigonium exeedentibus; bulbo tunicato; foliis serotinis, filiformibus. SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. 287 Plante haute de deux pouces; fleurs et pédicelles d’un bleu améthyste. Se trouve dans les sables au pied de la montagne des Lions et sur les collines qui dominent la plaine des Andalous près Oran. Fleurit en octobre. ALLiu{m Cupani Raf. — Rochers du fort Saint-Grégoire près Oran et sur les coteaux de la Tour Combes. Juillet. ASPARAGUS ALTISSIMUS Sp. nov. — Caule fruticoso, 6-18-pedali, inermi, glaberrimo, scandente ; ramis deflexis, prehensibilibus; foliis acicularibus, fasciculatis, inæqualibus ; floribus peduneulatis, fasciculatis: baccis nigris. Espèce intermédiaire entre l'A. acutifolius et l'A. albus; fleurs très odo- rantes, se développant au mois de septembre; se trouve dans les ravins du Djebel-Santo près Miserguine: près le pont de l'Oued-Krouft environs du Sig (Durando). ARUNDO ALTISSIMA Benth. Cat. Pyr. — Dans les marais de Bridia près Oran. Ses tiges s'élèvent de 20 à 25 pieds de hauteur, mais elles sont beaucoup plus faibles que celles de l'A. Donax. ScoLorexprIUm Hewioniris Cav. — Ravins ombragés entre Tefeschoune et le Tombeau de la Reine, province d’Alger. ASPIDIUM FRAGILE Sw. — Dans les bois près la source d’Aïn-Telazid, environs de Blidah, M. le vicomte de Noè fait remarquer que FOriganum floribundum de M. Munby est identique avec une espèce à laquelle il a lui-même donné le nom d'O. cinereum et qu'il a montrée dans son propre herbier à M. Munby. M. de Noè met sous les yeux de la Société une épreuve de la planche gravée qui représente cette espèce. M. Cosson présente les observations suivantes sur la communica- tion de M. Munby : Le Lepidium Dhayense Manby n'est pas distinct du Z. Granatense Coss. (L. calycotrichum Kunze?), lui-même très voisin du Z. hirtum Sm., dont il ne diffère guère que par les silieules à style plus long. L'Iberis que M. Munby désigne sous le nom d'Z. parviflora est très répandu dans presque toute l'Algérie; cette plante ne nous parait pas spé- Cifiquement distincte de lZ. pectinata Boiss. L'espèce que M. Munby a décrite sous le nom de Senebiera violacea a été découverte aux environs d'Alger par M. Durieu de Maiscnneuve, et reconnue comme nouvelle par lui dès l'année 1840. Nous avions, M. Du- rieu et moi, signalé cette plante à M. Munby ainsi qu'aux autres botanistes algériens. 283 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Brassica Boissieri Munby, plante généralement répandue dans les montagnes de l'Algérie, doit être rapporté comme synonyme au B. Gravinæ Ten. Le Linum squarrosum Munby doit être rapporté comme synonyme au L. suffruticosum L. (L. salsoloides Lmk). Le nom d’ Hypericum perfoliatum Munby ne saurait être maintenu, car il existe déjà un H. perfoliatum L.; aussi proposerons-nous pour la plante celui d'A. Naudinianum pour rappeler l’auteur de sa découverte. L'espèce que M. Munby désigne sous le nom d'£rodium Munbyanum Boiss. ne peut conserver ce nom, car M. Boissier, sachant que nous la considérions comme nouvelle, avait renoncé à la publier, et nous l'avons fait paraître dans la collection de M. Balansa sous le nom d’'ÆZ. Mauritanicum Coss. et DR. Le Saxifraga Oranensis Munby nous parait, d'après la description et la localité indiquée, être une forme robuste du S. globulifera Desf. L’ Anthemis santolinoides Munby n’est que la variété dépourvue de rayons de l’Ormenis nobilis Gay (Anthemis nobilis var. flosculosa Pers. — A. aurea DC. — Anacyclus aureus L.). Le Carduus Algeriensis Munby, qui ne nous est connu que par des échantillons imparfaits, est une espèce du genre Onopordon que nous n'a- vons pas encore déterminée. La plante que M. Munby décrit sous le nom de Campanula trachelioi- des ne peut conserver ce nom, car il existe déjà un C. trachelioides M. Bieb. L'Apteranthes Gussoniana ne croit pas à Biskra même, mais il se ren- contre au nord de cette ville sur le versant méridional des montagnes qui limitent le Sahara ; il a été trouvé par M. Gallerand à Beni-Souik, où il est assez rare, Car les indigènes, qui le mangent avec plaisir, le recherchent avec soin. La plante indiquée par M. Munby à la Maison-Carrée près Alger sous le nom de Lithospermum incrassatum doit être rapportée au L. tenuiflorum L. f.; le Z. incrassatum ne se rencontre en Algérie que dans les montagnes. Au Peristylus cordatus Lindl., indiqué par M. Munby à Ajin-Mazouch près Oran, doit être rapporté comme synonyme l'Orchis cordifolia Munby (in Bull. Soc. bot. W, 1h8). M. J. Gay fait remarquer que les fleurs de l’Apteranthes ne sont point inodores et qu’elles ont, de mème que celles des Stapelia, une SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. 289 odeur désagréable très prononcée. Les tiges prismatiques de cette plante portent des feuilles, qui disparaissent au moment de la floraison; mais on voit toujours les jeunes pousses munies de leurs feuilles. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : QUELQUES MOTS SUR LA FÉCONDATION CHEZ LA VALLISNÉRIE, par M. P. DUCHARTRE. Dans la dernière séance de la Société, M. Chatin a présenté des échan- tillons vivants et fleuris de Vallisneria spiralis mâle et femelle. Me basant sur de simples souvenirs de lectures, j'ai cru devoir appeler son attention sur un phénomène qui, après avoir été admis pendant longtemps par luni- versalité des botanistes, a été nié dans ces derniers temps, de la manière la plus formelle, par des observateurs de mérite, Je veux parler de la rupture du petit pédoncule des fleurs mâles encore non épanouies, fait curieux, mais non sans analogues, qui permettrait à ces fleurs de s'élever du fond de l’eau jusqu’à la surface du liquide sur laquelle flottent alors les fleurs femelles. Les botanistes les plus distingués présents à la séance ayant paru regarder cette rupture comme un fait incontestable, je demande à la Société la permission d'entrer à ce sujet dans quelques détails qui, au point de vue bistorique, pourront n'être pas entièrement dépourvus d'intérêt, et qui d’ailleurs montreront que les recherches auxquelles j'ai pris la liberté d'in- viter M. Chatin, seraient suffisamment motivées par l'état actuel de la science. Micheli est, à ma connaissance, le premier auteur qui ait décrit avec précision le phénomène dont ses observations sur les fleurs mâles de la Vaillisnérie lui avaient révélé l'existence. A la description de son Vallisne- rioides, c’est-à-dire de la Vallisnérie mâle, il ajoute le passage suivant (Nova genera, 1729, p. 13), qui mérite d'être reproduit : « In prædictis floribus » admiratione dignum est, et quasi sine exemplo, quod, antequam dehis- » cant, a planta sejunguutur, et a centro ad aquarum superficiem elevati, » ibidem subito, et quasi vi elastica aperiuntur, et eodem tempore foliola » deorsum inter se contrahuntur. .., ac deinde, quandiu flores vigent, per » aquæ superficiem turmatim vagantur; ideoque æstivo atque autumnali » tempore floribus, qui quotidie germinant , tanquam pratulum floridum » aliqua ex parte aquam dealbatam spectavimus. » Je ferai remarquer que le célèbre botaniste florentin décrit le phénomène sans le rattacher à la fé- Condation de la fleur femelle de la plante qui, pour lui, constitue un genre distinct sous le nom de Vallisneria. En 1729, Linné, qui avait observé la Vallisnérie spontanée dans le Fin- mark, en Norwése, et près d'Upsal, en décrivit la fécondation de maniere analogue ; et comme pour que tous les grands noms de la science fussent 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rattachés à ce curieux phénomène, Jussieu, dans son Genera, en donna plus tard (1789) une description aussi élégante et aussi poétique peut-être que celle qu’on admire dans le poëme de Castel. Que la Société me permette de lui rappeler cette phrase de notre immortel botaniste : « Flores fœæminei » laxato seapo detenti supernatant; masculi, adaperta spadicis demersi » spatha, rupto nexu ad aquæ superficiem liberi elevantur, hiant, caterva- » tim juxta fæmineos vagantur, et præludunt genesi novæ prolis quæ in » germine latens, retracto mox scapo, sub undis clam maturescit. » Si je voulais multiplier les citations, je pourrais ajouter de nombreuses autorités à celles que je viens d’invoquer. Je me contenterai de joindre aux descriptions données par Micheli et par Jussieu, celle que L.-C. Richard a consignée dans son beau mémoire sur les Hydrocharidées, parce qu'elle si- gnale, avec la précision habituelle chez son auteur, toutes les particularités du phénomène. « La spathe, dit Richard, s'ouvre d'abord par le sommet ; la rupture se prolongeant peu à peu par les deux bords, elle est enfin tout à fait ouverte en deux pièces recourbées, tantôt indivises, tantôt irrégulière- ment déchirées. Dès le bâillement du sommet de la spathe, et à mesure que sa déhiscence augmente, les fleurs, se détachant successivement de leurs pédicelles, s'élèvent comme de très petites bulles pyriformes vers la surface de l’eau, et dès qu'elles y sont parvenues, elles s'ouvrent subitement ; le calice s'étale, se réfléchit presque aussitôt, et en même temps les anthères se rompant et retenant le pollen irrégulièrement congloméré, prennent l'appa- rence de certaines espèces de Botrytis. Les fleurs ainsi ouvertes, nagent à la surface de l'eau, et y forment par leur assemblage comme des taches blanchâtres qui les font reconnaitre. Les fleurs restent closes tant qu’on les tient submergées ; ce qui parait prouver que le contact de l'air est nécessaire pour leur expansion. » (Mémoire sur les Hydrocharidées; Mémoires de l'Institut, 4814, 2° part.; Paris 1814 ; p. 13-14). Ainsi, je crois pouvoir dire que, s’il est un fait qui semble solidement établi, c’est celui de la fécondation du Vallisneria spiralis opérée par la rupture du pédoncule des fleurs mâles qui, devenant ainsi libres de toute adhérence, viendraient flotter à la surface de l’eau, et y féconderaient les fleurs femelles, Il faut, ce semble, avoir tout le courage qu'inspire une ferme conviction, pour oser contester des faits si généralement admis ; c’est cependant ce que trois observateurs ont fait dans ces derniers temps. Nuttall, dans son Genera des plantes de l'Amérique septentrionale, pu- blié en 1818 (page 230}, avait sisnalé la rupture du petit pédoncule des fleurs mâles chez le Vallisneria americana Michx, qui n'est tout au plus qu'une variété de notre Vallisnérie spirale, comme l'admettent aujourd'hui tous les botanistes, et comme j'ai pu m'en assurer sur les échantillons de l'herbier de M. Delessert. I} est probable qu'il s'était alors contenté d'un SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. 294 examen superficiel, ou plutôt qu'il avait reproduit sans examen les données consignées dans les ouvrages antérieurs; car, en 1822, dans un article du Chapman's Philadelphia Journal (cité par De Candolle, Meyen, Vau- cher, ete.), il nia l'exactitude du fait qu'il avait d'abord admis avec tout le monde, et il affirma qu'au lieu des fleurs mâles, ce sont uniquement des masses de pollen qui viennent flotter à la surface du liquide. En 1828, un observateur italien, Paolo Barbieri, a émis (Osservazioni microscopiche , memoria physiologico-botanica. Mantova, 1828, 8°) sur la Vallisnérie spirale d'Italie des assertions analogues à celles de Nuttall sur la variété américaine. D’après la citation faite par Meyen, Barbieri a ob- servé un grand nombre de fois cette curieuse plante, et il affirme avoir re- connu que ses grains de pollen, se détachant par milliers, viennent nager à la surface de l'eau, de manière à former les petites masses blanches qui faisaient employer par Micheli l'expression de « aquam dealbatam. » Bar- bieri a même rompu le petit pédonenle des fleurs mâles qui, ainsi détachées, ne sont pas venues, assure-t-il, flotter à la surface du liquide. Enfin un botaniste allemand, dont l'habileté et l'exactitude comme obser- vateur n'ont jamais été mises en doute, Meyen est venu appuyer par ses propres recherches sur la Vallisnérie cultivée en serre les résultats des observations faites sur la plante spontanée par Nuttall et Barbieri. « Quoi- que la Vallisnérie, dit-il dans sa Physiologie (Neues System der Pflanzen- Physiologie, VII, 1839, p. 287), fleurisse presque chaque année dans nos serres, on n’a jamais pu voir ses fleurs måles se détacher; mais j'ai vu moi- même maintes fois que des masses plus ou moins volumineuses de son pollen s'élèvent vers la surface de l'eau, et que là, venant naturellement ou artificiellement en contact avec les fleurs femelles, elles en opèrent la fé- condation. » On ne peut s'exprimer avec plus de netteté, et la question si intéressante de la fécondation chez la Vallisnérie se trouve ainsi posée, par les assertions contraires que j'ai rapportées, dans un tel état d'incertitude, qu'il me semble impossible de l'élucider sans de nouvelles recherches faites avec tout le soin ‘possible. On peut donc voir que j'étais suffisamment autorisé par l'état ac- tuel de la science à provoquer de nouvelles observations sur un sujet qui mérite plus que tout autre peut-être l'attention des botanistes. N'étant pas en position d'observer la Vallisnérie vivante, j'ai cherché si l'étude de la plante sèche pourrait me fournir quelques données sur le sujet en question. Mais, parmi les nombreux échantillons qui représentent cette espèce dans l'herbier de M. Delessert, un seul, venu de l'herbier de Vente- nat, m'a offert une inflorescence mâle dans un état à peu près convenable Pour donner quelques renseignements instructifs; seulement une compres- Sion exagérée en a déformé toutes les parties. Cependant il m'a été facile de Voir que la paroi interne de la spathe ouverte est tapissée de fleurs mâles 292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. détachées, et que l’axe de l’inflorescence en porte aussi un grand nombre qui sont encore en place. Si une conclusion quelconque pouvait être déduite d’une observation si incomplète, elle serait plutôt favorable à l'opinion de Linné, Jussieu, Richard, ete., qu’à celle de Nuttall, Barbieri et Meyen. L'analogie viendrait encore à l'appui de la même opinion, si l'analogie pouvait être ici de quelque poids dans la balance. Il existe, en effet, à côté de la Vallisnérie spirale, des plantes submergées dioïques, chez lesquelles on a vu également les fleurs mâles se détacher par la rupture de leur pé- doncule, et arriver ainsi en contact avec les fleurs femelles à la surface de l'eau. En effet, les choses se passent ainsi, d’après M. Robert Wight (in Hooker's Miscellany, II, p. 34h), chez le Vallisneria alternifolia, Roxb., et aussi, d'après Roxburgh, chez l Hydrilla ovalifolia, L. C. Rich. (Serpi- cula verticillata, Lin. , Roxb.). Elles ont encore lieu d’une manière analogue, quoique avec une particularité nouvelle, chez l’ Udora canadensis, Nutt. (Elodea canadensis, Michx.). Dans cette dernière plante, d'après Nattall, les fleurs mâles se détachent par la rupture de leur pédoncule; mais, dès qu'elles arrivent à la surface de l'eau, leurs anthères s'ouvrent avec élas- ticité et répandent leur pollen qui flotte sur le liquide. De quelque manière qu’ait lieu la fécondation chez la Vallisnérie, il sera toujours difficile de s’en rendre compte avec les données que possède au- jourd'hui la science. En effet, soit que les fleurs mâles restant sur la plante, leur pollen vienne seul flotter à la surface de l'eau, soit, comme je suis bien plus porté à le croire, que ces fleurs se détachent et viennent répandre leur pollen dans l'air, il doit toujours arriver que la poussière fécondante se trouve plus ou moins longtemps en contact avec le liquide; à moins toute- fois qu'on ne suppose que ces fleurs ouvertes flottent sans se renverser, de manière à maintenir les anthères ouvertes, constamment élevées au-dessus de l’eau. Or, on connait l'action fâcheuse exercée par l’eau sur les vésicules du pollen des plantes ordinaires; il faut que le pollen de la Vallisnérie ne soit pas organisé de manière à subir cette action, et qu'il résiste au moins pendant quelque temps à l'influence de l’eau. Du reste, le pollen des plan- tes sabmergées en général, doit être organisé de telle sorte que le contact de l’eau ne le fasse pas crever, ou que du moins, il n’y détermine pas trop promptement l'émission du boyau pollinique. Il faut également admettre que, chez elles, le stigmate exerce sur les vésicules polliniques une action spéciale et très prompte, soit grâce à une humeur visqueuse, non miscible à l'eau, soit de toute autre manière. Mais, même avec cette condition, on ne peut encore s'expliquer comment s'opère la fécondation chez plusieurs de ces plantes, surtout chez celles qui sont à la fois sabmergées et unisexuées;, comme les Naïadées et les Zostéracées. Sans doute la na ure, en donnant aux derniers de ces végétaux leur singulier pollen confervoide, a dû assi- gner à cet organe fécondateur des propriétés toutes spéciales, entièrement SÉANCE DU 27 AVRIL 4855. 293 différentes de celles des pollens ordinaires. D'ailleurs, s’il est vrai que la gaine qui renferme à la fois les fleurs mâles et femelles des Zostera, soit suffisamment close pour contenir une petite atmosphère due à une sécrétion d'air par la feuille; s'il est également vrai que, comme l'a dit Cosentino, chaque groupe d'organes reproducteurs du Posidonia soit recouvert d'une sorte de voûte mucilagineuse, on peut, à l'exemple de plusieurs physiolo- gistes, rapprocher la fécondation chez ces deux genres de celle des plantes ordinaires. Mais le problème devient, je crois, plus compliqué, et même à peu près insoluble pour les genres dioiques, surtout pour les Thalassia et les Cymodocea qui vivent fixés au fond des mers. Ici, des observations suivies pourraient seules révéler la marche nécessairement exceptionnelle que suit la nature ; et cependant, il n’est guère permis d'espérer de pareilles observa- tions pour des végétaux dont la seule recl:erche est déjà entourée des plus grandes difficultés. Il existe done là une lacune regrettable dans nos con- naissances sur la fécondation dans le règne végétal; et malheureusement celte lacune ne pourra être remplie sans un de ces hasards heureux qui viennent quelquefois fournir à l'improviste une solution inespérée aux questions les plus délicates et les plus ardues. M. J. Gay ajoute que l’on peut citer encore les Zanichellia au nombre des plantes dont la fécondation s’opere sous l’eau. M. Moquin-Tandon rapporte que dans le canal du Languedoc et dans les bassins du jardin botanique de Toulouse, il a vu flotter à la surface de l’eau, non-seulement des fleurs mâles entières de Vallis- neria, mais aussi des étamines el des enveloppes florales détachées. Les deux interprétations indiquées par M. Duchartre pourraient donc être, l’une et l’autre, conformes à la vérité. M. Chatin fait passer sous les yeux de la Société, dans des tubes de verre, des fleurs måles de Fallisneria, qui viennent de s'élever à la surface de l'eau, et dont plusieurs n’ont encore ouvert ni leurs anthères, ni leur calice. Il ajoute les observations suivantes : SUR LES FLEURS MALES DU VALLISNERIA SPIRALIS, L., pw M. AD. CHATIN. Meyen a avancé, en s'appuyant des observations de Nuttall, de Barbieri et des siennes propres, que pour féconder les fleurs femelles du Vallisneria spiralis, ce sont les grains de pollen seuls, et non les fleurs mâles tout en- tières qui se sépareraient de la plante mère, et viendraient flotter à la sur- face des eaux. Notre savant collègue, M. Duchartre, ayant rappelé l'opinion de Meyen, et l'ayant présentée comme digne d'examen, je me suis joint à M. Moquin-Tandon pour affirmer, d'après les faits dont je venais d'être 294 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. témoin en suivant le développement du Vallisneria dans les bassins à eaux tranquilles des serres de l'École de pharmacie, que ce sont bien les fleurs elles-mêmes, et nullement le pollen, qui se détachent et montent à la sur- face de l'eau pour opérer la fécondation. Je viens aujourd’hui établir , par des pièces et des dessins, la vérité de mon affirmation. Ainsi que la Société peut le voir par les fleurs mâles contenues dans des flacons , la petitesse de ces organes a pu faire croire à quelques-uns des botanistes qui les ont apereues flottant réunies par troupes nombreuses à la surface de l’eau, qu'ils avaient sous les yeux de simples grains de pollen. Voici d’ailleurs, suivant mes propres observations, un précis de la struc- ture, jusqu'ici assez mal connue, de ces fleurs. Celles-ci, très nombreuses, sont portées sur des pédicelles assez longs et ténus, groupés sur l'axe commun en une courte grappe conoïde qu’embrasse une spatbe diphylle transparente d’abord fermée et retenant de Pair captif que l’on voit s'échapper quand on déchire la spathe sous l’eau. Après que la spathe s'est déchirée en valves (deux ordinairement) qui se renversent, le pédicelle des fleurs mâles se coupe vers sa partie supérieure (à un point reconnaissable d'avance à la différence de longueur des cellules), et celles-ci s'élèvent à la surface de l’eau. Le calice, qui est encore hermétiquement clos, et contient de l'air entre ses trois minces sépales valvaires et les étamines au moment où la fleur s'élève à la surface de l’eau, s'ouvre bientôt, et est suivi de près par la déhiscence des étamines. Les pétales, que les auteurs modernes mettent, sur la grande autorité de Richard et de Turpin, au nombre de trois devant les sépales, entre ceux-ci et les étamines qui se superposeraient ainsi (4) et aux pétales et aux sépales, manquent, du moins à la place qui leur a été assignée, et ne peuvent tout au plus être représentés que par une petite languette (staminode des auteurs) qu’on voit constamment alterner avec les deux sépales antérieurs ou infé- rieurs; les homologues de cette languette, qui devraient se trouver sur les côtés du sépale postérieur, n’offrent aucun rudiment. Mais la languette ne pourrait-elle pas représenter, non un pétale, mais une étamine avortée, ou un pistil arrêté dans son évolution, et dévié de sa position axile ? L'organo- génie va sans doute me l'apprendre. Les étamines fertiles sont au nombre de deux, et superposées aux sépales antérieurs. Devant le sépaie postérieur, est un appendice, ordinairement aplati, qui répond, par sa situation, à la troisième étamine nécessaire pour compléter le verticille de l'androcée dont il offre même parfois, à des degrés divers, l'apparence et la structure. (4) Structure sans exemple, monstrueuse au point de vue de la symétrie, et dont on devrait douter même en la voyant. SÉANCE DU 27 AvRiL 1855. 291 Les anthères, à deux loges, s'ouvrent ou plutôt se partagent de haut en bas en quatre valves par la séparation des loges et la division de chacune de celles-ci en deux jusqu’à sa base d'insertion ; les quatre valves, d'abord étalées horizontalement, se renversent sur le filet, toujours recouvertes par le pollen qui forme alors au sommet de l'étamine, où ses gros grains restent agglomérés par une matière visqueuse, comme une petite grappe blanche en forme de mûre. Le pollen, que protege la matière épancheée à sa surface, peut rester quelque temps dans l'eau avant que l’exhymeénine se dechire pour livrer passage aux boyaux polliniques. L'anatomie des fleurs mâles du Vallisneria établit que celles-ci ne con- tiennent ni vaisseaux ni fibres, et sont par consequent d'une structure exclu sivement cellulaire. A côté de ce fait, jusqu'à ce jour sans exemple parmi les plantes phanérogames, viendront sans doute s'en grouper quelques autres qu'on devra surtout rechercher parmi les plantes aquatiques et les especes parasites. L'absence d'éléments fibro-vascuiaires dans les pédicelles et les fleurs favorise, sans aucun doute, ainsi que le changement de structure qu’on observe dans les cellules, la séparation, par déchirement, des fleurs; l'air retenu captif dans le calice, aide à l’ascension de celles-ci ; la concavité des sépales est favorable à la flottaison de l'appareil mâle; la viscosité du pollen, qui le retient sur les sommets émergés des étamines et le défend, pendant un certain temps, contre Faction immédiate de l'eau, a pour effet d'augmen- ter (surtout eu égard à la nature villo-papilleuse des stigmates) les chances de fécondation. La gyration existe, non-seulement dans les feuilles, mais dans les racines, les tiges, le pédoncule et la spathe ; on l’observe aussi sur les pédicelles, chez lesquels elle ne s'élève pas ordinairement au delà des longues cellules, c'est-à-dire du plan de coupure (ou de fausse désarticulation) des fleurs. Quoique le Vallisneria wait pas d'épiderme, il m'a paru que le rang su- perficiel de ses cellules n'offre jamais le phénomène de la gyration. M. Chatin fait, en outre, à la Société, la communication suivante : DES CYSTIES , ORGANE NOUVEAU OBSERVE SUR LES CALLITRICHE (C. platycarpa, Kütz.; C. verna, Kütz.; C. stagnalis, Scop.), par M. AD. CHATIX. Quand on regarde, sur ses deux faces, une feuille de Callitriche, on voit que Ja face supérieure est verte et assez luisante, tandis que la face infe- rieure est blanchätre. Cette apparence sous laquelle se présentent les deux surfaces porterait à penser que, contrairement à ce qui a lieu chez les plantes à feuilles flottantes Nymphéacées, Polygonum amphibium, ete), et semblablement au contraire à ee qu'on observe dans la plupart des dicoty- 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lédones portant leurs feuilles au milieu de l'air, la Callitriche a des stomates à la partie inférieure, à l'exclusion de la partie supérieure de la lame de ses feuilles : on va voir que c’est plutôt le contraire qui a lieu. Vue à la loupe, la face inférieure des feuilles offre distinctement sur l'épiderme un grand nombre de petits points blancs brillants dont la pré- sence explique sa coloration blanchâtre. Le microscope, consulté à son tour, fait connaître la structure de ces points blanes, pour lesquels je propose le nom de cysfies [de xÿstis, vessie, petite outre (1)], et dont chacun est un joli petit appareil utriculaire res- semblant beaucoup à un bonnet de docteur. Les cysties sont formées le plus souvent de huit cellules {rarement d'un nombre moindre ou supérieur) qui, évasées en haut ou dans leur portion libre, se réunissent en une base com- mune, étroite et circulaire, sur une petite cellule qu’entourent les cellules ordinaires, plus grandes et irréguliérement contournées en zigzag, de lépi- derme. Chaque cellule de la cystie forme a la surface de l'organe un relief plus ou moins prononcé comparable aux côtes de certains fruits de Cucur- bitacées ou d'Euphorbiacées (du Hura crepitans surtout). La cavité de la cystie est simple ou subdivisée dans sa portion supérieure par les cloisons de séparation des cellules. Les cysties, très nombreuses à la face inférieure des feuilles, existent cependant en certain nombre à leur face supérieure, où elles sont entremélées avec les stomates (2). On les détache de la plante par le frottement. Daus leur premier âge, les cysties contiennent un liquide qui est sou- vent résorbé et remplacé par de l'air vers le moment de la floraison, c'est-à-dire quand la plante, jusque-là submergée, vient étaler à la surface des eaux la rosette de ses feuilles terminales. On observe aussi, flottant dans le liquide ou fixés aux parois des utricules, des granules verts dont le plus grand nombre se colorent en jaune brun par l'iode, pendant que quel- ques autres, plus volumineux et plus irréguliers, deviennent incolores. Le disque d'insertion des cysties est recouvert par ces divers granules qui rem- plissent ordinairement la cellule sous-jacente, laquelle est en continuité avec le parenchyme vert. Le rôle physiologique des cysties est sans doute indiqué par le fait de la présence de l'air, à l'époque de l'anthèse, dans ces organes dont la fonction serait de faire flotter les sommités de la plante, et, par là, de per- mettre que les phénomènes de la fécondation s'effectuent dans l'atmosphère suivant les conditions ordinaires. Les analyses auxquelles je vais soumettre lair contenu à divers moments (1) J'ai pris, pour former ce nom, les conseils de MM. Duméril et Moquin- Tandon, savants familiarisés, comme on sait, à la formation de noms euphoniques. (2) I existe encore des cysties à a surface des tiges, SÉANCE DU 27 AVRIL 4855. 297 dans les cysties, apprendront si celui-ci ne remplirait pas quelque rôle chi- mique, en même temps qu'il agit physiquement, par sa légèreté, comme moyen de flottaison. Je dois faire remarquer, comme fait en lui-même digne d'intérêt, et comme preuve à l'appui du rôle de flotieur attribué aux cvsties pendant la période florale, que les feuilles de la Callitriche n'offrent point dans leur parenchyme, que forme exclusivement un tissu dense et serré, ces canaux pneumatophores qu'on observe dans les feuilles flottantes, qui leur doivent d'être beaucoup plus légères que le liquide qui les porte : les cysties sup- pléent donc ici les cavités aériennes. L'organogénie des cysties n'est pas le côté le moins caractéristique de leur histoire. Chacune d'elles procède, comme les stomates, d'une cellule qui se distingue, par sa petitesse et par sa forme régulièrement arrondie, des autres cellules de l'épiderme. Comme celles des stomates, la cellule primitive des cysties est bientôt partagée en deux cellules par une cloison médiane, et l'on ne saurait même dire, à ce moment, si l'on a sous les yeux un stomate en voie de formalion ou une cystie, si la cellule génératrice de celle-ci ne se soulevait au-dessus de l’épiderme. Bientôt chacune des deux cellules est divisée par une cloison ; la cystie offre alors quatre cellules qui, se partageant à leur tour, complètent l’organe composé ainsi de huit cellu- les qui restent unies entreelles, et dont les sommets convergent sur la ligne axile au point opposé à la base ou orifice d'insertion. Quelquefois, au lieu de huit cellules, on n'en compte que six ou sept par défaut de subdivision de quelques-unes des cellules; d'autres fois, la cystie est formée de neuf à dix cellules (1) par la division de quelques-unes des huit cellules normales ; parfois aussi quelques-unes de ces dernières ne sont qu'imparfaitement sub- divisées par la cloison dont la formation s’est arrêtée avant d'atteindre le sommet de la cellule. Il est assez fréquent d'observer chez les cysties vieillies, surtout après la turgescence causée par les gaz, les huit cellules dissocices et formant comme autant de petits sacs ne tenant plus entreeux que par leur base d'in- sertion (ou plutôt d'exsertion). Depuis le moment où la cellule génératrice des cysties s'élève au-dessus de l’épiderme, l'organe ne cesse, jusqu'à sa complete organisation, de s'étendre en diamètre au-dessus de sa base, qu'il déborde. C'est ainsi que pendant que celle-ci n’a ordinairement qu'un diamètre moindre de 2 centièmes de (1) J'en ai compté une fois treize, on en pourrait trouver seize, peut-être même un nombre plus grand, par une nouvelle subdivision de quelques-unes des seize cellules doublant le nombre habituel. Le péristome des mousses à 4, 8, 16, 39, 64 dents, dont plusieurs sont imparfaitement subdivisées, ne se forme-Lil pas aussi par dédoublement ? T. M. 71 298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. millimètre, la cystie mesure de 8-10 centièmes de millimètre vers sa partie supérieure. Les analogues des cysties peuvent être recherchés au point de vue de l'anatomie, de la physiologie et de l'embryogénie. Sous le rapport anato- mique, on pourrait les comparer à certains poils (1) ; du côté physiologique, on trouve leurs analogues dans les cavités aériennes, qu’elles suppléent ; mais par l'embryogénie qui nous a appris qu’elles dérivent des stomates, les cysties s'éloignent de tous les corps ayant avec elles des ressemblances, soit anatomiques, soit physiologiques. A la face inférieure des feuilles et sur les tiges, tous les stomates deviennent des cysties ; à la face supérieure des feuilles, la transformation ne porte que sur une fraction de ces organes. A la face inférieure des feuilles, les stomates devenus inutiles comme tels sont remplacés par les cysties, qui doivent, comme corps flotteurs, assurer le but final de la vie des individus, la fécondation et la reproduction; à la face supérieure, assez de stomates se transforment encore, un plus grand nombre persistent pour agir sur l'atmosphère pendant la période d'émersion de la plante. On remarquera que la nature, pour faire un organe anatomi- quement et physiologiquement nouveau, se borne ici, comme en tant d’autres circonstances, à modifier par ses développements ultérieurs un organe existant et habituellement dévolu à d’autres fonctions (2). Il serait curieux d'examiner, sous ce rapport, la variété terrestris du Callitriche : je profiterai de la première occasion pour le faire (3). Je ne finirai pas sans dire que si l'étude que je viens de faire des cysties est déjà presque complète, le mérite en revient à M. Decaisne, notre savant président, qui, en voyant le dessin de la Callitriche préparé pour mon ana- tomie comparée, remarqua les petits corps fixés à sa tige et à ses feuilles, me dit qu'ils lui paraissaient être nouveaux, et m’engagea à les soumettre à un examen special. Le travail presque achevé, j'eus cependant un moment de puérile inquié- tude sur la nouveauté de mes observations. Les cysties ne sont pas sans (1) La ressemblance est surtout très grande entre les cysties et les corps octo- cellulés ordinairement sessiles que le Pinguicula vulgaris porte à la face supé- rieure de ses feuilles. (2) Les corps que j'ai observés sur le Pinguicula se rapprochent encore des cysties par leur embryogénie. L'avenir apprendra si ces organes ne doivent pas être aussi rapprochés par quelque fonction commure, (5) Lun des membres les plus distingués de la Société, M. Duchartre, ayant objecté qu'on ne comprenait pas bien que les cysties fussent des organes épi- dermiques, les plantes aquatiques n'ayant pas d’épiderme, j'ai fait la remarque qu'une certaine catégorie d'espèces vivant habituellement dans l’eau ont un épi- derme vrai, qu’à l'examen de celui-ci on peut même prévoir si la plante pourra vivre hors de l’eau ; que telest le cas de la Callitriche. t SÉANCE DU 27 AVRIL 4855. 299 añalogie de forme avec certains poils, dont elles semblent représenter une forme très jolie ; la Callitriche a pour étymologie beau poil, beaux cheveux (xd1)05, ORtE); ne serait-ce pas, pensai-je, que les cysties déjà vues auraient servi à former le nöm de la plante? De Theis me rassura en m'apprenant que Pline nommait déjà Callitriche une plante dont l'infusion donne une belle couleur aux cheveux qu’elle rend de plus épais et frisés, et que ce nom, détourné de son application première, désigne aujourd'hui un genre de plantes dont les feuilles très délicates sont disposées par belles touffes à la surface des eaux comme une belle chevelure verte. M. Parlatore fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE VALLISNERIA SPIRALIS, px M. PH. PARLATORE. Eugagé depuis plusieurs années dans l'étude des plantes monocotylées pouf mon ouvrage sur la Flore d'Italie, j'ai été à même de rencontrer plu- sieurs fois des faits intéressants pour l’organographie et la morphologie végétales. Plusieurs de ces faits ont été publiés dans un travail sur quelques fouveaux genres de Monocotylédones (1) et dans les observations que j'ai présentées à la Société le 24 novembre dernier. Je compte publier le reste dans la description des autres familles monocotylées de ma Flore Italienne, dont j'ai préparé le manuscrit. Cependant je crois qu’il n'est pas tout à fait inutile, à cause du retard involontaire apporté à la publication de cette partie de la Flore, de communiquer à la Société mes notes sur quelques-unes de ces plantes qui m'ont offert les particularités les plus intéressantes. Je commence par le Vallisneria spiralis, plante déjà si célèbre dans la science par les phénomènes de sa fécondation, et dont les amours ont été chantées par les poëtes. Tout le monde sait que le Vallisneria est une plante dioïque qui se plait à vivre dans les eaux tranquilles de quelques pays du midi dé l’Europe, principalement de la France et de l'Italie. Tout le monde sâit aussi que cette plante a été découverte par le célèbre Micheli, qui établit le genre Vallisneria pour l'individu femelle, et qui considéra l'individu mâle comme un genre à part sous le nom de Va//isnerioides, car Micheli avait pas sur la sexualité des végétaux les notions que la science a acqui- ses plus tard. C’est principalement à cause de cela, et en raison de l'état pèu avancé alors de l'organographie végétale, que les observations de Micheli, du reste très exactes, laissent beaucoup à désirer quant à la description des organes, et en ce qui concerne la singulière fécondation de cette plante. Plusieurs botanistes après Micheli se sont occupés du Vallis- neria et ont parlé de la manière dont s'opère sa fecondation : ils ont dit, en effet, dans leurs ouvrages, que le pédoncule de l'individu femelle, en- (1) Nuovi generi e nuove specie di piante monocotiledoni. Firenze, 1854. 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. roulé plusieurs fois en spirale avant la fécondation, s'allonge plus tard pour porter les stigmates à la surface de l'eau, et que les fleurs de l'individu mâle, portées sur un court pédoncule et placées au fond de l’eau, se déta- chent du spadice, sont soulevées jusqu'à la surface de l’eau, et que le pollen va ainsi se mettre en contact avec les stigmates de l'individu femelle. C’est ainsi, et justement, que la fécondation de cette plante a été décrite par A.-L. de Jussieu, par Savi, par Richard, par De Candolle, par Endlicher et par d’autres botanistes. Néanmoins, des doutes se sont élevés dans ces der- nières années sur cette fécondation (comme on peut le voir entre autres dans la Physiologie végétale de Meyen), car il y a des botanistes qui prétendent que les fleurs mâles ne se détachent pas du spadice, et que c’est seulement le pollen qui monte, de sorte qu'on ne sait pas au juste à quoi s'en tenir sur cette fécondation dans l'état actuel de la science. Beaucoup d'erreurs se sont en outre glissées dans la description de la plante, qui malheureusement ont été répétées dans les ouvrages des auteurs récents qui n’ont pas eu l'occasion de la voir vivante. Personne ne parait avoir décrit avec soin comment les fleurs mâles sont placées sur le spadice, et pourquoi elles s'en détachent. C’est pour cette raison que je me permets de donner ici le résultat de mes observations faites dans l'été de 1853 sur cette plante qui croît abondamment dans les eaux des environs de Lucques et de Pise, et qui a déjà été étudiée par Micheli lui-même. Les individus mâle et femelle du Vallisneria ne diffèrent en rien l'un de l’autre avant le moment de la floraison ; tous les deux présentent un rhi- zome et poussent des stolons, par lesquelles la plante se propage ainsi prodigieusement au fond des eaux marécageuses et des canaux. Les feuilles sont un peu charnues, planes, linéaires, longues de 6 pouces à 1 ou 2 pieds, et quelquefois jusqu'à 3 pieds, selon la profondeur de l’eau, d’une couleur verte foncée, lisses, avec des nervures longitudinales peu apparentes, obtu- ses où un peu aiguës au sommet, où elles présentent sur les bords quelques petites dents en forme d’épines ; elles s'embrassent par leurs bases, et for- ment une sorte de petite touffe. L'individu mâle présente un pédoncule qui est très court, n'ayant ordinairement que 2 ou 3 pouces de longueur; il est blanc, cylindrique, un peu plus gros en haut, et sort de l’aisselle de la feuille inférieure ; il y a souvent un second pédoncule qui sort de l’aisselle de la seconde feuille. Quelquefois j'ai vu deux pédoncules sortir de la même aisselle. La spathe se compose de deux valves soudées par les bords; elle est d'une couleur grisâtre et si mince qu'elle laisse voir les fleurs qui S'Y trouvent renfermées ; plus tard, elle se déchire irrégulièrement en deux où trois parties, et elle tombe. Les fleurs sont extrêmement petites et nombren- ses, très rapprochées les unes des autres, et chacune insérée par un court pédiceile sur un spadice conique et un peu aplati d'avant en arrière. Ces pédicelles sont filiformes et blanes et ont été à tort décrits comme des glan- SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. 301 des par Savi; les fleurs y sont comme articulées au sommet, de sorte qu'elles s'en détachent avec la plus grande facilité aussitôt que la spathe se déchire, et avant qu'elles ne s'épanouissent. Ces fleurs sont alors d’une forme obovée, d'une couleur blanche grisâtre avec quelques légères teintes violettes. Le périgone est divisé en trois folioles obovées, presque arrondies au sommet, concaves, qui se recouvrent un peu par leurs bords avant l'épanouissement de la fleur, mais qui plus tard, et c'est après que les fleurs sont venues à la surface de l'eau , s'étalent, se réfléchissent et se dirigent toutes les trois presque d’un seul côté. Les étamines sont au nombre de deux ; ainsi, la plante est diandre, comme Micheli l’a bien figurée et comme l'a bien dit Savi; je ne l'ai pas vue triandre comme d’autres l'ont décrite, Ces étamines sont insérées à la base de deux folioles du pé- rigone, mais les filaments se jettent tout de suite de côté, de sorte que les étamines deviennent alternes avec les folioles mêmes : elles sont un peu plus longues que ces folioles ; les filaments sont filiformes et blancs; les an- thères petites, presque globuleuses, attachées par la base, biloculaires; leurs loges sont contiguës, s'ouvrent avant l'épanouissement de la fleur, et leur membrane se contracte et semble disparaitre. Les grains de pollen sont Sphériques, lisses, gros relativement à la fleur, et de couleur jaune; ils semblent rester seuls après l'ouverture des anthères, et forment une Sorte de petite grappe. Il y a un staminode qui est placé du côte de la fleur Opposé aux folioles du périgone ; il est très court et obtus. Je n'ai jamais Vu ces quatre staminodes dont parle Richard , suivi en cela par Endlicher, et qu'il a décrits comme pétaloïdes, dont trois opposés aux folioles du péri- gone et un, plus grand, alterne, Dans la plante que j'ai observée, il n'y a qu'un seul verticille du périgone, et non deux verticilles, comme on serait forcé de l'admettre, si les descriptions des auteurs étaient exactes ; il est Permis de supposer qu'ils ont observé un cas anormal, ou bien que la plante étudiée par ces savants n’est pas la même espèce que celle d'Italie, car il est probable qu'il y a en Europe plusieurs espèces de Vallisneria, Comme quelques-uns lont déjà prétendu. Dans l'individu femelle, le pédoncule est très long, ayant d'ordinaire de 2 à à pieds de longueur, et dépassant toujours la longueur des feuilles ; il a la forme d'un fil tordu en spirale, lisse, d'une couleur jaunâtre, un peu plus gros en haut. IL est raccourci d'abord, mais peu avant la fécondation les tours de la spire se déroulent, et le pédoncule s'allonge jusqu'à ce que la fleur femelle, qui est à son sommet, puisse venir à la surface de l'eau. Ce pédoncule nait, comme celui de l'individu mâle, de l'aisselle de la feuille inférieure, et souvent il y a un second pédoncule qui vient de l’aisselle de la seconde feuille, La spathe est en forme de tube un peu comprime, elle a la même couleur que celle de l'individu mâle, mais elle est un peu plus étroite, et s'ouvre seulement au sommet en forme de deux lèvres arrondies 302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et quelquefois déchirées ; cette spathe enveloppe seulement une partie de l'ovaire. Il n'y a qu’une seule fleur femelle pour chaque pédoncule. Le pé- rigone de celle-ci a un tube adhérent à l'ovaire et un limbe divisé en trois folioles, un peu charnues, ovales, un peu obtuses , concaves, lisses, d'une couleur verdâtre. Il y a trois staminodes linéaires, courts, blanes, opposés aux folioles du périgone. L'ovaire est infère, cylindrique, de couleur verte foncée, uniloculaire. Les ovules sont en grand nombre, ovales, ascendants, orthotropes, et non anatropes, comme on l’admet d’après Endlicher et quelques autres botanistes (1). Le funicule qui soutient les ovules est un peu long. Le style est court et gros. Les stigmates sont au nombre de trois, très grands et un peu plus grands que les folioles du périgone ; ils sont ovales, obtus, profondément bifides, blanchâtres et garnis de poils sur leur face intérieure. Le fruit est charnu, cylindrique et couronné au sommet par le limbe du périgone:; il est uniloculaire et comme visqueux à l'intérieur. Les graines sont nombreu- ses, petites, cylindriques, brunes et avec des stries longitudinales. Il n’y 4 pas d'albumen; l'embryon est de la même forme que la graine avec l’extré- mité radiculaire infère et voisine du hile. D'après la description que je viens de faire du Vallisneria spiralis, il est très facile de concevoir comment la fécondation s'opère chez cette plante. Peu avant la fécondation, l'individu femelle déroule, comme je lai déjà dit, son pédoncule qui, en s’allongeant, se place obliquement dans les eaux, et porte la fleur femelle jusqu’à leur surface : cette fleur se place alors presque horizontalement, car on peut dire que l'ovaire s’appuie sur cette surface ; le périgone, fermé jusqu’à ce moment-là, s'ouvre; les folioles, par consé- quent, s’écartent et s'étalent, les stigmates s'écartent aussi l’un de l’autre et deviennent béants. En même temps, au fond des eaux, les fleurs de l'indi- vidu mâle, après la rupture de la spathe qui les enveloppait, se séparent facilement du sommet de leurs pédicelles, auxquels elles n'étaient que très faiblement attachées, en commençant par celles qui sont plus rapprochées du sommet du spadice : elles s'élèvent alors toutes fermées, en forme de petites perles hlanches, et viennent se placer à la surface des eaux : elles sont souvent en telle quantité, en raison du nombre des Vallisneria qui se trouvent dans les mêmes eaux, qu'elles en blanchissent toute la surface, ¢8 que Micheli avait déjà vu et tres bien décrit en disant : Tanquam pratyz lum floridum aliqua ex parte ipsam aquam dealbatam spectavimus. Il est intéressant de voir toutes ces fleurs mâles se rapprocher alors des nombreux stigmates qui sont çà et là isolés sur la surface des eaux, et qui paraissent les attendre. Le périgone de ces fleurs mâles s'ouvre alors, ses folioles s'éta- lent, se réfléchissent et se placent de manière que le pollen, déjà sorti des (1) Jai relevé la même erreur relativement aux ovules de l'Hydrocharis Morsus-ranæ, qui sont aussi orthotropes. SÉANCE DU 27 AVRIL 4855. 303 anthères ouvertes, comme je l'ai dit, avant l épanouissement de la fleur, ne puisse rencontrer aucun obstacle pour arriver jusqu'aux stigmates. L'écar- tement de ceux-ci, et les poils de leur face intérieure, favorisent alors Je contact du pollen, et la fécondation a lieu. L’ovaire commence à grossir et à s'allonger près de la surface des eaux; le pédoncule se retire quelquefois, sans que cela soit nécessaire pour la maturation des graines. J'ajoute ici les caractères du genre Vallisneria, modifiés d’après mes ob- servations : VALLISNERIA Micheli. Flores dioici. Mascut (Vallisnerioides Mich.) : Spatha scapum brevissi- mum terminans, ovata, bivalvis, valvis connatis, ab apice erumpentibus, caduca, multiflora. Fiores brevissime pedicellati, supra receptaculum coni cum spadiciforme congesti, cum pedicellis articulati et ab illis mox et fa~ cile separabiles. Perigonium coloratum, tripartitum, laciniis obovatis, concavis, obtusissimis, æstivatione valvatis. Stamina 2, perigonii laciniis ima basi inserta iisque alterna. Filamenta filiformia. Antheræ subglobosæ, basi fixæ, loculis contiguis. Pollen læve, globosum. Staminodium 1, brevis- simum, laciniis perigonii alternum. Fæm{ınri : Spatha scapum longissimum, filiformem, spiralem terminans, tubulosa, apice bifido-lacera. Flos solitarius, sessilis. Perigonii calycini tubus cum ovario adnatus, limbus tripartitus, laciniis æqualibus, ovatis, concavis, obtusiuseulis. Staminodia 3, linearia, brevia, perigonii phyllis opposita. Ovarium perigonii tubo adnatum, Cylindricum, uniloculare. Ovula plurima, ovalia, adscendentia, ortho- tropa! funiculo longiusculo. Stylus brevis, crassus. Stigmata 3, maxima, ovalia, profunde bifida, intus pubescentia. Fructus subbaccatus, cylindri- cus, perigonii limbo coronatus, unilocularis. Semina plurima, cylindrica, ascendentia vel suberecta, testa membranacea fusca, longitudinaliter striata. Embryo semini conformis, exalbuminosus, extremitate radiculari infera, hilo proxima. M. Chatin ajoute encore quelques mots sur la cause de la sépara- tion de la fleur mâle chez le Vallisneria. Il ne parait pas y avoir d'articulation; mais les cellules du pédicelle sont plus allongées que celles de la base de la fleur. Le tissu du pédicelle se rétracte ensuite, et c'est là ce qui amène la rupture. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ALGÉRIE, par MM. E. COSSON et DURIEU DE MAISONNEUVE. RANUNCULUS RECTIROSTRIS Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 1019. Caudice verticali brevissimo, fibris radicalibus aliis filiformibus elongatis, 804 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aliis incrassato-napiformibus, superne fibris petiolorum emarcidorum des- tituto; caulibus subsolitariis, 2-5 decim. longis, erectis, superne ramosis, plurifloris, patenti-villosis; foliis villosis, plerisque radicalibus, longe petiolatis, petiolorum pilis patentissimis, ambitu ovato-suborbiculatis ad medium palmatipartitis, lobis subeuneatis superne inciso-dentatis lobulis obtusis; caulinis brevius petiolatis, conformibus, lobis angustioribus ; SU- perioribus subsessilibus, ad segmenta lineari-oblonga redactis ; pedunculis longiusculis, teretibus, exsulcis ; calyce villoso, demum patente ; petalis luteis, calyce duplo longioribus; carpellis numerosis, glabris vel parce hir- tulis, ovato-subrhombeis, a latere compressis , anguste marginatis, utrinque tuberculatis tuberculis sæpius piligeris, abrupte in rostrum acuminatis, rostro lanceolato-subulato recto carpellum subdimidium æquante, in capitu- Lum oblongum dispositis; receptaculo elongato , teretiuseulo, glabro. — Junio. Inter segetes regionis montanæ inferioris, in solo argilloso : in montium Aurasiorum valle amnis Oued-Abdi prope pagum Tlets! (Balansa); in monte Djebel Sahari prope Djelfa (Reboud). Cette espèce, malgré Ja présence de tubercules sur les carpelles, doit être placée dans la section Ranunculastrum (DC. Prodr. I, 27), à côté du R. spicatus Desf., dont elle diffère par les feuilles à circonscription ovale-suborbiculaire et non pas orbiculaires à lobes moins larges ne se recouvrant jamais par leurs bords, et surtout par les carpelles à faces tuberculeuses et non pas lisses, terminés par un bec plus court droit, et non pas courbé en hamecon. — Par les carpelles à faces tuberculeuses et par le port elle se rapproche davantage de R. Sprunnerianus (Boiss. Diagn. pl. Or. I, 64), mais elle s’en distingue par la forme des feuilles et surtout par le bec des carpelles droit plus robuste et moins long. — Par la forme des feuilles et les carpelles à bec droit, à faces tuberculeuses, elle rappelle le R. oxyspermus M. Bieb., mais elle s'en éloigne par les fibres radicales épaisses renflées-napiformes et non pas courtes et tubériformes, par le calice étalé et non pas réfléchi, et surtout par les carpelles ovales-subrhomboïdaux brusquement ter- minés en bec et non pas ovales-lancéolés insensiblement atténués en bec, Decpninium ORIENTALE J. Gay in Desmoul. Cat. Dord. (1840), et ap. Gren. et Godr. FL. Fr. 1, 41, excl. syn. — D. Ajacis Bouché in Mohl Bot. Zeit. (1843) syn. ex el. J. Gay. In planitiebus excelsis et in regione montana inferiore, inter segetes et in incultis : Inter Constantine et Batna ad Melila! (Gallerand); prope Batna (Balansa pl. Alger. exsice. n. 1009); inter Batna! et Biskra ; in mon- tium Aurasiorum valle Medina!; Biskra (Jamin); Djelfa (Reboud). — In provinciis Caucasicis (Hohenacker pl. exsice. un. it. 1838 cum schedula D. Ajacis L. affine). Cette plante, qui est généralement cultivée dans les parterres, sous le nom de Pied- SÉANCE DU 27 avril 4855. 305 d’Alouette, ne se rencontre en France que dans le voisinage des jardins d'où elle s’est échappée. Sa spontanéité en Algérie ne pourrait, au contraire, être mise en doute, car souvent nous l'avons observée en très grande abondance dans des endroits incultes et éloignés de toute habitation. — Les fleurs du D. Orientale présentent, à l’état sauvage comme dans les jardins, les couleurs violette, blanche ou rose. FUMARIA sect. PETROCAPNOS. Racemi subcorymbosi, pedicellis longissimis ; fructus ovati vel subglo- bosi, apiculati, compressi, pericarpio crustaceo tuberculato. — Plantæ ru- pestres, perennes, rarius annuæ, subacaules vel caulibus abbreviatis, foliis longe petiolatis racemos superantibus. Gette nouvelle section du genre Fumaria se distingue du genre Platycapnos Bernhard (Fumaria sect. Platycapnos DC. ex parte) par les fleurs à pédicelles allongés en grappes corymbiformes et non pas en grappes spiciformes compactes, par les fruits comprimés à péricarpe crustacé tuberculeux indéhiscent, et non pas très comprimés à péricarpe membraneux subdéhiscent. — Par le port, les espèces de cette section rappellent le genre Sarcocapnos DC., mais elles s’en distinguent par le fruit moins comprimé dépourvu de côtes longitudinales. — Par la forme des pétales, l’une des espèces, le F. sarcocapnoides, constitue un véritable passage entre les genres Fumaria et Sarcocapnos, les pétales supérieur et inférieur dépas- Sant assez longuement les latéraux et présentant, comme dans ce dernier genre, un limbe large obovale et ordinairement obcordé. Fumaria Arricana Imk. Encycl. méth. I, 569 (1786). — F. corymbosa Desf. in Act. soc. nat. Par. 1, 26, t. 6 (1792), et Atl. II, 124 (1798). Planta perennis ; floribus magnis, 12-45 millim. longis, purpurascentibus, rarius albis; petalis superiore et inferiore lateralia subæquantibus vel vix excedentibus ; superiore oblongo apice vix dilatato, in calcar longum sæpius arcuatum producto; inferiore angustiore, oblongo-spathulato, apice modice dilatato, basi sæpius saccato-gibboso. — Aprili-Junio. In rupestribus umbrosis regionis littoralis et montanæ : in præruptis montis Djebbel Zaccar! prope Milianah (H. de la Perraudière); monte Ouarsenis!; Oran (Balansa pl. Alger. exsice. n. 337); prope Saëida !; prope Tlemcen (Desf.). — In regno Maroccano prope Tetuan (J. Ball). Fumaria Loncires Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. Planta annua; floribus parvulis, circiter 8 millim. longis, albido-purpu- rascentibus ; petalis superiore et inferiore lateralia excedentibus; superiore inferne late oblongo apice dilatato et emarginato , in calcar longiusculum Sæpius arcuatum producto ; inferiore inferne angustato, apice dilatato late obovato vel suborbiculato obcordato, basi subsaccato. — Maio et ineunte Junio 1853 florifera et fructifera lecta. In fissuris umbrosis rupium Algeriæ australioris : in rupibus præruptis 306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. loco dicto Mchounech haud procul a Biskra (Balansa); in montium Aura- siorum regione montana inferiore prope Beni-Souik ! (Gallerand). Fumaria Nuwiprca Coss. et DR. Planta perennis; floribus parvis, h-7 millim. longis, albis, rarius purpu- rascentibus; petalis superiore et inferiore lateralia subæquantibus vel vix excedentibus ; superiore late oblongo apice vix dilatato, in calcar sæ- pius breviusculum rectum producto; inferiore inferne angustato, apice dila- tato late obovato vel suborbiculato , basi haud saccato. — A Januario ad Junium et forte per totum annum. In rupestribus regionis montanæ : Constantine ! Batna (Du Colombier); in monte Djebel Tougour! prope Batna (Balansa pl. Alger. exsice. n. 995 cum F. sarcocapnoide sub nomine F. corymbosa permixta); in monte Dje- bel Senalba prope Djelfa (ex Reboud); Laghouat (Bonduelle, Reboud). FUMARIA SARCOCAPNOIDES Coss. et DR. Planta perennis; floribus parvis, h-5 millim. longis, albis, petalis latera- libus purpureis ; petalis superiore et inferiore lateralia longiuscule exceden- tibus, patentibus; superiore inferne anguste oblongo, apice dilatato late obo- vato sæpius obcordato, in calcar sæpius breve rectum producto ; inferiore inferne angustato, apice dilatato late obovato vel suborbiculeto sæpius obcor- dato, basi haud saccato. — 20* die Junii 1853 florigera et fructifera lecta. In fissuris rupium montis Djebel Tougour prope Batna (Balansa pl. Alger. exsicc. n. 995 cum F. Numidica sub nomine F. corymbosa permixta). Brassica DIMORPHA Coss. et DR. Planta basi suffrutescens, sæpius multicaulis ; caulibus erectis, simplicibus ramosisve, glaucescentibus , saltem inferne pilis rigidulis patentibus hispi- dis; folùs inferioribus hispidis, oblongis inferne attenuatis, grosse et remote dentatis vel subpinnatifidis ; superioribus glabris glaucescentibus, ovatis vel ovato-oblongis, indivisis, basi late cordata-amplexicaulibus ; floribus parvu- lis, longiuscule pedicellatis, in racemum subcorymbiformem dispositis; sepalis erectis; petalis luteis, calyce duplo longioribus; racemis fructiferis elongatis, pedicellis patentibus, siliqua paulo brevioribus ; siliquis ascen- dentibus, glabris, oblongo-linearibus, subtetragonis, subtorulosis, loculis k-7-spermis ; valvis nervo valido unico donatis, venis lateralibus obsoletis, rostro subtriplo longioribus; rostro subtereti, aspermo; seminibus luteo- fuscescentibus, globosis, Iævibus; cotyledonibus conduplicatis. — Maio- Junio. In incultis regionis montanæ inferioris et planitierum excelsarum : prope Batna (Du Colombier); ad ruinas urbis Tamugadæ !; in montium Aurasio- rium valle Medina !; in monte Djebel Sahari (Reboud). SÉANCE DU 27 AVRIL 4855. 307 Cette espèce appartient à la section Eubrassica par les valves de la silique à une seule nervure saillante; elle se distingue de toutes les espèces connues par ses feuilles de deux sortes, les inférieures hispides oblongues atténuées en pétiole for- tement dentées ou presque pinnatifides, les supérieures glabres indivises ovales ou ovales-oblongues largement cordées amplexicaules, etc. ERUCASTRUM LEUCANTHUM Coss. et DR. ap. Coss. Voy. bot. Alger. in Ann. sc. nat. sér. h, I, 239. Planta sæpius pluricaulis, caudice frutescente ; caulibus erectis, 4-10 de- cimetra longis, plus minus ramosis ; foliis infimis subrosulatis, petiolatis, molliter villasis, rarius glabrescentibus, pinnatifidis vel pinnatipartito-lyra- tis, lobis lateralibus ovato-oblongis, grosse dentatis; caulinis inferioribus conformibus sed minoribus, sessilibus lobis inferioribus quasi auriculatis ; superioribus minimis pinnatifidis, lobis linearibus; floribus majusculis, longe pedicellatis, in racemos ebracteatos primum subcorymbiformes dispo- sitis ; sepalis demum patentibus ; petalis candidis, calyce duplo longioribus ; racemis fructiferis elongatis, pedicellis erecto-patentibus, siliquis 3-4-plo brevioribus; si/iquis ascendentibus, glabris, linearibus elongatis, tereti-sub- compressis, subtorulosis, loculis polyspermis; valvis nervo valido unico donatis, venis lateralibus obsoletis; rostro brevissimo, crasso, tereti, trun- cate, sæpius aspermo; seminibus uniseriatis, oblongis, compressiusculis, luteo-fuscescentibus, lævibus ; cotyledonibus conduplicatis. — Maio-Julio. In incultis regionis montanæ inferioris et planitierum excelsarum sæpius inter cæspites Graminearum vel aliarum plantarum perennium: in monte Djebel Senalba prope Djelfa (Reboud); Tiaret (Delestre); Dhaya (Munby) ; in planitiebus excelsis ad Chott-el-Cherqui ! haud procul a Sidi- Khalifa. Cette espèce se distingue de l'E. obtusangulum Rchb., à côté duquel elle doit être placée, par le bec des siliques très court épais tronqué et ne contenant ordi- nairement pas de graines et surtout par les pétales d’un beau blanc. SiLENE ArLanrica Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 1010 (1853). Caudice crassiusculo sublienoso, superne petiolis foliorum emarcidorum Squamiformibus obtecto, rosulam foliorum terminalem edente ; caulibus pluribus, ab axillis foliorum inferiorum rosulæ terminalis enatis, diffusis vel ascendentibus, simplicibus, inferne pilis longiusculis crispulis villosis, superne puberulo-glandulosis ; foliis rosulæ terminalis obovatis sæpius api- Culatis vel oblongis acutis, in petiolum elongatum attenuatis, glabrescenti- bus, margine ciliatis; caulinis inferioribus conformibus, brevius petiolatis ; Superioribus lanceolatis vel lineari-lanceolatis ; bracteis parvis, linearibus, pubescenti-glandulosis, margine longe ciliatis; floribus erectis, brevissime pedicellatis, in racemos terminales subsecundos 2-3-floros laxiusculos dispo- 308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sitis; calyce puberulo-subglanduloso, circiter 25 millim. longo, longe tubuloso, fructu crescente superne clavato, membranaceo, nervis 10 haud prominentibus inferne filiformibus superne latioribus et venulis anostomo- santibus præditis, dentibus triangulari-lanceolatis acutis ; petalis majuseulis, longe exsertis, per noctem tantum patentibus, facie lacteis, dorsovirescentibus striis saturatioribus pictis, l‘mbo profunde bifido, \obis latissime linearibus, fauce lamina longiuscula bipartita lobis obtusis prædita; staminum fila- mentis glabris ; capsula oblonga, stipitata, stipite capsulam æquante ; semi- nibus corrugatis, dorso late canaliculatis, utraque facie margine crassius- culo prominente auriculæformibus. — Junio-Julio. In pascuis sylvaticis et in rupestribus regionis montanæ a 1500 ad 1800 metra; in monte Djebel Tougour prope Batna (Balansa); in monte Ain- Telazit! prope Blidah; in cedreto prope Teniet-el-Haad!; in monte Ouarsenis ! Le S. Atlantica appartient à la section Stachymorpha (Otth. ap. DC. Prodr. L, 374) où il doit être placé à côté de S. Legionensis Lagasc., dont il est assez voisin par la présence d’une rosette terminale de feuilles et par Jes caractères gé- néraux de port. — Il s'en distingue par les feuilles de la rosette obovales ou oblongues longuement atténuées en pétiole et dressées, et non pas lancéolées à peine rétrécies à la base et étalées, par les fleurs plus grandes en grappes 2-3-flores et non pas 4-7-flores, par la capsule plus grosse oblongue et non pas oblongue- subglobuleuse, etc. Hyeericum NauDiNianom Coss. et DR. — H. perfoliatum Munby non L. Planta perennis, eaudice subrepente lignoso caules 1-2 vel plures herba- ceos et sæpius cauliculos steriles emittente ; caulibus 7-15 decimetra longis, diffusis, ascendentibus vel erectis, rigidulis teretibus haud angulatis, sim- plicibus ramosisve, pilis crispatulis molliter villoso-subtomentosis; foliis oppositis, sessilibus, ovatis obtusis, connato-perfoliatis, integris, venulis eximie anastomosantibus peilucidis, punctis pellucidis nonnullis, utrinque pubescentia furfuracea crispula præditis, subtus pubescentia densiore albes- centibus; floribus cymosis, cymulis peduneulatis plurifloris, ramos supè- riores terminantibus et apice caulis cymam corymbiformem efficien- tibus; bracteis lineari-lanceolatis, subintegris, margine glandulis nigris subsessilibus præditis; pedicellis glabris; sepalis oblongo-lanceolatis, acutis, in alabastris apice haud comosis, subintegris, margine glandulis nigris ses- silibus vel subsessilibus præditis, interdum dorso parce nigro-glandulosis, capsula matura brevioribus; petalis calyce subtriplo longioribus, interdum nigro -puncetatis; stylis 3, ovaria multo longioribus ; capsula chartacea, tri- loculari, vittulis copiosis tenuibus longitudinalibus striata.—3ulio-Augusto. In rupestribus irriguis et ad rivulos regionis montanæ inferioris, circiter a 300 ad 800 metra : prope Blidah ad amnem Oued-el-Kehir (Naudin SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. 809 [1847], Munby [1853]) et in rupestribus præruptis ad amnem Cfa! haud infrequens ; ad basim montis Djebel-Zaccar ! prope Milianah. Nous dédions cette espèce à M. Naudin, aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, qui l’a découverte en Algérie dans un voyage d'exploration botanique où il a recueilli de précieux documents sur la flore de la province d’Alger et en particulier sur celle des environs de Boghar. — L'H. Naudinianum, par les feuilles opposées entières, par les sépales munis sur leurs bords de glandes noires, par la capsule à 3 loges et présentant de nombreux canaux résineux grêles longi- tudinaux, appartient à la section Adenosepalum (Spach Conspect. monogr. Hyperic. in Ann. sc. nat. sér. 2, V, 557), où il doit être placé, ainsi que VH. Caprifolium (Boiss. Voy. Esp. 115, t. 35), espèce voisine, à côté de l'H. tomentosum L. — Il se distingue de l'H. tomentosum et de la plupart des espèces de la section par la forme remarquable des feuilles ; ce caractère le rapproche de PH. Caprifolium, mais il en diffère par les bractées linéaires-lancéolées presque entières à glandes presque sessiles, et non pas linéaires très étroites fimbriées-ciliées à glandes stipitées, par ses sépales oblongs-lancéolés presque entiers à glandes marginales sessiles ou presque sessiles plus courts que la capsule, et non pas lancéolés-linéaires longuement subulés fimbriés-ciliés, à glandes marginales stipitées, plus longs que la capsule, Erovium Maurrranicux Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsiec. n. 345 (1852) et ap. Coss. Voy. bot. Alger. in Ann. se. nat. sér. h, T, 222. Planta perennis, caudice crassiusculo carnoso, sæpius multicaulis vel pluricaulis ; caulibus ascendentibus, rarius erectis, undique glabrescentibus vel saltem inferne hispidis pilis eslandulosis retrorsis ; foliis supra glabres- centibus, subtus inprimis ad nervos parce breviterque hispidis ; radicali- bus inferioribusque ambitu ovatis obtusis, longissime petiolatis petiolis his- pidis pilis eglandulosis retrorsis, cordatis, lobulatis, lobulis obtusis dentatis, rarius 5-lobis lobo medio majore ; superioribus 3-5-fidis vel 3-5-partitis, lobis latiusculis inciso-dentatis vel in lacinias angustas partitis; stipulis majusculis, oblongis ; pedunculis 5-8-floris, pedicellis elongatis, glabrescen- tibus vel apice hispidis, pilis eglandulosis; involucri bracteolis membra- naceis, ovato-suburbiculatis, pedicellis multo brevioribus; floribus magnis, purpureis; sepalis glandulis sessilibus conspersis, parce rigideque pubes- centibus pilis eglandulosis, oblongis obtusis abrupte et longiuscule cuspi- datis, exterioribus subæqualiter 7-nerviis; petalis calyce 2-3-plo longio- ribus, subinæqualibus, superioribus 2 brevioribus, latioribus, ovato-oblongis, basi macula nigrescente notatis, inferioribus oblongis, ad unguem brevem utrinque ciliatis; staminum fertilium filamentis edentulis; fructus rostro Sæpius 5-6 centimetra longo; carpellis hispidis, foveolis suborbiculatis, sub foveolis plica destitutis, — Aprili Maio. In collibus incultis, in pascuis et fruticetis : Alger ! (Jamin); prope Oran ! (Balansa) vulgare. 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DVE. Mauritanicum doit être placé à côté de PE. laciniatum Cav., mais il en est très distinct par la souche vivace, par les pétales 2-3 fois plus longs et non pas seulement un peu plus longs que le calice, par les carpelles deux fois plus gros, etc. Pyrus LoNGt1PEs Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 1017. Arbor sæpius excelsa, ramulis spinescentibus nonnullis prædita ; foliis longe petiolatis, suborbiculatis apiculatis vel ovatis breviter acuminatis, tenuiter serratis vel crenulatis, junioribus subtus pubescenti-tomentosis tomento detersibili, adultioribus ramulis gemmisque glabris ; floribus ma- jūsculis, longe pedicellatis, apice ramulorum umbellato-corymbosis, calyci- büs pedicellisque tomentoso-pubescentibus tomento detersibili demum deciduo; fructibus florum abortu in ramulis sæpius subsolitariis, longis- sime pedicellatis, pedicello fructu triplo longiore, parvis, sub maturitate cerasum subæquantibus, subglobosis basi attenuatis, limbo calycino deciduo. — Fi. Martio. Fr. Julio-Augusto. In sylvaticis regionis montanæ ad torrentium ripas : prope Batna (Ba- lansa); Lambèse (Du Colombier). Cette espèce, qui appartient à la section Pyrophorum (DC. Prodr. II, 633), est très caractérisée par les pédicelles fructifères environ trois fois plus longs que le fruit, par les fruits très petits, et surtout par le limbe du calice caduc. KoœŒLERtA BaLanwsÆ Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 686. Planta annua; foliis planis, dense pubescenti-velutinis; vaginis pubes- centi-velutinis; ligula brevissima, erosa, ciliata; panicula spiciformi ovata vel oblonga, densissima ; spiculis sæpius 4-floris; glumis pilosis, floribus brevioribus, inferiore angustiore lineari-lanceolata, superiore ovato-oblonga acuminata; glumella inferiore pilosa ,'apice bidentata vel breviter bicus- pidata, dorso ad quartam partem superiorem aristata, arista molli etiam in tloribus superioribus longiuscula a g/umellæ parte superiore secedente.—Maio 4852 florifera ét vix fructifera lecta. In collibus petrosis apricis promontorii Cap Falcon ! prope Oran (Ba- lansa). Le K. Balansæ, par l’arête insérée vers le quart supérieur de la glumelle iaférieare êts'écartant de la partie supérieure de cette glumelle, se rapproche beaucoup du genre Trisetum, auquel nous l'avions d’abord rapporté ; mais nous avons cru devoir le ranger dans le genre Kæleria en raison de son port et surtout de son affinité avec le K. phleoides ; il se distingue de cette espèce par les feuilles plus larges et plus courtes, couvertes d’une pubescence presque tomenteuse, et non pas plus ou moins poilues, par la panicule spiciforme ovale ou oblongue plus compacte, par les arêtes assez longues, même celles des fleurs supérieures, et s’insérant vers le SÉANCE DU 27 AVRIL 1855. 311 quart supérieur de la glumelle en s’en écartant, et non pas immédiatement au-des- sous du sommet de la glumelle en en continuant la direction. Les caryopses du K. Balansæ, de même que ceux de plusieurs autres espèces des genres Trisetum et Kæleria, nous ont constamment offert une consistance molle et un périsperme à l’état presque mucilagineux, — Plusieurs caryopses du K. Balansæ flasques, déformés par la compression, et, au moins en apparence, loin d’être arrivés à maturité, n’en ont pas moins, dans le jardin de M. Durieu de Mai- sonneuve, donné naissance à des individus vigoureux. — M. Duchartre, à qui nous avons Communiqué cette observation, nous a rappelé les expériences faites par lui et qui démontrent que certaines Graminées peuvent se reproduire par des graines düne maturité imparfaite. EnaGrosris TRICHOPHORA Coss. et DR. — Eragrostis geniculata DR. (sub Poa) in £xpl. sc. Alger. t. h0, f. 4 non E. geniculata Nees. Planta perennis, caulibus infernesæpe prostratis et ad nodos radican- tibus, ad nodos plus minus flexuosis, rarius rectiusculis erectis, saltem in parte inferiore paniculæ longe pilosis ; foliis planis, arefactione sæpe cana- liculato-subinvolutis, inferioribus pilosis, superioribus glabrescentibus ; Vaginis saltem inferioribus pilosis, ore barbatis ; panicula ramosa, undique effusa, ramis saltem inferioribus subquinis subverticillatis, rarius barbulatis; Spiculis minutis, sub anthesi virenti-nigreseentibus, plerumque pedicellum Subæquantibus, ovato-oblongis vel oblongo-linearibus, 2-6-floris, floribus obtusiusculis ; glumella inferiore late ovata, obtusa, nervis lateralibus vix prominulis; caryopsi ovato-oblonga. — Novembri 1840 florens lecta. Ad vias in cistetis et ericetis sylvarum arenosarum prope La Calle! — ïn montibus Abyssiniæ ad 1700 metra (Schimper in herb. Mus. Par.). L'E. trichophora esttrès voisin par le port de l'E. pilosa P. B. (Poa pilosa L.), dont il diffère par la souche vivace, par la tige munie de longs poils au moins dans la partie inférieure de la panicule, par la glume inférieure égalant environ la longueur de Ja fleur contiguë, et surtout par les fleurs presque obtuses à glu- mëlle inférieure largement ovale-obtuse. Festuca Lorum Balansa pl. Alger. exsice. n. 721. Planta perennis, cæpitosa, caudice fasciculos foliorum steriles plures et ĉàules sæpius subsolitarios edente ; foliis radicalibus plurimis, approximatis distichis vaginis sese invicem obtegentibus, linearibus, canaliculato-carina- tis, glabris, rigidis; spica rigida, simplici, recta, caulis partem inferiorem longitudine æquante vel superante; spiculis oblongis, 5-8-floris, glabris, sessilibus, alternis, rachi adpressis; qglumis subæqualibus, concavis haud carinatis, apice obtusis, floribus subdimidio brevioribus vel eos subæquan- tibus; glumella inferiore glabra, ovata, concava haud carinata, obtusa, mutica ; caryopsi macula hilari brevissima notata. — 26° die Junii 1853 jam deflorida Jecta. 312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. In pratis prope Batna (Balansa). Nous avons cru devoir, avec M. Balansa, rapporter cette curieuse plante au genre Festuca, à cause de ses analogies avec les autres espèces de la section Catapodium ; par son port et ses caractères elle pourrait être rapprochée avec presque autant de raison du genre Triticum sect. Agropyrum. TRITICUM HORDEACEUM Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 304 (1852) et n. 716, et ap. Coss. Voy. bof. Alger. in Ann. sc. nat. sér. l, T, 235. Planta perennis, cæspitosa ; foliis rigidulis ; spica oblonga, densa, disti- cha, rachi demum fragili marginibus piloso-barbata, internodiis abbreviatis; spiculis 3-5-floris, floribus inferioribus 2 aristatis, superioribus 1-3 tabes- centibus muticis ; glumis oblongis, apice utrinque truncato aristatis, con~ cavis, dorso inter nervos valde prominentes planiusculis, nervis hirsuto-pi- losis pilis haud fasciculato-penicillatis ; glumella inferiore basi vix ventricosa , superne carinata , aristata, arista glumellam subæquante vel breviore. — Maio-Julio. In pascuis et herbidis regionis montanæ, usque ad 2000 metra: in montibus Aurasiis: Djebel-Mahmel!, Djebel-Cheliah!; monte Djebel Tou- gour ! prope Batna (Balansa); Tiaret (Delestre); prope Saida ! ; in planitie- bus excelsis supra Saïda! (Balansa). ~ Le T. hordeaceum diffère du T. villosum par la souche vivace, par les feuilles ordinairement glabres assez roides, par les glumes oblongues-tronquées et non pas cunéiformes, à arêle moins longue, à nervures poilues ou hérissées à poils non fasciculés, et par la glumelle inférieure dont l’arête ne dépasse que peu la longueur ou est souvent plus courte au lieu de la dépasser très longuement. Le T. hordea- ceum est une plante de la région montagneuse, tandis que le T. villosum ne se rencontre que dans la région chaude, — Les T. hordeaceum et villosum nous ont paru présenter des caractères communs assez importants pour que nous ayons Cru devoir établir pour ces deux espèces une section (Dasypyrum) caractérisée surtout par les glumes concaves non renflées, planes sur le dos entre deux nervures presque égales et très saillantes, aristées et tronquées au sommet de chaque côté de l’arête. M. Decaisne fait observer que, depuis longtemps déjà, l'état laiteux du périsperme des Graminées a été constaté dans le genre Lagurus. M. Reveil fait à la Societe les communications suivantes : 4° Dans une de nos précédentes séances, au sujet d'une communication faite par M. Weddell sur les diverses variétés de quinquina, j'émettais cette opinion que les écorces de quinquina les plus anciennes contenaient moins d'alcalis organiques que celles appartenant à des branches plus jeunes, et SÉANCE DU 27 AvRiL 1855. 313 que celles-ci donnaient par l'incinération une quantité de cendres moins grande que celle fournie par les écorces appartenant aux vieux troncs. Cette opinion, pour être admise, a besoin d'être appuyée par des expériences plus nombreuses que celles que je pourrai, dès à présent, soumettre au jugement de la Société. Toutefois, et en attendant le résultat définitif des recherches que j'ai en- treprises, j'ai l'honneur de présenter à la Société un échantillon de quin- quina qui me parait venir à l'appui de mon opinion. ll s'agit d'une écorce qui m'a été remise pour être analysée, et qui me parait appartenir au Cin- chona ovalifolia Mutis, Cinchona macrocarpa Vahl, Cascarilla macro- carpa Weddell, caractérisée par sa structure grenue et par son liber abondant et distinct; mais la couleur rose de son liber me fait supposer que cette écorce pourrait ètre celle qui est décrite par M. le professeur, Guibourt sous le nom de quinquina blanc, de Valmont, de Bomare, carac- térisée précisément par la coloration rouge de son liber, tandis que le quin- quina blanc de Mutis est rouge à la superficie et jaune à sa partie iuterne. - Parmi les écorces qui m'ont été remises, les unes, peu épaisses ; à sur-, face rugueuse, mais à peine fendillée, possèdent une amertume très grande, tandis que d’autres, plus épaisses et plus larges, et à surface crevassée, sont à peine amères. Celles-ci sont évidemment des écorces du tronc, tandis que, les premières auraient appartenu aux rameaux. Il est probable que ces der- nières contiennent une plus grande quantité d'alcali organique; c'est ce que l'analyse décidera. D'après Liebig, on aurait extrait d’un quinquina blane un alcali organi- que désigné par Mill sous le nom de b/anquinine. Cet alcali organique, qui d'ailleurs n’a pas été caractérisé chimiquement, aurait été extrait de l'écorce du Cinchona ovifolia : il est probable qu'il s'agit de l'ovalifolia de Mutis. ’ 2° Le prix élevé du musc a fait rechercher dans les plantes qui possèdent son odeur un succédané de cet agent thérapeutique ; on a donné des for- mules de divers médicaments qui renfermaient des plantes à odeur de musc, J'ai cherché à isoler le principe odorant de ces plantes, j'ai opéré sur le Mimulus moschatus, le Centaure amoschata, Y Adoxa Moschatellina, et les Braines de l’ Hibiscus Abelmoschus connues dans le commerce sous le nom d'ambrette : jusqu’à présent, les résultats obtenus ont été négatifs ; j'espere cette année continuer mes recherches sur le Mimulus moschatus dont j'ai pu faire une grande plantation, grâce à l'obligeance de notre savant prési- dent, M. Decaisne. J'ai été plus heureux en opérant sur la racine de Sambola où de Sambula, désignée vulgairement sous le nom de Somboul, et qui parait appartenir à Un genre d'Ombellifères voisin des Angelica. Je ferai remarquer toutefois T. IL, 22 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que cette racine est très grosse et compacte, tandis que les Ombellifères qui atteignent cette grosseur sont généralement fistuleuses. Cette racine de Somboul, qui nous arrive par la Russie, provient proba- blement de l’intérieur de l'Asie. Soumise à l'analyse, elle m’a fourni une huile essentielle possédant à un haut degré l’odeur du muse, plus une ma- tière résineuse d’un vert brunâtre qui rappelle l'odeur de l’angélique. Il est donc probable que le Somboul jouirait des mêmes propriétés antispasmo- diques du musc; mais comme cette racine est rare dans le commerce, et que son prix est encore de 15 francs le kilogramme, et que d’ailleurs elle devrait étre employée à dose très élevée, il n’y aurait pas, je crois, un très grand avantage à la substituer au musc, d'autant plus que si elle possède son odeur, elle est bien loin, ainsi que l'essence, de présenter sa grande dif- fusibilité. 3° J'ai l'honneur de présenter à la Société des graines de Cédron recou- vertes de leur endocarpe, Cette substance, étudiée par MM. Hooker, Jomard, Planchon, Stanislas Martin, ete., a été analysée par M. Lewy, qui y a trouvé une matière grasse cristalline, et une matière amère cristallisa- ble ; ignorant que cette analyse eût été faite, je l’ai moi-même exécutée. J'ai bien obtenu un principe amer, non précipitable par le tannin, mais je wai pu l'obtenir cristallisé ; quant à la matière grasse que j'ai isolée, je crois qu’elle peut être rapprochée de la cholestérine, M. L. Soubeiran rappelle que le Cédron, d’après des expériences faites au Muséum par M. Dumont, est efficace contre la morsure des serpents. M. Weddell fait remarquer que l'efficacité du Cédron contre la rage n'a pu être constatée dans le pays dont cette plante est origi- naire, attendu que l'hydrophobie paraît y être inconnue. M. Trécul ajoute que, dans l'Amérique du Nord, on préconise contre les venins, les Liatris pycnostachya, Mich. et L. spicata, Willd., ainsi que l Eryngium fœtidum, L. ADDITION AU COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DU 26 JANVIER 4855. NOTE SUR UNE VIGNETTE D'UN MANUSCRIT DE LA BIBLIOTHÈQUE IMPÉRIALE , par M. FRANÇOIS LENORMANT (1). Le manuscrit d’où je tire cette figure est conservé à la Bibliothèque Im- périale, ancien fonds latin, n° 6862. C’est une copie du Pseudo-Apulée in- complèté, ét dans un ordre différent de celui des autres manuscrits, copie qui remonté au 1x° siècle environ (2), mais contient de nombreuses figures imitées de quelque manuscrit antérieur de plusieurs siècles. Ces figures, dont l'original a dù être exécuté en Occident, et peut-être même dans notre Pays, sont assez bonnes, et l'on y reconnaît facilement un grand nombre d'espèces connues. En voici la liste : Folios. Noms dans le Pseudo-Apulee. Noms des pluntes rerpésentées par les figures. 18, verso o ` 1 Betonica officinalis, L. 20, verso (3). | Herba vetonica. e fi , 23, verso, Herba plantagine. Plantago media, L. 24, recto. Id. Plantago major, L. (1) Voyez le Bulletin, t. II, p. 29. | (2) Schmidt (Opuscula, p. 88) cite ce manuscrit en le traitant de Codex optimæ notæ, (3) Outre ces deax figures de la Bétoine, nous voyons en marge du folio 22, rëcto, à côté d'une recette contre la morsure des serpents (Ad serpentium morsus), 316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Folios. Noms dans le Pseudo-Apulée. Noms des plantes représentées par les figures. 25, verso (1). Herba quinquefolia. Potentilla reptans, L. 26, verso. Herba verminata. Verbena officinalis, L. 27, recto. Herba viperina. Echium vulgare, L. 27, verso. Herba simphoniaca. Hyoscyamus niger, L. 28, verso (2). Herba achorum. Iris Pseudo-acorus, L. 29, recto. Herba leontopedis. Composée difficile à reconnaître : Inula...? (3). 29, verso. Herba scelerata. Ranunculus sceleratus, L. 80, recto. Herba artemisiæ Monoclonos. Artemisia vulgaris, L. (4). 30, verso. Secunda artemisia, Tagantes dicitur. Tanacetum vulgare, L. 31, recto. Herba Lapatium. Polygonum... 34, verso. Lapatium genus tertii, nomen oxy. Polygonum... 32, recto. Herba colubrina. Dracunculus... 32, verso. Herba dracontica. Autre espèce de Dracunculus. 33, recto (5). Alia figura. Sagittaria sagittæfolia, L. 34, recto. Herba priapisci. Orchidée difficile à déterminer (6). un serpent dessiné à la plume (au-dessus de ce serpent on lit: Nomen serpentis menester), à côté d’une recette destinée Ad canis rabiosi morsum. La figure colo- riée comme les autres vignettes du manuscrit, au folio 23, recto, est encore un serpent (Ad morsum serpentis) et un scorpion (Ad scorpionis percussum). (1) Au folio 26, recto, nous voyons encore un serpent dessiné en marge (Ad morsum serpentis). (2) Au bas de la page est une autre vignette représentant une plante d'Iris Pseutlo:acorus attachée à deux espèces de ruches autour desquelles volent des abeilles, ce qui se rapporte à la recette suivante :_ Ne apes examinentur vel effugient. Legis eam mense augusto. Herbæ achorum in vas apium suspensa (sic) habeto, nunquam apes effugiunt. C'est à cette propriété, attribuée par les anciens à l'Iris Pseudo-acorus, que se rapporte le nom de Piper apium qu'on lui donnait en Gaule selon le Pseudo-Apulée, et que Dioscoride (Mater. med., 1, 2) alière légè- rement en [eresarrcuu. (3) La description que Dioscoride donne de son Ascvreréd'uey convient parfaitement au Gnaphalium Leontopodium, ainsi que Matthiole (Comm., p. 828) l'avait déjà très bien reconnu. Ici il semble bien qu'il soit question d’une plante assez différente. (4) C’est par erreur que Fuchsius (De hist, stirp. comm. insign., A6) a attribué. le nom d’Artemisia monoclonos au Tanacetum vulgare, qui est le Tagantes de notre manuscrit, (5). En marge du même feuillet ncus voyons, à côté d’une recette Ad omnium serpentium morsus et aspidum, deux serpents entrelacés dont l’un voudrait peut- être représenter le céraste (Vipera Cerastes, L.), et l'autre le Naja Haje, le basilic ou l'aspic des anciens. (6) C’est le Szzbsev de Dioscoride {I11, 133), qui doit être une Orchidée, et non pas un Iris, comme croyait Césalpin (lib. X, cap. 45), ou un Tulipa, comme pensait. ADDITION A LA SÉANCE DU 26 JANVIER 1895. 317 Folios. Noms daus le Pseudo-Apulee. Noms des plantes représentées par les figures. 34, verso. Herba gentiana. Gentiana lutea, L. 35, recto. Herba orbicularis. Cyclamen europæum, L. 36, recto. Herba proserpinatia. Polygonum... 36, verso. Alia figura. Polygonum aviculare (?), L. 37, recto. Herba aristolocia. Aristolochia rotunda, L. 37, verso. Alia figura herbe Aristolocie. Aristolochia Clematitis, L. 38, verso. Herba nasturtium. Nasturtium officinale, R. Brown. 39, recto. Herba hieribulbum. Deux fig. très difficiles à déterminer. 39, verso. Herba camemelon. Matricaria Chamomilla, L. 40, recto. id. Anthemis nobilis, L. 40, verso. Herba camedris. { Masculus. Teucrium montanum, L. Femina. T. Chameædrys, L. Ai, verso. Herba camellea. Dipsacus fullonum, Wild. 42, recto. Altera figura. Plante indéterminée. 42, verso. Herba camepitium. Ajuga Chamæpitys, Schreb. 43, recto. Herba camedafne. Daphne... 43, verso. Herba britannica. Inula (?)... (1). Sprengel (Diosc., t. II, p. 554). Un vase antique publié dans les Monuments inédits de l'Institut de correspondance archéologique (t. IV, pl. XXIV bis) et représentant la scène décrite par Homère (Iliad. , [, 380 et sqq.), d'Hélène ramenée à Pàris par Vénus dans la chambre nuptiale (Cf. Ch. Lenormant, Annales de l’Institut archéo- logique, 1845, p- 430), nous montre entre les mains de Vénus, comme symbole du désir (r8c:), non pas la fleur Pothos que cette divinité porte fréquemment, mais le Satyrion comme il est représenté dans notre manuscrit, avec cette seule diffé- rence que dans le manuscrit les fleurs ne sont pas encore développées, et qu’elles le sont au contraire sur le vase . Cet emploi de la figure du Satyrion se rapporte à la propriété aphrodisiaque que lui attribue Dioscoride : Ei Pcúžet uvat ouvcuoržozt, Lpñozt paot yao abthy xai ópuny xivetv Thv èni ouvcuaix. Pline rapporte la même opinion (Hist. nat., XX1V, 10, 62) : Concitatricem vim habet satyrion. Et plus loin (Jbid., 63): Inferior pars (radicis) et major mares gignat, superior ac minor feminas... Venerem, etiam si omnino manu teneatur radix, stimulari : adeo si bibatur in vino austero. Ce qui fait dire à Pétrone (Satyr., 8, extr.) : Adeo ubique omnes mihi videbantur satyrion bibisse. La figure du Satyrion a déjà été reconnue par K.-0. Müller (Annales de l’Institut archéologique, 1833, p. 116 ; Cf. Panofka, ibid., p. 171) entre les mains d'un per- Sonnage agenouillé dont le nom est assez difficile à fixer positivement, sur certaines médailles de Tarente (Ann. de lInst. arch., 1830, tav. d'agg., M.). Quelle que soit la manière dont il faille désigner le personnage qui tient cette plante (ce n’est Pas ici le lieu de nous en occuper), le rapprochement de K.-O. Müller n'en est pas Moins certain, et la fleur du Satyrion rappelle sur ces médailles le nom antérieur du site où fut bâtie Tarente, Szzôstev. (Excerpt. Vatican., p 11, edit. Maï; p. 12, edit, Dindorf. — Dionys. Halicarn., XVII, 2, p. 501, edit. Rom. — Cf. Laurentz, De origine veterum Tarentinorum, Berolin., 1827, p. 5.) (1) Notre manuscrit fait faire un pas assez considérable à la question difficile de 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Folios. Noms dans le Pseudo-Apulée, Noms des plantes représentées par fes figures. Ll, verso (1). Herba lactuca sylvatica. Lactuca... 45, recto. Herba centauria major. Centaurea Jacea, L. (?). 45, verso. Centauria minor. Erythrea Centaurium, Pers. 46, recto. Herba ostriago. Parietaria officinalis, L. 46, verso (2). Herba argimonia. Agrimonia Eupatoria, L. 47, verso. Herba aspodilos. Asphodelus ramosus, L. h8, recto. Herba personacia. ? (3). 48, verso. Herba fragie. Fragaria vesca, L. l9, recto. Herba ibiscum, id est altea. Althæa officinalis, L. h9, verso. Herba ippirum. Equisetum...? l'identification de la Berrovixh à Boerayvuxn de Dioscoride (IV, 2) et de la Britannica de Pline (XXV, 6), en montrant clairement qu’on doit reconnaître dans cette plante un Inula : cela donne beaucoup d'autorité à l'opinion de Dalechamps (Hist. plant., p. 4082), qui voyait dans cette plante l’Inula britannica, L., d'autant plus que, d’après la figure de notre manuscrit, cela semble être une espèce à feuilles entières. (1) A côté de cette plante est représenté un aigle volant, à cause de l'opinion rapportée par le Pseudo-Apulée, que l'aigle savait s’éclaircir la vue au moyen de la Laitue sauvage. (2) A côté de cette figure, en marge, est aussi représenté un oiseau, et au folio 47, recto, un serpent (Ad morsum serpentis) au-dessus duquel on lit : Nomen ser- pentis miacios. (3) C’est là, sans contredit, la figure Ja plus mauvaise et la plus incertaine de notre manuscrit. On y voit une plante à feuilles ovales, cordées à la base, presque impossible à déterminer au premier aspect, La synonymie que donne le Pseudo-Apulée pour son Herba persunacia ne met en aucune façon sur la voie de l'identification de celte plante, Le seul auteur qui nomme encore la personata est Columelle (VI, 17) : venena viperæ depellit herba quam vocant personatam. Pline (XXV, 9, 66) parle d’une plante qu’il appelle persolata, au persollata, comme écrivent d’autres manuscrits, et dans laquelle on a reconnu avec raison la même que la personata ou personacia ; Persolata, quam nemo ignorat, Græci vero arcion vocant, folia habet majora etiam cueurbitis, et hirsutiorg, nigrio- raque el crassiora, radicem albam et yrandem. La description qu'il donne met sur la voie ainsi que la synonymie qu'il fournit. L'Âzxev est bien connu par la descrip- tion, tout à fait d'accord avec Pline, seulement un peu plus développée, qu'en donne Dioscoride (LV, 405): c’est ainsi que l'Herba personacia, personata ou per- solata, est notre Lappa communis (Coss. et Germ. ). Avec un peu de bonne volonté, on finit par trouver une ressemblance, fort éloignée il est vrai, mais enfin yn certain degré de ressemblance entre cette plante et la figure de notre manuscrit. Il semble seulement que, malgré l'abondance de la Bardane dans nos contrées et malgré ce qwen dise Pline, quam nemo ignorat, celui qui a copié les figures du manuscrit n° 6862 de la Bibliothèque impériale ne lavait jamais vue, ou au moins remarquée, et n'en avait qu’une idée très vague et très peu certaine. ADDITION A LA SÉANCE DU 26 JANVIER 1855. 319 Folios. Noms dans le Pseudo-Apulée. Noms des plantes représentées par les figures. 50, verso. Herba malva silvatica. Malva sylvestris, L. 51, verso. Herba bovis lingua. Plante indéterminée (4). 52, recto. Herba bulbi scylletici. Scilla maritima, L. 52, verso. Herba cotylidon. Cotyledon Umbilicus, L. 53, recto. Herba gallicrus. Panicum Crus-galli, L. (2). 53, verso. Herba marrubium. Marrubium vulgare, L. 54, verso. Herba exifion. Gladiolus communis, L. Id. Herba immolum. Allium Moly, L. 55, recto. Herba galitricum. Adiantum Capillus-Veneris, L. (3). 55, verso. Herba colocintiosagra. Colocynthis vulgaris. 56, recto. Herba papaveris silvatici. Papaver Rhœas, L. 56, verso. Altera figura. Papaver... 57, verso. Herba narcissus. Narcissus poeticus, L. 58, recto. Altera figura. Liliacée ou Amaryllidée indéterminée. 58, verso. Herba scordeon. Allium... (4). Vitis vinifera (5). Scolopendrium officinale, Smith. Ceterach officinarum, C. Bauh. Id. Herba ynantes. 59, recto. Herba splenion. Autre figure en marge du folio 59, verso. (1) L'artiste a probablement voulu représenter l’Anchusa italica dans lequel on s'accorde à reconnaître le Bo yàocoay de Dioscoride (LV, 126), et d’après Sibthorp (Flor. græc., t. I, p. 115), que les Grecs modernes appellent encore Beudóyhwcoov. (2) Le Pseudo-Apulée est le seul auteur de l'antiquité qui mentionne celte plante, et la synonymie qu’il en donne, alii sanguinariam vocant, n’est pas exacte. En effet, la Sanguinaria de Pline (XXVII, 12, 94) et de Columelle (VL, 5, p. 263), la Sanguinalis de Celse (I, 33; 111, 22; V, 4; VI, 7) el du même Columelle (VI, 12, p. 213), n’est pas autre que le Morúycvov čppev ou Moruysvarey de Discoride (VI, 4), le Polygonos de Pline (XXVI, 15, 9). Dioscoride met dans la synonymie de cette plante Poyrict oxyycuwane, ci Sè Tocoesriwäxa. C'est donc la même que nous avons signalée au folio 36, recto, sous le nom de Herba proserpinatia avec parmi les synonymes : A Græcis dicitur polYgOnoS..... Romani sanguinalis. Marcellus Empiricus (De medicamentis, 10) appelle cette plante Proserpinalis. (3) Le nom de cette plante est altéré dans notre manuscrit. Tous les autres por- tent Callitrichon, ce qui est exact et conforme à Pline (Callithrix, XXV, 11, 86 ; XXVI, 15, 90); on y trouve aussi comme synonymes les noms de Capillus Veneris et d'Herba capillaris. Dioscoride (IV, 134) appelle cette mème plante Âdizyre, et -le nom d'Adiantum est aussi employé par Pline (XXII, 21, 30). (4) C'est sans aucun doute l'Allium Scorodoprasum dans lequel Sibthorp (Flor. Græc., t. I, p. 530) a parfaitement reconnu le Xxiscdev de Dioscoride. (5) L'Œnanthe de Pline (XXII, 4, 14), la même que l'Auraos äyoia de Dioscoride (IV, 180) n’est autre que notre Tamus communis, L.; il semble même que dans le texte du Pseudo-Apulée ce soit plutôt cette espèce qui soit désignée, Mais celui qui a exécuté notre manuscrit, au lieu du Tamus, a dessiné la figure du Vitis vinifera, L., très reconnaissable à ses feuilles suborbiculaires Palmatilobées. 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Folios. Noms dans le Pseudo-Apulée. Noms des plantes représentées par les figures. 60, recto. Herba victoriola. Ruscus... Id. Herba polion. Figure difficile à déterminer. 60, verso. Herba confirmam. Symphytum officinale, L. 61, recto. Herba astericn. 2. 61, verso. Herba leporis pes. Composée. 62, recto. Herba diptamnum. Dictamnus. 63, recto. Herba peresterion. Plante indéterminée (1). Ibid. Herba solago minor. Convolvulus arvensis, L. 63, verso. Solago major. Calystegia sepium, R. Brown. J'ai cru devoir donner dans son entier cette longue synonymie, car elle ne me semble pas dépourvue d'intérêt et d'importance pour l'étude de la botanique des anciens. J'en viens maintenant à la figure que nous voyons au folio 18 verso de notre manuscrit. Le personnage qui cueille un pied de Betonica officinalis est Esculape, ainsi que l'indiquent les mots Æsculapius qui vetonicam invenit, tracés au- dessus de lui. Son costume est encore antique, mais présente une particu- larité curieuse, sur laquelle j'appellerai l'attention de la Société. Le dieu de la médecine porte en effet devant lui une boite allongée, qui semble de métal sur le manuscrit, où elle est coloriée, et dans laquelle il va serrer ses récoltes, boite assez analogue, comme forme, à celles dont se servent encore au- jourd'hui les botanistes dans leurs herborisations. Or n'aurait pas cru les anciens si avancés sous ce rapport. Tournefort et ses contemporains se servaient d'un panier pour herboriser. C'est à Dillen qu'on doit, dans les temps modernes, l'invention de la boite du botaniste, qui, pour Linné, semblait une nouveauté (2). Mais, notre figure le prouve, en cela comme en beaucoup d'autres choses, les modernes avaient été de- vaucés par les anciens, et le procédé s'était perdu dans la suite des siècles. La boite d'Esculape, ou tout au moins des botanistes de l'époque romaine, était même plus perfectionnée que celle de Dillen ; elle s'ouvrait comme les nôtres, et non pas à une extrémité comme cette dernière, disposition beau- coup moins commode, et qui expose beaucoup plus à froisser les plantes récoltées. (1) Cette plante diffère du Teptarepeuv de Dioscoride (1V, 60), qui n’est autre que - le Verbena officinalis, la verminata du Pseudo-Apulée dont nous avons reconnu la figure au folio 26, verso. (2) Cf. Philosophia botanica, p. 293, edit. Willdenow. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉT'ALE. Ueber die Entstehung des Pflanzenkeims (Sur l'origine de l'embryon végétal), par le docteur Hermann Schacht. (Flora, n. 40 et 11, p. 145-158, 161-170, pl. 11.) Ce mémoire est destiné à prêter un nouvel appui à la théorie de lafécon- dation végétale qui a été proposée par M. Schleiden, et dont M. Schacht s'est fait le défenseur zélé et, dit-il, presque unique aujourd'hui. Le point de départ et en quelque sorte la base de son nouveau mémoire est une pré- paration obtenue sur le Pedicularis sylvatica par M. Th. Deecke et déjà décrite par cet observateur, en 1854, dans les Mémoires de la Société d’his- loire naturelle de Halle. Cette préparation parait à M. Schacht tellement démonstrative, qu'elle doit, dit-il, réduire pour toujours au silence les adversaires de M. Schleiden. En effet, M. Deecke a réussi à isoler entière- ment l'extrémité en forme de bec du sac embryonnaire du Pedicularis syl- vatica avec le boyau pollinique qui s'y est introduit, et cela si heureusement, qu'il est resté en place une longueur de boyau pollinique de 60/400 de mil- lim. extérieure au sac, en continuité avec une portion intérieure du même boyau longue de 95/100 de millim. A l'extrémité de cette portion inté- rieure, il s’est déjà produit une cellule qui est la première de l'embryon. Or, d’après M. Schacht, comme il n'y a pas le moindre doute que le tube qui s’est introduit dans le sac embryonnaire ne soit le boyau pollinique, Comme ce botaniste peut montrer tous les états successifs depuis la première cellule produite dans l'extrémité de ce tube jusqu'à la formation d’un glo- bule-embryon déjà composé de nombreuses cellules, même jusqu’à l'appa- rition des deux cotylédons, la théorie de M. Schleiden, c'est-à-dire la for- mation de embryon dans l'intérieur du boyau pollinique, se trouve établie de la manière la plus positive. M. Schacht s'attache particulièrement à montrer que M. Hofmeister s'est trompé soit dans plusieurs de ses observations sur la formation de l'embryon Par une des vésicules embryonnaires contenues, d’après ce dernier, dans le sac embryonnaire avant l’arrivée du boyau pollinique, soit dans l'interpré- tation des faits même bien observés. Pour M. Schacht, les vésicules qu'on a nommées embryonnaires ne sont que des cellules transitoires qui seraient résorbées de bonne heure, et la véritable vésicule embryonnaire est simplement l'extrémité du boyau pollinique reçue par le sac embryonnaire. Pour établir cette manière de voir, il rapporte diverses observations, no- 322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tamment celles que lui a fournies le Lathræa squamaria. Ici, comme l'a bien vu M. Hofmeister, il existe dans le sac embryonnaire et à son extrémité supérieure, avant la fécondation, deux cellules qui ont été prises pour deux vésicules embryonnaires; mais elles disparaissent bientôt comme l'unique cellule analogue des Pédiculaires, et jamais elles ne donnent naissance à l'embryon qui est toujours le prolongement direct du boyau pollinique. Ce boyau descend entre ces deux cellulés, et il ne commence à se renfler que lorsqu'il est arrivé vers le milieu du sac embryonnaire. Les choses se passent d’une manière analogue, d'après M. Schacht, chez le Gui, le Canna. H a réussi plusieurs fois, chez ce dernier, à isoler entiè- rement le tube pollinique qui ressortait encore longuement par le micropyle, tandis que des cellules, commencement de l'embryon, s'étaient déjà déve- loppées dans sa portion qui avait pénétré dans le sac embryonnaire. Chez les Citrus, la formation première de l'embryon est décrite par M, Schacht comme ayant lieu d'une manière tout exceptionnelle. Ici, lorsque le boyau pollinique a simplement traversé le mamelon du nucelle et n’a pas encore pénétré dans le sac embryonnaire, il produit, dans son extrémité élar- gie, de nombreuses petites cellules arrondies, et ce sont ces cellules dont quelques-unes s’allongent en tubes qui s'enfoncent dans le sac pour y don- ver chacune un embryon. De là vient l’existence simultanée dans les graines des espèces du genre Citrus de plusieurs embryons provenus d’un seul boyau primitif. Chez les Conifères, parmi lesquelles l'auteur choisit pour principal exemple le Thuja orientalis, le boyau pollinique pénètre, selon M. Schacht, dans le corpusculum ; là il développe dans son intérieur une rosette de quatre cellules qu'il entraine avec lui à mesure qu'il s'enfonce dans ce cor- puscule; arrivé au fond de celui-ci, ces cellules de la rosette grandissent, et elles donnent naissance à des vésicules embryonnaires qui font suite aux cellules du corpuseule, et à l'extrémité de chacune desquelles nait un em- _bryon. Chez le Thuja, où les corpuscules sont nombreux, uu seul boyau en féconde plusieurs; tandis que chez le Pin sylvestre chaque boyau parait ne féconder qu'un seul corpuscule. Au total, selon M. Schacht, la féconda- tion chez les Conifères ne diffère de celle de l’universalité des Phanéro- games que sur deux points : 4° La cellule-pollen ne passe pas elle-même à l'état de boyau pollinique; mais il nait en elle des cellules-filles dont une développe le boyau; 2° celui-ci ne se borne pas à pénétrer dans le sac embryonnaire, mais il arrive dans une grande cellule contenue dans ce sac, c'est-à-dire dans ce qu’on a nommé corpuscule, et c'est dans l'intérieur de cette cellule qu'il commence ses premières formations. Un post-scriptum, joint au mémoire de M. Schacht, est destiné à lever quelques objections que peut soulever l'examen de la préparation obtenue par M. Deecke, et à montrer que le tube qu'on peut isoler chez diverses REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 328 plantes en dehors du sac embryonnaire est bien la portion du bovau polli- nique continue à celle qui a pénétré dans le sac, et non un prolongement extérieur du suspenseur, tel que ceux qu'on voit, par exemple, chez les Orchidées et le 7ropæolum. La grande planche qui accompagne le mémoire de M. Schacht représente, en 26 figures, la fécondation chez le Pedicularis sylvatica, le Lathrœæa squa- maria, le Canna, le Viscum album, le Viola tricolor, le Citrus vulgaris et le Thuja orientalis. Embryologisches (Note embryologique ), par M. W. Hofmeister. (Flora, T mai 1855, n° 17, p. 257-266.) Cette note est une réponse au mémoire dans lequel M. H. Schacht, s’ap- puyant principalement sur une préparation obtenue par M. Deecke, a cru pouvoir proclamer comme définitif le triomphe de la théorie embryogénique de M. Schleiden. En opposition à la manière dont M. Schacht décrit et inter- prète cette préparation de M. Deecke, M. Hofmeister expose avec détail la manière dont ila vu lui-même la fécondation s’opérer dans l'ovule du Pedi- cularis sylvatica. Dans l'extrémité supérieure ou micropylaire du sac embryonnairede cette plante,'avant même que les anthères se soient ouvertes, il a vu très nettement, dit-il, deux ou même trois vésicules embryonnaires placées à des hauteurs différentes et serrées l’une contre l'autre. Les anthères -répandent le pollen environ trois heures après l'épanouissement de la fleur. Les boyaux polliniques se développent très rapidement ; ils arrivent aux ovules pendant que la corolle est encore fraiche. L'auteur dit que M. Deerke s'est trompé à cet égard, et que cette erreur a dù nécessairement lui faire négliger les premiers états de l'ovule fécondé, qu'il était le plus important d'examiner. Le boyau pollinique arrive en contact avec le sac embryonnaire et il se laisse toujours détacher sans effort de la paroi externe de celui-ci. Son extrémité montre alors sa membrane épaissie et sans ouverture. Tantôt il ne touche que le sommet du sac, tantôt il se glisse quelque peu entre celui-ci et le tégument ovulaire. Alors une des vésicules embryonnaires, tou- jours la plus éloignée de l'extrémité micropylaire du sac, commence à s'al- longer au sommet, sa portion inférieure conservant sa forme. En mème temps l’albumen commence à se former. Le mame'on développé au sommet de la vésicule embryonnaire fécondée s'allonge rapidement en tube. Bientôt une cloison transversale sépare cette portion supérieure tubulée de l'extré- mité inférieure arrondie, qui ne tarde pas à grandir, à se subdiviser par des Cloisons inclinées en divers sens, et à devenir ainsi un corps celluleux qui est le commencement de l'embryon. La partie supérieure du sac embryonnaire, tendant à s'allonger à son tour quelque peu, presse par suite plus fortement le sommet du boyau contre le tégument ovulaire. I en résulte un peu plus d'adhérence entreles deux. Quelquefois aussi le point d'attache de la vésicule 324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. embryonnaire fécondée se relève vers l'extérieur. Au total, on voit que, d’après la description donnée par M. Hofmeister, les choses se passeraient tout autrement que ne l’admet M. Schacht : que le boyau pollinique n'entre- rait pas dans le sac embryonnaire, et que l'embryon devrait son origine, non à l'extrémité de ce boyau, mais à une des vésicules embryonnaires fécondées ; que, dès lors, la théorie embryogénique de M. Schleiden ne serait nullement confirmée par l'observation de la Pédiculaire. M. Hofmeister engage tous les botanistes à vérifier l'exactitude de sa description. Le reste de la note de M. Hofmeister est peu étendu, et a pour objet de combattre l'exactitude des descriptions données par M. Schacht relative- ment à la fécondation chez le Lathræa, le Viscum, le Canna, les Conifères et les Citrus. Der vorgebliehe entscheidende Sieg der Schleiden’schen Befruchtungslehre (Ze prétendu triomphe de la théorie de la fécondation proposée par M. Schleiden), par M. Hugo von Mohl. (Botan. Zeit., 1° juin 1855, n° 22, col. 385-388.) Cette note a pour unique objet de montrer que la préparation obtenue sur le Pedicularis sylvatica par M. Deecke n’a pas l'importance que lui attribue M. H. Schacht. M. H. von Mohl! a examiné avec beaucoup de soin cette préparation qui lui a été confiée par M. Deecke. « Dès le premier examen, dit-il, j'ai exprimé à M. Deecke mes doutes sur la valeur démons- trative de sa préparation... Après l'avoir examinée plusieurs fois, j'ai reconnu... qu'elle n'était pas de nature à autoriser une conclusion précise ni pour ni contre la théorie en question. » — « Je crois devoir protester, dit-il plus loin, contre les assertions de M. Schacht, contre l'exactitude de ses figures et contre la valeur démonstrative de la préparation sur laquelle il s'appuie. » Voici les résultats de la discussion à laquelle se livre M. H. von Mohl : 1° Cette préparation ne démontre pas que le tube sortant par le sommet du sac embryonnaire est un boyau pollinique qui aurait pénétré de l'extérieur dans l’intérieur de ce sac; 2° elle ne donne pas la conviction que l'extrémité du boyau pollinique introduit dans le sac embryonnaire renferme dans son intérieur le rudiment de l'embryon. «On y voit quantité de membranes et de plis superposés à différentes hauteurs. Il en résulte tant d’obscurité rela- tivement à la connexion de ses différentes parties, que, dans mon opinion, quiconque n’a pas d'idée préconçue sera dans l'impossibilité absolue de dire comment les différents détails de cet ensemble se comportent Pun par rapport à l’autre. » 3° La solution de chlorure de calcium dans laquelle elle est conservée l'a rendue extrêmement transparente, et la lame de verre qui la couvre est trop épaisse pour permettre de l'étudier au moyen d'un objectif puissant. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 395 Quant aux figures données par M. Schacht, M. H. von Mohl dit que toute leur moitié inférieure, c'est-à-dire précisément leur portion décisive, n'est pas du tout fidèle. « Il a dessiné la connexion de l'embryon avec le boyau pollinique comme le demandait la théorie qu'il soutient, et non pas comme la montre la préparation. » Ueber die Nutzanwendung der Pfanzen-Bastarde und Mischlinge (Sur l'utilité des plantes hybrides et des métis), par M. Klotzsch. (Wonatsbericht der Kænigl. Preuss. Akad. der W'issensch. zu Berlin, cah. de sept. et oct. 1854, p. 535-562.) Le mémoire de M. Klotzsch est divisé en cinq parties, dont les plus étendues sont la première et la dernière. A. — HISTORIQUE DES FÉCONDATIONS CROISÉES, Camerarius, qui vivait dans la seconde moitié du xvu* siècle, avait déjà quelques notions du croisement dans les plantes; maisce fut en réalité Bradley qui en parla le premier comme d'un fait positif. Il rapporta, comme en four- nissant Ja preuve, le fait des deux Auricules, la jaune et la noire, qui avaient donné naissance à toutes les Auricules variées, et celui des OEillets hybrides obtenus par le jardinier Fairchild au moyen de la fécondation du Dianthus Caryophyltus par le pollen du D. barbatus. - En 1761 parut le petit ouvrage de Kælreuter, qui eut deux suppléments, en 1763 et 1766. Ce travail, tout à fait fondamental, renferme une division des hybrides en trois catégories : 4° les hybrides parfaits ou complétement stériles; 2° les hybrides imparfaits ou faiblement fertiles ; 3° les variétés hybrides ou parfaitement fertiles. L'auteur y assigne deux causes à la sté- rilité complète des vrais hybrides : l’imperfection du pollen et celle de l'organe femelle. M. Klotzsch n'admet que la première et la dernière catégorie d'hybrides distingués par Kælreuter, et il nie formellement que la stérilité des hybrides tienne jamais à un état défectueux du pistil. Linné n'avait que des idées très inexactes sur les hybrides. Les exemples qu’il cite n'appartiennent pas à des hybrides, à l'exception de celui des Verbascum Thapsus et Lychnitis. T a cru avoir produit un hybride en fécondant le Tragopogon porrifolius avec ie pollen du 7r. pratensis; mais Kælreuter a reconnu que l'immortel botaniste suédois avait pris un rétro- 8radement pour un hybride. Les expériences de Sageret sur les Cucurbitacées ont eu le mérite d'appeler en France l'attention sur les croisements. . F Knight a parfaitement établi que le croisement de deux espèces donne des hybrides incapables de se féconder eux-mêmes, tandis que celui de deux variétés d'une même espèce donne des plantes parfaitement fertiles. I a réussi à produire par croisement plusieurs variétés très remarquables b'ardres fruitiers. i 326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. W. Herbert, quoique l'ayant emporté aux yeux du public anglais sur Knight dans sa discussion avec lui à ce sujet, est parti d’une opinion pré- conçue et erronée ; et, dit M. Klotzsch, s’il a réussi à augmenter le nombre des formes ornementales d'Amaryllidées, il n’a pas su reconnaitre la valeur des dérivations qu'il avait obtenues par croisement, ni leur importance scientifique. Sa victoire apparente sur Knight tient à sa position sociale, et aussi à ce que, ayant survéeu à celui-ci, il a eu le dernier mot dans la dis- cussion. En Allemagne, on a très peu fait expérimentalement , après Kælreuter. Depuis celui-ci, le premier travail qui renferme des recherches originales est celui de Wiegmann, couronné par l'Académie des sciences de Berlin, et publié en 1828. Il a été suivi de deux ouvrages importants publiés par M. C.-F. Gaertner en 1844 et en 1849. Le dernier de ces deux ouvrages, qui forme un fort volume in-8°, pourrait, d’après M. Klotzsch, être regardé comme ce que nous possédons de mieux sur la fécondation croisée, si la prolixité ne le rendait souvent obscur, si les sujets des expériences étaient parfois mieux choisis, enfin si l’auteur, ne pouvant observer lui-même au microscope, s'était aidé du concours de quelque micrographe exercé. Au total, M. Klotzsch conclut de l'historique dont nous venons de donner un aperçu rapide que les progrès accomplis depuis Kælreuter dans la ques- tion des croisements végétaux sont très peu considérables, et que, du pre- mier coup, cet observateur célèbre a élevé ce sujet au niveau où il est encore de nos jours. B. — ETAT NORMAL DE L'APPAREIL FEMELLE CHEZ LES PHANÉROGAMES. M. Klotzsch rappelle ici l'organisation bien connue du stigmate et l'im- portance de ses papilles chargées de sécréter, dans la fleur adulte, un liquide gommeux ou sucré, visqueux, qui détermine la sortie et ensuite l’accroisse- ment du boyau pollinique. C. — ETAT NORMAL DU POLLEN ET SON DÉVELOPPEMENT CHEZ LES PHA- NÉROGAMES. Dans cette partie de son mémoire, M. Klotzsch expose surtout l'organi- sation du pollen et son développement par formation de cellules molles et lâchement unies de colenchyme, dans chacune desquelles se développe une cellule mère ou utricule pollinique, qui produit à son tour, dans son inté- rieur, trois ou quatre grains de pollen. Ti rappelle que le contenu du pollen ou la fovilla est composée de mucilage, d’une substance très analogue à la bassorine, d'huile et de fécule. D. — RÉSULTATS DE LA FÉCONDATION CROISÉE. Le croisement entre deux espèces différentes donne les hybrides; celui qui ne s'opère qu'entre deux variétés d’une même espèce donne les métis. Dans les hybrides, toutes les parties du pistil sont développées normale- ment; mais le pollen a subi un arrêt de développement; aussi ces plantes REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 327 ne peuvent-elles jamais donner de graines. Les métis, au contraire, ont du pollen normal et produisent de bonnes graines. Les hybrides présentent une fusion des caractères et des propriétés de leurs deux parents: mais cette fusion s’y opère à différents degrés. Plus il y a de différence entre les deux espèces hybridées, plus le pollen de l'hybride est imparfait, et il n'est même pas rare de trouver dans ses fleurs des pétales à la place des étamines. De là M. Klotzsch présume que l'hybridation pourrait bien être un moyen pour obtenir des fleurs doubles. L'examen microscopique du pollen, fait comparativement à celui du pollen normal des deux parents, en fait recon- naître l’imperfection qui, au moindre degré, consiste dans l'absence de la matière analogue à la bassorine et dans la faiblesse du revêtement externe des grains. Les fleurs des hybrides ont toujours une longue durée. En fécon- dant un hybride plusieurs fois de suite avec le pollen de la plante père, on obtient de nouvelles formes de plus en plus voisines de celle-ci et qui con- stituent autant d'avancements ou de pas en avant ; tandis qu’en le fécondant avec le pollen de la plante mère, on a des formes qui marchent plus rapide- ment vers celle-ci, et qui constituent des rétrogradements ou des pas en arrière. E., — UTILITÉ DES RYBRIDES ET DES MÉTIS. 1° Pour la botanique. — M. Klotzsch voit dans la fécondation croisée un moyen sûr pour distinguer ce qui est espèce et ce qui n’est que variété. En effet, dit-il, veut-on s'assurer si une plante est ou n’est pas une espèce distincte d’une autre, on n’a qu’à la croiser avec celle avec laquelle on la croit identique. Si le croisement donne un hybride vrai, les deux plantes parents forment deux espèces; s’il ne produit que des métis, les deux plantes sont deux variétés d’une même espèce. — Les hybrides sont beau- Coup plus rares parmi les plantes spontanées qu'on ne le croit d'ordinaire. — Les métis n’entrent pas dans le domaine de la botanique descriptive. 2° Pour la sylviculture. — Le croisement des arbres forestiers peut augmenter la rapidité de leur accroissement et la durée des bois d'œuvre, En 1845, M. Klotzsch féconda l'un par l'autre les Pinus sylvestris et nigri- cans, les Quercus Robur et pedunculata, les Alnus glutinosa et incana, les Ulmus campestris et effusa. Au printemps de 1846, les graines ainsi obtenues furent semées le même jour et dans le même lieu que des graines des espèces parents. Aujourd’hui, après huit ans, les arbres hybrides sont d'un tiers plus forts que les autres. 3° Pour l’agriculture et l’horticulture. — Le croisement des espèces et des variétés est le meilleur procédé que possède l’horticulture pour produire de nouvelles formes. C'est, dit l’auteur, pour le fleuriste une source inépui- sable de nouveautés d’une variété, pour ainsi dire, infinie. — Pour les arbres fruitiers, Knight a montré le parti qu'on peut tirer de cette opé- ration, Seulement M. Klotszch croit qu’il faut se borner à croiser entre elles 328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. soit les variétés de Pommiers, soit celles des Poiriers, tandis qu'il serait bon de croiser entre elles les différentes espèces de fruits à noyaux. Il pense qu'on pourra obtenir de nouveaux gains par l’hybridation des céréales dont on cultive plus d’une espèce, comme les Froments et les Orges. En 1850, il a obtenu une pomme de terre sucrée (qui devait être mise dans le commerce, ve printemps, par M. F.-A. Haage, d’Erfurt) par le croisement des Solanum utile et tuberosum. Enfin, il indique les Haricots, les Raves, ete., comme devant être multipliés ou améliorés par des fécon- dations croisées. Le mémoire de M. Klotzsch se termine par quelques considérations sur la maladie de la pomme de terre. Silphium perfoliatum, par le docteur Klinsmann (Botan. Zeit., du 20 avril 4855, n°140, col. 273-274, pl. II, B.) Cette note signale ce fait que, dans le Silphium perfoliatum, lorsque les folioles de l'involucre s'ouvrent et s'étalent, les achaines můrs ne se détachent pas du réceptacle, comme chez la généralité des Composées, mais pendent à l'extrémité de leur faisceau nourricier qui s’isole jusque sur une certaine longueur du pédoncule, sous la forme d’un filet délié ; en même temps ils entrainent avec eux leur paillette qui possède, de son côté, un filet vasculaire à elle propre, encore beaucoup plus délié. Rien d'analogue n’a été observé par l’auteur ni dans les genres voisins, ni dans les autres espèces de Silphium, pas même dans le S. Hornemanni, espèce très voisine du S. perfoliatum. Il n'a trouvé non plus, dans aucun auteur, l'indication de ce fait. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Eine neue Sommerwurz der deutschen Flora (Nouvelle Orobanche de la Flore d'Allemagne), par M. Christian Brügger. (Flora du 21 janvier 1855, p. 33-35, pl. I, fig. 1.) Cette espèce est nommée par l'auteur Orobanche hygrophila. Elle est indiquée comme bisannuelle ou vivace et fleurissant en juin-juillet. Elle a été découverte le 7 juillet 1853, dans des prairies marécageuses (calcaires), à Moosach, près de Munich {altitude de 1610 pieds au-dessus de la mer). Cette année, M. Brügger a retrouvé sa plante au même lieu, et, en exami- nant attentivement, il a vu que la base épaissie de la tige, pénétrant à une profondeur de quelques pouces dans le sol noir et très humide, gazonné, s'attachait aux longs stolons radicaux et aux radicelles du Carex panicea. Il en a observé d'autres individus implantés entre les rhizomes et les racines des Potentilla Tormentilla, Geum rivale, Spiræa ulmaria ß discolor et Cirsium palustre, qui n'avaient pas la moindre adhérence avec ces parties. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 329 Cette station inusitée pour des Orobanches a valu à la nouvelle espèce son nom spécifique. L'auteur donne en latin une description détaillée de sa plante. Des figures analytiques achèvent d'en faire connaître l’organisation florale et les caractères principaux. Carex Dematreana, ein neues Riedgras für die Schwei- zerflora (Carex Dematreana, nouvelle espèce pour la Flore de Suisse), par M. Lagger. (Flora du 7 avril 1855, p. 206-207.) M. Lagger a trouvé ce Carex le 44 juin 4854, à Seedorf, à deux bonnes heures de marche à l’ouest de Fribourg, avec une grande quantité d’autres espèces du même genre. Il a soumis sa plante à M. Fries qui, comme lui, l'a déclarée nouvelle, très voisine du Carex elytroides. Il la dédie à M. De- matra. Il en donne une diagnose latine développée. Icones floræ germanicæ et helvetieæ simul terrarum adjacentium ergo mediæ Europæ, auctoribus L. Reichenbach et H.-G. Reichenbach fils, in-4, Lipsiæ. Les décades 5 et 6 du tome XVII de ce grand ouvrage viennent de pa- raître. Elles sont formées des planches 1082 à 1101, et des pages 25-40 du texte. Les figures de ces planches sont toutes dessinées par M. Reichen- bach fils. Voici l'indication des espèces qu'elles représentent. Décade V. PI. 1082 : Anagallis arvensis, L.; A. a. B cærulea, Visi.; A. te- nella, L.; Centunculus minimus, L. — PI. 1083 : Trientalis europæa, L.; Samolus Valerandi, L.; S. V. 8 floribundus. — PI. 1084: Lysimachia nemorum, L.; L. Nummularia, L.; L. punctata, L. — PI. 1085 : L. verticillata, M. B.; L. thyrsiflora, L. — PI. 1086 : L. ciliata, L. ; L. vulgaris, L.; Asterolinum Linum-stellatum, Lk., Hff. — PI. 1087 : Soldanella alpina, L.; S. montana, Willd.; S. pusilla, Baumg.; S. mi- nima, Hoppe. — PI. 1088: Cyclamen repandum, Sibth.; C. hederæ- folium, Ait. — PI. 4089: C. europæum, L.; — PI. 1090 : Primula elatior, Jacq.; Pr. officinalis, Jacq.; — PI. 1091 : Pr. suaveolens, Bert.; Pr. sylvestris, Scop. Décade VI. PI. 1092 : Primula farinosa, L., et Pr. far. denudata, Koch ; Pr. longiflora, All. — PI. 4093 : Pr. Auricula, L., Pr. Aur. mollis, et Pr. Aur. ciliata. — PI. 4094: Pr. venusta, Host; Pr. carniolica, Jacq. PI. 1095 : Pr. rhætica, Gaud.; P. marginata, Curt. — PI. 1096 : Pr. discolor, Leybold ; Pr. daonensis, Leyb. — PI. 1097 : Pr. villosa, Jacq. — PI. 1098 : Pr. latifolia, Lapeyr.; Pr. pedemontana, Thomas. — PI, 4099 : Pr. Clusiana, Tausch; Pr. calycina, Duby; Pr. Candolleana, Rchb. — PI. 4100 : Pr. minima, L.; Pr. oeuensis, Thomas; Pr. Fac- T. Hi. 23 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chinii, Schott; Pr. Floerkeana, Schrader. — PI, 4401 : Pr. Mureti, Moritzi ; Pr. Allionii, Lois. ; Pr. tirolensis, Schott ; Pr. glutinosa, Wulf. Plantes nouvelles recueillies par M. de Tchihatcheff en Asie Mineure, pendant l’année 1849, et décrites par MM. Fischer et C.-A. Meyer, (Annal. des sc. nat., 1854, I, p. 30-36.) Les espèces qui forment le sujet de ce travail sont au nombre de 32. Chacune d’elles est caractérisée par une diagnose. En voici les noms rap- portés aux familles auxquelles elles appartiennent : Galanthaceæ. Narcissus spiralis. — Neottiaceæ. Orchis natolica, O. bre- vilabris ; Cephalanthera epipactoides.— Plumbagineæ. Acantholimon Tchi- hatcheffii. — Dipsaceæ. Scabiosa setulosa. — Compositæ. Pyrethrum deli- catulum ; Centaurea Tchihatcheffii, C. glaucescens, C. calliacantha; Jurinea dura. — Campanulaceæ. Michauxia Tchihatcheffii. — Labiatæ. Thymus pectinatus, T. squarrosus, T. fallax ; Satureia Argæa; Zizyphora nummula- ria; Salvia recognita, S. pectinifolia, S. hypargeia ; Dracocephalum Tchi- hatcheffii; Nepeta congesta ; Marrubium pseudo-Alyssum ; Lamium tenui- florum. — Borragineæ. Anchusa nonneoides. — Umbelliferæ. Prangos denticulata. — Cruciferæ. Aubrietia integrifolia. — Caryophyllaceæ. Acanthophyllum mite ; Silene Argæa ; Tunica artegioides. — Hypericacee. Hypericum recognitum. — Leguminosæ. Genista pulverulenta. Chloris andina. Zssai d'une flore de la région alpine des Cordillères de l Amérique du Sud, par M. H.-A. Weddelli. In-4. Paris, 1855, t. I, re jiyp are livr. . Nous nous contenterons, pour aujourd’hui, d'annoncer la première livrai- son du grand ouvrage que commence de publier M. Weddell. Nous atten- drons, pour en faire l'objet d'un examen plus détaillé, d’en avoir sous les yeux quelques livraisons qui renferment, par exemple, l’histoire de la famille des Composées par laquelle commence l'auteur, conformément à la méthode d'Adr. de Jussieu. Il nous suffira de dire ici que cette première livraison promet à la science un important travail, digne de figurer à côté de ceux dont les plantes de l'Amérique, surtout méridionale, ont déjà été l'objet. Nous ajouterons que les planches, qui doivent être au nombre de six dans chaque livraison, sont dessinées et lithographiées par M. Riocreux avec l'exactitude et le talent qui distinguent cet habile artiste, et que toutes les figures de port y sont accompagnées d'analyses dues à M. Weddell lui-même. L'ouvrage entier doit former deux volumes in-4. Nous faisons des vœux pour que rien ne vienne entraver Ja marche de cette grande publication. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 334 Drei neue Fissidenteæ (77rois nouvelles Fissidentées), par M. Carl Schliephacke. (Bot. Zeit., du 45 juin 4855, n° 24, col. 423-425.) Les trois Mousses qui font le sujet de cette note ont été observées par l’auteur dans lherbier de son maitre, le docteur K. Mueller, de Halle. Ce. sont deux Conomitrium de la section Sciarodium, C. Muell., et un Fissi- dens de la section Æufissidens, C. Muell., dont voici les noms et la patrie. 1. Conomitrium semi-limbatum, Schiph., n. sp. ; sur la terre des forêts vierges, près du Rio Itajahi, province de Sainte-Catherine, au Brésil; re- cueilli par Pabst en 1847, et portant dans sa collection le n° 879; port du. Con. asterodontium, mais très distinct. — 2. C. psatyrocheilon, Schiph., n. sp.; ile de Ja Trinité, parmi de petites Jongermannes; trouvé par M, Crueger, en 1844. Très voisin du précédent. — 3. Fissidens pseudo- bryoides, Schlph., n. sp.; ile de Sainte-Catherine, au Brésil, sur l'argile rouge des forêts, près de Desterro ; recueilli par Pabst, en 1847, et portant le n° 349 dans sa collection. Très voisin du Fis. Æegelianum, mais certai- nement distinct. Lichenum tres novæ species, descripsit doct. W. Meissner. (Bot. Zeit., 45 juin 4855, n° 24, col. 424, 422.) Une courte préface écrite par le docteur K. Mueller, de Halle, nous apprend que les descriptions des trois nouveaux Lichens qui font le sujet de cette note ont été trouvées dans les papiers de feu le docteur W. Meissner, Elle apprend, en outre, que le riche herbier de Lichens de ce même bota- niste est maintenant à vendre, et que, pour l'acheter, il faut s'adresser à sa veuve, à Halle, Cet herbier comprend non-seulement la collection du docteur W. Meissner, dans laquelle se trouvent presque toutes les séries de Lichens qui ont été publiées dans ces derniers temps, mais encore et sépa- rément la collection laissée par le professeur Carl Sprengel. Les trois espèces nommées et décrites par le docteur W. Meissner sont : le Sticta saturnina, du Vénézuela, province de Mérida, qui porte le n° 1232 dans les collections Linden ; le Sficta pusilla, de Java, qui se trouve dans les collections Zollinger; l Opegrapha plicosa, recueilli par Kegel, en 1816, à Surinam, sur l'écorce des arbres, près de Mariepaston. Description de deux eryptogames nouvelles, découvertes Sur la vigne malade; par M. Louis de Brondeau. (Actes de la Soc. linn. de Bordeaux, XX, 2° sér., X, 4"° liv., 1855, p. 117-119.) Ces deux cryptogames sont deux Hypoxylées du genre Dolhidea Fries (Asteroma DC.). 1. Dothidea Vitis, L. Brond. — Caulicole, épiphylle ou fructigène : tache ambiante, d'abord ronde ou oblongue, ensuite irrégulière, passant du 332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. roux au brun. Cellules un peu proéminentes, convexes-conoïdes, à centre déprimé. Thèques cylindriques, spores rondes. Has. : Tiges vivantes, feuilles et fruits de la vigne. 2. Dothidea uvarum, L. Brond. Fructigène; tache ambiante bleue. Cel- lules nombreuses, très petites, un peu coniques-proéminentes, d'un noir luisant; ostioles blancs. Thèques diffluentes ; spores ovoïdes. Has. : Sur les raisins, où elle enveloppe la base des grains et les pédicules. A la fin de sa note, M. Louis de Brondeau présente les caractères du genre Oidium, conformément à des observations récentes faites par lui et par d’autres savants. N'emacola, novum genus Byssacearum (?), auctore A. B. D. P. Massalongo. (Flora, 21 janvier 1855, p. 36-37, pl. I, fig. 2.) La petite plante qui forme le type de ce nouveau genre croît sur la terre nue, dans les endroits humides de la province de Vérone. Elle a reçu le nom de Vemacola criniformis, Massal.. Elle avait été nommée d’abord Opegrapha et ensuite Leptothrix criniformis par l'auteur dans des lettres. Elle produit sur la terre des taches irrégulières d’un à trois pouces et même davantage, très blanches, qui forment quelquefois une couche contigué, arachnoïde, souvent interrompue çà et là, adhérant fortement à la terre ou aux Mousses éparses. Humectée, elle devient jaunâtre. lle est formée d'un thalle très mince, mucilagineux, et de faisceaux solitaires, vermi- formes, simples ou rameux, contournés diversement, composés de fila- ments agglomérés, très déliés, articulés, entremélés, rétrécis aux deux bouts, colorés, dont la masse parait noire à l'œil nu, et rappelle pour la grandeur comme pour la forme les lirelles du Graphis serpentina; ces fais- ceaux reçoivent de l’auteur le nom de Sorothriches (Sorothrichia). M. Massalongo rapporterait plus volontiers sa plante aux Byssacées qu'aux Algues, parce qu’il croit devoir exclure de ce dernier groupe naturel toutes les plantes qui vivent dans l'air. Il donne en latin les caractères de son nouveau genre et la diagnose de l'espèce pour laquelle il l'établit. Note sur un nouveau genre d’Algues, de Iz famille des Floridées, par M. G. Thuret. (Mém. de la Soc. imp. des scienc. natur. de Cherbourg, IIT, 1855. Tirage à part, en broch. in-8° de 8 pag. et 2 planch.) Dans cette note, M. G. Thuret fait d’abord remarquer, en s'appuyant sur des exemples, certains défauts que présente la classification algolo- gique de M. J. Agardh, basée principalement sur la structure du fruit capsulaire ou cystocarpe. Le principal de ces défauts est de rompre sou- vent des affinités réelles. Ainsi, la plante dont il s’agit ici a été décrite par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 333 le célèbre algologue suédois sous le nom de Griffithsia secundiflora. Elle ressemble, en effet, au plus haut degré aux Griffithsia par son port; elle s'en rapproche aussi beaucoup par sa structure, par la disposition de ses tétraspores et de ses anthéridies. Cependant M. Thuret, ayant pu étudier, le premier peut-être, le fruit capsulaire de cette algue, a reconnu qu'il n'est point une favelle comme dans les Griffithsia, mais un cystocarpe semblable à celui des Wrangéliées, et qui ne diffère d'une céramide de Chondriée ou de Rhodomélée que par l'absence du péricarpe. Le genre nouveau qu'elle constitue est dédié à M. Edouard Bornet, déjà connu par plusieurs bons mémoires sur diverses cryptogames. Bornetia, G. Thur. — Frons filifor., dichot., articul., monosiphonia, ecorticata. Organa fructificationis intra involucrum laterale peduncula- tum subregulare, ramellis incurvis convergentibus plurimis constitutum, inclusa. Cystocarpia nucleum subglobo. formantia, nulla communi mem- brana obtecta; nucleus gemmidiis pyriformibus, invicem liberis, a pla- centa radiantibus, singulis perisporio hyalino cinctis, compositus. Sphæ- rosporæ interiore latere involucri sessiles, sphæricæ, triangule divisæ. Antheridia oblon.-subconi., in sinu ramellorum involucri furcatorum obve- nieutia, cellulis hyalinis minutissimis circa axem dispositis constantia. Quoique assez commune sur les rochers de la plage de Cherbourg, cette plante n’y fructifie pas; mais M. Thuret l'a trouvée près de Marseille, aux mois d'octobre et de novembre, abondamment couverte de tétraspores, de Cyslocarpes et d’anthéridies. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Géographie botanique raisonnée, oy Exposition des faits et des lois concernant la distribution géographique des plantes de l'époque ac- tuelle, par M. Alph. De Candolle. — 2 in-8 de XXXH et 1366 pag., avec 2 cartes. Paris, 1855, chez Victor Masson. La géographie botanique a été heureuse depuis quelques mois, car elle a fourni le sujet de deux importants ouvrages : à peine M. Lecoq vient-il de terminer son beau livre sur la distribution géographique des plantes de l'Europe, travail considérable auquel le Bulletin consacrera prochainement un second article, que M. De Candolle publie son traité de géographie bota- nique, ouvrage tout à fait fondamental, qui résume avec méthode et clarté les faits aujourd'hui acquis, en y ajoutant un grand nombre de données nouvelles, en en déduisant les lois qui les relient et les fécandent, enfin en Présentant une foule d'aperçus nouveaux de nature à modifier heureuse- ment et à accélérer la marche de la science. Résumer cet excellent livre en donnant à ce résumé les développements convenables serait certainement un travail d'une grande utilité; malheureusement les bornes étroites entre 33A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lesquelles les analyses du Bulletin sont forcément circonscrites ne nous permettent pas de le tenter : nous nous contenterons dès lors d'indiquer ici, enun pètit nombre de pages, la coordination des matières traitées par M. De Candolle, ainsi que les conséquences les plus générales qui découlent de ses exposés Incides et de ses savantes dissertations. La Géographie botanique raisonnée est divisée en quatre livres dont lë dernier, réduil à deux pages, ne renferme que les conclusions les plus géné- rales des études qui composent le livre entier, et dont le premier com- prend, en 68 pages, une sorte d'introduction physique et météorologique aux deux autres qui forment, à proprement parler, le corps même dé l'ouvrage. Livre I". Observations préliminaires sur le mode d'action de la tempé- rature, de la lumière et de l humidité (pages 4-68). On a longtemps regardé Jes plantes comme des indices très précis des climats dans lesquels elles vé- gètent, et l’on a considéré chacune d’elles comme une sorte de thermomètre dent les données s’exprimeraient par les faits de végétation. Mais M. De Can- dolle montre dans le premier chapitre que cette assimilation avec un in- strument de physique d’un être vivant sur lequel agissent des causes diverses qui ne présentent rien d’analogue aux oscillations d'une colonne liquide dilatable et contractile est entièrement inexacte, et qu’il faut plutôt regarder un végétal vivant comme une sorte de machine faisant un travail sous l'impulsion d'agents extérieurs, la chaleur et la lumière, et d’un agent inté- rieur, la vie. Le deuxième chapitre est relatif à quelques effets de la tem- pérature et de la lumiere sur les végétaux, et aux diverses manières d'ap- précier l'influence de ces agents. La température de l'air varie avec l'éloi- gnement du sol; il en résulte donc que les herbes ne reçoivent pas la même température que les arbres, et qu'en observant un thermomètre à 4 pieds de hauteur on obtient une indication qui ne s'applique pas exactement aux différents végétaux. Il faut bien cependant se contenter de cette indication faute de mieux. D'un autre côté, les thermomètres placés à l'ombre n'in- diquent pas les effets directs du soleil.sur les plantes. Cependant, et très heureusement, l'observation montre qu’il n’y a pas de différence bien sensible entre les deux côtés d’un arbre placés l'un au soleil et l’autre à l'ombre. Dès lors cette cause d’inexactitude perd de son importance apparente, La différence d'exposition agit de manière plus marquée soit sur les versants nord et sud des montagnes, soit sur des plantes cultivées au même lieu. Quant au sol, sa température peut modifier, mais très légè- rement, les extrèmes de chaleur et de froid, surtout en raison de la pro- fondeur à laquelle descendent les racines, — Les températures basses doi- vent être envisagées à deux points de vue différents : comme nuisibles et comme inutiles. Sous le premier rapport elles ont été frequemment étudiées dans ces derniers temps; mais M. De Candolle fait observer qu'on a tort REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 335 d'en attribuer généralement l’action à une lacération des tissus produite par la congélation; on a vu plusieurs fois de gros glaçons dans l'intérieur de plantes qui n'ont pas succombé, et d'ailleurs les espèces des pays chauds meurent souvent par des températures encore au-dessus de zéro. Sous le second rapport, il faudrait éliminer ces températures basses dans la forma- tion des moyennes, ce qui n’a jamais lieu. Les températures élevées peuvent également être ou nuisibles ou inutiles. Le moment où survient une tem- pérature favorable a une grande influence; mais la chaleur seule, sans lumière, n’agit que faiblement sur la végétation. Quant aux variations de température, on admet généralement que leur amplitude et leur fréquence sont favorables à la végétation ; M. De Candolle ne partage pas cette opinion. — Enfin la considération la plus importante est celle de la combinaison du temps avec la chaleur. Seulement on l’a évaluée par des méthodes diffé- rentes, que l’auteur rappelle et discute, et auxquelles il substitue une mé- thode nouvelle qui consiste à faire la somme des températures utiles à la végétation, en éliminant le plus possible les températures inutiles. La suite de l’ouvrage offre un grand nombre d'applications de cette méthode. Le troisième et dernier chapitre de ce livre est intitulé : « Distribution géo- graphique des sommes de température utile. » Il renferme un tableau dans lequel se trouvent les sommes de températures moyennes faites à partir de différentes températures pour un grand nombre de villes. Livre II. Jia pour titre : Botanique géographique, ou considérations sur les espèces, les genres et les familles au point de vue géographique. La géo- graphie des espèces est la base de la géographie botanique ; aussi son étude occupe-t-elle la plus grande partie de l'ouvrage. Cette géographie des espèces a elle-même pour base principale la connaissance de leurs limites, soit en plaine, vers les pôles et vers l'équateur, soit sur les montagnes, vers le haut et vers le bas. A. Plantes spontanées : 1° Limites en plaine. M. De Candolle a mis beaucoup de soin à déterminer des limites polaires. Ses re- cherches ont porté sur 32 espèces, dont 10 herbacées, 9 vivaces et 13 li- gneuses. Les recherches approfondies qu'il a faites à ce sujet lui ont montré en dernière analyse : que les limites polaires forment, comme le montrent les deux cartes comprises dans ce volume, des lignes très irrégulières qui, Surtout pour les espèces annuelles, ne sont parallèles ni entre elles (elles se croisent souvent), ni à la latitude, et qui ne coïncident avec aucune des lignes d'égale température; que les espèces annuelles sont arrêtées vers le nord presque toujours par le défaut d'une somme de temperatures calculée, Soit entre le commencement et la fin d'un certain degré de chaleur néces- saire à chaque espèce, soit entre l’arrivée et la fin d'une quantité d'humi- dité nécessaire ; la première cause agit dans l'Europe tempérée, la seconde Surtout aux bords de la Méditerranée, et dans les pays qui ont une epoque de sécheresse ; que, pour les plantes vivaces et ligneuses, les causes sont 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus variées; souvent la cause d'arrêt est le froid habituel ou fréquent des hivers, souvent aussi l'humidité et la sécheresse, enfin la température moyenne. Il n’a pas reconnu un seul exemple de la nécessité d’un maximum de chaleur. Les limites équatoriales sont beaucoup plus difficiles à déter- miner; elles peuvent avoir deux causes, la chaleur et la sécheresse. Après avoir recherché ces limites pour 2 espèces annuelles, pour 3 espèces vivaces, pour 3 espèces ligneuses, M. De Candolle arrive à reconnaître que, dans les plaines du sud de l’Europe, c’est la sécheresse de lété qui arrête le plus souvent les plantes vers le midi ; qu'aucune des huit espèces examinées ne paraît arrêtée par des maxima absolus de température; que deux d’entre elles (Alyssum calycinum , Dianthus Carthusianorum) sont arrêtées dans quelques directions méridionales par une humidité trop grande pendant quelques mois; enfin que les conditions de température passent après celles de sécheresse et d'humidité. 2° Limites sur les mon- tagnes. Les causes qui peuvent déterminer les limites supérieure et infé- rieure sont : l'humidité, la température de l'air et des eaux, celle de la couche superficielle du sol, l’action solaire directe et celle du rayonnement nocturne, l'exposition, l'isolement ou le rapprochement des montagnes, la durée de la neige, etc. Mais au total, les plus puissantes de ces causes sont ici, comme dans les plaines, l'humidité et la température. L'auteur déter- mine la limite supérieure de 9 espèces; cette étude difficile lui montre que la cause principale de ces limites en altitude est la somme de chaleur au-dessus du minimum propre à chaque espèce et entre les époques où Ja terre est couverte de neige; que la sécheresse et l’ardeur du soleil à de grandes hauteurs limite quelques espèces ; mais qu’au total toutes les causes autres que la somme de chaleur sont purement secondaires. Relativement aux limites inférieures, il ne tire aucune conclusion générale. Ces limites sont rarement connues, difficiles à constater, et d'ailleurs peu intéressantes pour les botanistes. B. Plantes cultivées : 1° Limites en plaine. Les limites polaires des espèces cultivées reconnaissent des causes de deux ordres : causes physiques, causes économiques. L'effet des premières peut être atté- nué de manière à reculer ces limites au moyen des procédés de culture et en raison de la nature des produits qu’on veut obtenir. Ainsi des plantes eul- tivées seulement pour leurs feuilles peuvent s’avancer vers le nord beau- coup plus que si l’on désirait récolter leurs fruits. Quant aux causes éc0- nomiques, elles restreignent plutôt qu'elles n’étendent les limites polaires, parce qu’elles tendent toujours à substituer à des plantes peu appropriées au climat d’autres qui y végètent beaucoup mieux ou y donnent de meilleurs produits. M. De Candolle détermine avec soin la limite polaire de l'Orge, du Maïs, de la Vigne et du Dattier. Les limites équatoriales ont aussi peu de précision que d'intérêt. 2° Limites sur les montagnes. La limite supé- rieure des cultures est soumise aux mêmes influences que la limite polaire REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 337 en plaine; cependant certaines de ces influences prennent plus d'impor- tance, et la pente modifie les conditions tant physiques qu'économiques. Celles-ci, à leur tour, restreignent ou reculent la limite. Les limites équa- toriale en plaine et inférieure sur les montagnes des plantes cultivées ont peu de précision et d'intérêt. Le chapitre quatrième est terminé par une section intitulée : « Réflexions finales sur les causes qui limitent géographiquement les espèces à la surface d’un continent et sur les montagnes. » Ici M. De Candolle examine d’abord quels sont les minima et les sommes de température nécessaires aux plantes. En étudiant à ce nouveau point de vue 23 des espèces dont il a recherché plus haut les limites, il trouve que les espèces qui s'arrêtent dans la région méditerranéenne demandent, comme minimum, de 9 à 19 degrés pour vé- géter, avec 2700-5800 degrés de somme à partir de ce minimum néces- saire; que celles qui s'arrêtent en France et en Allemagne exigent 7-13 de- grés de minimum, 2200-3000 degrés de somme ; que celles qui s'arrêtent plus au nord ont besoin d’un minimum de 5-8 degrés et d'une somme de 1250-2600 degrés. Il est douteux qu'aucune plante végète au-dessous de 5 degrés, mais les sommes exigées continuent à diminuer vers le nord. Il expose ensuite les diverses combinaisons de la lumière avec la chaleur : 4° A Genève, le soleil direct produit une accélération égale à l'effet produit à l'ombre par une chaleur de 3°,5 par jour, de la fin d'avril à la mi-août; 2° les effets additionnels du soleil, au côté sud des montagnes, équivalent à 1°,05 de chaleur à l'ombre, sous la latitude de 45 degrés, à 2°,3 par jour Sur l'Etna, par 37 degrés de lat.; dans la zone arctique, la différence entre les côtés nord et sud des montagnes devient insiguifiante ; 3° un ciel moins brumeux parait agir, de la Russie centrale à l'Écosse comme 4°,5 à 2°,5 de température à l'ombre; 4° plus on avance vers le nord, plus la lumière di- recte ou diffuse remplace utilement la chaleur, à cause de la longueur des jours ; 5° plus les montagnes sont méridionales, plus l'action solaire directe ou indirecte s'accroît; 6° entre 50 et 58 degrés de lat. N. est une zone où la somme des températures à l'ombre exigée par les plantes est la plus forte possible ; de là ces sommes diminuent soit vers le midi, soit vers le nord, ici à cause de la longueur des jours, là en raison de la transparence de l'air. Le chapitre cinquième a rapport à la forme des habitations des espèces. Cette forme varie ; mais sur 8495 espèces décrites dans les volumes VIII, IX et X du Prodromus, la très grande majorité a une habitation dont la forme approche du cercle ou d’une ellipse très peu allongée de l'est à l'ouest ; 116 en ont une très allongée, pour 68 d’entre elles de l'est à l'ouest, pour les 48 autres du nord au sud. Dans le chapitre sixième, l’auteur énumère 49 stations bien caractérisées qui se subdivisent ou se combinent par 2, 3, etc. Il recherche l'influence de la nature minéralogique du sol, et il arrive à la regarder comme faible. La 338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. conséquence générale de la discussion sur ce sujet est que les causes locales primaires, telles que l’eau, la terre et Vair, donnent les stations les plus distinctes; que les causes secondaires, la consistance du sol, l'humidité, la présence des matières salines ou azotées, V abondance de la lumière, donnent des stations encore bien distinctes ; enfin que les modifications nombreuses de ces stations déterminent des causes tertiaires et quelques stations rares. Dans le reste de ce chapitre, M. De Candolle examine successivement : le mode d’action des causes locales sur les espèces, les stations différentes, d'ordre secondaire, surtout tertiaire et quaternaire où se montre assez soù- vent la même espèce ; le degré de fréquence des espèces et les moyens de l’exprimer; enfin les changements qui peuvent s’opérer dans la distribu- tion des individus pendant une série d'années ou de siècles. Le chapitre septième, qui termine le premier volume, est relatif à l'aire des espèces ou à la surface de pays qu’elles occupent. M. De Candolle re- nonce aux mots de plantes endémiques et sporadiques. 1 donne les méthodes usitées pour calculer laire des espèces. Il recherche laire relative moyenne des espèces suivant leur classe, et il arrive à cette loi, que l’aire moyenne est d'autant plus petite que la classe à laquelle les plantes appartiennent a unë organisation plus développée ou plus parfaite. Le résultat est analogue pour les espèces considérées quant à leur famille. Il examine l'aire moyenne re- lative des espèces suivant leurs stations, suivant leur durée et leur taille, suivant leurs fruits et leurs graines, suivant les régions où elles se trouvent; il donne le tableau des espèces à aire très vaste, des considérations et des faits relativement aux espèces à aire très petite; après quoi il consacre un article spécial à l'étude de l'aire moyenne absolue des espèces, et il terminé en recherchant les causes de l'étendue relative des aires. Malheureusement ce septième chapitre a surtout un intérêt de détails, et il serait impossible d'en réduire les conséquences principales à une expression assez Concise pour pouvoir trouver place dans notre rapide analyse. Climat et végétation de la Crimée, (Botan. Zeit. du 8 juin 1855, col. 408.) D'après les observations du professeur docteur Koch, qui a plusieurs fois parcouru la Crimée, le climat de cette presqu'ile est généralement rude. Sous plusieurs rapports, il se rapproche de celui du nord de la France, mais il en diffère aussi beaucoup à d'autres égards. Quant à la végétation, on peut plutôt la comparer à celle de l'Angleterre, bien que ce pays ait une latitude de 6° à 8° plus boréale, Sous un climat si changeant on ne doit pas s'attendre à trouver une végétation vigoureuse, Quantité d’arbrisseaux et d'arbres qui viennent très bien en plein air en Angleterre, ne viennent pas en Crimée ou bien y végètent misérablement. Il est singulier que, tandis que les Orangers y gèlent, même couverts, que les Myrtes cultivés en plein REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 339 air y restent tres chétifs, un Dattier ait pu s'y conserver pendant sept ans, en plein air, à la vérité couvert. Les Azalea et les Æhododendrons, qui réussissent parfaitement, même dans le nord de l'Allemagne, ne peuvent être cultivés en pleine terre, dans la Crimée. BOTANIQUE APPLIQUÉE. On Beech oil (Sur l'huile de faine), par M. W.-E.-G. Seemann. (Hooker’s Journ. of. bot., juin 1855, p. 183-184.) Parmi les huiles qu'on emploie dans le nord de l'Allemagne, particuliè- rement dans le Hanovre, pour la table et pour la lampe, l'huile extraite des graines du Hêtre (Fagus sylvatica) mérite d'être mentionnée pour ses nom- breuses qualités. Elle n’est pas l'objet d’un grand commerce, parce qu’on ne peut en obtenir de grandes quantités et qu’elle est généralement consa- crée à l'usage particulier de ceux qui recueillent les faines. Aussi ne peut- on apprécier la quantité qui s’en consomme annuellement. Dans le Hanovre, la récolte se fait à la fin d'octobre ou au commencement de novembre ; on ramasse et trie les fruits tombés, ou bien l’on gaule les arbres, et l’on reçoit les fruits sur des draps étendus par terre. Cette dernière pratique paraît devoir être la plus économique; elle devient cependant la plus coûteuse, parce qu’il faut ensuite trier les bons fruits. En 1854, 25 livres de faine se vendaient, dans le Hanovre, 18 sous ; or, 25 livres fournissent environ 5 livres d’huile. La livre se vend environ 7 sous. L'huile de faine est d'un jaune pâle ; elle a un goût extrêmement agréable. On la sophistique sou- vent avec de l'huile de noix. Les habitants des villes l’emploient surtout pour les salades ; les gens de la campagne s'en servent ordinairement en place de beurre, et ne la mettent à la lampe que dans les années d’abon- dance. Les enveloppes qui restent après l'extraction de l'huile sont utilisées Comme combustible. Tubereule de Dioscorea spiculata de dimensions extraordinaires, M. Buyn, résident de Bantam, a offert à la Société de physique de Bata- via un rhizome de Dioscorea spiculata qui ne pesait pas moins de 70 kilo- &'ammes. Les indigènes de Java mangent les tubercules de cette plante, et, dit M. de Vriese, bien d'autres personnes n'en trouvent pas le goût désa- -&réable, La culture de ce Dioscorea parait être facile dans ce climat, au point que des morceaux qu'on a détachés du gros rhizome présenté par M. Buyn, jetés en terre sans beaucoup de soin, se sont rapidement développés en nou- velles plantes. M. de Vriese annonce que l'on saura bientôt à quoi s'en tenir sur les propriétés nutritives des tubercules de ce Dioscorea, M. Rost 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. van Tonningen s'étant chargé d'en étudier la composition et devant publier les résultats de ses recherches. (Flore des jardins du roy. des Pays-Bas, Are ann., 2° livr., p. 47.) Collections de Fougères vivantes, dans les Pays-Bas. D'après un article publié par M. de Vriese dans la Flore des jardins du royaume des Pays-Bas et de ses possessions aux Indes orientales et en Amé- rique (1 ann., 2° livr., p. 45), il existe aujourd’hui en Hollande trois belles collections de Fougères vivantes : celles des jardins botaniques d’Amsterdam et de Leyde, et celle de M. Willink, près d'Amsterdam. La collection du jardin de Leyde est d’origine récente. Jusqu'en 1845, « on n’avait pas eu, dit M. de Vriese, de Fougères dans ce jardin botanique, du moins dans l'in- térieur des bâtiments, et il m'était arrivé d'entendre exprimer l'opinion qu’elles n'étaient pas susceptibles de culture. L'expérience a prouvé le con- traire. » Chargé de la direction de ce jardin, M. de Vriese s'est mis en rapportavec les différents jardins d'Europe où la culture des Fougères avait fait de grands progrès, surtout avec celui de Leipzig. Recevant lui-même un grand nombre de plantes de Java, il a pu faire des échanges, et il est arrivé ainsi à former « une collection de Fougères vraiment riche, et comme il y en a peu, et qui n’a pas causé de dépenses, du moins directes. » MÉLANGES. Le jardin botanique de Giessen, par M. Hoffmann. (Botan. Zeitung n° Ah, 6 avril 1855, p. 233-242.) Il serait à désirer que les directeurs des principaux jardins botaniques de l'Europe fissent connaître l'histoire et l'état actuel de ces établissements d'une manière aussi méthodique et aussi complète que vient de le faire M. H. Hoffmann pour celui à la tète duquel il est placé depuis quatre aus. Les renseignements précis qu'on obtiendrait par ces publications permet- traient d'établir la statistique de l'enseignement botanique en Europe et des ressources dont il dispose. Aussi le Bulletin s'empressera-t-il d'analyser tous ceux de ces écrits qui seront livrés à la publicité. La fondation du jardin botanique de Giessen remonte à l’année 1609, et elle a suivi de deux ans celle de l’université de Giessen. Le premier profes- seur qui ait été chargé d'y enseigner la botanique est L. Jungermann qui, en 4614, reçut à la fois les titres de docteur et d'inspecteur du jardin mé- dicinal. En 1617, cet établissement fut constitué dans le licu qu'il occupe encore aujourd'hui, en 4824-25, il fut agrandi par l’adjonction d'un bos- quet qui servait de jardin forestier, et son étendue fut ainsi portée à 10 arpents de Hesse et 3/4: c'est sa mesure actuelle. Parmi les botanistes qui REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3M en ont été les directeurs dans ces derniers temps, on remarque surtout : Wil- brand, qui a professé à Giessen de 1817 à 1846 ; M. A. Braun, qui n’a été attaché à cet établissement que pendant l’année 4850, et M. H. Hoffmann, qui a succédé à ce dernier botaniste en 1851. Les cultures de pleine terre comprennent plusieurs compartiments affectés aux plantes herbacées : 4° pour les plantes herbacées vivaces, rangées d’après le système naturel; 2° pour les plantes annuelles; 3° pour les plantes bisannuelles ; 4° pour des plantes mêlées. En 1851, M. A. Braun a disposé un compartiment pour les plantes qui aiment l'ombre; il est affecté particulièrement aux Rhododendrons. En 1852, on en a fait un sur le côté N.-0. d’une éminence, pour les plantes alpines; un pour les Orchidées de pleine terre, un autre pour les Roses sauvages et diverses Rosacées frutes- centes, pour les Liliacées, pour les Fougères, pour les plantes toujours vertes. En 1854, on a créé une division économico-technique où se trouvent toutes les espèces herbacées de l’Europe moyenne, utiles ou alimentaires, repré- ` sentées par leurs nombreuses variétés, Il y a encore des parties pour les plantes d'ornement, un arboretum, ete. Le jardin de Giessen renferme deux serres à trois compartiments : l’une vieille, agrandie en 1824, l’autre construite en 4826-27 ; de plus une petite serre basse, consacrée aux Orchidées, dans laquelle se trouve aussi un aqua- rium. Les deux dernières ont un chauffage à l'eau chaude; la première est encore chauffée au poêle, ce que déplore M. Hoffmann. Du reste, ces serres paraissent être fort médiocres ; elles manquent de soleil et de jour. La tannée y est remplacée par de la sciure de bois. Le nombre des espèces cultivées dans ce jardin était, au mois de mars dernier, de 4500, dont 4217 phanérogames. Les plus précieuses de ces plantes sont provenues d'échanges et surtout de dons. On s’est attaché à réunir le plus grand nombre possible de plantes exotiques utiles ou célèbres Par quelque particularité. M. Hoffmann donne une liste assez longue d'espèces qui appartiennent à ces deux catégories et qui existent aujourd'hui à Giessen. Le jardin est ouvert tout le jour, excepté de onze heures à une heure ; ses serres sont ouvertes tous les mercredis, d’une à deux heures. Il est destiné aux études particulières et à fournir les matériaux nécessaires pour les leçons. Or, cette dernière destination amène une grande consommation de Plantes, d’après la méthode adoptée à Giessen. En effet, avant la leçon, on distribue à chacun des auditeurs un échantillon des diverses plantes dont le professeur doit s'occuper ; par là non-seulement chaque élève suit sans difficulté les descriptions dans toutes leurs particularités, mais encore il peut se composer un petit herbier formé des types principaux du règne végétal tout entier. Les élèves du cours de botanique sont presque tous des étudiants en mé- 342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. decine et en pharmacie. Dans ces trente dernières années, leur chiffre maximum a été de 47. Le jardin de Giessen possède un herbier dans lequel les familles sont dis- posées d'après la méthode naturelle, tandis que les genres et les espèces sont en ordre alphabétique. Le noyau de cette collection a été formé par l’herbier de Wilbrand qui comprenait 5700 espèces, presque toutes cultivées ; elle a été considérablement enrichie dans ces derniers temps. En 1851, on a com- mencé une collection de fruits, de graines, de bois, de monstruosités, de curiosités botaniques, dans laquelle on compte aujourd’hui environ 600 nu- méros. Une bibliothèque botanique, un mieroscope de Keller, que M. Hoff- mann dit excellent, et quelques instruments de météorologie qui servent pour des observations suivies depuis 1851, complètent les richesses scienti- fiques du jardin botanique de Giessen, dans lequel, comme on le voit, il existe fort peu de lacunes pour un établissement dont la dotation annuelle ` n’a pas dépassé 1700 florins en 1854, et n'avait été en moyenne que de 1300 florins depuis dix ans. Dimensions de quelques Palmiers eultivés dans les serres du jardin de Kew. (Renseignements extraits d'un article du Florist, Fruitist and Garden Miscellany, cah. de juin 4855.) La grande serre à Palmiers du jardin de Kew renferme un grand nombre de Monocotylédons et de Cycadées fort remarquables par leurs grandes dimensions qui rappellent assez bien déjà ce qu’on est habitué à voir dans les pays d'où ils sont originaires. Tels sont particulièrement les Zamia, Encephalartos, les Musa, Pandanus, Urania, les Bambous et surtout plu- sieurs Palmiers qui forment maintenant d'admirables individus. Les plus beaux parmi ces derniers sont : un Cocos plumosa, qui a près de 60 pieds anglais (18,900) de hauteur et un Cocos coronata de la même hauteur; un Caryota urens de 60 pieds (18",900); un Arenga saccharifera, arbre magnifique qui mesure 40 pieds (12",600) ; un Ceroxylon andicola qui se présente avec des dimensions à peu près aussi considérables; un Sabal umbraculifera haut de 30 pieds (9%,450), dont le stipe a près de deux pieds anglais (0",630) de diamètre à sa base ; un Seaforthia elegans, qui s'élève également à 30 pieds, de même qu’un Corypha australis. On peut citer encore, à la suite des précédents, un Phytelephas macrocarpa de 20 pieds de hauteur (6,300); un Zivistonia borbonica de même force. Enfin plusieurs autres espèces du même groupe naturel sont représentées au jardin de Kew par des individus également remarquables par leurs proportions inusitées dans les serres d'Europe et par la vigueur de leur végétation. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 343 Végétation extraordinaire d'un jeune chêne. (Botan. Zeit. du 1% juin 4855, col. 390.) Dans la séance de la Société des naturalistes de Berlin qui a eu lieu Je 17 avril dernier, M. Hanstein a présenté un pied de Chêne d'un an, venu de graine, qui a été trouvé dans le district forestier d’Altein-Plathow, près de Genthin, et qui, dans le seul été de 1853, a parcouru toutes les phases du développement de la germination à la fructification. TI présente une inflo- rescence femelle terminale avec plusieurs glands incomplétement formés. NOUVELLES ET ANNONCES. — La Faculté de philosophie de l’université de Greifswald avait proposé, en 1853, pour sujet de prix, la question suivante : « Exponatar historice et dijudicetur secundum proprias observationes » doctrina de plantarum eryptogamicarum Linnæi generatione spontanea, » propagatione atque fructificatione. » : I n’a été présenté au concours qu’un seul mémoire (de 430 pages) pour lequel l’auteur, M. Gallus, de Sommerfeld, qui avait envisagé la question principalement au point de vue historique, a obtenu le prix. — En 1854, on a posé à Berlin, dans le cimetière royal, devant la porte de Halle, par les soins des académies des sciences de Berlin et de Péters- bourg, une pierre funéraire en l'honneur de Pierre-Simon Pallas, le célèbre naturaliste, mort à Berlin le 8 septembre 1811. Cette pierre est de granit brun, poli; elle a 6 pieds et demi de hauteur, et, à 4 pieds et demi de hau- teur, elle porte un médaillon, à haut relief, de Pallas, en marbre de Carrare, sculpté par Heidel. Une inscription latine porte le nom de l'illustre natu- raliste et l'indication des corps savants qui ont fait élever le monument. Plantes à vendre. .M, R.-F. Hohenacker, d'Esslingen, par Stutigard, met en vente des collections formées par A. Becker dans les déserts du Volga inférieur, augmentées de quelques espèces d’Ibérie, comprenant de 30 à 110 espèces déterminées, pour la plupart, par C.-A. Meyer, et en bons échantillons. Le prix est de 9-33 francs. (Affranchir..) Herbarium Lichenum Parisiensium. — M. le docteur W. Nylander pu- blie sous ce titre une collection qui renfermera toutes les espèces de Lichens croissant aux environs de Paris, dans un rayon de 20 lieues. Les deux pre- miers fascicules, déjà en vente, contiennent un grand nombre de Lichens Saxicoles et beaucoup d'espèces rares ou critiques. Le troisième fascicule 3hh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. paraîtra avant l'hiver prochain, et la collection sera bientôt complétée par un quatrième fascicule. L' Herbarium Lichenum Parisiensium est publié à 20 exemplaires seule- ment, par fascicules de cinquante numéros avec étiquettes imprimées, au prix de 15 francs chacun. Les fascicules sont en vente chez M. Hagueron, rue Beautreillis, 42, à Paris. BIBLIOGRAPHIE. Flora oder allgemeine botanische Zeitung. Articles originaux publiés dans le 1* trimestre de 1855. Schnittspahn et C.-B. Lehmann. — Ueber die im Freien in den deutschen Gaerten vorkommenden Arten der Gattung Sempervivum (Sur les espèces de Sempervivum qui sont cultivées en plein air dans les jardins de l'Allemagne). P. 1-8, 17-24. Christian Bruegger. — Eine neue Sommerwurz der deutschen Flora (Une nouvelle Orobanche de la flore d'Allemagne). Pag. 33-35; pl. I, fig. 1. Massalongo. — Nemacola, novum genus Byssacearum (?). P. 36-37, pl. I, fig. 2. F. Schultz. — Ueber Orobanchen (Sur les Orobanches) . P. 49-54. A.v. Krempelhüber. — Neue Lichenen aus dem bayerischen Gebirge (Nou- veaux Lichens des montagnes de la Bavière). P. 65-74. F. Leybold. — Asplenium Seelosit, ein neuer Farrn aus Suedtirol (Asple- nium Seelosii, nouvelle Fougère du Tyrol méridional). P. 81-82. Th. Guembel. — Kann die Narbe des Fruchtknotens durch anderweitige Bluethenorgane erzetzt werden ? (Le stigmate peut-il être remplacé par d’autres organes floraux ?). P. 97-99. C. H. Schultz, Bipont. — Ueber die von W. Lechler.., gesammelten... Cassiniaceen (Sur les Cassiniacées récoltées par W. Lechler au détroit de Magellan, qui doivent être publiées par M. Hohenacker). P. 413-123. Sonder. — Dentaria intermedia, Sonder, eine noch unbeschriebene Pflanze aus Suedtirol ( Dentaria intermedia, plante non décrite encore du Tyrol méridional). P. 429-432. Fr. Leybold. Nachtraegliche Berichtigungen ueber ein paar tirolische Pflanzen (Rectifications relatives à deux plantes du Tyrol). P. 132-135. Herm. Schacht. — Ueber die Entstehung des Pflanzeinkeims (Sur l'origine de l'embryon végétal). P. 145-158, 161-470, pl. II. Victor Trevisan. — Fragmenta lichenographica. P. 177-187. Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 11 MAI 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE, M. de Schæncfeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 27 avril, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de MM. Avssure (Alphonse d'), rue Saint-Jacques, 171, à Paris, présenté par MM. le comte Jaubert et Leblanc. Simon, chancelier du consulat de France à Erzeroum (Arménie Turque), présenté par MM. Duchartre et Maille. M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Lagrèze-Fossat, de Moissac : Notice sur l'herbier du département de Tarn-et-Garonne, 2 De la part de M. S.-E. Sarradin : Études chimico- physiologiques sur les cendres des végétaux, 3 En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, mai 1855, 2 numéros. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture de Paris, numéro de mars 1855. M. Bouteille annonce qu'il vient de trouver aux environs de Magny (Seine-et-Oise), le Gui croissant sur un très vieux Bouleau. A cette occasion, M. Cosson rapporte qu’ila vu cette plante parasite Sur un Acer campestre à Thurelles (Loiret) et sur un Chêne dans la lorèt de Troyes (Aube) . / T. IL 24 346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. de Schænefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Sociéte : CONSIDÉRATIONS SUR LES AXES PRIMAIRES ET SECONDAIRES DANS QUELQUES ESPÈCES RADICANTES , par M. GRENIER. (Besançon, avril 1855.) Dans notre Flore, nous avons souvent, à l’exemple de la plupart des phy- tographes qui nous ont précédé, désigné sous le nom de fige, des organes qui, organogéniquement, ne méritent pas ce nom. C’est ainsi que nous avons dit que les Potentilla reptans et Anserina avaient des tiges radicantes. Il en est de même pour le Trifolium repens. Le but que nous nous proposons dans cette note est donc de rendre à ces organes leur véritable valeur organogénique. Au point de vue de la phytographie, nous n'avons point trouvé d'incon- vénient à donner le nom de tige à des organes qui en jouent incontestable- ment le rôle, bien qu'ils n’appartiennent point au système axile, dont ils ne sont qu'un produit secondaire. Mais dans l'étude spéciale des organes et de leurs relations, il ne peut plus en être ainsi. La tige est le développement de la partie axile du bourgeon naissant du collet de la racine. Cet axe peut être très long ou seulement rudimentaire. Dans le premier cas, l'axe peut être dressé, étalé, rampant, ou enfin radi- cant ; et dans tous ces cas, il n’y a que la position de l'axe qui varie, et ces variations ne modifient en rien la nature de l'organe dont il s'agit. Le genre Trifolium nous fournit des exemples de toutes ces modifications. Lorsque l'axe est rudimentaire, les choses ne se présentent plus dans le même état de simplicité, et l’on peut rencontrer des organes en apparence semblables, qui ont cependant des valeurs organogéniques différentes, de telle sorte que l'assimilation de deux organes dont l'aspect est le même, peut conduire à une erreur radicale en organogénie. Examinons le Ranunculus repens. En état de germination, la jeune plante montre deux cotylédons orbiculaires, puis de petites feuilles successive- ment au nombre de deux, trois et cinq, qui finissent par constituer une petite rosette. Chacune de ces feuilles porte à son aisselle un bourgeon rudimentaire. Lorsque les feuilles moyennes commencent à atteindre leur entier developpement, les extérieures sont déjà en partie détruites. Mais le bourgeon qui existait à leur aisselle se montre; il s'allonge et donne bien- tôt un rameau dont tous les nœuds vitaux ont la propriété de produire des racines et des feuilles. Chaque feuille de la rosette fournit à son tour et avant de disparaître un semblable rameau radicant; et comme le nombre des feuilles de la rosette est très limité, il arrive bientôt un moment où la rosette est entièrement détruite, et où l’on ne voit plus que les rameaux SÉANCE DU 44 mai 1855. 347 radiconts qu’elle a produits, partant tous d’un centre commun, et simulan un faisceau de tiges ou une collection de rameaux provenant d'une tige ramifiée dès son origine au-dessus du collet, ainsi que cela se voit dans le Convolvulus arvensis. En somme, dans le Ranunculus repens, les axes secondaires jouent le rôle de l'axe primaire qui a avorté. Nous avons observé, dans le Trifolium repens, un mode de végétation de tout point identique avec celui que nous venons de décrire. Si maintenant nous suivons le développement de ces axes secondaires dans ces deux espèces, nous trouverons que leur mode de végétation est entièrement différent. Dans le Ranunculus repens, les axes sont tous définis, et, dans le Trifolium repens, les axes sont indétinis. En effet, dans le Ranunculus repens, les axes secondaires produisent des feuilles disposées d'après le système 2/5 ; à l'aisselle de chaque feuille naît un bourgeon qui s'allonge, ou rameau tertiaire, pendant que le prolonge- ment de la tige, terminé par une fleur, reste opposé à la feuille, et offre ainsi un phénomène analogue à celui qui se voit dans la Vigne. Dans le Trifolium repens, les feuilles disposées d'après le même système produisent à leur aisselle une fleur ou un rameau, pendant que le prolon- gement de la tige, toujours terminé par un bourgeon foliaire, continue à fournir indéfiniment sa spirale de feuilles. Daus une classification, on pourrait diviser avec avantage les Trifolium en deux sections : section première, terminales ; section deuxième, laterales. Le bourgeon central du Potentilla reptans a la même organisation que celui des deux espèces précédentes, et, à l’aisselle de chacune de ses feuilles, il produit un rameau, en procédant de l'extérieur à l'intérieur, jusqu'à en- tière oblitération de la rosette. Mais ici les rameaux axillaires ne se comportent plus comme précédem- ment. Leurs feuilles sont opposées, et les stipules soudées ensemble forment une gaine ordinairement surmontée par des feuilles réduites à trois petites folioles entières. A l'aisselle de chacune de ces deux feuilles naît un bour- 8eon, dont l'un, plus vigoureux, se prolonge de manière à simuler la con- linuation de l'axe inférieur, tandis que l’autre reste simplement foliaire, Entre ces deux axes tertiaires diversement modifiés, sort un pédoneule Portant une fleur unique, et constituant la véritable terminaison de l'axe inférieur cu secondaire. T n'est pas rare de rencontrer les deux rameaux tertiaires développés en forme de prolongement bifurqué de la tige, etren- fermant, dans l'angle formé par leur divergence, le pédoncule qui termine laxe inférieur, Dans les deux cas, l'inflorescence est véritablement dicho- toine, Toutefois, si l'on examine avec attention la position de la fleur dans la dichotomie, on ne tarde pas à voir qu'elle n'est jamais exactement dans l'angle produit par les deux bourgeons latéraux, mais qu'elle est loujours un peu en avant ou un peu en arrière. 3148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'explication de cette position est facile à trouver, si l'on examine une série de nœuds vitaux; Car on ne tardera pas à en rencontrer quelques- uns dont les deux feuilles opposées se sont dissociées, et sont distantes l’une de l’autre de 2 à 5 centimètres. Alors on verra le pédoncule qui termine laxe inférieur, naître un peu au-dessous et sur le côté du nœud supérieur, et non sur le point opposé à lui. Cette position lui est assignée par l’arran- gement des feuilles qui, bien qu’opposées, ne sont point décussées, et doi- vent être considérées comme formant deux spirales de l’ordre 2/5. Le Potentilla Anserina est encore une plante qui possède une rosette cen- trale appartenant aux axes indéfinis. Mais cette rosette diffère de toutes les précédentes en ce qu’elle ne s'oblitère pas, qu'elle continue indéfiniment à s’allonger et à produire des rameaux à l’aisselle de ses feuilles. Ces rameaux secondaires ont, comme ceux du Potentilla reptans, des feuilles opposées rudimentaires, et qui, réduites aux stipules soudées, produisent chacune à leur aisselle un bourgeon (axes tertiaires), et logent dans leur dichotomie le pédoncule qui constitue la terminaison de l'axe inférieur; et ainsi de suite, jusqu’à épuisement de la végétation. Le phénomène de la dissocia- tion des feuilles m'a paru bien plus rare dans cette espèce que dans la pré- cédente. La rosette persistante du Potentilla Anserina ne diffère en rien de celle que l'on rencontre dans les Viola sylvatica, arenaria, ete. ; non plus que de celle que nous avons signalée dans toutes les espèces non radicantes qui forment dans notre Flore la section des Potentilla désignée par le nom de laterales. Dans ces espèces, les rameaux secondaires sont dressés, étalés ou couchés. L'axe primaire qui. dans le P. Anserina, émet la rosette centrale, est d'ordinaire si court qu’il n’est pas possible de le distinguer, et que cette rosette semble naitre de la racine ou collet réduit à un plan idéal. Mais il est un moyen simple de forcer cet organe à prendre un plus ample dévelop- pement qui en rende l'étude facile. TI suffit pour cela, en automne ou même au printemps, de recouvrir les pieds que l'on veut observer d'une couche de terre meuble et sablonneuse, qui peut aller jusqu’à un décimètre d’épais- seur. Dès que l'action de la végétation printanière se fera sentir, la plante, pour échapper à cet enfouissement, allongera son axe, couvert de quelques écailles ou feuilles rudimentaires, jusqu'à ce qu’il arrive à la surface du sol. Alors il reprend son état normal et fournit, comme d'ordinaire, sa rosette, qui ne tarde pas à dorner ses rameaux radicants et à végéter Comme si l’enfouissement n'avait point eu lieu. On peut aussi procéder par des en- fouissements partiels au printemps, et suivre ainsi le développement graduel de l'axe. J'ai pu me procurer, par ce procédé, des axes primaires de P. Anserina, qui dépassent un décimètre de longueur. D'après ce que nous venons de dire, on voit qu’il existe deux systèmes SÉANCE DU 11 mar 1855. 349 d'axes primaires indéterminés. Dans le premier, laxe s'atrophic après avoir fourni une simple rosette de feuilles ; dans le second, l'axe est per- sistant. Dans les deux cas, ce sont des rameaux axillaires qui prennent le rôle d'axe florifère, à l’exclusion de l'axe primaire. Le Fragaria vesca, par ses rameaux radicants, a sans doute des rapports avec les espèces précédentes. Mais l'arrangement des divers organes qui le composent est si différent, que nous lui devons une mention spéciale. Ses rameaux radicants, appelés vulgairement coulants, naissent de l’aisselle des feuilles, constituent des axes secondaires qui ne different en rien de ceux que nous avons observés antérieurement, et dont, par conséquent, la Signification morphologique ne présente aucune obscurité. Mais en est-il de même des axes floriferes ? Pour reconnaitre leur origine, il faut enlever une à une les feuilles qui forment la rosette du Fraisier, et observer la position des coulants relati- vement à celle des axes florifères. Au premier coup d'œil, les axes radi- cants et floraux semblent superposés et naitre de l'aisselle d’une même feuille, ce qui constituerait une étrange anomalie dans les lois de la végé- tation. Avec un peu d'attention, on remarque que cette apparence n’a rien de réel; que l'axe florifère, toujours placé au-dessus du coulant, ne lui est pas superposé, mais est placé un peu à droite ou à gauche, et qu'enfin il n'a pas la même origine. La feuille qui produit à son aisselle le rameau radicant est munie d'un pétiole stipulé qui s'élargit énormément à sa base, de manière à embrasser l'axe primaire dans tout son pourtour, en se soudant avec lui. Cette dilata- tion stipulaire qui embrasse l'axe, ne forme point une gaine, parce que Chaque stipule va en s’atténuant, de la nervure médiane d'où elle part, jusqu’au point où, après avoir décrit un demi-cercle, elle rencontre la pointe de celle du côté opposé, de telle sorte que ces deux stipules se tou- chent comme deux triangles en contact par leurs sommets. Si maintenant nous examinons la feuille située au-dessus de la précédente, nous la verrons se comporter de la même manière à l'égard de l'axe, qu'elle embrasse pareillement par ses deux expansions stipulaires dont les extrémités contiguës correspondent, non point à la nervure médiane de la première feuille, mais à droite ou à gauche de cette nervure, ce qui indique que ces deux feuilles ne sont point opposées. Cette deuxième feuille con- tient dans son aisselle, premièrement un bourgeon foliaire qui, applique Contre la nervure médiane, contribuera à former le sympode, en se déve- loppant et en s'ajoutant aux portions d'axes qui sont au-dessous de lui; secondement elle contient encore, vers le point de contact des deux stipules, le rameau florifére, qui n’est que la terminaison de l'axe primaire, lequel Se trouve ainsi séparé de la nervure médiane du pétiole, par toute l'épais- seur du bourgeon dont nous venons de parler. 350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous avons dit que le point de contact des stipules de la feuille supé- rieure ne correspondait point à la nervure médiane de la feuille inférieure, mais qu'il tombait à droite ou à gauche; d'où il suit que Faxe floral qui nait à ce point de contact, est toujours placé sur un des côtés de cette ner- vure, et ne peut jamais être superposé au rameau radicant qui nait exacte- ment vis-à-vis de cette même nervure. Si l'on continue l'examen des axes successifs qui naissent à l’aisselle des feuilles, ou remarquera que les axes floraux se placent alternativement à droite et à gauche des rameaux radicants, ce qui indique que les cycles, ordinairement incomplets, qui se succèdent pour former le sympode, sont hétérodromes. En résumé, la végétation du Fraisier ne diffère pas, quant aux rameaux radicants, de celle des deux premiers groupes antérieurement examinés. Mais celle des axes qui se substituent à l'axe primaire pour former le sym- pode est entièrement différente ; elle offre, en raccourci, un développement analogue à celui de la Vigne, et l'espèce de souche épigée {sympode) qui résulte de l'addition de cette série d’axes entièrement distincts, montre à sa surface les débris des feuilles qui ont servi à les produire. Cette plante nous fournit done un troisième mode de terminaison de laxe primaire dans les espèces à axes secondaires radicants. M. J. Gay fait remarquer que ce que dit M. Grenier relativement aux stolons du Fraisier a déjà été publié par M. Wydler. M. Alex. Braun avait considéré ces stolons comme des axes indéfinis, et c'est M. Wydler qui a relevé cette erreur et démontré que le stolon du Fraisier est un sympode composé d’axes de différents ordres (1). M. Weddell communique à la Société la description suivante d’un Dianthus observé aux environs d'Alger par M. Duval-Jouve, et montre des échantillons desséchés et un dessin de cette plante. DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE DIANTHUS, DES ENVIRONS D'ALGER , par M. DUVAL-JOUVE. (Strasbourg, avril 1855.) LIANTHUS BARATI. — Annuel; très glabre, unicaule, rarement mul- ticaule. (1) Ce que M. Grenier dit du Fragaria n’est pas nouveau, quoique l'observation soit parfaitement fondée. Irmisch, dans le Bot. Zeitung de 1850, p. 250, et Wydler, dans le Flora de 1851, p. 364, avaient déjà reconnu que laxe primaire du Fragaria n'est point une rosette indéterminée, mais un Schein-Aæe, c'est-à- dire un sympode, une succession d'axes de plus en plus secondaires, simulant un axe d’une seule pièce, (Note communiquée par M. J. Gay.) SEANCE DU 14 mai 1855. 301 Tige de 2 à 4 décimètres; roide, à trois ou quatre rameaux très ouverts, divariqués ; Feuilles un peu rudes, ciliées à leur base; les supérieures linéaires très étroites acuminées, égalant environ les entre-nœuds ; les inférieures un peu spatulées ; Fleurs médiocres, solitaires à l'extrémité des rameaux ; Écailles calicinales quatre, entières, scarieuses, membraneuses sur les bords, très dures au milieu, terminées par un appendice strié, en alène, égalant ou dépassant le calice; les deux extérieures ovales, les intérieures plus larges. Calice de 15 à 20 millimètres, très contracté au sommet, marqué en long de côtes fines au nombre de trois par dent, bordées de stries noires et cou- vertes de très fines aspérités; dents da calice égalant le cinquième du tube, Scarieuses au bord. Pétales à limbe cunéiforme, brièvement laciniés, garnis à la gorge de quelques poils, de couleur rose avec trois taches pourpres, marqués en dessous d’une large bande verdâtre livide ; onglet lisse ; Capsule de la longueur du calice, grêle, légèrement tétragone ; Graines scutiformes, à bords relevés et ondulés, à peine chagrinées. Observation. Les pétales, d'une belle couleur rose, élégamment marques de stries très fines et de trois taches pourpre brun, portent en dessous, à leur partie médiane, une large bande verdâtre, dans le sens de laquelle ils s’enroulent le soir, de manière à ne plus présenter qu'un cylindre verdâtre. Hab. Alger, versant nord de la Bou-Zaréah, au tiers supérieur, sur les talus et les bords des champs; assez abondant ; fleurit en juin. Cette espèce y a été récoltée, pour la première fois, par M. Barat, professeur de physique au lycée d'Alger (1). M. Meniére fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA SÉCRÉTION D'UN LIQUIDE ABONDANT PAR L'ORGANE GLANDULEUX DES CORYANTHES, par M. P. MENIÈRE. Le genre Coryanthes, qui faisait partie des Gongora, en à ete distrait avec raison par M. Hooker, et il se trouve établi dans la monographie de M. Lindley, dont la troisième partie, les Vandées, a été publiée en 1833. (1) Le Dianthus Barati de M. Duval, que j'ai en ce moment sous les yeux, est €Xactement la même plante que le Dianthus tripunctatus, Smith, Prodr. FI, grær., t. T, p 286, et Sibth., FE. græc., tab. 398, lequel a pour synonyme Dianthus divaricatus, Urville, Enum., p.46, DC. Prodr., t. E, p.860. La plante a été jusqu'ici observée en Chypre, par Sibthorp; à Candie, par Sieber et Heldreich, et à Samos, par d'Urville. Alger est une localité. ( Note communiquée par M. J. Gay.) 392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Tous les auteurs qui ont décrit les Coryanthes notent une particularité d’or- ganisation qui m'a semblé devoir être l’objet d'une étude spéciale, tant en raison de sa forme et de sa texture que du phénomène vraiment extraordi- naire dont elle est le siége. Il s’agit de deux appendices, désignés par les botanistes sous le nom de curnes (désignation qui convient tout au plus à leur forme extérieure), et qui méritent un autre titre, si l’on a égard à la fonction qu’ils accomplissent. Ces deux appendices, situés à la base du gynostème, sont blancs, épais, charnus ou plutôt celluleux ; leur longueur ne dépasse pas 5 millimètres : ils en ont 2 de large et un peu moins encore en épaisseur, de sorte que cet organe, pris dans son ensemble, offre des dimensions fort restreintes et sans proportion, non-seulement avec l’énorme fleur dont ils font partie, mais encore avec la sécrétion abondante qu'ils sont appelés à fournir. Les Co- ryanthes maculata, speciosa et macrantha, quand ils sont complétement épa- nouis, atteignent une hauteur de 7 à 8 centimètres. Il n'y a guère dans les Orchidées que certains Sobralia qui dépassent ce volume. De la base d’un pseudo-bulbe conique, fortement cannelé, sort un scape arrondi, d’un vert presque noir, avec macules brunes ; ce scape grandit ra- pidement, s'incline et porte à son sommet deux fleurs, quelquefois une seule, par suite d’un avortement qui n’est pas rare. Dans les trois espèces de Coryanthes que j'ai vues fleurir à Paris, je n’en ai jamais observé davan- tage. Lindley, dans sa diagnose du Coryanthes speciosa, dit expressément scapis bifloris, et cependant Bateman, en son magnifique ouvrage sur les Orchidées du Mexique et de Guatemala, donne la figure d’un Coryanthes speciosa (variété), dont les scapes portent cinq à six fleurs. Le peintre a-t-il pris cette licence, ou bien, au pays natal de ces plantes, sont-elles plus vigoureuses ? Je ne sais ; mais le dessin est fidèle et peut satisfaire même le botaniste qui a étudié cette espèce sur le vivant. Le périanthe du Coryanthes est doué d'une singulière force rétractile ; en quelques heures la fleur est épanouie, et ses sépales, d’abord étalés comme les ailes d’une chauve-souris, se contournent en arrière, se recroquevillent comme une feuille de parchemin soumise à l’action du feu, et perdent blentôt leur forme primitive. C'est un fait très exceptionnel dans la famille des Or- chidées, dont les fleurs ont une tendance à durer fort longtemps. Aussitôt que le Coryanthes est épanoui, on voit que les deux corps glan- duleux A, B, sont secs et ne présentent de particulier que leur forme déjà décrite. Le labelle, C, C, C, qui se termine en bas par une sorte de capsule placée au-dessous de la crosse terminale du gynostème D, ne contient rien dans sa cavité, elle est vide et sèche comme celle de toutes les Orchidées dont le labelle est en sac, les Cypripedium, les Gongora, les Stanhopea, les Catasetum, les Cirrhea. Mais bientôt la scène change : au bout d'une heure, de deux tout au plus, suivant la vigueur de la plante, on aperçoit au sommet SÉANCE DU 11 mar 1855. 353 de ces deux cornes une gouttelette d'un liquide transparent, incolore ; elle augmente peu à peu de volume, puis elle se détache par son propre poids €t tombe dans la cavité du labelle, sorte de réservoir placé tout exprès pour recueillir le produit de cette sécrétion singulière, Cette distillation continue et remplirait le labelle s'il n’y avait entre lui et le gynostème un petit espace par où le liquide peut s’épancher au dehors. Un vigoureux exemplaire de Coryanthes speciosa nous a donné deux fleurs parfaitement développées, qui se sont ouvertes le 20 avril, à sept heures du Soir. A huit heures, on a vu apparaitre au sommet des deux petits organes les gouttelettes liquides; il faut à peu près une demi-heure pour que cette goutte se détache et tombe dans la cavité du labelle. Or, cette distillation n’a cessé que le 24, vers minuit ; elle a persisté, par conséquent, pendant cent heures. En évaluant à deux cents le nombre des gouttes fournies par chaque corne, on voit que cette sécrétion est considérable, et je crois rester 354 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans les limites d’une appréciation modérée en disant que chaque fleur donne 25 à 30 grammes de liquide. Je ne connais aucun fait analogue, non-seulement dans les Orchidées, mais même dans toute la série végétale. Il existe en ce moment dans la serre aux Orchidées du jardin de la Fa- culté de médecine un groupe de Nepenthes, composé de cinq ou six espèces, offrant un développement magnifique. Le Nep. destillatoria porte au bout de ses feuilles des urnes de la plus grande dimension, contenant un liquide aqueux, dont la quantité ne dépasse guère 15 à 20 grammes. Dans des urnes très peu développées, dont la pièce operculaire est encore soudée à sa marge, le liquide remplit le quart inférieur de cette cavité, et même sur des feuilles très jeunes, dont l’appareil terminal est encore rudimentaire, il est possible de reconnaitre la présence d’un fluide qui est, non pas sécrété, mais exhalé par la surface celluleuse de la moitié inférieure de ce cornet. Ce fait physiologique n’a, comme on le voit, qu’une analogie apparente avec celui que présente le Coryanthes. Notre Orchidée porte un appareil spécial qui fonctionne pendant un temps déterminé, comme ceux qui se re- marquent dans la série animale et qui sont doués d’une activité particulière. La glande mammaire, annexe de l’appareil génital, produit un liquide, et cesse de le sécréter quand il n’est plus nécessaire, Ce rapprochement, qui n’a rien de rigoureux, convient cependant à un des points de l’histoire de la glande du Coryanthes. Une étude plus approfondie de sa structure pourra seule multiplier les analogies ou montrer des dissemblances. Le liquide que j'ai recueilli est d'une limpidité parfaite, absolument inco- lore et sans odeur appréciable. Il a un léger degré de viscosité, car si l'on en met une goutte sur le bout du doigt et qu’à l’aide d’un autre doigt rap- proché et subitement écarté, on soumette cette substance à des pressions alternatives, on voit qu’elle s'allonge, qu’elle file, comme on dit en langage technique, et cependant cela ne va pas jusqu’à la consistance sirupeuse. Un de nos collègues, M. Reveil, agrégé de l'École de pharmacie, qui à bien voulu examiner ce produit, a reconnu qu'il wexerce aucune action sur le polarimètre de M. Biot, qu'il ne réduit pas la liqueur de Barreswil ni avant ni après l’ébullition avec un acide. Il fournit, par l'alcool concentré, un précipité de la nature des mucilages et des gommes; quand on l'évapore à siccité au bain-marie, il laisse sur la capsule une matière formée de mu- cilage et de sels ; le poids du résidu est de 2,45 0/0, et celui des cendres, après la calcination, ne s'élève qu’à 0,29 0/0. On voit que la chimie, même à l'aide de ses procédés d'analyse les plus délicats, découvre peu de chose dans ce produit de l'organisme vivant. Le résultat que nous devons à la collaboration savante de M. Reveil n'est pas peut-être le dernier mot de la science, et de nouvelles recherches viendront bientôt ajouter à nos connaissances sur ce sujet. SÉANCE DU 11 mai 1855. 355 Les préjugés devancent presque toujours l'expérience. L'imagination va plus vite que la réalité, et, chose remarquable, dans ces créations fantas- tiques de ceux qui aiment mieux supposer que voir, on fait une large part au génie du mal. Je ne sais pourquoi on a fait une mauvaise réputation au liquide distillé par le Coryanthes ; mais j'ai entendu dire qu’on l'accusait d’être âcre, irritant et même vénéneux. J'ai trouvé plus simple de le goûter, et sa saveur sucrée ne m'a donné aucune défiance, bien que je me rappelasse les vers de Lucrèce : e + + + . Medio de fonte leporum Surgit amari aliquid! . . Or, rien d'amer ne m'a fait repentir de cette épreuve, et d’autres que moi ont pu constater l’innocuité de ce fluide. La saveur sucrée et la viscosité légère de ce liquide ne permettent pas de le regarder comme une simple séve exhalée à la surface d'un corps spon- gieux. La persistance de cette distillation pendant un temps considérable et en rapport direct avec les deux termes extrêmes de l’anthèse, prouve qu'il s’agit ici d’une fonction intimement liée avec cette période de la vie du vé- gétal. Je pourrais bien hasarder quelques spéculations sur cette matière obs- cure, et qui prête d'autant plus aux suppositions théoriques ; mais je crois devoir me priver de ce vain plaisir et attendre que des expériences bien faites me fournissent des conclusions légitimes. Je veux noter ici un seul fait qui a de la valeur, On sait que, dans la plu- part des Orchidées, la fleur persiste longtemps, plus longtemps peut-être que dans aucune autre famille, témoin certains Oncidium, des Phalænop- sis, des Miltonia, qui conservent tout leur éclat pendant des mois entiers. Si quelques espèces ne durent pas plus longtemps que la plupart des autres fleurs, il wen est pas qui durent moins que les ('oryanthes, car quelques jours suffisent pour que cette fleur singulière soit entièrement flétrie. H y a plus, j'ai vu plusieurs fois des Coryanthes prêts à s'épanouir, et tout à coup sans savoir pourquoi, la fleur frappée d’une sorte de sphacèle, tombait en pourriture, A quoi faut-il attribuer cet accident bizarre? Est-ce à l'énorme quantité de liquide qui afflue vers la fleur en vue de la sécrétion qui doit s'effectuer ? Je livre ce fait aux observateurs, et j'espère que cette note, en provoquant des recherches sur un phénomène aussi intéressant, pourra con- duire à quelque découverte utile. M. Trécul fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LES POILS GLANDULEUX DES FEUILLES DU DROSERA ROTUNDIFOLIA, par M. A. TRÉCUL. N’étant point prèt à faire à la Société la communication pour laquelle je 356 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. m'étais fait inscrire, je demande la permission de lui dire quelques mots d’un sujet qui ne sera peut-être pas dépourvu de tout intérêt, Je veux par- ler de la structure des poils glanduleux des feuilles du Drosera rotundi- folia, et de la manière dont ces organes retiennent les insectes qui vont se repaitre du liquide qu’ils excrètent. On est généralement dans l'habitude de considérer les poils et les aiguil- lons comme des productions des tissus superficiels des plantes, et on les distingue des épines (qui sont des feuilles, des stipules ou des rameaux transformés) en ce que celles-ci contiennent des vaisseaux, tandis que les aiguillons et les poils n’en renfermeraient pas. M. Planchon et moi, nous avens démontré que les plus gros aiguillons de la face inférieure des feuilles du Victoria regia renferment un système vaseulaire qui est en relation avec celui des nervures des feuilles (4). Il en est de même des poils glan- duleux qui revêtent le pourtour et la face supérieure des feuilles du Drosera rotundifolia. Ces poils ayant été incomplétement décrits, je vais essayer d'en donner la description. Les poils glanduleux ont le plus ordinairement une structure assez simple ; ils ne sont souvent composés que d’une ou de plusieurs cellules su- perposées reposant, soit immédiatement sur l’épiderme, soit sur une base formée par plusieurs utricules, comme dans l Urtica dioica. Quelques autres poils glanduleux sont bien plus compliqués, et ceux du Drosera rotundifolia sont de ce nombre; mais tous ces organes, sur la même feuille, n’ont pas une structure identique. Ceux qui bordent le limbe, dont ils constituent, pour ainsi dire, les dents délicates, terminées par une glande, sont un peu plus complexes que les poils glanduleux de la surface du limbe, et présentent, surtout sous le microscope, un aspect bien différent. Ces poils sont dilatés, et de couleur verte à la base; ils se rétrécissent insensiblement ; leur couleur pâlit et passe au rose dans la partie supérieure plus étroite, qui supporte une glande allongée, un peu plus rétrécie par le bas qu’à son sommet. Si l'on étudie la structure de ces organes, on trouve que le poil, ou mieux, le pédicelle de la glande, est composé d'un épiderme, d'un paren- chyme coloré et d’un système vasculaire. 1° L’épiderme est formé de cellules longues, qui vont en se raccourcissant peu à peu de la base du poil à son sommet; incolores à la partie inférieure du pédicelle, ces celluies sont souvent teintées de rose à sa partie supé- (4) Planchon, Mémoire sur la Victoria regia (Flore des serres et des jardins de l'Europe, 1. VI). — Trécul, Etudes anatomiques sur la Victoria regia, et Ana- tomie comparée du Nelumbium, du Nuphar et de la Victoria (Ann. des sc. nat., 4° série, t. I°). SÉANCE DU 11 Mar 1855. 357 rieure. Dans beaucoup de cas, ces utricules épidermiques, ou plutôt superfi- cielles, étaient munies de grains de chlorophylle sur leur paroi contiguë au parenchyme vert. C'est là un fait bien digne d'être noté, et que je signale à l'attention des anatomistes. Quelques stomates sont le plus souvent répandus entre les cellules de l'épiderme sur la base dilatée du pédicelle. Quelques petites éminences sont aussi dispersées de la même manière à la surface de celui-ci; elles sont fréquemment formées de deux utricules superposées : l'une hémisphérique terminale, l’autre très déprimée, placée au-dessous, repose sur deux cellules collatérales, disposées l’une par rap- port à l’autre et relativement aux cellules de l'épiderme, comme celles des Stomates. D'autres fois l’utricule terminale est remplacée par deux utricules plus ou moins longues et divergentes. 2° Le parenchyme vert est aussi composé de cellules allongées, celles du bas renfermant une proportion de chlorophylle tout aussi considérable que celle du tissu du limbe lui-même. Ce parenchyme du poil va en s'atténuant avec le diamètre de celui-ci; la matière verte diminue graduellement, et finit même par être quelquefoiscomplétement remplacée par la couleur rose. 3° Le système vasculaire paraît ordinairement constitué par un seul fascicule central ; mais on découvre quelquefois, vers la base du pédicelle, deux faisceaux distants l’un de l’autre, qui se réunissent beaucoup plus haut. Chaque faisceau est composé de deux ou trois trachées d'une grande ténuité, ayant souvent deux spiricules tournant dans le même sens. Telle est la structure des poils, ou mieux, des pédicelles des glandes qui bordent la feuille. Si nous examinons les glandes elles-mêmes de leur face postérieure à leur antérieure, c'est-à-dire de celle qui correspond à la face inférieure à celle qui répond à la face supérieure de ces organes, nous trouverons les mêmeséléments répartis de la même manière. Nous aurons d'abord, c’est-à-dire en arrière, un épiderme de cellules incolores ou très légèrement teintées de rose; une couche de cellules contenant de la chloraphylle d'un vert pâle, presque jaune ; ces deux parties forment une lame, une sorte de cupule oblongue, au fond de laquelle est placé le système vasculaire considérablement amplifié, ainsi que je le dirai tout à l'heure. Enfin, ces vaisseaux sont recouverts par de petites cellules colorées du plus beau rouge carminé ; elles forment, à la Surface de la lame concave, un corps saillant, oblong, demi-cylindrique, qui est bordé très élégamment par le pourtour de la lame, ou mieux, de la cupule. J'ai dit plus haut que les glandes du bord de la feuille et celles de sa Surface n'ont point le mème aspect sous le microscope; en effet, celles-ci Consistent en un capitule elliptique ou ovoïde, supporté par un pedicelle grêle, peu dilaté à la base. Ce pédicelle est parcouru longitudinalement par Un petit faisceau vasculaire qui se termine dans la glande. Cette dernière 358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n’a point la forme élégante de celle queje viens de décrire. Elle n'est point cou- chée commeelledans une sorte de coupe oblongue; tout son tissu périphérique est de ce tissu glanduleux carminé qui, dans les autres glandes, fait saillie hors de la cupule. C'est donc tout simplement une petite tête rouge, dans laquelle vient se terminer le faisceau vasculaire du pédicelle ; mais les élé- ments de ce faisceau y changent de nature ; il devient très volumineux ; ses cellules vasculaires sont plus nombreuses et beaucoup plus larges ; et l'on peut facilement reconnaitre, dans les poils glanduleux du centre de la feuille, dont les glandes ne sont pas colorées, que ces cellules sont large- ment réticulées. Ces réticulations ne sont pas aussi apparentes dans les glandes qui sont plus rapprochées de la périphérie, parce qu’elles y sont plus étroites. Ces glandes exerètent une humeur visqueuse qui forme souvent autour d'elles des globules brillants comme des grains de cristal. C’est en eher- chant ce liquide que les insectes sont retenus au milieu des poils qui cou- vrent la feuille. Il west pas rare de trouver de ces petits animaux morts ou se débattant encore sous ces poils infléchis vers le centre du limbe. On a cru que l’inflexion de ces poils était due à un mouvement déter- miné par une excitabilité semblable à celles des folioles du Mimosa pudica, des étamines des Berberis, ete. Je crois qu'il n'y a rien de comparable à ce phénomène chez les poils du Drosera rotundifolia, J'ai fréquemment cherché à exciter ces organes, et je ne suis jamais parvenu à leur voir exé- cuter aucun mouvement, Voici, il me semble, à quoi il faut attribuer la capture des insectes par les feuilles du Drosera. Ces feuilles, pendant leur développement, sont infléchies sur elles-mêmes ; les bords du limbe sont relevés vers la face supérieure, et les poils sont recourbés de la même manière, infléchis vers le centre. A mesure que la feuille grandit, les limbes s'étalent et les poils se redressent successivement de la circonférence au centre. Si, avant Ce redressement des poils, quelque insecte vient pomper le sue visqueux qui exsude de leurs glandes, il se glisse sous la voûte formée par leur inflexion, et s'embarrasse de la mucosité qui le retient emprisonné. Plus tard, les poils incurvés se redressent les uns après les autres pendant l'accroissement de la feuille ; les glandes mêmes se dessèchent, mais le malencontreux in- secte a succombé déjà avant le redressement complet de ces poils. M. Decaisne rappelle que les observations que M. Trécul vient de présenter sur les poils du Drosera ont déjà été publiées depuis longtemps et reproduites dans divers ouvrages d’organographie végétale (4). (1) La structure des poils des Drosera, tant grands que petits, a été décrite et SÉANCE DU l4 Mai 1855. 359 M. Germain de Saint-Pierre fait à la Societé la communication suivante : ANALOGIE DES BULBILLES PÉDICELLÉS DE CERTAINS ALLIUM AVEC LES OVULES RÉFLÉCHIS, pa M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. J'ai eu plusieurs fois occasion de signaler l'analogie qui existe entre certains ovules accidentellement foliacés et les bourgeons normaux ; j'insis- terai aujourd’hui sur l'analogie qui existe entre certains bourgeons ou bulbilles normaux, mais de forme anomale, et les ovules normaux. Ce deuxième ordre de phénomènes donne en quelque sorte la contre-épreuve du premier, et me parait de nature à démontrer l'exactitude des conclusions auxquelles je suis arrivé ( par l'étude des ovules accidentellement foliacés) relativement à la nature des tuniques de l’ovule, abstraction faite de l’em- bryon ou produit de la fécondation. Déjà j'ai entretenu la Société de la structure remarquable des bulbilles pédicellés de certaines espèces du genre Allium, et j'ai appelé son attention sur la nature du pédicelle de ces bulbilles, qui présentent en même temps les principaux caractères de la feuille et la propriété la plus caractéristique du rameau. L'étude de ces bulbilles n’est pas moins digne d'intérêt au point de vue de leur analogie de forme et de structure avec les ovules non fécondés, qu'au point de vue de la double nature de leur pédicelle en même temps axile et appendiculaire. J'ai suivi plus particulièrement le développement de ces bulbilles pédi- cellés chez les Allium sphærocephalum et multiflorum. Chez } Allium mul- tiflorum, les bulbilles naissent généralement au nombre de trois, à l’aisselle de chacune des tuniques charnues du bulbe qui doit être florifère. Dès le mois de novembre ou de décembre , ce bulbe commence à entrer en végé- tation, et en enlevant ses tuniques une à une, on trouve, à leur aisselle, les bulbilles sous la forme de petits mamelons celluleux, celui du centre étant plus développé que les deux latéraux. Ces jeunes bulbilles ne sont point en- figurée par Meyen dans son travail sur les organes secréteurs des plantes ( Ueber die Secretions-Organe der Pflanzen; h°, Berlin, 1837, p. 49, tab. VI, f. 43, 44, 15). Il signale aussi | ibid. } des poils glandulifères à vaisseaux chez les Nepenthes. De plus, dans son Neues System der Pflanzen Physiologie, t. Il, p. 478, il revient sur cette description : voici le passage où il en est question : « Les grosses glandes composées sont en général celles que l’on connaît le mieux ; elles sont très communes chez les Rosa, Rubus et Drosera... Ces glandes ont un pédicule plusou moins long, qui quelquefois, comme chez les Drosera, les Nepenthes, les Cassia, etc., renferme même des vaisseaux spiraux, et ceux-ci, chez les pre- mières de ces plant:s, pénètrent jusque dans le corps de Ja glande... » Schleiden les signale de son côté (Grundzüge der wissenchaft. Bot., p. 281). (Note communiquée par M. Decaisne. ) 360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. core pédicellés : ils présentent l’aspect de jeunes ovules droits. Une tu- nique celluleuse externe, dont l'apparence rappelle celle d'une primine, laisse voir par un exostome plus ou moins large, une tunique plus intérieure, analogue à une secondine, mais dont louverture n'est pas béante à cette époque. Un peu plus tard, l'ouverture de la tunique externe se ferme, et en même temps le bulbille, alors porté sur un support étroit, analogue à un funicule , subit dans sa tunique externe ou primine un accroissement unilatéral absolument analogue à l'accroissement unilatéral qui appartient aux ovules réfléchis ou anatropes. A cette époque, le bulbille fait irruption au dehors en déchirant les tuniques du bulbe-mère ; il est alors porté par un funicule plus ou moins long et présente un raphé dans toute sa longueur ; ce raphé se termine en une chalaze à l'extrémité opposée au hële. C'est au piveau de cette chalaze quesont insérées les tuniques suivantes du bulbille ; la première tunique (deuxième du bulbille) insérée à cette chalaze, correspond à la secondine d’un ovule; la seconde tunique (troisième du bulbille) ren- fermée dans la précédente, et insérée au même niveau, est charnue et con- stitue en quelque sorte le nucleus du bulbille. A son centre et vers sa base on trouve un très jeune bourgeon. Le bulbille ainsi constitué reste à peu près stationnaire pendant l'été et n'entre en végétation que vers la fin de l'automne. Il éprouve néanmoins certaines modifications : son pédicelle ou funicule se détruit, et dès lors le bulbille devient libre et constitue une jeune plante indépendante. Sa tunique extérieure ou primine (qui chez l'Allium multiflorum présente la forme du testa de la graine d'un Staphylea) devient crustacée, et le bourgeon central charnu, composé d'une tunique épaisse et d’un très jeune bourgeon, est préservé de la dessiccation par les tuniques crustacées qui l'euveloppent. Lorsque, vers la fin de l’automne, le bulbille commence à entrer en vé- gétation, la feuille charnue {troisième du bulbille) et qui constituait une sorte de nucleus , s'amincit sans s'allonger en limbe, puis se flétrit (celte feuille joue le rôle d'un véritable cotylédon ); la quatrième feuille du bul- bille ( première du jeune bourgeon foliacé) s'allonge et se fraie une issue en dilatant louverture des tuniques précédentes (au niveau de l'exostome ou micropyle). La radicule se fraie une issue par perforation ou déchirure dans le voisinage de la chalaze; cette radicule est co/éorhizée comme celle de beaucoup d'embryons monocotylédonés ; la coléorhize est fournie par la tunique charnue qui joue le rôle de feuille cotylédonaire. Je regarde comme peu contestable l'analogie qui existe entre les deux tu- niques externes de ces bulbilles et les deux tuniques externes des ovules normaux ; entre le funicule, le raphé, la chalaze et l'exostome chez ces bul- billes, et les mêmes parties chez les ovules réfléchis. Quant au bourgeon central charnu qui constitue la série des feuilles du bulbille et qui a l'aspect d’un embryon monocotylé coléorhizé, il diffère d’un embryon normal par SÉANCE DU 14 mai 1855. 361 ce fait essentiel que la radicule, au lieu d’être dirigée vers le micropyle, lui est complétement opposée ; toutes les tuniques à partir de la secondine étant insérées selon le même axe, et présentant la même direction. Je signalerai, en terminant l’exposé de cette observation, un fait d’une certaine importance physiologique : des bulbilles d'AZlium multiflorum que j'ai recueillis en 1848 et que j'ai maintenus à l'abri de l'humidité, ont conservé leurs facultés végétatives jusqu'à ce jour, et sont dans le même état, après une période de six ans, qu'à la fin de la première année, Le bour- geon charnu, renfermé hermétiquement dans ses deux tuniques crustacées, est dans la mêmesituation qu’un embryon renfermé dans un testa crustacé, et n'attend pour germer que l'influence de l'humidité. M. Duchartre fait remarquer qu'il importe de ne pas confondre un ovule (c’est-à-dire une graine non encore fécondée) avec une graine (c'est-à-dire un ovule fécondé contenant un embryon). C’est à tort que M. Germain de Saint-Pierre compare un bulbille avec un ovule. Le bulbille, pour lequel il ne se passe rien d'analogue à la fécondation, ne saurait être assimilé qu'à une graine, et cette assimilation même est inadmissible à cause de la direction de la radicule qui, dans la graine, est en sens inverse de celle des racines du bulbille. M. Germain de Saint-Pierre rappelle que dans la communication qu'il vient de faire il a parlé, non d’une similitude complète, mais d'une analogie de forme très remarquable. Il croit être bien fondé à comparer le bulbille avec l’ovule avant la fécondation, en raison de la ressemblance de la forme et de la disposition des parties. Il a si- gnalé lui-même que la direction de la radicule, contraire dans les deux cas, ne permet pas de poursuivre la comparaison jusqu'à l'embrvon. Le bulbille est un bourgeon indélini, et ses racines se di- rigent comme les racines des bourgeons. L'ovule est un bourgeon dont le centre parait subir un arrèt de développement et qui n'émet point de racine. L’embryon parait être le résultat d'un acte tout Spécial {la fécondation ). C’est un bourgeon nouveau, qui semble ìn- dépendant du bourgeon constitué par l’ovule lui-même. L'embryon et la direction de sa radicule sont done en dehors de la question. M. Duchartre maintient qu'on ne saurait comparer des bulbilles à des ovules ou à des graines. Dans les ovules les enveloppes sont des parties accessoires. La partie essentielle c'est le nucelle. Quelque temps avant la fécondation une cellule de ce nucelle prend un plus grand développement que les autres et devient le sac embryonnaire, T. I. 25 362 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans lequel a lieu plus tard le développement de l'embryon. Il y a des ovules sans tégument, mais il n’y en a pas sans nucelle ni sans sac embryonnaire. M. Germain de Saint-Pierre considère le nucelle comme un tégu- ment de même nature que les téguments extérieurs de l’ovule (pri- mineet secondine ). Il regarde ces trois téguments comme trois feuilles successives du bourgeon ovulaire, et trouve une grande analogie entre la disposition et la forme de ces trois téguments et celles des tuniques chez les bulbilles en question. Il réserve son opinion sur la formation de l'embryon. M. Decaisne appuie l'opinion de M. Duchartre et soutient lui aussi que le nucelle, qui paraît toujours le premier, est la partie essentielle qui constitue réellement l’ovule. M. Germain de Saint-Pierre répond que, d'après les observations qu’il a faites, tant chez les ovules à l’état normal que chez les ovules accidentellement foliacés, la partie de l’ovule qui se montre la pre- mière est la primine. Quand il y a trois téguments, de la primine sort la secondine et de celle-ci sort le nucelle. M. Decaisne nie positivement que le tégument externe paraisse le premier, et rappelle que M. Robert Brown a combattu les opinions à cet égard de M. de Mirbel, qui a lui-même reconnu son erreur. M. Germain de Saint-Pierre dit que, par respect pour les travaux de M. R. Brown et pour ceux des observateurs distingués qui par- tagent l'opinion de cet illustre savant, il a cru devoir, avant de se prononcer en sens contraire, étudier cette question par tous les moyens à sa disposition. Il présentera à la Société les faits qu'il a ob- servés et sur lesquels il a basé son opinion, qui se rapproche en effet beaucoup de celle à laquelle M. de Mirbel s'était d’abord arrêté. M. Trécul présente les observations suivantes : Le fait principal sur lequel on se fonde pour soutenir qu'il n’y a aucune analogie entre l’ovule et le bourgeon, consiste dans leur évolution. Dans le bourgeon, dit-on, les parties naissent de bas en haut, tandis que dans l'ovule elles apparaissent de haut en bas. Cet argument ne parait pas d'une grande importance, parce qu'il y à; ainsi que je l’ai déjà dit plusieurs fois devant la Société, des rameaux (Ceux de certaines inflorescences par exemple) qui se développent du haut en bas de l'axe primaire ; parce qu'il y a, comme l’a décrit et figuré M. Payer, des ovules qui, sur leurs placentas, se montrent du sommet à la base de ceux-ci ; parce qu'il est des feuilles dont les lobes ou les folioles apparaissent égale- SÉANCE DU 11 mai 1855. 363 ment de haut en bas, tandis que la naissance des rameaux, des ovules, des bes ou des folioles des feuilles, s'effectue très souvent de bas en haut ; et cependant, les uns et les autres n’en sont pas moins des rameaux, des ovules et des feuilles de même nature. Je crois done que la théorie qui admet de l'analogie entre l'ovule et le bourgeon peut être soutenue. Cetie théorie, appuyée aujourd'hui par M. Germain, a été professée par M. Auguste de Saint-Hilaire dans ses Leçons de Botanique (1). M. Decaisne croit devoir réduire la question à ceci : Quel est lor- gane qui naît le premier dans un ovule? — Pour la généralité des observateurs, c’est évidemment le nucelle. Les téguments paraissent plus tard. Dans un grand nombre de familles, l’ovule est d’ailleurs réduit au nucelle. M. Germain de Saint-Pierre répète que, pour lui, l'organe qui naît le premier dans un ovule est le tégument externe. S'il n’y a qu'un seul tégument, celui-ci joue le rôle de nucelle, Contrairement à ce qui est admis aujourd’hui, il n’a vu dans aucun cas un organe central se revêtir, après son apparition, de téguments nés après lui. L'ovule se développe donc, du moins dans les cas qu’il a observés, comme les Ourgeons normaux. Or il a étudié lovule dans les plantes mêmes chez lesquelles il a été le plus souvent examiné par la plupart des physiologistes. M. Germain ajoute que le nucelle peut dans certains Cas être primitivement ouvert. M. Decaisne demande à M. Germain de Saint-Pierre dans quelles plantes il a vu le nucelle ouvert. M. Germain de Saint-Pierre répond que dans l'état normal les bords du jeune nucelle étant en contact, comme ceux de la feuille charnue interne des bulbilles, on n'y distingue point d'ouverture. C'est chez des ovules ayant subi la déformation foliacée, dans plusieurs genres de Crucifères, entre autres chez des Brassica et des Erucastrum, qu'il a vu des nucelles ouverts. M. Chatin affirme à son tour que c’est le nucelle qui se développe le premier dans l'ovule. — Il montre en outre à la Société des dessins de l'organogénie du Vallisneria. (4) M. Auguste de Saint-Hilaire dit dans l'ouvrage cité, p. 543, que lovule est une branche en miniature, composée de son axe et d'organes appendiculaires, etc, 36/ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ALGÉRIE, par MM. E. COSSON et DURIEU DE MAISONNEUVE. ZYGOPHYLLUM CORNUTUM Coss. Suffrutex a basi ramossissimus, prostratus, ramis teretibus, novellis eodem modo ac foliis dense incano-subtomentosis ; foliis oppositis, petio- latis, bifoliolatis, petiolo crasso carnuloso tereti foliola subæquante vel breviore, foliolis carnulosis, teretiusculis, oblongo-linearibus, oblongis vel rarius ovato-oblongis, obtusis; stipulis utrinque cum stipulis folii oppositi in unicam parvulam triangularem sæpe emarginatam connatis ; pedicellis inter foliorum stipulas enatis, solitariis geminisve, demum erecto-patentibus, fructu brevioribus; sepalis membranaceis, concavis, ovato-oblongis, obtusis, sæpius rubellis, dorso pubescenti-subtomentosis ; petalis albis, calyce subdimidio longioribus, ovato-suborbiculatis, in un- guem longiusculum abrupte attenuatis ; staminum filamentis inæqualibus, squamulæ oblongæ integræ basi intus adnatis; ovario sessili, pentagono, dense pubescenti-tomentoso, siylum longitudine subæquante; fructu pube brevissima adpressa obsito, acute pentagono, in parte inferiore anguste obconico vel cuneato, carpellis superne liberis in cornua oblongo-lanceolata fructu subdimidio vix breviora plus minus divergentia productis, demum in parte inferiore a basi loculicide et septicide dehiscente et a columella filiformi persistente demum secedente. — Februario-Junio. In salsis Algeriæ australioris, ad margines lacuum salsorum æstate exsic- catorum ab indigenis Chott nuncupatorum : prope Biskra! baud infre- quens (Balansa pl. Alger. exsic. n. 1013, et Jamin pl. Alger. exsice. n. 259, sub nomine Z. album) ; ad C'hott-el-Chergui! inter Sidi- Khalifa et Khrider (Balansa pl. Alger. exsice. n. 349 sub nomine Z. album) et verisimiliter in aliis locis deserti Algeriensis ad limites. Cette plante que nous avions d'abord considérée comme étant le Z. album L., dont elle présente exactement le port et à côté duquel elle doit être placée, s’en dis- tingue très nettement par la forme du fruit : en effet, le fruit est à cinq angles aigus dans les deux espèces, mais dans le Z. cornutum , au lieu d'être régulièrement obovale-turbiné à carpelles libres seulement au sommet et à partie libre peu sail- lante, il est étroitement obconique ou cunéiforme dans sa partie inférieure, et les carpelles par leur partie libre constituent des cornes oblongues-lancéolées plus où moins divergentes et à peine plus courtes que la moitié de la longueur totale du fruit. — Le Z. album L. f. (Dec., et PL rar. Ups. H, t. 6. L. Sp. 551. Desf. ! Atl. 1, 338. Delile! Ægypt. DC. PL. grass. t. 454.— Z. proliferum Forsk. Fl Egypt. Arab. descr. 87 ic. t. 42 a.) qui croit au bord de la mer et dans l’intérieur de la partie méridionale de la régence de Tunis ( Desfontaines, d'Escayrac, Kralik), dans rile de Chypre (Gaudry ), dans l'Egypte inférieure (Martins, Kralik ) et dans les dé- SÉANCE DU Al mar 1855. 369 serts de l'Egypte supérieure (Olivier, Delile, Aucher-Eloy pl. exsicc. n. 791), et en Arabie Pétrée (Bové, pl. exsicc. n. 169, Botta}, ne nousa pas offert de variation dans la forme du fruit. — La plante des îles Canaries que M. Webb. ( Phyt. Can. ) a décrite et figurée sous le nom de Z. Fontanesii, la considérant comme le Z. album de Desfontaines, ne peut conserver ce nom, car le Z. album de Desfontaines est le même que celui de Linné et n’a aucun rapport avec la plante canarienne pour la- quelle nous proposerons le nom de Z. Webbianum. SENECIO GaLLERANDIANUS Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 770. Planta perennis, caudice obliquo subrepente; caulibus subherbaceis, subsolitariis, erectis, 3-5 decim. longis, pube adpressa subsericeis, pauci- foliis, inferne simplicibus, superne subcorymboso-ramosis, ramis paucis (3-5) monocephalis; foliis utringue tomento sericeo niveis, radicalibus pluribus, subrosulatis, longe petiolatis, pinnatisectis, ambitu ovato- oblongis, segmentis petiolulatis pinnatisectis vel pinnatipartitis, lobis oblongis vel oblongo-linearibus, obtusis; superioribus breviter petiolatis vel sessilibus, basi auriculis destitutis ; bracteis linearibus, sæpius fusces- centibus ; corymbo laxo; capitulis majusculis, radiatis, flosculis concolo- ribus, lavis; involucro hemisphærico, glabrescente vel parce adpresso- pubescente, foliolis lanceolato-linearibus acuminatis crassiusculis apice haud sphacelatis, bracteolato, bracteolis paucis (3-6), lineari-subulatis, invo- lucro subdimidio brevioribus ; ligulis planis, patentibus ; floseulis tubulosis numerosis, pappo tubum subæquante ; achæniis puberulis. — Julio- Augusto. [n pascuis montium Numidiæ excelsiorum usque ad 2300 metra ascen- dens: in monte Djebel-Cheliah! ; in monte Djebel- Tougour! prope Batna (Gallerand, Balansa). Nous avons dédié cette espèce à M. Gallerand qui la découverte, au Djebel Tougour, dans le voyage qu'il à fait avec nous dans la province de Constantine. — Elle doit être placée dans le groupe des Incani (DC. Prodr. VI, 355) à côté du S. incanus L. dont elle est très distincte par les capitules au nombre de 3-5, assez gros, en corymbe lâche, par l’involuere presque glabre ou légèrement pubescent à folioles linéaires-lancéolées acuminées non tachées de noir au sommet, par les akènes Pubescents, etc. HELicHrysum LacTEUM Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n, 177. Planta perennis, caudice ramoso fratescente multicipite caules florigeros Sæpius plurimos et cauliculos steriles nonnullos procumbentes edente ; cau- libus tenuibus, erectis, simplicibus, 2-4 decim. lougis, indumento araneoso subtomentosis vel demum glabrescentibus, dense foliatis ; foliis caulicu- lorum sterilium dense arachnoideo-tomentosis, oblongo vel lineari-spathu- 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. latis, obtusis vel acutiusculis, superioribus rosulatis ; caulinis parcius arachnoideo-subtomentosis, linearibus, superioribus saltem acutis, demum arefactione canaliculatis flexuosisque ; corymbo terminali, polycephalo, composito, densiusculo; capitulis majuseulis, ovato-subglobosis, pedunculo sæpius longioribus ; involucri eximie candido-lactei foliolis subæqualibus, oblongis, obtusis, apice sæpe sublaceris, imbricatis, adpressis haud radian- tibus, ima basi excepta glaberrimis, flosculos subæquantibus; receptaculo nudo; floseulis omnibus hermaphroditis; pappi setis scabris, flosculum æquantibus. — Julio-Septembri. In pascuis montium Numidiæ, in regione montana media nec non supe- riore nempe ultra 2000 metra ascendens : prope Batna in montibus Djebel- Itche-Ali (du Colombier) et Djebel- Tougour ! (Jamin, Balansa) ; in mon- tibus Aurasis Djebel-Mahmel ! et Djebel-Cheliah ! Cette belle plante, par le réceptacle nu et par les poils de l’aigrette scabres, appar- tient à la section Euhelichrysum (DC. Prodr.V{, 169) ; par les folioles de l'involucre d’un beau blanc elle appartient à la sous-section des Argyrea(loc. cit, ); par la souche vivace et les folioles de l’involucre obtuses elle se rapproche du groupe des Virginea (loc. cit., 477 }, mais elle en diffère par les folioles de l’involucre apprimées non rayonnantes. — Elle est voisine de PH. niveum Boiss. par les capitules nombreux disposés en corymbe terminal, par les folioles de l’involucre d’un blanc de lait et glabres excepté à la base, mais elle en est très distincte par les tiges plus feuillées, par les capitules plus gros à fleurons plus nombreux, par les écailles de l’involucre presque égales entre elles, etc. SILYBUM EBURNEUM Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 484 (1852) et ap. Coss. Voy. Bot. Alger. in Ann. sc. nat. ser. h, I, 237. Planta annua vel biennis; caule sæpius elato, valido, erecto, ramoso, rarius simplici, candido quasi eburneo, parce pubescenti-araneoso ; oliis glabrescentibus vel subtus pubescenti-araneosis, facie ad nervos subtus prominentes candido-variegatis; inferioribus radicalibusque sæpius amplis- simis, pinnatifidis, lobis inferioribus latis ovato-triangularibus margine plus minus ciliato-spinosis, lobis superioribus multo minoribus in unicum angustum acuminatum longiusculum confluentibus ; superioribus angustis, auriculato-amplexicaulibus, auriculis lobisque sæpius valide spinosis, spinis candido-eburneis vel superne aureis, apice in acumen lanceolatum angustum plus minus elongatum productis; capitulis subglobosis, maximis, pedunculo fere ad apicem foliato; involucri foliolis saltem inferne candido-eburneis, inferioribus erecto-adpressis appendice apice inermi vel brevissime spinosa, interiorum appendice in spinam validam plus minus elongatam patentem producta. — Aprili-Junio. In cultis, ad vias, in ruderatis, inprimis in humidis Algeriæ interioris : In Numidia prope Melila! Batna! Biskra (Balansa); in provincia Alge- ? riensi prope Djelfa (Reboud) ; in Mauritania supra Saida! (Balansa). SÉANCE DU 14 mai 1855. 367 Le S. eburneum, dont nous avons tiré l’épithète spécifique de la blancheur d'ivoire de la tige, des nervures des feuilles et des folioles de l’involucre , se distingue du S. Marianum Gærtn., quise rencontre également dans les mêmes régions, par les feuilles radicales et les inférieures ordinairement rétrécies brusquement en pointe dans leur partie supérieure, par les épines des feuilles caulinaires plus robustes, par les feuilles supérieures plus allongées prolongées en une pointe lancéolée étroite plus ou moins longue et surtout par la forme de l’involucre : dans le S. eburneum les folioles extérieures de linvolucre sont dressées à appendice dépourvu de pointe épineuse ou muni d’une pointe épineuse très courte, et les folioles plus intérieures sont terminées par une pointe épineuse robuste plus ou moins longue et étalée ; dans le S. Marianum, au contraire, les folioles extérieures sont ordinairement ter- minées par une pointe épineuse robuste étalée-réfléchie égalant ou dépassant la longueur des folioles des rangs intérieurs. FRAXINUS sect. SC/ADANTHUS. Flores apetali, hermaphroditi (an semper °), calyce præditi, in umbellam simplicem dispositi. FRaxiNus vimorpa Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 970. Arbor dumosa, vel elata trunco simplici nonnunquam 8-12 metra longa; foliis ramorum inferiorum sterilium, vel interdum omnibus in arboribus dumosis, parvis, 2-3-jugis, foliolis suborbiculatis vel obovato-oblongis, remote et obtuse dentatis; foliis ramorum superiorum florigerorum majo- ribus, 3-5-jugis, foliolis oblongo-lanceolatis, acutis, serratis; squamis gemmarum floriferaram pubescentibus; floribus breviter pedicellatis, in umbellam simplicem confertis; samaris oblongis, acutiusculis apice inte- gris vel obtusiusculis subemarginatis, basi calyce persistente stipatis, æqualiter pedicellatis, pedicellis samara subquadruplo brevioribus. — F1. Aprili-Maio. — Fr. Junio-Augusto. In montibus et in convallibus Numidiæ a 1200 ad 4800 metra: in ditione Batnensi in monte Madhere (du Colombier), Djebel- Tougour ! (Jamin), ete. ; in montibus Aurasiis ! haud infrequens (Balansa). OREOBLITON cnenoroniornes Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 1043. Caudice brevi, crassissimo, lignoso; caulibus pluribus, sæpius flexuosis, diffusis vel e rupium fissuris pendentibus; foliis plerisque latis, ovatis vel ovato-oblongis, longe petiolatis; cymulis sæpius multifloris, pluries dichotomis; cæteris ut in O. thesioide. — Maio florifer et vix fructifer lectus. In fissuris umbrosis rupium abruptarum : in præruptis ad fumen Rummel prope Constantine (de Marsilly) et ad Mchounech prope Biskra (Balansa). 368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous avons donné à cette plante le nom de chenopodioides à cause de l'analogie de port qu’elle présente avec le Chenopodium polyspermum. Elle diffère de l'O. the- sioides DR. et Moq.-Tand. (in DC. Prodr. XIM, pars 2, 59, et in Eæpl. sc. Algér. t. 79) surtout par les feuilles larges, ovales ou ovales-oblongues longuement pétiolées et non pas étroites oblongues ou linéaires oblongues atténuées en un pétiole court, et par les grappes axillaires de fleurs ordinairement multiflores et plusieurs fois dichotomes. — Les deux plantes sont du reste très voisines par tous les autres ca- ractères, el comme il n’est pas rare, chez les Salsolacées du même groupe, de voir varier la forme des feuilles et le nombre des fleurs, il serait possible qu’elles ne fus- sent que des modifications d’une même espèce. M. le comte Jaubert annonce, comme un fait qui peut intéresser la Société, que M. Zollinger va retourner à l’île de Java, à la tête d’une compagnie qui a pour objet d’y établir en grand la culture du Cocotier. ( Voy. le Bulletin, t. II, p. 139.) 7 SÉANCE DU 25 MAI 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schæœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 41 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Dezaneau (Alfred), rue Férou, 44, à Paris, présenté par MM. Viaud-Grandmarais et Bureau ; | MixGauD, pharmacien, à Saint-Jean-du-Gard (Gard), présenté par MM. Decaisne et Planchon; Ramon DE LA SAGRA, correspondant de l'Institut de France, actuellement à Paris, passage Saulnier, 22, présenté par MM. Laségue et Duchartre ; ReGxauLT, attaché à l'administration du chemin de fer d'Or- léans, rue Saint-Honoré, 398, à Paris, présenté par MM. Weddell et de Schœnefeld. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Dons faits à la Socut:. 1° Par MM. Le Maout et Decaisne : Flore élémentaire des jardins et des champs, Paris, 1855, 2 vol. SÉANCE DU 25 Mai 1855. 369 20 De la part de M. Lamotte, de Riom : Notes sur quelques plantes nouvelles du plateau central de la France, Clermont, 1855. 3 De la part de M. Jullien-Crosnier, d'Orléans : Catalogue des graines récoltées au jardin botanique de la ville d'Or- léans. h° De la part de M. Miergues, d’Anduze : Trophographie médicale, ou Traité des aliments appliqués à l'art de guérir, 5 En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, mai 1855, 2 numéros. Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XI à XTX, 1839-1854. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes adressées à la Société : RECHERCHES SUR LA FORMATION DU BULBE DANS LE RANUNCULUS BULBOSUS, par M. GRENIER. (Besançon, avril 1855.) M. Clos, dans son remarquable travail sur les renflements bulbiformes (Ann. sc. nat., XIIT, p. 1, 1849), a considéré celui dont nous nous occu- Pons comme formé par le collet, entendu ainsi qu'il l’a défini lui-même, c’est-à-dire par l'élément axile compris entre l’origine des cotylédons et celle des racines régulières. Cette opinion ne m'a point paru concorder avec les faits ; et, pour moi, le renflement tuberculeux du Æ. bulbosus est constitué exclusivement par les éléments du bourgeon qui nait entre les deux cotyle- dons, et qui a pour base le plan d'insertion de ces mêmes cotylédons. En Somme, il est fait aux dépens d'éléments qui appartiennent aux cotylédons et à la base de la tige. D'abord ce renflement bulbeux jouit d'une propriété dont le collet est privé, d'après la définition même de M. Clos, car il porte des feuilles, qui toutes peuvent donner à leur aisselle un bourgeon qui s'allonge en rameau florifère. Mais pour arriver à la nature réelle de cet organe, j'ai pensé que, laissant de côté toute discussion théorique, il fallait suivre la formation du tuber- cule, depuis le moment de la germination jusqu'a son entier dévelop- pement. Des graines de Ranunculus bulbosus, semées vers le 45 juillet, ne tar- dèrent pas à germer et à me donner de jeunes plants pourvus de deux coty- 370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lédons orbiculaires et longuement pétiolés. Arrachés en cet etat, on ne voyait aucune trace du futur renflement; la radicule avait près d'un cen- timètre de long et à peine un millimètre de large. Entre les cotylédons pa- raissait un bourgeon qui produisit successivement plusieurs feuilles de plus en plus profondément trilobées. Lorsque les deux premières feuilles eurent atteint la longueur des cotylédons, j’arrachai de nouveaux plants, et je vis, sur la ligne d'insertion des cotylédons, une ou deux racines adventives, dont la grosseur égalait presque la longueur, qui alors n’excédait pas deux millimètres. En les suivant par la dissection, je les vis se rendre à la base des jeunes feuilles. De plus, le plan d'insertion des cotylédons et des jeunes feuilles présentait déjà un renflement non douteux. A mesure que les feuilles du bourgeon se multipliaient, le nombre des ra- cines adventives augmentait. Elles émergeaient toujours à peu près à la méme hauteur, et elles prenaient un rapide développement, tandis que la radicule primaire, placée au centre de toutes ces racines adventives, res- tait stationnaire, et même tendait sans cesse à s'obliterer de plus en plus, pour finir sans doute par disparaitre, ainsi que cela se voit sur les vieux bulbes (4). En même temps, le renflement s’accroissait, toujours en rapport avec le développement des feuilles, et lorsque celles-ci furent au nombre de dix à douze, le renflement mesurait déjà 5 à 6 millimètres de dia- mètre. L'ensemble des feuilles constitue alors une véritable rosette. De son centre naît une tige qui èst manifestement la continuation du tubereule, et si les feuilles du bourgeon produisent des rameaux à leur aisselle, la tige centrale (le véritable axe) se trouve placée au centre d'un cercle de tiges se- condaires, dont elle est parfois séparée par une zone libre qui atteint deux millimètres. De plus, si l’on fait, de haut en bas, une série de coupes trans- versales sur la tige prise à un centimètre au-dessus du bulbe, et en se rap- prochant sans cesse de lui, afin de l'entamer d’abord d’un demi à un milli- mètre, on obtient une série de zones qui montrent au centre la moelle, les couches fibro-vaseulaires et l'écorce, le tout très rapproché, tant qu’on n'a pas quitté la tige proprement dite. Puis lorsqu'on arrive sur le tubercule, on retrouve les mêmes organes semblablement disposés. Seulement, les fais- ceaux fibro-vaseulaires, au lieu d’être contigus, s’écartent un peu les uns des autres, de manière que le tissu cellulaire externe communique directe- ment avec celui qui représente la moelle. Sauf donc la différence de quantité dans le tissu cellulaire, les deux or- ganes n'offrent pas de différence. Si l'on pousse plus loin les sections trans- versales, et que l’on atteigne les rameaux latéraux, on obtient des coupes dans lesquelles on a, au centre, un cercle représentant les vaisseaux de la (1) Voy. Aug. de Saint-Hilaire, Morphologie, p. 82. SÉANCE DU 25 Mai 1855. 371 tige; puis, autour de ce cercle, un, deux, trois, ou un plus grand nombre d’autres petits cercles distincts, non contigus, mais séparés entre eux par du tissu cellulaire, ainsi qu'ils le sont du cercle central qui répond à la tige. Des sections plus inférieures encore font voir tous ces cercles fibro-vas- culaires de plus en plus rapprochés, puis se touchant, enfin se confondant entre eux, aussi bien qu'avec celui qui occupe le centre. Chemin faisant, on rencontre dans les coupes, des racines adventives dont les vaisseaux fibro-vaseulaires vont se greffer, presque à angle droit, avec les faisceaux descendants. Pour nous, done, le tubercule est le produit d'éléments qui appartiennent à la tige et non au collet, ce dernier n'y entrant pour rien, et ne lui étant que juxtapose en dessous. Pour lui donner un nom qui rentre dans la no- menelature proposée par M. Clos, nous le nommerons renflement polymé- rithaliien ; car il est formé de plusieurs entre-nœuds très rapprochés. Toute- fois il faut ajouter qu'un autre élément concourt à le former. Ce sont les bases des pétioles qui se gonflent, s'hypertrophient, se gorgent de tissu cel- lulaire, se soudent entre elles, ainsi qu'avec les mérithalles raccourcis, et concourent de la sorte à augmenter notablement le volume de la partie renflée. Cette manière d'expliquer la formation du tubereule du X. bulbosus n'est point une interprétation thtorique, mais une simple description de faits que chacun peut reproduire, non-seulement ainsi que nous venons de l'indi- quer, mais par un autre procédé qui ne peut laisser de doute, puisqu'il permet de produire à volonté des bulbes au moyen d'un nœud vital quel- conque, Pour cela, il suffit d'enfouir, en automne ou au printemps, les tubercules sous quelques centimètres de sable ou de terre meuble. La tige, rarement accompagnée de quelques rameaux provenant des bourgeons situés à l’ais- selle des feuilles, s'allongera sans donner d'organes appendiculaires, jusqu'à ce qu'elle arrive à la surface du sol. Alors le premier nœud vital donne naissance à un bourgeon qui fournit une rosette de feuilles, des racines ad- ventives, et se renfle en même temps en bulbe qui ne diffère en rien du bulbe primitif, de telle sorte qu'on à aiusi deux bulbes superposés et tres séparés lun de l’autre. On peut, par ce procédé, en obtenir deux, trois ou quatre, espacés comme des grains de chapelet. S'il pouvait y avoir incertitude sur le mode de formation du premier bulbe, le doute n'est plus possible pour ceux que lon développe artificiel- lement sur un nœud vital quelconque, et qui appartiennent incontestable- ment et en totalité à la tige. Il résulte donc de ce que nous venons de dire: 4° que le tubercule du R. bulbosus représente une partie de l'axe primaire ; 2° que l'axe primaire 372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. se compose de deux parties dont l’une est vivace (le bulbe), et l'autre an- nuelle (partie florifère) ; 3° que les rameaux florifères latéraux ne sont que des axes secondaires; 4° que, dans les axes primaires et secondaires, l'in- florescence est définie; 5° qu'après la première floraison, l'axe central ayant disparu, l'inflorescence se compose exclusivement, dans les vieux bulbes, de rameaux secondaires, plus ou moins éloignés du centre. M. Germain de Saint-Pierre dit qu’il a lui aussi étudié le déve- loppement du bulbe du Ranunculus bulbosus, et qu’il est arrivé aux mêmes résultats que ceux qui sont signalés par M. Grenier. NOTE SUR UNE ESPÈCE NOUVELLE DE MAMILLARIA, DE LA SECTION DES POLYEDRE, pr M. CASIMIR ROUMEGUÈRE. (Toulouse, 30 mars 1855.) MauiLuarta CLOSIANA (Roum.). Le Mamillaire, dont je donne ci-après la description, a été importé récemment de Mexico (Mexique), où il croit dans les environs de la ville, 11 constitue une espèce par ses caractères bien tranchés, et le nom que nous lui avons donné rappelle le savant professeur de botanique, directeur de notre jardin publie (4). Diagnose : Tige robuste, claviforme, simple, aplatie au sommet ; aisselles laineuses et criniformes, parfois en forme de vrilles ; mamelons d’un beau vert foncé, longs d’un centimètre environ, subpyramidaux, quadrangu- laires, à arêtes arrondies; aréoles ovales garnies de tomentum blanc au cœur de la plante, mais caduc dans les aréoles adultes; 5 aiguillons ex- térieurs, quelquefois 6, rayonnant irrégulièrement, roides, cornés, blanes; À aiguillon intérieur central recourbé, plus vigoureux et deux fois au moins plus long que les autres, de même couleur que les aiguillons intérieurs sur les aréoles adultes, mais coloré de fauve carminé et à pointes noires dans les jeunes aréoles du centre de la plante. Le sujet décrit a 40 centimètres de hauteur sur 44 de diamètre; les sétules des aisselles sont de longueur variable ; blanches à la base de la plante et lutescentes au sommet, les plus allongées ont 4 cent. 50 millim. et les aiguillons des aréoles 80 millim. à 4 cent. L’aiguillon central a 2 cent. et quelquefois 3 de longueur. Cette plante me parait devoir être placée, d'après la monographie de M. de Labouret, entre le Mamillaria Hystrix (Mart.) et le M. Karwinskiana (Mart.). Elle diffère du premier par ses aisselles moins sétigères, les aiguil- lons extérieurs plus réguliers et l’aiguillon central recourbé; enfin par l'arête des mamelons beaucoup plus prononcée et par le ton de couleur des aiguil- (4) M. Clos, de Sorèze. SÉANCE DU 25 Mal 4855. 373 lons qui sont, dans notre nouvelle espèce, les jeunes surtout, jaunes à la base et pourpres à la pointe. Le Mamillaria Closiana (Roum.) diffère en outre du M. Xarwinskiana (Mart.), par sa tige claviforme et simple, par ses aisselles un peu moins lai- neuses et criniformes ; par l'absence d'un aiguillon supérieur et par la direc- tion constante et les dimensions de l’aiguillon central. Les mamelons sont encore plus forts que ceux du M. Karwinskiana, et la plante paraît devoir vegéter plus vigoureusement et acquérir un volume plus considérable que ses deux voisines. Fleurs? La floraison nous fournira probablement plus tard l'occasion d'ajouter aux caractères distinctifs de la nouvelle espèce. M. Baillon fait à la Société la communication suivante : SUR LA PRÉFLORAISON DES ÉTAMINES, par M. H. BAILLON. On n’étudie guère, dans les traités didactiques, que la préfloraison des deux verticilles extérieurs de la fleur. Dans la recherche des rapports qu'af- fectent entre elles, dans le bouton, les différentes parties qui composent les verticilles, on s'arrête généralement à celui de la corolle. TI est cependant bien conuu par quelques exemples que les étamines peuvent avoir, dans une même plante, ou dans les diverses plantes d'un même groupe, une disposi- tion constante par rapport les unes aux autres, et se recouvrir soit par leurs filets, soit par leurs anthères, d’une manière également constante; en un mot, que les étamines ont une préfloraison. Il est vrai que quelques botanistes appellent estivation des étamines, ou les rapports qu'ont entre elles, dans le bouton, les diverses parties d'une étamine, comme la disposition en are que montrent, dans la fleur non épa- nouie, le Chanvre, le Mûrier, la Pariétaire, le Persil, la Carotte, ete., ou les rapports qui existent entre les étamines et les pétales qui, situés en de- hors d'elles, les enveloppent plus ou moins complétement dans le bouton, comme chez les Rhamnus, les Tremandra, les (romphia, ete. Mais on ne saurait appeler cela une préfloraison, du moins dans le sens d'arrangement relatif qu'on attribue généralement à ce mot, quand il s’agit des rapports réciproques des sépales ou des pétales. Les étamines ont une préfloraison dans toute l'étendue du mot. Consti- tuées par un même organe transformé que les sépales et les pétales, elles sont assujetties aux mêmes lois. Seulement, cette préfloraison est bien moins souvent évidente que celle des deux verticilles extérieurs. La raison en est le peu de largeur de ces organes qui ne sauraient, par conséquent, se re- couvrir, absolument comme cela arrive pour les sépales ou les pétales quand ils sont très ctroits : ainsi, dans les calices des Ombellifères et de beaucoup de Rubiacées, il n'y a pas de préfloraison facile à déterminer, à cause 374 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la forme étirée des sépales. Ce qui est l'exception pour ceux-ci, devient presque la règle pour les étamines. Mais que les étamines prennent une apparence foliacée, qu'elles aient un filet aplati ou une large anthère, et alors la préfloraison devient évidente. Ce qui se passe dans les fleurs que la culture rend doubles le pronve abondamment. Là, les pétales résultant de la transformation des étamines prennent une estivation évidente, comme cela se voyait naguère sur beau- coup de Camellia et de fleurs à bulbes. De sorte que l’étude des fleurs doubles pourrait être un moyen de connaitre la disposition relative de leurs étamines. Sans m’arrêter à ces faits présentés par des fleurs que la science appelle des monstres, je citerai des fleurs que la nature a faites doubles : celles des Nymphéacées, où les étamines extérieures sont devenues des pétales. Dans le Vymphæa alba, où le calice est imbriqué, présentant quatre sépales, dont un tout à fait extérieur, un intérieur, et deux moitié intérieurs et moitié extérieurs, la corolle suit cette disposition imbriquée, et elle est continuée par la série des étamines. Si nous nous reportons à un Mémoire célèbre sur l'insertion relative des diverses pièces des verticilles floraux, inséré dans les Annales des sciences naturelles de l'année 1831, nous y voyons formulée cette loi, que: « la » disposition des pièces de la fleur dans le bouton peut jeter un grand jour » sur l'origine ou l'insertion primitive de chacun de ces organes, » et que » toutes les fois que ces pièces seront imbriquées, on pourra en conclure » qu'eiles sont inserées à des hauteurs diverses sur l’axe de la fleur... » J'espère montrer que le troisième des verticilles floraux n'échappe pas à cette loi, Et d'abord l'examen des principales familles naturelles montre que la préfloraison des étamines offre les deux grands types qu'on rencontre dans les verticilles extérieurs : 4° préfloraison valvaire, 2° préfloraison imbrica- tive ; et nous trouverons, dans différentes espèces, les variations que peuvent présenter ces deux modes principaux. En second lieu, de même que le calice et la corolle affectent tantôt la mème estivation, tantôt une estivation différente, de même nous trouve- rons des étamines ayant tantôt la disposition des verticilles extérieurs, tantôt un arrangement différent. Les exemples s'en présenteront successivement dans l'examen des deux grands types de la préfloraison. I. Préfloraison valvaire. — La plupart des espèces du genre Campanula nous fournissent un exemple d'estivation valvaire des étamines, soit que l'on considere les anthères se joignant exactement par leurs bords, soit surtout qu'on examine la portion élargie de leurs filets. Le même fait se remarque dans les Lobéliacées, qui ne sont que des Campanulacées légèrement irrégu- SÉANCE DU 25 Mai 1855. 375 lières, et dans les Synanthérées, quant au tube complet que forment les anthères autour du style en se joignant bord à bord. Dans les Fumariacées, ce n’est que dans la partie supérieure des filets et au niveau des anthères que les étamines offrent cette disposition, Infé- rieurement, elles sont plus ou moins écartées. Tels sont les Corydalis, les Diclytra. Enfin dans certaines Mélastomées, et, par exemple, chez les Oxymeris, outre que, dans le bouton, l’anthère est coudée sur le filet, à peu près comme dans les Urticées, les anthères sont en préfloraison valvaire par- faite, s'appliquant latéralement l'une contre l’autre par une très large surface. Comme variété de la préfloraison valvaire, on trouve dans les Hermannia la préfloraison réduplicative, les filets élargis des étamines non-seulement se juxtaposant par leurs bords, mais, en outre, se déjetant en dehors, de manière à présenter la même disposition que les sépales d'un Cobæa. Une seconde variété, la préfloraison contournée, se rencontre dans les eétamines de plusieurs Apocynées. Elle est manifeste dans plusieurs de ces fleurs observées très jeunes et se montre même très tard dans la portion supérieure des étamines des Nerium, de sorte qu'ici l'agencement des éta- mines est le même que celui des segments de la corolle. IT. Préfloraison imbriquée.— Nous avons vu que dans les fleurs naturel- lement doubles, comme celles des Nymphæa, l'imbrication des pétales se continue dans les étamines. Il en est de même dans certaines Magnoliacées des genres /licium et Talauma. Dans certaines Myrtacées, comme les Mela- leuca, où les filets des étamines se soudent inférieurement en forme de pé- tales, on observe, pour cette raison, la préfloraison imbriquée. Mais c’est surtout dans les Canna, si l'on admet, avec certains botanistes, que les Corps pétaloides non anthérifères qu’on trouve au centre de la fleur sont des étamines, qu'on y remarque une imbrication évidente, Dans ces cas, léta- mine fertile se trouve tout à fait intérieure, et il semble rationnel d’appli- quer à cette étamine fertile ce que, dans le Mémoire que j'ai cité, M. Ad. Brongniart dit des pétales : « Que si l’un d'eux prend un accroissement plus » rapide que les autres, il s’appliquera immédiatement sur le sommet des » étamines et sera ensuite recouvert par les autres pétales. » Mais les exemples les plus frappants d'imbrication des étamines appar- tiennent à la disposition quinconciale. Celle-ci est très remarquable, d'abord dans les Violariées où les étamines sort larges et membraneuses. Je l'ai trouvée surtout marquée dans les Viola odorata, suavis, mirabilis, dans les Schweiggeria, qui appartiennent à la mème famille. Cet agencement est tres nettement représente dans l'organogénie florale de M. Payer. Dans toutes ces fleurs, on voit que, tandis que l'estivation du calice est quinconciale et celle de la corolle imbricative, les étamines reviennent à la forme quincon- 376 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ciale avec une disposition analogue à celle des folioles calicinales, mais qui lui est symétrique, dans le sens géométrique du mot, et non superposable; de sorte que le calice ayant les sépales 1 et 2 tout à fait extérieurs, les sé- pales 4 et 5 tout à fait intérieurs, et le sépale 3 moitié recouvert et moitié recouvrant, on a également les deux étamines superposées aux sépales 4 et 5 tout à fait intérieures, et l’étamine superposée au sépale 2 tout à fait extérieure; mais l’autre étamine extérieure est au-dessus du sépale 3, et c’est celle qui se trouve opposée au sépale 4 qui est moitié recouverte et moitié recouvrante. Il est une fleur dans laquelle on ne s’attendrait pas à voir facilement l'im- brication des étamines, car celles-ci ne sont pas très larges : c’est celle du Cobæa, où dans le bouton déjà assez développé on voit encore les anthères affectant l'arrangement quinconcial, tandis que la préfloraison de la corolle est tordue et celle du calice valvaire ou plutôt réduplicative. Je dois ajou- ter que j'ai retrouvé cet arrangement des étamines dans les jeunes boutons du Polemonium cœruleum. Après avoir exposé ces quelques exemples des principales variations que peut présenter l agencement des folioles staminales, on ne s'étonnera pas que je les soumette comme au criterium du Mémoire de M. Ad. Bron- gniart, dont j'ai déjà parlé, et qui doit me tenir lieu, en pareille matière, de règle et de loi. L'idée fondamentale de ce travail étant que la disposition valvaire ou contournée est principalement en rapport avec la régularité de la fleur, et, d’autre part, les préfloraisons imbriquées avec son irrégularité, il est facile de voir que tous les exemples d'agencement valvaire des éta- mines que j'ai cités correspondent à des fleurs régulières, comme les Cam- panules, les Mélastomes, les Hermannia, et que si cette disposition se rencontre encore dans des fleurs plus ou moins irrégulières, comme les Lo- béliées ou les Composées, l'irrégularité de ces fleurs dépend, dit M. Bron- gniart, « non pas d’un développement inégal des parties, mais plutôt de la » manière dont les pièces des verticilles sont déjetées d'un même côté. » Précisément les lobéliées, par exemple, présentent aussi ce déjettement d'un même côté pour leurs anthères, comme tout le monde à pu le remarquer. D'un autre côté, l'irrégularité et l'estivation imbriquée se tiennent en- semble dans la plupart des exemples que j'ai cités, et, pour ne rappeler que les deux principaux, d'abord le C'obæa, où les étamines sont agencées quin- concialement, est une fleur déjà un peu irrégulière, sa corolle étant toute déjetée d'un côté et ses étamines se portant également toutes de ce côté lors de l'épanouissement. En second lieu, la Violette, dont la corolle imbriquée est irrégulière, quant à la forme des pétales, par la présence à la base de l'un d'eux d’un éperon, l'est aussi quant à celle de son androcée, où les deux étamines situées en face du pétale éperonné ont les prolongements glandu- lifères qui ne se rencontrent pas sur les autres étamines. SÉANCE DU 25 Mar 4855. 377 M. Decaisne rappelle que M. Adr. de Jussieu, dans son remarquable Mémoire sur les Malpighiacées, a déjà signalé, avec moins de détails, il est vrai, les faits que vient d'exposer M. Baillon. M. Chatin présente de nouveaux dessins représentant le port et l'anatomie du Vallisneria, et fait à la Société la communication suivante : ORGANOGÉNIE FLORALE ET REMARQUES SUR LA VÉGÉTATION DU VALLISNERIA SPIRALIS, par M. AD, CHATIN. Ainsi que la Société va en juger, l'organogénie éclaire quelques points de l'organographie du Vallisneria. A. — FLEUR MALE. La spathe bifide qui recouvre l'épi des fleurs mâles jusqu'à l'époque où celles-ci se détachent pour venir flotter à la surface des eaux, est normale- ment formée de deux (rarement de trois) feuilies opposées qui naissent vers la base du cône sur lequel apparaitront plus tard les fleurs ; bientôt les élé- ments de la spathe se soudent (1) par leurs bords et s'élèvent autour du cône floripare en présentant l'apparence d'un sac largement ouvert en haut, puis assez complétement fermé pour retenir de l'air captif entre lui et les fleurs. Les fleurs mâles qui recouvriront par centaines le réceptacle, apparais- sent sur celui-ci de haut en bas ou dans l'ordre centrifuge; mais cet ordre de formation, vrai pour l'ensemble et d'abord parfaitement simple et clair, est plus tard croisé et plus ou moins rendu obscur par des fleurs de nouvelle génération qui s'intercalent sur chaque point entre les fleurs premières nées. Calice. — 1! se compose de trois sépales qui naissent successivement tout en se suivant de très près, deviennent bientôt égaux et prennent l'estivation valvaire : le sépale dernier né est placé contre l'axe commun. Le disque floral, d’abord subtrigone et à angles dirigés vers les points où sont nés les sépales, s'arrondit par la production de ceux-ci, puis redevient une masse triangulaire dont les angles allernent avec les sépales. Corolle. — Eile n'est représentée que par un pétale, petit corps qui, avant la naissance des étamines et sur un plan inférieur à elles, se détache de l'angle du disque dirigé entre les deux sépales inférieurs et se relèvera plus tard sous la forme d'une petite languette. Vue toute fermée, elle est plus où moins déviée vers l'axe de la fleur et a pu ainsi ètre prise, soit pour une étamine avortée, soit pour un ovaire rudimentaire. Nulle trace d'ap- pendice ne se montre sur les deux angles postérieurs du disque : l'avorte- ment des pétales postérieurs est done primitif ou congénital. (1) Une seule fois j'ai pu les voir encore bien distincts l'ur de l'autre, TI. 26 378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Androcée. — Sur chacune des trois faces du disque, et par conséquent, en superposition aux sépales, nait un mamelon staminal. De ces trois ma- melons, nés ensemble et d’abord égaux, le postérieur reste ordinairement en retard de développement et se dilate en une lame ou filet aplati, tandis que les deux antérieurs se lobent en anthères et forment seuls des étamines fertiles. Les filets, qui ne se montrent qu'après que chacun des deux lobes (ou des deux loges) de l’anthère s'est lui-même bilobé, sont larges et apla- tis, ainsi que celui de l’étamiue ordinairement stérile, et il est bien probable que c’est à eux qu’il faut rapporter les prétendus pétales ou staminodes oppositi-sépales que CI. Richard, Turpin, et après eux, Endlicher, ete., di- sent être devant lessépales et derriere les étamines. Gynécée. — Les fleurs mâles n'en offrent à aucune époque le moindre vestige. B. — FLEUR FEMELLE. Spathe. — Son organogénie ne diffère pas de celle de la spathe qui en- toure l’inflorescence mâle. Calice. — Il naît par trois mamelons qui se détachent de trois angles d’une courte pyramide, tronquée et renversée, qui s’élève à l'intérieur de la spathe bifide. Ces mamelons, dont chacun représente un sépale, s’aplatis- sent, S'accroissent, et, comme dans la fleur mâle, se disposent dans la pré- flo aison suivant l’ordre valvaire. Corolle. — Sur chacun des angles arrondis du disque central, devenus aussi alternes aux sépales, s'élève un mamelon qui, dans la fleur adulte, se présentera sous la forme d’un petit et étroit appendice charnu. Ces appen- dices, que l’on a pris pour des étamines avortées et décrits sous le nom de staminodes, sont évidemment des pétales. La corolle est done représentée ici par un verticille complet, tandis que dans les fleurs mâles elle est réduite à l’un des trois pétales, Il est certain que les corps désignés par nous comme pétales dans les fleurs mâles et les fleurs femelles, se correspondent ou représentent un seul et même organe, formant dans celles-là un verticille complet, réduit dans celles-ci à l’un de ses trois éléments, Androcée, — De même que le gynécée n'est pas représenté dans les fleurs mâles, à leur tour les fleurs femelles n’offrent aucun vestige de l’androcée. Ces faits, opposés à ceux qu’on observe chez d’autres Hydrocharidées, con- duisent à cette conclusion, que contrairement à ce qui existe pour celles-ci, le Vallisneria est dioique primitivement ou congénitalement, et non secon- dairement ou conséeutivement. Gynécée. — Sa portion libre est représentée par les stigmates qui se for- ment comme il suit. Sur un cercle un peu plus intérieur ou plus élevé que celui des pétales, alternant avec ceux-ci, et peu de temps après leur nais- SÉANCE DU 25 Mal 1855. 379 sance, s'élèvent autour du disque trois mamelons qu'on prend d'abord, à leur forme arrondie et à leur superposition aux sépales comme chez les fleurs mâles, pour des ctamines, et l'on se confirme dans cette opinion en voyant chacun des mamelons se bilober bientôt a la manière d’une anthère. Mais ici s'arrête l'analogie de développement entre l’étamine et le stigmate, analogie qui pourrait un moment égarer l'observateur. Presque aussitôt après que le stigmate s'est bilobé, on voit apparaitre, dessous et derrière ses deux gros lobes, un troisième mais petit mamelon, Celui-ci, qui semble posé sur le disque comme les deux lobes, est réelle- meut porte sur l'extrême base de ceux-ci; on le retrouve plus tard, sous la forme d'une courte languette charnue (1), inséré au fond et en dehors de la scissure qui divise, dans la fleur adulte, le stigmate en deux branches éle- vées sur une base ou support commun qui rappelle encore ici un filet d'éta- mines par son développement consécutif à celui de la portion apicilaire de l'organe. Suivant ce qui a lieu en général pour ces sortes d'organes, les poils en papilles qui recouvrent les deux branches des stigmates ne se montrent que dans la dernière période du développement de la fleur. Ovaire. — Il se creuse de haut en bas dans le disque. Ovules. — Jls naissent sur les parois de la cavité ovarienne, quelquefois groupés sur trois lignes répondant aux stigmates, le plus souvent irréguliè- rement dispersés, Sur un même point, ils sont tres diversement âgés, de telle sorte qu'on trouve entremélés des ovules encore réduits au seul nu- celle, d’autres dont le nucelle est à moitié entouré par la membrane qui doit les recouvrir, d'autresenfin que celle-ci dépasse, ne laissant plus ouvert que le imicropyle. Comme ceux des Juglans, les ovules du Vallisneria offrent qu'une membrane et sont orthotropes. Une dépression du nucelle pourrait faire croire à l'existence de deux membranes, et nous-même avons éte d'abord trompé par cette apparence. | La partie réellement appendiculaire du carpelle parait bien être ici re- duite au stigmate, la cavité ovarienne étant de nature axile, ce qui serait général pour les ovaires dits infères, suivant M. Schleiden et M. Payer. VÉGÉTATION. Le point de végctation sur lequel nous appelons spécialement l'attention, Se rapporte à l'enroulement en spirale des pédicelles des fleurs femelles. Contrairement à l'opinion universellement admise aujourd'hui, et comme le (1) Pour suivre ja comparaison de nos stigmales avec des étamines, nous dirons que cette languette répond encore, par sa position, aux appendices qu'on voit chez beaucoup de plantes (Borrago, ete.), entre la base de l’anthère et le sommet du tilet, mais elle diffère organogéniquement par sa naissance précoce; les appendices des étamines se montrent au Con traire fort tard, 380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. montrent les individusque je mets sous les yeux de la Société dans les grands vases où ils sonten pleine végétation, les pédicelles ne s'enroulent pas pour se dérouler ensuite et s'enrouler de nouveau plus tard ;ils sont d'abord parfai- tement droits, et leur enroulement une fois commencé ne cesse jamais. Jl n’est pas d’ailleurs nécessaire que la fécondation ait eu lieu pour que l'ovaire soit ramené au fond de l’eau par le rapprochement des tours de la spirale ; la formation de celle-ci, et, par suite, le retrait de celui-là, ont néces- sairement, fatalement lieu après l'époque fixée pour la floraison, même s’il n’y a pas eu de fécondation. On a pu s'assurer de ce fait dans les jardins bo- taniques de Paris, où les fleurs femelles se retiraient toujours au fond de l'eau, quoique les pieds mâles manquassent tout à fait (1). Pour suivre ici les bo- tanistes poètes et opposer image à image, on pourrait dire qu’alors la plante ne rapproche pas ses plis, après les douces joies de l’hyménée, pour můrir sous l'eau sa semence féconde, mais qu'après avoir langui dans une vaine attente ou brûlé d’inutiles feux, elle rentre au fond des eaux pour y cacher son dépit et sa stérilité. M. Germain de Saint-Pierre signale l’analogie qui existe entre la manière dont s’enroulent les pédoncules femelles du Vallisneria et ceux des Cyclamen. M. Moura-Bourouillou rapporte que Rafenau-Delile lui avait déjà fait remarquer à Montpellier que les pédoncules femelles du Vallis- neria ne commencent à s'enrouler qu'après la fécondation. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : DE LA STRUCTURE DE L'OVULE VÉGÉTAL AVANT L'ACTE DE LA FÉCONDATION. Extrait d’un Mémoire inédit sur l'unité de composition organique dans le règne végétal, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. La question dont je viens soumettre les éléments à l'examen de la Société Botanique de France, et sur laquelle j'ai déjà appelé son attention, était considérée depuis longtemps, quant à ses points les plus importants, comme une question résolue, — La presque unanimité des physiologistes et des organographes considèrent, en effet, aujourd’hui, l’ovule végétal comme un organe sans analogue dans le reste de l'économie végétale, un organe sut generis ne différant pas moins de tous les autres, par sa nature et son mode de développement que par ses importantes fonctions. — Quelques-uns ont cependant signalé une certaine analogie de l’ovule avec le bourgeon, tout en (4) Paris possède depuis l'hiver dernier, époque à laquelle ils ont d’abord fleuri dans les serres de l'École de pharmacie, les pieds mâles que MM. Clos, Filhol et Timbal-Lagrave m'ont envoyés de Toulouse. SÉANCE DU 25 MAI 1855. 381 admettant une différence fondamentale dans l'ordre de développement de ses tuniques ou organes appendiculaires ; mais, pour le plus grand nombre, cette analogie éloignée n'existe même pas. Qu'il me soit permis d'abord de jeter un coup d’ œil rapide sur les opi- nions émises par les botanistes contemporains. L'organographie est une science trop nouvelle pour qu'il soit nécessaire de remonter plus loin. — En 1829, M. de Mirbel (Mém. Acad. sc.) s'exprimait ainsi: « Dans l'origine, » le nucelle est recouvert par la secondine, laquelle est elle-même cachée » dans la primine. La secondine ne tarde pas à dépasser l'orifice de la pri- » mine, et le nucelle l’orifice de la secondine ; mais, peu de temps apres, » ces deux parties intérieures sont de nouveau recouvertes par la primine. » Si cette loi n’est pas universelle, du moins elle est générale... Le nucelle, » comme on sait, est un corps pulpeux, conique, plus ou moins arrondi » Où pointu à son sommet, et fixé par sa base au fond de la secondine, » — On voit que M. de Mirbel admettait, à cette époque, chez l'ovule, le dé- veloppement de l'extérieur à l'intérieur, ou de bas en haut (cette opinion, qu'il a abandonnée depuis, est aujourd'hui la mienne); quant au nucelle, il le considérait comme un corps d’une nature particulière sans analogie avec la primine et la secondine. Eu 1834, M. Robert Brown (Mém. sur les Rafflésiacées) s'exprimait dans les termes suivants : « L'ovule du Æafflesia consiste, dans le plus » jeune âge, en une papille subeylindrique, à surface également lisse, et » constituée par une substance interne homogène. La première modifica- » tion qui a lieu dans cette papille, est une légère contraction à son sommet ; » l'extrême pointe supérieure, limitée par cette contraction ou léger étran- » glement, est le rudiment du nucelle. Immédiatement au-dessous de cette » partie, une dilatation est bientôt visible, qui s'agrandissant peu à peu et » devenant légèrement concave, forme une coupe dans laquelle le nucelle, » qui à aussi proportionnellement augmenté de volume, est en partie » immergé. Cette description du développement partiel de l'ovule du Aaf- » flesia est, je le pense, applicable, dans tous les points essentiels, aux » plantes phanérogames en général. » — J'espère démontrer que la ma- nière de voir de M. Robert Brown n’est pas aussi réellement opposée à l'opi- nion {citée plus haut) de M. de Mirbel, et par conséquent à la mienne, que l’on a paru le croire, I n'en est pas de même de l'opinion de M. Schleiden, qui est complétement opposée à celle de M. de Mirbel, et qui semble avoir été presque généralement adoptée. En 1839, M. Schleiden (Sur la formation de l'ovule. Ann. sc. nat.) S'exprime ainsi : « Le nucleus (nucelle), dans beaucoup de plantes, » est enveloppé par un ou deux téguments qui consistent en un repli de » son épiderme. Il se forme à la base du nucleus un repli..., au-dessous de » ce premier repli, tantôt simultanément, tantôt plus tard, il s’en forme 382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » un second.., » M. Schleiden ajoute plus loin : « C'était une erreur de ma » part de considérer les téguments de l'ovule comme des organes foliaires. » Ce ne sont autre chose que des développements de la substance caulinaire; » car jamais une feuille plus jeune ne se forme au-dessous d’une feuille » plus ancienne, tandis que le tégument externe de lovule ne se forme » qu'après le tégument interne. » — M. Schleiden s'exprime, on le voit, de la manière la plus explicite : son opinion sur les deux téguments est la contre-partie de celle de M. de Mirbel. La même année 1839, M. de Mirbel (Votes embryog. végét., par MM. de Mirbel et Spach. Ann. sc. nat., t. IF) parait renoncer complétement à l'opi- nion qu'il avait si clairement formulée en 1829. Dans son étude du déve- loppement de la fleur du Mais, il s'exprime en ces termes: « Chaque » mamelon est le germe d’une fleur... Dès la première période, le sommet » du mamelon constitue le nucelle ; dans la deuxieme période, l'observa- » teur assiste à la naissance de l'ovaire, de la primine et de la secondine..… » La primine et la secondine partent du pourtour du nucelle qu'elles re- » couvrent en partie. La première de ces enveloppes étant beaucoup plus » courte que l'autre, n'emboite que sa base. » — M. de Mirbel, en admet- tant l'existence du nucelle, non-seulement avant ta naissance de la primine et de la secondine, mais même avant la naissance de l'ovaire, va beaucoup plus loin, dans l'antériorité accordée au nucelle, que les observateurs dont nous venons d'exposer la manière de voir. Je ferai néanmoins remarquer qu'il semble admettre que la primine parait avant la secondine. En 1840, M. Aug. de Saint-Hilaire (Morphologie végétale, p. 538) s'ex- prime de la maniere suivante : « L'ovule est originairement une petite » masse celluleuse dépourvue d’enveloppes et d'ouverture. Sur le placenta » du bouton naissant, il se montre comme une proéminence légère ; mais » bientôt le bouton grossit et prend la forme d'un mamelon ou d'un cône, » c'est le nucelle (nucleus), la partie la plus importante de l’ovule, celle où » l'embryon doit se développer un jour. Cependant, un peu au-dessous de » l'extrémité du nucelle, ne tardent pas à se développer deux petits bords » circulaires, l'un intérieur, l'autre extérieur, qui ne sont autre chose que » les enveloppes de lovule... Dès 1815, j'avais vu, très longtemps avant la » floraison, une enveloppe extérieure former, sur la base du nucelle, une » petite calotte... » — M. A. de Saint-Hilaire ajoute ensuite : « Le nucelle longtemps fermé, et qui ne se creuse que par oblitération, représente évi- demment le moignon plus ou moins sensible par lequel finit tout axe indéterminé. Nous pouvons le comparer au prolongement charnu qui termine le spadice des Arun, et qui peut aussi se creuser intérieure- ment. La primine et la secondine sont les organes appendiculaires du jeune » rameau, et nous offrent l'image des gaines d’une foule de monocotyle- » dones, » — M, Aug. de Saint-Hilaire adopte donc la théorie des auteurs x « » SÉANCE DU 25 mar 4855. 383 précédents ; mais il se prononce plus clairement sur la nature du nucelle, qui, pour lui, est la partie supérieure de l'axe de l'ovule. La primine et la secondine sont pour lui des feuilles nées postérieurement sur cet axe ; il les fait naitre la supérieure avant l’inférieure, sans s'arrêter à cette disposition au moins exceptionnelle. En 1841, M. Gaudichaud (Recherches sur l'Organographie, p. 33) admet sur la nature des téguments du nucelle une opinion analogue à celle de M. A. de Saint-Hilaire. Il donne à ces deux téguments le nom de feuilles ovulaires, et déclare « qu’il est porté à considérer comme des mérithalles le » funicule des ovules dont le raphé est le prolongement, dont la chalaze est » le mésophyte, et dont l'arille est le limbe. » En 1847, M. Hugo Mohl (Ann. sc. nat., 3° sér., t. IX) dit au sujet de l'Or- chis Morio : « Les téguments du nucelle , encore très imparfaitement des- » sines, se montrent sous la forme d’un bourrelet qui est composé de cellules » transparentes et qui entoure la base du nucelle. » Le célèbre anatomiste partage donc l'opinion des savants déjà cités. En 1846, M. Ach. Richard (Vouv. Élém. de Botanique) laisse la question irrésolue en paraissant admettre en même temps les deux opinions succes- sives de M. de Mirbel. Ce professeur si distingué s'exprimait dans les termes suivants : « M. de Mirbel vint jeter, par ses découvertes, un jour nouveau » Sur un point qui semblait déjà si bien éclairci... Examiné au moment où » il commence à poindre dans un bouton de fleur, l'ovule se présente sous » la forme d'un petit tubercule parfaitement lisse et entier; en suivant » pas à pas les développements successifs de ce corps, on voit que, peu » de temps après, il se perce à son sommet; à travers cette ouverture » Sort un corps intérieur qui fait une saillie plus ou moins considé- » rable; il n'est pas rare alors que le corps interieur prenne un tel accrois- » sement que la membrane extérieure soit réduite à une sorte de cupule » ou de godet qui embrasse seulement la partie inférieure contenue. » C'est après avoir donné cette opinion de M. de Mirbel comme l'expression de la vérité, que l’auteur adopte plus loin l'opinion contraire en ces termes : « Résumons les notions les plus positives acquises aujourd'hui à la science » sur la structure de l'ovule : 4° L’ovule commence à se montrer sous la » forme d'une excroissance cellulaire ; 2° de sa base naissent circulaire- » ment deux replis emboités l'un dans l'autre, d'abord sous la forme » d’une sorte de godet ou de cupule... » Vers ces dernières années, notre regrettable maitre, Adr. de Jussieu, dans son Traité élémentaire, si remarquable par la lucidité de l'exposition, s'ex- prime ainsi : « Le cas le plus ordinaire est celui où le nucelle se revêt d'une » enveloppe extérieure ; celle-ci se montre plus tard que lui sous la forme » d'un petit bourrelet circulaire qui entoure sa base. Ce bourrelet s'allonge » graduellement en une gaine au-dessus de laquelle on voit encore quelque 384 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » temps saillir le sommet du nucelle... Plus ordinairement encore il se forme » une seconde enveloppe, et alors au-dessus d’un premier bourrelet, on en » voit un second qui s'accroît de même et en même temps que le premier. » Je ne pousserai pas plus loin ces citations (4) qui m'ont semblé néces- saires pour bien préciser l’état actuel de la question ; je me bornerai à dire qu'il résulte des opinions émises par les phytologistes français qui se sont occupés, pendant ces dernières années, de la structure de l'ovule végétal (MM. Brongniart, Decaisne, Tulasne, Payer, Weddell, Trécul, Planchon, Duchartre, Chatin), que ces botanistes distingués admettent comme les auteurs que j’ai cités, la préexistence du nucelle, et la nature spéciale de cet organe. J'ai voulu, non pas présenter l'historique complet de la ques- tion, mais seulement établir quelles idées régnaient dans la science, lorsque j'ai moi-même abordé cette étude. Il m'eût suffi, pour m’engager à la plus grande réserve dans l'exposé de ma manière de voir, de me trouver en contradiction avec l'opinion d’un seul observateur comme M. Robert Brown, M. Hugo Mohl, M. Schleiden, ou tout autre maitre de la science, et cependant, on le voit, ce n’était pas seulement avec l’un de ces savants distingués, c'était avec tous les organo- graphes que je me trouvais en contradiction absolue, et non pas sur un fait de détail, mais sur l’un des points les plus importants et les plus étudiés de l'organographie végétale. — En présence de cette presque unanimité si imposante, j'ai cru cependant que, loin d'abandonner mes recherches comme condamnées à l'avance, je devais les multiplier, afin d'arriver, soit à me convaincre moi-même de mon erreur, soit à démontrer par des faits nom- breux et coneluants, clairs jusqu'à l'évidence, que j'étais en réalité dans le sentier de la vérité. (1) Je mai point cité l'opinion de Turpin en raison de son obscurité. Il parait admettre (1820, Essai d'une Iconographie) que les enveloppes de l'embryon sont constiluées par une feuille : « Ce n’est qu’en étudiant un végétal dans toutes ses » évolutions que l’on est naturellement conduit à ne plus voir... dans le prétendu » cordon ombilical, qu'un article entièrement analogue à ceux qui séparent les » feuilles des tiges ; dans la tunique propre de la graine, qu’une feuille soudée, close » de toutes parts, indéhiscente et protégeant le nœud vital qui a donné naissance à » l'embryon ; et enfin quelquefois, dans un dernier effort de la végétation, qu'un » dernier article dans le raphé et une graine rudimentaire dans la chalaze. » — En principe, l’idée de Turpin se rapprochait de mon opinion : il voyait dans l'ovule un bourgeon, mais il ignorait complétement la structure de l’ovule. La primine, Ja secondine et le nucelle ne formaient pour lui qu'une seule feuille close (la tu- nique propre), et le raphé (que j'ai démontré n'être autre chose que la nervure moyenne de la primine) était pour lui un article (entre-nœud) situé au-dessus de la tunique propre, et terminé par la chalaze qu'il regardait comme une graine abortive; quant à l'embryon, il terminerait un autre nœud vital protégé par la tunique propre. SÉANCE vu 25 mat 1855. 385 J'ai parlé de la presque unanimité des botanistes ; j'aurais dit unanimité, si une phrase de M. Robert Brown ne m'avait donné à penser que, dans certains cas du moins, cet illustre observateur, dont l'opinion m'a surtout été opposée, avait vu les choses se passer comme je les ai vues moi-même. En effet, M. Robert Brown, après la description de l'ovule du Xafflesia que j'ai citée plus haut, ajoute : « Ce mode de développement, quoique très » général, n’est pas sans exception, car, dans beaucoup d'’Asclépiadées et » d'Apocynées, dans toutes peut-être, l'ovule reste un tissu cellulaire uni- » forme, dans lequel on ne peut observer de parties distinctes qu'après l'ap- » plication du tube pollinique à une partie définie de sa surface. C'est alors » qu'une séparation intérieure se manifeste, et que le nucleus devient pour » la première fois visible à l'extérieur. » C'esten 1852, plusieurs années après avoir commencé mes recherches sur la nature de l’ovule végétal, que, dans une communication faite à la Societe philomatique, j'ai présenté comme un fait démontré à mes yeux, le déve- loppement de l’ovule de l'extérieur à l'intérieur, et que j'ai insisté sur la similitude qui existe entre l’ovule avant la fécondation et un bourgeor nor- mal. — Dans mon Dictionnaire de Botanique, j'avais précédemment indique sommairement le même fait, et j'avais signalé l'analogie du nucelle avec les tuniques externes, la primine et la secondine ; j'avais, de plus, tente de démontrer que, contrairement aux idées admises, la base organique de l’'ovule correspond au hile chez les ovules réfléchis, aussi réellement que chez les ovules droits et les ovules courbes. Depuis cette époque, je n'ai pas discontinué mes recherches sur la nature de l’ovule, et je viens aujourd'hui présenter à la Société Botanique le résumé de mes observations (dont la plupart sont figurées et seront consignées in extenso dans mon Traité de Tératologie végétale). Je me propose de démontrer ici : 4° que l'ovule végétal, abstraction faite du produit de la fécondation, est un bourgeon qui se développe, au moins dans la majorité des cas, à la manière des bourgeons ordinaires, c'est-u- dire que les feuilles ou tuniques externes ou inférieures apparaissent et grandissent avant les feuilles ou tuniques internes ou supérieures; les internes étant, avant leur apparition, soit encore non développées, soit com- Plétement renfermées dans la tunique la plus externe qui constitue le pre- mier rudiment apparent de l'ovule {c’est l'opinion qui avait été mise en avant et qui à été plus tard abandonnée par M. de Mirbel). — 2° Que la plus interne de ces feuilles ou tuniques constitue l’organe connu sous le nom de nucelle, organe qui, dans l'origine, ne diffère des tuniques externes ni par sa nature, pi par sa structure, ni par sa situation, ni par son mode de de- veloppement, bien qu'il er diffère plus tard par ses fonctions. Que cette tunique interne ou nucelle n’est pas toujours constituée par la même feuille : c'est la troisième dans l'ordre de développement de l'extérieur à l'intérieur, 386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. si le bourgeon ovulaire se compose de trois feuilles ; c'est la seconde si le bourgeon ovulaire se compose de deux feuilles; enfin c'est la premiere si le bourgeon ovulaire est réduit à une seule feuille ou tunique ; en d’autres termes, dans ce dernier cas, c’est la primine qui joue le rôle de nucelle ; on peut aussi admettre, dans d’autres cas, que les premières feuilles du bour- geon restent rudimentaires et que le nucelle est constitué par une feuille supérieure à ces premières feuilles abortives. Cette appréciation de la nature du nucelle parait m’appartenir en propre. Si elle a été émise antérieure- ment, elle a dû passer inaperçue ou être abandonnée, car elle n’a pas fait impression dans la science ; je croirais, dans ce cas, ma démonstration non moins utile que si l'idée était absolument neuve. M. de Mirbel, par sa nomenclature de primine, secondine, tercine, quartine, ete., semblait néanmoins indiquer une sorte d’analogie entre les diverses parties consti- tuantes de l'ovule, y compris celles qui se développent après l'acte de la fécondation ; mais il ne dit pas qu'il considère ces téguments comme des feuilles, et, d’ailleurs, ces termes numériques paraissent avoir pour objet de désigner l'ordre de superposition plutôt qu’une analogie réelle entre les parties successives ; ce savant parait, en effet, ainsi que les autres physio- logistes, avoir considéré le nucelle comme une formation toute spéciale. C'est dans trois ordres distincts d'observation que j'ai puisé les éléments de ma doctrine sur la nature et le développement de l’ovule : 4° observation de l’ovule à l’état normal, tant chez les ovules nés sur les feuilles carpel- laires que chez les ovules nés sur l'axe de la fleur; 2° observations puisées chez les ovules accidentellement foliacés, en étudiant toutes les gradations, depuis une déformation à peine sensible jusqu’à une déformation excessive; 3° observations puisées dans l'analogie de forme qui existe entre certains bourgeons normaux et les bourgeons ovulaires. Observations puisées chez l'ovule à l'état normal. — Je prends comme type l’ovule d’une Crucifère, du Cheïranthus Cheiri. Cet ovule a souvent été examiné par les physiologistes, et est un de ceux où ils semblent avoir vu le plus distinctement l'inverse de ce que j'ai vu moi-même. Sur le pla- centa du très jeune bouton, j'ai vu chaque ovule être constitué par une petite éminence hémisphérique, puis conique, du tissu cellulaire ; bientôt j'ai vu poindre au sommet de ce petit cône, alors tronqué, un nouveau petit cône ; très peu de temps après, on voit un troisième petit cône surmonter le second. A mesure que le second cône s'élève au-dessus du premier, les bords du premier s’allongent et forment une véritable tunique constituant la primine ; à mesure que le troisième cône s'élève au-dessus du second, les bords du second s’allongent et forment une deuxième tunique consti- tuant la secondine, Quant au troisième cône qui constitue le nucelle, on le perd de vue sans le voir changer de forme. Il est, en effet, bientôt recou- vert par les deux premières tuniques, véritables feuilles engainantes qui SÉANCE DU 25 Mai 1855. 387 l'enveloppent largement dans leur accroissement rapide. Les deux tuniques externes conservent longtemps béante l'ouverturede leur gaine, puis, pendant une période ultérieure, cette ouverture se ferme, et les tuniques sont entiè- rement closes comme le sont les feuilles carpellaires dans les cas où les car- pelles sont isolés. Je ne vois rien qui me semble en dehors du mode de végétation ordi- naire des bourgeons (du bourgeon, par exemple, d'une monocotylédone a feuilles engainantes) dans le fait de l'accroissement considérable des deux feuilles inférieures, primine et secondine, qui, nées les premières, ont déjà pris un grand développement alors que la troisième feuille ou nucellequ'elles dépassent conserve encore l'apparence que présentait la primine elle- même, lors de la première période de sa formation. — Quant au nucelle, l'observation directe, comme l'analogie, me porte à reconnaitre sa nature foliaire, car non-seulement il apparait et se développe sous les mêmes appa- rences que les tuniques précédentes, mais il se comporte ultérieurement comme elles. En effet, il apparait sous la forme conique et, selon les obser- vations de M. Tulasne, il est béant pendant une période subséquente, celle de la fécondation, alors qu'il laisse saillir les sacs ou le sac embryonnaire avec lequel le boyau pollinique vient se mettre en rapport. Ma maniere de voir relativement au mode de développement de l'ovule ne s'éloigne pas autant qu'on pourrait le penser au premier abord, de celle de M. Robert Brown. En effet, l'illustre botaniste a vu comme moi, chez la plante qu'il décrit, un premier cône qu’il ne regarde point comme le nucelle, puisqu'il regarde comme étant le nucelle un pincement ultérieur de son sommet. Cette Opinion n’est pas absolument la mienne, mais elle diffère essentiellement de celle qui a cours aujourd'hui et qui m'est opposée, opinion selon laquelle le premier mamelon qui apparaît est le nucelle. Je regarde le premier mamelon par lequel se manifeste l'ovule, et qui, d’après M. Robert Brown et d'après moi, n’est pas le nucelle, comme n'étant autre chose que le funicule terminé par la primine encore rudimentaire ; or, qu'est-ce pour moi que le funicule? C'est la base ou le pétiole de la feuille dont la primine est l'épanouissement ou le limbe, et ce pétiole prend les caractères d'un axe par le développement successif sur la feuille dont il est la base de deux nouvelles feuilles : la secondine et le nucelle. — M. Robert Brown voit l'extrémité du premier cône s'amincir en un plus petit cône, tandis que je vois, de l'extrémité du premier cône, saillir un nouveau cône ; là est la différence entre les deux opinions, et cette différence est peut-être plus dans l'expression que dans la pensée. En effet, un organe déjà formé ne saurait s'amincir; il ne répugne pas au contraire à l'esprit de voir cet organe émettre un nouvel organe. -— Si done le premier cône qui apparait sur le placenta est la base de la primine ou le funicule, la primine apparait avant toutes les autres parties de l’ovule et notamment avant le deuxième 388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cône. Qu'est-ce que ce deuxième cône ? Dans la plante qu'il étudait (le Rafflesia), M. Robert Brown le considère, sans doute avec raison, comme le nucelle; mais chez le C'heiranthus (dont l'ovule a une tunique de plus que l’ovule du Rafflesia), ce deuxième cône est la secondine, puisqu'il est surmonté d’un troisième cône plus intérieur, lequel constitue le nucelle. Je ne poursuivrai pas ici l'étude du développement de l'ovule normal chez d’autres types végétaux ; je dirai seulement que j'ai étudié divers types appartenant aux différents groupes, et que j'ai toujours vu, avec des diffé- rences dans la forme, les choses se passer comme chez le Cheëranthus. Dans le genre Viola, on voit manifestement le premier cône s'entr'ouvrir à son sommet pour donner issue au second, et le second s’entr’ouvrir pour donner issue au troisième. Dans le genre Passiflora, le second cône parait surmon- ter le premier par superposition, la partie limbaire de la primine étant en- core très rudimentaire lorsque apparait le premier rudiment de la secondine. — Le développement de l'ovule m'a paru se faire de la même manière chez les Primulacées, où l'ovule parait naitre sur le prolongement de l'axe de la fleur, que chez les plantes plus nombreuses où l'ovule nait sur les feuilles carpellaires. Le mode de développement m'a paru également le même chez les monocotylédones (les Liliacées , par exemple), que chez les dico- tylédones. J'ajouterai néanmoins que l'étude des membranes ovulaires si délicates et si transparentes, et dans lesquelles les jeux de la lumière et de l'ombre dans le champ du microscope peuvent si facilement produire des illusions (illusions que l'on peut toutefois éviter en modifiant successivement les con- ditions d'éclairage, et surtout en multipliant les observations), j'ajouterai, dis-je, que cette étude ne m'aurait peut-être pas paru assez concluante pour me permettre d'élever mon opinion isolée en face de l'opinion géné- ralement admise, si je navais pas trouvé d’autres preuves aussi directes et plus évidentes dans divers autres ordres d'observations. Observations puisées chez les ovules à l’état foliacé. — Ces observations sont, à mon sens, des plus concluantes ; il m'a été cependant objecté par de savants botanistes, que ces ovules foliacés sont, ou du moins peuvent ètre, non pas des ovules, mais des bourgeons qui remplacent les ovules et ne peuvent leur être assimilés. Je répondrai que cette objection n'aurait de va- leur que si les ovules étaient toujours ou complétement normaux ou com- plétement transformés en bourgeons foliacés; mais il est loin qu'il en soit ainsi. En effet, on trouve généralement sur la même plante, et souvent sur un même placentaire, des ovules presque normaux, des ovules tendant à la forme foliacée et des ovules complétement foliacés ; il est donc facile, en sui- vant tous les états intermédiaires, de s'assurer que, dans ces cas, un organe n'en remplace pas un autre, mais qu'il s'agit d'un même organe qui se MO- SÉANCE DU 25 Mat 4855. ~% 389 difie. — La modification subie par les ovules dont les tuniques tendent à l'état foliacé, est une des anomalies qui se présentent le plus fréquemment aux observateurs. On rencontre cette anomalie chez les fleurs plus ou moins affectées de la déformation connue sous le nom de chloranthie ou virescence, déformation dans laquelle les organes appendiculaires de la fleur, et no- tamment les feuilles carpellaires, se rapprochent de la forme foliacée. Les plantes de la famille des Crucifères offrent souvent de curieux exemples de cet état tératologique. J'ai suivi avec d'autant plus d'intérêt les transfor- mations foliacées de l’ovule chez les Crucifères, que j'avais choisi comme type, pour l'étude du développement de l’ovule normal, une plante de la même famille. Si l'on examinait de prime abord un ovule remplacé soit par une petite feuille, soit par un bourgeon présentant plusieurs feuilles plus ou moins fo- liacées, il serait difficile d'affirmer qu'il s'agit d’un véritable ovule; mais si l'on examine des ovules peu déformés, on en trouvera qui ne diffèrent de l’ovule normal qu’en ce qu'ils se composent uniquement de la primine; cette enveloppe externe, bien que de forme normale, ne renferme rien dans son intérieur. Voilà done un ovule sans aucune trace de nucelle, et constitué uniquement par un funieule et une primine. Comment pouvoir admettre, dans ce premier cas, que la primine soit un repli de l’épiderme d’un nu- celle qui est absolument nul? Dans d'autres cas nombreux et variés, la tu- nique qui constitue à elle seule l'ovule s'éloigne de la forme ovulaire ; elle est moins fortement réfléchie, son ouverture est plus largement béante, des nervures qui se réunissent pour constituer le funicule la parcourent et remplacent le raphé. Enfin, dans d’autres cas, cette primine est une véri- table petite feuille verte dont le pétiole représente le funicule, et dont le limbe est un véritable limbe foliaire avec sa nervure moyenne et ses ner- vures latérales. Dans des cas non moins fréquents, au point de jonction du pétiole et du limbe de cette feuille ovulaire, il existe un cône plus ou moins allongé qui est la secondine, L'appareil ovulaire doit alors être déjà considéré comme un petit rameau : c'est en réalité un appareil intermédiaire, comme nature, entre la feuille et le rameau, et tout à fait analogue aux bulbilles pédicellés de certains A/Zium dont j'ai récemment indiqué la structure. La feuille co- nique insérée sur la primine revêt fréquemment l'apparence urcéolée ; son apparence est celle d'une tunique circulaire chez un jeune bulbe. Enfin il existe fréquemment une troisième feuille renfermée dans la précédente. Cette troisième feuille correspond au nucelle; elle présente généralement la forme conique ou même la forme urcéolée, mais son épaisseur est telle, que sa cavité est capillaire et souvent même complétement pulle en raison de l’accolement de ses parois. — On reconnaît manifestement chez ces ovules, qui représentent dans de plus grandes proportions de taille les ovules 390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. normaux, que, vu l'état plus ou moins avancé du développement des di- verses feuilles ou tuniques, la feuille inférieure plane, foliacée et très ample (primine), est la plus ancienne ; que la feuille qui vient ensuite (secondine) in- termédiaire comme forme et comme dimension entre celle qui est au-dessous et celle qui est au-dessus, est la seconde dans l'ordre de développement, et que la feuille suivante et dernière, masse charnue, en apparence indivise, est la troisième dans l'ordre de développement. Je ferai remarquer que cette troisième feuille est tout à fait semblable à la tunique charnue interne qui compose la masse charnue de certains bulbilles et même de certains bulbes. Un cas d’une grande importance dans la question qui nous occupe, et que j'ai longtemps cherché avant d'en rencontrer des exemples satisfaisants, est celui dans lequel le nucelle revêt lui-même l'apparence foliacée. Chez cer- tains ovules, qui m'ont été fournis par un Ærucastrum (que j'ai recueilli abondamment sur les sables maritimes, à Biaritz), ce nucelle, dont la forme est urcéolée et qui est largement ouvert au sommet, est revêtu comme les feuilles inférieures (la primine et la secondine) de poils robustes, non-seu- lement à sa face externe, mais aussi à sa face interne, — Le nucelle, ainsi ramene à l'état de feuille, perd done complétement ce cachet mystérieux qui en fait, dans la théorie admise, un organe sans analogues dans l'orga- nisme végétal, et tout à fait inexplicable. Nous venons d'étudier l'ovule à l'état foliacé chez des plantes à placentas de nature foliaire, Les ovules foliacés, nés sur les placentas centraux regar- des comme axiles, n'ont présenté une structure et un mode de développe- ment complétement analogues. La famille des Primulacées présente fré- quemment des exemples accidentels de transformations ovulaires foliacées. Chez le Primula sinensis, plusieurs observateurs ont eu, comme moi, 0C- casion de voir chaque ovule réduit à une petite feuille irrégulièrement lo- bee, se rapprochant plus ou moins de la forme des feuilles caulinaires nor- males. Cette feuille représente la primine comme dans les cas analogues que j'ai cités chez les Crucifères. Dans un autre cas fort curieux que j'ai observé chez la même plante, chacun des lobes de ces petites feuilles ovulaires se terminait en un véritable petit ovule secondaire ; cette anomalie contribue, selon moi, à “emontrer que l'ovule n’est pas une production de nature spé- ciale, puisqu'il peut s'en développer sur les bords d'une feuiile ovulaire (la primine) comme il s'en développe normalement sur les bords de la feuille Carpellaire ou sur un placentaire axile. Comme observations relatives à des phénomènes analogues et desquels je tire la même conclusion, je citerai des ovules que j'ai observés chez le Salix caprea, sur les bords de feuilles qui présentaient à la fois les caractères de la feuille carpellaire et de la feuille staminale, Chez des carpelles foliacts d’Aconitum et d’ Aquilegia, j'ai rencontré des transitions évidentes entre les SÉANCE DU 25 mai 1895. 391 lobes de la feuille carpellaire et un ovule incomplet. Je ferai observer, a cette occasion, qu'il existe, selon moi, une analogie réelle entre les folioles ou petites feuilles qui constituent en quelque sorte les dents ou les lobes d'une feuille carpellaire, et les folioles qui sont portées sur le rachis des feuilles composées, folioles qui, elles-mêmes, présentent de nombreuses transitions vers les segments ou les lobes des feuilles non composées. Quant au passage de cette foliole à l’état de rameau, par la production d'un bour- geon à la base de son limbe, nous trouvons des faits analogues en dehors des productions ovulaires, par exemple chez les bulbilles des Allium. J'ajouterai une dernière considération tirée des faits teratologiques : chez le Merisier à fleurs doubles, il existe un ou deux carpelles foliacés; ces feuilles carpellaires sont ouvertes, fortement dentées, et chacune des dents se termine par un ovule réduit à une petite masse de tissu cellulaire. Ce petit ovuie glanduleux, quelquefois porté sur un funicule distinct et quel- quefois sub-sessile, m’a semblé complétement analogue, par sa situation et sa Structure, aux glandes orbiculaires ou cupulées qui existent à la naissance du limbe de la feuille ordinaire du Cerisier, et de l'Zmpatiens Balsamina. L'ovule rudimentaire aurait donc son analogue sur les feuilles foliacées de certaines plantes. Il me resterait à parler de l’analogie de l’ovule avec certains bourgeons et certains bulbilles, si je n’avais déjà, dans une communication précédente, entretenu la Société de ces curieux rapports. Je rappellerai seulement ici que ces bulbilles, que j’ai observés non-seulement dans le genre Allium, mais aussi dans le genre Tulipa, représentent complétement, tant par leur forme que par la disposition et le nombre des tuniques qui les composent. la forme, la disposition et même la structure des ovules réfléchis. On v trou ve le funicule, le raphé, la chalaze, une primine continuant le funieule, enfin une secondine et une feuille nucellaire, dont l'insertion apparente est la chalaze. La feuille charnue interne, qui représente le nucelle, offre comme les nucelles demi-foliacés, l'apparence d'une masse charnue dont la cavité circulaire est réduite à un canal filiforme. J'ai parcouru aussi rapidement que pouvait le comporter l'exposition de faits nombreux, les preuves que j'ai réunies en faveur de l’opinion de la nature foliaire des tuniques de l'ovule, y compris le nucelle, et de leur dé- veloppement de l'extérieur à l'intérieur. Il résulte de ces faits que l’ovule, avant [a fécondation, est non pas un organe sans analogues dans l'economie végétale, mais un véritable bourgeon. Cette démonstration doit, selon moi, Contribuer à établir que le règne végétal est dominé par la grande loi si phi- losophique, formulée pour le règne animal par E. Geoffroy Saint-Hilaire : la loi d'unité de composition organique. M. Trécul demande à M. Germain de Saint-Pierre s’il a examiné 392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'ovule dans les mêmes plantes que les auteurs qui sont à ce sujet d’une opinion différente de la sienne. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il a examiné l’ovule, sinon chez toutes les plantes où il a été étudié par les divers auteurs, du moins chez un nombre de types suffisant pour motiver les conclusions générales énoncées par lui. Il cite en particulier les Cruciferes, les Violariées, les Passiflorées, les Primulacées, les Liliacées, etc. M. Trécul fait à la Société la communication suivante : RÉPONSE AUX OBSERVATIONS QUI M'ONT ÉTÉ FAITES A PROPOS DE MA COMMUNICATION SUR LES GLANDES DU DROSERA ROTUNDIFOLIA, par M. A. TRÉCUL. Dans la dernière séance, j'ai eu l'honneur de communiquer à la Société quelques remarques sur la structure des poils glanduleux du Drosera rotun- difolia. J'ai dit, dès le début, que je ne prenais la parole sur ce sujet que parce que je n’étais point suffisamment préparé à une autre communication pour laquelle je m'étais fait inscrire. N'ayant pas formé le projet de pré- senter, dans cette séance, le résultat de mes études sur ces glandes intéres- santes, je n'avais point recherché ce qui a été écrit sur cette matière. C'est là une négligence dont je m’aceuse; mais les botanistes savent que je suis dans l'habitude de faire longuement l'histoire des questions que je traite. Cependant je paraitrai bien plus coupable à ceux qui connaissent le Memoire de M. Planchon sur le Victoria regia ; car ce botaniste cite le passage de l'ouvrage de M. Schleiden (Grundzüge der wissenschaftlichen Botanik, 1849), dans lequel ce dernier dit, 4° partie, p. 281: «..... Un vaisseau spiral unique se montre même quelquefois dans les poils. » On ne supposera pas davantage que je n'aie pas lu le livre de M. Adr. de Jussieu, qui $ex- prime ainsi en parlant des trachées à l’article Glandes: « ..... On les voit mème arriver quelquefois jusque dans le pied des glandes pédicellées, dans le Drosera, par exemple. » J'ai lu le Mémoire de M. Planchon, puisque je l'ai cité ailleurs ; j'ai lu aussi les £'léments de Botanique de M. de Jussieu ; mais les quelques mots qu'ils ont dit à ce sujet m'avaient si peu frappé, que je les avais entière- ment oubliés. J'ai eu aussi le tort de ne pas connaitre ce qu'a éerit Meyen, soit dans sa Physiologie, soit dans son Mémoire publié dès 1837, et intitulé : Ueber die Secretions-Organe der Pflanzen (Sur les organes de sécrétion des plantes). La description de cet anatomiste, dont le travail a précédé ceux des auteurs que je viens de nommer, bien qu'assez minutieuse en appa- rence, est pourtant bien incomplète. Voici ce que l'on trouve à la page h8 de son Mémoire : «..... La présence d’un tube spiral dans les pédicelles qui ornent si agréablement la face supérieure des Drosera est, par conséquent, SÉANCE DU 29 mar 1855. 393 très remarquable. Dans la fig. 15, tab. VI, est représentée une telle glande pédicellée de la partie centrale de la face supérieure du Drosera anglica; ces glandes du centre ne sont point aussi grosses que celles du pourtour de la feuille, et les glandes du Drosera rotundifolia ont la même organisation. Le pédicelle de cette glande est fixé par le bout a b immédiatement sur la feuille, et par son autre extrémité, c'est-à-dire par c d, est attachée la grosse glande elliptique. Le pédicelle, dont les cellules sont incolores chez les glandes placées au milieu de la feuille, et remplies d'un suc rouge chez celles qui sont au bord, montre entre ses cellules assez longues un seul vais- seau spiral simple qui, dans le milieu même du pédicelle, et à la vérité dans toute sa longueur, passe jusque dans la glande. A cause de l’opacité de la masse des cellules, qui forme la tête de la glande, on ne peut reconnaître le vaisseau spiral dans son intérieur ; cependant on réussit quelquefois, par un démembrement soigneux de cet organe, à dérouler le tube spiral ; mais le vaisseau spiral du pédicelle se déroule avec plus de facilité. Dans ce cas, un vaisseau va de la sorte par le pédicelle à travers et dans la substance de la glande ; les cellules de cette glande du Drosera sont remplies d’une sub- Stance brun-rougeâtre et sécrètent manifestement une grande quantité de mucus visqueux, qui se laisse tirer en longs fils. » En résumé, l'observation de Meyen se réduit à ceci: il a vu sur les feuilles des Drosera des glandes elliptiques supportées par des pédicelles, au milieu de chacun desquels est un vaisseau spiral qui se prolonge dans la glande. Il dit, de plus, dans sa Physiologie, édit. 1838, page 478, que la glande consiste en un tissu cellulaire bien compacte comme le pédicelle. La Société peut juger maintenant, par ce que j'ai dit dans la dernière séance, que ces glandes avaient été étudiées bien imparfaitement. En effet, ce n’est point seulement un vaisseau spiral unique qui existe dans la glande, comme le dit Meyen, dont la description est la moins incomplète de celles qui ont été données, mais c’est un groupe volumineux de larges cellules vasculaires qui occupe le centre de la glande. Ces cellules sont réticulées et à larges mailles dans les glandes incolores du centre de la feuille; elles sont rayées ou à mailles étroites dans les glandes qui sont plus rapprochées de la circonférence. J'ajouterai encore que c'est un fascicule vasculaire qui occupe l'axe du pédicelle et non un simple vaisseau. La structure de ces glandes du Drosera n'était done pas connue. Mais ce n'est pas tout encore: la différence qui existe entre mon observation et celle des botanistes que j'ai cités, ne consiste pas seulement dans les phénomènes que je viens de décrire. Bien que Meyen parle des glandes marginales et des glandes centrales, il ne distingue entre elles que leur inégalité de vo- lume; il a vu seulement que les marginales sont plus grosses que les autres. Il n'a pas reconnu qu'elles n’ont pas la même structure. Les figures colo- TA 27 894 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. riées, que j’ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société, indiqueront nettement les caractères des unes et des autres. Meyen n'a décrit que la forme des glandes centrales; il n’a pas remarqué celle des marginales. Les premières, en effet, sont de simples têtes plus ou moins arrondies ou ellip- tiques, mais la forme des secondes contraste avec elles d’une manière frap- pante. La substance du pédicelle des glandes du bord de la feuille semble s'étaler en une élégante cupule oblongue, au fond de laquelle sont couchés les vaisseaux, qui sont recouverts d'un joli tissu carminé. La disposition des éléments organiques est telle que l’on a un épiderme à la face inférieure ou externe de la cupule ; au-dessus de cet épiderme est une couche de cel- lules contenant de la matière verte; puis les vaisseaux sont placés sur celte dernière ; enfin le tissu coloré en rouge (qui est composé de cellules plus petites que les autres) recouvre les vaisseaux (1). En sorte que l'on pourrait comparer ces glandes marginales, ainsi qu’on l’a fait pour les feuilles en général, à un segment de la tige. Ne pourrait-on pas, en effet, assimiler l’épiderme de la face inférieure de ces glandes à celui de la tige, comparer leur couche de cellules à matière verte à l'enveloppe herbacée, leurs vaisseaux à ceux de l'axe, enfin le tissu cellulaire supérieur, rose, à la moelle? Cette comparaison me parait d'autant plus exacte que ces glandes du bord de la feuille ne sont, pour aiusi dire, que des dents effilées chacune en un long pédicelle terminé par la glande. La base du pédicelle porte ordinai- rement des stomates comme le reste du limbe. Ce rapprochement de la structure de ces glandes vasculaires avec celle des feuilles et des tiges des Dicotylédones m'a suggéré l’idée que voici : je me suis demandé si les rameaux adventifs qui naissent quelquefois sur la face supérieure des feuilles du Drosera ne doivent pas être attribués à la transformation d’une de ces glandes en un bourgeon, et enfin en une petite plante, C'est là un point intéressant sur lequel j'appelle l'attention des bota- nistes qui auront l’occasion d'observer ce phénomène curieux. M. Weddell fait observer que M. Naudin parait avoir eu connais- sance de la nature complexe des poils des Drosera, lorsqu'il écrivait son petit Mémoire sur la production des bourgeons sur les feuilles. M. Naudin y dit, en effet, que ces poils se produisent par l'extension du tissu de la feuille, et il semble les regarder en quelque sorte comme des lobes de cet organe. M. Duchartre rappelle que M. Grænland a exposé, le 42 de ce (4) La matière colorante rose des cellules de ces glandes est souvent en gros 8ra- nules. SÉANCE DU 25 Mar 1855. 395 mois, dans une nombreuse réunion chez M. J. Gay, une opinion ana- logue à celle que M. Trécul vient d'exprimer sur les prétendus poils des Drosera. M. Grænland fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LES ORGANES GLANDULEUX DES DROSERA, par M. J. GRÆNLAND. Dans notre dernière séance, M. Trécul a communiqué à la Société les résultats de ses recherches sur les poils des Drosera. Il croit avoir été le premier à observer des trachées dans ces organes, ignorant que ce fait a été décrit avant lui par plusieurs auteurs, entre autres par Meyen (1) et M. Schleiden (2). M. Trécul regarde les glandes pédicellées des Drosera comme de vrais poils, el il trouve qu'ils ont quelque analogie avec les poils épineux du Victoria qui, selon lui, contiennent aussi des trachées. Les feuilles des Drosera ont aussi fait, dès l'année 1851, l'objet de mes études, dont pourtant je n'ai point publié les résultats, sachant que le fait principal, c’est-à-dire la présence de la trachée dans les glandes, était déjà connu. Mon interprétation des organes glanduleux s'écarte cependant con- Sidérablement de la manière de voir de M. Trécul, ainsi que de celle des autres observateurs. Qu'il me soit permis de dire en quelques mots mon opinion à ce sujet. Je crois que, pour bien comprendre un organe, il faut suivre son déve- loppement dès sa première apparition jusqu’à son entier perfectionnement, Les feuilles très jeunes du Drosera présentent un petit bourrelet replié au Sommet du côté de l'axe. La partie recourbée forme plus tard la lame de la feuille. Déjà de très bonne heure, on aperçoit au bord de cette lame des échancrures qui rappellent l'état jeune d’une feuille pinnatifide, Les échan- crures se plient ensuite vers la surface intérieure de la feuille. Dans un étatun peu plus avancé, on remarque, en coupant une jeune feuille en long, un cer- tain nombre de petites bosses qui se lèvent sur cette surface. Les échancrures du bord de la feuille s’allongent plus tard et deviennent claviformes; versleur Sommet se forme la glande. Les bosses naissantes de la surface de la feuille prennent un développement tout à fait pareil, seulement elles n’alteignent jamais la longueur des glandes marginales; celles qui s'approchent du bord de la feuille deviennent cependant toajours plus longues que celles du Milieu de Ja feuille. En suivant le développement de la feuille, on voit bientôt, dans chacune de ces glandes, une trachée, qui est une ramification des nervures de la feuille. Une coupe transversale de fa feuille permet de (1) J. F. J. Meyen, Ueber die Secretionsorgane der Pflanzen. Berlin, 1857, P. 49, 50, 92, tab. VI. fig. 15. (2) M. J. Schleiden, Grundzüge der wissenschaftlichen Botanik. Erster Theil, Leipzig, 1845, p. 268. 396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voir le point où cette trachée se détache du réseau fibreux de la feuille. Dans la tête de la glande, cette trachée est, comme M. Trécul l’a observé aussi, entourée de plusieurs larges cellules spiriferes. Tandis que la trachée est, presque dès son apparition, remplie d'air, ces dernières cellules con- tiennent, au contraire, toujours des matières liquides. Je crois devoir tirer de ces observations la conclusion que les glandes pédicellées des Drosera ne sont point des poils, mais des lobes de la feuille. Le fait qu'un lobe se détache de la surface d’une feuille n’est d’ailleurs pas rare. Te Chou frisé nous en fournit, entre autres, un exemple évident, et il y a même parmi les Hépatiques, plantes cryptogames qui ont de vraies feuilles, un genre tout entier, le genre Goftschea, qui est caractérisé par ses feuilles qui portent des lames secondaires à leur surface dorsale. Si nous suivons maintenant le développement des poils glandulifères, par exemple du Pinguicula, nous verrons que les choses se passent ici tout autrement. Une des cellulés de l'épiderme de la feuille s'allonge et se divise en deux. La cellule inférieure se divise encore une ou deux fois horizontale- ment, tandis que la supérieure est entrecoupée par des cloisons verticales. Ce dernier mode de division se répète ici plusieurs fois encore, de manière à former enfin un capitule qui prend la forme d’une ombrelle. Ces poils sont donc formés d’une manière entièrement différente des organes glandulifères des Drosera. Tandis que, pour ces derniers, tous les éléments de la feuille, c'est-à-dire l'épiderme, le parenchyme et les vaisseaux participent à leur formation, les vrais poils prennent toujours leur naissance de l'épiderme seul; ils sont des produits, des excroissances de l’épiderme. Quant aux poils épineux du Victoria, je n'ai pas eu l'occasion de les étu- dier, mais je crois qu’aussi pour ces organes, il faudrait, avant tout, suivre leur dévelappement pour connaitre leur vraie valeur organographique. J'ajoute encore à cette petite note, que M. Schacht, qui a eu l'occasion d'examiner, en 4852, mes observations comparées sur les Drosera et le Pinguicula, qu'il pouvait alors vérifier sur le vivant, partage parfaitement mon opinion et qu'il a annoncé ma manière de voir dans son livre intitulé : La Cellule végétale (1). M. Trécul fait observer qu'il n’a point assimilé les poils des Dro- sera aux poils épineux du Victoria. Il a constaté seulement la pré- sence de trachées dans les uns et les autres. — Il ajoute que la strut- ture des glandes périphériques dont il a signalé l'existence, n’a pas été reconnue par M. Grænland. M. de Schœænefeld annonce que, dans les forêts de Saint-Germain (1 Hermann Schacht, Die Pflanzenzelle, Berlin, 4852, p. 234. SÉANCE DU 25 mai 1855. 397 et de Marly, les fraisiers ont donné l'année dernière beaucoup moins de fruits que les années précédentes. Le même fait parait devoir se reproduire cette année. Il présente à la Société un grand nombre de fraisiers (Fragaria vesca et F. collina) dont toutes les fleurs sont steriles. Les ovaires et le réceptacle, au lieu d’être jaunes, sont d'une couleur plus ou moins foncée, quelques-uns tout à fait noirs. Ce phénomène pourrait provenir de la présence d’une Urédinée où de piqûres d’insectes. Plusieurs membres de la Société sont d’avis que cette stérilité des fleurs n’a pour cause qu’un avortement pur et simple des ovaires. M. Brice dit, à cette occasion, qu’il a vu récemment dans le parc de Monceaux beaucoup de fraisiers dont les fleurs avaient le même aspect que celles qui viennent d’être présentées. M. J. Gay fait observer que chez le Fragaria elatior, Ehrh., l'a- vortement des ovaires est un fait presque normal. M. de Schœnefeld fait en outre à la Societé la communication sui- vante : Je crois devoir informer la Société de la découverte que je viens de faire d'une localité nouvelle du Pyrola minor dans nos environs, J'ai trouvé cette plante le 20 de ce mois, en assez grande abondance, aux environs de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise) dans les petits bois connus sous le nom de Bois-Noirs, et qui touchent la forêt de Marly dont ils ne sont sé- parés que par un mur. Elle n’était pas encore en fleur (1). Les localités de cette espèce, assez rare aux environs de Paris, sont les suivantes : Région du nord-est : Forêt de Villers-Cotterets. — Marolles-sur-Ourcq. — Thury-en-Valois. Région du nord : Forêt de Montmorency. Région du nord-ouest : Le Heaume près Marines. — Magny-en-Vexin. ~=- Forêt de Lions près les Andelys. Région de l'ouest : Bois-Noirs près Saint-Germain-en-Laye. — Bois de Ville-d'Avray et de Chaville près Versailles. Elle manque complétement dans les régions du sud, du sud-est et de l'est. Néanmoins je dois dire qu'elle a été indiquée par Vaillant à la Ferte-sous- Jouarre et par Loiseleur à Marcoussis. Mais de nos jours, elle n’y a pas été retrouvée. En faisant abstraction de ces deux localités douteuses, nous voyons que (1) Je l'ai revue depuis, entièrement développée, et je me suis assuré que c’est bien le P, minor, et non le P. rotundifolia. 398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. notre plante occupe, depuis Villers-Cotterets jusqu’à Versailles, juste une moitié du cercle de 90 kilomètres de rayon que forme la carte des envi- rons de Paris de la Flore de MM. Cosson et Germain. La localité nouvelle que je viens de découvrir près de Saint-Germain-en-Laye formeune transi- tion entre celles des environs de Versailles sur la rive gauche, et celle de Magny sur la rive droite de la Seine. En considérant la répartition de cette espèce dans la France entière, on voit qu’elle manque surtout dans la région du sud-ouest. Dans toute la région de l’est elle se montre çà et là, mais en s'élevant au-dessus du niveau de la mer, à mesure qu'elle descend vers le sud. Aux environs de Paris, elle se trouve toujours à une altitude de 120 à 200 mètres. Le Pyrola minor ne croit que dans les terrains sablonneux. Dans nos ev- virons on ne le rencontre guère que dans le dépôt connu sous le nom de sables et grès marins supérieurs qui fait partie du terrain miocène. M. Cosson fait à la Société une communication (1) sur quelques es- pèces nouvelles d'Algérie, dont voici la liste : Erodium montanum, Coss. et DR. Genista microcephala, Coss. et DR. Hedysarum Perraudieranum, Coss. et DR. Valerianella chlorodonta, Coss. et DR. Valerianella stephanodon, Coss. et DR. Anvillea radiata, Coss. et DR. Catananche montana, Coss. et DR. Helminthia Balansæ, Coss. et DR. Passerina microphylla, Coss. et DR. (1) Vu l'étendue de cette communication, la Commission du Bulletin à décidé qu’elle serait annexée à une séance suivante, moins chargée que celles dont le pré- sent numéro renferme le compte rendu. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ueber Waermeentwichkelung in den Blüthen der Vic- toria regia, Lindi. (Sur le développement de chaleur dans les fleurs de la Victoria regia), par M. Rob. Caspary. Bonplandia, n° 13 et 44, 15 juillet 1855, p. 178-199. MM. Otto et Klotzsch avaient déjà reconnu un développement de cha- leur dans les fleurs de la Victoria, et ils avaient constaté que les anthères sont le siége principal de ce phénomène. Mais ils avaient négligé d'examiner la marche de cet exhaussement de température, sesmaxima, les rapports de cette chaleur produite avec la température de Vair, avec la lumière, lhu- midité, etc. Aussi, M. Caspary a-t-il cru devoir reprendre ces observations en en agrandissant le cercle. Non-seulement il a observé la Victoria fleurie dans l'aquarium du jardin de Berlin, mais encoreil a profité de la floraison de cette plante qui a eu lieu chez M. Borsig. Son mémoire renferme les tableaux détaillés des observations faites par lui d'heure en heure sur trois fleurs, observations qui donnent les résultats suivants : 1° L'élévation de température qui a lieu dans la fleur de la Victoria, au moment où son bouton s'ouvre, est si considérable qu'on doit supposer qu’elle commence avant l'épanouissement. — 2° Pendant l'existence de la fleur (L5 à 50 heures) il y a trois augmentations et deux diminutions, qui n'ont pas lieu tout à fait au même moment dans différentes fleurs. Le maxi- mum de la première augmentation, qui est quelquefois le plus élevé, se montre de 1 à 3 heures 4/2 après l'ouverture, ou entre 6 et 9 heures du Soir; le 2° maximum se présente entre 40 et 11 heures du second jour ; le 3° maximum, qui est le plus faible, se produit le troisième jour, entre 8 heures du matin et midi. Les deux minima ont lieu, l’un de 3 à 7 heures, le matin du second jour, l’autre entre 3 et 6 heures, le matin du troisième jour. — 3° Les maxima et minima de la fleur paraissent être indépendants de ceux de la lumière et de la température tant de l'air que de l’eau. Cette indépendance est positive pour le premier maximum. — h° L'élévation de température se montre dans les anthères, dans les pétales et l'ovaire. — 5° La plus considérable a lieu dans les anthères ; elle atteint 3°,76 —4°,64 R au maximum au-dessus de la température de l'eau, et 8°,66—11°,1R au- dessus de celle de l'air. — 6° Pour le pistil, l’excès-maximum n'est que de 00,4—1°,2R au-dessus de la température de l’eau et de 3°,0— 5°,6 au-dessus A00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de celle de l'air. — 7° Il est encore moindre dans les pétales, où il ne dé- passe pas 4°,2 R relativement à l’eau, 3°,8 relativement à lair. — 8° D'élé- vation de température considérée en elle-même varie dans différentes fleurs. — 9° La différence entre la température de la fleur et celle de l'air et de l'eau n’est pas non plus constante. — 10° La hauteur qu’atteint cette tem- pérature dépend de la chaleur de l’eau et de l'air. — 11° Le maximum de la chaleur florale qui a lieu dans les anthères au premier, ou au premier et au second accroissement, précède l'ouverture des anthères et la sortie du pollen. 42° Pendant les minima, la température de la fleur descend toujours au-dessous de celle de l’eau, mais rarement au-dessous de celle de lair, d'où il est vraisemblable que, même alors, la fleur doit avoir une élévation de température. Le mémoire se termine par un grand tableau dans lequel M. Caspary à réuni toutes les observations connues sur la chaleur des fleurs, et par une discussion de ces observations. Stipules nectarifères; par M. C. Darwin. Gardener's Chronic. du 21 juillet 4855. M. C. Darwin a observé une production de nectar sur les stipules de la Vesce cultivée et de la Fêve. Dans deux circonstances, il a vu des Abeilles par milliers visiter avec soin la petite glande noirâtre qui se trouve à la face inférieure des stipules du Vicia sativa. Par un jour chaud, chacune de ces glandes présente une petite goutte de nectar presque visible à l'œil nu, et quelquefois assez grosse pour qu'on puisse en apprécier la saveur sucrée. ll a vu les abeilles et quelques autres insectes sucer ces gouttes de suc mielleux. Après un jour de pluie, ces insectes ne se portaient plus sur ces stipules ; mais, vers quatre heures après midi, le soleil ayant brillé aupa- ravant, une petite goutte de nectar s’est encore montrée, et les abeilles se sont aussitôt empressées d’accourir. Ueber die Befruchtung der Algen (Sur la fécondation des Algues), par M. Pringsheim. (Monatsbericht der Koenigl. Preuss. Akad. der Wissens. zu Berlin; mars 1855, p. 133-165, 1 pl.) Ce mémoire, lu par M. Al. Braun à l’Académie des sciences de Berlin, le 5 mars dernier, au nom de l’auteur, a fait sensation en Allemagne à causé de l'importance de la découverte qu'il signale. Nous résumerons succincte- ment la partie principale des observations dont il renferme l'exposé. Le Vaucheria sessilis possède, outre la multiplication non sexuelle par les zoospores, une reproduction véritablement sexuelle au moyen de deux organes connus comme la petite corne (Æornchen) et la spore de ces Algues- Vaucher avait déjà soupconné l'importance du premier de ces organes, qu'il REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A04 prenait pour une anthère, et il supposait que la poussière fécondaute sort par ces petites cornes. Le développement de ces deux corps se fait de la manière suivante : l'un et l'autre se montrent d’abord comme des papilles émises par le tube celluleux à peu de distance l’une de l’autre; la papille qui doit former la petite corne est en avance sur l’autre. On les distingue dès l’origine, sans difficulté, à la différence de leurs dimensions. La pre- mière s'allonge bientôt en un rameau court, grêle, cylindrique, d'abord droit, mais ensuite recourbé une, deux ou même trois fois. La papille des- tinée à devenir le sporange se renfle peu à peu en une excroissance latérale plus large et plus courte que la première, d'abord régulière, ensuite pro- longée en bec du côté qui regarde la corne, de manière à ressembler à un ovule à demi recourbé. Jusqu’alors, la cavité de ces deux productions est parfaitement continue avec celle du tube qui les porte, et leur contenu est semblable à celui de ce dernier. Mais maintenant il se forme soudain, à la base du sporange , une cloison transversale qui en fait une cellule à part. En même temps, vers son bec, s'amasse une matière incolore, finement granuleuse, qui augmente en quantité et qui refoule en arrière et en bas le reste du contenu de cette cavité. Pendant ce temps, le contenu de l'extré- mité de la petite corne s’est décoloré par disparition de la chlorophylle, et il se montre bientôt comme un mucilage tres finement granuleux; la partie de l'organe où s’est fait ce changement se sépare ensuite de la portion infé- rieure par une cloison transversale qui est ainsi à peu près médiane. Dès lors, on commence à voir, dans ce mucilage incolore, apparaitre un grand nombre de petits bâtons dans lesquels on distingue déjà une certaine agita- tion. La pression exercée intérieurement sar le bec du sporange augmentant toujours, sa membrane cède bientôt à son extrémité et le contenu sort en partie par l'ouverture ainsi formée, montrant clairement qu'aucune mem- brane n'enveloppe cette portion expulsée qui se conforme en goutte et qui reste près de cet orifice sans s'organiser. Dès que cette explosion du spo- range a eu lieu, la petite corne s'ouvre aussi à son sommet et répand au dehors son contenu composé d'innombrables corpuscules en forme de petits bâtons, la plupart isolés, beaucoup englobés encore dans le mucilage. Ceux qui sont isolés et libres se meuvent très rapidement dans tous les sens ; les seconds se dégagent à leur tour, après quoi ils se meurent de mème. Vingt, trente, ou un plus grand nombre d’entre eux pénètrent dans l'orifice du sporange qu'ils remplissent presque ; mais la matière mucilagineuse in- térieure les arrête. Pendant plus d'une demi-heure on les voit avancer et reculer successivement ; enfin, une ligne nette apparaissant subitement au- dessous de cet orifice indique la formation d'une membrane interne et obtu- ratrice qui ne les laisse plus que s'agiter, quelquefois pendant une heure, dans l'ouverture même qui termine le bec du sporange. M. Pringsheim à vu quelquefois avec beaucoup de netteté, sous cette membrane nouvellement 402 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. formée, un petit corps incolore, plus gros que les extérieurs, dont il n'existe jamais d'indice avant la fécondation, et qui ne peut provenir que d'un de ces petits bâtons qui a pénétré dans la masse fécondée. Les petits corps en bâtonnets sont les spermatozoïdes du Vaucheria qui ont de longueur 4/480 de ligne, qui portent deux cils inégaux, un à chaque extrémité, et leur entrée dans l'ouverture du sporange en détermine la fécondation. La membrane qui s’est produite à l'ouverture de ce sporange et autour de son contenu après sa fécondation, constitue la cellule embryonnaire qui le rem- plit exactement et qui sera la vraie spore enveloppée de tous les côtés par le sporange. Verte à sa naissance, elle pâlit ensuite; elle se détache par l’effet de la destruction de son enveloppe, ensuite elle redevient verte apres environ trois mois, après quoi elle ne tarde pas à germer. Nous ne pouvons, faute d'espace, analyser la suite du mémoire de M. Prinsgheim dans laquelle cet habile observateur s'occupe successivement de la fécondation chez les Fucacées, chez les Floridées, chez le Sphacelaria tribuloides, l Achlya prolifera, les Æ'dogonium et Bulbochæte. Mais nous reproduirons les conclusions générales déduites par lui de l'ensemble de ses observations. 1° Les spermatozoïdes ne fécondent pas une cellule déjà formée ; la fécon- dation consiste en ce que un ou plusieurs de ces petits corps arrivent jusqu’au contenu d’une cellule encore non recouvert d’une membrane; cette matière, encore amorphe, ne s’entoure d'une membrane qu'après l'entrée des spermatozoïdes, et cette membrane enferme en même temps les spermatozoïdes qui sont entrés. Dès lors la véritable vésicule embryon- naire n'existe pas avant la fécondation ; elle ne se forme qu’après celle-ci. 2° Il existe chez les Algues une reproduction sexuelle et, en outre, une reproduction gemmaire et non sexuelle. Ueber die Fortpflanzung von Sphæroplea annulina (Sur la reproduction du Sphæroplea annulina), par M. Ferd. Cohn. (Mo- nastbericht der Koenig. Preuss. Akad. der Wissensch., cah. de mai 1855, p. 335-351.) L'analyse que nous avons donnée du mémoire de M. Pringsheim sur la fécondation chez les Algues peut nous dispenser de résumer le mémoire de M. Cohn, malgré son importance réelle. En effet, cet habile observateur à constaté sur le Sphæroplea annulina une fécondation s'opérant de même que chez le Vaucheria sessilis par des spermatozoïdes qui pénètrent dans un Sporange après son ouverture. Ses observations ont été faites à peu près en même temps que celles de M. Pringsheim et sans qu'il eût alors connais- sance des faits constatés par ce dernier botaniste. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h03 Note provisoire sur le sexe des Algues; par M. H. Itzigsohn (Botan. Zeitung, n° 22, 1° juin 1855, p. 392). D'après M. Itzigsohn, depuis que la belle ohservation faite par M. Prings- heim sur le Vaucheria a mis hors de doute la sexualité et la fécondation des Conferves, le même fait a été constaté par d’autres observateurs sur d’autres Conferves. Ainsi M. Cohn, de Breslau, a suivi chez une autre de ces plantes très connue et intéressante toute la suite des phénomènes de la fécon- dation (spermatozoïdes ; leur pénétration dans la spore encore imparfaite à travers un pore; maturation de la spore et sa division en sporules motiles secondaires). M. Itzigsohn a vu lui-même nettement chez plusieurs espèces d'Œdogoniun la fécondation que M. Pringsheim avait très bien supposé avoir lieu, et, de son côté, M. Cohn lui écrit qu'il l’a vue également. Traité d’organogénie végétale comparée, par M. J. Payer. Liv. 1-8. Gr. in-8°. Paris. Victor Masson. La 8° livraison de cet ouvrage vient de paraître. Elle contient le texte relatif aux Caryophyllées, Paronychiées, Tétragoniées, Ficoïdes, Cactées, Crassulacées, Élatinées, Datiscées, Francoacées, Philadelphées, et les plan- ches 64, 67, 73, 86, 100, 103, 104, 112. En ce moment une portion considérable de l’ouvrage de M. Payer est publiée. Elle comprend, en 380 pages, l'étude de 69 familles ou tribus, et l'explication détaillée des nombreuses planches qui leur sont consacrées. Aujourd’hui tout donne lieu d'espérer que le travail entier sera bientôt entre les mains des savants. Nous regrettons que la nature même de ce travail ne nous permette pas d'en mettre une analyse sous les yeux des lecteurs du Bulletin ; mais les écrits relatifs à l'organogénie florale consistant forcément en un grand nombre de détails minutieux, il n’est guère possible de les ana- lyser sans les reproduire à peu près textuellement. D'un autre côté, M. Payer paraît avoir réservé pour la fin de sa publication les résultats généraux qui découlent de ses nombreuses observations, et il serait au moins imprudent d'essayer de le précéder dans la marche logique qu'il s’est tracée. Tout ce qne nous pouvons faire ici, c’est de donner par ordre alphabétique le relevé des familles et tribus dont l’organogénie florale a déjà été décrite dans le texte des huit livraisons publiées jusqu'à ce jour, en indiquant pour cha- cune la livraison qui renferme son histoire organogénique. Les nombres ajoutés au chiffre de la livraison indiqueront les planches. Il est presque inutile d'avertir que les familles dont le nom sera suivi d'un seul chiffre sont celles dont les figures n’ont pas encore été publiées. Une seconde liste indiquera les familles dont M. Payer a publié les figures sans le texte; car, Sans doute par suite des nécessités de la gravure, le texte et les planches ne se correspondent pas toujours dans l’ordre de publication. h04 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Acerinees, 3-27; Amarantacées, 7-67; Ampélidées, 4-34; Auacardiées, 9-19 et 20; Aurantiacées, 3-25; Balsaminées, 2-17; Basellacées, 7; Ber- béridées, 6; Cactées, 8; Cannabinées, 6-64; Capparidées, 5-41, 42, 43; Caryophyllées, 8-71, 73; Cédrélacées, 3; Célastrinées, 4-36, Chénopo- dées, 7-66; Cistinées, 1-3; Coriariées, 2-10 ; Crassulacées, 8-79; Cruci- fères, 5-44 ; Datiscées, 8; Dilléniacées, 5-51; Diosmées, 3-21 et 24; Dro- séracées, 4-38 et 39 ; Élatinées, 8; Ficoïdes, 8; Francoacées, 8; Franké- niacées, 5-33; Fumariacées, 5-49 et 50; Géraniacées, 2-12 et 13; Hélictérées, 1; Hermanniées, 1-9 ; Hippocastanées, 3-28 ; Hippocratéacées, k-35; Hypéricinées, 1-4 et 2; Lasiopétalées, 1-9 ; Limnanthées, 2-10 ; Linées, 2-13 ; Malpighiacées, 4-23 ; Malvacées, 1-6, 7, 8 ; Méliacées, 3- 26 ; Mélianthées, 2-18 ; Ménispermées, 6; Morées, 6-61; Nitrariées, 3-26; Nyctaginées, 6-62 ; Nymphéacées, 6-59 ; Oxalidées, 2-11 ; Papavéracées, 5-45, 46, 47, A8 ; Paronychiées, 8 ; Philadelphées, 8 ; Phytolacées, 7-63 ; Pittosporées, 4-34 ; Polygalées, 3-31; Polygonées, 6-64, 65 ; Portulacées, 7-68; Résédacées, 5-39, 40 ; Renonculacées, 6-54, 55, 56, 57, 58 ; Ruta- cées, 2-15 ; Sapindacées, 4-32 ; Staphyléacées, 4-36 ; Tamariscinées, 1-5; Tiliacées, 1-4 et 5; Tétragoniées, 8 ; Trémandrées, 3-29, 30 ; Tropéolées, 2-16 ; Urticées, 6-60 ; Violariées, 4-37 ; Xanthoxylées, 3-24 ; Zygophyl- lées, 2-14, 23, 24. Familles et tribus dont les figures seules ont été publiées : Adoxées, pl. 86; Agrimonées et Alchémillées, pl. 101; Apocynées, pl. 116 ; Aspa- raginées, pl. 436; Borraginées, pl. 112 ; Cornées, pl. 86; Dryadées, pl. 100 ; Orchidées, pl. 142 ; Papilionacées, pl. 104; Pomacées, pl. 402 ; Pteleacées, pl. 24; Rosées, pl. 100; Sambucées, pl. 86; Sanguisorbées, pl. 103 ; Spiréacées, pl. 102. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Flora von Niederhessen und Muenden (7/ore de la Basse- Hesse et de Muenden, description de toutes les plantes qui s'y trouvent spontanées et cultivées en grand), par le docteur Louis Pfeiffer ; 2° vol., in-18 de XIII et 252 pages. Cassel, 1855, chez Théod. Fischer. Ce second volume de l'ouvrage de M. Pfeiffer ne succède au premier, qui comprenait les Dicotylédons, qu'après un intervalle de sept années. L’anteur, quoique en ayant à peu près terminé la rédaction depuis long- temps, n’a pu le livrer plus tôt à l'impression, à cause de l'affaiblissement de sa vue amené par une étude à la loupe trop longtemps continuée des Gra- minées, des Mousses, ete. La partie qu'il vient de publier est consacrée aux Monocotylédons, aux Fougères, aux Mousses et aux Hépatiques, et elle com- prend depuis le genre 395 et l'espèce 985 jusqu'au genre 591 et à l'espèce 41641. Elle est écrite entièrement en allemand. Pour les Monocotylédons et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h05 les Acotylédons vasculaires, l'auteur donne les caractères des genres, la diagnose des espèces, le nom des auteurs sans l'indication de leurs ouvrages et sans synonymie, ou seulement avec les synonymes les plus importants, enfin les localités. Pour les Mousses et les Hépatiques, il donne les carac- tères des genres et seulement les noms (avec une synonymie plus complète) sans diagnose, mais avec des détails sur l'habitat des espèces. A la suite d'une courte préface, M. Pfeiffer reproduit une note sur les Ormes de l'Allemagne, qu'il avait présentée en 4849 à la réunion des natu- ralistes à Cassel. Zur Flora der Bukovina (Additions à la Flore de la Bukovine), par M. Herbich (Oesterreichisches botanisches Wochenblatt, nè 23 et 24. 7 et 14 juin 14855.) Le docteur F. Herbisch, médecin militaire, vient de publier la descrip- tion de 150 espèces nouvelles ou rares de la Bukovine. Voici les noms de ces espèces nouvelles décrites par lui : Botryanthus stereophyllus. Potentilla patens. Alyssum decumbens. Hesperis umbrosa. Erysimum pallescens. Orobus subalpinus. Vicia rigida. Cirsium sessiliflorum ; C. lampophyllum. Erigeron macrophyllus. Anthemis hemisphærica. Flora Baicalensi-Dahurien, seu descriptio plantarum in regio- nibus cis et transbaicalensibus atque in Dahuria sponte nascentium, auc- tore Nicolao Turezaninow (Bull. de la Soc. impér. des natur. de Moscou, 1854, 2° cah., pag. 343-422). Cette partie de la Flore, déjà commencée, par M. Turczaninow, comprend les familles suivantes : Empétrées; Euphorbiacées ; Urticacées ; Cannabi- nées; Ulmacées ; Salicinées ; Bétulacées ; Cupulifères ; Abiétinées; Cupres- sinées ; Gnétacées. Voici le relevé des espèces nouvelles dont elle renferme la description : Salix microlepis (sect. Fragiles, Koch), S. chlorostachya (sect. Amyg- daline, Koch), S. fumosa, Turez. pl. exsie. (S. phylicifolia B majalis, Ledeb.) (sect, Capreæ, Koch), S. brevijulis (sect. Frigidæ, Trantv.); Ephedra Dahurica. Plantæ novæ horti Bogoriensis (Buitenzorg) in insula Java; auctoribus J.-E. Teijsmann et S. Binnendijk (Nederlandsch kruidk. Archief., WA, h° cah.; 1855, pag. 391-413). Voici le relevé des espèces dont la description compose ce Memoire : Zingibéracées : Kaempferia undulata; sans localité. Elettaria anthodioi- des; de Tapos. Donacodes villosa; mont Salak. — Celtidées ; Sponia h06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. strychnifolia ; de Bantam. — Apocynacées : Beaumontia multiflora; de Bantam. — Asclépiadées : Hoya Motoskei; du Japon. — Ménispermacées : Cocculus lucidus ; de Bantam. — Anonacées : Uvaria multiflora ; de Ban- tam. U. acuta ; des montagnes de Buitenzorg. — Clusiacées : Calophyl- lum lanceolatum ; sur le mont Duizend. — Orchidées ; Pholidota membra- nacea ; sur les arbres des environs de Buitenzorg. Cœlogyne Croockewetii; sur les arbres au mont Salak. Bolbophyllum membranaceum ; sur les arbres au mont Salak. B. biflorum; même localité. Cirrhopetalum carinatum ; sur les arbres du mont Salak. Dendrobium carnosum ; même localité. D. mar- ginatum ; sans localité. D. ochroleucum ; sur les arbres au mont Salak. D. intermedium; même localité. D. Lobbii; Singapore ; envoyé par Th. Lobb. D. unguiculatum ; sur les arbres au mont Salak. Appendicula mem- branacea ; sur les troncs au mont Salak. Arundina pulchella; importé de Chine. Trichotosia ciliata; sur les arbres au mont Salak. Tœnia fimbriata; terrestre, au mont Salak. Plocoglottis fimbriata ; terrestre, au mont Salak. Trichoglottis cirrhifera; même localité, Vanda pusilla ; sans localité. Clei- sostoma amabile; mont Salak. C. longifolia; avec le précédent. — Morées : Ficus asperrima ; près de Buitenzorg. — Rubiacées : Pavetta subulata ; de Buitenzorg. Gardenia Schæmanuii ; de Bantam. G. curvata ; de Bantam. — Oléacées : Linociera rostrata; de Buitenzorg. — Apocynacées : Rauwolfia reflexa ; hab.? — Ebénacées : Diospyros aurea; de Bantam. D. laxa; du mont Salak. —Anonacées : Uvaria concava ; Sumatra. — Ternstræmiacées : Ternstræmia gedehensis; mont Gedek. — Celtidées ; Sponia annulata; du mont Duizend. — Samydées: Casearia odorata; près de Buitenzorg. C. angustata; Buitenzorg. — Méliacées ; Aglaia inequale; mont Duizend. — Sapindacées : Nephelium altissimum; localité précédente. — Lytra- riées : Lagerstræmia ovalifolia; de Bantam. — Myrtacées : Syncarpia? Vertholenii; d'Amboine. Barringtonia Vriesei; de Bantam. — Amygda- lées ; Pygeum parviflorum; Buitenzorg. Cerasus javanica ; Buitenzorg. — Rafflésiacées : Rafflesia Rochussenii ; forêts épaisses à Manellawang. Recensio generis Graminearum Zoysia auctore Carolo Mueller (Botan. Zeit. du 20 avril 4855, n° 16, col. 265-273). L'auteur dit que, malgré la publication récente du Synopsis des Gra- minées de M. Steudel, il reste encore considérablement à faire sur cette famille. ĮI adresse de plus à cet ouvrage le reproche que lui semblent mériter également un grand nombre de monographies, c’est de n'avoir pas tenu suffisamment compte de la géographie botanique et de n'être pas basé sur de bonnes analyses faites avec le secours du microscope. Afin de montrer l'importance de ces lacunes et en même temps l'absolue nécessité d’une base géographique et analytique pour l’histoire des Graminées, il a REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h07 choisi d’abord l'un des genres les plus petits et les plus tranchés de la famille, le genre Zoysia, Willd., pour en faire la monographie. L'étude des Graminées a été depuis longtemps, dit-il, son étude favorite, et il a, pour s’en occuper avec fruit, beaucoup d'avantage comme possesseur du riche herbier de Sprengel, « le plus célèbre des agrostographes, » qui ren- ferme un grand nombre d'échantillons types, et auquel il a lui-même beaucoup ajouté. M. Steudel décrit trois espèces de Zoysia : Z. pungens, Willd.; Z. tenui- folia, Willd.; et Z. Japonica, Steud. L'examen auquel se livre M. Ch. Mueller le conduit à en admettre cing, dont voici l'indication : 4° Zoysia pungens, Willd., Indes orientales; 2° Z. aristata, C. Muel., n. sp. (Z. pun- gens, Auct.), Java; 3° Z. Brownii, C. Muel., n. sp. (Z. pungens, R. Br., Prod.), Nouv.-Hollan., à Port-Jackson; 4° Z. Griffithiana, C. Muel., n. sp., Ind. orient., à Serampore (Griffith); 5° Z. sedoides, C. Muel., n. sp. (Z. pungens, R. Br., in Hb. Sprengel), Nouv.-Holl., à Port-Jackson. Traité général des conifères, ou Description de toutes les espèces et variétés aujourd’hui connues, avec leur synonymie, l'indication des procédés de culture et de multiplication qu’il convient de leur appliquer, par M. Elie-Abel Carrière. 4 vol. in-8° de XV et 656 pages. Paris, 1855, chez l'auteur, rue de Buffon, 53, et dans les principales librairies agricoles. ' Ce livre est le fruit d'études poursuivies pendant plusieurs années. Chargé de la direction des pépinières du Jardin des plantes de Paris, M. Carrière vit, peut-on dire, depuis longtemps au milieu des Conifères. Il a pu, en raison de cette position spéciale, acquérir une connaissance approfondie de ces végétaux dont l'utilité égale la beauté, mais dont l’histoire complète était à faire, et sur lesquels il n'existait encore dans notre langue aucun travail tant soit peu complet. Voulant réunir dans son livre les descriptions de toutes les espèces et va- riétés de Conifères aujourd'hui connues, M. Carrière a pris pour base le Synopsis d'Endlicher, le plus complet des travaux qui aient été publiés sur ce grand groupe naturel. Il en a même adopté la forme typographique. Seulement d’un Synopsis, dans lequel la partie que le savant auteur avait traitée avec le plus de soin et de développements était la synonymie, dans lequel d'ailleurs il manquait un assez grand nombre d'espèces aujourd’hui connues, il a fait un vrai travail monographique où chaque espèce est ca- ractérisée non-seulement par une diagnose, mais encore par une description et dans lequel ont trouvé place plusieurs espèces soit négligées par Endli- cher, soit décrites depuis la publication de son livre. M. Carrière nes est donc pas contenté de traduire le Synopsis d'Endlicher; il l'a complété et l'a h08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. modifié à certains égards. Une des modifications opérées par lui, sur laquelle nous n'avons pas à exprimer ici une opinion, consiste dans la circonserip- tion des genres. Endlicher les entendait dans le sens large de Linné, de Lam- bert, etc.; M. Carrière les admet avec les divisions de Link, de Don, de Loudon, etc. Ainsi, dans Endlicher, le genre Pinus Lin. présentait plusieurs sections sous le nom de Tsuga, Abies, Picea, Larix, Cedrus, Cembra, Stro- bus, Pseudo-Strobus, Tæda, Pinaster, Pinea. Dans le Traité général, les cinq premières de ces sections sont admises comme genres distincts, con- formément aux idées de Link, pour quatre d'entre elles, tandis que les six autres restent comme de simples sections du genre Pinus. Il ne sera pas sans intérêt de présenter ici le relevé général des ordres, sous-ordres, genres et espèces admis dans le Traité général des Conifères, de M. Carrière. Ce relevé sera en même temps celui de ce grand groupe lui-mème, dans l’état actuel de nos connaissances. Ordre I. CUPRESSINÉES. § 1. Junipérinées : Juniperus, L. = 47 esp. — $ 2. Microcacrydées : Microcachrys, Hook. fil. —1 esp.—$ 3. Acéinos- trobées : Widdringtonia, Endl. — 5 esp.; Frenela, Mirb. — 17 esp.; Acti- nostrobus, Miq. = 1 esp.; Callitris, Vent, — 4 esp.; Libocedrus, Endl. = 3 esp. — § 4. Thuiopsidées : Biota, Don —3 esp.; Thuia, Lin. = 5 esp.; Fitz-Roya, Hook. fil. —1 esp.; Thuiopsis, Sieb. et Zucc.—2 esp. —$ 5. Cu- pressinées vraies : Chamæcyparis, Spach. = 8 esp.; Cupressus, Tourn. = 16 esp.—$6. Taxodinées : Taxodium, Rich.—4 esp. ; Glyptostrobus, Endl. = 2 esp.; Cryptomeria, Don = 1 esp. Sous-ordre SEQuOIÉEs. — $ 4. Séquoiées vraies: Arthrotaxis, Don = 3 esp.; Sequoia, Endl. =2 esp.; Cunninghamia, R. Br.—1 esp. —§ 2. Scia- dopitées : Sciadopitys, Sieb. et Zuce. = 1 esp. Ordre I]. ABIÉTINÉES. Section A. Tsuga, Carrière — 4 esp.; Abies, Link — 29 esp.; Picea, Link — 15 esp.; Larix, Link — 8 esp.; Cedrus, Link = 3 esp.—Sect. B. Pinus, Lin. — 97 esp. Sous-ordre ARAUCARIÉES : Araucaria, Juss.— 6 esp.; Dammara Rumph. = h esp. Ordre II. PODOCARPÉES : Podocarpus, L'Hérit.=47 esp.; Saxe-G0- thæa, Lindi. — 4 esp.; Dacrydium, Soland. — 6 esp. OrdreįIV. TAXINÉES: Phyllocladus, Le C. Rich.—5 esp.; Salisburia, Smith== 1 esp.; Cephalotaxus, Sieb. et Zucc. — 4 esp.; Torreya, Arnott= 3 esp.; Taxus, Tourn. — 6 esp. Ordre V. GNÉTACÉES : Gnetum, Lin. — 42 esp.; Ephedra, Tourn. — 22 esp. Ce tableau montre que le grand groupe des Conifères comprend aujour- d'hui, d'après le livre de M. Carrière, 5 ordres, 38 genres et 397 espèces. L'histoire botanique de ces nombreux végétaux forme la première partie de l'ouvrage qui s'étend jusqu’à la page 563. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 409 La deuxième partie, qui s'étend de la page 567 à la page 632, est inti- tulée: Culture et multiplication des Conifères. La longue expérience de l'auteur donne à cette partie de son livre un intérêt particulier ; mais, outre qu’elle n’est nullement susceptible d'analyse, elle sort entièrement du domaine de la botanique pour entrer dans ceux de la sylviculture et de l'horticulture. Aussi nous contenterons-nous d'en indiquer la division. Les instructions qu'elle renferme sont divisées en quatre chapitres dont voici les titres: Chap. I: Des divers modes de multiplication des Conifères. — Chap. IL : Coup d'œil général sur les genres, au point de vue de la multi- plication. — Chap. 1I : Observations et procédés divers. — Chap. IV : Im- portance du choix des porte-graines. Époque à laquelle il convient de récolter les graines. Préparations diverses qu'il faut leur faire subir. Durée approximative du temps pendant lequel elles conservent leur faculté ger- minative. Conservation des graines. Temps nécessaire à leur germi- nation. Une table synonymique des espèces et des variétés, faite avec un soin particulier, et dans laquelle des caractères typographiques différents font ressortir et distinguer instantanément les ordres, les sous-ordres, les genres, les espèces, les variétés et les synonymes, enfin une table des opérations re- latives à la culture des Conifères, terminent cet ouvrage dans lequel toutes les parties témoignent du soin consciencieux apporté par l’auteur à sa ré- daction. Beitrag zur Natur und literner Geschichte der Agaveen (Note sur l'histoire naturelle et littéraire des Agavées), par M. de Mar- tius. (Gelehrte Anzeigen., Munich, 1855, n 44-51; tirage à part en broch. in-A° de 26 pages.) Ce mémoire de M. de Martius a de l'intérêt surtout au point de vue his- torique. L'espèce sur laquelle le savant botaniste de Munich a dirigé spécia- lement ses recherches est l' Agave americana, L., le Maguey des Américains, qui a été importée la première en Europe, où elle est bientôt devenue com- mune, et qui d'ailleurs est d'une utilité majeure dans les pays d'où elle est originaire. Seulement il fait observer qu'il est très difficile de reconnaitre dans les écrits anciens ce qui se rapporte à cette espèce et ce qui est relatif à ses congénères. La première mention qui parait se rapporter à cette plante se trouve dans Petrus Martyr, dont le livre est daté de 1516. Oviedo ne parle pas du Maguey dans la premiére édition de sa Coronica où Historia general de las Indias (1516), mais bien daus une note manuscrite qui a été imprimée dans l'édition récgnte de son ouvrage. Seulement le Maguey dont il parle n'est pas l’ Agave americana, mais peut-être V Agave vivipara. M parait prouvé ‘)s T. If, 28 h40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par ces anciens écrits que l Agave americana était encore inconnu dans les Antilles au commencement du xvi° siècle. C’est ce que confirme aussi J'ouvrage de Lopez de Gomara (1552-53), dans lequel cette plante est men- tionnée sous le nom américain de Metl, et dans lequel se trouve déjà rap- porté le procédé pour en obtenir la séve qui, fermentée, constitue le pulque, boisson favorite des Mexicains. Après l'introduction de l Agave en Europe, Je premier botaniste qui en ait eu connaissance est Cortusus ; mais le pre- mier qui l’a décrit et figuré (1576) est Clusius, qui lui a donné le nom d’Aloe, sous lequel il est encore connu vulgairement. — La première floraison de ce végétal en Europe eut lieu à Pise en 1583, d’après Césalpin, dans le jardin de l'évêque Tornaboni. Dès 1586, Camerarius indiquait l'espèce comme assez répandue dans les jardins. En 1670, le docteur Sachs de Lewenheim publia la liste de dix-huit floraisons qui avaient eu lieu en Europe depuis 1586. Après avoir complété son exposé historique, M. de Martius décrit en détail l'opération par laquelle on obtient au Mexique la séve de l'Agave (Agua-miel) pour en obtenir, au moyen de la fermentation, le pulque. Il indique l’extrême abondance de cet écoulement qui peut s'élever jusqu'à 4100 litres pour un seul pied. Il signale la forte sécrétion de nectar qui a lieu dans cette espèce et dans ses congénères. Il présente des considérations détaillées sur la forte production de matière sucrée et d’autres substances qui distinguent ces plantes, ainsi que plusieurs autres Monocotyledons, sur la rapidité extrême avec laquelle se développe la hampe des Agave et sur la hauteur considérable qu'elle acquiert, sur le nombre immense de fleurs qu'une seule hampe peut porter et qu'on a vu s'élever; à 44,264 d'où il calcule que celle sur laquelle on a observé ce dernier nombre avait déve- loppé 242,589 feuilles, soit bractées, soit folioles du périanthe. Le savant auteur expose la distribution géographique des Agavées, en grande majorité américaines, et dont le centre se trouve sur le continent, entre le tropique du Cancer et le 15° degré de latitude N., pays d'où l'on counait au moins quarante espèces de ce groupe. L'Agave americana en par- ticulier habite au Mexique une zone de 7000 à 9000 pieds d'altitude, où la température moyenne annuelle est d'environ 16 degrés centigrades. Il est cultivé tres en grand pour la fabrication du pulque et pour ses fibres tex- tiles. Le mémoire se termine par le tableau détaillé de la distribution actuelle de cette plante en Europe. Die Bestimmung der Gartenpflianzen, etc. | Détermination des plantes des jardins par voie systématique, guide pour trouver faci- lement et sürement les caractères distinctifs des principaux végétaur cultivés dans les jardins, les serres et Les parcs, avec indication de l'au- teur, de la durée, de la culture comprise dans la table alphabétique, 0U- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ll vrage destiné aux botanistes, aux jardiniers et aux amateurs d’horticul- ture}, par M. Ernst Berger, 1 gr. in-8° de X et 682 pag. Erlangen, 4855, chez .-J. Palm et Ernst-Knke. Le titre développé de cet ouvrage dit assez quel en est l’objet. L'auteur, qui est mort pendant l'impression de son livre, s'était proposé de faciliter Ja détermination des espèces cultivées dans les jardins de l’ Allemagne, et, en outre, de réunir des indications suffisantes pour l'étude de ces espèces dont les descriptions sont disséminces dans une multitude d'ouvrages de luxe et de journaux, que leur rareté ou leur prix élevé met, pour la plupart, hors de la portée des personnes qui auraient le plus d'intérêt à les consulter. Le moyen adopté par lui pour arriver au résultat qu’il se proposait a été de rédiger une méthode analytique, dont les divisions et subdivisions com- prennent, à la suite du caractère particulier qui sert à déterminer la dicho- tomie, la caractéristique développée des genres et la diagnose des espèces. Seulement il a suivi deux méthodes différentes, selon qu'il s’agit de la dé- termination des genres ou de celle des espèces. Pour les genres, il a tracé sa méthode analytique d’après le système de Linné, tandis que, pour les espèces, il a adopté la méthode naturelle. TI résulte de ces deux marches différentes que les familles ne figurent nullement dans la portion du livre consacrée à la détermination des genres ; qu’elles sont simplement indiquées par leur nom dans celle qui a pour but de faciliter la détermination des es- pèces, et que leurs caractères sont ainsi complétement omis, ainsi que ceux des tribus.—La partie relative aux Fougères a été rédigée par le professeur docteur Sehnizlein. -— Une table alphabétique bien faite termine l'ouvrage et comprend, outre le nom de chaque plante et celui de l’auteur qui l’a nommée, le signe de la durée, l'indication de la patrie, et une lettre qui in- dique si l'espèce est de pleine terre, d'orangerie ou de serre. M. Berger a dû faire un choix parmi les espèces en très grand nombre qui figurent aujourd'hui dans les jardins. II a limité son travail à celles qu'on rencontre ordinairement dans les jardins, les parcs et les serres, et il y a ajoute les plus remarquables ou les plus célèbres d’entre les espèces rares. Son livre comprend néanmoins 4182 genres et 4747 espèces, parmi lesquelles se trouvent 236 Fougères et I ycopodiacées. Neue Liehenen aus dem bayerisehen Gebirge (Nouveaux Lichens des montagnes de la Bavière), par M. A. V. Krempelhüber, de Munich. (Flora du 7 février 1855, p. 65-74.) Voici les noms des espèces nommées et décrites par l'auteur: 1. Endo- carpon dædaleum. 2. Polyblastia (Massal.) Sendtneri, 5. Verrucaria per- Sonata, 4, V. Waltheri. 5. Acrocordia (Massal.) galbana. 6. Lecidea distans, T. Biatorina (Massal.) Arnoldi. 8. Graphis Massalongi. h12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Géographie botanique raisonnée, ou Exposition des faits principaux et des lois concernant la distribution géographique des plantes de l’époque actuelle, par M. Alph. De Candolle. Paris, 1855, in-8 de XXXII et 1366 pages, avec deux cartes. Victor Masson (tome IT, p. 607-1366). Le chapitre VIH est relatif aux changements qui s'opèrent dans l'habi- tation des espèces. Sa première section est consacrée aux naturalisations. M. De Candolle distingue avec raison différents degrés de naturalisation. Une espèce est naturalisée lorsque, n’existant pas d'abord dans un pays, elle s’y trouve ensuite avec tous les caractères des piautes spontanées indi- gènes. Elle est seulement passagère ou adventive, si elle ne peut se conserver pendant quelque temps que grâce à des importations renouvelées, ou par la succession fortuite de plusieurs années favorables. Si, une fois plantée dans un lieu, elle ne s’y propage que par des racines, elle appartient à une catégorie intermédiaire aux deux premières : ce sont alors les individus qui sont naturalisés plutôt que l'espèce. Enfin les plantes des stations artifi- cielles, comme les champs, les jardins, les murs, les décombres, etc., sont généralement cultivées sans la volonté de l’homme et non réellement natu- ralisées. Quant aux acclimatations, elles sont, comme l'a dit Dupetit- Thouars, une douce chimère de la culture. Les naturalisations peuvent se faire à petite et à grande distance, et par divers moyens de trans- port que l'auteur examine en détail. Il est à remarquer, dit-il, que les causes naturelles de transport sont plus nombreuses dans le sens du nord au midi que du midi au nord, et qu’elles sont rares dans le sens de la latitude, qui est pourtant celui de l'extension ordinaire des es- pèces. L'influence de l’homme, de ses cultures, ete., est très puissante, et elle agit soit en modifiant l’état des terrains, soit en répandant une multitude de graines avec celles des espèces cultivées, soit en introdui- sant dans les jardins un grand nombre d'espèces qui peuvent ensuite se pro- pager au dehors. Après avoir examiné les preuves et les indices istori- ques, linguistiques et botaniques de naturalisation, M. De Candolle entre dans l'examen détaillé des faits. TI porte d'abord son attention sur les nalu- ralisations opérées à petite distance, et il recherche les exemples de celles qui ont eu lieu soit en dedans, soit en dehors des limites de l'espèce. Celles qui ont eu lieu au delà d'un bras de mer sont déterminées avec beaucoup de soin dans une étude détaillée de la flore actuelle de l'Angleterre. Le ré- sultat de cet examen est que le nombre total des espèces complétement na- turalisées hors des cultures, dans la Grande-Bretagne, n’est que de 83, SUr REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h43 lesquelles 10 sont venues de l'Amérique du Nord, et 73 d'Europe, ou, par celle-ci, d'Afrique ou d'Asie ; 23 de ces dernières manquent dans les par- ties du continent voisines de l'Angleterre, et ne peuvent avoir été transpor- tées que par l’homme. Sur ce nombre, il n’y a qu’une légumineuse (Ononis reclinata). L'auteur s’en étonne, parce que les graines de cette famille se conservent bien, même, dit-il, dans l’eau de mer. Nous ferons observer que les expériences récentes de M. Ch. Darwin ont prouvé, au contraire, que les graines de cette famille sont des plus sensibles à l’action de l'eau salée. Une lettre de M. Gussone indique, pour la Sicile, des fails analogues à ceux qu'offre la Grande-Bretagne, et elle achève de montrer que les transports de plantes au travers d'un bras de mer, quelque petit qu'il soit, par des causes naturelles, sont infiniment rares. Pour les naturalisations à grandes distances, M. De Candolle en étudie des exemples bien constatés : 1° en Europe, 2 aux États-Unis, 3° dans les régions intertropicales où voisines des tropiques. Il présente ensuite le tableau développé des espèces naturali- sées en Europe, depuis la découverte de l'Amérique. Cette étude approfondie lai donne, pour l'Europe, 64 espèces, dont 49 venues du nouveau monde (37 des États-Unis), 10 de l'ancien, 2 de l’ Amérique du Nord et de la Sibérie à la fois, enfin 3 d'origine incertaine. Ces naturalisations sont toutes dues à une influence connue ou très probable, directe ou indirecte de l'homme. Uneétude semblable sur les espèces naturalisées dans le Canada et dans les États-Unis, entre le Mississipi et l'Atlantique, montre dans ces pays 184 naturalisations sur lesquelles 19 mal établies. Sur ce nombre, 172 espèces sont venues d'Europe, et 12 seulement d’autres pays. Toutes ont été transportées par l'homme, volontairement ou involontairement. Quant aux espèces intertro- picales, qui ont été transportées d’un continent à l’autre, M. De Candolle recherche les causes de transport qui ont pu en amener la naturalisation, et il présente ensuite le tableau circonstancié : 1° des espèces passées pro- bablement d'un monde à l'autre, et communes aujourd’hui à l'Asie, l'Afrique et l’ Amérique; 2° de celles qui ont subi probablement des transports ana- logues, mais qui manquent en Asie ou en Australie; 3° de celles actuelle- ment communes à l'Amérique et à l'Asie ou aux iles du grand Ocean , pro- bablement par suite de transports. Il présente les résultats de ces études dans une liste, dans laquelle il distingue les différentes catégories d'espèces d'après leur origine et d'après la partie du monde où elles se sont natura- lisées. Il arrive enfin à conclure que l'ancien monde a reçu plus d'espèces du nouveau que celui-ci du premier ; que le chiffre des espèces naturalisées de part et d'autre est insignifiant, eu égard à la richesse des flores de ces contrées; que le transport de ces plantes, dù à peu près entièrement à l’homme, a été de sa part plutôt involontaire que volontaire ; que, dans leur nouvelle patrie, elles se sont propagées sur une étendue considerable, Par opposition aux faits précédents, un artiele relatif aux naturalisations man- håh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quées montre qu'en Europe les essais de naturalisation échouent très sou- vent, mais qu'il n’en est probablement pas de même dans les pays nouvel- lement colonisés. La deuxième section du chapitre VHI est relative au retrait des limites d'espèces. Diverses espèces deviennent rares, ct parfois la destruction de leurs stations amène forcément le retrait de leurs limites. Mais M. De Can- dolle dit que cet effet doit être assez lent et moins fréquent qu'on ne le pense. Il n’a pu, du reste, faire le relevé des disparitions d'espèces, les documents précis manquant à ce sujet. Le chapitre IX est relatif à l'origine géographique des espèces cultivées. Sa première partie n’oceupe pas moins de 182 pages, et elle formerait seule un ouvrage important. Faute d'espace, nous nous contenterons d'en repro- duire, en les réduisant aux espèces de nos cultures, les tableaux qui la ter- minent et qui en sont le résumé. I. Espèces cultivées connues à l'état sauvage. — 4. /ietrouvées sau- vages, bien spontanées. — Solanum tuberosum, L. Brassica campestris, L. (et B. Rapa); B. Napus, L. Raphanus sativus, L. Daucus Carota, L. Pas- tinaca sativa, L. Campanula Rapunculus, L. Allium sativum, L. Rubia tinctorum, L. Cannabis sativa, L. Medicago sativa, L. Onobrychis sativa, L. Trifolium pratense, L. Brassica oleracea, L. Cichorium Entybus, L. Cich. Endivia, L. Rumex Patientia, L. R. acetosus, L. Allium Cepa, L. Morus alba, L. M. nigra, L. Humulus Lupulus, L. Crocus sativus, L. Vitis vini- fera, L. Fragaria Vesca, L. Rubus idæus, L. Prunus avium, L. P. Cera- sus, l. P. domestica, L. P. insititia, L. P. armeniaca, L. Amygdalus communis, L. Pyrus communis, L. P. Malus, L. Cydonia vulgaris, L. Punica Granatum, L. Cucumis Melo, L. Ribes rubrum, L. Olea europæa, L. Triticum vulgare, L. T. Spelta, L. Hordeum distichon, L. Oryza sa- tiva, L. Polygonum tataricum, L. Lupinus albus, L. Pisum arvense, L. P. sativum, L. Lathyrus sativus, L. Lath. Cicera, L. Vicia sativa, L. Ca- melina sativa, Crantz. Juglans regia, L. b. Retrouvées dans un état qui parait sauvage, sans véritable certitude, existant sous la forme de plantes cultivées. — Linum usitatissimum, L. Spinacia oleracea, L. Persica vulgaris, Mill. Avena sativa, L. Triticum monococcum, 1. Secale cereale, L. Polygonum Fagopyrum, L. P. emargi- natum, Roth. Faba vulgaris, Moench. Ervum Lens, L. Cicer arietinum, L. Papaver somniferum, L. c. Retrouvées sauvages, mais avec quelques doutes sur l'identité. — Beta vulgaris, Moq. Lactuca Scariola sativa. Allium Porrum, L. (sous forme d'A. ampeloprasum). Ribes Grossularia, L. (sous forme de R. uva crispa). d. Retrouvées peut-être à l'état sauvage, mais douteuses à cet égard, el aussi quant à l'identité spécifique. — Ficus Carica, L. et sp. affines. Hor- deum vulgare, L. Zea Mays, L. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 15 e. Inconnues encore à l’état sauvage.— Batatas edulis, Choisy. Helian- thus tuberosus, L. Nicotiana Tabacum, L. N. rustica, L. Cucurbita maxima, Duch. Cucumis Citrullus, L. C. sativus, L. Solanum esculentum, Dun. Lycopersicum esculentum , Mill. Triticum turgidum, L. Hordeum hexastichon, L. Avena orientalis, Schreb. Phaseolus vulgaris, L. Arachis hypogæa, f.. f. Inconnues à l'état sauvage, mais étant peut-être des variétés ou des races obtenues duns les cultures. -— Persica levis, Mill. Allium ascaloni- cum, L. Cucurbita Melopepo. Avena nuda, L. g. Inconnues à l'état sauvage, mais mal définies comme espèces.— Cucur- hita Pepo, Duch. Milium, Sorghum, Phaseolus, Dolichos, Capsicum (di- verses espèces). Sur les 157 espèces désignées dans les tableaux de M. De Candolle, 33 sont originaires du nouveau monde, 124 ont leur origine dans l’ancien monde, où elles se distribuent de la manière suivante: 36 d'Europe, 33 de l'Asie septentrionale et occidentale, 40 de l'Asie méridionale et de l’Ar- chipel asiatique, 4 de l'Afrique. Les autres laissent des doutes quant à leur origine, ou même quant à leur entité spécifique, ou enfin elles appartiennent à la fois à deux des régions indiquées. Le chapitre X est relatif aux espèces disjointes, ou dont les individus sont divisés entre des pays séparés, sans avoir été transportés de l’un à l’autre. De nombreux exemples conduisent M. De Candolle à reconnaitre généralement, pour ces disjonetions d'espèces, des causes géologiques ou antérieures à celles qui agissent actuellement. Du reste, il montre aussi que les exemples de disjonctions bien positives sont en nombre très peu consi- dérable. Le chapitre XI a pour sujet l’état antérieur et l’origine probable des es- pèces spontanées actuelles. L'auteur, adoptant les idées d'Edouard Forbes, et les étendant à l’ensemble de la terre, montre d’abord que l'état actuel des espèces et du globe lui-même n'explique pas un certain nombre de faits de géographie botanique. Il expose les faits qui font entrevoir la possibilité et même la probabilité d'une existence fort ancienne de nos végétaux ac- tuels. Il recherche ensuite les changements qui ont pu s’opérer dans les es- pèces elles-mêmes, et, comme base nécessaire de cette recherche, il pose la notion même de l'espèce. La définition détaillée qu'il propose diffère peu de Celle que renferme la Théorie élémentaire (2° édit., p. 193), et le caractère Sur lequel elle s'appuie principalement est la ressemblance placée au-dessus des Caractères de succession. T! examine ensuite les changements que les Plantes subissent à l’époque actuelle, et qui donnent les variations, les mons- truosités, les variétés et les races. Comme résultat dernier de cet examen, il admet la possibilité de formes nouvelles, héréditaires, qui dériveraient des formes spécifiques actuelles, ou qui auraient dérivé depuis quelques mil- h46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. liers d'années de certaines espèces ; mais il établit que ces modifications se produisent très difficilement pour la majorité des espèces, surtout hors de l'influence de l’homme, et que leur propagation est très peu probable dans le cours naturel des choses. Toutes les questions relatives aux espèces, à leurs changements pendant le cours des siècles, à leur première répartition sur le globe, etc., sont traitées avec un soin particulier. Mais il nous semble impossible de résumer en quelques lignes les conséquences qui découlent de cette partie intéressante de l'ouvrage. Le chapitre XII traite, en peu de pages, de la situation géographique des genres, des limites et de la forme de leurs habitations. Le chapitre XIII, aussi peu étendu, est relatif à la distribution des plantes d'un genre dans son habitation. Le chapitre XIV s'occupe de l'aire ou surface de l’habita- tion des genres. Le chapitre XV est très court; il a pour titre : Origine et durée des genres; changements qui s'opèrent dans leurs habitations à l'époque actuelle. Enfin les quatre chapitres qui terminent le second livre traitent de ia situation géographique des familles, de leur aire, de la distri- bution des plantes qui les composent dans l’intérieur de leur habitation, des changements qui s’opèrent dans l'habitation des familles. Le livre ITI (p. 1163-1338) est intitulé : Géographie botanique, ou con- sidérations sur les diverses contrées de la terre, au point de vue de la vé- gétation qui les recouvre. Ce livre est rempli de détails d'un grand intérêt. Chapitre XX: Des caractères de végétation, considérés relativement aux classes, aux familles, aux genres et aux espèces, ainsi qu'au point de vue de leur valeur relative. Chapitre XXI : Comparaison de divers pays au point de vue de la proportion des espèces dicotylédones et monocotylédones. Cette comparaison prouve que l'humidité augmente la proportion des Monocotylédones et diminue celle des Dicotylédones. Chapitre XXI : Com- paraison de diverses terres au point de vue des familles les plus nombreuses en espèces. Chapitre XXIII: Comparaison de différents pays sous le rap- port des familles caractéristiques. Chapitre XXIV : De la variété des formes végétales dans divers pays et dans le monde entier. Nous trouvons ici : 40 un tableau du nombre connu et du nombre probable des espèces dans divers pays; 2° la preuve que le nombre des espèces, à surface égale, aug- mente des pôles à l'équateur; 3° l'indication de la richesse en espèces du nouveau monde comparativement à l’ancien ; 4° celle de l'infériorité numé- rique des espèces dans les îles éloignées des terres ; 5° l’évaluation hypothe- tique du nombre des espèces phanérogames existantes; ce nombre serait voisin de 250,000, même en conservant à l'espèce la valeur qui lui a été donnée par Linné; 6° celte du nombre des genres dans chaque pays et du rapport de ce nombre à celui des espèces ; 7° enfin celle du nombre des fa- milles comparé à celui des genres ct des espèces. Le chapitre XXV a pour objet la division des surfaces terrestres en régions naturelles. M. De Can- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 417 dolle qui, dans des ouvrages antérieurs, avait proposé une divisiou du globe en régions botaniques, non-seulement renonce aujourd’hui à cette division, mais encore, après avoir examiné celles toutes différentes que nous devons à A.-P. De Candolle, à Schouw, à MM. Grisebach, Lindley, ete., il déclare que toutes sont des systèmes artificiels en grande partie, qu'elles ont nui à la science, dont l'état actuel est loin de permettre une classification bota- nique des pays conforme aux principes de toute méthode naturelle. Le cha- pitre XXVI et dernier est un aperçu des végétations de divers pays au point de vue de l’origine possible de leurs espèces, de leurs genres et de leurs familles. Quant au livre IV, il résume, en deux pages, les conclusions les plus géneia |e: déduites de l'ouvrage entier, relatives surtout à la distinction des faits de géographie botanique qu’'expliquent des causes antérieures à l'état présent du globe, et de ceux dont peuvent rendre compte les circonstances actuelles. A l'exemple de son illustre père, M. De Candolle ajoute à son livre un appendice qui a pour objet d'indiquer les recherches par lesquelles les phy- siciens et les météorologistes, les géographes, les géologues, les botanistes physiologistes, les botanistes descripteurs, les voyageurs botanistes, les fo- restiers, les philologues, pourraient contribuer aux progrès de la science a laquelle il vient d'élever lui-même un remarquable monument. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Museum of economie botany, etc. (Musée de botanique éconv- mique, ou Guide populaire pour l'étude des produits utiles et remarqua- bles du règne végétal qui composent le musée des jardins royaux de Kew), par sir W. J. Hooker. In-18 de 80 p. Londres, 1855. Longman, Brown, Green et Longmans. Ce petit livre est une preuve du soin avec lequel nos voisins d'outre-mer s'attachent à populariser les connaissances scientifiques. Un musée a été formé récemment au jardin de Kew, sous la dénomination de Musée de bo- tanique économique. Tous les produits utiles ou intéressants du règne vé- gétal y ont trouvé place et ont fourni aux industriels, comme aux artistes et aux savants, des sujets d'études d’un grand intérêt. Aussitôt, non content de publier dans son journal une série de notices sur les nombreux objets qui composent ce musée, le savant directeur du jardin de Kew a rédigé lui- même un catalogue indicatif et succinctement explicatif de cette nouvelle et utile collection. Ce catalogue est divisé par familles, et il correspond à la distribution des produits du règne végétal dans les salles où ils se trouvent etdans les vitrines qui les renferment. Une vue générale de l'intérieur de l'une h18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des salles du Musée de botanique économique et des figures intercalées dans le texte ajoutent à l'utilité et à l'intérêt de ce petit livre, que nous voudrions pouvoir considérer comme la table des matières anticipée d'un grand ou- vrage sur l'ensemble des produits utiles du règne végétal. Résine de l’ Algarobia. On a fait dernièrement, dans l’Arkansas, la découverte d’une résine qui peut faire concurrence à la gomme arabique. Cette substance provient du Mesquito ou Mezquite, ou Muskeet-tree (A/garobia glandulosa, Torr. et Gr., Mimosée) ; elle ressemble à la gomme arabique pour la couleur, le goût et la consistance. Elle exsude, à l'état demi-fluide, de l’écorce du tronc et des branches, et elle se concrète bientôt à l'air en morceaux de grosseurs diffé- rentes, dont le poids varie d’un grain à 3 ou 4 onces. Exposée au soleil, elle durcit; après quelque temps, elle devient tout à fait incolore, trans- parente, et elle se remplit de petites fissures. La plus pure est celle qui sort de l'écorce des branches. La quantité que chaque arbre en donne de lui- même varie d'une once jusqu'à 3 livres. Cependant, si l'on pratique des incisions, on obtient aisément le double de cette quantité Un homme exercé peut facilement en recueillir de 40 à 20 livres en un jour, et deux fois au- tant s’il fait des incisions aux arbres. La meilleure époque pour cette ré- colte est pendant les mois de juillet, août et septembre ; on en trouve la plus grande quantité à la fin d'août. On pourrait facilement, par un léger salaire, engager les Indiens qui errent dans ces plaines à recueillir cette substance. On doit la découverte de cette nouvelle matière commerciale au docteur Schumard, qui faisait partie, en qualité de médecin et de géologue, de l'expédition du capitaine Mercy vers les sources du grand Waschita et du Brazos. L'Algarobia glandulosa est l'un des arbres les plus communs dans la grande plaine située en deçà du Mississipi. (Das Ausland, art. reprod. dans la Botan. Zeit. du 17 août.) Fibres textiles de Atha rosea et du Triticum repens. M. J. Niven, de Perth (Grande-Bretagne) a réussi à obtenir de la Passerose (A/thæa rosea, Lin.), la matière d'un bon papier et de bon fil pour voiles et cordages. Il a pris un brevet pour l'exploitation de cette ma- tière. Le Bonplandia annonce, en outre, que, près de Stamford, on à fait avec succes des essais pour la fabrication du papier avec le Chiendent (Triticum repens, L.), et qu'il s'est déjà formé une puissante societe pour l'exploitation de cette nouvelle industrie. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h19 MÉLANGES. Note sur une coloration de la mer de Madagasear, due à une Algue microscopique, par le docteur Ch. Coquerel (Mémoires de la Société de biologie, pour 1854, 2° série, t. T, p. 105, pl. 1, fig. B, 1855). Pendant la saison humide ou hivernage, c'est-à-dire de décembre en mars, au moment des grands coups de vent, des grandes pluies et des fortes cha- leurs, une coloration en vert jaunâtre de la mer se développe sur le rivage, et elle est accompagnée d’une odeur singulière, qui rappelle celle produite par le mélange de farine de lin à de l’eau bouillante, En peu de jours, la colora- tion devient rose, puis rouge foncé, puis lie de vin, et en même temps l'odeur devient extrêmement âcre et cause une constriction très pénible de la gorge. Cette coloration de la mer est due à une algue, le 7richodesmium Montagnii, Ch. Coquerel. Cette Algue, remarquable par la facilité de sa décomposition, montre d’abord l’aplatissement du faisceau, puis la disjonction des filaments et la séparation des cellules. A ce moment, l’eau commence à se colorer en rose, et l'odeur âcre se développe de plus en plus. La plante elle-même ne colore pas l’eau de la mer, car elle devient incolore, mais c’est l'eau même qui l’environne qui prend la teinte rouge par une sorte de réaction sur les granules de chlorophylle qui tendent à disparaitre rapidement. Floraison de l’{snnherstia nobilis, en Angleterre. Cette magnifique Légumineuse vient de fleurir en Angleterre, dit le Jour- nal de la Société de Gand, pour la seconde fois depuis son introduction en Europe, qui est due, comme on sait, au duc de Devonshire. Sa première floraison avait eu lieu chez madame Lawrence, à Ealing, près de Londres ; celle-ci s’est présentée dans les serres de la marquise de Londonderry, à Wynyard. L'individu qui a fleuri n'existait à Wynyard que depuis 1852, et, lorsqu'il y fut apporté, il n'avait que 25 ou 30 centimètres de hauteur. Dans le court espace de deux ans et demi, il s’est développé à tel point, qu’il forme en ce moment un arbre haut de plus de 3 mètres. Il a produit cinq magnifiques grappes pendantes, longues de 55 à 60 centimètres, et dont chacune comprend dix-huit de ces fleurs dont la figure de Wallich (Plantæ asiat. rarior., 4, tab. 1) fait comprendre la merveilleuse beaute. — Au milieu du mois de juin dernier, un magnifique pied de Lilium giganteum était en fleur dans le jardin de M. W. Mueller, horticulteur- commerçant à Gotha. Sa tige s'élevait à 3 mètres 33 centimètres, et elle 420 SUCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. portait dix-sept fleurs qui exhalaient une odeur délicieuse. (Hamburg. Gar- ten-u. Blumenseit., juillet 1855.) Quatre pieds d'Agave americuna fleuris en même temps à Salcombe (Angleterre). Le Gardener's chronicle du 25 août 1855 annonce qu'il existe en ce moment en Angleterre, à Salcombe, près de Kingsbridge, dans le Devon méridional, quatre pieds d’Agave americana en fleur en même temps. Dans cette localité vraiment privilégiée, ces végétaux sont cultivés en pleine terre et sans aucune espèce d'abri. Déjà antérieurement on y a observé, de temps à autre, quelques floraisons; mais le fait actuel est beaucoup plus frappant que ceux qui l'ont précédé. Le premier Agave actuellement fleuri se trouve à Molt, résidence d’été de lord Turner. Au commencement de juillet, il avait donné quelques symptômes d'une floraison prochaine, et déjà, au 13 août, sa hampe s'élevait à 18 pieds anglais (5",670). Deux autres se trouvent dans un petit jardin appartenant à M. Henri Strong, habitant du village de Salcombe ; ils ont été plantés, l’un à la date de trente ans, l'autre à celle de vingt-sept ans. L’aceroissement en hauteur de leur hampe a été, en moyenne, de 5 ou 6 pouces par vingt-quatre heures. Ils s'élèvent en ce moment à 23 pieds (7",245), et ils paraissent devoir gagner encore À mètre ou 4 mètre 25 cent. de hauteur. Le quatrième pied se trouve dans le jardin de Cliff-House, résidence de M. Prideaux ; il a été planté à la date de vingt ans. Il se trouve sur une esplanade dont le niveau n’est que de quelques pieds au-dessus de celui de la haute mer; il est, ainsi que plusieurs autres, plantés près de lui, remarquable par la beauté de sa végétation, qu'on at- tribue au voisinage immédiat de la mer. L'auteur de l’article croit que Salcombe est le seul point de la Grande-Bretagne où l’ Agave fleurisse en plein air. Les jardins botaniques de Vienne (Autriche). Le jardin botanique de Schoenbrunn fut fondé en 1753 par l'empereur François I°", sur la proposition de van Swieten. Plusieurs voyages scienti- tiques furent faits aux frais de l'empereur dans le but de l'eurichir, et bien- tôt on put le classer au premier rang parmi ceux du continent. Presque à la même époque, pour compléter l’École de médecine établie par van Swieten, une chaire de botanique fut créée à l’université de Vienne, et le jardin botanique académique fut fondé en 1754. Celui-ci dut bientôt à l'ac- tivité infatigable des deux Jacquin des accroissements considérables qui l'élevèrent au niveau des jardins des autres universités. Un établissement d'un genre tout particulier, et qui mérite d’être reproduit ailleurs, est le jardin botanique impérial du Belvéder qui fut créé en 1793 par l'empereur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A21 François, sur Ía demande et sous la direction de Host, avec la destination spéciale de servir uniquement à la culture des plantes spontanées de la mo- parchie autrichienne. Enfin, dans sa communication faite à l’Union zoolo- gico-botanique, de laquelle sont extraites les indications précédentes, M. Neilreich mentionne encore le jardin botanique de l’Académie impériale Joséphine, celui de l’Académie Thérésienne, celui de l'Institut forestier de Mariabrunn, celui de l’Institut vétérinaire sur le Landstrasse, et celui d'agri- culture et d’horticulture qui a été créé sous le protectorat du grand-duc Jean. NOUVELLES. Une ordonnance impériale, en date de l’année 1843, avait attaché au jardin botanique de Pétersbourg un physiologiste qui recevait un traitement annuel de 1000 roubles d'argent (4000 francs). Sur la proposition du ministre des apanages, l’empereur vient d'ordonner que cette disposition ne serait plus mise à exécution, et que le traitement alloué depuis 1843 à un physiologiste servirait à rétribuer un collègue du directeur du jardin botanique. Ce nouveau fonctionnaire sera chargé de tout ce qui tient à l'administration et à la comptabilité du jardin botanique. Outre ces 1000 roubles, il recevra encore chaque année un supplément de 780 roubles (3120 francs) pris sur les excédants annuels des sommes qui forment le budget de l'établissement. — Le gouvernement anglais, malgré les immenses dépenses qu'amène la guerre avec la Russie, vient d'accorder des sommes considérables au jardin botanique de Kew. Ainsi, par exemple, il a alloué à cet établissement une somme de 1300 livres sterling (32,500 francs) pour la construction d'une serre spécialement affectée aux plantes des zones tempérées, et une somme de 3000 livres sterling (75,000 frances) pour Ja construction d'un musée de botanique économique. (Hamburg. Garten-u. Blumenseit., juillet 1855.) — Le docteur Jos. Dalton Hooker vient de recevoir du gouvernement anglais la juste récompense de ses grands et importants travaux. Ila été attaché au jardin de Kew en qualité d'aide de son père, sir William Hooker, dans la direction de ce grand établissement, aux appointements de 400 livres sterling par an (10,000 francs). En annonçant dernièrement cette nouvelle, le Gardener’s Chronicle faisait remarquer que M. Dalton Hooker est le troisième savant en faveur duquel le gouvernement anglais a montré, depuis peu de mois, avee quelle sollicitude éclairée il protège la science et les hommes qui y consacrent leur existence. — M. le docteur Regel, directeur du jardin botanique de Zurich, vient d'être appelé à Saint-Pétersbourg, pour diriger le jardin botanique de cette capitale. Le gouvernement de l’empereur de Russie lui a fait des conditions h22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. extrêmement avantageuses pour le déterminer à se charger de ces impor- tantes fonctions. Il était fort à craindre que ce changement de position ne mit fin, ou tout au moins ne nuisit à la publication du Gartenflora , journal d’horticulture que M. Regel dirigeait avec autant d'exactitude que de talent ; mais heureusement un avis publié tout récemment dans le cahier d'août de ce journal a dissipé toute crainte à cet égard. — Le 32° congrès des naturalistes et médecins allemands devait avoir lieu à Vienne (Autriche) du 47 au 22 septembre prochain. Les professeurs J. Hirti et A. Schroetter étaient les organisateurs de cette réunion, dont ils avaient déjà rédigé le programme. Mais la présence du choléra à Vienne a fait renvoyer cette réunion à Fan prochain. Voyages. — Les frères Schlagintweit, jeunes et savants voyageurs alle- mands que leurs excursions dans les Alpes et l’ouvrage important auquel elles ont donné naissance ont fait connaitre très avantageusement, exécutent en ce moment dans les Indes orientales un voyage principalement consacré à des observations de physique et de métécrologie, mais dans lequel les sciences naturelles auront certainement aussi leur part. Au mois de décembre dernier, ces voyageurs étaiént arrivés à Calcutta. Le directoire de la Compagnie des Indes avait alloué à M. Adolphe Schlagintweit 700 roupies par mois, non compris les frais de voyage. Avec ce secours, ce savaat avait cru pou- voir emmener avec lui ses deux frères, en se chargeant de toutes les dé- penses. Mais, à Calcutta, il lui a été facile de reconnaitre que les frais seraient beaucoup plus grands qu'il ne l'avait présumé; il a, dès lors, demandé et obtenu du gouvernement du Bengale que l’un de ses freres lui fût adjoint avec appointements et paiement des frais de voyage. L'explo- ration entreprise par les frères Schlagintweit durera dix-huit mois. Elle coùlera à la Compagnie des Indes environ 6000 livres sterling (150,000 francs), indépendamment d’une somme de 2000 livres (50,000 frances), à laquelle s'élèveront les frais de publication de l’ouvrage qui en sera le resultat dernier. — ie Gardener's Chronicle du 4 août 1855 annonce que M. N.-H. Mason, jeune botaniste anglais, va partir pour une exploration des iles Açores, de Madère et des Canaries. Il se propose de récolter des plantes, des insectes et des coquilles, en un mot, toutes sortes d'objets d'histoire naturelle, et il sera charmé de recevoir des demandes , soit pour des plantes vivantes (particulierement des Fougères), soit pour des collections sè- ches. M. Mason connait déjà parfaitement l'ile de Madère, où il a résidé deux ans, et il a même visité l'ile de Ténériffe, L'auteur de l'article dit avoir eu occasion d'examiner des plantes récoltées par ce jeune botaniste, et il déclare que les échantillons en étaient parfaitement préparés et « n'é- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 423 taient pas surpassés même par ceux de Bourgeau. » L'adresse de M. Mason est : 17, Compton terrace, Islington. BIBLIOGRAPHIE. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou. Année 1854 (49° de la fondation de la Société). Mémoires relatifs à la botanique qui y sont contenus. Premier cahier. Stschegleew, — Nouveau supplément à la Flore altaïque ; pag. 145-211. Deuxième cahier. Nicolas Turczaninow. — Flora Baicalensi-Dahurica, seu descriptio plan- tarum in regionibus cis- et transbaicalensibus atque in Dahuria sponte nascentium (continuation d’un travail dont la publication a été com- mencée en 1852, cah. n° 4); pag. 353-422. Al. Taratschkoff. — Observations sur le développement des plantes indi- gènes des environs d'Orel et, en partie, dans le district de Karatschew, faites pendant l’année 1851 ; pag. 470-480. Nederlandsch kruidkundig Archief (Archives botaniques des Pays-Bas), journal publié à Leyde par MM. W.-H. de Vrieseet F. Dozy, in-8°. Leyde, chez Jac. Hasenberg. N. B.— La publication des cahiers de cette collection est très irrégulière ; les trois premiers du troisième volame ont paru en 1854, et cette année vient de pa- raître le quatrième qui termine ce volume. Relevé des mémoires contenus dans le he cahier du II volume. J.-L. Teysmann et S. Binnendyk. — Plantæ novæ horti Bogoriensis in insula Java ; pag. 391-413. C.-M. van der Sande Lacoste. — Novæ species Hepaticarum ex insula Java. Detexit doctor F. Junghuhn ; descripsit doctor C.-M. van der Sande Lacoste; pag. 415-424. F.-A.-W. Miquel. — Voorloopig Berigt over eene nieuwe Wolffia (note préliminaire sur une nouvelle espèce de Wolffia) : p. 425-429. — Verslag van het verhandelde op de negende vergadering der vereeniging voor de Flora van Nederland en zijne overzeesche bezittigen, gehouden te haarlem, op den 24*° julij 4854 (Compte rendu des travaux de la 7° séance de l'Union pour la Flore des Pays-Bas dans ses possessions d'outre-mer, tenue à Haarlem, le 21 juillet 1854) ; pag. 431-493. n2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. F.-A.-W. Miquel. — Eerste supplement tot den prodromus Floræ Batavæ, vol, I (premier supplément au Prodromus Flore Batave, vol. 1); pag. 494-520. C.-M. van der Sande Lacoste. — Addendæ speciebus novis Æepaticarum Javanicarum herbarii Junghuhniani, quæ proponuntur supra pag. 415 et seq., pag. 521-522. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés pendant le 2° trimestre de 1855. H. Hoffmann. — Der botanische Garten in Giessen (le jardin botanique de Giessen) ; col. 233-242. Th. Irmisch. — Einige Bemerkungen über Sedum maximum, Koch (Quel- ques remarques sur le Sedum maximum, Kock); col. 249-255, pl. 2 A. C. Mueller. — Recensio generis Graminearum Zoysia; col. 265-273. Klinsmann. — Silphium perfoliatum ; col. 213-274. C. J. Andræ. — Beitraege zur Kenntniss der Flora des südlichen Banates, der banater Militaergrenze und Siebenburgens (Documents relatifs à la Flore du Banat méridional, de la frontière militaire du Banat et des Sept-Châteaux) ; col. 289-294, 305-345, 321-329, — N. B. Ce travail, déjà publié en partie dans le même journal, n” 23-26 de l’année 1853, n'est pas encore terminé. J. Speerschneider. — Mikroskopisch-anatomische Untersuchungen über Ramalina calicaris, Fr., ete. (Recherches d'anatomie microscopique sur le Ramalina calicaris, Fr., et sur ses variétés fraxinea, fastigiata, cana- liculata et farinacea) ; col. 345-354, 361-369, 377-385, pl. III. Th. Hartig. — Beitrage zur Entwickelungsgeschichte der Pflanzenzelle (Note sur lorganogénie de la cellule végétale) ; col. 393-401, h09-421, 433-4414, 461-468, pl. IV. W. Meissner. — Lichenum tres novæ species ; col. 424-422. C. Schliephacke. — Drei neue Fissidenteæ (Trois nouvelles Fissidentées) , col. 423-425. R. Caspary. — Ueber Frostspalten (Sur les fentes produites par le froid, avec des observations météorologiques, par M. C. F. Schneider); col. 449-462, pl. V. L. Rota. — Nova Ulmi species ; col. 469. Al. Braun. — Ueber den Schiefen Verlauf der Hotzfaser, ete. (Sur la di- rection oblique des fibres ligneuses et sur la torsion des tiges qui en est la conséquence) ; in-8 de 54 pag., Berlin, 4854. Tirage à part d'un mé- moire imprimé dans la Monats Bericht (Compte rendu) de V Académie des sciences de Berlin. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 8 JUIN 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schænefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. le comte Alphonse de RayNEvaL, ambassadeur de France à Rome, présenté par MM. J. Gay et le vicomte de Noë. Dons faits à la Société : 4° Par M. Th. Lestiboudois : Études sur l'anatomie et la physiologie des végétaux. Paris, 1840. Voyage en Algérie, ou Études sur la colonisation de l'Afrique fran- çaise. Lille, 4853. 2 De la part de M. Aug. Le Jolis, de Cherbourg : Examen des espèces confondues sous le nom de Laminaria digitata, suivi de quelques observations sur le genre Laminaria, 1855. Quelques réflexions sur l'étude de la Botanique, et détails sur le mode de reproduction des Algues zoosporées, 1852. Observations sur les Ulex des environs de Cherbourg, 1853. Mémoire sur le Lin de la Nouvelle-Zélande, 1848. 3 En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, mai et juin 1855, 2 numéros. Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, tome pre- mier, 1853. T, IL 29 h26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. de Schænefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Sociète : NOTES SUR LES FEUILLES DE L'ALOE FRUTICOSA, Lam., par M. A. LAGRÈZE-FOSSAT. (Moissac, 25 mai 1855.) Que sont les feuilles des Agave et des Aloe? Ces organes sont-ils des pétioles sans limbe ou des limbes sans pétiole? Telle est la question qwa posée, sans la résoudre, Auguste Saint-Hilaire dans sa Morphologie végétale, Une observation faite par hasard, l’année dernière, m'en a donné la solution pour une des espèces du genre Aloe, l Aloe fruticosa, Lam. Dans les premiers jours du mois de janvier 1854, des dispositions ayant été mal prises pour maintenir dans ma serre une température convenable, une belle collection de plantes grasses que je devais à l’obligeance de M. A. Moquin-Tandon périt en entier. Dans cette collection se trouvait un individu de l’ Aloe fruticosa que je possédais depuis 1837. Son stipe avait 30 centimètres de hauteur, et mesurait 5 centimètres de diamètre à la base et 3 centimètres au sommet, abstraction faite de l'épaisseur des restes desséchés des vieilles feuilles. Dans l'espoir que le bourgeon terminal n'aurait pas péri, j'enlevai toutes les feuilles en les incisant près de leur insertion, et j’abandonnai la plante sur une tablette bien exposée au soleil. Lorsque j'eus la certitude que mon Aloe avait été gelé jusqu'aux racines, je voulus utiliser le vase. N'ayant pu réussir par les moyens ordinaires à le séparer de la motte, j'essayai d’arra- cher le stipe. Je ne réussis pas mieux, mais sous l'effort que je fis, j'enlevai presque d'une seule pièce une espèce de tube qui le recouvrait dans toute sa longueur. Ce fait m’étonna d'autant plus que j'avais cru jusqu'alors que les feuilles de l’A/oe fruticosa étaient insérées sur le stipe. Cette croyance était évidemment une erreur. Le stipe était en effet dépourvu de nœuds, sa surface était parfaitement lisse, et il en était de même de la face interne de l'enveloppe qui le recouvrait. Ayant examiné avec soin cette enveloppe, je vis bientôt, mais non sans surprise, qu’elle était formée d’une lame membraneuse de 4 centimètres de largeur environ, portant au bord supérieur les bases desséchées des feuilles qui s'étaient succédé depuis plusieurs années, et formant une hélice tournant de droite à gauche et de dedans en dehors. Ses spires étaient continues ; elles pressaient étroitement le stipe, mais n’avaient cependant d'autres connexions avec lui qu’à la base, point de leur départ, et au sommet, siége de leur prolongement. Ces faits me firent admettre que, pendant que les fibres ligneuses du stipe s'allongent à la base du bourgeon, de cette même base s'échappe» comme poussée par une force centrifuge, la lame membraneuse qui doit SÉANCE DU 8 JUIN 1855. A27 porter les feuilles. C'est en effet ce qui a lieu. On peut s’en convaincre en enlevant pièce à pièce toutes les parties du bourgeon. On y voit alors, avec une loupe ordinaire, la coupe transversale de la lame hélicoïde, engagée dans la pulpe vers le centre, et en partie détachée à la circonférence. On dirait qu’elle est enroulée autour de l'axe du bourgeon, et que son prolon- gement est dû à un mouvement de rotation de cet axe. Que représente cette membrane ? Puisqu’un pétiole n’est autre chose qu’un faisceau de fibres échappé d’un nœud vital, il est impossible de ne pas reconnaître dans la membrane héli- coide de l’ Aloe fruticosa tous les caractères des pétioles. Comme eux, en effet, elle est produite par un nœud vital, et comme eux, elle supporte des expansions appendiculaires. Elle a pour nous une analogie frappante avec la gaine des Graminées. Qu'on suppose, en effet, par la pensée, un chaume de l’Arundo Donax, par exemple, dont les nœuds, au lieu d’être espacés, soient tous contigus, et dont les feuilles aient acquis leur développement ordinaire; et l’ensemble de toutes les gaines, emboîtées les unes dans les autres, donnera naissance à une hélice d’une ressemblance frappante avec celle que nous avons observée dans l’Aloe fruticosa. Cette hélice sera for- mée, il est vrai, de sections distinetes qui se déborderont, mais c’est là une circonstance peu importante; il n’y aura réellement de différence que dans le défaut de soudure. De ce rapprochement et des faits que nous avons constatés, nous n'hési- tons pas à conclure : Que la membrane hélicoïde qui entoure le stipe de l’A/oe fruticosa est un pétiole commun; par conséquent, que les expansions que porte cette membrane sont de véritables lames. M. Cosson, vice-secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre qui lui a été adressée par M. H. de la Perraudière : Santa-Cruz de Ténériffe, 8 avril 1855. Je reviens hier d’un voyage curieux dans le nord de l'ile; c'est un pays de vallées, comme le reste du pays, mais d’une physionomie particulière. Les forêts, si rares dans les autres parties de l'ile, couvrent la presque totalité du terrain et du sommet de la Cordillère descendent assez bas vers la mer. J'ai trouvé dans ces belles forêts d’Anaga , où j'ai couché quatre nuits dans une cabane de charbonnier (imitation des grottes du Djebel-Mahmel ), une foule de plantes curieuses et deux espèces magnifiques que tout me porte à croire entièrement nouvelles, du moins pour l'ile, si ce n'est pour la science : une Fougère magnifique et énorme et un superbe Care. Il faut être au milieu de ces voûtes sombres et immenses de Lauriers de toutes les espèces pour se faire une idée de la majesté de ces forêts tropi- h28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cales ; déjà plusieurs plantes cherchent à imiter les lianes gigantesques d’A- mérique, et les Fougères, d'une force de végétation inconnue en Europe, préparent le botaniste aux Palmiers de la même race qu'offre l'équateur. L'abondance des eaux dans cette partie de l'ile est, comparativement aux autres points, ce que l’Aurès et la Kabylie sont au Tell Algérien. Je suis revenu après quatre jours d’Anaga à la Laguna constamment sur l'arête de la chaîne des montagnes au milieu d’ Erica arborea et scoparia énormes et de ces merveilleuses richesses forestières. Le métier de botaniste finit par devenir rude; les plantes ici, à cause soit de leur volume, soit des huiles essentielles qu’elles contiennent presque toutes, demandent toutes deux fois plus de temps que celles d'Europe et trois fois plus que celles d'Algérie; l'air de la mer s'ajoute encore à ces difficultés naturelles et enfin l'humidité de l'atmosphère, qui cette année a été excep- tionnelle. Malgré cela, loin de me décourager, j'ai redoublé d’ardeur, et à l'heure qu'il est, en attendant une autre saison, je quitte Ténériffe entière- ment dépouillée et m’'embarque pour l'ile de Fer et puis pour la Gomère ; e j'attends le départ encore indéterminé du navire. Santa-Cruz de Ténériffe, 22 avril 1855. Je pars lundi pour l'ile de Fer : j'ai promis à M. Webb vivant d’y aller, j'y vais d'autant plus volontiers qu'avec la Gomère qui se trouve au retour sur ma route, et à laquelle je consacrerai une quinzaine également, il est certain que d’ici à un demi-siècle personne n’y mettra les pieds. Du reste vous pouvez vous rassurer, ces iles sont peuplées des gens les plus braves dans les deux sens du mot français et j'ai, grâce au colonel Salvador, des paquets de lettres (une douzaine pour deux iles qui n’ont pas chacune sept ou huit lieues de tour). Tenez-vous done pour averti que ma correspondance subira une interruption de six semaines ou deux mois.. . peut-être davantage ; n'en augurez pas autre chose que la richesse scientifique des pays que je vais visiter. Je suis dans les meilleures dispositions de corps et d'esprit pour entre- prendre ce nouveau voyage de découvertes : j'ai épuisé toute la richesse de Ténériffe, il ne me reste plus qu’à piller de nouvelles plages et courir l’a- venture botanique. Je compte voir Fer, Gomère , revenir ici pour lascen- sion du Pic, visiter l’île de Palma et enfin faire mes paquets pour la France : à moins qu'amoureux du pays des serins j’attende ici l'automne pour visiter Lancerote et Fortaventure, les iles les plus brülées, les moins riches, et en- suite revenir en mars ou avril 1856, par Madère qui réclame aussi un botaniste. Vous serez peut-être curieux de savoir comment on herborise ici. Il faut d’abord regarder à ses pieds absolument à chaque pas, pour ne pas se casser le cou vingt fois par jour ou du moins attraper une entorse ; s'arrêter en SÉANCE DU 8 JUIN 18955. h29 suite, braquer une lorgnette de spectacle sur l'étendue inaccessible des rocs à pic pour y découvrir quelques espèces introuvables ailleurs; cela fait, ou bien escalader soi-même les précipices et les rocs quand on a fini par se fa- miliariser avec ces abimes, ou mieux, employer les chevriers du pays; mal- heureusement cela ne peut pas suffire: il est des espèces constamment à vingt ou trente mètres de toutes saillies accessibles ; il faut alors de dessus ou d'en bas les enlacer avec le lazzo américain ou en dernier ressort avoir recours, aux coups de fusil pour atteindre les plus revêches... Cela est sans exagéra- tion, et vous me croirez quand je vous aurai dit que certains barrancos (ravins taillés à pic) sont si profonds que les Pins de cent vingt pieds de haut qui les couronnent vous paraissent du fond du ravin un buisson d'au- bépine. Ces barrancos sont ici au nombre d'au moins cinq cents. Il y a encore une dernière manière de s'assurer la possession des plantes les plus difficiles : l'autre jour, revenant d’une course où, comme cela m'’ar- rive régulièrement depuis quinze jours à Ténériffe, après quatre heures d’herborisation je rentrais avec rien, je commençais à me fatiguer de fouler un sol hérissé d'aiguilles basaltiques et entièrement nu: j'étais au bord de la mer, je me dépouille de mes vêtements, les donne à mon nègre demi-sang, et l'envoie m'attendre à une lieue plus loin ;-alors je me jette à la mer et, porté par la lame sur le flanc escarpé des rochers, j'ai pu de cette façon recueillir quatre ou cinq espèces presque impossibles à atteindre par d'autres procédés, Je vous le répète en finissant : dans trois jours j'aurai quitté Ténériffe où j'ai récolté plus de sept cents espèces, et je vais recommencer avec un redou- blement d'ardeur mes herborisations sur un nouveau rivage. HENRY DE LA PERRAUDIÈRE. M. Weddell fait à la Société la communication suivante : QUELQUES MOTS SUR UNE COMMUNICATION DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, AYANT POUR TITRE : SUR LA STRUCTURE DE L'OVULE VÉGÉTAL AVANT LA FÉCONDATION (1), par M. H.-A. WEDDELL. M. Germain de Saint-Pierre m'ayant fait l'honneur, dans cette commu- nication, de me citer au nombre des antagonistes de la théorie qu'il y a développée, je profiterai de la circonstance pour dire quels sont, à mon avis, les points faibles de cette théorie, en d'autres termes, quelles en sont les parties que je regarde comme inadmissibles ? Pour M. Germain, l’ovule, avant la fécondation, serait l'analogue d’un bourgeon, le nucelle et ses tuniques n'étant, à son point de vu2, qne des feuilles modifiées dont le développement se ferait dans le même orare que les feuilles d’un bourgeon ordinaire. (1) Voyez le Bulletin, t, II, p. 380. h30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cette théorie est appuyée par son auteur sur divers ordres de preuves ; et d'abord, dit-il, l'observation directe de l’ovule normal le montre formé de plusieurs tuniques superposées ou emboîitées (1) qui se font jour succes- sivement par le sommet de l'organe. M. Germain a cité l’exemple des ovules de Passiflore comme confirmant sa théorie; or, je dois dire qu'ayant examiné, tout récemment, quelques- uns de ces ovules, j'ai vu apparaitre leurs enveloppes dans l’ordre où tout le monde, excepté notre confrère, a cru voir qu'elles se développaient. Ceux qui liront la communication de M. Germain seront peut-être aussi surpris que je l'ai été moi-même de le voir appuyer son opinion de l'auto- rité de M. R. Brown. J'avoue que j'ai de la peine à m'expliquer comment, dans les papilles cylindriques et à substance homogène dont parle cet au- teur, dans sa description de l’ovule du Rafflesia, M. Germain a pu voir des corps formés de tuniques emboitées, et, dans la contraction que M. Brown a vue se produire près du sommet de la papille, l'indice d’une ouverture par laquelle aurait fait saillie un cône préalablement formé dans son intérieur. M. Germain fait-il honneur au talent d'observation si univer- sellement reconnu de l'illustre botaniste, lorsqu'il le suppose capable de confondre deux phénomènes si distincts? — Il peut être d’ailleurs utile de faire remarquer que la formation exceptionnelle du nucelle si près du sommet de la papille, rudiment de l’ovule dans le Rafflesia, est une consé- quence particulière du grand développement du funicule chez cette plante. En réalité, les preuves que M. Germain puise dans l'observation des faits tératologiques sont les seules qui me paraissent venir en aide à la démon- stration de sa théorie. On va voir cependant, qu'ici encore, il est facile d'aller trop loin. A mon avis, M. Auguste de Saint-Hilaire (Leçons de Botanique, p. 54h) s'est arrêté à point dans la comparaison de l’ovule avec le bourgeon, et bien que je ne regarde pas l'analogie qu'il y signale comme absolument démontrée, je dois dire que je wai aucune répugnanee à regarder, avec cet auteur, la pri- mine et la secondine comme des feuilles modifiées. Mais, ces points admis, il me semble par cela même impossible d'admettre que le nucelle soit aussi une feuille, ainsi que le veut notre confrère. Si, en effet, on regarde comme feuilles, c'est-à-dire comme organes appendiculaires, les téguments du nucelle, l'organe sur lequel ces appendices se développent, à savoir le nu- celle lui-même, ne peut, il me semble, être considéré que comme un axe; et, s'il est axe, il peut fort bien, dans des circonstances particulières, don- (1) « Le testa ou primine constitue, dit M. Germain (Guide du Botaniste, p. 695); » la paroi externe de l'ovule dès son apparition, et, par suite d’une sorte d’épar » houissement de l’ovule, la tunique sous-jacente (tegmen ou secondine), puis le » nucelle lui-même deviennent visibles à leur sommet... » SÉANCE DU 8 Juin 4855. h31 ner naissance à des feuilles, tout comme à une secondine et à une primine. Rien n'empêche non plus que ces feuilles se développent alors dans l'ordre où les feuilles se développent habituellement. Il viendrait enfin à se former une troisième feuille au-dessus des deux premières, que je ne verrais aucune raison d'en conclure que cette feuille résulte de la transformation du nucelle ; pas plus que M. Germain lui-même ne croirait, s'il en voyait naitre une quatrième, que celle-là représente le sac embryonnaire. Il est, on le voit, trop facile de s'égarer dans l'interprétation des faits tératolo- giques pour que l’on puisse y placer une grande confiance. Il est de toute évidence que celui qui voudra y chercher les bases d’une théorie courra grand risque de s'égarer; aussi, tout en rendant justice à la persévérance avec laquelle M. Germain cherche à soutenir son opinion, je doute qu’il réussisse à la faire admettre, s’il ne l’étaie de faits d'un autre ordre. M. J. Gay annonce à cette occasion à la Société que M. Grænland a fait des préparations d’ovules de Passiflore qui montrent toutes les périodes de leur développement et qui semblent prouver d’une ma- nière évidente que la secondine se développe avant la primine. M. Germain de Saint-Pierre répond de la manière suivante aux objections de M. Weddell : Bien que les objections de M. Weddell me paraissent sans exception réfutées à l'avance dans l'extrait du mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à la Société, il ne me semble pas inutile, au risque d’être entrainé à quelques redites, d'insister sur certains points qui n'ont sans doute pas été complétement saisis par notre confrère. — M. Weddell cesserait probablement de s'étonner de me voir citer l'opinion de M. Robert Brown comme devant, dans certaines limites, corroborer la mienne, s’il donnait quelque attention à un passage du mémoire de ce savant observateur sur le Rafflesia, que je rappellerai de nouveau : « Ce mode de développement {de haut en bas), » quoique très général, n'est pas saus exception, car dans beaucoup » d'Asclépiadées et d'Apocynées, dans toutes peut-être, l'ovule reste un » tissu cellulaire uniforme jusqu’à l'application du tube pollinique; c'est » alors qu'une séparation intérieure se manifeste, et que le nucelle devient » pour la première fois visible à l'extérieur. » Si M. Robert Brown admet que, dans certaines familles, les choses se passent comme je les ai vues se passer dans d’autres familles, il est clair que mon opinion est moins eloi- gnee de celle de cet illustre naturaliste que de celle des botanistes qui, comme M. Weddell, paraissent admettre dans tous les cas une marche contraire. Relativement à l'ovule des Passiflora, selon M. R. Brown, le nucelle n'occupe que l'extrémité supérieure du mamelon ovulaire, et c'est h32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans une période secondaire à l'apparition de ce premier mamelon ou papille que le nucelle se manifeste par une sorte d'étranglement au sommet de l'organe. Sur ce point important encore, il me semble évident que les faits que j’ai exposés se rapprochent de ceux qui ont été observés par M. R. Brown, en s’éloignant de l'opinion commune, laquelle voit le nucelle dans la pre- mière papille ou mamelon ovulaire. Je rappellerai en outre que, bien loin de voir (comme M. Weddell men attribue l'opinion) dans le premier cône, mamelon ou papille homogène primitive qui constitue le jeune ovule, plu- sieurs tuniques emboitées, j’insiste sur ce point que cette première papille ne représente pour moi que le funicule et le rudiment du limbe de la pri- mine, et que les tuniques supérieures (secondine et nucelle) ne naissent et n'apparaissent que plus tard. J'ajouterai qu’il semble peu conséquent de me reprocher en même temps, d’une part, de m'appuyer (füt-ce à tort) sur l'autorité de M. Robert Brown, et, d'autre part, de ne pas accepter sans examen les opinions d'un botaniste aussi illustre. Toutes les observations peuvent, je le crois, être répétées et même diversement interprétées quand cette étude est faite avec conscience, sans qu’il y ait aucune atteinte portée aux droits et au mérite du prernier observateur. M. Weddell consent néanmoins à admettre, avec M. Auguste de Saint- Hilaire et avec moi, que la primine et la secondine peuvent être considérées comme des organes foliaires, mais par cela même, dit-il, le nucelle est un axe, car il faut bien que des feuilles soient insérées sur un axe. Ce raison- nement a priori me semble constituer un cercle vicieux ; en effet, de ce que des feuilles supposent un axe, il ne s'ensuit pas que l'axe en question (qui existe en réalité) doive être le nucelle. J'ai trouvé, quant à moi, que le bourgeon ovulaire se compose généralement de trois feuilles : la primine, la secondine et la feuille nucellaire, et que ces trois feuilles ont un axe commun représenté par le funicule, axe qui semble se terminer par oblité- ration ou épuisement après la production de la troisième feuille ou feuille nucellaire. Selon notre confrère, le nucelle, axe de l'ovule qui aurait donné naissance à la secondine d’abord et à la primine ensuite, peut, dans certains Cas anormaux, émettre une troisième feuille, et ce serait cette troisième feuille, produite comme les précédentes par le nucelle, que j'aurais prise pour un nucelle revêtant la forme et les caractères d'une feuille. D’assez grandes difficultés rendent l'hypothèse de M. Weddell inadmissible. En premier lieu, dans les cas très nombreux d’ovules foliacés que j'ai pu observer, je wai jamais vu de nuecelle ou d'axe nucellaire distinct de la troisième feuille que je considère comme le nucelle lui-même, feuille qui, selon M. Weddell, aurait pris naissance sur le nucelle qui, dès lors, devrait être apparent. En second lieu, il serait au moins singulier que le nucelle, pre- nant le caractère d’un axe indéfini et produisant une feuille de plus qu'à SÉANCE DU 8 JUIN 1855. h33 l'état normal, ne produisit jamais que cette seule feuille supplémentaire ; je n'en ai du moins jarnais observé deux ou plusieurs. J'insiste d’ailleurs de nouveau sur ce point, à savoir que, dans toutes mes observations sur les ovules anormaux, je n'ai pour ainsi dire pas perdu de vue le nucelle dans toutes ses transformations ou modifications; en d’autres termes, que sur un même corps placentaire portant des ovules, les uns nor- maux, les autres plus ou moins complétement déformés, j'ai examiné des ovules normaux, puis des ovules de plus en plus modifiés, et enfin des ovules complétement foliacés, et que j'ai pu ainsi m'assurer que les tuniques folia- cées des derniers étaient, y compris le nucelle, les tuniques à demi foliacées des précédents et les tuniques non foliacées des premiers ; qu'il y avait, par conséquent, modification d'un même organe etnon substitution ou addition d'un nouvel organe. C’est par des observations faites avec cette méthode sévère et la plus scrupuleuse attention, que j'ai trouvé dans les faits térato- logiques des preuves qui me semblent irrécusables à l'appui d'une doctrine organographique qui m'était déjà démontrée par les faits normaux, mais avec une moindre évidence. Relativement aux faits normaux, la principale cause d'erreur dans les observations qui sont opposées aux miennes résulte probablement de la forme conique et de l’apparence identique. à l'instant de leur apparition, des trois tuniques qui surgissent l’une après l’autre au sommet du corps ovu- laire, en convertissant successivement la tunique conique précédente en un bourrelet annulaire. L'ovule parait, en effet, terminé par un cône, à quelque instant de ce premier âge qu’on l’examine ; mais ce cône, loin d'être toujours le même et de constituer dès l’origine le sommet du nucelle, est successi- vement celui de la primine, celui de la secondine, et en troisième lieu seulement celui du nucelle. Enfin, fût-il démontré que ces trois feuilles ne sortent pas l’une de l'autre, et sont dès l'origine espacées sur un axe, il me paraitrait encore manifeste (ce qui suffit à ma doctrine) par le volume rela- tif de ces feuilles, mais surtout par la structure de l'inférieure plus avancée que la structure de la seconde et de la troisième, qui, à l'instant où on l'aperçoit pour la première fois, est encore à l’état naissant, que l’inférieure a dû, dans l’époque de son apparition, précéder les supérieures. M. Lestiboudois considère comme précieux et utiles les faits exposés par M. Germain de Saint-Pierre. Il croit que la discussion actuelle est plutôt une discussion sur les mots qu’une discussion sur les faits. Néanmoins il serait bon de se fixer sur le sens des mots qu'on emploie. Il lui paraît difficile de considérer les diverses enve- loppes de l’ovule comme des feuilles engendrant d'autres feuilles, car les feuilles ne naissent pas les unes des autres. Les tiges con- h3h SOCIÉTÉ: BOTANIQUE DE FRANCE. tiennent, il est vrai, les éléments des feuilles. Mais de ce que les tiges sont constituées par les éléments des feuilles il ne résulte pas qu'il y ait absence d’axe. Cet axe, dans lovule, c’est le nucelle. Il peut avoir, dans certains cas monstrueux, une apparence foliacée, mais il n’en reste pas moins un axe. M. Payer fait observer que M. Germain de Saint-Pierre lui paraît avoir commis une erreur en parlant de la formation des bourgeons des monocotylédones. Ces bourgeons présentent d’abord un axe en forme de còne, puis se développe la première feuille, qui n’est d’abord qu'un bourrelet périphérique, lequel grandit d'un côté plus que de l’autre et a la forme d’un éteignoir, mais d’un éteignoir ouvert d’un côté. Plus tard les bords se soudent, et c’est alors seulement que l’éteignoir est complet. C’est de même aussi que, dans l'embryon des monocotylédones, le cotylédon ou première feuille est d’abord ouvert et finit par se fermer tout à fait. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il n’a entendu faire allusion qu'à l’emboitement qui, chez les bourgeons des monocotylédones, existe dans la période secondaire ; et que, quant à la première période du développement de ces bourgeons, il l'a vue suivre la marche observée et parfaitement décrite par M. Payer. M. Duchartre présente les observations suivantes : J'avais l'intention de ne pas prendre la parole au sujet de la communi- cation de M. Germain, parce que je crois que lorsqu'un point de la science est parfaitement établi, démontré par les observations les plus positives et les plus nombreuses, il n’est nullement nécessaire de le démontrer de nouveau à propos des objections qui peuvent se produire. Or s'il est une question déjà vidée en botanique, c’est bien celle qui est relative à la struc- ture et au développement du nucelle et des téguments ovulaires. Je ne me propose donc nullement d'ajouter sur ce sujet de nouvelles preuves à celles qui ont été déjà fournies par tous les maitres de la science. Mais M. Ger- main venant de dire que les idées universellement admises au sujet de la formation de l’ovule ont pu naître parce qu'on a pris une partie pour l'autre, parce qu'on a perdu de vue soit le nucelle, soit les téguments ovulaires pour les confondre ensuite l’un avec l’autre, je crois devoir faire observer à la Société qu'une pareille méprise est absolument impossible pour qui- congue a l'habitude des observations ; qu'en suivant tous les états par lesquels peut passer un ovule depuis sa naissance sous forme de nu- celle encore nu, jusqu'au moment où il possède ses téguments, el en des- SÉANCE DU 8 juin 1855. h35 sinant successivement ces divers états, ou en prenant chaque fois des me- sures micrométriques des parties qu'on a sous les yeux, on est parfaitement assuré dene jamais tomber dans les erreursdont parle M. Germain. J’ajouterai encore qu'il est un assez grand nombre d’ovules dans lesquels il serait im- possible, même à un esprit prévenu, de se méprendre sur la marche du développement des parties de l’ovule, Ainsi ma mémoire me rappelle en ce moment celui de l’£schscholtzia, dans lequel on voit superposés, à un cer- tain moment, le nucelle, la secondine et la primine, ces deux dernières affec- tant la forme de simples bourrelets de même diamètre, dans lesquels, par conséquent, il serait difficile de concevoir comment le supérieur sortirait de l'inférieur qui n’est pas plus large que lui. D'ailleurs, avant d'arriver à cet état déjà démonstratif par lui-même, on a pu suivre, sans la moindre difficulté, l'apparition successive du nucelle, de la secondine, et enfin de la primine, et là, comme partout ailleurs, les coupes longitudinales ant parfaitement complété une démonstration qui résul- tait déjà de la simple observation extérieure. Je crois inutile d’insister plus longtemps sur ce point d'organographie et d'organogénie qui n’a jusqu'ici été contesté par personne et qui n’est, je crois, contestable sous aucun rapport. M. Germain de Saint-Pierre répond à M. Duchartre qu'il n’y a pas, suivant lui, de jugement sans appel dans la science, et que les opinions les plus accréditées, comme les travaux des savants les plus illustres, peuvent être examinés et controversés quand cet examen est fait avec convenance. M. Trécul présente les observations suivantes : Il y a, dans l'étude du développement de l'ovule, une cause d'erreur contre laquelle il faut se bien tenir en garde. Pour l’éviter, il est absolu- ment nécessaire de voir naître toutes les parties de cet organe les unes après les autres. C'est là une vérité qui pourra paraitre triviale, et que je crois cependant devoir exprimer, parce qu’il se présente des cas dans lesquels, tout en croyant se conformer à ce principe, on le néglige en réalité. C'est lorsque, après avoir trouvé des ovules réduits à un axe simple, ou nucelle, puis des ovules un peu plus avancés, qui présentent une des enveloppes naissantes, consistant en un très petit bourrelet, on vient à rencontrer d’autres ovules munis des deux téguments réduits à deux bourrelets très délicats, dont l’inférieur est un peu plus développé que le superieur, des ovules enfin, tels que M. Duchartre vient de les figurer sur le tableau. Une telle série d'ovules est tout à fait en faveur de l'opinion soutenue par M. Germain. En effet, le bourrelet inférieur étant plus gros que celui qui est placé au-dessus, on est fondé à croire qu'il est plus âgé que lui; mais si, aux ovules figurés par M. Duchartre, on en ajoute d'un peu moins avan- h36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cés que ceux qui offrent la troisième forme, c'est-à-dire celle dans laquelle le bourrelet inférieur est le plus avancé, si, dis-je, on trouve des ovules dont le bourrelet inférieur est, au contraire, le plus petit, réduit à une très légère éminence circulaire, d'abord presque imperceptible, que l'on pourra, pour ainsi dire, voir grandir et envelopper graduellement le supérieur et le nucelle, en observant des ovules plus âgés, alors seulement on sera autorisé à regarder le bourrelet inférieur ou la primine comme le plus jeune. C'est là ce que j'ai observé, et décrit en 1845 dans les Annales des sciences natu- relles. Mais, pour porter un jugement certain, il ne suffit pas que le bour- relet inférieur ou la primine soit moins grand que le supérieur ou la secondine, il faut encore qu’il soit à l’état naissant, ct il est nécessaire d'en voir l’évolution tout entière; car, ainsi que je l'ai dit souvent, et l'on ne saurait trop le répéter, la dimension relative des organes n'indique pas tou- jours leur ordre de naissance. M. Germain de Saint-Pierre pense comme M. Trécul que l'on ne peut se rendre un compte exact de l’ordre successif des développe- ments qu’en ne perdant pas de vue les organes depuis leur première apparition jusqu’à l'époque de leur développement complet; c’est en observant cette règle fondamentale que M. Germain de Saint-Pierre est arrivé à constater les faits sur lesquels il a basé sa doctrine. M. Decaisne demande à M. Germain de Saint-Pierre s’il considère le nucelle comme un axe, comme un funicule ou comme une feuille. M. Germain de Saint-Pierre répond : Que, dans cette question, M. Decaisne entend sans doute par uucelle le mamelon ovulaire à son apparition sur le corps placentaire. Or ce corps west pas pour M. Germain de Saint-Pierre celui qui constitue plus tard le nucelle. Ce corps est le funicule (ou axe de l'ovule) surmonté du limbe rudimentaire de la primine. Au-dessus de la primine apparaissent successivement la secondine et enfin le véritable nucelle ; ce véritable nu- celle, qui occupe le sommet du bourgeon ovulaire alors que la primine et la secondine sont développées, constitue, pour M. Germain de Saint- Pierre, une troisième feuille qui, encore conique tandis que les deux pre” cédentes sont devenues circulaires, reste fermée jusqu’à l'époque de la fécondation. — Quant au funicule, qui a été regardé par erreur comme le nucelle pendant la première période de développement de l’ovule, il con- stitue, chez les ovules normaux formés de plusieurs feuilles, un véritable axe, c’est-à-dire un organe formé par les décurrences de plusieurs feuilles autour d'un noyau cellulaire. Chez les ovules constitués par une seule feuille (comme cela est dans certains cas anormaux d'ovules foliacés), le SÉANCE DU 8 JUIN 1855. h37 funicule est un axe partiel, la décurrence d'un seul limbe foliaire, ou, en d'autres termes, le pétiole d'une feuille unique; M. Germain de Saint-Pierre croit, en effet, avoir démontré précédemment que les pétioles sont des axes très simples et sont susceptibles de présenter le caractère essentiel des axes complexes, caractère qui consiste dans la production d’un bourgeon sur un point déterminé. M. Decaisne fait observer que dans les ovules orthotropes il ny a point de funicule, et que par conséquent le nucelle serait pour M. Germain de Saint-Pierre le limbe d'une feuille. Or comme, sui- vant lui, le nucelle donne naissance aux téguments, cela reviendrait à dire qu’une feuille donne naissance à une autre feuille, ce qu’on ne saurait admettre. M. Germain de Saint-Pierre répond : Que l’on pourrait comparer un ovule orthotrope sans funicule à une plante acaule. Dans l’un et l’autre cas, l'axe, pour être très court, n'en existe pas moins. Cet axe court, nommé plateau chez les bulbes, présente en rac- Courci la même structure que la tige et est doué des mêmes propriétés qu’un axe plus allongé. L’ovule sans funicule a un axe court qui représente l'ex- trémité supérieure du funicule ordinaire et donne insertion aux tuviques, y Compris la tunique nucellaire. Dans aucun cas, le véritable nucelle ne donne naissance aux téguments ; M. Decaisne n’attribue cette opinion à M. Germain de Saint-Pierre qui s'en défend, que parce qu'il continue à regarder le très jeune ovule comme un nucelle, tandis que M. Germain de Saint-Pierre regarde le très jeune ovule comme constitué par un funicule long ou court terminé par le rudiment de la primine ou par une primine à funicule rudi- mentaire. — On peut admettre que l'axe long ou rudimentaire qui a fourni la primine fournit également la secondine et la feuille nucellaire ; Mais M. Germain de Saint-Pierre est porté (surtout chez les ovules réflé- chis (anatropes) à considérer ces deux secondes feuilles comme constituant Par leur ensemble un bourgeon secondaire qu'il nomme corps ovulaire, ce bourgeon étant chez ces ovules fourni par la nervure médiane de la pri- mine ; en effet, une feuille peut, selon M. Germain de Saint-Pierre, jouer le rôle d'axe et porter un bourgeon. M. Weddell fait à la Société la communication suivante : SUR L'ORIGINE BOTANIQUE DU QUINQUINA ROUGE OFFICINAL, par M. H.-A. WEDDELL. Parmi les nombreuses variétés et espèces de quinquinas importées en Europe, il n'en est aucune qui ait joui d'une réputation plus méritée que le quinquina rouge officinal. Il suffit de dire que la somme des alcaloides h38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. contenus dans cette écorce est égale, à peu de chose près, à celle que ren- ferme le calisaya, pour que lon ait quelque idée de sa valeur thérapeu- tique; et l’on comprendra que les quinologistes aient dû attacher une certaine importance à la découverte de son origine botanique. On peut même dire que cette découverte a été un des principaux desiderata dans l'histoire botanique des quinquinas. Je pense done qu’on recevra avec intérêt les nouveaux renseignements que je suis en mesure de fournir sur ce sujet. Si ces renseignements n’étabiissent pas d’une manière tout à fait positive l'origine de cette écorce, au moins ne laissent-ils sur ce point que des doutes qu'il sera facile de lever. . Je rappellerai ici que l’on plaça, pendant fort longtemps, la source du quinquina rouge dans un arbre regardé aujourd’hui comme étranger au genre Cinchona, le C. oblongifolia de Mutis. On sait que les échantillons authentiques de l'écorce de cet arbre rapportés par M. de Humboldt aidè- rent à faire justice de cette erreur, et M. Guibourt émit bientôt après l'opi- nion que le vrai quinquina rouge était le produit d’une variété du C. Conda- minea; mais il pencha ensuite vers une autre hypothèse dans laquelle il attribuait l'origine de l'écorce en question au C. nitida. Je dois ajouter que M. Howard a puisé dans l'examen de la collection de Pavon quelques arguments assez puissants en faveur de la première de ces suppositions. J'avais, de mon côté, recueilli au Pérou, sur les montagnes au nord de Cuzco, une écorce qui me parut avoir tant de rapports avec le quinquinà en question, que, tout d’abord, je ne doutai pas que je n’eusse fait la dé- couverte tant désirée. Mais la comparaison que je fis, en arrivant à Paris, de mes échantillons avec les échantillons commerciaux du quinquina rouge; m'obligea de suspendre mon opinion ; et je me eontentai de rattacher mon arbre, comme variété, au Cinchona ovata, en le distinguant du type sous le nom de var. erythroderma. Eh bien! il me semble démontré aujourd’hui que cet arbre auquel j’ap- pliquai, dans mon Histoire des Quinquinas, le nom que j'ai indiqué, est bien réellement celui qui produit le quinquina rouge officinal. Mon hypo- thèse se trouve, en effet, confirmée par une découverte intéressante faite tout récemment par M. Howard, dans l’herbier de sir William Hooker; c’est celle d’un échantillon fleuri de Cinchona, portant, de la main de Pavon, le nom vulgaire que l'on sait généralement aujourd’hui être celui du quinquina rouge : Cascarilla colorada de Huaranda. M. Howard ayant, en effet, eu l’obligeance de me communiquer la figure qu'il a fait faire de cet échantillon, je n’ai pas eu de peine à reconnaître €n elle l’image de mon C. erythroderma. Les différences (1) que j'avais consta- (1) La texture de mon écorce est plus ligneuse que celle du quinquina rouge officinal type, SÉANCE DU 8 JUIN 1855. 439 tées, dans le principe, entre l'écorce de mon arbre et celle que l'on rencontre habituellement dans le commerce existent, à la vérité, aujourd'hui tout comme alors, mais j'ai trouvé des formes intermédiaires qui relient si par- faitement ces deux types, qu’il ne me reste aucun doute touchant leur iden t Il peut en exister, au contraire, relativement au rang qui doit être attri- bué à la plante qui les produit : doit-on continuer de la rattacher au Cin- chona ovata, à titre de variété, ou doit-on l'ériger au rang d'espèce? C'est un point qui ne peut guère être décidé en dernier ressort, tant que l’on ne connaitra pas ses fruits. Quoi qu’il en soit, la découverte faite par notre confrère M. Howard d'un échantillon florifère du quinquina de Huaranda a indubitablement fait faire un grand pas vers la solution du problème, et m'a paru mériter d'être portée à la connaissance de la Société. M. Montagne, vice-président, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES SUR L'ORGANISATION, LA FRUCTIFICATION ET LA DISSÉMINATION DE PLUSIEURS GENRES D'ALGUES APPARTENANT A LA FAMILLE DES DICTYOTÉES, par MM. CROUAN frères, pharmaciens. (Brest, 25 mai 1855.) Les récents et beaux travaux de MM. J. Agardh, Decaisne et Thuret, Harvey et Kützing, sur les genres de la famille des Dictyotées, laissaient peu de chose à faire sur cette belle et intéressante famille, et nous n'au- rions pas entretenu la Société à ce sujet, si nous n’avions pas eu quelque chose à dire qui nous fût propre et qu’il ne fût pas hors de propos de pu- blier. Nous nous sommes rappelé ce passage de Montaigne : « Je vouldroy que chascun escrivit ce qu’il sçait et autant qu’il en sçait : non en cela seu- lement, mais en tous austres subjects. » C’est donc sous cette influence que nous nous décidons à faire connaitre les études que nous avons faites sur Plusieurs genres appartenant à cette famille. Genre PUNCTARIA, Grév. En analysant avec attention l’organisation des trois espèces qui compo- sent le genre Punctaria, on remarque sur la coupe horizontale de la fronde qu'elle est pleine et révèle, par son tissu, l'organisation d' une Dictyotee, et non celle d’une Laminariée ou d’une Ulvacée, comme l'ont eru quelques auteurs. On est bien étonné de voir, dans ces derniers temps, M. Kützing établir deux genres aux dépens du Punctaria, faisant entrer le Punc- taria undulata, J. Agardh, dans son genre Diplostromium, et les Punc- taria latifolia et P. plantaginea, Grév., dans son genre Phycolapa- hA0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thum. M. J. Agardh, dans son Species Algarum, a fait justice en n'admet- tant pas ces nouveaux genres et en a fait une critique savante relativement à la place que M. Kützing leur fait occuper dans sa classification. La fruc- tification se trouve nichée dans les cellules du stratum cortical ; ce sont les cellules elles-mêmes de ce tissu qui remplissent les fonctions de sporanges; la fructification ne fait pas, par conséquent, saillie à la superficie de la fronde, elle est interne, ce qui fait qu'elle ne peut être accompagnée par des paranémates, comme cela s'observe dans le genre Asperococcus ; il ne faut pas considérer les poils hyalins articulés, très longs et atténués à leurs extrémités, qui recouvent touteé les surfaces de la fronde, comme étant de vraies paranémates, car ils n’en remplissent pas les fonctions et ne persistent pas comme ces dernières qui accompagnent réellement la fructification et la caractérisent dans les genres où elles s'observent. Le Punctaria n'est pas le seul genre dans toute la famille des Dictyotées qui présente sa fructifi- cation à l’intérieur de la fronde; le genre Taonia nous offre aussi dans le Taonia alomaria une fructification tétrasporique à moitié enchâssée dans le stratum cortical. Ce fait nous démontre une fructification intermédiaire (relativement à son agencement dans le stratum) entre le genre Punctaria où elle est interne et l’Asperococcus où elle est entièrement externe. | Le 18 mars 1855, nous examinions des échantillons de Punctaria latt- folia qui nous paraissaient, à la loupe, ponctués de petits points jaunes avec des intervalles plus clairs; nous soumimes une portion de la fronde à la lentille du microscope pour connaitre cette particularité tissulaire; nous vimes que cet état était dû à des cellules gorgées de sporidies, ne parais- sant pas noires vues en masse, mais jaunes ; tandis que dans certaines cir- constances les sporanges de cette Algue sont ou paraissent presque noirs par la grande quantité de sporidies qui y sont condensées; seulement, dans ce cas, ils sont moins nombreux, laissant des intervalles entre eux. Nous avons vu ces cellules matricales se vider, et les sporidies qu’elles contenaient se disséminer isolément et sortir par le milieu de la surface de la cellule en s’irra- diant dans tous les sens; elles sont ovoïdes et ceintes par une membrane hyaline bien accusée ; elles se meuvent avec autant de vélocité que celles con- tenues dans les sporanges foncés. Cette dissémination des sporidies a surtout lieu sous l'influence de la lumière, qui parait avoir une action très marquée sur ces petits organismes; il semble qu'ils en attendent un faible rayon pour faciliter leur dissémination, comme nos belles fleurs pour s'épanouir. Ce fait de physiologie est très intéressant ; il nous démontre que la surface de cette Algue peut être considérée comme un vaste réceptacle. La singularité de la dissémination du genre Punctaria dans la famille des Dictyotées ne peut pas être mieux comparée qu'à celle que l'on observe dans la dissémination de l’ Enteromorpha percursa, dans la tribu des Ulvacées ; et c’est vraiment chose admirable que d'apercevoir dans nos humbles Algues les affinités plus SÉANCE DU 8 Juin 1855. AAA ou moins éloignées qui existent entre les familles et les genres se dessiner aussi nettement que celles que nous observons dans les familles et genres des ordres supérieurs. Il nous eût été bien agréable de pouvoir citer ici des observations de M. Thuret sur le genre Punctaria, mais fâcheusement, dans ses savantes et consciencieuses recherches sur les zoospores des Algues, publiées en 1851, nous n'avons rien trouvé à ce sujet, quoiqu'il ait fait mention d'une nouvelle famille qu'il nomme Punctariées, et dans laquelle il fait entrer les Asperococcus, mais il n'y signale pas d’autres genres. Genre AsPErOcOCCUs, Lamour. Ce qui singularise l’organisation de l Asperococcus compressus, c’est que les grosses cellules incolores qui forment le stratum interne émettent une grande quantité de filaments courts, fins, articulés, hyalins, simples ou rameux, qui s'entrecroisent et remplissent tout le centre étroit de la fronde en contractant, quelquefois, des soudures avec les deux côtés du stratum. Ce caractère est particulier à cette espèce, car l’Asperococcus bullosus et l’ Asperococcus echinatus en sont dépourvus, et la rapproche, sous ce rapport seulement, des espèces appartenant au genre Séilophora dont les cellules du stratum interne émettent aussi, de distance en distance, quelques groupes de filaments courts, incolores, articulés, mais en quantité moindre. Nous croyons que ces observations pourront intéresser, qu'elles feront apprécier davantage toute l'importance que l’on doit donner à l'organisation tissulaire des genres composant la famille des Dictyotées et qu’elles feront mieux connaitre les rapports ou affinités qui les relient entre eux au point de vue organographique ; mais le caractère ne fait pas le genre, est une règle linéenne que tout naturaliste, dit M. De Candolle, doit avoir perpétuel- lement devant les veux. M. Kützing, dans son Species Algarum, a érigé en genre l’ Asperococcus compressus sous la dénomination d’ Haloglossum; nous allons démontrer par l'analyse que les caractères de la fructification de son enre sont ceux qui singularisent l Asperococcus. M. J. Agardh n’a pas cru devoir l'adopter dans son Species ; il s'en est servi pour établir, dans les Asperoccocus, une division, ce qui est plus rationnel. La fructification, réunie en sores arrondies, est formée par des sporanges pyriques ou ovés, fixes Sur les cellules colorées qui constituent la surface du stratum externe ; ils Sont accompagnés par quelques paranémates cylindriques obtuses, arti- culées, très courtes, offrant dans chaque article un nucleus chromulaire condensé à leur sommet. Le 8 mars 1855, nous vimes sous la lentille du microscope le sporange donner issue, par son sommet, à une petite masse elliptique ponctuce qui Sort assez lentement pour permettre à l'observateur de bien la voir; une fois entièrement sortie, elle reste dans une immobilité complète une seconde ou deux, puis, tout à coup, on voit les sporidies sphériques qui la compo- T. JT. 30 A2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sent entrer en mouvement, changer de forme en prenant celle d’une poire, puis s'éparpiller dans tous les sens en manifestant des mouvements très vifs et différents ; dès qu’elles se meuvent, elles sont ceintes par une mem- brane hyaline bien accusée, le nucleus chromulaire de la sporidie se trouve condensé dans sa partie inférieure et l’extrémité atténuée est hyaline; enfin on observe un mouvement de tremblement ou de trépidation très vif; ce sont les granules du nucleus qui, s’agitant dans l'intérieur de la sporidie, occasionnent ce singulier mouvement, étant dans de nouvelles conditions d'existence et ayant une tendance à se développer. 24 heures après leur dissémination elles nous ont paru sphériques et ceintes par une membrane hyaline; au bout de 16 jours les sporidies étaient allongees en filaments offrant de deux à trois articles ayant dans leurs sommets quelques granules colorés. Genre STRIARIA, Grév. En faisant l’anatomie de la fronde du Striaria attenuata, nous avons remarqué que la coupe horizontale était identique d'organisation avec celle des Asperococcus bullosus et A. echinatus ; les sommités de la fronde sont très atténuées, filamenteuses, et présentent, au microscope, l'aspect d'une Algue articulée ; ces sommités sont striées transversalement par des lignes formées de petites cellules carrées, disposées régulièrement et diminuant en nombre jusqu’à leur extrémité, où elles se trouvent réduites à une seule série de cellules superposées, dont la dernière est terminée par un poil hyalin articulé, très long; on croirait voir des ramules d'£etocarpus. Cette particularité tissulaire caractérise bien plus le genre, sous le rapport de sa dénomination générique, que celle des sores disposées en séries transver- sales, dernier caractère qui n’est pas toujours constant, car souvent les sores ne présentent nullement cette disposition et se rapprochent alors de celle du genre Asperococcus avec lequel il a les plus grandes affinités. Plu- sieurs auteurs, qui en ont parlé avant nous, ont fait la même remarque ; cependant, il a des caractères qui le singularisent, à la vérité ils sont peu tranches, mais ils suffisent pour ne pas en faire un Asperococcus. Nous ne pouvons passer sous silence l'observation faite par M. Decaisne dans ses Plantes de l'Arabie heureuse, p. 141, relativement au genre Striaria, qui parait être tres voisin, dit M. Decaisne, du genre Dichloria par l’opposition de ses rameaux ; ce rapprochement ne reposant que sur l'examen extérieur de la fronde, et par conséquent ne pouvant pas éclairer suffisamment, laissait à désirer; nos études sur ce genre nous ont prouvé qu’il appartient réellement aux Dictyotées et non aux Sporochnoïdées, comme le ferait supposer l'observation de M. Decaisne. M. Chauvin, dans ses excellentes Recherches, dit, page 65, que les genres Striaria et Stilophora pourraient être réunis sous une même dénomination SÉANCE DU 8 JUIN 1855. hh3 générique ; cette assertion de sa part nous a bien surpris, d'autant plus que ces deux genres ont, non-seulement une organisation tissulaire interne différente, mais encore chacun une fructification particulière très remar- quable qui les singularise et les distingue parfaitement. La fructification du Striaria forme, comme celle de l Asperococcus, des sores arrondies sur toute la surface de la fronde et disposées souvent en séries transversales ; mais ce qui la différencie, c'est que les sporanges qui les composent ne nous ont offert aucune paranémate, car nous ne pouvons pas prendre pour telles de petits corps en massue presque incolores, inarti- culés, renfermant, seulement dans leur partie supérieure, quelques granules ; nous croyons plutôt que ces petits corps sont les premiers développements des sporanges puisqu'ils sont plus petits qu'eux et forment autour de la sore une couronne qui la circonserit et lui donne un caractere particulier ; cependant, on observe quelques poils hyalins articulés accompagnant les sores, mais ces poils sont semblables à ceux qui recouvrent toute la fronde et ne peuvent pas, par conséquent, être considérés comme appartenant à la fructification. Le 3 avril 1855, nous vimes la dissémination des sporidies, non-seule- ment des sporanges, mais encore des cellules qui forment le stratum externe de la fronde ; elles sont pyriques et présentent, lorsqu'elles sont en mouve- ment, un rostre assez pointu qu’elles remuent de temps en temps avec une agilité surprenante, puis elles continuent à vaguer avec promptitude en décrivant des courbes plus ou moins irrégulières. La matière granulaire qu'elles renferment nous a paru, à un grossissement de 340 fois, disposée en un filet spirale; ce caractère ne peut bien s’observer que lorsque ‘on fait sortir les sporidies du sporange un peu avant leur entière maturité ; Cependant, à cette époque, elles jouissent du mouvement qui leur est inhé- rent à leur maturité parfaite, mais elles l'exécutent lentement, ce qui per- met de mieux voir l'aspect que présente, dans son intérieur, la matière granulaire. Les Dictyotées se reproduisent par des spores et des sporidies ; nous croyons que la réunion des différents genres qui composent cette famille, telle qu’elle a été circonserite par M. Jacob Agardh (1), offre une série de senres ayant entre eux de grands rapports, non-seulement au point de vue de l'organisation tissulaire, mais encore sous celui de la fructification si Caractéristique pour chacun d'eux. Si M. Thuret (2) ne voit dans cette dis- tribution des genres, par M. J. Agardh, « qu'un assemblage de plantes hétérogènes, n'ayant presque aucun rapport entre elles et dont la fructifi- ĉation surtout est essentiellement différente, » nous croyons qu'il s'éloigne (1) Species Algarum, p. 68. Snas (2) Recherches sur les Anthéridies des Algues (Annales des sc. nat., IV° série, t I, p, 5), Ahh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la vérité; vouloir retirer de la famille des Dictyotées les genres qui n'offrent que des sporidies et pas de spores, pour les incorporer dans ses Phéosporées, c’est, selon nous, briser les affinités les plus nettement dessi- nées et les plus naturelles. Genre HALYSERIS. M. J. Agardh (Species Algarum) ignore si le sphérospore contient quatre spores ; M. Harvey ne nous fait pas connaitre, non plus, qu'il se divise en A spores. Enfin, M. Thuret dit que dans les genres composant ses vraies Dictyotées (dont fait partie l'Aalyseris), les sphérospores se divisent crucialement. Nous avons vu les sphérospores du genre Æ/alyseris, offrir à leur parfaite maturité une division triangulaire et les spores se disséminer dans le vase où nous conservions la plante pour nos observations ; au bout de 4 à 8 jours, nous vimes que les spores étaient pluriloculées et plusieurs d’entre elles offraient, au centre de chaque locule, un nucleus chromulaire plus foncé, puis qu’elles avaient émis un filament radiculaire articulé, sim- ple ou se bifurquant à son extrémité, ayant au centre de chaque article un point formé par la chromule. Cette singulière germination offre une anā- logie frappante avec celle que nous avons observée sur les spores du T'ilop- teris Mertensii, Kütz., Algue remarquable qui a subi des mutations d'un genre dans un autre, que M. Kützing a érigée en genre, et qui, tout récem- ment, a été élevée au rang de famille par M. Thuret (1). Nous reviendrons plus tard sur cette curieuse et intéressante Phycée dont M. Chauvin (2)a donné une bonne analyse, et que nous rapportons à la famille des Sphacé- larices. Un fait bien plus intéressant et que nous avons observé sur le genre Haly- dris, c'est la découverte des sporanges qui occupe dans cette espèce, commè du reste cela s'observe dans plusieurs autres genres de la famille, la surface de la fronde, où ils sont très nombreux, mais très espacés entre eux. Nous avons examiné au microscope ces sporanges qui sont ronds ou Ovés, ceints par une membrane hyaline fortement accusée, et nous avons vu les sporidies qu'ils contenaient sortir par le sommet du sporange et se disséminer Sur le porte-objet du microscope ; elles sont ovoïdes, presque rondes et jouissent du mouvement inhérent à toutes les sporidies. Ce fait est en opposition avec la manière de voir de M. Thuret relativement à ses vraies Dictyotées où il n’admet que des spores, et nous démontre que l'on doit toujours généraliser avec circonspection, surtout dans une famille comme celle des Algues, où tout est exception, comme le fait observer judicieusement M. Decaisne (3). (1) Annales des sc. natur., IV® série, t. IL, p. 6. (2) Recherches sur l'organisation, la fructification et la classification des Algues, p. 68. (3) Essai sur une classification des Algues (Ann, des se, nat., 1842). SÉANCE DU 8 jurn 1855. hA5 M. Harvey (Phycol. Brit.) dit : madame Griffiths qui, la première, observa les spores disséminées sur la fronde (sporange Nob.), a trouvé quel- ques spécimens dans lesquels la fronde est marquée, dans les endroits ordi- nairement occupés par les sores, de lignes brunes nuageuses figurant une mappemonde dont les espaces sont ordinairement plus transparents que le reste de la fronde; M. Harvey fait observer qu'elles indiquent probable- ment un état maladif dans les cellules fructifères ; nous croyons plutôt pou- voir les considérer comme des anthéridies. M. Trécul fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA STRUCTURE DES FEUILLES DES ORCHIDÉES, ET SUR UNE GLANDE CRYPTOIDE QUE PRÉSENTENT PLUSIEURS D'ENTRE ELLES, pr M. A. TRÉCUL. Le parenchyme des feuilles offre des modifications très importantes que les botanistes ne se sont pas suffisamment appliqués à décrire. Ils se con- tentent généralement de signaler quelques variations de structure que pré- sentent les feuilles minces ordinaires, aériennes ou submergées, et celles des feuilles épaisses et charnues des plantes grasses. Ils disent que, dans les feuilles minces membraneuses, les cellules sont : 4° ou à peu près toutes de même forme et réparties entre les deux épidermes, de manière à laisser entre elles des espaces libres pour la circulation de lair ; 2° ou bien que les cellules constituent deux régions ou couches, dont l’une est supérieure et l’autre inférieure ; que dans toutes les deux, les cellules contiennent à l’état normal des grains de chlorophylle ; que les utricules de la supérieure sont placées sur deux ou trois rangs, oblongues, rapprochées les unes des autres, et dirigées perpendiculairement aux faces de la feuille ; que celles de la couche inférieure sont souvent irrégulières et disposées de manière à laisser entre elles des espaces fréquemment assez considérables qui donnent à cette par- tie du parenchyme une structure spongieuse ; enfin, que le parenchyme des feuilles charnues est composé d’un tissu utriculaire plus serré, dont les cellules périphériques surtout renferment la matière colorante verte. Cependant M. Schleiden a signalé la variété qui existe dans la structure des feuilles, car ila dit dans ses Grundzüge (édit. 1850, p. 198) que presque toutes les combinaisons de formes des organes élémentaires et des différents tissus se présentent dans les feuilles, et, au nombre de quelques exemples qu’il désigne, se trouve l'apparition des cellules spiralées dans le paren- chyme des feuilles de certaines Orchidées tropicales, mais il ne donne aucun détail sur la structure de ces feuilles. Avant lui, Meyen avait déjà indiqué l'existence des cellules spiralées dans quelques espèces. Ayant étudié un assez grand nombre de feuilles d'Orchidées, jy ai trouvé les modifications suivantes, d'après lesquelles on peut les diviser en trois catégories. hA6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A. — Dans la première, qui comprend probablement la plus grande partie des Orchidées, les feuilles ont une structure analogue à celle de la plupart des autres plantes. L'épiderme est ordinairement composé d’une seule couche de cellules, et présente fréquemment des particularités que je décrirai dans un travail plus général sur la structure des feuilles. Cet épiderme n’est souvent revêtu de stomates qu’à la face inférieure de la feuille. Il enveloppe un parenchyme tantôt mince, tantôt plus ou moins épais, qui contient de la matière verte dans toute son épaisseur. Çà et là seulement sont quelques cellules incolores dans lesquelles on trouve des paquets d’élégantes raphides. Dans beaucoup d’espèces, ce parenchyme est homogène dans toute son étendue, c’est-à-dire que toutes ses utricules ont à peu près la même forme et le même volume, ou que celui-ci ne varie que peu d’un côté à l’autre de la feuille. (Ex.: Orchis mascula, Gymnadenia conopsea, Platanthera bifo- lia, Oncidium Harrisont, Epidendrum ciliare, Cypripedium barbatum, Maxillaria tenuifolia, Phajus Wallichii, ete.) Il arrive aussi que les cellules sont plus grandes près de la face supé- rieure, et disposées de manière que leur grand axe est perpendiculaire à l'épiderme. Celles des feuilles du Dendrobium speciosum sont remarquables à cet égard ; elles sont assez longues, étroites, presque toutes aiguës aux extrémités comme de véritables clostres, et irrégulièrement placées sur quatre rangs. Dans d'autres espèces, comme le Maxillaria atro-rubens, ete., ces utricules de la région supérieure du limbe sont seulement ovales ou elliptiques. Il y a de plus des plantes, par exemple l Ẹpipactis palustris, dont les cellules parenchymateuses, même celles qui sont situées immédiatement au-dessous de l'épiderme supérieur, sont déprimées parallèlement aux faces de la feuille. Enfin, dans les feuilles cylindracées de quelques espèces, comme le Leptotes bicolor, ies cellules subépidermiques sont plus petites que celles du centre, et contiennent aussi plus de matière colorante verte que Ces dernières dans lesquelles elle est presque nulle, Dans ce premier type se rangent aussi le Goodyera repens, V Oncidium Papilio, le Pholidota imbricata, ¥ Epidendrum pachyphyllum, ete., ete. B. — Les plantes que renferment la deuxième catégorie et la suivante ne semblent pas aussi nombreuses que celles qui appartiennent à la pre- mière; cependant elles se rencontrent assez fréquemment pour que je puisse en citer déjà une quantité assez notable. Dans les feuilles de la deuxième catégorie, le parenchyme vert s$ "étend, comme dans celles de la premiere, de l’épiderme de l'une des faces à celui de l’autre, mais elles présentent un phénomène bien singulier : c'est que de nombreuses cellules incolores, munies de spirales analogues à celles des SÉANCE DU 8 Juin 1855. A7 trachées, sont répandues entre les cellules parenchymateuses vertes qui sont ordinairement beaucoup plus petites qu’elles. Les spiricules dont ces cellules sont ornées forment des hélices à tours plus ou moins serrés ; elles sont toujours réunies par la membrane utriculaire dans la jeunesse des cellules, ce qui tient à leur mode de développement que j'ai décrit dans la séance du 9 mars 1855 (Bulletin de la Soc. Bot. de France, t. 11, p. 153 et suiv.). Dans un âge avancé, ces spirieules sont fréquemment rendues libres, comme celles des trachées proprement dites, par la résorption de la mem- brane-mère dans les intervalles de leurs tours de spires. J'ai toujours vu dans la même cellule plusieurs spiricules tournant dans le même sens. Tantôt chacune d'elles est simple, et tantôt elle est cà et là bifurquée comme le sont aussi quelquefois les spiricules des trachées. Ces bifurcations servent en quelque sorte de passage aux cellules réticulées qui, dans quelques plantes rares, sont mélées aux cellules spiralées, où même les remplacent tout à fait. Dans l'£pidendrum fragrans, par exemple, je n'ai trouvé que des cellules réticulées répandues entre les utricules du parenchyme, Je crois même que certaines cellules, qui renferment de la matiere verte, sont réticulées, surtout celles qui sont dans le voisinage de l'épiderme inférieur. A cette deuxième catégorie appartiennent les Pleurothallis prolifera, cochleata, saurocephala, le Megaclinium maximum, ie Bolbophyllum recur- vum, les Saccolabium guttatum, Blumei, ete. €. — Dans la troisième catégorie, les feuilles ont une structure plus sur- prenante encore. Le parenchyme vert est complétement isolé de l’épiderme, tout autour de la feuille, par des utricules incolores, mais les cellules qui l'isolent ainsi ne sont pas toutes de même nature : les unes sont munies de Spirales, les autres en sont dépourvues, et ces deux sortes d'utricules affectent l’une par rapport à l’autre, et par rapport au parenchvme vert, une disposition basée sur un type constant. C’est ainsi qu'il y a ordinaire- ment à la face inférieure de la feuille, immédiatement au contact de l'épi- derme, une série de grandes utricules spiralées qui sépare cet épiderme du Parenchyme vert, et au-dessus de ce parenchyme vert une couche épaisse de sept à huit séries d’utricules incolores qui le séparent de l'épiderme Supérieur, De ces sept à huit séries d’utricules incolores superposées, il y en à quelquefois une, plus rarement deux, dont les cellules sont munies de spirales. Lorsqu'il n'y en a qu'une, c'est la série qui repose immédiatement sur le parenchyme vert. Ses cellules sont beaucoup plus grandes que toutes les autres ; elles sont aussi beaucoup plus longues que larges, et leur grand diamètre est perpendiculaire aux faces de la feuille. Quand il y a deux ran- gées de cellules spiralées, la seconde est placée plus haut, et elle est séparée de la précédente par une couche de trois ou quatre rangées de cellules inco- lores beaucoup plus petites, et de l'épiderme supérieur par une couche AALS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. semblable de cellules de même nature, c'est-à-dire incolores et lisses. Les feuilles adultes du Pleurothallis spatulata, Ad. Br., sont un bel exemple de ce dernier cas. ‘Je dis les feuilles adultes, parce que, si l'on étudie des feuilles d'âges différents, on s'aperçoit que ce sont les spiricules des cel- lules de la face inférieure qui naissent les premières ; que celles de la rangée de cellules placées immédiatement au-dessus du parenchyme vert se montrent ensuite, et que les spiricules de la série la plus élevée se déve- loppent les dernieres. Dans les feuilles de quelques plantes, il n’y a souvent que les spirales des utricules de la face dorsale ou inférieure qui se manifestent ; il ne s’en forme pas dans les cellules incolores de la face supérieure, qui sont parfois plus ou moins régulièrement plissées, ce qui indique qu’il y a eu un com- mencement de formation hélicoïde. Dans le Pleurothallis panicoides, Ad. Br., ms., les spirales des utricules de la face inférieure ne se montrent même le plus fréquemment pas. Ces cellules, pour la plupart incolores, cà et là pleines d'un liquide violet, restent lisses. Au-dessus du parenchyme vert, au contraire, on remarquè souvent des hélices rudimentaires. Les plantes les plus remarquables que j'ai notées dans cette catégorie sont les Pleurothallis spatulata, racemiflora, laxiflora, panicoides, le Phy- sosiphon Loddigesii, le Lepanthes cochlearifolia, le Stelis ophioglossoides, le Masdevallia infracta, ete. La feuille du Pleurothallis ruscifolia, vue par Meyen et M. Schleiden, viendrait s'ajouter aux précédentes. Ce dernier type des feuilles des Orchidées présente bien encore quelques modifications. Ainsi on voit dans quelques espèces (Masdevallia infrac- ta, ete.), que la couche des cellules spiralées inférieure est mêlée de quelques utricules contenant de la chlorophylle, et dans d'autres cas, que des cellules spiralées se mêlent au contraire au parenchyme vert, comme dans les feuilles de la deuxième catégorie, la structure du troisième type étant malgré cela conservée. Les feuilles des Orchidées ne sont pas, au reste, les seules dont le paren- chyme vert soit ainsi isolé de l'épiderme par des cellules incolores. Certains Begonia, les B. sanguinea et ramentacea, par exemple, offrent ce singulier phénomène, mais je n'ai jamais vu leurs cellules incolores munies de spiricules. Les feuilles d'un certain nombre d'Orchidées, et principalement celles du troisième groupe, renferment une sorte de petit organe qui a été entrevu par Meyen sur le Pleurothallis ruscifolia, et ensuite par M. Schleiden sur la même plante. II consiste en de petites fossettes quelquefois très profondes qui existent tantôt sur une face, tantôt sur les deux faces de Ja feuille. Il en sort communément une matière d'apparence granuleuse, qui salit la surface de l'épiderme jusqu’à une assez grande distance de l'ouverture. SÉANCE DU 8 JUIN 1855. hh9 Meyen (d’après M. Schleiden, car je n'ai pu me procurer l'ouvrage dans lequel Meyen en a parlé) avait pris leurs orifices pour des stomates. M. Schleiden qui les a étudiés après lui, seulement aussi sur le Pleu- rothallis ruscifolia, les a bien observés. Il s'est aperçu que la cavité est fermée transversalement dans sa partie moyenne par une membrane que l'on enlève, dit-il, assez souvent en faisant les coupes. Il a vu que cette membrane est fréquemment masquée par une sécrétion que l'on peut faire disparaitre en la dissolvant dans une huile essentielle ; il dit aussi que les cellules, soit spiralées de la face inférieure de la feuille, soit non spiralées de la face supérieure, se modifient dans leur paroi quand elles sont en con- tact avec les cellules adjacentes à la cavité; alors elles paraissent poreuses ou rétiformes comme elles. M. Schleiden n'ayant pu suivre le développement de ces organes ne put reconnaître leur nature avec certitude. Cependant, à l’aide d’une compa- raison ingénieuse, il est arrivé à s’en faire une idée assez exacte. Dans sa note intitulée Ueber die Grubchen in der Epidermis einiger Bleætter, publiée à Leipzig, en 1844, dans ses Beitræge zur Botanik, page 5 et suivantes, il décrit d’abord les petites cavités infundibuliformes qui existent à la face inférieure du Nuphar lutea, et qui sont la base de longs poils tombés que l'on observait là pendant la jeunesse de la feuille; il cite ensuite les poils plus courts de l'Acrostichun alcicorne, qui sont insérés dans un petit enfoncement de l'épiderme ; enfin, il indique, dans le Peperomia peresciæ- folia, un poil plus court encore, composé de deux très petites cellules, lequel poil est attaché dans une fossette plus profonde que la précédente. Il termine sa note par la description des organes en question, et de ce rapprochement il parait disposé à croire qu'ils ont un poil pour origine. Le doute de M. Schleiden sur leur véritable signification m'autorise à faire connaître le résultat de mes observations, qui ont porté sur un assez grand nombre d'Orchidées ; car, le Pleurothallis ruscifolia que, du reste, je n'ai pas eu à ma disposition, n’est pas le seul végétal qui les présente. Je les ai vus sur le Physosiphon Loddigest, les Pleurothallis spatulata, pani- coides, racemiflora , laxiflora, le Leptanthes cochlearifolia, le Dendrobium speciosum, ete., ete. Les plus profonds que j'ai observés m'ont été fournis par le Physosiphon Loddigesii ; ils atteignent en profondeur jusqu'à trois fois l'épaisseur de l'épiderme ; mais ils ne présentent pas, comme l'exemple cité par M. Schlei- den, les caractères singuliers résultant de la modification des cellules spirales voisines; ses cellules du fond ne sont ordinairement que finement ponctuées. Au reste, le défaut de ce caractère permet de mieux discerner la nature et l'origine de ces cellules basilaires; on voit qu’elles sont de nature épider- mique, ce qu'il n'est pas possible de reconnaitre partout, quand elles sont plus Profondément modifiées, Ici, on voit que l'épiderme rentre à l'intérieur du h50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parenchyme pour former une cavité irrégulière, quelquefois cylindroïde, plus large même en bas qu'un peu au-dessous de l'ouverture; mais le plus souvent elle est infundibuliforme, et un peu dilatée dans la partie moyenne. Les cellules épidermiques rentrantes vont en diminuant de dimension en s'éloignant de la surface de la feuille. Celles qui sont le plus près du fond de la cavité sont marquées de ponctuations tres petites qui ne traversent pas (ou pas toujours) leur membrane externe, comme cela a évidemment lieu dans d’autres plantes. La cavité, dans une jolie préparation que j'ai sous les yeux , et que je conserve dans la glycérine, est parfaitement continue d’une extrémité à l’autre, bien que certainement la coupe n'ait point enlevé la membrane qui la ferme transversalement dans le plus grand nombre des cas, à une certaine époque, du moins, ainsi que je le décrirai plus loin, et ainsi que l’a annoncé le célèbre anatomiste allemand dont j'ai rappelé le travail. La cuticule, qui est très épaisse, descend en suivant les sinuosités de la cavité et s'arrête près du fond, mais sans toucher en ce point basilaire la paroi utriculaire voisine, en sorte que l'on a un véritable entonnoir ouvert par les deux bouts. Ce phénomène est plus net encore dans d’autres plantes , dont la cuticule est bien plus épaisse et le petit orifice inférieur plus large ; néanmoins il ne m'a pas semblé général. Il serait possible que cela fût dû à ce que les coupes n'étaient pas faites exactement dans l'axe de l'organe. Quand il existe une membrane obturatrice du côté de louverture externe, elle est bombée vers le dehors et s'insère vers les deux tiers de la hauteur de l'infundibulum. Dans les autres plantes citées dans ce travail, cette mem- brane, attachée au pourtour de la cavité, s'élève verticalement en suivant les parois de celle-ci, puis elle se courbe à angle droit de manière à présenter une surface plane ou un peu oblique. Cette pellicule donne, dans ce cas, l'idée d’une cellule qui serait adhérente à la paroi de la cavité dans Ja moitié ou les trois quarts de son étendue et libre dans sa partie supérieure ; elle rappelle alors la disposition des ovaires semi-adhérents. Parmi les plantes que j'ai données pour exemple, je puis citer particuliè- rement le Pleurothallis spatulata. Chez lui, ces petits organes ont également une assez grande profondeur. Ils sont intéressants aussi à cause de la fa- cilité avec laquelle on y observe la disposition de la membrane obturatrice. l Maintenant que j'ai esquissé leur structure, je vais rechercher leur ori- gine, je vais m'assurer s'ils ne sont que la base de poils plus ou moins allongés, comme les cavités que l'on observe à la face inférieure des feuilles des Nymphéacées ; ou bien si ce sont des organes entiers, des sortes de glandes cryptoïdes. A cause de la difficulté d'obtenir des feuilles suffisamment jeunes de ces plantes rares, je wai pu, jusqu’à ce jour, bien étudier sous ce rapport que le Physosiphon Loddigesii. Voici ce que j’ai remarqué. Dans une feuille de deux SÉANCE DU 8 juin 4855. A54 centimètres et demi de longueur, dont le sommet était vert et la base jau- nâtre, les cellules sub-épidermiques du sommet de {a feuille ne présentaient pas encore de traces des spiricules (cette plante appartient à la troisième catégorie), mais nos petits organes cryptoïdes étaient déjà bien développés et présentaient l'aspect de ceux des feuilles adultes; seulement les parois étaient plus minces, et il n’y avait pas encore de ponctuations dans leurs cellules basilaires, c’est-à-dire, du fond. Vers la partie inférieure et jeune de la feuille, les cellules centrales du parenchyme contenaient des granules de matière colorante imparfaite, jau- nâtres ; mais il y avait sous l'épiderme plusieurs couches de cellules incolores un peu plus petites que celles de l’épiderme (à l’état adulte, ces cellules, qui Sont spiralées du côté inférieur de la feuille, sont beaucoup plus grandes qu'elles) ; le plus grand diamètre des cellules épidermiques était perpendicu- laire à lasurface de la feuille. Cet épiderme était traversé par les petits organes en question, mais ils étaient moins avancés dans leur développement que vers le sommet de la feuille, où je n'avais remarqué qu'une cellule à peu près obco- nique'enfoncée dans la cavité, et surmontée de quelques débris membraneux, dont je n'avais pu reconnaitre l’origine. A la base de la feuille, je pus voir que ces débris étaient ceux d'une cellule qui, là, était entière et surmontait la cellule obconique. Dans quelques organes très jeunes, cette cellule était à peu près alobuleuse, déprimée seulement du côté par lequel elle était appliquée sur inférieure, ou bien elle était un peu plus longue que large. Ailleurs, cette même cellule terminale était à peu près hémisphérique. Dans les organes précédents, cette cellule était incolore ; dans de plus âgés, elle était brunie ; dans de plus vieux encore elle était ouverte, lacérée ; dans des organes adultes, elle avait complétement disparu ; il ne restait plus que le Sommet de la cellule inférieure, qui, persistant longtemps, forme la mem- brane obturatrice. On le voit donc par là, ces sortes d'organes excréteurs du Physosiphon Loddigesii, ces petits cryptes, contiennent, à l'origine, un poil composé de deux utricules ; l’une inférieure semi-adhérente, l’autre supérieure, qui dis- parait de très bonne heure. Entre ces organes et les poils proprement dits, on peut observer toutes les transitions dans la famille des Orchidées. Et même, une seule plante nous en fournira un exemple satisfaisant. C'est le Mazillaria atro-rubens. En effet, ìl y a sur les deux faces de ses feuilles des petites fossettes qui rejettent aussi à l'extérieur une matière granuleuse qui se dissout dans la glycérine. Si l'on étudie avec soin ces cavités, on découvre au fond une seule cellule déprimée, Un peu conique inférieurement, et qui est colorée en jaune brunâtre. En examinant le développement de ces fossettes, j'ai vu que l'épiderme porte çà et là une cellule déprimée et marquée de points très ténus, qui est fixée dans une dépression très légère de l'épiderme. Pendant l'accroissement de la h52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuille, par la dilatation du parenchyme autour de chacune de ces cellules déprimées, celles-ci deviennent progressivement de plus en plus enfoncées, jusqu'à ce que le développement de la feuille cesse. Beaucoup de ces cellules restent dans cet état ; mais il en est qui, par un de leurs côtés, s'allongent et donnent naissance à un poil oblique quelque- fois assez long et composé de quelques utricules. Est-ce à dire pour cela que nos petits organes cryptoïdes ne soient que les analogues des poils ordinaires et des poils glandulifères ? Evidemment ils rentrent dans ce groupe d'organes, mais il me semble qu'ils ont des carac- tères particuliers, qui autorisent à les distinguer par le nom de glandes cryptoides. Cette désignation, qui en peint en quelque sorte l'apparence et les fonctions, a l’avantage de ne pas introduire dans la science un mot de création nouvelle. M. Reveil donne lecture de la note suivante adressée à la Societe : NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE TACSONIA, par M. le Dr EUGÈNE RAMPON. (Paris, juin 1855.) Tacsonr4....... — Espèce non décrite. Feuilles cordiformes à la base, profondément trilobées, à lobes étroits, ovalo-lancéolés, aigus, dentés (remote), les latéraux plus petits, légèrement divergents, glabres en dessus, pubescentes en dessous; pétioles courts, pout- vus de petites glandes sessiles. Stipules..... Pédoncules et cirrhes axillaires. Pédoncules grêles, très longs, de 25 à 28 centimètres, tordus, légèrement scabres, se colorant en rouge foncé près de la fleur. Fleurs longuement pendantes. Calieules à 3 bractées distinctes, sessiles, ovales, aiguës, dentées, pubérulentes en dessous, longues de 16 à 17 milli- mètres, larges de 9 à 40 millimètres.. Tube calicinal court (3 à 4 centimètres), cylindrique, urcéolé à la base, vert extérieurement, pourpre-noir intérieurement, gorge blanche, division plus longue que le tube (5 centimètres), étroite (1/2 centimètre £), aiguës, à 3 nervures, dont la moyenne se termine par une petite dent au-dessous du sommet, rouge-verdâtres extérieurement, de la couleur des pétales en dedans, et comme ceux-ci étalées horizontalement. | Pétales presque égaux en longueur aux divisions du calice, lance étalés, d’un beau pourpre éclatant. Couronne supérieure annulifort uniformément violacée, à petits denticules sur lesquels le violet est Un peu dilué. Couronne inférieure adnée au tube au-dessus de sa base, membra- neuse inférieurement, divisée supérieurement en filaments violacés. oles, me, SÉANCE DU 8 JUIN 1855. h53 Colonne staminifère beaucoup plus longue que le tube (7 centimètres). Styles d'un rose dilué. Stigmates ronds, peltés. Fruit non ponctué ovale allongé, rétréci à ses deux extrémités. — Lon- gueur 12 à 14 centimètres. Pulpe d'un gris jaunâtre, douce et agréable au goût. Graines ovales, brunes, ponctuées. Elle croit dans la province d’Antioquia (Nouvelle-Grenade), à une hau- teur de 1500 à 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Température 18 à 20 degrés cent. On la cultive aussi à Bogota, dans les jardins à 2600 mètres, en l’abritant le long des murs. Elle y fleurit toute l'année. Ses grandes fleurs d’un pourpre vif, à segments étalés, se balançant au bout de leurs longs pédoncules, en font une des plus belles espèces du genre, et on la préfère, sous ce rapport, aux 7. mollissima et speciosa, qui sont cepen- dant fort remarquables. Après cette communication, M. Reveil présente à la Société : 4° Une cire végétale qu’il se propose de soumettre à l'analyse et qui a été recueillie par M. le docteur Rampon sur les stipes du C'eroxylon andi- cola dans la Cordillère moyenne, à la hauteur d'environ 2600 mètres, près du torrent du Tochecito, dans ia montagne du Quindio (Nouvelle-Grenade). 2° Un échantillon d’une racine connue dans le commerce sous les noms de huaco et de guaco, bien différente du Mikania Guaco de la famille des Synan- thérées, Cette racine, qui vient du Brésil, est attribuée au Mel-homeus ou Aristolochia grandiflora. Elle a une teinte générale fauve, une écorce spon- gieuse trés épaisse, une odeur forte, analogue à celle de la Rue, et une Saveur chaude aromatique. 3° Une fleur venant de la Nouvelle-Grenade et très employée dans ce pays. Cette fleur est produite par le Thibaudia Quereme de de Humboldt (Vacciniées). C’est un arbuste qui croit dans la Nouvelle-Grenade, province de Buenaventura, par environ 7 degrés de longitude occidentale et de 3 degrés et demi de latitude boréale, à l'ouest de la ville de Cali sur le versant oriental de la Cordillère occidentale, à une hauteur d'environ 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est encore le seul endroit de la Nouvelle-Grenade où cet arbuste ait été signalé. Les habitants de Cali disent qu'ils le doivent à une protection toute spéciale de la Vierge, qui apparait quelquefois dans ce lieu, pour y respirer le parfum de ses fleurs. Les fleurs et les rameaux exhalent, en effet, une odeur su? generis extre- Mement suave et agréable à l'etat frais, et qui parait si délicieuse aux indi- gènes, qu’ils ont donné à l'arbuste le nom de quereme qui, en espagnol, signifie aime-moi : ils en préparent des eaux distillées et des teintures alcoo- liques qu'ils employent comme médicament et comme cosmétique, et qu'ils mêlent même quelquefois à leurs pâtisseries sucrées. L'arbuste donne ses fleurs en juin et en décembre. h54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Puel, vice-secrétaire, propose à la Société d'inviter le Conseil à examiner la question de savoir si, conformément à l’art. 11 des sta- tuts, il y a lieu de convoquer à Paris dans le courant des mois d'août ou de septembre de cette année une première réunion extraordi- naire de la Société. Cette proposition est adoptée par la Société. SÉANCE DU 22 JUIN 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 juin, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une présentation. Dons faits à la Société : 1° Par M. Alph. De Candolle : Géographie botanique raisonnée, ou Exposition des faits principaux et des lois concernant la distribution géographique des plantes de l'époque actuelle. Paris, 1855, 2 vol. 2 De la part de M. Duby, de Genève : Revue des principales publications relatives aux Cryptogames qui ont paru en 1853 et 1854. Genève, 1855. 3° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, juin 4854, 2 numéros. Journal de la Société impériale et centrale d’ Horticulture de Paris, numéro d'avril 4855. M. le Président annonce que le Conseil a examiné la proposition de M. Puel et décidé qu'elle serait soumise à l'approbation de la Société : Cette proposition est ainsi conçue : La Société tiendra cette année, à Paris, une session extraordinaire dont l'ouverture aura lieu le 10 août prochain, au local ordinaire de ses séances. MM. les membres qui ne résident pas à Paris sont spécialement invites SÉANCE DU 22 Juin 1855. 455 à assister à cette séance qui pourra être suivie d’autres réunions ou d'excur- sions botaniques aux environs de Paris. La Société adopte cette proposition à l'unanimité. M. l'abbé de Lacroix fait à la Société la communication suivante : DE LA BOTANIQUE ET DE QUELQUES PLANTES CURIEUSES AUX EAUX-BONNES (Basses- Pyrénées), par M. l'abbé S. DE LACROIX. Toute la chaine des Pyrénées offre un champ riche et vaste aux explora- tions des botanistes. Il y a cependant quelques parties de ces montagnes dont la flore est plus étudiée, et partant mieux connue. Celles-là sont à proxi- mité des lieux qui attirent les voyageurs par la beauté des sites, leurs cu- riosités naturelles, l'efficacité des eaux ou le charme des réunions qu'elles occasiounent ; ou bien elles sont habitées par des hommes épris d’un amour passionné pour les plantes de leurs prairies et de leurs rochers, et qui sont bien plus à même qu’un touriste nomade de collectionner en toute saison les fleurs variées que la Providence fait naitre a chaque instant sous les pas. Les Eaux-Bonnes, au fond de la vallée d’Osseau, se trouvent dans les deux Conditions. Dès le mois de juin ses eaux précieuses voient venir à leur source une foule empressée, désireuse d'y puiser l'amélioration des organes de la respiration et de la voix. Aux malades se joignent les parents, les amis, de simples promeneurs pour qui tout lieu de société est une bonne fortune. Parmi eux on rencontre souvent des botanistes qui sont heureux de pouvoir utiliser leur déplacement au profit de la science qu'ils aiment, — D'un autre côté, dans le village de Bagès-Béost et tout à proximité des Eaux-Bonnes, réside un naturaliste indigène qui s’est élevé de lui-même, et par la seule force d’une volonté persévérante, de la modeste condition de berger jusqu'à Un point éminent dans la science, où ses observations, ses recherches quoti- diennes, ses collections nombreuses lui ont fait un nom distingue. Les Personnes qui ont des rapports avec le bon et digne Gaston-Sacaze l’aiment et l’admirent pour ses talents variés, ses prevenances délicates, frauches et cordiales. On trouve en lui un guide complaisant, un collecteur infatigable, Un généreux distributeur des curiosités qu'il rencontre. Trop peu jaloux de ses découvertes, il les communique avec une confiance qui a été souvent mal récompensée ; d'infidèles dépositaires s'attribuant le méritede nouveautes qu'ils tenaient de lui. Ces souvenirs font plus de peine à son cœur qu'a son amour-propre. Aussi ne regrette-t-il pas ce qu'il a fait, puisqu'il le recom- Mence chaque jour. I ne regrette qu'une chose : c'est de n'avoir pas trouvé chez des compatriotes dont l’herbier et les publications se sont enrichis de ses dons et de ses renseignements, les sentiments qu'il a rencontres dans M. Georges Bentham, qui lui a dédié le Lithospermum Gastoni. h56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A son imitation, et sous la direction de ses conseils amis, d'autres per- sonnes du pays recherchent avec zèle et intelligence les plantes locales. Il est aisé de comprendre d'après cela comment le site botanique des Eaux- Bonnes, si scrupuleusement exploré jusqu’à ce jour, n'offre plus que de loin en loin des plantes réellement nouvelles à introduire dans la science, et combien même il est rare d’y découvrir des espèces déjà connues qui, existant là, n'y auraient pas été mentionnées encore. Toutefois nos recherches de 1853 nous out mis à même d'en publier de l’une et de l’autre catégorie; et le bon Sacaze a bien voulu nous charger de faire connaitre un /beris nouveau qu'il a récolté dans un sol ferrugineux, au col de Tortes et sur la montagne de Louvie-Soubiron, non loin de la car- rière de marbre. C’est une bellé adjonction aux curieuses plantes du même genre que les Eaux-Bonnes procurent aux botanistes : Zb. Forestieri, Jord. — Bernardiana, Gr. et God. — spathulata, Berg. — Garrexiana, All. En toute justice et convenance, nous dédions cette espèce à son inventeur. En voici la description : Iberis Gastonis, de Lerx. Racine vivace, simple ou un peu rameuse, per- pendiculaire ; — tige divisée dès la base en plusieurs rameaux radicaux courbés-ascendants, comme carrés et garnis sur deux faces cpposées de poils aplatis ; — feuilles alternes, assez épaisses, entourées de poils écailleux semblables à ceux de la tige, les inférieures longuement pétiolées, ovales- spatulees, un peu crénelées, les supérieures sublinéaires-spatulées, entières ; — pédoneules disposés en une ombelle qui ne se développe pas, les exté- rieurs étalés-infléchis, tous glabres en dehors et ciliés-rudes en dedans; — Sépales membraneux, lilas, à dos vert, ovales, ciliolulés et denticulés ; — pétales notablement inégaux par paires, blanc-lilas, ovales, onguiculés ; — capsule régulièrement en cercle, renflée en-dessous, à ailes saillantes tout autour, à échancrure très étroite, à lobes tantôt aigus, tantôt obtus, presque connivents avec le style dans l'état normal; — style émarginé plus long que les lobes de l’échancrure dans la jeunesse, mais les égalant à la maturité; — graines obliquement elliptiques , aplaties , ailées, marquées d'un sillon au côté externe, et d’une petite côte à la partie interne, ruguleuses et de couleur noir-olive. Notre plante, voisine de l’/beris petræa, Jord., trouvée à Athas, dans la vallée d'Aspe, par M. Jordan, diffère de cette espèce par ses tiges ascendantes tantôt simples, tantôt rameuses, toujours anguleuses, striées, garnies de poils plats sur les angles ct sur les deux faces latérales aux feuilles qui sout ciliées avec des poils semblables tout autour du limbe, tant les caulinaires que celles de la base. La siiicule de l'/berts nana, All., figurée par M. Jordan (6° frag., tab. 4, fig. D, ), représente assez bien celle de l'/6. Gastonis, qui en diffère pourtant par un sinus plus aigu et des ailes proportionnellement plus larges a la maturité. Les dimensions de cette silicule sont plus fortes que celles de SÉANCE DU 22 Jurn 1855. h57 l'Jberis petræa: ainsi tout entière elle mesure 6 millimètres de diamètre en tout sens; au sommet l'aile a 2 millimètres de hauteur sur 3 millimètres de largeur ; en partant de la base du style, le corps de la silicule, sans la mem- brane alaire, a 4 millimètres de diamètre en tous sens : les graines ont 2 mil- limètres de longueur sur 4 millimètre de largeur. La plante acquiert un développement d'ensemble également plus considérable, puisqu'elle a depuis 6 centimètres jusqu’à 20. Le style atteint la hauteur des lobes de l'échan- crure et ne la dépasse pas, comme le fait celui de l’Jberis petræa, si ce n’est: dans la jeunesse de la plante, et avant que les lobes aient pris toute leur ampleur. Les fleurs sont blanches lavées de lilas et non pas uniquement blanches. Le stigmale est échancré, tandis que celui de l’/beris petræa n’est que légèrement déprimé au centre. On peut done placer l’Zberis Gastonis parmi les espèces vivaces de la sec- tion dont les pédoncules fructifères sont rapprochés en corymbe serré, à côté de l'Jberis petræa, Jord., qui possède les mêmes caractères, et loin des /beris Garrexiana et saxatilis. Ces derniers font partie de la section des Zberis vivaces à pédoncules disposés en grappe. — Nous avons pu constater sur des échantillons müûrs de l'A/sine ceras- hifolia, Fenzl., recueillis au pic de Gère, que les graines de cette plante Sont réniformes, suborbiculaires, avec échancrure au tiers supérieur, et qu'elles sont couvertes de longues et nombreuses papilles coniques. Ces renseignements compléteront la diagnose fournie par M. Grenier dans sa Flore de France. — Dans ces derniers temps, le genre Rubus a été étudié avec ardeur quant à la distinction des espèces. Les Eaux-Bonnes semblent un lieu où se plaisent particulièrement celles qui sont considérées comme le moins Communes. Les promenades les plus fréquentées sont bordées des Rubus Lejeunei, W. N., — glandulosus, Bell. ,„— rosaceus, W . N. ,—hirtus, W.N , — ŘRadula, W. N. On voit qu'un botaniste peut, sans fatigue et dans une demi-journée du mois d'août, enrichir son herbier de ces belles et curieuses plantes trop longtemps négligées, et qui méritaient mieux des hommes de la science, malgré la rudesse de leurs aiguillons. — La nouvelle Flore de France de MM. Grenier et Godron n'admet pas le Cirsium rufescens de Ramond. Cette plante est inconnue à M. Godron, dont l'autorité de De Candolle et du Prodrome n'a pas suffi à vaincre les SCrupules. Cette plante se retrouve toujours dans les Pyrénées ; elle est commune dans les torrents des bois de Sapins et le long des ruisseaux, depuis le haut des prairies de Béost jusqu'à la crête de la montagne du méme nom, et depuis Gabas jusqu'au haut de Bious. Nous devons ce ren- Stignement à Gaston-Sacaze, ainsi que de très beaux échantillons de la Plante desséchés par lui et venant des deux localités. D'autres échantillons recueillis par un guide à Gabas ont été achetés et préparés par nous. Les T. il. 31 h58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. personnes qui possèdent l'ouvrage des savants auteurs pourront désormais ajouter, après le Cirsium oleraceo-rivulare, la description et la synonymie suivantes que nous empruntons au Prodrome, tome VI, page 647, n° 79: « Cirsium rufescens, Ram. in DC, Fl. fr., n° 3081.— (Cnicus rufescens, Loisel., FL. gall., 544.— Carduus rufescens et Carniolicus, Pers. Enchirid., 2, p. 389. — Cirsium Carniolicum, Scop. Carn., n° 4005, tab. 54. — Cnicus Carniolicus, Willd. Sp., 3, p. 1677.) —- Feuilles cordées, amplexi- caules , ovales-oblongues, garnies de cils épineux ; nervures des feuilles portant des poils courts et roussâtres, ainsi que les tiges et les involucres; feuilles supérieures sublinéaires; calathides subglobuleux , agrégés au nombre de trois ou quatre; écailles extérieures ou bractées de l’involucre pectinées-ciliées ; les intérieures linéaires peu ou point ciliées; corolle jaunâtre. » A côté de cette description succincte, nous mettons les développements donnés dans Ja Flore française de De Candolle sous le n° 1081, et qui complètent l’idée que l’on peut se faire de la plante : « Cette espèce, y est-il dit, se distingue, dès le premier coup d'œil, aux poils courts, mous, nombreux et roussâtres, qui naissent sur le haut de sa tige, sur ses feuilles supérieures et sur les pédicelles de ses fleurs. Sa tige est droite, cylindrique, striée, haute d'environ 4 mètre ; ses feuilles infé- rieures sont pétiolées, longues de 3 décimètres, sinuées ou incisées à la base ; les supérieures sont embrassantes, très légèrement décurrentes, sinuées et dentées sur les côtés, bordées de cils épineux très abondants ; leur super- ficie est pubescente et chargée de petites éminences qui la rendent un peu rude ; les feuilles florales sont lancéolées, linéaires ; les fleurs sont au nombre de trois à cinq, presque sessiles, réunies en tête; l’involuere est brunâtre, arrondi, composé de folioles linéaires, pointues, un peu pubes- centes sur le dos. » (Fl. fr., t. IV, p. 115.) — Hieracium nobile, Gren. et Godr. Cette remarquable espèce semblait totalement détruite par suite de l’inqualifiable indiscrétion d’un botaniste qui en fit déraciner 600 échantillons dans une seule nuit, et ne s'arrêta que quand il n’en rencontra plus. En 1853, nous l’avons retrouvée sur les rochers d’un jardin particulier, à droite de la chapelle; en 1854, elle Y croissait encore et s’y multipliait, lorsque Sacaze, de son œil observateur, l’a vue en notable quantité sur les rochers qui longent la route des Eaux- Chaudes à Gabas. — Dans les écoulements que l'on rencontre en allant de la promenade d'Eynard au pont d’Iscoo, nous avons recueilli le Campanula neglecta, de Rœmer et Schultes (Linné, Syst. veget., edent. R. et Sch., tom. V. p- 104). Elle était en compagnie du Campanula patula, dont elle n'est peut- être qu'un hybride. Je vais en donner la description détaillée pour suppléer à la brièveté de la diagnose fournie par l'ouvrage cité : SÉANCE DU 22 juin 1855. 459 Campanula neglecta, Rœmer et Schultes. Racine fusiforme , garnie de fibres latérales ; tige droite, anguleuse, dont les angles sont garnis de petits poils espacés, crochus, qui la rendent scabre; feuilles défléchies, ciliées, glabres, légèrement dentées, crénelées, à tissu lâche ; les radicales et les caulinaires inférieures ovales, spatulées, longuement pétiolées ; les supérieures à pétioles de plus en plus courts et presque sessiles, Jamais décurrentes ; fleurs en panicule terminale, rameuse ; rameaux étalés, ascen- dants, flexueux ; pédoncules latéraux munis de deux bractéoles placées dans la moitié supérieure; calice à sinus obtus, à divisions lancéolées, sétacées, denticulées dans leur tiers inférieur, ouvertes avant l'anthèse et puis réfléchies, arquées, à tube fort court, campanulé; corolle divisée jus- qu'à la moitié de sa longueur en lobes ovales, obtustuscules et tres étulés ; anthères égales à peine au tiers du pistil. — A première vue, la petitesse relative des fleurs de cette espèce, comparées à celles du Campanula Patula, les fait distinguer sans peine. — Gymnadenia albida, Rich. Cette espèce, peu commune, a été trouvée simultanément par M. l'abbé Cuvelier, du diocèse de Bordeaux, et par nous, au sommet de la montagne Verte. Il n'était pas à la connaissance des botanistes indigènes qu'elle eùt été sigoalée aux Eaux-Bonnes. — L'Avena sulcata, Gay, est abondant sur les pentes de la même montagne. — L’ Avena montana, Vill. (A. sedenensis, DC), croit dans le litde la Soude, — L'Avena longifolia, Thore, vient à l'extrémité de la promenade horizontale. — Le Melica Magnolii, Parl., se développe sur l’église de Laruns, les murs de Bielle, de Louvie, et sur les rochers voisins de cette localité. — Le Cystopteris regia, Presl., var. B., alpina, Koch, a été trouvé par nous en compagnie de l'excellent M. Lombard, de Dijon, au Petit-Gourzy, où il croît avec le Cystopteris montana, Lk. Ces deux espèces n'avaient Pas encore été indiquées autour des Eaux-Bonnes. Le Cyst. regia de ce lieu offre une particularité qui n’est pas mentionnée dans les descriptions ni sur les figures de Vaillant et de Sturm (Deutschland's Flora); elle a les stipes paléacés. A part ce caractère, la ressemblance est parfaite et garantit la justesse de notre détermination. . Au col de Tortes, nous avons rencontré la même espèce également Paléacée, et de plus tellement crispée, quoique en pleine fructification, qu'elle fut prise, par un de nos compagnons de promenade à qui nous la Montrions, pour l’ Allosorus crispus, Bernhard. Comme tous les échantillons de l'endroit portaient ce caractère, je consacrerai cette singuliere variété sous le nom de C ystopteris regia, var. crispula, de Lerx. — Fissidens grandifrons, Brid. Cette Mousse, fort rare en France, Puisque, d’après Müller, elle n'aurait encore été trouvée qu'auprès d'Avi= h60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gnon par Requien, d'Angers, par Guépin, de Bagnères-de-Bigorre, par Spruce, a été recueillie par nous à la fontaine d’Aas, à la source schisteuse de la Montagne Verte et dans le lit de la Soude. — L'Aneura palmata, N. ab E., est assez commun sur les troncs du Hêtre pourris et couchés à terre, en compagnie du Jungermannia trichophylla, L. Au Mont-Dore, nous l'avons trouvé dans une station analogue, et dans le Poitou, nous l'avons recueilli au milieu des Sphaignes et du Jungermannia setacea, Web. — Nous avons recueilli, sur un bloc de marbre ombragé de la promenade d'Eynard, le Lejeunia calcarea, Lib., espèce assez rare que nous avions trouvée il y a neuf ans, sur les bords de la Gartempe à Montmorillon (Vienne), dans des conditions identiques , c’est-à-dire sur des roches calcaires couvertes et à l'exposition de l’est. — Le Buis est très répandu aux Eaux-Bonnes, à tel point qu’on l’emploie sous forme de pieux pour faire, autour des champs, des palissades plus serrées et plus hautes que les rampes de chêne qui protégent les haies des chemins de fer. Avec le Buis, on trouve abondamment les plantules qui aiment à vivre à ses dépens : le Blennoria Buxi, Fr., que nous avons aussi récolté sur les buis des coteaux de Poitiers; — le Dothidea pucci- nioides, DC., qui noircit, pour ainsi dire, les palissades dont nous venons de parler, et qui croit également sur les feuilles ; — le Nectria coccinea, Fr., var. cicatricum, Desmz., que nous avons recueilli pareillement à Saint- Romain-sur-Vienne (Vienne), toujours en compagnie d’un Fusarium qui lui sert de stroma. C’est du reste le propre des espèces de ce genre de vivre en parasite aux dépens des Tubercularinées et particulièrement des Fusa- riées, comme le démontrent les Nectria sinopica, Fr., N. cinnabarina, Fr., N. coccinea, type, N. pulicaris, Desm., N. agglomerata, Fr., N. acer- valis, Moug., N. agminalis, Lév., N. Rousseliana, Montgne. Cette dernière espèce, que j'ai recueillie aux Eaux-Bonnes et à Saint-Romain- sur-Vienne, vit de concert avec le Chætostroma Buxi, Corda, que j'ai trouvé aux mêmes lieux, non pas seulement sous les feuilles, mais en- core sur les rameaux du Buis. Cette cohabitation constante, et que j'ai pu vérifier sur toutes les espèces que je viens d'indiquer, semblerait une preuve de plus en faveur de la théorie développée avec tant de talent et de succès par MM. Tulasne, et pourtant il wen est rien, suivant nous. Ce qui le démontre, c’est que nous avons rencontré sur le même Fusarium d’un même rameau deux Nectria différents, par exemple les NV. coccinea et N. agminalis où N. agminalis et I. sinopica, ou bien nous avons vu une espèce se complaire à vivre avec plusieurs espèces de Fusarium : par exemple, le Nectria ayminalis avec les Fusarium lateritium, Nees, — F. urticearum, c'est-à-dire du Figuier et du Mûrier, — F. pyrochroum, Desm. Enfin, d’après MM. Fries et Tulasne eux-mêmes, le complément des Tu- SÉANCE DU 22 juin 4855. h64 bercularinées et Fusariées se rencontre dans des plantes discomycètes et non pyrénomycètes. — J'ai rencontré dans les pâturages de Balour, sur les feuilles de l Hel- leborus viridis, une Ustilaginée peu commune, qui est connue des myco- logues sous les noms de Polycystis ranunculacearum, Desm., et P. vesica- ria, Montgn. M. Wallroth l’a qualifiée autrefois d’ Erysibe floccosa. — Dispora nivea, de Lerx. Nous avions étudié, à Saint-Romain-sur- Vienne, une Mucédinée qui rougit d'abord et puis atrophie les lobes des feuilles du Geranium pusillum, L. Nous l'avions nommée et distribuée à quelques correspondants, lorsque nous la retrouvâmes aux Eaux-Bonnes sur le même Geranium. Depuis nous l'avons vue sur le Geranium dissectum, L. Sous le lobe atrophié et le plus souvent recoquillé de la feuille apparait une poussière blanche qui se rattache à de petits groupes semblables à des touffes. Ces touffes, examinées au microscope, sont composées de supports continus en forme de petits cônes oblongs, tronqués, au sommet desquels sont fixées, par séries dichotomes, des sporidies ovales, allongées, plus ou moins nombreuses, à une seule cloison médiane, transversale. Il est impos- sible de réunir cette plante au genre Torula, quoique Fries veuille con- fondre ce dernier avec le Dispora (Bispora) de Corda. Si la cloison du Dispora Menzelii, Corda, est trop peu distincte et semble autoriser la fusion, l'espèce que nous venons de décrire donne une nouvelle raison d'être au genre créé par le cryptogamiste de Prague. Notre opinion sera partagée, croyons-nous, par tous ceux qui voudront prendre la peine de recueillir notre Mucédinée très facile à trouver, et de la soumettre au microscope. En terminant, je demande indulgence pour la longueur de ces notes. Je me suis laissé entrainer à leur rédaction par ce sentiment si naturel à l’homme, qui porte à croire intéressant pour tous ce qui trop souvent ne l'est que pour un seul. C'est la faiblesse des auteurs et des pères. M. Alph. De Candolle fait hommage à la Société de son important Ouvrage qui a pour titre : Géographie botanique raisonnée. Il expose en quelques mots le but, le plan et la division de ce travail. “Sur l'invitation de M. le Président, M. De Candolle donne quelques détails sur les recherches qu'il a faites et les résultats auxquels il est parvenu relativement à la patrie et à l'introduction de quelques plantes généralement cultivées en Europe. _ M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : 462 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. INTERPRÉTATION MORPHOLOGIQUE DU FUNICULE, DU RAPHÉ ET DE LA CHALAZE, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, Dans le résumé que présente de la structure de l’ovule un des botanistes les plus distingués dont l’Académie déplore la perte récente, M. Auguste de Saint-Hilaire, ce savant emploie, après M. Rœper, une comparaison destinée à faire comprendre, selon lui, la structure de l’ovule dans ses diverses modifications (ovule droit, o. courbé, o. réfléchi); il le com- pare à un couteau dont le manche représenterait le funicule, et la lame l'ovule proprement dit. Le couteau ouvert figurerait l’ovule droit (orthotrope ou atrope) ; un couteau ouvert à lame courbée, représenterait l’ovule courbé (campulytrope) ; et le couteau à lame droite et fermée sur le manche repré- senterait l’ovule réfléchi (anatrope), ovule, dit M. Auguste de Saint-Hilaire, non-seulement replié sur le cordon, mais encore soudé avec lui. La dispo- sition que l’auteur considérait comme le résultat d’une soudure entre l’ovule et le funicule, a été attribuée, avec plus de raison, au développement uni- latéral du tégument externe de l’ovule. J’attribue la disposition de l’ovule réfléchi, non-seulement à cette dernière cause, mais aussi à l'insertion du corps ovulaire (ovule moins la primine), à un point situé assez haut sur la nervure moyenne de la primine. L'inégalité unilatérale qui a lieu dans l'allongement de la primine détermine la courbure en raison de laquelle le sommet de l’ovule réfléchi se rapproche du point désigné sous le nom de hile, et qui n'est autre chose que le point où le pétiole de la primine cesse et où son limbe articulé commence. La valeur morphologique que j'attribue au funicule est la suivante : je compare la feuille carpellaire dont les feuilles sont munies d’ovules, à une feuille composée ; la feuille carpellaire proprement dite est le rachis de cette feuille, et les ovules en sont les folioles. Cette comparaison devient l'expres- sion de la réalité chez les carpelles dont chaque ovule est représenté par une seule petite feuille ou foliole; dans ce premier cas, le pétiole ou pétio- lule de cette foliole est le funicule, et le limbe de la foliole est la primine. Dans la plupart des cas normaux, comme aussi dans beaucoup de Cas anormaux, la foliole ou primine, dont je viens de parler, présente un bour- geon qui nait à sa face interne, tantôt au niveau du point de séparation du pétiole et du limbe, et tantôt plus haut, c’est-à-dire sur la nervure médiane de la feuille dite primine. La primine doit-elle être considérée comme la feuille externe de ce jeune bourgeon qui nait sur elle-même, ou bien, C? bourgeon ayant une insertion autre que l'insertion de la primine, la pri- mine doit-elle être considérée seulement comme un rameau-feuille sur lequel le bourgeon secondaire (ou corps ovulaire) a pris naissance ? Si cetie seconde manière de voir est admise, la primine ou rameau-feuille, devra SÉANCE DU 22 jum 1855. h63 être considérée comme un véritable axe, et la feuille la plus externe appar- tenant en propre au bourgeon ovulaire sera la secondine. Les cas les plus simples en apparence sont ceux où l’ovule est droit (o. orthotrope, atrope) ou courbé (0. campulytrope); dans ces deux cas qui diffèrent peu, la secondine et le nucelle naissant au niveau de la base du limbe de la primine, on peut paraitre fondé à admettre qu'un bourgeon commencé par la primine et arrêté après la production de la feuille nucel- laire, soit terminal du funicule, aussi bien que l’on peut admettre que le Corps nucellaire (secondine et nucelle) est inséré à la base de la primine. — Dans le cas, au contraire, où l’ovule est réfléchi (anatrope et semi-anatrope), l'insertion du corps ovulaire étant située au-dessus de la base du limbe de la primine, la donnée selon laquelle le corps ovulaire serait inséré sur la pri- mine parait plus vraisemblable, et l’on est conduit à admettre, pour len- semble de l'ovule, deux axes : un axe primaire (rameau-feuille), et un axe secondaire (celui du corps ovulaire). — Je résumerailes caractères morpho- logiques du funicule, en disant que : dans le cas où l’ovule est réduit à la tunique ou feuille unique que j'ai comparée à la foliole d’une feuille com- posée, le funicule est un véritable pétiole ; mais que, dans les cas les plus ordinaires, où il porte un bourgeon, l'organe, bien qu'étant originairement le même, revêt le caractère axile. Il revêt ce caractère en raison du bour- geon auquel il a donné naissance et qui réagit sur lui par l’action de ses décurrences. Le funicule proprement dit est done un organe axile terminé Par une expansion foliacée : la primine, et donnant insertion au corps ovu- laire (ou bourgeon constitué dans les cas les plus fréquents par la secondine et le nucelle). On sait que, jusqu’à ce jour, on a admis que le faisceau fibro-vasculaire renfermé dans le funicule se rend du corps placentaire vers l’ovule. Me croyant bien fondé, d’une part, à considérer l'ovule comme un bourgeon, et, d'autre part, à admettre la production du tissu fibro-vasculaire comme se dirigeant des tissus nouveaux aux tissus anciens, et non des tissus an- ciens aux tissus nouveaux, je suis naturellement amené à voir dans le fais- ceau fibro-vaseulaire du funicule un cordon qui se rend, non pas du placenta vers l’ovule, mais de l’ovule dans le placenta; de la même manière que les tissus fibro-vasculaires se dirigent, dans les bourgeons ordinaires, de la jeune feuille vers le jeune bourgeon et du jeune bourgeon vers le rameau qui lui a donné naissance. — Cette manière d'envisager le mode de développement des tissus du funicule ne porte aucune atteinte aux idées admises et parfaitement exactes sur le rôle physiologique de ce cordon nourricier; la sève ascen- dante arrive, en effet, par le funicule à l’ovule, comme elle arrive par fe rameau au bourgeon. Je passe maintenant à la signification morphologique du raphé des ovules réfléchis (ou anatropes). On a vu déjà que je considère le raphé comme étant h64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la nervure médiane du rameau-feuille ou primine. Les faits tératologiques ne sont pas les seuls qui ont contribué à me démontrer l'exactitude de cette appréciation ; je citerai parmi les faits normaux l'exemple suivant: On a longtemps décrit et désigné, sous le nom de bulbilles, les corps reproduc- teurs que l’on disait tenir lieu d'ovules chez l’Amaryllis Belladonna; j'ai démontré que ces prétendus bulbilles ne sont autre chose que des graines dont le périsperme est énorme et prend la consistance charnue; chez ces graines dont les téguments sont en quelque sorte distendus par l'accroissement considérable que prend le périsperme, la partie qui corres- pond auraphé ou à la nervure moyenne du testa, qui est extrêmement mince et transparent, est représentée par des nervures nombreuses qui, du limbe du testa, viennent converger vers le hile. Le système penninervié ordi- naire est simplement remplacé, dans ce cas, par le système palminervié. — Dans d’autres cas, dont je présente à la Société un exemple que j'ai ren- contré chez plusieurs graines ou pepins d'un Poirier cultivé (P. Beurré- Chaumontel), on observe une disposition inverse de la précédente : le ra- phé, libre dans sa partie inférieure, prolonge le funicule et semble à demi détaché de la graine. Cet exemple semblerait, au premier coup d'œil, appuyer la manière de voir de M. Aug. de Saint-Hilaire; je vois simplement, dans ce cas, un funicule plus long, et un raphé plus court que dans les cas normaux; à partir du point où le funicule est adhérent au testa, il cesse d’être funicule ou pétiole, et devient raphé ou nervure médiane. La signification morphologique que j’attribue à la chalaze n’est pas moins différente des interprétations admises, que les interprétations précédentes : la chalaze est, selon moi, le point d'insertion du corps ovulaire sur le ra- meau-feuille ou primine. Lorsque l’ovule est encore très jeune, ce point n'offre rien de particulier dans sa structure; ce n’est que plus tard qu'il prend une consistance et une couleur spéciales et est constitué par un lacis très fin de tissu fibro-vasculaire. Ce tissu fibro-vasculaire provient, selon moi, des fluides élaborés dans les feuilles supérieures (secondine et feuille nucellaire) et vient se joindre aux tissus de même nature élaborés précé- demment par la primine, et qui constituent sa charpente fibro-vasculaire (son raphé et le cordon vasculaire du funicule). La chalaze, loin d'être l’épa- nouissement du funicule, est donc une sorte de chevelu vasculaire prove- nant des feuilles ovulaires supérieures et allant renforcer le funicule. J'ai dit que la structure de l’ovule avant l'imprégnation est calquée, en quelque sorte, sur la structure de certains bulbes : les bulbes dits pédicellés ; j'assimile aujourd'hui la structure de la chalaze à la structure de la tige rudimentaire ou plateau de ces mêmes bulbes. Dans l'un et l’autre cas, ia charpente fibro-cellulaire du plateau ou de la chalaze est constituée par des materiaux élaborés dans les tuniques supérieures du bulbe ou dans les tuni- ques supérieures de l’ovule. SÉANCE DU 22 juin 4855. 465 D’après les considérations précédentes, la base organique de l’ovule serait, dans le cas où l'on admettrait que la feuille-rameau fasse partie de l’ovule, le point d'insertion du funicule (ou pétiole ovulaire) au placenta; ce serait le Aile si, en raison de l'articulation qui sépare le pétiole du limbe de la primine, on veut laisser le funieule en dehors de l'ovule proprement dit, Enfin, dans le cas où l’on admettrait que la feuille-rameau n'appartient pas à l’ovule proprement dit, et qui serait constitué par ce que j'ai désigné sous le nom de corps ovulaire, la base réelle de l’ovule (ainsi réduit à la secondine et à la feuille nucellaire) serait située au niveau du hile, chez les ovules droits ou courbes ; et au niveau de la chalaze, chez les ovules réfléchis. M. Trécul présente deux notes, dont il demande l’adjonction au procès-verbal de la séance du 25 mai, et qui ont pour but de répondre aux objections qui lui ont été faites dans cette séance par MM. Du- chartre, Grænland et Weddell relativement à la priorité de ses obser- vations sur les poils du Drosera. Voici ces notes (1) : I. M. Grænland et M. Duchartre, pour MM. Grænland et Schacht, ont ré- clamé la priorité des observations que j'ai faites à la Société sur l'organi- sation des glandes du Drosera, attendu, disent-ils, qu'elles ont été décrites, au nom de M. Grænland, dans le livre de M. Schacht intitulé: Die Pflan- senzelle, publié en 1852. Il n'y a, dans cet ouvrage, absolument aucune indication de la structure des organes qui nous occupent. On trouve seulement ce qui suit à la page 234: « Die sogenannten Drüsenhaare der Droseraceen sind, wie » mein Freund Grænland næchstens zeigen wird, heine wirkliche Haare.» « Les prétendus poils glanduleux des Droséracées ne sont pas des poils réels, comme mon ami Grænland le démontrera prochainement. » M. Græn- land n'ayant rien publié depuis cette époque, il est clair que je ne puis rien lui avoir emprunté, non plus qu’à M. Schacht. IT. C'est par erreur que M. Weddell affirme que M. Naudin avait une connaissance parfaite de la constitution des poils glandulifères du Drosera ; car M. Naudin dit seulement ce qui suit dans son travail publié dans le tome XIV de la deuxième série des Annales des sciences naturelles (p.15): « Ayant examiné au microscope les feuilles du Drosera intermedia, je les » ai trouvées presque uniquement formées d’un tissu cellulaire assez lâche, » où l'on distinguait à peine une nervure médiane qui ne m'a pas paru se » ramifier dans le parenchyme. J'ai vu distinctement ce tissu formé de (1) L'adjonction de ces notes au présent procès-verbal a été décidée par le Conseil d'administration de la Société dans sa séance du 1° septembre 1855. 466 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » cellules allongées, donner , par extension, naissance à ces poils glan- » dulifères qui recouvrent la face supérieure des feuilles et qui, surtout, en » couronnent les bords comme une frange. » Il my a pas un mot de plus sur la constitution de ces poils glandulifères. M. Fermond fait à la Société la communication suivante : RECHERCHES SUR LE NOMBRE TYPE DES PARTIES DE LA FLEUR DES DICOTYLÉDONES, par M. CH. FERMOND. Dans ce travail nous nous proposons de rechercher si le nombre 5 des parties de la fleur des dicotylédones en est bien le nombre type, comme il en parait être relativement le nombre dominant. Pour cela, il nous semble utile de commencer par voir s’il y a relation entre les nombres souvent si différents que présentent les verticilles d’une mème fleur et nous établissons, tout d’abord, que, pourvu que cette relation soit reconnue multiple ou sous-multiple, on peut concevoir, à l’aide des théories des avortements ou des soudures et des dédoublements, que le nombre type puisse se simplifier ou se doubler, tripler, etc., dans un rapport constant. Si, par exemple, nous considérons la fleur d’un Crassula, nous la voyons formée de 5 sépales, 5 pétales, 5 étamines et 5 carpelles surmontés de 5 styles. Ici, le nombre 5 est le type de ce genre. Si maintenant nous lui comparons la fleur du Dictamnus albus, nous trouvons le même nombre de parties, avec cette différence qu'au lieu de 5 il y a 40 étamines. Enfin, dans la fleur d’une Rosacée, nous avons encore des verticilles floraux com- posés d’un égal nombre de parties, mais avec 20, 25 ou 30 étamines. Or, ces nombres 10, 20, 25 et 30 étant des multiples du nombre 5, l'esprit conçoit comment, par répétition de verticilles ou par dédoublement, ces nombres se produisent. Il en est bien autrement du sous-multiple de 5 qui ne saurait être pro- duit, et si l’on cherche au-dessous de ce nombre quel est celui qui domine, on reconnait que c’est le nombre 3. Or, ce nombre n’a plus aucun rapport avec le nombre 5 et, sous ce point de vue, l'esprit reste peu satisfait. Si, dans la même famille des Crassulacées, à la place du genre Crassula, nous examinous le genre Sempervivum, alors, au lieu de 5 parties à chaque verticille, nous voyons très souvent le nombre 12 qui ne peut être le mul- tiple de 5. D'un autre côté, dans le genre Tillæa, nous ne trouvons plus que 3 parties à chacun des verticilles floraux. Mais 3, qui ne peut être le sous-multiple de 5, est au contraire le sous-multiple de 12; on voit donc qu'entre ces trois genres il serait assez difficile de choisir le nombre 5 comme le type de cette famille. A la vérité, nous y trouvons d’autres genres (Sedum, Cotyledon) qui, par le nombre 5 de leurs parties florales, se rap- SÉANCE DU 22 Jum 1855. A67 prochent des Crassula et tendraient à faire croire au nombre 5 comme type; mais nous trouvons aussi dans cette famille des genres (Bulliarda, Kalanchoe Rhodiola) qui n’ont plus que le nombre 4, et d’un autre côté, pour peu que lon cherche dans un certain nombre de fleurs à 5 parties, on trouve quelquefois (Crassula, Sedum, Cotyledon) des fleurs à 6 parties qui ont l'avantage d’être en rapport de nombre avec 3 et 12 et avec la disposition des feuilles du Sedum sexangulare. Enfin, si le nombre 3 ne présente au- cun rapport avec le nombre 5, il se rapporte au contraire parfaitement avec le nombre normal des parties de Ja fleur des monocotylédones et de cette manière il présente une idée d'unité et d'ensemble véritablement séduisante. Par suite de différents raisonnements analogues, il y a déjà bien des années que nous nous sommes occupé de rechercher dans les fleurs des dicotylédones si le nombre 6 ne serait pas assez fréquent pour qu'il pût être regardé comme le type de ce grand embranchement du règne végétal. Nous avons passé en revue les familles et les genres les plus importants de ce vaste groupe et nous avons toujours constaté que le nombre 6 y était effectivement plus fréquent qu'on ne saurait le supposer. Nous avons dressé le tableau de 156 genres chez lesquels on trouve le nombre 6 ou son multiple. A la droite de leurs noms, nous avons indiqué les verticilles qui présentent ce nombre et nous ne supposons pas qu'ils soient les seuls, parmi les dicotylédones, qui possèdent une semblable Composition ; mais ce sont ceux que nous avons passés en revue. La plus grande partie de ces 156 genres a pour caractères ce nombre 6, appliqué à l’un au moins de ses verticilles floraux. Quelques-uns ne le présentent pas toujours, mais nous les avons placés dans le tableau parce que nous l’y avons rencontré plus ou moins fréquemment et que nous voulions compléter autant que possible cette série d'observations. Quelques genres se distinguent par la constance du nombre 6 à chacun de tous leurs verticilles floraux (Prinos, Canarina). La même chose a lieu pour le genre Ackras, seulement le nombre des carpelles est de 12, mul- tiple de 6. Chez les Sempervivum, les verticilles sont très souvent de 12 parties. Plus souvent (Lagerstræmia, Peplis, Lythrum, Cuphea, Velezia Blakea, ete.) le nombre 6 ou son multiple se retrouve dans les verticilles du calice, de la corolle, de l’androcée ou du gynécée. D'autres fois, ce nombre se porte sur le calice ou la corolle et les étamines (Berberis, Nan- dina, Mahonia, ete.). Les Rubiacées elles-mêmes donnent dans le genre Guettarda le nombre 6 répété dans les pétales, les étamines et les carpelles. Enfin, le nombre 6 se retrouve parmi les caractères généraux de certaines familles, telles que les Polygonées et Magnoliacées (calice), Anonacées (corolle), Ébénacées (calice et corolle), Styracinées (étamines), Malpi- 8hiacées (stigmates), Berbéridées et Lytbrariées (calice, corolle et éta- mines), etc., etc. 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans certains genres (Homalium) on rencontre les nombres 3, 6, 18, 24, qui, évidemment, ne sont autres que des multiples ou sous-multiple de 6. H n’en serait pas de même des nombres 4, 6, 8 et 12 (Diospyros), que l'on trouve quelquefois et dont le dernier nombre peut être tout aussi bien le multiple de 4 que celui de 6. Mais si l’on observe : 4° que 6 ne saurait être multiple de 4; 2° et que chez les Ébénacées le nombre 6 se retrouve souvent dans les sépales et les pétales, peut-être sera-t-on tenté d'admettre que c’est le nombre 6 qui est ici le type des parties de la fleur. Dans quelques genres, et en particulier le genre Cliffortia, nous trouvons le plus souvent 30 étamines que l’on pourrait rapporter au nombre 5 ; mais comme les fleurs mâles et les fleurs femelles sont constituées par 5 sépales, on arrive à se demander si le nombre 30 n’est pas plutôt ici le multiple de 6 que celui de 5. Il est certain que, bien que les Rosacées soient caracté- risées par le nombre 5, cependant le nombre 6 y est tellement fréquent que chez quelques Fraisiers, par exemple, il est aussi commun que le nombre 5, et que sur 400 fleurs d’Abricotier prises au hasard nous avons trouvé, cette année (1855), 63 fleurs à 6 sépales et 6 pétales. Nous n'avons point voulu faire figurer au tableau, pour leurs 6 étamines, les nombreux genres de la famille des Crucifères, parce que les 4 grandes peuvent être considérées comme appartenant à un autre verticille ou bien comme résultant du dédoublement de deux grandes étamiues, quoiqu'un dédoublement aussi général que cela, et dans une aussi vaste famille, puisse naturellement être assimilé aux phénomènes normaux qui nous offrent d'ordinaire le nombre 6. Toutefois, nous devons rapporter ici une observa- tion que nous avons faite, en 4852, sur le Chou-rave (Brassica gongyloides). Un pied de cette espèce offrait une floraison tout à fait insolite. Ses fleurs, en tres grand nombre, étaient plus petites que d'ordinaire et, pour ainsi dire, comme avortées: elles avaient pris une teinte fauve générale. le calice, la corolle et l’androcée, présentaient cette même couleur. Les éta- mines, toujours au nombre de 6, étaient égales et paraissaient appartenir au même plan d’exsertion. Enfin, les carpelles étaient atrophiés ; mais, au contraire, quelques-unes des étamines, bien développées, contenaient dans leurs anthères des ovules parfaits présentant leur point d'attache, et tout à fait semblables aux ovules carpelliens. Dans le Clematis bicolor, le plus souvent la fleur se compose de 6 par- ties calycinales, mais souvent aussi on la trouve formée de 8 parties. Or, en cherchant un peu, on reconnait bientôt que deux des 6 pétales se dédou- blent pour en porter le nombre à 8. Enfin, le Papaver bracteatum et le Dianthus sinensis présentent le nom- bre 6 si fréquemment que le nombre 5 est plutôt l'exception. Les exemples abondent, en botanique, qui prouvent que le type d'une organisation n’est pas toujours celui que l’on trouve le plus fréquemment. SÉANCE DU 22 Juin 1855. 4169 Les Linaria, Antirrhinum, Digitalis, péloriés, et le verticille carpellaire des dicotylédones, si fréquemment au-dessous de 5, en sont la preuve la plus manifeste ; et pour la seule famille des Légumineuses, l'observation de 5 carpelles, faite par Aug. de Saint-Hilaire sur une Mimosée du Brésil, n'a- t-elle pas suffi pour confirmer dans l'opinion que le nombre 5 était bien réellement le nombre type de cette famille ? On sait qu’il n'est pas rare de trouver des fleurs de Haricots à 2 carpelles, bien que le plus souvent ce nombre soit réduit à l'unité. M. Moquin-Tandon en a cité des exemples dans ses Éléments de Tératoloqie végétale, et nous-même en avons trouvé bien des fois. C'est surtout, pour le dire en passant, chez le Haricot connu sous les noms de H. du Saint-Esprit où H. à l'aigle que les carpelles se montrent souvent doublés et même quelquefois triplés, ainsi que nous l'avons observé l'an passé (1854). Depuis que cette idée de nombre nous préoccupe, nous avons tous les étés, et cela depuis une quinzaine d'années, passé en revue à peu près 1,000 genres. Les observations et le calcul qu'il nous a été donné de faire, nous paraissent avoir leur utilité, Sur ces 1,000 genres , 119 ont le nombre 6 ou son multiple à l’un au moins de leurs verticilles floraux et cela d'une manière assez constante pour qu'il puisse être regardé comme étant d’une certaine valeur caractéris- tique ; 188 autres genres présentent constamment le nombre 3 sous-multiple de 6 à un ou plusieurs verticilles de leurs fleurs; ce qui fait 307 genres chez lesqueis nous avons toujours trouvé le nombre 6 ou lun de ses multiples ou sous-multiples. Il ne reste donc plus que 693 genres paraissant avoir le nombre 5 comme type. Mais sur ces derniers nous en avons trouvé 46 ayant le nombre 4 aussi fréquent que le nombre 5, et 69 présentant très souvent le nombre 6, ce qui fait 415 genres chez lesquels il semble que le nombre 5 ne soit pas plus le type des parties de la fleur que les nombres 4 ou 6, desorte qu’en les retranchant encore de 693 il ne reste que 578 genres réellement caractérisés par le nombre 5, et encore ce nombre n'est-il pas constant dans les étamines et surtout les carpelles. Or, même dans beaucoup de fleurs de ces 578 genres, nous avons parfois observé des verticilles de 6 parties. Enfin si l'on observe qu’il existe un grand nombre de genres de dicotylédones qui n'ont que 4, 2 et 4 parties à leurs verticilles floraux, on reconnaitra que c’est tout au plus si l’on peut compter la moitié des dicoty- lédones ayant 5 parties à leurs verticilles floraux et l'on arrive ainsi na- turellement à se demander si le nombre 5 est bien réellement le nombre type de ce vaste embranchement des végétaux. Où peut d’ailleurs observer encore que le nombre 2 est un des sous-multi- ples de 6 et qu'il ne saurait être celui de 5, ce qui est un argument de plus en faveur du nombre 6 comme type. Nous ferons ultérieurement connaitre Comment le nombre 4, qui peut étre regardé comme le nombre 2 doublé, se 470 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trouve encore se rapporter au nombre 6 plutôt qu’au nombre 5, et l'on comprendra alors, que le nombre 5 soit dans la grande section des végétaux dicotylédonés, une sorte d'exception plutôt que la règle. A la vérité le nombre 5 est relativement plus fréquent que chacun des autres nombres en particulier, et l’on conçoit qu’il ait dû être regardé comme le type des dicotylédones. Mais peut-être sera-t-on disposé à partager la manière de voir vers laquelle tend cette dissertation si l’on veut bien remar- quer que les avortements ou les soudures sontsouventune causedediminution de nombre dans les parties d’un verticille floral et que le nombre 6 regardé comme type présente sur le nombre 5 des avantages incontestables dans la théorie phytogénique. C’est ainsi : 4° qu’il est en rapport de nombre avec celui des monocotylédones ; 2° qu’il a pour sous-multiple le nombre 3 qui est possible; tandis que 2 1/2 sous-multiple de 5 ne saurait l'être ; 3° que pour les raisons précédentes il a une communauté de rapport avec le nombre 3 que le nombre 5 ne présente pas; 4° qu'il a un rapport plus ou moins direct avec les nombres 2 et 4; 5° enfin, qu’il a en sa faveur cette raison géométrique qui veut que 6 sphères, cercles ou cellules de même grandeur en environnent, circulairement et en se touchant, une septième qu’elles tou- chent toutes également. Nous insistons particulièrement sur cette idée parce que nous espérons, plus tard, faire voir tout le parti que l'on en pour- rait tirer dans la théorie organogénique des végétaux. Ces exemples du nombre 6, en dehors de celui qui est reconnu comme caractère de certains genres ou de quelques familles, n’ont pas été observés seulement par nous, car nous voyons dans l’Organographie de De Candolle, pl. 31, la figure d'un rameau de Xylophylla portant des fleurs dont la plu- part sont représentées avec 6 sépales. | D'un autre côté, M. Moquin-Tandon, dans ses Eléments de Tératologte végétale, p. 350 (note), s'exprime ainsi : « L'apparition d'un élément de plus dans une corolle quelconque est une anomalie assez commune. Après avoir rédigé cet article, j'ai visité quelques-unes des plantes du jardin de Toulouse et j'ai trouvé avec un pétale surnuméraire, plusieurs fleurs de Plumbago europæa, de Jasminum grandiflorum, de Pelargonium zonale, de Saponaria officinalis, d’ Hibiscus syriacus.. … » Nous chercherons prochainement à démontrer que le nombre 6 ou son sous-multiple ne se retrouve pas seulement dans les parties florales des dico tylédones. M. Germain de Saint-Pierre fait observer que si lon rencontre fréquemment chez les fleurs pentamères un sixième pétale surnu- méraire, il n’est pas plus rare d'en trouver deux. Dans ce Cas, il y a divulsion, c’est-à-dire tendance à la multiplication des parties. SÉANCE DU 22 juin 1855. h74 On ne saurait donc se prévaloir de la présence fréquente d'un sixième pétale pour considérer le nombre 6 comme caractérisant les dicotylédones, au lieu du nombre 5 admis généralement. M. Fermond répond à M. Germain de Saint-Pierre que les sépales se rencontrent souvent au nombre de 6, mais jamais au nombre de 7. Quant aux pétales on en trouve quelquefois 7, en effet, mais bien moins souvent que 6; notamment chez l’Abricotier. Lorsqu'il y en 7, c’est évidemment par dédoublement, car tous les pétales sont sur le même plan. D'ailleurs il n’y aurait aucun rapport à établir entre 7 et 3, tandis qu’il est aisé de le faire entre 6 et 3. M. Chatin est d’avis que le nombre 5 doit continuer à être consi- déré comme normal chez les dicotylédones. Ce nombre est évi- demment plus fréquent que le nombre 6. Il pense que M. Fermond a peut-être admis avec trop de facilité parmi les genres à 6 parties certains genres qui présentent deux verticilles de 3 parties, tels que les Berberis, etc. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Beitraege zur Entwickelungsgeschichte der pflanzen- zelle (Notes sur l’organogénie de la cellule végétale), par M. Th. Har- tig. Botan. Zeit., n° 23, col. 393-401 ; n° 24, col. 409-421; n° 25, col. 433-441; n° 26, col. 461-468 ; n° 27, col. 483-485; n° 29, col. 503- 513 ; plan. IV. Ce travail étendu, qui n'oceupe pas moins de 48 colonnes de la Gazette botanique, est une réunion de notes différentes dont il nous parait impossible de donner une analyse succincte, soit à cause du grand nombre de détails qu’elles renferment, soit à cause de l'impossibilité de suivre l'exposé des faits qu’elles signalent sans le secours de figures. Nous nous contenterons dès- lors forcément d'indiquer ici les titres des parties dont la réunion constitue cet ensemble. 4. Vaucheria dichotoma.— 2 Conferva ( Cladophora) glome- rata. — 3. Spirogyra crassa. — h. Organogénie du genre Œdogonium. — 5. Sur le nucleus, ses nucléoles et particules. — 6. Organogénie des Pal- mella.— 7. Sur la structure des couches de dépôt. Nous donnerons, en outre, le résumé général présenté par l’auteur comme le résultat d'observations poursuivies pendant vingt-cinq ans relativement à l’organisation et à la for- mation de la cellule végétale. 4. La partie primitive et en même temps la plus importante au point de vue de l’activité de Ja cellule, même très vraisemblablement la seule partie active de la cellule, est une formation membraneuse et en forme d’utricule comprise dans la paroi cellulaire provenue d'elle, c’est-à-dire l’utricule de ptychode (utricule primordiale). 2. L'utricule de ptychode est composée de deux membranes emboitees, soudées entre elles d'espace à autre en surfaces unies, entre lesquelles circule le liquide ptychodique avec diverses productions cellulaires et granuleuses, séparé du liquide qui occupe la cavité cellulaire interne, lequel contient des sels et souvent des cristaux. 3. Les surfaces unies des cellules adjacentes se réunissent l’une à l’autre en ponctuations d'une manière semblable à la copulation des Spirogyra. , h. Du contenu que renferme la cavité du ptychode et dans cette cavite prennent naissance les couches de dépôt de la zone d’astathe qui constitue la paroi cellulaire résistante et qui reste limitée à ses deux faces par les deux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 membranes du ptychode (ptychode et ptychoïde) soudées avec ces couches de dépôt. 5. Déjà avant la transformation de la première utricule du ptychode et de son contenu en paroi cellulaire, il se produit une nouvelle utricule à deux membranes dans l'intérieur de la première, dont cette nouvelleutricule prend à son tour et continue les fonctions. Ce phénomène se répète régulièrement deux fois, ou même plusieurs fois. 6. La multiplication des cellules et l’accroissement des plantes reposent sur le resserrement absolument indépendant de l’utricule de ptychode qui donne naissance à des cellules nouvelles de seconde génération; la paroi cellulaire déjà formée n'y concourt en aucune manière. 7. Le nucleus cellulaire ne prend aucune part à la multiplication des cellules ; ce n’est pas un cytoblaste, mais un agent servant à la transforma- tion des substances, ou métacarde. Einige Bemerkungen ueber Sedum maximum, Koch. (Quelques remarques sur le Sedum maximum, Koch. ), par M. Thilo Irmisch. Botan. Zeit., n° 45, col. 249-255. plan. IT A. L'objet principal de ce travail est de faire connaître où et comment se for- ment les racines renflées et assez nettement tubéreuses qu’on observe chez le Sedum maximum et chez les espèces voisines. Or, l'observation des jeunes plantes, peu après la germination, fournit de bons moyens de s'éclairer à ce sujet. Dans ces plantes très jeunes, les cotylédons ovales et charnus sont ap- pliqués sur la terre, à cause de la brièveté de l'axe hypocotylique, ou infé- rieur à ces cotylédons. Cet axe passe au pivot et il est d'abord grêle comme ce dernier. Pendant l'été il se renfle quelque peu ; de son côté, le pivot se renfle aussi en forme de rave, et un étranglement bien marqué distingue dès-lors ces deux parties. Il sort des racines adventives de cet étranglement, ainsi que de quelques légers enfoncements transversaux du pivot. Dans l’ais- selle de chaque cotylédon se montre bientôt un petit bourgeon à écailles distiques ; ensuite, à droite et à gauche de ce bourgeon apparaissent des ra- cines adventives qui semblent naître sur la tige même, mais qu’un examen attentif montre comme tirant réellement leur origine de l'axe très court qui porte le petit bourgeon. Dès que ces racines se sont un peu allongées, elles se renflent en petites raves, par l'effet de l’épaississement de leur parenchyme cortical et médullaire; celles qui ne subissent pas ce renflement ne tardent généralement pas à périr. Pendant le premier hiver, l'axe primaire meurt ordinairement jusqu'au niveau où se trouvent les petits bourgeons, et ceux-ci, ou un seul d'entre eux, se développent en nouvelles petites tiges qui n’ont à leur base que des entre-nœuds courts et des feuilles imparfaites dans Vaisselle desquelles sont »6 T. IL 2 h74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des bourgeons persistants, destinés aux périodes végétatives suivantes, et dont les inférieurs portent des racines adventives, tandis que les supérieurs, plus vigoureux et devant donner de nouvelles tiges l'année suivante, restent sans racines. Une formation de bourgeons et de racines analogue a lieu même à la base de la tige florifère lorsque, après un nombre d'années variable selon les plantes, elle finit par se développer. Les racines adventives du Sedum continuent pendant plusieurs années à s'allonger et à épaissir, quoique faiblement, dans leur portion renflée. La partie basilaire des tiges de laquelle sont nés les bourgeons enracinés per- siste longtemps, et ainsi restent unies en un seul corps ces productions de différentes années. M. Irmiseh n’a pas vu des racines adventives charnues prendre naissance ailleurs que sur le petit axe des bourgeons. La note se termine par un examen de la disposition, de la structure des racines tuberculeuses du Sedum maximum et de la disposition de leurs fais- ceaux fibreux. En terminant, l’auteur signale ce fait que le point végétatif de ces racines est coloré en violet intense , et que la même coloration se montre dans le cambium de l'axe. Variations dans le nombre des feuilles cotylédonaires de plusieurs Conifères; par M. P.-S. Robertson. A la Société botanique d’Edimbourg, le 40 mai dernier, M. P.-S. Ro- bertson a montré des germinations des espèces suivantes de Conifères, pour prouver que rien n’est moins fixe chez elles que le nombre de leurs feuilles (ou lobes?) cotylédonaires. Pinus nobilis : nombre normal 6, variant de 4 à 5 et 7. Pinus Sabiniana : nombres dominants 14, 15, 46; il varie de 13 à 17, 18, 19. Pinus Jeffreyi : nombres dominants 9 et 10; il varie de 7 à 8 et 11. Abies Hookeriana : nombre ordinaire 4, variant de 3 à 5. Pinus Beardsleyi : nombres dominants 6 et 7; il varie de 3 à 5, 8, 9 et 10. Quelquefois cette espèce donne deux plantes avec une seule graine. Thuja Craigana (Libocedrus decurrens) : nombre habituel 4; il varie de 1à 4. Cryptomeria japonica : nombre ordinaire 3, variant de 2 à 4. Pinus Lambertiana : nombre ordinaire 44, variant à 10, 12 et 15. Pinus monticola : nombres dominants 8 et 10 ; il varie de 6 à 7,9 et 11. Mikroskopisch-anatomisch Untersuchung ueber Rama- lina calicaris Fr., und deren Varietacten fraxrines, fustigiata canaliculata und farinacea. (Recherches d'a- natomie microscopique sur le Ramalina calicaris Fr. et sur ses variétés REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h75 fraxinea, fastigiata, canaliculata ef farinacea), par le docteur J. Speers- chneiïder, (Botan. Zeit., 1855, n° 20 col. 345-354, n° 21 col. 361-369, n° 22 col. 377-385, plan. III.) Dans ce travail étendu l’auteur présente en commençant quelques consi- dérations sur le genre Ramalina et sur sa place systématique. Il pense que ce genre doit être placé entre les genres Cetraria et Evernia. Il divise son mémoire en plusieurs paragraphes distincts. I. Variétés du Ramalina calicaris, Fr. — On admet généralement comme variétés ou sous-espèces les formes suivantes : Ramalina calicaris fraxinea, canaliculata, fastigiata et farinacea. L'auteur est porté à croire que ces quatre plantes constituent autant de types particuliers. À. Tuale du Ramalina calicaris et de ses formes. IT. Relations réciproques des tissus dans le thalle des Ramalina calicaris fraxinea, canaliculata, fastigiata et farinacea. — Les tissus médullaire et cortical des Lichens ne sont que de simples modifications d’un seul et même tissu. Le tissu cortical forme toute la surface du thalle exposée au jour, et souvent il est très développé. Chez le Ramalina calicaris fraxinea, ces deux couches ne laissent souvent entre elles qu’un espace très étroit pour le tissu médullaire, qui même manque par places, ainsi que la couche gonidique. Les cellules gonimiques s'étendent en couche peu interrompue, ordinairement épaisse, intermédiaire entre l'écorce et la moelle. — Chez le Ram. calic. farinacea le tissu médullaire prend un plus grand développement, ce qui rend ce Lichen plus spongieux à l’état humide. La couche de cellules goni- miques y est beaucoup plus mince et fréquemment interrompue. — Dans les Ram. calic. canaliculata et fastigiata, l'écorce n’est jamais très épaisse et se montre même assez mince dans quelques formes du Ram. fastigiata. Au contraire Ja moelle est toujours très lâche, et laisse même quelquefois des vides. Enfin la couche de gonidies s'y montre ordinairement beaucoup plus mince et plus lâche que chez le Ram. calic. frarinea. HI. Anatomie microscopique du tissu cortical des Ram. calic. fraxinea, farinacea, canaliculata et fastigiata. — a. Anatomie. — Sous ce rapport, ce tissu présente beaucoup d’uniformité. Les cellulesfiliformes qui le constituent sont dirigées selon la longueur des lobes du thalle. Celles qui avoisinent immédiatement la surface forment vers celle-ci des coudes et émettent dans ce sens de courts rameaux et des saillies diverses et arrondies qui, se juxta- posant étroitement, constituent la surface unie du Lichen. On ne voit très bien cette structure qu’en traitant les préparations avec une solution de po- lasse caustique. L'ensemble de ces cellules est agglutiné par une matière in- colore, sécrétée par elles, et elles se ramifient plusieurs fois. L'auteur pré- sume que chacune d'elles se continue du point d'attache du Lichen jusqu'à h76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. son extrémité. Leurs parois sont épaisses et leur calibre très étroit sans cloisons transversales. b. Propriétés physiques et chimiques. — La surface de l'écorce est d’un gris-verdâtre ; mais si l'on enlève sa couche superficielle, elle reste d’un blanc assez pur. Sa coloration générale tient donc à sa surface, qui est grisâtre et granulée, et à la couche de gonidies qui se montre imparfaitement par trans- parence. — Dans l’eau, même bouillante, ce tissu cortical se gonfle faiblement et change peu; mais dans une solution de potasse caustique il se gonfle beaucoup et les cellules filiformes se désagrégeant finissent par montrer leur réseau. — La matière amorphe interposée, soluble dans la potasse paraît être du mucilage végétal ({Lichénine?), ce que confirme la manière dont elle se comporte avec les acides.-— Par la teinture d'iode ce tissu jaunit, puis brunit, mais ne bleuit jamais. Si l’on traite successivement par l'acide sulfurique et l’iode, on voit les cellules filiformes brunir fortement, et la masse inter- sticielle devenir jaunâtre. IV. Anatomie microscopique du tissu médullaire.— a. Anatomie. — Les cellules médullaires vont d’une partie de l'écorce vers l’autre en se ramifiant beaucoup , se croisant dans toutes les directions, et en remplissant ainsi d’un feutre lâche l’espace intermédiaire aux deux lamelles corticales. Là où il existe des vides dans le thalle, leur formation tient à ce que l’accroisse- ment de l'écorce a été plus rapide que celui du tissu médian, ce que confirme l'étude des thalles jeunes qui sont toujours pleins. — Au premier coup d'œil les cellules médullaires surpassent fortement en diamètre celles de l'écorce; mais un examen plus attentif y fait reconnaître une sorte d’axe médian se continuant dans les ramifications etentouré d’une bande épaisse jaunâtre. Si l'on traite une lamelle de moelle par la potasse caustique, on voit disparaitre cette enveloppe, et il ne reste ensuite que l'axe central, qui constitue alors des cellules identiques de dimensions et de nature à celles de l'écorce. Leur couche externe épaisse était donc une simple couche mucilagineuse sécrétée. — Sur de bonnes coupes on voit les cellules médullaires se continuer avec celles de l'écorce, et leur enveloppe se fondre dans la matière interstitielle de celle-ci. b. L'action des réactifs sur les cellules de la moelle est la même que sur celles de l'écorce. V. La cellule gonimique chez le Ram. calicaris ressemble beaucoup , sous les rapports anatomique et chimique, à celle des autres Lichens. Les gonidies varient autant de grandeur sur un même thalle qu'entre des espèces très différentes. — Gonflées en globule par l’eau elles montrent, sous une paroi cellulaire incolore, leur contenu vert, tantôt granulé, tantôt en globules de grosseurs diverses. Pour former ces gonidies , un jeune rameau de cellule médullaire se renfle sur un ou plusieurs points, où il montre un contenu plus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h77 trouble, plus granuleux, plus verdâtre ; ce contenu se ramasse en un globule, ou se divise en plusieurs. Ces nouvelles cellules distendent vers un côté la cellule-mère; puis leur point d'attache s'étrangle et la gonidie devient enfin libre. b. L'action de l'acide sulfurique étendu ou même concentré , prolongée pendant plusieurs heures, ne détruit pas la paroi de la cellule gonimique, et en colore seulement le contenu en vert-bleuâtre. Elle résiste de même à la potasse caustique. L’acide sulfurique et l’iode en brunissent fortement le contenu vert. VI. Sorédies de la forme stérile du Ram. calice. canaliculata et taches pulvérulentes du Ram. calic. farinacea.— On a réuni sous le nom de Soré- dies plusieurs formations différentes du thalle des Lichens. Celles du Ram. calice. canaliculata sont des points plus ou moins saillants, le plus souvent ovales, nettement circonscrits, pulvérulents, situés au bord du thalle stérile. — Sur des tranches très minces on voit que là les écorces des deux faces se séparent, s'étalent et forment ainsi une fossette occupée par une matière farineuse. Un examen très attentif de cette matière farineuse y montre une quantité de petits corps arrondis, assez souvent aussi d’autres formes ( glo- bules sorédiques ), qui reposent sur les cellules filiformes, soit corticales, soit médullaires. Son ensemble consiste en cellules filiformes courtes, délicates, très ramifiées, intimement feutrées, enlaçant une ou plusieurs gonidies. — On voit des faits analogues chez le Ram. calic. farinacea. — Ces corps ont beaucoup d'importance pour la propagation. B. AporTHécie du Ram. calicaris. VII. Structure de l’apothécie. — Sa structure est très uniforme chez les quatre variétés. On y distingue la couche de thèques (7halamium) et le tissu- mère (Muttergewebe).— A. — La première est composée des thèques et des paraphyses ; le dernier, en couche presque aussi épaisse, repose toujours sur une couche de cellules gonimiques, bien distincte à sa limite du tissu médul- laire, qui est très développé. M. Speerschneider n’attache pas à cette dernière Couche autant d'importance que plusieurs lichénographes modernes. L'apo- thécie est entourée sur tout son pourtour d’une bordure de tissu cortical. — C'est des cellules corticales que provient le tissu-mère, qui donne d’abord les paraphyses et plus tard les thèques. a. Les paraphyses sont des filaments, qui pàrtent, à leur extrémité in- férieure, d’une cellule filiforme du tissu-mère et qui, à leur extrémité su- périeure, se renflent en massue, se montrent verruqueux et colorés en bru- nâtre tirant sur le vert. Elles sont parallèlement juxtaposées, rattachées par de la matière intercellulaire, et elles tiennent fortement entre elles par leur bout rentlé. Leurs parois sont épaisses et leur tube très petit. L'auteur n’est Pas certain qu’ellessoient subdivisées par des cloisons en cellules superposées. A78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. b. Les thèques des quatre formes du Ram. calicaris sont des cellules en massue, continues au tissu-mère, et contenant huit spores; leurs parois sont proportionnellement épaisses et bleuissent entièrement par l’iode. Elles se forment après les paraphyses; ce sont les sommités de cellules filiformes, d'abord peu, ensuite de plus en plus nombreuses. A la maturité elles percent la couche externe formée par les têtes des paraphyses ; elles répandent leurs spores et s’affaissent ensuite. c. Les spores du Ram. calicaris sont ovales, environ quatre fois plus longues que larges, biloculaires ; leurs parois sont incolores, médiocrement épaisses. Leur contenu est également incolore. — Pour leur formation, dans le contenu granuleux et trouble de la thèque, quelques granules se groupent en nucléus, autour duquel se forme une paroi cellulaire. La cellule ainsi formée grossit; il s’y produit une cloison transversale et la spore est complète. " B. Le tissu-mère consiste en cellules filiformes très délicates, rameuses, étroitement enchevétrées, dont certains rameaux latéraux se développent à leur extrémité en paraphyses et en thèques. Ces cellules se continuent di- rectement avec celles de la moelle et de l'écorce dans l’apothécie. De la germination; par M. Belhomme. Broch. in-8° de 6 pages, €n- voyée à la Société botanique de France (sans indication d'origine et sans date, mais certainement récente). L'auteur de cette brochure a réuni des faits déjà connus à plusieurs autres qu'il indique comme les résultats de ses propres expériences. Nous donnerons un résumé de la plupart de ces derniers. M. Belhomme dit avoir reconnu par expérience que des graines semées sur couche, sous l'action directe des rayons solaires, sont retardées pour leur germination ; mais que si ces mêmes graines sont abritées contre la lumière directe par une toile très claire ou par une couche de chaux appli- quée sur les vitres, elles lèvent plus promptement et gagnent « en moyenne une avance de trois ou quatre jours. » — Comme exemple de la persistance de la faculté germinative, dans les graines des Cucurbitacées, il rapporte avoir vu germer celles du Lagenaria vulgaris après soixante ans de conser- vation. Les Fougères sont dans le même cas. Il a fait germer des spor es d` Alsophila prises dans un herbier et vieilles de plus de soixante ans.— Des grains de Seigle pris sur des épis ergotés lui ont donné l’année suivante UN? masse de grains ergotés. Il a obtenu le même résultat sur le Phalaris minor, le Lolium perenne. Mème des graines du Capsella Bursa pastoris prises Sur des pieds attaqués par l'U/redo candida (Cystopus), lui ont donné constam- ment des pieds qui se sont couverts du même parasite. — Il a fait germer au jardin botanique de Metz, des grains de Blé provenant de caisses à momies REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A79 d'Égypte. — Il a reconnu que le Gui venu sur un Peuplier germe très bien sur un Acacia (sans doute Robinia) ou sur un Pommier ; mais qu'il n’y prend pas de développement. Plusieurs fois il a semé du Gui de Peuplier sur un Pommier. Les graines ont parfaitement germé ; puis elles ont langui et elles sont mortes quelque temps après. « Les graines du Gui qui ont séjourné dans l'intestin des oiseaux germent cinq ou six jours avant les autres et sont bien plus robustes. » — L'électricité accélère souvent de moitié la germination. La chaleur solaire l'avance d’un tiers, comparativement à la chaleur due à la fermentation des fumiers. Celle-ci à son tour est beaucoup plus accéléra- trice que celle qui provient de thermosiphons. Sur une Primevére monstrueuse (Primula sinensis alba), présentée par M. J. Wood. Note rédigée par M. Malbranche (Bull. du cercle pratique d’Hortic. et de Botan. du départem. de la Seine-Inférieure) : in-8° de 3 pag., et 4 pl. in-4°. La monstruosité qui fournit le sujet de cette note entre dans la catégorie de celles que M. Moquin-Tandon nomme virescences. Toutes les parties de la fleur, sans exception, sont devenues vertes, et les 60 ou 80 fleurs que porte la plante, ont subi cette modification anomale, une seule exceptée. Le calice est devenu claviforme le plus souvent, et il s'est même quelque- fois renflé et allongé fortement à sa partie supérieure; dans les fleurs les plus déformées, il est tout à fait infundibuliforme. La corolle offre un tube large, longuement saillant, et un limbe à six ou sept divisions obovales, un peu échancrées, vertes, veinées, un peu épaisses; ailleurs, le tube déborde peu le calice alors très allongé ; et les cinq divisions du limbe sont devenues de petites feuilles lancéolées, dentées en scie, très velues. Les étamines ont pris de longs filets, et chacune des loges de leur anthère se prolonge infe- rieurement en corne. Le pistil est devenu un gros corps oblong et resserré dans le tiers de sa longueur, dont le tiers supérieur est vert foncé, ample, plissé-chiffonné, ouvert quelquefois au sommet par cinq dents; il a un style court et un stigmate. A l’intérieur de l'ovaire, une petite colonne centrale, portant des corpuscules roussâtres, figurait le placentaire et les ovules avortés. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Notice sur une espèce nouvelle de Campanula, par M. Timbal-Lagrave, de Toulouse. (Archiv. de la Flore de France et d'Allemagne de C. Billot ; février 1855.) Campanula subpyrenaica, Timb. Lagrave. Cette plante habite non loin de Toulouse, sur les coteaux de Pech-David, dans les taillis. Elle diffère, dit l’auteur, du Campanula persicifolia, Linn., A80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par son calice plus grand, couvert de poils aplatis, arqués, très abondants ; par ses ovules entourés d'unesubstance succulente et charnue; par ses fleurs plus grandes ; par ses feuilles plus longues, arquées en dehors ; par ses graines blanches ou blanc roussâtre, avec deux anneaux bruns aux deux extrémités, aux points occupés par la chalaze et le micropyle. Elle fleurit en juillet. M. Timbal-Lagrave avait d’abord regardé sa plante comme le Campa- nula persicifolia modifié par une hypertrophie; mais l'ayant retrouvée constamment avec les mèmes caractères sur tous les individus qu’il a ren- contrés pendant dix ans, il a cru devoir l'admettre comme une espèce distincte et séparée. Deux observations sont jointes à la description du Campanula subpyre- naica. L'une a pour objet de décrire l’inflorescence de cette plante et la succession de ses cinq fleurs; l’autre est destinée à établir, par l'exemple de l’ Urtica membranacea, Poiret, que « des atrophies et des hypertrophies servent de base à la distinction de certaines familles, de certains genres et même des espèces. » Notice sur quelques plantes du département du Doubs; par M. Vital Bavoux (Mém. de la Soc. d'émulat. du Doubs, tirage à part en broch. gr. in-8° de 8 pages). L'auteur de cette notice décrit en premier lieu les Digitalis lutea, Lin., et grandiflora, All., et il donne ensuite une description étendue de quatre formes hybrides entre ces deux espèces : 1° Digitalis superluteo-grandt- flora, Bavoux : feuilles et tiges du D. lutea, mais fleurs beaucoup plus grandes. Cette forme est très abondante ; trouvée près de Besançon, à la Chapelle-des-Buis. 2° Digitalis luteo-grandiflora, Bavoux (D. media, Roth, Koch; D. intermedia, Pers.; D. ambiquo-lutea, Mey.). Cette forme est distinguée de la précédente par ses feuilles plus fortement ciliées ; elle a l'aspect général du D. lutea, mais sa fleur ressemble en petit à celle du D. grandiflora. Meyer avait assigné à cette plante comme père le D. gran- diflora (D. ambigua), contrairement à ce que pense M. Bavoux (mème lo- calité). 3° Digitalis subluteo-grandiflora, Bavoux. Les fleurs se distinguent aisément parce que leur corolle est beaucoup plus grande que celle des deux premières formes, et en même temps beaucoup plus petite que celle du D. grandiflora (même localité). 4° Digitalis subgrandifloro-lutea, Bavoux. Cette forme ressemble beaucoup à la première. Elle se rapproche du D. gron- diflora par ses feuilles et sa tige. L'auteur n’en a trouvé qu ’un pied qui était venu au milieu des D. lutea, et assez loin du D. grandiflora (méme localité). Dans le genre Stachys, M. Bavoux décrit une forme qui rattache le St. pa- Lustri-sylvatica, Schiede, au St. palustris, et qui est son St. superpalustri- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h84 sylvatica (St. ambigua, Smith, Engl. Bot.; St. palustris B ambigua, Mutel, Fi. fr.). Cette plante a l'odeur forte du St. sylvatica; mais elle se rap- proche beaucoup plus, par son aspect, du St. palustris dont elle a d'ailleurs les bractées, le calice et la corolle (Besançon, les Mercureaux, au milieu des St. palustris, sylvatica et palustri-sylvatica). Pour l’ Erysimum cheiranthoides, Lin., l'auteur décrit deux formes re- marquables parce qu'elles offrent, sous l'influence des mêmes causes, les différences qui existent entre le Barbarea vulgaris, R. Br., et le B. arcuata, Rchb. L'une est la forme des lieux découverts, à siliques, pédoncules, feuilles dressés et à tige fortement striée; l’autre est la forme des lieux ombragés, à siliques, pédoncules, feuilles étalés, à tige presque sans stries. Il caractérise aussi, pour le Daphne Laureola, Lin., une forme des forêts élevées, à feuilles d’un vert foncé, ordinairement pendantes, longuement attenuées aux extrémités et très aiguës; l’autre, propre aux foréts récem- ment coupées, à feuilles d’un vert roussâtre, moins pendantes ou même dressées, très obtuses ou même arrondies au sommet, beaucoup plus serrées et cachant la tige. En 1853, M. Bavoux avait signalé deux formes du Narcissus Pseudo- Narcissus, dont la plus tardive avait reçu de lui le nom de Narcissus Re- naudi. Depuis cette époque, il s’est assuré que cette plante n'est que le N. major, Lois., qui lui-même est simplement un W. Pseudo-Narcissus tardif. n Note sur un essai d’'hybridation dans les Graminées, par M. Ch. Grenier ; suivie d’une étude sur l'hybridation réciproque des Primula elatior ef grandiflora, par M. H. Loret. ( Mémoires de la Soc. d'émulation du Doubs; séance du 42 mai 1855.) En présentant à la Société d’émulation du Doubs la note de M. Loret, M. Grenier a signalé de nouveau les avantages qu'aurait l'application ra- tionnelle de l'hybridation dans la pratique horticole et agricole. II exprime la pensée que lorsque, dans un nombreux semis d'arbres à fruits, il s'offre un fruit nouveau, recommandable par ses qualités, ila graine qui a donné ce gain attribué constamment au hasard, est le résultat d’une fécondation croisée. « Ainsi je neserais pas surpris, dit M. Grenier, que le Beurré blanc, fécondé par la grosse poire à cuire ( Cadillat), ait donné la Duchesse d’An- goulème ou le Beurré d'Aremberg. » L'hybridation offre donc : «le moyen de modifier nos races horticoles. » M. Grenier croit encore qu'il serait possible de créer des céréales vivaces et, dans son opinion, cette question, qui donnerait à l’agriculture une face toute nouvelle, « se trouve réduite à féconder des espèces sauvages et vivaces 482 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans les genres Zriticum, Avena, Hordeum, ete., par celles de nos céréales qui appartiennent au même genre. » Il avait commencé des expériences dans le but de produire un Blé vivace, en fécondant le Triticum repens par le Triticum sativum; mais les pluies ont contrarié ses essais et aujourd’hui le terrain sur lequel il opérait n'étant plus à sa disposition, il est forcé d'abandonner ces recherches intéressantes. La note de M. Loret, qui suit les considérations préliminaires de M. Gre- nier, a pour objet de décrire différentes formes hybrides observées par ce botaniste à une demi-lieue d’Orthez, aux bords de deux ou trois ruisseaux qui se jettent dans le Gave d'Orthez, le même que le Gave de Pau. Là crois- sent en abondance et souvent pêle-mêle les Primula grandiflora et elatior, ainsi qu’un grand nombre de formes intermédiaires, « qui ne peuvent être que les produits de l’hybridité, » Loin du lit des ruisseaux, dans les lieux secs, on trouve des masses de P. grandiflora type. En approchant des ruis- seaux et du Gave on voit apparaître au contact du P. elatior les premières modifications du P. grandiflora que l'auteur nomme P. supergrandiflora- elatior et P. grandiflora-elatior. Enfin, vers le fond des ruisseaux, presque le pied dans l’eau, on voit apparaître en abondance la forme qu’il nomme P. subgrandiflora-elatior. Le port du P. supergrandiflora-elatior est tout à fait celui du P. grandiflora. Celui du P. grandiflora-elatior rappelle le P. elatior, ou mieux le P. variabilis, Goup. Enfin, le P. subgrandiflora- elatior ressemble à l’hybride précédent pour les fleurs, la hampe, les radi- celles, la pubescence, la capsule, tandis que ses feuilles rappellent le P. elatior. Avec ces trois formes hybrides M. Loret en a trouvé une quatrième qu'il nomme P. superelatiori-grandiflora, qui lui a paru provenir de la féconda- tion des trois premières formes, et surtout des deux dernières par le P. ela- tior dont elle a tout à fait le port, avec des feuilles oblongues et insensiblement atténuées en pétiole, comme dans le P. grandiflora. Nova Ulmi species; auctore L. Rota, Bergamensi (Botan. Zeitung, n° 26, col. 469). Cet Orme, auquel M. Rota donne le nom g’ Ulmus expansa, croit près du Brembo, dans le territoire de Bergame (Lombardie), dans les localités nom- mées Alla-Botta et Olmo. Il fleurit en mars et avril. L'auteur en donne une description et une diagnose. Nous reproduirons celle-ci. Ulmus expansa, Rota : Foliis grosse duplicato-serratis, basi inæqualibus late obovatis, longe acuminatis, apiceve truncatis in lacinias plures divisis (quarum 3-5 majores acuminatæ duplicato-serratæ) ; floribus peduneulatis 5-7 andris ; samaris late ovatis glabris bifidis, lobis hamatis convergentibus- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A83 On the identity of Pinus hirtella and Pinus religiosa of Humboldt, Bonpland and Kunth. (Sur l'identité du Pinus hirtella ef du P. religiosa, H. B. K.) ; par M. Berthold Seemann. Cette note a été lue à la Société linnéenne de Londres, le 5 décembre 1855. En déterminant, il y a peu de temps, les Conifères recueillies par lui dans les parlies occidentales du Mexique, M. B. Seemann en avait trouvé des échantillons qui se rapportent au Pinus (Abies) hirtella. Mais en comparant ces mêmes échantillons avec ceux qui sont étiquetés Pinus (Abies) religiosa dans les herbiers de sir W. Hooker et de M. Bentham, il reconnut que ces derniers avaient aussi constamment les branches kispidules. Pour se fixer au sujet de cette communauté de caractères, il a examiné le P. religiosa cul- tivé à Kew et ailleurs; il a fait examiner à Berlin, par M. Ch. Bolle, les échantillons originaux du P. religiosa de Humboldt et Bonpland, et il s'est ainsi assuré de l'identité des deux espèces. Il a su aussi que Hartweg, invité à examiner au Mexique les différences qui pouvaient exister entre ces arbres, avait reconnu qu’il n’en existait aucune. Il est donc positif que ces deux noms désignent une seule et unique espèce, à laquelle M. B. Seemann conserve le nom de Pinus religiosa, parce qu'il est plus connu, et parce qu'il rappelle que les Mexicains se servent des branches élégantes de cet arbre comme d'un ornement pour leurs fêtes religieuses. Victoria regia; or the great Water Lily of America. With a brief account of its discovery and introduction into jcultivation (La Victoria regia; ou le grand Nymphéa d'Amérique. Avec un court récit de sa découverte et de son introduction dans la culture) ; par M. John Fisk Allen, avec figures par M. William Sharp, faites d'après des échan- tillons cultivés à Salem, dans le Massachusetts. Très grand in-folio de 17 pages, et de 6 planches coloriées sur la lithographie. Boston, 1854. La Victoria regia vient encore de fournir le sujet d'un ouvrage splendide dans lequel la reproduction iconographique des états successifs de la plante a été exécutée avec un luxe inusité de figures. Voici, en effet, l'indication des phases du développement que le pinceau de M. William Sharp a repro- duites avec un remarquable talent. La première planche, qui sert de fron- tispice, nous montre au quart de sa grandeur naturelle, la plante dessinée trois semaines après sa germination. Elle possède alors quatre feuilles, dont les deux premières sont hastées, et les deux suivantes tendent à s'arrondir, mais en formant encore un angle aigu au sommet, et deux lobes également aigus à la base. Une autre figure de la même planche nous fa montre à l'âge de six ou sept semaines, lorsqu'elle a complété son premier cycle de cinq feuilles, les premières ovales, les autres arrondies, graduellement de A8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus en plus grandes, et dont la plus développée mesure 64 centimètres de diamètre longitudinal. D’après l’auteur, la plante se développe en produi- sant ainsi successivement plusieurs cycles de cinq feuilles, jusqu’à la vingt- septième ou vingt-huitième qui est la plus grande de toutes, et qu'accom- pagne le premier bouton de fleur. La deuxième planche nous montre plu- sieurs portions de feuilles d’une plante adulte, etau milieu d'elles, une fleur qui s'épanouit, accompagnée de boutons encore fermés. Ces figures sont de grandeur naturelle, comme la plupart des suivantes, et si elles reproduisent les dimensions réelles des objets, il est certain que les fleurs obtenues à Salem surpassaient notablement celles qu’on a observées jusqu'à ce jour dans la plupart des serres de l'Europe. En effet, quoique incomplétement épanouie, la fleur figurée sur la seconde planche n’a pas moins de 335 mil- limètres de diamètre. La troisième planche est occupée en entier par une figure de feuille adulte vue par sa face inférieure; cette figure n’a pas moins de 53 centimètres de largeur. La quatrième planche est principalement con- sacrée à la reproduction de deux fleurs, l’une ayant encore les pétales rosés du centre redressés en une sorte d’urne antique, et tous les pétales plus exté- rieurs et d’un blanc pur, étalés horizontalement, l’autre entièrement épa- nouie et montrant ses pétales roses, ornés d’une flamme blanche à la base, avec des points d’un beau rouge semés sur leur surface, rabattus comme tous les autres. La masse staminale du centre s’y montre encore fermée. La cinquième planche montre une fleur dans un état un peu plus avancé encore, puisque la plus grande partie de ses étamines se sont écartées ou même rabattues. Cette fleur a 0®,35 de diamètre. A côté d'elle, on voit un bouton qui en- tr'ouvre à peine ses quatre sépales, un ovaire fécondé à moitié enfoncé dans l'eau, enfin des feuilles jeunes et adultes. La sixième planche serait la seconde d’après l’ordre du développement ; car la plante qu’elle figure porte une fleur à peine à moitié épanouie, et formant encore une magnifique coupe d’un blanc pur, ouverte seulement en dessus. Le texte de l'ouvrage de M. Fisk Allen nous paraît ajouter peu à l’histoire déjà si souvent écrite de la Victoria regia. La partie botanique y occupe peu de place. Il est évident que M. Fisk Allen y a attaché beaucoup moins d'importance qu’à la por- tion iconographique pour laquelle il n’a rien négligé, et qui forme l'illustra- tion probablement la plus complète dont aucune espèce de plante ait encore fourni le sujet. Remarks on specimens of Megacarpæa polyandra, Benth. (Remarques sur des échantillons de Megacarpæa polyandra, Benth. ); par le docteur Balfour. Mémoire présenté à la Société botanique d'Edimbourg, le 10 mai 4855 (Voy. Ann. and Magaz. of nat. hist., juil. 1855, p. 75-71). Cette plante a de l'intérêt parce qu'elle possède un nombre d’étamines REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h85 (de 12 à 15) entièrement anormal pour la famille des Crucifères, à laquelle elle appartient. Si ce nombre est considéré isolément, il peut sembler donner au Metacarpæa une place entre les Crucifères et les Papavéracées ; mais si l'on voit dans les étamines en dehors du nombre normal des développements des glandes qui existent chez les Crucifères sur le torus, ce genre peut bien être rapporté à cette famille. Le genre Metacarpæa parait avoir été trouvé en premier lieu par Fischer dans les steppes salées et sur les collines calcaires du Turkestan, près de la mer Caspienne, ainsi que par Ledebour en Sibérie. Il fut d'abord rapporté au Biscutella. De Candolle en a décrit très imparfaitement deux espèces dans son Prodromus (1, p. 183). Le docteur Hugh Falconer en a trouvé une espèce sur les montagnes du Petit-Thibet, sur l'Husora, l’un des affluents de l'Indus ; mais ni lui, ni M. Winterbottom, qui a trouvé aussi cette plante dans le même pays, n'ont pu en observer les fleurs, qui ont été vues pour la première fois par le capitaine R. Strachey en 4848. Dans le Kumaon elle se trouve sur les plateaux découverts, à une altitude de 11,500 à 14,000 pieds anglais (3622", 500 à 4415"), où toute végétation arbores- cente a disparu. Elle est bien connue des montagnards sous le nom de Roogee. Sa racine broyée leur sert de condiment; elle a, comme toute la plante, une forte odeur permanente et une saveur qui rappellent un peu celles du Raifort. Elle fleurit en mai et juin, et elle mürit son fruit en sep- tembre et octobre. Sa racine fusiforme a 3 décimètres ou même plus de cir- conférence à sa base, et de 3 à 6 décimètres de longueur ; sa substance interne est celluleuse et légère. Il existe plusieurs tiges annuelles, hautes de 1 mètre 1/2 à 2 mètres. Les feuilles radicales étalées, longues de 60 à 70 cen- timètres, portent dans leur moitié extérieure sept ou huit segments distincts, espacés ; quant aux feuilles caulinaires, elles sont longues d'environ 3 déci- mètres, et elles offrent dix ou douze segments linéaires-lancéolés, incisés. Les fleurs, qui forment des corymbes terminaux et axillaires feuillés, sont pe- tites, blanches ou jaunâtres, et leur odeur rappelle celle du Raifort; elles ont: quatre sépales colorés, oblongs, obtus ; quatre pétales alternes aux sé- pales, deux fois plus courts, ovales et veinés; de douze à quinze étamines hypogynes, dressées, et disposées en deux ou trois groupes ; un ovaire aplati, obcordé, à deux loges monospermes et articulées, surmonté d’un style court et de deux stigmates. La silicule est uniloculaire, et longue de 4 centimè- tres 1/2 sur 3 centimètres 1/2. On Decaisnea, a remarkable new genus of the tribe Lardizabaleæ (Sur le Decaisnea, nouveau genre remarquable de la famille des Lardizabalées), par MM. J. Dalton Hooker et Th. Thomson. Ce travail a été présenté à la Société linnéenne de Londres le 5 décembre 1854. 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le végétal qui en a fourni le sujet avait été découvert dans le Bhotan par Griffith qui, dans ses notes de voyage, l'avait désigné par le seul nom de Slackia insignis, montrant ainsi qu’il le regardait comme devant former le type d’un genre nouveau. Mais Griffith lui-même a plus tard transporté ce même nom de S/ackia à un Palmier. MM. D. Hooker et Thomson proposent dès lors de dédier ce genre nouveau, qui rentre évidemment dans la famille des Lardizabalées, au botaniste éminent à qui la science doit une excellente monographie de cette famille. Il est nécessaire de rappeler que le nom de M. Decaisne a été proposé successivement pour deux genres d’'Orchidées pour chacun desquels un autre nom s’est trouvé ensuite avoir l’antériorité. Nous reproduirons les caractères de ce nouveau genre : Decaisnea D. Hook. et Thoms. : Sepala;6 lineari-subulata. Petala 0. Sta- mina in flore mascula monadelpha, in hermaphrodito parva libera. Ovaria 3, lineari-oblonga. Ovula placentis 2 filiformibus parallelis, suturæ ventrali approximatis sed ab ea discretis, inserta, indefinita, anatropa. Folliculi pulpa repleti. Semina indefinita, compressa ; testalævi, nitida, crustacea, atro-fusca. Frutex Aimalaicus erectus; foliis alternis, pinnatis ; inflorescentia race- mosa, terminali ; floribus pallide viridescentibus. Le Decaisnea insignis croit dans les parties tempérées de l'Himalaya oriental, entre 8,000 et 40,000 pieds anglais d'altitude ( 2520 à 3450"), Son caractère le plus remarquable est celui fourni par ses ovules attachés, non sur toute la surface interne de l'ovaire, comme chez toutes les autres Lardizabalées, mais seulement sur deux lignes, à droite et à gauche de la suture ventrale. Il sera figuré dans les /{lustrations of himalayan plants de M. D. Hooker. On Chortodes, a subgenus of Flagellaria, from the Isle of Pines, New Caledonia (Sur le Chortodes, sous-genre du Flagellaria, de l'ile des Pins, dans la Nouvelle-Calédonie) ; par M. J.-D. Hooker (Hooker’s Journ. of bot., cah. de juil. 1855, p- 498-200, plan. VIII (4). Cette plante remarquable a été récoltée pour la première fois par MM. M'Gillivray et Milne, pendant le voyage du capitaine Denham, à bord de l Herald. Elle a l'aspect et le port d’une gigantesque graminée tropicale. Quoiqu’elle diffère sous plusieurs rapports du Flagellaria indica, M. J.-D. Hooker aime mieux établir pour elle un simple sous-genre que de créer un genre nouveau; car, dit-il avec raison, la subdivision des genres de Monocotylédons a été déjà poussée à l’exces pour toutes les fa- milles, et, dans l’état actuel de nos connaissances sur les espèces comprises parmi les #lagellaria, il semble plus sûr d'élargir les caractères de ce (1) Erreur de chiffre. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h87 groupe générique, en le subdivisant ensuite en deux sous-genres, que d'établir un genre nouveau qui pourrait être reconnu mauvais, lorsque l’on connaîtra mieux les plantes. Le sous-genre Chortodes se distingue des vrais Ælagellaria : 1° parce que les divisions internes de son périanthe sont égales en longueur aux externes, tandis qu’elles sont plus longues chez ceux-ci; 2° parce que sa baie présente trois loges et trois graines, tandis qu'elle est uniloculaire et monosperme chez les £'uflagellar ia. En outre, ces derniers sont des herbes sarmenteuses ou grimpantes, à feuilles striées, se terminant en vrille, et formant, dans le bas, une gaine &énéralement entière, tandis que le Chor- todes est dressé, et que ses feuilles plissées forment une gaine fendue Jongi- tudinalement, à bords largement membraneux, prolongés même en deux oreillettes obtuses semblables à des stipules. L'espèce décrite par M. D. Hooker est le #/agellaria (Chortodes) erecta. Description of some new genera and species of Ceylan Pangiaceæ (Description de quelques nouveaux genres et nouvelles espèces de Pangiacées de Ceylan) ; par M. G.-H.-K. Thwaites, surinten- dant du jardin royal botanique de Peradenia. (Hooker's Journ. of bot., cah. de juil. 1855, p. 196-198, plan. VIII (1). Deux espèces et un genre nouveau sont décrits dans cette note. Le genre nouveau est nommé 7richadenia. Son espèce-type est le T. zeylanica, Thw., très grand arbre assez commun dans les forêts du centre de Ceylan, à une altitude d'environ 4,000 mètres. Les Ciughalais le nomment Tetti- gaha ou Tettigass, et ils retirent de ses graines une huile bonne à brûler. Son bois est à peu près sans la moindre valeur. Ce genre est très voisin de l Hydnocarpus ; mais il en diffère par plusieurs caractères importants. M. Thwaites décrit ensuite une nouvelle espèce d’ Hydnocarpus qu'il nomme octandrus. C’est un arbre d’environ 15 mètres, qui ressemble beau- coup à l'H. inebrians, Vahl. Il n’a été trouvé encore que dans une seule localité, dans le district d'Ambagamowa, à une altitude de 2,500 pieds an- glais (787",500). On some new species of British freshwater Diato- maceæ, with remarks on the value of certain spe- cific characters (Sur quelques nouvelles espèces de Diatomacées d'eau douce de la Grande-Bretagne, avec des remarques sur la valeur de cer- (1) Il ya ici une erreur de chiffre. Le titre indique la planche VII ; l'expli- cation des figures du Trichadenia se rapporte à la planche VII, et la planche double VII et VIII, que renferme le cahier de juillet, reproduit une plante autre que le Trichadenia. h88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tains caractères spécifiques), par le prof. Gregory (voy. Annals and mag. of natur. hist., cah. de juil. 1855, p. 73-75). Ce travail a été lu à la Société botanique d'Édimbourg, le 40 mai dernier. L'auteur commence par quelques remarques sur la distribution géogra- phique des Diatomacées d'eau douce. Il examine ensuite la valeur de cer- tains caractères spécifiques. Les espèces de Diatomacées sont généralement distinguées par la forme, la structure, la longueur moyenne, la disposition, le nombre et la nature des stries qui sont moniliformes ou continues, étroites ou larges, rapprochées ou distantes, ete., enfin, par l'aspect de la ligne médiane et des nodules tant du centre que des extrémités. La forme ou le contour varie à tel point qu’il pourrait faire admettre beaucoup de fausses espèces; on voit des formes différentes passer l’une à l'autre par des transitions graduelles. Ainsi, chez le Navicula lacustris il existe deux formes très différentes, entre lesquelles on en voit une exacte- ment intermédiaire. Chez le Navicula elliptica, certaines formes sont ovales, tandis que d'autres sont étroites. On pense aujourd’hui que le WV. dubia est la même espèce que les N. amphigomphus et dilatata; il est même des botanistes qui les réunissent toutes les trois au A. firma. Le N. lepida, nouvelle espèce, présente trois variétés de forme. Enfin, l'exemple le plus remarquable encore de ces variations est présenté par le JV. varians. Le nombre des stries n'est pas constant chez quelques espèces, peut-être chez un grand nombre. Dans le Navicula varians, l'auteur a vu les petits individus marqués souvent de 24 - 26 stries sur 4/1000 de pouce, tandis que les grands individus n’en offraient que 14 à 16 sur la même longueur. M. Smith décrit le Pinnularia divergens avec 11 stries sur 4/1000 de pouce, et l’auteur y en trouve plus souvent 22 à 26, disposées, à la vérité, de la même manière, Le Navicula elliptica, tel qu'il a été caractérisé par Küt- zing, a de très grosses stries; mais sur une variété dont M. Gregory faisait d’abord une espèce, les stries sont tellement fines qu'elles en deviennent trois fois plus nombreuses. L'apparence de la ligne médiane et des nodules varie aussi quelquefois. Dans la variété à grosses stries du Navicula elliptica, de chaque côté de la ligne médiane, les lignes latérales forment un cône double dont les bases se rencontrent près du centre; mais, dans la variété finement striée, Ces lignes sont parallèles à la ligne médiane et s’inclinent seulement en dehors autour du nodule central. Une transition graduée rattache ces deux formes l'une à l'autre, Les variations de ces trois ordres de caractères se présentent non-seule- ment isolées, mais encore quelquefois réunies, comme chez les Navicula elliptica et lepida. Alors l'espèce devient difficile à définir. Il faut ajouter REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. k89 que d'énormes variations de grandeur se montrent parfois dans le même type de forme. La distribution géographique des Diatomacées est tellement uniforme que la plupart des espèces de la Grande-Bretagne se retrouvent dans les eaux de toutes les parties du globe. Même les espèces actuelles se montrent pour la plupart identiques avec celles qu’on trouve jusque dans les terrains sédimentaires les plus anciens. M. Ehrenberg a montré que, dans tous les terrains où il existe des plantes, il y a des Diatomacées, souvent en grande quantité, et très variées. On en observe aussi une grande abondance dans le sédiment de toutes les rivières, notamment dans les deltas du Nil et du Gange. Revue des principales publications relatives aux Cryp- togames qui ont paru en 1853 et 1854; par M. J.-E. Duby. (Bibl. univers. de Genève, mars, avril et mai 4855.) Cette intéressante Revue, écrite par un homme des plus compétents, étant un simple compte rendu d'ouvrages publiés, ne peut, malgré son mérite réel, être analysée dans la portion bibliographique du Bulletin. Mais le savant cryptogamiste de Genève y a présenté, sous'une forme con- cise, l'exposé des caractères par lesquels les Lichens peuvent être distin- gués des Champignons Hvpoxylés (Pyrénomycètes, Fr.). Ce résumé suc- cinct des observations faites par les lichénographes de notre époque nous paraît avoir assez d'intérêt pour mériter d’être reproduit : 1° Sauf des cas très rares où il a disparu par des causes physiques acci- dentelles, les Lichens possèdent un thallus quelquefois, il est vrai, difficile à reconnaitre à l'œil nu, mais que le microscope fait distinguer. — 2 Les Paraphyses de la lame hyménigère des Lichens sont rameuses et forment un tissu filamenteux, tandis que dans les Hypoxylées, quand elles existent, elles sont simples ou presque simples, filiformes, tout à fait libres. — 3° Dans les Lichens, les paraphyses se renflent ou se ramifient à leur extré- mité supérieure, s’entrelacent et se soudent, et, par l'exsudation d'une ma- tière mucilagineuse, forment comme une sorte de couverture aux thèques. Rien de pareil dans les H ypoxylées. — 4° L'hymenium proprement dit, Sort, dans les Lichens, d’une modification de la partie interne du thalle, dont les fibres s'entrelacent et s’entrecroisent de manière à former une sorte de coussin filamenteux qui donne naissance aux paraphyses et aux thèques. Rien de pareil dans les Hypoxylées. Le tissu cellulaire du réceptacle de- vient de plus en plus lâche en s’éloignant de la paroi extérieure, et c'est de ces dernières cellules que s'élèvent les thèques et les paraphyses. Celles-ci manquent souvent, ce qui montre combien le rôle physiologique qu'elles jouent est moins important que celui qu'elles accomplissent dans les Lichens. T. I. 3s Te h90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Végétation de Mersina (Asie Mineure) et de ses environs (extrait d’une lettre de M. Balansa, en date du 46 juin 1855, publiée par la Revue horticole, cah. du 1° octobre 1855, p. 371-377). La position de Mersina n’est marquée que sur les cartes les plus récentes; son existence ne remonte pas à plus de cinq ou six ans ; cependant elle est déjà le point le plus important de toute la Karamanie. Son nom rappelle la grande quantité de Myrtes qui croissent dans la plaine voisine (Myrte se dit en turc Mersin). La flore de Mersina, comme celle de toutes les côtes de la Karamanie et de l'Anatolie, appartient tout à fait à la région méditerra- néenne. La plupart des arbrisseaux spontanés dans sa plaine se retrouvent dans presque toute cette région ; il faut en excepter le Poterium spinosum, V Arbutus andrachne, un Daphne et une Mimosée. Des qu'on s'élève sur les montagnes, on voit apparaitre une foule d'arbres et d'arbustes des plus intéressants. A deux lieues au nord de Mersina, se trouve un village habité unique- ment par des Turcs, dont le vrai nom est Bouloukli, et qui se trouve sur le penchant d’une petite chaine de coteaux calcaires dont la hauteur ne dé- passe pas 400 mètres. Près de ce village se trouve un petit bois de Cypres spontanés, d’un port entièrement différent de celui qui distingue ces arbres à l’état cultivé. Le Cyprès spontané n’est pas fastigié, et sa forme rappelle de loin celle des Sapins. Un grand nombre d’arbres et d'arbustes cultivés en Europe, se trouvent à l’état sauvage dans ce pays. La Vigne vient sur les bords de tous les ruisseaux ; sur les rives ombragées du Guzel-Déré, à cinq lieues environ dans l'intérieur, se trouve sauvage une autre Ampélidée. Le Figuier, le Laurier sont assez communs dans les vallées humides des mon- tagnes ; ce dernier arbre se montre même à la hauteur de 1,100 mètres à deux lieues au N.-E. d'Alla-Dagh, dans une forêt d'Abies cilicica, pêle- mêle avec l’Arbutus andrachne et quelques autres arbustes de la région chaude. A cinq lieues au nord de Mersina, se montrent les premiers pieds d’ Abies cilicica. La limite inférieure de cette espèce parait être à 700 ou 800 mètres. Elle forme un grand et bel arbre, dont les cônes doivent être fort longs à en juger par leurs axes persistants de l'année passée. Le Juniperus drupacea vient tout près de Mersina, vers le sommet d’une chaine de montagnes de 800 mètres d'élévation, au N.-0. de la ville. Il s'y trouve en compagnie du Pistacia Terebinthus, du Pinus Halepensis, du Phyllirea, du Juniperus phænicea, du Cercis Siliquastrum. C'est un très joli petit arbre dioique, haut de 7 à 8 mètres, qui a le port d'un Sapin. Les Tures font des confi- tures avec ses fruits pulpeux. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h91 Toutes les pentes schisteuses de l’Alla-Dagh sont exclusivement couvertes d'un Pin qui n’est peut-être qu’une variété du Pinus Halepensis, quoique son port, ses dimensions, la teinte de son feuillage different beaucoup de ceux du Pin d'Alep, croissant sur le littoral. Ces forêts sont remarquables parce que tous les arbres qui les forment paraissent être du même âge et sont également espacés. Remarques sur les Palmiers fossiles; par M. Goeppert. Ces remarques sont renfermées daus une lettre de M. Goeppert à M. Seemann, qui les a communiquées à la Société linnéenne de Londres, le 5 décembre 1854. Au siècle dernier et même pendant le premier quart de ce siècle, on con- naissait si peu la structure des Palmiers, qu’on était porté à regarder comme telles presque toutes les plantes fossiles qui présentaient des formes étranges etanormales. Cette remarque s'applique particulièrement aux Sigillaria et Lepidodendron. Aujourd'hui mème, il existe au sujet des plantes fossiles des erreurs surprenantes. Ainsi, la plupart des géologues assignent la part la plus importante dans la formation de la houille aux Fougères ; et cepen- dant M. Goeppert a prouvé que ce rôle majeur appartient aux Sigillaria et Stigmaria; qu'à un rang subordonné viennent ensuite les Araucaria et Calanites, et qu’à un rang inférieur encore se montrent les Zepidoden- dron, les Fougères et les autres membres de la flore de la période carbo- hifere. Une étude attentive a montré que les Palmiers sont plus rares qu'on ne pensait dans les roches de transition et dans la formation carbonifère, tandis qu'ils sont plus fréquents qu’on ne croyait dans les formations plus récentes. On ne connaît jusqu’à présent que des troncs, des feuilles flabel- liformes et pinnatiséquées, et quelques fruits de Palmiers fossiles. On n'a pas encore découvert de fleurs, et il n’est pas prouvé que les spathes qu’on à rapportées à des Palmiers appartiennent réellement à cette famille. Ces divers fragments ont été distribués en neuf genres et soixante dix-huit espèces. Pour les troncs, les genres adoptés sont Palmacites et Fascicu- dites, Brong. ; pour les feuilles, ce sont les Flabellaria, Sternb., Zeugophyl- dites, Brong., Phænicites, Brong. et Amesoneuron, Goepp.; pour les spathes, Palæospatha, Unger (genre basé sur des materiaux douteux) ; pour les fruits, Zaccites, Zenk, et Castellinia, Massal. Quant au genre Burtinia, Endlie., placé par M. Unger parmi les Palmiers, il appartient sans aucun doute aux Pandanées, et il est identique avec le Vépadites. On peut, dans l’état actuel de nos connaissances, évaluer le rapport des Palmiers à l'ensemble des espèces fossiles aujourd'hui connues à 1/34°. On wen a pas trouvé encore dans les roches de transition ; 5 espèces se sont 492 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rencontrées dans la formation carbonifère; 2 dans le Kupfersandstein de Ta formation permienne ; pour toutes les roches secondaires, on n’en a décou- vert que 3 espèces qui se trouvent dans la formation crétacée. Le plus grand nombre, soixante espèces, appartiennent aux terrains tertiaires, savoir : 29 au système éocène et 31 à la formation miocène. L’habitation de 9 espèces est inconnue. Aucune espèce n’est commune à deux formations. Plusieurs offrent une ressemblance remarquable avec les espèces actuelles, surtout avec celles recueillies à Java, par M. Junghuhn; tels sont A meso- neuron calyptrocalyx, Goepp., A. dracophyllum, Goepp., A. fagifolium, Goepp., et A. anceps, Goepp. Le fait général qui ressort de tout ce qu'on sait aujourd’hui relativement aux Palmiers, soit fossiles, soit vivants, c'est que les premiers ont une dis- tribution géologique aussi locale que la distribution géographique actuelle des derniers. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Note on the India - Rubber of the Amazon (Note sur le caoutchouc de l Amazone); par M. R. Spruce (Hooker's Journ. of botany, juil. 1855, p. 193-196). En 1849 , lorsque M. R. Spruce arriva au Para, l'extraction du caout- chouc des differentes espèces de Siphonia, était une industrie très limitée, qui n'était exercée que dans les environs immédiats de la ville. Alors cette matière ne valait, sur le marché de Para, que 10 milreis, ou 29 fr. 15 €., l'arroba de 32 livres; aussi l'apathie des habitants leur faisait-elle négliger une substance qui ne leur promettait que de très faibles bénéfices. Mais plus tard, les demandes de caoutchouc, surtout pour les États-Unis, s’éle- vèrent au-dessus du chiffre habituel de production. Aussi, le prix de cette matière s'éleva rapidement, ct, en 1854, il atteignit le chiffre exorbitant de 38 milreis ou 410 fr. 80 €. l’arroba. Dès lors les habitants du pays se je- terent avec empressement sur une industrie qu'ils avaient négligée jusque- là, et, cette même année, le nombre de ceux qui s’y livrèrent s'éleva jusqu’à 25,000 pour la seule province de Para, qui ne comprend qu'une petite por- tion de l Amazone. On obtient presque universellement le lait au moyen de la ponction des arbres. Ceux qui avaient essayé de les couper au pied, ont bientôt reconnu qu'ils obtenaient moins de lait avec beaucoup plus de fatigue, fait heureux qui leur a fait bientôt abandonner ce mode barbare d'extraction. La plupart des Seringueiros ou exploitants du caoutchouc emploient la vieille méthode qui consiste à sécher à la fumée les couches de lait qu'on applique succes sivement sur un moule, Quelques-uns remplissent de ce lait une boite car- rée, et ly laissent se coaguler. Mais il faut, pour cette coagulation, dix REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h93 jours au moins, et comme on doit ensuite couper la masse obtenue en lames minces qu’il est nécessaire de soumettre à une forte pression pour en expul- ser l’eau et l'air qui s’y trouvent enfermés, cette nouvelle méthode est en- core peu usitée. Un peu d'alun ajouté au lait, en accélère la coagulation; tandis que l'ammoniaque produit un effet opposé. Lorsque les arbres sont fleuris, presque tout leur lait est employé, dit M. Spruce, à nourrir leurs fleurs; aussi, n’en coule-t-il presque pas de leur tronc. Il est d'usage de les laisser en repos pendant quelques mois cha- que année, depuis la floraison jusqu'à la maturité parfaite du fruit. Près de Para, la récolte a lieu pendant la saison sèche, de juin à décembre. Les espèces desquelles on extrait le caoutchouc sur le haut Rio-Negro et sur le bas Cassiquiare sont les Siphonia lutea, Spruce, et brevifolia, Spruce. Le premier donne plus de lait que le second ; mais ni l’un ni l’autre n’en produisent autant que l'arbre du Para, ou le Siphonia brasiliensis, Wild. Tous les deux sont des arbres droits, hauts, mais pas très épais, à écorce lisse et mince, à fleurs jaunes, très odorantes, tandis que les autres espèces ont généralement des fleurs purpurines. M. Spruce évalue leur hauteur moyenne à 100 pieds anglais ou 31",50. Le Siphonia le plus abondant vers les embouchures du Tapajoz et du Ma- deira paraît être le S. Spruceana, Benth.; mais il y en a certainement d'au- tres espèces. M. Spruce a récolté sept à huit espèces de ce genre surl’Amazone et le Rio-Negro; et il regarde comme probable qu'il en reste deux ou trois fois autant à découvrir. Sur l’Uaupès, il a observé deux arbres très diffé- rents des Siphonia, qui peuvent être des Sapotacées (Wicrandra, Benth. , in Journ. of bot., VI, p. 377), et qui donnent du caoutchouc pur. Il y a sans nul doute, dans la vallée de l’Amazone, plusieurs autres arbres qui donnent de cette substance, mais souvent mêlée de résine qu’on n’a pas les moyens de séparer dans ce pays. Tels sont plusieurs Figuiers et Artocarpées. Des propriétés rubhéfiantes de la poudre de Raifort sauvage ou Cran de Bretagne (Cochlearia armoracia, Lin.); par M. P.-H. Lepage, pharmacien à Gisors (Journ. de pharm. et de chim., avril 1855). L'auteur avait démontré, dans un mémoire qui remonte à 1844, que plusieurs Crucifères, employées habituellement à l’état frais, notamment la racine de Raifort sauvage, conservent, malgré la dessiccation, toutes leurs propriétés médicales, qui tiennent à la faculté de développer des huiles vo- latiles au contact de l’eau froide. De nouvelles expériences ont confirmé ce premier résultat, et M. Lepage a reconnu que la poudre de Cochlearia ar- moracia, Lin., possède une action révulsive au moins égale, sinon supé- ADA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rieure, à celle de la meilleure farine de moutarde. Sa no'e a pour objet de faire ressortir les avantages qu'aurait l'emploi de cette poudre, et d'indi- quer la manière dont on devrait l’employer. Ces avantages sont une action sensiblement plus énergique et plus instantanée, surtout une sûreté beaucoup plus grande, la préparation de cette nouvelle matière ne pouvant guère, dit l’auteur, avoir lieu que dans les pharmacies, et les sophistications si fré- quentes, pour la farine de moutarde, n’étant pas dès lors à redouter pour la poudre de Raifort sauvage. Les racines de cette plante, destinées à être ré- duites en poudre, doivent être récoltées à l’automne et au printemps, avant le développement des feuilles et la seconde année de sa végétation. Après dessiccation, on les pulvérise en les mélangeant d'un quart de graine de moutarde blanche. A l'usage, on délaie la poudre avec de l’eau froide ou tout au plus tiède, sauf à ajouter l'eau chaude après: environ une demi- heure. MÉLANGES. Étude chimico-physiologique sur les cendres des vé- gétaux. Thèse présentée et soutenue à l'École de pharmacie de Paris, le 4° avril 1855, par M. Sarradin. In-4° de 26 pag., Paris, 1855. Les recherches de M. Sarradin ont porté sur plus de 50 espèces des plus communes dans les environs de Paris; mais il n’est question dans sa thèse que des suivantes. Poils de la Poids de la Poids des plante fiaîche. plante sèche. cendres obtenues. LABIÉES. . . . . . Mentha crispa . . . . . A530gr. 420gr. 48,70 — pyramidalis . . 4165 450 34,85 — aquatica. .. . 1330 275 32,10 — Pulegium . . . 1200 280 28,00 — rotundifolia . . 590 120 17,10 Origanum Majorana . . 1370 550 48,80 Teucrium Scordium . . 1130 310 39,00 BORRAGINÉES . . . Anchusa italica. . . . . 1250 260 60,00 Echium vulgare . . . . 970 445 30,10 Borrago officinalis , . . 932 90 21,00 SOLANÉES . . . . . Solanum nigrum. . . . 1500 185 31,10 — Dulcamara. . 1590 360 47,20 Nicotiana rustica. . . . 4950 200 42,70 SCROPHULARINÉES, Veronica officinalis. . . 1210 390 27,50 — Beccabunga. . 1230 125 21,00 Melampyrum pratense. 470 135 19,20 — arvense. . 810 205 15,20 Verbascum Thapsus. . 720 115 15,30 Un grand tableau met sous les yeux les résultats analytiques obtenus par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h95 l’auteur et les proportions relatives des substances suivantes contenues dans toutes ces cendres sans exceptions : sable et charbon ; phosphate d'alumine et phosphate de fer ; acides silicique, chlorhydrique, sulfurique, phospho- rique, carbonique ; potasse ; soude ; chaux ; magnésie, Deux tableaux par- ticuliers indiquent, l’un l'oxygène de la totalité des bases et celui de la portion des bases carhonatées, l’autre les deux parties des cendres soluble et insoluble. — L'auteur déduit de ces tableaux les conséquences suivantes, que nous reproduirons en les abrégeant : 1° Les différences ne sont pas très grandes entre les chiffres représen- tant les phosphates de fer et d'alumine de chaque cendre. La moyenne est de 2,35. — 2° L’acide silicique domine dans les Borraginées, diminue dans les Solanées et parmi les Scrophularinées. C'estle Veronica Beccabunga qui en contient le moins. — 3° Il n’y a que de faibles différences dans les pro- portions d’acide chlorhydrique; cependant le Mentha aquatica en a donné 17,07 etle Veronica Beccabunga 14,27, nombres qui dépassent beaucoup Ja moyenne et qui coincident avec une augmentation d'acide sulfurique, etavec une diminution d’acide phosphorique pour la première espèce. Cette augmen- tation des chlorures et des sulfates, c’est-à-dire de sels solubles, au détriment des phosphates, c’est-à-dire de sels insolubles, se fait remarquer dans deux plantes qui croissent dans les lieux humides. — 4° M. Sarradin a trouvé de la soude dans toutes les cendres. — 5° On ne trouve pas de grandes diffé- rences entre les quantités d'oxygène contenues, soit dans la totalité des bases, soit dans la portion des bases que l’on peut supposer avoir existé dans les végétaux à l’état de sels avec acides organiques. — 6° Il n'existe aussi que de légères différences dans les quantités de matières solubles. NOUVELLES. — M. G. Ortgies, qui a été attaché pendant plusieurs années aux cul- tures de M. Van Houtte, à Gand, vient d'être appelé à remplacer au jardin de Zurich M. E. Regel, qui, comme le savent les lecteurs du Bulletin, a été chargé récemment de la direction du jardin botanique de Saint-Pétersbourg. — M. Thilo Irmisch vient d'être nommé professeur au Gymnase de Sondershausen. — On annonce que M. Herm. Schacht va passer une année à Madère, tant pour y étudier les plantes de cette île que pour rétablir sa santé qui paraît être fort altérée. — L'exposition universelle de la Société impériale et centrale d'hortieul- ture a pris à partir du mois de septembre un caractère presque entièrement nouveau. Les fleurs ont en partie fait place aux fruits : des collections de poires, de pommes, de raisins, de pêches, ete., de légumes de toutes sortes occupent maintenant la plus grande partie des serres et des abris de toute h96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sorte disposés avec un goût remarquable dans le jardin de cette exposition. Jamais encore on n'avait vu réunies dans un même lieu tant de richesses carpologiques. Non-seulement Paris et ses environs, en donnant à ce mot l'acception large avec laquelle les chemins de fer obligent à l’admettre au- jourd'hui, mais encore le midi, la Belgique, ete., ont envoyé de magnifiques collections. Tout cet ensemble forme, dans un espace très restreint, le plus magnifique jardin fruitier et potager qui ait jamais existé. Nécrologie. — Le docteur Lorenzo Rota, de Bergame, vient de mourir du choléra, victime du noble dévouement avec lequel il donnait ses soins à ses compatriotes atteints par l'épidémie. En 1843, il avait publié une énuméra- tion des plantes rares de Bergame. En outre, il avait écrit différents mé- moires de botanique. On trouve même dans ce cahier du Bulletin, la des- cription d'une espèce nouvelle d'Orme qu’il venait de publier dans la Gazette botanique. — Le 25 juillet dernier est mort à Porrentruy, dans le canton de Berne, M. Jules Thurmann, auteur de la Phytostatique du Jura, et que la publica- tion de cet important ouvrage avait fait connaître avantageusement de tous les botanistes. Ce savant, plus recommandable encore comme géologue que comme botaniste, n’était âgé que de cinquante ans. BIBLIOGRAPHIE. J. R. Linke. — Lehrbuch der medicinisch-pharmaceutischen Pflanzen- kunde, ete. (Traité de botanique médicale-pharmaceutique, pour les méde- cins, les pharmaciens, les droguistes, ete.) ; in-4 de 143 p., Polet, 1854 ; avec 270 fig. enluminées. Ferd. Cohn. — Untersuchungen über die Entwickelungsgeschichte der mikroskopischen Algen und Pilze (Recherches sur l'organogénie des Algues et Champignons microscopiques); Broch., in-4 de 156 p. Tirage à part des Nova Acta Acad. C. L. C. nat. Cur., XXIV, part. I. Ernst Ferd Klinsmann. — Clavis Breyniana, oder Schlüssel zu Jacobi Breynii Gedanensis Exoticarum aliarumque minus cognitarum plantarum centuria prima, cum figuris æneis, ete. (Clavis Breyniana, ou clé pour la première centurie de plantes exotiques et autres peu connues de J. Brey- nius) ; in-4 de 30 p., Dantzig, 1855. Tirage à part d’un travail inséré parmi les mémoires de la Société des naturalistes de Dantzick, vol. V, cah. H. Rob. Goeppert. — Die tertiære Flora von Schossnitz in Schlesien (Flore tertiaire de Schossnitz en Silésie); in-4 de xvm et 52 p., 24 pl. Goerlitz, 1855, chez Heyn (E. Remer). Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A vez SÉANCE DU 13 JUILLET 1855. En l'absence de M. Decaisne, président, retenu par une indispc- sition, M. Montagne, vice-président, occupe le fauteuil. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 juin, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Le Dien (Émile), propriétaire, à Asnières (Seine), présenté par MM. de Schænefeld et Grænland. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. H. Lecoq, de Clermont-Ferrand : Études sur la géographie botanique de l'Europe, et en particulier sur la végétation du plateau central de la France, tome IV, 1855. 2 De la part de M. Tenore, de Naples : Essai sur la géographie physique, Naples, 1827. Memoria sopra diverse specie del genere Musa, 1830. Ricerche sopra alcune specie di Solani, 1853. Catalogo delle piante che si coltivano nel real orto botanico di Napoli, 1845. 3° De la part de M. Timbal-Lagrave, de Toulouse : Note sur une nouvelle espèce de Campanula. h° De la part de M. le docteur F.-W. Schultz, de Wissembourg : Archives de la Flore de France et d’ Allemagne, pages À a 350. Archives de Flore, pages 4 à 128. T, IL 34 498 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Note sur le Ranunculus Lenormandi, 1837. Einige neue Pflanzenarten, 1844. Nachtrægliche Bemerkungen zu meinen Andeutungen zur Kenntniss einiger Orobanchen, 1845. Note sur l’Orobanche. Kochii, 4847. Note sur l’Aquilegia Einseleana, 1848. Einige neue oder wenig bekannte Pflanzen Frankreichs und Deuts- chlands, 1849. Zusætze und Berichtigungen zu meiner Flora der Pfalz, 1850 et 1853. Beobachtungen über Ajuga genevensis, Thesium intermedium, ete., 1854. Ueber einige Arten der Gattung Bromus und über Festuca loliacea, 1854. Ueber Orobanchen, 1855. Note sur les Stachys sylvatica, palustris et ambigua. Note sur quelques Orchidées hybrides, 1855. Achter, neunter und zwælfter Jahresbericht der Pollichia, contenant des notices de M. le docteur Schultz sur les genres Sagina, Men- tha, etc., 1850-1854. Bunium verticillatum, von Ph. Müller, mit Nachschrift von D" F. Schultz, 1854. Botanische Bemerkungen, von Ph. Müller, mit Nachschrift von D" F. Schultz, 1854. Beobachtungen über die Hybriditæt des Gnaphalium neglectum, von C. Billot, mit Nachschrift, von D! F. Schultz, 1847. 5° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, juin et juillet 1855, 3 numéros. Journal de la Société impériale et centrale d’ Horticulture de Parts, numéro de mai 1855. M. le Président annonce que, par suite de la démission donnée par M. Caillette de l'Hervilliers, le Conseil a confié les fonctions de trésorier à M. François Delessert, qui vient d'en être investi. Une commission composée de MM. de Bouis, J. Gay et Weddell a reçu les comptes de M. Caillette de l'Hervilliers, et après en avoir reconnu la parfaite régularité, lui a donné pleine et entière décharge. M. de Schænefeld, secrétaire, donne lecture d'un extrait d'une lettre de M. H. Lecoq (1). (1) Get extrait est reproduit textuellement dans le rapport de M. Montagne; voyez plus bas page 519, SÉANCE DU 138 gUILLET 1855, h99 Cette lettre, datée de Clermont-Ferrand, 17 juin 1855, est ac- compagnée de quelques échantillons du Lichen dont il y est fait mention. M. Montagne veut bien se charger de les examiner et de rendre compte du résultat de cet examen dans la prochaine séance. M. Cosson, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : GÉNÉRALITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PARTITION DANS LES PLANTES. —— EXPLICATION DE L'ABSENCE DE BRACTÉES CHEZ LES CRUCIFÈRES ET AUTRES VÉGÉTAUX, par M. D. CLOS. (Toulouse, 4 juillet 1855.) Parmi les phénomènes organiques dont l'explication laisse encore à dé- sirer, il faut citer l’absence de bractées aux grappes des Crucifères, Adanson, le premier peut-être, remarqua que les fleurs de cette famille, à quelques exceptions près, ne sont accompagnées d'aucune espèce d'écailles, ni de feuilles (A). De Candolle, daas son beau Mémoire sur la famille des Cru- cifères, est tenté d'attribuer ce fait à un avortement prédisposé, tout en reconnaissant l'insuffisance de cette explications (2). A une époque plus ré- cente (1841), C.-A. Meyer en a proposé une autre : d’après le savant alle- mand, chez les Crucifères, les feuilles naissent de l'écorce; tandis que dans la formation des pédoneules entrent à la fois l’écorce, déjà très amincie par suite de la production des rachis, et la moelle. Dans l’amincissement de lé- Corce , absorbée par les feuilles caulinaires, git la cause de l'absence de bractées à l'inflorescence des Crucifères (3). Cette théorie ne parait avoir sa- tisfait que son auteur. J'ai souvent cherché à la mettre à l'épreuve, à l’aide de coupes transversales et verticales pratiquées à diverses hauteurs sur l'axe de ces plantes; les résultats ne lui ont jamais été favorables. L'explication de l’absence de bractées chez la très grande majorité des Crucifères reconnait, à mon sens, une cause bien plus simple et toute na- turelle : savoir, le phénomène déjà connu en botanique sous le nom de partition. Déjà Link et Aug. de Saint-Hilaire avaient signalé la partition chez la Tulipe et la Jacinthe et d’autres Monocotylédones : « Par la partition ou la division, on entend, dit ce dernier, le partage d’une tige en deux axes formant une bifurcation..... Il faut bien se donner de garde de confondre avec les rameaux véritables les espèces de branches qui résultent de la partition. (1) Familles des Plantes, part. II, p. 410. (2) Voy. Mém. du Muséum d’hist. nat., t. VII, p. 182 et 183. (3) Voy. Bull. scientif. publié par l’Acad. des sciences de Saint-Pétersbourg, t. IX, et Botanische Zeitung. t. 1 (1843), p. 432. 500 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans celles-ci il y a partage du même axe, et par conséquent aucune des branches n’est née de l’autre, tandis que le rameau véritable appartient à une autre évolution que la tige, et nait à l’aisselle d’une feuille (1). » Rien de plusexact que cette définition de la partition ; elle a seulement besoin, comme on le verra plus bas, d’être étendue à d’autres organes, d’être généralisée davantage. Link signale encore la partition, mais comme phénomène ac- cidentel, dans lépi des Graminées et la hampe des Plantaginées, tout en dé- clarant qu’elle est plus rare chez les Dicotylédones (2): elle s’est aussi montrée aux épis de l Acanthus mollis. Si je me fais une juste idée du phénomène de partition chez les Crucifères, voici en quoi il consiste. L’axe primaire se divise en deux parties : l’une des branches de la bifurcation reste moins forte et se termine par une fleur; c’est le pédicelle le plus inférieur de la grappe aphylle; l’autre se divise à son tour d'après le même mode, et ainsi succes- sivement, d'où résultent autant de partitions qu'il y a de fleurs ou de pédi- celles à la grappe. On objectera peut-être que dans la plupart des Crucifères les pédicelles affectent sur le rachis la mème disposition que les feuilles sur la tige : dans le Sisymbrium Alliaria le sixième vient se placer en effet au- dessus du premier ; preuve que les pédicelles de ces grappes ne proviennent pas de bourgeons adventifs. Mais pourquoi la partition ne suivrait-elle pas parfois la loi qui préside à la disposition des feuilles? A-t-on prouvé qu'il existât une différence essentielle entre les faisceaux fibro-vasculaires géné- rateurs des feuilles et ceux qui produisent les fleurs? On dira peut-être en- core que cette série de partitions devrait toujours se traduire non-seulement par l'absence de feuilles florales ou de bractées, mais encore par une dis- position en zigzag de l'inflorescence. Mais la grande prépondérance de l'une des branches de la bifurcation sur l’autre semble répondre suffisamment à cette objection. Les grappes scorpioides dépourvues de feuilles et de bractées chez les Borraginées et Hydrophyllées, où les fleurs sontdisposées sur 2 rangs collatéraux, sont dues à une série de partitions s'opérant alternativement à droite et à gauche. Chez les Crucifères la partition ne se montreque là où commence la grappe; car les plus petits rameaux sont à l’aisselle de feuilles : ce qui revient à dire que chez elles une des branches de bifurcation doit être constamment uniflore. Au premier abord, le genre /satis semble faire exception, certaines grappes terminales de lZ. tinctoria paraissant être nues à leur base ; mais un examen plus approfondi démontre que ces grappes ont à l’aisselle de très petites écailles ou bractéoles. Le Malcolmia laxa est très instructif sous ce rapport: certains pieds de cette plante présentent, vers le milieu de la tige, un pédicelle dépourvu de bractée ou de feuille à sa base, provenant par (1) Leçons de botanique, ou Morphologie végétale, p. 126. (2) Elementa philosophiæ botanice, t, 1, p. 322 et 323. SÉANCE DU 13 JUILLET 18955. 501 conséquent d’une partition, tandis que les deux feuilles placées au-dessus et au-dessous de lui sur la tige ont une branche à leur aisselle. J'ai constaté un fait semblable sur le Rapistrum rugosum. Il n'est cependant pas rare dans cette famille que la partition ne commence pas avec la grappe; souvent un des pédicelles ou deux ou trois des plus in- férieurs sont chacun à l’aisselle d'une feuille florale (4). Le nombre des plantes qui offrent cette particularité est assez grand. J'en ai fait le relevé; mais le fait est si facile à vérifier que je ne crois pas devoir les signaler ici. Ailleurs tous les pédicelles sont à l’aisselle de bractées. De Candolle a indiqué quelques Sisymbrium ( S. runcinatum, S. peruvianum, S. supinum, S. hirsutum, S. polyceratium, S. rigidum et un Farsetia); Bertoloni, le Sisymbrium curvisiliquum ; Bentham, les Cardamine laxaet ovata ; Hooker, le C. picta; Barnéoud, le C. nasturtioides. Boerhaave (cité par De Candolle) a même fait connaitre deux variétés du Farsetia clypeata ; la grappe de cette plante étant tantôt pourvue et tantôt dépourvue de bractées (var. à ebrac- teata, var. 6 bracteosa). M. Alph. De Candolle établit aussi dans le genre Cynoglossum une division tirée de la présence ou de l'absence de bractées aux grappes de ce genre. (2) Enfin, le Sisymbrium hirsutum Lag. m'a offert une autre sorte de tran- sition entre ces deux états. Les fleurs sont disposées en un épi très long et serré, La plupart d’entre elles sont à l’aisselle de feuilles florales ; mais il en est aussi qui n’en ont pas. On ne saurait voir dans ces faits, si je ne m'abuse, des objections à la théorie de la partition. Si la plupart des Crucifères doivent leur inflorescence à ce phénomène, chez quelques-unes aussi les fleurs proviennent de bourgeons axillaires : nouvelle preuve, après mille autres, qu’il n’est rien d'absolument tranché dans la nature. Mais les Crucifères ne sont pas les seules à offrir dans la disposition des fleurs le phénomène de partition. On le retrouve dans l'inflorescence des Spiræa Filipendula et Ulmaria, des Heliotropium peruvianum et grandi- florum, de plusieurs Hydrophyllées (Phacelia congesta et P. tanacetifolia), de quelques Saxifragées du sous-genre Bergenia (Saxifraga ligulata et S. crassifolia), de plusieurs Solanées (3), etc. Dans tous ces cas, il py a ni bractées ni feuilles florales, et la partition est souvent autre que dans les Crucifères: chez celles-ci c’est toujours une bifurcation ; chez celles-là une bi-tri-quadrifurcation, ou si l’on veut un épanouissement de laxe en deux où plusieurs branches qui se subdivisent à leur tour d’après le même mode. (4) Le nom de bractées ne conviendrait pas à ces organes, qui reproduisent encore tous les caractères des feuilles de la plante à laquelle ils appartiennent, tels que pétiole, dents ou divisions. (2) Prodr. regni veget., te X, p. 147 et 154. (3) Voy. Dunal, Hist. des Solanum, tab. l, 6, 7, 9, 12, A4, 15, 16, etc. : 502 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les deux espèces de Saxifrages précitées portent même le long de la hampe des cannelures, indices des premières divisions que celle-ci va subir, Ce phénomène de partition ne se retrouverait-il pas aussi dans les inflorescences des Ombellifères? Les divisions primaires de l'inflorescence du Sureau étant dépourvues de bractées lui appartiennent encore; et si cette manière de voir est fondée, on ne saurait plus admettre, avec Aug. de Saint-Hilaire, que, des cinq axes en lesquels se divise la tige, l'axe central est la continuation de l'axe primaire, et que les quatre axes latéraux sont des rameaux (loc, cit, p. 309). On demandera peut-être auquel des deux grands groupes d’inflorescences proposés par M. Rœper appartiennent les grappes de partition des Crucifères. Elles ne rentrent pas dans les inflorescences terminées, puisqu’une seule des branches de bifurcation se termine par une fleur, l’autre branche étant destince à se partager à son tour. Ce n’est pas davantage une inflo- rescence indéterminée, car il n’y a pas de bourgeon de feuilles terminal. C’est done une inflorescence neutre ou mi-partite, que je n'ose appeler mixte, car le groupe des inflorescences mixtes, de De Candolle, comprend des faits d’un autre ordre. Mais le phénomène de partition n’est pas borné aux inflorescences. Il est général ; on le retrouve dans tous les organes, tantôt normal et tantôt anor- mal. Qui ne sait que les tiges des Lycopodiacées, des Dracæna et souvent aussi celles des Fougères se divisent par bifurcation. Dès 1850 je le signalais daus la racine (souche ou pivot ), où il est fré- quent chez certaines plantes (Rumex, Daucus, Anchusa, ete.), rare ou même peut-être manquant toujours chez d’autres (Raphanus, ete.) (1). Les racines adventives en offrent aussi des exemples : telles sont les racines aériennes du Sempervivum Haworthit, fréquent dans les jardins botaniques, telles aussi celles du Rhizophora Mangle (2), des Lycopodiacées, ete. Les feuilles présentent souvent des faits de partition, soit normale (Ginkgo biloba), soit anormale. Mohl a fait connaitre le cas étrange de partition particulier aux feuilles des Palmiers ; et il west pas de botaniste qui n'ait eu plusieurs fois l'occasion de voir divisées des feuilies habituellement indivises. Les pétales de plusieurs Caryophyllées ( Silene, Stellaria media) ; les éta- mines des Carpinus, où le filet se bifurque, les deux branches portant cha- cune une loge ou demi-anthère, appartiennent à la même catégorie de faits. On trouvera rapportés de nombreux exemples de partitions de feuilles ou de pétales dans les Æléments de tératologie végétale de M. Moquin- Tandon, au chapitre des Disjonctions, p. 291 et suivantes. (1) Deuxième mémoire sur la rhizotaxie, imprimé dans les Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XVIII, p. 839, $ v, intitulé: De la distinction à établir entre les partitions de la souche et les radicelles, (2) Voy, Mirbel, Éléments de physiologie végétale. Atlas, pl V, fig. 2: SÉANCE DU 13 JUILLET 1855. 503 … Mais c’est surtout chez les végétaux appelés inférieurs que le phénomène de partition apparait comme général : j'ai déjà cité les tiges des Lycopo- diacées et des Fougères ; mais n'est-ce pas encore la partition que présentent le mycelium des Champignons, les frondes de plusieurs Algues et des Riccia, la couche médullaire et le hallus de nombreux Lichens? Enfin, il n’est pas jusqu'aux organes élémentaires isolés, les poils par exemple, qui n'offrent parfois dans leur formation le phénomène de partition, Des considérations qui précèdent, il résulte : 1° Que le phénomène de partition n'est pas seulement un phénomène accidentel dans la plante, mais bien un phénomène général ; 2° Que tous les organes de la plante peuvent le présenter, et que chez tous il est tantôt normal ou constant, et se répétant successivement un plus ou moins grand nombre de fois; tantôt anormal ou tératologique et borné à une seule division ; 3° Qu'il appartient surtout comme phénomène normal aux végétaux acotylédones ; h° Qu'il consiste dans la bifurcation simple ou multiple d'un organe, ou dans son épanouissement en trois ou plusieurs parties ; 5° Que seul jusqu'ici il donne une explication satisfaisante de l'absence de bractées chez les Crucifères et chez plusieurs Borraginées, Hydrophyllées, Solanées, Saxifragées et quelques autres plantes; 6° Que si la grappe des Crucifères est due à ce phénomène, l'inflorescence de cette famille n'appartient à aucun des deux grands groupes d'inflores- cences admis par M. Ræper ni aux inflorescences mixtes de De Candolle. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication Suivante adressée à la Société : OBSERVATIONS SUR LES FLEURS ET LES FRUITS HYPOGÉS DU VICIA AMPHICARPA, par M. J.-H. FABRE. (Avignon, T juillet 1855.) Bien quedes expériences que tout porte à eroire décisives paraissent éta- blir que, dans certaines circonstances, il peut y avoir chez un très petit nombre de plantes, comme chez quelques animaux, procréation de germes féconds sans le concours de l'élément fecondant, ces anomalies génésiques Sont cependant si étranges, qu'indéeis on se demande si rien n’a pu déjouer la sagacité et la patience de l'observateur. Or parmi ces anomalies, l'une des plus intéressantes était fournie par une Légumineuse du Midi, le Vicia am- phicarpa. On sait que cette plante produit deux sortes de fruits, les uns aériens, les autres souterrains ; fruits qui diffèrent totalement les uns des 504 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. autres par leur forme, leur couleur, le nombre et le volume de leurs graines. Cette organisation exceptionnelle, déjà faite pour captiver l’attention, de- vient encore plus singulière et complétement inexplicable si l’on se rappelle que les divers auteurs qui ont parlé de la fleur souterraine s'accordent à la regarder comme dépourvue d’étamines, et par suite le fruit qui en provient comme un produit auquel le pollen n’a pu prendre part. Les graines qui se forment sous terre seraient-elles alors infécondes? Il n'en est rien : conformées comme les graines aériennes, mais plus grosses qu’elles, elles sont aussi fertiles, peut-être même plus, car dans les divers semis que j'ai faits des deux sortes de graines, la proportion de celles qui ont germé a constamment été plus forte du côté de celles qui provenaient de fruits hypogés. Comment donc ces fruits ont-ils été fécondés? Comment l'embryon s'est-il formé sans l'intervention du pollen? Les observateurs qui n'ont pas vu d’étamines dans les fleurs souterraines auraient-ils commis une erreur? Dans le cas contraire, serait-ce un exemple de plus à ajouter à ceux déjà si rares de formation de germes sans fécondation préalable? Ce petit problème physiologique m'a paru digne d'intérêt, et avec un peu de patience et de bons yeux, la réponse ne s'est pas fait attendre , mais bien plus simple que je ne la soupçonnais d’abord. L'axe primaire, produit immédiat de la germination, n'atteint guère plus d’un décimètre de longueur, et porte un petit nombre de feuilles à deux fo- lioles dans le bas, à quatre dans le haut. Ces folioles sont étroites, allongées et diffèrent complétement de celles qui naissent sur les axes secondaires. Lorsque son évolution est à peu près terminée, l'axe primaire produit au niveau du sol un nombre variable d'axes secondaires, les uns aériens, les autressouterrains ; puisilse dessècheet meurt, ou plus rarement persiste, mais sans acquérir un plus grand développement et sans jamais porter de fleurs. Son exiguité, ses folioles étroites et l'absence complète de fleurs le font alors aisément distinguer des axes secondaires qui dérivent de cette souche com- mune, et qui, bien plus vigoureux, doivent seuls propager l’espèce par graines. Ce fait d’un axe primaire dont le rôle se réduit à donner naissance à quelques rameaux florifères et qui périt ou languit quand sa mission est remplie, n'est pas particulier au Vicia amphicarpa, car je l'ai constaté chez beaucoup d'au- tres espèces congénères. Les rameaux hypogés apparaissent plus tard que les rameaux aériens et naissent, pour la plupart, de la base même de ces derniers. Leur longueur n'est jamais considérable : deux ou trois pouces au plus. Ils sont entièrement blancs, irréguliers, un peu tortueux, et portent des feuilles rudimentaires réduites à leurs stipules, et même, dans le haut, de très petites feuilles par- faitement conformées et composées de 4 à 6 folioles d’un jaune pâle et de 1 millimètre au plus de longueur. C'est à l’aisselle de ces feuilles supérieures que se montrent les fleurs souterraines au nombre de deux ou trois pour SÉANCE DU 13 JUILLET 1855. 505 chaque rameau. A l’époque ou s'épanouissent les fleurs aériennes, les fleurs souterraines les plus avancées mesurent une longueur d'environ 4 millimè- tres. Il est facile de reconnaître alors, dans ces fleurs litigieuses, absolument toutes les parties qui composent ordinairement une fleur. Le calice en est blanc, poilu, à 5 dents serrées l’une contre l’autre pour fermer l'orifice ca~ lyeinal qui ne doit s'ouvrir que pour livrer passage à l'ovaire fécondé. Il est évident en effet que de pareilles fleurs ne doivent pas s'épanouir et que l’anthèse doit s’y opérer dans le sein protecteur du calice hermétiquement fermé. La corolle, que Gouan (Herb. des environs de Montp., p. 48) et De Candolle (F4. fr.,t. V, p. 594) n'ont point vue, mais qui n’a pas échappé à Loiseleur (Dict. se. nat., art. Vesce), est formée de 5 pétales très petits, pâles et diaphanes. Elle se rapporte par sa forme et sa préfloraison vexil- laire au type papilionacé. Son pétale supérieur, plus ample que les autres, figure fort bien un étendard microscopique. Elle rappelle enfin on ne peut mieux la corolle aérienne prise dans un bouton de même dimension que la fleur souterraine. L'organe dont il importait le plus de constater l'absence ou la présence, c'était l'androcée. Or dans toutes les fleurs que j'ai exa- minées, j'ai trouvé, sans exception aucune, 10 étamines si faciles à voir, que je ne peux m'expliquer comment elles ont pu échapper jusqu'ici aux obser- vateurs. Ces étamines sont diadelphes et d’une longueur en rapport avec l'exiguité de la fleur qui les renferme. Leurs anthères cependant sont aussi grosses que celles des fleurs aériennes. J'ai examiné comparativement au microscope les anthères des deux sortes de fleurs, et je n’y ai pas trouvé la moindre différence, ni pour la structure, ni pour le contenu, le pollen. L'ovaire enfin à cette époque ne diffère pas de celui des fleurs normales. Il ne renferme qu’un petit nombre d'ovules, 3 ou 4. L'ovaire de quelques fleurs aériennes n’en renferme pas d’ailleurs davantage. En résumé, ces fleurs singulières, qu'on avait décrites jusqu'ici comme privées d’étamines, et qui, mûrissant cependant des graines fécondes dans un milieu où le pollen ne pouvait pénétrer, paraissaient fournir un argument de plus en faveur de la formation, dans quelques cas exceptionnels, de graines parfaitement con- formées et fertiles sans le concours des tubes polliniques, se trouvent en réalité pourvues d’un androcée et rentrent dans la loi générale. Pareilles en tout point aux jeunes boutons des fleurs aériennes, elles ne sont qu’un arrêt de développement de ces dernières, arrêt occasionné par la résistance et l'opacité du milieu où elles se développent. Mais si le milieu change, une fleur hypogée pourra-t-elle déployer sa co- rolle et müûrir ses graines à l'air libre; et réciproquement, une fleur aérienne plongée artificiellement sous terre amènera-t-elle ses ovules à maturité, landis que sa corolle restera rudimentaire ? A l’époque où la plante était en pleine floraison, j'ai ramené à la surface du sol l'extrémité libre de quelques rameaux souterrains sans déranger le 506 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. reste de sa position. Et pour prévenir sur ces pousses délicates et étiolées l'effet meurtrier d'un soleil ardent, j'ai eu soin de les recouvrir d’un léger abri et de maintenir autour d’elles un degré d'humidité convenable. Avec ces précautions la pointe émergée n’a pas tardé à continuer son évolution et à prendre un aspect en rapport avec le changement de milieu. Le rameau a perdu son gouflement hypertrophique et sa pâle coloration pour prendre la couleur verte, la forme et la longueur des rameaux ordinaires. Ses feuilles ont aussi rapidement verdi et ont acquis un développement normal. La première fleur ou la plus inférieure n'a pas subi aussi complétement l'in- fluence de la lumière, sans doute parce que son séjour sous terre lui avait déjà trop profondément imprimé une organisation désormais fort peu mo- difiable. Cependant son calice a verdi et a pris un accroissement pareil à celui des fleurs aériennes. La corolle ne s’est pas épanouie, et la gousse l’a chassée toute flétrie hors du calice. La pointe des pétales montrait déjà ce- pendant une petite tache violette, indice de l'action colorante que la lumière doit exercer sur les fleurs suivantes plus longtemps exposées à son influence, Enfin la gousse, parfaitement régulière et pareille aux gousses aériennes nor- males, a verdi, puis noirci à maturité. Les graines, au nombre de 3-4, ont toutes müri, mais, au lieu du volume disproportionné des graines souter- raines, elles ont acquis simplement celui des graines aériennes ordinaires. La fleur suivante a déployé des pétales colorés comme ceux des fleurs nor- males, mais moinsamples, et a produit une gousse semblable à la précédente, La métamorphose, déjà presque complète, le serait sans doute devenue encore plus dans les fleurs supérieures; malheureusement je n'ai pu obtenir le dé- veloppement de plus de deux fleurs sur un même rameau, les fleurs supé- rieures tombant desséchées à l’état de bouton. C'est d’ailleurs ce qui arri- vait aussi sur les rameaux aériens. Passons à l'expérience inverse. J'ai enfoui à un pouce de profondeur dans le sol l'extrémité de quelques rameaux aériens des plus vigoureux et munis déjà de fleurs en bouton dont la plus avancée mesurait de 2 à 3 millimètres en longueur, et, trois semaines après, j'ai vu, non sans un vif plaisir, ma prévision parfaitement réalisée. Le rameau, dans sa partie immergée, s’est étiolé et irrégulièrement renflé. Les feuilles jaunies sont restées rudimen- taires et ses fleurs, bien loin d’avoir pourri sous terre, ont müri leurs ovules dans ce milieu insolite et produit des gousses fécondes, mais qui diffèrent considérablement de celles qui se seraient formées à l'air libre. Étiolées comme toute production souterraine, elles sont en outre courtes, irrégulières, gonflées et ne renferment qu'un très petit nombre de grosses graines. En d’autres termes, elles ressemblent sous tous les rapports aux gousses hypogées produites normalement. Les fleurs aériennes et les fleurs hypogées sont donc identiquement les mêmes, et toutes peuvent indifféremment fructifier dans le sol ou hors du sol. SÉANCE DU 13 JUILLET 4855. 507 Dans le sol, la corolle, restant rudimentaire, ne sort point du calice, et l'ovaire produit une gousse très courte fréquemment monosperme; à l'air libre, la corolle s'épanouit et prend ses nuances caractéristiques, la gousse s'allonge et devient polysperme, mais les graines en sont plus petites. La différence dans le nombre et dans le volume des graines produites dans ces deux mi- lieux est le trait le plus frappant des deux sortes de gousses. D'où provient cette différence ? J'ai déjà dit que de la base de l'axe primaire il nait un petit nombre d'axes secondaires aériens qui atteignent plusieurs décimètres de longueur. Sur ces axes apparaissent des fleurs dont la fertilité décroit rapidement à mesure qu'elles occupent une partie pius élevée et par suite moins vigoureuse du rameau. La plus inférieure produit habituellement de 5 à 7 graines ; la sui- vante souvent 4 ou 3 ou même 2 ; dans les autres on voit aussi 2-3 ovules qui n'arrivent pasà maturité parce que la fleur se dessèche en bouton, De la base de ces rameaux principaux il en nait d’autres plus tardifs et plus faibles, dont quelques-uns plongent sous terre, tandis que les autres restent dans l'air. Quel que soit le milieu qu'ils adoptent, ces axes n'ont pas plus de vigueur que la partie supérieure des axes secondaires qui les portent, el ne produisent comme elle que des fleurs avec 2-3 ovules. Développées librement à l'air, ces fleurs produisent des gousses à 2-3 graines ; sous terre elles donnent naissance à des gousses le plus souvent monospermes, et il est vrai qu'alors cette graine est beaucoup plus grosse que les graines aériennes. Sans ad- mettre en aucune manière une organisation spéciale pour des fleurs destinées à fructifier sous terre, on peut fort bien se rendre compte du petit nombre et du volume de leurs graines par le seul changement de milieu. On conçoit fort bien en effet qu'étroitement emprisonnée sous le sol, la gousse hypogée, Munie originairement de 3 ovules, n’en puisse mürir qu'un seul, faute d'es- pace, Cet ovule privilégié, profitant d'un supplément de substances que n’ab- sorbent plus les autres ovules étouffés, doit prendre, ainsi isolé danssa gousse, Un plus grand développement qu'il ne l'aurait fait si la gousse fût restée aérienne et eût nourri toute sa lignée. Et en effet dans les gousses souter- raines normales on trouve 1-2 ovules morts et le plus souvent une seule graine en bon état. Dans les gousses artificiellement hypogées le même phé- homène se reproduit. Ainsi, des deux gousses qu'a produites sous terre un rameau aérien enterré, l’inférieure renferme 3 ovules morts et 3 graines, la Supérieure 3 ovules morts et 1 graine. Dans les deux, les graines venues à bien sont deux fois et plus aussi grosses que les graines aériennes. Ainsi les 8raines souterraines sont en très petit nombre dans chaque gousse, parce que les autres ovules ont péri ctouffes faute d'espace, et elles sont plus grosses Parce que leur nombre est réduit, et non par suite d'une organisation spéciale. L'influence du milieu souterrain qui cause constamment l’hypertrophie du 508 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rameau immergé pourrait bien aussi jouer un rôle dans l’augmentation du volume des graines. Il est donc établi que les fleurs aériennes et les fleurs hypogées ne diffèrent absolument en rien dans le principe, qu'elles peuvent indifféremment être fécondées et mürir leurs graines dans le sol ou dans l’air ; que les différences que présentent les gousses et les graines venues dans ces deux milieux ne reconnaissent d'autre cause que la différence même de ces milieux dont l’un produit avortement de la plupart des ovules, et par suite le plus grand vo- lume des graines qui, trouvant de l’espace pour se développer, survivent à cet étouffement. Ainsi le Vicia amphicarpa, cette singulière plante, comme l’appellent De Candolle, Loiseleur, ete., a perdu ses singularités : fécondation des fleurs hy- pogées prétendues privées d’étamines, double forme du fruit et des graines, tout se ramène parfaitement aux lois générales, si ce n’est cette faculté remar- quable de la fleur de pouvoir indifféremment poursuivre le cours de son évo- lution dans la terre ou dans l'air. Il est vrai que d’autres plantes, et en parti- culier d’autres Légumineuses, l’ Arachis kypogæa, le Trifolium subterraneum, enterrent après l’anthèse leurs ovaires fécondés pour les mürir, mais il n’est pas à ma connaissance d’autre exemple de fleurs se formant, se développant etse fécondant sous terre. Pourrait-on, chez d'autres espèces congénères, ob- tenir artificiellement des faits analogues? J’ai tenté quelques expériences sur le Vicia sativa. Les rameaux enterrés ont déjà pris le même aspect que ceux du Vicia amphicarpa, mais le résultat que j'attends des fleurs est encore trop peu avancé pour pouvoir rien en déduire. M. J. Gay signale quelques légères lacunes dans le travail, d'ail- leurs fort intéressant, de M. Fabre. Il regrette que M. Fabre m'ait pas examiné quels sont ceux des rameaux qui deviennent aériens el quels sont ceux qui sont souterrains ; si ces derniers sont les supé- rieurs ou les inférieurs, s'ils naissent dans l’aisselle de véritables feuilles ou de feuilles rudimentaires, etc. M. de Schœnefeld fait observer que la constatation de ces détails lui parait n'avoir que peu d'importance, attendu qu’on peut artifi- ciellement faire devenir tous les rameaux soit aériens, soit souter- rains. C’est sans doute cette considération qui a fait négliger à M. Fabre de constater au juste le point d’origine des rameaux de chacune des deux sortes. M. J. Gay rappelle que d’autres Légumineuses présentent un phé- nomène analogue. Il cite le Glycine tuberosa. M. Cosson cite aussi le Lathyrus amphicarpus comme présentant SÉANCE DU 13 JUILLET 1855 509 des rameaux florifères souterrains. Il a constaté également la pré- sence de fleurs souterraines chez plusieurs échantillons de l'Orobus saxatilis. Il ajoute que M. Durieu de Maisonneuve a obtenu, en se- mant séparément les graines aériennes et les graines souterraines du Vicia amphicarpa, des individus absolument identiques. M. Weddell donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre qu'il a reçue de M. Delondre : J'ai lu avec attention vos observations sur les quinquinas insérées dans le Bulletin de la Société Botanique, séance du 9 mars, et je vous prie de rece- voir quelques explications à ce sujet. Dans la Quinologie quej'ai publiée avec le concours de mon ami Bouchardat, j'ai donné le produit de l’ensemble du quinquina Calisaya, sur une fabrication deplusieursannées, pour 30 à 32 grammes de sulfate de quinine pur par kilog., en isolant la cinchonine qui y est unie. C’est sous le rapport commercial que j'ai dû envisager la question, afin d'éviter toute cause de difficulté dans les transactions. Mais si nous rentrons dans les analyses de laboratoire, il est Certain que nous trouverons facilement, dans quelques surons de choix, un rendement de 35 grammes, et que si dans ces mêmes surons nous faisons un autre choix des plus belles écorces, nous arriverons à 40 grammes et plus, comme j’en ai acquis la preuve. Vous insistez de nouveau sur l'opinion que vous avez déjà émise, que le développement d'un des éléments de l'écorce aux dépens des autres peut, jusqu’à un certain point, faire présumer quel est l’alcaloïde qui y est con- tenu. Je vous envoie à cette occasion : 1% échantillon : Quinquina Carthagène ligneux, ne contenant que de la quinine pure. 2° échantillon : Quinquina scrobiculata, B Delondriana, ne produisant que de la cinchonine et quelques traces de quinine. 3° échantillon : Quinquina rouge de la Nouvelle-Grenade, qui renferme en proportions presque égales : quinine, quinidine et cinchonine. L° échantillon : Quinquina de la côte d'Afrique, à base de cinchonine pure. 5° échantillon : Quinquina jaune de l'Équateur, à base de cinchonine pure. J'ajoute à ces échantillons, pour le commencement d'un supplément à la Quinologie : 6° échantillon : Écorce de racine de l’Zchu C'ascarilla (votre Cinchona Josephiana), dont vous m'aviez remis un échantillon lors de notre rencontre à Cuzco. J'ai pu m'en procurer, à grands frais, 4 surons, et j'en ai retiré 8 grammes de sulfate de quinine par kilog., sans traces de cinchonine. 7° échantillon: Quinquina bicolore (Équateur), qui a produit 3 grammes de sulfate de quinine et 1 gramme de cinchonine. 510 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 8° échantillon : Quinquina Carabaya à épiderme blane, qui est, je crois, votre Cinchona amygdalifolia, rendant 2 grammes de sulfate de quinidine et 3 grammes de ciuchonine par kilog., avec quelques traces de quinine. Ces trois derniers échantillons pourront: compléter la collection que j'ai offerte au Muséum. M. Weddell présente quelques échantillons des quinquinas dont il est fait mention dans cette lettre, et ajoute les observations sui- vantes : La collection d’écorces envoyée par M. Delondre est intéressante à plus d’un titre ; mais elle me parait mériter surtout l'attention de la Société en ce qu’elle offre l’exempie de deux écorces fournies par des arbres étrangers au genre Cinchona, et renfermant néanmoins, d’après les analyses de M. Delondre, une proportion notable de cinchonine et de quinine. L'une est connue aujourd’hui sous le nom Quinquina des îles Lagos ; l'autre est le Quinquina bicolore : la première, à base de cinchonine, remarquable par üne texture éminemment filandreuse ; la seconde, à base dë quinine, pré- sentant un caractère tout opposé. Je wai pas besoin de dire le parti que je pourrais tirer de ces échantillons pour appuyer l'opinion que j'ai émise au sujet du rapport entre la structure anatomique des écorces de quinquina et la nature de leurs alcaloïdes. Il serait difficile, en effet, de trouver deux exemples offrant un contraste plus net et plus en harmonie avec ma théorie. Mais, je dois le dire, il s'en faut qu'il en soit toujours ainsi, En un mot, l'observation démontre qu’il y a, lé plus souvent, une certaine relation entre les constitutions anatomique et chi- mique des quinquinas, mais elle démontre aussi que cette relation n’est pas assez nécessaire pour que l’on puisse s'y fier d'une manière absolue. Déjà, anciennement, j'ai cherché à montrer quelle en était la nature, en ce qui concerne la cinchonine et la quinine; dans une des dernières séances j'ai pu montrer également que la quinidine (1) obéissait jusqu'à un certain point à des lois analogues. Je puis dire ici qu’une des plus intéressantes exceptions que j'aie encore trouvées aux règles dont j’ai parlé m'a été présentée par l’écorce que M. De- londre nomme Quinguina Carthagène ligneux, ce produit ne contenant, nonobstant sa structure très fibreuse, que de la quinine. Peut-être y aurait-il lieu de changer la désignation de cette écorce; la qualification de Cartha- gène semble, en effet, indiquer qu’elle est originaire de la Nouvelle-Grenade, (4) D’après les dernières recherches de M. Howard, confirmant, je pense, celles de M. Pasteur, ce que l’on appelle ordinairement quinidine serait un composé de quinidine proprement dite et de cinchonidine, SÉANCE DU 27 JUILLET 4855. 511 tandis qu’elle est un produit du Pérou et parait être fournie par le Cinchona lanceolata de Ruiz et Pavon. Le quinquina Carabaya à épiderme blanc, de notre confrère, bien qu'ayant quelque ressemblance extérieure avec mon Quinquina amygdalifolia, en diffère par sa cassure beaucoup moins filandreuse. M. Reveil fait observer qu'il y a dans le commerce une autre écorce connue sous le nom de quinquina bicolore, et qui ne contient pas d'alcaloïde. On ne peut y trouver les vrais caractères chimiques de la quinine ni ceux de la cinchonine. SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 43 juillet, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Kremer (le docteur), pharmacien aide-major à Oran (Al- gérie), présenté par MM. Cosson et de Schænefeld. GaLLICRER (Paul), quai de la Mégisserie, 26, à Paris, pré- senté par MM. J. Gay et Grænland. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : 1° Par M. Ph. Parlatore : Nuovi generi et nuove specie di piante monocotiledone, 1854. Flora italiana, tome I et première partie du tome H, 1850-1852. Viaggio per le parte settentrionali di Europa, 1854. Essai sur le Papyrus des anciens et sur le Papyrus de Sicile, 1853. 2 De la part de M. Timbal-Lagrave, de Toulouse : Leçons de chimie appliquée à l’agriculture, par le docteur Filhol, re- cueillies par Timbal-Lagrave, 1855. $ De la part de M. Georges Bentham, de Londres : Catalogue des plantes des Pyrénées et du bas Languedoc, avec des notes et des observations sur Les espèces nouvelles, 1826. 512 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. h° De la part de M. A. Dupuis : Traité élémentaire des Champignons comestibles et vénéneux, 1854. 5° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, juillet 1855, 2 numéros. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. L. DE BRONDEAU. Reignac près Agen, 15 juillet 1855. Aux exemples d'apparition pour ainsi dire subite de quelques plantes, dans des lieux où elles n'avaient pas encore été aperçues, je puis en ajouter un autre, qui a de l’analogie avec celui cité par M. A. Passy (1). Ayant, plusieurs fois, fait défricher des bois sur mon domaine, pour y cultiver la vigne, j'ai vu constamment apparaitre sur les terrains mis en culture le Centaurea paniculata, Linn., lequel ne se montrait auparavant sur aucun point de la localité que j'habite, et qui est indiqué dans la Flore agenaise de Saint-Amans, comme croissant dans les friches pierreuses du haut Agenais; le terrain mentionné par Saint-Amans diffère par sa nature de celui de mon domaine, qui est argileux. Je pensais que cette plante continuerait de végéter sur les allées herbeuses de mes vignobles, mais son apparition n'a été que passagère ; elle a disparu, après trois à quatre ans d’une végétation assez vigoureuse : fait difficile à expliquer! M. Puel fait observer que le Centaurea paniculata, L., n’a pas encore été trouvé dans la région sud-ouest de la France. La plante signalée sous ce nom par Saint-Amans est le C. maculosa, Lamk., espèce commune dans le département du Lot et retrouvée dans celui de Tarn-et-Garonne par M. Lagrèze-Fossat. DE LA NATURE DES VRILLES DES CUCURBITACÉES , par M. J.-H. FABRE. (Avignon, 15 juillet 1855.) Si la forme, chez les corps vivants, est plus essentielle que la matière, la disposition relative des organes est encore plus essentielle que la forme. Ce principe du rapport constant de position des parties entre elles, le plus sûr et le plus fécond de la morphologie végétale, a déjà fait faire à la botanique d'immenses progrès pour l'interprétation des organes déguisés sous des formes (4) Voy. le Bulletin, t. IE, p. 467. SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. 513 empruntées , et il est peu de transformations végétales dont on n'ait au- jourd'hui une explication rationnelle. Une famille dont les représentants abondamment répandus partout ont pu exercer la sagacité de chacun, la fa- mille des Cucurbitacées, offre cependant une particularité dont l'explication est encore, ce me semble, à désirer. Que représentent, en effet, les vrilles des Cucurbitacées ? La multiplicité des interprétations proposées prouve sura- bondamment que l'opinion des botanistes est loin d’être fixée sur ce sujet intéressant. Pour M. Aug. de Saint-Hilaire (Mém. sur les Cucurbitacées et les Passiflorées ; dans Mém. du Muséum, vol. IX, p. 190) ces vrilles sont des stipules latérales d'une forme particulière. De Candolle ( Org., t. I, p. 188) pour qui les vrilles stipulées sont un peu douteuses, admet, faute de mieux, la même interprétation. Enfin M. Payer ( Note sur les vrilles des Cucurbi- tacées ; dans Ann. des Sc. nat., 3° série, t. III) a cherché dans l’antomie des tissus des arguments en faveur de cette manière de voir. M. Seringe ( Mém. sur la fam. des C'ucurbitacées, dans les Mém. de la Soc. de Phys. et d Hist. nat. de Genève, t. IT) qui d'abord avait considéré ces vrilles comme des racines, ne partage point l'opinion deM. Aug. de Saint- Hilaire, et soupçonne enfin que les feuilles des Cucurbitacées sont géminées et que l’une elles est transformée en vrille. La même idée est reproduite avec doute dans le Prodrome : cirrhi an folia abortiva ? Mettant à contribution la théorie du déplacement des bourgeons axillaires par suite de soudures, théorie dont les Solanées nous présentent de si beaux exemples, M. Le Maout ( Lecons de Bot., t. TE, p. 363 ) admet que la vrille du Melon est un bourgeon, qui, au lieu de se dégager de l'axe à l’aisselle de la feuille où il est né, ne s'en dégage que deux feuilles plus haut, sous forme de rameau nu et roulé en hélice. Stipule, feuille transformée, radicelle, bourgeon axillaire déplacé, toutes les combinaisons imaginables paraissent épuisées ; j'aurai cependant la té- mérité d'en proposer une cinquième. 1° Et d’abord examinons attentivement la disposition relalive des diverses Parties qui couronnent un mérithalle, vers le milieu de la tige. Prenons Pour exemple le Cucurbita Pepo. Les bases de la feuille, de la vrille et du mérithalle suivant sont placées aux angles d'un triangle à peu près équilatéral. Du centre de ce triangle, s'élève un pédoncule uuiflore, et, entre la feuille et la vrille, mais à un niveau un peu plus haut que celui de la base de ces der- nières, se montre ou un bourgeon ou un faible rameau. Une section intéressant à la fois toutes ces parties donne la figure 1 dans faquélle Aest la base du Mérithalle suivant, B la base de la feuille, -H'eelle de la vrille, C celle da Pédoncule floral, D celie enfin du bourgeon ou du jeune rameau qui en pro- vient. Une chose frappe tout d'abord, c'est la disposition toñstante suivant une même rangée rectiligne des trois bases A, C, D,:disposition; à laquelle l'orientation de la feuille vient donner une grande importance. En effet, en T. H. . 35 SAA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faisant disparaitre la torsion plus ou moins grande dont le pétiole est affecté, en voit ses nervures couper à angle droit la ligne A, C, D, et en même temps le limbe de la feuille faire face à la même ligne, c'est-à-dire lui devenir pa- rallèle en le tenant vertical. Les feuilles dont le pétiole west pas tordu pré- sentent constamment et naturellement cette orientation à laquelle j'attache H°___ TT 002 Cl LAA Bl Fig. 5. la plus grande importance, parce que c’est d'elle que me paraît dépendre la solution du problème. Les feuilles encore jeunes se prêtent à merveille à l'examen de cette disposition, leurs pétioles n’étant pas encore tordus. Si la feuille était coordonnée par rapport à l'axe A, w'est-il pas évident que les nervures du pétiole devraient être parallèles au plan vertical passant par la rangée A, C, D, et que son limbe devrait couper à angle droit cette même rangée? Mais c'est précisément l'inverse qui a lieu; l'axe A n’est donc pas la continuation du mérithalle qui porte la feuille, l’espace axillaire n’est pas l'intervalle compris entre A et la feuille, mais bien l'intervalle compris entre celle-ci et la vrille. En d’autres termes, la vrille est la continuation du mé- rithalle inférieur absolument comme dans la Vigne, et le faible rameau D, malgré sa chétive apparence, est réellement du même ordre que le méri- thalle A dont il semble n'être qu’une production. Mais si les trois axes A, C, D, sont des produits axillaires d’un entre-nœud supérieurement dégénéré en vrille, comment se fait-il que cette vrille ne suit pas opposée à la feuille, ainsi que dans la Vigne et chez les autres végétaux qui présentent une pareille métamorphose, qu’elle soit au contraire placée à côté du pétiole, précisément comme si elle représentait une stipule? D’après ma manière de voir, l'arrangement virtuel de l’axe, de la feuille et de ses bourgeons axillaires serait disposé comme dans la figure 2. Soit H' l'axe, B' une feuille et A’, C', D’ trois bourgeons sur une même rangée. Le bourgeon central C’ doit produire l’inflorescence, les bourgeons latéraux D’ SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. 515 et A’ virtuellement de même valeur doivent s'allonger en rameaux, mais avec une vigueur d'évolution extrêmement inégale, et tandis que l'un reste à peu près stationnaire ou ne donne naissance qu’à un faible rameau, le second prend un accroissement démesuré, et, dans son expansion, refoule d’un même côté le second bourgeon, là feuille et l'extrémité du mérithalle qui se transforme en vrille. 11 suffit de jeter les yeux sur la figure théorique n° 2, où la ligne ponctuée représente l’espace envahi, dans son développement, par le bour- geon A’, pour se convaincre que l'hypothèse que je propose rend parfaitement compte des diverses particularités que présente l'agencement de la feuille, de la vrille, des bourgeons et de l'axe chez les Cucurbitacées. La position qua- lifiée d'étrange de la vrille à côté de la feuille, position qu’on avait invoquée pour faire de la première quelque chose de plus étrange encore, une stipule latérale impaire, rentre ainsi dans les lois générales. Réellement opposée à la base de la feuille, la base de la vrille ne paraît déplacée que par suite du volume énorme qu'a pris l'une des pousses axillaires ; à cette cause capitale joignons la torsion, les irrégularités inévitables produites par ce bourgeon qui agit violemment comme un coin implanté entre la feuille et la vrille, et nous aurons certes tout ce qu'il faut pour expliquer le rapprochement de ces deux organes. Dans la Vigne, un léger changement de la place occupée par le bourgeon usurpateur, comme l'appelle M. Turpin (Notice sur les usurpa- tions végétales), paraît être la cause de l'opposition bien tranchée de la feuille et de la vrille. On trouve le plus souvent à l’aisselle des feuilles deux bour- geons fort rapprochés l’un de l’autre et disposés à peu près côte à côte. L'un se développe en rameau , l’autre reste latent jusqu’à l'année suivante, Sup- posons, fig, 3, que le bourgeon usurpateur A’ se trouve un peu au-dessus de la rangée des deux premiers, et régulièrement placé entre l'axe et la feuille, son evolution aura inévitablement pour effet de refouler d'un côté l'axe métamorphosé en vrille, et du côté diamétralement opposé la feuille et ses deux autres bourgeons. Ainsi le mode de formation des tiges chez la Vigne et chez les Cucurbitacées est au fond le même : la seule différence consiste en ce que chaque mérithalle d'une tige de Vigne est le produit d’un bourgeon axillaire central , et chez les Cucurbitacées celui d’un bourgeon axillaire latéral. L'hypothèse actuelle explique aussi très simplement la position du rameau où du bourgeon D, D’ (fig. 4 et 2) entre la feuille et la vrille, position nor- male si la vrille est l'extrémité de l'axe générateur, et sans exemple et inex- plicable dans la supposition contraire. Cette position a fait dire à M. Seringe : « Le point d'origine de ce rameau m’empèche d'adopter l'opinion de M. Aug. de Saint-Hilaire et de regarder la vrille comme une stipule, car je ne connais pas dans d’autres familles d'exemple de naissance d’un rameau entre la feuille et l'une de ses stipules. » 2° La démonstration que j'ai entreprise ne laisserait rien à désirer si l’on 516 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avait des exemples de vrilles de Cucurbitacées portant avec elles, comme cela a lieu assez souvent dans la Vigne, des preuves irrécusables de leur nature axile, des traces d’inflorescence. Mais si ce genre de preuves parait manquer complétement, des arguments d’un autre ordre peuvent être in- voqués. Lors même qu’une vrille de Vigne ne conserve aucune apparence de la grappe dont elle n'est qu’un représentant avorté, elle montre cepen- dant encore qu’elle constitue une véritable tige par ses feuilles rudimentaires réduites à de minces écailles, à l’aisselle desquelles naissent des ramifications. [l est à remarquer que, même dans ces tiges dégénérées, la loi qui préside à la formation des tiges ordinaires se maintient invariablement, car la ramifica- tion qui nait à Vaisselle d’une écaille est plus longue, plus vigoureuse que celle qui lui est opposée, de sorte que c’est la première qui semble continuer le mérithalle d’où elle émane. En un mot la vrille se comporte comme la tige. Revenons aux vrilles des Cucurbitacées. Celles du Cucurbita Pepo sont grosses et droites à leur base, se divisent à une certaine hauteur en cinq branches inégales, roulées en hélice et issues d’une même origine, comme cinq rayons d'une ombelle. La figure 5 est le diagramme de l’une de ces vrilles à la hauteur des ramifications : a est la branche la plus longue et la plus grosse; viennent ensuite, pour la longueur, 2 et b, à peu près égales entre elles, mais de moitié plus courtes que 4; la branche centrale ¢ n’a que quelques centimètres de longueur ; enfin vient la branche d la plus courte et la plus faible de toutes, réduite à un petit appendice de quelques centimètres et avortant même quelquefois complétement. Il est impossible de ne pas être frappé de l'extrême ressemblance du diagramme de celte vrille avec celui de l'extrémité d'un mérithalle (fig. 1); c'est le même agencement des parties, le même ordre dans les divers degrés de leur évolution. La vrille de la Vigne simule l'axe dont elie est la continuation ; or nous avons ici une vrille qui simule encore mieux l'axe qui la porte, elle en est done la continuation. Ainsi la branche a est l’analogue de l'axe A (fig. 4) et bien qu'à cause de sa vigueur elle paraisse continuer la partie inférieure et indivise de la vrille, elle n’en est qu'un produit secondaire. La terminaison réelle de cette partie inférieure est l’une des branches latéraies, A ou b. L’appendice rudimentaire d représente le bourgeon ou le rameau rudimentaire D. Enfin, la branche centrale € est l'analogue dégénéré de l'axe florifère. Chaque division de la vrille peut ainsi se rapporter aisément à son analogue, il ne reste de l'indé- cision que pour % et b. Laquelle des deux représente-t-elle la feuille? La fixité de l'arrangement des parties sur un même axe permet encore de ré- pondre à cette question. Puisque dans le mérithalle inférieur la feuille està droite du bourgeon ou du rameau rudimentaire, l’analogue de la feuille se trouve à la droite de l'appendice qui représente ce bourgeon dans le méri- thalle supérieur, et n'est autre chose que la division 6. Alors la branche op- posée À est la terminaison d’un axe né d’un bourgeon axillaire et produisant SÉANCE DU 27 JUILLET 4855. 517 trois merithalles dont l'inférieur est seul fécond et seul fait partie de la tige, tandis que l'intermédiaire forme la base de la vrille et quatre de ses ramifications, et que le troisième, complétement stérile, en constitue la cinquième. Cette étude de la vrille montre donc que, chez les Cucurbitacées, l'axe principal, la feuille, ses bourgeons axillaires etl’axe del’inflorescence peuvent également se transformer en filament spiral. Il est vrai que ce n'est encore démontré que pour les mérithalles supérieurs etdégénérés du scion axillaire, mais nous verrons bientôt que le même fait peut se présenter dans le méri- thalle inférieur , ce qui nous fournira l'explication des vrilles multiples issues d'un même nœud vital. D'autres fois Ja vrille est simplement bifide, comme chez le Lagenaria vulgaris. Que représente alors le filament secondaire beaucoup plus court que l’autre? Si l’on observait une écaille à la base de l’un ou de l'autre, ainsi que cela se voit dans la Vigne, nul doute que le filament abrité par elle ne fût le produit d'un bourgeon axillaire. Mais cette écaille ne se montre jamais; il faut donc que le filarnent secondaire représente cette écaille même et soit l'analogue d’une feuille à l’aisselle de laquelle il ne s’est rien développé. Supposons enfin que ce filament d'origine foliaire ne se développe pas, et nous aurons la vrille indivise du Cucumis Melo, ete., vrille réduite à un seul mérithalle et représentant la division latérale À de la vrille du Cucurbita Pepo. Quant aux vrilles multiples qui se montrent accidentellement sur le même nœud vital, l'étude de celle du Cucurbita Pepo nous en fournit la raison en nous démontrant que l'extrémité de l'axe, la feuille et les bourgeons qu'elle abrite peuvent indistinctement se métamorphoser en filaments spiraux. Je me bornerai à en citer un exemple pris sur le Cyclanthera pedata, où j'ai pu observer deux et même trois vrilles naissant du même nœud. Chez cette espèce l'agencement des parties est le même que chez la plante que j'ai prise pour type. L'inflorescence, qui se compose d'une grappe de fleurs mâles accompagnée à sa base d’une fleur femelle, se trouve placée entre l'axe et le bourgeon rudimentaire sur une même rangée rectiligne. La grappe de fleurs mâles, à cause du plus fort volume du pédoncule de la fleur femelle, se trouve déjetée un peu de côté entre l'axe et la feuille. D'un côté de cette rangée se trouve la feuille, de l’autre la vrille, et entre ces deux dernières le bourgeon rudimentaire. Dans le cas de deux vrilles, elles se trouvent placées l'une à droite, Pautre à gauche de la feuille. Le bourgeon rudimentaire se montre encore à sa place habituelle, mais l'inflorescence manque. C’est donc cette inflorescence quia fourni la vrille supplémentaire. Je m'explique de la même Manière les vrilles doubles citées par les auteurs ; la vrille accidentelle est produite par la transformation de l'inflorescence. Lorsque trois vrilles se rencontrent à la fois, on n'observe plus ni de feuille, ni d'inflorescence. Il 518 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est évident qu'alors, des deux vrillesaccidentelles, l’une est produite par l'in- florescence, l’autre par la feuille même. Si aux trois vrilles actuelles nous ajoutons les deux qu'auraient pa produire le bourgeon rudimentaire et l'axe lui-même, nous retomberons sur la vrille du Cucurbita Pepo. 3° Nous avons vu que l’inflorescence est accompagnée théoriquement de deux bourgeons, l'un à droite, l'autre à gauche. L'un de ces bourgeons prend un développement démesuré, mais le second périt sans s'allonger ou ne pro- duit qu’un rameau languissant. Quel est celui des deux qui doit continuer la tige, est-ce celui de droite ou bien celui de gauche ? Virtuellement de même valeur, ils doivent contribuer également à la formation des diverses pousses, du moins on ne voit pas de motif pour que l’un soit exclusivement sacrifié à l'évolution de l’autre. Ainsi, si l hypothèse proposée est vraie, on doit trouver le bourgeon rudimentaire tantôt à la gauche de la feuille, tantôt à sa droite ; dans le cas contraire, c'est-à-dire si la tige est formée par l’évolution d’un seul axe, on doit trouver une coordination constante, puisqu'il n’y a pas de raison pour qu'elie change. Je n'ai pas eu, il est vrai, l’occasion d'examiner une inversion dans l'agencement des parties sur une méme tige, car une fois l'orientation déterminée elle se maintient invariablement d’un bout à l'autre de la pousse. Mais si l'on examine comparativement plusieurs tiges de la même espèce, quelle qu’elle soit, on voit avec surprise que le bourgeon ru- dimentaire et la vrille sont placés sur les unes à droite, sur les autres à gauche , et que les deux dispositions sont à peu près en égal nombre. On peut constater la mème inversion sur les différents rameaux issus d'une même tige. Chez le Bryonia dioica, par exemple, les rameaux d'une même tige portent indifféremment le bourgeon rudimentaire et la vrille soit à droite soit à gauche de la feuille, il serait difficile, je crois, de trouver pour ce changement remarquable d'orientation une autre raison que celle que je propose. Ne pourrait-on pas se servir de cette inversion, qui a également lieu chez le Momordica Elaterium, pour conelure que, malgré l'absence de vrilles, cette plante ne fait pas exception au mode de formation des tiges des Cucurbi- tacées, qu'elle ne résulte pas de l'évolution d'un axe unique, mais se com- pose d’axes de divers ordres greffés les uns sur les autres? D'ailleurs la vrille manque complétement sur un grand nombre de mérithalles de la Vigne, ce qui n'empêche pas d'attribuer à ces mérithalles la méme origine qu à ceux qui en sont munis. 4° Enfin, si à ces raisons on joint la forme géniculée ou en zigzag, qui se montre fréquemment sur les tiges des Cucurbitacées, on aura un faisceau te preuves assez concluantes pour établir que le mode de formation des tiges des Cucurbitacées est le même que celui des tiges de la Vigne, et que leurs vrilles sont également les extrémités dégénérées des divers axes superposés. SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. 519 M. Fermond dit qu’il a récemment étudié les vrilles des Cucurbi- tacées, et qu’il était arrivé à peu près aux mêmes idées que celles qu'a exposées M. Fabre. Mais il a vu sur le Bryonia dioica une vrille changée en feuille, ce qui ne lui a laissé aucun doute sur la nature de ces organes. M. Decaisne rapporte que M. Naudin a fait au Muséum des obser- vations sur le même sujet. Chez plusieurs Cucurbitacées normale- ment sans vrilles, il a vu tous les passages de la feuille parfaite à la vrille. Chez toutes les Cucurbitacées non grimpantes, M. Naudin a constaté plus ou moins nettement le fait de la transformation de la feuille en vrille, et a été amené ainsi aux mêmes conclusions que celles de M. Seringe à cet égard. M. Parlatore fait observer que l'opinion à laquelle s’est arrêté M. Fabre a été publiée en Italie, dès 1843, par M. Tassi, dans un mémoire spécial sur les Cucurbitacées. M. Montagne fait à la Société la communication suivante, sur le Lichen envoyé à la Société par M. Lecoq . OBSERVATIONS DE M. C. MONTAGNE SUR UN LICHEN COMMUNIQUÉ A LA SOCIÉTÉ PAR M. LE PROFESSEUR LECOQ. En faisant hommage à la Société Botanique de France du tome IV de son remarquable ouvrage sur la Géographie botanique de l'Europe, notre savant confrère, M, Lecoq, pour prouver que les plusgrandes questions de la science ve captivent pas seules son attention, et qu'il sait quelquefois, daus l’occa- sion, porter son esprit sur les plus humbles sujets, a adressé à la Société un Lichen sur lequel il désire connaître son opinion. Cet envoi était accom- pagné d’une lettre où sont consignées ses observations. Nous allons transcrire le Passage qui y a rapport, avant de nous acquitter du devoir dont nous nous Sommes chargé, d'examiner le Lichen en question et d'en dire notre senti- ment. Nous laissons parler l'auteur de Ja communication : «J'ai trouvé il y a quelques jours près des Pignons, canton de Menat , (Puy-de-Dôme) un mur de pierres sèches de micaschiste, garni d'une grande quantité de Lepra chlorina. Cette espèce, comme vous le savez , ne croit Jamais à l'extérieur des rochers, mais dans leurs cavités, entre les pierres des murs ou abritée par une corniche. Une large plaque de ce Lepra placée dans cette dernière situation me parut d’une couleur moins vive et, en m'en approchant, je la vis avec surprise couverte de fructifications. En cherchant attentivement, je trouvai encore quelques autres plaques où la fructification commençait. Les apothécions d'abord arrondis et réguliers sont sessiles au mi- lieu des granules du thallus; en vieillissant ilsdeviennent irréguliers, contour- 520 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nés et confluents. Ils sontcharnus et, à l’état frais, d’un beau jaune d’abricot. Ce Lichen m'a semblé réunir les caractères du genre Bæomyces, tel qu'il a été adopté par De Candolle, ou ceux des Lecidea, en plaçant cette espèce près du Lecidea œruginosa, Scop. Ce serait alors ou le Bæomyces chlorina ou le Lecidea chlorina. » Nous n’avions pu, à la lumière douteuse des lampes, reconnaitre le Lichen envoyé par M. Lecoq, bien que nous doutassions beaucoup que ce fût, comme il le pensait, une espèce du faux genre Lepraria Ach., en état de fructification ; mais le lendemain matin, à la clarté du jour , il ne nous fut pas difficile d'en faire la détermination exacte et certaine. Nous regrettons infiniment d'avoir à détromper notre savant confrère sur sa découverte, en lui apprenant, ainsi qu'à la Société, que la plante, objet de sa note, est une espèce, assez rare à la vérité en aussi belle fructification que les exem- plaires que nous avons sous les yeux, mais toutefois bien connue des liché- nographes. Ceux-ci lont décrite successivement , Acharius sous les noms de Lichen lucidus, Prodr., p. 39, Engl. Bot., t. 1550 ; Lecidea lucida, Lichen. Univ. p.209, Méthod. Lich. p. 74 et Syn. Lich. p. 48 ; enfin Ze- praria Flærkeana, Lich. Univ. p. 663 ;— Flærke, sous celui de Pulveraria albo-flava, in Berlin. Magaz. 1807, p. 40 ; — et enfin Fries, sous celui de Biatora lucida, Lich. Eur. reform. p. 279, dernier nom adopté par MM. Mas- salongo, Ricerche sull’autonomia dei Licheni erostosi, p. 426, fig. 249, et Kœærber, Systema Lichenum Germaniæ, Liefer. TIT, p. 208. Nous allons donner la phrase diagnostique telle qu’elle se trouve dans le lichénographe italien, parce que c'est la premiére, à notre connaissance, où lon ait tenu compte des organes de la reproduction et celle où leurs formes et leurs dimensions ont été le plus exactement notées. Biatora lucida, thallo viridi-lutescente sulphureo-citrino, leproso-granu- loso, subiculo albo ; apotheciis flavis innatis nitidis subimmarginatis, minu- tissimis; ascis parvis minimis octosporis, paraphysibus gelatinosis obsoletis obvallatis, sporidiis ellipticis minutissimis. ‘ Nous avons analysé une apothécie du Lichen envoyé par M. Lecoq, et nous avons pu vérifier l'exactitude de la précédente diagnose. La lame pro- ligère wa pas plus de trois centimillimètres de hauteur. Les thèques sont en massue courte, comme les représente la figure citée du professeur de Vérone, et non fusiformes comme les dit M Kærber. Elles sont plongées dans une gangue mucilagineuse où il est fort difficile de distinguer des paraphyses. Les spores, que nous n'avons pas vues libres, ne sont pas plus faciles à aper- cevoir dans leur utricule. Ce sont les plus petites du genre, peut-être de toute la famille, puisque M. Massalongo leur assigne pour longueur 0®%,00244 et pour diamètre 0"",00122, dimensions que nous n'avons pas cherché à contrôler, à cause de la difficulté de donner un chiffre incon- testable. SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. 521 Au reste, il faut convenir, pour être juste, qu'il est toujours fort malaisé, où pourrait dire même impossible, de distinguer des Lepraria les croûtes pulvérulentes par déliquescence de certains Lichens, quand elles ne portent pas de fructifications. Celle qui nous occupe en a trompé plus d’un avant M. Lecoq, qui pourra se consoler d’avoir été déçu, en voyant dans la syno- nymie que nousavons expressément rapportée, que Flærke et Acharius lui- même, le père de la Lichénographie, se sont laissé abuser par de semblables apparences. Lecture est donnée ensuite d’une lettre de M. Nylander sur le même Lichen. Cette lettre, adressée à M. de Schœnefeld, est ainsi “conçue : Paris, 26 juillet 1855. Permettez-moi, Monsieur, à l’occasion de la lettre de M. Lecoq, lue à la dernière séance de la Société, de vous adresser quelques remarques sur le Lepraria chlorina. Les Lepraria des auteurs ne sont que des thalles crustacés pulvérulents et constamment stériles. Quant au Lepraria chlorina Ach., M. Stenhammar ayant observé sur lui des fruits calicioïdes sessiles, on a cru, dans ces der- niers temps, que c'était un Calicium ordinairement stérile. A mon avis cette manière de voir n'est pas conforme à la vérité. Mes observations m'ont ap- pris que le Lepraria chlorina est le thalle stérile et modifié du Lecanora hæ- Matomma. Les fruits trouvés par M. Stenhammar, et qui ne sont pas très rares à Fontainebleau, appartiennent à une espèce de Calicium parasite, le Calicium paroicum Ach., qui se développe indistinctement sur les thalles Stériles ou fructifères de ce Lecanora, mais sur aucune autre espèce, que je sache. Le Lecanora hæmatomma fructifie surtout dans les endroits un peu om- bragés (locis subumbrosis), où le thalle prend une coloration plus pâle, d’un jaune blanchâtre ou verdâtre ; au contraire, dans les endroits plus exposés à la lumière, son thalle se développe davantage en devenant plus épais et d'un jaune vif, et perd en même temps la faculté de produire des apothécies : c'est à ce dernier état qu'il constitue le Lepraria chlorina. Agréez, etc. W. NYLANDER. M. Montagne fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE NOUVEAU GENRE MAZZANTIA DE LA FAMILLE DES PYRÉNOMYCĖTES , par M. C. MONTAGNE. Tous les mycologues conviennent aujourd'hui de la nécessite de démem- brer et de subdiviser encore l'immense genre Sphæria. Fries, dans tous 522 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ses ouvrages, mais surtout dans le dernier, qui a pour titre Summa Vege- tabilium Scandinaviæ ; De Notaris, dans un remarquable mémoire : Cenno sulla tribù dei Pirenomiceti sferiacei, et plusieurs autres, sont entrés réso- lument dans cette voie et ont montré, par quelques heureux essais, que cette tâche, bien que difficile, pourra s'accomplir quelque jour. Partageant cette conviction, nous avons nous-même exprimé la même opinion, soit dans la Cryptogamie de la Guyane, soit dans la Flore d'Algérie. Dans la première de ces deux publications, nous disions, en effet, que parmi les caractères qui devront servir à l'établissement des nouveaux genres, il fau- drait bien se garder, comme on fait en ce moment en Italie et en Allemagne, pour les Lichens, de prendre pour base unique le nucléus, c’est-à-dire les seuls organes de la reproduction. Ici les caractères pratiques de première valeur doivent être, selon nous. tirés soit du stroma, de sa nature, de sa forme, soit de la consistance et de la couleur du périthèce, etc., organes dont les différences sont le plus souvent, mais non toujours, liées aux formes de la fructification. Dans les Pyrénomycètes de la Flore d'Algérie, nous avons tenté quelques coupes dans le genre Sphæria, tel qu'il existait à cette époque, en manifestant toutefois le sentiment qu’on n’arriverait à conduire à bien cette entreprise vraiment hereuléenne qu'après avoir soi- gneusement étudié les types de toutes les espèces, au nombre de plus de mille, qui composent encore le genre, aujourd’hui qu’il est débarrassé des Xylaria, Cordyceps, Hypocrea, Hypoxylon, ete., ete. Nous sommes in- formé que notre ami M. Duby, de Genève, s’en occupe incessamment pour une nouvelle édition de sa Cryptogamia gallica, et que dans ce vaste champ ouvert à nos investigations, il a trouvé des faits nouveaux et intéressants. Mais en attendant qu’il nous fasse connaître le résultat de ses savantes recherches, ayant eu à nous occuper nous-même d’une espèce qui n’est pas rare dans notre pays, où elle a été découverte par notre confrère, M. Guépin, nous voulons parler du Sphæria Galii, nous avons été frappé des singu- larités que nous a révélées son analyse, et nous avons pensé que des carac- tères tranchés, tirés tout à la fois du mode de végétation et des organes de la reproduction de cette plante, en faisaient le type d'un nouveau genre fort distinct. C’est ce genre que nous venons soumettre aujourd'hui au ju- gement de la Société. Nous allons exposer en détail sur quels fondements nous croyons pouvoir solidement l’établir. Et d'abord le stroma, qui se développe sous l’épiderme des rameaux morts des Galium Aparine et Mollugo, diffère de tous ceux des congénères, ou au moins de la plupart, car nous n'avons pas pu tout examiner, en Ce qu'il n'est pas formé par une altération des cellules ou des fibres du sup- port, désagrégées par une cause quelconque, mais bien par un assemblage très dense de cellules analogues et même assez semblables à celles du genre Sclerotiun. C'est au point que dans le jeune âge de la Sphériacée, avant SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. 528 l’évolution des périthèces, elle a été prise pour des individus du Sclerotium durum, auquel il faut convenir qu'elle ressemble en effet infiniment. Une tranche bien mince de ce stroma, placée sous le microscope, nous montre qu'il est tout entier constitué par des cellules incolores, de forme variable, mais le plus communément arrondies, oblongues ou gigartoides, c’est-à-dire semblables à des pépins ou nucules de raisin. Traitées par la teinture d’iode, ces cellules, loin de bleuir, quoique d'apparence amylacée, ne se colorent même pas dans la plus grande partie de leur épaisseur, l'utri- cule primordiale seule prenant une teinte brune. La couche extérieure de cellules du stroma est noire à la vue simple, mais de couleur bai-brun sous le microscope. Dans ce stroma d'abord plein, se creusent peu à peu, dans leur évolution, de deux à cinq loges que l’on peut à la rigueur consi- dérer comme des périthèces. A peine visibles au début, ceux-ci grandissent peu à peu et restent distincts ou deviennent confluents. Il est probable, sans qu'on puisse le démontrer, que leur évolution se fait aux dépens de la substance du stroma. Quoi qu'il en soit, la paroi de leur cavité, loin d'offrir la nature carbonacée et friable des congénères, est à peine même colorée, Placée sous le microscope, elle se montre composée de fibrilles enchevètrées d’où naissent, soit les thèques, soit les spermatophores dont nous allons parler à l'instant. On observe à l'extérieur du stroma une ou plusieurs papilles ; ce sont les sommets des ostioles par où s’échapperont les nucléus. Ce ou ces nucléus, car il y en a souvent plus d'un, sont pour nous, comme pour M. Desmazières, qui a donné une bonne description de l'espèce, ren- fermés dans de véritables périthèces. D'après ce que nous venons d'en dire, on peut déjà se convaincre que cette production s'éloigne, autant par son stroma que par ses périthèces, du genre Sphæria tel que l'admet aujour- d’hui le législateur de la mycologie. En effet, à la page 388 de sa Summa Vegetabilium Scandinaviæ, nous voyons qu'il place le caractère essentiel de ce genre dans des périthèces carbonacés et noirs. On demandera peut- être comment, en présence de cette définition, le professeur d'Upsal a Persisté à laisser notre plante parmi les Sphéries. C'est à quoi il nous semble difficile de répondre autrement qu'en disant qu'il aura considéré le stroma Comme un périthèce unique et simple, ce qu'on ne saurait admettre, ou bien qu’il n’a pas revu l'espèce avant de la placer dans son genre ainsi réformé, Et en effet, dans la description qu'il en donne, Fries, avec son tact exquis, reconnait qu'elle doit être éloignée des Sphéres. Mais les anomalies apparentes des organes de la reproduction ne sont pas moins remarquabies et méritent d'être exposées avec quelque détail. Nous possédons dans notre riche collection, qui renferme plus de mille types authentiques de Sphériacées, des exemplaires de cette espèce d'ori- gine diverse. Nous l'avons d'abord recue de son découvreur, M. Guépin, Sous le nom de Sphæria Galii, puis de M. Castagne, sous celui de S. Apa- 52h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rines. Elle existe dans les Stirpes Vogeso-Rhenanæ de MM. Mougeot, Nestler et Schimper, sous le n° 1171 ; dans les Cryptogames de France exsic., de M. Desmazières, sous le n° 1775 de la première édition, et enfin dans les Scleromycetes Suecicæ, de Fries, sous le n° 404. Nous avons ana- lysé de nombreux échantillons de ces différentes provenances, et dans tous nous avons trouvé un stroma identiquement composé des mêmes cellules, Il n’en a pas, toutefois, été ainsi des organes de la reproduction, lesquels nous ont offert les variations suivantes. Dans les exemplaires de Suède et de l'Anjou, nous n'avons trouvé qu’une des deux formes de fructification qui distinguent notre plante. Celle-ci consiste en spores nombreuses, qui sont probablement ce que M. Tulasne nomme des spermaties, assez semblables à celles du genre Phoma et qui, comme elles, sont portées par des pédicelles naissant de tous les points de la paroi du périthèce et convergeant vers le centre. Dans les premiers, ceux de Suède, la ressemblance en question est encore plus frappante, en ce que, à chaque extrémité de la spore, on aperçoit un globule qùi y est comme confiné. Sorties de la loge, ces spores ou ces spermaties sont mani- festement animées du mouvement dit brownien dans le liquide du porte- objet. Dans les exemplaires de la collection de M. Desmazières, au lieu de ces spermaties, nous avons pu voir de véritables thèques, telles que les a par- faitement décrites notre ami de Lille, dans sa treizième Notice, insérée dans le numéro de juillet 1846 des Annales des sciences naturelles. Ces thèques octospores sont cylindracées, renflées en massue au sommet, et les spores qu'elles renferment sont oblongues, hyalines, à peine longues de 0®",0075 et contiennent, comme les spermaties, un globule à peine visible à chaque bout. Enfin, dans les échantillons de M. Castagne, sur les mêmes rameaux, mais dans des stromas différents, nous avons pu constater la présence des deux formes de fructification que nous venons de décrire. Les détails dans lesquels nous sommes entré mettront les mycologues à même de juger de la convenance qu'il y a à séparer cette espèce du genre Spheria, où elle a figuré jusqu'ici. Nous avons été surtout encouragé à opérer cette séparation, parce que nous avons une seconde espèce à y ajouter, tout à fait identique par la nature de son stroma, quoique bien différente par ses autres caractères extérieurs. Malheureusement on n'a pu encore v rencontrer que des spermaties. Nous dédions ce genre à Madame la comtesse Elisabeth Fiorini-Mazzanti, qui publia, en 1831, un Specimen Bryologie romanæ, écrit tout entier en latin, opuseule dont prit plaisir à rendre compte, dans les Archives de Bo- tanique de Guillemin, un excellent juge, notre illustre et très regrettable confrère, M. Adrien de Jussieu. SÉANCE DU 27 JUILLET 4855. 525 Toutes les observations qui précèdent peuvent se résumer dans la diagnose générique que nous allons donner. MazzanTIA Montag. nov. gen. Stroma proprium, heterogeneum, sclerotioideum, a matrice tandem sece- dens, e cellulis constans polymorphis (globosis, ovoideis, oblongis gigar- toideisve) pellucidis, amyloideis, non amylaceis, quum vi tincturæ iodinæ haud equidem illæ cyanescant, at utriculus primordialis, minutus, norma- liter hyalinus et inconspicuus colorem brunneum ducat. Hoc stroma pri- mitus solidum, nigro-corticatum, intus niveum, specie pulverulentum, peritheciis sensim defoditur. Perithecia membranacea, haud carbonacea ! sæpius plura, initio minuta, vix oculo armato conspicua, ostiolo promi- nulo perforato instructa. Perithecii seu loculamenti cujusque stratum peri- phericum tenue vix coloratum, floccoso-fibrillosam, floccis liberis in sper- maātophora vel ascos abeuntibus. Fructus in stromate distincto duplex : 1° spermatia linearia, brevia, globulum utroque fine amandatum inclu- dentia, spermatophoris e peripheria ad centrum vergentibus suffulta, dein libera et cum gelatina tandem evacuata; 2° asci breviter clavati, confertis- simi, sporas octonas, oblongas (spermatiis subsimiles) includentes. ,. Typus : species sequens : 1. Mazzantia Galii, Montag. mss. : stromate innato oblongo convexo epidermide tecto : peritheciis 1—3—5 excavatis membranaceis pallidis, sensim dilatatis, ostiolo munitis et nucleum gelatinosum sordidum, tum spermatia, tum sporas eructando ejicientem, foventibus ; spermatiis lineari- oblongis, centimillimetrum longis, 0™™,0035 circiter crassis, nunc hyalinis continuis, nune utroque fine, more sporarum Phomatis, sporulam vel guttulam oleæ amandatam ineludentibus ; ascis cylindraceo -subelavatis 5 centimillim. longis octosporis; sporis uni-aut biserialibus, oblongis, hyalinis, 0mm 0075 et quod excedit longis, ad utramque extremitatem glo- bulum vix conspicuum foventibus. Har. Ad caules emortuos Galii Aparines et G. Molluginis in Gallia : Guépin, Castagne, Desmazières, Mougeot; in Suecia : Fries. SYN. Sphæria Galii, Guep. in Fries, Ælench. Fung., II, p. 105, et Scleromyc. Suec. exsic. n° h0h! — Desmaz., 13° Notice in Ann. sc. nat., juill. 1846, et Crypt. de Fr. exsic. edit. 1, n° 1775. — Moug. et Nest). Stirp. Voges. n° 1171. — Sphæria Aparines, Cast., Catal. pl. de Mar- seille, p. 171. 2. Mazzantia Gougetiana, Montag. mss. : stromate innato tecto subor- biculari planiuseulo atro nitido; peritheciis magnitudine variis immersis Concoloribus pallidis ; spermatiis sphæricis minutissimis pedicellatis, Spermatophoris brevibus centrum versus vergentibus; ascis. .. Has. Ad caules Herbarum prope Blidah in Algeria : Gouget sub n° 679. 526 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Syn. Dothidea Gougetiana Montag., Cent. III, n° 49. Oss. Cette Sphériacée, dont nous avions fait d’abord un Dothidea, juste- ment à cause de la nature non carbonacée des loges, a été omise dans la Flore d'Algérie, à cause de sa ressemblance frappante avec le Sphæria picea, Pers., dont, plus tard, nous l'avions considérée comme un état im- parfait. Son stroma analysé nous a convaincu que ni l’une ni l’autre place ne lui convenait, et que c’était à notre nouveau genre seulement qu'on pou- vait la rapporter, Il est-vrai qu’elle n’y sera solidement établie que quand on en aura découvert les thèques. M. Parlatore fait à la Société les communications suivantes : NOTE SUR L'HYDROCHARIS MORSUS-RANÆ, par M. PH. PARLATORE. J'ai l'honneur de présenter à la Société quelques observations sur une Hydrocharidée, qui, bien que très commune dans les lieux marécageux d’une grande partie de l’Europe, ne me parait pas avoir été suffisamment étudiée au point de vue organographique, relativement à ses fleurs. Plusieurs erreurs se sont même glissées au sujet de cette plante dans les ouvrages des auteurs, erreurs qui auraient pu être écartées si on l’avait étudiée avec un peu de soin sur le vivant, ce qu’on verra du reste facilement par la description suivante. On sait que l Hydrocharis Morsus-ranæ est une plante dioïque ; cepen- dant j'ai observé de temps à autre, dans ses fleurs femelles, des étamines fertiles, comme je le dirai tout à l'heure, ce qui prouve que la plante est quelquefois polygame. La plante mâle, aussi bien que la femelle, nage dans les eaux, et envoie des stolones qui produisent des touffes de feuilles pédoneulées, presque réniformes, de couleur vert-foncé sur leur face supérieure et rougeâtre sur l’inférieure. Les pédoncules présentent en dedans, ainsi que les pétioles, les cavités ou lacunes qui caractérisent les plantes aquatiques. La plante mâle est munie d’un scape plus court que les feuilles, cylin- drique, droit et terminé par une spathe, formée de deux folioles, presque égales, obtuses et souvent mucronées, minces, transparentes et avec des nervures longitudinales très fines. Les fleurs sont ordinairement au nombre de trois, portées par des pédoncules inégaux et un peu courbés, Les folioles externes du périgone sont ovales, un peu allongées, obtuses, COn- caves, membraneuses aux bords, d’une couleur blanchâtre et avec des veines très fines, d'une couleur violette et disposées presque en forme de réseau. Les trois folioles intérieures sont beaucoup plus grandes que les extérieures, pétaloïdes, ovales, presque arrondies au sommet, où elles présentent de petites dents obtuses et comme déchirées; elles sont rétrécies SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. 527 un peu à la base, de manière à présenter un petit onglet; elles sont blanches, excepté l'onglet qui est jaune. Les étamines sont au nombre de six, dont trois externes sont opposées aux folioles externes du périgone et trois internes opposées aux folioles internes. Les filaments sont insérés sur le réceptacle et soudés entre eux à la base ; chacun d'eux se partage à une certaine hauteur en deux branches, dont l’antérieure, plus courte et courbée en avant, porte à une certaine distance du sommet une anthère, et dont la postérieure, droite et couverte en bas de poils papilleux, est ordinairement dépourvue d’anthère dans les étamines internes et souvent munie d’anthère dans les étamines externes, de sorte que les fleurs mâles sont hexandres ou plus souvent ennéandres. Les anthères sont linéaires-allongées, biloculaires à loges séparées par un connectif large, concave en dessous, convexe en dessus et obtus au sommet. Les grains du pollen sont globuleux et presque lisses. On trouve un rudiment d'ovaire en forme de petit corps à six côtes, et des stigmates avortés. La plante femelle a la spathe formée d’une seule pièce et placée au bas d’un pédoncule long et gros, qui porte une seule fleur. Celle-ci ressemble beaucoup à la fleur mâle, car les folioles du périgone sont à peu près les mèmes, seulement les internes sont un peu plus concaves. Les étamines sont aussi au nombre de six, mais à l'état rudimentaire. Les trois externes sont généralement réduites aux filaments, qui se présentent sous la forme de filets subulés, tantôt simples, tantôt bifurqués presque jusqu’à la base, de sorte que l’on trouve les deux branches situées l’une à côté de l’autre : on trouve parfois quelques-uns de ces filaments munis de leurs anthères, qui sont ou biloculaires comme dans les fleurs mâles, ou réduites à une seule loge placée sur le côté du filament à quelque distance du sommet. Dans ces loges on trouve des grains de pollen de la même forme que chez la plante mâle : ainsi les fleurs femelles de l Hydrocharis sont quelquefois hermaphrodites et la plante est alors polygame. Les trois étamines internes ont la forme de petites glandes, alternes avec les filaments que je viens de décrire, et par conséquent opposées aux folioles internes du périgone ; elles sont généralement lobées, plus larges en haut qu'en bas où elles sont presque stipitées. Leur position ne permet pas de douter qu'elles ne soient les trois étamines internes avortées, ce que vient confirmer leur structure interne, qui nous présente des vaisseaux spiraux : c'est donc à tort que les botanistes les ont regardées comme des appendices ou des parties charnues appartenant aux trois folioles internes du périgone, en prenant pour les six étamines de la plante les trois filaments subules, souvent bifurques des trois étamines externes, qu’ils ont decrits comme les six étamines opposées par paires aux folioles internes du pcrigone. L'ovaire est oblong, soudé avec le tube du périvone, et il a six angles peu prononcés : il est à six loges, mais les cloisons membraneuses de sa cavité, prolongées jusqu'a un axe idéal, ne 528 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. se soudent pas entre elles : c’est du reste ce qu’on observe dans les autres Hydrocharidées à ovaire à six loges, bien que quelques botanistes aient décrit et même figuré un axe dans l'ovaire de l' Hydrocharis Morsus- ranæ. Les ovules sont membraneux, ovales, presque ascendants, portés par un funicule un peu long sur les parois des cloisons ; ils sont certainement orthotropes et non anatropes, comme les auteurs les ont décrits (1). Le style est très court et épais. Les stigmates sont au nombre de six, très grands, plus longs que les filaments des étamines avortées, plus larges en haut qu’en bas et bifides à divisions ascendantes, obtuses et couvertes de papilles sur leur face interne. Je n'ai pas été assez heureux pour voir le fruit de l Hydrocharis. On sait d’ailleurs que cette plante ne fructifie que très rarement. Je passe à la description du genre Hydrocharis réformée d’après mes observations : HypRocHanis, Linn. Flores dioici et raro polygami. Mascuzr. Spatha scapum brevem termi- nans, diphylla, 2-3 flora, floribus pedicellatis, pedicellis nudis. Peri- gonium duplex: exterius minus, triphyllum, subcalycinum; interius tri- phyllum, corollinum. Stamina 6, basi monadelpha. Filamenta bicruria, crure antico breviore, recurvo, antherifero, postico basin versus papilloso- piloso, sæpius erecto et ananthero, unde flores hexandri vel enneandri sunt. Antheræ lineari-oblongæ loculis discretis, externe longitudinaliter dehis- centibus, connectivo lato, subtus concavo, supra convexo, apice obtuso. Pollen subsphæricum, læve. Ovarii rudimentum basi sexcostatum. Stig- mata abortiva 2. Fominet vel raro HermapPaRoniTI. Spatha basilaris, monophylla, 4-flora, pedicello elongato. Perigonii tubus cum ovario adna- tus; limbus sexfidus, laciniis tribus exterioribus calycinis, tribus interio- ribus majoribus, petaloideis. Stamina 6, abortiva : tria alterna, ad fila- mentum simplex, subulatum, sæpe sterile, raro antheriferum redacta €t phyllis calycinis opposita; tria ad glandulas breves, obtusissimas, sub- lobatas, basi subpedicellatas redacta et phyllis corollinis opposita. Ovariunt cum perigonii tubo adnatum, oblongum, obsolete sexangulatum, e dissepi-- mentis membranaceis axim idealem attingentibus sexloculare. Ovula plurima, ovalia, subadscendentia, orthotropa ! (non anatropa, Endl.) funi- culo longiusculo. Stylus crassus, brevissimus. Stigmata 6, grandia, oblongo- cuneata, bicruria, cruribus adscendentibus, planiusculis, obtusis, intus papillosa. Fructum maturum non vidi. (1) J'ai déjà été à mème de rectifier cette erreur au sujet du Vallisneria. Le Stratiotes a aussi des ovules orthotropes. SÉANCE DU 27 JUILLET 4855. 529 NOTE SUR L'APHYLLANTHES MONSPELIENSIS ET LA NOUVELLE FAMILLE DES APHYLLANTHACÉES, par M. PH. PARLATORE. L'Aphyllanthes monspeliensis est une plante qui a l'aspect d'un petit Jone, ou mieux encore celui de l'OEillet prolifère, et qui croit abondamment dans les lieux pierreux et stériles du bassin de la Méditerranée, dans le Midi de la France jusqu'à Nice, en Espagne, en Portugal, en Algérie. Cette plante fut décrite et figurée pour la première fois par Pena et Lobel, qui ne man- quèrent pas de signaler une certaine ressemblance de ses fleurs avec cel!es d'un illet, et qui les décrivirent comme entourées d’un involucre glu- macé. A cause de cette même ressemblance, G. Bauhin plaça l'Aphyl- lanthes dans sa section des Caryophyllus sylvestris, sous le nom de Caryo- phyllus cæruleus monspeliensis. Tournefort établit le genre Aphyllanthes, qu'il plaça dans sa classe des Liliacées ; il considéra l'involucre comme un calice écailleux et presque tu- buleux, et donna une planche d'analyse de la fleur et même de la capsule. Linné conserva le genre Aphyllanthes, qu'on voit dans les premières édi- tions de son Genera plantarum, placé à côté du genre Juncus; car il con- Sidérait l’Aphyllanthes presque comme un Jone, en disant dans ses obser- vations sur cette plante : Juncus esset si corolla careret. Dans l'ouvrage immortel de A.-L. de Jussieu (1), on voit l Aphyllanthes rangé dans la première section des Jones (Ordo III. Junci), dans laquelle on trouve aussi les genres Eriocaulon, Restio, Xyris et Juncus, dont cha- cun a été élevé depuis au rang de famille. ' De Candolle continua de considérer l Aphyllanthes comme une plante de la famille des Joncées, bien que cette famille n’eût plus pour lui les mêmes limites que pour A.-L. de Jussieu. Cette opinion a été suivie par plusieurs botanistes plus récents, par Ventenat, Bartling, Reichenbach, ete. Labillardière ayant découvert à la Nouvelle-Hollande le genre Borya, voi- sin de l Aphyllanthes, le rangea aussi parmi les Joncées; mais M. R. Brown, dans son célèbre Prodrome de la Flore de la Nouvelle- Hollande, tout en notant que l'aspect des Borya est le même que celui des Jones, a indiqué les différences qui existent entre le testa et l'albumen de leurs graines et ceux des plantes de la famille des Joncées ; ce qui l'a déterminé à ranger les Borya dans la famille des Asphodélées, qui comprend pour lui une grande Partie des Asphodeli et Asparagi de Jussieu. Endlicher, dans son Genera plantarum , plaça les genres Aphyllanthes, Borya, Johnsonia, Lazmannia et un nouveau genre qu'il appela Alania, à la fin des Liliacées, en les considérant comme des genres voisins des Asphodé- lées (Genera Asphodeleis affinia), ce qui a été suivi par Kunth et par (1) Genera plantarum, 1789. T. HN. 36 530 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Scbnitzlein, qui a créé pour ces plantes une tribu des Liliacees, sous le nom de Juncopsidee. Ainsi, trois opinions différentes existent maintenant sur la famille dans laquelle on doit placer le genre Aphyllanthes: les uns le considèrent comme appartenant aux Joncées ; les autres le rapportent aux Asphodélées ; d'au- tres, enfin, le rapprochent des Asphodélées ou des Liliacées, suivant l'ex- tension donnée aux limites de la grande famille des Liliacées. Peu de personnes ont cependant étudié avec soin sur le vivant l’Aphyl- lanthes monspeliensis, à en juger du moins par les descriptions et les figures qu’on en a données, et qui sont en partie fausses. On a même senti le besoin d’une étude plus approfondie de cette plante et des genres voisins, comme l'a bien exprimé M. Lindley, dans son Vegetable Kingdom, besoin qui se fait sentir aussi pour plusieurs tribus ou peut-être familles différentes, pro- visoirement réunies dans le groupe des Liliacées, dont plusieurs genres sont encore imparfaitement connus, Dans les recherches sur les plantes monocotylédones, auxquelles je me suis livré depuis plusieurs années, j'ai aussi dirigé mes études sur l'Aphyl- lanthes, qui wa offert une structure singulière, surtout dans les parties de la fleur. Je ne la décrirai pas ici d’une manière complète, afin de ne pas donner trop d'étendue à cette note, et je me bornerai à en indiquer les ca- ractères les plus remarquables, qui sont les suivants : : 4° Rhizome portant des rameaux en forme de tiges sans feuilles, établis- sant l'analogie de cette plante, par les organes de la végétation, avec les Joncées, les Cypéracées, ete., dont elle a tout à fait le port. 2° Fleurs solitaires, ou plus souvent réunies au nombre de deux ou trois, situées au sommet des rameaux et accompagnées de bractées en forme d'écailles. ' 3° Un involucre particulier pour chaque fleur, écailleux, composé de cing bractées soudées en grande partie ensemble, de manière à former un calice tubuleux et persistant après la floraison pour envelopper la capsule. 4° A l'intérieur de cet involucre, une fleur pédonculée, dont le périgone est formé par six folioles membraneuses, pétaloïdes, disposées sur deux rangs et munies d’un onglet assez long, à peu près comme dans les Si- lénées. 5° Préfloraison imbriquée de ces folioles du périgone qui se recouvrent par leurs sommets. 6° Six étamines, disposées sur deux rangs, dont l'extérieur est plus court, insérées par des filaments filiformes à la gorge du périgone, et ayant des anthères biloculaires et introrses. 7° Un ovaire stipité, triloculaire, avec un seul ovule dans chaque loge. 8” Ovule amphitrope, renversé, inséré vers le milieu de l'angle interne de la loge, SÉANCE Di 27 AUILLET 1855. 531 9 Stigmate trifide, dont chaque division est munie en bas d'un grand lobe. 10° Capsule rostrée, loculicide-trivalve, contenant une seule graine munie d’un zesto crustacé et d'un périsperme charnu, et renfermant un em- bryon axile et de moitié plus court que le périsperme,. En raison de ces caractères, je crois devoir considérer cette plante comme type d’une nouvelle famille, à laguelle je propose de donner le nom de Fa- mille des Aphyllanthacées. Cette famille se rapproche des Joncees par les caractères des organes de la végétation, et des Liliacées par les caracteres des organes de la reproduc- tion, de sorte qu’elle semble former une transition entre ces deux familles naturelles. Cependant elle diffère essentiellement de l’une et de l'autre par la présence d'un involucre, qui persiste après la floraison, et par la préflo- raison imbriquée des folioles du périgone, même du rang extérieur ; tandis que la préfloraison est valvaire dans les J'oncées et dans les Liliacées, dont les folioles présentent leur sommet tout à fait libre, même chez les espèces où l'on voit les folioles se recouvrir un peu par leurs bords, ce que du reste, on n'observe que daus les plantes un peu anomales de cette dernière fa- mille. Dans l Aphyllanthes, au contraire, les folioles du périgone se recou- vrent entre elles par le sommet, de sorte qu'il en résulte une forme du bouton qui diffère de celle du bouton des Liliacées et des Joncées. En outre, les Aphyllanthacées diffèrent surtout des Joncées par la nature membraneuse et pétaloïde des folioles du périgone qui sont marcescentes et tombent après la floraison, par le testa crustacé de la graine, et surtout par l'embryon qui est situé dans l'axe d’un périsperme charnu qui le dépasse de Moitié en longueur. Ou sait que les Joncées ont les ‘folioles du périgone glu- Mmacees et rarement subpetaloides, mais toujours persistantes, et que leurs 8raines ont un {esta membraneux et renferment un petit embryon occupant Seulement la base du périsperime. Les Aphyllanthacées different aussi des Liliacées , hon-seulement par les caractères déjà indiqués, mais encore par les caractères de la végétation et par la structure singulière de la fleur qui rappelle, dans les plantes monocotylédones, mais de très loin, la fleur d’une Silénée, d'où vient en partie cette ressemblance avec un Œillet, déjà remar- quée par les anciens. L'établissement de cette famille me parait avoir d'autant plus d’impor- lance, qu'on doit y rapporter au moins quelques-uns des genres Borya, Alania, Johnsonia, Laxmannia, que j'ai dejà mentionnés, genres voisins de l'Aphyllanthes, qui rappellent par les caractères de la végétation, soit les Joncees, soit les Cypéracées, et qui ont des fleurs pétaloides accompagnées de bractées écailleuses, persistantes, dont les deux supérieures presque op- Posées, comme les glumes des Graminées, sont quelquefois bifides, ou trifides, OU présentent deux ou trois dents à leur sommet. Ces fleurs sont aussi 532 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. disposées en groupes ou en capitules qui, après la floraison, ressemblent beaucoup aux capitules des Chcætospora où des Xyris après que les pétales de ceux-ci sont tombés. Je me propose de présenter plus tard une petite mo- nographie de cette famille, en me bornant, pour le moment, à mettre sous les yeux de la Société les dessins de l’analyse de l' Aphyllanthes. M. Fermond fait à la Société la communication suivante : LOIS SUIVANT LESQUELLES SE FAIT LE DÉVELOPPEMENT DE CERTAINS BOURGEONS DANS QUELQUES FAMILLES VÉGÉTALES, par M. CH. FERMOND. Si l’idée qui a été émise que les verticilles foliaux devaient être regardés comme des assemblages de parties appartenant à autant d’hélices qu'il y a de feuilles dans le verticille, avait besoin d’être pleinement confirmée, les observations suivantes nous paraîtraient bien propres à cela. Il y a déjà quelque temps qu’en examinant ies feuilles du Galium Apa- rine, nous avions observé que dans les premiers verticilles on n’apercevait qu’un seul bourgeon, tandis qu’on devait en rencontrer deux; mais occupé d’autres travaux, nous n'avions poursuivi aucune recherche sur ce fait qui ne laissa pas, pourtant, de nous paraître intéressant. Cette année, nous avons tenté quelques études sur ce sujet, et voici ce que l’observation nous a appris. Chez le Galium Aparine, jusqu’à une très grande hauteur, on trouve qu'il n’y a réellement qu’un seul bourgeon qui se soit développé, et ce qu’il y a de remarquable, c’est l'espèce de régularité avec laquelle se fait le développement du bourgeon d’un verticille, relativement à celui des ver- ticilles inférieurs ou supérieurs. On peut voir, en effet, que ce développe- ment est tel que le premier bourgeon s'étant développé sur une des quatre faces de la tige, le second se développe sur la face adjacente droite ou gauche, le troisième sur la face opposée au premier bourgeon, le qua- trième sur la face opposée au second bourgeon, et le cinquième sur la même face que le premier bourgeon. Il en résulte done qu'ici, le cinquième bour- geon vient en ligne droite se placer sur le premier, et comme il ést aisé de voir que la disposition de tous ces bourgeons est hélicoïdale, on a la for- mule 4 dont les ouvrages didactiques ne parlent point, et qui pourtant est très commune, puisque c’est celle qui appartient à toutes les feuilles oppo- sées décussées, les autres formes de feuilles opposées étant extrêmement rares. On sait que la présence de deux bourgeons à l’aisselle de deux feuilles 4 peu près opposées, dans les Rubiacées indigènes, et leur analogie avec les Rubiacées exotiques ont conduit les botanistes à ne voir dans les verticilles des premières que deux feuilles opposées avec leurs stipules développées SÉANCE DU 27 JUILLET 1855, 5833 en feuilles. En se fondant, ici, sur l'existence d'un seul bourgeon, on serait, d'après ce principe, conduit à n’admettre qu’une seule feuille, ce qui serait, hâtons-nous de le dire, contraire à la vérité. D'ailleurs, par l'évolution ultérieure du bourgeon opposé, dans plusieurs cas, ou bien encore dans l'évolution simultanée des deux bourgeons, soit au haut de la tige seule- ment, soit sur toute la tige de quelques espèces, on est bien forcé de recon- naître la preuve de l’existence de deux feuilles opposées. Nous avons cherché à vérifier si cette remarque que nous avions faite sur le Galium Aparine pouvait être faite aussi sur les autres espèces du méme genre, et nous avons reconnu que non-seulement à peu près toutes les espèces présentaient un semblable mode de développement de leurs bourgeons, mais qu'on le rencontrait encore dans les autres genres de la même famille, toutefois, dans la section des Étoilées seulement. Voici, en effet, la liste de quelques espèces chez lesquelles nous avons pu constater ce mode de développement : Sherardia (arvensis). Asperula (Aparine, taurina, tinctoria, cynanchica, odorata, galioides). Crucianella (latifolia, angustifolia, Gilanica, suaveolens). Rubia (tinctorum, lucida, peregrina). Galium (sylvaticum, linifolium, glaucum, lucidum, Mollugo, valantioides, bo- reale, etc.). Ce développement d'un seul bourgeon ne se fait d'ordinaire qu'à la base de l'axe, car plus haut le développement simultané des deux bourgeons se prononce. C'est ce que l’on voit très bien dans les bourgeons floraux, et c'est même, ainsi que nous le verrons tout à l'heure, ce qui, à l'exception de quelques espèces, distingue l'inflorescence des Rubiacées de celles de la plupart des Caryophyllées. Quelquefois le développement d’un seul bourgeon n’est que temporaire, Car quelque temps après, le second bourgeon se développe à son tour : il en résulte que, plus tard, le développement solitaire du premier bourgeon se trouve masqué par le développement ultérieur du second (Asperula ga- lioides; Crucianella latifolia, suaveolens; Galium articulatum, Aparine, boreale, ete.) Enfin presque toujours, au haut de la tige, les deux bourgeons se déve- loppent simultanément, et parfois même il s’en développe trois (Galium Aparine), Parmi les Rubiacées exetiques, le petit nombre d'espèces que nous avons PU observer nous a paru offrir un développement simultané des deux bourgeons opposés. Toutefois, nous devons signaler la disposition parti- culière que prennent les bourgeons développés du Serissa fœtida. Dans cette espèce, le plus souvent, l’un des deux bourgeons opposés parait 534 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avorté; mais ceux qui se développent, au lieu de former une hélice autour de la tige, forment une sorte de zigzag assez curieuse à observer. Ce déve- loppement est tel qu'il n’a lieu que sur la moitié du cylindre que forme la tige, de façon que le troisième bourgeon tombe sur le premier, le quatrième sur le deuxième, et ainsi de suite, sans toutefois avoir la moindre analogie avec la disposition alterne distique de la plupart des espèces appartenant aux Quercinées ou aux Ulmacées. Il y a done la moitié du cylindre cauli- naire qui porte les feuilles sans bourgeons en voie de croissance. Ce déve- loppement de bourgeons nous a paru ètre plutôt interne qu’externe, C'est- à-dire se produisant de préférence sur le milieu de l'axe qui regarde le centre de tout le végétal. Plus tard, nous avons reconnu que la plupart des espèces de la famille des Caryophyllées présentaient le développement hélicoïdal dont nous avons parlé plus haut, à un point plus remarquable encore que les Rubia- cées, et les observations qui vont suivre ne seront peut-être pas sans intérêt. Nous dirons de suite que nous avons pu observer ce développement d'un seul bourgeon suivant une hélice de la forme 4 dans les espèces dont voici la liste : Dianthus (chinensis, Cyri, etc.). Gypsophila (scorzoneræfolia, altissima, etc.). Vaccaria (parviflora). Saponaria (ocymoides, cæspitosa). Silene (tricuspidata, inflata, maritima, Behen, rubella, repens, conica, squami- gera, ambigua, gallica, etc.). Viscaria (oculata, Cæli-rosa). Lychnis (coronaria, chalcedonica, inclusa, syivestris, dioica). Malachium (aquaticum). Lepyrodiclis (holosteoides). Stellaria (radicans, media, graminea). Honkeneja (peploides). Sagina (procumbens, apetala). Alsine (setacea, tenuifolia, glomerata, fasciculata, etc. ). Spergula (nodosa, arvensis}. Chez quelques-unes de ces espèces, l'avortement de l'un des bourgeons est à peu près constant : (Gypsophila scorzoneræfolia, altissima ; Vaccaria parviflora, ete.), surtout dans les paires de feuilles inférieures ; chez d'au- tres (Silene rubella, bipartita, repens, ete.; Lychnis dioica; Spergula no- dosa, etc.), le développement du second bourgeon se fait plus tard, de sorte que tout d’abord on peut reconnaitre le développement hélicoidal dont nous avons parlé, mais ensuite on voit le second se développer et tendre à faire disparaitre cette disposition. | Dans beaucoup d'espèces, les axes commencent par l'avortement d'un SÉANCE OU 27 JUILLET 1855. 535 des bourgeons, puis ils se terminent par le développement simultané des deux: Silene longiflora, gentocalyx, longicilin; Viscaria oculata, Cœli- rosa, Lychnis coronaria, chalcedonica, inclusa ; Stellaria radians, ete.) Selon que l'évolution se prononce dans les deux bourgeons opposés ou dans un seul, il en résulte quelquefois une inflorescence très différente. Dans le premier cas, on a une inflorescence qui se rapproche de celle de beaucoup de Labiées ou de quelques Valérianées ; dans le second, on a l'in- florescence étalée et diffuse remarquable chez les Galium linifolium, sylvaticum, capillipes; Gypsophila acutifolia ; Silene Armeria, etc. Il est à présumer que l'avortement de l'un des bourgeons a permis à l'autre de prendre plus de développement. D'autres fois la vraie nature de l’inflorescence est masquée. Par exemple, chez le Viscaria Githago, V'inflorescence parait indéfinie, quoique étant réellement terminée, et il faut quelques instants d'attention pour décou- vrir la marche de la floraison. En effet, ici, l'avortement de l’un des bour- geons se produit, tandis que l’autre se développe à la manière ordinaire. L'axe primaire se termine par une fleur, mais comme l'axe secondaire le plus élevé prend un grand accroissement, l'axe primaire semble n’en être que l'axe secondaire. C'est la fleur terminant le premier axe qui fleurit la Premiere ; et comme on peut observer au-dessus et au-dessous des fleurs un bouton parfaitement clos, on trouve étrange, au premier abord, un tel état de choses, alors que l'on croit à une inflorescence indéfinie. Mais à l’aide de l'interprétation que nous venons d'indiquer, on reconnait que la marche de la floraison est centrifuge, et que, par conséquent, l'inflores- cence appartient à la série désignée par M. Rœper sous le nom d’inflo- rescence définie ou terminée. Enfin il est des espèces qui offrent dès la base de l'axe le développement simultané, ou à peu près, des deux bourgeons (Silene Otites, Pseudo-otites, gigantea ; Saponaria officinalis, ete.). Dans quelques-unes des espèces que nous avons examinées, nous avons reconnu que le même développement d’un seul bourgeon suivant une hélice se reproduisait sur les axes secondaires (Silene Behen ; Viscaria Githago; Alsine tenuifolia, ete.), mais le plus souvent les deux bourgeons se déve- loppent simultanément. La direction de l’hélice a aussi fixé notre attention. D'abord nous avions ru qu'elle pouvait avoir une certaine valeur caractéristique, mais nous üvons reconnu qu'elle n’en avait absolument aucune, puisque sur la même espèce, chez les Rubiacées comme chez les Caryophyllées, nous l'avons trouvée à la fois dextrorse et sinistrorse (Gypsophila scorzoneræfolia). Dans les Apocynées et les Asclépiadées à feuilles opposées, nous avons aussi retrouvé le développement d'un seul bourgeon suivant une hélice, ‘ue nous avons observé dans les deux familles précédentes. Chez l’Apocy- 536 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. num hypericifolium, le développement d’un seul bourgeon est manifeste, et l’ensemble des bourgeons développés forme sur la tige une hélice tantôt sinistrorse et tantôt dextrorse ; mais au haut de la tige, les deux bourgeons se développent simultanément. Chez l’ Apocynum venetum, le même mode d'évolution se présente, mais il est plus difficile à observer, déguisé qu'il est par le déplacement très fréquent des feuilles qui passent à l'alternance. Néanmoins on le reconnait facilement, parce que si le déplacement a laissé l’une des feuilles en des- sous de celle qui porte le bourgeon, il est toujours aisé de voir que la feuille inférieure reste sans bourgeon développé. Enfin sur quelques tiges, les deux bourgeons se développent simultanément. L’ Apocynum cannabinum présente quelque chose d'analogue avec ce qui se passe dans l'espèce précédente. Les bourgeons du Cynanchum Vince- toxicum nous ont paru être soumis à la même loi de développement. Chez le Lochnera rosea, les feuilles sont opposées, mais l’une d'elles, seule, porte deux bourgeons floraux, et le développement de ces bourgeons, examiné dans une série successive de paires de feuilles, forme une hélice tantôt sinistrorse, tantôt dextrorse. Le Gomphocarpos fruticosus et l Ascle- pias curassavica offrent un développement analogue de leurs bourgeons tloraux, si ce n’est que dans la dernière espèce le pédoncule est placé sur le côté entre les deux feuilles; mais comme le côté opposé n’en présente pas et que les bourgeons décrivent ensemble une hélice autour de la tige, le phénomène est tout à fait assimilable à celui que nous avons observé sur les autres espèces. Dans le Marsdenia erecta on trouve encore des traces de cette loi dans les deux ou trois axes floraux qui se développent à l’aisselle de l’une, seulement, des deux feuilles opposées. La famille des Solanées nous a offert, dans les Petunia nyctaginiflora et violacea, d'abord des feuilles alternes passant à l'opposition ; ensuite des évolutions de bourgeons à l’aisselle d’une seule des feuilles opposées, non plus suivant une hélice, mais tout à fait à la manière du Serissa fœtida. Ce dernier mode est aussi celui en vertu duquel se fait le développement des bourgeons chezles Cupheasilenoides, lanceolata, viscosissima et platycentra de la famille des Lythrariées. Eofin, pour compléter autant que possible cette série d'observations, nous avons dû chercher parmi les familles à feuilles opposées constantes ( Labiées, Hypéricinées, Clématidées } si le même mode de développement se retrou- verait, et nous avons constaté que les deux bourgeons se développent ensemble et avec une très grande constance, et si l'on trouve parfois que l'un des bourgeons reste sans croissance, il est tout à fait impossible de retrouver la trace des lois de développement que nous avons reconnues aux bourgeons des Rübiacées, des Caryophyllées, des Apocynées, des Petuniaet des C uphea. | | SÉANCE DU 27 JUILLET 4855. 537 Si nous ne nous abusons, nous croyons, d’après ce que nous venons d'exposer, que l’on peut établir les quatre lois suivantes relativement à l’évo- lution des bourgeons : 1° Loi d'évolution hélicoidale antérieure. Quelquefois elle est la seule qui préside au développement des bourgeons. (Gypsophila scorzoneræfolia, altissima ; Vaccaria parviflora, etc.) 2° Loi d'évolution hélicoïdale postérieure. (Silene rubella, bipartita, repens; Lychnis dioica; Spergula nodosa; Gaiium articulatum, etc.) 3° Loi d'évolution alternative. (Serissa fœtida, Petunia et Cuphea, ete.) he Loi d'évolution simultanée. (Silene Otites, Pseudo-otites, gigantea; Saponaria officinalis, etc.) Cette dernière loi est de beaucoup la plus générale, puisqu'elle préside au développement des bourgeons de toutes les plantes à feuilles opposées autres que celles des familles que nous venons d'étudier. M. Cosson donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre adressée par M. Reboud à M. Durieu de Maisonneuve : LETTRE DE M. LE D" REBOUD. Djelfa, le 10 juillet 1855. Depuis ma dernière lettre j'ai fait deux courses de quelques jours dans les villages du district de Djeifa ; j'ai visité d’abord Amra, Aïn-el-[bel et Zakor, situés à peu de distance les uns des autres, et entourés de quelques jardins plantés d'abricotiers, de grenadiers, de pêchers, de figuiers, etc. Zakor avait été, quelques jours auparavant, ravagé par un orage qui s’est fait sentir jusque dans le Mzab, dont les dattiers, privés d'eau depuis long- temps, peuvent maintenant attendre sans avoir à souffrir de la sécheresse. J'ai parcouru ensuite une autre série de villages situés plus au Sud, Messad, Demed, et deux autres encore qui ne font que surgir de terre. De Zakor à Messad j’ai suivi d'abord le grand défilé (Kraneg) sauvage et accidenté, au Milieu duquel existent encore les ruines d'un Ksar habité autrefois par une bande de voleurs; ce Kraneg débouche dans l'immense plaine qui se trouve bornée d'un côté par la chaine du Messad et le Boukaïl, et de l’autre par la chaîne du Djebel Taffera et son prolongement qui se dirige vers Laghouat, J'ai trouvé dans ce défilé de dix kilomètres de longueur et hérissé de crêtes nues quelques plantes intéressantes : Linaria fruticosa, Cleome Arabica, une belle Synanthérée ligneuse à larges fleurs jaunes, et qui croit également à Biskra et à Laghouat (Anvillea radiata?), Anthyllis tragacanthoides, un Sac- Charum ?, un Genista, des Lauriers-roses, des À ndropogon.— Dans la plaine, Une seule plante nouvelle m'a frappé, c'est le Hardeig, que j'avais déjà trouvé dans la Sebkha de Chegga, vers Hadjira, plante épineuse à fleurs 538 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. blanches. Les plantes en fleur étaient en petit nombre, et c'étaient presque toutes des espèces de Laghouat ou du Sud : Afractylis cancellata, Car- lina..., Linaria fruticosa, quelques pieds du Lonchophora Capiomontiana, une espèce d'/ris commune à Djelfa, Iris Sisyrinchium, un petit Statice. A Aïn-Naga, j'ai recueilli un Dianthus fort joliet un Triticum aux feuilles très épineuses. Messad et les environs ne m'ont rien offert de nouveau, si ce n’est une Crucifere à fleurs blanches, et une plante ligneuse, épineuse, voisine des Lycium, à fleurs blanches et à fruits noirs ovoïdes. —La fontaine du Taam (Aïn-el- Taam), située près du Ksar-el-Barouth, petit monticule couvert de débris de ruines romaines, pierres, briques, tuiles, ete., m'a offert quelques plantes de marais; les jardins renferment une prodigieuse quantité d’ Astra- galus Gombo, qui est vulgairement appelé par les indigènes Foul-el-Emir (fève de l'âne). J'étais dans les frais jardins de Messad, arrosés par l'Oued el Hamouida, lorsque j'ai reçu le Bulletin de la Société, qui contenait un article sur la culture des Dattiers, article que j'ai lu en entier étant assis contre le tronc d’un de ces beaux arbres. — A quelque distance de là, à Ain-el-Sel-Mana, où nous avons déjeuné dans un bosquet de Lauriers-roses et de Tamarix en fleur, dans le lit même de la rivière, j'ai trouvé quelques belles touffes d'un fort beau Sfatice sans feuilles; à deux pas de nous se trouvait le Kraneg de Demed , par lequel cinq rivières réunies en une seule vont dans le Sahara se jeter dans l'Oued Djeddi. J'aurais eu bien des choses à voir dans le lit si mouvementé du Kraneg, mais il était tard, et nous devions le lendemain revenir à Djelfa. En revenant, à la hauteur de Moud- jebora, village reconstruit à côté d'anciens jardins, j'ai cueilli un Genista ou Cytisus, que je n'avais pas encore remarqué, et plus loin, dans un champ, j'ai vu une prodigieuse quantité des deux espèces de ohenackeria. Quelques jours après j'ai visité le petit village d’Amhoura, situé sur le flanc du Djebel Boukail, à 500 mètres au-dessus du sol, sur la berge d'un torrent couvert de Jauriers-roses. Le village d’Amhoura, habité par des gens qui font le métier de guides dans le Sahara, possède quelques jardins mal cultivés; la végétation y ressemble beaucoup à celle des montagnes de Djelfa ; j'y ai rencontré le Globularia Alypum, une variété du Rosmarinus officinalis, et un Buplevrum épineux (Buplevrum spinosum), qui ne fleurit qu'en septembre. Des rochers voisins d'Amhoura, et d'Amhoura même, par le col qui donne passage au torrent, on jouit d’une vue admirable: le Sahara est là devant vous avec ses ondulations, ses plaques vertes de Zetoum (Pis- tacia Atlantica) et les collines de sable (Maref). Ce qui m'a le plus surpris en venant à Amhoura, c'est d'y être arrivé par une voie peu inclinée et couverte d'A//a, de Senarr, de Chiehh, ete., de voir à l'extrémité de ces champs incultes tout le panorama saharien se développer devant moi, et d'avoir sous mes pieds un immense abime. La montagne, formée de grès SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. 539 calcaire, de bancs de sulfate de chaux, de marnes, ete., est très aride du côté du Sahara; c'est à peine si, sur le bord des nombreuses ravines qui la sillonnent, on voit cà et là quelques individus rabougris de Juniperus. Vu d'en bas, le village d’Amhoura apparait comme un berceau de verdure sus- pendu aux flancs de la montagne, — Je suis allé ensuite à Ain-Arrich, dans le cercle de Bouçada ; à part un Genista et une Ombellifère, je wai rien trouvé d’intéressant, même dans le lit immense et grandiose d'Ain-Kala ; le défilé d’Ain-Kala se bifurque et conduit par deux voies différentes dans le Sahara : c'est à l'extrémité d’une de ces routes difficiles que se trouve le Kef-el-Hamar, sur l'Oued Ghomra, près duquel j'ai campé plusieurs fois avec la colonne de M. Dubarrail, lorsque nous étions à la poursuite d'une tribu insoumise, Autour d’Aïn-Arrich je n'ai observé que le Passerina vir- gata. D'Aïn-Arrich à Djelfa, quelques massifs assez considérables du Pinus Halepensis se rencontrent sur le Djebel Guedid. En somme, ce dernier voyage n'a pas été très favorable à la botanique, et je crois que Djelfa est encore l’un des points les plus riches du pays... Nos légumes, haricots, pommes de terre, melons, courges ont été gelés dans la nuit du 19 au 20 juin, et en ce moment nous avons 33 degrés à l'ombre et 48 au soleil... Conformément au paragraphe 2 de l’article 41 du règlement, le procès-verbal ci-dessus a été soumis, le 4° septembre, au Conseil d'administration, qui en a approuvé la rédaction. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Anatomie und Physiologie der Pflanzen (Anatomie et Physio- logie des plantes) ; par le docteur F. Unger, professeur à Vienne. À vol. in-8 de xx et 464 pages, avec 139 figures gravées sur bois, inter- calées dans le texte. Pest, Vienne et Leipzig, 1855, chez C.-A. Hartleben. Dans les Éléments de Botanique (Grundzüge der Botanik) publiés, il y a plusieurs années, par MM. Endlicher et Unger , ce dernier botaniste avait écrit la partie relative à l'anatomie et à la physiologie des plantes. Plus tard, en 1846, il publia séparément cette même partie après en avoir modifié la rédaction et l’avoir notablement étendue, sous le titre d’ Éléments d'ana- tomie et de physiologie végétales (Grundzüge der Anatomie und Physiologie der Pflanzen; in-8 de x1v et 132 pag.). Enfin, cette année, en refondant de nouveau cet ouvrage, en lui donnant surtout une étendue plus considérable et le mettant au niveau de la science du jout, il vient d'en faire le Traité d'anatomie et de physiologie végétales, dont nous allons essayer de donner une idée. Cet important ouvrage est dédié à M. Hugo von Mohl, comme au fonda- teur de l'anatomie végétale moderne. Il commence par une introduction in- dispensable dans un ouvrage consacré principalement à l'anatomie et dans laquelle sont exposées les notions nécessaires à tout botaniste qui veut observer par lui-même les particularités intimes de l'organisation végétale. L'auteur y donne des détails sur les instruments employés pour faire des sections, sur les compresseurs, les pinces, ete., sur les microscopes, les micromètres, les chambres claires, sur les réactifs qui sont fréquemment usités comme auxi- liaires dans les observations mieroscopiques ; enfin il fait sentir de quelle importance est pour l'étude un herbier physiologique, dans lequel on réunit en nature les nombreuses modifications normales et anormales sous lesquelles se présentent les organes. Un chapitre intéressant (p. 11 — 48) suit cette in- troduction et la complète en quelque sorte. 11 consiste en un aperçu de l'his- toire de l’anatomic et de la physiologie des plantes. Sa portion la plus im- portante est une liste des ouvrages qui ont le plus essentiellement contribué aux progrès de l'anatomie et de la physiologie des plantes depuis l'antiquité jusqu’à nos jours. Deux cent soixante douze livres ou mémoires figurent dans cette liste. Tis sont rapportés à quatre périodes : La première période finit à la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 541 découverte du microscope, en 1660 ; la deuxième période comprend l'espace de temps écoulé depuis la découverte du microscope jusqu’à l'année 1800 ; c’est celle de la fondation de l'anatomie et physiclogie végétales ; la troisième période s'étend depuis le commencement du x1x° siècle jusque vers 1840; c'est l'époque du développement de l'anatomie et de la physiologie végétales sans direction précise; enfin la quatrième période comprend les: travaux publiés depuis environ quinze ans, dans lesquels les méthodes sont devenues plus rigoureuses et les observations plus précises que par le passé. Cette longue liste d'ouvrages est un relevé très commode à consulter surtout pour les lecteurs français, auxquels elle signale un assez grand nombre de travaux allemands peu connus eu France. Pour compléter ce premier relevé, M. Unger a eu le soin d'indiquer à la fin des chapitres de son livre les mémoires spés, ciaux qu’il serait bon de consulter pour pénétrer plus avant dans la connais- sance des sujets traités. Le corps de l'ouvrage de M. Unger est divisé en deux parties d’égale étendue et relatives l’une à l'anatomie, l’autre à la physiologie des plantes. La première partie (p. 51—246) renferme cinq chapitres : 4° chapitre (p. 51—54), parties élémentaires considérées en général. 2° chapitre (p. 55—137), histoire de la cellule; l'auteur y examine successivement et en autant de paragraphes distincts : la forme et la grandeur des cellules: la Structure et la composition des parois cellulaires ; les matières contenues dans les cellules; la naissance et la multiplication des cellules. 3° chapitre (p. 4138 — 181), histoire des unions de cellules. Il comprend trois para- graphes, dont le premier, formé seulement de trois pages, est intitulé: Sur les familles de cellules; dont le second est relatif aux différentes sortes de tissus cellulaires; dont le troisième a pour sujet ce que:M. Unger nomme des fusions de cellules, c'est-à-dire les laticifères et les vaisseaux spiraux. L'auteur y range aussi la matière intercellulaire. 4° chapitre (p. 181 — 222), histoire des groupes de cellules. Cinq paragraphes composent ce chapitre; ils sont relatifs : le premier aux formations épidermoïdales, c’est-à-dire à l'épiderme, à la cuticule et aux stomates; le deuxième aux lacunes et géné- ralement aux réservoirs d'air; le troisième aux réservoirs de suc ; le qua- trième aux glandes ; le cinquième aux faisceaux vasculaires, 5° chapitre (p. 223— 246), histoire des systèmes. L'auteur étudie ici successivement les faisceaux vasculaires et les systèmes qu'ils constituent considérés dans les différentes catégories de plantes ; l'accroissement de la tige opéré dans la couche de cambium soit vers l'extérieur, soit vers l'intérieur; l'écorce dans les différentes parties dont elle est formée ; la structure de l'axe ascendant ; les relations des axes secondaires avec l'axe primaire, etc. La seconde partie de l'ouvrage de M. Unger est un résumé de l’état actuel de Ja physiologie des plantes. Elle est divisée en quatre chapitres. 4° chapitre (p. 2h9—25h), la plante considérée comme un organisme vivant; il ne , 542 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comprend que des généralités; l'auteur y exprime ses idées sur la vie des plantes, idées que peut résumer une seule phrase. En effet, d’après lui, la force vitale n’est pas une force particulière distincte des forces physiques connues. 2° chapitre (p. 255 — 287), phénomènes d'activité de la cellule; ce sont : la nutrition et la multiplication des cellules ; le mouvement du suc cellulaire, celui des authérozoïdes dont l’auteur croit que la cause n’est pas différente de celle qui produit le mouvement du protoplasma, etc. 3° chapitre (p. 288 — 425), phénomènes d'activité de la plante considérée comme un organisme composé. Ce chapitre comprend sept paragraphes dont voici quels sont les sujets : 1° absorption de l'aliment fluide ; 2° ascension du suc nour- rieier et sa diffusion; 3° assimilation du suc nourricier; 4° sécrétions; 5° naissance et reproduction des végétaux ; 6° production de chaleur et de lumière; 7° mouvements des plantes. 4° chapitre (p. 425— 446) phéno- mènes de la vie considérés dans le développement de l'individu. Voici les sujets traités dans ce chapitre : germination ; accroissement de l’axe et des appendices; durée illimitée des plantes; mort partielle, générale et des- truction. L'ouvrage est terminé par une table bien faite par noms d'auteurs, de plantes et de matières. Lehrbuch der Anatomie und Physiologie der Gewaechse ( Traité d'anatomie et de physiologie des plantes; 2° édit., entièrement remaniée et considérablement augmentée de l’ouvrage intitulé Planzen- zelle), par le docteur Hermann Sehacht. Première division de la première partie, relative à la cellule végétale et à ses phénomènes vitaux. 4 vol. grand in-8 de viu et 304 pages. Berlin, 1855. Nous nous contenterons d'annoncer aujourd’hui la publication de cet important ouvrage, auquel le Bulletin de la Société botanique ne pourra manquer de consacrer un article spécial lorsque la première partie, qui est annoncée comme devant achever de paraître avant la fin de 1855, aura été complétée, Il est vivement à désirer que le dérangement de la santé de l'auteur ne vienne pas mettre d’entraves à la eontinuation de son œuvre. Untersuchungen ueber das peripherische Wachsthum; etc. ( Recherches sur l'accroissement périphérique des faisceaux vascu- laires du rhizome des Dicotylédons) ; par M. Chr. Vaupell. Broch. in-8° de 4h pag. et 2 plane. lithogr., Leipzig, 1855. L'auteur de ce mémoire s’est proposé d'éclairer un point fort intéressant et pourtant fort négligé jusqu'à ce jour de l’organisation des végétaux di- cotylés. Dans son introduction il définit le rhizome, l'organe par le moyen duquel, dans nos climats, persistent les plantes herbacées vivaces. Après REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 543 . quelques gereralités sur cette modification particulière des tiges vivaces, il entre dans l'étude détaillée de quelques-unes des nombreuses plantes qui la présentent. Les espèces qu'il examine sont les Primula chinensis, Lindl., elatior, Jacq., Auricula, Lin., l Anemone nemorosa, Lin., le Pulmonaria officinalis, Lin., le Nuphar lutea, Smith, l Asarum europæum, Lin., l'Om- phalodes verna, Lin., le Ranunculus acris. Lin., les Begonia peltata, Otto. et Dietr., et polygonata, Liebm. Il expose ensuite et développe les résultats généraux qui découlent de ses observations. Les particularités les plus importantes que présentent les rhizomes examinés par lui, sont les suivantes : predominance du parenchyme soit cortical soit médullaire relativement aux faisceaux vasculaires ; faible développement du prosenchyme; structure simple des faisceaux vasculaires qui, en outre, n'ont pas du tout de développement périphérique ou n’en ont qu'un faible ; cette dernière particularité exerce la plus grande influence sur la forme des rhizomes. Si l'on examine un rhizome entier, on voit que sa portion déve- loppée la première année est généralement la plus grêle, que le reste de sa longueur présente ensuite fréquemment une épaisseur à peu près uniforme, mais sou vent aussi se montre plus renflée vers son milieu ou à son extrémité. Du reste le rhizome des Dicotylédons présente une suite de modifications, quant au développement phéripherique de ses faisceaux vasculaires. 1° Chez quelques-uns, comme le Saxifraga umbrosa, Lin., et le Solidago cana- densis, Lin. , l'accroissement est aussi manifeste que dans les tiges des Dico- tylédons ligueux et il produit des couches annuelles. 2° Chez d'autres, tels que les Æieracium et le Sempervivum arboreum, cet accroissement a lieu à la vérité, mais non par couches annuelles déterminées, et il n'exerce pas d'influence appréciable sur la forme extérieure du rhizome. 3° D’autres rhizomes, comme celui du Ranunculus acris, présentent un accroissement des faisceaux vaseulaires tellement faible qu'on le reconnait seulement au moyen de mesures comparatives au microscope. 4° Ceux-ci forment le pas- Sage vers les rhizomes dans lesquels ( Primula Auricula, Anemone nemo- rosa, Pulmonaria officinalis) Vaceroissement périphérique des faisceaux vasculaires s'arrête à la deuxième période du developpement, qui dès lors ont un développement périphérique limité et qui seraient regardés comme for- Mant contraste avec les tiges dicotylédones ligneuses, chez lesquelles ce dé- veloppement périphérique est regardé comme caractéristique , si elles n'é- taient rattachées à celle-ci par les transitions qui viennent d'ètre indiquées. Les faisceaux vasculaires des rhizomes des Dicotylédons ne réunissent que très rarement les éléments constitutifs des faisceaux des tiges ; presque ja- Mais on n'y trouve des cellules libériennes ; beaucoup, peut-être même la plupart, manquent aussi de cellules liyneuses, de telie sorte que les faisceaux Sont composés en entier de vaisseaux et de cellules du cambium. Il peut y avoir une grande ressemblance de structure entre le rhizome des dhh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dicotylédons herbacés vivaces et celui des Monocotylédons; c'est ce qui a lieu, par exemple, pour celui du Primula Auricula. M. Vaupell consacre un paragraphe particulier aux cellules du cambium, vaisseaux propres de plusieurs auteurs, particulièrement au relevé historique des noms en grand nombre qu'elles ont reçus de différents botanistes et de la manière dont elles ont été envisagées. Il termine son mémoire par un para- graphe relatif à la production des faisceaux vasculaires, dans lequel il se borne à peu près à rapporter ce qu'ont dit à ce sujet MM. Mohl, Mirbel et Naudin. Les deux planches ne renferment que 8 figures d'anatomie des rhizomes du Primula Auricula, du Begonia polygonata, de V Anemone nemorosa et du Pulmonaria officinalis. Eine eigenthümliche Art der Bildungsweise vom Kar- toffelknollen. (Mode particulier de formation du tubercule de la Pomme de terre); par M. Tn. Guemgez (Flora, n° 24, 28 juin, p. 369- 370). Lors du congrès des naturalistes à Tubingue, on présenta à la réunion un tubercule de Pomme de terre qui était comme éclaté en différentes directions, et qui portait une grande quantité de petits tubercules ; mais il fut impossible d’en faire une dissection pour reconnaitre la cause de cette singulière production. M. Gümbel ayant reçu récemment un tuber- cule analogue, a pu le disséquer et reconnaître ainsi la nature de cette for- mation anormale. Ce tubercule était de la grosseur d’un œuf de poule; il était fendu transversalement, et dans sa fente était enfermé un jeune tubercule de la grosseur d’une noix. En dénudant la base de ce petit tubereule, il y a vu un pédicule qu’il a suivi à travers le tubercule-mère jusqu'à un œil ou bourgeon dont une pousse latérale avait produit ce phé- nomène. Ainsi un jet sorti au printemps d'un œil de la Pomme de terre, avait donné des pousses latérales dont une avait pénétré dans la chair du tubercule-mère, s'y était allongée quelque peu, et s'était ensuite renflée en tubercule de manière à faire éclater enfin ce tubercule-mère. Cette pousse étant un rameau à plusieurs mérithalles, comme ceux qui se développent à l'air ou dans le sol, est susceptible de se ramifier latéralement. Dès lors, elle peut donner naissance à de nombreux petits tubercules, comme dans celui qui fut mis sous les yeux du congrès des naturalistes à Tubingue. Ueber Frostspalten (Sur les fentes produites par la gelée); par M. Rob. Caspary ; avec des observations météorologiques , par M. C.-F. Schneider (Botan. Zeit., n 26, col. 449 — 462; 27, 437 — 4h82; 28, 489 — 500 ; plane. v.) On sait que, pendant les hivers rigoureux, beaucoup d'arbres tant indi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 545 genes qu'exotiques, cultivés en pleine terre, sont fendus longitudinalement par le froid, souvent jusqu’à la moelle. La formation de ces fentes est un fait bien connu ; mais on n'est pas encore suffisamment fixé sur ses détails particuliers, ni sur les causes auxquelles on doit l’attribuer. Pour s’éclairer à ce sujet, M. Caspary a profité de l'hiver dernier, pendant lequel les gelées rigoureuses des mois de janvier et de février ont produit beaucoup de fentes sur les arbres à Berlin et dans les environs. Avant d'exposer les résultats de ses propres recherches, il communique les observations météorologiques qui ont été faites par le docteur Schneider. ll en résulte qu'à Berlin les températures minima de l'hiver dernier ont été de —13°,2R. ( —16°,6 C.) le 19 janvier, de — 13° R. (—16°,3 C.) le 31 janvier, de — 190,9 R. (—24°,9 C.) le 11 février, de — 17°,8 R. (— 22,2 C.) le 20 février. En même temps il a régné presque constamment beaucoup d'humidité. Les premières observations de M. Caspary ont porté sur des arbres qui avaient été fendus auparavant par le froid et dont les fentes s'étaient cicatri- sées. Ces mêmes fentes se sont rouvertes pendant les gelées de l'hiver der- nier. L'auteur en rapporte en détail trente-trois exemples. D'après ces observations, les fentes se forment sur des arbres dont la grosseur est entre 20 centimètres et environ 1 mètre, quelquefois aussi cependant sur des troncs ou des branches de bien plus faibles proportions. Le froid nécessaire pour leur formation est toujours très considérable, au moins de — 18° ou — 19 C. , d'après les exemples cités par l'auteur. Ce fait parait avoir toujours lieu pendant la nuit. Ces fentes sont fermées ordinairement pendant l'été par de nouvelles formations ligneuses et corticales ; mais elles se rouvrent souvent l'hiver suivant. Sur les trente-trois arbres examinés avec soin par M. Caspary, vingt-sept présentaient des altérations locales ou des blessures qui avaient pu donner entrée à l'humidité et par suite aux fentes. Le botaniste allemand affirme n’avoir rien vu qui lui permette de penser que des arbres parfaite- ment sains puissent être fendus par la gelée, M. Caspary diseute les deux questions suivantes : 1° En quel espace de temps les changements de température de l'atmosphère se propagent-ils dans l'intérieur d'un arbre? 2 Les arbres que le froid a fendus étaient-ils Entièrement gelés à l'intérieur? TI n'a pas fait lui-même d'observations directes suffisantes pour résoudre soit l’une soit l'autre de ces questions, mais il examine en détail celles qui ont été publiées. — Passant ensuite à la re- Cherche des causes des fentes, il rapporte d'abord en les discutant les opinions qui ont été exprimées à ce sujet par Duhamel et Buffon, par Gaudiehaud, Par MM. Goeppert, de Vriese, ete. Celle à laquelle il a été conduit Iui- même par ses observations diffère de celles de ces auteurs : il pense que le tronc d'un arbre ne se fend que dans des endroits où le tissu a perdu sa Cohérence par l'effet de la pourriture ou d’une blessure quelconque, bien que T. IL 37 546 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du reste il puisse être sain partout ailleurs. Il reconnaît cependant que son opinion a besoin d'être appuyée sur de nouvelles observations et qu'elle ne pourra être solidement établie que lorsqu'on possédera des données suffi- santes sur les rapports qui existent entre la température des arbres et celle de l'air, ainsi que sur les changements de volume que subit le bois dans le sens de ses trois axes par differentes températures. Note on the development and strueture of the integu- ments of the seed of Magnolia. ( Note sur le développement et la structure des téguments séminaux des Magnolia); par M. Asa Gray (Hooker’s Journ. of bot., cah. d'août 1855, p. 243-245). L’enveloppe externe succulente des graines des Magnolia a été différem- ment envisagée par les botanistes. Linné, De Candolle et plusieurs autres la prennent pour un tégument séminal; Jussieu parait lavoir regardée comme un arille et M. Blume (Flora Javæ) a nettement exprimé une opinion analogue. MM. Lindley et Zuccarini ont adopté cette dernière ma- nière de voir. Endlicher l’a fait aussi, mais avec quelque hésitation. Dans son Genera Amer. bor. illustrata, vol. 1, M. Asa Gray avait admis la première de ces deux opinions et il avait nommé cette enveloppe externe le testa de lagraine, malgré sa consistance charnue, se basant sur ce qu'elle représente le tégument externe de l'ovule. Récemment M. Miers ayant cherché à dé- montrer, au contraire, que cette couche rouge est un arille, l’auteur de cette note expose aujourd’hui de nouveaux arguments en faveur de l'opinion qu'il a présentée précédemment. Par des observations suivies et, dit-il, très faciles, il s'est assuré que le tégument externe de l'ovule, auquel appartient le raphé, n’est pas couvert par une formation postérieure, arille, ni enveloppe accessoire quelconque, et que c’est bien lui qui constitue plus tard la couche extérieure rouge de la graine. Il a examiné de nouveau les ovules et les graines jeunes des Ma- gnolia glauca, umbrella, acuminata, costata, ete., et il a reconnu dans ces différentes espèces l'exactitude de son opinion. D'un autre côté, M. Miers a parfaitement établi l'existence autour de l’albumen d'un tégument membraneux, qui représente le tégument interne de l’ovule et qu’il a eu dès lors raison de nommer tégument. Or comme il existe encore une couche dure et crustacée entre ce tégument interne mem- braneux et la couche externe charnue, il restait à faire rentrer ces trois couches différentes dans les deux téguments séminaux. C'est ce que fait M. Asa Gray en montrant que le tégument séminal externe ou le testa des Magnolia devient drupacé , sa portion externe prenant la consistance char- nue, tandis que sa portion interne devient crustacée. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. DAT BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Quelques notes sur la Flore de Montpellier, par M. D.-A. Godron. Brochure in-8 de 47 pages. Besancon, 4854. (Extrait des Mé- moires de la Société d'émulation du Doubs.) Ce travail commence par une dissertation très intéressante sur l Ægilops triticoides, Requien, et sur les expériences de M. Esprit Fabre, relatives à la transformation de cette plante en blé. Mais la manière dont M. Godron explique ces curieuses expériences comme ayant pour point de départ une hybride de l Æ yilops ovata et du Triticum vulgare a été déjà exposée dans le Bulletin dans une communication de M. Godron ; nous devons donc laisser de côté cette portion de son mémoire. Après cette dissertation l’auteur s'occupe successivement d'un assez grand nombre d'espèces de la Flore de Montpellier, soit pour les décrire comme nouvelles, soit pour en signaler des localités nouvelles, soit enfin pour pré- senter des observations sur certaines d'entre elles. Dans le genre Triticum, il décrit trois espèces qu’il nomme Triticum pycnanthum, T. Pouzolzii, T. latronum. Le Triticum pycnanthum, Godr., se trouve dans les sables maritimes, à Pérols et à Mireval, près de Montpellier ; on le rencontre éga- lement sur les côtes de l'Océan. Il est intermédiaire aux T. pungens, Pers., et T. glaucum, DC., qui tous les deux sont comme lui cespiteux, et qui s'éloignent ainsi du T. repens, Linn. M. Godron distingue dans cette espèce deux variétés : « genuinum, B macrostachyum. — Le T. Pouzolzii, Godr., a été trouvé dans des marais, à Aigues-Mortes, et dans le Gard. — Le 7”. la- tronum, Godr., a été trouvé par l'auteur près de Digne, par M. Grenier, à Gap, par M. Loret, à Casteilane. Les Festuca interrupta, Desf., Atl., et spectabilis, Jan., sont nouveaux pour la France ; le premier a été trouvé à Saint-Guilhem-le- Désert, le se- cond dans le bois de Fondfroide, près de Montpellier. Le Glyceria festucæ- formis, Heynhold, est également nouveau pour la France; il croit dans les Marais salés, à Vic, près de Montpellier. — Le Lolium rigidum, Gaud., est beaucoup plus commun à Montpellier que le Lolium perenne. — Un Cares, commun dans les sables maritimes, sur la piage de Montpellier et de Cette, est décrit comme sous le nom de C. setifolia, Godr. — L'Ornithogalum tenuifolium, Guss., à bulbe solide et sans buibilles, n’est pas rare autour de Montpellier, sur les côteaux arides; il est nouveau pour la France. Une Production très abondante de bulbilles stipités autour du bulbe-mère a fait dunner par M. Godron le nom d'Ori,thogalum paterfamilias à une autre Plante decrite par lui comme nouvelle, qui croit dans les sables maritimes, non loin des salines de Cette. — L'/ris æiphium, Linn., a été découvert, Pour la première fois en France, par le frere Inde,eroissant abondamment 548 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans les prairies maritimes de Roque-Haute, entre Agde et Béziers. — EL’ Euphorbia longibracteata, DC., FI. fr., n'est qu'un Æ. segetalis dans lequel s’est opérée une métamorphose des bractees en feuilles, comme cela arrive quelquefois chez les Æ. C'yparissias, nicæensis, amygdaloïdes, ete. — L'E. flavicoma, DC., Hort. monsp. (E. pilosa, Vill. non Linn.; Æ. suf- fruticulosa, Lecoq et Lamot., Catal.), est une bonne espèce assez commune dans les montagnes de l Hérault, qui se rapproche de VE. verrucosa par ses ombelles jaunes pendant l’anthèse, et de lZ. spinosa par son port et par ses tiges de l'année précédente, qui persistent. — Le Thesium divaricatum, Jan. , est nouveau pour le midi, et on le trouve communément sur les mon~ tagnes calcaires de l'Hérault, dans les Alpes de la Provence et dans les Pyrénées-Orientales. — L’ Atriplex crassifolia, C.-A. Meyer, non signalé en France, est commun sur tout le littoral de la Méditerranée et de l'Océan. — L'Amarantus Blitum, Godr., FI. Lor. et FI. de Fr., est l'Euxolus viridis, Moq. in DC. Prod. — Le Calendula parviflora, Rafin., nouveau pour la France, est commun à Béziers et à Pézénas. — Le Leucanthemum mazimum, de la Flore de France, pour la localité de l'Espérou, est le Z. atratum, DC., Prod. — Le Scleranthus polycarpos, Linn., indiqué à Mont- pellier par le botaniste suédois, qui l'avait reçu de Sauvages, a été retrouvé par M. Godron à l’Escandorgues, près de Lodève, et à Ganges. Le Silene dichotoma, Ehrh., nouveau pour la France, croît à Montpellier, à Mar- seille, à Toulon, à Castellane. — Le Viola suavis, M. Bieb., qui ne figure pas dans la Flore de France, est commun dans les prairies, à Montpellier. — Le Cistus ladaniferus, Linn., a présenté à l’auteur, près de Saint-Chinian, une variété à pétales dépourvus de leur tache purpurine habituelle, qu'il nomme C. l. immaculatus. — Un Nasturtium commun sur les bords du Lez et de la Mosson, près de Montpellier, est décrit comme nouveau sous le nom de IV. stenocarpum, Godr. L'auteur pense qu'il a pour synonyme le N. anceps, Bertol., non DC. — Le Papaver setigerum, DC., ne diffère pas du Papaver hortense, l'espèce fréquemment cultivée comme plante d'orne- ment, que Linné avait réunie sous le nom commun de Papaver somniferum, avec le P. officinale à grosses capsules et à graines blanches, cultivé en grand pour la fabrication de l'huile d’œillette. Flore de Namur, ou description des plantes soit spontanées , soil cultivées en grand dans la province de Namur, observées depuis 1850; accompagnée de tableaux analytiques, des étymologies des noms, des propriétés des plantes, ete., par M. A. Bellynek, de la compagnie de Jésus, prof. d'hist. nat. au collége N.-D. de la Paix ; 4 vol. in-8° de XXXII et 355 pages; Namur et Bruxelles, 1855. Cet ouvrage porte la dédicace suivante : « A Marr conçue sans péché: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 519 mère de Dreu, toujours vierge, Reine du ciel et de la terre, protectrice de Namur. » Dans une préface de 6 pages l’auteur expose, en autant d'alinéas dis- tincts, le but et le plan de son ouvrage, et les moyens d'exécution auxquels il a pu recourir. TI donne ensuite les notions préliminaires indispensables pour se servir de sa Flore, savoir: une énumération en deux pages des organes des plantes ; les indications nécessaires pour le botaniste commen- çant qui veut réunir les éléments d'un herbier; un vocabulaire des termes employés pour la description des plantes ; un tableau général des familles qui figurent dans l'ouvrage; enfin, des tableaux analytiques conduisant aux familles qui renferment plus de trois genres, et aux genres. Le corps même de la Flore de Namur comprend les p'antes vasculaires qui composent la végétation de la province de ce nom. L'auteur avait présenté en 1851 à l'Académie royale de Belgique un catalogue d'environ 700 espèces de Cryptogames observées dans les enviroas de la ville. Depuis cette époque il a étendu ses recherches aux Phanérogames et son ouvrage est le fruit des observations qu'il a faites depuis cette époque. Il aurait pu, dit-il, grossir notablement le chiffre de ses plantes en admettant toutes les indications qui lui ont été fournies ou qu'il a trouvées dans les auteurs; mais il s'était fait une loi de ne mentionner aucune espèce sans l'avoir vue. Il a suivi l’ordre des familles naturelles modifié par De Candolle et tel qu'il se trouve dans la Flore de MM. Cosson et Germain. L'ouvrage de M. Bellynck renferme la description de 1096 plantes vas- culaires, et un addenda qui le suit porte ce nombre à 1116. Il est écrit en- tiérement en français. Pour tous les noms de genres et de familles, l'auteur donne avec soin l'étymologie. Les caractères des familles sont présentés par lui avec assez de développement ; ceux des genres sont plus suecinets, mais Parfaitement suffisants pour un ouvrage destiné aux herborisations ; enfin les espèces fournissent chacune le sujet d’une description abrégée, mais suf- fisante, dans laquelle l'ordre adopté est celui de la végétation. Parmi tous ces Caractères, des italiques mettent en relief ceux qui distinguent le plus essentiellement les familles, les genres et les espèces. L'époque de la flo- raison, la rareté ou la fréquence, les localités sont indiquées avec soin. Quant à la synonymie, c’est la partie à laquelle l’auteur a cru pouvoir donner le moins d'attention. Elle se compose uniquement du nom admis, sans autre indication que celle du nom même de l'auteur et çà et là des synonymes qui ont paru indispensables, toujours sans la citation des ouvrages qui les ren- ferment, et sans désignation de figures dont l'examen puisse servir à lever les doutes que laisseraient les descriptions. La Flore de Namur est d'une exécution typographique remarquable par Sa netteté et par la variété des caractères qui en distinguent les divisions et subdivisions. 550 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Flora Bremensis. Index plantarum Vascularium circa Bremam urbem sponte crescentium. 1 pet. vol. in-18 de 80 pag., sans nom d'auteur. Brème, 1855. Ce petit livre porte double titre, en latin et en allemand. A part les noms latins des plantes, il est écrit en entier en allemand. Dans une courte pré- face, les auteurs anonymes, car ils paraissent y avoir travaillé plusieurs ensemble, présentent l'indication des botanistes qui se sont occupés des plantes des environs de Brême. Ce sont Roth, les deux frères Treviranus, Mertens, et aussi le docteur Rhode et le docteur Becher qui ont mis à cette étude moins de soin et de temps que les premiers. Les travaux de Roth sur ces plantes sont disséminés dans ses ouvrages; ceux des deux frères Trevi- ranus leur ont fourni le sujet d'un manuscrit intitulé : £/enchus plantarum in agro urbis Bremæ sponte crescentium, qui se trouve dans le musée de Brème, et d’une Flore également manuscrite , qui a été rédigée par L.-C. Treviranus en 1809— 1811. On trouve un catalogue, mais sans indication de localités, des Phanérogames et des Cryptogames (les Champignons excep- tés) de cette Flore dans le deuxième volume d’un ouvrage du docteur Phil. Heinecken , intitulé : Die freie Hansestadt Bremen und ihr Gebiet, qui a paru en 1837. La Flora bremensis est un simple catalogue presque toujours sans syno- nymie, dans lequel les auteurs se sont attachés avec un soin tout particulier a l'indication des localités où croissent les plantes. Ils ont ajouté à cette in- dication celle de l’époque de la floraison. Ils ont adopté l'ordre des familles naturelles et les noms des plantes tels qu'on les trouve dans le Synopsis de M. Koch. Ils ont fait ainsi un ouvrage dont l'intérêt est uniquement local. Icones Floræ germanicæ et helveticæ simul terrarum adjacentium ergo mediæ Europæ, Auctoribus l. Reichenbach et H.-G. Reichenbach fil. Vol. XVII, decas XI et XII. In-4°. Lipsiæ. Voici l'indication des espèces figurées dans les deux nouvelles décades de ce grand ouvrage. Décade XI. PI. 1152. Monotropa Hypopitys, Lin. : a. hirsuta, Roth; b. glabra, Roth. — PI. 1153. Pyrola rotundifolia, Lin. : var. arenaria, Koch ; var. orthostyla, — PI. 1154. Pyrola chlorantha, Sw.; P. media, Sw. — PI. 1155. P. secunda, Lin. ; P. minor, Lin. — PI. 4156. P. uni- flora, Lin. ; P. umbellata, Lin. — PI. 4457. Rhododendron intermedium, Tausch; Rh. myrtifolium, Schott, Kotsehy; Rhodothamnus Chamæcistus, Rehb. — PI. 1158. Rhododendron ferrugineum, Lin.; Rh. birsutum , Lin.; 4. latifolium, Koch. — PI. 1159. Anthodendron ponticum, Rchb. ; Azalea procumbens, Lin. — PI. 1160. Ledum palustre, Lin. ; Phyllodoce REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 cærulea, Fries. — PI. 1161. Andromeda polifolia, Linn. ; Cassandra caly- culata, Don. Décade XIT. PI. 1452. Bruckenthalia spiculiflora, Rchb. ; Calluna vul- garis, Salisb.; Call. vulg. var. incana. — PI. 1154. Erica Tetralix, Lin. ; Er. tetr, var. anandra, Rich.; Er. cinerea, Lin. — PI. 1154. Er. arborea, Lin.; Er. vagans, Lin.; Er. scoparia, Lin. — PI. 1155. — Er. carnea, Lin.; Er. multiflora, Lin. — PI. 1156. Er. mediterranea, Lin.; Er. car- nea, Lin., var. urceolaris; Er. verticillata, Forsk. — PI. 1157. Arbutus Unedo, Lin. ; Arctostaphylos Uva-Ursi, Spr. ; A. alpina, Spr. — PI. 1158. Vaccinium Vitis-idæa, Lin.; V. vit. id., 4., acutifolium; V. uliginosum, Lin. — PI. 4459. V. Myrtillus, Lin.; V. M., var. platyantha: V. inter- medium, Ruthe; Oxycoccos vulgaris, Pers. — PI. 1160. Linnæa borea- lis, Lin.; Viburnum Tinus, Lin. — PI. 4461. Vib. Lantana, Lin. ; Vib. Opulus, Lin. Abbildungen von mehr als 30,090 Pflanzenarten (Figures de plus de 30,000 espèces de plantes, disposées d'après le système de Linné, avec l'indication des familles naturelles); par le docteur D. Die- trich. 8° livraison ; in-4°, Lena, 4855. Cet ouvrage est une reproduction à part des figures qui composent l'En- Cyclopédie des plantes de M. Dietrich. On y a joint beaucoup de figures nouvelles. L'objet que s'est proposé l'auteur a eté de donner à bon marché un très grand nombre de figures de plantes. Pour cela il a donné à ses figures des proportions assez faibles pour en réunir généralement de 30 à 43 sur chaque planche. Seulement il a eu le soin d'indiquer par une fraction, à côté de chaque plante, dans quelle proportion elle a été réduite. Ces figures sont gravées sur cuivre et assez remarquables par leur netteté. Seulement comme elles ne représentent que des ports sans détails analyti- ques, elles n'ont guère d'utilité réelle que pour les horticulteurs auxquels elles permettent de reconnaitre les plantes d'après leur configuration géné- rale. Aucun texte descriptif n'accompagne les planches. La livraison 8 qui vient de paraitre renferme 30 planches qui, à raison de 20 figures, au moins, par planche, en renferment au moins 600, 12 de ces planches sont remplies par des fitures d'Orenidees, qui ont eté moins ré- duites que la généralité des autres plantes et disposées par 20 sur chaque Planche, Les 24 feuilles consacrées à cette famille sont tirées et vendues à Part, On annonce que l'ouvrage entier aura 30 livraisons, 552 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Note on Bursinopetalum, R. Wight, Icon. ( Note sur le Bursi- nopetalum R. Wight); par M. G. H. K. Thwaites ( Hooker’s Journ. of bot., cab. d'août 1855, p. 242-243 ). Des botanistes éminents ont exprimé des opinions divergentes relative- ment à la place que doit occuper ce genre. M. Rob. Wight qui l’a établi, le range parmi les Olacacées, et Gardner partageait cette manière de voir. Au contraire, M. Miers croit que sa place naturelle est parmi les Aquifo- liacées. M. Thwaites pense, de son côté, que les affinités naturelles de ce genre le rattachent plus sûrement aux Araliacées dont il possède les carac- tères les plus importants. Il est vrai que le Bursinopetalum a un ovaire uniloculaire ; mais la structure de son stigmate semble indiquer l'existence probable de plantes très voisines et pourvues d’ovaires pluriloculaires. Sa fleur ressemble beaucoup à celle d’un Hedera dont elle a l'ovaire infère, la large glande épigyne, le style pyramidal, les pétales à large base, valvaires et tombant de bonne heure ainsi que les étamines. En outre, son ovule ana- trope pend du haut de la loge ovarienne ; sa graine est entièrement adnée au tube du calice et elle porte au sommet les dents de ce dernier ainsi que la cicatrice de la grande glande épigyne; les articulations des rameaux de l'inflorescence sont contractées ; enfin du tronc de cet arbre exsude un suc résineux comme chez le Hedera terebinthacea. En disséquant les graines de cet arbre M. Thwaites y a trouvé un embryon à cotylédons étroits, presque égal en longueur à l’albumen qu'il traverse. Begoniaccen-Gattungen und Arten (Genres et espèces des Bégoniacées); par M. J.-F. Klotzsch. (Tirage à part d'un travail inséré dans les Mémoires de l’ Acad. roy. des sciences de Berlin ; in-4 de 135 pages et 12 planches de figures analytiques lithographiées.) Ce grand travail aurait pour résultat, si les idées de son savant auteur étaient adoptées, de subdiviser le genre Begonia L., admis jusqu’à ce jour par la presque universalité des botanistes comme unique dans la famille à laquelle il donne son nom, en quarante et un genres distincts et séparés. Il est douteux que les botanistes admettent comme suffisamment fondées toutes les distinctions génériques établies par le savant de Berlin; mais, dans tous les cas, le travail consciencieux où elles sont proposées aura jeté beaucoup de jour sur l’organisation de ces plantes aujourd'hui très répandues dans les jardins et dont le nombre s'accroit tous les jours avec une rapidité surpre- nante, Le mémoire de M. Klotzsch mérite done de fixer l'attention des bota- nistes et des horticulteurs. an étudiant à fond l’organisation des Bégoniacées, M. Klotzsch a reconnu dans ces plantes des caractères de divers ordres sur lesquels il a cru pouvoir baser l'établissement de ses nouveaux genres, Voiei quels sont ces caractères : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 553 1° La durée des styles qui persistent ou bien qui se détachent avant la ma- turité du fruit. 2° L'état des branches stylaires et la distribution ainsi que l'arrangement des papilles stigmatiques ; ces branches sont tantôt dressées, tantôt étalées de manière à former entre elles un angle très obtus. Les pa- pilles sont tantôt distribuées uniformément sur tout l'appareil stylaire, tantôt elles y forment un simple ruban spiral autour des branches du style, qui s’interrompt au-dessus du niveau où ces branches se réunissent ou qui se continue d'une branche à l’autre. 3° Le nombre des loges de l'ovaire qui fournit des caractères constants sans exception et qui est tantôt de deux, tantôt de trois. 4° La consistance et la déhiscence des fruits. 5° Le nombre des pièces de l'enveloppe florale dans les fleurs des deux sexes. 6° La con- figuration des placentaires qui est facile à reconnaitre par des coupes trans- versales ; ils sont tantôt divisés et tantôt indivis; leurs lames sont presque toujours couvertes d’ovules sur les deux faces, tandis que, dans des cas rares, elles n’en portent que sur leur face externe, ete. 7° L'état des étamines, la longueur du filet relativement à l'anthère, sa liberté ou sa soudure et son genre de soudure, la déhiscence, ete. 8° L’estivation. Enfin à ces caracteres de grande valeur pour l'établissement des genres il faut joindre l’inflores- cence, la distribution des sexes, le nombre et la situation des bractées, ete. Quant aux affinités des Bégoniacées, on sait que les botanistes depuis Jussieu les ont envisagées de manières très diverses. Après qu’on a eu essayé presque tous les rapprochements avec les plantes vivantes, M. Rob. Wight en est venu à penser qu'on devait chercher ces affinités non relativement aux espèces vivantes, mais bien à des espèces fossiles. M. Klotzsch se montre disposé à admettre cette dernière hypothèse. Il va même plus loin. « Si l'on veut, dit-il, se lancer sous ce rapport dans le champ des hypo- thèses, il vaudra mieux admettre que les affinités des Bégoniacées se trou- veront plus vraisemblablement dans une création future que dans le présent ou le passé. » Voici le tableau méthodique des genres admis par M. Klotzsch. BEGONIACEÆ. I. SrepHanocarpex. Stylus persistens. À. Begoniaceæ. Stylorum rami subglabri, fascia papillosa Spiraliter torta instructi. a. Interruptæ. Stylor. rami fascia papillosa interrupta instructi, 1. Huszia, KI. — 2. Eupetalum, Lind. — 3. Barya, KI. h. Continue. Stylorum rami fascia papillosa continua instructi. + Flores masculi 4 —, feminei 5 — petali. * Placentæ longitudinaliter fissæ. h. Begonia, Plum. — 5. Saueria, KI. — 6. Knesebeckia, Ki. — 7. Gaerdtia, KI. 554 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ** Placentæ integræ pedicellatæ. 8. Trendelenburgia, Ki. — 9. Ewaldia, KI. — 10. Reichenheimia, Ki.—11. Gurltia, KI. — 12. Scheidweileria, KI. — 13. Lepsia, KI. — 14. Doratometra, KI. — 15. Steineria, KI. — 16. Pilde- ria, KI. ++ Flores masculi 4 —, feminei 4 — petali. 17. Mezierea, Gaudic. +++ Flores masculi 4 —, feminei 3 — petali. * Placentæ longitudinaliter fissæ. 18. Rachia, KI. — 19. Diploclinium, R. Wight. ** Placentæ integræ pedicellatæ. 20. Maitscherlichia, KI. +++ Flores maseuli 2 —, feminei 6 — petali. * Placentæ longitudinaliter fissæ. 21. Petermannia, KI. — 22. Moschkowitzia, KI. — 23. Donaldia, KL. ** Placentæ integræ pedicellatæ. 2h. Augustia, KI. ttit Flores maseuli 2 —, feminei 3 — petali. 25. Trachelanthus, KI. titiri Flores masculi et feminei 2 — petali. * Placentæ longitudinaliter fissæ. 26. Gireoudia, KI. — 27. Rossmannia, Kl. — 28. Cyathocnemis, KI. — 29. Magnusia, KI. ** Placentæ integræ pedicellatæ. 30. Haagea, KI. B. Pritzelieæ. Stylorum rami undique papillosi. + Flores masculi 4 —, feminei 5 — petali. * Placentæ longitudinaliter fissæ. 34. Titelbachia, Ki. ** Placentæ integræ pedicellatæ. 32. Pritzelia, KI. — 33. Wageneria, KI. I. Gymnocarpe®æ. Stylus deciduus. À. Platycentreæ. Stylorum rami subglabri, fascia papillosa spiraliter torta instructi. Capsula inflexa inæqualiter trialata bilocularis. 3h. Weilbachia, KI. et Oerst. — 35. Lauchea, KI. — 36. Platy- centrum, KI. B. Isopterideæ. Stylus usque ad basim tripartitus. Rami simplices multifidi aut multipartiti teretiusculi aut compressi, nunquam tortuosi, undique-rarissime apice tantum papillosi. Fructus erectus trilocularis triangularis, nee membranaceus, anguli cornuti aut compresso-gibbosi. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 556 37. Caspurya, K\. — 38. Stiradotheca, KI. — 39. Putzeysia, KI. — h0. Jsopteris, KI. — 41. Sassea, KI. De la famille des Aurantiacées: thèse pour le doctorat en médecine, présentée et soutenue le 20 août 1855, devant la Faculté de médecine de Paris, par M. H.-E. Baillon. Brochure in-4 de 59 pages. Paris, 1855. Ce travail est une monographie de la famille des Aurantiacées et des genres qui la composent, à laquelle l’auteur a joint un chapitre qu'appelait nécessairement la nature de son travail, relativement à l'utilité des espèces de ce groupe naturel; il comprend les sept chapitres dont voici le résumé ou le titre : I. Caractères généraux de la famille et examen comparatif des genres. — L'auteur examine ici successivement : 1° Les organes de la végétation, parmi lesquels les feuilles se font remarquer en particulier, soit par la dé- gradation progressive qu’elles présentent, depuis le Bergera et Cookia, où elles sont imparipennées, à folioles tres nombreuses, jusqu'aux Citrus et Glycosmis, qui les montrent, d'après l'expression admise, composées- unifo- liolées, soit par l'abondance des glandes vésiculaires, situées à des niveaux divers dans l'épaisseur de leur parenchyme ; 2° les organes de la reproduc- tion, que M. Baillon décrit en détail, pour la fleur, dans deux types (7ri- Phasia trifoliata et Citrus), dont il fait ensuite dériver les fleurs de tous les autres genres. En procédant de cette sorte, il rattache aux Citrus les Feronia et les Ægle, dont les premiers en diffèrent surtout par leur ovaire, seulement à 5 loges, tandis que les derniers s’en distinguent par leurs éta- mines libres; d’un autre côté il ramène au type du Triphasia la généralité des autres genres de la famille. Ainsi un Bergera revient à un Triphasia à 2 loges ovariennes uni-ovulées et à symétrie florale quinaire; un Glycosmis est un Zriphasia à symétrie régulièrement quinaire et diplostemone ; les Limonia sont des Glycosmis, mais a loges ovariennes contenant chacune deux ovules collatéraux, suspendus; la superposition des ovules, avec la même organisation florale, donne les Cookia. Les Micromelum et Parami- gnya, également à deux ovules superposés, se distinguent tres peu des Cookia. Les Sclerostylis ont l'ovaire triloculaire du 7riphasia, mais avee deux ovules collatéraux dans chaque loge, et leurs autres verticilles floraux sont Quinaires. Du Bergera on peut faire dériver les Murraya à ovaire également biloculaire, mais avec 2 ovules superposés dans chaque loge, et avec une Symétrie quinaire, et les /?/ssoa, distingués par une symetrie quaternaire et les 2 loges ovariennes, à 2 ovules collatéraux. Le Clausena a la fleur des Rissoa, avec h loges ovariennes à 2 ovules superposés. Le genre Atalantia a le type floral du Sclerostylis, et ses 3 ou 4 loges à 2 ovules collatéraux, 556 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais avec des étamines monadelphes en tube continu. Enfin le genre Luvunga a l'ovaire du Æissoa, à 2 loges bi-ovulées, mais avec les ovules superposés, et d'ailleurs ses étamines sont monadelphes. Le fruit est aussi décrit avec détails dans son organisation remarquable et dans celle de ses graines sin- gulières, chez les Citrus, par leur fréquente polyembryonie, et souvent aussi par leur germination précoce dans l'intérieur du péricarpe. IT, Affinités de la famille et discussion des caractères génériques. — Sous le premier rapport l'auteur adopte la place assignée par M. Brongniart aux Aurantiacées, entre les Méliacées et les Amyridées. Pour la distinction des genres, il admet, comme caractères de valeur supérieure, le nombre des ovules dans chaque loge ovarienne, celui des loges elles-mêmes, enfin la soudure ou l'indépendance des étamines. Il donne le tableau synoptique des genres d’après ces trois caractères, et ensuite il expose (LHI) les caractères détaillés de chacun d’eux en les rattachant à 4 sections: A. TRIPHASIÉES. Fleurs diplostémonées, loges de l'ovaire uni-ovulées. Triphasia, Lour. ; Bergera, Kœnig; Glycosmis, Correa. B. Limoniées. Fleurs diplostémonées, 2 ovules collatéraux dans chaque loge. Rissoa, Arnott; Sclerostylis, Blume; Atalantia, Corr.; Limonia, Linn. C. CLausénées. Fleurs diplostémonées, 2 ovules superposés dans chaque loge. Murraya, Kæœænig; Clausena, Burm. ; Cookia, Sonnerat;? Paramignya, R. Wight;? Micromelum, Blume; Luvunga, Hamil. D. Crraéss. Étamines multiples, loges multi-ovulées. Feronia, Corr. ; Æ gle, Corr. ; Citrus, Linn. IV. Des espèces, des variétés et des monstruosités. — Dans ce chapitre, court et à peu près uniquement historique, l'auteur admet tous les Citrus et leurs nombreuses variétés comme rentrant dans une seule espèce, le Citrus Aurantium. Il s'étend très peu sur les monstruosités. V. Organogénie de la fleur et développement de la pulpe et des glandes. L'organogénie florale est présentée d’après le travail de M. Payer sur l'Oranger. Un paragraphe particulier est consacré au développement de la pulpe qui remplit les loges du fruit můr de l'Oranger, et à celui des glandes vésiculeuses, remplis d'huile essentielle, qui existent en grand nombre à une très faible profondeur sous la surface du péricarpe. Ce para- graphe intéressant renferme les résultats d'observations microscopiques propres à l’auteur ; il ajoute des détails curieux à ce que l'on savait déjà sur ce sujet. VI. Distribution géographique, VII. Indication des espèces utiles. — Nous nous contentons d’indiquer ces deux chapitres par leur titre. Tabulæ phycologicæ oder Abbildungen der Tange (Plan- ches phycologiques ou figures des Algues); par le docteur Friedrich REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 557 Traugott Kützing. In-8°. Nordhausen, 1855. V° vol., livr. 46—50, plane. 51 — 100. Un nouveau demi-volume de cet important mais coûteux ouvrage vient de paraitre. Il renferme 50 planches dont nous indiquerons les sujets. Planche 51. Ectocarpus polycarpus, E. refractus. — 52. E. Sandrianus, E. Hincksiæ. — 53. E. siliculosus, E. capensis. — 54. E. abbreviatus, E. major. — 55. E. ceratoides, E. lumbricalis. — 56. E. approximatus, E. Vidovichii. — 57. E. acanthoides, E. breviarticulatus. — 58. E. gracil- limus, E. rufulus. — 59. E. divaricatus, E. corymbosus. — 60. E. ochra- ceus, E. radiciformis. — 61. E. flagelliformis, E. subulatus. — 62. E. irre- gularis, E. cespitulus. — 63. E. squarrosus, E. spalatinus. — 64. E. dra- parnaldiæformis, E. macroceras. — 65. E. venetus, E. rigidus. — 66. E. Oedogonium, E. fluviatilis. — 67. E. ochroleucus, E. patens. — 68. E. rufus, E. oophorus. — 69. E. Kochianus, E. bombycinus. — 70. E. humilis, E. crinitus. — 71. E. rigidulus, E. parvulus. — 72. E. lanosus, E. arabi- cus. — 73. E. tenellus, E. monocarpus. — 74. E. onustus, E. velutinus, E. terminalis. — 75. E. simpliciusculus, E. erectus. — 76. E. littoralis, E. compactus. — 77. E. auratus, E. subverticillatus. — 78. E. ramel- losus. — 79. Corticularia verminosa. — 80. C. arcta, C. fuscata. — 81. C. brachiata, C. tenella. — 82. Sporacantbus cristatus. — 83. Spongonema tomentosum, S. castaneum. — 84. S. ferrugineum. Trichopteris Mertensi. — 85. Halopteris filicina, H. sertularia. — 86. Sphacelaria rigidula, Sph. rutilans, Sph. firmula. — 87. Sph. nana, Spb. pusilla, Sph. radicans. — 88. Sph. brachygona, Sph. cirrhosa, Sph. capensis. — 89. Sph. rhizophora, Sph. tribuloides, Sph. t. B mexicana. — 90. Spk. rigida, Sph. furcigera, Sph. fusca. — 91. Sph. fulva, Sph. pennata, Sph. irregularis. — 92. Sph. cervicornis, Sph. spinulosa. — 93. Sph. scoparioides. — 94. Sph. olivacea, Sph. tenuis. — 95. Stypocaulon bipinnatum. — 96. St. scoparium. — 97. St. funiculare. — 98. St. filare. — 99. St. hordeaceum. — 100. Spon- gomorpha Muelleri. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Abhandlungen der kaiserlich-koeniglichen geologis- chen Reichsanstalt ( Mémoires de l'Institut impérial et royal géologique); 2° vol.; pet. in-fol. de VI, 8, 118, 7h et 48 pag., avec 8 plane. lithogr.; Vienne, 1855. Ce magnifique volume, quoique publié en 1855, renferme des mémoires pour la plupart d’une date antérieure, mais dont la publication avait été re- tardée soit par le temps nécessaire pour l'exécution des figures en grand nombre qui les accompagnent, soit par d’autres motifs. Il est presque en- 358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tièrement consacré à la botanique fossile, à la phyto-palæontologie, comme on appelle cette branche de la science que, pour cause d’euphonie et d'abréviation à la fois, nous aimerions mieux nommer Palæphytologie. Voici le relevé des mémoires qu'il renferme. 4. Die T'ertiaer-Floren der oesterreichischen Monarchie ( Flores tertiaires de la monarchie autrichienne, n° I. Flore fossile des environs de Vienne); par le docteur Constantin d'Ettingshausen. Mémoire de 36 pag. et 5 planch. 2. Dietertiaere Flora von Haering in Tirol (Flore tertiaire de Haering dans le Tirol); par le docteur Constantin d’'Ettingshausen, Mémoire de 118 pages et 31 planches. 3. Die Steinkohlenflora von Radnitz in Boehmen (Flore de la formation houillère de Radnitz en Bohème); par le docteur Constantin d’Ettings- hausen. Mémoire de 74 pages et 29 planches. h. Tertiaer-Flora vou Szakadat und Thalheim in Siebenbürgen (Flore tertiaire de Szakadat et Thalheim dans le Siebenbürgen) ; par M. K. J. An- drae. Mémoire de 48 pages et 12 planches. Nous aurions désiré donner le relevé des espèces figurées dans les quatre grands mémoires de MM. d'Ettivgshausen et Andrae. Mais le nombre con- sidérable de celles que représentent les 78 grandes et belles planches formant l'illustration de ces importants travaux aurait donné à cette simple énumé- ration une longueur telle qu’elle aurait dépassé les limites imposées aux ar- ticles de notre Revue bibliographique, et nous avons dû y renoncer, quoique à regret. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Der sichere Führer in der Obstkunde (Ze guide le plus sûr pour la pomologie, par voie botanico-pomologique, où Description systématique de toutes les sortes d'arbres fruitiers; avec la nomenclature, les noms des auteurs, les noms provinciaux et les synonymes, l'indication de l'origine, de l'introduction, de l'époque de la maturation, de la durée, du degré de bonte, de l'usage, de la culture, etc. ); par M. Friedr. Jak. Dochnalil, in-18 carré, de XXIV et 369 pages, Nürnberg, 1855. 1‘ volume, con- tenant les Pommiers. L'ouvrage que commence à publier M. Dochnahl aura une grande importance pour la pomologie. L'auteur, rédacteur en chef du journal alle- mand Pomona, qui est spécialement consacré à la pomologie, connait par- faitement les fruits et il a tracé pour son livre un plan qui lui permettra d'y exposer l'histoire complète des variétés presque innombrables qui existent aujourd'hui dans les jardins Son Guide aura l volumes consacrés : le pre- mier aux Pommiers; c'est celui qui fait le sujet de cet article ; le second aux Poiriers ; le troisième aux arbres fruitiers à noyau ; le quatrième aux fruits en baie et autres. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 559 Le 1°" volume qui vient de paraitre renferme l’histoire de 1263 variétés de pommes rapportées à 15 sections. L'histoire de chacune de ces variétés ren- ferme un synonymie étendue, une dénomination latine, une description faite avec beaucoup de soin et, autant qu'il est possible, avec la forme et la ri- gueur des descriptions botaniques, enfin les différentes et utiles indications que signale le titre dont nous avons donné la traduction. Il est à désirer que cet ouvrage utile soit publié en entier et aussi promptement que l’auteur annonce vouloir le faire. NOUVELLES. — L'académie des sciences de Berlin, dans sa séance du 26 juillet dernier, a nommé membres correspondants, dans sa classe physico-mathématique MM. Franz Unger, à Vienne ; Asa Gray, à Cambridge (États-Unis); George Bentham, à Kew, près de Londres. | — M. Georges Schnittspahn vient d'être nommé directeur du jardin bo- tanique de Darmstadt. NécroLocie. — Le 21 juin de cette année, est mort à Munich le doc- teur Fried.-Carl-Joseph, baron de Strauss, conseiller d'État de Bavière, membre honoraire de l'Académie royale des sciences de Bavière, ete. Il était né à Mayence le 3 juillet 1787. Tres jeune encore, il se rendit à Ratisbonne, où il étudia la botanique sous Hoppe, Duval, Bray et Stern- berg. Il s’adonna particulièrement à l'étude des Champignons, dont il a continué de s'occuper avec beaucoup d'intérêt pendant toute sa vie, et au sujet desquels il a publié plusieurs travaux (voy. Wetterauer Annalen, vol. I et II; Gazette botan. de Ratisbonne, 1805 et 1850 ; Champignons de l'Allemagne, par Sturm, cah. 33 et 34). Il étudia en médecine à Gættingue, et, à la fin de ses études, en 1809, il se livra à la pratique, dans laquelle il s'éleva bientôt à une position distinguée. En 1852, il reçut le diplôme, 4o- noris causä, de docteur de la Faculté de philosophie de Würzbourg, et fut nommé membre honoraire de l’ Académie des sciences de Bavière. (Botan. Zeit., 3 août 1855.) Plantes à vendre. — M. de Heldreich, dont les collections ont déjà été annoncées dans le Bulletin de la Société, numero de janvier 1855, est à même de fournir aux botanistes de nouvelles centuries de plantes de Grèce au prix de 25 francs ; il tient également à la disposition des botanistes 150 espèces recueillies cette année sur le mont Parnasse; le prix de cette derniere collection est de 45 francs. S'adresser à M. Bourgeau, rue Saint-Claude, 14 (au Marais), corres- pondant de M. de Heldreich, à Paris. 560 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — M. Durando, qui a passé plusieurs années à Saint-Denis-du-Sig, dans la province d'Oran, et ensuite à Alger, devant prochainement quitter l'Al- gérie, offre aux botanistes les plantes qu’il y a recueillies, au prix de 15 francs la centurie; le prix de la centurie ne sera que de 10 francs pour les souscripteurs à la collection complète, qui se compose de 1000 espèces environ. S'adresser à M. Durando, rue Sinaï, 8, à Alger. — Collections de plantes sèches recueillies par M. Perrotet, comprenant : 4° Plantes de la Martinique, 20 espèces. 2° Sénégal, collections de 142, 119, 95 et jusqu’à 20 espèces. 3° Ile Maurice, collections de 21, 34, 20 espèces. h° Ile Bourbon, 21 espèces. 5° Collections célèbres des montagnes des Neilgheries, dans l'Inde, de- puis 598, 552, 545, ete., jusqu'à 25 espèces. 6° Collections de Pondichéry, comprenant depuis 107 jusqu’à 20 espèces. Tous les échantillons ont été passés au sublimé corrosif. On peut demander à volonté la série complète ou la collection de tel pays que l’on préfère. Le prix de la centurie est fixé à 25 francs ou l'espèce à 25 centimes. Adresser les demandes (P. F) au secrétariat de la Société ou à M. Graves, rue de Verneuil, 51, à Paris. BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés dans le 3° trimestre de 1855. Schuchardt. — Beitræge zur Kenntniss der Radix Ratanhiæ (Note relative à la racine de Ratanhia) ; n° 31, col. 537 — 544 ; n° 32, col. 553 — 558; planche vi. Schlechtendal, D.-F.-L. v. — Abnorme Blattbildungen (Formations anor- males de feuilles) ; n° 32, col. 558 — 562. Regel, E. — Zur Ægilops Frage (Sur la question de l'Ægilops) ; n°35, col. 569 — 573. Schlechtendal, D.-F.-L. v. — Ueber Willdenow's Zoysia pungens. Eine kritische Betrachtung. (Sur le Zoysia pungens, Willd. ; Remarques cri- tiques) ; n° 34, col. 585 — 590. Schlechtendal, D.-F.-L. v. — Scirpus pumilus, Vahl's, eine zweifelhafte Pflanze (Le Scirpus pumilus de Vahl, plante douteuse) ; n° 34, col, 590 — 591. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A S'en SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS EN AOUT 1855. La Société s’est réunie en session extraordinaire, à Paris, dans le local habituel de ses séances, les 10, 17 et 24 août. Elle a fait en outre, le 42 août, une excursion dans la forêt de Fon- tainebleau, et, le 20 août, une visite à l'Exposition universelle. Les membres qui ont assisté aux réunions sont : MM. Amblard. MM. Fournier (E.). MM. Menière (P.). Aussure (A. d`’). Gay (J.). Montagne. Avice de la Villejan. Germain de St-Pierre, Moquin-Tandon. Bouteille. Gogot, Moura-Bourouillou, Brice. Gontier. Noé (le vicomte de). Brongniart (Ad.). Graves. Parlatore. ureau. Grænland., Passy (A.). Caron. Guillon. Puel (1). Comar. Jamain (A.). Regnault. Cosson. Jaubert (le comte). Reveil. Courtaut. Kresz. Roussel, Darrieux. Labouret. Roys (le marquis de). Debeaux. Lecoq. Schænefeld (W. de). Delastre, Lorière (T. de). Soubeiran (L.). Dezanneau, Loysel. Trécul, Dorvault. Maillard (A.). Tulasne (L.-R.). Duchartre. Maille. Viaud-Grandmarais. Du Colombier (M.). Marès. Fermond, Marjolin. Les personnes étrangères à la Société qui ont assislé aux réunions Sont : MN, Cassola (Carlo). MM. Jamin (P.). MM. Nylander. Cocchi. Jolien. Puel (L.). Della Sudda fils. Kralik. Rousselier. Du Colombier (C.;. Leresche. Valon (de). Fournier (H.), Menière (Aug. ). Vigineix, etc. T. it. 38 562 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 10 AOUT 1855. En l'absence de M. Decaisne, président, M. A. Passy, vice-prési- dent, occupe le fauteuil. Par suite de la présentation faite dans la séance du 27 juillet, M. le Président proclame l’admission de : M. Du Cocowsier (Maurice), directeur dans le service télégra- phique, rue de la Pépinière, 77, à Paris, présenté par MM. Lasègue et Cosson. En vertu de l’article 44 des statuts, un bureau spécial devant être organisé pour la durée de la session extraordinaire, M. le Président propose à la Société de nommer pour faire partie dudit bureau : MM. PARLATORE, président. le vicomte de Noé et Delastre (de Poitiers), vice-présidents. Léon Soubeiran, secrétaire. Eugène Fournier, vice-secrétaire. Ces choix étant approuvés par la Société, MM. le vicomte de Noé, Delastre, L. Soubeiran et E. Fournier prennent place au bureau. En l'absence de M. Parlatore, M. le vicomte de Noé occupe le fauteuil. M. le Président annonce une nouvelle présentation. M. de Schœnefeld donne lecture d’une lettre de M. Gueydon, de Dives, qui exprime ses regrets de ne pouvoir se rendre à Paris pour prendre part à la session extraordinaire. Dons faits à la Société: 1° De la part de M. Kirschleger, de Strasbourg : Flore d’ Alsace, 22° livraison. 2° Ðe la part de M. le marquis de Bryas : Exposition des travaux de drainage et de desséchement exécutés par M. Ch. de Bryas dans sa propriété du Tailland. 3° De la part de M. F.-W. Schultz, de Wissembourg : Archives de Flore, pages 129 à 444. ho De la part de MM. J.-D. Hooker et Thompson : Flora indica, tome I", 1855. SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 563 5° De la part de M. Malbranche, de Rouen: Note sur une Primevtre monstrueuse. , 6° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, août 1855, 2 numéros. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro de juin 1855. M. Parlatore prend place au fauteuil et remercie la Société de l'avoir choisi pour présider sa session extraordinaire. M. Puel présente à la Société les considérations suivantes sur le but et l'utilité des sessions extraordinaires : MESSIEURS, La Société Botanique de France, née comme la Société Géologique, de l'initiative de quelques hommes doués de l'heureux privilége de pressentir les besoins scientifiques de leur époque, touche à peine à sa deuxième année d'existence ; etdejà, mue par le désir généreux de participer, dans la limite de ses études spéciales, au mouvement progressif qui s’accomplit de toutes parts dans les diverses branches des sciences naturelles , notre Société, Messieurs, inaugure aujourd’hui la série des sessions extraordinaires qu’elle se propose de tenir annuellement. Nous connaissons tous le degré de prospérité auquel est parvenue notre Sœur ainée la Societé Géologique ; l'éclat remarquable de ses travaux, et surtout le succes retentissant de ses courses lointaines dans diverses parties de la France, nous encouragent à marcher sur ses traces. L'avenir montrera, j'en suis sûr, que les fondateurs de la Société Botanique de France ont fait preuve de sagesse, en appliquant à son organisation les bases principales des statuts de la Société Géologique. En voyant surgir de nos jours, soit en France, soit à l'étranger, une mul- titude de sociétés spéciales , on [ue peut s'empêcher de reconnaitre, dans cet immense mouvement intellectuel, le signe caractéristique d’un besoin Sénéral d'expansion scientifique. Toutefois, il faut le dire, notre siècle a vu naître et mourir, presque en même temps, plusieurs sociétés, dont la fonda- tion avait été cependant inaugurée d’une manière brillante, et auxquelles n'avaient fait défaut ni le zèle ni le savoir de leurs membres. Ces insuccès, dont la Botanique a peut-être souffert plus qu'aucune autre des sciences haturelles, loin de nous décourager, doivent au contraire nous donner l’es- poir d'une plus longue vie; car, profitant d'expériences malheureuses, nous avons su donner à notre association une base plus solide, et, espérons-le, €atièrement inébranlable, Le temps a prononcé maintenant sur l'excellence des institutions régle- Menlaires de la Société Géologique, et puisque nous les avons appliquées à 564 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. notre propre organisation, nous leur devrons aussi, wen doutez pas, notre prospérité future. Permettez-moi, Messieurs, de vous signaler en peu de mots, les causes qui, dans ma pensée, contribueront le plus à cet heureux résultat, C'est, d’une part, cette facilité d'admission consacrée en principe par notre règlement, qui, n'exigeant que des garanties morales, et permettant à l'élève de s'asseoir à côté du maitre, donne à chacun la faculté de con- courir à l’œuvre commune, dans la mesure de ses forces personnelles ; c'est, d'autre part, la suppression des distinctions de titres en usage dans quel- ques sociétés, qui admetlent des membres résidants, correspondants, hono» raires, etc. ; c'est, en un mot, l'égalité parfaite qui règne ici, et en vertu de laquelle nous sommes tous, au même titre, membres de la Société Botanique de France. Mais c’est surtout l'institution des sessions départementales qui est des- tinée à exercer sur notre avenir une influence capitale. Quelques courtes réflexions suffiront, je l'espère, Messieurs, pour justifier à vos yeux l'importance qu'attachent à ces réunions ceux d'entre nous qui connaissent par expérience l'immense popularité des sessions extraordinai- res, tenues annuellement depuis vingt-quatre ans par la Société Géologique. En transportant tour à tour dans les cités plus ou moins éloignées de la capitale le siége de nos réunions extraordinaires, nous offrirons aux bota- nistes d’une même région la facilité d'établir des relations directes et per- sonnelles avec de nouveaux collègues, et c’est là certainement une occasion qu'ils s'ermpresseront de saisir, lorsqu'elle wexigera pas un déplacement trop considérable. Ces rapports mutuels et fréquents sont évidemment destinés à fortifier de plus en plus le lien fraternel qui déjà unit entre eux tous les membres de la grande famille botanique. A côté de ce point de vue, qu'on pourrait appeler sentimental, et qui touche en effet à des intérêts peut-être un peu trop personnels, plaçons- nous au point de vue purement scientifique, et la question devient d'un intérêt général. Des réunions destinées à explorer les rives fécondes de nos cinq grands fleuves et celles de leurs innombrables affluents, ou bien Jes sommets et les pentes des montagnes de l’Auvergne, des Vosges, du Jura, des Alpes et des Pyrénées, attireront toujours un concours nombreux ‘de zélés naturalistes, jaloux de païcourir ces lieux classiques de la Botanique française, sous la direction intelligente de ceux qui vivent au milieu de ces régions privi- légiées ; et dans ces explorations ainsi faites en commun, où les découvertes de chacun profitent à tous, il arrivera souvent qu'un nouveau fleuron vien- dra s'ajouter à la couronne déjà si riche de la flore française. Mais, Messieurs, ce n'est pas seulement à la découverte d'une espèce nouvelle ou méconnue par nos devanciers que doivent se borner aujour- d'hui nos travaux. La géographie botanique, interprétée dans le sens élevé SESSION EXTRAORDINAIRE À PARIS, EN Aour 1825. 565 que lui attribuent avec raison les hommes éminents qui ont écrit sur cesujet dans ces derniers temps, ouvre à nos études une voie entièrement neuve. Ce n’est certes pas ici le lieu d’entrer à cet égard dans des considérations spéciales, mais je ne puis m'empêcher de vous signaler l'importance qu’il y aurait à coordonner d'après un plan uniforme les recherches individuelles des observateurs isolés, sur les rapports de la Botanique avec la géologie, la météorologie, l'agriculture, etc. Que d'observations précieuses se trouvent ainsi perdues, faute d'un lien commun pour les rassembler et les utiliser au profit de la science ! Cette unité de vues, cette conformité de direction dans les recherches de Botanique locale, peuvent seules fournir les véritables bases de la flore fran- çaise : c’est à la Société Botanique de France qu'il appartient de prendre l'initiative de cette impulsion, et c’est par l'institution des sessions dépar- tementales qu'elle atteindra ce but. Je n'ai pas la prétention d’énumérer ici tous les avantages qui pourront résulter un jour pour la science en général, et pour la Société en particulier, de l'établissement des sessions départementales ; j'ose espérer néanmoins que vous me pardonnerez d’avoir attiré un instant votre attention sur cette intéressante partie de vos travaux. Je sens bien, Messieurs, queje m'écarte ici du langage scientifique, que vous avez l'habitude d'entendre dans cette enceinte, et je crains surtout d'enlever à cette courte session une partie du temps précieux que vous voulez bien lui consacrer ; mais il m'a semblé que la nature exceptionnelle de cette première séance autorisait en quelque sorte une digression, pour laquelle, du reste, je réclame toute votre indulgence. Permettez-moi encore, Messieurs, de vous dire, en terminant, que la session actuelle s'annonce sous les meilleurs auspices, par le concours de ses membres ordinaires, par la présence inusitée de plusieurs de nos confrères qui ne résident pas habituellement à Paris, et par l'honorable adjonction de quelques botanistes étrangers à notre Société. L'ordre du jour, déjà chargé d’une série de lectures intéressantes, nous promet plusieurs séances bien remplies ; des visites collectives à l'Exposition universelle seront organisées à divers points de vue, pour épargner autant que possible, à chacun de nous, un temps précieux. Enfin, Messieurs, en inausurant à Paris la série des sessions annuelles qu'elle se propose de Continuer, à partir de cette année, la Société Botanique de France a obéi en même temps à un sentiment délicat d'orgueil national : dans le but d'hono- rer le berceau de la Botanique française, elle a proposé pour ses premières herborisations les localités classiques parcourues autrefois, et l’on peut dire illustrées par les Tournefort, les Vaillant et les Jussieu. M. À. Passy demande que la Société fixe la durée de la présente session, ainsi que l'ordre des réunions, dont il propose de consacrer 566 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelques-unes à des excursions botaniques aux environs de Paris et à des visites à l'Exposition universelle. Après quelques observations présentées par divers membres sur le choix des localités à explorer, la Société décide qu'elle fera une her- borisation, le dimanche 12 août, dans la forêt de Fontainebleau. M. Parlatore appelle l'attention de la Sociéte sur le vif intérêt que présente la partie de l'Exposition universelle qui concerne la Bota- nique. Il entre à ce sujet dans quelques détails dont voici le résumé : La partie botanique de l'Exposition se fait remarquer principalement par le nombre et la variété des bois et des fibres textiles des différents pays. On doit particulièrement citer les collections des bois de la Nouvelle-Hol- lande, de la Tasmanie, de la Guyane anglaise, de la Jamaïque, de l'ile de Saint-Domingue, de l'Algérie, etc. La première de ces collections est très remarquable par le nombre et la rareté des bois qui appartiennent à des arbres de familles exotiques, tels que les Eucalyptus, les Melaleuca, les Banksia, les Grevillea, les Steno- carpus (le beau Stenocarpus salignus), les Casuarina, les Acacia, le Cedrela australis, et enfin le Musk-wood où Eurybia argophylla, plante remarqua- ble par sa nature arborescente dans la famille des Composées, qui est formée presque entièrement de plantes herbacées. On peut remarquer une certaine ressemblance entre les bois qui proviennent d'un même genre ou d'une même famille, ce qui permet d'espérer qu’on pourra plus tard, par une étude comparative, trouver même dans la nature du bois des caractères de genres ou au moins de familles. M. Parlatore cite parmi les bois de la Tasmanie le beau Dacrydium Franklini, avec lequel on a fait des meubles magnifiques ; parmi Jes bois de la Guyane anglaise, le Greenheart (Nectandra Rodiæi Sehomb.), le Mora (Mora excelsa Benth.), comme les meilleurs de tous les bois de ce pays pour la charpente des navires, le Wamara où Brown Eboni et d’autres bois employés dans l'ébénisterie, Dans la collection de la Jamaïque qui possède à peu près les mêmes espèces de bois que la Guyane anglaise, on remarque de beaux bois de Cocos fusiformis, de Cordia Gerascanthus, de Guajac, ( Guajacum officinale), employés dans l'ébénisterie, ainsi que le bois de l Hibiscus elatus qui est vert comme celui du Porlieria hygrometrica et de peu d’autres végétaux. Les bois de l'ile de Saint-Domingue, ainsi que tous les produits de l'ile, ont été envoyés par Sir Robert Schomburgh , assez connu par ses travaux sur Ja Guyane : on y remarque le Pinus occi- dentalis de Swartz, employé pour faire des mâts de navires et à d’autres usages , et le Bignonia Quercus de Lamarck (Catalpa longissima Sims.), très usité pour la construction navale. SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 567 Dans la collection des bois de l'Algérie, on doit surtout mentionner la loupe du Thuja articulata de Desfontaines, avec laquelle on fait de très beaux meubles. Quant à la collection des fibres textiles, M. Parlatore fait remarquer qu’elle est d’autant plus intéressante dans le moment actuel, que l’exporta- tion du chanvre de Russie est suspendue à cause de la guerre d'Orient. Il parle avec beaucoup d'éloges des essais faits par M. Royle de fibres textiles de plantes des Indes orientales, essais illustrés par un bel ouvrage récem- ment publié par le même botaniste. Il signale parmi ces plantes les Zæh- meria nivea, tenacissima et frutescens, le Marsdenia tenacissima, le Calo- tropis gigantea , le Crotalaria juncea, le Daphne cannabina, V Hibiscus cannabinus et d'autres, comme les plus propres à la fabrication des tissus, ` du papier, des cordages, etc. Il fait les mêmes remarques pour les fibres du Gnidia eriocephala de Ceylan, de différentes espèces de Bromelia, d'Agave , de Musa de la collection de la Guyane anglaise, et surtout de la belle collection de fibres textiles de la Jamaique due à M. Wilson. Il rappelle enfin les fibres d'Æsparte (Lygeum Spartum) et du Macrochloa tenacissima de l'Espagne et du Portugal, avec lesquelles on fait d'excellents cordages très employés pour les navires, comme en Sicile ; et les fibres du Sansievera angolensis, plante récemment découverte à Angola, avec les- quelles on fait aussi de bons cordages. Parmi les autres choses curieuses et intéressantes de la partie botanique de l'Exposition, M. Parlatore note la collection des huiles de différentes espèces de Palmiers envoyée par M. Philibert Voisin, de la Guyane fran- çaise ; les huiles solides et le beurre végétal des Bassia des Indes orientales ; les gommes et les gommes-résines, parmi lesquelles on distingue une nou- velle somme appelée extensible, et qui provient d’une espèce de Figuier peu Connue de la Guyane française ; la cire du Copernicia cerifera, avec laquelle on fait maintenant de bonnes bougies dans quelques provinces du Brésil; la cire du Ficus carifera Blume , qui parait mêlée avec une résine; les sacs Végétaux faits tout naturellement avec l'écorce de l Antiaris saccidora des Indes orientales; le Zabasheer, ou concrétion de silex qui se forme en dedans des nœuds du Bambou ; les nids probablement faits avec des algues par l'Hirondelle salangane de la Chine; différentes espèces de fécules, de sucres, des aromes, plusieurs espèces sauvages de Vanille, plusieurs substan- ces qui servent à la teinture, à la tannerie, etc. M. le comte Jaubert donne lecture d'un des articles composant son travail intitulé : La Botanique à l'Exposition (1). (1) Ce travail, d’une étendue beaucoup trop considérable pour être inséré dans € Bulletin de la Société, se compose d’une série d'articles publiés d’abord dans le 56S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Léon Soubeiran fait observer que la partie de l'Exposition qui a trait à la matière médicale est extrêmement riche et importante, et mérite d’être étudiée avec le plus grand soin. Il cite entre autres la République du Paraguay qui a exposé des objets très curieux, dontilse propose de soumettre des échantillons à la Societé. Sur la proposition de M. A. Passy, M. Léon Soubeiran est chargé de faire à la Société un rapport sur la matière médicale de l'Expo- sition. M. le comte Jaubert cite, comme ayant donné un exemple qu'on serait heureux de voir suivre par tous les exposants, M. Della Sudda , pharmacien en chef des armées Ottomanes et de S. H. le Sultan, et M. Lépine, pharmacien de la Marine française, qui ont fait don à l'École de Pharmacie de Paris de tous les produits qu’ils ont exposés. M. Ch. Fermond fait à la Société la communication suivante : RECHERCHES SUR LE NOMBRE DES PARTIES QUI COMPOSENT LES DIVERS CYCLES HÉLICOIDAUX, ET RAPPORT QUI EXISTE ENTRE CE NOMBRE ET LE NOMBRE TYPE DES PARTIES FLORALES DES DICOTYLÉDONES, par M. CH. FERMOND. Dans ce travail, nous nous proposons de faire connaitre le résultat de nos recherches sur le nombre des parties qui composent les divers cycles hélicoïdaux, afin de chercher à établir une relation entre ce nombre et celui que dans une précédente communication, nous avons dit être le type des diverses parties florales chez les Dicotylédones. Nous sommes parti de cette idée logique, ce nous semble, que si les diverses parties de la fleur doivent être considérées comme des transforma- tions ou des métamorphoses de feuilles, il doit y avoir une relation simple entre le nombre des parties de la fleur et le nombre des feuilles constituant un verticille, une rosette, ou 1.n eycle hélicoïdal. Dans son travail intitulé : Examen comparatif de la disposition des écailles sur Les cônes des Pins, pour servir d'introduction à la disposition des feuilles en général, M. Alex. Braun cherche bien à établir un rapport quel- conque entre la disposition des bractées d’un cône et celle des feuilles sur les branches d'une même espèce de Pin; mais nous ne sachions pas qu'un travail pareil à celui que nous avons l'honneur de présenter à la Société ait été entrepris. Journal l’Assemblée nationale, et réunis ensuite en un volume in-8 de 122 pages, qw est en vente à la librairie Chaix, à Paris, rue Bergère, 20, Prix : 3 fr. SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOÛT 1855. 569 Lorsque nous examinons la Circée (Circæa lutetiana) dans ses feuilles et les parties de sa fleur, nous trouvons la relation de nombre la plus simple qui puisse exister. En effet, les feuilles sont opposées et en croix avec celles qui précèdent ou qui suivent. La fleur, formée de 2 sépales, 2 pétales, 2 éta- mines et 2 carpelles, présente dans cette répétition de 2 parties dans la fleur, le cas le plus remarquablement simple du passage des feuilles aux parties florales, et la théorie des métamorphoses reçoit ici sa plus entière justifica- tion. Si maintenant nous cherchons à faire une pareille observation sur certai- nes Rubiacées indigènes (Rubia, Vaillantia, Crucianella) dont le nombre des parties de chaque verticille floral est normalement de 4, à l'exception du verticille carpellaire qui se trouve réduit à 2, et que nous retrouvons ce même nombre 4 dans les verticilles des feuilles, nous reconnaissons qu'il existe un rapport exact entre ces deux nombres, et l'esprit comprend faci- lement comment un verticille de feuilles peut successivement se transformer en verticille formant le calice, la corolle, l’androcée et le gynécée. Dans le Lilas (Syringa vulgaris), nous trouvons deux feuilles opposées qui permettent d'établir une relation facile de nombre avec les parties de la fleur ; car si celle-ci se trouve formée de 4 parties au calice et à la corolle, et de 2 parties à l'androcée et au gynécée, n'est-il pas évident que c'est le nombre 2 qui s’est doublé dans le calice et la corolle pour constituer le nombre 4, et qui s’est simplement répété dans l’androcée et le gynécée ? Si dans le Seringat ( Philadelphus coronarius), nous trouvons habituelle - ment un calice de 4 parties, une corolle de 4 pétales, un atidrocée de 20 éta- mines et un gynécée de 4 carpelles, c'est parce que les deux feuilles opposées se sont doublées dans le calice, la corolle et le gynécte, et décuplées dans l'androcée. On pourrait faire le même raisonnement sur les Cornus, Fuchsia, Epilo- bium, etc. Dans le Lysimachia verticillata, nous constatons que les verticilles foliaux sont habituellement de 5 feuilles, et que la fleur est constituée par un calice de 5 sépales, une corolle de 5 pétales, un androcée de 5 étamines, et par un uynécée formé par une capsule uniloculaire, mais dont les 5 val- ves représentent 5 feuilles modifiées. Alors l'esprit ne met pas en doute que ce sont véritablement les 5 feuilles caulinaires qui se sont peu à peu modi- fiées pour constituer les différentes parties de la fleur. On sait que le genre Dioscorea est le seul peut-être, parmi les Monocoty- lédones, qui présente des tiges à feuilles opposées, et encore cette opposition n'est-elle pas constante. Quand done nous observons l'opposition, et qu’en même temps nous trouvons 3 parties ou feuilles modifiées à chaque verti- cille floral, nous ne reconnaissons plus aucun rapport entre le nombre 2 des feuilles, et le nombre 3 des parties de la fleur. Mais si le hasard nous permet 570 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de découvrir un ou plusieurs verticilles de 3 feuilles, alors nous retrouvons un rapport parfait avec les parties qui constituent les verticilles des fleurs mâles ou femelles, et nous sommes tenté de croire que par avortement ou par prédisposition organique dont plus tard nous donnerons la signification exacte, la tige ne porte que deux feuilles, alors qu’elle devrait en porter 3. Ce nombre 3 serait donc ici le type des verticilles foliaux, type qui serait justifié par la ternation fortuite des autres Dioscorea : or, nous possédons des échantillons de Dioscorea Batatas Due, où cette ternation s’est produite plusieurs fois. Quand, au contraire, nous reconnaissons qu’une fleur est formée de 6 par- ties au calice et à la corolle, de 6 ou 12 étamines et d’une capsule à 2 loges, nous commençons par admettre, dans le cas du nombre 12, la répétition d'un verticiile dans l’androcée et l'avortement de 4 des parties dans le gynécée : c'est ce qui a lieu dans les Lythrum, et moyennant cette conces- sion logique et justifiée par des faits nombreux, chaque partie d'un verti- cille de la fleur doit être regardée comme formée par le même organe mo- difié. Si maintenant nous cherchons à rapprocher ce nombre 6 des parties de la fleur du nombre 2.qui se trouve dans l'opposition des feuilles, notre esprit est obligé de faire un effort et de prendre une voie détournée pour trouver un rapport avec le nombre 6 des parties de la fleur, et il est moins satisfait que pour les exemples précédents. Mais supposons que l’observa- tion vienne nous démontrer qu'au lieu de deux feuilles opposées, ce sont 3 feuilles qui constituent chaque verticille, alors nous concevons nettement comment, par simple dédoublement ou division des parties, ce nombre 3 peut devenir le nombre 6. Or l'observation est exactement conforme à la supposition que nous venons de faire; car il n’est pas rare de trouver dans le Lythrum Salicaria des tiges entièrement constituées par des verti- cilles de 3 feuilles, ainsi que nous en avons conservé des exemples. Mais si, revenant au Lysimachia verticillata, au lieu de trouver 5 feuilles à chaque verticille, nous en trouvons 6, et cela d'une manière assez souvent répétée, et si de plus, de temps en temps, nous rencontrons des fleurs à 6 par- ties au calice, à la corolle, à l’androcée et au gynécée, nous devons croire que, dans le cas où nous n'avons trouvé que 5 parties, il y en a une qui a avorté, ou bien encore que, dans le cas de 6 parties, il y en a une qui s'est formée en plus par dédoublement : l’un, le nombre 5, a pour lui l'avantage d’être plus fréquent, mais il n’est en rapport avec aucun des nombres 2, 3, l et 6; l'autre, au contraire, le nombre 6, est beaucoup plus rare, mais il a un rapport plus ou moins facile à saisir avec les nombres 2 et 4, et un rap- port si direct avec le nombre 3, qu'il est difficile au premier abord de choi- Sir l’un plutôt que l’autre, quand il s'agit de déeider quel est celui que l'on preudra comme type. Ce n’est donc que dans des considérations d'ensemble, que l'on peut trouver les éléments qui sont nécessaires pour asseoir son juge- SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 571 ment. Or, dans une précédente communication, nous avons essayé de démon- trer que ce nombre 6 était réellement plus fréquent qu'on n'aurait pu l’imaginer au premier aperçu, et voilà que sous ce rapport encore, par l'ob- servation du verticille de 6 feuilles du Lysimachia verticillata et de eelui de 3 feuilles du Lythrum Salicaria, nous sommes conduit à admettre ce nombre 6. Un raisonnement analogue peut être fait sur le Punica Granatum, en pré- sence de ses feuilles souvent ternées et de sa fleur aussi souvent formée de 6 parties que de 5 au calice et à la corolle. Néanmoins ces seuls exemples nous sembleraient bien incomplets ou trop peu multipliés pour nous donner le droit de tirer de ces exceptions une règle générale, et nous l’avons si bien compris, que nous avons dû nécessai- rementles multiplier. Dans ce but, nous avons parcouru l'école de botanique du Muséum d'histoire naturelle, pour voir si, dans les plantes à feuilles opposées, nous ne trouverions pas fréquemment, au lieu du nombre 2, le nombre 3 à chaque verticille, et nos recherches ont été couronnées d'un tel succès, que nous pouvons croire sans exagération qu'en cherchant suffisam- ment et sur un assez grand nombre de plantes à feuilles opposées, il est très peu d'espèces, si tant est qu'il y en ait, qui ne présentent plus ou moins fréquemment des verticilies de 3 feuilles, et pour en fournir la preuve, nous devons présenter ici la liste des plantes, qu'en parcourant le jardin, nous avons rencontrées offrant ces 3 feuilles, alors qu'en ne les regarde jamais que comme des plantes à feuilles opposées, c’est-à-dire formant des verti- cilles de 2 feuilles. Le doute que nous venons d'exprimer concernant la possibilité de trouver des espèces complétement exemptes de verticilles par 3, nous a été suggéré par la famille des Labiées, qui est, entre toutes, celle qui semblerait le plus inflexiblement s'opposer au verticillisme par 3, tant est constante l’exacte Opposition de ses feuilles, et longtemps même nous avons ern qu'il était impossible d'en rencontrer un seul exemple. Mais le hasard a favorisé nos recherches, au point de nous offrir un échantillon de Teucrium pyrenai- cum présentant le verticillisme par 3, qui semble indiquer que pas même la famille des Labiées n'est exempte de ce phénomène de trifoliation. Toutefois, si cette famille offre une grande constance dans l'opposition de ses feuilles, la famille des Caryophyllées ne lui cède en rien de cette con- Stance, et nous devons ajouter que cette dernière famille ne nous a même offert aucun exemple de feuilles verticillées par 5. Nous ferons observer, Cependant, que les Spergula arvensis et pentandra peuvent être regardés comme ayant des verticilles de 6 feuilles qui sembleraient indiquer que la famille des Caryophyllées peut quelquefois dévier de la fixité qui se rencontre dans l'opposition de ses feuilles. Voici la liste des espèces chez lesquelles les feuilles étant opposées d'or- 572 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dinaire, nous avons trouvé des verticilles par 3. Nous les présenterons dans l'ordre où nous les avons observées à l’école de botanique : Verbesina Siegesbeckia, t. fr. Harpalium rigidum. Heliopsis lævis. Zinnia multiflora. — pauciflora. Helianthus tuberosus, £. fr. — giganteus. — multiflorus. Coreopsis auriculata. Eupatorium ageratoides. — cannabinum, t. fr. Cœlestina cærulea. Dipsacus fullonum, t. fr. Cephalaria rigida. Valerianella Locusta, L., t. rare. Lonicera tatarica. — Ledebourii. — Periclymenum. — caprifolium. Viburnum odoratissimum. — Tinus. Sambucus nigra, assez fr. Cephalanthus occidentalis, t. fr. Leptodermis lanceolata. Periploca græca. Cynanchum Vincetoxicum. Marsdenia erecta. Cornus mas, assez fr. Scrofularia orientalis. Linaria supina. — triornithophora. — purpurea. — bipartita. — chalepensis. Antirrhinum majus, fr. Collinsia bicolor. Paulownia imperialis, rare. Buddieia Lindleyana. Veronica excelsa, t. fr. — maritima, t. fr. — spuria, t. fr. — Bachofenii, t. fr. Jasminum officinale. Vitex Agnus-castus, t. fr. — incisa. Duranta microphylla. Clerodendron angustifolium. Priva mexicana. Lippia chamædryfolia. Nous avons conservé une collection de toutes ces espèces offrant le ver- (1) Trouvée depuis la lecture de cette notice. Lippia globifera. Teucrium pyrenaicum, {. rare. Salvia splendens (1). Lysimachia vulgaris. Anagallis arvensis, t. fr. Fraxinus excelsior. — lentiscifolia. Syringa vulgaris, fréquent. Phillyrea latifolia. — media. Ligustrum ovalifolium. Cassine Maurocenia. Hypericum hircinum. — Gebleri, Cistus laurifolius. — vaginatus. Æsculus Hippocastanum, rare. Acer Pseudoplatanus. Negundo fraxinifolia. Evonymus nitidus. Clematis Gebleriana. — campaniflora. — cirrhosa. Peperomia blanda. Cannabis sativa. Sedum Telephium, t. fr. — latifoliurn, t. fr. — Sicboldtii, t. fr. — lernatum, t. fr. Deutzia canescens. Callicoma serratifolia. Fuchsia syringæfolia, t. fr. — decussata, t. fr. — conica, t. fr. — excorticata, t. fr. Epilobium pubescens. — hypericifolium. — spicatum. Lythrum Salicaria. Myrtus tenuifolius, Punica Granatum, £. fr. — nana. Chimonanthus fertilis. Colletia crenata. Rhamnus tinctoria. Euclea racemosa. Aristotelia Macqui. Dioscorea Batatas. SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOÛT 1855. 573 ticillisme par 3, afin de prouver que le nombre 3 est bien plus fréquent qu'on n'aurait pu le supposer. Ainsi nous avons 65 genres contenant 97 espèces, chez lesquelles l'op- position fait plus ou moins place à la ternation des feuilles, et si nous remarquons que ce verticillisme ne se présente pas une fois par hasard ; qu'au contraire, il est très fréquent et que sur certaines tiges de Lilas, de Sureau, de Fuchsia (1), en un mot sur la plupart des espèces indiquées, ce nombre se répète tout le long de la tige, il nous parait difficile d'admettre que ce phénomène doive être regardé comme un dédoublement, et nous serions plus disposé à le regarder comme un retour à un type commun dont la dé- viation habituelle aurait pour cause un avortement ou une prédisposition organique telle qu'au lieu de 3 parties, il ne s’en produirait habituelle- ment que 2. Cette manière de voir nous semblerait plus en harmonie avec le verti- cillisme par 3' de certaines plantes, telles que les : Silphium trifoliatum et ternatum. Impatiens Royleana. Morina longifolia. Sedum ternatum. Catalpa Bungei, syringæfolia, Kæmpferi. | Nerium Oleander, grandiflorum. Lippia citriodora. Juniperus. Etc., etc. Ou avec les verticilles si fréquemment par 6 des Rubiacées et des espè- ces suivantes : Allamanda verticillata. Spergula arvensis et pentandra. Leptandra virginica et sibirica. Banksia verticillata. Lysimachia punctata ct verticillata. Etc., etc. Ce qui semble encore justifier la manière de voir que nous émettons ici, concernant le nombre 3 comme type de la verticillarité des feuilles opposées, c’est qu'il n’y a pas d'espèces à feuilles absolument toujours ternées, pas plus qu’il n’y en a à feuilles toujours absolument opposées. Et en effet, si nous choisissons les verticilles du Nerium Oleander, du Lippia citrio- dora, ete., ou les involucres ou collerettes sous-florales des Anemone, comme Sujet d'observations, nous voyons fréquemment le nombre 3 disparaitre pour faire place à l'opposition ou la verticillarité par 2. Il y a même des espèces chez lesquelles cette mutabilité de nombre est telle qu’il est impossible de dire exactement si c’est l'opposition ou le ver- ticillisme par 3 qui domine. C'est ce que l'on peut constater dans les (1) Dans un mémoire intitulé : Considérations sur les genres Sambucus et Viburnum (Journal de pharmacie, 1841), nous avions cru devoir attribuer la formation d’une troisième feuille au développement de petites stipules interpétio- laires, Aujourd’hui, par le grand nombre d'observations que nous avons faites, nous avons dû modifier notre opinion dans le sens que nous indiquons dans ce travail, 574 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Helianthus tuberosus; Sedum Telephium, latifolium, Sieboldtii; Lysimachia vulgaris, ete., de sorte que le passage de l'opposition à la ternation, ou ré- ciproquement, de la ternation à l’opposition, pourrait être assez exactement représenté par une courbe ayant pour limites extrêmes, d’un côté les plantes à feuÿles toujours opposées, et de l’autre les plantes à feuilles toujours ver- ticillées par 3 et dont les ordonnées représenteraient assez exactement Île passage de l’un à l’autre extrème, la plus grande ordonnée correspondant à des espèces ayant autant de feuilles opposées que de feuilles verticillées par 3. Si nous avons constaté dans la famille des Caryophyllées une sorte d’excep- tion dans le passage de l'opposition à la ternation, ce qui semblerait placer cette famille à l’une des extrémités de la courbe dont nous venons de parler, nous avons dit aussi que les 6 feuilles subulées qui forment les verticilles des Spergula arvensis et pentandra sont une déviation à l'absolue généralité des feuilles opposées. On peut donc dire qu’ii n'existe peut-être pas d'espèces à feuilles absolument opposées, pas plus qu'il n’y a d'espèces à feuilles ab- solument ternées. Si cela était, on pourrait dresser la courbe représentant le passage de l'opposition au verticillisme par 3, ou vice versä, à peu près de la manière suivante : Verticillisme par 3, . . . ./| Inconnu. Impatiens Royleana; Catalpa Bungei, syringæfolia, Kæmpferi. Nerium Oleander, grandiflorum; Lippia citriodora. Silphium trifoliatum, ternatum; Rubiacées. Anemone. Etc., etc. Verticillisme aussi sou- m e . . . . d ee s vent par 2 que par 3.| Helianthus tuberosus; Sedum latifolium, Sieboldtu ; Lysimachia vulgaris. Veronica excelsa, maritima, spuria, etc.; Eupatorium cannabinum. Fuchsia ; Lippia chamædryfolia, globifera ; Dipsacus ful- lonum. Cephalanthus occidentalis ; Antirrhinum majus; Lina- ria; Vitex Agnus-castus. . Punica Granatum ; Lythrum Salicaria ; Syringa vulgaris; Lonicera. Hypericum hircinum, Gebleri; Clematis Gebleriana, campaniflora, cirrhosa. Paulownia ; Æsculus Hippocastanum; Valerianella. Labiées, Caryophyllées. Verticillisme par 2 . . . .\|Inconnu. Ajoutons tout de suite que cette disposition doit nécessairement être un peu arbitraire parce que nos observations n’ont pas pu étre assez nombreuses ; SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 575 mais on conçoit qu’elle soit susceptible d'atteindre un assez grand degré d’exactitude, si l’on venait plus tard à multiplier suffisamment les recherches qui auraient pour but ce genre de classification. Nous croyons devoir reproduire iei les réflexions que nous a suggérées la famille des Rubiacées , afin d’appeler l'attention des botanistes sur leurs verticilles. On a généralement admis que chaque verticille de feuilles des espèces de la section des É'toilées devait représenter deux feuilles ; mais il nous semble que les raisons suivantes pourraient être de nature à modifier cette manière de voir. En effet : 1° En admettant, comme chez les Rubiacées exotiques, deux feuilles opposées avec 2 stipules interpétiolaires développées en feuilles, on waurait jamais que 4 parties dont les Vaillantia, les Rubia et les Crucianella nous offrent des exemples ; tandis que le plus souvent on trouve 6, 7, 8 et 9 parties parmi lesquelles le nombre 6 est extrêmement fréquent. 2° Si l’on admet que chaque sitpule interpétiolaire des Rubiacées exoti- ques représente 2 stipules soudées appartenant chacune à une des feuilles opposées , on trouve bien , dans le développement isolé de chaque stipule l'explication des 6 parties ; mais quand le verticille est de 7, 8 ou 9 parties, il faut opter alors entre l’idée de dédoublement ou, dans le premier cas, celle d’avortement ou de soudure d’une ou deux parties. Mais d’abord il faut ad- mettre que les stipules interpétiolaires se dédoublent pour porter le nombre des parties à 6; puis ensuite qu'il y a un second dédoublement qui en porterait le nombre à 7, 8 ou 9; tandis que le nombre 9 que l'on rencontre fréquemment semblerait indiquer 3 feuilles avec 3 doubles stipules inter- pétiolaires. 3°Si l’on examine un certain nombre de pieds de Rubia tinctorum, on en trouve qui ne portent que deux feuilles opposées; dans ce cas que sont de- venues les stipules interpétiolaires ? L'idée d'avortement se présente ici natu- rellement. Dans le cas de verticillisme par 4, on a le nombre des parties indiquées par la théorie. Mais le plus souvent le nombre 6 se présente, et si l’on observe le développement des parties, on reconnait bien qu'il y en a Souvent 2 qui se forment les premières; mais quelquefois aussi il y en a 3 qui se forment avant les 3 stipules. ke Le Cephalanthus occidentalis, dont les feuilles sont opposées, offre très fréquemment un verticille de 3 feuilles. Si donc nous supposions que les stipules se soient développées en feuilles, n'est-il pas évident que nous au- rions un verticille de 6 parties qui prendraient certainement leur origine dans les 3 feuilles et les 3 stipules ? C'est quelque chose d'analogue qui, selon nous, se passe quelquefois dans les Rubiacées ayant 6 parties à chaque verticille, 5° Si le développement d'un bourgeon à Vaisselle d'une des parties d'un Verticille est un indice, pour les Rubiacées-Etoilées, de ce qui doit être la feuille, il s'ensuit que s’il se développe 3 bourgeons sur un même verticille, 576 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE: on est en droit de conclure à la présence de 3 feuilles. C'est précisément ce qui se rencontre encore assez souvent chez les Rubia, les Galium, etc. 6° Enfin si l'on examine attentivement la manière dont sont disposés les 2 bourgeons à l’aisselle des feuilles, par rapport à la tige qui est carrée, on voit que l'un d'eux est placé sur une face et l’autre sur la face adjacente un peu sur l'angle, de façon que deux des faces de la tige restent sans trace de bourgeon , comme si réellement il y en avait un qui avorterait, On pourrait donc jusqu'à un certain point penser que les Rubiacées indi- genes, surtoutcelles qui ont des verticilles de9 parties, ont réellement 3 feuilles verticillées, et comme ce nombre 9 est assez fréquent, peut-être serait-il juste de regarder la ternation comme le type de la verticillarité des Rubiacées indigènes. On serait ainsi conduit à une unité de vues sur le type des verticilles foliaux qui aurait bien son avantage au point de vue de la théorie générale. Si maintenant nous fixons notre attention sur les diverses espèces de Juniperus, nous trouvons qu'il y en a un grand nombre qui ont toutes leurs feuilles verticillées par 3 (Juniperus communis et ses variétés, J. oblonga pendula, squamosa, Oxycedrus, macrocarpa, phœnicea, Lycia, mexicana, bermudiana, chinensis, ete.); tandis que les autres ont toutes leurs feuilles opposées (J. Sabina, prostrata, thurifera, excelsa, ete.); et comme il n'est pas rare de trouver, particulièrement dans le J. oblonga, qui est généralement à feuilles verticillées par 3, des feuilles opposées, on est tenté de regarder cette espèce comme l'intermédiaire des Juniperus à feuilles opposées et des espèces à feuilles verticillées par 3. Ici letype est trop évidemment le verticillisme par 3 pour qu'il ait besoin d'ètre discuté, et si maintenant nous le faisons concorder avecles parties de la fleur femelle, par exemple, formées de 3 écailles qui se soudent pour former une baie contenant 3 noyaux représentant 3 carpelles, nous trouvons une relation aussi simple que celle que nous avons reconnue entre les feuilles de la Circée et ses parties florales. Mais de ce que les feuilles se réduisent à 2 dans les espèces précitées, tandis que les fleurs restent composées de la même façon que les fleurs des espèces verticillées par 3, que devons-nous conclure? Evidemment et logiquement, que dans les espèces à deux feuilles opposées il y a eu un avortement d’une feuille, ou ce qui vaut mieux, qu en vertu d’une prédisposition organique particulière, il ne s’est formé que 2 feuilles au lieu de 3. Enfin, pour compléter cette série d'observations nous devons ajouter quê, parmi les autres Conifères, les Pinus offrent quelque chose d'analogue aux Juniperus quant à celles de leurs feuilles qui se développent complétement: On sait, en effet, que les feuilles géminées de quelques espèces de Conifères ne sont autres que les représentants de bourgeons arrêtés dans leur déve- loppement. L'égale grandeur de ces feuilles à tous les âges de leur vie indique SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 577 qu’elles sont formées en même temps, de sorte que l’on peut considérer leur assemblage comme des verticilles. Chez un grand nombre de Pinus (sylvestris, Mughus, Pumilio, Laricio, Pinaster, austriaca, halepensis, Pinea, ete.) les bourgeons atrophiés ne portent que deux feuilles qui sont sans doute les analogues des 2 feuilles pri- mordiales des bourgeons dicotylédonés et qui sont bien visibles dans quelques Betula ( dalecarlica), lesquelles , comme on le sait, toujours égales en grandeur, sont regardées comme opposées. Chez d'autres espèces de Pinus , au contraire, chaque bourgeon atrophié porte 3 feuilles que nous considérons comme les analogues des feuilles verticillées par 3 des Juni- perus (Pinus Tœda, patula, ponderosa, australis, canariensis, insignis, Daveana , californiana, Gerardiana , Hartwegii , longifolia , ete.). Chez quelques-uns les bourgeons sont presque aussi souvent de 2 que de 3 feuil- les; dans les Pinus austriaca et halepensis le nombre 3 est exceptionnel; au contraire dans les Pinus resinosa, mitis, Tæda, californiana, ete., le nombre 3 est général, tandis que 2 est l'exception. Si nous nous rappelons que le seul genre ( Dioscorea) qui, parmi les mono- cotylédones, nous offre des feuilles opposées, nous présente aussi des feuilles verticillées par 3, et que la plupart des genres dicotylédonés à feuilles op- posées nous permettent de rencontrer souvent des verticilles de 3 feuilles, nous reconnaissons qu’il y a un rapport de plus à constater, sous ce point de vue, entre ces deux grands groupes de végétaux. D'après ce qui précède il est aisé de voir que nousinclinons à penser que les feuilles opposées, quoique bien plus fréquentes que les feuilles ternées, sont tout à fait dans le cas des Linaria, Antirrhinum, Digitalis péloriés ; que ce n’est que par avortement habituel que le verticillisme par 3 est passé à l'opposition ; que la prédisposition organique qui cause cet avortement est plus constante chez quelques espèces, genres ou familles que chez d'autres, et qu'ainsi s'expliquent facilement ; 1° la rencontre fréquente de tiges trifo- liées parmi les tiges à feuilles opposées et de tiges à feuilles opposées parmi les tiges à feuilles ternées (Helianthus tuberosus, Nerium, ete. ); et 2° la manière dont les feuilles peuvent en se modifiant arriver à former les verti- cilles floraux. En admettant, comme nous l'avons fait dans une précédente communica- tion, que le type des parties de la fleur soit le nombre 6, on trouve avec le type des feuilles opposées que nous avons cherché à démontrer être le nombre 3, une relation simple tout à fait analogue à celle que nous avons trouvée pour le Lythrum Salicaria qui nous a présenté des tiges à feuilles ternées. Nous ne savons si les idées que nous émettons ici, appuyées d'ailleurs Par de nombreuses observations, seront favorablement accueillies, mais nous avons la conviction qu'elles sont les seules qui puissent logiquement T. 1. 39 578 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. confirmer la théorie si vraie et si généralement adoptée de la métamorphose des feuilles pour constituer les parties florales. Dans une prochaine communication, si la Société veut bien nous le per- mettre, nous examinerons sous le même point de vue le passage des feuilles alternes à la verticillarité des parties florales. M. Cosson fait observer que quelques Rubiacées présentent nor- malement la disposition que M. Fermond indique comme exception- nelle. Ainsi dans le genre Gaïllonia les feuilles inférieures sont dis- posées comme celles des Cinchonées et les supérieures comme celles des Stellatæ. M. Germain de Saint-Pierre ajoute qu’il est arrivé après de nom- breuses observations, à des résultats opposés à ceux de M. Fermond. Il pense que le nombre 3 est dù à un dédoublement accidentel, le nombre 2 étant seul normal chez les Rubiacées. M. Trécul rapporte qu’il a constaté que, dans un Rubia tinctorum qui n'avait que quatre feuilles, deux d’abord sont nées d’un bour- relet, et que les deux autres alternes sont nées plus tard, comme les stipules naissent après les feuilles. M. Fermond fait observer que quand il y a six feuilles, il y a trois tubercules, et que dans les Galium, il y a souvent trois feuilles et trois bourgeons : il a donc raison de considérer le nombre 3 comme étant le nombre normal. M. Germain de Saint-Pierre dit qu'une feuille produite par un dédoublement peut aussi cependant donner naissance à un bourgeon comme une feuille normale : la présence de ce bourgeon ne lui parait donc pas prouver que le nombre 3 doive être considéré comme nor- mal dans les Rubiacées. M. Parlatore pense aussi que le nombre 2 est le nombre normal dans cette famille, tandis que le nombre 3 est l'exception. M. J. Gay signale le Cucubalus stellatus, L. ( Silene stellata, Ait.) comme fournissant, dans la famille des Caryophyllées, un exemple de feuilles verticillées, non point comme simple anomalie accidentelle, mais à l’état fixe et caractéristique pour l'espèce, ce qui lui a sans doute valu le nom spécifique de stellatus. Cette plante offre en effet sept ou huit nœuds caulinaires dont les quatre ou cinq inférieurs portent des feuilles opposées, tandis que les trois supérieurs ( avant l'inflorescence), sont quadrifoliés, mais de manière à représenter un SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855, 579 faux verticille formé par la suppression de l’entre-nœud de deux paires de feuilles décussées. M. le vicomte de Noë fait à la Société la communication suivante : NOTES ET OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DE LABIÉES DE LA FLORE DE L'ALGÉRIE ET DE LA RÉGENCE DE TUNIS, par M, le vicomte DE NOÉ. Grâce à la sécurité réelle avec laquelle on peut aujourd’hui parcourir l'Algérie, l’étude de la Botanique se développe de plus en plus dans cette riche contrée. Des plages de la Méditerranée et des déserts du Sahara, jus- qu'aux cimes neigeuses de l'Atlas et du Djurdjura, se déploie une végétation brillante et variée. De hautes et sombres forêts de chènes et de cèdres arré- tent les regards du voyageur, qui les contemple avec admiration ety voit une preuve vivante de cette fécondité prodigue dont la terre d’Afrique était douée au temps des colonies romaines. Naguère encore les botanistes ne pouvaient herboriser qu’à grand peine autour de nos bastions et de nos blockhaus ; aujourd’hui nos collections réunissent les végétaux de toutes les parties de l'Afrique française, et elles s'enrichissent chaque année par les voyages de M. Ernest Cosson, l’un des auteurs de la Flore d’Aigérie, qui poursuit avec une ardeur infatigable l'ex- ploration de ce pays, afin d’en bien connaitre et d’en bien décrire la végé- tation. Désireux de seconder ses efforts, nous avons pris une petite et modeste part à son œuvre remarquable : nous décrivons la famille des Labiées, et, Sur le point de publier notre travail, nous croyons devoir présenter à la Société un extrait de la description des espèces nouvelles que nous avons à signaler. Nous saisissons cette occasion pour féliciter la Société de sa sollicitude éclairée pour les progrès de la Botanique. Les encouragements donnés par elle à tous ceux qui cultivent les diverses branches de cette science nous permettent de compter sur la bienveillance de ses membres, au moment où nous venons leur soumettre les prémices d’un travail que nous avons entre- pris en écoutant bien plus notre zèle que nos forces. ORIGANUM CINEREUM Nob. O. suffruticosum, villoso-hirsutum ; foliis petiolatis, late ovatis, acutis, subserratis; bracteis densis, calycem subæquantibus, oblongis, acutis ; spiculis oblongis, obtusis. Icon de Noé Lab, Maurit. et Numid. Monogr. tab. 1. Hag. In jugis Atlantis medii, frequens ad ripas abruptas rivulorum Oued Sidi-el-Kebir prope Blidah et Oued Harrach, in monte Ain- Telazit et in valle Chiffa, prope Blidah, Boghar, Rovigo. Junio Julio floret. 580 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Oss. Cette plante a été décrite, il y a six mois, par M. Munby, sous le nom d’O. floribundum; mais elle est admise depuis longtemps dans les her- biers sous la dénomination que nous lui avons donnée, lorsque nous l'avons fait graver. Taymus Guyon Nob. T. suffruticosus, caule erectiusculo ; ramis floriferis adscendentibus, rigi- dis, longiuseulis ; foliis inferioribus ovatis, obtusis, planis, basi in petiolum brevem attenuatis, superioribus ovali-oblongis, floralibus subconformibus ; verticillastris remotiuseulis, in capitulum laxiusculum approximatis. Has. In monte Djebel Amour primus legit hanc plantam el. Guyon ; eam quoque nuper in montosis provinciæ Cirtensis haud longe a Constan- tina invenit amicus Cosson. Aprili Maio floret. Ogs. Cette plante appartient aux pays de montagnes ; elle a de la ressem- blance avec le 7’. Fontanesii Boiss., que nous réunissons au 7. Mastichina Linn. , parce que les caractères par lesquels on a voulu distinguer ces plantes comme espèces ne nous paraissent constituer que des formes et sont d’une importance trop secondaire pour donner une valeur spécifique. CLINOPODIUM VILLOSUM Nob. C. hirsutum, caulibus erectis, simplicissimis vel parce ramosis; foliis breviter dentato-serratis, acutiusculis, basi rotundatis; cymulis peduncula- tis, multifloris, in capitulum globosum dense plumosum aggregatis; caly- cibus elongatis, subbilabiatis; labii superioris dentibus lanceolatis, apice subulato-acuminatis, tubo fere 3-plo longioribus. Clinopodium vulgare Desf.! FT. Atl. 11, p. 26. — d'Urv.! Enum. plant. Or. p. 70. — Munby F1. de l’ Alg. p. 61. Calamintha Clinopodium Benth. in DC. Prodr. xi, p. 233. Has. Abundat in sylvaticis, dumetis et sæpibus. In provineia Algeriensi in sylva cedrorum Zentet-el-Haad, in rupestribus umbrosis montis Djebel Mouzaia, prope Medeah, Boghar ad sæpes fere scandens, Blidah, in dumetis secus torrentem Oued Knis prope Alger, Alger, in Kabyliæ montosis T izi- Ouzou etin vallibus Sebaou. In provincia Cirtensi in montibus Aurasiis Djebel Cheliah, in convallibus montis Hedough prope Bone, La Calle prope la maison forestière. Oss. Cette plante est très voisine du C. vulgare Linn. ; cependant qnelque chose de particulier dans son port avertit qu'elle ne doit pas être confondue avec l'espèce linnéenne. En effet, elle s'en distingue par ses feuilles plus grandes, ses têtes de fleurs plus grosses et plus velucs, et par ses calices plus allongés, à peine bilabiés, à dents très longuement cilićes. Sieber a décrit un C. plumosum dans le Bot. Zeit. Nous n'avons pu l'examiner, mais Visiani dit dans sa Flore de Dalmatie qu'il doit être rapporté au C. vulgare SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN aour 4855. 581 Linn. Nous pensons donc que notre plante gardera le nom que nous lui donnons, et qu'elle doit à la villosité de ses verticilles floraux. Sarvra BArANSsE Nob. S. suffruticosa, ramosa; ramis floriferis subvirgatis ; foliis oblongo-linea- ribus, minute adpresseque crenulatis, margine arefactione revolutis, sub- bullato-rugosis, inferioribus basi in petiolum angustatis; bracteis ovatis, acuminatis, calyce brevioribus; verticillastris subsexfloris, distinctis ; corollis calyce plus duplo longioribus. Var. B priori similis, et nonnisi foliis angustioribus floribusque cœru- leis diversa. Icon de Noé Lab. Maurit. et Numid. Monogr., tab. 11. Has. In provincia Oranensi in convallibus apricis prope Mostaganem invenit Balansa. Var GB in montibus vulgo Aurès dictis sed infrequens. Aprili Maioque florent. SALVIA JAMINIANA Nob. S. suffruticosa, caulibus cæspitosis, herbaceis, adscendentibus; foliis oblongis, inciso-pinnatifidis , inferioribus basi in petiolum desinentibus, su- perioribus sessilibus ; bracteis parvis, acutato-ovatis ; verticillastris 2-4-flo- ris, distinctis ; calycibus campanulatis ; corolla calycem subduplum supe- rante. Has. In locis glareosis provinciæ Cirtensis, Biskra, El Outaia, inter Batna et Biskra. Floret Maio Junio. Os. Cette espèce a quelque ressemblance avec les grandes formes du S. lanigera Desf., mais elle en diffère par ses tiges nombreuses et touffues, par ses feuilles découpées en lanières plus serrées, par son calice plus grand, à dents de la lèvre supérieure subulées, et enfin par ses fleurs qui sont bico- lores. M. Jamin a trouvé le premier cette belle plante dans les environs de Biskra. NEPETA ALGERIENSIS Nob. N. perennis, erecta, superne brachiato-ramosa, scabro-pubescens ; foliis petiolatis, oblongis vel lanceolato-oblongis, cordatis, crenatis; bracteis lineari-lanceolatis ; spicis elongatis ; calycis tubulosi apice incurvi ore obli- quo, dentibus brevibus lanceolatis acutis, duobus inferioribus brevioribus. Nepeta multibracteata var B Boveana Benth. in DC. Prodr. xii; p. 374. Nepeta multibracteata Bové exsice! Has. In montibus humilioribus collibusque nec non locis arenosis. In provincia Oranensi prope Tlemcen, Arzew. In provincia Algeriensi in mon- tibus Ouarensenis, Medeah, Blidah, Alger, in montibus Tizi-Ouzou, in vallibus Sebaou. In provincia Cirtensi prope Bone. Aprili Maio Junio floret. Oss. Extrêmement voisine du N. granatensis Boiss., notre plante diffère 582 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cependant par ses tiges nullement visqueuses, mais finement scabres, pat ses cymules presque sessiles, et enfin par son calice plus court à dents linéaires-lancéolées. BRUNELLA ALGERIENSIS Nob. B. herbacea , villosiuseula ; caule caulibusve erectis vel adscendentibus, simplicissimis; foliis longe petiolatis, majusculis, oblongo-lanceolatis, inte- gris vel remote dentato-serratis, basi attenuatis ; calycis labii inferioris dentibus elongatis, lanceolatis, acuminatis, ciliatis; staminibus apice longe denticulatis, denticulo arcuato subulato; mericarpiis magnis, oblongis. Icon de Noë Lab. Maurit. et Numid. Monogr., tab. 1. Has. In provincia Algeriensi in monte Djebel Mouzaiah prope Medeah, in montibus Djurdjura prope Bordji-Boghni. In provincia Cirtensi prope La Calle in pascuis argillosis humentibus lacum Houbera cingentibus. Floret Maio Junio. Ogs. Cette plante se distingue aisément des B. vulgaris Linn. et B. alba Pallas par la longueur de ses feuilles, de ses calices, de ses corolles, et surtout par la grandeur et la forme oblongue de ses méricarpes. SIDERITIS DESERTI Nob. S. perennis; caulibus erectis, ramosissimis, intricatis, indumento albo adpresso pannosis ; foliis parvis, sessilibus, obovatis vel basi cuneatis, inte- gris vel apice crenatis lobatisve, subtus costato-nerviis ; verticillastris 2-4 floris, magis minusve remotis ; calycibus infundibuliformibus, 5-dentatis, corollam æquantibus. Marrubium deserti olim excicc. Icon de Noé Lab. Maurit et Numid. Monogr., tab. 1v. Has. In collibus aridis deserti, unde aqua in torrentium alveos devehi- tur. In provincia Cirtensi in glareosis Oued Biskra, Oued Itel. In regione Tunetanæ collibus pascuisque tribus Beni-Zid, prope Gabes. A Februario in Maium floret. | Os. Pendant longtemps nous avons pensé que cette plante faisait partie des Marrubium, mais l'ayant étudiée de nouveau avec plus d'attention, nous nous sommes convaincu de notre erreur. En effet, un des caractères de ce genre est d’avoir les branches du style toujours bifurquées, égales a subulées, tandis que dans notre plante le style a ses branches tronquées. Ce caractere est celui des Sideritis, et c'est pour cette raison que nous pla- çons notre espèce dans ce genre. BETONICA ALGERIENSIS Nob. B. perennis, piloso-hirsuta ; caulibus herbaceis, erectis, subsimplicibus; foliis oblongis, basi noùnunquam cordatis, grosse crenatis, infimis longis- SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 583 sime petiolatis ; verticillastris in spicam cylindraceo-oblongam basi inter- ruptam dispositis ; corollis (pro genere) parvis. Betonica officinalis Desf.! Fl. Atl. 11, p. 49. — Munby FI. de l'Alg. p. 59. Has. In provinciæ Algeriensis sylva cedrorum 7entet-el-Haad nec non in monte Gourayah circa Bougie. In provinciæ Cirtensis sylvaticis prope La Calle. Floret Aprili Maio Junio. Ogs. Cette plante, dont l'illustre auteur de la Flore Atlantique fait un B. officinalis, est certainement ure espèce distincte. Le B. officinalis Linn. n'a pas été observé jusqu'ici dans nos provinces d'Algérie. On le distingue très aisément de notre plante à ses feuilles plus larges, à ses calices beau- coup plus petits, et enfin à ses fleurs plus grandes. Sracays Durræ Nob. S. annua, herbacea, erecta, subsimplex, glanduloso-pilosa; foliis petio- latis, ovato-oblongis, crenato-dentatis, dentatove serratis; verticillastris subsexfloris, remotis vel superioribus spicato-approximatis ; calycis cam- panulati profande 5-dentati dentibus longe aristatis, labii inferioris aristis longioribus. Var ß ochroleuca. Major, robustior ; foliis duplo majoribus; corollis omnino ochroleucis. Icon Expl. scient. de V Alg. Bot., pl. 6h. Has. Occurrit hæe species satis rara in provinciæ Cirtensis montibus, collibus et locis cultis. In montibus Djebel Mouilla et Djebel Ouach et in valle Oued Melha circa Constantine, prope Guelmah. Var B in provincia Algeriensi crescit, sed quoque infrequentissima, in campis haud longe ab urbe Blidah, etiam ad pagum Dely-fbrahim prope Alger. Maio-Junio florent. Oss. Nous dédions cette belle plante à celui qui l'a trouvée, à M. le Capitaine Du Rieu de Maisonneuve, soldat courageux, botaniste habile et ami dévoué. Chargé d'explorer l'Algérie par un gouvernement avide de Connaitre dans-les moindres détails le sol magnifique qu'il verait de con- quérir, M. le capitaine Du Rieu affronta mille dangers pour remplir la mission qui lui était confiée. Aujourd’hui notre digne et excellent ami publie ses travaux, et trouve dans la Botanique un soulagement à ses douleurs paternelles. STACHYS BRACHYCLADA Nob. S. annua, herbacea, brachiato-ramosa ; ramis resupinatis, adscendenti- bus, hirsuto-pilosis ; foliis petiolatis, ovatis, rotundatove ovatis, obtusis, basi cordatis vel truncatis, crenato-dentatis; verticillastris subsexfloris, remotis, superioribus spicato-approximatis; dentibus calycis lanceolatis, aristato-mucronulatis. 58h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Icon Stachys hirta var. parviflora de Noé. Expl. scient. de l’Alg. Bot. pl. 65.— de Noé Lab. FLI. Maurit.et Numid. Monogr. , tab. v. Nous donnons une nouvelle figure de cette plante, parce que celle qui existe dans l'Explo- ration scientifique de l’Algérie nous parait laisser à désirer. Has. In Mauritaniæ tantum arvis prope Oran hucusque observata. Oss. Cette plante ressemble aux Lamium amplexicaule Linn. et purpu- reum Linn. par le port de sa tige et de celui de ses branches. Il est remar- quable qu’elle ne se trouve que dans les lieux cultivés des environs d'Oran. Sracays MrazHEst) Nob. S. perennis, molliter hirsuto-pilosa ; caulibus elatis, subareuatis, su- perne brachiato-ramosis ; foliis longissime petiolatis, cordato-ovatis, cre- nato-dentatis, floralibus superioribus sessilibus, ovatis, acuminatis, serratis; verticillastris subsexfloris, ultimis subevanidis. Icon de Noé Lab. Maurit. et Numid. Monogr., tab. vi. Has. In provinciæ Algeriensis locis saxosis prope Milianah, in monte Mouzaiah prope Medeah et in montibus Ain- Telazit prope Blidah. Maio- Junio floret. Oss. M. Mialhes a bien voulu nous communiquer cette plante intéres- sante, qu’il a trouvée le premier parmi les rochers près de Milianah ; elle est voisine du S. circinnata l’Hérit., cepeadant elle en diffère par l'allongement de ses tiges flexueuses, à entre-nœuds espacés; ses feuilles ovales-oblon- gues aiguës sont plus longues que celles du S. circinata l'Hérit.; ses fleurs d’une couleur blanchâtre ont la lèvre inférieure agréablement mélangée de lilas. Nous cultivons cette belle espèce dans notre jardin, où elle devient robuste, et supporte parfaitement nos hivers. Lamium Nuuinicuu Nob. . L, perenne ; caulibus herbaceis, glabriusculis, basi repentibus vel adscen- dentibus ; foliis longe petiolatis, cordatis, inæqualiter dentato-crenatis; flo- ralibus subconformibus, breviter petiolatis, petiolo subdilatato ; tubo corollæ recto incluso, fauce subventricoso-amplissima ; antheris barbatis. Has. Mn provinciæ Cirtensis montibus Aurès, in Djebel Tougour prope Batna, in iocis umbrosis circa Biskra; etiam in Regni Tunetani Djebel Zaghouan. Floret a Junio in Augustum. Oss. Cette plante a été trouvée par notre ami, M. Cosson, dans les lieux élevés des monts Aurès ; elle est réellement intermédiaire entre le L, Gar- ganicum Linn. et le L. longiflorum Ten. SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 585 Paromis Bover Nob. P. elata, tomentosa, glandulosa ; caulibus erectis, superne brachiato-ra- mosis ; foliis radicalibus maximis, inferioribusque late cordato-oblongis, acutis, dentato-crenatis ; floralibus minoribus, angustioribus, dentato-ser- ratis; verticillastris terminalibus, magnis, rigidis, distinctis; bracteolis digitatim lineari-partitis calycem involucrantibus; calycibus subtubulosis, dentibus brevibus triangularibus mucronulatis ; corollis calyce longioribus. Phlomis Samia var 8 Algeriana Benth. in DC. Prodr. xu, p. 542. Has. In provincia Algeriensi in umbrosis abruptis circa Blidah, Medeah, copiose in herbosis Djebel Aïn Telazit. In provincia Cirtensi locis non exacte notatis sed rara. Ogs. Nous croyons, contrairement à l'opinion de M. Bentham , que cette plante n’est pas une variété du P. Samia Linn., mais bien une espèce tout à fait distincte, et depuis longtemps, nous l'avons décrite sous le nom que nous lui donnons ; en effet, nous la distinguons facilement du P. Samia Linn. à ses tiges plus robustes, couvertes de feuilles d’un vert plus triste, aux pétioles assez longs de ses feuilles florales, et enfin à ses calices presque cylindriques à dents courtes triangulaires et terminées en une pointe épi- neuse. Quant au P. Samia de la Flore Atlantique, nous pensons qu'il faut le rapporter au P. ferruginea du Flora Napolitana de Tenore. Teucrium MauRrITANICUM Nob. T. annuum, erectum, a basi brachiato-ramosum , hirsutum ; ramis adscen- dentibus, simplicibus; foliis ovato-oblongis vel ovato-lanceolatis, acutis, basi in petiolum angustatis, profunde serratis, utrinque molliter pubescen- tibus; verticillastris 2-floris, in spicam cylindraceam dispositis; calycibus declinatis, infra basi gibbis, subinflato-tubulosis, hirsutis : dentibus acutis, Mucronatis, supremo paulo latiore ; corollis parum exsertis. Has. In provincia Oranensi prope urbes Oran et Miserghin haud frequens. Floret Maio Junio. Oss. Ce Teucrium est voisin du T. resupinatum Desf., et comme lui, il est annuel; mais on remarque que ses fleurs axillaires forment un épi serré et cylindrique, tandis que celles de l'espèce de Desfontaines se déve- loppent en épis lâches, et se rejettent souvent d'un même côté. La forme tubuleuse très ample du calice de notre plante doit empêcher également de la confondre avec le 7°. resupinatum Desf. TEUCRIUM ALOPECURUS Nob. T. perenue; caulibus adscendentibus, ramosis, dense albo-lanatis ; foliis basi cuneata sessilibus, oblongis, crenato-serratis ; bracteis lineari-lanceolatis flores subæquantibus ; verticillastris 2-floris, in spicam oblongo-cylindra- 586 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ceam obtusam collectis; calycibus membranaceis, inflatis, postice subven- tricosis, dentibus brevibus acutato-mucronatis subæqualibus; corollis parum exsertis. Icon de Noé Lab. Maurit. et Numid. Monogr., tab. vir. Has. In rupestribus ad radices Djebel Aziza haud longe ab urbe Gabes in regione Tunetana. Floret Maio. Oss. Cette plante, par son port et l’indumentum de ses feuilles, rappelle le T. Polium Linn., mais ses fleurs plus grandes, rapprochées en longs épis cylindriques compactes, et ses calices tubuleux, amples et ventrus, suffi- sent pour la distinguer comme espèce. Cette plante, belle et rare, a été trouvée par M. Kralik , qai a bien voulu nous la communiquer. Que cet excellent homme, qui nous a fait connaitre en partie la végétation de la Régence de Tunis, reçoive ici nos sincères remerciments ! M. J. Gay demande à M. le vicomte de Noé, s’il a observé les caractères de végétation du nouveau Betonica qu'il a décrit sous le nom de B. algeriensis ? M. de Noé répond que cette espèce ne lui a rien présenté de par- ticulier quant aux caractères de la végétation. M. Gay appelle alors l'attention de la Société sur ce fait, observé par lui et encore inédit, que dans toutes les espèces du genre Beto- nica connues de lui, indigènes ou exotiques, l'axe caulinaire primaire reste contracté en rosette et ne s'allonge jamais en tige. Ce sont les rameaux nés à l’aisselle des feuilles de la rosette qui, dans ces plantes, jouent le rôle de tiges floriféres. Ce fait est d'autant plus intéressant, que n'ayant été reconnu jusqu'ici dans aucune autre Labiée, il paraît être particulier au genre Betonica. C’est un appui nouveau pour ce genre, d’ailleurs très voisin du genre Stachys, auquel il avait même été réuni par M. Bentham dans la première édition de sa Monographie des Labiées. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société les communications suivantes : EXAMEN DE LA STRUCTURE DE L'OVULE CHEZ LE NERIUM OLEANDER ET CHEZ L'ESCHSCHOLTZIA. — RÉPONSE A QUELQUES OBJECTIONS, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. On se rappellera peut-être que dans la séance du 8 juin, il a été avancé par l’un des adversaires de ma doctrine sur la structure de l’ovule, notre confrère M. Weddell, que je n'étais pas fondé à m’appuyer sur le sentiment de M. Robert Browu, et que j'ai répondu par la citation du mémoire sur le SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 587 Rafflesia dans lequel cet habile observateur déclare que chez les Apocynées et les Asclépiadées, le nucelle ne devient visible à l'extérieur que longtemps après l'apparition de la primine. On comprendra aisément que j'aie dû saisir la première occasion qui s'est présentée à moi pour suivre à mon tour le développement de l’ovule chez les plantes que M. Robert Brown signale comme des exemples d’une struc- ture regardée par mes contradicteurs comme ne se présentant nulle part et que je me crois fondé au contraire à regarder comme générale sinon comme universelle, Une plante vulgaire de la famille des Apocynées, le Nerium Oleander (Laurier-Rose) a été le sujet de mon observation. — Je ferai d'abord re- marquer que chez les plantes à placentas multi-ovulés (chez le Nerium, par exemple), dès le plus jeune âge les ovules se détachent et s'isolent très fa- Cilement les uns des autres, sous le verre grossissant ; et que, d’autre part, on trouve en même temps, chez ces plantes, sur un même placenta, des ovules développés à des degrés différents, ce qui, en permettant de suivre les transitions les plus insensibles entre un état de développement et l’état suivant, facilite singulièrement l'observation et en rend les résultats plus positifs et plus concluants. L'ovule du Nerium Oleander m'est apparu dans son âge le plus jeune sous la même forme que chez les autres phanérogames que j'ai eu occasion d'observer, c’est-à-dire sous l'apparence d'un petit mamelon conique ou hé- misphérique de tissu cellulaire, en apparence indivis et homogène. Un peu plus tard, longtemps avant l'époque de la déhiscence des anthères, j'ai trouvé le cône primitif élargi supérieurement : son sommet était ent'ou- vert et converti en un bourrelet circulaire et laissait apercevoir à son centre une éminence hémisphérique plus intérieure. — Chez les ovules Plus avancés, pris sur le même placenta, l'ovule présentait une partie fu- niculaire bien distincte de la partie ovulaire proprement dite ; le développe- ment inégal des deux côtés de l’ovule était déjà manifeste, et au fond de la large ouverture béante du bourrelet externe converti en tunique, on aper- cevait le sommet conique de la tunique intérieure. Chez un bouton plus avancé, mais avant l’époque de la déhiscence de l'anthère, la tunique externe était déjà allongée, et son ouverture rétrécie au point de ne plus permettre de voir la tunique interne dont j'ai parlé plus haut; l'ovule présentait la forme semi-anatrope ou semi-réfléchie qu'il devait Conserver jusqu’à l’état de graine mûre. L'ovule du Nerium Oleander se développe donc en effet, de l'exté- rieur à l’intérieur, comme le dit M. R. Brown, et comme j'ai vu se déve- lopper tous Jes ovules que j'ai soumis à l'étude. Seulement M. R. Brown pense que Jes tuniques ne deviennent distinctes entre elles qu'après Par- rivée du boyau pollinique, et je crois avoir vu ces tuniques distinctes 588 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. longtemps avant que le pollen fût sorti de l’anthère. Quant au nombre des téguments, on n’en voit manifestement que deux. Je n'ai pas constaté si le deuxième, que je n'ai pas vu s'ouvrir, joue le rôle de nucelle, ou s'il s'ouvre après qu'il a été dépassé et recouvert par la primine, et donne pas- sage à une troisième tunique constituant le nucelle. Parmi les objections qui m'avaient été faites relativement au mode d'évo- lution de l’ovule normal, M. Duchartre avait cité la structure de l’ovule dans le genre Æschscholtzia. Diverses plantes voisines que j'avais étudiées à ce point de vue et qui m'avaient présenté comme ailleurs des ovules se déve- loppant de l'extérieur à l'intérieur me donnaient à penser que l’Æschscholtzia n’échappait probablement pas à ce que je regarde comme la règle com- mune; j'ai néanmoins attendu pour répondre, que j'eusse pu étudier son ovule. Chez cette plante, dans un bouton extrêmement jeune et dont l'ovaire n'égale pas le volume d’une des jeunes anthères, j’ai trouvé des ovules con- sistant en un mamelon indivis, et d'autres dont le mamelon primordial entrouvert au sommet laissait saillir une seconde tunique encore conique ou hémisphérique. — Chez des boutons moins jeunes, la deuxième tunique est ouverte à son tour et laisse saillir le nucelle conique, qui a l'aspect d'une membrane transparente de tissu cellulaire à l’état naissant, tandis que chez la primine et même chez la secondine, les mailles du tissu cellulaire sont déjà très distinctes. — Les dessins que je mets sous les yeux de la Société, et que je crois exacts, démontrent que, bien loin que les trois tuniques soient à une même époque d’un même diamètre, ainsi que l'a avancé M. Duchartre, la primine au contraire enveloppe largement la secondine, laquelle enveloppe largement le nucelle. — Le hasard d’une coupe heureuse d'un de ces jeunes ovules d'une taille infiniment petite, m'a en outre fourni une pièce dans laquelle on voit les trois tuniques emboitées, le nucelle ne dépassant pas encore la secondine. — Enfin, dans un état plus avancé, la primine s'allonge en forme de bec et recouvre complétement les tuniques internes. — L'ovule de l’Eschscholtzia se développe donc manifestement selon moi (comme tous les ovules que j'ai observés jusqu'à ce jour ) de l'extérieur à l'intérieur. PROPOSITIONS SUR LA NATURE DES DIVERSES SORTES DE BOURGEONS, ET PARTICULIÈREMENT DES BOURGEONS OVULAIRES, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. 4° Chez les végétaux phanérogames, l'individu végétal élémentaire est la feuille. En effet, nous avons démontré que l'embryon des monocotylédones se compose uniquement d'une feuille (cotylédon) qui se termine inférieure- menten un prolongement radiculaire, et qui émet un bourgeon à sa face in- SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 589 terne, sur un point déterminé de la ligne médiane, ordinairement au-dessous de la base du limbe. 2° Chacune des feuilles disposées sur un axe et portant un bourgeon à son aisselle, est l'analogue de l'embryon monocotylé, La feuille est l’analogue du cotylédon et le bourgeon axillaire, qui appartient à la feuille plutôt qu'à l'axe proprement dit, est l’analogue de la gemmule : en effet, c’est la position de la feuille qui détermine la position du bourgeon. 3° Si cette manière de voir est bien fondée, il n’est pas exact de dire que le caractère qui distingue essentiellement la feuille de l'axe, consiste en ce que la feuille n'émet point de bourgeon, et en ce que les parties axiles émettent seules des bourgeons normaux. Je dirai au contraire que c’est la feuille qui est caractérisée essentiellement par la production du bourgeon. L° Cette opinion n'est pas si éloignée de l'opinion admise qu'elle le paraît au premier coup d'œil; en effet, ce qu'on appelle l'axe étant, selon nous, formé essentiellement par les décurrences des feuilles, les bourgeons ne sauraient appartenir aux feuilles sans appartenir en même temps à l'organe complexe qui résulte de l’agrégation des décurrences des feuilles et qui est désigné sous le nom d’axe. 5° Il existerait à notre point de vue deux sortes d'axes, les axes élémen- taires et les axes composés. Les axes élémentaires consistent dans la partie essentielle ou charpente médiane des feuilles (nervure, pétiole et décurrence) ; chaque axe élémentaire est susceptible d'émettre un bourgeon. Ce bourgeon se fait jour ordinairement au point où commence la partie libre de la feuille (aisselle) : néanmoins, il est quelquefois situé, soit sur la partie libre de la feuille, soit par une sorte de déviation et de distension, sur la tige au-dessus du niveau de l’aisselle de la feuille (bourgeons extra-axillaires ). 6° Les axes composés, ou axes proprement dits, résultent du développe- ment du bourgeon, soit primaire, soit axillaire, et sont constitués par un noyau cellulaire (partie médullaire ) sur lequel s'étendent de haut en bas les décurrences des feuilles. | 7° Il existe une sorte de réciprocité entre la feuille (ou axe élémentaire) et l'axe proprement dit (ou axe composé) ; en effet, bien qu'une feuille isolée puisse constituer une plante pendant son âge embryonaire, chez les bour- geons qui naissent ultérieurement, les feuilles munies de leurs bourgeons axillaires rudimentaires prennent naissance sur le noyau cellulaire qui Constitue un bourgeon naissant, et d'autre part ce noyau cellulaire ou bourgeon naissant est transformé en axe proprement dit par les décurrences des feuilles situées à sa surface. 8° Le bourgeon axillaire et le bourgeon terminal ne constituent pas deux Sortes de bourgeons : le bourgeon axillaire est le rameau pendant sa pre- mière période, le bourgeon terminal est la prolongation de ce même rameau. 9% Le bourgeon primaire ou primordial de l'embryon, chez les monoco- 590 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tylédones au moins, est l’analogue d’un bourgeon axillaire ; il est né sur une feuille ou axe élémentaire. Chez les dicotylédones le phénomène est plus complexe : deux individus élémentaires ou cotylédons étant accolés, de l’aisselle commune de ces deux feuilles émane un bourgeon unique, bourgeon par conséquent terminal dès le principe, puisque chacun des deux cotylédons peut en outre émettre à son aisselle particulière un bourgeon réellement axillaire. — Les feuilles cotylédonaires chez les dicotylédones fournissent donc deux sortes de bourgeons : un bourgeon commun aux deux feuilles ou vraiment terminal, et deux bourgeons axillaires, un pour chaque feuille. 40° Cette disposition, bien que toute spéciale, n’a rien de contradictoire avec ce qui se passe ultérieurement dans un certain nombre de cas : en effet, une même aisselle produit souvent plusieurs bourgeons : bourgeons collatéraux (du centre vers les côtés) chez les bulbes par exemple; ou bourgeons superposés, et mieux antéro-postérieurs (de la feuille vers la tige). 41° On sait que les bourgeons adjuvants, dits bourgeons adventifs, peu- vent se développer accidentellement sur toutes les parties du végétal, soit sur les racines, soit sur les tiges, soit sur les feuilles. Le caractère de ces bourgeons est de se développer sans ordre et de n’occuper aucun point déterminé d'avance; ils se manifestent, soit sous l'influence d’un excès de force végétative, comme celle qui résulte, dans la partie inférieure d'une tige, de la suppression des branches supérieures (cette même force fait en même temps se développer les bourgeons normaux restés latents); soit à la surface des tissus vivants mis à nu par une perte de substance. Ce sont des bourgeons de cette nature qui, chez les feuilles bouturées, naissent au niveau de l’incision inférieure et reproduisent la plante. 42° En dehors de ces diverses sortes de bourgeons : bourgeons primor- diaux, bourgeons axillaires et bourgeons adventifs, il existe des bourgeons d'une nature toute particulière : ce sont les bourgeons ovulaires. 13° Les bourgeons ovulaires occupent des points déterminés; ils prennent généralement naissance sur la partie libre de certaines feuilles; ils occupent, non pas leur aisselle comme les bourgeons normaux, mais leurs bords et notamment l'extrémité de chaque dent de ces feuilles; rarement ils sont situés à la face interne de ces feuilles ; enfin, dans certains cas, ils paraissent naître sur un axe celluleux. , 44° Ces bourgeons sont d'une nature assez complexe : ils sont constitués par une première feuille qui nous parait être, dans les cas les plus nombreux; la foliole ou la dent de la feuille carpellaire dont la partie essentielle joue le rôle du rachis chez la feuille composée. Cette première feuille, foliole, ou tu- nique est l'axe primaire portant le bourgeon analogue à un bourgeon axillaire qui constitue le corps ovulaire et qui a son axe particulier. 45° Le premier axe de l'ovule est done un axe élémentaire libre; cet axe SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 591 est constitué par la nervure de la primine et par la prolongation de cette nervure : le funicule. Cet axe élémentaire est bientôt transformé en axe composé, par le fait de la décurrence des feuilles supérieures de l'ovule. 16° Le second axe de l’ovule est un axe complexe : c'est la chalaze, sorte de plateau ( ou axe très court) qui ne porte que deux feuilles, la secondine et la feuille nucellaire. ( Nous avons démontré que le nucelle est une feuille analogue aux autres tuniques de l'ovule, et non, comme on l'admettait, l'axe ou le prolongement de l'axe. ) La Société décide qu’elle se réunira de nouveau vendredi prochain 17 aoùt. SÉANCE DU 17 AOUT 1855. PRÉSIDENCE DE M. PARLATORE. M. L. Soubeiran, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 10 août, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Pré- sident proclame l'admission de : M. E. Jorien, docteur en médecine, rue Dupuytren, 40, à Paris. présenté par MM. Moura-Bourouillou et Puel. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : En échange du Bulletin de la Société : Comptes rendus de la Société de Biologie, tome I™ de la 2° série, 1855. L'Institut, août 1855, un numéro. La Société, sur la proposition de M. le Président, appelle à prendre place au bureau comme vice-présidents: M. H. Lecoq, de Clermont- Ferrand, et M. le docteur Darrieux, de Saint-Jean-Pied-de-Port. M. L. Soubeiran annonce que M. Della Sudda, qui fait don à Ecole de Pharmacie des échantillons de matière médicale envoyés par lui à l'Exposition, se propose d'envoyer l'an prochain une collection des plantes de Turquie, qui sera d'autant plus précieuse que la végéta- ton de ce pays est imparfaitement connue. M. Parlatore annonce à la Société que, par ses démarches auprès du Jury de l'Exposition, il a obtenu de M. Milne Edwards, président 592 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la 2° classe, une salle spéciale qui sera mise à la disposition de la Société lors de ses visites à l'Exposition. La Société décide qu’elle fera une visite à l'Exposition le lundi 20 de ce mois. MM. Parlatore et le comte Jaubert veulent bien se charger de diriger les membres de la Société dans cette exploration. M. le comte Jaubert donne lecture d’une nouvelle partie de son travail intitulé : La Botanique à l'Exposition. M. Parlatore demande à M. Cosson s’il a fait en Algérie des obser- vations sur la loupe du Thuja articulata, et si elle doit être regardée, ainsi que celle de certaines Protéacées, comme naturelle à l'arbre. M. Cosson répond que c’est un produit anormal développé sous des influences particulières. Les Arabes, soit pour asseoir leurs campe- ments, soit pour préparer un défrichement rapide, incendient souvent des forêts entières de Thuja (Callitris) ou d’autres Coniféres, et les arbres arrêtés dans leur développement produisent ces expansions singulières; parfois la flamme ne les attaque que latéralement, et c’est alors du côté opposé que la loupe se développe. On rencontre d’ailleurs les mêmes Coniféres croissant avec la forme pyramidale qui leur est naturelle, dans les ravins par exemple, lorsque aucune in- fluence étrangère n’a contrarié leur développement ; mais la forme de parasol, quoique anormale, est la plus commune. M. le comte Jaubert a observé des faits tératologiques analogues dans les produits hollandais de l'Exposition, sur le bois d'Amboine. Il rappelle le travail de M. Trécul sur ce sujet. M. de Schœnefeld donne lecture du rapport qu'il a été chargé, par M. le President, de faire sur l’herborisation du 42 août. RAPPORT SUR L'HERBORISATION FAITE PAR LA SOCIÉTÉ DANS LA FORÊT DE FONTAINEBLEAU, par M. W. DE SCHŒNEFELD. MESSIEURS, L'excursion dans la forêt de Fontainebleau que vous avez décidée ven- dredi dernier, a été exécutée avec succès le dimanche 12 de ce mois. Mal- heureusement, resserrée dans le court espace de temps dont les trains de chemin de fer, dits de plaisir, accordent la fugitive jouissance à leurs nombreux voyageurs, notre exploration a été bien rapide, et partant, bien incomplète. Si néanmoins elle a offert un véritable intérêt, c’est surtout grâce à la présence de notre honorable président, M. Parlatore, qui, malgré ses occupations multipliées, a bien voulu nous accompagner et nous per- SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 593 mettre, au milieu même des objets de nos communes études, de profiter des richesses de sa science profonde et de son érudition varice. La forêt de Fontainebleau est bien connue, Messieurs, de la plupart d'entre vous. C’est, en effet, depuis le temps de Thuillier, un des rendez- vous classiques des botanistes parisiens. Vous savez tous que son sol est presque partout composé de cette formation siliceuse que les géologues appellent terrain miocène inférieur ou grès de Fontainebleau, et qui consti- tue à la fois ce sable d’une finesse extrème dont se fatiguent si vite les pieds du promeneur, et ces rochers si durs et si compactes dont il ne peut se lasser d'admirer les formes bizarres et les gigantesques proportions. Les points les plus élevés, d'une altitude de 130 à 140 mètres, sont couronnés cà et là d'une faible banc de calcaire d'eau douce, dont la présence se révèle au botaniste par l'apparition de quelques plantes caractéristiques des ter- rains calcaires, telles que le Sesleria cœrulea sur le Mail d'Henri IV, le Teucrium montanum aux environs de la Belle-Croix, et le Fragaria collina entre les rochers de Bouron. Considérée au point de vue de la géographie botanique, la forét de Fon- tainebleau est peut-être une des localités les plus curieuses de France, pré- cisément parce qu'elle est une de celles dont il est le plus difficile de définir le caractère. Accidentée sans être réellement montagneuse, elle nous offre les plantes ordinaires de nos plaines, mélées à quelques espèces de la zone Subalpine. Placée non loin du centre de la France, elle est pour ainsi dire le point de jonction des régions botaniques de l'ouest, du nord et de l'est. Sa flore est un étrange amalgame de celles des régions diverses qui l’entou- rent; et la flore du midi, la flore même de Corse, possèdent chez elle quel- ques représentants, sentinelles avancées, vers le nord, de la végétation méditerranéenne, En parcourant ses sites variés, on ne peut manquer d'être surpris de ces singuliers contrastes. Tei, l'Anemone sylvestris du nord- est rencontre les Ranunculus gramineus ct chœrophyllos des environs de Toulon; là, le Scabiosa suaveolens des Vosges se croise avec le Trifolium strictum de l’ouest et du midi ; ailleurs enfin, l Helianthemum umbellatum de Nantes et de Bordeaux croit a l'ombre du Sorbus latifolia de Lorraine, et non loin de l Arenaria grandiflora des Alpes et des Pyrénées. Forcés, comme je lai dit, par le peu de temps dont nous pouvions dis- Poser, de réduire notre exploration à deux ou trois points intéressants, nous Nous sommes dirigés tout d’abord vers le Maild'HenriIV, en traversant seule- ment nne partie du pare, et en négligeant, pour arriver plus vite, le Cysto- Pteris fragilis et le Ceterach, qui se cachent sous les charmilles des murs de la terrasse. Après avoir franchi le pavé du Moret, nous sommes arrivés en peu d’instants au pied de ce large mamelon qui porte le nom de Mail d'Henri IV, et dont toute la partie nord, regardant Fontainebleau, est cou- Verte d'une plantation de pins, qui date, dit-on, de plus de soixante-dix ans, T. L0 594 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et qui est assurément l’une des plus anciennes de la forêt. C'est sous ces pins élevés que nous avons eu la vive satisfaction de trouver, presque au début de notre course, la plante qui, pour plusieurs d’entre nous, était le but principal de l’herborisation, le Goodyera repens , que notre savant confrère, M. Chatin, a rencontré le premier l’année dernière, à la grande surprise de tous les botanistes parisiens, et dont notre bulletin a immédiatement enre- gistré la découverte. Cette plante croit aujourd’hui, en abondance extrême, des deux côtés de la route qui conduit de la grille de Maintenon au Mail d'Henri IV, sur toute l'étendue du terrain en pente que couronnent les grands pins dont j'ai parlé, et se propage un peu au-dessous, sous les chênes, mais non au-dessus des arbres verts. Elle est tellement abondante et si facile à voir qu'il n’est pas raisonnablement possible d'admettre qu'elle ait pu échapper aux regards des nombreux botanistes qui, à tous les moments de l’année, visitent ce point de la forêt, point très rapproché de la ville, et l'un de ceux d’ailleurs dont la végétation présente le plus d'intérêt, Il est donc hors de doute que c'est tout récemment qu'elle y a pris naissance, et qu'elle a dû s'y dé- velopper et s'y multiplier avee une promptitude qui semble tenir du prodige. Le Goodyera repens, R. Br. (Neottia repens, Sw. Satyrium repens, Le) est une Orchidée subalpine dont l'aire s'étend depuis la Sibérie, à travers toutes les contrées froides de l'Europe, jusqu'aux pentes des Alpes et des Pyrénées. Elle est fréquente, presque toujours dans des bois de pins, en Suède, en Lithuanie, en Prusse, dans les plaines du nord et sur les montagnes du midi de l'Allemagne. Koch la cite comme croissant çà et là, in sylvis montanis umbrosis et subalpinis, dans tout le territoire de sa Flore. Smith ne l'indique pas en Angleterre, mais seulement en Écosse, in sylvis alpinis muscosis rarius. Ses stations en France, que j'extrais de la dernière livraison de la Flore de MM. Grenier et Godron, sont les suivantes : Ver- sant oriental des Vosges, — Haut-Jura, — Puy-de-Dôme, — Alpes, — Pyrénées. Elle a enoutre été indiquée par Thore dans les Landes, où elle a sans doute aussi suivi les arbres-verts, et par M. Pelletier, d'Orléans, dans le département du Loiret, entre Malesherbes et Orléans, où elle à, de même qu'à Fontainebleau, paru tout à coup sous des pins, plantés par Duhamel du Monceau. Vu à une certaine distance, son petit épi de fleurs blanches naissant en spirale, mais tournées toutes du même côté, et portées par une hampe droite et roide qui sort d’une rosette d'un beau vert foncé, lui donne tout à fait le port et l'aspect d'une Pyrole. H ne faut donc pas s'étonner qu'un botaniste allemand du x vu siecle, Læsel, l'ait décrite sous lenom de Pyrola acutifolia polyanthos. Sa manière de végéter est remarquable et curieuse. Son rhizome grè.e et tres fragile, rampe entre la mousse et la terre sans y SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 595 enfoncer ses racines, pourtant assez longues, et qui paraissent puiser uni- quement leur nourriture dans l'épaisse couche d'aiguilles et de fragments d'écorce que les pins laissent tomber peu à peu sur le sol. Ces débris rési- peux des Conifères, qui, pendant un certain temps, frappent de stérilité le terrain qu'ils recouvrent, finissent à la longue par se décomposer en une sorte d'humus ou de terreau d’une nature particulière, et sont indis- pensables à la vie de notre plante. Pour qu’elle prospère, il faut même que ces débris constituent une couche d’une certaine épaisseur. Il résulte de là que le Goodyera ne peut venir que sous des pins déjà avancés en âge. Ce mode de végétation a quelque analogie avec celui des Malaxis et des Dro- sera dans les tourbières, et notre plante peut être aussi considérée en quel- que façon comme un intermédiaire entre les Orchidées terrestres et les Orchidées épiphytes, dont un grand nombre, on le sait, vivent sur le bois pourri des vieux arbres. Le rhizome du Goodyera se subdivise en rameaux très nombreux, dont chacun perce la mousse pour étaler sa rosette de feuilles, qui s’allongera tôt ou tard en un épi de fleurs. La plante se propage et se multiplie de cette manière avec une merveilleuse rapidité, et puliule pour ainsi dire partout où elle rencontre les conditions nécessaires à son existence. Or, le versant nord du Mail d'Henri IV semble avoir été fait tout exprès pour elle. L'ex- position froide, l'ombrage des vieux pins, le sol sablonneux et humide, une couche de 10 à 15 centimètres de cet humus spécial dont j'ai parle, tout Concourt à la fois à favoriser son développement. Je dois ajouter que cette espèce, contrairement à beaucoup d'autres Orchidées, fructifie avec facilité, et jouit par conséquent d'un double mode de reproduction. Il est done moins surprenant qu’on ne serait disposé à le penser, qu'elle se soit éparpillée Presque subitement sur un espace d'environ 500 à 600 mètres de long sur 150 à 200 mètres de large. Quelques graines de Goodyera, adhérant peut- être à un des cônes qui ont servi à ensemencer la forêt, après avoir attendu longtemps le moment propice pour paraître au jour, ont pu, en peu d'an- nées, produire la riche lignée offerte aujourd’hui aux regards étonnés des botanistes, qui, il faut bien le dire, se formalisent un peu en voyant qu'une plante nouvelle a pris la liberté de s'installer à son aise dans leur domaine, avant même qu'ils eussent été prévenus de son apparition. Les comètes, Vous le savez, jouent quelquefois de pareils tours à Messieurs de l’observa- toire de Paris. Quoi qu'il en soit, le Goodyera nous appartient désormais et a reçu ses lettres de grande naturalisation. Il est maintenant établi chez nous d’une manière indestructible, et doit prendre rang parmi celles de nos espèces dont la spontanéité est le mieux avérée. C'est une perle de plus dans l'écrin de notre flore parisienne, écrin bien riche encore aujourd'hui, mais que le Vandalisme de la civilisation moderne menace d'appauvrir d'année en année. 596 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On dessèche nos marais, on déboise nos collines, on défriche nos landes, on exploite nos rochers de grès, on peuple d’arbres-verts les clairières de nos forêts, on transforme même des bois tout entiers en pares à la moûe anglaise. Ajoutez à cela l’avidité irréfléchie de quelques botanistes peu dignes de ce nom, et qui semblent porter envie aux tristes lauriers des défricheurs. Que restera-t-il, dans moins decinquante ans, de nos localités si justement célè- bres? Que deviendra notre flore au miliea de cette guerre impie que l’homme livre incessamment à la nature? — Soyons sans inquiétude, Messieurs ; grâce à Dieu, la nature est assez puissante et assez habile pour revendiquer ses droits imprescriptibles à la propriété souveraine du sol, et nous avons précisément sous les veux un exemple bien rassurant des moyens ingénieux qu'elle emploie pour contraindre l’homme à cuitiver, malgré sa volonté, comme le dit spiriluellement M. Alphonse De Candolle, les espèces à la conservation desquelles elle veille avee un soin maternel. Les plantations de pins de la forêt de Fontainebleau y ont détruit ou y détruiront bientôt quelques espèces plus ou moins rares. Soit! Mais elles nous ont déjà donné en échange le Goodyera repens. Ainsi la main de l'homme peut devenir l'instrument involontaire de la nature, et réparer elle-même, sans le savoir, les dévastations qu’elle a exercées ; ainsi les lacunes se comblent; ainsi l'équilibre se rétablit. Depuis quinze ans que j'étudie la flore parisienne, une seule espèce réellement spontanée a complétement disparu de son terri- toire; une seule aussi vient de s'y établir avec tous les caractères de la spontanéité, Et, chose étrange, mystérieuse coïncidence, ces plantes appar- tiennent toutes deux à la mème famille naturelle, Une Orchidée nouvelle est venue remplacer l’autre dans notre flore, et lui a, pour ainsi dire, suc- cédé sans interruption ; car, qui peut savoir si le jour même où le dernier des Malaxis achevait de se dessécher dans les tourbières du Serisaye, indi- gnement livrées au Sarrasin et à l Avoine (1), qui peut savoir si ce jour-là même le premier Goodyera wa pas commencé à étendre furtivement son frêle rhizome sous l'ombrage tutélaire des vieux pins du Mail d'Henri IV? Veuillez excuser, Messieurs, cette longue digression, à l'occasion d'une plante particulierement intéressante, Je me hâte de reprendre le récit de notre herborisation. | (1) L'étang du Serisaye, près de Rambouillet (Seine-et-Oise) était naguère encore, pour les botanistes, une des localités les plus remarquables des environs de Paris. De 1844 à 1846, la partie de cet étang qui leur offrait le plus d'intérêt a été complétement transformée par de grands travaux de desséchement. On y cultive aujourd’hui avec succès le Polygonum Fagopyrum et V'Avena sativa, mais c'était il y a douze ans une belle tourbière spongieuse, dont les Sphagnum presque flol- tants recélaient, entre autres richesses, le Vaccinium Oxycoccos et le Malaxis paludosa. \\ est peu probable que l’on puisse retrouver sur un autre point de nos environs cette dernière espèce, sans doute à jamais perdue pour la flore parisienne: SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 597 En quittant à regret le Goodyera, nous avons jeté un rapide coup d'œil sur l'autre versant du Mail d'Henri IV, reconnu autant que l'époque de l'année le permettait, la présence des Helianthemum umbellatum, Fumana et apenninum, du Sesleria cærulea, et rencontré quelques débris desséchés de l Arenaria grandiflora, var. triflora, plante alpestre que j'ai déjà citée en commençant, Quant aux Carex, la saison était trop avancée pour cher- cher à voir encore l'ericetorum et le montana qui se trouvent l'un en abondance, l'autre assez rare autour de la localité même du Goodyera. Mais nous avons pu aisément constater le C. humilis, dont les touffes cespiteuses, rayonnant autour d'elles-mêmes et se détruisant au centre, finissent par former des cercles de verdure qui rendent cette espèce reconnaissable en toute saison. De là nous avons gagné promptement la plaine de la Chaise à l'Abbé ou Champ-Minette, où nous avons recueilli quelques repousses en fleur de l'Alyssum montanum, ainsi que quelques pieds de la gracieuse Liliacée de nos Sables, le Scilla autumnalis. Cette localité présentait naguère en assez grande quantité plusieurs autres espèces rares : Carex nitida , Scorzonera austriaca, Trifolium montanum, Trinia vulgaris, ete. Ces plantes s'y trou- vent encore en petit nombre; mais hélas, fà aussi les pins grandissent et étoufferont bientôt le peu qui en reste. L'Allium flavum est toujours la en abondance, et résistera longtemps encore à l'influence stérilisante des arbres-verts ; mais comme nous désirions arriver de bonne heure à Fran- chard, nous n'avons pas eu le temps de le chercher. Nous avons laissé à hotre droite le Mont-Morillon, qui nous aurait offert en fleur ou en fruit les deux Phalangium, le Peucedanum Cervaria, V Inula hirta, 1 Asperula tinc- toria , plante très rare en France , et dont Fontainebleau est presque la seule localité, le Phyteuma orbiculare, et V Euphorbia Esula. A notre gauche, s'élevaient les rochers que la synonymie moderne a décorés, par euphémisme, du nom décent de Rochers des Demoiselles, et parmi lesquels j'ai trouvé plus d'une fois naguère le Linaria Pelisseriana et le Bulliarda Vaillantii. Nous sommes ainsi parvenus directement au champ de mauœu- vres, où il y a une vingtaine d'annees, a été trouvée une seule touffe de Scrofularia canina, plante d'une spontanéité douteuse et admise à tort, je crois, dans la flore des environs de Paris. Les bords de ce vaste désert de sable sont ornés des élégantes fleurs bleues du Scabiosa suaveolens, mêlées aux épis de même nuance de la forme rameuse du Veronica spicata qui ressortent au milieu des Calluna et au pied desquels rampe le Scleranthus Perennis. Nous avons traversé ensuite le pavé d’'Ury, près duquel nous avons vaine- ment cherché le Zragus racemosus.que j'y avais vu encore il y a trois ans, lorsque, pour la dernière fois, j'eus l'honneur d'accompagner dans cette loca- lité l'excellent et illustre maitre dont tous nos cœurs portent le deuil, et dont 598 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la Botanique française déplorera toujours la perte irréparable. Comme cette plante était la seule espèce intéressante à trouverlà, nous avons, après quel- ques instants de repos, repris notre course, j'allais dire notre vol, vers les gorges de Franchard, à travers les rochers pittoresques de la Salamandre et les interminables plantations de pins qui s'étendent au-dessous du Long Boyau. Dans ce trajet, rien de particulier ne s’est offert à nos yeux, si ce n'est la forme umbrosa du Calamintha Acinos, que Thuillier a décrite sous le nom de Thymus alpinus. Enfin nous avons atteint le but final de notre herborisation, où nous avons été amplement dédommagés de la fatigue d’une marche longue et monotone. Nous avons trouvé dans les mares de Franchardsen assez grande quantité, une plante des plus rares aux environs de Paris, et dont c’est là dans notre région, l'unique localité. Je veux parler de l Airopsis agrostidea, DC., que notre honorable président désirait vivement recueillir dans notre pays, car dans son beau travail sur le flore d'Italie, il a été conduit à en faire un genre distinct sous le nom d’Antinoria (1). Ce genre nouveau ren- ferme, outre notre espèce , qui se retrouve dans l’ouest de la France et de l'Espagne, une forme sicilienne, longtemps confondue avec elle, et que, le premier, M. Parlatore en a distinguée spécifiquement. Nous avons de plus constaté la présence du Nardus stricta; c'est une localité nouvelle à ajouter à celles qui sont indiquées dans la Flore pour cette espèce. Enfin nous avons recueilli au bord des mares l Heleocharis multicaulis, V Helos- ciadium inundatum, le Pilularia globulifera et V Hypericum Elodes. Bien des plantes encore, dans cette riche partie de la forêt, auraient pu attirer notre attention. Mais il était six beures du soir, nous étions à 6 kilometres de notre diner, les boîtes étaient pleines, les estomacs étaient vides, et Pim- pitoyable train de plaisir chauffait déjà sa machine en nous attendant. Il nous fallut done donner le signal de la retraite, et gagner au plus vite Fontainebleau et l'asile hospitalier de l'hôtel du Cadran bleu, non toute- fois sans avoir consacré quelques instants à visiter le célèbre rocher appelé la Roche qui pleure, où nous avons retrouvé à grand peine quelques brins de l’ Asplenium lanceolatum, échappés à la coupable rapacité de certains amis des plantes qui ne savent rien respecter. Vous le voyez, Messieurs, si dans les circonstances où elle a été entre- prise, la première herborisation organisée par notre Société n'a pu produire de résultats importants pour la science, elle a du moins fait connaitre à ceux de nos confrères qui ont bien voulu se joindre à nous, un assez grand nombre d'espèces rares ou intéressantes de nos environs, et leur a permis d'étudier avec soin un des plus curieux phénomènes de naturalisation spontanée que (4) Le genre Antinoria, Parl, est admis dans la Flore de France de MM. Grenier et Godron, SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 41855. 599 le règne végétal ait jamais présenté. Puisse cette première tentative être suivie bientôt de nouvelles courses scientifiques plus lointaines, plus fruc- tueuses et surtout moins rapides, dans toutes les régions variées dont l'en- semble constitue le magnifique faisceau de la flore française ! Une cordiale fraternité présidera toujours à ces attrayantes excursions dans le domaine réel de la nature, a ces explorations en commun, où il n’y a ui maitre ni élèves, mais qui donnent lieu à une sorte d'enseignement réci- proque auquel chacun apporte sa part grande ou petite de lumières et d'aptitudes personnelles. Elles étendront nos connaissances, multiplieront nos relations, resserreront les liens qui dejà nous unissent et, soyez-en sûrs, concilieront de plus en plus à notre institution naissante les sympathies de tous les botanistes français. Touten contribuant, par nos réunions ordinaires et nos publications, à l'avancement et à la popularisation des diverses bran- ches de la science, n'oublions jamais, Messieurs, que l'étude approfondie et complète de la flore française, a éte, dans la pensée de ses fondateurs, le but essentiel que doit poursuivre la Société Botanique de France. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : NOTES SUR LES CULTURES DES OASIS DES ZIBAN, par MM. E. COSSON ct P. JAMIN, directeur du jardin d’acclimatation de Beni-Mora. Oatre le Dattier (1), base des cultures sahariennes, les jardins des oasis de Biskra présentent en assez grande abondance le Figuier (Ficus Carica), dont les fruits d'excellente qualité offrent de nombreuses variétés. — On rencontre également dans ces jardins un certain nombre d'Oliviers d'une belle végétation; ces arbres appartiennent pour la plupart à une variété Caractérisée par un fruit très gros, très charnu et très estimé comme aliment Par les indigènes qui le recueillent avant la maturité, et le conservent dans de l'eau salée à laquelle ils ajoutent comme condiment des oignons et du piment, Ces oliviers ont dù être greffes, quoique jusqu'à ces derniers temps ils aient été abandonnés à eux-mêmes, car quelques-uns d'entre eux portent Sur ia plupart de leurs branches des fruits appartenant a la variété dont nous venons de parler, et sur d'autres des fruits de qualite inférieure. La variété d'Olivier des Ziban, quoique le principe oléagineux soit moins abondant dans ses fruits que ehez ceux de la plupart des autres variétés répandues en Algérie, mériterait pour ses usages culinaires d’être multipliée sur d’autres Points du territoire algérien. — Le Grenadier croit rigoureusement à l'ombre des dattiers, et donne des fruits doux ou acides. — Les oasis de Biskra n’offrent que quelques rares pieds d'Orangers à fruits amers. A Sidi- (1) Voyez les Notes sur la culture du Dattier par les mêmes auteurs, Bulletin de la Société Botanique, Ll, p. 36. 600 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Okba, grâce aux abris formés par les accidents de terrain et à l'ombre des dattiers, il y a plusieurs orangers qui ont atteint de grandes dimensions, et qui portent des fruits doux et de bonne qualité; les Arabesignorent l'époque de la plantation de ces arbres, qui doit remonter à des temps déjà très éloi- gnés. A Biskra, dans le jardin du hakem, on rencontre un pied d'Oranger portant des fruits qui, par leur forme et leur volume, se rapprochent de ceux connus dans le commerce sous le nom de Chinois: les feuilles de cet arbre présentent un pétiole nu comme dans le Limetier (Citrus Limetta Risso). -— Le Citronnier n’est pas cultivé par les indigènes, et les citrons qui sont importés du Tell se vendent à un prix élevé (40 centimes) sur le marché de Biskra. — Dans l'oasis d'El -Kantara, il existe quelques Cédratiers, et la circonférence de l’un de ces arbres ne mesure pas moins de 80 centimètres. — La Vigne n’est représentée dans les cultures indigènes, que par quelques ceps abandonnés à eux-mêmes, et qui s'élèvent autour des dattiers ou s’enla- cent entre leurs feuilles. Les grappes en sont lâches et allongées, et les grains très gros et noirs se rapprochent de ceux de certaines variétés de muscat. Nous n'avons vu dans aucun des jardins des environs de Biskra l'Aman- dier, qui, dans l’Aurès, est cultivé en grand, et fournit les variétés à coque tendre et demi-tendre ; il est probable que cet arbre ne pourrait être cultivé dans les oasis des Ziban, que dans des localités exceptionnelles, car il aurait également à redouter et le froid de l'hiver (la température s'abaisse quel- quefois jusqu’à — 3°) et les chaleurs ardentes de l'été, et l'influence brůlante du sirocco. — L'Acacia Farnesiana qui a été planté autrefois dans les oasis se rencontre assez fréguemment, surtout sur les bords des chemins où il se resème de lui-même; les indigènes ont cessé de le multiplier par la planta- tion. Cet arbrisseau, rameux dès la base, peut être utilisé pour former des haies à cause de sa rapide végétation et de ses nombreux rameaux épi- neux. — Le Zizyphus Spina-Christi se rencontre dans quelques jardins des oasis de Biskra où il atteint des proportions gigantesques; on ignore l'épo- que de la plantation de cet arbre dont on ne voit que de vieux pieds. — Dans le village de M'eid, on remarque un Cyprès pyramidal de très grande dimension, et c'était le seul qui existât dans les Ziban avant l'occupation française. — Dans ce même village, on trouve quelques Ormes (Ulmus cam- pestris) ; des rejets détachés de ces arbres ont été plantés, mais peut-être dans un terrain moins favorable, et ils ne se sont développés que sous forme de buisson. L'Orge (Hordeum vulgare) et le Blé dur sont cultivés dans les endroits irrigables et quelquefois dans les intervalles que présentent les plantatious de dattiers; mais la production de l'Orge et du Blé dans les oasis est loin d'ètre suffisante pour les besoins des habitants; ces céréales sont fréquem- ment coupées en vert pour la nourriture des bestiaux. La moisson dans les Zibau a lieu au mois de mai. Le dépicage est généralement effectué par des SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 601 mulets dans les oasis de Biskra; il n’en est pas de même dans la plaine d'El-Outaia, où nous avons vu les moissonneurs couper les chaumes à peu de distance de l'épi, et en former des bouquets qu'ils se passaient de main en main jusqu’au bord du champ où des femmes en opéraient immédiate- ment le battage avec de gros bâtons. — Le Sorgho (Sorghum vulgare et cernuum) et le Penicillaria spicata ne sont guère cultivés que par les noirs. Les oignons sont cultivés en grand par les habitants, qui en avaient déjà de bonnes variétés avant l'occupation française. — Le Piment (Capsicum annuum) est également l’objet de cultures qui annuellement occupent envi- ron dix hectares dans la seule oasis de Biskra. Cette plante, évidemment annuelle en Europe, peut souvent à Biskra persister pendant plusieurs années; elle présente plusieurs variétés, entre autres celles à fruit long, rouge, etc. Le produit de chaque pied ne doit pas être évalué à moins de 20 à 25 centimes. Le piment, en raison de ses propriétés stimulantes, entre Comme condiment dans la plupart des mets arabes. — Les Fèves tiennent une large place dans les cultures des Ziban, mais, avant l'occupation, la variété connue sous le nom de Féverolle était la seule qui fût semée par les habitants. — Les Pastèques et diverses variétés de Courges, sont générale- ment cultivées dans les jardins de l'oasis où leurs fruits acquièrent un grand développement. — Le Gombo (Hibiscus esculentus) est cultivé surtout par les nègres qui en coupent les fruits par morceaux avant la maturité et les font cuire ensuite ; l'abondance du mucilage que contient cet aliment, en fait une nourriture peu convenable pour les Européens. — Le Coriandre (Coriandrum sativum) est admis dans quelques jardins pour ses fruits qui servent à aromatiser les mets, et pour ses feuilles qui, malgré leur odeur fétide, sont souvent employées pour le même usage. Le Chanvre n’est représenté dans les cultures indigènes que par une Variété naine (hachich) semée ordinairement dans les terrains les plus secs pour en concentrer les principes résineux et narcotiques qui en font rechercher les sommités florifères, pour être fumées sous le nom de tkhouri. — Le Tabac rustique (Nicotiana rustica) est le seul cultivé par les indigènes qui le sèchent avec les tiges, et le vendent en cet état par paquets. — Le Henné (Lawsonia inermis) occupe une assez grande place dans les cul- tures indigènes (5 ou 6 hectares dans l'oasis de Biskra), et ses feuilles, dont l'usage prescrit par la religion est général chez les femmes arabes pour teindre en jaune-orangé les ongles et le bout des doigts, sont l'objet d'un Commerce important sur le marché de Biskra, et ce commerce pourrait acquérir un plus grand développement en raison des applications récentes du Henné à la teinture des étoffes. Pour donner une idée plus complète des ressources qu'offre à la culture la partie de la région Saharienne dont nous nous occupons, nous croyons 602 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. devoir exposer ici d’une manière succincte les principaux résultats obtenus au jardin d’acclimatation de Beni-Mora : Le Mûrier noir (Morus nigra) et le Mûrier blanc (Morus alba) ainsi que sa variété multicaule croissent avec vigueur ; et s’il arrive souvent que leurs feuilles tombent sous l'influence du sirocco, elles se développent de nouveau immédiatement; la culture de ces arbres, dont le jardin d'aeclimatation compte plus de 42,000 pieds disponibles, serait éminemment utile dans un pays déboisé, mais ce serait surtout le Mürier noir qui devrait être multi- plié pour ses fruits; jusqu’à présent, on n’a pu utiliser les feuilles du müûrier pour l'élève du ver-à-soie, car les œufs éclosent avant qu’elles soient déve loppées ; pour retarder cette éclosion et la faire coïncider avec le dévelop- pement des feuilles, il suffirait peut-être d’avoir recours au procédé égyp- tien, qui consiste à conserver la semence de vers-à-soie dans des endroits frais, tels que les puits et les citernes.— Le Peuplier blanc (Populus alba), le Saule pleureur (Salix Babylonica) et ie Salix pedicellata croissent avec vigueur, et sont précieux soit pour leur bois, soit pour leur ombrage, soit pour former des brise-vents. Le Peuplier d'Italie (Populus fastigiata) pré- sente d’abord une belle végétation, mais dans les Ziban, comme dans le reste de l'Algérie, il ne tarde pas à être attaqué par les larves d'insectes qui, par les lésions qu’elles déterminent, en arrêtent le développement et en causent souvent la fracture sous l'influence du vent. Les essais qui ont été faits pour l’acclimatation du Tremble (Populus Tremula) wont donné que des résultats négatifs. — Le Cyprès est avec avantage planté en ligne où en haies comme brise-vent, — Les diverses espèces de Tamaris indigènes dans les Ziban (Tamarix Gallica, Africana, Balansæa, ete.) forment égale- ment des brise-vents des plus utiles en raison de la vigueur de leur crois- sance et du développement qu'ils peuvent acquérir, — Le Pistacia Atlan- tica n’est encore représenté dans le jardin que par des individus très jeunes, mais son existence dans la région des hauts-plateaux, et surtout dans plu- sieurs parties du Sahara dont il couvre les dahias, font bien augurer de son succès. — Les arbres suivants, quoique plantés récemment, paraissent devoir bien s’acclimater : Schinus Molle et terebinthifolius, Sambucus nigra, Elæwagnus angustifolia, Latania rubra, Eugenia uniflora, Jambosa Pseudo-malaccensis, Sapindus Indica, Cordia Mysa ; le tronc de ce der- hier arbre, produit d’une bouture de trois ans, dépasse déjà 40 centimètres de circonférence. — Le Laurier-Rose (Nerium Oleander), si répandu dans les vallées inférieures de l’Aurès et dans la plus grande partie de l’ Algérie, croit avec une grande facilité au bord des eaux, et son bois peut être utilisé comme combustible, — Le Melia Azedarach, après avoir végété assez bieB pendant les deux ou trois premières années de sa plantation, ne tarde pas à devenir rameux, et la direction horizontale de ses branches détermine l'arrêt de son développement; cet arbre présente en outre, sous le climat de SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 603 Biskra, l'inconvénient de porter peu de fleurs, et surtout de perdre ses feuilles sous l'influence du sirocco. — Le Gleditschia triacanthos croît très lentement ; des individus de trois ans ne présentent encore qu'un mètre de hauteur. — Le Ficus elastica végète médiocrement: il en est de même du Pircunia dioica et du Robinia Pseudo-Acacia. — Ve Celtis australis se développe sous forme d’arbrisseau. — Le Pinus Halepensis n'a pas donné de résultats satisfaisants. Les diverses espèces de Bambou, dont la culture a été tentée, sont loin d'atteindre le magnifique développement auquel elles arrivent dans les lieux frais et ombragés de la région littorale ; leurs tiges périssent chaque année soit sous l'influence du froid de l'hiver, soit sous celle du sirocco. L'Acacia Nilotica, qui est très répandu en Égypte sur les bords du Nil, et quiexiste également au Sénégal, où il fournit en abondance la gomme arabique, n'a été semé à Biskra que depuis deux ans et sa taille, quoiqu'il n'ait pas encore fleuri, dépasse déjà deux mètres et demi. Cet arbre est très probablement appelé à jouer un rôle important dans les cultures saha - riennes ; il en est de même des Acacia Verek et Arabica. — L Acacia Lebbeck, planté depuis trois ans, végète vigoureusement et a déjà fleuri, mais ses fruits ne sont pas arrivés à maturité. — Les divers Acacia à feuilles réduites à des phyllodes, dont la culture a été tentée, n'ont pes donné de résultats satisfaisants. Les diverses variétés de Pommier et de Poirier végètent, mais ne donnent pas de fruits ou n'en donnent que de mauvaise qualité. — Le Pêcher, qui à Biskra souffre de l'influence du sirocco, ne pourra probablement être représenté en Algérie par de bonnes variétés que dans la région monta- gneuse seulement; même dans la région littorale, après peu d'années, les meilleures variétés dégénèrent, la pulpe du fruit devenant moins succulente et adhérant au noyau qui présente une disposition remarquable à se sépa- rer par moitié. — L'Amandier et l’Abricotier qui donnent des produits abondants et de bonne qualité dans les montagnes de l'Aurès, ne sont acclimatés ni dans les jardins de l'oasis ni dans celui de Beni-Mora. — Le Bibacier (£ryobotrya Japonica), dont la culture est si productive dans la région littorale, n'a pas jusqu'ici réussi à Biskra. — Le Jujubier (Zizyphus vulgaris) a été planté récemment et présente une belle végétation. — Le Goyavier ( Psidium poraferum et pyriferum n’a été semé que l’année dernière, et il est impossible de rien préjuger à son égard. — Le Bananier (Musu paradisiaca), dont les premiers pieds plantés au jardin avaient péri, parait devoir s'acclimater cependant dans un terrain meilleur et mieux abrité. Les Européens, et depuis quelque temps les indigènes, cultivent dans les endroits bien arrosés, non-seulement le Blé dur | Triticum durum), mais encore le Blé tendre (Triticum sativum), avec où sans barbes, seulement 604 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par plusieurs semis successifs, le grain de ce blé s'endureit et tend à se rapprocher de la consistance du ble dur. — Le Seigle et l'Avoine peuvent être cultivés avec succès, mais également avec le secours de l'irrigation ; ces dernières cultures ne sont guère sorties du domaine de l'expérience, car les indigènes ne font pas usage du seigle pour leur alimentation et considèrent l’avoine comme un aliment dangereux pour leurs chevaux. — Diverses espèces et variétés de céréales d'Abyssinie, dont les graines sont dues à M. Schimper, l'intrépide explorateur de ce pays, et ont été adressées au jardin d'acelimatation par le Muséum d'histoire naturelle de Paris, ont été récemment cultivées, et le suecès de cette expérience, dès la première année, peut faire augurer favorablement de l’avenir réservé à cette introduction. Les céréales d’Abyssinie, étant plus précoces que les céréales algériennes, ont moins besoin d'irrigation et donnent des produits plus abondants. — Le Mais n’a été introduit que depuis peu de temps dans les Ziban par les Européens et les diverses variétés dont la culture a eté tentée réussissent également bien. — Le Millet ( Panicum miliaceum) donne d'abondants produits.—!.es Sorgho (Sorghum vulgare et cernuum) croissent presque sans culture et les touffes de ces plantes peuvent durer plusieurs années. — Diverses variétés de Riz ont été cultivées avec succès au jardin d’acclima- tation, et la eulture de cette Graminée peut prendre une grande importance dans un pays où la récolte des céréales ne peut suffire au besoin des habitants. Le Riz semé dans les bassins qui entourent les dattiers peut produire pour chacun d'eux près d'un kilogramme de grain; l'irrigation de la plante, en raison des matières salines contenues dans les eaux, et n'ayant pas à couvrir de nouvelles surfaces, ne présenterait probablement pas pour la santé des habitants le danger qui est trop souvent le résultat de l’établissement de rizières étendues. La plupart des cultures potagères européennes ont été introduites avec succès dans l'oasis de Biskra ; nous devons mentionner en première ligne les diverses variétés de la Patate ( Convolvulus Batatas ), non-seulement pour l'abondance, le volume et la qualité de leurs tubercules, mais encore pour leurs feuilles, qui peuvent ètre mangées comme épinards ou être données avec avantage comme fourrage vert aux bestiaux. — La Pomme-de-terre; au contraire, ne paraît pas devoir être cultivée avec succès. — Les Pois ne peuvent être cultivés qu'en hiver pour en récolter les fruits en mai, et leurs produits sont moins abondants qu'en France, — l.es Haricots et la Lentille donnent des résultats encore moins satisfaisants, mais ils peuvent être remplacés par le Cajanus flavus ; les gousses de cette plante fournissent un volume considérable de graines, dont la saveur peut être comparée à celle des petits pois et dont le rendement par la coction est considérable. — Les Choux, de même que les Chou x-fleurs, présentent un beau développement, et donnent des produits pendant presque toute l’année à l'exception des mols SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 605 des grandes chaleurs. — La Moutarde de Chine, d'introduction toute récente, paraît réussir très bien en hiver, et ses jeunes feuilles peuvent être mangées en salade et ses feuilles adultes employées aux mêmes usages que celles du Chou. — L’Artichaut semé en septembre donne des produits dès le mois de mai et dure plusieurs années, — Le Cardon ne réussit pas moins bien ; il en est de même du Céleri. — Les Asperges peuvent être recueillies à deux époques de l’année, de janvier en mai, et de septembre à novembre, — La Carotte, le Radis, le Salsifis, la Scorsonère se cultivent dans des conditions qui ne sont pas moins favorables qu'en France. — Le Navet ne peut être cultivé qu'en hiver. — La Betterave devient dure et filandreuse, mais serait une précieuse ressource pour la nourriture des bestiaux.— L’ Ail, le Poireau et l'Échalotte sont d’une culture facile. — La Chicorée, l'Escarole, la Ro- maine et leurs variétés, la Mâche ne peuvent utilement être cultivées qu'en hiver, en raison de la rapidité avec laquelle ces plantes montent à graine pendant la saison chaude. — Le Cresson-de-fontaine croit facilement dans les canaux d'irrigation: le Cresson-alénois peut être coupé après quinze jours de semis. — L'Oseille, l'Arroche, la Poirée, résistent même aux chaleurs de l'été, dans les endroits humides et ombragés, — L'Épinard ( Spinacia inermis ) peut être cultivé avec succès pendant l'hiver seulement; en été il peut être remplacé par les Basella qui durent deux ans et qui donnent beaucoup de feuilles dès la première année; 150 pieds de Basella ont fourni près de 500 kilogrammes de feuilles et quelques-unes pesaient jusqu’à 35 grammes. — L'Amarante de la Chine peut également, à Biskra, être considérée comme une suceédanée de l'Épinard , et ètre utilisée comme fourrage. — Le Persil et la Pimprenelle peuvent être récoltés toute l’année. — Le Cerfeuil doit être cultivé pendant l'hiver. — Les Tomates poussent avec vigueur, mais leurs fruits n’atteignent qu’un très faible volume, et Sont peu succulents. — On n’a pas encore cultivé le Câprier (Capparis spinosa ) ; et sa variété canescens (Capparis ovata ), qui croit spontanément dans le pays, est seule représentée dans les cultures de Beni-Mora, où elle donne des câpres d'assez bonne qualité. — Le Caladium esculentum, qui réussit à Alger, n’a pas supporté le climat de Biskra. Le Trigonella Fænum-græcum peut former d'assez bonnes prairies arti- ficelles. — La Luzerne n'a guère encore été cultivée que par le Caïd de Biskra, et, à en juger par cet essai , elle ne donnerait qu'un fourrage peu abondant. — [a Moutarde blanche réussit comme culture d'hiver. — Le Ray-grass ( Lolium perenne) peut être semé sur les bords des canaux d'ir- rigation. Parmi les cultures industrielles dont le succes est maintenant un fait acquis il faut citer en première ligne celle du Cotounier; ses diverses espèces et va- riétés Coton jumel, Géorgie, Nankin rougeâtre et jaune-pâle, Eousiane blanc et rouge, Castellamare blanc et rouge ont également réussi. Le Cotonnier 606 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. donne à Biskrad’abondants produits, et ilne craint ni la chaleur duclimat, ni la sécheresse et la violence des vents du sud, ni l’arrosage par les eaux saumâtres, dont l'influence est si pernicieuse pour un grand nombre de plantes; la présence du sel dans le sol et dans les eaux semble contribuer au contraire à placer le Cotonnier dans les conditions les plus favorables, et, si l'expérience continue à donner des résultats aussi satisfaisants, ce précieux végétal est appelé à tenir une large place dans les cultures sahariennes. Dans les Ziban il est possible de faire des semis de Cotonnier dans des champs qui, quelques jours auparavant, étaient couverts de céréales et sans avoir à craindre de voir survenir les pluies avant que toutes les capsules soient parvenues à com- plète maturité. La consommation locale dans les Ziban et d’autres parties de l'Est, où le vêtement des femmes est composé en grande partie de tissus de coton, ordinairement de couleur bleu foncé, offrirait un débouché, non- seulement à la production du Coton, mais encore à celle de l’Indigo, si plus tard l'abondance et la qualité de ces produits permettaient à Biskra l'éta- blissement d’une fabrique qui les mit en œuvre. Le Lin commun et le Lin de Riga sont cultivés avee succès; leurs tiges atteignent de belles proportions, et leurs graines très abondantes peuvent être utilisées pou: leurs produits oléagineux. Les eaux saumäâtres de l'oasis de Biskra paraissent peu propres au rouissage «es tiges, mais il est probable qu'on pourrait facilement obvier à cet inconvénient, car Mulah-Hamed, qui a visite Biskra en 1711, rapporte qu'à cette époque on y recueillait un lin très fin et très estimé, — Le Chanvre et le Chanvre de Chine donnent des résultats satisfaisants ; cependant les tiges du Chanvre de Chine dépassent rarement deux mètres. — Le Corchorus généralement connu sous le nom de textilis est d’une culture facile et ses tiges peuvent dépasser 3 mètres de hauteur, mais les fibres qu’il fournit ne présentent que peu de ténacité et de durée; les feuilles de la plante peuvent être employées comme aliment de même que celles du Corchorus olitorius généralement cultivé en Orient. — L'Arachide donne des fruits en abondance surtout par le buttage des jeunes plants, et la culture de la plante peut devenir importante pour ses produits alimentaires et oléagineux. — Le Pavot peut être cultivé en grand pour l'huile que renferment ses graines, mais l'extraction de l’opium n'a pas encore pu être pratiquée avec succès en raison de la condensation trop rapide des sucs après l’incision des capsules. Parmi les autres plantes oléa- gineuses dont le succès est assuré nous nous bornerons à mentionner la Cameline, le Sésame et le Ricin. Une allée du jardin de Beni-Mora est bordée d’une plantation de l'£lœs Guineensis, mais l'introduction de ce Palmier est trop récente pour qu'on puisse savoir s’il est réservé à l'Algérie de lui voir donner des produits aussi importants que dans son pays natal. Les Indigotiers (Indigofera argentea, tinctoria, Anil), cultivés comme SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 607 plantes annuelles, paraissent devoir très bien réussir ; il ne reste plus qu'à expérimenter sur une plus grande échelle, et à analyser leurs produits pour savoir si cette culture peut être réalisée dans des conditions avantageuses au point de vue commercial. La présence à l’état spontané des deux pre- mières espèces en Orient, et l'ancienneté de la culture de l'/Zndigofera argentea dans la régence de Tunis peuvent faire bien augurer de l'expé- rience qui serait tentée à cet égard. — Le Carthame, originaire de la même région, ne réussit pas moins bien. — La Garance (Rubia tinctorum) peut être cultivée utilement pour les propriétés tinctoriales de ses racines aux- quelles les indigènes substituent celles du Rubia peregrina qui croit spon- tanément dans le pays. — Le Safran pourrait également être l'objet d'une culture importante. La Canne-à-sucre végète assez bien, mais elle n'est pas assez riche en matière sucrée pour qu'on puisse espérer l’acclimater avec avantage. — Le Caféier ne parait s'accommoder ni du climat, ni de la nature du sol. — Le Lippia citriodora croit facilement en pleine terre, et ses feuilles aroma- tiques peuvent être employées comme succédanées du thé. C Helianthus annuus et le Chardon-à-Foulon sont d’une culture aussi facile qu’en France. Le Tabac (Nicotiana Tabacum), en raison du succès de sa culture, pour- rait être à Biskra l'objet d’un commerce important, si les indigènes, ainsi que nous l'avons déjà dit, ne faisaient exclusivement usage des feuilles du Tabac rustique. L'Opuntia coccinellifera est parfaitement acclimaté, et cette acclimatation peut faire espérer que la production de la cochenille a des chances de réussite. L'Agave Americana et d'autres espèces du même genre croissent presque Sans Culture, de même que les Opuntia, les Cereus, les Mammillaria, les Echinocactus, et plusieurs espèces du genre Aloe, et un grand nombre de plantes grasses. H ne nous reste plus, pour compléter le tableau des cultures d’introdue- tion récente, qu’à donner la liste des végétaux ligneux et herbacés cultivés Surtout comme ornement, et qui ont le mieux réussi au jardin d'acclima- tation. VÉGÉTAUX LIGNEUX : Pelargonium zonale. Cassia falcata. Periploca Græca. — hybridum. — grandiflora. Gomphocarpus fruticosus. Spartium junceum. — lævigata. Nerium odorum. Amorpha fruticosa. — fætida. Bignonia jasminifolia. Sutherlandia frutescens. Poinciana Gillesti. Bontia daphnoides. Prosopis juliflora. Rosa, diverses espèces et Datura arborea. Acacia leucocephala. variétés. Vitex Agnus-castus. 608 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. VÉGÉTAUX HERBACÉS : Anemone coronaria. OEnothera suaveolens. Vinca rosea. Ranunculus Asiaticus. Calandrinia grandiflora. Echium candicans. Nigella Hispanica. Cucurbita Lagenaria. — Auberianum. Papaver Rhœas, diverses Scabiosa atropurpurea. Canna Indica, et autres variétés. Coreopsis tinctoria. espèces. Argemone grandiflora. Tagetes patula. Gladiolus Gandavensis, et Cheiranthus Cheiri. — erecta. autres espèces et variétés. Althæa rosea. Zinnia, plusieurs espèces Hyacinthus orientalis , Impatiens Balsamina. et variétés. plusieurs variétés, Lathyrus odoratus. Campanula Medium. Lilium candidum. De l'examen des cultures indigènes et de celles qui ont été tentées depuis l'établissement du jardin d'acclimatation de Beni-Mora, il résulte que, si quelques espèces tropicales ou subtropicales peuvent réussir aux environs de Biskra, un grand nombre d'entre elles, et des plus importantes, telles que la Canne-à-sucre et le Caféier, ne sauraient cependant y être utilement accli- matées. L'étude de la végétation spontanée du pays, où dominent les espèces orientales, et où celles des tropiques ne se rencontrent que d’une manière exceptionnelle, pouvait faire prévoir ce résultat, C'est à l'Orient surtout (Égypte, Arabie, Perse) que peuvent être empruntés les végétaux qui seront introduits utilement dans le Sahara (1) ; en effet, sous le rapport de la géo- graphie botanique, en Algérie, s'éloigner du littoral dans le sens du méridien c'est plutôt marcher vers l'Orient que se rapprocher du tropique. Du reste, dès maintenant les richesses acquises sont assez nombreuses el assez importantes, pour qu'il y ait moins à s'occuper d'acclimatations nou- velles que de l'extension et du perfectionnement des cultures d'un pays qui possède l'Olivier, la Vigne, le Figuier, diverses espèces d'Acacia qui pour- ront produire la gomme arabique, des plantes textiles telles que le Cotonnier, le Chanvre et le Lin, toutes les Céréales, la Patate, le Tabac, le Henné, etc., et surtout le Dattier qui, dans tous les siècles, a été considéré par l'homme comme un des végétaux les plus précieux. (1) Nous citerons comme exemple le Palmier Doum (Cucifera Thebaica) et le Figuier-Sycomore, qui, avec le Dattier et diverses espèces du genre Acacia, consti- tuent, pour ainsi dire, toute la végétation arborescente de l'Égypte; ces arbres, qui ont besoin d'irrigations moins abondantes que le Dattier et la plupart des autres végétaux cultivés dans le Sahara, seraient probablement introduits avec succès dans l'Algérie méridionale. — Le Balanites Ægyptiaca, les Cassia Fistula el Senna auraient également des chances de succès. — Le Salix octandra pourrait être planté comme osier sur les bords des canaux d'irrigation. — Comme légumes féculents on pourrait multiplier, outre le Pois-Chiche, les Lupins, le Dolichos Lubia et le Phaseolus Mungo, qui sont généralement cultivés en Égypte. SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOÛT 1855. 609 M. Duchartre demande si les olives dont a parlé M. Cosson ont été expérimentées à l'état de maturité, relativement à la quantité de principe oléagineux qu'elles renferment. Il pense que certaines olives sont, malgre leur volume, fort riches en huile, témoin la variété nommée amellingue, dont le nom et le volume rappellent l'amande, et qui est recherchée des fabricants. M. Cosson répond que les olives de Biskra sont très grosses, mais qu'en Algérie les plus riches en huile sont les olives moyennes. M. Cosson dépose ensuite sur le bureau des échantillons d’une espece nouvelle, l'Heleocharis oxyneura DR. Cette espèce récemment découverte par M. Durieu de Maisonneuve, à Bordeaux même, sur les bords vaseux de la Gironde, où elle est très abon- dante, sera prochainement publiée dans les Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux. Sa description sera accompagnée de deux planches représen- tant le port de la plante et ses caractères distinctifs. — L’ Heleocharis oxy- neura, voisin de l H. acicularis par les akènes munis de côtes longitudi- nales et finement striés en travers, en diffère par la taille des tiges, par le volume des épillets obiongs et non pas ovales-oblongs, par les écailles étroi- tement imbriquées oblongues et arrondies au sommet , à nervure moyenne disparaissant au-dessous du sommet, ete. M. Gay annonce que M. J. de Parseval-Grandmaison (de Mäcon) lui a envoyé une Cypéracée trouvée en 1852, au lac de Gaube, dans les Hautes-Pyrénées, et qui est le Kobresia caricina du Mont Cenis el du Ment Viso, indiqué par Mutel au Lautaret. Ce fait est d'autant plus intéressant que MM. Grenier et Godron ont exclu cette espèce de leur Flore de France. M. Lecoq dit n'avoir pas rencontré cette plante dans les monta- gnes d'Auvergne. , M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication Suivante : OBSERVATIONS SUR L'ORIGINE ET LA NATURE DES LENTICELLES, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans une note lue à la Société Philomatique en 1849, et insérée dans les comptes rendus de cette société, j'avais sommairement indiqué les princi- Paux résultats auxquels j'étais dès lors arrivé sur l'organe accessoire désigné sous le nom de lenticelle; les nouvelles observations que j'ai eu Occasion de faire depuis cette époque ont ajouté sur ce point quelques faits qui pourront paraitre dignes d'intérêt. T. M 610 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On sait que Guettard (1734) considérait les lenticelles comme des orga- nes glanduleux , et les nommait glandes lenticulaires. De Candolle erut reconnaitre dans ces organes un rudiment ou germe des racines adventives. M. Unger (1836) signala une sorte d'analogie entre les lenticelles et les organes désignés chez les cryptogames sous le nom de sorédies, les utricules du tissu cellulaire qui constituent la masse subéreuse de la lenticelle lui paraissant les analogues des spores où des propagules ; le même observa- teur regarda les lenticelles comme le résultat d’une déformation des organes respiratoires désignés sous le nom de sfomates. M. Hugo Moh! nous parait être le premier organographe qui ait fait des observations exactes, et pré- senté des idées justes sur la structure des lenticelles : ce savant observa- teur reconnut que la production des lerticelles est analogue à celle du liége, mais il insista sur ce point que le liége est le résultat de l'hypertro- phie de la couche subéreuse de l'écorce, et que les lenticelles sont le résultat de l'hypertrophie de la couche herbacée. Mes observations diffèrent de celles de M. Hugo Moh! en ce point que la masse celluleuse d'apparence subéreuse qui fait hernie à travers la fissure épidermique sous la forme d'un double bourrelet, et dont la couche exté- rieure devient brunâtre par dessiccation, m'a paru constituée non par la couche herbacée ou cellulaire profonde, mais par la couche subéreuse ou sous-épidermique. Il résulte de ces observations que non-seulement je vois dans les lenticelles une formation analogue à celle du liége, mais une forma- tion complétement identique comme origine et comme tissu ; la différence entre les denx productions consiste seulement dans l'intensité de l'hyper- trophie, généralement faible dans la production lenticellaire, et très intense dans la production subéreuse, qui n’est autre chose que la production len- ticellaire exagérée. Jai trouvé, en effet, chez l'Orme comieun (Ulmus campestris), variété subéreuse, et chez les jeunes branches du Chéne-Liége, tous les passages entre la lenticelle normale et la lenticelle dégénérée et hypertrophiée en masse subéreuse, La lenticelie avait principalement été étudiée à l’état adulte, alors qu'elle se présente sur l'écorce sous la forme d'une ponctuation brunätre elliptique et à bords relevésen un double bourrelet ; je suis remonté à l'origine de cette formation, ct je me suis assuré que pendant sa première période, la lenti- celle est uniquement constituće par un soulèvement de lépiderme; ce sou- lèvement est quelquefois peu saillant, mais dans un grand nombre de Cas, il présente un sommet proéminent, et constitue un véritable poil. L'écorce d’un jeune rameau de Sureau présente toutes les transitions entre le poil et lẹ simple soulèvement épidermique. — Au bout d'un certain temps, le soulèvement épidermique se dessèche, se fendille, et ne laisse qu'une fissure épidermique à bo ds déchirés; c'est par cette fissure que le tissu cellulaire, SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 611 soit de la couche subéreuse, soit même de la couche herbacée, fait hernie sous la forme d’un bourrelet d'autant plus épais que l’hypertrophie continue de se produire avec l’âge, et que les couches extérieures desséchées sont poussées au dehors par les couches sous-jacentes pendant une plus longue durée. Chez les arbres à écorce glabre, la lenticelle est réduite à un soulèvement peu saillant de l’épiderme. — Chez le Bouleau, la lenticelle jeune est repré- sentée par une cellule saillante à la surface de l'épiderme. Cette cellule exsude un liquide visqueux, et constitue une véritable glande; après cette période de sécrétion, la cellule ou la glande se dessèche, se fendille, et est convertie en une véritable lenticelle par la hernie du tissu cellulaire sous- jacent ; dans ce cas au moins, et pour la première période de la lenticelle, l'opinion de Guettard est done bien fondée, et le nom de glande lenticulaire est exact. J'ai suivi les lenticelles sur les racines des végétaux ligneux et même des Végétaux herbacés, où elles constituent souvent de petites masses celluleuses tubereuliformes. — Je les ai retrouvées à l’état jeune ou rudimentaire chez beaucoup de tiges herbacées, et même à la base des feuilles. — Enfin j'ai constaté que les rugosités que l’on observe à la surface de certains fruits, sur l'écorce des melons par exemple, ne sont autre chose que des lenticelles plus où moins déformées ; et que les ponctuations qui existent à la surface des Pommes, des poires, ete., sont des lenticelles incomplètes constituées par la destruction d'un soulèvement épidermique et le desséchement du tissu Cellulaire sous-jacent. La fonction physiologique des lenticelles ma paru consister simplement à déterminer, dans l'épiderme, des commencements de fissure. Par suite de l'accroissement de l'arbre , ces fissures deviennent de longues fentes qui S'étendent dans un sens, soit vertical, soit transversal, et facilitent, en débridant l'écorce, le développement de la tige en diamètre. Après quelques observations présentées par divers membres sur les travaux qui doivent remplir le reste de la session extraordi- uaire, la Société décide pour vendredi prochain, 24 aoùt, une nouvelle réunion. 612 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 24 AOUT 1855. PRÉSIDENCE DE M. PARLATORE,. M. L. Soubeiran, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 47 août, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Pré- sident proclame l'admission de : MM. Jamix (Pierre), directeur du jardin d’acclimatation de Beni-Mora (Algérie), présenté par MM. de Schænefeld et Cosson. Lerourxeux (Aristide), procureur impérial à Bône (Algérie), présenté par MM. Cosson et Guillon. M. le President annonce en outre deux nouvelles présen tations. Dons faits à la Société : 4° De la part de M. F.-W. Schultz, de Wissembourg : Archives de Flore, p. 145 à 160. 2° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, août 1855, un numéro; Journal de la Société impériale et centrale d horticulture de Paris, numéro de juillet 1855. Lecture est donnée de la lettre suivante adressée à M. de Schænefeld par M. le marquis de Roys : Paris, le 24 août 1855. MONSIEUR ET CHER COLLÈGUE, La Société Géologique possédait deux Fougères des Antilles qui lui avaient été données par M. de la Bèche. La Société, à la mort de l'illustre dona- teur, avait décidé qu'on les ôterait de la salle du conseil pour les placer d'une manière plus apparente. Je viens de faire exécuter cette décision, et comme ces échantillons intéressent la botanique plus encore que la géologie, dans le cas où ils ne frapperaient pas les regards, je crois devoir vous en donner avis. Recevez, etc. LE MARQUIS DE ROYS, Trésorier de la Société Géologique. Lecture est donnée ensuite d’une lettre adressée aux secrétaires de la Société par M. de Marcilly et accompagnant l'envoi d’un échan- üllon desséché de Rubus saxatilis. Cette lettre est ainsi conçue : Compiègne, le 40 août 1855. MESSIEURS, Si vous pensez comme moi que l'échantillon ci-joint appartient au Rubus SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN Aour 1855. 613 saxatilis, je vous prierai de vouloir bien en donner connaissance à la So- ciété lors de sa première réunion, à moins toutefois que ce ne soit pas une nouvelle espèce pour la flore parisienne, Cependant je ne l'ai point trouvée indiquée dans les Flores des environs de Paris que j'ai pu consulter. Cet échantillon provient de la forêt de Compiègne, où je l'ai récolté à la fin du mois dernier, trop tard pour avoir des fleurs. Toutefois les stipules naissant sur la tige, le réceptacle discoïde et les fruits distincts ne me pa- raissent devoir laisser aucun doute sur son identité avec le R. saxatilis. Veuillez agréer, etc. MARCILLY, Garde général des forêts de l'État. M. J. Gay examine l'échantillon joint à cette lettre et confirme l'opinion de M. de Marcilly relativement à la détermination de l'espèce. M. le comte Jaubert donne lecture d'une nouvelle partie de son travail inlitulé: La Botanique à l'Exposition. M. Trécul fait à la Societe une communication sur les nids de l'Hirondelle dite Salangane (1). M. Ad. Brongniart rapporte qu’il a entendu déjà plusieurs fois don- ner comme une chose à peu près certaine que ces nids se composent d'un mucus sécrété par les Hirondelles. Il a appris de M. Blume qu'on rencontre de ces nids dans l’intérieur des terres, à une si grande distance du rivage qu'il ne pourrait s'y trouver d’Algues marines, fussent-elles même apportées toutes digérées par les oiseaux. Il en est, dit-on, qui sont composés de fragments de Lichens agglutinés ensemble par un mucus. M. Moquin-Tandon rappelle que toutes les Hirondelles ont la voùte palatine constamment humectée d’un mucus. Elles tiennent le bec ouvert en volant et retiennent attachés à leur palais, au moyen de ce mucus, les insectes qu'elles rencontrent. Nos Hirondelles indigènes forment leur nid avec de la terre gàchée à laqueile elles ajoutent leur Propre mucosite. M. Parlatore fait observer que plusieurs savants, entre autres MM. Milne Edwards et Owen, considèrent les nids de l’Hirondelle Sa- langane comme étant formés de substances animales. M. Montagne ajoute qu'il a vu des nids d'Hirondelle rapportés de Chine par MM. Gaudichaud et Yvan. Ces nids, macérés dans l’eau et (1) Cette communication ayant été reproduite avec de nouveaux développements Par M. Trécul, dans la séance du 23 novembre 1855, c'est dans le compte rendu de cette séance qu'elle trouvera place. 61h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. examinés au microscope, ne lui ont présenté aucune apparence raj- pelant celle des Fucus, ni aucune trace d'organisation celluleuse. Il a déjà signalé ce fait dans son article PaycoLoGiE du Dictionnaire d'his- toirenaturelle de M. d'Orbigny. Une opinion semblable avait d’ailleurs élé énoncée il y a longtemps par Virey. M. Trécul présente les observations suivantes sur la matière qui porte à l'Exposition universelle le nom de Résine rouge d’ Australie: Une substance intéressante nous a été montrée à l'Exposition. Elle est étiquetée Résine rouge d'Australie. C'est une masse de quinze centimètres environ de diamètre ou même plus, car le spécimen était coupé par la moitie. Elle est noire et tuberculeuse à sa surface, d'un blane légerement bruvâtre à l'intérieur, demi-transparente et d'aspect corné. La coupe est marbrée de lignes blanchâtres irrégulières, qui lui communiquent, ainsi que la forme générale de la masse, une grande ressemblance avec la Truffe. Un très petit fragment m'en ayant été donné, je l'examinai à l'aide du microscope, et je pus reconnaitre, ce dont je me doutais déjà, que ce n’est point une résine, mais un champignon. Cette substance est, en effet, com- posée d’une multitude de petits filaments entrecroisés dans tous les seis; et formés de cellules allongées et souvent ramifiées d'une manière remar- quable. Je n'ai pas observé de fructification dans le petit fragment que j'ai eu à ma disposition ; j'y ai vu seulement que les filaments se terminaient parfois par un renflement globuleux ou ovoïde, formé soit par une cellule simple, soit par une cellule partagée par une ou deux cloisons transversales, ainsi que cela se manifeste dans les utricules dans lesquelles s'opère la mul- plication cellulaire par division. Étant allé voir les collections du Muséum d'histoire naturelle, pour m'assurer de la nature de ce végétal, je constatai, assisté par M. Tulasne, que la prétendue Resine rouge d'Australie est le Mylitta australis de Berke- ley. C’est par conséquent un champignon du groupe des Sc{erotium. M. le comte Jaubert cite, comme l’une des plus intéressantes pro- ductions naturelles figurant à l'Exposition, des Sphéries fort curieuses de la Terre de Vau-Diemen (Sphæria Robertsi et Sph. Gunnii), qui naissent sous la nuque de certaines Chenilles à l’époque où elles vont se terrer, et qui paraissent devoir détruire l'animal d’une maniere qui rappelle l’action de la museardine sur le Ver à soie. Il ajoute que MM. Blanchard et Berthoud s'occupent d'une série d'expériences ayant pour but d’inoculer les spores de ces Pyrénomycètes à quel- ques Chenilles indigènes qui ont l'habitude de se terrer. M. Chatin fait à la Sociéte la communication suivante : SESSION EXTRAORDINAIRE A PÂRIS, EN AOUT 1855. 615 SUR LES TYPES OBDIPLOSTÉMONE ET DIPLOSTÉMONE DIRECT, OU DE L'EXISTENCE ET DES CARACTÈRES DE DEUX TYPES SYMÉTRIQUES DISTINCTS CHEZ LES FLEURS DIPLOSTÉMONES , par M. AD. CHATIN. I. — La plupart des plantes dicotylédones diplostémones, offrent, comme on l’a généralement remarqué, la structure suivante : un verticille calici- nal; un verticille corollin ; un audrocée à deux verticilles d'étamines, dont l'un, plus extérieur, ordinairement plus court et plus tard mûr, est placé devant les pétales et quelquefois porté sur leur base {Caryophyllées, ete.), tandis que l’autre, plus interne, est situé devant les sépales: un gynécée qui, lorsqu'il est formé d’un verticille unique et complet, a ses carpelles opposifipétales. Ajoutons à tout cela un vertieiile de glandes dont les élé- ments sont placés à la base extérieure des étamines oppositisépales, et nous aurons indiqué un type fréquent avec lequel s'accorde la loi formulée par De Candolle sur l'opposition des carpelles aux pétales et, dans une certaine mesure, la théorie, dont il sera question ci-après, d'Auguste de Saint-Hi- laire sur la structure de la fleur. J'avais autrefois, dans des recherches restées pour la plupart inédites, désigné le type floral qui précède (et que nous trouvons chez les Gérania- cées, les Oxalacées, les Caryophyllées, les Rutacces, etc), sous le nom de type triplostémone, ce qui supposait que le verticille de glandes oppositi- Sépales représentait an verticille (le plus extérieur) de l'androcce avorté ; mais considérant : 4° que je wai jamais observé dans la fleur les glandes chahgées en étamines ; 2° que l’organogénie n'indique pas que les glandes dont la naissance est tardive comme celle des parties vraiment accessoires des fleurs constituent un troisième verticille de l'androcée ; 3° que l’anato- mie montre que ces mêmes glandes ne seraient qu'une dépendance des éta- mines oppositisépales, dépendance qui, au lieu de se présenter toujours sous l'apparence de glandes, peut revêtir la forme de filaments ou même d'appendices pétaloides (Zygophyilées, ete.), je propose aujourd’hui de le distinguer par le nom de type obdiplostémone, ce qui revient a dire : type diplostémone renversé ou type diplostémone à developpement centrifuge (À), appellation qui exprime simplement le fait de l'existence de deux verticilles de l'androece et Pordre de leur développement, sans rien préjuger sur la Constitution thédrique de la fleur. I. — Chez quelques ordres naturels de dicotylédones (Limnanthacées, Coriariacées), et chez la plupart des monocotyledones (Liliacees, Colchiea- cées, Joncées, Palmiers, Amaryllidées, ete.), le type floral est le suivant : un verticille calicinal, un verticille corollin, deux verticilles d’étamines, (1) Les plantes polystémones pourraient aussi ètre partagées en obpolvstémones eten polystémones proprement dites, 616 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dont l'extérieur oppositisépale, et enfin, un verticille de carpelles superposé aux sépales et aux étamines extérieures. On peut désigner ce type, dans lequel les deux verticilles d'étamines suivent normalement la loi d’alter- nance, et naissent le plus souvent dans l’ordre centripète (chez les dicotylé - dones surtout), sans qu'on ait à supposer l'avortement d'aucun verticille entre les enveloppes florales et le gynécée, sous le nom de type diplostémone direct, ou simplement de type diplostémone. Ce second type, qui échappe à la loi de De Candolle sur l'opposition des carpelles aux pétales (1), n'est pas moins inconciliable avec les idées théoriques d'Auguste de Saint-Hilaire. Sans doute, ia symétrie de la fleur des monocotylédones est depuis long- temps en elle-même connue; sans doute aussi la position respective des verticilles floraux a été bien indiquée dans les Limnanthées et le Coriaria par R. Brown, Lindley, Ad. de Jussieu, ete., mais la structure de ces plantes n'avait pas frappé les botanistes comme opposition à la structure habituelle des dicotylédones, tant il est vrai que : «Il y a peu d'exemples, dans l'his- » toire des sciences, qu’un objet ait été envisagé sous tous ses rapports, et » apprécié à sa juste valeur dès le moment où il a commencé de fixer l'at- » tention. » (Corréa de Serra, Ann. du Muséum, XVIII. — Moquin-Tandon, épigraphe de l Æ'ssai sur les dédoublements ou Multiplications, 1826). IT. — M. Dunal a développé avec succes (Considérations sur la nature et les rapports de quelques-uns des organes de la fleur) cette thèse : « On trouve toutes les formes intermédiaires entre l'étamine la plus complète et les corps glanduleux ; on voit ces organes occuper tour à tour la même position ; les pétales, les androphores, les sépales membraneux ou pétaloïdes, ne sont que des modifications d'un seul et même organe. » Mais c’est en vain que j'ai cherché dans les belles études de M. Dunal soit une preuve (par la transformation des glandes des Géraniacces, etc.) en faveur de l'existence réelle du type diplostémone que j'avais d'abord admis, au lieu du type obdiplostémone, soit le plus léger ind'ce d'une comparaison entre ce der- nier et le type diplostémone direct. On peut en dire autant des observations, d’ailleurs beaucoup plus physiologiques qu'organographiques, de Desvaux et de Soyer-Willemet {Mémoire sur le Nectaire, Ann. de la Soc. Linn., V). IV. — Auguste de Saint-Hilaire a émis, sur la structure des fleurs, et spécialement de l’androcée, deux opinions que je dois rappeler pour cher- cher ensuite la nature de leurs rapports avec les deux types obdiplosté- mone et diplostémone, (4) L'opinion longtemps accréditée que, chez les monocotylédones, les deux en- veloppes florales ne doivent pas être assimilées, même théoriquement, à celles des dicotylédones, a sans doute détourné de remarquer que, dans les premières , le ver- ticille carpellaire est habituellement opposé au calice et non à la corolle, SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 617 a. Voici, pour Auguste de Saint-Hilaire, la construction d'une fleur nor- male, de dicotylédone par exemple : Sépales 5. . . ... — — — — — Pétales 5. ..... — — — — — alternes aux sépales. Étamines 5. .... — — — — — opposées aux sépales. 1°" disque, 5 parties, — — — — — opposées aux pétales. 2° disque, 5 parties. — — — — — opposées aux sépales. Carpelles 5. . . .. — — —- — — opposés aux pétales. Si nous rapprochons cette construction du type obdiplostémone (Oxala- cées, etc.), nous voyons que le verticille de l’androcée correspondrait aux glandes oppositisépales, qui, jamais et à aucune époque de leur évolution, ne se montrent comme vraies étamines, tandis que les deux verticilles sta- minaux existant réellement, proviendraient de la transformation des deux disques. C'est-à-dire que l'androcée théorique ne se montrerait jamais, et que l’androcée effectif n’existerait qu’en vertu d'une dégénérescence des disques : double hypothèse que les raisonnements les plus savants ne sau- raient faire admettre même pour le type obdiplostémone. Je ne parle pas du type diplostémone direct, que ses carpelles oppositisépales mettent en dehors de tout rapport avec un type qui a pour base l'opposition du gyné- cée à la corolle. b. La deuxième hypothèse d'Auguste de Saint-Hilaire, liée d’ailleurs à la construction précitée, consiste à regarder les étamines oppositipétales Comme une dépendance ou dédoublement des pétales; alors l'androcée théoriquement normal est représenté dans nos obdiplostémones (Oxalacées, Rutacées, etc.), par le seul verticille interne des étamines, et les deux dis- ques, qui manquent d'ailleurs, sont sans objet. Je n'opposerai cette hypo- thèse à la précédente que pour montrer combien, en conduisant à sacrifier les disques, elle lui est peu favorable; et encore la réfutation de la première hypothèse d'Auguste de Saint-Hilaire par la seconde paraîtra-t-elle superflue aux botanistes qui auront admis la remarque que cette première hypothèse ne peut surtout plus subsister en face du type diplostémone direct (1). Mais l'hypothèse du dédoublement des pétales est-elle elle-même fondée? Quelles sont ses preuves? Nous allons avoir celles-ci et pouvoir discuter celle-là par quelques citations empruntées à M. Auguste de Saint-Hilaire lui-même, citations que nous abrégerons en rendant fidèlement la pensée de l’auteur : « Dans une foule de Géraniacées et de Caryophvilées, cinq étamines, (1) Je mai point ici à considérer dans son ensemble le dédoublement des pétales , objet de recherches importantes de la part de MM. Dunal et Moquin-Tandon, et qui est évident dans la formation de la couronne des Lychnis, Silene, etc. 618 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. opposées aux pétales, en sont de simples dédoublements ; » ces étamines par dédoublement se distinguent des étamines réellement symétriques (où normales), parce qu’elles sont plus petites, souvent réduites à un seul filet (Erodium), où à une dent (Linum)..... Il est bien clair que les étamines qui résultent du dédoublement de la corolle sont opposées aux pétales, et doivent être sur un plan un peu moins avancé que celles qui forment le ver- ticille rigoureusement staminal.... Chez les Caryophyllées et le Pelletiera, les étamines dédoublées des pétales, se soudent avec eux... Dans les Primu- lacées, les étamines avortent, et un dédoublement des pétales produit les étamines oppositipétales. .. » Si c’est par multiplication et non par dédoublement. que les étamines forment deux verticilles, alors les étamines opposées aux pétales sont les plus voisines des carpelles (Bocagea)..… Il n'existe pas de verticille multiple d'étamines, quand tous les autres verticilles sont simples, cas dans lequel l'augmentation résulte d’un dédoublement... » (Auguste de Saint-Hilaire, Morphologie végtale, Chap. Symétrie). | L'hypothèse du dédoublement des pétales pour former le verticille stä- minal externe des Caryophyllées, etc., adoptée par M. Ad. de Jussieu et par la plupart des botanistes, repose, en résumé, sur ces deux points : 4° situation extérieure des étamines oppositipétales, par rapport aux éta- mines oppositisépales ; 2° soudure assez fréquente de ces étamines aux pétales dont elles dériveraient. A quoi il faut ajouter l'opposition des car- pelles aux pétales, et par suite, le rétablissement de la loi d'alternance par la simple abstraction du verticille staminal étranger, dans l'hypothèse, au type théorique de la fleur. Mais si l’on pèse, sans idées préconçues, les objections suivantes, on re- connaitra que c’est à tort que le verticille staminal oppositipétale est re- gardé comme produit par le dédoubiement des pétales eux-mêmes : 4° La position extérieure des étamines oppositipétales des Géraniacées ; Linées, ete. , par rapport aux étamines oppositisépales est, comme le démon- trent les observations organogéniques, une conséquence habituelle de l’évolu- tion de l’androcée, lequel procede du centre à la circonférence en commen- çant par les étamines oppositisépales (M. Payer, Traité d'organogénie comparée : Géraniacées, etc., et nous-mème : /echerche des rapports ou lois entre l'ordre de naissance, etc., des étamines). 2° Beaucoup de Renvneulacées, de Caryophyllées, ete., offrent, les unes vers la base de l'onglet, les autres entre l'onglet et le limbe, de vrais dé- doublements, mais ces derniers ne produisent pas d'étamines. 3" Si l’adhérence est une preuve de dédoublement, pourquoi l’observe-t-0n dans les eorolliflores à étamines alternes aux pétales (Convolvulacées, Sola- nacées, etc)? he Un grand nombre de monocotyléduues (de Liliacées surtout), ont leurs SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOUT 1855. 619 deux verticilles staminaux portés sur les deux verticilles du périänthe, auxquels ils sont opposés chacun à chacuü. Si l'opposition et l’adhérence des étamines aux parties des enveloppes florales suffisent pour affirmer là formation des premières par dédoublement des secondes, la conclusion (qu assurément personne n’admettra) serait que l’androcée existant chez ces plantes, est étranger à leur type normal. 5° Toutes les recherches organogéniques de M. Payer et les miennes établissent que les étamines oppositipétales des Géraniacées, Oxalacées , Rutacées, ete., ont une origine aussi distincte ou individuelle que les éta- mines oppositisépales, qu’elles sont absolument indépendantes des pétales ; naissent loin de ceux-ci, et n’adhèrent à eux, comme les étamines alterni- sépales des corolliflores, que consécutivement à leur naissance. 6° J'ai vu chez le Cucubalus baccifer les pétales suivre dans leur naissance les étamines qui leur sont opposées, et non les précéder. 7° Dans quelques Caryophyllées, et surtout dans une Géraniacée, le Rhyn- chotheca, les deux verticilles des étamines existent, mais la corolle manque ! Or, quels botanistes voudront admettre sérieusement que les pétales, qui n'existent pas, engendrent le verticille staminal alternisépale ? 8° Comment enfin admettre que la situation des étamines devant les pétales soit la preuve qu’elles sont un dédoublement de ceux-ci, quand on sait que chez les Tiliacées, Malvacées, ete. , les phalanges d’étamines super- posées aux pétales commencent par se montrer loin de ceux-ci pour s'en rapprocher seulement plus tard par le fait de leur évolution centrifuge ; quand on considère surtout que chez plusieurs Hypéricinées, ete., il n’y à, au lieu de cinq groupes d’étamines, que trois groupes formant un verticille indépendant par sa symétrie de celui des pétales ? Ainsi, l'hypothèse du dédoublement des pétales n’est pas fondee, et l'oti ne saurait y recourir pour expliquer le type obdiplostémone; mais combien n'est-elle pas plus insuffisante encore quand où la rapproche du type diplos- témoue direct. fci, en effet, elle ne peut mème arriver à être discutée, arrè- tée tout d’abord comme elle l’est par ces deux faits : La position du verticille oppositipétale, qui exelut toute idée de dedou- blement , ce verticille étant plus intérieur que le verticille oppositisépale, et Auguste de Saint-Hilaire avant dit lui-même et fort judicieusement à son Point de yue : « Z est bien clair que les étamines qui résultent du dédou- blement staminal de la corolle doivent être sur un plan un peu moins avancé Que celles qui forment le vertiville rigoureusement staminal. » Les carpelles sont opposés aux sépules, ee qui est inconciliable avec tout type floral dans lequel l'androcée ne serait représenté que par un verticille. V. — En se reportant aux caractères des deux types diplostemones que NOUS avous cru nécessaire de distinguer, on trouve qu'au point de vue de la loi d'altertiance, 1e type obdiplustémone pourrait être, d'une façon géné- 620 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rale, désigné sous le nom de type imparistémone, tandis que le type diplos- témone pourrait être dit paristémone. Dans le premier, où pourraient en- trer des androcées à 1, à 3, à 5 verticilles, il existe évidemment un hiatus quant à ce qui concerne les Géraniacées et autres plantes analogues, à deux verticilles staminaux, qui devraient, en raison de la situation des carpelles, avoir trois verticilles d’étamines ; mais si j'ai abandonné l'épithète triplos- témone, qui rappelait le verticille manquant, mais avait le tort aller au delà des faits observés, il est plus nécessaire encore de se refuser à admettre que ces plantes n'ont qu’un verticille normal auquel s’ajouterait un verticille par dédoublement des pétales. Quant au type diplostémone direct, il est com- plet, et salisfait pleinement à la loi d'alternance. Pour le premier, l'hypo- thèse du dédoublement a du moins le mérite (le seul d’ailleurs) de rappro- cher le type existant du type idéal ; l'extension de cette hypothèse au second type aurait au contraire pour résultat de faire abandonner une structure parfaitement régulière pour se jeter dans les anomalies. VI. — On est tout d’abord frappé par ce double fait, savoir d'une part, que le type diplostémone direct est assez peu répandu parmi les dicotylé- dones pour ne pas y avoir été remarqué dans sa signification morphologique et ne jamais avoir été compris dans les diverses théories faites sur la struc- ture de la fleur, et d'autre part, qu'il est au contraire général chez les mono- cotylédones, où il n'avait pas cependant semblé davantage devoir être opposé au type le plus commun des dicotylédones. Mais le type diplostémone direct est-il en réalité aussi rare chez les dico- tylédones qu'il parait l'être, quand on se reporte au peu d'observations que possède actuellement la science? Je vais essayer de montrer que non, en me guidant, dans mes recherches, par les divers caractères du type qui sont, on se le rappelle, les suivants : Verticille le plus extérieur des étamines placé devant les sépales, verti- cille le plus intérieur situé devant les pétales ; Apparition ou naissance des deux verticilles de l'androcée, ayant lieu ordinairement de la circonférence au centre (les verticilles se montrent au contraire dans l’ordre centrifuge pour le type obdiplostémone) ; Opposition des carpelles aux sépales. De ces trois caractères, deux, l'ordre de position des verticilles de l'an- drocée, tant comparés entre eux que rapportés aux enveloppes florales, et l'opposition des carpelles aux sépales, sont absolument fixes, tandis que le troisième, savoir l’ordre de naissance des étamines, pourra offrir quelques variations ou même être interverti, ainsi que M. Payer l’a observé chez les Commélynées. On comprend d'ailleurs qu'il suffira de l’un des deux carat- tères absolus pour permettre de reconnaitre le type diplostémone direct avec une suffisante certitude. Cherchons donc. Les observations de M. Schleiden (Nova acta Academiæ Cæsareæ, XIX), SESSION EXTRAORDINAIRE A PARIS, EN AOÛT 1855. 691 celles de M. Payer (Traité d'Organogénie comparée) et les miennes (/echer- ches sur les rapports ou lois entre l'ordre de naissance des étamines…) établis- sentque, chez les Papilionacées et les Cassiées, les verticilles se développent dans l'ordre centripète, et se placent aussi, comme chez les Limnanthées et les Coriariacées, le plus extérieur devant les sépales, le plus intérieur devant les pétales (1). Le verticille des carpelles, ordinairement réduit à un seul élément, ne peut évidemment pas nous guider ici, mais nous avons le carac- tère absolu fourni par la position des étamines entre elles et par rapport aux enveloppes florales, plus le caractère de seconde importance tiré de l’ordre de naissance des deux verticilles staminaux, et c'est assez pour que, sans la moindre hésitation, nous rangions les deux grands ordres des Papiliona- cées et des Cassiées dans le même type symétrique que les Coriariées et les Limnanthées. Ceci nous permet de prévoir que, si jamais on trouve un jour une Légumineuse diplostémone, ayant, comme la Mimosée observée par A. de Saint-Hilaire, cinq carpelles, ceux-ci seront placés devant les sépales. Les Campanula ont, avec une symétrie quinaire générale, un ovaire ordi- nairement à trois loges; mais le Campanula Medium et un petit nombre d'autres espèces ont l'ovaire à cinq loges, et alors celles-ci sont opposées aux sépales, Le Wahlenbergia a tous ses verticilles de trois à cinq parties, el toujours les loges de l'ovaire sont devant les sépales. Les Musschia et le Platycodon offrent avec cing étamines, cing carpelles répondant aux sépales; de même le Canarina a six sépales, six pétales, six étamines et autant de Carpelles oppositisépales ; le Michauxia, des fleurs octandres et à huit carpel- les encore opposés aux lobes du calice; enfin le Light footia présente, comme le Campànula, avec des verticilles toujours quinaires pour les enveloppes de la fleur et l'androcée, tantôt trois, tantôt cinq carpelles, et ces derniers Sont toujours superposés aux divisions calicinales. N'est-ce pas assez de l'opposition des carpelles aux sépales dans tant de genres des Campanulacées Pour montrer que cetteimportante famille aussi doit être comprise dans le type diplostémone direct ? Un verticille manque à l'androcée, ainsi que suffirait à le prouver la place, en opposition à la loi d'alternance, des carpelles devant le verticillestaminal existant, et l'on peut inférer de la situation de ce dernier devant les sépales que, si un jour on trouve une Campanulacée effective- ment diplostémone, le verticille ajouté, ou plutôt restitué à l’androcée, sera intérieur par rapport à l'autre et oppositipétale; j'ajouterai même, en me reportant aux lois qui rattachent le développement des étamines à leur nais- Sance et à leurs avortements , que ce verticille restitué naitra le dernier, Sera le plus court et le dernier mûr. Les Primulacées n’ont que cinq étamines oppositipétales et un ovaire (1) Dans le bouton un peu gros, cet ordre semble interverti, par suite de la posi- tion oblique de dedans en dehors prise par les étamines oppositipétales. 622 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. formé d’un nombre de carpelles indéterminé, et j'ajoute, indéterminable même par l’organogénie (1). Les deux caractères essentiels, savoir les rap- ports des deux verticilles staminaux et ceux des carpelles manquant à la fois, il semble qu’on ne puisse savoir si ces plantes dérivent du type obdi- plostémone ou du type diplostémone direct, et cependant, quand je consi- dère que l'organosénie indique dans le Samolus deux verticilles d’étami- nes, dont le plus extérieur et dernier né, qui avorte ou se réduit à de petites languettes sur la gorge de la corolle, est oppositisépale comme dans le Coriaria et les Papilionacées, je ne peux m'empêcher de penser que les Primulacées encore se rattachent au type diplostémone proprement dif. L'évolution de l'androcée est bien, je l'avoue, centrifuge comme c'est de règle dans le type obdiplostémone, mais la position des parties de l’andro- cée par rapport aux enveloppes florales, l'emporte en valeur sur le mode d'évolution, et d'ailleurs les Tradescantia et quelques autres monocotylé- dones, qui appartiennent incontestablement au type diplostémone direct, n’ont-ils pas à leur tour, par une exception parallèle, un androcée dont les verticilles se développent dans l'ordre centrifuge. Les Loasa, que leurs étamines extérieures et leurs carpelles oppositipétales elassent incontesta- blement dans le type obdiplostémone, font d’ailleurs, au milieu de celui-ci, par le développement centripète de l’androcée, et l'avortement plus ou moins complet du verticille staminal dernier né, une exception correspon- dante à celle que les Commélynées et que surtout les Primulacées font dans le type diplostémone direct. Ou voit qu'en somme ce dernier type staminal, qui ne commence que d'aujourd'hui à fixer l'attention, n’est pas sans avoir un grand domaine, puisque à lui se rattachent déjà la grande généralité des monocotylédones;, et parmi les dicotylédones, les Coriariées, les Limnanthées, les Papilionacées, les Cassiées, les Campanulacées et les Primulacées. Et si l'on considère que les Campanulacees, que nous n’aurions pu y rattacher sans leurs espèces isocarpées, tiennent de près aux Synanthérées, ete. ; on voit que si nous pe pouvons établir, faute de moyens d'investigation (l'existence et les rapports de deux verticilles d’étamines ou du moins la présence d’un verticille com- plet de carpelles) que ces plantes appartiennent au même type que celles-ci, ce n'est pas à dire que l'hypothèse qu’on pourrait former à cet égard ne soit pas fondée. Mais je m'’arrête, car je ne veux avancer que sur des faits, et ceux-ci sont, pour aujourd’hui, épuisés. M. Ed. Bureau présente à la Société des échantillons vivants de l'Utricularia neglecta , Lehm., espèce qu'il vient de découvrir à Bel- (4) 11 y aura à voir si l'anatomie ne conduirait pas à fixer le nombre et la situa- tion des carpelles. SESSION EXTRAORDINAIRE À PARIS, EN AOUT 1855. 6238 levue près Paris, et qui n'avait pas encore été signalée dans le rayon de la flore parisienne. M. Bureau ajoute les observations suivantes : Cette plante se différencie par les caractères suivants de V Utricularia vulgaris L. Elle a le port plus grêle, la corolle d'un jauve plus pâle, le lobe supérieur du calice obtus (tandis qu'il est étroit et acuminé dans l U. vul- garis) ; le palais vu de côté, court, obovale en coin, les étamines conniventes mais libres (tandis que le palais est en coin très étroit, les étamines sou- dées dans le vulgaris). Si l’on regarde la corolle de profil, on aperçoit l'éperon que la lèvre inférieure ne cache pas; dans le vulgaris, au contraire, les bords latéraux de cette lèvre sont rabattus et masquent complétement l'éperon. Grâce à cette découverte, la flore des environs de Paris possède mainte- uant les quatre espèces d’ Utricularia connues en France. On peut les dis tinguer à l’aide du tableau suivant : Anthères soudées .,................... U. vulgaris, L. omenana | Feuillesnon toutes mu- } U. intermedia, Hayue j . ? , é . plus long que \ nies d'utrieules. large. | Feuilles toutes munies Avthères libres N d’utricules. bu. neglecta, Lehmann, Éperon aussi large que long. . . .. . U. minor, L. La plante a été trouvée près de Bellevue (Seine-et-Oise) dans des mares nouvellement formées, résultant de l'exploitation de la meulière. M. Germain de Saint-Pierre fait remarquer que cette espèce res- semble absolument à Utricularia vulgaris par tous les organes de la végétation. On ne peut len distinguer que lorsque elle est en fleur, et seulement avec certitude sur le vivant, car ses caractères dispa- raissent presque complétement par la dessiccation. Elle est indiquée par M. Lloyd dans les départements de la Loire-Inférieure, de la Vendée et de la Charente-Inférieure. MM. Grenier et Godron la si- &nalent en outre dans la presqu'ile de la Manche où elle a été trouvée par M. Lebel. M. Gay dit qu’il croit avoir dans son herbier la plante en question, venant des environs de Cherbourg. M. de Schœnefeld pense que la difficulté de distinguer cette espèce de ru. vulgaris est la cause de sa rareté apparente. L'attention une une fois appelée sur elle, on en découvrira probablement de nou- velles localités dans nos environs. M. Chatin annonce à la Société que l Acorus Calamus, non encore 624 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. signalé dans le midi de la France, vient d’être trouvé par M. Touchy dans les marais de Grammont, aux environs de Montpellier. M. Gay dit que l’Acorus existe sur certains points de la France, au bord de quelques étangs, mais il rappelle que c’est une plante asiatique qui n’est, nulle part, réellement spontanée dans l’Europe occidentale, bien que la facilité et la rapidité de son développement le fassent supposer. M. Puel rapporte que cette plante est abondante aux environs de Rennes, où elle a été récemment introduite, et qu'elle y semble tout à fait spontanée. M. Lecoq dit avoir vu l Acorus dans les Ardennes en quantité con- sidérable, avec toutes les apparences de la spontanéité, dans des lieux très sauvages el où il n’est pas vraisemblable qu’il ait été artificiel- lement introduit. M. Meniére fait remarquer que dans le département de Maine-et- Loire, sans cesse parcouru par des botanistes exercés, on n'avait encore jamais rencontré l’Acorus, lorsque à deux kilomètres de la propriété de M. Guépin, on l’aperçut autour d’un marais, dans un lieu désert où il n’avait point été semé. On l’a depuis naturalisé avec succès sur d’autres points du même département. M. Brongniart rappelle que cette plante est commune en Danemark et dans tout le nord de l’Europe. M. Germain de Saint-Pierre ajoute qu’elle a été plantée, il y a en- viron douze ans, par M. Weddell, dans la forèt de Marly (Seine-et-Oise), où elle est aujourd'hui parfaitement naturalisée. Sur la proposition de M. J. Gay, la Société déclare close la session extraordinaire de 1855, etse sépare après avoir voté des remerciments unanimes à M. Parlatore, son président. Conformément au paragraphe 2 de l’article 41 du règlement, le procès-verbal ci-dessus a été soumis le 1° septembre au Conseil d’ad- ministration, qui en a approuvé la rédaction. ADDITION AU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 27 JUILLET 1855. Après la lecture de la lettre de M. Reboud, (1) M. Cosson présente quel- ques observations sur l’analogie de la végétation des montagnes des envi- rons de Djelfa avec celle des montagnes de l'Aurès, situées dans la partie la plus orientale de l'Algérie, et insiste sur l'uniformité de la végétation dans toute la région des hauts-plateaux de l’ Algérie. Il fait remarquer ensuite que le nom d'Æenonia, attribué par M. Durieu de Maisonneuve et par lui à un genre nouveau de la famille des Crucifères, découvert par M. Hénon et retrouvé par M. Reboud, doit être remplacé par celui d’Æenophyton, le nom d'AHenonia ayant déjà été appliqué à un genre de la famille des Amarantacées (Moquin-Tandon in DC. Prodr., XIII, sect. 2, 237). (1) Voyez le Bulletin, t. LE, p. 537. T, LL 42 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. De lPaetion du salpêtre sur la végétation; par M. Boussingault (Compte-rendu des séan. de l’ Acad. des sc., séance du 49 novembre 1855 ; Ann. des sc. natur., 4° sér., IV, p. 32-46). L'action très favorable du salpètre ou nitrate de potasse sur la végétation est connue depuis longtemps; mais le prix élevé de ce sel avait empêché les agriculteurs de l'appliquer à la culture en grand. La découverte d'un gi- sement inépuisable de nitrate de soude au Pérou, dans la province de Ta- racapa, a changé les conditions à cet égard, et aujourd’hui l exportation de cette dernière substance d'Amérique en Europe est devenue tellement con- sidérable que, depuis cinq ans, elle a dépassé le chiffre de trois millions de quintaux espagnols. Or les expériences faites en Angleterre par M. Barclay et en France par M. Kuhimann ont prouvé que ce nitrate employé dans la culture à raison de 120 à 125 kilogrammes par hectare exerce une action fertilisante incontestable, Mais il importe de connaitre de quelle manière agissent sur les plantes l’un et l’autre de ces nitrates. Est-ce à la façon des sels alcalins, ou selon celle des engrais dérivés des substances animales, comme, par exemple, les sels ammoniacaux ? C’est surtout en vue de ces deux questions que M. Boussingault a fait ses expériences. M. Kuhlmann a pensé que, lorsque des nitrates interviennent dans la fertilisation des terres, leur azote, avant d'être absorbé par la plante, est transformé, le plus souvent, en ammoniaque daus le sol même, et qu'il suf- fit, pour amener cette transformation, qu’il existe dans le sol des matières organiques en voie de putréfaction. M. Boussingault a voulu dès lors re- connaitre expérimentalement si la présence de matières organiques putres- cibles dans le sol est indispensable pour que l'azote des nitrates soit assimilé par les plantes. Pour cela, il a fait germer des graines et végéter les plantes qu'elles ont données dans an sol stérile auquel il a seulement ajouté du ni- trate de potasse ou du nitrate de soude et une petite quantité de cendres. Deux de ses expériences ont été faites sur l’ Helianthus annuus, la première avec addition, la seconde sans addition de nitrate de potasse; trois autres ont eu pour sujet le Cresson alenois (Lepidium sativum) qui a été semé une fois dans de la terre fortement fumée, une autre fois dans un sol stérile, enfin une troisieme fois dans du sable avec addition de nitrate de soude. Voici en résumé ce que le célebre chimiste et agriculteur regarde comme résultant de ses expériences. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 627 Les nitrates alcalins agissent sur la végétation avec autant de promptitude et peut-être avec plus d'énergie que les sels ammoniacaux. Ainsi l Helianthus annuus, sous l'influence de 1 gramme de nitrate de potasse, s’est élevé à une hauteur de 50 à 72 centimètres, s’est incorporé plus de 1 décigramme d'azote, a produit en matière sèche 108 fois le poids de la graine et a décomposé, en trois ou quatre mois, plus de 5 litres d'acide carbonique ; au contraire, en l'absence du salpêtre, il n’a développé qu’une tige grêle, haute au plus de 20 centimètres, portant seulement 2 ou 3 feuilles d’un vert pâle; il n’a assimilé que 3 milligrammes d'azote ; enfin, dans ce cas, la plante sèche n’a eu que cinq fois le poids de la semence, et, ea trois mois d’une végétation languissante , elle n’a pas décomposé 4 décilitres d’acide carbonique. Les résultats obtenus avec le Cresson alénois ont été tout aussi frappants. Dans un sol stérile, la plante, en sept semaines, à l'air libre, n'a pas acquis 2 mil- ligrammes d'azote ; sèche elle pesait seulement trois fois plus que la semence, et elle avait assimilé au plus le carbone de 1 décilitre d'acide carbonique. Une addition de quelques centigrammes de nitrate de soude a déterminé une tout autre marche dans une nouvelle expérience. La plante sous cette in- fluence, est devenue comparable à celle qui croissait dans un sol fumé; elle a pris 25 milligrammes d'azote, et elle a pesé, sèche, 22 fois plus que la graine; en un mois et demi, elle a pris le carbone de 7 décilitres d'acide carbonique. M. Boussingault regarde cette influence des nitrates sur la végétation Comme venant à l'appui de l'opinion émise par lui antérieurement, que la décomposition du gaz acide carbonique par les feuilles est en quelque sorte subordonnée à l'absorption préalable d’un engrais fonctionnant à la manière du fumier de ferme, que cet engrais soit de l’ammoniaque, une matière Putrescible ou un nitrate. En terminant sou mémoire, M. Boussingault fait observer qu'un nitrate, malgré l'énergie de son action, ne peut être regardé comme un engrais com- plet, puisqu'il n'apporte, en définitive, que de l'azote et un alcali ; mais il présume que, associélà du phosphate de chaux divisé chimiquement, il fournirait un composé doué des qualités du guano avec plus de fixité dans l'élément azoté. Il annonce qu'il se propose d'essayer cette année l’action d'un pareil mélange dans la grande culture. Pllanzen-Individualitaet (/ndividualité des plantes); par M. Daniel Müller, à Upsal (Botanische Zeitung, n° 30,27 juillet 1855, col. 521-532). L'auteur de cette dissertation rapporte successivement les différentes opi- nions qui ont été émises relativement à la manière d'envisager l'individu dans le règne végétal. Vulgairement et dans le langage ordinaire, on désigne Par le mot d'individu une plante entiere, arbre, arbrisseau, sous-arbrisseau, 628 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. herbe, ete., et l’on regarde comme n'en étant que de simples parties ses différents organes, racines, feuilles, fleurs, ete, Aristote et un grand nombre d'auteurs après lui jusqu’à notre époque ont considéré le bourgeon comme constituant l'individu végétal proprement dit. Galesio donnait cette déno- mination à la plante provenue originairement d’une graine et à toutes celles qui sont sorties de la première par division, comme par boutures, marcottes, etc., et non par le concours des sexes. Beaucoup de botanistes de nos jours, uotamment les physiologistes, vont tellement loin dans la détermination de l'individu végétal, qu'ils arrivent à reconnaître l'individualité de chaque cel- lule. Enfin, tout récemment M. Alex. Braun a cherché à démontrer qu'il fallait considérer comme l'individu végétal proprement dit, le produit de la végétation d'une année, c’est-à-dire la pousse annuelle. M. D. Müller examine l'une après l’autre et en détail ces différentes ma- nières de voir, afin de montrer qu'aucune d'elles n’est admissible isolément, toutes donnant prise à de graves objections. TI termine son mémoire par les passages suivants, dans lesquels il résume sa propre opinion. Les plantes d’une organisation élevée présentent trois individualités végé- tales intimement unies: celle de la cellule, celle du bourgeon et celle de la planteentière. Les trois se relient, se commandent et peuvent se produire l'une l’autre. Le bourgeon proprement dit peut devenir une plante complète ; les bulbilles et les graines deviennent toujours une plante ou du moins doivent en devenir une. De l’individualité de la celluie peut procéder celle du bour- geon, de même que l'embryon provient de la cellule embryonnaire. Ces trois individualités réunies, considérées en elles-mêmes, sont plus faibles que l'individualité de l'animal qui s'exprime dans une unité plus nettement déterminée. Dans les plantes les moins élevées en organisation, par exemple dans les Algues, où les trois individualités n’existent pas, l’une de celles-ci, celle de la cellule, devient en elle-même plus prononcée et moins dépendante que chez les plantes supérieures où les trois se déterminent Fune l’autre. Mais qu'y a-t-il done d’essentiel dans l’individualité de la cellule, du bourgeon et de la plante entière? Dans la cellule l'essentiel est-il sa mem- brane, le cytoblaste, le protoplasma, ete. ? Non, toutes ces formations sont soumises à un renouvellement de matière ; ici l'essentiel est la vie active, qui, partant d’un point, sa répand dans toutes les parties de son petit do- maine. Dans le bourgeon la partie essentielle consiste-t-elle dans les écailles, les feuilles, le coussinet, l’anthère, les cotylédons, ete. ? Ces parties forment sans doute le bourgeon, mais elles peuvent être plus ou moins rudimentaires, et d'ailleurs ici encore, les formes se modifient. La partie essentielle du bourgeon est encore ici la vie concentrée en un certain point qui manifeste sans cesse une tendance à s'élever et qui laisse derrière lui les écailles, les feuilles, les cotylédons, les jeunes bourgeons, ete. Enfin que doit-on regarder comme essentiel dans la plan entière? Ce n’est pas la racine, ni les vais - REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 629 seaux, ni l'écorce, ete. Non, c'est surtout la vie active dans toute la plante, c'est l'idéal de la plante qui tend à se réaliser. D'où nous trouvons encore ici l'invisible, l’immatériel, dans la forme visible et matérielle. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Xenia orchidacea. Beitraege zur Kenntniss der Orchi- deen (Votes pour aider à la connaissance des Orchidées); par M. Heinrich Gustav Reichenbach fils (in-4°, Leipzig, chez F. A. Broc- khaus). Ouvrage commencé en 1854. La belle famille des Orchidées s'enrichit chaque jour d’un si grand nombre de brillantes acquisitions, que, pour en suivre les rapides accroissements, on est obligé de consulter les diverses publications périodiques qui paraissent dans les différentes parties de l'Europe sur la botanique et l’horticul- ture. Ainsi chaque mois voit paraitre des descriptions, souvent accom- pagnées de figures d'Orchidées nouveiles, dans le Botanical Magazine, l’Allgemeine Gartenzeitung, le Gartenflora, la Flore des serres, \ Illustration horticole, ete., ete. En outre des ouvrages spéciaux contribuent encore à étendre les limites de ce groupe naturel, dont Linné connaissait seulement 105 représentants, el dont on evalue maintenant les espèces connues à 6000. Les ouvrages spéciaux sur ies Orchidées opt done une très grande utilité, Surtout lorsque leur prix les rend abordables à la majorité des botanistes. A ce titre celui que publie maintenant M. Reichenbach fils, sous le titre de Xenia orchidacen, semble appelé à rendre de grands services. Il renferme à la fois les descriptions et des figures, non spiendides, mais suffisantes, d'un grand nombre d'espèces nouvelles ou encore imparfaitement connues. Il nous est impossible de dire quelle doit en être l'étendue, ni si son savant auteur s'est proposé de suivre un ordre quelconque dans sa publication ; car nous n'avons rien vu qui pùt nous fixer à cet égard. Mais nous croyons devoir présenter ici la liste des espèces qui ont été figurées dans les quatre livraisons publiées jusqu'à ce jour. Ce relevé donnera une idée de l'intérêt que possède ce grand travail dû à la plume et au crayon de l'un des deux hommes qui, dans ces derniers temps, ont fait des Orchidées l'objet de leur Principale étude. 1" livraison, publiée le 4% avril 1854. — PI. 1. Epistephium Friderici Augusti, Rehb. fil. — PI. 2. Selenipedium Chica, Rehh. fil. ; S. palmifolium, ld. — Pi. 3, Masdevallia elephanticeps, Rchb. fil. — PI. 4. Renanthera bi- linguis, Rehb. fil. — PI, 5. Vanda cærulea, Griff.— PI. 6. Crocodeilanthe Xiphizusa, Rchb. fil Détails de diverses espèces. — PL 7. Trichopilia hÿmenantha, Rchb. fil. Telipogon astroglossus, Rchb. fil. — PI. 8. Myros- modes Dubigenum, Rehb. fil. Sigmatostalix graminea, Rehb. fil. Ponerorchis 630 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. graminifolia, Rchb. fil. — PI. 9. Trichoceros parviflorus, Hb. Kth.; T. platyceros, Rchb. fil. — PI. 40. Maxillaria prætexta, Rchb. fil. ; M. vir- guncula, Id. ; M. notylioglossa, Id. 2° livraison, publiée le 4e août 1854. — PI. 44. Pescatoria triumphans, Rchb. fil. — PI. 42. Vanda suavis, Lindl. — PI. 43. Cattleya Wageneri, Rchb. fil. — PI. 44. Paradisanthus bahiensis, Rchb. fil. — PI. 15. Uro- pedium Lindenii, Lindl. — PI. 46. Mesospinidium Warscewiezii, Rchb. fil. Neodryus rhodoneura, Rchb. fil. — PI. 17. Oerstedella centradenia , Rchb. fil. ; O. centropetala, Id. — PI, 18. Hofmeisterella eumicroscopica, Rchb. fil. Oncidium meirax, Id. — PI, 19. Tetragamestus modestus, Rchb. fil. Ponera leucantha, Id. ; fleur du P. macroglossa, Id. — PI. 20. Kegelia Houtteana, Rchb. fil., Notylia Pentachne, Id. Gongora retrorsa, Id. ; fleurs des G. retrorsa, Id. et G. Seideliana, Id. 3° livraison, publiée le 20 novembre 1854. — PI. 21. Miltonia anceps, Lindl. — PI. 22. Odontoglossum Schillerianum, Rehb. fil.; O. epiden- droides, Hb. Kth. — PI. 23. Warscewiczella velata, Rchb. fil.; fleur du W. marginata, Id. — PI. 24. Warrea tricolor, Lindl. Koellensteinia Kellneriana, Rchb. fil, — PI. 25. Kefersteinia sanguinolenta, Rchb. fil. ; K. graminea, Id. ; fleur du K. stapelioides, Id. — PI. 26. Epidendrum Warscewiczii, Rchb. fil. — PI. 27. Selenipedium Hartwesii, Rchb. fil. — PI. 28. Pleurothallis gratiosa, Rchb. fil. ; P. cardiostola, Id. ; fleur du P. trip- terantha, Id. et du P. tripterygia, Id. — PI. 29. Brachtia sulphurea, Rchb. fil.; B. glumacea, Id. — PI. 30. Sobralia Bletiæ, Rchb. fil.; fleur du S. decora, Batem. 4° livraison , publiée le 40 septembre 1855. — PI. 31. Cattleya Wars- cewiezii, Rchb. fil. — PI. 32. Brassia Gireoudiana, Rchb. fil. — PI. 35. Oncidium Kramerianum, Rchb. fil. — PI. 34. Aspasia lunata, Lindl. — PI. 35. Renanthera matutina, Lindl.; fleur du R. micrantha, BI. — PI. 36. Oncidium reflexum, Lindl.: O. cæsium, Rchb. fil. — PI. 37. Epi- dendrum frutex, Rehb. fil. — PI. 38. Centropetalum Warscewiczii, Rchb. fil. ; Nasonia ionanthera, Id. ; N. Myrtillus, Id.— PI. 39. Lockhartia pallida, Rchb. fil. ; L. govazensis, Id. ; L. lunifera, Id. — PI. 40. L. Weigeltii, Rchb. et Rchb. fil. ; L. parthenocomos, Rchb. fil. ; L. Oerstedii, Id. ; L. micrantha, Id. ; fleur du L. mirabilis, Id. Iconographia familiarum naturalium regni vegetabilis: auctore Adalbert Schnizlein. (in-4° Bonn, chez Henry et Cohen. 10° livr.) M. Schnizlein vient de publier une nouvelle livraison de son important ouvrage consacré à l'illustration des familles naturelles. Les botanistes con- naissent tous ce grand travail qui, commencé depuis environ une douzaine d'années, a déjà mis entre leurs mains l'iconographie caractéristique d'un REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 631 grand nombre de familles, Aussi nous rappellerons seulement en deux mots que, d’après le plan qu'il s'était tracé dès l'origine, M. Schnizlein s’est at- taché à reproduire sur ses planches, tant les ports que les caractères des prin- cipaux types de plantes qui composent les familles et généralement aussi leurs tribus. Les figures qu'il donne ue sont pas toutes originales, mais il a le soin d'indiquer à quelles sources il a puisé celles qui sont simplement copiées. Ces figures sont gravées sur pierre, d’une bonne exécution. D'abord les détails en étaient parfois dessinés sous de trop faibles proportions ; mais là livraison qui vient de paraitre nous montre que le savant allemand a heu- reusement modifié sous ce rapport ses premières habitudes, Ces figures sont généralement noires; mais celles des fleurs et des parties qui semblaient exiger un coloriage ont été enluminées. Quant au texte, il présente les parties sui- vantes : 1° L'exposé des caractères de la famille écrit en latin et en allemand ; 2° des observations générales, écrites en allemand, suivies de l'indication des usages des plantes de la famille, du nombre des espèces, de leur distribution géographique, des autorités à consulter pour leur étude, du tableau des genres; 3° l'explication des figures. Le texte relatif à chaque famille oc- Cupant une ou plusieurs pages distinctes et séparées et ne portant pas de numéro, l'ouvrage, une fois terminé, pourra être disposé d'après l’ordre que chacun jugera le plus convenable. Voici l'indication des familles caracterisées et illustrées dans la 10° li- vraison : Cupressineæ, L.-C. Rich. ; 4 pl. — Abietineæ, L.-C. Rich. ;2 pl. — Salicineæ, L.-C. Rich. ; 4 pl.— Dipsaceæ, Juss. ; 4 pl. — Primulaceæ, Vent. ; 1 pl. — Belvisieæ, R. Br. ; 4 pl. — Umbelliferæ, Juss. ; 2 pl. — Crassu- laceæ, DC. ; 4 pl. — Berberideæ, Vent. ; 2 pl. — Papaveraceæ, Juss. ; 4 pl. — Fumariaceæ, DC. ; 1 pl. — Cucurbitaceæ, Juss. ; 1 pl. — Caryophylleæ, DC. ; 1 pl. complémentaire. — Malvaceæ , Juss.; 1 pl. — Geraniaceæ , DC, ; 4 pl. — Amygdaleæ, Bartl. ; 4 pl. Examen des espèces confondues sous le nom de Lami- hnaria digitata, suivi de quelques observations sur le genre Laminaria; par M. Aug. Le Jolis. (Comptes-rendus des séan. de l'Acad. des sce., X1, séance du 26 février 1855.) Le Laminaria digitata a paru à quelques auteurs devoir être subdivisé en Plusieurs types spécifiques ; mais la généralité des algologues modernes n'a pas admis cette subdivision. Cependant M. Le Jolis a reconnu que sous ce nom se trouvent confondues deux espèces bien distinctes, qui différent profon- dément, moins par leurs caractères extérieurs que par leur structure intime et par leur végétation. Ces deux espèces avaient ete déjà signalées aux iles Orcades par M. Clouston, d'où l'une d'elles avait été nommée par M. Ed- Monston Laminaria Cloustoni, nom qu'adopte M. Le Jolis; l'autre reçoit de 632 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Le Jolis la dénomination de Z. flexicaulis. Dans la première de ces espèces le stipe est vivace; chaque année il s'allonge au sommet et il grossit à sa base par la formation d'une nouvelle couche concentrique externe, qui correspond à un nouveau verticille de racines ou crampons développé au- dessus des autres ; en même temps, une nouvelle lame se forme à la base de l’ancienne fronde, qui, repoussée par la nouvelle venue, dont elle est séparée par un étranglement très étroit, finit par se détacher bientôt de la plante. On peut dès lors reconnaitre l’âge de la plante, soit au nombre des verticilles de crampons, soit à celui des couches concentriques situées à la base du stipe. Dans la seconde espèce, au contraire, ces indications de l’âge manquent complétement, en raison de l'absence de couches concentriques et de celle de verticilles de crampons régulièrement superposés; la fronde de cette plante s’accroit d’une manière uniforme et continue. Dans la première partie de son mémoire, l’auteur présente l’histoire bo- tanique du Laminaria Cloustoni, Edmons., Le Jol., et du Z. flexicaulis, Le Jol. Dans la seconde partie il examine l’ensemble du genre Laminaria, et la circonscription que doit avoir, selon lui, ce groupe générique. Il en exclut les Zea, Aresch., les Laminaria, Ag., et Dermatodea, Lapyl. (non J. Ag.), qu'il range provisoirement dans le genre Aaligenia. Enfin il déclare inadmissible le genre Jafgygia, Kütz. Le mémoire est terminé par le tableau des sections et espèces des deux genres Laminaria, Lamx. et Huligenia, Dene. Deux sections sont formées dans chacun de ces genres, sous les noms de Dendroideæ et Sarcharinæ pour le premier, de Phyllaria et Saccorhiza pour le second. Sur le nouveau genre Pleurocladia;: par M. Alex. Braun. Le 19 juin 1855, M. Alex. Braun à communiqué à la Société des natu- ralistes de Berlin ses observations sur un nouveau genre d'Algues d’eau douce qu’il avait découvert à la fin du mois de mai précédent. Cette petite plante appartient à la famille des Mésogloeanées, et à l’ordre des Fucoïdées ; elle fournit le premier exemple bien positif d'une espèce de cette division des Algues habitant les eaux douces. Les genres qui en sont les plus voisins sont £lachista et Myriactis, desquels le nouveau genre nommé par M. Alex. Braun Pleurocladia se distingue principalement par son mode de ramification et par l'absence de filaments terminaux simples et épaissis. Ainsi que dans les genres voisins, il existe chez le Pleurocladia deux sortes de fructifications, des Oosporanges et des Trichosporanges. L'espèce sur laquelle ce genre à ete fondé a reçu le nom de Pleurocladia lacustris. Flle se trouve en grande abondance dans le lac de Tegel ( Tegelsee), où on la voit former de petits gazons bruns sur les tiges des Jones, ainsi que sur les coquilles univalves et bivalves, notamment sur le 7réchogonia Chemnitzii (Droissena polymorphu). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 633 BOTANIQUE GÉOLOGIQUE. Ueber die Natur der Kieselhoelzer (Sur la nature des bois sili- cifiés), par MM. E. E. Schmid et M. J. Schleiden. Broch. in-4° oblong de x et 42 pag. ; avec 3 pl. lithogr. Tena, 4855; chez Friedrich Mauke. Cette brochure commence par une préface de 40 pages relative aux tra- vaux de l’Institut physiologique d'Iéna, auquel le mémoire de MM. Schmid et Schleiden a été communiqué. Elle comprend ensuite deux portions dis- tinctes : la première, de 22 pages, est due à M. Schmid, et elle est relative à la composition chimique des bois silicifiés; il est évident qu'elle ne peut nous occuper ; la seconde écrite par M. Schleiden, a pour sujet la structure organique des bois silicifiés. Les espèces de bois fossiles qui ont été l’objet des observations du célèbre professeur d'Iéna, sont au nombre de 10 : 1° Fougères : Psaronius Cottai, Corda (pl. I, fig. 4 et 2). 2° Conifères : Peuce sibirica, Schleid. ; P. pauperrima, Schleid. (pl. II, fig. 4, pl. TII, fig. 5, 6, 7); P. dubia, Schleid; P. Zipseriana, Schleid. (pl. TI, fig. 3); P. Australis, Unger; P. Schmidiana, Schleid. — Dadoxylon Stigmolithos, Endlic. 3° Dicotylédons : Ungerites tropicus, Schleid. Schmidites vasculo- sus, Schleid. De ses recherches sur ces différentes espèces, M. Schleiden tire les conséquences suivantes : 1° La fossilisation s'opère de manières extrêmement diverses. Tantôt ce sont des bois frais qui sont silicifiés immédiatement, tantôt ce sont des bois déjà transformés en houille. La silicification se fait très lentement; le liquide Chargé de silice parait imprégner d'abord les parois cellulaires, d'où il pé- nètre dans la cavité des cellules pour la remplir plus ou moins en formant des couches concentriques et rayonpantes, ou bien des masses en grappe. Les choses ne se passent jamais de même sur une grande étendue; souvent de très petites portions de la substance ligneuse, situées l'une à côte de l'autre, se trouvent modifiées diversement par de faibles mélanges de diver- ses substances colorantes. 2 Les circonstances sous l'influence desquelles les bois ont été silicifiés doivent s’être toujours rattachées à la présence de sources contenant de l'acide sulfurique, car on ne trouve presque aucun bois silicifié qui ne pre- Sente nettement, à un degré plus ou moins élevé, et sur une étendue plus ou moins grande, l’action si bien caractérisée de cet acide sur les parois cellulaires. Cette action a eu lieu sur le bois tantôt frais, tantôt déjà trans- formé en houille., 3° Sur beaucoup de bois silicitiés, on reconnait la transition graduelle d'une organisation ligneuse bien conservée à l’opale sans indices d'organisa- tion, Cette transition est due à l'action plus prolongée et plus intense de l’a- cide sulfurique, et c'est la dispersion de petites particules de substance or- 63h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ganisée qui ont persisté, à laquelle est due précisément l'opalisation de la masse siliceuse du reste homogène. h° Enfin on ne peut arriver à bien connaitre les bois silicifiés, qu'en les étudiant sur des tranches très minces préparées artificiellement. M. Schlei- den a fait exécuter de ces coupes dans les trois directions convenables, pour douze espèces de bois fossiles, et il offre d'en vendre la série au prix de six thalers pour les trente-six plaques toutes disposées entre deux lames de verre pour l'observation. Flora tertiaria Helvetiæ, par M. le docteur Heer, professeur de Botanique et directeur du Jardin Botanique de Zurich, 3° et 4° livraison. Winterthur, 1855 (1). En annonçant les deux premières livraisons de cette importante publica- tion, nous annoncions, d’après M. Heer, qu'elle aurait 40 feuilles d'im- pression en 4 livraisons : mais une note, placée sur l'enveloppe de la 3° li- vraison, nous apprend que le nombre des objets à décrire ayant été très augmenté dans ces derniers temps, l’auteur se voit obligé de porter à six le nombre des livraisons, qui forment deux volumes. Les cinquante premières planches avec le texte à partir de la première à la trentième feuille, compre- nant les Cryptogames, les Gymnospermes et les Monocotylédones, entrent dans le premier volume; les Dicotylédones seront traitées dans le second. Les limites imposées aux articles de la Revue bibliographique, ne nous permettant pas d’énumérer toutes les espèces décrites par M. Heer, nous nous contenterons forcément d'en indiquer le nombre, en les rapportant à leurs genres et à leurs familles, et nous ne donnerons le nom que de celles dont l'ouvrage renferme une figure. La troisième livraison commence à la page 93 du texte où se trouve la fin de la description du Manicaria formosa, premier genre des Palmiers à fronde pinnée et non en éventail, rangés par M. Brongniart dans les Phae- nicites. L'auteur décrit ensuite parmi les autres Palmiers de ce groupe, les Geonoma Steigeri Heer (tab. 42, f. 1). Phoenicites spectabilis Unger (tab. 39), après quoi, il passe aux trones de Palmiers dont on ne connait pas encore les feuilles, Palmacites helveticus , canaliculatus , Beer. Moussoni, Id. (pl. 40). Parmi les Antholithes des Palmiers, M. Heer étudie en détail le Palma- cites Martii, Heer (tab. 414), fossile que le célèbre Martius pense appartenir peut-être à une fleur fructifiée d'un Palmier. Parmi les Spadiciflores , il décrit d'abord une Arvidée, l Aronites dubius, Heer (tab. 41), fossile dou- teux dont on ne possède qu'une portion de feuille. (1) Voyez le Bulletin de la Société Botanique de France, II, n° h, p- 275, pour jes deüx premières livraisons de cet ouvrage. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 635 Vient ensuite une série de Typhacées, Typha latifolia, Al. Braun (pl. 43 et hl), Sparganium Braunii, Heer, valdense, Id., stygium, Id. (pl. 45). Dans l’ordre des Fluviales et dans la famille des Nayadées sont men- tionnés les Potamogeton geniculatus, Ai. Braun, Bruckmanni, Al. Braun, obsoletus, Heer, Æseri, Id. (tab. 47); les fruits des Najas stylosa, Heer, effugita Id. (tab. 46); les feuilles du Zosterites marina, Unger (tab. h7; les tiges et parfois les feuilles des Najadopsis dichotoma, Heer, major, 1a. delicatula, Id. (tab. 48). M. Heer réunit sous le nom de Najadopsis, les Nayadées douteuses. Dans l’ordre des Hélobiées sont figurés : le fruit du Butomus acheronti- nus, Heer (tab. 46); ia fleur du Stratiotes Najadum, Heer (tab. 46); l Iris Escheræ, Heer (tab. 50), obsoleta, Id. (tab. 46): le tronc et les feuilles du Bromelia Gaudini, Id. (tab. 49 et 50). Les Monocotylédones se terminent par une plante d’un siége incertain, le Physagenia Parlatori, Heer (tab. 42), qui a de l'analogie avec l'Equi- setum. Là finit le 4° volume dont cette 3° livraison offre le titre orné d'une vi- gnette représentant : f. 1, Sabal major ; f. 2, Phoenicites spectabilis ; f. 3, Flabellaria Ruminiana ; f. h, Manicaria formosa; f. 5, Lastrea striata; sans numéros Cyperus vetustus et Phragmites æningensis. Cette 3° livraison renferme encore le commencement du 2° volume et des Dicotylédones. Là se trouvent des détails intéressants sur l'importance des feuilles dans les végétaux fossiles, sur les caractères tirés de leurs impres- sions, sur leur nervation, etc. M. Heer aborde l'énumération des Dicotylédones par la cohorte des Plantes apétales, que commence la famille des Styracifluées. Tandis qu'on ne connait que trois espèces vivantes de Liquidambar, la mollasse de la Suisse présente à elle seule des impressions de feuilles de deux espèces au moins, celles des Liquidambar europæum, Al. Braun (tab. 51 et 52), et protensum, Unger (tab. 52), dont la nervation varie beaucoup. La famille des Salicinées comprend plusieurs genres très riches en espè- ces. M. Heer a pu réunir pour le genre Populus des branches, bourgeons, feuilles, involucres, chatons mâles et femelles, ce qui lui a permis de diviser les espèces en 4 groupes. 4° Marginatæ : Populus latior, Al. Braun, offrant sept formes différentes de feuilles (tab. 53-57), attenuata, Al. Braun (tab. 57 et 58), melanaria, Heer (tab. 5h et 57). 2° Trepidæ : Populus Heliadum, Unger (tab. 57). 3° Balsamitæ : Populus glandulifera, Heer (tab. 58), balsamoides, Gœpp. (tab. 59, 60, 63), avec cing formes de feuilles. 4° Coriaceæ : Populus mutabilis (tab. 61-63) avec huit formes de feuilles bien distinctes, Gaudini, Fischer-Ooster (tab. 64). Tous ces Peupliers ont des feuilles longuement pétiolées, palminerves, à nervures exueuses, 636 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La 4° livraison comprend les pages 25 à 60, et les planches 61-80. Elle contient d'abord le genre Salix avec 1h espèces : les figures qui s'y rapportent occupent les planches 65 à 69. Toutes les feuilles des Saules se distinguent particulièrement de celles des Peupliers par la brièveté de leur pétiole, et par leurs nervures principales pennées, avec de nombreuses ner- vures secondaires. Dans les Amentacées, se trouve le genre Myrica, Linn., dans lequel ren- trent les Comptonia Banks. Ici vient le Myrica œningensis (tab. 70, f. 1-4), qui a été rapporté par M. Ettineshausen au genre Dryandra, à tort, d’après M. Heer, l'empreinte de la feuille qui le représente n'offrant pas l'aspect d'une feuille roide et coriace , et sa forme ainsi que sa nervation ressem- blant à celles du Myrica aspleniifolia. Les autres espèces de Myrica de la molasse sont M. (Comptonia) vindobonensis, Gaudini, Heer, Laharpii, Id., obtusifolia, Id., Ungeri, Id., deperdita, Unger., amissa, Heer, Studeri, Id., salicina, Unger (planches 70 et 74). La famille des Bétulacées a été positivement reconnue par la présence dans la mollasse de la Suisse des fruits de l' Alnus Kefersteinii et gracilis, Ung. (tab. 71), et par l'organisation des feuilles dont les nervures abou- tissent presqu’au bord de la feuille vers les dentelures et les sinus. M. Heer énumère 4 espèces d’ Alnus., Le genre Betula est représenté par des fruits et des feuilles : les espèces décrites sont au nombre de 4 (pl. 71 et 72). La partie de l'ouvrage relative aux Cupulifères commence par des consi- dérations générales sur l'organisation des feuilles de cette famille. Les Carpinus décrits et figurés sont: C. grandis et œningensis, Ung. (tab. 71, 72, 73). Le genre Ostrya ne figure que pour V Ost. æningensts, Heer (tab. 73), et le Corylus ne compte que deux espèces. Quant au genre Quercus, le nombre des espèces en est considérable, et il présente de grandes différences dans la forme et la nervation des feuilles. Les nervures ne présentent point la division palmée, et M. Heer pense que les feuilles fossiles avec de pareilles nervures, que l'on a rapportées au genre Quercus, ne lui appartiennent pas. Il pense même que plusieurs des espèces qu'il admet pourront aussi en être éloignées, lorsqu'on aura pu se procurer des échantillons plus complets. Plusieurs des espèces admises se sont trou- vees à OEningen avec leur fruit, et cette heureuse circonstance a levé tous les doutes. Les espèces de Quercus , au nombre de 31, sont divisées eD deux groupes nommés Pleuroneure et Oligoneuræ. Elles sont figurées sur les planches 74-78. La famille des U!macées a des feuilles irrégulières à leur base: Ce carat- tère, réuni à celui des fruits recueillis dans la formation tertiaire de la Suisse n’a laissé aucun doute sur la détermination de ces fossiles dont on trouve les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 637 figures sur la planche 79. La quatrième livraison finit au Planera Ungeri, Etting., dont la description est inachevée, et à la planche 80 qui présente 24 figures de ce fossile, BOTANIQUE APPLIQUÉE. Note sur la Getah-Lahoe, ou nouvelle cire végétale de Sumatra, et sur les cires végétales en général ; par le docteur Bleekrode (Annal. des sc. natur., 4° série, tome IIT, cah. n° 6 [1855], p. 330-340, plan. 44). La substance qui fournit le sujet de cette note a été importée, il y a deux ans, par la Société néerlandaise de commerce (Nederlandsche Handelmaat- schappij). La première moitié de son nom, Getah (qu’on prononce ordinaire- ment Gutta, dit l’auteur), signifie, en malais, suc sorti d'un arbre par une incision, et solidifié à l'air. La seconde moitié de ce nom est essentiellement Propre à la substance dont il s’agit ici. La Getah-Lahoe ressemble quelque peu, par l'extérieur, à la gutta-percha. Elle est d’un gris noirâtre, que rem- place un rose tendre dans l’intérieur de sa masse; elle est très poreuse et très fragile. On peut la pulvériser ; mais, par la chaleur, ses particules s'ag- glutinent de nouveau. Elle peut être malaxée comme la cire des abeilles ; elle conserve les impressions des ongles, et devient douce et polie par le frottement, — D'après les indigènes, il existerait un Lahoe ordinaire et un Lahoe rouge ; mais il parait certain que la distinction entre ces deux sub- Stances ne tient qu'à une différence d’âge dans l'espèce qui les produit. Cette espèce est rapportée au Ficus cerifera , Blume, et le mémoire de M. Blee- krode en renferme une description due au célèbre botaniste de Leyde. Cet arbre a les feuilles ovales ou elliptiques, un peu en cœur à la base, aiguës Où brièvement acuminées, obseurément sinuées, glabres ; ses réceptacles fructifères ou figues, de couleur très claire, et de la grosseur d’une prune de Reine Claude, sont pédonculés, globuleux, ombiliqués, et ils naissent par trois, quatre, ou davantage, sur le trone et sur les branches sans feuilles. Les feuilles de ce Figuier tombent au moment de la maturité des fruits. Cette espèce habite les districts de Sumatra, Ogan, Delæ, Ennius et Kommering- Delæ. j La Getah-Lahoe brûle facilement avec une flamme longue et blanche, et en produisant beaucoup de fumée, Chauffée à 35 degrés, elle devient vis- queuse; à 45 ou 50 degrés, elle forme un liquide sirupeux ; enfin, à 75 de- Brès, elle se liquéfie complétement. Elle est plus légère que l’eau. D'après l'auteur, son principal caractère est de se dissoudre dans l'alcool, l’éther et l'essence de térébenthine, et par là, elle se distingue de prime abord de la Sutta-percha et du caoutchouc. M. Bleekrode expose en détail les autres Caractères chimiques de la Getah -Lahoe, et il en conclut que cette sub- Stance est une cire végétale. TI énumère ensuite les différentes matières 638 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. grasses solides, d'origine végétale, qui sont importées en Europe depuis quelques années pour servir à divers usages. Il pense que, comme elles, la Getah-Lahoe pourra devenir utile, et il dit même qu’elle « promet de » devenir un produit important pour la fabrication des bougies, même de » celles où Za cire entre comme matière première. » Il annonce qu'il en a déjà essayé l'emploi, et qu’il publiera prochainement les résultats de ses essais. Emploi du Juncus effusus, etc. (Botan. Zeitung, n° 30, 27 juillet 1855, col. 536). L'auteur de cette petite note regrette que les familles pauvres de l’Alle- magne n'aient pas songé à tirer des tiges des Jones un parti analogue à celui qu'on en tire dans la Grande-Bretagne. En effet, dans ce dernier pays, ces tiges, particulièrement celles du Juncus effusus, servent à faire des mèches pour les lampes, et la consommation qu’on fait de ces mèches est assez considérable pour qu'il se tienne chaque année, le 2 août, pour leur vente un marché spécial dans le Norfolk. Le genre de travail que fournit la prépara- tion de ces mèches a l'avantage de pouvoir très bien être fait par des enfants ou pendant le temps qui ne permet pas aux habitants des campagnes de se livrer aux travaux des champs. MÉLANGES. Sur le jas du fruit du Chaimitier ou Cainito ; par le docteur Davy (Edinb. new philosoph. Journ.). Eu examinant le jus du fruit du Chrysophyllum C'ainito, le Star apple des Anglais, le Chaimitier où Cahimitier des Antilles françaises, le docteur Davy a reconnu que son jus a la propriété de se eoagulter lorsqu'il est ex- posé à l'air. Ayant partagé un de ces fruits avec un couteau (dont la lame fut fortement noircie, principalement, à ce qu’il parait, par le contact de la portion corticale), il eu retira la partie intérieure et mucilagineuse, avec les graines qu'elle contient ; il la mélangea avec un volume égal d’eau, et pressa le tout fortement dans un linge grossier. Il obtint ainsi par pression une matière demi-fluide (la coagulation ayant déjà commencé), d'apparence crémeuse et de consistance uniforme. Cette matière, examinée au micros cope, parut être composée principalement de granules extrêmement petits, dont les plus gros n'avaient pas plus de 4/10000 de pouce anglais (0,00026); que la teinture d'iode brunissait presque tous, tandis qu’elle en bleuissait un petit nombre. Au bout de deux heures, il se forma un coagulum assez ferme, en même temps que s'opéra la séparation d’un liquide transparent, et cette matière coagulée se contracta au point de ne plus occuper que le tiers du diamètre du vase dans lequel le jus avait été mis. Le caillot avait une telle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 639 cohérence, qu’on put l’enlever du vase où il était, sans le rompre ni même le déformer. Le lendemain, il s'était encore contracté davantage dans tous les sens. Quant au liquide transparent qui s'était séparé au moment de la coagulation, il avait une saveur douce. L’acide azotique ne le troublait pas. It eommencça de fermenter au bout de quelques jours, et après quelques au- tres jours, il devint acide. La contraction du coagulum continua pendant plusieurs jours. Après une quinzaine, il se ramollit, devint pâteux, et dé- gagea une mauvaise odeur assez semblable à celle du chyme qu'on trouve dans un cadavre. Sous le microscope il montrait alors, comme auparavant, une texture purement granuleuse, sans mélange de fibres. NOUVELLES. — Le 24 juin de cette année, l'Union médicale du Wurtemberg a célébré une fête à Esslingen en l'honneur du cinquantième anniversaire de la récep- tion de M. Steudel, en qualité de docteur en médecine. Pendant la cérémo- nie qui a eu lieu à cette occasion, le vénérable botaniste a reçu des mains du premier magistrat de la ville d’Esslingen, la décoration de la couronne de Wurtemberg, et l'Université de Tubingue lui a fait remettre solennelle- ment non-seulement un nouvel exemplaire de son diplôme de docteur en médecine, mais encore celui de docteur en chirurgie qu'il ne possédait pas. Rien n’a manqué à l'éclat ni à la cordialité de cette fête qui prouve une fois de plus que les Allemands savent honorer, eomme ils le méritent, les hommes qui, dans une branche quelconque des connaissances humaines, acquièrent de la gloire, et ajoutent ainsi à celle de leur pays. — Après avoir exploré botaniquement l'Arménie turque en 1852, et le midi de la Sardaigne en 1854, M. Huet du Pavillon s’est rendu cette année en Sicile pour y poursuivre la même œuvre, et il en a rapporté plusieurs col- lections de 3 à 400 espèces qu'il offre aux amateurs au prix de 25 franes le Cent. Ces plantes ont été déterminées avec le plus grand soin avec l’aide et € Concours de MM. Boissier et Reuter. La liste de celles qui sont mainte- nant disponibles renferme, indépendamment de quatorze espèces indiquées Comme nouvelles, un grand nombre de plantes très intéressantes du bassin de la Méditerranée. Aidé de son frère, M. Huet du Pavillon a pu faire cette fois des récoltes plus abondantes que dans ses premiers voyages, et il est à même de fouruir a ses souscripteurs des échantillons bien choisis et bien préparés. Les étiquettes qui accompagnent les échantillons, ont été aussi l'objet de toute son attention ; elles indiquent non-seulement le nom de la Plante et sa loealité précise, mais encore le jour et le mois de la récolte, avec le chiffre de l'altitude approximative, toutes les fois qu'il a été possi- le au Voyageur de se le procurer. M. Huet du Pavillon est domicilié à Ge- 640 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nève, et c'est là que les demandes de souscription doivent lui être adressées rue Verdaine, n° 266. Nécrologie. — Le 3 novembre est mort à Kouba, en Algérie, Guillaume Chape!, de Montpellier, horticulteur habile, dont le nom se rattache à plu- sieurs essais de culture et de naturalisation de plantes utiles. En 1839, Chapel avait obtenu à l’exposition de Montpellier une médaille pour une collection remarquable de fécule. Cette même année et les années suivantes, il s'occupa avec succès de la culture du Polygonum tinctorium, et, par un procédé à lui propre, il réussit à extraire l’indigo de cette plante, en très belle qualité. En 1851, il obtint à l'Exposition universelle de londres une mention honorable pour une fécule analogue à l’arrowroot, extraite par lui du Canna discolor, qu'il désignait sous le nom de Fécule de tous mois. En 1855, ses produits figuraient honorablement dans l'exposition de l'Algérie à l'Exposition uuiverselle; ils se composaient de très bel indigo extrait des feuilles de l Eupatorium lœvigatum, de gingembre, de safran, de coton, de vétiver, de fil de V Urtica nivea, etc. Depuis deux ans, Chapel se livrait particulièrement, sur sa propriété de Kouba, à la culture des plantes indus- trielles, et il aurait pu rendre, sous ce rapport, des services signalés à nos possessions d'Afrique ; il n'avait encore que quarante-cinq ans. BIBLIOGRAPHIE Botanische Zeitung. Articles originaux publiés dans le 3° trimestre de 1855. Crueger, Hermann, à la Trinité. — Westindische Fragmente. Sechstes Fragment : zur Entwicklungsgeschichte der Zellenwand. (Notes recueil- lies aux Indes occidentales ; 6° fragment : Sur l’organogénie de la mem- brane cellulaire); n° 35, col. 601 — 613 ; n° 36, col. 617—629; planches VII et VIN. Bail, Th. — Mykologische Berichte (Notes mycologiques ; ; I. Sur le genre Pilobolus); n° 36, col. 629 — 635. Schacht, Hermann. — Ueber die Entstehung des Keimes von Tropæolum majus (Sur la naissance de l'embryon du 7ropæolum majus); n° 37, col. 641 — 652; planche 1x. Deecke, Th. — Zur Entwicklungsgeschichte des Embryo der Pedicularis sylvatica (Organogénie de l'embryon du Pedicularis sylvatica); n° 38, col. 657—666. | Bail, Th. —Mykologische Berichte (Notes mycologiques ; IL. 7richothectun roseum, Link et Verticillium ruberrimum. AIT. Chytridium Fuglene. LV. Chytridium Hydrodictyi); n° 39, col. 673 — 682. Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, 2, rue Mignon. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. La Société se réunit à sept heures et demie du soir, rue du Vieux- Colombier, 24, dans le local ordinaire de ses séances. Par suite des présentations faites dans la séance extraordinaire du 24 août dernier, M. le Président proclame l'admission de : MM. Deswazières, naturaliste, à Lambersart, près Lille, présenté par MM. Montagne et Roussel. DELLA Suppa (Georges) fils, pharmacien, à Constantinople, pré- senté par MM. Puel et L. Soubeiran. M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations. Parmi les noms des nouveaux membres présentés se trouve celui de M. Robert Brown. M. de Schœænefeld, secrétaire, au nom du Bureau de la Société, propose de décider que, par exception et en raison du mérite éminent de l'illustre doyen des botanistes d'Europe, M. Robert Brown sera proclamé séance tenante membre de la Société, et qu'une lettre lui sera écrite pour-lui faire connaître la mesure exceptionnelle prise à son égard. Cette proposition est adoptée à l'unanimité par la Société, et M. le President proclame immédiate- ment l'admission de : M. Browx (Robert), président de la Société Linnéenne de Londres, associé étranger de l’Institut de France, Deanstreet, 18, à Londres, présenté par MM. Decaisne et Weddell. M. le Président annonce la mort de MM. Léon Faye, conseiller à la cour impériale de Poitiers (1), et Bonafos, docteur en médecine, à Perpignan, membres de la Société. (1) M. L. Faye, anteur d'un Catalogue raisonné des plantes vasculaires du département de la Charente-Inférieure, est décédé à Poitiers le 20 octobre 1855, TOI 43 642 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dons faits à la Société : 4° Par M. le comte Jaubert : La Botanique à l Exposition universelle de 1855. 2 Par M. Léon Soubeiran : Note sur la gomme de Sonora, le suc de Varennea et la résine de Panal. 3° Par M. H. Baillon . De la famille des Aurantiacées, thèse pour le doctorat en médecine. h° De la part de M. Vinson : Essai sur quelques plantes utiles de l'ile Bourbon. 5o En échange du Bulletin de la Société: Thedenius, Nya Botaniska Notizer (Journal de Botanique en langue suédoise), numéros de septembre 1854 à avril 1855. Journal de la Société impériale et centrale d’horticulture de Paris, numéros d'août et de septembre 1855. L'Institut, août à novembre 1855, onze numéros. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société par M. de Marsy, et datée de Vervins, juillet 1855 : Dans les séances des 9 et 23 mars de cette année, plusieurs membres ont cité des exemples de végétation de plantes étrangères à une localité, se développant en abondance d'une façon inexplicable et spontanée, lorsque des terrains avaient été nouvellement défrichés, remués ou mis à sec. Il y a peu de jours, j'ai observé un fait assez curieux du même genre: Dans le bois du Pas-Bayard, arrondissement de Vervins (Aisne), on & déposé l’année dernière des amas considérables de débris de hauts fourneaux servant à la fonte du fer; ces débris sont mélangés de scories, de cendres et de résidus de toute espèce ayant subi plus ou moins la fusion et se pre- sentant en masse poreuse. . Ces dépôts, hauts de plusieurs mètres, se sont couverts de l'Ampattens Noli-tangere, plante qui n’est pas absolument étrangère à la localité, mails y est fort rare et ne se trouve qu'à une distance de 4 ou 5 kilomètres. Ce fait est fort singulier, car l’/mpatiens croit dans les lieux humides, tandis que les individus observés se sont développés sur des matières très sèches et où l'on ne peut trouver quelque peu de terre végétale que par suite de l'accumulation de la poussière déposée à la surface, Les racines ne sẹ soot SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 643 enfoncées que de quelques centimètres à peine; aussi l'/mpatiens a bien germé, mais il n’est arrivé qu'à 15 centimètres au plus de hauteur et n'a pas tardé à s'étioler; les feuilles sont jaunes, petites, et les boutons n'arriveront que difficilement à produire quelques fleurs; la plante sera desséchée et aura péri avant son développement complet. I1 parait impos- sible que la graine de cette plante, à cause de sa pesanteur, ait pu être emportée par le vent à une aussi grande distance; on ne peut non plus attribuer cette végétation à une cause accidentelle; elle s’est manifestée sur tous les dépôts de scories et y forme une sorte de gazon jaunâtre. M. Decaisne rapporte à cette occasion qu’au mois d'août dernier, il a visité, en Hollande, les travaux de desséchement aujourd'hui achevés de la mer de Harlem, et qu'il a vu une grande partie du sol le plus récemment mis à sec, couverte de Cineraria palustris, espèce habituellement rare dans ce pays et en général peu abondante dans les localités où elle se rencontre. Elle s’est ainsi développée depuis deux ans seulement sur quelques terrains desséchés de la mer de Harlem, en telle quantité qu’elle y forme des champs de fleurs jaunes. Au dire des habitants du pays, le vent soulève parfois des nuées d’aigrettes de cette plante, qui obscurcissent presque le ciel. M. Decaisne communique ensuite à la Société l'extrait suivant d'une lettre qu’il a reçue de M. Reuter, de Genève : OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES DES CASTILLES DISTRIBUÉES PAR M. BOURGEAU EN 1854, par M. REUTER. (Genève, novembre 1855.) Arenaria aggregata (n° 2260). — A. Castellana Boiss. et Reut. pugill. Ranunculus Carpetanus (Escurial) : specimina majora ad R. blephari- carpon Boiss. pertinent. Conopodium subearneum (n° 2393). = C. Bourgæi Coss. ! Geocarpum tenuifolium (n° 2140). = Conopodium subcarneum Boiss. et Reut. pugill. Saxifraga granulata, var. (n° 2213). = S. glaucescens Reut. pugill. Sedum rupestre All. (n° 2297). — S. arenarium, Brot. Stipa barbata Desf. (n° 2183) ad varietatem B Hispanicam Trin. et Rupr. pertinet. Salvia argentea (n° 2189). —S. patula Desf.! a S. argentea vera Linnæi Græciæ civis diversissima. Armeria longearistata (n° 2210). — A. plantaginea var. leucantha Boiss, in DC. prodr. 644 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cosson fait observer qu'il n’y a lieu de publier que les détermi- nations de M. Reuter qui s'appliquent à des plantes distribuées avec des étiquettes imprimées; les autres indications de M. Reuter auraient moins d'intérêt, car elles ne concernent que des espèces qui n'ont été distribuées qu’à un très petit nombre de souscripteurs et sans détermination régulière. M. Cosson ajoute que c’est par suite d’une faute d'impression que le Sedum, distribué sous le numéro 2297, a paru sous le nom de S. rupestre au lieu de celui de S. saxatile, All. Une note de M. Durando, d'Algérie, est renvoyée aux annonces du Bulletin. M. Montagne, vice-président, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Sociéte : SUITE A NOS OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES , ETC., SUR LES GENRES D'ALGUES APPARTENANT A LA FAMILLE DES DICTYOTÉES , par MM. CROUAN frères, pharmaciens (4). (Brest, 6 novembre 1855.) Genre STRIARIA, Grev. Dans notre première notice sur la famille des Dictyotées, nous avons fait connaitre l’organisation et la fructification de ce genre, ainsi que la dissémination des sporidies ; aujourd’hui nous allons y revenir au sujet du Striaria fragilis, J. Ag., espèce bien remarquable, que nous avons récoltée le 2 juillet 4855 dans la rade de Brest; elle était flottante à la surface de l'eau et avait été jetée par les courants sur le banc de Saint-Marc ; elle est nouvelle pour les côtes de France, et, au point de vue de la géographie botanique, elle offre aussi un certain intérêt. Cette Algue se distingue par son port qui la caractérise parfaitement; son organisation est identique avec celle du Striaria attenuata, Grev.; Cè sont des cellules hexagonales ou pentagonales de diverses grosseurs, très dilatées et hyalines, qui constituent le stratum interne ; le stratum externe, disposé de la même manière, est formé de cellules beaucoup plus petites et remplies de chromule : c'est dans ce dernier stratum que sont nichés, comme dans un Punctaria, les sporanges, qui sont ronds ou obovés, peu nombreux et disséminés çà et là; leurs sporidies se comportent, dans leur dissémination, de la même manière que celles du Striaria attenuata. M. J. Agardh (2) en a fait une espèce, et nous partageons entièrement son (1) Voyez le Bulletin, t. If, p. 439. (2) Novit. Fl. Suec., p. 7, et Species Algarum, p. 81. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 645 opinion, car nous ne pouvons pas la considérer, avec M. Areschou (1), comme une forme du Striaria attenuata; son port et sa fructification suf- fisent évidemment pour en faire une espèce distincte, Genre DicryosipHon, Grev. Cette Algue est souvent tellement fine, qu'à l'œil nu on n'aperçoit pas les ramilles subulées qui couvrent les ramules; on croirait voir un £cto- carpus granulosus très allongé. Si on l'examine à la loupe, on croit voir un Striaria attenuata très fin ; la finesse de cette curieuse Algue nécessite l'usage de forts grossissements pour mieux connaitre l'organisation ex- terne et interne de son tissu. Une section horizontale de la fronde nous offre un stratum dont les cellules internes sont irrégulières; cette coupe offre de grands rapports avec celle du Séilophora rhizodes, mais ne res- semble nullement à celle du Striaria. Une section verticale du stratum interne de la fronde présente des cellules très allongées, ayant la plus grande similitude avec celles du Stilophora rhizodes ; c'est donc avec ce genre que le Dictyosiphon a les plus grandes affinités, relativement à son organisation tissulaire; aussi est-ce entre le genre Striaria et le genre Stilo- phora que M. J. Agardh (2) a placé celui qui nous occupe ; les cellules qui forment la surface du stratum externe sont irrégulières, quelques-unes sont carrées, d’autres rectangulaires; enfin plusieurs sont pentagonales et rap- pellent le tissu des Dictyotées: la fronde est fistuleuse dans presque toute Sa longueur, les ramilles sont cylindriques, et l'on observe sur leur coupe horizontale un tissu cellulaire régulier qui en remplit tout l'intérieur; du reste, ce dernier caractère s'observe aussi sur les extrémités du Striaria attenuata, Grev., et du Striaria fragilis, J. Agardh. Les appendices ramil- laires sont obtus à leurs sommets et ne se terminent pas par un filament hyalin articulé, comme cela s'observe sur ceux du genre Striaria, quoique Cependant ils soient couverts de filaments hyalins, articulés, souvent op- posés, semblables à ceux du Striaria. Cette particularité est très remar- quable dans ce genre, et sert, avec les autres caractères, à le mieux Caractériser. Le 45 juillet 1855, nous examinions des échantillons de Dic- {yosiphon fæniculaceus couverts de fructifications ; c’est principalement dans les rameaux que l'on observe les sporanges, qui sont peu nombreux, très espacés entre eux et petits. Si l’on fait une section horizontale d’un rameau fructifère, on constate au microscope que les sporanges sont ronds ou ovés, logés dans le stratum externe: ils sont ceints par une membrane hyaline peu accusée, et contiennent dans leur intérieur une masse de sporidies jaunâtres, qui nous ont offert, à un fort grossissement, un filet spiral dans (1) Pug., 1, p. 231. (2) Species Algarum, p. 81. 616 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leur intérieur. MM. Greville (1) et Harvey (2) considèrent ces sporanges eomme étant de vraies spores, et disent que cette fructification est à l’exté- rieur de la fronde. M. J. Agardh(3) doute qu'elle soit formée par des spores; enfin M. Thuret (4) dit positivement qu’elle est nichée à l’intérieur du stratum cortical et que ce sont des sporanges ; en cela, nos observations viennent corroborer les siennes, mais nous ne partageons pas la mutation qu’il fait subir à ce genre, qu’il retire des Dictyotées pour l’élever au rang de famille sous le nom de Dictyosiphonées. Genre STILOPHORA, J. Ag. Études sur le Stilophora Lyngbyei. — Cette espèce est fistuleuse depuis sa base jusqu'à ses extrémités ; on observe, sur une section horizontale du bas de la fronde, que les cellules hexagonales qui forment le stratum interne émettent de distance en distance quelques faisceaux de gros fila- ments hyalins, articulés, très courts, obtus, se ramifiant quelquefois et s'épanouissant vers le centre de la fronde; sur une coupe perpendiculaire, on remarque de nombreuses cellules transparentes qui se superposent et empêchent, à la première vue, de se rendre compte de l'organisation curieuse de cette Algue, car les cellules n'étant pas toutes en face les ünes des autres, partagent les cellules sous-jacentes dans toute leur longueur, et les font souvent paraitre plus étroites ou toutes différentes de ce qu’elles sont en réalité. Nous appuyons sur cette particularité du tissu, pour qu'on ne sè méprenne pas sur la forme et les dimensions des cellules qui le constituent, lorsqu'on fera l'anatomie de cette Algue; son stratum cortical interne est épais, et présente, dans les cellules qui le composent, deux grosseurs : les unes, très étroites, s'allongent extrêmement sous forme de filaments arti- culés à de longs intervalles et s’articulent latéralement avec d’autres cel- lules filamenteuses par une partie de la cellule qui s'atténue en forme d'ap- pendice court, tandis que les autres cellules sont très larges, moins longues, et S’articulent à des distances plus rapprochées, soit par le côté ou les extrémités, avec les cellules qui les avoisinent, comme cela s'observe sur celles qui constituent le stratum interne du genre Leathesia; enfin elles diminuent de diamètre et de longueur jusqu’à la périphérie, où elles revêtent une forme anguleuse ou hexagonale, et constituent alors le stratum cortical externe; ce qu'il y a de plus remarquable dans cette espèce, c'est que les rameaux et ramules fructifères sont parcourus dans leur centre par un tube hyalin très étroit, dont l'origine provient des cel- (1) Alg. Britann., p. 55, t. VIIL (2) Manual, p. 52, et Phycol. Brit., t. 326. (3) Spec. Alg., p. 82. (4) Recherches sur les zoospores des Algues (Ann. sc. nat., 8° sér., t XIV). SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 647 lules du stratum interne, qui s'épanouissent horizontalement en filaments rayonnant vers le centre de la fronde, se soudent par leurs extrémités, et donnent naissance à une cellule centrale qui s'allonge de bas en haut, et présente perpendiculairement un tube articulé, principalement à chaque verticille produit par les cellules filamenteuses horizontales. Ce caractère organographique aura peut-être pu influencer quelques algologues, et les engager à rapporter cette Aluue à une famille autre que celle à laquelle elle appartient. En effet, elle fùt réunie aux Chordarices par M. Decaisne (4), qui, plus tard, la fit rentrer dans les Dictyotées (2) ; M. Thuret (3), aujour- d'hui encore, la maintient dans la famille des Sporochnées. Nous avions cru pouvoir réunir à la famille des Dictyotées le genre Arthrocladia, lequel a une grande analogie par son fruit avec le genre Cutleria, mais par une sérieuse analyse de son tissu, nous sommes arrivés à voir que les verticilles de pinceaux filamenteux qui entourent extérieurement la fronde pro- viennent des articulations du large tube qui forme l'axe de cette curieuse et très intéressante Alzue, caractère qui la rapporte naturellement aux Sporochnoiïdées, tribu des Arthrocladiées établie par M. J. Agardh (4). M. Chauvin (5), dans ses excellentes recherches, en a fait une famille. Dans le Stilophora Lyngbyei, les verticilles qui entourent le tube axillaire des rameaux et ramules fructifères proviennent, au contraire, des cellules du Stratum interne qui rayonnent vers l'axe de la fronde, caractère d'orsanisa- tion tres important qui sépare nettement les Dietyotées des Sporochnoidées et des Chordariées. Les filaments en massue à articles moniliformes, qui ornent, par leurs verticilles rapprochés, les extrémités les plus jeunes de la fronde, sont toujours seuls, c'est-à-dire qu’ils ne sont pas accompagnés par les spores ; mais on ne doit pas moins les considérer comme étant identiques avec les vraies paranémates qui accompagnent la fructification de celle intéressante Phycée, lesquelles se développent toujours avant les spores ; ils ne ressemblent nullement aux poils hyalins articulés très longs qui les accompagnent ordinairement; ces organes, ainsi que le gelin ou espèce de Cutieule qui recouvre toute la fronde, contribuent à donner à cette Algue Un toucher onctueux, glissant, et empêchent aussi d'en faire facilement l'anatomie. Les sporanges sont pyriques ou obovés, fixés à la base de filaments clavato-moniliformes; ils sont réunis et très tassés au milieu d une substance gélatineuse hyaline qui les cireonserit et forme à la surface de (1) Bull, Acad. sc. Bruxelles, 1840. (2) Plantes de l'Arabie Heureuse, p. 129. (3) Recherches sur les zoospores des Algues, p. 29. (4) Species Algarum, p. 162. Lo cation des (5) Recherches sur l'organisation, la fructification et la classification des Algues, p. 66. 648 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la fronde des espèces de verrues très saillantes, lesquelles sont disposées dans tous les sens. Nous avons vu l'émission des sporidies contennes dans les sporanges, et elles se sont comportées, dans leurs évolutions, comme celles du Stilophora rhizodes. Nous croyons donc pouvoir conclure des études que nous venons d'exposer, que le genre Stilophora appartient évi- demment à la famille des Dictyotées. Genre CUTLERIA, Grev. Les observations intéressantes publiées par MM. Thuret (4), Derbès et Solier (2) sur ce genre, qu'ils ont cru devoir retirer de la famille des Dic- tyotées, où certainement il est convenablement placé, pour l’élever au rang de famille, sur la seule considération de sa fructification, laissent, selon nous, à désirer. Une section horizontale de la fronde du Cutleria présente des cellules de forme presque hexagonale, qui en remplissent tout l'inté- rieur ; ce tissu celluleux se distingue de celui des Asperococcus, en ce que les cellules, vues perpendiculairement, sont plus longues que larges, tandis que celles de l’ Asperococcus, vues dans le même sens, sont aussi larges que longues, et, par leur compression entre elles, paraissent tout à fait hexa- gonales. Les expériences faites par M. Thuret (3) sur les anthérozoïdes et le développement des sporidies du Cutleria multifida l'ont fait douter de la réalité de la fécondation, dans ce genre, par les anthérozoïdes; il con- sidère cependant les anthérozoïdes du Cutleria comme étant identiques avec ceux des Fucées, où il admet leur action fécondante avec certitude, et ses savantes observations, relativement au genre qui nous occupe, démontrent qu’il n'y a réellement pas besoin du contact ou de l’action fécondante des anthérozoides pour que les sporidies se développent; son expérience est bien concluante (nous-mêmes avons fait les mêmes observations et sommes arrivés aux mêmes résultats). Enfin, doutant encore de leur action fécon- dante, il présume qu’elle doit s'exercer, non sur les sporidies, mais Sur le sporange. Cette hésitation dénote que l’auteur n’est pas convaincu des faits qu'il avance, savoir, la fécondation par les anthérozoïdes. Nous croyans pouvoir expliquer la différence de ces deux sortes de fructification et leurs fonctions différentes d’une tout autre manière que celle de M. Thu- ret, qui considère l’une de ces fructifications comme étant formée par des organes mâles ou anthérozoïdes ; ne serait-il pas plus vraisemblable de les considérer, avec M. Nægeli (4), comme étant une seconde forme de corps reproducteurs destinés à demeurer stériles? Nous allons chercher à (4) Recherches sur les zoospores des Algues, p. 32. (2) Mémoire sur quelques points de la physiologie des Algues, p. 59. (3) Recherches sur les zoospores des Algues, p. 60. (4) Botanische Zeitung, 1849, n° 32. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 649 prouver que l'opinion émise par M. Nægeli n’est pas dépourvue de vrai- semblance. Quelle est la cause de cette stérilité? Nous croyons la trouver dans l'organisation de l’anthérozoïde ; les sporidies que contient le sporange germent parfaitement. Nous les avons suivies dans toutes leurs phases de développement, et nous sommes certains de leurs fonctions de propagation ; pourquoi n’en est-il pas de même pour les anthérozoïdes, que nous avons suivis après leur dissémination aussi longtemps que les sporidies, et sur lesquels nous n'avons pas observé un développement semblable? C'est que l'organisation de ces anthérozoïdes n'est pas identique avec celle des spo- ridies. En effet, dans le premier cas, la sporidie est ceinte par une mem- brane hyaline bien accusée, qui s'allonge par extension de son tissu sans aucune rupture de l'enveloppe; dans le second cas, l’anthérozoïde est en- touré par une fausse membrane d’une consistance mucilagineuse, non sus- ceptible de s'allonger en un filament hyalin articulé ou continu, ce qui est, selon nous, la cause de la stérilité de ces petits organismes. Ce serait donc, nous le croyons, par l’organographie qu’on pourrait plutôt résoudre le problème que par 1a physiologie ; du moins voilà notre manière d'envisager la question et le point de vue sous lequel nous l'avons considérée. Voici nos expériences sur les anthérozoïdes. A sept heures du matin, la dissémination des anthérozoïdes contenus dans les anthéridies a eu lieu, et les anthérozoïdes se sont tous dirigés vers le côté éclairé de la capsule où nous avions mis la plante; ils formaient, à cet endroit, un demi-cercle d’un beau jaune orangé ; on remarquait aussi à la surface de l’eau une pellicule Muqueuse de la même couleur, c'étaient les anthérozoïdes eux-mêmes qui s'étaient condensés à la surface du liquide : le changement de couleur qu'ils éprouvent dans l’espace de quelques heures est bien extraordinaire; ils perdent leur belle couleur orangée et passent à celle jaune pâle. Nous mimes Sous Ja Jentille du microscope ces anthérozoïdes qui nous ont offert une agilité extrême; mais ce mouvement si prompt était en rapport avec la brièveté de la vie de ces petits organismes, qui ne s'agitèrent que quelques heures ; d’abord ils paraissaient pyriques-allongés ; mis entre deux lames de verre, ils se sont agités avec la même vélocité quelques minutes, puis ils sont devenus immobiles; ils nous ont paru elliptiques ou ovoïdes, pourvus d'un point chromulaire noirâtre à une de leurs extrémités ; ils étaient ceints Par une substance hyaline très réfringente, ce qui dénote l'épaisseur de cette substance et explique cet état onctueux qu'ils manifestent lors de leur Pression entre deux lames de verre; quelquefois la matière chromulaire occupe les deux extrémités de l'organisme sous forme de deux points noirs, et laisse le milieu vide; dans cet état, les anthérozoïdes ressemblent aux Sporidies de l’Asteroma Veronicæ. La petitesse de ces organismes ne laisse Voir un filet spiral que très difficilement, et même on n’apercoit les signes de ce Caractère que lorsque l'organisme ne vague presque plus ou qu'il est 650 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tout à fait tranquille; mais ce caractère ne se voit pas aussi nettement que sur les sporidies; cependant on ne peut le nier sur les anthérozoïdes du Cutleria. Huit jours après la dissémination des anthérozoïdes, nous vimes qu'ils s'étaient tous réunis en une petite masse membraneuse, et ce qui nous semblait surtout digne d'attention, c'était une coloration uniforme d’un jaune brun qui rappelait celle de la plante. Cette couleur jaune brun, si intense dans des organismes qui, lors de leur première évolution, offraient au contraire une belle couleur jaune orangé, prouve qu'ils ne se sont pas décomposés, mais qu'ils ont seulement changé de couleur, sans s'allonger en filaments articulés, comme cela s'observe sur les sporidies. Tous ces organismes sont tellement agglutinés entre eux qu'ils ne forment plus qu'un tout, et ce qu'il y a de remarquable, c'est que cette petite masse membraneuse, d'une consistance gélatineuse, formée par les anthérozoïdes, est susceptible d’être sectionnée par le scalpel! et paraît être comme réti- culée, ou, pour mieux dire, paraît offrir les premières ébauches d'un tissu réticulé ou anastomosé d'une grande ténuité. Il y a donc dans ces orga- nismes un travail qui prouve qu'ils jouissent encoee d’une certaine vitalité, quoique, depuis un mois, ils soient restés presque stationnaires. Genre GirauDia, Derb. et Sol. Le genre Giraudia a été fondé par MM. Derbès et Solier (1), sur une très petite Algue qui n’a encore été signalée que sur les côtes de la Méditer- ranée, mais qui croît aussi sur celles de l'Océan, où nous l'avons trouvée rade de Brest ; elle affectionne principalement les vieilles feuilles et souches de la Zostère, rarement les coquilles, sur lesquelles elle forme de petites touffes isolées ou rapprochées, avant beaucoup de ressemblance avec celles de petits £/achistea dont les filaments seraient dressés. Cette Algue, rare sur nos côtes, et que nous avons analysée avec soin, a été classée par ces au- teurs dans la famille des Ectocarpées, qui se compose, pour eux, des genres Ectocarpus, Sphacelaria et Giraudia; ils décrivent leur nouveau genre si laconiquement, qu'on peut dire, avec vérité, qu'il est impossible, par leur seule description, de se faire une idée réelle de l'Algue qui a servi à létablir ; quant à leurs dessins microscopiques, ils renseignent davantage, quoique cependant ils laissent beaucoup à désirer relativement à l'organi- sation et à la fructification ; ensuite les fragments de cette très intéressante Algue ont été figurés avec des poils ayant des articles colorés, ce que nous n'avons pas vu, et ferait supposer que cette petite plante aurait des ra- mules; puis il n'y a que les sommités des filaments qui ont été figurés €t grossis: enfin l'étude de ce curieux genre n'est que commencée et non achevée, Du reste , il faut le dire, ces dessins nous ont prouvé, bien plus (1) Mémoire sur quelques points de la physiologie des Algues, p. A9. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 14855. 651 que leur description, que notre Algue de l'océan est bien la même que la leur de la Méditerranée; nous croyons donc que la description que nous allons en donner, ainsi que nos observations microscopiques sur son orga- nisation et sa fructification, pourront intéresser, et, nous l'espérons, la feront mieux connaître. Cette Algue, haute de 2 à 5 millimètres, offre à l’œil nu la couleur, l'aspect et le port d'un Ælachistea ; ses filaments sont simples, atténués, souvent comme tronqués à leurs sommets, dressés ou légèrement flexueux, comme articulés, réunis à la base en petits faisceaux. Dans quelques fila- ments, les cellules, tout à fait à la base, sont uniques, quatre fois plus larges que longues, et paraissent semblables à celles des articles inférieurs de l'Elachistea flaccida, deviennent ensuite multiples dans toute la longueur du filament ; tandis que d’autres sont, au contraire, multiples depuis leur base jusqu’à leur sommet; les cellules de la surface de la fronde sont car- rées ou rectangulaires ; quelquefois elles dessinent, par leur agencement entre elles, la disposition de celles qui constituent la surface du stratum cortical des Dictyotées. Les filaments diminuent de diamètre vers leurs extrémités, d’où sortent de la partie tronquée quelques poils hyalins arti- culés, très longs, dont les articles, très rapprochés dans la partie inférieure, deviennent ensuite quatre fois plus longs que larges ; ils sont semblables à ceux qu'on voit sur presque toutes les Dictyotées. Ces poils ne s'ob- servent que vers les sommets: tout le reste de la fronde en est privé (ce qui fait un caractère d'opposition avec le genre C'hlorosiphon, dont toute la surface en est tellement couverte, à une certaine époque de sa végétation, qu'elle en est blanchâtre). Sur une section horizontale d’un filament, on voit qu’il est rempli par des cellules anguleuses de différentes grosseurs, imitant par leur disposition le tissu interne d’une Dictyotée, et nullement Celui d’une Sphacélariée ; la fructification forme de petits agglomérats hémisphériques peu nombreux, fixés vers les parties supérieures des fila- ments, où ils sont disposés dans tous les sens; ils consistent en sporanges uni- bi- ou trifides, offrant une grande similitude avec ceux qu'on ob- serve sur le genre Liebmannia, mais ils s’en distinguent essentiellement par leur réunion en un groupe de petits cônes obtus ou pointus, libres à leurs extrémités, soudés à leur base et plongés dans un gelin qui les relie, et empêche, même au compresseur, de pouvoir les isoler avec facilité ; cette fructification est bien tranchée et singularise parfaitement ce genre, qui devra être conservé, mais classé ailleurs que dans les Etocarpées. Le 30 juin 1855, nous avons vu la manière dont se fait la dissémination dans ce genre; elle a lieu lentement et par intervalles, les sporanges ne se vident pas tout de suite, c’est-à-dire instantanément, les sporidies sortent les unes après les autres par de petits pertuis situés aux sommets des sporanges. Ces petits organismes agissent, après leur sortie de la matrice qui les ren- 652 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ferme, de la même manière que ceux qui sortent en une seule masse du spo- range, comme cela s'observe sur plusieurs genres de la famille des Dic- tyotées; une fois sortis, ils restent une ou deux secondes immobiles, tout à coup on les voit s’agiter, puis décrire des courbes avec vivacité. La sporidie est pyrique, et c’est par la partie la plus grosse qu’elle sort du sporange; son extrémité en bec présente souvent à cet endroit un granule qui parait presque isolé ou détaché, mais au bout d'une ou deux secondes, la sporidie s'agite, revient sur elle-même, et ce granule parait s'être mêlé aux autres grains chromulaires que renferme la sporidie; cependant nous avons vu quelquefois l'organisme, en sortant du sporange, entrainer à sa partie amincie un granule très petit qui s’en détache, reste isolé, ne jouit que d’un mouvement très lent, et n'offre pas cette vitalité, cette agilité que la sporidie déploie. Cette Algue singulière offre des affinités avec plusieurs genres. Ainsi, par son port, sa petitesse, l'aspect de la base de plusieurs de ses filaments, elle présente une affinité avec le genre Ælachistea ; par sa fronde, qui semble polysiphoniée, elle offre une affinité avec le genre Sphacelaria; par presque tout son tissu transparent, à cellules carrées ou rectangulaires, quelquefois hexagonales, elle se rapproche on ne peut plus de plusieurs genres de la famille des Dictyotées, de même que par son organisation interne. Nous ne connaissons, dans les genres composant les Dictyotées, aucun fruit qui soit tout à fait semblable à celui du Géraudia, si ce n'est cependant celui du Tamia Solieri (Spatoglossum, Kütz.), qui offre une multitude de petits sporanges coniques très tassés entre eux et recouvrant toute la surface de la fronde; à la vérité, ils ne sont pas disposés en petits agglomérats très espacés et peu nombreux, formés de petits cônes soudés entre eux par leur base, comme cela s'observe dans le Giraudia, dont le fruit a aussi de grandes affinités, comme nous l'avons dit, avec celui du Ziebmannia: mais il n’est pas accompagné de paranémates clavato-moniliformes, comme cela s'observe dans ce dernier genre. Nous croyons done pouvoir conclure de nos observations, que cette Algue appartient évidemment à la famille des Dictyotées par son organisation et sa fructification, et qu’elle pourrait être placée en tête de cette famille. Erratum. — Dans notre précédente notice (voyez le Bulletin, t. IT, p. bhh, ligne 25), au lieu de Halydris, lisez Halyseris. M. Weddell fait à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 653 SUR LE PARIETARIA JUDAICA, L., pr M. WEDDELL. Les doutes qui obscurcissent l’histoire de cette plante seraient dissipés depuis longtemps si l'on eût consulté avec un peu plus d'attention les ou- vrages et les collections de l’auteur même de l'espèce. Mais au lieu de cher- cher la lumière à sa source, on a cru la trouver dans l'opinion de Smith, et, en l’adoptant, on s’est de plus en plus écarté de la vérité. C'est, en effet, à Smith, trompé par un faux air de ressemblance entre la plante linnéenne et notre Pariétaire commune, qu'est due une confusion grâce à laquelle les botanistes ont fait figurer pendant si longtemps, dans les Flores européennes, une plante qui n'appartient en réalité qu'à l'Asie méridionale. En un mot, le Parietaria judaica de Linné n'est autre que la plante décrite et distribuée, dans ces dernières années, par MM. Boissier ct de Heldreich, sous le nom de Parietaria multicaulis (1). J'ai vu un échantillon de cette Pariétaire dans l’herbier de Linné, éti- queté de sa main: Parietaria judaica, et répondant parfaitement à la des- cription donnée dans le Species. Je ne pense done pas qu’il puisse y avoir de doute relativement à son authenticité. Mais dans une feuille voisine se trouve une autre Pariétaire que j'ai reconnue être la variété diffusa du P, officinalis. Linné l'avait laissée sans nom ; Smith, au contraire, l'étiqueta hardiment : Parietaria judaica, l'ayant confondue avec la précédente. La suite est facile à deviner; on comprend, d’ailleurs, que si le possesseur de l'herbier de Linné a pu méconnaitre les caractères distinctifs de ces plantes, il ait été facile à ceux venus après Jui d'en faire autant. Il y a plus, par une petite erreur qui s'est glissée dans la rédaction de la diagnose de son Parie- taria judaica, Smith a dépisté ceux qui ont cherché depuis à débrouiller le mystère, Il a dit, et l’exact Koch a répété, que les feuilles de la plante en Question sont trinervées ; erreur évidente, car aucun des échantillons qui figurent sous le nom de P. judaica, soit dans sa collection, soit dans l’'her- bier de Linné, ne présente ce caractère, qu'offrent au contraire tres con- Slamment la plupart des Pariétaires annuelles. L'habitat tout européen que l’auteur attribue à la plante devait achever de fourvoyer ses successeurs. Quant aux caractères du P. judaica, je ne m'y arrêterai pas ici en dé- tail; je me contenterai d’insister sur celui qu'on peut regarder comme le Plus saillant, et qui n'avait pas échappé à Linné. Par ces mots : « Florum acervi ad ramos, vix ulli ad caulem, » l'auteur de l'espèce a, en effet, mis en relief un des traits les plus essentiels de la plante, et celui qui la dis- tingue le plus nettement du P. officinalis; en d'autres termes, les tiges Cespiteuses du P, judaica sont sous-frutescentes et vivaces, tandis que celles de notre Pariétaire commune sont ordinairement herbacées et an- (1) Voyez Diagn. pl. nov. Orient., fasc. XII, 106. 654 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nuelles. Je répète que la distribution géographique de ces deux Pariétaires est bien différente. Le P. officinalis est presque confiné dans l’Europe, ou du moins ne s'éloigne pas, sur les continents voisins, du bassin méditerra- néen, tandis que le P. judaica commence à se montrer, en Asie, à peu près là où cesse de eroitre son congénère, et la région qu’il occupe s'étend jusque dans la partie de l'Inde où se prolonge , pour s'y terminer, la végé- tation de l Asie austro-occidentale. M. J. Gay communique à la Société l'extrait suivant d’une lettre qu'il a reçue de M. Balansa : LETTRE DE M. BALANSA. Gulek-Boghas (Cilicie), 22 août 1855, MM. Decaisne et Cosson ont dû vous avoir appris qu'après un séjour de deux mois à Mersina, j'ai gagné l’intérieur de la Cilicie afin de me rappro- cher du Taurus. Depuis mon arrivée à Gulek-Boghas, j'ai fait de fréquentes herborisations dans la région alpine du Taurus, J'ai pu même gravir les premières pentes de l’Anti-Taurus, J'ai fait dans cette dernière chaine de montagnes de déli- cieuses herborisations; mais je n’ai pu encore en gravir les pics les plus élevés, je n’ai pas dépassé en altitude 2,300 mètres. La récolte de plantes a été, dès mes premiers pas, tellement abondante, que j'ai dû remettre à un second voyage l'exploration de la partie élevée de cette chaine. Dans les premiers jours de septembre je quitterai de nouveau Gulek-Boghas pour aller sur ces belles montagnes , et alors je pourrai, sans grandes fatigues même, je crois, escalader le Masmenen-Dagh, qui atteint près de 3300 mè- tres de hauteur, Vous savez que l’Anti-Taurus n’a été visité encore par aucun botaniste- Je vous dirai en passant que sa végétation diffère assez de celle du Taurus. En partant de Tarsous et en se dirigeant vers le Taurus, on n'arrive qu'in- sensiblement au commencement de la région alpine de cette chaîne; aussi les changements successifs de végétation ne se font-ils pas brusquement, et si l’on excepte la région alpine, qui généralement et même à une très grande distance, se dessine nettement sur la teinte verte et sombre de la région montagneuse, on aurait bien de la peine à tracer une ligne qui séparât dis - tinetement les diverses zones de végétation. Aussi n'est-il pas possible, en explorant le Taurus, d'admettre les diverses régions créées par les bota- nistes, région alpestre, région sous-alpine, ete. Ces distinctions peuvent être bonnes dans la flore française; mais en Cilicie il n'y a, à proprement parler, que deux régions, la région arborescente et la région alpine. Si, en dehors de ces deux régions, vous voulez en admettre d’autres, ce n’est pas SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 655 quatre ou cinq qu'il faudra en avoir, mais bien autant qu'il y aura d'es- pèces végétales se superposant selon les différentes hauteurs. Pour être juste, cependant, il faut reconnaître que la région du littoral et la région montagneuse se distinguent assez facilement, non pas tant par une physionomie particulière dans l’ensemble du paysage que par un assez grand nombre d'espèces particulières à ces deux régions. Le Myrte, l'Oli- vier, etc., si communs à Mersina et à T'arsous, ne se retrouvent pas à Gulek- Boghas ; mais dans les environs de ce village on trouve, à des hauteurs dépassant 1500 mètres et en grande abondance, le Styrax, le plus beau des arbrisseaux de la Cilicie et très fréquent à Mersina. Le Laurier se trouve à l'état spontané dans le passage des Portes ciliciennes. Un arbrisseau voisin du Lilas, et dont j'ignore le genre, vient aussi à Mersina et à Gulek. L'Ar- butus est dans le même cas. Je n'en finirais pas si je voulais énumérer les espèces vivaces et annuelles communes à ces deux localités. Plus d’une fois, dans mes herborisations, j'ai été surpris de trouver à des hauteurs considé- rables des plantes qu'on avait crues jusqu'alors propres à la région mari- time inférieure. L'Alopecurus anthoxanthoides, que j'avais rencontré au milieu des sables de Pompeiopolis, sur les bords de la mer, pêle-mêle avec l'Ammochloa subacaulis, se retrouve en grande abondance autour du châ- teau de Gulek-Boghas, à environ 4400 mètres de hauteur. Malgré cela, on ne peut faire autrement que de diviser la partie arborescente de la Cilicie en deux régions botaniques, la région du littoral et la région montagneuse. Pour ce qui est de la région sous-alpine, représentée dans les Alpes françaises par d'humbles sous-arbrisseaux, tels que l'A/nus viridis, le Rho- dodendron, il ne m’a pas été possible de retrouver son analogue dans le Taurus. Des qu'on a dépassé les immenses forêts de cèdres, d'Abies cili- cica, de genévriers, qui couvrent les croupes inférieures du Taurus, toute végétation arborescente cesse. Nul arbrisseau, nul sous-arbrisseau ; le sol est couvert de touffes d’ Acantholimon, A’ Astragalus Tragacantha, et d'un Hedysarum épineux formant des touffes compactes et arrondies. Les plantes qui, après celles-ci, sont les plus répandues dans la région du Taurus, sont une Euphorbe, un Passerina à fleurs blanches ét deux Marrubium; les espèces annuelles sont rares, moins rares peut-être cependant que dans les Alpes françaises. Deux d’entre elles, le Viola crassifolia et un Lamium, sont même particulières à la région alpine supérieure. 11 faut dire aussi qu'elles viennent dans des conditions toutes particulières, Après-demain je vais faire ma seconde excursion à Boulgarmaden , sur le versant septentrional du Taurus. Après avoir dépassé les Portes cili- Ciennes, on entre dans la vallée de Gousguta. Dans la partie inférieure de cette vallée, forêts composées de genévriers, de cèdres et d'Abies cilicica ; dans la partie supérieure, région alpine. Un fait digne de remarque, c'est que dans toutes ces vallées encaissées descendant du Taurus, les arbres se 656 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. montrent encore à une hauteur considérable sur leurs pentes, lorsque le fond même de ces vallées est déjà couvert de plantes alpines. Arrivé à l'ex- trémité de Gousguta, il faut songer à faire l’ascension du col le plus élevé peut-être du Taurus, celui du mont Cochan, ascension lente et difficile, et qu'on est obligé de faire en partie à pied. Arrivé au sommet, panorama magnifique : d’un côté l’immense plaine de Konia, de l’autre le mont Argé, et, plus à droite, la chaîne de l’Anti-Taurus avec ses deux pics principaux, l’Apichkar-Dagh et le Masmenen-Dagh. Vers la partie supérieure du Co- chan, on trouve quelques plantes spéciales, entre autres l’ Zsatis suffruticosa, nom spécifique doublement impropre, d’abord parce qu’il est donné à une plante qui n’est nullement sous-frutescente, et ensuite parce que, s’appli- quant à une plante spéciale aux hautes sommités du Taurus, il semblerait faire supposer que sur ces sommités il croit des espèces sous-frutescentes. Du mont Cochan à Boulgarmaden, ascensions et descentes continuelles. Pays présentant un véritable chaos ; de tous côtés de larges bandes de neige. On chemine sur les bords d’un tout petit étang ; mais ses eaux ne nourris- sent aucun être animé. Riches herborisations dans cette partie du trajet. C’est là qu’on trouve les plantes les plus remarquables du Taurus. Nous ne sommes pas loin de Boulgarmaden, ou plutôt de Boulgarmagara. Boul- garmaden est l'usine où l’on fait fondre le minerai; Boulgarmagara est la mine elle-même, où travaillent pendant l'été une centaine de Grecs. J'ai fait autour de Boulgarmagara de charmantes herborisations. Cette mine est à plus de 2700 mètres au-dessus de la mer. Dans ma première visite, je n'ai pas choisi Boulgarmagara pour centre de mes herborisations. Timeo Danaos. J'ai porté mes pénates, c’est-à-dire mes presses et mon papier, au milieu d'un campement de bergers. Cette localité est encore plus élevée que Boulgar- magara. Il y fait très froid. Le 18 juillet, pendant la nuit, il y a eu une gelée assez forte. Je dois vous dire en passant que Boulgarmagara est une mine renfermant sur 1012 kilogrammes de minerai 1000 kilogrammes de plomb, 12 d'argent, et une très faible quantité d’or. J'ai rapporté de beaux échantillons de ce minerai (1). Voilà bien du bavarddge, Monsieur, du bavardage surtout dont les dif- férentes parties n’ont pas beaucoup de liaisons entre elles; mais je mai pas grand temps à consacrer à mes lettres. La besogne, quoique nous soyons bientôt à la fin d'août, ne se ralentit pas. Je suis écrasé de travail ; quand donc aurai-je un peu de repos? Après ma course dans l’Anti-Taurus, j'irai faire un petit voyage à Mersina, non pas pour y prendre quelque délasse- (1) Les échantillons de ce minerai, rapportés par M. Balansa et communiqués par moi à l'École impériale des Mines, ont été analysés par M. Rivot, directeur du Bureau d'essai. Le rapport qu’il a bien voulu m'adresser à ce sujet arrive trop tard pour être inséré ici. On le trouvera plus bas, page 690. (Note de M. J. Gay.) SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 657 ment, je n'y compte pas tant que je serai ici, mais pour y aller récolter quatre ou cinq espèces des plus intéressantes. Cette révolte faite, je retournerai à Gulek-Boghas en passant par Nemroun. La récolte des graines me retiendra cette année longtemps en Asie; avant deux mois d'ici il ne faut pas songer à retourner en France. Je ne sais pas même si à cette époque les glands de chêne seront mûrs. Si vous voyez M. Decaisne ou M. Vilmorin, ayez la bonté de leur dire que les arbres dont je pourrai récolter des graines en abondance sont les suivants : Abies cilicica, Cedrus Libani, var. argentea, variété plus commune ici que le type, deux espèces de Pins, dont l’une est probablement le Pinus Fenzlii, d'Antoine et Kotschy; trois Genévriers, parmi lesquels le Junip. dru- pacea et le Junip. excelsa, les Quercus libanotica, et Æ'gilops, le Styrax el autres arbres dont je ne connais pas le nom. Les cônes d'Abies cilicica seront mürs dans un mois d'ici. Ils ont 22 centimètres de long sur 17 de circonférence. Ils sont, comme vous voyez, d'une dimension respectable. Ma santé ne laisse rien à désirer, Le pays que j'habite jouit de la plus grande tranquillité. Les commotions de la guerre n'arrivent pas jusqu'ici. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : RECHERCHES SUR LA NATURE DU FAUX BULBE DES OPHRYDÉES OU OPHRYDO-BULBE , par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans le courant du mois de mars de l'année 1850, j'ai communiqué à la Société philomatique le résultat de mes recherches sur la Séructure du bulbe ou tubercule des Orchis. Cette communication a été publiée par le journal /’/nstitut et dans le Bulletin des séances de la Société philomatique ; j'ai depuis (1851) mentionné mes recherches sur ce point à l'article Bulbe de mon Dictionnaire raisonné de Botanique. — Un travail de M. Fabre, professeur au Lycée d'Avignon, qui traite du même sujet, a paru récemment (1855) dans les Annales des sciences naturelles (h° série, t. III, p. 253). L'auteur de cet article n'ayant pas mentionné mes recherches spéciales, bien qu'il cite l'opinion exprimée antérieurement dans notre Flore des en- virons de Paris, j'ai lieu de penser que ce travail n'est point arrivé à sa Connaissance ; il est done utile, autant que juste, que je réclame pour cette étude une priorité qui ne saurait m'être coutestée. Je n'insisterai pas ici sur les points de contact que le travail de M. Fabre Peut offrir avec le résumé que j'ai donné de mes propres observations ; je ne discuterai pas non plus les points sur lesquels les faits observes ou les déductions tirées de l'examen de ces faits peuvent présenter des dis- Sidences, — Mon travail devant très prochainement être publie avec les L4 T. Ii 658 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. développements qu’il comporte et appuyé par de nombreuses figures dès longtemps préparées (et que je soumets à l'examen de la Société), je me hor- nerai à énumérer aujourd'hui les résultats auxquels j'étais déjà arrivé, et que j'avais fait connaitre dès l’année 1850. Les bulbes ou tubercules reproducteurs des Orchidées naissent à Vais- selle des feuilles inférieures de ia tige florifère, — On a longtemps pensé que le nouveau tubercule nait toujours du même côté de la tige, de telle sorte que la plante avancerait chaque année de l'épaisseur d'un bulbe dans une même direction. On a admis en dernier lieu que le nouveau bulbe se déve- loppe alternativement, une année à droite et l’année suivante à gauche, de telle sorte que la plante resterait à peu près à la même place. L'observation et la culture d’un assez grand nombre d'Orchidées indigènes m'ont démontré que ni l’une ni l'autre de ces opinions n’est l'expression exacte de la vérité. En effet, il se développe très souvent, non pas un seul tubereule, mais deux, à peu près opposés, à la base d'une même tige; l'année suivante, chacun de ces tubercules émet une tige florifère qui produit à son tour deux nouveaux tubercules, dont la direction forme un angle avec la direction des pré- cédents, de telle sorte que la plante est représentée d'année en année par des individus dont le nombre va toujours en doublant, et qui s'éloignent ou s’entrecroisent dans toutes les directions ; j'ai constaté plusieurs fois cette disposition chez les Orchis galeata, O. Simia, chez le Loroglosium hirci- num, ete. Quelquefois aussi il ne se développe chez les mêmes espèces qu'un seul tubercule, qui prend naissance soit d'un côté soit de l’autre. Chez d'autres, il existe trois où un plus grand nombre de tubercules qui, appar- tenant à des feuilles successives de la même spirale, se dirigent dans des sens différents; c'est ce que l’on observe chez l’ Herminium Monorchis et chez le Serapias Lingua; chez ces espèces, les bulbes sont portés sur de longs pédicelles (1). | Afin de me rendre compte de la nature de ces tubercules, je les ai suivis depuis leur première apparition jusqu’à leur développement complet et à leur destruction, et j’ai constaté les faits suivants. — Longtemps avant l'époque de leur floraison, dès la fin de l'automne, on trouve à l’aisselle d'une ou de plusieurs des feuilles inférieures du tubercule destiné à fleurir, un bourgeon qui doit constituer plus tard un nouveau tubercule. Ce bourgeon, en grossissant, dilate la base de la feuille à l’aisselle de laquelle il a pris naissance ; un peu plus tard, la gaîne de cette feuille, distendue trop forte- ment, est déchirée et traversée par le bourgeon ou jeune tubercule, dont la (4) « Les pédicelles de ces bulbes ne sont autre chose qu’un col plus ou moins étroit et plus ou moins long du sac ou éperon, col tubuleux mais dont le canal très étroit s'efface quelquefois complétement. » (Art BULBE, de mon Dictionnaire rai- sonné de Botanique.) SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 659 . base se prolonge dès cette époque et descend au-dessous du niveau de son insertion. — Si l’on fait une coupe verticale de ce jeune tubercule, on voit qu'il se compose dans ses deux tiers supérieurs d'une sorte de pédicelle creux qui n'est autre chose qu’une dilatation en forme de sac ou d'éperon de la base des premières feuilles. — Cette dilatation en éperon de la base des feuilles est le résultat de la pression oblique qu’a exercée sur ces feuilles externes, encore très jeunes, le corps du bourgeon, qui est doué d'une ten- dance particulière à se prolonger au-dessous de son insertion. Un cordon nourricier ou raphé (représentant l'axe du bourgeon dans l'intervalle qui sépare les feuilles dilatées en éperon de l'insertion des feuilles terminales) est adhérent à la paroi interne du canal de l'éperon. — Le tiers inférieur du jeune tubereule se compose de la partie terminale du bourgeon consistant en plusieurs feuilles emboitées et émettant inférieurement une masse radi- culaire soudée à la cavité de l’éperon, qu'elle continue à distendre à mesure qu'elle acquiert plus de volume. — Cette masse radiculaire est d'abord indivise et plus ou moins globuleuse ; elle conserve souvent cette forme pen- dant toute sa durée; c’est ce quiarrivechez l'Orchis galeata et le Loroglossum hircinum. Chez le Platanthera bifolia, elle se prolonge en une, rarement en deux fibres radicales ; chez d’autres, enfin, elle se divise en lobes peu pro- fonds, comme chez l'O. sambucina; où bien elle se prolonge en quatre ou six racines parallèles, comme chez l'O. maculata, soit que l'éperon distendu Outre mesure cesse insensiblement de recouvrir ces longues racines, soit qu'il les recouvre jusqu'à leur extrémité d’une mince membrane. La démonstration de la présence de l’éperon au niveau de la partie radi- culaire du tubercule (à laquelle partie il est adhérent) résulte de l'examen de plusieurs jeunes bulbes chez lesquels j'ai trouvé l'éperon de la feuille la plus extérieure (qui sans doute n'avait pu se développer assez rapidement Pour suivre l'accroissement de la partie inférieure du bourgeon), j'ai trouvé, dis-je, l'éperon traversé par l'éperon de la seconde feuille, qui seule avait Pu Suivre l'évolution du bourgeon. Évidemment la première feuille, avant de s'être laissé traverser, formait un cul-de-sac qui renfermait la base des- Cendante du bourgeon, et si la dilatation eùt été assez rapide, elle eût con- tinué à envelopper toute la masse et à faire corps avec elle. L'observation du mode de végétation du Gymnadenia albida me parait confirmer l'exactitude de cette manière de voir. Chez cette espèce il n'existe Pas de tubercule parce que les sacs ou éperons se laissent immédiatement déchirer et traverser par les racines émises à la base du bourgeon; il en résulte que les racines sont complétement libres et isolées dés leur naissance. Leur Coupe transversale montre que leur axe est occupé par un seul fais- eau fibreux et non par plusieurs, comme chez les tubercules renfermés dans Jes éperons (tubercules qui paraissent constitués par les eléments de Plusieurs racines agglomérées) ; en regardant avec attention au niveau de 660 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . l'origine des racines du Gymnadenia albida, on trouve une petite gaine con - stituée par les débris d’un éperon court qui a été déchiré par le passage des racines presque aussitôt après sa formation. — Les racines des Spiranthes me paraissent être le résultat d’une semblable organisation. Outre la masse radiculaire dont je viens d'exposer la structure, des ra- cines naissent plus tard sur la base de la tige qui résulte du développement ultérieur du bourgeon; j'ai trouvé dans la famille des Liliacées, chez les Lilium Martagon et L. pyrenaicum (et la même disposition existe proba- blement dans d’autres espèces de la même section), un exemple analogue de racines naissant à la base de la tige pour venir en aide aux racines émises par le bulbe. Le fait de la dilatation en sac ou éperon de la base des feuilles exté- rieures d'un bourgeon bulbeux (éperon dans lequel s’introduit la masse du jeune bulbe), bien qu’exceptionnel dans l’histoire des organes de la végéta- tion, est loin d’être un phénomène sans analogue chez des plantes appartenant à d’autres familles que celle des Orchidées. Je citerai seulement ici les bulbes pédicellés et descendants qui existent dans le genre Tulipa, la structure de ces bulbes présentant une analogie frappante avec celle du tubercule ou bulbe des Orchidées. Nous trouvons dans les deux cas un bourgeon bul- beux qui repousse devant lui la base d'une ou deux de ses premières feuilles et se loge dans le sac qu'il y détermine par sa pression continue. La diffé- rence la plus saillante est que, chez l’ Orchis, la racine est contemporaine du bourgeon, forme la plus grande partie de la masse, et est adhérente aux parois du sac; tandis que, chez la Tulipe, les feuilles du bourgeon sont charnues et constituent toute la masse, et les racines ne se développent qu’à l’époque où l'éperon est réduit à une membrane sèche ou inerte. (Ces racines traversent alors cette membrane, comme un corps étranger, par une fissure qui s'établit sur la ligne selon laquelle elles exercent leur pres- sion ; cette ligne limite un pincement oblique qui termine le renflement de l'éperon.) Je viens de parler de la structure du faux bulbe (que je nomme Ophrydo- bulbe) de la section des Ophrydées. On sait qu’un grand nombre d'Orchi- dées présentent des souches bulbeuses d'une tout autre nature : tels sont les renflements bulbiformes d'un grand nombre d'Orchidées dites épiphytes, et qu'on a dans ces derniers temps si merveilleusement multipliées dans nos serres. Ces plantes présentent soit des bulbes à tuniques charnues, Soit des pseudo-bulbes qui sont le résultat d'un renflement ou hypertrophie de la partie basilaire de la hampe ou tige florifère. Après la floraison, cette partie de l'axe se renfle, devient charnue et pyriforme, et finit par constituer un pseudo-bulbe entouré par les écailles situées à la base de cette tige, et qu! persistent eu se détruisent plus ou moins lentement. Quant au pseudo- bulbe, il est susceptible de persister plusieurs années et finit par s'épviser SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 661 et se flétrir; c'est à l’aisselle des écailles de ces faux bulbes que se déve- loppent les bourgeons qui s’allongeront en tiges florifères, et dont les bases constitueront plus tard de nouveaux renflements bulbiformes à la surface des anciens. — Une Orchidée indigène, le Liparis Læselit, présente exac- tement la même structure, avec cette différence que son renflement bulbi- forme s'épuise et se détruit plus rapidement, et qu'elle végète dans les -Sphagnum de nos marais au lieu de végéter dans les détritus d'écorce des arbres tropicaux. Un autre mode de végétation, qui diffère du précédent sous certains rap- ports, nous est offert par le Malaxis paludosa. Chez cette plante intéressante, que des desséchements récents et regrettables ont fait disparaitre de nos tourbières, le faux bulbe n'est pas précédé, comme chez le Ziparis, d'un bourgeon bulbeux composé de tuniques emboîtées ; la tige florifère se renfle Simplement à une hauteur variable au-dessus de sa base, quelquefois au niveau de son tiers inférieur, en une masse globuleuse ou ovoide charnue destinée à conserver, comme dans les cas précédents, une substance alimen- taire pour la jeune tige de l’année suivante, laquelle se comportera de la même manière à son tour. Je terminerai cette communication en exposant certains faits d’un haut intérêt pour les recherches qui nous oceupent ; il s'agit de la force de résis- lance à la destruction que présente le Goodyera repens. On sait que cette plante, complétement dépourvue d'appareil bulbiforme, offre de longs rhi- Zomes filiformes qui s'étendent entre les détritus des feuilles de pins à demi réduites à l’état de terreau. Ces rhizomes se terminent, la première année, par une rosette de feuilles radicales qui fournit la tige florifère de l'année Suivante, Cette plante, recueillie au mois de juillet (il y a quatre mois environ), et placée immédiatement dans le papier et sous la presse, sous un poids de 40 kilogrammes, a présenté une force vitale de l'énergie la plus remarquable. Chez les échantillons en fleurs avancées, toute la force végé- tative s’est concentrée dans les tiges florifères, et principalement dans les Ovaires, et la dessiccation de la plante n'a été complète, après plus de trois mois, qu’alors que, par la maturité du fruit, la reproduction de l'espèce a été assurée, — Chez les rhizomes terminés en rosette, le phénomène s’est Présenté avec une bien plus grande intensité ; la plante n'ayant dans ce cas de ressource que dans la conservation de l'individu lui-même, malgré son faible volume et sa délicatesse, n’a pas voulu mourir. La vie s’est retiree lentement de la souche vers la rosette terminale, et ces rosettes se sont con- Servées vivantes, alors que les tiges fructifères charnues bien plus volumi- neuses s'étaient complétement desséchées après avoir fourni leurs graines. C'est mon ami M. de Schænefeld qui a bien voulu appeler mon attention Sur ces intéressants phénomènes. , V'ajouterai quelques mots sur le curieux mode de végétation d'une Or- 662 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chidée indigène du nord de l’Europe, l’ Epipogium Gmelini. Cette belle plante présente, comme le Corallorrhiza innata, une souche charnue rameuse dont chaque rameau est susceptible de se prolonger en tige florifère; mais tandis que chez le Corallorrhiza la tige ne présente aucun renflement, chez P Epipogium la tige florifère présente vers son tiers inférieur un renflement charnu fusiforme analogue à celui du Malaxis paludosa. Ce renflement persiste après la destruction de la partie supérieure de la tige, et renferme. un dépôt nutritif qui se vide l’année suivante au profit d'une nouvelle tige florifère. M. J. Gay invite M. Germain de Saint-Pierre à consulter le travail publié en Allemagne, sur le mème sujet, par M. Irmisch. M. Germain de Saint-Pierre répond que la communication qu'il vient de faire à la Société a pour but non de comparer ses opinions à celles qui ont été émises postérieurement à la publicité qu'il leur a donnée dès le mois de mars 1850, dans les comptes rendus des séances de la Société philomatique, mais d'établir que les opinions qui résultent de ses observations, et qu’il croit conformes à la vérité, ont été publiées par lui avant le travail de M. Irmisch, lequel a paru dans le courant de 1850 et longtemps avant les publications récentes de M. Schacht et de M. Fabre. M. Planchon dit : Qu'il ne saurait partager l'opinion de M. Germain de Saint-Pierre, qui semble considérer le bulbe des Orchidées comme étant composé de racines agglutinées. Il rappelle que chez certains Drosera d'Australie il a vu un bourgeon, partant de l’aisselle d'une feuille, s'allonger couvert de feuilles, se renfler au bout en un organe moitié tige et moitié racine, et développer un bourgeon à sa partie supérieure. Ces observations et l'analogie de ces bulbes de Drosera avec ceux des Orchidées ont été signalées par lui en 1848 dans les Annales des sciences naturelles. M. Planchon ajoute que généralement chez les Orchidées épiphytes, les pseudo-bulbes portent des feuilles. Il termine en répétant qu'il ne saurait admettre l'explication donnée par M. Germain de Saint-Pierre. Le nom d'éperon, que M. Germain donne au prolongement de la racine, lui paraît devoir être écarté; le nom de talon lul paraitrait préférable. Enfin , il demande à M. Germain s’il considère la partie qui unit le bourgeon à la vieille tige comme un axe ou comme une feuille. Quant à lui, il la regarde comme un axe. M. Germain de Saint-Pierre répond : Que la masse radiculaire du faux bulbe des Ophrydées lui parait corres- SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 663 pondre à plusieurs racines, non-seulement parce que l'on y trouve un grand nombre de colonnes fibro-vasculaires isolées dans le tissu cellulaire de la masse, mais surtout parce que chez les faux bulbes, dits palmés (qui pré- sentent des transitions à la forme des bulbes entiers), la masse se divise réellement en plusieurs véritables racines. Cette masse radiculaire n'est pas libre, elle est enveloppée dans une poche membraneuse adhérente, prove- nant d'une prolongation en cul-de-sae ou éperon de la base des feuilles externes du bourgeon axillaire, qui constitue le faux bulbe. — Le pédicelle creux plus ou moins long qui unit le faux bulbe à la plante mère n'est autre chose que la première partie de l'éperon qui reste vide, et est ouvert à sa naissance dans la cavité des feuilles emboitées dont il est un appendice. Ce pédicelle est donc de nature foliaire ; néanmoins, là où plusieurs feuilles sont soudées entre elles et présentent au-dessus de leur insertion un bourgeon qui émet une sorte de raphé, ainsi que cela a lieu chez les ophrydo-bulbes, l'ensemble des feuilles soudées constitue une sorte d'axe ébauché ou rudimentaire. — Le mot éperon, employé pour désigner ce cul-de-sac, est le même que l’on emploie pour désigner des prolongations analogues chez les pétales ; ici, il s'agit de plusieurs éperons invaginés comme ceux de l'Ancolie à fleurs doubles ; seulement, ils appartiennent à des feuilles folia- cées, et ils sont soudés d’une part entre eux, et d'autre part à la base de la partie terminale et renflée du bourgeon, qui est entraînée dans le fond de la Cavité, — M. Germa:nde Saint-Pierre considère le tubercule du Drosera décrit par M. Planchon comme ayant plus de rapports avec le tubercule du Ficaria qu'avec le faux bulbe des Ophrydées ; il en diffère surtout par son pédicelle, qui est un véritable rhizome plein, et muni dans sa longueur de feuilles squamiformes. M. Chatin demande si l'extrémité inférieure que M. Germain de Saint-Pierre appelle éperon ne serait pas le résultat de la soudure des bases des feuilles du bourgeon; il en serait certain s'il y avait réellement analogie, comme on l’a dit, entre les bulbes du Drosera et ceux des Orchidées. Il rappelle que, dans l Hydrocharis, les bul- billes qui servent à la reproduction de cette plante présentent un bourgeon à base féculente, dans lequel on voit de petites feuilles au Sein d’une masse parenchymateuse. | M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il s’est en effet efforcé de démontrer que le sac qui renferme la partie antérieure du bourgeon axillaire et sa masse radiculaire, est constitué par une prolongation en forme d'éperon des feuilles externes de ce mème bourgeon. M, le Président, afin de résumer et de clore le débat, demande 66h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d’abord à M. Planchon si, pour lui, le pédicelle du bulbe du Drosera est un axe ou un appendice. M. Planchon répond qu’il le considère comme un axe. M. le Président demande ensuite à M. Germain de Saint-Pierre si, pour lui, le pédicelle du bulbe des Orchidées est un axe ou un appendice. M. Germain de Saint-Pierre répond qu’il ne saurait formuler sa pensée ni par le mot appendice, ni par le mot axe; le pédicelle creux du faux bulbe des Ophrydées est, pour lui, constitué par une réunion de plusieurs feuilles soudées, dont l’ensemble constitue une formation axile rudimentaire. M. Menière trouve que cette longue discussion a peu éclairci la question. Il pense que pour se faire une juste idée de la structure du bulbe des Orchidées, il faudrait ne pas se borner à examiner quelques espèces terrestres et indigènes, mais étudier les formes et les transi- tions successives offertes par la famille tout entière. Il lui semble que la théorie de M. Germain de Saint-Pierre n’explique pas les phénomènes que présentent les Orchidées exotiques. M. Menière ajoute que, cette année, un pied d'Angræcum maculatum a fruclifié dans les serres du jardin de l'École de médecine; ses graines se sont semées d'elles- mêmes et germent en ce moment. M. Germain de Saint-Pierre répond : Que dans sa communication il a jeté un coup d’œil rapide sur la structure des pseudo-bulbes des Orchidées épiphytes et de quelques espèces indigènes qui sont d’une nature analogue (Liparis, Malaxis, Epipogium); mais que l’objet spécial de son travail est l'étude du mode de développement du faux bulbe des Orchidées indigènes de la section des Ophrydées. Ces faux bulbes ne présentent dans leur structure aucune analogie, même éloignée, avec celle des bourgeons charnus ou des bases de tiges renflées en masses charnues des Orchidées épiphytes, et l'étude de l’un des deux modes de structure ne saurait contribuer à éclairer l’autre. — Le nombre des espèces indigenes des Orchidées de la section des Ophrydées est d’ailleurs assez considerable, et les nuances qui existent dans le mode de végétation de ces espèces asse variées, pour que M. Germain de Saint-Pierre, qui a poursuivi pendant plusieurs années cette etude, ait pu parvenir à des conclusions générales Sur ce point de l'organographie des Orchidées. M. de Schœnefeld, secrétaire, dépose sur le bureau des échan- tillons de Lemna arrhiza, envoyés par M. Viaud-Grandmarais, et donne lecture de la communication suiv ante, adressée à la Société : SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1855. 665 SUR LE LEMNA ARRHIZA, L. ( Wolfia Michelii, Schleiden), par M. A. VIAUD-GRANDMARAIS. (Paris, novembre 1855.) Dans la séance du 14 juin 1854, M. Weddell ayant, à propos de la décou- verte, par M. Tulasne, d’une nouvelle localité du Wolffia Michelii, attiré l'attention de la Société sur ce singulier végétal, l’a désigné comme étant la plus rare de nos plantes aquatiques. Dans la Flore de France de MM. Gre- nier et Godron, on ne le trouve indiqué, et d'une manière assez vague, qu’à Angers, Nantes et Tours. Par contre, M. Lloyd, se fiant sur ce qu'on le rencontre encore assez fréquemment dans la Loire-Inférieure, croit que si on ne l'a pas indiqué dans un plus grand nombre de localités, cela tient à ce qu'on ne s’est guère donné la peine de le chercher avec soin, et que, du reste, il a peut-être échappé aux observateurs, à cause de sa petitesse. En Vendée, nous n’en Connaissions qu’une seule localité, les Vivaies-des-Clouzeaux, où elle fut indiquée par M. Pontarlier. Les échantillons ci-joints viennent des environs de Challans (Vendée). Je reconnus dès l'année dernière cette localité très limitée, et cette année, à la fin de septembre, j'ai pu y retrouver cette plante plus nombreuse que jamais. Le Lemna arrhiza se trouve dans de larges douves entourant la pro- priété du bois du Breuil, et nulle part dans les mares des environs. II forme par endroits une couche presque continue à la surface de l’eau, et OCCupe presque seul certaines parties de ces douves, vers les points où Semblent le ramasser les vents, car il est plus facilement soumis à leur action Par sa forme que les Lemna à fronde plate et à racines plus ou moins longues. Parmi cette réunion de Wolffia se trouvent çà et là quelques rares L. polyrrhiza. Le reste des douves est peuplé de Lemna minor. Persuadés qu’en Vendée nous devions nécessairement trouver une plante assez commune si près de nous, M. Gobert et moi nous avons exploré avec soin bon nombre de localités à Lemna, aux environs de Challans, dans un rayon assez étendu, mais partout nos recherches furent infructueuses. La plupart du temps, le Zemna minor formait le fond de la végétation, et çà et là, mêlés avec lui, se remarquaient des Z. polyrrhiza ; mais jamais les frondes de cette dernière espèce ne dominaient. En allant vers les ilots calcaires qui se trouvent à une lieue et demie de Challans, dans les com- Munes de Sallertaine et de la Garnache, au voisinage du four à chaux du Molin, le Lemna gibba, relativement assez rare pius près de Challans, COuvrait presque seul la surface des étangs. Mais nulle part de Wol ffia. Assez rare dans les mares et les étangs de nos environs, partout où l'eau 666 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est stagnante, le Lemna trisulca représente presque à lui seul les Lemnacées dansles larges fossés du marais occidental de la Vendée, à Challans, à Saller- taine, au Perrier, par exemple, c’est-à-dire sur le calcaire. A l’autre extré- mité du département, dans les fossés de Luçon et du marais méridional, on le cite aussi comme l'espèce la plus commune. C'est aussi sur un terrain calcaire, mais là encore point de Wolffia indiqué. Je ferai remarquer en terminant que la localité indiquée à Challans se trouve sur terrain d’alluvion sablonneux et nullement sur le calcaire, ce qui la rapproche des localités où l’on rencontre le Wolffia, au voisinage de Nantes, où le calcaire est fort rare. A Tours, par contre, serait-ce sur le calcaire que M. Tulasne a observé le Wolffia ? M. Bureau fait observer que le Lemna arrhiza, étant globuleux et dépourvu de racines, cède facilement à l’action du vent, et s'amasse dans les mares ou étangs où il se trouve, vers la partie opposée au côté d’où le vent souffle. M. Durieu de Maisonneuve dit que le Lemna arrhiza est beaucoup plus répandu, surtout dans la partie sud-ouest de la France, qu'on ne le croit généralement. M. Weddell ajoute que cette espèce se rencontre plus fréquemment dans les eaux sales que dans les eaux pures. o M. Decaisne confirme ce fait, qu’il a pu constater en Hollande, où il a vu souvent, dans les eaux savonneuses des canaux, quatre espèces de Lemna pulluler à la fois. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 novembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l’admission de : MM. le professeur HensLow, à Cambridge (Angleterre), présenté par MM. Decaisne et Weddell. le docteur Wicur, Grazeley-Lodge, près Reading (Angleterre), présenté par MM. Weddell et Duchartre. | Democer (E.), élève en pharmacie, rue des Juifs, 12, à Bar- le-Duc, présenté par MM. Cosson et de Schænefeld. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 4855. 667 Dons faits à la Société : 4° Par M. Ch. Fermond : Études sur la symétrie considérée dans les trois règnes de la nature, Paris, 1855. 2° Par M. Ch.-Fr. Nyman, de Suède : Synopsis plantarum bicornium europæarum, 1851. 3° De la part de M. Choisy, de Genève : Mémoire sur les familles des Ternstræmiacées et des Camelliacées, Genève, 1855 h° De la part de M. Georges Della Sudda, de Constantinople : Thèse sur l’ Ammonium, Paris, 1855. 5° En échange du Bulletin de la Société : Proceedings of the Linnean Society of London, 1848-1855. L'Institut, novembre 1855, deux numéros. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : NOTE SUR LE LIMNOCHARIS EMARGINATA, Humb. et Bonpl., par M. PARLATORE. (Florence, 10 novembre 1855.) La plante qui forme le sujet de cette note fut découverte à Saint-Domingue par Plumier, qui la décrivit et la figura sous le nom de Damasonium maxri- mum, plantaginis folio, flore flavescente, fructu globoso (Spec. 1, ic. 115). Linné crut y voir une espèce d'Alisma, qu'il nomma Alisma flava à cause de la couleur jaune påle de ses fleurs, et son opinion fut suivie par les botanistes jusqu'au moment où MM. de Humboldt et Bonpland recueil- lirent cette plante à la Nouvelle-Grenade, dans la vallée de Guaduas, entre Hunda et Santa-Fé, et établirent pour elle le genre Limnocharis dans leurs Plantes Equinoxiales (t. 4°", p. 116, pl. XXXIV) en nommant l'espèce emarginata, à cause de l'échancrure du sommet de ses feuilles. Mais la des- cription et la figure qu'ils en donnèrent ne sont pas très exactes, quoique faites sur le vivant; néanmoins MM. de Humboldt et Bonpland contri- buèrent beaucoup à faire mieux connaitre cette plante et ne négligèrent pas de noter que ses carpidies sont déhiscentes par leur suture ventrale. L.-C. Richard, en établissant la petite famille des Butomées (Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, t. I", p. 364), y fit entrer avec raison le genre Limnocharis, et décrivit et figura de nouveau la plante dont il est question 668 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur des échantillons qui avaient été recueillis par Turpin à l'ile de Saint- Domingue. Il changea son nom spécifique d'emarginata en celui de Plu- mieri, pour mieux la distinguer d'une autre plante qu'il rapporta au même genre Zimnocharis en la nommant Z. Humboldtii ; celle-ci venait d'être dé- couverte par M. de Humboldt dans les marais à l’ouest de Caracas, et dé- crite par Willdenow (Sp., PI. IV, p. 821) sous le nom de Stratiotes nym- phoides ; elle fut plus tard rapportée par Endlicher au genre Æydrocleis, et je l'ai élevée au rang de genre sous le nom de Vespuccia Humboldtii (Nuovi generi e nuove specie di piante monocotiledoni, Firenze, 1854, page 55). Cependant, L.-C. Richard ne put pas bien étudier le Limnocharis emar- ginata sur le sec; il ne reconnut aucun sigve de déhiscence des carpidies et fut porté à croire que si elles s'ouvraient, ce devait être par leur suture dor- sale, ce qui aurait été l'inverse des autres plantes de la famille des Buto- macées, dont les carpidies sont déhiscentes et s'ouvrent toujours par leur su- ture ventrale. Endlicher, dans son Genera plantarum (p. 129, n° 1046), exprima les mêmes doutes que Richard sur la déhiscence des carpidies de cette plante en écrivant carpidia indehiscentia? dorso aperta? et, se fiant peut-étre sur la forme singulière de la graine du Limnocharis courbée en fer à cheval, il en décrivit Jes ovules comme campylotropes. Kunth ne fut pas plus heureux que ses prédécesseurs dans la description du genre Zim- nocharis (Enumeratio plantarum, t. WI, p. 166), car il en traça les carac- tères d’après la description de Richard. Ayant eu occasion d'étudier sur le vivant le Limnocharis emarginata qui vient de fleurir et de fructifier dans les serres du jardin botanique du Musée d'histoire naturelle de Florence, j'ai pu constater le fait de la déhis- cence des carpidies par leur suture ventrale et reconnaitre que les ovules du Limnocharis sont anatropes; mais comme cette plante a été décrite par les auteurs d’une manière imparfaite ou erronée, et que le genre Limno- charis est très intéressant, en ce qu'il fait mieux connaitre l'affinité des Bu- tomacées avec les Alismacées, je crois ne pas faire une chose inutile en décrivant la plante entière, d’après mes observations, et en soumettant cette note à la Société Botanique de France, qui, pendant mon dernier séjour à Paris, m’a donné des marques de bienveillance qui ne s'effaceront pas de mon souvenir, Le Limnocharis emarginata est une plante aquatique, vivace, dont Ja racine se compose de nombreuses fibres longues, blanches et couvertes d'un chevelu abondant. Les feuilles presque distiques, au nombre de cinq ou six, rappellent par leur port celles de l'AZisma Plantago, mais elles sont beaucoup plus ro- bustes ; elles ont une longueur de 4 à 2 pieds et égalent ou dépassent même en hauteur les hampes de la plante. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 669 Le pétiole est trois ou quatre fois plus long que le limbe, très gros, trian- gulaire, à angles aigus, aplati sur les faces, où il présente une sorte de lé- gère côte longitudinale pour le passage de quelques faisceaux fibro-vascu- laires qui vont former les nervures du limbe de la feuille ; il est plus large et engainant dans son tiers inférieur, ayant une espèce de bord membra- neux à cette partie des angles latéraux pour embrasser la base de la feuille voisine ou celle de la hampe. Coupé dans sa longueur, il présente un grand nombre de petites lacunes, en forme de parallélogramme, disposées en séries longitudinales et séparées les unes des autres par des cloisons trans- versales, à peu près comme les lacunes que l’on voit dans les pétioles des feuilles des Musa. Sur une coupe transversale, ces lacunes se montrent comme un réseau avec des points ou des axes placés à une certaine dis- tance les uns des autres ; c'est, du reste, la forme la plus commune dans la disposition des lacunes des plantes aquatiques, que j'ai appelées lacunes en réseau (lacune retiformi) dans mes Recherches sur l'anatomie des plantes aquatiques (1). Ces axes, ou pour mieux dire ces cordons, sont des faisceaux fibro-vaseulaires qui laissent couler du latex lorsqu'on fait une coupe sur le pétiole, comme on le voit dans d’autres plantes de la famille des Butoma- cées et de celle des Alismacées ; les parois des lacunes sont formées par des cellules généralement hexagones qui contiennent des cristaux salins, et les cloisons transversales se composent d'une couche de cellules presque sphé- riques qui, dans leur jonction avec les cellules voisines, laissent des espaces vides ou des trous, au nombre de cinq, six ou sept pour chaque cellule, ovales, arrondis ou légèrement anguleux, destinés à faire communiquer Chaque lacune avec les lacunes qui sont au-dessous et au-dessus d'elle; ce sont ces trous, sur lesquels j'ai attiré particulièrement l'attention des ana- tomistes dans les Recherches déjà mentionnées sur les plantes aquatiques, et auxquelles j'ai donné le nom de fenêtres (finestre) (2). Le limbe de Ja feuille est vvale-arrondi, un peu échancré au sommet, avec une pointe très courte, presque en cœur à la base, d’un beau vert, légè- rement glauque en dessus, et d'une largeur variable de 3 à 7 pouces sur h à 9 et même quelquefois 10 de longueur. Ce limbe a en dessus, sur la ligne médiane, une légère côte extrêmement prononcée sur la face inférieure de la feuille, où elle est aiguë et continue l'angle inférieur du pétiole. A la face inférieure du limbe, on voit de chaque côté sept ou huit nervures lon- 8itudinales, un peu courbées, qui de la base du limbe vont jusqu'au som- (1) Dans les Atti della sesta Riunione degli scienziati italiani in Milano, anno 1844, p. 433 ; etdans les Atti della settima Riunione degli scienziati italiani in Napoli, anno 1845, p. 880. ik italiani in G (2) Voyez les Atti dell’ ottava Riunione degli scienziati italiani in Genova, anno 1846, p. 594. 670 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. met ; seulement, les deux plus internes se détachent de la côte médiane un peu au-dessus de la base. Toutes ces nervures sont réunies entre elles par de nombreuses veines transversales qui sont fines et serrées, ce qui donne au squelette de la feuille une certaine ressemblance avec les feuilles des Mélastomacées. Les hampes sont au nombre de deux ou trois pour chaque plante, et ont la même forme et la même structure que les pétioles; mais elles ne sont pas engaînantes comme ceux-ci, ce qui, d’ailleurs, est tout naturel. Les fleurs sont au nombre de six à dix, pédonculées et disposées en om- belle au sommet de chaque hampe. L’ombelle a un involucre général ou spathe composée de deux valves presque opposées, membraneuses, larges, ovales, concaves, obtuses, et plus courtes de moitié que les pédoncules. Les pédoncules sont triangulaires, à angles aigus, mais un peu déprimés, parce que l'angle inférieur est moins prononcé. Ils sont un peu plas larges en haut qu'en bas; de la longueur de plus d’un pouce et dressés lors de la floraison, ils s'allongent jusqu'à 2 pouces et même davantage, et se cour- bent lorsqu'ils portent le fruit; ils sont de couleur verte et lisses, excepté dans les angles latéraux, où ils présentent quelques rares et petites dents. Chaque pédoncule est accompagné d’une bractée plus courte que lui, lar- gement lancéolée, aiguë ou presque aiguë au sommet, blanche et un peu transparente. Souvent où voit au centre de l’ombelle deux feuilles de lon- gueur inégale, mais toujours beaucoup plus petites que les autres feuilles, dont elles ont la forme. Je n’ai pas observé de rejetons tendant à s'enra- ciner, comme ceux que Richard a décrits et figurés. Le périgone se compose de six folioles disposées en deux verticilles et étalées en rosette. Les trois folioles externes sont ovées, arrondies, un peu coriaces, concaves, lisses, vertes avec un bord très étroit et un peu blan- châtre; elles sont un peu plus courtes et presque de moitié plus étroites que les folioles internes. Celles-ci sont orbiculaires et presque rhomboïdales, très délicates, munies à la base d’un onglet court, et présentent treize grosses nervures, dont la médiane seule s’étend jusqu'au sommet de la foliole, les autres vont en décroissant du dedans au dehors. Ces nervures sont visibles seulement sur la face inférieure de la foliole et ont une couleur jaune pâle comme la partie de celle-ci qui leur correspond. La partie supérieure est blanche et comme chiffonnée. La préfloraison est imbriquée ; les trois folioles extérieures se recouvrent de façon qu'on voit seulement une petite partie de la base de la troisième. Les trois folioles intérieures se recouvrent de telle sorte qu’une moitié seu- lement de chaque foliole est couverte par la foliole voisine, et que l'autre moitié est visible en ôtant les trois folioles extérieures. Les étamines sont très nombreuses, bypogynes ; les filaments sont d’une couleur jaune pâle, aplatis, linéaires et un peu rétrécis vers le sommet, qui, SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 18565. 671 du reste, est obtus. Les plus extérieurs, au nombre de plus de quarante, sont plus longs que les intérieurs, presque de moitié plus courts que les fo- lioles intérieures du périgone, tout à fait dépourvus d’anthères et courbés un peu en dedans vers leur sommet, de manière à cacher les étamines internes et les ovaires. Les filaments intérieurs (au nombre de plus de 30) sont presque droits, un peu plus larges, presque lancéolés et tous fertiles. Les anthères sont blanches, linéaires, oblongues, échancrées au sommet et à la base, insérées tout près de la base sur le filament, mobiles, extrorses, mais paraissant introrses à cause de l’inflexion du sommet du filament, biloculaires, à loges contigués, et s'ouvrent par une fente longitudinale. Les grains du pollen sont petits, presque sphériques ou légèrement angu- leux et lisses. Les ovaires sont à peu près au nombre de 15, réunis et soudés seulement à une espèce de colonne centrale qui s'élève du sommet du torus, de sorte que leur ensemble constitue un ovaire en apparence unique, de forme à peu près conique, presque aussi haut que les étamines les plus internes, d’une couleur jaune pâle, avec de légères nuances rougeâtres à la base, très obtus au sommet, où il présente en dehors des stigmates papillenx et sans Style, en nombre égal aux ovaires. Chaque ovaire est comprimé des deux côtés, convexe sur le dos, uniloculaire, et renferme un grand nombre d'ovules ascendants, anatropes, avec un funieule court et un raphé très prononcé : les membranes de l’ovule sont au nombre de 2. Tous ces ovules sont fixés par le funicule à un placenta qui occupe toute la paroi de l'ovaire en forme de réseau. Les carpidies sont en nombre égal aux ovaires, disposées en verticille, de manière à former par leur ensemble un fruit ové-arrondi, souvent un peu aigu au sommet (je ne l'ai jamais vu déprimé au sommet, comme on l'a décrit et figuré dans les Plantes Equinoxiales), d’une couleur vert jau- nâtre, embrassé et presque entièrement caché par les trois folioles externes du périgone, qui sont persistantes et un peu grossies et endurcies dans le fruit. Les carpidies sont entièrement libres, car la colonne centrale s'oblitère avec le temps ; chacune d'elles se détache des carpidies voisines et du torus, et présente deux faces latérales aplaties, formées par les parois presque transparentes : elle a un dos convexe, gros, consistant, lisse, qui, plus tard, devient canaliculé avec des ailes aux bords. la déhiscence de la carpidie se fait par la suture ventrale qui forme une ligne droite : il est donc faux que le fruit de cette plante soit indéhiscent ou qu'il opère sa déhiscence par une suture dorsale. Les graines sont nombreuses, menues, ascendantes et insérées sur tous les points de la paroi de la carpidie ; elles tombent avec une grande facilite. Le testa est membraneux, presque coriace et couvert de lames transversales en forme de plis, à la formation desquelles la membrane interne de l'ovule ne 672 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. prend aucune part, comme on peut le voir en suivant son développement. Il n'y a pas d’albumen. L'embryon est gros, courbé en forme de fer à cheval (ce qui fait que la graine a la même forme), à branches très rapprochées l’une de l’autre, réunies ensemble par un tissu cellulaire lâche, et dirigées vers le bas; l'extrémité radiculaire est grosse et obtuse. Par la description que je viens de faire du Limnocharis emarginata, on voit aisément que cette plante montre mieux que toute autre plante de la famille des Butomacées les liens intimes qui unissent cette famille à celle des Alismacées, .car par ses étamines très nombreuses, dont les extérieures sont stériles, par la disposition singulière du placenta, par ses graines nom- breuses et par les carpidies qui s'ouvrent par une suture ventrale, elle appartient sans aucun doute aux Butomacées, tandis qu'elle se rapproche des Alismacées et surtout du Sagittaria par la disposition des carpidies en verticille et par l'embryon courbé en fer à cheval. Je donne ici les caractères du genre Limnocharis réformés d'après mes études : Perigonium duplex; foliola 3 exteriora subcoriacea ; calycina minora, persistentia, 3 interiora majora, petaloidea, multinervia, decidua. Stamina bypogyna, numerosa; exteriora (sub 40) ananthera, apice conniventia; interiora (sub 50) breviora, fertilia, erecta. Filamenta plana, linearia, apicem versus angustiora, obtusa. Antheræ lineari-oblongæ, utrinque emarginatæ, paullo supra basin affixæ, mobiles, extrorsæ, sed pro apicis filamentorum inflexione videntur introrsæ, biloculares, loculis longitudi- naliter dehiscentibus. Pollen minutum, subsphæricum, læve. Ovaria sub 15 toro brevissimo orbiculatim disposita in corpus conicum congesta, singula lateribus plana, dorso convexa, unilocularia, pluri-ovulata. Ovula placentæ reticulatim ramosæ undique affixa, adscendentia anatropa! funiculo brevi raphe prominente. Stigmata papillosa, vertici ovarii absque stylo extrorsum adnata. Carpidia sub 15, in fructum ovato-globosum perigonii phyllis exte- rioribus persistensibus suffultum orbiculatim congesta, plane distincta et facile decidua, singula lateribus plana et tenuia, dorso convexa, crassa et tardius canaliculata, sutura ventrali! recta et acuta dehiscentia. Semina plura reti loculum intus vestienti subsessilia adscendentia. Testa membra- naceo-crustata , transversim lamellis plus minus latis prædita; embryo exalbuminosus uncinato-complicatus, cruribus inferne spectantibus, extre- mitate radiculari crassa obtusa. EXAMEN DE LA PRÉTENDUE PROLIFICATION DU TETRAGONIA EXPANSA, par M. D. CLOS. (Jardin des plantes de Toulouse, 14 novembre 1855.) Au nombre des plantes qui se font remarquer par quelque particularité d'organisation, il faut citer le Tetragonia expansa, Ait. A une époque 0U SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 673 la morphologie végétale n'avait pas encore atleint ce haut degré de déve- loppement où elle est arrivée de nos jours, MM. Seringe et Heyland avaient noté que chez cette espèce « des aisselles de quelques lobes du calice naissent, pendant la maturation, des fleurs bien conformées (Bulletin botan., n° 1, p. 8).» Aussi M. Moquin-Tandon , rapportant ce fait sur la foi des auteurs, était-il autorisé à le ranger parmi les fleurs floripares et dans le groupe des prolifications axillaires (Tératol., p. 373). Or, si l'on examine des rameaux vigoureux de Tetragonia expansa, on y observe l'organisation suivante. A l’aisselle d’une même feuille naissent, tantôt une, tantôt, et plus souvent, deux fleurs, l'une au-devant de l'autre, et entre l'inférieure et la feuille, un petit bourgeon de feuilles ou ramus- cule. La fleur supérieure est la plus développée, et c’est elle qui montre ce prétendu phénomène de prolification qui, sans être constant pour toutes les fleurs, est néanmoins des plus fréquents. Les auteurs modernes (De Candolie, Endlicher, ete.) n'admettent, dans cette plante, qu’un périanthe simple ou calice dont le tube, adhérent à l'ovaire, est à 4 cornes : celles-ci sont situées au-dessous des 4 lobes du calice, auxquels elles sont opposées (1). Au-dessous du point d'origine de deux d’entre elles {latérales par rapport à la feuille, et plus développées que les deux autres), on distingue un très petit appendice de nature foliacée: ces deux appendices sont deux bractées, et à l’aisselle de l'une d'elles nait la fleur qui semble résulter d’une prolification, et qui ne diffère en rien de celle qui paraît lui donner naissance : le cas où chacune de ces deux brac- tées a une fleur à son aisselle est très rare. Les fleurs du Tetragonia expansa sont en apparence sessiles, et ont été décrites comme telles par les auteurs: floribus sessilibus, porte expressé- ment la diagnose de De Candolle (Prodr., I, p. 452). Mais lorsqu'on fait une coupe longitudinale du pistil de cette plante, on reconnait, au-dessous des loges de l'ovaire, une masse de tissu cellulaire limitée par un cercle ce fibres et de vaisseaux, et d'une longueur à peu près égale à celle de la fleur qui la surmonte. Cette masse appartient au pédoncule qui, chez cette plante, se renfle dès l'origine pour se confondre insensiblement avec la base de la fleur. Or, on sait qu'il est de l'essence de la plupart des pédoncules axillaires uniflores de porter deux bractées : celui du Tetragonia expansa confirme cette règle, et la présence d’une seconde fleur sur les côtés de ce 4) Pour plus de clarté, nous ne mentionnons ici que la disposition la plus habi- tuelle; mais certaines fleurs du Tetragonia expansa ont 5 ou même 6 divisions au calice et autant de cornes; quelquefois on voit la bractée et sa fleur naître entre deux cornes géminées et n'en représentant qu'une, ou au sommet de l’une d'eiles, De Candolle ne semble avoir vu que ce dernier cas, qui est pourtant le pius rare chez l'espèce désignée, car il ajoute au caractère de sa section I dans laquelle elle rentre : cornua calycina interdum flores accessarios gerunt (Prodr., IL, p. 452). T. I 45 674 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pédoncule et à l'aisselle d'une des deux bractées, trouve ainsi une explica- tion toute naturelle et des plus satisfaisantes. Ce cas diffère done absolu- ment de celui que présente le Prismatocarpus hybridus, et qui a fait l'objet d'un travail de M. Trécul ; car il résulte des recherches de cet habile phy- totomiste que, chez cette plante, c'est bien sur le fruit que l'on voit naitre une ou deux feuilles, et à leur aisselle un rameau terminé lui-même par un petit fruit qui supporte une ou deux feuilles comme le premier (Voyez Ann. sc. nat., 2° sér., t. XX, p. 339). On peut se demander, en terminant, que représentent les cornes des Te- tragonia? M. Hofmeister a considéré le prétendu calice ou calicule des Loranthus et des Viscum comme un boursouflement ( Wucherung) de l'axe (dans le journal allemand Ælora, ann. 1854, p. 644, note) (1). Si l’on admet cette interprétation, les cornes du Tetragonia expansa ont, croyons-nous, la même nature, et sont une expansion terminale du pédoneule, bien qu'elles soient parfois à un niveau supérieur à celui où commence l'ovaire : l'oppo- sition de ces cornes aux divisions du calice semble déjà l'indiquer. La production assez commune de l'une des bractées et de la fleur supplémen- taire au sommet de l’une des cornes latérales, fournit une nouvelle preuve à l'appui de cette opinion. Les conelusions qui ressortent de cette note peuvent se formuler ainsi: 4° Tiny a réellement pas prolification chez le Tetragonia expansa ; 29 Le corps ovoide qui, chez cette plante, paraît n'être formé que par une fléur sessile, est mi-parti, pédoncule à la base, fleur au sommet ; 3° La portion pédonculaire de ce corps porte deux bractées latérales dont l’une émet souvent une fleur à son aisselle ; h° Les cornes n'appartiennent pas à la fleur, mais sont des processus terminaux du pédoncule. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA PRÉSENCE DE MATIÈRE VERTE DANS L'ÉPIDERME DES FEUILLES DE L'HIPPURIS VULGARIS, DU PEPLIS PORTULA, DES JUSSLÆA LONGIFOLIA ET J. LUTEA, DE L'ISNARDIA PALUSTRIS ET DU TRAPA NATANS, par M. AD. CHATIN. En présentant à la Société les dessins des plantes ci-dessus nommées, que j'ai préparés pour mon anatomie comparee, je prends la liberté d'ap- peler son attention sur un point qui me paraît avoir un grand intérêt pour la physiologie. Les travaux de M. Ad. Brongniart sur la structure des feuilles et la s femelles (4) MM. Decaisne et Planchon voient dans ce rebord extérieur des fleur. i tla du Gui Ja portion inférieure d’un périanthe simple, dont la soi-disant corolle es portion supérieure. (Voy. Bulletin de la Société Botanique, t. LE, p- 86.) SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 675 respiration des plantes ont établi que les plantes aquatiques manquent de stomates et renferment de la matière verte daus les utricules superficielles du parenchyme tenant lieu d’épiderme, organisation contraire à celle des plantes terrestres, dont les feuilles ont un épiderme épais, stomatifere et privé de matière verte. Tout le monde admet aujourd'hui, avec le savant et ingé- vieux anatomiste, que les plantes vivant dans lair respirent à l’aide de leurs poches stomatiques, qui rappellent les cavités aériennes ou pulmo- naires de certaines classes d'animaux, tandis que la respiration des végé- taux aquatiques peut être dite branchiale, s'exerçant comme celle des poissons et des crustacés, à travers la membrane superficielle elle-même. On admet en outre que les feuilles flottantes (Nymphæa, ete.) ont une respiration branchiale par celle de leurs faces appliquée sur l'eau , et une respiration pulmonaire par leur face supérieure. Mais la coexistence de stomates et de matière verte, sur un même épi- derme, non admise jusqu'à présent, existe cependant, et est même, on peut dire, fréquente. On peut la reconnaître dans toutes les plantes dont je fais passer les dessins à la Société; elle existe aussi chez le Neptunia, le Limo- sella, le Littorella, le Liparis Læselii, dans la plupart des Alismacées, des Butomées, des Juncaginées, etc. La conséquence physiologique de la coexistence de stomates et de ma- tière verte dans l’épiderme des feuilles (et souvent aussi des tiges) d'un certain nombre d'espèces, est que celles-ci sont organisées pour respirer indifféremment dans l'air et dans l’eau : dans l’eau, elles auront la respira- tion branchiale par leur épiderme aminci et pourvu de matière verte ; dans l'air, elles auront la respiration pulmonaire, grâce à leurs stomates. Et en fait, on trouve précisément que les plantes dont il s’agit peuvent, véritables amphibies, vivre indifféremment dans Vair et dans l’eau. Le plus souvent, elles passent la première partie de leur vie (ou, du moins, de l’année) dans l'eau, et la seconde dans l'air, où elles fleurissent, soit que le niveau des eaux se soit abaissé, soit qu'elles se soient élevées au-dessus de celui-ci en grandissant. Le Trapa peut, avec l'Alisma natans et le Limnocharis Humboldtii , être regardé comme le type d’une série de plantes flottantes dont les feuilles ont l'épiderme de la face supérieure (à la fois stomatifère et chro- Mulifère) organisé pour la vie amphibie, c'est-à-dire pour respirer aussi bien dans l’eau que dans l'air. On voit d’ailleurs, vers la fin de la saison, la matière verte de l'épiderme parenchymateux du Trapa être remplacé, Comme chez beaucoup d'autres plantes, par un liquide rouge. M. Duchartre ajoute que, parmi les plantes à feuilles nageantes, il en est qui portent des slomates sur leur face inférieure en con- tact avec l’eau. Ainsi, sur des échantillons de Limnocharis Hum- 676 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. boldtii pris au jardin de l'École de médecine , il a compté environ 70 stomates par millimètre carré à la face inférieure des feuilles, tandis que la face supérieure en présentait environ 125 sur la même étendue. Quant à l’absence de l’épiderme sur les feuilles submergées, il a montré dans son travail sur les Zostéracées que ces plantes es- sentiellement submergées possèdent un épiderme très distinct du parenchyme sous-jacent, et que, chez elles, c’est précisément cet épiderme qui renferme la chlorophylle, tandis que les cellules plus intérieures n’en contiennent généralement qu’un petit nombre de grains. M. Chatin répond à M. Duchartre que l’on trouve chez les plantes aquatiques toutes les transitions entre l’épiderme à cellules tabulaires et l'épiderme parenchymateux. Il a examiné aussi l’épiderme du Limnocharis, qui présente un peu de chlorophylle. Depuis le travail de M. Brongniart sur la structure des feuilles, on a admis généra- lement que la face supérieure des feuilles flottantes avait seule un épiderme parenchymateux, et que l’inférieure en était complétement dépourvue. Les feuilles du Trapa natans présentent à leur face supérieure une couche parenchymateuse, munie de stomates, et dont les cellules contiennent de la matière verte, puis de la matière rouge. M. Trécul ajoute quelques mots sur la distribution de la matiere colorante dans les feuilles des Drosera. Chez ces plantes, la matière colorante est superficielle, et il n'existe pas d’épiderme proprement dit, Dans les cellules superficielles, on voit les grains de chlorophylle non sous la face extérieure, mais au fond et sur les parois latérales de ces cellules. M. Chatin fait observer que les plantes non aquatiques peuvent aussi quelquefois présenter un épiderme presque parenchymateux: Ainsi M. Brongniart lui a dit avoir constaté dans l’épiderme de l'Ophioglossum la présence de grains de chlorophylle. M. Planchon, à l’occasion des cellules en saillie du Trapa natans, fait remarquer leur analogie avec les cellules cristallifères des Myrto- phyllum, décrites par Meyen dans son travail sur les organes sécré- teurs des végétaux. M. Planchon fait ensuite à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 677 NOTE SUR LE FAUX ARILLE DE LA NOIX MUSCADE, par M. J.-E. PLANCHON. Tout le monde connaît l'enveloppe colorce et laciniée de la noix muscade, vulgairement appelée macis. C'est elle que l'on cite presque partout comme le prototype de l'arille. En 1844, alors que j'établis la distinction entre l'arille véritable, expansion du funicule recouvrant le micropyle sans y adhérer, et l’arillode, expansion du micropyle lui-même, j'avais de fortes présomptions pour supposer que le soi-disant arille de la noix muscade n'était en réalité qu’un arillode. Mais le défaut de bons matériaux d'étude, m'ayant laissé des doutes à cet égard, je dus présenter mes conjectures avec la réserve convenable. La question était donc pendante, lorsque M. Alphonse De Candolle, s'occupant des Myristicées, a naturellement eu l'idée de la résoudre et m'a fait l'honneur de m'associer à ses recherches sur ce point d'organographie. C'est le résultat de nos observations com- munes que je vais résumer en quelques lignes. Il est difficile de rencontrer dans les herbiers des ovaires de Myristica dans les divers états convenables pour suivre les phases successives du déve- loppement du macis. A l'époque de l'imprégnation, on ne voit aucune trace de cet organe. Immédiatement après, il se développe rapidement, et l'on saurait à peine en suivre l’évolution sur les exemplaires desséchés. Sur des semences mûres de Myristica aromatica conservées dans l'alcool, nous avons pu voir assez clairement le micropyle à la surface même du macis, sous la forme d’une petite dépression placée tout auprès du bord antérieur de la cicatrice ombilicale : observation qu'avaient, du reste, faite avant nous MM. Hooker fils et Thomson (Fl. Ind., p. 154). Ce seul fait suffirait pour constater que le macis possède le caractère essentiel de l'arillode, en ce qu'il dérive au moins en partie de l'exostome, et laisse voir au dehors cette Ouverture, dont il n’est que l'expansion. M. Alphonse De Candolle, depuis son retour à Genève, a complété cette observation par celle des ovules très jeunes d’autres espèces de Myristica. Il présentera ses remarques dans un savant article sur la famille des Myristicées, qui va paraitre prochainement dans les Annales des sciences naturelles, et dont j'ai reçu la bienveillante Communication. MM. Hooker et Thomson ayant observé que le macis s'insère à la fois autour du micropyle et autour de la cicatrice ombilicale (l’ovule étant ses- sile, le funicule n’existe pas autrement qu'en théorie), ont conclu de là que ce tégument participe à la fois de la nature de l’arillode et de celle de l'arille, L'observation en elle-même est très juste, mais la conclusion, bien qu'elle semble assez naturelle, n'entraine pas mon assentiment complet. Dans ce cas, en effet, comme dans celui de l'Evonymus, qui lui est de tout point analogue, je suppose que l'expansion arilliforme n'a véritablement qu'une 678 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. origine, savoir, les bords même de l’exostome, et que son adhérence autour de la cicatrice ombilicale est le résultat d’une soudure congénitale. Si l'ex- pansion naissait à la fois du micropyle et du hile, c'est-à-dire de la base et du sommet de la primine, on concevrait difficilement l'uniformité de sa texture et de sa coloration. D'ailleurs l’arillode de plusieurs Polygala se divise en branches que l’on peut comparer aux lanières du macis, et que l'on pourrait supposer embrasser la cicatrice ombilicale, et même contracter adhérence avec elle, sans qu’elles dussent en tirer leur origine. M. Weddell demande à M. Planchon si, dans certain cas, par exemple chez la muscade, le corps arillaire n’émanerait pas à la fois du micropyle (comme la caroncule des Euphorbes) et du funicule, M. Planchon n’est pas porté à croire à la réalité de cette double origine du corps arillaire. Il lui parait plus naturel d'admettre une origine unique. Lorsqu'il y a fusion du funicule avec la caroncule, cette soudure est toujours congéniale. En général, tout ce qui est soudé l’est dés l’origine. ‘ M. Duchartre fait observer que l’arillode se développant assez tard, il lui paraît difficile d'admettre la soudure de cet arillode en voie de formation avec un funicule plus âgé que lui et déjà organisé. La soudure ne peut être admise que pour des organes tout à fait con- temporains. M. Pianchon répond à M. Duchartre que la production arillaire peut commencer avant la fécondation, et sans être encore appréciable à l'œil. M. Germain de Saint-Pierre rappelle qu’il a décrit le raphé chez l’Amaryllis Belladonna comme étant la nervure médiane de la feuille qui constitue la primine. ` MM. J. Gay et Grænland exposent à la Société, d’après le texte et les figures du livre de M. Irmisch, intitulé Beitræge zur Morpho- logie der Orchideen, les idées de ce botaniste sur la structure du bulbe des Orchidées, et en particulier de l Herminium M onorchs. À la suite de cette communication, une discussion s'engage entre MM. Germain de Saint-Pierre, Planchon et Gay, qui reproduisent la plupart des faits et des arguments énoncés par eux lors de la dis- cussion sur le même sujet, qui a eu lieu dans la dernière séance (1). (4) Voyez plus haut, page 662, SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 679 - M. Trécul fait à la Société la communication suivante (1) : NOTE SUR LES NIDS DE L'HIRONDELLE DITE SALANGANE OU ALCYON, par M. A. TFRÉCUL. Pendant notre visite à l'exposition, nous avons eu l'occasion de voir des nids de l’hirondelle appelée Salangane ou Alcyon (Mirundo esculenta, L.), que les Orientaux vont recueillir à la fin de juillet et au commencement d'août dans les cavernes ces rochers qui bordent les ilés de la Sonde, les Molaques et celles qui avoisinent les côtes de ia Cochinchine. _ Ces nids étaient très recherchés par les peuples de l'Asie orientale, et principalement par les Chinois, qui les employaient comme alimentaires. Le crédit dont jouissaient ces nids, du temps de Poivre, était fondé sur la propriété qu’on leur attribuait, dit ce voyageur, d'augmenter la sécrétion des sucs prolifiques chez ceux qui en faisaient usage; on les croyait aussi un remède alimentaire pour les personnes épuisées par les plaisirs ou par toute autre cause. Au:si s'en faisait-il un commerce considérable. Il s’en exportait tous les ans de Batavia 425,000 livres (62,500 kilogr.). Chaque nid pesant environ une demi-once (16 grammes), le chiffre total de ces nids, venus des îles de la Cochinchine et de celles de l'Est, s'élevait par conséquent à 4 millons par an. Poivre dit n'avoir rien mangé de plus restaurant qu'un potage de ces nids, fait avec de ia bonne viande; on les assaisonnait aussi avec du gingembre et d’autres épices qui en relevaient linsipidité. TI est bien pro- bable que c’est en grande partie à ces accessoires que ces nids doivent les propriétés pour lesquelles on les recherche même encore aujourd'hui. Le prix élevé auquel on les vendait a engagé ceux qui en faisaient le Commerce à les falsifier avec des substances très diverses. C'est pour cela probablement qu’on leur a donné pour origine, du frai de poisson, du suc d'un arbre appelé Calambouc, de la chair de divers polypes, de l'holothurie marinée qui, suivant Kæmpfer, a la couleur et le goût de ces nids, lorsqu'elle est préparée d’une certaine manière qu'il indique ; d'autres y ont mêlé des algues marines. Enfin des pêcheurs cochinchinois ont assuré que les Salan- ganes font leurs nids avec une humeur visqueuse qu'elles rendent par le bec à l'époque des amours. Lamouroux le premier (2) a émis avec doute l'opinion que ces nids sont composés de Fucus, et la plupart des auteurs modernes ont admis cette opinion. De ce nombre sont Cuvier, Kuhl, Meyen, M. Pouchet, ete. Au ombre des algues qui feraient partie de ces nids, on a cité le Gelidium (1) Voyez le Bulletin, t. I1, p. 618. | (2) Lamouroux, Dissertations sur plusieurs espèces de Fucus peu connues ou nouvelles, etc., 1805, p. XX. 680 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. corneum, Lamx., le Gracilaria compressa, Grv., le Sphærococcus cartila- gineus, Ag., etc. Suivant Cuvier, la Salangane fait son nid avec une espèce particulière de Fucus à brins grêles et blanchâtres, qu’elle macère avant de l’'employer. M. Pouchet pense que les Salanganes avalent le Sphœærococcus cartila- gineus, le laissent macérer un certain temps dans leur estomac, où il se mêle aux sucs gastriques, et ensuite le vomissent pour en former la paroi de leur construction. L'auteur de l’article Hirondelle (M. Z. Gerbe), du Dictionnaire universel d'histoire naturelle dirigé par M. Ch. d'Orbigny, partage l'opinion de La- mouroux, Kuh) et Meyen. D'un autre côté, M. Milne Edwards, dès 1834, dans ses Éléments de zoologie, et depuis, dans ses Notions préliminaires de zoologie (1853), parait avoir douté de la nature végétale de ces nids, car il dit seulement qu'ils sont formés d'une substance gélatineuse. Everard Home croit que cette substance est sécrétée par des cryptes du! jabot; et Mulder en a donné une analyse chimique, d’après laquelle il y aurait 90, 25 pour 100 de matière animale; le reste serait composé de matières salines. Quelle est donc la cause de cette divergence d'opinions? Il faut l’attribuer probablement d’abord aux falsifications auxquelles on a soumis cette sub- stance, ensuite à ce que tous les nids de Salangane ne sont pas faits de la même manière. En effet, ces oiseaux, suivant qu’ils habitent l’intérieur des terres ou le bord de la mer, fabriquent leurs nids avec des éléments diffé- rents. Dans l’intérieur des terres, ils les font en grande partie avec des lichens qu'ils fixent au rocher avec une matière muqueuse. Sur le bord de la mer, tous les nids sont uniquement formés de cette matière muqueuse, qui est disposée ainsi que je le décrirai plus loin, et à laquelle est quelque- fois mêlé un peu de duvet. M. Guibourt m'a montré un nid de la première sorte, qui est composé de deux végétaux : l’un en petite quantité, placé à la face externe et infé- rieure du nid, est une algue, l’autre, qui constitue la majeure partie du nid, est un lichen, l'Usnea plicata. Ces deux matières sont agglutinées et atta- chées au support par de la substance d'apparence muqueuse. L'examen que j'ai fait des nids de la seconde sorte, de celle qui est recueillie depuis longtemps au bord de la mer, et qui est la seule usitée comme alimentaire, me prouve d’abord que ce n’est pas une substance végétale qui la constitue; ensuite il m’autorise à me ranger à l'opinion des pêcheurs cochinchinois que j'ai citée, et à celle de Dœbereiner qui a trouvé cette matière analogue au mucus. J'ai pu faire cet examen grâce à la complaisance de M. le professeur Parlatore, notre président, qui pria l’un des exposants de Java de vouloir bien m'en remettre un morceau. Cet exposant, dont je regrette de ne pas savoir le nom, m'en remit avec SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 681 empressement une quantité suffisante, dont l’étude m'a fourni les résultats suivants. Ces nids, en forme de coquille de bivalve, que l'on a comparée à celle d’un bénitier, sont formés d’une matière tantôt blanche, tantôt jaunâtre ou même un peu rougeâtre. Leur cassure est brillante comme celle de l'albu- mine desséchée, et présente transversalement, lorsqu'on l’examine attentive- ment à la loupe, des lignes courbes, dont la convexité est tournée vers la partie supérieure du nid. Ces courbes superposées, transversales , vont par conséquent de la face interne du nid à sa face externe; elles commu- niquent à la cassure une apparence conchoïdale, que l’on reconnaît lors- qu'on l’examine avec attention, surtout à la loupe. La macération dans l’eau fait connaître la cause de cette apparence. Si cette macération a été prolongée pendant vingt-quatre heures, toute la sub- stance se gonfle, devient opaline et se ramollit; elle n’est plus cassante comme avant la macération, mais elle se déchire facilement; enfin, elle se divise aisément en lames parallèles souvent fort minces, suivant les lignes courbes que j'ai indiquées dans sa cassure. Ces lames montrent évidem- ment que la matière molle, muqueuse, a été déposée par couches superposées sur les bords du nid. A l’intérieur de celui-ci, on voit quelquefois plusieurs lamelles ou filets plus ou moins épais de la même substance, qui se croi- sent de manière à former plusieurs réseaux irréguliers et concentriques, destinés sans aucun doute à donner plus de solidité à l'ensemble de la construction. Ces lames, souvent assez minces et assez transparentes pour être sou- mises immédiatement à l'examen microscopique, sont formées d’une matière homogène, irrégulièrement striée dans le sens de sa longueur, comme si elle avait été étirée lorsqu'elle était à l’état muqueux. Çà et là, on remarque dans l’intérieur de ces lames des lacunes de grandeur très variable, arron- dies, ovales ou un peu irrégulières, qui semblent devoir être attribuées à des bulles gazeuses qui auraient été emprisonnées dans la matière mu- queuse. Cependant on ne remarque pas de gaz dans leur intérieur; et, d'un autre côté, la plupart de ces vacuoles sont beaucoup trop grandes pour pouvoir être considérées comme des éléments cellulaires enlevés à la muqueuse. Les algues que l’on a dit composer les nids des Salanganes ont une struc- ture bien différente. Le Sphærococcus cartilagineus, par exemple, est constitué, vers la périphérie, par des cellules d'autant plus petites qu'elles sont plus voisines de la surface; une coupe transversale et une coupe lon- &itudinale font voir qu'elles sont à peu près globuleuses ou elliptiques, et qu'elles ont des parois assez épaisses. Le centre de la tige est formé de deux sortes d'éléments principaux très différents : 1° de cellules à parois extré- mement épaisses, marquées de stries transversales rayonnantes ; elles sont 682 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. remplies de granules très petits; 2° autour de celles-ci sont des cellules beaucoup plus étroites, qui, vues dans le sens longitudinal, ressemblent à une multitude de filets entrecroisés dans toutes les directions; elles con- tiennent une substance blanche homogène. Ces quelques détails suffisent pour montrer qu'il n’y a pas la moindre analogie entre la structure du Sphærococcus cartilagineus, les Algues en général, et les lames qui composent les nids des Salanganes. En effet, rien dans l’intérieur de ces lames ne rappelle la structure cellulaire de ces vé- gétaux, et surtout des Fucus auxquels on a attribué les nids de cette biron- delle; car les cavités ou lacunes que renferment ces lames sont souvent petites, quelquefois relativement fort grandes, allangées dans le sens sui- vant lequel la matière muqueuse paraît avoir eté étirée; tantôt elles sont isolées, tantôt groupées plusieurs ensemble, toujours dispersées au hasard dans la substance des lames, qui offrent très fréquemment de grandes étendues sans présenter de ces vacuoles. Dans les intervalles, la lame est parfaitement homogène et a l'aspect que j'ai déerit plus haut. En admettant avec Cuvier et M. Pouchet que le Fucus a été avalé par l'oiseau (ce qui est bien difficile à croire en raison de sa consistance), macéré dans son estomac et vomi ensuite mêlé à une plus ou moins grande quantité de suc gastrique, on devrait y retrouver des éléments cellulaires qui ne peuvent avoir été com- plétement altérés, d'autant plus que lesuc gastrique passe pour ne modifier, ne dissoudre principalement que les principes alimentaires azotés , tels que l'albumine, la fibrine, la caséine (Regnault). De plus, les propriétés du suc gastrique doivent faire rejeter cette hypothèse. En effet, il est toujours tres acide; il renferme de l'acide acétique ou de l'acide lactique, et de l'acide chlorhydrique libres, ete. Sécrété surtout après l'ingestion des aliments, €e suc conserve toujours des propriétés acides. Or, on conçoit qu'une telle substance serait peu favorable à la confection d’un nid, Nous verrons d’ailleurs, bientôt, que les nids de la Salangane jouissent de propriétés incompatibles avec la présence de ces acides libres qui, du reste, n'y existent pas, puisque ces nids sont insipides, etc. Après la décomposition de ces nids en lames par la macération, j'ai sou~ vent remarqué à la surface de celles-ci, à l’aide du microscope, de très petits cristaux isolés ou groupés. Quelques-uns de ces cristaux plus volu- mineux que les autres étaient des rhomboëdres. Tous semblaient être de même nature; car, traités par l'acide sulfurique, les uns et les autres se transformaient en une multitude de petites aiguilles qui rayonnaient d'un centre commun, c’est-à-dire du point qu'occupait le cristal ou le groupe de cristaux primitif, L'acide sulfurique en dégageait des bulles gazeuses, CE qui, avec les caractères précédents, semble indiquer que j'avais affaire à du carbonate de chaux. L'action de la chaleur sur la substance des nids de la Salangane et sur SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 683 celle du Sphærococcus cartilagineus, du Gelidium corneum, du Gracilaria compressa, ete., achèvera de démontrer qu'elles sont de nature tout à fait différente. Un petit fragment de la première, c’est-à-dire de nid de Salan- gane, introduit dans un tube de verre fermé par un bout, long de 7 à 8 cen- timétres, et chauffé sur une lampe à esprit de vin, exhale une odeur analogue à celle de la plume brûlée, laisse dégager de l'huile empyreuma- tique et des vapeurs ammoniacales qui ramènent au bleu le papier de tour- nesol rougi. Les Fucus que je viens de nommer, au contraire, produisent dans les mêmes circonstances des vapeurs acides qui rougissent très forte- ment le papier bleu de tournesol. Le nid d’hirondelle se comporte done comme une substance animale ; mais quelle est cette substance ? Ce n’est pas de la gélatine, car il n’est pas soluble dans l’eau; il se gonfle seulement dans ce liquide, qui parait n’en pas dissoudre la moindre quantité, même par une ébullition prolongée pendant un quart d'heure. Son défaut d'organisation, sa cassure vitreuse, son insolubilité dans l’eau, la propriété qu'il a de se gonfler dans ce véhicule, et de donner des vapeurs ammoniacales en brûlant, me paraissent le rapprocher des mucus et donner de grapes probabilités en faveur de l'opinion des pêcheurs qui assurent que ces nids sont formés avec une humeur visqueuse qui coule du bec de ces oiseaux au temps des amours. Cette vraisemblance équivaudra presque à une certitude si l'on considère que le Martinet noir, qui appartient an même groupe que la Salangane, fait son nid avec des brins de bois, de la paille et des plumes, qu’il agglutine, suivant Spallanzani , avec un mucus qui découle de son bec. Il est done bien probable que c’est un tel mucus qui fixe les matériaux du nid des Salanganes trouvé dans l'intérieur des terres, et que c’est ce seul mucus qui constitue les nids reeueillis sur les rochers qui bordent le rivage. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : NOTICE SUR L'HERBARIUM LICHENUM PARISIENSIUM quod edidit W. NYLANDER, med.-doct. (1), par M. MOUGEOT. (Bruyères, octobre 1855.) Les collections d'objets d'histoire naturelle ont plus contribué à l'avan- cement de cette vaste science que les descriptions les plus étendues, que les figures les plus exactes de ces objets. Aussi, dans ces derniers temps (1) Voy. l'annonce de cet herbier dans le Bulletin de la Société Botanique de France, t. IL, p. 343. Le prix de chaque fascicule est de 45 fr. 684 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. surtout, le nombre de ces collections soit publiques, soit privées, s’est singulièrement agrandi et multiplié. Les herbiers sont devenus indis- pensables aux botanistes qui devaient étudier dans leur cabinet les plantes qu'ils n'avaient pu observer sur place dans l'état vivant. Les Phytophylacia renfermant et conservant les végétaux cryptogames ont encore été plus utiles que ceux destinés aux phanérogames, pour arriver à l'établissement soit des genres et des espèces, soit d'une méthode ou système de classification, parce que la culture des végétaux cellulaires est encore dans son enfance. Le botaniste ne peut donc se passer d'échantillons de plantes sèches, et l'immortel Linné disait déjà : Herbarium præstat omni icone, necessarium omni Botanico (1). La grande famille des Lichens se prête à merveille à la confection des herbiers, ces plantes n'étant pas attaquées par les insectes, et, par consé- quent, d'une conservation presque certaine. Aussi les berbiers de Lichens ont été depuis le siècle dernier répandus en Europe par les soins des plus célèbres botanistes qui s'occupaient plus particulièrement de cette famille, et e’estainsi que parurent successivement les précieuses collections des Ehrhart, Schrader, Flærke, Fries, Flotow, Schærer, etc., et qu'aujourd'hui nous voyons encore publier les Lichens d'Angleterre par Leighton, ceuxgf'Italie par Massalongo ; ceux d'Allemagne par Rabenhorst; ceux de toute l'Europe par Hepp, sanscompterles Lichens placés dans plusieurs collections générales de toutes les autres espèces cryptogamiques (2). Il semblerait doncque l'her- bier du docteur Nylander, consacré aux Lichens que l’on observe dans un rayon de vingt lieues autour de Paris, viendrait trop tard pour contribuer à une connaissance plus parfaite des Lichens de la flore parisienne. Ce jugement serait erroné. M. Nylander a fait un choix des espèces types ou rares et cri- tiques, par conséquent les moins bien connues, sujettes à la controverse, cela assez souvent à raison de leur exiguité. Le choix des échantillons ne laisse rien à désirer et les déterminations tant génériques que spécifiques sont positives. La végétation des Lichens étant permanente pendant toutes les saisons de l'année, son développement successif et sa longue durée les exposent à bien plus de variétés et de formes que les autres familles des Cryptogames: Cette polymorphie se multiplie, en outre, selon les régions géographiques et les causes ou influences géologiques. C’est surtout en ce qui Concerne les apparences superficielles, les formes, les couleurs, les développements imparfaits du thalle, de l’apothécie, que ces circonstances conduisent $0U- (1) Philosophia botanica, p. 7. (2) Les collections générales dont il est ici question, sont, pour la France, les Stirpes Cryptogamæ vogeso-rhenanæ, par les docteurs Mougeot et Schimper, el les Plantes cryptogames de France, par M. Desmazières. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 685 vent à des méprises inévitables même pour l'observateur le plus attentif. Sous ce rapport, l'herbier des environs de Paris vient aplanir bien des difficultés ; mais les caractères extérieurs ne suffisent pas toujours pour bien établir les genres et les espèces : on n'y parvient que par l'analyse microscopique, et c'est dans ces minutieuses et patientes recherches qu’excelle encore le doc- teur Nylander. Paris méritait bien d’avoir aussi l’herbier de sa flore lichénée, surtout parce que les localités propices au développement et à la propagation des Lichens abondent non-seulement autour de la grande cité, mais dans son enceinte même, et qu'à chaque pas que fait le botaniste dans ses prome- nades entra et extra muros, il peut apprécier la multiplicité et le développe- ment si curieux de ces végétaux. Le nombre en était déjà bien grand avant les recherches de M. Nylander, et toutefois il l’augmente encore (1). Beaucoup des espèces admises ont besoin d’une étude nouvelle, et particulièrement d’une révision sévère des divers synonymes, et c'est ce qu'a fait, et ce que fera M. Nylander. On doit donc lui savoir bon gré d'appliquer ses connais- sances et son labeur à l'étude que nous recommandons à tous les amateurs de Lichens, et plus particulièrement à ceux qui habitent Paris ou ses envi- rons. Nous ne possédons encore que la première centurie de cet herbier où se trouve toutefois une série de Caliciées, Verrucariées, Lécidées, Graphi- dées, etc., d'une difficulté de détermination spécifique qui devient souvent une véritable tribulation pour les cryptogamistes; mais le docteur Nylander achève de préparer le premier fascicule de la deuxième centurie, et quand il aura accompli son œuvre de collecteur, il donnera un Catalogue métho- dique avec des observations sur toutes les espèces où il en sera besoin. La première centurie renferme 29 espèces saxicoles, 11 géophiles, 59 cor- tici- ou lignicoles, et une seule croissant sur le thalle du Peltidea canina. Nous ne parlerons aujourd’hui que d'un certain nombre d'entre elles, afin d'en démontrer l'importance par une révision critique, que nos relations avec le docteur Nylander et son consentement nous mettent en mesure d'ajouter ici. N° 2. Leptogium subtile Ach. (sub Collemate). — Ce n'est probable- ment qu'une petite modification du Zeptogium lacerum, Fr., mais d'un type particulier, à thalle peu développé et abondamment fructifié. N° 5. Sphinctrina microcephala Tul., Mém. Lich., p. 78, t. 15, í. 20, (sub. Calicio). ~- Les Sphinctrina se distinguent nettement des Calicium par leur parasitisme sur d'autres Lichens crustacés (surtout les Pertusaires), (4) Thuillier, dans sa Flore des environs de Paris, mentionne en 1790, 65 espèces de Lichens; Mérat en 1821, 267 ; Chevallier, en 1826, en décrit 356; et depuis ces recensements, le nombre a encore augmenté. ‘686 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leurs apothécies luisantes et leurs spermaties grêles et courbes. Le nom spécifique microcephala ne doit pas être confondu avec le Calicium mi- crocephalum, Borr., L. Br., p. 130 (E. Bot., t. 1865), qui, selon un échantillon authentique diffère à peine du Sphinctrina turbinata, Fr. Le Cal. microcephalum, Fr., L. S. exs. 17, n'est pas différent du C'alicium disseminatum du même auteur (L. S. exs. 16). N° 6. Coniocybe farinacea (Sclerophora, Chev. Par. I, p. 315,t. 9, f. 19). — On ne doit probablement pas le séparer du Con. pallida, Fr.; il parait en constituer une forme plus robuste, à stipe foncé ou noirâtre. Le genre Contocybe est moins bien distinct du Calicium que n’en est le genre Sphinctrina (Classif. des Lichens, 2, p. 168, note). N°8. Calicium disseminatum, Fr., L. E., p. 397. L. S. exs., 16. — L'étiquette porte le nom de Calicium adspersum, Pers., mais l'auteur fait observer dans son Essai d'une nouv. classif. des Lichens, p. 199 (note) : « Nomen Cal. disseminatum ut purius præferendum. » N° 36. Placodium callopismum, Ach., Syn., p. 184. — Cette forme assez constante est peut-être trop voisine du Placodium murorum, DC., avec lequel elle est généralement confondue. La première diffère par son thalle plus aplati, à lanières plus dilatées. N° h4. Lecanora athroocarpa, Dub., Bot. Gall., p. 669, var. — Cette variété, qui se présente souvent avec des apothécies dépourvues de bords formés par le thalle, ne diffère guère du Lecanora scrupulosa, Ach. Le dernier, dans Fries L. S. ers., 320 (qu'il est impossible de séparer du Lecan. Hageni, Ach.) a des thèques 8-spores, chaque spore oblongue, incolore, uniseptée. Le Parmelia conferta, Fr., L. E., 455, n'est qu'un état terrestre du Lecanora athroocarpa, Ach., qui lui-même offre des pas- sages manifestes au Lec. subfusca. Le nombre des spores dans les thèques (8-16) n’est aucunement ici un caractère distinctif constant. Le docteur Nylander a également vu parmi les Lichens des Vosges un Lecidea ver- nalis, Ach., à thèques tantôt 8-spores, tantôt 16-spores dans la même apothécie. N° 47. Urceolaria actinostoma, Pers. Schær. Enum., p. 187. — C'est tout à fait à tort que quelques auteurs persistent à voir dans cette espèce très voisine de l’ Urceolaria scruposa, une Verrucaire. Après les belles ana- lyses données par M. Tulasne (Mém. Lich., t., h, f. 4-5) de l Ure. actino- stoma, il semblait qu'on n'aurait dû conserver aucun doute relative- ment à la forme lecanorine de ses fruits. N° 53. Lecidea flexuosa, Fr., L. E., p. 268 ; Nyl., Alger., 34i. — C'est la même forme à peu près que M. Tuckerman appelle Lecidea melan- cheima (ex spec. ipsius) et que nous a communiquée M. Lenormand. N° 62. Lecidea nigritula, Nyl., in Botan. Notis., 4853, p. 99. — Espèce voisine du Lec. myriocarpa; DC., mais ayant des spores plus petites et SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 687 semblables à celles du Calicium subtile, Pers. M. Nylander ne connait aucun passage entre ces deux Lécidées. N° 72. Spilomium graphideorum, Nyl. — Cette production est aussi : Coniocarpon nigrum, DC., FL fr., 2, p. 32h ; Spiloma melaleucum, Ach., Syn., p. 2 (non Trachylia melaleuca, Fr., L. S. exs., 23). N° 74. Opegrapha vulvella, var. lutescens, Ach., Syn., p. 77. — Ce n'est pas une variété proprement dite de l’ Opegrapha varia, mais seulement l'Opegr. varia, var. vulvella (ou notha), dans un état saupoudré de goni- dies d’une autre espèce, comme cela arrive souvent à la racine des arbres. (Le n° 92 offre un exemple analogue.) N° 77. Opegrapha varia, var. signata, Fr. (ferruginosa). — La couleur roussâtre du thalle dépend des gonidies d'un Chroolepus qui pâlissent avec le temps, de même que les chrysogonidies des Lichens (Arthonia prui- nosa, etc.) qui en sont pourvus. N° 87. Endocarpon hepaticum, Ach. — Les échantillons sous ce nom -sont des individus spermogonifères. N° 88. Endocarpon exiguum, Nyl. — Cette espèce est voisine de la précé- dente et caractérisée par l'exiguité et la couleur pâle de son thalle mince et appliqué au sol. N° 89. Normandina Jungermanniæe, Nyl., Class., 2, p. 191, Verrucaria pulchella, Borr., E. Bot. suppl., t. 2602, f. 4 (1829). — Le nom de Lenor- mandia étant déjà depuis fort longtemps admis dans l'algologie, le docteur Nylander pense devoir proposer un nouveau nom générique pour cette plante d'un type bien distinct des autres genres de la tribu des Endocarpées. N° 98. Thelopsis rubella, Nyl. — C'est le Sychnogonia Bayrhofferi, Kærb. N°-99. Lecidea sparsa, Duf. — Ici rentrent les Zecidea dryina, Ach., Syn., p. 2h, pro parte; L. arthonioides, Fée, E'ss., p. 407; Abrothallus - Ricasolii, Mass., Ric., p. 188, f. 183; Biatora mixta, DR., FT. Alg., P- 268, pro parte; Patellaria mixta, Nyl., Alg., p. 344. N° 400. Pycnides ou fruits stylosporés du Lecidea vernalis, Ach. (la forme Scutula Wallrothi, Tul., Mém. Lich., p. 119; Biatora Heeri, Hepp, Flecht. Eur., n° 435), si l'on admet avee M. Tulasne deux appareils sporifères différents chez certains Lichens (Conf., Nyl., Class. 2, p. 198). Comme nous l'avons dit plus haut, le docteur Nylander, dans la table méthodique qu'il publiera pour faciliter les recherches dans son herbier, nous y donnera des observations critiques analogues à celles que nous ve- nons de consigner ici. Il est donc à souhaiter que cet herbier se compose de Plusieurs centuries. Il est, toutefois, à regretter déja que son auteur n'ait pu porter la première centurie qu'au nombre de 23 à 24 exemplaires, nembre beaucoup trop restreint et qui doit engager les vrais amateurs de Lichens à s'empresser d'y souscrire. 688 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE COLCHICUM, par M. H. DE LARAMBERGUE. (Castres, 4° novembre 1855.) Ayant eu occasion d'observer pendant plusieurs années un Colchique qui croit abondamment aux environs de Castres, département du Tarn, je m'empresse de le signaler à la Société comme une espèce non décrite dans les Flores de France. En voici la diagnose : COLCHICUM CASTRENSE, de Larambg. — Plante le plus souvent uniflore, mais fréquemment à 2 fleurs. Tube de la fleur à 3 angles, proportionnément plus long que celui du Colchicum autumnale (15 à 20 centimètres), tandis que la fleur est de moitié plus petite ; périgone à divisions très inégales, les 3 intérieures beaucoup plus courtes, toutes linéaires-oblongues ou presque spatulées, élargies dans leur partie supérieure et arrondies au sommet, et jamais pointues comme dans le C. autumnale ; étamines 6, insérées à la gorge du périgone, trois courtes et trois du double plus longues, toutes filiformes, dilatées à la base et soudées au limbe presque à la même hauteur, à peu près comme dans le C. alpinum; anthères échancrées inégalement aux deux extrémités, égales entre elles, simplement plus courtes que les filets des petites étamines, et deux fois au moins plus courtes que les filets des plus grandes; styles 3, de la longueur des grandes étamines, à stigmates allongés-décurrents et courbés au sommet; capsule petite, solitaire ou géminée, enveloppée par les feuilles, oblongue, atténuée aux deux extrémités comme dans le C. arenarium , surmontée par les débris des styles ef ne paraissant qu'au printemps de l'année suivante ; feuilles au nombre de 3 ou l4, dressées, linéaires lancéolées, obtuses, d’un décimètre de long sur un cen- timètre de large; bulbe ovoide tronqué, aussi large que long, de moitié plus petit que celui du C. autumnale, ne présentant pas le prolongement en forme de cône qui surmonte ce dernier et demeurant couvert d'une pellicule blanche, tandis que le C. autumnale reste couvert d'une pellicule jaune, quand on les dépouille de la tunique extérieure noirâtre qui les enveloppe l’un et l’autre. Il abonde dans un pré situé à Lalaugerie, près Castres, département du Tarn ; il fleurit du 20 août au 30 septembre, et fructifie en mars et avril. OBs.— Le C. castrense est plus précoce de 15 à 20 jours que le C. autum- nale, qui fleurit dans la même localité, à côté de lui, et qui dure jusqu'à la Toussaint, tandis que le C. castrense disparait à la fin de septembre. Il s'éloigne encore du C. autumnale par la plupart de ses autres caractères, tels que la situation des étamines, la conformation des divisions périgonales, les styles, et enfin par sa fleur, sa capsule et son bulbe, de forme differente et de moitié plus petits. Il a de grands rapports avec les C. arenarium et alpinum de Gren. et Godr. : il se sépare du premier par les divisions du périgone, qui sont tou- SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1855. 639 jours élargies et très obtuses dans le C. castrense ; par les styles qui ne sont pas tantôt plus courts et tantôt plus longs que les étamines, mais tou- Jours exuctement égaux aux plus grandes étamines; et par ses feuilles, sou- vent plus nombreuses que trois, bien moins larges et surtout bien moins longues que dans le C. arenarium , jamais recourbées et étalées comme chez ce dernier, mais toujours dressées et enveloppant exactement la capsule. Il se sépare du deuxième par ses styles qui sont courbés; par ses stig- mates claviformes et allongés; par sa capsule acuminée et par ses fruits ne mürissant pas l’année même de leur floraison et entourés de plus de deux feuilles. Il se sépare de tous deux par son bulbe, qui donne fréquemment naissance à 2 fleurs; par sa station géographique (ce Colchique croissant au pied du Sidobre, à la base méridionale du plateau central), dans une situa- tion tout aussi éloignée de la chaude température de la Provence et de la Corse que de l'altitude des Alpes; et, enfin, par l'époque de sa floraison, antérieure à celle du Colchique des pays chauds et postérieure à celle du Colchique des Alpes. J'ai, pendant plusieurs années, distribué ce Colchique à mes correspon- dants, sous le nom de C. alpinum DC. M. Germain de Saint-Pierre fait observer que tous les Colchiques mürissent leur fruit dans l’année qui suit la floraison. Aucun carac- tère spécifique ne peut donc être tiré de ce fait, commun au genre tout entier. Une communication de M. Du Colombier, intitulée Botanique arithmétique, est, en raison de son étendue et vu l’heure avancée, renvoyée à la prochaine séance. h46 ‘690 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ANNEXE A LA LETTRE DE M. BALANSA (1). Résultat de l’analyse faite à l’École impériale des Mines des cinq échantillons de minerai argentifère provenant de la mine de Boulgarmagara dans le Taurus, au nord de Tarsous, et rapportés par M. Balansa (2). N° 4. Galène lamelleuse, paraissant provenir d’une faible profondeur, mélangée avec une certaine proportion de carbonate, d'arséniate et d'an- timoniate de plomb. N° 2. Galène à grandes lamelles, très altérée et paraissant provenir des affleurements, accompagnée de carbonate de plomb, d'oxyde de fer, d'un peu de ealamine, et d'une faible proportion d’arséniate et d’antimoniate de plomb. N°3. Plomb carbonaté avec galène, entouré d’une croûte ferrugineuse. N° 4. Galène presque complétement altérée et transformée en carbonate de plomb; on distingue dans l'échantillon de l'arséniate et de l’antimoniate de plomb. N° 5. Plomb métallique obtenu avec ces minerais; il est coulé en plaque irrégulière, notablement plas sonore que le plomb ordinaire. C’est cepen- dant du plomb assez pur, ne renfermant qu’une très faible proportion d'arsenic et d'antimoine, et seulement des traces de cuivre. On a dosé dans ces différents échantillons seulement les matières princi- pales. Les résultats numériques sont rapportés à 400 kilogr. de matière : N° 1. N° 2, N° 3. N° 4. N° 5. kil. kil. kil. kil. kil. Arsenic et antimoine. 8,40 2,50 0,50 3,70 1,20 Fer. ........ 1,40 1,00 3,00 2,40 traces. Plomb. ....... 63,00 70,00 67,80 69,50 98,50 Argent. ....... 87,50 99660 17280 993.30 230,00 Or. ........ 0,85 3,33 2,50 traces. 15,00 (1) Voyez plus haut, page 656. (2) Communiqué par M. J. Gay pendant l'impression du compte rendu de Ja séance du 9 novembre 1855. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Einige Andeutungen über den Bau des Bastes (Quelques données sur la structure du liber); par M. Hugo v. Mol (Botan. Zei- tung, nu” 50 et 51, 44 et 21 décembre 1855, col. 873-881, 889-897). Le liber est la partie des plantes sur laquelle on a publié les recherches les plus incomplètes. Cependant, si l'on en croyait les écrits des phytotomistes, le liber aurait une organisation très simple, très facile à observer. Mais cette idée a donné naissance à diverses opinions erronées et M. H. v. Mohl ne cite comme faisant exception parmi les auteurs qui se sont occupés du liber que M. Hartig qui, dans son grand ouvrage sur les espèces forestières de l'Allemagne, a publié une série de bonnes études sur cette partie des tiges. M. H. v. Mohl lui-même déclare ne pas posséder encore des observations assez multipliées sur ce sujet, et son mémoire actuel n'est présenté par Jui que comme une simple note en quelque sorte préliminaire. I! avertit que les recherches sur les cellules libériennes présentent de grandes difficultés, à cause du trouble que jette sur les préparations observées au microscope le contenu de ces cellules et de la transparence remarquable de leurs parois. Aussi l'auteur se borne-t-il en ce moment à l'examen des végétaux sur lesquels il a pu faire des observations complètes. Les sujets les plus avantageux pour ces études sont le Phytocrene et les espèces de Bignonia chez lesquelles le liber forme des sortes de processus en coin ou en lame, qui s'enfoncent dans le bois par h, 8, ete. On doit à M. Mettenius de bonnes observations sur le développement de ces forma- tions libériennes qui, chez le Phytocrene, ont été regardées, on ne sait Pourquoi, par Griffith, comme des rayons médullaires, par M. Lindley Comme du bois. Mais M. Mettenius n'a pas été heureux quant à la structure intime de ce liber. M. H. v. Moh! prend d'abord pour sujet la tige qua- drangulaire d’une Bignone indéterminée du Brésil, de l'écorce de laquelle Partent intérieurement quatre forts prolongements du liber en forme de Coins, subdivisés en lames minces par la continuation des rayons médul- laires du bois. Ces coins sont formés, de dehors en dedans et alternative- ment, d'un grand nombre de couches de cellules épaisses dans les unes, minces dans les autres. Chaque couche, à parois épaisses, présente quatre à six assises de cellules disposées dans le sens des rayons et conformées Comme le sont généralement celles du prosenchyme, dont les ponctuations Sont en fentes obliques, spirales et situées uniquement sur les faces qui 692 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. regardent la moelle et l'écorce (En note l’auteur fait observer que les auteurs assignent aux cellules du liber une longueur fabuleusement exagérée, et qu'elles égalent seulement, en moyenne, une ligne, souvent moins, parfois et au plus deux lignes). Parmi ce prosenchyme, surtout à sa limite, on voit quelques cellules de parenchyme plus minces, ponctuées, qui proviennent de cellules prosenchy mateuses, dont la cavité a été subdivisée par des cloi- sons transversales. Les couches de cellules à parois minces sont formées principalement d'une ou deux assises de cellules larges, allongées, à cloi- sons obliques, à parois assez minces et incolores, d’une organisation remar- quable. En effet, elles offrent de grandes ponctuations transversales, entre lesquelles les parois épaissies des cellules s'étendent en forme de fortes fibres, arrangées comme les échelons d'une échelle. Ces très grandes ponc- tuations ne sont pas de vraies ouvertures; mais elles sont bouchées par une membrane que recouvre un très fin réseau de fibres déliées. Sur les faces de ces cellules qui regardent les rayons médullaires et qui sont en contact avec des cellules analogues, ces ponctuations sont nombreuses, allongées transversalemert, disposées ordinairement en une file longitudinale. Les faces tournées vers la moelle et vers l'écorce ont tantôt des ponctuations analogues et sont tantôt unies. M. Hartig, qui a vu des cellules analogues chez plusieurs de nos végétaux ligneux, les a nommées tubes criblés (Siebroehren), parce qu'il a regardé les mailles des petits réseaux comme de vraies ouvertures. M. Mohl a eru y voir, au contraire, à l'aide de l'iode, une membrane obturatrice, et dès lors il propose de les nommer cellules grillagées (Gitterzellen, cellulæ clathratcæ) pour ne pas décider nettement la question de ces ouvertures. Les lames libériennes de plusieurs autres Bignones américaines ont montré une structure absolument semblable. La même ressemblance se montre encore dans les lames de liber du Phytocrene. Parmi nos arbres indigènes, le Tilleul a le liber le plus développé. On y voit aussi quantité de couches alternativement à parois minces et épaisses. Les cellules à parois épaisses n'ont rien de particulier ; celles à parois minces ont une organisation analogue à celles des cellules grillagées. Le Jiber du Juglans regia a une pareille structure ; seulement la division en couches y est moins régulière. Celui de la Vigne consiste également en couches régu- lièrement alternatives de cellules prosenchymateuses, à parois épaisses et de cellules à parois minces ; seulement ces couches y sont en petit nombre à cause de la chute annuelle de l'écorce externe. Le Sureau présente auss!, mais moins régulièrement, une alternance de faisceaux de cellules épaisses et minces dont les faces situées vers les rayons médullaires ont souvent des ponctuations ovales, couvertes d'un réseau. Le Pyrus communis possède un liber différent des précédents, parce que, chaque année, il ne s'y produit qu’une seule couche très épaisse de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 693 cellules prosenchymateuses, à parois épaisses, et que toute l'autre portion très développée de la formation annuelle, située derrière cette couche, con- siste en cellules à parois minces, rangées pas très régulièrement en files radiales et concentriques. Ces dernières cellules sont de deux sortes, les unes étant de forme prosenchymateuse et grillagées, les autres, iuterposées entre les premières, étant parenchymateuses, plus ou moins allongées et à fécule. Parmi les arbres qui ne produisent des cellules libériennes à parois épaisses que la première année de leur vie, le Betula alba présente dans ses couches internes de liber de longues cellules grillagées très bien formées. Chez le Fagus sylvatica, la couche de liber est composée de couches alter- natives de cellules les unes larges, grillagées vers la moelle et l'écorce, les autres étroites. Dans ces deux arbres évidemment les couches corticales interues, quoique manquant de cellules prosenchymateuses épaisses, appar- tiennent au liber, puisqu'elles présentent des cellules libériennes à parois minces, analogues à celles des espèces précédentes. Si des espèces dicotylédones ligneuses on passe à celles dont la tige est her- bacée, annuelle, on y trouve des modifications analogues dans le liber. Le Houblon présente trois ou quatre couches alternatives de cellules prosen- chymateuses à parois épaisses et de cellules à parois minces; parmi celles-ci on en voit de larges, qui sont grillagées sur leurs ponetuations ovales, situées du côté des rayons médullaires et d'autres plus étroites, plus courtes, parenchymateuses. Le Dahlia n'a qu'un faisceau de prosenchyme à parois épaisses, puis, entre celui-ci et le cambium, un autre faisceau tout aussi gros de cellules entremélées, à parois minces, les unes étroites, les autres larges, grillagées. Le Cucurbita Pepo n’a pas de cellules prosenchymateuses à parois épaisses ; mais les cellules libériennes minces en sont plus déve- loppées, et elles forment non-seulement le faisceau ordinaire situé en dehors du cambium, mais encore un autre placé à la limite du bois et de la moelle, les deux composés d’un mélange irrégulier de cellules larges, grillagées, et de cellules étroites, allongées, parenchymateuses. Le liber des Coniferes se distingue par sa régularité. Chez les Cupressinées et les Taxinées ses cellules sont disposées très régulièrement en lignes rayonnantes et concentriques, d'où elles ont toutes une section quadrilatère. De quatre en quatre cercles concentriques, on en trouve un de cellules prosenchymateuses à parois épaisses, comprimées de dehors en dedans. Parmi les trois cercles interposés, le médian est formé de cellules plus larges que les autres, assez courtes, à cloisons horizontales, à fécule ; celui qui est plus en dehors est formé de cellules semblables pour la forme et la longueur à celles du prosenchyme, mais bien distinguées parce que leurs faces qui regardent les rayons médullaires ont une file de ponctuations finement Pointillées et ne contiennent pas de fécule. Chez les Pins on ne voit pas cet 694 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. arrangement régulier des cellules ; le prosenchyme épais ne se montre pas dans la portion interne du liber dont la masse est formée de quelques ran- gées de larges cellules parenchymateuses et de couches épaisses de cellules étroites, allongées, à parois minces, à section quadrilatère, marquées laté- ralement de ponctuations pointillées. Des faits précédents, il résulte d’abord que la structure du liber est plus complexe qu'on ne l’a dit jusqu'ici; en second lieu, que sa portion regardée comme la plus importante ou celle qui consiste en cellules prosenchyma- teuses, à parois épaisses, en est, au contraire, la moins essentielle, puisque souvent elle ne se forme que pendant la jeunesse du faisceau ou qu'elle manque même chez diverses plantes. Le mémoire de M. H. v. Mohl se termine par une discussion sur le tissu compris dans les faisceaux fibro-vasculaires des Monocotylédons qu'il avait nommé antérieurement vaisseaux propres, faute de meilleur nom, dans lequel la plupart des phytotomistes modernes ont vu le cambium de ces faisceaux et dans lequel il voit lui-même la partie la plus essentiellement caractéristique du liber. -Enfin le savant allemand présente quelques considérations sur la séve descendante, dont l'existence lui semble ne pouvoir pas être révoquée en doute, bien que plusieurs botanistes l’aient contestée ou niée, et il exprime l'opinion que celte séve doit descendre par les cellules libériennes à parois minces, particulièrement par celles qu'il qualifie de cellules grillagées. On the fonctions and structure of the Rostellum of Listera ovata (Sur les fonctions et la structure du rostelle du Listera ovata) ; par M. J.-D. Hooker (Philosoph. Transac., pour 1854, p, 259- 263, pl. I) (1). Le rostelle du Listera ovata est un corps large, émoussé, en forme de langue, qui termine la colonne et qui fait saillie en avant, au-dessous de l’anthère et au-dessus du stigmate. Peu après l'épanouissement de la fleur, il suffit de le toucher ou de l’irriter pour voir sortir aussitôt aux deux côtés de son extrémité deux masses blanches, visqueuses, confluentes, adhérant à la base des masses polliniques et qui d'ordinaire continuent aussi de tenir au sommet du rostelle lui-même. Dans la nature, un examen attentif montre que cette sécrétion glanduleuse assure la fécondation, €n dégageant les masses polliniques de la cavité de l’anthère, et les retenant sur le rostelle où elles se désagrégent, d'où les grains du pollen tombant sur les bords de celui-ci peuvent arriver au stigmate. Le labelle contribue aussi puissamment à l’accomplissement de ce phénomène, à cause de sā (4) Ce mémoire a été traduit dans les Annales des sciences naturelles, 4° série, Ill, 1855, p. 85-90, pl. I, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 695 situation et de la sécrétion sur sa ligne médiane d’un liquide visqueux qui retient les masses poiliniques lorsqu'une cause quelconque les détache avant la sortie des deux giandes du rostelle. La structure de ce rostelle est très curieuse et peut-être unique. Pendant tout le cours de son développement, elle ne subit pas de changement con- sidérable. A l’état parfait, il est un peu concave en dessus, avec la ligne médiane un peu saillante, les bords et le sommet faiblement relevés; sa sub- Stance est blanche, molle, demi-transparente; ses deux faces sont mar- quées de 30 à 40 stries délicates qui convergent vers le sommet, et qui, près de celui-ci, sont coupées transversalement par quelques lignes trans- versales. Après avoir émis son contenu visqueux, ce corps s'affaisse ; ses bords et son extrémité s’infléchissent, et les grains de pollen peuvent dès lors tomber sur le stigmate. Sur une section transversale, on reconnait qu'il est creusé dans toute son étendue de loges longitudinales qui correspondent en nombre aux stries de la surface, et que séparent des cloisons très fermes, mais très minces et transparentes. Sur des échantillons conservés depuis trois ans dans l'alcool, M. D. Hooker a reconnu que chacune de ces loges renfermait un corps en massue très allongée, de configuration analogue à celle de la loge elle-mème. Ces corps n'étaient que la sécrétion visqueuse du rostelle durcie, et leur base reposait sur le tissu cellulaire de la colonne elle-même. A l'état très jeune, ces corps présentent à leur surface des aréoles hexagonales qui indiquent leur origine celluleuse; plus tard, les parois de leurs cellules disparaissent, et leur substance tout entière prend une apparence uniforme. Sans nul doute, c’est la distension des loges du roStelle qui détermine leur évacuation par deux points situés au sommet de ce corps. H est difficile de décider si cette évacuation simultanée est un effet entièrement mécanique ou en partie vital. Peu après sa sortie, cette matière visqueuse durcit, rougit, et d'ordinaire s'attache fortement au Sommet du rostelle. L'iode se borne à le brunir légèrement. M. D. Hooker a cherché à reconnaitre si cette matière expulsée par le rostelle aidait à la fécondation. Mais il n'a jamais vu les boyaux polliniques pénétrer dans sa masse; jamais il ne l’a vue déterminer la sortie de ces boyaux sur les grains de pollen qu’il répandait à sa surface, tandis qu'il à vu ce même pollen répandu par lui sur le stigmate émettre abondamment ses boyaux. Aussi est-il porté à considérer le rostelle du Listera comme Un simple appendice du stigmate, analogue à ceux qu'on observe dans dif- férentes familles et qui facilitent plus ou moins l'accomplissement de la fécondation. D'un autre côté, il y a une analogie évidente entre ces glandes el celles qui, congénitalement, rattachent entre elles les masses polliniques de beaucoup de genres d'Orchidées, soit directement, soit par l'interme- diaire d'une caudicule. 696 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Beitraege zur Kenntniss der Radix Ratanhiæ (Notes pour servir à la connaissance de la racine de Ratanhia) ; par le docteur Schu- chardt. (Botan. Zeitung, n° 31, 3 août 1855, col. 537-544 et n° 32, 40 août 1855, col. 553-558 ; pl. VI.) L'arrivée sur le marché de Londres d’une sorte particulière de racine de Ratanhia importée sous le nom de Ratanhia de Savanilla, a déterminé M. Schuchardt à comparer ce nouveau médicament avec la racine de Ratanhia ordinaire du commerce. Cette comparaison lui a fourni le sujet de sa note. Les pharmacopées européennes, en général, autorisent uniquement l'emploi de la racine de Ratanhia fournie par le Krameria triandra; la pharmacopée française seule permet en outre l'emploi de la racine du Krameria Ixine. La première de ces deux racines porte dans le commerce le nom tout court de racine de Ratanhia; l'auteur la distingue par le nom de Ratanhia de Payta. La dernière est connue dans la droguerie française sous le nom de racine de Ratanhia des Antilles. Avec la racine de Ratanhia ordinaire on trouve aussi quelquefois des racines qui appartien- nent évidemment à une autre espèce du même genre. On attribue celles-ci aux Krameria linearis et argentea. Le Kr. triandra croit au Pérou et dans la Bolivie, sur le versant occidental des Cordillères, à une altitude moyenne. Son lieu d'expédition est Lima. Le Kr. Ixine ne se trouve pas seulement dans les Antilles, mais le commerce s’en fait presque exclusivement entre la Martinique, la Guadeloupe et les ports de France. Le port de Savanilla, d'où est venue la dernière sorte de Ratanhia, estsitué par 42° 2' de latit. N., dans la Nouvelle-Grenade. Il ne paraît pas que le A7. triandra se trouve dans ce pays, ce qui porte à croire que cette racine provient d’une plante différente ; cette présomption est devenue une certitude pour M. Schuchardt par suite de l'étude qu'il en a faite et qui a porté sur une masse de 90 kilo- grammes. Lorsqu'on examine de grandes quantités du Ratanhia de Payta et de celui de Savanilla, il est difficile de lesconfondre ; mais la distinction devient plus difficile lorsqu'on n'a sous les yeux que quelques morceaux de ce dernier; aussi M. Schuchardt croit-il devoir donner de cette nouvelle sorte une description détaillée qui permette de la distinguer sans difficulté. A l'extérieur, les racines du Ratanhia de Savanilla sont plus grèles, plus unies, plus régulièrement cylindriques et généralement plus courtes que celtes du Ratanhia de Payta. En raison de leur structure anatomique On peut aisément les briser sans que l'écorce s'en détache. Les morceaux qu'elles forment sont longs de 4 pouces à 10 tout au plus. Leur écorce pre” sente à sa surface des sillons longitudinaux ondulés, pas toujours bien parallèles, médiocrement profonds, réunis d'espace à autre par des cre- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 697 vasses transversales qui généralement font le tour de la racine, et qui sou- vent mettent le bois à nu. Cette écorce adhère fortement au bois, au point qu'elle tient toujours à celui-ci lorsqu'on le concasse, ce qui n’a pas lieu pour le Ratanhia de Payta. L’écorce de ce dernier a une cassure fibreuse ; celle du Ratanhia de Savanilla a une cassure presque unie. La première est difficile à pulvériser, tandis que la dernière peut être réduite sans difficulté en une poudre qui ressemble beaucoup à celle de la racine de Tormentille, et dont la couleur est mélangée de rouge-violet, tandis que la poudre de Ratanhia de Payta est mélangée de rouge-brun et de brun-cannelle. La structure de l'écorce des deux Ratanhia les distingue très bien. On compte aisément dans l’une et l'autre les 3 zones corticales, mais diffé- rentes d'épaisseur relative. Tandis que la couche interne est la plus épaisse dans la racine du Pérou, c'est la moyenne qui, dans le Ratanhia de Sava- nilla, acquiert une épaisseur presque égale à celle des deux autres zones réunies. A l'extérieur de celui-ci se trouve un épiderme de couleur claire, sans structure, qui très rarement est resté entier, et sous lequel se sont dis- posées uniformément des « couches cuticulaires» d'un brun foncé. Le bois du Ratanhia de Payta, sur des tranches minces humectées, se montre à la loupe d’un jaune clair pur traversé par des vaisseaux et des espaces inter- cellulaires, tandis que celui du Ratanhia de Savanilla est d'un jaune foncé avec des espaces intercellulaires d’un rouge foncé, rayonnants et de nom- breux faisceaux vasculaires assez régulièrement rayonnés. Dans l'écorce du Ratanhia de Savanilla, la zone externe consiste en un parenchyme à petites cellules assez régulièrement hexagonales , allongées dans le sens tangentiel, remplies d’une matière colorante brun-jaune foncé. La zone moyenne est formée d'un parenchyme à cellules courtes, hexago- nales, d'un jaune d’or, que traversent très souvent des espaces intercel- lulaires à contenu coloré en brun-rouge sombre; ces cellules renferment de la fécule incolore, dont les grains varient peu de grosseur. La zone interne est un parenchyme incolore, à cellules plus étroites et beaucoup plus lon- gues que celles de la zone moyenne, avec des méats intercellulaires beau- coup moins nombreux, remplis par une matière de la même couleur; elle est entremélée de quelques cellules de prosenchyme allongées, à parois épaisses, colorées en jaune vineux. Le Ratanhia de Payta ressemble au pré- cédent par l’épiderme et la zone corticale externe. Sa zone corticale moyenne est formée d'un parenchyme à cellules étroites, aplaties de dehors en dedans, remplies de fécule, vaguement hexagonales, que séparent des espaces étroits, pleins d’une matière jaune. Enfin, la zone interne est composée d'un paren- chyme de cellules étroites, incolores, très allongées, à parois assez épaisses, avec des méats pleins d’une matière d'un jaune foncé. | M. Schuchardt pense que le Ratanhia de Savanilla mérite d'être employé fréquemment dans la pharmacie et qu'il constitue un très bon médicament 698 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. malgré sa couleur grise et son apparence différente de celle du Ratanhia de Payta. Assimilation de l’azote par les plantes; par MM. Harting et J.-W. Gunning (Comptes rendus de l’Acad. des sciences, séance du 26 novembre 1855). Les résultats des expériences faites à ce sujet par ces auteurs, dont l'ex- posé détaillé leur a fourni le sujet d'un mémoire qu’ils ont présenté à l'Aca- démie royale des Pays-Bas, le 28 octobre 1854, sont résumés succincte- ment dans les trois propositions suivantes. 1° Les plantes absorbent, au moyen de leurs racines, les sels ammoniacaux et les nitrates qui se trouvent dans le sol. 2° L'azote de l'air contribue à la formation de ces sels dans le sol, et par conséquent indirectement à la nutrition des plantes. 3° Rien ne prouve jusqu'ici que l’azote de l'air, sous forme gazeuse, entre dans les plantes pour y être assimilé, et contribue ainsi directement à leur nutrition. Origine de l'azote des plantes ; par M. S. Cloez (Institut, du 5 décembre 1855, p. 117-418). Les expériences de M. Cloëz ont été communiquées à l’Académie des sciences le 26 novembre 1855, et à la Société philomathique le 4° décembre suivant. Dans la dernière de ces communications, ce chimiste ayant insisté davantage sur les conséquences qui en découlent, relativement aux plantes, c'est de celle-ci que nous présenterons un résumé suceinct, limité aux points qui ont un rapport direct avec la physiologie végétale. M. Cloëz pense que l'azote assimilé par les plantes doit provenir exclu- sivement des azotates qui existent ou qui peuvent se former dans le sol où elles végètent. Il est généralement reconnu que la présence des matières organiques azotées contribue puissamment à la production des azotates dans les nitrières artificielles; tout porte à croire que, dans le sol, ces matières se comportent comme dans les nitrières, et que leur azotate est transformé en acide azotique avant d’être absorbé par la plante. Les expériences de l’auteur ont prouvé qu'il peut se former de l'acide azotique ou un azotate par la combinaison directe de l'azote et de l’oxygène de l'air sous l'influence d'un sol alcalin ou calcaire d’une porosité convenable plus ou moins humide et en l'absence de toute substance azotée ou ammoniacale. Or, dit-il, les azotates sont la principale, sinon l'unique source de l'azote dans les plantes; les matières organiques azotées, l'ammoniaque ou les sels aminoniacaux n'agissent sur la végétation que parce qu'ils peuvent augmenter considéra- blement, dans un laps de temps relativement très court, la quantité d'azo- tate qui se ferait naturellement, mais avec lenteur, dans un sol meuble privé de ces matières. Il est aussi, ajoute-t-il, porté à croire que les sels REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 699 ammoniacaux sont nuisibles aux plantes toutes les fois que le sol ou le mi- lieu dans lequel ils se trouvent ne présente pas les conditions convenables à la nitrification. Ainsi il rapporte deux faits qui semblen! prouver que les plantes aquatiques peuvent succomber même à l'addition de 0,0001 d’un sel ammoniacal dans l’eau au milieu de laquelle elles végètent, ce sel ne pouvant, dans ce cas, être transformé en azotate et agissant dès lors sur ces végétaux à la manière d’un véritable poison. Abnorme Blatthildungen (Formations anormales de feuilles), par M. de Schlechtendal (Botan. Zeitung, n° 32, 40 août 1855, col. 558- 562). 1. La première de ces observations détachées est relative à un Prunier qui ne présentait pas le moindre vestige de vert, ni sur ses rameaux, ni sur ses feuilles. La couleur de ces parties était un blanc pur, sans toutefois que leur développement en eût été amoindri. Ce blanc était rehaussé par la colo- ration rouge rosé des dents marginales. 2. On sait que le Syringa persica, Lin., présente quelquefois des feuilles trilobées ou pinnatifides, surtout sur les rejets vigoureux. Un Syringa vulgaris, à fleur blanche, a présenté aussi à l’auteur des feuilles trilobées. Leurs lobes n'étaient pas toujours développés au même degré; souvent même ils étaient inégaux sur les deux moitiés d’une même feuille, et les latéraux étaient toujours beaucoup plus courts que le terminal. Les feuilles trilobées étaient disséminées parmi les feuilles normales. 3. Sur des Ormes plantés le long d'un cours d’eau et dont les jets sont dès lors très vigoureux, un grand nombre de feuilles ont présenté, à la base de leur moitié la plus courte une foliole tantôt fort petite, tantôt longue de 2 et même 3 pouces, toujours sessile, semblable à une petite feuille de l'espèce. h. Un rosier (probablement le Rosa canina) a multiplié ses pinnules de ma- nière analogue. Une foliole nouvelle, toujours beaucoup plus petite que la Pinnule proprement dite, se montrait près de la base du pétiolule de celle-ci, et lorsque deux pinnules opposées étaient pourvues chacune d’une pareille production, il en résultait presque l'apparence d’un demi-verticille. 5. Sur une feuille de Fraxinus excelsior très vigoureuse, tandis que d'un côté la première foliole se trouvait à 3 pouces 1/2 de la base, de l'autre 700 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. côté du pétiole la foliole correspondante était accompagnée d’une autre foliole plus petite sortant immédiatement sous elle ; après quoi les folioles suivantes étaient alternes et plus haut opposées. 6. D'un pied de Frêne, qui avait servi de sujet pour une greffe de Fraxinus Ornus, l'auteur a vu sortir des branches remarquables par le grand nombre de feuilles simples, qui lui faisait croire que ce sujet appartenait au Fraxinus heterophylla. 1. La soudure des cotylédons par un bord n'est pas un fait commun. M. de Schlechtendal ne l’a observée qu’une fois sur une germination d’un Cratæqus (probablement Cr. punctata). Il résultait de cette union que les deux cotylédons se trouvaient déjetés un peu obliquement vers un côté de la plantule et que la tigelle se dirigeait du côté opposé en formant une petite courbure. Les deux premières feuilles qui suivaient les cotylédons n'avaient pas de stipules, et celles-ci ne commençaient à se montrer qu'à partir de la troisième feuille. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Mémoire sur de nouveaux hybrides d’Orchis et de Serapias, par M. Ed. Timbäl-Lagrave (Mém. de l Acad. des sc. de Toulouse, pour 1855 ; tirage à part en broch. in-8° de 2 pag. et 1 pl. lith). Les hybrides dont la description compose ce mémoire sont nommés par l’auteur, l’un Serapias longipetalo-militaris , Vautre S. linguo-laxiflora. La fleur du premier est reproduite par la figure 4; celle du second est représentée sur les figures 2 et 3. Le Serapias longipetalo-militaris a été trouvé au vallon des Epargnes, près Pech-Auriol, dans le département du Tarn, en mai et juin. Le S. linguo-laxiflora a été trouvé dans le même vallon près de Roquecourbe (Tarn), par M. Larembergue. Nova Drabarum species, descripta a Joh. Em. Zettersted (Nya bota- niska Notiser pour 1854 ; tirage à part en broch. in-8° de 8 pages ; Stock- holm, 1854). Draba brachycarpa, Zett. Foliis caudiculorum viridibus obovatis acutius- culis ciliatis subtus stellulato-pubescentibus supra glabris, scapis nudis ve! unifoliis inferne stellulato-pubescentibus superne glabrescentibus, pedicellis glaberrimis, siliculis ovalibus stylo distincto terminatis. Cette espèce croit sur les rochers les plus élevés et les plus durs du mont Gederyggen, dans jes Alpes de Dovres, en mème temps que les Draba REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 701 Wahlenbergi et nivalis, auxquels elle est en quelque sorte intermédiaire. Elle s'éloigne de la première par ses feuilles un peu plus larges et plus courtes, opaques, Couvertes en dessous d'un duvet étoilé, bordées de cils beaucoup plus courts; par ses hampes revêtues, surtout dans le bas, d'un duvet étoilé ; par ses silicules plus courtes, plus régulières, terminées par un style manifestement plus long. Elle diffère du D. nivalis, Liljebl., par ses feuilles un peu aiguës, vertes, portant en dessous un duvet étoilé moins serré et moins court, ciliées, très glabres en dessus ; par ses hampes à duvet étoilé, plus épars mais plus long, par ses pédicelles très glabres, presque aussi longs que les silicules; enfin par ses silicules beaucoup plus courtes et arrondies aux deux bouts. La note de M. Zetterstedt se termine par une discussion de la valeur des caractères au moyen desquels on distingue les unes des autres les espèces du genre Draba. Taschenbuch der Flora von Bern (Manuel de la Flore de Berne ; tableau systématique des plantes phanérogames spontanées dans les environs de Berne et de celles qu'on y cultive généralement pour leurs usages économiques); par le docteur L. Fischer. 4 vol. in-18 de xx et 139 pag., avec une carte. Berne, 1855, chez Huber et C'e. Cette petite Flore a été rédigée de manière à former un volume à la fois petit et mince, facile à mettre à la poche et à justifier ainsi de tout point la qualification de Taschenbuch (livre de poche). Elle est écrite totalement en Allemand et disposée d’après les familles naturelles. Les caractères dis- tinctifs des familles, des genres et des espèces sont imprimés avec de nom- breuses abréviations qui diminuent beaucoup l'étendue du texte. Dans chaque famille se trouve un tableau synoptique et analytique destiné à conduire à la détermination des genres au moyen de leurs caracteres les plus essentiels, Pour les espèces l'auteur donne une courte diagnose, l’époque de la floraison, l'indication des stations et des localités. Pour la synonymie il renvoie au Synopsis de Koch. Cet ouvrage est celui dont il a adopté l'ordre systématique et la nomenclature. Il s'est aussi beaucoup servi de fa Flore du Jura de M. Godet, et de ia Flore d'Alsace de M. Kirschleger. Le nombre des espèces décrites dans ce petit ouvrage est de 963, dont 714 sont dicotylédones et 249 monocotylédones. Sur ce nombre 60 sont uni- quement cultivées ou quelquefois naturalisées. Pour faciliter la détermination des plantes signalées dans sa Flore, M. Fischer a placé en tête de son livre un tableau destiné à conduire aux familles et aux genres au moyen du système de Linne. Enfin, dans une Courte préface, il a présenté quelques détails sur les stations botaniques, sur les botanistes qui ont écrit au sujet des plantes de Berne, soit spéciale- ment, soit dans des ouvrages plus étendus, savoir : Haller, et après lui le 702 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. professeur Brunner, le pharmacien Guthnick, Haller fils, le docteur Schmidt de Hofwyl, MM. Seringe, Shuttleworth, Suter, et le docteur Trachsel, de Rueggisberg. La carte jointe à la Flore de Berne est extraite de celle du canton de Berne, par V. Weiss; elle est dressée à 1/230 000. Flora of the Colossæum of Rome (Flore du Colisée de Rome), par M. Richard Deakin. 1 in-18 de vin et 238 pages, 3 vues et 3 plan- ches coloriées. Peu de Flores ont eu pour objet une circonscription à la fois aussi res- treinte et aussi intéressante que celle qui a fourni le sujet du livre de M. Deakin. Malgré la faible étendue de l’espace sur lequel porte ce travail, le nombre des espèces qui y ont trouvé place est assez considérable pour causer de l'étonnement; en effet, il ne s'élève pas à moins de 420, qui appartien- nent à 253 genres et 66 familles. Mais il parait, et on le conçoit sans peine pour des plantes croissant sur des ruines et placées dès lors dans des condi- tions tout exceptionnelles, que ce nombre est sujet à d'importantes varia- tions; car lorsque Antonio Sebastiano publia, en 1815, un catalogue des plantes qu'il avait trouvées au Colisée, la Flore de ces ruines ne compre- nait que 261 espèces ; et cependant plusieurs de ces espèces ont disparu depuis cette époque sous l'influence de deux causes opposées, de dégrada- tions nouvelles et de restaurations. La Flore du Colisée de M. Deakin présente, après une préface peu étendue, deux tableaux analytiques conduisant l'un aux familles, l’autre aux genres. Dans celui-ci, l’ordre adopté est celui du système de Linné. Le corps de l'ouvrage est disposé d’après la méthode naturelle. Il est écrit entièrement en anglais. — Les espèces y sont accompagnées d'une courte phrase, de la citation de la Flora romana, de la Florigraphia britannica, toutes les fois qu'il y a lieu, et quelquefois d’un petit nombre de syno- nymes. Mais la partie qui occupe le plus de place dans l'ouvrage consiste en considérations sur chaque genre, sur son utilité, sur les espèces qui le composent, ete., considérations tout à fait en dehors de l'objet spécial de la Flore. Evidemment, M. Deakin a voulu faire un livre surtout pour les nombreux touristes qui, allant à Rome, ne peuvent manquer de visiter le Colisée. Néanmoins son relevé possède en même temps un certain intérêt botanique. Il conduit même à une conséquence assez curieuse, au point de vue de la géographie botanique ; car il montre qu'un grand nombre de plantes de stations diverses peuvent croitre parmi les pierres et sur des murs lorsque leurs graines y sont apportées par les vents, au point de jouer le rôle de plantes rudérales et murales, quoique de manière tout à fait accidentelle, Les plantes figurées dans les trois planches de la Flore du Colisée n'a- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 703 vaient aucun titre particulier à cette illustration, car ce sont 6 espèces parfaitement connues et déjà figurées ailleurs. En voici en effet les noms : Anemone hortensis, Asphodelus fistulosus, Cerinthe aspera, sur la première planche ; Capparis spinosa, 2° planche; Paliurus aculeatus, Ornithopus scorpioides, 3° planche. Sylloge Floræ europeæ, seu plantarum vascularium Europæ indigenarum Enumeratio, adjectis synonymis gravioribus et indicata singularum distributione geo- graphica; par M. Ch.-Fr. Nyman. 4 vol. gr. in-8° de xxıv et 442 pages. Oerebro, 1854-1855. Chez Lindh. Cet ouvrage est un catalogue des espèces indigènes de l'Europe dont la publication dans les ouvrages relatifs à la botanique descriptive ou dans ies journaux a eu lieu jusqu’à l'année 1853. Chaque espèce y est représentée par son nom, suivi de l’auteur et de l'ouvrage où se trouve la description originale, quelquefois du synonyme principal ou même rarement de plusieurs Synonymes. Ces indications sont accompagnées de celles des localité: où la plante se trouve. Le nombre total des espèces qui composent ce relevé est de 9738, parmi lesquelles on compte 8104 Dicotylédons, 1544 Monocotylé- dons et 90 Fougères. Le chiffre total des genres cités est de 4115, parmi lesquels on compte 883 genres de Dicotylédons, 206 de Monocotylédons et 26 de Fougères. L'ordre adopté est celui des familles naturelles, rangées d'après la méthode du prof. Fries, qui commence par les Dicotylédons monopétales et, parmi ceux-ci, par les Composées. Après une préface de deux pages, l’auteur donne l'explication des abréviations pour les noms des auteurs et des ouvrages ainsi que pour les pays. Il termine par une table alphabétique. Nous croyons devoir informer les lecteurs du Bulletin que des exem- plaires de cet ouvrage sont déposés chez M. Hogueron, naturaliste, rue de l’Arbalète, n° 7, à Paris, chez qui on peut les avoir à un prix inférieur à celui de la librairie. Synonyme der phanerogamen und cryptogamischen Gefacsspflanzen welehe in Deutschland und in der Schweiz wild wachsen (Synonymes des plantes vasculaires Phanérogames et cryptogames qui croissent spontanément en Allemagne et en Suisse) ; par M. H. Walpert. 4 vol. in-8 de 310 pages. Lissa, 1855; Chez Ernst Günther. Cet ouvrage est un Nomenclator botanicus pour la Flore d'Allemagne et ` de Suisse, écrit sur le plan du grand ouvrage que M. Steudel a consacré à la généralité des plantes connues. TI est imprimé sur deux colonnes et 70h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. disposé d'après l'ordre alphabétique, tant pour les genres dans l’ensemble du livre que pour les espèces dans chaque genre. La différence des carac- tères d'impression distingue les noms admis et les simples synonymes, ceux-ci étant imprimés en 2faliques, tandis que les premiers sont en carac- tères romains. A l'exemple de M. Steudel, l'auteur s'est contenté d'ajouter au nom de chaque plante l'indication de l’auteur sans celle de l'ouvrage où il a proposé ce nom. Sans doute cette lacune est moins regrettable dans un ouvrage consacré aux plantes d'un seul pays que dans celui qui traite de toutes les espèces connues; mais nous croyons cependant devoir la relever parce qu’il nous semble que l’usage, en parfaite harmonie sous ce rapport avec les besoins de la science, a fait à tous les botanistes une véritable loi de l'indication des ouvrages à côté des noms des auteurs. M. Walpert parait avoir mis un soin particulier à l'indication des variétés et de leurs syno- nymes, et, sous ce rapport encore, son livre sera certainement commode pour l'étude de la Flore de l'Allemagne et de la Suisse. Ueber einige neue Gattungen der Sapotaceæ, welche Getah pertjah liefern (Sur quelques nouveaux genres de Sapo- tacées qui produisent la Gutta percha); par M. J.-K. Hasskarl, inspecteur des plantations de Quinquina à Preanger, dans l'ile de Java. (Flora, n° 37, 7 octobre 4855, p. 577-579). En 1841, M. Hasskarl avait envoyé de la côte de Bantam un arbre qui produit de la gutta percha (la véritable orthographe est Getah pertjah) et que les indigènes nomment Karet mundieng, c'est-à-dire gomme de Buffle. Cultivé depuis cette époque dans le jardin de Buitenzorg, il y a fleuri après quatorze ans, et l'examen de sa fleur a fait reconnaître en lui un genre nou- veau de Sapotacée que la fétidité extrême de ses fleurs a fait nommer par l’auteur Aakosmanthus. Ce genre est intermédiaire entre le Payena Alph. DC. et le Bassia Koen. Son calice le rapproche du premier; sa corolle et ses étamines rappellent le second. Son espèce-type, le K. macrophyllus, Hassk., est un grand arbre à cime touffue, à grandes feuilles et dans lequel des faisceaux de pédoncules uniflores naissent des bourgeons axillaires des feuilles de l’année précédente déjà tombées. Un autre genre très voisin du premier produit une autre sorte de gutta- percha. On le nomme à Palembang Balam Tanduk. 1e mot Balam désigne à Sumatra toutes les sortes de gutta. Du reste Getah pertjah ne signifie pas autre chose que gomme de Sumatra, pertjah étant un des noms malais de cette ile. Les indigènes distinguent 4 sortes de Balam : 1° Balam tjabe, 2° B. trung, 3° B. sonte, et h° B. tanduk. La meilleure est la troisième: L'arbre qui produit le Balam tanduk est généralement respecté, parce que les essaims d’Abeilles s'y fixent très souvent, et qu'on préfère la cire au suc qu'il donnerait. On ne l'abat que lorsqu'il est vieux. L'usage est alors, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 705 comme pour tous les arbres dont on extrait la gutta percha, de couper au pied, d'enlever la tête et d’inciser tout le tronc; le suc qui coule par ces incisions est reçu dans des tuyaux de Bambou ou dans d'autres vases quel- conques. Les incisions faites à des arbres encore vivants ne laissent écouler que peu de suc. Cette seconde espèce d'arbre est le type d'un genre nouveau que M. Hasskarl nomme Æeratephorus, à cause de son fruit en forme de corne. C'est un grand et gros arbre commun dans les parties élevées de la province de Palembang, à Sumatra, que l’auteur nomme Æ. Leerii (Azaola Leerti, Teysm.et Bin.). A ce genre appartient encore le K. Wightii, Hassk., ({sonandra polyandra, Wight, Icones). Mémoire sur les familles des Ternstræmiacées et Ca- melliacées, par M. le professeur J.-D. Choisy (in-4 de 96 pages et 3 plauches gravées sur pierre. Genève, 1855. Extrait des Mém. de la Soc. de phys. et d'hist. natur. de Genève). Ce mémoire important comprend plusieurs chapitres distincts que nous résumerons successivement. I. Remarques générales. — A.-P. De Candolle, dans son Mémoire sur les Ternstræmiacées publié en 1822, réunit avec beaucoup de sagacité les genres de cette famille et en fit un ensemble très naturel, qu'il plaça près des Camelliées ou Théacées, en laissant celles-ci distinctes et séparées. Malheureusement, en 1824, dans le Prodromus, il ajouta à la premiere de ces familles les sections des Laplacées et Gordoniées et, à dater de ce mo- ment, une grande confusion s’introduisit dans cet ordre de plantes. En 1828, Cambessèdes, en étudiant les Guttifères et les Ternstræmiacées, ne pouvant subdiviser en sections ce dernier groupe rendu auparavant plus hétérogène encore par l’adjonction des Camelliées, se contenta d'énumérer les genres sans ordre méthodique. Plus récemment, plusieurs botanistes ont reconnu la diversité des types qu'on avait réunis à tort sous le nom de Ternstræmiacées, et aujourd'hui M. Choisy déclare qu'il faut y distinguer les Ternstræmiacées proprement dites, formées des trois premières sections du Prodromus, et les Camelliacées comprenant les autres sections avec la famille ancienne des Camelliacées. Le premier de ces groupes appartient aux Corolliflores et doit prendre place entre les Ebénacées et les Styracacées ; le second appartient aux thalamniflores et doit rester près des Guttifères, H. Des Ternstræmiacées et Visnéacées. — A. Les Ternstræmiacées proprement dites se composent des genres Ternstræmia, Cleyera, Adinan- dra, Eurya, Freziera, Lettsomia, Saurauja, Scapha, et avec doute des genres moins connus Vælkeria, Erythrochiton. Après en avoir exposé les Caractères, M. Choisy développe les motifs sur lesquels il s'appuie pour replacer cette famille parmi les Corolliflores. Ces motifs sont: la corolle Te JL. 47 706 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. décidément gamopétale, quoique assez profondément divisée, et une affinité marquée avec les Ebénacées et avec les Styracacées. L'auteur examine ensuite successivement les différents genres de la fa- mille en présentant leurs caractères, diverses observations, l’énumération des espèces nouvelles dont la découverte est postérieure aux travaux de A.-P. De Candolle, enfin l'indication des espèces qui doivent être exclues dé chaque genre. Il les rapporte aux deux sections suivantes : 4° loges oligospermes, graines pendantes (Zernstræmia, Cleyera) ; 2° loges poly- spermes, graines horizontales (tous les autres genres). B. Visnéacées. — Ces plantes, rapprochées évidemment des Ternstræ- mia par l’ensemble de l'organisation, l'apparence des feuilles, l’inflores- cence, distinctes d'un autre côté par leur ovaire demi-adhérent, qui devient un fruit presque entierement infère, sont placées par M. Choisy après les Ternstræmiacées à titre de famille secondaire, de manière à compléter la série suivante : Ebénacées, Ternstræmiacées (vraies), Visnéacées, Styra- cacées. Le groupe secondaire des Visnéacées est formé des deux genres Anneslea, Wall., et Visnea, Lin. fils, que l’auteur étudie en détail comme les précédents. Dans un appendice, M. Choisy s'occupe du genre Leucoxylum, Blume, dans lequel il reconnait une Ebénacée, même très voisine du genre Rospidios, Alp. DC. III. Des Camelliacées, [xonanthées et Pyrénariées. — Les Camelliacées renferment le genre Zaplacea, la tribu des Gordoniées, la famille des Ca- melliées du Prodromus, enfin le groupe nombreux des Bonnétiées. Ces plantes forment deux sections, les Camelliées et les Bonnétiées, tellement distinctes qu'on pourrait, dit M. Choisy, en constituer à toute rigueur, des familles différentes. Les Camelliées sont subdivisées en trois tribus : Stuartiées, Gordoniées et Théinées, et elles comprennent 9 genres que M. Choisy étudie d'après le même plan. A propos du genre Thea il présente des développements éten- dus et d’un grand intérêt sur les plantes qui fournissent les thés du com- merce, thé vert, thé noir et thé de l’Assam. Il pense que ces trois sortes de thés sont dues à une seule et même espèce principale, présentant seule- ment trois variétés. — Les Bonnétiées comprennent six genres, dont le dernier (Catostemma) leur est relié avec doute. Enfin, aux Camelliacées sont rattachées, comme familles secondaires, les Ixonanthées, formées de 3 genres, et les Pyrénariées, qui comprennent deux genres. Voici le tableau de la famille des Camelliacées et ses caractères dis- tinctifs. CameLcLiacées. Corolle à estivation imbriquée ou convolutive, rarement REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 707 peu distincte du calice. Fruits déhiscents. Graines souvent ailées. Cotylé- dons babituellement foliacés. Feuilles alternes. 4" section. CAMELLIÉES. — Corolle à estivation imbriquée; pétales fré- quemment unis à la base. Capsule s'ouvrant par le milieu des loges: valves portant ies cloisons à leur milieu. 17° tribu. Stuartiées. Ovules ascendants. Albumen peu abondant, Coty- lédons charnus. Stuartia; Malachodendron. 2° tribu. Gordoniées. Ovules pendants. Graines ailées. Albumen nut. Cotylédons foliacés. Gordonia ; Schima ; Polyspora ; Hæmocharis ; Laplacea. 3° tribu. Théinées. Capsule membraneuse. Graines non ailées. Albumen nul. Cotylédons charnus. Camellia; Thea. 2° section. BoNNÉTIÉES. — Corolle à estivation convolutive; pétales nulle- ment unis à la base.Capsules s`ouvrant par le bord des loges et le dédou- blement des cloisons; valves correspondant aux loges du fruit. Mahurea ; Bonnetia ; Archytæa; Kielmeyera; Caraipa; ? Catostemma. 4" fam. secondaire. IXoNANTHÉES. — Etamines et ovules en nombre défini. Feuilles alternes. Fleurs en corymbe ou en grappe. /x'onanthes ; Ochtocosmus ; Pentaphylaz. 2° fam. secondaire. PYRÉNARIÉES. — Ovules en nombre défini, Graines osseuses. Feuilles alternes. Fleurs axillaires solitaires. Pyrenaria ; Cal- pandria. A la suite de son mémoire, M. Choisy donne la liste des espèces de Ternstræmiacées et Camelliacées de Wallich, en présentant comparative- ment les noms du célèbre botaniste et ceux que ces plantes portent aujour- d'hui. Enfin, il consacre un paragraphe au tableau des étymologies des noms de genres. Sylloge generum specierumque Cryptogamarum quas in variis operibus descriptas iconibusque illustratas, nune ad diagnosim reductas, nonnullasque novas interjectas, ordine systematico disposuit J. F. Cam. Montagne, d.-m., etc., ete., 4 vol. in-8 de xxıv et 498 pages. Paris, chez J.-B, Baillière, 1856. Cet ouvrage important dont nous annonçons la publication toute récente résume commodément, dans les limites d'un seul volume in-octavo, les résultats de travaux assidus sur les végétaux cryptogames, poursuivis sang relâche pendant vingt-cinq ans. Dans ce long espace de temps, il est Peu d'ouvrages, tels que grandes flores, voyages autour du monde, etc., publiés en France, dans lesquels M. Montagne n'ait été chargé de rédiger la partie relative à la cryptogamie. En outre, diverses publications pério- diques, surtout les Annales des sciences naturelles, ont reçu de nombreuses 708 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. communications de notre savant et infatigable cryptogamiste. Le nombre des genres et des espèces décrits pour la première fois dans ces di- vers ouvrages a fini par devenir très considérable, et cependant il était extrêmement difficile d'en avoir connaissance, soit à cause de la mul- tiplicité des livres qui les renfermaient, soit aussi à cause du prix tou- jours élevé, et, par une conséquence naturelle, de la rareté de ces mêmes livres. M. Montagne a parfaitement senti que cette difficulté devait de- venir le plus souvent insurmontable et devait tourner au détriment de la science, en donnant naissance à une foule de doubles emplois. Aussi a-t-il eu l'heureuse idée de réunir en un seul volume tous ses travaux épars. La mise à exécution de cette idée a donné le Sylloge. Cet ouvrage, d'une uti- lité évidente pour tous les botanistes qui s'occupent de cryptogamie, n'est pourtant pas une simple réimpression dans un ordre méthodique, de des- criptions publiées ailleurs; car pour une pareille réimpression, dix volumes in-8 auraient à peine suffi. M. Montagne a mieux fait. En supprimant, pour diminuer l'étendue de sa publication, les descriptions complètes, il a caractérisé toutes ses espèces par une diagnose développée qui a été le ré- sultat d'une nouvelle élaboration. En outre, il a introduit dans son Sylloge un assez grand nombre (environ 200) d'espèces encore inédites, que dis- tingue un signe particulier, et pour lesquelles il a donné tous les détails nécessaires. Le nombre total des espèces cryptogames cellulaires dont le Sylloge présente les caractères est de 4684 et celui des genres nouveaux de 81, qui se distribuent de la manière suivante : 4° Mousses, 459 espèces ; 9 genres. — 2° Hépatiques, 158 espèces; 4 genres. — 3° Champignons «a. Hyméno- mycètes : 293 espèces; 3 genres. b. Discomycètes : 63 espèces; 3 genres. c. Pyrénomycètes : 355 espèces ; 13 genres. d. Gastéromycètes : 81 espèces; 10 genres. e. Haplomycètes : 62 espèces; 6 genres. — h° Lichens ou Aéro- phycées avec les Collémacées : 215 espèces ; 14 genres. — 5° Algues où Hydrophycées. a. Phycoïdées : 60 espèces ; 10 genres. b. Floridées : 139 es- pèces; h genres. ce. Zoosporées : 89 espèces; 5 genres. Dans la classification des différents groupes de Cryptogames cellulaires, M. Montagne a suivi : pour les Mousses, la méthode publiée par M. Hampe dans la Botanische Zeitung (1853, p. 297 et 321); pour les Hépatiques, l'ordre établi par M. Nees d’Esenbeck, dans son Synopsis; pour les Cham- pignons, la classification de M. Fries ; pour les Lichens, la méthode adoptée par lui-même dans son article LicHens du Dictionnaire universel d historre naturelle, méthode qui diffère peu de celle de M. Fries; enfin pour les Algues, la disposition méthodique développee per lui dans son important article PaycoLoGte du même dictionnaire, disposition qui consiste surtout en une combinaison des méthodes de MM, J. Agardh et Kützing- | Pour abréger son texte, M. Montagne s’est servi de nombreuses abre- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 709 viations qu'il explique au commencement de son livre. Il a enfin placé à la fiu de son ouvrage une table complète, dans laquelle des caractères diffé- rents font distinguer les groupes supérieurs, jusqu'aux tribus, les genres, les noms spécifiques admis et ceux qui ne sont cités qu'en synonymes. Algarum unicellularium genera nova et minus cognita, præmissis observationibus de Algis unicellularibus in genere; par M. Alex. Braun. 4 in-4° de 112 pages et 6 planches lithographices. Leipzig, 1855. Chez Guil. Engelmann. Ce nouvel et important ouvrage du célèbre professeur de Berlin est dédié à M. Charles Naegeli, professeur à Fribourg, qui a lui-même enrichi la science de belles observations sur les Algues inférieures. Dans une introduction de 18 pages, l'auteur discute différentes ques- tions. D'abord, l'existence de plantes unicellulaires a une grande impor- lance pour établir le premier degré de l'échelle végétale ascendante depuis les organismes inférieurs jusqu'aux supérieurs. M. Alex. Braun pose en principe qu'il existe un parallélisme exact entre les divisions primaires du règne végétal et les différents degrés d'évolution d’une plante considérée isolément. Le germe d'une plante naissante est un corps à peu près toujours identique extérieurement et intérieurement, comme on le voit, chez les Pha- nérogames, pour le sac embryonnaire se changeant plus tard en albumen, auquel correspond le proembrvon ou prothallium des Cryptogames vaseu- laires. De ces formations initiales provient, après la fécondation, une autre série végétale qui commence à l'embryon pour arriverà la fleur et finalement au fruit. Le règne végétal tout entier présente une pareille gradation. Dans les végétaux les plus simples on ne peut distinguer des organes ni extérieurs, ni intérieurs; les parties reproductrices se rattachent intimement aux parties végétatives; ce sont les Cryptogames inférieures, aphylles et cellulaires, nommées Protophytes ou Thallophytes. Au second degré se trouvent les Plantes à deux végétations successives, c'est-à-dire commençant par un prothallium aphylle et celluleux, sur lequel s'opère une fécondation qui en fait provenir une plante à tige, racines et feuilles, formée de cellules et de Vaisseaux. Celles-ci sont les Cryptogames supérieures ou Cormophytes. Plus haut arrivent les végétaux florifères ou Phanérogames ou Anthophytes qui, Comme les Cryptogames, offrent deux degrés d'évolution : le premier chez les Gymnospermes (Cycadées et Conifères), le second chez les Angiospermes, parmi lesquels la subdivision en Monocotylédons n'a, selon M. Al. Braun, qu'une importance secondaire, Au degré inferieur de la série végétale les Plantes unicellulaires, ou composées pendant toute leur vie d’une seule vési- cule, correspondent à la cellule initiale de toute plante, spore ou sac em- bryonnaire , et ensuite vésiculé embryonnaire. L'existence d'Algues à ce degré de simplicité avait été sighalée depuis longtemps; mais c'est 740 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Nægeli qui en a éclairé et étendu l’histoire en en caractérisant plusieurs genres nouveaux, Toutefois ces beaux travaux ont soulevé des doutes et l'on en est même venu jusqu’à nier l'existence d’Algues unicellulaires, ou à regarder les genres proposés comme le premier état de végétaux plus élevés. C'est le motif qui a déterminé M. Alex. Braun à s'occuper de ces êtres si simples. Il faut distinguer les Algues réellement unicellulaires, chez lesquelles le cycle vital tout entier s’accomplit par l’évolution continue d’une seule cellule, qui ne subit pas de division, qui ne donne pas de générations successives, qui sert enfin tour à tour de thalle, puis d'organe reproducteur, et celles qui sont faussement unicellulaires. Celles-ci sont formées de cellules solitaires ou réunies lâchement par de la gélatine, mais chez lesquelles ces cellules se divi- sent de manière à donner une série plus ou moins étendue de générations jus- qu'à ce que la production de gonidies ou de spores vienne terminer le cycle végétatif. De ce nombre sont beaucoup de genres appartenant aux Palmel- lacees, aux Desmidiacées, aux Diatomacées. On peut done distinguer chez ces Algues, comme chez celles qui sont multicellulaires , diverses généra- tions de ceilules. Il faut encore distinguer des Algues unicellulaires celles qui sont typique- ment bicellulaires, qui produisent deux cellules hétérogènes, l’une formant le thalle, l'autre l'organe reproducteur. Le plus souvent celles-ci passent à un type bicellulaire plus compliqué, leur cellule végétative ramifiée de diverses manières portant plusieurs cellules reproductrices. M. A. Braun ne connaît pas parmi les véritables Algues le type d'évolution tricellulaire. Quant aux Algues vraiment unicellulaires, on en connait encore peu de genres, quoiqu'il en existe une grande variété. Voici le relevé de ceux dont l'ouvrage de M. A. Braun renferme l'histoire développée, avec l'indication de leurs espèces, I. Copiocux (espèce unique : C. gregarium, Al. Braun, pl. T, fig. 4-47). — II. Hyprocytium (H. acuminatum , Al. Braun, pl. IL, a, fig. 4-20). — IIl. Cuaraciom, (1. Ch. Sieboldi, Al. Braun, pi. T, a, fig. 1-21; 2. Ch. angustum, Id.; pl. IT, B, fig. 4-6; 3. Ch. Nægelii, 1d.; L. Ch. strictum, Id., pi. V, A, fig. 4-15 ; 5. Ch. obtusum, 1d., pl. HI, x, fig. 4-9; 6. Ch. py- riforme, Id., pl. V, B, fig. 1-7: 7. Ch. acutum, Id., pl. V, c, fig. 1-8; 8. Ch. ornithocephalum, Id., pl. HE, c, fig. 4-11; 9. Ch. longipes, Rabenb., pl. V, D, fig. 1-44 ; 10. Ch. horizontale, Al. Braun, pl. V,E; 11. Ch. gibbum, Id., pl. Il, D, fig. 4-7;42. Ch. minutum, Id., pl. V, F, fig. 1-15; 13. Ch. su- bulatum, Id. , pl. V,G.).—IV.Scranium, (esp. uniq. : S. arbuscula, Al. Braun, pl. Il, 4, fig. 1-11).— V.Opniocyrium. (1. O. majus, Næg.; 2. O. cochleares ÆEichw.; 3. O. parvulum, Perty).—VI. Hyoronicryon. Ce genre est l'objet d'une étude approfondie aux points de vue historique , morphologique et physiologique, et à celui de la place qui lui appartient (esp. uniq. : H. utri- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 714 culatum, Roth.). — VII. Penrasrrum. Ce genre est traité par M. Al. Braun avec autant de soin et encore plus de développements que le précédent, Ses 18 espèces décrites sont rapportées à 4 sections : A. Monactinium (1. P. sim- plex, Meyen; 2. P. ovatum, Ehrenb.; 3. P. triangulum, Ehrenb.) B. Ano- mopedium, Næg. (4. P. integrum, Næg.). C. Diactinium (5. P. muticum, Kütz.; 6. P. vagum, īd.; 7. P. selenæa, Id.; 8. P. angulosum, Ehrenb., pl. VI, fig. 26; 9? forcipatum, Corda; 10. P. Boryanum, Turpin, pl. II. 8, fig. 1-7; 11? P. bidentulum, Al. Braun; 12? P. constrictum, Hassall; 143. P. gracile, Al. Br.; 14. P. pertusum, Kütz., pl. VI, fig. 15-25). D. Tetractinium (45. P. Ehrenbergii, Al. Br., pl. V, B, fig. 4-4; 16? P. cau- datum, Al. Br.; 47? P. tetraodon, Id.; 48. P. Rotula, Ehrenb., pl. VI, fig. 4-44). . Daus un addenda, l’auteur ajoute 4 espèces aux précédentes, savoir : un Characium qu'il nomme Pringsheimii et 2 Sciadium qui portent à 3 le nombre des espèces de ce genre. Le nouveau travail de M. Al. Braun est rempli de faits et d'observations dont il serait impossible de présenter ici même une simple indication, sans dépasser les limites entre lesquelles sont forcément circonserits les articles de cette Revue. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Études sur la géographie botanique de Europe, et en particulier sur la végétation du plateau central de la France: par M. Henri Lecoq (gr. in-8, Paris, cliez J.-B. Baillière, vol. II, 1854, 510 pages et une planche coloriée). Le premier volume de cet important ouvrage a été analysé dans le Bul- letin de la Société botanique de France (1, p. 98-100); nous nous propo- Sons maintenant d'indiquer les sujets traités dans les trois volumes qui ont été publiés depuis cette époque; mais comme l'indication pure et simple de ces sujets fournirait la matière d'un très long article, nous la subdivi- serons, tout en l’abrégeant, à regret, autant que cela nous sera possible. Le second volume termine d’abord une étude commencée à la fin du Premier par un chapitre consacré à la végétation de la région aquatique. Après une liste générale des plantes de cette région, M. Lecoq étudie suc- cessivement les associations qu’on observe dans les eaux courantes, dans les eaux stagnantes, enfin dans les sources minérales et dans les marais salés. Le tableau détaillé de ces diverses associations est resume par une liste des espèces qui constituent chacune d'elles. Le chapitre XVII est re- latif à Ja classification des espèces relativement à l'action chimique du sol. L'auteur admet que les deux actions physique et chimique du sol ont à la fois de l'importance pour les plantes, mais dans des proportions diverses, la pre 712 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mière servant uniquement à les fixer, tandis que la seconde contribue à les nourrir. II admet 4 divisions du sol au point de vue chimique : le sol cal- caire, le sol siliceux, le sol aqueux et ie sol salifère. Il rapporte ensuite à ces divisions les données pratiques qu'il a puisées dans une étude d'environ 2000 espèces spontanées sur le plateau central de la France, prolongée pendant plus de vingt-cinq ans. Ces données sont résumées dans les listes suivantes : 1° espèces éliminées comme cultivées, murales, parasites, rares, ou comme indifférentes à la nature chimique du sol ; 2° espèces qui pré- fèrent les sols : a. calcaires, b. siliceux ou feldspathiques, c. les eaux non salées et les terres humides, d. les terrains salifères. Le chapitre XVIII a pour objet le sol considéré au point de vue de sa composition physique. M. Lecoq déclare avoir éprouvé de grandes difficultés pour grouper ses plantes selon l’état physique du sol, sans égard à la composition chimique. Il accorde dès lors beaucoup moins d'importance à cet état physique que ne l’a fait M. Thurmann dans sa Phytostatique du Jura. Après quelques développements par lesquels il expose ses idées à ce sujet, il donne les listes suivantes : 4° espèces éliminées pour des causes diverses ; 2° plantes des sols rocheux ; 3° des sols rocailleux; 4° des sols graveleux; 5° des sols sablonneux ; 6° des sols détritiques ; 7° des sois marneux. Les titres des six dernières listes indiquent assez les divisions qu’il admet dans le sol en raison de son état physique. Dans le chapitre XIX sont exposées des considé- rations générales sur le sol. Ces considérations complètent les deux chapitres précédents ; elles conduisent l’auteur à regarder comme les principaux fac- teurs de la dispersion des espèces: le climat, puis, à climat égal, les propriétés mécaniques et chimiques des roches sous-jacentes. Le chapitre XX est con- sacré à un tableau de la végétation du midi de l'Espagne, d’après les ren- seignements fournis par le bel ouvrage de M. Boissier. Le XXI° renferme un aperçu analogue de la végétation de la Laponie. Le XXII* a pour sujet les proportions relatives des groupes naturels des végétaux, comparés à l’ensemble des flores du plateau central de la France, du midi de l'Espagne et de la Laponie. L'auteur y expose, au moyen de nombreux tableaux, la dispersion et la proportion des familles ; il compare ensuite le nombre des espèces à l'étendue de la contrée et au nombre des genres ; enfin il examine la diffusion géographique des espèces dans les trois contrées dont il s'agit, et il compare les différences d'organisation des espèces avec leur puissance expansive. Dans le chapitre XXII, M. Lecoq s'occupe du sol considéré dans ses rapports avec l’eau. La conséquence principale qui résulte de cette étude est que l'eau constitue une véritable puissance pour le règne végétal, et que si de nos jours encore elle a conservé tant d'importance, elle a joué autrefois un rôle bien plus remarquable encore. Il étudie ensuite la proportion de la dispersion des végétaux aquatiques. Les principaux faits qui ressortent de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. RER ses tableaux sont : que les plantes aquatiques prédominent dans le milieu de l'Europe, ou de 45 à.65 degrés de latitude; que la proportion des aqua- tiques monocotylédones dépasse presque toujours de plus des deux tiers celle des aquatiques dicotylédones. Dans l'ordre géologique, les plantes aquatiques, la plupart monocotylédones, ont précédé les plantes terrestres et les espèces dicotylédones, regardées comme plus"parfaites; mais peu à peu et jusqu’à notre époque celles-ci sont devenues de plus en plus prédo- minantes. Entin les Dicotylédons aquatiques se montrent à peu près iden- tiques dans toute l’Europe, tandis que les Monocotylédons aquatiques pré- sentent beaucoup plus de variété d’une flore à l’autre. L'altitudeet les zones de végétation forment le sujet du XXIVe chapitre. Un premier paragraphe est consacré aux écarts en altitude et à leurs causes, qui sont les fluctua- tions de la température, l’eau liquide et congelée, l’accidentation du sol. Un deuxième paragraphe a pour objet l’étude des zones de végétation et de leur ordre de superposition. L'auteur trace d’abord la ligne des neiges per- pétuelles, qu'il regarde comme une question d’udométrie, d'évaporation, et par suite de température ou de vents régnants. Il distingue, du haut vers le bas : 4° la zone des neiges persistantes; 2° la zone nivale, occupée par les espèces les plus montagnardes ; 3° la zone a/pine, comprenant les pâturages élevés, la plupart des herbes des montagnes et quelques arbustes et arbris- seaux ; 4° la zone subalpine, où se montrent les arbres verts et résineux ; 5° la zone montagneuse, caractérisée surtout par les arbres feuillus. Il exa- mine ensuite ces différentes régions successivement dans les principales montagnes de l'Europe. Un troisième paragraphe est relatif aux caractères que présente la végétation des montagnes et à la proportion des familles en altitude, Un quatrième paragraphe montre l'analogie qui existe entre l'alti- tude et la latitude, ainsi que la proportion relative des genres et des espèces, Enfin un cinquième et sixième paragraphes mettent en relief des modifica- tions produites sur les plantes par l'altitude et les limites extrêmes de l'al- titude, Nous nous contenterons d'indiquer les titres des deux chapitres qui terminent le deuxième volume. Chapitre XXV. Phénomènes de durée et de persistance. De l'individualité dans les êtres vivants. Chapitre XX VI. Phé- nomènes de durée et de permanence. Du groupement des individus. Coup d'œil sur l’ensemble des végétaux ligneux, ou les arbres et les forêts, Les développements d'un haut intérêt que renferment ces denx chapitres ne pourraient être résumés de manière à rentrer dans le cadre forcément restreint des analyses du Bulletin. 744 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE APPLIQUÉE. On the value of the different kinds of prepared vege- table Food (Sur la valeur des différentes sortes de nourriture végé- tale préparée) ; par M. John Dean (Proceedings of the American Academy of arts and sciences; vol. III, p. 109). L'auteur nous apprend qu’il a fait son travail dans le but de déterminer la valeur nutritive de diverses sortes d’aliments végétaux féculents qui se trouvent sur les marchés des États-Unis. Cette valeur nutritive a été déter- minée d’après la quantité d'azote que contiennent ces substances. Nous extrairons de son mémoire les tableaux qui en résument les résultats défi- nitifs, en les limitant aux substances végétales qui jouent un rôle plus ou moins important dans notre propre alimentation. Ce sont les suivantes : 1° le Tapioca est extrait de la racine du Manihot. Pour le préparer, on lave les racines, on les réduit en pulpe qu’on soumet à une forte pression, de manière à en faire sortir presque tout le suc vénéneux. On achève d'ex- pulser ce principe vénéneux, qui est volatil, en soumettant la pulpe à l’action de la chaleur sur des plaques métalliques posées sur le feu. Ainsi préparée, la pulpe est dure et friable; elle se brise facilement en morceaux que l'on fait sécher au soleil. Dans cet état, on la nomme Cassave. On la purifie en la traitant par l’eau et filtrant ensuite. On fait bouillir le liquide en l’agitant continuellement. A mesure que l’eau se vaporise, la matière épaissit ; finalement, elle se granule, et l'on n’a plus qu’à la sécher à l'étuve. On imite assez bien le tapioca en traitant d’une manière analogue la fécule de pomme de terre. — 2° L’ Arrow-root est une fécule très pure qu'on extrait des tubercules des Maranta arundinacea et indica. Son extraction, fort simple, du reste, exige la plus grande propreté. — 3° Le Sagou est la fécule extraite du tissu cellulaire qui abonde dans la tige de plusieurs palmiers , notamment Sagus Rumphii, Caryota urens, Borassus Gomato, plusieurs Corypha, Mauritia, et, dit-on, de quelques Cycadées. On fend la tige dans sa longueur, on en retire la masse féculente qu’on lave sur des tamis; on épure ensuite la fécule en la lavant dans des cuves. Pour la granuler, on la fait passer de force à travers des cribles fins, de manière à recevoir les petits grumeaux aussitôt après leur passage, sur une plaque métallique chauffée. La chaleur gonfle fortement la fécule et amène la formation des masses irrégulièrement arrondies qui constituent le sagou du commerce. Le caractère de cette substance est de se gonfler dans l’eau bouillante ou dans le bouillon, en formant de petites masses translucides, gélatineuses, cohérentes, bien distinctes,{et non des globules glutineux. — 4° La Pomme de terre préparée examinée par M. J. Dean était finement divisée, puis séchée. Il n’a pu obtenir le moindre détail sur la préparation qu'elle avait REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 745 subie, — 5° La farine granulée des États-Unis se prépare avec le Maïs et le Froment; elle est en grains arrondis, analogues d'aspect à ceux du sagou, mais plus petits. L'auteur n’a pu rien apprendre sur la fabrication de cette substance. I. Résultats derniers des analyses. Azote. Carbone. Hydrogène. Oxygène, Soufre. Cendres. Tapioca . . . . . e... 0,10 43,70 6,49 51,76 0,01 0,12 ArrowW-ro0t. o.oo... 0,14 43,35 6,40 50,9 0,01 0,21 Sagou . . ... eue 048 43,58 6,31 50,148 0,01 0,19 Farine de Froment. . . . 0,18 44,04 6,53 51,85 0,02 0,53 Farine de Riz . .. . . . 1,28 43,75 6,33 47,83 0,13 0,49 Macaroni. . . .. e... 1,55 .45,64 6,58 49,29 0,16 0,98 Pommes de terre préparées 1,65 43,144 6,09 Al,148 0,16 4,00 Farine de Maïs granulée. 2,12 413,66 6,54 47,61 0,21 0,51 II. Tableau des matières composantes azotées. MATIÈRES COMPOSANTES AZOTÉES Tapioca. . . . . . . . +. 0,62 0,53 13,32 ATTOW-r00t. « « « + + + . 0,89 0,73 16,51 Sagol ne oeoo 0,85 0,72 12,83 Farine de Froment. . . . . 4,15 1,02 11,28 Farine de Riz. ., . ees.. 8,23 7,08 14,01 Macaroni. . . .. esse 9,96 9,04 9,90 Pommes de terre préparées. 41,11 9,98 10,07 Farine de Maïs granulée , . 13,61 12,21 10,30 III. Tableau des quantités de fécule. Après dessiccation à 100° C. A l’état frais. TFapioca.. ... soeso 97,57 84,85 AITOW-TO0t , «eee + 96,44 80,68 Sagol. so. 97,04 84,61 Farine de Froment . . ... 97,69 87,01 Farine de Riz. . . . + « « « 88,48 76,06 Macaroni . .. ee 90,65 82,04 Pommes de terre préparées . 82,93 74,60 Farine de Maïs granulée. . . 81,76 73,39 IV. Tableau des équivalents ou des poids nécessaires pour la production d'un effet nutritif égal, rapportés à l'arrow-root pris pour 100. Après dessiccativn à 100° C. A l'état frais. Tapioca. . . . «+ + «+ + 143,9 157,7 AFFOW-TOOt s ee + 100,0 100,0 Sagou. . . . « sou. 107,2 101,4 Farine de Froment . . . . 77,4 72,1 Farine de Riz. .. es... 10,8 10,3 Macaroni . . ecese 8,9 8,1 Pommes de terre préparées . 8,0 7,3 Farine de Maïs granulée. . . 6,5 5,9 716 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On voit que les substances qui figurent sur ces tableaux peuvent être divisées en deux classes, d'après leur contenu en azote : la première classe contenant les 4 premières, la seconde classe les 4 dernières. Celles-ci sont beaucoup plus nutritives que les premières: ainsi la farine de Maïs gra- nulée est 16 fois plus nutritive que l’arrow-root, 23 fois plus que le tapioca. Elles contiennent aussi, le riz excepté, moins d'ean que les premières. La Pomme de terre, desséchée à 100 degrés centigrades, donne plus de 4 fois autant de cendres que les autres substances. Les cendres de la farine de Maïs granulée sont principalement compo- sées d’alcalis. Toutes les cendres contiennent du fer. MÉLANGES. Sur le cocotier des Séchelles (Lodoicea Sechellarum, Labill.) ; par M. Joh. Nietner (Gartenflora, cah. de novembre 1855, d'après les Verhandlungen der Vereines zur Bef. des Gartenb. in den Pr. Staaten, Lhe livr.). Le nom vulgaire de Coco de mer a été donné au fruit du Lodoicea, parce qu’on n’a connu longtemps ce fruit que rejeté par la mer, et qu'on en était dès lors venu à supposer qu'il était produit par uv arbre sous-marin croissant entre Java et Sumatra. En réalité, ce Palmier, uon-seulement n’a rien de marin, mais encore il ne végète pas sur les plages de l'Océan et ne prospère que dans les bonnes terres des vallées. Il n’est spontané que dans les trois iles Praslin, Curieuse et île Ronde. Son accroissement est très lent, et les plus grands individus, qui mesurent jusqu'à 30 mètres de hau- teur, doivent être âgés d'environ trois cents ans. Son fruit, lorsqu'il tombe sur la terre, émet une production qui s'enfonce verticalement jusqu'à 65 centimètres ou un mètre, qui s’épaissitinférieurement et qui se termine par un renflement oblong duquel partent les radicelles vers le bas, et, vers le haut, la première feuille. La gaine de cette première feuille se trouve en terre. Lorsque la jeune tige s'est formée, les jeunes feuilles se montrent enveloppées d'un revêtement comme plumeux, d'un brun clair, qu'on emploie pour remplir des coussins. Les plus grandes feuilles se trouvent sur les arbres jeunes; elles ont jusqu’à 5 mètres de longueur, Sans compter le pétiole, et elles portent jusqu’à 97 folioles. A peu près tous les neuf mois, il en parait une nouvelle, qui est d’abord verte, et qui est plus tard prul- neuse. Vers trente ans, l'arbre produit son premier régime, qui sort exacte- ment au-dessous d’un pétiole. TI ne donne chaque année qu'une inflores- cence simple, longue de 66 centimètres à 1 mètre. Les régimes, tant måles que femelles (l'arbre est dioïque), restent en fleur chacun pendant 10 à 12 ans, et le fruit exige, de son côté, 7 ou 8 ans pour mürir. Après 3 ou 4 ans, il a REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 717 déjà toute sa grosseur, mais il est encore si mou, qu'on le coupe aisément au couteau et qu'on le mange dans cet état. On assure que l’albumen de la graine müre est très venéneux. Ce coco ne germe pas s'il est couvert de terre ou s’il est complétement exposé au soleil. Son poids, au moment où il a toute sa grosseur et où on le mange, s'élève, assure-t-on, jusqu'à 30 kilo- grammes; mais, à partir de ce moment jusqu'à sa complète maturité, il perd 5 ou 6 kilogrammes. Un arbre n’en porte jamais plus de 3 à 7. Le tronc de ce Palmier est très dur et durable: il se fend facilement. On l’emploie pour des conduites d'eau. Ses feuilles servent pour couvrir les huttes ; elles durent 8-10 ans. Lorsqu'elles sont jeunes, elles servent à faire des paniers et des chapeaux. Le coco lui-même sert à faire toute espèce de vases pour le menage ; on en envoie même dans l'Inde pour cet objet. Le lait de ce coco est encore plus agréable à boire que celui du coco ordinaire, NOUVELLES. D'après le Bonplandia, la grande et utile publication des Annales, de Walpers, est sur le point d'avoir un continuateur. M. Carl Müller, bota- niste berlinois, connu surtout par une dissertation sur les Élæocarpées (Berlin, 1849), qui joint à son mérite et à son érudition comme botaniste les connaissances linguistiques nécessaires pour un travail de releve général, se propose de reprendre cette publication interrompue par la mort malheu- reuse de son auteur, et dont toutes les personnes qui s'occupent de bota- nique ont pu apprécier par elles-mêmes l'immense utilité. Déjà M. Müller s'occupe des préliminaires de ce vaste travail, pour l'exécution duquel il ne faut rien moins qu’une abnégation complète de soi-même et un dévouement absolu à la science. Seulement, pour que la nouvelle publication de ces Annales atteigne au plus haut degré possible d'utilité, il faut que tous les auteurs de mémoires ou d'ouvrages sur la botanique descriptive aident à la compléter en communiquant à M. Carl Müller les écrits dans lesquels ils Consignent journellement des descriptions de plantes nouvelles, surtout lorsque ces écrits sont publiés, et l'on pourrait presque dire perdus dans des recueils périodiques locaux ou peu répandus, dont il est extrêmement difficile d'avoir même connaissance. C'est done avec empressement que le Bulletin de la Société botanique de France se fait à cet égard l'écho du Bonplandia en répétant son appel. — Le docteur Barth, l'intrépide et savant explorateur de l'Afrique cen- trale, est de retour à Hambourg depuis le 4‘ octobre 1855. Il s'occupe déjà, conjointement avec le docteur Petermann, de Gotha, géographe de la reine d'Angleterre, de la publication de son voyage dans des contrées qui n'avaient jamais été parcourues jusqu'à lui par un Européen. C'est même au docteur Petermann que seront dues les nombreuses cartes qui accompa- 748 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gneront cet important ouvrage. Sans doute la botanique n'occupera dans le livre de M. Barth qu’une place secondaire; mais il est impossible que le savant auteur ne donne pas au moins un tableau de la végétation des contrées inhospitalières et totalement inconnues qu'il a parcourues le premier au prix de fatigues immenses et malgré des dangers sans nombre. Dès lors son livre intéressera vivement les botanistes. Nous rappellerons que le docteur Barth a étendu ses explorations sur une immense étendue de pays compris dans le centre de l’ Afrique; tandis que les voyageurs qui l'avaient précédé, comme Mungo Park et autres, avaient parcouru au plus 600 milles d'Allemagne, le célèbre voyageur allemand n’en a pas exploré moins de 3000, et il a ainsi, dans ces contrées, laissé bien loin derrière lui tous ses devaneiers. — On écrit de Copenhague au Bonplandia (n° du 15 novembre, p. 319) que M. Liebmann va publier proehainement une monographie des Chênes du Mexique, accompagnée de l'illustration d'environ cent espèces. D'après le même correspondant de ce journal, M. Oersted a maintenant terminé son travail sur les Gesnéracées de l Amérique centrale, et celui qu’il vient de faire sur les Orchidées et les Palmiers est déjà sous presse. M. Johann Lange, autre botaniste danois, qui a passé quelque temps à Paris lorsqu'il se pré- parait à son voyage en Espagne, est maintenant occupé à classer et décrire les plantes qu’il a recueillies pendant son exploration de la Péninsule. Enfin M. Diedrichsen, qui a fait en qualité de médecin un voyage autour du monde à bord de la Galatée, travaille depuis quelque temps à revoir les plantes de Guinée de Thonning, récoltées par Schumacher. — La Botanische Zeitung, du 28 décembre dernier, annonce que M. Hugo von Mohl s'occupe en ce moment de la rédaction d'un manuel d'anatomie et physiologie végétales. La première moitié de cet ouvrage paraîtra probablement vers Pâques. Les botanistes ne sauraient trop Sè féliciter de voir ce botaniste éminent exposer dans un livre élémentaire l’état actuel de deux branches de la science qui ont été l’objet principal des études de toute sa vie, et sur les progrès desquelles ses travaux ont exercé la plus puissante influence. — Les Actes de l’Académie royale des sciences de Stockholm pour l'an- née 4852, publiés en 1854, renferment un important Mémoire de feu Wallman sur les Characées, la première monographie complète de cette curieuse famille qui ait paru jusqu'à ce jour. Les caractères génériques et les diagnoses spécifiques y sont écrits en latin; mais l’auteur, pour tout le reste, a employé sa langue maternelle, qui est malheureusement peu connue des botanistes du continent. Une édition nouvelle, où le latin serait con- servé et le suédois littéralement traduit en français, pouvait seule mettre à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 719 la portée de notre public cette œuvre si longtemps et si vainement désirée jus- qu'ici. Un Finlandais, c’est-à-dire un Suédois de langue et d’origine, qui ha- bite depuis quelques années parmi nous, le docteur W. Nylander, célèbre lichenographe et entomologiste distingué, vient d'accomplir cette tâche, à la demande de la Société linnéenne de Bordeaux et dans l'intérêt de ses Actes, où le travail de feu Wallman est dès ce moment inséré. Cent exemplaires ont été tirés à part au profit du traducteur, et ce sont les seuls qu'il soit possible de se procurer en dehors des Actes de la Société linnéenne de Bordeaux. L'édition est déja écoulée pour plus de la moitié. Quelques exemplaires restent en- core disponibles. On les trouvera, au prix de 3 francs l'exemplaire, au domicile de M. Nylander, rue des Mathurins Saint-Jacques, 6, à Paris. BIBLIOGRAPHIE. Novorum Actorum AcademiæCæsareæ Leopoldino-Caro- linæ naturæ curiosorum tomus XXV, seu decadis tertiæ tomus V, in-4 de civ et 528 pages, avec 16 planches. — Breslau et Bonn, 1855. Le volume de cette importante collection qui vient de paraître renferme les Mémoires suivants relatifs à la botanique. H. R. Gœppert. — Beitraege zur Kenntniss der Dracæneen (Notes pour aider à la connaissance des Dracénées), p. 41-59, avec trois grandes planches in-folio représentant : la 4"° le Dracæna Draco, Linn.; la 2° le Dracæna Boerhaaviti, Tenore; la 3° le Cordyline Fontanesiana, Plane. D' €C. F. W. Jessen. — Ueber die Lebensdauer der Gewaechse (Sur la durée de la vie des végétaux). Mémoire couronné à l'occasion du concours où- vert par le prince Anatole de Demidoff. Pag. 61-248. D: Hermann Itzigsohn. — Skizzen zu einer Lebensgeschichte des Hepalo- siphon Braunii (Esquisse d’une histoire de la vie de l'Æapalosiphon Braunii), p. 249-297, pl. VI-VIĦ. | D Ferdin, Cohn. — Empusa Muscæ und die Krankheit der Stubenfliegen (E mpusa Muscæ et la maladie des Mouches d'appartement ; note relative à la connaissance des épidémies caractérisées par des Champignons para- sites), p. - 1. IX-XI. W. T ar Ganba Das Spreitekorn im Parallelismus mit dem Pol- lenkorn (Le stomate en parallèle avec le grain de pollen), p. 361-447, pl. XII-XIII. | | N. B. Pour rendre intelligible aux lecteurs du Bulletin le titre du Mémoire de M. Guembel, nous traduisons par stomate le mot Spreitekorn que ce botaniste substitue à tous ceux dont on a fait usage jusqu à ce jour Pour désigner ces petits appareils, à Cause de l'opinion qu'il professe à ce sujet. ` 720 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Archiv des Vereins der Freunde der Naturgeschichte in Meklenburg (Archives de l'Union des amis de l'histoire natu- relle dans le Mecklenbourg, éditées par M. Ernst Boll). Neubrandenburg. 8° cahier, publié en 1854. In-8 de 189 pages. K. Wästnei. — Die Lebermoose Meklenburgs (Les Hépatiques du Mecklenbourg), p. 49-62. Dr G. Flemming. — Ueber die Lebenswaerme der Pflanzen (Sur la chaleur vitale des plantes), p. 98-104. G. Boll. — Zur Geschichte des Buchweizens (Pour l’histoire du Sarrasin), p. 136-137. C. Griewank. — Botanische Mittheilungen (Communications botaniques : 4° Sur quelques plantes rares du Mecklenbourg, p. 178-185. — 2° Sur les Senecio nemorensis et saracenicus), p. 185-188. 9° cahier, publié en 1855. In-8 de 198 pages. D: B. Fiedler. — Uebersicht der Pilze Mecklenburgs (Liste des Champi- gnons du Mecklembourg), p. 12-29. H. J. Tode. — Beitrag zur mecklenburgischen Pilzflora (Note sur la Flore mycologique du Mecklembourg), lettre adressée à H. G. Flærke, p. 30-39. D": A. Brückner. — Beobachtungen über die Farbenveraenderungen in der Substanz einiger Hutpilze (Observations sur les changements de cou- leur qui s’opèrent dans la substance de quelques Champignons à chapeau), p. 40-49. Ofversigt af kongl. Vetenskaps- Akademiens Forhand- lingar (Résumé des Mémoires de l’Académie royale des sciences de Stockholm). x1° année, 1858. In-8 de 364 pages. Stockholm, 1855. Voici le relevé des travaux relatifs à la botanique contenus dans ce volume : Agardh (J.-G.). — Om monocotyledonernas Stam (Sur la tige des Mono- cotylédons), p. 21-46. Agardh (J.-G.). — Nya Algformer (Algues nouvelles), p. 107-111. Fries. — Tva nya Skandinaviska vaxter (deux nouvelles plantes scandi- naves), p. 255. Fries. — Forsta supplementhaftel till Flora danica (Premier supplément à la Flora danica), p. 43-46. Mosander, ref. Ville. — Recherches sur la végétation, p. 344. Wickstrom. — Pleurospermum austriacum,etc., p. h6. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœænefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 novembre, dont la rédaction est adoptée. Dons faits à la Société : 1° Par M. Germain de Saint-Pierre : Histoire rconographique des anomalies de l'organisation dans le règne végétal, in-folio avce planches, Paris, 1855, 47° livraison. 2 De la part de M. Aug. Le Jolis, de Cherbourg : Examen des espèces confondues sous le nom de Laminaria digitata, et quelques observations sur le genre Laminaria, Cherbourg, 1855. 3 De la part de M. H. Zollinger, de Zurich : Systematisches Verzeichniss der im Indischen Archipel in den Jahren 4842-1848 gesammelten Pflanzen, Zurich, 1854-1855, livraisons là 3. h° De la part de M. Victor Besse : De la Pomme de terre ; ses usages, sa maladie, ses succédanées ; thèse de pharmacie, Paris, 4855. 5° En échange du Bulletin de la Societe : L'Institut, novembre et décembre 1855, trois numéros. M. de Schœnefeld donne lecture de la lettre suivante, qui lui a ete adressée par M. Grenier : MONSIEUR LE SECRÉTAIRF, Besancon, 5 novembre 1855, Dans mes recherches sur la formation du bulbe du Ranunculus bulbosus, insérées dans le Bulletin de la Société (t. 1, p. 369), j ai eru pouvoir con- T. Il, h8 722 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. clure de l'article publié par M. Clos, en 1849, dans les Annales des sciences naturelles, que le renflement du R. bulbosus se faisait, selon cet habile observateur, aux dépens du collet de la plante. Cette interprétation doit être regardée comme non avenue, attendu que M. Clos, ainsi qu'il vient de me l'écrire, n’a point développé dans cet article sa manière de voir sur la formation spéciale de ce renflement bulbiforme. Veuillez, je vous prie, donner place le plus tôt que vous pourrez (4) à cette petite rectification que réclame impérieusement la vérite. J'ai l'honneur, ete., CH. GRENIER, Professeur à la Faculté des sciences de Besançon. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : NOTE SUR QUELQUES ANOMALIES VÉGÉTALES, par M. KIRSCHLEGER. (Strasbourg, novembre 1855.) Pendant l'automne de 1855, j'ai observé quelques anomalies fort cu- rieuses. Ainsi un grand nombre de Cytisus Laburnum présentaient, aux environs de Strasbourg, en août et septembre, des pousses de l'année très allongées, pendantes, terminées par une très longue inflorescence, dont les fleurs étaient parfaitement semblables à celles que produisent en mai les boutons d'inflorescence latéraux. J'ai vu le même fait sur un Salix cinerea, dont les branches feuillées de l'année se terminaient par un long épi mâle (je ne dis pas chaton, puisqu'il n'était pas articulé, et par conséquent non caduc). C'est là un cas de prolepsis évident. Les branches feuillées indé- terminées, au lieu de continuer cette évolution foliifère indéfinie, et au lieu d'être définies par un bourgeon terminal (ibernacle), produisent, dès l'année actuelle, des fleurs qui n'auraient dû se développer que l'année suivante à l'aisselle des feuilles tombées aux approches de l'hiver, J'ai vu ce même fait sur les Ronces, et notamment sur le Rubus tomentosus ; mais avec des sépales foliiformes, c'est-à-dire semblables aux feuilles supé- rieures. Je suis convaincu que cette anomalie proleptique automnale peut se produire sur toutes les pousses feuillées, destinées à ne développer habi- tuellement des fleurs (ou une inflorescence) à Vaisselle de leurs feuilles qu'au printemps suivant. Je n'ai pas trouvé ces faits (assez communs d'ailleurs) mentionnés dans la T'ératologie de M. Moquin-Tandon, et pour le moment je n'ai que très peu delivres scientifiques à ma disposition ; pour- tant je ne trouve rien de semblable consigné ni dans l'Organographie ni dans la Physiologie de De Candolle, ni dans la Morphologie d'Aug. de Saint- (4) Cette lettre west parvenue au secrétariat qu'après la dernière séance o SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 723 Hilaire, ni dans les ouvrages de MM. Schleiden, Unger et Endlicher; je ne dispose pas en ce moment des livres de MM. Schacht et Wigand, sur les plantes arborescentes. Je prie done mes confrères de m'excuser si je ne puis en ce moment leur exposer l'opinion de ces auteurs à cet égard. Je m'ai nullement la prétention de dire quelque chose de nouveau, mais seulement d'exposer des faits anormaux, qui m'ont frappé cette année par leur fré- quence. Un autre ordre de faits nous a été présenté par la recrudescence autom- nale de laxe des grappes ou épis de diverses plantes, après la maturation des fruits de la première floraison. Ce phénomène est habituel chez les Wetro- sideros, les Ananas, les Eucomis; nous l'avons trouvé admirablement reproduit cette année sur le Cheiranthus Cheiri ; la première floraison avait eu lieu en mai; mais bien loin de s'épuiser, comme cela a lieu habituelle- ment, laxe à pris un nouvel essor et il a produit d'abord une rosette de feuilles semblables aux feuilles caulinaires ; le 5 octobre 1855, ces axes s'étaient allongés, et à l’aisselle de leurs feuilles naquirent des rameaux, et plus haut des fleurs habituelles ; seulement les feuilles calicinales étaient semblables aux feuilles de végétation, mais plus petites. J'avais déjà signalé ce fait en 1844 sur un Plantago lanceolata ; mais, sur cette plante, l'ano- malie avait été beaucoup moins frappante que sur le Cheiranthus Cheiri. Ces sortes de faits anormaux ont été déjà examinés par De Candolle (Org., I, 400). Mais l'auteur ne parle que des cônes de Sapin, chez lesquels cette anomalie est très commune. C’est une sorte de diaphyse d'inflorescence in- déterminée. — M. Moquin n'a pas de chapitre spécial pour cette anomalie ; nous trouvons dans le mémoire de M. Al. Braun (Die Verjüngung, p. 60) un chapitre spécial sur l'inflorescence de l'Ananas, des Melaleuca. Les Gra- minées vivipares (Poa bulbosa, ete.) présentent un fait tout à fait sem- .blable, M. Braun ne cite que le Plantago lanceolata sur lequel il ait re- marqué ce fait à l'état anomal ; mais il est beaucoup plus répandu qu'on ne le dit dans les livres. Parmi les faits tératologiques curieux, j'ai encore observé un Silene inflata, à antholyse complète : sepales membraneux entièrement libres ; pétales semblables à ces sépales; 3 à 10 carpelles libres plus ou moins cohé- rents par la suture ventrale, à ovules dégénérés en petits bourgeons. — J'ai trouvé aussi un Drosera longifolia à feuilles gemmipares. J'ai observé le fait de feuilles gemmipares, comme un fait habituel sur le Nymphæa cœrulea, cultivé dans l'aquarium du jardin botanique de Strasbourg, mais seulement sur les feuilles qui commençaient à se décomposer ou à pourrir, M. Decaisne fait remarquer que la seconde floraison du Cytisus Laburnum est un fait moins rare que ne parait le penser M. Kir- schleger. Une variété de cet arbre, que les jardiniers appellent Cytise 72h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. remontant, fleurit normalement deux fois par an. Une autre variete présente le même phénomène, d’une manière moins constante, mais cependant assez fréquente, surtout dans les années sèches. M. de Schæœnefeld rappelle que les Marronniers d'Inde refleurissent en automne presque tous les ans au jardin du Luxembourg. Dans une année de grande sécheresse, il en a vu qui étaient en pleine fleur avant le 1° septembre, sans doute sous l'influence de la seconde séve, dite séve d'août. REMARQUES SUR LA PRÉFLORAISON, par M. D. CLOS. {Toulouse, 7 décembre 4855.) Les caractères tirés de la préfloraison n’ont guère été mis en usage qu'à partir du commencement de ce sièele, et leur importance s'est accrue en proportion des progrès de la science. Tous les auteurs s'accordent à admettre et à définir de la même manière les préfloraisons valvaire, tordue et quinconciale ; mais il n'en est plus ainsi à propos de l’estivation émbriquée : la plupart d'entre eux désignent sous ce nom une disposition spirale dans laquelle les parties se recouvrent à la ma- nière des tuiles d’un toit; mais tandis que les uns (A. Richard et Adr. de Jussieu) citent pour exemple le calice aux nombreux sépales du Camellia, d’autres (MM. Le Maout et Alph. De Candolle) n'appliquent ce mot qu'aux verticilles pentamères, et ce dernier botaniste réserve le nom d'imbricative pour la préfloraison spirale à plusieurs verticilles. Aug. de Saint-Hilaire considère autrement l’estivation imbriquée, car elle a lieu pour lui quand chaque partie embrasse de ses bords ceux de la partie plus intérieure (Mor- phol., p. 3h43). Par cela même qu’il a une signification assez vague, ce mot de préflorai- son imbriquée a été employé par plusieurs phytographes modernes pour désigner toute estivation qui n’est ni valvaire ni tordue. Cependant, à une époque déjà ancienne, M. Ad. Brongniart avait fait très judicieusement observer combien la préfloraison quinconciale de De Candolle diffère de la préfloraison imbriquée, les parties du calice ou de la corolle ne form ant qu'un seul tour dans celle-ci, en formant près de deux dans celle-là (1). Mais néanmoins des botanistes descripteurs d'un haut mérite n'ont tenu aucun compte de cette distinction. Ouvrez le Genera plantarum à Endlicher, et vous trouverez qu'il assigne l’estivation imbriquée : 1° aux sépales des Géraniacées, des Hypéricinées, des Renoneulacées (à l'exception des Clé- matidées), qui lont quinconciale ; 2° à l’ensemble des verticilles binaires ou ternaires des Berbéridées ; 3° au calice à trois pièces de plusieurs Chlé- (1) Voy, Annales des sciences naturelles, å"! série, t. XXII, p. 228 et suiv. SÉANCE DU J4 DÉCEMBRE 1855. 725 pacées (Leptolæna, Schisolæna, ete.); et 4° chez les Clusiacées et les Ternstræmiacées aux calices à cinq sépales (C'hrysopia, Moronobea), comme à ceux qui en ont plus (Clusia, Arrudea, Camellia) où moins (Garcinia, Hebradendron, Mesua). L'exce:lent Afas de Botanique de M. Le Maout donne lieu à la même remarque : on y voit rapportées à la préfloraison imbriquée celle des calices chez les trois premières familles citées ci-dessus, alors que les diagrammes figurés par l'auteur indiquent la quincouciale, celle des Fumariacées à calice disépale, celle des Xex et des Crucilëres à calice tétramère, celle des Nymphéacées, des Berbéridées, des Érables, des Résédacées, MM. Cos- son et Germain appellent aussi imbriquée la préfloraison des Géraniacées, des Hypéricinées, des Violariées (Flore des environs de Partis). Enfin deux de nos maitres à jamais regrettés ont cédé aussi à l'usage : Adr, de Jussieu subdivise deux des trois divisions primaires qu'il établit parmi les Polypétales hypogynes à placentation axile en deux groupes, sui- vant que le calice a la préfloraison valsaire ou imbriquée, comprenant sous cette dernière dénomination à la fois les estivations imbriquée et quin- conciale (Ælém., tableau X). Ach. Richard suit à peu près cet exemple (Elém., T° édit., p. 833 et Précis, p. 25h), tout en déclarant que là préflo- raison n'a peut-être pas encore été assez étudiée (Elém., p. 589). Et cepen- dant ces deux savants, ainsi que M. Le Maout, ont parfaitement distingué dans la partie théorique de leurs ouvrages l'estivation imbriquée de lesti- valion quinconciale. Pourquoi done ce désaccord entre la botanique orga- nographique et la phytographie, entre la théorie et la pratique ? La vérité ne doit-elle pas être la même d'un côté comme de l'autre? Quelques auteurs modernes, et en particulier MM. Alph. De Candolle et Decaisne, dans leur collaboration au Prodromus regni vegetabilis, ont fait sa part à la préflo- aison quinconciale : il nous semble qu'il convient désormais d'adopter cette distinction, et nous regrettons de ne pas l'avoir fait nous-même dans nos travaux descriptifs. MM. Adr. de Jussieu et Le Maout s'accordent à reconnaitre l'analogie entre les préfloraisons valvaire et tordue d'une part, imbriquée et quincon- ciale de l’autre : le dernier botaniste rapporte même les deux premières à un verticille vrai, les secondes à une spirale surbaissée : mais la preflorai- son tordue dérive autant de la spirale que l'imbriquée, et il y a même beaucoup plus d'analogie entre elles, où les pièces sont en un seul tour, qu'entre l'une d'elles et la quinconciale, où les parties forment près de deux tours de spire. Enfin nous proposons de revenir à l'opinion de MM. De Can- dolle, et de distinguer outre les préfloraisons va/vaire, tordue, tmbriquée, Quinconciale, Vestivation imbricative où, comme dans l'imbriquée, les Pièces sont placees comme les tuiles d'un toit, mais au nombre de plus de cinq et désignant par conséquent dans la grande majorité des cas, plu- 726 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, sieurs verticilles. tandis que le mot d’imbriquée ne s'applique qu'à un seul. Ne faudrait-il pas créer un nom spécial pour la préfloraison des verti- cilles à quatre pièces, dont deux sont extérieures et deux intérieures? OBSERVATIONS SUR LA VÉGETATION DES ÉPILOBES , ET DESCRIPTION DE QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES, CRITIQUES OU HYBRIDES DE CE GENRE, par M. EUGÈNE MICHALET. (Dôle, 12 décembre 1855.) Il y à peu de genres sur lesquels on ait autant écrit dans ces derniers temps que sur le genre £pilobium (1). On peut dire cependant qu'il est un des moins bien connus, et un de ceux dont les individus sont le plus mal nommés dans les herbiers, quelquefois mème après avoir été déterminés par les auteurs qui ont travaillé sur ces matériaux. Mais il faut convenir aussi que, outre la difficulté du genre, ces plantes ne sont presque jamais récol- tées convenablement, ni surtout munies de leurs parties souterraines. Les organes qui servent à la végétation et à la continuation de la plante, sont considérés maintenant et avec raison comme des plus importants dans les Épilobes. Malgré le détail dans lequel sont entrés là-dessus quelques botanistes, ces organes sont encore, pour plusieurs espèces, imparfaitement décrits. Je communiquerai sur ce point des observations à la Société. La plupart des Epilobes sont rangés parmi les plantes vivaces, mais il faut distinguer deux degrés de durée, et par suite deux modes très divers de végétation. Ainsi, chez les Épilobes qui composent la section Chamæne- rion, on observe un axe permanent, longuement rampant dans l' Æ. spica- tum, vertical où seulement incliné dans les E. Dodonæi et Fleischeri, et sur lequel naissent les turions. Dans ce mode de vegétation qui est celui, par exemple, des £uphorbia Esula et verrucosa les jeunes pousses sont dépour- vues de racines adventives et tellement unies à l'axe qui les porte, qu'à moins de les enlever avec une portion de cet axe qui soit munie de racines, elles périssent presque infailliblement, Au contraire, dans les espèces de la section Zysimachion (2), l'individu se perpétue, il est vrai, mais le bourgeon (1) Voici l'indication de quelques-uns des principaux travaux sur les Epilobium. Soyer-Willemet, Observations sur quelques plantes de France (1828), p. 60-66. — Grisebach, Ueber einige kritische Epilobien. Bot. Zeit. (1852), p. 849-855: — F. Schultz, Archives de Flore (1855), p. 40-58, et dans les Mémoires de lå Société Pollichia (1855), p. 24-29. Voyez aussi des notices et observations de MM. Fries, Irmisch, C.-A. Meyer, Wenderoth, etc., soit dans leurs ouvrages passim, soit dans divers journaux €t recueils de botanique, et l'Iconographie de Reichenbach. (2) Excepté probablement VE. anagallidifolium Lamk, et quelques espèces antarctiques, telles que les E. linnæoides, microphyllum, confertum, ete. Parmi les SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 727 qui doit servir a ce but commence de bonne heure à vivre d'une vie propre; des racines naissent de ses entre-nœuds inférieurs presque aussitôt qu'il est formé, de sorte que dès l'automne, et au printemps pour les plus tardifs, la plante-mère ne fournit plus aucune subsistance au jeune rejeton qui s'en détache ordinairement, tandis qu’elle-mèême a cessé de végcter et se détruit, La végétation de la Pomme de terre n'est en définitive pas différente (1). M. Grisebach dit, dans sa notice sur quelques Épilobes critiques, que l'E, hirsutum a un axe souterrain, persistant, ce qui le rapproche de l'E. spicatum Lamk (angustifolium L.) qui produit un rhizome. Je n'ai point vu la chose de cette manière. A l'extrémité d'un stolon très gros et très charnu, les entre-nœuds se raccourcissent ; un bourgeon grossit, puis se développe en tige, et c'est de Vaisselle des écailles de ce bourgeon que naissent d’abord les racines adyentives, puis plus tard les stolons qui don- neront la plante de l’année suivante; après quoi l'ancienne se détruit. L'E. hirsutum se comporte donc comme les autres espèces de sa section. Je dirai plus ; je n'aperçois aucune difference essentielle, quant à la végétation, entre cette espèce et les Æ. asinefolium et Duriæi. Chez ceux-ci, en effet, ilse développe pareillement, à l'extrémité du stolon, un bourgeon bulbi- forme, sphérique ou ovoide, dont les écailles d’abord imbriquées subsistent Souvent encore, mais desséchées et un peu écartées, à l'époque de la flo- raison. Cela se remarque bien dans l'E. Duriœi. Comparons maintenant les stolons de ces deux espèces à ceux de VE. palustre, aussi terminés par un bourgeon qui offre, à la vérité, une particularité remarquable, mais dans la structure de ses écailles, non dans la sienne propre (2); on verra que les premiers sont d’une nature plus échantillons du premier que j'ai récoltés dans le Jura, il s’en trouve sur lesquels j'observe des portions de souche remontant à quatre ans ; d’autres souches âgées de deux et 1rois ans portent encore des racines bien vivantes. Remarquons cependant que dans les régions les plus froides, la décomposition des végétaux ne se fait que fort lentement. (1) T est bon de noter que dans presque tous les Épilobes de cette section, la Plante fleurit ia première année, et alors la racine est conformée différemment selon qu’il s'agit d’une première où d’une seconde floraison. Ainsi les espèces dési- gnées comme ayant une souche rampante ont commencé par avoir une souche verticale, Cette remarque est commune du reste à une infinité de plantes. J'ajouterai que dans cet article j'entends n’atlacher aucun sens rigoureux au mots de stolon, bourgeon. rosette, rameau radical, etc., que j'emploie selon la commodité de la phrase et de la façon qui me semble la plus intelligible, que l'organe qu'ils désignent soit souterrain ou ne le soit pas. Mais je réserve l’expres- Sion de turion pour les plantes à axe permanent. (2) Ce fait, déjà signalé en 1847 par M. lrmisch dans le Bot. Zeit., est presque inconnu des botanistes français, car les roseltes bulbiformes de PE. palustre ne 728 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ferme, plus consistante, subsistent dans presque toute leur longueur, et que même les rudiments de bourgeons, placés aux aisselles des feuilles ou écailles inférieures, peuvent se développer l'été suivant; tandis que dans l'E. palustre, le stolon étant capillaire et surtout plongé continuellement dans la vase ou la mousse humide, se détruit très vite par sa partie infé- rieure, Mais je ne puis trouver d'autre différence que cette vitalité un peu inégalement répartie dans les diverses portions du rejeton. Que maintenant ce rameau souterrain se raccourcisse, que ses entre-nœuds inférieurs cessent de s'allonger, nous aurons la végétation de l'Æ. gemmascens Meyer, puis celle de P’ Æ. trigonum. Or, il est bien évident que les dimensions des organes ne suffisent pas pour créer autre chose que des différences spécifiques. Tant qu'ils conservent la même position les uns vis-à-vis des autres, que le rôle d'aucune de leurs parties n’est changé ni interverti, on ne pourra baser sur les formes diverses qu'ils revêtent que des divisions purement artificielles, Faute d’avoir suivi davantage le développement des organes qu'il voulait classer, M. Grisebach a méconnu ces affinités, et a établi des sous-sections qui ne me semblent nullement fondées dans la nature. Disons que ces affi- nités ne se bornent pas aux espèces signalées plus haut. En effet, les bour- geons presque bulbiformes de VÆ. trigonum nous mènent à ceux de PE. montanum, et de là à l'E. roseum dont les rosettes à feuilles tantôt épaisses, tantôt amincies, formeront le passage aux rosettes à feuilles déli- cates des Æ. parviflorum, lanceolatum, tetragonum ; puis les entre-nœuds recommençant à s'allonger, on aura les stolons écailleux à la base, feuilles au sommet, de l'Æ'. obscurum, qui marquent le retour aux espèces dont nous avons parlé d’abord. Afin de montrer que ceci n’est point de la pure théorie, mais qu'il n'y a effectivement rien de tranché dans ces diverses manières d'être, je signa- lerai quelques modifications remarquables, et dont quelques-unes peuvent être en quelque sorte produites à volonté. L'E. montanum, par exemple, a souvent des stolons qui rappellent tout à fait ceux de l E. hirsutum. J'en ai recueilli qui avaient plus de 6 centimètres de longueur, et n'étaient pas plus gros qu'une plume de corbeau, tandis que, dans le même lieu, d’autres pieds portaient de larges rosettes de feuilles coriaces et dressées. Les nœuds inférieurs des rosettes de lÆ. parviflorum sont souvent aussi distants que dans l’ Æ. obscurum. Chez celui-ci les stolons sont très variables, soit dans sont décrites par aucun d'eux, et manquent généralement dans les herbiers. Je crois utile de le mentionner ici. Ces rosettes se montrent en automne et atteignent promptement une grosseur qui contraste singulièrement avec l'exiguilé des rameaux qui les portent. Elles sont formées d’écailles charnues, très imbriquées, ovales, Un peu mucronées, et extrèémement convexes. La face interne est, au contraire, très concave, el l’épiderme au lieu d’être adhérent au parenchyme, est tendu au-dessus de cette cavité, comme l’est une peau sur un tambour. SÉANCE DU ÅÅ DÉCEMBRE 1855. 729 l’époque de leur apparition, soit dans la forme et la consistance des feuilles, tantôt réduites à des écailles, tantôt toutes développées. J'ai vu dans un des bassins du jardin du Muséum, lÆ. hirsutum muni de stolons dépassant un demi-mètre , et qui à tous les nœuds portaient une paire de feuilles longues de 3 à 4 centimètres. On peut, en déchaussant le pied de la tige, où au contraire, en y amassant de la terre, en transportant la plante d'un lieu humide dans un lieu sec et réciproquement, reproduire la plupart de ces modifications, et beaucoup d’autres pour lesquelles je n'ai pas encore fait d'essais suffisants. ° Je n'entreprendrai pas de définir ici les espèces critiques du genre £pi- lobium ; à la rigueur elles le sont toutes, et on peut leur appliquer ce que Linné disait des Roses : Species Rosarum difficillime limitibus circumseri- buntur et forte natura vix eos posuit (Sp. plant., p. 705). Je parlerai cepen- dant de quelques-unes, en attendant que je puisse essayer une monographie complète. Il y a bien de la confusion dans les espèces connues sous les noms de : tetragonum L., obscurum Schreb., virgatum Fries, chordorrhizum Fries et Griseb., Lamyi F. Schultz, adnatum Griseb. Ce dernier auteur a adopté pour l'E. tetragonum L. une synonymie déjà critiquée (1) et que je ne puis non plus admettre. Le nom d'E. adnatum doit done ètre supprimé. Celui de virgatum Fries, Noy. devra l'être aussi, puisque l’auteur lui-même a donné sous ce nom, dans son Herb. norm., comme le fait justement observer M. Grisebach, une plante autre que celle qu'il a d’abord décrite. Mais il y avait une raison plus décisive de rejeter entièrement le nom de virgatum, c'est que Lamarck, dans son Dictionnaire encyclopédique, a déjà, dès 1786, donné ce nom à une plante qu'il dit cultivée au Jardin du roi, mais que je n'ai pu reconnaitre avec certitude. Quant à VE. virgatum de toutes les Flores de France, c'est VÆ. obscurum Schreb. L'E. flaccidum Brotero FE. lus. est aussi, d'après un échantillon de l'herbier du Muséum, ce même E. obscurum. | Le nom de chordorrhizum, proposé par Fries dans le Summa, représente donc aujourd’hui, selon M. Grisebach, celui de virgatum des Novitiæ, mais seulement pro parte. Je ne crois pas que cette plante ait éte déjà signalée en France ; mais j'ai observé dans les prés tourbeux de Pleurre, pres Dôle, un Ébpilobe hybride des Æ. palustre et obscurum (E. palustri- obscurum W im- mer, Schultz), qui ne parait pas être autre chose que l'espèce de Fries. Ayant suivi cette plante dans ses développements, je pourrai la faire mieux connaitre. Les stolons ressemblent d'abord tout à fait à ceux de l'Æ° vbscu- rum, ils persistent dans presque toute leur longueur, de sorte que la tige qui en provient est rampante à la base; mais les feuilles restent bien plus (4) Schultz, Archives de Flore, p. 49-52. 730 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. petites ; elles sont ovales ou même orbiculaires, d'un beau vert, épaisses mais non charnues ni surtout concaves comme les écailles de P'E. palustre, munies d'une petite nervure, et ce qui est remarquable, les entre-nœuds sont presque tous égaux, de sorte que ces stolons ne se terminent pas comme ceux des parents par une rosette de feuilles ou écailles rapprochées. Au moins est-ce l’état dans lequel je les ai recueillis au mois de novembre, après une recherche minutieuse dans un marécage spongieux. Les feuilles, la tige, le port sont intermédiaires, Les graines tiennent à la fois de l'E. pa- lustre et de l'E. obscurum, car elles ont ordinairement la forme de celles du premier, mais elles sont papilleuses, et, comme l'a bien vu M. Wimmer, elles sont tantôt munies d’un petit callus rudimentaire, sur lequel s'adapte l'aigrette, ainsi que cela se voit dans l'£. palustre, tantôt parfaitement arrondies au sommet. Ces ressemblances avec les graines des parents, que j'ai observées dans tous les hybrides d'Épilobes, sont avec l'avortement constant de la majeure partie des ovaires, souvent de tous, l'indice le moins douteux de l'hybridité. Je regarde comme bien distincts les Æ. tetragonum L. et obscurum Schreb., quoique leurs différences soient souvent peu tranchées, et qu'au commence- ment de la floraison on ait de la peine à les reconnaitre. Aux caractères déjà connus on peut, je crois, ajouter les suivants : Dans l'E. tetragonum L. les rosettes sont d’un beau vert, formées de feuilles minces et délicates, rappelant beaucoup celles des Valerianella. La tige est dure, non compres- sible, presque ligneuse, à épiderme d’un brun très clair, souvent fendillé et écailleux à la base de la tige. La panicule est composée de rameaux nom- breux, courts, portant de longues capsules dressées, rapprochées en forme de balai, et arrivant presque toutes en même temps à maturité. Leurs vaives se tordent un peu, mais ne se roulent guère en dehors. Dans l Æ. obscurum, les feuilles qui terminent le stolon sont d’un vert rougeâtre assez fermes el même parfois un peu coriaces. La tige est herbacée, facilement compressible, plus largement fistuleuse, à épiderme rouge ou verdâtre et très lisse. La pani- cule ne se compose souvent que de 3 ou 4 rameaux flexueux, allongés en grappe lâche. Les capsules inférieures ont depuis longtemps répandu leurs graines, que la sommité est encore en fleur ; elles sont bien plus courtes et leurs valves sont entortillées et roulées en cercle. La vitalité de l’Z. obscu- rum comparée à celle de l Æ. tetragonum est encore remarquable. Chez celui- ci les rosettes manquent assez souvent ou ne se développent pas en tige ; (je n'entends point parler de FE. Lamyi F. Schultz); on le trouve rarement en grande quantité, ce n'est point une plante sociale. L'Z. obscurum est toujours muni de stolons nombreux (jusqu'a 30), dont plusieurs fleurissent l'année suivante. Je l'ai vu, au bout de deux ans, couvrir littéralement un espace considérable d’un étang mis à sec, comme aurait pu le faire une Menthe ou l'Ajuga reptans. L'E. obscurum me semble plus répandu en SÉANCE DU ÅÅ DÉCEMBRE 1655. 731 France que le tetragonum; mais comme beaucoup de botanistes ne l’en séparent pas, il n’est pas toujours indiqué dans les flores locales. Quant à l'E. Lamyi Schultz, je déclare franchement qu'après compa- raison minutieuse faite sur de nombreux échantillons authentiques de M. Schultz, spontanés et cultivés, je ne vois aucun des caractères invoqués pour l’ériger en espèce, qui ne s'applique plus ou moins à l'Z, tetragonum, L'argument le plus sérieux est tiré de la durée de la plante. Si elle était constamment dépourvue des organes qui doivent la faire revivre l’année suivante, sans être décisif ce fait serait important; mais ils existent; seu- lement, dit l’auteur, ils na sont pas assez vigoureux pour résister sans pré- caution à l'hiver, et se développer en tige au printemps; l'£. Lamyi ne me semble donc qu’une race appauvrie de l'E. tetragonum, qui m'a présenté souvent des individus annuels. Pour ce qui est de la forme des feuilles, de leur pétiole, de leur décurrence, des lignes saillantes ou non sur la tige, ce ne sont pas là des caractères, car on observe des faits semblables dans l'E. tetragonum (1). J'ai vu, d’abord dans l'herbier de M. Gay, qui a bien voulu me montrer ses Épilobes, puis dans ceux du Muséum, une espèce voisine des précé- dentes et dont voici la description : E. TOURNEFORTII, D. Sp. E. radice...…; caule erecto stricto, ramoso, quadrato, angulis alatis ; foliis oblongo-lanceolatis, denticulatis, sessilibus et adnatis, basi rotundatis ; ala- bastris ovatis; petalis calyce duplo fere longioribus ; stigmate clavato ; semi- nibus oblongis, facie paulo concavis, papilloso-tubereulatis. Lysimachia pulchra, Amygdali folio nitido, rubente caule, flore magno purpureo. — Cup. H. cathol. (1696) p. 121. — Vaill. herb. Chamænerion siculum, glabrum, majus et nitidum, Amygdali folio. — Tourn. /nst. rei herb. (1700), p. 303! — Vaili. herb! Chamænerion foliis amygdalinis. — Tourn. herb! Epilobium tetragonum grandiflorum. — Salzmann in herb. Gay ! (1825). E. tetragonum foliis latioribus ac petalis longioribus. — Gussone? in suppl. ad Floræ siculæ Syn. 4844, p. 819. Hab. in Corsica (Bonifacio, Serafino) : Sardinia (Capotera, Thomas); in Lusitania prope Otta et Lumier ad rivulos ( Welwitsch); ad sepes Tingitanas (Salzmann). Hæc omnia loca ex herb. Gay. Æstate floret. Cette plante voisine de VÆ. tetragonum s'en distingue aux caractères sui- vants ; elle est bien plus robuste; les lignes formées par la decurrence des (1) L'E. ambiguum Fries, Hb. norm., que M. Grisebach rapporte en synonyme à E. Lamyi Schultz, est, d'après ce que j'en ai vu dans l’herbier normal, l'E. obs- curum Schreb, 732 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles sont ailées, tant elies sont saillantes ; les feuilles sont proportionné- ment moins longues et plus larges; les boutons surtout et les fleurs sont d'une grandeur remarquable, tels que dans PÆ. hirsutum ; les graines sont plus longues et un peu creusées en nacelle. Je n'ai vu qu’une racine incom- plète. C'est à cette espèce que la phrase de Cupani, citée d’ailleurs par Vail- lant, semble le mieux s'appliquer, quoique M. Gussone, dans son Prodro- mus et dans son Synopsis, la rapporte à l Æ. tetragonum L., en même temps qu'une autre phrase du Panphyton, qui convient beaucoup mieux à cette dernière plante que celle de l Hortus catholicus. (Lysimachia minor, pul- chra, caule rubente, amygdalifolio, flore purpureo, siliquosa. — Panph. 1, t. 229). Cependant, comme le synonyme de Tournefort est bien plus authen- tique, puisqu'il est appuyé sur un échantillon de son herbier, j'ai préféré donner son nom à la plante, Dans les Épilobes que M. Grenier m'a confiés pour les examiner, se trouve une autre curieuse et intéressante espèce, jusqu’à présent peu con- pue, et qui offre un mode remarquable de reproduction : E. cemmascens C. A. Meyer. E. puberulum, pilis gianduliferis admixtis; caule lineis oppositis elevatis notato, ramoso vel subsimplici; foliis petiolatis, oppositis, superioribus alter- nis, ovato-oblongis, repando-denticulatis ; alabastris ovatis; petalis purpu- reis, calyce longioribus; stigmate clavato ; seminibus basi attenuatis, apice rotundatis, papillosis. a legitimum (F. roseum, B simplex Godr. et Gren., Fl. fr., T, p. 580 (1848); an Moris, F7. sard., 11, p. 60?) gemmis radicalibus sessilibus, flore majore. — Hab. in montibus Delphinatus ( Villars d'Arène, Verlot (1846) et Clément (1847), in herb. Grenier; Abries en Queyras, Grenier, 1848). 6 bulbiferum (E. gemmascens €. A. Meyer, Ind. pl. cauc. (1831), p. 173. — Ledebour, F? ross. (1844) 1, p. 109) gemmis axillaribus bul- biformibus deciduis, sofo humido radicantibus et novam plantalam profe- rentibus, floribus rarioribus minoribusque. — Hab. ad rivulorum margines in montibus caucasicis, regione subalpina (prope castellum Kaischaur, Meyer, loc. cit.) ; in Delphinatu (Villars d’ Arène et Lautaret, Verlot (1852) in herb. Grenier). Jul, Aug. % Cette plante ressemble à VE. alsinefolium Vill., et a presque les carat- tères de l' Z. roseum Schreb. Elle se distingue de ce dernier par ses bour- geons radicaux d'un blane jaunâtre, souterrains? à feuilles très charnues, imbriquées, serrées ct tout à fait sans nervures; par son port, par ses feuilles d'une consistance plus ferme, brusquement atténuées en pétioleet non cunéiformes; par ses boutons de fleurs plus gros et plus arrondis, Ses pé- tales purpurins plus grands, ses capsules plus grosses, à valves à peine tordues et courbées en dehors, enfin par ses graines un peu plus longues et atté- SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 733 nuées à la base. La columelle placentaire conserve la marque de la dispo- sition des graines et est fléchie en zigzag un peu comme le rachis d'un épi de blé dont oxa ôté les épillets. D’un autre côté, notre plante se sépare net- tement de l'E. alsinefolium par ses graines qui sont papilleuses, arrondies au sommet, à peine deux fois plus longues que larges, tandis que chez ce dernier, elles sont lisses, pointues à la base et munies au sommet, comme celles de l'E. palustre dont elles ont la forme et presque la dimension, d’un petit callus qui montre l'affinité de ces deux espèces. La conformation du bourgeon radical dans l'E. gemmascens et dans l'E. alsinefolium est la même : seulement chez celui-ei-les entre-nœuds inférieurs sont développés. (V. supra.) La variété B présente un phénomene remarquable dans les rosettes bul- biformes qui naissent aux aisselles des feuilles. Elles sont pareilles à celles (bourgeons) qui naissent sur la partie souterraine, mais vertes, un peu pédi- cellées, opposées et alternes, et n'occupent pas, par conséquent, la place des fleurs, qui, par un équilibre nécessaire, sont peu nombreuses et mal déve- loppées. Elles apparaissent ordinairement en même temps que les fleurs, mais parfois après elles, si j'en juge par des échantillons qui, munis de cap- sules déjà mûres, n'offrent cependant que des rudiments de ces bulbilles, et ont été rapportés par M. Godron à une forme plus petite de lÆ. roseum. J'ai observé quelque chose d'analogue à ces bulbilles sur les E. tetragonum et obscurum ; ce sont des rosettes ou rameaux à feuilles nombreuses et ser- rées, qui se montrent parfois, dans l’arrière-saison, vers le sommet de la tige, et prennent racine si l'on couche celle-ci en terre. Ce fait n'est donc pas tout à fait isolé, et pourra, devra même se produire dans d'autres espèces. Je ne doute pas qu'on ne l'obtienne artificiellement, de telle sorte qu'un bourgeon aérien et destiné, par conséquent. à périr avec la tige de l’année, puisse presque à volonté continuer la plante pour l'année suivante. C'est M. Verlot qui le premier, en France, a recueilli les deux formes de cette espèce nouvelle pour notre flor”. Je terminerai cet article par la description de quelques Epilobes hybrides, E. PALUSTRE- PpaRrRvIiFLORUM Nob. — Souche d'abord verticale, émettant des stolons grèles, radicants seulement à l'arrière-saison et terminés par une rosette de feuilles courtes, luisantes, coriaces, nerviees, serrées imbri- Quées et persistant ordinairement jusqu'à l'époque de la seconde floraison : tige mollement pubescente, cylindrique ; feuilles lancéolées, cunéiformes ou un peu arrondies à la base, sessiles, à nervures saillantes: rameaux de la Panicule peu nombreux, écartés de l'axe, allongés en grappe lâche; stigmate Carré ou quadrilobé {ni entier ni quadrilide); capsules un peu velues, assez Courtes ; graines conformées comme celles de VÆ. palustre, mais avec le callus à peine saillant ou nul, papilleuses, très souvent vides et stériles, La Plus grande partie des ovaires avortent complétement. L'inflorescence rap- 73h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pelle davantage celle de l'£. parviflorum, mais tout le reste est aussi inter- médiaire que possible. Sa taille varie de 2 à 8 décimètres. Je l'ai trouvé en grande quantité inter parentes dans les prés tourbeux de Pleurre, canton de Chaussin (Jura) ; cet hybride a été aussi trouvé à Divonne, près Gex, par M. Reuter, qui l’a envoyé à M. Grenier sous le nom d'E. virgatum.— Août, sept. % E. oBscuro-monTAnuM Nob. — J'ai trouvé un exemplaire de cet hybride dans l’herbier des environs de Paris, déposé au Muséum. Il a été récolté à Marly par M. Weddell, et était confondu dans la même feuille avec VE. obscurum. Je wai pu observer convenablement ni la racine, ni le stig- mate, Le port de la plante est plutôt celui de lÆ. montanum ; les feuilles sont sessiles, plus étroites que dans cette dernière espèce ; les fleurs se rapprochent tout à fait de celles de lÆ. obscurum; la plupart des ovaires sont stériles. Quelques graines ressemblaient davantage à celles de l’£. mon- tanum. E. OBSCURO-PARVIFLORUM Nob. — Ce que j'ai observé de cet hybride n'est pas aisé à définir, car je n’en possède qu’un seul individu bien com- plet, les autres ayant été fauchés et redonnant de nouveaux rameaux qui paraissent assez différents des premiers. Celui-ci est extrémement vigou- reux, dépourvu de stolons, mais émet de la souche un nombre considérable de tiges, dont la principale est carrée, arrondie sur les angles, sans lignes saillantes, et semblable d'ailleurs par son port, ses feuilles et son inflores- cence à l'E. parviflorum, tandis que les autres, qui vraisemblablement ne sont que des stolons fleurissant dès la première année par suite de l'exubé- rance de la végétation, rappellent l Æ. obscurum. Le stigmate est quadrilobé. Sur un autre individu, la souche m'a offert des stolons assez grêles, munis de feuilles orbiculaires petites, régulièrement distantes, conformés enfin d'une façon analogue à ceux que j'ai décrits plus haut à PE. palustri-obscu- rum. Toute la plante est d'un aspect un peu grisâtre. — Prés tourbeux à Pleurre (Jura) inter parentes. Août, sept. % E. MONTANO-PARVIFLORUM Nob. — Je ne l'ai trouvé qu’une fois. L'indi- vidu que j'ai observé était, de même que le précédent, très vigoureux, et atteignait 2 mètres. Stolons souterrains, à entre-nœuds peu allongés, munis de feuilles rouges et presque charnues ; tige grosse, légèrement pubescente, cylindrique; feuilles lancéolées, sessiles ou un peu pétiolées, à nervures saillantes ; rameaux assez nombreux, dressés, très flexueux, extrêmement allongés et ténus, se balançant sous le poids des fleurs de la sommité. Celles- ci élégantes, très ouvertes, un peu plus grandes que dans les parents ; stig- mate divise en 4 lanieres recourbées. Graines encore plus rarement fertiles que dans les précédents, très papilleuses, de la longueur de celles de l'E. montanum. — Hab. Chaussin, lieu dit Beauregard (Jura) inter paren- tes (19 sept. 1855). — Je croirais volontiers, à cause de la grandeur des SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 735 fleurs et de la division profonde du stigmate, que l'Æ. hirsutum, qui crois- sait aussi dans le même lieu, était pour quelque chose dans la production de cet hybride; mais, d'autre part, les stolons munis de feuilles et l'inflo- rescence de notre plante démontrent suffisamment pour moi l'action de VE. parviflorum. J'ai signalé ces hybrides surtout pour attirer sur eux l'attention des col- lecteurs. Mais afin d'en tirer quelque lumière pour la solution de ces pro- blèmes, une observation minutieuse sur la plante vivante est absolument nécessaire, et il faut se défier des botanistes qui font trop légèrement des hybrides dans leur cabinet, parfois même sans avoir vu la plante desséchée. Car c’est un fait très fréquent dans ces productions de la nature, que de voir un organe revêtir une forme toute différente de celle que lui crée l'imagi- nation. Cela est particulièrement vrai pour les organes de la végétation dans les Épilobes hybrides, Quelques auteurs indiquent dans ce genre deux formes différentes produites entre les mêmes parents par le changement de leurs rôles. J'avoue n'en avoir jamais pu observer qu'une seule, et n'avoir jamais pu recueillir ni sur les lieux, ni sur la plante vivante, d'indices suffisants Pour assigner à chacun des parents sa part ou son rôle dans la production de l’hybride. Les noms que j'ai composés ne reposent donc en réalité que Sur des présomptions. M. J. Gay présente des échantillons d’une nouvelle espèce du genre Lepidium, et donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : DESCRIPTION D'UNE ESPÈCE NOUVELLE DU GENRE LEPIDIUM, par M. le comte ALPH. DE RAYNEVAL. (Rome, 27 novembre 1855.) Parmi un grand nombre de plantes recueillies dans les environs d'Odessa par M. Charles Descemet, et qu’il a eu l'obligeance de mettre à ma disposi- tion, une Crucifère ayant le port d'un Lepidium a spécialement attiré mon altention, Elle avait été récoltée dans l'ile de Djarilgatseh, sur la côte Septentrionale de la mer Noire. Ayant vainement essaye de la déterminer, j'ai consulté un de nos confrères les plus versés dans la connaissance des Plantes d'Europe. Son opinion a été que la plante était nouvelle, et il m'a engagé à la publier, ce à quoi je me décide, non sans une grande défiance de moi-même, car ceci est pour moi un debut, mais soutenu par le désir de Payer un tribut de bonne volonté à la Societé, dont je m'honore de faire Partie, Une rosette de feuilles couronne la racine, laquelle, grèle et parfaitement indivise, s'enfonce perpendiculairement dans le sol jusqu'à une profondeur 736 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de 145 à 20 centimètres. Du milieu de la rosette sortent une ou plusieurs tiges annuelles, filiformes et dressées, quoique sensiblement flexueuses dans leur milieu, et longues de 9 à 12 centimètres, par conséquent plus courtes que la racine. Sur ces tiges, fortement papilleuses et comme hispi- dules dans tout leur contour, s’échelonnent, à distances à peu près égales, six ou sept feuilles alternes dont les inférieures ne portent dans leur aisselle qu'un rudiment de bourgeon. Ce sont les entre-nœuds de ces feuilles qui, déjetés alternativement à droite et à gauche, déterminent la flexuosité de la tige dont je parlais tout à l'heure. Pius haut, les feuilles caulinaires, les une, deux ou trois supérieures, donnent naissance à un véritable rameau qui, se nivelant avec le sommet florifère de l'axe primaire, donne à l’inflorescence générale de la plante le caractère d'un corymbe composé, formé qu'il est de deux à cinq corymbes partiels, lesquels, au reste, ne sont corymbes qu'au commencement de leur floraison. L'allongement de laxe qui porte les pédicelles en forme bien vite de véritables grappes. Les feuilles, tant radicales que caulinaires, sont charnues, linéaire-fili- formes, très glabres, canaliculées de la base au milieu, cylindracées au delà, obtuses au sommet. Elles mesurent de 4 à 5 centimètres de longueur, sur 1 millimètre, au plus, de largeur. Les caulinaires sont complétement dépour- vues d'oreillettes à la base, et ceci, joint à leur forme linéaire, constitue un des caractères les plus remarquables de la plante, Quant aux feuilles radi- cales, elles disparaissent de bonne heure, au moins en majeure partie, el c'est tout au plus s'il en reste une ou deux au moment de la fructification. Elles sont alors enveloppées par les bases écailleuses et persistantes des feuilles plus anciennes, lesquelles paraissent avoir été nombreuses. J'ai déjà décrit l'inflorescence, et je wai rien à ajouter à cet article, si ce n'est que les pédicelles de chaque grappe partielle atteignent de 4 à 5 mil- limètres, que l'inférieur est souvent muni d’une feuille florale, et qu'ici les papilles ne tapissent que le côté intérieur des pédicelles à la différence de la tige où ces productions revêtent tout le pourtour de l'axe. Les fleurs, disposées comme je l'ai dit plus haut, sont nombreuses et très petites, puisqu'elles ne mesurent qu’un millimètre et demi de longueur. Elles se composent de quatre sépales membraneux, elliptiques, très obtus et très glabres ; de quatre pétales blanes? dépassant d’un tiers le calice, à onglet linéaire, brusquement dilaté en un limbe orbiculaire, étalé et très entier; de six filaments tres simples, aussi longs que les pétales, avec un épaississe- ment clanduleux à la base, portant au sommet une anthère globuleuse à deux loges; enfin d'un evaire comprimé, ovale, apiculé, à deux loges uniovulées, l'ovule suspendu au sommet de la loge au moyen d'un court funicule. Le fruit est une si/icule angustiseptée, ovale-triangulaire, sans ailes sur les bords, entière et aiguë au sommet, où le style forme une sorte de mucron SÉANCE DU ÅA DÉCEMBRE 1855. 737 long d'un demi-millimètre, à valves condupliquées, coriaces et sensiblement réticulces. La graine, suspendue au sommet de la loge comme l'ovule dans l'ovaire, est comprimée, de forme obovale et bordée sur tout son contour d’une aile membraneuse fort distincte, mais plus marquée dans la moitié inférieure et élargie de la graine. Membraneux, de consistance assez ferme, et de couleur ferrugineuse, le tégument propre ne développe aucun mucilage lorsqu'on le plonge dans l'eau bouillante, Quant à l'embryon, tel que je l'ai observé, il présente deux branches inégales, incomplétement repliécs l’une sur l'autre, la cotylédonaire écartée de la radieulaire et formant avec elle un angle aigu, ce qui tient évidemment à un défaut de maturité dans la graine, Les cotylédons sont d'ailleurs linéaires, ou plutôt demi-cylindriques, deux fois plus longs que la radicule, et placés de telle sorte que si les deux branches de l'embryon venaient à se rapprocher davantage, la radicule s'appliquerait exactement sur le dos du cotylédon intérieur. L'embryon de üotre plante est donc notorhizé. Cet ensemble de caractères ne laisse pas de doute sur la place que doit occuper la nouvelle espèce dans la série des Crucifères. Par son fruit et son embryon, elle appartient à la tribu des Noforhizées angustiseptées. Par ses loges monospermes, ses étamines libres et sans dents, elle rentre dans le genre Lepidium ; et par sa silicule ovale, dépourvue d'ailes, entière au sommet et surmontée d'un style très court, c’est dans la section Lepidias- trum (DC. Syst , TE, p. 547) qu'elle vient se classer. L'espèce de cette section avec laquelle notre plante a le plus d’affinité est, sans contredit, le Lepidium crassifolium W.K. Il y aurait identité presque complète si l'on s'en tenait exclusivement aux caractères de la fleur et du fruit. La végetation même offre quelques ressemblances, car les deux plantes ont une racine pivotante, bisannuelle ou vivace, leurs tiges sont hispidules, leurs feuilles sont charnues, et elles ne vivent que dans les ter- rains salés, Mais à d’autres égards la différence est frappante. Dans le Lepidium crassifolium , tige presque droite, feuilles radicales largement ovales, spathulées, pétiolées, feuilles caulinaires oblongues-lancéolées, biauriculées et embrassantes à la base. Dans la nouvelle espèce, tiges remar- quablement flexueuses, toutes les feuilles, tant radicales que caulinaires, CYlindrique-filiformes, entièrement dépourvues d'oreillettes | à la base. Ajoutons cet autre caractère important que les graines du Lepidium crassi- folium, plongées dans l'eau, développent un mucilage abondant, dont on D'aperçoit pas la moindre trace dans la nouvelle espece eprouvee de la même manière, Les graines de cette dernière sont d'ailleurs ailées, ce qui n'est point le cas du Z. crassifolium. | Le Ledebour décrit, sous le nom de soongoricum, Un Lepidium à feuilles linéaires et entières (FI. Ross., I, Add., p. 765), mais ce Lepidium appar- 4 1. Li. 738 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tient à la section Bradypiptum DC., et il est très glabre, avec une racine rampante. Schrenk décrit, sous le nom d'eremophilum (conf. Walp. Rep. V. p. 42), une autre plante du même genre, qui rentre comme la nôtre dans la section Lepidiastrum et dont les feuilles sont pareillement étroites et indivises, mais ici la tige, très rameuse, est dite entièrement glabre, les feuilles planes, lancéolées et dentées, et le stigmate sessile, caractères qui ne con- viennent nullement à notre plante. Les Lepidium eremophilum et soongo- ricum sont d'ailleurs d’une tout autre région botanique, puisqu'ils sont particuliers aux déserts salés de la Songarie. Tel étant l’état des choses, je placerai la nouvelle espèce entre le Lepi- dium crassifolium et le L. eremophilum, et je crois faire acte de justice en lui donnant le nom de l'intelligent et zélé collecteur qui en a fait la décou- verte. Ses caractères pourraient être résumés ainsi qu'il suit. Lepinium Descemerit, bienne vel perenne, radice longä, simplicissimä, rectà descendente ; caule spithamæo, erecto, paucifolio, papilloso-hispido, medio flexuoso, supernè tantum et semel vel bis aut ter furcatim diviso, ramis fastigiatis, apice corymbiferis, mox racemosis; foliis carnosis, inte- gerrimis, filiformibus, caulinis sessilibus, exauriculatis; florum minimo- rum sepalis obtusissimis, petalis unguiculatis; limbo patente, orbiculari ; siliculâ triangulari-ovatå; acutiusculá, stylo dimidium millim. longo api- culatâ, valvis carinantibus, rigidulis, reticulatim nervatis; semine com- presso, obovato, alâ distinctâ membranaceâ marginato, non mucilaginoso. — Habitat in salsuginosis insulæ Djarilgatseh maris Nigri, inventore cl. Descemet, plantam qui loco dicto, anno 1845, die Maji 22°, flori- simul et fructiferam legebat. Suivant toute apparence, aucun botaniste, si ce n'est M. Descemet, n'a encore visité l'ile de Djarilgatscb, Une courte description de cette localité et la liste des plantes que M. Descemet y a récoltées, présenteront peut-etre quelque intérêt. L'île de Djarilgatseh, ou Jaril-agatsch (ce qui, en tartare, signifie bois couché), est une langue de terre, longue et étroite, qui ferme à l'ouest le golfe de Pérékop, entre la Crimée et le continent. Ce territoire n’est qu'un vaste dépôt de sable siliceux, accumulé par les courants. On y rencontre de nombreuses flaques d’eau salée, plus chargée de principes minéraux qué l'eau de la mer voisine, et c'est au bord de ces lagunes que croit le Lepidium Descemetii. Dans certaines parties, la destruction successive des Végétaux a formé une légère couche d'humus qui donne naissance à des prairies, rarement envahies par la neige et où les propriétaires envoient leurs trou- peaux dès l'entrée de l'hiver, lorsque les steppes du continent ne sont plus tenables, Aucun arbre ne s'élève sur ce {ol mouvant, L'Arundo Phragmites SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 739 parvient seul à quelques mètres de hauteur. Voici la liste complète des soixante-douze plantes que M. Descemet y a recueillies en mai 1845 : Thalictrum simplex L. Odontarrhena alpestris Ledeb. Cakile maritima Scop. Sisymbrium junceum MB. Syrenia sessiliflora Ledeb. Lepidium Descemetii N. Crambe maritima L. Frankenia hispida DC. — intermedia DC. Dianthus capitatus DC. Silene viscosa Pers. Linum perenne L. — tenuifolium LB. Vitis vinifera L. (olim culta). Melilotus officinalis L. Rosa canina, var. collina villosa Ledeb. Lythrum virgatum L. Paronychia capitata DC. Spergularia rubra Pers. Peucedanum latifolium DC. Asperula cynanchica L., var. supina Ledeb, — littoralis Sibth. Rubia tinctorum L. Galium sylvaticum L. — Mollugo L. — verumL. Scabiosa ucranica L. — ochroleuca L. Inula salicina L. Achillea setacea W. Artemisia (haud determinanda). Helichrysum graveolens DC. Senecio vernalis W. K. Centaurea Scabiosa L. — arenaria MB. — Besseriana DC. Sonchus uliginosus MB. Mulgedium tataricum DC, Lysimachia vulgaris L. Apocynum sibiricum Pall. Vincetoxicum officinale Mænch. Cynanchum acutum L. Convolvulus sepium L. Tournefortia Arguzia L. Onosma tinctorium MB. Linaria genistæfolia Mill. Melampyrum arvense L. Clinopodium vulgare L, Statice caspia W. — Gmelini W. Plantago major L. Rumex crispus L. — tuberosus L. — multifidus L. Thesium ramosum MB. Euphorbia Gerardiana Jacq. Zostera marina L. Orchis coriophora L. —— palustris Jacq. Allium paniculatum L. Asparagus verticillatus L. Juncus conglomeratus L. — Gerardi Lois. Isolepis Holoschænus R. S. Carex diluta MB. Atropis (Glyceria) convoluta Ledeb. Arundo Phragmites L. Kæleria cristata Pers. Stipa pennata L. Phleum pratense L. Polystichum Thelypteris Roth. Asplenium septentrionale Sw. M. de Schænefeld fait à la Société la communication suivante : Dans la séance du 25 mai dernier (1), j'ai pris la liberté d informer la Société d’une assez insignifiante trouvaille que je venais de faire. Il s agis- sait du Pyrola minor que j'avais rencontré dans un bois près de Saint- Germain-en-Laye. J'avais cru devoir en même temps ajouter à cette simple annonce le petit nombre de faits parvenus à ma connaissance sur la géographie de cette Plante aux environs de Paris. Depuis la publication de ce petit article, notre savant confrère M. Graves, l'habile explorateur du département de l'Oise, a eu l'obligeance de me re- (1) Voyez le Bulletin, t. I, p. 397. 7h0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mettre une note, pour m'indiquer quelques localités du P. minor, que je ne connaissais pas, parce qu'elles ne se trouvent pas dans les Flores (4). Ces localités, toutes situées dans le département de l'Oise, sont les sui- vantes : Forêt du Pare, près Beauvais; bois de Breteuil; Maignelay ; forêt de La Hérelle; mont Ganelon, près Compiègne; mont du Tremble et les Beaumonts dans la forêt de Compiègne. M. Graves m'a rappelé aussi que cette espèce a été retrouvée dans la vallée de Marcoussis (Seine-et-Oise), lors de l'herborisation que M. A. de Jussieu y fit en 1850. Sa présence dans la région sud des environs de Paris ne saurait donc être révoquée en doute. Enfin notre honorable confrère a bien voulu me signaler l'erreur que j'ai commise en disant, d'une manière trop générale, que le P. minor ne vient que dans les terrains sablonneux et qu’on ne le rencontre guère aux environs de Paris que sur les sables et grès marins supérieurs. Voici ce qu'il m'a écrit à ce sujet : « Le Pyrola minor croit sur un diluvium argileux dans la forêt du Parc; » sur des sables argileux dans la forêt de La Hérelle ; sur des terrains cal- » caires à Maignelay, Breteuil, Marolles, au mont Ganelon: sur des sables » grossiers calcaires au mont du Tremble et aux Beaumonts ; sur des marnes » argileuses dans la basse forêt de Compiègne où Poiret l'avait déjà ré- » colté, etc. D’après ces faits, il est difficile d'admettre qu'il soit exclusi- » vement propre aux terrains sablonneux. » Cette plante n'atteint pas 100 mètres de hauteur près de Marolles, ni » 80 mètres dans la forêt du Pare, de même qu'aux Beaumonts et au mont » du Tremble. On ne saurait donc fixer avec justesse le minimum de son » altitude à 120 mètres. » Quant au gisement ou à la station géognostique, notre Pyrole est placée » sur la craie ou sur son diluvium dans la forêt du Pare; sur Ja craie Gure » noduleuse près de Breteuil et de Maignelay ; sur le calcaire à nummulites » au mont Ganelon; sur les sables glauconieux supérieurs au mont du » Tremble et aux Beaumonts; sur les enveloppes argileuses des lignites » dans la forêt de Compiègne; sur le calcaire grossier moyen à Marolles ; » sur les sables glauconieux inférieurs, que les géologues parisiens ont con- » tinué de nommer sables de Bracheux, dans la forêt de La Hérelle; sur les » sables moyens ou sables de Beauchamp, à Thury en Valois et à la bulte » du Heaulme près de Marines, ete. Autant de lieux, autant d'étages ə géologiques. Plus près de Paris, la plante est sur les sables marins supé- » rieurs, parce que ces sables, qui sont recouverts dans le nord du bassin, a se présentent à la surface du sol, lorsqu'on descend vers le sud. (1) Notre confrère, M. le docteur Kresz, a bien voulu aussi me faire savoir qu'il a trouvé le Pyrola minor près de Montfermeil (Seine-et-Oise). — M. A. Passy in- dique cette espèce près de Gisors (Eure). Voyez le Bulletin, t. LE, p. 167. SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE 1855. 7h1 » Il y a même une sorte de contradiction à dire que la Pyrole manque » complétement dans les régions du sud et du sud-est, et à soutenir en » même temps qu'elle ne vient guère que sur les sables supérieurs, car ces » Sables couvrent, comme on sait, toute la contrée au sud de Paris depuis » Fontainebleau jusqu'à Ét tampes et Rambouillet. Comment concevoir » qu'une plante donnée comme spéciale an terrain miocène, manque pré- » cisément dans la vaste étendue constituée par ce terrain? » Je m'incline avec respect, surtout pour ce qui concerne la connais- sance des terrains, devant la science profonde de M. le vice-président de la Société géologique de France. Je ne mets pas le moins du monde en doute la rigoureuse exactitude de ses assertions, et, si j'ai été induit en erreur par la station de la plante en question dans nos environs immédiats, je suis prêt à en faire amende honorable, Mais je n’en persiste pas moins à penser que le Pyrola minor et toutes les -Pyroles d'Europe, sont des plantes, sinon exclusivement propres aux ter- rains sablonneux, du moins qui se plaisent surtout dans ces terrains, et que, pour qu'elles se développent, la présence de la silice est indispensable en plus ou moins grande quantité, Quant à l'erreur d'altitude que M. Graves a aussi cru devoir relever, je ne vois rien d'extraordinaire à ce qu'une espèce se trouve, dans la région Ja plus septentrionale des environs de Paris, à 30 ou 40 mètres plus bas que dans la région moyenne ; et j'ai dit expressément qu’on ne voit le Pyrola Minor, comme en général tous les végétaux, s'élever au-dessus du niveau de la mer, que lorsqu'il descend vers le sud. | Quoi qu’il en soit, je remercie M. Graves d'avoir bien voulu compléter et rectifier l’ébauche que j'avais tracie, et c'est un grand honneur pour moi qu'il ait jugé digne de son attention et de sa bienveillante critique une Communication aussi peu importante que l'était la mienne, M. François Delessert, en présentant à la Société des échantillons de trois sortes de tubercules comestibles qu'il a reçus de la Chine, communique les détails suivants : Ces tubereules, cultivés tous trois en Chine comme alimentaires, ont été envoyés en France par M. Schwabe, négociant à Shangai, et me sont par- venus par l'intermédiaire d'un de mes correspondants du Havre. Le premier est déjà connu et cultivé en Europe depuis 1849, époque à laquelle il a été introduit en France par M. de Montigny. C'est évidemment lguame Batate (Dioscorea Batatas, Dene). T est indiqué dans la lettre qui ACCOmpagnait l'envoi sous le nom de San-yoke. Les échantillons de cette espèce que j'ai reçus sont dans l'état où les cultivateurs chinois les mettent d'ordinaire pour le marché, c'est-à-dire qu'ils sont réduits à leur portion 7h12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moyenne. En effet, les cultivateurs de cette plante gardent, dit-on, habituel- lement, pour leur propre consommation, l'extrémité inférieure des tuber- cules; ils en emploient la partie supérieure pour la reproduction ; et ils réunissent en bottes la partie moyenne, qui constitue pour eux le produit vénal de leur culture. Le second tubercule, indiqué dans la lettre comme portant en Chine le nom de Fan-yu, est peu volumineux, raccourci, assez irrégulier et paraît appartenir à une Aroïdée, très probablement à une Colocase. C’est celui des trois qui semble offrir le moins d'intérêt, bien qu'il soit impossible de dire dès à présent ce que la culture pourrait en obtenir. Enfin le troisième de ces tubercules, indiqué comme portant en Chine le nom de San-yue, est particulièrement remarquable. Il a une forme ovoide assez régulière, et est à peu près uni à sa surface, Sa longueur est d’envi- ron 42 à 14 centimètres et son épaisseur de 9 à 40. [l est certain que si ce corps volumineux constitue un bon aliment et s’il est le résultat de la végéta- tion d'une seule année, l'introduction dans nos cultures de la plante qui le produit pourra devenir extrêmement avantageuse. Tout porte à croire d’ailleurs, à la seule vue de ce tubercule, qu'il appartient à une espèce d'Igname (Dioscorea) très probablement différente de celles qui existent déjà dans nos jardins. Elle paraitrait se rapprocher, sauf la couleur, de l'espèce indiquée dans le passage suivant d’un traité d'Agriculture chinois, traduit par M. Stanislas Julien et reproduit dans l'excellente notice de M. Decaisne sur l’Igname de Chine : « Dans la province de Fo-kien, il existe une autre espèce d'fgname, dont la racine ressemble à celle du Kiang-yu (littéralement Arum-Gingembre?), mais la peau en est violette. Les plus grosses racines se mangent cuites à l'eau après avoir été coupées en tranches minces ; elles sont excellentes, mais d’une nature plus froide que celles du nord de la Chine, où la plante porte le nom de Tchou. Cet aliment est doux et calmant et n'offre rien de malfaisant. » Ces divers tubercules ayant été expédiés de Chine au commencement d'octobre, près d'une année après l’époque de la récolte (qui a lieu en général vers la fin du même mois), il est à craindre qu'ils ne soient arrivés dans un état trop avancé pour pouvoir être plantés avec quelque succès. Mais on m’annonce qu’un nouvel envoi plus abondant aura lieu aussitôt après la récolte de 1855, ce qui permettra de mieux juger en France des qualités de ces tubereules comme substances alimentaires. Ceux que je présente aujourd'hui à la Societé etaient accompagnes d'une lettre de M. Schwabe donnant quelques renseignements qu'il a recueillis sur leš lieux, au sujet des trois plantes qui composent son envoi. Voici la traduction de cette lettre : SÉANCE DU A4 DÉCEMBRE 1855. 743 « J'ai lå satisfaction dè vous adresser une caisse qui contient trois espèces de plantes... Je crois savoir que ces plantes sont cultivées sur une grande échelle dans l'intérieur de la Chine et servent aux mêmes usages que la Pomme de terre en Europe. J'ai obtenu relativement à leur culture les ren- seignements suivants : » Le sol destiné à cette culture est un peu fort. C’est une sorte de sable ou de limon déposé par les rivières et les canaux et que les Chinois trans- portent sur leurs champs. Le n° 1, nommé Fan-yu par les Chinois (l'Aroïdée) est planté tout entier; le n° 2, nommé San-yoke, long et blane (fgname-Batate) est planté soit tout entier soit seulement par fragments; le n° 3, nommé San-yue, qui est gros et jaune, est mis en terre tout en- tier. Ces trois plantes sont cultivées à peu près comme les pommes de terre. Cependant pour le n° 3 on parait suivre deux méthodes différentes. L'uné est absolument la même que pour la Pomme de terre; l’autre consiste, aussitôt que la planté pousse, à couper ses feuilles (leaves) en deux morceaux qu'on met ensuite en terre, Dans le cours de leur végétation, ces diverses plantes ont besoin d’eau à peu près comme des pommes de terre. On les plante au printemps. » Je dois ajouter, en terminant, que ces divers tubercules étaient comme emballés ou plutôt stratifiés dans de la terre, sans doute celle dont il est question dans la lettre ci-dessus puisqu'elle présente toute l'apparence d'un limon sablonneux de rivière. M. le Président remercie M. Delessert de cette communication et des échantillons qu'il a bien voulu donner au Muséum pour y être cultivés. Il est probable, dit-il, que l'on devra à M. Delessert l'in- troduction en France de deux plantes utiles. Le nouvel Igname surtout aurait une grande valeur et serait supérieur à l'Igname Ba- tale, si, multiplié de boutures, il produisait toujours, dès la première añnée, des tubercules de la grosseur et de la forme de celui qui est présenté. M. Duchartre dit que, par un examen rapide de la terre dans laquelle ces tubercules ont été envoyés, il a constaté qu'elle a l'aspect d'un limon de rivière. Sur 4 grammes de cette terre, qu'il a tamisés soigneusement, il a trouvé 4,70 gramme de débris roules de coquilles paraissant fluviatiles, et de très petits fragments de roches dures, principalement de quartz. o M. Germain de Saint-Pierre fait hommage à la Societé de la pre- mière livraison de son nouvel ouvrage, intitulé : Histoire iconogra- 74h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. phique des anomalies de l'organisation dans le règne végétal, et fait ensuite la communication suivante : NOTE SUR LE PHÉNOMÈNE DE L'ÉTIOLEMENT, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société différentes plantes qui présentent l'état accidentel connu sous le nom d'éfiolement. On a jus- qu’à ce jour attribué comme caractères au phénomène de l'étiolement : l'élongation des organes axiles, la réduction des dimensions ou l’avorte- ment partiel des organes foliaires, et surtout l'absence de coloration ou la couleur blanche des organes étiolés. — Un cas d'étiolement que le hasard vient de me présenter, me parait de nature à apporter quelque modification à cette définition. Différentes plantes potagères dépouillées de leurs feuilles (souches à racines pivotantes de plantes bisannuelles parvenues à la fin de leur première année, c’est-à-dire ayant présenté une rosette de feuilles, et la tige florifère ne devant se développer que pendant l'année suivante), Navets, Panais, Carottes, Betteraves rouges, etc., ont été placées, il y a un mois environ, sur un lit de sable, dans une cave profonde, presque complé- tement obscure. Les racines pivotantes de ces plantes ont produit des fibres radicales qui se sont introduites dans le sable, et le bourgeon terminal, dont toutes les feuilles externes avaient été enlevées par une coupe transversale, a produit de nouvelles feuilles qui se sont développées avec les caractères de forme qui appartiennent à l’étiolement : un pétiole grêle et allongé, et une partie limbaire ou presque rudimentaire. Mais tandis que les Panais et les Navets présentent des feuilles d’un blanc nacré, et les Carottes des feuilles à peine teintées, les feuilles des Betteraves ronges présentent une couleur de carmin aussi éclatante et aussi vive que si la plante eût végété en plein air et au grand soleil. Je ne doute pas que ce fait n'ait dù avoir été déjà observé, mais je ne crois pas qu'il ait été signalé; M. le docteur Gubler, à qui je l'avais communiqué, a judicieusement observé que les feuilles de Betterave ont puisé un suc coloré à l'avance et contenu dans la racine, qu'il n’y a pas eu par conséquent production active d’une matière colorée, et que l’on ne saurait dire que les feuilles produisent de la matière colo- rante dans l'obscurité. J'ai présenté ce fait seulement afin de constater que des feuilles développées dans une complète obscurité peuvent être forte- ment colorées, et afin d'insister sur la définition exacte à donner au point de vue de la coloration aux organes étiolés ; au lieu de dire : feuilles inco- lores, il faut dire : feuilles incolores, ou colorées par l'absorption de sucs colorés. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 745 M. Fermond donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTICE SUR LES SALSEPAREILLES, pa: M. le Dr LE COAT DE KERNOTER, chirurgien-major de marine (1), Salsepareille du Mexique. — Je l'ai trouvée confondue dans les auteurs avec celle de Honduras. Elle demande pourtant à en être distinguée. Elle n'a pu porter le nom de Salsepareille de Honduras que parce que celle-ci est réputée la meilleure. La Salsepereille du Mexique est d'une qualité très inférieure. Elle vient des ports de Tampico et de la Vera-Cruz. On la trans- porte à la Havane, où, en raison de son prix très inférieur à celui de la Salsepareille de Honduras, on en consomme une grande quantité pour le traitement des esclaves sur les habitations. ~ Distinction avec celle du Honduras. — Il est facile de la distinguer de celle de Honduras, car elle est mélangée avec des tronçons de tiges et de souches qui retiennent dans leurs nodosités des fragments de terre noire et dure. Elle a une odeur terreuse qui se développe encore bien plus par la dé- coction dans l'eau. Elle ne parait pas du tout avoir subi le même mode de préparation que la Salsepareille de Honduras, ce qui en augmente considé- rablement le poids et en diminue oussi de beaucoup la qualité. La Salsepareille rouge de la Jamaique a particulièrement arrêté mon atten- tion. Elle est peu connue dans notre commerce, et il y a très peu de temps qu'on en exporte de Truxillo. Cette Salsepareille ne croît pas à la Jamaïque, Comme son nom semble l'indiquer. Elle vient de différents points du golfe de Honduras, du cap Gracias-a-Dios, de Saint-Jean Nicaragua, de Porto- Bello. Elle croit aussi sur les bords de la Madeleine d'où l'on en transporte les racines à Carthagène, et de là à la Jamaïque. Cette branche d'industrie a pris, depuis trois ou quatre ans, une extension considérable. A notre Passage à la Jamaïque (juillet 1853), le quintal de Salsepareille se vendait 60 piastres (324 franes). Cette variété de Salsepareille est celle que M. Ro- binet a signalée, en 1835, à la Société de médecine de Paris. M. Pope, pharmacien à Londres, a aussi étudié une Salsepareille rouge qui n'est pas la même que celle de M. Robinet. Il en existe done deux variétés. M. Gui- (1) Il y a déjà quelque temps qu'un de nos amis, M. le docteur Le Coat a Kernoter, chirurgien-major de l’aviso à vapeur l'Ardent, nous a adressé cet extrai d’un mémoire sur les Salsepareilles, afin de le communiquer à la Société Botanique É crance. i i 0 x ` , Nous sommes persuadé que la Société y trouvera des détails intéressants pon l'histoire de ces racines, au point de vue surtout de leur récolte, de leur € essiccation, de leur commerce et des tentatives de culture dont elles ont été l objet ce la part de ce chirurgien distingué, (Note de M. Fermond.) 746 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bourt pense que ces deux variétés viennent de Honduras. J'en ai aéquis la certitude aujourd'hui; et la Salsepareille dite de la Jamaïque n’est qu’une qualité supérieure de celle dite de Honduras. Elles se trouvent toutes deux à Truxillo; mais il y a deux ans à peine que les naturels les ont distin- guées. La premiere est nommée par eux Salsepareille de Honduras; la seconde porte le nom de Salsepareille barbue (Salsa barbosa); c'est, à mon avis la Salsepareille rouge, celle dite de la Jamaïque. A Truxillo, elle a été longtemps considérée comme une qualité inférieure; mais comme à Londres son prix est double de celle qu'on importait à New-York, on a commencé, il y a deux ans à peine, à en faire un objet de commerce. Son seul débouché est l'Angleterre. Elle est peu connue dans le reste du conti- tient européen. La Salse barbue vient de 60 à 80 lieues dé l’intérieur, du village de Joro. Elle est apportée à Truxillo par une tribu indienne appelée Hicacos. Je n'ai pu me procurer que les racines de la plante. En voici les princi- paux caractères : Racines grèles, garnies de radicules chevelues, privées de terre, ridées et comprimées par la dessiccation. Elles ont plus de 2 mètres de longueur. Elles sont plus noires que les racines de la Salsepareille de Truxillo, de- viennent rouges quand on les mouille avec un peu d'eau ou de salivé. Elles ont une saveur amère, ce qui tient à la manière dont on les sèché : c'est toujours avec le nid du Termite (en espagnol comejen) ; elles con- tiénnent très peu de principes amylacés. La Salsepareille appelée dans le pays C'ama-cama, m'a paru d'une qué- lité tout à fait inférieure, C'est peut-être la Salsepareille blonde dont parle M. Richard, mais les caractères botaniques qu'il lui donne dans són Histoire naturelle médicale ne me permettent que de le présumer. Sa racine est beaucoup plus grosse qu’une plume à écrire; d'un gris jat- nâtre, elle devient tout à fait jaune quand elle est sèche. Elle n’a que quel- ques radicules très rares. L'écorce a une amertume peu prononcée, et quand ôni l'enlève, la racine acquiert une saveur mucilagineuse et sucrée. Ellé est très riche en principes amylacés qui en forment à péu près les deux tiérs. Eile est moins active que la précédente. Son seul débouché est la Havane d'où on la transporte dans la Méditerranée. On la vend réduite en farine après l'avoir fait passer au moulin. Culture. — La Sasepareille ne se cultive pas à Truxillo. Elle y éroit naturellement ; jamais on n'en a fait de semis, pas plus qu'on ne s’est occupé de transplanter de jeunes plants. Le mode d'exportation de cette plante est donc un sujet d’études nou- velles. Cependant M. Richard prétend que la Salsepareille a été naturalisee à l'ile de France. Privé de toute espèce de donnée sur le mode de repro- duction de cette plante loin des lieux où elle vient naturellement; j 'ai pensé SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 707 prendre une bonne garantie en faisant choix de jeunes plants pourvus de toutes leurs racines. Je les ai fait enlever entourés de leur terre naturelle, et je les ai placés dans des barils remplis de terre recueillie sur les lieux mêmes. J'avais à ma disposition des tronçons de tige, et j'ai ceru devoir aussi essayer ce moyen. J'ai fait choix de ceux dont les nœuds étaient les plus pourvus d'épines, et je les ai mis en terre. J'ai fait ensuite un semis avec les graines qui m'ont paru les plus müres. La plante vivant constam- ment dans des lieux ombragés et humides, j'ai maintenu mes jeunes plants à l'ombre à l’aide de tentes et de rideaux ; je les arrosais tous les matins avec de l’eau prise à Truxillo. Sur 350 plants environ, plus de 300 sont arrivés en parfait état de santé à la Martinique, après une traversée de plus d'un mois. Rapprochant ce fait du résultat que l’on a obtenu en Algérie, je crois que la Salsepareille peut être exportée, à la condition qu'on la mette dans des terrains élevés, boisés et humides. Elle ne doit jamais être exposée au so- leil {circonstance de la dernière importance). Celle que j'ai choisie comme me paraissant la meilleure, croit sur le versant des montagnes à une hau- teur d'environ 2 à 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Je ne consi- dère pas cette grande élévation comme étant d'une importance capitale ; mais dans les lieux trop bas la racine court moins bien, et se pourrit même par une trop grande humidité. La température moyenne à Truxillo est de 28 à 30 degrés Réaumur. Dans les lieux frais et élevés où l'on récolte la meilleure Salsepareille, ellé est de 25 à 26 degrés. A mesure que la colonne thermométrique baisse, la Salsepareille devient plus rare. On n'a pas vu cette plante dans les lieux où la température pouvait descendre au-dessous de 16 degrés Réaumur. Je crois que la moindre gelée la ferait perir. Récolte de la racine, seule partie de la plante employée en médecine. — La racine de la Salsepareille se récolte à toutes les époques de l'année. Les Salseros (on appelle de ce nom les hommes qui vont recueillir la racine de Salsepareille), qui vivent pour la plupart isolément au milieu des bois, viennent la vendre à Truxillo, suivant leurs besoins. Iis ménagent les plants qu'ils ont découverts, et laissent assez de racines pour qu'ils puissent four- nit à de nouvelles récoltes. La seconde récolte se fait au bout de six mois à un an. Une fois les racines enlevées, on les lave pour les débarrasser de la terre qui les entoure. Immédiatement après on les roule en paquets. Ces Paquets sont ensuite rapprochés à laide d’une ecorce, modérément serrés et Mis à l'ombre. Peu de jours après, on les met en tas sur une claire-voie, vù, à l’aide de branchages ou du nid du Termite (en espagnol comejen), on les sèche définitivement. Afin que la fumée les pénètre plus intimement, on recouvre le tout de feuilles. Après cette opération, les racines ont beaucoup perdu de leurs poids. On les tient dans un lieu bien sec jusqu'au moment 7h8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. où l’on vient les vendre à Truxillo. Dans cet état, on les vend 5 piastres 6 réaux l’arohe, ou 23 piastres le quintal (124 fr. 20 c.). Pour le négociant qui en fait l'exportation , la racine de Salsepareille n'est pas encore par- faitement sèche. Au bout de quinze jours, elle perd de 40 à 42 pour 100 de son poids. Cette perte fait revenir le quintal à 26 piastres (140 fr. 40 c.) sans emballage. Le prix ce l'emballage vaut, à Truxillo, 2 piastres par ballot (10 fr. 80 c.). Le poids de chaque ballot varie de 110 à 130 livres espagnoles, Quand le ballot est plus lourd, la Salsepareille n’a pas été bien séchée et est susceptible de s’altérer pendant la traversée. Dans le commerce, on a bien soin de confectionner soi-même les ballots. On secoue les paquets pour en retirer toute la poussière qu'ils peuvent en- core contenir, et on les met sous une presse. La pression est maintenue à l’aide de cercles de fer, et les extrémités des ballots sont enveloppées de peaux de bœufs. Sur le marché de New-York, chaque ballot se vend de 32 à 36 piastres le quintal (de 172 fr. 80 e. à 198 fr. 40 c.). La moyenne d'exportation de Salsepareiile, pour la petite ville de Truxillo, s'élève à 60,000 piastres par an. Je me résume en disant : 1° Que le meilleur mode d'exportation de la Salsepareille consiste dans le choix de jeunes plants ; que nous avons perdu presque toutes nos bou- tures; le semis n'a pas réussi. 2° Cette plante doit être constamment à l'abri du soleil ; la racine se pourrit dans une trop grande humidité. 3° Qu'il est douteux, pour ne pas dire probable (et j'insiste particulière- ment sur ce point), que cette plante puisse supporter une température au dessous de 16 degrés Réaumur. M. Fermond fait ensuite à la Société la communication suivante : RECHERCHES SUR LES FÉCONDATIONS RÉCIPROQUES DE QUELQUES VÉGÉTAUX, par M. CH. FERMOND. Une question bien importante à étudier et qui domine toute l'histoire de la fécondation des êtres organisés, est celle de savoir si c'est l'organe måle ou l'organe femelle qui fournit le germe, ou bien encore si les deux organes concourent à la formation de ce point organique qui doit donner naissance à l'embryon. Bien des hypothèses ont été émises que nous n'avons point à examiner ici, mais parmi les preuves qui ont été articulées contre la théorie de l'évolu- tion nous rappellerons seulement que MM. Knight, Gærtner, Wiegmann et quelques autres auteurs ont été conduits par leurs observations, à penser que les hybrides tendent souvent à revenir à la forme de leur mère et non SÉANCE DU 14 DpécemBre 1855. 749 à celle de leur père. Toutefois, il faut dire que M. Wiegmann admet que dans les Nicotianes et les Avoines, on peut, par des séries successives de fécondation, ramener les hybrides, soit au type paternel, soit au type ma- ternel, comme cela a lieu pour les métis des races humaines. Notre but n'est pas d'examiner les faits sur lesquels se sont fondés ces observateurs et nous ne prétendons pas dire que nous ayons complétement éclairé la question, mais nous pensons que nos observations peuvent avoir leur utilité, et c'est pour cela que nous venons indiquer purement et sim- plement le résultat de nos expériences, dont les conséquences sont diamétra- lement opposées avec celles des observateurs que nous venons de nommer. Déjà en 1849 et 1850, en cherchant à produire des variétés de Balsamines, de Reines-Maruuerites et de Dahlia, nous avions cru observer que quelques variétés obtenues retournaient à un type qu'avec les idées des auteurs pré- cités nous croyions être la mère; tandis qu'avec celles de Wiegmann, ce pouvait tout aussi bien être le père. Dans le but d'éclairer cette question, des graines récoltées sur des Dahlia à fleurs blanches et d’autres récoltées Sur des Dahlia à fleurs rouges (ces deux variétés venues dans le même massif) ont été semées à part en mars 4851 et n'ont donné de fleurs qu'en 1852. Parmi les plants de Dahlia à fleurs blanches quelques-uns donnèrent des fleurs plutôt écarlates que blanches, et réciproquement; les plants provenant des graines récoltées sur les pieds à feuilles écarlates donnèrent des pieds à fleurs plus spécialement blanches. Quelque chose de semblable se reproduisit sur les Balsamines et les Reines-Mareuerites. Cependant, peu content de la netteté des résultats et Comme d'ailleurs il nous était difficile d'avoir des graines parfaitement franches, nous avons été conduit à faire nes expériences sur des fleurs et des graines plus faciles à obtenir franches. C'est le Haricot d'Espagne que nous avons choisi. On sait que le Haricot d'Espagne (Phaseolus coccineus Lin. où Ph. mul- tiflorus Willd.) offre trois variété: : la première, à fleurs écarlates et à graines violettes et roses; la deuxième, à fleurs et à graines blauches, et la troisième, à fleurs bicolores et à graines couleur rouille ou mordorée et blane jaunâtre. , Dans cette dernière variété l'étendard et les ailes sont blanes; tandis que la Carène, contournée en hélice avec les étamines et le style, est d'un rose Plus ou moins foncé. Ces caractères nous faisaient espérer que cette variete était très propre au genre d'expérience que nous tentions. En effet, il nous semblait que si elle était réellement le produit adultère de la variété rouge par la variété blanche ou vice versa, ainsi que quelques personnes ! ont Présumé, on pouvait s'assurer quel est du père ou de la mère erw qa donne la couleur de la carène. De plus, il nous paraissait possible | ss Par des fécondations réciproques bien faites, des fleurs inverses ; € est-à- 750 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dire ayant l'étendard et les ailes rouges et la carène blanche, et, partant, de savoir au juste si l'hybride retournait au type paternel ou à celui de la mère. En 1851, nous avons choisi des semences d'un très beau violet foncé et roses et des semences blanches, nous les avons mélées en proportions égales et nous en avons ensemencé une planche. Les fleurs se sont réciproquement fécondées et la récolte nous a donné des graines parfaitement blanches et des graines colorées de nuances très différentes. Parmi ces dernières, quel- ques-unes en petit nombre ont en effet offert la couleur des Haricots de la variété bicolore, et nous ont donné l'année suivante des fleurs bicolores. Toutefois, comme depuis, en répétant ces expériences, nous n'avons pas obtenu de fleurs bicelores, nous craignons bien que les résultats que nous annonçons ne soient dus à un mélange fait à notre insu de graines de Hari- cots à fleurs bicolores avec les graines précitées et cependant mises à part. Nous conservons donc quelques doutes sur ce fait que nous vérifierons plus tard, et ce n’est point sur lui que nous avons voulu attirer l'attention de la Société. Mais au lieu du résultat que nous espérions, nous en avons obtenu un qui peut conduire aux mêmes conséquences, et s’il se vérifiait sur un grand nombre de végétaux, on serait naturellement porté vers une interprétation plus fidèle de la théorie de la fécondation. En 1852, nous avons semé à part des Haricots d'Espagne à fleurs blanches provenant des Haricots blanes semés simultanément et dans la même planche avec des Haricots violets, et nous avons vu, avec un certain sentiment de plaisir, se former dans le courant de l'année des grappes de fleurs écarlates portant des graines violettes et roses; mais comme le hasard pouvait avoir porté dans la même planche des semences de Haricots à fleurs écarlates, nous ne pûmes tirer alors aucune conséquence de cette observa- tion. Cependant en y réfléchissant, nous avons pensé que nous étions sur la voie d'une importante série de recherches à entreprendre, et dès lors nous avons conçu des expériences plus propres à contirmer les résultats què nous ne faisions que d'entrevoir. Le procédé de Kælreuter pour opérer des fécondations réciproques de deux variétés différentes nous paraissant très diflicile à pratiquer en grand surtout sur le Haricot, nous avons eu l’idée de placer l'une à côté de l'autre deux planches ensemencées de Haricots : l'une où il n'y avait que des Hari- cots blancs et l'autre où il n'y avait que des Haricots violets. Nous avons pris le soin de les tenir bien sépares à l'aide de hautes rames et d'examiner après leur croissance les résultats obtenus. Or, nous avons encore constaté que non-seulement la planche de Haricots blanes présentait un grand nombre d'individus à fleurs écariates, mais que la planche de Haricots violets offrait aussi des individus à fleurs blanches. Il est bon d'ajouter que les SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 754 semences provenaient de Haricots blanes et violets qui avaient Joué ensemble l'année précédente. Dans le courant de l'année 1854, nous avons repris l'expérience des années précédentes et des Haricots francs blancs et violets placés séparément dans deux planches à côté l’une de l’autre ne nous ont donné que des fleurs et des graines blanches dans la première et des fleurs écarlates et des graines violettes dans la seconde. Enfin cette année (1855), nous avons répété ces expériences en plaçant à part des Haricots violets et des Haricots blanes provenant de l'expérience de 1854, et nous avons eu de nouveau des fleurs écarlates parmi les Haricots à fleurs blanches, et des fleurs blanches parmi les Haricots à fleurs écarlates. Ily a mieux : c'est qu'en examinant la plante peu de temps après sa germi- nation, nous avons pu tout de suite reconnaitre que quelques pieds de Haricots blancs donneraient des fleurs écarlates et que les Haricots violets donneraient des fleurs blanches. On sait, en effet, que les Haricots violets germent en donnant des cotylédons, une tige et des feuilles d'une couleur plus brune que les Haricots blancs : il était donc possible de constater, peu de temps après la germination, quels seraient parmi les Haricots blancs les pieds qui donneraient des fleurs écarlates, et, réciproquement, parmi les Haricots violets ceux qui donneraient des fleurs blanches. Cela nous a permis de replanter à part des plants à tiges brunes et des plants à tiges plus blanches et bien que pris les premiers dans la planche à graines blanches et les autres dans la planche à graines violettes, nous n'avons récolté, dans le premier cas, que des semences violettes et dans le second que des semences blanches. Nous avons pu, depuis le mois d'octobre, faire germer à part les graines violettes et les graines blanches de cette nouvelle récolte et nous avons constaté cette fois que les violettes ne donnaient que des tiges brunes, tandis que les blanches ne donnaient que des tiges blanches. De cette façon, nous sommes revenu à la variété type sans mélange ; de sorte que c'est un moyen d’affranchir la graine de cette espèce de Haricot. Toutefois, comme nous n'avons agi que sur une cinquantaine de graines de chacune de ces variétés, pour cette raison on peut croire que ce nombre ne saurait suffire pour assurer que l’expérimentation est parfaitement coneluante. L Les conséquences qui découlent naturellement de ces expériences, qui, nous le répétons, ont besoin d’être multipliées, sont les suivautes : Si des graines de Haticots blancs récoltées a côté d'une planche de Ha- ricots écarlates donnent des individus ne portant que des fleurs écarlates et des graines vioiettes, il est clair que ce ne peut être que le pollen du Haricot écarlate qui, fécondant le H. blanc, a fourni le germe qui, plus tard, donnera une plante à fleurs écarlates et à graines violettes. Récipro- Quement, si des semences de Haricots violets récoltées à côté d'une planche de H. blancs produisent des individus à fleurs et à graines blanches, il est 752 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. évident que ce ne peut être que le pollen du H. blane qui, en fécondant la plante à fleurs écarlates, a fourni le germe qui, plus tard, donnera une plante à fleurs et à semences blanches, et cela malgré la coloration si diffé- rente du zesta. I en résulte que ce n'est point au type maternel que ressem- blerait le produit, mais bien au type paternel; ce qui, du reste, comme nous espérons le démontrer dans un travail in extenso sur la fécondation, est tout à fait d'accord avec les observations les plus récentes faites sur les animaux, particulièrement en Angleterre. M. Dachartre fait observer qu'il craint que les plantes qualifiées d'hvbrides par M. Fermond ne méritent pas ce nom, car les précau- tions nécessaires pour déterminer une hybridation n’avant pas été prises, il y a incomparablement plus de chances pour que la fécon- dation ait été opérée par le pollen même des fleurs, que par celui d’une autre plante. Cette probabilité devient d'autant plus grande que M. Fermond n’a fait ses expériences que sur des fleurs hermaphro- dites et qui avaient point été préalablement castrées. M. Fermond rappelle que les jardiniers sèment les plantes en grand, les unes auprès des autres, pour obtenir des variétés au moyen de l’hvbridation, variétés dont, en général, les caractères doivent être peu tranchés, ainsi qu’on le comprend aisément. Mais ce qu'il est difficile d'expliquer sans admettre l'hybridation, c'est comment un haricot blanc peut donner naissance à un haricot rouge. M. Chatin trouve que la réponse que vient de faire M. Fermond n'est pas d'accord avec les conclusions de sa communication. Quant à lui, en étudiant l’organogénie des Légumineuses, il a constaté que presque toujours les anthères s'ouvrent dans le bouton encore fermé, d'où il résulte que l'hybridation est impossible chez ces plantes. M. Fermond répond qu'il n’a pas prétendu affirmer positivement qu'il y ait eu hybridation chez les haricots dont il a parlé. M. Decaisne dit qu’il ne cherchera pas à expliquer ce qui est inex- plicable, à savoir qu'une plante à fleurs rouges, cultivée pendant un certain temps, finit par en produire de blanches. Mais le fait n’en est pas moins certain et fréquent. Lorsqu'on sème des Pavots rouges après sélection bien faite, on obtient presque toujours des fleurs de couleurs différentes. Les opéralions des jardiniers ne prouvent abso- lument rien. Chez les Composées, la fécondation artificielle est tres difficile, et pourtant les Dahlia ont varié de couleur dès leur intro- duction en Europe. Il y a des espèces qui varient sans cesse et quoi SÉANCE DU 14 pÉCEuBRE 1855. 753 qu'on fasse pour les en empêcher ; d'autres au contraire ne varient ja- mais. Le Viola altaica, introduit en 1818, ne présentait que du jaune et du violet. C’est par l'extension ‘que peut prendre lune ou l’autre de ces couleurs qu'ont été produites les innombrables variétés de Pensées que l’on possède aujourd’hui dans les jardins et qu’il ne faut pas confondre avec l’ancien type. M. Fermond reconnait que les Composées se prèlent mal à des expériences d’hybridation, mais il a étudié la fécondation dans cette famille et dans d’autres, et il a constaté que le stigmate n'est pas toujours fécondé avant l'anthèse. Le style est quelquefois très saillant avant que les anthères s'ouvrent. Dans ce cas, il est très pos- sible que le pollen d'une plante voisine soit transporté par le vent sur le stigmate, et que l'hybridation ait lieu. Dans les expériences qu'il a faites sur les fécondations réciproques, il a choisi le Haricot, Parce que les haricots blancs donnent des fleurs blanches, et les ha- ricots rouges des fleurs rouges. Ayant reçu des haricots blancs du Mans, il les-a d’abord cultivés seuls pendant trois ans, et ils sont restés blancs. Plus tard il y a joint des haricots violets, et alors ont com- mencé Îles mélanges dans les résultats des semis. l M. Planchon ne saurait partager l'opinion de M. Fermond, qui admet le retour des hybrides au type paternel plutôt que maternel. Il lui oppose le phénomène que présente le Cytisus Adami, prove- nant des C. Laburnum et C. purpureus. Cet hybride est d’abord reste invariable, puis on l’a vu en plusieurs lieux revenir tantôt au type maternel, tantôt au type paternel, et il produit aujourd'hui souvent sur un même pied les feuilles et les fleurs de chacun de ses deux Parents. M. Fermond répond qu'en zoologie il y a des faits qui prouvent le retour des hybrides au type paternel. Ainsi, en Angleterre, pour avoir des animaux à cornes, on croise un Laureau à cornes avec une vache Sans Cornes, etc. o, . M. Pianchon rappelle que le Cytisus Adam n est pas le premier exemple bien constaté d’un hybride revenant à la fois aux types pa- ternel et maternel. I cite le fait de l'Oranger décrit par Gallesio, ct Connu sous le nom de Bizarrerie, hybride certain et qui reumt quel- quefois dans le même fruit les caractères du citron, de lorange et du cédrat. | M. Decaisne fait observer que dans ce dernier cas, de même que dans les croisements dont a parlé M. Fermond, il ne saurait être 50 TOIL 754 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. question de véritables hybrides, mais de simples métis ou hybrides entre variétés. Le terme de métis, pris dans cette acception, a été introduit par Gallesio et repris avec raison par M. Vilmorin. On doit réserver le nom d’hybrides aux produits des croisements entre deux espèces distinctes. M. Fermond reconnait que les plantes sur lesquelles il a opéré ne sont que des variétés, mais des variélés si tranchées qu'elles pour- raient presque être considérées comme des espèces. M. Decaisne cite encore les Pieds d’alouette blancs, dont les semis produisent presque toujours quelques individus à fleurs roses ou vio- lettes, malgré le choix de graines le plus attentif. A l’occasion de cette discussion sur les hybrides, M. Decaisne donne en outre quelques détails sur les recherches récentes de M. Naudin, relativement à la fécondation : M. Naudin a repris cette année les expériences de Spallanzani et de Bernhardi, qui avaient déjà constaté que le Chanvre femelle peut produire des graines fertiles sans le concours du mâle. — De plus, il a cultivé des Mercuriales femelles, séparées des mâles, dans une chambre close, à un troisième étage ; et il a obtenu un certain nombre de graines parfaitement embryonnées. Le même fait a eu lieu dans une serre à Cactus, qui, il est vrai, n'a pas été toujours exactement close, mais que sa disposition et son élévation au-dessus du niveau du sol semblent avoir mis suffisamment à l'abri de l'accès du pollen des rares pieds mâles qui peuvent se trouver dans le jardin. Les plantes femelles ont été examinées avec la plus grande attention, sans qu'on soit parvenu à y découvrir le moindre organe mâle qui pût fournir du pollen. — La Bryone a aussi présenté un phénomène sem- blable. H existe, dans le nouveau terrain du Muséum, de l'autre côté de la rue Cuvier, un pied femelle de cette plante, et pas de pieds måles : il n'en existe qu'assez loin de là, à l'École de Botanique et dans le$ parterres qui sont voisins du pont d'Austerlitz. Or, souvent des rameaux entiers du pied femelle isolé se couvrent de fruits contenant des graines parfaites. Ainsi le fait du C'ælebogyne, cité par M. John Smith et accepté par les botanistes les plus distingués de l'Angleterre, n’est pas le seul exemple de fruetification ayant lieu, chez les végétaux phanérogames, sans le concours de l'organe mâle. M. J. Gay demande si les expériences de M. Naudin se sont étendues à la deuxième génération, M: Decaisne répond que les résultats de la deuxième génération j SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1855. 759 ne pourront être connus que l’année prochaine. I présume que les générations suivantes, si l’on parvient à en obtenir, ne resteront pas longtemps fertiles, l’action du pollen étant indispensable pour leur donner une nouvelle vitalité. M. Pucl, vice-sccretaire, donne lecture de l'extrait suivant d'une communinica{ion adressée à la Société : BOTANIQUE ARITHMÉTIQUE , par M. M. DU COLOMBIER. (Metz, novembre 1855.) Exposition d'une méthode propre à résoudre plusieurs questions de Bota- nique arithmétique, et applications de cette méthode à quelques cas particu- liers. — Trouver une formule susceptible de donner le nombre des espèces qu'on rencontrerait dans une portion quelconque d'un pays, si l'on supposait la végétation de ce pays répandue sur sa surface d’une manière uniforme, moyenne entre toutes celles qu'on y peut observer, tel est notre pre- mier but, Pour l'atteindre, nous supposons cette régularité réalisée; c'est-à-dire que considérant toutes les espèces comme occupant un carré régulier d'apres la propriété qu'elles possèdent en général d'avoir une aire de forme ra- massée, nous admettons que tous ces carrés sont égaux et semblablement Placés, et que leurs centres sont dispesés aussi régulièrement que possible, de manière à n'être que les points d'intersection de deux systèmes perpen- diculaires de lignes parallèles équidistantes. Imaginant alors, dans une po- sition semblable à celle des précédents, un nouveau carré destiné à repre- senter la province dont on cherche le nombre des espèces, nous calculons ce nombre N en évaluant celui des aires que le nouveau carré doit com- Prendre ou rencontrer. (A + S} = dans laquelle A represente le a? N est donné par la formule N = côté d'un de nos premiers carrés, et par suite A? l'aire moyenne d’une espèce; a la distance de deux centres voisins; enfin S le côte du dernier carré, et par suite S? la surface de la province. D'après cette formule, les caractères généraux du phénomène que nous analysons sont les suivants : ę Sur une petite surface le nembre des especes est à peu près égal à ~ il reste done le même quand l'écartement des aires devient A, 9, 16... fois plus grand, pourvu que Faire moyenne devienne seulement 2, 3, Ms. fois plus grande, Ce nombre augmente avec fa surface considérée, mais bien Moins rapidement qu'elle, dans les premjers Moments du moins; car à la 756 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fin, c'est-à-dire lorsqu'on arrive à des surfaces très grandes par rapport à l'aire moyenne des espèces, les deux quantités varient à peu près propor- tionnellement, la valeur deleur rapport constant étant déterminée par l'écar- tement moyen des aires. Lorsqu'on veut se servir de cette formule pour un pays quelconque, il faut commencer par déterminer les valeurs de A et a relatives à ce pays. Pour cela il faut connaître le nombre Ni des espèces qui se rencontrent dans le pays tout entier, dont nous supposerons la surface égale à S4?; puis celui N2 des espèces qui se rencontrent dans une portion du même pays, portion dont nous représenterons la surface par S2. Les valeurs cherchées sont alors données par les formules : Si VNa— Se VNi A = =; VN—VN Sı — S2 VNi— V No a TZ Si les végétaux étaient uniformément répandus dans la contrée qu’on a en vue, il serait indifférent de prendre pour bases du calcul les valeurs qui se rapportent à une portion de la contrée ou celles qui se rapportent à une autre. Mais ceci n’a jamais lieu. Voici, par suite, ce qu'il y aurait de mieux à faire. Il faudrait se procurer le nombre des espèces qui se rencontre- raient dans la moitié ou une portion aliquote quelconque du pays, si l’on supposait ce pays divisé en deux ou plusieurs parties jouissant de la double propriété d'être égales les unes aux autres en surface et de contenir un même nombre d'espèces. [ne pareille division est toujours possible, et il est clair que les nombres qu’elle fournira seront l'expression la plus fidèle possible de l’état moyen de la végétation. Malheureusement cette méthode semble impraticable dans l’état actuel de la science, même pour les pays les mieux explorés, On se trouve ainsi réduit à choisir une province qu’on puisse regarder comme ayant une richesse moyenne ou à Calculer les valeurs de À et a plusieurs fois, d'après les nombres fournis successivement par diverses provinces, et à s'arrêter à une moyenne entre les résultats. Quant à la manière de déterminer ces valeurs moyennes, elle consistera à np ` ` PE A? , pe à prendre pour la valeur définitive de — une moyenne arithmétique M? a “ 2 entre toutes celles qui correspondent aux divers calculs. On aura ainsi A? {LS L — . . £ Sy A m = M?; on a du reste toujours N4 —( T ! ;ilen résulte les deux expressions suivantes : MS: Sı A = — AZ 7 —— YN: —M YNi— M SÉANCE DU 4h DÉCEMBRE 1855. 757 Nous avons déterminé A? et a pour la Russie, la France et le Cap, d'après des données puisées dans la Géographie botanique de M. Alph. De Candolle. Pour le premier pays, on trouve que l'aire moyenne des espèces est égale à 160179 lieues carrées, et que l'écartement moyen des aires est de 45 lieues. L'aire moyenne en France est de 27556 lieues carrées, et l’écartement moyen de 5 lieues. Au Cap, l'aire moyenne n'est que de 1591 lieues carrées, et l’écartement moyen que de 1,67 lieue. En supposant que la Jamaïque renferme 3200 espèces et qu’une surface de 30 lieues carrées dans cette ile en renferme 4020, un peu plus qu'une surface aussi petite en France, on trouverait pour l'Amérique équinoxiale une aire moyenne de 484 lieues carrées et un écartement moyen de 0,86 lieue. Au moyen de ces valeurs on peut calculer le nombre des espèces qui cou- vriraient toute la surface de la terre, si elles étaient répandues sur toute cette surface, comme elles le sont, soit en Russie, soit en France, soit au Cap, soit aux Antilles. Mais il faut, dans ce cas particulier, faire subir à notre formule une modification qui la transforme en la suivante : N= Sta au moyen de laquelle nous avons calculé que dans le pre- mier cas il n'existerait que 29720 espèces; dans le second, 242000 ; dans le troisième, 2442000, et enfin dans le quatrième, 9208000. Si l'on admet qu'un dixième des terres a une richesse moyenne entre celle du Cap et celle des Antilles, que cing autres dixièmes ont une richesse égale à celle de la France, et qu'enfin Jes quatre derniers dixièmes sont aussi pauvres que la Russie (suppositions bien favorables en somme), le nombre des espèces existant à la surface de la terre sera de 715000. Elles auront une aire moyenne de 6500 lieues carrées, et l'écartement moyen des aires sera de 3 lieues environ. (A +5? supposant A et a déter Notre formule N — S NOUS donne, en supposant A et a deter- Mminés pour un pays, le nombre des espèces qu'on rencontrerait dans une province quelconque de ce pays Si la végétation y était uniformément dis- tribuée. Le rapport du nombre de celles qu'on y trouve réellement à ce nombre théorique est une mesure préeise de la richesse de cette province, la richesse du pays considéré dans son ensemble étant prise pour unité. Le tableau suivant est une application de ce genre de mesure à quelques pro- Vinces de la France : 758 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. [i SURFACE NOMBRE NOMBRE | RAPPORT NOM DE LA PROVINCE. ide la province] théorique réel de ce dernier! |en lieues carr, |des espèces. [des espèces, au précédent. France (Corse comprise)......,,.| 26300 3800 3800 4,000 Départements du centre de la France ....,....,0........| 2600 1663 1600 0,962 Environs de Paris........ sos. 1405 1462 1350 0,924 Département de la Gironde ...... 571 1274 1320 1,036 Département de la Marne s.s.s... 416 1227 1080 0,880 Département de Maine-et-Loire... 36 1210 1320 1,090 Département du Calvados ...... . 285 1182 1220 1,032 Buvirons immédiats de Strasbourg. 7,50 1005 970 | 0,96 | | \ Les nombres de la dernière colonne permettent de ranger ces provinces par ordre de richesse, Enfin, avec notre formule, il est facile de comparer entre elles deux con- trées, d'une manière approfondie, au point de vue du nombre et de la dis- tribution des espèces. On peut, en effet, par son moyen, caleuler le rapport qui existe entre les nombres d'espèces relatifs à une même surface quel- conque de chacun des deux pays. Il est aisé de figurer la série de ces rap- ports par une courbe, moyen de représentation très expressif en ce Cas comme en tant d’autres. En comparant de cette manière la France avec la Russie, on voit que le rapport, d’abord égal à 4,43, croit sans cesse jusqu'à la valeur limite de 8,30; c’est-à-dire que la France a pour une surface quelconque plus d'espèces que la Russie, et que sa richesse relative est d'autant plus grande que les surfaces considérées ont plus d’étendue. En comparant le Cap à la France, on voit que le rapport, d’abord égal à 0,58, plus petit par conséquent que l'unité, croit sans cesse et finit par devenir égal à 10,13. Ainsi le Cap a pour une petite surface moins d'es- pèces que la France; elle en a autant sur une surface de 440 lieues, et elle en a plus sur une surface dépassant cette dernière en grandeur. M. Duchartre, secrétaire, présente à la Société des Champignons conservés dans l'alcool, envoyés par M. Léon Soubeiran, et denne lecture de la lettre suivante, qui accompagnait cet envoi : Paris, 3 décembre 4855. MONSIEUR LE PRÉSIDENT, Pendant le séjour que j'ai fait cette année à Bagnères de Luchon, j'ai eu occasion de trouver, dans les galeries faites pour capter les sources SÉANCE DU 14 pécempre 1855. 759 minérales sulfureuses de cette localité, des champignons qui pourraient avoir peut-être un certain intérêt, Je vous adresse donc les produits de ma récolte en vous priant de vouloir bien les renvoyer à l'opinion de nos savants collègues qui s'occupent plus spécialement de ces végétaux, et qui pourront nous faire savoir si ma récolte offre ou non quelque intérêt {1). Ces champignons croissaient à la partie inférieure des poutres destinées à soutenir les travaux souterrains qu'on exéecutait aux bains de Bagnères de Luchon, sous la direction de M. François. Ils se trouvaient là au milieu d'une atmosphère toute saturée de vapeurs sulfureuses, et dont la tempéra- ture s'élevait au moins à 46 degrés centigrades, par conséquent en dehors des conditions ordinaires. En outre de ces circonstances anormales, je dois noter que ces champignons se trouvaient privés de l'influence de la lumière, car on les trouve seulement après avoir pénétré assez avant dans les gale- leries, et là où la luinière des portes d'entrées ne peut parvenir. Dès qu'on les sort des galeries et qu'ils se trouvent exposés à la lumière, ces cham- pignons, qui d'abord étaient blane jaunâtre, prennent une teinte noire qui va se fonçant de plus eu plus. En prenant le soin de garantir de la lumière pendant quelque temps les champignons que l'on a plongés dans un bocal rempli d'alcool, on évite ce changement de couleur du végétal, et l'on peut, après une quinzaine de jours, abandonner, sans remarquer aucune modifi- cation de teinte, ces champignons au contact de l'air et à l'influence de la lumière, Avant de terminer, je dois dire que j'en ai trouvé de tout à fait sembla- bles dans les galeries que l'on exécute à Cauterets. Pensant qu'ils devaient présenter les mêmes phénomènes puisqu'ils subissaient les mêmes influences, et d’ailleurs pressé dans la visite que je faisais de ces galeries, j'ai négligé d'en emporter des échantillons de cette autre localité d’où l’on pourrait, du reste, en faire venir. Veuillez agréez, ete. J.-LÉON SOUBETRAN. (1) Les champignons recucillis par M. L. Soubeiran ont été transmis à M. le docteur Montagne, qui se propose de faire prochainement, à leur sujet, une com- munication à la Société. 760 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, SÉANCE DU 28 DECEMBRE 1855 PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 décembre, dont la rédaction est adoptée. A l’occasion du procès-verbal, M. Fermond donne lecture de la note suivante, pour répondre aux observations qui lui ont été faites dans la dernière séance, au sujet de sa communication sur les fécon- dations réciproques (1) : Nous commençons par dire que loin de considérer la note que nous avons communiquée à la Société le 14 de ce mois, comme renfermant des obser- vations faites sur des individus mal choisis, nous les croyons, au contraire, très aptes à nous éclairer sur cette question obscure de la fécondation, puisque précisément nous les avons choisis exprès. Toutefois, peut-êlre avons-nous fait un peu comme le singe de la fable en v’éclairant pas suffi- samment tous les points de notre lanterne, Comme nous nous rappelons parfaitement les objections qui nous ont été faites, nous allons les reprendre une à une et y répondre aussi brièvement que possible, et de manière à faire voir qu’elles ne sont en aucune façon de nature à détruire les idées avancées dans notre note, Quatre objections sérieuses en apparence nous ont été faites; mais avant de les examiner nous commençons par dire que nous avons commis une erreur en disant, dans la discussion, qu'il se pourrait que le Haricot blane et le Haricot écarlate d'Espagne fussent deux espèces distinctes ; telle wa pas été notre intention, qui serait contraire aux termes mêmes de notre communication et surtout de nos idées, puisque nous avons précisément choisi ces deux variétés voisines, comme pouvant, mieux que deux espèces, convenir aux expériences que nous voulions tenter. En effet, si l'on choisit deux espèces différentes, on s'expose à passer plusieurs années sans rien observer, parce que, ou bien la fécondation peut ne pas s'effectuer, ou bien encore, si elle se fait, il se peut que l'on obtienne un hybride qui ne produise pas de graines fertiles, et comme il faut des individus capables de se reproduire plusieurs années de suite pour étudier sur eux vers quel parent ils retournent, comme de plus ces sortes de re- cherches ont besoin d’être souvent répétées, il en résulte que l'on à perdu au moins deux saisons en expériences inutiles. C'est parce que nous Savons que de pareilles tentatives inutiles ont été faites que nous avons voulu nous épargner une semblable peine, Nous avons, au contraire, choisi des variétés très voisines qui pussent se (1) Voyez plus haut, page 748. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1855. 761 féconder réciproquement et avec assez de certitude pour que des années ne fussent point perdues pour nous; mais pour cela il fallait opérer sur des variétés ayant des caractères fixes, constants, et qui ne dussent pas se perdre après plusieurs générations. Or, il est très difficile de trouver des variétés dans de semblables conditions, car cette fixité et cette constance de caractères sont précisément celles qui appartiennent à l'espèce, D'un autre côté, nous sommes persuadé que plus les caractères des espèces ou des variétés seront différents et variés, plus il sera difficile de décider ce qui, dans l'hybride ou le métis, appartiendra au père ou à la mère ; au contraire, si les variétés que l'on accouple n'ont qu'un teul carac- tère pour différence (pourvu que ce caractère soit reconnu fixe et constant), il est bien plus facile de reconnaitre dans le produit ce qui provient de l'un ou de l'autre sexe, Voilà encore pourquoi nous avons préféré, pour faire nos expériences, deux variétés ne différant l'une de l’autre que par une coloration fixe et constante. Si maintenant on se souvient que nous avons dit que plusieurs années de suite (1848, 1849, 1850 et 1851) nous avions cultivé la variété blanche seule, et que nous n'avions jamais obtenu la moindre fleur écarlate ou même rose, et cela non pas en agissant sur quelques pieds seulement, mais sur des planches où les pieds se comptaient par centaines, on comprendra que nous ayons dů penser aux variétés de Haricots d'Espagne pour entreprendre des expériences que nous tenions à faire avec autant d'exactitude que le comporte un pareil sujet. Nous le répétons, nous croyons que des variétés Voisines, mais à caractères fixes et tranchés, conduiront tout aussi bien à des idées justes que les espèces, tout en n'exposant pas à des pertes de temps. ll ne faudrait pas croire pourtant que nous ayons oublié le conseil que nous donne Linné de ne pas trop s'en rapporter à la coloration : Nimium ne crede coloré (1); mais quand la coloration se retrouve dans les cotylé- dons, la tige, les feuilles, la fleur et les fruits, il est difficile de ne pas Croire à la fixité de ce caractère. Nous n'avons pas faiten grand sur le H. d'Espagne à fleur écarlate ce que nous avons fait sur le blanc; mais nous doutons fort qu'avec des se- Mences franches de H. à fleurs écarlates on obtienne directement des Hari- cots blanes; car, selon nous, ce n'est pas un albinisme semblable à celui qui fait que certaines fleurs de Campanules, de Gentianes, ete., deviennent Pathologiquement blanches; mais bien un albinisme analogue à celui du Lis blanc (Lilium candidum, L.), et à part quelques traces de rouge que , e, . F -vari ) s presentent les sépales du Lilium candidum purpureo variegatum, nous ne sachions pas que la couleur de cette espèce ait jamais passe a l'une quel- conque des deux séries : eyanique ou xanthique. (1) Phil, bot., 266. 762 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Maintenant examinons la valeur des objections que l’on nous a opposées. 1° Celle que nous a faite M. Duchartre ne nous semble pas fondée, En effet, nous n'avons pas prétendu créer des hybrides ou des métis. Cela ne nous parait pas nécessaire entre variétés très voisines, comme le sont les Haricots en question, puisque, à part la coloration différente, tous les autres caracteres sont semblables. Il y a plutôt, selon nous, dans cette fécondation, quelque chose d'analogue à ce qui se passe dans les races animales ou même chez des individus de la même race, mais présentant des colorations diffé- rentes, comme nous l'indiquerons tout à l'heure en parlant du fait observé par M. I. Geoffroy-Saint-Ililaire sur l'accouplement d'une chienne du mont Saint-Bernard d’abord avec un chien de Terre-Neuve, et ensuite avec un chien de chasse. Jra-t-on dire qu'ici il y a formation de variété, d'hy- brides ou de métis? Évidemment non, car il résulterait d’une pareille ma- nière de penser que l'espèce disparaitrait complétement pour ne plus laisser reconnaitre qu'autant de variétés qu'il y a d'individus. Jamais, à notre con- naissance, on n'a pensé que l'enfant d’un homme brun et d’une femme blonde de la variété caucasique, par exemple, dût être regardé comme un métis ou une variété quelconque. Il faut de toute nécessité, d’ailleurs, qu'il y ait une limite à la formation de ces variétés, sans cela tout autour de nous ne formerait plus qu’un chaos impénétrable à la plus vaste intelligence humaine. 2° Personne plus que nous n'est disposé à rendre justice et à s'incliner hamblement devant le profond savoir et l'honorabilité de notre président, et c'est précisément en raison de ces éminentes qualités que nous ne crai gnons pas de relever l'erreur qui s'est glissée dans son objection. Notre honorable président nous a opposé que dans les Synanthérées la fécondation réciproque était très difficile puisqu'elle se faisait avant l'anthèse. A cela nous avons répondu que très souvent nous avions observé que dans quelques Synanthérées et quelques Campanulacées où la fécondation se faisait aussi avant l'anthèse, il arrivait fréquemment que le style était beaucoup au-dessus du tube anthérique bien avant l'émission du pollen, et que, par conséquent, alors un pollen étranger pouvait très bien agir sur la partie stigmatique du style. D'ailleurs, si l'on observe que les Synanthérées constituent une grande partie de la dix-neuvième classe du système sexuel de Linné, la Syngénésie, et que ce grand naturaliste les a précisément clas- sées d’après la possibilité d'une fécondation réciproque très fréquente, puisque dans son style figuré il a donné à ses divisions le nom de polygamie en y ajoutant une épithète particulière; de là les noms de polygamie égale , su- perflue, frustranée, nécessaire, ete.; il est probable que l'on considérerà l'objection comme ne pouvant être appliquée à notre note, surtout si lon remarque que les Reines-Marguerites et les Dahlia? appartiennent à la syn- SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1855. 763 génésie polygamie superflue, c'est-à-dire ayant des fleurs femelles fertiles séparées et placées à la circonférence de la calathide, Or, comme la flo- raison des diverses fleurs qui composent chaque calathide appartient au système centripète, il en résulte que les fleurs femelles sont précisément aptes à la fécondation avant les fleurs hermaphrodites qui sont au centre : done la fécondation est on ne peut plus possible. 3° Quant à l'objection de M. Chatin, nous y avons répondu en disant qu'il se peut, en admettant qne la fécondation se fasse avant l'anthèse, ce qui n'est pas l'ordinaire chez les Légumineuses, que le style dépasse assez les anthères avant leur déhiscence pour que la fécondation par un pollen étranger soit possible, comme nous l'avons reconnu chez les Campanulacées et les Synanthérées, he Enfin, les deux observations de M. Planchon ne nous semblent pas de nature à détruire l’idée que nous avançons dans notre note, que le produit tend plutôt à retourner vers le type du père. En voici la raison : Dans sa Physiologie végétale, De Candolle s'exprime ainsi à la page 718 : « MM. Knight et Sageret ont constaté que les graines d'un même fruit peuvent recevoir des fécondations différentes. M. Salisbury m'a jadis affirmé verbalement avoir obtenu le même résultat dans un Metrosideros. M. Sageret semble même admettre que deux pollens différents pourraient agir sur le même ovule. Ce soupçon est résulté pour lui de certaines res- remblances vagues observées entre le Melon commun, le Melon-serpent et le Chaté, fécondés les uns par les autres ; mais il ne les détaille pas et lui- même présente cette opinion avec beaucoup de doute. » D'un autre côté, Duhamel avait admis la possibilité de la réunion de deux embryons, puisqu'il dit dans sa Physique des arbres (t. I, p. 306) : «ny à une cause de monstruosité qui est commune au règne végétal et au règne animal ; c'est la réunion de deux embryons en tout ou en partie. » Turpin a figuré dans son /conographie végétale, tabl. 31, fig. 13, une semence d'Oranger avec cinq embryons, et fig. 14 une graine d'Ardisia coriacea, dans laquelle on reconnait deux embryons. Gelles de Citronnier offrent souvent deux embryons, et celles de Pampelmousse huit et même dix, M. Robert-Brown a fait voir que les semences de l Abies excelsa, du Mélèze, du Pinus Strobus, etc., renfermaient plusieurs embryons. Dupetit- Thouars a aussi trouvé deux embryons dans la semence de l'£vonyinus lati- folius, et de deux à quatre dans l'Zuphorbia rosea. Richard en a trouvé quatre dans la semence de l'Allium fragans. M. Alph. De Candolle a trouvé deux embryons soudés suivant toute leur longueur dans | E uphorbia helioscopia (1), ainsi que dans le Lepidium sativum et le Sinapis ramosa (2), (1) DC., Organ. vég., pl. LLV, fig. 1. (23) DC., loc, cit., pl. LUI, fig. 4. 764 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et nous-même en avons trouvé deux et même trois dans les semences de VAllium Cepa, deux dans celles de l Allium Porrum et du Tulipa (resneriana. Enfin, M. Moquin-Tandon , dans sa Tératologie végétale, en désignant sous le nom de Synophtie des embryons la soudure de deux individus pri- mitifs, semble en admettre aussi la possibilité; mais pour que cette soudure se fasse, il faut que les embryons aient été réunis à l’état pour ainsi dire naissant, et d’ailleurs il faut qu'ils se trouvent dans la même graine; con- cluons done que la même graine peut recevoir deux germes ou même plus, Mais si la même graine peut recevoir deux germes, malgré l'observation très juste d’ailleurs de Kœælreuter, qui consiste en ce que la plus petite quantité du pollen propre de la plante suffit pour empêcher l'action d’un pollen étranger sur le stigmate, on ne verrait pas pourquoi le pollen d'une variété très voisine d'une autre ne pourrait pas agir assez efficacement pour fournir son germe à l’ovule aussi bien et en même temps que le pollen propre de la plante, Il se ferait dans J'ovule une greffe tout à fait semblable à celle que tous les jours nous pratiquons entre des individus tout venus, Pour notre compte, nous ne voyons aucune difficulté à admettre un sem- blable ordre de choses, qui semble avoir frappé l'esprit des observateurs précités. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi le Cytisus Laburnum, fécondé par le Cytisus purpureus où réciproquement, peut donner des fleurs jaunes et des fleurs purpurines. Si le même ovule a été fécondé à la fois par le C'ytisus purpureus et le Cytisus Laburnum, il peut fort bien se faire que les deux germes se soient soudés l’un sur l’autre, et qu'ayant vécu ensemble ils aient donné l’un des fleurs purpurines, l'autre des fleurs jaunes. Dans ce cas, loin de détruire notre opinion, l'exemple choisi par M. Planchon serait tout aussi propre à la confirmer. L'action simultanée de plusieurs pollens sur le même ovule est même la seule manière raisonnable de rendre compte de ce fait curieux que présente le genre Citrus dans la variété que les Italiens connaissent sous le nom de Bizzaria, et qu'en France on désigne sous celui d'Oranger hermaphrodite. On sait que cette variété porte à la fois sur la même branche des Biga- rades, des Limons, des Citrons et des fruits mélangés. Elle a été découverte en 1644 par un jardinier de Florence dans un semis d'orangers. M. Planchon nous a dit aussi que Gallesio a obtenu des fruits qui étaient partie limon, partie citron et partie orange, et il se sert de cet argument pour nous combattre. Nous nous efforçons vainement de comprendre comment notre estim confrère à pu nous faire cette objection en présence de celle de M. Du- chartre, qui précisément a argué de l'absence d'hybride contre la consé- quence que nous avons tirée de nos observations. Or, dans un fruit qui able SÉANCE DU 25 DÉCEMBRE 1855. 765 presenterait accidentellement des parties d'orange, de limon et de citron, il faudrait admettre que le pollen agit immédiatement sur le fruit, ce qui n’est généralement pas admis. A l'argumentation de M. Planchon on peut donc poser ce dilemme : ou le fruit en question a été produit par un hybride provenant à la fois de la fécondation de l'Oranger par le Limonier et le Bigaradier, ou bien il provient de la fécondation directe. Dans le premier cas, puisque la semence qui a produit l'hybride conte- nait simultanément le germe ou l'action quelconque sur l'ovule du pollen du Limonier et du Bigaradier, nous ne voyons pas pourquoi elle ne con- tiendrait pas tout aussi bien et en même temps le germe ou l'action quel- conque sur l’ovule du pollen propre de l'Oranger, et alors explication du fruit participant de l'une et de l’autre variété est facile. Dans le second cas, nous retombons dans une variété de l'espèce d'objection faite par M. Duchartre. Mais nous n'avons réellement affaire ici qu'à un fruit qui ne doit être considéré que comme une monstruosité dans laquelle le hasard où la manière de voir des auteurs ont pu y faire trouver quelque ressem- blance avec un limon, un citron ct une orange. Voici comment, au reste, De Candolle répond à cette manière de penser relative à l'action immédiate du pollen sur le fruit : « Ces faits sembleraient prouver une action directe du pollen sur le péricarpe de l'ovaire fécondé. Je conserve cependant beaucoup de doutes à cet égard. En effet, les fruits digités constituent une monstruosité qui se conserve de greffe. Or, com- Ment cela pourrait-il être, si leur origine tenait à la fécondation anomale d'une fleur? Celle-ci serait métamorphosée sans que le reste de l'arbre püt être modifié. Ce sujet me parait donc être de ceux qui méritent de nouvelles observations et sur lesquels il convient de suspendre tout jugement. Il faut, en effet, remarquer que, tandis que tous les cas d'hybridité végétale trou- vent leur analogue dans les phénomènes de la fécondation des animaux, celui-ci n'y a point de représentants; on n’a jamais remarqué qu'une jument pleine d'un âne ou une ânesse pleine d’un cheval présentât dans sa grossesse quelque phénomène particulier. » MM. Gærtner et Sageret, qui se Sont occupés spécialement de ces questions, regardent l'opinion qui admet l'action immédiate du pollen sur l'ovaire comme une chose absolument Impossible, , Nous ne doutons pas qu'ici l'on aura quelque propension à opposer pre- cisément ce raisonnement à ce que nous avons avancé dans notre note; mais avant de nous faire cette objection, nous prions de remarquer que ce n est pas exactement le même cas. En effet, nous ne disons pas que le Ha- "icot blane, en fécondant le H. écarlate, donne immédiatement une gratne carlate, en fécondant le H. blanc, mais nous disons que le H. blanc u monde, pour ainsi bi he i in? 5 che, ni réciproquement que le H. e i a. . Le onne directement des semences violettes ; léÇoit et nourrit Je germe du H. violet qui, en venant à 766 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dire, aura les caractères du père; comme aussi le H. violet reçoit et nourrit le germe du H. blanc, qui par la germination revêtira la livrée du parent mâle. Un exemple clair et précis pris dans les fécondations animales suf- fira, nous l'espérons, pour faire comprendre nettement notre pensée, Tout le monde connait le fait observé par M. Isidore Geoffroy-Saint- Hilaire, mais nous devons le rapprocher du nôtre : Une chienne du mont Saint-Bernard, couverte par un chien de Terre-Neuve à peu près de sa taille et par un chien de chasse beaucoup moins gros, a produit onze petits, dont cinq, du double plus grand que les autres, étaient semblables au chien de Terre-Neuve et tous mâles; les six autres, pareils au chien de chasse, étaient tous femelles. Si l’on avait examiné les ovaires aussitôt après la fécondation, il est plus que probable que rien à l'extérieur n'aurait trahi le passage de l’une et l’autre race de chien, tandis qu'aussitôt ou peu de temps après la parturition, il était facile de reconnaitre de quels pères la mère était pleine. Comme on le voit, le résultat de nos expériences est tout à fait identique avec celui que M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire a observé, et l'on peut remarquer par la même occasion que la variété ou race de chien du mont Saint-Bernard et les variétés ou races de chiens de Terre-Neuve ou de chasse n’ont pas produit d’hybride ou de métis, puisque cinq ressem- blaient au premier père et les six autres au second. MM. Decaisne et Duchartre se réservent de répondre, dans une prochaine séance, à cette note de M. Fermond. M. Gogot, à propos des observations de M. Germain de Saint- Pierre sur l’étiolement (1), rapporte que M. Lefèvre, l'un des associés de M. Vilmorin, lui a dit avoir remarqué que généralement chez les plantes privées de lumière, il n’y a que les parties vertes qui s'étio- lent; les parties rouges ou jaunes ne s’étiolent jamais. Ainsi M. Le- févre a vu sur une Chicorée panachée le rouge des feuilles persister, tandis que les parties vertes étaient étiolées. M. Decaisne, encore à l’occasion du procès-verbal, annonce que les deux plantes nouvelles présentées par M. Fr. Delessert (2) sont parfaitement distinctes des espèces existant actuellement dans les jardins. L’Aroïdée est remarquable surtout par l'absence complete de l'âcrelé qui caractérise toutes les Colocases introduites jusqu'à ce Jour en Europe. Quant au tubercule ovoïde de Dioscorea, il diffère beau- coup de celui du Dioscorea sativa, ct plus encore de celui du Dios- corea Batatas. Il est très féculent et nullement mucilagineux. Da (1) Voyez plus haut, page 744. (2) Voyez plus haut, page 741, SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1855. 767 saveur, après la cuisson, se rapproche de celle de la chälaigne, et un peu aussi de celle de la Batate douce (Batatas edulis). M. le Président annonce ensuite six nouvelles présentations. Dons faits à la Société: 1° De la part de M. Godron, de Nancy : Catalogue des graines récoltées au jardin des plantes de Nancy en 1855. 2 En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, décembre 1855, deux numéros. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro d'octobre 4855. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la note suivante, adressée à la Société par M. Gueydon de Dives, et datée de Manzac (Dordogne), 46 décembre 4855 : Bien que depuis 1825 je cherche incessamment des plantes à Manzac, néanmoins ce n'est que cette année-ci que jai vu pour la premiere fois dans cette commune le Melampyrum arvense, L.! Cette plante n'a pas ete observée autre part dans la partie du Périgord que j'habite. M. Cosson, vice-secrétaire, donne lecture de la note suivante, adressée à la Société par M. L. de Brondeau, et datée de Reignac pres Agen, 26 décembre 1855 : Notre honorable confrère M. Puel, dans la séance de la Société du 27 juillet 1855, a prétendu que le Centaurea paniculata, Linn., na pas encore été trouvé dans la région sud-ouest de la France; son assertion me Parait fort hasardée. En conséquence, je transmets à la Société un échan- tillon de ma plante. , , : Livré presque exclusivement à des travaux mycologiques el UE Phiques , négligeant Ja phanérogamie, une juste défiance de mormene m'avait suggéré la prudence de recourir aux lumières du vénérable ei us re botaniste M. F. Schultz, lequel veut bien m'honorer de sa bienvei ance j ĉe savant si versé dans la connaissance des plantes de la France et de l'Alle- magne, à vu mon espèce et reconnu son identité parfaite avec le c entaurca Paniculata de ses herbiers. Il m'a assuré même que mes ons appoi - tenaient au vrai type du Centaurea paniculata; Lamk. (Cent. paniculata, Linn., var, Lamarckii, Schultz): 768 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je joints à mon échantillon ceux du Centaurea maculosa, Lamk, (Cent. paniculata, var. maculosa, Schultz), que vient de m'adresser le docteur Schultz, et j'ai l'honneur de prier la Société de vouloir bien juger le diffé- rent qui s’est élevé entre M. Puel et moi. M. T. Puel répond de la manière suivante aux faits énoncés dans cette note : J'avais dit, dans la séance à laquelle il est fait allusion par M. de Bron- deau, que le Centaurea paniculata, L., n'avait pas encore été trouvé dans l'Agenais. La communication nouvelle de notre honorable confrère ne change rien à cette affirmation. La plante mise aujourd'hui sous nos yeux est en effet le C. paniculata, L., mais il n'en est pas moins exact de dir que M. de Saint-Amans avait confondu cette espèce avec le C. maculosa, Lamk., qu'on trouve aux environs de Cahors et que M. de Saint-Amans indique à Lauzerte (Tarn-et-Garonne). J'aurais pu ajouter que j'ai vu dans l'herbier de M. Chaubard le C. maculosa sous le nom de C. paniculata, et que tout récemment encore M. Lagrèze-Fossat, dans sa Flore de Tarn-et- Garonne, a désigné le C. maculosa sous le nom de C. paniculata, var. corymbosa. M. Moquin-Tandon présente à la Société un échantillon de Scle- ranthus, qu'il a reçu de M. Boutigny, et donne lecture de l'extrait suivant de la lettre qui accompagnait cet envoi : Lourdes (Hautes-Pyrénées), 22 décembre 1855. Je viens de recevoir plusieurs échantillons d’un Scleranthus à l'occasion duquel j'ai relu la notice publiée par M. Grenier dans les Archives de la flore de France et d'Allemagne (p. 203), et la lettre de M. Timbal-Lagrave insérée au Bulletin de la Société Botanique de France (t. II, p. 221). Mon intention n’est pas de revenir sur le Scleranthus polycarpos ; je trouve qu'il en a été assez dit à ce sujet. Le but de ma communication est d'apporter une preuve nouvelle en faveur de l'opinion émise par M. Cosson, qui ne considère le S. polycarpos que comme une variété de l'annuus. Je me bornerai donc à accompagner mon échantillon d’une étiquette critique : Scleranthus annuus, var. uncinatus. — Oloron (Basses-Pyrénées) ex herb. Lalanne, communiquépar le capitaine Galant de Pau. An Scleranthus poly- carpos L., selon Grenier, Arch. de la Fl. de Fr. et C All., p. 203 à 206? I parait en avoir l'inflorescence et y ressembler par la longueur, la direction ct la forme des divisions du calice; mais celles-ci sont très distinctement SÉANCE DU 28 pécEmBRe 1855. 769 scarieuses aux bords comme dans l'annuus, caractère refusé par M, Grenier et M. Timbal-Lagrave au polycarpos. Cet échantillon est-il identique avee celui recueilli par M. J. Gay aux envi- rons de Paris, on forme-t-il un nouvel intermédiaire entre l'annuus et le polycarpos ? En résumé, si la forme oncinée des divisions du calice est constante, elle ne se rencontre pas toujours avec des marges non scarieuses aux bords, et je crois que le Scl. polycarpos doit être rayé du nombre des bonnes espèces, parce qu'il ne présente pas au moins deux caractères différentiels constants ; où plutôt, je suis porté à supposer, avee M. Grenier, que la forme à divisions calicinales oncinées n’était pas connue de Linné. Je crois que le polycarpos de Linné n’est qu'une variété à fruits plus petits et plus nombreux de l’annuus, et je n'admets également que comme une autre variété le Scler, uncinatus Martin (Scl. Martini Grew., Arch. de la Fl. de Fr. et d'AU.). M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante, adressée à la Societe : DE LA STRUCTURE DES POILS DES OLÉACÉES ET DES JASMINÉES, pr M. ED. PRILLIEUX. (Paris, 3 décembre 1855.) De tous les organes des plantes, il n'en est pas qui semblent moins im- portants que les poils; aussi, en présentant quelques observations sur la forme particulière qu'ils affectent dans une famille végétale, dois-je craindre que le peu d'utilité de telles recherches ne me soit reproché; toutefois la croyance que rien dans la nature n’est indigne de notre attention, me ras- sure, et je crois m'excuser assez de l'humilité de mon sujet, en répétant le mot de Bacon : Quidquid essentia dignum est, id etiam scientia dignum. | La forme étoilée des poils des Oliviers est connue depuis longtemps, mais je ne crois pas qu'on ait signalé d'organes analogues dans les autres genres de la même famille; si cependant on examine des lambeaux d'épiderme enlevés sur des feuilles de plantes voisines, on ne tarde pas à y remarquer de petits organes un peu différents, il est vrai, des poils des Oliviers, mais qu'on peut cependant ramener sans hésiter au même type. Vus par la face supérieure, les poils de l'Olivier ont la forme d'un plateau dentelé, qui est composé d'une trentaine de cellules disposees en rayons autour d'un point central. Ces cellules ne sont soudées les unes aux autres que dans une partie de leur longueur; leur extrémité libre forme les dents du plateau. Elles sont collées l'une contre l'autre et recouvertes par une Cuticule que l'on distingue assez nettement dans l'intérieur des deutelures, Te Il ‘1 770 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais dont on rend l'existence plus frappante en soumettant un poil à l'action d’une solution saturée de potasse. Les cellules, qui étaient soudées dans les trois quarts de leur longueur, deviennent alors libres jusqu’à la base; la cuticule est dissoute. Le plateau étoilé, ainsi formé de cellules recouvertes de cuticule, repose sur le sommet d’une cellule un peu allongée qui le porte à peu près comme le pied d'un champignon en porte le chapeau. Cette cellule-pédieule commu- nique avec une cellule épidermique dont elle n’est que le prolongement. La partie libre est séparée seulement par un étranglement de celle qui est engagée dans l’épiderme; je n’ai jamais pu distinguer entre elles une cloison complète. Si l’on examine l’épiderme d’une feuille de Frêne, on y voit, au milieu de nombreux stomates, de petits disques un peu plus grands que ces der- niers. Ces disques, divisés en seize compartiments par des cloisons rayon- nantes, semblables à celles qui séparent les cellules du poil de l'Olivier, sont portés pareillement par une cellule-pédicule qui a la même structure que celle de l'Olivier. | Je n'ai observé, dans la famille des Oléacées, de poils étoilés que dans le seul genre Olea ; mais j'en ai retrouvé de semblables à ceux du Frène dans toutes les plantes que j'ai examinées, tant de cette famille que de celle des Jasminées qui en est fort voisine, La principale, je pourrais presque dire la seule différence qu’on trouve entre ces organes consiste dans le nombre des cellules qui en forment la tête. Il varie depuis celui de quatre qu'offre le plus souvent le Jasminum officinale jusqu’à celui de seize que montrent plusieurs Frênes, et même de vingt-quatre qu'on observe dans le Phillyrea angustifolia. On peut voir entre ces extrêmes tous les passages; les figures que je mets sous les yeux de la Société et où j'ai représenté les poils d'une vingtaine d'espèces l'indiquent, je pense, assez nettement. La différence est plus grande entre les poils des Olea et tous les autres. Mais il n’est cependant pas possible de les ranger à part et de les rattacher à un type spécial. L'étude de leur développement le prouve avec évidence; car elle nous les montre revêtant tour à tour toutes les formes qu'on observe chez les autres plantes de la même famille, avant d’arriver à celle qui les distingue plus tard. Tous les poils dont je m'occupe ici apparaissent sous la forme d'une petite papille; c’est une cellule de l’épiderme qui fait saillie au-dessus des cellules voisines. Puis cette cellule unique se montre divisée en deux par une cloison transversale, Dès lors, l'organe naissant présente les deux parties que l'on voit dans le poil entièrement développé: la cellule inférieure, qui est le pédicule, reste unique ou se divise encore par une cloison transversale; la supérieure se partage en deux d’abord par la formation d'un cloison longitudinale, puis en quatre au moyen d'une deuxième cloison qui coupe la première sur la ligne de l'axe du poil. SÉANCE DU 28. DÉCEMBRE 1855. 771 Tous les poils des Oléacées et des Jasminces passent par ces diverses phases; mais tandis que ceux de certains Jasmins s'arrêtent dans leur développement au moment où leur tête est formée de quatre cellules, on voit dans ceux d'autres plantes la division des cellules se continuer par la production à leur intérieur de nouvelles cloisons longitudinales qui, comme les premières, se coupent suivant la ligne de l'axe du poil. Ainsi se forment les buit cellules du Troëne, les seize du Frêne, ete. Les poils de l'Olivicr se forment comme tous les autres. A un moment de leur développement, ils sont semblables à ceux du Jasmin, puis à ceux du Lilas, puis à ceux du Frêne; ce n'est que quand la tète du poil est ainsi composée d'une vingtaine de cellules qu’elle commence à perdre la forme discoïde, Chaque cellule se développe alors librement par son extrémité Sans demeurer soudée aux cellules voisines, et bientôt leur ensemble offre l'aspect d’une étoile. Ainsi, on peut reconnaitre que tous les poils des Oléacées et des Jasminées se rapportent à un type unique; la différence qu'il y a entre eux consiste seulement en ce que les uns conservent définitivement une forme qui pour d'autres n’est que transitoire, de telle sorte que la comparaison de ces organes observés à l’état adulte sur des plantes différentes représente exac- tement la série des degrés du développement du plus parfait d'entre eux, c'est-à-dire du poil de l'Olivier. Des poils semblables à ceux des Oléacées ont été observés dans d’autres familles. Ceux du Pinguicula vulgaris, qui ont été étudiés par M. Græn- land, sont, en ce qui touche à leur développement, de tout point compa- rables à ceux du Troëne. | Les organes dont M. Chatin a signalé l'existence sur les feuilles des Calli- triche, et qu'il a décrits sous le nom de cysties (1), presentent exactement le même aspect et la même structure que ceux du Jasminum grandiflorum. Ils sont de même formés d’une tête composée de huit cellules, portée par un court pédicule. En outre, les cysties se développent absolument comme les poils capités des Oléacées, c'est-à-dire qu'elles naissent d'une pis l'épiderme qui se divise d'abord par une cloison transversale en deux co lules, dont l'inférieure, qui se divise encore une fois, devient le pec icule, se partage dans le sens longitudinal d'abord en tandis que la supérieure ab a à auat D'après cela, il me parait impos - deux, puis en quatre, puis en huit parties. ? r , a i sties dériv s stomates. » sible d'admettre avec M. Chatin « que les cysties dérivent des stomi S Quand même leur partie supérieure, divisée en deux pot un c son, : it offri iers ts de leur formation, l'aspect d'un blerait offrir, vers les premiers moments ' n aspect d'un stomate, sa situation au sommet d'un pédicule devrait empèc i miler à un pareil organe. (1) Voyez le Bulletin, t. I, p. 296. 772 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Qu'il me soit permis de dire en terminant que les poils en étoile de plu- sieurs plantes de la famille des Éléagnées (Hippophaë, Shepherdia), dont j'ai suivi le développement, m'ont présenté une série de transformations analogues à celles des poils de l'Olivier. C'est toujours d’une seule cellule de l’épiderme que dérivent ces organes remarquables, et c'est toujours aussi par la division de Ja tète primitive- ment unicellulaire du poil en deux à l’aide d'une première cloison, puis en quatre par le développement d’une seconde, puis en huit, seize, ete., qu'est formé le disque composé de nombreuses cellules, qui se transforme ensuite par le développement indépendant de ses éléments en une large étoile. Je ne dois pas en ce moment entrer dans plus de détails ; je me bornerai à indiquer cette seule conséquence de ce qui précède, c'est que l’on ne saurait plus regarder les poils des Éléagnées comme formés par la soudure de plusieurs poils, ainsi qu'on l’admettait généralement avec l'illustre Adr. de Jussieu, qui sans doute n'avait observé ces organes que lorsqu'ils sont par- venus à l'état adulte. M. Chatin fait à la Sociète la communication suivante : SECONDE NOTE SUR LES CYSTIES , par M. AD. CHA'TIN (1). Depuis le jour où j'ai fait part à la Société de mes observations sur les petites outres ou cysties fixées à l’épiderme des feuilles et des tiges de la Callitriche, des observations plus ou moins analogues à celles dont cette plante avait été l'occasion se sont présentées à moi dans le cours de mes recherches d'anatomie. Les faits nouveaux venaient ainsi se grouper autour du fait primitif, attendant le moment où leur ensemble pourrait offrir assez d'intérêt pour être le sujet d’un travail dans lequel, s’éclairant l'un par l’autre, ils fourniraient les éléments de l'histoire générale d'une série Qor- ganes se touchant par quelques points, s’éloignant par quelques autres, et dans laquelle la Callitriche ne représente que le point de départ. La com- munication de M. Prillieux, dont j'ai été accidentellement prévenu avant la séance par M. Ducbartre, me fait une sorte de nécessité d'exposer aujour- d'hui mes nouvelles observations. Je ne ferai, toutefois, qu'une simpie énumération de celles-ci, dont j'ai l'honneur de faire passer les des- sins, le moment du travail d'ensemble n'étant pas encore arrivé, Il est d'ailleurs presque superflu de faire remarquer que la communication inté- ressante qui vient d’être faite à la Société confirme pleinement ce que j'ai dit de la formation des cysties par des dédoublements successifs, d'abord d'une cellule-mère qui se divise en deux comme si elle devait former un stomate (sorte d'organes dont les cysties occupent précisément la place dans (4) Voyez le Bulletin, t. LE, p. 295. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1855. 773 la Callitriche), puis secondairement des deux cellules résultant du dédou- blement de la cellule-mère, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on ait un assem- blage de huit, cte., cellules. Hippuris vulgaris. — Des eysties tout à fait pareilles à celles de la Cal- litriche, et formées comme ces dernières d'une cellule dédoublée en deux, puis en quatre, puis en huit, et quelquefois en un nombre plus considé- rable, existent de loin en loin sur la circonférence des feuilles. Comme la généralité des eysties de la Callitriche et comme toutes celles de l'espèce suivante, les petites outres de l'Æippuris sont remplies d’un liquide trans - parent auquel s'ajoutent quelques granules de matière verte, Limosella aquatica. — Des organes en tout semblables aux précédents existent aussi entremélés aux stomates sur les deux faces des feuilles. Pinguicula vulgaris. — Cette plante, des lieux tourbeux humides, mais non aquatique comme les cspèces précédentes, et non franchement terrestre comme celles qui suivent, porte sur les tiges et les deux faces de ses feuilies des organes d'une nature intermédiaire déjà observés par notre savant con- frère M, Grœnland. Les cysties, si l'on peut encore leur donner ce nom, du Pinguicula, se prêtent à plusieurs observations spéciales : 4° Plusieurs, pédicellées, couronnent gracieusement en forme de parasol à huit ou même à douze côtes un support formé d'une ou de deux utricules ordinairement Ovales-allongées ; 2° elles sont subdivisées ordinairement par des cloisons complètes ; 3° dans un assez grand nombre d'entre elles, savoir les plus développées, le liquide des cellules fait place à des noyaux granuleux ; h° celles de la face inférieure des feuilles, relativement privées de lumière, s'arrêtent généralement dans leur évolution après s'être divisées seulement en quatre, forment plus rarement le noyau intracellulaire et ne sont ja- Mais (?) pédicellées. Rhinanthus glabra, R. hirsuta. — Sur la tige et les deux faces des feuilles sont des corps, sortes de tétrathèques élevées sur l'épiderme par une courte cellule basilaire et contenant quatre noyaux granuleux. Ces tétrathèques, qui procèdent comme les cysties d’une seule cellule divisée en deux, puis en quatre, état où le dédoublement cesse, répondent par leur évolution aux Corps de la face inférieure des feuilles du Pinguicula, arrêtés dans leur dé- veloppement par rapport à ceux de la face supérieure. On observe, entre- mélés aux tétrathèques, et plus nombreux sur le R. hirsuta que N e R. glabra, des poils en général unicellulés coniques ou en forme | e o teille couverts de fines papilles ; aucune transition n'existe entre les poi et les tétrathèques. Melampyrum (M. arvense, ete.). £ ; > j icellulésen et la tige de ces plantes un mélange de tétrathèques et de poi's unice no ne t ' an s, AVEC Ce ù cône allongé qui rappellent assez bien ceux des Rhinant tus, i “see 14° ies poils, au lieu de naitre avec les tétra- — Il existe sur les deux faces des feuilles différences fort générales : 77A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thèques et les stomates au point commun de réunion de plusieurs des cel- lules à contours sinueux formant l'épiderme, sont le prolongement de l'une de ces cellules soulevée vers son milieu en une sorte de manchon conique atténué dans sa portion terminale. Euphrasia Odontites. — Tétrathèques semblables aux précédentes, mais dont plusieurs ont la cellule basilaire développée en un long pédicelle non papilleux ; quelques dithèques et monothèques par arrêt de développement. Poils coniques allongés couverts de fines papilles, naissant comme les tétrathèques entre les cellules épidermiques , parfois cloisonnés vers leur milieu. Bartsia viscosa. — Tétrathèques quelquefois subsessiles, plus souvent portées sur de longs pédicelles non papilleux formés de deux cellules allon- gées que couronne l'organe soutenu immédiatement par la courte cellule basilaire ; poils toujours unicellulés. Antirrhinum majus, Orobanche cruenta, ete. — Polythèques formées de 8 à 16 cellules disposées en cercle au sommet d’un long pédicelle cloi- sonné que supportent parfois plusieurs groupes de cellules étagées les unes au-dessus des autres. Phelipæa ramosa, etc. — Retour aux tétrathèques pédicellées et entre- mêlées de poils simples de plusieurs Rhinanthacées. Hyobanche sanguinea. — Tétrathèques sessiles ou subsessiles, et tétra- thèques élevées sur des pédicelles articulés. E'piphequs americanus. — Tétrathèques toutes (?) portées sur des pédi- celles cloisonnés ; poils ordinairement en forme de bouteille élevés sur une courte cellule basilaire. Cytinus Hypocistis. — L'épiderme de la face externe des bractées porte des tétrathèques couronnant élégamment un piédestal formé d’utri- cules superposées par assises régulièrement décroissantes dont l’ensemble rappelle des boulets rangés en pyramide ; ce piédestal, que forment à sa base un assez grand nombre d'utricules (six le plus souvent), est terminé à son sommet par une seule cellule. La tétrathèque procède encore d’une celiule qui se divise en deux, puis en quatre ; parfois la cellule-mère se partage immédiatement en trois cellules qui alors ne se subdivisent plus. Lathræa Clandestina — Des cavités ou lacunes existent dans l’épais- seur du tissu des écailles, et, fait bien digne de remarque, on trouve dans ces cavités que tapisse une sorte de membrane épidermique, des tétrathèques à support très court qui rappellent complétement les organes placés à la face extérieure des feuilles del’ Myobanche sanguinea, des Rhinanthus, ete. L'ava- logie entre ces corps, qui est établie avec certitude par leur organogénie, par leur forme et par leur structure, frappera d'autant plus que, comme par une sorte de compensation, ils manquent (?) à la face externe des écailles du Lathræa. M. Duchartre, auteur d’un travail considérable sur SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 4855. 775 la Clandestine, a vu les tétrathèques de Ja Clandestine et suivi leur déve- loppement. Syringa, ete. — Kieser a vu (et figuré) dans les Jasminacées, des organes analogues à ceux que nous venons de suivre dans le Pinguicula, un grand nombre de plantes didynames (Rhinanthacées, Scrophulariacées, Oroban- chées), où ils paraissent être communs, et dans les Cytinées, IT serait déjà facile, en reprenant à un point de vue d'ensemble l'étude des corps divers que nous venons de signaler chez des plantes aquatiques, des plantes terrestres proprement dites et des plantes parasites, de montrer entre eux, soit des rapports, soit des différences, aux quatre points de vue organngénique, anatomique, morphologique et physiologique; mais, ainsi que je l'ai exprimé pius haut, je pense que fes matériaux pour ce travail ne sont pas encore réunis en nombre suffisant. M. Planchon fait à la Société une communication sur les Hermo- dactes, dont voici les conclusions : 1° L’Hermodactylos des médecins grecs est génériquement identique avec l’Aermodactylos où Surugen des Arabes, et avec notre Hermodacte officinal. 2 L'Hermodacte officinal provient, suivant toute probabilité, du Col- chicum variegatum. 3° Les propriétés de ce tubereule à l'état frais sont probablement très énergiques et doivent rivaliser avec celles du Colchique ordinaire, Elles s'émoussent et se perdent par la vétusté. 4° Si les botanistes-médecins de la Renaissance avaient su reconnaître l'identité générique de l'Æermodactylos, de notre Hermodacte officinal et du Colchique ordinaire, on n'aurait pas laissé dormir, jusqu'au commencement de notre siècle, les propriétés du Colchique dans les affections articulaires, Propriétés déjà connues des médecins grecs du vi° et du vn'siècle (au moins Chez le Colchicum variegatum). E Hermodactylus verus de M atthiole (Hermodactylus tuberosus, Salisb. , Iris tuberosa, L.) ne saurait être l'Hermadactylos des Grecs, ni surtout notre Hermodacte oflicinal. 6° Le Surugen, ou Hermodactyle à racine longue de Mésué, répond pro- : . o 'olchicum variegatum bablement à la forme dactyloide du tubercule du Colchicum variegatum, ou de quelque autre espèce orientale. | | 7° On ne saurait déterminer rigoureusement l'espèce de Colchique à la- quelle se rapporte le Surugen à racine ronde et blanche de Mésué. Il est Possible que ce soit notre Hermodacte officinal ; mais la récolte de ce Su- rugen est indiquée pour le printemps, et celle de notre Hermodacte doit se 776 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faire en automne. Peut-être s'agit-il de l'Hermodacte d'Égypte (Colchicum bulbocodioides), dont parle Prosper Alpin. 8° Le Surengian d'Avicenne comprend probablement des espèces diffé- rentes de Colchique. 9° Le Colchicum illyricum est une espèce imaginaire dont le nom doit être rayé des catalogues. 10° L'Hermodacte de Prosper Alpin est le Colchicum bulbocodioides, M. Biebst (C. ægyptiacum, Boiss.). 44° Le tubereule des Colchiques est une base renflée de rameau, ana- logue an plateau des Crocus, et aux pseudo-bulbes de certaines Orchidées. Il répond physiologiquement à certains embryons monocotylédonés; mais ses rapports avec l'embryon des Graminées se bornent à de simples res- semblances. 12° Les tubercules de P Hermodactylus tuberosus sont de vrais rhizomes axillaires, d’abord enveloppés par les bases sacciformes de leurs premières feuilles. . M. Baillon présente les observations suivantes : Je pense que M. Pianchon a raison de n’accepter qu'avec doute Vana- logie qu'on a voulu établir entre le bulbe du Colchique et un embryon monocolylédoné, Mais je vais plus loin encore que notre savant confrère, en rejetant d'une manière absolue toute comparaison à cet égard. Quel rapport peut-il y avoir, en effet, entre un blaste qui ne porte pas d'organes appendieulaires et un axe renflé comme celui du Colchique, dont le propre est précisément de porter des appendices? Sur un bulbe de cette année, outre l'inflorescence actuelle, on trouve au sommet de cet axe transformé en réservoir de sues, un rameau flétri qui se rapportait à la floraison pré- cédente, En remontant dans l'histoire de cet axe, on le trouverait ainsi portant une série de rameaux florifères. De là toute impossibilité de rap- procher deux organes qui ne se ressemblent que par la forme, caractère de nulle valeur. Je ne pense pas non plus que tout soit parfaitement connu sur la végć- tation du Colchique. Je crois, par exemple, que le rapport qui existe entre les fleurs épanouies et les feuilles à peine développées qu'on trouve à la base de l'inflorescence, nécessite encore, pour être bien déterminé, des études suivies, ainsi que l’inflorescence qui semble être scorpioide. M. Germain de Saint-Pierre fait observer que, pour lui aussi, entre le bulbe des Colchicum et l'embryon des Graminées, il n'existe d'analogie qu'au point de vue physiologique ; dans l'un et Vautre SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1855. 777 cas, une masse charnue recèle et cède ensuite les principes nutritifs qu'elle contient à un bourgeon qui se développe à ses dépens, et s'accroit à mesure qu’elle se vide et se flétrit. Mais au point de vue organographique, il n'existe aucune analogie, La masse charnue du faux bulbe du Colchique, qui présente en effet une certaine ressem- blance, dans la forme extérieure, avec Fhypoblaste des Graminées, n'est autre chose que la base renflee de l'axe florifére, et cette base charnue bulbiforme montre à son sommet la cicatrice qui est le résultat de la destruction de la partie supérieure de l'axe, Au con- traire, l'hypoblaste de l'embryon des Graminées est, pour M. Ger- main de Saint-Pierre, le cotylédon ou feuille primordiale charnue de l'embryon. | M. Planchon fait remarquer qu'afin d'abréger sa communication, il n'est pas entré dans tous les détails qu'il aurait pu présenter. H ajoute que Tristan a bien signalé [a relation des feuilles et des fleurs du Colchique. Cet auteur a reconnu que les deux gaines floriflères sont destinées à envelopper plus tard le nouveau tubercule, et que les feuilles naissent réellement après les fleurs. — M. J. Gay avait déjà dit que l’inflorescence du Colchique est une inflorescence scor- pioïde. — A.-L. de Jussieu n'a parlé que d'une ressemblance de forme et non d’une identité complète du bulbe avec un embryon de Graminée. M. Weddell donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre qu'il vient de recevoir de M. Delondre, de Graville (Havre). J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai fait porter au siége de la Société, Pour y étre à votre disposition, les objets suivants : 1° Un kilogr, de truffes récemment récoltées sur des chênes trufliers, semés depuis huit ans. ; 2 Deux pots renfermant de jeunes chênes de la même espèce. | 3 Un sac de glands de ces mêmes chênes recueillis en novembre dernier. C'est le résultat d'une nouvelle conquête de l'arboriculture, qui ne con~ Cerne pas seulement les gourmets, comme on le croirait au premier abord, Mais qui me parait avoir une grande importance sous le rapport de la cul- lure forestière, Je pense que les détails qui m'ont é ` ; : intéresser a Sociste. de { arpentras, auteur de cette découverte, intéresseront la ote produire la Truffe par té fournis par M. Auguste Rousseau, Pendant longtemps on a cru que l'on pouvait re ` , , ` re: des semis, comme les champignons et les pommes de te e€; tout ce quia été fait et écrit à ce sujet na conduit à aucun mas comme resultat, 778 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. M. Rousseau a eu l'heureuse idée d'étudier sur les racines la manière dont cette cryptogame nait et croit, d'observer quelle est l'espèce de chêne qui la produit, et d'en faire un semis. Après huit années, le succès a couronné ses recherches : il a multi- plié le chêne dont les racines lui fournissent maintenant une récolte abon- dante des truffes les meilleures et les plus parfumées. Voilà certainement une difficulté vaincue qui équivaut à une invention, et peut devenir pour nos départements méridionaux la source d'une nou- velle richesse. Si vous êtes de mon avis, vous ajouterez vos observations scientifiques à mes communications, et vous en ferez part à nos collègues dont quelques- uns voudront peut-être faire, de leur côté, quelques essais. M. Weddell ajoute à cette communication les observations sui- vantes : Les faits, sur lesquels notre confrère appelle l'attention de la Société, sont, sans contredit, d'un grand intérêt; je dois dire cependant qu'ils sont moins nouveaux que M. Rousseau ne semble le supposer, puisque, dès l'an- née 1834, dans un congrès scientifique tenu à Poitiers, M. Delastre appelait l'attention sur les résultats beureux, obtenus par les habitants de Loudun (Vienne), d'une pratique toute semblable à celle dont il est question dans la lettre de M. Delondre. Ce fait et beaucoup d’autres sont consignés dans le magnifique ouvrage de M. Tulasne sur les champignons hypogés, auquel je dois renvoyer ceux de nos confrères qui voudraient connaître la Truffe dans tous ses détails, Je me contenterai ici, en l'absence de l'auteur, de donner un aperçu très sommaire de ce qu’il rapporte au sujet des essais de multiplication artificielle dont ce champignon a été l’objet. Les truffes, on le sait, sent connues depuis la plus haute antiquité, mais l’idée de les cultiver ne semble pas antérieure à notre siècle, et il paraît cer- tain que jusqu’à ce jour l'art n'a pris aucune part à leur production, en ce sens du moins que ces champignons n’ont pas eucore été soumis à une culture régulière, comparable, par exemple, à celle de l'Agaric de couche. Ce n’est pas cependant qu'on n'ait fait de nombreux essais, mais ces essais n'ont abouti à rien, et ce n'est qu'après avoir étudié avec plus de soin les conditions dans lesquelles se développent ces végétaux qu'on a pu arriver aux résultats dont notre confrère, M. Delondre, met un si bel exemple SOUS NOS yeux. A priori, il semblait tout naturel que pour avoir une récolte de truffes, dans un lieu donné, on y semåt des spores, ou, si l’on veut, de la graine de truffe ; pas du tout ! L'expérience a démontré que pour récolter des truffes, il suffit de semer des chènes. En d’autres termes, des observations suivies SÉANCE DU 98 DÉCEMBRE 1855. 779 ont prouvé que pour donner lieu à la production de ces champignons, il faut simplement produire les conditions dans lesquelles ils se développent ; la nature se charge du reste, Ces conditions les voici : 4° un terrain un peu calcaire ; 2° la présence de Chênes, de Charmes ou d'autres arbres forestiers non résineux; 3° de l'humidité, de la chaleur; 4° une certaine proportion de lumière et même de soleil. Partout où ces circonstances favorables se présentent, il peut se produire des truffes: aux environs de Paris tout comme en Provence. Les nombreux et heureux essais qui ont été faits dans diverses parties du Poitou, dans la Touraine et en d'autres points encore ; enfin, les truffières qui ont existé tout près de nous, prouvent assez l'exac- titude de cette assertion. Le passage suivant de l’ouvrage de M. Tulasne, que je cite textuellement, résume assez bien les idées de notre confrère sur la culture des truffes. « En supposant, dit-il, que la culture purement artilicielle des truffes, Comme celle qui serait praticable dans un jardin, dût un jour être cou- ronnée de succès, nous doutons qu'elle pût équivaloir à la culture indirecte, si l'on peut ainsi parler, que les Lodunais semblent avoir les premiers mise à profit. Aussi serait-il à souhaiter que leur exemple fût suivi dans une foule de lieux où il le pourrait être avec bonheur. Leur méthode, qui a Pour conséquence de créer des bois là où il n'en existe point, mérite dou- blement d'être recommandée. Quant à celle qui consiste à répandre des fragments de truffes mûres dans un terrain boisé qui ne produit point en- Core ces champignons, nous croyons qu’elle peut aussi donner des résul- tats satisfaisants, mais elle ne devra être tentée que dans des circonstances atalogues à celles offertes par les truffières naturelles. On reconnaitra alors qu'une foule de lieux supposés improductifs en truffes, en produisent réelle- ment déjà avec plus ou moins d'abondance, et que beaucoup de bois pour- raient être convertis en truffières à l’aide de quelques soins, qui consis- icraient surtout à diminuer le nombre des arbres, et à débarrasser le sol des broussailles qui l’empêcheraient de recevoir à la fois facilement les eaux Pluviales et l'influence directe des rayons du soleil. » Une expérience faite par M. le comte de Noé, dans l'Agenais, sur la pro- duction artificielle des truffes, mérite d'être rappelée ici, elle ne lui a coûté que la peine d’enterrer quelques minces débris de truffes mûres, le long des charmilles de son pare, et c'est avec raison, Sans doute, qu'il attribue a cet ensemencement les récoltes de truffes qu'il a eu le plaisir de faire les années Suivantes, Bien qu'il manque peut-être à cette expérience, pour être par- faitement concluante, la constatation préalable qu il ne eroissait point dé naturellement des truffes là où les débris séminiferes avaient été enfouis, elle est de nature, cependant, à encourager très sérieusement beaucoup de Propriétaires ruraux à imiter M. de Noé. Tout ce que M. Tulasne raconte 780 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la Truffe et des truffières parait, d’ailleurs, promettre à leurs tentatives d’'heureux résultats. Pour ce qui est du parasitisme de la Truffe, que MM. Rousseau et De- londre admettent sans hésitation, les mycologues sont fort éloignés d'y ajouter foi à ce point. Jusqu'ici on n’a pu saisir, entre la Truffe ou son mycelium et les racines des arbres, les relations qui seules constituent un parasitisme réel. L'opinion populaire que partage M. Rousseau repose vrai- semblablement sur une erreur d'observation qui a été fréquemment com- mise. On a, en effet, souvent pris pour des truffes naissantes, de jeunes galles développées sur des racines de Chêne, de Bouleau ou de Charme, et qui étaient dues à la piqûre de certains Cynips. Si, comme tout porte à le croire, les truffes ne sont pas plus parasites des arbres qui les protégent, que l’Agaric délicieux ne l'est des Pins sous lesquels il végète, la théorie des Chênes truffiers en recevra quelque atteinte. Toutefois, on ne pourra refuser à M. Rousseau d'avoir très utilement renouvelé une pratique agricole qu'il est regrettable, à plusieurs titres, de ne pas voir se propager davantage. M. Decaisne fait remarquer que M. Weddell semble admettre pour la Truffe une sorte de génération spontanée, à moins qu'il ne consi- dére la terre comme farcie, pour ainsi dire, de spores de truffes, de telle manière qu’il puisse s’en développer partout où des circonstances favorables se présentent. Il ajoute qu’on trouve les truffes seulement dans des taillis de sept ou huit ans, qui n’empèchent pas l’action du soleil sur le sol. M. Weddell répond qu'il lui est impossible d'expliquer le fait de la production des truffes à la suite des semis de chênes, dans des localités où l’on n’en trouvait pas précédemment, mais que, dans aucun cas, il ne saurait admettre de génération spontanée. Les truffes se produisent dans des bois récemment semés, comme les moisissures sur les substances organiques. M. A. Passy rappelle que M. Bouteille a trouvé des truffes en abondance près de Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise), lors du défriche- ment d’un bois. — On en rencontre aussi aux environs d'Evreux et de Caen. — Il y en a beaucoup dans la montagne de Bourgogne: Dans cette contrée, on se sert de petits chiens pour les trouver, el on les expédie surtout à Strasbourg. M. Passy est porté à croire, comme M. Weddell, que le développement des truffes se rattache à la présence de certains arbres. Pour faciliter et augmenter cette pro- duction, il serait peut-ètre utile de placer des truffes dans le voisi- nage de ces arbres, afin que les spores pussent se disséminer. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1855. 781 M. Fermond dit que, dans la Charente, les paysans ne se servent, pour récolter les truffes, ni de chiens ni de cochons. Ils reconnaissent à la couleur de l'écorce les arbres sous lesquels il doit s'en trouver. Cest dans des terrains plutôt sablonneux que calcaires qu'on les rencontre. M. Puel ajoute que, dans le département du Lot, comme dans le Périgord, c’est spécialement sur le calcaire Jjurassique que l'on trouve les truffes. Sur les autres terrains, elles sont beaucoup plus rares. M. Dorvault fait observer que la lettre de M. Delondre semble annoncer l'établissement d’une culture régulière de la Truffe. C'est là un fait qui lui parait nouveau et d’une grande importance. M. Weddell répond à M. Dorvault qu'il ne s’agit ici que d'une culture indirecte, comme l'appelle M. Tulasne, puisque c'est en se- mant des chênes qu’on obtient des truffes. Il rappelle que déjà depuis longtemps, aux environs de Loudun (Vienne), on a, au moyen de semis de chênes et sans semer des truffes, créé des truflières que lon exploite régulièrement. Les truffes se trouvent dans des taillis, jusqu’à ce que ceux-ci aient atteint l’âge de douze ans. Dans plusieurs régions, suivant M. Tulasne, on en rencontre aussi sous les futaies, mais il faut, pour cela, élaguer les arbres, afin que le soleil puisse agir sur le sol. | M. Balansa rapporte qu'aux environs d'Oran (Algérie), une Truffe différente de la nôtre se trouve dans des plaines nues et très arides. M. Trécul dit connaître une localité aux environs de Vendôme, où l'on a découvert des truffes dans un sol riche en matières végétales, Mais où l’on n’en trouve plus depuis quelques années. | M. Duchartre rapporte que, dans le Périgord, pour que la récolle des truffes soit abondante, on prétend qu'il faut que le mois d'août soit pluvieux. , M. Decaisne signale un fait analogue relativement aux morilles. S'il ne pleut pas dans la première moitié d'avril, la récolte de ces champignons manque presque complètement. Mais s'il pleut, on voit paraitre les morilles dès le 20 de ce mois. | M. de Schœnefeld ajoute qu'au mois d'avril dernier, les morilles se sont montrées en abondance extraordinaire dans la forêt de Saint- Germain et aux alentours. Les gens du pays attribuaient cette pro- duction exceptionnelle aux fortes neiges de la fin de l'hiver et à la Stande humidité qui en était résultée. 782 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE: M. Germain de Saint-Pierre dit avoir trouvé, il y a quelques années, des morilles dans un champ découvert, à Sceaux près Paris. M. Fermond ajoute que, dans le midi de la France, le Cèpe (Boletus edulis) se montre à deux époques de l’année, mais seulement si ces époques sont précédées de pluies abondantes. M. Germain de Saint-Pierre fait à Ja Société la communication suivante : ÉTUDE DU MODE DE VÉGÉTATION ET DE LA STRUCTURE DU RHIZOME DE L'HERMODACTYLUS TUBEROSUS , Salisb. (Iris tuberosa, L.), par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Depuis longtemps déjà le curieux mode de végétation de l'/ris tuberosa avait fixé mon attention, et j'avais tenté vainement de me rendre compte de la structure de son rhizome en examinant les échantillons desséchés, dé- formés et souvent mutilés, préparés pour les herbiers, lorsqu'un hasard heu- reux me fit rencontrer en novembre 4850 des souches vivantes de cette plante expédiées de Toulon à Paris par M. Robert, Ces souches m'ayant été immédiatement livrées, je les ai soumises à l'étude et je les ai cultivées pen- dant une période d'une année (un accident les a fait périr), en ayant soin, à chaque nouvelle phase de la végétation, d'en retirer une ou plusieurs de la terre, et de mettre leur structure en évidence au moyen de coupes longitu- dinales. | Ces souches, à l'époque où elles me furent remises (pendant la période de repos de la végétation de la plante), offraient l'aspect suivant : de la base persistante d'une tige détruite, base qui présentait sur une de ses faces des fibres radicales filiformes alors desséchées, descendaient verticalement une, deux ou trois productions charnues, en forme de doigt ou plutôt de massue, de couleur brunâtre, et ressemblant par leur forme extérieure à cer- taines racines charnues. — Ayant coupé dans le sens longitudinal un certain nombre de ces productions radiciformes, j'ai constaté que l'extré- mité ou le sommet dirigé de haut en bas de chacune d'elles se terminait par un bourgeon, et que la feuille extérieure et enveloppante du bourgeon con- stituait l'extrémité de la production radiciforme elle-même ; ce bourgeon, dirigé latéralement, était formé en outre par plusieurs jeunes feuilles coniques emboîtées. . Ces souches ayant été plantées, des racines filiformes se développèrent à la partie inférieure de ce bourgeon terminal, qui devait lui-même se ter- miner par une tige florifère. Deux jeunes bourgeons latéraux naquirent en même temps à l'aisselle des feuilles du même bourgeon terminal ; ces deux jeunes bourgeons, en s’allongeant, prirent chacun la forme de la souche primilive, c'est-à-dire d'une masse charnue en forme de massue et à extré- SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1855, 783 mité gemmifère ; ces deux nouvelles productions claviformes constituaient par leur écartement une furcation ou dichotomie dont langle était occupé par la tige florifère, terminaison du bourgeon-mère. Plus rarement un seul bourgeon charnu ou trois bourgeons charnus se développèrent et le système de végétation d'aspect dichotomique fut remplacé par un système de végé- tation d'aspect irrégulier. Ces bourgeons charnus claviformes m'ont offert la structure suivante : les deux premières feuilles du bourgeon présentent une prolongation laté- rale en forme d'éperon, de sac ou de sabot; ces deux éperons membra- neux m'ont paru soudés entre eux (1); ils enveloppent complétement, sans y adhérer, la partie centrale charnue du bourgeon. Les deux feuilles exté- rieures, prolongées en éperon, se terminent chacune par un limbe foliacé libre et ascendant, la feuille première ou la plus externe, emboitant sim- plement a feuille seconde. Quant à la feuille troisième, c'est celle qui con- Stitue par sa forme cylindrique et sa consistance charnue la masse claviforme terminée en un limbe circulaire court et épais, au fond duquel prend nais- sance un bourgeon terminal qui ne doit produire une tige florifère que l'année suivante. Cette masse charnue cylindrique, terminée par un bourgeon, constitue (après la destruction des feuilles foliacées externes et de leurs prolongements Mmembraneux en forme de sac ou de sabot) la partie vivante du rhizome qui reste stationnaire jusqu’en automne; ce sont des rhizomes semblables que j'avais reçus et plantés l'automne précédent. Ces rhizomes, en forme de massue, dépouillés de leur tunique membraneuse en forme de sabot, , Sont maintenus réunis à leur point de départ par la base de la tige florifère détruite. Ce rhizome, constitué extérieurement par un sac résultant des éperons tubuleux de deux feuilles extérieures, et dont la masse centrale est consti- tuée par une feuille charnue cylindrique à limbe cupuliforme renfermant Un bourgeon, est, selon moi, un exemple important de ces productions intéressantes où les organes foliaires et les organes axiles cessent de pré- Senter des caractères tranchés, et constituent un axe décomposé en feuilles, OU, ce qui rend la mème idée, des feuilles agrégées en axe. de ferai remarquer, en outre, que l'éperon libre qui renferme ici la masse interne sans y étre adhérent, me semble présenter une certaine analogie avec l'éperon foliaire qui renferme le bulbe descendant de la Tulipe ; mais tandis de l'Hermodactylus tube- (1) M. Planchon, qui a de son côté étudié les rhizomes ses recherches, a vu OSUS et a fait connaître dans cette séance le résultat de es les tuniques membraneuses du rhizome libres et non soudées entre elles ; nae 10 ni » s 0 ‘1 $ agglutination de ces tuniques a pu m'induire en erreur, et je ferai en sorte de trouver l'occasion de cette facile vérification: 78h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que le bulbe descendant de la Tulipe est inséré à l'extrémité de la cavité de l'éperon, le bourgeon charnu de l'Æermodactylus est inséré au même niveau que Ja feuille prolongée en éperon, et n'est par conséquent pas déplacé comme chez la Tulipe. L'éperon de l'ÆZermedactylus diffère davantage encore de celui des ophrydo-bulbes ; Ja partie inférieure de l'éperon est dis- tendue chez les ophrydo-bulbes par une production radiculaire qui y est adhérente; chez l Hermodactylus comme chez le Tulipa, il n'existe immé- diatement aucune production radiculaire, les racines ne se développent qu'à une époque où le sac est depuis longtemps détruit; chez le Tulipa, le sac recouvre un bourgeon bulbeux à tuniques libres jusqu’à leur base, un bour- geon franchement foliaire ; chez l’ Hermodactylus, le sac recouvre un organe axilo-folaire. M. Planchon dit qu'il ne peut partager la manière de voir de M. Germain de Saint-Pierre. Pour lui, tout le rhizome de l'Iris ne saurait être considéré comme une seule feuille, Il admet bien que la feuille la plus extérieure du bourgeon fasse suite au rhizome, mais non pas que ce soit sur cette feuille que s’attachent les autres feuilles. Il demande en outre à M. Germain de Saint-Pierre si positivement, pour lui, l'épiderme d’un tubercule d’Orchis est une feuille, et l’inté- rieur une racine. M. Germain de Saint-Pierre répond à M. Planchon, Qu'il regarde la partie solide et d'apparence axile du rhizome charnu de l Zris (Hermodactylus) tuberosa, comme étant la base ou partie engaînante d’une feuille charnue, non-seulement parce que le limbe continue directe- ment cet organe dans toute son épaisseur, mais parce que chez certains bulbes (chez celui de l'Ayraphis campanulata, par exempie) il a vu des formations analogues et de nature autant foliaire qu'axile ; chez l'Agraphis, des feuilles charnues constituent, en se soudant entre elles, de véritables rhizomes qui présentent des bourgeons aux points où cessent les soudures. Chez l’ris tuberosa, la masse charnue est formée par une partie pétiolaire, ou, ce qui diffère peu, par une gaine charnue dont la cavité est nulle par oblitération congénitale ; quant au bourgeon qui se développe au sommet de cette partie pétiolaire ou à la base du limbe qui la termine, sa produc- tion est analogue à la production du bourgeon qui se développe sur, le limbe de la feuille bulbifere d'un Allium à bulbe pédicellé, ou sur le limbe de toute autre des feuilles gemmipares sur la nature desquelles M. Germain de Saint-Pierre a appelé récemment l'attention des botanistes. Relativement à la structure du faux bulbe des Ophrydées (ophrydo- bulbe), M. Germain de Saint-Pierre répond à M. Planchon que l’épiderme SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1555. 785 qui recouvre la masse charnue de la partie radiculaire de l'ophrydo-bulbe lui parait être un développemeat de l'épiderme de la feuille externe pro- longée en sac, ou feuille gemmipare ; la masse radiculaire (développée à la base du bourgeon situé au fond du sac) donne lieu, par son développement, à l'accroissement de la base insertionnelle appartenant au sac. C'est la paroi externe de cette base insertionnelle accrue qui constitue la paroi corticale ou l'épiderme de la masse charnue, qui est située à la base du bourgeon, et qu'il regarde comme de nature radiculaire. M. Cosson donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qui lui a été adressée par M. le docteur Reboud, faisant partie d'une des co- lonnes expéditionnaires chargées d'explorer la partie méridionale du Sahara algérien : LETTRE DE M. REBOUD. Bivouac de Requeb -el-Mguima, 7 décembre 1855. Je me trouve en ce moment avec la colonne de Laghouat, campée sur les bords de l’Oued En-Nsa, à un point nommé Requeb-el-Mguima, à deux journées de marche d'Ouargla; je suis venu dans ces contrées sahariennes, par la chebka des Beni-Mzab dont j'ai visité les cinq villes et admire les oasis, ainsi que les grands travaux que ces hommes patients et industrieux ont été obligés d'élever pour faire surgir ces délicieux jardins qui seront l'objet d'une note particulière. — Le temps est magnifique, le ciel pur, les nuits tièdes, et pendant le jour, mon thermomètre marque -+ 26 degrés à l'ombre. Nous sommes dans l'abondance : eau, bois, gazelles, lièvres, outardes, perdrix, rien ne manque à notre bien-être et à celui de nos che- vaux et de nos chameaux qui paissent au milieu des touffes de Drinn, de Guesemir (Pennisetum dichotomum), de Retama Duriæi, de Djedari (Rhus dioica), de Harfedj (Rhanterium adpressum), d'Andropogon laniger, de Moricandia fruticosa, de Francwuria crispa, de Chebroe(Zila myagroides), Crucifère très épineuse, très rameuse, à fleurs roses, à fruit ailé comme celui de certaines Ombellifères, des Farsetia linearis et ægyptiaca, de Gheda (Calligonum comosum), d’Alenda (Ephedra), de Neguod (A nvillea radiata), de Loues (Dæmia cordata), d'Asteriseus graveolens, d’Antirrhi- num ramosissimum et de Gueza (Deverra scoparia), ete. B L'Oued En-Nsa, sur les bords duquel nous avons déjà campe a Mequeb- el-Kehal et à Besseroudj, est une immense ligne verte bordée de rochers calcaires, tantôt aux croupes arrondies, tantôt taillés à pic, offrant toujours des couches horizontales ou à peu près horizontales. Les parties les plus supérieures, le sol des plateaux voisins, en ce moment très aride, faute de pluies, sont} recouverts d'un poudingne rougeâtre à noyaux d nu petite T. Il. 786 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dimension. Ce poudingue se retrouve jusqu'à la Chebka du Mzab et bien au delà de Guerrara. L'élévation de ces berges est de 30 à {0 mètres au maximum. Le lit de l'Oued, assez variable dans sa largeur (de 400 à 500 mètres), est, en général, composé de deux parties différentes : l’une est couverte de sables mêlés à des matières animales et végétales à demi ré- duites en terreau ; l’autre un peu plus élevée, couverte de cailloux roulés, présente une assez grande aridité. C’est dans la première de ces deux zones que se trouvent les redirs, dont l’eau jaunâtre et trouble nous parait excellente ; sur leurs bords croissent les belles touffes du Tamariz articulata ? à la teinte glauque, désigné par les Arabes (1) sous le nom d’Atol, de Sedra, de Re- tama, de Djedari, ete. C'est là, en un mot, la partie verte et ombreuse de l’Oued, celle qui, dans quelques rares points, est cultivée par les habitants de Guerrara, et qu'en ce moment dévastent nos mille chameaux. — Les plateaux voisins, dominés par quelques points culminants des berges de l'Oued En-Nsa, se déroulent au loin dans tous les sens, et offrent l'aspect le plus désolé. Cependant, quand on les explore avec soin, on peut voir qu’à l’époque des pluies, ils se couvriront d'une plus ou moins riche végé- tation. Les points les plus déelives et les bas-fonds, en forme de petites cuvettes, conservent quelques tiges torréfiées qui laissent reconnaitre des Crucifères et des Graminées ; dans la petite couche de sable qu'on y ren- contre dans quelques points, on peut recueillir en grand nombre les fruits polymorphes du Neurada procumbens (Kel-el-Seba). il wa pas encore plu dans ces pays déserts; Oued a été seulement recouvert par les eaux tombées dans le nord de l'Oued En Nsa, eaux plu- viales apportées par de nombreux affluents; les parties soumises à l'action de l’eau se couvrent d’un frais tapis de verdure formé par de nombreuses tigelles de monocotyledones et de dicotylédones. On en voit de toutes les formes, et, si l'on pouvait rester ici un mois ou deux, il serait possible d’étu- dier les feuilles cotylédonaires de beaucoup de plantes, feuilles dont on ignore peut-être la forme. Lorsque le lit de l'Oued En-Nsa se remplit subitement par les pluies tombées vers les sources de ce torrent, il est dan- gereux de se trouver sur le passage des eaux qui arrivent avec une grande impétuosité. Des gens qui ont l'habitude de fréquenter ces redirs nous ont rapporté l'histoire d'un douar de Chaamba qui fut presque entièrement détruit; quelques chameaux même furent trouvés noyés sur des botma où le torrent les avait transportés. Ces redirs, dont les noms sont familiers aux Larba et aux autres tribus qui viennent y faire boire leurs troupeaux, sont assez variables de lon- gueur (1 kilomètre au maximum) et de largeur (6 mètres au maximum); leur profondeur est quelquefois de 3 à 4 mètres ; les berges taillées à pic (1) Qui connaissent bien aussi le Tarfa. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1855. 787 sont à leur partie supérieure couvertes de hautes herbes sèches ; les parties les plus à l'ombre se couvrent de quelques mousses (trois espèces) et d’une sorte de sécrétion humide qui donne à la terre une couleur verdâtre foncée. Dans un point et dans le lit sablonneux d'un redir, j'ai remarqué hier une multitude de petites bulles verdâtres brillantes, de la grosseur d'une tête d'épingle ordinaire, qui éclataient sous mes pieds avec un certain bruit de crépitation. J'en ai pris quelques échantillons, mais je doute que l’on puisse les étudier; è'est probablement, du reste, l’état primordial d'une cryp- togame. L'eau des redirs, moins abondante que l'année dernière, indique bien que la saison des pluies n'a pas encore commencé; l'état de Ja végétation de son côté l'indique également. En 1854, lorsque la colonne de Djelfa est venue par Guerrara rejoindre celle de M. le lieutenant-colonel Dubarrail, Nous avons trouvé un gazon épais, de belles Graminées, des Cruciferes en fleur et en fruit, le Statice Bonduellii, V'Erythrostictus punctatus, ete. Aujourd'hui, rien de semblable : les Moricandia fruticosa, Farsetia ægyp- haca, Deverra scoparia (Gueza) Antirrhinum ramosissimum offrent seuls quelques échantillons en fleur. J'ai cependant trouvé une autre plante aussi en fleur et en fruit, c’est le Gaillonia Reboudiana. Du Mequeb-el- Kebal, au lieu de suivre le lit de l'Oued, nous sommes venus par un ehemin plus court établir notre camp à Besseroudj; c'est entre ces deux points que se trouve le Kef Rokma (rocher du perenoptère) dominé par la Couba de Sidi Abd-el-Kader ; c'est près de là que l'année dernière je cueillis cette Rubiacée dans un tout petit Oued large d’un mètre, qui longe un instant les Sentiers qui mènent de ce point à Guerrara ; je tenais beaucoup à la revoir et à l'observer avec plus de soin dans son lieu natal; je suis donc parti avec deux guides, et, après deux heures de trot et de galop, j'ai pu revoir cette partie de l'Oued dont le souvenir était assez fidèlement gravé dans ma me- moire, Nous avons remonté la rive droite à un kilomètre en amont du Kef Rokma, et nous avons retrouvé notre arbuste en assez grande quantité à l'endroit voulu ; par malheur, il était sans fleurs, je me suis contenté de recueillir une grande provision de la sommité hispidissime contenant encore les fruits de l'année ; en revenant sur nos pas, et en nous dirigeant vers les petits ravins qui sont également en amont de la Couba, mais plus à gauche de l'Oued En-Nsa, j'ai eu le plaisir d'en voir quelques touffes en fl ws. C'était la seule plante herbacée ou ligneuse qui fùt dans cet état avanci les autres espèces qui se trouvaient dans le lit de cet Oued microscopique sont: une Salsolacée (Reum!), i Andropogon laniger, l'Tgiefna ( grue Corpus ?), le Farsetia linearis, le Deverra scoparia, etc. Apres aoh cuei i quelques échantillons, je suis allé jusque sur le sommet du moc e pour Voir de près la Couba et jouir du coup-d'œil que | on a de cette | auteur, Le Kef peut avoir 60 mètres de haut; il est semi-circulaire et d nature calcaire; il est taillé à pic du côté de l'Oued, dont les eaux, à l'époque des 788 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pluies, en rongent la base, et qui forme un immense coude en cet endroit: la partie en aval est couverte de terre rouge. Sur le Kef s'élève la Couba de Sidi Abd-el-Kader ; autour d'elle sont placées sans ordre quelques tombes d'Atatcha de Guerrara ; à chaque angle s'élève une petite colonne de 50 cen- timètres de haut surmontée d’un œuf d'Autruche plein de plâtre. De l'Oued En-Nsa nous devons aller par Parok-Daroka à Guerrara; de là nous irons passer une huitaine de jours dans cette partie de la région des Dahias qui est encore en blanc sur les cartes les plus récentes. J'espère y faire de bonnes récoltes pendant que les officiers d'état-major feront de la topographie... Rentré à Djelfa, je préparerai un paquet à votre adresse ; il contiendra quelques plantes de mes récoltes de 1855 à Djelfa, à Messad et dans le Sahara ; je mettrai mes notes en ordre et je pourrai vous adresser quelques pages sur le Polyporus du Betoum, au point de vue de l’industrie de la tein- ture dans le Mzab, sur son commerce, sa récolte, ete. ; sur le Placodium Jusufii que j'ai vu en grande quantité pendant deux longues marches, sur les jardins du Mzab, et sur la culture des Dattiers comparée à celle du Souf et de Hadjira. Un troupeau de gazelles est à deux portées de fusil du camp, nous allons monter à cheval pour les chasser. …. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ucher die Befruchtung der Pedicularis sylvatica (Sur la fécondation chez le Pedicularis sylvatica); par M. Hermann Schacht (Flora, 1855, n° 29). Dans ce mémoire M. H. Schacht s’est proposé d'apporter de nouveaux faits en faveur de la théorie de la fécondation due à M. Schleiden. Nous essaierons de résumer ici l’exposé des faits qui, d'après l'auteur, amènent la formation de l'embryon dans la Pédiculaire. Avant même que la fleur se flétrisse, dit M. H. Schacht, les boyaux pol- liniques de la Pédiculaire atteignent la cavité de l'ovaire. Un prolonge- ment des deux placentaires, qui s'élève jusqu’au canal du style, les dirige vers les ovules; ils descendent en faisceaux épais. Lorsqu'ils arrivent à l'ovule, celui-ci est formé seulement d'un tégument simple et charnu, qui enferme le sac embryonaire conformé en long cylindre étroit, arrondi aux deux bouts et un peu arqué. L'auteur n’a jamais pu voir quel était à ce moment le contenu de ce sac. Un peu plus tard, on voit à chacun de ses deux bouts une cellule bien formée ; mais M. H. Schacht dit n'avoir jamais rien vu qui ressemblât à plusieurs cellules situées, comme on l'a dit, à son extrémité micropylaire. Les boyaux polliniques pénètrent dans le micro- pyle, souvent 3-5 dans un seul. Ils varient beaucoup d'apparence. Ordi- nairement ils forment, comme chez les Véroniques, des tubes cylindriques, flexueux, semblables d'aspect à une baguette de verre solide ; parfois aussi, on les voit comme variqueux. Le bout de ce boyau resté en dehors du micropyle, est arrondi et fermé, et jamais on ne peut suivre ce tube entier jusqu’au grain de pollen, le stigmate et le style étant secs à cette époque. Quand la fleur est flétrie, il est souvent soudé de la manière la plus intime avec le sommet du sac embryonnaire. L’acide azotique et la potasse, employés Successivement, ont été insuffisants pour détruire son adhérence. Un peu Plus tard, l’auteur a vu, à l'intérieur du sac embryonnaire, un très court prolongement du boyau, dont le contour était extrêmement délié, et dont le Contenu était très finement granulé. Cette portion intérieure peut, dit-il, être prise facilement pour une cellule que le boyau doit féconder. Vers cette époque, le sommet du sac présente une très grosse cellule extrêmement délicate, remplie de protoplasma, tandis que la portion moyenne est occu- pée par deux files de grosses cellules transparentes, et que le bout inférieur 790 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est occupé par une autre cellule remplie de protoplasma. Ces deux cellules terminales disparaissent plus tard ; les autrés donnent naissance à l'albu- men, Ensuite le boyau descend entre les deux files de cellules destinées à Ja formation de l'albumen, et dès lors il a atteint son but. Son bout fermé pré- sente une agglomération de protoplasma, et il s'y forme un nucléus. Un peu plus tard, une cloison transversale se forme près de ce bout du boyau, et distingue ainsi, dans son intérieur, la première cellule de embryon nais- sant. Ensuite, il s’y forme encore une ou deux autres cloisons transversales, après quoi cette extrémité du boyau se renfle quelque peu, et la portion globuleuse qui en résulte devient peu à peu, par l'effet d'une division suc- cessive des cellules, un globule celluleux. Quant à la portion supérieure et non renflée du boyau, la formation de cellules à son intérieur cesse de bonne heure, Ces faits sont les plus importants parmi ceux que renferme le mémoire de M. Schacht; nous n’essaierons pas d'y joindre d'autres détails, parce qu'il nous semble impossible d'en suivre l'exposé sans le secours de figures. Keimung des Botrychium Lunaria, SW. (Germination du Botrychium Lunaria, Swartz); par M. W. Hofmeister. (Bonplandia, ne du 45 décembre 1855, p. 331-336, pl. IIL.) La germination des Ophioglossées était restée inconnue jusqu’à ces derniers temps. Ce qu'on avait pris pour des germinations de ces végétaux appartenait à des Polypodiacées, dont les séminules étaient tombées sur la terre après le semis des Botrychium ou Ophioglossum, et la première découverte à ce sujet est due à M. Mettenius qui a observé, il y adeux ans, l'embryon et le prothallium d'un Ophioglossum. La germination du Botrychium diffère à plusieurs égards de celle de l Ophioglossum. Le prothallium du Botrychium est une masse ovoïde d'un tissu cellulaire consistant, dont le grand diamètre ne dépasse pas une demi- ligne, et reste souvent fort au-dessous. Il est d’un brun clair extérieurement, d’un blanc jaunâtre intérieurement, Il porte de tous les côtés des poils radi- caux clair-semés et de longueur médiocre. Ses cellules, dont la grandeur décroit du centre vers la périphérie, sont remplies de grumeaux de diverses grosseurs d'une matière demi-transparente qui ne bleuit pas par l'iode. Le côté de ce prothallium, qui regarde la terre, porte les anthéridies, tandis que sur le côté opposé se trouvent les archégones. Les anthéridies sont des cavités creusées dans la masse du prothallium qui s'ouvrent à l'extérieur par un très petit orifice. Les anthérozoïdes ne diffèrent guère de ceux des Poly- podiacées que par leur grosseur à peu près double. Lorsqu'ils sont sortis des anthéridies, les parois de celles-ci brunissent. Les archégones sont aussi complétement enfoncés dans le prothallium ; à cela près, ils ressem- blent à ceux des Fougères, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 791 La situation de l'embryon, relativement au prothallium, est tout autre que chez les Polypodiacées et les Rhizocarpées ; elle rappelle ce qu'on voit chez les Cryptogames vasculaires, dont le prothallium, comme celui des Ophioglossées, manque de chlorophylle (/soetes, Selaginella). Le point végétatif de l'embryon se trouve près du point culminant de la cellule cen- trale de l'archégone; les premières racines naissent sous lui, vers le fond de l'archégone. L'ouverture des archégones étant dirigée en bas, l'embryon est obligé de décrire un demi-cercle pour diriger son bourgeon vers Je haut. Les plus jeunes plantules que l'auteur ait vues en rapport avec le pro- thallium montraient au moins deux racines, et, en outre, à côté du point végétatif, une proéminence hémisphérique ou ovoide, formée de larges cel- lules parenchymateuses avec un faisceau rudimentaire, composé de cellules parenchymateuses sans vaisseaux. Cette proéminence est l'axe primaire. La place la plus élevée de la plantule comprend le point végétatif, ou l'ex- trémité de l'axe secondaire, susceptible de se développer ultérieurement, Ce petit bourgeon se trouve au fond d’une courte fente transversale de l’extré- mité mousse de la plantule, et cette fente est l'ouverture étroite de la pre- mière fronde fermée en gaine. La seconde et la troisième fronde du Botrychium en germination sont imparfaitement foliacées, blanchâtres, composées de cellules allongées, pau- vres en contenu solide ; cependant, on voit quelquefois à la deuxième, tou- jours à la troisième, une petite pointe verdâtre, premier indice du limbe. Sur la quatrième, cette partie verte est plus développée; elle a deux ou même trois lobes, entre lesquels se montre, sous la forme d'un petit bour- geon hémisphérique, l’ébauche de la fronde fertile. Cette paire de frondes, en fendant l'extrémité qui forme la masse principale de la troisième fronde, s'élève au-dessus du sol, pendant la période végétative suivante, et elle constitue ainsi un individu en miniature, mais semblable, pour tous les points essentiels, aux plantes plus âgées. Chaque nouvelle paire de frondes parait à côté de l'extrémité de la tige presque plane de la plante adulte, sous la forme d'une saillie peu prononcée, presque conique. D'abord se développe la gaine, Le bord antérieur de la base d'une fronde n'a pas de Connexion organique avec le tissu de l'extrémité de tige qui la porte, à Cause de la présence d’une fente sur ce point. C'est seulement pendant le deuxième été que, du sommet arrondi de l'ébauche de fronde, s'élève une masse cellulaire aplatie, ébauche de la fronde stérile, sur laquelle se mon irent bientôt les pinnules inférieures du limbe. Ensuite, pendant que e Sommet du corps cellulaire s'allongeant toujours donne encore 4-6 pinnu es de la fronde stérile, entre les plus âgées de celles ci se montre une proémi- nence cellulaire, premier indice de la fronde fertile. C'est tout ce qui se Produit de la paire de frondes jusqu’à l'automne de la deuxième anné : L'organogénie montre ainsi que la fronde fertile doit étre considérée comm 792 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. issue de la fronde stérile, et non comme un organe de même valeur que celle-ci. Dans la suite de son mémoire, M. Hofmeister compare les observations précédentes sur la germination du Botrychium Lunaria avec ce qu'on a vu dans la germination de l'Ophioglossum. Il discute enfin l'opinion qui a été émise par M. Harting au sujet des stipules des Marattiacées, qui rappelle jusqu’à un certain point celle de M. AI. Braun sur la fronde de l'Ophio- glossum. On the conjugation of Cocconeis, Cymbella and Am- phora, together with some Remarks on Amphiphora alata (?), Kg. (Sur la conjugation des Cocconeis, Cymbella et Amphora, avec quelques remarques sur l’ Amphiphora alata (?) Kg.) ; par M. H.-J. Carter, aide- chirurgien, à Bombay (The Annals and Magaz. of natur. hist., janvier 1856, p. 1-9, tab. T). La découverte de la reproduction des Diatomées par spores, quoique entrevue par M. Kützing, est due réellement à M. Thwaites, qui la suivit entièrement chez l’Æunotia turgida en mai 1847, et qui la décrivit ensuite et la figura. Ce botaniste la reconnut ensuite chez le Fragilaria pectinalis, Gomphonema minutissimum, Cocconema lanceolatum et Cistula et chez l'Epithemia gibba; plus tard encore chez les Meloseira varians et Borreri, Aulacoseira crenulata, Cyclotella? Kützingiana, Orthoseira Dickieii, Schi- zonema eximium, subcohærens, vulgare et neglectum, enfin chez le Dickieia Danseii. Depuis ces observations, le docteur J.-W. Griffith a fait connaitre la reproduction d'une espèce de Navicula et aujourd'hui M. Carter décrit et figure celle qu'il a observée chez le Cocconeis Pediculus, Kg., le Cym- bella Pediculus, Kg. et l'Amphora ovalis. Nous essaierons de résumer ici les faits qu'il a observés, tout en reconnaissant que l'examen des figures faciliterait beaucoup l'intelligence de cet exposé. 4. Cocconeis Pediculus, Kg. La spore est due à deux petits frustules de grandeur inégale. Après qu'ils se sont rapprochés, ils sécrètent une muco- sité qui les englobe l’un et l’autre. Ils s'ouvrent alors en deux valves et les deux contenus s’unissent pour former la spore, qui est d'abord sphérique, et s'allonge ensuite pour devenir finalement elliptique. Lorsque lendo- chrome s’est distribué sur le contour de celle-ci, on voit une simple ligne se tracer sur sa longueur de manière à y dessiner deux moitiés un peu iné- gales. Cette ligne devient ensuite une séparation qui isole les deux frustules ainsi formés. Ceux-ci sont relativement aux deux premiers qui les ont pro- duits comme 1/1733 à 1/575 de pouce anglais. 2. Cymbella Pediculus, Kg. — La spore provient de deux petits fi ustules un peu inégaux de grosseur. Ces frustules se rapprochent et sécrètent REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 793 d'abord un mucas qui les englobe. On voit ensuite se dessiner dans leur milieu deux masses elliptiques d'endochrome allongées dans le même sens qu'eux, qui se rapprochent et se touchent. Puis les deux nouveaux frustules ainsi produits s’allongent; les lignes transversales s'y dessinent, les endo- chromes s’y disséminent, et ces frustules sont formés. Les valves des frustules conjugués et le mucus se détachent, et les nouveaux frustules deviennent libres. Leur longueur, comparativement à celle des deux pre- miers est de 1/650 à 1/385 de pouce anglais. 3. Amphora ovalis, Kg. — La spore est produite encore par deux petits frustules un peu inégaux. Après qu'ils se sont rapprochés, ils s'entourent d'un mucus commun, et leur endochrome se montre entre eux sous la forme de deux masses globuleuses qui s'allongent ensuite pour former les deux nouveaux frustules, mais dans un sens transversal par rapport aux deux premiers, Ces nouveaux frustules deviennent arqués l’un vers l'autre ; len- dochrome se dissémine dans leur intérieur. Les valves des frustules pri- mitifs se séparent, puis se détachent ainsi que l'enveloppe de mucus ct les frustules de nouvelle formation restent libres, Leur longueur comparée à celle des deux premiers est de 1/1733 à 1/650 de pouce anglais. L'auteur fait suivre cet exposé d'observations générales tant sur ces faits que sur l’Amphiphora alata (?), Kg. I n'est guère possible d'analyser cette portion de son travail. Ohservations botaniques diverses; par M. F. Schultz. (Actes de la Soc. linn. de Bordeaux, in-8, 1855, 4° livraison, p. 401-105.) Cet extrait d'une lettre écrite par le docteur F. Schultz à M. Ch. Des Moulins comprend trois notes, dont la seconde a pour objet de constater que l’auteur a reconnu sur l'Ajuga genevensis l'exactitude des faits signalés par M. Lagrèze-Fossat dans sa Flore du Tarn-et-Garonne (p. 305), relati- vement à l'existence de « stolons souterrains, radiciformes, grêles, allongés, émettant de loin en loin des bourgeons ascendants, terminés à la surface du sol par 2 à 5 feuilles. » M. F. Schultz pense que si les botanistes en gi- néral n'ont pas observé cette particularité dans la végétation de cet i plante, cela tient à ce qu'elle est extrêmement difficile à retirer de terre avec . illes radicales. » « ces racines allongées, ces bourgeons et ces feuill | -parM.F.-L. v. Sehlech- Abnorme Bildungen (Formations anomales) ; po on 85 N ‘ _ . . = -825). tendal (Botan. Zeit., n° WT, 23 nov. 1895, co! . . ati rte sur deux 1. Fruit double de Phaseolus vulgaris. — Cette a T ani tnie | | , 'e i légumes de Haricot qui provenaient d'une même nl à séminifère. L'un jusque près de leur extrémité par leur suture ventrale e! : nt soudes 79A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des deux renfermait une graine ; l’autre était vide. L'auteur regarde cette multiplication comme très rare chez les Légumineuses. 2. Feuilles bifides de Syringa vulgaris. — Un Lilas à fleur blanche, ayant été rabattu, avait donné plusieurs jets vigoureux dont un se faisait remar- quer, paree que sa quatrième paire de feuilles, à partir du sommet, avait ses deux feuilles également munies d'une côte médiane bifurquée près de sa base à angle aigu et leur limbe lui-même bilobé. Des faits analogues ne sont pas rares; mais il est beaucoup moins fréquent de voir deux feuilles oppo- sées présenter à la fois la même anomalie. 3, Fleurs anomales d'Arenaria media. — Un pied vigoureux de cette plante a présenté à l’auteur, en 1852, plusieurs tiges, les unes entièrement normales, les autres portant des fleurs, dans lesquelles les pétales s'étaient changés en feuilles vertes, et les pistils avaient revêtu des formes diverses, les autres organes floraux n'ayant pas subi de modifications. Les pétales, qui, dans l'état normal, sont bifides, étaient représentés, ou par deux petites feuilles partant d’un pétiole commun, parcourues par une des 2 bifurca- tions de la nervure médiane, ou bien par une seule petite feuille, soit bidentée, soit indivise. Le nombre de ces pétales transformés arrivait rare- rement à 5. Le pistil ressemblait parfois à celui d’un Æ'uphorbia avec ses 3 saillies longitudinales et ses 3 sillons ; ailleurs, il consistait en 3 petites feuilles soudées inférieurement, libres et ouvertes supérieurement, Ou, enfin, il formait 3 feuilles entièrement séparées, Outre la côte médiane dorsale, chaque petite feuille pistillaire avait dans sa portion étalée deux épaississe- ments marginaux, d'apparence glanduleuse, Ces pistils renfermaient nombre de petites feuilles ou rien du tout. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Notice sur les Fumaria de la Gironde: par M. A. Docteur. (Actes de la Société linnéenne de Bordeaux ; in-8, 4855, he livraison, p. 413-426.) Cette notice est le fruit d'études poursuivies pendant trois ans. L'auteur dit qu'en la publiant, il a eu l'intention « de combler une lacune qui existe à ce sujet dans la Flore de la Gironde, » et qui résulte de ce que les travaux dont les Fumaria ont été l'objet depuis la publication de cet ouvrage ont beaucoup augmenté le nombre des espèces de ce genre. Les espèces qu'il décrit comme se trouvant dans le département de la Gironde sont les sui- antes : 4. Fumaria capræolata, linn., assez rare, à laquelle il rattache comme variété, sous le nom de F. capræolata B speciosa, la plante décrite par M. Jordan dans le Catalogue du Jardin botanique de Grenoble, pour 1849 (p. 2), sous le nom de F. speciosa, M, Docteur ne pense pas que les carat- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 795 tères de cette Fumeterre soient assez importants pour autoriser à en faire une espèce distincte; mais il y voit une variété bien tranchée, remarquable par la grandeur de ses corolles, colorées en beau jaune vif, La plante est, du reste, nouvelle pour la Gironde, où elle n’a été trouvée qu'à Saint- Martin-du-Bois, près Saint-Ciers-Lalande. — 2, F, officinalis, Linn., indi- quéecomme assez rare, età laquelle M. Docteur rapporte les variétés major, Boreau, minor, Koch, densiflora, Parlat. (floribunda, Borean), nouvelles pour la Gironde. — 3. F. Borei, Jord. (non Boreau), marquée comme nouvelle pour la Gironde, et cependant fort commune. — 4. F. Bastardi, Boreau, in Rev. bot., II, p. 359, indiquée comme nouvelle pour la Gironde, et comme commune. — 5. F. densiflora, DC. , Cat. (F. micrantha, Lagas), très rare, signalée seulement entre Mescher et Royan, par M. Lloyd. — 6. F. Vaillantii, Lois., assez commune. — 7. F. parviflora, Lamk., très rare et nouvelle pour la Gironde, où elle a été découverte, en 1850, par M. E. Ramey. | Un tableau synoptique résume les principaux caractères distinctifs de ces diverses espèces. Nous le reproduisons en lui donnant une forme typogra- phique différente, " officinalis, Lin, © 1 f Capsules rétuses, échancrées au sommet; tiges difuses... ' — globuleuses, non échancrées au SOoMMet. s.s... (Sépales peltés; capsules apiculées dans la jeunesse, puis | pan ' obtuses ou subapiculées.....,.............. F. densiflora, DC. | — RON peltés.........ssssssesesess.sesesores B Base des sépales dépassant largement leur point d'inser- ; 3 tion... essesree. . — dépassant peu ou point leur point d'in- sertioNn e.osssorovesressesseees 5. n ` , Lin, 4, Pédicelles réfléchis... e. eseusssosssesesores.eess.e F. capræolala, Lir — étalés, mais non réfléchis.................. F. Boræi, . . rviflora, . 5. J Capsules apiculées .......ssesssossesesssss.ssee. F parvifl — non apioulées. ere." . i j ès obtuses à la | capsules Pattes P; es ess... F. Vaillantü, Lois. as aies, ii , . , , . . soscssrors.. F. Bastardi. Boreau. Flore analytique de Toulouse et de ses environs: par M. J. B. Noulet. 4 in-48 de XVIII et 370 pages. Toulouse, 4855 ; librai- rie centrale. , . anière à former « un livre Cette Flore a été rédigée par son auteur, de manière à portatif qui pût servir de guide pour les herhorisations. Et comprend deux parties distinctes , mais qui se complètent l'une autre et aux en- Partie (p. 1-188) est un simple catalogue des plantes qui Le de familles virons de Toulouse. Les espèces y sont rangées d apres ! orere om suivi établi par DeCandolle. Chacune d'elles y est indiquée par son nom s 796 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. simplement de celui de l’auteur sans la désignation de l'ouvrage dans lequel elle a été caractérisée. Une abréviation renvoie ensuite à la Flore du Bassin sous-pyrénéen par M. Noulet, dans laquelle se trouvent exposés les carac- tères de l'espèce et sa synonymie. Il est bon, cependant, de faire remarquer, que l’auteur déclare n'avoir pas « entendu adopter ou infirmer les syno- nymes » rapportés dans ce dernier ouvrage. Ces premières indications sont suivies de celles de la station, de la rareté ou de la fréquence de la plante, des localités où on la trouve, enfin, de l’époque de la floraison. La circon- scription à laquelle se rapporte ce catalogue est plus étendue qu’on ne serait tenté de le croire d’après le titre de ouvrage; car, elle s'étend des limites du Gers aux bords du Tarn, et du pied des Pyrénées au département de Tarn et Garonne. Quant à la seconde partie (p. 189-362), elle se compose de tableaux dichotomiques des genres et des espèces propres à faciliter la détermination des uns et des autres. Une table termine le volume et renvoie également à l’une et à l’autre des deux parties. Flora Baïicalensi-Dahurica seu descriptio plantarum in regionibus cis- et transhaicalensibus atque in Dahu- via sponte nascentium; auctore Nic. Tarezaninow (Bull. de la Soc. impér, des natur. de Moscou, 1854, 3° cab., p. 53-130) (1). La portion de cette Flore que renferme l’un des deux cahiers du Bulletin de la Soc. impér. des natur. de Moscou arrivés récemment à Paris, com- prend les Endogènes phanérogames ou Monocotylédons, et se rapporte à 101 espèces de cet embranchement. Voici l'indication des familles et des genres qui s’y trouvent caractérisés. 1. Joncaginées : Triglochin, Lin. ; Scheuchzeria, Lin. — 2. Azismacées : Alisma , Lin. ; Sagittaria, Lin. — 3. Buromacées : Butomus, Lin. — 4. NAÏïADÉES : Potamogeton, Tourn. — 5. LemNacées : Lemna, Lin. — 6. Anoinées : Calla, Lin.; Acorus, Lin. — 7. Typnacées : Typha, Lin. ; Sparganium, Lin. — 8. OrcHIDÉES : C0- rallorhiza, Hall. ; Microstylis, Nutt. ; Malaxis, Sw.; Calypso, Salisb. ; Or- chis, Lin. ; Gymnadenia, R. Br.; Perularia, Lindl.: Platanthera, Rich. ; Herminium, R. Br.; Epipogum, J. G. Gmel.; Neottia, Lin.; Epipactis, Hall.; Spiranthes, Rich.; Goodyera, R. Br.; Cypripedium, Lin. — 9. IRI- DEES : Iris, Lin. ; Pardanthus, Ker. — 10. SmıLacées : Paris, Lin. ; Poly- gonatum, Tourn. ; Convallaria, Desf. ; Smilacina, Desf. — 41. LILTACÉES : Orythia, D. Don; Gagea, Salisb. ; Plecostigma, Turez. ; Lloydia, Salisb. ; Fritillaria, Lin. ; Lilium, Lin.; Allium, Lin.; Hemerocallis, Lin. ; Aspara- gus, Lin. Les espèces comprises dans ces différents genres vont du n° 1079 au n° 1176 inclusivement. Sur ce nombre , quelques-unes avaient été déja (1) Voyez le Bulletin, t. U, p. 405. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 797 signalées dans le Catalogue de M. Turezaninow, et se trouvent ici carac- térisées par une diagnose. Ce sont les suivantes : Butomus Junceus, Turez., Cat. n° 1079 (B. umbellatus, B junceus, Ledeb.). Potamogeton vaginatus, Turcz., Cat., n° 4092. Sparganium longifolium , Turez., Cat., n° 1180. Orchis salina, Turez., PL. exs. Platanthera oligantha, Turcz., FL. Baie. Dah., p. 86. (Habenaria chlorantha, Turez., Cat., n° 1098). Smilacina Dahurica, Turcz., Cat., n° 1499. Plecostigma pauciflorum, Turez., PL. exs. (Gagea pauciflora , Turez., Cat., n° 1138). Fritillaria Dagana , Turez., Cat., n° 1139. Allium monadelphum, Turez., Cat., n° 4144; A. condensatum, Turez., Cat., n° 4151. Asparagus parviflorus, Turez., Cat. n° 4155. Flora Indiæ batavæ, par M. Fred. Ant. Guill. Miquel, in-8, 1855, Amsterdam et Leyde. 1‘ volume, 4" livraison, de xvi et 460 pag., 2 planch. gravées sur pierre, et un portrait lithographié de Geor. Eve- thard Rumphius. L'ouvrage dont nous avons sous les yeux la première livraison aura néces- sairement une étendue considérable en raison du plan adopté par son auteur etde la surface considérable des contrées réunies sous la dénomination d'Inde bollandaise ainsi que de la richesse de végétation qui les distingue. Déjà di- vers botanistes hollandais, à ja tête desquels on doit placer Rumphius et M. Blume, ont publié de grands et importants ouvrages sur la Flore des colonies néerlandaises. Arrivant après ces illustres auteurs, M. Miquel Pourra profiter de leurs travaux et en y joignant les résultats des décou- vertes récentes, en comprenant d'ailleurs dans sa Flore la végétation entière des possessions néerlandaises et méme celle de diverses Îles voisines, il fera certainement un travail d'une grande utilité pour la science, Il est Seulement à désirer qui rien ne vienne entraver l'exécution de sa vaste entreprise. Le première livraison récemment publiée de la Flore de l'Inde holan- daise ne comprenä que le commencement des Légumineuses, savoir : les Mimosées et une partie des Papilionacées. Voici le tableau des genres et l'indication qu nombre des espèces dont elle renferme la description. , I. MIMOSÉES, R. Br. — 1"° tribu. Acacrées, Benth. 1 Acacia, de , 20 espèces. — 9, Albizzia, Durazzini, 18 espèces. — 3. Pithecolo ium, Mart., 44 espèces. — 4. Serianthes, Benth., 4 esp. — 2° tribu. EUMIMOSEES, Benth. 5, Leucæna, Benth., 4 esp. — 6. Xylia, Benth., 1 esp. mi es Lin., Willd. ; 3 esp. — 8. Desmanthus, Benth. , { esp. — 9. Enta e i ., 1 esp, — 10. Adenanthera, Lin., 3 esp. — 11. Gagnebina , “ee A esp- — 12. Dichrostachys, DC., 1 esp. — 13. Prosopis, ve OT -— lh, Neptunia, Lour., 4 esp. — 3° tribu. PARKIÉES, Wight e ” 15. Parkia, R, Br., 3 esp. 798 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. II. Papinionacées, Linn. — Sous-ordre 4. Cæsalpiniées. Tribu 4re. Bau- liniées, Benth.— 1. Phanera, Lour. , 22 esp.— 2. Lasiobema, Korth., 2 esp. — 3. Piliostigma, Hochstet., 3 esp. — 4. Bauhinia, Linn., emend., l4 esp. — Tribu 2. Cynométrées, Benth. — 5. Cynometra, Linn., 3 esp. —6. Dialium, Linn., 4 esp.— Tribu 3°. Amherstiées, Benth.—7.1Intsia, Pet. Thou., 4 esp. — 8. Hymenæa. Linn., 1 esp. — 9. Tamarindus, Tourn., 4 esp. — 10. Saraca, Linn., 5 esp. — 11. Humboldtia, Vahl, 4 esp. — 12. Pahudia, Miq. (Gen. nov.), 4 esp. — Tribu 4°. Cassiées Benth. — 13. Cassia, Linn., 24 esp. — Tribu 5e. Fucæsalpiniées, Benth. — 14. Mezoneurum, Desf., 6 esp. — 15. Pterolobium, R. Br., 2 esp. — 16. Cæsalpinia, Plum., 11 esp. — 17. Guilandina, Juss., 4 esp.— Tribu 6°. Zeptotobiées, Benth. 18. Parkin- sonia, Plum., 4 esp. — 19. Hæmatoxylon, Linn., 4 esp. — 20. Aloexylon, Lour., 1 esp. Sous-ordre 2. Papilionactes vraies. — Tribu 1%. Sophorées, DC. — 21. Sophora, Linn., 4 esp. — Tribu 2°. Dalbergiées, Benth. — 22. Euchresta, Benth., 4 esp. — 23. Dalbergia, Linn., 13 esp. — 24. Pterocarpus, Linn., h esp. — 25. Echinodiscus, Benth., 4 esp. — Tribu 3°. Millettiées. — 26. Brachypterum, Wight et Arn., 4 esp. — 27. Derris, Lour., 44 esp. — 28. Pongamia, Vent., 6 esp. — 29. Padbruggea, Miq. (Gen. nov.), 4 esp. — 30. Aganope, Miq. (Gen. nov.), 3 esp. — 31. Millettia, W. et Am., 11 esp. — 32. Otosema, Benth., 4 esp. — 33. Mundulea, DC., 1 esp. — Tribu 4°. Phaséolées, Benth. — 34. Abrus, Lim., 3 esp. — 35. Flemingia, Roxb. (genre commence à la fin de la livraison). Au nombre des genres et des espèces que nous venons de relever il faudrait en ajouter une certaine quantité d’autres qui, quoique n'appartenant pas aux possessions néerlandaises, ont été cependant insérés dans la Flore de M. Miquel pour en compléter le tableau ou bien à cause de leur affinité avec des espèces qui entraient naturellement dans le cadre de l'ouvrage. Ces plantes propres en général au continent de l'Inde sont distinguées dans le livre par l'absence de numéro et par un caractère plus petit et moins interligné. Le corps de l'ouvrage de M. Miquel est écrit en hollandais. La partit essentiellement botanique, c'est-à-dire les caractères, la synonymie, quei- quefois la comparaison avec les espèces voisines, est seule écrite en latin. Chaque genre présente un tableau analytique des espèces éerit en hollan- dais, destiné, dit l’auteur, à rendre les déterminations plus faciles pour les personnes peu familiarisées avec la langue botanique. Les caractères ces genres sont développés. Les espèces sont caractérisées par une diagnose étendue ou une description abrégée pour les genres à plusieurs espèces, par une simple phrase diagnostique pour les genres peu nombreux. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 799 Chamsælaueiées recueillies par Drummond et décrites par M. Meisner. (Hookers Journ. of Botan., cab. de janv. 1856, p. 19-20.) Dans la séance tenue par la Société linnéenne de Londres, Je 20 dé- cembre 1855, il a été donné lecture d'un travail de M. Meisner, de Bâle, sur de nouvelles espèces de Chamælauciées recueillies par Drummond, à Swan River, dans la Nouvelle-Hollande, qui se trouvent dans la 6° col- lection publiée par cet infatigable voyageur. Ces espèces sont au nombre de 29, savoir : 4 Genetyllis, T Verticordia, 2 Chameælaucium, À Pileanthus et 8 Calycothrix. — M. Meisner propose de diviser le genre Verticordia, d'après le nombre et l'arrangement des divisions calycinales, en 4 sous- genres, qu'il nomme : 1. Zuverticordia (comprenant la section Chrysomna de Schauer) ; 2. Verticordella ; 3. Catocalypta ; h. Pennuligera. Voici Ia liste des espèces décrites par M. Meisner avec les numéros qu'elles portent dans Ja 6° collection de Drummond. 1 Genetyllis speciosa, Meisn. — Drum. n 34. — 2, G. helichrysoides, Id. — Drum. n° 35. -— 3. G. sauguinea, Id. = Drum. n° 36. — A. G. virescens, Id. —Drum. n° 37. — 5. Verticordia stelluligera, Id. — Drum. n° 50. — 6. V. nobilis, Id. — Drum. n° 47. — 1. V. (Catocalypta) callitricha, Id. = Drum. n° 48. — 8. V. (Catocalypta) ovalifolia, Id. — Drum. n° 45. — 9. V. (Pennuligera) chrysostachys, Id. = Drum. n° 46. — 10. V. (Pennuligera) oculata , Id. — Drum. n° 43. — 11. V. (Pennuligera) grandis, Drum., in Hook. Journ., 1855, p. 119. — Drum. n° 44, — 49. Chamælaucium Drummondii, Meisn. — Drum. n° M. — 13. C. affine, Id. — Drum. n° 40. — 14. Pileanthus filifolius, Id. = Drum. n° 42, — 15. Calycothrix tenuifolia, Id. = Drum. n° 57. — 16 C. rosea, Id. — Drum. n° 56. — 17. C. lasiautha, Id. = Drum. n°55. — 18. C. brevifolia, Id. — Drum. n° 58. — 19. C. Drummondii, Id. = Drum. u? 52. — 20. C. tenella, Id. — Drum. n° 55. — 21. C. tetragonophylla, Id. = Drum, n°54. — 22. C. puberula, Id. = Drum. n° 51 iconographic des Champignons de Paulet, recueil de 217 planches dessinées d'après nature, gravées et coloriées, accompagni d'un texte nouveau présentant la description des espèces figurées, leur synonymie, l'indication de leurs propriétés utiles ou vénéneuses, Í epoque et les lieux où elles croissent; par M. J. H. Léveillé. Grand int ce v et 135 pages, 217 planches coloriées et un portrait de l'auteur lithogr. Paris, 1855; chez J.-B. Baillière. Le Traité des Champignons de Paulet avait été publié en 1 193 pow fa Plus grande partie; mais ce fut seulement en 1839 que la publication en terminée. Malgré l'importance réelle que lui donnaient le soin e eve i tude qui avaient présidé à l'exécution de ses nombreuses planches, ce livre 500 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. était resté presque inconnu, à ce point qu'il n’en est fait aucune mention dans la plupart des grands ouvrages qui ont servi de base à la mycologie moderne, La cause de cet oubli parait être, d'un côté, dans la rareté de ce Traité et dans le haut prix auquel il avait été mis en vente {239 fr.), de l'autre, dans la bizarrerie de sa rédaction et de la nomenclature adoptée par son auteur. M. Léveillé a voulu faire disparaitre ces derniers inconvé- uients, en rédigeant, pour les figures de Paulet, un texte descriptif (fran- çais) en harmonie avec l'état actuel de la science, et en rapportant les noms admis dans la première édition de cet ouvrage à ceux qui ont cours aujour- d'hui. Malheureusement, ses efforts, pour arriver à une détermination rigoureuse, sont restés quelquefois impuissants, les figures qu'il avait sous les yeux ne caractérisant pas alors les espèces avec une précision suffi- sante. Le texte de Paulet se trouve ainsi remplacé de la manière la plus avantageuse. D'un autre côté, les cuivres qui avaient fourni les planches de l'ouvrage de Paulet, ont été retrouvés, après sa mort, dans un état parfait de conserva- tion. M. J.-B. Baillière en est devenu propriétaire, et a pu ainsi donner une nouvelle édition de ces planches, qui sont devenues la base d’un livre presque entièrement nouveau. Qu'il nous soit seulement permis de regretter que l’éditeur de ce livre wait pas cru devoir le mettre plus à la portée des botanistes, en lui assignant un prix moins élevé que celui auquel il l’a porté sur son catalogue (170 fr.). Nous rappellerons que l'ouvrage de Paulet se recommande, non-seulement par une bonne exécution inconographique, au- jourd'hui et grâce à M. Léveillé, par un texte descriptif au niveau de la science moderne, mais encore par la distinction des espèces vénéneuses à différents degrés d'avec celles qui sont comestibles ou sans intérêt. Des signes conventionnels, gravés sur les planches à côté des noms spécifiques, fournissent de la manière la plus simple et la plus commode ces précieuses indications. Les planches de l’ouvrage de MM. Léveillé et Paulet portent les chif- fres 1-204. Leur nombre réel est, cependant, de 217 ; mais plusieurs por- tent le même chiffre, et ne se distinguent que par l'addition d'un bis ou ter. Quant au nombre des espèces figurées, il s'élève à 464. Le coloriage de la nouvelle édition a été fait àvec soin, et de manière à reproduire fidélement, dans presque tous les cas, les figures de l'édition originale; mais, pour un petit nombre d'espèces, M. Léveillé a été obligé de changer la couleur adop- tée, on ne sait pourquoi, par l’auteur lui-mème, parce qu'elle n’était en harmonie ni avec la description ni avec la nature. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 801 Ueber Chytridium, eine Gattung einzelner Schma- rotzcrgewæchse auf Algen und Infasorien (Sur les Chy- tridium, genre de végétaux parasites sur des Algues et des Infusoires) ; par M. Alex. Braun. (Wonatshericht d. Kænig. Preuss. Akad. d. Wis- sens. zu Berlin; juin 1855, p. 378-384.) Le genre Chytridium comprend de très petits végétaux unicellulés, qui vivent en parasites dans les eaux douces sur des organismes vivants, parti- culièrement sur des Algues et des Infusoires. Ces petits végétaux consis- tent en une simple cellule vésiculeuse, qui pénètre souvent dans l'organisme nourricier au moyen d'un prolongement en forme de racine, ou qui même se développe quelquefois dans l'intérieur de celui-ci. Leur membrane est assez ferme ; elle ne bleuit pas par Piode et l'acide sulfurique, et son con- tenu incolore laisse distinguer, à l'état Jeune, une ou plusieurs gouttes d'huile. Au temps de la maturité, le contenu tout entier donne naissance à un grand nombre de cellules reproductrices (zoogonidies) très petites, globuleuses ou oblongues, incolores et locomotiles, qui possèdent un nu- cleus excentrique foncé, et un cìl vibratile simple et tres long. La cellule s'ouvre par une ou plusieurs ouvertures, qui sont operculées chez quelques espèces, non operculées chez d’autres, et qui, chez quelques-unes, se prolon- gent en tube allongé. Les zoogonidies, qui s'échappent par ces ouvertures, ont un mouvement très vif, semblable à un fourmillement dans l'interieur de la cellule-mère, sautillant et dansant à l'extérieur. L'existence en parasites et le manque de chlorophylle doivent faire consi- dérer les Chytridies comme des Champignons parasites, si l'on conserve la distinction ordinaire entre les Champignons et les Algues; mais par leur structure et leur mode de multiplication, ils se rattachent de la maniere la plus rigoureuse aux Algues unicellulées (Æydrocytium, Charactum, Scia- dium, Hydrodictyon, ete.). Il faut bien se garder de prendre ces êtres para- sites pour Jes organes des plantes nourricières destinés à former les sperma- tozoïdes, confusion qui serait d'autant plus concevable que, chez beaucoup de genres d'Algues, les spermatozoïdes paraissent se former dans des indi- vidus particuliers mal formés, qui tiennent à l Algue développée à la facon de parasites (Ædogonium, Bulbochete). M. Al. Braun a observé jusqu’à ce jour 21 espèces de Chytridies, dont plusieurs sont encore douteuses, parce qu'il n'a pas suivi chez toutes le développement des zoogonidies. Ces espèces ont été trouvées sur 32 or- ganismes nourriciers, dont 48 sont indubitablement des Algues, dont 12 autres appartienneut aux familles placées à la limite des deux règnes or- ganiques (Diatomacées, Desmidiées , Chlamidomonades et Volvocinces). Dans un cas, l'organisme nourricier est décidément animal (Æuglena, Enfin, un autre cas préseute le fait encore isole d'un développement sur des par- -9 T. U, 99 804 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dépassé son point culminant. Alors arrivent les plantes qui Cureront de juillet à l'automne ; d'abord le Peganum Harmala, ensuite des Centaurécs, surtout C. ovina et parviflora, et les Carduus nutans et crispus, l'Onopor- don Acanthium, le Cirsium lanceolatum, le Scolymus hispanicus, plantes sociales que suit toujours l'£ryngium campestre. Celui-ci est utilisé comme combustible. Enfin, à partir d'août, surviennent le Marrubium peregrinum et le Xanthium spinosum, qui terminent en septembre la liste des fleurs de la steppe. Après eux, la steppe prend son caractère d'hiver, et dès lors, aussi loin que la vue peut s'étendre, on n’y voit plus que les restes gris et brunâtres des plantes desséchées, La steppe salée a un tout autre caractere avec sa végétation de Chénopo- dées. La transition entre les deux est formée par des Artemisia, surtout A. austriaca et pontica , qui fleurissent au mois d'août. Entre les surfaces occupées par ces plantes, on en voit d'autres couvertes des Statice caspia et Zatifolia, qui fleurissent en septembre. La steppe salée ne nourrit que des Salsolacées basses, charnues, à fleurs et feuilles également petites, rarement vertes, en général plus où moins colorées en rouge-brunâtre. M. Radde en évalue la proportion, avec l’ensemble des Phanérogames de la Tauride, à 1/35. Les genres dominants sont les Salicornia (surtout S. herbacea), les Kochia, Suæda, et Salsola, dont le développement principal a lieu d'août à octobre. Les Salsola Kali et Tragus, accompagnés de divers Chenopodium et Atriplex, s'étendent souvent au loin dans l’intérieur de la steppe. La steppe salée est la plus inhabitable et la plus inutile de toutes. IT. VERSANT SEPTENTRIONAL DES MONTAGNES DE LA TAURIDE. — Ce ver- sant est presque partout calcaire, La végétation n’y devient variée et vigou- reuse que lorsque la roche, qui est souvent à nu, se couvre de terre végé- tale; elle sy montre d’une richesse surprenante, lorsque cette terre conserve de l'humidité en été, comme dans les petits bassins des rivières. De 800 à 2500 pieds, sa flore perd son premier caractère et prend celui des forêts de l'Allemagne centrale. Là, de grands bois d'arbres feuillus, où dominent les Ulmus, Tilia et Fagus , alternent avec des buissons de Noisetier et de Cornouiller, A mesure qu'on avance vers l’ouest, le Pin de Tauride, rare et petit à l’est, se montre de plus en plus, d’abord isolé, ensuite prédominant. At-dessus de 3000 pieds, on ne voit plus cette belle végétation arbores- cente ; le Hêtre est remplacé par le Charme. Le Carpinus Betulus s'élève encore en grand arbre, mais le C. orientalis ne forme qu'un arbrisseau de 2-3 mètres qui couvre la plupart des hauteurs. Les montagnes, qui dépas- sent 3000 pieds, n'ont au-dessus de cette haateur, et vers le nord, qu'une flore spéciale et très pauvre. Ainsi le plateau de TFschatirdagh, à 3500 pieds, est couvert de Cerastium Biebersteinii, DC, d Ulecebrum cephalotes, M. B., de diverses Alsinces, avee quelques rares pieds d'un Zeucrium et de Gentiana cruciata, Aux places abritées et humides, vers 4000 pieds, se trouvent le seul Dy © REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 805 Saxifraga de la Crimée, S. irrigua et de beaux Geranium. Le versant nerd est très pauvre en Graminées, Jusqu'à 1000 pieds, la première végétation du printemps se compose d'Iridées, Crocus reticulatus, St., et biflorus. Immédiatement après viennent les Scilla bifolia et Se. amæna. De février à la fin de mars, les vallées se colorent souvent du bleu de ces Scilles mêlé au jaune des Primula acaulis et elatior. A ces plantes se joignent le Galanthus plicatus, et, sur le calcaire nu, l Arabis albida, à grandes fleurs odorantes. A cette époque, on trouve, dans les bois au-dessus de 1000 pieds, le Cory- dalis Marchalliana peu commun et venant par groupes. Alors fleurissent le Cornus mascula et l' Ulmus campestris. Les Pyrus conmunis et Malus, plus rarement le P. torminalis et des espèces de Cratægus, tantôt en arbris- seaux, tantôt en arbres, jadis cultivés et maintenant naturalisés, mais très répandus, partout accompagnés du Prunus spinosa, fleurissent après le Cornus, au point de colorer en rose ou en blane de grands espaces. Leurs fruits servent aux Tatars à faire du vinaigre et unesorte de sirop (Bekmes), dont ils font grand usage. Lorsque les bois commencent à verdoyer, les Renonculacées, notamment l'Adonis vernalis et le Pæonia tenuifolia cou- vrent les endroits pierreux au-dessous de 1000 pieds. Avec cette dernière, on trouve, près des ruisseaux, le P. friternata, à grandes fleurs roses, rarement blanches. De nombreuses Crucifères succèdent aux Pivoines: Calepina Corvini, Thlaspi perfoliatum et montanum ; sur les terres mai- gres, calcaires ou marneuses, Odontarrhæna, Alyssum et Meniocus. Les Sisymbrium rio et Loeselii fleurissent vers la mi-mai. L'Asphodelus tau- ricus couvre en masse les hauteurs calcaires jusqu'à 500 pieds ; avec lui se trouvent des Euphorbes basses, Æ£uphorbia saxatilis, glareosa, virgata, W. K., Gerardiana. A la fin de mai, les vallées sont ornées d’un grand nombre de fleurs. Ce sont principalement le Spiræa filipendula, le Poly- gala major et le Geranium sanguineum, accompagnés de Viola, Veronica, Valerianella, Sherardia, du Trinia Henningii, M., parmi lesquels se montrent les Orobanche Galii, hians et alba. Les Synanthérées ne sont encore représentées que par le Senecio rapistroides. Vers la fin de cette période, dans les endroits humides des montagnes, les Orchidées sont en pleine fleur. M. Radde en évalue le nombre à 1/8 des Monocotylédons, à 4/50 des Phanérogames de la Tauride. A l’exception de l'Orchis Compe- riana, St., et de l'Ophrys æstrifera, Rb., qui appartiennent à la côte, les autres, au nombre de 30, se trouvent entre 4000 et 3000 pieds d'altitude, et caractérisent cette zone. Les plus communes sont : Anacamptis pyrami- dalis, Gymnadenia conopsea, Orchis fusca, 0. tephrosanthos, O. militaris ; dans tous les bois, dont le sol est riche en humus, se trouvent les Cephalan- thera rubra et ensifolia, les Epipactis, Listera, Cæloglossun, Neottia et Limodorum. la plus rare est le Loroglossum caprinum, dont Steven n'a trouvé, en 40 ans, que 3 échantillons. Les Orchidées fleurissent jusqu'à la 802 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ties de végétaux élevés, notamment sur le pollen des Pinus tombé dans l'eau. Plusieurs espèces ne se sont montrées encore que sur une sorte d'or- ganisme nourricier, même sur certaines cellules de cet organisme ; d’autres se sont présentées sur plusieurs êtres differeuts, et parmi ces dernières, il en est une (Ch. globosum) qui a été observée sur 8 ou 9 espèces appartenant à 6genres et à 4 familles. L’inverse a lieu aussi, et, dans 6 cas, 2 Chytridies se sont offerts réunis sur une même plante nourricière. La plupart des Chytridies ont une action désorganisatrice sur les cellules de l'organisme qui les nourrit. Lorsque celui-ci est unicellulé, il est tué par le parasite; lorsqu'il est pluriceliulé, il n'éprouve cette influence funeste que sur celles de ses cellules qu'atteint le Chytridie. L'auteur décrit ensuite les 24 espèces de Chytridium qu'il a observées. Il pense que ce genre doit être fort nombreux. 4. Ch. Ulla —1/20-1/15 de millim. en longueur, 41/40-41/30 de millim. en épaisseur; sur l'Ædogonium rivulare. — 2. Ch. acuminatum —1/60 mm. de long; sur l'Ædogonium Rothii, Bréb. — 3. Ch. oblongum —1/10-1/60 mm. long., 1/150 mm. épais. ; sur Œdogonium vesicatum, Link. — h. Ch. Lagenula = 1/40-1/30 mm. long., 1/420 mm. épais. ; sur Melosira varians et C'onferva bombycina. — 5. Ch. mammillatum = 1/h0-1/30 mm. long., 1/60-1/50 mm. épais. ; sur Coleochæte pulvinata et Stigeoclonium. — 6. Ch. minimum = 1/100-1/80 mm. long., 4/200 mm. épais. ; sur Coleochæte pulvinata. — 7. Ch. glo- bosum = 1/50 mm. diam. ; sur Œdogonium fonticola, A. Br., Œd. rivu- lare, Melosira varians, Eunotia amphioxys, Ehrenb., plusieurs Closteries et Navicula viridis. — 8. Ch. sporoctonum ; sur Œdogonium Vaucherii. — 9. Ch. pollinis Pini — 1/50 mm. diam. ; sur le pollen du Pinus sylves- tris tombé dans l'eau. — 10, Ch. laterale — 41/10-41/60 mm. diam.; sur Ulothrix zonata. — A1. Ch. subangulosum — 1/50-1/40 mm. diam. ; sur Oscillaria tenuis subfusca. — 12. Ch. transversum = 1/60 mm. larg. ; sur Chlamidomonas Pulvisculus, Ehren. — 13. Ch. Chlamidococci = 1/100 mm. diam. ; sur Chlamidococcus pluvialis. — Ah. Ch. Euglene ; sur Eu- glena viridis. — 15. Ch. depressum — 1/24 mm. diam. ; sur Coleochete prostrata. — 46. Ch. Hydrodictyi = 1/50-1/40 mm. diam. ; sur l Hydro- dictyon utriculatum. — 17. Ch. decipiens = 1/24 mm. diam.; dans le sporange de l'Ædogonium Vaucherii. — 18. Ch. apiculatum = 1/75 mm. diam. ; sur Glæococcus mucosus, A. Br. — 19. Ch. endogenum = 1/40 mm. diam. ; dans Closterium Lunula, Pleurotænium Trabecula, Naeg., et Spiro- gyra. — 20. Ch. Saprolegniæ = 1/25-1/20 mm. épais., longueur double ou triple ; sur Saprolegnia ferax. — 21. Ch. ampullaceun =1/150 mm. diam. ; sur Mougeotia, Œdogonium vesicatum et undulatum. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. S03 BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Versuch eincr Pflanzen-Physiognomik Tauricns ( Essai sur la physionomie de la végétation de la Tauride; par M. Gustave Radde (Dull. de la Soc. impér. des Natural. de Moscou, 3° cah. de 1854, p. 213-250. Considérće dans son ensemble, la végétation de la Crimée se divise natu- rellement en 3 sections distinctes : la Flore des steppes, celles des mon- tagnes et celle des côtes méridionales. T. Steppes. — On doit distinguer les steppes salées des steppes ordi- naires, à sol noir. Celles-ci sont formées d'un sous-sol d'argile ou de cal- caire coquiller que recouvre une terre franche noire, en couche variant d'épaisseur de 16 à 65 centim. Elles sont peuplées principalement de plantes bulbeuses et annuelles. On n'y voit ni arbres ni arbrisseaux spontanés, si ce n'est le long des cours d'eau. A peine le soleil de mars a-t-il fondu les der- nières neiges, que la steppe , jusque-là toute noire, montre ses premières Liliacées. L'Ornithogalum fimbriatum couvre de grands espaces. Avec lui apparaissent les Muscari racemosum, comosum et ciliatum. En même temps se développent les feuilles radicales laineuses des Salvia Æ'thiopis et aus- triaca. D'autres places se couvrent des fleurs de l'/ris pumila, Lin., aux- quelles se mêlent presque toujours le charmant Amygdalus nana et la Tulipe. Celle-ci est très rare en Crimée : mais, au Nord de Pérécop et de Tschungar, M. Radde en a vu, au commencement de mai, des champs immenses. Dès que la floraison printanière des Liliacées a fini par quelques Gagea, on voit commencer celle des Crucifères. Au commencement de mai, de grandes surfaces se couvrent de Lepidium perfoliatum et L. Draba, et d'autres d'Alyssum minimum et calycinum. Leur floraison est déjà termi- née souvent à la fin de mai. Avec ces plantes s'élèvent quelques Borragi- nées sociales, surtout Onosma, Rochelia et Lchinospermum. A cette époque, la végétation se développe avec une vigueur surprenante, et malgré sa pau- vreté en Graminées, la steppe, encore noire en avril, ne forme bientôt plus qu'un immense tapis vert de 65 centim. à 1 mètre d'épaisseur, sur lequel s'élèvent abondamment le Verbascum phæniceum, les Salvia verticillata et nutans, déjà fleuris à fa fin de mai, et même les vents violents ne font pas onduler cette végétation pressée et formée d'espèces rameuses ; les ondula- tions de nos prairies ne se montrent que là où abondent les Stipa pennata et capillata, rares en Crimée, et communes seulement le long de la mer d'Azow, ainsi que dans le bassin du Dnieper et du Malotsehna, Les Orchi- dées manquent totalement dans la steppe; clles sont remplacées par des Orobanches sociales, dont les plus répandues sont les PAelipwæa ramosa et cærulea. La défloraison des Salvia indique que la végétation de la steppe a 806 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fin de juin, époque à partir de laquelle la végétation décline rapidement. Alors les Ombellifères des parties basses ont déjà müri leur fruit; le rape port de leurs espèces à l’ensemble des Phanérogames est de 4 à 17,5; mais toutes, excepté le Sium Falcaria, viennent par pieds isolés. Les bois feuillus de la Crimée, sur le versant nord des montagnes, sont formés de Fagus, Limus, Quercus et Tilia; on trouve par places le Peuplier noir. Quant au Bouleau, les tentatives faites pour en peupler le pays ont échoué, A 4500 pieds, sur le Tschatirdagh, se trouvent des Juniperus communis rabou- gris et quelques petits Ifs. Les pentes orientales de cette montagne, sur leurs points les plus hauts, ne présentent que le Pinus taurica. Dès la fin d'août, tout perd sa verdure, ct, à la fin de septembre, la végétation des montagnes a terminé son cours annuel. III. LITTORAL MÉRIDIONAL DE LA CRIMÉE, — Sa végétation est méri- dionale, grâce à son exposition. Sur la côte, la végétation se réveille dès la fin de janvier, On trouve alors, déjà fleurie et imprimant un cachet particu- lier à la flore, l'£uphorbia rigida, à tiges nombreuses et à grandes ombelles, En même temps, se montre le Ruscus aculeatus qui s'élève jusqu'à 1000 pieds d'altitude, Ces deux espèces, qui caractérisent la végétation hibernale, sont suivies, vers la fin de février, des Primevères, des Violettes et des premières Graminées, Poa, Agropyrum et Alopecurus, En même temps fleurit la seule Ericée de la Crimée, l'Arbutus Andrachne, qui monte haut accompagnée des Juniperus excelsa et Oxycedrus. C'est un mois plus tard que les bois se feuillent. Le Carpinus orientalis monte également haut, mais rabougri par l'effet de la dent du bétail, et le Quercus pubescens qui l'accompagne doit à l'exploitation inintelligente des Tatars une forme allongée en pyramide. Les bords des ruisseaux, dans les bois, sont peuplés d'A/nus glutinosa, Q’ Ulmus campestris et suberosa. Les Pistacia, Sorbus et Tamariz, qui sont propres à la còte, se feuillent un peu plus tard. Le Pistacia mutica s'élève en bel arbre et monte jusqu’à 800 pieds, Le Sorbus damestica croit sauvage sur le littoral. Des buissons de Tamarix tetrandra se trouvent sur les bords de tous les ruisseaux qui courent au sud. Partout croit le Paliurus dont on fait aussi des haies de clôture. En allant vers l’ouest, près d'Ursuff, on voit les bois feuillus remplacés brusquement par ceux de Génevriers, dans lesquels, au pied du Juniperus excelsa pourvu souvent d'un tronc de 50 cen- timètres d'épaisseur, vient abondamment le J. Oxycedrus. On ne voit dans ces bois que le Seseli tortuosum, quelques Hieracium et Stachys. Vers 300 à 400 pieds de hauteur, les bois feuillus deviennent plus communs et ils cessent entièrement à 1500 pieds, Le sol dur et sec de la côte ne nourrit qu'un petit nombre de plantes peu élevées, des Labiées odorantes, surtout le Calamintha graveolens, des Ombellifères riches en résive, notamment le Seseli qununiferum et le Crithmum, le Dianthus humilis, et partout, avec ces espèces, des buissons épars de Cistus tauricus et de Jasminum fruticans. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 807 Au contraire, sur les rives des cours d'eau, une foule de plantes herbacées se mêlent à des Rosiers d’une végétation luxuriante et à des Rubus (surtout R. obtusifolius). A ces derniers s'attachent l'Asparagus verticillatus, le Cynanchum nigrum, des Cuscutes très communes dans ces endroits. Des masses de Galega officinalis et de Pulicaria vulgaris couvrent les bords des ruisseaux, et sur toute la côte, à la mème époque, de la mi-juin à la fin de juillet, le Clematis Vitalba couvre tous les végétaux réunis en groupes. La Vigne, le Lierre couvrent les troncs et les rochers et s'élèvent quelquefois jusqu'à la cime des Frènes, des Noyers et des Chênes. Lorsque les fleurs du Clematis disparaissent, la végétation de la côte décline visiblement. Les espèces encore fleuries en juillet sont le Psoralea Palæstina, des Centaurées, de nombreuses Sauges, le Capparis herbacea et divers Cirsium. A la même époque, le haut des montagnes, vers le sud, présente une végétation très fraiche, où, sur un gazon de Thymus, Sideritis, Galium, Myosotis, Odon- tarrhæna alpestris, s'élèvent la Gentiana cruciata et le Symphytum tauricum. Dans les endroits où viennent le Hêtre et le Charme, on observe assez fré- quemment les Tilia rubra ct dasystyla, St., ainsi que le Pyrus Aria. La fin de la végétation de la côte méridionale est marquée, au milieu de septembre, par le Glaucium luteum, les Heliotropium littorale, St., et subcanescens, Andrz, Eryngium campestre, Y Althea ficifolia et le Scilla autumnalis. Mais on voit encore après cette époque la verdure des vignes, dont le raisin mürit en septembre et octobre, et pendant l'hiver celle des arbres verts spontanés ou plantés, tels que les Lauriers, les Viburnum, Rhamnus, Pho- tinia, Oliviers et Genêts. Le Pinus sabiniana, s'élevant au-dessus des Thuja et le Lierre du Caucase à grandes feuilles, entourant les fenétres des maisons, égaient ce tableau bien différent de celui que présentent dans le mème moment et à une faible distance la steppe et le versant nord des montagnes. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Proportion d'azote contenue dans différentes feuilles : par M. Isidore Pierre. (Comptes rendus des séances de l'Acad. des se., séance du 18 févr, 1856.) Les feuilles sur lesquelles ont porté les analyses de M. Isidore Pierre, sont celles de la Vigne, de l'Orme et du Peuplier, qu'on donne fréquem- ment aux bestiaux comme fourrage. Les feuilles de la Vigne, surtout encore très tendres, constituent un four- rage vert très nourrissant. A l'arrière-saison, avant leur chute, elles sont encore aussi riches en azote que la plupart des fourrages verts du prin- temps. Enfin, elles constituent encore un assez bon fourrage après qu'elles sont tombées, et lorsqu'elles sont sèches. 808 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les feuilles de l'Orme, peu avant leur chute naturelle, contiennent autant de matière azotée que les meilleurs fourrages verts de printemps. Au mois d'août , celles qui ont 70 pour 100 d’eau sont presque aussi azotées que le foin normal fané, et fanées, ou réduites à 20 pour 100 d’eau en moyenne, elles valent presque le foin des prairies artificielles, et plus que celui des prairies naturelles. Les feuilles de Peuplier du Canada encore tendres (en juin) approchent de celles d'Orme pour leur richesse en azote. Cependant, les agriculteurs les estiment moins, peut-être à cause de la présence d’un peu de matière résineuse. Elles sont plus azotées que celles de Peuplier d'Italie. Voici un extrait du tableau qui accompagne le mémoire de M. Isidore Pierre, Eau Matière sèche Azote par kilog. par kilog. par kilog, Feuilles d'Orme fraîches, cueillies le 2 juin 4855. 760 gr. 240 gr. 10,1 gr. — fanées e .,...,.,.,...,....,. 200 800 33,6 — complétement desséchées, , . . , .. 0 1000 42,0 — fraiches, cueillies le 9 novembre 1855. 633 367 7,55 — fanées ..........,...... 200 800 16,6 — complétement desséchées. . . , . ,. 0 4000 20,7 Feuilles de Peuplier du Canada, fraîches, cueillies le 2 juin 4855 ,.......... 784 216 8,8 — fanées .........,...... . . 200 800 32,6 — complétement desséchées, . , ..,, 0 1000 48,8 Feuilles de Vigne, très tendres . . . . . .. . . . 783 217 9,2 — fanées . . . . .... . . ,. . . . . . o 200 800 25,6 — complétement desséchées. . . . , ,,. 0 1000 12,6 — fraîches, cueillies le 8 novembre 1855. 765 239 L,6 — fanées e .........,...... 200 800 45,1 — complètement desséchées, , . , . .. 0 1000 19,1 La présence du fer dans Peau ne nuit pas à la végétation (Extrait d'une lettre de MM. Neubert et Reitenbach publiée dans le Hamburger Garten-und Blumenzeitung, cahier de janv. 1856, p. 42). MM. Neubert et Reitenbach, horticulteurs à Plicken, près de Gumbinnen, ont reconnu cette année, par une expérience décisive, que la présence du fer dans l’eau, ou même qu'une eau fortement ferrugineuse, loin de nuire à la végétation des plantes aquatiques, peut contribuer à en augmenter beaun- coup la vigueur. Un aquarium construit dans leur jardin a été rempli ct alimenté avec de l'eau provenant d'un petit étang qui reçoit l'eau de deux sources formant deux tourbières. Cette eau est constamment brune, presque aussi colorée que du café, et l'analyse chimique y a démontré la présence d'une forte proportion de fer. Cependant les plantes qui ont végété dans REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 809 l'eau tirée de cet étang se sont fait remarquer par une vigueur peu com- mune. Ainsi, un pied de Victoria regia, qui avait été planté le 45 juin, a commencé de fleurir le 27 septembre suivant, en donnant une fleur cont le diamètre s'élevait à 42 centimètres (15 pouces}, et ses feuilles, qui se sont montrées quelquefois au nombre de six en même temps, avaient générale- ment deux mètres de diamètre. Avec cette plante se trouvaient plusieurs espèces de Nymphæa, Nuphar, d'Aroïdées, l'£uryale, ete., qui toutes ont acquis des proportions inusitées ct ont montré ure vigueur de végétation qu'on ne leur avait pas vue encore. New fruit-bearing Shrub, Zugenia Ugni (Nouvel arbrisseau fruc- tifere, Eugenia Ugni); par M. J. Powell (The florist, fruitist and garden Miscellany, cah. de février 1856, p. 42, avec une figure sur bois. Ce charmant arbrisseau toujours vert, de la famille des Myrtacées, a été récemment introduit dans l'établissement de M. Veitch, de Chelsea, à qui M. Lobb l'avait envoyé de la Patagonie. Son fruit sert d'aliment dans ce pays; au Chili, on le sert comme fruit de dessert, et, dit l’auteur de l'ar- ticle, on n’est nullement étonné de ce fait, lorsqu'on a pu le goûter. Sa saveur est exquise, mais difficile à décrire. La pulpe en est blanche, tres sucrée; elle rappelle celle de la fraise que relèverait un goût très aroma- tique. Ce fruit est arrondi ; il est terminé par un ombilic plan, des bords duquel s'élèvent les lobes du calice persistant. Sa couleur est un rouge-bru- nâtre, Il pend à l'extrémité d'un pédoncule axillaire, solitaire et grêle, à peu près aussi long que lui. M. Powell pense que cet arbrisseau pourra être cul- tivé en pleine terre, le long d’un mur au midi, et qu'il pourra ainsi prendre place dans les jardins parmi les autres espèces cultivées pour leurs fruits. Introduction de la culture du quinquina à java. (Bonplandia du 45 décembre 1855.) La rareté toujours croissante des Cinchona dans les forêts des Cordillères par suite de l'exploitation inintelligente qu’on en fait, la certitude que, dans un avenir peu éloigné, le plus précieux et le plus sùr des médicaments manquerait entièrement ou deviendrait d’un prix extrêmement élevé, ont fait penser à introduire ces arbres dans des localités analogues de climat et d'al- titude à celles où ils croissent naturellement. En 1846, M. Miquel, d'Amster- dam, peusa que les Quinquinas pourraient être plantés sur les montagnes de Java, et il présenta au ministère des colonies hollandaises un mémoire dans lequel il exposait ses idées et son espoir à ce Sujet. Le gouvernement des Pays-Bas reconnut toute l'importance que devait avoir pour le pays la mise à exécution de cette idée, et il envoya au Pérou M. Hasskarl avee la mission de se procurer de jeunes pieds et des graines de Cinchona pour les trans- 810 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. porter à Java. Le résultat de cette expédition a été une cargaison de navire de jeune plant de ces Rubiacées, et c'est à travers tout l'océan Pacifique que ces précieuses plantes ont été transportées à Java, où elles sont arrivées il y a déjà plus d’un an. Malheureusement la longueur Gu voyage en a fait périr beaucoup, mais il en a survécu une assez grande quantité pour qu'on ait pu en faire des plantations considérables, et aujourd’hui l'avenir de cette importante culture parait être assuré. Comme le fait observer le rédacteur du Bonplandia, l'exemple donné par le gouvernement néerlandais pourrait être suivi par d’autres gouverne- ments européens dont les colonies présentent des localités qui se prèteraient à la culture des Cinchona. Quelques essais ont été faits en Algérie, mais on ignore quels en ont été les résultats. MÉLANGES. Influence de certains établissements industriels sar Patmosphère et sur les plantes; par M. Julius Sussdorf (Allgemeine deutsche naturhistorische Zeitung, nouv. série, T, 1855, 3° liv.). Les opérations industrielles qui s’exécutent dans beaucoup d'usines ont pour résultat de verser dans l'atmosphère une grande quantité de matières gazeuses différentes. Ces matières s'y accumulent en proportions souvent assez considérables pour exercer une influence très marquée tant sur les animaux que sur les végétaux; seulement leur action est amoindrie, dans certains cas, parce que l'oxygène de l'air agissant sur ces gaz, sous l'influence de la lumière et de l'humidité, oxyde et rend inoffensifs ceux qui résultent de la décomposition des matières organisées, ou parce que l'humidité, en se condensant, les entraine et les précipite. Ceux d'entre les établissements industriels qui versent dans l'air la plus grande quantité de matières gazeuses sont les hauts fourneaux, les fours à coke, les usines métallur- giques, particulièrement celles où l'on traite des minerais arsenicaux, les fabriques de soude, ete., dont le voisinage est reconnu depuis longtemps comme funeste aux animaux et aux plantes. Les matières nuisibles à la végétation qu'entraine la fumée des usines sont mises en rapport avec les plantes: 4° par l'intermédiaire de l'eau qui les dissout et qui, s’infiltrant dans le sol, les apporte jusqu'aux racines ; 2° par l'effet de leur dépôt sur la surface des organes. Mais les plantes se montrent plus où moins sensibles à leur action et plus ou moins disposées à les absorber selon les circonstances météorologiques, selon l'âge et l'espèce. La fumée n’a qu'une action très faible lorsqu'elle se répand dans l'air par un temps sec et calme ou par des vents secs. Dans le premier cas, elle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 811 s'élève haut dans l'atmosphère et se précipite lentement; dans le second, elle est emportée à de grandes distances et se dissémine dès lors sur une grande surface de pays. Alors la surface des plantes étant elle-même très sèche n’en subit l’action que faiblement, Si la fumée est précipitée par un temps de pluie, ou si la pluie survient après qu'elle s'est précipitée, la sur- face des plantes est lavée, ou bien les matières qu’elle dépose sont entrainées par la pluie dans le sol où elles agissent faiblement. Mais quand la fumée se précipite sur des plantes mouillées par la rosée, le brouillard ou par une pluie qui vient de cesser, leur humidité superficielle dissout les acides qu'elle contient, Si le temps devient ensuite sec et chaud, l'eau disparait par évapo- ration, l’acide sulfureux s'oxyde en acide sulfurique dont l'absorption pro- duit sur les plantes une action très nuisible, En peu de temps on voit alors fréquemment le vert passer au brun jaunâtre ou des taches nettement cir- conscrites amener la dessiccation et la destruction des tissus par places, Les organes jeunes, les plantes en voie d’accroissement rapide, les bour- geons ouverts depuis peu de temps, les fleurs, sont surtout sensibles à l'in- fluence de la famée. Plus une plante végète avec vigueur, plus ses tissus sont délicats et faciles à pénétrer, tandis que réciproquement les moins sen- sibles sont celles dont la surface est consistante, surtout celles dont les couches superficielles sont imprégnées de silice, ou formées de parois épaisses. Ainsi, le Seigle d'hiver est moins sensible que celui de printemps; ainsi encore les Graminées souffrent moins de cette influence que la plupart des autres plantes. L'espèce modifie aussi la sensibilité, Celles dont l'accrois- sement est rapide, dont les tissus sont mous et aqueux, souffrent beaucoup plus, et plus promptement, que les autres. Aussi ne peut-on cultiver, près des usines, des Pois, des Harijcots, des Lentilles, etc., du Trèfle, des Bet- teraves. M. Sussdorf a vu dans un jardin, situé près d'une usine, les jeunes feuilles, les bourgeons, les fleurs des Dahlias et des Rosiers détruits en vingt- quatre heures par la l'umée, tandis que les OEillets ne paraissaient pas en souffrir. En général, les plantes, dont les organes jeunes sont tués sous cette influence, en repoussent bientôt de nouveaux qui ont le même sort, et il en résulte, d'un côté, qu'elles s'épuisent ainsi, de l'autre, qu'elles ne peuvent fructifier. Quoique les Graminées soient médiocrement sensibles à la fumée, elles en souffrent néanmoins, lorsque son action s'exerce sur elles à l'époque de la floraison ou peu après; alors leur épi se raccornit, et il ne donne ensuite que tres peu de grains tout retraits. Les Conifères résistent plus longtemps que les arbres feuillus ; mais ils finissent aussi par succomber, L'auteur a reconnu que les matières solubles de la fumée arrivent fréquem- ment aux racines, L'analyse chimique lui a montre dans la terre, près des usines, des acides solubles libres et des sels métalliques egalement solubles, Seulement, ces matières n'arrivant aux racines qu'à l'état de solutions très étendues, les plantes en souffrent, en général, moins que de celles qui ont 812 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pénétré dans les tissus par l'effet d’une absorption directe opérée par les organes aériens. M. Sussdorf a constaté dans les fourrages qui avaient subi l’action de la fumée, la présence de l'acide sulfurique libre et de sels métal- liques. Tla vu leur verdure remplacée par une teinte jaunâtre due à nn véri- table blanchiment par l'acide sulfureux, ou bien des places brunâtres éparses sur leurs feuilles, et indiquant une action locale énergique. Ces fourrages avaient une saveur peu agréable, piquante et un arrière-coût métallique, Il n'est donc nullement surprenant qu'ils incommodent les bes- tiaux qui en sont nourris. NOUVELLES. Nécrologie. Le Bonplandia du 4% février 1856 annonce, mais sous toute réserve, d’après une lettre datée de Dusseldorf, 49 janvier, la mort de M. Hasskarl, qui, comme le savent tous les botanistes, se livrait avec une ardeur peu commune à l'étude de la riche végétation de l'ile de Java. Cette nouvelle parait heureusement mériter confirmation ; car les dernières lettres qu'on avait reçues de ce botaniste ne faisaient pas même mention d'un dérangement survenu dans sa santé, malgré l'affreux malheur qui l'avait frappé, il y a quelques mois, sa femme et ses quatre enfants, qui s'étaient embarqués pour se rendre auprès de lui, ayant péri dans un naufrage. — Le jardin botanique d'Amsterdam a reçu dernièrement du Cap de Bonne-Espérance des pieds d’ Encephalartos, qui dépassent en longueur tout ce qu'on avait vu jusqu'à ce jour en Europe. Les tiges de ces Cycadées sont parfaitement cylindriques, et semblables à celles des Cycas. — La construction du nouveau Musée de botanique économique dans le jardin de Kew est déjà commencée. Malheureusement, l'emplacement choisi pour cet édifice, sur le bord de la pièce d’eau qui s'étend devant la grande serre à Palmiers, est défavorable sous tous les rapports. On perd ainsi le seul beau point de vue de la serre; d’un autre côté, il en résultera pour le musée beaucoup d'humidité, tandis que la situation d'une aile le long de la route de Richemond l’exposera à beaucoup de poussière. Aussi le choix de ce lieu a-t-il été fait malgré l'opposition de sir William Hooker, directeur du jardin, dont malheureusement la protestation est restée sans résultat. (Bonplandia.) — Dans le programme des prix proposés par l'Académie des sciences de Madrid, pour l’année 1856, se trouve indiquée la question suivante comme devant servir de sujet pour le prix qualifié de prix ordinaire: « Déterminer les caractères distinctifs de l'œuf ou de la graine qui doit plus tard donner naissance à un individu mâle ou femelle, dans les espèces unisexuelles, tant REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 813 zoologiques que botaniques, en ayant soin de décrire les phases morpholo- giques par lesquelles passent les organes de la génération avant d'arriver à leur complet développement. » Le prix ordinaire consiste en une somme de 1500 francs et une médaille d'or. L'auteur ou les auteurs des mémoires dont le mérite sera immédiatement au-dessous de ceux qui auront obtenu le prix, recevront un accessit consistant en une médaille d'or, entièrement semblable à celle du prix. Le concours sera fermé le 1% mai 1856. Les mémoires devront être écrits en espagnol ou en latin, et envoyés sans signa- ture ni indication pouvant faire connaitre l’auteur, dont le nom et la rési- dence seront indiqués dans un billet cacheté joint au mémoire, et portant à l'intérieur la devise ou épigraphe inserite sur le mémoire. — Les Batanistes apprendront avec un vif regret que M. Wilhelm Schim- per, qui occupait en Abyssinie une position élevée, dont il profitait pour recueillir et étudier les productions naturelles de l'Abyssinie, vient d'être précipité par une révolution dans une situation déplorable, On se rappelle que ce zélé naturaliste avait gagné la faveur du prince Ubie, qui l'avait nommé gouverneur d’une province. Il avait dès lors fixé définitivement son séjour dans ce pays, et il s’y était même marié. Il profitait des loisirs que pouvaient lui laisser les soins de son gouvernement, pour explorer avec une activité peu commune la partie montagneuse de l’Abyssinie, sur laquelle s'exerçait son autorité, et l’on sait quelles nombreuses collections de plantes il a déjà fait parvenir en Europe depuis au moins quinze ans. Plusieurs de ces collections ont été publiées par la Société d’Eslingen; d’autres ont été déposées dans des Musées, et le Musée d'histoire naturelle de Paris par- ticulièrement a reçu de M. Schimper, non-seulement un grand nombre de plantes sèches, mais encore une riche et très curieuse collection de tiges et de bois. Malheureusement, une révolution, survenue dans le pays, a fait tomber le prince Ubie de son trône; par une conséquence nécessaire, M. Schimper a perdu sa haute position officielle, et il s'est trouvé dans un tel état de denuement , qu'il est réduit à travailler pour vivre, bien qu'il soit extrêmement souffrant. D'après les dernières nouvelles reçues de lui, ses yeux sont tellement fatigués, qu'il éprouve la plus grande difficulté à lire les lettres qu’il reçoit de ses parents et amis d'Europe. On ne saurait donc trop souhaiter, soit pour lui, soit pour la science, que sa situation s'améliore promptement, ainsi qu'il est permis de l'espérer dans un pays où une révolution peut très bien refaire à l'improviste ce qu'une autre avait défait sans qu'on eût plus de motifs pour s'y attendre. ~- Des lettres de M. Spruce apprennent son arrivée à Yurimagua, sur le Rio Huallagua, dans la province péruvienue de Magnas. Ce voyageur se dirige maintenant vers Tarapoto, au pied oriental des Andes, localité déjà explorée en partie par M. Poeppig. S44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — Une lettre publiée dans le cahier de janvier du Journal of botany, de M. Hooker, nous apprend que M. Ferdinand Mueller a consenti à faire partie, en qualité de botaniste, de l'expédition anglaise, qui, sous la direction de M. Gregory, doit explorer la portion septentrionale de l’Australie. Cette expédition se compose de M. Gregory et de son frère, de MM. Baines, Wilson, Mueller, Elsey, Hood, et de quatorze domestiques ou employés. Elle emmène cinquante chevaux, elle prend deux cents mou- tons, et elle emporte des provisions pour deux ans. Voici d’après une communication de M. Murchison à la Société de géographie de Londres, l'itinéraire que suivront les voyageurs auxquels est confiée cette longue et périlleuse exploration. De Moreton Bay, l'expédition ira, par mer, à l'em- bouchure de la rivière Victoria, sur la côte nord-ouest de l'Australie. Elle remontera cette rivière jusqu'à sa source ; se dirigeant ensuite vers l'est, elle longera probablement la frontière septentrionale du désert central de Sturt, et elle atteindra les sources des rivières qui coulent dans le golfe de Carpentarie ; de là on espère qu’elle pourra pénétrer vers le sud jusqu’à la source principale de Ja rivière Bareo, le point le plus septentrional qui ait été atteint par sir T. Mitchell et par M. Kennedy dans leurs voyages de Sidney vers le golfe de Carpentarie. — M. Ferdinand Mueller déclare qu'il n'a consenti qu'avec peine à prendre part à cette exploration, et qu’il ne s’est décidé que sur la promesse du gouverneur-vénéral d'obtenir pour lui le droit de conserver, pour ses propres études, une collection complète des plantes qu'il rapporterait, M. James Drummond avait refusé, à cause de son âge, de faire partie de l'expédition. BIBLIOGRAPHIE. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, publié sous la direction du D" Renard, In-8. Moseou, 1854, cah. 3 et 4. Les livraisons 3 et 4 de l'année 1854, de cette rare collection, sont arrivées récemment à Paris. Voici l'indication des mémoires relatifs à la botanique qu'elles renferment. T'urczaninow (Nicolas). — Flora baicalensi-Daburica seu descriptio planta- rum in regionibus cis- et transbaicalensibus atque in Dahuria sponte nascentium , p. 23-130. Radde (Gustav). — Versuch einer Pflanzen-Physiognomik Tauriens (Essai sur la physionomie de la végétation de la Tauride) ; p. 213-250. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 815 Areyenburg (E.). — Neue Pflanzenarten im botanischen Garten zu Buiten- zorg (Nouvelles espèces de Plantes du jardin botanique de Buitenzorg. Extrait d'une lettre daté de Simpang, le 12 septembre 4853) ;p. 255-266. Turczaninow (Nicolas), — Animadversiones ad primam partem herbarii Turezaninowiani, nune Universitatis Cæsareæ Charkoviensis ; p. 271-372. Nederlandsch kruidkundig Archief (Archives botaniques des Pays-Bas). Journal rédigé par M. F. Dozy. In-8. Leyde, 1856. h° vol., 4e cahier. Ce journal, dont la rédaction était confiée à MM. Dozy et Molkenboer, reste maintenant sous la direction du premier de ces botanistes, par suite de la mort récente de son collaborateur. Voici le relevé des mémoires con- tenus dans le cahier qui vient de paraitre. Hasskarl (J.-C.). — Eenige kritische onderzoekingen van planten in s'lands plantentuin te Buitenzorg (Quelques remarques critiques sur les plantes cultivées au jardin botanique de Buitenzorg) ; p. 1-13. Hasskarl (J.-C.). — Verslag van de tiende jaarlijksche Vergadering der Vereeniging voor de Flora van Nederland en zijne overzeesche bezittin- gen (Compte rendu de la dixième assemblée annuelle de la Société pour la flore des Pays-Bas dans leurs possessions d'outre-mer) ; p. 15-81. Kros ( D"). — Over de Vegetatie van het Eiland Ameland (Sur la végétation de l'ile Ameland, résultat d’une exploration botanique faite en 1854); p. 81-84. Wirtgen (D'). — Herbarien von D" Ph. Wirtgen in Cobleuz (Sur les her- biers publiés par le D" Ph. Wirtgen, de Coblenz) ; p. 85-88. Dozy (F.). — Plagiochila Sandei, Dz., aliæque Hepaticarum novæ species breviter descriptæ ; p. 89-94 ; pl. I (gravée sur pierre). Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, — Tome XX ; 2° série, tome X; 4° livraison, octobre 4855. In-8. Bordeaux, chez Th. Lafargue ; Paris, chez J.-B. Baillière. Travaux relatifs à la botanique contenus dans cette livraison. Schultz(D° F.). — Observations botaniques diverses (Extrait d’une lettre adressée de Wissembourg, Bas-Rhin, le 2 juin 1854, à M. Charles Des Moulins) ; p. 401-405. Tremeau de Rochebrune fils (Alph.). — Note sur la fructification du Lysi- machia nummularia, Lin., p. 405-410, avec une planche lithogr. Docteur (A.). — Notice sur les Fumaria de la Gironde; p. 413-426. 815 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés dans le h° trimestre de 1855. Mohi (Hugo von). — Der Primordialschlaueh (L'utricule primordiale) ; n% 40, 44 et 42 ; col. 689-701, 713-725, 729-737. Andrae (D! C.-J.). — Beitraege} zur Kenntniss des Flora des südlichen Banates, ete. (Documents relatifs à Ja flore du Banat méridional, etc.) : continuation : n” 40, 42, 46, 47, 49, 51, 52, col. 701-705, 738-741, 806-809, 820-823, 861-863, 897-900, 913-915. Mueller (Carolus). — De Muscis novis, incomplete descriptis, neglectis criticisve ; n°5 43, 44 et 45, col. 745-753, 761-769, 782-789. Schlechtendal (D° F.-L. von). — Abnorme Bildungen (Formations ano- males); n°5 44 et 47, col. 769-771, 823-825. C'ienkowski. — Algologische Studien (Études algologiques : 4. Sphæroplea annulina.2. Protococcus botryoides. 3. Achlya prolifera, Nees ab Esenb.); nes 45 et 46, col. 777-782, 801-806; pl. XI et XII. Ascherson (D P.). — Abermals eine in Norddeutschland eingewanderte Artemisia (Sur un Artemisia naturalisé dans le Nord de l'Allemagne); ne 45, col. 789-794. | Treviranus (L.-C.). — Ueber die Gattung Astilbe (Sur le genre Astilbe) ; n° A7, col. 817-820. Sachs (Julius). — Morphologie des Crucibulum vulgare, Tulas. (Morpho- logie du Crucibulum vulgare, Tulas.); n° 48 et 49, col. 833-845, 849- 861 ; pl. XIII et XIV. Mohl (Hugo von). — Einige Andeutungen über den Bau des Bastes (Quel- ques données sur la structure du liber); n°5 50 et 51; col. 873-881, 889- 897 ; pl. XV. Hartig (Théodor). — Ueber das Klebermehl (Sur l'amidon); n° 50; col. 881-882. Hartig (Theodor), — Ueber den Bau des Staerkemehls (Sur la stracture de la fécule) ; n° 52, col. 905-911. Hartig (Theodor). — Ueber waessrige Ausscheidungen durch die Pflanzen- blaetter (Sur les sécrétions aqueuses produites par les feuilles des plantes) ; n° 52, col. 911-913. Schlechtendal (D! F.-L. von). — Zusaetze und Bemerkungen zur Gattung Erythræa (Additions et remarques relatives au genre £rythreæa) ; n° 52, col. 915-921. FIN DU TOME DEUXIÈME. Paris. — Imprimerie de L. ManTiINET, rue Mignon, 2 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME DEUXIÈME. N. B. — Les numéros indiquent les pages. — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Gui, cherchez Viscum, etc, A Abies Hookeriana, Murr., 204. Absence de bractées chez les Crucifères,etc., 499. Acer campestre, L. (Gui trouvé sur l’), 345. Aconitum Napellus, L. (Poison de |’), 208. Acorus Calamus, L., découvert près de Montpellier, 623. — Sa spontanéité en France et en Europe, 624. Actinothecium, Flotow, 207. Adenoscilla, G. G., 265. Agave americana, L. (Introduction en Europe, naturalisation et floraison de l’), 6. -— en Bretagne, 18. — (Floraison simultanée de quatre pieds d’), à Sal- combe, 420. Aiguillons des Cactées, 177, 180. Airopsis agrostidea, DC., 598. Algarobia glandulosa, Torr. et Gr. Sa résine, 418. Algérie (Flore d’) : Végétation des environs de Djelfa et du Sahara algérien, 240, 242, 245, 537, 785. — Culture des Oasis des Ziban, 36, 599. — Labiées nouvelles, 579. — Anthemis, 284, 288. — Anthyllis sericea, 247. — Antir- rhinum ramosissimum, C. DR., 254. — Apteranthes Gussoniana, 288. — Aspa- ragus altissimus, Munb., 287. — Aste- riscus graveolens, 253. -— Brassica, 283, 288, 306. — Campanula trache- lioides, Munb., 285, 288. — Carduus algeriensis, Munb.. 285, 288. — Cata- nanche arenaria, C. DR., 253. — Del- phinium orientale, 304. — Deverra, 248, 249. — Dianthus Barati, Duv. Jouve, 350, 351. — Eragrostis tricho- phora, C. DR., 314. — Erodium, 230, 283, 288, 309 — Erucastrum leu- canthum, C. DR., 307. — Erythros- tictus punctatus, 255, — Festuca Lolium, Bal., 311. — Fraginus dimorpha, C. T. il. DR., 367. — Fumaria, 305, 306. — Gaillonia Reboudiana, C. DR., 230. — Galium serotinum, Munb., 284. — Genista, 247, 283. — Helichrysum lacteum, C. DR., 365. — Henophyton (Henonia), C. DR., 246, 625. — Hohenackeria, 181. — Hypericum, 283, 288, 308. — Iberis parviflora, Munb., 282, 287. — Kæleria Balansæ, C. DR., 310. — Lepidium dhayense, Munb., 282, 287.— Linum squarrosum, Munb., 283, 288.— Lithospermum incrassatum, 286, 288. — Mazzantia Gougetiana , Montag., 525. — Orchis cordifolia, Munb., 148, 288. — Oreoblilon cheno- podioides, C. DR., 367. — Origanum cinereum, de Noé (floribundum, Munb.), 286, 287, 579. — Peristylus cordatus, 149, 288. — Pyrus longipes, C. DR., 310. — Ranunculus rectirostris, C. DR., 303. — Rhanterium adpressum, C. DR., 252. — Saxifraga oranensis, Munb., 284, 288. — Scabiosa camelorum, C. DR. , 251. — Scilla pulchella, Munb., 286. — Senebiera, 245, 282, 287. — Senecio Gallerandianus, C. DR., 363. —- Silene allantica, C. DR., 307. — Silybum eburneum, C. DR., 366. — Tanacetum cinereum, 253. — Teucrium albidum, Munb., 286. — Thuja arti- culata, 592. — Triticum hordeaceum, C. DR., 312. — Zollikoferia angustifolia, C. DR., 234.— Zygophyllum cornutum, Coss., 364. Algues (Observations microscopiques sar plusieurs genres d'!, 439, 644. — d'Australie (Lettre sur quelques), 218. Alliun (Bulbilles pédiceilés des’. Leur ana- logie avec les ovules réfléchis, 359, — approximatum, G. G., 265. — flexi- folium, Jord., 265. — magicum, L., spherocephalum, L., ct multiflorum, DC, Leurs feuilles gemmipares, 183,236. 54 818 Aloe fruticosa, de l`), 426. Alpes françaises (Sur quelques espèces nouvelles ou controversées des), 223. Alsine cerastiifolia, Fenzl? 457. ° 7 Althæa rosea, Cav. Ses fibres textiies, 418. Amérique du Sud (Formation des oasis dans l’), 50. Amherstia nobilis, Wall. Sa floraison en Angleterre, 419. Analogie des bulbilles pédicellés des Allium avec les ovules réfléchis, 359. Analyse d'un minerai provenant du Tau- rus, 690. Ancistroladus, Wail., 62. Androcée ‘Etudes sur l’), 230. Annonces. Voy. Mélanges. Anomalies végétales (Sur quelques, 722, Voy. Monstruosités. Anthemis halimifolia, Muub., 284. ` santolinoides, Munb., 284, 288. Anthyllis sericea, Lag., 247. Antinoria, Parl., 598. Antirrhinum ramosissimum, C. DR., 234. Aphyllanthacées. Nouvelle famille, 529. Aphyllanthes monspeliensis, 529. Apjohnia, Harv., 206. Apparition subite de certaines espèces, i66,167,512,594, 624, 642,643,767. Apteranthes Gussoniana, Lindl., 288. Aréoles des Cactées, 177, 180. Arille (Faux) de la noix muscade, 677. Aristolochia grandiflora, Vahi, 455. Arithmétique (Botanique). 755. Arcidée comestible de Chine, 741, 766. Asclepias gigantea, L. {Utilité de lF), 279. Asparagus alliss mus, Munb., 287. Asperococcus, Lamour, 441. Asphodelus sphærocarpus. G. G., 265, Asteriscus graveolens, DC., 2358. Australie (Lettre sur quelques Algues d'}, 215. — Résine rouge d'), 614. Auvergne (Lichen recueiili en), 519. Avena Ludoviciana, DR., 57. Avortement des étamines. Loi d'inversion, 230. — des ovaires des Fraisiers, 397. Axes primaires et secondaires dans quelques espèces radicantes, 346. B Lam. (Sur les feuilles | t Bagneres de Luchon (Champignons recueil- lis à, 758. Baizcox (H.). Réponse à M. Meniere au sujet de la fécondation du Catasctum luridum, 19. — Sur la préfloraison des étamines, 373. — Obs., 20, 776. Balansa (B.). Lettre sur la végétation des environs de Mersina, 490. — Lettre sur SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la végétation du Taurus, 654. — Obs., 50, 51, 781. Ballia, 206. Bellevue, près Paris (Utricularia neglecta découvert à`, 622. Bellotia, Harv., 205, 220. — Eriophorum, Harv., 220. Beta Rapa, Dum., 102. Betonica ‘Mode de végétation des), 586. — algeriensis, de Noé, 582. Betula alba, L. (Gui trouvé sur le), 345. Biatora lucida, Fr., 520. f Bibliographie, 69, 140, 213, 279, 344, 423, 496, 560, 640, 719, 814. Bibliographique (Revue), 52, 117, 188, 260, 321, 399, 472, 540, 626, 691, 789. Bignonia Lapacho, 164. Binaire (Nomenclature) chez les indigènes de Java, 211. Bois (Sur divers) exotiques figurant à PExpostion, 566. Boîte à herboriser, représentée sur une vignette d'un manuscrit du ı1x° siècle, 315, 320. Bolbochæte, Ag., 129. Boletus edulis, Bull., 782. Bonafos. Sa mort, §41. BonpLanD (A.). Lettre sur quelques végé- taux du Paraguay, 162. | Bordeaux (Heleocharis nouveau découvert à), 609, Bornetia, G. Thur., 333. Botanique (de la) aux Eaux-Bonnes, 455. — arithmétique, 755. Bourgeau (Obscrvat. sur quelques plantes distribuées par), 643. l Bourgeons. Lois suivaut lesquelles ils se développent, 532. — (Sur la nature des diverses sortes de) et particulierement des bourgeons ovulaires, 588 BouTkiLLE, a trouvé le Gui sur un Bouleau, 543. Bouriexy. Sur le Scleranthus polycarpos, 168. Bractées. Explication de leur absence chez les Cruciféres, ete., 499. Br'ssica Boissieri, Munb., 283, 288. — dimorpha, C. DR., 306. Bretagne (Observations faites en) sur le développement de quelques plantes, 15. Brice . Obs., 397. uONDFAU (L de). Sur le Centaurea pani- culata, L., 512, 7067. BuoxexiaRT (Ad.). Obs., 20, 93, 259, 613, 624. Browx (Robert), présenté et proclamé séance tenante membre de la Société, 641, G. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Brunella algeriensis. de Noé, 582. Budget de la Société pour 1855, 82. Bulbe (Formation du) dans le Ranunculus bulbosus, 369, 721. —- des Drosera , 662. — (Faux-) des Ophrydées, 657. Bulbilles de l Hydrocharis, 663. — pédi- cellés des 4llium. Leur analogie avec les ovules réfléchis, 359. Bureau (Ed.). Découverte de l Utricularia neglecta aux environs de Paris, 622. — Obs., 666. Bureau de la Société pour 1855, 2. Bursinopetalum, R. Wight, 552. Buxus. Cryptogames qui vivent sur le Buis, 460, c Cactées. Sur un caractère différentiel pour servir à leur étude, 177. CAILLETTE DE L'HERVILLIERS, trésorier de la Société, présente les comptes de 1854, 81. — presente le budget de 1855, 82, — démissionnaire, 498. Calcul du nombre des espèces de diverses parties de la France, 758. Callitriche (Cysties des), 295. Calycode des Protéacées et de quelques autres familles, 86, 88. Calyptrostigma, Trautv. et Meyer, 271. Calystegia. Voy. Convolvulus. Campanula neglecta, R. S., 458. — sub- pyrenaica, Timb. -Lagr., 479. — ira- chelioides, Munb., 285, 288. Canaries (Lettre sur la végétation des îles), 427. | Caoutchouc (Échantillons de) présentés à la Société, 26. Caractère différentiel pour servir à l’étude des Cactées, 177. Carduus algeriensis, Munb., 285, 288. Carex Dematreana, Lagger, 329. Castilles (Observat. sur quelques plantes des}, 643. Castres (Colchicum nouveau découvert près de), 688. Catanunche arenaria, C. DR., 253. Catasetum luridum Lindl. (Fécondation du), 20. Cedron. Voy, Simaba. Cellules (Formations spirales dans les) des feuilles des Orchidées, 153. Centaurea collino-scabiosa, Schiede, 223. © — melitensis, L.,167.— paniculala, L , X12, 767, 768. Ceroxylon andicola, H. B., 453. Chalaze. Son interprétation morpholo- gique, 462. Challans (Lemna arrhiza découvert à),663. 819 Champignons recueillis à Bagnères de Lu- chon, 758. Chapel (Guillaume). Sa mort, 640. Cuarix (Ad.). Objections contre la théorie des décurrences de M. Germain de Saint- Picrre, 100. — Etudes sur l'Androcée. Recherches des lois ou rapports qui lient l'avortement des étarmines à leur naissance et à leur maturation. Loi d'inversion, 230. — Sur les fleurs mâles du Val'isneria spiralis, 293. — Des cysties, organe nouveau observé sur les Callitriche, 295. — Organogénie florale et remarques sur la végétation du Val- lisneria spiralis, 377. — Sur les types obdiplostémone et diplostémone direct, 615. — Sur la présence de matière verte dans l’épiderme des feuilles de plusieurs plantes aquatiques, 674. — Seconde note sur les cysties, 772. — Obs., 50, 152, 167, 172, 230, 303, 363, 471, 623, 663, 676, 752. Chenilies (Sphéries croissant sur des}, 614. Chine (Tubercules comestibles dej, 741, 766. Chorise. Voy. Dédoublements. Chortodes, J.-D. Hook., 486. Cinchona, L., 149, 312, 437, 509. — cultivés à Java, 809. Cineraria palustris, L., 643. Cire végétale, 453. Cirsium lanceolalo-eriophorum, 202. -— rufescens, Ram., 457. Cistées (Stipulium des), 4. Cistus petiolatus, De Martr.?, 122. Climat et végétation de la Crimée, 338. Clinopodium villosum, de Noé, 580. Cros (D ). Da stipulium chez les Gérania- cées, Cistées, Légumineuses et Rosacées, °4. — L'ombelle : inflorescence définie et indéfinie, 74. — Observations sur le fruit des Labices. 169. — Généralité du phénomène de partition chez les plantes. Explication de labsence de bractées chez les Crucifères, ete , 499. — Examen de la prétendue prolification du ZTelragonia expansa, 612. — Re- marques sur la préfloraison, 724. Colchicum castrense, de Larambg., 688. Collection de Fougères vivantes dans les Pays-Bas, 540. Coloration des fleurs en Bretagne, i6. Colorante (distribution de la matière) dans les feuilles, 676 Comestibles {Tubercules) de Chine, 741, 766. Commission des Archives, 2. — du Bulle- tin pour 1855, 2. — de comptabilité, 2. -— Son rapport, 78. Lamt., 820 Compiègne (Rubus saxatilis découvert dans la forêt de), 612. Compte des recettes et dépenses de la Société en 1854, 81, Conseil d'administration de pour 1855, 3. la Société Convoivulus sepium, L. Sur un de ses! modes de multiplication, 445, 147. Coryanthes (Sécrétion d’un liquide dans la fleur des), 351. Cossos (E.). Sur le genre Hohenackeria, 181.— Liste de plantes observées par M. Reboud dans le Sahara algérien, 242 — Notes sur quelques plantes de cette liste, 245. — Observations sur quelques plantes d'Algérie décrites par M. Munby, 287.— Sur la loupe du T'huja articulala, 592. -- a trouvé le Gui sur un Érable et sur un Chêne, 345.— Obs. 15, 50, 149, 166,167,176, 222, 508, 578, 609, 625, 644. — et Duru DE MalsoNNEUVE. Sur quelques espèces nouvelles d'Algérie, 303, 364, 398. — et P. Jamis. De la culture du Dattier dans les oasis des Ziban, 36. — Sur les cultures des oasis des Ziban, 599. Crimée. Climat ct végétation, 338, 803. Crolon Pseudo-China, 132, — tinctorium, | L. (Propriétés et usages du), 18. Crovan frères. Observations microscopiques | sur l'organisation, la fructification et | la dissémination de plusieurs genres d’Algues appartenant à la famille des Dictyotées, 439, 644. Crucifères (Explication de l'absence de bractées chez les), 499, Cryptogames (Quelques) des environs des Eaux-Bonnes, 459. Cryptoïde (Glande) dans les feuilles de plusieurs Orchidées, 4453. Cucubalus stellatus, L., 578. Cucurbitacées (Vrilles des), 512. Culture du Dattier, 36, 95, — des truffes, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cystopteris regia, Presl., var. alpina, | Koch., 459, | Cylisus Adami, 753. — Laburnum, L, |! (Floraison extraordinaire du), 722, 723. D : Daphne Laureola, L. (Deux formes du), | 481. — Verloti, G.G. 263. Decaisne (J.\, président de la Société, Sur les recherches de M. Naudin, rela- tives à la fécondation, 754. — Obs. 14, 20, 36, 49, 51, 88, 89, 99, 100, 165, 167, 172, 180, 230, 212, 358, 362, 363, 377, 436, 437, 519, 643, 663, 664, 666, 723, 743, 752, 753, 754, 766, 780, 781. — Voyez Planchon. | Decaisnea, D. Hook. et Thoms., 486. | DE Caxpoee {Alph.). Obs. 461. | Décurrences (Doctrine ou théorie des), 96, 100. : Dédoublements (Chorise et plésiasmie), 235. | Decesserr (Fr.) chargé des fonctions de trésorier, 498. — Communique une | lettre de M. Bonpland, 152. — Sur trois tubereules comestibles de Chine, 741. | DELONDRE (Aug.). Lettre sur divers Quin- | quinas, 509. — Sur la culture des Truffes, 777. Delphinium orientale, J. Gay, 304. Développement de quelques plantes en | Bretagne, 15. — des bourgeons (Lois | suivant lesquelles se fait le), 532. Deverra cholorantha, C.DR., 249. — sco- paria, C.DR., 248. Dianthus Barati, Duv. Jouve (D. tripunc- tatus, Sm. ), 350, 351 (note). | Dicotylédones (Nombre-type des parties de la fleur des), 466, 568. — (Structure des tiges des), 90. Dictyosiphon, Grev., 645. 717-781. -— dans les oasis des Ziban, | Dictyotées (Observations sur plusieurs 36, 599, — du Quinquina à Java, 809. | Cupressus Lawsoniana, Murr., 204. — | Macnabiana, Murr., 204. Curdiea, Hary., 205. | Cutleria, Grev., 648. | Cycles hélicoïdaux. Nombre de parties qui | les composent, 568. ! Cymatonema, Kütz, 129. | Cymbidium sinense, Willd. (Monstruosité | du', 27. | Cynanchum contiguum, Koch, 270. — | laxum, Bartl., 269. — Vincetoxicum, R. Br., 269. | Cysties. Organe nouveau observé sur les | Callitriche, cte., 295, 774, 772. genres d’Algues de la famille des), 439, 644. Digitalis hybrides, 480. — purpurea , L., 167. Dimensions de quelques Palmiers cultivés à Kew, 342. — du tubercule du Dios- corea spiculata, 339. , Dioscorea Batatas, Dne, 741. — spicu- lata, BI., 339. — (nouveau) de Chine, 741, 766. Diplostémones (Fleurs, 615. — (Type) direct, 615. Dissémination (Sur la) de plusieurs genres d'Algues, 439, 644. — De quelques plantes en Bretagne, 15. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Distribution de la matière colorante dans les feuilles, 676. Djarilgatsech (Végétation de l'ile de), 738. Djelfa (Végétation des environs de), 537. Dons faits à la Société, 1, 3, 73, 94, 145, 168, 217, 281, 345, 368, 425, 454, 461, 497, 511, 562, 591, 612, 642, 667, 721, 767, 743. DorvauLt. Obs., 781, Dothidea Uvarum, L. Brond., 332. Vilis, L. Brond., 331. Double floraison du Victoria regia, 212. Draba brachycarpa, Zett., 700. Dracæna reflexa, Lam. (Greffe du), 49. Drosera (Bulbe des), 662. — Distribution dela matière colorante dans leurs feuilles, 676. —- Poils ou organes glanduleux de leurs feuilles, 355, 392, 395, 465. — obovata, M.K, 34, 36. DucnarrRE (P.). Sur la fécondation chez la Vallisnérie, 289. — Obs., 14, 92, 100, 107, 172, 230, 361, 394, 434, 609, 675, 678, 143, 752, 766. 7S1. Du Corousier (M.). Botanique arithmé- tique, 755. Dureu pe Maisonneuve. Découverte à Bordeaux d'un Heleocharis nouveau (H. oxyneura), 609.— Obs., 666.— Voyez Cosson. Duovaz-Jouvr. Description d'un nouveau Dianthus des environs d'Alger (D. Ba- rati), 350. E Eaux-Bonnes ( Végétation des environs des), 455. Écorces officinales, 149, 312, 437, 509. Effet de la lumière sur les plantes submer- _ gées, 255. Egypte (Culture des Dattiers en), 95. Emploi du Juncus effusus, 638. Endopyrenium, Flotow., 207. Ephedra Villarsii, G.G., 264. Epiderme (Matière verte dans l`) des feuilles de plusieurs plantes aquatiques, 674. Epilobium (Sur la végétation des), 726. — gemmascens, C.-A. Meyer, 732. montano-parviflorum, Michal., 734. obscuro-montanum, Michal., 734. obscuro-parviflorum , Michal., 734. palustri-parviflorum, Michal., 733. Tournefortii, Michal., 731. Equisetum sylvaticum, L., découvert dans la forêt de Villers-Cotterets, 220. Eragrostis trichophora, C. DR., 311. Erodium geifolium, Desf., ?30. — mauri- tanicum, C. DR., 309. — Munbyanum, Boiss., 283, 288. 821 Erucastrum leucanthum, C. DR., 307. Erysimum cheiranthoides, L. (Deux formes de l’), 481. Erysiphe Pisi, DC. Son identité avec lOi- dium Tuckeri, 158. Erythrostictus punctatus, Schlecht., 255. Eschscholrzia (Structure de l’ovule chez I’), 586. Etamines (Préfloraison des), 373. — Rap- ports qui lient leur avortement à leur = naissance et à leur maturation, 230. Etiolement (Sur le phénomène de l), 744, 766. Euphorbia polygonisperma, G.G., 263. Europe (Introduction, naturalisation et floraison de l Agave americana en), 6. Excès (monstruosité par), 27. Exposition universelle (Visite de la Société a r), 561, 591, 592, 613, 615. — (Sur la partie de l) concernant la Botanique, 566, 568, 591, 592, 613, 614, 679. Extraordinaire (Session), voyez Session. F Fagre (J.-H.) Sur les fleurs et les fruits hypogés du Vicia amphicarpa, 503. — De la nature des vrilles des Cucurbitacées, 512. Fave (Léon). Sa mort, 644 Fécondation (Des recherches de M. Naudin sur la), 754. — (Structure de l’ovule avant la), 361, 363, 380, 429-437. — du Catasetum luridum, 20. — du Val- lisneria, 289, 293, 299, — réciproques de quelques végétaux, 748, 760. FERMoND (Ch.). Sur les dédoublements, 235. — Sur le nombre-type des parties de la fleur des Dicotylédones, 466. — Lois suivant lesquelles se fait le dévelop- pement des bourgeons daus quelques familles, 532. — Sur le nombre des parties qui composent les cycles hélicoï- daux, et rapport entre ce nombre et le nombre type des parties florales des Dicotylédoues, 568. — Recherches sur les fécondations réciproques de quelques végétaux, 748, 760. — Obs., 471, 519, 578, 752, 733, 754,781, 782. Festuca lolium, Bal., 311. Feuilles (Individualité des), 183. — des plantes aquatiques. Présence de ma- tière verte dans leur épiderme, 674. — de l Aloe fruticosa, 426. — des Drosera, leurs poils ou organes glanduleux, 355, 392, 395, 465. — (Distribution de la matière colorante dans les), 676. — des Orchidées, leur structure et leur glande cryptoïde, 445, — {Formations 822 spirales dans les cellules des, 153. — SOCIÉTÉ gemmipares chez divers Allium, 183. 256. Fibres textiles de lAlfhæa rosea et du 418. Leur nombre-type | Triticun repens, Fleur Parties de fa chez les Dicotyiédones , 466, 5683. — du Thibaudia Quereme, 455. — du Vallis- neria spiralis, 289, 293, 299, 377. — diplostémoues, 615 — hypogées du Vicia amphicarpa, 503. — stériles de quelques Fraisiers, 397. Floraison de agen americana, en Eu- rope, 6. — de PAmherstia nobilis, en Angleterre, 419. — du Lilium gigan» teum, à Gotha, 449. — (Double) du Cytisus Laburnum. 722,723. — (Dou- ble) du Vic'oria regia, 212. — simul- tance de quatre pieds d’Agave, à Sal- combe. 420. Florale Rapports entre la structure) de queiques familles, 86. Flore d'Algérie, voy. Algérie. -— de ‘France, voy. France, — des environs de Paris, voy. Paris. Fontainebleau {Forêt de). Herborisation faite par la Société, 561, 566, 592. —- Naturalisation spontanée du Goodyera repens, 594. Formation du bulbe dans le Ranunculus bulbosus, 369, T21. — des Oasis, 50-51. Formatiouns spirales dans les cellules des feuilles des Orchidées, 153. Fougères (Collection de) vivantes dans les Pays-Bas, 340. Fragaria. Avortement de leurs ovaires, 397. — vesca. L. Ses axes primaires et secondaires, 349. France (Flore de). Herborisation faite par la Société dans la forêt de Fontainebleau, 592, — Végétation de la forêt et des environs de Villers-Cotterets, 226. — Végétation des environs de Plombières et du Hohneck, 29. — Végétation des environs des Eaux- Bonnes, 455.— Notes sur la Flore de Montpellier, 547. — Sur le développement de quelques plantes en Bretagne, 15. — Apparition subite de certaines espèces, 166, 167, 512, 594, 624, 642, T67. — Calcul du nombre des espèces de diverses parties de la France, 758. — Observations sur plusieurs genres d'Algues de la famille des Dic- tyotées, 439. 644. — Champignons re- cueillis à Bognères de Luchon, 758, — Cryptogames qui vivent sur Ie Buis, 460. — Herbarium Lichenum para iensium , 683. — Acorus Calamus, 623. — Ade- noscilla, G.G. 265. — Agave ameri- | BOTANIQUE DE FRANCE. cana, 6. 18. — Allium approrinalum, G.G., 2635. — 4. fle: ifolium, Jord. 265. — dlsine cerastii olia, 457. — Anti- noria, Parl., 598. — Aphyllanthes monspeliensis, 529.-- Asphodelus sphæ- rocarpus, G.G., 265. — Avena Ludo- viciana, DR., 57. — Biatora lucida, 520. — Boletus edulis, 7182. — Bor- nelia, G. Thur., 333. — Campanula neglecta, 458. — C. subpyrenaica , Timb.-Lagr., 479. — Centaurea col- lino-scabiosa, Schiede, 223.— C. pani- culata, L., 512, 767, 768. — Cirsium lanceolato-eriophorum, Lamt., 202. — C. rufescens, 457. — Cistus petiolatus, de Martr.? 122. — Colchicum castrense, de iaramb., 688. -—- Croton tinctorium, 18. — Cystopteris regia, var. alpina, 459. — Daphne Laureola, 481. — D. Verloti, G.G., 263. — Digitalis hy- brides, 480.— Dothidea vitis, L. Brond., 331. - D. uvarum, L. Brond., 332. Drosera obovata, 34, 36. — Epilobium, 726. — E. gemmascens, 132. E. Tour- nefortii, Michalet, 731. — E. hybrides, 733. — Ephedra Villarsii, G.G., 264. Eġuiselum sylvaticum, 226. — Ery- simum cheiranthoides, 481. — Erysiphe l'isi,158.— Euphorbia polygonisperma, G.G., 263.— Fumaria, 793.— Galium vero-cinereum, Serres, 223. — Goodyera repens, 594. — jfeleocharis oxyneura, DR., 609. — Hieracium Blanci, Serres, 225. — H. glareosum, Serres, ?24. — H. nobile, 458. — H. pseudo-prenanthes, Serres, 223. — H. Villarsi, Serres, 225. Hydrocharis Morsus-ranæ , 526. — Iberis Gastonis, de Lerx, 456. — Ko- bresia caricina, 609. — Lecanora hæ- malomma, 521. Lemna arrhiza, 665. — Lepraria chlorina, 521. — Littorella lacustris, 34, 36. — Mas: santia, Montag., 525. — Morchella esculenta, Pers., 781. — Narcissus Pseudo-narcissus, 481. — Nuphar, pu- milum, 36. — Oidium Tuckeri, 158. — Orchis et Serapias hybrides, 700. — Pri- mula hybrides, 482. — Pyrola minor, 397, 739. — Quercus Auzandri, G.G., 264.— Rubus, 457 — R saxatilis, 612. — Scleranthus polycarpos, 221, 768. Nempervivum arachnoideum , 201. S. arvernense, 200. — S. Funkin 200. — S. Pomelii, Lamt., 200. . lec- lorum, 199. — Sparganium affine, 34, 36. —- Stachys superpalustri-sylvalica, Bavoux, 480. — Thlaspi vulcanorum, Lamt., 201 — Tuber cibarium, 117, 781. — Utricularia neglecta, 622. — TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 853 Vallisneria spiralis, 299. — Viscum album, 345. — Voyez (dans la table de la revue bibliographique) : Bavoux, Brondeau, Combes, De Candolle, Delbos. | Docteur. Durieu de Maisonneuve, Go- dron, Grenier, Lamotte, Lecoq, Le Jolis, Le Maout, Léveillé, Loret, Mar- trin-Donos, Noulet, Smith(W.), Thuret, Timbal-Lagrave. Fraxinus, sect. Sciadanthus. F. dimorpha, C. DR., 367. Fructification (Sur la) de plusieurs genres d’Algues. 439, 644. Fruit des Labiées, 169. — hypogés du „Vicia amphicarpa, 503. Fumaria de la Gironde, 794. — sect. Pe- trocapnos. F. africana, Lamk., 305. — longipes, C. DR., 305. — numi- dica, C. DR, 306. — sarcocapnoides , C. DR., 306. Funicule. Son interprétation morpholo- gique, 462. G Gaillonia Reboudiana, C. DR., 250. Galium serotinum, Munb., 284. — vero- cinereum, Serres, 223. Garcinia Mangostana, L., a fructifié en Angleterre, 137. GAY (Claude), membre à vie, 94. Gay (Jacques). Sur un Stachys sylvatica monstrueux, 170. — Sur le Dianthus Barati, Duv. Jouve (D. tripunctalus, Sm.), 351 (note). — Sur le Cucubalus stellalus, 578. — Sur le mode de végé- tation des Betonica, 586. — Obs., 176, 288, 293, 350, 397, 431, 508, 586, 609, 613, 623, 624, 662, 678, 754. Gemmipares (Feuilles) de plusieurs Allium, 183. Généralité du phénomène de partition chez les plantes, 499. Genista quadriflora, Munb., 283. — Sa- haræ, C. DR., 247. Géraniacées (Stipulium des), 4. GERMAIN DE Saint-Pierre (E.). Structure des tiges chez les végétaux dicotylés : obser- vations puisées chez une forme anormale des tubercules du Solanum tuberosum, 90. — Structure des tiges : exposition de la doctrine ou théorie des décur- rences, 96. — Sur un des modes de reproduction du Convolvulus sepium, 147. — Structure des tiges chez les végétaux monocotylés : observations puisées dans l'étude de la germination des Tulipa, 159. — Individualité des feuilles : feuilles ggmmipares chez plu- | sieurs Allium, 183. — Nouv. renseign. sur le mode de végétation de l'Allium magicum, 256. — “ur la structure de l'ovaire chez les Labiées, 258. — Ana- logie des bulbilles pédicellés de certains Allium avec les ovules réfléchis, 359, -- De la structure de l’ovule végétal avant la fécondation, 361, 363, 380. 431,437. — Interprétation morphol. du funicule, du raphé et de la chalaze, 462. — De la structure de l'ovule chez le Nerium Oleander et chez l'Eschscholtzia, 586. -— Propositions sur la nature des diverses sortes de bourgeons et particu- lièrement des bourgeons ovulaires, 588. — Sur la nature et l’origine des lenti- celles, 609, — Sur la nature du faux- bulbe des Ophrydées ou ophrydo-bulbeé, 657. — Sur le phénomène de l'étiole- ment, 744.— Étude du mode de végé- tation et de la structure du rhizome de l’Hermodactylus tuberosus, 782. — Obs., 49, 78, 92,93, 94, 99, 100, 102, 107, 240, 361, 362, 363, 372, 380, 392, 431, 434, 435, 436, 437, 470, 578, 623, 624, 662, 663, 664, 678, 689, 743, 776, 782, 784. Germination des Tulipa, 159. Giessen (Jardin botanique de), 340. Giraudia. Derb. et Sol., 650, Gironde (Fumaria de la), 794. Glande cryptoïde dans les feuilles dé plu- sieurs Orchidées, 445. i Glanduteux {Poils ou organes) des feuilles des Drosera, 355, 392, 395, 465. — (Organe) des Coryanthes, 351. Glycine tuberosa, 508. Gosor. Obs., 766. Goodyera repens, R. Br. Sur sa naturalisa- tion spontanée dans la forêt de Fontai- nebleau, 594. Graines de Cédron, 314. Graves (L.). Sur les stations du Pyrola minor aux environs de Paris, 740. — Obs., å. Greffe des Monocotylédoncs, 49. — du Dracæe»a reflexa, 49. GRENIER (Ch.). Sur les axes primaires et secondaires dans quelques espèces radi- cantes, 346.- Sur la formation du bulbe dans le Ranunculus bulbosus, 369, 721. GRÆNLAND (J ). Sur l'Holcus setiger, 172. — Sur les organes glauduleux des Dro- sera, 395. — Obs., 176, 678. Guaco. Voy. Huaco. GusBLER. Obs., 152. Guevpox pe Dives. Découverte à Manzac du Melampyrum arvense, TOT. Gulsonia, Hary., 206, 824 H Halyseris, 444. Hanovia australis, Sond., 206. Harvey (W. H.). Lettre sur quelques Algues d'Australie, 218. Hasskarl. Sa mort, 812. Heleocharis oxyneura, DR, 609. Hélicoïdaux (Cycles). Nombre des parties qui les composent, 568. Helichrysum lacteum, C. DR., 365. Henophyton (Henonia), C. DR., 246, 625. — Deserti, C. DR., 247. Hermodactylus tuberosus , Salisb., 775, 782. Herbarium Lichenum parisiensium, 683. Herborisation faite par la Société dans la forèt de Fontainebleau, 561, 566, 592. Herboriser (Boîte à). Voy. Boîte. Hieracium Blanci, Serres, 225. — gla- reosum, Serres, 224. — nobile, G. G., 458. — Pseudo-prenanthes, Serres, 223. Villarsiüi, Serres, 225. Hippuris vulgaris, L. Matière verte dans l’épiderme de ses feuilles, 674. Hirondelle Salangane (Nids de l’), 613,679. Hohenackeria, F. M., 181. — bupleuri- folia, F. M., 182. — polyodon, C. DR., 183. Hohneck (Végétation du), 35. Holcus setiger, Nees, 172. Huaco (Racine dite de), 453. Hybridation, 748-754, 760. Hybrides : Centaurea, 223. — Cirsium, 202 — Cytisus, 153. — Digitalis, 480. — Epilobium, 726, 733. — Galium, 223. — Primula, 482. — Orchis et Se- rapias, 100. — Stachys, 480. Hydrocharis Morsus-ranæ, L., 526, 528. — (Bulbilles de l’), 663. Hypericum Naudinianum, C. DR., 308. — perfoliatum, Munb., 283, 288. Hypogés (Fleurs et fruits) du Vicia amphi- carpa, 503. I Iberis Gastonis, de Lerx, 456. — parvi- flora, Munb., 282, 287. Ibiraro. Arbre connu sous ce nom, 163. lex Aquifolium, L. Emploi de ses feuilles en place de thé, 66. — paraguayensis, Saint-Hil., 165, Impatiens Noli-tangere, L., 642. Incendie (Fleurs de r), 167. Incienso. Arbre connu sous ce uom, 163. Individualité des feuilles, 183. Inflorescence, Voy. Ombelle, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Interprétation morphologique du funicule, du raphé et de la chalaze, 462. Introduction en Europe de l’A gave ameri- cana, 6. — de la culture du Quinquina à Java, 809. Inversion (Loi d’). Voy. Avortement des étamines. Iris luberosa, L., 775, 782. Isnardia palustris, L. Matière verte dans l’épiderme de ses feuilles, 674. J Jam (P.). Voy. Cosson. Jardin botanique de la Faculté de méde- cine de Paris. Sa collection d'Orchidées exotiques, 107. — de Giessen, 340. — de Kew, 136, 342. — d'Upsal, 210. — de Vienne, 420. Jasminées (Poils des), 769. Jaugerr (Le comte) donne lecture d’un mémoire intitulé : Sur l’enseignement de la Botanique, 176. — de plusieurs articles de son travail sur la Botanique à l'Exposition, 567, 592, 613. — Obs., 36, 368, 568, 592, 614. Java (Culture du Quinquina à), 809. — (Nomenclature binaire chez les indigènes de), 211. Juncus effusus, L. Son emploi, 638. Jussiæa longifolia, DC., et J. lutea. Ma- tière verte dans l'épiderme de leurs feuilles, 674. K Karwinski (W. de). Sa mort, 213. Kew (Jardin de), 136, 342. KırscuLeGER. Sur quelques anomalies végé- tales, 722. Kobresia caricina, Wilid, trouvé dans les Hautes-Pyrénées, 609. Kæleria Balansæ, C. DR., 310. Krakk (L.). Lettres sur la végétation de la régence de Tunis, 21. — Lettre sur la culture du Dattier en Égypte, 95. L Labiées (Structure de l’ovaire des), 258. — (Fruit des), 169,170. — (Sur quelques espèces nouvelles de) de l'Algérie et de la régence de Tunis, 579. Lagouret (J.). Sur un caractère différentiel pour servir à l’étude de la famille des Cactées, 177. 180. Lacnorx (L'abbé S. de). De la Botanique et de quelques plantes curieuses aux Eaux-Bonnes, 155. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. LAGRÈZE-FossaT (A.), Sur un mode de mul- tiplication du Convolvulus sepium, 145. — Note sur les feuilles de l Aloe fruli- cosa, 426. Lamium numidicum, de Noé, 584. Lapacho. Voy. Bignonia. LARAMBERGUE (H. de). Sur une nouvelle espèce dugenre Colchicum (C. castrense), 688. Lathyrus angulatus, L., 166. — amphi- carpus, L., 508. Lecanora hœmatomma, Ach., 521. Le Coar DE Kernoter. Sur les Salsepa- reilles, 745. Lecog (H.). Lettre sur un Lichen recueilli en Auvergne, 498, 519. — Obs., 609, 624. Légumineuses (Stipulium des), 4. Lemna arrhiza, L., découvert à Challans, 665. Lenorwant (Fr.) Note sur une vignette d'un manuscrit de la Bibliothèque impé- riale, 315. Lenticelles (Sur l'origine et la nature des), 609. Lepidium dhayense, Munb., 282, 287. — Descemelii, de Raynev., 735. Lepraria chlorina, Ach., 521. Lestisoupois (Th.). Obs., 433. Lichen recueilli en Auvergne, 519. Lichenum parisiensium herbarium, 683. Lilium giganteum, Wall., a fleuri à Gotha, 419. Limnocharis emarginata, H. B., 667. Linum squarrosum, Munby, 283, 288. Liquide (Sécrétion d’un) dans la fleur des Coryanthes, 351. Lithospermum incrassatum, Guss., 286, 288. Littorella lacustris, L., 34, 36. Lois suivant lesquelles se fait le dévelop- pement des bourgeons dans certaines familles végétales, 532. — d'inversion. Voy. Avortement des étamines. Loranthacées. Rapports de leur structure florale avec celle de quelques autres familles, 86. Loupe du Thuja articulata, 592. Lumière (Effet de la) sur les plantes sub- mergées, 255. M Mamillaria Closiana, Roum., 372. Manuscrit (Vignette d'un) de la Biblioth. impériale et liste des plantes figurées, 315. Mauzac (Melampyrum arvense découvert à), 767. 825 MarciLcy (de). Découverte du Rubus saxa- tilis dans la forêt de Compiègne, 612. Marsy (de). Apparition de l’/mpatiens Noli-tangere sur des débris de hauts- fourneaux, 642. Martins (Ch.). De l'introduction en Europe, de la naturalisation et de la floraison de l’Agave americana, 6. L'Oidium Tuckeri et V Erysiphe Pisi, 158. Maté, 66. — Feuilles dont on fait cette poudre, 165. Matière (Distribution de la) colorante dans les feuilles, 676. — verte dans l'épi- derme de plusieurs plantes aquatiques, 674. Maturation des étamines, 230. Mazzantia, Montg., M. Galii, M. Gou- getiana, 521, 525. Megacarpæa polyandra, Benth., 484. Melampyrum arvense, L., découvert à Manzac, 767. Mélanges, nouvelles ct annonces, 66, 133, 210, 277, 340, 419, 494, 559. 638, 716, 810. MENIÈRE (P.). Sur une monstruosité par excès observée dans le Cymbidium sinense, 27. — Sur la collection d'Orchi- dées exotiques du jardin botanique de Ja Faculté de médecine de Paris. 107. — Sur la sécrétion d'un liquide abondant par l'organe glanduleux des Coryanthes, 351. — Obs., 20, 50, 624, 664. Mersina (Sur la végétat. des env. de), 490. Meyer (Ch.-Ant. de). Sa mort, 140. MicuaLer (Eug.). Sur la végétation des Épilobes et description de quelques nouvelles espèces de ce genre, 726. MicnGues. Propriétés et usages du Crolon tinctorium, 18. Minerai provenant du Taurus, 656. — Son analyse, 690. Monocotylédones (Greffe des), 49.—{Struc- ture des tiges des), 159. Monstruosités : du Cymbidium sinense, 27. du Solanum tuberosum, 90. — du Sta- chys sylvalica, 169, 170. — d'une radicelle de Betterave, 102. -— Dédou- blements (chorise et plésiasmie), 235. — Etiolement, 744, 766. — Feuilles gemmipares, 183. — Prétendue proli- fication du Tetragonia expansa, 672. — Sur quelques anomalies végétales, 722. — Voy. (dans la table de la revue bibliographique) : Gümbel, Hochstetter, Malbranche. Pollichia, Schlechtendal. MoxTaGxE (C.). Sur un Lichen (Biatora lucida) envoyé par M. Lecoq, 519. — Sur le nouveau genre Mazzantia (Pyré- uomycètes), 521. — Obs., 221, 613. 896 Montpellier (Acorus Calamus découvert ' près de), 623. Moquix-Taxpon (A.). Obs., 167, 230, 293, 613. Morchella esculenta, Pers., 781. Morpholcgique (Interprétation) du funi- cule, du raphé et de la chalaze, 462 Movuceor. Notice sur Herb. Lichenum pa- risiensium, publié par M. Nylander, 683. Moura-BourouiLLou. Obs , 380. Multiplication (Mode de) du Convolvulus sepiim, 145, 147. Muxey (G). Sur une nouvelle espèce du genre Orchis (0. cordifolia), 148. — Sur quelques. plantes d'Algérie, 282. Musc (Plantes qui possèdent l'odeur du), 313. Mylitta australis, Berk., 614. Myrospermum, Jacq., 165. N Naissance des é'amines, 230. Narcissus Pseudo- narcissus, formes du), 481. Naturalisation de l’4gave americana en Europe, 6. — spontanée du Goodyera repens dans la forêt de Fontainebleau, 594. Naudin (Ch.). Sur ses recherches relatives à la fécondation, 754. Nemacola. Massal., 332. Nepeta algeriensis, de Noé, 581. Nerium O'eander, L. Structure de l’ovule chez le), 586. Nids (Sur les) de l'Hirondelle Salangane, 613, 679. Noë (Le vicomte de). Notes sur quelques espèces nouvelles de Labiées de l’Algérie et de la régence de Tunis, 579, — Obs., 287, 586. Noix muscade. Son faux arille, 677. Nombre des espèces dans diverses parties de la France, 758. — type des parties de la fleur des Dicotylédones, 466. 568. — des parties des cycles hélicoïdaux, 568. Nomenclature binaire chez les indigènes de Java, 211. Nouvelles. Voy. Mélanges. Nuphir pumilum, Sm., 36. Nyranper (Wj. Sur le Lepraria chlorina, 5214, — (Sur l Merb. Lichenum parisien- sium, publié par), 683. L. (Deux 0 Oasis (Sur les cultures des) des Ziban, 36, | 599, — (Formation des), 50, 51, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Obdiplostémone (Type). 615. Observations microscopiques suf plusieurs genres d'Algues, 439, 644. Odeur de muse chez quelques plantes, 313. OEdogonium, Link, 129. Oidium Tuckeri, Berk. l'Erysiphe Pisi, 1358. Olacinées. Rapport de leur structure flo- rale avec celle de quelques autres fa- milles, 86. Oléarérs (Poils des), 769. o Ombelle. Inflorescence définie et indéfinie, 74. Ophrydo-bulbe, 657. Orchidées. Formations spirales dans lès cellules de leurs feuilles, 153. — Struc- tureetglande eryptoïde de leurs feuilles, 445. — exotiques du jardin de la Faculté de médecine de Paris, 107. — (Collec- tion d’) de M. G. W. Schiller, 278. Orchis cordifolia, Munb., 148, 288. — hybrides, 700. Oreobliton chenopodioides, C. DR., 367. Organes glanduleux des Coryanthes, 351. — des Drosera, 355, 392, 395, 465. Organisation (Sur l’) de plusieurs genres d'Aigues, 439, 644. Organogénie florale du Vallisneria spiralis, 277. Origanum cinereum, de Noé (O. flori- bundum, Munb ), 286, 287, 579. Origine des lenticelles, 609. — botanique du quinquina rouge officinal, 437. Orobanche hygrophita, Brügger, 328. Orobus saxatilis, Vent., 509. Oxaires (Avortement des) des Fraisiers, 397. — des Labiées (Structure de l), 258. Ovule (Structure de l’) avant la féconda- tion, 361-363, 580, 429-437. — chez le Nerium Oleander ct chezl’Eschschollzia, 586. — réfléchis (Analogie des bulbilles pédicellés des Allium avec les), 359. p Son identité avec Palmiers ‘Dimensions de quelques) culti- vés au jardin de Kew, 342. — (Greffe des), 49. Papaver somniferum, L., 167. Paraguay (Lettre sur quelques végétaux du), 162. Parietaria judaica, L. (Sur le), 653. r Paris (Orchidées cultivées au jardin de la Faculté de médecine de), 107. -- (Flore des environs de. Voy. Bellevue, Com- piègne, Fontainebleau, Nylander, Py- rola minor, Questier, Serisaye. | PaRLATORE (Ph.). Sur le Vallisneria spi- TABLE ralis, 299. — Sur l’ Hydrocharis Morsus- | ranæ, 526. Sur V Aplyllanthes , monspeliensis et la nouvelle famille des Aphyllanthacées, 529. — Sur la partie de l'Exposition universelle concernant | la Botanique, 566. — Sur le Limno- charis emarginata, 667. — Obs., 519, 578, 591, 592, 613. PARSEVAL-GRANDMAISON (J. de) a trouvé dans les Pyrénées le Kobresia caricina, 609. Parties de la fleur chez les Dicotylédones. Leur nombre-type, 466, 568. — qui composent les cyeles hélicoïdaux, 568. Partition (Phénomène de) chez les plante:, 499. Passy (A.). Obs., 167, 565, 568, 780. Payer. Obs., 88, 89, 434. Pédicellés(Bulbilles) des Allium. Leur ana- logie avec les ovules réfléchis, 359. Peplis Portula. L. Matière verte dans l'épiderme de ses feuilles, 674 Peristylus cordatus, Lindl., 149, 288. PERRAUDIÈRE H. de la). Lettre sur la végé- tation des îles Canaries, 427. Petermann (W. L.). Sa mort, GS. Phœnix daciybfera, L. (Germinat. — Sa culture dans les oasis des 36. — en Égypte. 95. Phlomis Bovei, de Noé, 585. Pinus Beardsteyi et P. Craigana, A. Murr., 204. PLancuon (J. E.). du).98. Zibau, Sur le faux arille de la noix muscade, 677. — Sur les Hermo- dactes, 775. — Obs., 36. 50, 88, 81, 90, 93, 662, 664, 676, 678, 153, 777, 784. — et Decaisne Sur Îles rapports de la structure florale des Santalacées, Olacinées, Loranthacées et Protéacées, 86. Plantago arenaria, W. K., 167. Plantes (Développement de quelques) en Bretagne, 15. — curieuses des Eaux- Bonnes, 435. — préconisées contre les venins, 314 — submergées (Effet de la lumière sur les), 235. — textiles, 209, 418, 567. — à odeur de musc, 313. Plésiasmie. Voy. Dédoublements. Pleurocladia, Al. Braun., 632. Plombières-les-Bains (Coup d'œil sur la ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. flore de), 29. Poils des Oléacées et des Jasminées, 769. | — glanduleux des feuilles des Drosera, 355, 392, 395, 465. Poison de l'Aconitum Napellus, 208. Polypogon monspeliensis, Desf., 167. Potentilla Anserina, L., et P. reptans, L. | Leurs axes primaires et secondaires, : 347. 897 Préfloraison (Sur la, 724. — des étamines, 373 | Présence de matière verte dans l épiderme des feuilles de plusieurs plantes aqua- tiques, 674. Président de la Société. Voy. Decaisne. Priitieex (Ed). De la structure des poils des Oléacées et des Jasminées, 769. Primaires (Axes) dans quelques espèces radicantes, 346. Primula hybrides, 482. E Prolification iPrétendue) du Tetragonia erpansa, 672. Propriétés du (roton tinctorium, 18. Protéacées. Rapports de leur structure floraie avec celle de quelques autres familles, 86. Pseudo-Apulée (Vignette d'un manuscrit du’, et liste des plantes qui y sont figu- rées. 315. Purr (T.). Sur le Centaurea paniculata, L., 512, 768. — Cousidérations sur le but et l'utilité des sessions extraordi- naires, 563. — Obs., 454, 624, 781. Punctaria, Grey., 439. Pyrénées (Kobresia caricina, trouvé dans les Hautes-), 609. Pyrénomycètes (Vazzanltia, nouv. genre de la famille des), 521. Pyrenula, Achar., 207 Pyrola minor, L., 167. — découvert près de Saint-Germain en-Laye, 397. — Şes stations aux environs de Paris, 397,739. Pyrus longipes, C. DR., 310. Q Quercus. Gui trouvé sur un Chêne, 345. Végétation extraordinaire d'un jeune Chêne, 343. — Auzandri, G. G., 264. Quesrier (L'abbé). Lettre sur la décou- verte de l'Equisetum sylvalicum et sur la végétation de la forêt et des environs de Villers-Cotterets, 226. Quinquinas. Voy. Cinchona. R Racines (Structure des), 102. — dite de Huaco, 453. — dite de Somboul, 313. Radicantes (Espèces, Leurs axes primaires et seconcaires, 346. | Radiceile monstrueuse de Betterave, 102, | Rapport entre le nombre des parties des cycles hélicoïdaux et le nombre-type des parties florales des Dicotylédones. 568. entre l'avortement, la naissance et la maturation des étamines, 230. — 828 de la structure florale de quelques familles, 86. Rapport sur l’herborisation faite par la Société dans la forêt de Fontainebleau, 592. — de la comm. des finances, 78. Rawpox (Eug.). Sur une nouvelle espèce de Tacsonia, 452. Ranunculus bulbosus, L. Formation de son bulbe, 369, 721. — rectirostris, C. DR., 303. — repens, L., ses axes pri- maires et secondaires, 346. Raphé, son interprétation morphologique, 462. RaynevaL (Le comte A. de. Description d'une nouvelle espèce du genre Lepi- dium (L. Descemetii), 735. Resoun. Lettres sur la végétation des envi- rons de Djelfa et du Sahara algérien, 240, 537, 785. — Liste des plantes ob- servées dans le Sahara algérien, 242. Réciproques (Fécondations) de quelques vé- gétaux, 748, 760. Réfléchis (Analogie des bulbilles des Allium avec les ovules), 359. Résine de l’Algarobia, 418.-—rouge d'Aus- tralie, 614. Reuter. Observations sur quelques plantes des Castilles distribuées par M. Bour- geau, 643. ReveiL. Sur les écorces de Quinquina,312. — sur les plantes à odeur de muse et sur la racine dite de Somboul, 313. — présente des graines de Cedron, 314. — présente une cire végétale, une racine de Huaco et une fleur de Thibaudia Quereme, 433. — Obs. 153, 511. Revue bibliographique ‘Décision relative à la), 168. — Voyez Bibliographique. Rhanterium adpressum, C. DR., 252. Rhizome de l'Hermodactylus tuberosus , 782. Richesse saccharine du Sorghum saccha- ratum, 134. Roserr (Eug.) Observati ns diverses faites en Bretagne sur le développement de quelques plantes, sur leur dissémination et la coloration de leurs fleurs, 15. — Effet de la lumière sur les plantes sub- mergées, 255, Rosacées (Stipulium des), 4. Rota (Lorenzo), sa mort, 496. RoumEGuËRE (Casimir). Sur une nouvelle espèce de Manullaria (M. Closiana), 372. Roys (Le marquis de). Lettre adressée au secrétaire, 612. Rubus des environs des Eaux-Bonnes. 457. — saxatilis, L. découvert dans la forêt de Compiègne, 612. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. S Saccharine (Richesse) du Sorghum saccha- ratum, 134. Sagedia, Fr. 206. Sahara algérien (Lettres sur la végétation du), 240, 783. -- (Liste de plantes ob- servées dans le), 242. -- (Sur quelques espères nouvelles ou rares du), 245. Saint-Germain-en-Laye (Pyrola minor dé- couvert près de), 397. Salsepareilles (Sur les). Voyez Smilax. Salvia Balansæ, de Noé, 581. — Jaminia- na, de Noé, 581. Santalacées. Rapports de leur structure florale avec celle de quelques autres fa- milles, 86. Saxifraga oranensis, Munb.. 284, 288. Scabiosa camerolum, C. DR., 251. Schiller (G. W.). Sa collection d'Orchidées, 278. SCHOŒNEFELD (W. de), présente des Fraisiers à fleurs stériles, 396. — Découverte du Pyrola minor près de Saint-Germain- en-Laye, 397. — Sur les stations de cette espèce aux environs de Paris, 397, 739. — Rapport sur l'herborisation faite par la Société dans la forêt de Fontaine- bleau, 592. — Obs., 508, 623, 724, 181. Scilla pulchella, Munb., 286. Scleranthus polycarpos, L., 221, 768. Secondaires (Axes) dans quelques espèces radicantes, 346. Sécrétion dun liquide dans la fleur des Coryanthes, 351. Sel. Son influence sur la culture du Dat- tier, 50, 93. Sempervivum albidum, Schnittsp. et Lehm., 267. — arachnoideum, L., 201, 269. — arvernense, Lec. et Lamt., 200. — fimbriatum, Schnittsp. et Lehm., 268. Funkii, Braun, 206, 268. Mettenia- num, Schnittsp. et Lehm. 267.—Pome- lii, Lamt. 200.—ruthenicum, Schnittsp. et Lehm. 257.—stenopelalum, Schnittsp. et Lehm. 268. — tectorum, L., 199, 267. Senebiera lepidioides, C. DR., 245. — vio- lacea, Munb., 282, 287. Senec:o Gallerandianus, C. DR., 365. Serapias hybrides, 700. | Serisaye (Étang du), 596, (note). Serres (Le colonel). Sur quelques espèces nouvelles ou controversées de la flore de France. (Alpes françaises), 223. | Session extraordinaire à Paris (Fixation de la), 454. — (Membres qui ont assisté à TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. la), 561. — (Séances de la), 562, 591, 612. — (Bureau de la), 562, 591. Sessions extraordinaires. Sur leur but et leur utilité, 563. Sideritis Deserti, de Noé, 582. Silene atlantica, C. DR., 307. Silybum eburneum, ©. DR., 366. Simaba Cedron, Planch., 314. Sinapis alba, L., 167. Smilax Sarsaparilla, L. Sur les Salsepa- reilles, 745. SOCIÉTÉ BOTANIQUE be France. Composition du Bureau et du Conseil pour 1855, 2, 3. — Commissions pour 1855, 2. Solanum Commersoni, Poir., 164. — tu- berosum, L. (Forme anormale des tuber-- cules du), 90. Somboul (Racive dite de), 313. Sorghum saccharatum, Pers. Sa richesse saccharine, 134. SouBEIRAN (Léon). Lettre relative à quel- ques champignons recueillis à Bagnères- de-Luchon, 758. — Obs., 314, 568, 591. Sparganium affine, Schnizl., 34, 36. Sphæria croissant sur certaines chenilles, 614. Spirales (Formations) dans les cellules des feuilles des Orchidées, 153. Stachys brachyclada, de Noé, 583. — Du- riæi, de Noé, 583. — Mialhesii, de Noé, 584.— superpalustri-sylvalica, Bavoux, 480. — sylvatica, L. monstrueux, 169, 170. Stilophora, J. Ag. St. Lyngbyei, 646. Stipulium (Du) chez diverses familles, 4. Strauss (Le baron F.-C.-J. de). Sa mort, 559. Striaria, Grev., 442, 644. Structure des feuilles des Orchidées, 445. — des poils des Oléacées ct des Jasmi- nées, 769. — de l'ovaire des Labiées, 258.—de l'ovule chez le Nerium Olean- der et chez l Eschscholtzia, 586. — de l'ovule végétal avant la fécondation, 361-363, 380, 429-437.— des racines, 102. — du rhizome de l'Hermodactylus tuberosus, 182.— des tiges, 96.— des tiges des Monocotylédones, 459. — des tiges des Dicotylédones, 90.— florale (Rapports de la) de quelques familles, 86. Submergées (Effet de la lumière sur les plantes), 255. Symétriques (Deux types) distincts chez les fleurs diptostémoncs, 615. 829 T Tacsonia (Nouvelle espèce du genre), 452. Tanacetum cinereum, DC., 253. Taurus (Lettre sur la végétation du), 654. — (Analyse d'un minerai provenant du), 690. Taxus Lindleyana, Murr., 204. Tératologie. Voyez Monstruosités. Tetragonia expansa, Ait. Sa prétendue prolification, 672. Teucrium albidum, Munb., 286. — Alope- curos, de Noé, 585. — mauritanicum, de Noé, 585. Textiles (Sur diverses plantes) figurant à l'Exposition, 567.—(Nouvelles plantes), 209. — (Fibres) de l’Al{hæa rosea et du Triticum repens, 418. Thé (Feuilles de Houx, employées eu place de), 66. Thibaudia Quereme, H. B. K., 453. Thlaspi vulcanorum, Lamt., 201. Thuja articulata Loupe du), 592. Thurmann jJules'. Sa mort, 496. Thymus Guyonii, de Noé, 580. Tiges Structure des), 96. — des Monocoty- lédones, 159, — des Dicotylédones, 90. TimBaz-Lacrave. Note sur le Scleranthus polycarpos. 291. Toucuy. Découverte de l'Acorus Calamus près de Montpellier, 623. Trapa natans. Matière verte dans l'épi- derme de ses feuilles, 674. TrécuL (A.). Sur la structure des racines et en particulier sur une radicelle mons- trueuse de la Betterave, 102. — — For- mations spirales dans les cellules des feuilles de certaines Orchidées, 153. — Sur les poils glanduleux des feuilles du Drosera rotundifolia, 355, 392, 465. — Observations sur la structure des feuilles des Orchidées et sur une glande cryptoïde que présentent plusieurs d'en- tre elles, 445. — Sur les nids de l'Hi- rondelle dite Salangane ou Alcyon, 613, 679. — Sur la résine rouge d’Aus- tralie, 614. — Obs. 14, 49, 78, 89, 93, 99,100, 102, 172, 314, 362, 391, 396, 435, 465, 578, 676, 781. Trésorier de la Société. Voyez Caillette de l'Hervilliers et Delessert. Tricuodesmium Montagnii, Ch. Coquerel, 419. Trifolium repens, L. ses axes primaires et secondaires, 347. Triticum hordeareum, C. DR., 312 — re- pens, L. (Fibres textiles du), 418. Truffes, Voyez Tuber. 830 Tuber cibarium, Pers. Culture des Truffes, 771-781. Tubercules (Forme anormale des} du So- lanum tuberosum, 90. — de Dioscorea spicula!'a de dimensions extraordinaires, 339. — comestibles de Chine, 741, 766. Tulipa (Germination des), 159. Tunis {Lettres sur la végétation de Ja ré- gence de), 21. — (Sur quelques Labiées de la régence de), 579. Types (Deux) symétriques distincts chez les ` fleurs diplostémones (diplostémone di- rect et obdiplostémone), 615. U Ulmus expansa, Rota, 482. Upsal (Jardin botanique d’}, 210 sages du Croton tinctorium, 18. Utilité de l Asclepias gigantea, 279. Utricu'aria neglecta, Hayne, découvert à Bellevue près Paris, 622 y Vallisneria spiralis, L., 230, 289, 293, 299, 377. Végétation de la forèt de Fontainebleau, '592. — de la forêt et des environs de Villers-Cotterets, 226 — des environs de Plombières-les-Bains et du Huhneck, 29. — des environs des Eaux-Bonnes, 455. — des environs de Djrlfa et du Sa- hara algérien, 240. 242, 245, 537, 785, — de la Crimée, 338, 803. — de Pile de Djarilgatseh, 738. — des environs de Mersina, 490.— du Taurus, 654. — de la réience de Tunis, 21. — des îles Ca- naries, 427. Végétation (Mode de) des Betonica, 586. — extraordinaire d'un jeune Chêne, 343. — des Épilobes, 726. — de Pler- modactylus tuberosus, 782. — du Vallis- ` neria spiralis, 299, 379. Venins (Plantes préconisées contre les), | 314. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Verte (Matière) dans l’épiderme des feuilles de quelques plantes aquatiques, 674. VIAUD-GRANDMARAIS {A.), Sur le Lemma arrhiza, 665. Vicia amphicarpa, Dorth. Ses fleurs et ses fruits hypogés, 503. — serralifolia, Jacq., 167. Victoria, Lindl., 165. — regia, Lindl, Sa double floraison, 212. Vienne Jardins botaniques de), 420. Vignette d'un manuscrit de la Bibliothèque impériale, 315. Villers-Cotterets (Sur la végétation de la forêt et des environs de), 226. — Equi- setum sylvaticum découvert dans la forêt de), 226. Viscum album, L., trouvé surun Bouleau, sur un Erableet sur uu Chêne, 345. Visite de la Societé a l'Exposition univer- selle, 561, 591. 592, 613, 614. Vrilles des Cucurbitacées, 512. W WeppeLL iH. A.). Présente des échantillons de caoutchouc, 26. — Coup d'œil sur la flore de Plombieres, 29. — Sur la for- matiun des oasis dans l'Amérique du Sud, 50. — Sur quélques écorces offi- cinales, 149. — Sur la structure de l’o- vule végétal avant la fécondation, 429. — Sur l'origine botanique du quinquina rouge officinal, 437. — Sur quelques quiuquinas envoyés par M. Delondre, 510.— Sur le Parietaria judaica, L., s, 778. Obs. 152, 153.165, 167, 176, 314, 350, 394, 666, 678, 780, 781. Z ` Ziban (Sur les cultures des Oasis des), 36, 599. | Zollikoferia angustifolia, C. DR., 254. | Zygophyllum cornutum, Coss., 364. TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES PUBLICATIONS ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ACADEMIÆ C. L. C. naturæ curiosorum — Sur les Chytridium, parasites sur des novorum actorum lomus XXV . Mémoires Algues et des infuso'res, 801. relatifs à la Botanique, 719. Bronprau (L. de). Description de deux Cryp- ACADÉMIE royale des sciences de Stockholm togames nouvelles découvertes sur la (Résumé des mémoires de P). Travaux | Vigne malade, 331. relatifs à la Botanique, 720. | Bree cer (Chr ). Nouvelle Orobanche de la ANONYME. Flora Bremensis, 550. flore d'Allemagne, 328. ARCHER (Th.-C.). Sur deux matières textiles | BüxBuuy. Sur la végétation de l'île de Té- du Brésil, avec une note de sir W. Hoo- nériffe, 273. ker, 132. Archives botaniques néerlandaises. Relevé} Carrière (E.-A.! Traité général des Coni- des mémoires, 423, 815. fères, 407. Carter. Sur la conjugation des Cocconeis, BaiLLon 'H.-E.). De la famille des Auran- Cymbella et Amphora, et sur Amphi- tiacées, 555. bora alata (?), T92. Bazrour. Sur des échantillons de Mega-!Caspary (R.). Sur le développement des carpæa polyandra, 484. | feuilles du Victoria regia, 196. — Sur Bary (A. de). Sur les genres d'Algues Œdo-! les fentes produites par la gelée. 544. gonium et Bolbochæte, 128. - Sur le développement de chaleur | Bavoux (V.). Natice sur quelques plantes | dans les fleurs du Victorit regia, du département du Doubs, 480. 399. Bezuomwe. De la germination, 478. | Cmoisy (J.-D.). Mémoire sur les Ternstræ- Bezcvnck (A.). Flore de Namur, 518. miactes et les Camelliacées, 705. Bercer (E.). Détermination des plantes | CLARKE (B.).Sur l'embryon des Nelumbium, des jardins par voie systématique, 410. 190. Bixnenouxk (S.). Voyez Teijsmann. Ceray (J.). Sur la placentation dans les ` BLeckrope. Sur les cires végétales et sur plantes, :60. le Getah-Lahoe, 637. CLoez (S.). Origine de l'azote des plantes, Bonplandia, journal. Articles originaux, 698. 213. Conn (F.). Sur la reproduction du Sphæro- Botanische Zeitung (journal). Articles ori-! plea annulina, 402. ginaux, 70, 279, 424, 560, 640, 816. | Coupes (J.-L.). Fumel ct ses environs BoussixGauzT. De l'action du salpêtre sur (Haut Agenais). Recherches géologiques la végétation, 626. et botaniques, 59. | Braun (Al. Sur le nouveau genre Pleu-| Coquerez (Ch. Note sur une coloration rocladia, 632. — Algarum unicellula- de la mer de \ladagascar, due à une rium generanoua et minus cognita, 109. Algue microscopique, 419. 832 Darwix (Ch.). Influence de l'eau de mer sur | la germination, 260. — Stipules necta- rifères, 400. Davy. Sur le jus du Chaimitier ou Cainito, 638. DEaxix (R.). Flore du Colisée de Rome, 702. Deas (J.). Sur la valeur des différentes sortes de nourrilure végétale préparée, 714. Decaisne. Voyez Le Maout. De Canpouce (A.-P.). Icones plantarum Galliæ rariorum nempe incertarum aut nondum delineatarum, 122. De Canpozze (Alph.). 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Page 11, dernière ligne : au lieu de membraneux, lisez membraneuse. 42, ligne 1 : au lieu de terminé, lisez terminée. 160, avant-dernière ligne : au lieu de macrocarpa, lisez macrocalyx. 493, ligne 32 : au lieu de entre le mail d'Henri IV et les rochers de Bouli- i gny, lisez près du mail d'Henri IV. 301, — 14 : au lieu de soulever, lisez lever. 314, — 26 : au lieu de var. obtusifolium, lisez var. acutifolium. 315, — 15 : au lieu de verosimiliter, lisez verisimiliter. 349, — 6: au lieu de 24 novembre, lisez 8 décembre. TOME DEUXIÈME. Page 244, ligne 27 : au lieu de Erythrotictus, lisez Erythrostictus. hhh, — 25: au lieu de Halydris, lisez Halyseris. W54, — 21: au lieu de juin 1854, lisez juin 1855. 500, -— 36 : au lieu de ont à l’aisselle, Lisez sont à l’aisselle. Paris — imprimerie de L. MARTINET, ine Mignon, 2