SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE Paris, — ‘imprimerie de L. MARTINET, ruc Mignon, 2. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 TOME TROISIÈME PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DU VIEUX-COLOMBIER, 24 1856 LISTE DES MEMBRES DF LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE (AVRIL 1856). ACARD (A.), pharmacien, à Rugles (Eure). AMBLARD (Louis), rue de l'Ouest, 36, à Paris. AUSSURE, (ALPHONSE D’), étudiant en médecine, rue St-Jacques, 174, à Paris. AVICE DE LA VILLEJAN, médecin aide-major. (Correspondant à Paris: M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.) BAILLON (H.), docteur en médecine, rue Taranne, 7, à Paris. BALANSA (B.), rue Suger, 1, à Paris. BALL (Jonn), membre du parlement britannique, Stephen-Greens, à Dublin (Irlande). BARAT, professeur au lycée impérial d'Alger. BARRAU (ADOLPHE DE), docteur en médecine, à Carcenac, prés Rodez (Aveyron), BAUDRIMONT, pharmacien en chef de l’hespice Sainte-Eugénie , rue Saint- Victor, 22, à Paris. BAUDRY (FRÉDÉRIC), ancien bibliothécaire de l'institut agronomique, rue de la Paroisse, 12, à Versailles. BEAUTEMPS-BEAUPRÉ (CHARLES), substitut du procureur impérial, à Troyes ube). BILLOT (CONSTANT), professeur au collége de Haguenau (Bas-Rhin). BINET (ALFRED), interne en médecine, à l'hópital la Riboisière, à Paris. LANCHE (IsipORE), vice-consul de France à Tripoli (Syrie). — (Correspondant à Paris : M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72). BOISDUVAL , docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 22, à Paris. BOISSIER (Epmonp), à Genève (Suisse). BONHOMME (JuLEs), naturaliste, à Milhau (Aveyron). BORDERE, instituteur primaire, à Gèdres, prés Luz (Hautes-Pyrénées). BORNET (ÉDOUARD), docteur en médecine, rue de la Galandre, 27, à Paris. BOUCHARDAT, professeur à la Faculté de médecine, rue du Cloitre Notre- Dame, 8, à Paris. BOUDIER, pharmacien, à Montmorency (Seine-et-Oise}. BOUIS (DE), docteur en médecine, rue Saint-Loui$, 44, au Marais, à Paris. BOULOUMIÉ (Louis), rue du Vieux-Raisin, 26, à Toulouse. BOURGEAU (ÉMILE), naturaliste voyageur, rue St-Claude, 44,au Marais,à Paris BOURGUIGNAT, préparateur à la chaire de paréontologie du Muséum, rue Saint- Guillaume, 2, à Paris. BOUTEILLE, à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise). BOUTEILLER (Ep.), professeur, à Provins (Seine-et-Marne). BOUTIGNY, garde général des forêts, à Lourdes (Hautes-Pyrénées). BRICE (GEORGES), chef de bureau au ministère de la maison de l'Empereur, rue des Écuries-d’Artois, 13, à Paris. BRONDEAU (Louis DE), à Reignac, commune de Moirax, près Agen (Lot-et- Garonne). a ij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BRONGNIART (ApoLPHE), membre de l'Académie des sciences, etc., au Jardin des Plantes, à Paris. BROU (l'abbé), curé à Oulins, par Anet (Eure-et-Loir). BROWN (ROBERT), président de la Société Linnéenne de Londres, associé étranger de l'Institut de France, Deanstreet, 18, à Londres. BRUTELETTE (B. DE), à Abbeville (Somme). BUREAU (ÉDOUARD), rue de la Sorbonne, hôtel Rollin, à Paris. CADET DE CHAMBINE (EnmonD), rue du Faubourg -Poissouniére, 31, à Paris. CALLAY (A.), pharmacien, au Chéne (Ardennes). CALMEIL (le docteur), médecin en chef de la maison impériale de Charenton, près Paris. CARON (HENRI), à Bulles (Oise). CARUEL (T.), au musée d'histoire naturelle de Florence (Toscane). CAVENTOU (EUGÈNE), pharmacien, rue Gaillon, 20, à Paris. CHAROY (ALCIDE), agent-voyer de la ville d'Aumale (Algérie). CHASTANET (A.), à Mussidan (Dordogne). CHATIN (A.), professeur à l'École de pharmacie, rue du faubourg Saint- Honoré, 208, à Paris. CHAVIN (l'abbé), curé à Compesières, près Genève (Suisse). CHEVALLIER, chef d'institution, rue Villeneuve, 12, à La Rochelle. CHOISY (le professeur), à Genève (Suisse). CLARINVAL, colonel d'artillerie, à Metz. CLOS (D.), professeur à la Faculté des sciences, au jardin botanique, à Toulouse. Membre à vie. COMAR (FERDINAND), interne des hôpitaux, rue de Poissy, 1, à Paris. CONTES (le baron GUSTAVE DE), maison Laurencin, à Nice (États savdes). COSSON (ERNEST), docteur en médecine, rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. COUDRAY (Louis), avoué, à Châteaudun (Eure-et-Loir). COURTAUT (HENRI), sous-chef à l'administration des Domaines, rue de l'Ouest, ` 35, à Paris. CRETAINE (ALEXIS), interne en pharmacie, quai de Béthune, 26, à Paris. CROUAN (HIPPOLYTE), pharmacien, rue de la Fraternité, 6, à Brest. CUIGNEAU (TH.), docteur en médecine, Allées-Damour, 16, à Bordeaux. DAENEN (l'abbé), aumónier de la chapelle Saint-Louis, à Dreux (Eure-et-Loir). DARRACQ (ULYssE), pharmacien, à Saint-Esprit (Landes). DARRIEUX Vi nE), docteur en médecine, à Saint-Jean-Pied-de-Port (Basses- yrénées). DEBEAUX (Opon), pharmacien aide-major, à l'hôpital militaire de Boghar par Médéah (Algérie). P P à DN DECAISNE (J.), membre de l'Académie des sciences, etc., au Jardin des Plantes, aris, DE CANDOLLE (ALPHONSE), à Genève (Suisse). DECES (ARTHUR), interne en médecine, rue Taranne, 9, à Paris. DELASTRE, rue de l'Hospice, 23, à Poitiers. DELAUNAY, manufacturier, à Tours. DELESSERT (FRANÇOIS), membre de l'Académie des sciences, etc., rue Mont- marire, 472, à Paris. ) DELLA SUDDA FILS (GEORGES), pharmacien, à Constantinople. (Correspondant à Paris: M. L. Soubeiran, quai de la Tournelle, 47.) LISTE DES MEMBRES. ij DELONDRE (AUGUSTE), à Graville-Havre (Seine-Inférieure). DELONDRE (AUGUSTIN), rue des Juifs, 20, à Paris. DEMOGET (E.), éléve en pharmacie, rue des Juifs, 12, à Dar-le-Duc (Meuse). DERBES, professeur à la Faculté des sciences, rue des Minimes, 10, à Marseille. DEROUET, membre du conseil général d'Indre-et-Loire, rue des Fossés-Saint- Georges, 4, à Tours, et rue Chabannais, 1, à Paris. DESMAZIÈRES, naturaliste, à Lambersart , près Lille. DES MOULINS (Cx.), membre de plusieurs académies, rue ethôtel de Gourgues, à Bordeaux. DEZANNEAU (ALFRED), étudiant en médecine, rue Férou, 11, à Paris. DORVAULT, directeur de la pharmaeie centrale des pharmaciens, rue des Marais-Saint-Germain, 23, à Paris. DOUMET (E.), député au corps législatif, maire de Cette (Hérault). DOURS, docteur en médecine, à Péronne (Somme). DOVERGNE, pharmacien, à Hesdin (Pas-de-Calais). DUBOC (ÉDOUARD), rue des Gobelins, 28, Ingouville, au Havre (Seine-Inférieure). DUBY (le pasteur), à Genève (Suisse). DUCHARTRE (P.), docteur ès sciences, rue de Sèvres, 14, à Paris. DUCLAUX, vice-président du tribunal civil, à Laval (Mayenne). DU COLOMBIER (MAURICE), directeur du télégraphe, à Metz. DUCOUDRAY-BOURGAULT (L.-H.), rue Cambronne, 2, à Nantes. DUFOUR (LÉON), docteur en médecine, correspondant de l'Institut, à Saint- Sever-sur-Adour (Landes). ` DUHAMEL, employé au ministère de la Guerre, rue Saint-Honoré, 301, à Paris. DUMOLIN (J.-B.), à Saint-Maurin, par Puymirol (Lot-et-Garonne). DUNAL (FÉLIX), professeur à la Faculté des sciences de Montpellier. DUPUY (l'abbé), professeur d'histoire naturelle au petit séminaire d'Auch (Gers). DUQUENELLE (ÉDOUARD), étudiant en pharmacie, rue d'Enfer, 21, à Paris. DURIEU DE MAISONNEUVE, directeur du nouveau Jardin des Plantes, allée des Noyers, 28, à Bordeaux. DUSACQ, libraire-éditeur, rue Jacob, 26, à Paris. DUVAL-JOUVE, inspecteur d'Académie, rue des Veaux, 3, à Strasbourg. EBRAN (ARTHUR), pharmacien,rue des Pénitents, 2, au Havre (Seine-Inférieure). ELOY DE VICQ (LÉON), place de la Placette, à Abbeville (Somme). FABRE (J.-H.), professeur d'histoire naturelle au lycée d'Avignon. FAIVRE, docteur en médecine, professeur au collége Stanislas, rue Bonaparte, 72, à Paris. FAUCHIER (P.), pharmacien, à Nérondes (Cher). FÉE, professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Strasbourg. FERAUD (HIPPOLYTE), percepteur des contributions directes, à Carpentras (Vaucluse). FERMOND (CHARLES), pharmacien en chef de la Salpêtrière, à Paris. FERRER (LÉON), étudiant en pharmacie, rue de l'Ecole-de- médecine, 4, à Paris. FOURNIER (EUGÈNE), étudiant en médecine, rue Bonaparte, 20, à Paris. FOVILLE (ACHILLE DE), interne des hópitaux, à la Pitié, à Paris. FRANQUEVILLE (ALBERT DE), rue Palatine, 5, à Paris, et au château de Bisanos, par Pau (Basses-Pyrénées). FROGÉ (GEORGES), pharmacien, rue Saint-Honoré, 388, à Paris, Iv SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GAILLARDOT (C.), médecin de l'hôpital de Saïda (Syrie). — (Correspondant à Paris : M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.) GALLICHER (PAUL), quai de la Mégisserie, 26, à Paris. GARNIER (ALMIRE), interne en médecine, à l'hópital des Enfants malades, à Paris. GARREAU (Louis), interne en médecine, à l'hôpital de la Charité, à Paris. GAY (CLAUDE), boulevard Bonne-Nouvelle, 25, à Paris. Membre à vie. GAY (JACQUES), rue de Vaugirard, 36, à Paris. GENTILHOMME (E.), pharmacieu, à Plombières-les-Bains (Vosges). GERMAIN DE SAINT-PIERRE, docteur en médecine, rue Pavée-Saint-André, 3, à Paris, et au château du Bessay, canton de Dornes (Nièvre). GIDE (Casimir), libraire-éditeur, rue Bonaparte, 5, à Paris. GIRAUDY, boulevard Chave, 90, à Marseille. GODRON, doyen de la Faculté des sciences, rue de la Monnaie, 4, à Nancy. 60GOT, docteur en médecine, rue des 'Frois-Pavillons, 4, à Paris. GOMBAULT (URBAIN), interne en médecine, rue de Constantine, 34, à Paris. GONOD (EuGÈNE), élève en pharmacie, rue de Sorbonne, 20, hôtel Rollin, à Paris. GONTIER, docteur en médecine, rue Saint-Honoré, 364, à Paris. GRAVES (Louis), directeur général des forêts, rue de Verneuil, 51, à Paris. GRENIER(CH.), professeur à la Faculté des sciences, rue de la Préfecture, 14, à Besancon. GROENLAND (Jean), rue Saint-Germain-l'Auxerrois, 65, à Paris. GUBLER, agrégé à la Faculté de médecine, rue de Seine, 12, à Paris. GUÉNIOT (ALEXANDRE), étudiant en médecine, rue Férou, 11, à Paris. GUEPIN, docteur en médecine, rue des Lices, 11, à Angers (Maine-et-Loire). GUEYDON DE DIVES, à Manzac, par Saint-Astier (Dordogne). GUIART, pharmacien en chef de l'hópital de la Pitié, à Paris. GUIDI (Louis), à Pesaro (États de l'Église). GUILLON (ANATOLE), sous-inspecteur des contributions indirectes, à Villeneuve- d'Agen (Lot-et-Garonne). GUYOT-RESSIGEAC (CHARLES), capitaine d'artillerie, à Grenoble. HÉNON, interprète militaire, à Batna, province de Constantine, (Algérie). HENNECART, ancien député, rne Neuve-des-Mathurins, 41, à Paris. HENSLOW, professeur à l'Université de Cambridge (Angleterre). BERETIEU , inspecteur des contributions directes, à Montauban (Tarn-et- aronne). HÉRICART-FERRAND (le vicomte), rue Sainte-Catherine-d'Enfer, 1, à Paris. HÉRINCO, attaché au Muséum d'histoire naturelle, rue Guy de la Brosse, 14, à Paris. HERLING (A.), vue des Petites-Ecuries, 53, à Paris. HOOKER (sir William), au jardin botanique de;Kew, près Londres. HOWARD (JOHN ELLIOT), à Tottenham, près Londres. HUBERT, pharmacien, à .... (correspondant à Paris: M. Puel, boulevard Deau- marchais, 72). HUGUENIN (AUGUSTE), à Chambéry (Savoie). IRAT (ALBERT), substitut du procureur impérial, à Cahors (Lot). JACQUEL (l'abbé), curé à Liezey, canton de Gérardmer (Vosges). JAMAIN (A.), docteur en médecine, rue Mazarine, 20, à Paris. JAMIN (PIERRE), directeur du jardin d’acclimatation de Beni-Mora (Algérie). LISTE DES MEMBRES. v JAUBERT (le comte), ancien ministre, rue Saint-Dominique, 67, à Paris, et au domaine de Givry, par La Guerche-sur-Aubois (Cher). JOLIEN, docteur en médecine, rue Dupuytren , 10, à Paris. JORDAN (ALEXIS), rue Basseville, 10, à Lyon. JOUFFROY-GONSANS (M. DE), rue de la Préfecture, 20, à Besancon, et rue de l'Ancienne-Comédie, 21, à Paris. JOUVIN, professeur à l'Ecole de médecine navale, rue Saint-Louis, 88, à Roche- fort-sur-mer (Charente-Inférieure). JULLIEN-CROSNIER, conservateur du Jardin des Plantes, rue d'Illiers, 54 bis, à Orléans. KIRSCHLEGER, professeur à l'Ecole supérieure de pharmacie de Strasbourg. KRÉMER, docteur en médecine, pharmacien en chef, à Sidi-Bel-Abbès, pro- vince d'Oran (Algérie). KRESZ, docteur en médecine, rue des Bourdonnais, 44, à Paris, LABOURET (J.), hôtel de l'ancienne sous-préfecture, à Ruffec (Charente). LACROIX (l'abbé DE), à Saint-Romain-sur-Vienne, par les Ormes (Vienne). LACROIX, pharmacien, à Mâcon (Saône-et-Loire). LAGRANGE, docteur en médecine, rue Garancière, 6, à Paris. LAGRÈZE-FOSSAT (ADRIEN), avocat, à Moissac (Tarn-et-Garonne). LAISNÉ (A.-M.), ancien principal du collége, à Avranches (Manche). LAMBERTYE (le comte LÉONCE DE), à Chaltrait, par Montmort (Marne). LAMIABLE (G.), docteur en médecine, à Château-Porcien (Ardennes). LAMOTTE (M.), pharmacien, à Riom (Puy-de-Dóme). LA PERRAUDIERE (HENRI DE), rue du Cornet, 24, à Angers. LAPORTE (EDMonp), boulevard de l'Étoile, 38, aux Thernes, près Paris. LARAMBERGUE (HENRI DE), à Castres (Tarn). LAREVELLIÈRE-LÉPEAUX, au Gué du Berger, à Thouarcé (Deux-Sèvres). LASÈGUE (A.), conservateur des collections botaniques de M. Francois Delessert, rue Montmartre, 172, à Paris. LAVAU (GASTON DE), rue du Bac, 97, à Paris. LAVERNELLE (Oscar DE), hôtel de la préfecture, à Besancon. LEBAIL, docteur en médecine, à Evron (Mayenne). LEBEL (E.), docteur en médecine, à Valognes (Manche). LEBEUF (FERDINAND), pharmacien, à Bayonne (Basses-Pyrénées). LECLERE (Louis), chez M. Léon Denouette, à Moniivilliers, prés le Havre (Seine Inférieure). LECOQ (HENRI), professeur d'histoire naturelle, à Clermont-Ferrand (Puy-de- Dóme). Membre à vie. LE DIEN (ÉMILE), propriétaire, à Asnières (Seine). LE FORT (LÉON), interne en médecine, rue des Fossés-Saint-Bernard, 22, à Paris. LEGRAND (de l'Oise), ancien député, rue Richepanse, 7, à Paris. LEGUAY (LÉON), inspecteur des jardins impériaux, rue du Cherche-Midi, 17, à Paris. LE MAOUT, docteur en médecine, quai de la Tournelle, 33, à Paris. LENORMANT (FRANÇOIS), rue Neuve-des-Petits-Champs, 14, à Paris. LE PRÉVOST (AucusTE), membre de l'Institut, à Bernay (Eure). LEROUX DE BRETAGNE, avocat, rue des Saints-Pères, 61, à Paris. LEROY (ANDRÉ), pépiniériste, à Angers. LESPIAULT (M.), peintre d'histoire naturelle, à Nérac (Lot-et-Garonne). vi SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LESPINASSE (GusTAvE), agent de change, rue du Waux-Hall, 1, à Bordeaux. LESTIBOUDOIS, conseiller d'État, rue de la Victoire, 92, à Paris. LETOURNEUX (ARISTIDE), procureur impérial, à Bône (Algérie). LHÉRITIER, docteur en médecine, rue de la Victoire, 8, à Paris. LOMBARD (F.), place d'Armes, 4, à Dijon. LORIÈRE (IRÉNÉE DE), rue Chanoinesse, 12, à Paris. LORT-MIALHE (DE), à Narbonne (Aude). Membre à vie. LOYSEL (FRANCOIS-CHARLES), rue Mazarine, 3, à Paris. MACKENNA (BENJAMIN VICUNNA), au Chili. — (Correspondant à Paris : M. Charles Valder, passage de la Madeleine, 4.) MAILLARD (AUGUSTE), rue Saint-Sulpice, 1, à Paris. MAILLE (ALPHONSE), rue Madame, 1, à Paris. MANESCAU, ancien représentant, à Pau (Basses-Pyrénées). MARCILLY (DE), garde général des forêts, à Compiègne (Oise). MARES (P.), docteur en médecine, rue Blanche, 10, à Paris. MARJOLIN, docteur en médecine, rue Neuve-Saint-Augustin, 69, à Paris. MARSY (DE), procureur impérial, à Clermont (Oise). MARTIN (ÉMILE), juge, à Romorantin (Loir-et-Cher). MARTINS (CHARLES), professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. MARTRIN-DONOS (le comte VICTOR DE), Grande-Rue, à Montauban (Tarn-et- Garonne). MASSON (VicTOR), libraire-éditeur, place de l'École-de-Médecine, à Paris. MASSOT (AIMÉ), docteur en médecine, rue Saint-Jean, 9, à Perpignan. MATHIEU (AUGUSTE), inspecteur des forêts, professeur à l'école impériale fo- restière, rue Stanislas, 46, à Nancy. MATIGNON (E.), à Fontainebleau (Seine-et-Marne). MAUGERET, directeur du télégraphe, à Bordeaux. MÉLICOCQ (le baron pe LAFONS DE), rue Royale, 84 bis, à Lille. MENIÈRE (le docteur), médecin de l'établissement des sourds-muets, rue Saint- Jacques, 256, à Paris. MICHALET (EUGÈNE), avocat, à Dóle (Jura). MIERGUES (AUGUSTE), docteur en médecine, à Anduze (Gard). MILLET (C.), inspecteur des foréts, rue du Marché-Saint-Honoré, 6, à Paris. MINGAUD, pharmacien, à Saint-Jean-du-Gard (Gard). MONARD (P.), ancien médecin en chef des armées, conservateur du jardin bo- tanique, rue de l'Évêché, 25, à Metz. | MONTAGNE (CAMILLE), membre de l’Académie des sciences, etc, , rue des Beaux- Arts, 12, à Paris. MOQUIN TANDON, membre de l'Académie des sciences, etc., rue de l'Est, 2, aris. MOUGEOT PÈRE, docteur en médecine, à Bruyères (Vosges). MOURA BOUROUILLOU (B.), docteur en médecine, rue de la Fontaine-Moliere, , à Paris. MUNBY (G.), à Oran (Algérie). MUSSAT (ÉMILE), élève en pharmacie, à la Salpêtrière, à Paris, NOÉ (le vicomte DE), rue du Bac, 102, à Paris, NOULET, professeur à l'École de médecine, rue du Lycée, 8, à Toulouse. PARISOT (Louis), à Belfort (Haut-Rhin). LISTE DES MEMBRES. vij PARLATORE (PHILIPPE), professeur de botanique au Musée grand-ducal d'his- toire naturelle de Florence (Toscane). PARSEVAL-GRANDMAISON (JULES DE), avocat, aux Perrières, près Mâcon (Saône-et-Loire). PASSY (ANTOINE), ancien député, rue Pigale, 6, à Paris. PAYER, membre de l’Académie des sciences, etc., rue Saint-Hyacinthe-Saint- Michel, 6, à Paris. PENCHINAT (CHARLES), docteur en médecine, à Port-Vendres (Pyrénées-Orien- tales). ` PERRIO (FRANCISQUE), à Napoléonville (Morbihan). PERROTTET, à Pondichéry. — (A Paris, rue Montmartre, 172). PERSONNAT (CAMILLE), rue d'Étigny, 20, à Auch (Gers). PERSONNAT (VICTOR), employé des contributions indirectes , à Saint-Céré (Lot). PETIT (GUILLAUME), membre du conseil général de l'Eure, à Louviers (Eure). PETIT (V.), docteur en médecine, à Hermonville, prés Reims (Marne). PEUJADE (ULYSSE), docteur en médecine, à Najac (Aveyron). PLANCHON (J.-E.), professeur suppléant à la Faculté des sciences de Montpellier. POMMARET (E. DE), à Agen (Lot-et-Garonne). POUCHET (EUGENE), à Saint-Michel-de-la-Haie, par Bourgachard (Eure). PRILLIEUX (Épouarp), rue de la Ville-l’Évêque, 58, à Paris. PUEL (Louis), pharmacien, à Figeac (Lot). PUEL (TIMOTHÉE), docteur en médecine, boulevard Beaumarchais, 72, à Paris. QUESTIER (l'abbé), curé, à Thury en Valois, par Betz (Oise). RABOTIN, pharmacien, à Fontainebleau (Seine-et-Marne). RAMBUR (P.), docteur en médecine, rue Saint-Nicolas-Simon, 33, à Tours, RAMON DE LA SAGRA, correspondant de l'Institut, passage Saulnier, 22, à Paris. RAMOND (A.), directeur des douanes, au Havre (Seine-Inférieure), RASCON (MARTIN-JOsE), à Mexico. — (Correspondant à Paris : M. O'Brien, rue Mogador, 4). RATIER (l'abbé), professeur au petit séminaire, rue de l'Esquille, 1, à Toulouse. RAULIN (VICTOR), professeur à la Faculté des sciences, rue Croix-de-Seguey, 87 à Bordeaux. RAYNEVAL (le comte ALPHONSE DE), ambassadeur de France, à home. REBOUD, docteur en médecine, chirurgien aide-major, à Djelfa (Algérie). REGNAUT, attaché à l'administration du chemin de fer d'Orléans, rue Saint- Honoré, 398, à Paris. REVEIÉ, agrégé à l'École de pharmacie, à l'hópital des Cliniques, à Paris. REVELIÈRE (EUGÈNE), rue des Payens, à Saumur (Maine-et-Loire). REY FILS, à Saint-Amand-Montrond (Cher). ROBIN, ancien ingénieur divisionnaire des ponts et chaussées, rue de la Victoire, 73, à Paris. ROQUE DE SAINT-PRÉGNAN, , sous-inspecteur des forêts, rue Royale, 8, à Paris. ROSNY (LÉON DE), rue Lacépède, 25, à Paris. ROUMEGUERE (Casimir), secrétaire en chef de la sous-préfecture, rue du Fau- bourg-Saint-Etienne, 29, à Toulouse. ROUSSEL (le docteur), rue des Fossés-Saint-Jacques, 26, à Paris. ROYS (le marquis DE), ancien élève de l'École polytechnique, rue de Verneuil, 53, à Paris. viij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SAINTINE (X.-B.), rue Cadet, 3, à Paris. SAUBINET ainé, membre de l'Académie impériale de Reims (Marne). | SAULCY (DE), membre de Institut, etc. , place Saint-Thomas-d'Aquin, à Paris. SAUZÉ (C.), docteur en médecine, à la Mothe-Saint-Heray (Deux-Sèvres). SAVATIER (ALEXANDRE), de Chéray (Ile d'Oléron), docteur en médecine, à Beauvais-sur-Matha, par Matha (Charente-Inférieure). SAVATIER (Lupovic), de Saint-Georges {Le d'Oléron), chirurgien de la marine, à Mahé (Inde française). ‘SAVI (PIETRO), professeur de botanique, à Pise. SCHIMPER (W.-P.), conservateur du Musée d'histoire naturelle de Strasbourg. SCHOENEFELD (W. DE), rue dela Ferme-des-Mathurins, 30, à Paris, et à Saint- Germain-en-Laye (Seine-et-Oise). SERINGE, professeur à la Faculté des sciences de Lyon. SERRES, colonel d'artillerie en retraite, à la Roche-des-Arnauds, prés Gap (Hautes-Alpes). SERRES (HECTOR), pharmacien, à Dax (Landes). SIMON, ex chancelier du consulat de France à Erzeroum. (Correspondant à Paris : M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.) SOUBEIRAN (J.-LÉON). professeur agrégé à l'Ecole de pharmacie, quai de la Tournelle, 47, à Paris. SPACH (ÉDOUARD), garde de la galerie de botanique du Muséum d'histoire na- turelle, au Jardin des plantes, à Paris. TCHIHATCHEF (P. DE), membre de l'Académie des sciences de Berlin, etc. , rue de la Paix, hótel Mirabeau, à Paris, THIBESARD, fondé de pouvoirs du receveur général, à Laon (Aisne). THOMSON (le docteur), à Kew, pres Londres. THURET (GUSTAVE), rue Napoléon, 18, à Cherbourg (Manche). TILLETTE DE CLERMONT-TONNERRE (le baron), député au Corps légis- latif, à Abbeville (Somme). TIMBAL-LAGRAVE, pharmacien, rue Pargaminière, 84, à Toulouse. TISSEUR (l'abbé), missionnaire, aux Chartreux, à Lyon. TITON, docteur en médecine, à Chálons-sur-Marne (Marne). TOCQUAINE (ADOLPHE), à Remiremont (Vosges). TRACY (DE), ancien ministre, rue d'Anjou-Saint-Honoré, 48, à Paris. TRECUL (A.), rue Cuvier, 20, à Paris. TROUILLARD, banquier, à Saumur (Maine-et-Loire). TULASNE(L.-R.), memb. de l’Ac. des sciences, etc., rue deVaugirard, 73, à Paris. VANDERMARQ, rue de Lille, 76, à Paris. VIAUD GRANDMARAIS (AMBROISE), interne des hôpitaux, rue de l'Abbaye, 8, aris. à Tours. VILMORIN (L.), quai de la Mégisserie, 28, à Paris. WATELET (Ap.), professeur, officier d'Académie, à Seissons (Aisne). WEDDELL (H.-A.), docteur en médecine, aide-naturaliste au Muséum, rue de Poissy, 4, à Paris. WEGMANN (FERNAND DE), rue de Clichy, 45, à Paris. WEISS-SCHLUMBERGER, à Mulhouse (Haut-Rhin). WIGHT (le docteur), à Grazeley-Lodge, près heading (Angleterre). Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2, VILLIERS DU TERRAGE (le vicomte DE), ancien pair de France, rue Racine, 8, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU A JANVIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNF. M. de Schœænefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 décembre 1855, dont la rédaction est adoptee. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Esran (Arthur), pharmacien, rue des Pénitents, 2, au Havre (Seine-Inférieure), présenté par MM. Duboc et Leclère. Leroy (André), pépinicriste, à Angers (Maine-et-Loire), présente par MM. le comte Jaubert et de Schoenefeld. Decès (Arthur), interne en médecine, rue Taranne, 9, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Comar. Ferrer (Léon), étudiant en pharmacie, rue de l'École-de-Méde- cine, 4, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Comar. TRouILLARD, banquier, à Saumur (Maine-et-Loire), présenté par MM. Guépin et L. Soubeiran. Mussar, élève en pharmacie, à la Saloètrière, à Paris, présenté par MM. Chatin et Fermond. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1* Par M. Ad. Brongniart : Collection des Annales des sciences naturelles, partie botanique, sé- ries II, HT et IV, de 1834 à 1853. 2» Par M. Ad. Chatin : Mémoire sur le. Vallisneria spiralis, Paris, 4855. 8° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, janvier 1856, un numéro. T. IH. 1 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Conformément à l'article 28 du réglement, | M. le Président fait connaitre à la Société les noms des membres des diverses commis- sions nommées par le Conseil, pour l'année 1856, dans sa séance du 21 décembre dernier. Ces commissions sont composées de la manière suivante : 4° Commission de Comptabilité, chargée de vérifier la gestion de M. le Trésorier : MM. de Bouis, A. Passy et Weddell. 20 Commission des Archives, chargée de vérifier la gestion de M. l'Archiviste : MM. J. Gay, Germain de Saint-Pierre et de Schæ- nefeld. 3» Commission permanente. du Bulletin : MM. Lasègue, de Schœnefeld et Weddell. M. le Président annonce que, par suite du tirage au sort qui a été fait le 21 decembre dernier, 4° Le secrétaire sortant cette année est M. de Scheenefeld. Quant au vice-secrétaire sortant, il sera désigné par le sort, s'il y a lieu apres l'élection du nouveau secrétaire. 2 Les membres du Conseil qui doivent être remplacés cette année sont : MM. le baron de Brimont, Germain de Saint-Pierre, Graves et le vicomte de Noé. On procède ensuite à l'élection du président pour l'année 1856. M. ANTOINE Passy, ayant obtenu 87 suffrages sur 118, est pro- clamé président de la Société pour l'année 1856. La Société nomme ensuite successivement : Vice-présidents : MM. Moquin-Tandon, de Schænefeld, Chatin et Germain de Saint-Pierre. Secrétaire : M. E. Cosson, en remplacement de M. de Schænefeld Vice-secrétaire : M. L. Soubeiran, en remplacement de M. Cosson, nommé secrétaire. Trésorier : M. François Delessert (à l'unanimité), en remplacement de M. Caillette de l'Hervilliers, démissionnaire. Membres du Conseil : MM. Decaisne, Weddell, le comte Jaubert Montagne, G. Brice et L.-R. Tulasne. Il resulte de ces nominations, que le Bureau et le Conseil d'admi- nistration de la Société se trouvent. composés, pour l'année 1856 de la maniere suivante : SÉANCE DU 4 JjaNViEn. 1856, 3 Président. M. ANTOINE Passy. Vice-présidents. MM. Chatin. MM. Moquin-Tandon. Germain de Saint-Pierre. de Schœnefeld. Secrétaires. Vice-secrétaires. MM. E. Cosson. MM. T. Puel. Duchartre. L. Soubeiran. Trésorier. j Archiviste. M. Fr. Delessert. | M. de Bouis. Membres du Conseil. MM. Bouchardat. © MM. E. Le Maout. Brice. | Montagne. Ad. Brongniart. | le baron Tillette de Cler- Decaisne. | mont-Tonnerre. J. Gay. | L.-R. Tulasne. le comte Jaubert. Weddell. Laségue. i Avant de se séparer, la Société vote des remerctments unanimes à M. Decaisne, pour le dévouement avec lequel il a bien voulu diriger ses travaux pendant l'année qui vient de finir. A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 11 JANVIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. M. Cosson, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du A janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Frocé (Georges), interne des hôpitaux, rue Saint-Honoré, 288, à Paris, présenté par MM. Gonod et Comar. BoispuvaL, docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jac- ques, 22, à Paris, présenté par MM. de Bouis et Duchartre. Lacroix, pharmacien, à Mâcon (Saône-et-Loire), présenté par MM. de Parseval-Grandmaison et Cosson. Dons faits à la Société : 1» De la part de M. Kirschleger, de Strasbourg : Flore d' Alsace, 23° livraison. 2% De la part de M. F.-W. Schultz, de Wissembourg : Archives de Flore, p. 161 à 176. 3* En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, janvier 1856, un numéro. M. Cosson, secrétaire , donne lecture dela communication suivante adressée à la Société : DISCUSSION D'UN PRINCIPE D'ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE CONCERNANT LES BOURGEONS , pr M. D. CLOS. (Toulouse, 5 janvier 1856.) A l'origine de la morphologie végétale, les esprits, entrainés par la belle conception de Goethe, s'efforcerent de rechercher partout des lois géné- rales. Cette marche fut utile, car il fallait à la science des points de repère qui pussent lui servir de jalons pour les investigations ultérieures : mais aujourd'hui , elle repose sur des bases solides, et n'a pas à craindre d'étre €branlée par des exceptions qui viendraient restreindre la généralité de quelques-uns de ses principes. Au nombre de ces derniers, il en est un qui fut alors proclamé, et qui s'est transmis jusqu'ici sans altération. Ou;rez SÉANCE DU 44 JANVIER 1856. 5 les traités des De Candolle, d'Aug. de Saint-Hilaire, d'Ach. Richard, et vous y lirez que toute feuille a au moins un bourgeon à son aisselle (1). Et cependant , dans un des plus beaux monuments de la science , le grand naturaliste suédois avait écrit : Carent gemmis arbores varie? Philadelphus, Frangula T., Alaternus T., Paliurus T., Jatropha, Hibiscus, Justicia, Cassia, Mimosa, Gleditsia, Erythrina, Anagyris, Medicago, Nerium, Vi- burnum, Rhus, Tamarix, Hedera, Erica, Malpighia, Lavatera, Asclepias, Ruta, Geranium, Petiveria, Pereskia Pl., Cupressus, Thuja, Sabina (2). Pourquoi done les botanistes n'ont-ils tenu aucun compte de cette remarque? La raison en est simple: c'est qu'il est arrivé à Linné, iei, comme à propos de ses plantes hybrides, de citer, à l'appui d'une idée vraie, des exemples dont la plupart étaient faux. J'ai pu m'en convaincre par l'examen de quelques espèces de presque tous ces genres. Mais, est-ce à dire que toute feuille ait un bourgeon à son aisselle? Ce dernier organe fait ordinairement défaut chez les Mousses (3), chez les Lycopodes, et M. Brongniart déclare, que « les Fougères paraissent réellement dépourvues de bourgeons axillaires, et n'offrir que des bourgeons adventifs (^). » Du Petit-Thouars conclut de ses recherches sur les Monocotylés, que dans les Dracæna, « on w'apercoit à l'aisselle de leurs feuilles aucune trace de bourgeon, » que chez le Lis blane « les aisselles ne produisent rien, » et méme « qu'ou n'en trouve point de traces sur le plus grand nombre des Liliacées (5). » Les Dicotylées gym- nospermes ne sont pas mieux partagées sous ce rapport. M. Brongniart admet l'unité de bourgeon chez les Cycas (6), et M. Miquel énonce que, dans les Cycadées, /es bourgeons latéraux sont fort rares (7). Déjà Linné avait noté l'absence de bourgeons à l'aisselle des feuilles de plusieurs Coni- (4) « Chaque feuille d'une branche porte à son aisselle, dès sa naissance, le ru- diment d'un bourgeon (De Candolle, Physiol. végét., p. 767). » — « La végétation ordinaire produit à chaque aisselle un bourgeon (Alph. De Candolle, Introd. à l'Ét. Bot., 1, 306). » —« De chaque nœud vital, à l'aisselle de la feuille, naît un bourgeon (Aug. Saint-Hilaire, Morphol., p. 38, voir aussi p. 243). » —« Nous avons dit qu'il existait un et quelquefois plusieurs bourgeons à l'aisselle de toutes les feuilles (A. Richard, Dict. univ. d'hist. nat., II, p. 689). (2) Linnai Philos. botanica, n° 88 de la 3* édit., n° 85 de la 4°. (9) Cependant plusienrs Mousses émettent de l'aisselle de quelques-unes de leurs feuilles des bourgeons ou innovations qui sont destinées à multiplier la plante (Voir le savant article de M. Montagne dans le Dict. univ. d'hist. nat., VILI, p. 396). (4) Voy. Dict. univ. d'hist. nat., t. V, p. 693. (9) Cours de Phytologie, p. 62, 75 et 31. Meyen dit aussi : « Il est reconnu que la présence de bourgeons axillaires est assez rare chez les Monocotylédonées (Planzen Physiol., IU. p. 26). » (6) Voy. Annales des sciences naturelles, 1'* série, t. XVI, p. 400. (/) Ibid., 2* série, t. NIV, p. 303. 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feres, observation confirmée par le témoignage de Du Petit-Thouars (1). Ce dernier a établi que « toutes celles (les plantes annuelles) qui ont des feuilles ont pareillement à l'aisselle de chacune d'elles une pousse ou bourgeon (2). » Mais les faits ne s'accordent pas avec cette proposition, ear il y a absence de bourgeons aux aisselles de la plupart des feuilles des Portulaca Gilliesit Hook, et grandiflora Lindi. , aux aisselles des feuilles inférieures des Euphor- bia Lathyris L., Peplus L., Helioscopia, L. Enfin, on constate le méme phénomène chez d'autres Dicotylées angio- spermes vivaces ou frutescentes. Déjà Du Petit-Thouars l'avait signalé chez « les Joubarbes et autres plantes à rosettes denses (2), » mais il est plus fréquent que ne le croyait ce physiologiste. Ce n'est pas seulement aux Sempervivum herbacés (S. tectorum L., montanum V., globiferum L.), ou frutescents (S. arboreum L., S. Smithit, B. Mag., S. Haworthii Hort., glutinosum Ait.), que manquent les bourgeons axillaires, mais encore aux Crassula arborescens Pers. et perfossa Lam., aux Sedum altissimum Vam., reflexum L., dasyphyllum L., au Cotyledon orbiculata V.., au Peperomia blanda Kth., au Kleinia articulata Haw., repens Haw., Haworthii DC., au Leucadendron tortum R. Br., à l' Iberis semperflorens L., aux Euphorbia sylvatica L., Wulfenii Koch, Pithyusa L., aux Echeveria rosea Lindl., coccinea DC., secunda Bot. Reg., ete. La plupart des feuilles des Erica sco- paria L., et arborea L., des Tamarix, du Suæda fructicosa Forsk., du Me- laleuca pulchella Ait., des Diosma obtusa Rœm., et ericoides L., en sont également dépourvues. Il est des plantes (plusieurs Euphorbes vivaces) où les bourgeons ne se montrent qu'à l'aisselle des feuilles inférieures, soit épi- gées, soit hypogées : il en est d'autres (certains arbustes) où leur apparition n'a lieu que vers le sommet des tiges ou des rameaux. Qui ne sait que les écailles (véritables feuilles) de la plupart des bourgeons sont stériles, de méme qu'un grand nombre de bractées? Je ne doute pas que des observa- tions ultérieures ne permettent d'étendre beaucoup cette liste. Néanmoins, l'opinion que ces faits contrarient date de loin. Dès 1764, C.-F. Wolff n'hésitait pas à déelarer qu'une feuille ne saurait exister qu'à la condition de produire une plante simple et complète, c'est-à-dire un bourgeon, car une feuille résulte de la première évolution d'une plante simple (3). Je ne m'arréterai pas à combattre cette assertion, A une époque plus rapprochée de nous, Du Petit-Thouars a écrit, que « partout où il y a une feuille, il y a nécessairement une pousse (ce mot est pour lui synonyme de bourgeon), et que ces deux parties sont dépendantes l'une de l'autre (à). » Mais quel- (1) Essais sur Iq végétation, p. 143. 2) Ibid., p. 144. (9) Theorie der Generation, p, 194, (4). Essais sur la végétation, p, 144, et Histoire d'un morceau de buis, pv 844 SÉANCE bU 14 jaNvikRn 1856. 7 ques lignes plus bas, harcelé par les faits, et obligé d'avouer quelques excep- tions, il se retranche derriere les bourgeons latents, derrière les points vitauz, « convaincu qu'il n'y a point de feuille sans point vital. » Pour comprendre cette insistance du savant à se débattre avec les résultats de l'observation, il suffit de se rappeler qu'i! avait besoin de ees bourgeons axillaires pour soutenir sa théorie de la végétation et de l'accroissement des plantes. J'accorde qu'il peut se développer des bourgeons sur toutes les parties du végétal, et plus faeilement à l'aisselle des feuilles que partout ailleurs, car là se trouvent réunies toutes les conditions favorables à leur production. Mais la théorie des bourgeons latents n'a pas plus de fondement que celle de la préexistence des germes, que les idées caressées avec tant de prédilection par Turpin sur l'excitation des grains de globuline (1). Je le répète, il est des plantes oü l'aisselle des feuilles n'offre pas la moindre trace de bour- geon, et il y a entre le bourgeon latent et le bourgeon vrai toute la distance de l'être au non-étre (2). Et quant à ces points vitaux invoqués comme une derniere ressource, si l'on donne ce nom aux aissel es des feuilles, il faudra l'aecorder aussi aux aisselles des stipules, car elles produisent parfois des bourgeons (chez les Saules par exemple) aux bases d'insertion des feuilles, qui, chez les Monocotylés et un grand nombre de Dicotylés , émettent des racines adventives. M. Mohl a démontré depuis longtemps que les lenti- celles ne sont pas des bourgeons de racines ; les points vitaux ne sont pas plus des rudiments de bourgeons. Quelques botanistes ont cru parer à toute objection, en attribuant l'ab- sence de bourgeous axillaires à un avortemeut: « Souvent, dit Adrien de Jus- sieu, c'est avec une régularité digne de remarque qu'on voit les bourgeons avorter ainsi dans les Sapins (3). » Gaudichaud éifonce que « les bourgeons axillaires avortent souvent dans les embryons des deux grands ordres de végétaux, les Monocotylédonés et les Dicotylédonés, mais rarement à l'ais- selle de leurs feuilles (4). » Ou je me trompe fort, ou l'avortement d'un organe implique l'idée de son existence antérieure et de sa disparition rapide, soit complète, soit incomplète, avant qu'il ait pris son entier déve- (1) Voy. Mém. du Muséum, t. XVIH, et Annales des scienc, nat., 1"° sér,, t. XXIII, p. 8. (2) Meyen dit à tort que l’on a désigné les bourgeons adventifs sous le nom de bourgeons latents (Pflanzen- Physiologie, t. M1, p. 25). Ce mot de bourgeons latents à été créé par Du Petit-Thouars ; mais l'idée première de ces germes hypothétiques appartient à de Lahire: celui-ci a supposé « qu'il y a une inlinité de petits œufs de la nature de l'arbre, lesquels sont dispersés de tous côtés entre l'écorce et le bois (Mém. de l Acad, des scienc., 1708, p, 233). » (3) Cours élém, d'hist, nat,, 4'* édit,, p. 454, (4) Hech, organogr., ete, p. 8i 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. loppement (1). ll n'en est point ainsi pour le bourgeon axillaire. Là où il n'est pas et oü l'on n'en trouve point de trace, il n'a jamais existe. Parmi les plantes que j'ai citées comme étant dépourvues de bourgeons axillaires, il en est cependant qui sont ramifiées. Or, de deux choses l'une : ou les bourgeons, d’où émanent ces rameaux, ont apparu à l'aisselle de cer- taines feuilles privilégiées, ou ces bourgeons se sont montrés après la chute de celles-ci, et dans ce cas, ils ont une grande analogie avec les bourgeons adventifs. Un des faits les plus curieux de bourgeons presque adventifs m'a été offert par l Echeveria racemosa Cham. et Schleeht. Au commencement du mois de décembre, j'avisai sur la terre du vase où cette plante avait fleuri, des feuilles détachées portant à leur cicatrice d'insertion un, ou plus babi- tuellement deux bourgeons, de la base desquels naissaient de fines racines adventives. On eût pu croire tout d'abord que ces bourgeons avaient été axillaires, et s'étaient détachés de l'axe en méme temps que la feuille. Mais le plus léger examen démontrait, à n'en pas douter, qu'ils n'avaient jamais eu la moindre connexion organique avec la tige, et qu'ils devaient être eonsidérés comme des bourgeons adventifs. Voilà donc encore un exemple de bourgeons non axillaires, mais se montrant toujours à des places fixes, je dirais presque aux aisselles des feuilles. On connait, du reste, plusieurs autres exemples de ces sortes de bourgeons dits adventifs, mais déterminés quant à leur position. M. Moh! a signalé ceux qui naissent au sommet du tubereule (probablement monomérithallien) du Tamus Elephantipes (2). M. Münter, reprenant les observations faites par Cassini de la formation de bourgeons sur les folioles du Cardamine pratensis L., a pu fixer avec pré- cision les points où naissent ces organes (3). Citons, enfin, les recherches de M. Duchartre sur les feuilles ramifères des Tomates cerise et poire, où les bourgeons se sont montrés à l'aisselle des pinnules de la feuille (4). Ces points fixes d'origines de bourgeons pourront être appelés des points vitaux, tout aussi bien que les aisselles stériles des feuilles. Mais je ne crois pas qu'aucun physiologiste consente à les considérer comme les équivalents des bourgeons qui en émanent. Je ne vois pas non plus des preuves suffisantes pour admettre, avec Gau- dichaud, que les bourgeons nés dans les sinus des feuilles des Bryophyllum, (1) Il y a avortement chez les fleurs des Delphinium où des pétales qui s'étaient montrés d'abord à l'état rudimentaire disparaissent, s'il faut en croire M. Barnéoud (voy. Ann. sc. nat., 1846). ll y a avortement dans les fruits monospermes dérivant d'ovaires pluriovulés. (2) Vermischte Schriften, p. 185. (3) Voy. Botanische Zeitung, 3* année (1845), p. 662. (^) Voy. Annales des scienc, nat., 3° série, |. XIX, p. 240. SÉANCE DU 28 JANVIER 1856. 9 au centre des feuilles de quelques Nymphéacées, sur le pétiole des Villar- sia, peuvent être classés parmi les bourgeons axillaires (1). Faut-il rapporter à ces derniers ceux qui, chez plusieurs Cucurbitacées, se développent entre la vrille et la feuilie? La solution de cette question suppose connue la signification de la vrille. Mais on est loin de s'accorder à cet égard. Tout récemment, M. Fabre y voyait un organe axile, la conti- nuation du mérithaile inférieur, opinion partagée par M. Fermond (2) : M. Naudin, la fusion d'un rameau et d'une feuille (3) : tandis qu'à mon avis, la vrille est de nature appendieulaire, un dédoublement eollatéral de la feuille qu'elle représente et dont elle est, en quelque sorte, une ébauche (A). Je m'explique ainsi la présence de bourgeons entre la vrille et la feuille également influeneés par l'une et par l'autre. Dans un travail encore inédit, j'établis que les deux épines qui accom- pagnent les feuilles du Xanthium spinosum sont parfois remplacées par des capitules de fleurs femelles, c'est-à-dire par des bourgeons floraux : ces organes ont une position parfaitement fixe, et cependant ils ne sont pas à l'aisselle des feuilles. A l'origine de l'organographie, on n'avait admis que deux sortes de bourgeons, les terminaux et les axillaires. Du Petit-Thouars porta ce nombre à cinq, ajoutant aux deux premiers les bourgeons latents, adventifs et stipulaires (5). J'ai cherché à démontrer plus haut que l'existence des bourgeons /atents ne reposait que sur une hypothèse inutile et dangereuse pour la science (6). Je pense que ce mot doit disparaitre du langage bota- nique. Le nom d'adventifs devra étre réservé aux bourgeons dont la position n'a rien de fixe, et qui, suivant qu'ils naitront sur telle ou telle partie de la plante, prendront, comme les racines adventives, le nom de radicaux, col- liaires, caulinaires, foliaires, ete. Mais, quant aux bourgeons stipulaires, il convient, ce me sembie, de les laire rentrer dans une division plus géné- rale, celle des bourgeons mixtes ou subadventifs, caractérisésà la fois par leur position déterminée, et parce qu'ils ne se montrent ni à l'aisselle des feuilles, ni au sommet des tiges. Cette division comprendra, outre les bourgeons sti- pulaires de quelques Saules, ceux déjà cités de l' ZcAheveria racemosa Cham. et Schlecht., du Bryophyllum, de quelques Nymphéacées, des Villarsia, du Xanthium spinosum L., ete., ceux qui apparaissent sur la cicatrice des (1) Loc. cit., p. 8, en note. (2) Bull. de la Soc. Bot. de France, t. 11, p. 512-519. (3) Comptes-rendus de l'Institut, t. XI, p. 720, 29 octobre 1855. (4) Ibid., p. 839, 42 novembre 1855. (5) Essais sur la végét., p. 145, 147, 148, 83. (6) On se rappelle que Gaudichaud essayait d'expliquer par eux la formation de nouvelles couches dans les tronçons enracinés d'un tronc dépourvus de toute feuille et de tout bourgeon apparents. / 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles après la chute de celles-ci, et ceux aussi qu'Ernst Meyer désigne sous le nom de prébourgeons (Beiknospen) (1). | La plupart des botanistes ont admis, à l'exemple de De Candolle (2), qu on ne devait considérer, comme feuilles dans les verticilles des Rubiacées étoilées, que lesappendices ayant un bourgeon à leur aisselle. Les faits que j'ai cités de plantes bien évidemment dépourvues de bourgeons à l'aisselle de vraies feuilles, infirme , si je ne me trompe, la valeur de ce criterium. Je demanderai, en terminant cette note, si la physiologie ne pourrait pas tirer parti de ces plantes sans bourgeons axillaires, pour apprécier, par eomparaison, l'influence de ces organes sur l'aceroissement des tiges. La coupe transversale d'un rameau de Sempervivum arboreum ou de Crassula arborescens montre un grand développement de la moelle et du parenchyme cortical, alors que le bois et le liber sont confondus en un cerele mince : et si l'on met en présence deux rondelles de rameaux de cette Crassule, l'une de 5 millimètres de diamètre et l'autre de 15, on ne trouvera chez l'une et chez l'autre qu'une seule couche. En résumé, j'ai cherché à établir dans ce travail : 1* Que méme chez les Dicotylés un assez grand nombre de plantes sont dépourvues de bourgeons axillaires, soit à toutes les feuilles, soit à plusieurs d'entre elles ; 2° Qu'on ne doit pas considérer comme axillaires ceux qui se montrent au voisinage de la cicatrice laissée par la feuille, s'il n'en existait pas de trace avant la chute de celle-ci ; 3° Qu'il faut bien se donner de garde de confondre les points vitaux avec les bourgeons ; ceux-ci sont des organes : les points vitaux (si l'on veut conserver cette expression) ne désignent dans la plante que les lieux les plus favorables à la production de nouveaux organismes, soit racines, soit bourgeons ; h* Que la dénomination de bourgeons latents, et les théories auxquelles ils servent de base, doivent disparaitre de la science ; 5° Que les bourgeons, envisagés quant à leur position, peuvent étre rap- portés à quatre groupes : les terminaux, les axillaires, les adventifs et les subadventifs ou mixtes. (1) Voir la Linnea, t. VIL, p. 442. On sait que ce savant divise ces prébour- geons en trois classes suivant qu'ils sont situés au-dessous, au-dessus ou à cóté du bourgeon normal : unterstændige, überstændige, nebenstendige Beiknospen. (2) Organogr. végét., t. T, p. 339, et Prodr. Regn. veget., t. IV, p. 581, SÉANCE DU 14 Janvier 1856. 14 M. Germain de Saint-Pierre fait à la Societé la communication suivante : STRUCTURE DU FAUX-BULBILLE DES FICARIA, COMPARÉE A LA STRUCTURE DES OPHRYDO- BULBES, DES BOURGEONS A RACINE CHARNUE DES ACONITUM, ET DES BULBES DESCENDANTS DES TULIPES , par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Ayant appelé récemment l'attention de la Société sur la structure des ophrydo-bulbes (faux bulbes des Ophrydées), que j'avais fait connaitre dès l'année 1850; j'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de compléter les notions aequises sur cet appareil si complexe et d'une forme si bizarre, en examinant le degré d'analogie qu'il présente avec d'autres appareils de structure et de forme plus ou moins analogues, dont j'ai pu suivre, dés la méme époque, le curieux mode de développement. Déjà j'ai signalé l'une des analogies les plus frappantes, celle qui existe entre les ophrydo-bulbes et le bulbe descendant des Tulipes. Chez les Orchis et chez les Tulipes, le pédicelle, terminé par le bulbe, est de struc- ture, non-seulement analogue, mais presque identique. Dans l'un et l'autre cas, la feuille ou les feuilles extérieures d'un bourgeon axillaire, né à la base de la tige florifere, se prolongent, à leur base, en un éperon creux, pédi- celliforme, au fond duquel se trouve située la partie supérieure du bourgeon, entrainée sur ce point par le fait de l'élongation unilatérale de ses premières parties constituantes. Le pédicelle ereux de l'ophrydo-bulbe et du bulbe pé- dicellé de la Tulipe est donc ouvert à sa partie supérieure, commel'éperon d'un pétale d' Aquilegia, et sa cavité ne sauraitétrecomparée à la cavité close d'une tige dite fistuleuse. — Relativemeut au bourgeon qui occupe le fond de la cavité, il présente des différences essentielles chez la Tulipe et chez l' Orchis. Chez la Tulipe, ce bourgeon est un véritable bulbe, dont la masse est formée de tuniques charnues emboitées; ce buibe est libre dans l'éperon où il est logé, sinon par sa base insertionnelle ; i! reste stationnaire pendant l'été, c’est vers la fin de l'automne qu'il commence à entrer dans une nouvelle phase de végétation et à émettre des fibres radicales qui traversent isolément, comme un corps inerte, l'enveloppe formée par l'éperon. — Chez l'OrcAis, le bourgeon adulte (ophrydo-bulbe), sur la description duquel je ne revien- drai pas, constitue une trés faible partie de la masse du faux bulbe; la partie eharnue est presque entierement formée par une masse radiciforme, soit indivise, soit terminée en fibres radicales distinctes ; ces fibres ne traversent pas le sae, comme dans le cas précédent ; en effet, le sac s'allonge lui-même avec les racines, de maniére à recouvrir dela continuation d'un méme épi- germe toutes les productions radiciformes, L'analogle qui existe entre les corps reproducteurs du Ficaria ranuneus loides (variété bulbifere), et les ophrydo-bulbes, n'est pas moins digne d'ate 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tention que l'analogie qui existe avec le bulbe pédicellé des Tulipa , mais elle est d'une tout autre nature ; le pédicelle, formé par un éperon foliaire, n'existe pas. A l’aisselle d'une feuille caulinaire se développe un bourgeon, dont la partie gemmaire est presque rudimentaire, et ce bourgeon se pro- longe latéralement ou inférieurement en une masse charnue radieiforme, qui présente une analogie réelle de forme et de nature avec l'ophrydo-bulbe à racine ovoide; ees corps se détachent spontanément : c'est seulement après leur chute sur la terre humide que leur bourgeon se développe, et qu'ils deviennent à leur tour plantes-mères. Les griffes ou racines grumeuses des Ficaria sont absolument de la méme nature que les faux bulbilles charnus axillaires ; la différence consiste en ce que, tandis que le bourgeon axillaire du rameau aérien émet une seule racine ovoide, le bourgeon axillaire, né à la base de la tige, est plus vigou- reux, et émet plusieurs racines ovoides au lieu d'une seule. Je trouve une analogie remarquable entre la racine globuleuse unique du bulbille et les productions radiciformes globuleuses des ophrydo-bulbes entiers, et entre la racine multiple de la griffe radicale du Ficaria et la masse radiciforme divisée en piusieurs fibres radicales des ophrydo-bulbes palmés. M. Clos, dans un travail sur le bulbille de la Ficaire (Ann. sc. nat., 1852), travail postérieur à celui que j'ai présenté sur le méme sujet à la Société philomatique (janvier 1852), a insisté sur ce point, à savoir que le bulbille de la Ficaire présente un bourgeon, et que ses tubercules radicaux n'en pré- sentent pas. Je crois être, au contraire, dans le vrai, en admettant un bour- geon pour le bulbille, et un bourgeon pour l'ensemble des racines ovoides basilaires, et en signalant une difference, non dans le nombre des bourgeons (dans les deux cas, il s'agit, selon moi, d'un bourgeon axillaire unique), mais dans le nombre , peu important au point de vue organographique, des fibres radicales ovoides (uniques ou multiples); ces fibres radicales charnues sont accompagnées (à la base du bourgeon) de fibres radicales cylindriques adjuvantes, analogues à celles qui se développent à la base de la tige des Ophrydées, au-dessus du bulbe du Lilium Martagon, ete. — Enfin, je signa- lerai l'analogie remarquable de forme qui existe entre les ophrydo-bulbes, et les bourgeons à racine charnue qui se développent à la base de la tige des Aconitum, et reproduisent la plante l'année suivante. — Les bourgeons radi- caux des Aconitum terminent un court rhizome qui présente les caracteres des tiges courtes souterraines, et est sans analogie avec le pédicelle tubu- leux des ophrydo-bulbes; ces bourgeons, terminés en une ou en deux racines charnues, et qui ont l'aspect de certains ophrydo-bulbes, se rappro- chent surtout de la structure de l'appareil que nous venons d'étudier chez le Ficaria; la différence la plus essentielle consiste en ce que la racine charnue des Aconitum émet des fibres radicales dans toute sa longueur, SÉANCE DU 11 Janvier 1856. 13 tandis que les racines ovoides n'émettent aucune fibre radicale secondaire chez les Ficaria. M. Duchartre demande à M. Germain de Saint-Pierre quels sont les motifs qui lui font considérer les tubercules axillaires de la Ficaire comme des racines. M. Germain de Saint-Pierre répond à M. Duchartre que les faux tubercules souterrains de la Ficaire étant des racines nées à la base d'un bourgeon axillaire, on doit aussi considérer comme des racines les faux tubercules aériens qui, chez cette plante, sont situés à l'aisselle des feuilles caulinaires. Il ne voit, en effet, aucune diffe- rence entre le bourgeon axillaire supérieur et le bourgeon axillaire né à la base de la tige, si ce n'est que le premier n'a qu'une seule racine charnue, tandis que le second en a plusieurs. M. Duchartre rappelle que, chez la Pomme de terre, il y a souvent des tubercules axillaires qui occupent la méme position que ceux de la Ficaire, et qui pourtant ne sont nullement des racines. M. Germain deSaint-Pierre répond que les tubercules de la Pomme de terre sont bien différents de ceux de la Ficaire. En effet, le tu- bercule de la Pomme de terre est un rameau charnu émettant de nouveaux bourgeons qui naissent à l'aisselle de ses feuilles rudimen- taires. Ces nouveaux bourgeons se développent en tiges ou en tuber- cules latéraux, et leur développement peut, plus tard, donner lieu à une production de racines ; mais, dans la Ficaire, c'est le bourgeon primitif lui-même qui produit à sa base une racine latérale charnue et tuberculiforme. Chez cette dernière plante, il y a, à l'aisselle d'une feuille, un bourgeon composé d'une partie axile ou foliaire d'abord presque imperceptible, et d'une masse radiculaire considérable. M. Duchartre fait remarquer qu'il n'a pas parlé des tubercules de seconde génération qui se développent sur une pomme de terre souche, mais de ceux qui naissent à l'aisselle des véritables feuilles de la plante. Ces tubercules lui paraissent identiques avec les tuber- cules aériens de la Ficaire. Il ne saurait admettre que des organes aussi semblables et occupant la méme position, soient, les uns de véritables tubercules, et les autres des racines. M. Germain de Saint-Pierre répond. que, dans la Ficaire, la pro- duction axillaire ne constitue qu'une seule masse tubéreuse sur- montée d'un bourgeon terminal, et ne présentant jamais de bourgeons latéraux, tandis que le bourgeon axillaire et aérien de la Pomme de Ah SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. terre présente des écailles-feuilles depuis sa base jusqu'à son som- met, et peut offrir des bourgeons à l'aisselle de toutes ces écailles. Chez la Ficaire, les masses axillaires aériennes sont tellement sem- blables aux masses radiciformes souterraines qu'il ne peut voir entre elles aucune différence, si ce n'est qu'elles appartiennent, les unes à un bourgeon aérien, et les autres à un bourgeon souterrain. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE PARASITISME DES RHINANTHACÉES, par M. AD. CHATIN. On doit la première indication du parasitisme des Rhinanthacées, naguère encore inconnu , à M. Decaisne , qui le soupçonna, en voyant le Melampy- rum arvense, qu'il tenta inutilement d'introduire dans la flore des parterres, où ses braetées aux couleurs éclatantes et longtemps persistantes semblaient l'appeler à occuper un rang utile, périr constamment après la germination. Je voyais, dit M. Decaisne (1), le Melampyrum arvense toujours périr après la germination ; les Pédieulaires, les Æuphrasia, les Alectorolophus, sont dans le méme cas... Les Melampyrum et Odontites sont de vrais parasites. M. Devaisne donne enfin de son opinion une preuve concluante, en faisant connaitre qu'il a observé l'adhérence des radicelles d'un Pedicularis palus- tris encore muni de ses cotylédons, à de jeunes racines de Graminées. Le fait de la végétation parasite des Rhinantbacées trouverait, s'il en était besoin encore, une nouvelle consécration dans les observations dont je viens exposer à la Société les résultats sommaires. J'ai constaté le parasitisme, s'exercant au moyen de petits tubercules (fort semblables à ceux vus par Mitten sur le Thesium) qui se développent sur leurs radicelles, dans les espèces suivantes : Pedicularis sylvatica, P. palustris, Rhinanthus glabra, R. hirsuta, Melampyrum arvense, M. pratense, M. sylvaticum, M. cristatum, Euphrasia officinalis, E. Odon- tites et Bartsia viscosa. Ces tubereules, qui ont souvent l'apparence de cônes obtus ou de petites bornes, s'engagent dans le tissu des racines des Graminées et de quelques autres plantes; la délicatesse des pat- ties adhérentes et les innombrables et fines racines des Graminées, qui, entreeroisées en tous seus, forment une sorte de feutre ou de plexus inextri- cable, font que ce n'est ordinairement qu'avec quelques précautions (le lavage, par exemple, sous un filet d'eau, des mottes de terre contenant à la fois les racines de la plante nourricière et celles de la parasite) que l'on peut se procurer quelques-uns de ces tubereules encore fixés aux racines étran- geres. (4) M. Decaisne, Comptes-rendus de l'Acad. des sc., séance du 12 juillet 1847, et Annales des sc, nat., 3° série, VIII. SÉANCE DU AA Janvier 1856. 45 Une observation, qui a sa place marquée à la suite de la précedente, est celle-ci. Les Rhinanthacées ont, indépendamment de leurs tubercules ou cônes suçoirs, un grand nombre de radicelles déliées, organisées en tout point comme les radicelles des plantes non parasites, et tirant directement du sol (je l'ai facilement constaté expérimentalement) aussi, comme celles-ci, l'eau chargée de diverses matières nutritives; d'où cette consé- quence, que les Rhinanthacées ne sont, relativement à la Cuscute, aux Cas- sythes, et, sans doute, à la Clandestine, aux Orobanches et au .Monotropa, que des demi-parasites. Or, quand on considère que le Thesium a, comme les Rhinanthaeées, d'une part, des racines nourricières en méme temps que des tubereules suçoirs, d'autre part, de la matière verte dans le parenchyme de ses parties aériennes, on est conduit à entrevoir un lien entre ces deux faits, et, par suite, à ne pas accorder à la remarque de Mitten, qui a signalé le Thesium comme renversant la loi de De Candolle sur le défaut de coloration verte chez les parasites sur racines, toute l'importance que lui a attribuée ce savant botaniste. En l'état actuel de la science, la loi de De Candolle (dont je n'oserais, d'ailleurs, garantir l'avenir, quand je me reporte aux parasites sur tiges, ete., dont les unes (Cuscuta) manquent de couleur verte, pendant que d'autres (Viscum) en sont pourvues), me parait res- ter entiére, en tant qu'elle ne s'étend qu'à des parasites sur racines ne vivant sensiblement que par leurs suçoirs (Cytinus, Monotropa, Orobanche et La- thrœa ?) ; ce qui n'implique pas, d'ailleurs, que toutes les plantes, privées de matière verte soient parasites, comme on l'admet trop facilement (1). Maintenant que j'ai établi l'existence, chez les Rhinanthacées (2), de tubercules ou sucoirs d'adhérence. il me reste à appeler l'attention : 4° Sur l'anatomie de ces tubercules considérés dans leurs connexions immédiates avec les racines nourricières; 2° sur l'absence de rayons médullaires chez toutes les Rhinanthacées. Les dessins que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société me permettront d'étre court, en méme temps qu'ils mon- treront plusieurs faits (velatifs à l'anatomie des feuilles, ete.), dans le détail desquels je crois ne pas devoir entrer. Anatomie des sugoirs. — Les tubereules-sucoirs, ou pour abréger, les suçoirs, dont je donne des coupes grossies montrant la nature et les rap- ports des tissus, tant avec la racine-mère dont ils émanent, qu'avec la racine nourriciere dans laquelle ils pénètrent , offrent une grande unifor- (4) Je pense en particulier, par des raisons tirées de la culture et de la recherche attentive des adhérences, que le Limodorum abortivum et le Neottia Nidus-avis ne sont pas des parasites, ou que du moins ils ne le sont que temporairement. (2) La couleur noire que prennent les Rinanthacées par la dessiccation se rattache- t-elle à leur parasitisme? Peut-elle mettre sur la voie pour découvrir d'autres para- sites? Je dirai sur ce dernier point que j'ai inutilement recherché des adhérences du Galium uliginosum et du Lathyrus niger avec des racines étrangères. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mité de strueture dans les einq grands genres, Rhinanthus, Melampyrum, Euphrasia, Bartsia et Pedicularis. On distingue dans chaque suçoir : 4* Une partie parenehymateuse, qui forme la plus grande partie de la masse, et se continue avec le parenchyme de la racine ; 9» L'extrémité du sucoir, formée de cellules étroites, allongées et conver- gentes en un cône terminal qui se dirige verticalement sur la racine nour- ricière, dans laquelle il pénètre : je nomme cône cellulaire perforant, ou simplement, cône perforant, cette extrémité du sucoir (sorte de spongiole) que nous retrouverons chez un grand nombre d'autres parasites ( Thesium, Cuscuta, ele.), et que, dans les Rhinanthacées, je n'ai pas vu (ce qui explique le peu d'adhérence des sucoirs aux racines nourricières) s'engager jusque dans le tissu ligneux qui forme l'axe des racines nourrigières ; 3° Une portion centrale, ligneuse ou fibro-vasculaire, qui s'avance en forme de cóne du méditullium ligneux des racines, sur lequel elle s'appuie, dans l'axe du parenehyme : je propose de désigner sous le nom de cóne vasculaire de renforcement, ou simplement, de cóne de renforcement, ce cóne axile du sucoir, essentiellement formé de vaisseaux (ponetués), qui se raccourcissent de plus en plus, à mesure qu'ils s'éloignent de la base de l'organe, formée elle-méme de vaisseaux déjà plus courts que ceux de la racine. Le cóne de renforcement des Rhinanthacées parait ne jamais traver- ser le cóne perforant pour s'engager immédiatement dans la racine nourri- ciere. Replis ou Appendices préhenseurs. — J'ai vu dans la Pédieulaire les premiers vestiges de cette partie accessoire des sucoirs, que nous verrons prendre un plus grand développement dans le Thesium, quelques Cuscuta, et surtout chez les Cassytha. Tantôt c'est un simple repli du parenchyme du cóne (chez d'autres parasites, le repli part de la tige elle-màme pour enve- lopper le sucoir, ete.), qui descend de la círeonférence de celui-ci, pour former une courte enveloppe commune au cóne perforant et à la raeine nourricière (Odontites); tantôt le repli préhenseur parenchymateux est dou- blé à l'intérieur de replis fibreux, qu'on peut distinguer sous le nom de replis ou appendices de renforcement. Ces derniers peuvent exister dans les sucoirs sur les côtés du cône vasculaire, les replis parenchymateux n'étant pas eux-mémes sensiblement développés. Absence des rayons médulluires. — Toutes les Rhinanthaeées que j'ai examinées manquent de rayons médullaires. Serait-ce là un caractere des plantes parasites? On va voir que non, mais un mot, d'abord, sur l'histo- rique de la question. M. Decaisne, dans son important mémoire sur le Gui (4) s'accorde avec Kieser (2), pour reconnaitre à la plante des rayons médullaires, dont (1) M. Decaisne, Mémoires couronnés par l’ Acad, roy. des sc. de Bruxelles, 1841, (2) Kieser, Sur l'organis, des plantes, Haarlem., 1814. SÉANCE DU 14 Janvier 1856. 17 M. Duchartre constate l'absence dans la Clandestine, M. Ad. Brongniart dans le Melampyrum sylvaticum (1), M. Duchartre encore dans le Melampy- rum arvense et l'Orobanche Eryngii (2). Est-ce à dire que, s'il existe des parasites pourvues, comme le Gui, de rayons médullaires, toutes les plantes qui n'offriront pas ces parties devront être regardées comme parasites? Ce point de vue, qui semblait pouvoir se déduire des observations que je viens de rappeler, a dû être abandouné aprés que M. Ad. Brongniart eut fait connaitre que le Sempervivum et plusieurs autres Crassulacées , certaine- ment non parasites, manquent, cependant, de rayons médullaires (3), fait étendu par M. Adr. de Jussieu à une Nyctaginée, le Pisonia (h). Mais peut- on, du moins, admettre que si l'absence de rayons médullaires n'est pas en coïncidence absolue avec le parasitisme, elle en est du moins un indice pro- bable? Ou répondra avec moi par la négative, si je fournis la preuve, d'une part, que le manque de rayons médullaires est fréquent chez des plantes qui se placent par leur végétation non parasite à cóté des Crassulacées et de la Nyetaginée observées par M. Ad. Brongniart et M. Adr. de Jussieu, et, d'antre part, que des plantes, incontestablement parasites, viennent étendre l'exception faite par le Gui. Or, cette double preuve est dans la simple énu- mération par laquelle je termine cette note, des plantes parasites que j'ai trouvées munies de rayons médullaires, et de celles, non parasites, daus lesquelles j'ai constaté l'absence de ces parties. a. Parasites pourvues de rayons médullaires : Zpiphegus americanus, Hyobanche coccinea, Cytinus Hypocistus, Monotropa Hypopitys, Thesium humifusum, ete. (5). b. Végétaux non parasites privés de rayons médullaires : /snardia palus- tris, les Myriophyllum, Peplis, Hippuris, V Elodes palustris, le Limnan- themum Humboldtii, le Pinguicula vulgaris, les Linum, Urtica, Centau- rea, et, enfin, un nombre de plantes herbacées tel que je renonce à donner la liste de mes observations, chacun pouvant y ajouter, en quelque sorte, par l'examen des premières Dicotylédones venues. En somme, on peut dire : 4° que la présence de rayons médullaires est un (4) M. Ad. Brongniart, Rapport sur les Mémoires de M. Duchartre sur la Clan- destine (Comptes-rendus de t' Acad. des sciences, séance du 18 avril 1847). (2) M. Duchartre, Note sur l'Orobanche Eryngii (Ann. des sc. nat., 3* série, IV, 74.) (3) M. Ad. Brongniart, Observations sur la structure interne du Sigillaria ele- gans comparée à celle du Lepidodendron et du Stigmaria, et à celle des végétaux vivants (Archives du Muséum, L, 405). (^) Adg de Jussieu, Éléments de Botanique, 1" édit., 76. (9) M. Unger a figuré le C. europea comme pourvu de rayons médullaires, ce qui n'est pas l'état normal de cette espèce privée, comme ses congénères, de commu- nications cellulaires entre les parenchymes central et externe. T. Il, 2 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fait très commun parmi les, plantes non parasites ; 2° que le manque de rayons médullaires n'est pas chose rare parmi les vraies parasites. Les con- séquences à tirer de ces faits pour le peu de valeur à attribuer à l'absence derayons médullaires dans la caractéristique des parasites est évidente. J'ajouterai que j'aurais pu, si je ne doutais du parasitisme du Neottia Nidus-avis, compter cette plante, bien que monocotylédone, parmi les para- sites pourvues de rayons médullaires, car sa structure, au point de vue de la symétrie des faisceaux libro-vasculaires et des irradiations cellulaires qui font communiquer le parenehyme central ou médullaire avec le paren- ehyme extérieur, ne diffère pas, avec celle d'un grand nombre d'Alismacées, de la structure offerte par beaucoup de Dicotyledones, et je ne saurais ad- mettre, au point de vue de l'anatomie générale, que l'on ne comprit pas sous le méme nom des parties identiques, et dont la distinction nes'appuierait, en réalité, que sur cette considération sans valeur, que les unes seraient obser- vées ehez les Monocotylédones, et les autres dans les Dieotylédones; mais, comme je l'ai dit, le parasitisme du Limodorum, que j'ai vu vivre deux années aprés sa transplantation dans un sol privé de racines étrangères, n'existe pas à mes yeux, et celui du Neottia Nidus-avis, plante dont je n'ai pu, malgré de minutieuses recherches, constater les adhérences, est fort douteux. M. Duchartre rappelle que les observations de M. Decaisne sur le parasitisme des Rhinanthacées ont eu pour point de départ celles de M. Mitten sur le parasitisme du Thesium. M. J. Gay ajoute que ces observations ont été poursuivies et éten- dues plus tard par M. Irmisch, — M. Duchartre fait observer à M. Chatin que le Neottia Nidus-avis étant une plante monocotylédone, on ne peut, si l'on se conforme aux idées recues, appeler rayons médullaires les portions de tissu cellulaire qui séparent les faisceaux fibro-vasculaires chez cette plante. M. Chatin répond qu'il y a pour lui tant d'analogie entre la struc- ture de certaines Monocotylédones (Neottia Nidus-avis, quelques Alismacées, elc.), et celle des Dicotyledones, qu'il eroit pouvoir employer les memes termes pour désigner les mémes organes chez les unes et chez les autres. Il admet l'existence d'une moelle distincte dans la tige de quelques Monocotylédones, qui présentent d'ailleurs tous les intermediaires entre les rayons médullaires trés nets et l'absence complète de ces organes. M. le Président donne lecture de la lettre suivante : SÉANCE DU 44 JANVIER 1856. 19 Paris, 44 janvier 1856, Monsieur le Président, Je vous prie de vouloir bien transmettre à la Société l'expression de ma vive gratitude pour l'honneur insigne qu'elle m'a fait en me nommant l'un de ses vice-présidents. La Société, fidèle jusqu'à l'excès au principe égalitaire sur lequel repose son institution, elève pour quelque temps mon nom, obseur a plus d'un titre, au méme rang que des noms illustrés par de longs et importants tra- vaux. ille honore d'une récompense pareille les mérites seientifiques les plus éminents, et les trés humbles services que j'ai été à méme de lui rendre, lorsque j'ai pris, dans la faible mesure de mes forces et avec l'aide de mes excellents collègues, une part assez active à son organisation. J'aurais mieux aimé, je l'avoue, continuer de la servir dans la position plus modeste, mais plus utile, que m'avait assignée la confiance de ses hono- rables fondateurs, des le premier jour de son existence. Mais, puisque aujourd'hui la Société, dont l'organisation est complète et la marche assurée, juge à propos de m'appeler à des fonctions honorifiques, je dois lui obéir; et je ne puis lui témoigner ma reconnaissance pour la haute distinction qu'elle m'aecorde, qu'en lui promettant toujours un entier dévouement à ses intérêts. Ce dévouement ne cessera jamais d’être à ses ordres, de quelque maniere qu'il lui plaise d'en réclamer le concours. Daiguez agréer, Monsieur le Président, l'hommage de mon profond res- pect. W. DE SCHOENEFELD. M. Ed. Bureau fait à la Société la communication suivante : QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES LOGANIACÉES, par M. ED. BUREAU. Dans le genre Pagamea Aubl., i| n'y a qu'un seul ovule dressé, inséré à la base de chaque loge; celles-ci sont très petites, situées à la partie tout à fait inférieure d'un ovaire didyme, et alternes avec les lobes de cet ovaire. Le fruit est bien une baie à deux coques (dipyrena Benth.), mais il ne con- tient, comme le dit De Candolle, qu'une seule grainedans chaqueloge. Cette graine est pyriforme, insérée par sa partie étroite et allongée à la base de la loge; elle contient dans cette sorte de queue un embryon fusiforme, à radieule infere, conique, à cotylédons épais et courts. L'embryon est entouré d'un. périsperme Corné, tres abondant dans toute la partie supé- rieure de la graine, qu'il remplit à lui seul, et où il est profondément ruminé, C'est probablement l'apparence que donne cette disposition à l'ex- térieur et à la coupe de la graine, qui a causé l'erreur de M; Bentham : semina numerosissima, minuta, tn placentis imbricata. Les stipules de cette plante sont tout à fait celles des Gartnera, et la 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. structure de l'ovaire et du fruit l'en rapprochent aussi ; elle doit done être reportée à la place qu'elle occupe dans Endlicher. l | Les poils qui réunissent les anthères du Brehmia spinosa, soumis au mi- croscope, offrent l'apparence élégante des cellules fibreuses des anthères décrites par M. Purkinje. Ces poils ne naissent que sur les bords de la fente par laquelle se fait la déhiscence. Ils se développent assez tard, car, sur des anthères qui avaient presque atteint la taille qu'elles devaient avoir, je n'en ai vu aucun. Il y a à la gorge de la corolle un anneau membraneux sur- monté de poils semblables. Dans le Gardneria ovata, il y a dans chaque loge un seul ovule campuly- trope à mieropyle tourné en bas. Cet ovule est accompagné d'un arille vrai en forme de cupule avec deux pointes latérales, qui naît d'un cóté seule- ment du funieule et coiffe le mieropyle. l'ouverture de l'arille est par con- séquent tournée en haut. Les graines de Geniostoma sont enveloppées étroitement par des expan- sions du placenta lobées au sommet. Qu'on suppose que, au lieu de graines, on ait affaire à des boutons enveloppés par des calices monosépales, dont | les divisions seraient en préfloraison valvaire, et que tous ces calices soient soudés entre eux par leur base, on aura une idée trés exaete de cette dispo- sition. En regardant le placenta de face, on aperçoit, sur la partie soulevée par chaque graine, comme une petite étoile formée par la réunion en un point de toutes les lignes interstitielles provenant du rapprochement des valves. L'ovaire du Fagræa Zeylanica Thunb., est uniloculaire, comme ceux des F. auriculata et minor Blum. Il en est de méme de l'ovaire du Cyrto- phyllum speciosum Blum. Ce sont tout à fait des ovaires de Gentianées. J'ai trouvé, dans les feuilles du Fagræa Zeylanica Thunb., des cellules qui ont les plus grands rapports avec celles du Nuphar lutea; seulement elles sont toujours transparentes et non granuleuses comme celles du Nu- phar aprés leur entier développement. Une de leurs branches s'enfonce souvent dans l'épaisseur de l'épiderme, qui est composé de deux rangs de cellules, mais sans arriver jusqu'à la surface. On en voit aussi fréquem- ment, sur une coupe transversale de la feuille, deux autres qui s'étalent au-dessous de l'épiderme ; parfois aussi, elles sont placées entre deux ran- gées de cellules contenant de la matière verte, mais le plus souvent ces branches s'étendent dans tous les sens et sans régularité, Ces cellules ne communiquent point entre elles, et j'ai vu parfois, à travers l'épiderme, une ou deux de leurs branches s'allonger manifestement vers un stomate, mais sans y arriver. Ce ne sont point des lacunes ayant une apparence de cellules, car elles ont des parois propres, et on peut les isoler. J'en ai vu, d'ailleurs, dans les feuilles des Fagræa auriculata et obovata, dans un renfle- ment qui surmonte l'ovaire du Pofalia amara Aubl., où elles ont les SÉANCE DU LE janvier 1856. 21 branches bien plus courtes relativement à la partie centrale, et dans le pédoneule immédiatement au-dessous de la fleur de la méme plante (là, au contraire, elles ont les branches trés longues). Il y en a aussi dans les parois de l'ovaire de l'AntAhocleista procera Leprieur, et j'en ai vu, enfin, en disséquant la méme partie dans une espèce de Mitreola. La disposition du testa des graines de Pofalia est assez curieuse. Cette enveloppe est formée de cônes accolés et tournant leurs pointes vers l'inté- rieur de la graine. Chaque cône se compose de fibres qui partent du sommet oü elles semblent se eonfondre, et deseendent vers la base, en s'écartant et se bifurquant à diverses hauteurs. Arrivées à la base du cône, qui est en méme temps l'extérieur de la graine, chaque fibre se divise en deux ou trois, beaucoup plus fines, et toutes ces petites fibres s’accolent les unes aux autres, parallèlement et sans se ramifier, en une membrane qui forme une papille creuse à parois minces et transparentes, second cône opposé base à base au premier. L'Anthocleista procera Leprieur, est assez différent du Potalia amara Aubl., par la symétrie florale. Dans l'un et dans l'autre, il y a quatre lobes au calice, et un des lobes externes est tourné vers l'axe, mais dans l Antho- cleista, les deux lobes internes seuls sont tellement larges qu'ils s'imbriquent réciproquement, ou bien que les deux bords de l'un sont recouverts par ceux de l'autre, tandis que cela arrive aussi pour les deux lobes externes dans le jeune bouton du Potalia. La corolle du Potalia est à dix lobes enroulés de droite à gauche; la corolle de l’ Anthocleista est à douze lobes, dont six apparents à l'extérieur, sur lesquels il y en a deux internes : un en face de l'axe, entouré de deux lobes externes, et un en face de la braetée, entouré de deux lobes, moitié recouverts et moitié recouvrants. Les six autres lobes sont recouverts par les premiers, alternes avec eux, et s'imbriquent entre eux d'une manière analogue, mais qui peut subir quelques variations, comme cela se voit aussi pour les extérieurs : ainsi, il n'est pas rare de voir, parmi ces derniers, un des lobes internes être remplacé par un quiest moitié recouvert et moitié recouvrant, ou bien les deux lobes externes être à droite et à gauche du lobe interne, qui est en face de la brac- tée, au lieu d’être du côté de l'axe. Dans l'une et dans l'autre plante, les étamines sont alternes et mona- delphes, mais l'ovaire est tourné bien différemment; car, dans l Anthocleista les loges sont antérieure et postérieure, tandis qu'elles sont latérales dans le Potalia. M. Chatin fait observer que, comme généralement, dans les ovaires à deux carpelles, l'un est supérieur et l'autre inférieur, il serait im- portant de s'assurer si, dans les ovaires observés par M. Bureau, il 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'y aurait pas eu déplacement des carpelles par suite d'une torsion. M. Chatin ajoute qu'un moyen de lever tous les doutes à cet égard serait d'observer la position des jeunes ovaires avant l'apparition du pédicelle. M. J. Gay rappelle que M. de Martius a également constaté que parfois, chez les Gentianées, les loges de l'ovaire sont situées à droite et à gauche. M. Bureau répond à M. Chatin que, vu la rareté de cette disposi- tion des carpelles, il s'est assuré du fait avec un grand soin. Ce qui prouve d'ailleurs qu'il n'y a pas de torsion du pédicelle, c'est que la position des lobes du calice est toujours la même, bien que la posi- tion des carpelles change, un des sépales externes étant toujours tourné vers l'axe. M. Cosson met sous les yeux de la Société des échantillons extraits d'une collection de plantes recueillies par M. le docteur Saint- Supéry, aux environs de Sébastopol, pendant le siége. Voici le cata- logue de cette collection : CATALOGUE DES PLANTES RECUEILLIES SUR LE PLATEAU DE CHERSONÈSE PENDANT LE SIÉGE DE SÉBASTOPOL, par M. le D: SAINT-SUPÉRY (1), ET DÉTERMINÉES pr M. E. COSSON. Les plantes énumérées dans le catalogue ci dessous ont été recueillies par M. le docteur Saint-Supéry, médecin- major au 19* bataillon de chas- Seurs-à-pied, sur le plateau de Chersonese, qu'il a exploré aussi compléte- ment que le permettaient les circonstances de la guerre. Notre excellent correspondant a apporté dans l'exploration de ce pays, illustré par les sue- cés de notre armée, un zèle et un dévouement dignes de tous les éloges ; souvent, dans l'ardeur de ses recherches, il s'est laissé entrainer jusqu'aux avañt-postes russes; bien que dépourvu des moyens habituels de dessieca- tion, il est parvenu à composer une collection de pres de 300 espèces géné- ralement représentées par de nombreux échantillons préparés de toute leur grandeur ; le papier gris du botaniste a été remplacé par tous les vieux journaux recrutés dans les camps français et anglais. Grâce à la solli- citude avec laquelle M. Saint-Supéry a veillé sur ses précieuses récoltes, elles ont pù nous parvenir intactes, après avoir échappé à de nombreux 1 De is réd: i de nt: ( puis la rédaction de ce Catalogue, on nous a communiqué une collection de plantes recueillies, aux mémes localités, par M. Belleville, capitaine aux chas- seurs-à-pied de la garde; nous avons cru devoir mentionner ici les espèces de cette collection qui n'avaient pas été observées par M. Saint-Supéry (Note de M, Cosson.) SÉANCE bU 14 JANVIER 4856. 23 périls : ainsi le 46 août, jour de la bataille de la Tehernaia, elies se trou- vaient dans une tente très rapprochée des attaques russes. Renonculacées. CrEMATIS Vitalba L (C. Taurica Bess ). THALICTRUM minus L. var. Aponis Flammea L, RaNuNcuLUs oxyspermus M. Bieb. trachycarpus Fisch. et Mey. (Belleville). Hyricus L. Constantinopolitanus d'Urv.; Led. sceleratus L. NicELLA Damascena L. DELPHINIUM divaricatum Ledeb. Orientale J. Gay. — (Belleville). Berbéridées. Bergenis vulgaris L. Papavéracées. PaAPAVER hybridum L. Argemone L. — (Belleville). Fumariacées. ConvDaLis solida Sm. FumariA Anatolica Boiss. Crucifères. NasrTUnTIUM Sylvestre R. Br. ARABIS hirsuta Scop. auriculata Lmk. var. dasycarpa (A. DC.). BERTEROA incana DC. ALYvssUM montanum L. minimum Willd. campestre L. murale DC. (A. argenteum Vitm.'. CLYvPEOLA Jonthlaspi L. DragBa verna L. Tacasri perfoliatum L. alpestre L. Igeris integrifolia Ledeb. Hesrenris tristis L. matronalis L. SisyMBRIUM Sophia L. Loselii L. Erysimux Orientale R. Br. cuspidatum DC. CAMELINA sativa var. pilosa DC, (C. micro- carpa Andrz.). CaPsELLA Bursa-pastoris L. Hurcuissia petræa R. Br. LEripiUM perfoliatum L. Draba L. — (Belleville), — campestre R. Br, dasycarpa —— HinscurkELD!A adpressa (Sinapis incana L.). Sixaris arvensis L. var. (S. Orientalis DC.) alba L. Ervcasrrum elongatum Ledeb. (Brassica elongata Ehrh.`^. CaLEPINA Corvini Desv. Cistinées. HELIANTHEMUM vulgare L. salicifolium Pers. OElandicum Vahl. var. tomentosum (Cistus marifolius M. Bieb. '. Violariées. ViOLA tricolor L. var. arvensis. Résédacées. RrsEDA lutea L. Polygalées. Porycara major Jacq. Caryoph yllées. Draxruus capitatus DC. SaroxakiA officinalis L. Vaccaria L. SILENE conica L. Otites L. Lvcnwis macrocarpa Boiss. et Reut. c" etQ AcROSTEMMA Githago L ALSINE tenuifolia var. grandiflora Ledeb. (Arenaria viscida Georgi). Cerastium brachypetalum Desv. Linées. Linux nodiflorum L. (L. luteolum M. Bieb.). hirsutum L. tenuifolium L. — (Belleville). squamulosum Rudolphi. Malvacées. ALTHÆA ficifolia Cav. hirsuta L. Mazva sylvestris L. var. dasycarpa. Hypéricinées, HyrEnicuM perforatum L. Géraniacées, GERANIUM Columbinum L, Robertianum L. Eropiyy cicutarium L. Ciconium Willd. 2h Zygophyllées. ZycornyLLUM Fabago L. Rutacées. Rura graveolens. Diosmées. DicrAMNus Fraxinella Pers. Célastrinées. EvoNYMUS verrucosus Scop. Rhamnées. Pauvunus aculeatus L. RuawNus cathartica L. Légumineuses. Oxoxis Columnz L. Menicaco falcata L. var. procumbens Le- deb. (M. procumbens Bess.). MzLiLOTUS arvensis Wallr. sulcata Desf. TRiFOLIUM pratense L, procumbens L. Dorycxium pentaphyllum Scop. (D. inter- medium Ledeb.). Lorus corniculatus L. TETRAGONOLOBUS purpureus Mœnch. CoLuTEA arborescens L. AsrRAGALUS diffusus Willd. ? vimineus Pall. ? Cicer arietinum L. Vıcıa villosa var. glabrescens Koch. Pannonica Jacq. sativa L.? lutea L. Orosus sessilifolius Sibth. et Sm. ConoNiLLA varia L. — EmerusL. Rosacées. SPiRÆA Filipendula L, GEux urbanum L. Poreriua dictyocarpum Spach. AcniMONIA Eupatorium L. PorENTiLLA recta L. var. Astracanica Le- deb. (P. Astracanica Jacq.). CRATÆGus Pyracantha L. Onagrariées. EriLosiux parviflorum Schreb. hirsutum L. Lythrariées. LyrBRUM Salicaria L. var. canescens. Paronychiées. PanosNYcura capitata Lmk, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Saxifragées. SaxiFRAGA tridactylites L. Ombellifères. Farcama Rivini Host. PimpineLLA Tragium Vill. BuprrLEURUM junceum L. gracile M. Bieb? rotundifolium L. SEsELI tortuosum L. ANETHUM graveolens L. Daucus Carota L. CaucaLis daucoides L, leptophylla L. TuncENtA latifolia Hoffm. Toriuis nodosa Gærtn. — (Belleville). SCANDIX grandiflora L. ANTHRIsCUS vulgaris Pers. PaysocauLus nodosus Tausch. PuvsosrEnwUM aquilegifolium Koch. ConiANDRUM sativum L. Cornées. ConNus mas. L. Rubiacées. SHERARDIA arvensis L. ASPERULA cynanchica L. graveolens M. Bieb. galioides M. Bieb. (Galium glau- cum L.). ASPERULA humifusa Bess. GALwM verum L. Tauricum Rem. et Schult. Valérianées. VALERIANELLA olitoria Mœnch. eriocarpa Desv. coronata DC. Dipsacées, Dupsacus laciniatus L, ScaBi0sA Ucranica L. micrautha Desf. Columbaria L. — Composées. Ecuiwops Ritro L. XERANTHEMUM annuum L. (X. radiatum Lmk.). CENTAUREA amara L. ovina Pall. diffusa Lmk. Orientalis L. solstitialis L. Oxorornon Tauricum Willd. (O. virens DC.). Carnuus pycnocephalus L. — (Belleville), CHAM ÆPRUCE echinocephala DC, Larra major Gærtp, -— SÉANCE DU 11 Jurinea mollis DC. IxuLA Conyza DC. (Conyza squarrosa L.). Oculus-Christi L. squarrosa L. ensifolia L. ANrHuEuiS Cotula L. tinctoria L. AcHILLEA Millefolium L. nobilis L. — (Belleville). Ormens mixta DC. (Anthemis mixta L.). PynETHRUM Myconis Mœnch. Hezicarysuu arenarium DC, SENECIO vernalis W. et Kit. præaltus Bert. LauPsaNA communis L. Cicnoniy Intybus L LEoNTopoN biscutellæfolius DC. PopnosrERMUM laciniatum DC. var. inter- medium Coss. (P. intermedium DC.). SconzoNERA Austriaca Willd. LacrucaA Scariola L. CuoNpniLLA juncea L. PTEROTHECA bifida Fisch. et Mey. Soxcuus oleraceus L. HiERACIUM præaltum Koch. Campanulacées. CAMPANULA Sibirica L. (C. Caucasica M. Bieb.). CauPANULA Bononiensis L. SPECULARIA hybrida Alph. DC. Primulacées. LysimacurA vulgaris L. ANAGALLIS arvensis L. Oléacées, LicusrRUM vulgare L., Jasminées. JasuiNUM fruticans L. Asclépiadées. VINCETOXICUM officinale Mench. Gentianées. ERYTHRÆA ramosissima Pers. Convolvulacées. CoNvoLvuLus tricolor L. arvensis L. — (Belleville). Cantabrica L. — (Belleville). holosericeus M. Bieb. hirsutus Steven. CALYSTEGIA sepium R. Br. Dorraginées. CERINTHE minor L. Ecuivy vulgare L. JANVIER 1856. 25 rubrum Jacq. Nonnea pulla DC. ANcHUsA Italica Retz. Onosma stellulatum W. et Kit. LITHOSPERMUM arvense L. officinale L. purpureo-cæruleum L. Myosoris intermedia Link. stricta Link. EcurvosPEnMUvw Lappula Lehm. barbatum Lehm. ASPERUGO procumbens L. Solanées. Paysauis Alkekengi L. Sozaxux Persicum Willd. Hyoscvawvs niger L. — (Belleville). Scrofularinées. VgnbasCUM thapsiforme Schrad. sinuatum L. ? Linaria spuria Mill. vulgaris Mill. genistæfolia Mill. VERONICA Anagallis L. Austriaca L. var. piunatifida Koch. (V. multifida L,). VgnoNicA Cymbalaria Bert, MELAMPYRUM arvense L. — Labiées, MENTA sylvestris L. ORIGANUM vulgare L. Taymus Serpyllum L. var. angustifolius (Th. angustifolius M, Bieb.). SATUREIA montana L. CALAMINTHA Acinos Clairv. graveolens Bth. CtiNOPODIUM plumosum Sieb. SaLvia grandiflora Ettling. Borminum L. Æthiopis L. — (Belleville). Sclarea L. virgata Ait. sylvestris L. verticillata L. Zizipmora capitata L, — (Belleville). BRUNELLA vulgaris L. SCUTELLARIA Orientalis L. albida L. SIDERITIS Taurica M. Bieb. montana L. MannuBiUM peregrinum Bth. Sracays Italica Mill. arenaria Vahl. Leoxures Cardiaca L. var. villosus. Lawicy amplexicaule L. purpureum L. PaLoms pungens Willd, 26 Teucrium Chamædrys L. Polium L. Ajuga Chia Schreb. Amarantacées. PoLycuEwcM arvense L. — (Belleville). Salsolacées. ATRIPLEX hortensis L. Polygonées. Pozyconum Convolvulus L. Bellardi All. Ru{ex conglomeratus Murr. — (Belleville). Aristolochiées. ARISTOLOCHIA Clematitis L. Santalacées. Taesiua linophyllum L. Daphnoïdées. PassERINA annua Wickstr. (Stellera Passe- rina L.). Euphorbiacées. ANDRACHNE telephiifolia L. — (Belleville.). EvPnonsiA falcata L. Aleppica L. Nicæensis All. agraria M. Bieb. Urticées. Huxuzus Lupulus L. Alismacées. ALISMA Plantago L. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Orchidées. Oncnuis Simia Lmk. Iridées. Crocus Susianus Ker. Asparaginées. CoxvALLARIA Polygonatum L. Liliacées. SciLLA autumnalis L. GAGEA arvensis Schult, ORNITHOGALUM fimbriatum Willd. Narbonense L. Muscarı racemosum Mill. Graminées. Mini vernale M. Bieb. SeTARIA viridis P. B. verticillata P. B. ALOPECURUS vaginatus Pall. — (Belleville). SriPA capillata L. pennata L. — (Belleville). Poa bulbosa L. pratensis L. KœLErrA glauca DC. FEsrUCA ovina L. var. duriuscula. — (F. duriuscula L.). Bromus macrostachyus Desf. — (Belleville). sterilis L. — (Belleville). tectorum L. (Belleville); Triricum cristatum Schreb. (Agropyrum cristatum Bess.). villosum: M. Bieb. — (Belleville). Honp&Euw Caput-Medusæ Coss. et DR. (Ely- mus crinitus Schreb, |. ! ZEciLoPs triaristata Willd. Une communication adressée à la Société par MM. Prilliéux et Rivière est, vu l'heure avancée, ajournée à la prochaine séance. SÉANCE bU 25 janvier 4856. 37 SEANCE DU 25 JANVIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. M. Cosson, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 41 janvier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation. Lecture est dounée d'une lettre de M. Bennet, secrétaire de la Société Linnéenne de Londres, qui remercie la Société de l'envoi du Bulletin. Dons faits à la Société : 1» Par M. J.-E. Planchon: Sur les Hermodactes au point de vue botanique et pharmaceutique, thése de Pharmacie, Paris, 1855. 2» Par M. le comte Jaubert: Glossaire du Centre de la France, tome 1%. Paris, 1855. 8° De la part de M. D. Clos, de Toulouse : Document pour l'histoire de la Botanique. Notice sur les écrits bota- niques de Francois Bayle. ho De la part de M. Ch. Martins, de Montpellier : Index seminum horti monspeliensis, 1855. 5° De la part de M. Naudin: Organographie végétale Observations relatives à la structure des vrilles et à la structure de la fleur chez les Cucurbitacées. 6» De la part de M. Tassi : Additio exhibens semina noviter collecta, qua» non reperiuntur in cata- logo 1854. 7° Ën échange du Bulletin de la Société : Proceedings of the Linnean Society of London, 1855, p. 395 à 436, et index. List of the Linnean Society of London ; adress of Thomas Bell esq. the President, and anniversary meeting, mai 1855, L'Institut, janvier 1856, deux numéros, 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre, secrétaire, fait à la Société la communication sui- vante, au nom de MM. Prillieux et Rivière : ÉTUDE DE LA GERMINATION D'UNE ORCHIDÉE , (Angræcum maculatum), pr MM. ED. PRILLIEUX ct AUG. RIVIÈRE. (8 janvier 1850.) Longtemps on crut que les graines des Orehidées demeurent toujours stériles et ne peuvent germer. C'est pour combattre ce préjugé que Salis- bury publia dans les Transactions de la Société Linnéenne une note, à l'appui de laquelle il figura quelques germinations d'Orchidées, les pre- mières à notre connaissance qui aient élé observées. Malheureusement, ses dessins, où les objets sont représentés à un trop faible grossissement, ne sauraient guère montrer clairement autre chose que ce que l'auteur voulait seulement prouver, à savoir que les graines d'Orchidées peuvent germer. Nous ne connaissons pas d'autres observations sur ce sujet antérieures à celles de Link , qui fit dessiner, dans ses Tabulæ selectæ , les germinations de deux plantes dela méme famille, dont l'une est précisément l'Angrexcum maculatum, sur lequel portent les observations que nous avons eu occasion de faire. M. Thilo Irmiseh , enfin, a publié, dans sa Morphologie des Orchidées, une description fort intéressante, sinon tout à fait complete du développe- ment des Orchidées de nos pays. — Les différences considérables qu'il y a entre les faits observés par M. Irmisch et ceux que nous avons suivis dans l' Angrecum, semblent prouver que toutes les Orchidées n'ont pas le méme mode de développement. Les faits manquent aujourd'hui pour éerire l'histoire générale de la germination de la famille des Orchidées; aussi n'avons-nous pas l'intention d'en tracer ici le tableau, mais seulement d'exposer un peu plus complétement qu'on ne l'a fait jusqu'ici l'histoire du développement d'une espèce exotique prise au hasard. Un Angræcum maculatum, dont les fleurs avaient été fécondées, répandit ses graines sur le sable de la serre du Jardin botanique de la Faculté de Médecine de Paris. Ces graines germerent, et grâce à l'obligeance bien connue de l'habile jardinier, M. L'homme, qui dirige cet établissement, il nous a été permis d'en suivre le développement. Les premieres modifications des embryons des Orchidées à l'intérieur de la graine ont déjà été exaetement figurées par Link, d'aprés un Goodyera, et décrites par M. Schacht sur un Pleurothallis. L'embryon a primitivement la forme d'une petite boule celluleuse que le testa enveloppe lâchement. Quand la graine commence à germer, il se déve- loppe, mais il ne croit que par sa partie supérieure ; là, seulement, les cel- lules se inultiplient. Cette partie supérieure augmentant seule de volume, il prend bientôt la forme d'une toupie. Au bout de quelque temps, il devient SÉANCE DU 25 JANVIER 1896. 29 trop gros pour rester contenu à l'intérieur du testa ; alors il déchire cette enveloppe, qui demeure appliquée autour de son extrémité effilée, que l'on ne peut, ce semble, regarder autrement que comme l'extrémité radiculaire. L'embryon d'Angræcum maculatum, observé par nous à ce moment, offre déjà un bourgeon naissant à sa partie supérieure. Une coupe longitudinale montre daus le petit corps, qui n'a pas encore atteint la grosseur d'un grain de Millet, une strueture assez compliquée. Au-dessous des feuilles nais- santes sont de jeunes trachées entourées de cellules allongées. La masse de l'embryon est formée de cellules transparentes, dont l'aspect n'offre rien de particulier ; mais à sa base, on remarque une couche de cellules remplies d'une matiere opaque, jaunátre, qui se colore en brun par l'iode. Cette couche enveloppe la partie pointue de l'embryon; ellea dans son ensemble la forme d'un entonnoir. Plusieurs des cellules superficielles ou épider- miques font saillie à l'extérieur, et se prolongent bientót en longues papilles. Ces papilles naissent par groupes sur toute la surface de l'embryon ; elles persistent longtemps sur les points exposés à l'humidité, et se flétrissent sur les autres, Elles semblent jouer, pendant les premiers moments de la vie de la jeune plante, le róle de racines. Peu de temps après que l'embryon a déchiré le testa, et avant que le premier bourgeon se soit développé, il en naît sur un autre point un second, auquel correspond, dans l'intérieur de la masse, un second faisceau vascu- laire formé, comme le premier, de trachées et de cellules allongées. Puis, bientôt aprés, dans le parenchyme de l'embryon, dont le volume va tou- jours en croissant, se développe de la fécule en grains extrêmement ténus. C'est vers le centre du corps qu'elle se produit le plus abondamment. Aucun des deux bourgeons ne peut être considéré comme terminal; ils produisent des axes secondaires. L'axe primaire, fort peu développé, est réduit au petit corps eu forme de toupie qui ne porte lui-méme à propre- ment parler ni feuilles ni racines. L'un des deux bourgeous produit un rameau qui se développe dans toute sa longueur d'une manière uniforme. Toutes ses feuilles restent toujours réduites à de courtes écailles brunátres; son axe s'allongeant peu et deve- nant fort épais, prend l'aspect d'une sorte de tubercule qui se confond avec le tubereule primitivement formé par l'axe primaire. A l'aisselle de chacune des écailles qu'il porte, nait ordinairement un bourgeon, qui se développe de la méme facon que l'axe qui l'a produit, de sorte que les axes tertiaires semblent des digitations du tubercule qui, par ce moyen, grandit et se ramifie. Cesaxes tertiaires portent souvent des écailles, à l'aisselle desquelles se produisent parfois des axes de quatrième ordre, qui se développent de la méme manière que les précédents, et forment des lobes du tubercule. L'autre axe secondaire croit en partie comme le premier, et concourt ainsi avec lui à augmenter le volume du tubercule; mais un de ses bour- 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. geons, tantôt le terminal, tantôt un axillaire, se développe différemment, et pousse, non de petites écailles, mais des feuilles au nombre de 5, qui se montrent sous la forme, les deux premières, de gaines brunátres, la 3° et la 4° de gaines vertes, la 5° de vraie feuille. Les 4 premières feuilles demeurent fort rapprochées les unes des autres, l’entre-nœud qui sépare la h° de la 5* s'allonge seul, grossit, et forme le pseudobulbe, du haut duquel nait la 5* feuille. Chacune de ces 5 feuilles porte à son aisselle un bourgeon ; au sommet du pseudobulbe, on trouve, en outre, pres du bour- geon né à l'aisselle de la 5* feuille, un bourgeon terminal. Ainsi, par suite du développement des bourgeons nés sur l'embryon (axe primaire), se produisent une tige feuillée et un tubereule volumineux et ramifié, d’où la tige semble naitre. Les seules racines qu'ait jamais le végétal, sont des racines adventives. C'est de la base du bourgeon à feuilles, du point de la tige oü nait la 2* gaine, que sort toujours la première racine adventive, Elle déchire la premiere gaine, dont on a bientót peine à retrouver la trace, et va s'im- planter dans le sol. Plus tard, une seconde, puis une 3* racine adventive, se développent à peu prés au niveau de l'origine de la premiere, et dés lors la vie indépendante du bourgeon à feuilles parait assurée. Link, dans ses observations sur la germination de l' Angrecum maculatum, n'a distingué qu'un seul bourgeon, et rien ne peut faire penser qu'il ait vu le tubercule ramifié si remarquable, qui se produit pendant les premieres phases de la vie de la plante. En outre, il à commis une erreur, en disant qu'une raciue nait de l'axe primaire méme, au moment de l'apparition du premier bourgeon. L'observation d'un nombre considérable d'embryons ne nous a jamais rien montré de pareil; et, du reste, plusieurs des dessins de Link lui-méme permettent de reconnaitre la cause de la fausse interprétation qu'il en donne. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : DESCRIPTION D'UN NOUVEAU GENRE DE CHAMPIGNONS (Entomosporium), pr M. J-H. LÉVEILLÉ, D.-M. (Paris, 46 janvier 4856.) Micheli parait être le premier qui ait fixé l'attention des botanistes sur les semences ou plutôt sur les spores des champignons et des autres plantes eryptogames, Ce qu'il en dit dans son Nova plantarum Genera, et surtout les expériences qu'il a faites sur la reproduction de quelques Agaries par le semis, tendent à prouver, comme les germinations que l'on peut obtenir tous les jours, que les spores sont des organes véritablement destinés à là reproduction. SÉANCE DU 95 JANVIER 1856. 31 Si l’on veut avoir une idée juste des spores, il faut les étudier avec le microscope, l'œil ne voit qu'une poussière ou une matière blanche, rouge, jaune, ocracée ou noire. Leur structure, quoique tiès simple en apparence, est, en réalité, quelquefois assez compliquée, ainsi que le démontrent les recherches de MM. Tulasne. Les formes qu'elles affectent sont assez variées, elles ne demandent, pour être saisies, qu'une vue ordinaire et un grossisse- ment de 300 à 350 fois. Elles sont rondes, ovoïdes , elliptiques, cubiques, linéaires, fusiformes, étoilées, etc. ; leur surface est glabre, réticulée, mamelonnée ou hérissée de spicules; les unes sont formées d'une seule cel- lule, les autres de plusieurs; celles-ci sont disposées en une seule série linéaire, les autres, au contraire, sont placées les unes à côté des autres ; enfin, il y en a qui sont pourvues d'appendices filiformes, tels que le Sphæ- ria insidiosa Dsmz., les genres Dilophospora, Pestalozzia, Dinemasporium, Discosia, etc. Ces appendices sont situés à une extrémité ou aux deux à la fois. Les spores du genre Entomosporium, dont je vais donner la description, en présentent un vers la base qui sert de pédieelle, et deux latéraux, ce qui leur donne l'apparence grossière d'un insecte. ENTOMOSPORIUM nov. gen. Receptaculum inpatum carnosum molle orbiculare, epidermide rupta pulvinatum ; sporæ superficiales e quatuor cellulis in crucem dispositis for- matæ, cellula superiori ovato-pyriformi, inferiori multo majori obovata basi pedicellata, alteris subovatis minutis æqualibus appendiculo filiformi laterali instruetis. Entomosporium brachiatum. KReceptaculis epiphyllis sparsis orbiculatis epidermide solummodo nigra demum rupta obtectis. In Helvetia ad folia Mespili eriocarpæ, DC., olim legit Chaillet. Entomosporium brachiatum Lév. in herb. Cand. Entomosporium maculatum. Receptaculis epiphyllis sparsis vel gregariis orbiculatis epidermide nigra demum rupta obtectis maculaque propria vel communi tumida albida cireumdatis. In Gallia prope Andegavum legit cl. professor Guépin ad folia pyrorum, mecumque benevole eum multis aliis fungis curiosis nondum descriptis communicavit. Entomosporium brachiatum Lév. Guépin in Notice sur une flore ange- vine manuscrite, p. 9, et Annal. de la Soc. Linn. de Maine-et-Loire, 1** volume. (Sans description.) Lorsque l'on compare les spores de ces deux champignons, on est tenté, comme je l'ai fait primitivement, de les réunir en une seule espece. Le rap- prochement des réceptacles, placés dans une tache blanchátre plus ou moins étendue, suffit pour les distinguer à la première vue. L'Zntomosporium brachiatum ne m'a jamais présenté que des spores , tandis que j'ai toujours 39 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trouvé celles du maculatum mélangées avec d'autres spores trés petites, allongées, droites, transparentes, et supportées par des bandes réunies en faisceau à leur base. Quel rapport existe-t-il entre ces deux champignons? J'avoue humblement que je ne me sens pas la force de résoudre cette question. LETTRE DE M, CH. MARTINS. Montpellier, 15 janvier 1856. Monsieur le Président, Permettez-moi d'appeler l'attention de la Société sur une petite innova- tion que j'ai introduite dans le Catalogue des graines du Jardin de Mont- pellier pour 1855. Aprés avoir rassemblé un certain nombre de graines récoltées dans la campagne, j'en ai inséré le nom dans le catalogue, en les distinguant par un astérisque. Les botanistes du Nord pourront donc se procurer des graines de plantes spontanées du midi de la France, et les voir fleurir et fructifier sous leurs yeux. L'examen de l'espèce vivante amènera des rectifications de noms qui profiteront aux botanistes du midi ; en effet, les ouvrages systématiques sur les plantes d'Europe ayant été composés dans le nord du continent, il en est résulté que les botanistes du midi de la France ont souvent donné à certaines plantes méditerranéennes le nom de l'espece du nord qui lui ressemblait le plus, sans étre cependant identique avec elle; de là des confusions regrettables. Dans son trop court séjour à Montpellier, M. le professeur Godron a pu en rectifier quelques-unes, mais il en reste beaucoup qui appellent la sagacité des botanistes descripteurs. S'ils daignent encourager ma tentative, j'aurai soin que l'année prochaine le nombre des espèces spontanées du Catalogue des graines soit considéra- blement augmenté, et je me ferai un plaisir d'y insérer les espèces qui me seront spécialement recommandées par les botanistes. J'ai l'honneur, etc. CH. MARTINS, Directeur du Jardin des plantes de Montpellier. NOTE SUR LA FLORAISON DE L'HELIANTHEMUM GUTTATUM, pr M. A. MALBRANCHE. (Rouen, 12 janvier 1850.) En parcourant le Bulletin de la Société Botanique de France, je trouve une observation de M. Clos (1), que j'avais faite de mon cóté dès le mois de juillet 1854. Je n'ai pas la moindre prétention à ja priorité de cette remarque faite à peu près simultanément par M. Clos sur les Malvacées, et par moi sur les Cistées, Je veux seulement signaler l'aecord parfait avec M. Clos, auquel je suis arrivé spontanément. (1) Voyez t. I, p. 298. SÉANCE DU 25 JANVIER 1856. 33 J'avais eu occasion de récolter avee M. Comar, un des membres les plus jeunes et les plus zélés de la Société, une assez grande quantité d' Helian- themum guttatum. Grand fut notre désappointement de voir le sol jonché de pétales, et que pas une fleur ne restait ouverte sur la plante. Il etait deux heures apres midi. J'en emportai un certain nombre, que je fis fleurir à la maison, dans l'eau, avee un plein suecès, ce qui me donua l'idée de suivre toutes les phases de leur épanouissement. J'avais reconnu la nature diverse des enveloppes calicinales, et je m'étais arrêté au nom de bractées stipulaires, n'osant pas créer un nouveau nom, dont je ne comprenais pas bien, au reste, la nécessité. M. Clos parle de stipules bractéales. Ainsi nous voyions bien du méme œil un organe mal compris jusqu'alors. — J'ai observé sur l’ Helianthemum vulgare les mêmes phénomènes. Voici la note que je trouve à ce sujet dans mon journal bota- nique, à la date de juillet 1854 : « L'inflorescence de l'Æelianthemum guttatum forme une grappe scor- pioide. Le calice est décrit habituellement à 5 sépales, dont 2 plus petits ou nuls ; mais en examinant la situation des parties, il me parait bien que ces 2 petites pièces sont d'un autre ordre que les autres. Elles sont situées de façon qu'il reste la place d'une troisième, correspondant à l'axe sur lequel l'inflorescence s'enroule, ce qui gêne son développement. Ce sont certaine- ment là 2 bractées (la 3* avorte), qui représentent dans la fleur les sti- pules des feuilles. Ces bractées se dégagent et s'ouvrent dans le jeune bouton, bien avant les autres parties de l'appareil floral. En méme temps que l'axe se déroule et s'allonge , chaque pédicelle croît aussi, se redresse , et élève la fleur vers le soleil. Les 3 grands sépales, qui sont elanduleux, ponc- tués sur le dos, s'écartent; la corolle chiffonnée se dégage de sa prison, s'étale comme une coupe dorée réguliere, dout le centre est oceupé par uu stigmate blane, à 3 divisions. Les étamines forment cercle autour, et les 9 macules brunes des pétales complètent la décoration de cette chambre nuptiale. Les larges pétales font l'office de réflecteurs et les taches foncées s'échauffent plus facilement, en absorbant les rayons solaires. (Cet épa- nouissement n'a jamais eu lieu, pendant plusieurs jours, que de 7 à 10 heures du matin.) La fleur brille une heure ou deux, puis les pétales se détachent, le calice (les 3 grands sépales) se referme, et l'ovaire fécondé mürit en secret les germes précieux d'une nouvelle génération. Enfin, les pédicelles s'abaissent, comme pour diriger vers la terre les semences, à leur maturité. » Les petits sépales ne semblent prendre aucune part à ces mystères, et occupent bien les intervalles des grands, affectant la situation des petites divisious braetéaires des Rosacées. » L’ Helianthemum vulgare offre la méme disposition. |! fleurit plas longtemps, de six heures du matin à la fin du jour, et les fleurs s'ouvrent deux ou trois jours. (Celles de l'7/. guttatum ne s'ouvrent qu'une fois.) T. Hi. 3 8h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » Si ces deux petits sépales, que j'appellerai bractées stipulaires, comple- taient le vertieille quinaire du calice, ils alterneraient avec les pétales. Il n'en est rien. Les grands sépales se partagent exactement toute la circonfé- rence. » SUR LA GERMINATION DES GRAINES DE PLUSIEURS GOUSSES DE CASSIA FISTULA ÉCHOUÉES SUR LA COTE DU LANGUEDOC, par M. CH. MARTINS. ( Montpellier, janvier 1856. ) L'excellente Géographie botanique raisonnée de M. Alph. De Candolle renferme uu chapitre où il discute avec soin (t. 11, p. 613) les differentes causes du transport des graines de végétaux. Parmi ces causes, il note les courants marius, Dans les utiles instructions placées à la fin de l'ouvrage, il revient sur ee sujet, en invitant les observateurs à noter tous les faits qui peuvent jeter quelque jour sur ces questions. L'importance qu'il attache si justement à leur solution, me décide à communiquer à la Société un petit fait , qui, sans être décisif, lui paraîtra peut-être digne d'intérêt. Le 6 mai 1855, M. Touchy, conservateur des collections du jardin des plantes, trouva, pres de Pérols, village peu éloigné de Montpellier, quel- ques fragments de gousses de Cannefice ou Casse des boutiques (fruits du Cassia Fistula L.) échouées sur la plage. Le 28 juin, il en retrouva à 8 kilo- métres de là, également sur la plage , en face de l'église ruinée de Mague- lonne. Dans l'intervalle, une autre personne m'avait également rapporté des fragments, dont la longueur variait de 1 à 2 décimètres. La mer les avait évidemment jetés sur la côte. Je brisai les fragments de gousse les mieux conservés, et fis semer les graines dans des pots qui furent placés sur couche dans une bâche exposée en plein midi. Au bout de einq jours, j'eus la satisfaction de voir germer treize des graines sur vingt que j'avais semées ; les petites plantes s'éleverent rapidement à la hauteur de 10 cen- timétres, pousserent plusieurs feuilles pennées, mais, à partir de ce moment, elles dépérirent, et moururent, malgré toute la peine que nous primes pour les sauver. D'où provenaient ces fruits jetés par les courants sur le rivage de la mer; près de Montpellier? Je crus au naufrage d’un navire allant d'Alexandrie à Marseille et portant de la Cannefice dans sa cargaison. J'espérais arriver à connaître le lieu et la date du naufrage, et savoir, par conséquent, combien de temps ces fruits avaient été ballottés par les flots, sans que l'eau de mer eut altéré les facultés germinatives des graines qu'elles eontiennent; j'en déduisais la vitesse moyenne du courant marin qui les avait apportées. J ajoutais ainsi un petit chapitre à l'histoire de la diffusion du Cassia Fis- tula en Egypte et dans l'Inde. Une lettre, insérée dans le Nouvelliste de Marseille, me valut une réponse d'un honorable négociant de cette ville, SÉANCE DU 25 janvier 1856. 35 M. Immer, qui renver:a mon petit échafaudage scientifique. Voici ce qu'il m'écrivait : «la Cannefice où Casse des boutiques est une marchandise de peu de valeur et d'un emploi tous les jours plus restreint (1). Jusqu'au mois de juin 1855, elle était, en outre, grevée d'un droit d'importation hors de toute proportion avec sa valeur vénale. Pour diminuer ces droits, on avait soin de grabeler Ves Casses avant de les présenter à la douane. Cette opération con- siste à rejeter toutes les gousses qu'on appelle des sonneftes, c'est-à-dire dans lesquelles les graines sonnent, lorsqu'on les secoue. Ce petit bruit de son- nette, ou plutôt de crécelle, prouve que la pulpe purgative, qui entoure la graine, est desséchée, et que, par conséquent, la gousse est sans emploi. On rembarque tous les résidus du grabelage, et lenavire les jette à la mer, en sortant du port de Marseille » Vailà dare quelle était l'origine des gousses trouvées sur la plage de Montpellier, Je eónnais leur point de départ, mais j'en ignore la date. Néan- moins, ous savdn$ que ees fruits ont parcouru 28 minutes 58 secondes en longitude, ou environ 130 kilomètres, en tenant compte des sinuosités de la côte entre Marseille et Maguelonne. Or, il existe un courant constant qui part de l'embouchure du Rhône, et porte dans l'est, en longeant les côtes de Provence et du Languedoc, Il est probable que le vent aura retenu ces fruits dans le lit de te courant. D'après les renseignements que je tiens de M. Regis, ingénieur en chef du port de Cette; ce courant a une vitesse moyenne de 0",20 à 0",30 par seconde; mais avee certaihs vents, il peut acquérir, suivant les marins, une vitesse de 1 metre à 17,50 par seconde. Des expériences kécehtes, faites au large; ont donné de 0",20 à 0,80, J'admettrai, comme moyenne probable, tihe vitesse de 0",50 par seconde; soit 1800 mètres à l'heure, vitesse peu inférieure à celle du Gulfstream entre Terre-Neuve et les Açores, ou du courant de Rennel, qui longe les côtes occidentales de France. Dans cette hypothèse, ces gousses auraient accompli ce trajet en 72 heures ou trois jours, mais il est très possible que des vents contraires les aient ballottées longtemps sur les flots, et qu'elles soient restées au moins huit ou quinze jours en mer. Je ne crois pas que létir voyage ait duré plus longtemps, ear leur péricarpe n'était altéré en aucune facon, les cloisons étaient intactes et, par conséquent, les graines d'avéæient pas subi le contact de lean salée. Aussi suis-je loin de donner cet exemple comme une preuve que l'eau de mer n'altére pas les propriétés getminatives des gráines, mais, au contraire, comme un exemple de la pro- tection souvent tres efficace du péricarpe pour la graine qu'il renferme. (1) En effet là pulpë de Casse est rarement employée de nos jours comimë laxatif, tandis qu'autrefois elle formait avec le Séné la base de ces purgatifs dont nos pères faisaient un usage si habituel et si exagéré. 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'opinion de M. Immer sur la provenance des gousses de Cassia Fistula eut bientót une confirmation remarquable. Le 8 octobre 1855, à la suite d'un coup de vent, M. Touehy recueillit encore un grand nombre de fruits échoués sur la plage de Maguelonne ; la plus grande quantité se trouvait en face de l'église sur une longueur de 1 kilomètre environ. Les graines de Légumineuses, telles que : Dolichos urens, Guilandina Bonduc , G. Bonducella et Mimosa scandens , portées par le Gulfstream sur les côtes d'Écosse, ne voyagent pas dans la gousse où elles sont reufer- mées, car j'ai ramassé moi-même, le 17 août 1838, à Kielvig, au pied du cap Nord (lat. 71° 10' N. longit., 23° 30' O.), une graine nue de Mimosa scan- dens L. (Entada Gigalobium DC.) au milieu des galets du rivage. Les Lapons en trouvent souvent, et leur attribuent des propriétés médicales merveil- leuses. Cette graine étant nue, son épiderme ne présentait aucune trace d'al- tération, et, cependant, elle avait parcouru, portée par le Gu/fstream, un quart de la cireonférence du globe: partie du golfe du Mexique, elle était sortie par le détroit de Bahama (lat. 25? N. long. 80° 25’ O. de Paris), avait longé les côtes méridionales des États-Unis jusqu'à la hauteur de New- York, puis atteint les Açores, contourné le nord de l'Écosse, pour gagner les côtes de Norvége, les prolonger jusqu'au cap Nord, où elle est venue échouer portée par la petite branche du Gulfstream , qui s'engage dans la mer Blanche, tandis que l'autre va se perdre sur les cótes occidentales du Spitzberg, où j'ai vu aussi flotter des bois d'acajou provenant de lati- tudes plus méridionales. M. Decaisne présente à la Société la thèse de M. Planchon sur les Hermodactes, et le travail de M. Naudin sur les vrilles et la structure de la fleur des Cucurbitacées. Il entre dans quelques détails sur les résultats des études de M. Naudin, relativement à cette famille. Entre autres faits nouveaux pour la science, M. Naudin a constaté que la fleur mále des Cucurbita ne renferme pas cinq étamines, dont quatre soudées deux par deux, comme on l'avait généralement admis jusqu'ici, mais seulement deux étamines complètes et une demi-éta- mine, c'est-à-dire une étamine dont l'anthére n'a qu'une seuleloge (1). M le comte Jaubert fait hommage à la Société du premier volume (4) Voici d'ailleurs un fait qui vient à l'appui de cette manière de voir, et qui lèverait tous les doutes, s'il en restait encore. M. Decaisne a observé antérieure- ment à la note de M. Naudin, que chez une Cucurbitacée cultivée au Muséum sous le nom, peut-être impropre, de Bryonia abyssinica, les loges de l’anthère, au lieu de présenter ces sinuosités si caractéristiques dans la famille des Cucurbitacées re- d3 prennon la forme ordinaire et simple de deux bourses oblongues réunies l'une à autre par l'intermédiaire du connectif, ce qui donne à l'anthere tout entière la SÉANCE DU 25 JANVIER 1856. 37 de son Glossaire du centre de la France. Il fait remarquer que ce travail, quoique essentiellement philologique, peut cependant offrir de l'intérét aux botanistes, car il a eu soin d'y mentionner tous les noms vulgaires de plantes, qui sont usités dans les différentes parties du centre de la France. M. le comte Jaubert met en outre à la disposition des membres présents à la séance un certain nombre d'échantillons d'A/isma parnassifolium recueillis dans les étangs de la Brenne (département de l'Indre) par M. de la Tremblais, ancien sous-préfet de l'arrondis- sement du Blanc. M. J. Gay donne lecture de la notice suivante: NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX DE PHILIPPE BARKER WEBB, par M. J. GAY. Philippe Barker Webb appartient à une ancienne famille du comté de Surrey, qui, depuis un siécle et demi, a fourni à l'Angleterre plusieurs hommes distingués, magistrats, antiquaires, officiers de terre et de mer. Né, le 10 juillet 1793, à Milford, paroisse de Witley, dont son pere était seigneur, il montra de bonne heure les plus heureuses dispositions, tant pour les lettres anciennes que pour les sciences naturelles, particulièrement pour la botanique et la géologie. Ses études, commencées au collége de Harrow, s'achevérent à l'Université d'Oxford, où il fut initié à la géologie par le célébre Buckland, et oü il obtint comme humaniste les plus grands succes. I! était né avec l'instinct des voyages, qui ne l'a jamais quitté, et c’est avec le fruit de ces voyages qu'il devait se faire un nom dans la science. En 1815, il avait terminé ses études, déjà maitre d'une belle fortune, dont la mort prématurée de son pere lui laissait ia jouissance. Dès la méme année 1815, nous le trouvons à Venise, où il rencontre le chevalier Parolini, de Bassano, qui, dans la méme position sociale et avec la méme indépendance de fortune, cultivait les mémes goûts, la botanique d'abord, et ensuite la géologie, dans laquelle il avait eu pour maître le célèbre Brocchi. Ils étaient du méme âge, et ils furent bientôt liés. En 1815, Webb avait recu à Bassano l'hospitalité de M. Parolini. En 1816, M. Parolini vint, en Angleterre, recevoir l'hospitalité de Webb, et c'est là qu'ils conçu- plus grande ressemblance avec celles des Renonculacées et de cent autres familles. Mais ici aussi les étamines se réduisent à trois, dont deux seulement ont des an- theres biloculaires et completes, celle de la troisieme restant uniloculaire par l'avor- tement d'une de ses loges. On est donc fondé à dire que chez les vraies Cucurbitacées (le Gronovia faisant exception) le verticille staminal est rigoureusement réduit de moitié, (Note communiquée par M, Decaisne après la séance.) 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rent le projet d'un voyage eu Orient, auquel leurs études classiques les avaient admirablement préparés l'un et l'autre, Le temps ne fit que mürir ce projet, pour lequel un rendez-vous fut bientôt pris. Webb devait passer à Naples, avec sa mère et deux de ses sœurs, l'hiver de 1817 à 1818. M. Parolini vint l'y joindre en 1818, daus les premiers jours d'avril, et c'est alors qu'ils se mirent en route pour accomplir ensemble ce voyage qui, pour eux, était un vrai pelerinage en terre sainte. Dans le cours d'une année, Otrante, Corfou, Patras, Athènes, les Cyclades, Constantinople, la Troade, Smyrne, Malte et la Sicile, sont suecessivement visités. Nourri, comme il l'était, d'Homère, de Strabon et de toute la littérature grecque, Webb n'avait pu fouler le sol de l’ancienne Troade, sans chercher à se rendre compte du théâtre de la guerre Troyenne. Où étaient le Scamandre, et le Simois, et la ville de Priam? Après examen attentif des lieux, Webb s'était fait sur ces divers points des idées en grande partie nouvelles et contraires au système, alors généralement admis, de notre compatriote Le Chevalier. On le pressa de publier ses observations, et c'est pour cela qu'à son retour de Sicile, il vint passer, à Milan, l'hiver de 1820 à 1821. Telle fut l'origine et l'oecasion du livre que Webb publia, en 1821, sous le titre d'Osservazioni intorno allo stato antico et presente dell agro Trojano, et, en 1846, sous le titre de Topographie de la Troade ancienne et moderne, œuvre d'une immense érudition, et où l'on trouve par- tout le géologue associé à l'antiquaire, mais où le botaniste n'est encore qu'en rudiment. Webb passa en Angleterre les quatre années qui suivirent la premiere de ces publications, et il ne parait pas qu'il ait rien fait pour la science pendant cette période de sa vie. Sans doute qu'alors il fut exclusivement occupe de son domaine de Milford, qui, dès cette époque, était devenu un véritable jardin botanique. Le 51 juillet 1825, il parait de nouveau sur le continent, faisant à Saint- Sever, dans le département des Landes, sa premiere visite à notre spirituel et célèbre entomologiste, M. Léon Dufour. I! venait de Dax, où il avait été sur le point d'aequérir l'herbier de feu Thore, auteur de la Chloris des Landes. Un serupule du propriétaire, qui était le propre fils de l'auteur dont je viens de parler, empécha seul cette négociation d'aboutir. J'ignore de quel cóté Webb porta ensuite ses pas, mais j'ai tout lieu de supposer que ce fut vers la Méditerranée française, et que là il passa l'hiver, soit à Montpellier, soit à Marseille. En 1828, commence pour lui cette longue exploration des côtes de la péninsule ibérique, qui a douné licu à deux de ses ouvrages (Fer hispa- niense, eu 1838, et Otia. hispanica, eu 1853), et qui devait le préparer si bien à des travaux plus importants, Cette fois, ce uest plus l'archéologie ni la géologie qui occupent. princie SÉANCE DU 25 JANVIER 1856. 39 palement le voyageur , c'est l'histoire naturelle. Il recueille les coquilles, les poissons, les oiseaux, et surtout les plantes, qui, peu à peu, deviendront l'objet de sa principale étude. Arrivé à Barcelone, en mars 1826, il visite successivement Tarragone, Tortose, Valence, Denia, Alicante, Malaga, la Sierra Tejeda, Grenade, la Sierra Nevada, Guadix, Almeria, Motril, Velez, Malaga, Ronda ct Gibraltar, où il arrive à la fin d'octobre. Après un mois de repos, il se rend par terre à Cadix, de là à Séville et à Cordoue ; puis, revenant sur ses pas, et suivant à peu près la même route, il rentre à Gibraltar à la fin de mars. Bientôt une occasion favorable se présente de passer à Tanger, il la met aussitôt à profit, et le voilà sur la terre d'Afrique, avec l'espoir malheureusement trompé de pouvoir pénétrer jusqu'à la capi- tale du Maroc. A Tanger, il était en parfaite sûreté, mais l'intérieur du pays était hermétiquement fermé aux étrangers. Il. obtint, néanmoins, l'autori- sation de visiter, à 15 lieues de Tanger, sous l'escorte d'un officier maro- cain, les montagnes du voisinage immédiat de Tetuan, le Djebbel Beni- Hosmar et le Djebbel Darsa, qui botaniquement étaient alors complétement vierges. Ce fut une des plus belles herborisations qu'il eüt jamais faites, et elle lui valut, entre autres, cette curieuse Crucifère qu'il a publiée depuis, dans un mémoire spécial, sous le nom d emicrambe fruticosa. Le 15 juin 1827, Webb était de retour à Gibraltar, et de là, il passait à Lis- boune par mer, pour achever en Portugal sa reconnaissance des cótes de la péninsule. Retenu par les grandes ehaleurs, pendant deux mois entiers, tantót à Lisbonne, tantót à Cintra, il ne put se mettre en route qu'au com- mencement de septembre. Coimbre et Oporto eurent d'abord sa visite, puis Guimarrens, Braga et la Serra de Gerez, sur l'extréme frontiére nord de la province Entre Douro e Minho, puis le fameux district de Pezo da Regoa, où se récolte tout le vin dit de Porto, puis Lamego, Viseu, Espin- hal, Thomar et Santarem. Il rentra à Lisbonne à la fin de décembre, trés fatigué d'un long voyage à eheval, ayant eu aussi à souffrir du froid, et, vu la saison, avec un bagage botanique très léger, mais riche de faits géo- logiques et métallurgiques, recueillis dans une région où les terrains grani- tique et schisteux occupent de vastes espaces, où les sourees thermales sont nombreuses, et où la terre recèle, en divers endroits, des veines d'argent, d'or, d'étain et de fer. Les plantes les plus remarquables de ce voyage ont été, plus tard, recensées dans l'/fer hispaniense, mais les observations géo- logiques sont. restées inédites, y compris,une carte du bassin de Lisbonne, que Webb avait dressée de concert avec M. Louis da Silva Mouzinho d'Albuquerque, auteur d'un savant mémoire sur les terrains de l'ile de 5. Miguel, une des Acores. Aprés avoir passé l'hiver à Lisbonne, Webb s'embarqua pour Madère le 2 mai 1898, et il y prolongea son séjour jusqu'au commencement de septembre, Le 5 de ee même mois, un bateau à vapeur le déposait au port A0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de l'Orotava, sur la cóte nord-ouest de Ténériffe. Tl était venu à Madere, et de là à Ténériffe, sans aueun dessein bien arrété, et croyant n'y faire que de simples étapes, avant de passer au Brésil, dont la végétation luxu- riante excitait au plus haut point sa curiosité. Une circonstance imprévue en décida autrement. ll avait fait l'ascension du pie, et il attendait à la Laguna Ja fin des grandes chaleurs, lorsque son compagnon de voyage, jeune pharmacien, qu'il avait amené de Barcelone, fatigué de la vie errante qu'il menait depuis plus de deux ans, témoigna le désir de rentrer dans ses foyers. Collecteur infatigable des produits des trois règnes, Webb ne pouvait se passer d'un assistant. Celui qu'il perdait, il fallait absolument le rem- placer. C'est alors qu'il s'adjoignit M. Sabin Berthelot, jeune Francais qui comptait déjà huit annees de séjour à Téneériffe, où il était alors sans occu- pation, et qui, sans être naturaliste, aimait l'histoire naturelle et s'était déjà fait un herbier canarien, homme d'esprit d'ailleurs, et façonné de maniere à devenir, au besoin, un écrivain élégant. C'est là ce qui fixa enfin la destinée de notre voyageur. Secondé par un homme capable, il pouvait prolonger son séjour aux iles Canaries, en faire l'objet d'une étude spéciale, et marquer ainsi à son avenir un but dizne de lui. La terre qu'il foulait n'était sans doute pas nouvelle pour les sciences naturelles: elle avait été fouillée géologiquement par Humboldt, Cordier et de Buch, botaniquement par Masson, Ledru, Broussonnet, Christian Smith, et vingt autres. Mais le fruit de leurs travaux était ou inédit ou éparpillé dans une foule de publications. Il y avait, d'ailleurs, beaucoup à espérer d'une exploration nouvelle et prolongée dans des îles dont quelques-unes sont sillonnées par d'innombrables et profonds ravins, qui opposent à la marche du voyageur des obstacles souvent insurmontables, C'est là le but que Webb, assisté de M. Berthelot, s'était proposé, Deux années presque entières y furent consacrées, pendant lesquelles nos deux voyageurs visi- tèrent successivement Ténériffe, Lancerotte, Fortaventure, Canaria et Palma, récoltant partout les plantes, les oiseaux, les poissons, les insectes et les coquilles, examinant les roches, analysant les sources, faisant des observations thermométriques, rassemblant, en un mot, les faits de toute sorte, d'où pouvait résulter une Histoire physique et statistique complète de l'archipel. | à Gomere et l'ile de Fer manquaient encore à leurs investi- gations ; il fallut y renoncer, en raison d'une fièvre épidémique qui régnait dans la premiere de ces iles, et à cause de l'éloignement de la seconde, avec laquelle les moyens de communication étaient alors rares et difficiles. C'est aprés tous ces travaux, que, le 15 août 1830, Webb, toujours accompagné de M. Berthelot, s'embarqua à Santa-Cruz, pour revenir en Europe avee ses collections, C'était en France, c'était à Paris, qu'il voulait s'établir, mais la France etait alors agitee par la révolution de Juillet, et, SÉANCE DU 29 JANVIER 1856. A plus tard, le choléra fut un obstacle qui le tint éloigné de Paris. Il passa done à Nice ou à Genève les derniers mois de 1830, ainsi que les années 1831 et 1832, et ce fut en 1833 seulement, que, vers la fin de juin, il put venir se fixer à Paris. L'œuvre que Webb méditait était proprement l'Histoire naturelle des iles Canaries, et c'est effectivement sous ce titre que l'ouvrage sera publié; mais les goûts particuliers de M. Berthelot, qui devait y concourir, y ont fait entrer plusieurs matières qui appartiennent à un autre domaine, l'Eth- nographie et les Annales de la conquéte, la Géographie descriptive et la Statistique, un chapitre sur la pêche des côtes d'Afrique, un autre sur les incursions des [sleños sur ces mèmes côtes et sur les représailles des Maures, un troisième sur les entreprises des Isleños en Amérique et sur leurs rela- tions commerciales avec ce continent, enfin tout un volume de Miscellanées, pièces légères, qui n'ont d'autre tort que de paraitre ici sous une couver- ture scientifique. Quant à l'histoire naturelle proprement dite, elle était trop vaste pour un seul homme, et Webb dut chercher des collaborateurs. De toutes les branches de la zoologie, il ne se réservait que la moins importante, celle des Mammifères. Pour les autres, il trouva le concours empressé des hommes les plus expérimentés, M. Valenciennes pour les poissons, M. Alcide d'Or- bigny pour les mollusques, MM. Brullé, H. Lueas et Macquart pour les inseetes, M. Paul Gervais pour les reptiles, M. Moquin-Tandon pour les oiseaux et les Hirudinées. La Géologie était une de ses sciences favorites; il ne voulut la céder à personne, et, à vrai dire, elle ne pouvait être traitée que par lui qui avait vu les roches en place avec leurs iunombrables modifications. A plus forte raison se réservait-il la Botanique, qui avait depuis long- temps ses préférences, et à laquelle il s'était tout particulièrement voué depuis son voyage en Espagne. Ici pourtant encore, la charge, trop lourde pour un seul, dut être partagée, et c'est pour cela que certains articles du Phytographia canariensis seront signés Montagne, C. H. Schultz, Decaisne, Reichenbach fils, Moquin-Tandon, Barnéoud, de Noé, Parlatore, etc. Les rôles ainsi distribués , chacun se mit à l'œuvre, mais l'œuvre était immense dans ses détails scientifiques, et elle se compliquait encore des planches nombreuses qui devaient accompagner l'ouvrage, sans compter les Sacrifices pécuniaires considérables, auxquels se soumettait l'auteur prin- cipal, pour rendre à son éditeur la charge plus légère. L'enfantement ne pouvait être que long, il y fallut quatorze ans, depuis la premiere livraison, publiée en 1836, jusqu'à la 106* et derniere, qui porte la date de 1850. Histoire naturelle des iles Canaries, par MM. P. Barker- Webb et Sabin Berthelot, tel est le titre de l'ouvrage. H se compose de neuf volumes in-4°, de force inssale, dont un pour l'Etbnographie et les Annates de la conquête, h2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. un pour les pièces réunies à titre de Miscellanées, un pour la Géographie descriptive, la Statistique, la Géologie, et le rôle qu'ont joué les Isleños au dehors de F Archipel, un pour la Zoologie et quatre pour la Botanique, plus un Atlas in-folio, qui renferme des cartes, des vues, des coupes géolo- giques, des arbres ou arbustes propres aux iles Canaries, représentés entiers et dans leur port naturel, ete. Les autres planches, lithographies ou gravées, sont d'ailleurs en très grand nombre, et il faut les avoir comptées pour bien comprendre les sacrifices que l'auteur a dû s'imposer pour consommer cette grande entreprise, 288 pour la botanique, 64 pour les miscellanées, 53 pour la zoologie, 24 pour la géographie botanique, et 12 pour la géo- graphie descriptive, en tout 444 planches dessinées ou gravées par les meil- leurs artistes de Paris, je dis ou, parce que la majeure partie des dessins non botaniques ni zoologiques avait été exécutée, à Ténériffe, par un artiste anglais, nommé J. J. Williams, de qui Webb en avait fait l'acquisition. Webb était né voyageur et une absolue nécessité pouvait seule le retenir sédentaire, soit dans sa belle propriété de Milford, soit à Paris ou il s'était fait une charmante retraite, pleine de livres et d'berbiers et de tout ce qui pouvait alimenter son activité scientifique. Tant que dura la publication cana- rienne il sut sacrifier ses goûts à son devoir, et pendant quatorze ans il ne fit que de courtes absences, nécessitées soit par le soin de sa santé, soit par des affaires de famille qui l'appelaient en Angleterre, où il avait sa mère, avec deux frères et trois sœurs. Mais une fois l’œuvre accomplie, ou plutôt lorsqu'il eut livré la dernière feuille de son manuscrit, dont l'exécution typographique devait se faire attendre quatre années encore, ses instinets comprimés reprirent immédiatement leur essor, et Paris ne fut plus, comme Milford, qu'une station momentanée, quoique préférée, de sa vie voya- geuse. I! connaissait l'Orient, il connaissait la côte algérienne qu'il avait visitée en 1830 à son retour des Canaries, mais il n'avait jamais mis le pied sur la terre d'Egypte, et la régence de Tunis excitait vivement aussi sa curio- sité, en raison de eertains problèmes de botanique restés insolus depuis les voyages de Vahl et de Desfontaines. Deux fois il partit de Paris pour l'une ou l'autre de ces directions, mais deux fois il fut arrêté à Marseille soit par sa faible santé, soit par de mauvaises nouvelles sur l'état sanitaire ou poli- tique des deux contrées. Arrété à Marseille, il se repliait naturellement sur l'Italie, dont le climat lui convenait, où il avait des amis et qui lui était d'ailleurs chère par le souvenir de ses études classiques. C'est ainsi qu'à partir de janvier 1848 jusqu'en juillet 1853, Webb a fait deux fois le voyage d'Italie pour y passer. vingt-quatre mois, tantót à Rome, tantót à Florence, et toujours activement oceupé à récolter les plantes du pays. C'est à Rome qu'il fit la connaissance de la comtesse Elisabetta Mazzanti-Fiorini, auteur, comme on sait, de plusieurs mémoires estimés de botanique ery pto SÉANCE DU 25 JANVIER 1850. A3 gamique, the only woman I ever met with (dit Webb), on whom God in his goodness has poured forth the holy fire of our science, the grace and ornament of prosperous mortals and consolation of the unhappy. Florence avait pour lui un autre attrait: c'était le célèbre Musée de physique et d'histoire natu- relle, et particulièrement la galerie de botanique que la liberalité du Grand- Due y avait annexée depuis quelques années, sous la direction du professeur Parlatore, avec lequel il entretenait depuis dix ans des liens d'amitié. Webb jouissait de la prospérité de cette nouvelle création et il se flattait de pou- voir, un jour, ajouter beaucoup à son lustre par le don de sa bibliothèque et de ses herbiers. En attendait il usait des richesses de l'établissement, et c'est là qu'ont été élaborés, dans l'hiver de 1848 à 1849, ses Fragmenta florulæ æthiopico-æyypticæ, dont la publication dut être forcément différée jus- qu'en 1854 par suite de la révolution toscane survenue en 1849. Telles étaient les circonstances dans lesquelles il terminait son premier voyage. Plus tard il trouva l'Italie complétement apaisée, et c'est alors qu'en juin 1853, pour couronner dignement son second voyage, de Florence où il était, il franchit et l'Apennin et le Pô, pour alier à Bassano, sur les bords de la Brenta payer une autre dette d'amitié. C'est là que vivait, dans une studieuse et noble retraite, le ehevalier Alberto Parolini, l'ami avec lequel il avait voyagé en Orient, auquel il avait dédié un genre de Crucifères canarien et qu'il n'avait pas revu depuis vingt ans. Dix jours passés là avec son plus ancien ami furent pour Webb un des moments les plus heureux de sa vie. Deux fois, donc, en six années, Webb avait fait le voyage d'Italie, mais il y avait mis quinze mois d'intervalle, et il n'était pas homme à passer un aussi long temps dans le repos du cabinet. En juillet 1850, sir Joseph Olliffe, son médecin, lui conseille les eaux. C'est un ordre pour lui, et le voilà à Bagneres-de-Luehon, sacritiant très peu à la Nymphe du lieu (ses lettres sont absolument muettes sur ce point) et plus que jamais livré au culte de Flore. La saison est très pluvieuse et les ondées du ciel n'ont que de rares intermittences. Webb saisit une à une toutes ces éclaircies, et il fait si bién que toutes les localités importantes du voisinage, Esquierry, Medas- Soles, le port de Benasque, celui de la Glère, le pic de Gers, ete., lui auront payé leur tribut, dans lequel figureront les trois merveilles de la contrée, Aster pyrenœus, Orobus ensifolius et Phyllodoce taxifolia. Six semaines S'éeoulent ainsi, l'hiver pyréuéen s'avance à grands pas, et l'heure de la retraite a sonné. Ou le voyageur dirigera-t-il ses pas? Reviendra-t-il diree- tement à Paris? Non, il sera le 20 septembre à Bayonne, et le 23 à Madrid. Webb n'avait point prémédité ce voyage, mais il aimait l'Espagne qui avait été le théâtre de ses premières sérieuses études botaniques, et de toute l'Espagne il u'y avait guere que le plateau central des Castilles qui lul fût resté Inconnu, Ajoutons que, récemment décoré de l'ordre de Charles TIT Ah SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par la reine Isabelle IT, il s'était montré trés sensible à cette distinction. Ajoutons encore ce puissant mobile, qu'à Madrid, il avait la certitude d'étre accueilli à bras ouverts par un ancien ami, le professeur Mariano de la Paz Graëlls, devenu directeur du jardin des plantes et du musée d'histoire natu- relle. Un certain jour ces considérations diverses avaient pesé à la fois sur son esprit indécis, et au lieu de tourner au nord, il avait mis le cap sur Madrid, espérant bien d'ailleurs en rapporter quelques documents nou- veaux pour ses Otia hispanica, déjà élaborés dans son cabinet et tout prêts pour une prochaine publication. La saison tardive, dans un pays naturellement sec et aride, ne promettait que bien peu de chose au botaniste herborisant. Webb voulut néanmoins donner un coup d'œil à la Sierra de Guadarrama, à laquelle les récoltes de M. Reuter avaient donné depuis quelques aunées une certaine célébrité. Dans un voyage de huit jours (7-14 octobre), il put escalader la haute cime de Péfialara et visiter plusieurs localités historiquement célèbres dans le voisinage immédiat de la chaine granitique, l'Eseurial, Saint-Ildephonse, Ségovie, ete. Une centaine de plantes, dont quelques-unes nouvelles pour les Madrilènes, furent le fruit de ce voyage, bientôt suivi d'une excursion faite (31 oetobre-2 novembre), en compagnie du professeur Graélls, à l'an- cien château royal de Villa Viciosa, ou est aujourd'hui installée une école forestiere sous le titre d' Escuela de montes, exeursion qui valut à notre voyageur quelques plantes intéressantes, échappées aux ardeurs de l'été, Quercus lusitanica, Thymus tenuifolius Benth., Linaria spartea, Buffonia tenuifolia (le vrai, qui est tres rare en France), etc. Plus la saison avancait el plus la campagne devenait improductive. Bientôt il fallut se renfermer dans les murs de l'héroique cité, et c’est alors que Webb put examiner, à loisir et avec profit, les riches collections du Jardin des plantes, où se trouvent réunis, et dans un ordre parfait, le herbiers de Cavanilles, Lagasca et autres. Mais sa principale jouissance, pendant son séjour à Madrid, il la dut au professeur Graëlls, chez qui il trouva l'hospitalité la plus cordiale, avec un savoir botanique fort remarquable et qu'on n'eüt certes pas attendu d'un zoologiste, principalement adonné à l'entomologie. Pour couronner l'œuvre, il arriva qu'un jour l'Académie des sciences de Madrid voulut reconnaitre dignement les services éminents que Webb avait rendus à l'his- toire naturelle de l'Espagne. Elle le nomma à l'unanimité membre corres- pondant, le jour méme où elle accueillait au méme titre et avec la méme unanimité notre célebre Le Verrier. Cette fois Webb était jugé par ses pairs, il l'était de fa maniere la plus flatteuse, et ce fut une vraie jouissance pour Jui. H devait paver sa bienvenue dans l'illustre compagnie par une histoire des Chénes de l'Espagne, dont il avait déjà réuni tous les matériaux et à laquelle personne n'était mieux préparé que lui. Hélas, les destins n'ont pas voulu que ce projet reeüt son accomplissement ! SÉANCE DU 25 JANVIER 1856. A5 Le 1° janvier 1851, Webb repassait la Bidassoa. Deux mois et demi plus tard, aprés avoir visité ses confréres de Saint-Sever, de Bordeaux, de Nantes et d'Angers, il rentrait à Paris pour le traverser, appelé qu'il était en Angleterre par des affaires importantes. Ici se place l'avant-dernier voyage de Webb, son voyage en Irlande, le seul qu'il ait dirigé vers le nord, si j'en excepte une excursion faite à Upsal, dans sa premiere jeunesse, mais qui parait étre restée sans fruit. De Londres, Webb se rendit done à Dublin, accompagné du jeune Godefrey Webb, son neveu (9 août 1851). Il y passa deux jours dans la société hos- pitaliere de M. John Ball, magistrat pour la surveillance de la loi des pauvres, qui, plus tard, représentera le comté de Carlow au parlement et viendra s'asseoir comme sous-secrétaire d'État au département des colonies. En attendant, M. John Ball a des loisirs, il voyage tous les ans sur le con- linent et, marcheur intrépide, il ne rentre jamais dans ses foyers sans avoir franchi quelque passage infranchissable de la chaine des Alpes, ou accom- pli quelque autre prouesse dans quelque autre partie de l'Europe. C'est en méme temps uu botaniste trés expérimenté. Personne ne connait mieux que lui la flore de sa terre natale, et Webb ne pouvait entamer un voyage d'Irlande sans avoir pris ses conseils. A la veille d'un second voyage en Portugal, M. John Ball donna rapidement ses directions, avec la liste des plantes à recueillir, et Webb n'eut plus qu'à suivre le plan arrêté. Le ehe- min de fer du sud le conduisit d'abord à Cork, où il devait commencer sa reconnaissance de la côte occidentale. Puis vint Killarney avec ses lacs et leurs iles boisées qui lui rappelèrent les collines vaporeuses et les bois humides de Madère. Remontant ensuite vers le nord, il visita successive- ment Dingle, Tralee, Tarbert, Limerick, Athlone, Galway et Roundstone, chef-lieu du Connemara, qui était le but du voyage, comme étant la partie la plus montagneuse du pays. Un bateau frété par lui le transporta de Roundstone dans l'ile d'Arranmore, où l'appelait la renommée des Sept Eglises, qui furent au v* siècle le foyer du christianisme en Irlande. Revenu par mer à Galway, il regagna immédiatement Dublin par le ehemin de fer, et c'est là qu'il termina son voyage, après une derniere excursion faite à la cascade de Powerscourt (10 septembre) dans le comté de Wicklow. Plu- sieurs plantes fort intéressantes avaient été récoltées dans ce voyage: le Phalaris brachystachys, Ve Carex extensa, V Arbutus Unedo et V Adiantum Capillus - Veneris, qui ont en Irlande leur extrême limite nord ; l'A//tum Babingtonii (variété de l'Ampeloprasum) qui n'a jusqu'ici que trois stations connues, les iles d'Arran, celles du canal de Bristol et la Grande Canarie , les Erica mediterranea et Mackayana qui ont ici une colonie, fort loin de la cóte occidentale d'Espagne et de Portugal, oü est leur véritable patrie; VHymenophyllum unilaterale qui est assez répandu dans les trois royaumes, mais qui manque à la France et, je crois, à tout le reste de l'Europe; le ^46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Trichomanes radicans qui ne trouve qu'à Madère sa station la plus pro- chaine; les Sazifraga umbrosa, hirsuta et Geum, qui d'ailleurs appartien- nent presque exclusivement aux Pyrénées et aux Alpes ; enfin l Eriocaulon septangulare, qui compte deux stations en Irlande et une troisième aux Hé- brides, mais qu'on ne rencontre plus ailleurs, si ce n'est peut-étre au Canada. Une année s'éeoule, pendant laquelle, quoique sédentaire, tantôt à Lon- dres, tantót à Paris, Webb ne reste point inaetif. Fruit de travaux anté- rieurs, son importante Florale des Iles du Cap vert avait été publiée; en 1849, en téte du Niger Flora de Hooker et Bentham. D'autres travaux l'oceupent en ce moment, et il les presse, parce que déjà il médite un iou- veau voyage. Le Phytographia canariensis est une œuvre de luxe, que soii prix élevé condamne à une insuffisante publicité, L'œuvre est, d'ailleurs, devenue incomplète par suite des découvertes noinbreuses qui ont été faites, dans le cours de la publieation, notamment à Gomère et à l'ile de Fer, deux iles de l'archipel, nouvellement explorées. A cette œuvre, il faut un résumé qui la complète et la rende populaire. H y faut un Synopsis Floræ cana- riensis en un seul volume in-8^et sans figures. Webb y travaille depuis úh an, et déjà plusieurs familles de la série Candollienne sont préparées. Hélas, le temps manquera à l'ouvrier pour accomplir sa tâche! Un autre travail est sur le métier, et depuis un plus long temps. Celui-là sera daté du 31 août 1852, et sa publication est assurée, car tout est prêt, moins quel- ques planches en retard. C'est de l'Espagne qu'il sagit encore une fois, et ee sont les Ożia hispanica, qui vont paraitre, utie des meilleures produe- tions de Webb, et la plus importante après son Phytographia canariensis, importante surtout en raison de la monographie des Ulicinées qu'elle ren- ferme, échantillon d'ailleurs parfait de chaleoeraphie et d'élégance typo- graphique, dans un volume in-4° de 52 pages d'impression accompagné de 42 planches gravées. Felles avaient été les üecupatioris de Webb depuis son retour d'Irlande. Le 20 septembre 1852, il préludait à un nouveau voyage, en allant visiter, dans le département du Loiret, le bel établissement de sylviculture, que le vénérable Pierre-Philippe-André Levéque de Vilmorin, le Nestor de Phor- ticulture frangaise, y a fondé dans sa propriété des Barres. Un mois plus tard, il était à Marseille, prêt à s'embarquer pour Tunis, mais retenu pat des fièvres intermittentes et par d'antres causes, qui devaient mettre obstacle à son projet. De là ce second voyage d'Italie, dont j'ai parlé plus haut, et qui le retint hors de France jusqu'au 45 juillet 1853, Trois fois, depuis cette époque, il fut appelé en Angleterre, soit par le décès de sa mère, soit par d’autres affaires, qui exigeaient impérieusement sa présence. Huit mois se passèrent ainsi en allées et venues qui furent perdues pour la science, De retour à Paris, en mai 1854, il se préparait à aller à Genève, passer SÉANCE DU 25 JANVIER 1850. A7 quelques semaines auprès de son frère cadet, l'amiral Webb, lorsqu'une attaque de goutte, plus forte que toutes les précédentes, ear, c'est un mal auquel il était depuis longtemps sujet, vint paralvser tous ses mouvements. C'était vers la mi-juillet. Il garda longtemps le lit, et, plus tard, il ne mar- chait encore qu'avec des béquilles. A la fin d'aoüt, il avait enfin recouvré l'usage de ses jambes, et il pouvait, du rez-de-chaussée qu'il habitait, mon- ter au second étage oü était son herbier, auquel il voulait donner plus de place, en en détachant la bibliotheque qu'il transportait au premier étage. Il en était là, et plusieurs journées avaient déjà été employées à ce déména- gement, suivi d'une classifieation plus méthodique des livres, opération qui s'accomplissait avec le concours amical de M. Moquin-Tandon, lorsque, le 28 août, un mal d'entrailles, peut-être occasionné par l'abus du col- chique, le rejeta tout à coup dans son lit, d'où il ne devait plus se relever. Les symptômes s'aggraverent d'heure en heure, et le 34 août, deux ans, jour pour jour, après la date apposée à ses Otia hispanica, il expirait dans une sorte de léthargie, suecombant, comme l'ont dit trois médecins de ses amis, à une gastro-entérite, précédée de six semaines de goutte et suivie de quel- ques symptômes cérébraux et cholériques. Il était alors âgé de 61 ans et 52 jours. Ses restes ont été transportés à Witley, pour être déposés à Milford, dans un tombeau à construire sur les indications qu'il a laissées, et dans des proportions telles, qu'il puisse dorénavant servir de sépulture à tous les membres de sa famille, avec cette simple inscription : PriLiPPUs BARKER WEBB, SIBI SUISQUE. J'ai nommé quelques-uns des amis qu'il avait au dehors, et qui donnaient de l'attrait à chacun de ses voyages. J'aurais pu nommer, en outre, sir W. Hooker et son digue fils en Angleterre, M. Asa Gray à Boston, Delile à Montpellier, Lagasea en Espagne, M. Léon Dufour à Saint-Sever, M. C. H. Sehultz (dont un eufant avait été tenu par lui sur les fonts de baptéme en 1846) dans le Palatinat du Rhin, et d'autres encore. Mais, c'est Surtout à Paris qu'il s'était fait aimer, à Paris, où une résidence de vingt etun ans avait permis aux personnes dont il s'entourait, apprécier et d'éprouver Ses éminentes qualités. Au savant se joignait en lui le lettré, initié aux lettres anciennes, écrivant le latin avec une élégance et une pureté rares, qui, peut-être, n'ont été égalées par aucun autre naturaliste de notre temps, parlant avec facilité trois langues modernes, indépendamment de sa langue maternelle, sachant l'histoire des peuples avec leurs races et leurs migrations, capable, par conséquent, d'apporter la lumiere dans une foule de questions qui pouvaient s'agiter en sa présence. Il n'avait rien de cet esprit léger qui cherche le ridicule et le cóté plaisant des choses. Son esprit, à lui, c'était un jugement sain et un sens parfait, qu'il appliquait à tout, Sans préjugé ni passion, et souvent avec plus d'effet que s'il eüt eu à sa A8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. disposition les ressources de l'imagination, On se rendait à une simple observation, à un fait, à une date, qu'il n'était pas possible de contester, et qui tranehait aussitót le débat. Webb était en méme temps d'une grande modestie pour lui-même, et d'une extrême indulgence pour les autres : volontiers il eédait à l'opinion d'un contradicteur, pour peu qu'elle fût sou- tenue avec courtoisie, et qu'il la jugeát mieux fondée ; et plutôt que de jeter un blâme quelconque sur ses confrères, on le trouvait toujours prêt à atté- nuer les torts qui leur étaient reprochés, ou à les expliquer par les circon- stances individuelles de chacun d'eux. Méme par écrit, il était à cet égard d'une réserve extrême, et sa correspondance tout entière, telle du moins que je la connais, pourrait étre publiée sans blesser personne. On conçoit qu'avec des sentiments aussi délicats, rien ne devait manquer à la sûreté de son commerce, et c'est là surtout ce qui rend sa perte à jamais regrettable pour certains amis qui, privés de famille ou éloignés de la leur avaient mis en lui leur eonfiance et trouvaient dans son intimité l'équiva- lent de la meilleure parenté. Riche, d'ailleurs, et sans enfants, car il avait toujours vécu dans le célibat, il lui était facile de rendre sa maison agréable, tout en faisant à d'autres égards le plus noble emploi de sa fortune. Il était libéral et bienfaisant, comme cet autre grand philanthrope, le baron Benjamin Delessert, que la France a trop tôt perdu, bienfaisant pour toute infortune qu'il eroyait honnéte, libéral pour les siens, ayant parfaite- ment compris les devoirs que lui imposait le bénéfice du droit d'ainesse, libéral pour toute entreprise utile, et partieulierement pour celles qui se rapportaient à ses goüts, surtout lorsqu'elles avaient pour objet l'explora- tion botanique de contrées nouvelles : il les patronnait souvent, soit en y contribuant largement, de maniere à donner force et vie à ce qui, sans lui, eüt pu rester à l'état de simple projet, soit méme quelquefois en les pre- nant entièrement à sa charge. L'anatomie et la physiologie ont toujours manqué aux études de Webb, qui, par conséquent, n'a point été un botaniste complet. L'organographie lui plaisait davantage, mais il n'avait reeu de la nature ni patience ni force d'attention suffisantes, pour étendre et feconder une observation de quelque importance. C'est ainsi que , aprés avoir découvert le curieux phénomene d'un double bourgeon à l'aisselle des feuilles florales de P Ulex, il s'est borné à consigner ce fait dans une description générique, sans chercher à l'éclairer par d'autres exemples qui ne manquaient pas à la science, et qui auraient pu le conduire à des considérations générales d'un grand intérét. Privé de certaines lumieres, Webb eut néanmoins toutes celles qui importent le plus à la botanique descriptive, toutes celles qui découlent d'un travail métho- dique et de la faeulté de bien voir, au milieu des plus riehes matériaux, et à côté d'une bibliothèque qui répondait à tous ses besoins. Appliquées à de vastes sujets, ou à des sujets difficiles, ces lumières ne pouvaient produire SÉANCE DU 25 JANVIER 1856. A9 que d'excellents fruits. Aussi, Webb s'est-il placé au premier rang parmi les floristes de notre temps. Son Phytographia canariensis peut, indépen- damment de ses riches ornements, soutenir la comparaison avec tout ce qui a été fait Ge mieux dans ce genre, et j'en dis autant de ses deux princi- pales monographies, celle des Retama et celle des Ulicinées, quoique ici et là, il ne soit pas tout à fait à l'abri du soupcon d'avoir trop multiplié les espèces, suivant en cela de mauvais exemples contre lesquels je ne cesserai de protester, mais dont pourtant il a toujours su éviter l'exagération. Pour le temps où ils ont paru, ses monographies et son Phytographia canariensis sont done intrinsèquement d'excellents livres. Mais la destinée des meil- leurs livres d'histoire naturelle est de vieillir plus ou moins promptement pour tomber enfin, si ce n'est dans l'oubli, au moins dans le domaine à peu prés exelusif du bibliographe et de l'érudit. Une seule chose peut les main- tenir longtemps dans l'usage et le maniement des générations successives : C'est la forme et ce sont les ornements, Ici abondent les figures explicatives des obscurités possibles du texte, et ce sont des figures exécutées à grands frais par les meilleurs artistes de Paris, dessinateurs et graveurs. Bien mieux, la lecture du livre est attrayante , non par les deseriptions teehni- ques qui en eonstituent le fond et qui par leur nature sont nécessairement ingrates, mais par les annotations, le plus souvent dédicatoires, qui les sui- vent. Un nom de plante devient le sujet ou d'une notice biographique, ou d'un hommage, ou d'un éloge, et c'est ainsi que rous voyons successive- ment apparaitre dans le texte les chefs guanches qui essayèrent de défendre leur indépendance contre l'invasion espagnole, les voyageurs qui ont le plus contribué à faire connaitre les productions des iles Canaries, les nobles ou savants Canariens qui ont le mieux mérité de leur pays, les amis de l'auteur, cités, presque tous, ou comme collaborateurs ou comme auxiliaires à un titre quelconque, et jusqu'à sa respectable mère, qui etait, certes, bien étran- gère à la botanique canarienne, mais qui avait contribué de ses deniers aux frais de l'exécution, età laquelle il voulait payer son tribut de gratitude et de vénération. Tous sont peints, ou remerciés ou loués dans un langage qui Satisfait à la fois l'oreille, le goût et le sentiment, dans un latin charmant, que la barbarie du siècle rend plus charmant encore, et qui fera vivre les œuvres de Webb, j'en ai la ferme assurance, fort au delà du temps où leur action scientifique aura été effacée par les progres de la science. J'ai dit qu'il fallait remonter bien haut pour trouver un botaniste qui püt être com- Paré à Webb pour la latinité, Je me trompais , puisque j'oubliais le célèbre auteur du nouveau Genera plantarum, mais c'est déjà une belle gloire pour Webb, de n'avoir eu qu'un seul rival en cette matiere parmi les botanistes, Ses contemporains, à savoir Étienne Endlicher, Riche comme il était, et sans luxe de représentation, exelusivement livré à science, depuis sa premiere jeunesse, Webb devait nécessa rement faire T. IIT, 4 àl 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de sa maison un musée, et ce devait être là son véritable luxe. Il avait pro- digieusement récolté lui-même pendant le cours de ses voyages, mais cela était bien loin de suffire à son ambition. A ce fond déjà important, il joignit bientót les herbiers non moins préeieux de Philippe Mercier, Desfontaines, La Billardiere, Pavon et Gustave de Montbret, dont il tit suecessivement l'acquisition, et qui étendaient son domaine sur toutes les parties du monde. Vinrent ensuite les collections complètes de Wallieh, Wight, Gardner, Schimper, Hohenacker, ct de beaucoup d'autres, car il ne savait pas résis- ter au désir d'acquérir encore après avoir tant aequis : si bien qu'à son dernier jour, ses herbiers se trouverent remplir cinq des six pieces de l'étage supérieur de sa maison, qu'il avait exhaussé, élargi, et approprié à cet usage. C'était la plus vaste collection de plantes qui existát en France, apres celles du Muséum d'histoire naturelle et de M. Delessert. Proportionnément moius riche, la bibliothèque botanique comptait pour- tant déjà 2576 volumes eatalogués, et 131 portefeuilles de brochures. C'est elle qui occupait la sixième piece du second étage, la seconde en capacité, et elle venait d'en être délogée, pour faire place aux aeeroissements de l'her- bier, lorsque Webb fut atteint de la derniere maladie qui devait l'em- porter. Tel fut, sous ses divers aspects, l'homme si bon, si aimable, si lettré et si savant que nous avons perdu. Je regrette de dire qu'avec lui nous perdons en méme temps toutes ses collections de livres et de plantes, ces collections que sa persévérance amassait à grands frais depuis longues années, et qui étaient devenues nécessaires au développement de la bota- nique parisienne. Par son testament, en date du 19 avril 1850 (4), Webb a légué tous ces trésors à S. A. I. et R. le grand-duc de Toscane, Léopold ll, à la condition d'étre conservés séparément dans les galeries du Musée grand- ducal de physique et d'histoire naturelle. Ces conditions ne pouvaient pas ne pas étre acceptées avec reconnaissance par un prince aussi éclairé. Déjà les caisses, au nombre de 90, sont arrivées à Florence. Déjà M. Par- latore, l'ami de Webb, et son exécuteur testamentaire pour cette partie de ses dernières velontés, a saisi l'occasion de l'ouverture de son eours (1° décembre 1855), pour honorer le donateur dans un discours publie, en présence de la cour et de la ville, la saile richeme:t décorée et le portrait du donateur exposé aux regards du publie. L'hommage a donc été accueilli comme il devait l'étre, la place manque seule encore pour loger eonvena- blement les collections, mais le Grand-Duc veut que deux salles soient con- struites tout exprès pour les recevoir, et l'architecte est, des ee moment, à l'œuvre. (1) Après son avant-dernier voyage d'Italie, et de ux mois après son départ de Florence, étant alors en Angleterre, SÉANCE DU 25 Janvier 1856. 51 II ne suffisait pas au donateur de léguer ses collections au Grand-Duc, il lévuait en méme temps an revenu destiné à pourvoir à leur entretien et à leur accroissement ultérieur, Ses biens fonds et ses rentes anglaises passaient au lieutepant-colone! Webb, son frère puiné , devenu le chef de la famille, mais il disposait autrement de sa maison de Paris, laquelle devait être ven- due pour satisfaire à divers legs institués en faveur de ses serviteurs et de quelques amis du continent, Ces legs aequittés, le reste du capital devait être placé en Angleterre, pour y produire une rente qui serait annuellement servie au Grand-Duc. Cette liquidation n'est pas encore terminée, mais déjà la maison a été vendue pour le prix de 142,000 fr., et il est à croire que la moitié, au moins, de cette somme deviendra libre pour l'œuvre florentine. Voilà ce que Webb a fait pour la patrie des Césalpin et des Micheli. Dieu veuille que ce soit pour le bien de la science, et pour donner un nou- veau stimulant à tous eeux qui, au delà des Alpes, eultivent uotre aimable science ! Je ne suis pas Sans espoir à ce sujet, quand je vois le professeur, officiellement préposé à la garde des herbiers du Grand-Duc, payer si bien d'exemple, et se faire connaitre au monde par des travaux nombreux et sérieux, qui, avec les inappréciables ressources d’un legs inespéré, ne peu- veut que s'étendre et se fortifier de jour en jour davantage. Il ne me reste plus maintenant qu'à donner la liste chronologique des œuvres scientifiques de Webb, par lesquelles il se recommande si bien à l'estime de la postérité. Osservazioni intorno allo stato antico e presente dell agro Trojano (Biblioteca Ita- liana, t. XXII et XXIII, in-8. Milano, Jun. et Jul. 1821, avec des additions publiées dans la mème année, et dans un autre volume du méme recueil, p. 113 el suiv. ). Notice générale sur la Géologie des lles Canaries (Bibliothèque universelle de Genève, avril 1833, 7 pages in-8). Synopsis Molluscarum terrestrium et fluviatilium, quas in itineribus per insulas Canarienses observaverunt Philippus Barker Webb et Sabinus Berthelot (An- nales des sc. nat. de Paris, A'* série, t. XXVIII, 1832, p. 304-327). Notice sur les Mollusques du genre Parmacella de Cuvier, par MM. Webb et Van- Beneden (Guérin, Magaz. de zool., Juin 1856, 12 pages in-8, avec 1 planche), Histoire naturelle des iles Canaries, par P. Barker Webb et Sabin Berthelot : neuf volumes in-4, avec 441 planches. Paris, 1836-1850. (Voir ce que j'ai dit plus haut de l'importance de cet ouvrage et du róle qu'y ont joué les deux auteurs avec plusieurs collaborateurs.) Iter Hispaniense, or a Synopsis of plants collected in the Southern parts of Spain and Portugal. Paris, 1838, 80 pages in-8. Otia Hispanica, seu Delectus plantarum rariorum aut nondum ritè notarum, per Hispanias sponte nascentium, Pentas 1° et 2*, Parisiis, 1839, in-fol., 15 pages àvec 6 planches, Notice sur le Parolinia, nouveau genre de la famille des Crucifères, et sur des 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. espèces à ajouter à la Flore des Canaries (Annales des sc. nat., 2° série, t. XH, 1840, p. 129-139, avec 1 planche). Observations sur le Tamariz gallica (Annales des sc. nat., 2° série, t. XVI, 1841, p. 257-266, avec 1 planche), On the position to be assigned to the genus Cneorum in the natural series (Hook., Lond. Journ. of Bot.,t. I, ann. 1842, p. 254-258). Sur le genre Retama (Ann. des se. nat., 2° série, t. XX, ann. 1845, p. 269-283). ‘Topographie de la Troade ancienne et moderne, Paris, 1844. 1 vol. de 196 pages in-8, avec 4 pl. lithogr. et 4 carte gravée. Nouvelle édition des Osservazioni men- tionnées en téte de cette liste. De Campylanthi fabrica ejusque in serie naturali sita (Ann, des sc. nat., 3° série, t. IIT, aun. 1845, p. 33-37). De Dicherantho, Paronychiearum genere novo (Ann. des sc. nat., 3° série, t. V, ann. 1846, p. 27-30). De novà specie generis Sarothamni (Ann. des sc. nat., 3* série, t. IX, ann. 1848, p. 63). Spicilegia Gorgonea, or a Catalogue of all the plants as yet discovered in the Cape de verd Islands, etc. (En téte du Niger Flora de Hooker et Bentham, p. 89-197, avec 6 pl., in-8. London, 1849). Considérations sur la fleur des Crucifères, par A. Moquin-Tandon et P. Barker Webb (Extrait des Mémoires de P Académie des sciences de Toulouse, 1849, 24 pages in-8). Hemicrambe, Cruciferarum genus novum (Ann. des sc. nat., 3° série, t. XVI, ann. 1851, p. 246-249, avec 1 planche). Observations sur le groupe des Ulicinées, et Énumération de ses espèces (Ann. des sc. nat., 5° série, t. XVII, ann. 1852, p. 280-291). Otia Hispanica, seu Delectus plantarum rariorum aut nondum rité notarum, per Hispanias sponte nascentium. 4 vol. in-4 de 52 pages, avec 46 pl. grav. pari- siis, 1853. — Complément d'une 1'* livraison mentionnée plus haut sous Je méme titre, et ici refondue dans un autre format. Fragmenta Florulæ Æthiopico-Ægyptiacæ, ex plantis praecipue ab Antonio Figari, M. D. museo I. R. Florentino missis, Parisiis, 4854, in-8 de 72 pages, dédié par l'auteur à son ami Parlatore, avec une préface latine, datée de Florence, le 8 février 18/9. M. Germain de Saint-Pierre fait remarquer que les échantillons Alisma parnassifolium, recueillis dans les étangs de la Brenne par M. de la Tremblais, et déposés sur le bureau, sont l'objet d'une inté- ressante anomalie qu'il déerit en ces termes : NOTE SUR UNE ANOMALIE OBSERVÉE CHEZ L'ALISMA PARNASSIFOLIUM, pr M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Les individus d'A//sma parnassifolium que nous avons sous les yeux, présenteut, outre les tiges floriferes normales, qui ont acquis leur dévelop- SÉANCE DU 29 JANVIER 1856. 53 pement ordinaire, d'autres tiges plus jeunes, nées à l'aisselle des feuilles radicales; ces jeunes tiges nous offrent un exemple de la métamorphose de bourgeons floraux en bourgeons foliacés, phénomène que Engelmann et notre savant confrère, M. Moquin-Tandon, ont décrit sous le nom de vires- cence. — Ces tiges anomales présentent, dans leur partie supérieure, comme les tiges normales, une série de verticilles espacés, composés de feuilles bractéales, qui offrent à leur aisselle des rameaux également vertieillés ; mais chacun de ces rameaux, qui, chez la tige normale, est florifère, est représenté iei par un bourgeon composé de feuilles imbriquées, ayant l'aspect d'un épillet de Graminée. On rencontre fréquemment des anoma- lies de ce genre chez les monocotylédones aquatiques ou des terrains maré- cageux : certaines Graminées et le Juncus uliginosus en offrent de nombreux exemples; ces sortes d'épillets foliacés, qui remplacent les rameaux flori- fères, sont des rameaux courts, à feuilles trés rapprochées, qui, se trouvant dans un milieu humide, émettent des racines à leur base, et constituent des individualités distinctes apres la destruction de la tige-mere. Ces anomalies se produisent généralement à la fin de l'automne, chez des plantes à demi submergées. — Chez les tiges anomales de V Alisma qui est l'objet de nos remarques, les feuilles bractéales sont beaucoup plus amples que chez les tiges normales où les rameaux floriferes ont acquis leur développement ; on pourrait voir, dans ce fait, une sorte de compensation organique, si les rameaux, encore réduits à des bourgeons, ne paraissaient pas destinés à prendre plus tard un accroissement plus considérable méme que s'ils eus- sent constitué des rameaux floriferes. — Nous ferons, enfin, remarquer que ces tiges présentent peu de consistance, et, apres la dessiceation, sont flexibles et pendantes, tandis que les tiges florifères plus robustes sont ligneuses et se maintiennent dressées. Le manque de consistance de ces tiges anomales nous parait en rapport avce leur jeunesse et le peu de développe- ment aetuel de leurs bourgeons vertieillés, qui n'ont point encore fourni de tissu ligneux analogue à celui des rameaux floriferes adultes. M. Duchartre présente les observations suivantes sur une commu- nicalion faite à la Société par M. Germain de Saint-Pierre dans la séance du 10 aoüt dernier (1). A la séance du 8 juin 1855, dans une diseussion sur le développe- ment des ovules qui avait été amence par une communication de M. Ger- main, j'ai pris la parole pour exposer quelques-uns des motifs qui me faisaient regarder comme contraire aux faits la maniere de voir de ce botaniste. L'ovule de V EscAscholtzia m'étant revenu en mémoire, j'ai rappelé son (1) Voyez le Bulletin, t. 11, p. 588. 5^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mode de formation et voici comment le Bulletin constate que je me suis exprimé: « Ma mémoire me rappelle en ce moment celui (l'ovule) de l'Eschscholtzia, dans lequel on voit superposés, à un certain moment, le nucelle, la secondine et la primine, ces deux derniers affectant la forme de simples bourrelets de méme diamètre, dans lesquels, par conséquent, il serait difficile de concevoir comment le supérieur sortirait de l'inférieur qui n'est pas plus large que lui.» (Voy. Bull., II, p. ^35.) Avant-hier, 23 janvier 1856, j'ai recu le numéro de notre Bulletin relatif aux séances de la session extraordinaire. J'y ai vu que M.Germain avait fait, pendant la première séance de cette session, le 10 août, une communication dont je n'avais pas eu connaissance, dans laquelle il à eru pouvoir opposer à ce que j'avais dit sur l'ovule de l'Æschscholtzia des observations faites récemment par lui, et dont les résultats, tels qu'il les expose, seraient en opposition sons presque tous les rapports avec les faits énoncés par moi le 8 juin. Me défiant de moi-même, j'ai craint un moment que ma mémoire n'eùt été infidèle, ce qui aurait été d'autant plus facile à concevoir que les détails qu'elle m'avait rappelés au milieu d'une discussion faisaient partie d'un travail général sur l'organogénie florale des Papavéracées, qui remon- tait à l'été de 184^, travail que j'ai négligé de publier ainsi que d'autres du méme genre. Je me suis donc empressé de consulter mes croquis origi- naux et j'ai été agréablement surpris en les trouvant de tout point con- formes à la description succincte que j'avais donnée de souvenir de l'ovule de V Zschscholtzia. Ov ces dessins, que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société tels que je les ai retrouvés, ayant tous été faits à la chambre elaire, sans une seule retouche et sans addition du moindre trait, je puis en garantir l'exactitude rigoureuse. Ils sont d'ailleurs assez nom- breux pour se contrôler en quelque sorte l'un l'autre, et ils présentent, en douze flgures, toutes les phases importantes de l'évolution de l'ovule dont il's'agit, depuis le moment où la secondine commence à se montrer sous la forme d'un bourrelet périphérique trés peu prononcé, naissant fort au-des- sous du sommet du mamelon nucellaire, jusqu'à celui où le nucelle est pro- fondément enfermé dans l'ovule, débordé par les bords de l'endostome, sur- tout par ceux de l'exostome fortement épaissis et prolongés. Or je ne crois pas que l'on puisse appliquer au développement de cet ovule l'interprétation de M. Germain de manière à la rendre tant soit peu aeceptable, au rnoins pour ee eas particulier. Comme entre mes observations et celles de M. Germain il existe des diffé- rences importantes, je ne eraius méme pas de dire une opposition complete, je prendrai la liberté d'inviter nos collègues à vérifier, des que la saison le permettra, comment se produisent successivement les différentes parties de l'ovule de | Eschscholfzia, ufin de reconnaitre par eux-mêmes laquelle de nos deux descriptions contradictoires est en harmonie avec les faits. SÉANCE DU 25 Janvier 1856. 55 Je ne puis m'empécher d'ajouter que la description donnée par M. Ger- main de la formation de l'ovule chez l’ Zschscholtzia renferme l'énoncé de faits qu'il m'aurait été difficile d'accepter sans vérification, lors méme que je n'aurais pas par-devers moi des observations contraires. Ainsi j'éprouve beaucoup de difficulté à admettre qu'il existe des ovules chez lesquels le nucelle présente encore « l'aspect d'une membrane transparente de tissu cellulaire à l'état naissant, tandis que chez la primine et méme chez la secon- dine, les mailles du tissu cellulaire sont déjà tres distinctes. » Je n'ai jamais vu les choses dans cet état chez l'Æschscholtzia. D'un autre côté, la « coupe heureuse, » dont parle M. Germain, dans laquelle on voyait les trois « tuniques emboitées, le nucelle ne dépassant pas encore la secondine, » me semble étre tout simplement la coupe d'un ovule déjà suffisamment avancé dans son développement pour que ses deux téguments, en s'éle- vant, aient débordé le sommet du nucelle. Sur mes dessins on peut voir plusieurs coupes de ce genre dessinées à la chambre claire et sous le méme grossissement, de telle sorte qu'il suffit de les comparer entre elles pour reconnaitre que cet enfoncement du nucelle augmente à mesure que l'ovule grandit. Ainsi je maintiens l'exactitude de ce que j'avais dit de sou- venir, dans la séance du 8 juin 1855. M. Germain de Saint-Pierre répond de la maniére suivante aux observations de M. Duchartre : Les faits que j'ai exposés à la Société sur le développement de l'ovule de l' Eschscholtzia, sont basés sur des observations que M. Duchartre voudra bien me permettre de regarder comme non moins rigoureuses que celles qu'il a pu faire lui-méme et qu'il vient d'exposer à son tour. Dans l'ovule de l'Eschscholtzia, ainsi que dans les ovules trés nombreux de structure ana- logue, le mamelon ovulaire primordial m'a paru être la base de la première tunique (primine); la production et l'épaississement du bord circulaire ou limbe de cette premiere tunique m'a paru s'opérer en méme temps qu'un second mamelon conique (secondine) apparait à son centre ; ce second ma- melon conique est bientót surmonté d'un troisieme; les bords du second mamelon s'allongent en un second bourrelet circulaire (plus mince que celui qui est constitué par la primine)à mesure que le troisième mamelon (nucelle) devient visible à son tour ; à aucune époque je n'ai vu la primine, la secon- dine, et le nucelle présenter le méme diametre, j'ai toujours vu la primine envelopper largement la secondine aussitôt que la secondine devient visible, et la secondine envelopper largement le nucelle dès son apparition. Les dernières coupes figurées par M, Duchartre sont, comme il le dit lui-même, des coupes d'ovules déjà avancés chez lesquels les téguments débordent le sommet du pucelle, Ces coupes son! en effet faeiles à obtenlr 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur les ovules de eet áge. J'ai figuré et déerit, non une eoupe d'ovule à cet état, mais à un état beaucoup plus jeune, alors que le nucelle commence à se montrer pour la première fois, et non alors que, après avoir été visible, il est recouvert par les deux téguments externes. Un caractère beaucoup plus important que celui de la dimension ne permet pas de confondre ces deux états: lorsque la secondine commence à se montrer, et que le nucelle n'est pas encore manifeste, ou commence seulement à se manifester, l'ovule n'est pas encore réfléchi, ou il commence à peine à présenter une tendance à l'obli- quité ; lorsque la secondine et la primine recouvrent le nucelle, après l'avoir dépassé, l'ovule est déjà complétement réfléchi. Ces faits et ces interprétations contradictoires ne sauraient, du reste, être éclairés davantage par une plus longue discussion, et j'invite nos confrères à vouloir bien revoir avec moi ces intéressants phénomènes, aussitôt que le retour de la saison des fleurs pourra nous fournir des ovules. M. Cosson fait à la Société la communication suivante: NOTES SUR QUELQUES PLANTES DES ILES CANARIES, par M. E. COSSON. HrErLtaNTHuENUM Texerirræ Coss. ap. Bourgeau pl. Can. exsicc. (1855). Caulis fruticosus, a basi ramosus, tortuosus, 3-4-decim. longus, cortice fuscescente, ramis oppositis, junioribus villoso-hispidis. Folia ovato-oblonga, plana, obtusiuseula, supra viridia piloso-hispida, subtus incana densius pu- bescenti-tomentosa, 10-15 millim. longa, 6-10 lata, /ongiuscule petiolata, petiolo nempe limbi tertiam partem subæquante : stipulæ demum decidua, petiolum subæquantes vel paulo longiores, lanecolatæ vel lineari-lanceolatæ, villoso-hispidæ. Racemi terminales, abbreviati, laxiusculi, simplices, sub- secundi, 4-12-flori. Bracteæ pedicellis breviores, lineari-lanceolatæ ut et pedicelli cal jcesque villuso-hispidæ. Pedicelli calycem subæquantes, demum patulo-deflexi. Calyx circiter 1 centim. longus, junior et. fructifer oblongus superne attenuatus, sepalis exterioribus. angustissimis linearibus sæpius calycem dimidium superantibus, interioribus oblongo-laneeolatis, sub- h-costatis costis prominulis viridibus. Petala lutea, calyce subduplo lon- giora. Stamina, 20-30, subuniseriata, omnia antherifera, filamentis capilla- ribus. Ovarium ovato-subglobosum , pubescenti -subtomentosum. Stylus ovarium subæquans, rectiuseulus vix arcuato-ascendens. Ovula recta, pyri- formia, funieulis demum tumido-incrassatis. Capsula calycem dimidium superans, chartacea, subunilocularis, 3-valvis, sepius 4-8-sperma, Semina suborbieulata , papilloso-asperula , raphe orbata , ad ehalazam micropylæ diametro oppositam inserta. Embryo intra albumen plicatus, radicula SÉANCE DU 25 JANVIER 4856. 57 supera, cotyledonibus planis, ovatis, interposito albumine aceumbentibus, b. 28* Maii 1855 jam defloridum lectum. In rupestribus dumetosis insulæ Teneriffæ, in convalle Ladera de Gui- mar a cl. Bourgeau detectum. LH. Teneriffæ, par la tige ligneuse, les feuilles opposées pourvues de stipules, les pétales dépassant longuement le calice, le style un peu arqué, les ovules à funieule épaissi, la capsule subuniloculaire, les graines dépour- vues de raphé et par l'embryon plié, appartient au genre Helianthemum sect. £uhelianthemum (Dunal—Spach). — Par le port et la grandeur des fleurs, il rappelle I. Broussonetii Dun., dont il est très distinct par l'in- florescence terminale simple, par les jeunes rameaux, les feuilles, les brac- tées, les pédicelles et les sépales velus-hispides, et non pas couverts d'une pubescence blanchâtre courte tomenteuse, et par le style à peine arqué et non pas genouillé-ascendant à la base, etc. — Il se distingue des autres espèces de la section par le port, l'inflorescence courte, la longueur des pédieelles, la grandeur des calices, les étamines moins nombreuses, le style moins arqué, et par le volume de la capsule, etc. SESELT Wessi Coss. ap. Bourgeau pl. Can. exsice. (1855) n. 1353. — Ferula ? tortuosa Webb Phyt. Can. II, 161, t. 77. Planta perennis, glabra, caudice crassiusculo, sæpius tortuoso, cortice rugoso in radicem fusiformem terminato, caulem sepius unicum edente, superne fibris foliorum emarcidorum reliquiis destituto. Caulis 15-50 cen- tim. longus, erectus, superne vel a basi divaricato-ramosus, teres, striatus. Folia sepius flaccida, bi-tripinnatiseeta, sepius ambitu triangularia ; infe- riora radicaliaque lonziuseule petiolata, segmentis primariis longiuscule petiolulatis, divaricatis, segmentis seeundariis, divaricatis, utrinque viri- dibus, ovatis vel oblongo-cuneiformibus sæpius incisis vel pinnatipartitis non nunquam omnibus linearibus vel oblongo-linearibus lobis calloso-mu- Cronatis, petiolo subtereti inferne in vaginam dilatato ; superiora pinnati- secta vel bipinnatisecta, segmentis linearibus ; extima ssepius fere ad vagi- nam redacta et segmentis paucis praedita. Znvolucrum oligophyllum foliolis ingqualibus, rarius polyphyllum, foliolis lineari-lanceolatis. Umbellæ 9-25-radiatæ, rad iis gracilibus, teretibus, glabris. Involucella polyphylla, foliolis liberis, lineari-lanceolatis margine membranaceis, umbellula bre- Vioribus. Calycis limbus obsoletus. Petala albido-ochroleuca, oblongo- Suborbiculata, in lacinulam inflexam coarctata, subintegra, carina intus alata. Fructus glaber, ovoideus, sectione transversali subteres ; stylopodia conica; styli reflexi, demum stylopodia subæquantia ; mericarpia 5-juya, jugis secundaiiis nullis, Jugis elevatis crassis corticosis distantibus, latera- libus marginantibus ; valleculeæ A-vittatee, vittis valleeulam rotam obtinen- 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tibus; commissura 2-vittata. Semen semiteres dorso convexum, ventre planiusculum. Carpophorum bipartitum. %. Florens et fructiferum 202 die Junii 1855 lectum. Planta hucusque omnino Canariensis, in insule Teneriffæ rupestribus maritimis prope Garachico (Webb, Bourgeau), prope Buenavista (Bour- geau) et in convalle Zamadaya (H. de la Perraudière, Bourgeau pl. Can. exsicc.). Par la forme du fruit, cette plante n'a aucun rapport avec le genre Ferula; M. Webb n'avait pu la rattacher avec doute à ce genre, que parce qu'il n'avait à sa disposition que des échantillons en fleur. Elle nous parait appartenir au genre Seseli, car elle en présente tous les principaux carac- teres, tels que le limbe du calice indistinct, les pétales presque entiers, le fruitovoide presque cylindrique, les styles réfléchis, les côtes assez épaisses et saillantes, les latérales bordant les méricarpes, les vallécules à un seul canal résinifere, la graine à face interne presque plane, le carpophore bipartit. En raison des folioles des involucelles libres, elle doit étre classée dans la section Euseseli DC., où elle se place par la couleur des fleurs à côté du S. gracile Waldst. et Kit. Convozvurus PERRAUDIERI Coss. ap. Bourgeau pl. Can. exsice. (1855). Frutex dumosus, ramosissimus, ramis non volubilibus vel rarius volubi- libus, cortice primum pube brevi densa tomentoso-canescente, demum rufes- cente glabrata, ramis florigeris foliosissimis. Folia alterna vel sparsa, oblongo-lanceolata , acuta vel apiculata, basi cordata, nervosa nervis pellucidis subtus prominentibus , inter nervos punctulis pellucidis desti- tuta, 20-40 millim. longa, 5-10 millim. lata, integerrima, pube brevi tomentosa , juniora canescentia , adulta albido-virentia, breviter petiolata, petiolis erassis ut maxime 4 millim. longis. Flores numerosi, apice ramo- rum in racemum foliatum approximati. Pedunculi axillares folio paulo bre- viores, pube tomentosa incani, 1-3- flori, medio 3-^-bracteolati, bracteolis linearibus acutis, pube tomentosa incanis. Sepala pubescenti-tomentosa, subfoliacea, subæqualia, 6-9 millim. longa, oblonga vel oblongo-lanceolata, acutiuscula vel apiculata. Corolla calyce subduplo longior, 5-plicata, roseo- lilacina, plicis saturatius coloratis sericeo-villosis, ceterum glabra. Stamina ad basim tubi corollini inserta faucem paululum excedentia, filamentis inferne elanduloso-pilosis, antheris lineari-oblongis, subobtusis, basi sagit- tatis. Ovarium disco hypogyuo cinctum, ovatum apice sensim in stylum acutatum, hirsutum, 2-loculare, loculis 2-ovulatis. Styli 2, erecti quasi in unieum approximati; stigmata stylos continuantes eosque longitudine sub- æquantes, tereti-flliformla. Capsula ovato» conica, calyce paulo brevior, chartacea, apice piloso-hirsuta, septo demum evanido subunilocularis, eval- SÉANCE DU 25 JANVIER 1856. 59 vis, basi irregulariter dehiscens. Semina 2-4, ovato-oblonga, nigra, grosse tuberculata, testa perispermo mucilaginoso induta. Radicula aeuta, incurva. Cotyledones foliaceæ, conduplicato-corrugatee, in lacinias 2 tenues elongatas lineari-oblongas obtusas divise. bh. Florens et fructifer 20? Junii 1855 lectus. In rupestribus insulæ Teneriffæ, in convalle Barranco de Chajana legit amicissimus H. de la Perraudière. Nous avons dédié cette belle plante à notre ami, M. Henri de la Perrau- dière, qui l'a découverte aux iles Canaries, et qui nous a secondé avec tant de zèle et de dévouement dans nos explorations de l'Algérie. — Le C. Per- raudieri doit être placé à côté du C. fruticulosus Desrouss. (Rhodorrhiza frutieulosa Webb Phyt. Can.), dont il diffère par la pubescence tomenteuse des jeunes rameaux, par les feuilles dépourvues entre les nervures de points transparents, par les pédoncules ordinairement bi-tri-flores et non pas uni- flores, et par les sépales aeutiuscules ou apieulés. Taiserum PuMILUM Kunth Gram. 1, 102, et Enum. pl. 1, 297. Coss. et DR. Fl. Alger. pars 2, I, 118. — Avena pumila Desf. ! Atl. T, 103. In insula Teneriffa, in arvis incultis arenosis prope Candelaria (H. de la Perraudière, 20* Februarii 1855). Cette plante, nouvelle pour les iles Canaries, n'avait encore été obser- vée qu'en Espagne, en Algérie, en Egypte, en Arabie, en Perse et au Cap de Bonne-Espérance. M. J. Gay aunonce à cette occasion que M. de la Perraudiére a trouvé à l'Ile de Fer l'Andropogon foveolatus, Delile, et un Bra- chypodium analogue aux nôtres, mais dont le mode de végétation est trés singulier. M. Gay lui a donné le nom de B. Arbuscula. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ueber den Bau des Staerkemehls (sur la structure de la fécule); par M. Th. Hartig (Botan. Zeitung, 28 décembre 1855, n° 52, col. 905-911). I! regne encore aujourd'hui dans la science des opinions trés divergentes au sujet du mode de formation des grains de fécule. Les uns, comme MM. Fritzsche et Schleiden pensent queles couches qu'on y observe le plus souvent se sont déposées sur une partie intérieure qui existait avant elles, tandis que d'autres, MM. Nægeli, Th. Hartig, Payen, admettent que les couches nouvelles se déposent graduellement à l'intérieur d'une sorte d'en- veloppe composée des couches externes et plus anciennes. M. Hartig croit avoir démontré, dans un travail antérieur, qu'il existe, dès les premiers moments du développement des grains de féeule, une membrane-enveloppe que l'iode colore non en bleu mais en brun, mais dont on ne trouve plus de traces daus le grain tout formé dont toutes les eouches bleuissent également sous l'action du méme réactif. Pour appuyer cette opinion il rapporte les observations suivantes. Pour s'éclairer sur la structure des grains de fécule il est facile d'en obte- nir des tranches minces en incorporant ces grains dans une solution épaisse de gomme qu'ou laisse ensuite sécher. Avec un bon rasoir on enlève des lames minces de la masse solidifiée. Ces lames, mises dans l'eau, laissent à nu et libres des tranches de grains de fécule. Sous l'action du liquide, ce ne sont pas les eouches les plus internes du grain qui s'étendent en absor- baut de l'eau; celle qui s'agrandit est une zone voisine de la périphérie qui, en se séparant ainsi des couches internes non modifiées, dessine un anneau trés distinet autour de la portion intérieure. Cette couche est regardée par M. Th. Hartig comme analogue au cambium du grain. En peu de temps elle subit également une modification qui n'avait pas encore été observée. Son contour se festonne de manière à former, sur son pourtour, de dix à quarante petits croissants, dont les pointes sont dirigées vers l'extérieur et se pro- longent méme assez souvent en forme de tubes. Cette modification curieuse est bien due à l'absorption de l'eau ; car si l'on met les mêmes tranches de grains et de gomme non dans l'eau mais dans l'alcool, le pourtour de la méme zone reste uniforme et dessine seulement par une ligne plus nette sa separation des lignes sous-jacentes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 Après avoir discuté cette observation et ses conséquences, M. Th. Hartig dit y voir la preuve que les couches superposées qui constituent le grain de fécule se forment au-dessous de la zone cambiale, à partir de l'utrieule de ptyehode, absolument ecmme les couches d'épaississement des fibres ligneuses et libériennes. Si l'on observe quelquefois deux ou plusieurs grains enfermés dans des couches déposées sur tout leur ensemble, ce fait est dù à une formation de cellules-filles analogue à ce qu'on voit aussi dans les autres sortes de cellules. Si l'on voit, comme cela se montre fréquemment dans la fécule du fruit du Solanum tuberosum, les couches intérieures fer- mées et les extérieures réduites à ne constituer que des ménisques, l'auteur pense qu'il ne s'ensuit rien de contraire à sa maniére de voir. Observations on the Pollen tube, its zrowth, histology, and physiology. (Observations sur le tube pollinique, son accroisse- ment, son histologie et sa physiologie) ; par M. P. Martin Duncan. Ce travail a été communiqué à la Société botanique d'Édimbourg, le 10 janvier 1856. L'auteur y expose les résultats des observations qu'il a faites sur le Tigridia conchiflora. Dans cette plante, le style et le stigmate réunis ont au moins 10 centimètres de longueur. Quatorze heures environ aprés qu'on a fait l'applieation des grains de pollen sur le stigmate, on peut voir des centaines de boyaux polliniques dans le canal stylaire, un grand nombre dans l'axe de l'ovaire, et généralement un dans chaque micro- pyle. Voici les conclusions que M. Duncan déduit de ses recherches. 1. Le tube pollinique s'aceroit à raison de 4 pouce anglais de longueur €n quatre heures, et méme deux fois plus vite dans des circonstances favo- rables, comme sous l'influence d'une forte chaleur accompagnée d'humi- dité. 2. Le tube ou boyau pollinique n'est pas un simple prolongement tubu- leux de la membrane interne (intine) du grain de pollen, excepté jusqu'à une certaine distance. Il est, en réalité, composé de cellules, dont la pre- mière est formée par l'intine, dont la seconde se forme au milieu des cel- lules papilleuses du stigmate, dont la troisième commence près de l'axe du Style, et dont les autres se forment à différentes distances. La derniere cel- lule se trouve ordinairement à la place, dans l'ovaire, oü le tube perce la paroi ovarienne pour pénétrer dans le canal micropylaire de l'ovule. Chaque cellule est séparée de celle qui est située au-dessus, et de celle qui se trouve au-dessous, par un repli plus ou moins parfait de la paroi cellulaire externe. 3. Le tube pollinique passe à travers le stigmate par l'effet d'un acerois- Sement cellulaire régulier. Ensuite, les cellules successives s'ajoutent au tube par un phénomène de division , Chacune d'elles remplissant ses fonc- tions de manière indépendante. 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ly. I n'existe pas de vésieules embryonnaires dans le sae embryonnaire du Tigridia. Le tube pollinique verse dans le sac son contenu, qui vient se mélanger à celui du sac lui-même, et l'embryon résulte de ce mélange. Expériences sur la végétation des plantes épiphytes, et eonséquences qui en découlent relativemeut à la cul- ture de ces plantes: par M. P. Duchartre. (Journ. de la Soc. impér. et centr. d' Hortic., cah. de janvier 1856, p. 67-79.) Nous résumerous suecinctement la partie physiologique de ce travail, lais- sant de côté les considérations générales présentées par l'auteur relative- ment aux plantes épiphytes, ainsi que tout ce qui se rapporte à la culture de ces plantes. C'est à l'aide de la balance que M. Duchartre à obtenu les résultats con- signés dans cette note, el ses expériences ont été faites presque toutes dans la serre aux Orchidées du jardin des plantes. Le but qu'il s'est proposé a été de reconnaitre, si, comme les physiologistes et les hortieulteurs l'admet- tent généralement, les Epiphytes, fausses-parasites simplement fixées à des écorces d'arbres qui ne sont pour elles qu'un support, se nourrissent prin- cipalement de la vapeur aqueuse répandue dans l'air, et absorbée par leurs feuilles, ainsi que par leurs racines. Pour cela, il a expérimenté séparément sur les feuilles, ensuite sur les racines, enfin sur des plantes entières pour- vues de raeines aérienues et de feuilles. Les sujets de ces observations ont été plusieurs espèces d'Orchidées, deux Broméliacées et le Spironema fra- grans, Lindl., de la famille des Commélynées. 1* Pour reconnaitre, si les feuilles des plantes épiphytes absorbent de la vapeur d'eau dans un air très humide, l'auteur a renfermé sous des clo- ches de verre posées sur l'eau, 4° une tige vigoureuse de Dendrobium moschatum avec 14 feuilles, 2° une grande feuille d'Angræcum. Dans l'air trés humide de cette cloche , le premier sujet a perdu environ 1/10 de son poids en une semaine, le second environ 1/12 en quinze jours. Une tige d'Epidendrum elongatum, portant 42 feuilles, a diminué de 1/8 de son poids primitif, en moins d'un mois, suspendue dans l'atmosphère très humide de la serre aux Orchidées. Enfin, sur deux branches vigoureuses et bien feuillées de Spironema fragrans, qui ont été suspendues dans l'air humide de la méme serre, ayant leur section soigneusement lutée, l'une a perdu environ un tiers de son. poids en un mois , l'autre a diminué de pres de 1/5 eu une semaine. Ainsi, ces diverses plantes, loin d'absorber de l'humidité dans l'air tres humide qui les entourait, ont toutes perdu une portion notable de l'eau qu'elles contenaient, comme le prouve leur dimi- nution de poids. 2° Pour vérifier si les racines aériennes des Épiphytes absorbent la vapeur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 d'eau répandue dans l'air, M. Duchartre a disposé un pied de Dendrobium moschatum, de telle sorte que, sa tige feuillée flottant dans l'air, son fais- ceau de 16 racines aériennes en état parfait, se trouvait seul enfermé dans une cloche qui reposait sur l'eau. Cette plante a perdu 1/5 de'son poids en 20 jours. Un autre pied dela méme plante a été placé de méme, mais sa tige a été supprimée, et elle a été ainsi réduite à un faisceau de 21 racines. En 20 jours, il a perdu 1/9 de son poids primitif. La déperdition a été encore plus forte pour un pied d' Epidendrum elongatum, qui a été suspendu dans la serre à Orchidées, apres avoir été réduit à la base sans feuiiles de sa tige, et à un faisceau de 10 belles racines. 3° Les expériences sur des plantes entières ont été tout aussi démonstra- tives. Elles ont porté sur l Epidendrum elongatum, les Oncidium amplia- tum et Lanceanum, VOrnithidium densiflorum, sur deux Tillandsia. Elles ont été faites toutes daus la serre aux Orchidées. Toutes ces plantes ont perdu notablement de leur poids en peu de temps, lorsqu'elles ont été simplement suspendues au milieu de cette atmosphère trés humide. L'auteur conclut de ces trois séries d'observations, que les plantes épiphytes ne puisent de la vapeur d'eau dans l'air qui les entoure ni par leurs feuilles ni par leurs racines. h° Présumant que l'absorption, qui devait nécessairement s'opérer dans les plantes épiphytes, de manière à leur fournir l'eau nécessaire à leur nutrition, devait s'exercer sur l’eau liquide, M. Duchartre a voulu vérifier au moyen de la balance, ce qui avait lieu sous ce rapport. Il a reconnu ainsi que les deux pieds de Dendrobium moschatum, qui avaient beaucoup perdu tant qu'ils avaient eu leurs racines entourées de l'air tres humide d'une cloche posée sur l'eau, ont bientót réparé leurs pertes et méme gagné du poids, lorsqu'ou a mouillé leurs racines une ou deux fois par jour, en secouant un peu d'eau dans la cloche qui les contenait. Sur l Epidendrum elongatum, le Dendrobium nobile, e Brassavola perrina, deux Eria, deux Oncidium, V Ornithidium densiflorum, ete., le Spironema fragrans, il a constaté, qu'il suffisait de mouiller les plantes une fois par jour, en jetant de l'eau sur elles avec une seringue de jardinier, pour les voir, non-seule- ment cesser de perdre, mais encore faire des progrès, augmenter de poids, et développer des racines vigoureuses, ainsi que des bourgeons et des bran- ches feuillées, sans tenir à un corps quelconque et simplement suspendues par un fil de plomb dans l'air de la serre. Il a reconnu que l'aecroissement de poids dans les plantes ainsi traitées « s'est montré constamment en rap- port avec les mouillages donnés. Il a été plus fort, lorsqu'on a seringué deux fois par jour, que lorsqu'on l'a fait une seule fois, et il a été suspendu, des que la plante n'a plus reçu d'eau momentanément, pour reprendre lorsqu'on à recommencé de mouiller. » La conséquence générale, déduite de ces expériences, est que, daus leur 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pays natal, les plantes épiphytes n'absorbant pas l'humidité en vapeur répandue dans l'air, ont nécessairement besoin, pour se nourrir, de l'eau des pluies et des rosées ; que, d'un autre côté, la grande humidité qu'on entretient par tous les moyens possibles dans les serres où on les cultive, ne contribue en rien à leur nutrition, n'agit qu'en diminuaut leur transpi- ration, et qu'il est indispensable de les mouiller pour leur fournir l'eau nécessaire à leur végétation. Ueher waessrige Ausscheidungen durch die Pflanzen- blaetter (Sur les sécrétions aqueuses effectuées par les feuilles des plantes); par M. Th. Hartig. (Botan. Zeitung du 28 décembre 1855, n? 52, eol. 911-613.) On a remarqué depuis longtemps la présence de gouttes d'eau à l'extré- mité des feuilles des Graminées, au bout des dents ou des lobes de feuilles plus larges. Les uns y ont vu des gouttes de rosée; d'autres, observant la situation réguliere de ces gouttes, ont vu dans leur production un phéno- mène physiologique. M. Th. Hartig pense que la formation de ce liquide est la conséquence d'une suspension de l'assimilation par l'effet du manque de lumière, et qu'elle est analogue à la sécrétion de l'acide carbonique pen- dant la nuit. Voiei une observation rapportée par lui à l'appui de cette opinion. Dans une caisse couverte d'une cloche de verre, dans laquelle étaient plantées des boutures, il s'est développé accidentellement, l'été dernier, un pied de Pissenlit, dont les feuilles présentaient chaque matin une gouttelette liquide à l'extrémité de leurs lobes aigus. Les gouttelettes essuyées ne se renouvelaient plus pendant le jour, bien que l'air renfermé sous la cloche restát constamment saturé d'humidité. Ce n'était que entre 4 et 6 heures de l'apres-midi, d'autant plus tót que le ciel était plus nuageux, que cette sécrétion se renouvelait ; elle persistait ensuite toute la nuit jusqu'au len- demain matin. Si l'on ne mettait pas la cloche en place, ees gouttes d'eau ne se formaient jamais, pendant la nuit, d'ou il était naturel de conclure qu'un air saturé d'humidité était absolument nécessaire pour leur produc- tion. Les élévations et les abaissements de température autour de la cloche n'avaient aucune influence sur la production des gouttes, pas plus le jour que la nuit. Au contraire, on les voyait apparaître instantanément et abon- damment, même au milieu du jour, dès que la cloche était posée, et que la plante était transportée à l'obscurité. Il était intéressant de reconnaitre la nature de ce fluide sécrété, autant qu'il était possible de le faire sur la quantité extrémement faible sur laquelle on pouvait agir. Eu en faisant évaporer une centaine de gouttes sur une petite lame de verre, M. Th. Hartig a obtenu un résidu trés REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 peu abondant, incolore, visqueux, dans lequel se montraient de petits faisceaux de cristaux aciculaires. La partie non cristallisée de ce residu brunissait, lorsqu'on la chauffait sur Ja flamme de l'alcool, indiquant ainsi qu'elle renfermait des matières organiques. M. Th. Hartig voit dans cette composition la preuve que ces gouttelettes liquides sont tout autre chose que la matière aqueuse de la transpiration, et qu'elles consistent dans un sue végétal non élaboré en raison de la privation de lumiére, et exsudé par suite d'un trop- plein. Notice of the flowering of Agave americana (Note sur la floraison de F Agave americana) ; par M. Joseph Lister. La note de M. Lister a été communiquée à la Société botanique d'Édim- bourg, le 10 janvier 1856. On en trouve un résumé dans The Annals and Magazine of natural history, cahier de mars 1856, vol. 17, p. 284. En 1855, un Agave, ágé de cinquante ans au moins, fleurit, et ensuite, on vit apparaitre, au-dessus de la terre, un petit jet, qui, au lieu d'étre une reproduetion en miniature de la plante-mére, ne portait pas de feuilles, mais bien deux fleurs semblables à celles que la tige centrale avait portées quelques mois auparavant. Cejet consistait en une branche souterraine suc- culente, longue d'environ 40 pouces, reliée à la portion enterrée de la plante-mère. On remarqua également qu'environ une douzaine d'autres jets percèrent la terre, et que chacun d'eux était terminé par des bourgeons d'un vert pâle, dont deux, disséqués par l'auteur, lui présentérent des fleurs rudimentaires dans leur intérieur. Ainsi, dit M. Lister, tout cet Agave parait avoir eu une tendance remarquable à fleurir ; la partie de la plante, placée hors de terre, ayant développé une tige chargée d'une multitude de fleurs, sa portion souterraine, au lieu d'émettre quelques jets terminés par des bourgeons foliacés, a produit une douzaine ou plus de jets terminés par des boutons de fleurs et dépourvus de feuilles. Morphologie des Crucibulum vulgare, Tulasne (Morphologie du Crucibulum vulgare, Tulas.); par M. Julius Sachs, de Prague. (Botan. Zeitung du 30 novembre et du 7 décembre 1855, nos 48 et 49, Col, 833-845, 859-861 ; plan. XIII et XIV.) Les résultats des observations nombreuses consignées dans le mémoire de M. Julius Sachs sont résumés par lui dans trente propositions que nous "eproduirons en les abrégeant autant que nous le pourrons. 1. Le Crucibulum vulgare, Tulas., nait d'un très petit mycelium flocon- Deux, blanc; le lacis central des filaments de ce mycelium se change en gleba. — 2, La périphérie de la gleba se recouvre aussitôt de filaments Jaunes, ramifiés en arabesques ; dans la zone inférieure se sont formés des T. UI, 9 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. filaments rayonnés ; en méme temps les restes périphériques du petit myce- lium disparaissent. —3. Tout ce qui nait encore dans le Champignon doit son origine à la jeune gleba.—h. Celle-ci devient ovoide par l'effet d'un centre végétatif situé au-dessous du ceutre de sa premiere forme globuleuse. Alors apparaissent des filaments bruns, radiaux, nés de sa périphérie qui s'agran- dit ; ils représentent l'utérus, — 5. Cet utérus présente deux couches con- centriques dont l'extérieure est le péridium externe, dont l'autre donnera au Champignon la forme cylindrique qu'il aura plus tard. — 6. Dans la gleba, le tissu primordial devient mucilagineux, — 7. Par là le péridium interne se trouve distingué pour la premiere fois du reste du tissu de la gleba. — 8. A l'intérieur de la gleba les points de transformation mucilagineuse s'offrent dans une couche paralléle au péridium et du bas vers le haut. — 9. Cette transformation procede de l'extérieur vers l'intérieur et laisse autour de chaque point mueilagineux un globule ereux de tissu primordial resté intact. — 10. Ce sont la les jeunes sporanges, qui ont un funicule épargné de la méme maniere. — 11. Chaque funicule est entouré d'une poche qui se résout plus tard en mucilage. — 12. Dans le sporange lui-même se présente un second point mucilagineux situé au point d'insertion du funicule. — 13. Les parties de la moelle primordiale qui ne se résolvent pas en mucilage, savoir les sporanges, les funicules et le péridium interne continuent à se dé- velopper chacun selon une marche à lui propre. — 14. L'aecroissement du péridium fait grossir le Champignon ; celui du funieule fait tordre celui-ci en spirale; celui du sporange agrandit sa cavité, — 15. De la paroi interne : du sporange naissent de bonne heure les paraphyses; les basides viennent plus tard s'insinuer entre celles-ci ; les unes et les autres doivent leur ori- gine à des branches de filaments situés sur la paroi interne du sporange.— 16. L’enveloppe externe du sporange doit son origine aux filaments mu- queux qui se pressent autour de sa périphérie, — 17. Les spores proviennent de petites verrues nées sur la membrane des basides. — 18. Les basides s'ouvrent après la chute des spores. — 19. Toutes les parties du Champignon consistent en branches des filaments qui forment la moelle primordiale de la gleba, lesquelles prennent différentes propriétés daus les différentes régions. — 20. Les régions oü des branches homologues de ces filaments s'unissent constituent des tissus homogènes. — 21. i.e tissu du Champignon est formé de couches concentriques. Le tissu de l'utérus est une nouvelle formation provenue de la périphérie de la gleba; le péridium interne est simplement une partie périphérique de la moelle primordiale. — 22. Le tissu du sporange est également en couches concentriques : sa couche primaire est un reste de la moelle primordiale; la couche de basides est une forma- tion nouvelle qui en est issue ; l'enveloppe externe appartient au tissu muci- lagineux. — 23. Le péridium interne renferme les branches-mères de tous les filaments qui rayonnent, à partir d'elle, vers l'extérieur et vers l'inté-. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 rieur, — 24. Les éléments des sporanges sont des branches immédiates des filaments muqueux provenus du péridium. Les éléments du funicule proviennent directement de ce dernier, aussi bien que ceux du sac funi- culaire. — 25. Les filets muqueux forment entre les sporanges des sortes de murs tout percés , d'où la gleba tout entière est creusée d'un grand nombre de petits vides. — 26. Parmi les parties du champignon on doit distinguer celles de nouvelle formation (péridium externe, filaments en arabesques, couche de basides), celles qui résultent simplement de modifi- cations de la masse fondamentale ou moelle primordiale (sporange propre- ment dit, funieule, péridium interne), celles que distingue uniquement la direction et non pas la nature des filaments (par exemple: sac funiculaire), enfin celles qui sont spécialisées par la direction des filaments et plus tard par leur modification physique (enveloppe externe du sporange). — 27. Le développement du Crucibulum est done surtout centripète par couches con- centriques. — 28. Les organes produits par simple modifieation des tissus diffèrent essentiellement de ceux qui résultent d'une formation nouvelle, Ceux-ci sont des conglomérats de formes semblables ; ceux-là consistent en cellules rattachées entre elles par leur affinité et par leur dérivation d'une cellule-mère commune. — 29. Les filaments qui composent tout le Cruci- bulum ne peuvent ètre nommés filaments cellulaires, ni files de cellules, — 30. Les cloisons ne méritent pas ce nom pris dans son acception ordinaire ; les cavités qu'elles eireonserivent sont de simples vacuoles formés par sépa- ration entre une substance extérieure solide et une intérieure fluide. Sur une anomalie végétale remarquée sur un Hétre: par M. Pissot. (Journ. de la Soc. impér. et centr. d' Hortic. ; eab. de févr. 1856, p. 106-107.) Les Hétres, dont il est question dans cette note, croissent dans la forêt de Verzy, prés de Reims, département de la Marne, sur une étendue de plu- sieurs hectares, dans un sol calcaire, un peu argileux et très ferrugineux, au milieu d'autres Hétres qui ne présentent rien d'anormal. Leur confor- mation est tres singuliére, et leur mode de développement des plus bizarres. Dans tous, le tronc, au lieu de s'élever verticalement, se contourne dans lous les sens; puis, à la bauteur de 2 ou 3 mètres, il émet un très grand nombre de branches extrémement flexueuses et contournées, repliées plu- sieurs fois sur elles-mêmes, qui se greffent méme entre elles par approche, et qui forment un ensemble des plus irréguliers. « On dirait, selon les expres- sions de l'auteur, que, lorsque l'arbre a été assez élevé, un poids énorme s'est abattu sur sa tête et l'a littéralement aplati. » Ces arbres, si singu- lierement eonformés, se distinguent, en outre, par la facilité remarquable avee laquelle ils se greffent par approche, lorsque leurs flexuosités en met- 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tent les parties en contact les unes avec les autres; ainsi, le tronc de quel- ques-uns est formé par la réunion de deux ou méme de trois brins diffé- rents. Les extrémités des branches sont pendantes, et, lorsqu'elles touchent la terre, elles s'y enracinent facilement. Le développement de ces arbres est extrémement lent; M. Pissot en cite un qui n'a pas plus de 27,50 de dia- mètre, et qui se trouve déjà désigné comme arbre de ligne de coupe dans un titre du xtv* siecle. Les raeines paraissent avoir une disposition ana- logue à celle des branches. On a fait, il y a quelques années, des semis de faines de ces Hétres; mais, jusqu'à ee jour, les jeunes pieds, auxquels elles ont donné naissance, u'of- frent pas la disposition tourmentée qui distingue leurs parents. Abnorme Bildungen (Formations anomales); par M. D. F. L. de Sehlechtendal. (Botan. Zeitung, du 2 novembre 1855, n° 44, col. 769- 771.) Cette note renferme 4 observations différentes. 4. Disposition particulière de chatons de Saule. Un Saliz fragilis présentait ses chatons femelles au bout de jets très vigoureux, de la hauteur d'un homme. Les feuilles cessaient dans le haut brusquement, sans que les supérieures fussent devenues plus petites, et toutes avaient leurs stipules. Après les feuilles venait le chaton, dont les écailles inférieures étaient pour la plupart un peu écartées, et reposaient sur une braetée plus grande, semblable aux supérieures pour la forme et la couleur pále, mais qui, en outre, était accompagnée généralement de deux petites stipules vertes. Le chaton n'avait, d'ailleurs, rien de remar- quable, à eela pres. Sur les feuilles, la base formait souvent deux petites oreillettes lancéolées, pourvues chacune d'une paire de dentelures, et entre lesquelles se trouvaient quelquefois sur la face supérieure, à cóté de la cóte, deux corps glanduleux courts, verts, cylindriques. L'auteur se demande, si ces deux oreillettes basilaires n'étaient pas formées par une dilatation des dents inférieures de la feuille. 2. Fruits d'Érables. Sur les mêmes pieds d' Acer platanoides, parmi beaucoup de fruits nor- maux, M. de Schlechtendal en a trouvé quelques-uns à 3 ailes et 3 loges fréquemment stériles. Ces 3 loges étaient normales, égales entre elles, pla- cées symétriquement sur l'axe, ou bien une ou deux ailes étaient plus courtes, ou bien encore 2 faisaient entre elles un angle aigu, et la troisième partageait ensuite l'espace restant. — Sur des fruits d' Acer Pseudoplatanus, il existait 4 loges et 4 ailes, non sur un méme plan, mais dont deux croi- saient la premiere paire et se trouvaient à un niveau un peu plus haut. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 Une méme grappe contenait des fruits, les uns normaux, les autres anor- maux. 3. Streptocarpus Rexii, Lindl. Dans une serre du jardin botanique de Halle, l'auteur a observé parmi les fleurs ordinaires de cette plante, une fleur tout à fait régulière de forme et de coloration, qui avait ses lobes en préfloraison valvaire. Les 5 lobes de la corolle étaient dressés, obtus, échanerés, et marqués chacun de trois lignes d'un violet foncé, qu'on n'observe, dans les fleurs ordinaires, que sur le lobe moyen de la lèvre inférieure. 5 étamines alternaient régulière- ment avec ces lobes. On espérait semer les graines données par cette fleur peloriée ; mais elle ne produisit pas de fruit. h. Phlox Drummondii, Hook. En novembre 1853, M. de Sehlechtendal a observé des fleurs de cette plante, dont la corolle, deverue verte, avait son tube ou de la longueur du calice ou plus court, tandis qu'il est plus long dans les corolles colorées ordinaires; les lobes de ces corolles vertes étaient aigus; les étamines n'avaient pas de pollen; le pistil avait son ovaire aussi long que la corolle, surmonté d'un style avec ses trois stismates longuement saillants, ou bien, au contraire, il était rudimentaire avee un stvle très court. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Supplément à la Flore générale de Belgique; par le doc- teur C. Mathieu. Additions, observations, corrections. Broch. in-8° de A3 pages. Bruxelles, Gand, Leipzig ; 1855. Les espéces signalées daus ee supplément sont au nombre de 334, dont 61 sont des Phanérogames. La plupart sont done des Cryptogames. Dans l'une et l'autre de ees catégories, plusieurs sont mentionnées, et, par suite, caractérisées pour la premiere fois ; les autres ne figurent qu'en raison des localités nouvelles oü elles ont été trouvées. M. Mathieu a joint à sa liste le relevé des espèces qui ont été signalées pour la première fois dans la Flore de Namur de M. Bellynck, et qu'il n'a pas eu oceasion de voir lui-méme. Ce relevé comprend 19 noms d'espèces ou de variétés. Die Gefaesskryptogamen des Grossherzogthums Baden (Les Cryptogamesvasculaires du grand-duché de Bade);par M.J. Ch. Doell, in-8^ de 90 pages; Carlsruhe, 1855. Cette brochure de l'auteur du Rheinische Flora est donnée eomine la pre- mière livraison d'une Flore du grand-duché de Bade. Le plan d'après lequel elle est écrite indique chez M. Doell le projet de donner beaucoup 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de développement à cette Flore. En effet, l'histoire des espèces de Crypto- games vasculaires qui figurent dans ee premier cahier, comprend une dia- gnose, une synonymie assez étendue, à laquelle se trouve jointe l'indication des collections desséchées dans lesquelles la plante a été publiée, l'habitat ct la station avec la désignation de la nature du sol, enfin une description détaillée. Les caractères des familles et des genres sont exposés avec moins de détails. Un tableau dichotomique facilite la détermination des genres de chaque famille. L'ouvrage est écrit totalement en allemand, méme pour les diagnoses. Voici dans quel ordre et sous quelles divisions sont rangées les familles traitées dans l'ouvrage de M. Doell. 1% ordre : Laubfarne (Fougères feuil- lées) ; 1"° famille : Polvpodiaeces, Rob. Br.; 2° famille : Osmundacées, Rob. Br. ; 3* famille : Ophioglossées, Rob. Br. — 2° ordre : Schaftfarne (Fougères à hampe) ou Équisétacées, DC. — 3° ordre : Moosfarne (Fou- gères-Mousses). 1'* famille : Lycopodiaeées, Rich. ; 2° famille : Isoétées, Bartl. — 4° ordre : Wasser farne (Fougères aquatiques) ; 1'* famille : Mar- siléacées, Dartl.; 2° famille : Salviniacées, Bartl. M. Doell s'est attaché dans son ouvrage à exposer avec beaucoup de soin les détails de l'organisation des Cryptogames vasculaires, etfil a fait de ce commencement de Flore un travail rempli de faits que tous les botanistes consulteront avec beaucoup de fruit, Zusactze und Bemerkungen zur Gattung £rythræa (Remarques sur le genre Erythræn avec additions) : par M. D, F. L. de Schlechtendal. ( Botan. Zeitung, du 28 décembre 1855, n° 52, col. 915- 921.) Dans le 9* volume du Prodromus, M. Grisebach a décrit 24 espèces d'£rythræa, dont 6 imparfaitement connues. Depuis cette époque, ce nombre a été graduellement élevé à 32, dont M. de Schlechtendal présente le tableau, en les répartissant dans les 4 sections du genre, et en indiquant leur distribution géographique. Il résulte de ce tableau que 13 de ces espéces appartieunent à l'Europe, que 12 se trouvent en Asie, 2 en Afrique, 3 à la Nouvelle-Hollande, 9 en Amérique; que celles qui croissent dans une seule partie du monde sont au nombre de 6 pour l'Europe, de 5 pour l'Asie, de 1 pour l'Afrique, de 3 pour la Nouvelle-Hollande, de 9 pour l'Amérique ; que 7 se rencontrent à la fois en Europe et en Asie ; enfin, que 2 seulement sont communes à l'Europe, à l'Asie et à l'Afrique. Parmi les spi ' » iricailes : especes purement américaines, 2 seulement habitent l'Amérique méridio- nale, tandis que 7 se trouvent au nord de l'isthme de Panama. Ge dernier nombre aurait dù être porté à 9, si l'on avait eu connaissance d'un travail publié, par Wilh. Sehiede, en 1836, dans le premier volume du Journal de l'Académie des sciences de Mexico sur les Erythræa médi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 einaux de cette contrée. Mais le travail de Schiede est resté totalement inconnu en Europe ; aussi M. de Schlechtendal, en ayant reçu communi- cation de M. Schaffner, en extrait pour la publier la description donnée par Schiede de ses Erythrea stricta et tetramera. W ajoute ensuite des remarques snr ces deux espèces, ainsi que la description d'une nouvelle espèce, I' E. divarica, Schaffner, in litt., également du Mexique, qui lui a été communiquée par M. Schaffner avec les deux premières. Le nombre total des espèces connues du genre £rythræa se trouve ainsi porté à 35. Ueber die Gattung Astilbe (Sur le genre Astilbe); par M. L.C. Tre- viranus. (Botan. Zeitung, du 23 novembre 1855, n° ^7, col. 817-820.) Linné avait formé dans l'Hortus Cliffortianus, sous le nom d'Aruncus, un genre dont l’espèce-type fut réunie ensuite par lui, dans son Species, aux Spiræa, sous le nom de S. Aruncus. Cette plante se distingue parmi ses congénères par son port, par ses feuilles surdécomposées sans stipules, et par divers caractères qui suffiraient pour autoriser sa séparation en genre distinct. Le genre Astilbe a été formé par David Don pour une plante du Népaul, qu'il anommée A. rivularis, et pour une autre de l'Amérique septentrionale, que Ventenat avait décrite et figurée sous le nom de Tiarella biternata, et qui est devenue l'A. decandra. MM. Lindley, Torrey et Asa Gray y rap- portent, comme troisième espèce, l'//oteia Japonica, Morr. et Dene, plante du Japon, aujourd'hui commune dans les jardins, que Thunberg avait signalée sous le nom de Spiræa Aruncus. M. Treviranus pense aussi que ces trois plantes forment, en effet, un genre distinct des Spiræa, et qui doit méme étre rangé, non dans les Rosacées, mais parmi les Saxifragées, à cause de la présence d'un albumen dans leurs graines. Il donne les carac- teres essentiels de ce genre, auquel il conserve le nom d’As#lbe, et dans lequel il range les trois espèces suivantes : 4. Astilbe Aruncus, Trevir. (Spiræa Aruncus, Lin.); la plante, connue dans piusieurs jardins d'Alle- magne, sous le nom de Spiræa Humboldti, n'en est qu'une forme plus basse et plus trapue. 2. A. decandra, D. Don. 3. A. rivularis, D. Don. (Hoteia japonica, Morr. et Dene. Spiræa barbata, Wall.) Folia orchidacea, an enumeration of the known spe- cies of Orchids (Folia orchidacea, énumération des espèces connues d Orchidées) ; par M. Lindley. 8°. Part. VI et VIT, 1855. Les parties 6 et 7 de ce grand ct utile ouvrage ont paru à la fois au mois de novembre dernier, Eiles complètent un volume dans lequel cepen- dant i! n'existe pas d'ordre établi, chaque genre ayant une pagination à lui propre et se tronvant mé ne entièrement distinet, Les genres monogra 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. phiés dans le nouveau cabier publié sont les suivants : Calanthe, R. Brown, avec 38 espèces ; Oncidium, Swartz, avec 198 espèces, auxquelles il faut en ajouter 12 imparfaitement connues ; Zimatodis, Blume, avec 5 espèces ; Geodorum, Jackson, avec 9 espèces. — Ce cahier contient le titre du volume et une table des genres déjà publiés avee l'indication de la date de publica- tion pour chacun d'eux. Plantes eryptogames de France; par M. J.-B.-H.-J. Desmazières. in 4°. Lille. Fascieules VI et VII, 1856. M. Desmazieres vient de faire paraitre en méme temps deux nouveaux faseleules formant une centurie de son importante collection sèche des Cryptogames françaises. Nous pensons devoir présenter aux lecteurs du Bulletin le relevé des espèces contenues dans ces fascicules. 6° fascicule. — 301. Merismopædia glauca, Kütz. — 302. M. violacea, Kütz. — 303. Prasiola calophylla, Kütz — 304. P. furfuracea, Kütz. — 305. P. crispa, Kütz. — 306. P. marina, Crouan. — 307. Anabæna chali- bæa, Kütz. — 308. Ulva Lactuca, Lin. — 309. Enteromorpha Grevillei, Thur. — 310. Le méme, adulte et vieux. — 314. E. intestinalis, Link. — 312. E. cornucopiæ, Hcok. — 315. E. ramulosa, Hook. — 314. E. percursa, J. Ag. — 315. E. compressa, Grev. — 316. Monotroma orbiculatum, Thur. — 317. Nitelia translucens, Ag. — 318. N. flexibilis, Ag. — 319. N. capitata, Ag. — 320. N. synearpa, a, laxa longifolia, Al. Braun. — 324. N. s., a, laxa longif., mále avec les anthéridies. — 322. N. gracilis, Ag.— 323. N. tenuissima, Kütz. — 324. N. hyalina, Kütz. — 325. N. (Toly- pella) intricata, A. Braun. — 326. N. (Tolypella) glomerata, A. Braun. — 327. Chara aspera, Willd. — 328. C. aspera, Willd. — 329. C. aspera, Willd. A. var. capillata, A. Braun, B. forma tenuifolia, Rabenh. — 330. C. fragilis, Desv. — 331. C. fragilis, forma elongata tenuifolia. — 332. C. vulgaris, Wallr., 5. longibracteata. — 333. C. v., forma subbispida longi- bracteata. — 33^. C. hispida, Lin. (C. hispida et tomentosa, Auct.) — 335. C. hispida, Lin. (C. spinosa, Ruprecht). — 336. C. crinita, Wall., var. pachysperma, Kütz. — 337. Uredo Caryophyllacearum, Desmaz. — 338. U. Cueubali, Desmaz. — 339. Puccinia Luzulæ, Lib. — 340. Typhula fili- formis, Fr. — 3^1. T. Todei. Fr. — 342. Agaricus terreus, Schæff. — 343. A. galerieulatus, Scop. — 344. A. æruginosus, Curt. — 345. A undulosus, Jungh. — 346. Laetarius blennius, Fr. — 347. Marasmius androsaceus, Fr. — 348. M. Rotala, Fr. — 349. Aspidium Halleri, Wila. — 350. A. Lonchitis, Sw. 7° fascicule, — 351. Sacidium Desmazieri, Montg — 352. Phoma vici- num, Desmaz. —353. P. denigratum, Rob. — 35^. P. neglectum, Desmaz. -- 355. P. nitidum, Rob, — 256. P. cinereum, Desmaz. (espèce inédite REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 dont l'étiquette porte la diagnose). — 357. P. effusum, Rob. — 358. P. jas- minicolum, Desmaz. — 359. Sphæria (Depazea) phaseolicola, Rob. — 360. S. ? (Depazea) Lonicerarum, Desmaz. — 361. S. (Depazea) contecta, Des- maz. — 362. S. (Depazea) hederæcola, Desmaz. — 363. S. herbarum, Fr. — 364. S. sentina, Fr. —365. S. palustris, Fr. — 366. S. eryptoderis, Lév. — 367. S. devexa, Desmaz. — 368. S. calostroma, Desmaz. — 369. S. Des- mazieri, Berk. and Broome. — 370. S.? cinereo-nebulosa, Desmaz. (espèce inédite, avec diagnose).— 371. Nectria Peziza, Fr. — 572. N. pyrochroa, Desmaz. (espèce inédite, avec diagnose). — 373. N. carnea, Desmaz. — 37h. N. Robergei, Montg. et Desmaz. (espèce inédite, avec diagnose). — 375. Poronia punctata, Fr. — 376. Xylaria polymorpha, Grev. — 377. X. filiformis, Fr. — 378. Cordiceps ophioglossoides, Fr. — 379. C. capitata, Fr.— 380. Claviceps purpurea, L. R. Tul. — 381. Cl. microcephala, L. R. Tul. — 382. Calicium trichiale, Ach. — 383. C. chrysocephalum, Ach. —384. Coniocybe pallida, Fr., a. leucocephala, Sehoer. — 385. Placo- dium Reuteri, Nyl. — 386. P. murorum, DC. — 387. P. m. var. citri- num, Nyl. — 388. P. fulgens, DC. — 389. Lecanora cinerea, var. gibbosa, Nyl. — 390. L. subfusea, Aeh. — 391. L. subfusca, var. albella Nyl. — 392. L. ventosa, Ach. — 393, Pertusaria communis, DC.— 394. P. c., 5, sorediata, Fr.— 395. Phlyetis agelæa, Nyl.— 396. Lecidea cupularis, Ach. —397. Stigmatidium obscurum, Spreng. — 398. Verrucaria leucocephala, b, amphibola, Ach. — 399. N. glabrata, Ach. — ^00. V. biformis, Borr. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Études sur la zéographie botanique de l'Europe, et en particulier sur la végétation du plateau central de la France: par M. Henri Lecoq. (gr. in-8°, Paris, chez J.-B. Baillère, vol. IIT, 1854, vir et 516 pages, vol. IV, 1855, vr et 536 pages) (1). Le troisième volume de cet ouvrage commence par des développements étendus sur la durée des végétaux considérée a des points de vue divers : Quant à leur organisation et à leur position géographique, à leur tendance à la dispersion, à l'altitude, aux stations et à la nature du sol, à la réunion et à la séparation des sexes. L'auteur donne d’abord un tableau des espèces an- nuelles, bisannuelles, vivaces et ligneuses du plateau central de la France rapportées à leur famille. Envisageant ensuite la question à un point de vue . général, il examine les proportions de ces 4 catégories de végétaux sur la terre entière, relativement à la latitude, à la longitude, aux iles et aux grandes di- Visions du règne végétal. Des tableaux nombreux résument les résultats de (1) Voyez Bulletin de la Société botanique de France, |, p. 98.100 ; H, 711-713. 7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cet examen circonstancié. C’est le sujet traité dans le chapitre 27. Dans le suivant, l’auteur recherche si la durée des espèces a quelque influence sur l'extension de leur aire géographique, et il examine successivement les dif- férentes flores, en les supposant réduites à des espèces, soit annuelles, soit bisannuelles, soit vivaces, soit enfin ligneuses. Il donne les tableaux de ees comparaisons. Le chapitre 29 comprend trois paragraphes relatifs à l’étude des relations entre la durée des végétaux, et 4° l’altitude, 2° les stations et Ja nature du sol, 3° la réunion ou la séparation des sexes. Un 4° para- graphe contient l'énumération des sources, auxquelles M. Lecoq a puisé les éléments de ses tableaux. L'étude des phénomènes périodiques de la végé- tation forme le sujet des chapitres 30, 31 et 32. Après avoir examiné ces phénomènes (germination et feuillaison, floraison, maturation) sur les indi- vidus considérés en eux-mémes et dans leur groupement, ainsi que dans les écarts qu'ils présentent, il donne la liste des plantes du plateau central de la France rangées dans l'ordre moyen de leur épanouissement; il termine par des considérations diverses sur les phénomènes périodiques, dans lesquelles il entre dans des détails d'un grand intérét sur les époques des plantes, sur les phénomenes diurnes, sur la léthargie des végétaux et de leurs graines, enfin sur les phénomènes d'alternance ou sur la succession alternative des végétaux à la surface d'une méme portion du sol. Les parasites considérés en eux- mémes et dans leur dispersion sont l'objet du chapitre 33. Le cha- pitre 34 est peu étendu ; il est relatif aux plantes à feuilles épaisses ou char- nues. Le chapitre 55 traite des plantes volubles, rampantes, nageantes, ete., considérées quant à leur répartition géographique. Une étude analogue au sujet des plantes armées de piquants ou couvertes de poils compose le cha- pitre 30. Enfin, les 5 chapitres qui terminent le 3° volume (37-41), sont relatifs à la lumiere et aux couleurs considérées, soit au point de vue phy- sique, soit dans les plantes et dans leurs organes, soit enfin dans leur répar- tition parmi les espèces qui forment la flore du plateau centra] de la France. Cette derniere étude, trés développée, se résume dans les chiffres suivants : Série foliacee, Série verte, Série jaune. Série rouge, Série bleue, Série blanche. Dicotylédons. , . 144 90 419 248 163 326 Monocotylédons . 315 24 16 33 9 27 Totaux. . . 459 114 435 981 179 353 Les 5 premiers chapitres du 4° volume complètent le travail important de M. Lecoq sur les couleurs des plantes. Dans le premier des trois (42°), il présente successivement plusieurs aperçus différents, savoir l'influence qu'exercent sur les couleurs la latitude, l'altitude, l'eau, la nature chimique du so!, Ces premiers exposés sont suivis de deux paragraphes, dans lesquels l'auteur recherche les rapports de la couleur des fleurs avec la durée de la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 vie des plantes, et l'influence que l'époque de la floraison exerce sur la colo- ration. Dans le chapitre suivant, M. Lecoq recherche les rapports qui exis- tent entre la couleur et les odeurs des végétaux, enfin, dans le 44°, il consi- dère les couleurs des plantes relativement au paysage. La prédilection particulière, avec laquelle ont été traitées ces études sur les couleurs des végétaux, s'explique par le point de vue moral et esthétique, auquel l'au- teur se place dans ses travaux botaniques. « La botanique, dit-il, la science des fleurs, n'est pas pour nous une simple étude de caracteres physiques ; nous reeherchons aussi son influence sur notre moral, sur l'art lui-méme, et les couleurs des végétaux ont certainement une part bien aetive et bien large daus les sensations que nous proeure la vue des étres vivants qui ornent et embellissent notre séjour. » Le chapitre 45, intitulé : Sociabilité des plantes, est relatif aux plantes sociales. L'auteur nous montre ces espèces envahissant de vastes surfaces de terrains, soit dans nos contrées, soit sur- tout dans diverses régions étrangères où elles couvrent des steppes, des savanes d'une immense étendue. Il se livre ensuite à des considérations générales sur la vie et sür sa propagation à la surface du globe. Le cha- pitre 46 traite de l'association des végétaux ou du groupement d'espèces. I! renferme une série de tableaux qui peignent les associations de plantes observées par l'auteur sur différents points du plateau central daus les mois d'avril, mai, juin, juillet, aoüt, septembre et octobre. Sous le titre : « Du parallélisme des espèces et des équivalents botaniques, » le chapitre 47 réunit de nombreux exemples d'espèces qui semblent en remplacer d'autres dans différents pays. Le chapitre 48 traite de la migration et de la coloni- sation des espèces végétales; le suivant est relatif à l'envahissement de la végétation, à la lutte qui existe constamment entre les espèces, dont les unes disparaissent de certains points, à mesure que d'autres s'y établissent et gagnent de plus en plus d'espace ; enfin, le 50° chapitre traite des centres de création, considérés, soit en eux-mêmes, soit dans leurs rapports avec les événements géologiques. Une portion importante de ce chapitre ren- ferme le tableau des générations successives de végétaux, qui se sont suc- cédé pendant les diverses périodes géologiques. Géologue et botaniste a la fois, M. Lecoq avait double mission pour tracer ce tableau du plus haut intérét, Là se termine, pourrait-on dire, le corps méme de l'ouvrage. Mais un important appendice, ou plutó! une partie toute d'application a la Flore européenne, vient compléter ee grand travail, Cette partie, dont le qua- trième volume ne présente que le commencement relatif aux Renonculacées, Berbéridées et Nymphéacées, consiste en une énumération, sinon de toutes les espèces européennes, au moins de représentants de tous les groupes, familles ou genres, de Ja Flore d'Europe. C'est un tableau complet de la distribution géographique des groupes européens, Cbaque espéce y est 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peinte dans son port, sa végétation, ses moeurs, comme dit l'auteur; la nature du sol oü elle croit, l'altitude à laquelle elle parvient, sa distribu- tion géographique, sont indiquées en détail. Nous ajouterons que cette Flore est écrite d'un style courant, ou méme orné, daus lequel l'auteur a tenu à s'écarter des formes arides mais précises du langage descriptif consacré. On some minute sced-vessels Carpolithes Ovulum, Brong.), from the cocene beds of Lewisham (sur de petits fruits (Car- polithes Ovulum, Brong.) qui se trouvent dans les couches éacènes de Lewisham); par M. J.-D. Hooker (Proceedings of the geological Society, séance du 15 juin 1855, pag. 562-565, plan. XVI). Parmi trois ou quatre échantillons de ce fruit fossile qui ont été trouvés dans l'argile éocène de Lewisham par le Rév. H. de la Condamine, un était en si bon état de conservation que M. D. Hooker dit avoir éprouvé peu de difficultés pour en reconnaitre la structure. Ces Carpolithes se trouvaient avec des coquilles d'eau douce et un petit nombre d'autres fossiles végé- taux, parmi lesquels étaient deux sortes de feuilles de Dicotylédons, des pinnules d'une Fougère et des fragments de feuilles de Monocotylédons. M. D. Hooker commence par donner les caractères génériques et spéci- fiques de ce fossile qu'il rapporte au Carpolithes Ovulum, Brongn., et qu'il considere comme le sporange d'une Cryptogame. M. Brongniart, qui a décrit et figuré le premier ee Carpolithe, était un peu porté à le considérer comme une graine d'un fruit monosperme, et il indiquait comme très douteuse une affinité possible avec les Nymphéacées. Mais il parait, dit l'auteur, avoir renoncé maintenant à cette idée. Le savant botaniste anglais décrit ce Carpolithe de la manière suivante : sporange noirâtre, carbonacé, long de 3/10 de pouce, large de 1/5 de pouce daus son plus graud diamètre, comprimé, marqué d'un hile à sa base, terminé par un mamelon conique perforé, uniloculaire, contenant un sae sporulifere vraisemblablement distordu: parois coriaces, formées de plusieurs assises de cellules, présentant un réseau superficiel formé d'aréoles trés nombreuses, opaques ; l'un des deux bords aigu, l'autre un peu épaissi, parcouru par des vaisseaux ligneux et scalariformes ; mamelon conique ter- minal, entouré à sa base d'un disque relevé. Sac intérieur hyalin, hygromé- trique, de forme analogue à celle de la loge, sessile par une large base, adné seulement au bas du sporange et libre dans le reste de son étendue, conique au sominet qui est muni d'un pore, formé de deux membranes extréme- ment minces, intimement unies ; aréoles des cellules oblongues dans le sens transversal, diminuant de grandeur vers le sommet conique du sae, très apparentes. Spores assez grandes, arrondies-élargies ou discoides, dépri-. mées au centre, Üri-multilobées, ayant 1/600 de pouce de diamètre, for- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ` 77 mées de sporules en coin disposées radialement. Sporules trés finement striolées, à stries rayonnantes, translucides à leur centre, d'un jaune pále, de 1/1000 de pouce. Il est remarquable, dit M. D. Hooker, que la connaissance que nous avons maintenant de ce fossile ne jette pas plus de jour sur ses affinités. Si l'on écarte l'idée que c’est un sporange de Cryptogame, son mamelon ter- minal est tres particulier, et l'ouverture que présente le sommet de son sae interne ne peut guère être regardée comme analogue ni au micropyle ni à une ouverture quelconque dans la membrane qui entoure l'albumen. L'ar- rangement des cellules qui forment le sac intérieur est aussi particulier, puisqu'elles vont en décroissant vers le pore terminal, ee qui indique évi- demment que ce dernier a quelque usage important. Les spores sont tres nombreuses, bien qu'elles ne remplissent pas entièrement le sae. Sans leur présence dans le sac, M. D. Hooker n'aurait guère hésité à rapporter le Car- polithe aux Phanérogames, parmi lesquelles la graine des Magnoliacées présente avec lui de l'analogie; mais l'existence des spores et celle d'un pore au sommet du sae interne s'opposent à ce rapprochement. Dans l'état actuel de nos connaissances, si ces corps intérieurs sont regardés comme des spores, le Carpolithes Ovulum doit être regardé comme ervptogame et rapproché des Fougères plus que de toute autre famille, à cause de son fais- ceau vasculaire, de l'insertion du sac, de la forme et de la structure des Spores. BOTANIQUE APPLIQUÉE. The theory and practice of horticulture (Théorie et pratique de l'horticulture, ou essai pour expliquer physiologiquement les princi- pales opérations du jardinage; par M. John Lindley. 2° édition ; in-8° de XVI et 606 pages ; avec 93 figures intercalées dans le texte. Lon- dres, 1855. La première édition de cet ouvrage avait paru en 1840 ; la seconde, qui vient d'être publiée quinze ans plus tard, quoique conçue d'apres le méme plan, a subi cependant des modifications, et surtout un accroissement important, Son éminent auteur s'est surtout attaché à joindre aux principes généraux qu'il pose des exemples nombreux, qui servent à la fois à les con- firmer et à les faire mieux comprendre. Les figures, en assez grande quan- tité, qu'il a intercalées dans son texte, aident encore l'intelligence, en expo- Sant aux yeux des détails que la plume ne peut faire connaitre suffisam- ment. Voici, du reste, en peu de mots la division et la nature des matières traitées dans cet ouvrage aussi intéressant pour le botaniste qu'utile, indis- pensable méme pour l'horticulteur. ? La LI * . L'ouvrage est divisé en deux parties ou deux livres qui correspondent 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aux deux indications données par le titre : Théorie et pratique de l'horticul- ture. Le premier livre est relatif aux principaux faits de la vie des plantes qui expliquent les opérations du jardinage ou qui leur servent de base. Il comprend 8 ehapitres, dont le premier, peu étendu, a pour titre: « Force vitale » et a pour objet d'établir l'existence de cette force niée par divers physiologistes, mais sans laquelle la vie des plantes deviendrait inexpli- cable, Le second chapitre intitulé : « Germination » fait connaitre rapide- ment la nature de la graine et les influences qui la déterminent à germer. Les racines forment le sujet du 3° chapitre; l'auteur v expose les princi- paux faits que présente l'histoire de cet organe important, le rôle essentiel que joue son extrémité dans son élongation et dans l'absorption des liquides, sou indifférence dans le choix des matières nutritives, l'introduction de poisons dans la plante, ete. Il admet que les racines peuvent répandre dans le sol des substances nuisibles, Il signale et figure plusieurs faits curieux de production de racines sur des tiges, des feuilles, ete. Le 4° chapitre est relatif à la tige, à son accroissement, à ses parties, à la séve et à la circu- lation, aux bulbes et aux bulbilles, ete. Les feuilles et jeur histoire, soit ana: tomique, soit physiologique, fournissent la matière du 5° chapitre. Le 6° est relatif aux fleurs ; il eomprend l'énumération des organes floraux, des détails importants sur les fleurs doubles et monstrueuses, sur la fertilité et la sté- rilité, sur la fécondation et sur l'hybridation. M. Lindley y a réuni diverses figures de moustruosités intéressantes. Le 8° chapitre traite de la matura- tion du fruit, de ses usages physiologiques, de l'action des feuilles sur son développement, de la vitalité des graines, etc. Enfin, le 8° chapitre consi- dere la température dans son action sur les plantes, selon qu'elle est trop haute ou trop basse, dans ses alternatives de jour et de nuit, en hiver et en été, dans la terre et dans l'air. Le second livre porte le titre : « sur les principes physiologiques qui servent de base aux opérations de l'horticulture.» Sous ce titre, M. Lindley présente la partie essentiellement horticole de son ouvrage. Les sujets qu'il y traite en 21 chapitres sont les suivants : la chaleur de fond ; l'humidité du sol et les arrosements ; l'humidité atmosphérique et la température; la ventilation ; les semis ; la conservation des graines; l'expédition des graines et des plantes; la multiplication par bourgeons ; celle par les feuilles ; celle par boutures et par marcottes ; la greffe ; la taille; le palissage ; l'empotage ; la transplantation ; la conservation des races par graines ; le perfectionnement des races ; le repos à donner aux plantes ; le sol; les engrais. Sur unc écorce fébrifuge et sur diverses plantes médi- cinales de l'Amérique centrale; par le D" Scherzer. D'après la Gazette d'Augsbourg, le docteur Scherzer, connu par ses voyages en Amérique, à fait, le 4 janvier dernier, à une Société médicale REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 de Vienne, une communication intéressante au sujet de différentes espèces de plantes que les habitants de l'Amérique centrale emploient comme médi- caments. Ces plantes sont, en général, ou fort peu ou méme pas du tout connues en Europe. La plus intéressante est certainement celle que les indi- gènes nomment Chichiké, dont l'écorce est employée, avec un plein succès, dans le Guatemala, pour le traitement des fièvres intermittentes. C'est le docteur Farfan, habile médecin du pays, qui a fait les premiers essais de ce médicament, et qui en a fait connaitre la vertu. Néanmoins, cette écorce n'a été encore l'objet d'aucune analyse chimique, et M. Scherzer est le pre- mier qui en ait parlé en Europe. Le Chichiké eroit en abondance sur le ver- sant occidental de la. Cordillére dans l'État de Guatemala ; il prospere sur- tout dans des terres assez humides, par une température moyenne de 26 à 29 degrés centigrades. Au port d'Istapa, sur l'Océan pacifique, les 50 kilo- grammes de cette écorce ne coûtent gnère que 8 piastres. Sa substitution au quinquina, dont le prix, déjà tres haut, s'éleve encore de jour en jour, aurait donc les plus grands avantages pour la médecine. Le Chichiké est encore inconnu sous le rapport botanique; mais M. Seherzer en a rapporté des feuilles et des fleurs, et M. Fenzl s'est chargé d'eu faire la détermination à l'aide de ces matériaux. Le docteur Seherzera parlé encore à la méme Société des graines du Cédron (Simaba Cedron, Planc.), dont on sait que les Amé- ricains font trés grand cas, et qu'ils regardent commé un spécifique pré- cieux contre la morsure des serpents venimeux, contre les fièvres intermit- tentes, l'épilepsie, etc. Mais les détails, communiqués à ce sujet, sont déjà généralement connus, et nous ne croyons pas devoir les reproduire. Parmi les autres plantes médicinales, dont il a été encore question dans la communication de M. Scherzer, se trouvent les suivantes : les feuilles frai- ches du Jatropha gossypifolia, Jacq. , arbrisseau que les habitants de Nica- ragua nomment Frailillo, sont regardées comme vomitives ou comme pur- gatives, selon qu'on les cueille vers le haut ou vers le bas; le Rauwolfia tomentosa, Jacq, , petit arbuste de la famille des Apocynées, a été administré avec succès, en 1837, contre le choléra, par les habitants du village de Can- taranas, dans l'État de Honduras, à 12 lieues de Teguicigalpa. C'étaient les racines dont on administrait la décoction. Le professeur Schroff s'est chargé de faire l'analyse des échantillons rapportés par le docteur Scherzer. NOUVELLES. Nécrologie. — La Botanique vient de perdre un des hommes qui se sont livrés à son étude avec le plus d'ardeur. M. Jean-Bazile Doumenjou est mort dans un âge avancé, le 9 mars dernier, chez son fils, à Villemagne (Aude). C'était un homme d'un caractère facile et gai, estime, recherché de tous ceux qui le connaissaient. Il envisageait surtout la botanique sous son 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. côté poétique. TI savait communiquer aux gens du monde une partie de l'enthousiasme qu'il éprouvait pour elle et que les années ni les souffrances n'avaient pu affaiblir. On lui doit les Herborisations sur la montagne-Noire et les environs de Sorèze et de Castres (Castres, 1847, 1 vol. in-8°. de 326 p. chez Challiol), un Supplément aux herborisations sur la Montagne-Noire (Albi, 1851, 61 p.) et quelques travaux moins étendus. Le premier de ces écrits consiste en un catalogue des plantes du pays précédé de lettres sur la botanique adressées à une dame et entremélées de vers. — M. Carl Bolle vient de partir pour un voyage dans les iles Canaries. — Le docteur Brandis, de Boun, vient de se rendre à Ragoon, dans les Indes orientales, chargé par la Compagnie des Indes de faire de grandes plantations de Teak (Tectona grandis). Pour cet objet il reçoit de la Com- pagnie un traitement de 1200 livres sterling (25000 francs). — Le docteur Mackay qui, depuis longues années, était chargé de la direction du jardin botanique de Dublin, vient de se démettre de ces fonc- tions. Son successeur est M. John Bain. — M. Cosson vient de quitter Paris pour se rendre en Algérie où il va exécuter un nouveau voyage botanique. Son projet est cette fois de péné- trer dans l'intérieur des terres aussi avant qu'il lui sera possible de le faire et de s'avancer méme dans le Sahara bien au delà de la partie soumise à la domination francaise. — Le docteur Eckart, de Berne, travaille en ce moment à un ouvrage qui portera le titre de « Albrecht Haller et son époque » et pour lequel il posséde des documents entierement nouveaux. Il a trouvé entre autres, dans la bibliothéque de Berne, une correspondance de 15000 lettres adres- sées à Haller ou écrites par lui. Le docteur Eckart fait un appel à toutes les personnes qui possèdent soit des lettres du célèbre savant, soit des docu- ments de toute nature le concernant, et il les prie de lui donner com- munication de ces pièces qui peuvent contribuer à rendre son livre plus complet. Plantes à vendre. — M. le professeur Alexandre-Dominique Mazziari, à Zante, propose des plantes sèches des iles Ioniennes et de la Grèce limitrophe, à raison de 8 florins d'argent (19 à 20 fr.) la centurie. — MM. les Consuls de France, d'Allemagne et d'Angleterre recoivent les demandes adressées à M. Maz- ziari. Paris, — Imprimeric de L, MARTINET, rue Mignon, 2, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. M. Cosson, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Louis Puez, pharmacien à Figeac (Lot), présenté par MM. T. Puel et Alph. Maille. M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° Par M. C. Montagne : Sylloge generum specierumque Cryptogamgrum, ete. (Voyez plus bas, page 82.) 2* Par M. Léon Soubeiran : De la Vipére, de son venin et de sa morsure, Paris, 1855. Thèse sur l'Opium, par Mohammed - Effendi-Charkauy. Mémoire sur la topographie et l'histoire naturelle, par Villars. 3» Par M. Germain de Saint-Pierre : Histoire iconographique des anomalies de l'organisation dans le régne végétal, 2* livraison. he De la part de M. J.-H. Fabre, d'Avignon : Recherches sur les tubercules de l'Himantoglossum hircinum. 5° De la part de M. Durieu de Maisonneuve, de Bordeaux : Essai d'une exposition systématique de la famille des Characées, par feu Wallman. T, I .6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 6° De la part de M. Timbal-Lagrave, de Toulouse : Mémoire sur de nouveaux hybrides d'Orchis et de Serapras. 7° De la part de M. Ch.-Fr. Nyman, de Stockholm : Sylloge Flore europee, seu plantarum vascularium europæarum enu- meratio. * 8° De la part de M. Thedenius : Stockholinstraktens phanerogamer och ormbunker. Linnes och. Fries systemer. Thedenia, ett nytt vüxtslágte beskrifvet af W.-P. Schimper. Nova Drabarum species, descripta a J.-H. Zettersted. Natural-historiska anteckningar om Aland af Bergstrand. 9? En échange du Bulletin de la Société : Thedenius , Vya Botaniska Notiser, collection de 1849 à 1853. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéros de novembre et décembre 1855. L'Institut, janvier et février 1856, deux numéros. M. Montagne fait hommage à la Société de son ouvrage intitulé : Li . . mm SYLLOGE generum specierumque cryptogamarum, quas in variis operibus. descriptas. iconibusque illustratas, nunc ad diagnosim reductas nonnullasque novas interjectas, ordine systematico dis- posuit, C. M. | J'ose espérer, dit M. Montagne, que la Société voudra bien me permettre de lui dire, à l'occasion de cette présentation, quelques mots qui lui feront connaitre le but que je me suis proposé en publiant ce livre, ainsi que les sources ou j'en ai puise les nombreux matériaux. Ceux de mes confrères qui ont pu suivre durant les vingt-cinq dernières années le cours de mes travaux eryptogamiques, savent parfaitement que j'ai fait insérer dans les séries 2, 3 et 4 des Annales des sciences naturelles, d'abord une longue Notiee sur des plantes cellulaires nouvelles que j'avais observées dans diverses régions de la France, puis successivement six cen- turies de plantes du méme ordre, pour la plupart exotiques, et enfin plu- sieurs enumérations de Cryptogames d'origine fort diverse. Or, ces diffé- rentes publications étant disséminées dans quarante-deux volumes de cet important recueil, il devenait déjà trés difficile, méme pour les botanistes SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 83 qui les ont sous la main, de retrouver une espèce pour laquelle il était besoin d'avoir des renseignements. Mais ce n'est là qu'une affaire de temps et de patience, attendu qu'on trouve à consulter partout un journal aussi répandu que les Annales des sciences naturelles. Il n'en est pas ainsi des genres et des espèces que je me suis vu forcé par l'exigence des circonstances à éparpiller soit dans plusieurs grandes Flores étrangeres, dont je ne citerai que celles de l'Algérie, des Canaries, du Chili et de Cuba, soit dans quel- ques Voyages de circumnavigation ou autres, comme celui de la Bonite, celui de l'Astrolabe et de la Zélée au Pôle Sud, ceux de M. Auguste de Saint-Hilaire au Brésil, de M. Alcide d'Orbigny dans l'Amérique méri- dionale, de M. Charles Bélanger aux Indes orientales, par terre, en traver- sant le Caucase et la Perse. Tous ces ouvrages étant rares ailleurs que dans les grandes bibliothèques, d'un format incommode et eu outre d'un prix élevé auquel ne peuvent atteindre la plupart des botanistes, les plantes qui s'y trouvent décrites pou- vaient done être considérées à peu prés comme non avenues. C'est pour obvier à ce grave ineonvénient que je me suis déterminé à réunir dans ce Sylloge, en les disposant dans un ordre systématique, toutes les especes et tous les genres épars daus ces publications si diverses. Or, d'une part, les genres nouveaux que j'avais à signaler aux eryptoga- mistes se montant à plus de quatre-vingts, et les espèces, originaires de toutes les contrées du globe, atteignant presque le chiffre de dix-sept cents, et de l'autre, les limites d'un seul volume ne devant pas être dépassées, on com- prendra pourquoi j'ai dà me borner à ne donner de ces espèçes qu'une phrase diagnostique suffisante pour les faire distinguer des congénères avec les- quelles elles ont le plus d'affinité, renvoyant à l'ouvrage original pour les descriptions, les figures, les observations et tous les autres renseignements. Le plan que j'ai adopté est celui-ci. Apres le nom de la plante et l'indica- tion du volume et de la page de l'ouvrage oü elle se trouve deerite, sans oublier la citation de la planche, quand l'espèce a été figurée (1) j'en donne la diagnose, puis je mentionne la localité, l'habitat et le nom du collecteur ou de la personne de qui je la tiens de la seconde main. Une ample table alphabétique indiquant les ordres, les familles, les tribus, les genres, les espèces et les synonymes termine l'ouvrage et contribue beaucoup à faciliter les recherches. Si je me suis imposé, dans celui-ci, l'obligation de me borner à la diagnose pure et simple des espèces eryptogames sur lesquelles j'avais déjà donné dans d'autres ouvrages tous les détails désirables, autant du moins que les Matériaux mis à ma disposition m'avaient permis de le faire, j'ai dû faire une exception pour environ deux cents nouvelles plantes, qui, paraissant (1) Sur les 1700 espèces que j'ai publiées, près du tiers, 550, ont été figurées. 8^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans ce Sylloge pour la première fois, y sont accompagnées de descriptions et d'observations. Parmi ces nouveautés, les plus importantes sont représentées : 1? par une soixantaine d'Hyménomycètes, recueillis dans l'État de l'Ohio, aux États- Unis d'Amérique, par M. Sullivant, célébre bryologiste, qui a eu le soin de les accompagner d'admirables aquarelles peintes par un artiste très habile, M. Robinson. Ces aquarelles, qui donnent le port et la couleur des champignons à l'état de vie et montrent en méme temps dans une coupe verticale la forme et l'agencement des feuillets ou lamelles des Agaricinées, apportaient un complément nécessaire à leur étude et à leur description. 2° Par un nombre égal de Lichens recueillis par M. Juughuhn dans les iles de Java et de Sumatra. Ceux-ci, étudiés en commun avec mon savant confrère de Goes, M. Van den Bosch, paraissent ici sous nos deux noms avec une diagnose assez étendue pour les faire connaitre, les descriptions ayant été réservées pour un autre ouvrage qui se publie en ce moment à Leyde, sous le titre de Plante Junghuhnianæ et dont quatre fascicules ont déjà paru. Ce que je viens d'exposer me semble suffire pour donner une idée de ce Sylloge, qui résume en 550 pages mes travaux cryptogamiques pendant un quart de siècle et peut en être considéré comme le Sommaire. M. de Bouis donne lecture du rapport de la commission de comp- tabihte, chargée de vérifier la gestion de M. le Trésorier pendant l'exercice 1855. Ce rapport est ainsi concu : RAPPORT DE LA COMMISSION DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ POUR L'ANNÉE 1855. Messieurs, Le conseil d'administration de la Société nous a chargés de vérifier la gestion de M. le Trésorier pendant l'année 1855, ainsi qu'il est prescrit par l'article 27 de votre Réglement. Ce devoir nous impose l'obligation d'interrompre quelques instants vos savants travaux pour vous entretenir de la situation de notre Société. La démission de M. Caillette de l'Hervilliers avait obligé le Conseil de nommer dès le mois de mai, une première commission composée de MM. J. Gay, Weddell et de Bouis, pour la vérification et l'apurement de ses comptes jusqu'au 31 mai. Nous avons donc aujourd'hui la double táche de vous faire connaitre les résultats de la gestion des deux trésoriers qui se sont succédé pendant l'année qui vient de s'écouler. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 85 Ce qui concerne M. de l'Hervilliers peut étre résumé ainsi : Au 4° janvier 1855 il restait en caisse comme reliquat de l'année précédente .............. ....... 2022 15 Du 1*' janvier au 34 mai les recettes se sont élevées à . . 4193 00 Sur lesquels il avait payé pour dépenses diverses justifiées. . . . . . 1257 15 | 6215 15 Il lui restait en espèces. . ..................... 4958 » Il avait en outre à recevoir en valeurs : 1° Quatre mandats sur la poste . . ................ 114 07 9» Deux bons du trésor . . [T Échéance du 14 juin 1855. 906 M 1536 75 \ 9° Échéance du 31 mai 1856. 630 00 Formant pour l'actif dela Société un total de . . . . . . . . . . Fr. 6608 82 Qui ont été remis dans les mains de M. François Delessert, dont le zèle et le dévouement si connus pour les institutions utiles sont venus pour ainsi dire au-devant des besoins de notre Société, lorsqu'il a bien voulu se charger provisoirement des fonctions de trésorier, qui lui ont élé confiées par le Conseil ; vous avez été heureux de ratifier à l'unanimité dans vos élections dernières le choix qui en avait été fait. Nous avons recu de M. Fr. Delessert l'état de la situation financière de la Société Botanique de France, au 31 décembre 1855. Certes nous pour- rions nous contenter de vous le présenter et de l'imprimer tel qu'il nous a été communiqué ; sa vérification nous en a démontré la parfaite régularité. Cependant nous avons pensé qu'il y aurait quelque avantage à ne pas perdre de vue que la plupart de nos confrères ne sont pas suffisamment initiés au mode de tenue des livres pratiqué dans les affaires de banque, et qu'il y aurait à la fois convenance et bon goüt, à traduire pour ainsi dire en langage ordinaire cet état de situation, dont nous allons faire passer en revue tous les éléments. Le compte de M. le Trésorier actuel jusqu'au 31 décembre 1855, se com- pose donc : 1* Du résultat de la gestion de son prédécesseur remis entre ses mains comme il a été dit précédemment. . . . . . . . . 6608 82) 2° Des recettes opérées par lui-même ou par l'agent de la > 8603 37 Société... ss... Lee 1994 55! A déduire pour dépenses diverses jusqu'audit jour 31 décembre 1855. 1748 60 Il reste pour l'actif de la Société. . . . . . ... . . .... a . 6854 77 Auquel il faut ajouter pour les intérêts d'une année du bon du trésor de 900 fr., échéance du 29 juin. ......,............. 45 D» ENSEMBLE , e s e . Fr, 6899 77 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Représenté dans la caisse de la Société par: 1? Un récépissé en date du 4°" août de la Caisse des dépôts et consignations, portant intérêt pour une somme de. . . . 5000 2 575 » | 1575 ») r 630 » 2° Deux Dons du trésor aux échéances indiquées. Lots » 3° Espèces. . eee esse ff n n n ee + 23254 77 SOMME ÉGALE, . . . Fr. 6899 77 Après vous avoir présenté le résultat général des faits accomplis pendant l'année 1855, il nous reste à analyser les recettes et les dépenses dont nous avons eru vous faire plus facilement saisir l'ensemble en vous les présentant d'abord d'une manière sommaire. Qu'il nous soit permis toutefois de faire une observation préliminaire, qui ne manque pas d'importance. C'est que notre examen n'a pu porter que sur l'état de situation arrété au 31 décembre; qu'une partie des recettes afférentes à cet exercice de 1855 et effectuées depuis lors, n'ont pu y trouver place; qu'il en est de méme pour les dépenses relatives au méme exercice et qui ont été soldées dans la première quinzaine de janvier, telles que le loyer, les appointements de l'agent de la Société, les notes vérifiées et réglées de l'imprimeur, ete. Nous nous hátons toutefois de vous dire que ces dépenses ont pu étre facilement couvertes par les recettes opérées dans le méme temps et qu'elles auraient très peu modifié la situation financière de la Société, telle que nous vous l'avons fait connaitre, si nous avious pu les comprendre régu- lierement dans notre vérification. Nous mettons sous vos yeux en deux tableaux les recettes et les dépenses par chapitres ou par nature. Recettes. M. de l'Hervilliers. — 8 cotisations arriérées de 1854. ........ 160 » 109 — pour 1855, à 30 fr. . . . . . . . . 3270 > Sommes payées à vie... ........... 600 » Vente du Bulletin. . .,.,.....,....,. 76 » Soldes, à comptes, recettes imprévues, intérêts. 87 » M. Laudy... . . 2 cotisations arriérées . ..,......... 0 » 31 — pour 1855, à 90fr. .. ...... 930 » Vente du Bulletin. ............... 32 » | Soldes, à comptes, recettes imprévues, intérêts. 40 » M. Fr. Delessert . 3 cotisations arriérées. . . ee eue ue 60 » 92 — pour 1855, à 30 fr. . . . . . . .. 960 » 1 — — sors eos 26 » 1 — — users... 29 07 Vente du Bulletin, ............... 40 » Total des recettes, . . . . Fr. 6350 07 Il résulte du tableau que 13 cotisations sur les 21 à recouvrer sur l'exercice de 1854 ont été encaissées, — Pour l'année 1855, 174 membres seulement sont portés comme SÉANCE DU 8 FÉVRIER 4856. 87 ayant acquitté la cotisation, quoique le nombre en soit plus considérable, parce que nous n'avons pu y comprendre ceux dont les cotisations n'ont été remises à M, le Tréso- rier par notre agent qu'en janvier seulement. Dépenses. Notes de l'imprimeur. ............,............. 76025 Revue bibliographique . .............,........... (694 80 Port du Bulletin ..............,.............. 214 45 Mobilier, ports de lettres et de brochures. . .. . . . . . . . . . . . . 100 50 Chauffage, éclairage . . ........................ 185 75 Gages du garçon de bureau, .................. .... 150 » Fr. 2105 75 La nécessité et la modestie de chacun des articles les justifient suffisamment. Nous rappellerons seulement qu'une partie des dépenses, ainsi que nous l'avons dit, pour les raisons énoncées, n'a pu trouver place ici. Tels ont été les faits accomplis pendant l'année 1855 ; nous croirions faire un double emploi avec les communications que va vous faire M. le Trésorier et empiéter en quelque sorte sur son domaine, en vous énoncant les res- sources probables du budget de 1856, si nous entrions ici dans des dévelop- pements inutiles pour la vérification des comptes, sur le mouvement du personnel, sur la recette des cotisations des deux années précédentes. Il nous semble résulter avee évidence de notre rapport, que la Société Botanique de France est dans une position telle qu'il lui est permis de penser qu'elle rem- plira ses engagements pour le présent comme pour l'avenir, pour le plus grand avantage des amis de la science. Avant de terminer et de vous demander l'approbation des comptes de 1855, nous eroirions manquer à vos inspirations, si nous n'ajoutions à cette eonclusion indispensable, le témoignage de votre gratitude pour les Soins éclairés de M. Francois Delessert, et pour la généreuse obligeance dont il nous a donné tant de preuves depuis qu'il a consenti à accepter les fonc- tions plus laborieuses qu'honorifiques de Trésorier de la Société. Paris, le 8 février 1856. Les membres de la Commission, A. Passy, WEDDELL, DE Bouis, rapporteur. Les conclusions de ce rapport sont adoptées par la Société. M. de Schœnefeld donne lecture du rapport de la commission des archives, chargée de vérifier la gestion de M. l'archiviste. Ce rapport est ainsi concu : 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RAPPORT DE LA COMMISSION DES ARCHIVES. Messieurs, La bibliothèque de la Société est encore si peu considérable que la tâche de votre commission des archives a pu rapidement S'accomptir et que le rapport qu'elle doit vous présenter sera nécessairement d'une extréme brièveté. Nous sommes heureux de vous annoncer que nous avons trouvé dans un ordre parfait tout ce que le règlement appelle les propriétés de la Société, et nous devons signaler à votre reconnaissance le zèle éclairé et le soin minutieux de votre excellent archiviste, à la garde duquel ces propriétés sont confiées. Le Bulletin vous fait connaitre avec régularité les livres et brochures dont s'enrichit journellement votre bibliothèque, maintenant petite encore, mais qui ne tardera pas à acquérir une véritable importance et dans laquelle brille au premier rang la précieuse collection des Annales des sciences naturelles que vous devez à la libéralité de M. Ad. Brongniart. Elle est disposée de telle sorte que dès ce jour elle peut être accessible à ceux de MM. les Membres qui auraient besoin de la consulter, et auxquels elle est ouverte les lundis, mercredis et vendredis, de une à cinq heures. L'armoire qui contient les livres étant déjà remplie, on fera incessamment l'acquisition d'un nouveau meuble, dont les dimensions permettront d'y placer les ouvrages du plus grand format. Les registres que M. l'Archiviste a établis et qui sont tous constamment à jour, sont les suivants : 1° Un registre d'entrée de tous les livres et objets qui sont donnés à la Société, par ordre de réception. 2* Un catalogue de la bibliothéque par ordre alphabétique des noms d'auteurs. 3° Un registre pour les prêts, où ceux des membres qui, d’après le règle- ment, ont le droit d'emporter des livres, doivent apposer leur signature. h° Un registre des manuscrits. Ces manuscrits sont encore tous, pour le moment, déposés chez votre ancien secrétaire, qui continue, en qualité de secrétaire de la commission du Bulletin, à diriger, avec vos secrétaires actuels, la publication des comptes-rendus de vos séances, et qui a souvent besoin de consulter les originaux des communications. Néanmoins les manuscrits de 1854 seront prochainement remis entre les mains de M. l'Archiviste et eonstitueront le commencement des archives proprement dites. Quant aux exemplaires du Bulletin, voici le nombre de ceux qui restent encore actuellemeut dans votre magasin : SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 89 1854. N” 4. 68 brochés; 260 non brochés. 2. M — 276 — 3. 46 — 263 — A 47 — 267 — 5. 46 — 265 — 6. 50 — 260 — 7. 51 — 266 — 1855. N'* 1. 31 brochés; 250 non brochés. 2. 35 — 250 — 3. 36 — 250 — A. 37 — 250 — 5. 38 — 250 — 6. 37 — 250 — 7. 37 — 250 — 8. 42 — 250 — 9. A1 — 250 — La fondation et l'entretien d'un herbier, présentant de grandes difficultés et entrainant des frais considérables, n'ont pas été jusqu'à présent, vous le Savez, dans les intentions de la Société. Aussi le chiffre des plantes qui vous ontété envoyées est-il trés peu élevé. Néanmoins vous en avez recu quelques- unes à l'appui des communications qui vous ont été faites. Elles sont soigneu- sement gardées, et si leur nombre s'accroit, votre Conseil décidera de la destination qui pourra leur étre donnée. La commision vous propose, Messieurs, de voter des remerciements à M. l'Archiviste pour le dévouement et l'exactitude avec lesquels il remplit ses utiles fonctions. Paris, le 8 février 1856. Les membres de la commission, J. GAY, GERMAIN DE SAINT-PIERRE, W. DE SCHOENEFELD, rapporteur. Les conclusions de ce rapport sont adoptées par la Société. M. le Président, au nom de M. François Delessert, trésorier, em- péché d'assister à la séance, présente le projet de budget des recettes et dépenses de la Société pour l'exercice 1856. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PROJET DE BUDGET POUR 1856. Recettes présumées. Cotisations de l'année 1856 (300 membres payant chacun une somme de 30 franes. Le nombre des membres s'élevait au 4er janvier 1856 à 283). . . 4 n nm Cotisations anticipées. . . . . . . . . . . . ess . Vente du Bulletin . ... .. . . . . . . . . .. ss. Intérêts des sommes placées . . . . . . . . . . . . . . s. TOTAL DÉ LA RECETTE. . . Fr. Dépenses. 1* Dépenses fixes. Loyer de la salle des séances. . . . . . . . . .. ss. Traitement de l'agent comptable. . . . . . . . .. etn Gages du garçon de bureau. . . . .. ee] s 2° Dépenses variables. Frais de chauffage et éclairage. . . . . . . . .. ers Frais de bureau . . . .. . Ports de lettres, affr anchissement de circulaires Impressions de lettres d'avis, circulaires, ete Menus frais mobiliers . . . . ao Dépenses diverses pour la bibliothèque hn Frais de mandats encaissés.. el Impression du Bulletin, 44 n” à 400 fr. environ.. Brochage, satinage, ete. . Revue bibliographique. . . .. . .. Port du Bulletin. , ..... .. Dépenses imprévues . . .. CO 9 9 ù ò y o% TOTAL DE LA DÉPENSE . . Fr. Excédant de recette présumé pour 1856 . . TOTAL ÉGAL A LA RECETTE. . Fr. 9000 2» 60 » 4140 » 200 » 9500 » h00 » 500 » 200 » 250 » 450 » 200 » 200 » 50 » 50 » 20 » 4500 » 180 » 4200 » h00 » 300 » 8600 » 800 » 9500 » La Société arréte son budget pour 1856, conformément au projet ci-dessus. M. de Schænefeld, secrétaire de la commission du Bulletin, fait à la Société la communication suivante, au nom de ladite com- mission ; SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 91 Messieurs, Votre Bureau a recu récemment quelques réclamations relatives à la publication du Bulletin de la Société. Plusieurs de nos honorables confrères se plaignent qu'un laps de temps trop long sépare la lecture et la publication des communications qui vous sont faites ou adressées. Ces plaintes ont été transmises à votre commission du Bulletin qui les a examinées avec l'attention qu'elles méritaient. Malgré l'exagération dont quelques-unes d'entre elles sont empreintes, nous devons reconnaitre que ces réclamations ne sont pas sans fondement, et qu'il est regr ettable sous plus d'un rapport que les procès-verbaux de nos séances ne soient pas plus rapidement livrés à la publicité. Le retard actuel dont on se plaint provient de plüsieurs causes, parmi lesquelles nous mentionnerons : 1° L'inexactitude de quelques-uns des auteurs des communications, qui nous font souvent attendre leurs manuserits, inexactitude qui, notamment en décembre 1854, a occasionné un arrêt de prés d'un mois et retardé d'au- tant chaeun des numéros de 1855. 2* Le dédoublement en deux numéros successifs du compte-rendu des séances d'avril 4855, dédoublement motivé par l'abondance des matières et qui a amené un nouveau retard d'un mois. 3° L'intercalation d'une session extraordinaire, dont les trois séances ont été aussi chargées que nos séances ordinaires, et dont l'impression a duré cinq semaines. Ces mois de retard n’ont pu être regagnés à la fin de l'ünnée dernière, à cause de la quantité de matériaux à publier; car, et c’est là ce dont jus- qu' ici personne ne s'est plaint, le volume de 1855, au lieu de contenir une wentaine de feuilles d'impression, ainsi que le prescrit l'art. 52 du régle- ment, en contiendra plus de 50. En outre la bonne exécution et surtout là Correction du Bulletin, que tout le monde se plait à reconnaître, com- pensent jusqu'à un certain point, ce nous semble, la lenteur de notre publi- cation. Vous devez comprendre, Messieurs, que, quel que soit notre bon vouloir, il nous est impossible de nous remettre à jour immédiatement. Cependant, grâce aux vacances passées, nous sommes dès aujourd'hui en mesure de publier nos séances, non plus au bout de einq mois comme cela est arrivé en dernier lieu, mais au bout de moins de trois mois, car le compte-rendu des séances des 9 et 23 novembre sera distribué dans peu de jours. Ce délai est encore beaucoup trop long, nous le reconnaissons, et nous nous efforcerons de le réduire successivement de telle facon que, dans quelques Mois, nous parvenions à mettre sous presse nos procès-verbaux dès le len- demain du jour de leur adoption. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mais, pour que nous puissions arriver à ce résultat, il faut absolument que nos efforts soient secondés par l'obligeant empressement des auteurs des communications. Nous espérons qu'ils voudront bien nous faciliter l'accom- plissement de notre táche, en ne jamais manquant de nous remettre leurs manuscrits au terme fixé par le règlement. Jusqu'ici, ainsi que nous avons déjà eu le regret de le dire, leur empressement n'a pas toujours été tel que nous l'aurions désiré, et le défaut d'exactitude de quelques-uns d'entre eux n'a pas peu contribué aux retards qu'a éprouvés la publieation de notre Bulletin. En effet, Messieurs, il ne suffit pas que les manuscrits nous soient remis deux ou trois jours avant le moment oü l'on suppose qu'ils seront livrés à l'impression. Pour qu'ils nous parviennent réellement en temps utile, il est nécessaire qu'on nous les remette beaucoup plus tôt, car ils doivent être préalablement soumis à la commission du Bulletin qui ne se réunit qu'une fois par semaine et qui a besoin d'un certain temps pour les examiner. Souvent d'ailleurs leur étendue ou leur rédaction exigent des modifications et amènent ainsi des pourparlers ou des échanges de lettres qui font perdre plusieurs jours et parfois une semaine entière. Or il est de notre devoir, dans l'intérét bien compris de la Société, d'éviter à l'avenir que notre publication soit ainsi entravée. Nous prions donc trés instamment tous nos honorables confréres de vouloir bien nous remettre autant que possible séance tenante les manuserits de leurs communications, ou tout au moins de se conformer à l'article56 du règlement, preserivant la remise de ces manuscrits dans la semaine qui suit la séance dans laquelle les communications ont été faites. Il est indispensable que cet article soit dorénavant strictement exécuté. La commission est décidée à y tenir la main, et se verra dans la pénible nécessité d'ajourner la publication de tous les manuscrits qui ne lui seront pas livrés dans le délai de huit jours, fixé désormais d'une maniere inva- riable. Paris, le 6 février 1856. Au nom de la commission du Bulletin, A. LasEGUE, président, W. DE SCHŒNEFELD, secrétaire. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : NOTE SUR UNE ESPÈCE NOUVELLE DU GENRE ORCHIS (Orchis Martrinii, Nob.), par M. TIMBAL-LAGRAVE. (Toulouse, 2 février 1850.) Fleurs nombreuses, grandes, en épi ovale compacte, d'un rouge terne vineux mélé de brun et de verdátre, /nodores ; bractées linéaires-lancéolées, SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 93 les inférieures aussi longues que les fleurs, les supérieures égalant l'ovaire, le dépassant quelquefois; divisions supérieures du périanthe en casque, ovales acuminées, libres au sommet ; labellum tripartit, pourpre brun, velu et velouté en dessus, les divisions latérales plus larges, égalant celle du milieu qui est plus petite, lancéolée, obtuse ; éperon obtus, très large, blanc, pellucide, ne diminuant de largeur que vers son extrémité, où il se recourbe brusquement ; feuilles lancéolées, larges, obtuses ; tubercules radi- caux indivis. Il a été trouvé le 13 juillet 1854, dans une prairie alpine, près du village d'Urbania (Pyrénées-Orientales), par M. de Martrin-Donos; il est probable qu'on le trouvera ailleurs dans la méme région. Il diffère de l'Orchis coriophora, L., par ses fleurs en épi ovale, très dense, d'une coloration particulière, inodores, du double plus grandes; par ses bractées plus longues, par son casque plus longuement ovale, à divisions aiguës, libres au sommet ; par son éperon large, blane, pellucide, €t recourbé brusquement au sommet; enfin par ses feuilles plus larges, obtuses. De l'Orchis fragrans, Poll., par ses fleurs plus grandes en épi plus com- pacte, différemment colorées, inodores ; par son casque plus large, à divi- sions libres au sommet ; par son éperon blanc, pellucide, recourbé au sommet seulement ; par ses feuilles plus larges, obtuses. L'Orchis Martrinii, Nob., est bien plus distinct de ces deux plantes qu'elles ne le sont entre elles; le port, le facies plus bas et plus trapu, distinguent parfaitement notre espèce à première vue. M. Cosson fait remarquer que l'Orchis fragrans, Poll., est une plante trés polymorphe; ainsi M. Bourgeau a recueilli en Espagne des échantillons qui, par la forme de leur épi et surtout par la largeur excessive de l'éperon, semblaient trés distincts de l'Orchis fragrans type, mais qui, pourtant, s'y rattachaient par des formes intermé- diaires. M. Cosson, à l'exemple de M. Reichenbach fils, et de méme que MM. Grenier et Godron, réunit l'OrcAis fragrans , Poll., à l'Orchis coriophora comme simple variété. NOTE SUR LA GERMINATION DU TULIPA GESNERIANA, par M. J.-H. FABRE. (Avignon, 27 janvier 1850.) Nous devons à M. Germain de Saint-Pierre des observations d'un grand Intérêt sur la germination des Tulipes (1). A l'appui de la théorie de l'indi- vidualité des feuilles, théorie que je suis loin de combattre, l'auteur a (1) Voyez le Bulletin, t. II, p. 159. 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. annoncé avoir constaté dans le Tulipa Gesneriana des faits si exceptionnels que, malgré ma profonde confiance dans l'habileté de M. Germain de Saint- Pierre, je n'ai pu m'empécher de douter et d'examiner à mon tour lajeune plante prétendue privée d'axe et de gemmule, et dont la feuille cotylédo- naire donne elle-même naissance au bourgeon primordial. J'ai done semé des graines de Tulipe dès que j'ai pu m 'en procurer de müres, c'est-à-dire au mois d'aoüt, et ce n'est que maintenant, en janvier, que la germination est assez avancée pour me permettre enfin d'observer la plantule litigieuse. Parmi ces jeunes plantes, les unes commencent à sortir des téguments de la graine, et ont 2 centimètres au plus de longueur; les autres ont achevé leur germination et mesurent une longueur de 1 décimètre environ. J'ai done sous les yeux, à peu de chose prés, les divers degrés de dévelop- pement décrits par M. Germain de Saint-Pierre; et cependant l'examen de ces plantes me met en contradiction bien involontaire avec ce savant obser- vateur. Je trouve, en effet, dans les plantules qui commencent à se dégager des enveloppes de la graine, une radieule parfaitement distincte par son dia- mètre, par son aspect, et nettement séparée de la feuille cotylédonaire. Je trouve à la base de cette feuille un léger mamelon qui, fendu dans le sens de la longueur de la plante, laisse voir une saillie conique noyée dans les tissus ambiants, et d'une telle exiguité qu'il faut une excellente loupe pour l'apercevoir. Je reconnais enfin que cet organe délicat repose sur un tissu cellulaire très fin et serré. Tout cela peut plus aisément encore se constater dans les plantules dont le mamelon a un peu grossi sans former encore un éperon bien prononcé. Je n'ai pu parvenir à dédoubler cette saillie conique et à m'assurer si elle est indivise ou si elle se compose de plusieurs lames invaginées ; sa tenuité microscopique, son peu de consistance, se sont opposées à un examen plus approfondi. Je ne saurais cependant la prendre our autre chose qu'une gemmule, de méme que je prends pour un rudi- ment d'axe ou de plateau le tissu cellulaire fin et serré qui lui sert de base. M. Germain de Saint-Pierre n'a pu, dans les plantules de cet áge, réussir à distinguer une gemmule ni aueune trace apparente du point oü cesse le cotylédon et où la radieule commence. Il est aisé de voir que le mamelon rudimentaire des plantules les plus jeunes devient, en s'allongeant, l'éperon qui, ereusé dans toute sa longueur d'un eanal eomplétement libre, gagne la base du cotylédon et s'y termine bientôt. A l'extrémité inférieure de ce canal se montre une petite masse conique assise sur du tisssu cellulaire fin et serré, pareil à celui que je viens d'assimiler à un rudiment de plateau. Quant à la faible gemmule qu'on observait dans les jeunes plantes au point de séparation de la radicule et du cotylédon, on ne l'observe plus ici, du moins à la même place, et c'est le cóne du fond de l'éperon qui doit la représenter. L'axe rudimentaire qui SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 95 supportait cette gemmule s'est donc allongé pour l'éloigner ainsi de son point d'origine et l'amener au fond de l'éperon. Et en effet les deux faces de cet appendice sont bien loin d'avoir une égale épaisseur et une méme structure; sa face externe est fort mince et uniquement cellulaire, sa face interne ou celle qui regarde la radieule est considérablement plus épaisse et contient un faisceau fibro-vasculaire. Du plexus du collet rayonnent trois faisceaux vasculaires dont deux plus fournis se rendent, i'un dans la feuille cotylédo- naire, l'autre dans la radicule, et dont le troisième, assez considérable à son origine, plonge dans la paroi interne de l'éperon, va en s'affaiblissapt à mesure qu'il avance davantage, et finit, avant d'atteindre le cóne gemmu- laire, par des trachéoles de la plus grande ténuité. M. Germain de Saint- Pierre n'a trouvé aucune connexion apparente entre le faisceau fibro- vasculaire de la jeune plante et l'éperon qui, d’après lui, est entièrement de texture cellulaire. Cette connexion est cependant trés manifeste dans les plantes que j'ai sous les yeux, du moins dans la partie supérieure de l'épe- ron. Plus bas, le faisceau vasculaire s'affaiblit beaucoup, il est vrai, ne montre que quelques rares et fines trachées, et finit enfin par disparaitre entierement avant d'avoir atteint le bourgeon. Et c’est précisément ce qui doit être, si l'on admet que le tissu de la partie centrale de l’ éperon prend naissance au collet de la plante, et est d'autant plus jeune qu'il est plus éloigné de ce point. Il serait donc difficile, ce me semble, de ne pas voir dans la paroi de l'éperon, si épaisse relativement à l'autre, et la seule vascu- laire, un organe multiple, en majeure partie composé de l'axe méme de la jeune plante qui, au lieu de s'élever verticalement et de s'engager dans la base du cotylédon, se dirige précisément en seus inverse et plonge dans une sorte de sac formé aux dépens de la feuille cotylédonaire. Alors le bourgeon placé au fond du cul-de-sac n'est pas le produit de l'enveloppe qui le pro- tége, c'est tout simplement la gemmule qui, peu à peu, par l'allongement de l'axe, a été transportée de sa place primitive, du collet, au fond de l'éperon où elle doit se transformer en bulbe. Le sac qui reçoit ainsi l'axe réfléchi de la jeune plante est un prolongement de la feuille cotylédonaire, prolongement qui s'accroit à mesure que l'exige le développement de l'axe, au lieu de crever sous la pression ; et c'est ainsi que se forme, sur le trajet de la gemmule, le canal qui pareourt l'éperon. Le cóté externe de cet épe- ron est exclusivement formé par la feuille cotylédonaire, son côté interne résulte de la soudure intime de l'axe avec la méme feuille. Cette soudure né se traduit que par une différence à peine sensible dans la nuance des deux tissus soudés. Ce mode remarquable de développement d'un axe qui s'isole, pour ainsi dire, du reste de la plante et s'enfouit plus profondément pour mürir à l'écart sa gemmule métamorphosée en bulbe, n'est pas particulier au genre Tulipe. J'ai démontré ailleurs (Recherches sur les tubercules de l'Himanto- 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. glossum hircinum, Ann. sc. nat., $° sér., 1855) que les plantules d' Himan- toglossum hircinum provenant de gemmation se comportent, à peu de chose prés, de la méme manière. J'ai fait voir comment la sommité de l'axe s'organise en tubereule, comment ce tubercule s'ouvre un passage en per- forant les tissus qui l'enveloppent, et entraine avec lui dans le sol le bour- geon terminal ainsi dérobé à la destruction qui le menace, et muni d'un réservoir alimentaire pour l'année suivante. Il y a une telle ressemblance entre le mode de formation du premier bulbe de la Tulipe et du tubereule terminal des plantules d' Zimantoglossum, que je n'hésite pas à croire que cette Orchidée en germination ne produise son premier tubercule par une voie exactement pareille. Le développement en tubereules des gemmes axillaires des Ophrydées présente encore la plus complète analogie avec l'évolution de l'axe des jeunes Tulipes. Le collet de la plantule étant assimilé au point d'attache de la gemme, et la premiere feuille de celle-ci à la feuille cotylédonaire de l'embryon, on voit que les seules différences consistent: 1* en ce que la base de la feuille cotylédonaire de la Tulipe s'allonge à mesure que l'exige le développement de la tigelle réfléchie, et forme de la sorte un sac qui enveloppe l'axe complétement et se soude en partie avec lui, tandis que la première feuille de la gemme de l'Ophrydée crève bientôt sous la pression du tubercule pour lui livrer passage, et ne contracte pas d'adhérence avec l'axe: 2" en ce que la seconde feuille de la gemme de l'Ophrydée prend un développement pareil à celui de la premiére, ou méme plus grand, et se soude avec l'axe par une de ses faces, ce qui n'a pas lieu dans là Tulipe, dont la gemmule conserve sa seconde feuille à l'état rudimentaire. Mais ces légères différences n'altérent en rien le plan général, et l'éperon de la Tulipe est, sous tous les rapports, comparable au cordon pédicellaire du tubereule des Ophrydées. Percés tous les deux, d'un bout à l'autre, d'un canal au fond duquel est nidulé un bourgeon, ils se composent également d'un axe soudé par l'une ou par l'autre de ses faces avec sa première ou sa seconde feuille. Le bulbe qui se formeau fond de l'éperon et le tubereule appendu au cordon pédicellaire sont des produits analogues, et résultent pareillement de l’hy- pertrophie d'un bourgeon terminal. S'il était encore nécessaire de prouver, par des exemples puisés dans d'autres plantes, que le tubercule des Ophry- dées n'est ni une racine, ni un faisceau de racines soudées, mais l'extrémité hypertrophiée d'un rameau, il serait impossible de désirer un exemple plus concluant que celui que présente la Tulipe en germination. En résumé : 1° Le Tulipa Gesneriana, à l'époque de la germination, est muni, comme les autres plantes, d'un axe rudimentaire et d'une gemmule. 2° L'éperon est formé par l'axe réfléchi et soudé par une de ses faces avec le sac que produit la base du cotylédon. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 97 3° Le bourgeon situé au fond de l'éperon est la gemmule elle-même, graduellement déplacée par l'élongation de l'axe. 5? Ce bourgeon n'est done pas une dépendance de la feuille cotylédo- naire, et les plantules de Tulipe ne peuvent être citées comme fournissant un exemple de feuille gemmipare. 5° Dans la Tulipe, l'éperon avec son bulbe terminal est analogue, pour l'origine et la structure, au cordon pédicellaire et au tubereule des Ophrydées. M. Germain de Saint-Pierre répond à cette communication de la manière suivante : Je ne puis que me féliciter d'apprendre qu'un observateur de talent comme M. Fabre, reproduit les expériences et suit de son cóté les études que je poursuis moi-méme sur la végétation souterraine des plantes. Le travail général de rhizographie dont je m'occupe depuis plusieurs années ne pourra que gagner à la discussion des faits qui en sont l'objet. A l’occasion de mon étude sur la germination et le développement du bulbe dans le genre Tulipa, M. Fabre s'est occupé des mémes recherches et a vu, comme cela devait étre, les faits que j'avais vus moi-méme. Les différences dans l'observation de certains faits signalés par M. Fabre me paraissent avoir pour cause le manque de similitude compléte dans l'áge des premiers états comparés, L'époque où je regarde la plantule comme indivise n'est pas celle où l'éperon commence à se manifester, et la radicule à être distincte de la feuille cotylé- donaire, c'est l'époque qui précède immédiatement cet état, époque à laquelle la plantule n'est que l'embryon grossi mais non encore visiblement modifié dans sa forme. A cet état, la feuille cotylédonaire me parait en effet constituer l'embryon tout entier; aucune fente gemmulaire n'existe (ni du reste n'existera plus tard), c'est dans la période qui suit immédiatement que la radicule devient manifeste et que l'éperon latéral de la base de la feuille cotylédonaire commence à être ébauché, et c'est au fond de cet éperon ou cccum basilaire de la feuille que se développe la gemmule ou bourgeon primordial. A cette deuxième époque, la plantule me parait con- Située par la feuille cotylédonaire, par la racine qui nait de sa base, et Par le cæcum ou prolongation latérale de sa base et le bourgeon rudimen- taire inséré au fond de cette cavité. A ce méme état, la feuille et sa racine présentent un cordon vasculaire continu, et le cæcum n'en présente encore que les premiers rudiments ; le jeune bourgeon et sa base, sorte de chalaze OU axe rudimentaire, sont encore uniquement constitués par du tissu cellu- laire. Si done la feuille cotylédonaire constitue d'abord à elle seule la plautule, si l'éperon ou cæcum est une dépendance de cette feuille, si la Semmule nait au fond de cet éperon, si eufin aucune partie axile ne peut T. III. 1 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. être constatée en dehors du cotylédon et de ses appendices (radicule et cæ- cum gemmifère) je me crois bien fondé à dire que la feuille précède l'axe que je vois résulter du développement de la gemmule et dont rien ne me semble révéler l'existence avant l'apparition de la gemmule. En admettant que la gemmule rudimentaire existe déjà, ce que je regarde comme probable, sinon d'une maniere distinete du moins à l'état de tissu naissant, à la base de la feuille cotylédonaire avant que la surface à laquelle elle est insérée se ereuse en cæcum et l'entraine, en s'allongeant, au fond de sa cavité, le résultat, au point de vue morphologique, me parait étre absolument le méme que si la gemmule n'apparait qu'un peu plus tard. Le cas, pour cette première période, serait simplement celui de la plupart des autres Monocotylédones, d'un Allium ou d'un Muscari par exemple, plantes dans la germination desquelles je vois, comme chez la Tulipe, la feuille cotylédonaire précéder le bourgeon et l'axe. Le fait, bien qu'étant essentiellement le méme dans les différents cas, est seulement plus facile à démontrer chez la Tulipe, en raison de la formation tardive de la gemmule et de son accroissement au fond du cæcum du cotylédon.— En résumé, tant chez la Tulipe que chez d'autres Monocotylédones, si, d'une part, il n'existe en dehors de la feuille cotylédonaire déjà pourvue de son tissu vasculaire, qu'une production radiculaire et une gemmule rudimentaire dont la base, qui deviendra l'axe de la plante, n'est encore représentée que par de jeune tissu cellulaire; si, d'autre part, de deux productions dont l'une a engendré l'autre, celle dont la structure est la plus avancée doit être considérée comme génératrice de celle dont le tissu est à l'état naissant, il me semble rationnel d'admettre que c'est la feuille cotylédonaire qui engendre la gemmule et sa base ou axe eelluleux rudimentaire, et que, dans ces plantes, il n'existe pas d'axe primordial qui engendre la feuille cotylédonaire et la gemmule; en d'autres termes : l'axe primordial est la feuille cotylédonaire elle-méme, qui est du nombre des appareils que j'ai désignés sous le nom d'Appareils axilo- ou azo-foliaires (Hist. des Anom. végét., p. 9). M. Germain de Saint-Pierre, dit M. Fabre, n'a pu dans les plantules de cet tige, réussir à distinguer une gemmule, ni aucune trace apparente du point où cesse le cotylédon et où la radieule commence. J'ai, comme je l'ai dit, distingue la gemmule et la naissance de la radieule à l'époque où M. Fabre a pu distinguer ces organes, mais M. Fabre n'a sans doute pas exa- miné la plantule à l'áge antérieur oü je ne les ai pas distingués. M. Germain de Saint-Pierre, dit encore M. Fabre, n'a trouvé aucune connexion appa- rente entre le faisceau fibro- vaseulaire de la jeune plante et l'éperon qui d'apres lui est entierement de texture cellulaire. On peut lire à la page 161 (Bull. Soc. Bot., t. M) que je dis simplement « éperon qui dans l’origine est lui-même entierement celluleux, » plus tard rien n'est plus facile à voir en effet, que le raphé vaseulaire de l'éperon. Loin de nier que ce SÉANCE DU 8 FÉVRIER 41856. 99 raphé représente un axe rudimentaire, j'ai eu occasion d'insister sur ce point non-seulement à l’occasion de l'éperon des Tulipes, mais aussi à l'oc- casion de l'éperon du faux-bulbe des Ophrydées; j'insiste seulement iei sur ce point que, dans le cas qui nous occupe, cet organe semi-axile se déve- loppe après la formation de la feuille-mère ; je ne vois pas dans ce fait, ainsi que M. Fabre, la soudure d'un axe à une feuille, mais un méme organe qui tient de l'axe et de la feuille. J'ai, également avant M. Fabre, insisté sur l'analogie que présente le bulbe pédicellé des Tulipes et le faux- bulbe pédicellé des Ophrydées et j'ai précisé les différences essentielles que présentent ces deux formations, à savoir que: l'éperon du Tulipa est le cæcum d'une seule feuille et que l'éperon de l'Ophrydée est composé des cæcum invaginés et soudés entre eux de plusieurs feuilles; que le bourgeon invaginé des Julipa prend beaucoup d'aecroissement et que ses feuilles eharnues constituent un véritable bulbe, tandis que chez les Ophrydées le bourgeon reste rudimentaire pendant une période analogue à celle pendant laquelle il grossit chez la Tulipe; enfin, que tandis que le bulbe pédicellé de la Tulipe ne présente pas de productions radicellaires pendant la pre- mière période de la végétation, le faux-bulbe pédicellé présente à sa base ùne masse radiculaire indivise ou divisée plus ou moins complétement en Plusieurs racines. Les premières livraisons actucllement sous presse de mon onvrage intitulé Archives de Biologie végétale renferment l'exposé de mes observations sur ces divers modes de végétation, et les planches qui y sont relatives, M. Duchartre, secrétaire, donne lecture d'une lettre de M. Leclère, de Montivilliers, prés le Havre, et d'un tableau adressé à la Société, présentant les observations météorologiques faites par cet habile horti- Culleur pendant le mois de janvier dernier. Ces observations seront transmises à M. le secrétaire de la Société Météorologique de France. M. Germain de Saint-Pierre fait hommage à la Société de la deuxième livraison de son nouvel ouvrage intitulé Z/stoire iconogra- Dhique des anomalies de l'organisation dans le règne végétal (1), et expose en ces termes le plan général de ce livre : La premiere livraison, dont j'ai récemment fait hommage à la Société, (1) Histoire iconographique des anomalies de l'organisation dans le règne vé- getal, ou série méthodique d'observations raisonnées de Tératologie végétale, recueillies, décrites , figurées et gravées par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, Paris, 1855 : librairie de Klincksieck, rue de Lille, 44; texte et planches in-folio. — L'histoire des anomalies végétales formera un volume renfermant environ 100 Planches; il sera publié par livraisons, Chaque livraison (prix 12 fr.) con- tiendra 8 planches coloriées avec soin et une ou plusieurs feuilles de texte. 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. contient une Zntroduction consacrée à l'exposé des moyens d'exécution, tant au point de vue des recherches de l'auteur que des ressources qu'il a trou- vées en lui-même pour le dessin et la gravure; et des Considérations sur l'esprit dans lequel ce livre a été conçu et exécuté (les huit planches qui accompagnent cette livraison sont consacrées à l'étude des modifications tératologiques que présente l'ovule, soit chez les plantes à placentas parié- taux, soit chez les plantes à placenta central). — Les études tératologiques de l'auteur, qui embrassent le cerele des anomalies végétales connues, sont basées sur ses propres observations ; le principe qui le guide dans ses études phytologiques, et dans ce travail en particulier, est la loi d'unité de com- position organtque. La deuxieme livraison contient des Considérations préliminaires sur la structure générale des végétaux phanérogames, qui ont pour but de mettre lelecteur en mesure de saisir aisément les considérations sur l'état anormal, qui font l'objet du livre. Ces considérations préliminaires sont divisées en trois chapitres; le premier a pour titre : De l'individualité des bourgeons et des feuilles, et du mode de développement des axes ; le second a pour titre: Des diverses formes que présentent les feuilles et de leur rôle physiologique ; le troisième a pour titre: Des appareils foliaires, des appareils axilo-fo- liaires, et des appareils axiles ; la nouvelle classe des appareils axilo-foliaires ou axo-foliaires établie par l'auteur est, pour la première fois, précisée et délimitée dans ce chapitre. L'histoire des anomalies végétales est divisée en deux parties : 1** partie, Étude méthodique des anomalies; 2° partie, Description et explication des planches. — La 1"° partie est divisée en trois livres : livre 1 : Des phéno- mnes tératologiques considérés dans leurs caractères essentiels et généraux ; livre 2°: Études des modifications qui résultent de chacun des accidents tératologiques considérés pour chaque organe en particulier ; livre 3°: Étude des phénomènes tératologiques considérés dans leur action sur l'organisme chez les différents groupes naturels des végétaux. Le chapitre premier, commencé dans cette livraison, a pour titre: Défi- nifion du mot anomalie. Objet de la Tératologie. De l'espèce, de la variété, de la race, de l'hybride, de l'anomalie. Distinction de l'état tératologique et de l'état pathologique. Cette deuxième livraison est accompagnée de huit planches coloriées relatives au phénomène de la divulsion (faseiation et dédoublement) chez les feuilles foliacées et chez les rameaux. M. Puel, vice-secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qu'il a recue de M. le docteur C. Gaillardot : SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 101 LETTRE DE M. GAILLARDOT. Saida (Syrie), 15 septembre 1855. Mon cher confrère, Vous me demandez quelques détails sur mes excursions de cette année ; malheureusement elles ont été peu fréquentes. Le printemps a été complé- tement perdu pour moi sous le rapport botanique : et le printemps en Syrie est la saison la plus riche pour herboriser dans les régions peu élevées, comme celle que j'habite. Au commencement de l'été, on voit la végéta- tion diminuer, tout se desseche; les Crucifères et les Légumineuses, les Caryophyllées et les Ombellifères qui forment la masse des espèces prin- tanières disparaissent complétement ; les Labiées et les Composées-Cyna- rées les remplacent, mais leurs espèces sont bien moins nombreuses ; elles n'en sont pas moins intéressantes, car presque toutes sont ou des plantes classiques signalées il y a longtemps par les premiers botanistes qui ont parcouru l'Orient, ou des espèces nouvelles. J'aurais bien voulu pouvoir aller passer quelques jours dans les régions les plus élevées de la montagne, où la végétation s'est en quelque sorte réfugiée, mais je n'ai pu faire qu'une seule excursion un peu remarquable. J'allais reconduire M. de Barrère, notre consul à Damas, qui, aprés avoir, vers la fin de juin, passé quelques jours à Saida, et retournant à son poste, tenait à observer le point de jonction du Liban et de l'Anti-Liban. Je lui conseillai donc de traverser la montagne direc- tement à l'est, en suivant une ligne perpendiculaire à la côte, et je l'aecom- pagnai jusqu'à environ cinq heures de Saida. Je vais vous exposer le résultat de mes observations : tout cela sera bien vague et bien incomplet, car je n'ai vu qu'en courant ; mais j'espere cepen- dant pouvoir vous donner une idée de la configuration du sol et de sa richesse botanique, au moins dans cette saison-ci. Le Liban, au niveau de Saida, vient se terminer par une suite de mon- lagnes peu élevées, et qui descendent vers la mer en formant plusieurs étages ou gradins, constituant chacun un système de couches différentes, et autant que j'ai pu en juger, caractérisées par une végétation différente. En sortant de Saida, aprés avoir suivi pendant environ une demi-lieue le bord de la mer formé par une bande de sable, au milieu duquel eroissent le Batatas littoralis, le Salsola Kali, le Cakile maritima, ete., ete., on arrive à l'embouchure du Nahr Aoulé. Au delà de ce fleuve, les calcaires marneux Supérieurs forment un cap plongeant presque à pie dans Ja mer : dans les rochers de ce cap j'avais trouvé quelques jours auparavant le Cardopatium orientale : peut-être cette localité est-elle Ja limite sud de cette magnifique Composee, car je ne l'ai pas trouvée plus bas sur la côte : au contraire, en remontant vers le nord, à ce que me dit M. Blanche, aux environs de Tripoli, cette espece devient tres abondante : la elle parait étre dans son centre de vegetation. Des pelouses presque entièrement formées de Statice sinuata 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. occupent les intervalles des rochers, et dans peu feront place au Statice græca, qui, lui-même, sera remplacé par le Statice Limonium, var. macro- clada. Un fait digne de remarque et qui, je crois, mérite d'être étudié, c'est que rarement iei les especes d'un méme genre fleurissent ensemble dans la méme localité : ce que je viens de vous dire pour les Statice a lieu pour une foule de plantes: ainsi, le Campanula stellaris parait le premier, puis vient dans les haies le Campanula sidoniensis, qui est remplacé par le Campa- nula retrorsa ; à peine ce dernier est-il desséché, que le Campanula pere- grina commence. A peine le Clematis Flammula se dessèche-t il après avoir donné ses fruits, que le C}. cirrhosa entre en floraison. On quitte le bord dela mer à l'embouchure du Nahr Aoulé, et en prenant à l'est on s'engage dans la montagne par la vallée au fond de laquelle le fleuve a creusé son lit. Je ne vous parlerai point ici de la riche végétation qui couvre ses bords : l' Alnus oblongata, V Alnus orientalis, le Pyrus sÿriaca, le Salix libanotica, V Eupatorium. syriacum, V Epilobium tomentosum et bien d'autres plantes rares et curieuses forment d'épais taillis à travers les- quels coulent les canaux qui alimentent les moulins de Saida et arrosent ses jardins. Le Liban, en le traversant de l'ouest à l'est, direction que nous suivimes, présente cinq étages bien marqués. Le premier, relativement inférieur, mais géologiquement supérieur aux autres, est formé par des calcaires marneux blanes, crayeux, quelquefois de peu de consistance, profondément sillonnés par des ravius et des vallons perpendiculaires à la côte de la mer. Les pentes sont raides, mais elles sont assez bien cultivées : elles s'élèvent par d'innombrables gradins formés par des espaees horizontaux que séparent des talus presque à pic. Ces talus que le soc de la charrue n'a jamais entamés sont couverts au printemps d'une riche végétation caractérisée par le Poterium spinosum (quelquefois cou- vert des touffes pourprées du Cuscuta palæstina), le Calycotome villosa, le Phlomis viscosa, le Ruta chalepensis, aujourd'hui en fruits, le Sideritis condensata, Y Ononis Natris, V [nula viscosa, le Synelcosciadium Carmeli, l Anthemis Triumfetti, Yes Crucianella imbricata et macrostachya, V Eryn- gium falcatum, qui commence à fleurir : nous avons aussi deux autres Eryngium: Y Eryngium creticum, qui se trouve seulement dans les parties plus basses et plus garnies de terre végétale, et qui est déjà à demi desséché; VEryngium glomeratum, qui au contraire commence un peu plus tard : il croit en abondance dans les parties élevées de la montagne, et dans l'Anti- Liban; cependant M. Blanche et moi nous l'avons trouvé dans une seule loca- lité des environs de Saida, au fond du vallon de Zarghoutié, à environ deux cents mètres au-dessus du niveau de la mer ; peut-étie y était-il accidentel- lement. Parmi les Graminées qui croissent avec les plantes que je viens de vous citer, on remarque l Andropogon halepensis, plusieurs Bromus, V Hor- SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 103 deum bulbosum, Y /Egilops triaristata, à propos duquel je ne puis m'empé- eher de vous raconter un fait qui probablement vous étonnera autant qu'il m'a surpris: l'année dernière, traversant l'Anti-Liban pour me rendre à Damas, je récoltai quelques touffes d'/7/gilops au-dessus du village d'OEta. Quelques paysans de ee village, qui s'étaient joints à moi pour traverser avec plus de sécurité le Boghar Jantha, et qui avaient déjà plusieurs fois remarqué avec étonnement que je ramassais les plantes que je reneontrais sur ma route, se mirent à rire, et l'un d'eux, s'approcbant de moi, me dit : « Con- naissez-vous ce que vous avez ramassé là? Eh bien ! c’est la mère du blé: si vous ne le croyez pas, ouvrez l'épi et regardez ses grains, vous serez con- vaineu. » Bien certainement le fellah ne connaissait pas plus les travaux de M, Esprit Fabre d'Agde, que celui-ei ne eonnaissait les traditions populaires des Arabes de Syrie, quand il a entrepris ses belles recherches sur la con- version de l'Æ'gilops en Triticum. Toutes les plantes que je viens de citer se retrouvent en masse à toutes les hauteurs du système de couches de calcaire marneux. A sa partie la plus basse croissent les deux belles plantes récemment découvertes par notre ami M. Blanche: le Rhus oxyacantha, trouvé ici par lui en méme temps qu'un autre botaniste le trouvait en Algérie, et la magnifique Composée que M. Boissier a nommée Warthemia ?phionoides : cette dernière plante parait ne eroitre que parmi les rochers de calcaire plus compacte : au pied dela montagne elle pullule sur les rochers mêmes, dans les fentes et les petits creux où s'est amassée une faible quantité de terre végétale à peine suffi- sante pour contenir ses racines : en montant on trouve des couches de cal- Caire erayeux tres friable et pas un seul pied du Warthemia qui, un peu plus haut, reparait avec les couches compactes. J'ai retrouvé cette belle plante dans des circonstances identiques sur le mont Carmel, le mont Thabor et toutes les autres montagnes de la Galilée. C'est aussi dans les talus et les rochers des parties basses du Liban, qu'au printemps nous avions trouvé les magnifiques plantes à bulbe si intéressantes, soit comme plantes classiques, le Æanunculus asiaticus, le Pancratium parviflorum, soit parce qu'elles sont nouvelles, comme les Crocus syriacus, ochroleucus, hyemalis, Y Ornithogalum densum, ete. Plusieurs Orchis ornent aussi à cette époque cette partie de la montagne, entre autres, l'Orchis sancta de Linné et l'Orchis syriaca, espèce nouvelle. Aujourd'hui des débris qui couvrent ces talus on voit surgir le Scrofularia bicolor en fruit, I Hypericum crispum en fruit, l Hypericum serpyllifolium, qui commence à peine tandis que l Z/ypericum lanuginosum a disparu, les Verbascum tri- politanum et berytheum, le Cephalaria joppensis, qui succede au Cepha- laria syriaca. Sur les pentes des vallons, on trouve le Satureia Thymbra, le Thymbra spi- cata, plusieurs Teucrium, le T. creticum, que les habitants des campagnes 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. emploient comme fébrifuge, le T. Polium et le T. divaricatum qui forment des tapis non interrompus, du milieu desquels surgissent les hampes de Y Helichrysum sanguineum, dont les akènes ont été dispersés par les vents. Il serait beaueoup trop long de vous énumérer toutes les richesses bota- niques de ces collines et des vallons qui les traversent: il me suffira de vous dire que jusqu'à présent la majeure partie de ce que M. Blanche et moi avons trouvé dans nos herborisations a été récolté dans ces localités, indiquées sur nos étiquettes par ces mots : premieres collines du Liban. Dans toute cette partie de la montagne, aucun arbre ne croit spontané- ment : il n'y a que des arbrisseaux : les sommets sont nus ou couverts des plantes que je vous ai énumérées plus haut: vers le milieu des pentes des vallées commencent à paraître quelques pieds isolés des Rhamnus punctata et palæstina, le Crateegus Aronia: à mesure qu'on descend vers les fonds les arbrisseaux se resserrent et forment quelquefois de véritables taillis de Quercus Calliprinos, parmi lesquels s'élèvent quelques rares pieds des Pis- tacia palæstina et Lentiscus, du Cercis Siliquastrum, etc., tandis que les rochers qui encaissent le lit du torrent sont couronnés de touffes de Dian- thus pendulus, de Chamæpeuce mutica, de Pennisetum Tiberiadis : enfin le lit du torrent lui-même est presque couvert d'énormes buissons du Nerium Oleander qui, pendant tout l'été, étale ses magnifiques touffes de fleurs roses. A environ une heure et demie du bord de la mer, apres avoir continuel- lement monté par des pentes assez douces, on arrive au village de Djouri, qui a servi de derniere résidence à lady Esther Stanhope : ici commence le calcaire qui forme le second étage; il est compacte, dur, caverneux, à cassure esquilleuse, blane, quelquefois jaune ou rosé. Les pentes deviennent plus raides et plus escarpées : l'aspect du sol a complétement ehangé ; plus de talus, plus de vallées profondes, mais une chaine presque continue sil- lonnée de ravins ; le roc est à nu presque partout, et c'est dans les inter- valles qui séparent les pointes des rochers que l'on trouve de rares espaces couverts d'une terre végétale rouge et très consistante. Cette terre rouge et la teinte qu'elle donne aux rochers impriment à tout cet étage une couleur brun clair, qui tranche de loin avec la teinte blanche et erayeuse des marnes calcaires. Comme on le comprend bien, les céréales ici ne sont que peu cul- tivées, tandis qu'elles couvrent l'étage inférieur : la Vigne, l'Olivier, le Mü- rier, le Tabac dominent ; c'est méme dans les champs pierreux du calcaire compacte que l'on récolte les tabacs des qualités les plus estimées. Une vallée assez profonde et escarpée sépare les deux étages ; sur le versant est de cette vallée est bâti le couvent de Deir Mekhullés, chef-lieu de tous les couvents grecs catholiques ; il est situé à environ deux heures et demie de Saida ; nous allàmes y passer la nuit, et le lendemain matin 22 juin, comme nous ne devions pas nous mettre en route, nous consacrâmes la matinée à aller visiter la vallée au fond de laquelle coule le Nahr Aoulé, Cette vallée est SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1856. 105 étroite, profonde, escarpée ; c’est une véritable crevasse, à travers laquelle le fleuve, autrefois ramassé dans le Merdj-Besri, et formant un petit lae, s'est creusé une issue. Le point du versant sud-est, que nous avons visité à Ja hâte, est formé par des rochers de calcaire compacte presque à pie : parmi les débris de beaucoup de plantes complétement sèches, j'ai trouvé de magni- fiques touffes du Prenanthes triquetra, mais ses tiges longues et minces étaient déjà jaunes et prêtes à se dessécher. J'ai vu avec plaisir cette plante que je n'avais encore trouvée qu'à une distance de plus de quatre heures de Saida, dans le Ouadi el Lamam, sur la route de Deir el Kamar. J'ai trouvé aussi dans les fentes des rochers un petit Hypericum que je ne connais pas. En remontant au couvent, nous traversámes un bouquet de pins autour duquel je récoltai un Verbascum , probablement le berytheum, Y Andrachne telephioides, le Thesium grecum, le Scutellaria peregrina et le Sedum altissimum. Après midi, nous nous remimes en route, et nous traversámes la crête de calcaire compacte qui sépare Deir-Mekhallès du Merdj-Besri. Je ne pourrai vous donner que peu de détails sur la végétation de cette partie du Liban, car je n'ai fait que la traverser en courant : il était tard, et je tenais à aller à.une heure et demie encore plus loin, récolter pour l'herbier de Syrie le magnifique Teucrium procerum, Boiss. et BI., puis revenir à Saida : ce n'est donc qu'en passant que j'ai observé ce qui suit. Aussitót que commence le calcaire compacte, seulement dans les inter- valles où il y a assez de terre végétale pour recevoir un peu de blé ou d'orge, paraitle Centaurea cerinthefolia. Je revis la localité où M. Blanche, l'an dernier, récolta l'Onopordon cynarocephalum, Boiss. et BI., et l'A/sine Smithii : nous avions entrevu aussi quelques débris de Ferulago syriaca. Tout à fait au sommet de la crête, je récoltai des débris de l'£remostachys laciniata. J'ai été assez étonné de retrouver cette plante à un point aussi élevéet dans des terrains aussi pierreux, en me rappelant que M. Blanche m'a dit l'avoir observé dans les plaines basses et fangeuses de la Palestine, bordant les ruisseaux, les routes et les limites des champs en aussi grande abondance que le Moluccella spinosa dans les plaines et les parties inférieures du calcaire marneux supérieur. M. Blanche a trouvé un Zremostachys sur les coteaux de Bekfaïa et prés d'Edar, à la limite des neiges, sur le bord des ruisseaux : mais comme la plante était complétement desséchée, il n'a pu reconnaitre si elle appartient à une autre espèce que le laciniata. Je remarquai aussi un PAlomis dont les feuilles sont plus allongées et plus étroites que celles du Phlomis viscosa : peut-être est-ce le Phlomis longifolia, Boiss. et Bl. 11 n'y avait plus de fleurs. Après une bonne heure de marche, nous arrivámes au Merdj- Besri, où nous nous séparámes. M. de Barrère prit au sud-est pour se diriger vers Hasbeya, et moi je continuai à remonter le Merdj-Besri en suivant le cours 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du JVahr-Aoulé. C'est un fait digne de remarque que la plupart des fleuves qui prennent leur source dans le Liban suivent pendant la majeure partie de leur cours une ligne parallele à la chaine principale, c'est-à-dire nord-sud, puis à quelques lieues de leur embouchure, ehangent brusquement de di- rection, font un angle presque droit, et vont, en coulant à l'ouest, se jeter dans la Méditerranée : dans un travail que je prépare, je dois m'étendre sur cette particularité et en étudier les causes. C'est au coude que forme le /VaAr-Aoulé en changeant de direction que se trouve le Merdj-Besri (plaine marécageuse de Zesri), qui, autrefois, était probablement un petit lae traversé par le fleuve. Cette plaine sinueuse, très irrégulière, encaissée des deux côtés par de hautes montagnes presque à pie, peut avoir une heure et demie de longueur sur un quart d'heure dans sa plus grande largeur ; son fond est formé par un læœæss assez compacte, dans lequel le fleuve a ereusé son lit. La végétation y est bien plus vigou- reuse que dans les lieux que nous avons traversés : l Zryngtum creticum, le Synelcosciadum Carmeli y atteignent des dimensions vraiment colossales; d'énormes buissons de Nerium Oleander, de Vitex Agnus-castus, de Rosa phanicia bordent les rives du fleuve, dans les ilots duquel je remarquai un Tamarix beaucoup plus petit que le 7. paniculata, Stev. (T. Pallasti, DC.), et portant encore quelques fruits. J'aurais bien voulu aller le récol- ter, mais le fleuve n'était pas guéable, et il m'aurait fallu faire un détour que le peu de temps qui me restait ne me permettait pas de faire ; ce n'est qu'aprés environ une demi-heure de marche que nous pümes le traverser pour aller au pied des montagnes de gres ferrugineux, récolter le Teucrium procerum, principal but de mon excursion. Je n'ai point étudié le troisieme étage du Liban ; je u'ai fait que le tra- verser l'an dernier en allant à Damas : aussi je ne vous en dirai pas grand chose. Le fait saillant est la présence de pins qui couvrent presque toute la montagne et y forment de véritables bois, tandis qu'ils manquent dans les étages calcaires. Je n'en ai jamais rencontré dans les marnes calcaires supé- rieures, et ceux qui sont dans le calcaire compacte paraissent n'y eroitre qu'accidentellement : ils y ont été plantés, et ne forment que de rares bou- quets autour des villages et des couvents, Le Nerium Oleander est remplacé dans les sables par le Rhododendron ponticum. L'année dernière, au 14 juin, le Teucrium procerum formait une magni- fique bande d'un bleu vif ondulant au pied de la montagne de grès dont le sommet est couronné par le couvent maronite Deir Machmouche. Cette année, le 22 juin, c’est à peine si jai pu récolter une centaine d'exem- plaires fleuris sur une bande de plus de 200 metres de longueur sur environ 80 de largeur, entierement couverte de cette belle plante en boutons ; c'est que cette année-ci l'hiver a été beaucoup plus long et plus froid ; les pluies ont duré plus longtemps. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1856. 107 Je récoltai aussi à la hâte l’ Origanum hirtum et le Lavandula Stæchas ; je repris le chemin de Saida, me promettant bien de revenir au Werd)-Besri aussitôt que les circonstances me le permettront, étudier les couches de grès et de sables ferrugineux dont la végétation est si différente de celle des caleaires au milieu desquels elles sont intercalées. Quant aux autres étages, je tácherai de réunir mes souvenirs, et si je ne puis, dans une seconde lettre, vous donner une description détaillée de cette région élevée du Liban, je pourrai au moins vous dire ce que j'ai récolté et vu sur ma route jusqu'à Damas. Je vous ai envoyé cette note, mon cher confrére, pour vous faire voir que, malgré les circonstances défavorables et les préoccupations de tout genre au milieu desquelles nous vivons aujourd'hui, je ne manque point de saisir, toutes les fois qu'elle se présente, l'oceasion de continuer à étudier la nature de notre riche et intéressante Syrie. Je n'ai point eu la prétention de vous envoyer un mémoire : c’est une simple causerie botanique que vous envoie votre tout dévoué confrere et ami, GAILLARDOT, D.-M. A la suite de cette lecture, M. Puel soumet à l'examen des membres présents à la séance la premiére centurie des plantes recueillies en Syrie et publiées par MM. Blanche et Gaillardot. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. M. Léon Soubeiran, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 février, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière seance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Le Forr (Léon) interne en médecine, rue des Fosssés-Saint- Bernard, 22, à Paris, présenté par MM. Moquin-Tandon et L. Soubeiran. GownavLT (Urbain), interne en médecine, rue de Constantine, 34, à Paris, présenté par MM. Moquin-Taudon et L. Soubeiran. Bixer (Alfred), interne en médecine, à l'hôpital La Riboisiére, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Decès. Garnier (Alimire), interne en médecine, à l'hópital des Enfants malades, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Decès. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dons faits à la Société: 4° De la part de M. Alph. De Candolle, de Genève : Notice sur la vie et les travaux de M. de Martius. 2o De la part de M. F.-W. Schultz, de Wissembourg : Archives de Flore, p. 177 à 192. 3° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, février 1856, deux numéros. M. Decaisne communique la note suivante, adressée à la Sociélé : SUR UN NOUVEL OPHRYS D'ALGÉRIE , par M. G. MUNBY. (Oran, février 1856.) OPHRYS ATLANTICA, nova species. O. petalis tribus exterioribus ovalibus obtusis viridibus patentibus in- curvis, superiore cucullato, gynostemium obtegente, omnibus trinerviis, duobus interioribus linearibus undulatis glaberrimis æneis fusco marginatis, ad apicem obtusis quasi truncatis petala exteriora subæquantibus, labello amplo trilobo, margine replicato, lobo medio emarginato velutino holose- riceo atropurpureo, disco depresso glabro cærulescente, basi angustato. Caules 6 pollicares, bracteæ lanceolatæ ovario breviores ; flores laxi 2 vel 3, labellum postice glaberrimum in sicco valde nervosum. Fleurit en mai dans la région atlantique, depuis Tlemcen jusqu'aux frontières du Maroc. Espèce voisine de l'O. fusca, dont elle diffère par la grandeur de la fleur, par sa couleur, par l'époque de la floraison, et méme par la forme du tablier ; elle doit se rapprocher beaucoup de l'O. atrata, Lindl. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : ÉTUDE DU MODE DE VÉGÉTATION DU DIOSCOREA BATATAS, DNE., par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, On sait que l'Igname (Dioscorea), dont la racine a été proposée en France comme succédanée de la pomme de terre, a été confondue d'abord avec le Dioscorea japonica, et que M. Decaisne, après avoir démontré que cette plante constitue une espèce distincte des diverses espèces de Dioscorea connues antérieurement des botanistes, lui a donné le nom de D. Batatas, SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1856. 109 nom qui rappelle l'analogie qui existe entre la forme et les propriétés ali- mentaires de sa racine et celles de la Patate (Convolvulus Batatas). Le Dioscorea Batatas est digne de fixer l'attention des agriculteurs par les qualités nutritives et la saveur agréable de sa partie axile souterraine, par la multiplicité et la rapidité de ses modes de reproduction, et par le tempérament robuste qui lui permet de s'accommoder des terres sablon- neuses les plus médiocres et de résister au froid de nos hivers. Mais il n'est que trop à craindre que les maladies qui sévissent depuis quelques années sur nos plantes alimentaires, et dont la cause me parait résider dans cer- taines conditions météorologiques générales, n'atteignent bientót, à leur tour, les plantes nouvellement introduites dans la culture ; l'accroissement du nombre des espèces cultivées, et la diversité de leurs tempéraments et de leurs mœurs, constituent néanmoins les ressources les plus efficaces dont nous puissions user pour combattre le mal, sinon dans son prineipe, au moins dans ses effets. Ce Dioscorea est une plante dioique vivace à tiges annuelles; jusqu'à cette année, nous n'en avons possédé en France que des individus máles. Un individu femelle a fleuri et a produit quelques graines l'année derniere en Algérie; ces graines, si elles sont fécondes, nous donnent l'espoir d'obtenir plus tard de nouvelles variétés. La culture de cette plante en Europe date de quatre à cinq années seulement; sa propagation a été obtenue par bou- tures de tiges et de racines, par la séparation des souches, et par la planta- tion de certains bourgeons charnus désignés sous le nom de bulbilles. C'est sur la nature de ces bulbilles et sur le mode de végétation de la partie sou- terraine du Dioscorea que je désire appeler l'attention de la Société. M. Decaisne, dans une excellente notice relative aux modes de repro- duction et de culture du Dioscorea (1), indique, d'une manière générale, le mode de végétation de cette plante; cette notice, accompagnée de très bonnes figures, étant écrite au point de vue horticole pratique, son savant auteur ne précise pas d'une manière positive la nature des organes de la végétation ; néanmoins il parait considérer la partie souterraine charnue et radiciforme comme un rhizome, et les bulbilles comme de véritables bulbes ; la dénomination de tubercule, et surtout celle de racine, ne lui paraissent pas exactes (2). (1) Cette notice, qui a été publiée à part, est insérée dans le Bon Jardinier, année 1855 (p. 22-40) ; la 1'* partie est datée de 1854. (2) Afin de ne point m'exposer à altérer là pensée de M. Decaisne, je crois devoir réproduire ici les phrases dans lesquelles il mentionne et caractérise les organes dont nous nous occupons : — p. 23, « Le Dioscorea Batatas... est vivace par ses racines ou, pour parler plus exactement, par ses rhizomes... véritables tiges sou- lérraines, qui, au lieu de s'élever ou de ramper sur la surface du sol, s'y enfoncent 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les organes désignés, chez le Ficaria ranunculoides, sous le nom de bulbilles axillaires et de racines à fibres charnues ou griffes, dont j'ai en- tretenu récemment la Société, présentent l'analogie la plus remarquable dans leur mode de développement, avec les organes désignés également sous le nom de bulbilles chez le Dioscorea, et avec les productions char- nues souterraines de cette plante. Chez la variété dite bulbifere du Ficaria, à l'aisselle des feuilles cauli- naires, se développent des bourgeons dont la partie gemmaire reste d'abord rudimentaire, et dont la base se développe en une masse radiculaire eharnue et ovoide identique avec une des fibres radicales ; ce bourgeon à racine eharnue se détache spontanément de la tige, et, tombé sur le sol, émet des racines filiformes adjuvantes, et développe sa partie gemmaire en tige feuillée, aux dépens de la masse radiculaire qui se vide et se flétrit; puis cette nouvelle plante produit, à l'aisselle de ses feuilles inférieures, des bourgeons qui émettent plusieurs fibres radicales ovoides et charnues, et, à Vaisselle de ses feuilles supérieures, des bourgeons, dits bulbilles, dont ehaeun émet une seule fibre radicale ovolde et charnue, et qui sont sem- blables à celui dont la plante était provenue. J'ai insisté sur ce point que les bulbilles, chez cette plante, ne différent des griffes radieales qu'en ce perpendiculairement à la profondeur d'un mètre, et quelquefois davantage, suivant qu'il est plus ou moins perméable ». — p. 25, « Les rhizomes, ou racines, selon l'expression. vulgaire, varient de grosseur et de longueur, suivant la force des plantes, et probablement aussi suivant la nature du terrain, dont Ja légèreté et la te- nacité, ainsi que la profondeur plus ou moins grande, doivent certainement influer sur leur forme et sur leur mode de développement... quelques-uns (des rhizomes) présentent un léger sillon longitudinal. » — p. 33, « J'ai fait planter au Muséum des tronçons de tubercules de Dioscorea Batatas, pris les uns dans la partie supérieure et amincie, les autres dans le plein des tubercules, » —p. 39, « Beau- coup de Dioscorées jouissent de la propriété de se multiplier par des bulbes, qui se détachent des tiges lorsqu'ils ont atteint leur maturité, et qui nous fournissent ainsi un exemple de rameaux caducs. Le Dioscorea Batatas est dans ce cas; à Vaisselle de ses feuilles naissent très fréquemment de petits bulbilles sphériques... c'est d'eux que naît le rhizome utile de la plante, ou pour mieux dire, ce rhizome n'en est que la continuation dans un sens vertical et descendant; car, quoi qu'on en ait dit, il m'est impossible de voir autre chose qu'un rhizome dans le tuber- cule de notre Igname ; sous ce rapport mon opinion est identique avec celle de Du- trochet et de M. Vilmorin ». — p. 40, « La figure 3 représente le développement d'un bulbille (a); le rhizome ou mérithalle vertical renflé à la base et muni au sommet d'une tige et d'un. bourgeon (b) ». — p. 39, « Chez une autre espèce cul- tivée à Alger par M. Hardy, et qui ne peut réussir sous notre climat qu'en serre, le produit consiste dans des bulbes qui naissent à l'aisselle des feuilles, et dont le volume ne dépasse guère celui d'un gros œuf de poule. Ces bulbes sont grisâtres à l'extérieur, marqués de tubérosités disposées en séries régulières. ». SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1850. 111 que le bulbille ou bourgeon, né sur un rameau, étant plus faible, ne présente qu'une racine, tandis que le bourgeon né à la base de la tige, étant plus vigoureux, en présente plusieurs. L'exposé bien compris de ce mode de structure facilitera l'intelligence de ce que j'ai à dire du bulbille des Dioscorea ; le bulbille du Ficaria et celui du Dioscorea me paraissent eu effet présenter entre eux de grandes analogies. La différence la plus apparente consiste dans l'absence de fibres radicales capillaires à la surface de la masse radiculaire du bulbille chez le Ficaria, et dans la présence de ces fibres radicales à la surface de la masse radiculaire du bulbille chez le Dioscorea. A ce point de vue, la racine eharnue du Dioscorea se rapproche de la racine pivotante charnue qui ter- mine les bourgeons souterrains des Aconitum; mais tandis que, chez les Aconitum, la racine charnue est très épaisse au niveau de son insertion et s'atténue inférieurement en une fibre capillaire, la racine du Dioscorea, souvent étroite au niveau de son insertion et comme pédicellée, se termine en une masse charnue, ovoide et obtuse. Le mode de végétation du Dioscorea m'a paru être le suivant : à l'aisselle des feuilles inférieures de la tige, se développe souvent un bourgeon dont la base se prolonge latéralement en une masse radiculaire charnue, de forme généralement ovoide; le plus ordinairement, cette masse radiculaire est indivise ; il arrive cependant quelquefois qu'ellese prolonge en plusieurs racines ovoides-obtuses ; le bourgeon reproducteur peut donc offrir, comme chez le Ficaria, soit une seule, soit plusieurs racines charnues. C'est ce bourgeon, dont la base présente une masse radiculaire indivise ou multiple, que l'on désigne sous le nom de bulbille; la partie gemmaire s'allonge immédiatement en tige; assez fréquemment, au-dessous de l'insertion de cette tige, se manifestent un ou plusieurs bourgeons adventifs qui se déve- leppent en tiges en méme temps que la tige principale. Vers la fin de l'au- tomne, la tige ou les tiges se dessèchent jusqu'au collet, ou, pour parler plus exactement, jusqu'à la racine. La racine charnue ainsi privée de tige et de collet reste vivante. Au printemps suivant, cette racine produit à son extrémité supérieure, autour de la cicatrice ou des cicatrices des tiges détruites, un ou plusieurs bourgeons adventifs qui deviennent des tiges aériennes, En méme temps que ces tiges s'allongent, la racine-mére, ‘ou bulbille primordial, se flétrit et se desseche, mais en méme temps aussi, des bourgeons de la méme nature que le bulbille-mere, les uns adventifs, les autres franchement axillaires, se développent à la base de la plante, et &mettent chacun une racine charnue qui s'enfonce verticalement dans le sol ; ces racines, qui appartiennent à une plante déjà assez vigoureuse, ne différent de celle du bulbille primordial que par leur volume plus considé- rable, leur partie supérieure est proportionnellement moins gréle: elles se Prolongent en une masse charnue insensiblement renflée et obtuse, et sont 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. garnies, dans toute leur longueur, de fibres radicales capillaires ; quelques- unes de ces fibres, non encore développées, sont indiquées à la surface de Ja racine par une légere éminence regardée à tort par quelques horticulteurs comme l'indice d'un bourgeon adventif; lorsque ces fibres sont détruites, la déchirure, ou la cicatrice laissée sur la racine par leur chute, présente l'aspeet, mais non la strueture, d'une lenticelle. A la fin de la saison, les tiges se détruisent jusqu'à leur base, comme celles de l'année précédente, et au printemps suivant, des bourgeons nés sur la racine autour des cica- trices laissées par les tiges détruites reproduisent de nouveau la plante; les racines charnues s'épuisent et sont remplacées par d'autres encore plus volumineuses, qui naissent des nouveaux bourgeons. Enfin, la plante ayant acquis toute la force qu'elle est susceptible d'atteindre, les racines des années suivantes présentent un volume en rapport avee les qualités plus ou moins convenables du terrain et les circonstances extérieures plus ou moins favorables à la végétation. (Je ferai remarquer que chez le Ficaria, dont jai comparé le mode de végétation à celui du Dioscorea, les racines charnues qui se succèdent ne présentent pas d'année en année un semblable accroissement proportionnel en volume; les racines du Ficaria ne m'ont pas paru non plus produire de bourgeons adventifs, les bourgeons m'ont semblé étre tous axillaires.) Nous avons dit qu'aux modes de multiplication naturels par graines et par bulbilles, l'horticulture ajoute les modes de multiplieation par boutures de rameaux et par boutures de racines. Le bouturage par fragments de tiges aériennes et le marcottage ou couchage de ces tiges, ont pour résultat de produire des bulbilles reproducteurs à l'aisselle des feuilles situées sur la tige à des niveaux élevés, où les bourgeons seraient restés latents ou auraient produit des rameaux ordinaires. Le bouturage par tronçons de racines a pour résultat : 4° d'obtenir du tronçon supérieur le développe- ment de bourgeons adventifs (qui se seraient produits dans tous les cas) ; 2° d'obtenir, en outre, d'une série de tronçons inférieurs, des bourgeons adventifs qui se développent au niveau de la surface mise à nu par la sec- tion, et qui ne se seraient pas produits si la racine n'eüt pas été divisée en fragments ; chacun de ces bourgeons constitue un bulbille qui est l'origine d'une plante distincte. Cette description du mode de végétation du Dioscorea nous parait démon- trer que les masses charnues désignées sous le nom de rhizomes, bulbes et tubercules, sont réellement des racines pivotantes d'une forme particulière qui descendent isolément de bourgeons axillaires ou de bourgeons adventifs ; nous croyons cependant, pour plus de précision et de clarté, devoir énu= mérer les caracteres comparés des divers types où modes de végétation attribués au Dioscorea. Le bulbille des Dioscorea n'est pas un bulbe ; un bulbe est un bourgeon à axe court et à feuilles charnues, dont les racines SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1856, 113 sont filiformes et ne se développent que pendant une seconde période de végétation ; chez le bulbille ou mieux faux-bulbille du Dioscorea, un ou plusieurs bourgeons groupés, à feuilles non charnues, émettent, dès le prin- cipe, une racine charnue tubériforme. Ce faux-bulbille n’est pas et ne devient pas non plus un £ubercule ; un tubercule est un bourgeon ou rameau souterrain dont l'extrémité est renflée en un axe charnu à feuilles rudimen- taires également charnues produisant des bourgeons axillaires; le faux- bulbille du Dioscorea est, dans l'origine, constitué par un bourgeon autour duquel peuvent naitre des bourgeons adventifs, mais /a masse charnue est située au-dessous du bourgeon [ui-méme, et cette masse charnue descendante, munie de fibres radicales, offre tous les caracteres d'une racine, et ne présente pas, comme un tubercule, des feuilles rudimentaires et des bour- geons axillaires ; elle présente seulement (et à la base du bourgeon dont elle est une émanation) des bourgeons adventifs, comme la plupart des racines peuvent en produire. Ce faux-bulbille n'est pas et ne devient pas non plus un rhizome; un rhizome est une tige souterraine qui se détruit par sa base à mesure qu'elle s'allonge ou se multiplie par des bourgeons développés à son sommet, et qui ne diffère du tubercule que par sa forme cylindrique et l'allongement des entre-nœuds qui séparent les feuilles; ces feuilles, Souvent rudimentaires, comme celles des tubercules, peuvent également émettre des bourgeons à leur aisselle ; enfin le rhizome, ainsi que les tuber- cules et toutes les tiges ou tous les rameaux, qu'il soit horizontal, ascendant ou descendant, se termine à son sommet par un bourgeon ; or la production radiciforme de notre Dioscorea n'offre aucun de ces caractères; tout au plus pourrait-on regarder comme un rhizome rudimentaire l'ensemble de bourgeons qui naissent à l'aisselle de la feuille, mais la production charnue qui descend de ces bourgeons et qui constitue presque toute la masse tubé- riforme, est une racine comparable à l'une des fibres radicales d'un véri- table rhizome. C'est la racine d'un bourgeon latéral, comme les racines Pivotantes napiformes ou dauciformes, du Navet et de la Carotte, sont la racine d'un bourgeon primordial; enfin cette racine présente une forme Ovoide ou renflée en massue à son sommet ; mais cette forme, bien qu'assez rare, est déjà connue chez d'autres racines, et n'a rien d'incompatible avec la structure et les propriétés d'une racine. L'expression vulgaire de racine nous parait donc être en méme temps l'expression exacte et organogra- phique. Je remarque en outre qu'il existe une très grande analogie entre le mode de végétation des Dioscorea et celui de notre Tamus communis, dont j'ai Suivi le mode de développement, à partir de la germination. La racine Primordiale, coléorhizée, du Zamus, est ovoide et obtuse, et présente com- Plétement l'aspect d'un bulbille de Dioscorea. T. III. 8 41^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Decaisne annonce qu'il a recu du Ministére de la Guerre des graines de Dioscorea Batatas provenant d'Algérie, qu'il a fait semer et dont il suit le développement avec un grand soin. Il fera connaitre plus tard à la Société le résultat de ses observations, et répondra à la communication que vient de faire M. Germain de Saint-Pierre. — M. Decaisne ajoute que les jeunes individus du Dzoscorea Batatas présentent déjà des faits analogues à ceux que Dutrochet a décrits dans son mémoire sur le Tamus, et que cette analogie le conduit à regarder le tubereule du Dioscorea Batatas comme identique avec celui de cette plante. - M. Chatin fait à la Societé la communicalion suivante : NOTE SUR L'EXISTENCE DE CELLULES CRISTALLIFÈRES TRAVERSÉES QU PERFORÉES PAR DE GROS ET LONGS CRISTAUX, par M. AD. CHATIN. L'attention étant de nouveau appelée, par les observations de notre confrére, M. Trécul, sur les biforines de Turpin et de Delile, le moment me semble opportun pour faire connaitre des cellules cristallifères que j'ai observées dans le Pontederia crassipes et le P. cordata. Bien que ces cel- lules soient tres distinetes des biforines (que, pour le dire en passant, je n'ai pas été assez heureux pour voir s'ouvrir spontanément), leur histoire ne pourra que se trouver pres de celle de ces derniéres, quand on consi- dérera d'une maniére générale les cristaux formés au sein des tissus végétaux. Pontederia crassipes (fig. 1). — Si l'on examine, à un grossissement Fig. 1. Fig. 1. P ontederia crassipes, — Coupe transversale (grossie) d'un. fragment du parenchyme lacuneux du pétiole ; lac., lacunes ; di., diaphragmes coupant les lacunes. Une utricule des parois d'une lacune est traversée par un cristal ; une autre utricule a deux cristaux. suffisant, les tissus du pétiole, notamment dans la portion inférieure au renflement si remarquable qui s'étend longuement dans sa région moyenne, on observe les parties suivantes : 4, un épiderme percé de stomates et con- SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1856. 115 tenant néanmoins quelques granules verts; b, un parenchyme sous-épi- dermoidal, formé par trois ou quatre assises d'utricules láchement unies; c, un parenehyme intérieur laeuneux ; d, des diaphragmes perforés (1) qui se superposent dans les lacunes ; e, des faisceaux fibro-vasculaires dont les plus extérieurs sont adossés au parenehyme sous-épidermoidal, et dont les autres sont épars dans le parenehyme lacuneux. Or, c'est dans quelques- unes des utricules formant les parois des lacunes qu'on observe des cris- taux, les uns bi-pyramidaux, les autres en forme de navette ou de grosse raphide, par suite de l'arrondissement (?) des arétes. Les cristaux, le plus souvent solitaires dans chacune des utricules, quelquefois au nombre de deux, atteignent une longueur beaucoup plus grande que le diamètre de celles-ci, qu'ils perforent pour s'avancer par leurs deux extrémités ou pôles, dès lors exsertes, dans les deux lacunes contigués séparées par la rangée d'utricules à laquelle appartiennent celles de ces dernières que traversent les cristaux. Quelques-unes des utricules formant les parois des lacunes sont remplies de fines raphides; quelques autres contiennent des granules verts. Je n'ai pas observé que les cellules des diaphragmes dn P. crassipes pro- duisissent des eristaux perforants. Pontederia cordata (fig. 2 et 2"). — Ce n'est plus dans le pétiole et dans Fig. 2. Fig. 9'. Fig. 2et 2'. Pontederia cordata. — 2, coupe lon- Fig. 2', coupe transversale : di., portion de dia- gitudinale d'un fragment du parenchyme lacu- phragme attachée sur un deses cótés au paren- Deux: di., diaphragmes traversés par des cristaux chyme pariétal des lacunes ; sur le diaphragme, perforants et portant des cellules oviformes à ra- qui présente sa face supérieure, s'élévent une phides, ete. moitié de cristal qui, complet, est une double pyramide à 4 faces, une utricule à raphides et une utricule encore vide de tous cristaux. les utricules formant la paroi des laeunes, mais dans la tige méme et les (4) Notre savant et aimable confrère, M. le professeur Parlatore, nomme fe- Détres (finestre) les trous ou perforations des diaphragmes qui coupent les lacunes des plantes aquatiques (Atti dell'ottava riunione degli scienz. ital, in Genova, 1846, p. 594). 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cellules diaphragmatiques du P.cordata que j'ai trouvé des cristaux perfo- rants. Vus dans uue coupe longitudinale du parenchyme lacuneux, ces eristaux (qui parfois se montrent réduits à une de leurs moitiés, par suite de non-formation de l'autre moitié de la pyramide ou par cassure) ont leurs deux póles engagés dans les deux chambres superposées que sépare le diaphragme auquel appartiennent les cellules cristallifères (fig. 2). Observés au contraire dans une coupe horizontale de la tige, ces cristaux ne montrent tout naturellement que la moitié de leur pyramide qui passe au-dessus du diaphragme (fig. 2"). Des utricules ovoïdes remplies de fines raphides s'élèvent d'ailleurs de la surface des diaphragmes ou pendent au-dessous d'eux dans les chambres des lacunes; quelques autres cellules, qui peut-étre servent de matrice à des cristaux perforants, sont placées cà et là entre les cellules tabulaires des diaphragmes au delà desquelles elles s'avancent dans les chambres à air. La solubilité des cristaux perforants des Pontederia dans les acides chlorhydrique et azotique, et leur insolubilité dans l'acide acétique éta- blissent qu'ils sont formés d'oxalate de chaux. Plusieurs questions, parmi lesquelles celle de leur mode de formation occupe le premier rang, sont à résoudre pour compléter l'histoire des cris- taux perforants; nous y reviendrons. M. Duchartre demande à M. Chatin s'il a examiné l'analogie qui peut exister entre les cellules qu'il vient de décrire et les cellules étoilées des Nymphéacées, dont quelques naturalistes ont considéré les branches comme des cristaux. M. Chatin répond qu'il a étudié aussi les cellules dont parle M. Duchartre, et qu'il les a retrouvées dans le Limnanthemum et dans le Vi//arsza. Dans toutes ces plantes, il n'y a réellement que des cellules ramifiées, dont chaque branche peut étre considérée comme un poil. Les cristaux des Pontédériacées ont bien, dans leur extrémité faisant saillie hors de la cellule, une certaine ressemblance avec les branches des poils étoilés, mais on les en distingue aisément à leurs arétes droites, à leur solubilité dans les acides, etc. Ces cris- taux ne sont autre chose que des composés d'oxalate de chaux. M. Weddell donne quelques détails sur le mode de végétation de l'ergot du Seigle, et communique ensuite l'extrait suivant d'une lettre adressée à M. L.-R. Tulasne par M. Durieu de Maisonneuve : Bordeaux, 8 février 18506. Je vous ai entretenu déjà dela plantation considérable d'ergots de Seigle que j'ai faite les 2 et 3 novembre 1855, et dont le produit est destiné aux SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1856. 117 Erxsiccata de M. Schultz; mais je vous dois encore quelques détails à ce sujet. Mes semis ont été faits dans des terrines d'environ 30 centimètres de diamètre, que je remplis, jusqu'à 4 centimètres du bord, avec de la terre ordinaire de jardin, mondée et criblée. Sur cette terre fut étendue très uni- formément une légère couche de sable siliceux blane, fin et très pur; et c’est àla surface de ce sable que furent placés symétriquement des milliers d'ergots. Ma fille, qui voulut bien se charger de cette besogne minutieuse, y mit tant de soin que le sol des terrines disparut complétement sous les rangs pressés des ergots couchés parallèlement les uns prés des autres. Cette opération terminée, les terrines furent recouvertes chacune d’une lame de verre, et portées dans une petite construction, moitié serre et moitié appentis, qui est au bout de mon jardin. Elles n'ont pas eu d'autre abri pendant les quelques jours de gelée que nous avons épreuvés, et de rares bassinages ont suffi à y maintenir un état d'humidité convenable. Eh bien, avec aussi peu de soins donnés à une telle culture, nos Sclerotium étaient tous en pleine germination, si je puis ainsi parler, dès le 1*7 janvier, c'est- à-dire deux mois à peine aprés leur plantation. Figurez-vous que pas un seul de ces ergots n'a boudé ; qu'ils ont tous, sans exception, émis de nom- breux capitules déjà tellement exhaussés sur leurs pédicelles que les petits champignons atteindront, j'imagine, leur parfaite maturité vers la fin de ce mois. Ces prés de Claviceps sont vraiment une merveille et font l'admiration de mes nombreux visiteurs. Aussi la connaissance de l'histoire de l'ergot se vulgarise-t-elle ici chaque jour davantage. Vous vous rappelez sans doute, en effet, que mes essais de culture de l'an passé n'ont pas eu moins de succès que l'expérience de cette année, ni moins de témoins oculaires de leurs résultats. Seulement, en 1854, je ne plantai mes ergots que le 15 novembre, et ce ne fut que vers la mi-avril de 1855 que j'en obtins des Claviceps complétement développés. Il me reste à tenter maintenant la reproduction de ces champignons par leurs spores, et je médite à ce sujet quelques expériences pour le printemps prochain. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Saggio di studi intorno al guscio dei semi. (Essai d'études sur le tégument des graines), par M. Adol. Targioni Tozzetti, de Florence (Memorie della R. Accademia delle scienze di Torino, série 2°, tome x v*. Tirage à part en brochure in-4° de 87 pages et 4 planches gravées, Turin, imprim. royale ; 1854). Ce mémoire étendu est divisé en trois parties relatives, la première à l'ovule, la seconde aux éléments anatomiques dont se compose le tégument séminal, et à la maniere dont ils se forment, la troisiéme aux tissus et à leur disposition dans le tégument des graines. Malheureusement les faits nombreux dont l'exposé s'y trouve consigné ne pourraient étre analysés daus les limites étroites d'un article de Revue bibliographique. Les résumer serait méme d'autant plus difficile que l'auteur a négligé, soit de le faire lui- méme, soit de déduire sous une forme concise les conséquences générales qui peuvent découler de son travail. Nous essaierons toutefois de présenter un exposé succinct de la maniere dont M. Adol. Targioni Tozzetti considère la formation et le développement des diverses parties de l'ovule. Tous les ovules, dit-il, sont une production de la portion de l'ovaire qui porte le nom de placenta ou cordon pistillaire. Ils naissent en se relevant un peu sur la surface de cette partie, etils prennent ensuite leurs formes variées. A une certaine époque ces productions manquent peut-être d'un tissu propre ; à une autre elles se composent d’une membrane sans ouverture, très mince, et d'une masse composée de granulations, de nucleus de cel- lules, et de cellules très délicates, plus ou moins distinctes. Dans cette masse, la couleur, la consistance, les réactions chimiques, tout indique un tissu trés jeune ou en voie de formation ou à peine formé. Pourtant toutes les parties de l'ovule ne sont pas arrivées en méme temps au méme degré d'or- ganisation ; la périphérie a quelquefois une couche de cellules bien dis- tineles, lorsque le centre est encore à l'état de cambium, de blastème, de plasma, et l'extrémité libre est dans cet état, lorsque la base est formée d'un tissu bien défini. Le sommet continue de montrer la méme apparence, parce qu'à mesure que sa matiere s'organise en tissu, il s'en produit de nouvelle; le tissu ainsi formé augmente la base solide, tandis que la matière organi- sable nouvellement séparée maintient l'extrémité de l'ovule molle, diaphane, granuleuse, plus ou moins acuminée, Pendant quelque temps la forme reste REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 à peu près la méme ; mais bientôt des changements se produisent. Les pro- duetions nouvelles terminales et centrales obéissent à une impulsion qui les porte en avant, d’où leur base se circonserit, tandis que leur hauteur aug- mente; au contraire les parties inférieures se dilatent et s'étendent en de- hors par-dessus les premières, pour lesquelles elles forment d'abord une base ou un piédestal, puis un rebord saillant, enfin un tube et un involucre. Puis de la convexité de l'ovule commence à procéder un relief plus ou moins sensible. Ainsi la nucelle n'est pas la premiere partie de l'ovule qui apparait sur le cordon pistillaire. Lorsque la masse de l'ovule a produit le relief cen- tral qui porte en avant sa sommité, ainsi que son bourrelet périphérique, l'ovule se trouve divisé en nucelle et systeme tégumentaire. Celui-ci reste souvent simple; mais, dans d'autres cas, de simple il devient complexe, parce qu'il se montre en lui une expansion, un gonflement des tissus, qui peu à peu se divise en deux parties ; celles-ci croissent ensuite indépendam- ment l'une de l'autre, et le système reste composé d'un involucre central (Secondine Minngr) et d'un involucre extérieur (Primine MiRBEL). Nouvelles études d'embryogénie végétale ; par M. L. R. Tu- lasne (Annal. des sc. natur., h° sér., Bot., iv [1855], pag. 65-122, pl. vi- XVIII). | Tous les botanistes se rappellent sans doute le beau mémoire publié en 1849 par M. L.-R. Tulasne, sous le titre de Études d'embryogénie végétale (Ann. des sc. nat., 3° sér., Bot., XII, p. 21-137, pl. r- vir), et ils n'ont pas oublié que les conelusions déduites de ce travail étaient contraires à la théorie de la fécondation conçue par M. Horkel, soutenue ensuite avec autant de talent que de persévérance par M. Schleiden. Il semblait résulter nettement des nombreuses observations de M. L.-R. Tulasne : 1? que, pour opérer la fécondation, le boyau ou tube pollinique arrive seulement en con- tact avec l'extrémité du sac embryonaire qui regarde le micropyle, sans refouler devant lui la membrane de ce sac pour s'y invaginer, comme le professait M. Schleiden, sans le percer non plus pour pénétrer plus ou moins profondément dans sa cavité, comme l'admettent aujourd'hui M. Schacht et la plupart des partisans de la méme théorie; 2° que la vésicule embryo- naire, dont une extrémité doit se développer en embryon, est un produit de la fécondation et n'existe pas avant l'arrivée du tube pollinique. Ces deux points étant ceux précisément sur lesquels porte tout le débat qui dure depuis quelques années entre les observateurs les plus distingués de notre époque, MM. Tulasne ont eru ne pouvoir accumuler trop d'argu- ments, ni réunir trop de faits en faveur de leur manière de voir, et dans Cette pensée ils ont fait un grand nombre de recherches nouvelles, dont les résultats, plus décisifs encore que ceux de leurs premières observations, 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont consignés dans le mémoire que nous allons analyser. Ce mémoire a été rédigé de manière succincte ; mais il est accompagné de 12 planches qui ren- ferment un grand nombre de figures dessinées par M. C. Tulasne avec l'ha- bileté qu'on lui connaît, et trés bien gravées par M. Picard. Il se divise en deux parties consacrées, la première à l'exposition des faits, la seconde aux conséquences qui en découlent où qui s'y rattachent. Les faits sont prè- sentés d’après l'ordre des familles, de la manière suivante. I. LAni£zs (PI. vir à xi). Les espèces étudiées sont: Lamium purpureum Lin., amplexicaule, Lin., album, Lin. ; Leonurus Cardiaca, Lin. ; Stachys sibirica, Lin., sylvatica, Lin., arvensis, Lin. ; Salvia sclarea, Liu. ; Teu- cerium Botrys, Lin. ; Nepeta Mussini, Horn. ; Lycopus europæus, Lin. ; Be- tonica hirsuta, Lin., grandiflora, Wild. , officinalis, Lin. ; Galeopsis Lada- num, Lin. ; Dracocephalum peltatum, Lin. ; Thymus Acynos, Lin. — L'ovule des Labiées en général est hémitrope ; le style n'a pas de canal, mais ses cellules internes se dissocient naturellement au temps de l'anthèse pour laisser passer le tube pollinique qui doit ensuite traverser une portion du gynophore, afin de pénétrer dans les cavités ovulifères et d'arriver au micro- pyle. Le sac embryonaire, examiné avant l’anthèse, est formé de deux am- poules ovoides, unies par un isthme court, dont la supérieure ou micropy- laire est de beaucoup la plus grande, tandis que l'inférieure grandira plus tard considérablement, sera le siége de la formation d'un albumen et logera l'embryon. Avant l'arrivée du tube pollinique, le sae ne présente aucun indice de vésicule embryonaire, Dans le Lamium, par exemple, l'extrémité obtuse et à peine renflée du tube pollinique, après avoir traversé le canal micropylaire et le sommet du nucelle, vient s'appuyer sur la tête du sac embryonaire, sans y causer de dépression. Ce contact fécondateur déter- mine la formation d'une vésicule embryonaire qui nait à peu de distance du filament pollinique et qui s'allonge rapidement en un suspenseur linéaire très transparent. Enfin chacune des deux poches du sac est pourvue d'un appendice en cæcum peu allongé. II. BorraGinées. Le temps a manqué à l'auteur pour des études embryo- logiques sur cette famille. MI. CowPos£ss (pl. xir). M. Tulasne ne donne quelques détails que sur les Calendula, L'ovule est ici formé d'un tégument simple, très épais, qui enveloppe étroitement un nucelle oblong, contenant, à son tour, un sac em- bryonaire de forme semblable à la sienne. Les Chorde pistillares de M. Rob. Brown sont de longs fils, presque solides, soudés entre eux et à la paroi ovarienne, qui conduisent à leur surface les tubes polliniques jusqu'au micropyle. La vésicule embryonaire née dans le haut du sac se dévcloppe en un suspenseur à deux parties, dont l'inferieure, plus renflée, par laquelle il est d abord attaché, grandit beaucoup pendant le développement de l'em- bryon, rompt le sommet du sae, s'allonge au dehors, dépasse l'extrémité du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 194 nueelle, tend vers le micropyle, et persiste très longtemps, tandis que la supérieure, ou le vrai suspenseur, s'atténue bientót et semble disparaitre. IV. VroLaniÉEs (pl. xvi). Dans la Pensée, le stigmate forme une grande chambre globuleuse en communication avec le canal vide du style, qui est continu avec la cavité ovarienne. Le canal stylaire est ensuite obstrué par une masse de tubes polliniques, qui vont ramper sur les placentas pour atteindre les ovules. Ceux-ci sont anatropes ; sous leurs deux téguments le nucelle se montre limité extérieurement par une membrane mince, fort résis- tante, tandis que son parenchyme intérieur devient peu à peu láche, mou, et se résorbe. Le sae embryonaire ovoide ou oblong, sans appendice, grandit rapidement ; le tube pollinique, qui atteint son extrémité antérieure, semble s'écraser et se fondre sur celle-ci, mais il n'y détermine que rarement une dépression appréciable. La vésicule embryonaire, née daus le sac à la suite de cette fécondation, s'attache au haut de celui-ci par une base large, cir- culaire, et devient peu à peu obovale arrondie. Elle se transforme en em- bryon directement, en conservant ses relations primitives avec le sac, sans s'allonger en suspenseur bien appréciable. V. Cisrinées (pl. xvi). Dans les Helianthemum lasiocarpum, Desf. et salicifolium, Desf., les tubes polliniques descendent de la base atténuée du style, dans la cavité ovarienne, vers lesovules qui sont orthotropes, et portés sur de longs funicules déliés. Dans ces ovules, les deux téguments tres minces couvrent une nucelle dont la substance centrale se fond en quelque sorte à mesure que grossit le sac embryonaire ovoide et sans appendices. La vési- cule embryonaire nait à quelque distance du point que touche le tube fécondateur ; elle est ovoide, s'allonge peu et forme seulement un coude médian renflé latéralement. L'embryon tient trés fortement au sac par son Suspenseur gros et assez court. VI. CarvornyzLées (pl. xir à xv). Les plantes de cette famille étudiées par M. Tulasne sont: Cerastium triviale, Link., et collinum, Ledeb. ; Ho- losteum umbel latum, Lin. ; Stellaria media, Sm., et holostea, Lin.; Sper- gula arvensis, Lin. ; Arenaria rubra, Lin. ; Scleranthus annuus, Lin. ; Dian- thus barbutus, plumarius et C aryophyllus, Liu. — Dans les Alsinées, le sac embryonaire est généralement allongé ou tubuleux, sans appendices, très obtus aux deux bouts et courbé. La vésicule embryonaire nait juste au-des- Sous du point que touche le tube pollinique. Elle s'allonge rapidement en large tube qui se renfle, un peu au-dessous de son milieu, en forme de vessie ; sous ce renflement, elle se divise transversalement en cellules super- Posées, et elle se termine enfin en embryon. Le Stellaria media, Sm., offre de plus ce fait remarquable, et propre à induire en erreur, que le sommet du sac embryonaire présente, des avant la fecondation, une saillie en cóne obtus, dans laquelle nait la vésicule embryonaire. — Parmi les Silénées, les Dianthus ont un sac immense, ovoide-oblong, très obtus aux deux bouts, 199 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sans appendices. Le tube pollinique, gros et solide, se greffe au bout micro- pylaire du sac en s'y moulant, se bifurquant même. La vésicule naît juste au sommet du sac fécondé par une large base circulaire, et le suspenseur qu’elle engendre est formé de deux grosses vessies superposées, auxquelles l'em- bryon se rattache par uu isthme court et étroit, VII. PonTULACÉrs (pl. xr). Dans le Tetragonia crystallina, L'Hérit., la base du suspenseur forme une saillie obtuse et irréguliére analogue à celle du Stellaria media. Le tube pollinique s'en distingue toujours bien par son faible diamètre, par sa couleur et sa consistance. Le suspenseur est cylin- droide, et diminue du haut vers le bas ; il se remplit entièrement de tissu cellulaire ; fait analogue à ce que montre le Geranium Robertianum. VIII. AuvGpALEEs (pl. xvi etxvir). Les espèces étudiées sont le Prunus spinosa, Lin., les Cerasus avium, Moench et Mahaleb, Mill., V Amygdalus communis, Lin. Dans ces végétaux, le sac embryonaire est en long tube étroit, sans appendice, qui grandit, à son sommet, au fur et à mesure de l'accroissement de l'embryon. La vésicule naît sous ce sommet par une large base; elle reste courte, ovoide et forme l'embryon à peu prés sans sus- penseur appréciable. IX. JucrANpDÉEs; HeLLÉBORÉES ; LÉcUuwINEUSES. M. Tulasne signale ces plantes surtout pour appeler sur elles l'attention des observateurs. X. Lisracées (pl. xvin). Les Scilla nutans Sm., et bifolia, Lin., laissent voir aisément les tubes polliniques descendant du style dans l'ovaire et arri- vant au micropyle. Dans le Muscari racemosum, Mill., le sac porte deux grosses vésicules embryonaires juxtaposées, très largement sessiles et for- tement adhérentes à sa membrane, dont une avorte presque toujours. Le Nothoscordum fragrans, Kunth, a jusqu'à cinq vésieules embryonaires globuleuses et sessiles, inégales, tandis qu'on en voit une seule chez le N. striatellum, Kunth. L'Ornithogalum nutans, Lin., n'a qu'une vésicule em- bryonaire, dont la base est quatre ou cinq fois plus large que le diamètre du tube pollinique. XI. Aroïnées. M. Tulasne a fait quelques recherches sur l' Arisarum vul- gare, Targ. Le sac embryonnaire de cette plante remplit de bonne heure toute la cavité supérieure du nucelle ; il est ovoide et rétréci dans le bas en unappendice tubuleux assez long. Un volumineux albumen se forme à la pé- riphérie de ce sac et non dans son appendice. Dans l’ Arum maculatum, Lin. , le sac est. beaucoup plus étroit supérieurement. Le tube pollinique vient toucher son sommet, et au-dessous de ce tube nait intérieurement une vési- cule embryonaire qui devient promptement large, obovale, puis presque cordiforme. CoxcLustows. Les faits que nous venons de résumer déterminent M. Tu- lasne à persister purement et simplement dans les conclusions qu'il avaittirées de ses premières recherches, sans leur faire subir la moindre modification. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 123 Die Befruehtung der Phanerogamen. Ein Betrag zur Entscheidung des darüber bestehenden Streites. (Za fécondation des Phanérogames. Note pour aider à terminer la discussion qui existe à ce sujet) ; par M. Ludwig Radlkofer. (Broch. in-4° de 36 pages et 3 plan. lith. Leipzig, 1856, chez W. Engelmann.) Ce travail est intéressant non-seulement par lui-même, mais encore parce que son auteur, élève de M. Schleiden, y expose des observations dont les résultats sont entièrement contraires à la doctrine de son maitre, et dont l'exactitude a été vérifiée et reconnue par le célèbre professeur d'Tena. Après un exposé historique des travaux qui ont été publiés jusqu'à ce jour sur la fécondation, l'auteur présente ses propres observations qui ont porté sur les plantes suivantes : Zuphrasia Odontites, Lin., Pedicularis sylvatica, Lin., Lathræa Squamaria, Lin., Campanula, Hesperis matro- nalis, Lin., OEnothera biennis, Lin., Viscum, Canna. Les espèces sur les- quelles il entre dans les détails les plus circonstanciés sont les deux premières. Aprés cet exposé il déduit de ses recherches les conclusions suivantes : Le suspenseur n'est pas un prolongement immédiat du tube pollinique, mais bien une formation indépendante ; il existe déjà ébauché dans le sae embryonaire avant l'arrivée du tube pollinique. L'embryon des Phanéro- games naît par l'effet des changements qui s’opèrent dans une cellule (vésicule embryonaire) logée dans le sae embryonaire, rendue apte à subir l'influence du tube pollinique qui arrive dans son voisinage, et dont le contenu est transmis jusqu’à elle. Ce passage du contenu du jboyau pollinique dans la vésicule embryonaire n'a pas lieu par des ouvertures visibles. Le tube Pollinique vient tantôt en contact immédiat avec la vésicule embryonaire (Canna, Viscum), tantôt il reste séparé d'elle par la membrane du sac em- bryonaire (Campanula), tantót, entre son extrémité et la vésicule embryo- naire qu'il féconde, il y en a une qui ne se développe pas (Rhinanthacées). Le tube pollinique a pour objet de porter la substance fécondante ; son Contenu est l'analogue des petits corps des anthéridies des Floridées, des fils motiles et des spermatozoïdes des autres Cryptogames, des spermato- Zoaires des animaux. Nous ajouterons que les figures publiées par M. Radlkofer rappellent entièrement plusieurs de celles publiées par M. Tulasne dans ses deux mé- moires embryologiques, quant à la forme, à la situation et à l'attaehe du Süspenseur sous l'extrémité supérieure du sac embryonaire. La seule diffé- rence qui existe entre les énoncés de l'observateur allemand et ceux de M. Tulasne consiste en ce qu'il regarde la. vésicule embrvonaire comme existant avant l'arrivée du boyau pollinique et en ce qu'il admet, dans cer- tains cas, l'existence constante de deux vésicules, dont une seule est fécondée et se développe, 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On the development of the ovule of Santalum album with some remarks on the phenomena of impreznation in plants generally (Sur le développement de l'ovule du Santalum album, avec quelques remarques sur la fécondation dans les plantes en général); par M. Henfrey. Ce mémoire a été communiqué à la Société linnéenne de Londres le 4 mars 4856. On en trouve un résumé dans le Gardeners’ Chronicle du 22 mars, p. 195. L'auteur s'est proposé de fournir dans ce travail de nouveaux argu- ments en faveur des idées qu'il avait exposées antérieurement au sujet de l'acte intime de la fécondation, idées analogues à celles de la majorité des physiologistes, et par conséquent en contradiction avec celles de MM. Schlei- den et Schacht. L'un des points sur lesquels il existe encore quelque peu de divergence entre les physiologistes est relatif à l'époque à laquelle se montre la vésicule embryonaire. D'après M. Hofmeister, elle apparait avant la fécondation ; d'apres M. Tulasne, elle ne se montre qu'à la suite de ce phénomène. M. Hen- frey parait hésiter à se prononcer sur ce sujet, à cause de l'extréme difficulté de ces observations. La plupart de ses recherches sur le Santalum album ont porté sur l'extrémité du sae embryonaire avec le boyau pollinique qui y adhère. ll a examiné, dit-il, au moins 25 préparations de ce genre. L'adhérence du boyau avec ce sac est tellement forte, qu'on ne peut la rompre dans un ovule réellement fécondé. Il pense que Griffith s'est trompé lorsqu'il a eru à une pénétration daus le sae embryonaire. Il croit que le boyau se borne à s'appliquer fortement contre ce sac, sur le point oü se rencontre une ligne de séparation entre les deux coagulums situés dans le haut de celui-ci. Mais il dit être porté à admettre qu'il se produit là un phéno- mène analogue à une conjugation. En outre, fort peu après que le boyau pol- linique est devenu adhérent, le nucléus se recouvre d'une membrane propre, et il devient une vraie cellule, ou la vésicule embryonaire de laquelle pro- vient le suspenseur. « Je pense, dit M. Henfrey, que le contenu du boyat pollinique, aprés que celui-ci est devenu adhérent au sommet du sac em- bryonaire, passe dans ce sac, arrive au nucléus, et détermine sa conversion en cellule. » « Les faits relatifs à la germination des Fucacées et des Conferves qui ont été signalés par MM. Thuret et Cohn, joints à ceux que renferme ce mémoire, tendent à prouver que le procédé de la fécondation dans les plantes consiste en un mélange absolu de la substance protoplasmique de deux cellules (mâle et femelle) dont la substance ou corps femelle (ou em- bryonaire) préexiste toujours sous la forme d'un nucléus ou protoplaste, tandis que la substance mále (ou spermatique) existe sous la forme d'un fluide granuleux, Dans les Phanérogames le fluide spermatique est trans" REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 porté directement dans le sae embryonaire par le canal du boyau pollinique. Pareil phénomène parait exister dans la conjugation des Algues inférieures. Dans d'autres cas, le fluide spermatique est transporté d'organes éloignés de la vésicule embryonaire par le moyen de corps motiles, ou spermato- Zoides, qui se sont développés dans les cellules spermatiques, baignés dans leur contenu et rejetés avec lui, et composés eux-mêmes de la matière pro- toplasmique azotée du contenu cellulaire. » Versuch zu einer Berichtigung der Metamorphosen- lehre. (Essai pour rectifier la doctrine de la métamorphose); par M. Da- niel Mueller, à Upsal (Zotan. Zeit. du 25 janv. 1856, n° 4, col. 52-56). D'après la doctrine de la métamorphose universellement admise aujour- d'hui, la fleur est regardée comme étant un rameau arrêté dans son accrois- sement, c'est-à-dire comme le résultat du développement anormal d'un bourgeon, dans lequel les organes latéraux, qui devaient normalement se ranger en spirale, se sont disposés en verticilles. Par suite, on admet que le calice et la corolle, méme l'androcée et le gynécée, sont des feuilles modi- fiées; par suite aussi, la fleur entière n'est qu'un assemblage de feuilles mo- difiées. Mais une question se présente de prime abord : que sont devenus les bourgeons de ces feuilles florales? Les bourgeons font partie essentielle des rameaux, et méme les feuilles paraissent n'y exister qu'à cause d'eux. On ne peut croire qu'il aient complétement avorté dans la fleur; on pour- rait méme penser, au contraire, que leur formation est d'autant plus active que la vie végétale se concentre dans cette partie reproductrice du végétal. Mais, d'un autre cóté, on doit s'attendre à trouver daus la fleur les bour- eons axillaires sous une forme modifiée, puisque tout se présente ici sous des configurations particulières. Partant de ces idées, M. Dan. Mueller pense que les bourgeons axillaires des sépales et des pétales ont été comme absorbés et manquent ; il admet que, dans l'étamine, le filet est une feuille métamor- phosée tout entière et non pas seulement le pétiole de cette feuille, comme on l'admet généralement, tandis que l’anthère n'est pour lui que le résultat du développement du bourgeon de cette feuille, bien qu'elle se présente non Pas à son aisselle, mais à son extrémité. Il expose ensuite quelques raisons qui lui paraissent venir à l'appui de cette manière de voir. Quant aux car- pelles, il admet qu'ils ont développé leurs bourgeons dans leur intérieur, et que ceux-ci ne sont pas autre chose que les placentaires. « D’après les lois selon lesquelles la fleur est formée, ses bourgeons métamorphosés ne doivent pas s'allonger en pousse, mais ils se décomposent en cellules isolées, et l'acti- vitë vitale est iei tellement exaltée, qu'il se forme ainsi un dualisme ana- logue à celui de l'animal. Les cellules du bourgeon-anthère deviennent libres, indépendantes, et passent à l'état de pollen; celles du bourgeon car- Pellaire passent à l'état d'ovules. » 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Notice sur plusieurs plantes nouvelles et autres; par M. Alexis Jordan (Annotations à la Flore de France et d'Allemagne, publiées par M. C. Billot. Haguenau, 1855, in-8^, pp. 12-33). CLEMATIS CRENATA, Jord. M. Jordan a dù la connaissance de cette plante à M. Godron, qui la lui signala en 1847 comme une forme du Clematis Vitalba, Lin., très singu- lière par son feuillage. Il l'a cultivée pendant huit années, et il a été ainsi conduit à penser qu'elle constitue une espèce distincte, séparée du C. Vi- talba par des caractères tranchés, notamment : par ses feuilles beaucoup plus courtes, et non ovales-lancéolées, nullement acuminées, à erénelures bien plus nombreuses et plus courtes; par ses grappes plus láches, à fleurs plus petites, plus Jonguement pédoneulées; par ses anthéres apiculées et non mutiques; par ses stigmates verdátres, entourés et dépassés par les poils de la pointe du carpelle, tandis que, dans le C. Vitalba, ils sont blan- châtres, assez longuement dénudés et saillants au-dessus des poils. Elle se trouve dans les broussailles des collines calcaires, près de Nancy. Elle fleurit en juillet. HYPERICUM PERFORATUM, Lin. Sur cette espèce, ainsi que sur celle qu'il a nommée H. microphyllum, M. Jordan a remarqué une propagation rapide par des stolons souterrains. Il a également constaté : 1" que ces stolons souterrains ne naissent pas de la souche; 2° qu'ils ne naissent pas sur les racines principales; 3° qu'ils cessent complétement de se montrer sur les pieds déjà vieux; 4° qu’ils se forment principalement sur les fibres secondaires des racines des jeunes individus, lorsque la plante n'a fleuri qu'une fois ou n'a pas encore fleuri. ll présume que les Viola Riviniana, Rchb., et nemoralis, Jord., se pro- pagent aussi par des bourgeons qui naissent de leurs racines et non de leur souche. OXALIS CORNICULATA, Lin. Dans un article précédent des Archives de M. Billot, M. Jordan s'est proposé de montrer qu'il n'était pas du tout certain que l Oxalis stricta des floristes modernes fùt la plante désignée sous ce nom par Linné, et indiquée par le botaniste suédois comme américaine. ll a dès lors nommé l'espèce européenne O. europea. Aujourd'hui il veut faire voir que Linné a confondu cette dernière plante avec son Oxalis corniculata, et que l'O. stricta des auteurs modernes est entièrement ou en partie l'O. corniculata de Linne et de ses contemporains. Il se livre dans ce but à une discussion circonstanciée qui se résume dans la synonymie suivante des deux espèces. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 497 4° 0. corniculata, Lin., Sp. (pro parte). Clus. J. Bauh. Moris. Jacq., Ox. Fl. dan., t. 1753. Willd., Sp. Scop. Alli. Smith. DC., 77. fr. et Auct. recent. 2° O. europea, Jord., in Billot, Arch., p. 309. O. corniculata, Lin., Sp. (pro parte). F/. dan., t. 873. Roth. Leysser. Krocker. Bergen. Pollich. Gmelin, Fl. bad. Vil. Latour. Lamk., Encycl. Thuil., Fl. de Par., éd. 4. 0. stricta, Willd., Sp. (pro parte). Alli. DC., Fl'fr. Al. Braun, in Flora, 1822, p. 690. Wiegm., in Flora, 1825, n° 36 et omnes recent. auct. (non Lin.) GALEOPSIS PRŒCOX, Jord. La plante que M. Jordan décrit sous ce nom fleurit deux mois avant le G. Tetrahit, Lin., dès les premiers jours du mois de juin. Elle se trouve dans les champs et les fossés, non loin du Rhône, à Saint-Font, près de Lyon. Elle se distingue surtout par ses graines plus grosses que celles des G. Tetrahit et bifida, Boenu. Ses fleurs sont d'un blanc rosé et assez petites. EUPHORBIA ESULA, Liu. : ' D’après M, Jordan, onze espéces distinetes sont comprises, du moins implicitement, dans l'Euphorbia Esula de beaucoup d'auteurs, car les Caractères qui les séparent sont, à peu de chose prés, équivalents. Ces espèces sont les suivantes, pour lesquelles il indique les caractères distinctifs e l'habitat : 4. £. Pseudo-Cyparissias, Jord.; 2. E. Esula, Fl. dan. ; 3. E. mosana, Lej.; h. E. esuloides, Jord. ; 5. E. Loreyi, Jord. (E. pini- folia, Lorey, non Lamk.); 6. E. Fleuroti, Jord.; 7. E. riparia, Jord. ; 8. E. ararica, Jord. ; 9. E. salicetorum, Jord. ; 10. E. salicifolia, Host; M. E, lucida, Walds. et Kit. M. Jordan donne ensuite la diagnose déve- loppée de ses Euphorbia Pseudo-C yparissias, Fleuroti, riparia et ararica. Il annonce qu'il décrira plus tard les E. Zsula de Prusse, esuloides de Fontainebleau, Loreyi de la Côte-d'Or, et salicifolia de Montpellier. — L'Euphorbia Pseudo-Cyparissias, Jord., se distingue de lE. Cyparissias Par ses ombelles à rayons moins nombreux et moins rigides 5 par les folioles des involucelles du double plus grandes et au delà, évidemment mucro- nees; par les lobes de l'involucre propre des fleurs, plus saillants et plus longuement ciliés aux bords ; par les glandes plus grosses et plus larges, à cornes plus fines et du double plus longues, dressées ; par les lobes du stig- Mate plus spatulés, plus longs et plus étalés-recourbés. En outre, ses rameaux sont plus ctalés, ses feuilles sont plus allongées et plus aigués, étroites, Mais nullement capillaires; sa tige est plus haute, sa souche est tres tra- çante. Elle habite les saussaies et les lieux un peu humides des bords de la ne, près de Lyon. Elle fleurit dès le commencement de mai. — L'£u- Phorbia py euroti, Jord., diffère de IZ. mosana de M. Boreau par ses ombelles 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. beaucoup moins amples, à rayons toujours très brièvement dichotomes à leur sommet, et dont les involucelles sont plus petits, surtout les terminaux ; par ses feuilles d'un vert jaunâtre et nullement glauques, plus régulière- ment rétrécies, à partir du milieu; par ses capsules plus déprimées ; par ses graines un peu plus grosses, de couleur unie et sans marbrure ; par sa tige verte et par sa floraison plus tardive de quinze jours, qui a lieu en juin ou vers la fin de mai. Elle provient probablement des environs de Dijon.— L' Euphorbia riparia, Jord., est fort distincte de la précédente, dit l'auteur, par ses ombelles plus grandes et plus ouvertes, dans lesquelles les branches de la dichotomie sont bien plus allongées ; par ses involucelles plus grands et de forme un peu différente; par ses feuilles d'un vert plus pâle, et bien plus régulièrement linéaires ou oblongues-linéaires. Elle se trouve dans les champs des bords du Rhône et de la Saône, près de Lyon. Elle fleurit en mai et juin. — L’ Euphorbia ararica, Jord., par la forme et la largeur de ses feuilles, tient le milieu, dit M. Jordan, entre l'espéce précédente et lE. salicetorum ; la forme des involucres ainsi que celle des glandes la séparent dela premiere ; son port moins robuste, ses ombelles moins amples et moins ouvertes, la forme des involucelles, plus élargis transversalement et non rétrécis vers la base, la distinguent de la seconde. Ses feuilles ne sont pas glauques et sont généralement allongées; ses graines sont plus grosses, et elle fleurit plus tard. Elle se trouve dans les saussaies et sur le bord des fossés, sur les rives de la Saóne, prés de Lyon. Elle fleurit à la fin de mai et en juin. Turra PLATYsTIGMA, Jord. (7. Didieri, Gr. et Godr., Fl. de Fr., lll, p.177, non Jord.). Cette Tulipe diffère du T. Didieri, Jord., par sa fleur odorante, d'un pourpre pâle, lilacé et non vif; par son périsone moins renflé, à lobes beaucoup moins rétréeis vers la base, très obtus au sommet, portant dans le bas une taehe de moitié plus petite, non bordée de jaune au sommet, mais munie sur les côtés d'une large bordure blanchâtre ; par les stigmates plus larges, moins relevés en dessus et plus prolongés dans le bas contre l'ovaire, à marge plus ondulée et chargée de papilles plus saillantes ; par sa capsule d'un tiers ou de moitié plus grosse, beaucoup plus allongée et moins renflée, moins rétrécie aux deux bouts; par ses graines plus longues que larges et non aussi larges que longues; par ses feuilles moins glauques moins ondulées, plus larges ; par sa tige plus basse et plus épaisse, flexueuse. Elle croit à Guillestre (Hautes-Alpes). Cultivée à Lyon, elle y fleurit vers les premiers jours de mai. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 Ueber Camforosma ovata, Waldst. et Kit., und annua, Pall. (Sur les Camforosma ovata, W. K. et annua, Pall.) ; par M. E.-R. de Trautvetter, de Kiew (Bull. de la classe physico-mathém. de l’ Acad. impér. des sc. de Saint- Pétersbourg, XIV, n° 12, col. 177-181). De la discussion à laquelle il se livre dans cet article, M. Trautvetter tire la conelusion que C.-A. Meyer a eu raison de rapporter le Camforosma annua, de Pallas, au C. ovata, Waldst. et Kit., et que les Camforosma annuels observés sur les bords du Dnieper, du Wolga et de l'Irtyseh ne se distinguent pas méme comme variétés de la plante de Hongrie. Icones Flori germanice et helveticæ simul terrarum adjacentium ergo medic Europæ, auctoribus L. Reichenbach et H.-G. Reichenbach fil., vol. XVIJ, dec. VII-X. In-4°. Lipsiæ. Une circonstance particulière a fait publier dans le Bulletin le relevé des espèces figurées dans les décades XI et XII avant celui des décades VII-X. Nous comblons aujourd'hui cette lacune. Décade VII. Planches 1102. Cortusa pubens, Schott adj. Nyman et Kotschy. Primula Thomasinii, Grev. Godr. — Androsace arachnoidea, Schott adj. Nym. et Kotse. — 1103. Primula brevistyla, DC. ; P. confinis, Schott; P, spectabilis, Tratt. var. microcalyx ; P. ciliata, Schrank.—1104. P. Wulfeniana, Schott, —1105. P. spectabilis, Tratt.; P. Facchinii, Schott. —1106. P. helvetica, Don; P. intermedia, Tratt.— 1107. P. Kitaibeliana, Schott ; P. commutata, Schott; P. villosa, Jaeq. — 1108. P. glutinosa, Wulf. var. exilis, Brügger; P. Muretiana, Moritzi; P. tyrolensis, Schott. — 1109. P, pubescens, Jaeq. — 1110. Androsace elongata, L.; A. sep- tentrionalis, L.; A. filiformis, Retz.— 1111. A. maxima, Lin. ; A. lactea, Lin. ; A, obtusifolia, All. et var. aretioides, Gaud. Décade VIII. Planche 1112. Androsace carnea, Lin. ; A. villosa, Lin. ; A. Chamæjasme, Host. — 1113. A. pubescens, DC.; A. imbricata, Lam. ; A. helvetica, Gaud.—1114. A. alpina, Lin. ; A. Charpentieri, Heer; A. Heerii, Koch, — 4115, A, Hausmanni, Leybold ; A. Wulfeniana, Sieber. — 1116. A. Vitaliana, Lap. Littorella lacustris, Linn. — 1127 (1). Glaux maritima, Lin. Coris monspeliensis, Lin. — 4128. Plantago major, Lin.; P. Cornuti, Gouan, — 1129. P. uliginosa, Baumg.; P. gentianoides, Sibth. Sm. ; P.'media, Lin.; P. albicans, Lin.; P. argentea, Chaix. — 1130. P. lan- Ceolata, Lin,; p. serraria, Lin.; P. Coronopus, Lin. —1131. P. recurvata, Koch; p, crassifolia, Forsk.; P. serpentina, Vill. Décade IX, Planche 1132. Plantago maritima, Lin.; P. alpina, Lin.; P. carinata, Schrad, ; P. subulata, Lin. — 41133. P. Bellardi, All.; P. Lago- (1) A partir du numéro 417 inclusivement, le chiffre des planches a été gravé, Par erreur, trop fort d'une dizaine. L'erreur se reproduit dans le texte. T. mH. 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pus, Lin.; P, minor, Fries. — 1134. P. montana, Lam.; P. saxatilis, MB.; P. fuscescens, Jord.; P. monosperma, Pourr.—1135. P. tenuiflora W. K.; P. Weldeni, Rchb. ; P. Psyllium, Lin. — 1136. P. cynops, Lin. ; P. are- naria, W. K. — 1137. P. intermedia, Gilib.; P. media, Lin.; P. lanceo- lata, Lin. et var. Timbali. — 1138. Plumbago europæa, Lin. — 1139. Goniolimon taurícum, Boiss. —1140. Statice Behen, Drej.; St. Bahusiensis, Fries. — 1141. St. serotina, Rehb.; St. Gmelini, W. | Décade X. Planche 1142. Statice Dodartii, Girard.; St. occidentalis, Lloyd; St. caspia, Willd. — 4143. St. confusa, Godr. Gren.; St. virgata, W. — A1A^. St. rupicola, Bad.; St. minuta, Lin.; St, dietyoelada, Boiss. — 1145. St. cordata, Guss. ; St. articulata, Loisel. — 1146. St. pubescens, DC.; St. eancellata, Bernh.—1147. St. ferulacea, Lin.; St. diffusa, Pourr.; St. echioides, Lin. — 1148. Armeria maritima, W.; A. vulgaris, W. var. purpurea, et var. humilis Meyer. — 1149. A. scabra, W.; A. vulgaris, W. — 4150. A. alpina, W.; A. canescens Boiss. — 1151. A. plantaginea, W. et var. brachylepis, Boiss. ; A. longearistata, Boiss. Reut. Resedaceæ aliquot nove vel nondum deseriptæ : par M. Mueller, conservateur de l'herbier de M. de Candolle (Botan. Zeit. du 18 janvier 1856, n° 3, col. 33-40). Voici l'indication des espèces décrites dans ce mémoire: 1. Reseda propinqua, R. Br. (R. Gayana, Balansa, PI. sèches d’ Algérie, n* 876 (1853), non Boiss.) Afrique méditerranéenne : Tripoli, Biskra. ji diffère du Reseda Gayana, Boiss., dont il a le port, par sa grappe plüs chargée de fleurs, par ses pétales semblables entre eux, par le manque de disque et par ses graines plus grosses. — 2. Reseda collina, 3. Gay, in Explor. scient. del'Alg., t. LXXI, fol. 2 (fig. sans deser.). Oran, à la Batterie-Espaguole et la Grande-Falaise. Il est voisin par le portdu À. Phy- teuma, Lin. ; mais il se distingue par ses capsules presque globuleuses, par ses sépales moius grandis sous le fruit, par la forme des pétales, par les filets non dilatés sous les anthères, ete. — 3. Reseda neilgherrensis, n. SP monts Neilgherry (R. F. Hohenac., PL. exs., 419 in hb. DC.). Très voisin du Reseda odorata, Lin. — Reseda microcarpa, n. sp. Perse, près de Karadagh : port du Æ. armena, Boiss., mais capsules beaucoup plus grosses, finalement presque pendantes et graines très grosses. — 5, Reseda Alphonsi, n. sp. (R. atriplicifolia, Balansa, Pl. sèc. d'Alg., ne 875, non J. Gay.) Algérie, pres de Biskra. La plus belle espèce du genre, ne se rapprochant par le port que du X. Aucheri, Boiss, — Reseda muricata, Presl., Bot. Bemerk., p. 8 (1844), sans deser. (R. pruinosa, Un. itin. Schimp., PI. exs. sinaic., n° 103, non Delile. Sinai, Arabie-Pétrée, mer Morte. var. B canescens, Palestine et Arabie-Pétrée. Voisin du A. pruinosa, Del., et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 431 ressemblant beaucoup au R. stenostachya, Boiss. — 7. Reseda Buhseana, n, Sp. (R. tripartita, Buhse, ined. in hb. Boiss.). Midi de la Perse, ainsi que sa var. B multicaulis. Sans affinité marquée avec aucune espèce du genre. — 8. Reseda Reuteriana, n. sp. (R. stricta, Munby, FI. d'Alg., non Pers. R. saxatilis, Balansa, PL, sèc. d' Alg. (1852), n° 201, non Pourr.) Oran et Mostaganem, ainsi que la var. B brachycarpa. Très voisin du R. stricta, Pers., mais plus haut et moins resserré, racine multicaule, feuilles plus disséquées, à divisions spatulées, divergentes, surtout fleurs, Capsules et graines plus grosses. — 9. Reseda Boissieri, n. sp. Égypte, entre Calirà et Suez. — 10. Reseda Duriæana, J. Gay, in Expl. scient. de l'ÀAlg., t. LXXI, fol. 1 (fig. sans deser.). Algérie. Ressemblant beau- coup àu À. collina, J. Gay, mais entièrement différent par la forme des pétales, lé nombre des ovules et les graines très lisses. — 11. Reseda papil- losa, n. sp. Constantine. Íl se rapproche, à plusieurs égards, du Reseda Duriteana, 3. Gay, mais il s'en distingue très bien par les papilles qui revêtent toutes ses parties, par sa racine ligneuse, par ses pédoneules plus longs, par ses pétales de configuration différente, ete. — 12. Reseda clausa, Rchbe., inéd. in hb, Perse. — 13. Holopetalum spathulatum, J. Müll. (Reseda spathulata, E. Meg., in Drège Pl. exs. ; et Drège, Docum, p. 94, in Flora, 1843). Cap de Bonne-Espérance. — 14. Holopetalum Burchelli, D. Sp. Cap de Bonne-Espérance, — 15. Resedella Dregeana, J. Müll. (Reseda dipetala, Drège, Pl. exs. Cap. et Flora, 1843). Cap de Bonne- Espérance. Filices Lechlerianæ, chilenses ac peruanæ, cura R.-F. Hohenackeri editæ, auctore G. Mettenius. Broch. in-8° de 30 pag. et 3 pl. gravées sur pierre. Leipsig, 1856 : chez Léopold Voss. Le nombre des espèces inscrites dans ce catalogue est de 144, qui se distribüent de la manière suivante : 126 Fougéres, 2 Équisétacées, 9 Lyco- podiacées, 5 Sélaginellées, 2 Rhizocarpées. Sur ce nombre, 17 sont l'objet Tune description: ee sont les suivantes, parmi lesquelles la plupart sont entièrement nouvelles. FOUGÈRES. Polypodiacées : Acrostichum Lechleria- Num, n, sp. Polybotrya Lechleriana, n. sp. (tab. 1). Polypodium tenui- sectum, BI. (tap, 2, fig. 1-3); P. Vittaria, n. sp. Gymnogramme mohriæ- formis, Kunze, Herb. Pteris coriacea, Dsv. ; Pt. flexuosa, n. sp. Blechnum &euminatum, J.-W. Sturm. Diplazium Lechleri, n. sp. (tab. 2, fig. 10). Hypolepis pteroides, n. sp. (tab. 3, fig. 7-13); H. Pœppiggiana, n. sp. leniscium giganteum, n. sp. Aspidium multifidum, n. sp. Oleandra micans, Kunze, Microlepia inzqualis var. nigrescens (Davallia nigrescens, Kunze, Herb.), — Cyathéacées : Cyathea microphylla, n. sp. (tab. 3, f. 1-6). — LvcoPoprACÉss, Lycopodium compactum Hook. 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Observations sur diverses Algues microscopiques, par M. Herm. [tzigsohn (Voy. Botan. Zeit., du 18 janv. 1856, n° 3, eol. 46-47). A la séance de la Société des amis de l'Histoire naturelle, de Berlin, qui a été tenue le 48 décembre 1855, M. Al. Braun a communiqué des obser- vations du docteur Itzigsohn, de Neu-Damm, sur différentes Algues mieroscopiques, notamment sur une nouvelle espèce de Characium, C. pha- noides, Itz., qui est presque globuleuse, avec un court pédicule et une épine terminale droite. On la trouve sur les soies des Zulbochæte. Ces observations portent aussi sur la formation des zoospores du Chroolepus, sur l'organogénie du Palmodactylon varium et sur le nouveau genre de Palmellacées Staurocystis. Enfin il y est question du genre Spirotænia, établi en 1846 par M. Brébisson. Le Spirotænia condensata, Bréb., pos- séde un ruban spiral simple, dont les tours s'élévent, selon l'áge, à 8-16. Le Sp. obscura, Ralfs, présente 5-8 rubans spiraux parallèles. Ces deux espèces, qui n'avaient éte vues encore qu'en France et en Angleterre, ont été retrouvées par M. Itzigsohn, près de Neu-Damm. Ji en a découvert, en outre, une troisième espèce qu'il a nommée Spirotænia erythroce- phala, dont les caractères consistent dans un seul ruban spiral à tours lâches et dans des pointes rouges. Les Spirotænia rappellent d'un côté les Clostéries, de l'autre les Spirogyra, desquels ils se distinguent, abstraction faite de la végétation unicellulaire, par la direction du ruban spiral, qui tourne à gauche dans les premiers, à droite dans les derniers. A ces faits se rattachent des remarques sur la constance dans la direction de la spire de plusieurs végétaux et objets microscopiques, desquelles il résulte que presque toutes les figures publiées manquent de certitude sous ce rapport. Les filaments en vis des Spirulines, et les chaines faiblement tordues des Desmidies se dirigent vers la droite. C'est aussi la direction du mouvement de torsion des Oscillaires. Le fil spiral, simple ou multiple, des élatères des Hépatiques tourne à droite, tandis que ceux qui s'enroulent autour des spores des Equisetum, ainsi que les fibres spirales qui se montrent daus les cellules du sporange de ces végétaux, marchent vers la gauche. Les cel- lules spirales du eapillitium des 7richia sont dextrorses; les spermato- zoides des Fougères sont sinistrorses, tandis que ceux des Characées sont dextrorses. Les poils de l'Ortie sont rayés vers la droite, Essai d'une nouvelle classification des Lichens (2* mém.): par le docteur W. Nylander (Mémoires de la Soc. impér. des sciences naturelles de Cherbourg. In-8° II, 1855, p. 161-202) Dans un premier mémoire, qui a été imprimé dans le 2° volume des Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, M. Nylander g, M. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 a posé les bases générales de sa classifieation des Liehens. Dans son second mémoire, il expose en détail cette classification, qui repose sur l'étude simultanée des formes extérieures et de tous les appareils organiques de ces végétaux, à savoir : du thalle, des fruits et des spermogonies. Nous pré- senterons le relevé de cette classification, à laquelle l'auteur rapporte non- seulement tous les genres de Lichens d'Europe, mais encore tous les genres exotiques connus de lui. L'exposé de M. Nylander présente pour chaque genre l'indication des caractères distinctifs et l'énumération des espèces qu'il comprend. Les familles et tribus sont indiquées seulement par leurs noms, leurs caractères ayant été donnés dans le premier mémoire. Nous distinguerons par le mot exotique (exot.) les genres étrangers à l'Europe. CLASSIS LICHENUM. — Fam. I. COLLEMACEI. Trib. I. Zichinei. Gonionema, Nyl. — Ephebe, Fr. — Lichina, Ag. — Pterygium, Nyl. Trib. II. Collemei. Synalissa, DR. — Paulia, Fée (exot.). — Ompha- laria, DR. et Mont. — Collema Ach. — Leptogium, Fr. — Obryzum, Wallr. — Phylliscum, Nyl. Fam. II. Myrrancracer. Trib. T. Myriangiei. — Myriangium, Mont. et Berk. Fam. III. Licaenacer. Series 4. CONIOPHOREI. Trib. I. Calicioidei. —Traehylia, Fr.— Calicium, Ach.— Coniocybe. — Sphinctrina, Fr. Trib. IT. Sphærophorei. — Sphærophoron, Pers. Series 2°. CLADONIOIDEI. Trib. HI. Bœomycei. — Bæomyces, Pers. Trib. IV. Cladoniei. — Cladonia, Hoff. Trib. V. Stereocaulei. — Stereocaulon, Schreb. Series 3*. RAMALODEI. Trib. VI. Æoccellei. — Roccella, Bauh. Trib. VIL. Usneei — Usnea, Hffm. — Neuropogon, Nees et Fw. — Chlorea, Nyl. Trib. VIII. Ramalinei. — Alectoria, Ach. p. p. — Evernia, Ach. — Dufourea, Ach. — Ramalina, Ach. Trib. IX. Cetrariei. — Cetraria, Ach. — Platysma, Hffm. Series 4^. Puyrioprt. Trib. X. Peltigerei. — Nephroma, Ach. — Peltigera, Hffm. — Solorina, Ach. Trib. XI. Parmeliei. —Sticta, Ach. — Ricarolia, DN. — Parmelia, . Ach. — Physcia, Fr. Trib. XII, Gyrophorei, — Umbilicaria, Hm, 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Series °’. PLACODEI. Trib. XIII. Lecanorei. — Subtrib. I. Psoromei. — Psoroma, Fr. — Subtrib. II. Pannariei. — Erioderma, Mont. (exot.). —Pan- naria, Del. — Coccocarpia, Pers. (exot.). — Cora, Fr. (exot.). — Dichonema, Nees (exot.). — Subtrib. III. Amphilomei. — Amphiloma, Fr. p. p. — Subtrib. IV. Sguamariei. — Squa- maria, DC. — Subtrib. V. Placodiei. — Placodium, DC. — Subtrib. VI. Lecanoræ sensu strictiori. — Lecanora. —- Pel- tula, Nyl. (Alger). —Glypholecia, Nyl. (Alger).—Urceolaria. — Dirina, Fr. — Pertusaria, DC. — Phlyctis, Wallr. — Thelotrema, Ach. Trib. XIV. Lecidinei. — Cænogonium, Ehrenb. (exot.). — Lecidea, Ach. — Gyrothecium, Nyl. Appendix. — Gomphilus, Nyl. — Mycoporum, Fw. et Zw. Trib. XV. Xylographidei. — Xylographa. Fr. — Ágyrium, Fr. p. p. Trib. XVI. Graphidei. — Graphis, Ach. — Opegrapha, Ach. — Pla- tygrapha, Nyl. — Stigmatidium, Mey. — Arthonia, Ach. — Lecanactis, Eschw. — Pseudographis, Nyl. — Chiodecton, Ach. — Glyphis, Ach. Series 6. PYRENODEI. Trib. XVII. Zndocarpei. — Thelocarpon, Nyl. — Normandina, Nyl. — Endocarpon. — Verrucaria. — Limbaria, Fr. — Thele- nella, Nyl. — Endococcus, Nyl. — Strigula, Fr. — Thelopsis, Nyl. — Trypethelium, Ach. Voici le tableau des espèces d'Europe et de France que renferment les tribus dont on vient de voir le relevé : Espèces d'Europe. Espéces de France. . Lichinei, , . ... 5 5 . Collemei, , . . .. A6 36 . Myriangei. . . .. 1 1 . Calicioidei. . . , . .. 28 24 . Spherophorei. . . 3 2 19 Beomycei. . . ,. . Cladoniei . . . Stereocauli. . 9. Hoccellei 10. Usneei 3 3 25 9 3 *« ». ... 5 A 11, Ramalinei, . . .. 19 10 12 49 DNOE CR 12. Cetrariei 13. Peltigerei 14. Parmeliei LLL 15. Gyrophorei , . . . 11 11 16. Lecanorei, . . ,. 99 80 17. Lecideinei. . . ,. 117 89 18. Xylographidei. . . | b 9 19. Graphidei. . ... 48 36 20. Endocarpei, . , . . 53 45 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 Dans un appendice à son mémoire, M. Nylander publie 14 espèces de Lichens de France, dont il donne la diagnose et dont voici les noms: Col- lema diffractum, Trachylia lecideina, T. subsimilis, Lecanora constans, Lecidea xanthella, L. collematoides, L. trachylina, L. incana, Xylographa hysterella, Opegrapha monspeliensis, O. lutulenta, O. saprophila, Arthonia ruderalis, Thelopsis rubella. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. On some small seed-vessels (Folliculites minutulus Bron), from the Bovey Tracey coal. (Sur quelques petits fruits (Folliculites minutulus, Bronn) du lignite de Bovey Tracey) ; par le docteur J.-D. Hooker (Proceedings ofthe geological Society, séance du 13 juin 1855, xr, pag. 566-570, pl. xvii). Ce fruit remarquable a été signalé et communiqué à l’auteur par feu E. Forbes. D'autres échantillons ont été fournis ensuite par le docteur Croker dans une colleetion d'échantillons de la série de couches de tourbes et de lignites de Bovey Tracey donnée par lui au musée de Kew. D'après la description tracée par M. Croker, le corps de cette formation consiste : l*en une couche de tourbe contenant des trones d'un arbre qui n'existe plus dans le voisinage immédiat, et que M. D. Hooker croit être l’ Acer campestre. 2 En lignites, dont les couches supérieures ont fourni un cône identique avec celui du Pinus sylvestris. Ces lignites sont formés de bois de Coni- feres. 3* Sous les couches supérieures du lignite setrouve une couche épaisse de sable granitique ferrugineux. 4° Ensuite viennent dix assises de bon lignite, dont les supérieures sont séparées par des couches d'argile bleue. Au-dessous de l'argile bleue se trouve la couche épaisse qui contient les Fol- liculites répandus en grand nombre sur la surface des lames du lignite et un peu enfoncés dans sa substance, comme s'il était mou lorsque le dépót s'est produit. Ils reposent toujours sur le cóté plat, comme s'ils étaient arrivés en flottant aux places qu'ils occupent. Il est vrai que leur forme comprimée peut aussi étre due à la pression. M. D. Hooker donne les caractères détaillés du genre Fol/iculites, Bronn, et l'historique de ses espèces, dont la première, Folliculites thalictroides, Zenker, a été décrite d'abord par M. Alex. Brongniart dans les Annales du muséum (xv, p. 382, pl. 33, f. 17)sous le nom de Carpolithes thalictroides. Quelles que soient les vraies affinités des Folliculites, M. D. Hooker pense que ce fossile n'a aucun rapport ni avec les Naïadées ni avec les Renoncu- lacées. Il en a examiné 25 échantillons en état parfait quant aux enveloppes qu'il présente, mais dont il a été impossible de faire de bonnes sections, et dont le tissu interne n'a pu étre étudié que sur des fragments. 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les fossiles rapportés par M. D. Hooker au Fo/liculites minutulus, Bronn, présentent une enveloppe externe, qualifiée par lui de Sporange. Les parois en sont denses, opaques, épaisses et fragiles, composées de plusieurs rangées de cellules serrées ; sa surface externe est ondulée et pointillée ; son sommet épaissi est arrondi et strié verticalement. Les surfaces de déhiscence sont lisses et polies, et un sillon ou canal conduit du baut de la cavité interne au sommet du fossile. La surface interne de ce sporange est formée d'une couche de cellules plus grandes, oblongues ou linéaires, souvent prolongées en sac à leur base et en cônes proéminents au sommet. La cavité de ce sporange est ovale-oblongue, un peu resserrée au-dessus de sa base, et elle contient un sac membraneux, hyalin, adné au fond resserré de la loge, rétréci vers son extrémité, qui s'ouvre latéralement vers le sommet par une fente courte. Ce sac est le sac sporulaire. Il ressemble beaucoup à celui du Carpolithes Ovu- lum (1) pour son insertion, sa nature membraneuse, etc. ; mais il se distingue par plusieurs partieularités de sa forme et par sa structure anatomique, no- tammeut par sa fente de déhiscence située au-dessous de son extrémité étroite et aigué, ensuite par ce qu'il est formé d'une seule couche de tissu eellulaire trés comprimé. Ce sae ne contient que de trés petits corps que M. D. Hooker regarde comme des spores, et qui sont sphériques ou oblongs, transparents, de différentes grandeurs. Les affinités des Folliculites sont extrêmement obscures. M. D. Hooker regarde comme probable que ce fossile, ainsi que le Carpolithes, peut bien avoir appartenu à un groupe de plantes plus voisin des Fougères que de tout autre groupe naturel existant actuellement, si méme il n'appartenait pas à l'Alliance filicoide. Il ne croit pas qu'il soit possible d'établir pour ces restes fossiles une famille partieuliére. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Deutschlands Forsteultur-Pflanzen (Zspces forestières de l'Al- lemagne), par M. Ferdinand Fiseali, avec une introduction par M. Léopold Grabner. in-8° de xt et 220 pages ; avec un atlas in-folio de 18 planches lithographiées en couleur. Vienne et Olmutz, 1856 ; chez Ed. Hoelzel. Cet ouvrage présente en style courant la description et l'histoire des espèces ligneuses de l'Allemagne, qui peuvent être considérées avec plus ou moins de raison comme entrant dans la formation des bois et des foréts. La partie botanique en est traitée avee peu de développement, on pourrait presque dire supprimée, et toute l'attention de l'auteur s'est portée sur l'his- toire forestiere des végétaux livneux. Cependant le botaniste pur peut encore lire avec fruit les observations consignées dans ce livre, surtout au sujet du (1) Bull. de la Soc, bot, de France, t. I, p. 76, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 développement des racines et des tiges, considéré soit en lui-méme, soit au point de vue de l'influence qu'exercent sur lui le sol, l'altitude, le cli- mat, ete. Quant au sylviculteur, il trouve dans le chapitre relatif à chaque espéce, un résumé des faits les plus intéressants qui la concernent. L'ou- vrage est éerit entierement en allemand. Les planches in-folio qui forment l'atlas sont bien exécutées. Les figures de port sont fideles, de grandeur na- turelle, et elles sont accompagnées de détails analytiques en général mieux soignés que ne sont ceux qu'on est habitué à voir dans les ouvrages des forestiers. Plusieurs espèces sont réunies sur chacune d'elles, de telle sorte que les 18 planches qui composent l'atlas illustrent 66 espèces différentes. Essai sur quelques plantes utiles de l'ile Bourbon. Thèse présentée et soutenue à l'École de pharmacie de Paris, par M. J.-F.-D.-E. Vinson; in-4 de 25 pages. Paris, 1855. Cette thèse est divisée en trois chapitres, consaerés chacun à une plante : I. Siegesbeckia orientalis. Cette composée annuelle, spontanée dans l'Inde et simplement cultivée dans les îles Maurice et Bourbon, reçoit des créoles les noms vulgaires de Guérit-vite, Herbe divine, Colle-colle, Herbe de Flacg, dont les pre- miers indiquent quelle haute opinion on a de ses propriétés médicinales. L'analyse de ses feuilles a donné à l'auteur un principe aromatique, oléa- Snéux, jaune-verdátre, trés soluble dans l'éther; une résine verte soluble dans l'éther et dans l'alcool; une résine brune soluble dans l'alcool; un principe amer, trés soluble dans l'eau; de la gomme. C'est àu principe extractif amer que M. Vinson rapporte les vertus curatives du Siegesbeckia orientalis. Cette plante lui doit une amertume extréme qu'on reconnaît trés facilement en en máchant la feuille. Les Indiens l'emploient comme sialagogue et masticatoire ; on l'emploie aussi comme tonique, sti- mulante et apéritive; mais c’est surtout en qualité de dépuratif que ses feuilles ont une haute importance. Voici, du reste, comment l'auteur résume les propriétés de ce végétal : Le Siegesbeckia orientalis peut offrir au médecin de précieuses ressources dans certaines affections de la peau; 2° c'est un des remèdes les plus sûrs Contre le Tambave de Madagascar ; 3° dans les brûlures, les uleérations, son sue Produit des effets qu'on ne peut révoquer en doute; 4° comme stoma- chique, il peut remplacer avec efficacité les amers jusqu'ici connus en thé- l'apeutique, M. Vinson sienale ce fait remarquable que le suc de cette plante, étendu Sur une plaie, l'enduit d'un vernis analogue à celui du collodion, fait que 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rappelle le nom vulgaire de Colle-colle, et qui a beaucoup d'importance dans les pays chauds, oü le tétanos est toujours à craindre. Il. Histoire naturelle du Mouroungue (Moringa pterygosperma). Cet arbre, de la petite famille des Moringées, qu'Endlicher place, faute de mieux, à côté des Légumineuses, a très peu attiré l'attention des auteurs de traités de matiere médicale, et cependant l'auteur dit que, parmi les plantes médicinales de nos colonies, il n'hésiterait pas à lui assigner le pre- mier rang, à cause des grands services qu'il rend à l’art médical, à l'in- dustrie, à l'économie domestique. D’après lui, il existe à l'ile Bourbon deux variétés de cette espece, distinguées par la coloration des rameaux et des fleurs, et qui reçoivent de lui les noms de Mor?nga pterygosperma alba et M. pterygosperma rubra. Le Mouroungue, introduit, on ne sait à quelle époque, de l'Inde à l'ile Bourbon, y réussit merveilleusement. En un an, il atteint jusqu'à 2 mètres de hauteur. Son feuillage léger, 2-3-pinné, ses fleurs blanches ou roses, selon la variété, suspendues en grappes élégantes, le font rechercher comme espèce d'ornement. On en mange les feuilles et les jeunes pousses, nommées dans le pays brèdes, qui constituent une nourriture stimulante et forti- fiante, bonne surtout pour les phthisiques et les scorbutiques. Ses graines jeunes remplacent nos petits pois, et Bontius rapporte qu'elles sont fort re- cherchées sur les marchés d'Amboine. A l'état de développement complet, elles donnent une huile douce, sans odeur, qui ne rancit pas en vieillissant, qu'on emploie, concurremment avec l'Auile de Ben proprement dite, fournie par une espèce congénere, et sous le méme nom, soit dans la parfumerie, pour la composition des huiles odoriférantes, soit dans l'horlogerie, pour adoucir le jeu des rouages. Mais la grande importance du Morínga pterygo- sperma réside dans sa racine, dont l'écorce possede des propriétés rubéfiantes très prononcées. Cette racine, jaune, rougeátre ou blanchâtre, rugueuse, exhale, à l'état frais, une odeur absolument analogue à celle de la racine de Rai- fort; elle la perd par la dessiccation, mais elle la reprend si, après l'avoir pulvérisée, on met un peu d'eau froide sur la poudre qu'on en a obtenue. Cette substance a des vertus sinapisantes « de beaucoup supérieures à celles dela farine de moutarde (sinapis nigra), » et ses effets sont toujours iden- tiques. Pour s'en servir, on écrase dans un' mortier, et l'on réduit ainsi en pâte l'écorce fraiche de cette racine, ou bien, après l'avoir fait sécher, on la réduit en poudre à laquelle on ajoute de l'eau froide. L'auteur présume que la raeine de Mouroungue doit ses propriétés à une huile analogue à celles de la Moutarde noire et du Raifort. — II. Clematis mauritiana, Lamk., vulgairement nommé, à l'ile Bourbon, Liane arabique. Les feuilles de cette plante, employées fraiches, ont des propriétés vési- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 eantes énergiques, en raison desquelles on les substitue avec avantage aux eantharides. Seulement leur emploi exige des précautions, un contact trop prolongé avec la peau produisant des plaies profondes, qui peuvent aisément passer à l'état d'ulceres. On les emploie dans les divers eas où les cantharides sont indiquées. Quelques faits pour servir à l’histoire chimique et tech- nologique du marron d'Inde: par M. P.-H. Lepage. (Précis de l' Acad. des sc. , belles-lettres et arts de Rouen, année 1854-1855. Ti- rage à part en broch. in-8° de 15 pages.) L'objet principal de ce travail est de faire connaitre la composition chi- mique dela graine de l'ZZsceulus Hippocastanum, telle qu'elle résulte des analyses faites par l'auteur. Voici les résultats que l'analyse a donnés : c 45,00 Tissu végétal, ou parenchyme ..................4.... 8,50 Fécule..... . + 9 è 9 ee > 0$ * 17,50 Huile douce saponifiable . . . . . .. ev sn n gll nv grs + 6,50 Glucose ou sucre analogue . . . . . ee n n n sn n sgg ss. 6,75 Substance particulière d'une saveur à peine douceâtre. . , . . . . . . . . 3,70 Principe amer (saponine) . . . ....................4.. 1,55 Matières protéiques, albumine et caséine . .. e. « « « « + + + + + 3,835 Gomme Acide organique déterminé, Potasse, chaux, magnésie, chlore, acide el sulfurique, phosphorique, avec traces 1,55 Substances minérales. de silice. . .. .... cerne Dans un deuxième chapitre l'auteur s'occupe des applicatións du marron d'Inde. La substance qui s'y montre en plus grande quantité est la fécule, qui s'y trouve à très peu prés en même proportion que dans la pomme de terre. Cette fécule est, dit l'auteur, facile à extraire et à obtenir, d'une sa- veur douce, sans qu'il soit besoin d'ajouter aucun agent chimique à l'eau qui sert à en opérer le lavage. Selon lui, le meilleur et le plus simple moyen de | employer comme aliment serait de la consommer en nature, en potages au &ras par exemple, ou en bouillies au lait. On peut aùssi en faire ún pain d'un goût agréable en y ajoutant une fois et demie son volume de farine de froment. Le sucre qui existe dans cette graine pourrait faire penser à en obtenir de l'aleool. Mais M. Lepage croit que cette extraction n'aurait rien d'avantageux. En effet, les marrons contiennent trop peu de sucre ; leur infusion aqueuse fermente mal ou pas du tout, et la saponine la fait mousser à! point d'en rendre la distillation sinon impossible, au moins trés difficile. On peut aussi employer le marron d'Inde au blanchissage du linge, à cause de la saponine qu'il contient. 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Alcool d'Opuntia. Un journal allemand annonce qu'une société vient de s'organiser pour établir en Sardaigne des distilleries dans lesquelles on obtiendra de l'alcool au moyen des fruits de l'Opuntia. On sait que cette plante grasse, vulgai- rement connue sous les noms de Figuier de Barbarie, Figuier d'Inde, est extrêmement répandue aujourd'hui dans cette ile, où elle est entièrement naturalisée, ainsi que dans la plupart des parties les plus méridionales de l'Europe et dans le nord de l'Afrique. Or son fruit est extrémement sucré. On se rappelle méme que, à la date de quelques années, des industriels son- gèrent à en extraire en grand le sucre qu'il renferme. Il n'est done pas éton- nant que maintenant le prix élevé des alcools ait fait penser à en obtenir au moyen de ce fruit, ni que cette nouvelle branche d'industrie s'établisse en Sardaigne, oü la plante est si abondante que son produit y est presque sans valeur. MÉLANGES. Fertilité de Avoine. Dans le jardin de l'abbaye de Braunau en Bohême, on voyait cette année trois pieds d'avoine provenus chacun d’un seul grain et qui présentaient, l'un 440 chaumes de la grosseur d'une plume à écrire, le second 96 chaumes, le troisième 80. Age de quelques Ifs. L'If parait être celui des arbres de l’Europe qui peut vivre le plus long- temps. La mesure de ses couches ligneuses faite plusieurs fois avec soin a montré que, pendant les 150 premières années de son existence, son tronc gague chaque année un peu plus d'une ligne d'épaisseur, et que de 150 à 200 ans son accroissement annuel en épaisseur n'atteint pas tout à fait une ligue. D'après ces données, il est facile de voir que divers pieds de cet arbre qui existent dans la Grande-Bretagne remontent à une époque fort reculée. Il en existe plusieurs à la vieille abbaye de Fontaine, prés de Rippon, daus le Yorkshire, qui étaient déjà connus pour leur grosseur en 1133 et qui, en 1770 avaient atteint 1214 lignes de diamètre. Ils auraient donc aujourd'hui plus de douze cents aus. Ceux qui se trouvent dans le cloître de Crow- Hust, dans le comté de Surrey, mesuraient 1287 lignes de diamètre en 1660, d'apres Evelyn. Comme ils existent: encore ils doivent être âgés de quatorze cent cinquante ans. L'If de Fotheringhall, en Ecosse, avait envi- ron 2588 lignes de diametre en 4770 ; il avait done alors deux mille six cenis ans. Enfin celui qu'on voit daus le cloitre de Braburn, dans le Kent, avait une épaisseur de 2880 lignes en 1660. Son áge actuel est donc de trois mille ans, (Bonplandia.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1^4 Mittheilungen über einen neuen Apparat fuer mikros- kopiches Zeichnen (Note sur un nouvel appareil pour dessiner au microscope) ; par le prof. Wigand (Flora; n° du 28 novembre 1855, pag. 689-693). Cette note, dont M. Wigand est désigné comme l'auteur, n'est en réalité qu'une lettre du professeur Gerling, dans laquelle se trouvent exposés les détails de construction d'un appareil pour dessiner directement les objets vus sous le microscope. et quelques développements sur les principes de cette construction. Cet appareil est une Camera lucida ou Chambre claire, comme les mierographes en emploient tous les jours. Nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer que ni le principe sur lequel il est basé, ni les détails de sa construction ne sont nouveaux, et qu'il revient purement et sim- plement à la Chambre claire connue en France sousles noms de MM. Doyere et Milne Edwards, ses inventeurs, telle que la construit depuis plusieurs années notre habile et célebre opticien Georges Oberhaueser. La seule mo- dification que M. Gerling y ait apportée, consiste à substituer aux deux prismes à section de triangle rectangle deux petits miroirs d'acier, c'est-à- dire deux miroirs de Soemmerring. Or nous doutons fort que les microgra- phes regardent cette substitution comme un perfectionnement. La consé- quence qui nous semble découler de ces faits c'est que la Chambre claire de MM. Doyère et Milne Edwards doit être fort peu connue en Allemagne, tandis qu'elle l'est beaucoup en France. Quoi qu'il en soit à cet égard, voici en peu de mots quel est l'appareil décrit comme nouveau dans l'article de la Flora. Au-dessus de l'oculaire du microscope placé verticalement, M. Gerling dispose un petit miroir d’acier situé un peu à côté de l'axe de l'instrument sur lequel il est incliné d’un peu plus de 45 degrés. Par l'effet de cette situa- tion l'œil peut regarder directement les objets à travers le microscope en méme temps qu'il reçoit les rayons réfléchis par ce miroir. Un autre miroir Plus grand, placé vis-à-vis de celui-ci, et sous la méme inclinaison, réfléchit sur lui les rayons lumineux qu'il reçoit lui-même. Il résulte de là que si l'on promène un crayon sur un papier posé à côté du microscope, sur la table qui le porte, l'œil de l'observateur qui regarde dans l'instrument voit à la fois et l'objet directement et le crayon par double réflexion, c'est-à-dire Par le moyen des deux miroirs. L'effet total est tel que l'image de l'objet semble reportée sur le papier posé à côte du microscope, et que, voyant en méme temps le erayon, on n'a qu'à suivre avee celui-ci toutes les lienes de Cette image pour en dessiner une reproduction exacte. Ce peu de mots suffit pour montrer qu'il y a identité complète entre l'ap- pareil de M. Gerling et la chambre claire de MM. Doyère et Milne Edwards, Nous ajouterons cependant comme renseignement utile que la chambre elaire 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. construite avec les deux miroirs d'acier par M. Schubart, à Marburg, ne coûte que 3 thalers et demi (14 francs), tandis que le prix de celles qui sor- tent des ateliers de Georges Oberhaeuser, construites avec deux prismes, ne coûtent pas moins de 35 francs. NOUVELLES. — Nous avons sous les yeux le catalogue imprimé de la bibliothéque de feu G. W. Bischoff, le célèbre professeur de Heidelberg, dont la vente est annoncée comme devant avoir Jieu à Berlin, le 19 mai prochain. Cette col- lection est aussi nombreuse que précieuse par le choix des ouvrages qui la composent ; en effet, elle ne comprend pas moins de 1984 numéros, et toutes les parties de la science y sont bien représentées. On en jugera par le relevé suivant. Les livres de botanique inscrits au catalogue sont divisés en caté- gories de la manière suivante : 4° Bibliographie. Histoire de la botanique. Biographies : 62 numéros. — 2° Auteurs anciens : 64 numéros. — 3? Jour- naux, Collections : 69 numéros. — A? Traités généraux et systèmes : 120 numéros. — 5? Flores: 315 numéros.—6° Géographie des plantes et voyages: 80 numéros. — 7° Morphologie, Anatomie et Physiologie : 326 numéros. — 8° Cryptogames : 280 numéros. — 9° Phanérogames, Monographies : 468 numéros. — 10° Plantes nouvelles et rares : 81 numéros. — 11° Botanique appliquée, Horticulture : 89 numéros. — 12° Plantes fossiles : 30 numéros. La bibliothèque de Bischoff contient plusieurs grands et splendides ou- vrages à planches, tels que les Plantæ asiaticæ rariores de Wallich ; les grands ouvrages de MM. de Humboldt et Bonpland ; la plupart de ceux des Jacquin, notamment l Hortus schoenbrunensis, les Fragmenta, les Eclogæ, Hortus vindobonensis, les Oxalis, ete. ; les plantes grasses de De Candolle et Redouté ; la Flora japonica de Siebold et Zuccarini ; les figures et des- criptions de Champignons de Krombholz ; la PAycologia generalis de Küt- zing; la Bryologia europea de Bruch, Schimper et Gümbel ; le Species Muscorum d' Hedwig, avec les suppléments, ete. Parmi les grandes collections académiques et les journaux nous signale- rons la série complète des Mémoires de l'Académie du Danemark, en 12 vol. et 210 plan.; celle des Mémoires de la 1'* classe de l'Académie des Pays-Bas, en 25 vol. ; les grandes publications de l'Académie des sciences de Paris ; les collections de l'A//gemeine Gartenzeitung, de la Flora, de I /sis, de la Linnga, de la Botanische Zeitung, des mémoires de la Société d horticulture de Prusse, en 18 vol. in-4°, etc. Enfin nous ajouterons que la bibliotheque de Bischoff est riche en mé- moires détachés, et en tirages à part d'écrits publiés dans différents recueils ; en un mot, en travaux qui, pour la plupart, ne se trouvent pas dans le com- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 4143 merce de la librairie, et qu'on ne voit guère que dans les collections des savants, dont les relations scientifiques sont étendues. MM. R. Friedlaender et fils, à Berlin, Kurstrasse, 50 ; M. Gavelot jeune, rue des Bons-Enfants, 26, à Paris; MM. Williams et Norgate, à Londres, sont désignés sur le catalogue comme se chargeant de commissions pour la vente de la bibliothèque de Bischoff. Plantes à vendre. Hergter cLAssiQUE. Collection de cent plantes vulgaires, choisies parmi les familles mentionnées au programme du baccalauréat ès sciences. Toutes ces plantes, récoltées en fleur et en fruit, seront aecompagnées d'une éti- quette portant le nom générique, le nom spécifique, le nom vulgaire, la famille, la classe linnéenne, les caractères du genre et de l'espèce et les par- ties de la fructification disséquées et collées. Fixées sur des feuilles de papier blanc, elles formeront deux fascicules renfermés chacun dans un carton élé- gant, format in-folio. Le premier fascicule paraitra à la fin de juin pro- chain ; le second, vers le 15 août. Le prix de l'Herbier classique est de 20 francs, payables en deux parties égales, après la réception de chaque fascicule. S'adresser franco, avant le 10 mai, à M. LÉRÉ, professeur, à Pont-à- Mousson (Meurthe), rue du Camp, n° 8. BIBLIOGRAPHIE. Flora oder allgemeine Botanische Zeitung. Articles originaux publiés d partir du mois d'avril 1855. Hochstetter (Ch. F.)— Plantas novas africanas proponit et describit ; nos 13, 18, 21; p. 196-205, 273-285, 321-335. Lagger (D^). — Carex Dematreana, ein neues Riedgras für die Schweizer- flora. (Carex Dematreana, Cypéracée nouvelle pour la flore de Suisse) ; ne 13, p. 206-207. Landerer (D=). — Ueber die Bedeutung der Blumen im Altherthume. (Sur l'importance des fleurs dans l'antiquité) ; n° 44, p. 209-217. Caspary (Dr Robert). — Nachtrag zu meinem Aufsatz : Ueber Samen, Kei- mung, Specien und Naehrpflanzen der Orobanchen. (Supplément à ma note : sur la graine, la germination, les espèces et les plantes nourricières des Orobanches); n° 15, p. 225-237. Massalongo (A. D. P. B.) — De Cryptogamis nonnullis novis agri Vero- nensis ; n° 46, p. 251-24, pl. III. "Hfmeistr (W.).— Embryologisehes (Note embryologique) ; n° 17, p. 257- Ahh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nylander (D! W.). — Kritische Bemerkungen, ete. (Remarques critiques sur les deux fascicules des Lichens d'Europe publiés par M. Hepp); n° 21, p. 289-299. Traduction libre d'un travail publié dans le Bulletin de la Société botanique de France, I, p. 319. Leybold (Friedrich). — Ein botanischer Ausflug auf den Gaukofel in Süd- tyrol. (Une excursion botanique sur le Gaukofel, dans le Tyrol méri- dional); n° 20, p. 305-316. Leybold (Fr.). — Stirpium in Alpibus orientali-australibus nuperrime reper- tarum nounullarumque non satis adhue expositarum Icones quibus brevem ex recentissimis observationibus derivatam adjunxit descriptionem ; n* 22, p. 337-349, pl. IV-XV. Gümbel (Th.). — Eine eigenthümliche Art der Bildungsweise vom Kartof- felknollen. (Mode partieulier de formation du tubercule de la Pomme de terre) ; n° 24, p. 369-370. Strauss (Friedrich von).— Heutige Namen der von Schaeffer in « Fungorum Bavariæ et Palatinatus, qui circa Ratisbonam nascuntur, Icones abgebil- deten Pilze, ete. (Noms aetuels des Champignons figurés par Scbaeffer dans ses Zcones, etc.) ; n° 26, p. 501-413. Hochstetter. — Kritische Bemerkungen über einige exotische Grasgattungen, etc. (Remarques critiques sur quelques genres exotiques de Graminées et sur leurs especes, reetifiant les erreurs de différents auteurs, et particu- lierement donnant des éclaircissements sur plusieurs des Graminées publiées par l'Union itinéraire) ; n° 27, p. 417-432. Wolfner (D* Wilhelm). — Zwei neue Pflanzen-Arten aus Boehmen, etc. (Deux nouvelles espèces de plantes de la Bohême, [A//ium Opizii, Cytisus repens]); n° 28, p. 433-534. Schacht (Hermann). — Ueber die Befruchtung der Pedicularis sylvatica. Sur la fécondation chez le Pedicularis sylvatica) ; n° 29 et 30, p. 449-461, 565-476, pl. XVI. Nylander (W.) — Animadversiones quædam lichenograficæ ; n° 31, p. 481- A88. Sentder (0.). — Zur Bodenfrage der Pflanzen dienende chemische Analysen ausgeführt von D"C. Voith. (Analyses chimiques par le Dr C. Voith, ser- vant à éclairer la question des rapports des plantes avec le sol, etc.); n° 32, p. 499-510. Bamberger (G.). — Ein kleiner Beitrag pflanzengeographischen Inhalts. (Petite note de géographie botanique) ; n° 35, p. 545-547. Hasskarl (J, K.). — Ueber einige neue Gattungen der Sapotaceæ, welche Getah pertjah liefern. (Sur quelques nouveaux genres de Sapotacées, qui fournissent de la Gutta-percha); n° 37, p. 577-579, Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SEANCE DU 14 MARS 1850. PRÉSIDENCE DE M. DE SCHOENEFELD, VICE-PRÉSIDENT. M. de Scheenefeld, en prenant place au fauteuil, présente les ex- cuses de M. Passy, président de la Société, empêché de se rendre à la séance. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 février, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de: MM. CnETAINE (Alexis), interne en pharmacie, quai de Béthune, 26, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Comar. GUIART, pharmacien en chef à l'hôpital de la Pitié, à Paris, pre- senté par MM. Chatin et Fermond. M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1» Par M. Duchartre : Expériences sur la végétation des plantes épiphytes, et conséquences qui en découlent relativement à la culture de ces plantes. Paris, 1856. ) h A 2 : 2 Par M. Léon Soubeirau : Mémoire tendant à faire admettre au nombre des vérités démoutrées la théorie de Lahire sur l'origine et la direction des fibres l'gneuses dans les végétaux, par Poiteau, 1831. Essai sur la nature des substances connues sous le nom de gommes- résines, par J. Pelletier, 1812. 3^ De la part de M. Timbal-Lagrave, de Toulouse : A7 Note sur le Ranunculus tuberosus, Lap. T. Al, 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. h° De la part de M. Kleinholt : Causes et caractères de l'altération des pommes de terre, moyens de les préserver de la maladie, 1856. 5» En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société industrielle d'Angers, 1850 à 1853. Congrès scientifique de France, 2 vol. Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, t. VII, n 4 et 2; et Rapport de l'année 1855. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro de janvier 1856. L'Institut, février et mars 1856, trois numéros. M. Duchartre fait hommage à la Société de sa notice intitulée : Expériences sur la végétation des plantes épiphytes. M. J. Gay fait à la Société une communication intitulée : Revue du genre Asphodelus e£ des genres voisins (1). A l'occasion de cette communication, dans laquelle M. Gay a dit quelques mots sur la végétation del Agave americana, M. Balansa fait remarquer que cette plante, qu'il a pu observer fréquemment en Algérie, meurt inévitablement aprés sa floraison. Le pied qui fleurit est ordinairement, avant le développement de sa hampe florifére, entouré de rejets, qui le remplacent aprés sa mort. M. Cosson confirme ce fait. L'Agave se perpétue par des rejets qui naissent à l'aisselle des feuilles. Dans les haies d'Agave on arrache les pieds qui ont fleuri, et qui, dans aucun cas, ne peuvent continuer à vivre. M. Germain de Saint-Pierre ajoute qu'il en est de méme chez toutes les monocotylédones vivaces. Lorsque la plante-mére meurt, elle est remplacée par des rhizomes sortis de l'aisselle des feuilles, et terminés chacun par un bourgeon. Il cite comme exemple l Asphodelus luteus. M. de Schœnefeld rappelle que le mode de végétation des Semper- vivum a la plus grande analogie avec celui de l'Agave americana. M. de la Perraudière a vu, aux iles Canaries, l Æonium caspitosum présenter des faits semblables. M. Balansa est d'avis que les plantes monocarpiques sont beaucoup plus nombreuses qu'on ne le croit généralement. Il a vu souvent aussi (1) Cette communication devant être reproduite plus tard par M. Gay, avec de nouveaux développements, son insertion dans le Bulletin est ajournée. SÉANCE DU 14 mars 1856. 147 des rameaux qui sont réellement monocarpiques, et que pourtant on regarde parfois comme stériles, parce qu'ils ne fleurissent qu'après plusieurs années. Il a constaté entr'autres ce fait sur plusieurs Euphorbes. M. Léon Soubeiran donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qu'il a reçue de M. Orphanidés : Athènes, 1/43 janvier 1856. Mon cher camarade en Linnaeus, enm ees. De la réponse que je recevrai d'Allemagne, dépend en grande partie mon prochain voyage, et, si je pars pour l'Asie Mi- neure, soyez sûr que vous aurez une notice exacte sur le styrax et sur les autres objets de matière médicale du pays. Pour le moment je puis vous assurer d'une erreur de M. le professeur Guibourt. Le styrax liquide n'est pas le produit de l'arbrisseau Styrax officinale, mais provient d'un Liquidambar qui croit dans l'Asie Mineure, vis-à-vis de Rhodes. Cela résulte d'unéchantillon que l'on m'a apporté, mais en trop mauvais état pour pouvoir en déterminer l'espèce. Peut-être ce Liquidambar est-il nouveau, puisqu'il wa jamais été cité dans le monde scientifique? Un malheureux accident a fait périr les échantillons qu'on nous envoyait cette année ; mais j'espère plus lard les avoir moi-méme. De l'étude que j'en ai faite et de celle qu'en a faite de Son côté M. Crinos, pharmacien distingué d'Athenes, et élève de mon- Sleur votre père, nous croyons que le texte de Dioscoride au sujet du Styrax doit étre corrigé. Mais je reviendrai plus tard sur ce point et sur plusieurs autres analogues. J'ai vu par expérience combien le conseil que notre maitre Adrien de Jussieu me donnait, est vraiment infaillible. Il me dit un jour : « En fait de plantes des anciens, il ne faut pas prendre en consi- dération ce que les savants d'Europe en ont dit, mais il faut étudier les plantes de votre pays, les ouvrages des anciens, consulter les traditions des Peuples, et leurs préjugés méme, réfléchir mürement, et au bout de dix ans, communiquer le résultat de vos études aux corps savants. De cette manière, Je suis assuré qu'un Grec, résidant dans son pays, peut nous éclairer sur Une foule de questions insolubles encore, à cause de l'obscurité qui règne Sur le texte et les deseriptions des anciens auteurs. » Paroles dignes d'un Jussieu et conseil plein de sens, que j'ai toujours présent à l'esprit depuis Six ans, et dont je commence à goûter le fruit. Tout à vous, G.-Th. ORPHANIDÈS. M. Balansa fait observer qu'il n'y a pas de Liquidambar en Asie- mineure, Dans le Taurus, le Styrax est trés commun, mais M. Balansa n à pas appris qu'on employât dans le pays même la substance qui en 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. provient. Néanmoins, il a vu ses guides faire des incisions au pied des arbres et en obtenir ainsi un suc résineux. M. Soubeiran ajoute que M. Della Sudda l'a assuré que la substance connue en pharmacie sous le nom de styrax ne provient pas d'une espéce du genre qui porte ce nom. M. Francois Lenormant présente à la Société des empreintes de médailles antiques trouvées en Sicile, et fait à ce sujet la communi- calion suivante : NOTE SUR QUELQUES REPRÉSENTATIONS ANTIQUES DU CHAMÆROPS HUMILIS , pr M. FRANÇOIS LENORMANT. Il est peu de pays en Europe dont la flore ait autant changé depuis l'antiquité que celle de la Sicile. La plupart des plantes qui donnent un aspect si original et si frappant aux paysages de cette contrée viennent d'Amérique ou d’autres pays inconnus des anciens et sont d'une introduction comparativement très récente. Seul le Chamerops humilis remonte à lanti- quite. En voyant la plaine de Sélinonte couverte de palmiers nains, on ne pouvait s'empêcher de supposer que c'était à cette circonstance que Virgile, si exact dans ses descriptions, faisait allusion dans le vers : Teque datis linquo ventis, palmosa Selinus (1), et que Silius Italicus avait dù être frappé de la méme observation quand il eerivait, 5 e palmisque arbusta Selinus (2). Le Chamerops humilis était du reste parfaitement décrit, sous le nom de yopanprpts poik, par Théophraste (3) qui disait : Il pousse abondam- ment en Crète et encore plus en Sicile, € æakhot dE xat i tá Korn ytvoytat xot črt pahhos t» Th Etxkia (5). » Un devait done s'attendre à trouver quel- ques representations du palmier nain sur des monuments d'origine sicilienne. C'est à Sestini qu'appartient l'honneur. d'avoir reconnu le premier la figure de cet arbre sur une curieuse monnaie d'argent de Camarina, dont (A) LEn., MI, v. 705. (2) XIV, v. 199. (3) Hist. plant., V, 6, 11. — Pline (Hist. nat., XII, 9) s’est borné à traduire le passage de Théophraste. (4) Dioscoride (Mat. med., I, 149) mentionne aussi le Chamærops sous le nom de 421.2 sg ects, SÉANCE DU 14 mars 1856, 149 nous avons reproduit le revers au bas de notre planche (1). Je renverrai au mémoire de ce savant numismatiste (2), apres lequel je n'aurais rien à écrire sur ce sujet, si je n'avais pas, sur de nouveaux monuments, reconnu d'autres représentations du Chamarops qui me paraissent tout à fait dignes de l'attention de la Société. C'est d'abord une médaille d'argent de Ségeste, autre ville de la Sicile, où nous voyons, dans le champ du revers, la feuille en éventail du palmier nain, si facile à reconnaitre. Cette pièce, qui fait partie de l'admirable col- lection de M. le due de Luynes, est encore inédite; nous en devons une empreinte à la généreuse complaisance de son propriétaire, et nous en avons fait graver le revers au bas de notre planche (3). Le second monument que je crois devoir signaler à la Société est un vase peint de fabrique d'Agrigente, qui a déjà été plusieurs fois publié et que l'on trouvera encore reproduit dans l/fite des monuments céramogra- phiques (4) de mon père etde M. de Witte. Ses deux faces figurent au som- met de notre planche. Nous v voyons d'un côte Triptoleme assis dans son Char trainé par des serpents, entre Proserpine tenant un flambeau et Cérés tenant à la main des épis de blé; Cérès verse à Triptoleme le xuxe&wv, espèce de bière (5) qui jouait un grand rôle dans les mystères. Sur l'autre face ioni représentés Celéus, le vieillard qui accueillit Triptoleme dans l'At- tique, et ses deux filles. L'explication de ces diverses figures se trouve donnée tout au long, avec tous les développements nécessaires, dans le texte de l'ouvrage que nous venons de citer. Ce qui nous intéresse, ce sont les palmiers qui sur chaque face se trouvent des deux côtés de la composi- tion, Ces palmiers, quoique représentés d'une façon un peu grossière, comme le sont presque toujours les plantes sur les vases peints, ne sont sürement pas (1) Voici la description complète de cette médaille, dont un nouvel exemplaire est venu dernièrement enrichir la collection de M. ie duc de Luynes : Bouclier rond avec, au centre, le casque appelé aulopis. 8 KAM ARI. Palmier nain entre deux cnémides ou jambards. d (2) Lettere numismatiche di continuazione, t. I, p. | et sqq. n Cette médaille présente les mêmes types que les pièces publiées par Torre an desir, e i pente i rte ng cond Par Verrès (Cicer n lo j ne p emie e for l M mn ag | u leout in. Verr., act. IV, 33-36), et au revers un chien debout, I) T. I, pl, LIX et LX. Feu " run. d'après PIfymne homérique à Ceres (v. 203-204), était fail aven de Comme on Pa d orge (iagi) et des feuilles de menthe. Ce n eai pas une poui i " que l'ont dés e A assez généralement: jusqu'ici, mais une boisson fermone, s Les égyptien fonte mon père et M. de Witte (El. des mon. céres le HI, p. 9). : S faisaient usage d'une espèce de bière analogue, Hérodote (I, 77 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des dattiers (1), et nous devons y reconnaitre des Chamcerops ayant un grand développement, comme il s'en rencontre quelquefois. Les feuilles, pour se rapprocher de la forme du dattier que l'artiste avait probablement plus dans la main, sont représentées de profil, et on ne les voit pas s'étaler en éventail comme sur la médaille de Camarina. Maintenant, quel róle peut jouer la figure du palmier nain sur un vase relatif à Triptolème et au culte de Céres ? Pour le comprendre, il faut com- parer les autres représentations relatives au méme eulte et au méme ordre d'idées. Souvent, surles vases analogues à celui que nous publions de nouveau aujourd'hui, nous voyons une opposition établie entre l'état des hommes qui ont reçu le bienfait de l'introduction du blé, symbole de la science des mystères, et celui des hommes qui ne l'ayant pas reçu sont encore dans la barbarie, c'est-à-dire des non-initiés. C'est ainsi qu'un vase à figures noires dont on trouvera les peintures reproduites dans l’ Elite des monuments céra- mographiques (2) nous montre d'un cóté Triptoleme apportant aux hommes la culture du blé, et de l'autre les Amazones représentant les peuples barbares; « les Amazones sont ainsi nommées, dit le Grand Etymolo- » gique, de à et uaa, parce qu'elles ne faisaient pas leur nourriture de blé, » mais de serpents, de lézards, de tortues et d'autres animaux du méme » genre, » Ör: pao xat Tpopris o0 pectcyov, à) bgtot xa Ahots tert Onpiots ETpépoyto, copas xod yekwvars. Tl semble que sur notre vase il y ait une oppo- sition semblable, mais comment le C'hamærops humilis peut-il l'exprimer? Le grammairien Servius, en commentant le vers de Virgile que nous avons dit : « Ils se servent de vin fait avec de l'orge, leur pays n'ayant pas de vignes. » 1l est question de cette boisson dans le Rituel funéraire égyptien (Todtenbuch der Ægyptier, chap. 5, col. 5) : « Que je fortifie mon activité..... avec les liqueurs de grain rouge. » (1) La représentation du dattier est commune sur les monuments de l'antiquité. Sur les vases peints on la rencontre fréquemment, surtout sur ceux qui se rap- portent au culte d'Apollon (Elite des monuments céramographiques, t. II, pl. 14, XL, XLI, XLII), à cause du palmier de Délos sous lequel Latone avait mis au monde ses deux enfants (Homer., Hymn. in Apoll., v. 17, sqq., v. 117 ; Calli- mach., Hymn. in Del., v. 206, sqq.; Homer., Odyss., Z, v. 462). Le lecteur n'a qu'à se reporter aux peintures de vases que nous venons de citer, il verra les diffé- rences essentielles qui distinguent la représentation du Chamerops sur notre vase, du type habituel du dattier sur les monuments de la méme nature. Parmi ces peintures nous signalerons surtout celle de la planche I a de V Elite des monuments céramographiques, où l'on voit deux palmiers, l'un mâle et l'autre femelle, faisant allusion aux deux enfants de Latone, Apollon et Diaue. Les anciens, comme on sait, avaient déjà reconnu dans le dattier la différence des sexes et le phénomène de la fécondation. (3) T, IU, pl, LXV et LXVI, SÉANCE DU 14 mars 1856. 151 cité au commencement de cet article, s'exprime ainsi : Selinus civitas est Juxta Lilybœum, abundans palmis quibus vescuntur. Le cœur du palmier nain, on me permettra ce mot peu scientifique, fournit en effet un aliment dont on fait encore usage en Sicile, en Algérie, et dans tous les pays oü croit cette plante. Voici ce que disent à ce sujet MM. Spix et de Martius, dans leur magnifique ouvrage sur l'histoire naturelle des palmiers (1) : Usus hujus palme varius. Turionum et caudicum pars ima, ad collum radicis sub terra recondita, que. primo vere tenera esse solet atque sapore petiolos Cynare Cardunculi æmulatur, cocta comeditur ; pariter et infima frondium basis, gemmue in modum convoluta atque exteriorum frondium vaginis tecta, ut aliarum palmarum meditullium et gelatinosa medulla spadicum novel- lorum intra frondes reconditorum edi possunt, Berberi e turionum subter- raneorum parte molli et amylacea farinam rudem præparant. Cicéron, dans ses Verrines, décrivant la misère des matelots de la flotte deVerrés, nous les montre ainsi : Postquam paullum provecta. classis est, et Pachynum quinto die denique appulsa est, naute, fame coacti, radices palmarum agrestium, quarum erat in his locis, sicut in magna parte Sicilie, multitudo, collige- bant et his miseri perditique alebantur (2). Mais voici un autre passage bien plus curieux du méme discours : Cicéron raconte comment les pirates ciliciens, aprés avoir battu et brûlé la flotte du préteur romain, étaient entrés dans le port même de Syracuse: Radices palmarum | agrestium, quas in nostris navibus invenerant, jaciebant, ut omnes istius improbitatem, et ca- lamitatem Siciliæ possent cognoscere. Siculosne milites, aratorumne liberos, quorum patres tantum labore suo frumenti exarabant, ut populo romano totique Italiæ suppeditare possent ; eosne, in insula Cereris natos, ubi pri- mum fruges invente». esse d icuntur, eo cibo esse usos, a quo majores eorum cœteros quoque, frugibus inventis, removerunt ? Te pretore Siculi milites palmarum stirpibus, predones Siculo frumento utebantur (3). Ce passage de Cicéron ne peut plus nous laisser de doute sur le sens de la figure du Chamærops dans le monument que nous avons sous les yeux. Le Palmier nain y est représenté comme l'aliment dont les hommes se ser- valent avant que Triptoléme leur eût enseigné la culture des céréales. Nous avons aussi, sur ce monument fabriqué à Agrigente, une trace de la tradition Sicilienne que nous fait connaitre le grand orateur romain. Nous sommes amenés par là à rattacher à la méme tradition et au culte de Cérès, i Important en Sicile, les représentations du Chamerops que nous avons reconnues sur les monnaies de Camarina et de Ségeste. Les médailles de cette dernière ville nous offrent unc opposition absolument analogue à celle (1) P. 949. (2) In Verr., act, ll, 5, 33, (3) Ihid, , 38, 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que nous avons reconnue sur le vase expliqué plus haut. Sur la pièce de M. le due de Luynes nous trouvons dans le champ la feuille du Chamærops ; une autre médaille absolument semblable, que nous avons fait graver également au bas de notre planehe, nous offre à la méme place trois épis de blé (1). C'est done l'opposition de l'aliment primitif des hommes barbares et du blé qui leur a été apporté avec la civilisation, uon plus réunis sur le méme monument, mais représentés chacun sur une médaille dans une émission simultanée, Les faits analogues ne sont pas rares dans la numismatique antique. Un vase peint, qu'on trouvera à la planche LXIX dans l' lite des monu- ments céramographiques et dont nous reproduisons iei la peinture, appar- tient encore au méme ordre d'idées et de traditions. Nous y voyons le tau- reau dompté et soumis au joug pour labourer la terre d'apres les instructions de Triptoléme présent à cette scene et qui la dirige. Dans le champ de ce vase nous voyons encore la feuille en éventail du Chamavrops, dont la pré- sence après ce qui précède ne doit plus nous étonner et s'explique suffi- samment. A côté de cette scène est représenté un tronc d'arbre sur lequel est jeté Je vêtement d'un des personnages. Cet arbre, qui parait entière- ment dépouillé de feuilles et de branches, me parait représenter le Chamæ- rops qui a servi à la nourriture, alors que le cœur ou la cervelle (Eystoodoc); comme disaient les anciens, a été enlevé ainsi que les feuilles (2). Les monuments que nous venons de faire passer sous les yeux de la Société peuvent étre encore étudiés à un autre point de vue, cette fois plus spécialement botanique ; c'est celui de la distribution géographique du Cha- (4) Les trois épis de blé se rencontrent fréquemment sur les monnaies de Sé- geste (voy. Torremuzza, Nun. Sicil, tab. ,NII, n 1-3 -3: Duc de Luynes, Mé- dailles inédites, pl. VIF, n^ 9 . Torremuzza, loc. cit., n° 4, a publié une piece avec un épi isolé dans le champ; mais n'est-ce pas la feuille de Chameærops mal figurée? (2) Les feuilles du Chamerops étaient aussi employées dans l'antiquité. On s'en servait, au dire de Théophraste et de Pline, pour divers ouvrages de sparterie. REPRESENTATION DU CHAMAEROPS HUMILIS SÉANCE DU 14 mars 1856. 1598 merops humilis en Sicile, dans l'antiquité. Évidemment, d'aprés le passage de Cicéron, on ne le trouvait pas sur la côte orientale; il ne commençait qu'au promontoire de Paehynum. Partant de là, sur la côte sud, Camarina, Agrigente, Sélinonte , sont des jalons qui montrent qu'il la couvrait entiè- rement. Nous voyons par la médaille de Ségeste qu'on trouvait le Chamerops au delà du cap Drepanum et que, sur la côte nord-ouest, il se prolongeait jusque dans les environs de cette ville. Cette distribution est à peu près la même qu'aujourd'hui, et l'on peut dire avec certitude que, partout en Sicile, le palmier nain se trouve maintenant encore dans les mêmes loca- lités qu'il y a deux mille ans. M. Balansa fait observer que le cœur du Chumærops sert encore aujourd'hui d'aliment, et qu'on en vend abondamment sur les mar- chés dans quelques parties de l'Algérie. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante, adressée à la Société : DES ESPÈCES EXOTIQUES NATURALISÉES SPONTANÉMENT DANS LE JARDIN DES PLANTES DE MONTPELLIER, par M. CH. MARTINS. (Montpellier, 7 mars 1856.) Les jardins, les pares et les cultures en général sont des centres de natu- ralisation à petite distance ; mais, par le nombre et la variété d'espèces exotiques qu'ils renferment, les Jardins botaniques l'emportent sur tous les autres. Avant de se montrer au dehors, les espèces se multiplient d’abord Spontanment dans l'intérieur du Jardin. Le vent, les transports de terre ou de déblais, les oiseaux, Phomme lui méme, les répandent ensuite dans les environs immédiats de l'École botanique où ils ont vceu primitivement. Pæonia corallina Retz, Aconitum Napellus L., Chetranthus Cheiri L., Inpatiens fulva 1., Astrantia major L., Mimulus luteus L., OE nothera biennis L., Silybum marianum Gærtn., Acanthus mollis L., naturalisés sur Plusieurs points de l Angleterre, d'après M. Watson, sont des plantes d'or- nement étrangères aux [les Britanniques, ainsi qu'aux parties voisines du continent, et cultivées primitivement dans les parterres. Arabis Turrita L., Micera Caprifolium L. et Senecio squalidus V. se sont d'abord montrés AUX environs des Jardins botaniques d'Oxford et de Cambridge, dont ils Sont probablement sortis suivant M. Alphonse de Candolle (1). Anemone coronar ia L., C Jnopordon virens DC., Jussiæa grandiflora Michx., Bidens bipinnata L., Xanthium spinosum V. et Hypericum crispum L., plantes "ommunes et spontanées autour de Montpellier, ne sont pas mentionnées (1) Géographie botanique, p. 651, 667, 669. 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par Magnol dans sa Flore, qui parut en 1686 ; si elles avaient existé à cette époque, elles ne lui auraient certainement pas échappé. Nous savons méme que le Jussiæa grandiflora a été naturalisé dans le Lez par le jardinier en chef Millois, au commencement du siècle ; et l'Acorus Calamus, planté vers 1849, dans le pare de Grammont, par le jardinier de M"* de Bricogue, qui le tenait du Jardin des plantes, s'y est solidement établi. L'importance du rôle des Jardins botaniques comme centres de naturali- sation ne saurait donc étre contestée. Mais si la plante a pu franchir les murs du jardin et se multiplier spontanément au dehors saus l'intervention de l'homme, cest que le climat et le sol de sa nouvelle patrie lui conve- naient autant que ceux de son pays natal. Avant de se répandre au dehors, elle a dù se naturaliser d'abord dans le jardin méme ou elle avait été semée. C'est ce qui arrive, en effet, et a dà arriver à la plupart des plantes intro- duites de cette maniere. Je serais tenté d'appeler ce genre de naturalisation la naturalisation sur place, premier degré de la naturalisation à petite ou à graude distance. Pour le présent et surtout pour l'avenir, il serait, je crois, du plus haut intérét que les Jardins botaniques publiassent la liste des plantes naturalisées actuellement daus leur enceinte; mais ces listes doivent être comparables. H est done nécessaire de bien s'entendre sur ce genre de naturalisation. Qu'une plante vivace s'étende à quelque distance en poussant des rejetons de ses racines, ou se propage par stolons; que les graines d'une plante annuelle germent sur place sans les soins du jardinier, ce n'est point ce que j'appellerai une naturalisation, Mais lorsqu'une plante, bravant des hivers rigoureux et des étés brülants, se répand dans les allées et les ban- quettes voisines, se reproduit obstinément en dépit des autres plantes qui les occupent ou du jardinier qui l'arrache ; à plus forte raison, lorsqu'elle se montre dans les parties éloignées du jardin, s'établit sur les murs, pousse sur les amas de terreau ou dans les parties ineultes, joue, en un mot, le róle d'une mauvaise herbe indigène, alors je la considère comme naturalisée dans le jardin. Plus celui-ci sera cultivé avec soin, et plus ees cas de natu- ralisation seront rares et difficiles : un Jardin botanique qui en présenterait des exemples trop nombreux, serait suspect aux yeux des horticulteurs soigueux. Toutefois ils savent tous que la plante naturalisée et aspirant, pour ainsi dire, à l'indigénat, persiste souvent malgré tous leurs efforts. Je donne ici la liste des plantes qui sont aetuellement dans ce eas dans le Jardin de Montpellier. J'avertis néanmoins que quelques-uues ont dejà disparu, quand la culture de certaines parties a été chaugée ou améliorée ; mais la cause de leur disparition étant évidente, je les ai conservées sur cette liste. Elle n'est pas longue, parce que, dans le doute, j'ai préféré m'abstenir. Si quelqu'une de ces especes devient à l'avenir spontanée dans les environs de Montpellier, il ne sera pas sans intérêt de constater qu'elle l'a été d'abord dans l'enceinte méme du Jardin des plantes, SÉANCE DU 14 mars 1856. 155 Liste des espèces exotiques naturalisées dans le Jardin des Plantes de Montpellier, en 1855. BALSAMINEÆ. . . . . Impatiens parviflora DC. Mongolie. PASSIFLOREÆ Passiflora cerulea L. Brésil et Pérou. LEGUMINOS E. Sophora alopecuroides L. Tauride, Sibérie, Perse. — Alhagi Maurorum DC. Égypte, Syrie, Mésopotamie. — Hoffmannseggia Falcaria Cav. Montagnes du Chili, Pérou. COMPOSITÆ . . . . . Artemisia procera Willd. Europe orientale. — A. annua Pallas. Sibérie orientale, lac Baikal. APOCYNACEÆ . . . . Apocynum androsæmifolium L. Toute l'Amérique septen- trionale. ASCLEPIADE Æ Asclepias Cornuti Dne. Virginie. SESAMEE. .. . . . . Martynia lutea Lindl. Brésil. BORRAGINEE. . . . . Ellisia Nyctelea L. Virginie. LABIATÆ. ...... Priva laevis Juss. Amérique méridionale. SOLANACEÆ . , . . . Solanum carolinense L. Louisiane, Caroline, New-Jersey. — S. eleagnifolium Cav. Mexique, Chili, Buenos-Ayres. — Physalis fusco-maculata Dun. Buenos-Ayres. — Salpichroma rhomboideum Miers. Brésil méridional , Buenos-Ayres. — Jaborosa integrifolia Lam. Pérou. — Datura quercifolia Humb. Bonpl. Mexique tempéré, — D. Tatula L. Venezuela, Mexique. — Cestrum Parqui L'her. Chili, Buenos-Ayres. SCROFULARIAGEÆ . . Dodartia orientalis L. Caucase, Asie mineure, PORTULAGE. +... Portulaca grandiflora Camb. Brésil. EUPHORBIACE® . . .— Ricinus communis L. Asie méridionale. — R. africanus Mill. Alger. *. * . LI Le nombre total des espèces naturalisées dans le Jardin des Pantes de Montpellier s'élève à 2^. J'aurais pu l'aceroitre de deux espèces si j'avais ajouté Jussiæa grandiflora et Phytolacca decandra; mais ces plantes se trouvant Sauvages dans la campagne, je les considère comme dues à des laturalisations antérieures et acquises à la flore du pays. Je me suis egalement abstenu de mentionner des plantes de l’Europe occidentale, étran- gtres à la flore du Languedoc, et qui se sont multipliées spontanément dans le Jardin, Je me suis borné aux especes exotiques appartenant à l'Afrique, à l'Asie, à l'Amérique, ou à l'Europe orientale, sur les confins de l'Asie. Si l'on Considère ces 24 espèces sous le point de vue de leur durée, on est frappé de la prédominance des espèces vivaces. Les plantes annuelles ne sont qu'au nombre de six, savoir: Artemisia annua, Impatiens parviflora, Martynia lutea, Ellisia Nyctelea, Portulaca grandiflora et Ricinus com- Munis, Les espèces vivaces sont trois fois plus nombreuses, La raison en est 4156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. facile à compreudre. Pour qu'une plante annuelle s'établisse définitivement dans une localité, il faut que ses graines mürissent tous les ans, conservent leur vitalité pendant l'hiver et germent ehaque printemps. Une saison excep- tionnelle, hiver, printemps, été ou automne, peut tuer les graines, arréter leur germination, empécher la floraison dela plante, troubler la fécondation ou ne pas favoriser la maturation du fruit et la dissémination des graines; que l'une ou l'autre de ces circonstances arrive une seule fois, et la plante disparait sans retour. Aussi tous les horticulteurs savent-ils combien il est difficile de conserver certaines especes annuelles dans les jardins. Rien de semblable n'a lieu pour les especes vivaces; à mesure que la plante se propage de proche en proche, elle forme des colonies durables, qui deviennent à leur tour des centres de dissémination ; aucune des cir- constances météorologiques, si nombreuses et si variées, qui font disparaître la plante annuelle, n'atteint le végétal vivace; il ne eraint que le froid de l'hiver ou la sécheresse de l'été, et encore, si les racines survivent, il ne périt pas. Le raisonnement pouvait done faire prévoir ce que l'expérience nous apprend, savoir : que la naturalisation des plantes vivaces est plus facile, plus eertaine et partant plus commune que celle des plautes aunuel- les. Aussi, sur 83 espèces introduites en Angleterre, il y en a 19 annuelles, 8 bisannuelles et 56 vivaces (1). La loi se vérifie en grand comme en petit. Si nous recherchons le lieu d'origine de nos 24 espèces, nous trouvons que la moitie vient de l'Amérique méridionale, et principalement du Brésil, du Chili, du Pérou, du Mexique et de Buenos-Ayres; quatre seulement appartiennent à l'Amérique septentrionale, autant à l'Asie; deux sont origi- naires d'Afrique, et deux aussi de l'Europe orientale. Il est certainement curieux de voir que ee ue soient pas les pays les plus rapprochés et les plus analogues pour le climat, tels que la Russie méridionale et l'Orient, qui four- nissent le plus de plantes disposées a se naturaliser. Il est singulier que ce soit la partie méridionale du Nouveau Monde, où l'ordre des saisons n'est plus le méme et où les climats sont forts différents de celui de Montpellier. Le contingent des deux Amériques, en général, est précisément le double de celui de l'Asie et de l'Afrique. Dans l'Europe orientale, la Russie méri- dionale, dont le climat a beaucoup d'aualogie avec celui de Montpellier, n’a fourni qu'une seule espèce, l' Artemisia procera Willd. La proportion n'est pas la méme pour les plantes naturalisées en Angleterre: un huitième seule- ment vient des deux Amériques, le reste est originaire de l'Ancien Monde. En étudiant les familles naturelles qui ont fourni le plus d'espèces à notre naturalisation locale, on est frappe de [a predominance des Solanées. Sans doute les importants travaux de M. Dunal sur cette famille ont amené dans (4) Alph. de Candolle, Géographie botanique, p. 702. SÉANCE DU ÅA mars 1856. 157 l'École botanique la culture d'un grand nombre d’espèces ; toutefois elles ne sont pas hors de proportion avec les autres familles, et les Solanées sont loin d'occuper le tiers du terrain, comme cela devrait être si le nombre des espèces naturalisées était simplement proportionné au nombre des espèces cultivées dans l'École. Or, sur les 48 banquettes qui la composent, les Solanées n'en occupent qu'une et demie; ainsi done, si elles ne se naturali- saient pas plus facilement que les plantes des autres familles, elles ne seraient représentées dans notre liste de 24 plantes que par une seule espèce. Au lieu d'une espèce , il y en a huit, c'est-à-dire le tiers du nombre total. Aprés les Solanées viennent les Légumineuses; puis les Composées et les Euphorbiaeées sur la méme ligne; enfin, les Balsaminées, Passiflorées, Apocyuées, Asclépiadées, Sésamées, Borraginées, Labiées, Serofularinées et Portulacées, qui n'ont chacune qu'un seul représentant. On ne saurait tirer aueune conséquence de cet ensemble de familles; la prédominance des Solanées semble seule iudiquer, de la part de ees plantes, une plus grande facilité à se naturaliser sous le ciel du Languedoe, oü un grand nombre d'espèces exotiques fleurissent et fructifient tous les ans à merveille. Sans importance dans son isolement, la petite note qui précede acquerrait une valeur réelle si les autres directeurs de jardins voulaient bien se livrer à un travail analogue; dans l'avenir, ees doeuments auraient de l'intérét, en ce qu'ils feraient connaitre le mode de naturalisation de certaines plantes étrangères qui apparaissent subitement dans un pays, sans que l’on sache Comment ni quand elles y ont été introduites. A l'occasion de cette communication, M. de Schœnefeld rappelle que, dans les pépinières de Trianon, plusieurs espèces se sont natura- lisées. Il cite le Mentha Requienii, VOxalis corniculata, V Arenaria balearica, et surtout le Veronica peregrina, que, depuis fort long- temps, on y arrache chaque année comme une mauvaise herbe sans pouvoir le détruire (4) M. Eugène Fournier ajoute que l’/mpatiens parviflora s'est natu- ralisé au jardin de la Faculté de médecine de Paris. M. Derouet dit qu'au jardin botanique de Tours, le Thalia deal- bata et l' Aponogeton distachyus se sont naturalisés dans des bassins qui étaient naguère alimentés par l'eau tiède d'un puits artésien. Lette eau a été détournée pour un autre usage, de sorte qu'aujour- d hui ces bassins ne contiennent que de l'eau à la temperature ordi- naire, et néanmoins les plantes se sont maintenues. (1) Ces. plantes appartiennent à la flore d'Europe. Leur introduction ne peut donc étre entièrement assimilée aux naturalisations mentionnées par M. Martins. (Note de M. de Schænefeld.) 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cosson mentionne la persistance de quelques plantes du jardin botanique de Versailles, qui ont survécu à la destruction de ce jardin, sur l'emplacement duquel a été construite, il y a seize ans, la gare du chemin de fer de la rive gauche. Plusieurs Chénopodées (l' Atr:- plex nitens par exemple) s'y sont maintenues pendant bien des an- nées et le Carduus pycnocephalus, s'y trouvait encore l'an dernier. MM. J. Gay et Germain de Saint-Pierre citent encore quelques naturalisations, au jardin des plantes de Paris, en particulier le St- symbrium Læselii qui a couvert longtemps une butte laissée sans culture. M. Cosson assimile à ces faits la présence sur certains points des environs de Paris des Salvia Sclarea, Dianthus Caryophyllus, Sily- bum marianum, Hyssopus officinalis, etc. M. le Président donne lecture d'une communication adressée à la Société par un de ses membres, qui désire garder l'anonyme. Cette communication a pour objet la critique de l'emploi de la préposition chez appliquée aux plantes, qui se rencontre fréquemment dans les écrits de quelques botanistes. Suivant l'auteur de la communica- tion on ne pourrait, sans violer les règles de la langue française, se servir de la préposition chez (qui vient de casa et signifie proprement dans la maison de) que lorsqu'il s’agit de l’homme et, par extension, des animaux. SÉANCE DU 28 MARS 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la seance du 14 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Cuaroy (Alcide), agent-voyer de la ville d'Aumale (Algérie), pré- senté par MM. Gogot et Demoget; GaRREAU (Louis), interne en médecine, à l'hôpital de la Charité, à Paris, présenté par MM. Léon Soubeiran et Le Fort ; Rosny (Léon de), rue Lacépéde, 45, à Paris, présenté par MM. Fr. Lenormant et de Schonefeld ; SÉANCE DU 28 MARS 1856. 159 M. Guéniot (Alexandre), licencié és sciences naturelles, rue Férou, 11, à Paris, présenté par MM. Viaud-Grandmarais et Dezanneau. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société: 1° De la part de M. C. Billot, de Haguenau : Annotations à la Flore de France et d' Allemagne. 2° De la part de M. E. Michalet, de Dóle : Herbier de la flore du Jura. Notes et observations sur le premier fasci- cule, 3° De la part de M. P.-H. Lepage : Quelques faits pour servir à l'histoire chimique et physique du marron d'[nde. h° En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro de février 1856. L' Institut, mars 4856, deux numéros. M. le Président annonce que le Conseil a examiné une proposition de MM. Puel et de Schœnefeld, et décidé qu'elle serait, conformé- ment à l’art. 47 du réglement, soumise à l'approbation de la Société. Cette proposition est ainsi conçue : La Société tiendra cette année une session extraordinaire, qui aura pour objet l'exploration d'une partie des montagnes de l Auvergne. Cette session, dont la durée sera d'environ une semaine, s'ouvrira à Clermont-Ferrand le lundi 21 juillet prochain. — En conséquence, la séance ordinaire annoncée Pour le 25 juillet sera supprimée. La Société adopte cette proposition à l'unanimité. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture des communications sui- vantes adressées à la Société : SUR UN NOUVEAU VERDASCUM HYBRIDE, par M. M, DE LARAMBERGUE. (Castres, 20 février 1850.) Beaucoup de eas d'hybridation ont été déjà observés et décrits dans le e ` a " * * ld . Li Benre Ve, bascum, mais personne n'en a encore mentionne, je crois, entre 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le V. Thapsus etle V. Boerhaavit. C'est une hybride bien caractérisée entre ces deux espèces que je viens aujourd'hui signaler à la Société : VgnBascuM Tnapso-Bornnaavir, de Larambg. La taille de ce Verbascum est de 10 à 15 décimètres; il est droit, roide, peu ou point rameux; sa fleur grande, jaune, avec une tache pourpre à la gorge, et ses longues étamines à poils violets, le rapprochent du V. Boer- haavii, dont il a, en outre, les fleurs en glomérules espacés à la base de l'épi. Ce dernier est fort long et fort grêle (5 à 7 décimètres au moins, la moitié de la hauteur totale de la plante). Ses capsules, comme ses fleurs, sont un peu plus petites que celles du V. Zoerhaavii, et les lobes du calice sont presque aussi longs que la capsule. Ses feuilles supérieures et moyennes, sessiles, lanceolées-aiguës ou aeuminées en pointe, sont toutes plus ou moins décurrentes sur la tige, et quelquefois très fortement décurrentes ; les infé- rieures sont oblongues-elliptiques, pointues, assez longuement pétiolées et légerement dentées ou crénelées. Cette plante a le port et l'inflorescence du V. Zoerhaavit, mais ses feuilles décurrentes et le tomentum jaunátre qui recouvre toute la plante, sont du V. Thapsus. Ses rapports avee l'un et l'autre de ces deux types sont trés sensibles. J'ai récolté cette belle hybride dans le Sidobre, à la côte de Labayouste, près Brassae, département du Tarn, le 15 août 1855, parmi une immense quantité de V. Thapsus et de V. Boerhaavii. Dans le méme chainp, eroissaient également des V. floccosum en quantité, et j'ai aussi pris quelques hybrides, chez lesquelles il était facile de recon- naître, à divers degrés, la manifestation du V. Thapsus et du V. floccosum, et se rapportant plus ou moins aux diverses espèces hybrides décrites par MM. Grenier et Godron. NOTE SUR LE BOURGEONNEMENT ET SUR LES ARTICULATIONS DES FOUGÈRES, pr MM. VIEILLARD et PANCHET. (Papéiti, Taiti, 34 mai 1855.) On a déjà constaté que les Fougères entrent pour un cinquieme dans la vegetation générale de Taiti, eet aperçu n'est point exagéré, Les espèces herbacées surtout abondent, et les Fougères arborescentes ne sont représentées que par deux ou trois genres (Alsophila et Cyathea). Ces deux genres, si elégants par leur port, ne se rencontrent jamais à une altitude moindre de 500 à 600 mètres et toujours sur les versants humides et ombrages, oü elles forment des massifs magnifiques. Beaucoup d'individus atteignent 8 et 10 mètres de hauteur. Indépendamment de l'interét que ces genres nous ont offert au poiut de vue de la flore du pays, ils nous ont fourni l’occasion de constater UD SÉANCE DU 28 Mars 1856. 161 phénomène organographique fort remarquable; nous voulons parler de la ramifieation ou bourgeonnement latéral du stipe. Ce phénoméne, qui doit étre fort rare ailleurs, puisqu'il a échappé aux botanistes qui ont visité les pays intertropicaux, est trés commun sous ce climat. Nous l'avons observé sur des milliers d'individus. Voici en quoi il consiste : à un degré de végétation plus ou moins avancé (variable, du reste, suivant les genres), à la place de la fronde il se développe un bourgeon écailleux qui tient au stipe par un support étranglé et trés court. Ce bourgeon s'aceroit bientót en longueur et en épaisseur, et présente lui-même une série de frondes. Ces bourgeons sont toujours placés au sommet du stipe, et un méme individu nous en a présenté cinq à différents états. Le plus inférieur de ces bourgeons avait 35 centimètres de longueur et était garni de cinq frondes. Le fait est ici bien différent de ce qu'on a observé sur l'individu d'A/so- phila Perrottetiana que possède le Muséum. En effet, dans le cas présent, ce n'est point une bifurcation du stipe que l'on observe, mais bien un véri- table bourgeonnement latéral par l'effet de la transformation de la fronde en rameau, comme le prouve l'étranglement qui le fixe à la tige, étran- glement qui n'est autre chose que le péliole, ainsi que nous l'ont démontré les coupes que nous avons faites. Une autre espèce d’A/sophilu, semi-indusiée, nous a présenté un pheno- méne inverse. Cette plante est véritablement stolonifère ; de nombreux bourgeons se développent sur la partie du stipe recouverte par la terre ou par la mousse, et produisent ainsi des touffes de Fougères en arbre. Aussi lorsqu'on. veut arracher un pied d'une certaine hauteur, on éprouve une difficulté insurmontable, et il est impossible de l'avoir intaet. Ces bourgeons sè rencontrent toujours sur les cicatrices des feuilles. A l'appui de cette note, nous envoyons au Muséum des Fougères avec leurs turions. Articulations dans Les Fougères. — Presl, dans le discours préliminaire de sa Pteridographie, dit formellement que les Fougères n'offrent jamais d'artieulations ; cependant il se condamne lui-méme, car il fait remarquer que, dans le groupe des Aspidiées, l'àindusium est caduc. | _Non-seulement l'indusium est caduc, mais qui n'a pas vu, dans les her- biers, les frondes de Nephrodium se désarticuler, au grand regret des amateurs? Dans les Polypodiacées, les Viphobolus et la section des Phymatodes Presentent des articulations très prononcées. Le genre Marattia offre ce caractère d’une manière plus saillante. Pen- dant la dessiccation, toutes les pinnules se détachent, absolumeut comme dans la famille des Légumineuses. i TOM, 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. de Scheenefeld donne leetüre de la notice suivante qui lui å été adressée pour étré communiquée à la Société : : DE LA NATURE ET DU MODE DE FORMATION DES RACINES TUBÉREUSES DES ORCHIDÉES, pr M. T. CARUEL. (Florence, 8 mars 1856.) La nature et le mode de formation des racines tubéreuses de nos Orchi- dées indigènes furent pour moi, il y a trois ans, l'objet d'études suivies, dont le résultat me parut assez satisfaisant pour mériter d'étre publié ; ét j'étais, en effet, sur le point de le faire, quand un heureux hasard m'äyaht procuré la connaissance de l'excellent ouvrage de M. Irmiseh sur le même sujet (Zur Morphologie der Knollen und Zwiebelgewæchse), je vis que mes idées concordaient de tout point avec les siennes, et quë, par éonséquelit, ma publication, qui aurait été postérieure de quatre années à son ouvrage, n'avait plus aucune raison d’être. Je croyais done, à vrai dire, là discus- sion close sur ce sujet, quànd le travail de M. Fabre, publié l'an dernier dans les Annales des sciences naturelles, et la communication plus récente encore faite par M. Germain de Saint-Pierre à la Societe, m'ont montré qu'il n'en etait rien, et que les observations que j'avais faites pou- vaient encore offrir quelque intérêt et ne seraient peut-être pas inutiles pour éclaircir une question dont l'extréme difficulté explique seule la divergence d'opinious a son égard. Je viens donc les présenter à la Société, en tàchant de les resumer aussi brièvement que possible. Les veutlements tuberculeux qui se présentent à la base de la tige de la plupart de nos Orchidées indigènes sont, comme chacun sait, le produit de bourgeons d'une nature particulière qui se développent à l'aisselle des gaines ou feuilles inférieures de la tige de chaque année. Pour en suivre le déve- loppement et en éclaircir la nature, prenons pour objet d'étude une de nos espèces d'Orchidées les plus communes et les plus fáciles à examiuer, l'Orchis Morio, par exemple. Si l'on examine cette plante vers la fin de l'automne, alors que sa jene tige, ayant commencé à végéler, donne ses premières feuilles, on trouvera à l'aisselle de la deuxieme gaine le jeune bourgeon sous la forme d'un corps arrondi par le bas, surmonté d'une éminence conique. Cette éminence conique est constituée par la première feuille du bourgeon, réduite à l'état de gaine : elle est adossée à la tige, et ouverte du côté opposé ou extérieur ; elle enveloppe toutes les autres feuilles du bourgeon, qui s'emboitent l'une dans l'autre dans son sein. Celles-ci sont destinées à rester dans un état rudimentaire pendant toute la premiere année de leur existence, ainsi que l'axe extrêmement court qui les soutient. Toute cette partie du bourgeon ne se développera en entier SÉANCE DU 28 MARS 1856. 163 qu'au bout de ee temps, pour produire la tige florifere de l'année à venir. Il n'en est pas de méme de la premiere feuille du bourgeon et de l'entre- nœud qu'elle surmonte. Ceux-ci doivent, sans s'arréter, passer immédiate- ment par toutes les phases de leur évolution, et atteindre en peu de temps leur entier développement. Ce sont eux que nous devons étudier, et surtout l'entre-nœud, car c'est lui qui doit produire le renflement tuberculeux du bourgeon ét le pédicule qui le soutient. Comme je viens de le dire, ce premier entre-nœud se développe rapide- ment. D'abord il grossit bien plus qu'il ne s'allonge; mais il ne grossit pas également dans tous les sens : ce grossissement est beaucoup plus fort du côté extérieur que du côté intérieur qui regarde la tige. Si on l'examine avec soin, en appelant le microscope à son aide, on voit bientôt que ce grossissement est dà à la présence d'une forte racine adventive, qui s'est formée au haut de l’entre-nœud et de son côté extérieur : elle est courte et épaisse, et, par sa teinte jaune, tranche nettement sur les parties environ- nantes; partant du faisceau fibreux central de l'axe qui lui a donné nais- sance, elle s'allonge par son extrémité, qu'elle dirige vers le bas, en méme temps qu'elle s'épaissit, et tend la couche cellulaire externe de Ventre- fœud, qui la recouvre de ce côté comme une membrane. Bientôt celle-ci ne peut plus suivre la racine dans son développement, elle se déchire pour lui livrer passage à travers l'ouverture. Dès lors, mise à nu, la racine poursuit sa croissance et sa marche descendante dans le sein de la terre; elle a atteint tout son développement à l'époque où la plante-mére com- mence à fleurir, et constitue alors sou second renflement tuberculeux. J'ai appelé sans hésitation racine adventive ce renflement tubereuleux ; en effet, son origine et sa maniere de croître ne me semblent pas admettre de doute sous ce rapport. Si l'on veut une confirmation de cette maniere de voir, que l'on détourne un instant son attention de l'observation du phé- noméne qui nous a occupé jusqu'a présent, pour la reporter sur les racines adventives ordinaires qui naissent sur la tige des Orehidées, et l'on verra qu'elles se développent de la méme manière que la racine du bourgeon. Elles haissent également du sommet des entre-nœuds, juste au-dessous de l'insertion des feuilles; elles ont de méme leur base sur le faisceau fibreux de l'axe, et se dirigent au dehors en perçant la couche cellulaire qui les recouvre, Ici seulement se présente une légere différence : cette couche qui recouvre les racines ne se déchire pas pour leur livrer passage ; elle les accompagne, au contraire, quelque temps après leur sortie de la tige, et ce D est qu'en s'atténuant par degrés, et en se confondant avec le tissu de la racine qu'elle cesse d'exister. La cause de cette différence doit sans doute se chercher dans ce fait, que les racines de la tige s'allongent saus grossir aucoup, et sont environnées d'un tissu cellulaire beaucoup plus considé- 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rable et plus résistant que dans le bourgeon, et, par conséquent, ne par- viennent pas à le refouler aussi aisément que dans celui-ci. Une autre preuve décisive de la nature radicale de ce renflement tuber- culeux se tire de la forme palmée qu'il prend souvent, et des fonctions de vraie racine que remplissent alors ses divisions ; fonctions que je ne sache pas étre jamais confiées à des organes axiles. Les arguments de M. Fabre contre cette maniere de voir, tirés de la pré- sence de vaisseaux spiraux dans le sein de ce renflement tuberculeux, deson développement précoce, de son volume, ete., me paraissent peu concluants. Ainsi, pour conclure : morphologiquement parlant, ce qu'on a appelé le tubereule des Orchidées est une racine; physiologiquement parlant, il est également une racine dans les premiers temps de son existence; plus tard, il abandonne cette fonetion pour se transformer en dépót de substance nu- tritive; dans les tubercules palmés, il parait réunir constamment les deux fonetions (voy. Irmiseh, op. cit., p. 443 et suiv.). Mais cette racine tubéreuse n'adhère pas immédiatement à la tige-mère, elle en est séparée par un pédieule plus ou moins long: ce pédicule n'est autre chose que le premier entre-nœud du bourgeon axillaire, lequel s'ailon- geait de son côté à mesure que la racine grandissait, en la suivant dans sa marche descendante. lei se présente, à côté de la question relative à la nature et au mode de formation de la racine tubéreuse des Orchidées, une autre question non moins importante, celle qui a rapport à la nature du bourgeon qui produit cette racine. Que l’on considère, en effet, la structure et le développement de ce bourgeon, et l'on verra qu'ils sont analogues à ceux des ovules anatropes : le pédicule correspond au raphé, son extrémité supérieure à la chalaze, la première feuille du bourgeon à un tégument simple, le reste du bourgeon au nucléus. Nous avons donc le fait de l'exis- tence de bourgeons foliaires anatropes. Quesi l'on me demande ce qui, dans le pédicule, appartient à l'axe, et ce qui appartient à l'appendice, je répondrai : précisément ce qui, dans l'ovule anatrope, appartient à l'axe et à l'appendice. Du reste, l'analogie de ces bourgeons avec les ovules anatropes n'est pas chose nouvelle dans la science. Elle est indiquée en passant par M. Irmisch (op. cit., p. ^), et elle avait déjà été constatée par M. Germain de Saiut- Pierre (voy. le Bulletin de la Soc. philomatique, mars 1850). Les bourgeons anatropes ne sont pas limités aux seules Orchidées à racines tubéreuses. Ils se trouvent également dans d'autres monocotylé- dones. Les espèces du genre Gagea s'en montrent pourvues, etleur analogie avec les ovules anatropes y est rendue plus manifeste encore par l'absence de la racine qui occupe tant de place dans les bourgeons des Orchidées. A en juger par leur forme, les bulbes du Gynandriris Sisyrinchium doivent être semblables à ceux des Gagea, Plusieurs espèces de Tulipes en SÉANCE DU 28 mars 1856. 165 produisent également, et chez le Tulipa sylvestris surtout, leur présence est normale; ce sont eux qui constituent les longs coulants si singuliers de celte plante. On dit que l'£rythronium Dens-canis eu a aussi. Dans l'Apo- nogeton distachyus, d'apres M. Schleiden (Grundzüge, $ 136) et M. Planchon (Ann. des sc. nat., 485A), la formation des tubercules est tout à fait sem- blable à celle des mêmes organes dans les Orchidées; il est vrai que les observations de ces deux auteurs ne s'accordent pas entre elles et ne sont pas tout à fait concluantes. Enfin, d'apres M. Irmiseh (Beitrag zur Natur- geschichte der einheimischen Valeriana- Arten), Ya formation des tubereules du Valeriana tuberosa est analogue à celle des tubercules des Orchidées. Avant de terminer, je ferai observer que le pédicule du bourgeon ana- trope des Orchidées n'est pas toujours formé par un seul entre-nœud, comme dans l’Orchis Morio. Au lieu de rester stationnaires, les entre-nœuds qui suivent le premier peuvent se développer, un ou plusieurs, en même temps que lui, et alors deux cas peuvent se présenter : tantôt ce développement est centrifuge, comme dans la formation du réceptacle florifere concave du Figuier, ou dans celle du torus concave des fleurs à ovaire infère ; c'est- à-dire que l'axe du bourgeon se creuse, son sommet organique restant le point le plus bas et ses parties latérales se relevant tout autour, de manière que, dans l'intérieur du pédicule du bourgeon, on trouve les feuilles des entre-nœuds successifs étagées à différentes hauteurs sur ses parois. Tantót, au contraire, ce développement est cenfripéte. On peut voir, dans l'ouvrage de M. Irmisch, tous les détails relatifs a ces deux modes de deve- loppement. Dans l'un et l'autre cas ci-dessus mentionnés, il m'est impossible de préciser lequel des entre-nœuds du bourgeon produit la racine tubé euse. M. Germain de Saint-Pierre présente, au sujet de cette communi- cation, les observations suivantes : La communication dont il vient de nous étre donné lecture ne me parait pas renfermer de faits ou de déductions qui présentent des diffe- rences essentielles avec les observations que j'ai publiées et les conclu- Sions auxquelles je suis arrivé dès le principe, et sur lesquelles j'ai eu plusieurs fois occasion d'insister (1). Je regarde done comme inutile de re- (1) Dés le mois de mars 1850, je m'exprimais dans les termes suivants, relati- vement aux analogies de forme et de structure que j'avais remarquées entre le faux-bulbe des Ophrydées et un ovule réfléchi: « Ce cayeu... nous présente une » analogie frappante avec un ovule réfléchi ; on y trouve un raphé représenté par » le mérithalle soudé à la face interne de la feuille extérieure, qui joue le rôle de » primine, et une chalaze au point où naît la deuxième feuille du bourgeon, qui P serait analogue à la secondine, Mais ici s'arrête l'analogie avec l'ovule, car le 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. venir, à cette occasion, sur la structure des ophrydo-bulbes, que je crois avoir assez complétement exposée ; j'ajouterai seulement quelques mots re- lativement à l'expression de racine adventive employée par l'auteur de l'ar- ticle précédent. J'ai dit que la production radiciforme qui existe à la base du bourgeon pédicellé des Ophrvdées est une véritable racine; M. Caruel insiste sur ce point que c'est une racine adventive. Je répondrai, à ce sujet, que si je n'ai pas dit que cette racine est adventive, c'est que toutes les racines des Orchidées, comme celles de la plupart des monocotylées à souche vivace, ne peuvent être, après la première année de la plante, que des racines adventives, tant les racines à fibres evlindriques, que les racines de structure plus complexe, qui naissent à la base de certains bourgeons pédicellés. Chez ces plantes, en effet, la racine primordiale, et souvent méme la base de la tige, se détruisant complétement dés la premiere année, toutes les racines qui naissent plus tard se développent sur la continuation de la tige ou du rhizome, et constituent par conséquent des racines adventives, quels que soient leur nombre, leur disposition, leur forme et leur mode de structure. M. Germain de Saint-Pierre fait ensuite à la Société la commu- nication suivante : APPAREILS AXO-FOLIAIRES. STRUCTURE DU BULBE DE L'ERYTHRONIUM DENS-CANIS, pr M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. La structure du bulbe de l'£rythronium Dens-canis ne me parait pas avoir été, jusqu'à ce jour, l'objet d'une étude attentive (1) ; il est eependant » bourgeon qui continuera à se développer ne peut représenter l'embryon, puisque » la radicule correspond ici à la chalaze et non au micropyle représenté par lou- » verture de la cavité de l'éperon, ouverture par laquelle se fait jour la pointe du » bourgeon lors de la germination du bulbe, devenu libre par la destruction de la » partie libre de l'éperon. » (Soc. philom., 1850, p. 17.) Le 11 mai 4855, dans un articie intitulé Analogie des bulbilles pédicellés de certains Allium avec les ovules réfléchis, j'ajoutais : « A cette époque le bulbille..- » est porté par un funicule plus ou moins long, et présente un raphé dans toute » sa longueur. Ce raphé se termine en une chalaze à l'extrémité opposée au » hile. C'est au niveau de cette chalaze que sont insérées les tuniques suivantes » du bulbille; la première tunique insérée à cette chalaze correspond à la secon- » dine d'un ovule; la seconde tunique, renfermée dans la précédente et insérée au » méme niveau, est charnue et constitue en quelque sorte le nucleus du bulbille. » (Bull. Soc. Bot., t. VE, p. 360.) Voir aussi un article intitulé : Interprétation morphologique du raphé et de la chalaze, et détermination des bases organiques de l'ovule (Extr. Compt. rend. Acad, Se., t. XLI, 2 juillet 1855, — et Bull. Soc. Bot., t. LL, p. 462). (1) M, Irmisch (Zur Morph, der Monokotyl., p, 62) regrette de n'avoir pu SÉANCE DU 28 Mars 1856. 167 un bien petit nombre de plantes indigènes dont le mode de végétation soit plus spécial que celui de l Erythronium, et soit plus digne, par conséquent, de fjxer l'attention des organographes. Le bulbe de l'£rythronium constitue l'un des types les plus complets de ces appareils de nature mixte, que j'ai désignés sous le nom d'appareils axilo- ou axo-foliaires, et qui sont, pour moi, l'objet de recherches dès longtemps poursuivies. Je n'avais encore qu'une idée tres vague de la strueture de ce bulbe, d’après les spécimens iucomplets qui m'étaient parvenus, et je dési- rais depuis longtemps m'éclairer sur ce point, lorsque je me rendis (en 1849) vers la fin de mars, époque approximative de la floraison de la plante, aux environs de la petite ville d'Aubusson, où l Erythronium Dens-canis eroit en abondance sur les bords de la Creuse, non loin d'une station de Lathræa Clandestina et de Scilla Lilio- Hyacinthus. Je trouvai la plante en bouton, les feuilles étaient complétement développées; j'enlevai un certain nombre d'individus en conservant la terre qui entourait les bulbes, et les plantes transportées dans mon jardin continuèrent à végéter sous mes yeux. Les formes du bulbe de l'Erythronium sont tellement exceptionnelles, qu’il n'est pas facile d'en donner une idée exacte et précise sans avoir recours au dessin (2) ; je me bornerai à en signaler ici les dispositions les plus essen- examiner le bulbe de l'Erythronium que sur la plante sèche; il signale néanmoins l'analogie de structure que ce bulbe lui a paru présenter avec ceux des Tulipa et des Gagea. — Il résulte de l'étude que j'ai pu faire du mode de végétation de l'Erythronium, qu'il existe en effet une analogie trés grande entre la structure du bulbe descendant des Tulipes et celle du bulbe de l'Erythronium ; les différences les plus essentielles que j'ai remarquées consistent, pour l’ Erythronium, dans la soudure des tuniques entre elles, et dans le maintien à l'état vivant, pendant deux ou plu- sieurs années, des talons ou chalazes bulbifères, et consistent, pour le bulbe des- cendant des Tulipes, dans l'indépendance des tuniques et dans la dessiccation, Sinon dans la destruction complète, chaque année, de la tunique et de la chalaze bulbifére de l'année précédente, — Voici la traduction littérale du passage dans lequel M. Irmisch parle du bulbe de l' Erythronium : * Quant à la durée et à la composition, le bulbe de l'Erythronium Dens- » Canis pourrait bien ne pas éire trés éloigné de celui des Tulipes. Malgré » tous mes efforts, il ne m'a pas été possible de me procurer des échantillons » vivants de cette plante. I ne s’y trouve (si je ne me suis pas trompé dans l'examen * d’une plante desséchée et comprimée) qu'un petit nombre de feuilles engai- » nantes (environ 3), dont les intérieures, entourant immédiatement la hampe flori- * fere, sont plus basses que l'extérieure. La premiere feuille du jeune bulbe prin- ? Cipal est, au moment de la floraison, assez grande et charnue. Elle parait se » souder par sa face postérieure à la base de la hampe florifère, de la même manière " Que dans le Gagea lutea. » (2) Les figures dans lesquelles j'ai représenté les diverses phases de la végétation 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tielles. — État observé le 26 mars (commencement de la floratson). La forme générale est subeylindrique ; une sorte de tunique externe charnue, tronquée à son extrémité supérieure, par la destruction des parties aériennes de l'année précédente, donne passage au petit nombre de feuilles qui entourent la tige florifère ; cette méme tunique est récemment déchirée à sa base en plusieurs lambeaux épais et charnus, et cette rupture donne passage à un corps ovoide de couleur blanche que l'on reconnait pour un bulbe de formation récente, et qui s'aceroit dans le sens descendant. Le lambeau de la tunique auquel le jeune bulbe parait adhérent, et qui eorrespond à la base de la tunique, présente des fibres radieales qui servent actuellement à la végétation de la plante. Vers le milieu de la longueur de la méme tunique externe, on re- marque une sorte de talon eharnu, tronqué par la destruction d'une partie supérieure, et présentant à sa base des débris de fibres radicales actuelle- ment desséchées. Si l'on pratique une coupe longitudinale du bulbe, à cette méme époque, on y reconnait des productions appartenant à trois phases distinctes de végétation : 4° le fa/on à face supérieure tronquée et à fibres ra- dicales desséchées, qui parait antérieur à la production de la tunique externe à fibres radicales vivantes, bien que ce talon soit situé vers la partie moyenne dela hauteur de cette tunique ; 2° la tun?que externe, qui, d'apres l'examen desa partie supérieuredesséehée et tronquée, parait constituée non-seulement par une tunique, ou par plusieurs tuniques soudées, mais encore par une partie axile qui fait partie de la masse commune, et qui parait être la base de la tige florifère de l'année précédente; une sorte de raphé ou cordon fibro- vaseulaire s'étend, dans l'épaisseur dela masse charnue, entre le talon ancien à fibres radieales desséchées et le talon nouveau à fibres radicales vivantes, qui donue insertion au jeune bulbe. Cette enveloppe externe charnue et tubuleuse, que nous avons désignée, avant de l'avoir décrite et pour pou- voir être compris, sous le nom de tunique externe, est donc un appareil trés complexe; 3° au niveau du talon vivant qui constitue la base de ce que nous continuerons d'appeler la tunique externe, est inséré le nouveau bulbe, qui, pendant sa croissance dans le sens descendant, s'est fait jour à travers les parois de la tunique externe, en la déchirant en plusieurs lambeaux. Ce jeune bulbe est terminé latéralement par le faisceau de feuilles foliacées et par la tige florifère qui se sont fait jour à la partie supérieure du bulbe en suivant le canal de la tunique externe jusqu'à son ouverture tronquée. — Le jeune bulbe est alors de forme ovoide-conique, il parait se composer : 14° d'une tunique externe qui fait corps latéralement avec la base du faisceau de feuilles foliacées et de la tige florifere ; cette tunique externe, très com- de l'Erythronium Dens-canis font partie d'une livraison actuellement sous presse de mes Archives de Biologie végétale. Les dessins originaux ont été mis sous les yeux de la Société, SÉANCE DU 28 wans 1856. 169 plexe, est l'analogue de celle que nous avons étudiée précédemment à un état plus avancé ; 2° d'un bourgeon renfermé dans la tunique précédente, et qui sera florifere l'année suivante. — Nous avons done en méme temps sous les yeux les traces de la tige florifere de l'année précédente (au sommet de latunique externe), la tige florifere actuelle, et le bourgeon qui produira eelle de l'année suivante. Si l'on a suivi avec attention cette description, qui ne pouvait être moins compliquée que l'appareil décrit ne l'est lui-même, on aura reconnu que la partie du bulbe que nous avons décrite sous le nom de tunique externe est un organe des plus complexes et qui tient à la fois de la nature foliaire et de la nature axile. Cette fausse tunique ou masse charnue de forme tubu- leuse, et qui parait naitre d'une base que nous avons décrite sous le nom de talon, semble en effet constituée par la fusion de plusieurs bases de feuilles et d'un axe florifere, et la base de cet appareil en forme de tunique constitue Un nouveau talon dont la cavité donne naissance à un nouvel appareil ou nouveau bulbe. Etat du bulbe observé le 4° juin de la méme année (époque de la matu- rité du fruit). A cette époque, tout l'appareil que nous avons désigné dans l'état précédent sous le nom de tunique externe, est détruit, y compris l'an- cien talon porté à la partie moyenne de cette tunique. Il ne reste de la tunique externe que sa base (ou talon), terminée par le faisceau des fibres radicales. Mais, il résulte de l'accroissement du nouveau bulbe, tant dans le sens descendant que dans le sens ascendant, que cette base (ou talon) se trouve actuellement située vers sa partie moyenne. Cette base de la tunique détruite est la reproduction de l’ancien talon à fibres radicales desséchées que nous avons vu figurer, comme point d'origine, sur les parties latérales de la tunique externe dans l'état précédent. Le nouveau bulbe est alors con- Stitué par une nouvelle tunique externe charnue, de forme ovoide-oblongue, et dont la cavité est remplie par le bourgeon des jeunes feuilles qui se déve- lopperont, au printemps suivant, en feuilles foliacées. La nouvelle tunique externe se termine, à son sommet, par les parties foliaires et caulinaires déjà desséchées, et qui seront bientót détruites. Nous avons dit que cette nouvelle tunique présente latéralement le talon qui lui a donné naissance, et dont les fibres radicales se dessèchent ; de ce talon à la base du nouveau bulbe s'étend le cordon fibro-vaseulaire ou raphé. La base de ce nouveau bulbe ne présente point encore de fibres radicales. Etat du bulbe observé le 20 décembre de la méme année (entrée en vége- tation du bourgeon florifere). Du mois de juin au mois de novembre, le bulbe reste à peu prés stationnaire. Vers le mois de décembre, il commence à entrer dans une nouve'le phase de végétation ; le bourgeon central, destiné à Produire les feuilles foliacées et la tige florifere, commence à s'allonger. Ce bourgeon est alors cylindrique, à sommet aigu, et se fait jour au sommet de 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la tunique externe ; en méme temps, des fibres radieales sont émises de sa base, ces racínes traversent la tunique externe comme un corps étranger, et font irruption au dehors. Etat du bulbe observé le A** février de l'année suivante (les feuilles folia- cées sont développées, le bouton de la fleur ne parait point encore à l'exté- rieur). Cet état ne diffère du précédent que par les modifications apportées dans la forme du bourgeon florifère actuellement transformé en feuilles fo- liacées ; la base du bourgeon n'est plus cylindrique comme dans l'état pré- cédent, elle est ovoide par suite du développement latéral du bulbe de l'année suivante, qui se manifeste par ce renflement des cette époque antérieure à la floraison. — Eufin de cette derniere phase nous passons à la période de la flo- raison par laquelle nous avons commencé celte étude. J'ai omis précédemment avec intention, pour ne pas charger la deserip- tion, un phénomene assez fréquent, mais qui ne m'a paru se manifester que dans certaines conditions, et non dans tous les cas, ni dans tous les terrains. Chez un certain nombre d'individus, les talons successifs ne se détruisent pas, ils se conservent, non pas desséchés, mais ebarnus et vivants, pendant un nombre d'années indéterminé et constituent, par leur superposition, une sorte de lambeau charuu, en forme de degrés ou de marchepied, qui s'élève comme une colonne latérale libre dans sa longueur et adhérente seulement à la base du bulbe ; des restes de racines desséchées se conservent généra- lement à la base des éperons, méme les plus anciens. J'ai figuré un bulbe qui presente quatre talons ainsi superposés, et dont la base tend déjà à con- stituer un cinquième talon. Le talon supérieur Je plus ancien, encore charnu et vivant, a done déjà cinq années d'existence ; on voit à sa dimension, plus petite que celle des suivauts, que la plante etait encore jeune lors de sa pro- duction. Cette série de talons superposés constitue une sorte de rhizome dont je ne connais pas d'analogues; ce rhizome, composé de la partie la plus axile des appareils axo-foliaires (désignés dans cette étude sous le nom de tunique externe) qui se sont succédé chaque année, est formé de la suc- cession des chalazes et des bases de raphés isolés par la destruction des parties latérales moins résistantes qui sont plus particulièrement de nature faliaire. M. Ad. Bronguiart fait à la Société la communication suivante . NOTE SUR LA SYMÉTRIE FLORALE DES MUSACÉES, par M. AD. BRONGNIART. L'irrégularite de la fleur est un des caractères de la famille des Musacées, par lequel elle a des rapports plus ou moins directs avec les Seitamineées, les Cannees et les Orchidées, familles dans lesquelles la déviation du type regulier est portée beaucoup plus loin. La constitution de la fleur dans les Bananiers (Musa) et les Strelitzia à SÉANCE DU 28 mars 1856. 474 été très bien établie par M. R. Brown, dans son travail sur les plantes du Congo, où il montre que ces genres ne s'éloignent du type des monocoty- lédones les plus complètes que par l'avortement d'une des six étamines, et la soudure de cinq des divisions du périanthe en une sorte de ligule ou de périanthe gamopétale fendu d'un cóté, tandis qu'une des divisions internes (pétales) reste libre, prend une forme spéciale, et devient ce qu'on a appelé le labelle dans ces fleurs. Mais cet éminent botaniste, en indiquant cette organisation dans les genres Musa, Strelitzia, et dans le genre Urania ou Ravenala, dans lequel les six étamines sont fertiles, ne cite pas le genre Heliconia. M. Hooker, en décrivant l Heliconia brasiliensis (Exot. flor., 190), donne une très bonne description de la fleur de ce genre; il indique le labelle comme provenant de la sixième étamine transformée, et il cite James Smith eomme ayant eu la méme opinion. On ne peut pas savoir s'il attri- buait la méme origine au labelle des autres Musaeées ou s'il admettait une différence à cet égard entre les Heliconia et les Musa et Strelitzia. Ayant eu occasion d'étudier récemment la structure de la fleur d'une espèce vivante d’ Heliconia (Heliconia acuminata, Rich. Mus., page 26, tab. XI et XII) et de comparer cette structure à celle des Musa et des Stre- litzia, j'ai pu m'assurer de l'exactitude des deux opinions, en apparence différentes, de MM. R. Brown et Hooker, et reconnaitre ainsi que, dans une méme famille, trés naturelle cependant, un organe décrit sous le méme nom avait deux origines tres différentes, et que l'ensemble de la symétrie florale était fortement modifié. Dans les Musa, Ves fleurs, plus où moins nombreuses suivant les espèces, placées à l'aisselle de chacune des grandes bractées de l'inflorescence, sont dépourvues de bractées propres, et toutes disposées, on pourrait dire orientées, de la méme manière, relativement à l'axe et à la bractée com- mune qui les aecompagne, c'est-à-dire que leur périanthe, divisé en deux Sortes de lévres inégales, a toujours la plus grande dirigée du côté extérieur ou bractéal, et la plus petite, ou ce qu'on a nommé le labelle, du cóté de l'axe; la grande division est formée de cinq parties soudées, plus ou moins distinetes au sommet, suivant les espèces ; trois sont plus extérieures et correspondent aux sépales des fleurs de monocotylédones ordinaires, deux Interposées entre celles-ci appartiennent à deux des pétales, enfin le troi- sième pétale, tout à fait libre et d'une forme différente, constitue le labelle. Ce labelle correspond par conséquent, par son origine et par sa position dans l'inflorescence, à celui des Orchidées. Ces fleurs n'ont que cinq étamines à anthères parfaites dans les fleurs mâles, imparfaitement développées dans les fleurs femelles. La sixième étamine, nécessaire pour compléter la symétrie florale, est celle qui devrait être opposée au labelle; il n'en reste aucune trace. 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les trois carpelles correspondent aux trois sépales, comme cela a lieu généralement dans les monocotylédones tricarpellées. La méme organisation, sauf des différences dans la forme et le degré d'adhérence des organes, s'observe dans les Strelitzia. Dans les Heliconia, la position de la fleur parait rester la méme, relati- vement à l'inflorescence, quoique je n'aie pas pu m'en assurer avec certi- tude, la floraison étant trop avancée lorsque je l'ai étudiée. Mais le mode de soudure et d'avortement des organes de la fleur est tout à fait différent: le sépale médian et extérieur est complétement libre, et l'espèce de ligule ou de lèvre opposée est formée, comme dans les Musa, de cinq parties, mais de deux sépales réunissant les trois pétales, et non pas de deux pétales unis- sant les trois sépales. Il en résulte que cette ligule ou division du périanthe, composée de cinq parties, correspond, dans les Musa, au côté extérieur de l'inflorescence et dans les Heliconia au côté intérieur. J'ajouterai que, dans les Heliconia, l'union de ces parties est beaucoup plus légère et n'est souvent que tempo- raire ; les sépales et les pétales, unis au moment de l'épanouissement de la fleur, se séparent complétement plus tard dans la plupart des cas. Enfin, dans les Heliconia, outre les trois sépales et les trois pétales, il y a un septieme organe pétaloide plus petit que les parties du périanthe, plus interne, qu'on a désigné comme le labelle daus ces plantes, mais qui n'est autre chose qu'uue des étamines opposées aux sépales transformée en une lame pétaloide. Ce labelle, bien loin de correspondre à celui des Musa et des Strelilzia, est placé du côté inverse de la fleur, devant le sépale libre ou extérieur, du côté externe de la fleur, tandis que celui des Musa repré- sente un vrai pétale placé du côté de l'axe. Quoique les étamines fertiles soient, dans les Heliconia, au nombre de cinq, comme dans les Musa et les Strelitzia, elles ne se correspondent pas, car l'étamine médiane fertile de ces dernieres plantes est devenue le labelle des Heliconia, et, au contraire, l'étamine fertile médiane dans ce genre correspond à l'étamine avortée des deux autres genres. Quant au pistil, il conserve les mêmes rapports de symétrie dans les trois genres. Ou voit que la symétrie, que l'on peut appeler fondamentale dans ces plantes, reste bien la même dans tous les genres, et correspond à celle qui est commune à toutes les fleurs de monocotylédones complètes, c'est-à-dire cinq verticilles ternaires alternant entre eux, et dont le plus externe et ie plus interne ont leur piece médiane placée du côté de la braetée ; mais le mode de soudure des parties entre elles et l'ordre des avortements est pro- foudeément modifié, suivant que l'on considère le groupe des Musacées pro- prement dites, ou celui des Héliconiées. J'ajouterai que les ouvrages généraux récents dont jai connaissance, et SÉANCE DU 28 mars 1850. 173 en particulier le Genera plantarum d'Endlicher, ne signalent aucune diffé- rence de cette nature entre les divers genres de Musacées. M. Léon Soubeiran présente à la Société des plantes de la Guade- loupe qui lui ont été envoyées par M. H. Capitaine, et donne lecture de l'extrait suivant de la lettre qui accompagnait cet envoi : Basse-Terre (Guadeloupe), 12 septembre 1855. ^. Le Canéficier (Cassia Fistula) est un arbre trés répandu à la Guade- loupe, sans que j'ose affirmer qu'il y soit indigene, car on ne le trouve que dans le voisinage des habitations. Son trone peut acquérir 50 à 60 centi- mètres de diamètre. A la fin de mai, il se couvre de belles fleurs jaunes disposées en longues grappes pendantes. Il a alors trés peu de feuilles, les- quelles poussent aprés les fleurs. Le Ben (Moringa pterygosperma, Gtertn.) est également trés commun. Il ne devient jamais trés gros. Son écorce fraiche a une saveur piquante sem- blable à celle des fruits de la Capucine. Nous avons ici l Indigofera tinctoria, qui croit partout, surtout dans les lieux secs ; mais lorsqu'on trouve les plantes dans des terrains gras, les feuilles sont beaucoup plus nombreuses et plus grandes. J'ai trouvé une autre espèce à fruits presque droits, mais je suis encore indécis de savoir si c’est réellement une espèce distincte ou une variété de l'/nd. tinctoria. On ne tire ici aucun parti de eette plante. Sa culture pourrait étre avanta- euse, surtout si l'on avait recours au procédé moderne pour l'extraction de l'indigo. Le Campéche (Hæmatoxylon campechianum) vient dans les lieux les plus arides : il se plait sur les mornes et dans les expositions les plus chaudes. Les fleurs, qui sont trés nombreuses, exhalent une odeur de miel fort agréable, Le Bursera gummifera est un très grand et très bel arbre qui eroit en société dans les montagnes de la Guadeloupe, à une certaine hauteur que je n'ai pas encore déterminée. Il coule naturellement de son tronc un sue résineux qui se concrète en une résine blanche comme la neige. Cette résine est molle quand elle est fraiche; en vieillissant, elle devient cassante et Jaunâtre, Elle me parait avoir beaucoup d'analogie, pour l'odeur, avec la résine Elémi. Elle sert à préparer des flambeaux que l'on désigne dans le Pays sous le nom de gommes ; ils ont un manche, et leur partie résineuse est enveloppée avec les feuilles d'une espèce de Pothos; ils servent à éclairer Jes ouvriers qui travaillent le soir dans les sucreries, et souvent aussi quand on veut aller la nuit dans les bois ou à la pêche. Le Neurolæna lobata R.Br., est une Composée excessivement amère 474 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que l'on emploie ici comme fébrifuge sous le nom vulgaire d'herbe à pique. L' Exostemma floribundum R. et Sch., ou Quinquina Piton (bois tabac) est un des plus beaux ornements de nos montagnes, à cause de l'abondance de ses fleurs. Le tronc de cet arbre devient assez gros. On a parlé, il y a quelque temps, des bons effets de F Hydrocotyle asia- tica L. (1), dans le traitement de la lèpre. Nous avons cherché la plante ici, et nous avons trouvé dans les lieux humides une espece tres voisine, que je crois être I Hydrocotyle repanda Pers.; on l'a employée dans le pays contre cette maladie, et jusqu'ici, on n'a encore eu à signaler aucune guérison radicale obtenue par cette plante. Quelquefois, cependant, ellea amélioré l'état des malades. L'/sotoma longiflora Presl. , est une Lobéliacée qui pousse dans les terres humides. A en juger par son odeur nauséeuse et alliacée quand on l'éerase, et par sa saveur piquante, elle doit avoir des propriétés énergiques. Son suc laiteux est caustique. Le Persea gratissima Garta. (Laurus Persea, L.), est notre Avocatier. Le Jatropha Curcas où Médicinier de barrières, est un arbrisseau trés commun partout. Les nègres l'emploient souvent pour clore leurs jardins, à cause de la facilité avee laquelle il reprend de bouture. Malgré cette cir- constance, je l'ai oublié dans mon envoi, mais vous trouverez plusieurs échantillons de Jatropha gossypifolia ou Médicinier bénit, qu'on appelle aussi Médicinier sauvage. Je vous adresserai aussi deux flacons de Dictame ou Arrow-root, extrait par moi-même des rhizomes du Maranta arundinacea L., ainsi qu'une autre fécule tirée des tubercules d'une plante que je crois être une Zin- gibéracée, et que l'on appelle ici Topinambour. A propos de ces deux corps, faites-moi savoir, je vous prie, si l'on à dans les serres le Maranta arundinacea, ainsi que le Canna coccinea, espèce qui ne diffère du C. indica que par sou rbizome plus gros et rempli d'une fécule qu'on appelle iei Zo/omane, et qui est regardée par les gens du pays comme étant plus délicate que le Dictame (le rhizome du Canna indica ne contient pas de fécule). Si ces deux plantes manquent dans les serres, je erois, à eause de leurs rhizomes charnus et féculents, que je pourrai faci- lement vous les envoyer ; et je profiterai de la même occasion pour vous faire parvenir notre Topinambour, dont vous aurez à faire la détermina- Lion exacte. (4) De Hydrocotyle asiatica L, par M. J. Lépine, dans le Moniteur officiel des établissements français de l'Inde (numéros d'août 1853 à avril 1854). Voyez le Bulletin, t. II, p. 65. SÉANCE DU 28 mars 1856. 175 Je profiterai de la lettre de M. Capitaine, ajoute M. L. Soubeiran, pour mettre sous les yeux de la Société les échantillons parfaitement préparés des espèces sur lesquelles il donne quelques détails, et de quelques autres plantes qui ne présentent pas un moins grand intérét. Les semences de Ben ailé (Moringa pterygosperma Gærtn.), trés oléagi- neuses et trés amères, pourraient fournir facilement, à la Guadeloupe, une huile qui, très probablement, presenterait les mêmes propriétés que eelle eïtraite depuis longtemps déja des graines du Moringa aptera Gærtn. Ün sait que sa fluidité la faisait rechercher des horlogers pour adoucir le frottement des rouages, et que sa double qualité d’être inodore et de rancir difficilement la fait employer encore aujourd'hui en grande quantité dans le commerce de la parfumerie. L'Indigofera tinctoria L., inexploité encore à la, Guadeloupe, est, comme on le sait, au contraire, l'objet de cultures considerables dans d'autres contrées. Pour faire la récolte de la plante au moment convenable, alors que sa feuille est suffisamment chargée de principes tinctoriaux, on attend le moment où, pliée en deux, la feuille se casse net au pli. A ces plantes désignées dans la lettre de M. Capitaine, se trouvaient jointes, dans son envoi, le Flamboyant et une espèce indéterminée de Sima- ruba, récoltée aux environs de la Pointe-à-Pitre. Remarquable par son bois d'une amertume excessive et le peu d'épaisseur de son écorce; cette plante, à ce que présume M. Capitaine, pourrait bien être celle dont un médecin dela Martinique a beaucoup vanté, l'année derniere, les propriétés fébri- fuges. Ce serait alors le Zittera febrifuga, dont on pouvait voir, l'an dernier, des échantillons dans les vitrines de la Martinique, au Palais de l'industrie. Le Flamboyant est une Légumineuse arborescente, importée de l'ile de la Réunion. Malgré ce nom, sous lequel elle est parvenue à la Gua- deloupe, ce n'est pas le Colvillea racemosa Bojer, puisque le calice n'est Pas bilabié, mais quinquepartit, à lobes oblongs, de 3 centimètres de lon- gueur sur 8 millimètres de largeur ; sa couleur est vert jaunâtre en dehors et rouge en dedans. A la Guadeloupe, où elle se reproduit très facilement de Braines, elle fleurit en juin. Le nom vulgaire de Topinambour, donué par les habitants de la Guade- loupe à une Zingibéracée féculifère, explique parfaitement l'observation faite en 1826 par M. Payen. Il reçut à cette époque, de M. Pelletier, un flacon venant de la Martinique, et portant l'étiquette de Fécule de Topinam- ur. Au microscope, il vit des globules diaphanes, sphériques, ovoïdes et arrondis irréguliérement, d'un diamètre beaucoup moindre que les grains de fécule de pomme de terre. L'iode donnait la coloration bleue de la fécule; l'ébullition dans l'eau ne déterminait aucune odeur. En prenant des tuber- cules de Topinambour (Helianthus tuberosus L.), cultivés en France, il R y trouva que de l'inuline, et se demanda si un méme végétal pourrait 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. renfermer des principes différents sous une latitude différente (Payen, Note sur les Topinambours. Journ. de chim. méd., p. 238, 1826). L'observation de M. Capitaine vient expliquer cette apparente anomalie, et démontre l'utilité qu'il y aurait pour nous à connaitre sürement la concordance des noms vulgaires des divers pays avec les noms scientifiques. M. J. Gay communique à la Société quelques nouveaux faits ob- servés par lui dans les Asphodèles et se rattachant à ceux qu'il a déjà présentés dans la dernière séance. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE CÈDRE D'ALGÉRIE, par M. E. COSSON. Le Cèdre (Cedrus Libani Barrel. ; Pinus Cedrus L.) qui dans la province de Constantine forme presque exclusivement la végétation forestière de la zone montagneuse supérieure, occupe une surface de plusieurs milliers d'hectares. Il existe également sur d'autres points de l'Algérie: on le ren- contre dans la chaine du Djurdjura, mais, dans ces montagnes plus abruptes, il wy a que quelques pentes favorables à son développement ; une forêt de Cèdres d'une certaine étendue couvre la partie supérieure de la montagne d'Ain-Telazit au-dessus de Blidah ; c'est surtout dans la magnifique forét de Teniet-el-Haad que le Cèdre atteint les dimensions les plus considérables. — Cet arbre, qui, d'après les faits historiques, parait avoir couvert les sommites du Liban, n'y est plus représenté, au dire de tous les voyageurs, que par un petit nombre d'individus de grande dimension généralement mutilés et par quelques centaines de jeunes pieds; dans la chaîne du Taurus, il forme des massifs importants. Nous réunissons dans nos indications de géo- graphie botanique le Cèdre d'Algérie et le Cèdre du Liban, que nous Con- sidérons comme appartenant à une méme espèce. Le Cedre d'Algérie (Cedrus Atlantica Manetti ; Pinus Atlantica Endl.) ne diffère, en effet, du Cèdre du Liban (Cedrus Libani Barrel., Loud. ; Pinus Cedrus L., Endl.) que par les feuilles ordinairement plus courtes. Quant à la forme et au volume des cônes, ils ne fournissent aucun caractère distinetif ; pour nous, le Cedre d'Algérie ne serait done qu'une variété du Cèdre du Liban, dont nous avons recu des échantillons authentiques du Liban et du Taurus ; notre manière de voir est confirmée par l'opinion de MM. Antoine et Kotschy, qui rapportent également comme variété au Cèdre du Liban le Cèdre d'Algérie; nous avons vu des échantillons de cette variété recueillis dans le Taurus par MM. Kotschy et Balansa. — Le Cèdre d'Algérie se présente sous deux formes : l'une, la plus répandue, est caractérisée par des feuilles plus courtes, généralement arquées et presque conuiventes, et surtout par leur teinte glauque-argenté SÉANCE DU 28 mars 1856. 177 (Cedrus argentea V. Renou, Ann. forest., III, 2, pl. 2); l'autre est carac- térisée par les feuilles un peu plus longues, généralement droites, diver- gentes et vertes (Cedrus Libani V. Renou, loc. cit., pl. 4). L'étude des Cédres dans les diverses foréts de l'Algérie nous a amené à ne considérer les C. Libani et argentea V. Renou, que comme des modifications ou sous- variétés dues à des circonstances locales: en effet, généralement les jeunes arbres et les individus abrités offrent des feuilles vertes et droites, tandis qu'elles sont au contraire glauques et couniventes chez les arbres adultes et exposés à l'influence des vents et de la chaleur; nous devons ajouter que quelquefois nous avons trouvé les deux sortes de feuilles réunies sur un méme pied. Sous l'influence des conditions locales que nous venons de si- gnaler, le Cédre se présente sous deux aspects trés différents : pendant sa jeunesse ou dans les ravins, il affecte souvent la forme pyramidale, tandis que sur les versants il se couronne plus communément, et s'étale en parasol. Le Pinus Halepensis, qui s'est également offert à nous sous ces deux états, démontre encore le peu d'importance qu'il faut y attacher. M. Decaisne fait remarquer qu'il serait possible que le Cédre pré- sentât des sous-espèces, comme celles du Pinus sylvestris (Pin de Haguenau, Pin d'Écosse, etc.). On aurait alors le vrai Cedrus Libani, à feuilles vertes et à port divariqué, et le Cédre à feuilles glauques et à port pyramidal. M. Balansa, qui a observé le Cédre d'Algérie et celui du Taurus, ne saurait admettre de distinction entre ces arbres, et ne les consi- dère pas méme comme des variétés. La couleur plus ou moins glauque ne prouve rien, suivant lui; car on voit parfois le méme arbre réunir des feuilles de nuances diverses. La longueur du pédoncule varie beaucoup el ne peut pas non plus servir de caractère différentiel. Ce pedoncule n'est qu'un rameau monocarpique, qui, aprés avoir porté pendant dix à douze ans des ramules feuillés et s’être allongé chaque année d'un millimètre à peine, finit par produire un cóne. Sur cer- lains arbres les écailles des cônes sont trés caduques ; sur d'autres au contraire elles sont soudées ensemble de manière à ne jamais tomber. Le cóne forme dans ce cas une masse ligneuse continue. M. Balansa rappelle en outre que, de même que les Sapins et con- trairement aux Genévriers, les Cédres acquièrent toujours les mêmes dimensions, quelle que soit l'altitude du lieu où ils croissent. Rien ne prouve, par conséquent, que ces arbres n'atteignent pas en Algérie, comme ailleurs, leur extréme limite au-dessus du niveau de la mer, T. Itf. 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Weddell ajoute. quelques observations au sujet du Cédre de l'Himalaya : L'étude du Cèdre de l'Himalaya montre combien peu on doit se fier aux caractères spécifiques attribués aux arbres de ce genre. Ces caractères sont en effet si peu constants, que les botanistes qui ont eu oceasion d'étudier le Deodora dans son pays natal, ont de la peine à le reconnaître dans les arbres qui portent ce nom dans les pépinières, el retrouvent plutôt sa figure dans quelques-uns des Cédres du Liban qui ornent nos pares. C'est ainsi que MM. Hooker et Thomson disent dans l'Introduction de leur Flora indica, p. 38: « Il n’est pas à notre connaissance qu'aucun voyageur de l'Hima- » laya, de retour en Angleterre, ait jamais reconnu, au facies, le Deodora du » jardin de Kew, comme étant l'arbre de ces montagnes ; tandis que nous » avons fréquemment vu prendre le Cèdre du Liban pour le Deodora. » Le docteur J. Hooker m'a en effet lui-méme montré, au milieu d'un groupe de Cèdres du Liban croissant daus un pare aux environs de Londres, certains individus qu'aucun caractère saillant ne distinguait du Cèdre de l Himalaya. L'opinion des auteurs cités incline évidemment vers la réunion des trois espèces de Cèdre en une seule : c'est ce qui découle surtout de la critique suivante des caractères sur lesquels ces espèces sont fondées. Celui sur lequel on s'appuie surtout, disent-ils, pour distinguer Je Cedre du Liban du Deodora, à savoir la persistance des écailles du cône dans la première de ces espèces, repose sur uneerreur, puisque ces écailles tombent constamment lorsque l'été a été assez chaud pour en compléter la maturation. Le bois du Cedre est également trop variable pour qu'on puisse se fier aux caractères quil fournit; son odeur et sa qualité varient en effet avec les circon- stances dans lesquelles les arbres ont végété, La longueur et la couleur des feuilles et le facies sont si chaugeants dans le Deodora, que nous en avons vu beaucoup d'individus qui ressemblent aussi peu à ce que nous regardous comine le Deodora type, qu'ils ressemblent au Cedre du Liban, et d'autres, au contraire, qui se rapprochent de très près de ce dernier. I existe quelques différences légères dans la forme des écailles du cône des trois espèces de Cèdre, dont on n'a jamais parlé, et qui sont peut-être de quelque valeur ; mais nous doutons que l'on puisse en tirer parti, par la raison que le Cèdre de l'Atlas se rapproche, sous ee rapport, de celui del Himalaya, qu'il réunit ainsi au Cedre du Liban (voyez Flora indica, 1, p. 30). M. J. Gay fait remarquer que le Cedrus Deodora tend à se coucher dés sa Jeunesse. M. Brongniart répond à M. Gay que ce sont seulement les indi- vidus provenant de greffe qui présentent cette particularité. Ceux qui proviennent de semis, au contraire, s'élèvent en ligne droite. SÉANCE DU 28 mars 1856. 179 M. Decaisne donne lecture de la communication suivante adressée à la Societe : REMARQUES AU SUJET DU CROISEMENT SUPPOSÉ DES VARIÉTÉS BLANCHE ET VIOLETTE DU HARICOT D'ESPAGNE , par M. CH. NAUDIN. (Paris, 28 mars 1856.) Quels que soient les faits rapportés par M. Fermond, dans une des pré- cédentes séances de la Société (1), relativement aux Haricots d'Es- pagne à graines violettes et à graines blauches, on peut tenir pour certain qu'il n'y a pas, eu croisement entre les deux variétés, puisque l'auteur de l'expérience reconnait n'avoir pas pris la peine de transporter le pollen de l'une sur les stigmates de l'autre. Méme avee cette précaution, il serait encore fort probable qu'aueun croisement n'auraiteu lieu, attendu la presque impossibilité de pratiquer, sur les Haricots, l'opération nécessaire, sans endommager des organes dont la présence est, sinon indispensable, du moius trés utile iei à la fécondation. I! y a des plantes chez lesquelles le transport du pollen par les vents ou les iuseetes est facile, et méme habituel, mais il en est d'autres où la peti- tesse des fleurs et leur structure particulière s'opposent d'une manière à peu prés absolue à sa dispersion. Les Légumineuses papilionacées, et les Haricots plus particuliérement, sont dans ce eas. Il est difficile de comprendre et d'ad- Mettre que le pollen de ces derniers, étroitement enfermé dans une carène plus ou moins tordue, puisse s'échapper au dehors, et surtout arriver au contact des stiemates d'autres fleurs, qui sont protégés eux-mêmes par une enveloppe semblable contre tout agent de fécondation venant de l'exterieur. Cela est si vrai, qu'il m'a été impossible, je ne dis pas d'obtenir des hy- brides ou de simples métis dans les Légumineuses, mais méme de proceder d'une maniere satisfaisante à la manœuvre de l'hybridation. Je l'ai cepen- daut tentée plusieurs fois sur des Cytises et des Lathyrus, mais j'ai tou- Jour; trouvé le pollen hors des anthères, et la fécondation déjà en train de se faire, bien avant que la fleur fùt épanouie, et lorsque les étamines et le stigmate étaient encore hermétiquement enveloppés par les cinq pièces de la corolle. Je ne me suis pas assure s'il en est de méme dans les Hari- cots, mais j'ai lieu de supposer, du moins par analogie, que la précocité relative de l'anthese y est tout aussi grande que chez les autres Papilio- Dacees, E Y à, dans l'étude de la Botanique, beaucoup d'expériences plus diffi- ciles à faire que celles qui ont trait à l'hybridite, mais je doute qu'il y en ait où l'on soit plus exposé à être le jouet de son imagination. Les jardi- M) Voyez le Bulleiin, t. IL, p. 748 et 760. 480 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. niers, et les jardiniers anglais plus que les autres, nous en donnent tous les jours quelque exemple ; ils manquent rarement, en effet, d'annoncer comme hybrides les moindres variations qui, pour une cause ou pour une autre, surviennent dans les plantes d'ornemei:t qu'ils cultivent, et qu'ils sont inté- ressés à vendre. C'est là un faible inconvénient si l'on ne considère ce genre d'erreur qu'au point de vue de l’horticu!ture, mais il n'en est pas de méme lorsqu'il s'agit de fonder une théorie scientifique, oü les faits, base du rai- sonnement, doivent être d'une authenticité absolue. Pour en revenir aux Haricots de M. Fermond, je ferai observer que, s'il y avait eu échange de pollen entre les Haricots à graines violettes et les Ha- ricots à graines blanches, on aurait vu, selon les règles ordinaires de l'hy- bridité, les Haricots issus du croisement doués de caractères mixtes , c'est-à-dire présenter une coloration intermédiaire entre celles des pa- rents ; e'eüt été le critérium de l'expérience. Au lieu de cela, les Haricots à graines violettes et à fleurs écarlates donnent, sans transition, naissance à des produits décolorés, et réciproquement ces derniers reviennent d'un saut à la coloration normale de l'espèce. Coneluons-en, non-seulement qu'il n'y à pas eu croisement entre les deux types, mais que ces types eux-mêmes ne eonstituent pas ce qu'on appelle proprement une variété. Ce sont de simples et légères altérations individuelles, sans fixité, et qui naissent ou disparaissent par le seul fait des circonstances dans lesquelles la eulture s'effectue, telles que la nature minéralogique du terrain, le plus ou moins de chaleur, de sécheresse, d'humidité, de lumière, etc., agents qui pro- duisent tous les jours des modifications analogues sur la plupart des plantes eultivees. Si j'ai bien saisi la pensée exprimée par M. Fermond dans le dernier alinca de sa note ( Bulletin de la Société Botanique, t. M, p. 751, c'est le père qui fournirait le germe de la nouvelle plante, eu d'autres termes, le contenu du grain de pollen serait lui-même ce germe qui n'at- tendrait, pour se développer en embryon, que le moment où il serait charrié à ovule, C'est là, si je ne me trompe, cette célebre doctrine des polli- nistes, sí bruyamment soutenue de l'autre cóté du Rhin, d'abord par le professeur Horkel, aujourd'hui principalement par MM. Schleiden et Schacht, mais devenue à peu près inadmissible après les recherches aussi multiplices que savantes de MM. Mohl, Hofmeister, Tulasne frères el quelques autres. Les faits qui se produisent dans les expériences d'hybri- dation ne lui sont pas moins contraires que les observations embryolo- giques : les produits véritablement hybrides tiennent, à des degrés divers, du pere et de la mère, mais ils tiennent de tous deux, Tantôt c'est l'influence paternelle qui domine ; tantôt, au contraire, c'est l'influence maternelle; jai méme observé un cas, rare il est vrai, où la plante-mère seule avait imprime son cachet au produit de l'hybridation. Enfin ce qui, à mon avis SÉANCE DU 28 Mars 1856. 181 laisse sans réplique la participation des deux parents à la formation du nouvel être, c’est qu'on voit la postérité de certains hybrides, fécondés par leur propre pollen, se diviser en deux faisceaux, l'un retournant au type du père, l'autre à celui de la mère, comme si les deux séves, réunies artificiellement dans l'hybride, s'efforcaient de se dégager l'une de l'autre pour mettre fin à une forme bátarde qui n'a pas sa raison d'être dans la nature. J'en ai en ce moment sous les yeux un exemple remarquable, dont je compte faire l'objet d'une note spéciale. M. Reveil fait à la Société les communications suivantes : NOTE SUR QUELQUES PLANTES DU PARAGUAY, par M. REWETL. J'ai trouvé, dans la pharmacie de l'hópital des Cliniques, un certain nombre de produits du Paraguay, que mon collègue, M. Regnault, a bien voulu me donner, et que je présente à la Société. Sous le nom de Abairucu (semence d'un arbre employée contre les coups d'air), se trouve un fruit que M. Guibourt a reconnu appartenir au genre Cynometra, ainsi nommé à cause de la ressemblance que présente ce fruit avec la matrice d'une chienne. Ce genre, voisin des Z/jymenea, appar- tient à la famille des Légumineuses. On connait deux principaux Cyno- metra. Le C. ramiflora porte les fleurs fasciculées sur les rameaux ; c'est un bel arbre exotique à feuilles alternes ; le fruit est une gousse Zuberculeuse monosperme. Cet arbre croit dans les Indes orientales; il est toujours vert et fructifie tous les ans; on lui attribue des propriétés purgatives, et l'on retire des semences une huile employée contre la gale et les autres maladies de la peau. Le Cynometra non spécifié, qui, d'aprés M. Sonnerat, vient de Mada- sasear, parait différer du précédent en ce que le fruit est constamment disperme. Le Cynometra cauliflora porte ses fleurs sur les rameaux, mais aussi directement sur la tige; c'est ce qui lui a fait donner son nom; les fruits Sont également monospermes, et la plante, qui vient également des Indes orientales, jouit des mémes propriétés que la précédente. Les divers bézoards ont. été souvent employés contre l'hystérie, sous le nom de Piedra Beza]. J'ai trouvé une pierre arrondíe ou cylindrique qui produit une effervescence légère avec les acides, et qui est employée au Brésil contre l'hystérie ; je doute que ce soit un véritable bézoard ; c'est à l'analyse seule à prononcer ; mais il me semble que cette substance se rap- Procherait plutôt des Ménilites, espèce de quartz hydraté appartenant au terrain parisien, où il se trouve englobé dans des earbonates de chaux. J'ai également trouvé dans cette collection une plante à indigo qui ne 189 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. me parait pas différer de l'/ndigofera tinctoria, et, sous le nom de Jalap de Corrientes, une racine coupée transversalement, qui me semble différer fort peu de celle du Convolvulus oryzabensis, et qui est connue sous le nom de Jalap fusiforme. Cependant celles du Jalap de Corrientes sont beaucoup plus petites et plus compactes, comme si elles appartenaient à des plantes plus jeunes, Quant à la racine de Æéglisse du Paraguay, je ne sais à quelle plante elle appartient, mais c'est certainement un Glycyrrhiza : la saveur est la méme. Cette racine est sous la forme de rouelles, qui présentent ce caractere singulier, que sur leurs faces on remarque des espèces de verru- cosités d'une couleur plus foncée, qui paraissent produites par une exu- béranee du tissu fibro-vaseulaire. Enfin, sous le nom de Jinquinquillo, on emploie au Paraguay, contre les maux d'estomac, des infusions d'une plante grimpante dont je présente le fruit. Celui-ei m'a paru se rapprocher de la gousse des Astragales, si ce west qu'il n'est pas lomentacé. Dans divers pays, et principalement à la Nouvelle-Grenade, on fait usage contre une infinité de maux, d'une plante désignée sous le nom de Cuchunchullo, et qui est produite par l'Zonid?um parviflorum. Quoique le nom de ces deux plantes se rapproche, il est certain qu'elles ne peuvent être confondues, car le Jinquinquillo est désigné comme étant une plante grimpante, tandis que le Cuchunchullo est une petite plante herbaeée qui laisse presque trainer à terre ses rameaux trés gréles: ees deux plantes ne se ressemblent donc en rien. NOTE SUR LES FEUILLES DE CAROBA, par M. REVEIL. J'ai reçu d'un médecin brésilien, il y a quelque temps, une plante connue au Brésil sous le nom vulgaire de Caroba. Ce nom est donné à plu- sieurs espèces de Bignonia. L'échantillon que je présente provient de Rio- Janeiro, 11 se rapporte au Caroba de Pison, qui a été décrit par quelques botanistes sous le nom de Jacaranda procera, et par Aublet sous le nom de Bignonia Copaia, et enfin sous le nom de Kordelestris antisyphilitica par Reiss. Voici comment s'exprime M. de Martius sur le Caroba, dans son Systema iaterire medica vegetabilis Brasiliensis : « Les feuilles de cet arbre magni- fique des foréts des provinces équinoxiales présententun principeáere et amer, et sont astringentes ; leur infusion précipite par les sels de fer et les sels de plomb. On emploie cette plante contre plusieurs affections syphilitiques, particulierement contre celles de la peau et Jes envorgemeuts ganglionnaires. L'infusion est administrée sous forme de tisanes, et la décoction en fomen- tations et en bains, » Une espece de Palissandre, décrite par M, de Martius sous le nom de Cy- SÉANCE DU 28 mars 1856. 183 bistaz antisyphilitica, est également connue sous le nom de Caroba, et est employée en lotions contre les ulcères syphilitiques. Parmi les effets physiologiques du Caroba, M. de Martius signale comme étant trés remarquable, son action diurétique contre la dysurie, les hydropi- sies, les douleurs des caleuleux, l'engorgement du foie, ete. Mais c'est surtout comme spécifique d'une maladie de la peau trés commune chez les nègres, et qu'on appelle vulgairement bouba, que e Caroba est employé à Rio- Janeiro. Le bouba aurait, à ce qu'il parait, la syphilis pour origine, et se rapproche beaucoup du pian des Américains par ses caractères. Le Caroba serait donc un antisyphilitique et agirait comme dépuratif et sudorifique. Ses propriétés astringentes l'ont fait employer avec succès pour déterger les plaies et ulcères et háter leur cicatrisation. Je ne crois pas que ses feuilles vaillent mieux que celles de la Busserole (Arbutus Uva-ursi), qui ont eu aussi une grande réputation, et qui sont en grande partie délaissées aujourd'hui. Il est à remarquer, d'ailleurs, qu'une partie des bons effets obtenus pourraient étre attribués aux diverses substances auxquelles on a associé le Caroba. Voici en effet une des formules en usage à Rio-Janeiro : Poudre de feuilles de caroba , . . . 120 gram. Z weblululd 12 gram. — deséné ......... d Calomel à la vapeur , . .. . . .. 2 gram. A prendre trois cuillerées par jour. Cette formule est d'un usage général au Brésil, où on la prescrit comme préparation officinale. Voici la formule qu'on emploie contre les uleéres ou tumeurs syphi- litiques : Extrait mou de caroba. .. e. 25 gram. Acétate de cuivre, . .. . « ^4 gram. Mélez et employez pour le pansement des plaies. Enfin, à l'intérieur, la dose du Caroba est de trente grammes eu infusion dans un litre d'eau. M. Reveil ajoute les observations suivantes au sujet de la note de M. Le Coat de Kernoter (1) : | Dans l'intéressante communication faite par M. Le Coat de Kernoter sur es Salsepareilles, cet auteur dit avec raison que la Salseparcille rouge de la Jamaique ne croit pas dans ce pays, comme son nom semblerait l'indiquer, (1) Voyez le Bulletin, t, ll, p. 745. 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais qu'elle vient de Honduras. La certitude de ce fait était importante à établir. Dans les produits de la Jamaïque à l'Exposition universelle, on trou- vait en effet une Salsepareille qui ne ressemblait en rien à celle qui a été décrite pour la premiere fois par M. Pope, pharmacien de Londres, sous le nom de Salsepareille rouge dite de la Jamaïque, d'où elle nous vient par voie de transit. M. Guibourt pense que c'est la méme que Hermandez a désignée sous le nom de Sa/separeille supérieure de Honduras. M. Le Coat de Kernoter établit une différence entre la Salsepareille dé- crite par M. Pope et celle que M. Robinet a fait connaitre; tandis qu'il est certain que la Salsepareille de ces deux auteurs est la méme. Il suffit, pour s'en assurer, de lire le travail de M. Robinet dans le Journal général de médecine (juin 1825). J'ai eu l’occasion de voir dernièrement de la Salsepareille cultivée dans le département de l'Aude ; elle est trés peu amylacée, et ressemble un peu à la Salsepareille rouge de la Jamaïque. Quand j'aurai pu me procurer la plante entière, j'en donnerai la description à la Société. M. de Schonefeld présente des feuilles de Fragaria collina qui, outre les trois folioles normales, offrent deux petites folioles supplé- mentaires un peu pétiolulées, et situées de chaque coté du pétiole commun, à une certaine distance des folioles normales. M. J. Gay fait observer que ce phénomène a déjà été constaté par lui dans cette méme espèce, où il parait être assez fréquent. Il en tire cette conclusion que les feuilles des Fraisiers ne sont pas des feuilles palmatipartites, mais des feuilles pinnatipartites, dont les trois folioles supérieures se développent seules habituellement. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ueber einige Ranunculaceen (Sur quelques Renunculacées) ; par M. Thilo Irmisch. (Botan. Zeitung des h et 11 janvier 1856, n° 4 et 2, col. 1-11, 17-29, planc. I.) Ce nouveau mémoire de l'habile organographe allemand est consacré à l'étude de la végétation des Anémones, de quelques Renoneules, du Caltha et du Myosurus. Les Anémones présentent beaucoup de diversité dans leur végétation sou- terraine. Les plus remarquables, sous ce rapport, parmi les espèces euro- péennes, sont l'Anemone coronaria et ses voisines. A la germination, les 2 cotylédons ovales, pétiolés, s'élevent sur terre et forment une très longue gaine étroite qu'il serait facile de prendre pour la tigelle, et dans laquelle une coupe transversale montre une cavité étroite, très comprimée et trans- versale, avec 2 faisceaux fibro-vasculaires. Au fond de ce tube se trouve la gemmule, dont la premiere feuille est trifide, et au-dessous de laquelle se montre l'axe, La gemmule croit trés rapidement et rompt bientôt la gaine Cotylédonaire dans sa partie inférieure et latérale; sa feuille sort par cette fente et se montre au-dessus du sol. La suivante en fait autant, aprés quoi les Cotylédons sèchent graduellement, et leur gaine se détruit. L'axe inférieur aux cotylédons ne prend d'abord que peu d’accroissement, mais pendant l'été, il se renfle en rave ou presque en boule, et ce renflement comprend aussi la radicule. Les radicelles qui en partent se renflent à leur tour. Ce Sont surtout les rayons médullaires qui déterminent cet épaississement, Les racines adventives qui naissent plus tard sur cet axe restent toujours assez gréles, Si la plante ne fleurit pas dans le cours de sa premiere période végétative, elle forme un bourgeon terminal qui donne, l'année suivante, de nouvelles feuilles et une tige florifere, ou, à défaut de celle-ci, un nouveau bourgeon terminal écailleux. Mais les plantes fleurissent souvent des la premiere année, en été ou en automne. Alors elles donnent, jusqu'à la base de la tige florifére, des feuilles dont les extérieures n'existent déjà plus au moment de l'épauouissement , et dont les intérieures sont souvent réduites à l'état écailles. La tige florifere est le prolongement terminal de l'axe basilaire renflé, et, à côté d'elle, dans l’aisselle de la feuille la plus haute, se trouve le bourgeon principal, gráce auquel la plante continuera son développement 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'année suivante. Le plus souvent, outre ce bourgeon principal, il s'en dé- veloppe d'autres situés à l'aisselle des feuilles qui suivent les cotylédons; des lors la plante se ramifie sous terre, et ses branches souterraines devien- nent tantót assez longues et horizontales, tantót courtes, presque globuleuses et charnues. A leur tour, ces branches se ramifient souvent, grâce aux bourgeons situés à l'aisselle de leurs écailles. Raccourcissant graduellement leurs entre-nœuds, elles forment une extrémité épaisse et arrondie. Elles portent ensuite des feuilles, plus haut encore des écailles, et elles arrivent plus tôt ou plus tard à développer une tige florifère. Il se développe bientôt sur elles beaucoup de racines adventives, et devenant indépendantes de l'axe prineipál, qui peut lui-même se détruire, elles vivent ensuite de leur vie propre. La germination de l’ Anemone alpina ressemble beaucoup à celle de l'A. coronaria. Dans l Anemone pulsatilla et les autres espèces de la section Pulsatilla, les cotylédons ovales et pétiolés ont une gaine trés courte. L'axe hypocoty- liquesouterrainse distingue par sa couleur blanche du pivot, qui est brunátre et couvert de poils fins, et ces différences persistent. Jusqu'à la floraison, qui n'arrive, dans la nature, qu'après plusieurs années, la plante végète au moyen d'un jet terminal sur lequel des feuilles alternent avec des écailles. La plante florifère a été déjà décrite ailleurs par M. T. Irmisch. À la germination, l'Anemone sylvestris montre ses cotylédons épigés, petits, ovales, pétiolés, avec une gaine trés courte. L'axe hypocotylique se distingue, comme dans l'A. Pulsatilla, du pivot, qui persiste et devient souvent trés long, sans épaissir sensiblement; mais plus tard, toute diffé- rence entre les deux disparait. De cet axe hypocotylique ainsi que de l'épico- tylique, dont les mérithalles sont trés courts, naissent de nombreuses racines adventives qui deviennent tres longues, de méme que les ramifications du pivot, qui s'étendent horizontalement, et sur lesquelles se montrent, dès la deuxieme et troisième année, ainsi que sur le pivot, des bourgeons adventifs souvent en grand nombre. Ceux-ci sont d'abord de petits corps blancs, hé- misphériques ; leurs premieres feuilles sont en écailles, mais bientôt ils pro* duisent une ou plusieurs feuilles qui se montrent au-dessus du sol. Ces bourgeons restent pendant longtemps en connexion avec la racine, souvent jusqu'à ce qu'ils fleurissent eux-mêmes. Du reste, leur axe propre émettant des racines adventives, ils peuvent vivre indépendants, aprés leur séparation complete de Ia racine qui leur a donné naissance. Dans sa Morphologie der Zwiebel- u. Knol.-Gow, M. Th. Irmiseh 8 déja décrit la germination des Anemone hepatica et nemorosa. Nous croyons done inutile de résumer les détails qu'il reproduit à ce sujet. Les Renoneules présentent, dans leur germination et leur développement, beaucoup moins de diversité que les Anémones. Les différences qu'on ob- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 serve sur leurs plantules germées tiennent presque uniquement à la diver- sité des dimensions et des formes des parties, et peuvent plutót, dit l'auteur, être figurées que déerites. Leurs cotylédons épigés sont généralement ellip- tiques, plus ou moins pétiolés, à gaine courte. Leur axe hypocotylique se distingue nettemeat du pivot, et il varie de longueur dans la méme espèce. Ces deux parties restent gréles; dans les espéces vivaces, elles périssent pendant la première ou deuxième végétation, et on ne les trouve encore à l'époque de la floraison que chez les espèces (par exemple R. auricomus) qui fleurissent dès la deuxième année. Elles ne se renflent pas, et le tuber- cule du R. bulbosus est formé par les entre-nœuds supérieurs aux cotylé- dons. Dès lors, dans les espèces vivaces, les vieux pieds présentent toujours un axe qui se détruit par le bas. Les racines adventives jouent done un rôle trés important pour la nutrition des Renoncules; on les voit déjà sur les jeunes plantules, et leur développement parait soumis à un ordre assez précis, comme on le voit bien dans le R. arvensis. Tei, de l'union du pivot avec l'axe hypocotylique sortent d'abord deux racines adventives qui ré- pondent à la côte médiane des col ylédons ; bientôt deux autres sortent aussi, alternant avec les cotylédons ; après quoi, sur les pieds vigoureux, il en nait, au méme niveau, d'autres qui finissent par former une couronne. On en voit sortir aussi assez souvent de la partie moyenne de l'axe hypocotylique. Les choses se passent de même pour les autres espèces ; les vivaces, qui, généralement, n'ont qu'une végétation peu yjgoureuse la première année, ne produisent souvent alors qu'une ou deux racines à l'union du pivot et de l'axe hypocotylique. Chez le R. sceleratus, le nombre de ces racines adven- tives devient considérable au-dessous et au-dessus des cotylédons. Tout le monde connait celles qui sortent de la tige des R. Lingua et nodiflorus. Le R. paucistamineus et les espèces aquatiques en général présentent d'ordi- naire sous chaque feuille 2 racines également distantes de la côte médiane. ans quantité d'espèces, les racines adventives s'allongent beaucoup sans paissir ; ailleurs elles s'allongent peu et se renflent en tubercules, soit toutes egalement (A. Thora), soit pendant que d'autres restent gréles (R. illyricus, millefoliatus, asiaticus). Dans les Renoneules, au-dessus des cotylédons, se trouvent plusieurs entre-neeuds raccourcis, d'où résulte une rosette de feuilles. Les tiges flo- rifères sont terminales, [e bourgeon principal se trouve à l'aisselle de la feuille basilaire la plus haute. Le Æ. Lingua n'a pas de bourgeon de ce genre, Les jets axillaires du bas des plantes s'enracinent promptement et deviennent indépendants, Dans le X. repens, ils se développent en stolons. Le Caltha palustris ressemble aux Renoncules pour la germination. H n emet qu'un fort petit nombre de racines adventives à la limite du pivot et de l'axe bypocotylique, ainsi que sous l'insertion des cotyledons ; mais il en produit beaucoup plus sur l'axe fondamental raccourci que possèdent les 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes vieilles. Le bourgeon principal, par lequel la plante persiste, est situé à l’aisselle de la plus haute des feuilles basilaires, à eóté de la tige à fleurs. La gaine des feuilles de cette espèce est un véritable ochrea, à orifice très étroit dans la feuille jeune; plus tard il se déchire. TI en est de méme pour les Trollius, qui ont aussi la germination du Caltha. Dans le Myosorus minimus, les racines adventives se montrent d'ordinaire uniquement à la jonction du pivot avec l'axe by poeotylique ; cependant on en voit aussi assez souvent sur ee dernier, sous les cotylédons. Elles ne se montrent qu'à l'union du pivot et de l'axe bypocotylique dans les Cerato- cephalus falcatus et orthoceras; au contraire, dans les Adonis annuels, on n'en voit pas à la limite inférieure de l'axe hypocotylique, mais à sa partie supérieure. Sur les pieds fleuris, on remarque à peine une limite entre cet axe et le pivot. Il en est de méme dans les Nigella arvensis et sativa, ainsi que daus le De/phinium Consolida. Le mémoire se termine par l'explication détaillée des 52 figures qui l'aecompagnent. Ueber die erste Generation der Korkzellen (Sur la pre- mière génération des cellules du liége); par M. Sanio. (Voy. Botan. Zeit. du 29 février 1856, n° 9, col. 150.) A la séance tenue le 15 janvier dernier par la Société des amis de la nature, de Berlin, M. Hanstein a présenté un résumé des recherches faites à ce sujet par M. Sauio, qui ne les a pas encore livrées à la publicité. Cet observateur a vu, chez le Viburnum Lantana et le Nerium Oleander, les cellules du liége prendre naissance dans l'épiderme, de telle manière que les cellules épidermiques se divisaient tangentiellement, ei qu'ensuite la cellule-fille provenue de cette division devenait cellule-mère pour les formations ulté- rieures. Chez le Bambusa nigra, le Viburnum opulus, Y Alnus gluti- nosa, etc., le liége se forme par division de la rangée de cellules parenchy- mateuses la plus externe, et cela de telle sorte que d'abord les cellules-filles externes subissent la seconde division, mais qu'ensuite la rangée interne continue à se diviser. Chez le Lonicera caprifolium, la formation du liége a lieu dans une rangée de cellules parenchymateuses, située au-dessous du liber primaire, et en allant de l'intérieur vers l'extérieur. Cependant la subé- risation propre des cellules s'opere toujours de dehors en dedans. M. Sanio a vu encore chez le Zuzus, l'Evonymus, ete., un développement de l'épi- derme par division radiale. Recherches sur la cause de la Phosphorescence de lAgarie de l'Olivier, par M. Fabre. (Ann. des sc. nat., h* sére, IV; pag. 179-197.) M. Tulasne, dans son mémoire sur Ja phosphorescence de l'Agaric de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 l'Olivier, ete. (Ann. des sc. nat., 3* sér., 1x, p. 338), avait exprimé le désir qu'un expérimentateur recherchát si, pendant sa phosphorescence, l'Aga- ricus olearius aspire proportionnellement plus d'acide carbonique que lors- qu'il est ténébreux, et s'il manifeste alors une élévation de température. M. Fabre s'est proposé de répondre au désir de M. Tulasne, et, dans ce but, il a fait, au mois de novembre, les recherches dont il a consigné les résul- tats dans son mémoire. M. Fabre a va les lueurs phosphoriques de l'Agarie uniquement sur les lames et non également, comme M. Tulasne, sur le stipe, ni dans la sub- stance interne du Champignon. A la vérité il a observé, à Avignon, par une température de 10-12 degrés, ou méme moins, et il présume que cette tem- pérature a pu restreindre le phénomène. Son mémoire est divisé en para- graphes de la manière suivante. 1° L'Agaric de l'Olivier est phosphorescent aussi bien pendant le jour que pendant (a nuit. — MM. Delile et Tulasne n'ont pu voir la phosphorescence de ce Champignon pendant le jour. M. Fabre l'a, au contraire, parfaitement constatée à diverses heures dela journée, toutes les fois qu'il a eu la patience d'attendre que ses yeux eussent acquis par un séjour prolongé dans l'obseu- rité une sensibilité suffisante pour percevoir ces lueurs phosphoriques dont l'intensité n'est jamais telle qu'elle permette, par exemple, de lire l'heure sur une montre. 2" L'exposition à la lumiere solaire est sans influence sensible sur la phos- phorescence de l’ Agaric de l'Olivier. — M. Fabre a d'abord constaté que, par un temps pluvieux et sombre, le Champignon est aussi phosphorescent qu'après un jour de beau soleil. En outre, il a divisé une touffe de ces Aga- ries en deux parts, dont l'une a été tenue à une obscurité complète, tandis que l'autre est restée tout le jour au soleil. Ces deux parts n'ont ensuite pré- senté aucune différence quant à l'intensité de leur phosphorescence. 3° L'état hygrométrique de l'atmosphère n'influe point sur la phosphores- cence. — Pendant une pluie qui durait déjà depuis plusieurs jours, sous une cloche remplie d'un air saturé d'humidité, ou même immergé dans l'eau, l'Agaricus olearius vivant jette des lueurs aussi vives qu'à l'air libre, que dans une chambre chauffée par un poéle tout rouge de feu, que par un temps parfaitement sec. le La chaleur, tant qu'elle ne sort pas de certaines limites, ne modifie point l'éclat de la phosphorescence. — Ainsi deux moitiés d'une touffe d’ Aga- ric de l'Olivier, aprés avoir été exposées pendant quelque temps, l'une à 30 où 40° prés d'un foyer, l'autre à 40° seulement, n'ont montré aucune diffé- rence dans leur Incur. » Limites de température au delà desquelles la phosphorescence cesse mo- Mentanément ou pour toujours. — L'Agarie de l'Olivier, exposé pendant quelques minutes à une température de + 3-4°, perd très rapidement et 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. complétement sa phosphorescence, pour la reprendre dès que la température s'élève de nouveau. Vers 8-10°, sa lueur est au maximum. L'action de l'air froid prolongée toute la nuit a éteint pour toujours sa lumière. D'un autre côté, de l'eau chauffée à 50° a produit un effet semblable, tandis que d'autres placés sur leur chapeau au-dessus d'un poéle, sont restés phosphorescents méme lorsque leur couche externe était déjà carbonisée. Sans doute la sub- stance peu conductrice du chapeau préservait les lames. 6° La phosphorescence est la méme dans l'eau aérée qu'à l'air libre, mais elle n'a pas lieu dans de l'eau privée d'air par l'ébullition. — Des que le Champignon est plongé dans l'eau bouillie, sa lueur phosphorique déeroit à vue d'ail et elle ne tarde pas à s'éteindre. Elle reprend à l'air pour cesser par une nouvelle immersion. La réapparition de la lumiere à l'air est in- stantanée ; son extinction dans l'eau est graduelle, sans doute par l'effet de la mince lame d'air adhérente à hymenium. Le contact de l'air, méme de celui qui es: dissous dans l'eau, est done indispensable à la manifestation de la phosphorescence. 7° La phosphorescence s'éteint dans le vide et dans les gaz irrespirables, comme l'hydrogène, l'acide carbonique, le chlore. Elle y disparait subite- ment et complétement pour reprendre instantanément à l'air, si l'action n'a pas eté prolongée trop longtemps. 8° Action de l'oxygène. — L'oxygène pur n'avive pas la phosphorescence. M. Fabre eherene a expliquer par des faits pourquoi cette lueur, bien que produite par une veritable combustion, reste la méme dans l'oxygène pur. Après 36 heures de séjourdaus l'oxygène, le Champignon n'avait plus qu'une tres faible lueur, tandis qu'un autre laissé a l'air avait conservé toute la sienne. Dans uu mélange de 1/5 d'acide carbonique avec 4/5 d'oxygène, il a diminue peu à peu d'éclat ; il lui en restait fort peu au bout d'une heure; il était complétement éteint après 5 heures, quoique restant susceptible de redevenir lumineux a l'air. 9" Lorsqu'il est phosphorescent, l Agaric de l'Olivier expire proportionnel- lement plus d'acide carbonique que lorsqu'il est obscur. —L'absorption d'oXy- gène dans l'air, et le dégagement d'une quantité égale d'acide carbonique sont au maximum pendant la période de phosphorescence et vont s'affaiblissaut presque de moitié pendant la période obscure, quoique le Champiguon soit encore parfaitement sain. Dans l'espace de 36 heures, 1 gramme d'Agaric lumineux expire 1,53 eentim. cube d'acide carbonique de plus que le méme poids de Champignon obscur. Au total son oxydation est assez active, Su” périeure à celle qui se produit chez les poissons et les reptiles ; « mais ou peut se demander encore si cet excès d'oxydation pendant la période jumi- neuse est bien réellement la cause de la phosphorescence, et sì cette der- niere, reconnaissant une autre origine, ne pourrait se manifester avec uh dégagement moins abondant d'acide carbonique. » Une expérience rapportée REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 191 par M. Fabre le conduit à conclure que « quand la phosphorescence cesse, l'acide carbonique expiré est considérablement réduit ; que l'oxydation par excès et l'émission de lumière sont invariablement simultanées, et que la seconde reconnait pour cause la premiere. » 10° Z'Agaric phosphorescent ne produit pas une élévation de température appréciable au thermomètre. En résumé, « la phosphorescence de l'Agaric de l'Olivier reconnait uni- quement pour cause une oxydation plus énergique pendant la période lumi- neuse qu'à toute autre époque... elle est l'effet du travail respiratoire et reconnait la méme cause que la chaleur dégagée au moment de l'anthese par certaines parties dela fleur des Phanérogames, principalement des Aroidées, peut-être méme n'est-elle qu'un état partieulier de cette chaleur d'origine organique. » De Umbelliferarum structura et evolutione nonnulla. Commentatio academica, auctore E.-G. Jochmann ; in-4° de 26 pages et 3 planches lithographiées. Breslau, 1855 ; librairie de A. Gosohorsky (L.-F. Maske). Ce mémoire est dédié à M. Goeppert par l'auteur, son élève, comme le premier produit de sa plume. Dans une courte introduction, M. Jochmann fait remarquer que, malgré le nombre assez grand d'observations isolées qui se trouvent dans les ouvrages de botanique sui la strueture des Ombel- lifères, cette grande famille a été, au total, plus négligée qu'elle ne devait l'être, Il exprime le regret de n'avoir pu lui-méme consacrer à l'étude qu'il en à faite tout le temps qu'elle aurait exigé; ii étudie ensuite en autant de paragraphes ; 4° La germination; 2° la racine et le rhizome; 3° la tige ; W les réservoirs d'huile et de résine qui existent soit dans la tige, soit dans le rhizome; 5° les feuilles; 6° l'inflorescence; 7° la fleur; 8° le périearpe; 9" la graine, 1° La germination des Ombelliferes a été observée surtout par MM. Titt- mann, Bernhardi, De Candolle et Hoffmann. L'auteur lui-méme a pu la Sulvre principalement dans les genres Coriandrum, Scandix et Conium. Cest principalement d'après le premier qu'il la décrit. Les Ombelliferes serment en général lentement, surtout les espeees bisannuelles et vivaces, et leurs graines restent souvent plus d'un an en terre avant de lever. Au contraire, les annuelles n'exizent seulement que quelques semaines ; méme le Scand i. Pecten n'a besoin que de sept ou huit jours. M. Jochmann décrit comment leur albumen est graduellement résorbe, les parois de ses Cellules épaississant à mesure qu'elles perdent leur consistance, et finis- Sant par se résoudre en une matiere gélatineuse qui nourrit l'embryon, Dans la plantule formée par la germination, il distingue la portion de l'axe 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. située entre les cotylédons et la base de la radicule sous le nom de caudi- cule, qu'employait aussi M. Bernhardi. On n'y trouve pas de moelle. I réserve le nom de caulicule pour l'entre-noeud sous-cotylédonaire pourvu de moelle qui existe par exemple dans les Légumineuses et beaucoup d'autres plantes, mais qui se montre fort raccourci dans les Ombellifères. 2° M. Hoffmann a fait parfaitement connaitre (Flora de 18h49, 1850, 1851 et 1852) la structure des racines des Ombelliferes; mais il n'a pas distingué la racine du rhizome. Ce dernier renfermant une moelle qui manque dans la premiere, il existe ainsi un caractère anatomique pour distinguer ees deux parties. Le rhizome des Ombelliferes annuelles est nul ou réduit à quelques entre-nœuds raccourcis; celui des bisannuelles, plus prononcé, comprend les entre-nœuds peu développés des feuilles de la pre- mière année; celui des vivaces est trés développé, le plus souvent rameux, souvent surrnonté des restes des feuilles tombées. 3° Le type normal de la tige des Ombellifères présente une zone ligneuse bien développée, entourant une moelle que la dessiceation et le défaut d'ac- croissement font disparaitre, de manière à former une cavité interrompue seulement aux nœuds ; à l'extérieur, cette zone est séparée du parenchyme cortieal et du liber par une zone de cambium. Cette zone ligneuse est géné- ralement continue, interrompue seulement par des rayons médullaires trés étroits, à deux ou trois files de cellules; on y distingue des faisceaux pri- maires qui ont été formés par le cambium de la gemmule et des faisceaux secondaires, formés plus tard, qui avancent moins vers le centre. À chacun des faisceaux primaires correspondent extérieurement deux faisceaux de liber, et eux-mémes présentent de grands vaisseaux. Un seul faisceau de liber correspond aux faisceaux ligneux secondaires, et ceux-ci sont généra- lement privés de vaisseaux ; aussi plusieurs botanistes ne les regardent pas comme des faisceaux proprement dits. Cette structure anatomique subit quelques modifications, notamment dans le Silaus pratensis, dont la moelle est parsemée de faisceaux fibro-vasculaires épars, qui rappellent entierement Ja structure des Pipéracées. h? Les réservoirs d'huile et de résine qui existent dans le rhizome des Ombelliferes ont été déjà bien déerits par M. Hoffmann. Dans la tige, ils sont souvent nombreux, et c’est leur présence sans ordre dans la moelle des Férules qui a fait dire par erreur à De Candolle que ces plantes ont des fais- ceaux fibro-vaseulaires épars au milieu de la moelle, On en trouve aussi dans l'épaisseur du parenchyme cortical, et surtout pres des faisceaux du liber. 5° Le développement des feuilles des Ombelliferes a été suivi par MM. Grisebach, Tréeul et Payer. Malheureusement, dit M. Jochmann, ces auteurs ne sont pas d'accord entre eux. Il expose d'abord les résultats qu'ils ont publiés, après quoi il rapporte les résultats des recherches qu'il a faites REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 lui-même sur les S//aus et les Conium. D'après lui, l'accroissement de la gaine prévaut dans le commencement et surpasse beaucoup celui de la lame; plus tard les deux s'aeeroissent presque également. La portion inférieure de la lame s’accroit beaucoup plus que la supérieure. Une feuille décomposée ou surdécomposée ne peut étre formee uniquement par un aecroissement basilaire; il doit en outre y exister des points végétatifs secondaires qui donnent naissance aux segments, et méme, abstraetion faite de ceux-là, il en reste certainement un basilaire et un autre situé à la limite du pétiole et de la lame. 6° Le développement de l'inflorescence a été suivi par l'auteur sur l'Heracleum sphondylium; ses observations s'accordent avec celles de M. Payer. T° Celui des parties de la fleur a été étudié sur divers Heracleum et sur les genres Carum, ZEgopodium, Carvi, et pour les ovules, sur un plus grand nombre de genres. Les faits les plus importants qui résultent de ces observa- tions sont : Le développement successif des verticilles floraux de l'extérieur vers l'intérieur; la présence dans chacune des deux loges ovariennes de deux ovules, dont un avorte constamment; l'état d'abord presque entierement supere de l'ovaire, qui ne devient infère qu'assez tard. 8^ et 9° Les deux paragraphes relatifsau péricarpe et à la graine renfer- ment des détails intéressants, mais trop nombreux pour qu'il soit possible d'en présenter ici le résumé. Les 3 planches qui accompagnent le mémoire ont été gravées sur pierre d'aprés les dessins de l'auteur ; elles renferment 64 figures. Recouvrement d'objets divers par le bois. La Botanische Zeitung du 29 janvier 1856 (n° L, pag. 58-59) reproduit en francais les passages suivants empruntés au Bulletin de la Société des Sciences de Neuchátel, t. III, p. 134. * M. Coulon présente un morceau de Hétre cr sur la limite d'un domaine de Chaumont. Sur ce morceau fendu on lit les lettres ras. Ces lettres ont E Sravées dans le bois à travers l'écorce, il y à quarante ans au moins. L ecorce a recouvert la blessure, la marque s'est donc élargie et s'est défor- mee extérieurement, pendant qu'à l'intérieur elle est restée telle qu'elle a Se faite. — M. Desor cite qu'au musée de Boston on conserve un tronc de Chêne d'où sort le bois d'un Daim. Les chasseurs américains ont l'habitude, quand ils ont tué un Daim, de clouer le front de l'animal, orné de son bois, Sur le tronc d’un arbre, après avoir enlevé partiellement l'écorce du tronc. ans le cas cité, l'écorce a de nouveau recouvert la plaie et la base des cornes et elle les a enveloppées de manière à faire croire que les cornes ont eru dans l'arbre, — M, Meuron dit qu'il y a quarante ans, on a abattu un T. HI, 13 194 sOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chêne sur l'ancien champ de bataille de Laupen, dans l'intérieur duquel on a trouvé un squelette et une cuirasse: Lors de Ja bataille de Laupen, l'arbre sans doute était creux; un blessé s'y est réfugié et y est mort; plus tard l’écorce a refermé l'arbre. » Ueber das Erkranken der Moehren (Sur la maladie des Ca- rottes) ; par M. Julius Kühn. (Botan. Zeit. du 15 février 1856, n° 7, eol 105-111, planc. H1.) M. Kühn distingue deux formes dans la maladie des carottes: La pour- riture cellulaire pure, et l'invasion par l'Ze/minthosporium rhizoctonon. M faut méme joindre à ces deux maladies le noircissement des feuilles par un Erysiphe. La pourriture cellulaire pure est caractérisée par le brunissement des parois et du contenu des cellules, et elle se termine par la désorganisation des parois cellulaires et la décomposition du contenu, d'ou résulte une matière fétide; brune-noirátre, sanieuse. Sa cause est physiologique, et l'on n'y reconnait l'intervention d'aucun parasite ni végétal ni animal. Cette altération des parois cellulaires, nommée par M. Harting w/mification, est entierement analogue à celle qui a lieu dans la maladie des pommes de terre et des bet- teraves. Elles'indiqued' abord par l'apparition de taches allongées, d'un brun- noir, qui se montrent en premier lieu au sommet, et qui sont dirigées hori- zontalement. On ne remarque d'abord dans ces taches, ni superficiellement ni dans le tissu cellulaire sous-jacent, aucun insecte ni Champignon ; mais lorsqu' elles ont pris plus d'extension, on ne tarde pas à y trouver des moi- sissures nombreuses. Les feuilles ne paraissent pas influer sur l'apparition de cette maladie, car souvent on les voit encore fraiches et vertes lorsque l'affection est déjà tres avancée. L'invasion par l'Aelminthosporium rhizoctonon est un des phénomènes morbides les plus remarquables. Qu'on se figure une earotte blanche à eollet vert, couverte d'une couche continue colorée en violet noir. Sa tète est encore ferme, fraiche et saine, lorsque sa pointe est déjà molle et en voie de décomposition. Pour reconnaitre exactement la nature de cette al- tération, il faut l'observer sur des carottes qui viennent d'étre arrachées ; un peu plus tard, on serait induit en erreur par le développement de nom- breux Champignons blanes, verts et jaunes, dont l'apparition est purement secondaire. L’ Helminthosporium se présente généralement à la partie infé- rieure des earottes, rarement à leur portion moyenne, jamais à leur partie superieure. ll se montre d'abord, sur une ou plusieurs places, sous la forme de petits points isolés, sombres, saillants, qui s'étendent peu à peu et qui deviennent des taches d'un brun rouge, d'un violet pourpre ou d'un violet sombre, et celles-ci finissent par couvrir toute la carotte en allant du bas REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 vers le haut. Les points saillants et foncés, examinés au microscope, se mon- trent composés de filaments très flexueux, inégaux, peu rameux, formés d'articles pour la plupart allongés et à parois épaisses, enchevétrés en masses serrées, desquelles naissent les spores. Celles-ci sont violettes, ar- rondies, souvent réunies plusieurs ensemble, mais toujours isolees à la ma- turité complète. Ce Champignon enfonce ses fibrilles radicales incolores uniquement dans le tissu cellulaire cortical de la carotte, et il en détermine ainsi la mort. D'abord le tissu envahi devient plus dur, mais il ne tarde pas à tomber en pourriture. L'Helminthosporium rhizoctonon attaque indifféremment toutes les variétés de carottes, et on l'a vu amener, dans des cultures, une perte de 20 pour 100. L'auteur ignore à quelle époque il se montre d'abord. Au moment de la récolte, on voitdes carottes qui en sont entierement couvertes, dont la décomposition est trés avancée, et. d'autres qui ne montrent que les premiers indices de l'invasion. Les feuilles de la Carotte sont aussi sujettes aux atteintes d'un Champignou parasite qui, en 1854, s'est étendu sur des champs entiers. Des le milieu d'août, l'extrémité des feuilles de beaucoup de Carottes se colorait eu gris noirâtre, et des taches de la méme couleur se montraient cà et là vers le bas, ainsi que sur le pétiole. Ces taches étaient nettement circouscrites, el, à cóté d'elles, la feuille restait d'un vert frais. Peu à peu elles se multi- pliérent, mais pas assez pour empécher que le champ ue restát bien vert jusqu'a la fin. Les feuilles extérieures les plus attaquees se fanerent, et les jeunes furent attaquées tour à tour. Quelques pieds etaient presque entière- ment bruuis, Par une partieularité remarquable, ees derniers pieds avaient leur raeine parfaitement saine, ce que M. kühn regarde comme une preuve qu'il n'y a pas de liaison entre la maladie des feuilles et celle de la racine de cette plante, quoique d'autres pieds réunissent les taches des feuilles et elles de pourriture des racines. En 1855, les mémes taches se sont montrées sur les feuilles des Carottes. Un grossissement de 80 diametres suffit pour montrer qu'elles sont dues à un Champignon parasite, le Sporidesmium éitiosum 6 Dauci, Kühn, dont l'auteur donne la description, plusieurs figures, et dont il signale plusieurs singulières variations. Abnorme Bildungen (Formations anormales); par M. D.-V.-L. von Schleehtendal. (Botan. Zeitung du 4** février 1856 ; n° 5, col. 69-74.) Fleurs du Robinia Pseudacacia La fleur dont il s'agit dans cette note a été trouvée à terre, sous un grand Robinier. Elle semblait composée de 3 fleurs, dont les parties auraient éte imparfaitement développées. Sur 3 pistils, 2 étaient côte à côte ; le troisième etait séparé de ceux-ei par les étamines, qui etaient nombreuses, Parmi 196 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. ceiles-ei une portion (plus de 9), soudées entre elles dans le bas, entouraient les 2 pistils adjacents et plusieurs autres étaient libres, les unes normales, les autres anormales. L'étendard était en partie soudé au calice comme une eloison partant de celui-ci; le bord du calice lui-méme présentait un grand nombre de dentelures inégales. Fleurs du Caragana grandiflora. Le calice était fendu sur son cóté, qui regardait la carene, et il présentait 9 dents; derriere cette fente étaient deux feuilles distinctes dans le bas, soudées plus haut, un peu irrezulierement ventrues. Sur celles-ci se trou- vaient 5 étamines adelphes, authériferes. Le pistil était longuement stipité, à ovaire arqué. ll avait derrière lui une étamine sans anthére, un peu en spirale. li manquait une aile; l'étendard était plus grand que d'ordinaire, presque trilobe. Dans le méme calice se montrait une autre fleur également monstrueuse. Une autre fleur voisine de la précédente avait aussi le calice fendu et à 8 dents. Elle avait deux carenes et deux étendards, mais une seule aile; les etamines étaient divisées en 2 faisceaux, l'un de 3, l'autre de 9, avec une treizième stérile entre les deux. Ce dernier renfermait un pistil. Dans une troisieme fleur, le calice, fendu plus profondément, à 8 dents, contenait deux fleurs opposées par les étendards, l'une monopétale, l'autre à une seule aile et 5 étamines. Dans une quatrième fleur, le calice n'était pas fendu, son bord formait 9 dents. I! renfermait 2 fleurs opposées par la caréne, mon- strueuses, sans pistil. Feuilles du 7rifolium repens, Linn. Des 1570, P. Pena et M. de l'Obel déerivaient le Trèfle rampant comme ayant parfois 4, 5 et méme 7 folioles à ses feuilles. La variété de cette plante à feuilles brunes et quadrifoliolées est cultivée dans les jardins depuis trois siècles. Walpers a signalé dans la Zinnæa (xiv, p. 366) une feuille de cette espèce à 7 folioles, disposées comme dans les feuilles pennées. M. de Sehlechtendal a vu un cas analogue à ce dernier. Fréquemment les feuilles étaient à 5 folioles, dont 4 opposées par 2, et la cinquième termi- nale, c'est-à-dire ailées avec foliole impaire pétiolulée, Dans une feuille, cette foliole impaire était sessile. La paire supérieure était toujours petite. L'auteur cite encore quelques autres états de ces feuilles à 5 folioles. Torsions de tiges, M. Moquiu-Tandon a signalé beaucoup d'exemples de tiges tordues; M. de Schlechtendal en a observé aussi dans le Galium Aparine, l'Hys- sopus officinalis, le Dipsacus Fullonum , V Asparagus officinalis, un Rumex. W fait remarquer que, généralement, la tige est simplement tordue dans les plantes à feuilles opposées ou verlicillées, qu'elle est en méme temps tordue et aplatie en ruban dans celles à feuilles alternes 0U sp'ralees, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Note sur le Caltha Guerangerii, Borrau. (Annot. à la Flore de France et d'Allemagne publiées par M. C. Billot. Haguenau, 1855, in-8°, p. 11.) Cette plante a le port et les caractères généraux du Caltha palustris, Lin. Ses tiges, lavées de brun rougeâtre, sont en touffes plus lâches ; ses feuilles sont plus fortement dentées; ses fleurs plus petites, plus dorees, ont les sépales obovales, puis oblongs, rétrécis à la base, les anthères ovales, laneéolées après l'émission du pollen, les stigmates Jones et jaunes, tandis qu'ils sont simplement jaunâtres et presque sessiles dans le C. palus- tris. Ses carpelles d'un brun rougeátre, portent un bee beaucoup plus long que dans ce dernier. Le Caltha Guerangerti croit dans le Cher, la Sarthe, le Maine-et-Loire, ete., dans les lieux marécageux, tantôt mélé au Caltha palustris, tantôt isolé. Le C. flabellifolia, Pursh, s'en distingue par ses leuilles bordées de dents plus aigués, par ses fleurs beaucoup plus petites, par le bec de ses carpeiles pius erochu. Sur la synonymie de deux espèces d'1maranthes: par M. A. Boreau. (Bull. de la Soc. industr. d' Angers et du département de Maine-et-Loire, in-8°, 1855, p. 279-284.) La discussion qui forme la matière de cette note porte sur les deux espèces d'Amaranthes très répandues en France, qui sont généralement admises par les botanistes sous les noms d'Amaranthus sylvestris, Desf., et A. Blitum, Lin. Elle se résume dans l'indication suivante des synonvmes qui, selon M. Boreau, peuvent être admis pour ces deux plantes : 1° Amaranthus sylvestris, Desf., Catal. (1804), p. 44. A. sylvestris et vulgaris, Tourn.; A. Blitum, Lin., Herb; Vill.; Gilib.; Thuil.; Moq., Prodr. xut, p. 263. 2° Amaranthus ascendens, Lois., Noti., p. 141. Blitum sylvestre spica- tum, Tourn.: Amaranthus Blitum, Lin., Fl. suec. et pler. Auct.; A. viridis, Lin., pro parte; £'uxolus viridis, Moq., in DC. Prodr. xin, p. 273. | A la fin de son mémoire M. Boreau s'occupe des deux orthographes adop- Iées par les différents auteurs Amarantus, Amaranthus. M se prononce pour celle.ci que nous avons employée, pour suivre son exemple, dans cet article. Il est certain que, comme le faisait observer Rai, dans un passage eite par M. Moquin-Tandon et reproduit par M. Boreau, notre mot Amaranthe est dérivé du grec guasavros et ne doit des lors pas avoir de 7h. Mais, d'un autre côte, Tournefort, Linné, Jussieu ont tous écrit Amaranthus, et il faut con- Venir que de pareilles autorités sont bien faites pour autoriser une iufidelite d l'etymologie rigoureuse, I] est possible d'ailleurs que notre mot Ama- 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ranthus ne soit pas le dérivé du mot grec, qui parait s'appliquer à un Heli- chrijsum, et que, comme le fait observer l'auteur, le mot &/0oc, fleur, lui ait fourni sa désinence litigieuse. Nous ajouterons que méme des linguistes tres distingués écrivent Amaranthus, et que cette orthographe se trouve notamment adoptée dans le Dictionnaire de Noël. On peut done dire avec M. Boreau que «ce n'est peut-être pas s'egarer beaucoup que de rester fidèle à la tradition linnéenne ». On the british species of Arc£éenm (Sur les espèces d'Avctium de la Grande-Bretagne); par M. Charles C. Babington ( The annals and Magazine of natural history, cah. de mai 1856, pp. 369—377). Daus un mémoire publié depuis plusieurs années, M. Babington n'avait admis, pour la flore de la Grande-Bretagne, que deux espèces d'Arctium, A. Lappa et A. Bardana, qui, pensait-il, ne concordaient pas avec les plantes figurées dans l'English Botany. Aujourd'hui les études qu'il a continuées sur ce genre l'ont conduit a une autre opinion etil admet, comme existant dans la Grande-Bretagne cinq espèces bien marquées du méme genre. Après avoir indiqué les caractères sur lesquels lui semble de- voir être basée la distinction des espèces du genre Arctium, l'auteur expose les raisons pour lesquelles il croit devoir adopter ee nom générique linnéen preferablement à celui de Lappa qu'avait employé Tournefort et que divers botanistes admettent d’après notre grand botaniste. II présente ensuite la diagnose, la synonymie et la description des especes qu'il admet, en com- pletant l'histoire de ehaeune d'elles par diverses observations. 1. Arctium tomentosum , Pers., Ench., VW. A. Bardana, Willd.; Engl. hot. Lappa tomentosa, Lamk., Encyc. ; DC., Prod.; Koch, Syn ; Gren. et Godr., Fl. de Fr.; Rchbe., /con. — Cette espèce est essentiellement carac- terisée par ses capitules sphériques, longuement stipités, disposés presque en corymbe, trés cotonneux , fermes à la maturité, et par la portion supé- rieure de ses fleurons renflée, un peu plus courte que la portion inférieure. Elle fleurit au mois d'août. Elle habite les parties orientales de l'Angleterre et ne se trouve que rarement dans les autres parties de ce pays, si méme elle s'y montre jamais. 2. Arctium majus, Schkuhr, Handb., IIL; Fries, /Vor.; Bab., Man., ed. 2. A. Lappa, Willd. Lappa major, DC., Prod.; Koch, Syn.; Gren. et Godr., Fl. de Fr. L. officinalis AN., Fl. Ped.; Rehbe., /con. Cette plante a ses capitules hémisphériques, longuement stipités, disposés presque en corymbe, glabres, ouverts à la maturité des fruits. La portion supérieure de ses fleu- rons est presque eylindrique, de plus de moitié plus longue que leur portion inférieure. Généralement elle ne forme pas une plante aussi grande que la précédente, bien qu'elle aequiere parfois de tres fortes proportions. Elle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 est remarquable par ses longues branches et par ses gros capitules, dont le volume surpasse beaucoup celui qu'ils ont chez les autres espèces. Elle fleurit au mois d'août. Elle parait se trouver dans toute la Grande-Bretagne. 3. Arctium intermedium, Lange, Msc. in herb. Bab. et [itt.; Rehbe. fil., Icon., XV, 55, t. 812. Ses capitules sont ovales, presque sessiles, en grappes, légèrement cotonneux, fermés à la maturité des fruits. La portion supérieure de ses fleurous, presque cylindrique, égale en longueur la portion infé- rieure. Cette espèce est facile à distinguer des autres par ses capitules presque sessiles, dont un groupe de trois termine ordinairement chaque branche. C'est la plus grande du genre. Elle fleurit au mois d'aoüt et quelquefois en juillet, L'auteur en ignore la distribution daus la Grande-Bretagne. 4. Arctium minus, Schkuhr, Handb. , WT; Fries, Nov. A. Lappa a, Lin., Fl. Suec., ed. 2. Lappa minor, DC., Fl. Fr.; Koch, Syn.; Gren. et Godr., Fl. de Fr. ; Rehbe., Icon. Ses capitules sont en grappe, brièvement stipités, _Sphériques légèrement resserrés à leur orifice, lors de la maturité, légèrement cotonneux; la portion supérieure des fleurons est presque cylindrique, à peu pres égale en longueur à la portion inférieure. La plante est plus petite que les précédentes; ses capitules petits, dont le volume est presque celui d'une noisette, la distinguent sur-le-champ de l' A. intermedium. Elle parait étre commune dans la Grande-Bretague. 5. Arctium pubens, sp. uov. Capitules presque en grappe, stipités, hémi- Sphériques, ouverts à la maturité, trés cotonneux ; portion supérieure des fleurons presque cylindrique égale en longueur à leur portion inférieure. Cette plante, que M. Babington regarde comme une espèce nouvelle, diffère : de l'A tomentosum par ses capitules presque en grappe, plus brièvement Stipités, dont l'inférieur l'est plus longuement que les autres, hémisphériques et ouverts à la maturité; del A. majus par ses capitules presque en grappe, trés cotonneux, dont l'involucre a ses folioles internes aussi longues que les autres; del A, intermedium par ses capitules hémisphériques, ouverts, assez longuement stipités; enfin de l'A. minus par ses têles deux fois plus grosses, hémisphériques et assez longuement stipitées, dont l'involucre égale en lon- gueur les fleurons. Elle fleurit au mois d'août. Elle ne parait pas être rare dans la Grande- Bretagne. Ucher Equiseta, so viele in der südhaltischen Ebene vorkommen (Sur les Equisetum qu'on trouve dans les plaines situées au sud de la Baltique); par le D" Fr. Helms (Mittheilungen über Flora, II, 2* cah ; pp. 9-12. 85; Dresde, 1855). Nous extrairons de ce travail la division des Z'quisetum en groupes telle que l'admet l'auteur. te groupe, Equiseta vernalia. La tige fertile se montre au printemps, 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par eonséquent seule; elle est dépourvue de couleur verte et parfaitement simple. L'inflorescence (c'est l'expressiou de l'auteur) se trouve sur le der- nier entre-nœud, qui est le plus long. Après la dissémination des spores cette tige sèche rapidement jusqu’au premier nœud situé en terre et alors seule- ment s'élève du méme point la tige stérile. — 1. Equisetum arvense ; 2. E. Telmateja. 2° groupe. Equiseta subvernalia. La tige fertile se trouve comme extré- mité sur la tige stérile; elle ne fait done qu'un avec celle-ci, mais elle se présente autrement; elle est d'un blanc rougeâtre et entierement simple à l'époque de la maturité. L'épi terminal sèche rapidement après la dissémi- nation des spores; dés lors la tige ne produit plus de nouveaux artieles, mais les branches s'allongent et durent pendant tout l'été, — 3. Equisetum umbrosum ou pratense; h. E. sylvaticum. 3* groupe. Zquiseta estivalia. Espèces à tige uniforme, vert pâle, en partie brunátre, parfaitement développée au moment de la fructification, L'épi petit et obtus persiste pendant tout l'été. — 5. Equisetum palustre monostachion et polystachion; — 6. a. E. limosum ; 6. b. E. aquatile. h* groupe. Equiseta hiemalia.— Va tige ne gèle pas en hiver ; l'épi porte une extrémité en épine noire. — 7. Equisetum hiemale ; 8. E. variegatum. Icones Flor: germaniew et helvetie:w simul terrarum adjacentium ergo medi:e Europæ , auctoribus L. Reichenbach et H. G. Reichenbach. in-4° Leipzig, tom. xvir, dee. 13-15. Nous continuons à donner le relevé des espèces figurées dans ce grand ouvrage, Voici celles que représentent les planches des trois décades qui viennent de paraitre. 13° décade. — Planche 1172. Adoxa Moschatellina, Lin. Lonicera Peri- clymenum, Lin. ; L. etrusca, Sant.—1173. L. Caprifolium, Lin.; L. C. var. pallida, Koch; L. implexa, Ait. — 1174. L. Xylosteum, Lin. ; L. nigra, Lin.; L. tatarica Lin. — 1175. L. cærulea, Lin.; L. pyrenaica, Lin.: L. alpigena, Lin. — 1176. Crucianella molluginoides, MB. ; C. an- gustifolia, Lin. ; C. maritima, Lin. — 1177. C, latifolia, Lin. Asperula arvensis, Lin.; À scutellaris, Vis. — 1178. A. taurina, Lin.; A. odorata, Lin.; A. lævigata, Lin. — 1179. A. galioides, MB; A. aparine, Schott ; A. hexaphylla, All.— 1180. A. tinetoria, Lin.; A. ciliata, Rochel.— 1181. A. eynanchiea, Lin.; A. longiflora, W. Kit.; A. commutata, R. S. 1^* décade. — Planche 1182. Putoria calabrica, Pers. — Asperula capi- tata, W. Kit.; A. italiana, Vis. Galium vexans, Rehbe. fil.; G. hispidum, Gaertn.—1183. Sherardia arvensis, Lin. Asperula canescens, Vis.— 1184. Rubia tinctorum, Lin.; R. peregrina, Lin.; R. p. var. augustifolia, Gren. Godr, — 1185, Galium Cruciata, Lin. ; ; G. vernum, Seop,; G, pedemonta- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201 num, All.—1186. G. rubioides, Lin. ; G. boreale, Lin.; G. b. hyssopifolium, Koch. — 1187. G. Mollugo, Lin.; G. verum, Lin. — 1188. G. elatum, Thuil.; G. erectum, Huds.; G. aureum , Vis. ; G. insubricum, Gaud. (fleur et feuille) — 1189. G. insubricum , Gaud. ( port. ); G. sylvaticum, Lin. — 1190. G. lievigatum , Lin. a. genuinum , Gren. Godr.; b. aristatum , Gren. Godr.; G. capillipes, Rehbe.; G. maritimum, Lin. —1191. G. cinereum , Àll.; G. corrudæfolium, Vill. 15* décade. —Planche 1192. G. murale, All.; G. purpureum, Lin.; G. ru- brum, Lin.; G. r. 4. obliquum, Koch.; G. mucronatum , Lam. — 1193. G. ochroleucum, Kit. ; G. uliginosum, Lin.; G. sylvestre, Poll, a. glabrum, Koch.; b. latifolium; c. hirtum, Koch; e. supinum, Koch; G. pumilum , Lam., majus, Koch — 1194. G. saxatile, Lin.; G. pumilum, Lam., majus, Koch; G. helveticum, Weigel ; G. hypnoides, Vill.; G. pyrenaicum, Gouan; G. baldense, Spreng. ; G. Tendæ, Rchbc. fil.; G. uliginosum, Lin.—1195. G. palustre, Lin.; G. rupicola, Boreau : G. elongatum, Presl; G. debile, Desv. — 1496. G. setaceum , Lam. ; G. divaricatum, Lam.; G. capitatum , Bory; G. parisiense, Lin., a. trichocarpum, Tausch; b. leiocarpum, Tausch. — 4197. G. Aparine, L., vulgare, spurium, Vaillautii, tenerum. — 1198. G. saccharatum, All.; G. trifidum, Lin.; G. tricorne, With.; G. ro- tundifolium , Lin. —4499. Apocynum venetum, Lin., Gentiana phlogifolia, Schott adj. Nyman et Kotschy — 1200. Androsace pedemontana, Rchbe. fil. Goniolimon dalmaticum, Rehbe. fil.; G. ‘tataricum , Boiss. Gentiana sabauda, Boiss. Reut. — 1204. Galium verticillatum, Danth. ; G. luteo- Pünctata, Gren, Godr.. Apocynum venetum, Lin.. Primula Thomasinii, Gren. Godr, Viburnum Tinus, Lin. Galium purpureum, Liu.; G. sylva- ticum, Lin. Sur le Palmier à ivoire végétal ou le Phytelephas ma- Crocarpa, Ruiz et Pav.; par M. B. Seemann (Botan Magaz., tab. 4913, 4944). Ce Curieux végétal produit une matière tellement semblable à l'ivoire d Eléphant, qu'on la fait souvent passer pour celui-ci, et qu'on l'emploie de la méme maniere pour la confection de divers objets de petites dimen- Slons, L'époque à laquelle l'ivoire végétal a été pour la première fois importé en Europe est difficile à déterminer exactement ; cependant il parait que la date de sa première introduction coïncide avec celle de l'indépendance des colonies espagnoles de l'Amérique méridionale, vers 1826. Quoi qu'il en soit à cet égard, l'ivoire végétal est la matière d'un commerce important Pour les parties de l'Amérique du sud qui bordent le Rio- Magdalena avec urope et les États-Unis. On ne connait pas exactement le chiffre de cette fxportation; mais le nombre des objets pour la confection desquels on 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. emploie cette matière porte à croire qu'il est considérable. D'après les re- cherches que M. Ferd. Scheer a faites à ce sujet, il paraît que l'Angleterre seule en a reçu, dans certaines années, environ 150 tonnes. A Londres les grosses graines du Phytelephas macrocarpa ne se vendent que quelques sous au détail , et leur prix est encore beaucoup moins élevé lorsqu'on les achète en gros; ainsi, au mois d'août 1854, le millier s'y vendait seulement 9 franes. Le PAytelephas ne se trouve que sur le continent de l'Amérique méri- dionale, oü il eroit naturellement entre le 9* degré de latitude septentrionale ét le 8° degré de latitude méridionale, entre 70 et 79 degrés de longitude occidentale (méridien de Greenwich). On le rencontre dans les endroits hu- mides, tels que les vallées étroites, les bords des rivières et des ruisseaux, non-seulement dans les parties basses, mais encore jusqu'à 1000 mètres de hauteur sur les montagnes, comme à Ocana. Les Espagnols le nomment . Palma de marfil, ou Palmier à ivoire, et ils donnent à son fruit le nom de Cabeza de negro, tête de nègre. Il forme généralement des bosquets isolés, où il est rarement mélangé d'autres arbres ou arbrisseaux, où l'on voit méme rarement des herbes, de sorte que le sol semble y avoir été soigneusement nettoyé. Son tronc est toujours maintenu couché, tant par l'effet de son propre poids , que par ses racines aériennes; il rampe ainsi sur une longueur qui est souvent de 6 mètres et demi , et il se relève plus ou moins à son extré- mité; il est terminé par un bouquet de 12 à 20 feuilles pennatiséquées, dont la longueur est de 6 metres à 6 metres et demi. Les segments de ces feuilles sont généralement au nombre de 160 pour chacune d'elles. L'espèce est dioique; les pieds máles sont plus forts, ont le trone plus redressé et plus haut que celui des pieds femelles. Les inflorescences des deux sexes exhalent une odeur d'amande trés pénétrante. L’inflorescence mâle forme un spadice simple, charnu , cylindrique, dont les fleurs sont tres serrées, sessiles, el qu'embrassent 3 ou 4 spathes. Chaque fleur. mále a généralement une petite bractée, un calice de 3 sépales et 36 étamines. L'inflorescence femelle, pourvue de 3 ou 4 spathes, constitue un spadice simple, dans lequel se trouvent 6 ou 7 fleurs serrées, entourées de bractées disposées en spirale. pé- taloides et d'un blaue pur. Le fruit est un faisceau de 6-7 drupes aussi gros que la téte d'un homme. Chaque pied porte 6 ou 8 de ces masses dont chacune pèse environ 35 livres à l'état de maturité complète. Les drupes sont couvertes de protuberances ligneuses analogues à celles du rhizome du Testudinaria elephantipes, et chaeune d'elles renferme de 6 à 9 graines; généralement 6. Le Phytelephas macrocarpa ressemble tellement à l'Z/gis melanococca Gaertn., ou Corozo colorado des Espagnols-américains qu'on le confond souvent avec celui-ci, à la premiere vue. Cependant le port établit la seule ressemblance qui existe entre le Phytelephas et les Palmiers, d'avec lesquels le distinguent nettement son spadice simple, sa fleur imparfaite, ses éfa- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 mines en nombre indéfini et son embryon situé dans l'axe d'un albumen charnu. Comme il ne rentre dans aucune famille connue, il semble con- venable d'adopter à son égard la manière de voir de M. de Martius qui en fait le type d'une famille nouvelle, les Phythéléphantées. Eu Amérique, les Indiens couvrent leurs habitations avec les feuilles du Phytelephas, mais seulement à défaut des feuilles de Palmiers qui durent plus longtemps. La graine de ce végétal contient d'abord un liquide lim- pide, insipide, bon à boire, qui devient ensuite laiteux et sueré, dont le goüt se modifie à mesure qu'il épaissit et qui devient enfin un albumen presque aussi dur que l'ivoire. Cet albumen corné est employé par les In- diens, comme par les ouvriers européens, à la confection d'un grand nombre de petits objets; la matière en est plus blanche que eelle de l'ivoire d'Éle- phat et aussi dure tant qu'on ne la plonge pas dans l'eau. Dans ce liquide elle se ramollit, mais elle durcit et blanchit de nouveau en séchant. Le Phytelephas macrocarpa a été introduit dans les jardins d'Europe par M. Purdie. Il y a déjà fleuri deux fois : un pied mâle en 1852, à Schoen- bruni ; un pied femelle, en 1855, à Kew. C'est d'après celui-ci qu'ont été dessinées les figures du Botanical Magazine qu'acompagnent les détails dont on vient de voir le résumé. Monographiæ Andrecarum Secandinaviæ tentamen; auctore Joh. Em. Zetterstedt. Broch. in-8° de 56 pages ; Upsal, 1855. La richesse de la Seandinavie en espèces du genre Andreæa a déterminé M. Zetterstedt à faire de ces Mousses l'objet d'une étude approfondie. H y avait attaché son attention particuliere dans un voyage consacré, en 1854, à l'exploration des montagnes dela Norwége; les matériaux qu'il a recueillis alors lui ont permis d'écrire la monographie des huit espèces dont voici les homs, et parmi lesquelles deux sont décrites comme nouvelles. " Sectio I; Folia uninervia: — 1. Andreæa nivalis, Hook.— 2. A. perichæ- tialis, nov. sp.— 3. A. Rothii, Web. et Mohr. Sectio. II. Folia enervia.— 4. Andreæa sparsifolia, nov. sp. —5. A. Hart- manni, Thed.— 6. A. alpina, Hedw. — 7. A. obovata, Thed. — 8. A. pe- trophila , Ehrh. Au commencement de son mémoire M. Zetterstedt, après avoir exposé en détail la synonymie et les caractères du genre Andrewa, Ehrh., consacre quatre paragraphes spéciaux : 4° aux affinités de ce genre et à sa place en Quelque sorte intermédiaire entre les Mousses, dont il a l'opercule, la colu- melle, l'absence d'élatères et les Hépatiques auxquelles il ressemble par la Simplicité et la couleur du sporange, par le défaut de péristome, par la déhiscence ; 2» à l'histoire littéraire de ce groupe générique; 3° à sa distri- bution géographique : 4° à l'examen des caractères et à la délimitation des espèces, 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Un appendice joint au mémoire est consacré à la comparaison du travail de l'auteur avec celui de M. Schimper dont il n'avait pu encore avoir connaissance lorsqu'il a écrit sa monographie. Phyceæ novæ etminus cogniti in maribus extraeuropæis collectæ «quas descriptionibus atque observationibus adumbravit John Erb. Areschoug (Act. reg. Soc. scient. Ups., sér. 3°, vol. T, 1854 ; ^^, pp. 329-572). Les espèces de Phycées qui ont fourni le sujet de ce mémoire ont été recueillies depuis quelques aunées par des amis de l'auteur daus les mers de l'hémisphere austral, principalement sur les cótes de l'Afrique méri- dionale et de la Nouvelle-Hollande australe ; quelques-unes seulement pro- viennent des rivages de l'Amérique du sud et d'autres localités. Les genres auxquels se rapportent ces espèces sont au nombre de 34, parmi lesquels l'auteur caractérise avec soin ceux qu'il a lui-même établis, ainsi que le genre Durvillæa, sur lequel il fixe particulièrement son attention. Voici le relevé de ces genres, et celui des especes nouvelles dont ce travail renferme la description. I. FUCACE/E. FucEx. Phyllotricha, Aresch. : P. Sonderi, J. Ag. — Caulocystis, Aresch. C. Cephalornithos, J. Ag. et uvifera, J. Ag. — Acrocarpia, Aresch. (A. paniculata, Brown). — Blossevillea polycystidea, Aresch; B. expansa, Aresch. ; B. myosuroides, Aresch. — Fucodium capense, Aresch. FrLonipEE. Polysiphonia Pecten, Aresch. — Delesseria imbricata, Aresch. — Phacelocarpus densus, Areseh. — Axosiphon, Aresch. : A. ver- tieillatus, Aresch. — Eucheuma nodulosum, Aresch. ; E. echinocarpum, Aresch. — Acropeltis prolifera, Aresch. — Gracilaria calophyllis, Aresch.; G. cuneata, Id. ; G. ornata, Id.; G. aculeolata, Id. — Peyssonelia australis, Aresch. — Plocamium concinnum, Aresch. — Euthora marginifera, Arescb. — Gymnogongrus firmus, Aresch. -— Ahnfeltia polyides, Aresch. — Holo- nema, Aresch. : H. !ehmanni, Aresch. IL ULVACE/E. pHoosrorsÆ, Thur. Macrocystis Dübeni, Aresch.; M. pelagica, Aresch. — Laminaria japonica, Aresch. — Zonaria plumbea, Aresch. — Lobospira, Areseh. (L. bicuspidata, Aresch.). — Sphacelaria (Stypocaulon) globifera, Aresch. ; S. spicigera, Aresch. CHLorosPoREÆ, Thur. Caulerpa (Chauvinea) Abies, Aresch. — Codium platylobium, Areseh. — Ulva capensis, Aresch.; U. australis, Id.; U. lætevirens, Id. A la suite de la deseription des 3 Ulves dont on vient de voir les noms, M. Areschoug présente le tableau des espéces de ce genre, au nombre de 17, dont 3 (U. Blyttii, Aresch, ; U. Lactuca, Lin,, U. sordida, Aresch.) ont le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 thalle formé d'une seule couche de cellules, tandis que les autres l'ont formé de 2 couches de cellules. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Note on the quantity of tannin in the Galls of Cynips Quercwus-petioti (Note sur la quantité de tannin qui existe dans les Galles du Cynips Quercus-petioli) ; par le docteur Viner. (Garde- ners’ Chronicle, numéro du 8 mars 1856, p. 155.) Cette note a été communiquée à la Société linnéenne de Londres le 19 fé- vrier dernier. L'année dernière, l'insecte dont la piqûre fait naître cette galle a été extrémement abondant, et les galles qu'on a recueillies sur le Chéne ont été employées, dans Je Devonshire, à la fabrication de l'enere. Le docteur Viner à voulu déterminer la richesse en tannin de ces galles, afin de savoir si l'on pouvait les substituer sans trop d'inconvénient aux galles ordinaires du Commerce. En en faisant maeérer 100 grains dans l'éther et l'eau, il en a obtenu 26, 74 grains de résidu dans lequel il a trouvé 17 grains ou environ 2/3 des acides taunique et gallique. 100 grains de galles d'Alep, soumis au méme traitement, ont fourni 58,50 grains de résidu, dans lequel se trouvaient 56 grains des acides tannique et gallique. Les galles d'Alep em- ployées étaient de la meilleure qualité, et elles n'avaient pas été percées par le Cynips, tandis que toutes celles du Devonshire l'avaient été, et contenaient dés lors moins de tannin qu'elles n'avaient dà en renfermer quelque temps auparavant, Les principales analyses des noix de galle du commerce qui ont elé publiées jusqu'à ce jour montrent que leur richesse en tannin varie de 26 à 77 pour 100. Le docteur Viner attribue ces variations considérables à des causes purement accidentelles, comme les conditions atmosphériques, qu'on sait avoir une grande influence sur les sécrétions végétales. Quant AUX galles du Devonshire, la quantité de tannin y a été trouvée beaucoup moindre qu'on ne l'espérait; cependant l'auteur pense qu'en les recueillant de bonne heure avant la sortie du C ynips, on pourrait encore les utiliser dans l'industrie. MÉLANGES. Eine achtfach blühende Agave americana (Un Agave americana qui a fleuri huit fois); par le baron Richard Kœnig-War- thausen, ( Württembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte ; douzième année, 1*r cahier, in-8; Stuttgart, 1856, pp. 100-103.) En 1838, le père de l’auteur devint possesseur de deux magnifiques pieds d’ D H : e M Agave qui avaient certainement plus de cinquante ans. Manquant d'es- 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pace pour les loger dans sa serre, il les plaga, pour l'hiver, dans un loeal dans lequel les froids rigoureux de l'année 1840 tuérent l'une des deux plantes et nuisirent tellement à l'autre, qu'elle ne put jamais se remettre tout à fait. Elle en prit méme une si vilaine apparence, qu'ou fut sur le point de la sacrifier. Cependant, lorsqu'on s'y attendait le moins, elle montra dans l'été de 1853 deux hampes, dont le développement s'aecomplit avee beaucoup de lenteur. Celui des fleurs fut encore pius lent, car bien qu'en s'attendit à voir les boutons s'ouvrir pendant l'automne, leur épa- nouissement n'eut lieu qu'au milieu de l'hiver, dans la serre, où le manque de hauteur avait obligé à l'enfoncer dans la terre. Les fleurs arrivèrent à leur développement complet, et il se forma méme plusieurs grosses capsules qui, malheureusement, tomberent ensuite. Comme le développement d'une seule hampe suffit d'ordinaire pour dé- termiuer l'épuisement de l'Agave, celui des deux hampes qui avaient été produites semblait, à plus forte raison, devoir faire périr la plante. Cepen- dant il n'eu fut rien, et six nouvelles hampes se montrérent pendant l'été de 185^. La premiere épanouit ses fleurs au mois de décembre, et la seconde fleurit en janvier, « si toutefois, dit l'auteur, ouvrir des fleurs à moitié et les laisser ensuite se faner, puis tomber, peut s'appeler fleurir. » A la méme époque, l'auteur, en écrivant son article, voyait les boutons portés par les quatre autres hampes encore tout à fait fermés. Naturellement ces hampes, produites par un pied que la gelée avait atteint, se développant d'ailleurs plusieurs à la fois, ne pouvaient aequérir la hauteur de celle que produit ordinairement un Agave parfaitement por- tant et vigoureux. Les deux premières, qui se montrèrent en 1853, étaient hautes l'une de 14 pieds 1/2, l'autre de 12 pieds 4/4. La première avait 1 pied de circonférence dans sa partie la plus grosse, la circonférence de la dernière n’excédait pas 7 pouces 1/2 à sa base. Quant aux six hampes qui s'étaient développées pendant l'été de 1854, elles étaient beaucoup plus petites, comme on devait s'y attendre. La plus haute s'élevait à 6 pieds 1/2, avec üne circonférence de 5 pouces dans sa partie la plus grosse ; la plus petite atteignait seulement 4 pieds 3/4 de hauteur, avec 4 pouces 1/2 de tour au niveau oü son épaisseur était la plus grande. NOUVELLES. — Daus sa séanee publique, tenue le 6 novembre 1855, la Société lin- néenhe de Bordeaux a présenté le programme des récompenses académiques qu'elle propose, et a fait connaitre les sujets qu'elle met au concours. Deux de ces sujets sont purement botaniques, et si l'un d'eux a un intérêt pure- ment local, l'autre s'élève presque jusqu'à l'importance d'une question générale. Voici comment le programme indique l'un de ces sujets : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 « La Société linnéenne, considérant qu'il est d'une utilité incontestable pour le département de la Gironde et pour la science botanique en général, que le recensement de toutes les productions végétales de notre région soit aussi complet que possible, décide qu'il sera accordé dans la séance publique de 1856, à l'auteur du Catalogue des plantes spontanées de l'un des arrondissements suivants: Libourne, Lesparre, Blaye, une Médaille d'argent. » L'autre sujet est indiqué par le programme dans les termes suivants : « Les Chéues de l'Europe occidentale ont été peu étudiés et sont généra- lement mal connus. On suppose que la France, le sud-ouest en particulier, en recèle plus d'especes qu'on n'en a reconnu jusqu'à ce jour; en consé- quence, la Société propose pour sujet du prix de Botanique qu’elle décernera en 1857 : » Un travail complet sur les Chênes de la région du sud-ouest de la France, les Basses-Pyrénées comprises. » Déterminer et fixer rigoureusement les espèces d'apres des caractères positifs et invariables, déduits principalement de l'analyse des organes flo- raux, en général trop négligés, de ceux surtout de la fleur femelle, Sou- mettre chaque espèce à une diagnose latine, comparative, basée sur les ca- ractères purement botaniques, mais suivie d'une description étendue où figureront, avec tous les développements nécessaires, l'ensemble des earae- léres tant botaniques que forestiers. » A la suite de chaque espèce typique seront classées et décrites les va- riétés constantes et mentionnées des formes locales. On fera connaitre pour chacune d'elles les époques de floraison et de foliation, et on notera le degré de température moyenne sous lequel ces évolutions se produisent, » On se livrera à des observations critiques, à des travaux rigoureux de Synonymie, qui auront principalement pour objet les espèces ou variétés indiquées dans les Flores générales ou locales de la France, ainsi que dans les ouvrages de MM. Tenore, Grisebach, Loddiges, Webb, etc. On re- cherchera si certaines formes du sud-ouest ne se rapportent pas à des Chénes déjà décrits ou mentionnés par ces auteurs. Les faits historiques A qui méritent d’être recueillis trouveront également place dans ces obser- vations, » On terminera par des études sur les fibres ligneuses de toutes les formes observées, et lon donnera le tableau comparatif de la densité de leur bois. Enfin, on entrera dans quelques détails sur la qualité et la valeur de ces bois, leur emploi daus l'industrie, leurs usages daus les localités. » On tiendra compte aux auteurs des recherches organogéniques aux- quelles ils se seront livrés sur les causes qui, dans l'ovaire des Chéues, dé- terminent Je développement d’un seul ovule et l'avortement constant de tous les autres, 208 SOCIÉTÉ ROTANIQUE DE FRANCE. » Des figures analytiques, nécessaires à l'intelligence du texte, aeeom- pagneront les mémoires déposés. » Le prix sera une Médaille d'or. Outre ces deux questions purement botaniques, la Société linnéenne de Bordeaux en propose une de botanique appliquée pour laquelle le prix à décerner, en 1856, sera une Médaille d'argent. Elle demande qu'on fasse connaître, parmi les plantes indigènes du département de la Gironde, les espèces actuellement nuisibles, ou tout au moins sans usages, qui peuvent le mieux étre utilisées. Les auteurs des mémoires sur ee sujet devront non- seulement indiquer l'utilité que pourraient avoir les plantes spontanées, mais encore préciser les essais à tenter et les améliorations qu'on devra chercher à déterminer en elles par la culture. BIBLIOGRAPHIE. Flora oder allgemeine Botanische Zeitung. Articles originaux publiés à partir du mois d'avril 1855. Bückeler. — Neue amerikanische Riedgraeser. (Nouveaux Carex d'Amé- rique) ; n° 38, p. 593-597. Vulpius (Fr.) — Etwas aus den Berner Alpen und über Hieracium valde pilosum (Quelques mots sur les Alpes de Berne et sur l Hieracium valde pilosum) ; n* 39, p. 609-612. Irmisch (Thilo). — Bemerkungen über einige Pflanzen der deutschen Flora (Remarques sur quelques plantes de la Flore d'Allemagne); n° A0, p. 625-638, pl. XVII. Herbich (D"). — Beschreibung zweier in der Bucovina entdeckten neuen Pflanzenspecies, ete. (Description de deux nouvelles espèces de plantes découvertes dans la Bucovine [Anchusa stricta et Potentilla pratensis]) ; n* A4, p. 641-645. Rossmann (D Julius) .—Ueber Entwickelung von Eiknospen aus dem Frucht- blatte und Deutung des Samentraegers. (Développement des ovules sur la feuille carpellaire, et signification du placentaire) ; n^ 42, p. 657-671. Supplément à ce mémoire ; n° 45, p. 705-716. Nylander (D. W.). — Südamericanisehe Flechten, gesammelt durch W. Lechler, bestimmt durch. (Lichens de l'Amérique du Sud récoltés par W. Lechler, déterminés par M. W. Nylander) ; n° 43, p. 673-675. Wigand. — Mittheilungen über einen neuen Apparat für mikroskopisches Zeichnen (Note sur un nouvel appareil pour dessiner au microscope); n° A^, p. 689-695. Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rne Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 41 AVRIL 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. DuouENELLE (Édouard), étudiant en pharmacie, rue d'Enfer, 24, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Decés. Coupray (Louis), avoué, à Châteaudun (Eure-et-Loir), présenté par MM. L. Amblard et E. Fournier. M. le Président annonce en outre huit nouvelles présentations. Dons faits à la Société: 1° Par M. Montagne : Cryptogamia guayanensis seu plantarum cellularium in Guayana gallica a Le Prieur collectarum enumeratio universalis , 1855, in-8. 2° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, avril 1856, deux numéros. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture des communications sui- vantes adressées à la Société : EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. GUEYDON DE DIVES. Manzac, 5 avril 1856. ; Voici un fait qui rentre dans le domaine de l’agriculture; mais comme agriculture n'est que de la botanique appliquée, c'est-à-dire une des divi- Sous de la science des végétaux, je puis bien vous en faire part. T. ni. 1^ 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il faut que les Cuscutes se multiplient avec une très grande facilité, car un de mes amis ayant fait ensemencer, en 1853, deux hectares de terrain en Trèfle de Hollande, il n'y avait, en 1854, sur cette plante fourragere, que . quelques pieds de Cuscute ; mais en 1855, la Cuseute avait envahi tout le champ de Trèfle, et il en est résulté une diminution énorme dans la réeolte. Je pense que cette espèce n'est pas le Cuscuta Trifolii, Babingt., mais le C. miror, DC. Pour en être parfaitement sûr, j'en ai envoyé des échantillons à M. Ch. Des Moulins, qui ne m'a pas encore répondu sur cette question. DE LA GERMINATION DU PANCRATIUM ILLYRICUM, L., par M. A. LAGREZE-FOSSAT. (Moissac, 29 mars 1856.) Depuis cinq ans j'avais dans mon jardin un pied de Pancratium illy- ricum, L., que m'avait donné M. Moquin-Tandon. Je ne l'avais pas encore vu fleurir, lorsque l'année dernière, vers la fin de juillet, j'apercus deux bampes robustes qui sortaient de terre, à côté du bouquet de feuilles qui termine le bulbe. Ayant été forcé de m'absenter de Moissae pendant là floraison, je fus trés étonné, à mon retour, de trouver les deux hampes couchées sur le sol. Je erus d'abord que ce n'était là qu'un accident ; mais, n'ayant constaté aucune lésion dans ces organes, j'attribuai ce phénomène au poids des capsules qui les terminaient, Si ce fait est constant, il doit singulièrement favoriser la reproduction de cette espèce. On conçoit, en Fig. 4. effet, que ses graines, si elles tombaient au pied de la plante-mère, se trou- veraient dans des conditions bien moins favorables qu'à 70 centimètres environ, qui est la distance moyenne à laquelle la hampe les porte. En peu de jours la maturation fut terminée; les capsules s'ouvrirent suf le sable de l'allée oü elles reposaient, et les graines se répandirentà l'entour. Ces graines sont trés irrégulierement globuleuses, fortement bosselées, anguleuses, creusées de sillons profonds, diversement ridées, d'un vert cendré très pâle et d'une consistance plutôt charnue que cornée. Elles ont, daus leur plus grand diamètre, de 2 à 3 centimètres de longueur. Au prê- SÉANCE DU 11 avriz 4856. 911 mier coup d'œil on les prendrait pour des bulbilles analogues à ceux que produisent, au lieu de fleurs, certaines Liliacées , et notamment l'A/lium magicum, L. ; mais il suffit de les ou- vrir pour s'assurer du contraire; un albumen abondant, verdátre à la cir- conférence, et devenant presque blanc vers le centre, entoure un embryon bien conformé. L'embryon est ordinairement légère- ment arqué, plus rarement courbé à angle droit, toujours en massue au ‘sommet; il est d’un blanc pur. A sa base, qui est atténuée, se voit un très Fig. 2. petit mamelon jaunátre, c'est la radicule. Quant à la plumule, elle est ren- fermée dans le cotylédon, qui a la forme d'un sac complétement fermé. Désireux de multi- plier cette plante, j'en recueilis les graines et les placai provisoi- rement dans un de boulins d'un mur de clôture exposé au midi. C'était vers le 10 aoüt. Je dois faire remarquer que ce bou- lin était à 1 metre au- dessus du sol, parfai- tement sec, et que le Fig. 3. soleil frappait ces graines presque toute la journée. Un mois environ s'était écoulé lorsque, étant allé les visiter, je les trouvai toutes germées. De chacune d'elles sortait un boyau cylindrique, d'un vert pále ou rougeátre, diverse- ment contourné, et d'une épaisseur va- riant entre 2 et 4 millimetres. Ce boyau n'était autre chose que le cotylédon Prolongé au dehors, comme il était fa- cile de s'en convaincre en observant son extrémité terminée par la radicule. Quelques-uns de ces prolongements cotylédonaires avaient de 10 à 18 centi- Fig. 4. metres de longueur (fig. 1), et leur extrémité était plus ou moins renflée en 212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. massue. En faisant plusieurs sections de ce renflement, je constatai qu'il était formé par la base épaissie et charnue de deux feuilles dont le limbe, long de 3 à 4 centimètres et d'un vert très prononcé, était renfermé dans le sae cotylédonaire (fig. 2). La base de ces deux feuilles constituait donc les premiers rudiments du bulbe qui devait succéder à la graine et être produit direetement par sa substance. Les prolongements cotylédonaires de quelques autres graines n'avaient, au contraire, que 2 à 3 centimètres de longueur ; mais leur extrémité était devenue beaucoup plus volumineuse ; le bulbe était complétement formé; il était recouvert par la gaine cotylédonaire dilatée qui lui servait de pre- miere tunique ; il portait à sa base le mamelon représentant la radicule et un autre mamelon semblable que la seconde feuille avait produit (fig. 3) ; le limbe des feuilles s'était échappé du sac cotylédonaire ; enfin, la radicule d'un de ces bulbes, qui s'était trouvée fortuitement en contact avec la graine, l'avait perforée et traversée dans presque touteson épaisseur (fig. 4). Si j'avais pu prévoir que les graines de Pancratium illyricum, L., eussent la faculté de germer en plein air, je me serais posé la question de savoir si elles ont la méme faculté à l'abri de toute espéce d'humidité ; et, afin de la résoudre, voici ce que j'aurais fait : J'aurais placé quelques graines dans un lieu recevant directement les rayons du soleil, sous une cloche de verre hermétiquement fermée , avec du chlorure de calcium pour absorber l'humidité de l'air ambiant et un hygrométre comme moyen de contrôle. Or, si la germination avait eulieu dans ces conditions, j'aurais été en droit de dire que l'eau contenue dans l'albumen suffit pour déterminer ce phé- nomene. Les botanistes, soit de la Corse, soit des côtes de l'ouest, pourraient faire l'expérience que j'indique; pour moi je ne le pourrai que si ma plante fleurit et fructifie de nouveau cette année, ce qui est douteux. Voulant observer dans tous ses détails la germination de cette espèce, je semai, le 14 octobre, dans un vase que je renfermai dans ma serre, deux des graines qui avaient déjà produit des bulbes. Elles ont été arrachées le 9 mars, et voici ce que j'ai remarqué : Dans l'une, l'albumen avait été absorbé en grande partie; la portion interne du cotylédon avait pris un plus grand développement et était devenue d'une dureté remarquable; le limbe des feuilles s'était pourri ; le bulbe avait grossi, et, de sa base, partaient deux racines de 4 à 5 centi- mètres de longueur, dont les spongioles fonctionnaient depuis longtemps. Dans l'autre, l'albumen avait entierement disparu; le cotylédon n'avait ni grossi ni durci; le limbe des feuilles s'était développé; mais des deux mamelons de la base du bulbe, un seul, celui qui constitue la radicule, s'était aliongé latéralement d'un centimétre environ. D'où proviennent ces différences? Je ne saurais les attribuer qu'à une relation existant entre le limbe des deux premières feuilles et la nature de SÉANCE DU 11 avriz 1856. 213 la substance contenue dans le sae cotylédonaire. Le limbe des deux pre- miéres feuilles ayant péri dans le premier cas, la partie interne du cotylé- don a eontinué d'absorber la substance de l'albumen ; mais elle l'a emma- gasinée, pour ainsi dire, en pure perte et a durei par engorgement ; dés lors, les mamelous radiculaires ont dû se développer pour puiser dans le sol la nourriture qui manquait fortuitement au jeune ;bulbe, et peut-étre aussi pour háter le développement de nouvelles feuilles dont il renfermait déjà les rudiments. Au contraire, les deux premières feuilles ayant continué à se développer dans le second cas, les fonetions du cotylédon n'ont pas été interrompues. Intermédiaire entre elles et l'albumen, il a pu absorber toute la substance dece dernier et Ja leur transmettre, ce qui explique pourquoi il n'a ni grossi ni durci, et pourquoi encore la radicule s'est à peine allongée d'un centimètre. CONCLUSIONS. ll résulte des observations ci-dessus : 1° Que les graines du Pancratium illyricum, L., ont la faculté de germer à l'air libre, dans un lieu à l'abri de l'humidité du sol ; 2° Que le cotylédon se prolonge hors de la graine en une gaine fermée plus ou moins allongée ; 3° Que cette gaine renferme un bulbe rudimentaire, composé de la base épaissie des deux premieres feuilles, et le limbe de ces feuilles ; h^ Que, dans les mêmes conditions, le bulbe continue à se développer dans la gaine cotylédonaire en absorbant l'albumen que lui transmet le cotylédon. 5° Enfin, que la radicule ne se transforme en racine et ne puise de la Nourriture dans le sol que lorsque le bulbe est complétement formé, et, le plus souvent méme, que lorsque toute la substance de l'albumen a été épuisée. M. de Schoenefeld donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre adressée à M. Cosson par M. le docteur Saint-Supéry, médecin major au 19° bataillon de chasseurs à pied : LETTRE DE M. SAINT-SUPÉRY. Camp d'Inkerman (Crimée), 17 mars 1856. Mon cher confrère, J'ai l'honneur de vous adresser une carte qui pourra vous donner une idée des localités dans lesquelles j'ai herborisé l'année dernière, du mois de mars au mois de septembre. Les explorations qu'il m'a été possible de faire comprennent deux époques : 1° mars, avril, mai et juin ; 2 juillet, 244 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. août et septembre. J'ai parcouru pendant la première période le plateau et le versant d'Inkerman, situés à la droite de laredoute Canrobert, le ravin du Carénage, trés riche en belles espèces, puis les environs de Balaclava. Le 5 juillet, notre division, qui avait éprouvé de grandes pertes, fut envoyée sur le premier mont Fédiouchine, vis-à-vis de cet autre mont qui se trouve de l'autre côté de la Tehernaia, et que l'on appelle le Chouliou. C'est là que l'artillerie russe avait pris position, le 16 aoüt, jour de l'affaire du pont de Tractir. J'explorai à cette époque les monts Fédiouchine, les ravins qui les séparent, la Tchernaïa, le terrain qui environne le village de Tchorgoun, et les bords du petit canal parallèle à la rivière et qui conduisait l'eau à Sébastopol. Le lendemain du jour oü j'eus le plaisir de vous envoyer la caisse qui reufermait le résultat de mes herborisations, 44 septembre, notre division se mettait en route pour se rendre à Baidar. La flore du pays que nous avons traversé ne m'a présenté rien de remarquable, du moins à cette époque de l'année. Le plateau et le versant d'Inkerman étaient couverts de taillis de chêne ; mais depuis l'affaire du 5 novembre 1854 et le siége de la tour Malakoff, il n'en reste plus vestige, tont a servi à faire cuire la soupe du soldat, et aujourd'hui, on ne trouverait pas méme une racine là oü il y avait du bois en abondance l'an dernier. Les monts Fédiouchine sont dans le méme eas que les localités dont je viens de parler. Les prairies qu'arrose la Tehernaía étaient desséchées lorsque je les parcourus au mois de juillet; elles sont trés belles au printemps, dit-on. Les environs du village de Tehorgoun étaient parfaitement cultivés et aussi bon nombre de plantes s'y plaisent-elles. Tehorgoun est dans une espèce de gorge, bien abrité, tra- versé par le petit canal qui va jusqu'à Sébastopol ; tous les jardins étaient bien arrosés par une foule de petits canaux,et l'on y trouvait tous les arbres fruitiers d'Europe, d'une magnifique venue; aujourd'hui ils sont tous coupés au pied. Les environs de Balaclava étaient aussi trés bien cultivés ; il ne reste plus maintenant que quelques vignes en fort mauvais état. Le ravin du Carénage est profondément encaissé et j'y ai toujours découvert de fort jolies choses. Enfin, la flore du plateau de Chersonèse m'a paru intéres- sante, et c'est pour cela que je vous en ai envoyé des échantillons. Je suis persuadé que le catalogue que vous publierez sera accueilli avec grand plaisir par tous les botanistes. L'hiver, qui a été trés rude, n'est pas encore passé; mon thermometre marquait ce matin à huit heures, dans ma tente, 4 degrés au-dessous de zéro. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR L'ANATOMIE DE L'OUVIRANDRA FENESTRALIS, par M. AD, CHATIN. L'anatomie de l'Ouvirendra fenestralis, Poir. (Hydrogeton fenestralis, SÉANCE DU 14 avril 1856. 215 Pers.), cette singulière plante de Madagascar, dont les feuilles ont le limbe percé de trous comme un tamis à larges mailles, par suite du non-développe- ment du parenchyme dans les espaces compris entre les anastomoses des nervures, offre plusieurs particularités de nature à me justifier d'appeler un instant sur elle l'attention de la Société. Lesracines, que forment dans leur portionexterne un parenchyme à petites lacunes non coupées de diaphragmes, et plus intérieurement une couche fibro-ligneuse dans l'épaisseur de laquelle existent quelques vaisseaux spi- raux à peine déroulables, sont parcourues dans leur axe par un cylindre parenehymateux ou médullaire. La présence d'une vraie moelle, comme celle que j'indique chez l'Ouvi- randra, est chose assez rare dans les racines pour mériter une mention spé- ciale. Déjà on avait signalé, comme exception au caractère distinctif entre les racines et les tiges, la présence d'une moelle dans le corps ou pivot de la racine du Pavia et du Juglans ; mais on pouvait objecter que dans ces plantes la moelle qu'on croyait observer dans le corps de la racine pouvait bien, en réalité, appartenir àla tige prolongée à une certaine profondeur dans le sol. Aueun doute ne peut, au contraire, exister à cet égard eu ce qui concerne l'Ouvirandra, dont les racines sont, comme celles de la géné- ralité des Monocotylédones, adventives-latérales et multiples. Déjà j'ai signalé à la Société la présence d'une véritable moelle dans les racines, aussi latérales et multiples, de l Ophrys Nidus-avis et du Pistia Stratiotes. C'est aussi le cas ordinaire des racines aériennes des Orchidées épidendres, racines d'ailleurs si différentes de celles des végétaux terrestres et aqua- tiques par leur matière verte, leur enveloppe spongieuse (velamen de Sehleiden), ete., d'avoir une moelle à leur centre. | La tige florale a pour charpente ligneuse deux rangées circulaires et Concentriques de faisceaux fibro-vaseulaires (en tout au nombre de douze), répartis symétriquement et formés (les faisceaux externes aussi bien que les internes), de fibres assez épaisses, entourant quelques vaisseaux (vaisseaux Ponctues et trachées). Le parenchyme,'dans l'épaisseur duquel sont placés les faisceaux, est creusé de longues lacunes que coupent des diaphragmes perforés superposés. Le pétiole, dans lequel se retrouve le parenchyme à lacunes diaphrag- mées de la hampe, est remarquable par l'agencement des faisceaux sur Plusieurs plans, par le groupement des vaisseaux (trachées à double spire inverse, ete.) vers la portion externe des faisceaux et par l'existence d'une lacune fibreuse placée vers la région supérieure du faisceau. Les nervures, qui forment seules les feuilles de la plante, comprennent un nombre variable de faisceaux, suivant leur importance. C'est ainsi que, pendant qu'il n'existe qu'un faisceau dans les petites nervures anastomosées, 9n en compte trois dans les nervures primaires. Chacun des faisceaux des 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nervures rappelle d'ailleurs les faisceaux du pétiole par son tissu fibreux périphérique, par uu vaisseau au côté inférieur et par sa lacune fibreuse au côté supérieur. Le parenchyme, circonstance bien digne d'être remarquée, ne manque pas autour du faisceau des nervures ou ne forme pas à ceux- ci, comme on aurait pu le supposer, une enveloppe irrégulière et lacérée, mais une couche à petites lacunes sans diaphragmes, réguliére et nettement circonscrite au dehors par deux rangées d'utrieules en tout comparables à celles qui constituent la paroi externe du pétiole, En résumé, l'anatomie de l'Ouvirandra, sur laquelle je me propose de revenir quand j'aurai pu observer la plante vivante, se recommande par les points suivants, acquis dés aujourd'hui : Racines. — a. Existence d'une moelle. b. Disposition symétrique des vaisseaux dans la couche ligneuse. c. Absence de diaphragmes perforés. Hampe. — a. Existence d'une double rangée de faisceaux fibro-vascu- laires. b. Identité de structure eutre les faisceaux des deux zones. c. Rapports symétriques (alternance) entre les faisceaux des deux rangées. Pétiole. — a. Disposition des faisceaux sur plusieurs plans. b. Disposition réciproque des vaisseaux et de la lacune fibreuse dans les faisceaux. Nervures. — a. Faisceaux variant en nombre avec l'ordre des nervures. b. Parenchyme peu développé, mais régulièrement disposé au pourtour de chaque nervure. À tout ce qui précède nous ajouterons, comme faits dignes d'intérét, l'existence de nombreuses trachées, bien que la plante soit submergée, et la production de laeunes dans l'épaisseur des masses ligneuses. M. Ed. Bureau rappelle que, dans sa communication récente sur les Loganiacées, il a signalé la présence de cellules rameuses dans les Fagræa, les Potalia et les Anthocleista. M. Montagne fait hommage à la Société de son ouvrage intitulé : Cryptogamia guyanensis, et fait en outre à la Société la communi- cation suivante: NOTE DE M. MONTAGNE SUR UN CHAMPIGNON MONSTRUEUX TROUVÉ PAR M. LÉON SOUBEIRAN DANS LES SOUTERRAINS DES EAUX THERMALES DE BAGNÉRES DE LUCHON. Notre confrère, M. Léon Soubeiran, a présenté dernièrement à la So- ciété (1), et m'a remis, pour les examiner et les nommer, des champignons (4) Voyez le Bulletin, t. If, p. 758. SÉANCE DU 11 avril 1856. 217 conservés dans de l'alcool, qu'il a recueillis en septembre dernier à Bagnères- de-Luchon. Ils croissaient à la partie inférieure des poutres qui soutiennent les travaux souterrains qu’on exécute dans cet établissement. C’est hors de l’action des rayons lumineux qu’on les rencontre, et dans une atmosphère fortement chargée de vapeurs sulfureuses. La température du milieu dans lequel ils vivent s'élève jusqu'à 46 degrés centigrades, quand la vapeur d'eau minérale s'y répand librement, mais ne descend jamais au-dessous de 25 à 26 degrés. Ils sont blanchátres quand on les recueille, et comme ctiolés, ce qui n'a rien de surprenant; mais à peine sont-ils exposés à la lumière du jour qu'ils brunissent et passent au noir le plus intense. Cette propriété de noircir à la lumière disparaît complétement quand on les a tenus dans l'alcool pendant quelques jours avant de les y soumettre. Tels sont les renseignements dont M. Léon Soubeiran a accompagné, en les remettant chez moi, les trois bocaux oü sont renfermés les champignons en question, et que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société. On pourrait, jusqu'à certain point, se dispenser d'avertir les mycologues que nous avons affaire ici à des monstruosités, à des formes tout à fait ano- males et dégénérées, telles qu'on en rencontre le plus ordinairement dans les mémes conditions. Beaucoup d'auteurs ont décrit et méme figuré des champignons nés dans des caves, dans des galeries de mines, etc., en un mot, hors de l'influence de la lumière solaire. Avant que l'on connüt bien les déformations qu'amé- nent les circonstances dans lesquelles ces espèces se développent, quelques- uns les regardaient comme normales et leur imposaient des noms. Aujour- d'hui, instruits que nous sommes par l'expérience, on est beaucoup plus réservé, et si plusieurs espèces légitimes végètent dans de semblables con- ditions, comme le Cantharellus Dutrochetii (Agaricus crispus Turp.), ete., ce sont le plus souvent des exceptions. J'ai attentivement compulsé plusieurs des auteurs dont je viens de parler, afin de m'assurer s'ils avaient eu ou non connaissance de quelques-unes des formes des Hyménomycétes que j'avais sous les yeux. Je n'ai rien trouvé ni dans Scopoli (4), ni dans M. Alexandre de Humboldt (2), ni méme dans Schæffer, Bolton, Krombholz, Batsch, Sowerby, Holmskjold, ete., myco- logues qui ont aussi quelquefois figuré des monstruosités. J'ai alors cherché, en Consultant l'analogie, à remonter au type des champignons déformés que J avais à déterminer, Or, j'avais devant moi trois formes bien différentes au Premier coup d'œil, mais qui, passant de l'une à l'autre par degrés insen- Sibles, me semblaient pouvoir être ramenées sans effort à la méme espèce. " (4) Plante subterraneæ, cum tab. 46., in-8. Prag., 1772. (2) Flore Fribergensis specimen, exhibens plantas cryptogamicas praesertim subterraneas, in-4. Berolini, 1793. 218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La premiere est étendue en forme d'éventail sur la matrice ; la seconde res- semble à un chou-fleur en miniature, et la troisième représente un petit Agaric mésopode à chapeau frangé, quelquefois méme déchiqueté en son bord. Les exemplaires de la premiere forme varient, pour la longueur, entre 3 et 9 centimètres, et la largeur, vers le sommet, atteint jusqu'à 10 ou 12 centimètres dans le plus grand individu. D'une sorte de pédicule noir, l'hyménophore, qui est étendu horizontalement sur la poutre, naît à quel- ques centimétres de la base et se divise par dichotomies successives en la- nières comprimées, presque planes, de un à plusieurs millimètres de large, souvent soudées ensemble vers l'extrémité épanouie en éventail. La couleur de ces lanières est pâle, mais elles sont parcourues dans leur milieu par une sorte de nervure qui, elle, est d'un bai noirátre comme le pédieule. La seconde forme, celle qui ressemble à une petite téte de chou-fleur, est courte et ramassée, haute de 40 à 45 millimètres et d'un volume propor- tionné. Elle est évidemment le résultat de la conerétion des laniéres et de leur arrét de développement; et nous en voyons une preuve non équivoque dans deux ou trois exemplaires qui présentent cette forme singulière à l'ex- trémite d'une de ces lanières beaucoup plus courtes que les autres. Enfin la forme que je regarde comme la plus parfaite dans son imperfec- tion relative, représente, ai-je dit, un petit Agarie muni d'un pédicule cen- tral et d'un chapeau orbieulaire dont le bord, le plus ordinairement un peu redressé, est frangé, et quelquefois méme profondément déchiqueté. Il est encore de la derniere évidence pour moi que, dans ces exemplaires, le cha- peau est aussí formé par le rapprochement et la soudure entre elles des lanières libres et étalées dela première forme. Pour s'en convaincre, il n'est besoin que de considérer la couleur baie du pédicule, qui s'étend en plis coucolores sous le ehapeau, lesquels donneraient à croire que l'on a affaire à une Chanterelle monstrueuse. Nous verrons tout à l'heure qu'il n'en est rien, et que c'est à un autre genre de la méme famille qu'appartient cette dégénérescence. Les plus grands individus de cette dernière forme ont de 1 à 2 centimètres de hauteur. Le pédicule, qui est surtout formé par la sou- dure des divisions dichotomes les plus inférieures, est cartilagineux, d'un bai trés foncé et presque noir inférieurement; il s'évase en un cóne ren- versé, dont la base, élargie en ombrelle, forme le chapeau qui, dans les plus grands échantillons, atteint un diametre d'environ 2 centimètres. Ce cha- peau est charnu, un peu coriace; son bord, rarement rabattu, est le plus souvent au contraire relevé, simplement denté, frangé ou lacinié. Je voulais constater les formes de la fructification, je n'ai pas même trouvé de mem- brane hy méniale. Si nous cherchons maintenant à reconnaitre duquel des champignons de la famille des Hyménomyceétes, car elles ne sauraient appartenir à aucune autre, se rapprochent davantage les formes de celui qu'a recueilli M. Léon SÉANCE DU 11 avniL 18560. 219 Soubeiran, nous verrons qu'elles ne sont probablement que des dégénéres- cences du Zelephora palmata Fries (1), développées hors des conditions normales, et conséquemment monstrueuses. La couleur n’est point un ob- stacle à cette manière de voir; ear, si elle est normalement brune dans le type, nous voyons dans l'aberration que eette couleur persiste dans le pédi- culeet dans le milieu des divisions dela première forme. Et d'ailleurs, notre confrère ne nous apprend-il pas que, exposés au jour, aussitôt après avoir été détaehés du support, non-seulement ils brunissent, mais passent méme au noirle plus intense. Je me confirme dans mon opinion quand je lis la des- cription qu'en donne Persoon dans son commentaire, au lieu cité, dans les termes suivants: « Caulis subradieosus, brevis, 3-4 lin. crassus ; rami cæs- » pitem efficiunt, une. 1-1 1/2 latum et unc. 1 et ultra altum, basi tenues, » mox flabelliforme dilatati sunt apice in ramulos digitiformes ut pluri- » mum fastigiatos incisi, quorum nonnulli, peculiare sane ! subcyathiformes » evadunt, » où l'on voit que, méme dans l'état normal, il est des individus qui revétent la forme piléolée. Il est encore, dans le méme ouvrage de Persoon, une autre espece, le Merisma cauliflorum, qui pourrait bien n'étre, comme notre seconde forme, qu'une variété du méme champignon. Elle est certainement analogue aussi au Manina cauliflora, que Scopoli a figuré à la planche XIII de ses Plantæ subterraneæ, et décrit de la manière suivante: « Albus et habitu suo cauli- a floram atque esculentam Brassicæ oleraceæ varietatem exacte referens. » Rarissime occurrit et per ætatem rubiginosum colorem induit. » Quant à cette faculté de reprendre la couleur baie normale, par suite de l'exposition à la lumière, elle est digne d’être notée, de méme que la perte de cette propriété, aprés quelque temps de séjour dans l'aleool. Quoi qu'il en soit, je ne dois pas me dissimuler qu'il reste une difficulté qui pourrait bien infirmer ma détermination, c'est l'habitat du champignon. Le type, en effet, eroit sur la terre, mais exclusivement, à ce qu'il parait, dans les bois de pins. Si les poutres qui en supportent ce que je considère Peut-être un peu témérairement comme sa dégénérescence, sont faites de pin ou de Sapin, je m'écarte sans doute peu de la vérité, ou du moins m'en lapproché-je davantage. Dans le cas contraire, j'avouerai que j'ignore ab- solument à quelle autre espèce connue la réunir, mais que je n'ose cependant Pas en faire le type d'une nouvelle espèce. Dans son Synopsis Flore Gallice, M. De Candolle donne la diagnose de deux Clavaires recueillies, comme notre Téléphore, dans des lieux souter- (1) Fries, Syst. myc., I, p. 432; Elench. Fung., I, p. 167 et Epicr., p. 537, — Merisma fœtidum, palmatum, Pers., Comment., p. 92, et Myc. Eur., I, P. 157. — Grev., Soot. Crypt. Fl., t. 46. — Clavaria, Scop. — Ramaria. Holmskj. , L, p. 106, t. 10. 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rains. La première y figure sous le nom de C{. thermalis. Attachée aux poutres humides d'établissements thermaux, Fries (1) la regarde comme une monstruosité du Lentinus lepideus, et, à ce sujet, il remarque que les champignons épixyles ont une grande tendance à dégénérer et à revétir des formes monstrueuses qui les rendent méconnaissables. La seconde des Cla- vaires mentionnées par l'illustre auteur de la Théorie de la Botanique, crois- sant dans des conditions semblables, porte le nom de C/. subterranea ; son signalement est trop court pour y pouvoir reconnaitre clairement l'une des formes de notre ehampignon. Fries n'en fait pas mention non plus. Je ne terminerai pas ce que je voulais dire sans remercier particulière- ment M. Léon Soubeiran de m'avoir mis à méme d'étudier un des points les plus intéressants et les plus difficiles de la tératologie mycologique. M. Reveil dit qu'il a recueilli à Cauterets, en 1854, un grand nombre de Champignons analogues, qu'il regrette de n'avoir pas conservés. Il y en avait un, entre autres, que M. Manescau, à qui il avait été soumis, considérait comme une Clavaire. Ces champignons croissent sur des poutres de sapin, dans les endroits les plus enfoncés et les plus obscurs d'une galerie souterraine. Près de l'orifice on n'en trouve pas. Ils se développent dans une atmosphère où abonde l'hydrogène sulfuré. M. Reveil les a trouvés, ainsi que les toiles d'araignées placées dans leur voisinage, couverts d'une poudre jáu- nâtre qu'il a reconnue comme étant du soufre, formé par la réduc- tion de l'hydrogène sulfuré. M. Moquin-Tandon fait observer que M. Alph. de Candolle a publié, il y a fort longtemps, un mémoire sur le Clavaria ther- malis, DC., qu'il considérait dés lors comme un arret de dévelop- pement. M. Léon Soubeiran rappelle que, dans sa lettre du 3 décembre dernier (2), il a déjà signalé les champignons de Cauterets, dont vient de parler M. Reveil. Ceux qu'il a recueillis à Bagnères de Luchon croissaient vers le milieu des galeries, qui sont trés pro- fondes. (4) Elench. Fung., Y, p. 80. (2) Voyez le Bulletin, t. Il, p. 758. SÉANCE DU 14 avniL 1856. 291 M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : EXPÉRIENCES SUR L'ABSORPTION DE L'EAU PAR LES FEUILLES, AU CONTACT, par M. P. DUCHARTRE. L'absorption par les feuilles de l'eau qui les mouille, ou avec laquelle on les met en contact, est un phénomène qui mérite, à plusieurs égards, de fixer l'attention des physiologistes. Aussi, depuis longtemps déjà, plusieurs d'entre eux en ont-ils fait l'objet de recherches spéciales. Ils ont même adopté, pour leurs expériences à ce sujet, des méthodes variées, les uns àyant plongé dans l'eau un des deux rameaux feuillés d'une branche bifur- quée (Mariotte), d'autres ayant plongé dans le liquide une des feuilles infé- rieures d'une plante entière (Rudolphi), celui-ci ayant placé sur une série de vases pleins d'eau les diverses feuilles d'une méme branche (Knight), enfin celui-là ayant mis en contact avec le liquide soit un petit nombre de folioles d'une feuille composée, soit des feuilles simples détachées de leur plante (Bonnet). Ces dernieres expériences sont celles qui ont eu le plus deretentissement. Bien que leurimportance réelle ait été exagérée, il est certain qu'elles n'étaient pas dépourvues d'intérêt, puisqu'elles donnaient l'explication de différents faits qu'on observe tous les jours dans la nature et dont il était difficile de se rendre compte sans l'absorption d'eau que les observations de Bonnet semblaient rendre parfaitement évidente. Cependant cette absorption par les feuilles de l'eau avec laquelle leur surface est en contact, qui s'était offerte à l'esprit de l'ipgénieux physicien de Genève comme la seule cause admissible des faits constatés par lui, n'a pas été admise par la généralité des physiologistes. Il est arrivé, à cet égard, ce dont l'histoire des sciences offre plusieurs exemples, que l'interprétation la plus simple, la plus logique aussi, a été mise de côté et remplacée par une autre, non-seulement beau- coup moins naturelle, mais encore, ainsi que j'ai pu le reconnaitre par l'expérience, tout à fait inexacte. Ainsi, parlant des expériences de Bonnet, Joh -Jac.- Paul Moldenhawer, dans ses BeiTrÆGE (4°, Kiel, 1812), s'est exprimé de la manière suivante : « Les feuilles qui n'ont des stomates qu'à leur face inférieure, posées sur l'eau par cette face, se conservent beaucoup mieux, parce qu'elles transpirent moins... Les expériences de Bonnet montrent done, à proprement parler, quelque chose de tout différent de ce que Bonnet en a déduit (pag. 98 et 99). » De son côté, De Candolle regardait Comme l'explication la plus probable de ces expériences « que la position des stomates sur l'eau arrête l'évaporation des sues que la feuille renferme et conserve sa fraicheur (Pays. vÉGÉT., I, p. 61). » Quant à M. Treviranus, il dit de la manière la plus formelle « que le résultat des expériences de Bonnet doit étre attribué plutót à ce que la transpiration par la face infé- 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rieure est empéchée, qu'à une absorption opérée par cette méme face (Pays. DER GEWÆCHSE, I, p. 510). » Enfin, pour ne pas trop multiplier les cita- tions, je me contenterai de rapporter un passage de Meyen sur le méme sujet: « Les autres expériences que nous possédons actuellement sur l'ab- sorption, sur la transpiration et sur l'ascension de la séve brute, doivent nous amener à conclure que, dans ces circonstances, les feuilles se con- servent fraiches plus longtemps, uniquement parce que la transpiration est supprimée (NEuEs SvsrEw Der PrLanzenPays., II, p. 112). » Il m'a semblé qu'au lieu de discuter sur la cause pour laquelle des feuilles se conservent fraiches, lorsqu'elles touchent l'eau par une de leurs faces, plus longtemps, en général, que lorsque le contact a lieu par l'autre face, il était plus sür de reprendre les observations de Bonnet, en pesant avec soin les feuilles avant et après l'expérience. Il est évident que si leur poids aug- mente pendant qu'elles touchent le liquide, ce ne peut être parce que leur transpiration a été supprimée. En effet, cette suppression peut les empêcher de perdre, mais non leur faire gagner du poids ; elle pourrait tout au plus maintenir ce poids, mais non l'aeeroitre en aucune manière. J'ajouterai qu'elle ne pourrait méme leur conserver tout entier leur poids initial; car, pendant qu'une face touche l'eau, l'autre est en contact avec l'air, et, dés lors, elle est nécessairement le siége d'une transpiration qui lui fait éprou- ver une perte notable. D'ailleurs, les vases avec lesquels on opère ne peuvent avoir la forme des feuilles qu'ils laissent déborder plus ou moins de divers côtés. Il résulte de là que les feuilles soumises à ces expériences accusent uniquement à la balance l'excès de l'absorption sur la déperdition, e'est-à- dire une absorption beaucoup plus faible qu'elle n'a été en réalité, et que l'on est parfaitement autorisé à conclure qu'elles ont pris du liquide tors méme que leur poids s'est uniquement maintenu ou n'a que peu diminué pendant tout le temps de l'observation. Voici maintenant, en peu de mots, les principaux résultats de quelques expériences qui ont été faites par moi pendant le mois d'octobre, c'est-à-dire à une époque oü l'on ne peut supposer que la végétation eüt beaucoup d'activité. 4. Une grande feuille de Cercis Siliquastrum du poids de 187,90, posée par sa face inférieure sur un vase plein d'eau qu’elle débordait assez large ment, pesait 157,95 après trois jours de contact avec le liquide. Une autre feuille plus grande, du poids de 287,60, mise le méme jour sur l'eau par sa face supérieure, ne pesait déjà plus que 18*,50, après deux jours d'ob- servation. 2. Une grande et belle feuille de Mürier blanc, du poids de 355,70, a été posée, par sa face inférieure, sur l'eau d'un vase qu'elle débordait fortement de tous les côtés. Après trois jours, quoique déjà sèche sur toute la portion qui ne touchait pas l'eau, elle pesait 387,90, accusant ainsi une absorption SÉANCE DU 14 Avril 1856. 293 en excès de 20 centigrammes sur la déperdition. Une feuille toute sem- blable, du poids de 387,65, ayant été mise sur l'eau par sa face supérieure, n'a plus pesé que 187,90 après le méme espace de temps. 3. Une feuille de Pyrus Aria, du poids de 227,50, ayant été mise en con- tact avec l'eau par sa face inférieure, avait élevé son poids à 27,90 au bout de trois jours ; elle était alors parfaitement fraiche dans toute son étendue. Elle avait done gagné environ 1/6 de son poids initial. Une autre feuille peu différente, puisqu'elle pesait 287,20, ayant été posée sur le liquide par sa face supérieure, s'est montrée flétrie et en partie sèche au bout du même espace de temps ; son poids était descendu à 187,35. 4. Une grande feuille radicale de Doronicum Pardalianches, qui pesait 387,25, a été posée sur l'eau par sa face inférieure; au bout de vingt-quatre heures, elle ne pesait plus que 387,45. Pendant le méme temps, une autre feuille un peu plus petite, qui pesait 257,75, ayant eu le contact du liquide par sa face supérieure, a élevé son poids à 387,15, et a des lors gagné presque exactement 1/7. Dans cette espèce herbacée, l'absorption a eu lieu par la face supérieure de la feuille. 5. Les deux moitiés d'une grande feuille de Vardosmia fragrans out été mises simultanément sur l'eau, apres avoir été séparées par la division de la cóte dans sa longueur. Celle qui touchait le liquide par sa face inférieure pesait 557,20 au commencement de l'observation. Comme elle débordait fortement le vase en avant et en arrière, au bout de vingt-quatre heures, elle était déjà crispée et presque sèche dans ces deux portions excentriques, ce qui montrait clairement qu'elle avait dû perdre beaucoup ; cependant son poids total était alors de 58r, 25, et il résultait de là que l'absorption avait dû être considérable, puisqu'elle avait plus que neutralisé une forte déper- dition. Pendant le méme temps, la seconde moitie, dont le poids était de 35,85, était descendue au chiffre de 487,85, et avait ainsi perdu plus de 1/6, quoique son tissu ne parüt pas notablement flétri. Ces observations, prises au hasard parmi celles que j'ai faites, suffisent, Je crois, pour établir que, contrairement à l'opinion des physiologistes cités plus haut, les feuilies ont la faculté d'absorber par une de leurs faces, gé- néralement l'inférieure pour les végétaux ligneux, souvent la supérieure pour les herbes, l'eau avec laquelle elles sont en contact. Il en résulte aussi que lorsque Bonnet, voyant ses feuilles se conserver longtemps fraiches, Supposait qu'elles prenaient une certaine quantité de liquide, grâce à laquelle elles S'entretenaient en bon état, son explication du fait avait pour elie à la fois la Simplicité et l'exactitude. J'ajouterai, mais sans entrer ici dans les détails, qu'en opérant d'une autre manière et en plongeant pendant quelque temps dans l'eau des branches feuillées, dont la section avait été d'abord mas- liquée avec soin, j'ai reconnu encore une absorption d'eau entierement ana- logue à celle qui a fait le sujet de cette note. 224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. François Lenormant fait à la Société la communication sui- vante : Il est une plante aujourd'hui considérée comme entièrement spontanée dans nos contrées et sur l’origine et la provenance de laquelle il m'est ce- pendant venu quelques scrupules. Je veux parler du Buis commun ou Buxus sempervirens, L. Entrainé par la direction de mes études à m'occuper sur- tout de la partie historique et archéologique de la botanique, les questions d'origine des espèces et les faits de naturalisation ont toujours fixé mon attention d'une manière particulière. Aussi, dans le cours de mes herbori- sations en Normandie, ai-je été trés vivement frappé d'un fait qui avait été observé pour la première fois par un de nos plus illustres confrères, le père de l'archéologie provinciale en France, M. Auguste Le Prévost. Ce savant éminent avait remarqué, et j'ai eu plus de cent fois l’occasion de constater à mon tour, qu’en Normandie on ne rencontrait jamais le Buis dans les forêts que dans les lieux qui recélaient des traces d'anciennes construc- tions, particulièrement de l'époque romaine. Ce fait constant est aujourd'hui bien connu de toutes les personnes qui, en Normandie, cultivent l'étude des antiquités, et la présence du Buis fournit une indication trés süre pour la recherche des vestiges d'habitations antiques dans nos foréts. Notre savant confrére, M. Graves, m'a dit avoir fait des observations analogues dans le département de l'Oise, oü il n'a de méme rencontré le Buxus sempervirens que dans des lieux anciennement habités. De ces faits n'y aurait-il pas une conelusion à tirer, et ne devrait-on pas considérer le Buis, au moins dans la région formée par la Normandie et le département de l'Oise, comme étant le produit d'une ancienne naturalisation ? Les obser- vations me manquent pour étendre mes remarques sur un plus grand espace de terraín. Maintenant à quelle époque faudrait-il faire remonter cette naturalisation? Les jardins des Romains étaient principalement décorés de charmilles taillées tout à fait dans le genre des anciens jardins à la française. C'est ce qu'on appelait en latin fopia ou topiarium opus. Pour ces charmilles on employait lif (1), la Pervenche ( Vinca pervinca) (2), Y Acanthus topiaria (3), plante difficile à assimiler, peut-être uue espèce de Figuier que Columelle (5) ap- pelle Ficus topias; mais surtout la plante la plus employée, celle qu'on voyait presque constamment dans ces jardins, c'était le Buis : ( Topiarii sunt] qui buxeas arbores tondentes, in belluus fingunt (5). L'antiquité à laquelle semble (1) Plin., Hist. nat., XV, 30, 39. . (2) Ibid., XXI, 41, 59. (3) Ibid., XXII, 22, 34. (4) V, 40. (9) Firmic. 8, Mathes., 10, ad fin. SÉANCE DU 414 avRiL 1856. 995 remonter la présence du Buis à l'état de naturalisation dans les contrées auxquelles s'applique notre observation et la présence si fréquente de cette plante sur les débris romains, ne permettraient-elles pas d'attribuer sa première introduction aux conquérants du monde ancien? Je ne donne ces conjectures que pour ce qu'elles valent, et d'ailleurs je ne puis les appliquer qu'à une petite étendue de terrain. Mais j'espére que désormais l'attention des botanistes sera appelée vers l'observation des faits du méme genre, et que par là nous pourrons savoir définitivement à quoi nous en tenir sur la justesse de mes remarques et de mes conjectures. M. J. Gay fait observer que le Buis existe sur plusieurs points dela France (notamment dans le Jura), dans des lieux tout à fait ineultes, sans traces de constructions, et que là sa spontanéité ne saurait étre mise en doute. M. Boisduval a vu aussi de grandes quantites de Buis dans le Jura, surtout aux environs de Saint-Claude. M. Fr. Lenormant répond que ce qu'il a dit ne s'applique qu'aux environs de Paris et à la Normandie. M. A. Passy dit que ses propres observations confirment la maniére de voir de M. Fr. Lenormant à cet égard. M. Graves est du méme avis. Il a vu, dans plusieurs localités du département de l'Oise, le Buis paraissant spontané, mais toujours dans le voisinage, soit d'anciennes voies romaines, soit d'autres traces de constructions. A Creil, cette espèce est abondante et prend de grandes dimensions; mais là aussi, il y avait au moyen âge un Château royal. M. de Schœænefeld dit que le point le plus rapproché de Paris où il ait observé le Buis à l'état à peu prés sauvage, est la forêt de Marly ; mais que là encore il y a des traces d'une ancienne construc- lion, qui portait le nom de château de Retz. - Bureau ajoute que prés de Nantes, on ne trouve le Buis en abondance que sur un seul point, à Vérat, oü se voient aussi les ruines d'un vieux cháteau. M. de Bouis fait ressortir l'intérét que présentent ces curieux rapprochements de la Botanique et de l'histoire. Malgré l'autorité du nom qui a été cité par M. Fr. Lenormant, il lui semble cependant difficile d'admettre comme prouvé que le Buis n'existait pas avant les Romains, dans cette portion de la Gaule qui a formé plus tard la Normandie. De ce qu'on rencontre souvent cette espèce dans le T. Wl. 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voisinage des anciens établissements des Romains, qui ont pu l'em- ployer à la décoration des habitations et des tombeaux, il ne s'ensuit pas nécessairement que ces conquérants ne l'aient pas trouvée dans la contrée et qu'ils l'y aient apportée. Le Buis est si abondant dans les foréts qui couvrent la partie supérieure des coteaux calcaires longeant la Seine au-dessous de Rouen, vers Duclair, que M. de Bouis serait disposé à l'y regarder comme indigène. M. Chatin fait à la Societé la communication suivante : NOTE SUR L'IGNAME DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE, par M. AD. CHATIN. A une époque où les esprits sont, avec plus de fondement que de succès, dirigés vers la recherche d'une raeine alimentaire qui puisse occuper dans uos cultures une place à côté de la Parmentière, l'arrivée en Europe d'un nouvel Igname, genre de plantes qui semble devoir offrir plus d'avantages réels que toutes ces espèces à tubereules (Apios, Arracacha, ete.), depuis dix ans vautées un jour, puis oubliées le lendemain, ne saurait étre vue avec in- différence, surtout par la Société Botanique. C'est à ce titre que, déférant au désir exprimé par notre honorable Président, je viens, messieurs, vous dire quiques mots de l'Igname, dit de la Nouvelle-Zélande, reçu ces jours derniers de Calcutta, par la Société impériale d'aeclimatation. Suivant M. Piddington, membre honoraire de cette Société et auteur de l'envoi, l'Igname de la Nouvelle-Zélande aurait été apporté à Caleutta, oü sa eulture est prospere, par le capitaine Hill. Les tubercules, au nombre de trois seulement, destinés à la Société d'ac- climatation, sont arrivés en Europe en compagnie de quatre autres donnés à la Société royale d'agrieulture de Turin et à la succursale de la Société d'acelimatation pour la région des Alpes. Les trois tubereules du nouvel Igname actuellement à Paris, ont été exclusivement répartis, conformément au règlement de la Société, entre ses membres ; l'un d'eux a été remis à M. le professeur Moquin-Tandon, un autre à M. Paillet, habile horticulteur, le troisième m'a été confié. Je n'ai pu faire des nouveaux tubereules qu'un examen bien sommaire, forcé que j'ai été de m'arréter à ne considérer que leur surface. De forme plus ou moins régulièrement ovoide, ces tubereules portent, au milieu de leur base, répondant au côté le plus gros, les restes d'un étroit pédieule par lequel ils tenaient à la plante. Leur surface peut être partagée en deux régions : du cóté de la base l'épiderine est fin, lisse, et porte un assez grand nombre de sortes de petits yeux ; du côté opposé l'epiderme est épais, écailleux comme la peau d'un pachyderme, et privé complétement d'yeux (?) Le poids du tubereule de M. Moquin-Tandon était de 500 grammes; celui du tubercule qui m'a été remis de 490 grammes ; je n'ai pas vu le tubercule de SÉANCE DU 14 avr. 1856. 227 M. Paillet, mais il avait à peu près le méme volume que les autres, et par eonséquent un poids sensiblement pareil. Deux tubereules, qui malheu- reusement n'ont pas réussi, et que M. Piddington avait adressés l'an dernier à M. Baruffi, président de la Société d'agriculture de Turin, étaient quatre fois plus gros que ceux reçus cette année; leur poids, qui devait se rap- proeher de 2 kilogrammes, donne une idée des dimensions auxquelles peut atteindre le nouvel Igname. La densité de ce dernier est considérable (sensiblement égale à celle de la pomme de terre) et tend à donner une bonne opinion de sa richesse en matières alimentaires. Une observation que je n'omettrai pas, parce qu'elle tend aussi à établir la forte proportion des matières solides contenues dans les tubercules, c'est que Ceux-ci, quoique récoltés depuis longtemps, n'étaient ni flétris, ni méme ridés, ce qui aurait eu lieu pour des tissus trés aqueux. J'aurais bien voulu examiner l'intérieur de nos tubercules, mais la crainte de les compromettre nra retenu; tout au plus me suis-je permis d'enlever, avec la pointe d'un canif, une parcelle du tissu qu'avait mis à nu sur l'un des tubercules, impunément d'ailleurs pour sa conservation, l'attaque d'une larve, Toutefois cela a suffi pour constater que la ehair, d'un blane jaunátre, est riche en mucilage et en fécule. Celle-ci, que j'ai examinée au microscope, comparativement avec la fécule de l’Igname de Chine, a, comme cette dernière, un diamètre de 0"",035, dans ses gros grains, mais se distingue nettement par sa forme triangulaire (ou mieux, tétraédrique) et non ar- rondie ou ovée. L'espèce botanique à laquelle doit être rapporté l'Igname de la Noüvelle- Zélande n'est pas déterminée : mais la forme des tubercules, et, surtout celle de la féeule, ne permettent pas de penser que nous ayons affaire ici à une simple race de l'Igname de Chine (Dioscorea Batatas, Dne). Les dif- férences sont très certainement spécifiques et peut-être génériques : les premières fleurs que nous pourrons avoir décideront la question. Dans quelles contrées de la France et du monde le nouveau tubercule prospérera-t-il? C'est encore le secret de l'avenir. Le succès de la culture à Caleutta pourrait faire eraindre que les contrées chaudes ne soient nécessaires à la nouvelle plante, mais la patrie de celle-ci, qui parait étre la Nouvelle- Zélande, nous laisse de très légitimes espérances de la voir s'acelimater dans la plus grande partie de notre pays. Si, laissant de côté les questions de climat, de durée et de rendement de la culture, on cherchait à établir le parallele entre l'Igname nouveau et l'Igname de Chine, seulement au point de vue de la richesse alimentaire et de la facilité d'arrachage, on trouverait que la comparaison est toute fa- Vorable au premier. 228 M SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 25 AVRIL 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. . Léon Soubeiran, vice-secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la séance du 44 avril, dont la rédaction est adoptée. A l'occasion du procés-verbal, M. Gogot dit qu'il a trouvé le Buis, paraissant bien spontané, dans une plaine calcaire inculte, loin des habitations, entre Versailles et la ferme de Mérantais. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de: MM. M FuiLLEY, chirurgien de marine, à Dóle (Jura), présenté par MM. Puel et Maille. LEcApRE, docteur en médecine, ex-chirurgien de marine, rue Chilou, 8, au Havre (Seine-Inférieure), présenté par MM. de Bouis et Montagne. : Seconn-FerréoL (Félix), interne en médecine, à l'hópital Saint- Louis, à Paris, présenté par MM. Moquin-Tandon et L. Soubeiran. Maunis (Alcide), étudiant en médecine, rue Monsieur-le-Prince, 17, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et L. Ferrer. Fort (Alcide), interne en pharmacie, à l'hópital Saint-Louis, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et F. Comar. CuEvRiER (Jules), rue du Faubourg-Montmartre, 17, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et F. Comar. BarnsBy (David), rue Neuve Saint-Etienne-du-Mont, 24, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et F. Comar. Pomier (Abel), rue de Constantine, 36, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et F. Comar. . le Président annonce en outre sept nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1» Par M. Ramon de la Sagra : Flora Cubana. Paris, 4 vol. in-folio. 2° Par M. W. Nylander : Om den systematiska skillnaden emellan svampar och laftar. SÉANCE DU 25 AVRIL 1856. 229 3e De la part de M. Des Moulins, de Bordeaux : Discours d'ouverture prononcé en novembre 1856 à la Société Linnéenne de Bordeaux. ho De la part de M. L. Guidi, de Pesaro : Nuovo osservatorio meteorologico in Pesaro, 1855. 5° En échange du Bulletin de la Société : Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, t. III, 1855. Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, t. VII, n° 3; mars 1856. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro de mars 1856. Thedenius, Nya Botaniska Notiser, numéros de mai à décembre 1855. L'Institut, avril 1856, deux numéros. M. Ramon de la Sagra fait hommage à la Société d'un exemplaire dela Flore de Cuba, et présente, au sujet de la publication de ce livre, les observations suivantes : J'ai l'honneur d'offrir à la Société un exemplaire du Flora Cubana, comme un hommage de ma reconnaissance pour la distinction qu'elle m'a accordée en m'admettant dans son sein. De graves diffieultés ont entravé, dans ces derniers temps, la publica- tion du grand travail dont le Flora Cubana fait partie. Comme cette publi- cation se fait sous la protection du gouvernement espagnol, dont les vicis- Situdes ont été si nombreuses, vous pouvez vous figurer, messieurs, combien l'ouvrage et son auteur ont dü souffrir de ces fréquents change- ments. Malheureusement, l'histoire des naturalistes de mon pays n'était pas faite pour m'eneourager; car tous, excepté un, l'abbé Cavanilles, qui dut probablement ce privilége à sa position d'ecclésiastique, tous ont été malheureux : Ruiz, Pavon, Sesse, Mocino, Mutis, Roxas Clemente, Lagasca, n'ont pu voir publier tous leurs travaux. Ces tristes précédents ont servi cependant à exciter mon énergie pour parvenir à la terminaison de mon ouvrage, malgré tous les obstacles que j'ai eus à vainere. Le Flora Cubana est enfin terminé. Quoique se rapportaut à un pays espagnol, ce livre est un monument scientifique francais; car deux des plus illustres de vos compatriotes ont déterminé les espèces qui s'y trouvent décrites, Savoir notre digne confrère, M. Montagne, pour la Crypto- Samie, et le regrettable M. Achille Richard pour la Phanérogamie. Uu autre Jour j'aurai l'honneur de vous présenter le tableau méthodique des plantes 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui y ont été décrites ; maintenant je me bornerai à vous dire que, quoique le nombre en soit assez considérable, il ne représente certainement pas le cin- quieme des végétaux vivant dans la riche ile de Cuba. Mes recherches ont embrassé divers phénomènes de la vie végétale sous le climat heureux des tropiques, telles que la germination, la floraison, la fructification et les associations ou groupements naturels des plantes. J'ai réuni aussi beaucoup de notes sur les usages économiques et industriels, et les propriétés médicales des divers produits. Malheureusement, les limites que je devais imposer à mes savants collaborateurs, pour la partie deseriptive, n'ont pas permis méme les indications des notes que je viens de mentionner, car elles se rapportent plus particulièrement à la physique et à la physiologie végétales. Je m'occupe en ee moment de consigner au moins les principaux résultats daos une introduction générale au Flora Cubana, et je vous demauderai la permission de vous présenter quelques détails dans le cours de vos séances. Par ce moyen, je me trouverai heu- reux de coopérer, autant qu'il est en mon pouvoir, aux travaux qui vous oceupent et auxquels vous me permettez de prendre part. M. J. Gay présente à la Société, de la part de M. Ch. Des Moulins, de Bordeaux, une brochure contenant le discours prononcé par lui à la seance d'ouverture de la Société Linnéenne de Bordeaux. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : OBSERVATIONS SUR L'ALLIUM MAGICUM, L., pr M. A. LAGREZE-FOSSAT. (Moissae, 12 avril 1856.) Aprés la publication de l'intéressant mémoire de M. Germain de Saint- Pierre, sur l'A//ium magicum, L. (1), j'eus la pensée de rédiger quelques observations que j'avais faites dans le temps sur cette espèce, et j'en écrivis méme deux mots à M. Moquin-Tandon; mais, comme ces observations étaient incomplétes sous certains rapports, je dus ajourner ce travail. Aujourd'hui que je me suis livré à un nouvel examen de cette plante, je m'empresse d'en faire l'objet d'une communication à la Société. J'ose espérer que M. Germain de Saint-Pierre ne verra dans cet acte d'autre mobile que celui qui le dirige lui-méme dans ses études, le désir de concourir au progres de la science. Lorsqu'on observe l'A/[frum magicum, L., dans un lieu où, comme dans mon jardin, il se reproduit spontanément (2), on remarque des différences (1) Voyez le Bulletin, t. II, p. 183 et 256. (2) Il y est naturalisé depuis plus de dix ans. Les premiers bulbes que j'y plantai m'avaient été donnés par M. Dumolin ainé, de Saint-Maurin (Lot-et-Garonne). SÉANCE DU 29 AVRIL 1856. 931 notables entre les individus que l'on a sous les yeux; les uns n'ont qu'une seule feuille à limbe bien développé, les autres en ont deux; les plus robustes en ont cinq, et trés rarement six. Les feuilles des individus des deux premières catégories n'ont que 2 à 3 centimètres de largeur et 20 à 30 centimètres de longueur, tandis que celles des individus de la troisième catégorie dépassent souvent 7 centimètres en largeur, et s'élèvent jusqu'à 80 centimètres au-dessus du sol. Dans les unes etles autres le pétiole forme une gaine fermée longitudinalement jusqu'au sommet du bulbe ; toutes les feuilles s'emboitent done inférieurement comme les tubes d'une lunette d'approche. La plus intérieure, qui est toujours bulbifère au- dessous du sommet, s'applique sur le caieu et l'enveloppe complétement, ainsi que la base de la hampe dans les individus prolifères, comme l’a très bien vu M. Germain de Saint-Pierre. C'est cette feuille qu'on a désignée sous le nom de feuille gemmipare (fig. 1). La feuille gemmipare ne manque jamais, pas méme chez les individus qui n'ont qu'une seule feuille à limbe développé ; mais elle n'est. pas tou- Jours unique, comme l'a cru M. Germain de Saint-Pierre ; chez ceux qui ont acquis tout leur développement, la feuille qui la précède porte tres fré- quemment un bulbille au-dessous du sommet d'un limbe de 30 à 35 centi- métres de longueur, et, dans ce cas, on trouve ordinairement deux bulbilles aCcolés dans le capuchon de la feuille gemmipare. Le capuchon de cette deuxième feuille gemmipare est ordinairement en forme de sac ren versé, plus long et à bec très court (fig. 2). La feuille gemmipare varie beaucoup dans sa forme et ses dimensions. Dans quelques individus elle est, pour ainsi dire, souterraine; le plus sou- vent elle a de 10 à 12 centimètres ; quelquefois elle est presque aussi longue que la hampe. Dans les deux premiers cas, le limbe n’est représenté que par le capuchon ; dans le troisième, il est trés développé. La longueur de la hampe est aussi trés variable ; elle dépasse à peine la base des feuilles ou acquiert jusqu'à 40 centimètres de longueur. Avant la maturité, elle se courbe en are sous le poids des bulbilles qu'elle supporte, et ceux-ci sont déjà depuis longtemps en contact avec le sol lorsqu'ils se Séparent de la plante-mère. La tête prolifère, qui termine la hampe, est d'abord ovoide. Si l'on en fait une analyse attentive dans cet état, on trouve qu'elle est composée de six, el rarement de sept bractées en spirale, et que, à l'aisselle de chacune de ces bractées, sont insérés deux bulbilles. Ces bractées sont plus larges, folia- cées, bi- ou trifides inférieurement, le plus souvent entieres, moius colorées et plus courtes au sommet, Plus tard la tête prolifere devient globuleuse; les braetées se déchirent longitudinalement par la pression qu'exercent les bulbilles, et il est alors très difficile de constater les faits que je viens de Signaler, 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Considéré au point de vue de sa reproduction seulerent, l'Allium ma- gicum présente deux phases distinctes. Tant qu'il est jeune, il se reproduit par un caieu et par le bulbille de la feuille gemmipare; lorsqu'il est adulte, il se reproduit encore dela même manière, mais aussi à l'aide des bulbilles qui terminent la hampe. Examinons séparément ces organes. 1° Bulbilles des feuilles gemmipares. Lorsqu'on fait une coupe verticale du bulbille d'une feuille gemmipare, on observe de dehors en dedans : 1? le limbe de la feuille qui l'a produit; 2° une masse charnue sur laquelle s'aperçoivent des lignes de séparation des feuilles qui se développeront plus tard ; 3° enfin, dans le centre, une partie plus blanche ayant la forme d'un ovoide allongé. Celle-ci est le rudiment du caieu ; les autres doivent constituer le bulbe futur, savoir : le limbe de Fig. 1. Fig. 2. Fig. 3. a. Insertion du bulbille. la feuille gemmipare, sa tunique externe, et la masse eharnue, ses tuniques internes. La tunique externe est trop mince pour résister longtemps à l'action de l'bumidité du sol ; elle est complétement détruite quand le bulbille a ter- miné son évolution et se trouve transformé en bulbe; aussi ce bulbe, au lieu d’être jaunâtre et fortement rugueux, est-il blane et presque lisse. À ces deux caractères on peut donc reconnaitre si le pied d’Allium magicum | SÉANCE DU 25 Avril 1856. 233 qu'on a sous les yeux a été produit ou non par le batlbille d'une feuille gemmipare de l'année précédente. Plus tard ce ne serait plus possible. On peut le reconnaître encore à un autre caractère. Ce bulbille ne produit jamais que deux feuilles, l'une extérieure, à limbe bien développé; l'autre intérieure et gemmipare. Celle-ci est le plus souvent souterraine, et il faut arracher la plante pour la trouver ; on la voit alors au fond du tube formé par les bords rapprochés de la feuille extérieure. La partie pétiolaire qui s'élève au-dessus du caïeu en voie de formation, est blanchâtre, charnue, filiforme, et se termine par un limbeayant la méme consistance, de la méme couleur et complétement fermé, qui contient un bulbille (fig. 3). Ce bulbille rappelle ceux de l'A//ium spherocephalum, L., et de plusieurs autres espéces du méme genre. 2 Bulbilles de la tête prolifère. Ces bulbilles different de ceux que portent les feuilles gemmipares par a NS LR Fig. 4. Fig. 5. a. Insertion du bulbille. — f f. Feuille gemmipare. leur couleur à la fin semblable à celle du maïs jaune, et leur tunique externe beaucoup plus épaisse. Soit qu'ils aient été semés avec précaution, Soit qu'ils aient été abandonnés à la surface du sol, on voit sortir successi- vement du sommet de la tunique externe : 1° le limbe presque tou- Jours rudimentaire, et quelquefois seulement la partie supérieure de la gaine d'une première feuille; 2° deux feuilles semblables à celles du bul- bille d'une feuille gemmipare ; 3* enfin la feuille gemmipare (fig. 4), dont 234 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la partie pétiolaire, située au-dessus du caieu, est devenue tubuleuse par la soudure de ses bords, et est une transition à la forme en languette des feuilles gemmipares des‘bulbes adultes. La tunique externe du bulbille trans- formé en bulbe, est plus épaisse et d'une couleur plus foncée ; son tissu est traversé de bas en haut par des fibresdisposées réguliérement en deux lignes parallèles; enfin, sa surface est trés rugueuse. Ses rugosités sont dues en partie à des tubercules arrondis ou ovales, semblables à des lenticelles, qui émettent cà et là des racines isolées, ne différant point de celles qui prennent naissance à la périphérie du plateau. 3° Caieu. Pour étudier convenablement cet organe, il faut d'abord enlever une à une toutes les gaines des feuilles extérieures, rabattre celle de la feuille gemmipare et faire ensuite une coupe longitudinale du caieu, dirigée de maniere à y comprendre la hampe et le plateau (fig. 5). Le caieu offre, comme les bulbilles, un corps central, ovoide, plus blanc, se détaehant avec facilité, et une partie charnue sur laquelle on remarque assez distinetement les lignes de séparation des feuilles qui se développeront l'année suivante. Des lignes semblables s'observentsur la coupe longitudinale de la hampe; elles prouvent que cet organe est le résultat de la soudure des gaines pétio- laires des feuilles dont le limbe s'est épanoui en braetées, après avoir pro- duit des bulbilles comme les feuilles gemmipares. Le plateau, qu'on distingue à sa teinte plus foncée et parfaitement cir- conscrite, se présente sous une forme irrégulièrement globuleuse. Il se prolonge supérieurement en pointe pyramidale et se confond avec le eaieu. Un peu au-dessous et sur l’un des côtés est l'origine de la hampe. C'est à la circonférence, mais plus bas, que les feuilles et les racines ont leur inser- tion, celles-ci dans la partie inférieure, celles-là dans la partie moyenne. Elles ne pénètrent pas dans l'épaisseur du plateau, comme la hampe et le caieu. On peut done affirmer que ceux-ci sont produits par le plateau et qu'ils sont contemporains de la feuille gemmipare à gaine rabattue, de la méme manière que leurs rudiments, renfermés dans la partie ovoide cen- trale, sont contemporains du rudiment de la feuille gemmipare qui se déve- loppera l'année suivante. Le plateau de l'Alftum magicum, L., devenu adulte, émet done ehaque année deux bourgeons destinés, l'un à conserver l'individu, l'autre à multiplier l'espèce. Ces bourgeons doivent présenter sans doute, daus le principe, des diffé- rences peu sensibles, et ehac.n d'eux peut probablement donner naissance indifféremment, soit a un caïeu, soit à une tête prolifere; c'est du moins ce qui semble résulter de l'observation suivante. J'avais remarqué, l'année dernière, un vigoureux pied d' A//ium magicum qui n'avait pas produit de hampe, et j'en avais été fort étonné, Mon étonnement cessa au mois d'aoüt, SÉANCE DU 25 AvRIL 1856. 235 en voyant que deux caieux s'étaient développés dans le méme bulbe. Ils étaient exactement semblables et accolés l'un à l'autre par une surface plane et si régulière qu'on aurait dit, au premier coup d'œil, que chacun d'eux était une moitié d'un caieu unique divisé de haut en bas par un instrument tranchant. L'un. de ces caïeux ne représentait-il pas évidem- ment la hampe et la tête prolifère, dont une circonstance quelconque avait arrêté le développement ? M. Léon Soubeiran, vice-secrétaire, donne lecture de la lettre suivante, adressée à M. Decaisne par M. Belhomme. Jardin botaniqne de Metz, 15 avril 1856. Je vous envoie ci-joint, pour le soumettre à la Société, un échantillon d'une plante qui, je crois, est l’ Arabis rosea, DC. Je viens de la découvrir dans une localité touchant à la ville de Metz, ou pour mieux dire, à une des portes nommée Mazelle ; elle eroit dans les fissures des moellons des fortifications. Le nombre des pieds que j'ai vus peut étre de vingt à trente. D'aprés De Candolle, cette plante est originaire de Calabre. Comment se trou ve-t-elle là? C'est encore un probléme à résoudre. C'est une espéce qui n'est cultivée dans aucun jardin, et qui est méme assez rare dans les écoles botaniques: je crois méme cette Arabide assez délicate ; mais dans cet emplacement, elle parait se plaire; et il est à espérer que les botanistes ne viendront pas la détruire, car ce serait pour la flore de la Moselle, et méme pour la flore de France, une richesse de plus. Je n'ose me prononcer sur sa spontanéité. Elle se trouve placée à l'exposition nord, et tous les pieds se trouvent sur le mur méme; pas un seul ne parait à terre. A quelques pieds du mur l'eau circule; c'est peut-étre une des cireonstances qui favorisent sa végé- tation, L'échantillon accompagnant cette lettre est examiné par les mem- bres présents à la séance. — M. J. Gay fait observer qu'on trouve au mont Saléve, près Genève, un autre Arabis à fleur rose. Il serait pos- sible que l'échantillon présenté appartint à cette espéce plutót qu'à V Arabis rosea, Pour décider la question, il serait nécessaire d'avoir des fruits, — M. Balansa est d'avis que la plante recueillie par M. Bel- homme ressemble à VA. rosea, bien que sa rosette présente quelques différences avec celle des. échantillons de cette espèce qu'il a eu occasion d'examiner. M. Francois Lenormant donne lecture de la communication sui- vante adressée à la Société par M. Léon de Rosny : 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Messieurs, J'ai appris par la lettre que vous avez bien voulu m'adresser en date du 31 mars 1856, que vous m'aviez fait l'honneur de me nommer membre de votre savante Société. Je viens aujourd'hui vous remercier de cette faveur et vous offrir le coneours de mes faibles connaissances lorsqu'elles pour- ront étre de quelque utilité dans la voie que vous vous étes tracée. Appliqué depuis plusieurs années à l'étude de la langue des Chinois et de celle des Japonais (cette dernière jusqu'à présent complétement inconnue en Franceet dans la plupart des contrées de l'Europe), je me suis quelque peu mis à méme de consulter lesouvrages publiés chez ces deux grandes nations de l'Asie orientale, lesquelles, sans contredit, ont produit le plus de travaux sur les sciences naturelles, et surtout sur la botanique, qui fait l'objet spé- cial de vos études, En effet, cette dernière science, protégée par les gou- vernements de la Chine et du Japon, en vue des avantages qu'ils devaient retirer de ses progrés pour le bonheur de leurs sujets, a produit, à diverses reprises, des hommes de talent et d'érudition qui, en Orient, ont agrandi le champ des connaissances humaines relatives aux végétaux. L'agriculture, qui se rattache si directement à la botanique, a été également l'objet de toute la sollieitude des souverains dela Chine et du Japon ; les livres sacrés des anciens Chinois, les écrits de Confucius et des philosophes ses succes- seurs, ont tous appelé les peuples vers la pratique des sciences agricoles et ont contribué, par cela même, à leur rapide développement. Pour entretenir chez ses sujets le goût de l’agriculture, l'empereur de Chine, lui-même, comme vous le savez, daigne une fois chaque année mettre la main à la charrue pour tracer un premier sillon, en présence de tous les grands de sa cour. L'étude de la médecine et des arts qui en dépendent étant très favorisée en Chine et au Japon, celle de la botanique a dû naturellement aussi obte- pir, par cela même, une nouvelle importance. En effet, les médecins les plus célèbres de l'Asie orientale, depuis nombre d'années, ont étudié avec une ardeur extréme toutes les plantes que la nature a fait naitre dans leur climat; et, par suite de nombreuses expériences, fréquemment réitérées avec une patience et une sagaeité peu communes, ils sont parvenus à découvrir une foule de propriétés à des plantes qui, chez d'autres nations, seraient restées, peut-être indéfiniment, un simple objet de curiosité ou de luxe, ou bien, plus souvent encore, auraient été rejetées comme inutiles. Vous me demanderez peut-étre, messieurs, si l'étude de la botanique chez les Chinois et les Japonais ne comprend que celle de l'utilité pratique des plantes ; si ees peuples ne connaissent point la magnifique branche de cette grande science qui s'occupe de réunir en groupes des êtres qui, par le SÉANCE DU 25 AvRiL 1850. 237 développement de leurs organes et par leur structure générale, constituent des familles naturelles; s'ils sont étrangers, enfin, à la connaissance des qualités, des besoins des végétaux et à la disposition graduée des espèces plus ou moins parfaites, plus ou moins bien conformées. J'essaierai de vous répondre selon la mesure de mes forces et des faibles lumières que j'ai pu acquérir jusqu'à ce jour sur l'état présent des sciences naturelles dans l'Asie orientale. Les Chinois, moins avaneés sous beaucoup de rapports que leurs voisins d'outre-mer, ne paraissent point avoir connu de classification rationnelle pour les sujets du règne végétal. Li-chi-tchin, auteur du À E 410] E] Pen-tsao-kang-mo, célèbre traité d'histoire naturelle chinoise, dont la première édition remonte à l'année 1596, avait divisé la partie botanique de son livre en einq sections, comprenant les plantes herbacées (3&). les A A 0, . EN, ; - céréales y compris quelques Légumineuses E ) les plantes potageres i aJ (R). les arbres fruitiers (R). et les plantes ligneuses (A) Cette disposition fut suivie par un grand nombre de naturalistes chinois et intro- duite, bientôt aprés, dans l'archipel du Japon. Mais chez les insulaires de ce dernier pays, les sciences naturelles ont fait quelques progrès sensibles et dignes de remarque. Tandis que les Chinois, d'un côté, plongés dans un sommeil volontaire à l'abri des lauriers de leurs ancêtres, repoussaient tous les progrès émanés de l'étranger, alors même qu'ils étaient presque entière- ment incapables d'en réaliser d'importants par eux-mêmes ; les Japonais, d'un autre côté, s'efforcaient de réunir au milieu d'eux quelques ouvrages Produits par des savants européens; et, lorsque des vaisseaux hollandais venaient à aborder dans leurs ports, ils ne manquaient d'acquérir à quelque Prix que ce fût les livres de science qui pouvaient s'y reneontrer. À peine ces intelligents insulaires, reconnus aujourd'hui pour supérieurs, sous presque tous les rapports, aux Chinois leurs voisins, avaient-ils obtenu ces Nouveaux secours, qu'ils s'empressaient de les répandre daus toutes les Parties de l'empire japonais, au moyen de traductions rédigées avec soin et publiées avec le concours des illustrations scientifiques du pays. Par ce moyen, les Japonais, quoique bien éloignés de nous, sont parvenus à Profiter de nos découvertes, longtemps, il est vrai, après qu'elles se soient Manifestées ici, mais encore assez tôt pour que l'union des connaissances qui leur viennent d'occident et de celles que leur procurent des recherches et des observations continues, leur permette de publier de nombreux tra- vaux qui ne manqueront assurément pas d'offrir un grand intérêt à l'Europe “vante, alors qu'ils seront parvenus jusqu'à elle. Si, somme toute, la partie théorique de la botanique, ainsi que sa classification, sont encore relative- 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment bien arriérées, méme au Japon, du moins la partie pratique, l'histoire des plantes et de leur utilité sont des sciences trés avancées chez les Chinois et les Japonais, et, de ce cóté, l'Europe a beaucoup à acquérir du contaet de ces deux grandes nations. Mais la première difficulté à lever pour pouvoir profiter de leurs beaux travaux consistait naturellement dans l'absence de toute synonymie entre les noms des trois langues. Pour ce qui est de la technologie, la langue ehinoise est à l'Asie orientale ce que le latin est à l'Europe. Les langues particulières à chaque pays ont produit des noms vulgaires qui, comme les nótres, varient de provinee en province et constituent une seconde nomenclature qui, souvent, ne manque pas d'un certain intérét. Depuis plusieurs années, je me suis occupé de recueillir les noms de l'une et l'autre sorte, et je me suis efforcé d'en établir la synonymie linnéenne à l'aide des travaux des voyageurs européens au Japon, et surtout à l'aide des collections de plantes peintes d'une maniere si admirable sous les yeux des botanistes chinois et japonais, et dont quelques-unes sont parvenues jusqu'à nous. Quelques séries de plantes, desséchées dans le pays méme où elles furent recueillies, m'ont mis à méme d'augmenter également la liste des synonymies japonaises et chinoises-latines, publiées au nombre de six cent trente par mon savant ami le docteur J. Hoffmann, de Leyde, avec le concours de M. H. Schultes. J'espère, messieurs, si vous voulez bien me le permettre, avoir successive: ment l'honneur de vous faire part de mes recherches sur la science qui vous intéresse, et vous donner des extraits des ouvrages chinois et japonais de botanique qui sont à ma disposition, et qui, en partie, ont été publiés par des sociétés constituées pour éclairer les mêmes questions qui vous occupent aujourd'hui ; ear je ne erains point de vous l'affirmer, pendant que d'impor- tants ouvrages sont publiés en France sous vos auspices, d'autres sociétés botaniques vous imitent à l'extréme orient, et il faut espérer que le temps est proche où de faciles communications nous mettront à méme de suivre leurs travaux pas à pas et de leur faire, à titre de retour, part de tous nos progrès et de nos découvertes. En me mettant de nouveau à votre entière disposition pour extraire des livres chinois et japonais qui sont à Paris, ou que je puis obtenir de l'étranger, les renseignements qu'ils contiennent sur les diverses especes de plantes qui attireront successivement votre attention, je vous prie d'agréer, messieurs, avec mes remerciements, l'expression de mon respectueux dévouement. L. Léon DE Rosny, Membre du Conseil de la Société asiatique, et secrétaire-archiviste de la Société orientale de France, Paris, 25 avril 1856. SÉANCE DU 25 avril 1856. 239 M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE BELLEVALIA, par M. J. GAY. Chargé par M. Balansa de déterminer quelques-unes des plantes mono- eotylédones par lui rapportées tout récemment du pachalik de Tarsous, j'ai eu à m'occuper d'une petite Liliaeée trés printanière que notre voyageur avait récoltée, le 30 mars 1855, aux environs de Mersina, alors sans fleurs et dans un état de maturité complète. D’après son port, je erus pouvoir la rapporter au genre Scilla, et je la nommai Scilla hispida, nom qu'elle porte en effet sur les étiquettes imprimées de la collection de M. Balansa. Mais le soupçon d'une erreur commise m'a fait soumettre la plante à un nouvel examen, et j'ai enfin réussi à découvrir à la base de quelques capsules les restes d'une corolle marcescente qui s'est trouvée tubuleuse, avec six dents, et non point divisée jusqu'à la base en six parties, comme elle l'est dans le genre Scilla. En ce point, comme en tous les autres, la plante répond par- faitement au genre Zellevalia, où je la classe maintenant sous le méme nom spécifique, paree que, là, elle me parait nouvelle, comme elle l'était dans l'autre genre, quoique ici elle ait une affinité plus certaine dans deux es- pèces de la flore orientale. Je décris sommairement ici les trois espèces, Pour faire mieux connaître la nouvelle. Affines Bellevalia lineata, B. sessiliflora et B. hispida conveniunt notis sequentibus : Plantæ bulbosæ, humiles et graciles. Folia 2 vel 3, parte pa- tiolari vaginante longa, limbo faleatim recurvo, lanceolato, plus vel minus complicato, undulato-crispo, utrinque exstanter nervato (hine nomen B. li- nata et Hyacinthi nervosi). Racemus laxiflorus. Flores bractea unica, mi- nima et truncata suffulti, fertiles omnes omnesque erecto-patuli, nulli reflexi. Corolla cylindracea, dentibus erectis, corolla plus dimidio brevioribus. Ovarii loculamenta biovulata, ovulis proxime superpositis, erectis. — Notis Squentibus sunt distinguenda: BELLEVALIA SESSILIFLORA Kunth. B. foliis margine ciliatis, cæterum gla- berrimis, vaginis immaculatis; floribus sessilibus; corolla cylindracea, 7 mm. longa, sicca pallide violacea, fauce haud constrieta, dentibus unam “rollæ partem quartam longis; filamentis fauci insertis; capsula... Hyacinthus sessiliflorus Viv. FI. Libye. specim. (1824), p. 21, tab. 7, fig. 5. Muscari sessiliflorum Spreng. Syst. Veg., M, p. 66, n° 8. — Roem. et Schult. S. V., VII, 1 (1829), p. 590. Hyacinthus nervosus Bertol. Mise. bot. | (1842), p. 21, n° 33 (Chesn. Euphr, exsice. n. 11, ex qua suam quoque sequentis. Kunthius traxit descript ionem). Bellevalia sessiliflora Kunth Enum., IV (1843), p. 309 (emendata des- 2h0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. criptione, qua perperam calyx campanulatus fereque ad medium usque di- visus dicitur, descriptione reliqua optime cum planta nostra congruente). Muscari ciliatum Steud. in Kotschy Pl. Alepp. exsicc., n. 15 (ann. 4843). — Non Bot. Mag. Hab. in confinibus maris Mediterranei orientalis: in littore magne Syrteos (Viv.), in Egypto et Syria (Oliv. ex Kunth), ad ripas Euphratis prope Port- William (Chesn. exsiee. n. 11, cujus plantam Bertolonius et Kunthius descripserunt) et cirea Aleppum die Martii 18^ florens (Kotschy exsice. n. 15! sub falso nomine Muscari ciliati). BrtLEVALIA LINEATA Kunth. B. foliis elaberrimis, vaginis immaculatis ; floribus breviter pedicellatis ; corolla pedicellum plus triplum, 5 mm. longa, ovoideo-cylindracea, etiam sicea pulchre azurea, fauce constricta, denti- bus corollam fere dimidiam longis; filamentis fauci insertis; capsula..... Hyacinthus lineatus Steud. et Hochst. in herb. Smyrn. Un it., ann. 1827. Bellevalia lineata Kunth Enum., IV (1843), p. 309. — Heldr. PI. orient. exsicc.! ann, 1847. Habitat Smyrnæ (Fleisch.) inque Pamphylia maritima cirea Attaliam, Martio florens (Heldr.!). BrtLEvALIA mispiDA N. B. foliorum vaginis fusco-maculatis, superne limboque ad nervos utrinque strigilloso-hispidis; floribus pedicellatis ; co- rolla 5 mm. longa, dentibus unam corollæ partem tertiam longis : filamentis paulo infra faucem insertis; capsula pedicellum vix longa, depresse glo- bosa, trisuleato-obtusissime trigona ; seminibus obovoideis, hine planiuseu- lis, illine convexis et grosse rugosis. Scilla hispida Gay in Balans. Pl. or. exsice. n. 815 (april. 1856). Hab. in Cilicia littorali cirea Mersinam, ann. 1855, die Martii 30* fruc- tifera et maturissima (B. Balansa !). Planta fructifera usque spithamam longa. Folia palmam ultraque longa, lanceolata, erispato-undulata, 3-9 mm. lata, margine adque nervos pagiuæ imprimis inferioris pilis longis rigidulis hispida, parte inferiore petiolari similiter pilosa et maculis crebris, fuseis notata. Scapi solitarii vel gemini, filiformes, glaberrimi, fructiferi foliis paulo longiores rectique vel declinati. Corolla persistens, ex reliquiis capsulam passim vaginantibus 5 mm. longa, dentibus ovatis, acutiusculis, tubum dimidium longis (defloratee aulem plantæ forma corollae incerta). Filamenta paulo infra faucem inserta, subu- lata, dentes dimidios longa. Capsula raeemis singulis 5-22, pedicello 14-5 mm. longo, erecto -patulo, filiformi paulo breviores, depresso-globosz, trisulcato- obtusissime trigonæ, stylo persistente filiformi terminatæ, triloculares, locu- licide dehiscentes, pericarpio membranaceo, viridulo, reticulatim venuloso. Semina in loculamentorum fundo 2 (totidem fuisse quoque ovula, laud dubium), parva, quasi collateralia, erecta, obovoidea, atra, hinc plana et SÉANCE DU 25 AVRIL 1856. 241 læviuscula, illinc convexa et grosse rugosa, hilo punctiformi, chalaza nulla distincta. M. L. Soubeiran fait à la Société la communication suivante :. Dans une précédente séance, à propos d'une lettre de M. Théod. Orpha- nidés que je communiquai à la Société (1), il s'est élevé une discussion pour savoir si l'on devait, avec l'auteur de la lettre, attribuer le styrax d'Orient à un Liquidambar, ou, avec le plus grand nombre des naturalistes, le rap- porter au Styrax officinale L. Je ne serais pas étonné que les partisans de l'une et de l'autre opinion eussent tous raison, car on connait en matière médieale deux styraz, le solide et le liquide, et il semble résulter d'un pas- sage publié par Lamarck (Encyclopédie méthodique, t. V, p. 82, 1783) que ces deux produits ne proviennent pas du méme végétal. En effet, il dit : « Dans les pays chauds, on tire de cet arbre (le Styrax officinale L.), par incision, une gomme résine d'une odeur très agréable, qu'on nomme styrax » solide, et qui nous est apportée du Levant..... La gomme résine connue » Sous le nom de styrax liquide est fournie par les Liquidambar. » Du reste, Persoon, Sprengel et Endlicher pensent que le styrax d'Orient liquide est dà au Ziquidambar orientale Mill. (Altingia Noronha), qui croit dans l'ile de Chypre et dans l'Asie mineure : on le désigne dans ces pays sous le nom de Xylon Effendi.: D'après le catalogue de la collection de matière médicale offerte à l'École de pharmacie par MM. Della Sudda, le nom ture de yerbre serait Kara Ghiunluk, et celui du styrax liquide Kara Ghiunluk aghi. M. de Schænefeld présente à la Société un échantillon de Primula officinalis, et ajoute les observations suivantes : L'échantillon que je mets sous les yeux de la Société a été trouvé par moi, il y a quelques jours, dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Trois fleurs Sont portées par la même hampe ou pédoneule commun. L'une de ces fleurs à le calice normal qui caractérise l'espèce (Primula officinalis, Jacq.). I est renflé, très ouvert, et égale presque le tube de la eorolle. La deuxième fleur a le calice plus court, moins renflé et égalant à peu Près la moitié du tube de la corolle. Enfin, la troisième fleur a le calice égalant à peine le tiers du tube de la Corolle et étroitement appliqué sur ce tube, à peu près comme dans le Pri- mula elatior., Cette réunion, dans une même inflorescence, de trois calices si différents, (). Voy. le Bulletin, t. TII, p. 147. T. IH. " 242 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. me semble prouver qu'on ne doit, pour la délimitation des espèces, et méme des variétés du genre Primula, attacher qu'une trés médiocre importance aux rapports de dimension que présentent le calice et le tube de la corolle. Je dois ajouter que je ne pense pas que, dans la forét de Saint-Germain, on ait jamais rencontré d'autre Primula que le P. officinalis. L'hybrida- tion ne serait done pour rien dans le phénoméne purement accidentel qui fait l'objet de cette communication. M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes vivantes, d'une culture difficile, et qu'il est néanmoins parvenu à cultiver avec succés. Ces plantes sont le Ranunculus parnassifolius, le Woodsia hyperborea, le Botrychium Lunaria, et un pied de Ramondia pyre- naica en pleine fleur et d'une beauté remarquable. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : ` ANATOMIE DU LATHRÆA SQUAMARIA COMPARÉE A CELLE DU CLANDESTINA RECTIFLORA, par M. AD. CHATIN. Les membres de la Société savent tous que la Squamaire et la Clandes- tine, successivement réunies par les botanistes dans un méme genre et regardées comme types de deux genres distincts, ont été, la seconde sur- tout, l'objet de recherches anatomiques pleines d'intérêt. M. Bowman, savant botaniste anglais, adécrit les sucoirs de la premiere, et fait bien connaitre les remarquables lacunes des feuilles, laeunes grandes, symétriquement réparties dans le travers du parenchyme, et tapissées à leur intérieur par des papilles glanduleuses en tout semblables à celles qu'on peut observer à la surface de la tige. Mais M. Bowman n'ayant examiné que la moindre partie des organes de sa plante, et n'accompagnant son récit q € de dessins faits à un grossissement trop faible pour donner uue idée de la nature des tissus, on peut dire que l'anatomie de la Squamaire restait à faire presque tout entiere (1). Les observations anatomiques de M. Duchartre sur la Clandestine étant fort complètes, c'est sur un petit nombre de points seulement que j'ajoute au travail de notre savant confrère (2). Nous devons aussi mentionner M. Unger qui, dans le beau Mémoire qu'ila consacré aux plantes parasites, donne quelques indications sur les connexions snatomiques entre le Lathræa et les racines étrangères sur lesquelles il fixe ses suçoirs (3). (1) Bowman, Transactions of the Linn. Soc. (2) Duchartre, Mémoires des savants étrangers. t. IX. , (3) Unger, Beitrege zur Kenntniss der parasitischen Pflanzen (Ann. Wiener mus. , 1). SÉANCE DU 25 AvRIL 1856. 243 On peut établir comme il suit le parallèle anatomique entre la Clandes- tine et la Squamaire, successivement considérées dans leurs sucoirs, leurs racines, leur rhizome, leur tige, leurs rameaux, leurs écailles et leurs fleurs. Sugoirs. — Dans la Squamaire, comme dans la Clandestine, les suçoirs consistent en une sorte de spongiole qui pénètre verticalement les tissus des racines nourriciéres et se compose, comme Ja généralité des suçoirs, d'un cône ou sommet cellulaire perforant, doublé inférieurement d'un cône vas- culaire formé de courts vaisseaux (?) moniliformes cloisonnés. La diffé- rence, s'il y en a, entre les deux plantes, se réduirait à l'existence, dans la Clandestine, d'un repli utriculaire préhenseur qui parait manquer dans la Squamaire (1). M. Duehartre, qui n'avait pas constaté la pénétration des sucoirs de la Clandestine à l'intérieur des racines étrangères, pensait qu'ils n'étaient que Juxtaposes à celles-ci dont ils absorberaient cependant les sucs nourriciers, état qui ne se voit dans aucune parasite actuellement observée. Racines. — Dans la Clandestine, le meditullium ligneux, que forment des fibres mêlées à un grand nombre de vaisseaux ponctués-ray és, est limité à sa circonférence par une couche étroite de minces fibres, à extrémités arrondies, enveloppée à son tour par un tissu parenchymateux qui offre de nombreuses petites lacunes. Dans la Squamaire, le parenchyme (que je n'ai pu observer que sur de très petits fragments de racines) parait manquer de lacunes. Rhizomes. — Dans la Clandestine et la Squamaire, le système ligneux manuque de rayons médullaires, de trachées, et offre, en dehors de la Couche ligneuse proprement dite, une sorte de couche fibro-corticale qui appelle celle des racines. Mais dans celle-ci, la couche ligneuse est formée presque entierement par des vaisseaux contigus, épais et prismatiques, aux- quels s'ajoutent des fibres ligneuses ponctuées, tandis que chez la Clandes- line, les vaisseaux, plus rares et arrondis, sont habituellement isolés au milieu de fibres le plus souvent minces et unies. Tiges. — Dans la Squamaire comme dans la Clandestine, les rayons médullaires manquent, ainsi queles trachées et la couche fibro-corticoide; mais la premiere porte à sa surface des papilles glanduleuses quadricel- lulées, manque de stomates, renferme dans son parenchyme cortical des Srapules résinoides et non amylaeés, a les fibres de son systeme ligneux Cpalsses-ponetuées et ses vaisseaux disposés en un grand nombre (seize habituellement de paquets ou faisceaux dans l'épaisseur de la couche tibro- ligueuse. La Clandestine, au contraire, est privee de papilles, porte des (4) Bowman, loc, cit., tab. 23, fig. 2. — Je n'ai pu observer encore les sucoiis de la Squamaire, 24h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. stomates, a ses parenchymes cortical et médullaire plus ou moins remplis de fécule, et n'offre habituellement que quatre paquets de vaisseaux dans l'épaisseur d'une couche formée de fibres minces et à parois unies. J'ai méme vu, sur des rameaux rudimentaires et atrophiés de cette plante, les vaisseaux former une couronne complète, comme dans le Phelipea ramosa. Ecailles. — Elles se ressemblent, dans la Squamaire et la Clandestine, par un côté important, savoir : la présence à leur intérieur de grandes lacunes, presque toujours en nombre impair (5, 7, 9), disposées avec sy mé- trie, creusées dans un parenchyme spécial, non féeulifere comme le reste du parenchyme des écailles, et tapissé à son intérieur d'un nombre infini de papilles glanduleuses, en tout pareilles à celles qu'on observe à la surface de la tige de la première, et, suivant M. Duchartre, sur quelques points des jeunes écailles de la seconde ; l'analogie se poursuit entre ees deux plantes dans le mode de distribution des éléments fibro-vasculaires, qui vont des nervures s'épanouir en réseau autour de chacune des lacunes. Les diffé- rences consistent en ce que la Clandestine est pourvue de stomates et a le parenchyme péri-lacuneux ou non féeulifere (fissu jaune de M. Duchartre) notablement développé et remplissant souvent tout l'intervalle entre deux lacunes, tandis que la Squamaire, privée de stomates et à tissu péri-lacu- neux souvent réduit à la paroi des lacunes, a, dans son épiderme, de nom- breux grains résinoides. Fleurs. — Elles se ressemblent anatomiquement par la présence daus la Squamaire, comme dans la Clandestine où M. Duchartre les avait obser- vées, de nombreuses et fines trachées. Ces parties, qui manquent dans tous les organes de nutrition des deux plantes, peuvent étre observées aisé- ment dans leurs enveloppes florales, dans les filets des étamines, dans les ovaires, dans les membranes des graines et dans l'embryon lui-méme. En résumé, le Clandestina et le Lathræa, intimement unis par la struc ture tout à fait spéciale de leurs feuilles squamiformes, constituent un petit groupe à part au milieu de l'ordre ou famille des Orobanchées. Mais les dif- férences auatomiques qu'ils offrent dans leur rhizome, et surtout dans leut tige, par laquelle le Lathræa ressemble plus, eu égard à la disposition des vais- seaux, sinon à leur nature, à un Orobanche qu'au Clandestina, s'ajoutent aux caractères morphologiques tirés de la placentation et du nombre des graines pour les faire considérer comme genres distincts, et non comme de simples espèces d'un méme genre. Si, par la disposition des vaisseaux, par la nature des fibres de la couche ligneuse proprement dite, et par l'existence d'une zone prosenchymateuse formant le passage de celle-ci à la moelle, le Lathræa tient de l'Orobanche et de l'Anoplanthus, le Clandestina touche au Phelipæa ramosa par Se$ vaisseaux disposés en un pctit nombre de groupes circulaires qui tendent SÉANCE DU 29 avRiL 1856. 245 à se fermer en cercle ou couronne, pendant que l’un et l'autre se rap- prochent du Boschniakia (1) et de l Hyobanche par le manque de trachées déroulables. M. Boisduval dit qu'il a cultivé le Lathræa Squamaria et le L. Clandestina, et qu'il a pu observer la maniére dont ces plantes apparaissent. Lorsque le Lathræa Squamaria commence à se déve- lopper, on voit, de place en place, sur la racine nourricière, de petits tubereules blanchátres rappelant la forme du Psora decipiens. C'est de ces petits corps que sortent ensuite les tiges, qui, dans leur pre- mier état, ont l'apparence de petits champignons. M. Chatin fait observer que ces tubercules pourraient bien être les sucoirs du Lathræa. Les dessins de M. Bowman lui semblent auto- riser cette conjecture. M. Boisduval dit qu'il a réussi aussi à cultiver les Orobanches, et que ces plantes commencent à se développer indépendamment de la racine nourricière. Ainsi celle du Genét produit d'abord un long filet qui va s'attacher ensuite à une racine avec laquelle elle s'identifie. M. Chatin a vu les faits se passer d'une manière différente. Les Ürobanches germent sur la racine même qui doit les nourrir. Il en nait d'ordinaire 4 ou 5 sur le trajet d'une racine, puis l'une d'elles prend le dessus et affame les autres, qui, par conséquent, ne se développent pas. La portion inférieure de la racine nourriciére dé- perit ensuite et meurt, de sorte que cette racine semble s'enfoncer et $e terminer dans l'Orobanche. Il est difficile de s'expliquer comment les graines peuvent parvenir jusqu'aux racines sur lesquelles elles serment, Aussi le nombre des Orobanches qui se développent est-il peu considérable, comparé à l'innombrable quantité de graines que ces plantes portent. M. Balansa dit qu'il a toujours vu les Orobanches croître sur la parte moyenne d'une racine, qui continue à vivre tout aussi bien au-dessous qu'au-dessus du point d'inserlion de la plante parasite. M. Boisduval est porté à croire que trés peu d'Orobanches sont “vivaces. Il doute même qu'aucune d'elles le soit. Celle du Genet vit deux ou trois ans seulement. " P Les trachées, qui manquent dans les tiges du Boschniakia, existent dans ses ai es. Un fait de même ordre est offert par plusieurs Potamogeton et autre plantes aquatiques, 246 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Balansa croit, au contraire, que la plupart des Orobanches sont vivaces. [l a vu souvent, sur des pieds de ces parasites, les ves- tiges des pousses de l'année précédente. Il a constaté aussi, à côté de l'Orobanche en fleur, de jeunes bourgeons ou de jeunes pousses destinés à produire des tiges plus tard. M. Balansa ajoute que les pousses ont quelquefois leur point de départ à un pied de profondeur dans des sols trés compactes. M. Chatin, lui aussi, ne doute pas que la plupart des Orobanches ne soient. vivaces. La structure de la tige florifére diffère de celle du rhizome, qui est seule vivace. M. Moquin-Tandon fait observer que les Orobanches pourraient durer plusieurs années, tout en étant monocarpiques et non réelle- ment vivaces. M. Balansa rappelle que M. Durieu de Maisonneuve, lorsqu'il habitait Paris, réussissait trés bien à cultiver les Orobanches. L'opi- nion de M. Durieu était que ces parasites sont annuelles ou vivaces, selon qu'elles s'attachent à des plantes elles-mémes annuelles ou vivaces. ERRATUM. — A la page 178 (séance du 28 mars), au lieu de Deodora, lisez : Deodara, qui est le véritable nom du Cèdre de l'Himalaya. C'est par erreur que quelques auteurs ont écrit Deodora. (Communiqué par M. Weddell.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Observations botaniques relatives à un eas d'hybridité anormale; par M. Charles Naudin. (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, séance du 26 mai 1856, p. 1003-1008.) | Les observations de M. Naudin se rattachent à des expériences faites par lui en 1854 et 1855. Elles ont porté sur deux espèces de Datura très dis- semblables, D. Stramontum et D. ceratocaula. Dans les premiers jours de septembre 1854, sur deux pieds de la première de ces espèces, il sup- prima les étamines de dix boutons de fleurs, avant que leurs anthères fussent ouvertes. Lorsque ces fleurs furent épanouies, il répandit sur leurs stigmates vierges une grande quantité de pollen de la seconde espéce. Les ovaires de tous les pistils fécondés de cette maniere nouèrent, grossirent un peu lentement, et donnèrent, du 30 octobre au 10 novembre, autant de capsules dont le volume variait de celui d'une noisette à celui d'une noix, .mais dont les plus développées n'avaient guère que la moitié de la grosseur du fruit normal. Plus de la moitié des ovules avaient avorté ; les autres Avaient pris l'aspeet de bonnes graines; seulement ces graines étaient de moitié plus petites que les graines normales du Datura Stramonium, et la plupart d'entre elles ne renfermaient pas d'embryon. Environ soixante des mieux développées furent semées le 46 avril 1855. Trois seulement levèrent, et deux pieds produits par elles donnèrent leurs fleurs à côté de plusieurs pieds de Datura Stramonium qui fournissaient un terme de comparaison Certain. Au premier coup d'œil, on ne découvrait dans ces plantes rien qui rappelát le Datura ceratocaula. Elles avaient la tige forte, dressée et dicho- tome, le feuillage, les fleurs et le fruit de la Stramoine. Il fallait les exa- miner de trés près, pour y reconnaitre quelque indice d'hybridité. Ainsi elles étaient plus hautes que leurs parents ; beaucoup de leurs fleurs avor- taient, et l'on n'en voyait de développées qu'à partir de la cinquième ou sixiéme bifurcation de la tige. Ces fleurs produisirent des fruits bien déve- loppés et remplis de graines bien conformées. Ces graines ont été semées au mois d'avril 4856, et M. Naudin compte soumettre à un examen attentif les pieds qu'elles ont produits. Dès aujourd'hui il tire de ses observations sur la première génération de ses plantes la conclusion suivante: « Voilà done, à n'en pas douter, des plantes nées par voie d'hybridité, chez lesquelles disparaissent totalement, 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et dés la première génération, les traits du type paternel. » Il se demande, à ce propos, quel est le róle de la fovilla dans la fécondation : se borne-t- elle à accroître la vitalité de l'ovaire et de l'ovule, ou entre-t-elle directe- ment dans la composition de l'embryon? Cette dernière hypothèse lui semble la plus admissible; mais il se peut aussi, pense-t-il, que, «dans certaines circonstances, et, par exemple, dans le cas qui vient d’être signalé, son action soit presque toute dynamique et comme une simple extension de l'énergie vitale imprimée àl'ovule et à l'ovaire lui-même. » Il cite, à l'appui de cette supposition, des cas dans lesquels il a vu des ovaires stimulés par l'applieation d'un pollen étranger, grossir sans qu'il se formát dans leur intérieur des graines pourvues d'un embryon. On the vitality of sceds after prolonged submersion in the sea (Sur la vitalité de graines qui ont séjourné pendant longtemps dans la mer); par M. James Salter, (Voy. Gard. chronic. du 2h mai 1856, p. 359.) La note de M. James Salter a été communiquée à la Société linnéenne de Londres le 6 mai 1856. On en trouve un résumé dans le Gardeners’ Chronicle du 24 du méme mois. L'objet principal de cette note est de rap- peler que lorsqu'en 1843 on recreusa le port de Poole, la vase retirée fut étendue sur une grandelongueur de côte, en coucheépaisse de plusieurs pieds. L'année suivante, le tout fut couvert d'une abondante végétation qui diffé- rait totalement de celle des parties de la côte situées dans le voisinage. Cette flore nouvelle consistait en Avoine et Orge en trés grande quantité, en une profusion d'Epilobium hirsutum, eu quelques pieds de Lysimachia vulgaris et de Centaurea calcitrapa, et en plusieurs autres espèces dont on n'a pas pris note. Aucune de ces plantes n’est spontanée dans le voisinage, et, d'un autre côté, aucune des plantes littorales des environs ne s'est montrée sur ce sol nouveau. Au fond du port, se trouve l'embouchure des rivieres Frome et Piddle ; delà, M. Salter pense que ce sont leurs eaux qui ont amené, de divers points du pays qu'elles traversent, les graines que le curage de ce port a finalement remises à l'air. Dans tous les cas, et quelle que soit l'explication admise, M. Salter fait remarquer comme très curieux ce fait qu'une grande quantité de graines sont restées pendant un temps probablement considérable au fond du port de Poole, couvertes d'une eau aussi salée que celle de l'Océan, sans y perdre leur faculté germinative, qui s'est manifestée dés qu'elles ont été retirées de cette situation. Versuche et Resultate über dic Nahrung der Pflanzen (Expériences et résultats sur la nutrition des plantes), par le prince de Salm-Horstmar. Broch. in-8 de 39 pages. Brunswig, 1856. Chez F. Vieweg et fils. Pour reconnaitre les matières organiques prises par les plantes pour Jeur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 259 nutrition, il fallait un sol qui n'en contint pas du tout. L'auteur a choisi d'abord le charbon de suere candi, qu'il a mis dans de petits pots de zine, sans trou dans le fond, recouverts de cire à l'intérieur. Les plantes étaient arrosées d'eau distillée et tenues prés de la fenétre d'une chambre au midi, non habitée. Expériences sur l'avoine blanche. Le sol de charbon de sucre a été mélangé de diverses matières inorga- niques. Ainsi, dans une expérience, le mélauge tota! comprenait 38 grammes de charbon de sucre, 087,075 d'acide silicique dissous dans 40 grammes d'eau, 087,03 de potasse, 087,05 d'azotate d'ammoniaque, 027,03 d'azotate de chaux, 08r,5 de carbonate de chaux, 057,05 de carbonate de magnésie, 08r,1 de phosphate de chaux, 087,1 de sulfate de chaux. La plante a atteint une hauteur de 70 centimètres ; elle a donné 5 fleurs et ensuite 5 fruits im- parfaits. Ses fleurs étaient petites, ses feuilles páles, d'un vert jaunâtre. Sèche, elle a pesé 087,37. L'auteur présente les résultats de 29 expériences de ce genre, dont il a exposé les détails dans le Journal der prakt. Chemie d'Erdmann, vol. XLVI, page 193. 1. Dans le charbon mélangé de toutes les matières inorganiques qui vien- nent d’être indiquées, mais dépourvu de toute substance azotée, l'Avoine Don-seulement végète, mais encore végète beaucoup mieux que dans le mé- lange inverse, puisqu'elle a pesé quatre fois plus à l'état sec. Mais, daus les deux cas, on n'a eu que des plantes faibles et peu développées. 2. La plante venue sans addition de principes ni inorganiques, ni azotés, était naine, mais parfaitement proportionnée; au contraire, venue avec des matiéres azotées et sans principes inorganiques, elle était mal proportion - née, avec des feuilles proportionnément longues, d'un vert plus vif et une fleur ; les deux plantes avaient le méme poids. 3. Les pieds d'Avoine, venus dans le charbon additionné de certains prin- cipes inorganiques et de matières azotées, étaient trés vigoureux. Au con- traire, celle qui végétait avec la méme quantité de matières salines azotées Sans substances inorganiques, est morte aprés avoir donné sa premiere feuille. Mais l'absence de quelques-uns des sels inorganiques employés dans le premier cas déterminait la mort précoce des plantes, ou les laissait plus faibles, trés páles et mal conformées. 4. Lorsqu'on ajoutait au charbon une plus forte proportion de substances Inorganiques sans diminuer celle des matières azotées, on déterminait Une assimilation plus énergique et la production d'un plus grand nombre de fleurs, De là résulte cette conséquence générale que l'Avoine, pour se développer normalement et vigoureusement, exige la présence de substances inorga- Diques dans le sol. 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 5. Lorsqu'on n'ajoute au charbon que de la silice, les phosphates et sul- fates de potasse, de chaux et de magnésie, l'Avoine végete, il est vrai, mieux que sans ces principes, mais elle reste trés pále, faible et mal pro- portionnée. 6. L'addition à ee mélange d'un peu d'oxyde de fer agit énergiquement; la plante est d'un vert sombre, les feuilles sont vigoureuses, rigides, rudes: le poids de la plante est double de celui des pieds venus sans fer; mais elle a quelque chose d'anormal dans le chaume et les nœuds, et ses feuilles ont dans leur milieu de petites places sèches. Trop de fer multiplie ces places séches et empéche la formation des fleurs. 7. Au mélange oü entre du fer, si l'on ajoute un peu de carbonate de manganèse, on a une plante très vigoureuse, sans places sèches, d'un beau vert intense, à chaume bien formé et à gros nœuds. Le manganèse parait aussi renforcer l'assimilation, et, par suite, le poids de la plante. 8. La soude parait être avantageuse pour cette plante lorsqu'il y a trop de manganèse dans le sol ; mais l'expérience n'a pas permis de décider sí elle est nécessaire. 9. La soude parait pouvoir remplacer jusqu'à un certain point la potasse, mais aux dépens de la force de la plante. 10. La magnésie ne peut remplacer la chaux. 11. Lorsque l'acide phosphorique manque dans le mélange où existent la silice, la potasse, la chaux, la magnésie et l'acide sulfurique, l'addition de sels azotés agit plus que si ce dernier acide manque et que l'acide phospho- rique s'y trouve. Dans les deux cas, on a eu des plantes trés faibles, mais réguliérement conformées, parmi lesquelles celle qui avait été obtenue sans addition d'acide phosphorique fructifia seule très bien (à cause de la forte proportion d'acide phosphorique de la semence). Ces faits paraissent prou- ver nettement l'importance de ces deux acides, relativement à l’assimilation de l'aliment des plantes. 12. Sans silice, la plante reste naine, couchée, lisse et pále. Sans chaux, elle meurt à la seconde feuille. Sans potasse et sans soude, elle ne s'élève qu'à 7 ou 8 centimètres. Sans magnésie, elle reste faible et couchée. Sans acide phosphorique, elle est très faible, mais droite et bien conformée. Sans acide sulfurique, elle reste encore plus faible, droite et bien conformée, mais sans fruit. Sans fer, elle est trés pâle, faible et mal conformée. Sans man- ganèse, elle n'acquiert pas toute sa force ordinaire, et elle fleurit peu. D'oü il résulte que ces divers principes des cendres sont nécessaires à l’ Avoine. 13. Les expériences n'établissent pas si le chlore lui est ou non nécessaire. Résultats d'expériences sur l'Avoine blanche cultivée dans un autre sol que le charbon, comparés avec [es précédents. | Ces nouvelles expériences ont été faites dans du sable de riviere bien eal- ciné, dans de la silice artificielle bien pure, et dans du cristal de roche, A REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 251 ces matières, on a mélangé les mêmes substances que dans la première série. On a aussi employé le phosphate basique de fer, l'azotate de soude, le chlo- rure de sodium et l'azotate de potasse. On s'est servi de petits pots en cire blanche épurée, sans trou au fond. Voici les principaux résultats obtenus. 1. Sans addition de matières inorganiques ni azotées et dans le sable cal- ciné, l'Avoine reste petite et trés faible, mais bien eonformée. 2. Les fruits ont été réduits à un seul, quoique le sablene füt pas entié- rement débarrassé de silicates et contint des traces de phosphate de fer. L'absence de matiéres azotées rend trés faible l'assimilation des prineipes de l'atmosphère. 3. Dans le sable additionné de matières azotées, sans substances inorga- niques, la plante s'est allongée, a produit une fleur et un fruit; mais son chaume ne pouvait se soutenir. Dans le quartz, avec les mémes additions, il n'y a presque pas eu de chaume et pas de fleur. L'assimilation y est done presque tout à fait supprimée. 4. Sans addition de substances azotées et avec silice, potasse, chaux, magnésie, oxyde de fer, acides phosphorique et sulfurique, la plante reste petite comme dans le premier cas; la floraison est encore moindre et la fructification nulle. L'assimilation est très affaiblie. 5. En ajoutant à ces sept substances inorganiques des matières azotées, on détermine une végétation vigoureuse ; la production de fleurs est aug- mentée, mais on ne voit jamais une fructification normale terminer norma- lement la végétation, et des bourgeous adventifs donnent un second déve- loppement de chaumes. 6. Mais s'il manque une de ces sept substances inorganiques, les autres restant, ainsi que les matières azotées, le développement des organes est dérangé ou tout à fait ou en partie, ou bien leur production est anormale. T. Ces sept substances inorganiques, jointes aux azotées, paraissent donc étre nécessaires à la végétation de l'avoine; elles lui suffisent pour le déve- loppement complet des fleurs, mais non pour la formation du fruit. 8. La soude ne remplace pas la potasse. 9. La plupart des résultats de cette seconde série d'expériences concordent avec ceux de la premiere. 10. Pour l'Avoine, le phosphate de fer peut devenir la source de ce mé- tal, ainsi que l'oxyde de fer hydraté ajouté au quartz. 14. Le fluorure de calcium nuit àla végétation de cette plante et empêche Sa floraison, même lorsqu'on l'ajoute en petite quantité. 12. Dans le sable calciné auquel on avait non-seulement fait les additions ordinaires, mais mélangé du chlorure de calcium et du carbonate de soude, il s'est produit des bourgeons adventifs avant le développement du fourreau, c'est-à-dire au moment où ce développement a lieu ordinairement dans une bonne terre de champ. Il y a eu aussi augmentation dans la quan- 252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tité de fruits produits par la fructification de ces chaumes secondaires. 13. Des expériences faites plus tard ont prouvé que la soude est essen- tielle pour la fructification de l'Avoine. Expériences sur l'Ürge de printemps. Elles sont au nombre de 14. Elles paraissent établir qu'il faut à cette plante, pour sa fructification, outre les sels ordinaires, un chlorure métal- lique et du fer. Expériences sur le Froment d'hiver. Dans du sable de riviere calciné, mais non lavé, additionné des substances ordinaires et aussi d'azotate de potasse, la plante a porté du fruit. Dans le méme sable bien lavé, épuré ensuite avec de l'acide sulfurique affaibli et bouillant, additionné comme de coutume, mais sans soude ni ehlorure de sodium, le chaume s'est trés peu développé, et il n'y a eu ni fleurs ni fruits. Dans le méme mélange avec soude, sans chlore, le chaume s'est élevé à 21 pouces, a porté 34 feuilles, 3 fleurs et 2 bons fruits. Il en résulte la né- cessité de la soude pour la fructification du Froment. De nouvelles expé- riences trés variées semblent montrer qu'outre les matières déjà nommées plusieurs fois, il faut encore au Froment quelque substance non déterminée pour sa floraison ; que les oxydes de fer et de manganèse, ainsi que le chlo- rure de sodium, sont nécessaires, mais ne suffisent pas. A la fin de son Mémoire, M. de Salm-Horstmar rapporte suceinetement des expériences faites par lui sur le Froment de printemps, l'Orge d'hi- ver, etc., dont les résultats ont été moins importants que ceux dont nous avons présenté ici le résumé. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Archives de Flore, journal botanique rédigé par M. F. Schultz. Pre- mière partie, décembre 1854 à décembre 1855, in-8 de 206 pages et ^ planches lithog. Wissembourg (Bas-Rhin), chez M. F. Schultz; Deides- heim (Palatinat, Bavière), chez le docteur C. H. Schultz. Le journal botanique de M. F. Schultz a commencé de paraitre au mois de novembre 4854. Il est annoncé comme devant se composer d'au moins 12 feuilles par année; en effet, la premiere partie, qui correspond à une année, comprend 13 feuilles. Nous présenterons ici un relevé des articles et mémoires qu'elle renferme. ] Notice sur deux plantes nouvelles, par M. Alexis Jordan, p. 1-5. (Voy. Bull. de la Soc. bot. de France, V, p. 337.) Recherches sur la synonymie des Hieracium de l’ Allemagne décrits dans les ouvrages de W. D. J. Koch, E. Fries, Grisebach et F. Schultz. Pag. $- 28. M. F. Schultz s'occupait, depuis plus de vingt ans, d'une monographie des Hieracium de l'Allemagne. Un cruel accident ayant détruit les mate- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 253 riaux qu'il avait réunis pour ce travail, il s'est vu obligé d'ajourner la pu- blication des résultats de ses longues études. Il a cru cependant devoir diseuter, en attendant, la synonymie admise par M. Grisebach, dans sa Dissertation monographique sur ce genre difficile, ce dernier botanisteayant cité à tort les noms des espèces décrites antérieurement par M. Schultz « en synonymes d'espéces auxquelles elles n'appartiennent pas. » Cette discussion forme la matière du Mémoire dont il s'agit ici. Notice sur un Centaurea hybride, par M. F. Schultz. Pag. 28-29. Cette plante récoltée sur les bords de la Garonne, à Agen (Lot-et-Garonne), par M. E. de Pommaret, est nommée par l'auteur de cette notice Centaurea solstitiali- Debauxii, avec les synonymes: C. Debauzii-solstitialis, E. de Pommaret, mse.; C. nigro-solstitialis, Godr., in Gr. et Godr., Fl. de Fr.; C. mutabilis, St-Amans, Fl. ag. Notice sur quelques 'Thalictrum de la France et de l'Allemagne, par M. F. Schultz. Pag. 29-32. C'est une discussion synonymique. Deux Verbascum hybrides dela flore mecklembourgeoise, par M. H. Brock- müller. Pag. 33-36. Ces deux plantes sont nommées par l'auteur Verbascum nigro-thapsiforme et V. nigro-phlomoides. Un Verbascum hybride de la flore rhénane, par M. F. Schultz. Pag. 37- 38. L'auteur a trouvé en 1831, près de Mayence, un seul échantillon de cette plante qu'il nomme Verbascum pulverulento-thapsiforme (V. floccoso-thap- siforme, F. Sch., Herb., 1831, non Wirtg. nee Godr.). Nouvelle espèce d' Aspidium décrite par le professeur Gæppert (A. Mil- deanum, Gepp.) Page 39. C'est une traduction de l'allemand faite par M. Ph. Müller. Compte rendu de la notice « sur quelques Epilobium critiques » que M. le docteur Grisebach a publiée, en décembre 1852, dans le Zotanische Zei- tung, 10° an., 49° livr., pag. 849-855. Pag. 40-58. C'est une traduction par extrait dans laquelle sont reproduites en entier les phrases latines, et à laquelle M. F. Schultz ajoute quelques observations critiques ainsi qu'un post-scriptum. Description d'une nouvelle espéce de Tremelle, par M. Louis de Brondeau. Page 59. Cette espèce est nommée par l’auteur Tremella Dufourii. Elle appartient à la tribu des Mesenter formes de M. Fries. Elle est de couleur de chair ou orange pále, à bords blanchátres. Description du Cladosporium Dufourii, par M. Louis de Brondeau. Pag. 59-60. Les figures des deux Cryptogames précédentes sont annoncées Comme devant paraître dans l’ Atlas des Archives de Flore, d'après les des- sins de M. L. de Brondeau. Corrections et Additions aux « Recherches sur la synonymie des Hiera- cium de l'Allemagne, » par M. F. Schultz. Pag. 61-64. Monographie des Cuscutinées de l ' Amérique du Nord, par George Engel- 254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. , mann, de Saint- Louis (Missouri). Pag. 65-79. C'est une traduction du Me- moire qui a été publié dans The american Journal of science and arts, vol. XLIIT, p. 333-345. Notice sur quelques Cuscutes décritespar divers auteurs, par M. F. Schultz. Pag. 81-91. Cette note est principalement formée d'extraits du récent tra- vail de M. Ch. Desmoulirs sur les Cuscutes, Sur des hybrides de Saules produits artificiellement, par M. Wichura, à Breslau. Pag. 91-99. Traduction par extrait de l'allemand faite par M. Ph. J. Müller. Espèce, variété et hybride, par M. F. Schultz. Ce sont des définitions de ces trois termes. Revue critique des Equisétacées de la Silésie, par le docteur J. Milde. Pag. 100-111. Traduction de l'allemand par M. Ph. J. Müller. Observations sur les stolons de l'Epilobium montanum, Lin., par M. F. Schultz. Pag. 113-116. Par suite de ces observations, M. Sehultz se montre porté à regarder comme deux espèces distinctes | £'pilobium Duriæi des Vosges, à stolons filiformes, épais, portant des écailles larges, obovées, 0b- tuses, qui Conserverait son nom spécifique, et IE. Duriæi des Pyrénées, à stolons filiformes, délicats, portant des écailles oblongues-linéaires, obtuses, qui deviendrait lÆ. Mathia. Note sur un Carex hybride, par M. F. Schultz. Pag. 116-117. C'est le Carex paludoso-glauca. Additions à mes recherches sur la synonymie des Hieracium, par M. F. Schultz. Pag. 117-119. Notice sur l'Hieracium crinitum, par M. F. Schultz. Pag. 119-121. Extrait de mon journal particulier, par M. F. Schultz. Pag. 121-128. Il renferme des observations sur diverses plantes: Ficaria ranunculoides, Moench ; F. grandiflora, Robert; Pulmonaria tuberosa, Schrank ; P. an- gustifolia, Lin.; Juncus nigritellus, Don; Panicum ciliare, Retz; Digita- ria sanguinalis, Lin.; Calamagrostis lanceolata, Roth. Extrait du discours prononcé dans l'assemblée générale de la Société Pollichia, à Durkheim, le 6 octobre 1855, par le docteur C. H. Schultz, bipout. Pag. 128-134. Cet extrait est relatif : 4° au Senecio flosculosus, Jord., qui, semé de graines envoyées par l'auteur de l'espèce, a fini par donner quel- ques individus à capitule rayouné; 2° aux Linosyris. Note sur l'Hieraeium eriophorum, St-Amans, par M. C. H. Sehultz, bipont. Page 131. Note sur quelques Hieracium, par M. C. H. Schultz, bipont. Page 132. (Hieracium onosmoides, Fries et H, crocatum, Fries, nouveaux pour la France.) Notice sur l’ Hieracium pictaviense, Sauzé et Maillard, par M. F. Schultz. Pag. 132-134. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 255 Notice sur l Epilobium tetragonum, Lin., par M. F. Schultz. Pág. 134-135. Helosciadium nodiflorum, Koch et H. repens, Koch, ainsi que leurs formes et variétés, qui ont été considérées par quelques auteurs comme hybrides ; par M. F. Schultz. Pag. 135-438. C'est la traduction d'une note publiée en allemand par son auteur dans le Bonplandia du 15 octobre 1854. Polygonum Persicaria, P. mite, P. minus et leurs hybrides, par M. F. Sehultz. Pag. 138-143. C'est une traduction un peu augmentée d'une note publiée par l'auteur antérieurement dans le Jahresbericht du Pollichia. Le genre Grammica, Lour., par M. Schultz. Pag. 145-146. Les Hieracium du précis d'un voyage botanique fait en Suisse, dans les Grisons, au Saint-Gothard, ete., en juillet, août et septembre 1811, précédé de quelques réflexions sur l'utilité des voyages pour les näturalistes, par D. Villars, G. Lauth et A. Nestler; 1812, avec des fac-simile des 4 planches de cet ouvrage et des notes de M. F. Schultz. Pag. 146-156. Notice sur un Helianthemum hybride (H. pulverulento-vulgare), par le comte Victor de Martrin-Donos. Pag. 156-157 ; suivie d'un post-scriptum par M. F. Schultz, pag. 157-158. Notice sur quelques plantes, par M. F. Sehultz. Pag. 158-162. Elle ren- ferme la description du Galium Paulianum (G. Mollugine-verum ! G. elato- verum !) et celle de l'Orobanche palatina. Description de Cryptogames nouveaux, par M. L. de Brondeau. Pag. 163- 167. Sepedonium Bartayrezianum ; Phelonitis Graulhierii ; Spheria reclusa. Observations pour servir à la classification des genres Fusarium, Fusis- porium et Fusidium, Link, par M. L. de Brondeau. Pag. 167-171. Serapias longipetalo-militaris, et S. linguo-laxiflora, par M. Timbal- Lagrave, Pag. 171-172. | Lettre de M. A. Jordan à M. F. Schultz. Pag. 172-179. Elle est relative à l'observation faite par M. C. H. Schultz, bipont., sur le Senecio floscu- losus, Jord. Notice sur les stolons de l'Ajuga pyramidalis, Lin., par M. F. Schultz. Pag. 179-180. Les stolons de cette plante se forment abondamment aprés la floraison ; ils sont plus courts et plus robustes que ceux de l'A. reptans. Note sur le Ranunculus tuberosus, Lapeyr., par M. Timbal-Lagrave. Pag. 181-186. Cette note a pour objet de prouver que cette espèce de lapey- rouse, bien que négligée ou rejetée par les botanistes modernes, doit étre admise comme bien distincte. L'auteur en donne une description faite sur la plante vivante, Lettre de M, C. H. Schultz à M. F. Schultz. Pag. 187-188. Elle renferme de nouvelles observations au sujet du Senecio flosculosus, Jord., produisant des capitules rayonnés. Compte rendu de collections de plantes : 4° de celles publiées par M. Ph, 256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Wirtgen ; 2 de celles publiées par M. G. Munby; par M. F. Schultz. Pag. 189-206. A new Flora of the neighbourhood of Reigate, Surrey, containing the flowering plants and Ferns, ete., and a list of the Mosses (Nouvelle Flore des environs de Reigate, Surrey, contenant les plantes phanérogames et les Fougéres du district, avec leurs localités, l'époque de la floraison, etc., et une liste des Mousses. On y a joint un Appendice contenant des listes de la Faune pour les Mammifères ou Quadrupédes, Oiseaux, Reptiles, Poissous, ' Coléopteres et Lépidoptères) ; par M. James-Alexandre Brewer. 1 in-18 de viii et 194 pages, avec une earte; Londres, 1856 ; chez W. Pamplin. Le titre de ce petit ouvrage dit à peu pres tout ce qu'il renferme. Nous nous contenterons done d'ajouter que, malgré Ja qualification de Flore que lui donne son auteur, il constitue un simple catalogue sans caractères ni généraux ni spécifiques, sans synonymie, disposé d'apres le système de Linné. Il ne peut donc avoir qu'un intérêt exclusivement local. Les noms des genres n'y sont pas méme accompagnés de la désignation de l'auteur, et à ceux des espèces sont joints les noms d'auteurs, mais sans indication de l'ouvrage dans lequel ils ont été proposés. Flora del Mittelmark mit besonderer Berücksichti- zung der Umgegend von Berlin und Potsdam (lore de la Marche moyenne, particulièrement des environs de Berlin et de Potsdam), par le docteur E. Baumgardt. 4 vol. in-18 de CXX et 2h0 pages, avec une carte géologique. Berlin, 1856, chez Georges Reimer. Cette petite Flore est destinée particulièrement par son auteur aux éco- liers et aux personnes qui s'occupent de botanique sans maitre ni guide. Apres une introduction de 10 pages, elle présente un exposé circonstancié de la constitution géognostique du pays qu’elle embrasse. Ce tableau inté- ressant, qu'on aimerait à trouver en tête de toutes les Flores, occupe 36 pages d'une édition compacte. Il est suivi d'un aperçu des conditions physiques et elimatériques de la contrée et d'une énumération rapide des organes des plantes, ainsi que de leurs prineipales modifications. Cette pre- mière partie du livre est complétée par une clé destinée à conduire à la dé- termination des genres au moyen des classes et des ordres du systeme de Linné. Quant à la Flore elle-méme, elle est disposée dans l'ordre des familles naturelles, en commencant par les Légumineuses et les Rosacées, et en finissant par les Cryptogames vasculaires. Le nombre des familles qui y REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 257 figurent est de 118. Les genres n'y sont indiqués que par leur nom, leurs caractères ayant été présentés en termes succinets dans la clé linnéenne du commencement. Quant aux espèces, elles sont caractérisées par une courte diagnose, suivie de l'indication de la durée, des localités, de l'époque de la floraison, de la couleur des fleurs, de la hauteur qu'acquiert la plante, le tout sans synonymie, ou quelquefois avec un synonyme indispensable, sans citation d'ouvrages. On voit done que M. Baumgardt n'a voulu faire de sa petite Flore qu'un ouvrage commode pour les herborisations, et de nature à conduire à la détermination sur place des plantes que l'on rencontre. — — Notice of two apparently undescribed species of Genetyllis, from S.-W. Australia (Note sur deux espèces de Genetyllis, de l'Australie sud-ouest, qui paraissent être nouvelles) ; par M. Richard Kippist. (Journal of the Proceedings of the Linnean Society, I, 1856, p. 48-52.) Daus un mémoire dont le Bulletin de la Société botanique a publié un court extrait, d'aprés lejournal de M. Hooker (IT, p. 799), M. Meisner a déerit plusieurs nouvelles espèces de Chamælauciées recueillies en Australie par M. James Drummond, pendant un voyage de dix-huit mois au nord de la rivière des Cygnes (Swan-River). Le savant professeur de Bále n'avait pas eu occasion de voir deux belles espéces de Genetyllis qui avaient été récoltées par le méme voyageur au sud de la méme colonie anglaise, et qui des lors ne se trouvent pas comprises dans son travail. Ce sont ces deux plantes que décrit M. Kippist, sous les noms suivants : 1. Genetyllis (Invo- ` lucratæ) fimbriata, Kipp. (Drummond, coll. 5, n° 99!) — 2. G. (Involu- cratæ) Meisneri, Kipp. (Drummond, coll. 5, n°’ 100! et 101 !). La première de ces espèces est facile à distinguer de ses congénéres de la seetion des Involucrate, par ses feuilles et ses grandes bractées élégamment ciliées. Le G. Meisneri ressemble au premier pour l'organisation de ses fleurs, notamment de ses très petits lobes calicinaux, de son style et de son stig- mate hérissé, et, pour le port, il se rapproche du G. Aelchrysoides, Meisn., dont le distinguent cependant ses proportions plus faibles, sa tige moins rameuse, ses feuilles triquetres et dentelées en scie, ses bractées retrécies &raduellement en pointe vers le sommet et ses lobes calicinaux elliptiques, Plus apparents. Araliacearum indicaram genera et species aliquot novæ; auctore F.-A-W. Miquel. (Bonplandia, &* ann., n? 9, 4° mai 1856, p. 137-139.) Dans ce mémoire, M. Miquel expose les caracteres de 5 genres nouveaux et de plusieurs espèces nouvelles. Ces genres sont les suivants : T. Mi. 17 258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4. AGALMA, Miq. : Genre qui se range pres du Cussonia ; à feuilles digi- tées, à grappes paniculées, à duvet étoilé. Ses principaux caracteres con- sistent: dans un calice à tube adhérent obconique-campanulé, à limbe court, formant 5-6 petites dents; dans 5-6 pétales à large base; dans les styles tres courts, soudés en un seul; dans un ovaire à 5-6 loges, qui devient une drupe presque sèche, à 5-6 angles. L'auteur y rapporte 2 plantes de Java, décrites antérieurement par M. Blume comme des Aralia, qu'il nomme Agalma rugosum, À. simillimum. 2. EuPTERON, Mig. : Arbres à feuilles imparipennées, à capitules de fleurs formant des grappes. Un calice à tube adhérent turbiné ou hémi- sphérique, à limbe formant 5 petites dents; 5 pétales ovales triangulaires, réfléchis dans la fleur ouverte; 5 étaminés dont les loges sont distinctes aux 2 bouts; à styles anguleux, d’abord dressés, finalement divergents et persistants ; une drupe presque sèche, globuleuse, à 5 angles, à 5 sillons et à 5 graines en sont les principaux caractères. — 2 espèces: Æ. nodosum, Miq. (Aralia nodosa. Blume, Bydr.), des Moluques et de Java; Æ. acumi- natum, Miq. (Hedera, Wight, Icon., IV, tab. 1062), de la péninsule indienne. 3. ARaLIDIUM, Miq. : Feuilles pennatiséquées ; fleurs en grappes dispo- sées en grande panicule, articulées-sessiles : calice à tube adhérent obové- turbiné, à limbe trés court, formant 5 dents ovales, aigués; 5 pétales elliptiques-oblongs ; disque épigyue épais, ayant son centre relevé de petites verrues stigmatiques irrégulières; ovaire et fruit... 1 espèce : À. pinnafi- fidum, Miq., de Sumatra. 4. Macropanax, Miq. : Arbrisseaux à feuilles digitées, dentées en scie; fleurs en ombelles réunies en grappe simple ou composée, chacune articulée * et calieulée : caliee à tube adhérent obconique, presque campanulé, à limbe ne formant que 5-6 petites dents, tronqué et irrégulierement crénulé sur le fruit; 5-6 pétales ovales; style simple, avec 2 stigmates orbiculaires-C0r vexes, presque unis; ovaire biloculaire. Drupe presque sèche, biloculaire, lisse, ellipsoïde. 3 espèces de Java et de Sumatra. M. oreophilum, Mig- (Aralia disperma, Blume, Bydr.); M. floribundum, Miq. ; M. glomeru latum, Miq. (Aralia glomerulata, Bi., Bydr.). 5. NorHoPANaXx, Miq. : Arbrisseaux à feuilles peunées-décomposées, pennées, digitées ou simples. Fleurs en ombelle, polygames : calice à tube adhérent obconique, à limbe en 5 fort petites dents, persistant ; 5 pétales ; 2-3 styles courts, ensuite divergents, stigmatiferes au côté interne presque tout entier ; ovaire 2-3-locul. Drupe didyme-comprimée ou trigone. — 5 es pèces rapportées au Panaz par divers auteurs antérieurs ; des Indes, de Java et des Moluques.— JV. fruticosum, Miq.; N. obtusum, Miq. ; N.? pinnatum, Miq. ; N.? Anisum, Miq. ; N. cochleatum, Miq. Quant aux espèces nouvelles, ce sont : 2 7revesia, 3 Aralia, 5 Para- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 259 tropia caractérisés dans le mémoire, et plusieurs autres simplement nommées comme ayant été décrites par divers auteurs, les unes sous le même genre, la plupart sous des genres différents. Filices horti botanici lipsiensis: par M. Georges Mettenius. 1 in-fol. de 135 pages et 30 planches gravées sur pierre. Leipzig, 1836; chez Léopold Woss. Cet ouvrage important, écrit en Allemand, malgré son titre latin, avec les phrases seules en latin, commence par une diseussion circonstan- ciée et un exposé développé des caractères sur lesquels est basée la classifi- cation et la distinction des Fougères. L'auteur étudie avee beaucoup de soin la nervation et la disposition des sores. Il présente ensuite un synopsis, avec de courtes phrases latines, des Cryptogames vasculaires, avec leur subdivision en familles, ordres, tribus et genres. Il passe ensuite à l'histoire méthodique des Fougères que possede le jardin de Leipzig. Or on sait que cet établissement est un des plus riches, peut-être méme le plus riche en plantes de cette famille, que Kunze y avait réunies eu tres grand nombre comme matériaux de ses grands et beaux travaux ptéridographiques. Chaque genre est d'abord l'objet d'un tableau synoptique et analytique, dans lequel les espèces sont rapportées à des divisions nombreuses et carae- térisées par une courte diagnose; aprés quoi l'histoire plus développée de chacune d'elles est présentée, avec description, synonymie et localité. Les planches de cet ouvrage, au nombre de 30, sont trés bien gravées sur pierre, et renferment de nombreux détails à côté des figures de ports où isolément. Une explication détaillée des figures et une table alphabé- lique terminent et complètent ce travail, qui nous paraît être une belle addition aux écrits importants et nombreux dont les Fougères avaient été l'objet jusqu'à ce jour. Uebersicht der bis jetzt bekannten Laub und Leber- moose der Ostsceprovimzen (Catalogue des Mousses et des Hépatiques connues jusqu'à ce jour dans les provinces limitrophes à la Baltique) ; par M. G.-C. G'rgensohn, in-8 de 12 pages ; Dorpat, 1855. (Tirage a part d'un article inséré dans les Archives pour l'histoire natu- relle de l Esthonie, la Livonie et la Courlande, 2° sér., vol. 1, p. 63-74.) Ce catalogue méthodique, par lequel l'auteur a voulu faire connaitre les résultats de ses explorations, renferme l'indication de 216 especes (avec 38 variétés) de Mousses rapportées à 43 genres, de 47 espèces (avee 2 va- riétés) d'Hépatiques rapportées à 27 genres. En comparant ces chiffres à SEUX des espèces trouvées antérieurement dans les mêmes provinces par d’autres botanistes, M. Girgensohn s'aperçoit qu'il est arrivé à trouver et 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. déterminer deux fois autant de Mousses et d'Hépatiques qu'on en connais- sait avant lui. Il fait remarquer qu'il n'a pourtant pas, selon toutes les apparenees, épuisé les richesses bryologiques des pays qu'il a explorés, la recherche de ces petits végétaux exigeant une attention des plus sou- tenues, et beaucoup d'entre eux pouvant échapper aux regards, méme dans des lieux fréquemment visités. Il compare ensuite le nombre des espèces portées sur sa liste avec celui des Mousses et Hépatiques mentionnées dans différentes Flores, et il tire de ce rapprochement la conclusion que de nou- velles recherches amèneraient sans doute encore de nouvelles découvertes. A synopsis of the british Diatomaceæ, ete. (Synopsis des Diatomacées de la Grande-Bretagne, avec des remarques sur leur structure, leurs fonctions et leur distribution, suivi d'instructions sur la récolte et la conservation des échantillons); par M. William Smith. II* volume, grand in-8 de xxix et 112 pages, avec 67 planches d’après les dessins de M. Tuffen West. Londres, 1856. John Van Voorst. Le premier volume de cet ouvrage a paru en 1853. Depuis cette époque, le nombre des espèces de Diatomacées de la Grande-Bretagne a subi des augmentations considérables, et chaque jour encore de nouvelles décou- vertes l'élévent rapidement. Convaineu qu'il reste encore beaucoup à voir et à trouver dans ce champ d'observations attentives et minutieuses, M. W. Smith a pensé qu'il serait inutile de renvoyer plus loin la publica- tion du volume qui compléte son grand travail, et qu'il valait mieux réserver pour un supplément les nouveaux matériaux que lui ou les autres habiles observateurs de son pays ne manqueront pas d'ajouter à ceux que l'on posséde aujourd'hui. On ne saurait lui savoir trop gré de cette déler- mination. Ce second volume, qui vient de paraitre, renferme d'abord une introduc- tion assez étendue dans laquelle sont traités les sujets suivants, qui forment la matière des chapitres 8, 9, 40 et 41. 4° Sur la reproduction des Diato- macées; 2° sur la nature des Diatomacées; 3° sur la détermination des espèces de Diatomacées ; 4° distribution et usage des Diatomacées. Dans le premier de ces chapitres, M. W. Smith présente comme U8 fait général pour les Diatomacées, la reproduction par conjugation Que M. Thwaitesavait observée le premier, en 1847, sur l Zunotia turgida, Ebr., et peu aprés sur d'autres especes, dont, plus récemment, M. W. Smith lui- méme, et quelques autres observateurs, ont vu des exemples nombreux et variés. Il distingue dans ce phénomène plusieurs variations qui peuvent être ramenées aux 4 catégories suivantes : 4° Deux frustules parents donnent deux sporanges comme résultat de la conjugation (Æpithemta, Cocconema, Gomphonema, Encyonema et Colletonema). 2° La conjugation REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 261 des deux frustules parents ne donne naissance qu'à un sporange (Æimanti- dium). 3° Les valves d'un frustule se séparent, le contenu devenu libre grossit rapidement et finit par se condenser en un sporange unique (Coc- coneis, Cyclotella, Melosira, Orthosira et Schizonema). 4° D'un seul frustule proviennent deux sporanges, par une marche de phénomènes analogue à la précédente (Achnanthes et Rhabdonema). Dans le chapitre relatif à la nature des Diatomacées, l'auteur se prononce nettement pour leur assigner une place parmi les végétaux, et pour com- battre les idées de ceux auxquels les mouvements de ces petits étres, et leur épiderme siliceux ont paru des caractères suffisants de l'animalité. Dans le corps de ce second volume, M. W. Smith fait l’histoire de 29 genres et de leurs espèces. Voici les noms de ces genres, qui commencent au numéro 30 pour l'ouvrage entier : 30. Meridion, Ag. ; 2 espèces. — 31. Bacillaria, Gmel.; 4 esp. — 32. Himantidium, Ehr.; 8 esp. — 33. Odontidium, Kütz.; 7 esp. — 34. Denticula, Kütz. ; 5 esp. — 35. Fra- gilaria, Lyng. ; 4 esp. — 36. Eucampia, Ehr. ; 2 esp. — 37. Achnanthes, Bory; 4 esp. — 38. Achnantidium, Kütz.; 4 esp. — 39. Rhabdonema, Kütz. ; 3 esp. — A0. Striatella, Ag. ; 1 esp. — 41. Tetracyclus, Ralfs ; 2 esp. — 42. Diatoma, Dec.; 5 esp. — 43. Grammatophora, Ehr. ; 4 esp. — hh. Tabellaria, Ehr. ; 2 esp. — 45. Amphitetras, Ehr.; 4 esp. — 46. Biddulphia, Gray ; 6 esp. — 47. Isthmia, Ag.; 2 esp. — 48. Podosira, Ebr. ; 3 esp. — 49. Melosira, Ag. ; 7 esp. — 50. Orthosira, Thwaites ; 7 esp. — 51. Mastogloia, Thwaites ; 5 esp. — 52. Dickieia, Ralfs; 2 esp. — 33. Berkeleya, Grev.; 4 esp. — 54. Encyonema, Kütz. ; 2 esp. — 55. Col- letonema, Bréb. ; 4 esp. — 56. Schizonema, Ag. ; 17 esp. — 57. Homoeo- Cladia, Ag. ; 3 esp. —- 58. Asterionella, Hass. ; 3 esp. Un appendice ajoute : 4° 72 espèces et un nouveau genre (Podocystis, Bail) à ceux qui figuraient dans le premier volume ; 2° la liste des espèces déerites ou figurées par d'autres observateurs, qui sont inconnues à l'au- teur ou qui lui semblent se rattacher à des espèces caractérisées dans le premier volume, Unetable des genres et des espéces, avec les synonymes, termine ce volume. les planches, toutes fort remarquables par la netteté de leurs minutieux détails, ont été dessinées et gravées d'aprés nature par M. Tuffen West, micrographe exercé, BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Influence du sol sur la distribution géographique des plantes ; par M. Stur. N ous emprunterons au journal anglais The Annals and Magazine of natural History (coh. de Juin 1856, p. 520-521) les points les plus importants d'une 262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. analyse du mémoire de M. Stur, que nous n'avons pas entre les mains, et qui a été présenté à l'Académie des sciences de Vienne le 6 mars 1856. Ce travail porte sur les grandes montagnes de l'Autriche. Le sol sur lequel vivent les plantes est à l'état soit rocheux, soit désa- grégé. Le sol rocheux ou solide peut être calcaire, argileux ou siliceux. Le sol désagrégé ou détritique est formé de fragments de roches agglutinés par des substances minérales d'origine tertiaire; il contient donc de la chaux, de la silice et de l'alumine par portions plus ou moins égales. Le sol rocheux domine à de grandes hauteurs dans la région alpine; le sol détritique rem- plit les fonds des vallées et les dépressions. La nature des racines a la plus grande influence sur la végétation des plantes dans ces divers sols. Les espèces à racine annuelle charnue, celles à racines composées-fasciculées, ou à tige souterraine, ne peuvent vivre que sur le sol détritique; celles à racines ligneuses, trés ramifiées, sont plus propres au sol rocheux. La comparaison de la flore de la région calcaire élevée avec celle du mi- caschiste montre entre les plantes de l'une et de l'autre, bien qu'égales en grandeur, une différence de formes telle qu'on doit admettre l'iufluence de la constitution géologique du sol sur la végétation qui en couvre là surface. Les céréales n'existent que dans les sols détritiques de la région basse. Elles suivent le gravier tertiaire des Alpes dans ses variations d'altitude; mais elles ne donnent de belles moissons que lorsque le sol détritique dans lequel elles eroissent résulte d'un mélange par portions à peu près égales de chaux, d'alumine et de silice. Ce mélange est aussi le plus avantageux pour les plantes spontanées de la région inférieure. S'il's'y ajoute des substances différentes, on voit apparaitre de nouveaux genres et de nouvelles espéces. Le Pinus Abies, Lin. s'accommode de toute espèce de sol; aussi s'étend- il de la région basse à la région haute. Ses oscillations verticales corres- pondent à celles des céréales. Dans les parties rocheuses élevées, on voit apparaitre de nouvelles formes en méme temps que de nouvelles roches. Telles sont certaines espèces pro- pres au micaschiste calcaire, comme l'Arfemisia nana, Sand., Lomutogo- nium carinthiacum, Rehbe., Gentiana prostrata, Haenke, Herniaria alpina, Lin., Braya alpina, Hoppe, etc. Partout où sur un espace comparativement étroit les roches se montrent très variées, les plantes passent d’un sol à l'autre, subissant en même temps de fréquentes modifications de formes. A ces localités appartiennent parti- culièrement des espèces très voisines, qui produisent des hybrides et des formes intermédiaires. La distribution des genres et des espèces dans la région supérieure Cor- respond exactement à [a constitution géologique du sol. Les Alpes calcaires REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 263 et celles formées de micaschiste ont chacune leur flore propre. Près de Wiudisch-Matzey et d'Heiligenblut, ces deux floresse montrent côte à côte. Au «Tauern » de Radstadt, où presque toutes les roches des Alpes se trouvent réunies, la flore des roches calcifères, celle du micaschiste et celle du mica- schiste ealeaire apparaissent simultanément. Au mémoire de M. Stur est joint un catalogue d'environ 1,000 espèces recueillies par lui dans la région alpine, rangées selon leurs localités et selon la constitution géologique du sol qui leur est naturel. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Ensete of Bruce (sur l’Ensete de Bruce), par M. W.-J. Hooker, Hooker's Journ. of Botany, cah. de juillet 1856, pag. 210-214. En 1853, M. Walter Plowden, consul britannique à Massowal, en Abys- sinie, envoya à M. Hooker des graines et quelques fruits entiers, sous le nom de Ansett, d'une espéce de Bananier trés usité comme aliment dans ce pays. Dans cette espèce remarquable, ce n'est pas le fruit qu'on mange, mais bien la tige. Le fruit est petit, comparativement à celui des autres es- pèces de ce genre, plutôt pvriforme qu'oblopg, très inégal à la surface, et il varie de forme selon le nombre de graines qu'il renferme, celles-ci n'étant presque pas entourées de pulpe. Il est surmonté par les restes secs du pé- rianthe. Les graines ont le volume de petites chátaignes, et elles ne ressem- blent nullement à celles des autres Musa. Cependant, ayant été semées, elles ont donné un Bananier tres différent des Musa paradisiaca et Saptentum, mais qui est évidemment l’ Ensete du voyage de Bruce. Cet Ensete etait jusqu'a ce jour une plante entièrement inconnue des botanistes, sur laquelle on savait uniquement le peu qu'en dit Bruce. Gmelin, qui l'a nommée Musa Ensete, en a donné une mauvaise caractéristique, basée seulement sur la figure qu'on en doit à Bruce. Celui-ci lui-méme dit que ceux qui voudraient y voir un Musa seraient entierement dans l'erreur. Il est cepeudant certain que la plante appartient à ce genre. L'Ensete est originaire, dit-on, de Naree, et y croît dans les grands et nombreux marais formés par les rivières, qui ont si peu de pente que leurs eaux coulent difficilement vers l'Océan. On rapporte que les Gallas, lors- qu'ils émigrerent en Abyssinie, emportèrent, pour leur usage particulier, le Caféier et l'Ensete, dont on ne connaissait pas avant eux l'utilité. On pense néanmoins, en général, que ces deux végétaux croissent naturellement en Abyssinie partout où ils trouvent chaleur et humidité. L'Ensete vient par- faitement à Gondar; mais il abonde surtout dans la partie du Maitsha et du Goutto, à l'ouest du Nil, où il en existe de grandes plantations, et où les Gallas s'en nourrissent exclusivement. Son fruit n'est pas comestible; il est 264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. entièrement rempli par une à trois graines. Dès que sa lige est entièrement formée, avant qu’elle devienne dure et fibreuse, elle est comestible, excel- lente même, et, bouillie, elle a le goût du meilleur pain qui vient d’être cuit. M. Hooker trouve, d’après les figures de Bruce, que le feuillage de l’ Ensete rappelle très bien celui du Musa superba (Roxb., Corom., II, t. 223, et Bot. Mag., t. 3849, 3850); mais il ajoute que l'inflorescence l'éloigne beaucoup de cette dernière espèce. Bruce dit que la tige de l'Ensete est vivace, ce qui constituerait une dif- férence importante entre ce Musa et ses congénères. Dans tous les cas, puisque maintenant on possede la plante vivante en Angleterre, on saura probablement bientót à quoi s'en tenir, soit relative- ment à son mérite réel comme aliment, soit au sujet de ses caractères botaniques. Album Vilmorin. Fleurs rustiques, annuelles et vivaces. Légumes et plantes fourragères. (Grand in-folio; Paris, chez Vilmorin-Andrieux et Cie, quai de la Mégisserie, n° 30.) Sous le titre que nous venons de reproduire, M. L. Vilmorin a commencé, il y a peu d'années, une publication qui, entreprise d'abord dans un but principalement commercial et afin de donner aux acheteurs de graines une idée exacte des fleurs ou des légumes qu'ils désiraient obtenir, a pris récem- ment un caractere plus en rapport avec la botanique proprement dite. En effet, aprés avoir établi dans son Album deux sections consacrées, la pre- mière à la reproduction en planches coloriées et sous forme de bouquets des plantes les plus propres à la décoration des jardins, la seconde à celle des produits les plus recommandables des jardins potagers, l'auteur de celte publication vient de faire paraitre une série de cinq planches d'un format très grand in-folio, spécialement consacrées à l'iconographie des plantes fourragères. Quatre de ces planches représentent 23 espèces de Graminées fourragères, peintes de grandeur naturelle et lithographiées en couleur. La cinquième contient les figures de 4 Légumineuses, Lotiers et Trèfles, et de la Centaurée Jacée. Ces figures, toutes de grandeur naturelle, montrent les plantes entières peintes avec beaucoup de vérité par M. Rouyer ; elles ont été imprimées en couleur par le procédé de la chromolithographie. Nous croyons savoir qu’un texte rédigé avec soin doit être publié prochainement et doit ajouter un nouvel intérêt à cette partie de l'Album Vilmorin. Nous aurons donc occasion de revenir plus tard sur cette intéressante publication. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 265 MÉLANGES. Journal of the proceedings of the Linnean Society (Journal des actes de la Société linnéenne). In-8 ; Londres. La Société linnéenne de Londres a commencé cette année une publica- tion nouvelle qui ne peut manquer d'avoir un haut intérêt. En étendant le cadre, jusqu'à ce jour fort restreint, de ses comptes rendus ou Proceedings, et, pour cela, en y insérant ceux des mémoires de zoologie et de botanique présentés à la célèbre Société, qui ne sont pas destinés à paraitre dans ses “ Transactions " ; elle en a fait le Journal que nous signalons aux lecteurs du Bulletin. On sait que le prix élevé des Transactions les exclut de la plupart des bibliothèques de simples particuliers; que, d'un autre côté, la publicité des anciens Proceedings était aussi fort restreinte, ce compte rendu succinct des travaux présentés à la Société linnéenne étant spécialement destiné aux membres de cette savante corporation. Le Journal des actes fera disparaître en partie ce double inconvénient. Le prix d'abonnement peu élevé (12 shellings ou 15 francs par au pour le journal entier ; 8 shel- lings ou 10 francs par an pour l'une ou l'autre des deux parties, zoologique et botanique séparées) auquel il est livré par la Société linnéenne, lui don- nera certainement une publicité étendue. Comme d'ailleurs il contient la continuation des anciens Proceedings, et en outre le texte entier des mé- moires non destinés aux Transactions qui, avant lui, ne pouvaient être Connus que par des résumés trés succincts, il permet de suivre exactement la marche des travaux. de l'une des sociétés savantes les plus justement renommées de toute l'Europe. Le Journal des actes se divise en deux parties distinctes par leur nature ainsi que par leur pagination, la première consacrée à la zoologie, la seconde occupée par les mémoires de botanique. On peut souscrire à l'une ou à l'autre de ces deux parties séparément. Des planches pourront étre jointes au texte des mémoires publiés, puisque le premier cahier en contient déjà deux. La publication sera faite par cahiers en nombre déterminé pour chaque année, et paraissant le plus possible à des intervalles réguliers, Bénéralement par trimestres. La première livraison a paru le 4° mars dernier, la seconde le 1*7 juin. Voici le relevé des travaux contenus dans ces deux cahiers. 1*' cahier : Ch..J..F. Bunbury. — Remarks on the Botany of Madeira and Teneriffe. (Remarques sur la botanique de Madère et de Ténériffe); pp. 1-35. (Voy. Bull. Soc. bot., YI, p. 273.) Docteur C.-F. Meisner. — On some new species of Chamælaucieæ (Sur 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelques nouvelles espèces de Chamælauciées); pp. 35-48. (Voy. Bull. Soc. bot., TT, p. 799.) Richard Kippist. — Notice of two apparently undescribed species of Genetyllis, from S.-W. Australia (Note sur deux espèces probablement nouvelles de Genetyllis de l'Australie sud-ouest) ; p. 48. (Voy. Bull. Soc. bot., IMI, p. 257.) 2* cahier : Suite de la note de M. Kippist ; pp. 49-52. M.-J. Berkeley. — Note on a Fungus found imbedded in the Fen of Cambridgeshire (Note sur un Champignon qui a été trouvé à l'état fossile dans les marais du comté de Cambridge); p. 52. George Bentham. — Notes on ZLogantaceæ (Notes sur les Loganíacées) ; pp. 52-96. Ce mémoire n'est encore publié qu'en partie. Bericht über die oesterreichische Literatur der Zoo- logie, Botanik und Palæontologie aus den Jahren 1850, 1851, 1852, 1853 (Rapport sur les ouvrages publiés en Autriche relativement à la zoologie, la botanique et la palæontologie, pendant les années 1850, 1851, 1852, 1853), publié par l'Union zoologico-botanique de Vienne. Vienne, 1855; in-8 de 376 pages, chez W. Braumuller. Cet ouvrage est, sous une forme concise, mais commode, à peu pres ana- logue aux rapports publiés depuis plusieurs années en Allemagne sur diffé- rentes branehes de la botanique, par Meyen, Link, par M. Grisebach, eu Suède par M. Wikstroem. Seulement, il est limité aux ouvrages qui ont paru en Autriche. La partie botanique y occupe de la page 72 à la page 195, et celle de la botanique fossile s'étend de la page 250 à la page 312. La portion botanique comprend les divisions suivantes : botanique géné- rale, organographie, physiologie, pathologie, ouvrages sur l'enseignement, nomenclature, botanique systématique, géographie botanique, flores , his- toire de la littérature, miscellanées. Parmi ces onze divisions, les plus éten- dues sont naturellement celles qui ont rapport à la botanique systématique et aux flores. Dans la première, se trouvent reproduites les diagnoses de toutes les espèces nouvelles qui ont été publiées de 1850 à 1853 et qui croissent dans une partie quelconque de la monarchie autrichienne ; Ce re- levé n’occupe pas moins de 61 pages d'une édition trés compacte; quant à la seconde, elle contient des détails trés circonstanciés sur les Flores de l'Autriche en général et de ses diverses divisions en partieulier. Elle com- prend 17 paragraphes et remplit 46 pages. Les ouvrages relatifs aux autres branches de la botanique $ont représentés dans ce rapport, les uns simple- ment par leur titre, les autres par un résumé succinet qui expose les prin- cipaux faits signalés par l'auteur. La portion de l'ouvrage rélative à la botanique fossile reproduit les des- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 267 criptions ou les diagnoses de toutes les plantes fossiles trouvées en Autriche et publiées tant dans des mémoires particuliers que dans des ouvrages gé- néraux, notamment celles qui figurent dans les nombreux écrits de MM. d'Ettinghausen, Unger, Massalongo, ete. On voit que le rapport publié par l'Union zoologico-botanique de Vienne doit étre extrémement avantageux à différents points de vue, mais plus par- ticulièrement sous le rapport de la botanique descriptive et de la botanique fossile des États autrichiens. Nombre d'espéces de Palmiers cultivés daus les plus riches collections de l'Europe. A mesure que les découvertes faites par les voyageurs de notre siècle ont augmenté dans une forte proportion le nombre des Palmiers connus et dé- erits dans les ouvrages des botanistes, les jardins de l'Europe se sont enrichis d'une quantité considérable de ces magnifiques Monocotylédons, que Linné nommait avec raison les princes du règne végétal. Il s'est formé ainsi des collections spéciales, et de simples particuliers, possesseurs de grandes for- tunes, des gouvernements, ont élevé à grands frais des serres dans lesquelles les Palmiers ont été cultivés non-seulement en pots ou en caisses, mais encore en pleine terre. Nous citerons, eomme étant connu de tous les bota- nistes et horticulteurs francais, le grand pavillon du Jardin des plantes de Paris qui, à l'époque de sa constrüetion, était en progrès notable sur tout ce qui existait alors, mais qui bientôt a été relégué à un rang subordonné par d'autres serres construites avec des dimensions plus vastes et plus en harmonie avec les fortes proportiohs des végétaux qu'on se proposait d'y cultiver. Il suffira de citer la serre aux Palmiers du Jardin de Kew pour rappeler une construction vraiment digne du gouvernement d'un grand Etat, un véritable monument merveilleusement convenable pour l'objet en Yue duquel il a été élevé. L'Allemagne n'est pas restée en arriere dans ce rapide progrès de la culture des Palmiers, et c'est méme chez elle que se trouvent aujourd'hui les collections les plus riches en espéces de cette belle famille, Une communication faite récemment par le professeur C. Koch, à la Société d'horticulture de Berlin, renferme à ce sujet des documents précis et intéressants. La collection de Palmiers la plus riche qui existe aujourd'hui est celle du Jardin royal de Herrenhausen, à Hanovre. D’après M. C. Koch, on y Compte 225 espèces cultivées appartenant à cette famille, pour laquelle le total des espèces connues aujourd'hui des botanistes ne dépasse pas 600. C'est une collection particulière qui se classe au second rang pour sa ri- chesse, En effet, dans le jardin de M. O. L. G. Augustin, à Potsdam, on ne compte pas moins de 203 espèces de Palmiers. 268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE. Les collections les plus riches aprés celles de Herrenhausen et de M. Au- gustin, quoique entretenues par de grands États, se trouvent, par rapport à celles-ci, reléguées à un rang trés inférieur. Ainsi, le jardin botanique de Berlin, le plus riche peut-être de notre époque, ne possède que 111 espèces de Palmiers, pas méme la moitié de ceux qui sont cultivés à Herrenhausen. Quant au Jardin de Kew, malgré la vaste étendue de sa serre à Palmiers, dont la longueur est de 362 pieds anglais (110,410) et la largeur de 100 pieds (307,500) dans la portion centrale, de 50 pieds (157,250) dans les deux ailes, on n'y compte qu'environ une centaine d'espéces de Pal- miers. A la vérité, les fortes proportions des individus qui y représentent plusieurs de ces espèces établissent une compensation avec cette infériorité de nombre. Pour le Jardin des plantes de Paris, il reste fort au-dessous de ce chiffre, d'après M. C. Koch, et il se trouve ainsi rejeté au dernier rang parmi les jardins de l'Europe riches en Palmiers. Merkwürdige Baeume in Sachsen (Arbres remarquables qui existent en Saxe) ; par le docteur Peschek. (Mittheilungen über Flora, IT, deuxiéme cahier, pp. 15-17, in-8, 1855. On voit à Kaditz un Tilleul remarquable par son âge et sa grosseur. Au pied, il a environ 12 mètres de circonférence ; il est creux, et le diamètre de sa cavité intérieure est de 3,25. Ses parois intérieures se sont couvertes d'écorce; il a perdu de sa beauté par l'âge, et l'on est obligé de soutenir ses principales branches. A Langhennersdorf, près de Freiberg, il existe dans le jardin du pasteur un Tilleul colossal divisé en deux branches-mères qui ont l'une 57,20, l'autre 87,85 de tour. De celles-ci partent tout autour 9 branches princi- pales, dont la grosseur varie de 4 mètre à 25,25 de tour, et qui s'élèvent jusqu’à 26 et 29 mètres. Dans le haut, ces branches forment une voûte majestueuse sous laquelle on a pratiqué un plancher'avec une galerie qui a 10 métres 1/2 de pourtour. Au château d'Augusturburg se trouve un gros Tilleul qui parait avoir été planté en 1470. Son trone, fendu en plusieurs endroits, a 7 mètres de cir- conférence ; ses branches sont étayées au moyen de piliers de pierre et de bois, et s'étendent très loin. Un autre arbre de la même espèce, qu'on voit au château de Crostau, près de Bautzen, a un tronc de 87,50 de circonfé- rence ; un autre situé dans le jardin du presbytère, à Rammenau, mesure 43 mètres de tour à 1 mètre du sol. Quoique creux, il végète encore avec vigueur. On voit encore d'autres Tilleuls de proportions colossales à Gross- poritzsch, prés de Zittau, et à Burkersdorf. Non loin du presbytère, à Noebdenitz, on admire un Chène connu dans le pays sous le nom d'Aróre de mille ans. Son tronc n'a pas moins de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 269 13 mètres de tour dans sa partie inférieure; il est creux, et en 1824, un individu fit préparer sa tombe dans sa cavité. A Preititz, non loin de Bautzen, un ouragan brisa en 1749 un Poirier dont le trone avait 3",40 de tour. Il donna 3 toises de bois et une grande quantité de inenues branches. NOUVELLES. — Le25 février dernier, est mort à Kensington, l'un des faubourgs de Londres, M. George Don, frere du botaniste bien connu, David Don. On a de lui un ouvrage en 4 volumes in-^, intitulé A general History of the dichlamydeous plants. — Le journal de M. Hooker nous apprend, d'apres un journal de Cali- fornie, que M. Jul. L. Brenchley vient de faire élever un monument de marbre blanc dans l'ile Hawaii, l'une des Sandwich, au célèbre et malheu- reux voyageur botaniste David Douglas. C'est dans cette ile, au pied du Maunakea que Douglas avait péri en 1834, vietime d'un meurtre, selon les uns, tué, selon les autres, par un taureau sauvage en fureur. Il repose dans le cimetiére de l'église prineipale à Honolulu. La pierre tumulaire que M. Brenehley vient de lui élever porte l'inscription suivante : Hic jacet D DAVID DOUGLAS, Scotia, anno 1799, natus, Qui, Indefessus viator, A Londinensi Regía Societate Horticulturali Missus, In Hawaii saltibus Die 42 Julii, A. D. 1834 Victima scientia Interiit. Sunt lacrymæ rerum et mentem mortalia tangunt. VIRG, — On annonce, comme ayant eu lieu le 5 mai dernier, la mort du doc- teur Johann Emmanuel Wikstroem, directeur de la section de botanique àu musée royal de Stockholm. Ce botaniste était ágé de soixante-six ans; il était né le 4° novembre 1789 à Wenersborg. Il s'était fait connaitre par Un grand nombre de travaux botaniques dont les plus remarquables sont sa monographie des Daphne, qui a eu deux éditions, et ses rapports sur les écrits publiés en Suède relativement à la botanique. — La Botanische Zeitung, du 6 juin, annonce comme ayant eu lieu à Esslingen, le 12 mai dernier, la mort du docteur Steudel, l'auteur bien 270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. connu du Vomenclator botanicus. Ce savant et laborieux botaniste a sue- combé à une maladie du cœur après huit heures seulement de souffrance. Le Bulletin de la Société Botanique a rapporté, il y a quelque temps, les honneurs qui lui avaient été rendus pour la célébration du cinquantième anniversaire de son doctorat en médecine. Il a vécu peu de temps après cette fête. M. Steudel jouissait à Esslingen de beaucoup de considération comme médecin. Ses principaux ouvrages botaniques sont son /Vomenclator botanicus, relevé extrémement utile, qui a eu deux éditions, et son Sy- nopsis des Graminées, dont la publication vient d'être terminée i] y a peu de temps. — Deux frères, presque également célèbres en Allemagne comme horti- eulteurs botanistes, vienneht de mourir à Berlin, à einq semaines seulement d'intervalle. L'ainé, Pierre-Charles Bouché, est mort le 27 février dernier à l’âge de soixante-treize ans. C'était non-seulement un habile jardinier, mais encore un observateur exact et exercé, qui avait fait notamment un grand nombre de recherches et d'études sur la fixité des espèces et sur la culture comparée de plantes semblables depuis leur germination jusqu'à la produe- tion des graines. Il avait préparé une monographie du genre Caana, dont il avait réuni la plus riche collection qui existât en Europe. Mais jj a dû se contenter d'en donner, dans le Linnœæa, les prolégomènes, la publication du corps méme de l'ouvrage n'ayant pu avoir lieu par l'impossibilité d'y joindre les planches qu'il exigeait, — Le second, Pierre-Frédérie Bouché, est mort à soixante-douze ans. Il était non-seulement hortieulteur-botaniste, mais encore entomologiste. [Il avait fait particulièrement des recherches multipliées sur les Diptères et sur les Insectes nuisibles aux plantes culti- vées. C'est en l'honneur des deux frères que M. Cbamisso a nommé, dès 1832, un genre de Verbénacées Bouchea. — Dans la séance mensuelle de l'Union zoologico-botanique de Vienne (Autriche), qui a eu lieu le 5 mars dernier, M. Fenzl a présenté la première feuille d'une Flora norica, que le naturaliste autrichien W ulfen avait laissée manuscrite, et qui était restée au musée I. R. botanique. C'est l'Union qui fait les frais de la publication de cet ouvrage. A la même séance, M. de Heufler a également présenté un manuscrit laissé par Facchini, sous le titre de Flora Tiroliæ Cisalpinæ. M. de Hausmann a joint à ce travail une préface et des remarques. Cet ouvrage de Facchini comprend un catalogue des espèces phanérogames et up grand nombre d'observations originales. On y trouve deux espèces signalées comme nouvelles sous les noms de Festuca breunia et Sempervivum dolomiticum. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 271 BIBLIOGRAPHIE. Flora oder allzemeine Botanische Zeitung. Articles originaux publiés en 4855 (fin). / Holler (Aug.)— Bemerkungen über das Nuphar Spennerianum, Gaud. , des Spitzingsees. (Remarques sur le Nuphar Spennerianum, Gaud., du lac de Spitzing) ; n° 46; p. 721-723. Vulpius (Fr ) — Ueber herabgeschwemmte Alpenpflanzen. (Sur les plantes alpines descendues des grandes hauteurs) ; n° A7, p. 737-739. Schultz (D* F.). — Beitrag Zur naturgeschichtlichen Erforschung Koenig- reichs Bayern. (Note sur l'exploration au point de vue de l'histoire natu- relle du royaume de Bavière) ; n° 48, p. 753-758. Hooker's Journal of botany and Kew Garden Miscellany. Articles originaux publiés en 1855. Spruce (Richard).—Journal of a botanical Voyage up the Amazon (Journal d'un voyage botanique vers le haut de l'Amazone), p. 1-8 (suite). Bentham (George). — On the south american Zriurideæ and leafless Bur- manniaceæ from the collections of M. Spruce (sur les Triuridées et les Bürmanniacces aphylles de l'Amérique du Sud, comprises dans les col- lections de M. Spruce, p. 8-17. Bentham (George). —Florula hongkongensis : an enumeration of the plants collected in the Island of Hongkong, by major J. G. Champion; the de- terminations revised and the new species described by (Florulede Hong- kong : énumération des plantes récoltées dans l'ile de Hongkong par le major J. G. Champion ; les déterminations revues et les nouvelles espèces décrites par M, G. Bentham), p. 33-39 (suite). Motley (James). — Extracts of Letters from the Malayan Islands, adressed to sir W. J. Hooker and to W. Mitten, esq. (Extraits de lettres adressées des iles dela Malaisie à MM. J. Hooker et W. Mitten), p. 33-47, 78-84. Harvey (Dr W. H .). — Extracts from Australian letters (Extraits de lettres écrites de l'Australie), p. 47-51. Harvey (D W. H.). — Characters of some new Genera of plants recently discovered by M. James Drummond in Western Australia (Caracteres de quelques nouveaux genres de plantes découverts récemment par M. James Drummond dans l'Australie occidentale), p. 31-58. Meisner (C, F.). — New Proteacez of Australia (Nouvelles Protéacées de l'Australie), p. 65-78, 114-124. 272 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Archer (Thomas C.).— On two fibres from Brazil (sur deux matières textiles du Brésil, avec une note par sir W. J. Hooker), p. 85-87. Hooker (sir W. J.).— Kew Garden Museum, an account of the Origin and some of the contents of the Museum of economic Botany, attached to the Royal Gardens of Kew (Musée du Jardin de Kew, ou détails sur l'origine et sur quelques-unes des matières contenues dans le Musée de botanique économique, joint aux Jardins royaux de Kew), p. 97-114, 129-158. Hooker (J. D.) et Thompson (T.). — On Enkyanthus himalaicus and Cas- siope selaginoides, two new species of Himalayan Ericeæ (sur l’ Znkyan- thus himalaicus et le Cassiope selaginoides, deux nouvelles espèces d'Eri- cées de l'Himalaya), p. 125-126 ; pl. III et IV. Roe (J. S.).— Report of a Journey of discovery into the Interior of western Australia, etc. (Rapport sur un voyage de découvertes fait dans l'inté- rieur de l'Australie occidentale, du 8 septembre 1848 au 3 février 1849), p. 143-151 (suite). Motley (James). — Notes on Sumatra; Extraet of a Letter from (Notes sur Sumatra ; extrait d'une lettre de M. James Motley), p. 161-172. Bentham (George). — Additional Note on Arachis hypogæa (Note addition- nelle sur l Arachis hypogæa), p. 177-179. Mueller (Ferd.). — The Government Botanist's Report of his Journey from Melbourne to Omeo in the Australian Alps (Rapport du botaniste du gouvernement sur son voyage de Melbourne à Omeo, dans les Alpes d'Australie), p. 179-1841, 306-314. Spruce (Richard). — Note on the india-rubber of the Amazon (Note sur le caoutchouc de l’ Amazone), p. 193-196. Thwaites (G. H. K.). — Description of some new Genera and species of Ceylon Pangiacez (Description de quelques nouveaux genres et espèces de Pangiacées de Ceylan), p. 196-198, pl. V. Hooker (J. D.). — On Chortodes, a subgenus of Flagellaria, from the isle of Pines, New Caledonia (sur le Chortodes, sous-genre des Flagellarua, de l'ile des Pins, dans la Nouvelle-Calédonie), p. 198-200, pl. VI. Wallace. —Extracts of a Letter from (Extraits d’une lettre de M. Wallace, datée de Singapore, 10 octobre 1854), p. 200-209. Spruce (Richard).— Botanical Objects communicated to the Kew Museum, from the Amazon or its Tributaries, in 1853 (Objets botaniques com- muniqués au Musée de Kew, provenant des bords de l’ Amazone et de S63 affluents, en 1853). p. 209-210, 245-252, 273-278 (suite). Paris — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 MAI 1856. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON, VICE-PRÉSIDENT. M. T. Puel, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 avril, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Mauvais (Virgile), interne en médecine, à l'hópital Saint-Louis, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Comar. Maucix (Auguste-Paul), interne en médecine, à l'hôpital Saint- Louis, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Second- Ferréol. Duuoxs (Henry), interne en médecine, à l'hôpital Saint-Louis, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Second-Ferréol. TopiNanp (Paul), interne en médecine, à l'hôpital Saint-Louis, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Second-Ferréol. HoubBine, pharmacien, à Niort (Deux-Sèvres), présenté par MM. L. Soubeiran et Comar. Picovor (Édouard), interne en pharmacie, rue de Constan- tine, 36, à Paris, présenté par MM. L. Soubeiran et Comar. Mercier, interne en pharmacie, à l'hôpital Beaujon, à Paris, présenté par MM. Chatin et Frogé. M. le Président annonce en outre cinq nouvelles présentations. Dons faits à la Société: lo Par M. Germain de Saint-Pierre : Archives de Biologie végétale, livr. 4 et 2. e 2 Par M. Eug. Gonod : Etudes sur Les plantes qui croissent autour des sources minérales, et T. Hl, 18 27h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. recherches sur la présence de l'iode dans les eaux minérales de l Auvergne; Thèse de pharmacie. Paris, 1856. 39 En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, numéro d'avril 1856. L'Institut, avril et mai 1856, deux numéros. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante adressée à la Societé : NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES OU CONTROVERSÉES DE LA FLORE DE FRANCE, par M. le colonel SERRES (suite !). (La Roche des Arnauds prés Gap, 28 avril 1850.) En examinant de plus près, dans la saison dernière, à Gréoulx (Basses- Alpes), le Centavrea sordida Wilid., il m'est venu des doutes sur l'origine de cette plante, que Schiede attribue à l'accouplement des C. collina et Scabiosa. D'abord elle offre beaucoup de variations dans la couleur de ses fleurs, dans la forme et la pubescence de son involuere, et dans la force de Fépine qui termine ses appendiees. Ensuite les individus hybrides, qu'on ne doit, selon moi, admettre qu'avec beaucoup de réserve, sont ordinairement rares ou du moius plus rares que les parents dont on les croit issus. Or, dans la localité, le C. sordida est aussi commun que le C. collina, et beaucoup plus abondant que le C. Scabiosa. ` H n'en est pas de méme du Galium vero-cinereum, que j'ai signalé aussi dans mes notes de l'année derniere. En 1855, toutes mes recherches pour en trouver de nouveaux individus ont été vaines, malgré l'abondance des G. verum et cinereum dans le pays. Il a fallu me contenter d'en prendre quelques échantillons de plus, sans détruire la plante, dans l'unique sta- tion où je l'avais découverte l'année précédente, c'est-à-dire au centre d'un large tapis de G. cinereum. Mais à ma grande surprise, l'hybride, sans avoir éprouvé d'autre changement dans son port, ses feuilles, etc., m'a offert cette fois des fleurs d'un blanc terne, au lieu de la couleur jaune pâle qu'elles avaient l'année précédente. J'ai encore découvert dans cette même contrée : 1* Hhamnus Clusii Willd., que MM. Grenier et Godron donnent comme synonyme du À. Alaternus L., sans en faire méme une variété. Cet arbuste m'a paru tout à fait différent de celui de Linné; il forme un petit buisson de 3-4 décimetres, très serré-touffu, arrondi, et tellement chargé de feuilles (4) Voyez le Bulletin, t. If, p. 223. ^ SÉANCE DO 9 fai 1856. - 978 qu'on ne voit point les rameaux. Ces feuilles sont très luisantes, fermes, coriaces, lancéolées, apiculées, entières ou plus souvent denticulées, à dents aiguës et spinescentes, alternes, à pétiole court et pubescent, ainsi que les jeunes tameaux. Les stipules sont linéaires-subulées, de la longueur du pétiole, les pédicel'es plus courts que le calice, les fruits d'un beau rouge, noircissant sans doute à la maturité, Son port et ses feuilles, si différents de ceux du À. Alaternus, en font, je crois, une espèce distincte. Il croit sur les collines boisées de la rive gauche du Verdon (territoire du Var), où it est tres fare. 2 Pterotheca griselica. Je dédie aux naïades bienfaisantes ‘de Gréoulx eétte espèce, que je ne propose qu'avec doute; c’est, dans toutes ses parties èt ses dimensions, la miniature du P. nemausensis Cass. Elle a le port du Crepis cespitosa de Corse; ses tiges sont filiformes et souvent monocé : phales, ses ealathides tres petites. Elle me parait distincte : 1? par sa forme si gréle; 2° par l'époque de sa floraison, de deux mois plus tardive (dans un pays si chaud!) ; 3° par sa station, qui n'est jamais en plein champ, mais dans les lieux un peu frais, le long des haies et des sentiers herbeux. Dé plus, je la soupçonne au moins bisannuelle; la culture en décidera. Ses graines sont semblables, aux dimensions près, à celles da P. nemau- sensis, qui fleurit en avril. ^ 3* Centaurea aspero-paniculata. Cette plante a les feuilles, les tiges déeómbantes et tout le port du C. aspera; mais ses calathides sont plus petites, les écailles de l'involuere sont terminées par un pelit appendice appliqué et non étalé ni réfléchi, bordé au sommet de 3-5 cils courts, un peu roides, droits, non épineux. Par ces derniers caracteres, elle se rap- proche du C. prætermissa Martr. Donos, dont elle diffère par son invo- luere ovoide-oblong, plus petit, rétréci au sommet, et à très peu prés sem- blable à celui du C. paniculata 1. On la trouve çà et là, mais pas Cmmanément, à Gréoulx, dans les lieux sees, péle-1uéle avec les C. aspera et paniculata, qui sont tres abondants dans la localité. Elle fleurit en méme temps que la premiere de ces espèces, et trois semaines plus tôt que là seconde. Est-ce une espece? Est-ce une hybride, ou ne serait-ce qu'une Variété du C. aspera, daus laquelle les épines de l'involucre auraient avorté? Resterait encore, en faveur de l'espèce, la forme différente du. périeline. k° Je signale encore, dans cette contrée si riche en plantes australes, les espèces suivantes, peu communes : Derycnium decumbens, Jord., rare sur les atterrissements du Verdon, très bonne espèce, entièrement différente par son port des autres Dory- enium, à fleurs paraissant rouges par la coloration des calices au moment de l'anthèse, Lotus pilesus Jord. Pug. an L. Delorti Timb? Je distingue difficilement 276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ces deux espèces. Celle que j'ai en vue croît abondamment sur les coteaux, arides de la rive gauche du Verdon. Galium pallidulum Jovd. Pug. Cette espéce se reconnait aisément sur le frais par la teinte vert pâle de son feuillage, qui se conserve bien en herbier. Elle est rare à Gréoulx, où je n'en ai rencontré qu'un seul grand spécimen aux bords des vignes. Micropus bombycinus Lag., sur les coteaux arides et boisés de la rive gauche du Verdon, territoire du Var. Carduus sardous DC., Prodr. Indiqué seulement en Corse par MM. Gre- nier et Godron; pas commun le long des chemins et des murailles. Carduus spinigerus Jord. Jg crois que c'est celui que les botanistes du Var ont pris pour le C. nigrescens Vill.. qui en diffère certainement, et qui est si abondant autour de Gap. Iris lutescens Lam. Point rare sur les collines arides des deux rives du Verdon. Fleurs d'un jaune trés pále et sans éclat, à segments internes ondulés-chiffonnés, etc. Cette plante forme de larges tapis, trés bas jusqu'au milieu des broussailles. Je passe de la Provence aux Alpes du Dauphiné, oü j'ai récolté plusieurs espèces que je crois nouvelles, savoir : Malva cannabina. Cette belle Mauve s'élève à prés d'un mètre de hau- teur. Ses fleurs sont grandes comme celles du M. Alcea, dont elle a presque tous les caractères; mais ses feuilles sont digitées ou palmatipartites, comme celles de l'A/thga cannabina L., divisées jusqu'à la base, les in- férieures en cinq, les supérieures en trois lanières allongées, inégalement et grossierement dentées, Les pédoncules dépassent les pétioles de 2 centi- mètres, mais sont plus courts que les feuilles; les pétales sont glabres à la base. Je n'ai pu avoir les carpelles. J'ai trouvé cette plante dans un taillis, au pied des rochers du village de Rochefort, près Grenoble. Je ne puis croire qu'elle ne soit que la variété (4 multidentata Koch. du M. Alcea L. Imperatoria angustifolia Bellard., Koch., p. 337. C'est à tort que cette plante a été exclue de la Flore de MM. Grenier et Godron. Je l'ai reçue autre fois du Villard-d'Aréne, récoltée par Mathonet sous le nom d'/mpe* ratoria Ostruthium, dont elle diffère tout à fait par ses feuilles. Hieracium ciliolatum. Calathides de moyenne grandeur, dressées ; nombreuses, en panicule oblongue et non corymbiforme; involucre noir”, à folioles un peu aiguës, mais non aeuminées, plus égales, plus étroites et plus appliquées que dans lH. villosum, n'offrant sur le dos qu'un petit «ombre de poils blancs, à peine laineux, qui sont remplacés sur les bords par des poils étoilés tomenteux. Pédoncules munis de quelques rares poils glanduleux. Corolles trés distinctement ciliées, stigmates jaunes. Feuilles: assez fermes et un peu rudes, d'un vert sombre, nullement glauques, hérissées SÉANCE DU 9 Mai 1856. 277 de poils moins serrés que dans FH. villosum, plus courts, plus roides, non laineux, reposant la plupart sur une glande noire; les radieales ovales ou ovales-lancéolées, presque entières, nullement aeuminées, les caulinaires sessiles, où quelques-unes à peine demi-embrassantes, un peu dentées. Tiges de 20-25 centimètres, feuillées (4-5 feuilles), rouges à la base, nais- sant plusieurs ensemble en gazon touffu, médiocrement velues, à poils semblables à ceux des feuilles. J'ai trouvé cette plante au mont Seüse, près Gap, dans la prairie alpine du Fay, où elle est rare; elle a le port de l'A. vil- losum y elongatum Gren. et Godr., avec lequel on ne peut la confondre. Je l'avais prise d'abord pour l'H. valde pilosum Vill., mais son port ne répond nullement à la figure de cet auteur. J'ajouterai pour les amateurs d'hy- brides que je pourrais indiquer l'H. lanceolatum Vill. (jurassicum Gris.) comme l'un des parents; je leur laisse le soin de trouver l'autre. Hieracium aurosicum. Calathide grande, solitaire, au sommet de la tige scapiforme ; involucre ovoide- ventru à folioles égales, aeuminées, láche- ment appliquées, couvertes de longs poils blanes laineux. Corolles glabres. Feuilles petites, toutes radicales, glauques; les unes ovales, obtuses, les autres oblongues-lancéolées, entières, sessiles ou rétrécies en pétiole, glabres à la surface supérieure, velues à poils laineux sur la face inférieure, et sur- tout sur la nervure. Tige de 7-8 centimètres, nue ou ne portant qu'un ou plus rarement deux rudiments de folioles bractéiformes-sessiles, munie de quelques rares poils longs et blancs qui manquaient le plus souvent, et de nombreux poils étoilés tomenteux (sans poils glanduleux sur aucune Partie de Ja plante). J'ai trouvé cette belle espèce au mont Aurouse, au- dessus de Matacharre, dans un espace où il y a un grand fonds de terre. La plante dont il s'agit n'a de rapport qu'avec les individus nains et uniflores de l H. villosum L., d'une part, et de l'autre avec lH. piliferum Hopp. Elle me parait différer du premier par ses feuilles radicales en rosette, Par sa tige, ou tout à fait scapiforme, ou munie d'une petite foliole toujours sessile, et enfin par les folioles extérieures de l'involuere, plus étroites et égales en largeur aux folioles intérieures. Elle diffère du second par sa calathide, du double plus grande, par ses feuilles glauques et glabres à la surface supérieure, ct par sa tige, presque dénudée de longs poils blancs. À propos du genre Hieracium, je remarque que l'H. rhomboidale Lap., n'a pas été mentionné daus la Flore de MM. Grenier et Godron. Je crois qu'il mérite d’être conservé. Je l'ai recu, sous un autre nom, d'Esquierry (Pyrénées) ; ses feuilles, de consistance tres ferme et d'un vert jaunátre, rappellent tout à fait, par leur forme, ce!les du Crepis succisæfolia Tausch. L'Hieraciun scopulorum Lap., qui est tout couvert de longs poils Soyeux, non-seulement sur les feuilles dont le limbe est entièrement voilé, Mais sur les tiges et les involucres (sans poils glanduleux), est plus éloigné 278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de VH. saxatile Vill. que l H. sericeum Lap. Cependant ce dernier est admis comme espeee par MM. Grenier et Grisebach, tandis que le premier n'est pas méme relaté comme variété, et se trouve simplement mentionné en synonyme de VH. saxatile. L'H. lanceolatum Lap. non Vill., espèce rapportée en synonyme par M. Grenier à TH. pyrenaicum Jord., me parait plutôt appartenir à l'A, hirsutum Bernh., Gren. et Godr., p. 386. Les feuilles caulinaires de la plante de La Peyrouse sont beaucoup plus fermes, plus nombreuses et également hispides des deux côtés. Ses styles sont jaunes et non bruns. Si ce dernier caractère a la valeur qu'on lui attribue, M. Grisebaeh me semble, de son côté, avoir eu tort de réunir les H. hirsutum et pyre- naicum. LH. altissimum, Lap., Suppl., p. 125, Crepis altissima (nobis), C. suc- cisæfolia, a mollis Gren. et Godr., me parait aussi constituer une espèce distincte par l'ampleur de ses feuilles, de consistance beaucoup moins ferme, bien plus embrassantes, presque perfoliées, et plus arrondies à la base; par les rameaux de la panicule ou du corymbe plus divergents, ete. Je propose le nom de Crepis altissima. Lactuca saligna B runcinata Gren. et Godr. L. adulterina Gren., mss. Cette variété, trés commune à La Roche, prés Gap, dans nos champs pierreux, après la moisson, ne saurait être une hybride des Z. saligna el Scariola : 1° parce que, malgré la forme de ses feuilles qui la rapproche du Scariola, son inflorescence et ses graines sont exactement celles du L. saligna, et 2 parce que, dans la localité où, chez nous, on trouve cette variété, on ne voit aucun individu de l’espèce Scariola. Le type de cette plante, à genuina, à feuilles linéaires, entières et lisses, est celle que j'ai vue dans l'herbier de La Peyrouse sous le nom de Prenanthes tenuifolia, avec la localité de Toulouse, où, en effet, le Lactuca saligná n'est pas rare. Jasione humilis Pers. Cette plante, que MM. Grenier et Godron rapprochent du J. amethystina Lag., m'en parait au contraire bien éloignée de tout point. Les feuilles du J. amethystina que je pos ede d'Espagne (Sierra Nevada)sont celles d'un Globularia ; sa racine, d'ailleurs, est grêle, ses fleurs sont beaucoup moins nombreuses et bien moins serrées, etc. Je ve fais cette observation, au reste, que pour avoir occasion de citer un autre synonyme, peu connu sans doute, de La Peyrouse. J'ai décrit autrefois avec soin dans des notes inédites le Jasione amesthystina, qui existe dans l'her- bier de cet auteur sous le nom de Globularia punctata, avec la localité de Cambredazes. Si cette jolie espèce a été en effet récoltée dans les Pyrénées et non en Espagne par le jardinier de La Peyrouse, on peut espérer dely retrouver. Lithospermum permixtum Jord. Je crois avoir découvert le premier, il SÉANCE DU 9 mu 4856. 279 y a quinze ou seize ans, cette plante au bois Mondet, à La Roche, près de Gap; je l'indiquaf à cette époque à M. Blanc, de Gap, botaniste zélé, qui l'a distribuée depuis à ses correspondants. De toutes les différences que M. Billot (Notice) cherche à établir entre cette espèce et le Z. incrassatum Guss, que j'ai reçu de la Dalmatie, je n'en trouve que deux de soutenables ; les feuilles sont plus spatulées dans le Z. incrassatum, et les carpelles peut- être un peu moins gros et à tubereules un peu plus saillants. Doit-on établir une espèce sur ces nuances? La plante de l'Algérie me parait aussi une variété plus grêle du même type. M. Germain de Saint-Pierre fait hommage à la Société des deux premieres livraisons de ses Archives de Biologie végétale, et expose en ces termes le plan général de cette publication : J'ai l'honneur de faire hommage à la Société des deux premières livrai- sons de mon nouvel ouvrage, intitulé Archives de biologie végétale (1). La première partie de cette publication doit contenir spécialement la série de mes recherches sur les divers modes de végétation des organes souterrains des plantes, et les figures relatives à mes observations. Ces figures, dessinées d'après nature et gravées à l'eau-forte par moi-même, se rapportent non pas seulement à des travaux encore inédits, mais aux mémoires et aux notices que j'ai présentés et lus, soit à l'Académie des sciences, soit à la Société Botn> nique de France, à la Société Philomatique, à la Société de Biologie, ete.— Les Archives de biologie végétale contiendront une série d'études qui seront Suceessivement complétées par de nouvelles recherches, et amélioréés pát les observations auxquelles elles pourront donner lieu de la part des bota- nistes qui s'occupent de travaux analogues. Plus tard ces études seront groupées dans un ordre logique, et seront reliées entre elles par des con- Sidérations générales qui doaneront à l'ouvrage le caractère d'un traité méthodique. — Les planches qui font partie des deux premières livraisons Sont la plupart relatives au développement des bulbes dits pédicellés dans les genres Allium et Tulipa. Le texte contient la premiere partie d'une Introduction dans laquelle je passe rapidement en revue les principaux résul- tats physiologiques auxquels j'ai été conduit jusqu'à ce jour par mes observations. | (1) Archives de Biologie végétale, ou Recherches expérimentales sur les divers Phénomènes de la végétation, et observations nouvelles sur la structure et les Mœurs des plantes, recueillies, décrites, figurées et gravées par M. Germain de Saint-Pierre, Paris, 1856, librairie de F. Klincksieck, 11, rue de Lille, — Les Archives de Biologie sont publiées par livraisons de format grand in-h°, Chaque livraison contient 4 planches coloriées avec soin et une feuille ou une demi-feuille de texte, (Le prix de chaque livraison est de 6 francs.) 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre de M. Ami Boué, adressée à M. Viquesnel, vice-président de la Société Géologique de France : EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. AMI BOUE A M. VIQUESNEL. Vienne (Autriche), 20 avril 1856. Depuis ma derniere lettre, M. Constantin. d'Ettinghausen a présenté à l'Académie son grand ouvrage sur les nervures des feuilles et sur leur clas- sement. Ce travail gigantesque occupe 6 grands volumes in-folio de planches, ou environ 600 planches, plus un volume in-4° de texte qu'at- compagnent 40 planches spécialement consacrées aux caracteres distinetifs. Toutes ces planehes ont été exécutées par le procédé de l'impression natu- relle (1) ; elles offrent les types de toutes les elasses et familles, ainsi que d'un grand nombre de genres. Dans une premiere séance de l'Académie, il ne nous a parlé que des Cryptogames et des Fougères; dans une seconde séance, il nous a entretenu des Graminées. Les Dicotylédones sont réservées pour une troisiéme séance. Dans les Graminées, méme lorsque la vue simple ne permet de rien dis- tinguer, l'impression naturelle découvre la plus belle nervation. Or les diverses familles se distinguent par le nombre des nervures, par leur épais- seur, par leur distance réciproque, mesurée au micromètre, quelquefois aussi par leur union secondaire, Les Cypéracées ont seules offert à M. d'Ettinghausen un arrangement de nervures qui existe en bonne partie dans une autre famille, et qui est encore à débrouiller. Des feuilles appar- tenant à d'autres groupes naturels se distinguent les unes des autres de la maniere la plus caractéristique par leur nervation, et /a valeur des angles sous lesquels leurs nervures se dichotomisent se montre constante. M. d'Et- tinghausen en donne la mesure exacte. Son ouvrage sera d'une trés grande utilité pour la botanique. fossile. Or il n'aurait jamais pu être exécuté sans la découverte de l'impression naturelle. C'est done un important service rendu dès ce moment à la science par cet ingénieux procédé. Les planches de ce grand travail ont été exécutées à l'imprimerie impériale de Vienne. M. Ramon de la Sagra dit que, lors de l'Exposition universelle de l'année dernière, il a eu occasion d'examiner les gravures obtenues par le procédé de M. Auer, et fait un grand eloge de la perfection de ce nouveau moyen de reproduire les objets naturels. (4j Voyez le Bulletin, t. I, p. 402, en note. SÉANCE DU 9 marl 1856. 281 M. Balansa fait à la Société la communication suivante : SUR LE MODE DE VÉGÉTATION DE L'ARCEUTHOBIUM OXYCEDRI, pr M. B. BALANSA. L'Arceuthobium Oxycedri est, on le sait, une Loranthacée croissant sur les Genévriers de la région méditerranéenne. Ses tiges ne sont pas solitaires sur les rameaux de l'arbre qui les nourrit, comme cela semble avoir lieu dans le Viscum album (1); elles sont, au contraire, rassemblées en touffes plus ou moins compactes ; cependant, avec un peu d'attention, on s'apercoit facilement qu'elles ne sortent pas du méme point. On pourrait croire, au premier abord, que chacune d'entre elles a pris naissance d'une graine propre. Mais cette hypothese n'explique pas suffisamment la formation de certaines touffes d'Arceuthobium mâle croissant souvent à une distance considérable des pieds femelles. A ce sujet, on peut supposer, il est vrai, ainsi que cela arrive pour le Viscum album, que des graines de cet Arceu- thobium ont été déposées en abondance avec les excréments des oiseaux sur un méme point de la tige des Genévriers. Mais j'ai la convietion que les oiseaux ne se nourrissent pas des fruits de cette Loranthacée : leur petitesse semble en effet s'y opposer. En examinant avec un peu d'attention ces touffes d’ Arceuthobium, on ob- Serve que les tiges dont elles sont composées ne naissent pas toujours sans ordre sur les branches des Genévriers. On s'aperçoit parfois qu'elles sont disposées en ligue droite, en diminuant toujours de hauteur à mesure qu'elles s'éloignent du centre de la touffe, jusqu'à ce qu'enfin elles ne dénotent leur présence que par un léger soulèvement de l'écorce du Genévrier. En grat- tant légèrement la surface de cette écorce, on voit une jeune pousse qui rompra bientôt l'enveloppe qui la tient prisonnière. Il est de la plus grande évidence que cette pousse n'est pas née d'une graine, car autrement la ra- dicule de celle-ci aurait dû nécessairement percer l'écoree à une époque antérieure à ce soulèvement. Ces observations m'avaient fait admettre, chez cette plante parasite, l'exis- tence de racines courant dans l'épaisseur des tissus de la plante nourricière, et donnant naissance, de distance en distance, à de nouvelles tiges. L'Ar- L (1) Depuis la lecture de cette communication, jai pu étudier sur le vivant le mode de végétation du Viscum album. Cette Loranthacée offre au contraire, dans sa partie sous-corticale, d'assez grandes analogies avec l'Arceuthobium. De méme que cette derniere plante, elle émet de nombreuses racines qui donnent parfois nais- Sance à des bourgeons adventifs ; seulement ces racines, au lieu de courir exclu- Sivement dans l'intérieur de l'écorce, se dirigent dans toutes les directions et tra- versent souvent de part en part la branche sur laquelle est implanté ce Viscum. (Note envoyée de Marseille par M. Balansa pendant l'impression.) 282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ceuthobium se eomporterait done, par rapport à la branche sur laquelle il est implanté, de la méme manière que les rhizomes de certaines plantes se comportent par rapport à la terre. Pour étré une réalité, fl manquait à cette hypothèse la sanction d'une analyse microscopique de la partie sous-épi- dermique de l'Arceuthobium. J'ai prié M. Groenland de m'aider dans ce travail. Un premier examen est venu confirmer mon opinion. Notre confrère à vü en effet, dans l'intérieur de l'écorce du Genévrier, courir des rhizomes dont il n'a pu malheureusement suivre le développement, faute d'échantil- ons suffisants. Pour compléter les observations que j'ai faites sur l'Arceuthobium Ogy- cédri, il me reste à relever deux ou trois erreurs qui se sont glissées dans les descriptions de cette espèce. M. Reinaud de Fonvert est le premier qui à observé la singulière déhiscence des fruits de cette plante. Seulement, il prétend que le fruit se détache de la plante à son articulation avec le pédon- Cule, et se trouve par cette opération ouvert circulairement, suivant la largeur du torus; que cette déhiscence a lieu subitement avec élasticité, et que la Sémenee est chassée avec force par l'ouverture qui en résulte. Ce n'est pas précisément ainsi que les choses se passent. La graine est bien en effet lancée à environ 50 centimètres de distance par suite de la contraction des parois du périearpe, mais ce dernier ne se détache pas de son torus subitement avec élasticité. Ce n'est que la moitié environ de sa base qui se détache du torus, et c'est par cette ouverture que sort la graine avec impétuosité, le péricarpe éoutinuant à être attaché au pédoncule. D'après M. Reinaud de Fonvert, les fruits de cette Lorantbacée ne se- ráient mûrs que quatorze mois après la fécondation. D'après mes observa- tions, au contraire, ils le seraient après un mois et demi. On n'a pas mémé besoin d'avoir observé cette plante vivante pour s'assurer de ce fait, car si les fruits mettaient quatorze mois à atteindre leur maturité, on devrait, sur tóus les pieds femelles, à quelque époque qu'ils aient été récoltés, en trouver dans un état de développement plus ou moins avancé ; or, on ne peut en observer que sur les pieds eueillis en septembre ou en octobre. © Qu'il me soit permis d'ajouter que j'ai vu les graines de V Arceuthobium Ozycėdri pourvues Q'un testa, contrairement aux caractères de la famille tràcés dans la Flore de MM. Grenier et Godron. . M. Cretaine présente à la Société des échantillons d'un Trifolium recueilli par lui aux environs de Versailles, et fait à ce sujet la com- munieation suivante : Daus une herborisation que je fis aux environs de Versailles, le 26 juin 1855, j'ai trouvé une plante que je erois nouvelle pour la flore des environs SÉANCE DU 9 Mai 1856, 288 de Paris. Je veux parler du Trifolium filiforme de Linné. Gette plante, Jongtemps confondue avee une autre espece voisine, s'en distingue facile- ment au premier abord. La couleur du feuillage est différente, et les fleurs, au nombre de une ou deux, sont portées sur de longs pédicelles; toujours, quand elles sont au nombre de deux, je les ai vues tournées du méme côté. Jen'en ai pas observé plus de deux dans les échantillons que j'ai trouvés. Les trois folioles sont sessiles, mais ce caractère se retrouve aussi dans quelques échantillons de l'espece voisine (Trifolium filiforme, Coss. et Germ.). Les fleurs, dans celle-ci, sont en eapitules assez serrés, de six à vingt fleurs par capitule, et ces fleurs n'ont que de très courts pédicelles. Cette plante est assez abondante auprès de Versailles, avec le Trifolium ci-dessus indiqué, à folioles toutes sessiles, prés du pare qui se trouve au bout de la rue du Plessis (hors de Versailles), M. Puel dit qu'il a vu cette espece au Muséum, dans l'herbier de Vaillant, avec une indication précise de localité : Porchefontaine, prés Versailles. M. Ramon de la Sagra fait à la Société la communication sui- wante : La famille des Synantherées est extrémement riche, comme on le sait, €n especes douées de propriétés énergiques, d'une grande utilité dans la médecine. L'ancien genre Eupatorium, particulièrement, est remarquable par le nombre de ses espèces aromatiques, de propriétés très reconnues. Les Mikania (subdivision de cet ancien genre) ont obtenu une juste célé- brité par la puissance de leur action contre la morsure des couleuvres venimeuses, J'ai trouvé dans les vitrines de l'exposition mexicaine une petite branche d'une plante de ladite famille, à côté d'un flacon d'un acide cristallisé extrait de sa racine, J'ai demandé ces objets à la commission mexicaine; elle a eu Ja bonté de m'envoyer un échantillon de l'acide et la petite branche en ques- tion. Je me suis empressé de soumettre celle-ci à l'examen de notre savant confrère M, Weddell, qui a eu l'obligeance de me la rendre immédiatement, avec. la dénomination suivante : Dumerilia Humboldtii, Lessing, in Linnæa, ann. 1830, p. 13, DC. Prod., VIT, 67. Cette plante est connue au Mexique sous le nom indien de Pipitza-hoac, donné à la racine, qui est ia partie employée comme contenant l'acide. Le docteur Hernandez en parle dans son ouvrage intitulé Historia plantarum Nove Hispanie. Cette racine est employée comme purgatif drastique, à la dose de 2 ou 3 drachmes (64 à 96 grammes); en plus grande quantité, son action est plus Brande et amène des coliques et des vomissements bilieux. 284 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les urines des personnes qui prennent la raeine deviennent plus ou moins colorées en jaune verdátre, et cette coloration s'observe dans quelques cas, méme après que l'effet du purgatif est passé, effet qui se présente ordinai- rement au bout de deux heures. L'acide retiré des racines est un drastique depuis la dose de 6 à 12 grains (8 à 16 grammes), et colore les urines, de méme que la racine. Celle-ci est beaucoup moins active, plus embarrassante et difficile à doser. Le nouvel acide, découvert et étudié par le professeur mexicain M. Rio de la Lora, est en même temps une matière colorante, laquelle étant com- binée avec les alcalis et les oxydes métalliques, produit des sels de diverses nuances qu'on peut fixer sur les étoffes de laine, de soie et de coton; mais il faut encore bien étudier les procédés. La commission mexicaine, en m'envoyant l'échantillon de l'acide, le nomme Zolorique, eu souvenir du savant mexicain qui l'a découvert et analysé. Voici sa formule chimique, d'aprés le Mémoire de M. Rio de la Lora, lu à l'École de médecine de Mexico le 22 novembre 1852: O4H 8C" Az, A l’occasion de cette communication, M. Weddell présente les observations suivantes : Il y a deux espèces de Dumerilia décrites dans le Prodromus, l'une sous le nom de D. Humboldtii, Less., l'autre sous celui de D. Alamani, ne dif- férant que par le nombre de fleurons (5 ou 8) contenus dans chaque capitule. Or ces nombres se rencontrent quelquefois dans une méme inflorescence; on peut donc croire que les deux espèces ne doivent en former qu'une. Mais il y a plus : ees fleurons, dont les auteurs limitent le nombre à 9 dans le genre Dumerilia, sont aussi en bien plus grand nombre dans quelques capi- tules, ainsi que j'ai pu m'en convainere par l'examen d'un échantillon recueilli par MM. de Humboldt et Bonpland, et portant écrit de la main de Willde- now le nom de Perdicium senecioides. Sous cette forme, le D. Humboldtii devient un véritable Acourtia, et peut très bien être (comme est tenté de le croire M. Schultz) le Perezia fruticosa, Lallav. et Lex., que De Candolle rapporte avec doute à l'A. formosa, Don. Toujours est-il que les variations offertes par cette plante, en effaçant les différences signalées entre les genres Dumerilia et Acourtia, autorisent pleinement à les réunir, et confirment d'ailleurs l'opinion déjà émise par Lessing à leur égard. De Candolle a publié (Col. Mém., IX, t. 17) une figure de son Dumerilia Alamani, qui représente exaetement la plante de Willdenow. M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes vivantes qu il SÉANCE DU 9 Mar 1856. 985 est parvenu à cultiver : le Blechnum alpinum (4), les Orchis Simia et galeata, et l'Orchis Morio à fleurs blanches, variété d'une conser- vation trés difficile. Il montre aussi des échantillons frais de plu- sieurs Ophrys qu'il vient de recevoir de Malte (O. Araneola, O. ten- thredinifera, O. Scolopaz, etc.). M. H. Baillon fait à la Société la communication suivante : SUR LA VÉRITABLE ORGANISATION DU BUIS, pr M. H. BAULLON. Le Buis, considéré généralement comme une plante de la famille des Eu- phorbiacées, n'a jamais été, pour cette raison, l'objet d'une étude particu- lière ; tels on connait les caractères de cette grande famille des Euphorbes, tels on croit être ceux du Buis, et cette généralisation fait précisément qu'on en ignore la véritable nature. Les feuilles sont, comme l'on sait, opposées et décussées. Remarquables, au point de vue anatomique, par l'existence des stomates seulement à leur face inférieure, elles le sont surtout par leur dédoublement facile en deux feuillets d'inégale épaisseur, dont je ferai connaitre ailleurs la véritable composition et l'origine. Dans la plupart des ouvrages descriptifs, on cite le Buis comme ayant des stipules, stipules caduques pour certaines feuilles, qui en sont toujours, en effet, dépourvues. L'existence de ces stipules est admise sans discussion dans la Flore de MM. Cosson et Germain. Or ces Stipules ne sont que des feuilles. On voit fort bien dans un bonrgeon trés jeune, à la fin de l'hiver ,quil n'ya que des feuilles. Seulement les plus extérieures, qui sont en méme temps les plus inférieures pour le futur rameau, sont fort incomplètes, la première paire n’a qu’une nervure mé- diane, sans parenchyme; la seconde paire n'a qu'une petite bande de paren- chyme de chaque côté de la nervure médiane: ces secondes feuilles sont très étroites et aiguës. La troisième paire est plus large; ce n'est guère que la quatrième qui présente, sinon la taille, du moins la forme normale des feuilles parfaites. Done ces stipules ne sont que des feuilles et persistent Comme elles. La fleur måle est simpleet bien connue dans presque toutes ses parties. Elle a quatre sépales à son périanthe, deux latéraux, plus extérieurs, et en dedans de ceux-ci, un postérieur et un antérieur qui est recouvert par le précé- dent, Les étamines, au nombre de quatre, introrses, biloculaires, sont Superposées aux sépales et non pas alternes comme Adr. de Jussieu les a représentées. Entre elles, au centre de la fleur, est un organe glanduleux quadrilatéral qui s'épanche latéralement entre les filets staminaux. Sur quels (1) Blechnum alpinum Metten. (Lomaria alpina Spreng.), Fougère trés intéressante qui ne croit que dans les régions antarctiques du globe, e 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. motifs s'est-on appuyé pour dire que c'était un ovaire rüdimentaire? Je ne sais; mais je ne crois pas qu'on puisse rencontrer Sur eet organe les trois vestiges de loges qu'on y a représentés. La fleur femelle surtout est digne d'intérêt, parce que, jusqu'ici, elle a été fort incomplétement étudiée. Je ne parle pas des divergences des auteurs sur le nombre des sépales qui composent son calice imbriqué. Pour Achille Richard, il y en a six ; pour la plupart des autres auteurs, il y en a sept. Ce dernier nombre est le plus fréquent, mais il reste à décider s'il s'agit ici d'un calice unique où s'il y a une bractée-mère et deux bractées latérales stériles, comme on l'a avancé, ce qui bornerait le nombre des vrais sépales à quatre. Souvent, du reste, le nombre total des écailles est moindre de sept; j'en ai vu six souvent, cing parfois, et plus rarement | quatro en tout. On sait que la fleur femelle ne renferme aucun rudiment d'organes máles, Au centre se trouve seul le gynécée; il a trois loges ovariennes dispermes et trois styles canalieulés, stigmatiferes à leur face interne. Ces styles sont périphériques, excentriques, divergents, premiere différence du gynécée du Buis avec celui de toutes les Euphorbiacées. Pourquoi cette divergence; au lieu d'un style apiculaire unique d'abord, puis ensuite divisé en trois branches stigmatifères, comme cela arrive dans les vraies Euphorbinefen et par exemple, dans l'Euphorbe et le Ricin ? Le voici : Quand l'ovaire commence à se développer, il consiste en trois feuilles earpellaires qui deviennent bientôt connées à leur pourtour ; de là une cupule unique, un ovaire d’abord uniloculaire; puis, alternant avec les trois feuilles carpellaires, on voit trois saillies qui, je pense, sont trois divisions de l'axe de la fleur, formant trois colonnes proéminentes dans l'intérieur de la cavité ovarienne, Plus tard, ces trois colonnes convergent en haut vers leur sommet, pour fermer la cavité. Quant aux feuilles carpellaires elles- mêmes, elles s'en vont, au contraire, se portant en haut et en dehors, pour former les trois styles excentriques, lesquels se couvrent plus tard, à leur face interne, de tissu stigmatique. Les trois colonnes alternes avec les feuilles carpellaires proéminent de plus en plus vers l'axe de l'ovaire, elles tendent à diviser sa cavité en trois loges; elles forment cloisons, en méme temps elles constituent les placentas,. En baut, de chaque côté, elles deviennent gibbeuses ; les saillies qui s'y produisent sont les futurs ovules. Je passe sur les évolutions successives. de ceux-ci pour arriver à leur état dans le bouton voisin de l'anthése. A cette époque, chaque ovule est pendu vers le sommet de l'angle interne, un peu sur la voûte de l'ovaire; il est anatrope, avec son micropyle tourné en dedans et en haut, son raphé regardant en dehors. 1l y a de plus une légère inclinaison de l'ovule par rapport à son axe vertical; c'est que cet ovule est dévié de la perpendiculaire par son voisin, fait qui se présente - SÉANCE DU 23 Mai 4856. 287 d'ailleurs dans presque tous les cas de loges bi-ovulées, de $orte que je n'y insiste pas ici. . Vienne la transformation de cet ovule en graine; celle-ci sera longue, étroite, noire, charnue à son sommet; je prouverai plus tard que sa struc- ture n'est en rien celle des graines de toutes les plantes dont on a rapproché le Buis; mais m'occupant ici d'une manière plus particulière de l'expansion charnue qui surmonte cette graine, je constate que ce n'est pas une caroncule, une produetion charnue des membranes de la semence partant du micro- pyle. C'est au contraire une production ombilicale qui a les caracteres es- sentiels de l'arille, quoiqu'elle n'en ait pas, au premier abord, les appa- rences. Mais que peuvent, pour déterminer la véritable nature d'un orgaue, la forme et l'étendue? L'origine, le point d'insertion, les rapports avec les aütres parties, le mode de développement, telles sont les vraies données auxquelles il s'en faut rapporter. Qu'on examine ici l'orifiee mieropylaire, on le verra parfaitement libre de tout appendice et de toute production surajoutée aux membranes de la graine. Je compte développer plus tard les conclusions qu'on peut tirer dès à présent de cet examen rapide. 1° L'ovaire du Buis a une placentation originairement pariétale, ce qui n'arrive jamais pour une véritable Euphorbiacée. 2 Les placentas, qui sont en méme temps les cloisons, portent des ovules- pendus, anatropes, à micropyle intérieur et supérieur. 3 Il n'y a qu'un caractère commun, la déhiscence élastique du fruit, — €t ce Caractère se rencontre bien ailleurs, — entre les Euphorbiacées et les plantes que je réunirai dans l'ordre des Buxacées. SÉANCE DU 23 MAI 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. - M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la Séance du 9 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de: MM. Baran (Gabriel de), rue de Vaugirard, 158, à Paris, présenté par MM. de Bouis et de Schoenefeld. Howserr (Émile), docteur en médecine, rue Contrescarpe-Saint- Marcel, 23, à Paris, présenté par MM. Frilley et T. Puel. 288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Aunnost (François), à Borgo en Valsugana (Tyrol italien), pré- senté par MM. J. Gay et Parlatore. | VaLLon (Alexandre), licencié és sciences, rue Gracieuse, 20, à Paris, présenté par MM. Boisduval et de Bouis. CARBONNEAU-LEPERDRIEL, élève en pharmacie, ruedes Martyrs, 18, à Paris, présenté par MM. Dorvault et Reveil. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. , Dons faits à la Société : 1» De la part de M. Des Étanes, de Bar-sur-Aube : Liste des noms populaires des plantes de l'Aube et des environs de Provins, 18h5. Rapport sur le Catalogue raisonné des plantes vasculaires qui croissent dans le département de la Marne, par M. le comte de Lambertye. 2° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, mai 1856, deux numéros. M. Baillon met sous les yeux de la Société des dessins à l'appui de la communication sur le Buis qu'il a faite dans la dernière séance. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN CAS DE DÉDOUBLEMENT OU EXPANSIVITÉ (4) DE LA TIGE CHEZ UN INDIVIDU ÉTIOLÉ DE SOLANUM TUBEROSUM, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Le phénomène du dédoublement est considéré, avec raison, comme un phénomène d'hypertrophie ; le phénomène de l'étiolement, au contraire, est considéré comme un phénoméne d'appauvrissement. Voici une piece qui prouve cependant que l'étiolement et le dédoublement des tiges peuvent Se manifester simultanément chez un méme individu, sur une méme tige 0U un méme rameau. La tige que je présente à la Société est celle d'une Pomme de terre (Sola- num tuberosum) qui a végété dans une cave humide complétement obscure; (4) Je crois devoir remplacer par le mot expansivité le mot diruption par Jequel j'ai précédemment désigné le phénomène complexe (fasciation et dédoublement) en vertu duquel les organes tendent à devenir et deviennent muliiples, tant les organes foliaires que les organes axiles. Il s'agit en effet d'exprimer un fait de mul- tiplication avec écartement, qui s'opère insensiblement pendant la durée de la croissance. Je n'avais proposé le mot diruption, qui implique l'idée d'une sépara- tion violente, que faute d'en avoir alors trouvé un meilleur. SÉANCE DU 23 mar 4856. 289 elle se termine en deux tiges cylindriques d'égale valeur, formant par leur écartement un angle trés aigu, dont les côtés sont également distants de la ligne médiane. Des cas de dédoublement analogues à celui-ci ont été attri- bués à la soudure d'un rameau axillaire avec la tige-mère, dans une certaine étendue, puis à sa mise en liberté (à une distance plus ou moins grande de son véritable point de départ à l'aisselle d'une feuille; dans le trajet de l'un des mérithalles supérieurs de la tige-mère. La preuve manifeste que, dans le cas présent, les deux tiges qui terminent la tige principale ne sont pas constituées l'une par la continuation de cetle tige, l'autre par un de ses rameaux, mais que ces deux tiges terminales sont le résultat de l'expansivité du bourgeon terminal de Ja tige-mére, partagé en quelque sorte en deux parties ou deux branches jumelles qui en sont, autant l'une que l'autre, la continuation directe; celte preuve, disons-nous, consiste dans la présence de bourgeons à l'aisselle de chacune des feuilles qui existent au-dessous de la bifureation. En effet, chaque feuille avant son bourgeon axillaire indé- pendant des deux tiges terminales, ces tiges ne peuvent étre que le résultat d'un dédoublement du bourgeon terminal de la tige principale. Chez notre monstre double, la feuille axillante qui est située le plus pres de la bifurcation et qui présente un ramuscule axillaire, est soudée dans une certaine étendue à la partie inférieure de ce ramuscule; elle pourrait done, à la première inspection, être considérée comme insérée sur ce ramuscule, lequel n'ayant plus, dès lors, de feuille axillante, pourrait être considéré lui-même comme un résultat de l'état d'expansivité où se trouve la plante. Mais la preuve que cela n'est pas, et que la feuille est axillante du ramus- cule, se trouve dans l'état du développement de cette feuille, qui présente un limbe et est relativement grande, tandis que la feuille suivante, née sur le ramuscule, est squamiforme (réduite à la partie pétiolaive), et est relativement de trés petite dimension, puis est suivie d'une feuille plus grande qu'elle. Or, la feuille inférieure d'un rameau est presque toujours plus petite et non plus grande que la feuille axillante du rameau et que sa deuxième feuille. Dans la plante que nous avons sous les yeux, la feuille inférieure soudée, qui est la plus grande, est done la feuille-mere ou axillante, et la feuille Squamiforme située immédiatement au-dessus d'elle est la feuille premiere ou inférieure du ramuscule. M. Moquin-Tandon ne pense pas que le dedoublement soit toujours un signe d'excés de vigueur, car il a vu et décrit des organes dédou- blés qui présentaient des signes évidents d'affaiblissement. M. Puel fait à la Société la communicatiou suivante : T. Ii. 19 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR LE TRIFOLIUM FILIFÜRME bE LINNÉ, ET SUR QUELQUES AUTRES ESPÉCES LITIGIEUSES DE LA SECTION CHRONOSEMIUM, par M. T. PUEL. MM. Soyer-Willemet et Godron ont publié en 1847, dans les Mémoires de la Société des sciences de Nancy, une Revue des Trifles de la section CunoNosEMIUM, et en 1852 de Nouvelles observations sur le méme sujet. Ils ont bien voulu citer, dans ce dernier travail, quelques notes que j'avais pris la liberté de leur communiquer à l'occasion. du premier memoire, mais ils n'ont admis que les preuves favorables à leur opinion antérieure, et ils ont repoussé ceux de mes arguments qui les auraient forcés à modifier leurs conclusions. Je regrette de n'avoir pas été assez heureux pour faire partager mes convictions à ces deux éminents botanistes, et j'ai longtemps hésité à combattre leurs idées, car, a mes yeux, l'opinion d'un monographe doit toujours étre prise en grande considération. Mais après avoir continué pen- dant plusieurs années mes recherches sur ces questions litigieuses, je ne puis me décider à renoncer à mon opinion particulière. Je viens donc porter le débat devant la Société, avec l'espoir qu'une discussion nouvelle sur ce point contribuera à nous mettre tous d'accord, et finira par fixer définitivement la synonymie de ce groupe intéressant de Tréfles que De Candolle a réunis sous le nom collectif de CAronosemium. Parmi ces espèces, il eu est quelques-unes sur la synonymie desquelles il n'existe aucune incertitude, ou du moins au sujet desquelles il ne s'est élevé aucune dissidence notable entre les botanistes : je n'en parlerai pas ici. Je ne m'occuperai que des quatre espèces suivantes, dont les trois premières seulement étaient connues de Linné: 1° Trifolium filiforme L.; 2 Tr. agrarium L.; 3° Tr. procumbens L..; h° Tr. minus Rehlau. Je ne veux entretenir aujourd'hui la Société que du 7r. filiforme L.; mis comme la synonymie de ce petit groupe est extrêmement obscure, il me parait indispensable, pour éviter toute confusion, de fixer des à présent les idées sur le résultat général auquel m'ont conduit mes études person- nelles: j'essaierai ensuite de justifier aux yeux de la Societé ces conelusions que je n'ose considérer comme définitives, mais que je soumets humblement au jugement de la science. 1. TRIFOLIUM FILIFORME L.! (ex herb. auct. test, Bolle et Webb) ; Smith! (ex herb. auct. teste Webb); Soyer- Willemet et Godron! (test. auct.); etc. Tr. lupulinum alterum minus Ray! (e specim. typ. Petiveri « The En- glish Herball » in Mus. Par.); Vaillant ! (ex herb. auct. in Mus. Par.). Tr. micranthum Viviani. 2. TRIFOLIUM AGRARIUM l..! «ex herb. auct. test. Bolle et Webb); Smith! pA SÉANCE DU 23 Mal 1856. , 291 (ex herb. auct. teste Webb); Fries! (Herb. norm. fasc. 9, n. 52); Cosson et Germain ! (test. auct.); ete. Tr. aureum Pollich; Sayer- Willemet et Godrou! (test. atiet.); eto. 3. TRIFOLIUM PROCUMBENS L.! (ex herb. auct. test. Bolle et Webb); Smith! (ex herb. auct. teste Webb); Fries! (Herb. norm. fase. 9, n. 53); Cosson et Germain! (test. auct.); ete. Forma major exstat in Linn. herb. (teste Webb). Forma minor non exstat in Linn. herb. (teste Webb). , Tr. agrarium, var. majus et minus, Soyer-Willemet et Godron ! (test, auet.). e Tr. campestre Schreber. h. TRirorium minus Rehlan ; Smith ! (ex herb. auct. teste Webb). Tr. filiforme Fries! (Herb. norm. fase. 9, u. 54); Cosson et Germain! (test. auct.); ete., etc. Tr. procumbens Soyer- Willemet et Godron ! (test. auct.). Forma multiflora non exstat in Linn. herb. ! (teste Webb). Forma pauciflora exstat in Linn. herb. absque nomine! (teste Webb). J'aborde maintenant l’histoire particulière du Trifolium filiforme L. 14. TRIFOLIUM FILIFORME L. Avantlestravaux de MM.Soyer-Willemet et Godron, la tradition linnéenne, comme il arrive si souvent, s'était égarée au milieu des espèces postérieure- ment découvertes ; et les botanistes suédois, l'illustre Fries lui-méme, dont les travaux éminents nous ont si souvent ramenés à la véritable interpréta- tion des espèces de Linné, s'en sont écartés dans cette circonstance. Leur erreur est au reste facile à comprendre et à excuser, car il s'agit ici d'une plante qui ne croit pas en Scandinavie, ou qui, du moins, n'y a pas été ob- servée jusqu'à ce jour, et l'espèce elle-même qui a été confondue avec le 7r. filiforme L., le. Tr. minus Rehl., ne croit pas dans la Suède proprement dite, mais seulement dans les régions méridionale et occidentale de la Scan- dinavie, dans la Gothie et le Danemark. La plupart des auteurs modernes donnent le nom de 77. filiforme à la plante qui a été désignée par Smith sous le nom de 77. minus Rehlan, es- pèce dont la distinction spécifique esl à tort attribuée a Smith lui-même. D'autres auteurs, au contraire, suivant la tradition de Smith, voient le 77. filiforme L. dans la plante méditerranéenne, décrite par Viviani sous le nom de Tr. micranthum, et considèrent par conséquent le 7r. minus Rehl. comme tout à fait distinct du Zr. filiforme L C'est cette derniere opinion que MM.. Soyer et Godron cherchent à faire prévaloir. Je demande à la Société la permission de lui rappeler les arguments prin- cipaux exposés par nos savants confrères, et d'ajouter en passant quelques 292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faits nouveaax qui me paraissent de nature à mettre désormais hors de doute leur opinion sur ce point. i Le nom de Tr. filiforme a été créé par Linné dans la première édition du Species. Après la diagnose ordinaire, se trouve un seul synonyme, le sui- vant: Trifolium lupulinum minimum, Moris, hist. 2, p. 142, Raj. angl. 3, p. 331, t. XIV, f. 4. Linné donne ensuite une petite description, que je demande la permission de reproduire ici, car elle deviendra le point de dé- part de toute cette discussion : « CauLEs filiformes procumbentes. PEpvw- curi filiformes, foliis longiores, sustinentes FLiores 3 ad 5, in satis sepe 12 ad 15, deflexos, Cavvcisus fructum ferentibus insidentibus manifestis et distinctis pedicellis. » M résulte delà que le 77. filiforme L. a les tiges fili- formes et couchées, les pédoncules également filiformes, les fleurs générale- ment au nombre de 3 à 5, les fruits pédicellés. La description précédente, donnée par Linné pour son Tr. filiforme, s'adapte mot pour mot au Tr. micranthum Viv. Cette synony mie est donc incontestable. Il ne serait pas moins facile de démontrer que cette descrip- tion est tout à fait inapplicable au 77. minus Rehlan ; mais je reviendrai sur ce point à l'occasion de cette dernière espèce. Le synonyme de Linné vient ajouter un argument de plus à la conclusion qu'on pourrait tirer d'une description comparative, Je ne dirai rien de Morison, qui ne donne qu'une description incomplète de sa plante, sans indication de localité, et qui n'en a figuré qu'un capitule tout à fait insigui- fiant; mais il suffit de jeter un coup d'œil sur la figure de Ray, citée par Linné, pour rester convaincu de l'identité du Tr. micranthum Viv. et du Tr. filiforme L.. Ces divers motifs, parfaitement développés par MM. Soyer et Godron, m'avaient déterminé à adopter leur opinion, lorsque, en parcourant les ouvrages de Linné, je fis une remarque qui leur avait échappé, et qui con- firma pleinement à mes yeux l'interprétation de ces savants monographes. Le Tr. filiforme a été décrit pour la premiere fois en 1753, dans la première édition du Species, et Linné ne donne qu'une seule localité, Anglia. Plus tard il est vrai, en 1755, il signale la méme plante en Scanie, dans la seconde édition du Flora suecica; mais il n'en est pas moins évident que le nom de 77. filiforme doit s'appliquer avant tout à la plante d'Angleterre, seule localité connue de Linné en 1753. Je ferai remarquer ici, à l'appui de ce qui vient d'étre dit, que l'article de la première édition du Species, relatif au 7r. filiforme, a été reproduit intégralement et sans aucune modification dans la seconde édition, dont le second volume fut publié en 1763. Il paraitra sans doute extraordinaire que Linné répète, en 1763, identiquement tout ce qu'il a dit en 1753, sans tenir compte de ce qu'il a écriten 1755, et surtout sans ajouter la localité de Scanie à celle d'Angleterre, On dirait que Linné s'est apercu de quelque SÉANCE DU 23 wai 1856. 293 confusion commise dans le Flora suecica, et dont il n'a pas voulu prendre la responsabilité dans le Species. Mais je me bornerai, quant à présent, à ces courtes réflexions. En poursuivant mes recherches sur la synonymie du Tr. filiforme, je fus amené à examiner l'herbier de Tournefort et celui de Vaillant, précieu- sement conservés au Muséum de Paris. Je ne trouvai aucune indication dans celui de Tournefort, mais il n'en fut pas de méme de celui de Vail- lant, dans lequel j'eus la satisfaction de découvrir des documents précieux pour la solution de la question litigieuse qui nous oecupe en ce moment. L'herbier de Vaillant renferme plusieurs exemplaires de 7. micran- thum Viv., parfaitement caractérisés, et ils sont accompagnés de trois étiquettes authentiques, dont deux manuscrites et une imprimée. Voici la copie exacte de cette dernière : Trifolium. lupulinum alterum minus Ray Cat. Angl. et H. pl. 949. Synops. 135. It flowers about midsummer in meadows amongst the grass. The Lesser -Hop-Trefoil. La synonymie consignée sur cette étiquette, se rapportant exclusivement aux divers ouvrages de Ray, me fit penser que la plante était d'origine anglaise, et peut-étre de Ray lui-méme. Je consultai notre obligeant confrere, M. Spach, intelligent conservateur des traditions botaniques du Muséum, et j'appris que cette étiquette appartenait à une collection fort ancienne, envoyée au Jardin des plautes, et sans doute à Vaillant lui-même, par Petiver, Savant apothieaire de Londres, qui vivait au commencement du dernier siècle, et qui fut un des plus zélés botanistes de son époque, connu surtout par ses nombreux catalogues de plantes, accompagnés de figures gravées. Dés lors il fut évident pour moi que j'avais sous les yeux un type authen- tique de la plante de Ray. Cette opinion vient d’être confirmée de la manière la plus heureuse par la découverte toute récente que j'ai faite, dans la riche bibliothèque de M. Delessert, d'une série complete d'étiquettes non coupées appartenant aux diverses collections publiées par Petiver. Une de ces collections porte pour titre : Botanicum anglicum or the English Herball, et à la seconde page, On trouve justement l'étiquette de l'herbier de Vaillant. Ainsi que je l'ai dit précédemment, l'argumentation de MM. Soyer et Godron m'avait parfaitement convaincu, méme avant qu'elle füt corro- borée par mes recherches personnelles, de l'identité parfaite du 77. fili- forme L. avec le Tr, micranthum Viv., mais j'avoue qu'il ne m'a pas été Possible d'adopter leur opinion au sujet des trois autres espèces, et que, dans ma manière de considérer les Trèfles de ce petit groupe, je suis resté tout à fait d'aecord avec Smith. Je ne doutais pas que l'inspection de son herbier et de celui de Linné ne confirmát de tout point mes idées à cet égard; mais pourtant il me restait un doute occasionné par la crainte d'y 201 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rencontrer une de ces transpositions d'étiquettes qu'on a si souvent signalées. Je saisis done avec empressement deux occasions qui sé présentèrent à oi, dans le courant de l'année 1851, de faire vérifier la synonymie entièrè de eè groupe dans l'herbier de Linné et dans celui de Smith. M. le docteur Bolle, de Berlin, en se rendant à londres, avant son grand voyage aux iles du eap Vert, voulut bien se charger de visiter à mon intention ees pré cieuses collections, et j'eus la satisfaction de recevoir de cet obligeant con- frère une lettre datée de Londres, 4 juin 4851, qui confirmait pleinement les vues que je lui avais exposées lors de son passage à Paris. Peu de temps aprés, B. Webb, dont la science profonde égalait, nous le savons tous, l'inaltérable aménité, fit à Londres un séjour prolongé, pendant lequel il s'émpressa de comparer avec les types de Smith et de Linné des échan- tillons de diverses localités que je lui avais remis avant son départ. Sa répotise, comme celle de M. Bolle, fut pleinement confirmative, au sujet de toutes les espèces du groupe Chronosemtum, et particulièrement en €é qui concerne l'identité du 77. micranthum Viv. et du Tr. filiforme V. Ce résultat tranche irrévocablement, ce me semble, la question de syno- nymie du r. filiforme L., en faveur de l'opinion de MM. Soyer et Godron ; pour ma part, je l'adopte complétement. L'herbier de Vaillant, que nous ne consultons pas assez souvent, et que, pour ma part, je voudrais voir isolé, comme celui de Tournefort, des im- menses collections du Muséum, au milieu desquelles il est, pour ainsi dire, ed cet herbier précieux permet de conserver dans la flore de Paris le r. filiforme I., qu'il aurait fallu en effacer par suite des travaux de " Soyer et Godron. Parmi les floristes parisiens qui se sont succédé depuis Vaillant, il n'en est pas un seul qui ait eu la pensée de consulter l’herbier de cet auteur pour savoir quelle était la plante qu'il avait désignée, dans le Botanicon Parisiense, sous le nom de Trifolium luteum , lupulinum minimum H. Ox., avec les synonymes suivants : Trifolium lupulinum minus Ray Cat. Angl. Trifolium [upulinum alterum minus? Ray Hist., 1, 959. Méret surtout est inexcusable de nous avoir donné la Synonyme lin- néenne de Vaillant, sans consulter son herbier, car je ne puis eroire qu il ait examiné le genre Trifolium. M y aurait trouvé en effet le 7r. mi- cranthum, ainsi que je l'ai dit, avec tous les synonymes du Botanicon ; mais, de plus, il aurait eonstaté que Vaillant avait découvert la plante dans le rayon de la flore parisienne, car une des étiquettes manuserites dont j'ai parlé précédemment porte une localité précise, Porchefontaine (4). (4) Hameau situé entre Versailles et Viroflay. L'étang de Porchefontaine, qui existait du temps de Vaillant, a été desséché. SÉANCE DU 23 mai 1856. 295 Quelques considérations de géographie botanique dont j'aurai plus tard, ‘e l'espere, occasion d'entretenir la Société, me faisaient espérér qu'un examen plus attentif des échantillons nains du 7r. minus Kehl., avee lesquels il est si facile de confondre le 77. micranthum Viv., ou des re- cherches minutieuses autour de Porchefontaine pourraient faire retrouver la plante signalée par Vaillant, et je n'ai cessé pendant plusieurs années d'engager tous nos jeunes et ardents collaborateurs pour F Herbier des flores locales de France, que nous publions M. Maille et moi, à reehereber le Tr. micranthum Viv. autour de Paris, et spécialement du côté de Ver- Sailles. La découverte intéressante que M. Cretaine nous a commu- niquée dans la derniere séance est venue justifier mes prévisions et restituer définitivement à la flore parisienne une espèce, le 77. filiforme L., qui lui appartenait, il est vrai, depuis Vaillant, mais qu'une erreur seule avait maintenue dans les ouvrages modernes (1). On le voit par cet exemple, et j'espere le montrer plus tard par plusieurs autres, les études historiques sur les anciens auteurs de bolanique et sur les vieux herbiers, si négligés de nos jours les uns et les autres, ont parfois wn intérêt pratique non moins important que les recherches d'ailleurs émi- nemment utiles du nouveau et de l'inconnu. Chaque genre de travail a son mérite particulier, et tous, par leur ensemble, concourent à un but commun, l'avancement de la science. M. de Schenefeld annonce que M. Emile Le Dien vient de décou- vrir le Phleum arenarium, croissant en grande abondance sur les monticules sablonneux et boisés situés derrière le château du Marais, entre Argenteuil et Bezons (Seine-et-Oise). Il ajoute que cette espéce, commune dans les sables maritimes des bords de l'Ócéan et de la Méditerranée, n'avait pas encore été trouvée sur un point aussi rap- proché de Paris. MM. Germain de Saint-Pierre, J. Gay et Graves rappellent que le Phleum arenarium est abondant sur quelques points du départe- ment de l'Oise, notamment à la butte d'Aumont près Senlis, et à Mortefontaine. Dans ces deux localités il croit avec le Carex arenaria. M. Ghatin fait à la Societé la communication suivante : SUR LA GRAINE ET LA GERMINATION DU VALLISNERIA SPIRALIS, par M. AD. CHATIN. J'avais eu le regret de ne pouvoir eomplcter mes précédentes études sur (1) Depuis la rédaction de cette note, notre confrère M. de Schænefeld à aussi trouvé cette éspèce au bord de l'étang de Saint-Quentin, près Trappes (Seinc-et- Oise). 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Vallisneria, par l'observation de la graine et de la germination de cette plante, intéressante à tant d'égards, et qui pouvait bien, pensais-je alors, offrir encore quelques faits diznes de l'attention des botanistes sur les points dérobés à mes recherches. Je fus le premier à signaler la lacune qui se trouvait dans mon travail, et des lors je cherchai à combler celle-ci, ce qui n'était pas sans quelques difficultés. Mais la Providence, qui veille sur les botanistes, m'est venue inopinément en aide. Mon ami, M. Clos, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Toulouse, m'écrivait ce qui suit le 15 janvier dernier: « Je sais combien vous désirez étudier le fruit de la Vallisnérie... Le canal ayant été mis à sec cette année, on n'y en a plus trouvé : heureusement elle s'est montrée dans un bassin latéral au canal et destiné à recevoir des barques. C'est là que je viens d'en faire prendre plus de mille pieds, que j'ai tous examinés avec soin, mais dont aucun ne portait la moindre trace de fruit. Ce résultat me donne à peuser que la plante est le plus souvent stérile (au moins dans nos contrées), et que la nature a cru l'avoir assez dotée en lui accordant une merveilleuse facilité de propagation à l'aide des stolons. » Mais, plus favorisé à Paris qu'à Toulouse, j'ai apereu au mois de mars, sur l'un des pieds femelles, mélangés, dans le grand bassin d'arrosement du Jardin botanique de l'École de Pharmacie, à des pieds máles provenant d'un envoi que M. Clos m'avait fait l'année précédente, un fruit bien vert tenant encore à la hampe. Ma joie fut surtout grande quand, coupant le fruit en travers, j'apereus, sur les parois, des graines ayant toute l'apparence de graines müres et bien conservées. Des graines, au nombre de trente environ, de mon fruit (qui était à peine du double plus gros que l'ovaire au moment de la floraison, vert, et n'of- frait aucun signe de déhiscence), je fis deux parts: la première, pour l'ob- servation de la structure de la graine elle-même; la seconde, pour l'étude de la germination. Structure. — Les graines, longues d'un millimètre environ, de eouleur fauve, à surface finement aréolée et de forme obovée-allongée, sont, pour la plupart, munies à leur sommet, où il fait hernie au travers de l'ouverture micropylaire, d'un petit corps conoide qui rappelle tout à fait le nucelle non encore complétement recouvert par la membrane de l'ovule. Ce corps est-il formé simplement par le sommet du nucelle, sous lequel la membrane ovulaire se serait arrêtée, ou provient-il d'uue excroissance du sommet du nucelle postérieurement au moment ou il a été atteint par cette membrane? Nous peusons qu'on peut lui attribuer cette double origine ; la seconde; plus difficile à concevoir, paraissant établie par cette considération que, Vers le moment de la fécondation, presque tous les ovules ont leur nucelle recou- vert par le tégument, tandis que les graines que j'ai observées portent pour SÉANCE DU 23 mai 1856. 297 la plupart, comme celle figurée par C. Richard (1), un corps faisant saillie au travers du micropyle. Comme d’ailleurs les raisonnements ne peuvent suppléer qu'imparfaitement à l'observation, je me propose de suivre, à la première occasion favorable, le passage de l'ovule à l'état de graine. L'embryon est recouvert d'un double tégument cellulaire, dont l'externe représente la membrane simple et unique de l'ovule, tandis que l'interne est formé par le nucelle, repoussé à l'état de simple membrane par l'embryon développé à son intérieur. La structure de la membrane interne offre cette particularité intéressante, que, partout oü elle est recouverte par le tégument externe, savoir, sur toute sa surface, moins l'appendice en saillie dans l'ouverture mieropy- laire, elle offre entre ses cellules de petits trous arrondis, en tout semblables à ceux (fenétres de M. le professeur Parlatore) qu'on observe dans les dia- phragmes perforés jetés au travers des lacunes du parenchyme des plantes aquatiques. Quant à l'embryon lui-même, il est blanc, charnu, homogène et de forme obconique, le gros bout sous le micropyle. On a regardé ce gros bout comme étant la radicule; mais il serait plus exact de le considérer comme l'extré- mité radieulaire du mésophyte, attendu que la vraie radicule ne se montre qu'à la germination. De méme, l'extrémité atténuée de l'embryon, tournée vers le hile, est une extrémité gemmaire plutôt qu'une gemmule vraie, la germination seule développant celle-ci. Germination. — Bien peu des graines du fruit que j'avais eu le bonheur de recueillir étant infécondes, j'ai pu observer un assez grand nombre de fois la germination, qui a toujours offert les phénomènes suivants. L'embryon se gonfle, s'allonge, et presse par son extrémité radiculaire contre l'enseloppe, qui se rompt à peu pres cireulairement autour du mi- cropyle et tombe à la manière d'un opercule. En continuant à s'allonger, l'embryon repousse par son extrémité gemmaire, dans laquelle on distingue bientót une premiere, puis une deuxieme feuille, l'enveloppe placée autour de lui comme un fourreau, en méme temps que, sur l'extrémité radiculaire, pousse un petit cóne d'un tissu parfaitement blanc; ce petit cóne, qui de- vient filiforme à sa pointe, et parait séparé du mésophyte par un ren- flement circulaire qui se couvre (comme la racine sur sa longueur) de longs poils, les uns simples, les autres cloisonnés, n'est autre chose que la pre- mière racine de la plante. On remarquera que cette racine est toujours solitaire et n'offre aucune trace de coléorhize. | (4). Dictionnaire d'histoire naturelle de Levrault, pl. 79, f. 13, et Mém. de l'Institut, 4844. 298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Des racines secondaires sortent plus tard vers la base des feuilles, et à mesure que celles-ci se forment. C'est inutilément que j'ai recherché daus les tissus d'une plante munie de trois feuilles, et longue déjà de plusieurs centimètres, le mouvement de gy- tation ou de rotation, si facile à observer sur les plantes adultes. En somme, la gra ne du Vallisneria me parait intéressante par la strüe: ture dé ses téguments, par la saillie qui s'élève du mieropyle, par la strac- ture très simple de l'embryon, parce qu'elle ne donne à la germination {qui mé parait compléter l'évolution, arrêtée sur la plante-mère, de la graine) qu'une racine seulé, et qu'elle ne porte aucune trace de coléorhize. M. Germain de Saint-Pierre fait observer que chez un gratid nombre de monocotylées, la racine n'est pas coléorhizée ; les diversés espèces de Liliacées, d'Amaryllidées, de Joncées, de Palmiers, ete., qu'il a fait germer, ne présentent pas de coléorhize. Mais l'existence d'une coléorhize n'étant point un caractère général des monoco- tylées, il n'en est que plus intéressant d'étudier, à ce point de vue, la structure de l'embryon en germination chez les différents groupes de cet embranchement, la présence ou l'absence de la coléorhize devant fournir, pour la délimitation de ces groupes, un imporlant caractére. M. Eug. Fournier fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA RACINE PIVOTANTE TEMPORAIRE DES BULBES DE L'AGRAPHIS NUTANS, Link» pr M. E. FOURNIER. J'ai reeueilli dernierement des bulbes de cette jolie Liliacée, qui m'ont présenté un phénomène assez curieux ; j'ai l'honneur de les mettre sous les yeux de la Société. Ils sont ovoides et se terminent, à leur extrémité infé- rieure, eu une pointe que continue un prolongement radieiforme conique, long de 40 à 60 millimetres. La direction en est tantôt verticale, tantôt oblique; il s'atténue insensiblement à sou extrémité terminale. Il est facile de constater, soit en pratiquant une coupe longitudinale, soit en écartant les écailles du bulbe, que ee prolongement se continue avec la partie €en- trale ou le plateau ; il n'émane point d'un bulbe de formation récente placé à l'aisselle d'une tunique. Il est ordinairement unique. J'ai un bulbe qui en présente deux, mais il contient un caieu terminé lui-méme par un prolen- gement analogue à celui du bulbe-mere. Ces bulbes ont été recueillis il y a huit jours au bois de Meudon ; C'est M. Maille qui, le premier, me fit remarquer le phénomène qu'ils présen- SÉANCE DU 23 mai 1856. 299 tent, et, en continuant nos recherches, nous en trouvâmes environ une quinzaine. Les prolongements radieiformes appartenaient surtout à de jeunes bulbes dépourvus de fleurs ; je lës ai rencontrés aussi sur des bulbes plus anciens qui portaient une hampe ; mais le prolongement ne tenait plus qu'à peine à leur base. Ce fait m'a paru assez curieux et assez rarement observé pour être mis sous les yeux de la Société; je ne crois pas, cependant, qu'il soit nouveau. La continuité exacte de ce prolongement radiciforme avec l'axe m'a porté à reconnaitre que j'avais sous les yeux une racine pivotante dauciforme ana- logue à celle que M. Germain de Saint-Pierre a décrite sur le bulbe de l'Agraphis campanulata Link, en indiquant méme que certaines especes voisines se comportent d'une maniére analogue (1). Cette racine est tempo- râire, et destinée, selon ce botaniste distingué, à fournir à la jeune plante un réservoir de sucs nutritifs ; elle tombe après un temps plus ou moins long. J'ai en effet constaté qu'elle tenait à peine à la base des bulbes anciens qui la présentaient encore; et ceux qui en sont dépourvus offrent, au lie où s'insérait ce prolongement, la cicatrice qui résulte manifestement de sa chute. M. Germain de Saint-Pierre dit qu'il a observé ces racines char- nues, qu'il nomme racines dauciformes, non-seulement dans plu- sieurs espèces du genre Agraphis, et particulièrement chez l'A. cam- panulata, mais qu'il en a observé d'analogues chez divers genres de la famille des Liliacées et de la famille des Iridées, notamment dans le genre Crocus. L'examen de ces racines, dans la série des plantes cliez lesquelles il les a observées, sera l'objet d'une prochaine communication. M. J. Gay rappelle que Clusius avait déjà remarque la présence d'un rhizome chez le Crocus nudiflorus. C'est surtout sur les échan- üllons cultivés qu'elle est facile à reconnaitre. M. Boisduval présente à la Société quelques-unes des plantes qu'il est parvenu à cultiver avec succes : un hybride de l'Orchis Simia el de l'O.. fusca provenant de Lardy, le Nigritella angustifolia, les Asplenium montanum et Halleri, et deux variétés du Veronica prostrata. Il montre aussi un tubercule d'OrcAis longicornu, d'une grosseur extraordinaire. (1) Voyez le Bulletin, t. I, p. 165. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE, Die Luftwege der Pflanzen (Les canaux aérifères des plantes); par le docteur Hubert Leitgeb (Sitzungsberichte der mathem.-naturw. Classe der kais. Akad. d. Wissenschaften, XVI, 1856, p. 335-563; tirage à part en broch. in-8 de 32 pag. et 1 pl.). L'auteur de ce mémoire a porté particulierement son attention sur les trois questions suivantes : 4° Eu combien de groupes peut-on classer tous les espaces aérifères des plantes, et comment peut-on caractériser anatomiquement ces groupes?— 2" Comment se forment les espaces aériferes, et de quelle extension sont-ils susceptibles? — 3° Les espaces aérifères forment-ils un système continu venant communiquer avec l'extérieur par les ston.ates ? Mais, avant d'en aborder la discussion, il présente en résumé l'histoire de la découverte des espaces aérifères et des observations dont ils ont été l'objet, depuis Malpighi et Grew jusqu'à nos jours. Les espaces aérifères des plantes ne sont pas autre chose que des cavités formées par dissociation ou par rupture des cellules ; des lors ils sont tou- jours limités par les parois des cellules adiacentes, et ils n’ont pas de parois propres. Avec Meyen, M. Leitgeb en distingue deux catégories : 1? les canaux aériferes (Luftgaenge) formés par dissociation régulière des cellules; 2» les lacunes (Luftlücken) provenues de la rupture du tissu cellulaire. 1. Canaux AËRIFÈRES.— Leur premier indice se trouve dans les méats intercellulaires qui constituent dans les plantes un systeme de canaux ra- mifiés de tous les côtés. Ailleurs c'est la direction longitudinale qui domine. Ces sortes de vides aérifères existent dans la plupart des tissus végétaux, e ils y prennent plus ou moins de développement jusqu'à l'état où on les voit chez le Pistia texensis, qui, sur 1000 parties en volume, renferme 743 vo- lumes d'air (M. Unger). L'auteur consacre six pages à l'étude de ces canaux aérifères sur lesquels il ne présente que des détails non susceptibles d’être résumés. Il. Lacunes.— Tandis que les espaces aériferes de la première catégorie se forment de bonne heure, avant le développement complet des organes qui les présentent, les lacunes ne se montrent, daus beaucoup de cas, qu à une époque avancée du développement des parties. M. Leitgeb en distingue deux sortes : 1° celles qu'il nomme lacunes canaliformes ( Canalarttjt REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 301 Luftlücken), divisées imparfaitement en loges par des cloisons plus ou moins percées en crible de manière à se laisser traverser par l'air (tiges des Juncus, Cladium, feuilles de beaucoup de Monocotylés); 2° celles qu'il nomme lacunes proprement dites (Eigentliche Luftlücken), qui se présentent comme des cavités isolées au milieu du tissu végétal, ou qui, lorsqu'elles se montrent allongées ou superposées en files, sont séparées les unes des autres par des eloisons parfaitement fermées, qui ne laissent pas passer l'air de l'une dans l'autre (tiges des Ombellifères, Composées, etc. ). L'auteur consacre un paragraphe spécial à l'examen des cloisons, un autre à la mesure des dimensions des espaces atrifères de tout genre. Cette der- nière étude le conduit à la loi générale suivante : Lorsque des espaces aéri- féres se trouvent dans les mêmes conditions d'organisation et de situation, l'écartement de leurs cloisons dépend de leur diamètre, de telle sorte que cet écartement est en raison inverse de leur largeur. — Dans un très court paragraphe sur les rapports entre la grandeur des espaces aérifères et le volume des organes, M. Leitgeb se contente de renvoyer au travail récent de M. Unger (Beiträge, ete., dans Sitzungsberichte d. k. Akad. d. Wiss., XII, p. 367). — Le paragraphe suivant a pour sujet l'arrangement des espaces aériféres dans les plantes. Il distingue sous ce rapport cinq disposi- tions différentes, et il établit comme général le principe suivant : Les formes des espaces aérifères dépendent de leur arrangement et de leur situation dans le corps de la plante, — Un paragraphe assez étendu est consacré à l'étude des rapports qu'offrent les espaces aérifères, soit entre eux, soit avec les Stomates. Il le résume comme il suit: Les espaces aérifères, méme lorsqu'ils né sont séparés latéralement les uns des autres que par une couche simple de cellules, ne sont pas en connexion les uns avee les autres; mais ils se Perdent à leurs extrémités dans un systéme de méats intercellulaires par le moyen desquels ils sont mis en communication, d'un côté, entre eux, d'un autre cóté et par l'intermédiaire des stomates, avec l'air atmosphérique. — Enfin le mémoire se termine par un paragraphe peu étendu relatif à la distribution des espaces aériferes selon les familles et les plantes. M. Leitgeb y énonce le principe suivant : Les espaces aériferes se trouvent particuliè- rement dans les plantes aquatiques, et l'organe dans lequel on les observe Surtout est la feuille. Une explication des douze figures qu'offre la planche vient à la suite du texte du mémoire. Zur Kenntniss der Reorganisationen im Pflanzenreiche (Sur les réorganisations dans le règne végétal); par M. Karl Müller (Botan. Zeitung du 21 mars 1856, n° 12, p. 200-202). Le fait qui est l'objet essentiel de cette note a été observé sur des Mousses. 302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Déjà, dans le cours de ses longues études bryologiques, M. Karl Müller avait eu occasion d'observer plusieurs fois des feuilles qui, ayant été évi- demment endommagées sur certains points, avaient réparé leurs pertes en produisant de nouvelles cellules, évidemment différentes par leur configura- tion du reste du tissu cellulaire. Plus récemment au milieu d'un nombreux envoi de Mousses, qui lui ont été envoyées de la Nouvelle-Hollande par M. Ferdinand Müller , l'auteur a remarqué une touffe de Bryum Billar- dieri dans laquelle un pied avait été rongé probablement par un animal. Les feuilles de cette plante avaient perdu, les unes leur côte médiane qui, dans l'état normal, les dépasse en forme de pointe épineuse épaisse, les autres une portion quelconque de leur tissu. Dans le dernier cas, leur lame avait réparé ses pertes au moyen de cellules particulières, lâches et régulièremeut hexagonales dans l'état jeune, celles du reste de l'organe étant rhomboides- hexagonales, comme dans tous les Bryum. Dans le premier cas, la cóte mé- diane détruite n'avait jamais été régénérée ; mais elle avait émis à sou ex- trémité quelques cellules láches qui s'unissaient avec le sommet de la feuille. Ce sommet lui-même se trouvait fendu en deux ailes comme s'il eüt été coupé avec des ciseaux, de sorte qu'on aurait pu caractériser lą feuille, en langage systématique, par les mots folium profunde excisum. La partieu- larité la plus remarquable est que ces deux prolongements foliaires avaient continué à se compléter par des cellules normales, et tendaient méme à se réunir, ce que rendait impossible la côte restée incomplète. Le bord de celte nouvelle formation était entier et non pas dentieulé, comme de coutume. Sur deux feuilles, il s'était produit, au milieu méme de la lame, des fentes étroites qu'avait comblées une file unique de grandes cellules lâches, très dilférentes des cellules adjacentes. De ces faits, M. Karl Müller conclut que la feuille possède, comme l'écorce, la faculté de régénérer son tissu détruit partiellement; mais que la côte ne possède pas ce pouvoir et se comporte ainsi comme un organe indépendant, comme un bourgeon terminal, comme un axe. Della fruttificazione dell Hoya carnosa, R. Br. (Sur la fructification de V Hoya carnosa, R. Br., discours lu à l'Académie royale de Lucques, dans la séance du 23 février +856, par le doeteur Attilio Tassi (7. Giardini, fase. X, avril 4856 ; tirage à part en broch. in-8°de 14pà8-, et 1 plan.; Milan, libr. d'André Ubicini). Le pied d'Zoya qui a donné lieu à la rédaction de ce mémoire est âgé d'environ 20 ans. 11 fleurissait abondamment chaque ànnée ; mais c'est seu” lement l'automne dernier qu'on vit pour la première fois uh de ses ovaires grossir et devenir un fruit parfait, qui s'ouvrit au mois de novembre. M. Tassi fait observer que ce n'est pas là un fait nouveau pour la science; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 308 mais que cependant la maturation des fruits de cette Aselépiadée s'opère ssez rarement en Europe, pour mériter d'être signalée lorsqu'elle a lieu. Les reeherehes qu'il a faites à ce sujet et les renseignements qu'il a reçus lui ont appris que les seuls points du continent européen où l Hoya ait fructifié, sont Gênes, Naples, Rome et peut-être Florence. H décrit ce fruit qui con- stitue un follicule long de 8 centim., épais de 9 millim. dans sa partie la plus renflée, solitaire, par suite de l'avortement du second carpelle du pistil, et surmontant un assez long pédoncule. Il attribue cette production d'un fruit parfait à la vigueur de sa plante. Il entre ensuite dans une discussion assez étendue sur la stérilité fréquente des Asclépiadées, ainsi que dans des considérations générales sur le genre Hoya, et plus particulièrement sur lH. carnosa. Die Pollinarien und Spermatien von Agaricus (Les pol- linies et les spermaties des Agaricus) ; par M. Hermann Hoffmann (o- tan. Zeitung du 29 février et du 7 mars 1856, n°* 9 et 10, col. 137-148, 153-163, plan. V). l. Pollinies. Les opinions sur ces formations sont assez partagées ; cepen- dant on semble revenir de plus en plus, dit M. Hoffmann, de l'idée que ce sant les organes fécondateurs des Hyménomyeetes. Dans le cas le plus simple leur configuration se rapproche tellement de celle des basides, qu'elles n'en different que par des dimensions un peu plus fortes et par l'absence des Stérigmates. Partant de cette forme fondamentale, on les voit d'un côté de- Venir plus ou moins piliformes, de l'autrese conformer eu mamelle de Ché- vre et présenter encore une configuration en vésicule intermédiaire aux deux dernières. Les pollinies piliformes sont les plus rares; elles sont le plus souvent simples, parfois rameuses, peu cloisonnées ; dans quelques cas elles se terminent par une tête remplie d'un liquide dense et trouble. Ce poil se renfle ordinairement par places, souvent presque eu chapelet irrégulier. Les pollinies en vésicules deviennent quelquefois si grosses que chez l'Aga- ricus micaceus, par exemple, on les voit aisément à l'œil nu. Dans certains Cas, leur membrane est lisse et si délicate qu'elle laisse aisément passer l'eau ; d’où le desséchement la ride, l’air humide la renfle de nouveau. Dans d'autres cas elle est plus ferme et elle possede une eutieule développée en Bombreuses verrues ou en petites épines. Les pollinies en mamelle forment Vu ovoide allongé, sur le sommet duquel se trouve une pointe ou uu petit é5lindre de longueur variable, Plus souvent encore leur portion inférieure $€ resserre et le tout devient plus ou moins cylindrique. Un paragraphe spécial est consaeré par M. Hoffmann aux formes anor- males des pollinies, parmi lesquelles la plus remarquable est celle où une Pollinie en mamelie passe graduellement à la conformation des basides. 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'auteur a cherché à reconnaitre si les diverses formes des pollinies ont des relations avec les groupes du grand genre Agaric. Il a trouvé, en effet, quelques rapports de ce genre; mais, au total, la conséquence de ses re- cherches est que la plupart des sections établies par M. Fries parmi les Agaries n'ont pas de relations avec les différentes formes de ces petits or- ganes. Le mémoire de M. Hoffmann présente ensuite les caractères des pollinies dans 52 espèces qu'il a étudiées. Il indique leur situation, qui n'est autre que le bord tranchant des lames de l'hymenium, à partir duquel elles s'éten- dent plus ou moins sur ces lames elles-mémes, en diminuant graduellement de nombre. Sur ce bord lui-méme, elles ne sont pas partout en égale quan- tité. Leur mode d'attache est le méme que pour les basides. Quant à l'organogénie des lamelles entières, l'auteur l'expose en détail, telle qu'il l'a observée surles Agaricus carneo-tomentosus, compester, et sur Y Hymenogaster Klotzschii. Pour déterminer l'importance physiologique des pollinies, il faut voir ce qu’elles deviennent plus tard. Or, dit M. Hoffmann, si l'on tient compte de la diversité du contenu de ces formations, de leur passage aux poils ordi- naires d'un cóté, et d'un autre cóté aux basides ordinaires, on arrive à ce résultat, qu'elles sont absolument sans importance pour l'acte de la repro- duction des Champignons; que c'est plutôt une forme particulière de déve- loppement des cellules en palissade de la couche hyméniale, oscillant entre la configuration des basides normales et celle des poils et des glandes, com- parable aux paraphyses des Pezizes. Celles que remplit une matière gra- nuleuse passent tout à fait graduellement à celles dont le contenu est limpide et aqueux. Ce sont des organes qui ne different pas plus les uns des autres que les poils glanduliferes ne different des poils ordinaires chez les Phané- rogames, et qui, comme ces poils, peuvent sécréter une matière, telle que le mucilage peu ou pas soluble dans l'eau, dont une grande quantité les enveloppe souvent, sans que la paroi cellulaire creve le moins du monde. On trouve très souvent à d'autres endroits chez les Champignons à chapeau, des poils à tête de nature glanduleuse, comme chez l’ Agaricus digitalifor- mis, Bull., par exemple, sur le stipe et sur la surface du chapeau jeune. Il. Spermaties. M. H. Hoffmann a suivi la formation de ces corps sur l'Agaricus metatus, Fries, dont il a trouvé le mycelium entier déve- loppé dans et sur les feuilles du Sapin, de manière à pouvoir en faire le sujet d'observations précises. En l'examinant à la loupe, ila vu qu'à la base du stipe de ce champignon se rattachaient des poils en faisceaux, d'épaisseurs inégales, et que tout à fait séparément, sur les mêmes feuilles, se trouvaient souvent plusieurs houppes de filaments analogues. Au microscope, ces houppes blanches, devenant jaunes vers le bas, se sont montrées portées sur une épatement radiciforme de filaments cellulaires bruns pour la plu- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 305 part. Cet hypostroma brun-noir ne contient pas de plasma granuleux, comme les cellules jeunes des parties supérieures, et il ne sert évidemment qu'à conduire les sues. Il rampe en tout sens, se ramitie beaucoup, et les extrêmes ramifications pénètrent dans les stomates de la feuille du Sapin. La tige méme des houppes se divise dans le haut en plusieurs branches de grosseur différente formées par la réunion d'un nombre variable de fils cel- luleux. A leur extrémité inférieure ces filaments sont cloisonnés. Lorsqu'on . observe leurs extrémités au moment convenable, on voit nettement s'y for- mer, par étranglement, de petits cylindres à bouts arrondis, de 0,004 sur 07,002, qui restent encore attachés par une matière rommeuse, mais qui se détachent enfin et tombent. Ces petits cylindres présentent pendant quelque temps, dans l'eau, un mouvement moléculaire ; ils ne germent ni sous l'eau, ni dans l'air humide, se renflent tout au plus un peu, et s'allongent aussi après quelques jours. Bref, ils ont tous les caractères des spermaties des autres Champignons et des Lichens et doivent être regardés comme tels. e Il n'est pas démontré dit l'auteur, que les spermaties servent à la fécon- dation. D'après mes observations, leur action n'est du moins pas néces- saire pour la premiére germination des spores. Mais leur influence serait- elle indispensable pour le développement ultérieur d'un stroma fructifére, ou, en d'autres termes, y a-t-il fécondation du protomycélium ? C'est ce qui ne pourra étre éclairci que par de nouvelles observations. » De fabrica spore Mougeotiæ genuflexæ, scripsit Armi- nius Itzigsohn. (Broch. in-8° de 15 pag. et 2 planch. lithogr. Neudamm, 1856. Chez l'auteur.) Dans une préface en allemand, l'auteur nous apprend que les observations Consignées dans son mémoire au sujet de la fécondation et de la formation des spores du Mougeotia ont été faites par lui, en 1853 et que les résultats en ont été publiés en partie dans la Botanische Zeitung du 30 septembre (n° 39) de la méme année. Le mémoire lui-même tout entier était rédigé des cette méme époque, tel qu'il vient d'étre livré à la publicité, et M. Itzigsohn rap- porte les circonstances particulières, indépendantes de sa volonté, par suite desquelles il était resté inédit. C'est done un travail déjà un peu ancien, malgré sa date récente. Pour ce motif, nous nous contenterons de résumer trés succinctement les faits principaux dont il renferme l'exposé. Deux espèces de Mougeotia ont été observées par M. Uzigsohn, le M. gra- cilis Kg., et le M. genuflexa. C'est dans les fils de la premiere qu'il a vu pour la premiere fois de petits corps en forme de globules hérisses de pointes "ayonnantes, qu'il a nommés astérosphérise, qui, d'abord verts, passent ensuite à un gris blanchâtre et se montrent des lors composés d'une matière Sranulense, Ils ont été premièrement lisses, et ensuite la membrane qui T. m. 20 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tés circonscrit se relève à sa surface de nombreux petits tübereules dont chacun s'allonge en pointé ; de là résulte là forme étoilée qui caractérise ces petits corps, dont l'auteur n'a pu déterminer la véritable nature dans cette éspèce. Mais, vers la fin du mois d'août, un autre Mougeotia, qui parait être le M. genuflexa des auteurs, a fourni à M. Itzigsohu le sujet d'observations plus démonstratives. Dans celui-ci, apres la conjugation de deux filaments àdjaéents, chacune des deux cellules forme, au point par lequel l'union s'était opérée, et toujours au milieu de la longueur d'une cellule, une petite proéminence que l'auteur nomme verrue nuptiale. L'endochrome sé ràmásse dàns cette éminence, et se divise en deux corps, l'un. vert, à ehlorophylle, presque globuleux, l'autre d'abord vert d'émeraude, peu àpres de couleur pâle, étoilé. Celui-ci passe par les mémes phases que les corps reconnus dans le Moügeotia gracilis et devient peu à peu trés élégamment étoilé; c'est une astérosphérie. L'autre est nommé par M. Itzigsohn globule spot gène, parcë qu'il doit constituer plus tard la spore. H est très vraisemblable que, après quelque temps, l'astérosphérie tout entière est comme absorbée par lé 2ló- bule sporigèné et se mêle avec lui, de sorte qu'il en résulte la spore. Il est certain que, lorsque la spore est développée, on ne voit plus autre chose d'âns la cellule qui là renferme. La spore développée, logée dans la verrüé nuptiale, présenté une membrane exterhe ou exospore brune ou fauve, pres- que cuivrée, qui entoure lâchement le contenu de ehlorophylle. L'auteur n'a pu s'assurer s'il y a. également un endospore. Enfin, lorsque la sport sort, à la maturité, de la verrue nuptiale dont la membrane se déchire, sa matière intérieure se divise en deux, ou quatre, ou huit, ou méme én seize sporules secondaires, qu'on peut nommer sporules-filles. Dans le mémoire de M. Itzigsohn, les figures de la premiere planche ont été fournies par le Mougeotia gracilis, celles de la seconde planche par le M. genuflexa. Das Befallen des Rapses durch den Rapsverderber, Sporidesmium exiliosum, Kühn, in litt. (La maladie du Colza causée par le Sporidesmium exitiosum, Kühn, in litt.) ; par Jul. Kühn (Botan. Zeit. du 8 février 1856, n° 6, col. 89-98, pl. I1). La maladie du Colza et de la Navette, ainsi que des salades d' hiver et d'été, est devenue assez cómmune depuis quelques années pour causer quelquefois des pertes considérables. Les premiers indices du mal consistent en petites taches d'un brun noirátre ou d'un gris noirâtre, qui ont la forme de pont- tuations sur les siliques, de lignes sur la tige et les rameaux, et qui, gros- sissant peu à peu, modifient plus tard leur configuration. Sur les siliques ces taches peuvent finir par s'étendre sur toute la largeur des valves; mais n^ REVUE BIBLIOGRAPHIQUE: 307 ordinairément elles restent plus petites. D'abord le parenehyme situé autotir de ces taches se montre d'un vert frais, et les taches elles-mêmes paraissent alors ün peu enfoneées; mais bientôt il prend une mauvaise couleur, se fane et se racornit. Alors, si le temps est see, les siliques se desseehent rapidement, et un vent léger, le simple contact de la faucille, suffisent pour les faire ouvrir et pour amener ainsi Ja perte des graines. L'invasion du mal est-elle plus tardive, les graines atteignent leur grosseur normale, mais elles soht encore vertes quand les siliques s'ouvrent, Le mal se déclare-t-il plus tôt, les graines se racornissent, deviennent d'un brun grisátre et s'entou- rent d'une moisissure blanchâtre. Souvent la maladie se propage en peu de jours avec beaucoup de rapidité, pour peu qu'il y ait des alternatives de pluie ét de soleil, ou en général qu'il fasse un temps à la fois chaud et humide. La cause de cette maladie consiste dans un Champignon parasite encore inconnu. Il développe son mycélium dans l'intérieur des parties attaquées ; mais il vient former ses spores à l'extérieur, et l'on peut en reconnaitre l'existence à l'oeil nu. Si l'on examine ùne silique lorsque le mal est dans un état avancé, on y voit de petits corps de couleur foncée, plus ou moins en saillie sur l'épiderme, qui portent des spores extrémement petites, oblongues, pulvérulentes, paraissant d'un vert-olive par leur rapproehe- mént, Sous un grossissement de 60-80 diamètres et en opérant avec beau- coup de précaution, en raison de la facilité avec laquelle les spores se detachent, on voit que la forme typique et la plus commune du Champignon consiste en ee que sa spore, ovoide et ventrue vers sa portion inférieure, se prolonge supérieurement en longue pointe et repose sur une baside cloi- sonnée. Rarement on voit plusieurs spores superposées en chapelets, jus- qu'au nombre de 10. Une autre forme peu fréquente est celle oü les basides se développent en fils qui portent les spores. Quant aux baside:, elles sont brunes; elles présentent un nombre plus ou moins graud de eloisons trans- Versales, Lorsque les spores commencent à se former sur elles, elles font faiblement saillie au-dessus de l'épiderme et s'élévent ensuite davantage. La forme des spores varie beaucoup ; quelquefois elles portent une sorte de rameau latéral, quelquefois aussi elles donnent naissance à une ou plusieurs Speres latérales. Normalement elles reposent sur le sommet des basides ; plus rarement on les voit attachées sur le côté de celles-ci. Dans un petit nombre de cas, deux spores collatérales surmontent une baside ; encore plus rarement on voit une spore au sommet et une autre sur les eótés de la méme baside, Les spores sont colorées en brun plus clair que celui des basides ; plus elles sont vieilles, plus leur couleur est foncée. Dans les premiers temps le Champignon tout entier est iucolore. M. Kühn expose en détail le developpement de ces spores. Flles se mon- trent d'abord sous la forme d'une vesieule arrondie, incolore, qui devient 308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. promptement ovoide, s'allonge ensuite, se divise successivement en plu- sieurs cellules superposées au moyen de cloisons transversales, et dont la pointe se développe en dernier lieu. Enfin les articles ainsi formés se renflent quelque peu, de telle sorte que l'ensemble devient sensiblement monili- forme. Ces spores germent avec une extréme faeilité, au point que, sousle mieroscope, on peut en voir la germination se faire apres une heure de sé- jour dans l'eau sur une lame de verre. Une spore germée qu'on laissesécher pendant un court espace de temps et qu'on humecte ensuite de nouveau, renfle ses fils instantanément et continue de végéter. On peut déterminer successivement plusieurs arrêts et reprises de végétation. Elles germent avec Ja méme facilité sur la surface des plantes. Les filaments qui résultent de leur germination rampent plus ou moins sur l'épiderme jusqu'à ce qu'ils rencontrent un stomate dans lequel ils puissent pénetrer. L'auteur a réussi quelquefois à obtenir des coupes transversales sur les- quelles on suivait les filaments depuis la spore germce jusque dans l'épais- seur du tissu cellulaire bruni sousleur influence désorganisatriee. La colo- ration en brun-noir des cellules de l'épiderme commence dans le voisinage immédiat du stomate. Aux premiers degrés de l'affection des cellules épi- dermiques on voit le contenu des cellules se troubler etla ehlorophylle altérer sa couleur. Bientót les parois cellulaires brunissent elles-mémes, durcissent, deviennent opaques et insensibles à l'action des réactifs, au point que méme l'acide sulfurique, concentré ne les détruit que lentement. Lorsque les fila- ments pénètrent plus profondément dans letissu, l'altération gagne celui-ci. Les filaments se ramifient ensuite de plus en plus en fils de mycélium non cloisonnés qui se répandent partout dans les siliques et qui gagnent méme les graines. Ces fils s'étendent dans l'intérieur des cellules. Enfin ils s'articu- lent, s'unissent en couche fructifère ou stroma sous l'épiderme. Des cellules terminales et aussi des cellules médianes de ces fils fructiferes, lesquelles se renflent le plus souvent en forme arrondie, naissent les cellules basidiques d'abord sans cloisons, qui percent l'épiderme plus ou moins désorganisé, commencent ensuite à produire leur spore et se eloisonnent graduellement à l’intérieur. Les basides naissent tantôt isolées, tantôt groupées, celles-ci traversant ensemble l'épiderme. L'auteur pense que le Champignon dont il a si bien suivi le développe- ment devrait former un genre à part. Mais provisoirement il se contente de le ranger parmi les Sporidesmium, Corda, a cause de la forme des spores. Le mémoire se termine par une explication succincte des 49 figures réunies dans une planche de ce format carré, différent de celui du texte, souverai- nement incommode et disgracieux, que paraissent préférer à tout autre les rédacteurs de la Botanische Zeitung. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 309 BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Manual of British botany, containing the flowering plants and Ferns arranged according to the natural orders (Manuel de la botanique de la Grande-Bretagne, contenant les plantes phanérogames et les Fou- geres, arrangées d'apres les familles naturelles); par M. Charles Cardale Babington. 4° édit., 4 vol. grand in-18 de xxxi et 446 pages. Londres, 1856. Chez John van Voorst. Cet ouvrage étant déjà bien counu par ses trois éditions antérieures, nous croyons inutile d'exposer en détail son plan et son objet. Il nous suffira de dire que, daus cette nouvelle édition, l'auteur s'est attaché à profiter des progres qui ont été faits récemment dans la connaissance de la Flore britan- nique. ll a élaboré de nouveau les descriptions des espèces qui composent les genres les plus difficiles, comme les Hieracium, les Carex, et la famille entière des Graminées, I s'est attaché aussi à introduire le plus possible des noms vulgaires anglais pour les genres, en regard des noms latins; c'est une addition qui n'a évidemment qu'un intérêt local. Il avertit aussi, dans sa courte préfaee, qu'il a employé pour certains organes des noms différents de ceux dont il s'était servi dans les premières éditions de son livre. Au total cependant, le Manual of British botany wa subi dans cette nouvelle édition que des modifications peu importantes. A Monograph of the British Zfieracia (Monographie des Hie- racium de la Grande-Bretagne); par M. James Backhouse jun. 4 vol. in-8 de 92 pages. York, 1856. Publié par William Simpson. Dans sa préface, l'auteur de ce travail se plaint de ce que le genre Hiera- cium est l'un de ceux qui ont été le moins étudiés dans la Flore de la Grande- Bretagne. C'est, dit-il, après avoir cherché inutilement, pendant plusieurs années, à rapporter les plantes de ce genre qu'il récoltait, à des espèces déjà décrites comme appartenant à la Flore britannique, qu'il a eu la conviction que ce genre tout entier réclamait une révision, et que le seul moyen pour arriver à un bon résultat était de ne rien accepter comme définitivement acquis, mais de procéder à un examen tres attentif de chaque échantillon. I! a dés lors réuni une quantité considérable d'échantillons, et ces matériaux Sont devenus les éléments de son travail. Il ne présente du reste sa monogra- phie que comme un essai, « Dans uu groupe si variable, dit-il, convaincu qu'on ne peut arriver à une connaissance exaete que par l'étude attentive des formes vivantes, combinée avec l'évidence à laquelle conduit la culture, un nouveau jour éclaire sans cesse nombre d'espèces, et il est probable 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE PE FRANCE. qu'il s'écoulera beaucoup de temps encore avant qu'on arrive pour elles à des conclusions certaines. » Après sa courte préface, M. Backhouse donne quelques explications sur certains mots dont il fait usage, et sur le sens qu'il y attache. Cette intre- duction oecupe les six premieres pages de son livre, Les espèces d’ Hiera- cium de la Grande-Bretagne, admises par lui au nombre de 33, sont rap- portées aux trois sections de M. Fries : I. PILOsELLOTDEA, II. PULMONAREA, HL. Acciprrriya. La premiere de ces sections est subdivisée en deux caté- gories déjà généralement admises : a. Pilosellæ, ne comprenant que 1. l Hie- racium Pilosella, linn. ; b. Auricule, à laquelle n'appartient que 2. l'A. aurantiacum, Linn. La section PULMONAREA est divisée en trois dela manière suivante: a. Alpine : Involüeres hérissés ou soyeux, ayant les folioles extérieures ldches, et les intérieures acuminées ou aiguës. Fleurs velues à l'extérieur, plus ou moins pi/euses au sommet. Tige’ à feuill.s solitaires ou peu nom- breuses, ou bien avec des bractées foliacées. 3. H. alpinum, Linn. ; h. H. holosericeum, Backh. (H. alpinum, Engl. Bot., t. 4410); 5. H. eximium, Backb. (H. villosum, Engl. Bot., t. 2319, non Linn.); 6. H. calenduli- florum, Backh. b. Nigrescentes : Involucres velusou poilus, ayantleurs folioles apprimées, ou quelques-unes seulement des plus extérieures láches. Fleurs presque entièrement ou entièrement dépourvues de poils à l'extérieur, ne portant que de petits poils ou presque glabres aux sommets. 7. H. gracilentum, Baekb. (H. alpinum, Fl. dan., t. 27); 8. H. globosum, Backh. ; 9. H. nigrescens, Willd ; 10. H. lingulatum, Backh. (H. saxifragum, Bab., Man., ed. 3); 44. H. senescens ( H. atratum v. ramulosum , Fries?); 12. H. chrysanthum, Backb. (H. rupestre, Bab., Man., ed. 3, non Fries); 13. H. cerinthoides, Lin.; 45. H, iricum, Fries. c. Pallidæ : Involuceres plus ou moins velus, à folioles apprimées. Fleurs sans poils à l'extérieur, presque ou entièrement glabres au sommet. * Styles jaunes, rarement avec de trés petits poils bruns. 15. H. pallidum, Fries; 16. H. lasiophyllum, Koch.; 47. H. Gibsoni, Backh. (H. hypochærvides, Samuel Gibson, in PAytol., T, p. 907) : 48. H. argenteum, Fries. ; 19. H. nitidum, Backh. ; 20. H. aggregatum, Baskh. ** Styles plus ou moins livides. 21. H. murorum, Lin. ; 22. H. cæsium, Bab., Man., ed. 3; 23. A. stelli- gerum, Froel.?; 24. H. vulgatum, Fries. d. Pseudo-accipitrine : Ynvolueres presque glabres. Feuilles radicales formant fréquemment une rosette hibernale qui existe rarement lorsque là plante est en fleur. 25. H. gothicum, Fries. La section AcciPiTRINA est sudivisée en deux : a. Pseudo-yulmonarew : Tiges feuillées, formant parfois de petites rosettes semblables en apparence à celles des Pulmonareæ, mais qui ne persistent REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 311 pas pendant l'hiver. Feuilles eaulinaires jamais embrassantes. 26. H. tri- dentatum, Fries. b. Aphyllopode : Tiges feuillées, ne formant jamais, à leur base, des rosettes persistantes. Folioles internes de l'involuere plus ou moins obtuses, * Fleurs portant de petits poils ou presque elabres aux sommets. 27. H. prenanthoides, Fries; 28. H. strictum, Fries. ** Fleurs glabres aux som- mets. 29. /7. umbellatum, Lin. ; 30. H. crocatum, Vries; 34. H. rigidum, Fries; 32. H. corymbosum, Fries; 33, H. boreale, Fries. Les espèces suivantes sont indiquées comme douteuses pour la Grande- Bretagne : Aieracivm dubium, Auricula, villosum, amplexicaule, oreades, sazifragum, plumbeum, dovrense, virescens. | La monographie de M. Backhouse renferme ensuite des tableaux indiquant les différentes altitudes auxquelles se trouvent, dans la Grande-Bretagne, les espèces d’ Hieracium, ainsi que leur distribution géographique en général. Enfin elle se termine par des tableaux indiquant les prineipales localités des distriets de Teesdale, Clova et Braemar, dans lesquelles se trouvent les Hieracium. Xenia orchidacea. Beiträge zur Kenntniss der Orchideen | Xeniu orchidacea. Doeumeuts pour aider à la connaissance des Orchidées) ; par M. H.-G, Reichenbach fils; livr, 5-8, in-4°. Leipsig, ehez V.-A. Brockhaus. Le laborieux auteur de ce grand ouvrage en a publié 4 nouvelles livrai- sons depuis le mois de décembre 1855. Voici le relevé des espèces qui sy trouvent figurées. l 5° livraison publiée le 14 décembre 1855. 4° Figures avec fleurs colp- riées. Pi. 41. Colax jugosus, Lindl. — 42. Sobralia Ruekeri, Lindi. — A3. Stanhopeastrum ecornutum, Rehb. fil. —44. Selenipedium Sehlimii, Lindl, . — 45. Brassia Keiliaua, Rehb. fil. — 2° Figures noires. — 46. Cælogyne Thuniana, Rehb. fil. — 47. Miltonia Regnellii, Rehb. fil. — 48. Epiden- drum pentadaetylum, Rehb. fi!.—49. Lepanthes otostalix, Rehb. fil; L. cya- noptera, Rchb, fil. ; L. capitanea, Rehb. (il. ; L. ruscifolia, Rchb. fil. ; L. erinacea, Rehb. fil — 50. L. Schiedei, Rehb. fil. : L. avis, Rehb. fil. ; L. Lindleyana, Oersted, Rchb. fil. ; L. Pristidis, Rehb. fil.; L. Turialvæ, Rehb. fil. ; L. Aquila Borussiæ, Rehb. fil. ; L. andrenoglossa, Rchb. fil. ; L. Wageneri; Rehb, fil. 6* livraison publiée le 1** mars 1856. 1° Figures avec fleurs coloriées. PI 51. Epidendrum Friderici Guilielmi, Wswz, Rcehb. fil. — 52. Epiden- drüm Humboldtii, Rehb. fil. — 53. Epidendrum Pseudepidendrum, Rehb. fil. — 55. Miltonia candida var. Jenischiana, Rehb. fil. — 55. Chryso- cycnis Sehlimii. Lindl.— 2° Figures noires, — 56. Epidendrum varicosum, 312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Baten. — 57. Epidendrum phymatoglossum, Rchb. fil. ; E. Chiriqueuse, Rchb. fil. — 58. Paehyphyllum Pasti, Rehb. fil. ; P. distichum, H. B. K.; P. Hartwegii, Rchb. fil. ; P. Serra. Rchb. fil. — 59. Hexadesmia eruri- gera, Lindl. ; H. stenotepala, Rehb. fil. ; H. micrantha, Lindl. — 60. Res- trepia Lansbergii, Rehb. fil. ; R. erythroxantha, Rehb. fil. ; R. Wageneri, Rchb. fil. ; Pleurothallis perpusilla, Rchb. fil. ; P. xiphochila, Rehb. fil. ; P. crassifolia, Rchb. fil. ; Stelis Porpax, Rchb. fil. 7° livraison publiée le 4° mai 1856. 1° Figures avec fleurs coloriées. PI. 61. Lœlia purpurata, Lindl., var praetexta, Rchb. fil. — 62. Selenipe- dium Boissierianium, Rehb. fil. — 63. Odontoglossum Hallii, Lindl. Onci- dium micropogon, Richb. fil ; O. Pardalis, Rehb. fil. — 64. Lycomor- mium squalidum, Rchb. fil.—65. Pescatoria cerina, Rehb, fil. — 2» Figures noires. —66. Batemaunia Meleagris, Rchb. (il.; Bollea violacea, Rchb. fil. — 67. Maxillaria Anatomorum, Rchb. fil. — 68. Odontoglossum Oerste- dii, Rchb. fil. ; O. myrianthum , Rchb. fil. Oncidium Boothianum, Rehb. fil. — 69. Oncidium cheirophorum, Rehb. fil. ; O. lentiginosum, Rchb. fil.; O. tripterygium, Rchb. fil. — 70. Fleurs isolées et leurs détails pour les Acineta erythroxantha, Rehb. fil. ; A cryptodonta, Rchb. fil.; A. Sella- turcica, Rchb. fil. 8° livraison publiée le 4°" juin 1856. 1» Figures avec fleurs coloriées. — 71. Odontoglossum Lindleyanum, Rehb. fil.— 72. Stanhopea Haselowiana, Rchb. fil. — 73. Zygopetalum aromatieum, Rehb. fil. — 74. Masdevallia coccinea, Lindl. ; M. elephanticeps, Rehb. fil. ; var. pachysepala, Rchb. fil. — 75. Masdevallia meleagris, Lindi. ; M. Wageneriana, Lindl. ; M. pu- mila, Poeppig. — 2° Figures noires. — 76. Phajus tenuis, Rchb. fil. ; P. Zollingeri, Rehb. fil. ; P. platyebilus, Rchb. fil. ; P. indigoferus, Rebb. fil. — 77. Tæniophyllum Zollingeri, Rchb. fil. ; Ceratochilus biglandulosus, Bl. Détails du Luisia trichorrhiza, Bl. — 78. Luisia brachystachys, Bl.; L. antennifera, Bl. — 79. Calanthe mexicana, Rchb. fil.; €. phajoides, Rchb. fil. — Dislyphosa latifolia, BI. Quant au texte, il comprend de la page 97 à la page 192. Il est relatif aux espèces qui occupent de la planche38 à la planche 69. Pour plusieurs genres l'auteur donne une clef analytique, des considérations générales, etc. Schweizerisches Pflanzen-Idiotikon (/diotikon de la Flore helvétique ; vocabulaire des noms des plantes dans les différents dialectes du pays, avec les noms latins, français et allemands, à l'usage des méde- cins, des pharmaciens, des instituteurs, des droguistes et des botanistes); par M. Charles-Jacques Durheim. 1 vol, in-8 de viu et 284 pages. Berne, 1856. Chez Hubert et comp. * Cet ouvrage est un vocabulaire des noms vulgaires que portent les plantes REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 313 dans les différentes parties de la Suisse allemande, française et italienne. Après une préface écrite successivement en allemand et en francais, l'au- teur présente le relevé par ordre alphabétique des plantes indiquées par leur nom latin, que suivent les noms vulgaires. Cette premiere partie est suivie d'une liste alphabétique des noms francais, y compris ceux usités dans la partie française du Jura. Vis-à-vis des noms français se trouve le nom latin de l'espèce à laquelle il se rapporte. A la suite de cette première liste, l'au- teur en donne de semblables: 4° Pour les noms allemands ; 2° pour les noms suisses, en dialecte allemand; 3° pour les noms des plantes en patois vaudois; 4° pour les noms des plantes en usage dans l'Engadin et les cantons des Grisons, en langue romansche; 5? pour les noms des plantes en langue italienne, usités dans le canton du Tessin et dans la Lombardie voisine. Monographische Kritik der Lycopodiaceen - Gattung Psilotum, Sw. (Critique monographique du genre de Lycopodiacées Psilotum, Sw.); par M. Karl Müller (Botan. Zeitung du 28 mars et du 4 avril 1856, n° 13 et 14, colon. 217-227, 233-243 ; pl. VII). L'étude attentive que M. K. Müller a faite des Psilotum, d'apres les riches matériaux contenus dans l'herbier royal de Berlin, lui a d'abord ré- vélé les difficultés que présente leur délimitation spécifique. « Je regarde, dit-il, l'établissement d'une diagnose pour un Psilotum quelconque de la ca- tégorie de ceux à tige anguleuse comme tellement difficile, que, pour y par- venir, il faut faire de chaque espèce une étude spéciale, et par conséquent qu'il faut avoir à sa disposition de nombreux matériaux. » Il n'a pas tardé non plus à reconnaitre que, sous le nom de Ps. triquetrum, il existe dans les jardins plusieurs espèces confondues. L'auteur croit devoir substituer au nom générique Psilotum proposé par Swartz en 1800, celui de Bernhardia adopté par Willdenow en 1802. TI expose, pour légitimer cette substitution, plusieurs motifs qui nous semblent médiocrement décisifs. Voici le tableau du genre Zernhardia tel qu'il l'admet : Bernnarvra, Wild., Act. Erf., 1802, p. 12. 1l se distingue des genres Lycopodium et Selaginella par l'absence d'épis et d'anthéridies réniformes. Section I. Tmesipteris, Bernh., in Schrad. Journ., 1800 : Tige anguleuse indivise ; feuilles phyllodinées , grandes, larges; sporauges 2-3-locu- laires. 1. Bernardia, Tannensis C. Müll.; (Tmesipteris Forsteri, Endl.) iles Tanna, Norfolk ; Nouvelle-Zélande, 2. B. truncata, €. Müll. (Tmesipteris Billardieri, Endl.); Nouvelle-Hollande. Section 2. £ubernhardia, C. Müll. : Tige anguleuse, dichotome, à ra- Meaux aplanis ; feuilles petites, bractéiformes; sporanges 3‘loeulaires. - 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3. B. eomplanata, Willd. (Psilotum eomplanatum, Sw.) ; Jamaique, h. C. Sehiedeana, C. Müll.; Mexique. 5. B. californica, C. Müll. ; Cali: fornie. 6. B. ramulosa, C. Müll. ; Iles Sandwich. 7. B. Zollingeri, C. Müll, (Psilotum complanatum, Zoll., Coll. Pl. Javan., n° 1901); Java. Seet. 3. Psilotum, Sw., in Schrad. Journ., 1800 : Tige anguleuse, di- chotome, à rameaux anguleuz , feuilles petites, bractéiformes ; sporanges 3-leculaires. 8. B. floridana, C. Müll. (Psilotum floridanum, Michx) ; Floride; Iles Bahama; Cuba. 9. B. Antillarum, C. Müll. ; Antilles. 10. B. Deppeana, C. Müll. ; Californie. 44. B. indica, C. Müll. (Psilotum triquetrum, Zoll., Coll., n° 22766,2322 ou 418 z.) ; Java; Ceylan. 12. B. Nova Hollandiæ, C. Müll. (Psilotum triquetrum, R. Br., Prod.) ; Nouvelle-Hollande. 13. B. Oahuensis, C. Müll. (Bernardia diehotoma, Kaulf.); Sandwich. 14. B. Ma- riana, C. Müll.; Iles Mariannes, Rawack. 15. B. mascarenica, C. Müll., iles de France et Bourbon. 16. B. capensis, C. Müll. (Psilotum triquetrum, Kunze) ; Natal. Toutes les espèces qui figurent dans letravail de M. K. Müll. sont carac- térisées par une diagnose et accompagnées d'observations. Tabulæ phycologicæ oder Abbildungen der Tange (Pla ches phycologiques ou figures des Algues) ; par M. Friedrich Traugott Kützing. Vol. VI, livr. 51-55, pl. 1-50. Nordhausen, 1856, in-8*. M. Kützing vient de faire paraître les 50 premières planches du sixième volume de son grand ouvrage iconographique sur les Algues. Nous don- nerons le relevé des espèces figurées dans les 50 planches de cette nouvelle livraison, comme nous l'avons déjà fait pour la livraison précédente. Planche 1, fig. 1. Cladophora OEdogonia. Mntene ; fig. 2, C. delieatula, Id. — 2, f. 4. Chloropteris Leprieurii, Id. ; f. 2. Myriotrichia canariensis, Kg. — 3, f. 1, M. filiformis, Harv ; f. 2. M. clavæformis, Harv. — A, f. 1, Desmotriehum baltieuin, Kg.; f.2. D. Laminariæ, Id, — 5, f. 1. D. cer- vicorne, Id. ; f. 2. D. plumosum, Id.— 6, f. 4. Chætopteris plumosa, Id. ; f. 2. C. squamulosa, Id. — 7, f. 4. Cladostephus densus, Id. ; f. 2, cl. spongiosus, Id. — 8, f. 1. Cl. hedwigioides, Bory ; f. 2. Cl, antarcticus, Kg. — 9, f. 1. CI. Myriophyllum, Ag. ; f. 2. Cl. australis, Kg. — 10, f, 1. Cl. tomentosus, Id. ; f. 2. CI. Bolleanus, Mutgne. — 14, f. 4. ProtodermA viride, Kg. f. 2. Ulva aponina, Menegh.; f. 3. U. tenella, Lenormand. 7 12, f. 1. U. Lactuca, Lin. ; f. 2. U. obscura, Kg.— 13, f. 1. U. oxycoeca, Id, ; f. 2. U. quaternaria, Id. ; f. 3. U. triehophylla, Id. — 14. U. Jatis- sima, Id. — 415, f. 4. U. mucosa, Id. ; f. 2. U. parvula, IJ. — 16, f. 1. Phycoseris Linza, Id.; f. 2. Ph. uucialis, Id. — 17, £. 4. Ph. lanceolata, ld. ; f. 2. Pb. erispata, Id. —18, f. 4. Pb. planifolia, Id. ; f. 2. Pb. Ligula REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 815 Mntgne. — 19, f. 1. Ph. olivacea, Kg. ; f. 2. Ph. smaragdina, Id. — 20. Ph. curvata, Id. — 21, Ph. lacinulata, Id. — 22. Ph. gigantea, Id. — 23, f. 1. Ph. Myriotrema, Lenormand; f. 2. Ph. rigida, Kg. — 25, f. 4. Ph. plicata, Id. ; f. 2. Ph. australis, Id. — 25, Ph. bapathifolia, Id. — 26. Ph. ramosa, Id. — 27. Ph. lobata, Id. — 28. Ph. faseiata, Mntene. — 29. Ph. reticulata, Kg. — 30, f. 1. Ph. Cornucopiæ, Id. ; f. 2. Enteromor- pha micrococca, Kg. ; f. 3. Ent. pilifera, Td. — 31. Ent. intestinalis, f, Id. — 32, f. 1. Ent. spermatoidea, Id. ; f. 2. Ent. tubulosa, id.; f. 3. Ulva gelatinosa, Ke. — 33, f. 4. Enteromorpha clathrata, Grev.; f. 2. Ent. ramulosa, Hook. ; f. 3. Ent. spinescens, Kg. —34, f. 4. Ent. acanthophora, Id. ; f. 2. Ent. fucicola, Id. — 35, f. 4. Ent. paradoxa, Id. ; f. 2. Ent. pa- radoxa, B tenuissima, 1d. — 36, f. 4. Ent. salina, Id. ; f. 2. Ent. polycla- dos, Id. — 37, f. 4. E. corniculata, Id. f. 2. Ent. Hookeriana, Id. — 38, f. 1. Ent. compressa, Grev. ; f. 2. Ent. compressa, & trichodes, Id. ; f. 3. Ent. Novæ-Hollandiæ, Id. — 39, f. 4. Ent. complanata, Id. ; f. 2. Ent. com- planata, y crinita, Id. — 40, f. 4. Ent. crispa, Id. ; f. 2. Ent. africana, id.; f. 3. Ent. Aureola, Id. — A4, f. 4. Ent. marginata, J. Ag. ; f. 2. Ent. mar- ginata, B longior, Kg. ; f. 3. Ent. ramellosa, Id. — 42, f. 1. Ent. conferva- cea, Id. ; f. 2. Ent. fulvescens, Id. ; f. 3. Ent. Jürgensii, Id. —- 43, f. 4. Ent. Linkiana, Grev.; f. 2. Ent. gelatinosa, Kg.; f. 3. Ent. minima, Næ- geli. — AA, f. 4. Physodictyon graniforme, Kg. : f. 2. Diplostromium te- nuissimum, Id. f. 3. D. undulatum, Id. f. ^. Punctaria tenuissima, Grev. — 45, f. 1. P. latifolia, Grev. ; f. 2. P. angustifolia, Kg. — A6. P. debilis, ld. — 47, f. 4. P. debilis, Id. (sub. nomine Phycolapathum debile, Id.) f. 2. Phycolapathum lanceolatum, Id. — 48, f. 4. Ph. plantagineum, Id. ; f. 2. Ph. fissum, Id. — A9, f. 4. Ph. crispatum, Id. ; f. 2. Ph. cuneatum, ld. — 50, f. 4. Chlorosiphon Shuttleworthianus, Id. f. 2. Stietyosiphon adriaticus, Kg. Le texte explicatif compris dans cette livraison s'étend de la page 1 à la page 2^, et renferme l'explieation de 68 planches dont 18 ne sont pas encore publiées, Outre les détails explicatifs, il donne souvent les diaguoses des espéces, De la famille des Loganiacées et des plantes qu'elle fournit à la médecine: thèse pour le doctorat en médecine pré- sentée et soutenue le 7 juin 1856, par M. Louis-Edouard Bureau. In-A* de 150 pages, avec 67 figures intercalées dans le texte et une planche gravée. Le mémoire de M. Bureau est divisé en 6 chapitres d'étendue inégale, dont les cinq premiers en forment la partie botanique, tandis que le der- nier en est la portion médicale, Naturellement nous nous attacherons sur- 316 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. tout à en résumer ici la partie botanique comme étant celle qui présente pour le Bulletin le plus d'intérêt et comme formant en réalité le corps de ce travail important. Le premier chapitre est intitulé : £xamen comparatif des types et groupement des genres. l a pour objet l'étude détaillée des genres nom- breux que les botanistes ont successivement rattachés aux Loganiacees. L'auteur fait remarquer d'abord que cette famille est l'une des moins natu- relles parmi celles qui ont été admises jusqu'à ce jour. « Il semble, dit-il, que, depuis sa création par M. Rob. Brown, elle soit devenue un lieu de refuge pour tous les genres qui ne pouvaient trouver une place facile dans les groupes voisins, tels que les Rubiacées, les Apocynées, les Gentianées, et si l'on admettait sans examen toutes les adjouctions qui lui ont été faites par divers auteurs, elle se trouverait composée d'éléments les plus dispa- rates et n'appartenant pas à moins de neuf types différents. » Ces types admis et examinés par M. Bureau, sont formés par les genres Logania, Gert- nera, Fagræa, Gelsemium, Mitreola, Sykesa, Lachnopylis,ou mieux Nuzia, Chetosus et Monetia. A ces types sont ensuite rattachés les autres genres qui s'en rapprochent par leurs caractères. Chemin faisant, l'auteur décrit et figure les s'nguliéres cellules rameuses ou ctoilées que présentent, au milieu du parenchyme, les feuilles des Fagræa. Elles avaient été déjà sigua- lées par M. Blume, dans le Zumphia; mais la figure qu'en avait donnée le botaniste hollandais laissait beaucoup à désirer, dit M. Bureau. Le second chapitre est intitulé affinités et délimitation de la famille. Sur les neuf groupes de genres formés dans le premier chapitre, M. Bureau ne conserve pour en former la famille des Loganiacées que ceux qui ont pour type les genres Logania et Gwærtnera. Le type du Gelsemium sert à former. avec les genres Medicia, Leptopteris et Plectaneia une petite tribu des Apocynées, sous le nom de Gelsémiées. Le type Fagræa, avec les genres Potalia et Anthocleista, devient une tribu des Geutianées sous le nom de Fagreeacées que l'auteur substitue à celui de Potaliacées, Endl. Le Nusia a été déjà placé avee raison par M. Bentham dans les Serofulariacées, tribu des Buddléiées. Le genre Chatosus a été rangé par M. Alph. de Can- dolle parmi les Apocynées, tribu des Garissées, où il doit rester. Le Monetia n'a aucun rapport avec les Strychnées; mais M. Bureau n'a pu l'étudier assez pour lui assigner une place. Il le laisse avec doute parmi les ]licinees. Enfin le type Mitreola avec les genres Polypremum et Mitrasacme, trouve sa place parmi les Rubiacées et dans la tribu des Hedyotidées, tandis que le genre Sykesia va également dans les Rubiacées, parmi les Coffea- cées, auprès du genre Chazalin. Ces derniers genres, par leur ovaie semi-infère forment une transition entre les Rubiacées et les L Débarrassée de ces divers genres, qui y avaient été incorporé famille des Loganiacées a pour caractères absolus : Une corolle monop oganiacées- s à tort, la étale REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 317 portant des étamines alternes avec ses lobes, dont les anthères ont deux loges s'ouvrant chacune par une fente longitudinale et contenant un pollen pulvé- rulent ; un ovaire supére formé de deux carpelles, dont un regarde l'axe ; des graines endospermées, à une seule enveloppe, contenant un embryon droit ou presque droit ; des feuilles opposées et une inflorescence définie. Elle a de plus beaucoup de caractères qui, sans être absolus, ne sont sujets qu’à très peu d'exceptions, et ont par conséquent une grande importance. Ce sont : Le calice monosépale, la préfloraison valvaire de la corolle, sa régularité, deux loges à l'ovaire, des ovules amphitropes à micropyle inférieur, un embryon parallèle au plan de l'ombilic, et des feuilles stipulées. » Vn outre, les Loganiacées n'ont jamais la disposition placentaire des Gentianées, jamais les deux ovaires distincts ni les deux follieules des Apocynées, jamais non plus une irrégularité semblable à celle des Serofulariacées. Voici de quelle manière M. Bureau subdivise la famille des Loganiacées telle qu'on vient de voir qu'il la circonscrit. 1* sous-ordre. LocawiÉEs. Loges de l'ovaire pluriovulées. A. Fruit indéhiscent. 147° tribu. Strychnées : feuilles digitinerviées. Genres : 1. Brehmia, Harv.; 2. Strychnos, Lin. ; 3. Ignatia, Lin. fil. ; 4. Houhamon , Aubl. — 9° tribu. Labordiées : feuilles penninerviées. 5. Labordia, Gaudic. B. Fruit déhiscent. 3° tribu. Euloganiées : Fleurs unisexuées ; préflo- raison de Ja corolle imbriquée; graines aptères. 6. Geniostoma, Forst. ; 7. Logania, Rob. Br. — 4° tribu. Spigéliées : fleurs hermaphrodites ; pré- floraison de la corolle valvaire; graines aptères: inflorescence scorpioide. 8. Spigelia, Lin. — 5° tribu. Antoniées : fleurs hermaphrodites ; corolle à Préfloraison valvaire ; graines ailées ; 9. Antonia, Pohl. ; 40. Norrisia, Gardn, 3; 11. Usteria, Willd. 2° sous-ordre. G n TNÉRÉES. Loges de l'ovaire uni-ovulées; fruit indé- hiscent. 0* tribu. Gardnériées : ovules amphitropes, attachés au milieu de la hauteur de la cloison, aecompagnés d'un arille. Pétioles réunis par une ner- vure stipulaire; 12. Gardneria, Wall. — 7° tribu. Eugærtnérées : ovules anatropes, attachés à la base des loges ; pas d'arilie; stipules intra-pétiolaires engainantes ; 13. Gœtnera, Lamk. ; 14. Pagamea, Aubl. Le troisième chapitre est relatif aux caractères de la famille et des genres. M. Bureau y présente avec les développements convenables non- Seulement les caracteres des Loganiacées et des genres qui constituent pour lui cette famille, mais encore ceux des genres qui y avaient été rapportés à tort et qu'il en exclut. Plusieurs de ces genres sont illustres par des figures analytiques bien gravées sur bois ; ce sont les suivants : Strychnos, fig. 3-8; Labordia, fig.9-10 ; Logania, tig. 11-19; Spigelia, tig. 20-21; Antonia, 3 fig. 25-31: Gardneria, fie. 32-34: Geertnera, fig. 35-36 : Pagamea, fig. 818 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 37-42. En dehors de la famille des Loganiacées l'auteur a également illustré par des figures analytiques les genres suivants : Ge/semium, fig, 43-50; Fagræa, tig. 51-53 ; Potalia, fig. 54-59 ; Anthocleista, fig. 60-62; Nusia fig. 63-67. Le quatrième chapitre comprend en 2 pages et demie et une planche à 27 figures gravées sur cuivre, l'organogénie de la fleur du Logania nerti- folia. Les details n'en peuvent pas être résumés, Le cinquième chapitre, également de 2 pages et demie, a pour sujet la distribution géographique des genres de Loganiacées, plantes propres aux régions les plus chaudes du globe, dont la véritable habitation est assez bien limitée par les deux tropiques, bien que quelques espèces s'étendent au delà. Le sixième et dernier chapitre, qui occupe les 62 dernières pages du mémoire est intitulé : Histoire des espèces qui intéressent la médecine. Les espèces médicinales de la famille y sont étudiées successivement rangées dans un ordre purement médical. Ainsi l'auteur s'occupe d'abord des Stry- chnées qui fournissent la strychuipe et la brucine, puis de celles qui entrent dans la composition des poisons américains connus sous lé nom de curare, enfin de celles qui ne sont pas vénéneuses. Dans la premiere catégorie se ran» gent : le Strychnos nux vomica, Linn., ou Noix vomique ; l’ /gnatia ämara, Lin. fil, Ipasure ou Feve de Saint-Ignace ; les Strychnos colubrina, Lin., S. ligustrina, Blume, S. minor, Blume, S. l'ieute, Leschen. Dans la seconde catégorie sont comprises les espèces suivantes : Strychnos toxifera, Beuth., S. ? cogens, Benth.; Aouhamon guianense, Aubl. ; Strychnos Castelnæana, Weddell. Enfin parmi les Strychuées non vénéneuses se rangent : le stry- chnos pseudo-quina, Aug. St.-Hil. ; le S. potatorum, Liu. (il.; le Brehma spinosa, Harv., le B. innocua, Delile. L'histoire botanique et médicale déve- loppée de trois Spigéliées termine ce chapitre. Ces plantes sont les Spigelia anthelmia, Lin., marylandica, Lin., et laurina, Cham. et Schlecht, GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Die europaisehe Agave und ihre ursprüngliche Hel- math (Z' Agave d' Europe et sà patrie primitive) ; par M. Ernst. Meyer (Botan. Zeit. du 25 avril 1856, n° 47, col. 305-306). M. Bertoloni, dans sa Flora italica, exprime l'idée que l'Agave ameri- cana, qu'on regarde comme naturalise dans le Sud de l'Italie et dans d'autres parties de l'Europe méridionale ainsi que de l’Afrique septentrionale, pour” rait bieu être indigène de ces pays, et coustituer une espèce differente de la plante américaine. Mais il ne base cette opinion que sur des renseignements trouvés dans un article anonyme d'uu journál ; aussi n'en a-t-on tenu gent” REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 319 ralément auètin compte. La question serait plus qu'à moitié résolue si l'on démohtrait que l'Agave existait en Europe avant la découverte de l'Amé- riqué. Or c'est ce que se propose de faire M. Ernst Meyer dans så note. Occupé de recherches sur l'histoire de l'école de médecine de Salerne, il a découvert un manuscrit du commencement du x v* siècle intitulé Secrets de Salerne. Yi a reconnu aussitôt que ce n'était pas autre chose que le livre qui a été imprimé six fois sous le titre de Ze grant Herbier en francoys, dont M. Pritzel indique quatre éditions dans son Thesaurus, n° 11664, tandis que Haller en cite deux autres de plus dans sa Zibltotheca botanica, T, pag. 242. L'une de ees éditions, sans date comme les autres, a été im- primée par Pierre Caron, et a paru de 1480 à 1490. Le titre de Secrets de Salerne a conduit M. E. Meyer à comparer ee mauuserit avec l'écrit connü de l'ancien maitre de Salerne, Matthæus Platearius, De simplici medicina. Ua réconuu aussitôt qué les Secrets de Salerne, ou le Grand Herbier en francoys, n'est qu'une traduction exacte et en français de cet ouvrage, avee quelques articles de plus ou de moins. Maisle manuscrit l'emporte beaucoup sûr celui-ci, dont les figures sur bois sont pitoyables, parce qu'il renferme des dessins de la plus grande netteté, à peu prés imaginaires pour les plantes exotiques, mais généralement tres fidèles pour les espèces indigè es. Or, à l'artiele de l'Aloé se trouve un dessin de notre Agave, non florifère, mais parfaitement reconnaissable, Dès 1090, Platearius dit de son Aloë : « Hac herba non sólum in India, Persia et Gracia, verum etiam in Apulia repe- Fitur. » Quelle plante de l'Italie méridionale autré que notre Agave pourrait, dit M. E. Meyer, avoir été confondue ainsi par Platearius avec l'espèce Qui produit l’aloës des officines, et avoir été dessinée par l'auteur des figures dù Manuscrit, à une époque bien antérieure à celle où ane plante d'Amé- tique pouvait être connue en Europe? Elñige Bemerkungen ueber Pflanzengrenzen oder Ve- Setatiônslinien im nordlichén Europa (Quelques remar- quès Sur les limites des plantes ou lignes de végétation dans l'Europe sep- tentrionale) ; par M. Klinggraeff (Botan. Zeit. du 23 mai 1856, n° 21, col. 361-366). On s'est proposé dans ces derniers temps de rechercher Jes causes qui déter- minent les limites des plantes daus le Nord del'Europe. MM. Alph. De Can- dolle et Grisebach ont prouvé que ce ne sont pas les lignes isothermes ; mais le premier de ces botanistes a peuse que l'action essentielle sous ce rapport résulte de la somme de chaleur qu'une plante recoit pendant son develop- pement. Or, dit M. Klinggraeff, l'examen des limites de differentes plautes dans le Nord de l'Europe prouve que la loi posee par M. De Gandolie est Une hypothese inadmissible, que M. Grisebaeh a du reste Combattue par 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des arguments décisifs. Ce dernier auteur a montré que les lignes de végé- tation sont déterminées autant par la chaleur qu'exigent les diverses phases de la végétation que par la chaleur moyenne de toute leur période végéta- tive; qu'en outre, les maxima nécessaires au développement de la fleur et à la maturation du fruit ont une grande importance ; enfin que les minima doivent souvent entrer en ligne de eompte, ainsi que l'influence du elimat marin ou continental. Ces causes réunies expliquent, d'apres l'auteur, la ré- partition géographique de différentes espèces, par exemple, de celles qui, à partir de l'Allemagne moyenne, sans se montrer dans l'Allemagne sep- tentrionale, s'étendent dans l'intérieur de la Russie, jusqu'aux 54° et 55° degrés de latit. N. (Prunus Chamccerasus, Dictamnus albus , Linum fla- vum, Artemisia pontica). De méme l'augmentation du froid des hivers vers l'Est explique pourquoi d'autres s'étendent du centre de l'Allemagne par le N.-0. jusqu'en Danemark et marquent au N.-E. ( Wahlenbergia hedera- cea, Atropa Belladonna, Leucoium æstivum). La limite du Hétre vers le N.-E. fournit aussi une confirmation de ces principes. Cependant il faut reconnaitre que ces mêmes plantes à l'état cultivé prospèrent bien au delà de leurs limites naturelles, ce qui montre que les conditions climatériques ne sont pas les seules qui agissent ici, et qu'il peut y avoir aussi d'autres actions inconnues jusqu'à ce jour. M. Klinggraeff énumere ensuite différents faits, non susceptibles d'étre résumés ici, qui lui semblent établir que, pour diverses plantes, la cause déterminante de la limite vers le N.-O. ne peut consister dans la diminution de la chaleur de l'été, ni dans l'influence d'un climat marin ou continental. Il lui parait vraisemblable que, outre la distribution de la chaleur, il ya encore d'autres influences qui déterminent ces limites vers le N.-O. L'inso- lation sous un ciel pur peut étre une de ces influences. Mais, dit l'auteur en terminant, en général la distribution géographique des plantes est dé- terminée par des influences si nombreuses et souvent si compliquées, qu'il est difficile de découvrir à cet égard les lois naturelles et d'expliquer les déviations qu'on observe comme de lever les contradictions qui paraissent exister. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Mémoire sur le Camphrier de Sumatra et de Bornéo (Dryobalanops Camphora, Coleb.); par M. W. H. de Vriese. Broch. 87. in-h° de 23 pages et 2 pl. lithogr. in-folio. Leide, 1856. Chez A.-W. Sythoff et E.-J. Brill. En 1851, M. de Vriese avait publié dans les Archives botaniques Néer- landaises (Nederl. Kruidk. Archief, MI, p. 2) des recherches Su’ le Camphrier de Sumatra, dontles éléments lui avaient été fournis par M. dun- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 324 ghuhn. Depuis cette époque il s'est attaché à reeueillir de nouveaux rensei- gnements et surtout de bons échantillons, dans le but d'écrire une histoire complète de cet arbre intéressant et encore mal connu. Ses efforts ont été eouronnés de succès et lui ont fourni les éléments du mémoire dont nous allons présenter un résumé. Ce travail commence par un exposé historique étendu. Ce sont les médecins arabes qui, dans les premiers siècles de l'ère chré- tienne, ont introduit le camphre en Europe. Au xime siecle, le célèbre voyageur Marco-Paolo mentionna le Camphrier de Sumatra et son prodait si estimé, qu'on le vendait au poids de l'or. Camoéns parla aussi de cette substance, en 1572, dans son poéme des Zusiades. A partir de la fin du xvi° siècle, il en a été question dans plusieurs ouvrages hollandais. L'un d'eux, le livre de Eschels-Kroon sur l'ile deSumatra, publié en 1783, nous apprend qu'au xvin siècle la compagnie hollandaise des Indes faisait un grand commerce de camphre avec le Japon, et qu'une eaisse de cette ma- tière, contenant 125 livres, se vendait au Japon de 12,500 à 15,000 francs. Boerhaave a dit que le camphre de Bornéo et de Ceylan se trouve entre le bois et l'écorce de l'arbre qui le produit, sous la forme d'agglomérats cris- tallins, et récemment M. Radermacher a écrit qu'à Sumatra on l'obtient en pratiquant des incisions au tronc. Sous le rapport botanique, l'histoire du Camphrier de Bornéo et de Su- matra commence à peu prés à Gartner fils, qui, dans son supplément à la Carpologie de son père, a établi pour cet arbre le genre Dryobalanops, d'aprés un fruit de la collection de Banks, donné à tort comme originaire de Ceylan. Mais le nom de D. aromatica proposé par ce botaniste n'a pas été adopté, eta été remplacé par celui de D. Camphora, que lui a donné Cole- brooke (Asiatic Researches, XII, London, 1818). On doit tout ce qui est connu jusqu'à ce jour sur cette espéce aux deux botanistes qui viennent d'étre nommés, ainsi qu'à Ch. Miller, W. Jack, surtout à M. Korthals qui à fait connaitre sur elle des détails intéressants, dans son travail sur les Dip- lérocarpées. A ces notions déjà acquises, M. de Vriese ajoute celles qu'il a obtenues de divers voyageurs, surtout de M. Weddik et de M. Junghuhn. On distingue trois variétés du Dryobalanops Camphora, Colebr. Le camphre le plus estimé provient de celle qu'on nomme Marban Tayan. Ces trois variétés donnent en outre une substance inodore, blanche, résineuse, nommée Griegie. On obtient le camphre surtout aux points du tronc d'où Sortent à lafois plusieurs rameaux; il y a là une protubérance d'écoree , haute Souvent de 5-6 cent., qu'on fend à la hache; aprés quoi on incise le tronc et l'on arrive ainsi au camphre, qui se trouve dans le bois, presque entie- rement pur. Lorsque l'arbre n'est pas adulte, cette substance s'y montre à l'état liquide. Du reste, elle existe à l'état liquide dans toutes les parties du Camphrier, surtout dans les rameaux jeunes et les feuilles ; à l'état so- T. I, 21 322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lide on ne la rencontre qu'entre les fibres du trone. D'apres M. Junghuhn, qui en a vu pratiquer l'extraction, on incise l'écorce et le liber jusqu'au bois à la partie inférieure du tronc coupé prés de la racine. La liqueur claire, jaune, balsamique et huileuse, distille lentement. Une demi-journée suffit a peine pour l'écoulement de 2 ou 3 onces; encore est-elle mélée de petits morceaux d'écorce et d'autres impuretés, ce qui oblige à la passer à travers un tamis, fait avee le réseau fibreux que donne la gaine désagrégée des feuilles d'un Palmier. On voit aussi le camphre, surtout prés de la racine, sous la forme d'un enduit superficiel;blanc, épais d'un ou deux millimètres, aux fissures de l’écorce. Dans cet état il se paie presque au poids de l'or. C'est tout à faità tort que Colebrooke et d'autres auteurs ont affirmé qu'on trouve le camphre en grande quantité au centre du tronc. Le haut prix de cette substance s'explique par sa rareté. Une caravane d'une trentaine de personnes, aprés un séjour de trois ou quatre mois au mi- lieu d'une forét, ne rapporte généralement que 15 à 20 livres de camphre solide provenues de plus de 100 arbres qu'il a fallu abattre. Ce prix revient à 30 florins la livre. Une forte consommation s'en fait sur les lieux mémes par suite d'un usage religieux, qui consiste à conserver sans l'enterrer le corps de tous les souverains ou personnages illustres, pendant tout le temps nécessaire pour que du Riz, semé en lieu sacré, germe, fleurisse et fruc- titie. Comme on veille tout ce temps auprès du mort, une si longue con- servation n'est possible que grâce à un lit de eamphre en poudre sur lequel repose le cadavre et qu'on renouvelle autant que cela devient nécessaire. Il faut pour cet objet de 50 à 100 livres, et chaque village ayant son sou- verain, il est facile de concevoir à quelle consommation de camphre doit - conduire une pareille coutume. Aujourd'hui le camphre de Bornéo ne s'expédie qu'en Chine, oü il est employé comme tonique et aphrodisiaque. Son odeur est plus agréable que celle du camphre ordinaire ; il est moins volatil à l'air. M. T.-T. Philipps; chimiste anglais, l'a trouvé composé de la manière suivante : C = 65,72; H —11,87 ; 0 — 23,44. Le Dryobalanops Camphora, Coleb. , est un arbre magnifique et colossal. Du bas de son tronc partent de grandes expansions verticales en lames li- gneuses, sorte de contre-forts qui le fixent plus solidement au sol. M. Motley en à fait abattre un dont le tronc mesurait 152 pieds angl. (467,360), la cime non comprise. M. Junghuhn exprime par les chiffres suivants les dimen- sions moyennes de ce géant végétal. Diamètre du tronc : 4° à la base — 7 -10 pieds ; 2° au sommet — 5 - 8 pieds ; longueur du tronc — 100 - 130 pieds ; diamètre de la cime = 50- 70 pieds. Les lames ligneuses qui partent du bas du trone en naissent jusqu'à une hauteur de 25 pieds. Son écorce est rude, crevassée, résineuse et lustrée ; mais elle ne supporte ni épipbytes ni lianes. Son bois est trés dur; il a une densité de 0,8315. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 323 Après les nombreux détails dont on vient de voir un exposé succinct, M. de Vriese donne la description étendue, d'abord en francais, ensuite en latin et sous forme régulière, de l'importante Diptérocarpée qui fait le sujet de son mémoire. Il en expose aussi les caractères génériques détaillés et la synonymie. On sent qu'à cet égard nous devons nous contenter de renvoyer au texte original. La première planche représente un rameau fructifère, et en outre, d'un cóté, un petit rameau chargé de boutons de fleurs, de l'autre un petit ra- meau portant des fruits encore trés jeunes. Une fleur épanouie et grossie y a été dessinée également par M. Ver Huell, telle qu'elle se présente proba- blement à l'état frais. Quant à la seconde planche, elle est occupée par un grand nombre de figures analytiques de la fleur et du fruit à différents états, Ueber Culturgewaechse in Egypten (Sur les végétaux cul- tivés en Egypte). Extrait d'une lettre de M. Diet. Brandis à M. Trevi- ranus (Botanische Zeitung du 7 mars 1856, n° 10, col. 163-167). La multiplication du Dattier se faiten Égypte de deux manières, par semis et par véritable marcottage. Le semis donne en général 4/5 de pieds mâles, et seulement 1/5 de pieds femelles. Pour le second procédé, à l'extrémité supérieure d'un vieux pied femelle qu'on n'a plus de motifs pour conserver, on dispose au-dessous de la couronne de feuilles une corbeille remplie de terre qu’on arrose de temps en temps. Aprés quelques mois, il s'est déve- loppé sur ce point un cercle de racines ; on coupe alors le tronc au-dessous de la corbeille, et l'on plante l'arbre ainsi rajeuni. Les Égyptiens font germer le riz, comme les Chinois, avant de le semer en plein champ, en le tenant sous l'eau, dans des sacs. Le Cotonnier est un des végétaux dont la culture est la plus avantageuse en Égypte. M. Figari croit que les Gossypium herbaceum, palmatum, et Quelques autres, considérés comme espèces, ne sont que de simples variétés, €t qu'on peut rendre ces plantes à volonté annuelles ou vivaces. Les Coton- niers ont besoin d'une terre très profonde, leurs racines s’enfonçant beau- coup. Parmi les Sorghum, le plus productif est le cernuum ; mais le S. vulgare donne une farine plus estimée. Le Triticum vulgare est la seule céréale cul- tivée en grand. L'Égypte est riche en plantes oléagineuses. La plus répandue est le Sesa- mum orientale. Les Cotonniers produisent aussi une bonne huile. Depuis quelques années on eultive l Arachis hypogæa. Seulement ces diverses huiles Sont toujours impures, parce que les mêmes meules servent successivement à les extraire toutes. 324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La canne à sucre est mûre en Egypte comme dans les Indes occidentales, en huit ou neuf mois. On la multiple, comme les Bananiers, au moyen des souches. On n'en extrait pas le sucre, mais on la mange. Le temps pendant lequel les arbres sont sans feuilles est trés court en Égypte. Le Cassia Fistula, par exemple, perd ses feuilles à la fin de décembre, et il se feuille de nouveau à la fin de février. La différence pourle moment du développement des feuilles entre la Sicile et l'Égypte est de quarante à einquante jours. Le Nymphæa Lotus et le Papyrus ont presque entièrement disparu. On ne les trouve encore que sur quelques points du delta. Mémoire sur la maladie de la Vigne, par M. Marès. (Extrait des Mémoires de la Société impériale et centrale d'agriculture, ann.1855.) Brochure in-8 de 105 pages et 2 planches in-A. Paris, 1856. Dans ce mémoire, l'auteur se propose de prouver, d'aprés l'expérience qu'il en a faite dans ses vignobles, que le traitement des Vignes attaquées par l'Oidium Tuckeri au moyen de la fleur de soufre, dont on a obtenu les meilleurs résultats dans les serres, dans les jardins, en un mot, dans la petite culture, est encore extrêmement avantageux dans la grande culture. Il montre que les objections qu'on a élevées eontre l'emploi de ee moyen cu- ratif sont sans valeur réelle; que la projection du soufre sur les Vignes malades entraine une faible dépense et n'altére en rien la qualité du vin, enfin, produit méme sur la végétation un effet évidemment favorable. Voici l'indieation des chapitres que comprend ce travail : I. Partie historique. Elle comprend l'histoire de la propagation de la maladie des serres de Margate, en Angleterre, sur la généralité des vignobles de l'Europe. IT. Des- cription de la maladie de la Vigne. III. L'Oidium Tuckeri. IV. Développe- mentet propagation de la maladie de la Vigne et de l'Oidium. V. Effets de la maladie de la Vigne sur les vignobles. VI. Recherche des moyens pratiques de combattre la maladie de la Vigne. VII. Emploi du soufre. VIII. Des instruments propres à répandre le soufre sur les vignes malades. IX. Préceptes à observer en appliquant le soufre aux Vignes malades. X. De la quantité de soufre nécessaire pour le traitement des Vignes ma- lades. XI. De la végétation des Vignes soufrées. XII. Objections contre l'emploi du soufre. XIII. Comment s'exerce l'action de la fleur de soufre sur l'Oidium de la Vigne. XIV. Des effets de ia chaleur sur l'Oidium de la vigne. XV. Des causes de la maladie de la Vigne. XVI. Des moyens à prendre pour l'avenir. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 329 MÉLANGES. Coup d’æil sur quelques jardins du nord de l'Allemagne, par M. Krause (Mittheilungen ueber Flora, 2° vol., 2° cah.). Les jardins au sujet desquels M. Krause communique des renseignements recueillis par lui sur les lieux, sont, les uns des établissements publics ou royaux, les autres des jardins appartenant à de riches particuliers ou à des horticulteurs-commerçants. A Breslau, le jardin botanique, dirigé par M. Goeppert, est surtout riche en arbres, dont il renferme une collection assez complète et de beaux indi- vidus, surtout dans les genres Chêne, Erable, Hêtre et Orme. On y trouve beaucoup de plantes aquatiques et de marais, cultivées dans un grand ca- nalet sur ses bords. Sur des rocailles et des rochers, disposés par le jardi- nier, M. Nees von Esenbeck, on cultive principalement des Fougères indi- gènes, ainsi que d'autres Cryptogames d'ordre inférieur. — Warmbrunn, propriété du comte Schafgotsch, possède un très beau pare. Mais le pare le plus remarquable par son étendue et sa beauté est celui de Erdmannsdorf, dont M. Alex. de Humboldt a ditque c'est le plus beau lieu qu'il ait vu sur la surface du globe. Le jardin de Potsdam est principalement consaeré à la culture des végé- taux des tropiques, remarquables par leur feuillage, et des Fougères en arbre envoyées depuis quelques années, par M. Karsten. Celui de l'ile des Paons (Pfaueninsel) est justement célébre par sa serre à Palmiers, dans la- quelle se trouvent des Palmiers de proportions gigantesques, de belles Pan- danées, des Cycadées, ainsi qu'un grand nombre de Scitaminées, d'Aroidées et de Fougéres. Les jardins de Sans-Souci sont fort riches en plantes de serre chaude et froide, dont beaucoup sont nouvelles ou représentées par de trés beaux pieds. Ils se subdivisent en plusieurs, parmi lesquels le Nouveau Jardin et celui de Charlottenhof sont consacrés aux plantes d'ornement. Le Jardin de Marly et celui de Paradis méritent d’être cités comme les parties les plus belles dans les vastes cultures entretenues à grands frais par le roi de Prusse à Sans-Souci. Le jardin botanique de Berlin, à Schoeneberg, est d'une extrême richesse, et M. Krause n'hésite pas à déclarer qu'il forme une collection d'espèces, tant anciennes que nouvelles, presque unique dans son genre sur le continent. Les plantes y sont parfaitement cultivées, sous la di- rection de M. Bouché. Il se recommande, en outre, par le soin avec lequel 9n y conserve les plantes anciennes et presque entièrement délaissées par- tout ailleurs, Le jardin de l'Université, dans la méme capitale, est, selon M. Krause, un jardin-modéle, dans lequel la culture est fort bien dirigée par M. Sauer, et qui se distingue partieulierement par sa collection d'espèces 326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. offieinaleset économiques de tous les climats, représentées par des individus d'une rare beauté. —Parmi les établissements d'horticulteurs-commercants, M. Krause eite comme les plus remarquables celui de M. L. Matthieu, à Berlin méme, et celui de M. Deppe, à Mitzleben prés de Charlottenburg, non loin de cette ville. Celui-ci renferme une riche collection de Rosiers et de Dahlias, tandis que le premier est connu pour sa richesse en Orchidées, en plantes à beau feuillage, belles ou nouvelles, enfin par le grand nombre de nouveautés et de raretés qu'on y cultive. Dans le nombre des jardins parti- culiers se fait remarquer entre tous le jardin de M. Borsig, à Moabit. On y trouve une magnifique collection des plantes de serre les plus nouvelles, les plus belles, en trés forts individus. Pour donner une idée de la richesse de cette collection, M. Krause dit qu'une portion de ces serres est remplie ex- clusivement de pieds de première force de Fougères arborescentes qui ont été introduites dans ces derniers temps. Quoique le jardin ait été établi sur un sable à peu prés stérile, on est parvenu à y obtenir de trés belles pelou- ses. Dans sa partie méridionale, au pied d'un petit rocher, se trouve une serre de fer, consacrée spécialement à la culture de la Victoria regia, pour laquelle a été construit un bassin profond de 4 mètre 33 centimètres et dont le diamètre est de 8 metres. Vers la Sprée, on y trouve un jardin spéciale- ment consacré aux Rosiers. Enfin, M. Krausecite comme remarquables les jardins de MM. Decker et Dannenberg. A Hambourg, le jardin botanique est riche et bien tenu. Il a particulière- ment une belle collection de Cycadées et de Protéacées. Le jardin de M. J. Booth, à Flottbeck, est l'un des plus connus de l'Allemagne pour son éten- due, comme pour le grand nombre et l'extréme variété des plantes qu'on y cultive et qui fournissent matière à un commerce considérable. A Hanovre, les jardins de Herrenhausen sont justement renommés pour leur étendue et leur beauté. Une moitié de leur surface est dessinée à l'an- glaise, tandis que l'autre moitié l'est dans le vieux style francais. La grande serre à Palmiers qu'on y admire renferme la collection peut-être la plus compléte qui existe sur le continent, pour les espéces de cette belle famille. On y trouve aussi une magnifique orangerie. Dictionary of botanical terms (Dictionnaire des termes botani- ques); par le rév. J.-S. Henslow. 4 vol. in-8° de 218 pages. Londres; sans date. Ce Dictionnaire a été publié par portions, à différentes époques, en ap- pendices aux numéros mensuels du Botanist et du Botanic Garden, de Maund. Il comprend l'explication d'une série considérable de mots, soit latius, soit anglais; les premiers imprimés en capitales italiques, les der- niers en capitales romaines. Environ 200 figures extrêmement petites, COD” REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 327 tenues chacune dans un petit rectangle de 12 ou 15 millimetres seulement de hauteur, sont intercalées dans le texte et destinées à en faciliter l'intelli- gence. Dans une courte préface, M. Henslow entre dans quelques détails pour atténuer, en quelque sorte, l'effet que pourrait produire sur les personnes étrangères à la science la vue seule d'une liste d'environ 2000 mots tech- niques. 11 montre que beaucoup de ces termes conservent la signification qu'ils ont dans le langage ordinaire, et que beaucoup d'autres, dont l'emploi est plus exclusivement technique, n'ont besoin que d'étre expliqués une seule fois pour que la signification en soit pour toujours retenue. Quant aux mots, ajoute-t-il, qui sont exclusivement propres à la botanique, le nombre n'en est pas assez grand pour effrayer ceux qui veulent s'adonner à l'étude de cette science. Du reste, M. Henslow s'est attaché à présenter dans son Dictionnaire le tableau complet de la langue botanique. Il n'a pas négligé les expressions aujourd'hui abandonnées, employées seulement dans les auteurs anciens, et, sous ce rapport, méme les botanistes exercés peuvent souvent étre amenés à se servir de son livre. NOUVELLES. Nécrologie. — La botanique francaise, déjà trop cruellement éprouvée depuis quelques années, vient de subir encore une perte fort regrettable : M. Félix Dunal, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Mont- pellier, vient de mourir le 29 juillet dernier, à l'âge de soixante-six ans. La santédu célébre botaniste était profondément altérée depuis quelques années, et tout faisait craindre pour lui une fin peu éloignée. Les beaux travaux de M. Dunal sont trop connus pour que nous ayons besoin d'en faire ressortir ici le mérite. Élève de De Candolle, il avait puisé dans les leçons de ce maitre célèbre la tendance philosophique à laquelle il à obéi pendant tout le cours de sa carrière scientifique. Aussi, à côté des belles monographies par lesquelles il a éclairé l'histoire jusque-là fort obscure des Solanées, des Anonacées et des Cistinées, on doit citer, comme peut-étre ses plus beaux titres de gloire, ses écrits sur l'organographie qu'on pourrait nommer transcendante, notamment ses Considérations sur la nature et les rapports des organes de la fleur (in-h, 1829), travail impor- tant dans lequel les vues ingénieuses abondent, et que distingue en outre une profonde érudition. On doit citer également avec éloge, quoique ayant une moins haute portée, ses Considérations sur les fonctions des organes floraux colorés et glanduleux (in-h, 1829). Dans les dernières années de sa vie, M. Dunal parait avoir dirigé ses études plus particulièrement sur la botanique considérée dans ses rapports avec la culture, et cette nouvelle direction donnée à ses idées a valu à la 398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. science un assez grand nombre de mémoires publiés dans les recueils périodiques du département de l'Hérault et dans la collection des Mémoires de l'Académie de Montpellier. La mort de M. Dunal laisse inachevée une Flore du département de l'Hérault, dont il s'oecupait depuis environ vingt années, pour laquelle il avait réuni de précieux matériaux, et dont la partie eryptogamique était déjà presque entièrement rédigée. Nous apprenons que, par une disposition testamentaire, le savant pro- fesseur lègue à la Faculté de médecine de Montpellier sa riche bibliothèque et son herbier, dans lequel sont conservés les types de ses diverses mono- graphies, et ceux qui ont servi à la rédaction du travail de M. Campdera sur les Rumer. BIBLIOGRAPHIE. Hooker's Journal of botany and Kew Garden Miscellany. Articles originaux publiés en 4855. Thwaites (G. H. K.). — On Urandra, a new genus of Olacaceæ, and some other Ceylon plants belonging to that natural order (Sur l’Urandra, nou- veau genre de la famille des Olacacées, et sur quelques autres plantes de Ceylan appartenant à cette méme famille), p. 211-212. Harvey (D! W. H.).—Botany of Van Diemen's Land (Botanique de la terre de Van-Diémen ; extrait d'une lettre datée de Launceston, terre de Van- Diémen, le 31 mars 1855), p. 225-232. Mueller (D* Ferd.).— Botany of Victoria, Southern Australia (Botanique de Vietoria, dans l'Australie méridionale; extraits de lettres), p. 233-242, 357-362. Thwaites (G. H.K.).—Note on Bursinopetalum, R. W., Zcon. (Note sur le Bursinopetalum, Rob. W.), p. 242-243. Gray (Asa).—Note on the Development and structure of the Integuments of the seed of Magnolia (Note sur le développement et la structure des tégu- ments de la graine des Magnolia), p. 243-245. Calvert (Henry H.). — Notes... on vegetable Produets sent by him from Erzeroom, ete. (Notes sur des produits végétaux envoyés par lui d'Erze roum), p. 252-255. Motley (James). — Notes written on a Voyage from Singapore to Banjer- massing (Notes écrites pendant un voyage de Singapore à Banjermassing. à l'extrémité méridionale de Bornéo), p. 257-269, 289-296. Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 13 JUIN 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY, M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. S. Des Érancs, Juge de paix à Bar-sur-Aube (Aube), présenté par MM. J. Gay et Decaisne. VaupELL (Charles), de Copenhague, actuellement à Paris, quai Saint-Michel, 15, présenté par MM. Puel et Maille. Dons faits à la Société : 1* Par M. W. Nylander : Synopsis du genre Arthronia. ?* De la part de M. Aug. Le Jolis, de Cherbourg : Quelques remarques sur (a nomenclature générique des Algues. 3* En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro d'avril 1856. Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, numéro de mai 1856. L'Institut, mai et juin 1856, trois numéros. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes adressées à la Société ; T. IL 22 $30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR LE CYPERUS LONGUS, L., DE LA FLORE DE TOULOUSE, pr M. ED. TIMBAL-LAGRAVE. (Toulouse, 4°" juin 1856.) D'après les divers botanistes qui se sont occupés de la flore de Toulouse et du bassin sous-pyrénéen , le genre Cyperus y est représenté par trois espèces, les Cyperus flavescens L., fuscus L., et longus L. Nous ne nous ot- cuperons pas des deux premières; ce sont des espèces parfaitement connues, qui n'offrent dans nos contrées que de légères modifications, dues à l'in- fluence de la plus ou moins grande quantité d'eau des ruisseaux aux bords desquels elles vivent. Il n'en est pas de méme pour le Cyperus longus L., qui présente plusieurs formes remarquables dont l'étude fera le sujet de cette note. CvPERUs LONGUS L., Syst. veg. 98. Jacq., Coll. vol. 3, p. 191. con. rar., t. 297. Vahl., Enum. 2, p. 356. — Souche traçante, aromatique, pourvue de bourgeons qui donnent naissance à des tiges stériles et flori- feres, de la base desquelles pousse aussi un bourgeon qui continue la souche; tige florifere de 10 à 15 décimètres, dressée, feuillée à la base, striée, triquétre; feuilles linéaires-lancéolées, larges de 6 à 10 millimètres, très longues, triquètres, rudes sur les bords et sur la carène; les involu- crales semblables, mais plus larges de 30 à 50 centimètres, inégales; bractées linéaires-aigués ; oehrea entier de 5 millimetres de longueur ; anthèle dé- composée ; glomérule central nul ou composé de 2 à 5 épillets, offrant à sa base des rameaux de diverses longueurs (1 à 2 décim.) terminés par des épillets en glomérules présentant encore à leur base des ramuscules courts (3 à 5 centim.) terminés à leur tour par de nouveaux épillets en glomé- rules comme les premiers ; épillets 6 à 10, sessiles, un peu écartés, linéaires- aigus, comprimés, longs (2 centim. environ); écailles florales distiques, roussátres ou d'un blanc sale , légèrement vertes ou blanchâtres sur la Ca- réne; 3 stigmates ; akenes petits, ovales, triquètres, noirátres. Cette espèce, qui est rare dans le nord, abonde dans le midi et le sud-ouest de la France; elle est commune à Toulouse, sur les bords de la Garonne et du Tarn ; elle fleurit fin juillet. CvPERUS LONGUS B incompertus Nob. — Souche tragante, légerement aromatique , pourvue de bourgeons qui donnent naissance à des tiges sté- riles et florifères , de la base desquelles pousse aussi un bourgeon qui cov- tinue la souche; tige florifère de 8 à 10 décimètres, dressée, feuillée à la base, striée, triquètre ; feuilles plus courtes et bien moins larges que daus le longus, lisses sur les bords et sur la carene, inégales ; bractées ovales- aiguës ; ochrea tronqué, court (1 centim.); anthèle simple ; glomérule central terminal composé de 8 à 10 épillets sessiles, ayant à leur base des rameaux SÉANCE DU 13 Jurin 1856. 331 effilés de diverses longueurs (10 à 15 centim.) terminés par un glomérule d'épillets simple; il n'y a pas, dans cette forme, de ramuscules à la base des glomérules qui terminent les rameaux ; épillets 5 à 8, linéaires-étroits, allongés, écartés, sessiles, inégaux ; écailles florales distiques, ovales, rose foncé, vertes sur la carène (cette coloration se maintient sur le sec), striées ; akènes obovales, atténués à la base, trigones à angles obtus, cha- grinés à leur surface. Cette espéce ou variété fleurit fin juillet ; elle est trés répandue dans les marais de Comère à Grizolles (Tarn-et-Garonne) ; on la trouve tantôt seule, tantôt avec le /ongus. Nous avions d'abord pensé que cette plante pouvait étre une hybride ou un état appauvri du Cyperus longus L., mais la quan- tité qu'on en rencontre est quelquefois si grande qu'elle dépasse souvent celle du longus, quoiqu'il eroisse dans les mêmes lieux. CvPrRUs BADIUS Desf. Atl. t. 7. f. 2.— Souche traçante, inodore, pourvue sur toute sa longueur de bourgeons qui donnent naissance à des tiges ordi- nairement florifères, de la base desquelles pousse un bourgeon qui est des- tiné à continuer la souche; tige florifere de 4 à 6 décimetres, dressée, feuillée, striée, triquetre, à angles obtus ; feuilles linéaires, longues, étroites (L millim.), rudes sur les bords et sur la carène, ainsi que les involucrales qui sont plus grandes, glauques en dessous: bractées ovales-aigués ; ochrea strié; anthèle décomposée ; glomérule central terminal sessile, composé de 20 à 25 épillets ayant à leur base des rameaux de diverses longueurs, courts (5 à 8 centim.), épais, striés, tous terminés par plus de 20 épillets eu glo- mérules présentant à leur base des ramuscules courts (1 centim.) ter- minés à leur tour par des glomérules d'épillets semblables aux premiers ; épillets très nombreux, courts (1 centim.), sessiles, ramassés, lancéolés, in- sensiblement aigus; écailles florales distiques, serrées, d'un brun roussátre foncé, vertes sur ia carène; akènes bruns, obovés, ponctués surtout vers le sommet, ll fleurit mi-juillet, habite les prairies humides, les bords des ruisseaux ; il est très commun à Toulouse, où il devient quelquefois un fléau pour les agriculteurs qui ne peuvent s’en débarrasser. | CYPERUS BADIUS Q minor Nob. — Piante plus grêle et plus petite que la précédente; anthèle plus petite ; glomérules globuleux à épillets plus courts, moins aigus; écailles florales plus noires, concolores ; feuilles plus étroites, linéaires, très rudes sur les bords et sur la carène. Il habite avec le badius ; nous ne l'avons pas vu croitre isolément. CYPERUS BADIUS y elongatus Nob. — An hybride? Cyperus badio-longus Nob. — Piante de la tailie du Cyperus longus L. Souche comme ceile de ce dernier; anthèle décomposée semblable à celle du adius, mais avec les longs rameaux du Cyperus longus; épillets comme eeux du badius, ainsi que les ramuscules, mais moins nombreux et très courts, 332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il fleurit en méme temps que les Cyperus longus et badius parmi les- quels nous l'avons trouvé toujours isolément, cà et là, en petite quantité comme les hybrides. Le port de toutes ces formes est le méme, mais les modifieations de l'an- théle, que nous avons cherché à déerire et sur lesquelles sont basés nos ca- racteres distinetifs, changent complétement le facies de ces plantes. Le Cyperus longus est le plus grand de tous : il se distingue par les ra- meaux de l'anthéle trés longs, ainsi que par la présence constante de ramuscules allongés, sous les glomérules d'épillets; par ses bractées lon- gues, lancéolées, aigués; par ses ochreas trés allongés ; par ses épillets trés longs, roussátres ; par ses écailles florales écartées, páles, blanchátres ou d'un vert pâle sur la carène ; par ses feuilles très longues et très larges, rudes, fortement striées (les involuerales inégales, une trés longue et large comme celle de la tige) ; par la souche trés aromatique. Cette espéce vient dans les marais tourbeux ou sablonneux ; elle suit aussi le cours des grandes rivières, la Garonne, le Tarn; elle manque dans les prairies humides, où abonde le Cyperus badius Desf. La variété Q incompertus est plus petite que le longus et se distingue trés bien par ses rameaux inégaux et par l'absence des ramuscules sous les glo- mérules d'épillets qui terminent les rameaux, ce qui rend l'anthéle simple. Elle diffère aussi par ses bractées ovales, aiguës, par ses ochreas tronqués ; par ses épillets peu nombreux, très longs, digités, d'une couleur rose sombre; par ses écailles florales striées, vertes sur la carène ; par ses akènes cha- grinés ; par ses feuilles plus étroites, lisses ou bien moins rudes aux bords et sur la carène (les involucrales égales, un peu rudes aux bords); par sa tige de moyenne grandeur ; et par sa souche légèrement aromatique. Comme nous l'avons dit, nous avions d'abord pris cette variété ou espèce pour le résultat de l'appauvrissement du Cyperus longus L., ou bien encore pour une hybride ; toutes ces suppositions ont dü étre abandonnées, parce que d'abord on trouvait souvent les Cyperus longus, incompertus et badius dans les mêmes lieux et d'autres fois on les rencontrait isolément. Les Cy- perus longus et badius ont l'anthéle composée et le Cyperus incompertus l'a Simple ; nous avions fait aussi une autre supposition ; nous disions : ne peut-il pas se faire que, les premières années, les souches du Cyperus longus produisent des individus à anthéle simple et que les vieilles souches don- nent le Cyperus longus L., avec l'anthéle décomposée? Pour éclaircir nos doutes, nous avons arraché un grand nombre de souches de ces deux for- mes, et nous avons constaté sur les souches du C yperus longus et incompertus que toutes les tiges étaient semblables, que de jeunes souches de Cyperus longus donnaient des anthèles décomposées, tandis que de vieilles souches de Cyperus incompertus donnaient des antheles simples. Le Cyperus badius Desf., se distingue des deux premiers par sa taille SÉANCE DU 13 juin 1856. 333 plus petite; par son anthéle décomposée, à rameaux et ramuscules courts, inégaux ; par ses braetées petites, ovales, aigués; par ses ochreas courts, tronqués ; par ses épillets de moitié plus courts, atténués en pointe au som- met, trés nombreux (plus de vingt), brun roussátre ; par ses écailles florales brunes à carène verte, trés imbriquées; par ses akènes chagrinés au sommet seulement ; par ses feuilles étroites, rudes, glauques en dessous, les involucrales plus grandes; enfin par sa tige triquetre, mais à angles obtus, et par sa souche inodore. Cette espèce préfère les prairies humides. La variété B minor est encore plus petite; ses feuilles sont plus étroites, ses épillets plus courts, moins atténués au sommet, sessiles, agglomérés en glomérules sphériques ; ses écailles florales sont brunes, concolores méme sur la carène; elle fleurit un peu plus tard que le Cyperus badius L., avec le- quel elle vient toujours. La variété y elongatus, que nous supposons une hybride, est trés rare; nous n'en avons observé que quelques individus isolés, parmi un grand nombre de longus et de badius ; cette forme a la taille du Cyperus incom- pertus, mais elle offre les rameaux du longus et les ramuseules et les épillets du badius ; sa souche est légèrement aromatique. Nous avons commencé de soumettre ces plantes à la eulture, afin de constater la fixité et la permanence des caractères que nous venons de leur assigner; nous aurions voulu attendre le résultat de cette expérimentation avant de publier nos observations ; mais nous avons pensé qu'il valait mieux appeler tout de suite l'attention des botanistes sur ces plantes communes, persuadé que c’est le moyen le plus certain d'élueider les diverses formes de ce groupe; d'autant plus que la culture de ces plantes nous parait assez difficile, et pourrait bien ne pas réussir, quoique nous nous soyons entouré de tous les moyens possibles de succés. Nous aurons soin de faire connaitre les résultats de cette culture et les modifications qu'elle pourra faire subir à notre travail. SUR LA GERMINATION DU COLCHICUM AUTUMNALE, par M. J.-H. FABRE. (Avignon, 7 juin 4856.) Semées vers la fin de mai, immédiatement apres leur récolte, les graines de Colchicum autumnale ont germé au commencement de février. La plan- tule a de 2 à 3 centimètres de longueur lorsqu'elle commence à montrer au-dessus du sol sa pointe verte et subulée. La feuille cotylédonaire, enga- gée, d'une part, dans les téguments de la graine qui reste hypogée, forme, d'autre part, une courte gaine livrant passage à la pointe délice de la feuille suivante, Un étranglement peu sensible forme la démarcation de la partie ascendanteet dela radicule. En cet état, si la jeuneplante est fenduesuivant sa 33h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. longueur, e'est en vain qu'on promène une loupe serupuleuse sur la section pour découvrir une gemmule, si l'on ne veut donner ce nom qu'à un cóne de feuilles rudimentaires invaginées; on parvient toutau plus à apercevoir pé- niblement un nodule exigu, un faible mamelon qu'on peut à peine toucher sans le détruire, tant son tissu est délicat. Ce noyau de tissu naissant, c’est l'extrémité de l'axe infiniment contracté, et, bien qu'il ne porteaucune tracede: feuilles rudimentaires, on ne peut lui refuser le nom de gemmule, si l'on veut entendre par cette expression le point vital de la jeune plante, le centre des futures proeréations appendiculaires. Une organisation pareille se présente dans la germination de la Tulipe de Gessner avant l'apparition de l'éperon cotylédonaire, avec cette différence que le Colchique est muni d'une feuille que la première n'a pas. D’après cet état d'imperfection de la gemme termi- nale, faut-il, en suivantles idées défendues par M. Germain de Saint-Pierre, admettre que la feuille cotylédonaire du Colchique a donné naissance à la feuille suivante, et que celle-ci, à son tour, a produit le noyau gemmulaire qui doit constituer le reste de la plante; en un mot, qu'il n'existe pas d'axe primordial engendrant la feuille cotylédonaire et la gemmule? Et pourquoi l'admettrait-on sur quelques rares exemples qui mettent notre vue impar- faite en défaut? Cet axe litigieux, je le eoncois toujours si écrasé qu'il soit, serait-il réduit à un plateau sans épaisseur pour nos sens. Et, de ce que le point eulminant de ce plateau contracté jusqu'à l'extréme limite est d'un tissu plus récent que la feuille qui le précéde, en conclurai-je que ce point vital, que cette gemmule est engendrée par cette feuille? Certes, je ne dirai pas que le débile noyau terminal actuel ait donné naissance à la feuille plus vieille quelui, mais je dirai que cette feuille résulte d'un noyau pareil, an- térieur à la feuille et au noyau actuel, et dont celui-ci n'est que la continua- tion, dussé-je poursuivre cette premiere ébauche de l'axe jusqu'au moment de la formation de l'embryon. Mais, sans remonter à ce passé obscur, l'uni- formité de l'organisation végétale nous permet de juger de ce qui s'est passé antérieurement par ce qui va se passer plus tard. Vers le sommet de ce noyau déjà un peu grossi, un bourrelet annulaire se forme, se gonfle, se relève, et, resserrant ses bords eratériformes, englobe dans sa cavité le som- met du nodule vital. Ce bourrelet, né évidemment del'axe, car on ne saurait donner d'autre nom à ce noyau cellulaire central, ce bourrelet produit ainsi une nouvelle feuille. Quant à la partie terminale et la plus jeune de l'axe que la feuille naissante a enveloppée dans sa base, elle se comporteraif dans la majorité des plantes, indéfiniment comme il vient d’être dit pour le noyau vital précédent ; mais, dans le Colehique, elle est frappée d'impuissance, et, sans produire de nouvelle feuille, s'arrondit en mamelon charnu. Ainsi, malgré l'absence apparente d'axe et de gemmule dans les premieres évolu- "ons du Colehique, il n'y a pas lieu d'invoquer la doctrine défendue par M. Germain de Saint-Pierre; j'avouerai méme que je ne connais pas €n- SÉANCE DU 13 jurn 1856. 335 eore un seul exemple d'organisation que cette doctrine soit seule apte à expliquer. Les pédicelles, par exemple, des bulbilles de l’ Allium sphæroce- phalum ne sont, à mon avis, autre chose quedes rameaux, comme le prouve l'étude microscopique de leur structure. A l'état frais, ces pédicelles sont pleins d'un bout à l'autre, tandis que les feuilles les plus internes, les plus eomprimées, et qui n'ont pas méme le diamètre de ces pédicelles, sont, sans exception, manifestement creuses, bien qu'elles n'aient pas encore recu dans leur intérieur la feuille suivante. En outre, dans l'axe de ces pédicelles, on ne trouve qu'un seul faisceau vasculaire ; dans une feuille de méme calibre, on en compte une douzaine ou plus, disposés en cerele autour de l'orifice central. En second lieu, les bulbes de l'AgrapAis campanulata, méme dans leur état d'élongation, m'ont paru pouvoir se ramener aisément aux lois re- connues jusqu'ici. La soudure des feuilles charnues de ces bulbes n'est pas plus surprenante que celle qui a lieu, à un moindre degré, dans les bulbes de l'Ürnithogalum umbellatum. Cette étroite adhérence des diverses feuilles du bulbe rendant impossibles les bourgeons axillaires normaux, il se déve- loppe sur la face interne de ces feuilles des bulbilles adventifs, comme il s'en forme dans l Hyacinthus Pouzolzii, et comme il est si aisé d'en faire naitre sur les feuilles mémes de l' Agraphis, en coupant ces feuilles en deux ou trois morceaux qu'on plante comme des boutures. Aprés cette digression, oü m'a entrainé l'état imparfait de la gemmule du Colchique, je reviens au sujet de cette note. La plantule déerite plus haut grandit pendant deux mois environ sans rien présenter de particulier. La feuille, étroitement subulée et creuse, atteint jusqu'à 4 décimètre de lou- gueur, mais ne présente à aucune époque de fente gemmulaire. La radicule, de son côté, prend de l'accroissement en longueur, sans se ramifier et sans jamais étre accompagnée de racines secondaires. Puis tout devient station- naire, du moins en apparence. Dans les premiers jours d'avril, laradicule qui, jusqu'ici, avait été ferme et homogène dans toute son étendue, prend dans sa partiesupérieure un aspect quicaptivetout d'abord l'attention. Cette partie, en effet, sous une enveloppe épidermique translucide, laisse apercevoir un Cyliudre d'un blanc laiteux sur lequel serpente un fil délié également blane et bouclé sur lui-méme, On dirait les vaisseaux séminaux d'unascaride vus à travers la peau translucide de l'animal. Au point où s'arrête ce cylindre, la radicule est oseillante, comme à demi rompue. La partie envahie par ce cy- lindre occupe de 1 à 2 centimètres en longueur.Si, avec la pointe d'une ai- guille, on déchire délicatement l'enveloppe épidermique qui sert de fourreau à cesingulier appareil, on constate que cette enveloppe n'est autre chose que l'épiderme de la partie supérieure de la radicule, dont tout le tissu cellulaire à disparu, mais dontl'axe vasculaire persiste intact et forme un fil délié se rattachant par un bout à la base du cylindre envahisseur, et se continuant par l'autre bout avec l'axe vasculaire de la partie inférieure et intacte de la 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. radieule. Remarquons en outre que ce fil décrit constamment une boucle qui, partant de la base du cylindre, remonte à une certaine hauteur, puis redescend et plonge dans la partie non envahie de la racine. Remarquons enfin que, si ce fil était développé, son extrémité atteindrait précisément le collet dela plante reconnaissable à un faible étranglement. Le cylindre qui forme la partie principale de cet appareil est tantôt droit, tantôt un peu courbé en arc et toujours brusquement taillé en cône à sa partie terminale ou inférieure. Ce cône, éraillé de toutes parts, porte ainsi des traces évi- dentes d'un arrachement violent d'une place primitive, ce qui est encore constaté par un bout flottant de cordon vasculaire inséré vers sa pointe, cóte à côte avec le fil qui le relie à la partie intacte de la radicule. En conti- nuant à éventrer le fourreau qui le protége, on reconnait que ce cylindre, revêtu dans le bas par l'épiderme de la racine, dans le haut par la gaine co- tylédonaire, n'a aueune connexion avec le cotylédon, et on ne peut s'empé- cher de rapporter le bout vasculaire flottant, dont je viens de parler, à la nervure du cotylédon violemment arrachée par le cylindredans sa descente. Une coupe longitudinale de ce cylindre montre qu'il est formé par la base de la feuille conique, base creusée d'un canal d'abord étroit, mais qui s'élargit brusquement pour loger, au fond d’un cul-de-sac, un corps cylin- drique plein, de quelques millimétres de longueur et de nature amylacée. Cet organe central, c'est le futur tubercule, c’est l'axe d'abord représenté par le débile noyau que j'ai appelé gemmule. Vers son extrémité, à un cer- tain moment, on voit poindre le bourrelet qui produit une seconde feuille, ainsi que je l'ai déjà dit. Mais, si le tubercule rudimentaire est trop avancé, on voit simplement au sommet un capuchon foliaire extrémement court, abritant dans sa cavité la sommité stérile du jeune tubercule. D'après l'exposé de ces faits, il faut admettre qu'au moment où la plante à, dans sa partie aérienne, acquis tout son développement, il s'opere dans la base de la feuille dont le fond est occupé par la gemmule, une élongation considérable, mais descendante, qui arrache la partie centrale de la plante desa place originelle, rompt toutes ses connexions avee la feuille cotylédo- naire et l'entraine plus profondément dans le sol en s'enfoncant dans la ra- dicule. A l'approche du cylindre gemmulaire descendant, le tissu cellulaire de la racine est résorbé pour lui livrer passage, mais son épiderme et son axe vasculaire persistent, pour lui former, le premier, un fourreau protec- teur, le second, une espéce de cordon ombilical qui met la gemme en rela- tion avec la partie intacte de la radicule. Malgré la désorganisation totale de sa partie supérieure, la racine conti- nuc-t-ellepar sa partie intacte à subvenir aux besoins de la plante, et le fila- ment vasculaire respecté serait-il en effet le canal vecteur des substances nutritives qu'elle puiserait dans le sol? La gemme tubereulaire, telle que je viens de la décrire, est encore bien loin du volume qu'elle doit acquérir, et, SÉANCE DU 13 Juin 1856. 337 à moins d'admettre que l'absorption nutritive s'effectue par la surface du cylindre gemmaire, il faut bien, puisqu'il n'y a pas d'autre racine, rappor- ter à la radicule, malgré sa destruction partielle, l'afflux nutritif nécessaire. D'ailleurs, aprés avoir été convertie supérieurement en un sae inerte, la radicule conserve, là où elle est intacte, un aspect de fraicheur et de vigueur qui se maintient jusqu'à la maturité du jeune tubercule, ce qui n'aurait pas lieusi c'était un organe réellement inutile et frappé de mort. L'invagination de la gemme descendante dans la racine pourrait être regardée comme purement accidentelle et occasionnée par la situation de cette dernière sur la même verticale que la première doit parcourir. On se convainera du contraire en observant que, là même où la radicule est flexueuse, oblique à son origine, l'invagination n'a pas moins lieu. A un moment ou l'autre, il arrive cependant que, par suite de l’accroissement en diamètre du cylindre gemmaire, le fourreau de la racine se rompt sous l'effort et abandonne à nu l'organe précieux qu'il a protégé jusqu'alors ; mais cette déhiscence n'est jamais suivie de la rupture du cordon vasculaire nourricier. Dans la premiere quinzaine de juin, la feuille se flétrit et annonce la ma- turité de l'organe souterrain. La racine est alors complétement détruite ou on n'en trouve que quelques lambeaux désorganisés appendus à l'extrémité du cordon vasculaire encore persistant. L'enveloppe cotylédonaire a disparu également sans laisser de trace. Enfin, le jeune tubercule a perdu sa forme cylindrique pour prendre la forme conoide. Sa longueur est alors de 8 à 10 millimétres, et sa largeur, à la base, de 4 millimètres environ. Un talon manifeste, pareil, sur une plus faible échelle, à celui des tubercules adultes, fait saillie en un point de sa base. Sa tunique, formée par la partie infé-, rieure de la seule feuille qui se soit montrée à l'air libre, est d'un roux ar- dent et abrite, à son aisselle, un premier bourgeon nidulé sur le processus en talon. Une seconde tunique d'une excessive délieatesse se montre plus haut, et, aprés avoir ceint le sommet du tubercule, s'allongeen un filament trés courtet trés délié qui s'engage dans le canal de la première. Cette feuille abrite à son tour un bourgeon, du côté opposé au bourgeon inférieur. De ces deux gemmes axillaires, l'inférieure est de beaucoup la plus vigoureuse. Par-delà le second bourgeon, le tubercule s'éléve encore un peu et se ter- mine par un mamelon stérile. En mettant de côté cette dernière particula- rité, on voit que le tubercule produit par la germination a absolument la méme structure que le tubercule adulte. Bien que mes observations s'arrétent ici, il est aisé de poursuivre le Col- chique dans les phases futures de son évolution. Du bourgeon inférieur doit S'élever l'année suivante, non une hampe florale comme dans la plante adulte, la faiblesse du tubercule actuel s'y oppose évidemment, mais une Pousse stérile, plus ou moins pareille à la précédente, et dont la base s'or- $38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ganisera à son tour en un tubereule qui doit suceéder au premier, et ainside suite pendant plusieurs années, jusqu'à ce que le dernier tubercule produit ait assez de vigueur pour donner naissance à une hampe florale. Ce n'est done qu'aprés une longue succession d'individus agames, dérivant l'un de l'autre par voie de gemmation, que surgit un individu sexué capable de mul- tiplier l'espece. Si l'on veut considérer le végétal comme un être collectif, comme un agrégat d'individus élémentaires constitués par les gemmes, il n'y a qu'un nombre fort restreint de plantes qui ne présentent pas ce mode de génération qu'on a appelé chez les animaux génération alternante, et je ne saurais rien ajouter au savant chapitre que M. H. Lecoq a déjà consaeré à ce sujet (1). Mais si l'individualité végétale est considérée dans le sens vulgaire, on verra que, dans l'immense majorité des cas, la méme plante issue d’une graine est tôt ou tard capable de fleurir, et que ce n'est que dans quelques cas fort rares qu'apparait la génération alterpante. Je n'en connais encore qu'un trés petit nombre d'exemples parmi lesquels se trou- vent les Ophrydées et le Colchique. M. le Président donne lecture de la notice suivante qui lui a été adressée pour étre communiquée à la Société : NOTE SUR L'ARISARUM, par M. PARLATORE. (Florence, 3 juin 1856.) Les botanistes ne sont pas d'aecord sur la description du fruit de l'Ari- sarum vulgare, dont la structure me parait importante pour déterminer les limites de la famille des Aroidées. On sait que Tournefort distingua le pre- mier l'Arisarum comme genre, par la forme de la spathe (/lore cucullato), ce qui ne l'empécha pas d'y faire entrer des plantes de genres différents. Malgré la distinction établie par Tournefort, Linné confondit l'Arisarum avec les espèces de son genre Arum, auquel il donna, entre autres caractères, celui d’avoir une baie globuleuse, uniloculaire, et plusieurs graines presque rondes. Le professeur Octavien Targioni Tozzetti, en rétablissant le genre Arisarum dans ses décades d'observations botaniques, publiées dans les Annali dell” [Imperiale Museo di Firenze, t. I1, parte 2, p. 70, décrivit le fruit de l'Arísarum comme une capsule coriace, uniloculaire, subtétras- perme; description que Kunth (Mémoires du Muséum d'histoire naturelle de Paris, t. IV, p. 436) considéra comme trop incomplete et comme ayant besoin d'être vérifiée. Schott, dans ses Meletemata, conserva le genre Ari- sarum, mais ne dit rien de sa capsule. M. Blume, dans son excellent ouvrage intitulé Rumphia, passant en revue plusieurs genres et plusieurs espèces de la famille des Aroidées, ne manqua pas de décrire soigneusement le genre (4) H. Lecoq, Études sur la Géogr. bot. de l'Europe, chap. XXV. SÉANCE DU 4383 juin 1856. 539 Arisarum, et, considérant comme erronée la description du fruit faite par Targioni Tozzetti, il le regarda au contraire comme une baie d'après ses propres observations. Endlicher, dans son Genera plantarum, p. 23h, et Kunth, dans son £numeratio plantarum hucusque cognitarum, t. MI. p. 15, ont continué d'admettre que le fruit des Arisarum est une baie (baccæ 2-8 sperme). Malgré l'autorité d'hommes aussi distingués que Blume, Endlicher et Kunth, il faut rendre justice aux observations du botaniste italien qui dé- erivit le fruit de l’ Arisarum comme une capsule coriace. Tel est au moins le fruit de l Arisarum vulgare, que j'ai pu étudier à plusieurs reprises sur le vivant, ear cette plante est tres commune dans le bassin de la Méditerranée, comme le savent très bien les botanistes. Le fruit de l’ Arisarum vulgare est une capsule coriace, indéhiscente, de couleur verte, hémisphérique et presque turbinée, aplatie en dessus avec un bord un peu relevé, ayant dans le centre une petite pointe formée par les restes du style persistant , convexe en dessous et sessile. Le péricarpe est mince et coriace. Il y a une seule loge en dedans, entierement remplie par les graines qui varient de 2 à8, et qui sont insérées, par un hile gros et presque arrondi, au fond de la cavité du péricarpe. Ces graines sont ovoides, blanchátres, aiguës, un peu courbées, avec des stries longitudinales légèrement onduleuses. L'embryon est droit, eylindrique, daus l'axe d'un albumen charnu et avec la radicule obtuse correspondant au hile. Peut-étre pourrait-on dire que le fruit de l'Arisarum n'est pas une cap- sule, parce qu'il ne s'ouvre pas, comme cela a lieu d'ordinaire pour les Capsules ; mais je crois inutile d'entrer dans des détails organographiques sur ce qu'on doit entendre par capsule, en raison du vague qui règne en- Core dans cette partie de la science. Il eu est, en effet, des capsules comme des légumes et des siliques, et je serais aussi embarrassé de donner une dé- finition exacte des unes que des autres; car je les vois sous des formes trés différentes, déhiscentes ou indéhiscentes, dans les divers genres ou tribus de familles trés naturelles. Cependant il est certain que le fruit de l Arisarum est de la méme nature que celui des Ambrosinia, que les botanistes conside- rent et décrivent comme une capsule indéhiscente. Le fruit de l' Amórosinia (il est bon d'en donner ici la description) est une capsule eoriace, de couleur verte, presque sphérique, avec des angles tres obtus seuvent peu prononcés, un peu déprimée au sommet où elle présente une espèce de rostre ou de longue pointe courbée presque en crochet et for- mée par les restes du style persistant, Le péricarpe est un peu plus épais que dans l’ Arisarum, mais il présente comme dans ce dernier une seule ca- vité ou loge, remplie de graines arrondies, de couleur pâle, qui sont insérées au fond de la loge par un hile gros, charnu, blanc, globuleux et comme ar- ticulé avec le rostrede la graine. Ces graines sonten grand nombre, droites, 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et elles se présentent, lorsqu'on fait une coupe transversale du péricarpe, comme desœufs dans un petit panier. Elles ont des stries longitudinales plus prononcées que celles des graines de l Arisarum et un peu onduleuses comme celles-ci. L'albumen est légèrement corné ; l'embryon est droit, axile, avec la radicule tournée du cótédu hile. L'analogie des fruits de l’Arisarum et de l'Amórosinia n'est pas sans in- térét pour l'étude de la famille des Aroidées. On sait que quelques bota- nistes ont élevé l' Ambrosinia et le Pistia au rang de famille qu'ils nomment famille des Pistiacées, dont les caractères distinctifs seraient : unespathetu- buleuse, divisée en deux concamérations par un spadice soudé par ses bords latéralement à la spathe ; des étamines placées dans la concamération pos- térieure ; un ovaire solitaire dans le fond de la concamération antérieure ; et enfin, une capsule. Ces caractères ont été considérés par d’autres bota- nistes comme suffisant seulement pour faire des Pistiacées une simple tribu des Aroidées, ce qu'on fait Blume, Endlicher et Kunth, en se fondantsur- tout sur la forme tubuleuse de la spathe des Arisarum et sur la presque séparation des anthères et des ovaires, placés, dans ce genre, les uns en ar- rière et les autres en très petit nombre en avant du spadice, qui, du reste, est libre comme dans les autres Aroidées. Malgré tout cela, M. Lindley (Vegetable Kingdom, p. 12^) continue à conserver la famille des Pistiacées, à laquelle il rapporte aussi les Lemnacées, qui me paraissent ne devoir pas être confondues dans une méme famille avec les Pistiacées. D’après tout ce que je viens de dire des caracteres du fruit ainsi que de la spathe et des fleurs de l’ Arisarum et de l'Ambrosinia, il me parait maintenant hors de doute que l’Arisarum est un genre qui lie les Pistiacées aux Aroidées, qui ne doivent plus, par conséquent, former deux familles distinctes, et que le genre Arisarum doit servir de type à une tribu à part queje nommerai des Arisarées. Celles-ci ne peuvent pas non plus être considérées comme une simple sous-tribu des Dracuneulinées, d'apres l'opinion de Schott, de Blume, d'Endlieher, etde Kunth, car les Dracuneulinées ont une spathe ou- verte presque jusqu'à la base des fleurs máles et femelles différemment placées sur le spadice, et pour fruit une baie. M Le genre Arisæma doit à mon avis former une première sous-tribu des Draeuneulinées, par laquelle celles-ci se lieraient aux Arisarées. Je donne maintenant les caracteres de la tribu des Arisarées et du genre Arisarum, réformés d’après mes observations. | ARISAREZÆ Parl. Spatha basi tubulosa. Spadix liber, monoieus, basi antice pistillis paucis» postice staminibus continue tectus, genitalibus rudimentariis nullis. Stamina laxiuscula. Filamenta manìfesta. Antheræ peltatæ, transverse dehiscentes. SÉANCE DU 13 juin 1856, 941 Ovaria pauca. Ovula pauca, e placenta basilari erecta. Stylus distinctus. Capsula coriacea. Semina pauca, albuminosa. ARISARUM Targ. Tozz., Kunth, Schott, Blume, Endlicher. — Arisari species Tourn. — Ari species Linn. Spatha a basi ad medium tubulosa, limbo fornicato. Spadix tenuis, su- perne curvatus, saepe apicem versus incrassatus, basi antice pistillis nonnul- lis, postice et usque sub medio staminibus continue tectus, reliqua parte nudus. Staminum filamenta discreta, conoidea. Antheræ peltatæ, transverse dehiscentes, inequaliter semibivalves. Pollen oblongo-ellipticum, utrinque obtusum, plicis multis sublongitudinalibus instructum. Ovaria pauca, an- gulata, superne planiuscula, libera, unilocularia. Ovula plurima, ovoidea, in funieulis brevibus e placenta basilari erecta, orthotropa, pilis paucis, con- fervoideis, loculum non replentibus immixta. Stylus distinctus, erassiuscu- lus, incurvus. Stigma subeapitatum, obtusum, papillosum. Capsulæ (virides) hemisphæricæ, superne planæ, margine elevato, styli basi persistente, instructæ. Semina sub sex, basi pericarpii ope hili carnosi, subspbærici, lati inserta, ovoidea, acuta, subeurvata, longitudinaliter striata. Embryo in axi albuminis carnosi, teres, rectus, extremitate radiculari obtusa hilum spectante. M. Decaisne rappelle que M. Durieu de Maisonneuve a publié daus la Flore d'Algérie une anatomie trés complète de l'Arisarum ma- crorrhinchum, qui vient à l'appui de l'opinion de M. Parlatore à l'égard de ce genre. M. Decaisne est d'avis que le genre Arisarum diffère à peine des Aroidées et ne saurait être rapporté aux Pis- liacées, | M. Léon Soubeiran fait à la Société la communication suivante : HISTOIRE DES GOMMES DU SÉNÉGAL, par M. J. LÉON SOUBEIRAN. La gomme du Sénégal, dont il n'est pas nécessaire de rappeler ici les usages commerciaux et pharmaceutiques , est classée en deux sortes prin- Cipales, la gomme dure de Galam ou du bas du fleuve, et la gomme friable ou Sadrabeida, produites par des arbres différents et offrant des propriétés spéciales à chacune d'elles. Ayant pu compulser quelques documents Pris par des hommes compétents, et qui ont habité longtemps, ou qui ha- bitent encore notre colonie africaine (4), j'ai été amené à étudier de nou- (1) Raffenel (Anne), De la colonie du Sénégal, études historiques et commer- ciales, 4850 ; Caille, Tableau statistique du fleuve du Sénégal, 1851; Audibert, Rapport adressé à la commission de l'exposition universelle réunie à Saint-Louis (Sénégal), 1855. 342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. veau cette substance et à en refaire des descriptions, qui me permettent de rectifier quelques erreurs échappées à nos maîtres. La gomme dure de Galam ou du bas du fleuve est produite par des exsu- dations de l'écorce de deux espèces très voisines d' Acacia, les Acacia Verek Flor. Seneg. Tentam. et A. /Veboued Flor. Seneg. Tent.; aussi se présente- t-elle à nous avec des caractères qui ne sont pas toujours identiques. La gomme de l'Acacia Verek (Mimosa Uerek, Adanson) est blanche, ridée et terne extérieurement, vitreuse intérieurement, « offrant la forme de larmes, » quelquefois vermiculées et tortillées, mais communément ovoides ou » sphéroides, de 2 pouces de diamétre (souvent moindre), d'une saveur » sans fadeur, accompagnée d'une légère acidité qui ne se laisse reconnaitre » que par les personnes qui en font un usage habituel (Adanson). » Elle est entierement soluble dans l'eau, e£ donne un mucilage bien plus clair et moins consistant que celui de la gomme arabique, rougit le tournesol, mais plus faiblement que la gomme thurique. L'Acacia Verek est un arbre de moyenne hauteur, 3 à 4 mètres au plus, très rameux, à branches tortués et armées d'un nombre considérable d'épines acérées ; son bois est dur, son écorce est grise ; il laisse suinter naturellement un liquide gommeux , qui se solidifie plus tard, au bout de vingt à trente jours. Plus abondamment répandu, et en forêts plus considérables, sur la rive droite du fleuve que sur la rive gauche, il se trouve au Sénégal sur l'ile de Sar et dans tout le voisinage de -Saint- Louis, dans le pays des Maures jusqu'aux dernières li- mites du désert de Srahhrá, dans le Fonta-Toro , le Oualo , le Ghioloff, le Cayor, et méme dans les sables mobiles qui s'étendent jusqu'au Cap- Vert. On le trouve dans toutes ces contrées avec l' Acacia Neboued (Mimosa Neb- Neb, Gommier rouge d' Adanson) qui ne s'en différencie guère que par Son produit d'une teinte plus généralement rougeátre, presque toujours en boules arrondies, dont le diamètre varie entre 6 lignes et 1 pouce, trans- parentes et de saveur un peu amère. La gomme de Weboued, entierement soluble dans son poids d'eau, donne un mucilage plus épais que la gomme de Verek et rougit trés faiblement la teinture de tournesol. La récolte de la gomme au Sénégal est faite à peu pres exclusivement par les Arabes nomades du Srahhrá méridional, qui se désignent eux-mémes par le nom de Zédaouin (errants), et que dans la colonie on nomme Maures. C'est à peiue si quelques quintaux de gomme sont apportés au comptoir de Mérina-g'hen par les négres du Oualo et du Ghioloff, qui habitent la rive gauche du fleuve; car les premiers sont trop apathiques pour se donner la peine d'exploiter les gommiers de leurs foréts, et les autres , dont les pro" duits sont aussi beaux et souvent plus estimés que ceux des Maures , sont arrétés par les entraves que leur suscitent les Maures, jaloux de conservet le monopole du eommerce de la gomme. Parmi les Maures qui se livrent à l'exploitation de la gomme, les uns SÉANCE DU 13 jurn 1856. 343 habitent la partie inférieure du fleuve, ce sont les Braknas et les Trarzas, parmi lesquels on distingue la famille des Darmankours. Chacune de ces tribus exploite plus particulièrement une oasis ou forêt de gommiers. Les Trarzas, Ouled-Aid et Zoumaa, qui apportent leurs produits à Gahé, ex- ploitent plus particulièrement l'oasis de Sahel, située à 80 kilomètres E. de Portendik et à 100 kilomètres N.-E. de l'escale du Désert : cette oasis, constituée presque exclusivement par des Acacia Verek, s'étend sur une trés grande longueur, sur un terrain presque partout sablonneux, et fournit la gomme la plus estimée du Sénégal. Les Darmaunkours ou Aid -ou-el-laidj, parmi lesquels on distingue les Koumlailen, les Tend'ra et les Asgniat, sont une famille assez nombreuse de Marabouts, qui exploitent l'oasis d'El- hiebar, à 100 kilométres O. de la riviere Saint-Jean, à 128 kilometres N.-O. de l'ancien fort de Podor, et de l'escale du Coq. Ils tirent de cette oasis, qui offre plus d'Acacia Neboued que d'A. Verek, et qui est placée sur un terrain argileux au bord d'une couche sablonneuse , la plus grande quantité de gomme apportée aux escales, ce qui est en rapport avec son étendue plus considérable ; mais les produits en sont moins purs et moins estimés que ceux de l'oasis de Sahel. Les Braknas, Ab-el-Hassen et Tou- bouidj, qui viennent porter leurs gommes à l'escale du Coq , exploitent la plus petite des oasis du bas du fleuve, l'oasis d'El-fatak ou El-fetbhá, à A0 kilomètres S. S. E. d'El-hiebar : cette oasis, située sur un terrain plus substantiel, fournit une gomme bien moins estimée, et que dans le pays on désigne sous le nom de gonakié, Les Arabes de la partie supérieure du fleuve, qui se livrent au commerce de la gomme, appartiennent pour la plupart à la grande tribu des Dowiches, qui tirent des oasis de Lakhor et de Khanvre, situées dans le pays de Tagannt, 2 à 3,000 kilogrammes de gomme par an. Quelques fractions de la tribu des Aoulad -embarek et quel- quefois des Tychitt, peuplade très éloignée au N.-E. du fleuve, apportent aussi de la gomme à l'escale des Dowiches, c'est-à-dire au comptoir de Bakel, mais le plus souvent ils en sont empéchés par les Dowiches, et por- tent alors leurs produits au comptoir de Mérina-g'hen près de Caignouck (Caille). Lorsque la saison des pluies cesse, c'est-à-dire en novembre, les Maures, que les inondations avaient éloignés des rives du fleuve, s'en rapprochent et font récolter la gomme par leurs esclaves noirs. Pendant les premiers mois, les produits obtenus sont peu abondants et constituent la premiere traite, dite aussi petite traite : à partir du moment où la sécheresse de- vient plus grande, vers mars, la proportion des produits augmente et leur récolte constitue la seconde traite ou grande traite , subordonnée à l'arrivée des pluies et à l'intensité des vents d'est : cette seconde traite dure en général jusqu'au mois de juin ou de juillet. Les écorces des gom- miers, imbibées, distendues et gonflées sous l'influence de l'eau qui tombe sh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en immense quantité pendant la saison des pluies, sont desséchées par les vents d'est brülants qui viennent du désert, se fendillent et laissent exsuder par leurs fentes des larmes de liquide gommeux, qui s'agglutinent et for- ment des sortes de boules. Plus les vents d’est soufflent avec violence et persistent longtemps (circonstance défavorable à la cuiture), plus la récolte de la gomme est abondante, et il est à remarquer que trés rarement elle est mauvaise deux années de suite. Les esclaves, pendant toute la traite, ne se nourrissent que de gomme, et c’est seulement depuis plusieurs années que quelques Arabes cultivent du mil pour les nourrir (Caille). Ils vont détacher les boules de suc gommeux qui pendent au tronc et aux branches, en ayant bien soin de les cueillir dés qu'elles apparaissent, pour éviter qu'il ne s'y attache des corps étrangers. C'est à cette précaution , prise surtout daus le bas du fleuve, que les gommes du Sénégal doivent d'étre presque toujours en petites larmes. Chaque esclave, muni d'un sac de cuir (toulon ou touron en ghioloff), détache les exsudations, soitàla main, soit au moyen de longs bátons surmontés d'une sorte de houlette ou de ciseau de fer, opération extrêmement pénible, à cause des nombreux piquants des Acacia. Une fois le toulon rempli, il le porte à son maitre, qui enterre le sac dans le sable principalement pour le soustraire aux autres chercheurs, ennemis ou amis, qui ne se feraient aucun serupule de se l'approprier. On laisse les éoulons en terre jusqu'à ce qu'il y en ait une quantité suffisante pour en opérer le transport aux escales ou lieux de traite de la gomme. Quand la gommea été récoltée trop fraiche, c'est-à-dire avant que sa surface se soit suffisamment desséchée, quand elle est restée trop longtemps enterrée, une quantité de sable plus ou moins forte s'y attache, et le produit, qui perd alors beau- coup de sa valeur, recoit le nom de gomme enterrée ou non marchande. Cet accident est peut-être dû à ce que la pluie a pénétré le sable jusqu'à la gomme, où à ce que les exsudations sont naturellement tombées de l'arbre à terre « ou elles forment quelquefois des croûtes si épaisses qu'elles empé- » chent l'arbre de se développer. » (Flore de Sénégambie.) Chaeun des ob- servateurs qui ont visité le Sénégal m'a confirmé l'assertion de Swédiaur (Bull. de la Soc. philom. n° 8 frimaire an VI (1797) p. 64) : « Un homme » qui à vécu longtemps sur la côte d'Angola, désirant obtenir de moi des » renseignements sur divers procédés chimiques, me découvrit que la mna- » niére la plus ordinaire dont on obtient la plus grande quantité de gomme » arabique du commerce est en creusant au pied des vieux arbres, particu- » lierement des Mimosa nilotica et M. Senegal. On trouve alors de grosses » masses de gomme, qui ont suinté des racines, peut-être pendant plusieurs » siècles, et qui se sont détachées de la base de l'arbre. » C'est donc avec raison que Schousboe (ibid. an VII (1799), p. 51), s'élève contre l'opinion ci-dessus exprimée et nela eroit nullement fondée. Quand les esclaves ont ramassé suffisamment de gomme pour en charger tous les bœufs, chameaux SÉANCE DU 43 Juin 1856, 3^5 et autres bétes de somme de leur propriétaire, on se rend à l'escale, sous la protection, toujours trés onéreuse, du roi de la tribu, pour troquer la gomme avec les négociants francais (traitants), contre des cotonnades bleues (guinée), des fusils, de la poudre, du sucre, etc. L'escale est obligatoire, et les transactions, qui ne peuvent se faire ailleurs, sont surveillées par l'officier d'un petit bâtiment de guerre, qui prend le titre de commandant de l'escale. La traite aux escales commence en général en juin pour se terminer au 1*' août ; elle se fait dans des points choisis par mutuelle convenance, mais où il n'y a aucune construction et qui sont complétement déserts dans l'in- tervalle d'une traite à une autre. A l'époque actuelle, le commerce de la gomme ne peut se faire sur le fleuve qu'à l'escade d'Anled-aiou ou des Darmankours, située à 95 kilomètres de Saint-Louis, à celle du Désert, plus éloignée de 5 à 6 kilomètres, et à celle du Coq, distante du chef-lieu de la colonie d'environ 200 kilomètres. En outre, pour les gommes du haut du fleuve, l'échange se fait au comptoir de Bakel (Raffenel. Audibert). Achetée aux escales, la gomme est descendue par bateaux à Saint-Louis, où elle est triée avec soin avant d'être expédiée en France. On distingue de la gomme de Galam celle du GAioloff, toujours aussi belle et souvent plus estimée, produite trés probablement par les mêmes espèces, mais tou- jours en morceaux plus volumineux, remarquable par le glaçage brillant de Sa surface, glaçage qui semble dû à une sorte de cristallisation. Malheureu- sement les obstacles que les Maures mettent à son arrivée jusqu'aux escales, Sont cause qu'elle est encore rare à Saint-Louis , et qu'elle n'est en quelque Sorte qu'un produit de commerce de contrebande (Audibert). La gomme de Bondou, très souvent mélangée à la gomme de Galam, est trés difficile à en distinguer à l'aspect seul, méme pour les négociants les plus expérimentés ; son amertume trés prononcée doit cependant la faire re- jeter du commerce. Elle est fournie par un Acacia voisin de l'a/bida. La gomme Gonaké, Gonakié ou Gonaté (du nom que les indigènes don- nent à l'arbre qui la produit, et que tous ne savent pas distinguer de l'A. Verek), trés abondante dans l'oasis d' El-fatak, est rouge, généralement plus que les variétés rouges de l'A. JVeboued, se dessèche trés facilement et de- vient vitreuse , ce qui permet aux Maures de la méler aux autres sortes pour faire volume et poids : malheureusement il est trés difficile de la dis- tinguer des variétés marchandes, car son amertume prononcée fait perdre beaucoup de leur valeur aux parties de gomme de Galam qui en contien- nent. Elle exsude de l'Acacia Adansonii, Fl. Seneg. Tentam. (Mimosa Gonakié, Adanson). La gomme friable ou Sadra-beida (par corruption Salabréda), est menue €t brisée comme du gros sel ; sa cassure est tres facile et parfaitement vi- treuse ; sa surface est toujours terne et souvent ridée : elle se présente tantôt en larmes arrondies, tantôt en longs fragments vermiculés: sa saveur T. hf. 25 346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est toujours un peu amére. Les diverses variétés de teinte blanche, rouge, verte, jaune, qu'elle présente dépendent de l'áge plus ou moins avancé, de l'état de vigueur ou de faiblesse du gommier dont elle exsude. La nature plus ou moins sablonneuse du terrain exerce aussi une influence marquée (Audibert). Elle se dissout trés facilement dans son poids d'eau froide et donne un mucilage trés peu consistant, qui rougit très faiblement la tein- ture de tournesol, surtout quand on prend de la gomme non vermiculée. Elle se récolte en janvier, février et mars, dans des foréts peu éloignées de Bakel, et est vendue au fur et à mesure de sa récolte par les Maures, car elle ne peut s'enterrer comme la gomme de l’Acacia Verek. Elle est pro- duite par une espèce d'Acacia très voisine de l'A. albida (Flor. Seneg. Tent.) : cet arbre, épineux, très commun sur la rive droite du fleuve dans les sables du désert de Srahhrá, à partir de Galam , est toujours beaucoup plus petit que l'Acacia Verek, Son écorce blanche lui a fait donner par les indigenes le nom de Sadra-beida (arbre blanc). La gomme qu'il fournit, que l'on désigue aussi sous le nom de gomme du haut du fleuve , est beau- coup moins estimée que la gomme dure, et ne se vend guère à Saint-Louis, avec quelque avantage, que quaud il y a disette de gomme dure. M. Weddell fait à la Société la communication suivante : SUR UNE CHLORANTHIE DE PIED-D'ALOUETTE VIVACE, par M. WED DELL. La monstruosité que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société ne parait pas différer sensiblement de celle qui a été l'objet d'un mémoire publié il y a déjà longtemps par M. Brongniart. Elle m'a été communiquée par M. Hérineq, qui l'a observée dans un jardin des environs de Paris, el mérite surtout de fixer l'attention à cause de la netteté des transformations opérées dans les organes essentiels de la fleur. Les parties extérieures de celle-ci n’offrent en effet rien de particulier ; tandis que les carpelles, dont le nombre s'est considérablement accru, puisqu'ils forment environ trois verticilles, présentent tous les passages entre le follicule presque normal et les lames foliacées résultant de la modification des enveloppes florales e des étamines. La transformation subie par les ovules est surtout intéressante à ob- server; aussi a-t-elle particulierement appelé l'attention de M. Brongniart. Examine-t-on, par exemple, ces petits organes à la partie inférieure du bord de la feuille carpellaire, où leur forme s'éloigne le plus de la normale, on les voit réduits à un lobule parfaitement continu avec le reste du limbe; à un niveau un peu plus élevé, ces lobules sont très légèrement creusés e cuiller ; plus haut eucore, leur extrémité libre se recourbe de manière à simuler un petit capuchon ; et, si l'on examine avec attention le fond de SÉANCE DU 13 juin 1856. 347 celui-ci, on voit qu'il en nait une petite masse celluleuse qui n'est autre chose que l'ovule, moins son enveloppe extérieure. Le capuchon et le corps celluleux qui en occupe le fond se prononcant enfin de plus en plus, revétent vers le sommet de la feuille earpellaire, la forme des ovules anatropes nor- maux de la plante. Or, si pour expliquer la nature des téguments de l'ovule on voulait s'appuyer sur ce fait, on serait conduit à admettre (avec M. Brongniart) que l'enveloppe extérieure de l'ovule, ou primine, est de nature foliaire, et on pourrait voir dans le reste de l'ovule, à savoir la se- eondine et le nucelle, un corps bulbillaire qui en naitrait, à peu prés comme les bourgeons naissent d'une feuille de Bryophyllum. Les bulbilles de la feuille carpellaire du Delphinium ne se produisent pas, à la vérité, au hasard à la surface de la feuille, comme cela a ordinairement lieu dans le Bryophyllum, mais leur préférence pour les bords est facile à expliquer, sans recourir à l'hypothèse de M. Schleiden qui veut que toute partie du végétal qui donne naissance à des organes axiles, sur des points déterminés de sa surface, soit nécessairement un axe, ou, tout au moins, un organe complexe dans la constitution duquel il y a quelque chose d'axile. J'ajoute qu'en supposant la primine formée par une expansion de la feuille carpellaire, et en admettant que la secondine soit la première et unique feuille d'un bourgeon né du bord de cette feuille (1), on peut s'ex- pliquer pourquoi cette secondine nait avant l'enveloppe extérieure : l'ex- pansion de la feuille carpellaire ne se formerait en effet, dans cette manière de voir, que lorsque le petit axe nueellaire, déjà muni d'un bourrelet qui est le rudiment de la secondine, a fait appel de vitalité vers le point de la feuille carpellaire où il a pris naissance. Y a-t-il quelque chose de fondé dans cette hypothèse? c’est ce que je laisse aux observateurs futurs le soin de déterminer ; mais elle n'aurait d'autre objet que de démontrer l'extréme élasticité de certains faits téra- tologiques, que je ne regretterais point de l'avoir émise. M. Baillon rappelle que, dans sa communication récente sur le Buis (2), lorsqu'il a parlé de la graine des Euphorbiacées, il croit avoir prouvé que l'ovule de ces plantes, qui est pourvu de deux tégu- ments, se forme évidemment sur l'axe, ce qui serait en désaccord avec l'hypothése que vient d'exposer M. Weddell relativement à la formation des enveloppes ovulaires. (4) I est presque inutile de dire que je fais complétement abstraction ici des cas où l'ovule naît évidemment d'un placenta axile; car, dans ce cas, ce ne serait Plus un simple lobule de feuille qui constituerait la primine, mais bien une feuille tout entière, (2) Voyez le Bulletin, t. III, p. 285. 348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Alphonse De Candolle fait à la Société la communication sui- vante : NOTE DE M. ALPH, DE CANDOLLE SUR L'IDENTITÉ DES GENRES ESPADÆA, A. Rich., ET ARMENIASTRUM, Lem., ET SUR LEUR RAPPORT AVEC UN GENRE NOMMÉ ANTÉRIEU- REMENT GŒTZEA PAR M. WYDLER. Lors qu'un méme genre recoit successivement deux et peut-étre trois noms, il est rare que plusieurs années s'écoulent sans qu'on s'apercoive de l'erreur eommise. Dans le cas actuel cela s'explique par la rareté des échantillons et par le peu de publicité donnée à l'ouvrage de Richard sur l'ile de Cuba. Le genre Getzea a été fondé par M. Wyler, en 1830, dans le journal le Linnea, sur une plante qu'il avait rapportée de Porto-Rico et dont les échantillons étaient probablement rares et mauvais, car je n'en trouve aucun dans mon herbier, où les plantes de M. Wydler devraient être complètes. Il ne m'est pas prouvé que M. W ydler lui-même en possède (1). A l'époque où il était conservateur de mon herbier, il erut reconnaitre une plante de l'île de Cuba, envoyée par M. Ramon de la Sagra, sous le n° 528, pour étre du méme genre que celle de Porto-Rico. Celle-ci présente une pervation des feuilles tellement particulière, qu'en voyant, par hasard, la figure de V Espad&a amena dans la Flore de Cuba (t. 65), je n'ai pas hésité à recon- naitre l'espece n° 528 de M. R. dela Sagra. Une plante tres voisine, si ce n'est la méme espèce à feuilles et fleurs plus petites, a été rapportée de Cuba paï M. Linden; elle est cultivée dans le jardin botanique de Gand, et M. Ch. Lemaire l'a nommée Armeniastrum apiculatum, dans le vol. 4 du Jardin fleuriste, où l'on peut en voir une figure (p. 77) non coloriée. L'identité générique de l’Armeniastrum et de l'Zspadea ne parait pas douteuse; il reste seulement à vérifier l'analyse, qui présente d'assez grandes diversités dans les figures (2). Les deux auteurs rapportent la plante à la famille des Verbénacées. Le nom donné par Richard est le plus ancien. Quant au Gotzea primitif de Wydler, celui de Porto-Rico, figuré dans le Linnæa, les étamines étant au nombre de six (et non cinq), les ovules étant représentés comme pendants et le style comme plus court que les étamines, je n'ose pas admettre son identité avec le genre Espada. Ce n'est pas une Ebénacée comme le croyait M. Wydler; ce n'est pas non plus une plante du même genre que i’£spadæa de Cuba, à moins d'erreurs graves dans la description et dans la planche de M. Wydler. Le plus pru" (1) Des circonstances particulières n'ont pas permis à M. Wydler de s'en assurer lorsque je lui en ai adressé la question il y a quelques mois. Je connais trop sa COM- plaisance pour penser qu'il oublie ma demande lorsqu'il pourra s'en occuper. (2) L'Espadea a 4 étamines, l'Armeniastrum en a 5, d'apres les figures. SÉANCE DU 27 Juin 1856. 349 dent me semble done de le considérer comme un genre distinct , jusqu'à vérification sur la plante de Porto-Rico. M. De Candolle annonce aussi la prochaine publication d'un demi- volume du Prodromus, qui contiendra les deux familles importantes des Polygonées et des Protéacées, traitées par M. Meisner. Le travail sur les Protéacées aura d'autant plus d'intérét que non-seulement son auteur y a compris les nombreuses découvertes faites dans ces derniéres années en Australie, notamment par Drummond, mais en- core qu'il s'est attaché à y présenter avec soin la synonymie de: noms de M. Robert Brown. Pour arriver à ce résultat, il a fait un voyage à Londres et il a étudié les types qui avaient servi aux tra- vaux monographiques du célèbre botaniste anglais. Ce demi-volume comprendra aussi les Myristicées et les Pénéacées, traitées par M. Alph. De Candolle, ainsi que le genre Geëssoloma qui parait devoir consti- tuer un petit groupe distinct à côté des Pénéacées. M. Boisduval présente de nouveau à la Société quelques-unes des plantes qu'il a réussi à cultiver avec succès : Liparis Læselii, Ma- laris paludosa et M. monophyllos, Serapias cordigera et S. tri- loba. Cette derniére espéce, extrémement rare, a été considérée par quelques auteurs comme une hybride du S. cordigera et de l'Orchis laziflora. SÉANCE DU 27 JUIN 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 juin, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une présentation. Dons faits à la Société: 1* De la part de M. Attilio Tassi, de Lucques : Una visita all’ Esposizione dei fiori in Firenze, avril 1856. Della fruttificazione dell" Hoya carnosa, 1856. Del modo di compilare i catalogi di semi nei giardini botanici, 1856. 350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2» En échañge du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro de mai 1856. L'Institut, juin 4856, deux numéros. Lecture est donnée d'une lettre de M. Des Étangs, qui remercie là Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. Decaisne annonce la mort de M. de Lort-Mialhe, membre de la Société, décédé à Narbonne le 25 de ce mois. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante adressée à la Societé : MODE DE PROPAGATION PARTICULIER AU POTAMOGETON CRISPUS , L., par M. D. CLOS. (Toulouse, 18 juin 1856.) La propagation des plantes par bourgeons est infiniment variée. De nom- breuses recherches ont été déjà faites dans cette voie ; mais ce sujet offrira longtemps encore aux botanistes un vaste ehamp d'études. J'ai déjà déerit ailleurs les divers modes de développement par gemmation de la Ficaire, des Orchidées, de l’Æcheveria racemosa. Qu'il me soit permis de signaler aujourd'hui celui d'une plante aquatique assez commune en France, le Potamogeton crispus L. À la date du 16 janvier dernier, ayant fait retirer de l'un des bassins du canal du Midi une corbeille de pieds de Vallisnérie, je ne fus pas peu sut- pris de découvrir au milieu d'eux de petits organismes végétaux d'une cou leur rousse et de consistance cornée, formés de quatre, cinq ou six feuilles portées sur un axe long de 3 à 5 centimètres, sessiles ou subsessiles, ho- rizontales, moitié réniformes, moitié en cœur, denticulées, mucronées, larges de 07,012, sur une longueur de 0,01. De l'aisselle de l'une d'elles partait un rameau-stolon à entrenœuds trés allongés, émettant des racines adventives et des feuilles dont les inférieures étaient réduites à la gaine, tandis que les supérieures reproduisaient exactement celles du Potamogeton crispus L. Mais quelle était l'origine des organismes cornés qui donnaient naissance à ces stolons ? Étaient:ils les derniers produits de végétation dela plante, ou des bourgeons d'une nature particulière? C'est ce que je me promis bien de reehercher en temps opportun. Lorsque, à cette époque de l'année (milieu de juin), on arrache un pied bien entier de Potamogeton crispus L., on voit un rhizome horizontal, gréle, cylindrique, à longs mérithalles, mais ayant perdu ses feuilles. De ses nœuds partent, d'une part des racines adventives qui fixent la plante SÉANCE bU 27 Juin 1856. 351 datis la vase, de l'autre des rameaux qui s'élévent, dépourvus de racines, les uns à la fois foliaires et floraux, les autres simplement foliaires. A. Rameaux foliaires et floraux. Ils ont toutes leurs feuilles semblables et se terminent par un épi floral. De l'aisselle des deux feuilles les plus rap- prochées de cet épi, partent deux bourgeons courts, soit semblables, à feuilles normales, et se terminant aussi chaeun par un épi, soit dissemblables, et dont l'un non florifère et à feuilles modifiées représente un des ramuscules dont il sera question ci-après. En un mot, chez cette espèce, le voisinage des fleurs n'entraine pas de modifications dans la forme des feuilles. B. Rameaux simplement foliaires : ils sont de deux sortes : a. Rameaux foliaires longs : ils ont dans leur plus grande longueur de longs entrenœuds et des feuilles normales, tandis qu'à leur sommet l'axe et les feuilles se modifient pour revétir les caractères des rameaux courts. b. Rameaux foliaires courts ou ramuscules. Ceux-ci, portés ordinaire- ment à l'aisselle d'une des feuilles des rameaux floraux , n'ont pas plus de 4 à 6 centimètres de longueur ; leur axe est de nature cornée. Leur feuille la plus inférieure est encore normale, c'est-à-dire sessile , oblongue-obtuse, membraneuse et à bords ondulés : mais les suivantes se composent de deux parties, une inférieure très large, 5-nerviée & bords arrondis et denticulés, indurée-cornée, formant une sorte de gaine avant l'épanouissement du bourgeon ; l'autre terminale, membraneuse, 3-nerviée presque entière et sous forme de languette : ces deux parties sont séparées par une échancrure et représentent la feuille de la Dionée renversée ; on pourrait les comparer encore à une feuille panduriforme, si la languette terminale était beaucoup plus élargie. Chacune de ces feuilles a un bourgeon à son aisselle. Ces ra- muscules, grâce à leur induration, se détachent facilement de l'axe du rameau floral dont la consistance est restée molle; ils gagnent le fond des eaux, où ils prennent une couleur roussátre et une consistance cornée. Cette sorte de fissiparité a lieu en juin et en juillet. Ces petits organismes restent sans autre moditication dans la vase jusqu'au mois de janvier : alors un des bourgeons axillaires de ces écailles se développe en stolon, comme il a été dit au commencement de cette note, et ce stolon devient un rhizome qui donne naissance aux diverses sortes de rameaux dont il vient d'étre ques- tion. L'extrémité cornée des rameaux foliaires longs se détache comme ces derniers et se comporte comme eux. Tel est le mode de propagation par gemmation du Potamogelon crispus L. J'ignore s'il a des analogues dans le regne végétal, mais, pour ma part, je confesse ne pas en connaître. On sait très bien que chez certaines plantes, (Bugle, Piloselle, Joubarbes acaules, Fraisiers, ete.), il se détache des jets, stolons, propagules : mais là c'est la partie séparée qui devient une nouvelle Plante, Il n'en est rien chez le Potamogeton crispus. Ici le bourgeon de- venu libre, semble revêtir tous les caractères d'un organe mort : il ne prend 352. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus d'aecroissement , et toute sa vitalité se concentre dans un de ses bour- geons axillaires qui, après être resté quelques mois stationnaire, se déve- loppe en rhizome pour reproduire la plante. Je ne connais pas non plus d'autre exemple de cette induration cornée dans un organisme destiné à multiplier l'individu. Toutefois, il y a lieu d'admirer dans ce eas comme dans tant d'autres, la prévoyance de la nature qui, en donnant ce degré de consistance à des bourgeons, leur a permis et de gagner le fond des eaux et de résister longtemps à la détérioration (1). MM. Cosson et Germain dans leur Flore des environs de Paris (p. 569) ont divisé le genre Potamogeton en deux sections sous les titres de diversi- folii et conformifolii, et ils placent le P. crispus dans cette dernière. Je lis dans l'ouvrage de ces auteurs à la description de cette espèce : « feuilles toutes submergées, toutes de la même forme, membraneuses, ete. » Après les considérations qui précèdent, il est presque inutile d'ajouter que ces caractères manquent d'exactitude, et que le P. crispus doit entrer dans la première section. M. J. Gay est d'avis qu'un phénomène semblable se produit chez le Potamogeton pectinatus, bien qu'il n'ait jamais pu constater lui- méme la réalité de ce fait, dont l'observation est consignée dans un article de M. Agardh, inséré dans le Flora, journal publié à Ralis- bonne. M. Eugène Fournier fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN DÉVELOPPEMENT ANORMAL DE L'ANDROCÉE DANS LE CHEIRANTHUS CHEIRI, L., par M, E. FOURNIER. J'ai eu dernièrement l’occasion d'observer un pied de Cheiranthus Cheiri qui présente un phénomène tératologique assez curieux ; toutes ses fleurs sont singulièrement transformées. Les deux verticilles extérieurs sont très peu développés. Quand on les a enlevés, on a sous les yeux non point un androcée, mais un ovaire ovoide à six cótes distinctes, ouvert à sa partie supérieure qui présente six dents ; par cette ouverture émerge la partie su- périeure d'un ovaire normal de Cheiranthus, portant à son sommet le stigmate bilobé qui le termine. Si l'on examine l'ovaire extérieur, on voit qu'il est formé de six carpelles surmontés de leurs six stigmates sessiles et courbés en dehors. Les bords de ces carpelles sont cohérents jusqu'au-des- sous des stigmates. Il en résulte un ovaire ereux, dont la cavité est tapissée (1) Plusieurs de ces bourgeons cornés, recueillis en janvier et placés dans Un H 0 " . % flacon ouvert plein d'eau, ont laissé celle-ci parfaitement claire et inodore, et l'un d'eux émet en ce moment un bourgeon feuillé de son écaille Ja plus inférieure. SÉANCE DU 27 Juin 1856. 353 par six placentas pariétaux portant des ovules. Ceux-ci, ordinairement ru- dimentaires, à cause de la pression qu'ils subissent de la part de l'ovaire intérieur, sont quelquefois développés, ayant été fécondés sans doute par quelque plante voisine, puisqu'il n'y a pas d'étamines dans les fleurs de ce Cheiranthus. | Dans la cavité formée par l'ovaire extérieur, se voit l'ovaire ordinaire des Cheiranthus , gêné dans son développement par la compression qu'il éprouve. En effet, le gynécée anormal, en se rétrécissant à sa partie supé- rieure, forme comme un anneau qui étrangle le gynécée normal. De plus, ils adhèrent souvent l'un à l'autre au niveau de leurs cordons placentaires respectifs. Aussi l'ovaire intérieur présente-t-il à sa surface externe des saillies correspondant à des ovules trop serrés dans son inté- rieur, et affecte-t-il, dans la plupart des fleurs, une direction courbe qui en rend l'aspect encore plus singulier. Il s'élève en général au-dessus de l'ovaire extérieur, mais d'autres fois il reste inclus. L'ovaire extérieur est manifestement formé par un développement anormal de l'androcée ; en effet, il en tient la place, et il est formé de six pièces, comme le serait l'androcée normal s'il existait. De plus, on voit que sur ces six pieces, il en est deux qui descendent plus bas ; elles sont oppo- sées aux sépales latéraux, et analogues par leur position aux deux étamines courtes ; les deux pièces intermédiaires à chacune de celles-là s'inserent plus haut sur le réceptacle, et elles ne sont pas trés nettement distinctes l'une de l'autre, au moins dans la plupart des fleurs ; elles représentent les quatre étamines supérieures. D'ailleurs les six pieces arrivent toutes sensi- blement à la méme hauteur. Quant aux glandes, qui sont, comme on sait, au nombre de deux dans les Cheiranthus, entourant à leur base les filets des étamines courtes, il y en a peut-étre ici des vestiges dans quelques fleurs, mais elles ont généralement disparu. Je ne puis m'empécher de présenter ici quelques déductions qui se tirent tout naturellement de l'observation de ce fait tératologique. Elles sont en- tiérement d'accord avec les idées émises par MM. Moquin-Tandon et Webb Sur la constitution de la fleur des Crucifères. 1* Le gynécée anormal étant formé de six pièces cohérentes par leurs bords et placées sur le même rang, et chacune de ces pièces représentant une étamine, on voit que les six étamines des Crucifères sont bien placées aussi sur le méme rang. 2° L'union fréquente et partielle des pièces qui représentent les étamines Supérieures tend à prouver que chaque paire d'étamines supérieures est formée par la division d'une seule étamine. 3* L'avortement des glandes a aussi son importance. Dans un grand nombre de Cruciferes, on ne trouve point de glandes à la base des étamines 354^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. supérieures ou géminées; c'est que le phénomène de multiplication dont elles ont été le siége a coineidé avec la disparition de la glande. Ici l'an- drocée tout entier étant hypertrophié, toutes les glandes ont disparu. M. J. Gay rappelle que cet état monstrueux a déjà èté observé depuis longtemps. Dans le premier volume du Prodromus, De Can- dolle l'a méme mentionné comme variété, sous le nom de Chetran- thus Cheiri qynantherus. Le fait est trés fréquent et a été souvent constaté à Paris méme. M. Moquin-Tandon présente des fruits mürs et secs d'une nouvelle espéce de Vanille (Vanilla lutescens Moq.) cultivée au jardin de la Faculté de médecine de Paris, et ajoute les observations suivantes : Le jardin botanique de la Faculté de médecine possédait depuis quatre ans, une grande et belle Orehidée sarmenteuse, trés robuste, qui lui avait été communiquée par M. Coudert, hortieulteur distingué de Bordeaux. Cette Orehidée venait de Guayra (Paraguay). On ne connaissait pas ses fleurs, mais on soupçonnait, d'après la nature de sa tige, la forme de ses feuilles et son facies, qu'elle appartenait au genre Vanilla. La plante a fleuri le 20 mai 1855 et le 24 mai 1856, et ses fleurs ont confirmé cette détermi- nation. Cette Vanille présente des fleurs réunies en grappes axillaires, longues de 8 à 9 centimètres, et de couleur jaune. Ces fleurs exhalent une odeur peu forte, légerement aromatique, un peu pénétrante, qui semble mélée à celle des fleurs du Chátaignier. Par la fécondation artificielle, la plante à donné un certain nombre de fruits oblongs, étroits, brusquement rétréeis à la base et au sommet, trigones, à angles obtus. Ces früits, en se séchant, ont pris une teinte d'un brun violacé et répandu une odeur de Vanille bien carat- térisée, mais beaucoup plus faible que celle des fruits aromatiques des Vanilles du commerce. M. Moquin-Tandon regarde cette plante comme distincte des espèces connues, et la désigne sous le nom de Vanilla lutescens; elle est caracte- risée surtout par ses feuilles largement ovales (et non lancéolées), pa" ses grappes axillaires (et non terminales), par ses fleurs jaunes (ét non dun blanc verdátre) et par la brièveté de ses fruits. , M. Dupuy, professeur à l'École impériale de Grignon, a décrit et figure cette belle Orchidée, dans un des derniers numéros de la Revue horticole (4° série, t. V, n° 7, 4° avril 1856). M. J. Gay donne en ces termes des nouvelles de M. Balansa, qu! accomplit en ce moment un nouveau voyage botanique dans le Taurus : SÉANCE DU 27 JUIN 1856. 355 Le 8 juin, après avoir touclié à Smyrne, il avait heureusemerit débarqué à Mersina, sur la côte de la province de Tarsous. De là il devait sé rendre directement à Césarée (48 lieues au nord de Tarsous), en suivant le pied occidental de l'Alla-Dagh et la riche vallée du Kamechli-Tehai dont il a déjà exploré une partie l’année dernière. A une lieue au N. E. de Césarée est le village de Talasse, sur le versant nord de l'Erdschich-Dagh (le mont Argée des anciens). C'est là que M. Balansa comptait s'établir pour explorer à fond, pendant les mois d'été, cette montagne toute voleanique, ainsi que le plateau voisin, élevé de 3,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Son projet était de revenir à la fin d'aoüt à son ancienne station de Gulek- Boghas, dans le Taurus proprement dit, pour y procéder à la récolte des graines qui, cette fois, élait le but principal de son voyage. Le pays était tranquille et les circonstances paraissaient favorables. A Mersina le ther- momètre se maintenait à 30° centigrades, et la moisson était commencée. Quant au Taurus, il se montrait à l'horizon encore tout couvert de neige. M. J. Gay fait en outre à la Société la communication suivante : Notre honorable président a bien voulu me communiquer quelques échantillons d'une plante algérienne, nommée Zefoutt dans le pays, et qui offre quelque intérét, en ce que ses bulbes, d'une saveur agréable, sont re- cherchés comme une friandise par les femmes indigènes et par les enfants. Chargé d'examiner cette plante et de dire son nom scientifique, bien qu'elle fût en fruit et non en fleur, j'y ai reconnu de suite un /ris de la section à racine bulbeuse. Il ne s'agissait plus que de déterminer l'espece, et un coup d'œil jeté sur mon herbier m'a bientôt appris que c'était l'/ris Juncea Poir. Voyage en Barbarie, tom. II, p. 85, et Desf. FI. Atl. I, p. 39, tab. 4. Les auteurs que j'ai pu consulter ne font aucune mention de ses pro- priétés alimentaires. Mais ces propriétés n'ont rien qui doive surprendre dans une Iridée, famille où se trouvent beaucoup de plantes bulbeuses dont l'oignon ne présente sous la dent aueune espèce d'ácreté. Témoin les Crocus, témoin surtout une espèce de Syrie, encore inédite, que M. le doc- teur Gaillardot envoie à ses correspondants sous le nom d'edulis, ce qui annonce clairement qu'en Syrie cette plante est comestible, comme lI 7ris Juncea l'est en Algérie. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR DES FLEURS MONSTRUEUSES DE VERONICA TEUCRIUM, Lin., par M. P. DUCHARTRE. I! y a peu de jours, j'ai trouvé, à l'entrée du bois de Meudon, un pied dé 356 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Veronica Teucrium Lin., dont les fleurs m'ont offert des particularités assez intéressantes pour mériter, j'ose le croire, d'être signalées à la Société. Leur corolle était affectée d'une tendance à la division, ou, si l'on veut, au dé- doublement, qui se manifestait à des degrés trés divers. Les 6 ou 7 fleurs inférieures de la grappe étant déjà tombées, j'ignore si cet état tératologique s'était montré dès les premiers moments de l'évolution de l'inflorescence. Mais les corolles que j'ai pu observer, au nombre de 4, suivaient, dans leur déviation de l'état normal, une marehe d'abord ascendante, ensuite descen- dante; ce qui me fait penser que la grappe entiere a dü étre composée d'abord de fleurs normales, et qu'elle aurait été terminée de méme pardes fleurs normales, si ses boutons supérieurs s'étaient ouverts. La première particularité qui m'a frappé, c'est que la corolle était le seul verticille floral qui se fût écarté de l'état habituel. Le calice, l'androcée et le pistil avaient conservé, dans toutes leurs parties, le nombre, la configu- ration et la place qui les caractérisent dans cette espèce. Un autre fait digne de remarque consistait en ce que le lobe ou pétale supérieur que, pour abréger, j'appellerai l'étendard, avait aussi constamment échappé à la dé- formation qui avait affecté les trois autres lobes ou pétales. Deux fleurs étaient épanouies au moment où j'ai trouvé cette plante. Voici ce qu'elles m'ont présenté l'une et l'autre : 1» Dans!a première, le lobe étroit inférieur de la corolle était resté normal de forme et de grandeur; les deux lobes latéraux étaient seuls modifiés. Même celui de droite ne l'était qu'à un faible degré ; il n'était, en effet, qu’échancré profondément au sommet ou presque bifide,'de manière à former deux petits lobes courts et à peu près égaux. Quant au lobe gauche, il était fortement altéré. En premier lieu, il avait tellement gagné en largeur qu'il rejetait vers la droite le lobe inférieur de la corolle. IL résultait de là qu'une ligne menée verticalement par le milieu de cette fleur aurait laissé vers la droite une moitié de l'étendard, un lobe latéral et le lobe impair inférieur tout en- tier, tandis qu'à sa gauche se seraient trouvés la seconde moitié de l'éten- dard et le lobe gauche monstrueux. En second lieu, ce dernier lobe avait été partagé presque jusqu'à sa base en deux segments sensiblement inégaux ; ensuite le plus grand de ses segments, tendant à se dédoubler à son tour, avait formé une sorte de grande dent saillapte au milieu de son bord in- férieur. 2° La fleur située plus haut était beaucoup plus profondément modifiée. Son lobe impair inférieur était partagé presque entièrement en deux $€5 ments oblongs, égaux entre eux et divergents. Chacun des deux lobes ou pétales latéraux était également divisé en deux segments ; mais, parmi ceux- ci, le supérieur était resté entier, tandis que l'inférieur avait commencé à se dédoubler sur chacun d'eux et présentait une échancrure terminale. Ici, malgré la déformation profonde subie par la corolle, une ligne verticale at- SÉANCE DU 27 JUIN 1856. 357 rait coupé l'ensemble de ce verticille floral en deux moitiés symétriques, comprenant chacune une moitié de l'étendard, un lobe latéral monstrueux et un des deux segments du lobe impair inférieur. J'ai pu faire ouvrir sur l'eau deux autres fleurs qui m'ont présenté l'or- ganisation suivante : 9^ Celle qui succédait à la précédente était encore profondément altérée ; mais son altération était en méme temps irrégulière. Son lobe impair infé- rieur était partagé en 2 segments inégaux et asymétriques, celui de gauche ne formant qu'une sorte de languette linéaire plus courte de moitié que celui de droite. Quant aux deux lobes latéraux, ils étaient l'un et l'autre beau- coup plus larges que dans l'état normal et une fente profonde les divisait en deux grands segments ovales. Seulement le segment supérieur du lobe de droite manifestait par son échanerure terminale assez profonde sa tendance à se diviser à son tour. Ici, comme on le voit, la modification tératologique faisait un pas rétrograde, faible encore puisqu'il ne portait que sur le lobe où pétale inférieur de la corolle, mais cependant appréciable. h^ Enfin, la fleur la plus haute parmi celles que j'ai pu observer n'était plus que faiblement modifiée dans son organisation. Seul, son lobe gauche s’était partagé en deux segments peu inégaux et les trois autres étaient restés indi- vis, parfaitement normaux de forme et de grandeur. C'était là le dernier terme de la modification ; car, autant que j'ai pule reconnaitre sur uu bou- lon peu avancé et d'ailleurs altéré par un séjour de quelques jours sur l'eau, la corolle de la fleur suivante se serait montrée tout à fait normale pour les proportions relatives et pour la configuration de ses parties. M. Chatin pense que ces faits ont plus d'intérét que ne parait leur en attribuer M. Duchartre lui-méme et qu'il peut en résulter la preuve que la corolle des Véroniques à quatre lobes comprend en réalité cinq pétales, dont deux sont réunis en un seul. Toute la difficulté consiste à savoir quel est ce pétale formé par la réunion de deux. M. Moquin-Tandon rappelle que, d'aprés les observations de Duvau, qu'il a répétées lui-méme, le grand lobe supérieur de la co- rolle des Véroniques possède deux nervures symétriques et semble dés lors résulter de la réunion de deux pétales qui compléteraient la Symétrie quinaire de la corolle. M. Duchartre fait observer que cette théorie fort ingénieuse n'est pas confirmée par l'examen du calice des Véroniques dont la corolle est quadripartite, puisque ce calice est lui-même simplement quater- naire. Il ajoute que, dans les fleurs monstrueuses qu'il a décrites, une particularité permettait de reconnaitre sans incertitude ceux des lohes 358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. normaux qui s'étaient plus ou moins nettement dédoublés. En effet, l'espèce de croix blanche qui se trouve à la gorge de la corolle et à la base du limbe, dont -chaque branche occupe, dans l'état normal, la portion médiane et basilaire d'un lobe, devenait irréguliére dans ces fleurs pour conserver la situation qui lui est naturelle et déjetait plus ou moins ses trois branches inférieures selon que l'élargissement anormal du lobe correspondant de la corolle dérangeait plus ou moins la position naturelle de la ligne médiane de ce lobe. M. Chatin dit qu'en étudiant l'organogénie florale des Véroni- ques, il n'a jamais vu apparaitre le lobe supérieur de leur corolle par deux mamelons distincts ; de telle sorte que l'observation organogé- nique ne confirme pas la théorie selon laquelle ce lobe supérieur ré- sulterait de l'union de deux pétales. M. T. Puel donne lecture de la deuxième partie de sa Note sur quelques Trèfles de la section Chronosemium (1). M. Eug. Fournier annonce que M. Buffet vient de trouver le Phleum arenarium, entre Pontoise et Pierrelaye, et que M. Bonnet a découvert le Sedum dasyphyllum à Montmorency. (t) A la demande de M. Puel, cette deuxième partie sera réunie à la troisième, et insérée avec celle-ci dans le compte-rendu de la séance du 11 juillet. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Mittheilungen (Votes diverses) ; par M. J. Roeper. (Botan. Zietung, n? 28, 11 juillet 1856, col. 481-485). I. Saxifraga granulata apetala decapentandra. La fleur dont il est question dans cette note était remarquable par la transformation des cinq pétales en autant d'étamines surnuméraires qui avaient conservé la place oü se seraient trouvés les pétales. La fleur avait ainsi quinze étamines et elle était apétale. IL A quoi sert aux plantes la sécrétion de miel ? — L'appareil reproduc- teur des Phanérogames, les seuls végétaux chez lesquels on observe une sécrétion mielleuse, a besoin pour former le pollen et les ovules d'une grande quantité de matières azotées. La fleur doit donc recevoir plus de sève que n'en exigent sa nutrition et sa conservation. Le pédoncule généralement grêle ne suffit pas pour ramener dans le corps de la plante l'excédant de ce suc en quelque sorte filtré et qui doit s'en aller pour faire place à de nou- velle matière azotée. La fleur elle-même ne peut le consommer, sa corolle et ses étamines particulièrement n'ayant qu'une existence trés courte. Ne se peut-il pas, dit M. Roeper, qu'il soit alors exerété sous la forme de suc miel- leux, matiére trés pauvre en azote et presque exclusivement hydrocar- burée? Ill. Corpelles dispermes d'Ombellifères. — En 1852, M. Roeper a pu- blié (Bot. Zeit., 1852, n° 11, col. 185-186) des observations desquelles il résulte que, dans quelques Ombelliferes, chaque carpelle présente deux ovules anatropes pendants, dont ordinairement un seul se développe en graine, mais qui quelquefois se développent trés bien tous les deux. Un an plus tard, M. Payer a publié un mémoire (Organogénie des familles des Myrtacées, Punicées, Philadelphées, Loasées et Ombellifères ; Ann. des sc. nat., 3° sér., xx), dans lequel, sans connaitre probablement le travail de M. Roeper, il a signalé de méme l'existence dans chaque carpelle des Om- belliferes de deux ovules, dont « l'un est ascendant et avorte, dont l'autre est pendant et arrive seul à maturité. » Il a méme dit que ce fait se présente Chez foutes les Ombelliferes. M. Roeper affirme, au contraire, n'avoir ja- mais rencontré des carpelles biovulés que chez les Ombellifères à gros fruit 360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comprimé par le dos, et il conteste également la différence de direction originaire de ces deux ovules admise par M. Payer. Cette différence de direction lui semble être uniquement la suite d'une différence dans la marche du développement, ce que confirment les observations qui lui ont montré les deux ovules également pendants lorsqu'ils arrivent à leur dé- veloppement complet. Ces deux ovules se trouvent l'un au côté droit, l'autre au cóté gauche du carpelle. IV. Clematis integrifolia pluriovulata. — Dans le Clematis integrifolia M. Roeper avait découvert, dés 1849, au moins quatre ovules, parmi les- quels un seul arrive à son développement complet (Botan. Zeit., 1852, col. 187). M. Payer a décrit plus récemment un fait analogue dans le Cle- matis calycina (Traité d'organogénie végét. comparée, 6° livr., page 253, 1854). V. L'Alchemilla n'est pas une Sanguisorbée. — Le titre de cette note en dit suffisamment l'objet. Les A/chemilla se distinguent uniquement des Tor- mentilla, dit M. Roeper, en ce que la place des quatre pétales est oceupée chez elles par des étamines, que l'androcée s'est en quelque sorte fondu dans le disque annulaire proportionnellement épais, et que sur de nombreux carpelles un seul (à style évidemment latéral) se développe. Déjà chez le Waldsteinia on ne voit plus que deux carpelles. — Par suite la polygyuie n'est pas essentielle chez ces plantes. Beitræge zur Kenntniss des Verhaeltnisses zwischen Licht und Vegetation (Note relative à la connaissance des rapports qui existent entre la lumière et la végétation) ; par le docteur A. Vogel jun. (Flora du 7 juillet 1856, n° 25, pp. 385-388). Les expérienees dont M. A. Vogel expose les résultats sous forme concise ont eu pour but de déterminer les différences qu'améne dans les plantes la diversité d'action de la lumière. Dans ce but, elles ont été faites toutes comparativement sur des plantes placées les unes à l'obscurité complète, les autres à la lumière ordinaire du jour. Enfin d'autres ont eu pour objet de reconnaitre l'influence que les différents rayons du spectre exercent sur la végétation. Elles ont été faites pendant l'été de 1854 et celui de 1855, à Mu- nich. L'auteur dit qu'il ne les regarde pas comme terminées, mais qu'il se propose de les continuer en les variant et en les étendant à un plus grand nombre de plantes. Les plantes sur lesquelles ont porté les observations de M. A. Vogel sont le Pisum sativum, V Hordeum vulgare, V Avena sativa. Voici le tableau des résultats qu'il a obtenus. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 361 A. — EXPÉRIENCES FAITES DU 8 MAI AU 10 JUIN 1854. I. — Pisum sativum, Eau, Cendres, Carbone, Hydrogène. Aujour. . . ... 92,80 8,62 38,2 5,65 A l'obscurité , . , 94,24 12,14 92,6 6,01 | II. — Hordeum sativum. Au jour. . . . . . 92,32 12,86 38,40 4,9 A l'obscurité ... 94,12 16,39 36,01 5,17 IU. — Avena sativa, Au jour. . . . .. 91,03 11,50 41,5 5,9 A l'obscurité. . . . — 93,71 17,30 40,5 5,7 B. — EXPÉRIENCES FAITES DU 16 MAI AU 47 JUIN 1855. I, — Pisum sativum, Eau, Cendres. Carbone, Hydrogène, Au jour. . . . .. 92,53 9,22 37,7 6,8 A l'obscurité . . . 95,01 11,86 35,2 6,9 II. — Hordeum sativum. Au jour. . .,.. 91,56 14,1 39,92 5,97 A l'obscurité . , . 95,22 17,2 36,85 5,89 III. — Avena sativa. Au jour. . .. .. 90,71 19,98 43,4 5,8 A l'obscurité .. . 93,36 16,96 41,7 6,92 Les résultats généraux qui en découlent sont les suivants : 1* Les plantes qui ont végété à l'obscurité contiennent généralement plus d'eau que celles qui ont été soumises à l'influence de la lumière. La diffé- rénce constante est de 2 pour 100. | 2° La proportion des cendres augmente fortement aussi dans les plantes en l'absence de la lumière. L'augmentation est, en moyenne, de 4 pour 100. 3° L'analyse montre encore que les plantes qui ont végété à l'obseurité renferment notablement moins de carbone et plus d'hydrogène que celles qui ont erü à la lumière diurne. M. Vogel a remarqué dans ses expériences que les racines des plantes tenues à l'obscurité étaient généralement plus développées que celles des plantes qui étaient restées au jour. Pour confirmer cette observation, il rap- Porte des faits analogues qui ont été observés par M. de Martius sur les bords de l'Amazone. Dans celles de ses expériences qui ont eu pour objet de reconnaitre l'influence des différents rayons lumineux, M, Vogel a vu que le contenu T. nir, 2! 362 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en eau est le plus faible sous le rayon violet. La différence la plus considé- rable s’est montrée dans le Pisum sativum dans lequel les chiffres pour le rayon violet et pour le rayon jaune ont été 90,22 : 94,6, c’est-à-dire presque L pour 100 de différence. Les plantes qui ont donné le moins de cendres ont été généralement celles qui avaient végété sous le verre violet et blanc. La portion de carbone est beaucoup plus forte sous les lumières blanche et violette que sous toutes les autres. Cette différence a été constante dans les expériences des deux années. Veber die Befruchtung und den Generationsweehsel der Algen (Sur La fécondation et sur la génération successive des Al- ques) ; par le docteur Pringsheim (Monatsbericht der Kænigl. Preuss. Acad. d. Wissensch. zu Berlin; mai 1856, pp. 225-237; avec 1 pl. lithog.). Les nouvelles observations dont M. Pringsheim publie les résultats ont été faites ce printemps sur diverses espèces d'Ædogonium, de Bulbochæte et Coleochæte. Mais c'est spécialement l'ŒÆdogonium ciliatum (Vesiculifera ciliata, Hass.) qui lui fournit le sujet de son mémoire. Les OEdogonium et Bulbocluete consistent en files de cellules simples ou ramifiées. Outre les cellules-soies terminales et vides qui sont propres aux Bulbochæte et à quelques Œdogonium , on distingue dans ces petits végé- taux trois sortes de cellules : 4° les cellules ordinaires, végétatives, qui en forment le corps et dans lesquelles nait, sans intervention des sexes, une seule spore motile, pourvue d'uue couronne de cils et susceptible de germer; 2» des cellules soit isolées soit groupées, interposées aux cellules végétatives, d'ordinaire fortement renflées, dans lesquelles se forme la spore immobile, et qui sont l'organe femelle de ces plantes; 3° on trouve sur les pieds qui portent les organes femelles ou sur des pieds distincts des cellules plus courtes que les cellules végétatives, dont elles interrompent la file en con- stituant généralement des groupes, et qui sont destinées à former la spore soit immédiatement soit médiatement. Dans l'Œdogonium ciliatum les petites cellules qui doivent produire l'ap- pareil mâle se forment d'ordinaire vers l'extrémité des fils entre la soie ter- minale et l'organe femelle situé le plus haut. Dans leur intérieur l'ensemble du contenu donne naissance à une seule spore mobile semblable de forme à celles qui se produisent dans les cellules végétatives, mais qui se distingue très bien de celles-ci par sa petitesse et surtout par sa destination morpho- logique. C'est elle que M. Al. Braun nomme Microgonidie. M. Pringsheim propose de donner à ces petits corps le nom d'Androspores. Lorsque les androspores sont sortis de leur petite cellule-mère, elles s'agitent pendant REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 363 quelque temps, aprés quoi elles se fixent sur l'organe femelle ou dans son voisinage. Dans l'ŒÆdogonium ciliatum, pendant que l'organe femelle achève son accroissement, elles se développent en une plantule à peu de cellules, que l'auteur nomme petit corps-mâle (Männchen), et qui se compose d'une utricule basilaire à ehlorophylle, portaut l'anthéridie. Celle-ci présente à son sommet un petit couvercle formé par la rupture circulaire de la mem- brane de l'androspore. La cellule de l'anthéridie se partage, par une cloison transversale, en deux cellules distinctes, qui sont les cellules-meres spé- ciales des anthérozoides (Saamenkorper) isolés dans chacune d'elles, Lorsque ces anthérozoides sont formés, on voit celui qui occupe la cel- lule supérieure des deux presser contre le couvercle de l'authéridie et le soulever un peu, sans qu'il tombe cependant. L'anthéridie entr'ouverte reste dans cet état souvent pendant plusieurs heures jusqu'à ce que l'organe femelle s'ouvre lui-même. A cette époque celui-ci est rempli presque com- plètement d'une matière verte , en gros grains. On voit, en outre, dans le haut de sa cavité et au-dessus de la matiere à gros grains une masse de mu- cilage incolore et finement granulé. Tout à coup la membrane de cet organe femelle se rompt un peu au-dessous de son sommet et sa portion supé- rieure, semblable à un couvercle, est rejetée vers le cóté avec le fragment de fil celluleux de la plante, dont elle est surmontée. Sa portion mucilagi- neuse intérieure ressort par cette ouverture, et se conforme sous les yeux de l'observateur en une utricule solide, presque incolore, qui présente elle- méme une grande ouverture située du cóté qui regarde le petit corps mále. On voit ensuite le reste du mucilage qui n'a pas été employé pour la for- mation de cette utricule s'affaisser et se réunir de nouveau au contenu vert, à gros grains, de l'organe femelle. Ce contenu, de son cóté, s'isole des pa- rois de cet organe et se ramasse en un volumineux globule libre. En ce me- ment, qui précede immédiatement la féeondation , le couvercle de l'anthé- ridie se détache entièrement et laisse sortir l'anthérozoide supérieur, qui a la forme d'un coin assez aigu en avant et pourvu de cils nombreux. Ce petit corps, apres s'étre mü pendant tres peu de temps d'un mouvement pro- pre, entre dans l'organe femelle par l'ouverture qui s'y était formée et sa pointe arrive jusqu'à la portion antérieure et incolore du contenu de cet organe. On peut trés bien observer ces faits gráce à la transparence des mem- branes, au volume de l'anthérozoide, à sa configuration particulière, ete. On voit celui-ci, pendant un instant, táter en quelque sorte en divers points àvec son extrémité pointue le globule contenu dans l'organe feinelle; mais bientót il est absorbé par celui-ci à la matiere duquel il se reunit sans laisser de traces. L'utrieule mucilagineuse qui s'était formée et le mucilage incolore lui-même disparaissent. Peu après cette fécondation le globule fécondé arrête graduellement son 364 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. contour et on le voit enfin entouré d'une membrane qu'indiquent deux li- gnes périphériques très manifestes. Cette membrane forme dès lors Ja pre- miere cellule d'un nouvel organisme et le corps essentiellement reproduc- teur de la plante. L'auteur déduit les conséquences suivantes des observations dont on vient de voir le résumé. 4° Dans l'acte de la fécondation il s'opère une fusion de toute la matière qui formait l'anthérozoide avec celle qui existait, à nu encore, dans l'organe femelle. l 2° La première cellule du nouvel organisme ne préexiste pas toute formée dans l'organe femelle, mais elle est le résultat de la fécondation. 3* L'anthérozoide ne sert pas à former une portion déterminée morpho- logiquement de la nouvelle cellule, par exemple le nucleus, mais il perd entièrement sa manière d’être et ne peut dès lors agir que par sa matière. 4° Un seul anthérozoide suffit pour produire la fécondation. La fin de l'important mémoire de M. Pringsheim est consacrée à signaler les différences que présentent avec l’'Ædogonium ciliatum quelques espèces du méme genre et celles du genre Bulbochwæte. Le travail entier est terminé par l'explieation des 10 figures que réunit la planche et qui toutes, !a pre- miere exceptée, reproduisent nettement les objets sous un grossissement de 350 diamètres. Inquiry into the signs of current Electricity in Plants (Recherches sur les signes de l'existence de courants électriques dans les plantes); par M. H. F. Baxter (Voy. Annals and Magaz. of natural His- tory, cah. de aoüt 1856, pp. 182-183). Le travail dont on vient de voir le titre a été communiqué à la Société botanique d'Édimbourg le 12 juin dernier. Nous en trouvons un résumé et les conclusions dans le cahier d'août du journal anglais Zhe Annals and Magazine of natural History. Après avoir rappelé les recherches faites sur le même sujet par MM. Bec- querel, Donné, Wartmann et Zantedeschi, l'auteur donne les détails de ses propres expériences. Il a examiné successivement les courants électriques dans les feuilles, les racines , les fleurs, les fruits et les tubereules. Voici les conelusions auxquelles il a été conduit. 1° Lorsque les électrodes d'un galvanométre sont mis en contact, l'un avec la surface de la feuille, l'autre avec le suc qui coule dela méme feuille, l'effet produit sur l'aiguille indique que la surface de l'organe et le suc se trouvent dans des états électriques opposés. Ces effets ne peuvent être rap- portes entièrement aux actions électro-chimiques ordinaires, mais on peut les attribuer en partie aux changements organiques qui s'opérent dans là feuille dans le cours de la végétation, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 365 2° Lorsque les électrodes sont mis en contact, l’an avec la surface ex- terne des spongioles d'une plante, l'autre avec la sève qui s'élève des ra- cines, on constate dans les deux des états électriques opposés. Les effets qu'on observe alors à l'aide du galvanomètre peuvent étre dus, dans la plu- part des cas, aux actions électro-chimiques ordinaires ; mais, dans quel- ques cas aussi, ils ne peuvent étre rapportés qu'aux changements organi- ques qui se produisent daus les racines pendant la végétation. 3 On constate des courants légers sur les pétales. h° Dans les fruits et les tubercules il peut se produire parfois des cou- rants puissants ; mais ces effets ne sont évidemment que des résultats se- condaires dus à la réaction des sucs végétaux les uns sur les autres. On an Abnormality in the Flowers of Salix Anderso- niana (Sur unc anomalie présentée par les fleurs du Salix Anderso- niana); par M. John Lowe (The Annals and Magaz. of natur. History, cah. de septembre 1856; pp. 254-256, avec 9 fig. intercalées dans le texte). Cette anomalie consiste dans une transformation graduelle des étamines en pistils, opérée avec tous les degrés possibles entre les formes parfaites de ces deux organes. L'arbre sur lequel elle a été observée se trouve non loin d'Édimbourg; il parait être vigoureux. La plupart de ses fleurs se présentaient dans un état parfaitement normal. Pour donner une idée des modifications tératologiques qui s'étaient opérées dans les autres, nous croyons ne pouvoir mieux faire que de décrire la suite de figures que ren- ferme la note de M. Lowe, d'après l'explication qu'il en donne. La pre- mière figure représente une fleur dont les deux étamines, parfaitement normales du reste, ont les filets soudés partiellement à leur base. Cette sou- dure a lieu sur une plus grande longueur dans la fig. 2. Dans la fig. 3, sur les deux étamines soudées par leurs filets dans les trois quarts de leur lon- gueur, une est restée normale, tandis que l'autre s'est changée en un ovaire qui porte une masse de pollen à son bord interne. La fig. 4 montre un état plus avancé, dans lequel l'ovaire provenu d'une des deux anthères ne pré- sente pas de pollen ; à sa base se montre l'autre anthére, qui est sessile. Sur la fig. 5 on voit les deux anthères transformées également en pistil, avec une masse de pollen ; les styles se terminent par un seul stigmate. La fig. 6 représente deux ovaires presqué'entiérement soudés entre eux et ne conservant qu'une fente dans le haut où se trouvent les restes des anthères. Les styles sont distincts et portent ehaeun un stigmate. Dans l'état repro- duit par la fig. 7 la fissure de l'extrémité de l'ovaire précédent a disparu par l'effet de l'union des styles; il reste encore du pollen sur un des côtes des ovaires ainsi unis. Enfin la fig. 8 montre un pistil parfaitement con- 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. formé provenu de la soudure de deux carpelles et constituant le terme der- nier de la transformation. M. Lowe présente quelques considérations sur les faits dont on vient de voir l'exposé. Il y voit la preuve que l'anthere est due à la lame de la feuille. Le pollen qui se trouvait sur le bord des ovaires encore un peu im- parfaitement conformés lui semble montrer que cette poussière fécondante est purement un produit du bourgeonnement de la lame de la feuille. Il exprime ensuite son opinion sur la glande de la fleur des Saules. Il pense qu'elle représente la corolle, et il ajoute que, si l'on regarde l'écaille comme un calice, on aura les différents verticelles de la fleur complets. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Flore de France, ou Description des plantes qui croissent naturelle- ment en France et en Corse; par MM. Grenier et Godron, tome III, 2e partie; in-8* de 39^ pages, 1856. Paris, chez J.-B. Bailliere, et Besancon, chez Dodivers. MM. Grenier et Godron viennent de faire paraître la deuxième partie du troisième tome de leur Flore de France. Ainsi se trouve arrivée à sa fin cette œuvre importante, dont la publication a duré huit années. Mais ces deux savants botanistes ne regardent pas encore comme remplie la tâche qu'ils se sont imposée et, ainsi que nous l'apprend un post-scriptum inséré à la fin de leur ouvrage, ils se proposent de faire paraitre prochainement un supplément qui sera lui-méme un travail considérable. En effet, ce ne sera rien moins qu'une révision de toutes les espèces qui figurent dans leur Flore, et ils y feront connaitre tout ce qu'ils auront observé ou appris de nouveau rela- tivement à chaeune des plantes qui croissent sur notre sol. On sent dès lors tout l'intérét que doit avoir une publication complémentaire concue d'aprés un plan si large. Le demi-volume dela Flore de France qui vient de paraitre, comprend la fin des Cypéracées composée du genre Carez tout entier, les Graminées traitées comme les Cypéracées par M. Godron, et les Acotylédons vasculaires dont la rédaction est due à M. Grenier. Cette portion occupe 271 pages du 3* volume, Elle est suivie: 1° d'un avis aux lecteurs destiné à annoncer la prochaine publication du supplément; 2? de deux tables alphabétiques, la premiére pour les familles et les genres, la seconde pour l'ensemble des fa- milles des genres, des espèces et def synonymes. Le grand genre Carex parait avoir été élaboré par M. Godron avec un soin particulier. Malheureusement il nous est impossible d'entrer dans des détails précis à son sujet, l'exemplaire du nouveau demi-volume que nous avons entre les mains ne renfermant qu'une portion de ce genre, par suite d'une erreur de brochure, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 367 Dans les Graminées, M. Godron a fait constamment usage des caracteres fournis par la forme du fruit ou caryopse. Il a eu recours à ces caractères, non-seulement pour la distinction des genres, mais encore pour celle des tribus. Nous ferons remarquer en passant qu'il a cru devoir s'écarter de l'orthographe admise jusqu'à ce jour pour le mot caryopse et lui donner une physionomie rigoureusement grecque en l'écrivant caryops. M. Godron a modifié notablement la division de la famille des Graminées en tribus. En place des 13 formées par Kunth, et généralement adoptées depuis ce botaniste, il en a admis 18, parmi lesquelles 4 sont établies par lui. Ainsi en détachant des Chloridées de Kunth les Cynodon et Spartina, il en fait une tribu des Spartinées. Le genre Zmperata, qui rentrait dans les Andropogonées du botaniste allemand, devient pour M. Godron le type d'une tribu des Impératées. Le genre ancien Airopsis, subdivisé maintenant en trois, conformément aux idées de M. Parlatore, est détaché des Avé- nacées pour former la tribu nouvelle des Airopsidées. Les Trisetum et Holcus réunis aux Kæleria et Catabrosa deviennent les éléments d'une tribu des Trisétées. Enfin les Hordéacées de Kunth se divisent pour former les deux tribus des Hordéacées et des Triticées. Ajoutons que les Seslériacées et Nardoidées sont admises comme distinctes, par notre botaniste, à l'exemple de M. Koch. Par-là se, trouve complété le nombre de 18 tribus parmi les Graminées européennes. Qu'on nous permette de faire à ce propos une re- marque sur les dénominations de plusieurs de ces tribus. Puisqu'il est uni- versellement admis aujourd'hui que la désinence en acées distingue les familles, il semble peu conforme à cette règle de terminer de la méme ma- nière des noms de simples tribus qui peuvent par là donuer lieu à des équivoques fâcheuses. Dès lors les noms de Seslériacées, Arundinacées, Avénacées, ete., nous sembleraient devoir être modifiés en Seslériées, Arundinées, À vénées, etc., ou en d’autres dénominations qui ne fussent pas Contraires aux lois de la nomenclature adoptée. Plusieurs espèces de Graminées figurent dans la Flore de France, soit Comme encore non décrites, soit avec des noms nouveaux, par suite de leur Passage d'un genre dans un autre. En voici l'indication : 1. Agrostis oli- vetorum, espèce voisine de l'A. vulgaris, mais à ligule oblongue, saillante et non très courte, à feuilles supérieures très fines, propre d'ailleurs à la région des Oliviers. 2, Koeleria alpicola, des Alpes du Dauphiné, plante Voisine du Æ. castellana, Boiss. et; Bent. 3. Melica Magnolii (M. ciliata, Vill. ; Gouan; Desf., ete., non Lin.). 4. Seleropoa loliacea ( Poa loliacea, Huds. ; Triticum Rottbolla, DC.). 5. Serrafalcus hordeaceus ( Bromus hordeaceus, Lin.) et S. Zloydianus (Bromus divaricatus, Lloyd et B. mol- liformis, Lloyd.). 6. La réunion des ZZ gilops avec les Triticum, admise par M. Godron, transforme les Æ. ovata, triaristata, triuncialis, caudata en Triticum ovatum, triaristatum, triunciale, caudatum, Godr. et Gren. 368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous trouvons en outre, sous les noms de Tr. vu/gari-ovatum , Godr. et Grev., et 7. vulgari-triaristatum, Godr. et Gren., les deux plantes remar- quables qui ont tant occupé le monde savant depuis les expériences de M. Esprit Fabreet dans lesquelles des expériences nouvelles dues à M. Godron, à MM. Vilmorin, Regel, ete. ; contredites, il est vrai, à ce qu'il parait, par une observation toute récente de M. Henslow , sembleraient autoriser à ne voir que des hybrides issus d'/Egilops fécondés par les Froments cultivés. 7. Agropyrum pycnanthum (Triticum pycnanthum, Godr., Not. fl. Mont.); A. campestre (A. glaucum, Rebbe., Exsic., non Desf.); A. Pouzolzü (Triticum Pouzolzii, Godr., 1. c.). Nous ferons observer que M. Godron admet la plupart des genres pro- posés récemment pour des Graminées européennes, notamment par M. Par- latore. La partie relative aux Acotylédons vasculaires ne nous offre comme espèce décrite pour la première fois que l’/soetes adspersa, Al. Braun, de Corse, qui n'a encore été que figurée dans le grand ouvrage sur l'Algérie, et dont la description est extraite de la Monographie inédite de M. Alexandre Braun. Nous signalerons aussi à ce propos l'exposé des caractères de la famille des Isoétées, tracé avec le soin et l'exactitude qui caractérisent tous les travaux du célébre professeur de Berlin. Flora vectensis : Being a systematic description of the Phamoga- mous or flowering Plants and Ferns indigenous to the isle of Wight (Description systématique des plantes phanérogames et des Fougères in- digènes de l'ile de Wight) ; par feu William Arnold Bromfield ; éditée parsir W. J. Hooker et par M. Thomas Bell Salter. (Londres, 1856 ; 1 vol. in-8 de XXXV et 678 pages. Chez W. Pamplin!, 45, Frith Street, Soho.) L'histoire de cet ouvrage, l'exposé des conditions dans lesquelles il a été concu, rédigé et publié, sont présentés par les deux savants éditeurs dans une préface qu'il nous semble indispensable de résumer en quelques lignes. Peu aprés que le docteur Bromfield eut fixé sa résidence, en 1836, à Ryde, dans l'ile de Wight, il conçut le projet d'écrire,la Flore de cette ile. Mais il résolut en méme temps de s'écarter, dans l'exécution de ce travail, de la marche adoptée par la grande majorité des floristes et de ne pas Se contenter de publier une liste de plantes plus ou moins complete, accompa- gnée de diagnoses ou de descriptions empruntées en majeure partie à d'au- tres auteurs. Il voulut aussi que ses descriptions, toutes originales, ne fus- seut point tracées d'après des individus isolés, d’après des variétés pour certaines espèces. Pour arriver à l'exécution de ce plan qui devait donner à son livre un intérêt particulier et un cachet d'originalité malheureuse- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 369 ment fort rare dans les Flores, il réunit pour chaque espèce un grand nombre d'échantillons pris en différentes localités et, autant qu'il le put, il compara soigneusement ces échantillons avec les mêmes espèces récoltées dans d’autres pays. En outre, il forma une riche bibliothèque botanique dans laquelle il réunit une grande quantité de Flores surtout étrangères et, une fois pourvu de ces éléments de travail, il se fit une loi de n'indiquer dans ses descriptions un caractère signalé par un auteur qu'après en avoir vérifié lui-même la parfaite exactitude. « Les résultats de ces investigations attentives furent, disent les éditeurs, les descriptions les plus soignées et les mieux élaborées qui se puissent imaginer; mais le temps et le travail consacrés à chaque espèce égalérent ceux que maints auteurs accordent à un genre ou méme une famille, et cette circonstance retarda beaucoup l'achè- vement de l'ouvrage. » M. Bromfield avait d'ailleurs à un haut degré cette passion des voyages qui caractérise sa nation, et plusieurs fois il interrompit son travail pour aller explorer des contrées lointaines. Ce fut méme daus un de ces voyages qu'il mourut de la fièvre, en 1850, à Damas, laissant sa Flore inachevée. La sœur de ce regrettable botaniste a eu à cœur de livrer au public les résultats des longs et consciencieux travaux de son frére; MM. W. Hooker et Bell Salter se sont rendus à ses désirs et se sont chargés de compléter la Flore de l'ile de Wight en s'effacant eux-mémes le plus possible. Le ma- nuscrit qui leur a été livré était complet quant à la liste des espèces et à l'indication des localités; mais il contenait de nombreuses lacunes pour la partie descriptive. Ils se sont attachés à ne combler ces lacunes qu'au moyen d'emprunts faits à des ouvrages déjà publiés, surtout à ceux que Bromfield paraissait avoir le plus consultés et ils ont indiqué Par des guillemets ou par des parenthèses tout ce qu'ils ajoutaient au tra- vail original. Ainsi les caractères des familles et des genres, ainsi que les diagnoses des espéees, manquaient en presque totalité, et ces parties indis- pensables ont été prises dans les différentes Flores de la,Graude-Bretague. Mais rien n'a été ajouté aux descriptions, et celles que renferme la Flora vectensis sont toutes dues à la plume de Bromfield, ainsi que les observa- tions qui les suivent assez souvent. L'ouvrage est écrit entièrement en anglais. Aprés une préface des éditeurs Se trouve une autre préface écrite par l'auteur lui-même, ainsi qu'une in- troduction en 17 pages dans laquelle il donne un tableau du climat et de la Végétation de l'ile de Wight et en même temps celui de sa constitution géo- logique. La Flore elle-méme est disposée d'après la méthode naturelle et dans l'ordre des familles établi par De Candolle. Méme dans les parties ter- minées par Bromfield, les caracteres des familles et ceux des genres sont présentés Succinctement, La synonymie est aussi tres peu développée et se réduit à la citation des principaux floristes anglais et le plus souvent à celle 370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'une figure, ordinairement à celles de l'E'nglish Botany. Les parties les plus développées sont l'indication des localités et les descriptions détaillées qui, comme nous l'avons dit, formaient la partie essentielle du travail, d'a- près le plan que l'auteur s'était tracé. C'est là aussi ce qui donne le plus de valeur à cette Flore qui, sous ce rapport, se distingue de la presque uni- versalité des Flores de localités restreintes. La Flora vectensis se termine par une liste alphabétique des localités mentionnées, avec l'indieation de leur distance à un point de quelque importance. Enfin une table alphabé- tique des noms latins de genres, d'especes et des synonymes, ainsi qu'une liste des noms populaires et locaux terminent le volume. L'ouvrage est dédié par les éditeurs au prince Albert qui, comme on le sait, fait son sé- jour favori de l'ile de Wight. Illustrazione di piante mozambicensi (//lustration des plantes de Mozambique) ; h* dissertation; par le prof. Joseph Bertoloni, in-A* de 22 pages et 6 pl. lithog. Bologne, 1855. (Tirage à part du 5* volume des Mémoires de l Acad. des sciences de l’Institut de Bologne.) Le travail de M. Bertoloni fils, sur les plantes de Mozambique, est rangé dans l'ordre du système de Linné. La 4° dissertation comprend 13 espèces dont nous donnerons l'indication. Cyperus distaus, Lin.; C. a qualis, Vahl; C. caffer, Bertol. fil. (pl. 1). Mariscus pilluliferus, Id. (pl. 2). Panicum Jumentorum, Pers, Anthisteria barbata, Desf., var. B mozambica. Zizyphus OEnoplia, Mill. Zanthoxylon terebinthoides, Bertol. fil. (pl. 3). Mimusops Caffra, DC. fil. (pl. 4). Cassia occidentalis, Lin. Scleria coriacea, Bertol. fil. (pl. 5). Bridelia cathartica, Bertol. fil. (pl. 6). Le mémoire renferme la description des espèces nouvelles et des notes plus ou moins étendues sur les autres. Flora brasiliensis, sive Enumeratio plantarum in Brasiliá hactenus detectarum quns curá musei cæsar. reg. palat. vindobonensis suis alio- rumque botanicorum studiis descriptas et methodo naturali digestas, elc. edidit Carolus Frid. Phil. de Martius. Accedunt cura vice musei caes. teg palat. vindobon. Eduardi Fenzl. In-folio ; Leipzig, chez Fréd. Fleischer, en eommission. Le splendide et colossal ouvrage que publie M. de Martius sur Ja Flore du Brésil semble avoir pris depuis quelque temps une marche plus rapide que par le passé. En effet 5 fascieules ont paru dans l'espace de quinze mois et depuis le commencement de l'année 1855, tandis que la publication des 12 premiers avait exigé quinze années tout entières. Avant d'indiquer les matières contenues dans la livraison qui a été livrée à la publicité il y à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 371 peu de mois, nous croyons devoir reprendre tout ce que la science possède jusqu'à ce jour de cette grande publication pour donner le relevé succinct des matières qu'elle renferme. La Flore du Brésil a paru d'abord et jusqu'à son 9° fascicule inclusi- vement sous la direction de MM. de Martius et Endlicher. Le nom du pre- mier de ces botanistes figure seul sur les fascicules 10 et 11 ; enfin la direc- tion en est confiée à MM. de Martius et Fenzl depuis le 12* fascicule in- elusivement. Le 1* fascicule, publié en 1840, renferme les Mousses, par M. Hornschuch (p. 1-99, tab. I-IV) et les Lycopodinées, par M. Spring (p. 100-135, tab. V-VIII). Il comprend, en outre, 5 planches physiognomiques destinées à montrer l'aspect de la végétation du Brésil dans ses diverses manières d'étre. Le 2* fascicule, publié le 1*7 janvier 1841, renferme les Anonacées trai- tées par M. de Martius (p. 1-64, tab. I-XIV ; planches physiognomiques VI-IX). Les 3°, 4° et 5° fascicules, réunis en une seule livraison, ont été publiés le 4° avril 1842. Ils comprennent : 4° les Cypéracées traitées par M. Nees d'Esenbeck (p. 1-226, tab. I-XXX); 2° les Smilacées et Dioscorées, par M. Grisebach (p. 4-164, tab. I-XXXI). Le 6° fascicule, dû à M. Sendtner, renferme les Solanacées et Cestrinées (p. 1-228; tab. I-XIX) et les planches physiognomiques XIX-XXIV. Il a paru le 4° juillet 1846. Les fascicules 7, 8 et 9, réunis en une méme livraison, ont été publiés le 1* juin 1847. Le 7° renferme les Acanthacées, par M. Nees d'Esenbeck (p. 1-164 ; tab. I-XXXI). Le 8° comprend une série de famille monocoty- lées traitées par M. Maur. Seubert, savoir : les Hypoxidées, Burmanniacées, Hæmodoracées, Vellosiées, Pontédériacées, Hydrocharidées, Alismacées, Butomacées, Joneaeées, Rapatéacées, Liliacées et Amaryllidées (p. 49-164, tab. VII-XIX). Enfin le 9e fascicule est occupé par les Utriculariées, dues à la plume de M. L. Benjamin (p. 223-256; tab. XX-XXII) et par les plan- ches physiognomiques XXV-XXXII. Le 10* fascicule, publié le 1** octobre 1851, renferme les Verbénacées traitées par M. Schauer (p. 165-308; tab. XXXII-L) et 4 planches physio- 8n0miques (XXXIII-XXX VI). Dans le 44° fascicule, qui a paru le 15 août 1852, se trouvent les Chlo- l'anthaeées et Pipéracées par M. F.-A. Guil. Miquel (p. 1-76; tab. I-XXIV) et la planche physiognomique XXXVII. Le 12* fascicule a été publié le 4° décembre 1853. Il est entièrement 0CCupé par les Urticinées dues à M. F.-A. Guil. Miquel (p. 77-222; tab. XXV-LXX). Les 13* et 14° fascicules, réunis en une méme livraison, ont paru le 372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4e janvier 1855. On y trouve les Salicinées traitées par M. Fréd. Leybold (p. 223-228; tab. LXXI-LXXIT); les Podostémacées, par M. L.-R. Tulasne (p. 229-276; tab. LXXIII-LXXVD) trois familles traitées par M. C.-F. Meisner : les Polygonacées (p. 1-60 ; tab. I-XX VIT), les Thyméléacées (p. 61- 72; tab. XXVIII-XXX); les Protéaeées (p. 72-100 ; tab. XXXI-XXXVI). Il s'y trouve aussi les 3 planches physiognomiques XXXVIII-XL. Le 45° fascicule a été publié le 15 septembre 1855. Il renferme les Alstræmériées, par M. Aug. Schenk (p. 165-180; tab. XX-XXI); les Aga- vées, par M. de Martius (p. 181-208) ; les Xyridées, Mayacées et Commé- linacées, par M. Maurice Seubert (p. 209-270 ; tab. XXII-XXXVII). La dernière livraison, qui a motivé cet article, a paru le 15 mars 1856. Elle est presque entièrement due à M. F.-A. Guil. Miquel. Elle renferme les fascicules 16 et 17, dont le premier est occupé par les Primulacées et les Myrsinées (p. 257-324 ; tab. XXIII-LIX). Dans le dernier se trouvent les Ébénacées (p. 1-10; tab. I-II), suivies de l'histoire par M. de Martius de quelques genres qui ont été placés par Endlicher à la suite des Ébénacées comme n'ayant avec cette famille que des affinités douteuses, savoir : Di- clidanthera, Mart., Moutabea, Aubl. et Hornschuchia, Nees (p. 11-20; tab. IV-VII). Les Symplocacées, traitées encore par M. Miquel, terminent cette livraison (p. 21-36 ; tab. VIII-XIV), à laquelle sont jointes 2 plan- ehes physiognomiques (XLIX et L). Le grand nombre de planches que renferment ces deux fascicules indique suffisamment que beaucoup d'espèces s'y trouvent ou décrites ou tout au moins illustrées pour la premiere fois. Ces planches sont toutes gravées sur pierre avec la netteté qui caractérise ce genre de gravure, et les figures de port, toutes terminées et ombrées, sont accompagnées d'un grand nombre de figures analytiques. Il est bien vivement à désirer que, grâce au concours de la plupart des botanistes de notre époque, le magnifique monument que M. de Martius élève à la botanique brésilienne ne reste pas inachevé. Monographie de la famille des Flacourtianées ; par le doc- teur D. Clos. 1'° partie. Considérations générales (Ann. des sc. natur; h* série, IV, 1855, p. 362-387). Cette première partie de la monographie des Flacourtianées par M. D. Clos est divisée en quatre paragraphes parmi lesquels le premier est à h fois le plus important et le plus étendu. I. Division et organographie de la famille. La famille des Flacourtianées avait été seulement indiquée en passant par Poiteau (Mém. du Mus., b p. 61) et par L. C. Richard (ibid., p. 366). Ce fut Kunth qui la constitu définitivement en 1824, sous le nom de Bixinées, dans son Synopsis. Dept” cette époque, certains botanistes ont pensé qu'elle devait être divisée en deux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 373 familles distinetes et séparées, les Bixinées et les Flacourtianées, tandis que d'autres ont cru qu'il ne fallait y voir qu'un groupe unique. M. Clos partage l'opinion de ces derniers et il range toutes les Flacourtianées con- nues aujourd'hui en cinq sections qui, dit-il, « peuvent prendre le nom de familles ou de tribus, suivant qu'on élévera les Flacourtianées au rang de elasse ou de famille. » Voici le tableau de ces divisions avec les caracteres que l'auteur leur assigne. 1* FracounTIÉES. — Dioiques; périanthe simple; disque glanduleux entourant les étamines ou l'ovaire; anthéres extrorses; ovules en nombre limité ; styles le plus souvent au nombre de 2, quelquefois nuls; épines axillaires. Flacourtia, Hisingera, Xylosma, Aberia, Dovyalis. 2° AzanÉES. — Hermaphrodites ; périanthe à 2 verticilles alternes, plus rarement un seul; étamines infléchies en estivation ; 3-6 placentas parié- taux avec d'innombrables ovules; style toujours simple; stigmate à peine lobé ; testa crustacé, réticulé ; stipules. Pas d'épines. Azara, Kuhlia, Pi- neda, Banara. ' 3 Lzrrígs. — Hermaphrodites; périanthe 5-11-phylle; étamines nom- breuses, rarement 5-7; 2-3-4 placentas pariétaux ; un style toujours simple ovules indéfinis ou peu nombreux ; capsule lisse; testa lisse. Fruit indé- hiscent. Letia, Zuelania, Ludia, Scolopia, Eriudaphus, Erythrosper- mum? Lunania. - h^ Bixées. — Hermaphrodites ou polygames; double périanthe à pièces imbriquées, au nombre de 10-12 ; étamines nombreuses; 2-7 pla- centas pariétaux. Capsule hérissée de pointes ou baie. 1'* Sous-tribu: Fleurs polygames : Lindackeria, Mayna, Carpotroche, Oncoba. 2* Sous-tribu : Fleurs hermaphrodites : Bixa, Echinocarpus, Trichospermum. 5° PawciÉrs. — Dioiques; périanthe double; écailles opposées aux pé- tales ; 4-25 étamines; style souvent court ou nul, ou 5 styles distincts. Baie ou fruit bacciforme, indéhiscent ; grand embryon dans un albumen. Pangium, Gynocardia, Bergsmia, Hydnocarpus, Kiggellaria. Aprés avoir donné ce tableau, M. Clos passe en revue tous les organes pour en exposer la manière d’être et les modifications dans les plantes qui forment le sujet de son travail. On sent que nous ne pourrions le suivre dans Cette partie de son mémoire sans entrer dans de nombreux détails et sans dépasser dés lors les limites habituelles des articles de cette Revue bibliogra- phique. 11 rappelle ensuite les usages de quelques espèces de cette famille, tells que : divers Flacourtia, notamment F. Ramontchi, vulgairement nommé Prunier de Malabar, F. inermis, F. sepiaria, F. sapida, ete., dont 9n mange le fruit, ainsi que celui de l Aberia abyssinica, ete.; les Xylosma dont le bois est aromatique et employé en raison de cette propriété; quel- ques espèces médicinales ; enfin et surtout le Rocouyer, Bixa orellana, dont les graines fournissent une substance tinetoriale bien connue. 374 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. II. Examen de quelques genres rapportés à la famille des Flacourtianées. Ces genres sont les suivants : T'achybota, Aubl., qu'Endlicher plaçail avec doute à la suite de la famille et qui s'en distingue nettement par ses pé- tales onguieulés, ses 5 étamines et surtout son ovaire triloculaire; Leonia, réuni aux Flacourtianées par M. Lindley, mais qui en diffère par sa corolle monopétale et ses 5 étamines monadelphes; Microdesmis Hook., que M. Clos regarde, aprés M. Bentham , comme devant rentrer dans les Eu- phorbiaeées; Monospora, Hochst., qui parait bien avoir quelque analogie avec les Flacourtianées, notamment avec la tribu des Azarées, mais qui s'en éloigne surtout par ses 3 styles. III. Affinités des Flacourtianées. — L'auteur présente d'abord un his- torique détaillé pour montrer la divergence d'opinions qui a régné parmi les auteurs relativement aux affinités de cette famille. Il expose les causes auxquelles cette divergence lui semble être due. Enfin, il résume ses idées sur ces affinités et en méme temps sur les différences qui distinguent les Flacourtianéés des familles qui s'en rapprochent le plus, dans les termes sui- vants : « Elles diffèrent des Maregraviacées par la présence d'un albumen ; des Capparidées, par les graines anatropes et non campylotropes; des Cis- tées, par l'embryon droit et homotrope, par l'ovaire libre et l'absence de symétrie des étamines ; des autres familles de ce groupe (Droséracées, Vio- lariées, ete.), par les étamines en nombre indéfini. Quant aux Tiliacées, l'estivation valvaire du calice et la placentation axile suffisent pour les dis- tinguer des Flacourtianées. M. Blume, en établissant la famille des Pan- giées, avait signalé ses rapports avec celle des Papayacées. IV. Géographie botanique de la famille. — Les Flacourtianées sont toutes comprises dans une zone qui s'étend du 30* degré de latit. N. au 32° degré de latit. S; mais les trois quarts de leurs espèces sont confinées dans la zone équatoriale. Les pays où elles croissent sont, par rang de nombre des espèces, l'Amérique du sud, avec les Antilles, l'Indo-Chine avec les iles asiatiques, l'Afrique avec ses iles du sud-est, enfin l'Océanie. L'Australie n'en a qu'une espéce; aucune n'arrive jusque dans le nord de l'Afrique. Un tableau Synoptique détaillé montre, genre par genre, le nombre d'espèces propre à chacune des grandes divisions géographiques de la zone qu' habitent ces plantes. The vascular Bundles of the stipes of Ferns (Les fais ceaux vasculaires du stipe des Fougères) ; par M. T. Moore (7he Phy- tologist, juillet 1856, p. 378-380). Le caractère tiré du nombre des faisceaux vasculaires qui existent dans le stipe des Fougères a été employé dans différents ouvrages, notamment par Presl, dans son Tentamen Pteridographiæ et par M. Fée dans son Ge- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 375 nera Filicum. Cependant la note de M. T. Moore a pour objet de montrer qu'il n'a qu'une faible valeur. Non-seulement, dit-il, les faisceaux vascu- laires varient dans le méme stipe à différentes hauteurs, mais encore diffé- rents stipes appartenant à une méme touffe présentent à cet égard des diffé- renees marquées, les plus vigoureux d'entre eux renfermant plus de fais- ceaux que les autres. Le savant botaniste anglais rapporte ensuite qu'un de ses correspondants qui, comme lui, croit à la différence spécifique des Las- trea spinulosa et dilatata, avait pensé que le nombre des faisceaux du stipe fournissait un caractère distinctif de ces plantes ; la première n'aurait eu que 3 faisceaux, tandis que la derniere en aurait présenté 5 arrangés un peu différemment. M. Moore voulut vérifier sur le vivant la valeur de ce ca- ractère ; mais la première fronde de Lastræa spinulosa qu'il examina lui offrit dans ses faisceaux le nombre et l'arrangement que son correspondant regardait comme distinguant le Z. dilatata, tandis que d'autres moins vigou- reuses ne lui montrerent que les trois faisceaux qui avaient été indiqués Comme caractérisant cette espèce. Aussi M. Moore n'hésite pas à dire qu'il n'accorde aucune valeur à ce caractère, surtout pour les échantillons de Fougères exotiques conservés dans les herbiers, pour lesquels on ne sait jamais à quelle hauteur la fronde a été coupée. Mémoire sur la structure morphologique du fruit et de la graine de l'arbre à camphre de Sumatra (/ryo- balanops Camphora, Colebr.) ; par M. C.-A.-J.-A. Oudemans, prof. de botan., à Rotterdam (Ann. des sc. natur., 4° sér., V, 1856, p. 90-106, pl. 4). M. Oudemans ayant eu à sa disposition quelques fruits parfaitement mürs de Dryobalanops Camphora, conservés dans une liqueur spiritueuse, a pu en faire une étude attentive, grâce à laquelle il a pu rectifier quelques- unes des indications données par les botanistes qui s'étaient occupés avant lui du méme sujet et ajouter de nouveaux faits à ceux que l'on connaissait déjà. Lui-méme ayant résumé succinctement les résultats les plus impor- tants de son travail, nous croyons devoir reproduire ici le résumé qu'il en donne. 1* La partie cupuliforme et les ailes du calice du Dryobalanops Cam- bhora ne se continuent pas insensiblement à l'extérieur, comme on pourrait le conclure des figures de M. de Vriese, mais elles sont séparées par un sillon bien marqué. — 2° La partie cupuliforme du calice présente certai- nement des rugosités à sa surface externe; mais ces rugosités sont loin d'être aussi régulièrement distribuées que dans la planche du méme au- teur, — 3» Les dimensions, tant de la partie cupuliforme que des ailes, peu- Vent varier aussi dans les fruits mürs, comme cela a eté déjà observé. — ^* Le fruit consiste en une capsule trivalve ; de sorte que les exemplaires de 376 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Hooker, qui ne montraient pas de vestiges de raies ou de sutures, et qui par là ressemblaient à des noix, n'avaient sans doute pas encore atteint leur complète maturité. — 5° Les valves de la capsule, en se séparant l'une de l'autre et en s'éloignant de la graine, déterminent le déchirement du sper- moderme, dont les trois lambeaux restent accolés à leur face interne, de sorte qu'on observe la graine dans la capsule ouverte. — 6° Le fruit mür est uniloeulaire, mais non pas toujours monosperme, comme on le trouve décrit par tous les botanistes antérieurs. — 7° Dans chaque capsule il se trouve un organe central qui, en s'élevant de sa base, se cache dans une cannelure longitudinale de la graine ou des graines, et les pénètre sous forme d'une lamelle oblongue qui, en s'approchant du petit cotylédon, émet deux ailes, l'une à droite, l'autre à gauche. Ces ailes se recourbent pour sé cacher sous les bords réfléchis du grand cotylédon. — 8° Les deux ailes de cet organe ne sont pas toujours symétriques. — 9° Les deux cotylédons, portés chacun sur un petit pétiole, different beaucoup par leurs dimen- sions. Quoiqu'ils soient enroulés d'une manière particulière, on peut, méme à l’âge adulte, les séparer l'un de l'autre sans la moindre difficulté. — 10» Les graines mûres ne contiennent point de périsperme. — 11° La ger- mination commence dans la capsule ouverte, comme l'avait déjà indiqué M. Korthals. Les recherches anatomiques faites par M. Oudemans sur le fruit et la graine du Dryobalanops Camphora, Colebr., lui ont fait reconnaitre les faits suivants : 1* au centre de la moelle des pédoncules du Dryobalanops Camphora, il existe un canal cylindrique, rempli de cellules implantées perpendiculairement sur ses parois, et excrétant probablement une certaine matière qui s'aecumule au centre méme de cette cavité. — 2° L'épiderme de la partie eupuliforme et des ailes du calice ne présente point de stomates, et, au-dessous de celui de la première, on trouve, dans les exemplaires mürs du moins, une couche subéreuse, — 3? Le tissu de la partie cupuli- forme passe insensiblement à celui des ailes calicinales. — 4° Il se présente dans le tissu parenchymateux du pédoncule, de la partie cupuliforme du calice, des valves capsulaires et du spermoderme, des cellules à parois épaisses, ponetuées, isolées ou réunies en groupes irrégulièrement épars, identiques avec celles que M. Korthals a décrites pour la couche corticale des rameaux de la même plante, — 5° La partie cupuliforme du calice con- tient une multitude de cavités de diverses dimensions, remplies, sur les exemplaires conservés dans une liqueur spiritueuse, d'une matière granu- leuse, et non d'air comme l'a avancé M. de Vriese. — 6° Il semble exister, entre le péricarpe et le spermoderme, une liaison plus intime que de cou- tume, ce qu'on peut déduire de la forme particulière des cellules accolées aux rameaux des faisceaux fibro-vasculaires de la face interne des valves capsu- laires. — 7° Le tissu des cotylédons contient des grains de fécule. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 377 BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Rapport Sur un voyage botanique en Algérie, de Phi- lippeville à Biskra et dans les monts Aurès, entrepris, en 1853, sous le patronage du ministère de la guerre; par M. le docteur E. Cosson (Annal. des sc. nat., h* série, t. IV, 1855, pp. 198-294 ; V, 1856, pp. 15-74). Tirage à part en brochure de 159 pag. et 4 carte. Ce rapport important est analogue à celui que M. Cosson a déjà publié sur les parties occidentales de nos possessions africaines. Il comprend trois parties fort inégales d'étendue. La première est une sorte d'introduction dans laquelle l'auteur, après avoir fait connaître l'appui qu'il a trouvé dans l'auto- rité militaire de l'Algérie, indique rapidement l'itinéraire qu'il a suivi dans son voyage, qui a duré du 10 mai, jour de son arrivée à Philippeville, jus- qu'au 23 juin, jour de son départ de cette ville pour la France. La seconde partie comprend la narration détaillée de ce voyage botanique. M. Cosson y expose les observations qu'il a faites, soit dans les nombreuses localités qu'il a explorées avec soin, soit dans le trajet de l'une à l'autre localité. Pour chacune d'elles il donne la liste des espèces qu'il a observées et il donne le tableau des cultures ainsi que de la végétation forestière. Cette portion du rapport est divisée en paragraphes de la maniére suivante: A. Trajet de Philippeville à Biskra : 1? Environs de Philippeville; 2° trajet de Philippe- ville à Constantine ; 3° environs de Constantine ; 4° trajet de Constantine à Batna; 5° environs de Batna ; 6° trajet de Batna à El-Kantara ; 7° région saharienne. B. Trajet de la région saharienne à Batna: 8° région monta- gneuse de l'Aurés ; 9° trajet du Djebel Cheliah à Batna. On sent qu'il est impossible d'analyser cette partie du rapport toute remplie d'observations et de faits de détail. — La troisième partie du travail de M. Cosson est in- titulée : Considérations générales et résumé. Nous extrairons de celle-ci ce qu'elle renferme de plus général. La portion de l'Algérie dont il s'agit dans le travail de M. Cosson peut étre divisée, de Philippeville à Biskra, en quatre régions naturelles, aussi distinetes, dit l'auteur, au point de vue de la géographie botanique qu'à celui de la géographie physique : 1? région méditerranéenne ; 2^ région des hauts plateaux ; 3° région montagneuse ; h° région saharienne ou désertique. 1* La région méditerranéenne, limitée au nord par la Méditerranée, ne s'étend pas, vers le sud, beaucoup au delà de Constantine, où sa limite méridionale n'est déterminée que par l'altitude (700 à 1000 mètres) et par l'aspect particulier des plaines déboisées qui indiquent le commencement de la région des hauts-plateaux. Les bois, fort étendus vers le littoral, dispa- raissent vers Constantine. Ils sont généralement formés d'espèces arbores- T. HT. 25 378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. centes et non de broussailles parsemées d'arbres. La végétation de cette région, dans son ensemble, rappelle celle des points correspondants du littoral européen. Les céréales y deviennent très belles ; d'abondants pá- turages y couvrent la pente des terres incultes. La couche de terre végétale y est généralement trés épaisse. M. Cosson la subdivise en deux régions secondaires : la région méditerranéenne littorale, et la région méditerra- néenne intérieure. La première a un climat tout méditerranéen et une végé- tation trés analogue à celle du littoral européen de la Méditerranée. Ses eul- tures ne different pas non plus sensiblement de celles des parties analogues de ce méme littoral. Le nombre total des espéces et des principales variétés rencontrées par le voyageur estde 434. Sur ce nombre on compte 242 plantes annuelles ou bisannuelles et 192 espèces vivaces dont 43 sont ligneuses. Les seuls arbres spontanés sont les suivants : Crategus Azarolus, Tamaris africana, Olea europea, Fraxinus australis, Ulmus campestris, Quercus Suber, Populus alba.—Sur 43h espèces, 277 se retrouvent dans différentes parties du bassin méditerranéen, 125 sont européennes. Sur les 32 restantes, 27 sont spéciales et, parmi elles, 20 n'ont pas été observées dans d'autres régions. Quant à la région méditerranéenne intérieure, son climat, sa vé- gétation spontanée et ses cultures ont un caractère plus européen. L'un de ses caractères est l'absence de bois. On n’y trouve que 4 espèces d'arbres spontanées : Pistacia atlantica, Ceratonia Siliqua, Olea europæa, Celtis australis. Sur 310 espèces que M. Cosson y a observées, 180 n'ont pas été vues dans la région littorale, 194 se retrouvent dans différentes parties du bassin méditerranéen, 79 sont européennes, et 37 appartiennent aussi à d'autres contrées ou sont spéciales. Ces plantes spéciales sont au nombre de 29, parmi lesquelles 7 n'ont pas été rencontrées dans les autres régions du méme pays. Au total, cette région offre les plus grandes analogies avec la végétation méditerranéenne de l'Europe. Les cultures y sont à peu prés celles dela région littorale; mais l'altitude leur imprime un caractere nota- blement moins méridional. 2* Région des hauts plateaux. Au nord elle n'a pas de limite tranchée, tandis que vers le sud elle est nettement limitée par la grande chaine qui la sépare du Sahara. Elle comprend de vastes plaines sans bois, dont l'alti- tude varie de 700 à 1100 metres. Ses cours d'eau faibles et peu nombreux se jettent dans les lacs salés nommés Chott ou Sebka , qui restent à sec en été, ou bien ils vont se perdre dans la région saharienne. La végétation ar- borescente n'est représentée dans cette région que par quelques arbres de la région montagueuse inférieure, venant ordinairement par pieds isolés. Ce sont les Juniperus Oxycedrus et phænicea, Pinus halepensis, Quercus lex, Fraxinus dimorpha, sp. nova, Pistacia atlantica et pres des chotts ou au bord des eaux Tumarix africana, gallica et bounopea. De rares broussailles en buissons orbieulaires espacés y sont formées par le Z izyphus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 379 Lotus et le Retama spherocarpa. De larges surfaces incultes sont couvertes de plantes vivaces ou frutescentes, comme Artemisia Herba-alba, Santolina squarrosa , Asphodelus ramosus, Othonna cheirifolia, Cynara Cardun- culus, ete. Le nombre total des espéces et des principales variétés obser- vées est de 579, parmi lesquelles 320 se retrouvent dans les diverses parties du bassin méditerranéen, et 158 sont européennes. Sur les 101 qui restent encore 70 sont spéciales et 12 paraissent appartenir en propre à la région. Les cultures tiennent ici peu de place; ce sont presque exclusivement celles de l'Europe tempérée. Cette région est très distincte de la région littorale, tandis qu'elle tientà la fois, par sa végétation, des régions méditerranéenne intérieure, montagneuse et saharienne. 3° Région montagneuse. Elle comprend les montagnes les plus hautes de l'Algérie, qui atteignent jusqu'à 2306 (Djebel Mahmel) et 2312 mètres (Djebel Cheliah) de hauteur. Les versants méridionaux de ces montagnes Sont en général escarpés, peu boisés ou dépourvus de bois, tandis que les versants septentrionaux, moins rapides, sont pour la plupart couverts de foréts magnifiques. La neige en couvre la plus grande partie pendant l'hiver; mais elle ne persiste au delà du mois de mai que dans les grandes excava- tions des pentes dirigées au nord. — On peut partager cette région en trois zones : 4° La zone inférieure, caractérisée par l'Olivier, le Celtis aus- tralis, par une végétation et des cultures méditerranéennes, a sa limite su- périeure vers 1000 mètres ; par suite elle n'existe que sur peu de points, à cause de l'altitude ordinaire des hauts plateaux. 2° La zone moyenne est ca- ractérisée par des bois de Quercus Ilex et de sa variété Ballota. L'Olivier ne s'y trouve plus qu'en buisson. Sa limite supérieure se trouve à 1600 mè- tres. 3° La zone supérieure est caractérisée surtout par les foréts de Cedrus Libani var. atlantica. — Les espèces arborescentes de la région monta- gueuse, rangées d’après l'ordre de leur altitude, sont : Olivier, Celtis aus- tralis, Pistacia atlantica, Juniperus phenicea et Oxycedrus, Pinus hale- pensis, Orme, Amandier, Fraxinus dimorpha, Quercus Ilex et var. Ballota, Juniperus thurifera, Ilex Aquifolium, Acer monspessulanum, Cedrus Li- bani var. atlantica, Taxus baccata. Le nombre total des espèces et des prin- Cipales variétés est de 674. Sur ce nombre on compte 85 espèces spéciales, dont 36 sont 'propres à la région; 4 espéces lui sont communes avec la ré- gion littorale, 16 avec la région méditerranéenne intérieure, 41 avec les hauts plateaux, En outre, sur ce méme nombre, 329 appartiennent au bassin de la Méditerranée et 228 sont européennes. Ce dernier chiffre, plus consi- dérable que pour aucune autre région, dénote une grande analogie avec la végétation du centre de l'Europe, ce qu'atteste encore la prédominance des plantes vivaces sur les annuelles. Les cultures sont aussi, dans leur en- semble, celles de l'Europe centrale ; seulement celles dela partie inférieure de la région se fondent avec celles des régions voisines. 380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. h^ La région saharienne est limitée nettement au nord par les grandes montagnes qui la séparent des hauts plateaux ; vers le sud elle parait s'é- tendre jusqu'à la limite des pluies estivales, vers 15° de latit. N. C'est la plus tranchée de toutes sous le rapport de la géographie botanique et sous celui des cultures dont le Dattier forme le caractère essentiel. Elle se dis- tingue aussi trés bien par l'importance qu'y acquièrent les familles des Frankéniacées, Zygophyllées, Tamariscinées, Ficoidées, Asclépiadées, Plumbaginées, Salsolacées, ete., qui sont à peine ou pas représentées dans les autres régions. Le chiffre total des espèces et des principales variétés qu’énumère le rapport est de 560. Sur ce nombre 285 sont méditerra- néennes, 99 sont européennes, ce qui donne un total de 384, les autres élé- ments de la végétation s'élevant à 205. Mais si l'on déduit les espèces qui n'existent que dans les cultures et dans les endroits arrosés des oasis, ainsi que les espèces apportées par les cours d'eau des montagnes ou des hauts- plateaux, on ne trouve plus que 170 espèces méditerranéennes et 37 euro- péennes. 55 espèces des environs de Biskra se retrouvent aux Canaries ; 211 sont communes à cette localité et à Gabés, dans la partie méridionale et littorale du désert de Tunis. La comparaison avec les autres régions montre qu'il existe ici 74 espèces spéciales, dont 45 sont propres à la région saharienne. Une seule espèce lui est commune avec la région littorale, 5 le sont avec la région méditerranéenne intérieure, 26 avec les hauts-plateaux et 18 avec la région montagneuse. La végétation arborescente spontanée n'est guère représentée dans le Sahara que par des espèces de Tamaris (T. gal- lica, Lin.; T. africana, Poir. et afr. var. Saharæ, J. Gay, afr. var. laxi- flora, J. Gay ; T. brachystylis, J. Gay, et brac. var. sanguinea, J. Gay; T. bounopæa, J. Gay ; T. Balansæa, J. Gay; T. pauciovulata, J. Gay) qui forment à Saada une véritable forêt. Le Pistacia atlantica forme aussi des massifs sur certains points. — La végétation saharieune ressemble surtout à celle des déserts du Levant, Égypte, partie de la Palestine, Arabie et partie de la Perse méridionale. Elle a beaucoup moins de rapports avec les flores méditerranéenne et européenne que celle des autres régions comprises dans le rapport. M. Cosson voit dans lesahara une confirmation de ce qu'il , à posé comme une loi générale, savoir qu'en Algérie, sous le rapport de la géographie botanique, s'éloigner du littoral dans le sens du méridien c'est moins se rapprocher du tropique que marcher vers le Levant. La carte qui accompagne le rapport de M. Cosson est la reproduction de celle qui a été dressée, pour la subdivision de Batna, par M. Rousseau, ca- pitaine au 2° régiment de la légion étrangère. Elle indique par des teintes et signes différents les espaces occupés par des forêts de Cèdres, par des forêts ou bois d'essenees diverses, par des oasis ou plantations de Palmiers, enfin par des groupes de vergers et de jardins. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 381 BOTANIQUE APPLIQUÉE. Composition du suc des Rhubarbhes cultivées; par M. E. Kopp (Comptes rendus, séance du 1* septembre 1856). L'analyse chimique du jus des Rheum cultivés comme légumes, princi- palement en Angleterre oü la consommation en est considérable, a montré à M. Kopp la présence dans ces plantes d'une assez forte proportion d'acide malique auquel elles doivent leur saveur acide prononcée. Cet acide s'y trouve à l'état de bimalate de potasse et probablement aussi à celui de qua- drimalate de potasse. La proportion du premier de ces sels y est assez con- sidérable pour qu'on puisse en extraire de 44 à 18 grammes d'un litre de jus. On obtient sans difficulté le bimalate de potasse sous la forme de petits prismes incolores et transparents. M. Kopp pense qu'on pourrait extraire avec avantage des Rhubarbes, soit le bimalate de potasse, soit l'acide ma- lique. Or, l'une et l'autre de ces substances peuvent avoir des usages im- portants. Ainsi ce chimiste a fait des essais pour l'emploi du bimalate de potasse dans la teinture. En comparant dans ce cas l’action de ce sel à celle du bitartrate de potasse, il a vu qu'on pourrait très bien, dans la plupart des cas, le substituer à ce dernier, qu'on sait étre devenu fort rare et par suite fort eher depuis quelques années à cause de la faiblesse des récoltes en vins due à la maladie des vignes. L/'Ammabhbroma Sonoræ (Gardeners' Chronicle du 17 mai 1856, p. 343). Les renseignements que l'on possede sur les qualités alimentaires de cette nouvelle plante ont été fournis par M. H.-B. Gray, qui faisait partie d'une des dernières expéditions envoyées par les États-Unis dans le but de recon- naitre la direction que pourrait suivre un chemin de fer dirigé vers l'océan Pacifique. M. Torrey, chargé par ce voyageur d'en faire une étude botani- que, a reconnu que ce singulier végétal parasite, remarquable par sa grosse racine charnue, doit former un genre nouveau qui rentre dans le petit Sroupe composé jusqu'ici du singulier et peu connu Corallophyllum de Kunth et du Pholisma de Nuttall. Par l'organisation de sa fleur et par ses écailles il ressemble à ce dernier; mais il s'en éloigne par son calice laineux et plumeux, ainsi que par sa singulière inflorescence cyathiforme. L'expé- dition américaine a trouvé l'Ammabroma croissant en abondance sur une ligue de cóteaux sablonneux le long de l'Adair Bay, près du 'golfe de Cali- fornie. Là une troupe isolée d'Indiens Papigo en faisait sa principale nour- riture. C'est la racine charnue de la plante que l'on mange. Fraiche on la cuit sur des charbons ardents. Son goüt ressemble à celui de la patate 382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. douce ; elle contient beaucoup de matière saccharine. On la conserve aussi en la faisant sécher, et dans cet état, on la mange en la mélangeant avec d'autres aliments végétaux. M. H.-B. Gray la donne comme un excellent légume, et il pense que , si elle était susceptible de se prêter à la culture, elle fournirait à nos tables un aliment végétal aussi distingué que la patate douce et l'asperge. Malheureusement sa qualité de plante parasite ne permet pas de concevoir à cet égard de grandes espérances, car, selon l'opinion de M. Torrey, il faudrait pouvoir cultiver en méme temps l'arbuste aux racines duquel elle s'attache, ce qui est évidemment impossible. La dénomination d'Ammabroma Sonoræ, qui a été donnée à cettenouvelle plante, est destinée à rappeler à la fois sa qualité d'espece alimentaire, et son babitation dans les sables de la Sonora. Fleurs d'Orchidées doublant de diamètre par la culture (Illustration horticole). Ce fait avait été déjà avancé par différents horticulteurs; mais il a été mis dernièrement en parfaite évidence par une observation que rapporte Y Jilustration horticole. Dans une des serres de M. A. Verschaffelt, en Bel- gique, se trouve un pied vigoureux de Miltonia spectabilis dont les nom- breux pseudobulbes portaient, il y a peu de temps, des fleurs dont le dia- mètre était littéralement double de celui que portaient ses voisins de la méme espèce ; elles mesuraient en effet 3 pouces 82 centièmes dans un sens et 5 pouces 35 centiemes dans le sens perpendiculaire au premier. Cette plante présentait à la fois au moins 30 fleurs de cette grandeur. NOUVELLES. — Le docteur N.-J. Anderson a remplacé Wikstroem à l'Académie de Stockholm. — M. Hermanu Karsten est de retour à Berlin aprés huit ans de séjour daus la Colombie. Dans ce long espace de temps il a enrichi les jardins de l'Allemagne d'un grand nombre de plantes vivantes, particulièrement de Fougères arborescentes. — Le 32° congrès des naturalistes et médecins allemands doit avoir lieu à Vienne dans la dernière quinzaine de septembre. Le programme de cette réunion, qu'on annonce devant être très nombreuse, a été publié dernié- rement dans le Bonplandia. Voici les principales indications qu'il porte. La réunion commencera le 16 septembre et finira le 22 du même mois. Elle se composera de membres et d'assistants. On n'admet comme mem- bres que les auteurs d'écrits sur les sciences naturelles ou sur la médecine. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 383 Une dissertation inaugurale ne suffit pas pour qu'on soit admis en cette qua- lité, qui seule donne le droit de prendre la parole. On reçoit comme assis- tants toutes les personnes qui s'occupent de sciences naturelles ou de mé- decine. Les assistants ne peuvent prendre la parole dans les séances. Les membres ainsi que les assistants reçoivent au moment de leur réception une carte d'entrée moyennant 5 florins. — Les savants étrangers à l'Alle- magne sont admis avec empressement. — Les séances générales, auxquelles sont admises les personnes qui ne sont ni membres ni assistants, auront lieu les 16, 19 et 22 septembre, à partir de 10 heures. — Les cartes d'en- trée des membres et assistants serviront pour visiter les établissements publies, les collections, et aussi comme cartes de séjour qui dispenseront les étrangers de toute taxe. — Le congrès se divise en dix sections de la maniere suivante : 1'* section. Minéralogie, géognosie et paléontologie. 2° sect. : Botanique et physiologie végétale. 3* sect. : Zoologie et anatomie comparée. 4° sect. : Physique. 5° sect. : Chimie. 6° sect. : Géographie et météorologie. 7° sect. : Mathématiques et astronomie. 8° sect. : Anatomie et physiologie. 9° sect. : Médecine. 40° sect. : Chirurgie, ophthalmiatrique et accouchements. — Chacune de ces sections doit se subdiviser en sous-sec- tions. — Les communications doivent être soumises aux commissaires du congrès avant l'ouverture des séances. — La veuve de Ledebour a donné à l'Empereur de Russie l’herbier de ce célèbre botaniste, qui est riche surtout en plantes russes. Cet herbier sera réuni à celui du jardin botanique de Saint-Pétersbourg. — Le professeur Henslow, qui s'occupe de la culture des 7Z/gilops, a eu dernièrement Ja satisfaction de remarquer qu'une de ses plantes avait pro- duit un épi de Froment, sans qu'il y eüt eu une hybridation. (Bonplandia du 1* août 1856.) — M. Hooker annonce dans son Journal of botany (cahier de sep- tembre 1856, p. 285), qu'en ce moment il existe en Angleterre trois pieds d'Araucaria imbricata en fructification. L'un, âgé de trente ans, haut de 20 pieds anglais (6, 100), se trouve à Bishop's Stoke. Il porte un cône sur l'une de ses branches les plus élevées. Les deux autres se trouvent à Bicton, habitation de lady Rolle. L'un de ceux-ci présente des cônes formés, tandis que l'autre offre des fleurs femelles. M. Hooker dit que, jusqu'à présent, il ne connaissait aucun autre exemple de fructification de ce bel arbre que celui du pied introduit à Kew par Menzies, à la suite du voyage de Vancouver. Cet arbre est le premier de cette espece qui ait existé en Europe. M. Hooker rappelle aussi qu'il a vu de beaux cónes de cet Araucaria à Paris, à l'expo- sition universelle d'horticulture qui a eu lieu en 1855. 38A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BIBLIOGRAPHIE. Hooker's Journal of botany and Kew Garden Miscellany. Articles originaux publiés en 1855. Thwaites (G. H. K.).—On Sphragidia and Eccremanthus, two new Genera of Ceylon plants (sur le SpAragidia et V Eccremanthus, deux nouveaux genres de plantes de Ceylan ; avec des observations sur le genre Hemi- cyclia), p. 269-273, pl. IX et X. Thwaites (G. H. K.). — Notes on the Botany of Ceylon, extracted from a letter (Notes sur la botanique de Ceylan, extraites d'une lettre du 23 mai 1855), p. 278-280. Irving (D* E. G.).— Notes on the Cultivation of Cotton in the Yoruba Coun- try, western coast of Africa (Notes sur la eulture du Cotonnier dans le Yoruba, sur la cóte occidentale de l'Afrique), p. 297-502. Hasskarl (J. K.). — Observations on Gleicheniaceæ and Cyatheæ of Java (Observations sur les Gleicheniacées et les Cyathées de Java), p. 321-326. Zeyher (Charles L.). — Botanical notices on a Journey into the interior of southern Africa (Notices botaniques sur un voyage dans l'intérieur de l'Afrique méridionale), p. 326-334, 362-370 (suite). Wilson. (Nathaniel). — On the useful vegetable Products, especially the fibres, of Jamaica (sur les produits végétaux utiles, particulièrement sur les matières textiles de la Jamaïque), p. 335-340. Hooker (sir W. J.). — Asplenium fontanum, Br., a british Plant (sur l'As- plenium fontanum, Br., comme appartenant à la Grande-Bretagne), p. 310-343. Bentham (George). —Notes on the Roogee of Kumaon, Megacarpæa polyan- dra (Note sur le Roogee de Kumaon, ou Megacarpæa polyandra), p. 353- 357, pl. VII et VIII. Hooker (sir W. J.).— Catalogue of M. Geyer's collection of plants gathered in the Upper Missouri, the Oregon territory, etc. (Catalogue des plantes récoltées par M. Geyer dans le haut Missouri, le territoire de l'Oregon, et dans la portion intermédiaire des Montagnes rocheuses), p. 371. Mueller (Ferd.). —On two new Umbelliferous plants from the Alps of south- eastern Australia (sur deux nouvelles Ombelliferes des Alpes de l'Aus- tralie sud-est, Dichopetalum ranunculaceum et Microsciadium cunei folium), p. 378-380, pl. XI et XII. | Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 11 JUILLET 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY, M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 27 juin, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Lépine (Jules), pharmacien de première classe de la marine, à Pondichéry (Inde française), présenté par MM. Decaisne et Montagne. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture d'une lettre de M. Am- brosi, de Borgo en Valsugana, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : 1* Par M. E. Cosson : Rapport sur un voyage botanique en Algérie, de Philippeville à Biskra et dans les Monts Aurés. Paris, 1856. 2» Par M. Léon Soubeiran : Note sur l'Hyraceum. 3 Par M. Ed. Bureau : De la famille des Loganiacées et des plantes qu'elle fournit à la médecine, Thèse pour le Doctorat en médecine. Paris, 1856. ^» Dela part de M. W. H. de Vriese, de Leyde : Mémoire sur le Camphrier de Sumatra et de Bornéo. Leyde, 1856. T. Hl, 26 386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 5° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, numéro de juin 1856. L'Institut, juillet 1856, deux numéros. M. T. Puel, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : SUR LA CULTURE DU MURIER BLANC DANS LE NORD DE LA FRANCE ET DANS LES PROVINCES BELGES, AU COMMENCEMENT DU XVII: SIÈCLE, par M. le baron DE MELICOCQ. (Lille, juillet 1856.) « Si l'on s'en rapporte à de Serres (1600), dit le Grand d'Aussy (Vie privée des Francais, t. I, pag. 281, éd. Roquefort), l'introduction des müriers en France ne remonte pas plus baut que le regne de Charles VIII. Quel- ques-uns des gentilshommes francais qui accompagnaient le prince à la conquétede Naples, ayant eu occasion de voir souvent dans ce royaume (1) l'arbre précieux dont il est parlé, ils en enleverent des plants, qu'à leur retour ils transplanterent chez eux. Le premier canton de France où l'on en ait vu, est celui d'Allan, en Provence, prés de Montélimar, sur les con- fins du Dauphiné. Bientôt, dit de Serres, le reste de la Provence, le Lan- guedoc, le Dauphiné, le comtat Venaissin, l'archevéché d'Orange (2), en furent garnis. On vit s'élever tout à coup, et se multiplier, des ma- nufaetures de soie qui devinrent un excellent produit. L'auteur ajoute que ce commerce venait tout récemment d'être recu à Tours avec applau- dissement et utilité, et que, depuis quelques années, on l'avait méme introduit à Caen. Mais le reste du royaume l'avait totalement dédaigné : ce qui, selon lui, était une preuve d'ignoranee, ou un manque d'indus- trie, puisque la duchesse d'Arscot avait élevé à Leyde, ville bien plus septentrionale que la France, des vers à soie, et qu'avec cette soie elle avait fait des habillements qui furent portés par ses filles. » Des lettres patentes, promulguées vers cette époque (16 mars 1607), lettres que le Grand d'Aussy n'a pas connues, constatent que la culture en grand du Mürier blanc fut alors essayée dans nos provinces du nord. Nous y lisons : « Receu avons l'humble supplicacion de notre bien aymé Thomas Grammaye, eschevin de nostre pays du Franeq, contenant comme en noS > a x x x x x x x =x zx u > > v v v (1) Les vers à soie existaient à Florence avant 1266, et ils avaient été introduils en Sicile dès 1148. Dans le xvi* siècle, les feuilles du Mûrier blanc avaient rem- placé celles du noir, et l'on croit communément, selon M. Targioni, que des bou- tures de Morus alba avaient été apportées d'Orient, en 1434, par Fr. Buonvicini. (M. Alph. De Candolle, Géographie botanique, t. IlL, p. 856.) (2) Lisez : évéché, SÉANGCE DU 14 JUILLET 1856, 387 pays de par deca, selon la coustume et usance que y est desia drez longtemps, moz subiectz, de quelle qualité ylz soient, voires serviteurs et servantes, s habillent de drap de soye, l'ung plus que l'autre, dont, pour ne s'engendrer par deca l'estoffe de lad. soye, résulte ung sy grand et indicible dommaige, que plus de six millions de florins sont emportez, chaque année, à ceste cause, hors nosd. pays, ou en provinces estrangéres, où s'engendre lad. soye, oultre la soye crue et soye taincte, que l'on y apporte d'Ytalye, pour estre mise en œuvre par deca. Laquelle somme de deniers demeureroit par deca, à nostre grande comodité et de noz subiectz, en cas qu'yl y fut introduit l'art de faire et filer lad. soye, comme puis naguaires se pratique en France. Kt attendu que l'on ne peult, ycy ny ailleurs, introduire lad. science et art de faire la soye, sans, préallablement , avoir à souffisance, des arbres meuriers, dont doibvent estre nourris les vers quy filent lad. soye, led. sup- pliant ayant esté, puis naguaires, en divers pays, et recongnu en quelz quartiers se pourroient recouvrer à bastaux les planchons de meuriers blaneqz, ensamble la facon et le temps propice de les faire apporter et eslever par deca, comme yl en a desia apporté et eslevé une notable quan- tité, aveeq bien grande paine, à ses trés-grandz despens. A ceste cause, led. suppliant s'offre d'aller querir, ou faire querir le nombre de quattre cent mille planchons de meuriers blancs, dont les tiges aveeq leurs ra- chines, auront la longueur d'une aulne, ou de trois quarts d'aulne, et les faire planter eu auleunes des principalles provinces de par deca, en de- dens ung an, aprez la datte de l'oetroy, ou six mois plus tard. Mesmes, de les faire sarcler, fienter, esmonder et estester, le tout à son temps, sy Souventefois qu'yl sera besoing, et, finablement, les faire eslever et cul- tiver, de sorte que, par la gráce de Dieu, tous demeureront verds et crois- sans, l'espace de quattre ans, ou, sy au bout desd. quattre aus, yl y en eust auleuns desd. plancons, mors ou tariz, s'est offert led. suppliant de furnir planchons, nouveaux et verdoyans, en la place des morts. Moyennant qu'yl nous pleust luy accorder lettres patentes d'oetroy, pour aller et envoyer querir led. nombre, aveeq deffense à tous aultres de n'en pouvoir faire venir, ou vendre, quant ores ylz fussent creus par deca, en deans dix ans prochainement venans, sur paine de confiscation, et de payer vingtz solz tour. d'amende à nostre prouffict, pour chascun planchon, afin que, après avoir exposé sy grandes sommes pour l'achapt et pour le trans- port desd. planchons, y! ne demeure frustré de sa paine et de ses despens, » Suit la concession des arehidues, qui disent que c'est à l'effect de mectre en praticque et usage l'art de gaigner soie en leurs pays de par deca (1). (4) Archives de l'hótel de ville de Lille, 388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je prends maintenant la liberté de consulter la Société au sujet de quelques plantes cultivées, au xiv* siècle, auprès de Lille, et qui nous sont inconnues. Outre les pois, les petites et grosses dravières, les fèves, cultivés comme de nos jours, nous trouvons souvent citées les bregeries. En 1328, le mois- sonneur demande Lv s. vin d., pour pikier (2) xv e. de bregerie et 1 bon- nier de fèves, et pour soyer x c. de bregerie ; en 1372, on accorde xL gros pour pikier un bonnier et 1x e. de bregerie (1376, mettre en queune vecces et bregerye.); — En 1341, la rasière de breges coûte vim s. vt d. En 1360, une rasière et demie d'avant avoine est vendue xvin gros, et en 1372, une rasière de molle avoine coûte vir gros 1 estrelin. Ces deux va- riétés sont-elles eneore connues? M. Cosson, qui vient d'accomplir son quatrième voyage d'explora- tion botanique en Algérie, fait à la Société la communication sut- vante : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 4856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Premiére partie.) Dans une récente publication nous avions déjà signalé l'importance qu'il y aurait à compléter l'exploration de la région des hauts-plateaux de la pro- vince de l'ouest et à étudier la végétation saharienne de cette méme province. Il restait également à voir par nous-méme le sud et les hauts-plateaux de la province d'Alger, dont la flore nous était déjà en grande partie connue par les communications qu'avaient bien voulu nous faire M. Geslin, attaché au bureau arabe de Laghouat et surtout M. le docteur Reboud, médecin du bureau arabe de Djelfa. Le quatrième vovage que nous venons de faire nous a permis d'atteindre le but que nous nous proposions, et nous deman- dons à la Société la permission d'appeler son attention sur l'itinéraire que nous avons suivi, ainsi que sur les faits principaux que nous avons obser- vés et sur quelques-unes des conclusions auxquelles nous avons été amené par l'examen attentif du pays. Le 5 avril, je quittais Marseille pour me rendre à Alger et demander à M. le Gouverneur-général, conformément aux ordres de M. le Ministre de la Guerre, ses conseils et son appui pour notre voyage, dont la réali- sation est due surtout à sa haute protection. — Le 10, j'arrivais à Oran et j'avais la satisfaction d'y rejoindre MM. Kralik et Marés, qui devaient me seconder dans mes recherches pendant tout le voyage, ainsi que M. Bourgeau, qui devait explorer la partie du littoral voisine de la frontiere (4) Ainsi la petite faux à la main, dite piquet, était déjà en usage au xrv* siècle. SÉANCE DU 11 juiL.LET 1856. 389 du Maroc, les environs de Nemours, de Lalla Maghrnia et de Tlemcen. Nemours, où MM. Delestre et Krémer avaient déjà fait de riches récoltes, lui a offert un grand nombre de plantes intéressantes, parmi lesquelles nous devons nous borner à signaler le S/atice asparagoides et une Légumineuse de la tribu des Hédysarées constituant un eenre nouveau, et pour laquelle nous proposons le nom de Zudovicia Kremeriana (4). — A Lalla Maghrnia il a retrouvé une espèce de Peuplier qu'y avait déjà découverte M. Krémer (Populus Euphratica), et qui, antérieurement, n'avait été signalée que sur les bords du Jourdain et de l'Euphrate. Entre Lalla Maghrnia et Tlemcen il a visité les rochers de Gharrouban, où M. Munby avait signalé plusieurs espèces d'un haut intérét, et surtout le Biscutella frutescens, qui n'était encore indiqué que dans le midi de l'Espagne. — Les environs de Tlemcen, où il a été obligeamment secondé dans ses recherches par MM. les docteurs Lenepveu et Thévenot, lui ont offert un erand nombre des espèces de Des- fontaines à leur localité classique, ainsi que celles qui y ont été plus récemment découvertes par MM. Durieu de Maisonneuve, Munby, Boissier et Reuter. Du 10 au 45, nous avons séjourné à Oran, où notre temps a été rempli par quelques exeursions aux environs de la ville, l'examen des récoltes les plus récentes de M. Munby, nos préparatifs de départ et surtout par le tracé de notre itinéraire définitif, En partant de Paris nous nous étions proposé de nous rendre direetement à Géryville, l’ancien El Biod, en passant par Saida et le Djebel Antar et de là à Laghouat, en explorant le Sud à quelques journées de Géryville ; Laghouat devait être le point de départ d'une ex- ploration du Mzab, que nous devions poursuivre jusqu'à Gardaia et peut- être Ouargla. Ce projet d'itinéraire a dû être profondément modifié d’après les renseignements que nous avons dus à l'obligeance de M. le général de Montauban, gouverneur de la province, et de M. le capitaine de Chanzy, directeur des affaires arabes. Nous avons appris par eux la présence de forces assez considérables à El Aricha et à Ain Ben-Khelil, redoutes élevées récemment sur la frontiere du Maroc pour assurer la sécurité du pays. Cette circonstance favorable nous permettait de parcourir une contrée encore inconnue aux botanistes, et pour ce voyage M. le général de Montauban a (4) Cette belle plante, dont la découverte est due à M. Krémer, m'avait été communiquée par mon excellent ami et collaborateur, M. Durieu de Maisonneuve, pendant le court séjour que j'ai fait à Bordeaux au mois d'août 1854, etau moment méme où une maladie, qui ne semblait plus présenter aucune gravité, lui enlevait Son fils ainé, M, Louis Durieu, dont l'avenir donnait de si légitimes espérances, et qui, par ses aimables qualités, avait su se concilier l'affection de tous les botanistes de Paris, amis de son pére. Le nom de Ludovicia est destiné à rappeler les senti- ments d'amitié que nous avions voués à ce jeune homme distingué, et sera un témoignage des profonds regrets que nous laisse sa perte prématurée. 390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. eu la bonté de mettre à notre disposition les moyens de transport et l'es- corte nécessaires, en nous faisant espérer de pouvoir poursuivre nos exeur- sions jusqu'à Tyout, oasis récemment soumise et qui, par sa situation méri- dionale (33"* degré de lat.) et l'existence de dunes de sable nous promettait une végétation désertique analogue à eelle de Tougourt et de Ouargla. Ce nouvel itinéraire a été complété à Tlemcen par les indications plus précises encore que nous ont données M. le général de Beaufort, com- mandant la subdivision, et M. Doineau, chef du bureau arabe; et il fut en conséquence arrêté que nous explorerions Tyout et la ligne des Ksour (villages arabes avec cultures, protégés par des murs et des travaux de défense) situés à la limite de la région désertique, depuis la frontiere du Maroe jusqu'à Laghouat, en nous détournant seulement de cette direction pour nous rendre à Géryville, dont les montagnes élevées nous promettaient une végétation toute différente et où nous attendait la bonne et cordiale hospitalité de M. le capitaine de Colomb, commandant supérieur du cercle. Le 15 avril, nous nous sommes rendus d'Oran à Tlemcen par la dili- gence. — Le 16, accompagnés de M. Thévenot, après avoir jeté un coup d'œil sur les plantations et les belles cultures de la ville et admiré la riche végétation des arbres d'Europe plantés sur la place du Méchouar, nous sommes allés à la cascade de Tlemcen en longeant les montagnes rocail- leuses, limites du Tell, qui nous ont offert la végétation de la région mon- tagneuse inférieure et où nous avons recueilli entre autres les Vinca media, Plantago Mauritanica, Linaria marginata, Polygala oxycoccoides, ete., et où nous avons observé les Atractylis macrophylla, Euphorbia buplevroides que M. Bourgeau y a recueillis depuis.—Le 47, apres avoir visité la célèbre mosquée de Bou-Médine, nous avons parcouru les belles plantations et les riches cultures bien arrosées, désignées sous le nom de Bois-de-Boulogne, et où l'heetare de terre aux environs de la ville a été vendu quelquefois jus- qu'à 3,000 fr. Là l'Olivier acquiert un magnifique développement, et pour obtenir aprés peu d'années des arbres en plein rapport, il suffit de planter soit des rejets éelatés de la souche, soit des branches sous forme de bouture. M. Lenepveu a constaté que sur 700 oliviers ainsi plantés et arrosés une seule fois, il n'en est mortque deux ou trois. Dans les vergers croissent avec une égale vigueur les arbres fruitiers du centre et du midi de l'Europe, et indépendamment des céréales les eultures nous offrent tous les légumes de l'Europe centrale. Cà et là se rencontrent de magnifiques Pistacia Atlan- tica, qui atteignent les dimensions de nos plus grands peupliers. Vers le marabout de Sidi Yacoub, un cep de vigne gigantesque s'enlace comme une énorme liane autour du tronc et entre les branches d'un de ces beaux arbres- — Le 18, nous avons examiné l'herbier de M. Lenepveu, et apres plusieurs heures laborieusement occupées par l'organisation de notre caravane, nous SÉANCE DU 14 juiLLET 1856. 394 montons à cheval guidés par un spahi et suivis de sept mulets chargés de nos presses, de nos cantines et de notre tente. Bientôt nous laissons derriere nous les admirables ruines arabes de Mansourah, dont l'enceinte fortifiée est encore presque intacte, et nous gravissons la pente qui nous conduit au pla- teau de Terni. A trois lieues de Tlemcen, à Ain Ghoraba, nous installons notre premier campement et nous prenons notre premier souper sous la tente. — Le 19, au lever du soleil, nous quittons notre tente pour faire une herborisation aux environs immédiats et au pied des collines qui à l'est bor- dent Ja plaine. Là nous trouvons les Lepidium Granatense, Astragalus Glaux, Anacyclus Pyrethrum et plusieurs autres espèces de la région des hauts-plateaux et de la région montagneuse inférieure. Nous revenons en- suite sur nos pas jusqu'à la plaine de Terni en passant auprès de la source d'Ain Sidi Affir et nous y trouvons plusieurs espèces que nous avait signa- lées M. Munby. Les Senecio giganteus, Cerastium Atlanticum, Nasturtium Boissieri et une espèce nouvelle du genre Ranunculus (R. xantholeucus), que M. Delestre avait déjà observés à Tiaret y croissent dans les ruisseaux et dans les dépressions marécageuses. Sur les pelouses arides croit en abon- dance le Brassica lyrata, que Desfontaines n'avait sans doute pas recueilli lui-même, car il l'indique dans les sables du désert (Hab. in arenis deserti). Ces coteaux, dans leur partiesupérieure, présentent de nombreux pieds de Juniperus Oxycedrus et Ye Chamerops humilis y couvre de larges espaces. Là on observe également les Jurinea humilis var. Bocconi, Medicago se- cundiflora, Valerianella chlorodonta, lonopsidium albiflorum et un Ulex (Nepa Cossonii Webb), etc. La plaine de Terni, vaste dépression entourée de montagnes peu élevées, en partie boisées, présente de nombreux champs d'orge et de blé et quelques jardins plantés de peupliers noirs, d'amandiers et d'abricotiers. — A peu de distance d'Ain Ghoraba commence la forêt accidentée des Beni Hediel qui s'étend jusqu'à la vallée de Sebdou. L'essence Principale de cette vaste forét est le Chéne-vert ; cà et là s'y rencontre un Chéne à tronc élevé, à feuilles presque toutes caduques, probablement le Quercus Pseudosuber. Dans les clairières rocailleuses dominent les Bras- sica lyrata et Catananche cæspitosa, qui y forment de vastes touffes hémi- Sphériques et compaetes. Un ravin profond nous conduit à de vastes maré- ĉages, au-dessous desquels l'un des affluents de l'Oued Tafna se divise en Plusieurs ruisseaux sur les pentes rapides des rochers, et alimente par ses eaux un moulin de récente création. A dix heures du soir, nous arrivons à la redoute de Sebdou, vaste enceinte fortifiée, construite dans une vallée étendue de l'est à l'ouest, à environ 950 metres d'altitude (1) à 37 kilomè- (4) Les diverses altitudes que nous indiquons dans cet itinéraire sont calculées d’après les observations recueillies au moyen d’un baromètre anéroïde, et en prenant Pour base du calcul la moyenne de nos observations à Oran. Dans le travail plus 392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tres de Tlemcen et à 153 kilomètres d'Oran. Nous installons immédiate- ment notre tente dans la eour intérieure du fort et, en raison de l'heure avancée, nous remettons au lendemain notre visite à M. le sous-lieutenant Surtel, qui commande le poste par intérim en l'absence de M. le capitaine Leroux. — Les journées des 20 et 21 sont consacrées à l'exploration des environs de Sebdou. Le jardin des officiers, situé au nord-ouest du fort, ren- ferme des arbres et des légumes de l'Europe centrale ; l'Olivier ne parait pas devoir y réussir, ou du moins il réclamera pendant les premières années des soins particuliers. Les bois au sud-ouest du fort, dont le sol est sablon- neux, nous offrent surtout des espèces de la région des bauts-plateaux et de la région montagneuse inférieure, entre autres les Festuca cynosuroides, Arabis auriculata et parvula, Rochelia stellulata, Wangenheimia Lima, Ammochloa pungens, Sideritis montana, Anacyclus Pyrethrum, Queria His- panica, Achillea spithamea, Centaurea acaulis, Crucianella patula, Atrac- tylis cespitosa, Polycnemum Fontanesti, Ceratocephalus falcatus, Plantago Mauritanica, ete., ete. L'essence principale de ces bois est le Chêne-vert ; les broussailles y sont surtout constituées par les Pistacia Lentiscus, Junipe- rus Oxycedrus, Phillyrea media et par des pieds rabougris de Quercus Iles. Sur les bords de l'Oued Tafna, nous avons trouvé en pleine forét quelques pieds isolés d'amandier et sur les pentes argileuses bordant ce cours d'eau, nous avons rencontré le C/ypeola cyclodontea, mais cette plante y est fort rare. La base des montagnes qui limitent au nord la vallée de Sebdou nous a offert quelques rares pieds de Chamærops humilis, que nous n'avons plus vu au sud de cette localité. Dans des terrains calcaires, au voisinage du fort, exploités pour la fabrication de la chaux, croissent en abondance les Ammochloa pungens, Alyssum scutigerum, Ononis incisa qui n'avait encore été observé en Algérie que sur les hauts-plateaux au sud de Saida. Sebdou dont le elimat, à cause de l'altitude, de l'étendue des foréts, du voisinage des montagnes et de l'abondance des eaux, est tout à fait européen, est #p- pelé à devenir plus tard un centre important de colonisation. — Le 22 à midi, nous quittons Sebdou, apres avoir remplacé pour le transport de étendu qui sera publié dans les Annales des sciences naturelles, ces altitudes seront déterminées plus exactement d’après les observations recueillies à Oran aux mémes dates par M. Aucour, ingénieur en chef de la province, qui a bien voulu nous les communiquer. Pour arriver à des données aussi exactes que possible, indépendamment de deux baromètres anéroides, nous nous étions munis de deux barometres Fortin construits par M. Fastré; mais M. Fastré avait porté si peu de soin à la construction de ces instruments que, malgré toutes les précautions prises par nous, ils étaient hors de service dès notre arrivée à Tlemcen, où nous avons constaté que les avaries qu'ils avaient subies étaient irrémédiables. L'un de nos baro metres anéroides nous fit également défaut plus tard à l'Oued el Harmel, un coup de pied de cheval en ayant brisé le mécanisme. SÉANCE DU 14 JUILLET 1856. 393 notre bagage nos mulets par des chameaux ; nous traversons, en allant vers le sud, des bois dont le sol est accidenté et qui ne sont guère constitués que par des chénes-verts rabougris, des Juniperus Oxycedrus et des buissons de Pistacia Lentiscus et de Zizyphus Lotus. Dans les clairières aux bords du chemin, nous avons observé les Artemisia Herba-alba , Clypeola cyclo- dontea, Achillea spithamea, Rosmarinus officinalis var. Tournefertii, Inula montana, Erucastrum leucanthum, Genista biflora, etc. La partie supérieure du coteau est à peine boisée, et à 8 kilom. environ de Sebdou, nous arrivons aux vastes plaines des hauts-plateaux entièrement dépourvues de bois. Là se présente à nous le Passerina Tarton- Raira, dont les nombreuses touffes grisátres donnent à cette plaine un aspect tout particulier ; entre ces touffes croissent les Ranunculus gramineus, Passerina virescens, Catananche cœru- lea, une espèce d' A/yssum probablement nouvelle, le Salvia phlomoides encore à peine développé et dont les rosettes de feuilles radicales d'un blanc de neige sont appliquées sur le sol, et la plupart des plantes que nous avons signalées sur les hauts-plateaux au delà de Saida. Le soir, vers neuf heures, nous arrivons à Ja maison de commandement, récemment coustruite à El Aricha sur la partie la plus élevée du plateau. Là nous sommes heureux de trouver, groupées autour du fort, des troupes dont la présence suffira pour nous garantir, dans nos courses, des attaques des maraudeurs marocains. Nous dressons notre tente au milieu du camp, oü nous recevons la plus cor- diale hospitalité et où un excellent pâté de lièvre, produit de la chasse des officiers, nous est offert pour notre souper. — Le 23, à neuf heures du ma- tin, nous levons notre tente, et dans la plaine, à quelques kilomètres au sud du fort, nous rencontrons les Brassica nudicaulis et Vella cytisoides que nous n'avons plus revus dans le reste de notre voyage, et le Linum perenne. Plus loin. la plaine est couverte de touffes d'Artemisia Herba-alba et de Peganum Harmala, qui constituent le fond de la végétation jusqu'au redir de l'Oued el Harmel, au bord duquel nous dressons notre tente à sept heures du soir; il est probable que c'est à l'abondance du Peganum Har- mala, en arabe Harmel, que ce cours d'eau doit son nom. — Le 24, nous partons à six heures du matin, et après un trajet de quatre heures dans la méme plaine uniforme, nous nous arrétons à une dépression herbeuse, halte habituelle des caravanes. Les terrains argilo-calcaires des environs nous offrent en abondance les Muricaria prostrata, Arnebia Vivianii, Noea spinosissima, Triticum Orientale et le Marrubium Pseudo-Alysson, espèce nouvelle voisine du M. deserti. Dans les parties déprimées de la plaine do- mine l Artemisia Herba-alba, tandis que la plante la plus abondante des parties plus élevées est le Stipa tenacissima; dans le reste de notre voyage nous avons été à méme de constater que le méme fait se reproduit dans toute la région des hauts-plateaux. Vers quatre heures du soir, nous arri- vons au lit desséché d'un oued qui précède le Chott el Rarbi et nous y no- 594 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tons la présence de l' Atractylis microcephala, qu'à partir de ce point nous avons retrouvé dans toutes nos stations méridionales. Au nord, les berges du chott sont assez élevées, très ravinees et rocailleuses, et de leur sommet on embrasse une assez grande étendue de la vaste dépression qui constitue le lit du Chott el Rarbi. Ces berges nous ont offert les Kælpinia linearis, Marrubium deserti, un Deverra non encore fleuri, Alyssum scuttgerum, Passerina microphylla ; des sables rougeâtres au pied de ces berges présen- tent lZchiochilon fruticosum, qui se rencontre également dans les parties rocailleuses et en grande abondance, les Hippocrepis bicontorta, Cyrtolepis Alexandrina, ete. Le vaste lit du chott, à environ 1,000 mètres d'altitude, est presque plan ; il était entierement à see dans les parties que nous avons pareourues, et le sel, qui, au Chott el Chergui, eouvre d'un épais dépót toute la surface, ne se révèle ici que par de légères efflorescences et surtout dans les parties un peu déprimées. Là eroissent les Lepidium subulatum, Hernia- ria fruticosa, Erodium glaucophyllum, Nitraria tridentata, Carozylon tetragonum, ete. A six heures du soir nous arrivons à Ogla Nadja (réunion de puits), lieu de campement où sont creusés plusieurs puits dans un terrain compacte un peu plus élevé que le fond même du chott. Ces puits ne sont guère que des trous irrégulièrement circulaires de cinq mètres environ de profondeur; l'eau en est légèrement saumátre et celle de l'un d'eux contient de l'hydrogene sulfuré, leur température est d'environ 13 degrés. — Le 25, nous explorons les dunes ondulées de sable mobile qui s'étendent au nord d'Ogla Nadja; elles sont en grande partie couvertes par l Arthratherum pun- gens ; le Saccocalyx satureioides et le Festuca Memphitica y sont également très abondants; nous y trouvons aussi F Ammochloa subacaulis que nous avons fréquemment revu au sud de cette latitude. — Le 26, à dix heures du matin, nous quittons le campement d'Og'a Nadja et nous traversons une vaste plaine, continuation du lit du chott, dont elle ne se distingue que par une pente presque insensible. Plus loin le sol devient argileux et compacte, et un Pistacia Atlantica isolé, dont le tronc a plus de quatre mètres de tour, nous offre un abri contre l'ardeur du soleil. Des ondulations de terrain, sous forme de collines basses, que nous traversons, nous amènent à une plaine limitée au sud par une chaine de montagnes peu élevées. Des bouquets de Pistacia Atlautica d'un beau développement sont espacés dans la plaine, jus- qu'au pied dela montagne Djebel Bou-Kaschba. Après quelques instants de repos à l'ombre de ces Lentisques, nous remontons à cheval et nous gagnons le col de Teniet Chika qui traverse le Djebel Bou-Kasehba étendu de l'est à l'ouest. A l'entrée du col, l'Ononis angustissima devient d'une extréme abon- dance; le terrain rocailleux du col nous offre le Convolvulus supinus qué nous retrouverons plus tard en abondance dans tout le sud. Les pentes du Djebel Bou-Kaschba sont couvertes de touffes de Stipa tenacissima jusqu au sommet et paraissent devoir offrir peu d'intérêt au botaniste. Nous des- SÉANCE DU 44 JUILLET 1856. 595 cendons ensuite vers l'Oued Taoussera, sur les bords duquel nous nous arrétons quelques instants pour faire honneur tant bien que mal aux mets d'une diffa que nous offrent les habitants du douar voisin, et en raison de l'heure avancée (huit heures du soir), nous nous empressons de gagner la redoute d'Ain Ben-Kheli!, vers laquelle nous nous dirigeons en nous guidant sur le feu allumé pour éclairer le fort. Là nous attendait le plus aimableae- cueil de la part de M. le capitaine Girard et des autres officiers. Grâce à l'obligeance de ces Messieurs, nous avons trouvé à Ain Ben-Khelil un bien- étre auquel nous étions loin de nous attendre dans un poste de fondation toute récente et aussi éloigné des grands centres de population européenne; nous devons à l'extréme sollicitude dont ils nous ont entourés d'avoir pu sans aucun danger parcourir les environs à une assez grande distance, bien que, en raison du voisinage du Maroc, ils soient exposés aux incursions des maraudeurs. — Du 27 avril au 2 mai, nous séjournons à Ain Ben-Khelil et nous faisons plusieurs courses dans la plaine et une sur la partie la plus élevée du Djebel Bou-Kaschba. Le sol de la plaine d'Ain Ben-Khelil, d'une altitude d'environ 1,100 mètres, est sablonneux et forme des dunes assez accidentées et assez étendues surtout à l'ouest du fort ; dans les parties dé- primées, le terrain est plus compacte, souvent pierreux et légèrement argi- leux. Aux environs du fort, et probablement dans toute la plaine, l'eau se trouve à une trés faible profondeur ; aussi, en creusant le fossé qui en- toure le mur d'enceinte, a-t-il suffi d'enlever une couche de sable de quel- ques décimètres et de traverser un bane ealeaire également fort mince pour trouver une nappe d'eau souterraine à moins d'un mètre de profondeur. Parmi les plantes rudérales que nous avons observes aux environs du fort et sur l'emplacement du camp de la derniere colonne expéditionnaire, nous trouvons une variété velue du Sisymbrium Trio et V Enarthrocarpus clava- tus. Cette dernière plante, avant qu'elle eût été recueillie en Algérie par MM. Hénon et Reboud, n'était connue que par des échantillons subspontanés provenant du port Juvénal, où Delile l'avait découverte. Les parties de la plaine où le terrain est plus compacte n'offrent guère que les espèces carac- téristiques des hauts-plateaux ; les dunes au contraire montrent réunies la plupart des plantes que nous avions déjà vues dans les sables du Chott el Rarbi et un assez grand nombre de celles qui nous accompagneront dans toute la région saharienne. Nous nous bornerons à mentionner ici les Nol- letia chrysocomoides, Lotus pusillus, Festuca Memphitica, Arthratherum pun- gens, Ammochloa subacaulis, Rumex Tingitanus var., Astragalus Gombo, Malcolmia Ægyptiaca, Saccocalyx satureioides, et une espèce du genre Pyrethrum (P. macrocephalum, Chrysanthemum macrocephalum Viv.), qui n'avait encore été trouvée que près de Tripoli et à une seule localité en Algérie sur le plateau de Titeri. — La partie du Djebel Bou-Kasehba que nous avons explorée est presque eutiérement pierreuse; les rochers sont 896 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. presque tous constitués par du grès ; le calcaire est très peu abondant dans ces montagnes. La végétation arborescente n'y est représentée que par des pieds généralement isolés de Juniperus Phænicea et de Rosmarinus offici- nalis, seuls combustibles de la garnison. La plus grande partie du versant sud n'offre guère d'autres espèces que celles de la plaine ; le sommet (en- viron 1350 mètres) présente quelques plantes des environs de Paris, asso- ciées aux Zuplevrum spinosum, Linum suffruticosum, Arabis auriculata, et une espèce nouvelle du genre Pyrethrum, remarquable par ses fleurons d'abord jaunes, puis passant insensiblement au brun pourpre. Sur la pente nord, les rochers forment des gradins disposés par zones concentriques coupées par des ravins. La partie supérieure de cette pente nord offre la plupart des plantes du sommet; l'£phedra Greca y est trés abon- dant, ainsi que l Erucastrum leucanthum. — Dans une chasse aux aroui (mouflon à manchettes), où il a été tué 14 de ces animaux, nous avons eu l'occasion, mettant à profit la sécurité que nous donnait la présence des officiers d'Aiu Ben-Khelil et de leur rombreuse escorte, d'explorer un ravin sablonneux à la base du Djebel Bou-Raïsa, dépendance de la partie occiden- tale du Djebel Bou-Kaschba; mais ce ravin ne nous a guère offert que les plantes des dunes. — Le 2 mai, il nous faut consacrer toute notre matinée à de laborieux préparatifs de départ, car jusqu'à Géryville nous ne devons plus trouver aucun centre européen pour nous ravitailler. À dix heures enfin nos 15 chameaux sont chargés, nonsansavoir fait subirquelquesavariesà notre bagage. Nous montons à cheval après avoir exprimé à nos hôtes toute notre reconnaissance pour leur bon accueil et les soins qu'ils ont apportés au choix du personnel qui doit nous accompagner. Notre nombreuse escorte, destinée à nous protéger contre les incursions des Marocains et l'éventualité d'une attaque de la part des tribus des Amour encore insoumises dans le voisinage desquelles nous devons passer vers Sefissifa, se compose de sept spahis com- mandés par un brigadier et d'une trentaine de cavaliers indigènes sous les ordres de Sassi, fils de Mebkrout, agha des Hamian, qui doit à la fois nous servir de guide et d'otage pendant notre exploration des Ksour du sud-ouest de la province d'Oran. | (La suite à une prochaine séance.) M. Léon Soubeiran fait hommage à la Société d’un exemplaire de son nouveau travail intitulé : Note sur /'Hyraceum. M. Weddell présente à la Société l'ouvrage de M. de Vriese sur le Camphrier de Bornéo, et entre dans quelques détails sur les résultats des études et des observations de M. de Vriese relativement à cet arbre et à ses produits. M. Puel fait à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 11 JUILLET 1856. 397 NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES LITIGIEUSES DE TRIFOLIUM (section Chronosemium ), par M. T. PUEL, (Suite !.) Après avoir exposé à la Société les motifs qui m'ont engagé à adopter la synonymie de M M. Soyer- Willemet et Godron, pour le Tr. filiforme L., il me reste à expliquer pourquoi je ne partage pas l'avis de nos honorables confrères au sujet des trois autres espèces de Trèfles de la section Chronose- mium, que je me suis proposé d'examiner dans ce travail. Parmi ces trois espéces, que je désignerai provisoirement, et pour éviter toute équivoque, sous les noms de Tr. aureum Pollich, Tr. campestre Schreb. et 7r. minus Relh., il en est deux qui étaient connues de Linné et une qu'il n'a pas décrite : toute la difficulté consiste à savoir quelle est la plante que Linné n'a point connue. Deux opinions principales divisent les botanistes sur ce point: les uns pensent, avec Relhan et Smith, que c'est le Tr. minus Relh. qui n'a pas été décrit par Liuné; d'autres pensent, avec Pollich et MM. Soyer et Godron, que c'est le 77. aureum Poll. Les espèces décrites par Linné sont désignées par cet auteur sous les noms de 77. agrarium et Tr. procumbens. Pour Smith, le 7r. agrarium L. est représenté par le 7». aureum Poll., tandis que pour MM. Soyer et Godron, c'est le Tr. campestre Schreb. Quant au Tr. procumbens L., Smith le reconnait dans le 77. campestre Schreb. , tandis que MM. Soyer et Godron le voient dansle 77. minus Relh. Quant à moi, j'adopte pleinement les idées de Smith sur ce point litigieux, ainsi que je l'ai exposé dans la synonymie placée en téte de ce travail; je vais discuter maintenant les éléments de ma conviction personnelle. Cherehons d'abord quelle est la plante à laquelle il faut conserverle nom linnéen de 7». agrarium: nous examinerons ensuite quel est le vrai Tr. procumbens L. ; et après cette double étude, la question sera complétement résolue, car il ne restera plus qu'à constater la priorité du nom le plus ancien pour l'espece non décrite par Linné. 2. TRIFOLIUM AGRARIUM L. C'est dans la première édition du Species, publiée en 1753, que Linné a créé le nom de 7. agrarium ; mais pour remonter à l'origine réelle de la Plante linnéenne, il faut consulter I Hortus cliffortianus, qui date de 1737. En effet, la phrase descriptive du Species est empruntée à l'ouvrage que je viens de citer. II s'agit done de savoir quelle est la plante que Linné a eu en vue dans l’ Hortus cliffortianus. Je ferai remarquer tout d'abord que le Trifolium n^ 10 (Hortus cliff., p. 31h), auquel Linné renvoie pour son (4) Nous réunissons ici les deuxième et troisième parties de celte note, qui ont été lues par M. Puel dans les séances du 27 juin et du 11 juillet. Pour la première Partie, voyez plus haut, page 290. 398 SOCIÉTE BOTANIQUE DE FRANCE. Tr. agrarium (Spec., éd. 1, p. 772), renferme deux plantes différentes, considérées comme simples variétés l'une de l'autre dans l Hortus cliffor- tianus, distinguées plus tard dans le Species comme de véritables espèces, savoir: le 7r. agrarium L. etle Tr. spadiceum L. Notous, en passant, une erreur d'impression fort remarquable, qui s'est glissée dans la premiere édition du Species (1753), mais qui a été corrigée par Linné lui-même dans le Flora suecica (1755). Dans le Species, on trouve deux espèces différentes de Trifolium, désignées sous le nom de Tr. montanum : l'une portant le n° 29, p. 770, a conservé le nom de 7r, montanum, et l'autre portant le n° 37, p. 772, a recu le nom de Tr. spadi- ceum dans la 2* édition du Flora suecica. Eu lisant, dans le Species, les diagnoses destinées à distinguer entre eux le 7r. agrarium et le Tr. montanum (n° 37), ou reste convaincu que c'est par inadvertance que ce dernier uom a été répété deux fois dans l'ouvrage, et que des ce moment le nom de spadiceum était destiné à cette plante. Linné dit, en effet, pour le Tr. agrarium (n° 36) : Corollæ flavæ, nec spa- diceæ ; et pour le Tr. montanum (n° 31) : Differt a præcedenti vexillis fer- rugineis. Enfin, dans le Flora suecica (éd. 2, p. 261), en établissant le nom de Tr. spadiceum, Linné cite le Tr. montanum Sp., éd. 1, n° 37, et compa- rant toujours cette espèce avec le Tr, agrarium, il dit : Corollæ ferrugineæ nec flave. Quoi qu'il en soit, il est certain que le Tr. agrarium L. et le 77. spa- diceum L. ont été primitivement rapprochés l'un de l'autre, et méme con- fondus entre eux par Linné, dans son Hortus cliffortianus. Dans les deux éditions du Species, et surtout dans le Flora suecica, il s'attache constam- ment à faire ressortir leurs différences caractéristiques : « Facies prace- dentis, sed caulis magis erectus, solitarius » dit-il, dans le 7T. suecica (p. 61), en parlant du Tr. spadiceum. Le port droit et roide « caules erecti, » sur lequel Liuné revient sans cesse, et qu'il attribue exclusive- ment au 77. agrarium et au Tr. spadiceum, n'appartient en effet qu'au Tr. aureum Poll. et au Tr. spadiceum L. ; d'où résulte une grande probabilité en faveur de l'opinion qui considere comme une seule et même espèce le Tr. aureum Poll. «tle Tr. agrarium L. ; mais on peut invoquer des consi- dérations plus décisives à l'appui de cette présomption. Smith, qui avait sous les yeux l'herbier de Linné, n'hésite pas à admettre le 7r. aureum Poll. comme le représentant légitime du Tr. agrarium L. MM. Bolle et Webb, d’après l'étude particulière qu'ils ont bien voulu faire des espèces de ce groupe dans l'herbier de Linné, ont constaté de la manière la plus positive la présence du 7». aureum Poll., sous le n° 36, et avec le nom de Tr. agrarium L. Hartman, dans ses remarques sur l'herbier de Linné (1), (1) Annotationes de plantis scandinavis Herbarii Linnœæani, etc. Act. Reg. Acad. scient, Holm, 4849 et 4851. Extr. p. 123, SÉANCE DU 11 squier 18656. 599 confirme le méme fait, et nous apprend en outre que, à côté de l'exemplaire de l'herbier se trouve le mot suec. de la main méme de Linné; ce qui démontre incontestablement l'origine suédoise de la plante, Que devient, après cela, l'opinion de Pollich qui, le premier, a prétendu que Linné n'a point connu son 7r. aureum ? 1l suffit, au reste, de jeter un coup d'œil sur le tableau remarquable de géographie botanique donné par Fries dans le Summa vegetabilium, pour étre convaincu qu'il est impossible que Linné n'ait pas connu cette plante ; on y verra, en effet, que le 77. aureum Poll. est indiqué dans cinq eolonnes de ce tableau, et qu'il se trouve dans toutes les provinees de la Seandinavie, exeepté en Laponie, ou, du teste, on ne rencontre aucune espèce de ce groupe. Quant aux descriptions que Linné donne de son Tr. agrarium, soit dans le Species, soit dans le Flora suecica, elles s'appliquent toutes parfaitement au Jr. aureum Poll. Nulle part il n'est fait mention du caractère de la foliole médiane pédicellée, mentionné par Pollich, qui a servi de base à l'argumentation de MM. Soyer et Godroun. Ce caractère, en effet, n'appar- tient pas au Tr, aureum Poll.; mais C'est à tort, selon moi, qu'on l'a rattaché au 7r. agrarium L. Pollich, et après lui MM. Soyer et Godron, se fondent à cet égard sur les. ynonymes que Linné ajoute aprés son 7r. agrarium, particulièrement sur le suivant: « Trifolium pratense luteum, capitulo lupuli, vel agrarium, Bauh. Pin. 328, Vaill. paris. 196, t. XXII, fig. 3. » La figure citée de Vaillan représente, en effet, un fragment de plante dans lequel on reconnait aisément que la foliole médiane ou impaire est pédi- cellée ; mais il est évident que ce n'est pas là ce qui a déterminé Linné à citer cette figure. Je ferai observer que ce caractère est. trop remarquable pour que Linné eût négligé d'en faire mention dans sa description, si son attention s'était portée là-dessus ; tout prouve, au contraire, que ce signe lui a échappé. MM. Soyer et Godron (Revue, p. 12), disent que « Linné cite dans tous ses ouvrages, sans exception, le Botanicon parisiense de Vaillant. » C'est une erreur ; il n'en est pas question dans l’ Hortus cliffortianus. Linné rapporte, il est vrai, la phrase employée par Vaillant, mais il l'emprunte à C. Bau- hin, également cité par Vaillant. C'est seulement en 1745, dans la premiere édition du Flora suecica, que Linné parle de Vaillant; mais il est essentiel de remarquer qu'il le place à la suite de Bauhin, parce que Vaillant emploie aussi, comme je viens de le dire, la phrase de cet auteur. Il est vrai que Linné ajoute l'indication de la planche de Vaillant; mais, en citant le texte, pouvait-il s'empêcher de citer en même temps la figure? Au reste, je dois faire observer que cette figure représente un simple rameau, qui ne peut donner aueune idée du port normal de la plante ; peut-étre méme est-il permis de penser que l'aspect roide de ce fragment a induit en erreur Linné lui-même. A00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MM. Soyer et Godron se sont également trompés en prétendant que Linné a pris dans Vaillant la qualification spécifique agrarium. D'abord, lors méme que ce nom tirerait son origine de la phrase de Vaillant, il fau- drait toujours eu faire remonter l'honneur à C. Bauhin; mais ce mot se trouve encore dans la phrase de Morison : « Trifolium agrarium luteum, capitulo lupuli, majus, » (Hist. 2, p. 142) citée aussi par Linné. En outre, les botanistes s'accordent généralement à reconnaitre l'origine du nom linnéen dans celui de Dodonzus « Trifolium agrarium » (Pempt. 576), qui appartient réellement au 77. aureum Poll. Ces diverses remarques enlèvent, si je ne me trompe, à MM. Soyer et Godron la base prineipale de leur argumentation, destinée à prouver que le Tr. aureum Poll. diffère essentiellement du 77. agrarium L. Il me parait beaucoup plus rationnel de conclure simplement que le synonyme de Vaillant ne peut être rattaché au 7r. agrarium L. En résumé, les principaux arguments qui m'ont déterminé à considérer le Tr. aureum Poll. comme le véritable représentant du 7r. agrarium L. sont les suivants : 1* La concordance des caractères différentiels du 77. agrarium L., con- sigués dans les divers ouvrages de Linné, avec les caracteres descriptifs du Tr. aureum Poll. 2° La tradition linnéenne maintenue sans altération jusqu'à nos jours parmi les botanistes suédois. 3e Enfin, la présence du 77. aureum Poll. dans l'herhier de Linné, sous le nom de 7r. agrarium L. 3. TRIFOLIUM PROCUMBENS L. C'est toujours à la premiere édition du Species qu'il faut recourir quand on veut connaitre l'introduction d'un nom linnéen dans la science ; c'est là, en effet, que nous trouvons pour la premiere fois le nom de 77. procum- bens L. La phrase descriptive appartient à la premiere édition du Flora suecica (1745), qui renvoie à son tour aux Actes de l'Académie de Stock- holm (17h41). Dans ces divers ouvrages, Linné met en opposition le port caractéristique du 7r. procumbens. qui consiste dans les tiges couchées « caulibus procum- bentibus » avec le port droit «caule erecto» du Tr. agrarium et du Tr. spa- diceum ; mais c'est surtout dans la deuxième édition du Flora suecica qu'il s'efforce de distinguer nettement le 7. procumbens des deux autres espèces: « Differt a pracedentibus duobus quod flores minores et impr! imis quod caules longi omnino procumbant. » (Fl. suec., ed. 2, p. 261.) Ce caractère de tige couchée, sur lequel Linné revient sans cesse dans tous ses ouvrages, s'applique parfaitement au 77. campestre Schreb., dont les deux variétés majus et minus sont toujours à tiges étalées, jamais à tiges SÉANCE DU ÅA JUILLET 1856. hoi droites, comme celles du 77. aureum Poll. : il convient beaucoup moins au Tr. minus Relh., dont les tiges sont plutôt redressées que couchées. En outre, les gros capitules du 77. campestre ressemblent beaucoup plus à ceux du 7r. agrarium que les capitules assez petits du 7r. minus. Ainsi que je l'ai dit à l’occasion du 7r. agrarium L., il n'est question, dans aucun ouvrage de Linné, de la foliole médiane pédicellée; ce carac- tère, qui appartient au Tr. campestre Schreb. , ne peut done nous être d'au- cune utilité dans la discussion qui nous occupe. Selon Linné, le Tr. procumbens, découvert pendant le voyage de 1741, dans l'ile de Gottland (/ter Gotlandicum, n° 257), retrouvé ensuite dans d'autres parties dela Suède (Zer Westgotland., S66, p. 78, éd. Halle,1765), n'est pas rare en Suède : « Habitat in pascuis et pratis Gotlandie, W. Gothe, passim. »(Fl. suec., éd. 2, p. 261.) En outre, le tableau de géographie bota- nique, dressé par Fries, nous montre que le Zr. campestre Schreb. se trouve assez communément partout en Scandinavie, à l'exception de la Laponie. Enfin, la présence du Tr. campestre Schreb. dans l'herbier de Linné, sous le nom de 7». procumbens V., tranche toute difficulté et met hors de doute l'exactitude de la synonymie que j'ai adoptée. ` h. Trirozium minus Relhan. Si j'ai réellement prouvé que les trois espèces précédentes sont celles dont Linné a voulu parler sous les noms de Tr. filiforme, agrarium et procum- bens, il ne me reste plus qu'à conserver à celle-ci le nom de 7». minus, qui parait être le plus ancien. Smith (F7. Brit., t. VT, p. 1403), qui a contribué Surtout à faire connaitre ce nom, cite, comme créateur de l'espèce, Relhan, auteur d'une Flore de Cambridge, publiée en 1785 ; mais le 77. minus n'est pas indiqué dans cet ouvrage, nop plus que dans les deux suppléments publiés en 1786 et en 1788 ; la description de cette plante doit se trouver daus le troisième supplément de 1793, qui n'existe dans aucune bibliothèque à Paris, et qu'il m'a été impossible de consulter (1). Le Flora Britannica de Smith n'ayant cté publié qu'en 1805, je crois devoir rappeler ici que le Zr. dubium Abbot, synonyme exact du Tr. mi- nus Relh., a été décrit dans le Flora Bedfordiensis en 1798. Le Tr. minus Relh. a été considéré comme le type du 77. filiforme L., par un grand nombre d'auteurs, dont on trouvera l'énumération dans le consciencieux travail de MM. Soyer et Godron, et particulièrement par les (4) Le supplément de 1786 se trouve dans la bibliothèque de M, Delessert, et celui de 1788 à la bibliothèque impériale, M. Webb, que j'avais averti de cette lacune dans nos bibliothèques parisiennes, ne put se procurer, même à Londres, le troisième supplément de 1793, » T. HI. 21 402 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. botanistes suédois qui ont malheureusement, dans cette eirconstance, perdu la trace des saines traditions liunéennes. MM. Soyer et Godron, imitant en cela les auteurs qui ont suivi les erre- ments de Pollich, au sujet du 77. agrarium, pensent que le Tr. procum- bens L. est représenté par le 77. minus Relh. Aucune de ces deux opinions ne doit prévaloir. En parlant du Tr.. micranthum Viv., j'ai montré qu'on pouvait lui appli- quer, pour ainsi dire mot pour mot, la description caractéristique donnée par Linné pour son 7». filiforme; il n'est pas moins aisé de prouver que cette méme description est tout à fait inapplicable au Z7. minus Relh. En effet, les tiges et les pédoneules de cette derniere espéce ne sont filiformes que dans les échantillons provenant des lieux arides; les capitules floriferes portent généralement quinze à vingt fleurs, et ne présentent moins de sept à huit fleurs que dans les endroits très secs ; enfin, les légumes sont toujours sessiles, jamais pédicellés, méme aprés leur parfaite maturité. Cette forme rabougrie du 7r. minus Relh., se distingue toujours aisément du Tr. micran- thum Viy. Je signalerai néanmoins iei un caractère qui n'est pas indiqué par Linné, mais qui n'en est pas moins remarquable : c'est celui de l'inflo- rescence. Les capitules pauciflores du Tr. micranthum Viv. out toujours les pédicelles et les fleurs distants et tournés du méme côté, tandis que les capitules du 77. minus sont globuleux et les fleurs serrées les unes contre les autres. Quant à l'opinion de MM. Soyer et Godron, qui considèrent le Tr. minus comme le vrai Zr. procumbens, elle ne me parait pas mieux fondée, et je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'ajouter de nouveaux arguments à ceux que j'ai presentes précédemment. Je rappellerai toutefois que, dans le tableau de géographie botanique publié par Fries pour la Flore scandinave, le Tr. minus Relb., désigné sous le nom de 7r. filiforme, n'est indiqué ni en Laponie, ni en Finlande, ni méme en Suède, mais seulement en Danemark, en Gothie et en Norwége ; encore cette espèce est-elle signalée comme rare dans cette dernière région, où l'on ne trouve d'ailleurs que la forme rabou- grie, qui constitue la variété minus. Au contraire, les deux espèces précé- dentes sont indiquées par Fries dans toutes les subdivisions régionales de son tableau, à l'exception dela Laponie. Toutes les probabilités sont done, saus ce rapport, en faveur du Tr. minus, et il ne serait pas impossible que Linné n'eùt point connu cette dernière espèce à l'époque où il décrivit les autres. Il est vrai que la plante se trouve dans sou herbier, mais elle y est sans nom, sans numéro, comme une pierre d'attente, ainsi que je l'ai fait remar- quer. Peut-être est-ce la plante que Linné avait désignée sous le nom de Tr. filiforme dans le Flora suecica, comme se trouvant eu Seanie. Quoi qu'il eu soit de cette conjecture, à laquelle je n'attache qu'une importante secondaire, il est certain que, dans la deuxième édition du Species, posté- SÉANCE DU 14 JjuiLLET 1856, h03 rieure de plusieurs années à la seconde édition du Flora suecica, Linné n'indique point cette localité de Scanie pour son 7r. filiforme, et se con- tente de dire, comme dans la première édition : «in Anglia. » RÉSUMÉ GÉNÉRAL. En résumé, pour moi, le Tr. micranthum Viv. correspond au 7r. fili- forme L.; le Tr. aureum Poll. au Tr. agrarium L.; et le Tr. campestre Sehreb. au 7r. procumbens L. Le Tr. minus Relh. est, à mon avis, celle des quatre espèces de ce groupe que Linné n'a point décrite. Cette der- nière espèce est dans l'herbier de Linné, sans nom et sans numéro, tandis que les trois autres s'y trouvent sous les numéros 39, 36 et 38. Smith, en adoptant une opinion conforme à la synonymie de l'herbier de Linné, est rentré dans la véritable voie, dont s'étaient écartés la plupart des botanistes qui l'avaient préeédé. A notre tour, nous revenons à l'opi- nion de Smith, abandonnée ou combattue, en tout ou en partie, par quelques auteurs modernes. Fries, et la plupart des botanistes du nord de l'Europe, d'accord en cela avec Willdenow, De Candolle, Kanth, Koch, Boreau, Cosson et Germain, et M. Godron lui-même dans sa Flore de Lorraine, considèrent le Fr. au- reum Poll. et le 7r. agrarium L. comme une seule et méme espéce, et le Tr. campestre Schreb. comme synonyme du Tr. procumbens 1.5 mais ils rapportent le 7r. minus Relh. au 77. filiforme L. MM. Soyer et Godron soutiennent, au contraire, que Linné n'a point connu le 77. aureum Poll., et que le nom de Tr. agrarium doit être attribué au 7r. campestre Schreb., tandis que le nom de 7r. procumbens devrait s'appliquer au 77. minus Relh. Si les arguments de MM. Soyer et Godron, au sujet du Tr. filiforme L., portent, comme je l'espere, la conviction dans l'esprit des botanistes suédois, et si, d'une autre part, nos honorables confrères reconnaissent l'authenticité de la tradition scandinave au sujet du 77. agrarium L., mon opinion parti- euliere, qui n'est, je le répete, que eelle de Smith, corroborée par une inspection nouvelle et minutieuse de l'herbier de Linné, faite par deux botanistes parfaitement compétents, MM. Webb et Bolle, l'opinion, en un mot, que j'ai eu l'honneur d'exposer à la Societé, aura désormais pour elle là sanction de l'immense majorité des botanistes. Espérons méme que cette 9pinion ne tardera pas à présenter le caractère d'unauimité, qui est le but constant de nos efforts individuels pour la recherche de la vérité et pour le Progrès de la science. Erratum, — Dans la premiere partie de cette note, p. 290 à 295, au lieu de Rehlan ou Rehl., lisez Relhan ou Helh. A04 SOCIÉTÉ BOTANIQUÉ DE FRANCE. M. Decaisne annonce que M. Francois Delessert vient de recevoir de Chine un nouvel envoi de tubercules (1), et donne lecture de l'ex- trait suivant d'une lettre de M. Schwab, qui est parvenue à M. Deles- sert à l'occasion de cet envoi : Shangai, 96 avril 1856. … Vous me demandez pourquoi les racines de Dioscorea Batatas, que je vous ai envoyées, et qui sont telles qu'on les a achetées ici au marché, sont coupées dans leur longueur; c'est uniquement parce qu'il est plus facile de les mettre en paquets et de les transporter, leur longueur étant de plusieurs pieds quand on les réeolte. Pour les planter on les coupe par mor- ceaux comme on fait pour les pommes de terre. Apres la récolte, on les conserve dans les maisons pendant l'hiver, et au printemps on les plante dans un bon sol bien profond , ainsi que cela a déjà été expliqué, en les mettant en sillons, dont on reléve ensuite la terre, On séme aussi les graines; on met à chaque plante, lorsqu'elle commence à pousser, des tuteurs en bambou pour soutenir les tiges. M. Duchartre présente à la Société une branche de Vigne qui porte un rameau soudé avec elle dans une partie de son étendue. Il fait à ee sujet la communication suivante : SUR UNE SOUDURE DE DEUX RAMEAUX DE VIGNE; par M. P. DUCHARTRE. Le rameau monstrueux que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société, a été pris sur une Vigne cultivée en espalier dans un jardin de Meudon. Il présente un exemple de soudure, qui me semble mériter d'étre signalé. Le sarment dont il formait l'extrémité végétait avec vigueur. L'entre: nœud immédiatement inférieur à la soudure n'avait rien de particulier, el sa coupe transversale était régulièrement arrondie. Le nœud à partir duquel commence à se montrer l'anomalie ne présente, sur un de ses grands côtés, rien qui soit digne de remarque ; mais, sur la face opposée, il se montre visiblement partagé en deux renflements collatéraux et à peu prés égaux, par un sillon longitudinal profond qui preud naissance à ce niveau C'est donc là que commence la soudure, qui devient de plus en plus mani- feste à mesure qu'on s'élève au-dessus de ce point. Le nœud porte une feuille normale qui fait facilement reconnaitre, dans la portion supérieure du sarment que la continuation du sillon né au nœud divise de plus en plus profondément en deux moitiés adjacentes, un rameau axillaire soudé sur une assez grande largeur avec l'axe primaire qui lui a donné naissance. Le sillon longitudinal qui distingue les deux axes ainsi unis est profond sur une face ; mais sur la face opposée il est moins distinct, et il ne commence (1) Voyez le Bulletin, t. II, p. 741. SÉANCE DU 14 juiLLET 1856. A05 méme à devenir bien apparent que dans la seconde moitié du premier méri- thalle monstrueux. Une particularité qui me semble curieuse, c'est que l'entre-nœud du rameau axillaire étant trés long (16 centimètres) a contracté adhérence avec un entre-nœud entier et les trois-quarts d'un second ap- partenant à l'axe primaire. Dans cette longue soudure il a été forcé de suivre la direction de cet axe qui lui a donné naissance, de telle sorte que le nœud qui termine le premier mérithalle de celui-ci lui a fait faire un coude tres prononce. Il se sépare de cet axe primaire avant d'atteindre le se- cond nœud, Du reste, le nœud basilaire, qui a été le point d'origine de ce rameau axillaire adherent, a donné encore naissance, dans l'angle qui existe entre celui-ci et la feuille-mére, 4° à un second rameau qui est resté libre et qui n'a pas eu encore le temps de prendre un grand développement; 2» à un bourgeon collatéral à ce petit rameau et encore non ouvert. Une série de coupes transversales montre que la soudure des deux axes à eté assez complete pour faire disparaitre les zones ligneuse et corticale dans toute la longueur du plan d'union , et pour mettre ainsi les deux moelles en parfaite continuité. La masse médullaire commune est d'autant plus allongée transversalement que les deux axes tendent davantage à se séparer en s'éloi- gnant du nœud basilaire; en outre, elle est échancrée de plus en plus profondément à mesure que les deux sillons longitudinaux, indices de la soudure, deviennent plus profonds. Seulement l'isthme qui rattache les deux moelles ainsi réunies, devient nécessairement de plus en plus étroit à mesure qu'on s'éleve vers le point de séparation des deux axes, et la conti- nuité des deux moelles disparait à un centimètre environ au-dessous de ce méme point. Une autre partieularité que je erois devoir noter, c'est que le rameau axillaire soudé se montre visiblement tordu de gauche à droite dans sa portion adhérente. Le fait que je viens de signaler me semble remarquable sous plusieurs rapports : 4° parce qu'il offre un exemple de soudure entre un axe primaire et un axe secondaire manifestement né à l'une de ses aisselles ; 20 parce que cette soudure a réuni des mérithalles tres différents de longueur, celui du rameau secondaire dépassant de 6 centimètres l’entre-nœud à la base duquel il a pris naissance ; 3° parce que la soudure s'est faite, dans sa por- tion supérieure, entre deux mérithalles issus de deux nœuds entièrement différents, et dont l'un est plus élevé que l'autre de 10 centimètres ; 4° parce qu'un méme entre-hncud du rameau axillaire s'est ainsi soudé avec deux entre-nœuds successifs de l'axe primaire; 5° parce que, bien qu'il soit évi- dent à mes yeux qu'il y a eu dans ce cas soudure de deux axes d'ordres différents, la fusion des couches constitutives de ees axes, ou du moins leur continuité, est devenue complete presque jusqu'au niveau ou a cessé la soudure, 406 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. J. Gay présente un échantillon monstrueux de Dianthus bar- batus, qui lui a été adressé de Bordeaux par M. Durieu de Maisóti- neuve. M. Moquin-Tandon considère cette monstruosité comme une fascie avec torsion. M. Duchartre rappelle qu'il a décrit un phénomène analogue observé par lui sur un pied de Galium Mollugo. M. Reveil fait à la Société la communication suivante : PROCÉDÉ DE CONSERVATION DES PLANTES AVEC LEUR FORME HABITUELLE ET L'ÉCLAT DE LEURS FLEURS, par MM. REVEIL ct BERJOT. Depuis longtemps déjà on a songé à conserver les plantes en leur conser- vant leur forme, leur port habituel et tout leur éclat ; on trouve des pro* cédés trés anciennement décrits, Nous allons les passer rapidement en revue avant d'indiquer celui que nous proposons et qui nous a constamment réussi. En 1770, M. Quer, Espagnol de nation, présenta à l'académie de Bologne une collection de plantes desséchées avec soin et trés élégantes; mais dans le procédé indiqué on détachait les feuilles et les rameaux qu'on faisait sécher séparément, entre des feuilles de papier, au soleil ou dans un four modérément chauffé. Les fleurs conservaient leur éclat et leur forme si la dessiccation était rapide et si l'on comprimait très peu ; puis on collait au moyen de la gomme les feuilles et les rameaux sur l'axe prineipal. On eom- preud que ee procédé devait étre long, et que de plus il était difficile et méme impossible de rendre aux feuilles et aux rameaux leur position natu- relle. M. Monty, qui a exposé ce procédé dans les Observations sur la phy* sique et sur l'histoire naturelle, 1772, page 623, a reconnu que la tempé- rature du corps humain était la plus convenable pour opérer cette dessicca- tion ; e'est par ce moyen qu'il parvintà conserver des tulipes, dés anémones, des renonctüles, ete. Le célèbre anatomiste Ruysch indique dans son ouvrage intitulé : Premier trésor, divers procédés pour la conservation des matières animales, dont quelques-uns peuvent être appliqués aux plantes. Mais c'est surtout à M. Monty que l'on doit les recherches les plus inté- ressautes. Nous les consignous iei avec d'autant plus de plaisir que Ses observations sont complétement d'accord avec les nôtres ; nous né cotinaîis- sions pas les travaux de M. Monty, lorsque nous avons commencé nos expé- riences ; si nous les eussions conaus il y à quelques mois, nous nous serions épargné beaucoup de peines et d'expériences. M. Monty a cherché, en 1772, à conserver les plantes sans leur faire subir la moindre compression ; avant lui diverses tentatives avaient été SÉANCE DU 14 quILLET 1856. À07 faites dans ce sens, mais inutilement. Il essaya d'abord la dessiceation dans des fruits du millet ; mais il vit que par ce moyen les fleurs et les feuilles étaient ridées, et de plus elles conservaient l'impression des grains de millet, Il essaya ensuite, mais sans plus de succès, le millet écossé, c'est-à-dire privé de son péricarpe; le riz et le blé ne donnèrent non plus aucun bon résultat ; toute substance végétale doit être rejetée, parce qu'elle s'empare de l'humidité des plantes, et la dessiecation se fait mal et est plus longue. M. Monty essaya alors le sable jaune de rivière ; il dut y renoncer parce que les plantes retenaient ce sable. Il fut amené insensiblement à faire usage du sable blanc connu sous le nom dé grès (le sablon d'Étàmpes convient très bien pour cette opération). Après avoir criblé ce sable pour séparer les parties les plus grossières, il Sépara par lévigation les parties les plus fines, fit sécher le sable, et s'én servit pour mouler des p'antes dans des caisses, qu'il exposa ensuite du soleil, où au four du boulanger chauffé. L'expé- rience lui réussit fort bien ; plus tard M. Monty fit usage du sable de mer, qui lüi donna des résultats moins satisfaisants. Il y a une dizaine d'années, M. Stanislas Martin proposa, sous le nom d'embaumement des plantes, un procédé de conservation dans lequel il em- ployait également le sable see, mais sans indiquer les précautions à prendre et sans lesquelles l'opération ne pourrait réussir. Tout le monde a pu remarquer à l'Exposition universelle les magnifiques fleurs préparées par M. Kentz Swarts. Nous eûmes la pensée à cette époque de rethercher par quels moyens ces plantes avaient pu être conservées. L'un de nous possédant un appareil dans lequel on peut pratiquer facile- ment le vide, nous essayámes la dessicéation à l'abri du contact de l'air et à une basse pression, sans obtenir des résultats très satisfaisants ; nous dvons expérimetité également le procédé par ventilation, qui desseche rapidement et conserve parfaitement la couleur, mais qui a le grave inconvénient de déformer les corolles et de mutiler les feuilles ; tous les organes des plantes deviennent extrémement friables par la dessiceation ; aussi la ventilation d-t-élle dû être abandonnée. Nous avons alors essayé le sable sec, et sans connaitre les expériences de M. Monty, nous avons été amenés successivement à apporter dans le pro- cédé les modifications qu'il avait recommandées comme indispensables, €'est-à-direle choix du sable en petits grains égaux, son lavage pour enlever la poussière ; mais, à notre avis, ces précautions sont encore insuffisantes, et aprés de nombreux essais, nous nous sommes arrêtés au procédé suivant: Préparation du sable. On prend du sable blanc en grains égaux, que l'on passe au tamis de erin, on le lave à grande eau pour enlever les particules les plas ténues, et on continue le lavage jusqu'à ee que l'eau sorte parfai- tement limpide. On fait alors sécher le sable au soleil ou à l'étuve, et mietiX, on le porte à 150 degrés environ, en ägitant constamment dans unë A08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bassine ; on y verse alors, pour 25 kilogrammes de sable, uu mélange fondu de 20 grammes d'acide stéarique et 20 grammes de blane de baleine ; on brasse fortement et l'on froisse avec les mains de maniere à graisser conve- nablement chaque grain de sable. On met alors une couehe de ce sable daus une caisse dont la longueur et Ja largeur peuvent être variables, mais haute de 12 centimètres environ ; le fond de cette caisse est à coulisse, et doit pouvoir s'enlever avec facilité. Sur le fond se trouve un grillage en fil de fer à mailles très larges. La couche de sable étant bien établie, on y dispose les plantes en ayant le soin d'étaler les feuilles et de mouler les corolles dans le sable que l'on verse avec pré- caution; on recouvre les plantes de sable, et il vaut mieux s'en tenir à cette couche unique; on a le soin de mettre le moins de sable possible sur les feuilles et les tiges; on recouvre la caisse d'une feuille de papier, et l'on porte à l'étuve ou dans un four chauffe à 40 ou A5» environ ; la dessiecation s'opère très rapidement ; lorsqu'ou la suppose finie, on enlève le fond de la caisse ; le sable traverse le treillage en [il de fer, et les plantes restent dessus; on les brosse avec un blaireau, et on les conserve comme nous le dirons tout à l'heure. Le sable graissé adhère très peu aux plantes, et il est toujours facile à enlever ; il suffit le plus souvent de frapper de petits coups pour que tout le sable tombe, à condition toutefois que les plantes n'aient pas été cueillies encore humides; nous avons remarqué également qu'il valait mieux les cueillir avant que l'anthese fût complétement opérée ; elle peut être achevée en plongeant la plante par sa base dans une petite quantité d’eau : pour les plantes un peu charnues, le vide hâte singulièrement la dessiccation. Cepeudant nous devous ajouter que le sable, graissé ou non, ne peut étre employé pour conserver les plantes qui sont recouvertes d'un enduit vis- queux, par exemple les Hyoscyamus ; dans ce cas il faut absolument se servir des grains de millet ou de riz, comine le faisait Monty. On peut à la rigueur superposer deux couches de plantes, mais il n'est pas prudent d'en mettre davantage : la caisse à fond mobile nous a rendu de grands services ; en se servant d'une caisse ordinaire, on risque de blesser les plantes en les retirant du sable. L'éclat des plantes est parfaitement conservé par ce procéde ; les fleurs blanches elles-mêmes conservent leur aspect mat; on aurait pu eroire à priori qu'il en serait autrement, puisque le blanc est dù à l'interposition de l'air; les fleurs jaunes et bleues se conservent tres bien, mais les couleurs violettes et rouges se foncent légerement. La plante desséchée, abandonnée au contact de l'air, reprend un peu d'humidité et se flétrit ; pour la conserver on la place dans des bocaux, au fond desquels on a mis de la chaux vive renfermée dans du papier de soie et recouverte de mousse ; on ferme hermétiquement le bocal avec un disque SÉANCE DU 11 juiLLET 1856. A09 de verre, que l'on fait adhérer au moyen d'un mastic de gomme laque ou de caoutchouc. Ce procédé de conservation des plantes peut rendre quelques services pour dessécher quelques fleurs ou plantes employées en médecine : telles sont la violette, la mauve, le bouillon-blane, les tiges de mélisse, de menthe, de cigué, ete.; l'odeur est parfaitement conservée et souvent exaltée. Mais c'est surtout pour la conservation des plantes destinées aux collections des écoles de pharmacie et de médecine et aux colleges, que ce procédé peut étre utile; il rendra également de grauds services aux horticulteurs qui vou- dront conserver des fleurs rares, ainsi qu'aux naturalistes voyageurs, qui pourront ainsi rapporter les plantes avec leur aspect naturel, ce qui en rendra la détermination plus facile. M. Reveil met sous les yeux de la Société diverses plantes conser- vées par ce moyen, et présente un album contenant des spécimens de divers objets (végétaux, animaux, dentelles, etc.) reproduits par l'impression naturelle, à l'imprimerie impériale de Vienne, au moyen des procédés de M. Auer. M. Decaisne ne croit pas que ces nouveaux procédés puissent pré- senter des avantages réels pour la science, attendu que la forte pression à laquelle on soumet les échantillous les détruit compléte- ment et ne les reproduit que d'une maniére dénaturée. M. Fermond fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LE MÉCANISME DE LA FÉCONDATION DANS LE GENRE PHASEOLUS, pr M. CH. FERMOND. Lorsque nous avons communique à la Société nos observations sur la fécondation réciproque de quelques végétaux (1), nous étions loin de nous attendre que nous découvririons un jour le mécanisme ingenieux dont se sert la nature pour permettre la fécondation réciproque chez les Phaseolus. Ces observations, que nous avons faites il y a déjà cinq ou six semaines, n'auraient été communiquées à la Société que dans un travail beaucoup plus étendu sur la fécondation, si une note de M. Naudin, publiée dans le Bulletin de la Société (2), n'était venue nous contraindre à y répondre, puisqu'elle a précisément pour objet de chercher à détruire nos idées sur la fécondation réciproque des Haricots. Cette note se compose de six paragraphes. Nous devons en rappeler la substance, afin que l'on reconnaisse bien que dans cette discussion nous ne (4j Voyez le Bulletin, t. If, p. 748. (2) Tome Ili, p. 179. A10 SOCIÉTÉ BOTANIQUÉ DE FRANCE. vou'ons rien éluder, et pour faire voir que nos observations ont quelque ehosé de plus sérieux qu'on ne saurait le croire. Le premier paragraphe dit qüé l'on peut tenir pour certain qu'il n'y a pas eu eroisement entre les deux va- riétés, puisque nous reeonnaissions n'avoir pas pris la peine de transportet le pollen de l'une sur les stigtmates de l'autre. Même avec cette précaution, ajoute M. Naudin, il serait encore fort possible qu'aucun croisement n'aü- rait eu lieu, attendu la presque impossibilité de pratiquer, sur les haricots, l'opération nécessaire, sans endommager des organes dont la présence est, sinon indispensable, du moins trés utile ici à la fécondation. Nous ne voudrions pas ennuyer la Société par trop de détails, mais poür- tant il faut dire que, lorsque les phénomènes naturels se passent d'une maniere trop oceulte pour nos moyens d'investigation, il est utile que le raison- nement, et surtout la logiqte nous viennent en aide. Or de ce que, pour être véridique, nous avons avoué n'avoir pas opéré artificiellement la fécondation du haficot, il ne s'ebsuit pas nécessairement, comme le pense l'auteur de la note, que l’on doive tenir pour certain qu'il n'y a pas eu croisement entre les deux variétés. De ce que nous n'opérons pas artificiel lement la fécondation des pistachiers, des mercuriales, des chanvres, etc. la féeondation ne s'en effectue pas moins d'une maniere évidente. Le second paragraphe nous parait, au premier abord, beaucoup plus sérieux et de nature à faire croire que ce que nous avons avancé ne saurait être l'expression de la vérité; c'est pour cette raison que nous croyons de- voir le rapporter textuellement, avant d'y répondre. « Il y a des plantes chez lesquelles le transport du pollen par les vents ou les inseetes est facile, et méme habituel, mais il en est d'autres oü la petitesse des fleurs et leur Structure particulière s'opposent d'une maniere à peu prés absolue à sa dispérsion. Les Légümineuses papilionacées, et les haricots plus particulièrement, sont dans ce cas. // est difficile de com- prendre et d'admettre que le pollen de ces derniers, étroitement enfermé dans une caréne "plus ou moins tordue, puisse s'échapper au dehors, et surtout arriver au contact des stigmates d'autres fleurs, qui sont protégés eux-mêmes par une enveloppe semblable contre tout agent de fécondation venant de l'extérieur. » Quand on se contente de jeter un coup d'œil sur une fleur de Papilio- nacée, et surtout de haricot, il est certain que i'on peat être conduit à une maniere de voir semblable à celle de M. Naudin ; mais quand, fort de l'ex- périence de plusieurs années, qui prouve que les semences de haricots blanes ne deviennent pas violettes, et réciproquement que celles des haricot violets ne deviennent pas blanches aussi facilement qu'on semble le croire, on s'aperçoit que la question se complique; alors cette observation super- fieielle ne suffit plus, et l'on doit chercher si la nature, infiniment ingé- nieuse, n'a pas créé un procédé de fécondation qui jusqü'alors avait échappé SÉANCE DU 11 JUILLET 1856. A11 aùx recherches des observateurs, et au moyen duquel cé que l'on croyait impossible existe cependant. Avant de faire connaitre ce procédé, nous demandons la permission de faire observer que M. Naudin n'a pas pris la peine de lire nos réponses aux objections qui nous ont été faites (1), au- trement il nous parait difficile de comprendre qu'il ait pu écrire son troi- sieme et son cinquième paragraphe. Nous ne pensons pas avoir besoin de hous répéter ici. Nous ajouterons néanmoins que nous né partageons pas l'opinioti que M. Naudin a exprimée à la fin de son cinquième paragraphe (au moins quant à ce qui concerne nos observations), quand il eonclut qu'il n'y a pas eu croisement dans nos expériences, et que ce sont de « siínples et légerés altérations individuelles, sans fixité, et qui naisseht ou disparaissent par le seul fait des circonstances dans lesquelles la cülture s'effectue, telles que la nature minéralogique du terrain, le plus ou moins de chaleür, de séchefesse, d'humidité, de lumiere, ete., agents qui prodüisent tous les jours des modi= fications analogues sur la plupart des plantes cultivées. » Nous compreti- drions, jusqu'à un certain point, que l'on püt invoquer la différence dé chaleur, de sécheresse, d'humidité, de lumière, de composition minéralo- gique du terrain, ete., pour expliquer les phénomènes observés par nous, si quelque part, dans notre cominunication, nous avions pu laisser supposer que des pieds venus cà et là, dans des endroits trés séparés, avaient offert les phénomènes indiqués ; mais loin de là, nous avons opéré sur deux plan: ches voisines, d'une douzaine de mètres chacune, dont la terre bien retournée, avant et depuis longtemps, devait trés sensiblement offrir partout les mémes ciréonstances invoquées, et méme, en :dmettant que l'extérieur et le éentre des planches fussent plus ou moins différemment échauffés, éclairés où humectés, et qu'ainsi les altérations individuelles aient pu naître (ce qui noas parait tres douteux), il nous semble tout à fait impossible que, dans la même cavité, qui avait au plus quelques centimètres de diamètre, on puisse rai- sonnablement admettre une différence de lumière, d'humidité, de chaleur ou de constitution mineralogique du sol, ete., telle que l'on ait, par ce seul fait, et à ce méme endroit si limité, des pieds ayant des caractères aussi tranchés que le sont la coloration générale de toute la plante et la coloration si différente des fleurs et des semences. Or, c'est dans la méme cavité où nous avions mis plusieurs semences que nous avons trouvé mélés ensernble des pieds à fleurs écarlates et à graines violettes et des pieds à fleurs et semetices blanches, bien que nous ayons pris soin de ne mettre dans l'une des plan- ches que des graines blanches et dans l'autre que des graines violettes. C est, ce nous semble, attribuer beaucoup trop à si peu de chose, et bien que nous soyons esclave nous-méme de l'expérimentation, nous eraignons bien (4) Voyez le Baliétin, t. IL, p. 760, 412 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à notre tour que, parce que les phénomènes que nous avons cherché à expli- quer sont trés obscurs, on ne donne à certains agents des actions qu'ils n'ont pas, et que pour être sûr de ne pas faire fausse route, on ne se laisse aller à suivre un chemin qui éloigne encore plus du but que l'on se propose, Nous avouons préférer attribuer à l'influence d'une plante analogue, par exemple, du haricot violet sur le haricot blane, la variation violette qui en résulte et réciproquement, que l'attribuer au terrain ou autres agents dont l'action serait encore plus occulte que celle du haricot blanc ou violet considéré comme pére. Voici maintenant comment s'opère le mécanisme de la fécondation chez les haricots. Il est vrai, et tout le monde sait que les étamines, l'ovaire et le style sont enveloppés par une carène tordue en hélice; mais ce qu'il y a de particulier, c'est que l'extrémité du style, quand elle n'est pas saillante au sommet de cette hélice, vient tout au moins boucher l'ouverture que laissent en se tordant les deux côtés de la carène. La partie stigmatique se trouve donc tout à fait extérieure et permet ainsi au pollen étranger de venir la toucher; en outre, ce qu'il y a surtout de remarquable, c’est que, non-seulement cette partie regarde l'extérieur, mais encore on peut constater, sur les fleurs de haricots que nous presentons à la Société, que pour peu que l'on tire l'étendard en sens contraire des deux ailes, immédiatement on voit saillir le style, qui sort en se tordant en hélice d'autant plus que la traction est plus prononcée, et nous nous sommes assuré que cette saillie du style pouvait être de plusieurs millimètres. On comprend dés lors comment, par de grands vents ou par le contact de corps durs, ces deux parties de la corolle (étendard et ailes) puissent s'écarter et faire saillir suffisamment le style pour que toute la partie stigmatique soit à la merci de l'influence pollinique étrangère. Il y a mieux, c'est que, dans la plupart des Légumineuses, le style est toujours plus long que les étamines, et sans la carène, dont nous ferons ulté- rieurement connaitre le rôle, la fécondation serait très souvent incomplète ou méme impossible. Le haricot ne fait pas exception, et l'on peut voir dans un bouton que le style est déjà assez long pour avoir la position que nous avons indiquée plus haut, alors méme que les étamines n'ont émis aucune trace de leur pollen. Dans ce cas la fécondation serait trés difficile par le pollen propre de la méme fleur, si elle était abandonnée aux moyens ordi- naires. Mais, de méme que les vents médiatement ou immédiatement, eu éloignant les ailes de l'étendard, font saillir l'extrémité du style, de méme aussi les mémes agents, en les rapprochant de l'étendard, font rentrer le style qui accomplit sous l'influence de ces actions contraires un mouvement de va-et-vient favorable à la fécondation. En effet, quand les ailes sont rap- prochées de l'étendard, le style est aussi rentré que possible; les poils col- lecteurs qui garnissent la partie supérieure du style se chargent de, pollen , SÉANCE DU 11 JUILLET 1856. M3 et, quand lestyle est repoussé au dehors, du pollen est entrainé avec lui jus- que vers l'extrémité béante de la caréne. On comprend que plusieurs de ces mouvements alternatifs de rentrée et de sortie, répétés assez souvent,arri- vent à porter le pollen jusqu'à l'ouverture béante oü se trouve le stigmate, et qu'alors la fécondation puisse se faire. Mais si ce mouvement devient nécessaire pour que la méme fleur puisse dans l'acte de la fécondation se suffire à elle-même, ce méme mouvement porte aussi à l'extérieur une certaine quantité de pollen sur laquelle les vents ont prise, et qui, de cette facon, peut étre portée au dehors de l'en- ceinte constituée par la carène plus ou moins tordue. D'ailleurs, tout le monde sait que les poussières ténues filtrent pour ainsi dire avec le vent à travers les jointures rigides que l'on eroit le mieux fermées; il n'y a donc rien de difiicile à admettre que les vents, en passant par l'ouverture de la base de la carène, formée d'une matière plus ou moins flexible, en sortent par celle du haut entrainant des grains de pollen, alors méme que le phénoméne de va-et-vient du style, dont nous avons parlé, n'aurait pas lieu. Quant au sixième paragraphe de la note de M. Naudin, on ne peut y répondre qu'en entrant dans des considérations d'un autre ordre, qu'il serait superflu d'examiner ici. En résumé, il ne faut pas s'étonner que M. Naudin ait émis dans sa note des idées pareilles à celles qui y sont consignées; moins intéressé que nous à étudier à fond le phénomène de la fécondation du genre Phaseolus, il a pu se laisser surprendre par l'apparence extérieure; mais quiconque exa- minera sans passion le phénomène de la fécondation dans ee genre de Légu- mineuses, ne doutera pas un seul instant que le phénomène se passe comme nous l'avons indiqué, et acquerra la conviction que la fécondation réci- proque est des plus probables. Ce point éclairei, il ne resterait plus qu'à discuter la valeur de l'expéri- mentation que nous avons employée et que nous regardons comme suffisante pour conduire aux conclusions de notre note du 14 décembre 1855 ; mais nous comprenons toutefois que l'on puisse pousser le doute assez loin pour Soutenir qu'une fécondation artificielle aurait été un complément utile d'ex- périmentation, et à cette objection il n'y a rien à répondre. M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes vivantes qu'il est parvenu à cultiver avec succès : une terrine entièrement remplie de Goodyera repens végétant parfaitement et en pleine fleur, un Ophioglossum qui lui a été envoyé de Bretagne et dont l'origine ne lui est pas connue, etc. M. Graves est d'avis que c'est l'O. pedunculosum Desv., cultivé dans quelques jardins botaniques sous le nom d'O. lusitanicum. Ath SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE PRANGE. M. le Président rappelle la décision prise par la Société le 28 mars dernier, et en vertu de laquelle la séance ordinaire annoncée pour le 25 de ce mois est süpprimée. Il déclare close la session ordinaire de 4855-56, et invite MM. les membres de la Société à se rendre à la session extraordinaire, qui s'ouvrira à Clermont-Ferrand le lundi 21 juillet. Conformément au paragraphe 2 de l'art. 41 du règlement, le procès-verbal ci-dessus a été soumis, le 6 septembre, au Conseil d'administration, qui en a approuvé la rédaction. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Der Vorgang der Befruchtung bci Gladiolus segetum (La marche de [a fécondation dans le Gladiolus segetum), par le docteur Herm. Schacht. (Monatsbericht d. kænig. preuss. Akad. d. Wissens. zu Berlin, mai 1856, pp. 266-279, pl. 1 et 2.) Ce mémoire, envoyé par M. Schacht, de Madère, où il se trouve en ee moment, à l'Académie de Berlin, a une très haute importance, puisque les observations qu'il renferme ont conduit cet habile observaleur à reconnaitre que la théorie de la fécondation professée par MM. Horkel et Schleiden , selon laquelle l'embryon résulterait simplement d'un développement spécial de l'extrémité du tube pollinique, n'est pas fondée, et que ee tube n'agit que virtuellement pour délerminer la formation de l'embryon. Or tous les bota- nistes savent que M. Schacht avait été jusqu'iei le plus dévoué et peut-être aussi le plus habile des défenseurs de cette doctrine qu'il abandonne. Le jour semble done s'être fait aujourd'hui relativement à l'acte intime de la fécondation végétale, et il ne restera plus désormais qu'à le rendre plus vif encore par de nouvelles observations. « Le désir, dit M. Schacht au commencement de son mémoire, de recti- fier une grande erreur dans laquelle j'étais depuis longtemps , non sans motifs toutefois, me détermine à faire immédiatement cette communication. En effet, ce n'est pas dans le tube pollinique, comme je l'avais eru jusqu'à ce jour, que se forme la premiere cellule de l'embryon ; mais celle-ci naît Sous l'influence de ce tube et d'une maniere tout à fait particulière, d'une Matière granuleuse, sans membrane, qui existait dans le sae embryonnaire dés avant la fécondation. » Voici maiutenant le résumé des faits offerts à l'auteur par le G/adiolus segetum. Peu avant l'épanouissement de la fleur, les ovules, qui sont anatropes, présentent un sac embryonnaire logé dans Je sommet du nucelle dont le tissu a été résorbé au-dessus de lui, de telle sorte qu'il se trouve immédia- tement sous la secondine. En méme temps, à son extrémité inférieure ou chalazique, se trouvent deux ou plus rarement trois cellules à contenu granu- leux, pourvues d'un nucléus. A cette époque le haut du sac ou son extrémité Micropylaire renferme un amas de matière granuleuse qui prend la forme de deux cellules, toutefois saus contour bieu net. Ou réussit quelquefois à isoler ces deux masses granuleuses sans les déformer ; on voit alors que ce A16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont deux petits corps en forme de coin, juxtaposés, qui font saillie libre- ment avec leur pointe sous la membrane supérieure du sae embryonnaire, La moitié supérieure a un contour net; elle est rayée longitudinalement, tandis que la moitié inférieure est cette méme masse granuleuse qu'on dis- tinguait déjà avant d'avoir isolé le sac. Si l'on déchire ces corps avec des aiguilles, leur portion supérieure rayée se montre composée de quantité de filaments déliés, longs de 4/100 de millim., que l'iode jaunit, aiusi du reste, que la masse granuleuse qui en forme la partie inférieure. Ce sont, d'après M. Schacht , ces petits corps que MM. Amici, Mohl, Hofmeister, Radikofer, nomment vésieules embryonnaires, et qu'ils déerivent comme des cellules renfermant un nueléus et du protoplasma granuleux. Pour lui, il affirme qu'à l'époque de la fécondation ils n'ont pas de membrane qui en fasse une cellule et manquent de nucléus, Malheureusement il n'a pu en suivre la formation. Si, au moment où la fleur s'ouvre, on répand du pollen sur le stigmate, les grains s'attachent aux longs poils stigmatiques qui forment sur chaque lobe de celui-ei deux rangées marginales. Trois jours plus tard les tubes polliniques sont arrivés dans l'ovaire, apres avoir parcouru dans ce temps un trajet de 36-40 millimètres. Le quatrième jour on aperçoit dans le mieropyle de chaque ovule 1 à 3 tubes polliniques; déjà méme, le troi- sieme jour, quelques ovules sont fécondés. Les tubes polliniques sont déliés, mais néanmoins assez fermes ils descendent en grand nombre par le eanal du style, et sont ensuite dirigés vers les ovules par le tissu conducteur du placenta. Le troisième jour après que le pollen est tombé sur le stigmate , on trouve le sac embryonnaire dans l'état qui vient d'être décrit, que le tube pollinique soit ou non arrivé dans le micropyle, A ce moment, ou le quatrième jour, ce tube se trouve en contact intime avec les deux petits corps qui font saillie par le sommet du sae embryonnaire. Parfois on peut l'en détacher, mais plus souvent il y adhére tellement qu'on ne peut en séparer ces petits corps sans les rompre. Son extrémité, parfaitement close, à sa membrane très mince, et elle est remplie d'une matiere finement gra” nuleuse que l'iode jaunit, que lesucre avec l'acide sulfurique rougissent. Des que l'ovule est fécondé (le quatrième ou cinquième jour après que le pollen est arrivé sur le stigmate), on distingue une membrane bien formée autour de la masse de plasma des deux corpuscules germes (Keimkærper- chen). Alors l'extrémité du tube pollinique est d'ordinaire plus ou moins renflée; sa membrane s'est epaissie et son contenu granuleux a. disparu. On ne peut plus la séparer de ces corpuscules sans les rompre. M. Schacht ne peut dire quel est le genre d'union du tube pollinique avec les corpus- cules-germes ; mais il affirme qu'elle est très intime. Dès qu'elle a eu lieu, ces corpuseules s'entourent de leur membrane, et un peu plus tard on voit apparaitre un nueléus dans l'intérieur de leur masse de protoplasma. Il est REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. M7 impossible à l'auteur de dire comment le contenu du tube pollinique passe dans cette dernière masse; mais il croit que ce ne peut être par l'effet d'une simple diffusion qui supposerait aux corpuseules une paroi cellu- laire dont il nie l'existence à ce moment. Il a vu quelquefois des ouvertures au tube pollinique, et il donne méme une figure (fig. 19) qui en présente une, La jeune membrane qui se forme autour du corpuscule-germe l'enve- loppe complétement. En général, les deux corpuscules sont fécondés par un seul tube pollinique; plus rarement un seul cst féconde. Aussitôt se forme leur membrane; peu après apparait un nucléus dans leur masse de protoplasma, et un peu plus tard, au-dessus de ce nucléus, se forme une cloison transversale trés mince. Par là se trouve formée la première cellule de l'embryon. La partie supérieure de ce corpuseule fécondé devient le suspenseur dont la pointe reste encore longtemps en contact avec l'extré- mité du tube pollinique. Quoique, généralement, les deux corpuscules soient fécondés, un seul se développe en embryon, et l'autre n'arrive jamais jusqu'à former sa première cloison transversale. Dés que la premiere cellule de l'embryon est formée, la suite de son développement rentre dans ce que l'on sait déjà pour un grand nombre de plantes. Des divisions successives amènent peu à peu la formation du glo- bule eelluleux embryonnaire dont l'auteur signale en peu de mots le mode de développement. Ces faits exposés, M. Schacht cherche à expliquer par eux les principales observations que divers savants avaient opposées à celles dont ses mémoires antérieurs renfermaient l'exposé. Il termine par un passage que nous repro- duirons en majeure partie. «Je me réjouis doublement de pouvoir reconnaitre mes erreurs anté- rieures, puisque un hasard heureux, en me eonduisant à observer la plante la plus avantageuse, m'a fourni les moyens d'avancer la solution de la question en litige, et de résoudre un problème jusqu'alors insoluble. Natu- rellement la théorie que j'avais soutenue jusqu'à ce jour, relativement à ia fécondation des Phanérogames, s'écroule maintenant, bien que les faits sur lesquels elle était basée restent , du moins en tant qu'ils résultent d'obser- vations dans lesquelles on avait isolé le sac embryonnaire et le tube polli- nique, Je n'aecorde, au contraire, aucune confiance aux recherches, soit à moi propres, soit dues à d'autres observateurs, qui ne satisfont pas à cette condition parce que, dans l'étude d'objets si delieats, on ne peut arriver à quelque certitude sans avoir complétement mis à nu les parties qu'on observe, J'offre donc de grand cœur et sans réserve la main en signe de réconciliation à mes anciens contradieteurs sur cette question, et je retire tout ce que j'ai dit contre leurs observations, lorsque je eroyais que la vérité était de mon côté; je pense que, de leur cóté, ils reconnaitiont que mes recherches sur ce sujet ont été faites sérieusement et avec conscience, » T. IM. 28 A18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le mémoire de M. Schacht est accompagné de 28 figures très bien faites, qui ont été toutes exécutées à la chambre claire d’après des préparations conservées dans le chlorure de calcium, qui sont encore entre les mains de l'auteur. L'explication succincte de ces figures termine le mémoire. Die Nahrung der Pflanzen! (Za nutrition des plantes), par M. W. Engelhardt, in-8° de 214 pages. Leipzig, 1856, chez Gustave Mayer. L'auteur de cet ouvrage s'est proposé de résumer, pour les vulgariser, les notions que l'on possede aujourd'hui relativement à la nutrition des plantes. Son livre est done une sorte de traité élémentaire sur cette partie de la physiologie végétale, dans lequel il a condensé ce qui résulte des recher- ches faites par les savants de notre époque, sans chercher à y ajouter des observations personnelles. Dans une préface en douze pages il fait ressortir l'importanee majeure qu'a aujourd'hui pour toutes les nations la question de l'alimentation qui se rattache intimement à celle de la nutrition des plantes, puisque ce sont elles qui. directement ou indirectement, fournis- sent aux animaux et à l'homme les moyens de se nourrir. Son livre, qui nous parait écrit plutôt aux points de vue physique et chimique que phy- siologique, est divisé en plusieurs chapitres, dont les trois premiers sont consacrés à l’action qu'exercent sur la nutrition des plantes la lumière, la chaleur, l'électricité, tandis que les autres sont relatifs chacun à l'une des matieres qui servent d'aliment aux végétaux. Nous nous contenterons d'in- diquer les sujets de ces chapitres. Oxygène. — Hydrogène et sa combinaison avec l'oxygène formant l'eau. — Eau et sd férence entière — re dans le vrai dédoublement l'angle n'est qué d un trente-deuxième au plus de circonférence — A 3* Enfin un earactére qui parait offrir une certaine constance consiste en ce qu’à l'origine du vrai dédoublement on constate toujours l'existence de 2 feuilles, opposées dans le cas de chorise inverse, ou dirigées d'un méme côté dans celui de chorise directe. Nous pensons qu'à l'aide des considéra- tions qui précèdent, on arrivera presque avec certitude à distinguer les vraies des fausses chorises par développement de la vrille. B. — Il peut encore arriver que l'un des deux bourgeons qui se pro noncent à l'aisselle d'une feuille vienne à partager la nourriture du bourgeen qui doit continuer l'axe principal, et qu'alors il s'allonge assez pour simuler un dédoublement de cet axe. Dans ce cas, eutre la feuille et la vrille on peut réellement constater l'existence des 2 tiges qui pourraient faire croire à une chorise ; mais il n'en est rien puisque c'est l'un des 2 bourgeons qu! s'est développé après coup. Ce phénomène est des plus faciles à reconnaître SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 596 et à distinguer des vrais dédoublements, Pour cela, il faut observer que les bourgeons de la Vigne naissent latéralement par rapport à la tige, et jamais l'un au-devant où au-dessus de l'autre, comme cela a lieu pour les £o- micera, les Noyers et particulièrement l’ Aristolochia Sipho, chez lequel nous avons constaté jusqu'à 8 et 9 bourgeons superposés. Or, lorsqu'un cas semblable au précédent se présente, on peut toujours le reconnaitre à l'existénce d'un bourgeon latéral qui ne se trouve pas compris dans an plan passant par le centre de la feuille et le centré des deux axes; tandis que s'il y a réellement dédoublemerit de l'axe principal, le bourgeon axillaire fermé est repoussé au-devant de la tige surajoutée par là ehorise, et l'uh des deux bourgeons se trouve à peu près compris dans le plan qui passe par le centré des 2 axes et de la feuille. C'est ee mode de dédoublement que l'on pourrait appeler antéro-postérieur, Nous mettons sous les yeux de la Société un exemple de l'uri des cas de faux dédoublement dónt nous venons de parler; Ceci nous amène naturellement à dire un mot de la monstruosité com- muniquée à la Société par M. Duchartre (1). Notre estimable confrère a a’ tribué à une soudure d'un axe primaire avec un axe secondaire ce qui pourrait bien n'étre que le résultat d'un dédoublement. Voici sur quoi repose notre opinion. Peut-être M. Duchaftre aurait-il dû commencer par nous dire s'il ad mettait ou non la manière de voir des botanistes à l'égard du mode d'ac- croissement de la tige des Sarmentacées, et dans ce cas il eût sans d6ute été condüit lui-méme à regarder comme un dédoublement ce qu'il a attribüé à une soudure d'un axe postérieur avec un axe antérieur, En effet, si l'axe Primaire est constitué par la vrille, c'est avec elle qu'aurait dû étre soudée là tige ordinaire; de plus, daus Ia moistruosité citée (la vrille existatit Sans deute, car il n'en est pas question dans la note de tet auteur), pour qu'il y ait 2 axes soudés, il faut qu'ils proviennent du dédoublement du bourgeon qui devait continuer Vake, puisque à l'aisselle de la feuille les 2 bourgeons ordinaites de la Vigne s'óbservaieht encore sur l'échantillon D'un autré côté, rien dans l'exemple ni dans l'explication donnés par M. Duchartré ne démontrait que l'un des 2 beurgeons qui ont produit les 2 axes soudés se fût formé et développé avant l'autre. Pour cette première raison, nous Cobcluons plutôt à un dédoublement. A la vérité, M. Duchartre, dáns sa eommunicatiofti, semble avoir aban< donné la théorie du développement de l'axe de la Vigne que nous venons de rappeler, en l'assimilant au développement des autres tiges; c'est-à-dire qu'alors le second mérithalle serait bien réellement la continuation du Premier, et que par conséquent la vrille serait bien positivement un organe Opposé à la feuille, opinion qui peut parfaitement étre soutenue, Eh bien! (4) Voy. le Bulletin, t. IE, p. 404. 596 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méme encore dans cette hypothèse, l'exemple présenté par M. Duchartre ne nous semble pas étre autre chose qu'un dédoublement. Nous venons de voir, en effet, que les bourgeons de la Vigne étaient tou- jours collatéraux, et que lorsque l'axe primaire se dédouble, l'axe surajouté doit repousser les bourgeons axillaires ainsi que la feuille, de manière à faire que les centres de la feuille du bourgeon et des 2 axes soient sensible- ment dans un méme plan. Or une chose qui nous avait frappé sur l’échan- tillon présenté par notre savant confrère, c'est que précisément les 2 bour- geons latéraux s'observaient encore à l'aisselle de la feuille, et que l'un d'eux était exactement dans le cas que nous venons d'indiquer ; c'est-à-dire qu'au lieu d'ètre latéralement placé par rapport à l'axe supposé postérieur, il était placé au-devant de lui, à l'aisselle dela feuille. C'est évidemment ce qui n'au- rait pas dû être dans la supposition de M. Duchartre, et ce qui s'accorde, au contraire, parfaitement avec l'idée d'un dédoublement antéro-postérieur. Mais nous avons vu que ces dédoublements s'annoncent toujours par la pré- sence de deux feuilles etde deux vrilles, et ici une des feuilles et une des vrilles auraient, chose rare, complétement avorté ; sous ce rapport, la communi- eation de notre confrére est donc véritablement intéressante. Nous mettons sous les yeux de la Société l'exemple d'une véritable sou- dure d'un axe postérieur avec un axe antérieur. En admettant, bien entendu, la maniere de voir des botanistes sur le développement de l'axe chez les Ampélidées, nous y reconnaissons que l'axe postérieur, en se déve- loppant, s'est soudé avec la base de la vrille dans une étendue de 16 milli- mètres. Dans le cas contraire, c'est-à-dire celui où l'on voudrait regarder le développement de l'axe de la Vigne comme uue évolution ordinaire dans laquelle seulement la vrille serait opposée à la feuille, il faudrait ne voir dans ce fait qu’un déplacement analogue à celui des feuilles opposées dont autre-part nous avons signalé de si nombreux exemples. C. — Il y a toutefois un cas où, paraissant placés l’un au-devant de l'autre, indépendamment de l'axe primaire, deux axes pourraient n'étre pas le résultat d'un dédoublement. C'est celui où l'axe regardé comme secondaire aurait été retranché pour une cause quelconque, mais cepen- dant pas assez bas pour qu'il ne püt laisser 2 mérithalles très courts por- tant eux-mêmes chacun un bourgeon qui viendrait à se développer. Alors, en vertu d’une disposition que présente quelquefois la Vigne, et qui est bien plus évidente dans certaines autres plantes, ainsi que nous aurons l'occasion de le démontrer prochainement, 2 axes peuvent être sensiblement placés l’un au-devant de l’autre, et compris tous deux dans un plan qui passerait par le centre de la feuille et le centre de l'axe primaire, sans que pour cela il y ait dédoublement. C'est précisément ce qui a lieu dans les exemples que nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de la Société. Ici on peut voir que les 2 bourgeons développés ne peuvent être Le résolta SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 597 d'un dédoublement, car dans un des échantillons on voit encore au milieu d'eux un reste de l'axe secondaire qui leur a donné naissance. La Vigne présente encore une particularité assez remarquable dans l'erdre suivant lequel se fait l'évolution de ses 2 bourgeous collatéraux, évolution qui, contraire à la loi de symétrie végétale telle que nous l'avons établie (1), a quelque analogie avec la Loi d'évolution alternative dont le Serissa fœtida nous a fourni le type (2). Si, en effet, on examine avec soin certains rameaux de Vigne, on re- marque que l'un des deux bourgeons présente un commencement d'évolution, tandis que l'autre reste totalement fermé. Pour bien concevoir en quoi consiste la particularité que nous signalons ici, nous examinerons ce qui se passe, par exemple, dans le Mercurialis annua. Si l'on se suppose au centre de la tige de cette plante, on peut reconnaitre que, quelle que soit la feuille que l'on examine, l'un des bourgeons un peu extra-axillaires s'est toujours développé à droite ou à gauche, car il n'y a rien de constant dans ce déve- loppement ; mais, sauf de rares exceptions, quand sur un axe principal le développement a commencé dans un sens, il se continue toujours dans le méme sens. Comme ici les feuilles sont opposées, les bourgeons de méme nom sont aussi opposés, de sorte qu'une droite passant par le centre de l'axe prin- cipal passe également par le centre des 2 axes secondaires. Il résulte de cette disposition que si l'on fend cette tige de manière à faire passer la section entre la feuille et l'axe secondaire, de chaque cóté, ehaque moitié porte à la fois à chacun de ses nœuds une feuille et un bourgeon développé qui semble lui étre opposé, et ces moitiés sont, par conséquent, sembla- bles. Il y a ici symétrie oppositive parfaite. Si maintenant on se suppose au centre d'un rameau de Vigne, on peut aisément voir que des deux bourgeons, celui qui se développe est alterna- . tivement à droite et à gauche. Il en résulte que si l'on fendait l'axe dans sa longueur, de manière à faire que la section passát entre les deux bour- geons de chaque nœud, l'une des moitiés de l'axe porterait tous les bour- geons en voie d'évolution, tandis que l'autre moitié ne porterait que les bourgeons fermés ; conséquemment, elles sont dissemblables. Il y a vérita- blement dans ce cas défaut de symétrie par rapport à une ligne. Enfin il nous a été facile de déterminer le côté de l'axe où se faisait généralement cette évolution de l'un des deux bourgeons; de sorte qu'un (1) Études sur la symétrie considérée dans les trois règnes de la nature. Varis, 1855, p. 22 et 29. | (2) Lois suivant lesquelles se fait le développement de certains bourgeons dans quelques familles végétales (Comptes rendus de l'Institut, septembre 1855; et Bull. de la Soc. Bot. de France, t. Il, p. 532). 598 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rameau de Vigue étant donné, avee l'un des deux bourgeons en voie d'évo- lution, on peut toujours décider quelle position il avait par rapport à l'axe qui l'a produit, Nous avons constaté, en effet, que e'est toujours du côté regardant l'axe sur lequel le rameau s'est développé que se fait cette sin- guliere évolution. Ainsi, pendant la végétation d'une tige de Vigne, des deux hourgeons laté- raux, celui qui est le plus voisin de l'axe qui porte cette tige est toujours le premier qui se développe, constituant alors une évolution unilatérale anté- rieure ou centripète. Mais il faut dire que végétant pendant la enoissanee de la tige-mére, rarement ils se développent bien, et plus souvent ils avortent après avoir produit quelques gréles mérithalles. Au contraire, les bourgeons fermés croissant après l'arrêt de la végétation dans l'axe qui les porte, donnent lieu à la formation de ces sarments vigoureux desquels on attend les produits ordinaires de la Vigne. Ce développement ultérieur constitue done une autre évolution que l'on peut nommer unilatérale posté- rieure ou centrifuge. En résumé, il résulte de ces observations que la Vigne offre dans l'évo- lution de ses tiges de vrais et de faux dédoublements, que l'on peut diviser ainsi qu'il suit : direct. | antéro-postérieurs. . inverse. {Vrais . . latéraux. Dédoublements. . /1° par développement de la vrille. faux 2° par développement de l'un des bourgeons latéraux. UU | 3* par développement de deux des bourgeons de l'extréme base d'un axe postérieur. . Que ces faux dédoublements ont des caractères qui peuvent aider à les faire reconnaitre ; Qu'enfin l'évolution des deux bourgeons latéraux se fait toujours d'après deux lois constantes. Ainsi elle est toujours, pour les bourgeons ?nfernes, unilatérale antérieure ou centripéte, c'est-à-dire que ce sont les bourgeous les plus voisins de l'axe immédiatement antérieur à la tige-mère, chez lesquels on remarque ce commencement d'évolution ; tandis que les bour- geons externes constituent dans leur développement une seconde évolution postérieure ou centrifuge, parce qu'ils ne se développent d'ordinaire que bien après les autres, et lorsqu'il y a arrét de végétation dans l'axe qui les porte. M. Duchartre fait observer que, dans le rameau de Vigne qu'il a présenté à la Société le 11 juillet dernier, le nœud où commencait la monstruosité ne portait pas de vrille. M. Ed. Prillieux présente les observations suivantes : L'opinion généralement admise sur la composition des rameaux de la SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 599 Vigne et sur la nature de ses vrilles me semble peu d'accord avec les faits que j'ai observés. Le moment ne me permettant pas d'entrer dans tous les détails que comporterait l'exposition des faits assez compliqués qui se rapportent à ce sujet et d'aborder la discussion des théories qu'on a proposées pour les expliquer, je ferai seulement remarquer que les bourgeons axillaires de la Vigne ont toujours leurs feuilles disposées de telle façon, que le plan qui les partage en deux moitiés symétriques croise à angle droit celui qui passe par le milieu de toutes les feuilles de l'axe d’où ils naissent. Si la théorie accréditée était juste, si l’entre-nœud inférieur se terminait en inflorescence ou en vrille, si l’entre-nœud supérieur n'était qu'un rameau de l'inférieur, un axe secondaire usurpant la place de l'axe primaire, les feuilles de l'entre-noeud supérieur ne devraient pas être situées dans le méme plan que celles de l'inférieur ; c’est là cependant ee qui est, ainsi qu'on peut très aisément le constater. Cette seule considération me paraît assez importante pour me faire repousser la théorie qui a cours dans la science. Je pense que la vrille n'est pas due à une ramification, mais à une partition de l'axe, et qu'ainsi une branche de Vigne n'est pas formée par un enchainement d'axes d'ordres divers, mais par un seul axe qui se dédouhle à différentes hauteurs pour produire des vrilles. En ce qui touche les hourgeons axillaires de la Vigne que l'on a décrits comme collatéraux, j'ajouterai seulement que je n'en ai jamais vu de tels. Quand on trouve 2 ou méme 3 bourgeons à l'aisselle d'une feuille de Vigne, on peut, avee un peu d'attention, reconnaitre que l'un d'eux seule- ment est véritablement axillaire de la feuille; l'autre ou les deux autres naissent à l'aisselle des écailles inférieures du premier, ils sont secondaires Par rapport à Jui, et, conformément à la règle indiquée plus haut, ils ont leurs feuilles disposées dans un plan perpendiculaire au plan des feuilles du hourgeon primaire, et par conséquent daus le plan méme des feuilles de l'axe d’où nait ce dernier. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : IFINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Troisième partie.) A l'extrémité du défilé qui débouche dans la plaine d'Ain Sefra, s'offre immédiatement à nous une Crucifère que M. Reboud nous avait déjà com- muniquée des environs de Laghouat mais dépourvue de fruits mürs, et que néanmoins nous avions supposée devoir constituer un genre nouveau ; 600 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. il nous est facile, trouvant à la fois la plante en fleur et en fruit, de constater l'exactitude de nos prévisions. M. Kralik s'empresse de recueillir un grand nombre d'échantillons de cette plante intéressante, qui doit figurer dans sa collection sous le nom de Reboudia erucarioides. Le nom générique que nous adoptons est destiné à rappeler les services que le doc- teur Reboud, notre honorable confrère, rend depuis plusieurs années à la botanique algérienne par l'exploration de la partie méridionale de la pro- vince d'Alger et par ses reeherches pendant les lointaines expéditions au Sud dont il a fait partie. Notre plante nouvelle, par son port, rappelle les Erucaria ; mais ses cotylédons condupliqués l'en éloignent beaucoup et la placent dans la tribu des Brassicées, où elle doit être classée à côté des Moricandia, dont elle est du reste très distincte par le port et surtout la forme du fruit. — Le sol de la plaine est alternativement sablonneux ou plus ou moins argileux, et çà et là mêlé de pierrailles ; les points les plus riches en plantes intéressantes sont ceux où le terrain est le plus compacte. Là nous apparaissent en excessive abondance le Rhanterium adpressum et l'Anvillea radiata, dont les vastes touffes blanchátres couvertes de fleurs jaunes don- nent à la plaine un aspect tout particulier; les autres plantes vivaces domi- nantes sont les Arfhratherum obtusum et Caroxylon articulatum associés aux Atractylis microcephala, Passerina microphylla, Anthyllis Numidica, Arte- misia Herba-alba, Stipa tenacissima et Ononis angustissima, que nous avons déjà trouvés partout dans la partie chaude des hauts plateaux. Entre ces touffes croissent les Daucus pubescens, Ceratocephalus falcatus, Echinosper- mum Vahlianum, Malva Ægyptiaca, Calendula platycarpa, Arnebia Vivianii, Alyssum macrocalyx, Fagonia glutinosa, Hussonia Æ giceras, Carduus confertus var., Echium humile, Triticum Orientale, Echinops spinosus. Quelques espèces disséminées çà et là dans la plaine ne peuvent pas étre recueillies par nous pendant la marche de la caravane; aussi faisons- nous une halte, aprés avoir expédié à Ain Sefra les chameaux chargés de notre bagage qu'escortent les fantassins d'Ain Sefissifa ; nos spahis et les cavaliers des Hamian commandés par Sassi forment le cercle autour de nous, et garantis ainsi de toute surprise des Beni Amour, dont nous né sommes éloignés que de quelques kilomètres, nous explorons minutieuse- ment le terrain et nous récoltons les /Vonnea phaneranthera, Reseda ere- mophila et Arabica, Euphorbia calyptrata, Atractylis prolifera, Leyssera capillifolia. Dans une ravine argilo-sablonneuse, nous trouvous en grande abondanee le Convolvulus supinus, dont nous n'avious encore vu que quelques pieds à Ain Ben Khelil et à Ain Sefissifa, et que nous retrouve- rons dans toutes les localités du sud ; cette méme ravine nous offre quelques échantillons d'un Crambe nouveau pour l'Algérie et peat-étre pour la science ; la station de cette plante et son extrême rareté nous démontrent que les graines en ont été apportées par les eaux des pentes du Bridj Djebel dont, SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 601 eomme nous l'avons dit plus haut, l'exploration nous est interdite. Nous traversons le lit desséché de l'Oued Mouillah, et nous nous dirigeons en- suite vers les vastes dunes de sable qui entourent Ain Sefra. Les sables mobiles accumulés sur la rive occidentale de l'Oued Cbaldli, dont l'Oued Mouillah est un affluent, présentent une végétation toute différente de celle du reste de la plaine; nous y revoyons le Retama Duriæi var. phæocalyx et le Genista Saharæ, qui, avec le Zizyphus Lotus, y représentent la végé- tation ligneuse ; les Euphorbia Guyoniana, Cleome Arabica, Marrubium Deserti, Hussonia Ægiceras, Ononis serrata y sont d'une extrême abon- dance; nous y rencontrons également quelques pieds du Carduncellus eriocephalus ?. Du sommet de ces dunes, nous découvrons toute l'oasis d'Aïn Sefra, que jusque-là elles avaient en partie cachée. Cette oasis, située dans la plaine au pied du Djebel Gebsor, dont elle est séparée par de vastes dunes, est menacée, dans un avenir plus ou moins éloigné, d’être envahie par les sables qui l'étreignent de toutes parts ; déjà, à l'est du ksar, plusieurs dattiers, qui ne montrent plus que leurs sommets dépassant le niveau de la dune, indiquent seuls l'emplacement d'anciens jardins aujour- d'hui ensevelis. Les sables poussés par les vents se superposent parallèle- meut à la montagne au pied de laquelle ils s'accumulent en s'étendant incessamment ; car la montagne elle-méme forme un obstacle à l'actiou des Vents opposés à ceux qui ont amoncelé le sable et qui seuls pourraient le disperser de nouveau (4). Le sol des jardins, protégé par des clótures contre les envahissements des dunes, est souvent de plusieurs mètres au-dessous du niveau des sables qui le circonscrivent; d'autres, dont les enceintes n'ont pas été entretenues, ont disparu en partie sous une épaisse couche de sable. Aprés avoir traversé l'Oued Chaldli, dont le lit présente encore quelques centimètres d'eau légèrement saumátre, nous entrons dans le ksar vers Quatre heures et demie du soir, en passant devant un marabout d'un blanc (4) Toutes les dunes que nous avons parcourues sont superposées à un sol com- Pacte, qui parfois est mis à nu au fond d'entonnoirs creusés par des tourbillons de vent, et il est évident que les masses de sable ont été apportées là où elles existent actuellement. En raison de l'élévation et de Ja direction des montagnes dans le voi- sinage desquelles sont situées la plupart des dunes, il nous parait impossible d'admettre que le vent du sud ait été l'agent du transport du sable ; il nous semble au contraire plus probable que le sable des dunes est produit par une sorte de désagrégation du sol argilo-sablonneux de la plaine elle-méme, cette désagrégation résultant d'influences atmosphériques diverses et surtout de la sécheresse et de la violence des vents, la partie argileuse se réduisant en poussière impalpable sou- vent emportée à d'immenses distances, la partie sablonneuse, en raison de sa plus Brande densité, se déposant dans la plaine elle-même où elle s'accumule dans des directions déterminées par les causes que nous avons déjà indiquées, 602 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. éclatant et dont les quatre angles sont surmontés d'œufs d'autruche. Le ksar d'Ain Sefra est plus étendu et plus peuplé que celui d'Ain Sefissifa; les constructions y sont mieux entretenues, quoique les matériaux en soient aussi grossiers et que leur type général soit Je méme. Aprés avoir installé notre campement dans la eour d'une maison à l'entrée du ksar, nous nous empressons de mettre à profit la fin du jour pour visiter, sous la conduite du caïd et de Sassi, les jardins de l'oasis. De méme qu'à Ain Sefissifa, et en général dans les autres ksour, ces jardins sont tous entourés de murs, et l'on ne peut y pénétrer que par escalade ou en se glissant par des trous pratiqués à fleur de terre. Le Dattier, que nous avions vu si mal représenté à Ain Sefissifa, tient ici une large place daus les plantations, et annonce, par la beauté de son développement, que nous sommes enfin arrivés à un ksar de la région saharienne. Les autres arbres plantés dans les jardins sont, d'aprés leur ordre d'importance, l'Abricotier, dont un individu de la taille d'un beau noyer et ramifié à environ trois mètres du sol ne présentait pas moins de deux mètres de tour, le Figuier, leGrenadier, le Pécher et la Vigne. Nous n'avons vu cultivé que par pieds isolés l'Opuntia Ficus-Indica. Des puits à bascule fournissent les moyens d'irrigation pour les plantations et les eultures de la plupart des jardins dont le niveau est trop élevé pour pou- voir être arrosés par des dérivations de l'oued. Les céréales sont cultivées à l'ombre des plantations ou dans leurs intervalles, et sont représentées par l'Orge et deux variétés de Blé, l'une mutique, l'autre barbue. La moisson est déjà en partie faite, et le Blé et l'Orge ne sont encore sur pied que dans quelques jardins. Les seuls légumes que nous ayons vus sont l'Oignon, ja Feve et le Chou. Dans les parties en friehe des jardins croit en assez grande abondance la Luzerne (Medicago sativa), qui y est très probablement spon- tanée, car nous ne l'avons vue nulle part cultivée par les indigènes. Le long des ruelles de l'oasis et dans les cultures, nous avons observé les Sisymbrium Irio et Columnæ, Silene rubella, Ammi Visnaga, Anagallis arvensis, Chenopodium album, Veronica agrestis, Centaurea polya- cantha, ete. ; le Daucus maximus y est aussi assez abondant, et sa pré- sence à l'état spontané est un indice certain du suceès que présenterait sa eulture comme plante potagère; ear MM. Durieu de Maisonneuve et L. Vilmorin ont constaté que le Daucus maximus est l'espèce dont provient potre Carotte cultivée. Les bords des petits canaux d'irrigation (saguia) nous offrent, entre autres espèces européennes, les Mentha rotundifolia, Potentilla reptans et Samolus Valerandi. Le 7 mai, nous eonsaerons la matinée à l'exploration des environs immé- diats du ksar, à celle d'une partie des dunes à l'ouest du village et du lit des Qued Chaldli et Mouillah. Dans les terrains ineultes qui entourent le ma- rabout dont nous avons déjà parlé, et dans les jardins voisins abandonnés et en partie envahis par le sable, sont réunies la plupart des espèces carac- SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 603 téristiques de la région saharienne, parmi le:quelles nous nous bornerons iei à mentionner les Nolletia chrysocomoides, Ammochloa subacaulis, Silene villosa var. micropetala, Marrubium Deserti, Malcolmia Æ gyptiaca, Arthratherum pungens, Herniaria fruticosa, Paronychia Cossoniana, Pas- serina microphylla, Centaurea polyacantha, Convolvulus supinus, Ononis serrata, Onopordon ambiguum, et une espèce de Centaurea voisine du C. Calcitrapa, probablement nouvelle. Dans les dunes, nous observons les Serofularia Deserti, Euphorbia Guyoniana, Festuca Memphitica, Hippo- erepis bicontorta, Lotus pusillus, Hussonia Ægiceras, etc. Dans le lit desséché de l'Oued Mouillah et sur ses berges argileuses et pierreuses, ainsi qu'entre les rocailles de grès ferrugineux qui les surmon- tent, se rencontrent l'Anéirrkinwm ramosissimum, uu Deverra non encore dé- veloppé, les Atractylis microcephala, Sonchus spinosus, Echiackilon fruti- cosum, ete. — Malgré tout l'attrait que nous présente l'exploration de ees intéressantes localités, nous devons rentrer au ksar pour eonsaerer le reste de là journée à la préparation de nos abondantes réeoltes, rédigen nos potes et surtout donner des soins et distribuer des médicaments aux nome breux malades atteints d'ophthalmie qui attendent avee impatienee notre retour. Pendant que nous sommes sous la tente tout entiers à nos oecu- pations, M, Kralik à préparer les plantes, et M. P. Marés et moi à dis- tribuer des eollyres et à reeommander aux habitants de se laver les yeux, ce que la plupart d'entre eux n'avaient jamais fait de leur vie, nous enten- dons tout à coup de grands eris qui nous font sauter sur nos armes et expédier un de nos spahis pour. voir la cause du tumulte; il nous ramène l'un des habitants qui avait fait partie de notre escorte pendant notre excur- sion du matin ; ce pauvre garcon est blessé au bras et tout ensanglanté à la suite d'un violent coup de bâton qui lui a été asséné par un de nos spahis ; le blessé se plaint amèrement de la brutalité dant il a été vietime en voulant s'opposer au maraudage auquel on se livrait dans son jardin, Cet incident ne laisse pas que de nous donner de vives inquiétudes, car nous nous étions déjà aperçus du mauvais vouloir du caid, qui nous aurait volontiers laissé manquer des ehoses les plus indispensables, et d'une certaine connivenee qui nous semblait exister entre Sassi, le chef des Hamian de notre escorte, et ce caid si mal disposé; et d'autre part si nos spahis se laissaient entrainer à de semblables violences, nous pouvions avoir tont à craindre de Populations qui jusque-là s'étaient mantrées plutôt bienveillantes qu hostiles. Nous menacons le caïdet Sassi de les faire conduire à la redoute d'Ain Ben Khelil par deux spahis, avec une note sévère sur leur compte pour le bureau arabe, s'ils persévérent dans leur conduite équivoque ; quant aux Spahis, nous les consignons pour le reste de la journée et nous leur iuter- disons, de la manière la plus formelle, de rien demander dorénavant aux habitants, nous réservant le soin de réclamer nous-mêmes du caid ce dont 604 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nous pourrions avoir besoin pour nous et notre escorte; gráce à ces me- sures, tout rentre dans l'ordre et nous pouvons continuer notre consultation en commençant par le pansement de la blessure qui avait été la eause de l'agitation qui venait de se produire dans le village. Nous devons ajouter que pendant le reste de notre voyagele frein salutaire que nous avons mis aux exigences des spahis, qui trop souvent sont disposés à se conduire dans les ksour comme en pays conquis, a complétement prévenu le retour de sem- blables conflits. — Le 8, vers onze heures du matin seulement, nous quittons Ain Sefra ; car il nous a fallu réparer par quelques heures de repos les fa- tigues de la nuit que nous avons consacrée en grande partie à la préparation de nos plantes. A environ un kilomètre à l'est d’Aïn Sefra, nous trouvons en abondance dans les sables des dunes les Cyperus conglomeratus, Matthiola livida, Rhanterium adpressum, ete., qui croissent entre les touffes espacées des Retama Duriæi var. phæocalyx et Zizyphus Lotus. Nous voyons pour la première fois le Bubania Feei qui n'est représenté à cette station que par quelques pieds isolés. Au delà des dunes la plaine assez large est bornée au nord et au sud par des montagnes pierreuses assez élevées et que nous regrettons de n'avoir pas le temps d'explorer. Le sol offre des alternatives de sables, de pierrailles et de dépressions argileuses, La végétation des sables ne diffère pas sensiblement de celle des dunes d' Ain Sefra. Dans les lieux pierreux nous trouvons en grande abondance les Bubania Feet, An- villea radiata, Rhanterium adpressum, Arthratherum | obtusum, Con- volvulus supinus. Là s'offre à nous pour la première fois une Crucifere nouvelle pour l'Algérie, le Morettia canescens Boiss., qui n'avait encore été signalé que dans les déserts de l'Arabie, et nous y recueillons aussi quel- ques pieds du Leyssera capillifolia qui y est assez peu abondant. Dans les dépressions argileuses nous voyons les Anvillea radiata, Chlamydophora pubescens, Spitzelia lyrata, Plantago ciliata et ovata, Statice Bonduellii, Rumex vesicarius, Ifloga Fontanesit. Quelques kilomètres plus loin nous contournons la base de blocs énormes de grès d'un rouge brunâtre ; dans les fentes de ces rochers croissent sous forme de buissons le Pistacia Atlantica et l'Olivier, et nous y retrouvons le Galium ephedroides. Un peu au delà, sur une faible éminence, nous voyons le sable pierreux brunátre eonstellé de petits mamelons dont le blane éclatant contraste d'une maniere très tranchée avec la couleur du sol. En nous rapprochant nous reconnais- sons avec une vive satifaction une Sa/solacée subacaule, à feuilles courtes, imbriquées, presque cornées, d'un aspect de porcelaine, et dont le port rap- pelle celui des Aretia et autres plantes alpines. Cette curieuse plante, qui constitue une espèce nouvelle du genre Noæa (N. aretioides Moq-Tand. et Coss.), n'avait encore été observée que dans le trajet de Biskra à Tougourt par M. Prax qui, comme nous, l'avait trouvée sans fleurs, et sur les pentes méridionales du Djebel Boukahil, à quelques lieues au nord-est de Laghouat, SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 605 où M. ledoeteur Reboud l'a recueillie, le 17 novembre 1854, en fleur et en fruits. Sur la méme éminence nous retrouvons encore le Morettia canescens avec le Catananche arenaria que nous n'avions pas encore observé. Dans le lointain, sur notre droite, apparaissent à la base des montagnes de larges surfaces blanchátres de sel cristallisé, miroitant au soleil. La présence du sel nous fait espérer de pouvoir rencontrer dans cette localité quelques es- pèces spéciales, mais nous devons en remettre l'exploration au lendemain, car il nous reste plus de quatre kilomètres pour nour rendre à Tyout et nous avons encore à explorer le reste de la plaine qui nous sépare de ce ksar dont les dattiers montrent leurs cimes daus le lointain. A deux kilo- mètres environ de l'oasis, le long du chemin, dans un terrain argilo-sablon- neux, apparaissent brusquement de nombreuses touffes larges et épi- neuses que d'abord en passant rapidement nous avions, en raison de leur port, regardé comme étant l Antirrhinum ramosissimum, que nous avions fréquement rencontré depuis Ain Sefra; mais en descendant de cheval pour recueillir le Carduncellus eriocephalus?, nous avons l'agréable surprise d'y reconnaitre une espéce nouvelle pour la seience, appartenant à un genre oriental, le Zilla macroptera, distinct du Zilla myagroides des déserts de l'Orient par la silicule tétragone à angles bordés d'ailes dont la largeur dépasse le diamètre transversal de la silicule; cette belle plante n'avait eucore été observée en Algérie qu'au sud de Laghouat sur les bords de l'Oued En Nsa, à environ deux journées de marche de Guerrara, où elle a été découverte par M. le docteur Reboud.— L'oasis de Tyout, située à pres de 120 lieues au sud d'Oran, environ sous 32° 54' de latitude et à environ 1000 mètres d'altitude, étendue surtout de l'est à l'ouest sur les bords de l'Oued Chaldli qui prend ici le nom d'Oued Tyout, est arrosée par des dé- rivations de cette rivière, qui n’est jamais à sec et dont les eaux a peine saumâtres ont un cours assez rapide et seraient assez abondantes pour ar- roser une surface bien plus considérable que celle qui est actuellement en- semencée ou distribuée en jardins. La position de l'oasis, qui occupe le fond de la vallée de l'Oued Tyout, rendrait encore l'irrigation plus facile, et pour la pratiquer sur une plus large échelle il suffirait d'établir un barrage qui pourrait être exécuté à peu de frais. Le Dattier tient la plus large place dans les jardins de l'oasis qui compte plusieurs milliers de ces beaux arbres ; leurs troncs élancés et leurs cimes d'un beau vert se dessinent d'une ma- nière majestueuse dans le paysage, dont le fond est formé par des coteaux rocheux d'un gris noirátre qui au sud bordent l'oasis et sont eux-méines, dans le lointain, dominés par des montagnes nues assez élevées, Les autres arbres fruitiers plantés daus les jardins sont le Figuier, le Grenadier, le Cognassier, l'Amandier, et une variété de Vigne à feuilles découpées. Les légumes cultivés sont les mémes qu'à Ain Sefra ; les cultures des céréales, surtout dans la partie nord-est de l'oasis, occupent d'assez larges espaces 606 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bien arrosés ; là ioisson est déjà en partie faite et l'orge est dépiquée par des chevaux que l'on fait tourner en manége. Cà et là au bord des champs et dans les parties incultes des jardins se rencontrent le Rubia tinctorum qui y est probablement spontané, car nous ne l'avons vu nulle part cultivé par les habitants, malgré tous les avantages que cette eulture pourrait présenter. Nous eonsaerons les quelques instants de jour quí nous restent à visiter les bords de l'Oued Tyout anu voisinage immédiat du village. De nombreuses touffes de Tamarix Gallica forment d'épaisses broussailles dans le lit de l'Oued, dont les bords nous offrent les Pulicaria Arabica, Malcolmia ZEgyptiaca, Hussonia /Egiceras, Senecio coronopifolius, Silene villosa var. micropetala, Cyrtolepis Alexandrina, Atriplex dimorphostegia et un pied en- core fleuri du Zilla macroptera que dans la plaine nous n'avions trouvé qu'eti fruit. De méme qu'à Ain Sefra notre tente est dressée dans une cour à l'en- trée du village, et grâce à la leçon donnée à Sassi, dont le pere, Mebkrout, a là plus grande influence sur cette oasis, nóus recevons un accueil erbpressé qui nous rassure eoómplétement sur les dispositions des habitants, > Le 9, après avoir consacré toute la matinée à la préparation de nos plantes, nous cótoyotis l'Oued Tyout en explorant les rochers de grès qui encaissent son lit et les sables qui le bordent jusqu'à un coteau rocailleux où se trouvent groupées là plupart des plántes intéressantes de là région , entre autres les Helian- themum ellipticum, Anthyllis Numidica, Argyrolobium uniflorum, Ononis angustissima, Paronychia nivea var., Gymnocarpus decandrus, Galium ephedroides, Crucianella sp. nov:?, Anvillea radiata, Lasiopogon mus: coides, Rhanterium adpressum, Phagnalon purpurascens, Leyssera tat pillifolia, Atractylis microcephala, Carlina involucrata, Antirrhinum ramosissimum, Marrubium Deserti, Micromeria microphylla, Salviá lanigera et 7Egyptiaca, Bubania Feei, Passerina microphylla, Arthra: therum obtusum et plumosum var: floccosum, Stipa parviflora, Pennisetum Orientale; Andropogon laniger, ete. Nous nous proposiohs de pousser plus loin notre exploration dans cette direction; lorsque Sassi vint avec le caid et plusieurs hommes d'eseorte nous amener nos thévaux pour nous con duire aux terrains salés que nous avions remarqués la veille avant d'arriver à Tyout, et que nous avions témoigué le désir de visiter, Des dunes de sable mobile, parallèles à la montagne au pied de laquelle sont situés ces terrains salés, noüs offrent de nombreux buissons du Retama Duriæi var. phæócalyt et du Calligonum comosum que nous n'avions pas encore observé ; r Hussonta Ægiceras, le Cyperus conglomeratus et le Polycarpæa fragilis sont aussi très abondants dans ces sables. Pendant que nous sommes occupés à re- cueillir ces espèces, Sassi, peut-être plutôt pour faire ostentation de vigilance que pour conjurer un danger réel, dispose ses cavaliers en cerele autour de nous, tandis que lui-même va en avant pour reconnaître le terrain. La base de la montagne est creusée de nombreuses ravines par des sources dont le lit, SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 607 actuellement presque à sec, est tapissé d'une épaisse couche de sel cristallisé à surface raboteuse ët inégalé: dans les pàrties voisines de la plaine où les eaux ont pu se répandre pendáht la saison dés pluies, le sol est également recouvert d'une couche saline. Dans le lit des ravines ct sur les points de la plaine où le sel forme une croûte compacte, il n'y a aucune végétation ; sur les berges des ravines et dans les terrains où le sel imprègne le sol, sans former toutefois une couche continue à sa surface, nous recueillons l'£chio- chilon fruticosum, les Statice pruinosa et Bonduellit, le Suèda vermiculata, le Bubania Feei et un Deverra non encore fleuri. Notre guide nous empêche de poursuivre plus longtemps notre exploration, car l'approche de la nuit lui fait craindre que nous ne soyons exposés à quelque surprise de la part des maraudeurs, et nous revenons à Tyout de toute la vitesse de nos chevaux. — Le 10, vers 8 heures du matin, aprés avoir achevé la préparation de nos récoltes, qui nous avaient occupés pendant une assez grande partie de la nuit, nous montons à cheval quittant à regret une localité ou un plus long séjour nous eüt certainement permis de faire d'autres découvertes inté- ressantes; mais nous devons nous conformer aux indications précises qui nous ont été données par le bureau arabe d'Ain Ben Khelil et revenir vers le nord en nous dirigeant vers Asla où nous attend un spahi que M. de Co- lomb, commandant supérieur de Géryville, prévenu de hotre prochaine arrivée, a eu l'obligeante attention d'envoyer au-devant de nous. Un caz valier, par lequel M. de Colomb nous a expédié les premières lettres que nous ayons reçues de nos familles depuis notre départ de France, doit, àvant de retourner à Géryville, oü il porte nos réponses, prévenir notre futur guide d'avoir à se tenir à notre disposition et de se proturer des vivres pour nous et notre escorte. Les renséignéments que hous vénons de recevoir sur l'état politique du pays nous permettent de réduire noté eseorte &ux spahis qui nous accompagnent depuis Ain Ben Khelil et aux quelques ca- valiers des Hamian qui restent encore avee Sassi. Nous sommes heureux de voir enfin approcher le moment où, débarrassés de notre nombreuk enè lourage, notre présence cessera d'être une charge assez onéreusé pour les Populations chez lesquelles nous devons séjourner, (La suite à la prochaine $éänce.) M. le comte Jaubert fait remarquer l'analogie qui existe entre le facies de la Salsolacée (Notæa aretioides) présentee à la Société par M. Cosson, et l Arenaria tetraquetra L., plante des Pyrénées. M. Moquin-Tandon ajoute que cette espèce a une apparence alpine très remarquable pour une plante de la plaine. l MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : 608 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE DE M. GUEYDON BE DIVES. (Manzac, 6 juillet 4856.) Dans la séance de la Société du 44 mars 1856, plusieurs membres ont signalé des espéces exotiques naturalisées dans les jardins, les parcs et les cultures. Si j'avais assisté à cette séance, j'aurais pu ajouter le fait suivant: En 1838 je plantai quelques pieds d'Artem?sia Tournefortiana Rchb., plante originaire de la Perse, et dés l'année 1839 elle se trouvait dans la cour, dans la basse-cour et sur de vieux murs prés de mon habitation. Tous les ans je suis obligé d'en faire arracher un grand nombre de pieds, car l'Artemisia Tournefortiana voudrait tout envahir et méme se propager dans mes prés. Ce végétal peut être un excellent vermifuge, mais serait à coup sür un détestable fourrage. DÉDOUBLEMENT ET PARTITION, par M. D. CLOS. (Toulouse, 20 novembre 1856.) De Candolle, Dunal et M. Moquin-Tandon ont été les premiers à signaler dans la fleur le phénomène de dédoublement, qui a été depuis à peu près universellement admis. Mais aprés les nombreuses recherches qui ont eu pour objet de retrouver dans les organes floraux la symétrie et les carac- teres des feuilles, on a lieu de s'étonner que l'on n'ait point encore donné à ce phénomène tout le degré de généralité qu'il comporte, alors surtout que des faits empruntés à des plantes vulgaires permettent de constater, outre le dédoublement des parties florales, le dédoublement des axes ou la partition, et le dédoublement des feuilles. 1* Dédoublement des axes ou partition. — Dans une communication an- térieure faite à la Société, j'indiquais que la partition est fréquente dans les racines et servait à rendre raison de l'absence de bractées chez bon nombre d’inflorescences (voy. Bull. Soc. Bot., Il, p. A99 et suiv.). Toutefois, dans ce travail, je n'ai pas assez insisté sur certaines ramifications de tiges dues à ce phénomène. La famille des Solanées est des plus instructives à ce point de vue, offrant un méme mode de ramification chez la Belladone, le Da- tura Stramonium L., le Physalis œquata Jacq., le Solanum nigrum L., e plusieurs autres de ses représentants. Chez toutes ces plantes le développe ment des parties a lieu comme suit : a. Àu-dessus des cotylédons, l'axe primaire reste simple, émettant cinq ou six feuilles alternes, munies chaeune d'un bourgeon axillaire; puis une partition de la tige a lieu, et une feuille avec son bourgeon se montre au voisinage du point de division. b. La partition se répéte un nombre de fois variable avec le degré de vitalité de la plante. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 609 c. Dans le Datura, le Physalis æquata, on voit un pédoncule alaire éma- nant de l'angle formé par les deux branches de la partition : ici l'axe se divisant en trois branches, il y a tripartition. d. Le Solanum nigrum offre de petits corymbes naissant sur le milieu d'un mérithalle sans trace de feuille ou de bractée basilaire, et de nom- breuses espèces de Solanum sont dans le méme cas. La grappe résulte d'une partition de la branche. Je ne saurais done admettre ni l'une ni l'autre des deux explications données par Aug. de Saint-Hilaire lorsqu'il dit : « Si le pédoncule semble naitre de la tige au-dessus de la feuille ou être, comme l'on dit dans le langage technique, supra-axillaire..., c'est qu'il a été en- trainé par la force de la végétation, ou qu'il s'est soudé avec la tige dans tout l'espace compris entre l'aisselle de la feuille et le point où il semble commencer (Leçons de Bot., p. 246-247). » Mais outre qu'on ne voit pas de traces de cette soudure, le point d'insertion du pédoncule n'est pas su- perposé chez les Solanum à celui de la feuille. Aug. de Saint-Hilaire (Leçons de Bot., p. 248) et M. Le Maout (Leçons élém. de Bot., 1, p. 236) admettent encore que, chez le Solanum Dulca- mara, L., le pédoncule étant oppositifolié est, comme dans la Vigne, la ter- minaison de l'axe dont il parait étre un rameau. Un examen attentif de l'inflorescence de la Douce-amère m'a montré presque tous les pédoncules se séparant, comme dans le Solanum nigrum, des mérithalles en des points éloignés des articulations de ceux-ci et sans rapport avec les feuilles. Ces Pédoncules résultent done encore ici d'une partition. Je ne puis partager non plus l'opinion de M. Ch. Naudin, qui, étudiant la ramification des Solanées en 1842, dans sa thèse inaugurale, admettait chez elles : /a d isparition de l'axe primaire, une série indéterminée d'usur- pations, ainsi que des soudures entre les axes des divers degrés et les feuilles voisines ( voy. Comptes rendus de l’Institut, 1842, 2° semest., p. 147 et 148). Or, à mon sens, l'axe primaire ne disparaît pas chez les Solanées, mais se partage en deux ou trois branches; il n'y a pas d'usurpattons, Puisque ces branches de partition sont la continuation directe de l'axe pri- maire; enfin, la position géminée des feuilles des Solanées me parait s'ex- Pliquer bien mieux par le phénomène si simple du dédoublement que par de prétendues soudures entre les axes des divers degrés et les feuilles voisines. M. Sehin per a énoncé que les feuilles des Solanées sont géminées par recaulescence, et que leur inflorescence est extra-foliaire par concaulescence (in Endlict.er et Martius, Flora Brasil., fascie. 6, auctore Sendtner). Si j'ai bien saisi l'interprétation de mon savant confrère, la recaulescence consiste dans la soudure des feuilles émettant un axe secondaire avec l'hypopode de cet axe, et il y a concaulescence lorsque le pédoncule de l'inflorescence terminale (So/anum nigrum) ou le pédicelle de la fleur terminale (Hyos- 40 I 610 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cyamus) s'unissent avec les axes qui en naissent, d'où résultent à la fois et l'inflorescence extra-foliaire et les feuilles géminées. Ou je m'abuse fort ou ces deux mots de recaulescence et de concaulescence doivent disparaitre de la science l'un et l'autre, comme inutiles et comme représentant des idées fausses. Enfin, M. Germain de Saint-Pierre, dans une communication récente faite à la Société, a désigné sous le nom d'expansivité la partition ou le dédoublement d'une tige de Solanum, et proposé de remplacer par ce terme celui de diruption, que ce méme botaniste avait primitivement créé (voy. Bull. Soc. Bot., III, p. 288). L'adoption de ces deux mots est encore inu- tile; celui de partition, qui remonte à Linné et qui a cours depuis lors dans la science, est infiniment préférable, n'ayant pas besoin d'une explication préalable pour être compris. Notre confrère considère dans cette méme note un cas de partition observé chez le Solanum tuberosum L., comme un fait tératologique. Il y voit un monstre double, alors qu'au contraire, comme je l'ai prouvé antérieurement (1), la partition est un phénomène normal et général, plus fréquent dans les Solanées que dans toute autre famille. J'ajouterai que le phénomène de partition me semble de nature à rendre parfaitement raison d'un fait observé par M. de Schoenefeld sur un pied de Sempervivum tectorum L., et d'après lequel ce botaniste avait conclu : 1» que dans une inflorescence rapidement développée les rameaux peuvent se séparer de la tige plus ou moins loin de la feuille ou braetée dans l'ais- selle de laquelle ils naissent ; 2° que, par suite, les feuilles ou bractées d'un axe secondaire peuvent paraitre appartenir à l'axe primaire... et sembler donner naissance au rameau auquel elles appartiennent (voy. Bull. Soc. Bot., I, p. 170 et suiv.). 2 Dédoublement des feuilles. — M. Germain de Saint-Pierre a prouvé que, chez plusieurs Rubiacées, certaines feuilles des verticilles foliaires résul- tent d’un dédoublement (Bull. Soc. Bot., I, p. 72). Le méme phénomène détermine chez les Solanées l'état de feuilles géminées, et cette conclusion ne me parait pas infirmée par les résultats obtenus par M. Lestiboudois dans sa Phyllotaxie anatomique, d'après lesquels le passage de l'ordre pentas- tique des feuilles à l'ordre géminé résulterait de la soudure de deux des faisceaux fibro-vaseulaires del'axe (voy. Annal. sc. natur., 3° série, t. X). Il est bien remarquable de voir souvent les Solanées présenter en un méme point de la tige la réunion des phénomenes de partition de l'axe et de dé- doublement des feuilles, phénomènes liés par la plus étroite analogie, Cà" l'un est pour les axes ce qu'est l'autre pour les appendices. La Belladone (4) Voy. dans le Bulletin de la Société Botanique de France, t. V, p. 4,99, ma communication qui a pour titre : Généralité du phénomène de partition dans| les plantes, etc, SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 611 montre souvent à un méme nœud de la tige six organes, savoir : deux feuilles juxtaposées provenant d'un dédoublement et munies chaeune d'un bourgeon ou rameau axillaire; un gros rameau (qui semble continuer le mérithalle inférieur) et un pédoncule uniflore, résultant l'un et l'autre d'une partition inégale de ce mérithalle. . J'ai sous les yeux deux échantillons d'un Hyoscyamus étiqueté H. reti- culatus L., mais qui est l'A. pusillus L., dont toutes les feuilles sont gé- minées, celles d'une n éme paire égales ou inégales et pourvues chacune d'un bourgeon axillaire. Les pédoncules uuiflores émanent de l'intervalle qui sépare les deux feuilles d'une méme paire. Or cette position des pédon- eules comporte une double interprétation : ou bien ces deux feuilles gémi- nées par dédoublement collatéral n'ont produit à elles deux qu'un seul pédoueule également influencé par l'une et par l'autre et occupant par cela méme leur intervalle de séparation, ou bien à chaque nœud s'opère une partition de l'axe, et le pédoncule, au lieu d'être comme dans la première hypothèse de seconde génération, est de méme génération que cet axe. La Première explication a pour elle l'analogie de cette disposition avec celle des Cueurbitacées, oü les pédoncules sont interposés entre la feuille et la vrille, ce dernier organe provenant, à mon avis, d'un dédoublement de la feuille; la seconde est plus plausible, car elle s'appuie sur ce fait, que, nonobstant la présence de ces pédoncules interposés aux deux feuilles, cha- cune de celles-ci a un bourgeon à son aisselle. Les plantes à feuilles géminées sont nombreuses dans Ja famille des So- lanées. Aussi peut-on s'étonner que la plupart des auteurs modernes de traités didactiques (MM. A. Richard, Adr. de Jussieu, Aug. de Saint-Hi- laire, Lindley, Schleiden, ete.) , abandonnant en cela l'exemple suivi par MM. De Candolle pere (Organ. , I, 325) et fils (Introd. à lu Bot., 1, 107), n'aient pas signalé cette disposition dans leurs ouvrages au chapitre des feuilles. Il est vrai que les deux savants de Genève déclarent que cette dis- Position est une déviation ou dégénérescence de quelque autre disposition primordiale; mais néanmoins M. Alph. De Candolle reconnait qu'elle est quelquefois permanente dans une espéce. Les Solanées présentent done le dédoublement des feuilles, la partition des tiges. J'ajoute que j'ai pu constater chez certains Solanum (S. Dulca- maro et S. nigrum, par exemple) la partition de la racine. Et si l'on admet- tait que l'augmentation des parties de la fleur (sépales, pétales, etamines, Carpelles) chez le Lycopersicum esculentum Dun., et le Solanum esculen- fum Dun., est due à un dédoublement des organes floraux, et non comme le veut M. Dunal (Hist. des Solanum, p. 90 et 110, à la soudure normale de plusieurs fleurs, on arriverait à cette conclusion que, dans la famille des Solanées, tous Les organes sont sujets au dédoublement ou à la partition. Je termine en rappelant que le dédoublement étant aux organes appeu- 612 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. diculaires ce que la partition est aux axes, et tous les organes pouvant offrir l'un ou l'autre de ces phénomènes, un seul de ces deux termes serait, àla rigueur, suffisant pour les désigner tous ; mais l'usage les ayant consa- erés l'un et l'autre, on peut aussi bien les conserver, puisqu'ils s'appliquent à deux ordres d'organes de nature différente. Qu'on me permette enfin de signaler certains rapports de végétation entre les Solanées et les Cucurbitacées, concernant les plantes herbacées de ces deux familles; chez l'une et l'autre les développements sont rapides et considérables ; chez l'une et l'autre il y a parfois partition de l'axe ; chez l'une et l'autre dédoublement de la feuille, la vrille des Cucurbitacées étant, à mon sens, un organe de dédoublement. M. Moquin-Tandon présente les observations suivantes: La théorie des dédoublements, confirmée dans un si grand nombre de cas par les révélations de l'embryogénie, n'appartient pas à De Candolle, ainsi que M. Clos parait ile supposer, mais à M. Dunal. L'illustre botaniste de Genève avait reconnu, il est vrai, que, dans les fleurs doubles, le nombre des pétales est plus grand que celui des organes transformés, et qu'il y a, en méme temps, métamorphose et multiplication (il désigne, néanmoins, les deux phénomènes par le méme nom, flores multiplicati) ; mais il n'ajoute pas une grande importance à cette augmentation et ne croit pas qu'elle s'effectue en dehors de l'état monstrueux. M. Dunal, le premier, a démontré que les multiplications isolées sont tantôt accidentelles, tantôt habituelles, et, que dans un grand nombre de fleurs dites simples, il existe des organes ou desrangées d'organes surnuméraires qui doivent uniquement leur présence à un phénomène spécial. Un de nos confrères, M. Planchon, vient de faire l'histoire, abrégée mais exacte, de la théorie des dédoublements, dans l'éloge de son savant prédécesseur, prononcé par lui, il y a quelques jours, à la séance publique de rentrée des facultés de Montpellier. Les mots partition et dédoublement expriment deux phénomènes distincts et doivent être conservés. Lorsque une feuille se feud dans le seus de sa nervure médiane et qu'il se produit deux lobes plus ou moins grands ou deux demi-limbes plus ou moins divergents, présentant chacun une demi- nervure du côté intérieur, il y a simple partition; mais quand une feuille se divise et que chacune de ses parties se complète en méme temps, c'est-à- dire lorsque, dans un endroit où il ne devrait exister qu'une seule feuille, on en rencontre deux exactement organisées comme la feuille normale, il y à alors dédoublement. De méme, dans les étamines, on trouve tantót l'organe fendu dans sa longueur et partagé en deux demi-étamines (uniloculaires) et tantôt deux (ou plusieurs) étamines (bi/oculaires) exactement conformées SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1856. 613 comme l'étamine non dédoublée. La partition pourrait étre considérée comme un premier degré du dédoublement. M. Léon Soubeiran, vice-secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant. d'une lettre qui lui a été adressée par M. H. Capitaine : Basse-Terre (Guadeloupe), 12 août 1856. «e. Parmi les produits que je vous envoie, vous trouverez une racine que je recommande à votre investigation ; elle est connue dans le pays sous le nom de Manioc à Gouti ; on l'emploie contre les gonorrhées; on dit qu'elle fait uriner beaucoup ; elle donne à l'eau la propriété de mousser par l'agitation, peut-être parce qu'elle contiendrait dela saponine. L'herbier ne contient que les feuilles de cette plante ; dans une récente excursion, que je suis allé faire dans le quartier des habitauts, je l'ai trouvée en fleur pres du bourg du Baillif, sur le bord du rivage, oü la plante forme, par l'entre- lacement de ses branches sarmenteuses fines et longues, une haie touffue de prés de deux mètres de hauteur. Un seul pied envahit souvent un grand espace de terrain. Les feuilles sont bipinnées. Je suis très porté à croire que c'est l'Entadu polystachya DC. et non pas le Fillæa amorpha, comme le pense M. L'Herminier père. On ne trouve nulle part la description duFillæa : amorpha, et Walpers (Rep. bot., vol. V, p. 576) n'indique que deux Fillæa qui sont des arbres d'Afrique; de plus il dit que les folioles en sont peu nombreuses, assez grandes et alternes, ce qui n'est pas le cas ici. Dans notre plante, les fleurs sont sessiles, d'un blanc sale, innombrables, disposées en longues panicules horizontales de trente à cinquante centimètres, formées d'épis simples ou géminés et dressés vers le ciel. Toutes les fleurs que j'ai examinées m'ont offert les deux sexes réunis, mais presque toutes tombent. Elles ont un trés petit calice, d'un millimètre de longueur, à cinq dents ar- rondies ; la eorolle composée de cinq pétales oblongs, soudés entre eux à la base, trois fois plus longs que le calice, à estivation valvaire ; dix éta- mines, monadelphes à la base, un peu plus longues que les pétales, à antheres terminées par une petite glande ; un ovaire glabre, linéaire, terminé par un Style un peu tortueux, obtus au sommet et renfermant dans son intérieur Une douzaine d'ovules. L Entada polystachya ne se trouve pas à l'intérieur des forêts; il vient sur le bord du rivage, où il couvre souvent une grande étendue de terrain. On le trouve aussi sur les collines arides du Vieux-Fort, et on le rencontre Souvent sur les bords escarpés des rivières qui coulent près de la Basse-Terre. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Verhandlungen der Section fuer Botanik und Pflanzen- physiologie, etc. (Mémoires de la Section de Botanique et de Physio- logie végétale au trente-deuxième congrès des naturalistes et médecins allemands, tenu à Vienne du 16 au 22 septembre 1856, anal» sés d'apres le journal quotidien quia été publié à cette occasion, et aussi d’après des notes particulières, par le professeur-docteur Fürnrohr. Flora , n^ 38, 39, 40 et A1), 14, 21, 28 octobre et 4 novembre 1856. Le trente-deuxième congrès des naturalistes et médecins allemands, qui à eu lieu à Vienne au mois de septembre 1856, avait réuni un nombre con- sidérable de savants et d'amateurs des diverses branches des sciences natu- relles et médicales. TI s'y trouvait environ neuf cents membres ayant voix délibérative et à peu prés autant d'assistants venus de toutes les parties de l'Allemagne et de l'Europe. La section de botanique en particulier y comp" tait soixante-dix membres, parmi lesquels se trouvaient des botanistes alle- mands très avantageusement connus et quelques étrangers. Son président, choisi par acclamation le premier jour, était M. Alex. Braun. Elle a reçu communication de nombreux travaux, dont plusieurs ont un grand intérét, et, en outre, il y a eu dans son sein des discussions trés savantes dans les- quelles diverses questions ont été traitées à fond et parfaitement élucidées. Nous devons savoir gré au docteur Fürnrohr d'avoir présenté dans la Flora une analyse de tous ces travaux, dans laquelle il en résume les principales données en s'aidant tant des comptes-rendus officiels publiés chaque jour par le congrès que des notes que lui-même avait pu prendre. Nous croyons rendre service aux lecteurs du Bulletin en résumant à notre tour cette anà- lyse de manière à présenter dans un cadre aussi restreint que possible les résultats des principaux travaux communiqués au congrès. Nous sui vroDs nécessairement iei l'ordre de date adopté par M. Fürnrohr. Mais nous ne ferons entrer dans notre cadre que les mémoires et ouvrages qui ont élé présentés sans avoir été déjà livrés à la publicité, et nous laisserons de cóte ceux qui ont été simplement matiere de conversation. Séance du 17 septembre, 1. Sur la place des Ambrosiacées dans le système; par le docteur C. H. Schultz. Bipont. Les Ambrosiacées avaient été séparées par Link des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 615 Cassiniacées ou Composées, à cause de leurs anthères non soudées ; mais De Candolle les a replacées dans cette grande famille, dans laquelle il les a rattachées aux Hélianthées. M. Schultz pense que la non-soudure des an- theres justifie d'autant moins leur séparation en famille distincte que d'autres genres de Composées présentent de nombreux passages de la liberté à la syngénésie des étamines. Il croit aussi que la véritable place des Ambrosia- cées ne se trouve pas prés des Hélianthées, mais près des Artémisiées. Il v attribue pas d'ailleurs une grande valeur aux relations des organes sexuels entre eux. 2. Sur la transformation de Y Ægilops en Blé; par M. Berthold Seemann. — Cette communication a pour objet de rappeler les expériences par les- quelles M. Regel à obtenu un hybride de l'ZZgilops ovata fécondé par le pollen du Zriticum vulgare. Cet hybride correspond à l’Ægilops triticoides ; seulement, il n'a pas les caracteres génériques des Æ'gilops, mais ceux des vrais Triticum. M. Seemann rappelle aussi que M. Henslow a réussi récem- ment à produire un hybride analogue entre l’Æyilops squarrosa et le Tri- ticum turgidum. 3. Sur quelquesvégétaux parasites microscopiques du genre Chytridium ; par M. Alex. Braun. — L'auteur présente les planches de ce travail qui, depuis sa présentation au congrès, a paru dans les mémoires de l'Académie de Berlin, et il expose ensuite le développement d'une espéce nouvelle, le Chytridium anatropum , parasite sur les touffes des Chetophora. Dans sa jeunesse, ce végétal est formé de cellules arrondies, qui sont fixées aux fila- ments de la Conferve, et qui insinuent plus tard une radicelle dans l'inté- rieur de celle-ci, Ces cellules perdent peu à peu leur nucléus, leur contenu se trouble, et l'on voit se former leurs zoospores, distinguées par un trés long cil simple et par une grosse goutte d'huile dans leur intérieur. Plus tard la cellule s'ouvre et les zoospores en sortent. Ensuite, une autre sorte de développement consiste en ce que la cellule conserve sa forme arrondie sans s'étendre comme dans le premier cas. Son nucléus grossit extraordi- nairement, la cellule se colore en jaune rougeátre et prend les caractères d'une spore immobile. Un autre parasite qui se trouve dans l'atmosphère Mucilagineuse des Chætophora appartient au genre Rhizidium et se dis- tingue parce qu'il est formé de deux cellules. I n'en a d'abord qu'une qui est arrondie, qui devient ensuite pyriforme et se ramifie à son extrémité rétrécie. Plus tard elle développe une cellule latérale, ou se ramasse le con- tenu granuleux et qui produit les zoospores distingutes, comme celles des Chytridium, par un eil simple et par un noyau oléagineux. Cette espèce forme également des spores immobiles, dont l'auteur na pu observer la fécondation. h. Sur la production d'embryons sans fécondation préalable; par M. Alex. Braun. — Dans cette communication, M. Alex. Braun a pris d'abord pour 616 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. exemple le Cælebogyne ilicifolia, Euphorbiacée ‘dont l'individu femelle, cultive à Kew depuis 1829, n'a jamais présenté de fleurs mâles et produit cependant chaque année de bonnes graines, desquelles sont provenus d'au- tres pieds femelles, L'étude qu'en ont faite avec le secours du microscope MM. Pringsheim et Deecke leur a montré un sac embryonnaire conformé comme de coutume, et une formation d'embryon tout à fait normale. Ce- peudant la plante est véritablement dioique, comme le montre l'unique échantillon mále qu'on en connaisse qui se trouve dans l'herbier de M. Hooker, et qui a été recueilli par Cunningham. Un autre exemple est fourni par le Chara crinita, espèce largement répandue, dont on ne ren- contre partout que des individus femelles, desquels proviennent quantité de fruits et de graines susceptibles de germer sans fécondation préalable. M. Alex. Braun n'en connait qu'un individu mále conservé dans un herbier à Montpellier. Ces faits et d'autres semblables, dit l'auteur, rendent vrai- semblable l'existence dans quelques végétaux, méme supérieurs, du phéno- mene que M. Siebold a nommé Parthénogénèse, et que ce savant a observé chez quelques insectes, notamment chez les Abeilles. 5. Sur l'organisation et le développement du Volvox globator; par M. Ferd. Cohn. — Cet être remarquable, placé à la limite des deux règnes organiques, est, à proprement parler, une agrégation de cellules qui a la forme d'un globule creux, rempli d'un liquide aqueux, et qu'entoure un manteau de cellules dont les membranes forment des mailles hexagonales. Le contenu de ces cellules ne les remplit que partiellement ; il est vert et possède deux cils qui s'étendent dans l’eau environnante (cellules primor- diales). Ces cellules présentent deux sortes de multiplication, l'une non sexuelle et l'autre sexuelle. La première a lieu, comme dans les Palmellées, par des divisions successives. Une cellule partage son contenu, par forma- tion de cloisons, en plusieurs centaines , méme en milliers de cellules qui arrivent dans l'intérieur duglobule et s'y agitent. Pour la propagation sexuelle, il se produit d'abord des cellules mâles et femelles. Les cellules inférieures sont principalement femelles et se distinguent par un renflement en forme de bouteille dirigé vers l'intérieur. Dans les cellules máles, le con- tenu se partage en 4-8 cellules-filles, et ensuite on voit dans l'intérieur de celles-ci un disque tournant composé de petits corps nombreux en forme de petits bátons. Ceux-ci ont une queue extrémement contractile, à la base de laquelle se trouvent deux cils qui servent au mouvement, Plus tard ces corps se séparent, s'agitent dans le peu d'espace que leur offrent les cellules- mères et se font par là reconnaitre pour des spermatozaires. Ils se glissent enfin, probablement en perforant la paroi cellulaire, dans la cavité du glo- bule, s'y ramassent autour des cellules femelles et pénètrent dans l'inte- rieur de celles-ci. Aprés cette fécondation, il se forme une membrane at- tour du contenu de la cellule femelle (spore primordiale), et de là résulte la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 617 eellule-spore, dont le contenu se transforme en huile rouge et en fécule. Ces différents états du Vo/voz ont été considérés en partie par les auteurs comme des espèces particulières. Ainsi le V. globator Ehrenb. est la forme non sexuée; le Sphærosira Volvox Ehrenb. est la forme sexuée avec individus mâles et spores non fécondées ; le Volvox aureus Ehrenb. est la forme sexuée avec spores non müres ; le V. stellatus Ehrenb. est celle avec des spores müres. Les mêmes modes de multiplication s'observent aussi dans beaucoup d'autres Volvocinées ; seulement celles-ci sont dioiques, tandis que le Volvoz est toujours une famille monoique. Séance du 18 septembre. 6. Sur la fécule, par M. Naegeli. — Les grains de fécule sont ou simples ou composés. Dans ce dernier cas ils sont formés ordinairement d'une grande quantité de grains partiels, dont le nombre s'éleve jusqu'à 30,000, et dont les plus petits ne cubent que 0,0000000004 de millimètre. Les grains simples sont composés de couches alternativement plus denses et suscepti- bles de bleuir par l'iode, moins denses et susceptibles de prendre une teinte rougeátre. La disposition des couches permet de distinguer plusieurs groupes, savoir : les grains à noyau central, globuleux, oblong, lenticulaire. Souvent les couches sont excentriques autour du noyau; souvent aussi l'on observe des grains à couches irréguliéres. Les grains composés sont formés de grains partiels dont le groupement est plus ou moins irrégulier, et dont les formes varient beaucoup. L'eau pénétre la fécule qui en contient, à l'état frais, 0 à 50 pour 100, à l'état sec 20 pour 100. Cette eau est inégalement dis- tribuée dans les différentes parties des grains; elle est au maximum dans le centre de ceux dont le noyau est central, tandis qu'elle offre deux points à maximum dans ceux dont le noyau est excentrique, l'un au milieu, l'autre dans le noyau. La dessiccation donne naissance à des crevasses qui rayon- nent toujours autour du noyau et qui coupent les couches à angle droit. La dissolution ct le gonflement des grains de fécule sont très importants à con- sidérer. La dissolution peut avoir lieu ou bien de dehors en dedans ou bien en sens inverse. Le premier mode résulte de l'action d'agents qui attaquent le grain par l'extérieur sans pénétrer à son intérieur ; tels sont la diastase, les Champignons, comme dans la maladie des pommes de terre, et la ptya- line sous l'action d'une température de 39 à 62* C. Pendant leur dissolution graduelle, les grains de fécule subissent quelquefois des altérations trés di- Verses, souvent leurs couches n'etant pas attaquées ni dissoutes uniformé- ment sur tous les points, d'où résultent pour eux des formes réticulées ou autres. Quelquefois, autour d'un grain qui est en train de se dissoudre, il s forme une couche simple ou multiple de protoplasma. Cette couche pren la forme d'une vésicule dans laquelle se développent des granules qui s'al- longent ensuite, deviennent fusiformes, se meuvent, et que M. Naegeli re- 618 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. garde comme des Monades. Le gonflement des grains est déterminé par l'eau bouillante, la torréfaction, les acides dilués et les alcalis. Leur portion la plus molle est celle qui se gonfle le moins, la plus consistante est celle qui s'enfle le plus; le plus fort gonflement peut se produire tant dans la direc- tion radiale que dans la direction tangentielle. Par là s'expliquent le sens des crevasses et les altérations diverses que subit la forme des grains. La torré- faction fait d'abord disparaitre les couches molles et donne naissanceà des fentes qui séparent les couches denses les unes des autres; le grain entier en prend souvent une apparence réticulée, comme dans le cas d'une disso- lution par l'extérieur. Quant à la composition chimique des grains de fécule, il existe deux opinions différentes, les uns les considérant comme homogènes et formés tout entiers de fécule, tandis que les autres y admet- tent un noyau de féeule et une enveloppe de cellulose. D'apres les observa- tions de M. Naegeli, basées principalement sur l’action exercée par la ptya- line, la fécule et la cellulose sont réparties uniformément dans le grain de fécule ; ia cellulose n'y constitue pas des couches distinctes et séparées, mais toutes les couches consistent à la fois en fécule eten cellulose. Le noyau n'est pas un espace vide, mais il est composé de la méme substance que les couches. Aprés l'action du dissolvant, il reste comme un globule solide qui bleuit par l'iode et qui se dissout ensuite à son tour. On avait eru jusqu'à ce jour que la fécule n'existait que dans le règne végétal; mais tout récemment M. Virchow en a trouvé dans le cerveau des grains qui ne diffèrent en rien de ceux qui existent dans les plantes. Le bleuissement des organes par l'iode ne suffit pas pour y faire reconnaitre la fécule qui s'y trouve ; ainsi le tégument des graines de Chelidonium renferme des grains de fécule qui ne bleuissent pas, mais qui rougissent par l'iode, et que cette substance ne bleuit qu'aprés leur dessiccation. On ne trouve pas de fécule dans les Cham- pignons ni dans nombre d'Algues, principalement rouges, comme Chroo- lepus, Bangia, Thorea, Lemanea , Chantransia, Porphyra, etc., tandis qu'elle existe en quantité considérable dans les renflements tubéreux du Vaucheria tuberosa; 4^2 familles de plantes n'ont pas de fécule dans leurs graines; 29 l'y présentent en grains toujours caractérisés par un noyau central. Souvent la fécule manque dans les graines dans les premiers temps de leur développement ; elle s'y montre eusuite et elle disparait encore plus tard. De là il arrive souvent que des graines renferment de la fécule avant leur maturité, et seulement de l'huile à leur maturité. L'importante communication de M. Naegeli a captivé l'attention du con- grés pendant prés de deux heures. En outre, le savant professeur de Zurich l'a complétée le méme jour dans une réunion particulière par un expose de l'organogénie des gràins de fécule, dont voici le résumé : A toutes les phrases de leur développement les grains de fécule sont en tièrement pleins. Ils s'aceroissent par intussusception, non par apposition REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 619 de couches nouvelles à l'extérieur; la preuveen est, d'un côté, qu'on voit dans leur intérieur diverses formations qui ne se montrent jamais dans l'état d'isolement; d'un autre cóté, que dans quelques cas ils deviennent assez gros avant de montrer des couches dans leur intérieur. Tous les grains sont d'abord globuleux et formés d'une matière dense ; ensuite se forme le noyau moins dense. Tout l'accroissement ultérieur est dû à ce que le noyau se di- vise concentriquement en un nouveau plus petit et en couches : en outre, à ce qu'une couche se partage en trois. Cet accroissement est très faible à la surface du grain, et il va en augmentant graduellement vers l'intérieur, Quand le noyau est trés excentrique, le grain possede deux foyers de for- mation de couches, le plus faible au centre des couches, le principal au centre mathématique. La formation des grains composés et demi-composés est due le plus ordinairement à ce que le noyau se divise en deux, que cette divisiou se répéte un plus ou moins grand nombre de fois, et que les nou- veaux noyaux deviennent des grains partiels par suite de la production abondante de la substance interne. Tantót les divisions en deux se succèdent de telle sorte, que le grain originairement simple devient promptement un agrégat de 4 à 30,000 granules partiels qui peuvent ensuite acquérir une grosseur assez uniforme et souvent aussi une configuration, une disposition régulières ; tantôt la division et le grossissement alternent pendant toute la durée de la vie. Un fait rare consiste en ce que des noyaux nouveaux pren- nent naissance entre les couches et se développent en grains partiels. Lors- qu'il se produit des grains partiels dans l'intérieur d'un grain primitivement simple, il se forme ordinairement des fentes qui séparent ceux-cí les uns des autres. Dans les grains demi- composés, les couches externes communes à l'ensemble restent continues. Si les fentes arrivent jusqu'à la surface, le grain demi-composé devient composé. On peut voir ces faits à tous les de- grés dans la fécule de la pomme de terre et des rhizomes de Canna. Dans les grains de fécule des graines de Thalia, Tinnantia, ete., il ne se produit pas de fentes entre les grains partiels, d'oü ces grains composés ressemblent à un parenchyme à petites mailles et à parois épaisses. Lorsqu'il naît de nouveaux noyaux entre les couches, ce qui a lieu généralement vers la pé- riphérie du grain, il se forme une fente arquée au cóté interne du noyau partiel. Celui-ci peut méme traverser jusqu'à la surface les couches recou- vrantes. De là proviennent les formes qui présentent beaucoup de petits grains attachés à un gros. Tous les grains composés ne se forment pas par division, Souvent les parties vertes montrent dans un grain de chlorophylle plusieurs grains séparés dans l'origine qui se soudent ensuite entre eux par pression réciproque. Une formation tout à fait particuliere se montre dans les Zygnémacées et d'autres Algues oü les grains de ehlorophylle forment un giobule creux de fécule qui renferme du protoplasma et qui se décom- pose plus tard, par division radiale, en une couche de grains partiels. 620 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Séance du 19 septembre. 7. Communications diverses du professeur Schnizlein. — a. Sur une particularité nouvelle de la végétation de l'Ophioglossum vulgatum. — Ce fait, qui parait avoir échappé à tous les observateurs, qui n'est pas méme mentionné dans l'ouvrage récent de M. Mettenius, est que F Ophioglossum développe en terre un rhizome horizontal, rampant, filiforme, qui émet à des intervalles de 5-7 centimètres les tiges aériennes regardées par tout le monde comme isolées. Les bourgeons qui en proviennent donnent les tiges et frondes, végetent pendant trois ou quatre ans et meurent ensuite, les pos- térieurs les premiers, tandis que le rhizome continue de s'allonger eu avant. — b. Sur l'embryon des Cuscutes. M a été regardé jusqu'à ce jour comme indiviset sans cotylédons ; mais l'auteur rapporte une observation de laquelle il résulte que, à un certain moment, on voit à une de ses extrémités deux petits cotylédons bien apparents. — c. Le Disophylla stellata, Labiée de la Nouvelle-Hollande, possède des feuilles verticillées, comme celles des Hippuris, et des fleurs régulieres. Un échantillon a présenté des transitions dela disposition verticillée à celle en spirale. — d. Dans uu capitule de Spilanthes oleracea, M. Schnizlein a remarqué deux ou trois fleurs à 5 styles et plusieurs à 3-4 styles opposés aux pétales. Les étamines étaient normales ; l'ovaire renfermait deux ovules. 8. Sur la transpiration des plantes; par le docteur Sachs, de Leipzig. — Les recherches de l'auteur ont eu pour but : 1? de déterminer jusqu'à quel point on peut conclure des expériences faites jusqu'à ce jour sur ce sujet à ce qui se passe dans la nature; 2° de reconnaitre quelles dispositions on devrait adopter pour observer les plantes dans des conditions aussi naturelles que possible. Toutes les méthodes employées jusqu'à ce jour sont défectueuses. Le résultat le plus général des expériences a été que l'évaporation par la plante dépend de toutes les circonstances qui influent sur l'évaporation libre. Mais, dans un temps douné, la quantité d'eau évaporée par la sur- face des feuilles est plus faible que celle qui provient d'une surface égale de liquide. Si cette dernière quantité est prise pour unité, l'auteur trouve que le Peuplier blanc évapore 4/3, V Helianthus 1/5, le Dracæna 1/1, le Gloxinia 1/4. Ces chiffres sont les moyennes horaires déduites d'observa- tions de deux à cinq jours. Mais on ne peut en déduire la marche réelle de la transpiration, puisque le maximum déterminé par le soleil et le vent est 4-6 fois plus fort que le minimum qui a lieu pendant les nuits humides. M. Sachs n'a jamais vu d'absorption de l'humidité de l'air par les plantes. Il a confirmé le résultat obtenu par Hales, que les végétaux toujours verts évaporent moins que les autres. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 621 Séance du 20 septembre. 9. Sur la cladomanie (Gabler Krankheit) de la Vigne, par M. Kalbrunner. — Cette maladie a pour effet de faire de la vigne un arbrisseau buissonnant qui ne fructifie pas. Elle parait étre due à la nature du sol. 10. Sur l'erganisation florale des Delphinium, par M. Al. Braun. — M. Al. Braun commence par combattre la théorie de De Candolle, « d’après laquelle la présence ou la disparition de certaines parties des fleurs est expliquée par un dédoublement ou un avortement. » Il montre qu'on rend mieux compte de la disposition des organes floraux par les lois de la phyl- lotaxie. Il parle aussi des travaux récemment publiés sur l'organogénie flo- rale, tels que ceux de MM. Schleiden, Payer, ete., et il montre qu'ils ne Sont pas toujours capables de donner une explication complète des rapports morphologiques des fleurs. Il passe eusuite à l'examen spécial de la fleur des Delphinium. Aprés deux préfeuilles situées à deux niveaux différents, d'après l'expression 1/2, vient un calice coloré, de 5 sépales qui, par la ma- nière dont ils se recouvrent, indiquent un quinconce 2/5. La fleur, irrégu- liére, variant de forme avec les espèces, consiste tantôt en une seule feuille, tantôt en plusieurs. Quant au nombre de celles-ci, Batsch pensait qu'il y en avait réellement quatre, parfois soudées en une seule. Mais une soudure n'est pas vraisemblable dans les Renonculacées. Un examen attentif montre les quatre pétales des Delphinium formant un demi-cercle au côté antérieur et laissant un espace vide tout aussi grand. Il en est de méme dans les Aco- nitum. Ici deux pétales forment les prétendus nectaires, et les autres se montrent comme de petites pointes autour des étamines. Dans les A igella tous les pétales sont développés. Dans les moustruosités de Delphinium Consolida, à un deuxième ou méme un troisième pétale éperonné corres- pondent aussi des sépales éperonnés. Ceci semble indiquer une fleur pen- tamère dont un seul pétale s'est développé. Le nombre des étamines varie beaucoup dans les divers Delphinium, et elles forment daus la fleur 5,8, 13, 21, jusqu'à 34 séries. Elles répandent leur pollen dans | espace de cinq à huit jours en succession régulière, etlestigmate ne s ouvre qu apres toutes les anthéres. Les carpelles varient de un à cinq, et leur situation se rattache immédiatement à celle des étamines. Les Delphinium présentent un exemple de différentes dispositions d'organes dans les fleurs d'un même genre. M. Braun ne croit cependant pas qu'on doive former parmi eux des genres distincts et séparés. o. , 44. Sur la nécessité de la collaboration des chimistes et des botanistes- géographes, par M. Sendtner. — L'auteur de cette communication croit cette collaboration indispensable pour une solution de la question relative aux rapports des plantes avec le sol. Il indique certains faits connus des bota- nistes qui ne peuvent être éclaircis que par des chimistes, entre autres l'in- 622 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fluence de la chaux sur la végétation. Il pense que les Cryptogames, sur- tout les Lichens et les Mousses, sont partieuliérement propres à faire eonnaitre les rapports entre les plantes et le sol, parce qu'ils offrent, par rapport à celui-ci, la plus grande dépendance, et qu'ils préparent en quelque sorte le terrain pour les végétaux d'ordre plus élevé. L'auteur recommaude aussi l'examen ehimique de l'eau des ruisseaux et des laes qui ne touchent qu'à une seule roche, comme le moyen qui permet le mieux de reconnaitre quels sont les éléments des roches que l'action des agents atmosphériques rend solubles. 42. Sur les rapports de la flore des périodes anciennes avec celle de l'époque actuelle, par le docteur Kerner. — Après avoir montré l'influence importante que la végétation des périodes anciennes exerce sur la délimi- tation actuelle des aires géologiques, l'auteur examine en détail la circon- scription de la terre ferme, les conditions climatériques, la faune et la flore de l'époque diluvienne choisie comme la plus importante pour la genèse de la flore des temps historiques. Le peu de restes de végétaux decette période qui appartiennent à des espèces actuellement vivantes montrent que la flore diluvienne ne différait pas ou différait peu de celle des temps historiques, et quelques faits rendent vraisemblable ce fait, que les espèces aujourd'hui alpines s'étendaient alors beaucoup plus bas. A la fin de la série d'années froides de la période diluvienne, les limites inférieures de la végétation alpine se sont relevées; aujourd'hui on trouve encore des sortes d'oasis alpines bien séparées de la végétation alpine normale dans quelques gorges ombragées, exposées au nord et sur des parois de rochers rafraichies par des sources. M. Kerner a fait connaitre plusieurs de ces localités, pour les- quelles on ne peut guère admettre que les graines des plantes alpines qu'on y trouve soient descendues de points voisins élevés; il décrit une gorge étroite, dont la hauteur moyenne est de 630 mètres, et où, sur des rochers ombragés, exposés au nord, on trouve le Pinus Mughus, Salix glabra, Rho- dodendron hirsutum et Chamæcistus, Saxifraga cæsia, Senecio abrotant. folius, Achillea Clavenne , et beaucoup d'autres plantes alpines qui ne peuvent avoir été entrainées des hauteurs voisines sur lesquelles cette végé- tation alpine manque complétement. 13. Sur la formation des îles du Danube dans le milieu du cours de ce fleuve ; par M. Siegfr. Reissek. — Les iles du Danube se forment, les unes par séparation de la terre ferme, les autres par des dépóts et des atterrisse- ments auxquels la végétation contribue puissamment. Le premier dépôt, conséquence des grandes crues et de la débácle des glaces, consiste en pierres calcaires et en blocs de gres. Lorsque le niveau de l'eau baisse, il s'y développe des Saules, le plus souvent le Salix purpurea. Ces Saules deviennent trés buissonnants par l'effet des blessures que leur font les pierres entrainées par le fleuve dans ses fortes crues. Par suite, ils retiennent le sable REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 625 qui forme un moutieule autour de chacun d'eux. Ces monticules se joignent, s'aplanissent à leur sommet, et il résulte de là une couche de sable épaisse de 2 ou 3 métres, c'est-à-dire une ile, que recouvre une végétation de buissons à moitié enfouis dans le sable et à moitié dégagés. C'est sur le sol ainsi créé que prennent ensuite naissance des générations successives de végétaux dont voici la série. Les Salix purpurea, riparia, le. Myricaria germanica appartiennent toujours à la premiere génération. La seconde est signalée par l'apparition de l'A/nus incana, du Populus alba, du Cornus sanguinea. Le Fraxinus excelsior, V Ulmus campestris, V Acer campestre, le Quercus pedunculata, les Pyrus Malus, communis, ete., constituent des générations plus tardives. Lorsque apparait la seconde génération formée d'arbres à tronc distinct, s'élevant au-dessus de la premiere végétation buissonnante, celle-ci périt, ainsi que le Phragmites communis qui l'ac- Compagnait et qui était aussi en partie enfoncé dans le sable. Séance du 22 septembre. 14. Sur les organes moteurs et les mouvements des Oscillatoires ; par le docteur Hermann Karsten, — Dès 1834, l'auteur avait eru reconnaitre que les mouvements d’une Oscillatoire étaient dus à des cils situés à chaque article. Plus tard, en Amérique, il a observé un fait analogue sur une autre espèce, et il en est venu à penser que chaque article des filaments de ces Algues porte une couronne de cils. Jl ajoute que le mouvement de ces fila- ments s'exécute en tournant en spirale. MM. AI. Braun et Cohn ne croient pas à l'existence de ces cils, qu'ils n'ont jamais pu voir. 15. Sur la plante qui produit V'élémi du Mexique ; par M. Batka. — Dans des échantillons de cette résine, M. Batka a trouvé des feuilles ailées à 2-3 paires, à pétiole ailé, qui lui paraissent indiquer une Térébinthacée du genre Elaphium. Aussi nomme-t-il provisoirement ce végétal, auquel est due la résine élémi du Mexique, Elaphium Elemi. Ce sont là toutes les communications botaniques soumises au Congres allemand qui nous semblent de nature à figurer, sous forme de résumé succinct, dans la Revue bibliographique du Bulletin. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Welche Ursachen bewirken die Erweiterung und Ve- rengung der Spaltoeffnungen ? (Quelles sont les rauses qui produisent la dilatation et le resserrement des stomates?) ; par M. Hugo V. Mohl (Botan. Zeitung des 3 et 10 octobre 1856, n° ^0 et M, col. 697-704, 713-721, plane. xir). Les premiers observateurs qui se sont occupés de l'examen des stomates 624 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ont reconnu que ces ouvertures percées dans l'enveloppe épidermique de plantes s'ouvrent ou se ferment selon les circonstances. Mais fort peu de bo- tanistes ont eherché à reconnaitre les causes qui produisent dans ces organes ces changements remarquables, et ceux-là méme sont arrivés sous ce rap- port à des idées totalement différentes. Banks pensait que les stomates se ferment par la sécheresse et dés-lors il regardait comme certain qu'ils sont destinés à l'absorption de l'eau de la pluie et des rosées. J.-J.-P. Molden- hawer avait eru voir, au contraire, qu'ils restent fermés les jours de pluie et les nuits où la rosée est abondante. De son côté, M. Amici a vu constam- ment que ees orifices sont largement béants lorsque les plantes sont à see et frappées par le soleil, tandis qu'ils sont moins ouverts ou méme fermés pendant la nuit. Il a reconnu qu'une goutte d'eau posée sur l'épiderme sous le microscope suffit pour le faire fermer. Cependant il croit qu'ils ne servent pas à la transpiration, mais bien à l'expiration de l'oxygene. Dès ses premières recherches sur ce sujet M. H. v. Mohl a vu que les choses ne se passent pas pour les stomates avec autant de simplicité qu'on l'a cru, mais que, sous l'influence de circonstances extérieures semblables, ils se comportent de manières très différentes, de telle sorte que les opinions très divergentes de Banks, de Moldenhawer et d'Amici sont toutes également fondées dans certains cas. Il a choisi pour ses observations des plantes mono- cotylédones à cause de la grandeur que les stomates ont généralement chez elles. Il a examiné les feuilles entières éclairées parfois par dessus, plus sou- vent par dessous, et il n’a arraché l'épiderme afin de l'étudier que pour con- firmer ainsi les résultats obtenus déjà d'autre manière. Pour expulser l'air qui rend l'observatian trés difficile ou méme impossible il s'est servi de la machine pneumatique dont l'effet est extrémement rapide, et qui, d'ailleurs, a l'avantage d'augmenter la transparence de la feuille en obligeant ses méats intercellulaires à se remplir d'eau. Avant tout M. Hugo v. Mohl expose la maniere d'étre des deux cellules stomatiques, dont les descriptions et les figures données jusqu'à ce jour sont, dit-il, presque sans exception, inexactes. Généralement ces deux cel- lules portent sur leur face externe une saillie périphérique, formée souvent d'une membrane mince (Lilium candidum, Orchis latifolia), parfois con- sistant en un fort épaississement de la paroi cellulaire (Amaryllis formo- sissima, surtout Clivia nobilis). Cette saillie forme une fente située en avant de celle du stomate ou de l'ostiole. L'espace qui règne entre les deux est l'antichambre (Vorhof) du stomate, ses parois sont formées par les parois latérales des deux cellules stomatiques. Une saillie périphérique analogue se trouve dans la plupart des plantes sur le côté de ves cellules inferieur à l'ostiule, par conséquent sur leur portion qui constitue le plafond de la chambre aérienne sous-stomatique. L'espace situé entre cette saillie et l'os- tiole est l'arriére-chambre (Hinterhof). En examinant un stomate au mi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 625 eroscope et en élevant graduellement le porte-objet, on voit successivement l'ouverture de l'antichambre, l'ostiole proprement dit et l'ouverture de l'arrière-chambre. — Quant aux parois des cellules stomatiques, leur épaisseur varie généralement beaucoup sur les différents points de leur coupe verticale, leur portion la plus épaisse correspondant d'ordinaire aux deux petits murs qui limitent l'antichambre et l’arrière-chambre. Comme les cellules de l'épiderme entre lesquelles le stomate est enchássé doivent agir sur celui-ci selon qu'elles se gonflent par l'afflux de suc ou se désenflent par sa diminution, M. H. v. Mohl a cherché à éliminer cette action perturbatrice en faisant des coupes de feuilles de manière à ouvrir les deux cellules épidermiques qui forment comme le cadre du stomate. Alors il a vu constamment, sur l'Amaryllis formosissima, que les cellules sto- matiques dilataient considérablement dans l'eau l'ostiole situé entre elles, le fermaient, au contraire, complétement dans l’eau sucrée. Il a pu pro- duire à volonté et alternativement cette dilatation et ce resserrement en déterminant avec l’eau pure et l'eau sucrée la turgescence et le déronflement des cellules stomatiques. La turgescence de celles-ci a done pour effet d'ouvrir l'ostiole. Dans beaucoup de plantes (Pancratium illyricum, Lilium Martagon, L. bulbiferum, etc.) il suffit d'arracher l'épiderme pour voir se produire ces deux effets avec les deux liquides. 1l est aussi des plantes dans lesquelles le stomate exéeute librement ses mouvements, quoique restant enchâssé dans l'épiderme intact, et qu'on voit des lors ouvrir leurs stomates dans l'eau (la plupart des Orchidées indigènes et à un moindre degré Lilium Martagon, L. bulbiferum, L. candidum). Ces der- nières plantes forment un contraste frappant avec la majorité dans laquelle les stomates des feuilles intactes se ferment par l'action de l'eau. Les Gra- minées présentent un bon exemple de cette marche générale du phénomene. La différence saillante qui existe entre cette fermeture ordinaire des stomates par l'humidité dans les feuilles entières et leur ouverture dans ces mêmes feuilles débarrassées artificiellement de l'influence des cellules epidermiques adjacentes, ne peut tenir qu'à la prédominance de celte derniere action dans le premier cas. M. H. v. Mohl expose avec soin les détails de ce phénomène tels qu'ils les a suivis dans l'Amaryllis formosissima. Dans cette plante le Contour général du stomate varie beaucoup selon que l'ostiole est ouvert où fermé ; à peu près cireulaire dans le premier cas, il devient elliptique dans le second. Les cellules stomatiques sout donc simplement passives, et c'est le gonflement ou le dégonflement des cellules épidermiques qui amene les mouvements de l'ostiole. L'expérience a confirmé l'exactitude de cette idée, La diminution de l'eau dans les cellules épidermiques détermine aussi la fermeture des stomates sur les feuilles qui se fanent. Mise daus l'eau, une de ces feuilles fanées, en absorbant rapidement, ouvre d'abord très largement ses ostioles pendant 5 minutes, après quoi continuant d absorber, elle les WM T. U. 6268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rétrécit et finit par les fermer tout à fait. Cet antagonisme des deux cellules du stomate et des cellules épidermiques qui l'eneadrent est un fait remar- quable et très explicatif. D'un autre cóté, M. H. v. Mohl rapporte des observations desquelles il semble résulter la preuve que, sous l'action de la lumière et de la chaleur, tout à fait indépendamment de l'humidité, le pouvoir d'absorption des cel- lules stomatiques augmente comparativement à celui des cellules de l'é- piderme. De là ees petits appareils se comportent dans la seconde moitié du jour, où la lumière a pu agir plus longtemps sur eux, tout autrement que dans la première moitié. Ainsi sur des feuilles de Mais fraichement coupées, à 9 heures du matin, tous les ostioles étaient fermés. A 10 heures ces feuilles furent mises au soleil. Vers 2 heures tous les stomates étaient bieu ouverts, mais ils se fermaient rapidement lorsqu'on mettait la feuille dans l'eau. Vers 4 heures ces mêmes stomates, égalements béants, ayant été mis dans l'eau, restèrent ouverts pendant une demi-heure et apres trois quarts d'heure d'immersion, beaucoup étaient encore bieu ouverts. On peut se demander si la forme de croissant qu'offrent les deux cellules d'un stomate leur appartient en propre, ou si elle est une simple conséquence de leur gonflement par l'eau. Si elle ne résulte que de leur turgescence, elles devraient s'affaisser en quelque sorte et fermer le stomate lorsqu'elles seraient abandonnées à elles-mémes. C'est, en effet, ce que M. H. v. Mohl croit pouvoir conclure de ses observations. On peut aussi se demander comment il se fait que le gonflement de ces cellules a pour effet de les courber. Le fait est assez difücile à expliquer. L'auteur a pris plusieurs mesures de la largeur de ces utricules et ila vu par là que leur portion située en dehors de l'antiebambre ne contribue que fort peu à l'ouverture ou à la fermeture de l'ostiole, et que ces mouvements résultent à peu pres uniquement des changements de forme subis par leur portion qui circonscrit immédiatement le stomate. Comment se fait-il donc, dit M. H. v. Mohl, en terminant, que cette portion de la paroi cellulaire se contraete lorsque l'absorption de l'eau agrandit le stomate, puisque la cavité de ces mêmes cellules a dû être dilatée par l'effet méme de cette absorption? Cela tient évidemment à ce que les eellules stomatiques gagnent alors considérablement en dimensions vers la profondeur de la feuille, ce qui fait que leur section, qui était auparavant plus ou moins arrondie, devient plus ou moins elliptique et qu'elles con- tractent ainsi leur paroi latérale la plus mince qui est en méme temps libre autour du vide formé par l'ostiole. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 627 Mémoire sur P'Ægilops triticoides, et sur les questions d’'hybridité, de variabilité spécifique, qui se ratta- chent à l’histoire de eette plante: par M. Alexis Jordan (Annal. des sc. nat., h° série, IV, 1855, p. 295-361 ; tirage à part en brochure gr. in-8? de rr et 67 pages). Le mémoire de M. Jordan est divisé en deux parties dont la première est consacrée à l'exposition et à la discussion des faits, tandis que dans la se- conde l'autear, s’attachant particulièrement à déterminer la notion philo- sophique de l'espèce, s'élève à des considérations d'un ordre élevé dont nous ne pourrions qu'affaiblir l'intérét en en présentant une analyse succincte, forcément incomplète, c'est-à-dire en quelque sorte le squelette et pour lesquelles nous croyons que rien ne peut suppléer à la lecture du texte lui- méme. Nous nous bornerons dés-lors, à regret, à résumer la premiére partie de cet écrit intéressant. Tous les botanistes se rappellent l'expérience de M. Esprit Fabre, d'Agde, décrite par Dunal, dans laquelle l'observateur et le savant éminent qui lui avait prêté le secours de sa plume avaient également eru voir la preuve que le Froment cultivé n'était rien autre chose qu'un descendant de l Æ gilops ovata modifié par la culture. Sans doute aussi ils ont présentes a l'esprit les conséquences qui, de divers côtés, furent déduites de ces observations, et qui n'allaient à rien moins qu'à faire regarder comme démontrée la variabilité des espèces. M. Jordan, n'acceptant ni les faits ni leurs consé- quences apparentes, avait cru d'abord que M. E, Fabre avait commis une confusion d'espèces et plus tard qu'il était tombé dans une erreur matérielle, Ayant étudié maintenant de plus pres cette question il dit étre arrivé à re- connaitre que la premiere de ces deux explications est la seule exacte, et C'est l'un des objets qu'il se propose d'établir aujourd'hui. | On sait, d'un autre côté, qu'à la suite d'observations et d'expériences à lui propres, M. Godron a cru pouvoir expliquer les faits signalés par M. Fabre en admettant que la plante cultivée par celui-ci pendant douze générations successives était un hybride fertile de l'7Z/g4ops ovata fécondé par le Froment et que eet bybride était graduellement retourne au type de ce dernier parent. Réfuter cette explication est aussi l'objet auquel s'attache M, Jordan, et il se livre dans ce but à une discussion approfondie. Dans son opinion, l'Ægilops triticoides de Requien, que M. Fabre regarde comme l'une des deux formes auxquelles donne lieu d'apres lui la germination des Æ'gilops ovata et aristata, ne serait qu'une déformatiou très singulière, susceptible d'ètre rencontrée dans plusieurs especes d Agie lops dont elle conser verait tous les caractères génériques. Il y aurait ainsi, dit- il, une déformation triticoide de l Ægilops triaristata comme de £gilops ovata, mais elles seraient spécifiquement distinctes l'une de l'autre. Cette 628 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. déformation constituerait un véritable hybride, un hybride parfait mais conservant tous les caractères des /Z'gilops, de manière à venir à l'appui de l'opinion de l'auteur qui voit toujours dans les hybrides les caractères du type maternel. Pour expliquer cette ressemblance forcée des hybrides avec leur mère M. Jordan admet que l'œuf végétal, avant d'avoir recu l’action fé- condante, est véritablement constitué ; opinion qui n'est peut-être pas en parfaite harmonie avee ce que nous ontappris les beaux et nombreux travaux publiés dans ces derniers temps sur l'embryogénie végétale. Outre la déformation triticoide des /Z/gilops, la plante sur laquelle ont porté les expériences de M. E. Fabre est pour M. Jordan une espèce distincte et séparée, qu'il nomme ZZgilops spelte formis, dont il donne la description et qu'il regarde comme trés probablement originaire del Orient. Cet /Z/gilops speltæformis, comparé attentivement au Triticum vulgare, présente avec celui-ci des différences telles que, lors méme qu'on réunirait en un seul genre aux vrais Triticum non-seulement les Spelta, Agropyrum, Brachypodium, mais encore les Æ gilops et les Lolium, Y ZE gilops speltæformis n'en devrait pas moins être placé a une trés grande distance du Zriticum vulgare, dans une subdivision tout à fait à part. Au contraire, cette plante est assez voi- sine des Épeautres. C'est cette méme plante dont, pense M. Jordan, M..Fabre a pris et semé la graine croyant récolter et semer celle de l Ægi- lops triticoides qui est constamment stérile, tandis que la premiere est tout aussi constamment fertile. La premiére partie se termine par les conclusions suivantes que nous reproduirons textuellement. « Le fait signalé par M. E. Fabre, qui consiste à présenter VÆ gilops speltæformis comme un produit de I'ZZgilops ovata, doit être regardé comme faux : 4° parce qu'il est invraisemblable au suprême degré, étant, d'une part, contraire à tous les faits d'expérience constatés jusqu'ici dans des cas analogues ; de l'autre, en contradiction avec les axiomes théoriques de la raison, qui sont marqués du caractère des idées nécessaires, et s'im- posent à l'esprit avec une irrésistible évidence; 2° parce qu'il manque d'une attestation :uffisante, et peut s'expliquer aisément par une erreur qui était facile à commettre » L'explication de ce fait supposée donnée par M. Godron, qui attribue lE gilops speltæformis à Vhybridité, et fait intervenir dans sa production le Triticum vulgare comme agent fécondateur, n'est pas moins fausse: 1° parce qu'elle repose tout entière sur la confusion de deux espèces qui sont complétement distinctes l'une de l'autre; 2* parce que, si elle était véritable, on verrait le fait indiqué se reproduire dans des circonstances semblables à celles qui, dans cette hypothèse, en seraient la cause; ce qui n'a jamais eu lieu. » REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 629 BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Species plantarum maderensium quidam novæ, vel hactenus inedite, breviter descriptae: auctore R. T. Lowe (Hooker's Journal of botany and Kew garden Miscellany, cah. d'octobre 1856, p. 289-302). Voici les espèces que M. Lowe caractérise dans ce travail par une diagnose : 1. Berberis maderensis Lowe. Cette plante, trés rare sur les rochers, a une altitude de 5000 pieds anglais (1525"), ressemble au B. cretica Lin., mais elle s'en distingue sans peine. C'est l'ancien B. lycioides de l'auteur. — 2. Cheiranthus arbuscula Lowe. C'est l'espèce qui avait été rapportée à tort par l'auteur au Cheiranthus tenuifolius L'Uérit., dans ses Primitiæ Faunæ et Flore Maderæ et Portús sancti. — 3. Spergularia fallax Lowe. I! a le facies du Spergula arvensis Lin.; mais ses 3 styles, sa capsule tri- valve, ses graines bordées d'une aile, ses fleurs 6-7-andres, ete., l'en distinguent suffisamment. L'auteur dit que c'est le Spergula arvensis, n° 334 des collections des Canaries de M. Bourgeau, et le Spergula pen- tandra, n^ 440 des mêmes collections. — 4. Anthyllis Lemanniana Lowe, espèce trés distincte, très rare sur les rochers les plus hauts et les sommites de Madère. — 5. Medicago Calcar Lowe. Découvert par l'auteur des 1828. Il se trouve dans la collection des Canaries de M. Bourgeau, avec le n^ 768 et sous le nom de M. tribuloides Desrous. — 6. Melilotus Lippoldiana Lowe. Il se rapproche surtout du Mel. parviflora Desf. — PEpnosia Lowe. Ce genre de la famille des Légumineuses, tribu des Lotées, est dédié à M. J.- A. Pedroso, de Madère. En voici les caracteres : Calyx campanulatus, 5-fidus, laciniis tubo longioribus. Corolla carina rostrata vexillum alasque excedente. Stamina diadelpha, £. Stigma capitatum; stylus rectus subtus dente subulato producto fissus. Legumen lomentaceum , lineare, rectum, Cylindraceum 'isthmis sepissime strangulato-montliforme torulosum, septis inter semina transversis. pluriloculare. — Plante plerumque maritimae Madereuses aut Canarienses, prostrato-fruticulosæ, humiles, microphyllæ, argenteæ v. glaucescentes ; floribus citrinis luteis aurantiacisve sæpe atro- purpurascentibus, — 7. Pedrosia porto-sanctana Lowe. — 8. P. argentea Lowe. — 9. P. florida Lowe. — 40. Astragalus Solandri Lowe ( Astra- galus canescens Sol., Msc. in herbar. Banks, nec DC). Les espèces dont il se rapproche le plus sont les Astr. Aamosus Lin. et falcatus Desf. — Monizia Lowe. Genre nouveau d'Ombellifères - Orthospermées , tribu des Thap- siées, dont voici les caracteres: Flores. Fructus a dorso plano-compressus, 1ü-costatus, costis (presertim 4 lateralibus marginalibus) crassis fungoso- Suberosis obtusis rotundatis inermibus, 10 dorsalibus (intermediis) minori- 630 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bus, 4 lateralibus (marginantibus) magnis. Merzcarpia jugis primariis 5, 3 in- termediis erassiusculis subfongoso-suberosis dorso, 2 lateralibus v. potius ventralibus tenuibus simplicibus nec fungosis plano commissurali impositis; secundariis 4 fungoso-suberosis crassis obtusis, 2 interioribus minoribus tenuiseulis, 2 exterioribus marginantibus maximis latis obtusissimis; vittis sub jugis secundariis 4 dorsalibus, 2 commissuralibus latissimis; car- pophoro bipartito. Semen complanatum. — Herba basi frutescens, caudice simplici abbreviato obeso erasso lignoso subarboreo, caule florifero annuo terminali erecto-ramoso, foliis equaliter et concinne decomposito-pinna- tisectis, segmentis rigidiuseulis lucidis glabris, petiolis late vaginantibus velutinis. Umbellæ compositae multiradiate involucris involucellisque polyphyllis integris, Flores albi. Dédié à M. J.-M. Moniz, botaniste de Madère. — 11. M. edulis Lowe, belle plante à feuillage élégant, lustre, qui ressemble au Melanoselinum decipiens Hoffm., de Madère. Sa racine longue, arquée, noire eu dessus, blanche en dedaus, presque farineuse, est mangée soit crue soit cuite par les pécheurs et les chercheurs d'orseille ; aussi ne tardera-t-elle pas à étre détruite, selon toute probabilité. Cette racine est plus séche, plus dure et plus fibreuse qu'une carotte. Les Por- tugais nomment la plante Cenoula da rocha, Carotte de rocher. — 12. Chrysanthemum hæmatomma Lowe; frutescent, à rayon rose pâle et disque rouge-noir ; d'une beauté rare. — 13. Centaurea Massontana Lowe. Belle espèce frutescente découverte en 1776 par Masson, mais non retrouvée par l'auteur. Elle se trouve sous le nom de C. salicifolia Sol., Mse, dans l'herbier de Banks, n° 81. Elle appartient à la section Cheirolophus Cass., et rentrera probablement dans le genre Ptosimopappus de M. Boissier. — Ah. Musschia? Wollastoni Lowe. Très belle espèce dont la grande pa- nicule pyramidale est formée de fleurs longues de 4-5 centim., colorées en jaune d’ocre lavé de pourpre-ferrugineux. — 15. Zystropogon piperilus Lowe. Voisin du B. punctatus L'Hérit., mais s'en distinguant bien. — 46. Juncus lucidus Hochst. — 17. Luzula Seuberti Lowe. Voisin des Luzula canariensis et purpureo-splendens. — Arrarocuorrus Lowe. Genre nouveau de Graminées-Hordéacées, dont voici les caractères : Spiculæ solitariæ, muitifloree, excavationibus spicæ nodoso-articulatæ recte im- mersæ, rhachi (ut in Lolio) contrarim. Gluma univalvis, cartilaginea, concavo-linearis, spiculam obtegens eamque includens. Palea inferior cartilaginea, swpe sub apice aristata; superior membranacea, mutica. — 18. A. loliaceus Lowe. Ce genre se place entre le Lolium et le Lepturus; il ressemble plus au dernier qu'au premier, D" A. Th. v. Middendor@s Reisc in den acussersten Nor- den und Osten Sihiriens (Voyage du D* A. Th. de Middendorff dans l'extréme nord et l'est de la Sibérie). — 4° volume. Introduction. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 634 Climatologie. Géognosie. Botanique. — 9° partie. Botanique, élaborée par MM. L.-R. de Trautvetter, F.-T. Ruprecht, C.-A. Meyer, E. et G. Borszezow. 3*liv.; in-h de 148 pages et 15 planches lithog. Saint- Pétersbourg, 1856. La partie botanique du voyage de M. de Middendorff vient d'étre com- plétée par la publication d'une troisième livraison qui en forme la seconde division. Nous rappellerons que sa première division avait paru en deux livraisons publiées, l'une en 1847, l'autre en 1851, et qu'elle contenait deux grands travaux distinets et séparés, consacrés, le premier, à la description, par M. E.-R. de Trautvetter, des plantes phanérogames de l'extréme nord (pp. 1-190, avec 40 planches); le second, à l'histoire des Algues de la mer d'Ochotsk, par M. S.-J. Ruprecht (pp. 191-435, avec 8 planches). La livraison nouvelle, qui fait le sujet de cet article, renferme également deux travaux distincts et séparés, dont voici les titres: 1° Florula Ocho- tensis phænogama, par MM. de Trautvetter et C.-A Meyer (pp. 1-133, avec 15 planches); 2» Musci taimyrenses, boganidenses et ochotenses necnon Fungi boganidenses et ochotenses, in expeditione sibirica, annis 1843 et 4844 collecti, par MM. E.-G et G.-C. Borszezow (pp. 135-148). Plusieurs espèces nouvelles sont décrites ou méme figurées dans le Florula Ochotensis de MM. de Trautvetter et C.-A. Meyer. Nous en présenterons le retevé. Ranunculaceæ. Atragene platysepala. Anemone udensis, Aquilegia oxy- sepala, — Fumariaceæ. Corydalis gigantea, — Cruciferæ. Barbarea plani- siliqua, C.-A. Meyer. — Acerineæ. Acer ukurunduense. — Paptlionacem. Hedysarum Brandthii, — Caprifoliaceæ. Calyptrostigma ( Gen. nov. ). Middendorffianum. — Compositæ. Saussurea triangulata. Cirsium schan- tarense, — Campanulacee. Campanula stenocarpa., — Lentibulariew. Pin- guieuln glandulosa. — Salicineæ. Salix cardiophylla; S. udensis; S. oblon- gifolia, — Betulaceœ. Betula Middendorffii. -- Abietineæ. Picea ajanensis Fisch., Msc. — Smilarineæ. Clintonia udensis.— Liliaceæ. Hemerocallis (?) Middendorffii, -— Melanthaceæ. Acelidanthus anticleoides. — Cyperaceæ. Eriophorum brachyantherum. Carex amblyolepis; C. Bongardiana C. -A. Meyer. — (iraminec. Poa udénsis ; P. macrocalyx. Les espèces figurées sont les suivantes : Salix eardiophylla, pl. 19 et 20. Betula Middendorffii, pl. 21. Picea ajanensis, pl. 22-24. Calyptrostigma Middendorffianum, pl. 25 a, et 25 b. Anemone udensis, pl. 26. Tanacetum Pallasianum, pl. 27. Acelidanthus anticleoides, pl. 28. Saussurea trian- gulata, pl. 99, Clintonia udensis, pl. 30. Dans la Florula ochotensis, les plantes nouvelles sont l'objet d'une diagnose et d'une description ; pour les autres on y trouve une synonymie dans la- quelle sont cités principalement les auteurs locaux, l'indication des loca- 632 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lités, et souvent aussi des observations. Ce travail entier est écrit en latin. La préface est en allemand. Quant à la portion de l'ouvrage due à MM. Borszezow (pp. 137-145), elle comprend une simple liste des Mousses recueillies par M. de Middendorff sur les bords du Taimyr et du Boganida, en 1843, au nombre de 26; à Ocbotsk, en 1844, au nombre de 30, et des Champignons de Boganida et Ochotsk au nombre de 24. Parmi ceux-ci se trouvent 3 espèces nouvelles : Dœdalea boganidensis Borszez.; Agaricus ( Pratellus) extinetoriiformis Borszez.; Polyporus seutellatus Borszez. L'explication succincte des planches termine la livraison et le volume. Die Familie der Bromeliaceen nach ihrem habituellen Charakter bearbeitet, etc. (La famille des Broméliacées étudiée d’après son port, avec un examen particulier de l Ananas) ; par M. J.-G. Beer. 4 in-8 de 272 pages et quelques figures intercalées dans le texte. Vienne, 1857 ; chez Tendler et Ci. Le titre de cet ouvrage annonce suffisamment le plan d’après lequel il a été rédigé. laissant de côté les caractères tirés de la fleur et du fruit, M. Beer s'est proposé de remanier presque de foud en comble la famille des Broméliacées, ses divisions et ses genres, d’après les seules différences que présentent le port et la disposition générale des organes de ces plantes. Il a été conduit ainsi à modifier profondément la plupart des genres admis jusqu'à ce jour, et à en établir plusieurs nouveaux, caractérisés d’après les mêmes principes. On voit dès lors que son livre s'écarte entièrement des règles posées par les maitres de la science. Le blâme comme l'éloge étant également interdits aux auteurs des articles de cette revue bibliogra- phique, nous nous garderons d'exprimer un jugement quelconque sur le nouveau travail de M. Beer, et nous nous contenterons d'indiquer rapidement les coupes établies par lui parmi les Broméliacées, ainsi que la division générale de son livre. Nous exprimerons seulement en passant le regret que l'auteur allemaud ait laissé défigurer à l'impression l'orthographe de presque tous les noms d'auteurs francais qu'il a eu occasion de citer (Jussieux, Brongniard, L'Héritiere, Lamarque, etc.). M. Beer partage les Broméliacées en 3 grandes divisions : 1° les BROMÉ- LIÉES, à inflorescence terminale; 2» les ANANASSÉES, à inflorescence sur- montée d'une touffe de feuilles ; 3° les DIAPHORANTHÉMÉES, à inflorescence latérale. — Les Broméliées forment à leur tour deux subdivisions : a. les Phyllanthées, dont l'inflorescence est toute entremélée de grandes feuilles florales; 5. les Lépidanthées, dont les fleurs ne sont accompagnées que de simples bractées, Parmi ses Phyllanthées, l'auteur établit 7 tribus ; il en admet 8 parmi ses Lépidanthées. Sa grande division des Ananassées reste indivise, mais celle des Diaphoranthémées est divisée en 5 tribus. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 633 Quant aux genres, nous en donnerons le tableau en les rangeant dans les tribus auxquelles M. Beer les rattache, et en distinguant par des italiques ceux qui sont établis par lui. I. BROMÉLIACÉES-PHYLLANTHÉES. 1" tribu, Eubroméliées : Encholirium, Broifelia, Agallostachys. — 2 tribu, Anoplophytées : Anoplophytum. — 3° tribu, Phlomostachyées : Phlomostachys. Quesnelia. — 4° tribu. Piteair- niées : Pitcairnia. Cochliopetalum. Orthopetalum. — 5* tribu. Hohenbergiées : Hohenbergia. — 6* tribu. Nidulariées : Caraguata. Pityrophyllum. Nidu- larium. Cryptanthus. — 7' tribu. Platystachiées : Platystachys. — Lépi- DANTHÉES. 1'* tribu. Vriésées : Vriesea. — 2* tribu. Tussaciées : Tussacia — 3° tribu. Guzmanniées : Guzmannia. — 4° tribu. Lamprococcées : Lam- prococcus. — 5* tribu. Bilbergiées : Bilbergia. — 6* tribu. Hoplophytées : Hoplophytum. Streptocalyx. — T° tribu. Puyées : Puya. — 8° tribu. Macro- chordiées : Maerochordium. Echinostaehys. Chevaliera. IT. BROMÉLIACÉES-ANANASSÉES. Ananassa. lI. BROMÉLIACÉES - DIAPHORANTHÉMÉES. 1'* tribu. Tillandsiées : Til- landsia, — 2° tribu. Diaphoranthémées : Jiaphoranthema. — 3° tribu. Dyckiées : Dyckia. — 4° tribu. Æchméées : Æchmea. — 5° tribu. Disté- ganthées : Disteganthus. M. Beer établit done 10 nouveaux genres de Broméliacées. Son Agal- lostachys a pour type le Bromelia sylvestris Willd. Il comprend aussi les Bromelia fastuosa Lindl., B. Pinguin Lin. et 4 autres. L'Anoplophytum a pour type le Tillandsia strieta Sol. et nombre d'autres, ainsi que le Pour- retia aeranthos, le Bonapartea strobilanthos, ete. Le PAlomostachys a pour type le Puya Altensteinii et ses congénères, ainsi que les Neumannia Brong. Le Cochliopetalum a pour type le Pitcairnia staminea, et il comprend aussi les Pitcairnia albiflos et flavescens. L'Orthopetalum, représenté surtout par le Pitcairnia lanuginosa, comprend en outre le Pit. pulverulenta et le Pour- retia inermis Presl, Le Pityrophyllum a pour type le Tillandsia ionantha Plane. H renferme aussi le Pourretia stricta Hort. L'Æchmea fulgens a servi de type au genre Zamprococcus, dans lequel l'auteur fait entrer encore les /Echmea miniata, glomerata, corallina, etc. L'Hoplophytum est basé Sur le Bilbergia fasciata et l'Æchmea mucroniflora Hook. Il comprend aussi le Bromelia exudans Lodd., plusieurs /Echmea, Tillandsia, Bilbergia, les genres Pironneava et Pothuava Gaudic. Le genre Streptocalyz a été établi pour une Broméliacée rapportée par M. Pæppig des bords de l'Amazone. Le Diaphoranthema, qui a pour type le Tillandsia recurvata, renferme aussi les Tillandsia capillaris, virescens, uniflora, biflora et quelques autres. Après avoir donné le tableau des divisions et subdivisions qu'il forme dans la famille des Broméliacées, M. Beer consacre une grande partie de Son livre (pp. 27-162) à la description de toutes les espèces de Broméliacées, dont voici le nombre genre par genre. Encholirium Mart. : 2 esp. — Bro- 634 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. melia Plum. : 44. — Agallostachys Beer : 7. — Anoplophytum Beer : 13. — Phlomostachys Beer : 7. — Quesnelia Gaudioc. : 1. — Pitcairnia L'Hérit. : 35. — Cochliopetalum Beer. : 4. — Orthopetalum Beer : 3. — Hohenbergia Schult. fil. : 4. — Nidularium Mart. : 3. — Cryptanthus Klotzsch : 3. — Caraguata Lindl. : 3. — Pityrophyllum Beer. : 2. — Platystachys C. Koch: 17. — Vriesea Lindl. : 16.— Tussacia Willd. : 4. — Guzmannia R. et P.:3. — Lamprococcus Beer: 5. — Bilbergia Thunb.: 32. — Hoplophytum Beer : 19. — Streptocalyx Beer : 4. — Puya Molina : 4. — Macrochordium de Vriese: 5. — Echinostachys Brong. : 2. — Chevaliera Gaudie.:2. — Ananassa Lindl.:5. — Tillandsia Lin. : 3. — Diaphoranthema Beer: 8. — Dyckia Schult. fil. : 3. — Æchmea R. et P. : 2. — Disteganthus Ch. Lem.:1. Il admet donc 233 espèces vivantes de Broméliacées connues aujourd'hui. L'ouvrage de M. Beer renferme encore un chapitre intitulé : Remarques sur les genres des Broméliacées (pp. 163-189) ; un second qui porte le titre de Jtemarques sur les organes foliaires dans les Broméliacées et dans les autres familles (pp. 190-206); un troisième (pp. 207-236) sur / Ananas, eomprenant un historique développé, l'étude comparée de l'Ananas sauvage et cultivé, la classification et la description des espèces et variétés de ce genre ; enfin un quatrième et dernier chapitre sur la préparation et l'usage des fibres textiles extraites des feuilles de l' Ananassa sativa (pp. 237-211). Le volume se termine par la liste en ordre alphabétique des genres, espèces et variétés de Broméliaeées, par une table alphabétique des genres et des espèces décrits par M. Beer, et par une table des chapitres. Die Algen der dalmatisehen Kucste mit Hinzufuegung der von Kuetzing im adriatischen Mecre ueberhaupt aufgefuehrten Arten (Les Algues de la côte de Dalmatie, avec addition des espèces indiquées par M. Kuetzing comme se trouvant dans la mer Adriatique en général); par M. Georges Frauenfeld. (In-fol. de xvin et 78 pages, avec 24 planches imprimées par le procédé de l'im- pression naturelle. Vienne ; 1855 ; imprimerie impériale et royale.) Cet ouvrage comprend d'abord une courte préface et une introduction, dans laquelle l'auteur rappelle qu'il a déjà publié, en 1854, dans les Mémoires de la Société zoologique et botanique de Vienne, un catalogue alphabétique des Algues récoltées en Dalmatie, soit par lui, suit par M. Vi- dovieh. Son ouvrage actuel n'est pas autre chose que l'énumération de ces mêmes Algues complétée et rangée d’après l'ordre du Species Algarum de M. Kützing. Après cette préface se trouve, sous la qualification d’ Appendice, une /ntroduction à la physiotypie des plantes de l'Autriche ou application de l'Impression naturelle à la représentation des végétaux vasculaires de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 635 l'empire d' Autriche, par MM. Const. d'Ettingshausen et Alois Pokorny. Cette introduction expose en douze pages : 4° le but et le plan de l'ouvrage de MM. Const. d'Ettinghaussen et Alois Pokorny ; 2° l'histoire de l'/mpression naturelle employée particulièrement à la reproduction des plantes; 3° les améliorations apportées à ce procédé pendant l'exécution du méme grand ouvrage ; 4° les avantages del'impression physiotypique des plantes. On sent que ce chapitre, malgré son intérét, est trop en dehors de l'ouvrage méme de M. Frauenfeld pour que nous puissions faire autre chose que d'y renvoyer le lecteur à qui les détails du procédé de l'/mpression naturelle ne sont pas encore familiers. Le corps méme de l'ouvrage qui nous occupe ne renferme que l'énumé- ration systématique des Algues de la Dalmatie rapportées à 160 genres et 52 familles, Chaque espéce y est indiquée seulement par son nom suivi d'un renvoi au Species Algarum. Une courte diagnose ou des observations succinctes en allemand, et l'indication de la localité suivent le nom de la plante, On trouve ensuite une liste systématique des genres qui figurent dans l'énumération précédente. Quant aux 24 planches qui forment la plus grande partie du volume et en vue desquelles en réalité l'ouvrage de M. Frauenfeld a été publié, elles sont remarquables par la beauté de leur exécution, toutes les fois que la nature des échantillons était telle qu'il füt possible d'en obtenir une bonne planche gravée par le seul fait d'une forte pression. Beaucoup d'entre les figures qu'elles comprennent semblent plutót étre des échantillons d'Algues collés sur le papier que de simples figures. Il semble difficile que l'impression naturelle produise jamais de plus belles planches. Mais il ne s'ensuit pas cependant, à notre avis, que cette perfection au point de vue du procédé Soit aussi la perfection iconographique au point de vue de la science des plantes qui, surtout peut-être pour les Algues, a besoin d'autre chose que de simples facies. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Cuba Bast in Jamaiea (l'écorce [ou liber] de Cuba à la Jamaïque), par M. W. Hooker ( Hooker's Journ. of Bot., cah. de novem. 1856, p. 347-350). L'écorce de Cuba est très connue comme formant cette sorte de dentelle végétale, à la fois délicate et résistante, avec laquelle on attache les paquets de cigares de la Havane. Récemment, on a commencé à la substituer au liber de Tilleul de Russie pour attacher les plantes, et déjà la consommation qui s'en fait en Angleterre pour cet objet est considérable. Cependant on était resté dans une complète incertitude relativement à l'espèce qui la produit. Sir W. Hooker avait fait des recherches, avait même cherché des 636 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. renseignements à ce sujet auprés de négociants de la Havane et de M. Ra- mon de la Sagra sans arriver au moindre résultat sous ce rapport. Plus ré- cemment un voyageur anglais, M. Henry Christy, dans un voyage à l'ile de Cuba , a recueilli, non-seuleiment des échantillons de la plante à laquelle appartient cette écorce, mais encore des fruits, desquels sont provenus, à Kew, de jeunes pieds, dans lesquels on a reconnu une Malvacée , le Part- tium elatum Rich. (Hibiscus elatus Sw.), espèce à peine distincte du P. tiliaceum ^. St-Hil. Tout récemment (septembre 1856), dans une nombreuse collection de fibres végétales formée à la Jamaïque par M. Wilson, sir W. Hooker a trouvé un échantillon entièrement identique au liber de Cuba, avec l'indi- cation qu'il provient de l’ Hibiscus elatus. M. Wilson ignorait cette identité. Il est done ainsi constaté que la Jamaïque possède l'espece qui donne ce produit végétal ; et l'objet de la note de M. Hooker est de montrer que la Jamaique pourrait retirer des avantages importants de l'exploitation de cette matière végétale, si toutefois le gouvernement anglais réduisait le droit exorbitant dont elle est frappée à l'entrée. Katechismus der landwirthschaftlichen Botanik (Caé- chisme de botanique agricole); par M. C. Müller, professeur à l'Institut agricole de Lütschena. In-18 de vri et 174 pages; avec 57 fig. inter- calées dans le texte. Leipzig, 1856 ; chez J.-J, Weber. Ce petit livre fait partie d'une série de Manuels populaires dont la librairie Weber de Leipzig a eommeneé récemment la publication. Ila pour objet de mettre entre les mains des agriculteurs un résumé très succinet des con- naissances botaniques dont ils ont besoin, de manière à les dispenser jusqu à un certain point de la nécessité de consulter des ouvrages étendus et dis- pendieux. Ce résumé est présenté par demandes et réponses. Il est divisé en deux parties très inégales, dont la première (p. 3-17) porte le titre de Généralités sur Ja botanique et n'est pas autre chose qu'un aperçu extré- mement court d'anatomie, d'organographie et de physiologie vegetales. La seconde partie porte le titre de Botanique agricole. Aprés quelques généra- lités, elle donne l'énumération des espèces, genres et familles qui ont de l'intérét pour l'agriculteur, disposée d'aprés l'ordre admis par M. Reichen- bach. L'auteur caractérise trés succinctement les familles, les genres et les espèces qui ont trouvé place dans son livre et, pour celles-ci, il donne quelques détails relatifs à leur rôle en agriculture, à la nature et à la valeur de leurs produits, souvent aussi aux principales conditions de leur culture: I! insiste sur les plantes essentiellement agricoles qui exigeaient une his- toire plus développée que les autres. Les 57 figures intercalées sont impri- mées avec le texte et paraissent être généralement exactes. Au total, le caté- chisme de M. C. Müller parait atteindre le but que son auteur s'est proposé. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 637 Lieblingsblumen [Fleurs favorites). Petites brochures in-18, sans date, publiées à Leipzig, à la librairie de M. Moritz Ruhl. La librairie de M. Moritz Ruhl, à Leipzig, vient de commencer la publi- cation d'une série de petites brochures relatives chacune à un genre de plantes trés répandu dans les jardins. Ces petites monographies populaires, s'il nous est permis de nous exprimer ainsi, sont publiées sans nom d'auteur et sans date. Elles ont pour objet principal d'exposer les détails de la cul- ture des plantes qui en sont le sujet. Chacune d'elles est accompagnée d'une planche coloriée, Nous en avons en ce moment sous les yeux trois dont nous nous contenterons d'indiquer les titres. N°1. La Pensée. Sa multi- plieation et sa eulture à tous les moments de l'année, avec l'indication des moyens à employer pour en obtenir facilement et sûrement les plus beaux individus (16 pages). — N*2. Les Verveines. Leur multiplication pargraines, boutures et éclats, leur traitement pendaut toute l'année, avee l'indication des moyens à employer pour en obtenir les plus beaux pieds (16 pages). — N°3. Les /thododendron. Leur multiplication et culture, avec l'iudica- tion de la marche à suivre pour leur faire passer l'hiver en plein air et pour en obtenir les plus beaux individus (16 pages). NÉCROLOGIE. La botanique française vient de faire une nouvelle perte : M. Desvaux (Augustin-Nicaise) a succombé à une longue maladie dans sa propriété de Bellevue, pres d'Angers, le 12 juillet 1856. Il était né à Poitiers (Vienne) le 28 août 1784, et il était fdès lors àgé d'environ soixante- douze ans. De bonne heure ce botaniste s'était fait connaitre très avanta- Seusement par ses travaux, et il avait rendu un véritable service à la science en reprenant comme directeur, en 1813 et 1814, la publication interrompue du Journal de botanique rédigé par une societe de botanistes, dont il avait été l'un des collaborateurs et dont deux volumes avaient paru en 1808 et 1809. Plusieurs importants mémoires de lui ont trouve place dans ce recueil. Devenu en 1817 directeur du jardin botanique d'Angers, il se livra avec ardeur à l'étude des plantes du département de Maine-et- Loire, qui lui fournirent le sujet de mémoires partiels et d'un ouvrage d'ensemble, la F/ore de l'Anjou. Mais ces études locales ne suffisant pas à Son activité, il se livra pendant le méme temps a des travaux plus E raux qui amenèrent la publication de sa Nomologie botanique, de ses Ke- cherches. sur les nectaires, de son Traité général de botanique, ete. Ce dernier ouvrage, dont il n'a paru qu'un tome en deux parties, pendant les années 1838 et 1839, est, du moins à notre connaissance, le dernier écrit sur la botanique publié par son savant auteur. Pendant les dernieres 638 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. années de sa vie, retiré à la campagne, Desvaux parait s'être occupé, autant que le lui permettait l'état de sa santé, en partie d'agriculture, en partie aussi de son herbier, dans lequel il a laissé les résultats de ses études assidues. Cet herbier est aujourd'hui mis en vente par M. Desvaux fils. D'après les renseignements qui nous sont transmis, il comprend 40,000 espèces disposées en 200 volumes in-folio. Les plantes y sont classées par familles, et toutes se trouvent en bon état. Il renferme en outre une grande quantité de notes originales qui ajoutent beaucoup à la valeur de cette belle col- lection. NOUVELLES. Un des arbres les plus vieux de toute l'Europe a été détruit par la foudre au mois de juillet dernier. C'était un ehéne qui existait à Chátillon-sur- Seine, département de la Cóte-d'Or, et qui y avait été planté en 1070 par un comte de Champagne. Il avait donc 786 ans. La circonférence de son tronc était de 7 mètres 1/2. Il avait produit des glands jusqu'en 1830. — Le docteur Robert Caspary, dont les lecteurs du Bulletin ont pu apprécier les importants et consciencieux travaux, a été appelé, il y a quelques mois, de Berlin à Bonu, pour y remplir les fonctions d'adjoint au professeur Treviranus. Ce célébre botaniste, à qui son áge avancé ne permet plus que les travaux de cabinet, lui a confié la conduite des herbo- risations et la direction de l'herbier de l'Université. — A l'occasion de la célébration de son 400° jubilé, l'Université de Greifswald a conféré, le 49 octobre 1856, le titre de Docteur honorts causa, dans sa Faculté philosophique, à M. Aimé Bonpland, notre célèbre botaniste-voyageur, aujourd'hui résidant à Santa-Anna. — Le gouvernement autrichien étant sur le point d'expédier la frégate Novara pour un voyage d'exploration qui durera deux aus, la classe d'his- toire naturelle de l’Académie des sciences de Vienne vient de décider qu'elle accorderait une somme de 6000 florins C. M, (15,600 francs) à titre de subvention aux naturalistes (un botaniste et un zoologiste) uon désignés encore qui prendront part à cette expédition. ANNONCE. — M. Kralik, rue du Grand-Chantier, 12, au Marais, a été chargé du placement d'un certain nombre d'exemplaires de l’ Enumeratio plantarum quas in insulis Archipelagi aut littoribus Ponti-Euzxini annis 1819 et 1820 collegit atque detexit J. Dumonr p'ÜnviLLE. Il peut offrir aux botanistes, au prix de 4 frane, cette brochure de 135 pages, qui, actuellement, est assez rare dans la librairie, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 639 BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés en 1856 (suite). Mueller (Daniel). — Versuch zu einer Berichtigung der Metamorpho- senlehre (Essai de rectification à la doctrine de la métamorphose). N° 4, 25 janv., eol. 52.56. Schlechtendal (D.-F.-L. v.). Abnorme Bildungen (Formations anormales). Ne 5, 4er fév. , col. 69-74. Kuehn (Julius). — Das Befallen des Rapses dureh deu Rapsverderber, Sporidesmium exitiosum Kuehn (Maladie du Colza produite par le Spo- ridesmium exitiosum Kuehn, in litt.). N° 6, 8 fév., col. 89-98, pl. II. Kuehn (Julius). — Ueber das Erkranken der Moehren (Maladie des Ca- rottes). N° 7, 45 fév., col. 105-141, pl. HI. Mueller (Karl). — Bryologische Notizen (Notices bryologiques). Ne 7, 15 fév., eol. 414-115. Deecke (Th.). — kmbryo-Entwiekelung der Stachys sylvatica (Embryo- génie du Stachys sylvatica). N° 8, 22 fév., col. 1214130, pl. IV. Hoffmann (Hermann), — Die Pollinarien und Spermatien von Agaricus (Les pollinies et spermaties des Agarics). N^ 9 et 10, 29 fév. et 7 inars, €ol. 137-148, 153-163, pl. V. Brandis (Diet.). — Ueber Culturgewaechse in Egypten (Sur les végétaux eultivés en Égypte) N° 10, 7 mars, col. 163-167. Sanio (C.). — Beitrag zur Kenntniss der Entwickelung der Sporen von Equisetum palustre (Note sur le développement des spores de l Equisetum palustre). Nos 44 et 42, 44 et 21 mars, col. 177-185, 193-200, pl. VI. Mueller (Karl). — Zur Kenntniss der Reorganisationen im Pilanzenreiche (Sur les réorganisations dans le règne végétal}. N°12, 21 mars, col. 200- 202. Mueller (Karl) — Monographische Kritik der Lycopodiaceen -Gattung Psilotum Sw. (Critique monographique des Lycopodiacées du genre Psilotum Sw.). N* 13 et 14, 28 mars et 4 avril, col. 217-227, 233-245, pl. VII. Hartig (D' 7h.). — Weitere Mittheilungen das Klebermehl (Aleuron) be- treffend (Nouvelles notes relatives à la fécule). N” 15, 16, 17, 18 et 19, 11, 18 et 25 avril, 2 et 9 mai, col. 251-268, 273-281, 297-305, 313-319, 329-335. Itzigsohn (D* Hermann). — Ueber die Erforschung der Geschlechtliehkeit bei den Phanerogamen (Sur la recherche de la sexualité dans les Phané- rogames). N° 16, 48 avril, col. 281-286. 640 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Meyer (Ernst). — Die europaeische Agave und ihre ursprüngliche Heimath (L'Agave d'Europe et sa patrie primitive). N^ 17, 25 avril, col. 305-306. Dotzauer (J.-0.-F.). — Ueber Baumpflanzung (Sur la plantation des ar- bres). N° 18, 2 mai, eol. 319-323. Mueller (Karl). — Bryologische Notizen (Notices bryologiques). N° 18, 2 mai, col. 324. Mueller (Car.). — Manipulus Graminearum novarum. N* 20, 16 mai, eol. 345-2349. Hartig (Ur Th.). — Nachtrag zur Abhandlung « Ueber den Bau des Staer- kemehls » in n° 52 der B. Z. (Appendice au Mémoire «sur la structure de la fécule, » inséré dans le n° 52, 1855, dela Botanische Zeitung). N° 20, 16 mai, col. 349-351. Klinggraeff (C.-J. v.). — Einige Bemerkungen ueber Pflanzengrenzen oder Vegetationslinien im noerdlichen Europa (Quelques remarques sur les limites des plantes ou les lignes de végétation dans l'Europe septen- trionale). N* 21, 23 mai, col. 361-366. Mueller (Karl). — Gehært die Pflanzenwelt der Gegenwart zu einer und derselben Sehoepfungsperiode? (Le monde végétal actuel appartient-il à une seule et méme création?) Nes 22 et 23, 30 mai et 6 juin, col. 311- 386, 393-400. Lasch (W.). — Drei Xanthium - Arten mit ihren Bastarden (Trois espéces de Xanthium avec leurs hybrides). N° 24, 13 juin, col. 409-415. Mueller (Karl.). — Symbole ad Synopsin Muscorum. N° 24, 25 et 26, 13, 20 et 27 juin, col. 415-421, 436-440, 455-459. Schlechtendal (D.-F.-L. v.). — Ueber Polypodium horridum Lin., eine kritische Betrachtung (Sur le Polypodium horridum Lin., remarques critiques). N^ 26 et 27, 27 juin et 4 juillet, col. 449-454, 465-475. Roeper (J.). — Mittheilungen (Notes diverses). N° 28, 11 juillet, col. 481- A85. Peck (R.). — Botanische Mittheilungen (Communications botaniques). N° 28, 44 juillet, col. 485-486. Schlechtendal (D F. L. v.). — Bemerkungen zur Gattung Androsace (Remarques sur le geure Androsace). N* 29 et 30, 48 et 25 juillet, col. 497-504, 515-525. Reichenbach (H. G. fil.). — Zwei Oncidia, beschrieben von. (Description de deux espèces d'Oncidium). N° 30, 25 juillet, col 513-515. Cesati (Vinzenz). — Ricotia Pestalotiana. Beitrag zur kleinasiatischen Flora (Æicotia Pestalotiana. Note relative à la flore de l'Asie mineure). Ne 31, 1** août, col. 529-532. Miquel (F. A. G.). — Aroïdeæ novæ javanicæ. No 33, 45 août, col. 561-565. Paris.— Imprimerie de L. MARTINET, rue Miguon, 2, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1856. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON, VICE-PRÉSIDENT. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 28 novembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. LavaLLée (Alphonse), rue des Coutures-Saint-Gervais, 1, à Paris, présenté par MM. Weddell et de Schænefeld ; Lance, bibliothécaire au Jardin botanique de Copenhague, présenté par MM. Puel et Maille ; Ouxous (Léo d’), à Saverdun (Ariége), actuellement à Paris, rue Jacob, 22, présenté par MM. Moquin-Tandon et de Schænefeld ; GuiLLARD. (Achille), docteur és sciences, rue de Laval, 11, à Paris, présenté par MM. Duchartre et Lasegue. M. L. Kralik, membre de la Société, est proclamé membre à vie, sur la déclaration faite par M. le Trésorier qu'il a rempli la condition à laquelle l'art. 14 des statuts soumet l'obtention de ce titre. Dons faits à la Société : 1* Par MM. Prillieux et Riviére : Observations sur la germination et le développement d'une Orchidée (Angræcum maculatum). 2 Par M. Reveil : Recherches sur l'Opium, les opiophages et les fumeurs d opium, Rapport sur les produits pharmaceutiques de l'Exposition universelle de 1855. T. HI. 42 642 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3° De la part de M. H. Lecoq, de Clermont-Ferrand : Etudes sur la géographie botanique de l'Europe, tome V. h* De la part de M. Attilio Tassi, de Lucques : Intorno ad una particolarita di struttura dell Allium sativum, 5° De la part de M. Ch. Regnault : Histoire du Cocotier. 6° De la part de M. F.-W. Schultz, de Wissembourg : Archives de Flore (suite). 7° De la part de la Société scientifique et littéraire de Dragui- gnan : Bulletin de cette Société, numéro de juillet 1856. 8° En échange du Bulletin de la Societé : Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, numéro de novembre 1856. L'Institut, décembre 1856, deux numéros. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : LE BUPLEVRUM OPPOSITIFOLIUM Lap., SIMPLE ANOMALIE DU BUPLEVRUM FALCATUM L., pr M. D. CLOS. ( Toulouse , 1** décembre 1850.) Lapeyrouse, dans sa Flore abrégée des Pyrénées, p. 141, décrit, sous le nom de Zuplevrum oppositifolium , une plante nouvelle, découverte par lui à la Trancade d'Ambouilla, dans les Pyrénées-Orientales. Les auteurs qui, aprés ce botaniste, ont écrit sur la flore de France, n'ont su ce qu ‘il fallait penser de cette espèce, qui, par ses feuilles opposées, faisait excep- tion aux caractères du genre Buplevrum. De Candolle et M. Duby l'ont omise dans le Zotanicon gallicum. Toutefois, l'auteur du Prodromus regni vegetabilis la signale dans cet ouvrage (t. IV, p. 134) au nombre des species non satis nott, et se demande, à l'exemple de M. Bentham (Catal. des Py- rénées , p. 65), si cette espèce, des plus obscures, appartient bien à la fa- mille des Ombellifères : species omnino obscura, forte non umbellifera. La méme indécision est partagée par Mutel dans sa Flore française, t. I, p. 30; et on lit dans la Flore de France de MM. Grenier et Godron, à la suite des mots Zuplevrum oppositifolium Lap. : « nous est complétement inconnu » (t. I, p. 759). SÉANCE DU 1? pÉckMBnE 1856. 643 L'herbier de Lapeyrouse ne possède de cette plante qu'un seul échantillon méme incomplet , car il est réduit à sa moitié supérieure. Point de racine ou de rhizome , point de feuilles radicales. Un fragment de tige nu , long de 8 centimétres, gréle, glabre, se termine par deux feuilles opposées et par un faisceau de huit rameaux en ombelle. Ceux-ci sont également cylin- driques, filiformes, infléchis, inégaux , et terminés par des ombelles et des fleurs de Zuplevrum. De ces huit rameaux : L'un porte un verticille de trois feuilles , suivi d'une feuille solitaire, puis de deux feuilles opposées ; Un second, une paire de feuilles opposées, surmontées de trois autres feuilles alternes ; Trois autres ont chacun deux paires de feuilles opposées ; Deux autres ont chacun une paire de feuilles opposées et deux feuilles alternes ; Enfin, deux ont toutes les feuilles alternes. Toutes ces feuilles sont sessiles, elliptiques-spatulées, obtuses ou très légèrement mueronées, à trois nervures longitudinales, glabres comme le reste de la plante, longues au plus de 2 centimètres, larges de ^ ou 5 milli- métres, Tous les caracteres de l'inflorescence et de la fleur sont ceux du Buplevrum falcatum L.; et la comparaison attentive du B. oppositi folium avec les autres espèces du méme genre m'avait suggéré de fortes présom- ptions en faveur de cette opinion, qu'il fallait y voir une monstruosité du B. falcatum. Aussi ai-je éprouvé un vif sentiment de satisfaction en lisant dans la Zératologie végétale de M. Moquin-Tandon la phrase suivante ,à la page 151 : « Dans le Buplevrum falcatum observé par M. A. de Jussieu, les spirales des feuilles sont transformées en verticilles parfaitement régu- liers : ceux-ci présentent cinq, six, sept et huit éléments, et il s'est déve- loppé un rameau florifère dans l’aisselle de chaque feuille. » | | Le Buplevrum oppositifolium Lap. n'est autre chose qu'une anomalie tout à fait semblable. Ainsi s'explique cette singularité, que les botanistes explorateurs n'aient plus retrouvé d'échantillons de cette plante, une ano- malie étant toujours un fait accidentel. La méprise de Lapeyrouse est d au- lant plus excusable qu'à cette époque la science n'avait encore que des données trés vagues sur la tératologie végétale. nées Qu'il me soit permis d'ajouter que l'auteur de la Flore des Pyrénées, et, par conséquent aussi, ceux qui après lui l'ont copie ou traduit, ont u ès probablement commis une erreur en indiquant le Zuplevrum oppositi- folium comme plante annuelle. Cette monstruosité du B. falcatum etait sans doute vivace comme l'espèce à laquelle elle appartient, et que Lapeyrouse désigne aussi à tort comme annuelle. Bien qu'à mon avis il ne puisse rester le moindre doute sur ja nature 044 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. da B. oppositifolium, il ne sera peut-être pas inutile de faire remarquer que les localités d'Ambouilla et dela Traneade sont citées par Lapeyrouse au nombre de celles où croit le B. falcatum L. (loc. cit., p. 141). NOTE SUR UN CAS DE TÉRATOLOGIE OBSERVÉ DANS UNE CRUCIFÉRE, pr M. AD. WATELET. (Soissons, 4 décembre 1856.) Dans mes promenades botaniques autour de Soissons, on me fit remar- quer, l'automne dernier, une Crucifère qui présentait un cas de tératologie que je crois bon de faire connaitre, si déjà il n'a été publié. C'était un pied de Raphanus Raphanistrum L. Placé sur le bord d'un chemin peu fréquenté, il avait été atteint par les roues des voitures, et sa tige portait des traces de nombreuses blessures cicatrisées et de plusieurs autres encore. récentes. La plupart des fleurs étaient conformées de la manière ordinaire ; mais celles qui s'étaient développées sur les rameaux meurtris et noueux étaient composées, les unes de 5, les autres de 6 pétales. En examinant avec attention, on voyait qu'à la base de chacune des petites étamines s'était développé un pétale un peu plus petit que les quatre autres. Les fleurs à 6 pétales étaient donc composées d'un premier vertieille de h sépales et d'un second de 4 pétales, qui ne présentaient rien de particulier; puis il en venait uu troisième de 8 pièces alternant deux à deux avec les pétales, et comprenant, soit deux étamines, soit un pétale et une étamine. Rien dans le verticille intérieur n'était à remarquer. Les fleurs à 5 pétales manquaient de symétrie, puisque, d'un côté seulement, il y avait eu une sorte particulière de dédoublement. Cette observation conduit naturellement , il me semble, à considérer la fleur normale des Crucifères comme composée de verticilles de 4 pièces, où il y aurait eu dédoublement des deux étamines de deux en deux. On pourrait aussi considérer la fleur comme formée de verticilles de deux pieces. Il y en aurait deux de sépales, deux de pétales, autant d'étamines, dont l'un se serait dédoublé, et, enfin, un seul de pistils. La fleur serait alors régulière, et la loi d'alternance se vérifierait. De quelque manière que l'on considère les verticilles, il ressort toujours que le nombre six des étamines provient de dédoublement. EXTRAITS D'UNE LETTRE ADRESSÉE A M. MOQUIN-TANDON, VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ, pr M. L. LECLERE. Montivilliers, 9 novembre 1856. . . + Je possède plusieurs pieds de Cypripedium insigne qui, jusqu'ici, fleurissaient parfaitement tous les ans ; c'est-à-dire que chaque pédoncule SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1855. 645 portait une fleur bien conformée. Mais, cette année, j'ai remarqué que l'un des pédoneules était plus court et portait deux fleurs entièrement libres depuis la base de leurs ovaires. Ces fleurs étaient mal faites, mais elles avaient tous leurs organes. Chez une variété de Crinum, j'ai observé, sur la nervure médiane dorsale d'une feuille, une racine déjà bien prononcée, sans qu'il y eüt eu rupture de la nérvure. Une autre racine plus petite existe sur une autre feuille de la méme plante. De Candolle, dans son Organographie, parle d'une variété d'Oranger (figurée à la planche 41) qui donne des fruits mal conformés, et il est d'avis que cette monstruosité est due à la soudure de plusieurs fleurs. J'ai un Oranger dont plusieurs petits fruits présentent cette difformité, et rien ne me parait prouver que ce soit là le résultat d'une soudure. Il me semble, au contraire, que c'est le défaut de soudure complete des carpelles vers la partie supérieure des fruits, qui leur donne cet aspect singulier. Les Flores que je connais donnent pour station à l'OpArys apifera les coteaux et les pelouses des terrains calcaires. En effet, aux environs du Havre, à Orcher par exemple, sur les falaises bordant l'embouchure de la Seine, cette Orchidée est trés commune, en compagnie du Zoroglossum hircinum et de l’ Anacamptis pyramidalis. Mais dans les marais de l'Eure il existe une mare, appelée dans le pays le Fer-à-cheval, qui est beaucoup plus basse que les marais qui l'environnent; c'est sur un des bords de cette mare que j'ai trouvé 6 à 8 pieds d'OpArys apifera. M. Ed. Prillieux fait à la Société la communication suivante : CONSIDÉRATIONS SUR LA NATURE DES VRILLES DE LA VIGNE, pr M. ED. PRILLIEUX. La Vigne, qui a, par l'importance de ses produits, attiré l'attention d'un nombre trés considérable d'observateurs, et dont les innombrables variétés ont été le sujet d'une quantité trés grande de recherches et de descriptions, Offre encore, dans la disposition de ses organes, des particularités qui n'ont pas été jusqu'ici expliquées d'une façon satisfaisante. Tout le monde sait que la Vigne se cramponne aux objets le long des- quels elle grimpe, à l'aide de vrilles qui naissent des rameaux juste en face du point où sont insérées les feuilles. Quels organes sont ces vrilles? Depuis longtemps on avait répondu : Ce sont des inflorescences, ce sont des grappes de raisin dont les pédoncules ont pris un très grand dévelop- pement (1) ; la preuve en est dans la position des vrilles, qui est la máme (1) De Candolle, Flore francaise, t. I, p. 115 (1805). 646 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que celle des grappes, et daus la propriété qu'elles ont de porter souvent quelques grains de raisin (1); et l'on s'était contenté de cette explication, sans songer qu'une inflorescence est un rameau ou une tige, et qu'en admet- tant une inflorescenee oppositifoliée, on laissait sans solution la pártie la plus délicate du probléme, la relation qui existe entre la vrille ou la grappe et la tige qui les porte. C'est M. Aug. de Saint-Hilaire (2) qui attira le premier, je erois, l'atten- tion des botanistes sur les inflorescences qui semblent oppositifoliées, et qui montra qu'elles sont dues au développement trés grand d'un bourgeon axillaire qui rejette sur le côté l'axe principal (inflorescence), Peu de temps aprés, M. Roper (3) émit, à propos précisément des grappes et des vrilles de la Vigne, une pareille explieation. C'est cette théorie de Rœper qui, reproduite par Turpin (/1), puis par M. Adr. de Jus- sieu (5), a été admise sans contestation, et règne aujourd'hui dans la science. Un des savants les plus éminents de l'Allemagne, M. Al. Braun (6), a, depuis le travail de M. Adr. de Jussieu, étudié avec beaucoup plus de détails le mode de ramification de la Vigne; mais la complication très grande de ses explications, et l'emploi de mots techniques qui ne sont pas usités en France, ont entouré son travail d'une obscurité regrettable. Du reste, je crois que son opinion diffère, au fond, fort peu de celle des au- teurs préeédents. Je me propose ici d'abord d'exposer aussi simplement que je pourrai la disposition d'un rameau de Vigne, puis, en rappelant les théories proposées, de montrer en quoi elles sont en désaccord avec les faits qu'elles pré- tendent expliquer; je terminerai enfin en proposant à mon tour une expli- cation nou velle. Quand on observe un rameau de Vigne, on voit tout d'abord que les feuilles y sont disposées sur deux lignes, et que chacune alterne avec la précédente et la suivante ; puis que les vrilles naissent vis-à-vis des feuilles et à la méme hauteur qu'elles; mais en outre on remarque bientót que toutes les feuilles ne sont pas opposées à des vrilles, que les feuilles infé- rieures des rameaux n'en ont jamais vis-à-vis d'elles, et qu'un certain nombre de celles qui sont insérées plus haut en sont également dépourvues. La disposition sur les tiges des feuilles non opposées à des vrilles est (1) D. Simon-Roxas Clemente, Essai sur les var. de Vigne qui végètent en Anda- lousie, p. 55. (2) Nouveau Bulletin de la Société philomatique, 1825. (3) Rœper, De organis plantarum, p. 11. Basiliæ, 1828. (4) Turpin, Ann. Soc. hort.,t. XIV. (5) Adr. de Jussieu, Cours élémentaire, 1"* édit., p. 158. (6) Al. Braun, Verjuengung in der Natur, p. 49-54. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1850. 647 régulière et constante. Si nous numérotons les feuilles successives d'un rameau à partir du bas, en marquant du n°1 la première feuille en face de laquelle se montre une vrille, nous trouvons une vrille en face de la feuille n° 2 ; la feuille n° 3 n'en a pas; les feuilles n° 4 et 5 en portent ; la feuille n° 6 en est privée, et ainsi de suite, de telle façon que l'on rencontre toujours deux vrilles successives sur chacune des rangées de feuilles alter- nativement. Ainsi les vrilles correspondant aux, feuilles n°‘ 2 et 4 seront à droite, celles des n% 5 et 7 à gauche, etc, Les vrilles sont en général peu ramifiées, mais elles sont très rarement tout à fait simples : le plus souvent elles sont seulement bifurquées. Au point où elles se divisent en deux, on voit une petite feuille qui fait recon- naitre quelle est la branche de la fourche qui doit être regardée comme un rameau de la vrille. La position de cette petite feuille est constante; elle est toujours placée dans le méme plan que les feuilles de la branche, et sur le côté de la vrille opposé à celui qui regarde la branche ou, ce qui revient àu méme, la feuille en face de laquelle se montre la vrille, c'est-à-dire qu'on la trouve sur le cóté de la vrille qui est dirigé vers la terre. A l'aisselle de chacune des feuilles naît un bourgeon dont la disposition doit étre notée (fig. 1). Il se présente de profil au-devant de la feuille- mere ; . Disposition des feuilles dans les bourgeons axillaires de la Vigne. " rara 01, axe primaire. — f4, feuille portée par cet axe (feuille-mére). — a2, axe secondaire, — / 2 / 7, feuilles portées par l'axe secondaire.— a 3, axe tertiaire. — f 3 f 3, feuilles portées par l'axe tertiaire. en d'autres termes, si l'on fait passer un plan par le dos de toutes les feuilles du rameau et un plan semblable au travers des écailles du bourgeon, ce dernier croise le premier à angle droit. Souvent, au lieu d'un seul bour- geon axillaire, il semble qu'il y en ait deux ou méme trois collatéraux. Quelques jardiniers distinguent ceux qui sont sur le côté sous le nom de bourgeons stipulaires. Ces bourgeons stipulaires ne Sont réellement pont Collatéraux ; ils ne sont pas du méme ordre que le bourgeon axillaire ; ils ne naissent pas à l'aisselle de la feuille-mère de ce dernier. En examen attentif montre que chaque bourgeon dit bourgeon stipulaire se MM l'aisselle d'une des écailles inférieures du bourgeon à côté duquel il semble placé. Si l'on regarde le rameau qui porte la feuille-mère comme un axe 648 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. primaire, le bourgeon axillaire est de deuxième ordre, le bourgeon dit sti- pulaire de troisiéme ordre. J'ai dit plus haut que le plan passant par les feuilles de l'axe de deuxième ordre est perpendiculaire à celui qui traverse les feuilles de l'axe primaire, Il en est de méme pour l'axe tertiaire; les insertions des feuilles y sont disposées dans un plan qui croise à angle droit le plan des feuilles de l'axe secoudaire ; par suite, dans un plan qui coincide avec celui des feuilles de l'axe primaire. Dans la culture, on voit tantót l'un, tantót l'autre des bour- geons se développer ; on reconnaitra toujours aisément, à la disposition des feuilles, de quel ordre est le rameau produit. Si ses feuilles sont dans la méme direction que celles du rameau sur lequel il semble né, c'est qu'il est de troisième ordre par rapport à ce dernier; si ses feuilles sont dans une direction différente, c'est qu'il est de second ordre. En résumé, la disposition des feuilles des bourgeons nous montre que le plan passant par les feuilles d'un rameau eroise ie plan qui traverse les feuilles de l'axe d’où il naît, ou, plus généralement, que le plan qui passe par les feuiles d'un axe d'ordre pair croise le plan qui passe de méme par un axe d'ordre impair. La disposition des organes que porte un rameau de Vigne étant bien connue, voyons comment on a cherché à concilier avec les lois générales de la ramification des végétaux la production de la vrille au côté de la tige opposé à la feuille. Roper (1) est le premier, à ma connaissance, qui ait fait de ce sujet une étude spéciale. Aprés avoir montré qu'on ne saurait admettre, pour expli- quer la position oppositifoliée des vrilles et des grappes de la Vigne, ni qu'il y ait une feuille qui avorte toujours au-dessous de l'inflorescence, ni que celle-ci soit un rameau axillaire soudé avec l'axe dans toute la longueur de l'entre-nœud au-dessus duquel elle est insérée, il finit par considérer la vrille et le raisin comme une inflorescence terminale rendue latérale, en apparence seulement, par suite de l'évolution précoce du rameau né dans l'aisselle de la feuille la plus rapprochée de la vrille. Ce rameau, tout à fait semblable à la tige, se termine à son tour, au premier ou au second noeud, par une inflorescence ou une vrille, comme le précédent. Ainsi un rameau de Vigne est formé d'autant d'axes divers qu'on y compte de vrilles ou d'inflorescences. Cette ingénieuse explication fut reproduite peu d'années apres en France par Turpin, dans un mémoire sur les usurpations végétales (2). 1l n'ajouta absolument rien touchant la Vigne au travail de Roeper ; il se plut seulement (4) Reper, De organis plantarum. Basiliæ, 1828, p. 11. (2) Turpin, Notice sur les usurpations végétales (Ann. de la Soc. d'hort., t. XIV, 4834). SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 649 à lui donner une forme qui nous parait assez singulière : a L'entre-nœud supérieur est une branche cadette qui usurpe la position verticale et ter- minale qui appartenait de droit à son frère aîné, lequel, étant alors en quelque sorte détrôné, est obligé de céder à la force, de se courber latéralement. Chassée de la position terminale par l’usurpation de la branche cadette, la brànche ainée ne peut jamais se redresser et ressaisir le trône qu'elle a perdu pour toujours. » C'est, à l'expression près, l'interprétation des faits proposée par Roper. Adr. de Jussieu reproduisit à son tour la méme théorie dans son excellent ouvrage élémentaire, et, par la clarté et la simplicité de son expo- sition, contribua sans doute beaucoup à la vulgariser. L'explication de Roper, Turpin et Jussieu a été généralement adoptée sans contestation ; elle me semble cependant inconciliable avec l'obser- vation. Ces savants auteurs ont tous négligé de tenir compte de la présence des bourgeons axillaires qu'on trouve à l'aisselle des feuilles et de leur structure. Rappelons-nous ce que nous avons vu précédemment. Tantót il y a des vrilles, tantôt il n'y en a pas, en face des feuilles. D’après la théorie de Roper, quand il n'y a pas de vrille, l’entre-nœud supérieur est de méme ordre que l'inférieur ; quand il y en a une, l’entre-nœud supérieur est un rameau de l'inférieur. Dans ce cas, il faut admettre la présence de deux bourgeons situés l'un au-dessus de l'autre dans l'aisselle de la feuille. Il y a des faits analogues sans contredit ; mais comment expliquer alors que, quand l'entre-nœud supérieur est de méme ordre que l'inférieur, on ne trouve encore qu'un seul bourgeon, et non deux, dans l'aisselle de la feuille? Cette Observation me semble déjà de nature à jeter du doute sur la justesse de l'explication de Roeper ; mais il est une objection beaucoup plus grave à mes yeux : si l’entre-nœud supérieur est un rameau de l'inférieur, il doit, d'aprés ce que nous avons observé sur tous les bourgeons axillaires de la Vigne, porter des feuilles dont la direetion croise celle des feuilles de l'entre-nœud inférieur. Or il n'en est pas du tout ainsi : les feuilles, sur toute la tige, alternent sur deux lignes opposées. Leur position ne saurait permettre de penser qu'elles appartiennent à des axes d ordre différent. Il serait déjà bien hasardeux de supposer qu'il y a tantôt un, tantôt deux bourgeons de méme ordre à l'aisselle des feuilles ; mais il me semble impos- sible d'admettre une pareille hypothèse, quand on voit qu un des pré- tendus rameaux axillaires ne présente aucun des caractères d'un rameau axillaire. M. Al. Braun est, sans contredit, de tous les auteurs qui ont écrit sur la question, celui qui l'a le plus serupuleusement étudiée ; l'existence nor- male d'un bourgeon à l'aisselle de chaque feuille ne lui a pas échappé. Cependant il se range à la théorie de Rœper, en admettant sans détour que 650 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tantót les feuilles ne portent qu'un bourgeon (ce sont celles qui sont oppo- sées aux vrilles), et que tantót elles en portent deux. Il distingue les unes des autres deux sortes de pousses axillaires : les unes qui viennent seules à l'aisselle des feuilles en face desquelles ne se trouvent pas de vrilles ou qui, lorsqu'il y a une vrille, continuent la direction du rameau: ce sont les pousses axillaires primaires ou principales; les autres, qu'il nomme secondaires ou accessoires, sont celles qui naissent dans l'aisselle des feuilles en face desquelles il y a des vrilles, entre la pousse principale et la feuille. M. Braun affirme que ces pousses ont des caractères différents , les pousses principales ne formant point de prosenthèse avec l'axe sur lequel elles naissent, tandis que les pousses accessoires sont insérées sur l'axe avec prosenthèse : ce qui signifie, en d'autres termes, que le plan pas- sant par les feuilles des pousses secondaires croise le plan des feuilles de la tige, tandis que, sur les pousses principales, les feuilles sont disposées dans le méme plan que celles de l'axe qui porte ces pousses. Je crois que M. Al. Braun s'est laissé entrainer par une préoccupation théorique à méconnaitre la disposition réelle des bourgeons, disposition que j'ai trouvée constamment la méme à l'aisselle de toutes les feuilles, qu'elles fussent opposées ou non à la vrille. Aussi me paraît-il contraire à toute vraisemblance d'admettre que les entre-nœuds successifs d'une pousse de Vigne sont des ramifications les uns des autres, puisque leurs feuilles ne sont pas disposées comme elles le sont toutes les fois qu'il y à rami- fication. Aucune de ces explications (1) ne me semble d'accord avec l'observation attentive des faits que les auteurs se sont proposé de ramener aux lois géné- rales de la végétation ; je ne pense pas, toutefois, qu'on doive renoncer à les expliquer. Il y a une hypothèse plus simple que celles que l'on a faites, et qui me semble bien plus conforme aux :faits observés : elle consiste à considérer la vrille comme due à une partition de l'axe. Je suppose que l'axe au niveau de la feuille se bifurque de façon à donner naissance à la vrille et à l’entre-nœud supérieur, lesquels sont tous deux de méme ordre. Cette hypothèse me paraît concilier tous les faits observés et les faire tous rentrer dans l'ordre général. La vrille et l'entre-ncud supérieur, continuant également l'une et l'autre la tige, portent leur premiére feuille également tous deux dans la méme (4) Je crois devoir rapporter ici, seulement pour mémoire, un travail de M. Ou- demans, daté de 1850; c'est le plus récent que je connaisse sur cette question. L'auteur semble croire trancher toute difficulté en affirmant, comme le faisait De Candolle en 1805, que la vrille est une grappe modifiée qui nait comme toutes Jes grappes de Vigne en face des feuilles. Le titre de ce mémoire est : Morphologische Beschouwingen omtrent de Ranken van Vitis vinifera (Nederlandsch kruidkundig Archief, tweede deel, vierde stuk, 270). SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 651 direction et dans une situation telle que l'exige l'ordre alterne distique qui préside à la disposition des feuilles sur les tiges de la Vigne. A l'aisselle de chaque feuille se trouve un bourgeon dont la composition est partout la méme : les lois de la ramification sont constantes pour le végétal. Ce n'est pas tout: on peut peut-étre trouver dans la partition une explication de la disposition bizarre suivant laquelle les vrilles se succèdent sur la tige. « Toute division, dit M. Aug. de Saint-Hilaire, indique un plus grand degré d'énergie, et telle est probablement la cause de la partition. » Admettons cette assertion. Il est avéré qu'au bas de chaque pousse la végétation est faible; les feuilles n'y atteignent pas tout leur développement, les entre- nœuds y restent courts. Nous ne devons pas voir dans cette région de par- tition de la tige; nous ne devons pas y trouver de vrille. C'est, en effet, ce que l'observation nous a constamment montré. Plus haut, la vie du végétal se manifeste plus active, plus puissante; c'est alors que la tige est dans des eonditions convenables pour se diviser ; c'est là qu'apparaissent les vrilles. Mais cette production d'une tige accessoire, qui manifeste une grande activité vitale, doit en méme temps en épuiser la puissance. Qu'y a-t-il alors de surprenant à voir qu'après s'être à deux reprises partagée, latige, momentanément affaiblie, demeure un instant sans former de tiges accessoires ; puis qu'aprés un moment de repos, retrouvant ses forces, elle recommence à en produire de nouvelles? Parfois, au lieu oü normalement devrait se produire une vrille ou une grappe, se montre une tige feuillée : dans ce cas la partition apparait avec toute évidence, !a tige se bifurque, et les deux tiges qui la continuent prennent un méme développement, de telle sorte qu'elles représentent toutes deux l'axe dont elles sont également chacune le prolongement. Cette ano- malie, qui n'est pas rare.et que j'ai observée plusieurs fois en particulier sur les chasselas des environs de Paris, me semble fournir un argument considérable en faveur de la théorie que je propose. Bien que je pense que les considérations précédentes assurent assez l'hy- pothése que je propose, j'ai voulu cependant ehercher dans l'examen de la formation de la vrille une preuve de la vérité ou de la fausseté de mon Opinion. Cette recherche était d'autant plus nécessaire que M. Payer a, dans son grand ouvrage sur l'organogénie végétale, prété l'appui de son nom à la théorie de Rœper et de Turpin. Or les faits me paraissent donner iei encore raison à la théorie que je soutiens. Il faut seulement, pour ne pas se laisser égarer, avoir bien présente à l'esprit la loi qui préside a la disposition des feuilles sur l'axe, afin de ne chercher les vrilles que là où elles doivent se montrer. Si, au-dessous du mamelon qui termine l'axe, et sur le cóté duquel apparaît une feuille naissante, on trouve deux vrilles successives, on eher- . . , cherait en vain au sommet une vrille naissante; il ne doit pas s'en former. 652 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le mamelon terminal s'allonge, puis produit une nouvelle feuille, En face de celle-ci, on voit naitre sur le gros mamelon une protubérance, de telle facon qu'au sommet de la branche on trouve deux mamelons dont l'un, plus gros, occupe la position terminale, tandis que l'autre est sur le cóté opposé à la feuille (fig. 2 et 3). C'est ce dernier qui va former, en se développant, une Fig. 3. Fig. 2. Fig. 2. Extrémité d'un rameau de Vigne.— Les feuilles sont marquées de la lettre f, les vrilles de la lettre V. La vrille supérieure forme un petit mamelon sur le cóté du gros mamelon terminal. Fig. 3. Même partie un peu plus âgée. — Au-dessus de la vrille naissante V apparait une jeune feuille f. vrille ou une grappe. II me parait beaucoup plus simple et plus vrai d'ad- mettre que le mamelon terminal s'est divisé en deux, plutót que de sup- poser que le gros mamelon qui occupe la position terminale est né sur le petit et l’a repoussé sur le côté. Je crois pouvoir affirmer que jamais la vrille ou la grappe naissante ne se forme avant ce qu'on a considéré comme un rameau usurpateur, en d’autres termes, que jamais le petit mamelon n'apparaît avant le gros. Toujours le mamelon terminal se divise en deux parties, dont l'une, plus grosse, donne naissance à un entre-nœud feuillé qui continue la branche ; tandis que l’autre, plus faible, ne produit qu une vrille ou une grappe. . Ainsi la considération de la formation des organes naissants, aussi bien que l'examen de la disposition des organes adultes, me semble de nature à faire regarder les vrilles comme des axes accessoires produits par la par- tition des rameaux de la Vigne. M. Payer demande à M. Prillieux si ses observations ont été faites sur de jeunes rameaux ou sur des rameaux adultes. iL. M. Prillieux répond à M. Payer que ses observations ont été faites sur des rameaux déjà développés, en juin et juillet. À cette epoque, les feuilles formées ne sont pas toutes opposées à des vrilles; les deux bourgeons juxtaposés à leur aisselle paraissent. nés l'un à cóte de l'autre, tandis qu'ils sont nés l'un sur l'autre. M. Payer fait remarquer qu'il y a dans la Vigne deux sortes de bourgeons : les bourgeons proprement dits et ceux qu'on appelle SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 653 prompts-bourgeons. Ceux-ci n'ont pas d'écailles et ne sont pas en prosenthése, tandis que les autres présentent cette disposition et sont formés d'écailles qui sont des stipules et non des feuilles, ainsi que l'a prétendu M. AI. Braun. A l'époque actuelle de l'année, il n'y a pas une feuille sur les bourgeons de Vigne; il n'y a que des stipules transformées en écailles; tous les bourgeons sont en prosenthése. Dans les Amentacées, cette disposition se voit facilement; dans la Vigne elle est moins nette, parce que les bourgeons sont distiques. M. Prillieux présente à la Société plusieurs pieds d'Angrecum maculatum, venus de graines dans les serres du jardin de la Faculté de médecine de Paris, et ajoute les observations suivantes : La germination de cette Orchidée exotique a été étudiée par M. Aug. Riviére et par moi , et décrite d'abord dans une communication adressée à la Société (1), puis dans un travail plus étendu, publié dans les Annales des Sciences naturelles, et dont je fais hommage à la Société. La plante que je présente en pleine fleur a été semée au mois de juillet 1855; elle a commencé à fleurir à la fin de novembre 1856. Aprés avoir produit dans les premiers mois de sa vie un tubercule lobé dont la forma- tion et la strueture ont été exposées dans le travail offert à la Société, elle à donné naissance à une tige feuillée dont un des entre-nœuds s'est renflé en pseudobulbe. Ce premier pseudobulbe n'a point porté de fleurs; un de ses bourgeons s'est développé et a formé un deuxième pseudobulbe. C'est de la base de ce dernier que nait la hampe chargée de fleurs. La plante pré- sentée à la Société est fort intéressante en ce qu'elle porte à la fois et les débris, encore trés aisés à discerner, du tubercule lobé qui appartient à la période embryonaire de la vie du végétal, et l'inflorescence couverte de fleurs. En outre, c'est sans doute la premiere Orchidée venue de semis dans les jardins qui ait porté des fleurs, et dont la végétation ait été suivie depuis l'instant oü l'embryon commence à se renfler à l'intérieur de l'enveloppe de la graine jusqu'au jour où la plante adulte va produire elle-méme des graines. M. H. Lecoq fait à la Société la communication suivante : s i JCTION D DE LA GÉNÉRATION ALTERNANTE DANS LES VÉGÉTAUX, ET DE LA PRODUCTION DE SEMENCES FERTILES SANS FÉCONDATION, par M. HENRI LECOQ. MEME , "sente La génération alternante, ce phénomène si remarquable qui se pres (1) Voyez le Bulletin, t. LL, p. 28. 654 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chez les animaux inférieurs, appartient également aux végétaux et s'y montre dans des conditions tres différentes et trés variées. Les botanistes n'ont pas encore examiné avec assez d'attention les divers modes de génération des plantes, tels que la reproduction par agamie, la multipli- cation par graines non fécondées, et la relation de ces modes avec la monœæcie et la diœcie. Pour arriver à reconnaitre dans les végétaux tous les cas de génération alternante, il faut nécessairement les considérer comme des agrégations, et voir dans une graine un individu unique qui bientôt se complique d'in- dividus nouveaux, et qui finit par présenter un ensemble d'êtres groupés d'après des lois de symétrie et de subordination que nous sommes loin dé connaître complétement. Des groupements analogues ont lieu dans un grand nombre d'espèces appartenant à la classe des animaux radiés, et le nom même imposé à cette elasse rappelle l'idée de soudure et de groupement autour d'un centre. En admettant que, dans le régne végétal, la graine estle premier bourgeon; que chaque bourgeon ultérieur est un individu distinct, nous voyons que la génération alternante, ou plutót la digénésie (génération par deux modes), est le eas ordinaire et non l'exception comme dans le regne animal. Iya plus : c'est que, si l'on voulait étudier Ja reproduction dans les classes infé- rieures du règne végétal, on reconnaitrait, comme les beaux travaux de M. Tulasne l'ont démontré, non-seulement une digénésie, mais une trigénésie et méme une tétragénésie. Mais occupons nous-seulement des phanérogames: ce sujet est encore assez compliqué. Ainsi un arbre réunit un grand nombre de bourgeons avant de fleurir. Il se reproduit longtemps par agamie et finit par donner enfin des individus sexués. Ce n'est done jamais le premier être issu de la graine qui fructifle. Souvent méme tout un groupe d'individus périt saus fructifier. Si l'on suit, par exemple, le développement des formes variées, désignées sous les noms de Rosa canina et Rosa rubiginosa, on voit que la tige qui sort de la graine reste quelquefois plusieurs années sans fleurir, tout en présentant des bourgeons nouveaux; puis cette tige périt, mais en méme temps on voit sortir de sa base des bourgeons très vigoureux, qui croissent très rapidement, et ce sont eux qui, plus tard, se couvrent de fleurs et de fruits. Presque dans toutes les espèces arborescentes on obtient un développe- ment plus prompt, une croissance plus rapide, en supprimant artificielle- ment les premiéres pousses, c'est-à-dire les premiers groupes d'individus, et en hátant ainsi l'apparition d'étres nouveaux, bien plus vigoureux que les anciens. Tant que cette grande vigueur des individus existe, l'arbre s'aceroit rapidement, parce qu'alors tous les bourgeons coneourent à son dévelop- SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 655 pement; mais aussitót que la génération sexuée parait, l'aecroissement diminue au profit des semences. C'est ainsi que, dans l'aménagement des foréts, il y a avantage pour la production de la masse du bois à favoriser la génération gemmipare et à couper les taillis avant que des bourgeons à fleurs se montrent sur les branches. Il est probable que tous les végétaux sont sexués, mais il en est qui se servent rarement de ce dernier moyen de reproduction, et l'on trouve dans les foréts des arbres qui restent toute leur vie stériles. On est frappé surtout, dans les foréts tropicales, du nombre d'espéces qui les composent et du petit nombre de fleurs qui apparaissent. Certaines Mousses, quelques Lichens se rencontrent toujours ou presque toujours sans fructifications et ne peuvent se reproduire que par agamie. La reproduction dans les végétaux a donc lieu bien plus souvent par bourgeons que par graines, et si elle est digén?se, elle n'est pas régulièrement alternante, car plusieurs générations de gemmes se succèdent, surtout dans les espèces ligneuses, avant qu'une génération sexuée se produise. Le développement des fleurs, et surtout la maturation des graines, ne peuvent avoir lieu que sous certaines conditions de climat. C'est ainsi que des plantes, des arbres même, tels que le Sorbus aucuparia, des arbrisseaux, tels que le Vaccinium Myrtillus, s'avancent tellement au nord qu'ils ne peuvent plus fructifier. Là ils vivent très longtemps, groupant continuelle- ment leurs bourgeons, et chaque groupe ne peut naître originairement que des graines transportées par les oiseaux. Dans ces contrées froides comme sur les hautes montagnes, la génération sexuée est tout à fait exceptionnelle, et nous trouvons un mode de repro- duction très curieux : c’est l'apparition de fleurs qui par nécessité restent Stériles, à cause du froid, etle remplacement de ces fleurs par de véritables bourgeons, par de jeunes plantes qui ressemblent à des graines en germi- nation. Le Polygonum viviparum, le Poa bulbosa, le Poa alpina, des Allium, beaucoup de Graminées nous présentent ces singuliéres transformations. Ce sont de véritables bourgeons qui prennent la place des graines. | Nous arrivons ainsi, par intermédiaires graduels, à la reproduction par graines non fécondées qui ne diffèrent des bourgeons qu'en ce que la mem- brane qui les entoure est close de toutes parts, et que le germe est obligé de la percer pour sortir. Cette génération sexuée sans le concours de l'organe mâle a été long- temps considérée, non comme une erreur de la nature, mais comme une erreur des botanistes, comme le résultat d'observations mal faites. L'assertion de Spallanzani, que le Chanvre femelle donne des graines fertiles sans le Concours du pollen, n'a pas été franchement aceeptée. On a douté et l'on doutait encore lorsque, dans les années 1819 et 1820, j'entrepris des expé- 650 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. riences très précises qui ne furent publiées qu'en 1827, dans une thèse soutenue à l'École de pharmacie de Paris. Quoique j'eusse pris le soin de m'appuyer des expériences antérieures de Camerarius et de Spallanzani, je ne pus alors convaincre mes juges, qui m'opposérent, par politesse seule- ment, un sourire d'inerédulité. Mes expériences ont été faites sur le Chanvre, l'Épinard, le Mercurialis annua, le Trinia vulgaris, le Lychnis sylvestris, et sur une Cueurbitacée dont j'ignorais le nom spécifique. Je n'ai pas besoin de rappeler que j'avais pris toutes les précautions possibles pour isoler mes plantes, et cependant, à l'exception du Cucurbita et du Lychnis, toutes les autres me donnèrent des graines fertiles. Ces expériences avaient été entreprises dans le but d'infirmer celles de Spallanzani; mais je dus me rendre à l'évidence et reconnaitre que des individus femelles peuvent donner des semences fertiles sans le concours du mále. Je fis encore des essais sur d'autres espèces monoiques ou hermaphro- dites, et je n'ai pu parvenir à obtenir des graines fertiles sans fécondation. Derniérement M. Naudin a publié, dans les comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, un fait relatif à la fertilité des graines de la Bryone, qui ne laisse aucun doute sur la faculté que possèdent certaines plantes dioiques de se reproduire sans fécondation. Ce fait vient confirmer entierement les expériences que j'ai faites il y a trente-six ans et que j'ai publiées depuis longtemps. Depuis lors, plusieurs faits de ce genre ont encore été signalés. Dans le règne auimal, outre les observations déjà faites sur les pucerons et qui avaient été acceptées sans difficulté, M. Ernest de Siebold cite, dans son travail récent sur la parthénogénie, des observations précises sur la repro- duction sans fécondation chez les psychés, les abeilles et les vers à soie. Je puis y ajouter l'observation d'un Bombyx Caja, élevé de chenilles dans la forét des Ardennes et qui me donna, saus le concours d'un mále, des œufs qui produisirent des larves. Je ne doute pas que divers naturalistes n'aient à citer des faits de ce genre, et que leur silence ne soit dü à la crainte d’une incrédulité assez pardonnable, mais qui pourtant ne peut être systématique. Je crois donc que l’on doit admettre aujourd'hui, sans aucun doute, que des êtres femelles appartenant soit aux végétaux, soit aux animaux des classes inférieures, produisent des graines ou des œufs fertiles sans fécon- dation. Reste à déterminer par expérience si une fécondation, antérieure d'une ou de plusieurs générations, est nécessaire, et combien de générations femelles pourraient se succéder sans le concours des måles. Reste encore à faire un autre examen : c'est de savoir dans quelles cir- coustances ces faits eurieux se présentent chez les végétaux. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 657 Nous n'avons jusqu'ici aucun exemple bien avéré d'une plante herma- phrodite ou monoique, fertile sans le concours du mâle; non que ces exemples ne puissent exister, mais nous ne les connaissons pas. Il semble done que la diccie soit une des conditions de ce mode de reproduction. On ne peut disconvenir, en effet, que les plantes dioiques ne soient bien plus exposées que les autres à rester infécondées, car on se demande com- ment les courants aériens peuvent transporter le pollen précisément sur les points oü les individus femelles sont en fleur. Si les végétaux dioiques vivaient en sociétés nombreuses, comme beaucoup d'espèces monoiques et hermaphrodites, une fécondation indirecte tiendrait lieu d'une monogamie plus ou moins sérieuse; mais il n'en est pas ainsi. Si les espèces dioiques sont sociales, on peut être presque certain de rencon- trer un seul sexe dans chaque groupe. Les exemples à ce sujet sont nom- breux et frappants. Nous avons vu souvent de grands espaces ne présenter qu'un seul sexe du Bryonia dioica, de l'Humulus Lupulus ; nous n'avons pour ainsi dire, sur tout le plateau central de la France, que des individus femelles du Salix pentandra. Jacquemont a trouvé au pied de l'Himalaya le Phænix acaulis, Palmier dont la tige, réduite à une souche enterrée dans le sol, n'émet que des frondes d'un mètre de hauteur cachées dans les herbes. Bien que l'espéce füt trés abondante, i! n'a vu que des individus femelles, dont les fruits étaient cependant fertiles. D'oü vient le pollen qui les a fécondés? Et d'ailleurs le transport du pollen par les courants d'air est souvent impossible. Celui des Saules est adhérent à l'anthére et ne s'en détache pas; celui des Rafflesia est complétement visqueux. Les insectes seuls peuvent, dans ce cas, transporter le pollen. La nature les attire sur les chatons des Saules par l'appát d'un nectar parfumé, et jusque dans les solitudes de la Laponie, la patrie des Saules, le printemps se déclare par l'apparition simultanée des fleurs de ces végétaux, et des hyménoptères et des diptères qui éclosent en même temps. D'autres insectes, trompés par l'odeur cadavéreuse des Rafflesia, remplissent également le rôle d'inter- médiaires dans la zone équatoriale. La fécondation dans les plantes dioiques est done soumise à des chances d’insuccès. Une autre considération nous fait voir combien les plantes dioiques sont exposées à rester sans contact: dans quelques-unes les fleurs máles se sont montrées et se sont flétries avant l'épanouissement des fleurs femelles. C'est ce qui a lieu particulièrement pour le Chanvre. Un champ dont toutes les parties ont été ensemencées en même temps produit des máles qui fleu- rissent, en moyenne, plus de quinze jours avant les femelles. on S empress de les arracher, et il est certain que, pour cette espèce, l experience d indi- vidus féconds sans le concours du mále se renouvelle et se perpétue tous les ans dans les cultures. h3 T. ni. 658 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En notant la durée des plantes, nous arrivons encore à un curieux résultat. Presque tous les végétaux dioiques sont ligneux ou vivaces; un trés petit nombre est annuel. Si, parmi ces derniers qui périssent chaque année, la fécondation n'avait pas lieu, une espèce dioique et annuelle pourrait dis- paraitre et se perdre ; mais on voit, par les faits et les expériences rapportés plus haut, que toutes les especes annuelles et dioiques sur lesquelles des expé- riences ont été faites ont donné des graines fertiles sans fécondation. Est-ce une loi générale ou une règle sujette à des exceptions? Mais, dans tous les cas, c'est une admirable combinaison à ajouter à celles que nous dévoilent tous les jours les ceuvres du Créateur. Il faut remarquer aussi que, dans le regne animal, les espèces qui pré- sentent la méme exception sont toutes annuelles. Aucune expérience, à ma connaissance, faite sur des plantes monoiques n'a réussi. Cela tient-il aux chances plus certaines de fécondation sur des groupes oü les deux sexes sont réunis? Nous l'ignorons ; mais nous appe- lons l'attention des botanistes sur cette question : Les plantes dioiques annuelles sont-elles toutes fertiles sans fécondation ? Je n'ai pu, dans cette note, donner à cette intéressante question de la digénésie tous les développements qui peuvent en faciliter l'étude, J'aurais à la considérer encore au point de vue de l’unité végétale, au lieu du grou- pement des individus ; j'aurais à examiner ses rapports avec l'inflorescence des sexes dans la monacie et avec l'hybridation. J'aurai l'honneur de soumettre ultérieurement à la Société des considé- rations sur cette série d’études. M. J. Gay cite deux exemples de plantes dioiques dont les indi- vidus femelles sont fertiles sans le concours du mâle. L'un est le Coe- bogyne, cultivé dans les serres de Kew, et qui donne tous les ans des graines capables de reproduire la plante. L'autre est le Chara crinita, dont les individus femelles se rencontrent fréquemment en fructification, et dont on n’a encore trouvé qu'un seul échantillon màle. Ces exemples ont été rappelés par M. Al. Braun au congrès des naturalistes allemands qui s'est réuni à Vienne cette annee (4). M. Moquin-Tandon dit qu'il a fait avec succés des expériences analogues sur l'Épinard. Mais il a trouvé une fois une fleur herma- phrodite sur un pied femelle, ce qui lui a donné des doutes sur la réalité du fait de la production de graines fertiles sans le concours du mâle. I ajoute que, dans le règne animal, des faits semblables ont été bien constatés. Ainsi il est certain que la paludine, étant (1) Voy. le Bulletin, t. III, p. 615. SÉANCE nU 12 DÉCEMBRE 1856. 659 séquestrée, se reproduit pendant plusieurs générations. Il en est de méme pour plusieurs autres mollusques. M. Weddell appuie l'opinion émise par M. Lecoq au sujet des Rafflesia, qu'il considère comme pouvant produire des graines fer- tiles sans fécondation. S'il y a, chez ces plantes, contact du pollen, il est extrémement léger. M. Robert Brown n'a vu daus le Rafflesia Arnoldi ni tissu conducteur, ni véritables stigmates. Or, à la matu- rité, tous ses ovules sont munis d'embryons. Il faut donc admettre soit l'action d'un seul grain de pollen sur tous les ovules, soit le développement d'ovules sans fécondation. M. Duchartre rappelle qu’au Muséum MM. Decaisne et Naudin s'occupent d'expériences de ce genre. Dans ce moment même on y séquestre avec le plus grand soin des Mereuriales et des Chanvres femelles qui fructifient parfaitement. M. Payer regrette que les plantes sur lesquelles on a jusqu'ici expérimenté ne soient pas des espèces à grandes fleurs et à organes sexuels bien apparents. Il est convaincu que la plupart des plantes à petites fleurs, que l'on considére comme dioiques, sont réellement polygames. Ainsi, sur des pieds femelles de Chanvre et de Mercu- riale, il a souvent constaté la présence d'étamines. M. Cosson rappelle que la plante désignée sous le nom de Mercu- rialis ambigua est une forme du M. annua, caractérisée par la réu- nion des deux sexes sur le méme individu. M. Lecoq répond que les expériences faites sur la possibilité de reproduction par graines sans fécondation sont trop nombreuses pour que le résultat puisse en être contesté. D'ailleurs, dans le régne animal, la reproduction sans accouplement est un fait positif chez certaines espèces. . M. Payer est d'avis que, même en zoologie, la question n est pas tout à fait tranchée. E . | M. Chatin pense que, du moins chez les vegetaux, la question est encore fort douteuse et a besoin de nouvelles études. Il ne croit pas, d'ailleurs, qu'on doive conclure à priori du règne animal au regne végétal. mE 2. M. Duchartre insiste sur le fait du Cælebogyne, qui lui parait n= contestable. M. Robert Brown a examiné cette plante avec un soin extrême, sans trouver la moindre trace d'organes måles, u M. Weddell dit que cette plante a été récemment encore l'objet 660 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'un examen attentif de la part de M. Radlkofer, qui est arrivé au méme résultat. M. Baillon, qui a examiné aussi lui-même le Cæ/ebogyne, confirme le fait. M. Payer croit qu'il n'est pas impossible que le Cœlebogyne ait été fécondé dans les serres par le pollen d'autres espéces appartenant à des genres voisins. M. de Schœnefeld fait remarquer que, si le Co»/ebogyne était fé- condé par d'autres plantes, les produits de cette fécondation ne seraient pas absolument semblables à la plante-mére, et que l'hybri- dation serait facile à reconnaitre. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : SUR LA RESPIRATION DES OROBANCHES, par M. AB. CHATIN. Je wai que quelques mots à dire à la Société, encore se rapportent-ils moins à la communication d'un travail que j'aurais effectué, qu'à une demande d'avis sur une difficulté qui m'arréte au milieu de recherches entreprises. L'illustre A.-P. De Candolle, généralisant les observations de Th. de Saus- sure, celles confirmatives dedivers autres observateurs et les siennes propres, formule en cette loi simple les rapports avec l'atmosphère des diverses parties des végétaux qui ne sont pas vertes : « Tous ces organes ne s’assi- milent point l'oxygène de l'air ; mais, soit de jour, soit de nuit, cet oxygène s'empare d'une portion de leur earbone, et forme ainsi une certaine quan- tité d'aeide carbonique (1). » Bien que ce passage de De Candolle s'appli- que plus spécialement aux racines, il rend cependant d'une maniere exacte la peusée maintes fois exprimée du célébre botaniste sur l'action des par- ties aériennes non colorées en vert (dans les Orobanche, les Monotropa, ete), sous la réserve de quelques cas qu'il a lui-même pris soin de rappeler [ Atriplex hortensis rubra (2)]. (1) A.-P. De Candolle, Phys. végét , t. I, p. 135. (2) Il est digne de remarque que cet Atriplex est la plante qui a fourni à Saus- sure le plus d'oxygène dans un temps donné. A ce fait particulier se lie sans doute une observation intéressante de notre excellent collègue M. de Schœnefeld, qui me l'a communiquée dans les termes suivants : « J'ai desséché cette année, pour mon herbier, quelques échantillons d’Atripleæ hortensis rubra. Tiges, feuilles et fruits étaient du rouge le plus foncé. Je fus trés surpris de voir, avant méme que la dessiccation fût achevée, cette coloration disparaître complétement, pour faire place à un beau vert d'épinard. C'est la seule fois de ma vie que j'ai vu une plante verdir en séchant et en étant soustraite à l'influence de la lumière. Ce phénomène ine semble indiquer que la coloraion de l' Atriplez est d'une autre nature que celle SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 661 Les intéressantes recherches de M. Lory sur la respiration des Oroban- ehes (1) vinrent donner, en 1847, quant à ces plantes, la sanction des expe- riences aux opinions qui avaient cours dans la science. M. Lory constata qu'à une température moyenne de + 18*, l'Orobanche Teucrüi en pleine fleur, placé dans l'air, détruit, en trente-six heures, plus de quatre fois son volume d'oxygène; que, dans les mêmes circonstances, la partie florifère de l'Orobanche brachysepala fait disparaitre deux fois et un tiers son volume d'oxygène. Des expériences faites sur des tiges non fleuries donnèrent des résultats analogues. Les observations de M. Lory furent accueillies avec satisfaction, mais sans surprise, car elles étaient prévues. Un fait, dont je fus frappé en m'occupant de l'anatomie des Orobanches, m'inspira cependant le désir de revoir, et, au besoin, d'analyser les résul- tats expérimentaux obtenus par M. Lory. Je rencontrai dans les cellules épidermiques, et à divers degrés dans les cellules du parenchyme externe, des gouttelettes d'une matière huileuse (solidifiable avec le temps par l'ac- tion de l'air), c'est-à-dire d'une substance tres hydro-carbonée. Or, me dis-je, si les plantes vertes, qui décomposent tant d'acide carbonique dont elles s'assimilent le carbone, forment cependant, pour la plupart, si peu de matières carbonées, comment les Orobanches sont-elles si riches en ces sortes de matiéres, tout en tirant leurs sues des premieres plantes et en faisant des pertes continuelles de carbone (2)? Il semble que ce soit préci- sément le contraire qui devrait se présenter. Je commencai done par reprendre, sur l'Ürobanche Epithymum et l'O. Galii, espèces fort communes aux environs de Paris, les expériences de M. Lory. Laissant de côté les détails (que je réunirai plus tard à ceux d'études physiologiques encore fort incomplètes que j'ai entreprises sur la respiration du Monotropa et des Cuscuta), je dirai qu'en résumé mes résul tats n'ont fait que eonfirmer ceux de M. Lory. 1l est inutile d ajouter que mon esprit est resté dans l'embarras où il s'était jeté en raisonnant chimie là où, dira-t-on peut-être avec raison, sont des inconnues tenant aux organes et aux mystérieuses fonctions de la vie. | na Cependant la chimie pouvait aller un peu plus loin dans la mise à jour des mystères vitaux. Je traitai et enlevai, par l'éther, le principe huileux, que je placai au soleil, étendu sur un verre de montre trés plat, sous une des plantes voisines, telles que les Chenopodium rubrum, polyspermum, Rybri- dum, etc., souvent aussi colorées en ronge, qui jaunissent et brunissent dans les herbiers, en conservant des traces de leur nuance primitive. » (1) Lory, Sur la respiration et la structure des Orobanches (Ann. sc. nat., 3° séri . | PENA en raisonnant ainsi, à d'autres parasites, au Cytinus, au Cynomorium surtout, qui semble n'être qu'une masse oléo-résineuse, 662 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cloche à oxygène dont le gaz fut bientôt en partie absorbé et remplacé par une quantité presque équivalente d'acide carbonique. En méme temps que de l'aeide earbonique se formait, l'huile se solidifiait en se résinifiant, abso- lument comme il arrive dans les Orobanches elles-mêmes par les progrès de la végétation, ou quand elles se dessechent au contact de l'air. L'expérience qui précède me parait bien, tout eu laissant quelque chose aux organes agissant surtout par leur perméabilité, donner une bonne part à la chimie brute dans l^ phénomène respiratoire des Orobanehes pris dans son ensemble; mais dit-elle tout? Je n'oserais l'affirmer encore, et mes doutes sont précisément ce qui m'ameéne à demander des conseils. Je m'ex- plique. Eu admettant (4) pour ie moment que le résultat des expériences faites par M. Lory et par moi sur des Orobanches encore fraiches, mais séparées de leurs adhérences et du sol, représente le phénomene naturel dans sa généralité, on concoit que ce résultat puisse n'étre que la somme ou la résul- tante de plusieurs actions distinctes. Ainsi il pourrait y avoir, indépen- damment de la formation d'acide carbonique par l'oxygène de l'atmosphère et le earbone de la matiére huileuse par là transformée en résine, un autre phénomène plus profond, plus intime, plus vital si l’on veut, consistant, comme pour les plantes vertes et l' Atrzplez hortensis rubra, en une fixation de carbone et en une exhalation d'acide carbonique. Seulement alors, ce second phénomène, moins intense que le premier, serait masqué par lui, de telle sorte que le résultat donné par les expériences faites jusqu'à ce jour ne représenterait autre chose que la prédominance d'une aetion sur l'autre. Ce résultat ne serait done qu'un produit complexe, la différence entre deux actions opposées, mais de puissance inégale. Comment dégager ces deux actions l'une de l'autre, afin de reconnaitre l'existence et la part de chacune d'elles? Je l'ignore et crains bien, Messieurs, de ne pas sortir de la difficulté si vous ne me venez en aide. M. Duchartre rappelle que les Balanophorées présentent, à un degré plus grand encore, la difficulté signalée par M. Chatin. M. Weddell présente à la Société une série de notices de M. Ho- ward sur les quinquinas. Il met en outre sous les yeux de la Société le travail de M. Joseph Hooker, intitulé : Structure et affinités des Balanophorées, et ajoute les observations suivantes : Le mémoire que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Societe a pour objet l'étude de la structure anatomique, de la morphologie et des (4) Ce que je me propose de vérifier, malgré la difficulté d'opérer sur des indi- vidus tenant au sol, et d'installer des appareils au milieu des champs. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 663 affinités des Balanopherées ; c'est un sujet que j'ai moi-même attaqué il y a quelques années (1), et je l'aurais probablement repris, si je n'eusse su qu'un plus habile que moi s'était chargé de le traiter à fond. Je crois, du reste, qu'il m'est d'autant plus permis de faire l'éloge du travail de M. le doeteur Hooker, que les opinions qui y sont emises sont souvent oppo- sées aux miennes. En disant donc qu'il est de beaucoup le meilleur et le plus complet de tous ceux qui ont vu le jour sur ce sujet difficile, je ne crois pas que l'on puisse me taxer de partialité. Aprés une analyse rapide des observations contenues dans le mémoire de M. le docteur Hooker, M. Weddell ajoute : Ce n'est pas à dire cependant que toutes les opinions exposées dans mon memoire me paraissent avoir été combattues avec un égal succès; je crois méme pou voir démontrer que, si ma manière de voir relativement à la nature du pistil des Balanophorées (et des Balanophora en particulier) est. para- doxale, celle de mon contradieteur ne l'est pas moins. Si en effet un nucelle prolongé en un appendice qui joue le rôle de style ou de stigmate est une chose des plus anormales, est-il plus normal, je le demande, qu'un sac embryonaire naisse, ainsi que le veut M. Joseph Hooker, d'une paroi ovarienne ? M. Reveil présente à la Société : 4° la thèse de M. Regnault sur le Cocotier; 2° sa propre thèse sur l'Ópium ; 3° son rapport sur les produits pharmaceutiques de l'Exposition universelle. Il fait ensuite à la Société les communications suivantes : Un grand nombre d'agriculteurs ont cherché à extraire du Pavot un suc qui, desséché, pourrait faire concurrence à l'opium du Levant; mais c'est surtout à M. le professeur Aubergier que l'on doit d'avoir démontre le pre- mier que l'extraction de l'opium pouvait s'opérer sur le Pavot, sans nuire nullement à la graine. C'est sur le Pavot pourpre que M. Aubergier a expé- rimenté, et l'opium qu'il a obtenu lui a fourni 11 pour 100 de morphine. Dans ma thèse inaugurale à la Faculté de médecine (Recherches sur l'opium, les opiophages et les fumeurs d'opium), j'ai fait connaitre un pro- cédé qui permet de doser exactement la morphine et la narcotine ; j'ai indi- qué également la richesse des divers opiums, et j'ai démontré que presque tous les opiums du Levant étaient le plus souvent des produits falsifiés M une matière obtenue par expression de la plante (méconium , au lieu de l'incision qui doit être seule pratiquée pour obtenir le véritable opium. femelle des Balano- 1 sidérations sur l'organe. reproducteur (1) Voyez mes Considérations g AMAA . 0e 1 phorées et des Rafflésiacées (Ann. des sciences nat., 3° série, t. 664 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Benard, pharmacien à Amiens, et M. Renard, cultivateur à Puche- villiers, pres Doullens (Somme), ont extrait du Pavot à œillette un opium qui renferme environ 20 pour 100 de morphine. On a reproché au Pavot à œillette d'avoir un péricarpe très mince qui permet difficilement de prati- quer des incisions à sa surface sans percer l'endocarpe. M. Bénard assure que ces incisions peuvent être faites sans qu'il soit nécessaire de prendre la moindre précaution et sans nuire à la qualité et a la quantité de la graine. Des enfants de douze à quinze ans peuvent étre employés à ce travail ; la main-d'œuvre étant alors moins élevée, on peut obtenir ainsi un opium qui renferme 20 pour 100 de morphine et qui ne revient qu'à 12 fr. 50 c. le kilogramme. Or l'opium du Levant coûte, en moyenne, 50 fr., et il renferme trois fois moins de morphine que l'opium du Pavot à œillette. On voit que les agriculteurs peuvent tirer de grands bénéfices de cette exploitation et nous exonérer d'un tribut d'un demi- million que nous payons à l'étranger. L'échantillon que j'ai l'honneur de présenter à la Société provient de la récolte de M. Renard, cultivateur à Puchevilliers; il a été extrait du Pavot à œillette; il contient 19,33 pour 100 de morphine. La coloration bleue qui se manifeste lorsque l'iode libre se trouve en contact avec l'amidon a été mise à profit pour constater la présence de ce métalloide. Cette réaction caractéristique n'a cependant de valeur absolue que dans le cas oü cette coloration est bien prononcée et lorsqu'elle disparait par une température de 70 à 80 degrés environ pour se manifester de nouveau par le refroidissement; mais il est des cas oü la couleur, au lieu d'étre d'un beau bleu, est à peine violette: on reste alors dans le doute, méme lorsqu'on s'est entouré de toutes les précautions indiquées daus les ouvrages de chimie analytique. Ayant eu l'occasion, dans ces derniers temps, de rechercher Piode dans certaines Conferves qui se développent dans les eaux thermales, j'ai employé un procédé qui m'a donné des résultats tellement satisfaisants, que je crois utile de le faire connaitre. Voici en quoi il consiste : On calcine légérèment, dans un creuset d' argent ou dans une eapsule de porcelaine, la plante dans laquelle on veut rechercher l'iode, après y avoir préalablement ajouté une petite quantité de bicarbonate de potasse eris- tallisé. Ce sel doit étre préféré à la potasse caustique, qui contient souvent de l'iode ; le résidu de la calcination est trituré exactement avec une petite quantité de peroxyde de manganèse pur ; le mélange étant introduit dans une petite capsule, on y verse quelques gouttes d'acide sulfurique con- centré. et on place sur la capsule une lame de verre sur laquelle on à fait vaporiser du mercure. La capsule étant légèrement chauffée, l'iode se dé- gage et forme, avec le mercure, un bi-iodure d'un rouge magnifique, qui SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 665 devient jaune citron, lorsqu'on le chauffe légèrement, pour devenir rouge de nouveau. Cette expérience peut encore être faite dans un petit tube à essai. M. Cosson met sous les veux de la Société plusieurs espéces nou- velles d'Algérie, et fait les communications suivantes : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. * (Quatriéme partie.) Au nord-est de l'oasis de Tyout, quelques jardins et des champs d'Orge sont situés sur les bords de l'oued que nous traversons pour gagner la plaine que nous devons parcourir jusqu'à Asla. Sur des rochers de grès, qui forment un massif assez considérable à gauche de la plaine, sont grossière- ment entaillées des figures dues probablement au ciseau inexpérimenté de quelque pélerin revenu de la Mecque, et rappelant jusqu'à un certain point les sculptures qui, en Égypte, existent sur les ruines des anciens monuments, et quelquefois aussi sur les parois des rochers. Au pied du rocher, où M. Marès s'est arrêté pour prendre une copie des figures qui y sont tracées, il découvre une espèce de Pulicaria voisine du P. Desertorum DC., et nou- velle pour l'Algérie. Pendant que M. Marès est occupé à prendre son cro- quis, nous faisons la liste des espèces qui croissent dans le sol argilo-sablon- neux de la plaine, bornée à l'ouest par la continuation de la chaine des roehers et à droite par des montagnes pierreuses nues plus élevées. Entre les touffes des plantes vivaces suivantes qui sont espacées çà et là: Zilla macroptera, Peganum Harmala, Anthyllis Numidica, Retama Durici var. pheocal yx, Rhanteriumadpressum, Artemisia Herba-alba, A nvillea radi ata ; Centaurea polyacantha, Atractylis microcephala, Antirrhinum ramosissi- mum, Marrubium Deserti, Caroxylon articulatus, Passerina microphylla, Lygeum Spartum, Arthratherum pungens et obtusum, ete., nous observons les Delphinium pubescens, Matthiola livida, Diplotazis virgata, Alyssum macrocalyx, Hussonia Æ giceras, Reseda eremophila, un Ferula proba- blement nouveau, Daucus pubescens, Chlamydophora pubescens, un genre nouveau de Corymbifère voisin des Lyonnetia, le Rhetinolepis lonadioides qui se rapproche des Cladanthus par la présence d'uu canal résinifere au niveau de la nervure dorsale des paillettes du réceptacle, les Carduncellus eriocephalus ?, Kælpinia linearis, Convolvulus supinus, Salviu lanigera, Cynomorium coccineum, Festuca divaricata, ete. Plus loin, sur des ondula- tions pierreuses, nous rencontrons des pieds espacés de Leyssera capitlifolia, Arnebia Vivianii, Statice Bonduellii, Sonchus spinosus, Atractylis flava, etc. 666 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Des dunes basses parsemées de touffes d'Alfa (Stipa tenacissima) nous offrent la réunion habituelle des plantes des sables dans cette latitude, entre autres les /Volletia chrysocomoides, Scabiosa semipapposa, Euphorbia Guyoniana, Ononis serrata, Astragalus Gombo, Hippocrepis bicontorta, Brassica Tournefortii, ete. Vers trois heures, étant arrivés à environ dix lieues de Tyout, et fatigués de notre long trajet à travers cette plaine mo- notone, où nous ne rencontrons plus que des espèces déjà observées dès le commeneement de la journée, et ayant en outre à souffrir de la soif et des ardeurs du soleil, nous nous arrétons quelques instants pour nous reposer à l'ombre de buissons et attendre que les spahis de notre escorte qui se sont débandés pour poursuivre les lièvres dans la plaine viennent nous rejoindre pour nous renseigner sur la distance qui nous sépare encore d'Asla, et que nous supposons ne pas être de moins de quatre lieues. Après avoir tenu couseil avec eux et nous étre laissé tromper sur cette distance, nous nous décidons à aller camper au pied du Djebel Taelbouna qui n'est guère moins loin que le ksar d'Asla méme que nous nous étions proposé d'atteindre; nous allons done demander l'hospitalité à un douair des Ouled Si Ben Aissa, fraction de la grande tribu des Ouled Sidi Cheikh, qui a établi son campe- ment au voisinage de puits situés près de la base de la montague (environ à 80 mètres au-dessus de Tyout, c'est-à-dire à prés de 1100 mètres d'alti- tude). Pendant que nous sommes à installer notre campement, le spahi envoyé par M. de Colomb, Osman Birembach, las de nous attendre à Asla, vient nous rejoindre, et il nous remet une lettre du commandant de Géry ville; par laquelle nous apprenons avec une vive satisfaction que nous sommes désormais en pays sür, et que nos herborisations ne doivent plus étre subor- données à d'autres considérations que celles de l'intérét botanique des loca- lités que nous avons à explorer. Nous mettons immédiatement à profit ces bonnes nouvelles pour envoyer camper daus une tribu voisine une partie de notre escorte, car tout notre nombreux entourage n'aurait pu trouver de vivres en suffisante quantité dans le douair où nous sommes établis, et nous prévenons Osman de se tenir prét le lendemain matin avec Sassi et le caïd, car ils doivent nous accompagner dans l’excursion que nous nous proposons de faire au Djebel Taelbouna, voulant nous dédommager, par l'exploration d'une montagne de la région saharienne, du retard apporté dans notre itinéraire. — Le 44, à huit heures du matin, nous montons à cheval pour gagner plus rapidement la base de la montagne dont nous sommes éloignés de plus d'une lieue ; ne trouvant dans ce trajet que les €s- peces observées dans le reste de la plaine, nous ne nous arrêtons que pou" prendre un magnifique céraste ou vipère à cornes, dont M. Marès s'empare en lui mettant le pied sur la tête et le saisissant avec la main par le cou, pour le plonger immédiatement dans une bouteille d aleool, ce qui est exécuté au grand ébahissement des Arabes, qui n'osent jamais prendre ce reptile SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 607 vivant, à cause de la gravité de sa morsure. Le versant sud de la montagne par lequel nous en faisons l'ascension, ne présente quelques arbres rabou- gris que dans la partie inférieure des ravins : ces arbres sont. des Oliviers, des Pistacia Atlantica et des Caroubiers (Ceratonia Siliqua). Les rocailles de ces ravins nous offrent en abondance le Cladanthus Arabicus et le Calli- peltis Cucullaria ; le Galium ephedroides y forme des touffes dans les fis- sures des rochers, et ca et là entre les broussailles croit l'espèce de Crambe que nous avons déjà observée entre Ain Sefissifa et Ain Sefra. Le Stipa tenacissima est la plante la plus commune sur toute la pente pierreuse et ro- cheuse de la montagne, dont la roche dominante est un grés assez compacte. La partie inférieure de la pente nous offre entre autres espèces les Statice Bonduellii, Daucus pubescens, Echinospermum Vahlianum, Asteriscus pyg- mgus, Statice Thouini, Helianthemum Ægyptiacum, Silene pyriformis, Ephedra fragilis, Asparagus horridus, ete. Dans la partie moyenne nous avons noté entre autres les Helianthemum sessiliflorum, Malva Ægyp- tiaca, Ononis angustissima, Argyrolobium uniflorum, Sedum altissimum, Ferula communis, Callipeltis Cucullaria, Polycnemum Fontanesii, Ephedra fragilis, Ornithogalum sessiliflorum, ete.; dans les fissures des rochers un peu abritées du soleil, nous trouvons en abondance le Pyrethrum Gayanum qui, vers le sommet de la montagne, est remplacé par une autre espèce appartenant au méme genre, également nouvelle, le P. Maresii ; le P. Gaya- num est accompagné du P. macrocephalum, qui croit dans les racailles moins abritées et que dans le reste de notre voyage nous avons vu genera- lement occuper les terrains argilo-sablonneux ou les sables des dunes. Les rocailles du sommet de la montagne forment un plateau assez étroit étendu de l'est à l'ouest ; cà et là s'y rencontrent quelques buissons ràbougris du Juniperus Phœnicea ; l'Ephedra Greca y est assez abondant ; l'Atractylis cespitosa et le Carduncellus atractyloides y forment des touffes espacées, orbiculaires et compactes, non encore fleuries; le Buplevrum observé par nous dans les monts Aurès, que nous avions à tort rapporté au B. pani- culatum, dont il est distinct par plusieurs caractères, et que nous consi- dérons maintenant comme une variété du B. exaltatum (B. exaltatum M.-Bieb., var. linearifolium Boiss.), y est également fréquent ; mais malheureusement il mest pas encore en fleur. Outre ces espèces de la partie supérieure de la montagne, nous nous bornerons à citer les plantes Suivantes, qui suffisent pour earactériser la végétation de la 1 "A montagneuse du sud à cette altitude : Pyrethrum Maresii , Ant yrs Vulneraria var. floribus purpureis, Sedum album var., Seseli varium (uon fleuri), Xeranthemum inapertum, Rochelia stellulata, Ornithogalum sessiliflorum, Festuca cynosuroides, ete. Du point culminant du plateau, à environ 700 mètres au-dessus de la plaine, et à près de 1800 mètres au- dessus du niveau de la mer, nous découvrons un vaste panorama : au nord 668 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s'étendent les immenses plaines des hauts-plateaux et apparait dans le loin- tain la surface saline et miroitante du Chott el Chergui ; au sud s'élevent les montagnes paralléles qui nous séparent des plaines du Sahara, et dont l'une est peut-étre plus élevée méme que le Djebel Taelbouna; à l'ouest se dessinent les montagues et les dunes que nous avons longées d'Ain Ben Khelil à Ain Sefissifa ; à l'est l'horizou est borné par les montagnes basses des environs d'Asla et de Chellala. Vers deux heures il nous faut regagner notre tente, car nous devons le soir encore nous rendre à Asla, et nous avons à mettre en ordre nos récoltes et à faire exécuter notre ehargement avant la nuit, aprés avoir toutefois réparé par une ample ration de biscuit, de conserves Chollet, de couscoussou et surtout du mouton rôti de la diffa, nos forces un peu abattues par les fatigues de la journée et par un jeüne trop prolongé. Tous nos préparatifs de départ ne sont achevés que vers six heures, c'est-à-dire quelques instants seulement avant la tombée de la nuit; car tout le monde sait que sous ces latitudes le crépuscule n'a que quelques minutes de durée, Vers huit heures et demie, aprés avoir fait presque tout le trajet par une nuit profonde, nous arrivons à Asla, où nous trouvons la tente des hôtes dressée sur une espèce de place entre le village et les jardins de l'oasis. La journée du 12 est consacrée tout entière à achever la prépa- ration des plantes que nous avons en presse et à mettre en ordre les notes de notre voyage recueillies depuis Tyout, nous réservant la matinée du lendemain pour l'exploration des environs. Le ksar d'Asla est construit au sommet d'un mamelon rocheux dont il se distingue à peine par S? couleur; par sa situation et sa construetion, il rappelle Ain Sefissifa. Les jardins et les cultures de l'oasis s'étendent de l'ouest à l'est dans une assez grande longueur, sur les rives d'un petit cours d'eau affluent de l'Oued Taelbouna. Les dattiers sont assez peu nombreux dans toute la partie orientale de l'oasis, et ils ne sont réellement groupés en massifs compactes que dans la partie supérieure de la vallée, au nord-ouest du village, où ils se trouvent dans de meilleures conditions de culture par l'encaissement de la vallée resserrée entre le coteau rocheux sur lequel est construit le ksar et une autre colline également rocheuse qui lui est parallèle. Vers le milieu de la longueur de l'oasis, des champs d'orge assez étendus sont circonscrits par les clôtures des jardins, où les cultures sont sensiblement les mêmes que celles des oasis de Tyout et d'Ain Sefra. Les habitants sont occupés À faire la moisson, et dans la plupart des champs l'Orge est encore sur pied. L'étendue assez grande dépourvue d'arbres, et où cependant les céréales sont eultivé.s avec succès, est due à la facilité avec laquelle les irrigations peuvent être pratiquées, et surtout à la présence au sud de l'oasis de la chaîne de rochers qui la garantit de Ja sécheresse et de la violence des vents du sud. Au nord et à l'est de l'oasis s'étendent des dunes de sable asse? SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1866. 669 basses, où nous ne retrouvons guère que les espèces observées dans les sta- tions analogues à Tyout et à Ain Sefra : ainsi les plantes qui y dominent sont les Retama Duriæi var. pheocalyz, Nolletia chrysocomoides, Passe- rina microphylla, Artemisia Herba-alba et campestris, Marrubium De- seri, Onopordon ambiguum, Ifloga Fontanesii, Centaurea polyacantha, Orlaya maritima, Ononis angustissima et serrata, Silene Nicæensis et vil- tosa var. micropetala, Echiochilon fruticosum, Euphorbia Guyoniana, Plan- tago albicans, Arthratherum pungens, Malcolmia /Egyptiaca, ete. Les ro- chers de grès au sud du ksar nous offrent les Phagnalon purpurascens, Noea spinosissima, Micromeria microphylla, Catananche cærulea, Argyro- lobium uniflorum, Centaurea pubescens, et autres espèces que nous avons déjà signalées dans des stations analogues de nos dernières herborisations, Des terrains argilo-schisteux qui s'étendent de la base des rochers aux murs des jardins de l'oasis nous montrent réunies un certain nombre d'espèces des terrains sablonneux, argileux et pierreux : Ceratocephalus falcatus, Matthiola livida, Enarthrocarpus clavatus, Erodium guttatum, Ononis angustissima et serrata, Herniaria fruticosa, Deverra (non fleuri), Lasiopogon muscoides, Leyssera capillifolia, Calendula platycarpa, Carduus confertus, Echinops spinosus, Atractylis microcephala, Zollikoferia resedifolia, Anchusahispida, Echiochilon fruticosum, Rumex vesicarius, Arthratherum pungens, Festuca divaricata et Memphitica, Ægilops triaristata, ete. Quelques pieds de Tamarix Gallica croissent dans le lit et sur les bords de l'oued qui n'est pas à sec; la présence du sel que ses eaux tiennent en dissolution est révélée par un léger dépót salin, qui effleurit à la surface du sol dans les endroits actuellement desséchés, et par la nature méme des plantes qui y croissent, telles que les Spergularia media, Atropis distans, Juncus maritimus, Cy- perus junciformis, Atriplex Halimus; là nous retrouvons également l Atriplex dimorphostegia, que nous sommes heureux de recueillir en nombre, car à Tyout nous n'avions pu en trouver que deux ou trois pieds sur les bords de l'oued. Cette espece, si remarquable par les utrieules cristallins de ses feuilles, n'avait encore été observée en Algérie qu'aux environs de Laghouat par M. Bonduelle ; les seules localités où elle füt connue avant sa découverte en Algérie étaient les déserts de la Syrie, de l'Arabie-Pétrée, de la Songarie et de l'Afghanistan. A deux heures de l'après-midi, nous quittons Asla pour nous rendre à Chellala Dahrania, dont nous ne sommes séparés que par une distance d'environ quatre à cinq lieues. Nous suivons une plaine bornée au sud Par des montagnes élevées et nues; son sol, d'abord sablonneux, présente la même végétation que les dunes d'Asla ; plus loin le terrain se déprime légèrement et des grès rougeâtres viennent l'affleurer : là nous recueillons l'Alyssum macrocalyx; V Artemisia. Herba-alba est très abondaut, tandis qu'au contraire l'Alfa (Stipa tenacissima) ne se montre que par touffes 670 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. espacées ; le Ferula, probablement nouveau, que nous avons déjà vw être une des plantes dominantes de la plaine entre Tyout et Asla, tient éga- lement iei une assez large place dans la végétation. A quelques kilo- metres de Chellala Dahrania, des sables rougeátres alternent avec des sables pierreux compactes. Des ondulations pierreuses, au voisinage d'un marabout élevé à la mémoire de Si Mohamed Sliman, nous offrent réunis les Muricaria prostrata, Argyrolobium uniflorum, Scabiosa Monspeliensis, Sonchus spinosus, Noœa spinosissima, Atriplex Halimus, Sedum altissimum, Triticum Orientale, Arthratherum ciliatum, Helianthemum salicifolium ; ces ondulations pierreuses présentent en très grande abondance l' Alfa (Stipa tenacissima), qui, dans les parties déprimées de la plaine, était remplacé par l'Artemisia Herba-alba et le Ferula. — Osman, qui nous avait précédés à Chellala Dahrania, lé premier des ksour sur notre trajet qui dépende du commandement de Géryville, vient au-devant de nous pour nous con- duire à l'emplacement qu'il a choisi pour notre tente, dans un champ d'orge récemment moissonné, situé en dehors des jardins de l'oasis. A cause de l'heure déjà avancée (6 heures du soir), nous remettons au lendemain l'explo- ration de l'oasis et des environs, qui nous paraissent devoir présenter quelque intérêt, ear la rareté du Dattier dans les jardins nous fait espérer que nous devons trouver une végétation déjà différente de celle d'Asla que nous venons de quitter. (La suite à la prochaine séance.) NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ALGÉRIE, par M. E. COSSON. ZILLA MACROPTEARA Coss, ap. Kralik in Bourgeau pl. Alger. exsicc. u. 232 (4856). Planta glabra, glaucescens, demum frutescens, ramosissima, dumosa, ramis teretibus, superne dichotome ramosis, parce foliosis, demum aphyllis albidis, vigidis divergentibus spinescentibus ; foliis paucis, sparsis, caducis, oblongis basi aitenuatis, glaucis, subenerviis, indivisis vel remote sinuato- subdentatis ; floribus ebracteatis, paucis vel subsolitariis in ramulis spines- centibus, breviter pedicellatis; sepalis erectis, basi subaequalibus; petalis lilacinis, venis saturatioribus pictis, calyce dimidio longioribus ; silicula indehiscente, ovata, primum lateraliter compressa, dein subtetraquetra indu- rato-sublignosa, stylo crasso conico compressiusculo superata, biscutata et Rumicum quorumdam fructum referente nempe facte laterali. utraque ala membranaceo-cartilaginea. latissime marginata, alis siliculæ diametrum transversalem subæquantibus, ad basim styli oblique truncatis, margine sinuato-subundulatis, demum albidis induratis divergentibus. — 8* et 10° die maii 1856 jam deflorens et fructigera lecta. In apricis et in alveis exsiccatis torrentium Saharz Algeriensis : in pro vincia Oranensi occidentali australiore solo arenaceo-argilloso prope 7: yout SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1856. 671 iu provincia Algeriensi australiore secus amnem Oued En-Nsa loco dicto Requeb -el- Mguina haud procul a Guerrara primum a doctore Reboud decembri 1855 inventa et ibi ab Arabis vulgo Chebro? nuncupata. Le Z. macroptera est, par le port, tout à fait semblable au Z. myagroides Forsk., qui croit dans les déserts de l'Égypte, de l'Arabie (Schimper, Bové), de la Palestine près de la mer Morte, à Rhôr Safieh (de Sauley) et de la Cyrénaïque (Pacho) (si toutefois la plante de cette dernière localité ne doit pas être rapportée à notre espèce); mais il en est très distinct par la silicule d'abord comprimée, puis ovoide-subtétragone, à faces latérales bordées cha- cune d'une aile membraneuse-cartilagineuse dont la largeur égale presque celle de la silicule ; dans le Z. myagroides la silicule est ovoide-subglobu- leuse ou à peine anguleuse, à épicarpe épais-subéreux jamais dilaté en ailes. KnEuEntA Coss. et DR. Calyx tetraphyllus, laxus, sepalis basi æqualibus. Corollz petala 4, hypogyna, indivisa, longiuseule unguieulata. Stamina 6, hypogyna, tetra- dynama, libera, filamentis edentulis. Glandulæ hypogynæ 4, 2 infra sta- minum longiorum paria, 2 supra staminum lateralium insertionem. Sili- cula coriacea, indehiscens, biarticulata, articulis secedentibus, inferiore pedicello haud latiore brevissimo sterili evidenter bivalvulato in pedicello post artieuli superioris delapsum diutius persistente, superiore inæqui- lateraliter ovato, compressiuseulo, dorso arcuato, 6-8-costulato, ver- rucoso-tuberculato, tuberculis costulæ ventralis dorsalisque majoribus, in stylum longiuseulum conico-compressum attenuato, uniloculari, monospermo. Semen articuli superioris pendulum, ovato-oblongum , compressiusculum. Embryonis exalbuminosi cotyledones conduplicate? , radiculam amplec- tantes, emarginata, — Herba annua, in Algeria occidentali regno Marocanó confini indigena, habitu Cordylocarpum referente sed notis essentialibus juxta Rapistrum collocanda, hispidula, floribus luteis, racemis ebracteatis fructiferis elongatis virgatis, pedicellis filiformibus. | uu Nous dédions ce genre à M. le docteur Krémer, qui a exploré avec zèle et Succès la partie littorale de la province d'Oran limitrophe dé Maroc, où la Plante a été découverte par M. Bourgeau. — L'espèce qui a été figurée dans la Flore d’ Algérie (pl. 59), sous le nom de Kremeria paludosa, ne nous pa- raissant pas devoir être séparée génériquement du genre Pyrethrum, nous avons eru pouvoir donner le nom de Kremerie au genre nouveau que nous établissons. | | Le genre Kremeria, de la famille des Cruciferes, doit être rapporté à la tribu des Raphanec DC. (Syst. veg. I, 649, et Prodr. l, 225), où il doit être placé à côté du genre Rapistrum ; il en diffère par l'article supérieur de la silicule ovale inéquilatéral eomprimé, à dos arqué, muni de verrues et de tubercules inégaux, et surtout par la graine de l'article supérieur pen- 672 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dante; dans le genre Rapistrum, l’article supérieur de la silicule est ovoide ou subglobuleux et à graine dressée. KnEMERIA CORDYLOCARPUS Coss. et DR. ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 185 (1856). Planta annua ; caule teretiusculo, striato, erecto, inferne subsimplici, su- perne ramoso, ad basim inprimis pilis albis latiusculis reflexis hispidulo ; foliis petiolatis, ambitu irregulariter ovatis, trilobis, lobis grosse dentatis, inferioribus oblongis, terminali ovato sepius multo ampliore non nunquam lobulato ; petalis luteis, calyce subduplo longioribus, unguibus sepalis bre- vioribus, limbo obovato ; racemis fructiferis virgatis, 2-5 decim. longis, pedicellis silieulam subæquantibus erecto-ascendentibus ; siliculis circiter 6-7 millim. longis ; semine lævi. — Florida fructigeraque 5* die maii 1856 lecta. In provincia Oranensi occidentali regno Marocano confini, ad rupes et in petrosis umbrosis convallis prope Nemours (Bourgeau). GENISTA CAPITELLATA Coss. ap. Kralik in Bourgeau pl. Alger. exsicc. n.223 (1856). Fruticulus habitu Erinaceæ, 3-6 decim. altus, erectus vel subdiffusus, ramosissimus, dumosus, ramis striatis suberectis, ramis vetulis strietis vel tortuosis cortice fuscescente vel castaneo, ramulis novellis cortice vires- cente sericeo-pubescentibus demum glabrescentibus , confertis alternis vel fasciculatis, strietis, rigidis, apice subspinescentibus vel florigeris, foliorum pulvinis demum modice incrassatis; foliis sessilibus, 1-foliolatis, alternis vel basi ramulorum novellorum oppositis, foliolis 3-5 millim. longis, sericeo- pubescentibus, obovato-oblongis oblongisve, arefactione sæpius plus minus involutis, per anthesim sepius nondum deciduis ; stipulis minutis dentifor- mibus spinescentibus; floribus parvis, apice ramulorum 3-6 capitatis subses- silibus, bibracteolatis, bracteolis calyce contiguis tubum calycis subæquan- tibus //nearibus; capitulis bracteis lanceolatis vel lanceolato- linearibus calyces subæquantibus vel brevioribus stipatis; calyce persistente , cum bracteis bracteolisque sericeo-pubescente , obconico-campanulato , bilabiato, labio superiore inferius subæquante bipartito lobis ovato-vel lanceolato- triangularibus acutis, labio inferiore fere ad basim in dentes 3 lineares fisso; corolla marcescente, flava, vexillo amplo ovato superne parce pubescenti- sericeo carinam subæquante, alis carinæ subæquilongis isti subæquilatis cultriformi- oblongis obtusis glabris, carina cultriformi-oblonga obtusa Ser i- ceo-pubescente ; ovario oblique ovofo acuminato, calyce breviore, sericeo- villoso, ovulis subquinque 3-4 abortivis ; stigmate minuto, introrsus obliquo; legumine.... — Florens 7° die junii 1856 lecta. In provinciæ Oraneusis regione montana inferiore australiore, in rupes" SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 4856. 073 tribus ad locum dictum Guelta Abdesson! inter Kadra et Ain-MadAy; in provineia Algeriensi australiore, inter Djelfa et Messad ad oppidulum Ksar Moudjebar, et in ditione Ouled Dhia montis Djebel Sahari (Reboud). Le G. capitellata, voisin du G. microcephala Coss. et DR. (ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 1018 et in Bull. Soc. Bot.), qui croit dans des stations analogues de la province de Constantine, doit, avec cette espèce, être placé à côté des G. umbellata Poir. et equisetiformis Spach (in Ann. sc. nat. sér, 3, 111, 142) et par conséquent être rapproché du sous-genre Stenocarpus (Spach loe. cit., 106). II diffère du G. microcephala par les capitules de fleurs plus petits à bractées lancéolées ou lancéolées-linéaires, et non pas ovales ou oblongues-lancéolées acuminées, par les bractéoles linéaires, et non pas oblongues-lancéolées, par les calices munis ainsi que les bractées et les brac- téoles d’une pubescence soyeuse, et non pas très-velus, et surtout par les dents du calice; dans le G. capitellata les dents de la lèvre supérieure sont triangulaires ou ovales lancéolées-aigués, et celles de la lèvre inférieure linéaires, tandis que dans le G. microcephala, celles de la lèvre supérieure Sont acuminées-subulées et celles de la lèvre inférieure linéaires-subulées. AsrRAGALUS MauniTANICUS Coss. in Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 245 (1856). Planta annua, sæpissime pluricaulis, pilis patentibus simplicibus villosa ; caulibus 1-3 decim. longis, ascendentibus diffusisve; foliis 6-8-jugis, fo- liolis ovato-oblongis, apice rotundatis, supra glabris, subtus sparse pilosis ; stipulis herbaceo-membranaceis, oblongo-lanceolatis vel ovato-lanceolatis, nec petiolo mec inter se adnatis; floribus purpurascentibus, per anthesim patulis, in racemos pedunculatos densiusculos 6-10-floros, primum sub- Capitatos dispositis; pedunculis folium subzquantibus; pedicellis calycis tubo subtriplo brevioribus; bracteis lanceolato-linearibus, pilis albis higrisque permixtis ciliatis, pedicello paulo longioribus; calyce pilis nigris subvilloso, tubo campanulato, dentibus lineari-lanceolatis, tubo brevio- fibus: corolla calyce subduplo longiore; vexillo alas superante, ovato- Oblongo, apice emarginato; alis oblongis, obtusis, carina longioribus ; ovario subsessili ; leguminibus in racemos laxiusculos dispositis, erecto- patulis, 2-3 centim. longis, circiter 6 millim. latis, estipitatis, hamoso- Subarcuatis, subcompressis, margine interiore acuto, dorsali viz latiore an- Bustissime canaliculato, vix venulosis, hispido-pilosis, polyspermis, sutura dorsali introflexa bilocularibus ; seminibus compressis, irregulariter ovato- Sübrenifornibus, Iz vibus. — Florens fructiferque 8a die maii 1856 lectus. In pascuis dumetosis Mauritaniz occidentalis regni Marocani ad confines prope Nemours (Bourgeau). L'A. Mou ao Partien au groupe des Annulares (DC. Prodr. 11, 289) où il doit être placé à côté de l'A, Mareoticus (Delile F1. Æg, 113, T, ni, 4h 674 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. t. 39, f. 3); il en diffère par les folioles ord. arrondies au sommet et non pas émarginées, par les pédoncules pluriflores et non pas 3-A-flores, et par les fruits velus un peu comprimés partagés en deux loges par l'introflexion de la suture dorsale, et non pas glabres, presque cylindriques, incomplétement biloculaires. LunpovictA Coss. (1). Calyx tubuloso-campanulatus, 5-dentatus, subbilabiatus nempe dentibus superioribus paulo latioribus subascendentibus. Petala unguibus liberis calyce paulo brevioribus; vexillum amplum, limbo ovato-suborbiculato subcomplieato, in unguem constrietum; alz vexillo breviores, carina la- tiores, oblongo-obovatæ, in unguem elongatum abrupte constricta, supra unguem plica obliqua carinæ marginem gibbosum excipientes; carina navi- eularis, compressa, alis paulo brevior, dorso arcuata, apice acutiusculo mucronulata. Stamina 10, submonadelpha, filamento vexillari superne vix cæteris adhærente vel libero, filamenta in parte superiore libera tenuissime membránacea dilatato-subspathulata. Stylus elongatus, filiformis, a basi geniculato-ascendens ; stigma subdilatato-compressum, imberbe. Legumen late lineare, calyce multoties longius, reetum, a lateribus compresso- complanatum, ad semina torulosum, marginibus paululum incrassatis $ub- marginatum, pluriarticulatum, demum in articula secedens, articulis mono- Spermis, indehiscentibus, contiguis, venulis obsoletis, apice acutato-ros- tratum. Semina suborbiculata, ad hilum subemarginata, compressa, lævia, éstrophiolata. — Suffrutex in Algeria occidentali regno Marocano confini indigena, habitu Lotos e sectione Bonjeania referens, folus trifoliolatis, stipulis liberis foliaceis homomorpAis, floribus aureis demum subfusces- centibus, 1-3 apice pedunculorum in axilla foliorum superiorum umbellatis, umbella folio bracteali trifoliolato suffulta. , La plante sur laquelle nous fondons notre nouveau genre m'avait été communiquée par mon excellent ami et collaborateur, M. Durieu de Mai- sonneuve, pendant le court séjour que j'ai fait à Bordeaux, au mois d’août 1854, et au moment même où une maladie qui ne semblait plus présenter aucune gravité lui enlevait son fils ainé, M. Louis Durieu, dont l'avenir donnait de si légitimes espérances, et qui par ses aimables qualités avalt su se concilier l'affection de tous les botanistes de Paris amis de son pere. Le nom de Zudovicia est destiné à rappeler les sentiments d'amitié que nous avions voués à ce jeune homme distingué, et sera un témoignage des profonds regrets que nous laisse sa perte prématurée. Le genre Zudovicia, de la famille des Papilionacées, rappelle par le port (1) Cette note est extraite d'un article plus étendu qui sera publié dans les Annales des sciences naturelles, avec une planche représentant le Ludovicia Kremeriana et ses détails d'analyse, | SÉANCE DU 42 DÉCEMBRE 1856. 675 les Lotus de la section Bonjeania, mais appartient par le légume articulé à la tribu des Hedysarec (DC. Prodr. YI, 307), sous-tribu des Coronilleæ (DC. loc. cit., 308), où il doit être placé à côté du genre Ornithopus. — Il en est très distinct par un grand nombre de caractères, par les feuilles trifo- liolées, et non pas imparipinnées, par la carène à peine plus courte que les ailes, par les graines suborbieulaires et non pas oblongues-linéaires, etc. ; Il se rapproche davantage de l'Z/amatolobium (Fenzl Pug. pl. nov. Taur. 3; Balansa pl. Or. exsicc. n. 475), mais il en diffère par le calice tubu- leux-campanulé presque bilabié, et non pas campanulé à dents égales, et Surtout par le légume comprimé-aplani à articles contigus, à bords tres légèrement renflés en bourrelet; dans l’Hamatolobium, le légume est com- primé à articles renflés et est étranglé au niveau des artieulations. Lunovicra KReMERIANA Coss. ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 159 (1856). Suffrutex 2-6 decim. longus, sericeo-villosus, a basi ramosus, ramis teretibus, teneribus, elongatis, erecto-ascendentibus vel diffusis ; foliis subsessilibus, foliolis oblongis vel oblongo-lanceolatis, 5-20 millim. longis ; floribus majuseulis, fere 2 centim. longis ; leguminibus sericeo-pubeseen- tibus. — 8a die maii 1856 jam deflorida et fructifera lecta. In provinciæ Oranensis parte occidentali regno Marocano confini , in fissuris rupium convallis prope Nemours (Krémer, Bourgeau). HEnysarum NaupiuiANUM Coss et DR. ap. Kralik in Bourgeau. pl. Alger. exsice. n. 241 a (1856). Planta speciosa , perennis, plus minus pubescenti-sericea , altitudine 30-40 centim., caudice frutescente multicipite ; caulibus longiusculis pedun- Calos axillares 1-3 emittentibus et sepius per anthesim supra ultimum Pedunculum gemma terminali jamjam evoluta plus minus productis; foliis longe petiolatis, h-8-jugis, foliolis oblongis vel ovato-oblongis, mucronu- latis, facie superiore punctis impressis innumeris conspersa glabresoente Vel parce pubescente, facie inferiore pubescenti-sericea, caulinis. pluribus vel paucis; stipulis membranaceo-scariosis demum fuscescentibus in unicam 9ppositifoliam bifidam coalitis ; pedunculis caule longioribus, 15-25 centim. longis, plurifloris, floribus majusculis, 15-20 millim. longis, in racemum oblongum longissime peduneulatum dispositis, primum erectis dein patlis, Pedicellis calycis tubum subæquantibus, sub calyce bibracteolatis ; calyce Sericeo-villoso, dentibus acuminato-subulatis, tubo longioribus, superio- ribus distantibus ; corolla lilacino-purpurascente , marcescente sed fructu maturo sæpius decidua, vexillo obovato-oblongo emarginato carina breviore, alis oblongis carina duplo brevioribus, carina latere inferiore rectiusculo übtupte. in angülüm rectum arcuato; leguminibus longitudine corollam Vepius superantibus, bi-ériarticulatis, interdum abortu ad articulum unicum 676 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. redactis, articulis suborbiculatis, diametro 9-13 millim., rarius oblongo- suborbiculatis, valde compressis, medio tantum convexis, aculeis biseriatis simplicibus bifidisve inaequalibus plus minus prominentibus et basi con- fluentibus quasi marginatis, reticulato-venosis, aculeis destitutis, pubescentia brevi adpressa subcanescentibus. — Maio-junio. ..In provincie Algeriensis regione montana inferiore : inter Zoghar et Dallia (Naudin) ; prope Boghar in sylva loco dieto Belle-fontaine (0. De- beaux); in sylva Pini Halepensis inter Zoghar et Médeah ad veredorum stabulum Ain Moudjrar ! dictum. Nous dédions cette espéce à M. Naudin, aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, qui l'a découverte aux environs de Boghar et qui le premier a, comme botaniste, exploré avec soin cette localité. LH. Naudinianum , par les légumes réticulés-veinés couverts d'une pubescence blanchâtre, appartient à la section Zchinolobium (DC. Prodr. II, 340), où il doit être placé à côté de l'A. humile L. et d'une espèce nouvelle décrite par nous sous le nom d' Z. Perraudieranum ; il se distingue surtout de ces deux plantes par les légumes à articles beaucoup plus larges et munis sur les bords de deux rangées d'aiguillons confluents à la base sous forme de bordure, SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. PRÉSIDENCE DE M. A. PASSY. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture ‘du procès-verbal de la séance du 12 décembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux présentations. M. Levenr, à Reims, ancien membre de la Société, est admis, suf sa demande, à en faire de nouveau partie. Dons faits à la Société: 1* Par M. H. Baillon : Des mouvements dans les organes sexuels des végétaux et dans les produits de ces organes. Thèse pour l'agrégation des facultés de médecine. 2 De la part de MM. E. Perrier et A. Songeon: Indications de quelques plantes nouvelles {rares ou critiques. Cbam- béry, 1855. à $ SÉANCE DU 26 pÉcEMBRE 1856. 077 3* Dela part de M. Thedenius : Bihang till fortecking öfver Stockholmstraktens phanerogamer och ormbunker. h° En échange du Bulletin de la Société : Thedenius, Nya Botaniska Notiser, numéros de janvier à avril 1856. Actes de la Société helvétique des sciences naturelles, 36°, 37°, 38°, 39° et 40° session, 1851-55. Cinq cahiers. Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles, tome XIV. Zurich, 1855. Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern, numéros 331 à 359. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro de novembre 1856. L'Institut, décembre 1856, deux numéros, . M. le Président donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qui lui a été adressée par M. Bouteille : LETTRE DE M. BOUTEILLE. Magny-en-Vexin, 24 décembre 1856. Monsieur le Président, .... Comme vous avez paru désirer quelques renseignements sur l'Ergot des Glumacées, qui a été si abondant ici l'été dernier, ainsi que vous avez pu vous en convaincre par les épis de Froment ( Triticum vulgare Vill.) que j'ai eu l'honneur de vous montrer, je vous dirai que, dans mon canton, il était facile de rencontrer des champs de blé où ce Champignon a dû causer un dommage assez considérable, sans cependant que sa présence ait paru alarmer les cultivateurs, ainsi que cela était arrivé il y a deux ans, lorsque l'Uredo glumarum Fr. avait envahi les glumes et les ovaires du Froment, Principalement de l'espèce connue sous le nom de Blé bleu ou de Noé, qui, à cette époque, a été le plus maltraitée par ce petit Champignon entophyte, Aussi, aujourd'hui, cette variété est-elle à peu près délaissée dans les envi- rons de Magny, à cause de cette maladie dont on redoute le retour. Le Sclerotium sur le Froment m'avait toujours paru une espèce rare et difficile à rencontrer ; mais aujourd'hui je suis convaincu qu'il n'en est pas toujours ainsi. M. Vallot adressait, il y a quelques annces, à l'Académie des Sciences une note où il niait sa présence sur les épis du Blé; Tillet et Tessier disent dans leurs ouvrages qui traitent des céréales, que l Ergot sur le Blé est une chose très rare, et qu'ils n'en ont jamais vu qu un ou deux exemples dans le cours de leurs longues observations ; enfin, voici ce qu'en 678, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dit M, Tulasne, dans son savant mémoire sur l'Ergot des Glumacées : « Tandis que le méme épi de Seigle peut porter un grand nombre d'ergots, celui du Froment n'en produit ordinairement qu'un seul, qui est court et épais, et trés rarement deux. » Ainsi, tout le monde est d'accord pour ad- mettre que c'est une espèce rare et toujours peu nombreuse sur chaque épi ; mais vous savez, Monsieur le Président, qu'i] n'en est pas toujours ainsi, puisque je possède un certain nombre d'épis de Blé ordinaire ( Triticum vulgare) qui en ont produit jusqu'à neuf ! C'est sans résultat que j'ai cherché cette peste sur les autres Froments cultivés iei, entre autres le Poulard bleu barbu à glumes velues, et le Blé de Smyrne. Nous avions, cette année, des champs d'une assez grande étendue emblavés avec cette dernière espèce, et si elle n'a pas souffert de l'envahis- sement des ergots, elle n'a pas été épargnée par deux petits Champignons, l' Uredo Vilmorinea Lév. et le Puccinia Graminis Pers., ear ce dernier avait fini par rendre les chaumes entiérement noirs ou couleur de suie. J'ai fait un semis de nombreux ergots de plusieurs Graminées, qui, je Vespere, me donneront beaucoup de Claviceps purpurea Tul, Ceux sur le Seigle sont aujourd'hui en pleine végétation et laissent voir de petits bou- tons qui, plus tard, deviendront des Claviceps. Quant à ceux sur les Triti- cum, Brachypodium, Lolium, Calamagrostis, ils ne donnent pas encore sigue de vie, et ce ne sera qu'au printemps prochain qu'ils commenceront à végéter, comme je suis porté à le croire. — Le Geum intermedium Ehrh. est trés rare, puisque MM. Grenier et Godron, dans leur Flore de France, ne donnent qu'une seule localité où on le trouve : c’est celle de Beauserré, découverte par MM. Cosson et Germain, en 1843, lors de leur exploration du Vexin. Mais il n'y existe plus depuis plusieurs années, par suite d'un défrichement qui l'a détruit. Heureusement qu'on le rencontre dans le canton de Magny-en-Vexin, sur la commune de Bray, toujours aux bords de la rivière d'Epte. Voici maintenant quelques observations que j'ai pu faire sur cette espèce trés légitime, et qui pourront servir à convaincre les botanistes qui se raient encore disposés à la regarder comme une simple variété du G. rivale. Le G. intermedium se distingue de ce dernier par son calice, dont les sépales sont toujours horizontalement étalés, et par un carpophore trés court. Tout le monde sait cela ; mais ce qui sera peut-étre nouveau pour plusieurs per- sonnes, c'est qu'au printemps il fleurit plus de quinze jours apres le G. rivale, et qu'il n'est pas bifère comme lui, c'est-à-dire qu'il ne refleurit pas en automne. . — J'ignore si le Cuscuta Trifolii Babingt. et Gibs., dont je vous ai remis des échantillons, a déjà été trouvé dans les environs de Paris. A l'avenir, ceux de Magny seront une localité nouvelle, où cette espèce a paru pour la premiere fois au mois d'aoüt dernier, SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856, 679 . Quoique bien voisin du C. Epithymunm, il s'en distingue au premier coup d'œil par son mode de développement en cercles réguliers et par sa couleur plus pále. M. Duchartre, à cette occasion, rappelle le travail de M. Boitel, qui a constaté, il y a plusieurs années déjà, la fréquence de l'Érgot en Normandie, et particulièrement chez les blés cultivés sur des points peu éloignés de la mer. M. Montagne dit que la Société d’agriculture a recu de plusieurs points de la France des pieds de blé ergotés, dont quelques épis por- taient de 5 à 7 ergots. . M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante, adressée à la Société : IMPORTANCE DE LA GAINE DE LA FEUILLE DANS L'INTERPRÉTATION DES BRACTÉES , l DES SÉPALES ET DES ÉCAILLES DES BOURGEONS, par M. D. CLOS. (Toulouse, 47 décembre 1856.) Les parties de la fleur sont formées par des modifications de la feuille : tel est le grand principe de la métamorphose des plantes. Mais la feuille n'est pas un organe toujours identique à lui-méme et composé d'une seule partie. Aussi a-t-on recherché par quelle portion de la feuille était formée l'étamine, par quelle le carpelle. Il est étrange que l'on ait procédé par les questions les plus difficiles du probléme. N'était-il pas plus logique de déterminer d'abord exactement la signification des bractées et des sépales, et de suivre ainsi toutes les nuances de transition des organes foliaires aux floraux ? Les auteurs de traités de botanique ne s'accordent pas sur le nombre des parties d'une feuille simple : les uns les réduisent à leux, pétiole et lame, les autres y ajoutent la gaine. Les considérations qui vontsuivre témoignent en faveur de ces derniers, et semblent prouver que la gaine existe toujours, au mojns virtuellement. BENE Déjà , dans un précédent travail sur l'involuere des Synanthérées , j'ai montré que les bractées des plantes de cette famille devaient leur origine à l'une ou à l'autre des deux parties terminales de la feuille [gaine (1) ou limbe] et quelquefois aux deux réunies (Voy. Annales des sc. nat., 3* série, t. XVI, p. 40). Plus récemment, je signalais chez le Potamogeton crispus L. l'existence de deux sortes de bourgeons formés de feuilles de nature diffé- rente dans les deux : les bourgeons normaux, à feuilles réduites au limbe; (1) Le Tussilago Farfara L. est, dans le grand groupe des Composées, une des Plantes où l'on voit le mieux que les bractées sont formées par la gaine. 680 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les bourgeons eornés destinés à se séparer de la plante-mère et à la pro- pager, à feuilles composées de deux parties : l'une basiliaire, cordiforme, embrassante et cornée, la gaine; l'autre terminale, en languette, le limbe (Voy. Bull. de la Société Botanique, t. MI, p. 350 et suiv.). Il y a donc de l'intérêt, au point de vue de la théorie de la métamorphose, à retrouver dans les bractées et les sépales d'une plante les caracteres de ses feuilles ou de l'une de leurs parties. Toutefois mon but ne saurait étre de rappeler ici les faits si connus qui servent d'appui à la théorie de Goethe ou d'en indiquer de semblables. Je vais seulement m'attacher à prouver que là où il ne parait y avoir ancune analogie entre la bractée ou le sépale et la feuille d'un végé- tal, il suffit le plus souvent pour la dévoiler d'admettre dans la feuille un grand développement de la gaine avec atrophie concomitante du limbe. Quelques exemples mettront, je l'espère, hors de doute cette proposition. Une des plantes où s'observe avec le plus d'évidence le développement de la gaine au voisinage des fleurs, est l'OEillet des fleuristes (Dianthus Caryophyllus L.). Comparez les bractées de son calicule avec ses feuilles, et vous verrez que, si dans les premières le limbe a presque disparu et n'est représenté que par une pointe, la gaine, au contraire, a pris une plus large extension. La famille des Labiées nous fournit deux genres qui peuvent étre utile- ment comparés sous ce rapport ; les espèces du genre Origanum (pris dans le sens linnéen) et du genre Zavandula ont cela de commun que leurs faux verticilles floraux sont sous forme d'épis ou de capitules, et que les fleurs sont séparées par des bractées bien développées et imbriquées sur quatre rangs. Mais entre ces deux genres on constate, au point de vue de l'inflo- rescence, les différences suivantes : Les pédoneules des Lavandes sont fré- quemment longs et nus, ceux des Origans sont courts. Dans les Origans, on peut suivre tous les passages des feuilles aux bractées, méme dans l'üriga- num Dictamnus L., où les bractées s'éloignent sensiblement de la forme des feuilles par leur grand développement et leur coloration ; les Lavandes montrent, au contraire, des bractées qui s'éloignent absolument des feuilles par la forme et la couleur, et on ne peut habituellement saisir aucune tran- sition des unes aux autres. Dans ce dernier genre, les bractées affectent trois modifications principales : a. Dans le Z. multifida L., elles sont toutes semblables, les plus inférieures stériles. b. Dans le Z. dentata L., les infé- rieures sont obovales-acuminées, offrant à leur aisselle une cyme de trois fleurs dont la médiane seule se développe. Vers le milieu du faux épi, Ces bractées commencent à se colorer ; elles s'allongent en devenant elliptiques- lancéolées, et finissent par former un coma, mais en conservant encore au moins un rudiment de fleur à leur aisselle. c. Enfin, dans le Z. Stæchas L., toutes les bractées de l'épi ou capitule sont semblables, toutes également fertiles, à l'exception de celles qui forment le coma. SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 681 Par quoi donc sont formées les bractées du genre Lavandula, bractées qui s'éloignent tant des feuilles par la forme? Seraient-elles un retour vers les cotylédons, dont elles reproduiraient les caractères? J'ai fait germer les graines de la dernière espèce citée et n'ai pu constater aucune analogie entre ses cotylédons et ses bractées. Deux faits m'ont mis sur la voie de la solution de ce petit probléme morphologique, et convaincu que ces bractées étaient formées par la gaine de la feuille : 4° Sur un faux-épi de Lavandula dentata, j'ai vu une bractée semblable à ses voisines par sa base, mais qui au lieu d’être terminée comme elles par une courte pointe, l'était par une feuille, c'est-à-dire par un appendice linéaire et denticulé. 2° Il est un genre de plantes, le Melampyrum, où la dissemblance entre les bractées et les feuilles est aussi marquée que chez les Lavandes. Or, si on examine avec soin des pieds de Melampyrum cristatum L., on recon- naitra que les feuilles caulinaires sont linéaires dans toute leur longueur, sessiles, trés entières, la paire terminale seule, ou les deux ou trois paires les plus rapprochées de l'inflorescence offrant à leur base une dilatation en caréne, à bords crénelés, et qui est l'analogue des curieuses bractées dont la forme a valu son nom à l'espèce. Voilà donc la gaíne de la feuille qui, invisible à la plupart des feuilles de la plante, se montre au voisinage des fleurs, car elle doit abriter seule celles-ci en l'absence du limbe. L'analogie ne permet pas de douter que les bractées des Lavandes n'aient la méme signification. Le genre Buplevrum est un de ceux qui, au point de vue des organes ap- pendiculaires, méritent le plus l'attention des morphologistes. De Candolle a judicieusement énoncé que les feuilles du B. perfoliatum L. sont formées par l'épanouissement de la base du pétiole, c'est-à-dire par la gaine [Orga- ñogr. vég. T, 281] (1). Or, il suffit de suivre les feuilles de cette plante dans leurs modifications successives, depuis le bas de la plante jusqu à son Sommet, pour se convaincre que ses bractées sont formées par cette même partie de la feuille, que ce sont des bractées vaginales dont l'ensemble forme un involucre vaginal. , Dans les Buplevrum pyrenæum Gou. et stellatum L., la gaine, peu déve- loppée aux feuilles inférieures, qui sont étroites et longues, S élargit de plus en plus à mesure qu'on examine des feuilles plus élevées sur l'axe et plus Courtes, Au voisinage des fleurs, elle persiste seule et forme encore ici les bractées. (1) MM. Cosson et Germain donnent au genre Buplevr um des feuilles réduites à la portion pétiolaire, non engainantes (Flore des environs de Paris, p. 202). Le dernier des caractères exprimés me paraît manquer d'exactitude. Il est peu genres où la gaîne soit plus manifeste que chez les Buplevrum. 682 SOGIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mais que faut-il penser du B. fruticosum ? Ici la feuille se compose bien évidemment d'une gaine, d'un pétiole et d'un limbe. La distinction du pétiole et du Jimbe est surtout manifeste aux jeunes jets axillaires de la plante. Le limbe de ceux-ci a une forme obovale et une nervation pennée, deux caracteres qui se retrouvent dans les folioles de l'involucelle, dont les bractées sont par conséquent limbaires. Il y a done, dans le genre Zuplevrum, des bractées vaginales et des brac- tées limbaires, des involucres vaginaux et limbaires. Dutrochet, ayant vu les écailles des cônes du Pinus sylvestris porter une feuille à leur pointe, en conclut que celle-ci est la feuille avortée dont l'écaille est la base élargie ( Voyez /Vouvelles Annales du Muséum, t. VII, p. 186, note). Ce fait ne semble-t-il pas indiquer plutót que ces écailles représentent des gaines de feuilles ? Les feuilles de l'Aza/ea indica L. paraissent ne pas avoir de gaine. Mais au voisinage des bourgeons floraux elle se montre ; plus haut elle s'étend, et les bractées de la plante sont entièrement formées par elle. Des bractées aux sépales, il n'y a qu'un pas. Aussi ne faut-il pas s'éton- ner si nombre de sépales sont également formés par la gaine. Je me bor- nerai à quelques exemples. Les Helleborus lividus Ait. et fœtidus L. me paraissent trés propres à cette démonstration ; aux feuilles supérieures , la premiere modification qui se montre est un élargissement de la gaine ; plushaut, le pétiole diminue de longueur ; plus bautencore, la gaine s'allonge et s'élargit, remplaçant le pétiole et terminée par de petites folioles ; un degré de plus, et celles-ci ont disparu, ne laissant que la gaine pour bractée au voisinage des fleurs. Enfin, jl nierait l'évidence celui qui, la plante squs les yeux, se refuserait à admettre que Les sépales de ces Hellébores repre- sentent des parties de la feuille absolument analogues à ces bractées, c'est-a- dire des gaínes. Le Mesembryanthemum lingue forme Haw. va nous offrir un autre type où Ja transformation ne se montre qu'aux sépales, Ceux-ei sont au nombre de 4 et en croix, la paire intérieure embrassée par l'extérieure. Une des pieces de cette derniere est plus grande que son opposée; dont elle recouvre les bords ; sa gaine est trés développée et surmontée par un rudiment de limbe en capuchon. Son opposée, a l'exception d'un tres petit mucron dor- sal, dernier vestige du limbe, est presque réduite à la gaine, et celle-ci coustitue seule les sépales de Ja paire intérieure. Jl est instructif de com- parer à cette espéce les M. barbatum L. et stellatum Mill., chez lesquels les sépales sonten tout semblables à des feuilles, comme l'avaient déjà remarqué, pour le premier, Ullmark et Linné, dans la dissertation des Amænitates academice de 1760, intitulée Prolepsis plantarum (S V1). La présence de ces deux sortes de sépales dans un même genre est un bon argument à l'appui de l'opinion, qui tend du reste à prévaloir de plus SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 688 en plus, que l'ovaire infère est de nature tigellaire : il peut étre invoqué du moius pour celui des Mesembryanthemum. Un fait qui m'a été fourni par l'Ozalis asinina Jacq. m'a prouvé que les sépales de cette plante (et j'ai lieu de croire qu'il en est ainsi pour les autres espèces du genre Ozalis) sont formés par la gaine. Quelques bulbes de l'O. asinina, placés dans un vase vide à l'action de la lumiere, ont émis de longues tiges blauehátres, étiolées, terminées ehacune par une fleur normale, mais ne portant à la place des feuilles que des écailles semblables aux sépales. Ces écailles sont les gaines des feuilles, car lorsque la plante pousse dans le sol, elle offre à sa base de pareilles écailles, et plus haut celles-ci surmontées d'un pétiole et de folioles géminées. De Candolle admet que les écailles de la tige des plantes appartenant aux genres Orobanche et Lathræa sont formées par la gaine (Organ., I, 282). La transition de ces organes aux sépales est tellement manifeste que la méme gonclusion doit s'appliquer à ceux-ci. J'ajoute que c'est en faisant intervenir ainsi la gaine dans l'interprétation des pièces des deux verticilles floraux extérieurs (sépales et pétales) et de l'intérieur (carpelles), qu'on pourra parfois se rendre compte des diffé- rences de nervation que présentent ces organes comparés aux feuilles de la méme plante. Onu'avait jusqu'ici établi dans les bractées d'autres distinclions que celles des bractéoles, de la spathe et des bractées des Graminées qui ont regu tant de noms différents (1). J'ai déjà fait voir dans deux communications antérieures qu'il fallait admettre outre les bractées foliaires, des stipules bractéales (2), parfois en verticille et formant alors un stipulium (Voy. Bulletin de la Societé Bota- nique de France, t. I, p. 298, et t. II, p, 4). Les considérations développées dans cette note me semblent autoriser l'admission de bractées foliaires de trois sortes : | 1° Les bractées limbaires formées par le limbe : ce sont les plus fré- quentes, et les exemples abondent : Origanum, Leycesteria formosa, ete. ; 2 Les bractées vaginales formées par la gaine de la feuille ; Lanandule, Helleborus viridis et fœtidus, Mesembryanthemum linguæforme, Buple- vrum rotundifolium, pyrenœum, stellatum, ete., Or obanche , Lathræa i 3° Les bractées limbo-vaginales, formées à la fois par le limbe et la gaine. (1) Rappelons à ce propos que M. Ræper à comparé la vraie aréte des bractées des Graminées à Ja lame d'une feuille, et la valvule à la gaine avec la ligule qui la termine. (Voyez Seringe, Mélanges de Botanique, n° l, p. 105.) MEM (2) Les mots de bractées stipulaires ne conviennent pas, car ils impliquent contradiction. On définit en effet la braetée une feuille modifiée, et la stipule n'est pas une feuille, Voilà aussi pourquoi le mot stipulium est préférable à l'expression d'involucre stipulaire et me paraît devoir être adopté. 68h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les ?nvolucres eux-mêmes se diviseront en limbaires et vaginaux. Faudrait-il admettre encore, au nombre des bractées foliaires, des brac- tées pétiolaires formées par le pétiole ? Enfin je crois devoir énoncer ces conclusions générales : 1^ que dans beaucoup de plantes, au voisinage de la fleur, la gaine prend un grand développement et parfois méme une si grande prédominance sur le limbe, que celui-ci disparait ; 2° que certains sépales sont formés par la gaine ( Hel- leborus), et que dés-lors ces organes peuvent se diviser aussi en /imbaires et vaginaux. Peut-être aussi signalera-t-on des sépales pétiolaires. On a lieu de s'étonner que la distinetion que nous proposons aujourd'hui pour les parties des bourgeons à fleurs, ou boutons, n'ait point encore été faite, alors qu'une classification analogue est admise depuis longtemps dans la science pour les bourgeons à feuilles. Ne divise-t-on pas ceux-ci d'après la nature de leurs écailles, en foliacés (à écailles formées parle limbe seul), pétiolacés, stipulacés, fulcracés (à écailles formées à la fois par le pétiole et les stipules)? Qu'il nous soit permis de signaler, à ce sujet, une omission. On n'a pas eompris au nombre des bourgeons ceux dont les éeailles sont dues à la gaine, et c'a été une source de confusion de la part des auteurs: ainsi, les bourgeons du Marronnier, cités par De Candolle au nombre des bourgeons pétiolacés (Organogr. t. II, p. 213), sont compris par A. Richard parmi les foliacés (Élém. 7° éd. p. 173). Il suffit d'examiner les bourgeons de cet arbre, ou méme de jeter un coup d'œil sur les planches 20 et 21 de l'órganographie de De Candolle, pour se convaincre que les écailles gem- maires du Marronnier et aussi de la Pivoine offieinale dérivent de la gaine. Je crois done que, dans la elassifieation des bourgeons considérés quant à Ja nature de leurs écailles, il conviendrait, 4° d'abandonner les termes de bourgeons foliacés qui, ne s'appliquant qu'à ceux dont les écailles sont for- mées par le limbe, n'expriment pas convenablement ce qu'ils veulent représ senter, et de leur substituer ceux de bourgeons limbaires (ex : Daphne Meze- reum L.); 2° d'admettre, outre les bourgeons limbaires, pétiolacés, stipula- cés et fulcracés, des bourgeons vaginaux (ex : Marronuier, Pivoine, etc.). M. J. Gay donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qu'il a recue de M. Durieu de Maisonneuve : DE LÀ CONSERVATION POSSIBLE DES GERMES VÉGÉTAUX DANS LES COUCHES ANCIENNÉS DE L'ÉPOQUE GÉOLOGIQUE ACTUELLE, ET DANS CELLES DE LA PÉRIODE TERTIAIRE, pr M. DURIEU DE MAISONNEUVE. (Bordeaux, 17 décembre 1856.) Voulant étudier la germination de mon £/eocharis amphibia et pour cela le semer dans un sol convenable , je me rendis à la Bastide , de l'autre côté SÉANCÉ DU 26 DÉCEMBRE 1856. 685 de la Garonne. Justement, l'administration du chemin de fer faisait ouvrir une tranchée profonde dans cette localité qui est assise sur l'alluvion an- cienne de la Garonne, constituée par un limon argileux semblable à celui des vases actuelles où abonde l’ Z/eocharis. C'est dans cette tranchée qu'à un métre et demi de profondeur environ, je pris la terre dont j'avais be- soin pour mon semis, que j'exécutai immédiatement dans une terrine bai- gnant dans une autre terrine non percée. C'était le 10 septembre 1855. Au printemps dernier, les jeunes pieds furent successivement arrachés pour servir à l'étude du rhizome. Quelque temps après, j'utilisai la terrine, de- venue disponible, en y semant une graine d'un Carex de Ténériffe que je cherche à obtenir (1), puis je ne m'en occupai plus. Dans ces derniers temps, j'avais bien remarqué, en passant, de trés-petites Mousses verdoyant à la surface du sol de ma terrine, mais sans m'en préoccuper, car c'est ce qui a toujours lieu sur toute terre de pots abandonnés pendant un an, la- quelle se couvre alors de certaines Mousses vulgaires, dont le nombre ne varie guère au delà de cinq à six, et qui sont toujours les mêmes, celles qui gazonnent dans tous les jardins, Pourtant, j'aurais dû penser plus tôt qu'un limon trés argileux, entretenu constamment humide, ne pouvait guère pro- duire les mémes espèces que la terre légère des jardins ou la terre de bruyére. Ce fut seulement le 5 décembre dernier, que j'eus l'idée de me baisser afin de chercher à reconnaitre , la loupe à la main, les Mousses qui se montraient sur le sol de ma terrine. Quel ne fut pas mon étonnement d'y Voir en trés-grand nombre, mais déjà presque détruit, un Phascum que j'ai Vainement cherché jusqu'ici dans les environs de Bordeaux, aux lieux exclu- Sifs où seulement il peut croitre, c'est-à-dire sur les limons argileux, récem- ment mis à découvert, des rives des grandes rivières et des étangs! Ici, l'encaissement continu du®it de la Garonne entre de puissantes jetées inces- samment battues par le flot, ne laisse pas un point oü puisse se développer le Phascum patens. D'autre part, les spores qui ont donné naissance à la petite colonie de ma terrine ne peuvent provenir des cultures environnantes, où cette Mousse ne saurait croitre. Elles existaient donc, sans aucun doute possible, dans l'alluvion ancienne dont fut rempli le vase. Or, si l'âge géo- logique de cette alluvion est facile à assigner, puisqu'elle appartient évi- demment à l’époque actuelle, il n'en est point de méme de son âge réel compté par siècles. C'est, vraisemblablement, par milliers qu'il y aurait à compter les années qui se sont écoulées depuis l'époque où s est déposé, à un mètre et demi au-dessous de la surface du sol actuel, le limon dont (1) Carex Perraudieriana Gay, inéd. (du nom de l'inventeur, M. Henri de la Perraudiere), espèce voisine du C. sylvatica Huds., et dont une seule touffe a été trouvée au sommet des montagnes d'Anaga, à l'extrémité N.-E. de l'ile de Téné- iffe, (Note de M, Gay.) 686 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. j'enlevai une parcelle. D'ailleurs, le plus ou moins de siècles est ici sans importance. Voilà le fait. Il n'est certes pas bien surprenant ; mais peut-être mérite- t-il d’être signalé, en raison du petit nombre des exemples connus d'une faculté germinative, conservée au travers des siècles. J'ajoute, s'il en est besoin, que le Phascum patens est une espèce qui, bien que passant pour être très-rare, l'est, en réalité, beaucoup moins que të le disent les livres, si on veut bien la chercher dans les conditions exclu- sives qu'elle exige et que je viens de rappeler. Mousse des plus éphémères, elle apparait en juin ou juillet, sur les limons argileux mis à découvert par le retrait des eaux, et en septembre elle a accompli toutes les phases de så végétation, pour disparaître complétement aux premières crues. Et maintenant quittons le domaine restreint des faits positifs pour le champ de l'hypothèse. Que les terrains d'alluvion ou tourbeux de l'époque actuelle renferment dáns leur masse, en nombre infini, des spores des cryptogames qui vivaient à l'époque de leur formation, le fait, sans avoir été positivement constaté, ne saurait raisonnablement étre révoqué en doute. On sait, et on l'a, dit-on, suffisamment prouvé, que des graines de phanérogames tirées des hypo- gées d'Egypte, comme d'autres trouvées dans des tombeaux de 10 à 15 siècles, semées immédiatement après leur extraction et avec les précautions nécessaires , ont germé et parcouru le cercle entier de leur existence. Ces graines, qui ont germé aprés un enfouissement de 1,000 à 3,000 ans, at- raient certainement germé de méme à la suite d'autres milliers d'années, Si les conditions qui les avaient mises jusque - là à l'abri de toute altération, eussent subsisté. Or, ces conditions, nées du fait de l'homme, sont bién moins favorables à la conservation indéfinie des'"braines et des spores, que leur profond enfouissement dans un sol vierge, que l'homme n'a jamais bouleversé, Si, dans un tel sol, on constate que des germes se sont conser- vés mille ans , il n'y a pas de raison , je crois, pour qu'ils ne s’y conser- vent pas des milliers de siècles. Et si, par une circonstance fortuite ou pro^ voquée à dessein , ces germes sont tout à coup placés sous l'influence des agents qui donnent la vie, ils se développeront, cela n'est pas douteux. Ce fait doit se présenter fréquemment daus la nature. S'il passe inapercu pour de chétives eryptogames, il a été assez souvent remarqué pour des phanéro- games, et c'est toujours avec l'expression d'un étonnement profond que les botanistes nous signalent ces apparitions singulières de plantes étrangères à une localité, qui tout à coup se montrent en nombre considérable, pour bientót disparaitre, sur des déblais récents, rejetés quelquefois d'une grande profondeur. 1l est probable que, dans la plupart des cas, les graines qui donnent naissance à ces plantes sont plus anciennes que celles des hypogées et des tombeaux, SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 687 Én somme, on peut admettre comme un fait , sinon positivement démon- tré, au moins comme non contestable, que les graines de phanérogames et à plus forte raison les spores des cryptogames peuvent se conserver indéfi- niment dans certains dépôts de la période géologique actuelle, lorsqu'elles se trouvent placées dans des conditions permanentes qui les mettent à l'abri de toute altération. ` Si maintenant nous allons plus loin encore, si nous remontons jusqu'à üne période géologique antérieure, pour y chercher des germes encore existants de la flore d'un autre áge terrestre, pouvons-nous espérer d'en dé- couvrir? La supposition seule d'un tel fait n'est-elle pas frappée d'absur- dité? Je me hâte de répondre oui, s'il s'agit de graines de phanérogames, et peut-être, si nous descendons aux spores des cryptogames inférieures. En effet , les terrains supérieurs de la période tertiaire, comme les plus ànciens de la période quaternaire, ceux en un mot qui paraissent les plus voisins de l'époque géologique actuelle, ont subi de telles modifications, Soit pendant, soit aprés leur formation, que bien qu'on observe souvent dans leur sein des restes abondants d'une végétation puissante , néanmoins on n'y retrouve point de traces de l'humus que la décomposition de ces vé- gétaux gigantesques avait dû produire , et qui lui-même était destiné à en ülimenter les générations suivantes. Dans ces dépôts, toute substance orga- híque soluble ou facilement altérable a disparu complétement , et ses élé- ments s’y sont reconstitués inorganiquement à l'état de roche quelconque. Nous savons que c'est toujours dans cet état inorganique que se présentent les graines de phanérogames qui se rencontrent parfois dans ces terrains. Mais on sait aussi, d'autre part, que les spores des eryptogames vasculaires, et surtout celles des cryptogames inférieures, sont douées d'une puissance de vitalité et de conservation bien autre que les graines des phanérogames : elles passent pour inaltérables par l'effet du temps jon a constaté qu elles Supportent, sans périr, des températures bien plus élevées que les Bra nes des phanérogames, et qu'elles résistent bien mieux que ces dernières à l'ae- tion de tous les agens destructeurs. Pourquoi done ne hasarderait-on point la Supposition de l'existence possible de spores encore vivantes dans cer- tains dépôts d'eau douce des époques antérieures à la période actuelle, et 'essaierait-on pas de s'en assurer par des expériences directes et bien M binées? Voici, ce me semble, les moyens qui pourraient nous conduire à la Solution de ce problème. 4 t Il est évident qu'il n'y aurait pas à s'occuper des formations marines, e t ; des terrains d'eau douce. On choi- qu'il faudraitexpérimenter seulement sur | rodent ts avale Sitait des dépôts tranquilles, bien horizontaux, qui ne parattraien P r été tourmentés par les causes qui en ont parfois redressé ou disloqué Tes couches. On recherchetait de préférence les terrains à lignites (là où ceux- ci n'ont point subi de carbonisation) dont les fibres ligneuses se sont con- 688 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. servées presque sans altération et avec toutes leurs propriétés. On peut pré- sumer que, là aussi, des spores se seraient mieux conservées qu'ailleurs, Les matériaux à expérimenter devraient étre extraits à neuf d'une pro- fonde tranchée ou excavation, mis aussitót à l'abri du contact de l'air, transportés en toute háte chez soi, et déposés sans retard daus des terrines neuves, exposées un moment à une température ardente avant de les em- ployer, et recouvertes le plus tôt possible de lames de verre bien scellées, Ces terrines recevraient l'eau par le fond, en les tenant baignées au pied dans des terrines plus grandes. Il ne serait pas nécessaire, je pense, d'employer de l'eau filtrée, l'eau ordinaire se filtrerait assez d'elle-méme par l'ascension capillaire. D'ailleurs, pour plus de précaution, il serait facile de placer au fond de chaque terrine un lit de sable torréfié, ou mieux de charbon pilé. On pourrait même, afin d'éviter toute chance possible d'erreur, se servir de terrines closes par le bas et vernissées à l'extérieur. Toute évaporation étant ainsi empéchée à l'extérieur, la terre s'y maintiendrait dans une hu- midité constante, suffisante apparemment pour le développement des spores qui existeraient à sa surface. Le sol de ces terrines se couvrirait-il tót ou tard d'une végétation quel- conque ? Nul, je pense, ne saurait encore l'affirmer ou le nier. Je l'ignore, comme tout le monde, et pourtant si j'avais une gageure à soutenir, il me semble que je parierais pour l'affirmative. J'espérerais peu, il est vrai, voir apparaitre une Mousse ou toute autre cryptogame cellulaire d'ordre supé- rieur, mais bien une Algue inférieure. Ne düt-on obtenir ainsi que le plus simple des Protococcus, ce serait toujours une Algue vivante, née d'une spore provenant d'une époque géologique antérieure à la nótre. Fait bien minime en apparence, mais neuf, mais curieux, je crois, et qui pourrait devenir le point de départ de faits plus curieux encore. Je ne suis malheureusement pas en position de tenter ces expériences délicates, les terrains géologiques qu'il s'agirait d'éprouver manquant com- plétement dans la proximité de Bordeaux. Mais peut-être pourrait-on les essayer avec des matériaux venus de loin, pourvu qu'ils eussent été cons. ciencieusement recueillis et expédiés avec toutes les précautions nécessaires. En résumé, je crois qu'il n'est pas prouvé que nous ne puissions obtenir, par la mise en culture de parcelles hermétiquement séquestrées de terrains d'eau douce antérieurs à la période géologique actuelle, quelques-unes des productions cryptogamiques les plus inférieures de la flore de cette époque Je crois aussi que des expériences telles que celles que je viens d'indiquer, essayées plusieurs fois, en variant les conditions d'humidité et de tempéra- ture, et entourées, jusqu'au bout, des plus minutieuses précautions, amène- raient indubitablement des résultats coneluants, positifs ou négatifs, sur une question qui ne parait pas avoir jamais été posée, SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 689 M. Weddell communique à la Société l'extrait suivant d'une lettre qu'il a adressée à M. le D* J.-D. Hooker, au sujet de sa Monographie des Balanophorées : Paris, 13 décembre 1856. . Ayant aujourd'hui bien examiné les arguments que l'on a proposés en faveur de l'adoption de la classe des Rhizanthées, je n'hésite plus à re- connaitre qu'elle doit être rejetée ; et je pense que vous êtes très heureuse- ment tombé, en plaçant les Balanophorées parmi les dicolylédones à inser- tion épigynique. Je dois cependant ajouter que je ne suis pas à beaucoup prés aussi convaincu de la nécessité d'éloigner ces plantes des Rafflésiacées. Je vous dirai, à ce sujet, que dans la derniére séance de notre Société, j'ai eu l'occasion de mettre en avant, sous une autre forme, l'opinion que j'avais émise, il y a quelques années, sur la nature de l'ovaire du Rafflesia, opi- nion dont l'exactitude, quant au fond, sera, je n'en doute pas, reconnue tót on tard. — Que pensez-vous de l'ovaire du Gui, tel que M. Decaisne le dé- erit dans son beau mémoire? — Croyez-vous qu'il y ait réellement là autre chose qu'un axe creux? — Quant à moi je suis persuadé que les feuilles carpellaires y manquent totalement; et je m'appuie sur ce que l'ovaire n'offre, avant la fécondation, aucune trace de la cavité qu'il présentera plus tard. Or, les choses ne se passent-elles pas de méme dans le Rafflesia? — J'ai eu tort, sans doute, de donner au péricarpe de cette plante le nom de réceptacle; mais si ce péricarpe est en effet constitué aux dépens de l'axe seul, ne devrait-on pas le distinguer de l'ovaire ou du péricarpe constitué, en tout ou en partie, par des feuilles métamorphosées ? — En un mot, le temps n'est-il pas venu où il nous est pour ainsi dire impossible de mécon- naitre qu'il existe, dans les fruits, deux formes bien distinctes :1 une tout à fait axile, l'autre carpellaire ou mixte? — Un des caracteres essentiels de certains de ces ovaires purement axiles (que M. Clos appelle ovaires solides), serait l'absence de cavité dans les premiers temps de leur développement; et c'est surtout pour m'être fondé sur ce caractere que ] ai supposé que l'ovaire des Balanophorées était de nature axile. Vous allez, Je i m'ob- jecter que vous avez rencontré une cavité dans l'ovaire du Be anophora, que j'avoue pour ma part, n'avoir pas vue; mais Je doute fort que vous puissiez m'en montrer une dans l'ovaire non fécondé du Langsdor fia h t- ginosa, que j'ai eu occasion d'étudier sur le frais, et si elle n existe pas dans l'un, je serais porté à croire qu'elle n'existe pas dans l'autre. Si enfin il vient Du P il doc B: rées et celui des Rafflésiacées à être démontré que le pistil des Balanophorees € sont analogues sous ce rapport, et si, entre elles, on place le Viscum, dont l'ovaire serait de méme nature, la différence entre les deu x failles paranira je crois, hien moins marquée que vous ne paraissez aujourd'hui vouloir le- reconnaitre, Hr. 45 690 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * Une remarque que je tiens à ajouter, c'est que si ma maniére de voir, relativement à la nature axile du pistil du Za/anophora, était admise, les objections que j'ai faites au sujet de la naissance d'un sac embryonaire d'une paroi ovarienne, perdraient, il me semble, de leur force. En effet, un ovaire axile, sans étre un nucelle, peut étre assimilé jusqu'à un certain point à un de ces organes, et vous ne pouvez nier que dans les Balanophorées il n'en remplisse les fonctions. M. Weddell donne aussi lecture des fragments suivants de la réponse que M. le D" Hooker a bien voulu lui faire parvenir : Kew, près Londres, 23 décembre 1856, 1* En donnant le nom d'ovule à un sac embryonaire nu, je ne pensais pas m'écarter des faits généralement admis, autant que vous voulez bien le dire: témoin le Santalum que j'ai moi-méme étudié, et dans lequel il y a, comme vous le savez, des ovules adnés et pour ainsi dire confondus avee la colonne centrale, le sac embryonaire se faisant jour au dehors, sous forme d'un tube allongé et parfaitement libre, au sein duquel l'embryon et l'albumen se dé- veloppent d'une maniére indépendante du nucelle. C'est un point que M. Henfrey a traité (et bien mieux que ne l'avait fait Griffith), dans le beau mémoire qu'il vient de faire paraître dans les Transactions de la Société linnéenne. — Je soupçonne qu'il se passe quelque chose d'analogue dans la singulière plante connue sous le nom de Card?opteris. 2» Ce que je me rappelle des dessins de M. Hofmeister relatifs à l'impré- gnation du Cynomorium n'est pas opposé à ma manière de voir (ce qui est un point important), et me semble au contraire opposé à votre opinion d’après laquelle mon ovaire serait un nucelle; je n'ai cependant pas voulu trop m'appuyer-là-dessus. | 3° La grande cavité que l'on trouve dans le pistil du Za/anophora m'a empéché de regarder le petit sac qu'on y observe comme autre chose qu'ün sac embryonaire. J'ai trouvé une cavité semblable dans presque toutes les espèces, et je crois que dans les Langsdorfia méme je pourrais vous la montrer, pas à la vérité lorsque le pistil est trés jeune, car je n'ai pas eu occasion de l'observer à cet état, mais lorsque la graine est à moitié müre; et si elle existe à cette époque-là, elle devrait aussi se montrer lorsque le pistil est plus jeune ; l'absence de cavité que vous avez constatée dans le jeune pistil du Z. rubiginosa milite contre mon opinion. Je ne doute pas que les botanistes habitués aux observations délicates ne mettent au jour la structure de ces ovules bien plus complétement que je ne l'ai fait. Ii? Quant à la séparation des Rafflésiacées et des Balanophorées, j'ai été porté à l'appuyer, autant par l'étude comparative des Rafflésiacées et des Aristolochiées, que par celle des Balanophorées elles-mêmes; et je ne doute SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 691 pás que si vous donniez quelques jours à l'examen des Aristolochiées, des Asarées et des Cytinées, vous ne soyez convaincu de l'étroite relation qui existe entre ces groupes. C'est là, du reste, un point tout à fait indépendant de la théorie carpellaire du Rafflesia ; et, à ce propos, qu'il me soit permis de dire qu'il serait bien à désirer que les membres de la Société Botanique de France qui ont étudié la morphologie des Aristolochiées voulussent bien nous faire part de leurs idées à ce sujet, car, quelque difficile qu'il soit de réduire les carpelles des Rafflesia et des Balanophora au type foliaire, il ne l'est peut-étre pas moins de comprendre quelques-uns des détails d'organí- sation des Aristoloches. — J'aurais beaucoup à dire relativement à la ques- tion des axes et au sujet du Viscum, mais ce doit être l'objet d'une autre lettre. M. Weddell ajoute les observations suivantes : Je ne dirai aujourd'hui que quelques mots en réponse aux remarques du docteur Hooker, car, pour que ma réponse eüt une valeur réelle, il faudrait que mes idées fussent complétement arrétées sur un point très important, savoir la présence ou l'absence d'une cavité dans le très jeune ovaire des Balanophorées. Jusqu'à ce que, par de nouvelles études que je me propose d'entreprendre, j'aie vu l'exactitude de mes premières observations se con- firmer, je pense qu'il serait imprudent de rien conclure. Je ne puis non plus juger la-valeur des observations de M. Hofmeister sur le Cynomorium, ces observations n'ayant pas été publiées. Eufin, pour ce qui est de la comparaison que le docteur Hooker établit entre ce qu'il a vu dans les Balanophorées et ce qui a lieu dans le Santalum, je ne puis partager son opinion ; car s'il est vrai que l'embryon se forme dans le sac embryonaire lorsque celui-ci s'est développé en dehors du nucelle, à n'en est pas moins vrai que c'est bien au sein du nucelle et non sur la paroi 9varienne que le sac a pris naissance. — Par contre je serais assez disposé à Voir, dans cette demi-confusion des nucelles et du placenta central du Santalum, une preuve de la nature axile de ces petits corps. M. Payer dit que sur les Noisetiers qu'il a examinés au mois de juin, il a vu l'ovaire comme un axe trés petit, portant deux pelites feuilles carpellaires qui deviennent plus tard les deux styles. A la base de ces feuilles, il n'a pas vu de cavités, mais, plus tard, il a vu se former des godets intérieurs, que remplissent ensuite les ovules. Le tissu intérieur, d'abord vert, devient blanchätre. Ainsi, dans les Ovaires inféres, les feuilles carpellaires se développent d'abord, et plus tard seulement les cavités ovariennes. Il se pourrait que, dans les Rafflésiacées, il n'y eût d'abord pas de cavité, et que celle qu'a 692 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. observée M. Weddell ne se formât que plus tard. — En général, les ovaires inféres ont une partie inférieure axile et une partie supérieure appendiculaire. M. Payer cite comme analogues le réceptacle commun des Composées et le torus des Nelumbium. M. Weddell fait remarquer que, chez les Rafflesia de même que chez le Viscum, c'est dans l'épaisseur méme du tissu que se creusent les cavités ovarieunes, en quelque sorte par une résorption des cel- lules centrales. Ces cavités sont entiérement closes à toutes les pé- riodes de leur développement. M. Payer dit que, dans toutes les plantes qu'il a examinées, il a toujours constaté une communication de la cavité avec l'extérieur. Seulement cette ouverture est quelquefois trés difficile à voir, no- tamment chez le Noisetier, où, pour en reconnaitre l'existence, il faut prendre les fleurs de juin à décembre, et étudier toutes les transitions. M. Weddell répond que, dans les Rafflesia, le pistil lui paraît être uniquement axile, c'est-à-dire sans organes appendiculaires, tandis que, dans le Noisetier, on aurait affaire à un pistil mixte, c'est-à-dire muni de feuilles carpellaires. On ne saurait donc, de ce qui se passe chez l'un, conclure à ce qui doit se passer chez les autres. M. Payer dit qu'il n'a jamais vu de feuilles carpellaires dans le pistil des Aristoloches. D'un autre côté, ajoute-t-il, il ne partage pas à cet égard l'avis de M. Duchartre, qui considére la partie supe rieure de ce pistil comme provenant d'une production de l'axe. L'axe prend la forme d'une coupe, sur le bord de laquelle se dessine une pelite margelle; c'est là que se développent les étamines, dont une production interne se prolonge pour constituer le style. — M. Payer signale encore le développement de l'ovaire du Trapa natans. D'abord on ne voit aucune cavité dans cet ovaire ; plus tard se creuse une petite cavité qui grandit ensuite, et qui se ferme lorsque l'ovule est formé ; cette cavité ovarienne se forme de haut en bas. M. Groenland fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR L'HYBRIDATION DU GENRE ÆGILOPS, pov MM. LOUIS VILMORIN et JOHANNES GROENLAND. La question de l'hybridité des plantes a déjà depuis longtemps occupé l'esprit des savants, qui ont publié successivement un grand nombre d ob- servations, plus ou moins concluantes et suivies, dans le but d'appuyer Jes SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 693 lois qu'ils eroyaient devoir établir pour la possibilité de la réussite d'une véritable hybridation. On a ordinairement admis qu'il n'y a possibilité d'hybridation qu'entre deux espèces du méme genre ; mais cette loi est un peu vague, attendu qu'on n'est pas toujours d'accord sur les limites des genres, surtout dans les familles trés naturelles, telles que les Graminées, les Labiées. ete. Notre ine tention n'est point d'entrer ici dans une recherche historique de la question. Ce travail serait certainement d'une grande utilité, mais demanderait une critique minrtieuse et beaucoup plus de temps que nous ne pouvons y con- sacrer. Notre but est seulement d'ajouter un petit contingent aux nom- breuses observations faites jusqu'à ee jour. Avant d'entretenir la Société des détails de nos expériences, qu'il nous soit permis d'expliquer en quelques mots ce que nous entendons par une plante hybride. Nous disions tout à l'heure que, selon la manière de voir ordinairement admise, il n'y a d'hybrides qu'entre deux espèces du méme genre, Nous parlions de la difficu'té de circonserire nettement l'idée du genre, qui, à ce qu'il nous semble, est dans beaucoup de eas l'objet d'un certain tact scientifique plutôt que d'une démonstration absolue. Il n'en est pas de méme pour l'espèce. L'espèce peut être démontrée par l'expérience, C'est l'ensemble d'individus qui peuvent se reproduire par graines pendant un temps indéfini, sans changer leurs caractères essentiels. La question de savoir si deux plantes qui se ressemblent beaucoup, constituent deux espèces différentes ou deux variétés de la méme plante, ne peut done être décidée rationnellement et avec une sûreté mathématique, qu'après qu'elles ont été soumises à de longues observations de culture, rigoureusement et minutieu- sement entreprises, et suivies pendant de longues années. Nous convenons parfaitement que ce procédé de vérification de l'espéce a ses inconvénients pour un grand nombre de plantes ; sa mise en pratique sera probablement peu goütée par les botanistes. Mais quoique naturellement on ne puisse pas exiger ce procédé comme règle constante pour la formation de l'espèce, il nous parait que les botanistes devraient parfois tenir plus compte des plantes vivantes, dont la culture dans les jardins leur rend si facile l'examen de plusieurs générations successives. Nous aimons à croire que la botanique deseriptive ne pourra que gagner en se rapprochant de la culture. Nous sommes persuadés qu'il est nécessaire, pour la botanique systématique, d'en- trer décidément dans cette voie expérimentale et de se servir des plantes sèches seulement comme pis-aller. La direction organographique des études botaniques de notre siècle a d'ailleurs une tendance tres prononcée Vers ce but. . | Après cette digression, revenons à nos plantes hybrides, On parle MNA dans l’horticulture, des plantes hybrides, sans se former une idée nette e la Signification de ce mot. Les hybrides des jardins sont, dans la plupart des 694 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cas, les produits du croisement de deux variétés de la méme espèce. Les vrais hybrides sont assez rares. Pour nous, une plante hybride est le pro- duit de la fécondation d'une espece par une autre. Elle présente des formes intermédiaires, ou plutôt mélées de celles du père et de la mère; ce qui eon- stitue son caractere essentiel c'est qu'elle est entierement stérile, ou que les générations produites par ses graines retournent plus ou moins promptement au type d'une des plantes auxquelles elle doit son origine. Une plante issue du croisement de deux espèces, intermédiaire à elles et parfaitement fixe de forme dans une série de générations reproduites par graines, n'a point été observée jusqu'ici. Si l'on trouvait une telle plante, on n'aurait plus affaire à un hybride, mais on aurait saisi la nature sur la formation d'une nouvelle espèce. Les genres de plantes qui ont été choisis par les botanistes, pour sujets de leurs expériences sur l'hybridité, sont très variés. Nous n'avons pas l'intention de les passer ici en revue. Il en est un seulement dont nous nous proposons de dire quelques mots, c'est l' Zgilops. Depuis que M. E. Fabre, d'Agde, a publié sa prétendue découverte de la transformation des Æ gilops ovata et Ægilops triaristata en Blé, par l'intermédiaire de 1 Ægilops triti- coides (qui selon lui ne consiste qu'en une simple transition d'une plante à l'autre), la question de l'origine de l Æ gilops triticoides a beaucoup oceupé les botanistes, qui en ont donné les explications les plus contradictoires. La plante est considérée par les uns comme l'hybride d'un 7Zgilops et d'un Triticum, les autres eroient qu'il y a là confusion d'une espéce bien tranchée, mais négligée jusqu'ici, avec un produit accidentel ou peut-étre hybride, mais toujours stérile. Nous sommes d'avis qu'il nous manque encore Un nombre suffisant de faits pour dire le dernier mot sur cette question. C'est dans le but d'ajouter un fait soigneusement observé aux observations faites jusqu'ici, que nous avons entrepris une série d'expérienees dont nous nous permettons de communiquer à la Société les premiers résultats. La question que nous nous sommes posée est celle-ci : serait-il possible d'obtenir par le croisement des Ægilops et des Triticum une plante intermédiaire fixe, ou en d'autres termes, serait-il possible à la culture de créer une nouvelle espèce? Il est à regretter que cette question soit justement tombée sur V'ZEgilops, ear d'un côté la fécondation de ce genre, et en particulier de plusieurs de ses espèces, n'est pas sans difficulté, et de plus la fécondation artificielle des Triticum par le pollen des Ægilops est absolument impossible à cause de la structure et de la fragilité de leurs fleurs ; d'un autre côté, les produits des expériences, fussent-elles inéme couronnées du succès le plus complet, (1) L'idée de la transformation de l'Ægilops ovata en Blé, émise déjà par plusieurs botanistes anciens, avait été réfutée par Lamarck, ainsi que M. Cosson le fait remarquer dans la Flore d' Algérie. SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 695 ne seraient pas d'une grande valeur pour l'agriculture, puisqu'il parait que le caractere de la fragilité de l'épi est tout à fait persistant et s'oppose ainsi à toute culture. Nous avons fait nos premières expériences en 1855, guidés par les conseils que doune M. Godron dans son mémoire sur la fécondation des Ægilops par les Triticum. Le procédé indiqué par lui est assez simple (1). Ayant un peu écarté les glumelles de la fleur, ce qui se fait, surtout pour l'ZEgilops ovata, avec assez de facilité, nous avons enlevé à l'aide d'une petite pince les trois anthéres un peu avant leur déhiscence ; nous les avons eusuite remplacées par une anthére de Blé préte à s'ouvrir. Pour un petit nombre de fleurs cependant, nous nous sommes bornés à ajouter simplement une anthére de Blé sans mutiler la fleur. Pour ne pas trop fatiguer nos plantes, nous n'avons fécondé que les deux fleurs inférieures d'un épillet; ce sont d'ailleurs ordinairement les seules qui soient fertiles. Nous avions opéré ainsi l'année passée sur 75 épillets, mais nous n'en avons obtenu que 1 plantes, dont une seule a offert les caractères d'un véritable hybride. Parmi les 6 autres plantes, 5 étaient le produit de graines obtenues sans castration de la fleur qui devait leur donner naissance. Les espèces sur les- quelles nous avons expérimenté sont l'ZEgilops ovata L. et l'/E'gilops ventricosa Tausch. (2). Nous allons maintenant donner une description détaillée de notre plante hybride. Flle est le produit d'une fécondation de l'Ægilops ventricosa par le pollen d'une variété barbue du Triticum sativum, le Blé de Sibérie de la Collection de M. L. Vilmorin. . Le port de notre plante se rapproche de celui de l'ZEgilops ventricosa. Elle forme une trés forte touffe qui donne naissance à un grand nombre de chaumes, dont les mérithalles inférieurs, peu allongés, sont genouillés et couchés vers le sol. La partie supérieure des chaumes est dressée et s'élève jusqu'à la hauteur de 50 à 70 centimètres. Toute la plante est d'une couleur (4) Outre les fécondations opérées par M. Godron, M. Regel, en Allemagne, a fait des hybridations artificielles de l'/Egilops ovata par le Triticum sativum. Le produit de ces fécondations ressemblait à l'Ægilops triticoides. Plus tard aussi M. Henslow a fait les mêmes expériences sur l’Ægilops squarrosa (probablement Ægilops ventricosa Tausch.). Il a aussi obtenu un résultat, mais il n UA it si les plantes ainsi produites ont été fertiles ou non. (Voy. Flora, 1556, P NM (2) L'/Egilops ventricosa Tausch. est très répandu dans les jardins e ans es herbiers sous le nom d'/Egilops squarrosa. Le vrai Ægilops squarrosa b 5 pne plante très rare, originaire de la Géorgie. Nous avons pu l'examiner dans Pl de M. Jacques Gay, et nous l'avons comparée ensuite à la figure qu'en Schreber dans Beschreib, der Græser, t. I, p. 44, tab. 27, fig. 2. Cette plante se distingue facilement de l'Ægilops ventricosa par ses glumes non renflées-ventrues, tronquées, même celles de l'épillet terminal, 696 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vert foncé, et qui n'est point mêlée de glauque. Le chaume est entièrement glabre, strié surtout vers le haut de la plante. La longueur de ses méri- thalles varie entre 2 et 40 centimètres. La gaine des feuilles est un peu plus courte que la lame, les inférieures sont velues, les supérieures glabres ; leur longueur varie entre 4 et 14 centimètres. La ligule est courbe, tronquée, ciliolée, fimbriée aux bords. La lame de la feuille est un peu plus longue que la gaine, large de 8 à 10 millimètres, à nervures saillantes, munie sur ses deux faces de poils raides, courts, peu nombreux. L'épi est serré, composé de 8 à 12 épillets. Le rachis de l'épi se casse vers l'époque dela maturité en plusieurs articulations portant chacune un épillet, ainsi que le fait aussi le rachis de l'ZZgilops ventricosa. L'épillet ovale, sans être renflé vers sa base, est composé de 4 à 6 fleurs (ordinairement 5). La glume à peine carénée, striée de nervures nombreuses, saillantes, blanchátres, est couverte de petits poils rudes et terminée par trois dents, dont les deux latérales s'allongent en arêtes longues de 4 1/2 à 3 centimètres. La glu- melle inférieure est arrondie, 5-nervée, un peu échanerée vers son sommet; la nervure médiane se termine en une aréte dont la longueur varie entre 1 1/2 et 6 1/2 centimètres ; rarement une des nervures latérales s'al- longe en une seconde aréte. La glumelle supérieure est binervée, ses ner- vures sont munies d'une série de poils; les glumellules, au nombre de deux, sont ciliées. Il y a trois étamines, et un ovaire pointu au sommet, à deux stigmates plumeux, subsessiles, terminaux. Si nous eomparons notre hybride à sa mere, l'ZZgilops ventricosa, nous voyons que c’est surtout son épi qui l'éloigne de cette derniere plante, et qui le rapproche du père. Les épillets de l' Æ gilops ventricosa sont fortement renflés, ventrus vers leur base. Ses glumes sont obliquement tronquées et n'ont qu'une dent latérale allongée en aréte très courte. Les glumelles infé= rieures ont des arêtes beaucoup plus courtes que celles de la plante hybride. Nous avons déjà dit que malheureusement notre plante a été entierement stérile. Mais nous avons recommencé notre expérience cette année sur une grande échelle. Cette fois nous avons fécondé nos deux Ægilops par le pollen de toutes les variétés et les espéces les plus remarquables des Blés. Nous avons opéré ainsi sur 352 fleurs d' /Z/gilops ovata et 448 d'Ægilops ventri- cosa, et nous croyons avoir le droit d'espérer un peu plus de succès que la premiére fois, ear en ce moment déjà, 140 plantes provenant des essais de cette année ont levé, et nous promettent ainsi des matériaux suffisants pour nos observations futures. M. Cosson dit que l'on ne doit certes pas négliger d'observer l'in- fluence de la culture sur les plantes; mais que, s'il fallait prendre la culture comme seul criterium de la validité des espéces, la question d'espéce deviendrait insoluble. Car combien de temps faut-il cultiver SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 697 les plantes pour s'assurer de la fixité de leurs caractéres? S'il suffisait de deux ou trois années, toutes les formes de jardin deviendraient des espéces. M. Groenland répond qu'il n'est nullement d'avis que la culture doive étre prise comme criterium unique pour la fixation des espéces, mais que son utilité ne saurait étre contestée. M. Balansa fait observer que la culture propage certaines formes modifiées par elle, et qui, pourtant, ne sont pas des espéces. M. Cosson ne pense pas que l'hybridation puisse produire des espéces permanentes; s'il en était ainsi, on ne retrouverait plus aujourd'hui toutes les espéces des anciens auteurs. M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espéces nou- velles d'Algérie et fait les communications suivantes : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Cinquiéme partie.) Le ksar de Chellala Dahrania est construit sur le versant d'une colline qui ferme au sud un vaste cirque circonscrit à l'ouest par des rochers de grès peu élevés et interrompus, et au nord par le Djebel Bou Daoui, mon- tagne pierreuse, nue, assez élevée, où prend sa source l'Oued Mequilla, dont le lit est à sec dans cette saison ; à l'est, une autre bande de rochers de grés forme la limite du cirque. Des jardins sont groupés au-dessous du village, et à quelque distance, au fond du cirque, existe un autre groupe de jardins fertilisés par des irrigations dérivées d'un affluent de l'Oued Mequilla. Le Dattier n'est plus guère ici qu'un arbre d'ornement dans les jardins, dont du reste les plantations et les cultures ne différent pas sensi- blement de celles d'Asla. — Le 44 mai, vers neuf heures du matin, après avoir visité les jardins de l'oasis, nous nous dirigeons vers l'Oued Mequilla €n longeant le lit de son affluent actuellement à sec; les alluvions e le lit méme de cet affluent nous offrent les Cleome Arabica, Paronychia Cos- soniana, Carduus confertus var., Passerina microphylla, Peganum Har- mala, Atractylis microcephala, Cyrtolepis Alexandrina, Enarthrocarpus clavatus, Convolvulus supinus, Medicago laciniata, Schismus marginatus, Triticum Orientale, Muricaria prostrata, Herniaria fruticosa, un Centaurea, voisin du C. Calcitrapa, que nous avons déjà signalé à Aïn Ben Khelil et à d'autres localités du sud, ete. Des sables sont accumulés çà et là au fond du cirque, dans les sinuosités décrites par le cours d'eau, et là nous retrou- vons les Euphorbia Guyoniana, Arthratherum pungens, Malcolmia Kop tiaca, Matthiola livida, Festuca Pectinella, etc., que nous avions observ 698 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. déjà dans les dunes du sud. Là, pour la première fois dans notre voyage, nous trouvons l'Asphodelus pendulinus, qui n'avait pas encore été observé dans l'ouest de l'Algérie. Les terrains rocailleux nous offrent les Caroxy- lon urticulatum, Noca spinosissima, Ononis angustissima, Anthyllis Numi- dica, et surtout les Stipa tenacissima et Artemisia Herba-alba. Après avoir atteint l'Oued Mequilla, nous voyons qu'il nous faut renoncer à l'explo- ration du Djebel Bou Daoui, dont nous sommes séparés encore par une assezgrande distance, et dont l'ascension ne nous promettrait pas des récoltes plus intéressantes que les rochers accidentés qui limitent le cirque à l'est. Nous nous dirigeons done vers ces rochers, éonnus des habitants sous le om de Djebel Gourdjaia. Des sables mobiles sont amoncelés au pied des rochers et sur quelques points remontent en languettes sur leurs flancs pour s'étendre dans les anfractuosités ; de ces alternatives de sables et de rochers résulte la réunion, sur des points très circonserits, d’espèces rupestres el d'espèces caractéristiques des sables mouvants. Ainsi les Marrubium Deserti; Ononis angustissima, Orlaya maritima, Arthratherum pungens, Brassica Fournefortii, Euphorbia Guyoniana, Festuca Memphitica, Ifloga Fontanesii, Onopordon ambiguum, Malcolmia Ægyptiaca, Hippocrepis bicontorta, y croissent presque pêle-mêle avec les Micromeria micro- phylla, Phagnalon purpurascens, Sonchus spinosus, Catananche cerulea, Arthratherum obtusum, Deverra chlorantha?, Asparagus horridus, Carlina involucrata, Atractylis microcephala, Galium ephedroides, Gymnocarpus decandrus, plantes propres aux terrains rocailleux ou aux rochers. Une course rapide dans la plaine qui s'étend au nord-est de ces rochers, dans la direction de Chellala Gueblia, ne nous offre qu'un petit nombre de plantes intéressantes ; des dépressions du sol où le sel vient effleurir sont parsemées de vastes touffes de Frankenia thymifolia. Dans les terrains argilo-sablon- neux et pierreux, nous rencontrons les Reseda Arabica, Euphorbia calyp- trata, Argyrolobium uniflorum, Echinospermum Vahlianum, etc. Vers deux heures, nous rentrons à notre campement harassés de fatigue, après notre longue herborisation par une chaleur lourde et accablante. Le reste de la journée, aprés quelques instants de repos, est consacré à la préparation d'une partie de nos récoltes du jour, et surtout à l'emballage des collections que nous avons réunies depuis Ain Ben Khelil, et que nous devons expé- dier le lendemain à dos de mulet à Géryville, pour n'avoir pas à leur faire courir plus longtemps les chances de destruetion qu'entrainent fatalement des chargements et des déchargements continuels, et surtout les mouve- ments désordonnés des chameaux résultant soit de la frayeur que leur inspire souvent la présence des Européens, soit de la gêne que leur cause un char- gement mal équilibré. Pendant que nous sommes tout entiers à nos OCCU- pations, le brigadier de nos spahis vient nous avertir que le plus beau de nos chameaux , dont la veille encore nous admirions l'allure malgré le SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 699 poids de notre plus lourde paire de cantines, est sur le point de mourir et doit être abattu si nous voulons que sa chair puisse servir à la nourri- ture des hommes de notre escorte et à celle des habitants du ksar. Avant de décider la mort de ce pauvre animal, nous allons l'examiner avec soin, et nous reconnaissons que le rapport qu'ou vient de nous faire n'est que trop exact; une petite écorchure de l'un de ses flancs, pour le pausement de laquelle nous avions donné à diverses fois les médicaments nécessaires, avait, comme d'habitude, été négligée par les chameliers et avait attiré les mouches, dont les œufs avaient rapidement donné naissance à des larves qui s'étaient répandues dans le tissu cellulaire ambiant. Il ne restait aucune chance de salut pour l'animal, qui suceombait à l'excès de la douleur pro: voquée par la présence de ces nombreux parasites ; aussi dümes-nous, à notre grand regret, accorder l'autorisation demandée. En moins d'un quart d'heure, notre chameau fut saigné, dépouillé et dépecé par nos Arabes, qui montraient dans le maniement du couteau une habileté vraiment effrayante. Nous nous empressons de retourner à nos occupations, car nous avons encore nos consultations médieales à donner avant la nuit aux nombreu& malades qui sont venus réelamer nos soins. Dans la soirée, nos spahis, qui doivent partir le lendemain avec Sassi et les cavaliers des Hamian pour retourner à Ain Ben Khelil, aprés avoir pris une ample ration de café et s'étre mis en train par des chants prolongés, avec l'accompagnement monotone d'une flüte toute primitive, c'est-à-dire d'un fragment de roseau (Arundo Donax) percé de quelques trous, finissent par se livrer à des jeux gymnas- tiques, à des sauts et à des luttes simulées, pour lesquels plusieurs d'entre eux dépouillent tout vétement. La population du village de tout sexe et de tout áge fait cercle autour des lutteurs, qui interrompent souvent leurs jeux pour se livrer aux contorsions les plus bizarres ou s'élaneer au milieu des groupes de speetateurs, oü ils font des trouées à grand renfort de coups de pied et de coups de poing. Le bruit de cette fantasia, qui se pro- longe jusqu'à une heure assez avancée de la nuit, ne nous empéche pas de trouver sur nos lits de cantine le repos dont nous avons besoin après notre journée de fatigue. ul La matinée du 45 est consacrée tout entière à l'expédition de hos collections sur Géryville et à ia rédaction des nombreux certificats qui nous sont demandés par les hommes de notre escorte, que nous sommes heureux de congédier pour être délivrés désormais des embarras de toute sorte, conséquences inévitables d'un aussi nombreux entourage. Sassi, qui avait été complétement mis à la raison par la sévère admonition que nous lui avions donnéeà Ain Sefra, nous renouvelle, avant de nous quitter, les protestations de son dévouement et tous ses regrets de ce que nous ne puissions pas, sous sa conduite, aller visiter | oasis de Figuig ni nous assure-t-il, l'influence de son père Mebkrout assurerait complétemen 700 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. notre séeurité. Enfin, vers deux heures, nous pouvons lever notre tente et nous diriger sur Chellala Gueblia, où nous nous rendons de toute la vitesse de nos chevaux en contournant l'extrémité du Djebel Gourdjaia que nous avions exploré la veille, et en traversant sur une longueur de prés de six kilometres la plaine située au nord-est de cette bande de rochers, oü nous avions déjà recueilli la veille le Frankenia thymifolia ; le Lepidium subulatum est trés abondant et croit par touffes volumineuses espacées dans les terrains salés au pied de la colline rocheuse et assez escarpée sur laquelle est construit le ksar de Chellala Gueblia. Ce ksar, qui occupe avec ses jar- dins la pente occidentale de la colline, est assez important, et ses maisons, ainsi que les enceintes des jardins, sont construites en pierre et avec une certaine régularité, Nous laissons nos chevaux à l'entrée du ksar, dans une vaste cour entourée de murs et dont le pourtour intérieur est muni d'un talus recouvert de dalles qui servent de divans pour faire la sieste, prendre le eafé ou fumer. Aprés avoir échangé quelques mots de politesse avec les notables de la localité, qui s'étaient réunis pour nous faire honneur ou peut- étre plutót pour satisfaire leur curiosité, nous nous empressons d'aller visi- ter les jardins situés au-dessous des rochers sur lesquels est construit le ksar. Une source assez abondante, dont les eaux sont recueillies dans un bassin assez vaste creusé au pied méme du rocher, sert à l'arrosement d'une grande partie des jardins. Au bord de ce bassin, et dans les ruisseaux d'irrigation, nous recueillons avec plaisir quelques espèces européennes, telles que les Adiantum Capillus-Veneris , Helosciadium nodiflorum, Zannichellia macrostemon, Rumez crispus, Ranunculus sceleratus, Samo- lus Valerandi. Dans les terrains vagues nous observons les Chenopodium opulifolium, Piptatherum miliaceum, Peganum Harmala, Carduus tenui- florus, Microlonchus Clusii, Marrubium vulgare, Cotula aurea, Echinopsilon muricatus, Sonchus spinosus, Enarthrocarpus clavatus. Le Dattier est encore plus rare dans les jardins qu'à Chellala Dahrania, et sa culture n'est qu’un pur objet de luxe, car il n'amene pas ses fruits à maturité. Les autres arbres plantés dans les jardins sont, d’après leur ordre approximatif de fréquence, le Figuier, le Grenadier, l'Abricotier, le Pécher, la Vigne, le Prunier à fruit oblong; quelques pieds d’ Opuntia F'icus-Indica y existent également; les légumes qui y sont cultivés sont presque exclusive- ment la Fève et l'Oignon. L'Orge est semée dans les vides des plantations et est encore généralement sur pied. Le caid, qui était venu au-devant de nous à Chellala Dahrania et qui doit nous accompagner jusqu'au ksar prochain (Arba el Tatani), veut nous retenir pour nous faire explorer les environs du ksar ; mais nous résistons à ses instances, car la végétation des rochers sur lesquels est báti le village ne nous semble pas présenter un intérêt suffi- sant aprés la course que nous avons faite la veille au Djebel Gourdjaia, station tout à fait analogue. Vers cinq heures, nous remontons à cheval, SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1850. 704 accompagnés du caïd et du spahi Osman qui doit nous guider jusqu'à Gé- ryville; quelques Arabes nous suivent à pied, poussant devant eux les deux moutons qui doivent servir aux diffa du soir et du lendemain, et portant à la main des poulets vivants et des œufs et sur leur tête les plats et les marmites poür la préparation du couscoussou. Peu d'instants aprés notre départ, le temps, qui était donteux, devient tout à fait mena- çant; aussi convenons-nous avec le caïd de nous arrêter à quelques kilo- mètres seulement de Chellala, à Ain Mesboua, où nous trouverons de l'eau et où nous pourrons dresser notre tente avant que l'orage éclate. Nous ne tardons pas à nous féliciter de la détermination que nous avons prise, car nos hommes ont à peine eu le temps de dresser la tente du caid et la nôtre, et de mettre à l'abri nos papiers et nos bagages, que la tempéte se dé- chaine dans toute sa fureur et que la pluie tombe par torrents ; nous devons accumuler tous nos paquets autour des supports de la tente pour les empé- Cher d'étre renversés, creuser des fossés pour l'écoulement des eaux, et ra- masser de grosses pierres pour les superposer aux piquets, qui, à chaque instant, menacent d'étre arrachés. Pour plus de préeaution, nous consa- crons une partie de nos couvertures de campement à garantir nos presses de la pluie, contre laquelle la toile de la tente n'est qu'un abri bien insuffi- sant. Il va sans dire que ledésarroi le plus complet se met dans les prépara- tifs de la diffa, et que le mouton qui devait être tué et mangé le soir gagne une nuit de répit. Notre souper se trouve réduit à quelques morceaux de biscuit que nous mangeons avec du chocolat et quelques dattes que M. Kra- lik, selon son habitude, tenait en réserve dans ses poches, pour les cas d'urgence, Aprés ce frugal repas, avant de tácher de prendre quelque repos, l'inquiétude que nous éprouvons sur le sort des collections que nous avions envoyées à Géryville le matin, nous fait expédier uu courrier à M. de Co- lomb avec une lettre, pour le prier de donner à nos plantes les soins conve- nables, si, comme nous n'avions que trop lieu de le craindre, les toiles cirées, dont nous avions recouvert le chargement, avaient été insuffisantes pour le préserver, Aprés toutes ces tribulations, il nous faut songer à nous installer, tant bien que mal, pour le sommeil, avec nos vétements et nos couvertures mouillées, et nous coucher au milieu des touffes piquantes de l'AntAyllis Numidica ; le sommeil est long à venir, car, non-seulement le bruit de l'orage, mais encore nos préoeeupations sur les dangers que courent nos belles récoltes de T yout nous tiennent longtemps éveillés. — Le 16, dès la Pointe du jour , nous sommes sur pied pour mettre tout en ordre, heureux de voir un soleil radieux nous promettre une belle journée ; à 8 heures , nous Montons à cheval, et nous suivons, pour nous rendre à Guelta el Hammam, où nous devons aller camper , une plaine bordée au sud par des montagnes basses ; dans cette plaine, les plantes dominantes sont les Peganum Har- mala, Anabasis articulata, Carozylon articulatum, Slipa gigantea, Lygeum 702 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Spartum, Festuca divaricata, Helianthemum pilosum var. Deserti et le Tri- ticum Orientale ; V Atractylis cœæspitosa y est également très abondant, et nous y trouvons cà et là des pieds d'une espèce nouvelle du méme genre (A. diffusa) voisine de l'A. microcephala. Vers une heure, nous dressons notre tente prés des redir d'un oued qui prend sa source dans le Djebel Douis, et qui est l'affluent principal de l'Oued Douis que nous longerons jusqu'à Arba el Tatani. Les redir (flaques d'eau persistant plus ou moins longtemps dans le lit des torrents desséchés) de Guelta el Hammam (bassin des pigeons) occupent les bas-fonds de l'oued qui, comme nous venons de le dire, est l'af- fluent prineipal de l'Oued Douis. Les berges de cet oued, généralement assez élevées et escarpées, présentent de nombreux rochers de grès dont quelques- uns sont ombragés par de magnifiques Pistacia Atlantica. Au sud et à quelques kilomètres, s'étend, de l'est à l'ouest, la chaîne du Djebel Douis, dont la pente rocailleuse est parsemée d'arbres rabougris sous forme de buissons. A l'est et à environ 5 kilomètres, s'éléve un rocher isolé sur la rive gauche de l'oued, qui, par son aspect imposant et pittoresque, se dé- signe naturellement pour être le but de notre course. Nous commençons par l'exploration du lit de l'oued, où nous pensons trouver réunies les plantes de la plaine et celles de la montagne apportées par les eaux. Nous y revoyons, en effet, les espèces suivantes que nous avions déjà notées dans notre trajet dans la plaine depuis Ain Mesboua: Matthiola livida, Reseda eremophila, Peganum Harmala, Zizyphus Lotus, Ononis angustis- sima, Ferula sp. nov.?, Daucus pubescens, Scabiosa semipapposa, C yrtolepis Alexandrina, Artemisia Herba-alba et campestris, Anvillea radiata, Atractylis flava, Spitzelia lyrata, Echinospermum Vahlianum, Sideritis montana, Statice Bonduellii, Passerina microphylla, Stipa barbata var. brevipila, Arthratherum pungens, ete., et d'autres qui ont été entrainées de la montagne, telles que Centaurea alba var. , Catananche cærulea, Scrofu- laria canina var., Sedum altissimum, Psoralea bituminosa, Argyrolobium uniflorum ; d'autres nous paraissent appartenir au lit même de l'oued ou à ses alluvions, ce sont le Retama sphærocarpa, le Scirpus Holoschenus et les Pulicaria Arabica, Convolvulus supinus, Paronychia Cossoniana, Aste- riscus pygmæus; le Blitum virgatum et l Enarthrocarpus clavatus, que nous trouvons sur le lieu habituel des campements, paraissent avoir suivi l'homme dans cette localité. A environ 4 kilomètres à l'est, le lit de l'oued est constitué par un ravin profond, encaissé par des rochers élevés, où croissent quelques Pistacia Atlantica, de magnifiques Lauriers-Rose (Ne- rium Oleander) et quelques Genévriers rabougris (Juniperus Phænicea) ; des rochers qui s'élèvent à quelques raètres au-dessus du fond du torrent, où ils forment un barrage naturel, sont parsemés de vastes touffes de Galium ephe- droides qui croissent dans leurs fissures. L'heure déjà avancée nous empêche de poursuivre plus loin notre exploration, et nous force de revénir à notre SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 703 campement, sans avoir atteint le massif de rochers, but de notre course.— La midtiiéé du 47 est consacrée par nous à l'exploration des tócliers et des sables des berges de loued; dans les sables, nous récoltons les Orlaya maritima, Koleria pubescens, Festuca Memphitica, Erysimum grandiflo- rüm, Marrubium Deserti, Matthiola livida, Ononis serrata, Arthratherum obtusum, Calendula platycarpa, Carduus confertus var. Dans les rochers et à l'ombre des Pistacia Atlantica, nous observons les Centaurea pubescens, Minuartia campestris, Arabis auriculata et une espèce de Crucianella pro- bablement nouvelle. Nous ne quittons le campement de Guelta el Hammam que vers deux heures du soir, car l'uniformité du lit de l'oued que nous devons suivre ne nous promet pas beaucoup d'acquisitions nouvelles jusqu'à Arba el Tatani. Pendant que l'on charge nos chameaux, qui gémissent plus dou- loureusement encore que d'habitude , car ils semblent vivement regretter d'avoir à s'éloigner d'une station où ils trouvaient en abondance l'eau et la uourriture succulente que leur fournit le feuillage du Pistacia Atlantica, nous utilisons nos quelques moments de loisir en faisant la chasse aux Scorpions noirs et jaunes, ainsi qu'aux tarentules et aux lézards qui ont établi leur domicile sous les pierres éboulées des rochers, et nous en met- tons dans l'alcool une ample collection. Pendant environ 4 kilomètres nous ne trouvons aucune plante à ajouter à notre liste de la veille, si ce n'est l'Imperata cylindrica qui couvre, sur de larges espaces, les alluvions sa- blonneuses. Plus loin, des bouquets de Tamarix Gallica réellement arbores- cents nous offrent un ombrage oü nous sommes heureux de nous arréter Un instant ; nous ne trouvons un groupe de plantes réellement intéressantes, que dans le ravin argileux qui encaisse l'Oued Douis vers le point où il se réunit à l'Oued Goulila ; là de nombreuses Salsolacées frutescentes, avec le Lepidium subulatum, annoncent le sel qui imprégne le sol ; les Bubania Feei, Passerina microphylla, Arthratherum obtusum et plumosum var. glabrum, Statice Bonduellii et Thouini croissent en excessive abondance. Sur les berges ravinées, nous voyons uu Deverra non encore fleuri. — Nous laissons à peu de distance sur notre gauche le ksar d'Arba el Foukani ; de là jus- qwà Arba el Tatani, nous longeons le lit marécageux de l'Oued Goulila et nous traversons les dunes de sable mobile parallèles à son cours. La vége- tation de ces dunes nous rappelle celle des stations analogues d'Ain Sefra ; ainsi nous y retrouvons le Genista Saharæ que nous recueillons en fruits arrivés presque à maturité. Les contours de la montagne que longe l'Oued Goilila dérobent à nos regards l'oasis et le ksar d'Arba el Tatani, dont un marabout aux murs d'un blanc resplendissant nous annonce seul le voisi- nage, (La suite à une prochaine séance.) 704 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ALGÉRIE, par M. E. COSSON. REBoubptaA Coss. et DR. Calyx tetraphyllus, sepalis erectis, duobus lateralibus basi vix saccatis. Corolla petala 4, hypogyna, indivisa, in unguem longe attenuata. Stamina6, calycem excedentia, hypogyna, tetradynama, filamentis liberis, filifor- mibus, exappendiculatis. Glandulæ hypogynz 4, duo supra staminum lon- giorum, duo supra staminum lateralium insertionem. Stigmata 2, in unicum apice rostri ovarii sessile subcapitatum connata. Siliqua bivalvis, a basi lineari-feretiuscula, valvis coriaceis, intus in septula transversa semina sepa- rantia productis, convexis, ecarinatis, sub-5-nerviis, nervo medio promi- nulo, lateralibus sepius subobsoletis ; septum membranaceum ; rostrum ratione silique maximum, compressum, spathulatum, sæpius basi 1-spermum semine erecto, apice in stylum brevem acuminatum; funiculi a septo distincti. Semina in quoque loculo 5-6, rarius abortu pauciora, pendula, uniseriata, ovata compressiuscula immarginata, levia. Embryonis exalbuminosi coty- ledones obovato-suborbiculatæ subemarginatæ, canaliculato-complicatæ, radiculam amplexantes.— Planta in Sahara Algeriensi indigena, Erucariæ facie, annua, glaucescens, parce breviterque pubescenti-strigulosa, erecta, sepius a basi ramosa, caulibus teretibus senescentibus sæpe induratis, foliis crassiusculis inferioribus bipinpatipartitis superioribus pinnatipartitis lobis linearibus, floribus ebracteatis, petalis violaceo-cærulescentibus venis satu- ratioribus reticulatis, racemis terminalibus demum elongatis, pedicellis brevibus demum stricte erectis. Nous dédions ce genre à M. le docteur V. Reboud qui, depuis plusieurs années, s'occupe avec beaucoup de zèle de l'exploration des environs de Djelfa et de Laghouat, et dont les recherches pendaut les expéditions loin- taines dans le sud, auxquelles il a été attaché, ont enrichi la flore d'Algérie de plusieurs espèces nouvelles du plus haut intérêt. — Le genre Reboudia établit le passage entre les tribus des £rucarieæ DC. et des Brassiceæ DC.; en effet, par le port et le volume du bec relativement au reste de la silique, il se rapproche des £rucarieæ, tandis qu'en raison des fleurs à pétales forte- ment veinés, de la longueur de la silique, du nombre des graines et des cotylédons larges et condupliqués, il nous parait devoir être rattaché à la tribu des Brassiceæ. Nous devons ajouter que le caractère principal des Erucariec, tiré des cotylédons repliés presque en spirale, est loin d'étre suffisamment établi, ear l'£rucaria Aleppica, type du genre Erucaria, dont nous avons été à méme d'examiner des graines mûres (herb. Syr. edit. Puel et Maille n. 4), nous a offert des cotylédons étroits-oblongs, légère- ment concaves, exactement de la longueur de la 1adicule, et non pas en- roulés en spirale, comme les décrit et les figure Gærtner (Fruct. II, 298, SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856. 705 t. 155, f. 9); déjà De Candolle (Syst. II, 675), bien qu'il n'eüt pas à sa disposition des graines parfaitement müres, avait reconnu que dans cette espèce les cotylédons ne présentent pas la disposition en spirale. — Dans la plante que M. Boissier a décrite sous le nom d'£rucaria microcarpa (Diagn. pl. Or., ser, 4, fase. vur, 47; Jaub. et Spach /lustr. Or. IV, 37, t. 434), les cotylédons suborbiculaires , plus larges que longs, échancrés au som- met, nullement repliés, sont de la longueur de la radicule qu'ils embrassent comme dans le Reboudia erucarioides; il est probable que cette espece devrait étre distraite du genre Érucaria, caractérisé par les cotylédous étroits et à peine concaves, et constituer peut-être un genre nouveau ; mais nous n'oserions rien dire d'affirmatif à cet égard avant d'avoir fait une ré- vision monographique des diverses plantes, la plupart connues d'une ma- nière imparfaite, qui ont été rapportées au genre Zrucaria. ReBouora kRUCARIOIDES Coss, et DR. ap. Kralik in Bourgeau pl. Alger. ezsicc. n. 24h (1856). In argilloso-arenosis, arenosis et rupestribus Saharæ Algeriensis mediæ et occidentalis haud infrequens videtur, nempe primum in ditione Laghouat ! ubi vulgaris visa (Reboud, Geslin, Tessière), dein in provincie Oranensis australioris pluribus loeis reperta ex. gr. inter Aîn Sefissifa et Ain Sefral (6 die maii 1856 florifera fraetiferaque lecta), inter Arba el Tatani et El Abiod Sidi Cheikh l, in convalle KAraneg el Arouia prope Brézina ! ZYGOPHYLLUM GESLINI Coss. Suffrutex a basi ramosissimus, prostratus, ramis teretibus, novellis eodem modo ac foliis dense incano-subtomentosis ; foliis oppositis, petiolatis , bifoliolatis , petiolo crasso carnuloso tereti foliola subæquante vel paulo longiore, foliolis carnulosis, teretiusculis, oblongis, ovato-oblongis vel ováto- Subglobosis, obtusis ; stipulis utrinque eum stipulis folii oppositi in unicam Parvulam bilobam vel emarginatam connatis ; pedicellis inter foliorum sti- Pulas enatis, solitariis geminisve, demum patentibus deflexisve, fructum Subæquantibus ; floribus....; fructu glabro, verruculoso, subgloboso, acute pentagono, angulis apice vix prominentibus, demum in parte in feriore a basi loculicide et septicide dehiscente et a columella filiformi persistente sece- dente, — Fructiferum hyeme 185A lectum. . In Sahara Algeriensi in ditione Zougourt ad Hadjira (Geslin, Reboud, hyeme 1854). | Nous dédions cette espèce à la mémoire de M. Geslin, attaché au bureau arabe de Laghouat, chargé de la direction du troupeau-modèle de brebis 'éuni par les ordres du Gouverne:r général, et qui a fait d'intéressantes découvertes dans l'expédition de Tougourt en 1854. Ce jeune homme T. IIL ^6 706 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. distingüé, pendant nolre court séjour à Laghouat en 1856, nous a guidé avec zèle dans nos courses, malgré une indisposition dont il souffrait déjà, et est mort, peu de jours aprés notre départ, des suites d'une dysentérie contre laquelle sont venus échouer tous les efforts de la méde- eine. — Le Z. Geslini doit être placé à côté des Z. cornutum Coss. (in Bull. Soc. bot. I, 364) et album L.; il est surtout voisin de cette der- hiére espèce, mais il nous en parait très distinct par le fruit régulièrement globuleux , à angles aigus, peu proéminents au sommet ; dans le Z. album le fruit est obovale-turbiné à carpelles libres et saillants au sommet. BuPLEvRUM MONTANUM Coss. Planta perennis, caudice ligneseente eaules plures emittente, caulibtis inferne indurato-frutescentibus persistentibus ibique ramos florigeros anni posterioris edentibus , ramis florigeris basi suffrutescentibus erectis elatis 5-15 decim: longis, striatis, glabris; foliorum radicalium rosula nulla; foliis subglaucescentibus, linearibus vel latissime linearibus, 5-1-nerviis nervis parallelis prominulis venulis transversalibus subobsoletis , margine levigatis vel seabriuseulis, inferioribus saltem in parte inferiore albo-mar- ginatis, sessilibus, apice obtusiusculo vel aeutato mucronatis ; involucris sub-5-phyllis, foliolis inæqualibas linearibus apice attenuatis, longioribus radiis umbellæ 3-h-plo brevioribus; umbellis 5-9-radiatis, radiis subæqua- libus vel inæqualibus, gracilibus erecto-patentibus ; 2nvolucellis k-6-phyl- lis, per anthesim pedicellos subæquantibus, foliolis anguste linearibus acu- minatis ; pedicellis flore longioribus ; ovarii jugis prominentibus, valleculis lgvibus; fructu.... — 23* die julii 1854 floriferum lectum. In sylvatieis vel dumetosis regionis montanæ mediæ : in provineia Cir- tensi in monte Djebel Tougour ! prope Batna; in provincia Algeriensi in sylva eedrorum supra Temet el Haad ! Cette espèce vivace, dépourvue de rosette de feuilles radieales, et dont les rameaux florifères sont frutescents à la base et naissent sur la partie inférieure ligneuse et persistante des tiges de l’année précédente, appartient, en raison de ces caractères, au groupe des Fruticosa DC. (Prodr. IV, 132), où elle doit être placée à côté du B. fruticescens L., dont elle diffère par la consistance molle des feuilles, et par la longueur des involucres et des pédicelles. — Par le port elle se rapproche davantage du B. exaltatum M. Bieb., qui appartient au groupe des Perennia DC. ( loc. cit., 129) ; mais elle en est trés distincte par l'absence d'une rosette de feuilles radicales et par la longueur de l'involuere. SENECIO ATLANTICUS Coss. Planta perennis, caudice crassiuseulo, obliquo subrepente, fibras radi- cales plurimas edente ; caule subsolitario, herbaceo, inferne pubescenti- SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1856, 707 araneoso pube detersibili, erecto, paucifolio, striato, inferne simpliei superne in ramos paucos corymboso-ramoso ; foliis amplis, indivisis, grosse inæ- qualiterque dentatis, tenuiter membranaceis, supra viridibus glabrescen- tibus, subtus pallidioribus pubescentibus vel inferioribus eum petiolo subtus araneoso-pubeseentibus, inferioribus suborbiculatis basi cordatis, longe petio- latis petiolo ima basi paululum dilatato, mediis subeonformibus petiolo inferne late foliaceo-alato supra basim in auriculas amplas grosse dentatas eaulem amplexantes dilatato, superioribus sessilibus cordato-amplexieau- libus limbo ovato vel lanceolato sæpius eum auriculis maximis confluente, bractealibus lanceolato-linearibus pubescenti-araneosis; corymbo termi- nali, laxo ; capitulis paucis pluribusve, majusculis ; receptaculo alveolato ; involuero eampanulato, foliolis plurimis linearibus attenuatis inferne eras- siusculis convexiuseulis dorso pubescenti-subaraneosis apice esphaeelatis, bracteolis 9-12 lineavi-lanceolatis sub capitulo foliolis involucri subdimidio brevioribus ; floseulis luteis, ligulis circiter 12-15 elongatis planis paten- tibus, flosculis disci numerosis; pappo flosculos tubulosos subæquante ; stylo glabro, ramis truneatis apiceque tantum penicillatis ; acheniis tere- tiuseulis, striato-costatis, costis pubescentibus. — Florens et jam fructifer 26* die junii et 3* die augusti 1854 lectus. In provinciæ Algeriensis regione montana superiore, in sylvis cedrorur et in herbidis, circiter 1800-1900 metr:, in montibus Djurdjura occi- détitàlibus ad vertices Zizi Tsennent / ét Tamegout ! comitante amicissimo H. de la Perraudière inventus. Le S: Aflanticus, en raison de la souche vivace, des eapitules pourvus de fleurons ligulés, de l’involuere muni de plusieurs folioles accessoires et des feuilles indivises, doit étre rapporté au groupe des Sarracenici DC. (Prodr. VI, 352), bien que, par les caractères du port, il s'éloigne de toutes lés aütres especes de ee groupe. — Ces caractères le rapproehent au con- traire des espèces du groupe des Crociserides DC. (Prodr. VY, 357), et en Particulier du S. Aypochionœus Boiss. (Diagn. Pl. Or. ser. 1, fase. 1v, 14); mais il s'en éloigne par les folioles accessoires de l'involuereau nombre de 9-12 et par les akènes pubescents. RurrINOLEPIS Coss. (1). Capitulum pluriflorum, homogamum, discoideum. Involueri campanulati füllola pauciseriata , imbricata. Receptaculum convexo-hemisphærieum , Poleatum, palearum nervo medio resina scatente. Flosculi tubulosi, tubo infra insertionem haud producto in flosculis seriei exterioris compresso in (4) Cette note est extraite d’un article plus étendu qui sera publié dans les Annales des sciences naturelles, avec une planche représentant le Rhetinolepis Madioides et ses détails d'analyse. 708 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. eentralibus teretiuseulo , limbo 5-dentato. Antheræ ecaudatæ. Stigmata truncata, apice papillato-penicillata, glandularum stigmaticarum seriebus latiusculis prominulis ad penicillum productis. Achænia conformia, oblongo- obovata, compressa, exalata, multistriata. Pappus nullus. — Herba in Sahara . Algeriensi occidentali indigena, Lonadis facie, annua, pusilla, pubescenti- cinerea, sepius a basi ramosa, foliis plerisque apice palmatifidis lobis linearibus, capitulis parvis apice caulis vel ramorum corymbosis, flosculis luteis. — Nomen generis e verbis græcis fnrim (resina) et Aeris (squama) conflatum. Le genre Rhetinolepis, en raison des capitules à fleurons tubuleux, du réceptacle muni de paillettes, des anthères dépourvues d'appendices basi- laires, des stigmates tronqués, de l'absence d'aigrette, appartient à la tribu des Anthemideæ Cass. (DC. Prodr. VI, 1), division des Æuanthemideæ DC. (loc. cit.); par la présence d'un suc résineux au niveau de la ner- vure dorsale des paillettes, il se rapproche du genre Cladanthus Cass., DC., dont il se distingue par l'absence de fleurons ligulés et par le tube des fleurons ne se prolongeant pas sous forme de coiffe au-dessous de l'inser- tion, etc. — Il est plus voisin du genre Lyonnetia Cass. , DC., dont il diffère par les paillettes munies de résine au niveau de la nervure dorsale et par les akénes nus comprimés non cylindriques. RHETINOLEPIS LONADIOIDES Coss. ap. Kralik in Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 202 (1856). In argilloso-arenosis Saharæ Algeriensis occidentalis : inter 7yout et Asla! (10° die maii florifera et vix fructifera); in alluviis torrentium haud proeul a Prézina! (26* die maii fructifera). Maria (Mattiaria) GymNanpra Coss. ap. Bourgeau pl. Alger. exsice. n. 24 c (1856). Planta perennis, sericeo-villosa ; caudice lignoso, pluricipite, superne vestigiis petiolorum emarcidorum stipato ; caulibus erectis, folia radicalia 2-3-plo superantibus, inferne simplicibus, superne in ramos 2-4 florigeros subaphyllos cymoso-corymbosa ; foliis mollibus, integris, radicalibus plü- ribus laxe rosulatis sericeo-pubescentibus oblongis obtusiusculis acutius- culisve in petiolum sæpe elongatum attenuatis, caulinis pluribus inferioribus subeonformibus brevius petiolatis sessilibusve, superioribus molliter villoso- subtomentosisoblongo-lanceolatis sessilibus; floribus in racemos 2-4 scorpioi- deos aphyllos vel basi tantum foliatos primum densifloros sæpiusin paniculam terminalem subsecundam congestos dein laxiusculos corymbum efficientes dispositis ; pedicellis calycem subzequantibus vel paulo longioribus ; calyce molliter villoso-subtomentoso, in lacinias lineares obtusiusculas 5-partito, persistente, sub fructu reflexo; corolla ochroleuca, calycem subæquanté, SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1850. 709 glabra, regulariter tubulosa, ad tertiam vel quartam partem superiorem 5-loba, lobis erectis ovatis vel triangularibus brevibus obtusis ; fornicibus cum staminibus ad tertiam partem superiorem tubi insertis, lanceolato-triangu- laribus obtusis, glabris ; staminibus longe exsertis, filamentis subfiliformibus anthera subtriplo longioribus, antheris ovato-oblongis obtusis ; ovario h-lobo ; stylo elongato, exserto, stigmate capitellato-punctiformi ; nueulis depresso- complanatis, ventre stylo basi pyramidato quadrangu!ari affixis margine membranaceo fuscescente plano subsinuato-denticulato latissime cinctis , disco lavi. — Florifera et vix fructifera 26° die junii 1854. deflerida et fructibus f re maturis 3* die jubi lecta. li pascuis pe'rosis regionis moatauæ -uperioris in provincia Aigeriens: : in montium Djurjura occidentalium verticibus Tizi 7sennent! et Tamegout, circiter a 1620 metris, ubi haud infrequens, comitante amicissimo H. de la Perraudiere inventa. Cette belle plante doit constituer, dans le genre Mattia, uu sous-genre (Mattiaria) caractérisé par la corolle à lobes ovales triangulaires courts, par les appendices insérés vers le tiers supérieur du tube de la corolle, par la bordure des nucules sinuée-dentieulée aux bords, par l'inflorescence en grappes assez lâches après la floraison et disposées en corymbe, et surtout par les étamines longuement exsertes à filet plus long que l'anthère. — Le Sous-genre Mattiaria tient pour ainsi dire le milieu entre les genres Mattia Sehult. (DC. Prodr. X, 167) et Paracaryum Boiss. (Diagn. pl. Or. Ser. 1, fase. xr, 129) ; en effet, par la corolle tubuleuse à lobes dressés, il appartient au genre Mattia, tandis que, par la brieveté et la largeur de ces mémes lobes, il se rapproche du genre Paracaryum. M. Moquin-Tandon présente à la Société le travail de M. Baillon sur les mouvements des organes reproducteurs des végétaux, thése pour l'agrégation à la Faculté de médecine. M. Moquin-Tandon met en outre sous les yeux de la Société, de la part de M. Baillon, deux échantillons de Mercurialis annua, dont les inflorescences måles portent un certain nombre de fleurs femelles, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Untersuchungen ueber die Entstehungsweise des Tra- ganthgummii ( Recherches sur le mode de production de la gomme adragant) ; par M. Hugo v. Mohl. (Botan. Zeit. du 16 janv. 1857, n° 3, col. 33-43.) Tournefort est le premier qui, dans son voyage en Orient, ait publié des observations précises sur l'exsudation de la gomme adragant. Il rapporte que la sortie de cette substance sous la forme de fils entortillés, sur l’ Astra- galus creticus Lamk. , a lieu pendant la fin de juin et les mois suivants. Il pense que c'est le suc nourricier condensé par la chaleur qui rompt les vaisseaux, s'amasse dans le cœur de la tige et des branches, ainsi que dans les rayons médullaires, et que le suc absorbé par les racines expulse ensuite cette substance au point de l'obliger à sortir de la plante en forme de vers. — Les observations faites en Perse par Olivier, sur l'As/ragalus verus sont d'aecord avec celles de Tournefort. Labillardière et M. Landerer indi- quent aussi la méme époque pour l'expulsion de la gomme adragant, le premier sur l’ Astr. gummifer , le second sur l'Astr. aristatus, observé par lui en Grèce. Labillardière regarde l'humidité de l'air comme favorisant cette excrétion. Il conclut de ses observations que les Astragales exposés pendant le jour au soleil absorbent ensuite rapidement, pendant la nuit, l'humidité des brouillards et de la rosée, et que la gomme, ainsi gonflée, se trouve expulsée au dehors. Ces auteurs, auxquels il faut joindre De Can- dolle, M. Treviranus, ete., sont tous convaincus que la gomme adra- gant est un simple sue sécrété par les Astragales épineux. Au contraire; M. Kützing a été conduit par uue étude faite sous le microscope à penser que la gomme adragant est un organisme indépendant, un Champignon formé de cellules contenant de la fécule, dont les parois, à plusieurs assises épaisses, sont composées de bassorine, et qui ont une enveloppe formée d'une membrane délicate de cellulose, — D'un autre côté, M. Unger croit que cette matière forme, dans plusieurs Astragales, les couches secondaires des rayons médullaires, — Voici maintenant les résultats des recherches de M. H. v. Mohl. | La gomme adragant la plus avantageuse à examiner est celle qui forme des morceaux plats et minces.Une coupe transversale d'un de ces morceaux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 714 gonflée dans l'eau montre quantité de cellules situées au milieu d'un mu- cilage amorphe. Les parois de ces cellules sont épaisses, incolores, gélati- peuses, composées de couches épaisses, en partie bien distinctes. Leur cavité contient de la féeule en petits grains. Sous l’action du chlorure de zinc iodé, prolongée au moins 24 heures, les couches internes et minces de ees parois se colorent en violet vif, aiusi que quelques couches minces situées dans l'épaisseur de la membrane, que séparent des assises épaisses, ineelores, gélatineuses. Souvent des ruptures dans les couches colorées les plus externes laissent sortir la substance gélatineuse incolore. Dans la gomme adragant vermiforme, les cellules sont beaucoup moins conservées et le mucilage amorphe est plus abondant. Elles se sont montrées encore moins nombreuses et plus effacées dans des échantillons de Syrie en forme de nodosités. M. H. v. Mohl a étudié ensuite l'anatomie de la tige de plusieurs Astra- gales de la section des Tragacantha sur lesquels se produit la gomme adra- gant. Į] n'y a reconnu rien d'extraordinaire, ni dans le bois formé de couches annuelles minces, ni dans l'écorce. Au contraire, la moelle et une grande partie des rayons médullaires lui ont présenté des faits d'un grand intérêt. A l'œil nu, ils se montraient sous l'apparence d'une matière gom- meuse, dure, transparente, qui se gonflait en gelée dans l'eau. Souvent aussi sur une section de la tige s'offrait de la gomme extravasée, — Le mieroscope montre bientót que cette moelle et ces rayons médullaires ont subi une transformation plus ou moins complète en gomme adragant. D'or- dinaire, ce changement n'affecte pas toutes les cellules de la moelle et des rayons médullaires; la couche de cellules des rayons la plus extérieure, adjacente aux fibres ligneuses, et assez souvent aussi la couche externe de là moelle, se montrent formées de parenehyme ordinaire à parois minces; mais cette couche non modifiée .est ordinairement trés peu épaisse. Il est évident que cette nature particulière des cellules est due à une transforma- tion spéeiale du parenchyme, puisque la moelle et ,.5 rayons médullaires des extrémités des branches n'offrent rien d’extracrdinaire. Les celiules ainsi transformées constituent une matière tres lure, transparente, gom- meuse à l'état sec, gonflée et onctueuse à l'étath de. Lorsque leur trans- formation n'est pas encore tres avancée, elles cit c. contours anguleux et l'exaete juxtaposition des cellules du parenchyme,. oiqueleurs parois soient déjà trés épaisses et formées évidemment de h.aucoup de couches très minces. Quand leur modification est plus prononcee, l'action de l'eau les gonfle en globules et les isole plus ou moins complétement, tout en les lais- sant entières et sans que l'iode manifeste le moindre mucilage sorti d'elles pour passer dans le liquide, si ce n'est exceptiounellement. Si la transfor- mation des cellules en gomme adragant est encore plus complète, on ne peut plus reconnaitre, en les mettant dans l'eau, que leur membrane forte- 719 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment gonflée soit composée de nombreuses couches minces. Ce changement en une matière homogène se fait de l'extérieur vers l'intérieur. Enfin, la transformation en gomme adragant est complète, lorsque les cellules per- dent leur contour externe bien arrêté jusque-là et que leurs couches exté- rieures se fondent ensemble en une matière mucilagineuse homogène, ce qui n'empêche pas que leurs couches intérieures ne puissent être encore parfaitement entières. Les cellules ainsi modifiées présentent, au moins lorsqu'on les mouille, un diamètre beaucoup plus considérable que celui des cellules à parois minces desquelles elles proviennent. La différence a été trouvée par M. H. v. Mohl, dans les rayons médullaires de l'Astragalus denudatus, de 0.0064 à 0.035 de ligne, c'est-à-dire à peu près d'A à 5. Dans lAstr. Echinus, les cellules de la moelle modifiées avaient atteint une largeur de 0.06 de ligne, de manière à égaler à peu prés la grandeur des utrieules de la gomme adragant exsudée. — La coloration violette que ces cellules sont susceptibles de prendre sous l'action du chlorure de zinc iodé s'affaiblit à mesure que la transformation est plus complete, ce qui tient à ce que les couches ineolores deviennent de plus en plus prédominantes sur celles qui sont colorées. « Les observations précédentes ne laissent, dit M. H. v. Mohl, aucun doute sur ce fait, que la gomme adragant n'est pas un suc sécrété, qui se serait conerété à l'air, ni un organisme eryptogamique indépendant, mais qu'elle provient d'une transformation plus ou moins complete des cellules de la moelle et des rayons médullaires en une substance gélatineuse, qui se gonfle, par l'action de l'eau, de plusieurs centaines de fois la grosseur pri- mitive des cellules. » Il est à présumer que, la transformation de la moelle s'opérant en une seule fois, la sortie de la gomme adragant qui en provient doit se faire aussi une fois seulement pour chaque point de la tige. Mais pour les rayons mé- dullaires, la modification ne s'effectue pas sur tous à la fois en une mên è partie de la tige; d'oü il résulte que l'expulsion de la gomme due à cette source peut probablement se faire à plusieurs reprises et peut-être pendant plusieurs années. En finissant, M. Mohl rappelle qu'un changement de la membrane des cellules en substance gélatineuse s'opere, comme l'a montré M. Alex. Braun, dans les Palmellacées, les Chroococcacées, les Nostochinées, dans l Hydro- dictyon, les Botrydium, méme dans les utricules polliniques. Il dit avoir reconnu lui-même que la formation d'une grande quantité de matière inter- cellulaire dans l'albumen des Gleditschia, Sophora et de plusieurs autres Légumineuses est due également à la transformation en gelée homogene des couches externes des parois cellulaires, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 713 On the Development of the Ovule of Santalum album; with some Remarks on the Phænomena of Impregnae tion in Plants generally. (Sur le développement de l'ovule du Santalum album, avec quelques remarques sur les phénoménes de la fécon- dation dans les plantes en général); par M. Arthur Henfrey (Zransac- tions of the Linn. Soc., vol. XXII, pp. 69-79, planc. 17 et 48. Tirage à part en broch. in-4° de 11 pag. et 2 planc. gravées). Le mémoire de M. Heufrey a été lu à la Société linnéenne de Londres, le 4 mars 1856. Dans les considérations par lesquelles il commence son travail, le bota- niste anglais fait ressortir l'intérét majeur qu'il trouve à déterminer si la vésicule embryanaire existe ou non avant le moment où le tube pollinique arrive en contact avec le sac embryonaire, puisque si elle existe avant l'ar- rivée de ce tube, on ne peut dire qu'elle so:t formée par lui. Apporter de nouveaux faits pour établir cette préexistence est l'un des objets qu'il se propose dans son nouvel écrit. Les observatious dont il expose les résultats ont été faites sur de nombreux échantillons de boutons, de fleurs et de fruits de Santalum album, recueillis par le D" Stocks et conservés dans l'aleool, Dans l'état le plus jeune où M. Henfrey ait pu l'examiner, le pistil du San- talum album avait son ovaire surmonté d'un style manifeste que terminait un stigmate élargi. Fait très remarquable ! il était alors libre et supère, tandis que plus tard il passe graduellement à l'état infère, et finit par le devenir totalement. Dans cet état jeune, il est rempli par un placenta central libre, Conique, comme pédiculé, qui porte, dans sa portion la plus épaisse, trois Sortes de mamelons cylindriques ou légèrément conoidaux, obtus, dirigés de haut en bas et un peu en dehors, formés d'un tissu cellulaire assez serré, qui ne sont pas autre chose que 3 ovules réduits au nucelle. Alors il Ry existe pas de sac embryonaire ; mais bientôt une ligne plus claire qui se dessine dans le sens de l'axe de chacun d'eux y indique une eavité, et un Peu plus tard on voit sortir par leur extrémité un tube fermé, qui n'est que le sae embryonaire formé nouvellement. Ce tube s'allonge d'abord de baut en bas; peu aprés il se recourbe en dehors et en haut, et dés lors s'appli- Quant, à mesure qu'il s'allonge, tout le long du placenta, il en atteint pres- que l'extrémité supérieure libre. En méme temps son extrémité postérieure, Qui est restée renfermée dans le nucelle, pénetre de plus en plus profondé- Ment dans la substance méme du placenta et finit par remonter ainsi pres- Que jusque dans le sommet de celui-ci. — La première modification qui S’opère ensuite dans ce sac embryonaire consiste en ce qu'il se renfle dans le point où sa portion extérieure s’est recourbée pour se diriger de bas en haut; et un peu plus tard, une cloison s'y formant à ce méme niveau, divise sa 71^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. eavité totale en deux placées l'une à la suite de l'autre. Geci a lieu vers l'époque de l'épanouissement de la fleur. Alors aussi le sommet de ce sae se renfle quelque peu, et le protoplasma s'y aceumule. Peu aprés et avant que les tubes polliniques parviennent au placenta, un nucleus ou cytoblaste gra- nuleux apparait dans ce renflement terminal, mais non tout à fait à son extrémité. Dans le petit espace qui s'étend entre ce nucleus et le sommet méme du sac, une portion du protoplasma se ramasse en deux masses gra- nuleuses opaques sur lesquelles se moule la membrane méme du sac, qui forme ainsi comme uu sillon dans la portion qui répond à leur inter- valle. A ce moment, le nucleus situé sous ces deux masses est entierement dépourvu de membrane. Bientôt aprés, on voit, en contact avec le sommet du sac embryonnaire, les extrémités d'un ou plusieurs tubes polliniques qui descendent du bout du placenta. Ordinairement un de ces tubes s'applique contre le sommet méme du sae. L'extrémité de ces tubes polliniques adhere si fortement à celle du sac que, dans un ovule fécondé, on ne peut l'en séparer sans rupture. M. Henfrey exprime nettement l'opinion que Griffith a commis une erreur en disant que le tube pollinique pénètre dans le sae embryonaire : « Je pense, dit-il, qu'il ne fait que s'appliquer fortement contre celui-ei..., mais je suis porté à croire qu'il se produit un phénomène analogue à la conjugation. » Trés peu après que le tube pollinique est devenu adhérent au sac, le nu- eleus renfermé dans la portion supérieure et renflée de celui-ci se recouvre d'une membrane et devient ainsi une véritable cellule, e'est-à-dire la vési- cule embryouaire. L'auteur pense que l'extrémité du tube pollinique s'ouvre, que son eontenu passe dans le sac embryonaire, atteint le nueléus et déter- mine sa conversion en cellule. — Pendant quelque temps il s'opère peu de changements daus le renflemeut terminal du sae. Ensuite le protoplasma contenu dans celui-ci donne naissance à des cellules d'albumen qui con mencent à se produire dans le renflement inférieur au-dessus de sa cloison. — Quant à la vésicule embryonaire, elle commence par s'allonger de haut eB bas ; puis des cloisons transversales en font une simple file de cellules super7 posées, dont la supérieure reste appliquée contre les 2 masses comme Coà- gulées qui se trouvent dans l'extrémité du sac, et ne parait pas prendre de développement, formant ainsi une sorte de suspenseur. Au contraire, les eellules inférieures se muitiplient beaueoup, et leur ensemble finit par former un corps allongé en massue, tout celluleux, qui est l'embryon. M. Henfrey décrit aussi les changements qui se produisent dans les pa- rois de l'ovaire lorsqu'il devient le fruit. I expose ensuite les faits extrême- ment curieux qui se passent dans l'épaisseur méme du placenta. La portion postérieure du sac embryonaire qui était déjà logée dans l'intérieur de Ce corps s'allonge jusqu'à parvenir prés de son sommet ; alors le tube qu'elle forme se recourbe sur lui-même, et il s'allonge ensuite en deseendapt dans REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 745 le centre méme de ce plaeenta, et en s'y ramifiant, tout en continuant de former un vrai tube continu et sans cloisons, — D'un autre côté, l'albumen qui se forme dans le sae augmente énormément de volume, et le placenta, tiraillé par ce grossissement considérable, se rompt exaetement au-dessous du point d'attache, et sèche ensuite graduellement, de manière à finir par ne former qu'une petite masse sphacélée, Dans la graine müre, l'em- bryon se trouve dans une direction verticale, un peu à cóté de l'axe de l'al- bumen, avec la radicule supere. Dans le fruit mûr, le mésocarpe forme une couche dure; l’épicarpe le revêt d'une couche mince et pulpeuse; enfin l'endocarpe a presque entièrement disparu et ne constitue plus que des écailles membraneuses, brunâtres, à la surface de l'albumen de la graine, qui est libre et sur laquelle on ne voit plus de traces de la membrane du sae em- bryonaire. La singulière organisation du Santalum a suggéré à quelques botanistes l'idée que son placenta avee les 3 ovules doit étre regardé comme un seul ovule pourvu de 3 sacs embryonaires, et à d'autres que le corps central ne serait tout entier qu'un placenta, les 3 nucelles n'étant, dans cette opinien, que les funicules de 3 ovules réduits au sae embryonaire. M. Henfrey ue croit pas que ces deux opinions soient admissibles ; mais il examine les rai- sons qui pourraient appuyer quelque peu la premiere. Enfin, apres avoir rappelé les faits reconnus dans ces derniers temps, d'abord par M. Thuret, ensuite par MM. Pringsheim et Cohn dans la fécondation des Algues, il S'exprime de la maniere suivante: « Ces faits, aiusi que ceux que renferme ce mémoire, tendent à prouver que la fécondation dans les plantes consiste dans le mélange absolu de la substance protoplasmique de 2 cellules (mâle et femelle) ; que la substance femelle préexiste toujours sous la forme d'un nucleus ou protoplaste, tandis que la substance mâle se montre sous celle d'un fluide granuleux. Dans les Phanérogames le fluide mâle est porté di- rectement dans le sae embryonaire par le canal du tube pollinique. Un phé- nomène semblable parait avoir lieu dans la conjugation des Algues infé- rieures; dans d'autres cas, le fluide mâle est transporté, venant d'organes situés à distance de la cellule-mère de la vésieule embryonaire, par les Spermatozoides qui se sont développés dans les cellules spermatiques. a Le mémoire de M. Henfrey se termine par l'explication succinete des 2 planehes et de leurs 36 figures. Pflanzenphysiologisehe Untersuchungen (Recherches rela- tives à la physiologie végétale) ; par MM. Carl Nægeli et Carl Cramer; 3* eah., par M. Carl Cramer. In-4° de 39 pages et planches xxvir-Xxxrv. Zurich, 1855. Chez Friedrich Schulthess. Le Zulletin a déjà publié (Yoy. Bulletin de la Société botanique de France, I, pp. 419-422) une analyse du premier cahier de cette série de 716 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mémoires. Le second cahier n'a pas encore paru, tandis que le troisième a été publié en méme temps que le premier. Nous voudrions pouvoir donner aujourd'hui une analyse de ce troisiéme eahier ; mais nous ne l'essayerons méme pas, dans la conviction où nous sommes que ce serait tenter l'im- possible. En effet, le texte ne se compose uniquement que de détails des plus minutieux, qu'il est absolument impossible de suivre sans avoir sous les yeux les nombreuses figures auxquelles ils se rapportent. Celles-ci, à leur tour, dont beaucoup sont purement schématiques, sont chargées de lettres, de chiffres et de signes divers; enfin, l'auteur ne déduit d'aucun des mémoires ni conséquences générales ni conclus ons d'aucune espece. Nous nous contenterons done forcément d'énoncer iei les titres de ces mé- moires. Le cahier, dü tout entier à M. Carl Cramer, qui en a méme dessiné sur pierre toutes les figures, porte le titre général de Botanische Beitraege, ou Notes bo'aniques, dissertation inaugurale. Il est dédié à M. C. Nægeli. La première (pp. 1-9; planc. 27 et 28) des notes ou mémoires qu'il renferme est intitulée : Sur la manière d'être et la formation de quelques mucilages végétaux. Elle comprend deux parties relatives, la première, à l'organi- sation et au développement de la graine du Lin; la seconde, aux propriétés chimico-physiques du mucilage des graines de Lin et de celles de Coing. — Le deuxième mémoire (pp. 10-20 ; pl. 29-32) est intitulé: Sur le Lycopo- dium Selago. M. Cramer y étudieenautantde paragraphes distincts etséparés* 4° l'accroissement longitudinal de cette plante ; 2 sa ramification ; 3° la disposition des feuilles ; 4* la marche des faisceaux vasculaires, au sujet de laquelle il entre dans de grands développements ; 5^ les bulbilles. — Le troisième mémoire (pp. 21-27 ; planc. 33 et 34, fig. 1-8) renferme des observations sur l'Zquisetum arvense et V Equisetum sylvaticum. Il com- prend un premier paragraphe trés développé relativement à l'aceroisse- ment longitudinal et à la formation des tissus dans la tige, et un second fort succinct sur les faisceaux vasculaires. Le quatrième et dernier mémoire (pp. 28-35 ; plane. 34, fig. 9-20) porte le titre suivant : Observations sur l Erineum à l'état sec et humide, et essai d'une explication de la direction spirale dans le règne végétal. Il ne présente pas de subdivisions. L'expli- cation succincte des figures termine le cahier et en occupe les pages 36 à 39. Ueber die Selbsthlauung einiger Pilze, etc. (Sur le bleuis- sement spontané de quelques Champignons, ete.); par M. C.-F. Schenbein. (Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel ; 3* cah. Bâle, 1856, pp. 339-355.) On sait que le stipe et le chapeau de quelques Champignons se colorent assez rapidement en bleu verdâtre lorsqu'on les brise et qu’on les expose à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 717 l'action de l'air. On n'a proposé jusqu'à ce jour, pour rendre compte de ce phénomène, que des conjectures vagues et en partie dépourvues de fonde- ment. M. Schoeübein s'étant trouvé par hasard en possession d'un Boletus luridus, espéce dans laquelle ce fait se produit avec beaucoup de netteté, en a profité pour faire des recherches sur ce sujet. Il en expose les résultats dans un mémoire duquel nous extrairons les données qui se rapportent le plus directement à l'interprétation du phénomène dont il s'agit. Si l'on coupe en quelques morceaux le stipe et le chapeau du Zoletus luridus, ces fragments se colorent promptement en bleu verdátre; portés ensuite dans du gaz acide sulfhydrique ou dans de l'acide sulfureux, ils s'y décolorent presque instantanément, pour bleuir de nouveau sous l'ac- tion affaiblie du chlore, du brome, de l'iode ou de l'acide hypoazotique. Si, aprés que des fragments du Champignon ont bleui à l'air, on les y laisse assez longtemps, on les voit se décolorer spontanément, devenir d'un brun sale; ils ont alors perdu la faculté de bleuir de nouveau ‘sous une action quelconque. Lorsqu'on brise le Boletus luridus frais sous l'alcool, ce liquide se colore en vert jaunátre, et il ne tarde pas à passer à un jaune pále. Si l'on en laisse les fragments pendant vingt-quatre heures dans le méme liquide, celui-ci, exprimé ensuite et filtré, se montre coloré en jaune-brun foncé. Cette teinture de Bolet ne modifie pas du tout sa cou- leur à l'air; mais sous l'action de divers agents oxydants, elle devient d'un bleu verdâtre, absolument comme le fait sous les mêmes actions le gaïac récemment dissous dans l'alcool. Mais, quel que soit le moyen par lequel la teinture de Champignon a été bleuie, elle perd toujours ensuite sa colo- ration ou spontanément, ou sous l'influence de substances désoxydantes, ou par les acides inorganiques et les alcalis. L'auteur conclut de ces faits que le Boletus luridus renferme une sub- stance qui ressemble au plus haut point avec la résine de gaiac, relati- vement à la manière dont elle se comporte vis-à-vis de l'oxygène; d'où il pense que la cause immédiate de la coloration des deux est absolument identique. Or, il pense avoir démontré, pour le gaiac bleui par divers agents oxydants, que c'est une combinaison faible de la résine de gaiac avec l'oxygène ozonisé, absolument comparable à celle que forme la fécule avec l'iode. Il croit done que le Boletus luridus renferme une matière par- ticulière capable de former avec l'oxygène ozonisé une combinaison bleue, * que cette matière est de nature résineuse. M. Schenbein croit aussi qu'il existe dans les Champignons des sub- stances organiques douées de la propriété de faire passer l'oxygène de l'at- Mosphère à l'état d'oxygène ozonisé et de s'associer ensuite avec celui-ci de telle sorte qu'il puisse se transporter à son tour sur d'autres substances OXydables, La suite de son mémoire contient l'exposé de recherches et d'ob- šervations destinées à établir cette proposition, 748 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous ne pourrions pousser plus loin cette analyse sans entrer dans lé domaine de la chimie pure plus qu'il n’est permis de le faire dans ce Bulletin. On the nature of the coronal scales in Saponaria ( Sur la nature des écailles de la couronne dans les Saponaria) ; par M. T. Mas- ters. (Voy. Gardeners Chronicle du 6 déc. 1856, p. 806.) Ea note de M. T. Masters a été communiquée à la Société linnéenne de Londres le 18 novembre dernier. Nous en trouvons un résumé dans lé Gardeners’ Chronicle du 6 décembre. L'auteur regarde l’écaille que portent les pétales des Caryophyllées comme un organe double qui résulterait de l'union de deux étamines avortées. Dans des boutons jeunes d'une variété semi-double de Saponaria officinalis qu'il a examinés il y a peu de temps, il a trouvé, dans quelques cas, les écailles divisées complétement en deux eorps allongés, qui se montraient totalement distinets en avant du pétale. Dans un cas, l'écaille, simple à sa partie inférieure, se bifurquait dans le haut, et chaeune de ses deux portions portait une anthére. Plusieurs éeailles semblables se montrèrent adhérentes aux onglets des pétales. Il y avait également un grand tiombre de ees écailles qui se présentaient dans un état intermédiaire entre celui d'écaille ordinaire et celui de deux éta- mines distinctes. M. Masters conclut de ces observations qu'il y a des mö- tifs suffisants pour regarder chacune des écailles coronales des Caryophyl- lées eomme composée de deux étamines avortées unies entre elles, et que dés lors ces corps ne eonstituent pas une exception aux lois de l'alternance. — Les fleurs de la méme Saponaire ont présenté à l'auteur des exemples à la fois de placentation marginale et de placentation centrale libre. Dë lä signification des épines et des réceptacles des fleurs fémellés chez les Xenthiwan; pr le docteur D. Clos. ( Mé- moires de l'Académie des sciences de Toulouse, h* série, t. VI, 1856. Tiragé à part en brochure in-8° de 10 pages et 4 planc. lith.) Les Xanthium ont été placés par Ventenat dans les Urticées, par Rei- chenbach dans les Cucurbitaeées, par De Candolle et Endlicher dans les Composées ; enfin, quelques auteurs modernes en ont fait un des ty pes de là petite famille des Ambrosiacées. L'espèce de ce genre qui a fourni à M. Clos le principal sujet de son mémoire est le Xanthium spinosum Liu. , qui est extrémement commun dans plusieurs localités de notre Midi, particulièrement à Toulouse. Cette plante monoique a presque tou- jours à côté et un peu au-dessus de l'insertion de ses feuilles deux épines tripartites, qui se trouvent dès lors au méme niveau que le bourgeon axil- laire. En outre, ses capitules femelles ont une position identique avee celle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 719 des épines, ou quelquefois avec celle des bourgeons axillaires. Lorsqu'une feuille n'est accompagnée qué d'un seul capitüle, celui-ci se trouve à la place d'une épine, à l'un des côtés du bourgeon axillaire, tandis que l’autre côté dé ce bourgeon est océüpé par l'épine. Si de chaque côté du bourgeon se trouve ün capitule femelle, les deux épines manquent. Enfin ces épines manquent aussi lorsque lé bourgeon axillaire est remplacé par un capitule femelle, ou, ce qui est plus rare, par deux. Cette identité de situation prouve, d’après M. Clos, que, « dans le X. spinosum, épines, capitules et bourgeons axillaires ont la méme essenee, ne sont que des modifications d'un méme type. » Tout, ajoute-t-il, semble dévoiler dans les épines des bourgeons avortés, et probablement des bourgeons de troisième génération Dés à l'aisselle de deux feuilles inférieures avortées du bourgeon axillaire et normal. Cette dernière opinion semble être légitimée par une observation dans laquelle l'auteur a vu une épine placée à l'aisselle d'une feuille sup- plémentaire. Quant au capitule femelle, qui consiste en une boite oblongue à deux compartiments contenant chacun une fleur femelle dressée, M. Clos le re- garde comme étant d'origine axile, analogue à la base simple des épines latérales et tripartites, analogue aussi à l'axe du bourgeon axillaire, et il est porté à voir dans les épines qui le terminent trois folioles, ou deux, où une, un avortement en ayant réduit le nombre dans les deux derniers cas: Il pense dés lors qu'au lieu de nommer ces boîtes des ?nvolucres; on dévrait leur donner le nom de réceptacles. — Les boites uniflores femelles du X. spinosum lui semblent différer de celles des X. strumarium et macrocar- pun, en ce que celles-ci seraient uniquement formées par l'axe, tandis que celles du premier auraient leur portion axile surmontée d'organes de nature àppendiculaire. — Les boites uniflores femelles de l Ambrosia sont for- mées uniquement d'une partie axile, comme celles des X. strumarium et macrocarpum. | Dans un appendice à son mémoire, M. Clos dit que si, comme il le pense, les Xanthium épiueux ont trois bourgeons axillaires, dont les deux latéraux se changent en épines, on peut trouver un terme de comparaison à ce mode de développement dans le Digera arvensis Forsk. et dans les Cyathula, les Uns et les autres à fleurs ternées, dont les deux latérales stériles se trans- forment en une crête horizontale et à quatre branches dans le premier, en arêtes crochues dans les derniers. Il rappelle aussi que le fruit tricorne du geure Voillantia est dà à trois fleurs soudées, dont les deux latérales, stériles, forment deux des pointes de ce fruit. 7920 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Sur une nouvelle espèce de Michelaria; par M. Strail, curé de Magnée. Rapport de M. Spring. (Bulletin de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique ; xxix, 2° part., 1855, pp. 508-518.) La Graminée dont il s'agit ici fut trouvée pour la première fois en juil- let 1823, prés d'Aywaille, dans l'Ardenne liégeoise, par P.-J. Michel, qui l'envoya à MM. Lejeune et Dumortier, Le premier de ces botanistes la dé- crivit, en septembre 1823, dans le Messager des sciences et arts de Gand, sous le nom de Calotheca bromoidea, tandis que le second proposa d'éta- blir pour elle le genre Michelaria (M. bromoides), tout en se demandant, dans une note, s'il ne serait pas mieux de la nommer Bromus arduennensis (Agrost. belg. tentamen, 1823, p. 71). Ce dernier nom a été admis par Kunth et par Koch, dans son Synopsis. Dé son côté, M. Lejeune, suivant eR cela les conseils de Nees d'Esenbeck, en fit un nouveau genre auquel, sans respecter les droits d'antériorité de M. Dumortier, il donua le nom de Zi- bertia (L. arduennensis), en décrivant et figurant la plante (Nova acta Ac. C.L.C. nat. Cur., XII, part. 2, p. 755, t. 65). Raspail, en 1826, et Loi- seleur-Deslongehamps, en 1828, rangérent de nouveau la plante parmi les Bromus, le premier sous le nom de B. auriculatus, le second sous celui de B. triaristatus. — MM. Lejeune et Courtois, ayant cultivé cette Grami- née, déclarérent d'abord, en 1828, dans leur Compendium fl. belg., que ses caractères génériques étaient parfaitement constants ; puis, au bout de quatre ans de culture, elle changea de forme sous leurs yeux, et ils éeri- virent aussitôt (Messager des sciences et arts de Gand, 1827-1828, p. A61) qu'elle n'était qu'une monstruosité ou une variété remarquable du Bromus grossus DC. Deux ans plus tard, H.-G.-L. Reichenbach la donna comme une variété du Zromus multiflorus . Enfin M. Lejeune, en 1836, en vint à ne plus la considérer que comme un simple jeu de végétation. « Mais y a-t-il eu, dit M. Spring, réellement passage du Bromus arduen- nensis au B. grossus? » Il parait admettre la possibilité d'une erreur à Ce sujet. Il a reconnu que, dans cette plante, les stigmates, au lieu de sortir de la face antérieure de l'ovaire, comme dans les Bromes, sont fixés au sommet de cet organe, et que, en outre, l'aréte de la paillette externe est apicilaire, ainsi que les deux qui l'accompagnent; enfin i! a vu qu'il existait une oreillette membraneuse vers le milieu de chaque cóté de cette paillette. Il réclame donc de nouveaux essais de culture de cette Graminée, La con- servant comme espèce sous le nom de Bromus arduennensis, il en donne une diagnose et une synonymie dont nous avons déjà indiqué les détails d'aprés lui, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 724 Quant à la note de M. Strail, elle a pour objet de faire connaitre une autre Graminée qu'il regarde comme une espèce nouvelle de Michelaria, nommée par lui M. villosa. Celle-ci a été trouvée sur le méme terrain que la première, en 1854, dans un champ de Froment, sur les rochers d'Aywaille, en 1855, dans un champ d'Épeautre à Magnée, prés de Chaudfontaine. M. Spring n'admet pas cette nouvelle espèce, la première n'ayant pas elle- méme, dit-il, conquis encore ses droits de bourgeoisie. 1] la regarde comme une variété à épillets veloutés du Bromus arduennensis, laquelle, méme comme variété, ne serait pas nouvelle puisqu'elle a été signalée sous le nom de Michelaria hirsuta par M. Davreux, dans le JVécrologe liégeois pour 1854, p. 36, et, dès 1828, par MM. Courtois et Lejeune ( Messager des sciences et arts de Gand), comme variété du Bromus grossus, avec les syno- nymes Zr. velutinus Schrad., Br. multiflorus var. C. Rchbe., Fl. exc., n° 285. Revisio Potentillarum ; auctore D'* Christiano Lehmann (Nova acta Acad. C. L. C. naturæ Curiosorum, vol, XXIII. Supplément ; pp. XIV et 230; avec 5 tableaux et 64 planc. gravées sur pierre. In-^, Breslau et Bonn; 1856). Dans une préface en allemand qui précède son grand travail, M. Lehmann rappelle qu'à la date de plus de 30 ans il a déjà publié une monographie du genre Potentille (Monographia generis Potentillarum. In-4° de 201 pag. et 20 planc. gravées. Hambourg, 1820). Depuis cette époque, il a continué de réunir des matériaux relatifs à ce grand genre, et il est arrivé ainsi, dit-il, à posséder des échantillons originaux de presque toutes les espèces décrites et des formes de passage entre ces espèces. Il a pu méme cultiver un grand nombre de ces plantes dans le jardin de Hambourg, et les étudier ainsi sur le frais. C'est avec ces importants éléments de travail, auxquels il a joint Ceux qui lui ont été confiés notamment par sir W. Hooker, qu'il a rédigé sa révision des Potentilles. M. Lehmann examine d'abord, dans sa préface, quelle est la valeur des genres formés par divers botanistes aux dépens des Potentilles, les Zormen- tilla, Comarum, Micropogon, Fraga, Bootia, et il arrive à n'en admeltre aucun, Il expose les idées qui l'ont guidé dans la formation de subdivisions dans le genre ainsi considéré. Il communique ensuite ses observations sur les caractères qui peuvent servir à la délimitation des espèces de Potentilles. t La comparaison de nombreux échantillons de tous les pays et sous toutes les formes connues m'a donné, dit-il, la conviction que, d'un côté, on a décrit comme spécifiquement distinctes des formes d'espèces variables sous l'influence d'actions locales , d'où il est arrivé que certaines de ces espèces Ont reçu plus de noms que l'on ne counaissait d'espèces dans ce genre du T. HI, 47 799 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. temps de Linné ; que, d'un autre cóté, quoique beaucoup plus rarement, on a réuni des plantes essentiellement différentes. » Les caractères fournis par un méme organe n'ont pas la méme valeur pour toutes les Potentilles ; ils ont invariables dans les unes, et ils se montrent sujets dans les autres à de nombreuses variations. Cependant quelques-uns ont été reconnus parfaite- ment eonstants. Ainsi tandis que, dans un méme fruit, on trouve quelque- fois des earpelles pourvus et d'autres dépourvus de rugosités, la présence et l'absence de poils sur ces mêmes carpelles constituent des caractères fixes. Il en est de méme de la couleur des fleurs. Les Potentilles à fleurs d'un rouge sombre n'en portent jamais de blanches ni de jaunes, ni réciproquement. Les couleurs blanche et jaune ne sont pas moins fixes sur la plante en vie; mais, en se fanant, les pétales blancs, qui ont du jaune à leur base, jaunissent quelquefois, et même le P. pulvinaris, à fleur jaune, passe alors au pourpre. Les folioles qui forment un verticille extérieur au calice, aux- quelles on a donné successivement les noms de bractées, bractéoles , caly- cule, segments calycinaux accessoires, ete., sont qualifiées par M. Lehmahh de sépales externes. Rien n'est plus facile, dit l'auteur, que d'obtenir artifieiellement des hybrides entre certaines Potentilles. Dés 1825-30, il en avait obtenu entre les P. pensylvanica et nepalensis, entre les P. atrosanguinea et nepalensis. Plus souvent encore des hybrides naissent dans ce genre sans l'intervention de l'homme. Ainsi le P. mixta Nolte se montre assez souvent sauvage, produit par les P. reptans et procumbens; le P. ambigua est admis par MM. Meisner et Charpentier comme issu des P. multifida et frigida. Le P. bicolor Lindl., venu de graines qui étaient arrivées de l'Inde, où la plante est certainement sauvage, dit M. Lindley, a été obtenu par M. Lehmann, à Hambourg, par croisement des P. atrosanguinea et argyrophylla var. insi- gnis. D'un autre côté, il y a des Potentilles qui, quoique très voisines et végétant l'une à côté de l'autre, ne s'hybrident jamais : telles sont célles des 1égions arctiques. Un fait curieux, c'est l'existence de certaines espèces, sous des formes identiques, dans des pays trés éloignés. Ainsi le P. nivea du Groenland et de la Sibérie est identique à celui des Alpes de Suisse et de l’ Himalaya ; le P. pensylvanica de l'Amérique du nord ressemble parfaitement à celui des diverses contrées de la Russie et dela province de Semen en Abyssinie ; le P. supina de l'Inde, du sud de l'Afrique, de la Russie et de l'Allemagne; le P. villosa de l'Unalaschka et de l'Inde se ressemblent encore entiè- rement. M. Lehmann dit qu'il y a certainement beaucoup plus de Potentilles qu'il n'a pu en décrire. Il en a méme vu dans les herbiers plusieurs espèces représentées par de mauvais échantillons, auxquelles il a cru prudent de ne pas donner de nom. Cependant sa révision renferme la description de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 798 201 espèces et l'indication de 44 autres restées douteuses ou inconnues pour lui. Nous donnerons maintenant le tableau de la division du genre Potentille telle que la trace M. Lehmann. Toutes les espèces de ce genre sont partagées en 2 sections très inégales : 4** section, arbrisseaux et sous-arbrisseaux (13 espèces); 2° section, herbes (n. 14-201). Les Potentilles herbacées forment deux divisions : $ I. Multicipites, herbes vivaces, produisant à la fois plusieurs tiges et des faisceaux de feuilles desquels sortira l'année suivante une tige florifère (n. 14-191). § II. Ace- phalæ, herbes annuelles et bisannuelles , produisant une tige unique ou divisée dés sa base, toujours sans touffes stériles de feuilles (n. 192-201). Les Potentilles herbacées à plusieurs têtes se divisent en : 1° Termináles, ayant des pédoncules terminaux, uni-pluri-multiflores (n. 14-178), et 9» Axilliflorce, à pédonenles axillaires ou oppositifoliés, solitaires, uniflores, ‘à fleurs jaunes et carpelles glabres (n. 179-191). Les Terminales forment 3 séries : 1. Pinnatæ, subdivisées en 7 tribus; 2. Digitatæ, formant 3 tribus; 3. Ternate? , partagées aussi en 3 tribus. Les Azillifloree forment les trois séries nommées Zormentillæ, Reptantes, Anserinæi; enfin la section des Acephalæ se subdivise aussi en 3 séries : les Supinæ, les Pentandræ et les -Boreales. Les espèces que comprend la révision de M. Lehmann sont caractérisées Par une diagnose, suivie de la synonymie complète, de l'indication des toca- lités, souvent aussi d'observatious éerites en allemand. La partie descriptive de ce travail est accompagnée de 5 grands tableaux dans lesquels M. Karl Koch a tracé la distribution géographique de toutes les espèces. Les 64 planches gravées sur pierre avec un talent remarquable donnent les figures de port de 73 espèces. De Candolle. Prodromus systematis naturalis regni ` wegetabilis, sive enumeratio contracta ordinum , generum, specie- rumque plantarum hueusque cognitarum, juxta methodi naturalis normas digesta; editore et pro parte auctore Alph. De Candolle. Pars 14°, sectio prior, sistens Polygonaceas, Proteaceas aliosque minores ordines Mono- chlamydearum. (In-8°; pp. IV et 492. Parisiis, sumptibus Victoris Masson, foro dicto de l'École-de-Médecine, n° 17). Les détails donnés dans le Bulletin par M. Alph. De Candolle lui-même au sujet de ce demi-volume du Prodromus, antérieurement à sa publication, nous dispensent, maintenant qu'il est publié, de faire nous-même autre Chose que de présenter ici un relevé suecinet des matières qu'il renferme, 79h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cinq familles y ont trouvé place : 1? les Polygonacées, traitées pàr M. Meis- ner, à part le sous-ordre des Ériogonées, dont la monographie est due à M. Bentham ; 2° les Myristicacées, dont l'auteur est M. Alph. De Candolle; 3° les Protéacées, dues encore à la plume de M. Meisner; 4° les Pénéacées, par M. Alph. De Candolle , ainsi que 5? les Geissolomées, petite famille détachée des Pénéacées et formée pour le seul genre Geissoloma, Lindl., réduit à une seule espèce. Cette première partie du quatorzieme volume est donc presque entiérement le fruit des travaux de M. Meisner, puisqu'ils y oecupent 431 pages sur 492. La famille des Lauracées, dont s'occupe M. de Vriese, devait précéder celle des Myristicacées. Mais le travail du savant botaniste hollandais n'étant pas terminé, la publication en a été forcément différée et sa monographie est annoncée comme devant se trouver à la fin du quatorzième volume. Les nouveautés sont assez peu nombreuses dans cette partie du quatorzième volume. On n'en sera pas étonné si l'on songe que les deux grands groupes naturels qui en forment la plus grande partie avaient été déjà, à une époque peu reculée, l'objet de travaux monographiques et de mémoires particu- liers. Ainsi, comme on le sait, les Polygonacées avaient été monographiées par M. Meisner; les Ériogonées l'avaient été par M. Bentham , et quant aux Protéacées, M. Rob. Brown les avait traitées à fond dans son Prodrome de la Flore de la Nouvelle- Hollande ainsi que dans deux magnifiques mé- moires spéciaux , et M. Meisner lui-méme en avait déjà fait le sujet de publications importantes.Il n'est pas jusqu'à la petite famille des Pénéacées qui n'eüt eu son monographe. Ad. de Jussieu en avait écrit l'histoire avec sa supériorité ordinaire. Enfin les Myristicacées avaient, de leur côté, trouvé leur place dans ces profonds et splendides ouvrages de M. Blume, qu'on ne peut guére considérer autrement que comme des réunions de savantes monographies. On comprend sans peine qu'un terrain déjà si bien exploré ne permettait d'espérer que d'assez rares trouvailles. Aussi ce qui frappera certainement dans le relevé numérique que nous allons consigner ici, c'est l'absence à peu prés complete de genres nouveaux. En effet, nous ne trouvons comme tels que le genre Cen£rostegia, parmi les Ériogonées , établi en manuscrit par M. Asa Gray et admis comme tel par M. Bentham; parmi les Protéacées le genre Molloya Meisn., formé pour le Grevillea ? cynanchicarpa, Meisn., et parmi les Pénéacées , la section Glischrocolla établie par Endlicher parmi les Sarcocolla, élevée au rang de groupe géné- rique distinct et séparé. Quant aux espèces auxquelles MM. Meisner, Ben- tham et Alph. de Candolle ont attaché leur nom, elles sont au nombre de 145 sur 1725 dont le demi-volume qui nous occupe renferme la description. Elles se répartissent méme de manière très inégale entre les familles mono- graphiées, puisqu'on en compte parmi les Polygonacées 101 pour 691 espèces décrites, et parmi les Protéacées seulement 34 sur 927, ce qui revient à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 725 1/7 environ pour les premières et seulement à 1/27 pour les dernières. Nous donnerons maintenant le relevé des genres et celui des espèces dont la description se trouve dans le volume qui nous occupe. Nous ferons suivre ehaque nom de genre de deux nombres dont le premier indiquera les es- pèces nouvelles, dont le second sera le chiffre total des espèces décrites. I. POLYGONACEZÆ, — Subordo 1. EnrocoNE x Benth. (auctore cl. Ben- tham). 1. Eriogonum Michx., 19 espèces nouvelles sur 81. — 2. Oxytheca Nutt.; 0...4. — 3. Nemacaulis Nutt.; 4...4. — 4. Chorizanthe R. Br.; 0...18. — 5. Mucronea Benth.; 0...1. — 6. Centrostegia A. Gray, Msc.; 1...1. — 7 Pterostegia Fisch. et C. A. Mey.; 0...2. Subordo 2. PotvcoNEx Juss. (auctore cl. Meisner). 4. Calligonum Lin.; 0...5. — 2. Pterococcus Pallas; 1...5. — 3. Calliphysa Fisch. et C. A. Mey.; 0...1. — 4. Pteropyrum Jaub. et Spach.; 0...6. — 5 Rheum Lin.; 1...20. — 6. Oxyria Hill; 0.. 2. — 7. Oxygonum Burchell; 4...5. — 8. Ceratogonum Meisn.; 1...3. — 9. Emex Neck.; 0...2. — 10. Rumex Lin.; 149...434. — 441. Atraphaxis Lin.; 2...17. — 12. Polygonella Michx.; 2...7. — 13. Thysanella A. Gray ; 0...1. — 14. Kenigia Lin.; 0...3. — 15. Polygonum Lin.; 26...215. — 16. Fagopyrum Tourn.; 1...6. — 17. Muhlenbeckia Meisn.; 6...18. — 18. Coccoloba Jaeq.; 10...82. — 19, Campderia Benth. ; 1...3. — 20. Podopterus Humb. et Bonpl.; 0...1. — 21. Triplaris Loefl ; 5...25. — 22. Ruprechtia C. A. Mey.; 3...18. Subordo 3. Brunnicmieæ C. A. Meyer. — 23. Antigonon Endl.; 1. .4. — 2^. Brunnichia Banks; 0...4. Subordo 4. SyuwEnIEE Meisn. — 25. Symmeria Benth. 0...4. Genus dubium, — 26. Latarriæa Remy ; 0...1. II. MYRISTICACEJE (auctore cl. Alph. De Candolle). — 1. Myristica Lin.; 8...84. III. PROTEACEZÆ (auctore el. Meisner). l Subordo 4. Nucamentaceæ. — 1. Aulax Bergius; 0...2. — 2. Leuca- dendron Hermann ; 4...66. — 3. Protea Lin.; 7...66. — 4. Leucospermum R. Br.; 3...24. — 5. Mimetes Salisb.; 2...19. — 6. Petrophila R. Br.; 0...46. — 7. Isopogon R. Br.; 0...34. — 8. Serruria Salisb.; 6...59. — 9. Nivenia R. Br.; 0...13. — 10. Sorocephalus R. Br.; 2...11. — 11. Spa- talla Salisb.; 2...17. — 12. Adenanthos Labill. ; 0...15. — 13. Synaphea R. Br.; 0...14. — 44. Conospermum Smith; 4...40. — 15. Stirlingia Endl.; 0...40. — 46. Franklandia R. Br.; 0...1. — 17. Symphyonema R. Br.; 0...2. — 48. Agastachys R. Br.; 0...1. — 419. Cenarrhenes Labill. ; 0...1. — 20. Potameia Dupet. Th.; 0...1. — 21. Persoonia Smith; 0...69. —22. Brabejum Lin.; 0...1. — 23. Faurea Harvey ; 0...14. — 24. Andripe- talum Schott; 0...8. — 25. Guevina Molina; 9...1. — 26, Bellendena R. Br.; 0...4. | > 726 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Subordo 2. FoLLICULARES. — 27. Strangea Meisn.; 0...4. — 28. Mol- loya Meisn.; 0...1. — 29. Grevillea R. Br. ; 3...176. — 30. Hakea Schrad.; 41...115. — 34. Lambertia Smith ; 0...9. — 32. Xylomelum Smith ; 0...3. — 33. Orites R. Br.; 0...5. — 34. Rhopala Schreb. ; 1...36. — 35. Ade- nostephanus Klotzsch ; 0...8. — 36. Helicia Lour. ; 1...18. — 37. Knihgtia R. Br.; 0...2. — 38. Embothrium Forst. ; 1...3. — 39. Oreocallis R. Br.; 0...2. — ^0. Telopea R. Br.; 0...2. — 41. Lomatia R. Br.; 0...11. — 42. Stenocarpus R. Br.; 0...5. — 43. Banksia Lin. f.; 0...58. — 44. Dryan- dra R. Br.; 0...53. — 45. Hemiclidia R. Br.; 0...4. * Dubize affinitatis. — 46. Cylindria Lour. ; 0...1 IV. PENOEACE X. (auctore cl. Alph. De Candolle). — Pencea Lin. 0...6. — 2. Stylapterus A. Juss.; 0...3. — 3. Brachysiphon A. Juss.; 0...6. — h. Sarcocolla Kunth; 2...4. — 5. Glischrococolla Alph. DC.; 4...4. — 6. Endonema A. Juss.; 0...2. V. GEISSOLOMACE E (auctore cl. Alph. De Candolle). — 4. Geissoloma Lindl.; 0...14. - Cette petite famille, séparée des Pénéacées par M. Alph. De Candolle, se distingue particulierement : 1^ par son calice dont l'estivation est imbri- eative, tandis qu'elle est valvaire ou rédupliquée-valvaire dans les Pénéa- cées ; 2° par ses étamines, en nombre double de celui des divisions du périanthe, dont les anthéres sont dressées, versatiles, bilobées à la base, pourvues d'un connectif très étroit, enfin portées sur un filet beaucoup plus long qu'elles-mémes , tandis que les étamines des Pénéaeées égalent en nombre les divisions du périantbe, qu'elles ont un connectif tres épais, à la face interne duquel leurs anthéres sont adnées et qui souvent les dépasse en longueur, enfin qu'elles ont le plus souvent un filet tres court ; 3^ par leurs graines pour vues d'un albumen qui mauque dans celles des Pénéacées ; enfin 4° par leur radicule courte. Ueber Bastarde unter den Wildwachsenden Farrn (Sw les hybrides qui se sont formés entre des Fougères spontanées); par M. W. Lasch (Botan. Zeit., n° 25, 20 juin 1856, col. 433-436). L'auteur dit que, malgré les soins qu'il s'est donnés pour rechercher des formes intermédiaires entre les diverses Polypodiacées qui sont trés multi- pliées dans son pays, il n'a pu en rencontrer jusqu'à l’année dernière. Les Aspidium Filiz mas et femina se montrent en plusieurs endroits tellement mêlés, qu'on croirait que les deux s'élèvent sur le méme rhizome; cepen- dant, à peine observe-t-on dans l'un et l'autre quelques variations Sans importance, JIi en est de méme pour les Aspidium Oreopteris et Thely- pteris. L'auteur n'avait trouvé l' Aspidium cristatum que dans des lieux où il formait de petites touffes isolées ; mais, il y a deux ans, il a découvert REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 727 une localité où il existe en très grande abondance et aecompagné presque uniquement d'une grande quantité d' Asp. spinulosum. Cette localité est un grand marais entouré d'une forêt de Pins. L'an dernier, il a examiné l'une aprés l'autre toutes les touffes de ces deux plantes. Le résultat de cet exa- men a été la découverte de plusieurs pieds dont les frondes avaient évidem- ment une forme intermédiaire à celle des deux espèces, et, en en faisant une étude attentive, il y a reconnu un véritable hybride des Asp. spinulosum et cristatum. A côté de la forme la plus grande de la derniere de ces espèces, cet hybride avait à peu près la méme grandeur. M. Lasch donne successivement la diagnose de l'Aspidium spinulosum Sw. et de l' Asp. cristatum Sw. ; après quoi il caractérise de la maniere sui- vante la plante qu'il regarde comme un hybride entre ces deux espèces. Aspidium spinulosum-cristatum, stipite paleaceo, paleis sublatissimis ; fronde lineari-lanceolata bipinnata, pinnis breviter pedieellatis, inferioribus Subbrevioribus, pinnulis sessilibus oblongis, supra dimidium pinnatifidis, laciniis subovatis elongato-mueronato-serratis; soris ut in Asp. spinuloso ; indusiis cordato-subrotundis, margine repandis subundulatis ; sporis ovoi- deis leviter granulosis. b. Subincisum, pinnulis infra dimidium pinnatifidis, laciniis brevioribus, €. Fronde angusto-lanceolata, dentibus subelongato- mucronatis. d. lucisum , majus (1”) fronde angusto-lanceolata, pinnulis ad dimi- dium pinnatifidis, laciniis subelongato-mucronato-serratis €. Profunde incisum majus, fronde angusto-lanceolata, pinnulis ad hasin fere pinnatifidis, laciniis oblongis subelongato-mucronato-serralis. La fronde de a et 0. ressemble à celle de l'Asp. spinulosum ; mais elle n'est jamais aussi profondément divisée; c ressemble beaucoup plus à l'Asp. cristatum. Les caractères de cette dernière espèce dominent aussi dans les grandes formes d et e; mais celle-ci se rapproche encore de l'Asp. spinulosum. M. Lasch ne pense pas que ces hybrides ne puissent porter que des cap- Sules stériles. Il en a vu trois touffes qui étaient certainement venues de graines, ce qui lui fait penser que, parmi leurs spores, il doit y en avoir Un certain nombre qui soient capables de germer. Ein neuer Pilz auf Had. Liquiritiæ echinatee ( Un nou- veau Champignon né sur des racines de Liquiritia echinata); par le docteur Th. Schuchardt. (Botan. Zeit. du 22 aoùt 1856, n° 34, col. 591-593.) Pendant l'automne de 1855, M. Schuchardt a eu occasion d'examiner Une grande quantité de réglisse qui arrivait de Russie, sur laquelle il a reconnu l'existence du Champignon qui fait le sujet de sa note. Quoique depuis deux ans il eût vu fréquemment de gros ballots de cette racine, il 798 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'y avait jamais rien remarqué de pareil, et tous les Champignons qu'il y avait observés étaient des espèces d' Aspergillus et d'Æurotium. Quant à celui qu'il a découvert sur la réglisse venue de Russie, il présume que les spores qui lui ont donné naissance provenaient du pays d'origine et qu'elles ont trouvé pendant leur long voyage des circonstances favorables à leur déve- loppement. Il a cherché à faire germer de ces spores dans une cave sur du bois de réglisse humecté, et il n'a pu y réussir. Le Champignon dont il s'agit ne s'était bien développé que sur les points des racines où l'écoree manquait et où, dés lors, les filaments du mycelium pouvaient aisément s'insinuer entre les fibres ligneuses dénudées. A l'œil nu, on le reconnaissait sous plusieurs formes dans lesquelles le microscope faisait reconnaitre différents degrés de développement. A son premier degré le Champignon forme de petites taches, rondes oU ovales, d'un vert clair sale. Ces taches, toujours séparées, résultent de l'a- grégation d'un nombre infini de cellules ellipsoides, peu variables de gran- deur, en couche simple vers la périphérie, en couches superposées plus au centre. La couleur de ces cellules est un vert clair; çà et là leur contenu liquide se montre plus dense et plus opaque que dans les autres cellules, qui sont transparentes. — Au second degré, les taches sont devenues cà et là grises de diverses nuances, et elles se sont allongées ; elles sont alors pulvérulentes et se détachent aisément. Les cellules ont doublé de grandeur, et entre elles s'étendent des filaments inarticulés, en rubans variables de longueur et de largeur, absolument simples, entre-croisés, étendus horizontalement, mais redressés à leur extrémité. Sous le microscope, ces fils paraissent d'un blanc d'argent, et ils montrent un contenu granuleux, opaque, aux points où ils changent de direction. — Au troisieme degré, le Champignon compose de petits gazons arrondis, blanes sur fond verdátre. Sur le mycelium formé des cellules et filaments qui viennent d’être décrits s'élèvent, en différentes directions, des fils d'un blanc d'argent, les Zypha, dont le bout se renfle en poire ou en globule et développe les spores dans son intérieur. Les spores proviennent du contenu trés visqueux, gris et finalement jaunátre sale de ces extrémités; elles se forment de bas en haut ; elles s'imbriquent; leur forme est ovale; leur couleur est un blanc d'argent pur. Mouillée, la membrane celluleuse de l'extrémité des filaments fertiles, qui contient quantité de spores, se rompt et crève. Assez souvent le bout de ces filaments se renfle en globule, sans cependant produire de spores dans son intérieur, et en restant transparent. L'auteur a reconnu que ces renflements ne sont pas des spo" ranges d’où seraient sorties les spores. M. Schuchardt s'est assuré que le Champignon dont on vient de voir la description résumée est entièrement nouveau. Il lui donne le nom de Peri- conia argentea. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 729 BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. La Géographie botanique et ses progrés, par M. Ch. Martins, (Revue des Deux-Mondes, livr. du 1° octobre 1856. Tirage à part en broch. gr. in-8° de 36 pages.) Cet. écrit, destiné à faire connaitre l'objet de la géographie botanique, son utilité, son histoire et son état actuel, comprend une introduction et trois chapitres dont voici les titres : « I. Premiers travaux de géographie botanique (pp. 3-13) ; II. Statistique végétale. — Des influences diverses qui déterminent la distribution des végétaux à la surface du globe (pp. 13-24); III. De la naturalisation et de l’acclimatation des végétaux. — De l'appa- rition des espèces sur le globe (pp. 24-36). » Dans le premier chapitre, M. Ch. Martins ne se contente pas d'indiquer, comme le ferait supposer le titre, les ouvrages les plus anciens sur la géo- graphie botanique ; mais il présente un résumé de la marche qu'a suivie cette partie de la science depuis Linné jusqu'à nos jours. Parmi les auteurs qui l'ont fondée, il cite l'abbé Giraud-Soulavie, pour qui, dit-il, la géogra- phie botanique fut une révélation intuitive, et Arthur Young, qui a fait pour la France entiére ce que le premier avait fait pour le Languedoc. Il expose ensuite, avec plus ou moins de détails, les travaux de MM. de Hum- boldt, Wahlenberg, A.-P. De Candolle; il indique rapidement les voyageurs qui ont fait connaître les végétaux des diverses parties du monde, et il arrive ainsi à l'ouvrage classique de M. Alph. De Candolle. Le second chapitre présente d'abord une détermínation approximative du nombre des espèces qui peuvent exister sur la terre, et la répartition des grands embranchements du régne végétal. Il est surtout consacré à l'exa- men des causes qu'on peut assigner à la répartition des végétaux sur la sur- face du globe. Enfin, dans son dernier chapitre, M. Ch. Martins cite d'abord un assez grand nombre d'exemples de plantes naturalisées ; il fait voir que l'accli- matation est, d’après l'expression de Dupetit-Thouars, une douce chimère tant pour les plantes que pour les animaux ; enfin, il s'étend principalement Sur la maniére dont la terre a été graduellement peuplée de végétaux, soit aux différentes époques géologiques, soit à l'époque actuelle. Il montre la multiplicité des centres de création ; enfin il indique l'apparition successive des familles végétales selon l'ordre hiérarchique établi par leur organisa- tion, et, à ce propos, il exprime sa manière de voir dans une phrase que nous reproduirons littéralement : « Il y a des espèces plus jeunes les unes que les autres ; la création actuelle a continué la création antédiluvienne et se continue peut-être encore. Rien ne nous prouve, en effet, qu'il ne se forme pas continuellement de nouvelles espéces. » 730. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Lehrbuch der Botanik. Ein Führer ins Pflanzenreich vorzugsweise für Landwirthe und Forstmaenner so wie der Naturkunde (Traité de botanique, guide pour l'étude du règne végétal destiné principalement aux agriculteurs et aux forestiers, ainsi qu'aux amis de l'histoire naturelle); par M. Erwin Kolaezek. Vienne, 1856 ; in-8° de pp. x, xv, 470, avec 363 fig. gravées sur bois, interealées dans le texte. Cet ouvrage est spécialement destiné à faire connaitre, au point de vue de leurs caractères et de leur utilité, les plantes qui intéressent l'agriculteur et le forestier. Dans une préface de 8 pages, M. Kolaczek expose les idées qui l'ont dirigé dans la rédaction de son traité. « Je ne suis pas, dit-il, bota- niste de profession, mais agriculteur et sylviculteur. La botanique ne m'in- téresse qu'au point de vue auquel je me suis placé dans mon livre, et la détermination des plantes n'est pour moi qu'un moyen d'atteindre un but spécial et pratique, c'est-à-dire de reconnaitre les conditions de la vie et les phénomènes du développement de nos plantes. » Il signale aussi les lacunes qui existent dans la généralité des traités de botanique agricole, lacunes qu'il s'est attaché à remplir dans le sien. Ainsi il reproche à ces livres : 1° de ne faire connaitre que les espèces cultivées et de négliger entièrement les mauvaises herbes ainsi que les parasites, notamment les Champignons, qui exercent souvent une action des plus funestes sur les cultures; 2° d'oc- cuper beaucoup d'espace en exposant longuement des détails de culture entièrement superflus et à peu prés toujours copiés dans les ouvrages spé- ciaux ; 3° d'étendre beaucoup trop l'exposé des caractères de familles, de geures et d'espèces ; 4° de ne pas donner de figures, ou de n'en donner que d'imparfaites ; 5? souvent de ranger les plantes d’après des classifications arbitraires, le plus souvent d'après leurs usages, et non d’après la méthode naturelle. Il est à peu prés inutile de dire que M. Kolaczek, en signalant ce que les autres n'ont pas fait ou ont mal fait, s'est attaché à faire plus complétement ou mieux qu'eux. Il a particulièrement soigné les nombreuses figures qui illustrent son ouvrage ; elles ont été dessinées toutes par Jui- méme et presque toutes d’après nature. Sous le titre de Généralités, l'auteur présente, en 63 pages, des éléments de botanique nécessairement très succinets, mais suffisants à son point de vue spécial. Tout le reste du volume (pp. 64-462) est consacré à l'histoire des plantes cultivées et des herbes adventices des cultures. L'ordre adopté par lui dans cette exposition détaillée est celui de la méthode naturelle. Le règne végétal entier s'y trouve divisé en six classes : 4° les Acotylédons thallophytes ou apbylles ; 2° les Acotylédons feuillés; 3° les Monocotylé- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 734 dons; 4° les Dicotylédons monoehlamydés ; 5° les Dicot. monopétales ; 6° les Dicot. polypétales. Seulement, au lieu de Commencer par les Acotylédons, il les renvoie à la fin, après les Dicotvlédons. Dans ce tableau détaillé sont intercalés des chapitres intéressants. Ainsi, avant d'examiner les Dicoty- lédons dans leurs familles, genres et espèces, l'auteur entre dans des déve- loppements assez étendus (pp. 146-174), sur la structure des tiges ligneuses et sur leur formation, sur les circonstances extérieures qui favorisent ou con- trarient le développement des arbres, sur les feuilles des végétaux ligneux, leur utilité, ete., sur la distribution géographique des forêts, ete. ; il fait ensuite ressortir (pp. 174-178) l'utilité des foréts. Dans l'histoire parti- euliére des familles, les caracteres de ces groupes, des genres et des espèces sont présentés en abrégé, et des tableaux synoptiques conduisent souvent aux familles, et, dans celles-ci, aux geures. Pour chaque espèce, l'utilité ou les inconvénients, les prineipales variétés et les détails les plus essen- tiels de la culture, sont exposés en détail et imprimés en caractères plus petits que le corps méme de l'ouvrage. Le livre de M. Kolaczek est écrit entierement en allemand. On y trouve, àu commeneement, une table détaillée des matières, et à la fin, une table alphabétique des plantes dont il est question dans l'ouvrage, indiquées par leurs noms vulgaires allemands, aivsi que par leur dénomination latine. Veber Theorie und Praxis in der Landwirthschaft (Sur la théorie et la pratique en agriculture) ; par M. Justus von Liebig: (In-8* de pp. VIII et 134 ; 1856. Brunswig ; chez Fr. Vieweg et fils.) Ce nouvel écrit du célèbre chimiste allemand a pour objet de présenter de nouveaux développements à l'appui de sa théorie de la nutrition des plantes par les substances inorganiques et plus partieulierement de répondre aux critiques de cette théorie qui ont été faites récemment, en Angleterre, par MM. Lawes et Gilbert, de Rothamsted , en Allemagne, par le D" C. Wolff, d'Hohenheim. Mais cet ouvrage n'étant pas autre chose qu'une dissertation dans laquelle l'auteur examine successivement les énoncés fon- damentaux de ses contradicteurs pour les interpréter, pour leur opposer, Soit ses propres observations, soit celles de divers chimistes , sans donner ni division en chapitres, ni résumé, ni méme table , il nous semble impos- sible d'en présenter une analyse sans étre entrainé à dépasser beaucoup les limites habituelles des articles de cette revue bibliographique, sans nous exposer, d'un autre cóté, à reproduire un grand nombre de faits et d'idées qui ont déjà trouvé place dans les publications antérieures de M. Liebig. Nous devons done nous borner à renvoyer les lecteurs du Bulletin a l'ou- Vrage lui-même. Ce livre est dédié à M. Fréd. Kuhlmann, de Lille. 732 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Riz de montagne et Abhricotier du Japon (Hamburger Garten-und Blumenzeitung). A l'une des derniéres séanees de la Société d'histoire naturelle et de médecine de Bonn, M. de Siebold a présenté des grains du vrai Riz de montagne qu'il a reçus du Japon à la fin du mois de février 1856. Ce Riz n'exige, dit-on , que peu ou méme pas du tout d'eau pour sa végétation, et il se contente d'une température peu élevée. M. deSiebold pense qu'il réussirait en Allemagne et qu'il pourrait y étre eultivé avee beaucoup d'avantage. Déjà M. Sinning, horticulteur allemand, a pu eu obtenir des pieds, et il se propose d'en continuer la culture. Le méme M. Sinning possede, dans le jardin botanique de Poppelsdorf, à Bonn, un pied d'Abricotier du Japon, dont il a entretenu la méme Société. Cet arbre a été planté il y a seulement deux ans; il a fleuri en 1856 à la fin de mars. Il a parfaitement résisté à la gelée, et il a porté neuf fruits. M. Sinning pense que cet abricot exotique sera particulièrement bon à confire. Account of the Gunyang, a new indigenous fruit of Victoria. (/Vote sur le Gunyang, nouveau fruit indigène de la colonie de Victoria); par le docteur Fréd. Mueller (Hooker's Journ. of botany and Kew Garden Miscell., cah. de novembre 1856, pp. 336-338.) Les fruits bons à manger et indigènes sont fort peu communs dans l'Aus- tralie ; aussi M. Fréd. Mueller croit-il devoir consacrer une note spéciale à celui que les indigènes nomment Gunyang, qui appartient à une espèce décrite récemment par lui comme nouvelle sous le nom de Solanum vescum (Hooker's Journ. of bot., 4856, p. 165). Il pense que, si la plante était cul- tivée, son fruit deviendrait assez bon pour mériter de figurer à cóté de ceux que produisent nos jardins. Le Solanum vescum Fr. Muell. ressemble beaucoup au Solanum aviculare (S. laciniatum Ait.), la Pomme de Kanguroo (Kanguroo Apple) des colons australiens; mais, entre autres caracteres qui le distinguent, son fruit est presque sphérique, vert, à grosses graines, tandis que celui du S. aviculare est en tout temps exactement ovoide, de couleur orangée, et renferme des graines deux fois plus petites. Les naturels ne mangent pas ce dernier, dont le goüt est. désagréable. Le Gunyang parait n'avoir été encore trouvé que dans la partie de l'Australie nommée Gipps' Land, oü on le rencontre crois- sant sur des terres de natures trés diverses, ce qui montre que, dans la culture, on pourrait le planter dans toute espèce de sol. ll fleurit au prin- temps et mürit son fruit vers la fin de l'été. Celui-ci ne perd sa Saveur piquante et désagréable que lorsqu'il tombe à sa parfaite maturité. 5a saveur rappelle alors assez bien celle des fruits du Physalis peruviana, dont il a aussi la grosseur. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 733 MÉLANGES. Instructions sur la récolte, l'étude et la préparation des Algues ; par M. Éd. Bornet (Mém. de la Soc. impér. des sc. nat. de Cherbourg, IV, 1856. Tirage à parten brochure in-8 de 36 pages). Ce travail est divisé en trois chapitres qui correspondent aux trois objets que son auteur s'est proposé d'examiner en l'écrivant. I. Récolte des Algues. — 1° Algues marines. — 1l est principalement question, dans le mémoire de M. Bornet, des Algues marines, celles d'eau douce ayant été l'objet d'un travail spécial de la part de M. Brébisson (dans l'ouvrage de M. Ch. Chevalier sur les microscopes et leur usage, Paris, 1839). Ces plantes ne se développent pas également sur toutes les côtes ; on les trouve principalement sur celles que constituent des roches dures, en pente assez douce, entrecoupées de fentes, de rigoles, et qui forment çà et là des flaques plus ou moins étendues. Les points les plus favorables pour elles se trouvent en Normandie et en Bretagne, plus loin à Biarritz, pour l'Océan ; à Marseille, Toulon, Antibes, ete., pour la Méditerranée, La recherche des Algues exige qu'on entre dans l'eau ; mais, pour certaines espèces, les coups de vent en rejettent sur la plage des masses d'échan- tillons, malheureusement souvent meurtris et endommagés, mais qu'il ne Serait guére possible de se proeurer autrement (Dudresnaya, Halymenia, Sporochnus, etc.). Le meilleur moyen pour avoir des échantillons parfaits est d'herboriser à marée basse, surtout à l'époque des grandes marées de pleine lune, mieux encore aux marées d'équinoxe. La Méditerranée offre plus de difficultés, à cause de l'absence de marées. On détache les plantes à la main, ou avec un fort couteau, ou en s'aidant d'un báton à poignée recourbée. M. Derbés, de Marseille, emploie avec avantage une sorte de drague à lame convexe, à laquelle est fixé un sac de cannevas, et qui est munie d'un long manche. Enfin, pour les espèces qui viennent plus au large ou dans l'eau plus profonde, il faut aller en bateau et draguer. Il faut récolter les Algues avec leur base, qui fournit souvent de bons caractères, et en choisir avec soin les individus. A mesure qu'il les récolte, l'auteur les met avec de l'eau de mer dans un petit seau de fer-blanc avec anse et Couvercle, qui est préférable à Ja boite d'herborisation. Les espèces délicates ou très petites sont enfermées dans des flacons. Enfin il met à part celles qui s'altèrent promptement (Desmaretia, Sporochnus, Saccorhiza bulbosa, Wrangelia multifida, ete.). Un panier ou un linge suffisent pour les grosses espèces, comme les Fucus, Cystoseira, Laminaria. De retour de l'herbori- Sation, on met les plantes dans de l'eau de mer fraiche, dans un lieu sans soleil, non chauffé, et même à l'obscurité complète pour certaines Zoospo- rées, comme |’ Ulva Lactuca, les Hormotrichum, Cladophora, etc. 2' Algues d'eau douce et Diatomées, — Le premier printemps est 73h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'époque la plus favorable pour leur recherche. Des flacons, une cuiller de fer fixée à angle obtus au bout d'une canne à poignée courhe, une forte loupe ou une lentille Stanhope sont les objets nécessaires pour leur récolte, Pour les. Desmidiées peu abondantes dans l'eau, on verse le liquide au milieu d'un carré d'étoffe fine et serrée qui retient ces végétaux ; il suffit plus tard de laver avec un peu d'eau pour détacher ces petites espèces. Il. Étude des Algues. Instructions diverses. Le microscope composé est indispensable pour cette étude. Celle des Algues d'eau douce n'exige aueune préparation; mais il en est tout autrement pour les Algues marines, Pour celles-ci, il faut faire des tranches longitudinales et transversales, et recourir à la dissection. On doit étudier sur le vivant et dans l’eau de mer. Les tranches étant souvent très difficiles à exéeuter, M. Thuret remédie à cet inconvénient en plaçant le fragment d'Algue dans un bâton de moelle de Sureau imbibé d'eau de mer, et en coupant le tout à la fois avec un bon rasoir. Toutes les Algues encroûtées de carbonate de chaux doivent étre lavées pour l'étude avec un acide faible, tel que le vinaigre ordinaire. Pour les espèces qui se ramollissent mal après avoir été une fois séchées {£ctocarpus, Polysiphonia, ete.), on conserve des fragments choisis dans des flacons ou des tubes remplis d'aleool affaibli avee moitié d'eau. L'étude des plantes sèches est facilitée par la distension des tissus que produisent, l'acide chlorhydrique pour les Algues rouges ou brunes, la potasse pour les Algues vertes. L'examen des dessins qu'offre la carapace siliceuse des Diatomées ne peut être fait qu'après qu'on a détruit la matière colorante en soumettant les échantillons à la flamme d'une lampe à alcool sur une lamelle de mica sur laquelle on les a laissé sécher. L'opération est terminée lorsque les carapaces deviennent grises aprés avoir d'abord noirci. On peut “aussi recourir, pour le méme objet, à l'ébullition dans l'acide azotique étendu, en ayant soin de laver ensuite dans l'eau pure. — M. Bornet donne la liste des ouvrages et des exsiccata d'Aigues qu'il recommande aux Com- mençants. , II. Préparation des Algues. — Une préparation excellente est néces- saire pour les Algues; on doit s'attacher avant tout au procédé qui permet d'atteindre ce résultat. M. Bornet déclare mauvaise la macération dans l'eau douce recommandée par beaucoup d'auteurs, et il y substitue celle dans l'eau de mer. Il insiste sur les effets fâcheux d'une trop forte com^ pression qui désorganise les tissus, et d'un trop grand intervalle de temps laissé entre la récolte et la préparation. Les principaux objets qu'il emploie sont : 1? une cuvette rectangulaire de fer-blanc peinte en blanc, profonde seulement de 0,06, et dont un petit côté est remplacé par un plan incliné qui se continue avec le fond ; 2° un égouttoir formé d'un cadre de bois léger de 0,90 sur 07,46, sur lequel est étendu du calicot ou de la toile : on l'incline à 45 degrés; du papier fort et trés épais, suiffé bien également sur une face; des plancheties, des cartons, du papier collé et non collé ; une presse, etc. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 735 | Préparation immédiate des Alques marines.— La cuvette étant remplie d'eau de mer ou d'eau douce, selon les plantes , on place l'échantillon à préparer sur le bord incliné. Apres l'avoir étalé grossièrement, on le débar- rasse de tous les corps étrangers. On glisse ensuite sous lui une feuille de papier. On en éearte alors toutes les parties à l'aide d'un aiguillon de pore- épie, en maintenant avec un doigt posé sur la base de la plante. On retire doucement ce papier de l'eau, sans déranger l'échantillon, et on le pose sur une planchette. On nettoie les bords du papier avec une éponge, et la plante elle-même, en faisant couler de l'eau sur elle en divers sens. Puis, versant de l'eau doucement sur son centre, on la rend à demi flottante, et on achéve d'en disposer les parties avec un pinceau et un aiguillon , sans étirer ses rameaux. En inelinant, on fait écouler l'eau lentement ; aprés quoi on dépose la feuille avec précaution sur l'égouttoir. On laisse aussi tomber sur la base de l'échantillon quelques gouttes d'une solution chargée et filante de gomme adragant destinée à le fixer au papier. Avant que le papier commence à sécher, on le retire et on le pose sur un coussin de six feuilles doubles de papier gris, portant lui-même sur une planche. On le Couvre ensuite d'un morceau de calicot, sur lequel on peut poser un second Coussin, üue nouvelle couche d'échantillons, un autre ealicot, et ainsi de Suite, jusqu'à former une pile, qu'on couvre d'une planche: on met sut celle-ci un poids de 20 kilogrammes. Apres au moins une den:i-heure, oh enléve le poids et la planche supérieure, on détache successivement le cous- sin et le calicot qui couvre chaque échantillon. On place celui-ci sur une feuille double de papier gris; on le couvre d'un papier suiffé , sur lequel ön met un nouveau papier gris, une nouvelle plante, et ainsi de suite. On met le tout en presse et on serre légèrement. Aprés une ou deux heures, on ‘Change le papier gris, sans toucher au papier suiffé, et l’on remet en presse en comprimant plus fortement. On réitère le changement de papier le matin et le soir pendant deux jours. Après quoi, la dessiecation étant géné- ralement compléte, on enléve le papier suiffé, et l'on donne un assez fort Coup de presse pour lisser le papier, en interposant aux échantillons des feuilles de papier lisse. Les espèces gélatineuses (Gloiosiphonia, Nemalion, Mesogloia, ete.), re- -tirées de l'égouttoir, sont laissées à l'air pendant au moins une demi-heure avant d’être mises en presse entre le papier suiffé et les coussins. Pour les espèces membraneuses (Ulva, Porphyra, ete.), qui se retirent beaucoup en Séchant, on étend les échantillons sur le papier en laissant à leur ceutre quelques plis que la dessiecation fait disparaitre. — Les espèces dures Où charnues, qui sechent très lentement si on les prépare à l'eau de mer, doivent étre préparées à l'eau douce (Calliblepharis , Gigartina pistil- lata, etc.). Le Codium Bursa, soigneusement épongé de l’eau de mer qui l'imbibe, est laissé dans l'eau douce pendant dix ou douze heures avant d'être desséché à la manière ordinaire. — Les Algues encroütées, comme 736 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les Corallines, sont plongées pour quelque temps dans une solution de chlo- rure de caleium, qui leur conserve la flexibilité, qu'elles perdent sans cela en séchant. M. Bornet expose ensuite plus succinctement : 4° la préparation des Algues après dessiccation préalable à l'air, qui convient pour les grandes espèces coriaces (Fucus, Sargassum, ete.); 2° la préparation en voyage ; 3° la préparation des Algues d’eau douce et des Diatomées, ladisposition des Algues en herbier; 4° la préparation sur mica; 5° la préparation des Diatomées daus le baume ; 6^ enfin, il dit quelques mots sur la préparation dans des liquides conservateurs. Mais il nous est impossible de le suivre au milieu de ces nouveaux détails, qui ont, du reste, une moindre importance que ceux dont nous avons essayé de présenter un résumé. NOUVELLES. M. Harvey est de retour en Angleterre depuis le mois d'octobre 1856 de son grand voyage, dont on sait que le but spécial était la recherche des Algues. Le savant algologue anglais a ainsi donné le premier exemple d'une exploration faite sur une portion considérable de la surface du globe par un homme spécial pour y rechercher des végétaux d'un seul groupe naturel. Comme on devait s'y attendre, les résultats de ce voyage ont une haute im- portance. Si nous sommes bien informé, les premiéres collections de M. Harvey renferment plus de 600 espéces d'Algues, parmi lesquelles un très grand nombre sont nouvelles. Nous avons entendu M. Jac. Agardh , pen- dant son séjour à Paris, dire qu'il avait suspendu la publication de son Spe- cies Algarum jusqu'aprés la fin du voyage de M. Harvey, afin de compren- dre dans cet important ouvrage les découvertes qui ne pouvaient manquer d’être faites par le voyageur anglais. Le savant algologue suédois avait pat- faitement prévu ce que la science devait gagner par l'effet des recherches de M. Harvey, et son spectes pourra maintenant s'enrichir d'un grand nom- bre d'espéces nouvelles. — Le Botanische Zeitung annonce que le duc Ernest II, de Saxe-Cobourg- Gotha, a confié au professeur Reichenbach, de Leipzig, les restes de l'her- bier formé en Orient par Seetzen qui se trouvent à Gotha. Le savant bota- niste se propose d'en faire l'objet de travaux suivis et de publieations spé- ciales, — D'après une lettre écrite par M. Robert Schlagintweit, le 26 septem- bre 1856, de Leh dans le Ladak, les deux frères Hermann et Robert Schla- gintweit étaient arrivés, à cette date, sur la chaîne du Kuenluen et jusque non loin d'Eltschi (l'Hitschi des cartes), capitale du Khotan. Depuis le jé- suite Bénédict Goës, en 1604, et Hallerstein, en 1760, aucun Européen n'avait pénétré si avant vers le centre de l' Asie. Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2 ADDITION AU COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DU 25 MAI 1855. NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ALGÉRIE, par MM. E. COSSON et DURIEU DE MAISONNEUVE (1). EnopiuM montanum Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 942 (1853), et ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. 4, IV, 248. Planta perennis, cæspitosa, multicaulis, caulibus diffusis, pubescenti- glandulosis; foliis mollibus, pubescentibus, ambitu ovatis vel ovato-oblon- gis, radicalibus inferioribusque longissime superioribus brevius petiolatis trilobis vel tripartitis non nunquam triseetis, lobis ovatis obtusis lobulato- crenulatis medio non nunquam trilobo vel trifido ; stipulis ovato-oblongis ; pedunculis 5-8- rarius 3-4-floris, pedicellis demum elongatis; involucri bracteolis tenuiter membranaceis nervo medio herbaceo, ovatis obtusis, pedi- cellis multoties brevioribus; floribus majuseulis ; sepalis dense pubeseenti- glandulosis, ovato-oblongis, obtustusculis, muticis, exterioribus æqualiter tenuiterque 5-nerviis ; petalis purpurascenti-vrolaceis, obovato-cuneifor- mibus, calyce duplo longioribus, subæqualibus, ungue utrinque ciliato ; sto. minum fertilium filamentis edentulis ; fructus rostro circiter 25 millim. longos carpellis hispidis, foveolis apicalibus suborbiculatis, sub foveola plica destitutis. — Maio-junio. In rupestribus et sylvaticis regionis montana medi: et superioris : in Provinciæ Cirtensis montibus Aurasiis! haud infrequens. — In regni Tune- lani monte Djebel Zaghouan (Kralik). Cette espèce, par le port, rappelle IE. asplenioides Willd. (Sp. III, 635. — (Geranium asplenioides Desf. At. T1, 109, t. 168), dont elle se distingue par les feuilles molles, et non pas assez épaisses ; par les pédon- cules naissant sur des tiges, et non pas directement du collet; par les sépales obtus, et non pas mucronés ; par le bec du fruit beaucoup plus court, etc. — Elle est surtout voisine de l'E. hymenodes L'Hérit. (Geran. t. 4. — G. geifolium Desf. Atl. M, 108), dont elle diffère par le port généralement Plus grêle, par les feuilles moins amples plus finement crénelées, par les pédoncules 5-8-flores, et non pas 8-10- flores ; par les fleurs moins grandes, Presque régulières, à pétales d’un violet purpurin, et non pas assez irrégu- lières , à pétales blanchâtres ou d'un rose pâle veinés, les supérieurs large- (4) Voyez le Bulletin, t. 1I, p. 398. T. IIT. 4s 738 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment tachés de rouge violet dans leur partie inférieure; par les filets des étamines stériles linéaires-Jancéolés, et non pas lancéolés, et par les carpelles plus petits. GENISTA MICROCEPHALA Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 1018 (1853), et ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. b, IV, 258. Fruticulus habitu Erinaceæ, 2-5 decim. altus, erectus vel subdiffusus, ramosissimus, dumosus, ramis.síriatis evecto-patentibus, ramis vetulis strictis vel tortuosis cortice fuscescente vel castaneo, ramulis novellis cor- tice virescente sericeo-pubescentibus demum glabrescentibus, confertis alternis vel fasciculatis, strietis rigidis, apice subspinescentibus vel florige- ris, foliorum pulvinis demum viz incrassatis ; foliis sessilibus, /-foliolatis, alternis vel basi ramulorum novellorum oppositis, foliolis 3-8 millim. lon- gis, sericeo-pubescentibus, obovato-oblongis, oblongis vel oblougo-linea- ribus, arefactione sepius involutis, per anthesim sepius nondum deciduis ; stipulis minutis dentiformibus, spinescentibus ; floribus minusculis, apice ramulorum 4-6 capitatis, subsessilibus, bibraeteolatis , bracteolis calyci contiguis tubum calycis subæquantibus oblongo=lanceolatis acuminatis ; capitulis bracteis ovatis vel oblongo-lanceolatis acuminatis calyce brevio- ribus stipatis ; calyce persistente, cum bracteis bracteolisque dense villoso, obconico-campanulato, bilabiato , labio superiore inferius subæquante bipartito lobis triengulari-lanceolatis acuminato-subulatis, labio inferiore fere ad basim in dentes 3 lineari-subulatos fisso; corolla marcescente, flava, vexillo amplo ovato superne pubescenti-sericeo carinam sube quante, alis carin: subæquilatis et subæquilongis vel paulo brevioribus eultriformi- oblongis obtusis glabris, carina cultriformi-oblonga obtusa dorso sericeo* pubescente; ovario oblique ovato-acuminato, calyce breviore, sericeo-vil- loso, ovulis subquatuor 2-3 abortivis, stigmate minuto, introrsus obliquo; legumine pubescenti-sericeo, oblique ovato, compresso, utrinque convexo, apice in rostrum acuminato calycem subæquante; seminibus... — Maio- junio. In provincia Cirtensi, in collibus apricis planitierum excelsarum et in petrosis regionis montanæ inferioris australiorisque : Ain- Yagout ! , Batna (Du Colombier); in monte Djebel Tougour ! prope Batna; in montium Aurasiorum valle Mena l; inter Batna et Biskra loco dicto Les Tamarins l; Mchounech prope Biskra (Balansa). Cette espèce, en raison du port et de la plupart des caracteres, doit étre placée à côté des G. umbellata Poir. (Spach in Ann. sc. nat. sér. 3, Hl, 142) et equisetiformis Spach (loc. cit. 143), etdevrait donc être rapprochée du sous-genre Sfenocarpus (Spach, loc. cit. 106), bien qu'elle diffère des autres espèces de ce groupe par le légume court obliquement ovale. Le G. microcephala se distingue des G. umbellata et equisetiformis, nonsseu- L] ADDITION A LA SÉANCE DU 95 mar 1855. 739 lement par la forme du légume, mais encore par les feuilles persistant lors de la floraison, par les fleurs plus petites, par le calice à levre inférieure divisée presque jusqu'à la base en trois dents linéaires-subulées, et non pas tridentée seulement au sommet, ete. — Le 6. capitellata Coss. et DR. (ap. Kralik in Bourgeau pl. Alger. exsice. n. 223), qui croit également eu Algérie, où il a été observé dans la région montagneuse inférieure et méridionale des provinces d'Alger et d'Oran, en est très voisin et forme avec lui un petit groupe naturel. Hepysarum PERRAUDERIANUM Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc, n. 1020 (1853), et ap. Coss. Foy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. l, IV, 249. Planta speciosu, perennis, pube adpressa sericeo-canescens, altitudine 30-50 centim., caudice frutescente, sepius multicipite ; caulibus abbreviatis peduneulos axillares 1-3 emittentibus et per anthesim supra ultimum pe- duneulum gemma terminali non evoluta vel abortiva sepius haud pro- ductis ; foliis longe petiolatis, #-8-jugis, foliolis oblongis, ovato-oblongis vel suborbiculatis, mucronatis mucronulatisve, facie superiore punctis im- pressis innumeris conspersa, caulinis paucis; stipulis membranacec-subsca- riosis in unicam oppositifoliam bifidam coalitis ; pedunculis caule longio- ribus, 20-40 centim. longis, pluri- vel multifloris; floribus maximis, 20-25 mill. longis, in racemum oblongum longissime pedunculatum dispositis, pri- mum erectis, dein patulis ; pedicellis calycis tubum subæquantibus, sub calyce bibracteolatis ; calyce sericeo- villoso, dentibus acuminato-subulatis, superioribus distantibus, inferioribus saltem tubo longioribus; corolla lila- Cino-purpurascente mavcescente, persistente, vexillo obovato-oblongo sub- emarginato carina breviore, alis oblongis carina duplo brevioribus, carin: latere inferiore rectiusculo abrupte in angulum rectum arcuato ; /egumini- bus Jongitudine corollam subæquantibus vel paulo superantibus, bi-quadri- artieulatis, articulis oblongo-suborbiculatis, compressis, medio convexis, immarginatis, reticulato-venosis, aculeis destitutis, pubescentia brevi ad - Pressa canescentibus. — Junio-julio. | | | In provinciæ Cirtensis regione montana : in virgultis ad basim. montis Djebel Tougour prope Batna ! (H. de la Perraudiére); in sylvaticis prope Lambèse (Balansa). . u Nous avons dédié cette belle plante à M. H. de la Perraudiere, qui l'a découverte aux environs de Batna, et qui nous à accompagnes dans plu- sieurs de nos voyages en Algérie, et nous a secondés dans nos recherches avec autant de succès que de zèle et de dévouement. | LH. Perrauderianum, par les légumes réticulés-veinés couverts d'une Pübescence blanchâtre, appartient à la section Echinolobium (DC. Prodr; IL, 340), où il doit être placé à côté de lA. humile ; il en diffère surtout 7h40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par le port plus robuste, par les tiges plus courtes, par les feuilles à folioles plus amples, par les fleurs presque trois fois plus grandes à corolle persis- tant à la maturité du fruit. L'absence d'aiguillous sur les faces du légume n'est pas un caractère spécifique et encore moins un caractère de section de genre, car PH. humile, que nous avons observé également en Algérie dans des stations analogues, nous a offert indifféremment des légumes munis ou non d'aiguillons. — L'H. Tauricum (Pall.; DC.), d'après un échantillon malheureusement dépourvu de fruits, envoyé par M. Steven à M. J. Gay, ainsi que d’après les descriptions, ne nous paraitrait pas distinct de la forme de l'H. humile à légume dépourvu d'aiguillons. VALERIANELLA CHLORODONTA Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 352, et ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. 4, T, 224. Planta annua, caule erecto, subsimplici vel a basi ramoso, superne dicho- tome ramoso, puberulo vel glabrescente; foliis caulinis oblongis vel oblongo- lanceolatis sinuato-dentatis vel inferne inciso-pinnatifidis; floribus glome- rato-subeapitatis, glomerulis fructiferis densis subglobosis, pedunculis haud incrassatis; fructu valde deciduo, breviter villoso, ovoideo-subtetragono, facie dorsali convexa, facie ventrali inter loculos steriles prominentes excava- tionem ovato-suborbiculatam exhibente, loculis sterilibus fertili subequa- libus ad septum angustissimum tantum contiguis, in facie ventrali pariete haud tenuiore donatis; calycis fructiferi limbo parce areolato-venoso, fructus apice parum latiore, intus hirsuto, ad basim vel fere ad basim in dentes 5-6 subæquales vel subinæquales ovato- vel lanceolato-triangulares acutos acuminatosve indivisos vel interdum bifidos apice haud uncinatos partito. — Aprili-maio. In arvis incultis et terra mobili planitierum excelsarum Algeriz baud infrequens, in regione littorali rarior, ex. gr. : in provincia Cirtensi ad Batna ! et Lambèse!, neenon ad amnem Ztumme! supra Constantine ! et prope Biskra (Guyon) sed verisimiliter aquis advecta; in provincia Alge- riensi ad diversorium Caravansérail du rocher de sel ! dictum ad septen- trionem castelli Djelfa ; in provincia Oranensi cirea Oran ! (Balansa exsicc.), Mascara !, supra Sada loco dicto T'imetlas ! et ad lacum salsum æstate exsic- catum Chott el Chergui!, Sebdou!, ad meridiem castelli Sebdou ad el Aricha!, etc. Cette espèce appartient à la tribu des P/atycele (DC. Prodr. IV, 621), où elle doit être placée à côté du V. discoidea Lois. (V. coronata DC. Prodr. non FL. Fr.). Elle se distingue du V. discoidea par les fruits très caducs à la maturité, et non pas persistants, par le limbe du calice à peine réticulé-veiné divisé jusqu'à la base en dents aiguës ou acuminées, et nou pas membraneux réticulé-veiné divisé seulement jusqu'au tiers inférieur en dents acuminées en une pointe recourbée en crochet au sommet. ADDITION A LA SÉANCE DU 22 mat 4855. 741 VALERIANELLA STEPHANODON Coss, et DR. ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. h, T, 236. Planta annua, caule erecto, sepe a basi ramoso, superne dichotome ra- moso, pubescenti-hispidulo ; foliis caulinis oblongis vel oblongo-lanceolatis, sinuato-dentatis vel sæpius inferne inciso-pinnatifidis; eym/s fructiferis confertis, pedunculis haud incrassatis ; fructu deciduo, sepissime puberulo, oblango-subtetragono superne paulo angustiore, facie dorsali convexa, facie ventralt sulco lineari inlongitudine tota subequali exarata, loculis sterili- bus fertili subæqualibus septo latiuseulo distinctis etiam in facie ventrali pariete crassiusculo donatis inferne ampliatis et inde subgibbosis ; calycis fructiferi Limbo campanulato-coroniformi brevi, parce areolato-venoso, fructus apice parum latiore, fridentato, dente dorsali obtuso latissimo vix prominente, /ateraltum altero brevi vel subobsoleto altero lineari-subulato patente recto fructus longitudinem. dimidiam subæquante vel superante, — Aprili-maio. In arvis incultis et terra mobili planitierum excelsarum Algeriz diffusa, nempe in tribus provinciis obvia: in provincia Cirtensi ad amnem Rum- mel supra Constantine! sed ibi verisimiliter aquis advecta, prope Batna l; in provincia Algeriensi ad septentrionem urbis Laghouat ad vicum Arabo- rum Zoadmit !, prope Djelfa(Reboud); in provincia Oranensi, supra Saida ad 77metlas ! (Balansa pl. Alger. exsice. sub nomine V. oxyrhyncha) et prope lacum salsum æstate exsiecatum Chott-el-Cherqui ad oppidulum Araborum Sidi Khalifa!, inter Sebdou et el Aricha!, inter el Aricha et lacum exsiecatum Chott-el-Rarbi!, prope Géryville! En raison du port, de la forme générale du fruit et de celle du limbe du calice, le V. stephanodon doit être placé à côté des espèces orientales sui- vantes, avec lesquelles il forme un groupe naturel : V. ozyrhyncha (Fisch. €t Mey. /nd. IV sem. hort. Petrop. 51), V. diodon (Boiss. Diagn. Or. Ser. 4, fasc. 111, 57), V. diplusodon (Boiss., loc. cit., fasc. X, 74), } scle- rocarpa (Fisch. et Mey. /nd. I sem. hort. Petrop. 53), V. Szovitziana (Fisch. et Mey. in Zinnæa XI, 107), V. Aucheri (Boiss. Diagn. Or. Ser. 4, fasc, m, 58), V. Persica (Boiss., loe, cit.), V. cymbæcarpa (C. A. Mey. Jnd. Cauc. 59), V. monodon (C. Koch in Linnea XVIL, 34), V. pla- giostephana (Fisch. et Mey. Jnd. VI sem. hort. Petrop. 52). Ce groupe d'espèces doit être réparti entre les trois sections du genre Valerianella établies par DC. (Prodr. IV). — En effet, le y. ozyrhyncha, le V. diodon etle V. diplusodon (qui n'est peut-être qu'une variété de l'es- péce précédente), par les loges stériles filiformes beaucoup plus étroites que la loge fertile, se rapportent à la section des Psilocæleæ (DC., loc. cit, 626); dans ces trois plantes les loges stériles divergent à la base du fruit et sont dilatées sons forme de crêtes. —Le V. stephanodon, en raison des loges sté- 742 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, riles circonscrivant un sillon assez étroit presque égales à la loge fertile et à paroi assez épaisse même antérieurement, appartient à la section des Pla- tycælæ (DC. , loc. cit. 627); à cette méme section nous parait devoir être également rapporté le V. sclerocarpa, connu de nous seulement par les des- criptions qui en ont été données. — Le V. Szovitziana, les V. Auchert et Persica (qui nesont probablement que des variétés du précédent), ainsi que le V. cymbærcarpa, le V. monodon (qui ne parait être qu'une variété du précédent) et le V. plagiostephana, doivent être rattachés à la section des Selenocælæ (DC., loc. cit. 629), en raison de leurs loges stériles à paroi antérieure en grande partie membraneuse très mince plus ou moins dé- primée ou concave, égalant ou dépassant les dimensions de la loge fertile. Nous avons à regret établi une espèce nouvelle dans ce groupe où les types spécifiques ne sont encore définis que d'une manière imparfaite, et nous ne nous sommes décidés à le faire qu'en raison de l'impossibilité où nous nous sommes trouvés de rapporter la plante des hauts plateaux algé- riens à aucune espèce déjà décrite. — Le V. stephanodon se distingue du V. sclerocarpa par les loges stériles non dilatées en crête à la base et par l'infloreseence assez serrée; il rappelle le V. cymbæcarpa, espèce de la Russie méridionale (Hohenacker, pl. Caue. exsiee. un. it. [1836] in herb. J. Gay), par le port, l'inflorescence et la forme générale du fruit, mais il appartient à une autre section du genre, ainsi que nous l'avons dit plus haut. ANVILLEA BADIATA Coss, et. DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc, n. 964 (4853), et ap. Coss. Voy. bot. Algér.in Aun. sc. nat. sér, h, IV, 28h. Planta perennis, erecta, sæpius dichotome ramosissima, dumosa, trunco tortuoso ramisque vetustioribus lignosis cortice rimoso cinerascente, ramt- lis junioribus florigeris frutescentibus albido-virentibus pube subtomentosa demum detersibili pubescentibus ; foliis obovato- vel elongato-cuneatis, basi in petiolum attenuatis, grosse dentatis vel irregulariter pinnatifidis, utrinque pube adpressa tomentosa przeditis ; capitulis majusculis, t ramos terminantibus vel supra angulos dichotomiarum breviter peduneulatis, Jeter ogamis nempe floseulis marginalibus longe ligulatis disci tubulosis ; involucro e » foliolis basi in eupulam coriaceo-induratam campanulato-hemisphæricam concretis constante, foliolis exterioribus foliis ecnformibus pluribus, hine inde € cupula enascentibus patentibusque, interioribus lanceolatis uniser iatis erec- tis ; receptaculo concaviuseulo, paleis concavo-canaliculatis oblongis apice truncato in acumen subulato-setiforme productis obsito ; flosculis croceis ; antherarum lobis inferne in caudam longiuseulam capillarem productis ! ; achæniis parce pubescentibus, tetragonis, duris, pappo brevissimo e denti- bus 3-4 brevibus glanduloso-pilosis constante, — Martio-junio. Inargilloso-arenosis, argillosis petrosisque Sahar:e algerieusis totíus haud ADDITION A LA SÉANCE DU 25 Mar 1855. 7^3 infrequens ut videtur, ex, gr. : Biskra! (Hénon, Balansa); ad meridiem trans Biskra versus Saada (Balansa) ; in ditione Laghouat ! vulgaris (Ges- lin, Reboud) ; in ditione! Mzab (Reboud) ; in provincia Oranensi australiore Ain Sefral, T'yout, etc. L'A. radiata diffère surtout de l'A. Garcini DC. (Prodr. V, 487. — Buphthalmum Persicum Gare. in Burm. — B. Garcini Burm. £1. Ind, t. 60, f. 1. — B. Arabicum Delile Fl. Arab. pétr. 45, t. 4) par la pré- sence de fleurons ligulés trés longs, et nous n'avons jamais vu varier ce caractère dans les diverses localités où nous avons été à même d'observer la plante ; PA. Garcini est au contraire constamment dépourvu de fleurons ligulés. L'A. Garcini a été observé dans l'Arabie pétrée (L. de Laborde, ap. Delile), prés de Bagdad (Olivier et Bruguière ex DC.) et en Perse (Garcin ex Burm., Kotschy pl. Pers. austr. n. 164). — Le genre Anvillea appartient au groupe des Buphthalmeæ (Less. Syn. 209; DC. Prodr. V, ^83), dont il présente tous les caractères ; car notre espèce présente des fleurons ligulés comme les autres Buphthalmées, et c'est par suite d'une observation inexaete que De Candolle, d'après Ventenat, a. décrit iles anthères comme dépourvues d'appendices basilaires dansle genre Anvillea; nous avons trouvé ces appendices dans lA, radiata et dans VA. Garcini. CATANANCRE MONTANA Coss. et DR, ap. Balansa pl. Alger. exsiee, n. 758, et ap. Coss. voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat, sér. l, IV, 251. Planta perennis, caudice cæspitoso fibrillis foliorum emarcidorum vesti- giis superne s//pato, pluricaulis ; caulibus erectis, parce ramosis oligophyl- lis, vel simplicibus subaphyllis; foliis villosis, /anceolato-Linearibus, indi- visis vel dentibus utrinque 1-2 præditis, inferioribus rosulatis, caulinis sæpius indivisis ; involucri foliolis etiam inferioribus adpressis, exterioribus ovato-suborbiculatis ovatisve apice rotundatis nervo medio haud cuspida- tis, interioribus oblongo-lanceolatis apice attenuatis acutatis ; flosculis aureo-luteis, involucrum subæquantibus vel breviter superantibus, dentibus . Spe eserulescentibus ; pappi setis inferne in membranam ovatam vel ovato- lanceolatam seta breviorem dilatatis. — Junio-julio. In herbidis regionis montanæ a 4600 ad 2000 metra : in montibus D) urd- Jura supra Bordj Boghni ad vertices Tizi Zsennent?! et Tamgaut i (H. de la Perraudiére) ; in monte Djebel Tougour ! prope Batna ; in montibus Au- rasiis ad basim montis Djebel Mahmel loco dieto Fedj Guerza ! Le C. montana, pav la souche vivace et par le port, rappelle le C. ceru- lea L., mais il en est distinct par Ja souche surmontée de fibrilles, restes des feuilles détruites, par les feuilles plus larges indivises, par l'involucre à folioles inférieures apprimées, et non pas espacées assez lâches, et à fo- lioles extérieures mutiques et non pas cuspidées par la nervure, par les fleurons d'un beau jaune dépassant peu l'involucre. On rencontre dans les 741 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. montagnes d'Algérieune variation du C. cœrulea à fleurons d'un blanc jau- nátre, mais cette forme ne peut être confondue avec notre espèce dont elle ne se rapproche que par la couleur des fleurons. — La couleur des fleurons rapproche le C. montana du C. cæspitosa Desf. (Atl. t. 211), mais il en diffère par les tiges allongées dressées, et non pas très courtes, par les folioles intérieures de l'involuere oblangues-lancéolées aiguës, et non pas ovales-suborbieulaires obtuses, et par les soies de l'aigrette à partie membraneuse assez courte, ovale ou ovale-lancéolée entière, et non pas allon- gée triangulaire-laneéolée laciniée au sommet. HrrwiNTHIA Baransæ Coss, et DR. ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. ^, I, 232. Planta annua, caule erecto, hispido, superne in eorymbum ramoso ; fo- liis oblongis, pilis rigidis ciliatis et utraque facie exasperatis, indivisis, re- mote dentatis, inferioribus in petiolum attenuatis, superioribus basi subeor- data sessilibus ; involucri foliolis exterioribus 5 foliaceis, ovato-lancoolatis, amplissimis, basi cordatis, interiora cuspidibus demptis subæquantibus, interioribus in cuspides longissimas subulatas setoso-hispidas productis ; acheniis omnibus glabris transverse squamato-rugosis, biformibus, exte- rioribus oblongis arcuatis basi apiceque attenuatis erostribus pappo ad areolam coroniformem brevissimam redacto, interioribus in rostrum fili- forme achænio longius attenuatis. — 16* die maii 1852 jam fructifera lecta. In pascuis sylvaticis argillosis secus viam inter flumen Habra et urbem Mascara ! (Balansa). L'H. Balansæ doit, en raison de la forme de l'involucre, être rapporté à la section Euhelminthia DC. (Prodr. VV, 132) ; il est très distinct de l'A. echioides Gaertn. par les folioles extérieures de l'involucre beaucoup plus amples, par les folioles intérieures terminées par des pointes subu- lées trés allongées, et surtout par les akènes tous glabres, également rugueux à rugosités saillantes sous forme d’écailles, et de deux formes, les extérieurs oblongs arqués dépourvus de bec, et les intérieurs atténués en bee ; dans l'H. echioides les akènes sont presque conformes, rugueux transversalement, et tous brusquement surmontés d'un bee capillaire, seulement les extérieurs sont plus gros et velus à la face interne. TuvwzL x4 (Chlamydanthus) u1cRornyrrA Coss. et DR. — Passerina mi- crophylla Coss. et DR. ap. Jamin pl. Alger. exsice. n. 256 (1852), et ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 256 et 826. — P. (Thymelea) micro- phylla Coss. et DR. ap. Kralik PL. Tun. exsice. n. 333 (1855). Frulicosa, dumosa, dioica, ramosissima, ramis virgatis, cortice ramu- lorum juniorum ramorumque annotinorum pube sericea canescente; foliis ADDITION A LA SÉANCE DU 25 ma 1855, 7^5 minutis, siepe internodiis brevioribus, subcoriaceis, sparsis, pube sericca subeanescentibus, uninerviis, planis, subadpressis, ramorum inferioribus obovato- vel suborbiculato-oblongis, superioribus lanceolato- vel lineari- oblongis; floribus pallide luteis, abortu dioicis, sessilibus, glomerulatis glomerulis bracteatis, foliis longioribus, in ramis annotinis ez axilla folio- rum deciduorum, rarissime ex axilla foliorum ramulorum juniorum sæpius post anthesim prodeuntium, enascentibus ; perianthio toto persistente, h-lobo lobis ovatis obtusis, in masculis tubuloso, extus pubescenti-sericeo,4-6 millim. longo, lobis tubo subquadruplo brevioribus erectiuseulis, staminibus 8 inclusis perianthii tubo ad faucem biseriatim insertis superioribus ejusdem lobis oppo- sitis, in femineis urceolato inferne ovato-subgloboso et dense sericeo-villoso, superne pubescenti-sericeo, 3-4 millim. longo, lobis tubo subduplo brevioribus, per anthesim erectiusculis dein ereeto-conniventibus, staminibus nullis, an- nulo hypogyno nullo, ovario ovato-lanceolato superne pubescenti-sericeo, Stylo filiformi subapicali vel sublaterali, stigmate capitato; fructu ovato, epi- carpio tenui membranaceo, endocarpio crustaceo fusco nitido ; semine pen- dulo, testa membranacea alba, chalaza prominente, micropyle terminali ; albumine nullo ; radicula brevi hilum spectante, mieropyle e diametro cha- lazæ opposita. — Per annum fere totum florens. In apricis Saharæ totius, nempe a deserto Tunetano (Kralik pl. Tun. ex- sice. n. 333) usque ad confines regni Marocani! (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger exsice. n. 30) haud infrequens et interdum vulgatissima. Cette espèce, qui appartient à la section Chlamydanthus du genre Thy- melea Endl. (Gen. pl. supp. 1v, pars 2, 65), doit être placée dans la sous- section ZTarton-raira à côté du T. Tarton-raira Endl. (Passerina Tar- ton-raira DC. — Daphne Tarton-raira L.) dont elle est trés distincte par le port, par les rameaux effilés, par les feuilles tres petites, ordinairement plus courtes que les fleurs mâles et dressées contre les rameaux, par les glomérules de fleurs naissant à l'aisselle des feuilles tombées, et non pas à l'aisselle des feuilles des jeunes rameaux, par les fleurs mâles et femelles trés différentes de forme, à lobes du périanthe plus courts que le tube, ctc. FIN DU TOMR TROISIÈME. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME TROISIÈME. N. B. — Les numéros indiquent les pages. == Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes, Ainsi, pour trouver Hétre, cherchez Fagus, etc. —— A Abies pectinata (Déformation des branches de I), 482. Absorption (Expériences sur l') de l'eau par les feuilles, au contact, 221. Aconitum (Structure du faux-bulbille des Ficaria comparée à celle des bourgeons à racine charnue des), 44. — Napellus L, Description de sa racine, 441. Ægilops (Hybridation dü genre), 692, — squarrosa L., 436, —triaristata Willd, , 436. — ventricosa Tausch, 436. Agalma Miq. gen. nov,, 258. Agave americana L. Son mode de végéta- tion, 146. — qui a fleuri huit fois, 205. Age de quelques Ifs, 140. Agraphis nulans Link. Racine pivotante temporaire de ses bulbes, 298. Alcool d'Opuntia, 140. Algérie (Flore d’) : Itinéraire d'un voyage botanique en Algérie, 388, 559,599,665, 697.— Anvillea radiata C. DR., 7149.— Astragalus mauritanicus Coss., 613. — Buplevrum montanum Coss., 706, — Catananche montana C. DR., 743. — Cedrus Libani, 176-178. — Erodium montanum C. DR., 737. — Genista ca- pitellata Coss., 672. — G. microcephala C. DR., 738. — Hedysarum Naudinia- num Coss., 615. — H. Perrauderianum C. DR., 739. — Helminthia Balansæ C. DR., 744. — Iris juncea (Zettout), 355. — Kremeria C. DR., 671. — K. Cordylocarpus €. DR., 672. — Ludo- vicia Coss., 674. — L. Kremeriana Coss., 675. — Mattia gymnandra Coss., 708. — Ophrys atlantica Munby, 108. — Reboudia C. DR., 704. — R. erucarioi- des C. DR., 705. — Reseda Alphonsi J. Muell., 130. — R. collina, 130. — R. 131. — R. propinqua, 130. — R. Reu- teriana J. Muell., 131. — Rhetinolepis Coss., 707. — R. lonadioides Coss., 708. — Senecio allanticus Coss., 106. — Thy- melæa microphylla C. DR., 744. — Va- lerianella chlorodonta C. DR., 740. — V. stephanodon C. DR., 141. — Zilla macroptera Coss., 670. — Zygophyllum Geslini Coss., 705. — Voyez (dans la table de la Revue bibliographique) : Cos- son. Alisma parnassifolium L. (Sur une ano- malie observée chez l), 52. Allemagne (Sur quelques jardins du nord de l’), 325. Allium magicum L. (Observations sur l’), 230. Alloizonium arctotoideum Kunze, 436. Alpes francaises (Sur quelques espéces nou- velles ou controversées des), 274. in (Sur quelques Sempervivum des), 451. Alternante (Génération) dans les végétaus, 653. Amarantus ascendens Lois. , 197. — sylves tris Desf., 197. Amelia Alef. gen. nov., 518. . Ammabroma Sonora, nouv. plante alimen- taire, 381. Anatomie de l'Ouvirandra fenestralis, 244. — du Lathrea Squamaria comparée à celle du Clandestina rectiflora, 242. , Andræa nivalis Hook. et autres espéces i ce genre trouvées daus les Pyrénees, 565. de 1) Androcée (Développement anormal de dans le Cheiranthus Cheiri, 352. » Angers (Découverte du Crambe hispant prés d’), 533. Angracum maculatum Lindl. tion, 28. — venu de semis et en fle 653. Sa germina- ut, | Annonces, voyez Mélanges. Durieana, 131.— R. papillosa J. Muell., ; Anomalies, voyez Monstruosités. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Anonyme (Communication) sur l'emploi de la préposition chez, 158. Anthemis aurea DC., 436. Anthyllis Lemanniana Lowe, sp. nov.,629. Antiques (Représentations) du Chamærops humilis, 148, Anvillea radiata C. DR, sp. nov., 742. Appareils axo-foliaires, 166. Arabis rosea DC. (?), découvert à Metz, 235. Aralidium Miq. gen. nov., 258. Arbres remarquables qui existent en Saxe, 268. Arceuthobium Oxycedri M. Bieb. Son mode de végétation, 281. Archives de Biologie végétale, par M. Ger- main de Saint-Pierre. Exposé du plan de cet ouvrage, 279. Arctium intermedium Lange, 199. — ma- jus Schk,, 198, — minus Schk, , 199. — pubens Bab, sp. nov. , 199, —- tomen- tosum Pers., 198. Arenaria setacea Thuill, , trouvé prés d'Argenteuil, 570. Argenteuil (Phleum arenarium découvert prés d'), 205. — (Arenaria setacea dé- couvert près d'), 570. Arisarées Parl, tribu nouvelle, 340. Arisarum Targ., 341,570. Armeniaca. Abricotier du Japon, 732. Armeniastrum Lem. (Identité des genres Espadæa et), 348. Artemisia Tournefortiana Rchb. , naturalisé à Manzac, 608. Arthonia Ach., 521. — conveella Nyl. Sp. nov. , 552. Arthrochortus Lowe, gen, nov., 630. Articulations des Fougères, 161. Aspidium spinulosum -cristatum Lasch, sp. nov. hybr., 727. Astilbe Don, 71. Astragalus mauritanicus Coss. sp. DOV., 673, — Solandri Lowe, sp. nov., 629. Atriplex Halimus L., 558. — hortensis rubra (De la décoloration de l’) 660 (en note). AUPERGIER, adjoint au maire de Clermont- Ferrand. Discours à la session extraor- dinaire, 453. Auvergne (Botanistes qui ont les premiers exploré 1°), 473. — (Collection icono- graphique des Champignons d') 461. — (Lichens recueillisen) pendant la session extraordinaire, 548. — (Herborisations de la Société en), voy. Herborisations.— (Sur l'état primitif de l’) et sur les chan- £ements qui se sont produits dans la végétation de cette contrée, 484. — (Vé- tation de l), voy. Lecoq et Herborisa- tions, 747 Avena. Fertilité de l'Avoine, 440, — Avant-Avoine, Molle-Avoine, 383. Axo-foliaires (Appareils), 166. Azarées (Tribu des), 373. B Bagnères-de-Luchon (Champignon mons- trueux trouvé à), 216, BaiLox (H.). Sur la véritable organisation du Buis, 285. — fait présenter des échantillons monoiques de Mercurialis annua, 109. — Obs., 288, 347, 660. Balais du diable ou des sorciéres. Défor- mation connue sous ce nom, 482. Balanophorées (Sur le pistil des), 662, 689-691. BaLANsA (B.). Sur le mode de végétation de ]'Arceuthobium O.cycedri, 281, — Nou - velles de son voyage dans le Taurus, 355. — Obs., 146, 147, 153,1717,235, 245, 246, 697. Belges (Culture du Müricr blane dans les provinces), 386. Bezuowse. Découverte de lfrabis rosea (?) à Metz, 235. Bellevalia hispida J. Gay, sp. nov., 240. — lineata Kth. , 240. — sessiliflora Kth., 239. BELLEVILLE, voy. Saint-Supéry. Berberis maderensis Lowe, sp. nov., 629. DBEnjor. Voy. Reveil. Bézoards. Substances connuessous ce nom, 181. Bibliographie, 143, 328, 384, 528, 639. Bibliographique (Revue), 60,118,185,247, 300,359,415,510,614,710. Bibliotheque de feu Bischoff, 142. Bignonia Copaia Aubl., 182. Bischoff (G.-W.). Sa bibliothèque, 142. Biltera febrifuga, 175. Bixées (Tribu des), 373. Bois (Recouvrement d'objets divers par le), 193. Bois du Capucin, voy. Herborisations. Borpuvar. Présente des plantes vivantes qu'il cultive, 242, 284,299, 349, 413, 571.— Obs. 225, 245, 542. jojer (Wenceslas). Sa mort, 446. Bosser. Découverte du Sedum dasyphyl- lum à Montmorency, 338. — du Trifo- lium elegans près de Senlis, 571. Boschia Montag. gen. nov., 575. — Wed- dellii Montag., 516. Botanique (Étude de la) en Chine et au Japon, 236. Botanistes qui ont les premiers exploré l'Auvergne, 473. Bouché (P.-C. et P, -F.). Teur mort, 270. 748 Boucurman (E. de). Découverte du Trifo- ) lium elegans prés de Versailles, 570. Bové (Ami). Lettre à M. Viquesnel au su- jet du travail de M. d'Ettingshausen sur les nervures des feuilles, 280. Bovis (de). Rapport de la Commission des linances, 84. — Obs., 225. Bourgeonnement des Fougères, 160. Bourgeons (Discussion d'un principe d'or- ganographie végétale concernant les), 4. — {Importance de la gaine de la feuille dans l'interprétation des écailles des), 679. — à racine charnue des Aconitum (Structure du faux bulbille du Ficaria comparée à celle des),11.— de la Vigne. Lois qui président à leur évolution, 591, BourkiLLE. Lettre sur l'Ergot des Gluma- cées et sur quelques plantes des envi- rons de Magny-en-Vexin, 677. BovrteiLLER, Découverte du Linaria præ- termissa prés de Provins, 571. Bractées (Importance de lagaine de la feuille dans l'interprétation des), 679. Branches de l' Abies pectinata (Déformation des), 482. Bregeries, 388. Brésil (Sur le Boschia, genre d'Hépatiques du), 572. Broméliacées (Famille des), 632. BaovpEAU (L. de). Remarques sur le Spori- desmium exiliosum, 537. DnowcNniRT(Ad.). Sur la symétrie florale des Musacées, 170. — Obs., 178. Bryum rubens Mitt., 438. Budget de la Société pour 1856, 90. Burrer (J.). Découverte du Phleum are- narium près de Pontoise, 358. Buitenzorg (Le jardin botanique de ), 444. Bulbes de l'Agraphis nutans. Leur racine pivotante temporaire, 298. — de l'Erg- thronium Dens canis, 466. — descen- dants des Tulipes {Structure du faux bulbille des Ficaria comparée à celle des), 11. Bulbilles (Faux) du Ficaria. Leur struc- ture comparée à celle des ophrydo-bul- bes, etc., 11. Buplevrum montanumCoss. sp. nov., 706. — oppositifolium Lap., anomalie du B, falcatum, 642. Bureau (Ed.) Quelques observations sur les Loganiacées, 19. — Obs., 22, 216, 225. Bureau de la Société pour 1856, 3. — de la session extraordinaire, 455. Bursera gummifera L., 173. Buxus sempervirens L. Sur sa naturalisa- tion en Normandie, 224. — Sur sa pré- | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sence dans le nord de la France, ete., 536, 537. — Sur sa véritable organisa- tion, 285. C Calamintha origanifolia Rupr., 436.- Calendula brachyglossa Rupr., 435. — tripterocarpa Rupr., 436. Caltha Guerangerii Bor. sp. nov., 197. Camelina microcarpa Andrz., 436. Canaries (Sur quelques plantes des iles), 56. Canna coccinea Ait., 174, — indica L., 174. Carerraixe (H.). Lettre sur diverses plantes de la Guadeloupe, 173. — Sur l'Entada polystachya DC., 613. Capsella procumbens — «ar. DC., 436. Capucin (Bois du) voy. Herborisations. Carduus sardous DC., 216, — spinigerus Jord., 276. Carex Perraudieriana J. Gay, sp. nov., 685 (en note). -— vaginala Tausch, dé- couvert au Mont-Dore, 481. Caroba. Arbres désignés sous ce nom, 182. CarueL (T.). De la nature et du mode de formation des racines tubéreuses des Orchidées, 162, Cascade de la Vernière, voy. Herborisa- tions. . Cassia. Fistula L., 473. — (Germination des graines de plusieurs gousses dc) échouées sur la côte du Languedoc, 34. Catalogue des graines du Jardin de Mont- pellier (Innovations introduites dans le), 32. Catananche montana C. DR. sp. nov., 743. Cedrus argentea. Renon, C. ailantica Ma- netti, C. Deodara Roxb., C. LibaniBarr., 176-178. Cellules cristallifères des Pontederia, 114. Centaurea aspero-paniculata Serres, $p. nov. hybr., 275. — Massoniana Lowe, sp. nov., 630. — sordida Willd., 274. Ceratocephalus orthoceras var, taurica Rupr., 436. 200 Chærophyllum bulbosum L. (Germination du), 543. Chamæmelum nanocephalum Rupr. noy., 436. . Chamærops humilis L. (Représentations an- tiques du), 448. . Champignons (Nouveau genre de), Ento- mosporium, 30. — d'Auvergne (Collec- tion iconographique des’, 461. — mon- strueux trouvés à Baguères-de-Luchon; 216. integrifolia sp. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. CuATIN. (Ad.). Sur lc parasitisme des Rhi- nanthacées, 14. — Sur l'existence des cellules cristallifères traversées ou per- forées par de longs cristaux, 114. — Sur l'anatomie de l'Ouvirandra fenes- tralis, 214. — Sur l'Igname de la Nou- velle-Zélande, 226. — Anatomie du La- thrœa Squamaria comparée à celle du Clandestina rectiflora, 242. — Sur la graine et la germination du Vallisneria spiralis, 995. — Sur deux anomalies de coloration, 479. — Sur la respiration des Orobanches, 660. — Obs., 18, 21, 116, 245, 246, 357, 358, 659. Cheiranthus arbuscula Lowe, sp. nov., 629. — Cheiri L. (Développement anor- mal de l'androcée dans le), 352. Chersonése (Plantes recueillies sur le pla- teau de), 22, Chez (Préposition). Communication ano- nyme sur son emploi, 158. Chimaphila Pursh., 519. Chine (Étude de la Botanique en), 236. — (Tubercules de), 404. Chloranthie du Pied d’alouette vivace, 346. — du Rumex arifolius, 415. — du Tri- folium repens, 476. Chronosemium (Espèces litigieuses du genre Trifolium, section), 290, 397. Chrysanthemum hæmatomma Lowe, sp. nov. 630. Citrus. Oranger à fruits déformés, 645. Clandestina rectiflora (Anatomie du La- thrœ@a Squamaria comparée à celle du), 242. Claviceps, voy. Ergot. Clematis crenata Jord., sp. nov., 126. Clermont-Ferrand , voy. Herborisations, Lecoq, et Session extraordinaire. Cros (D.). Discussion d'un principe d'or- ganographie végétale concernant les bourgeons, 4. — Sur un mode de pro- pagation particulier au Potamogeton crispus, 350. — La vrille des Cucurbi- tacées organe de dédoublement de la feuille, 545. — Dédoublement et par- tition, 608. — Le Buplevrum oppositi- folium Lap., simple anomalie du B. fal- catum, 642. — Importance de la gaine de la feuille dans l'interprétation des bractées, des sépales et des écailles des bourgeons, 679. Cochlearia Armoracia L. Description dé sa racine, 449, Cœlebogyne Sm., 658-660. Colchicum autumnale L. (Sur la germina- tion du), 333. Collection iconographique des Champignons d'Auvergne, 461. 749 Collections d'Europe (Nombre de Palmiers cultivés dans les), 967. Coloration des végétaux, 534, — (Anoma- lies de), 479. Colvillea racemosa Bojer, 175. Commission des archives, 2. — Son rap- port, 88. — du Bulletin pour 1856, 2. — Communication faite en son nom, 94. — de comptabilité, 2. — Son rapport, 84. Compte des recettes et dépenses de la So- ciété en 1855, 86. Conservation (De la) possible des germes végétaux dans les terrains anciens, 684. — (Procédé de) des plantes avec leur forme et l'éclat de leurs fleurs, 406. Convolvulus oryzabensis Pellet., 182. — Perraudieri Coss. sp. nov., 58. Cossos (E.) (Catalogue des plantes recueil- lies en Crimée par M. Saint-Supéry ct déterminées par), 22. — Sur quelques plantes des iles Canaries, 56. — Sur le Cédre d'Algérie, 176. — Sur quelques espéces uouvelles d'Algérie, 670, 704. — Itinéraire d'un voyage botanique en Algérie, entrepris en 1856 sous le patro- nage du ministère de la guerre, 388, 559, 599, 665, 697. — Obs., 93, 146, 158, 534, 537, 545, 559, 659, 696, 697. — et Durieu DE MAISONNEUVE, Sur quelques espèces nouvelles d'Algérie, 131. Couches anciennes de l'époque géologique actuelle (De la conservatiou possible des germes végétaux dans les), 684. Course (Une) aux iles d'Houat et d'Hœdic, 553. Crambe hispanica L. , découvert prés d'An- gers, 533. CnErTAINE (A. ). Découverte du Trifolium fili- forme L. près de Versailics, 282. Crimée (Plantes recueillies en), 22. — (Herborisations en), 213. Crinum. Racines partant de la nervure mé- diane de leurs feuilles, 645. Cristallifères (Cellules) des 114. Cristaux (Cellules cristalliferes traversées ou perforées par de longs et gros), 114. Croisement (Sur le) supposé des variétés blanche et violette du Haricot d'Espague, 119. Croix-Morand, voy. Herborisations. Crucifere (Cas de tératologie observé dans | une), 644. Cuba (Flore dej. Exposé du plan de cet ouvrage, 229. Cucurbitacécs (Quelques résultats des étu- des de M. Naudin sur les), 36. — (La Pontederia, 750 SOCIÉTÉ vrille des) organe de dédoublement de | la feuille, 545. Culture du Dicosorea Batatas, 404. — de l'ergot du Seigle, 116. — du Mûrier blanc dans le nord de la France et les provinces belges, au xvne siècle, 386.— du Viscum album, 567. — (Fleurs d'Or- chidées doublant de diamètre par la), 382. Cuscuta minor DC. (Multiplication du), 209. — Trifolii Bab., trouvé aux env, de Magny, 678. Cybistax antisyphilitica Mart., 182. Cynoglossum glochidiatum Wall., 437. Cynometra ramiflora L. et cauliflora L., 181. Cyperus badius Desf., 331. — f minor Timb. var. nov., 331, — y elongatus Timb. var. nov., 334. — longus L. 330. — 8 incompertus Timb. var. nov., 330. Cypripedium insigne Wall, à pédoncule biflore, 644. D Déboisement des montagnes. Son influence sur les débordements des fleuves, 462. Débordements des torrents et des fleuves (Influence du déboisement. des monta- gnes, ete, sur les), 462. Decaisne (J.). Sur les résultats des études de M. Naudin relatives à la famille des Cucurbitacées, 36. — Obs., 36, 114, 177, 341, 401, 409, 531, 545, 559. Dr CawpotLE (Alph.). Sur l'identité des genres Espadæa et Armeniastrum et sur leur rapport avec un genre nommé antérieurement Golzea par M. Wydler, 348. — Obs., 349. Décoloration de l'Atriplex hortensis rubra, 660 (en note). — Voyez Étiolement et Chloranthie, Dédoublement de la tige, 288. — de la feuille (La vrille des Cucurbitacées, or- gane de), 515. — et partition, 608, 612. Déformation des branches de l' Abies pecti- nata, 482, Decessenr (Fr.), trésorier de la Société, 2. — fait présenter le budget de 1856, 89. — a recu un nouvel envoi de tu- bercules de Chine, 404. Delphinium (Sur une chloranthie du), 346. Dépenses de la Société en 1855, 87. Dénouer, Obs., 157. Descendants (Bulbes). Voyez Bulbes. Des Movuiss (Ch.). Sur le mode d'inser- tion de quelques Orobanches, 540. BOTANIQUE DE FRANCE. Desséchement des tourbières, lacs et étangs, Son influence sur les débordements des fleuves, 462. Desvaux (A.-N.). Sa mort, ses travaux, 637. Développement de l'ovule de lPEschscholt- zia, 53, 55. — anormal de l'androcée dans le Cheiranthus Cheiri, 352. Dianthus barbatus L, , monstrueux, 406. — Carthusianorum L., forme à fleurs lon- guement pédicellées, 570. Dichilanthe Thw. gen. nov., 434. Dietrich (A.). Sa mort, 527. Dimensions du Sequoia gigantea, 442. Dimorphanthus linifolius Cat. s, h. petr., 437. Dioscorea. Igname de la Nouvelle Zélande, 226. — Ratatas Dene, Sa culture,404. — Son mode de végétation, 108. Direction des racines (De l'influence de l'humidité sur la), 583. . Discours de M. Aubergier, adjoint au maire de Clermont-Ferrand, 453.— de M. À. Passy, à l'ouverture de la session ex- traordinaire, 450, — de M. Lecoq, sur l'état primitif de l'Auvergne et sur les changements qui se sont produits dans la végétation de cette contrée, 484. Discussion d'un principe d’organographie végétale concernant les bourgeons, 4. Don (G.), Sa mort, 269. Dons faits à la Société, 1, 4, 27,36, 8l, 82, 99, 108, 145, 146, 159, 209, 216, 228, 929, 230, 273, 279, 288, 329, 349, 385, 396, 529, 531, 572, 641, 662, 663, 676, 109. Dorycnium decumbens Jord., 275. Douglas (D.-D.). Monument élevé à s mémoire, 269. Doumenjou (J.-B.?. $a mort, 79. DccuanTRE(P.). Observations sur une com- munication de M. Germain de Saiut- Pierre relative au développement de l'ovule de l'Eschscholtzia, 53. — Exp- riences sur l'absorption de l'eau par les racines, au contact, 221. — Sur des fleurs monstrueuses de Veronica Teu- crium, 355, — Sur une soudure de de deux rameaux de Vigne, 404. — De l'influence de l'humidité sur la direction des racines, 583. — Obs., 13, 18, 116, 357, 406, 598, 659, 662, 679. . Dumerilia (Sur les), 281. — Humboldt Less, Ses propriétés, 283. Dv Mous (J.-B.) dédie à la Société Sa Flore poétique ancienne, 531. Dunal (F.). Sa mort, 327, 529. Dumu ne Maisonneuve. Sur le mode de végétation et la culture de l'ergot du TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Seigle, 116. — De la conservation pos- sible des germes végétaux dans les cou- ches anciennes de l'époque géologique actuelle et dans celles de la période ter- tiaire, 684. — Communication de plu- sieurs faits et observations extraits de ses lettres, voy. Gay. — Voyez Cosson, E Eau (Expériences sur l'absorption del’) par , les feuilles, au contact, 221. Ecailles des bourgeons (Importance de la gaine de la feuille dans l'interprétation des), 679. Entada polystachya DC., 613. Entomosporium Lév., nouveau genre de Champignons, 31. poque géologique actuelle (De la conser- vation possible des germes végétaux dans les couches anciennes de l’), 684. Ergot du Seigle. Son mode de végétation et sa culture, 116. — du Froment et au- tres Glumacées, 677. Erodium montanum C. DR. sp. nov., 737. Erythronium Dens canis L. (Structure du bulbe de I"), 166. Eschscholtzia (Développement de l'ovule de l), 53, 55. Espadæa A. Rich. (Identité des genres Ar- meniastrum et), 348. Espéces exotiques naturalisées spontané- ment dans le Jardin de Montpellier, 153. — diverses naturalisées dans les , Jardins et aux environs de Paris, 157. Etangs (Influence du desséchement des) , Sur les débordements des fleuves, 462. Etiolé (Dédoublement dela tige d'un Sola- , hum tuberosum), 288. Etiolement des végétaux, 479, 534. Ettingshausen (C. d'). Sur son travail re- , latif aux nervures des feuilles, 280. tude de la Botanique en Chine et au Ja- pon, 236. Euphorbia Esula L. Espèces confondues , Sous ce nom, 127. Eupteron Miq. gen. nov., 258. Evolution des bourgeous de la Vigne (Lois qui président à l’), 591. »rostemma floribundum R. Sch., 174. totiques (Espèces) naturalisées spontané- ment dans le Jardinde Montpellier, 153. Expansivité de la tige, 288. “Xpériences sur l'absorption de l'eau par les feuilies, au contact, 221. F Favre (J.-H.), Sur la germination du Tu- | 751 lipa Gesneriana, 93. — Sur la germi- nation du Colchicum autumnale, 333. Fagus sylvatica L. Son invasion dans di- vers pays, 483. Faux-bulbilles, voyez Bulbilles. Fécondation (Mécanisme de la) dans le genre Phaseolus, 409, — (Graines fer- tiles sans), 653-660. FEnwowp (Ch.). Sur le mécanisme de la fécondation dans le genre Phaseolus, 409. — Sur quelques phénomènes pré- sentés par la végétation de la Vigne et lois qui président à l'évolution de ses bourgeons, 591. Fertiles (Graines) sans fécondation, 653- 660. Fertilité de l'Avoine, 140. Feuille (Importance de la gaine de la) dans l'interprétation des bractées, etc., 679. — (La vrille des Cucurbitacées, organe de dédoublement de la), 545. Feuilles (Expériences sur l'absorption de l'eau par les), au contact, 221, — Ner- vures des), 280. — (Panachure des), 479, 534. — de Caroba, 182. — de Fraisier à cinq folioles, 184. Ficaria ranunculoides Mench. Structure de ses faux-bulbilles comparée à celle des ophrydo-bulbes, 11. Flacourtiées (Tribu des), 373. Fleurs d'Orchidées (Miltonia spectabilis) doublant de diamétre par la culture, 382.— monstrueuses du Veronica Teu- crium, 355. Fleuves (Influence du déboisement des mon- tagnes, etc., sur les débordements des), 462. Floraison de l'Agave americana, 205. — de l'Helianthemum guttatum, 32. Florale (Symétrie) des Musacées, 170. Flore d'Algérie, voy. Algérie. — de Cuba (Exposition du plan de cet ouvrage), 229. — de France, voyez France. — des en- virons de Paris, voyez Paris. Flotow (J. de). Sa mort, 526. Flottantes (Sur quelques plantes), 542. Folioles (Feuilles de Fraisier à cinq), 184. Formation (Mode de) des racines tubé- reuses des Orchidées, 162, 165. Fougères (Bourgeonnement et articulation des), 160. Four«ier (E.). Sur la racine pivotante tem- poraire des bulbes de l'Agraphis nutans, 998. — Sur un développement anormal de l'androcée dans le CheiranthusCheiri, 352. — Obs., 157, 358, 481, 571. Fragaria collina Ehrh. (Feuilles à cinq fo- lioles du), 184. 792 France (Culture du Mürier blanc dans le nord de la), 386. France (Flore de) : Herborisations de la Société en Auvergne, 449, 455, 491- $09. — Etat primitif de l'Auvergne et changements qui se sont produits dans la végétation de cette contrée, 484. — Collection iconographique des Champi- gnons d'Auvergne, 461. — Végétation des iles d'Houat et d'Hedic, 553-558. — Lichens recueillis en Auvergne, 548. — Plantes rudérales des environs de Strasbourg, 544. — Sur quelques Sem- pervivum des Basses-Alpes, 457. — Amarantus ascendens, 197. — A. syl- vestris, 197. -— Andraa nivalis, etc., 565. — Arabis rosea (^, 235. — Are- naria setacea, 510. — Arisarum, 341. — Artemisia Tournefortiana, 608. — Ar- thonia convexella Nyl., 552. — Atri- plex Halimus, 558. — Buplevrum op- positifolium, 642.—Buxus sempervirens, 294, 536, 537. — Caltha Guerangerii Bor., 197. — Carduus sardous, 916. — C. spinigerus, 276. — Carex vaginata, 481. — Centaurea aspero-paniculata Serres, 275. — C. sordida, 274. —Cle- malis crenata Jord., 126. — Crambe hispanica, 533. — Cuscuta Trifolii, 678. — Cyperus badius et var. minor et elon- gatus Timb., 331. — C. longus et var. incompertus Timb., 330. — Dorycnium decumbens, 275. — Entomosporium Lév., 31. — Euphorbia Esula, 127. — Gagea, 426. — Galeopsis præcox Jord., 121. — Galium pallidulum, 216. — G. vero-cinereum, 274. — Geum interme- dium, 6718.— Hieracium altissimum, 278, — H. aurosicum Serres., 277. — H. ci- liolatum Serres, 276. — Ii. lanceolatum, 278. — H. rhomboidale, 277.-—H. sco- pulorum, 277. — Hypericum perfora- lum, 126. — Imperatoria angustifolia, 276.—[rislutescens, 276. — Jasione hu- milis, 278. — Lactuca saligna var. run- cinata,278.—Linaria pretermissa, 571. — Lithospermum permirtum, 978. — Lolus pilosus, 275. — Malva cannabina Serres, 276. — Micropus bombyci- nus, 276. — Opegrapha anomea Nyl., 532. — Ophrys apifera, 645. — Orchis Martrinii Timb., 92. — Ozalis corniculata, 126. — O. europea Jord., 127. — Peziza Neesii, 551. — Phleum arenarium, 295, 358. — Pterotheca griselica Serres, 275. — Rhamnus Clu- sii, 214.—-Scirpus lacustris var fluitans, 542, 545. — Secale cereale (Ergot du) 116. — Sedum dasyphyllum, 358. — SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sempervivum Guillemotii Lamotte, 457. — Sphæria homostegia, 550. — Spori- desmium exitiosum, 531. — Tamarix anglica, 558. — Telephora palmata (?), 216. — Trifolium agrarium, 290, 397. — T. elegans, 570, 574. — T. filiforme, 283, 290. 291, 295. —T. minus, 291, 401.—T. procumbens, 291, 400.— Tri- ticum vulgare (Ergot du), 677. — Tu- lipa platystigma Jord, 428. — Verbas- cum Thapso-Boerhaavii Larambg., 160. — Veronica saxatilis, 481. — Verruca- ria xylina Nyl., 552. —- Voyez (dans la table de la Revue bibliogr.) : Billot, Boreau, Desmaziéres, Grenier et Godron, Jordan, Lecoq, Schultz (F.- W.). Fruits déformés (Oranger à), 645. G Gagea (Espèces du genre) qui existent eu France, 426. GALLARDOT (C). Lettre sur la végétation dit Liban, aux environs de Saida (Syrie), 101. Gaine de la feuille (Importance de la) dans l'interprétation des bractées, etc., 679. Galeopsis precoz Jord. sp. nov., 127. Galium agreste Wallr., 437. — Mollugo L. monstrueux, 406. — pallidulum Jord, 276.—vero-cinereum Serres, 274. Gay (J.). Notice sur la vie et les travaux de Ph. Barker Webb, 37. — communique quelques résultats de ses travaux sur les Asphodéles, 146, 176. — Sur une nou- velle espèce du genre Bellevalia (B. his- pida), 239. — donne des nouvelles du voyage de M. Balansa, 354. — Sur la plante nommée Zettout en Algérie (Iris juncea), 355. — Obs., 18, 22, 59, 158, 178, 184, 225, 230, 235, 295, 999, 352, 354, 406, 534, 537, 04 558, 658, 685 (en note). — Commu- nication de plusieurs faits et observations extraits des lettres de M. Durieu de Mat- sonneuve, 565-570 : Espèces du genre Andrw’a trouvées dans les Py- rénées, 565.— Parasitisme du Gui, 566. — Culture du Guni, 567. — Mode. de végétation du Scrofula ria arguta, 569. — Etc. Geissolomacées Alph. DC. famille nouv., 726. | Génération alternante dans les végétaux; 653. : Genetyllis fimbriata Kipp. sp. nov., 201: Meisneri Kipp. sp. nov., 257. Genista capitellata Coss. sp. nov., 672.— microcephala C. DR. sp. nov., 738. GERMAIN. DE Saint-Pierre (E.).Structure du — TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 753 faux bulbille des Ficaria comparée à la] Graines du’ Vallisneria spiralis, 995. — structure des ophrydo-bulbes, des bour- geons à racine charnue des Aconitum et des bulbes descendants des Tulipes, 11. —Sur une anomalie observée chez l'Alis- ma parnassifolium, 52. — Sur le déve- loppement de l'ovule de l'Eschscholtzia (réponse à M. Duchartre), 55. — Sur la germination du Tulipa Gesneriana (ré- ponseà M. Fabre), 97. — Exposition du plan de son Histoire iconographique des anomalies de l'organisation dans le ré- gne végétal, 99. — Étude du mode de végétation du Dioscorea Batatas, 108. — Sur les racines tubéreuses des Orchi- dées (réponse à M. Caruel), 165. — Ap- pareils axo-foliaires : Structure du bulbe de l'Erythronium Dens canis, 166. — Exposition du plan de ses Archives de biologie végétale, 279. — Sur un cas de dédoublement ou expansivité de la tige chez un individu étiolé de Solanum tuberosum, 288. — Sur l'influence du déboisement des montagnes et du des- séchement des tourbières, des lacs et des étangs sur les débordements des torrents et des fleuves, 462. — Sur un cas de chloranthie chez le Ru- mex arifolius , 475. —- Sur les cas variés de chloranthie présentés par le Trifolium repens, 476. — Sur l'éiolement et sur la panachure des feuilles, 479. -— Sur les déformations des branches de Sapin, dites balais du diable ou des sorcières, 482. — Obs., 13, 146, 158, 295, 298, 299, 458. Germes végétaux (De la conservation possi- ble des) dans les terrains anciens, 634. Germination de l'Angrecum maculatum, 28. — des graines de plusieurs gousses de Cassia Fistula échouées sur la côte du Languedoc, 34. — du Chærophyllum bulbosum, 543. — du Colchicum autum- nale, 333. — du Pancratium illyricum, 210. — du Tulipa Gesneriana, 93, 97. — du Vallisneria spiralis, 293. Geum intermedium Ehrh, trouvé à Ma- ,,Bny-en-Vexin, 678. Glaucium flavum Cr., 437. Glumacées (Ergot des), 677. "lycyrrhiza. Réglisse du Paraguay, 182. lyptopetalum Thw. gen. nov., 434. Gætzea (Rapport des genres Espadæa et Armeniastruin avec un genre nommé an- térieurement), 348. Gogor. Obs., 228. Gommes du Sénégal (Histoire des), 341. Ontolimon tataricum Boiss., 427. Gorge des enfers, voyez Herborisations. T. III. fertiles sans fécondation, 653-660. — — du jardin deMontpellier (Innovations introduites dans le catalogue des), 32. — (Germination des) de plusieurs gousses de Cassia Fistula échouées sur Ja côte du Languedoc, 34. Graves (L.). Obs., 225, 295, 413. GnoENLAND (J.). Obs., 697. — Voyez Vil- morin. Guadeloupe (Entada polystachya de la), 613. — (Observations sur diverses plan- tes de la), 173, 175. GuEPIN. Lettresurla découverte du Crambe hispanica prés d'Angers, 533. Gueynox pg Dives. Sur la multiplication des Cuscutes, 209 — Naturalisation de l’Artemisia Tournefortiana à Manzac, 608. Guinounr. Lettre sur l'origine du styrax liquide (réponse à MM. Orphanidès et L. Soubeiran), 531. H Hæmatoxylon campechianum L., 173. Havre (Stations del'Ophrys apifera aux en- virons du), 645. Hedysarum Naudinianum Coss. sp. nov., 675. — Perrauderianum C. DR. sp. nov., 739. Helianthemum guttatum Mill, Sa florai- son, 32. — tauricum Rupr., 437. — Teneriffæ Coss. sp. noy., 56. Helianthus tuberosus L., 175. Helminthia Balanse C. DR. sp. nov., 744, Henschel (A.-G.-E.). Sa mort, 447. Hépatiques (Nouveau genre d’), Boschia, 572. Herborisations en Crimée, 213. — de la Société en Auvergne, 449, 455.—(Rap- port sur les), 491-509 : Puy de Crouel, 491. — Puy de Pariou et Puy- de-Dôme, 492.— Royat, 491.— Bandanne, Croix- Morand. Arrivée au Mont-Dore, 499, — Vallée des Bains, Vallée de Ja Cour. Gorge des Enfers, 502. — Marais de la Dore. Pic de Sancy. Vallée de Cliaudefour. Puy Ferrand, 505. — Bois du Ca- pucin. Cascade de la Vernière, 507. Hieracium altissimum Lap., 278. — au- rosicum Serres, sp. nov., 277. — ciliola- tum Serres, sp. nov. hybr., 276.— lan- ceolatum Lap., 278. rhomboidale Lap., 277. — scopulorum Lap., 277. Hispidella Welwitschi Rupr., 437. Histoire des Gommes du Sénégal, 341. — — iconographique des anomalies de lor- ganisation dans le régne végétal, par M. Germain de Saint-Pierre. Exposition du plan de ce livre, 99. 49 75h Hedic (Une course à l'ile d’); 553, Hommage rendu à la mémoire de Ramond, 455, 474, 508. Hooker (J.-D.). Sa manière de voir rela- tivement à la nature du pistil des Bala- nophorées, 662, 690. Houat (Une course à l'ile d), 553. Humidité (De l'influence de l’) sur la di- rection des racines, 583. Hybridation du genre Ægilops, 692. Hybrides : Ægilops, 692. — Aspidium, 727. — Centaurea, 275. 274. — Hieracium, 276. — Verbascum, 160. Hydrocotyle asiatica L. et repanda Pers., 174. Hypericum perforatum L. Ses stolons sou- terrains, 126.— quadrangulum L. (Co- loration anormale de l’), 479. I Iconographique (Collection) des Champi- gnons d'Auvergne, 461. Identité des genres Espadæa et Armenias- irum, 348. Iles d'Houat et d'Hoedic (Une course aux), 553. — (Végétation des), 553-558. Illustrationes plantarum orientalium (Sur la publication des), 578. Imperatoria angustifolia Bell., 976. Importance de la gaine de la feuille dans l'interprétation des bractées, etc., 679. Indigofera tinctoria L., 173, 175, 182. Influence de l'humidité sur la direction des racines, 583. — du déboisement des montagnes et du desséchement des tour- bières, des lacs et des étangs sur les dé- bordements des torrents et des fleuves, 462. Insertion (Mode d') de quelques Oroban- ches, 540. Invasion du Hêtre dans divers pays, 483. Iode (Sur un moyen de reconnaitre la pré- sence de l’) dans les végétaux, 664. Ionidium parviflorum Vent., 182. Iris juncea Poir. (Zettout), 355, — lutes-. cens Lam., 976. Isotoma longiflora Presl., 174. Itinéraire d'un voyage botanique en Algé- rie, 388, 559, 599, 665, 697. J Japon (Etude de la botanique au), 236. Jardin des plantes de Montpellier, 32, 153. — botanique de Buitenzorg, 444. Jardins (Sur quelques) du nord de l'Alle- magne, 325. Galium, | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ! Jasione humilis Pers., 278. Jatropha Curcas L. et J. gossypifolia L., 174. Jaugerr (le comte). Hommage rendu à la mémoire de Ramond, 455, 474, 508. — Sur la publication des Jilustrationes plantarum orientalium, 578. — Obs., 36, 37, 482, 607. K KirsCHLEGER (Fr.). Sur quelques plantes flottantes, 542. — Sur la germination du Chærophyllum bulbosum, 543. — Sur quelques plantes rudérales des en- virons de Strasbourg, 544. Knarik (L.), membre à vie, 641. Kremeria C. DR. gen. nov., 671. — Cor- dylocarpus C. DR., 672. L Lacs (Desséchement des). Son influence sur les débordements des fleuves, 462. Lactuca saligna L., var. runcinata G. G., 278. Lætiées (Tribu des), 373. . LacnkzE-FossaT (A.). De la germination du Pancratium illyricum, 210. — Ob- servations sur l' Allium magicum, 230. Lamotte (M.). Sur quelques Sempervivum des Basses-Alpes et sur une nouvelle es- pèce de ce genre (S. Guillemotii), 45T.— Découverte au Mont-Dore du Veronica saxatilis et du Carex vaginata, 431, 507. — Sur sa collection iconographi- que des Champignons d'Auvergne, 461. LARAMBERGUE (H. de). Sur un nouveau Ver- bascum hybride (V. Thapso-Boerhaavtt), 159. | Lathræa Squamaria L. Son anatomie com- parée à celle du Clandestina recliflora, 242. Lechler (W.). Sa mort, 527. L&cLERE (L.). Mention de sa lettre con- tenant un tableau d'observations mé- téorologiques , 99. — Lettre adressée à M. Moquin-Tandon, 644. Lecoq (H.), président de la session extraor- dinaire, 455. — Discours sur l'état pri- mitif de l'Auvergne et sur les change- ments qui se sont produits dans la vé- gétation de cette contrée, 484. — Rap port sur les herborisations de la Société en Auvergne, 491-509. — Sur l'étiole- ment et lacoloration des végétaux, 534. -— pela génération alternante dans les végétaux et de Ja production de semen- ces fertiles sans fécondation, 633. 77 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. Obs., 455, 469, 471 (en note), 659. — Visite de la Société à son musée à Cler- mont-Ferrand, 459. Le Dien (E.). Découverte près d'Argenteuil du Phleum arenarium, 295. Lexormanr (Fr.). Sur quelques représenta- tions antiques du Chamærops humilis, 148. — Sur la naturalisation du Buis en Normandie, 224. — Obs., 225. Lettre de M. Mougeot à M. le président de la session extraordinaire, 470. LévsiLLE (J.-H.). Description d'un nouveau genrede Champignons(Entomosporium), 30. Liban (Végétation du), 101. Lichens recueillis en Auvergne pendant la session extraordinaire, 548. Linaria pretermissa Delastre, trouvé près de Provins, 571. Lithospermum permixtum Jord. , 278. Loganiacées (Observations sur les), 19. Lois qui président à l'évolution des bour- geons de la Vigne, 591. Lort-Mialhe (de). Sa mort, 350. Lotus pilosus Jord. , 275. Ludovicia Coss. gen. nov., 674.— Kreme- riana Coss., 673. Luzula glabrata Desv. (Coloration anor- male du), 479. — Seuberti Lowe, sp. nov., 630. M Macropanax Miq. gen. nov., 258. Magny-en-Vexin (Geum iniermedium et Cuscuta Trifolii trouvés près de), 678. Mausrancue (A.). Sur la floraison de l'He- lianthemum guttatum, 32. Malva cannabina Serres, sp. nov., 276. Manzac(Naturalisation de l’ Artemisia Tour- nefortiana à), 608. Marais de la Dore, voyez Herborisations. Maranta arundinacea L., 174. Martins (Ch.). Lettre sur une innovation Introduite dans le catalogue des graines du Jardin de Montpellier, 32. — Sur la germination des graines de plusieurs gousses de Cassia Fistula échouées sur la côte du Languedoc, 34. — Des espè- ces exotiques naturalisées spontanément dans le Jardin des plantes de Montpel- lier, 153. Mattia gymnandra Coss. sp. nov. , 708. Mécanisme de la fécoudation dans le genre Phaseolus, 409. ledicago Calcar Lowe, sp. nov., 629. élanges, nouvelles, “annonces, nécrolo- Eie, ete., 79, 140, 205, 265, 327, 382, 442, 525, 637, 733. 755 Miricoco (le baron de). Sur la culture du Mürier blanc dans le nord de la France etles provinces belges au xvn* siècle, 386. — Encore un mot sur le Buis, 536. Melilotus Lippoldiana Lowe, sp. nov., 62. MENiERE. Sur une sécrétion particulière ob- servée dans une Orchidée, 577.—Obs., 558. | Mercurialis annua L. (Echantillons mo- noïques du), 709. Metz (Arabis rosea (?) découvert à), 235. Michelaria bromoides Lej., 720. — villosa Strail, sp, nov., 721. Micropus bombycinus Lag., 276. Mnium insigne Mitt., 438. Monesis Salisb., 519. Monizia Lowe, gen. nov., 629. -- edulis Lowe, 630. Monstruosités et Anomalies : Abies pecti- nata, 482. -- Alisma parnassifolium, 52. — Buplevrum falcatum, 642. — Chei- ranthus Cheiri, 352. — Cilrus, 645. — Crinum, 645. — Cypripedium insigne, 644. — Delphinium, 346. — Dianthus barbatus, 406. — D. Carlhusianorum, 510. — Fragaria collina, 484. — Ga- lium Mollugo, 406. — Hypericum qua- drangulum, 479. — Lusula glabrata, 479. — Mercurialis annua, 109. — Miltonia spectabilis, 382. — Primula of- ficinalis, 241. — Raphanus Raphanis- irum, 644, — Rumex arifolius, 415.— Solanum tuberosum, 288. — Telephora palmata (?), 216. — Trifolium repens, 476. — Veronica Teucrium, 355. — Vitis vinifera , 404. — Dédoublement et partition, 608, 612. — Etiolement, panachure des feuilles, 479, 534. — Histoire iconographique des anomalies végétales. Plan de cet ouvrage, 99. — Voyez (dans la table de la Revue biblio- graphique) : Lowe, Naudin , Pissot, Roper, Schlechtendal , Schnizlein , Schultz (C.-H.). Monraëxe (C.). Exposition du plan de son Sylloge generum specierumque cryploga- marum, 82.—Sur un Champignon mors- trueux trouvé dans les souterrains des eaux thermales de Bagnéres-de-Luchon, 916. — Sur le Boschia, nouveau genre d'Hépatiques, 572. — Obs., 619. Montagnes (Influence du déboisement des) sur les débordements des fleuves, 462. Mont-Dorc, voyez Herborisations ct Session extraordinaire. — (Découverte au) du Carex vaginata et du Veronica saæalilis, 481. 796 Montmorency (Découverte du Sedum da- | syphyllum à), 358. Montpellier (Jardin des plantes de), 32, 153. Moquin-Tanpox (A.) Sur une nouvelle es- pèce de Vanille, 354. — Dédoublement et partition, 612. — Obs., 220, 246, 289, 357, 406, 559, 591, 607, 658, 109. Moringa pterygosperma Gærtn., 138, 173, 175. Morus alba L. $a culture dans le nord de la France et les provinces belges au xvii siècle, 386. Movuceor. Lettre à M. le président de la session extraordinaire, 470. Multiplication des Cuscutes, 209. Mungy (G.). Sur un nouvel Ophrys d'Algé- rie (O. atlantica), 108. Musacées (Symétrie florale des), 170. Musée de M. Lecoq (Visite de la Société au), 459. Musschia (?) Wollastoni Lowe, sp. nov., 630. N Naturalisation de l'Artemisia Tournefor- tiana à Manzac, 608. — du Buis en Normandie, 224, — spontanée d'espé- ces exotiques dans le Jardin de Mont- pellier, 153. — de diverses espèces dans les jardins et aux env. de Paris, 157. Nature des racines tubéreuses des Orchi- dées, 162, 165.—des vrilles de la Vigne, 645. Naunix (C.). Quelques résultats de ses étu- des sur les Cucurbitacées, 36. — Remar- ques au sujet du croisement supposé des variétés blanche et violette du Haricot d'Espagne, 179. Nécrologie, voyez Mélanges. Nervures des feuilles, 280. Neurolæna lobata R. Br., 173. Nombre d'espèces de Palmiers cultivées dans les collections d'Europe, 267. Normandie (Naturalisation du Buis en), 224. Nothopanax Miq. gen. nov., 258. Nouvelle-Zélande (Igname de la), 226. Nouvelles, voyez Mélanges. Nycanper (W.). Sur les Lichens recueillis en Auvergne pendant la session extraor- dinaire, 548. 0 Œnothera parviflora L. et muricata L., 437. Opegrapha anomea Nyl. sp. nov., 552. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ophrydo-bulbes (Structure des faux bul- billes des Ficaria comparée à celle des), 11. Ophrys apifera Huds. Ses stations aux en- virons du Havre, 645.— atlantica Mun- by, sp. nov., 108. Opium (Sur la récolte de l), 663. Opuntia (Alcool d"), 140. Orchidée (Germination d'une), 28 Orchidées (Fleurs d') doublant de diamètre par la culture, 382. — (Racines tubé- reuses des). Leur nature et leur mode de formation, 162, 165. Orchis Martrinii Timb.-Lagr. sp. nov., 92. Organisation (Sur la véritable) du Buis,285. Organographie végétale (Discussion d'un principe d") concernant les bourgeons,4. Origine du Styrax liquide, 147, 241, 531. Orobanche (Respiration des), 660. — (Mode d'insertion de quelques), 540. OnPmawinis (Th.). Lettre sur l'origine du styrax liquide, 147, Oryza. Riz de montagne, 732. Otto (Fr.). Sa mort, 527. , Ouvirandra fenestralis Poir. (Anatomie de l’), 214. Ovule de l' Eschscholtzia (Sur le développe- ment de l’), 53, 55. Oxalis corniculata L. Jord., 127. 196. — europea P Palenga Thw. gen. nov., 434. Palmiers (Nombre d'espéces de) cultivées dans les collections d'Europe, 267. Panachure des feuilles, 479, 534. PancnET voyez Vieillard. Pancratium illyricum L. (Germination du), 210. Pangiées (Tribu des), 373. Panicum Zenkowskii Rupr., 437. Paraguay (Sur quelques plantes du), 181. Parasitisme des Rhinanthacées, 14. — du Gui, 566. Paris (Flore des environs de). Voyez Ar- genteuil, Magny, Montmorency, Pon- toise, Provins, Senlis, Trappes, Ver- sailles. PARLATORE (Ph.). Sur l'Arisarum et la tribu nouvelle des Arisarées, 338. Partition et dédoublement, 608, 612. Passy (A.), président de la Société, 2. 77 Discours d'ouverture de la session ex- traordinaire, 450. — Obs., 225, AM. Payer. Obs., 652, 659, 660, 691, 697. Pédoncule biflore (Cypripedium insigne à), Gik. Pedrosia Lowe, gen, nov,, 629. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Periconia argentea Schuch., 728. Période tertiaire (De la conservation pos- sible des germes végétaux dans les cou- ches de la), 684. PERRAUDIÈRE (H. de la). Obs., 146. Persea gratissima Gærtn., 174. Petunia longiflora M. R., 437. Peziza Neesii Fw., 551. Phaseolus (Mécanisme de la fécondation dans le genre), 409. — multiflorus Willd. Croisement supposé de ses va- riétés, 179. Pheum arenarium L. , découvert près d Argenteuil, 295; près de Pontoise, 58. Pholidota imbricata Lindl. (Sécrétion ob- servée dans le), 577. Phytelephas macrocarpa R. P., 201. Pic de Sancy, voy. Herborisations. Pistil des Balanophorées, 662, 689, 691. Pivotante (Racine) temporaire des bulbes de l'Agraphis nutans, 298. Plantes (Procédé de conservation des) avec leur forme et l'éclat de leurs fleurs, 406. — flottantes (Sur quelques), 542. ;,, dérales des environs de Strasbourg, Pontederia (Cellules cristallifères des), 114. Pontoise (Phleum arenarium découvert prés de), 358. Polamogeton crispus L. (Mode de propaga- tion particulier au), 350. Potentilla, 194. PniLLIEUX (Ed.). Sur le mode de végétation de la Vigne, 598. — Sur la nature des vrilles de la Vigne, 645. — présente l'Angrecum maculatum en fleur et venu de semis, 653. — Obs., 652. — et Ri- VIERE. Sur la germination d'une Orchi- dée, 98, Primulaofficinalis Jacq. (Échantillon anor- mal du), 241. Prismatomeris Thw. gen. nov., 434. Procédé de conservation des plantes avec leur forme et l'éclat de leurs fleurs, 406. Propagation (Mode de) particulier au Pota- mogeton crispus, 350. ropriétés du Dumerilia Humboldtii, 283. rovins (Linaria prcetermissa découvert prés de), 571. Pterotheca griselica Serres, sp. nov., 275. Publication (Sur la) des Jllustrationes plan- larum orientalium, 578. UEL (T.). Sur quelques espèces litigieuses de Trifolium, section Chronosemium, 290, 397. — Lettre sur la direction à douner aux travaux des sessions extra- ordinaires et sur les botanistes qui ont 797 exploré l'Auvergne, 471, — Obs., 107, 283, 358, 531. Puys de Crouël, de Dôme, Ferrand, de Pariou, voyez Herborisations. Pyrénées (Espèces du genre Andrea trou- vées dans les), 565. Pyrola Alef., 518. Pyrolacées (Famille des), 518. R Racine pivotante temporaire des bulbes de l' Agraphis nutans, 298.— de l’ Aconitum Napellus. Caractères qui Ja distinguent de celle du Cochlearia Armoracia, 441. ~ charnue (Bourgeons à), Voyez Bour- geons. Racines (De l'influence de l'humidité sur la direction des), 583. — partant de la nervure médiane des feuilles de Crinum, 645. — tubéreuses des Orchidées. Leur nature et leur mode de formation, 162, 165. Rameaux de Vigne (Soudure de deux), 404. RAMON DE LA SAGRA, expose le plan de {a Flore de Cuba, 229. — Sur les pro- priétés du Dumerilia Humboldtii, 283. — Obs., 280. Ramond. Hommage rendu à sa mémoire, 495, 474, 508. Randanne, voyez Herborisations. Ranunculus Schraderianus F. M., 437. Raphanus Raphanistrum L. monstrueux, 644. Rapport des genres Espadæa et Armenias- trum avec un genre nommé antérieure- ment Gotzea, 348. Rapport sur les herborisations de la So- ciété en Auvergne, 491. — de la Com- mission des archives, 88. — de la Com- mission de comptabilité, 84. Reboudia C, DR. gen. nov., 704. — eru- carioides C. DR., 705. Recettes de la Société en 1855, 86. Récolte de l'opium, 663. . Recouvrement d'objets divers par le bois, 193. Représentations antiques du Chamærops humilis, 148. Reseda (Espèces nouvelles du genre), 130. Respiration des Orobanches, 660. Revu. Sur quelques plantes du Paraguay, 181. — Sur les feuilles de Caroba, 182, — Sur les Salsepareilles, 183. — Sur la récolte de l'opium, 663. — Sur un moyen de constater la présence de l'iode chez les végétaux, 664. — Obs., 220. 409. — et Beror, Procédé de conser- 798 vation des plantes avec leur forme na- turelle et l'éclat de leurs fleurs, 406. Revue bibliographique, voy. Bibliographi- que, Rhamnus Clusii Willd., 274. Rhetinolepis Coss. gen. nov., 707. — lona- dioides Coss., 708. Rhinanthacées (Parasitisme des), 14. Rivière (Aug.), voy. Prillieux. Rosxy (L. de). Lettre sur l'étude de la Bo- tanique en Chine et au Japon, 236. Royat, voy, Herborisations. Rudérales (Plantes) des environs de Stras- bourg, 544. Rumex arifolius All. (Chloranthie du), 475. S Saida en Syrie (Végétation du^ Liban aux environs de), 101. SaixT-SuPÉny. Lettre sur ses herborisations en Crimée, 213. — et BELLEVILLE (Ca- : talogue des plantes recueillies sur le pla- teau de Chersonése par), 22. Salsepareilles (Sur les), voy. Smilax. Saxe (Arbres remarquables qui existent en) 268. : SCHOENEFELD (W. de). Lettre à M. le pré- sident de la Société, 19. — Rapport de la Commission des archives, 88. — Communication faite au nom de la Com- mission du Builetin, 91. — présente des ' feuilles de Fraisier à cinq folioles, 184. -— présente un échantillon anormal de Primula officinalis, 941. — Découverte du Trifolium filiforme à Trappes, 295 (en note). — présente diverses plantes rares ou nouvelles des environs de Pa- ` ris, 570. — De la décoloration de PA- triplex horlensis rubra, 660 (en note). — Obs., 146,157, 225, 295, 490, 660. Scawas. Lettre à M. Delessert sur la cul- ture du Dioscorea Batatas, 404. Scirpus lacustris L. (Forme flottante du), 542, 545. Sclerotium, voyez Ergot. Scrofularia arguta Ait. Son mode de vé- gétation, 569. Scutinanthe Thw. gen. nov., 434. Sébastopol (Plantes recueillies pendant le siége de), 22, 913. Secale cereale L. (Ergot du), voy. Ergot. Sécrétion particulière observée dans une Orchidée, 577. Sedum dasyphyllum L., découvert à Mont- morency, 358. Semences, voyez Graines. Sempervirum (Sur quelques) des Basses- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Alpes, 457. — Guillemotii Lamotte, sp. nov., 457. Senecio atlanticus Coss. sp. nov., 706. — Noëanus Rupr. sp. nov., 436. Sénégal (Histoire des gommes du), 341. Senlis (Trifolium elegans découvert prés de), 571. Sépales (Importance de la gaîne de la feuille dans l'interprétation des), 679. Sequoia gigantea Endl. Ses dimensions, 442. SERRES (le colonel). Sur quelques espèces nouvelles ou controversées de la flore de France (Alpes françaises), 274. Seseli Webbii Coss. sp. nov., 57. Session extraordinaire à Clermont-Ferrand, 449-509. — (Fixation de la), 159. — (Membres qui ont assisté à la), 449. — (Séances de la) : à Clermont, 450 ; aux bains du Mont-Dore, 462; au bois du Capucin, 470. — (Bureau de la), 455. —(Herborisations de la Société pendant la), 491-509. — (Lichens recueillis pen- dant la), 548. Sessions extraordinaires, Sur la direction à donner à leurs travaux, 471. Smilaz: Sarsaparilla L. Sur les Salsepareil- les, 183. Sociéré BoraniQue pe France, Composition du Bureau et du Conseil pour 1856, 3. — Commissions pour 1856, 2.— Recet- tes et dépenses en 1855, 86. — Budget pour 1856, 90. SoLAND (A. de). Découverte près d'Angers du Crambe hispanica, 533. Solanum tuberosum L. étiolé à tige dé- doublée, 988. — vescum Fr. Muell. 5p. nov., 732. Sonchus Tigridis Rupr. sp. nov., 436. SouBEIRAN (Léon). Sur diverses’ plantes de la Guadeloupe, 175. — Sur l'origine du styrax liquide, 241. — Histoire des gommes du Sénégal, 341. — Une course aux îles d'Houat et d'Hœdie, 553. — Obs., 448, 173, 220, 396. — (Cham. pignon monstrueux trouvé par), 216. Soudure de deux rameaux de Vigne, 401. Spergularia fallax Lowe, sp. nov. 629. Sphæria homostegia Nyl., 550. | Sporidesmium eitiosum Kühn (Remarques sur le), 537. Statice Gmelini Willd., 428. Steudel. Sa mort, 269. Stolons souterrains de I Hypericum perfo- ratum, 126. . Strasbourg (Plantes rudérales des environs de), 544. Strophiostoma amaænum Rupr., 435. Structure du faux bulbille des Ficaria com- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, parée à celle des Ophrydo-bulbes, etc., 11.— du bulbe de l'Erythronium Dens canis, 166. Styrax liquide (Origine du', 147, 241, 531. Sylloge generum specierumque cryptoga- marum, etc., par M. Montagne. Exposi- tton du plan de ce livre, 82. Symétrie florale des Müsacées, 170. T Tamarix anglica Webb., 558. Taxus. Age de quelques Ifs, 140. Telephora palmata Fr. (9), Champignon monstrueux, 216. Tertiaire (De la conservation possible de germes végétaux dans les couches de la periode), 684. Thelaia Alef. gen. nov., 518. Thymelæa microphylla C. DR. sp. nov., 744. Tige (Dédoublement ou expansivité de la), Tamar-Lacnave. Sur une nouvelle espèce du genre Orchis (O, Martrinii), 92. — Sur le Cyperus logus de la flore de Tou- louse, 330. Topinambour. Plantes désiguées sous ce , hom, 174, 175, Torrents (Influence. du déboisement des montagnes, ete,, sur les débordements des), 462. Toulouse (Sur le Cyperus longus de la flore de), 330. Tourbières (Desséchement des). Son in- pence sur les débordementsdes fleuves, Trappes (Trifolium filiforme L. découvert pres de), 295 (en note). Trifolium (Sur quelques espéces litigieuses du genre), 290, 397. — agrarium L. 290, 397. — elegans Savi, découvert prés de Versailles, 570 ; prés de Senlis, 971. — filiforme L. (T. micranthum V Iv.), 290, 291; découvert pres de Ver- sailles, 283 ; près de Trappes, 295 (en note). — minus Relhan, 291, 401. — procumbens L., 291, 400. — repens L. (Cas variés de chloranthie du), 476. Trisetum pumilum Kth., 59. niticum vulgare Vill. (Ergot du), voyez Ergot. Tubercules de Chine, 404. Tubéreuses (Racines, des Orchidées. Leur ra et leur mode de formation, 162, 9. Tulipa (Structure du faux bulbille des Fi- caria comparée à celle des bulbes des- 759 cendants des), 11. — Gesneriana L. (Germination du), 93, 97.—plalystigma Jord, sp, nov., 128. U Uredo Glumarum Fr. , voyez Ergot. V Valerianella chlorodonta C, DR. sp. nov., 740. — stephanodon C. DR. sp. nov., 741. Vallées des Bains, de la Cour,de Chaude- four, voyez Herborisations. Vallisneria spiralis L. (Graine et Germi- nation du), 295. Vanilla lutescens Moq. Tand. sp. nov., 354. Variétés du Haricot d'Espagne. Leur croi- sement supposé, 179. VavurELL (Chr.) Sur l'invasion du Hêtre dans divers pays, 483. Végétation de l'Auvergne, voyez Herbo - risations et Lecoq. — des iles d'Houat et d'Hœdie, 553-558. — du plateau de Chersonèse (Crimée), 22. — du Liban, aux environs de Saida, 401. — de la Guadeloupe, 173, 175, 613. Végétation (Mode de; de l'Agave america- na,146.—de l Arceuthobium Orycedri, 981. — du Dioscorea Batatas, 108. — de l'Ergot de Seigle, 116. — du Scro- fularia arguta, 569. — de la Vigne, 591, 598. Végétaux (Génération alternante dans les). 653. — (Moyen de reconnaitre la pré- sence de l'iode dans les), 664. Verbascum Thapso-Boerhaavii Larambg. sp. nov. hybr., 160. Veronica saxatilis Jacq. (Découverte au Mont-Dore du), 481. — Teucrium L. (Fleurs monstrueuses du), 355. Verrucaria xylina Nyl. sp. nov., 552. Versailles (Trifolium elegans découvert près de), 570. — (Tr. filiforme L. découvert près de), 282. VIAUD-GRANDMARAIS. Obs., 537, 558. ViriLLARD et PascugT, Note sur le bour- geonnement et sur les articulations des Fougères, 160. | VirsoniN (L) et J. GRoExLAND. Sur l'hybri- dation du genre -Ægilops, 692. Viscum album L. | Parasitisme du), — (Culture du), 567. Visite de la Société au musée de M. Le- coq, 459. . Vitis vinifera L. Son mode de végétation et lois qui président à l'évolution de sès bourzeons, 591, 598. — Sur ja na- 566. 760 ture de ses vrilles, 645. --- (Soudure de deux rameaux de), 404. Voyage botanique en Algérie (ltinéraire d'un), 388, 559, 599, 665, 697. Vrille (La) des Cucurbitacées, organe de dédoublement de la feuille, 545. Vrilles de la Vigne, 591, 598, 645. W WATELET (A.). Sur un cas de tératologie observé dans une Crucifere, 644. Webb (Ph.-B.). Notice sur sa vie et ses travaux, 37. WzppELL (H.-A.). Sur le Cèdre de l'Hima- laya, 178. — Sur les Dumerilia, 284. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — Sur une chloranthie de Pied d'a- louette vivace, 346. — Sa manière de voir relativement à la nature du pistil des Balanophorées, 662, 689, 691.— Obs. , 116, 396, 541, 659, 692. — (Boschia nouveau genre d'Hépatiques dé- couvert par), 572. Wickstræm (J.-E.). Sa mort, 269. Z Zettout. Plante ainsi nommée en Algérie, 355. Zilla macroptera Coss. sp. nov., 670. . Zygophyllum Geslini Coss. sp. nov., 705, TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES PUBLICATIONS ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ALEFELD. Sur la famille des Pyrolacées, en particulier sur la sous-famille des Pyro- lées, 517. ANONYME. Usage et rôle de l'ammoniaque dans l’économie végétale, 512. Anonymer. Fleurs favorites (1. La Pensée ; 2. les Verveines; 3. les Rhododendron), 637. Archives de Flore (journal). Articles et mé- moires, 252. AnEscHouG (J.-E.). Phyceæ nove et minus Cognilæ in maribus extraeuropæis collec- tæ, 204. BasinGron (C.-C.). Sur les espèces d'Arc- tium de la Grande-Bretagne, 198. — Manuel de la Botanique de la Grande- Bretagne (4° édit.), 309. BAckuouse (J.). Monographie des Hiera- cium de la Grande-Bretagne, 309. Bainey (J.-W.). Nouvelle méthode pour la- ver les dépóts de Diatomées, 445. Batka. Voy, Fuernrohr. Bauucanpr (E.). Flore de la Marche-moyenne, particulièrement des environs de Berlin et de Potsdam, 256. Baxter (H.-F.). Recherches sur les signes de l'existence de courants électriques dans les plantes, 364. Berr (J.-G.). La famille des Broméliacées étudiée d'aprés son port, avec un exa- men particulier de l'Ananas, 632. BeNtHAM (G.). Voy. Prodromus. BENTLEY (R.). Sur les caractères qui distin- guent la racine de l' Aconitum Napellus de celle du Cochlearia Armoracia, 441. BertoLont (J.). Illustration des plantes de Mozambique (4° dissert), 370. Bor (C.). Note sur le Caltha Guerange- rii Bor., 197. Boreau (A.). Sur la synonymie de deux espéces d'Amarantes, 197. Bonnet (E.). Instructions sur l'étude et la préparation des Algues, 733. Bonszczow (E.-G. et G.-C.). Voy Midden- dorff, Botanische Zeitung (journal). Articles ori- &naux, 448, 639. Braxnis (D.). Surles végétaux cultivésen Egypte, 323. Braun (Al.). Voy. Fuernrohr. Brewer (J.-A.). Nouvelle Flore des envi- rons de Reigate, Surrey, 256. BnowrigLp (W.-A.). Flora vectensis. Flore de l'ile de Wight, éditée par sir W.Hoo- ker et T.-B. Salter, 368. Bureau (L.-E.). De la famille des Logania- cées et des plantes qu'elle fournit à la médecine, 315. Casparv (R.). Sur l'accroissement de la feuille du Victoria regia ct sur l'accrois- sement végétal en général, 510. CLos (D.). Monographie de la famille des Flacourtianées (1'* partie), 372. — De la signification des épines et des récep- tacles des fleurs femelles chez les Xan- thium, 718. Conn (F.). Voy. Fuernrohr. Congrés des naturalistes allemands à Vienne. Mémoires de la section de bo- tanique. Voy. Fuernrohr. Cosson (E.). Rapport sur un voyage bota- nique en Algérie, entrepris en 1853, 311. Cramer (C.). Voy. Nægeli. De CawpoLLE (Alph.). Voy. Prodromus. DrswAzi£nEs. (J.-B.-H.-J.). Plantes crypto- games de France (fasc. 6 et 7), 72. DæLL (J.-C.). Les cryptogames vasculaires du grand-duché de Bade, 69. DocHanrnE (P.). Expériences sur la végé- tation des plantes épiphytes et consé- quences qni en découlent relativement à la culture de ces plantes, 62. Duxcax (P.-M.). Observations sur le tube pollinique, 61. Durnem (C.-J.). Idiotikon de la flore hel- vétique, 312. ExcELuanpr (W.). La nutrition des plantes, 418. ErrivGsHAUSEN (C. d’) et A. Pokorny. Sur la nervation des feuilles des Monocoty- lédons et Dicotylédous, 513. — Intro- duction à la physiotypie des plantes de l'Autriche, 634. Fasre (J.-H.). Recherches sur Ja cause de 762 la phosphorescence de lAgaric de PO- livier, 188. Fexze (E.). Voy. Martius. Fiscazi (F.). Espèces forestières de l'Alle- magne, avec une introduction de L. Grabner, 136. Flora (journal). Artieles originaux, 143, 208, 211. FnaurNFELD (G.). Les Algues de la côte de Dalmatic, 634. Friëpuanx. Le Jardin botanique de Buiten- Z0rg, 444. Fugnsnoun (Mémoires de la section de bota- nique au congrès des naturalistes alle- mands, tenu à Vienne en septembre 1856, analysés par), 614-623 : BaATKA. Sur la plante qui produit l'élémi du Mexi- que, 623. — BRAUN. Sur quelques végétaux para- sites du genre Chytridium, 645; sur la produc- tion d'embryons sans fécondation préalable, 615; sur l'organisation florale des Delphinium, 621. — Cons, Sur le Volvox globator, 616. — KALBRUN- NER. Sur la cladomanie, 624. — KARSTEN. Sur les organes moteurs et les mouvements des Oscil- latoires, 623. — KERNER. Sur les rapports de la flore des périodes anciennes avec celle de l'épo- que actuelle, 622. — NÆGELI. Sur la fécule, 617. — REIssEK. Sur la formation des îles du Danube, 622. — Sacs. Sur la transpiration des plantes, 620. —- ScHNIZLEIN. Communications diverses, 620. — Scnurtz bip. Sur la place des Ambro- siacées dans le système, 614, — SEEMANN. Sur la transformation de l'Zgilops en Blé, 615. — SENDTNER. Sur la nécessité de la collaboration des chimistes et des botanistes géographes, 621. GinGENsOrIN (G.-C.). Catalogue des Mousses et des llépatiques des provinces limi- trophes de la Baltique, 259. GoDRos. Voy. Grenier. GiAbNER (L.). Voy. Fiscali. Gray (Asa). Manuel de la Botanique des Etats-Unis septentrionaux (2* édit,), 515. GniNiER et Gopnos. Flore de France (t. IF, 2* partie), 366. GuENBEL (Th.). Organogénie du Gui, 422, Hartig (Th), Sur la structure dela fécule, 60. — Sur les sécrétions aqueuses effec- tuées par les feuilles des plantes, 64. Heins (Fr). Surles Equisetum qu'on trouve daus les plaines situées au sud de la Baltique, 199. HEsFnEY (A.). Sur le développement de l'ovule du Santalum album, avec quel- ques remarques sur la fécondation des plantes, 124, 113. Hexstow (J.-8.). Dictionnaire des termes botaniques, 326. HorrwaNs(H... Les pollinies et les sperma- ties des Agaricus, 303. | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Honexacker (R.-F.). Voy. Mettenius. Hooker (Sir W.) Sur l'ensete de Bruce,263. — L'écorce (ou liber) de Cuba à la Ja- maique, 635. — Journal de Botanique et Miscellanées du Jardin de Kew. Ar- ticles originaux, 271, 328, 384. — Voy. Bromfield. Hooker (J.-D.). Sur de petits fruits Car- polithes Ovulum Brong.) qui se trouvent dans les couches éocènes de Levisham, 16. — Sur quelques petits fruits (Folli- culites minutulus Bronn) du lignite de Bovey Tracey, 135. — et Th. Tgowsos, Flora indica (t. 1,), 429. Howanp (J.-E.). Sur l'arbre qui produit l'écorce de quinquina rouge, 523. Irmiscu (Th.). Sur quelques Renonculacées, 185. Irzicson (H.). Observations sur diverses Algues microscopiques, 132. — De fa- brica spore Mougeotiæ qenuflexe, 30%. Jocumanx (E.-G.). De Unmbelliferarum structura et evolutione nonnulla, 191. Jonpax (Al.). Notices sur plusieurs plantes uouvelles et autres, 126. — Mémoire sur l’Ægilops triticoides et sur les ques- tions qui se rattachent à l'histoire de cette plante, 627. KALsnUNNER. Voy. Fuernrohr. KansrEN (H.). Voy. Fuernrohr. Kerxer. Voy. Fuernrohr. Kierisr (R.). Note sur deux espèces nelyllis de l'Australie, 257. Küccn rr. Remarques sur les limites des plantes, ou lignes de végétation dans l'Europe septentrionale, 319. Kocu (G.-D.-J.). Synopsis Flore germa- nice el helvetica (3° édition, 1" part.); 2513. KoExiG- W ARTHAUSEN (le baron). Un Agave americana qui a fleuri huit fois, 205. KoraczEk (E.). Traité de Botanique, 130. Korr :E.). Composition du suc des Rhu- barbes cultivées, 381. . Krause. Coup d'ail sur quelques jardins du nord de l'Allemagne, 325. | Kuenx (J.). Sur la maladie des Carottes, 194. — La maladie du Colza causée par le Sporidesmium exitiosum, 306. u KoErzwG (F.-T.). Tabule phycologict (t. Vb, 314, 522 de Ge- DP Sur les hybrides qui se sont Lasen (W.). ses ees, formés entre des Fougères spontan 726. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. L&coQ (H.). Études sur la géographie bo- tanique de l'Europe (t. IL et IV), 73. LeBMawN (Chr.). Revisio Potentillarum, 121. Leitceg (H.). Les canaux aériferes des plantes, 300. LEPAGE (P.-H.). Quelques faits pour ser- vir à l'histoire chimique et technologi- gique du marron d'Inde, 139. Li£BIG (J. de). Sur la théorie et Ia pratique en agriculture, 731. LivpLEy (J.). Folia orchidacea. Énuméra- tion des espèces d'Orchidées connues (part. 6 et 7), 71. — Théorie et prati- que de l’horticulture, 77. Lister (J,). Note sur la floraison de l'A- gave americana, 65. Lowe (J.). Sur une anomalie présentée par les fleurs du Salix Andersoniana, 365. Lowe (R.-T.). Species plantarum maderen- ; sium quedam novæ vel inedite. breviter descripte, 629. Manis, Mémoire sur Ja maladie de la Vigne, 324. Martins (Ch.). La géographie botanique et ses progrès, 729. Martius (C,-F.-Ph. de) Flora brasiliensis (accedunt curæ Ed. Fenzl), 370. Masters (T.), Sur les écailles de la cou- ronne dans les Saponaria, 748. Marmi (C.). Supplément àla Flore géné- rale de Belgique, 69. Meisner (C.-F.). Voy. Prodromus. Menckun (C.-E. de). Palæodendrologikon rossicum, 439. METTENUS (G.). Filices horti botanici lipsien- $5,259. — Filices Lechlerianæ, chilenses ac peruana cura R.F. Hohenackeri edi- 18,131. Mever (C.-A.). Voy. Middendorff. Meyer (E.). L'A gave d'Europe et sa patrie primitive, 318, MiposNpongr (A.-Th. de). Voyage dans l'extrème nord et l’est de la Sibérie, 2° partie, Botanique, 3* livraison contenant: 1" Florula ochotensis phenogama par L.-R. de Trautvetter et C.-A. Meyer; 2° Musci et Fungi bogadinenses, etc., par E.-G. et G.-C. Borszczow, 630. Miers (J.). Noms populaires de plantes du Chili, 520. Miquex (F.-A.-W.). Araliacearum indica- rum genera et species aliquot nova, -91, Mirrex (W.). Liste des Mousses et des Hé- Patiques récoltées dans la colonie de Victoria (Australie) par F. Mueller, 13, — Sur quelques espéces de Mousses 763 appartenant aux genres Mnium et Bryum, 438. Mon. (H. de). Quelles sont les causes qui produisent la dilatation et le resserre- ment des stomates ?, 623, — Recher- ches sur le mode de production de la gomme adragant, 710, — et de SCHLE- CHTENDAL (Botanische Zeitung, journal publié par). Articles originaux, 448, 639. Moore (T.). Les faisceaux vasculaires du stipe des Fougères, 374. MuELLER (C.). Catéchisme de botanique agricole, 636. MrELLER (Ch.). Sur la réorganisation dans le régne végétal, 301. — Critique mo- nographique du genre de Lycopodiacées Psilotum, 313. MutLLEn (D.). Essai pour rectifier la doc- trine de la métamorphose, 125. . MuzLLER (F.). Note sur le Gunyang (Sola- num vescum) nouveau fruit d'Australie, 132. — Voy. Mitten. Muezcer (J.). Resedaceæ aliquot nova vel nondum descripta, 130. NxctEu (C.). Voyez Fuernrohr. — et C. Cramer. Recherches de physiologie vé- gétale (1'" cahier), 419. — (3° cahier), 715. NaupiN. (Ch.). Observations botaniques re- latives à un cas d'hybridité anormale, 247. NyLanper (W.). Essai d'une nouvelle clas- sification des Lichens (2° mémoire), 132. — Synopsis du genre Arthonia, 520. Oupemans. Sur la structure morphologique du fruit et de la graine du Camphrier de Sumatra, 375. Parxixsox (F.-D.). Sur le Bunya-Dunya ou Araucaria Bidwilli, 435. Pescuex. Arbres remarquables qui existent en Saxe, 268. Pissor. Sur une anomalie végétale remar- quée sur un Hétre, 67. PokonNy (A.). Voyez Ettingshausen. | Prixcsaerm. Sur la fécondation et la géné- ration successive des Algues, 362. Prodromus systemalis naturalis regni ve- getabilis, pars 14*, sectio prior : Polygo- naceæ (auct. Bentham et Meisner); My- risticaceæ (auct. A. De Candolle) ; Pro- teaceæ (auct. Meisner; l’enœaceæ et Geissolomaceæ (auct, A. De Candolle); 723. 704 Raozxorer (L.). La fécondation des pha- nérogames, 123. ReicnenBaAcH (L. et H.-G.). Icones flore germanicæ et helveticæ, t. XVIL (déc. 1-10), 129. — (déc. 13-15), 200. RücugNBACH (H.-G.). Xenia orchidacea (livr. 5-8), 314. ` Reissex. Voy. Fuernrohr. Réuxy (J.). Dimensions des Sequoia gigan- tea en Californie, 442. Ræprer (J.). Notes diverses, 359. Rupnecur (F.-J.). Animadversiones in plan- tas nonnullas horti imp. bot. Petropoli- tani, 435. Sacus (J.). Morphologie du Crucibulum vulgare, 65. — Voyez Fuernrohr. SaLu-Honsrwan (Le prince de). Expériences et résultats sur la nutrition des plantes, . 248. Sauter (J.'. Sur la vitalité de graines qui out séjourné longtemps dans la mer, 248. SaLTER (T.-B.). Voy. Bromfield. Sanio (C.). Sur la première génération des cellules du liége, 188. — Sur le déve- loppement des spores de I Equisetum palustre, 493. ScuacaT (H.), La marche de la fécondation dans le Gladiolus segelum, 415. Scuerzer. Sur une écorce fébrifuge et sur diverses plantes médicinales de l'Amé- rique centrale, 78. ScuzecaTexDaL (D.-F.-L. de). Formations anormales, 68, 195. — Remarques sur le genre Erythrea, 70. — Voyez Mohi. Scuizu&iN (A.). Voyez Fuernrohr. SCHOENBEIN (C.-F.). Sur le bleuissement spontané de quelques Champignons, 716. Scuucsanpr(Th.). Un nouveau Champignon né sur des racines de Liquirilia echinata, 727. Scaurrz (C.-H.) bipont. Description d'une fasciation de Beta vulgaris, 425. — Voyez Fuernrohr. ScauLtz (F.-W.). Les espèces de Gagea qui existent en France, 426. — Archives de Dore (journal). Articles et mémoires, 52. Seemann (B.). Sur le Palmier à ivoire vé- gétal (Phytelephas macrocarpa), 201.— Voyez Fuernrohr. SENDINER, Voyez Fuernrohr. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . Smıru (A.). Sur la préparation du sucre et de l'eau-de-vie de Palmier, à Ceylan,440. SmiTu (W.). Synopsis des Diatomacées de la Grande-Bretagne (t. ID, 260. SociéTÉ Linnéenne de Londres (Journal des actes de la). Relevé des travaux publiés, 265. SPrinG. Voyez Strail. SrnaiL. Sur une nouvelle espèce de Miche- laria. Rapport de M. Spring, 720. Srur. Influence du sol sur la distribution géographique des plantes, 261. TanGioni-Tozzerri (A.). Essai d'études sur le tégument des graines, 118. Tassi (A.). Sur la fécondation de l’Hoya carnosa, 302. — Sur la manière de ré- diger les catalogues de graines dans les jardins botaniques, 525. TnHowsoN (Th.). Voyez Hooker (J.-D.). Tuwatres (G.-H.-K.). Description de nou- veaux genres et de nouvelles espèces de plantes de Ceylan, 434. TRAUTVETTER (E.-R. de). Sur les Camfo- rosma ovata et annua, 129. — Sur quelques Staticacées de Russie, 427. — Voyez Middendorff. TagvinaNUs (L.-C.). Sur le genre Astilbe, 71. TuLasnE (L.-R.). Nouvelles études d'em- bryogénie végétale, 119. Unio zoologico-botanique de Vienne. Rap- port sur les ouvrages publiés en Au- triche relativement à la botanique, etc. , de 1850 à 1853, 266. Vilmorin (L.). Album-Vilmorin, 264. Viner. Sur la quantité de Tannin qui existe dans les galles du Cynips Quercus pe- tisli, 205. | Vinson. Essai sur quelques plantes utiles de l'ile Bourbon, 137. . VocEL (A.). Sur les rapports qui existent entre la lumiere et la végétation, 360. Vriese (W.-H. de). Mémoire sur le Cam- phrier de Sumatra et de Bornéo, 320. WALLACE (A.-R.). Sur le Bambou et le Du- rien de Bornéo, 432. . WicasD (A.). Sur un ncuvel appareil pour dessiner au microscope, 141. ZETTERSTEDT (J.-E.). Monographie An- dreæarum Scandinaviæ tentamen, 203. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, ruc Mignen , 2.