SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE latis; — imprimerie de L. ManTinet, rue Migneh , 2. BULLETIN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 TOME QUATRIEME PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ DU VIEUX-COLOMBIER , 24 1857 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE (AVRIL 1857) ACARD (A.), pharmacien , à Rugles (Eure). ALANORE, pharmacien, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dóme). AMBLARD (Louis), rue de l'Ouest, 36, à Paris, et rue Paulin, 44, à Agen. AMBROSI (FRANCOIS), à Borgo en Valsugana (Tyrol). AUSSURE (ALPHONSE D^), étudiant en médecine , rue St-Jacques, 171, à Paris. AVICE DE LA VILLEJAN, médecin aide-major, à l'hópital francais, à Rome. (Correspondant à Paris: M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.) BAILLON (H.), agrégé àla Faculté de médecine, rue Taranne, 7, à Paris. BALANSA (B.), rue de l'Arcade, 7, à Montmartre, prés Paris. | BALL (BENJAMIN), interne en médecine, à l'hôpital de La Riboisière, à Paris. BALL (Jonn), membre du parlement britannique , Park-street, 18, Westminster, à Londres. BARAN (GABRIEL DE), rue de Vaugirard, 158, à Paris. BARAT, professeur au lycée impérial d'Alger. BARNSBY (Davip), rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont, 24, à Paris. BARRAU (ADOLPHE DE), docteur en médecine, à Carcenac, près Rodez (Aveyron). BAUDRIMONT, pharmacien en chef de l’hospice Sainte-Eugénie , rue Saint- Victor, 22, à Paris. | BAUDRY (FRÉDÉRIC), ancien bibliothécaire de l'institut agronomique, rue de la Paroisse, 12, à Versailles. BEAUTEMPS-BEAUPRÉ (CHARLES), substitut du procureur impérial, à Troyes (Aube). | p BÉLANGER (CHARLES), directeur du jardin botanique, à Saint-Pierre (Marti- nique). BILLOT (CONSTANT), professeur au collége de Haguenau (Bas-Rhin). u ij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BINET (ALFRED), interne en médecine, à l'hópital de la Charité, à Paris. BLANCHE (Is190RE), vice-consul de France à Tripoli (Syrie). — (Correspondant à Paris: M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72). BOISDUVAL , docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 22, à Paris. BOISSIER (EDMOND), à Genève (Suisse). BOITARD (EMMANUEL), docteur en médecine, à. . . . . BONHOMME (JULES), naturaliste, à Milhau (Aveyron). BORDÈRE, instituteur primaire, à Gèdres, près Luz (Hautes-Pyrénées). | BORNET (ÉDOUARD), docteur en médecine, rue de la Calandre, 27, à París. BOUCHARDAT, professeur à la Faculié de médecine, rue du Cloître Notre- Dame, 8, à Paris. BOUDIER, pharmacien, à Montmorency (Seine-et-Oise). BOUIS (DE), docteur en médecine, rue Saint-Louis, 44, au Marais, à Paris. BOULOUMIÉ (Louis), rue du Vieux-Raisin, 26, à Toulouse. BOURGEAU (ÉMILE), naturaliste voyageur, rue Saint-Claude, 14, au Marais, à Paris. BOUTEILLE. à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise). BOUTEILLER EpD.), professeur, à Provins (Seine-et-Marne). BOUTIGNY, sous-inspecteur des forêts, à Foix (Ariége). BRICE (GEORGES), chef de bureau au ministère de la maison de l'Empereur, rue des Écuries-d’Artois, 11, à Paris. BRONDEAU (LOCIS DE), à Garonne). BRONGNIART (ADOLPHE), membre de l’Académie des sciences, etc., au Jardin des Plantes, à Paris. | BROU (l'abbé), curé à Oulins, par Anet (Eure-et-Loir). BROWN (ROBERT), président de la Société Linnéenne de Londres, associé étranger de l’Institut de France, Deanstreet, 48, à Londres. BRUTELETTE (B. DE), à Abbeville (Somme). BUFFET (JULES), élève en pharmacie, rue des Mathurins-Saint-Jacques , 4, à Paris. BUREAU (Épowarp), docteur en médecine, rue de la Sorbonne, 20, à Paris. leignac, commune de Moirax, près Agen (Lot-et- CADET DE CHAMBINE (Ebx0ND), rue du Faubourg -Poissouniere, 34, à Paris. CALLAY (A.), pharmacien, au Chéne (Ardennes). CALMEIL (le docteur), médecin en chef de la maison impériale de Charenton, pres Paris, CARBONNEAUX - LEPERDRIEL, élève en pharmacie, rue des Martyrs, 28, à Paris. CARON (HENRI), à Bulles (Oise). CARUEL (T.), au musée d'histoire naturelle de Florence (Toscane). CASPARY (ROBERT), docteur en philosophie, Poppelsdorfer -Schloss, à Bonn (Prusse rhénane). CAVENTOU (EUGÈNE), pharmacien, rue Gaillon, 20, à Paris. CHAROY (ALCIDE), agent-voyer de la ville d'Aumale (Algérie). CHASTANET (A.), à Mussidan (Dordogne). LISTE DES MEMBRES. iij CHATIN (A.), professeur à l'École de pharmacie, rue du faubourg Saint- Honoré, 208, à Paris. CHAVIN (l'abbé), curé à Compesières, prés Genève (Suisse). CHEVRIER (JULES), pharmacien, rue du Faubourg- Montmartre, 17, à Paris. CHOMINOT, pharmacien, à Joinville (Haute-Marne). CHOISY (le professeur), à Genève (Suisse), CLARINVAL, colonel d'ariillerie, à Metz. CLOS (D.), professeur à la Faculté des sciences, au jardin botanique, à Toulouse. Membre à vie. COMAR (FERDINAND), pharmacien, rue Poissonnière, 2, à Paris. CONTES (le baron GUSTAVE DE), maison Chabaud, rue Saint-Francois-de-Paule, à Nice (États sardes). COSSON (ERNEST), docteur en médecine, rue du Grand-Chantier, 12, à Paris, et à Thurelles, par Fontenay-sur-Loing (Loiret). COUDRAY (Louis), avoué, à Châteaudun (Eure-et-Loir). COURTAUT (HENRI), sous-chef à l'administration des Domaines, rue de l'Ouest, 95, à Paris. CRETAINE (ALEXIS), pharmacie Journeil, à Melun (Seine-et-Marne). CROUAN (HIPPOLYTE), pharmacien, rue de Ja Fraternité, 6, à Brest (Finistère). CUIGNEAU (T'1.), docteur enymédecine, Allées-Damour, 16, à Bordeaux. D/ENEN (l'abbé), aumónier de la chapelle Saint-Louis, à Dreux (Eure-et-Loir). DARRACQ (UrrssE), pharmacien, à Saint-Esprit (Landes). DARRIEUX (AnsENE), docteur en médecine, à Saint-Jean-Pied-de-Port (Basses- Pyrénées). DEBEAUX (Opon), pharmacien aide-major, à l'hôpital militaire de Boghar, par Médéah (Algérie). DECAISNE (J.), membre de l'Académie des sciences, etc., au Jardin des Plantes, à Paris. DE CANDOLLE (ALPHONSE), à Genève (Suisse). DECES (ARTHUR), interne en médecine, rue Taranne, 9, à Paris. DELASTRE, rue de l'Hospice, 23, à Poitiers. DELAUNAY, manufacturier, à Tours. DELBOS (JosrPH), professeur à l'École supérieure des sciences appliquées, rue des Bouchers, 5, à Mulhouse (Haut-Rhin). DELESSERT (FRANÇOIS), membre de l'Académie des sciences, etc., rue Mont- martire, 172, à Paris. DELLA SUDDA riLs (GEORGES), pharmacien, à Constantinople. (Correspondant à Paris: M. L. Soubeiran, quai de la Tournelle, 47.) DELONDRE (AUGUSTE), à Graville-Havre (Seine-Inférieurc). DELONDRE (AUGUSTIN), rue des Juifs, 20, à Paris. DEMOGET (E.), élève en pharmacie, rue des Tanneurs, 18, à Bar-le-Duc (Meuse). DEMOUY, pharmacien, à Noyon (Oise). DERBEÉS, professeur à la Faculté des sciences, rue des Minimes, 10, à Marseille. DEROUET, membre du conseil général d'Indre-et-Loire, vue des Fossés-Saint- Georges, 4, à Tours, et rue Chabannais, 1, à Paris. iv SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DES ÉTANGS (5.), juge de paix, à Bar-sur-Aube (Aube). DESMAZIÈRES, naturaliste, à Lambersart , près Lille. DES MOULINS (Cn.), membre de plusieurs académies, rue et hôtel de Gourgues, à Bordeaux. DEZANNEAU (ALFRED), interne en médecine, à l'hôpital Sainte-Eugénie, à Paris. DORVAULT, directeur de la pharmacie centrale des pharmaciens, rue des Marais Saint-Germain, 23, à Paris. DOUMET (E.), député au Corps législatif, maire de Cette (Hérault). DOURS, docteur en médecine, à Péronue (Somme). DOVERGNE, pharmacien, à Hesdin (Pas-de-Calais). DUBOC (Épouarp), rue des Gobelins, 28, Ingouville, au Havre (Seine-Inférieure). DUBY (le pasteur), à Genève (Suisse). DUCHARTRE (P.), docteur ès sciences, rue de Sèvres, 14, à Paris. DUCLAUX, vice-président du tribunal civil, à Laval (Mayenne). DU COLOMBIER (MAURICE), directeur du télégraphe, à Metz. DUCOUDRAY-BOURGAULT (L.-H.), rue Cambronne, 2, à Nantes. DUFOUR (LÉON), docteur en médecine, correspondant de l'Institut, à, Saint- Sever-sur-Adour (Landes). DUHAMEL, employé au ministère de la Guerre, rue Saint-Honoré, 301, à Paris. DUMOLIN (J.-B.), à Saint-Maurin, par Puymirol (Lot-et-Garonne). DUMONT (HENRY), interne en médecine, rue de l'Échiquier, 38, à Paris. DUQUENELLE (ÉDOUARD), étudiant en pharmacie, rue d'Enfer, 21, à Paris. DURIEU DE MAISONNEUVE, directeur du nouveau Jardin des Plantes, allée des Noyers, 28, à Bordeaux. DUSACQ, libraire-éditeur, rue Jacob, 26, à Paris. * DUSSAUD, pharmacien, rue de Rome, 1, à Marseille. EBRAN (ARTHUR), pharmacien,rue des Pénitents, 2, au Havre (Seine-Inférieure). ELOY DE VICQ (L£ox), place de la Placette, à Abbeville (Somme). FABRE (J.-H.), professeur d'histoire naturelle au lycée d'Avignon. FAIVRE, docteur en médecine, professeur au collége Stanislas, rue Bonaparte, 72, à Paris. FAUCHIER (P.), pharmacien, à Reuilly (Indre). FEE, professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Strasbourg. FERAUD (HIPPOLYTE), percepteur des contributions directes, à Carpentras (Vaucluse). FERMOND (CHARLES), pharmacien en chef de la Salpêtrière, à Paris. FERRER (LÉON), étudiant en pharmacie, rue des Marchands, à Perpignan. FISTON, employé des postes, rue des Récollets, 17, à Versailles. FORGET (EUGÈNE), docteur en médecine, place Saint-Michel, 8, à Paris. FORT (ARISTIDE), interne en pharmacie, à l'hôpital Saint-Louis à Paris. FOURNIER (EUGÈNE), interne des hôpitaux, rue Bonaparte, 20, à Paris. FOVILLE (ACHILLE DE), interne en médecine, à l'hópital Necker, à Paris. FRANQUEVILLE (ALBERT DE), rue Palatine, 5, à Paris, et au château de Bisanos, par Pau (Basses-Pyrénées). LISTE DES MEMBRES. v FRILLEY, chirurgien de marine, à Dòle (Jura). FROGÉ (GEORGES), pharmacien, à Niort (Deux-Sèvres). GAILLARDOT (C.), médecin de l'hópital de Saïda (Syrie). — (Correspondant à Paris : M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.) GALLICHER (PAUL), quai de la Mégisserie, 26, à Paris. GARNIER (ALMIRE), interne en médecine, à la Salpêtrière, à Paris. GARREAU (Louis), docteur en médecine, à Changé-lez-Laval (Mayenne). GAVINO-GULIA, docteur en médecine et pharmacien, à l'ile de Malte. GAY (CLAUDE), boulevard Bonne-Nouvelle, 25, à Paris. Membre à vie. GAY (JACQUES), rue de Vaugirard, 36, à Paris. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, docteur en médecine, rue Pavée-Saint-André, 3, à Paris, et au château du Bessay, canton de Dornes (Nièvre), GIDE (CASIMIR), libraire-éditeur, rue Bonaparte, 5, à Paris. GIRAUDY, boulevard Chave, 90, à Marseille. GIROU DE BUZAREINGUES, député au Corps législatif, rue Royale, 28, à Paris. GODRON, doyen de la Faculté des sciences, rue de la Monnaie, 4, à Nancy. GOGOT, docteur en médecine, rue des Trois-Pavillons, 4, à Paris. GOMBAULT (URBAIN), interne en médecine, rue de Constantine, 34, à Paris. GONOD EUGÈNE), pharmacien, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). GONTIER, docteur en médecine, rue Saint-Honoré, 364, à Paris. GRAVES (Louis), directeur général des forêts, rue de Verneuil, 51, à Paris. GRENIER(CH.), professeur à la Faculté des sciences, rue de la Préfecture, 14, à Besancon. GRIS (ARTHUR), licencié és sciences naturelles, rue Guy-de-la- Brosse, 5, à Paris. GROENLAND (JOHANNES), rue du Cardinal-Lemoine, 1, à Paris. GUBLER, agrégé à la Faculté de médecine, rue de Seine, 12, à Paris. GUÉNIOT (ALEXANDRE), étudiant en médecine, rue Férou, 11, à Paris. GUÉPIN, docteur en médecine, rue des Lices, 11, à Angers (Maine-et-Loire). GUEYDON DE DIVES, à Manzac, par Saint-Astier (Dordogne). GUIART, pharmacien en chef de l'hópital de la Pitié, à Paris. GUIDI (Louis), à Pesaro (États de l'Église). GUILLARD (ACHILLE), docteur ès sciences, rue de Laval, 15, à Paris. GUILLON (ANATOLE), sous-inspecteur des contributions indirectes, à Villeneuve- d'Agen (Lot-et-Garonne). GURY (ALPHONSE), pharmacien, rue Téte-d'Or, à Metz. GUYOT-RESSIGE AC (CHARLES), capitaine d'artillerie, à Grenoble. HENON, interprète militaire, à Batna, province de Constantine (Algérie): HENNECART, ancien député, rue Neuve-des-Mathurins, 41, à Paris. HENSLOW, professeur à l'Université de Cambridge (Angleterre). HERETIEU, inspecteur des contributions directes, à Montauban (Tarn-et- Garonne), Y vi SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. HÉRICART-FERRAND (le vicomte), rue Sainte-Catherine-d’Enfer, 1, à Paris. HÉRINCQ, attaché au Muséum d'histoire naturelle, rue Guy-de-la-Brosse, 11, à Paris. HOMOLLE, docteur en médecine, rue Bonaparte, 7, à Paris. HOOKER (Sir WILLIAM), au jardin botanique de;Kew, près Londres. HOUDBINE, pharmacien, à Niort (Deux-Sèvres). HOWARD (Joan ELLIOT), à Tottenham, près Londres. HUBERT, pharmacien, à New-York. — (Correspondant à Paris: M. Puel, bou- levard Beaumarchais, 72). HUGUENIN (AUGUSTE), à Chambéry (Savoie). HUMBERT (ÉMILE), docteur en médecine , rue de la Harpe, 107, passage d'Harcourt, à Paris. IRAT (ALBERT), procureur impérial, à Figeac (Lot). JACQUEL (l'abbé), curé à Coinches, par Saint-Dié (Vosges). JAMAIN (A.), docteur en médecine, rue Mazarine, 20, à Paris. JAMIN (PIERRE), directeur du jardin d'acclimatation de Beni-Mora (Algérie). JAUBERT (le comte), ancien ministre, rue Saint-Dominique, 67, à Paris, et au domaine de Givry, par La Guerche-sur-Aubois (Cher). JEANBERNAT (ERNEST), interne des hospices, à l’hôpital Saint- Jacques, à Toulouse. JOLIEU (ANTOINE), docteur en médecine, à Lavelanet (Ariége). JORDAN (ALEXIS), rue Basseville, 10, à Lyon. JOUFFROY-GONSANS (M. DE), rue de la Préfecture, 20, à Besançon, et rue de l'Ancieune-Comédie, 21, à Paris. JOUVIN, professeur à l'Ecole de médecine navale, rue Saint-Louis, 88, à Roche- fort-sur-mer (Charente-Inférieure). JULLIEN-CROSNIER, conservateur du Jardin des Plantes, rue d’Illiers, 54 bis, à Orléans. KETELEER, horticulteur, rue de Charonne, 146, à Paris. KIRSCHLEGER, professeur à l'Ecole supérieure de pharmacie de Strasbourg. KRALIK (Louis), rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. Membre à vie. KRÉMER, docteur en médecine, pharmacien en chef, à Sidi-Bel-Abbés, pro- vince d'Oran (Algérie). KRESZ, docteur en médecine, rue des Bourdonnais, 1/4, à Paris. LABOURET (J.), hôtel de l'ancienne sous-préfecture, à Ruffec (Charente). LACROIX (l'abbé DE), à Saint-Romain-sur-Vienne, par les Ormes (Vienne). LACROIX, pharmacien, à Màcon (Saóne-et-Loire). LAGRANGE, docteur en médecine, rue Garancière, 6, à Paris. LAGRÈZE FOSSAT (ADRIEN), avocat, à Moissac (Tarn-et-Garonne). LAISNÉ (A.-M.), ancien principal du collége, à Avranches (Manche). LISTE DES MEMBRES. vij LAMBERTYE (le comte LÉONCE DE), à Chaltrait, par Montmort (Marne). LAMIABLE (G.), docteur en médecine, à Château-Porcien (Ardennes). LAMOTTE (MARTIAL), pharmacien, à Riom (Puy-de-Dôme). LANGE, bibliothécaire au jardin botanique de Copenhague (Danemark). LA PERRAUDIERE (HENRI DE), rue da Cornet, 24, à Angers. LAPORTE (EDMOND), boulevard de l'Étoile, 38, aux Thernes, près Paris. LARAMBERGUE (HENRI DE), à Castres (Tarn). LAREVELLIÈRE-LÉPEAUX, au Gué du Berger, à Thouarcé (Deux-Sèvres). LASÈGUE (A.), conservateur des collections botaniques de M. Francois Delessert, rue Montmartre, 172, à Paris. LAVALLÉE (ALPHONSE), rue des Coutures-Saint-Gervais, 1, à Paris. LAVAU (GASTON DE), rue du Bac, 97, à Paris. LAVERNELLE (OSCAR DE), rue de Martignac, 24, à Paris. LEBAIL, docteur en médecine, à Evron (Mayenne), LEBEL (E.), docteur en médecine, à Valognes (Manche). LEBEUF (FERDINAND), pharmacien, à Bayonne (Basses-Pyrénées). LECADRE, ancien chirurgien de marine, rue Chilou, 8, au Havre (Seine- Inférieure). LECLERC, professeur d'histoire. naturelle à l'École de médecine et de phar- macie de Caen (Calvados). LECLÈRE (Louis), chez M. Léon Denouette, à Montivilliers, prés le Havre (Seine- Inférieure). LECOQ (HENRI), professeur d'histoire naturelle à la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Membre à vie. LE COUPPEY, pharmacien, à Bercy, près Paris. LE DIEN (ÉMILE), propriétaire, à Asnières (Seine). LE FORT (LÉON), interne en médecine, rue des Fossés-Saint-Bernard, 22, à Paris. LEGRAND (de l'Oise), ancien député, rue Richepanse, 7, à Paris. LEGUAY (LÉON), inspecteur des jardins impériaux, rue du Cherche-Midi, 17, à Paris. LE MAOUT (Emm.), docteur en médecine, quai de la Tournelle, 33, à Paris. LENORMANT (FRANÇOIS), rue Neuve-des-Petits-Champs, 44, à Paris. LÉPINE (JULES), pharmacien de première classe de la marine, à Pondichéry (Inde francaise). — (Correspondant à Paris: M. P. Dupont, rue de l'Echi- quier, 15). LE PRÉVOST (AUGUSTE), membre de l'Institut, à Bernay (Eure). LEROUX DE BRETAGNE, avocat, rue des Saints- Peres, 61, à Paris. LEROY (ANDRÉ), pépiniériste, à Angers. LESPIAULT (M.), peintre d'histoire naturelle, à Nérac (Lot-et-Garonne). LESPINASSE (GUSTAVE), agent de change, rue du Waux-Hall, 1. à Bordeaux. LESTIBOUDOIS (TH.), conseiller d'État, rue de la Victoire, 92, à Paris. LETOURNEUX (AnISTIDE), procureur impérial, à Bóne (Algérie). LEVENT, ancien pharmacien, place du Palais-de-Justice, 16, à Reims (Marne). LHÉRITIER, docteur en médecine, rue de la Victoire, 8, à Paris. LOCK, pharmacien à Vernon (Eure). LOMBARD (F.), place d'Armes, 4, à Dijon. LORIÈRE (IRÉNÉE DE), rue Chanoinesse, 12, à Paris. viij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LOYSEL (FRANÇOIS-CHARLES), rue Mazarine, 3, à Paris. | LUTZ, pharmacien en chef de l'hôpital des Enfants malades, rue de Sèvres, à Paris. MACKENNA (BENJAMIN VIGUNNA), au Chili. — (Correspondant à Paris: M. Charles Valder, passage de la Madeleine, /.) MAILLARD (AUGUSTE), rue Saint-Sulpice, 1, à Paris. MAILLE (ALPHONSE), rue Madame, 4, à Paris. MANESCAU, ancien représentant, à Pau (Basses-Pyrénées). MARCILLY (pe), garde général des forêts, à Compiègne (Oise). MARES (P.), docteur en médecine, rue Blanche, 40, à Paris. MARJOLIN, docteur en médecine, rue de la Paix, 1, à Paris. MARMOTTON (HENRI), docteur en médecine, rue Notre-Dame, 4, à Passy, pres Paris. MARSY (DE), procureur impérial, à Compiègne (Oise). MARTIN (ÉuiLE), juge, à Romorantin (Loir-et-Cher). MARTINS (CHARLES), professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. MARTRIN-DONOS (le comte VICTOR DE), Grande-Rue, à Montauban (Tarn-et- Garonne). | MASSON |VicTOR), libraire-éditeur, place de l'École-de-Médecine, à Paris. MASSOT (AIMÉ), docteur en médecine, rue Saint-Jean, 9, à Perpignan. MATHIEU (AUGUSTE), inspecteur des foréts, professeur à l'École impériale fo- restière, rue Stanislas, 46, à Nancy. MATIGNON (E.), à Fontainebleau (Seine-et-Marne). MAUGERET, directeur du télégraphe, à Bordeaux. MAUGIN (AUGUSTE), interne en médecine, à l'Hótel-Dieu, à Paris. MAUGIN (GusTAVE), avocat, rue de Seine, 33, à Paris. MAURIN (ALGIDE), étudiant en médecine, rue Monsieur-le-Prince, 56, à Paris. MAUVAIS (VIRGILE), interne en médecine, à l'hópital Saint-Louis, à Paris. MÉLICOCQ (le baron DE LAFONS DE), rue Royale, 84 bis, à Lille. MENIÈRE (le docteur), médecin de l'établissement des sourds-muets, rue Saint- Jacques, 256, à Paris. MERCIER, pharmacien, rue Crébillon, 11, à Nantes, MICHALET (EUGÈNE), avocat, à Dóle (Jura). MIERGUES (AUGUSTE), docteur en médecine, à Anduze (Gard). MILLET (C.), inspecteur des forêts, rue du Marché-Saint-Honoré, 6, à Paris.. MINGAUD, pharmacien, à Saint-Jean-du-Gard (Gard). MONARD (P.), ancien médecin en chef des armées, conservateur du jardin bo- tanique, rue de l'Évéché, 95, à Metz. MONTAGNE (CAMILLE), membre de l'Académie des sciences, etc., rue des Beaux- Arts, 12, à Paris. MOQUIN-TANDON (ALFRED), membre de l'Académie des sciences, etc., rue de l'Est, 2, à Paris. MORIZE, pharmacien, rue des Francs-Bourgeois, 13, au Marais, à Paris. MOUGEOT PÈRE, docteur en médecine, à Bruyères (Vosges). MOURA-BOUROUILLOU (B.), docteur en. médecine, rue de la Fontaine-Moliére,. 33, à Paris.. LISTE DES MEMBRES. IX MUNBY (G.), à Oran (Algérie). MUSSAT (ÉMILE), élève en pharmacie, à la Salpêtrière, à Paris. NOÉ (le comte DE), rue du Bac, 109, à Paris. NOULET, professeur à l'École de médecine, rue du Lycée, 8, à Toulouse. OUNOUS (LÉo p^), à Saverdun (Ariége), et rue Jacob, 22, à Paris. PARISOT (Louis), pharmacien, à Belfort (Haut-Rhin). PARLATORE (PHILIPPE), professeur de botanique au Musée grand-ducal d'his- toire naturelle de Florence (Toscane). PARSEVAL-GRANDMAISON (JULES DE), avocat, aux Perriéres, prés Màcon (Saóne-et-Loire). PASSY (ANTOINE), ancien député, rue Pigale, 6, à Paris, et à Gisors (Eure). PAYER, membre de l'Académie des sciences, etc., rue Saint-Hyacinthe-Saint- Michel, 6, à Paris. PENCHINAT (CHARLES), docteur en médecine, à Port-Vendres (Pyrénées-Orien- tales). PÉPIN (JULEs), docteur en médecine, rue de l'Est, 7, à Paris. PERRIER (EUGÈNE), à Conflans-sur-l'Hópital (Haute-Savoie). PERRIO (FRANCISQUE), à Napoléonville (Morbihan). PERROTTET, à Poudichéry. — (A Paris, rue Montmartre, 172). PERSONNAT (CAMILLE), rue d'Étigny, 20, à Auch (Gers). PERSONNAT (Vicron), employé des contributions indirectes , à Saint-Céré (Lot). PETIT (GUILLAUME), membre du conseil général de l'Eure, à Louviers (Eure). PETIT (V.), docteur en médecine, à Hermonville, prés Reims (Marne). PEUJADE (ULYSsE), docteur en médecine, à Najac (Aveyron). PICQUOT (Épotanp), interne en pharmacie, rue de Constantine, 36, à Paris. PLANCHON (J.-E.), professeur à la Faculté des sciences de Montpellier. POIRIER (ABEL), rue de Constantine, 36, à Paris. POMMARET (E. DE), à Agen (Lot-et-Garonne). POUCHET (EUGÈNE), à Saint-Michel-de-la-Haie, par Bourgachard (Eure). PRILLIEUX (Épouarp), rue de la Ville-l'Évéque, 58, à Paris. PUEL (Louis), pharmacien, à Figeac (Lot). PUEL (TIMOTHÉE), docteur en médecine, boulevard Beaumarchais, 72, à Paris. QUESTIER (l'abbé), curé à Thury en Valois, par Betz (Oise). RABOTIN, pharmacien, à Fontainebleau (Seine-et-Marne). RAMBUR (P.), docteur en médecine, rue Saint-Nicolas-Simon, 33, à Tours. RAMON DE LA SAGRA, correspondant de l'Institut, passage Saulnier, 22, à Paris. RAMOND (A.), directeur des douanes, au Havre (Seine-Inférieure). RANTONNET, pépiniériste, à Hyères (Var). X SOCIÉTÉ ROTANIQUE DE FRANCE. RASCON (MARTIN-JOSE), à Mexico. — (Correspondant à Paris : M. O'Brien, rue Mogador, 4). RATIER (l'abbé), professeur au petit séminaire, rue de l'Esquille, 1, à Toulouse. RAULIN (VICTOR), professeur à la Faculté des sciences, rue Croix-de-Seguey, 87, à bordeaux. RAYNEVAL (le comte ALPHONSE p£}, ambassadeur de France, à Rome. REBOUD, docteur en médecine, chirurgien aide-major, à Djelfa (Algérie). RÉCAMIER (ÉTIENNE), rue du Regard, 1, à Paris. REGNAUT, attaché à l'administration du chemia de fer d'Orléans, rue Saint- Honoré, 398, à Paris. REVEIL, agrégé à l'École de pharmacie, à l’hôpital des Cliniques, à Paris. REY riLs, à Saint-Amand-Montrond (Cher). ROBIN, ancien ingénieur divisionnaire des ponts et chaussées, rue de la Victoire, 73, à Paris. ROQUE DE SAINT-PRÉGNAN, sous-inspecteur des forêts, rue Royale, 8,à Paris. ROMAIN (CHARLES), rue Doria, à Alger. ROSNY (Léon De), rue Lacépède, 45, à Paris. ROUMEGUERE (Casimir), secrétaire en chef de la sous-préfecture, place de la Visitation, 9, à Toulouse. ROUSSEL (le docteur), rue des Fossés-Saint-Jacques, 26, à Paris. ROYS (le marquis DE), ancien élève de l'École polytechnique, rue de Verneuil, 53, à Paris. SAINTINE (X.-B.), rue de Lancry, 7, à Paris. SAUBINET ainé, membre de l'Académie impériale de Reims (Marne). SAULCY (DE), membre de l'Institut, etc., place Saint-Thomas-d'Aquin, à Paris. SAUZÉ (C.), docteur en médecine, à la Mothe-Saint-Héray (Deux-Sèvres). SAUZET (L.-H. pe), licencié ès sciences naturelles, rue des Saints-Péres, 55, à Paris. SAVATIER (ALEXANDRE), de Chéray (Ile d'Oléron), docteur en médecine, à Beauvais-sur-Matha, par Matha (Charente-[nférieure). SAVATIER (Lupovic), de Saint-Georges (Ile d'Oléron), chirurgien de la marine, à Mahé (Inde francaise). SAVI (PIETRO), professeur de botanique, à Pise. SCHIMPER (W.-P.), conservateur du Musée d'histoire naturelle de Strasbourg. SCHOENEFELD (W. DE), rue dela Ferme-des-Mathurins, 30,à Paris, et à Saint- Germain-en-Laye (Seine-et-Oise). SECOND-FERRÉOL (FÉLIX), interne en médecine, à l'hôpital Beaujon, à Paris. SERINGE, professeur à la Faculté des sciences de Lyon. SERRES, colonel d'artillerie en retraite, à la Roche-des-Arnauds, près Gap (Hautes-Alpes). SERRES (HECTOR), pharmacien, à Dax (Landes). SIMON, ex-chancelier du consulat de France à Erzeroum. — (Correspondant à Paris : M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.) SOUBEIRAN (J.-LÉON), professeur agrégé à l'Ecole de pharmacie, quai de la Tourr le, 47. ^ Paris. LISTE DES MEMBRES. X) SPACH (ÉDOUARD), garde de la galerie de botanique du Muséum d'histoire na- turelle, au Jardin des plantes, à Paris, TARGIONI- TOZZETTI (ADOLPHE), professeur de botanique, à Florence (Tos- cane). TASSI (ATTILIO), professeur de botanique, à Lucques (Italie). TCHIHATCHEF (P. DE), membre de l'Académie des sciences de Berlin, etc. , rue de Rivoli, grand hótel du Louvre, à Paris. THIBESARD, fondé de pouvoirs du receveur général, à Laon (Aisne). THOMSON (le docteur), à Kew, près Londres. THURET (GUSTAVE), rue Napoiéon, 18, à Cherbourg (Manche), et quai Bourbon, 15, à Paris. TILLETTE DE CLERMONT-TONNERRE (le baron), député au Corps légis- latif, à Abbeville (Somme). TIMBAL-LAGRAVE (Ep.), pharmacien, rue Pargaminière, 84, à Toulouse. TISSEUR (l'abbé), missionnaire, aux Chartreux, à Lyon. TITON, docteur en médecine, à Châlons-sur-Marne (Marne). TOCQUAINE (ADOLPHE), à Remiremont (Vosges). TODARO (AvuGUsTIN), directeur du jardin botanique de Palerme (Sicile). TOPINARD (PAUL), interne en médecine, à l'hópital Saint-Louis, à Paris. TORRENT, docteur en médecine, à Thiers (Puy-de-Dôme). TRACY (DE), ancien ministre, rue d'Anjou-Saint-Honoré, 48, à Paris. TRÉCUL (A.), rue Cuvier, 20, à Paris. TROUILLARD, banquier, à Saumur (Maine-et-Loire). TULASNE (L.-R.), membre de l'Académie des sciences, etc. , rue de Vaugirard, 73, à Paris. VALLON (ALEXANDRE), licencié ès-sciences, rue Gracieuse, 20, à Paris. VANDERMARQ, rue de Lille, 76, à Paris. VAUPELL (CHRISTIAN), à Copenhague (Danemark). VIAUD-GRANDMARAIS (AMBROISE), interne des hôpitaux, rue Bonaparte, à Paris. VILLIERS DU TERRAGE (le vicomte pk), ancien pair de France, rue Racine, 8, à Tours. VILMORIN (Louis), quai de la Mégisserie, 28, à Paris. WARION (ADRIEN), rue du Palais, 10, à Metz. WATELET (An.), professeur, officier d'Académie, à Soissons (Aisne). WEDDELL (H.-A.), docteur en médecine, aide-naturaliste au Muséum, rue de Poissy, 4, à Paris. WEGMANN (FERNAND DE), garde général des foréts, à Soultz-sous-Forêts (Bas- Rhin). WEISS-SCHLUMBERGER, à Mulhouse (Haut-Rhin). WIGHT (le docteur), à Grazeley-Lodge, près Reading (Angleterre). Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 JANVIER 1857. PRÉSIDENCE DE M. A, PASSY. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 décembre 1856, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Burrer (Jules), élève en pharmacie, rue des Mathurins- Saint-Jacques, 4, à Paris, présenté par MM. Maurin et Eug. Fournier, Romain (Charles), rue Doria, à Alger, présenté par MM. Maille et Eug. Fournier. M. le Président annonce en outre cinq nouvelles présentations. Dons faits à la Société: 4° De la part de M. Ch. Martins, de Montpellier : La Géographie botanique (extrait de la Revue des Deux Mondes). 2 De la part de M. Ed. Bornet, de Cherbourg : Description de trois Lichens. 8° De la part de M. Gavino-Gulia, de Malte : Repertorio botanico, procedato da una prefazione bibliografico-critica, fasc, 1. Malte, 1855-56. he En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, décembre 1856 et janvier 1857, deux numéros, T. IV, | 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lecture est donnée d'une lettre de M. le docteur Leclerc, de Caen, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. Conformément à l'article 28 du règlement, M. le Président fait connaitre à la Société le nom des membres des diverses Commissions nommées par le Conseil, pour l'année 1857, dans sa séance du 19 décembre dernier. Ces Commissions sont composées de la manière suivante : 4 Commission de comptabilité, chargée de vérifier la gestion de M. le Trésorier: MM. Brice, J. Gay et T. Puel; 2 Commission des archives, chargée de vérifier la gestion de M. l'Archiviste: MM. Cosson, Maille et Weddell ; 3° Commission permanente du Bulletin: MM. Chatin, Decaisne et de Schcænefeld. M. le Président annonce que, par suite du tirage au sort qui a été fait le 19 décembre dernier, les membres du Conseil qui doivent être remplacés cette année sont: MM. Bouchardat , J. Gay , Le Maout et le baron Tillette de Clermont- Tonnerre. On procède ensuite à l'élection du président pour l'année 1857. M. Moquix-Tannow, ayant obtenu 100 suffrages sur 128 , est pro- clamé président de la Société pour l'année 1857. La Société nomme ensuite successivement: Vice-présidents: MM. le comte Jaubert, T. Puel, Le Maout et Lasègue. | Vice-secrétaire: M. de Schcenefeld, en remplacement de M. T. Puel, nommé vice-président. Membres du Conseil: MM. A. Passy, Boisduval, Chatin, Baillon , Germain de Saint-Pierre et Menière. Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d'admi- nistration dela Société se trouvent composés, pour l'année 1857, de *« . ? la manière suivante : SÉANCE DU 9 JANVIER 1857. 9 Président. M. MoquiN-TaNpoN. Vice-présidents. MM. le comte Jaubert. MM. E. Le Maout. Laségue. T. Puel. Secrétaires. Vice- secrétaires. MM. E. Cosson. MM. de Schænefeld. Duchartre. L. Soubeiran. Trésorier. Archiviste. M. Fr. Delessert. M. de Bouis. Membres du Conseil. MM. Baillon. MM. Germain de Saint-Pierre. Boisduval. Menière. Brice. Montagne. Ad. Brongniart. À. Passy. Chatin. L.-R. Tulasne. Decaisne. Weddell. Avant de se séparer, la Société vote des remerciments unanimes à M. A. Passy, pour le dévouement avec lequel il a bien voulu diriger ses travaux pendant l'année qui vient de finir. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON, M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 9 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance , M. le Président proclame l'admission de: MM. Gavivo-GuLi4, docteur en médecine et pharmacien, à l'ile de Malte, actuellement à Paris, rue del École-de-Médecine, 25, présenté par MM. Dorvault et L. Soubeiran. Pépin (Jules), docteur en médecine, rue de l'Est, 7, à Paris, présenté par MM. Moquin-Tandon et Cosson. SauzET (Louis-Henri de), licencié és sciences naturelles, rue des Saints-Pères, 55, à Paris, présenté par MM. Moquin- Tandon et Cosson. B£rANGER (Charles), directeur du jardin botanique de la Mar- tinique, actuellement à Paris, présenté par MM. Moquin- Tandon et Decaisne. Gris (Arthur), licencié és sciences naturelles, rue Guy-de- la-Brosse, 5, à Paris , présenté par MM. Ad. Brongniart et Weddell. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : 1* De la part de M. Ch. Martins, de Montpellier : Index seminum horti Monspeliensis, 1856. 2* En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, janvier 1857, un numéro. M. de Schœnefeld , vice-secrétaire, donne lecture d'une lettre de M. le comte Jaubert , qui remercie la Société de l'avoir appelé aux fonctions de vice-président. Lecture est également donnée d'une lettre de M. le Dr Caspary, de Bonn, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 5 M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces nou- velles d'Algérie, et fait les communications suivantes: ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON (i). (Sixiéme partie.) Le ksar d'Arba el Tatani, dont les maisons à plusieurs étages couronnent un mamelon rocheux, domine l'oasis qui s'étend sur les bords du vaste maré- cage que traverse l'Oued Goulila. Nous installons notre campement au-des- sous du village, aux bords du marais et à l'abri des dattiers d'un jardin. Pour utiliser le reste de la journée, nous laissons M. Marès présider à notre installation et faire ses préparatifs pour les vues photographiques qu'il se propose de prendre le lendemain daus ee site pittoresque, et nous en- treprenons une courte excursion sur les coteaux à l'est du village, où la présence simultanée de sable mouvant, de rochers calcaires et de grès nous promet une herborisation intéressante. Là nous recueillons entre autres les Enarthrocarpus clavatus, Ifloga Fontanesii, Euphorbia Provincialis, Ono- pordon ambiguum, Centaurea polyacantha, Echinopsilon muricatus, Silene villosa var. micropetala, Muricaria prostrata, Cyrtolepis Alexandrina, Echium humile, Arnebia Vivianii, Anchusa hispida, Carduncellus erioce - phalus ?, Kælpinia linearis. Les sables des environs de deux marabouts nous offrent une partie des espèces propres aux dunes, parmi lesquelles nous nous bornerons à citer les Arthratherum pungens, Euphorbia Guyoniana, Echinops spinosus, Nolletia chrysocomoides, Retama Duriœi var. phæo- calyx, Ononis serrata, Malcolmia Æ'gyptiaca, Ammochloa subacaulis, Bras- sica Tournefortii. Une exploration plus prolongée de ces sables ne semblant devoir rien ajouter à nos récoltes, nous redescendons vers les jardins, que nous visitons. Indépendamment du Dattier qui tient une assez large place dans les plantations et des autres arbres fruitiers que nous avons re- marqués à Chellala, nous notons la présence du Pommier ; la Garance (Rubia tinctorum) croit en abondance parmi les plantes rudérales qui occupent les terrains en friche. Nous terminons notre excursion par l'exploration du lit de l'oued, dont les alluvions sont en grande partie occupées par des Tamarix Gallica, des Lauriers-Roses, les Phragmites communis, Typha latifolia, Juncus maritimus, Imperata cylindrica et Scirpus Holoschænus. Aux bords du cours d'eau nous observons les Zollikoferia resedifolia, Cleome Arabica, Paronychia nivea var. macrocalyx, Festuca cynosuroides, Pyrethrum fus- catum, Statice Bonduellii, Senecio coronopifolius, Spergularia diandra et (1) Pour les cing premières parties de cet Itinéraire, voyez le Bulletin, t. HI, + 988, 559, 599, 665 et 697. 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. media, une variété remarquable de Tarazacum Dens-leonis, à rosette de feuilles appliquée sur le sol, déjà observée par nous à Ain Sefissifa, le Juncus bufonius, ete. —A peine sommes-nous revenus à notre tente et avons- nous eu le temps de nous mettre tous à la préparation de nos récoltes , que quelques mots francais, des plus vigoureusement accentués, frappent nos oreilles et nous jettent dans un profond étonnement; car sur ce point re- culé du sud, nous nous croyions bien les seuls Francais à plusde vingt lieues à la ronde; aprés un instant de réflexion, pour nous convaincre que nos oreilles ne nous ont pas trompés, nous nous précipitons hors de la tente et nous avons l'agréable surprise de voir descendre de cheval plusieurs officiers de Géry ville qui viennent pour faire la pêche dans l'Oued Goulila. Quelques mulets les suivent, chargés de tonnes destinées à transporter vivants des barbillons qui doivent servir à l'empoissonnement d'une piéce d'eau récemment creusée à Géryville. Ces messieurs nous apprennent que M. de Colomb a tout fait préparer à Géryville pour notre réception et que nous devons y trouver, grâce à la sollicitude et à la généreuse hospi- talité du commandant supérieur, un bien-étre dont nous commencons à sentir le besoin aprés toutes les fatigues de notre voyage. Nous ne pouvons résister au plaisir de passer la soirée avec nos aimables voisins, parmi les- quels M. Kralik trouve avee une vive satisfaction deux compatriotes d'Al- sace, ce qui lui permet, tout en prenant le café et en fumant la pipe, de faire échange de politesses en allemand avee les nouveaux compagnons que nous sommes si heureux de rencontrer ainsi à l'improviste, Ce n'est qu'assez tard que nous pouvons retourner à nos plantes et achever nos préparatifs pour Ja course du lendemain. Le 18, à 7 heures du matin, nous montons à cheval pour nous rendre au pied du Djebel Nzira, montagne rocheuse qui à l'ouest s'élève de quelques centaines de mètres, renonçant à visiter le Djebel Bou Noueta qui, plus éloigné, borne la plaine à l'est et atteint une plus grande élévation. Pour cette course, nous sommes accompagnés de quelques fantassins du village, auxquels nous donnons un peu de poudre pour se livrer à une fantasia qui les enchante. Les alluvions sablonneuses d'un oued qui longe la base de la montagne nous offrent à peu prés les mémes plantes que le lit de l'Oued Douis que nous avions exploré dans notre trajet de Guelta el Hammam à Arba; nous y recueillons en outre les Lotus pusillus, Cleome Arabica, Gym- nocarpus decandrus, Anvillea radiata, E chinospermum Vahlianum, Atrac- tylis microcephala, ete. Le versant sud du Djebel Nzira, dont nous faisons l'ascension par un ravin qui s'étend presque jusqu'au sommet de la pente, est entierement dépourvu de végétation arborescente, et sur ses flancs ro- cheux nous ne rencontrons d'autres arbrisseaux que quelques rares touffes du Rhus dioica et quelques pieds rabougris des Rhamnus lycioides, Juni- perus Phænicea, Pistacia Atlantica. Nous croyons devoir donner ici la liste SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 7 des espèces les plus intéressantes que nous avons observées dans notre ase cension de la montagne : Carrichtera Vella. Asteriscus pygmæus, Plantago amplexicaulis, Silene pyriformis. Coleostephus macrotus. Caroxylon articulatum, Medicago laciniata. Artemisia Herba-alba. Anabasis articulata. Paronychia Cossoniana. Amberboa crupinoides. Rumex vesicarius. — nivea var. macrocalyx. Carlina involucrata. Passerina microphylla. Herniaria fruticosa. Catananche cærulea. Ephedra fragilis. Gymnocarpus decandrus. Sonchus spinosus. Asphodelus tenuifolius. Sedum altissimum. Orobanche cernua. Allium Cupani. Eryngium ilicifolium. Phelipæa Schultzii. Asparagus horridus. Ferula sp. nov.? — lutea. Lygeum Spartum. Galium ephedroides. Micromeria microphylla, Stipa tenacissima. Leyssera capillifolia. Statice Bonduellii (abon- Arthratherum ciliatum. Phagnalon purpurascens, dant). — obtusum, Pyrethrum fuscatum. Bubania Feei. Au sommet et dans la partie supérieure du versant nord croissent, dans les fissures des rochers ombragés par des buissons de Juniperus Phænicea, les Umbilicus horizontalis et Arabis auriculata. — Vers deux heures nous sommes de retour à la tente, où nous trouvons M. Marès tout occupé de photographie avec un jeune sous-officier des tirailleurs indigènes, M. Va- lette, venu avec les officiers de Géryville et qui nous exprime le désir qu'il aurait de nous accompagner dans notre tournée jusqu'à Géryville, où nous ne devons nous rendre qu'après avoir visité El Abiod Sidi Cheikh et Brézina; M. Valette, dessinateur habile, se met à notre disposition pour prendre les vues des sites les plus intéressants. Dientót nous voyons re- venir les officiers de Géryville, avec plusieurs barriques de poissons; ces messieurs ont la bonté de nous offrir une part du produit de leur péche, qui vient trés agréablement varier la nourriture par trop arabe à laquelle nous sommes condamnés depuis quelque temps. Le reste de la soirée se passe en causeries, tout en préparant nos plautes et en organisant tout pdur pouvoir le lendemain de bon matin nous mettre en route pour El Abiod Sidi Cheikh, situé à environ 24 kilomètres au sud d’Arba ; les renseigne- ments que nous devons à M. de Colomb sur cette excursion, qui doit nous offrir des sites variés, nous font espérer que la journée sera utilement em- ployée pour la botanique. Le 19, à 6 heures du matin, nous levons notre tente et nous expédions en avant les chameaux chargés de notre bagage, voulant avant notre dé- part consaerer quelques instants à faire nos adieux aux officiers de Géry- ville, dont la société nous a été si agréable, et nous ne quittons pas ces messieurs sans les charger de transmettre à M. de Colomb tous nos re- merciments pour la sollicitude avec laquelle il a tracé notre itinéraire et donné tous les ordres nécessaires pour la tournée que nous allons en- treprendre, Vers 7 heures du matin nous quittons Arba el Tatani accom- 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pagnés de M. Valette; la route que nous suivons ne nous offre guère pendant environ une lieue que les plantes observées par nous la veille sur les coteaux qui avoisinent le ksar, et nous ne devons mentionner que le Morettia canescens, dont nous trouvons quelques pieds dans les rocailles du chemin. Plus loin, la route, après avoir traversé plusieurs ravines argi- leuses presque dépourvues de végétation, s'incline vers le sud par une pente insensible et continue, et est bordée à l'est et à l'ouest par des montagnes peu élevées et nues, les Djebel Ennemer et Mouilah. Des dunes de sable mobile s'étendent à la base du Djebel Ennemer, dont elles contournent les anfractuosités. Là nous rencontrons pour la première fois 1 Ephedra alata (Alenda des Arabes), en parfait état de fructification; cet arbuste, dont les branches dressées et disposées en touffe atteignent jusqu'à trois mètres de hauteur, forme cà et là de vastes buissons ; son tronc est généralement enfoui dans le sable et n'est mis à découvert que par des déplacements de la dune ; dans une dépression des sables, nous en découvrons avec une vive satisfaction un magnifique pied dont le tronc jusqu'aux ramifications prin- cipales mesure au-dessus du sol près d'un demi-métre, et dont la circon- férence prise au niveau du sol atteint 0®,48 ; nous nous empressons de l'attaquer avec la hache et la scie, car nous désirons offrir au Muséum de Paris ce curieux spécimen de la végétation arborescente saharienne. Nous mettons à profit les quelques instants que nous passons à attendre les cha- meaux que nous avions dépassés pour compléter un chargement, en faisant un ample abatis des Genista Saharæ, Retama Duriæi var. phæocalyx et du Calligonum comosum dont nous n'avions pas eu le loisir de recueillir d'é- chantillons de bois à Tyout. Le Bromus tectorum est associé aux espèces caractéristiques des sables mouvants telles queles Festuca Memphitica, Mal- colmia Ægyptiaca, Euphorbia Guyoniana, Polycarpæa fragilis, ete. Après avoir fait charger sur les chameaux notre nouveau supplément de bagage, nous remontons à cheval et nous ne tardons pas à arriver à un redir de l'Oued Alfara, où nous trouvons avec grand plaisir de l'eau potable après la fatigue que vient de nous donner notre métier de bûcherons. Nous suivons pendant quelque temps le lit pierreux et desséché de l'oued, dans lequel s'élèvent cà et là des buissons de Tamariz Gallica et de Zizyphus Lotus. Les terrains argilo-sablonneux de ses bords nous offrent en excessive abondance les An- villea radiata, Lygeum Spartum, Sonchus spinosus, Arthratherum obtusum et plumosum , Caroxylon articulatum, Artemisia Herba-alba , Passerina microphylla, Echiochilon fruticosum, Bubania Feei, Atractylis microce- phala et cæspitosa, Herniaria fruticosa, Marrubium Deserti , entre lesquels croissent les Cladanthus Arabicus, Cyrtolepis Alexandrina, Onopordon am- biguum, Statice Bonduell ii, Chlamydophora pubescens, Echinospermum Vahlianum, Paronychia Cossoniana, Nonnea phaneranthera, Delphinium pu- bescens, Reseda eremophila et Arabica, Hussonia Ægiceras, Reboudia eru- SÉANCE DU 16 Janvier 1857. 9 carioides, Carduncellus eriocephalus? , Astragalus tenuifolius, Dianthus ser- rulatus var. grandiflorus, Convolvulus supinus, Fagonia Sinaica?, etc. A en- viron quatre kilomètres au sud, le chemin s'engage dans les pentes calcaires et rocheuses du Teniat Ziar, où notre guide Osman nous fait remarquer, dans le rocher, de petits trous qui, d'apres la tradition arabe, seraient les empreintes des pas du cheval du marabout vénéré Sidi Cheikh. Arrivés au sommet du col, nous voyons se dérouler devant nous la plaine saharienne où, malgré la pureté du ciel, l'éclat de la lumière nous empêche, par sa réverbération, de distinguer nettement le ksar d' El Abiod Sidi Cheikh, vers lequel nous nous dirigeons, et le Djebel Tismeurt n'apparait dans le lointain que comme une ondulation nébuleuse. Un ravin qui du sommet du col se dirige vers la plaine, présente dans les fissures des rochers des buissons de Rhus dioica et quelques pieds rabougris de Pistacia Atlantica et d'Olivier ; au fond du ravin croissent les Voæa spinosissima, Sedum altissimum , un Deverra, et le Statice Thouint. Au confluent du ravin et del'Oued Goulila, nous voyons dans les rocailles du lit desséché de loued le Galium ephedroides et le Pen- nisetum Orientale former d'énormes touffes. De ce point jusqu'à El Abiod Sidi Cheikh, il y a prés de deux lieues ; la plaine uniforme que nous tra- versons nous offre les espéces que nous avons déjà rencontrées dans les ter- rains argilo-sablonneux pres de l'Oued Alfara, et nous ne trouvons à ajouter à notre liste que les Anabasis articulata, Carrichtera Velle, Echium humile, Helianthemum ellipticum, Echinops spinosus, Ononis angustissima, Thesium humile, Atractylis flava, Asteriscus pygmæus. Vers deux heures nous arrivons à El Abiod Sidi Cheikh ; nous établissons notre campement, prés d'un redir de l'Oued Goulila qui ici prend le nom d'Oued Sidi Seliman, sur l'emplacement d'un champ d'orge moissonné. — On donne le nom d'El Abiod Sidi Cheikh (1) à une réunion de six villages qui de temps immémorial sont gouvernés par les chefs marabouts de la tribu des Ouled Sidi Cheikh. Ce groupe de villages se divise en El Biad Chergui (de l'est) et El Biad Rharbi (de l'ouest). La division d'El Biad Chergui comprend deux villages, dont l'un, El Biad Chergui, est le plus important de tous. Au centre des villages, le dóme du vaste marabout oü reposent les ancétres des Ouled Sidi Cheikh attire les regards par sa blan- cheur éclatante. Six autres marabouts se trouvent en outre aux environs de ces villages. El Abiod Sidi Cheikh, situé à environ 85 lieues du littoral, sous 330,6’ de lat. et à une altitude d'environ 900 mètres, est construit dans une plaine argilo-sablonneuse, traversée, comme nous venons de le dire, par l'Oued Sidi Seliman ; cette plaine est bordée au nord par la chaine des montagnes basses que nous avons traversée en venant d'Arba el Tatani ; à quelques lieues au sud s’élève le Djebel Tismeurt rompant seul * (4) Voir le Sahara algérien, par M. le général Daumas, p. 225. 40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ja monotonie de l'immensité des plaines sabariennes qui s'étendent jusqu'au Gourara ; à l'est commencent les dunes de sable mobile que nous devons traverser pour aller à Brézina. Aux environs d'El Abiod Sidi Cheikh, les cultures et les arbres fruitiers ne sont pas groupés dans des jardins entourés de murs comme au voisinage des autres ksour que nous avons visités ; l'Orge y est cultivée sur une grande étendue dans la plaine elle-méme, qui est di- visée en carrés rectangulaires par les canaux d'irrigation (saguia) ; les dat- tiers sont espacés au milieu des cultures ou plantés avec quelques arbres fruitiers au voisinage des puits qui fournissent l'eau nécessaire à l'arrose- ment des champs; les puits, peu profonds, sont entourés d'une margelle en pierre seche, flanquée de deux piliers en terre argileuse, réunis par deux barres transversales dans lesquelles sont emboitées deux autres barres ver- ticales destinées à supporter une poulie; ces puits, en raison de leur nom- bre et deleur construction, donnent au paysage un aspect tout particulier; une excavation en plan incliné est pratiquée au voisinage de chaeun d'eux et sert au va-et-vient nécessaire pour tirer ou faire descendre, au moyen d'un cordage, les outres qui servent à puiser l'eau; ces outres, largement ouvertes à leur partie supérieure, se prolongent inférieurement en un tube assez long, qui est relié au cordage de traction par une corde glissant sur la margelle et dont la longueur est telle, que le tube destiné à laisser écouler l'eau est relevé tant que l'outre n'a pas atteint la margelle, et ne s'a- baisse que lorsqu'elle a dépassé ce niveau; l'eau déversée est reçue dans un petit bassin peu profond, généralement situé à peu prés à la hauteur de la margelle elle-même, et de là est dirigée dans les saguia. — Après quel- ques instants de repos, pris sous la tente des hôtes, où nous sont apportés en abondance des dattes et du lait fermenté, nous nous empressons de de- mander des chevaux pour aller visiter les dunes, à l'exploration desquelles nous devons consacrer le reste de la journée. La partie de la plaine que nous traversons pour nous y rendre ne nous offre que bien peu d'espéces à noter, car elle est entierement cultivée et la moisson est déjà faite; nous n'y recueillons guere, au milieu des touffes de Peganum Harmala, que le Convol- vulus supinus et le Trigonella anguina. Les dunes de sable mobile très accidentées, et où, sur quelques points, de vastes excavations ont été creu- sées par les tourbillons de vent, nous offrent en excessive abondance les Saccocalyx satureioides, Retama Duriæi var. phæocalyx , Genista Saharæ, Calligonum comosum , Anabasis articulata; Y Ephedra alata, qui est égale- ment abondant sur quelques points, est loin d'y acquérir un aussi beau développement qu'à la premiere station oü nous l'avons observé, car il est brouté par les chameaux, et coupé pour servir de bois de chauffage. Dans ces sables, nous retrouvons la plupart des plantes caractéristiques de ees terrains dans la région, auxquelles sont associés une espéce nouvelle d'Arthratherum déjà observée par M. Reboud entre Guerrara et Hadjira, le SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 11 Savignya longistyla que MM. Boissier et Reuter viennent de distinguer du S. Ægyptiaca et que M. Balansa avait découvert à Saada près Biskra, et l Asphodelus pendulinus que nous n'avions encore vu qn'à Chellala Dahra- nia. — La matinée du 20 est consacrée tout entiére à la préparation de nos plantes, et vers midi nos préparatifs de départ sont achevés; mais il nous faut attendre jusqu'à quatre heures les chevaux et les chameaux qui doivent nous servir pour nous rendre à Brézina. (La suite à la prochaine séance.) NOTES SUR QUELQUES ESPÉCES NOUVELLES D'ALGÉRIE, par MM. E. COSSON et DURIEU DE MAISONNEUVE. ALYSSUM COCHLEATUM Coss. et DR. Planta perennis, basi suffrutescens, a basi ramosa, pube stellata incano- sericea; caudice lignoso, saepius tortuoso multieipite, in radicem fusifor- men abeunte; ramis florigeris pluribus, ascendentibus, 5-30 eentim. longis, immixtis ramis sterilibus sepe numerosis ; foliis oblongis obtusis, inferne attenuatis; floribus in racemum primum subcorymbiformem dein laxiuseu- lum sæpius elongatum dispositis; calyce post anthesim cito deciduo, sepalis membranaceis pallide luteis ovato-oblongis ; petalis calyce subdimidio lon- gioribus, aureis, obovatis, in unguem longiusculum contractis, apice inte- gris, glabris; glandulis hypogynis minutis, 2 ad insertionem utriusque sta- minis lateralis ; staminibus subinæqualibus, filamentis subeomplanatis om- nibus exappendiculatis; stylo ovarium subæquante; pedicellis fructiferis silicula paulo longioribus, patentibus vel patenti-deflexis ; silicula glabra, or- biculata, apice integra, dorso convexa, ventre concavo-cochleata, stylo silicula subquadruplo breviore mucronata ; funiculis inferne septo adnatis ; semini- bus in quoque loculo 2, anguste marginatis. — Martio- maio. In planitiebus excelsis et in regione montana inferiore ut videtur infre- quens, nempe hucusque in provincia Oranensi in planitiebus excelsis inter Sebdou et el Aricha! et in provincia Algeriensi in monte Djebel Senalba! (Reboud, Kralik) tantum visum. Cette espèce, voisine par le port des A. montanum L. et Atlanticum Desf., en est tres distincte par la forme de la silicule et l'absence d'appendice aux filets des étamines. ALvssuw scurIGERUM DR. in Expl. sc. Alger. t. 72, f. h. Planta annua, pusilla, sepius a basi ramosa, pube stellata subcanescens; caule centrali sepius erecto, lateralibus diffusis vel ascendentibus; foliis oblongis vel oblongo-linearibus, inferne attenuatis; floribus in racemum subcory mbiformem vel abbreviatum dein elongatum dispositis; calyce post anthesim cito deciduo, sepalis membranaceis oblongo-lanceolatis, silicula subdimidio brevioribus; petalis calycem paulum excedentibus, albis , oblongo- 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. linearibus ungue a limbo vix distincto, apice emarginatis, rarius integris, glabris ; glandulis hypogynis minimis, 2 ad insertionem utriusque staminis lateralis; staminibus subinzqualibus , filamentis inferne complanatis omni- bus appendiculatis, appendice lateralium ssepius in dentes duos, ceterorum unilaterali in dentem unicum producta rarius subedentula ; sz/icula glabra, majuscula, suborbiculata, apice retusa, disco inflato-convexa, margine com- planata, stylo longiuscule mueronata ; funiculis basi septo adnatis ; semini- bus in quoque loculo 2, margine submembranaceo albo latiuseulo cinctis. — Aprili-maio. In planitiebus excelsis et in vallibus regionis montanæ inferioris trium provinciarum, ex. gr. : in provincia Cirtensi, prope Batna! (du Colombier), etin valle Oued Abdi! montium Aurasiorum ; in provincia Algeriensi ad Djelfa (Reboud) ; in provincia Oranensi, ad Sa?da!, et in planitiebus excel- sis supra Saida! (Balansa pl. Alger. exsice. n. 536), Sebdou!, inter Sebdou et el Aricha! , inter el Aricha et lacum estate exsiccatum Chott el Rharbi!, ete. L'A. scutigerum, en raison de la silicule à valves renflées-convexes au centre, des funicules adhérant inférieurement à la eloison, des graines au nombre de deux dans chaque loge et bordées, appartient au sous-genre Eualyssum (Alyssum C. A. Mey. in Ledeb. FI. Ross. I, 137. — Alyssum sect. Adyseton DC. Prodr. 1, 160 exel. sp. plur.), où il doit être placé à côté de l'A. minimum Willd., mais dont il est très distinct par le port, la grandeur de Ja silicule, etc. ALYSSUM MACROCALYX Coss. et DR. Planta annua, pusilla, sepius a basi ramosa, pube stellata adpressa ca- nescens; caule centrali sæpius erecto, lateralibus diffusis vel ascenden- tibus ; foliis oblongis vel oblongo-linearibus , inferne attenuatis; floribus in racemum subcorymbiformem dein elongatum dispositis ; calyce majusculo, subpersistente et posé anthesim subaccrescente et non nisi silicula matura deciduo, sepalis crassiuseulis, oblongo- lanceolatis, albo-marginatis, silicula matura paulo longioribus ; petalis calycem paulum excedentibus, albis, linea- ribus ungue a limbo vix distincto, apice retusis vel integris, dorso stellato- pubescentibus ; glandulis hypogynis minimis, 2 ad insertionem utriusque staminis lateralis ; staminibus subæqualibus, filamentis complanatis omni - bus exappendiculatis vel rarissime dente obsoleto præditis ; silicula glabra, majuseula, suborbiculata, apice vix retusa, disco inflato-convexa, margine complanata, stylo longiuscule mucronata; funiculis basi septo adnatis; se- minibus in quoque loculo 2, margine submembranaceo albo latiusculo cinctis. — Aprili-maio. In depressis argilloso-arenosis et glareosis Saharæ Algeriensis, nec non in parte planitierum exceisarum Saharæ confini , in provincia Algeriensi et SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 13 Oranensi hucusque tantum visum : in provincia Algeriensi, ad Djelfa cum A. scutigero permixtum (Reboud), inter Djelfa et Laghouat (Geslin, Re- boud), ad meridiem urbis Laghouat (Geslin); in provincia Oranensi haud infrequens, ex. gr., ad lacum æstate exsiccatum Chott el. ftharbi !, prope eastellum Ain Ben Khelil!, Ain Sefissifa!, Ain Sefra!, Tyout!, Arba el Tatani!, ete. L'A. macrocalyx, en raison de la plupart de ses caractères et de son étroite affinité avec l'A. scutigerum DR., nous parait devoir être également rapporté au sous-genre Zualyssum ; il se distingue de VA. scutigerum par le calice à sépales assez épais, accrescents après la floraison et caducs seu- lement à la maturité de la silicule et par les étamines à filets ordinairement non appendiculés. CLADANTHUS Cass. (charact. emend.). Cladanthus Cass. in Bull. soc. philom. 1816, p. 199, et in Dict. TX, 342, atl. cah. rir, t. 9; Less. Syn. 249; DC. Prodr. VI, 18 ; Endlich. Gen. pl. n. 2646. Capitulum multiflorum, Aeterogamum, flosculis radii uniseriatis, ligu- latis, styli abortu et ovario effeeto neutris, disci tubulosis hermaphroditis. Involueri bi-triseriati foliolis latissime membranaceo-scariosis. Recepta- culi conici vel hemisphærici paleæ tot quot flores persistentes, rarius deci- due , scariosæ rigide vel membranaceæ, acutæ, nervo medio resina sca- fente, interdum fibrillis piliformibus intermixtis. Floseuli ligulati radii tubo compresso; disci tubo inferne plus minus incrassato ampliato infra insertionem plus minus producto et ovarii partem superiorem obtegente, limbo 5-dentato. Antheræ ecaudatæ. Stigmata disci apice truncata exappen- diculata ibique penicillata. Achænia glabra, obovata, compressa, immargi- nata vel anguste albo-marginata. Pappus nullus. — Plantæ in regione me- diterranea occidentali crescentes, plus minus ramosæ, glabrescentes vel pubescentes, foliis alternis vel inferioribus oppositis, indivisis, in lacinias 2-3-palmatifidis, vel pinnatipartitis, lobis linearibus integris vel bi-trifidis, capitulis solitariis foliis involucrantibus bracteatis vel ebracteatis, ad dicho- tomias et apice ramorum sessilibus vel ramos superne aphyllos peduneuli- formes terminantibus, sueco resinoso odoris, flosculis ligulatis croceis, lutescentibus vel lacteis, disci concoloribus vel lutescentibus. Le genre Cladanthus nous ayant offert en Algérie deux espèces nouvelles des plus caractérisées, les C. pedunculatus et Geslini, nous avons cru devoir donner non-seulement la description de nos espèces nouvelles, mais encore celle du genre dont les caractères devaient être notablement modifiés, Sectio l|. EuCLADANTHUS, — Capitula follis bracteata, ad dichoto- mias et apice ramorum sessilia, flosculis ljgulatis eroeeis, Receptaculum 4^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fibrillis piliformibus paleis immixtis præditum. Paleæ concavæ demum su- perne subeueullatæ, dorso lanigeræ. Floseulorum disei tubus inferne tere- tiosculus vix inerassatus, Achænia immarginata. — Folia pinnatipartita, lobis linearibus iterum bi-trifidis. CLADANTHUS ÁRABICUS Cass., loc. eit. — Anthemis Arabica L. Sp. 1265; Sm. Spicil. 9, t. 16. — Anthemis prolifera Pers. Syn. pl. I, 567. — Chamæmelum proliferum Mœnch Suppl. 251. In locis hyeme humidis, torrentium in alluviis, in glareosis : in Hispania australiore prope Malaga(Boissier). In regno Marocano ad Mogador (Brouss. ). — In provinciæ Oranensis regione littorali et interiore nee non in Sahara, Nemours et Lalla Maghrnia (Bourgeau), Tlemcen (Desf.), in planitiebus excelsis supra Tlemcen (Muuby ), ad basim montis Zaelbouna! prope palmetum As/a, ad amnem Oued Alfara! inter Arba el Tatani et El Abiod Sidi Cheikh, in petrosis ad amnem Oued Sadana haud procul a Brézina; in provinciz Cirtensis parte australiore prope Biskra! (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 775). — In regno Tunetano prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 84). — In Arabia baud obvia secundum De Candolle. Sect. Il. Mecomiscuus. — Capitula ebracteata, ramos apice aphyl- los peduneuliformes terminantia, flosculis ligulatis pallide luteis vel lacteis. Receptaculum fibrillis paleis immixtis destitutum. Paleæ canalieulato-con- cava, dorso parce pubescentes. Floseulorum disci tubus inferne plus minus incrassatus compressus. Achænia albo-submarginata. — Folia indivisa, vel inferiora in laeinias 2-3-palmatifida superiora indivisa. Nomen sectionis e verbis græcis pñxos (longitudo) et pícyoz ( pedunculus) conflatum. Nous avons dà renoneer au nom de Mischanthus que nous avions d'abord donné à cette section du genre Cladanthus dans l'exsiccata de M. Bourgeau, car ce même nom avait été déjà attribué par M. Anderson (in Ofvers. af K. Vet. Akad. fórh. 1h mars 1855) à un genre de la famille des Graminées voisin des /mperata. CLADANTHUS PEDUNCULATUS Coss. et DR. Planta annua, sepius pluricaulis ; caulibus teretibus, inprimis in parte superiore adpresse pubescentibus, subsimplicibus virgatis, vel superne in ramos florigeros virgatos laxe corymbosos divisis ; foliis adpresse breviter- que pubescentibus, sessilibus, alternis, elongato-linearibus, inferioribus superne in. lacinias lineares 2-3 divergentes palmatifidis, superioribus in- divisis ; capitulis apice ramorum elongatorum superne aphyllorum pedun- culiformium post anthesim apice plus minus incrassatorum solitariis ; involucro campanulato-hemisphærico, adpresse pubeseente, foliolis pluri- SÉANCE DU 16 Janvier 1857. 15 bus, subtriseriatis, exterioribus lanceolatis nervo medio prominulo margine scariosis, interioribus oblongis late scariosis; receptaculo conico; paleis persistentibus, scariosis rigidis, ovato-lanceolatis acuminatis, superne dorso pubescentibus; floseulorum radii /7gula elongata /utescente; flosculorum disci tubo brevi, inferne incrassato subeompresso, infra insertionem pau- lulum producto et ovarii verticem obtegente. — Maio-junio. In arenosis inter segetes prope Mostaganem ! (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 79). CLADANTHUS GrsLINI Coss. ap. Kralik in Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 190 et 190 bis. Planta perennis, basi ramosissima, dumosa cæspites maximos efficiens; caulibus teretibus, cinereo-albeseentibus cortice rimoso in fibras sæpius so- luto, inferne ssepius arena mobili immersis frutescentibus, ramos florigeros virgatos plurimos emittentibus, ramis subsimplicibus virgatis-vel superne jaxe corymboso-ramosis ramulis pube brevissima subtomentosa demum detersibili obtectis ; foliis utrinque pube stellata brevissima canescentibus, sessilibus, znferioribus ramorum oppositis, superioribus alternis, oblongo- linearibus, obtusis, éndivisis, integerrimis, crassiusculis, subuninerviis nervo subtus prominulo ; capitulis apice ramorum ramulorumve elongato- rum superne aphyllorum pedunculiformtium solitariis; involucro hemisphæ- rico, pube brevissima stellata eanescente, foliolis paucis, exterioribus late ovatis dorso crassiusculis nervo medio prominente subearinatis scarioso- marginatis, interioribus-oblongis latissime scariosis ; receptaculo hemisphæ- rico; paleis deciduis, membranaceis, ovato-lanceolatis acuminatis, dorso superne tantum puberulis ; flosculorum radii ligula elongata, lactea ; floscu- lorum disei tubo elongato, inferne subinerassato compresso-ancipiti, infra insertionem producto et ovarii partem superiorem obtegente. — Maio-junio. In aggeribus arenæ mobilis in Sahara Algeriensi et in planitierum excel- Sarum parte Saharæ confini : in provincia Oranensi prope Leumbah! ad septentrionem vici Arabici An Sefissifa ; in provinciæ Algeriensis ditione Laghouat? haud infrequens (Geslin) ubi primum inventus. PyngrHRUM Gavanum Coss. et DR. ap. Kralik in Bourgeau pl. Alger. ezsicc. n. 226. Planta perennis, caudice lignoso sepius tortuoso pluricipite, cortice cì- nereo-fuscescente, in radicem fusiformem abeunte; caulibus pluribus, im- mixtis nonnullis sterilibus, 10-35 centim. longis, gracilibus, simplicibus vel subsimplicibus, basi foliatis superne aphyllis, erectis, saltem in parte inferiore dense pubescentibus ; foliis pubescentibus vel cinereo-villosis, pal- lide virentibus, in surculis sterilibus et in parte inferiore caulium approxi- maüs, linearibus superne in /acinias 3 palmatifidis, laciniis linearibus 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. elongatis divergentibus apice acutis mucronatis sæpius iterum 2-3-furcatis, superioribus 2-3-furcatis vel indivisis linearibus ; capitulis apice caulium superne longe aphyllorum pedunculiformium solitariis; involucro subhe- misphærico, adpresse pubescenti-villoso, foliolis omnibus acutis, margine pallide fuscescente scariosis, exterioribus lanceolatis, interioribus oblongo- lanceolatis ; receptaculo convexo, epaleato; flosculis ligulatis albis dorso roseo-purpurascentibus, tubo compressiusculo, ligula oblonga apice subin- tegra vel obtuse 3-4-denticulata involucro subæquilonga ; flosculis disci albis superne purpureis, tubo compresso ; achæniis glabris, exalatis, con- formibus, teretiusculis, fusco-nigrescentibus, sub-10-costatis, costis acutis subæqualibus regularibus albidis, omnibus pappo coroniformi membranaceo hinc elongato-auriculæformi achænio et flosculis disci subequilongo supe- ratis. — Maio-junio. In rupestribus et petrosis umbrosis regionis montana inferioris mon- tiumSaharz confinium in provincia Oranensi: in rupestribus montis Djebel Rharnoug ! inter Taoussera et Leumbah ad septentrionem vici Arabici An Sefissifa, circiter ad 1200 metra ; in petrosis umbrosis montis Djebel Tael- bouna! prope palmetum Asla, circiter ad 1350 metra (P. Marès). Nous dédions cette belle plante à M. J. Gay, dont les beaux travaux sur le groupe des Anthémidées sont connus de tous les botanistes, et qui, depuis longues années, nous donne de nombreux témoignages de l'affection qu'il nous a vouée et de l'intérét qu'il veut bien porter à nos travaux. — Le P. Gayanum se distingue des autres espèces du groupe des ZLeucoglossa DC. (Prodr. VI, 53) par les feuilles bipalmatifides à divisions linéaires, par l'involuere à folioles toutes aigués, par les fleurons ligulés blanes en dessus, roses-purpurins en dessous, par les fleurons du centre blanchâtres inférieu- rement et pourpres au sommet, par les akènes tous surmontés d'une cou ronne membraneuse prolongée en forme de languette. PyngruRUM Maresi Coss. ap. Kralik in Bourgeau pl. Alger. exsicc. n.198. Planta perennis, caudice lignoso sæpius tortuoso pluricipite, cortice cinereo-fuscescente, in radicem fusiformem abeunte; caulibus sæpius pluribus, immixtis nonnullis sterilibus, 10-30 centim. longis, gracilibus, simplicibus vel subsimplicibus, basi foliatis, superne aphyllis, erectis vel diffuso-ascendentibus, inferne dense sericeo- pubescentibus, superne pu- bescentibus ; foliis sericeo-pubescentibus, in surculis sterilibus et in parte inferiore caulium subapproximatis, linearibus superne in lacinias 3 palma- tifidis, laciniis linearibus breviuseulis vel elongatis divergentibus apice acutis mucronatis vel cuspidatis sepius indivisis, superioribus sepius in- divisis linearibus; capitulis apice caulium superne longe aphyllorum pedun- euliformium solitariis; involucro campanulato-hemisphærico, sæpius parce pubescente vel glabrescente, foliolis obtusis, margine nigro-fuscescente scas SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 17 riosi$, exterioribus ovato-lanceolatis, interioribus oblongis; receptaculo convexo, epaleato ; flosculis ligulatis primum luteis dein purpurascentibus post anthesim atro-purpureis, tubo compressiuseulo, ligula oblonga ampla apice subintegra vel obtuse 3-4-denticulata involucro subæquilonga ; flos- culis disci luteis demum purpurascentibus, tubo tereti; achæeniis glabris, exalatis, conformibus, feretiusculis, fusco-nigrescentibus, sub-10-costatis, costis acutis subzequalibus regularibus albidis, omnibus pappo coroniformi membranaceo hinc auricule formi achenio et flosculis disci subdimidio bre- viore superatis. — Maio-junio. In rupestribus et petrosis umbrosis montium Saharæ confinium in pro- vincia Oranensi : montis Djebel Bou Kaschba! ad cacumen, circiter ad 1500 metra, haud proeul a castello Ain Ben Khelil (Kralik); in parte su- periore montis Djebel Taelbouna! prope palmetum Asla, circiter 1400-1800 metr. (P. Marès). Nous dédions cette espèce à M. le docteur Paul Marès, qui l'a découverte à l'une des localités indiquées, et qui nous a aecompagné dans notre dernier voyage en Algérie en 1856, pendant lequel il nous a secondé dans nos re- cherches avec autant de zèle que de dévouement. — Le P. Maresii doit être placé à côté du P. Gayanum, dont il diffère par les feuilles à divisions ordinairement indivises, par l'involucre ordinairement à peine pubescent ou glabrescent à folioles obtuses scarieuses noirâtres aux bords, par les fleurons ligulés d'abord jaunes passant ensuite au pourpre, par la couronne mem- braneuse des akènes n'égalant qu'environ la moitié de la longueur des akènes et des fleurons tubuleux. — Par la forme de l’involucre et la couleur des fleurons aprés la floraison, il se rapproche beaucoup du P. Arundanum Boiss. (Voy. E'sp. 317), qui ne nous est connu que par deux échantillons imparfaits, recueillis dans la Sierra de las Nieves, en Andalousie, et par la description de l'auteur; mais il nous parait en différer par le port plus ro- buste, par les tiges feuillées inférieurement, et non pas presque nues, par les feuilles ordinairement simplement palmatifides, et non pas bi-tripalma- tifides, par les capitules plus gros, par les fleurons ligulés d'abord jaunes, et non pas d'un blanc rosé, par les akènes présentant ordinairement 10 côtes, et non pas 5-6 cótes. PYRETHRUM TRIFURCATUM Willd. Sp. MI, 2158; DC. Prodr. VI, 61, — Chrysanthemum trifurcatum Desf.! Atl. M, 281, t. 235, f. 2. Planta annua, glabra, a basi in caules 5-30 centim. longos simplices vel subsimplices basi foliatos superne aphyllos divisa, caule centrali erecto, lateralibus erectis ascendentibusve, rarius simplex ; foliis in parte inferiore caulium approximatis, subearnosis, linearibus in lacinias 2-4 superne pala matifidis vel pinnatifidis laciniis linearibus sæpius elongatis patentibus npice calloso-mucronatis indivisis vel rarlus iterum 2-3-furcatis, superigo T, IV, 2 £8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ribus paucis indivisis linearibus ; capitulis majusculis, apice caulium ramo- rumque superne longe aphyllorum peduneuliformium solitariis ; involucro subhemisphærico foliolis obtusis exterioribus margine pallide fuscescente scariosis lanceolatis vel ovato-lanceolatis, inferioribus oblongis margine late scariosis superne in appendicem scariosam amplam expansis ; receptaculo he- misphærico, epaleato; flosculis ligulatis disco concoloribus luteis, tubo eompresso-bialato, ligula oblonga involuero longiore; floseulorum disci tubo compresso-ancipiti ; uchæniis glabris, exalatis, radii compressis facie ventrali elevato-bicostatis in pappum membranaceurn coroniformem Aine auriculæformem Yongiusculum productis, disci tereti-subtriquetris, Tuscis, sub-10-costatis, costis prominentibus subæqualibus albis subhyalinis plus minus undulatis, pappo coroniformi crassiusculo albo subhyalino multicos- tulato inæqualiter inter costulas achænii costarum processus dentato supe- ratis. — Aprili-junio. , -Jn collibus argilloso-arenosis, in arenosis et glareosis Saharæ Algeriensis et deserti Tunetani : in provincia Cirtensi in ditione Biskra? (Jamin, Ba- lansa pl. Alger, exsiec. n. 781); in regno Tunetano prope Kairouan (Desf.). PYRETHRUM MACROCEPHALUM Coss. et DR. — C. hrysanthemum macrocepha- lum Viv. Fl. Libye. 56, t. 40, f. h. . Planta perennis, glabra, caudice lignoso, tortuoso, pluricipite, cortice griseo-cinerascente rimoso, in radicem fusiformem abeunte; caulibus plu- ribus, sepius immixtis non nullis abortu sterilibus vel tardius floriferis, 15- 35 centim. longis, simplieibus vel subsimplicibus, basi foliatis, superne aphyllis, erectis; folùs in parte inferiore caulium subapproximatis, sub- carnosis, linearibus in lacinias 3 superne palmati fid is laciniis linearibus sæ- pius abbreviatis patentibus apice albo-callosis callo mueronato indivisis vel non nunquam iterum dentato-2-3-furcatis, superioribus paucis indivisis linearibus; capitulis magnis, apiee caulium superne longe aphyllorum pe- dunculiformium solitariis; involucro subhemisphærico, foliolis obtusis exterioribus margine pallide fuscescente scariosis ovato-laneeolatis, interio- ribus oblongis margine sæpius demum fuscescente late scariosis superne in appendicem scariosam amplam expansis ; receptaculo convexo, epaleato ; flosculis ligulatis disco concoloribus /uteis, tubo compresso-ancipiti, ligula oblonga apice grosse irregulariterque 3-A-dentata dentibus obtusis invo- lucro longiore ; floseulorum disci tubo compresso; acheniis glabris, exala- tis, subconformibus, radii compressiuseulis facie ventrali valide 3-costatis et dorso 5-costulatis, disci feretiusculis fuscis, sub-10=costatis, costis pro- minentibus subæqualibus regularibus albidis, omnibus pappo coroniformi membranaceo crassiusculo margine subintegro vel inæqualiter dentato supe- ratis. — Aprili-junio. In arenosis, argilloso-arenosis et glareosis planitierum excelsarum aus- SÉANCE DU 16 Janvier 1857. 19 tráliorüm et regionis montanæ inferioris montium Sabare Algeriensi confi- nium: in provincie Algeriensis ditione Zahres inter Boghar et Djelfa (Bonduelle, Reboud) ; in provincia Oranensi prope castellum Ain Ben Khelil! ad meridiem lacus estate exsiceati Chott el Rharbi haud infrequens (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc. u. 191), ad vicum Arabicum Ain Sefissifa!, in parte inferiore montis Djebel Taelbouna! prope palmetum Asla circiter ad 1200 metra, prope vicum Arabicum Macta! — In-regno Tripolitano ad Tripolim (sec. Viviani). : Nous avons cru devoir donner la description comparative des P. irifurz catum et macrocephalum qui, n'étant connus que par des échantillons im- parfaits, avaient été confondus par plusieurs auteurs. M. Baillon fait à la Société la communication suivante : DE QUELQUES PARTICULARITÉS QUE PRÉSENTENT LES ORGANES DE LA FÉCÓNDATION, par M. H. BAILLON. | On peut s'attendre, en examinant les organes de la fécondation dans les végétaux, à trouver que la nature y a préparé tout ce qui pouvait faciliter. l'imprégnation de l'ovule. J'expose ici quelques-uns des moyens qu'elle em- ploie pour atteindre ce but, dans un certain nombre de plantes, mais no- tamment dans un des grands groupes de la Dicotylédonie. i . V'inflorescence est, pour ainsi dire, un premier moyen de préparer l'àc- complissement de la fonetion dans les plantes à fleurs unisexuées. On sait: qu'en général, lorsque cette inflorescence est indéterminée, épi oü grappe par exemple, les fleurs mâles se trouvent au sommet, les femelles à la base. Au contraire, lorsqu'il s'agit d'une inflorescence centrifuge, une fleur femelle: termine généralement l'axe principal et peut être seule de son espèce, tandis que toutes les fleurs périphériques sont staminées ; ou encore, les cymes se-- Condaires sont aussi terminées par une fleur femelle entourée de fleurs: mâles en nombre variable. Parmi les plantes que l'on cultive dans nos jar-: dins, le Ricin offre, au premier abord, une exception frappante. On sait, : en effet, que sur l'axe principal de son inflorescence sont disposées à droite et à gauche un assez grand nombre de petites cymes. Celles-ci sont à la partie supérieure composées de fleurs femelles, en bas de fleurs mâles. En un mot, les étamines sont au-dessous des pistils. Une disposition fréquem- ment observée rend, on peut le dire, cette exception incomplete et rétablit jusqu'à un certain point la règle générale dont nous avons parlé. Il. n'est pas rare, en effet, de trouver vers le milieu de linflorescence des cymes mixtes ; j'appelle ainsi celles oü sont réunies des fleurs des deux sexes. Or, dans ces cymes mixtes, les femelles redeviennent terminales et centrales, les mâles sont périphériques. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ce fait est de quelque importance dans une plante qu'on pourrait faire servir à des expériences sur la fécondation. Dans ces cymes, en effet, on pourrait eroire, aprés avoir coupé le haut de l'inflorescence, n'avoir plus affaire qu'à des fleurs máles, au milieu desquelles demeurerait cachée une fleur femelle. Il est vrai que cela n'aurait pas le méme inconvénient que l'existence de fleurs staminées là où l'on ne croirait rencontrer que des pistils. Mais si je cite cet exemple, c'est surtout pour montrer qu'en géné- ral on ne saurait prendre trop de précautions pour se prémunir contre ces causes d'erreur dans les expérimentations. Les anomalies sont nombreuses; en voici quelques exemples. Je ne rappelle pas iciles fleurs de Chanvre, d'Epinard, de Mercuriale, et de plusieurs autres plantes ordinairement dioiques, mais oü les étamines et les pistils se rencontrent fréquemment sur un méme pied. Ces faits doivent étre maintenant regardés comme hors de toute contestation. Mais je vais plus loin, en montrant que des flears naturellement unisexuées peuvent de- venir exceptionnellement hermaphrodites ou que les organes d'un sexe peuvent porter une portion de ceux du sexe contraire, qu'un filet staminal peut porter des ovules et des anthères, qu'un pistil peut porter des loges pleines de pollen et des stigmates ; et cela, dans des fleurs de grande taille, où cette promiseuité ne saurait être soupconnée sans un examen attentif et pourrait faire révoquer en doute les résultats des expériences les plus importantes. Ainsi, il se trouva, cet été, dans l’École de botanique du Muséum, un pied de Ricinus rutilans dont presque toutes les fleurs inférieures, au lieu d'être réduites aux étamines, étaient hermaphrodites. L'androcée était par- faitement développé; le gynécée l'était également. Au centre de la fleur s'élevait un ovaire à trois loges superposées aux trois sépales 4, 2 et 3 ; un style à papilles stigmatiques bien développées surmontait ces loges, dans lesquelles des ovules parfaits avaient déjà été fécondés et grossissaient chaque jour. J'ai plusieurs fois observé d'ailleurs que, dans ces cas d'ano- malies, les fleurs qui réunissaient les deux sexes étaient nombreuses sur un méme pied. Il n'est pas douteux que la présence anormale d'un androcée dans le méme périanthe que l'organe femelle n'aurait ici échappé à aucun observa- teur. Mais il n'en est pas de méme pour le fait suivant : une fleur femelle de Ricin avait les styles trés longs, tout garnis de papilles stigmatiques ruti- lantes. Du milieu d'elles se détachaient quelques filets blanchâtres portés par le méme style et chargés d'anthéres. D'autres anthères sessiles se cachaient en méme temps à moitié entre les papilles. Ici l'erreur eût été très facile. Il en eût été à peu près de méme dans un Croton Tiglium que j'ai observé. Une fleur mále avait son réceptacle prolongé en cône. Sur le sommet de celui-ci s’épanouissait une fleur femelle incluse, qui s'était pédi- SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 21 culée à son tour et s'élevait au-dessus du périanthe de la fleur d'où elle était issue. On a pu citer un grand nombre de faits où cette confusion anormale des sexes est telle, que l'un d'eux n'existe qu’incomplétement. On voit, par exemple, dans la planche 38 du Traité d'Organogénie florale de M. Payer, une étamine de Dionæa dont le filet porte latéralement au-dessous de l'an- thère un ovule également bien développé. J'ai rencontré une Courge où certains appendiees charnus entourant l'androcée s'élevaient chargés l'un d'un ovule, les autres de plusieurs. Chacun de ces ovules semblait bien développé; il avait subi un mouvement anatropique complet et portait un raphé saillant dans toute sa longueur. C'étaient done là des placentas anor- maux se dressant en liberté dans l'intérieur du périanthe. Je me borneà citer ces faits, dans lesquels il semble que la nature multi- plie, en vue de la conservation de l'espèce et en violant ses propres lois, les moyens de reproduction. J'arrive maintenant à l'examen de quelques organes qui semblent destinés à assurer le méme résultat en favorisant le rapprochement du pollen et de l'ovule. Chacun connaît le beau dessin que M. de Mirbel a donné de l'ovule de l'Épurge et en méme temps de ce petit corps celluleux qui vient le coiffer au moment de l’anthèse, en envoyant un petit prolongement dans le micro- pyle. Depuis, le nombre des plantes chez lesquelles on a observé un corps analogue est devenu considérable. Les Statice sont remarquables par lélé- gance de ce petit chapeau qui déplace le funicule pour pénétrer dans le micropyle. Les Urticées possedent un petit corps analogue, représenté plu- sieurs fois par M. Weddell dans les planches de sa belle monographie. M. Payer l'a montré trés nettement coiffant l'ovule des Lins. Les Polyga- lées en ont un semblable, et M. Moquin-Tandon l'a vu présentant de grandes variations dans sa forme et ses dimensions. Je l'examinerai ici Spécialement dans les Euphorbiacées. I! apparait, dans ces plantes, un peu après l'ovule, porté comme lui sur l'axe du pistil, qui s'arréte dès qu'il l'a produit. D'abord, ce n'est qu'un petit mamelon celluleux; puis il s'étend de plus en plus, prenant la forme d'une cloche ou d'un bonnet dans les Euphorbes, d'un auvent dans les Ricins, d'un casque dans les Sapium, d’un long cylindre infléchi dans certains Janipha. Entre ces types, tous les intermédiaires de forme se rencontrent. Toujours à la face inférieure est un prolongement conique aigu, qui pénètre dans l'exostome de l'ovule. Le moment oü celui-ci est complétement bou- ché correspond au développement maximum de ce petit chapeau ; dés lors il cesse de S'aceroitre; il diminue méme de volume, mais il ne disparait pas complétement et prend part à la formation d'un organe plus complexe qu'on ne l'a pensé jusqu'ici, la caroncule. Plusieurs auteurs de traités dogmatiques, Ach. Richard entre autres, le 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. regardaient, théoriquement sans doute, comme devant former la caroneule. Il n'en est pas ainsi; la caroncule vient de la graine elle-même, de sa primine; mais quand le gonflement de l'exostome a formé cette caroncule, le petit chapeau persistant en partie demeure appliqué sur celle-ci. Le Ricinus, inermis Jacq. permet d'observer facilement ce fait. Sa caroncule blanche est formée de deux lobes distincts, Entre ces deux lobes s'en pro- duit un troisième, tranchant sur les précédents par sa couleur rutilante. C'est le petit chapeau, dont les cellules allongées sont pleines de matière colorante. Quand la graine est mûre, ce petit chapeau se détache de l'axe, séparé peut-être de lui par la pression de la caroncule, et demeure attaché à elle. C'est qu'en effet la caroncule grossit et se déplace pendant que le reste de la primine disparait; l'accroissement extrême de l'exostome est balancé par la destruction du reste de l'enveloppe ovulaire externe. Mem- brane mince, transparente, chatoyante, la primine va tomber désormais en poussière, tandis que le testa si dur qui recouvre la plupart des graines de ces plantes devra son origine à une portion de la seeondine. Probablement le chapeau du tissu conducteur est destiné à mettre le pollen en communieation avee lenucelle. Toujours il marche à sa rencontre. J'ajoute ici que la réeiproque est vraie. Le chapeau va vers le nucelle, mais, en méme temps, le nucelle s'étend vers le chapeau. Quelques exemples, pris parmi les plus saillants, vont mettre ce fait en lumiere. Examinons un jeune ovule de Phyllanthus. Le chapeau vient de recou- vrir son. mieropyle ; alors le nucelle, obtus jusque-là, s'allonge et s'effile, son sommet sort de l'exostome; il le dépasse et va se mettre en contaet avec le chapeau. Ce développement du nucelle n'est qu'un état transitoire. Quel- ques jours aprés l'anthése, il est devenu de nouveau court et obtus, les enveloppes de l'oyule couvrent son sommet. Celui des Jatropha, des Croton, présente le méme développement, mais poussé plus loin. Nulle part je ne l'ai vu plus considérable que chez le Codieum pictum. Ce prolongement pnucellaire y atteint la longueur de l'ovule lui-même, sinon davantage, et forme une longue colonne qui va s'insinuer entre les deux lobes du chapeau de tissu conducteur, Mais c'est surtout celui du Crozophora tinctoria qu'on ne peut voir sans admiration. A mesure que le nucelle se prolonge en de- hors du mieropyle, son sommet s'évase, se dilate; bientôt il a pris la forme d'une petite raquette ou, si l'on veut, d'un battoir, Il est positif qu'alors ce battoir se coude sur son manche et, se rabattant en dedans sur les deux lobes du ehapeau, lesapplique eontre l'exostome. En présence de ces phénomènes, on ne peut s'empêcher de penser que ees plantes doivent offrir beaucoup de ressources à l'étude des mysteres de la fécondation. C'est un point sur lequel nous aurons naturellement à appeler l'attention de la Société. SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 23 M. Cosson dit qu'il a eu occasion de constater, chez les Euphorbes d'Algérie, que la forme de la caroncule fournit des caractères spécili- ques trés tranchés et trés constants. M. Baillon ajoute qu'en effet la caroncule des Euphorbiacées pré- sente des formes trés variées, mais fixes dans chaque espéce. M. Duchartre demande à M. Baillon s'il a observé ce qui se passe dans l'intérieur du chapeau et quelle est la route suivie par le boyau pollinique. Ce dernier pénétre-t-il dans le nucelle par le sommet ou par un point latéral? M. Baillon répond qu'il n'a pas eu occasion d'examiner suffisam- ment ces faits pour émettre une opinion précise à leur égard. M. Duchartre fait observer que M. Baillon n'a pas parlé du rôle du nucelle, qui d'ordinaire prend part à la formation des téguments. Si la primine devient extrémement mince, la secondine formerait le premier tégument et le nucelle le second. M. Baillon est d'avis que c'est la secondine qui forme les deux téguments. M. Weddell demande comment s'opére le mouvement de la caron- cule vers le funicule pour opérer comme un coin et détacher la graine. M. Baillon dit que le chapeau est réduit à trés peu de chose, et que la caroncule voyage sur le reste dela graine; le micropyle se trouve ainsi plus ou moins éloigné de la caroncule. SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 19 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de: M. Borranp (Emmanuel), docteur en médecine à Martigny (Indre), présenté par MM. Comar et L. Soubeiran. M. le Président annonce, en outre; une nouvelle présentation. 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dons faits à la Société : 4° Par M. le comte Jaubert : Glossaire du Centre de la France, tome II. Paris, 1856. 9» Par M. Ed. Prillieux : De la structure anatomique et du mode de végétation du Neottia Nidus avis. 3 En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris, numéro de décembre 1856. L' Institut, janvier 1857, deux numéros. M. le Président annonce à la Société que, M. de Schœnefeld ayant été appelé par elle aux fonctions de vice-secrétaire et étant devenu ainsi membre de droit de la Commission du Bulletin, le Conseil a dù, dans sa séance de ce jour, pourvoir à son remplacement comme membre électif de ladite Commission. Le choix du Conseil est tombé sur M. T. Puel. En conséquence, conformément à l'art. 28 du régle- ment, M. T. Puel est proclamé membre de la Commission du Bulletin pour l'année 1857. Lecture est donnée d'une lettre de M. Gavino-Gulia, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. Montagne donne lecture de la communication suivante adressée à la Société: OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES SUR L'ORGANISATION, LA FRUCTIFICATION ET LA DISSÉMINATION DE PLUSIEURS GENRES D'ALGUES APPARTENANT A LA FAMILLE DES DICTYOTÉES, par MM. CROUAN frères, pharmaciens. (Suite.) (Brest, 24 décembre 1856.) Dans nos deux précédentes notices (voyez le Bulletin de la Société, t. Vl, p. 439 et 644), nous avons analysé les genres Punctaria, Asperococcus, Striaria, Halyseris, Dictyosiphon, Stilophora, Cutleria et Giraudia ; au- jourd'hui nous sommes heureux de pouvoir faire connaitre les observations que nous avons faites sur les genres Zanardinia, Aglaozonia, Dictyota ei Zonaria, et d'en entretenir la Société. Genre ZananbiNIA Nardo, Crouan, mser. Zanardinia collaris Cr., mscr. — Zonaria collaris Ag. Crouan, Alg. mar. Finist., vol. I, n° 75. Eo sectionnant la fronde en lames ou tranches très minces, nous avons SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 25 observé que tout l'intérieur était formé par un tissu cellulaire à cellules hexagonales irrégulières, toutes pourvues d'un nucleus chromulaire au centre, plus larges vers la partie inférieure de la fronde, et diminuant de volume jusqu'au stratum externe supérieur, qui est épais, trés dense et formé par trois rangées superposées de trés petites cellules hexagonales qui ne peuvent étre bien appréciées qu'à un fort grossissement. La fructification forme, à la surface de la fronde, des sores plus ou moins étendus, épais, irréguliers, ressemblant un peu, à l'extérieur, à ceux de l'Ag/aozonia, Elle consiste en sporanges nombreux, longuement pédicellés, analogues à ceux du Cutleria; mais à pédicelles simples, implantés immédiatement sur le stratum externe, tandis que, dans les Cutleria laciniata et Cutleria adspersa, ils sont sessiles et fixés sur des filaments rameux articulés ; on observe de plus, à la base des sporanges, des anthéridies à pédicelles courts, simples aussi, nombreuses, peu colorées, trés étroites, cylindriques, dressées, nive- lées, à articles trés rapprochés, formant une zone sous les sporanges et n'atteignant que la hauteur des pédicelles de ceux-ci. D’après la diagnose générique que nous venons de présenter, nous sommes naturellement portés à séparer cette Algue du genre Zonaria, où l'avait laissée M. J. Agardh qui n'en connaissait pas la fructification; nous ne pouvons non plus la réunir au genre Cutleria avec lequel elle a beaucoup d'affinité par son fruit, mais pas assez pour l'y incorporer; elle s'en éloigne encore par ses anthéridies à pé- dicelles simples entremélés aux sporanges (c'est un fait singulier daus la fa- mille qui nous occupe que cette réunion des sporanges aux anthéridies); enfin par l'organisation tissulaire de sa fronde qui n'offre pas à sa surface, comme dans le Cutleria adspersa, des stries rayonnant vers la périphérie, où elles s'épanouissent en filaments articulés, colorés, et libres entre eux; et par une coloration jaunátre. Le Zanardinia collaris, au contraire, jeune ou adulte, ne nous a jamais offert de lignes rayonnantes sur la surface de son tissu qui, à l'état vivant, est d'un brun noirâtre, ni des poils hyalins ou colorés à son pourtour ; sa surface est lisse. Il est probable, et tout nous porte à le croire, que les jeunes individus qui croissent sur les vieilles frondes du Zanardinia et que l'on a décrits comme étant entourés d'une couronne de poils colorés, ne sont que de jeunes Cutleria adspersa, que nous avons trouvés quelquefois parasites sur ees vieilles frondes. Le 8 aoüt, nous récoltámes des échantillons couverts de sporanges qui avaient presque totalement disséminé leurs sporidies; cependant il y eut encore une nouvelle dissémination de celles-ci qui nous ont paru identiques avec celles du Cutleria laciniata et de l'Aglaozonia ; elles se sont compor- tées, dans leurs mouvements et leur développement, comme celles des deux genres précités. D’après nos études, nous croyons que ce genre doit prendre place immédiatement après le Cutleria. »6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCÉ. Genre AGLAOZONIA Zanard. Aglaoxonia reptans Kütz. sp. — Zonaria reptans Crouan, Alg. mar. Finist., vol, I, n° "14. En faisant des sections perpendiculaires et trés minces de la fronde de l'Agleozonia, on y remarque, au microscope, que le centre ou stratum in- térne est formé par deux ou trois rangées de grandes cellules hyalines hexagonales : et le stratum externé par une seule rangée de cellules de méme forme, mais beaucoup plus petites et trés colorées par la chromule. Là früctification consiste en petits sores irréguliers, noirátres, comme veloutés, isolés ou rapprochés, quelquefois eonfluents, detelle sorte qu'alors ils eou- vrent presque toute la surface dé la fronde. Ces sores sont formés par dés sporanges subcylindriques, inartieulés, légèrement épaíssis à leurs sommets qui, à cette partie, offrent un espace hyalin bien accusé ; ilssont nombreux, très serrés, et renferment chacun huit sporidies superposées ; ils ne sont point accompagnés par des némathèqués, ni par des poils. i Lé 5 avril 1856, aprés un fort coup de vent du sud, nous trouvámes sur la plage de Poulic-an-toul, rade de Brest, une grande quantité d'Ascidía intestinalis sur lesquels croissait l'Aglaozonia reptans Kütz., qui couvrait quelquefois toute Ia surface de ĉe mollusque ; nous eümes le plaisir dé voir "|a dissémination des sporidies de cette espèce : elle fut assez abondante pour former, autour de l'assiette où était déposée la plante, un cercle de couleur jaune. Ces sporidies, examinées au microscope, nous ont offert un mouvement assez vif et semblable à celui que nous avions observé sur cellés des genres Cutleria et Zanardinia; la sporidie, pendant sa locomotion, ä la forme ovoideou pyrique; la matière chromulaire qu'elle renferme occttpe seulement les deux tiers de sa capacité et laisse la partie supérieure hyaliné. Ces sporidies sont un peu plus grosses que celles qui s'observent générale- ment sûr là plus grande partie des genres de la famille des Dictyotées, elles ont une grande similitude, relativement à leur diamètre et à la disposition de la ehromule, avec celles observées par nous sur les Cutleria e Zanardinia. Il règne eticore un peu d'obscurité sur quelques espèces composant le genre Zonaria J. Ag.; la cause en est, nous le croyons, que la fructi- fication de ces espèces n’a pas été suffisamment analysée ; c’est afin de cher- cher à la faire disparaitre, que nous les avons étudiées avec soin. Nous croyons que M. J. Agardh n'aurait pas réuni au Zonaria l' Aglaozonia, si M. Areschoug, qui le premier en a décrit la fructification, avait mieux connu la nature des sporanges et leur content, et ne les avait pas considé- rés comme ne renfermant qu'une spore. Le caractère remarquable des spo- ranges dans ce genre, de renfermer huit grosses sporidies superposées, nous montre une affinité, sous ce rapport, avec ceux des Zanardinia et Cutleria, qui n'en contiennent aussi que huit ; mais dans ceux-ci elles sont disposées SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 27 sur deux rangs, le sporange est cloisonné longitudinalement et transversa- lement; ce qui n'existe pas dans l'Ag/aozonia. Genre DicryorA Lamour. On voit sur la coupe mince et perpendiculaire de la fronde du Dictyota dichotoma, une seule rangée de grandes cellules incolores, presque carrées (stratum interne); puis dans les parties qui forment les surfaces,[une ran- gée de petites cellules remplies de chromule d'un jaune brun (stratum ex+ terne). Ces cellules corticales donnent naissanee, en se transformant, à deux sortes de fruits, tantót à des sphérospores ou tétraspores, difficiles à apercevoir à l'œil nu, espacés ou rapprochés, tantôt à des eystoearpes ayant l'aspect de sores oblongs irréguliers, très visibles à l'œil nu; mais ces deux. sortes de fruits ne sont jamais réunis sur le même individu. Les sphérospores nous ont montré un fait intéressant et particulier : c'est que leurs spores, de couleur jaunâtre, offraient, immédiatement après leur dissémination, une forme ovoide allongée, et présentaient quatre divisions transversales dans la chromule, de telle sorte que l’on aurait cru avoir affaire à un tétraspore zoné plutôt qu'à une seule spore ; elles ne jouissaient pas d'une action vitale suffisante pour revenir sur elles-mêmes, se contracter et former une sphère, comme cela se voit généralement sur les spores qui, au moment de la dissé mination, sont ovoides ou pyriques, et prennent ensuite la forme tout à fait sphérique. Nos sporesse sont développées au bout de huit jours, en dobnant naissance à un système inférieur formé par des filaments iucolores, articu- lés, simples ou rameux ; quant au systeme supérieur, il représentait la spore un peu plus allongée offrant encore ses quatre divisions zonées dans la chromule. Les eystoearpes, dont chaque cellule pyrique ne contient qu'une spore, ainsi que le dit M. Thuret (1), et non un tétraspore, comme l'a repré- senté M. Harvey (2) dans sa superbe PAycologie britannique, sont bien re- marquables; nous avons été asséz heureux pour voir la dissémination des Spores qu'ils renferment; ces cystocarpes, formés par quinze à vingt-quatre cellules de la couche corticale, qui sont devenues pyriques par leur déve- loppement, disséminent leurs spores assez lentement ; les spores en sortant de leurs cellules s'étranglent, ce qui nous fait voir que l'ouverture par où se fait leur sortie est plus étroite qu'elles ; puis, disséminées, elles prennent la forme sphérique. On observe aussi sur les diehotomies supérieures du Dictyota dichotoma, mais sur des individus qui n'ont ni l'une ni l'autre fruetification dont nous venons de parler, des especes de petits sores elliptiques ou arrondis, faisant " Recherches sur la fécondation des Fucacées (Ann, des sc. nat., Le série, À l, p. 26). (2) Phycologia britannica, planche 103, 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. saillie sur les deux faces de la fronde et formés par la cuticule de celle-ci qui se tuméfie. Vus par leur surface, à un faible grossissement du micros- cope, ces sores nous présentent des points noirs dus aux sommets des fila- ments qu'ils contiennent, car leur position verticale ne permet de voir que leurs sommets qui ont l'aspect de petites sphéres; la cuticule, à mesure de l'accroissement des filaments qu'elle renferme, se dilate, et les petites émi- nences qu'elle forme ressemblent bien à une fructification; enfin elle se déchire pour leur donner issue, et finit souvent par disparaître entièrement; quelquefois cependant il reste encore, à la base des filaments, des fragments ineurvés de cette cuticule; les filaments, continuant à croître, nous mon- trent des articles moins longs ou aussi longs que larges, devenant, dans leurs sommets qui sont obtus, une et demie ou deux fois aussi longs que larges et remplis par un nucleus de sporidies; ces filaments se détachent avec facilité de la base sur laquelle ils sont fixés, quand on fait pour l'analyse des coupes minces de ces faux sores que l'on prendrait facilement, à la coupe, pour des groupes de sphérospores, si, par l'analyse, on ne s'assurait pas de leur organisation réelle. Ces filaments ou fructification sporidiaire, que nous venons de décrire, ont beaucoup d'analogie avec ceux qui constituent l Elachistea stellulata Griff., trés petite Algue qui pullule sur la fronde du Dictyota dichotoma. Nous croyons, d’après nos études et nos analyses, que les poils Jeunes, figurés par M. Thuret (1), pourraient bien être les filaments de l’£lachistea stellulata dans leur premier développement; ils ne sont point les poils qui se développent cà et là sur toute la fronde de ce Dictyota, car ceux-ci ont, méme à l'état jeune, des articles vers la base plus larges que longs et remplis de granules grisátres, les autres parties de ces poils ont des articles quatre à six fois plus longs que larges et sans chromule ; ils Sont toujours presque incolores. Genre Zonaria J. Ag. En sectionnant en lames minces la partie inférieure de la fronde du Zo- naria lobata Ag., pour en étudier l'organisation, nous avons vu au micros- cope qu'elle est formée, à l'intérieur, de quatre rangs de cellules presque rondes, comme cela se voit aussi dans le bas de la fronde du Padina pavonia, et de trois séries seulement dans la partie supérieure où elles ont une forme rectangulaire ; nous avons éprouvé un bien vif ‘plaisir en découvrant dans ce Zonaria une fructification bien curieuse, qui nous donne un caractère générique de plus pour ce beau genre; elle est formée par de petits cylindres presque droits ou incurvés, articulés, à articles aussi longs que larges, con- tenant chacun une sporidie ; ces petits cylindres, par leur réunion, forment (4) Recherches sur la fécondation des Fucacées (Ann. d e séri t. III, pl. 2.) (Ann. des sc. nat., L° série, SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 29 à la surface de la partie supérieure de la fronde des zones concentriques d'une couleur brun noirâtre; cette fructification, à un faible grossissement, offre l'apparence des anthéridies du Cutleria laciniata. La grande similitude du tissu cellulaire du genre Zonaria avec celui du Padina nous fait penser que ce dernier genre doit avoir aussi des sporidies dans des organes analogues ; nous sommes d'autant plus fondés à le croire, que les filaments décrits avec doute par M. J. Agardh, comme étant des anthéridies, seraient la fructification sporidiaire du genre Padina. M. Guillard fait à la Société la communication suivante : IDÉE GÉNÉRALE DE L'INFLORESCENCE, par M. ACH. GUILLARD. L Définition. — Linné a créé le mot ?nflorescentia pour désigner, comme il le dit lui-même, ce que l'on appelait modus florendi. Il en donne deux ou trois définitions, dont la plus générale est celle-ci : Znflorescentia est modus quo pedunculus fructificationem promit (4). Il n'a considéré la manière de fleurir que par rapport à la position des pédicelles ou des pédoncules partiels sur le pédoncule principal, et à leur longueur absolue ou relative; il a fixé, en conséquence, et avec plus ou moins de précision, les idées qu'il attachait aux mots Ombelle, Cyme, Capitule, Chaton, Spadix, Fascicule, Epi, Corymbe, Panicule, Thyrse, Grappe, Ver- ticille (2). On s'en est tenu à l'idée de Linné pendant trois quarts de sièclesans y rien ajouter. Enfin on s'est apercu que le modus florendi n'est pas exclusivement applicable à la configuration des groupes floraux, et qu'il peut et doit s'entendre aussi de l'ordre dans lequel se succèdent lesfleurs sur les groupes et les groupes sur la plante. Cet ordre d'évolution n'est pas moins constant que la production des organes eux-mémes : il parait donc avoir beaucoup plus d'importance que les considérations qui ne s'appliquent qu'à la forme des groupes, à la disposition et à la longueur de leurs supports. C'est pour- quoi , dés que je commencai , il y a plus de vingt ans, mes recherches sur (1) Phphia bot., n. 463, XI, p. 114, 1'* édit., et n. 279. (2) Op. cit., n* 82, 116-118. L'inflorescence est un mode, ce n'est pas un étre. Inflorescere, entrer en fleur, devenir fleur, comme inardescere, entrer en flammes, tnalbescere, devenir blanc. Linné a employé aussi le mot florescentia (Clav. clas- stum en tête du Genera) pour signifier fleuraison ou groupe floral. On a fait con- fusion de ces deux termes, dont le sens est pourtant bien différent : on a pris trop Souvent inflorescentia pour groupe floral. Groupe floral est aussi court qu'inflo- rescence ; il n'y a donc pas de raison suffisante pour détourner infforescentia du sens que lui a donné Linné, son auteur. Si l'on ne veut pas groupe floral, on peut adopter anthémie, mot élégant qui a été employé par plusieurs, | 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'inflóreseence, à l'instigation de mon excellent maitre C.-N. Seringe, je pensai que la question d'ordre primait toutes les autres en ce sujet, et que le butà poursuivre devait étre de découvrir les lois de la succession des fleurs (4). C'est sous cette forme plus elaire et plus complète que m'apparut alors la pensée implicitement contenue dans les définitions du législateur de la botanique. Si j'ai consumé de longuesannées dans cette poursuite, j'en ai été dédommagé par une abondante moisson de phénomènes intéressants et variés, peu observés jusqu'à présent, surtout peu décrits ou vaguement exprimés, quoique leur défaut laisse dans la science une très grande et incontestable lacune. | R. Brown est le premier , à notre connaissance, qui ait éveillé l'atten- tion des betanistes sur cette branche si importante de la physique végétale. Il y fut conduit par l'exception apparente que présente un genre de Com- posées, chez lequel les capitules semblent s'ouvrir du dedans au dehors, contre l'analogie bien connue de cette famille. Il remarqua que si, dans les Composées ordinaires, les fleurs de chaque capitule s'épanouissent du dehors au dedans, lasuccession des capitules suit un ordre inverse, puisque, après le’ capitule terminal et central qui s'épanouit le premier, les capitules axil- laires évolvent l'un après l'autre, sur les ailes, précisément dans l'ordre où ils s'éloignent du primordial. De cette seule remarque il induisit que les eapitules d’ Echinops sont uniflores, et que cette tête serrée que l'on prenait ehez eux pour un capitule simple et hétérodoxe, est un ensemble de capitules s'ouvrant selon la loi commune. Ainsi disparut l'apparente exception, et le genre qui faisait la difficulté rentra dans l'analogie invaria- ble de sa famille (2). Huit ans aprés, Rœper releva l'idée émise par Brown et qui semblait n'avoir point germé. Il y ajouta de nombreux exemples, desquels il conclut que toutes les plantes pouvaient étre rangées en deux grandes classes, selon que leur inflorescence se rapportait à l'une ou à l'autre des deux marches contraires qui avaient été signalées. Son mémoire (Mél. bot. de Seringe, 1826), important pour l'histoire de la seience, ne doit être consulté qu'avec précaution, parceque l'idée de la position des fleurs y est partout mélée à celle de leur succession : ce qui a laissé dans cet éerit une confusion pénible, et l'a rendu impropre à fixer la nomenclature. MM. Bravais qui, à l'oecasion de leurs études sur la phyllotaxie, ont fait de nombreuses observations sur l'inflorescence, se sont mieux inspirés de l'idée jetée en avant par R. Brown. Leur travail, qui est considérable sans être complet, semblait devoir exciter le zèle et l'émulation des amis de la science, en leur faisant sentir l'immense lacune qui existe en cette partie (4) Formules botaniques, thèse inaugurale, 1835. Vocabulaire organographi- que, p. 65. (2) Linn, Trans., 1817, XII, p. 98. SÉANCE DU 30 JANVIER 1857, a4 de la botanique, Comment se fait-il qu'il soit resté vingt anssans continuation et sans fruit apparent ? Comment se fait-il que plusieurs ouvrages impor- tants de botanique systématique et descriptive (ouvrages très recomman- dables sous tous les autres rapports) aient paru depuis cette époque et pa- raissent tous les jours, sans que l’on y remarque un soin suffisant de déterminer l'inflorescence par des expressions claires et précises, et de lui donner le rang que l'on ne peut plus lui refuser parmi les caracteres dis- tinetifs des espèces, des genres et des familles, et parmi les grands traits révélateurs de leurs affinités ? Je hasarderai deux explications de ce fait triste et singulier. Je erois,avee Adr. de Jussieu(1), qu'il faut l'attribuer d'abord à l'absence de termes techniques clairement définis, et propres à représenter avec concision les observations qui constituent cette nouvelle branche de la science, Roper ne s'est pas occupé assez longtemps de l’inflorescence pour sentir le besoin d'en compléter le langage et d'en préciser les expressions. MM. Bravais, qui l'ont tenté, n'ont pas fourni aux botanistes, il faut bien le reconnaitre, ce qui était nécessaire pour que l'inflorescence entrát d'em- . blée et de plain-pied dans les ouvrages descriptifs. Leur terminologie n'a pas été ordonnée sur une vue d'ensemble, sur une théorie assez large. Ils ont forgé un eertain nombre de mots qui ne répondent pas assez, pour la plu- part, aux idées générales qu'ils devaient représenter; et ils ont eu outre dé- tourné arbitrairement les termes les plus usuels, épi, grappe, cyme, de leur sens généralement accepté. C'était heurter de front et sans nécessité les ha- bitudes, et mettre un obstacle presque volontaire au résultat pratique de leurs travaux. . La seconde cause à laquelle j'attribue l'inflorescence négligée, je la dis avec plaisir devant vous, Messieurs, parce que je crois que vous y avez porté remède : c'est l'isolement dans lequel les botanistes vivaient et exé- cutaient leurs travaux avant l'institution de votre Société, Sans doute on peut observer avec fruit dans le silence de la solitude; on peut déerire con- venablement ce que l'on a observé, saus autre aide que la collation des échantillons et des deseriptions antérieures. Mais les idées générales ne mürissent qu'au soleil de la discussion : elles n'ont de prix que par l'assen- timent qui leur est donné. Voilà pourquoi, en rapprochant les hommes qui cultivent la botanique , en leur créant des communications périodiques et fréquentes, en leur donnant la facilité de se connaitre, de s'écouter et de s'entendre, les fondateurs de notre Société ont rendu un important et in- contestable service à l'histoire naturelle, ont bien mérité de notre chère et aimable science, et en ont assuré les progres plus sürement encore par cette seule idée de réunion, réalisée au moyen de leur activité, que par les exçel- (1) Mém, Mus., 1830, XIX. 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lents ouvrages dont la botanique est redevable à la plupart d’entre eux. IT. Progression et récurrence. — Lorsque l'on commence à étudier les lois de l'inflorescence, on remarque d'abord deux marches opposées dans la succession des fleurs. Si l'on a sous les yeux un rameau de 7ropæolum, on voit que les fleurs s'y produisent et s'y épanouissent dans le méme ordre que les Feuilles, de bas en haut, la fleur ainée étant à l'une des aisselles in- férieures, et les autres se suivant à chacune des aisselles qui viennent au dessus, par rang d'áge, en sorte que la plus jeune, la derniere épanouie ou la dernière produite, est au sommet du rameau, ou le plus prés de ce som- met. Ainsi, la première loi d'inflorescence, qui est la LOT DE PROGRESSION, est en méme temps une loi de phyllotaxie. Elle appartient en quelque sorte moins aux fleurs qu'aux Feuilles. On sait, en effet, que les Feuilles se for- ment l'une à la suite de l'autre, par une série régulière et ascendante, les plus jeunes étant invariablement les plus éloignées du point de départ. Seu- lement le point de départ de l'inflorescence se trouve presque toujours au dessus de celui dela phyllotaxie, qui est dans l'embryon pour la tige, et au bas du bourgeon pour la branche. Si l'on passe de là à un Aquilegia, on trouve qu'au contraire la fleur aînée occupe le sommet de la branche et de la plante, et que les autres fleurs se produisent dans l'ordre inverse de la production des Feuilles, de haut en bas, les plus jeunes étant les plus voisines de la racine. Et, comme il n'y a sur cette plante aucune trace de la progression florale observée sur la précédente, on est porté à admettre que l'empire des fleurs est partagé en deux grandes provinces, dont l'une comprendrait les plantes à inflorescence progressive, et l'autre les plantes à inflorescence rétrograde. Mais, si l'on pousse plus loin ses observations en revenant au Tropæolum d'abord étudié, on s'apercoit qu'il est sóumis, lui aussi, à la loi de rétrogra- dation, puisque la fleuraison, après avoir commencé sur la branche princi- pale, parait ensuite sur les branches secondaires et dans le méme ordre que l'on vient de trouver sur Aquilegia, ORDRE INVERSE DE LA PROGRESSION; c'est-à-dire que la branche qui fleurit la première aprés la branche princi- pale est celle qui est immédiatement au-dessous de la fleur primordiale, et que les autres branches florifères s'épanouissent d'autant plus tard qu'elles en sont plus éloignées. Chacune des branches secondaires du 7° ropæolum répète, à son tour, ce qui s'est passé sur la principale, développant en boti ordre la double progression des Feuilles et des fleurs. La répétition a lieu aussi et dans le méme ordre sur Aquilegia ; seulement au lieu d'une grappe ou progression de fleurs, il n'y a qu'une fleur à répéter, Il y a donc ici une seconde loi d'inflorescence, qui consiste en ce que l'évolution queleonque, soit de plusieurs fleurs, solt d'üne fleur unique, qui a lieu d'abord sur une branche, s'opère ensuite de la méme maulère et dans un ordre constant sur les autres branches de la plante, SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 33 Cette loi, que l'on peut nommer loi de répétition ou LOI DE RÉCURRENCE, a pour effet général l'unité de composition végétale. Nulle autre ne la sur- passe en étendue : elle embrasse le règne végétal tout entier. Elle agit sur les Monocotylées de la méme manière que sur les Dicotylées ; et, sous ce rapport, il n'y a aucune différence entre un Crocus et un Chéne. Elle s'ap- plique à toutes les plantes sans exception, puisque celles dont l'extréme simplieité s'arréte à la production d'une seule fleur ou d'une seule progres- sion, peuvent être regardées comme manquant cu développement normal, et que, pour constituer une exception formelle, il faudrait une plante se développant constamment en opposition avee la loi qui nous occupe, ce qui n'a pas été observé. Il parait donc rationnel, attendu la simplicité reconnue des grandes vues dela nature, d'admettre quel'infloresceuce est réglée d'après un plan unique dont les deux ordonnées principales sont : progression et récurrence. La tres grande majorité des familles végétales offrira la réalisation de ces deux termes, tantôt d'une manière simple et laissant à chacun d'eux son in- dépendance (Crucifères, Polygalées, Trémandrées, Tropéolées, etc.), tantôt à divers degrés de complication et d'interférence, qui mériteront d’être exposés pour chaque famille, Dans un petit nombre de plantes, le déve- loppement semble appartenir tout entier à la progression, (primitive ou conti- nuée), et la régression s'efface: Palmiers. Dans certaines familles, au con- traire, la progression est comme supprimée, ou résumée en la seule fleur terminale, et toute répétition appartient à la récurrence: Hypéricées, Rutées, Géraniacées, Caryophyllées, ete. Dans quelques plantes enfin, la vie s'épuise Sur une fleur, et progression et récurrence sont condensées et confondues en un seul point : quelques Renoneulacées, Ranunculus Krapfia DC. (Deless. ic. T, 35), Oxygraphis ; Orithyia uniflora (Brit. fl. gard. mai 1836); Pte- rostylis (Guill. austral.). On peut méme regarder théoriquement la progression et la récurrence comme perpétuellement entrelacées et se pénétrant en quelque sorte l'une l'autre: car, si toute fleur terminale peut étre considérée comme résumant une progression, toute fleur axillaire peut étre regardée comme préparant une réeurrence. Cette dernière considération est fondée sur ce fait, qu'il est peu de pédicelles axillaires qui ne portent 2 bractéoles indiquant qu'il peut venir à leur aisselle 2 boutons plus jeunes, par conséquent récurrents; ce que l'on vérifie dans une foule de familles (Berbéridées, Celtidées, San- guisorbées, Ternstroemiacées, Balsaminées, Éricacées, Scrofulariées), et méme dans celles qui jouissent le plus notoirement du développement pro- gressif: Ribésiacées, Malpighiacées, Orobanchées, Protéacées, Papiliona< cées, ete. ll importe peu que le développement se fasse au large, sans pareimonfe, et en donnant à chaque fleur une Feuille alsselliere formelle ct eomplétentent T. 1v, ) 3h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. constituée ( Veronica agrestis, Capparis spinosa, Celtis australis), ou qu'au contraire il se contracte, rapproche les fleurs en groupe, et, par l'effort de Ja production florale, amoindrisse ou transforme les Feuilles, les fasse Brac- tées, les efface méme tout à fait, comme on le voit à divers degrés sur tous les pédoncules multiflores : l'ordre des successions n'est pas troublé, les lois établies sont respeetées (sauf de trés rares exceptions); la grappe des Groseilliers, le capitule des Composées, la téte ovée des Protéacées, le demi- globe de Jasione, des Globulaires, le cylindre de Phyteuma, le chaton du Coudrier, l'épillet des Graminées, des Cypéracées, restent progressifs, la Cyme capitée des Salsolacées, celle des Polémoniacées, des Laurinées, conservent leur rétrogradation. Par l'effet des deux lois que nous venons de reconnaitre, la tige d'un végétal phanérogame bien développé et en pleine fleuraison se distribue eh deux zones ordinairement trés distinetes : la zone supérieure, qui se com- pose de la fleuraison primordiale, progressive et ascendante, et la zone in- férieure qui comprend tout ce qui se produit par récurrence au-dessous de la première. Prenons par exemple Scrofularia (canina, nodosa, aqua- tica, etc.). Ces plantes fleurissent en une grappe composée terminale qui se développe progressivement à partir du plan où apparait la première fleur, et qui forme la zone supérieure. Au-dessous de ce plan se produisent les rameaux axillaires récurrents dont l'ensemble forme ce que nous appelons la zone inférieure ; ils portent une fleuraison semblable à la primordiale, la répétant l'une après l'autre dans l'ordre rétrogressif et descendant. Ainsi, il y a, dans la hauteur de la tige, un plan de partage au-dessus et au-dessous duquel le développement général relatif à l’inflorescence suit deux cours diamétralement opposés : ce plan est celui où s'épanouit la fleur ainée. Chaque branche est, sous ce rapport, l'image de la plante entière, ou plutôt la plante elle-même n'est qu'un ensemble résultant de l'associa- tion régulière d'êtres semblables entre eux et semblables au tout. Car la méme marche ascendante et descendante s'observe à tous les degrés du développement et pendant toute la vie du végétal. Cette double marche est représentée aussi par le développement en sens contraire de la tige et de la racine. Ce sont toujours des effets de la loi gé- nérale d'expansion que j'ai signalée dans d'autres circonstances (1), et qui pourrait s'appeler ici loi d'expansion bipolaire. HI. Loi d'affaiblissement. — Sur un pied de Verbascum, le plan de par- tage est ordinairement vers le milieu de la plante. C'est là que s'épanouit la premiere fleur du premier groupe latéral. La fleuraison parcourt succes- sivement toute la région supérieure à ce plan, sur lequel elle éléve une ma- guifique pyramide. Dans le méme temps la récurrence développe les (4) Observations sur la moelle des plantes ligneuses (Ann. des sc. nat., 1847). SÉANCE DU 80 JANVIER 1857. 30 rameaux inférieurs selon leur numéro d'ordre, et chacun, dans cette région descendante, reproduit à son tour, mais avee moins de grandeur, la pyra- mide primordiale. Car la répétition affaiblit ordinairement les groupes qu'elle reproduit, soit par progression, soit par récurrence (1). On voit sur les branches réeur- rentes de Verbascum que les Cymes sont beaucoup moins complexes que sur la tige principale; et sur cette tige elle-même, qui n’est autre chose qu'un opulent pédoncule terminal, les Cymes inférieures sont beaucoup plus complétes que les autres, qui vont en s'amoindrissant à mesure qu'elles sont plus élevées, perdant suecessivement leurs rameaux, leurs pédicelles suppléants, jusqu'à devenir en beaucoup de cas Cymes uniflores. Leptomeria Billardieri R. Br., qui porte grappe (spiciforme) axillaire, a les grappes supérieures réduites à une fleur. Cette loi d'affaiblissement (qui a bien quelques exceptions) est néanmoins trés générale, et mérite fort d’être observée, parce qu'elle est trés efficace pour fixer le jugement sur certains cas obscurs de l'inflorescence. Elle sert aussi à faire disparaitre d'apparentes exceptions, à ramener à l'unité de plan des phénomènes que l'on aurait crus dissemblables, à rétablir la con- stance des vues de la nature là oü elle semblait défaillir, et aussi à préciser lesens de quelques expressions vagues employées dans les descriptions, telles que pedunculis subtrifloris, subbifloris, ete. Il est clair (la Joi d'affaiblissement une fois reconnue) que, pour donner une idée juste de l'infloresceuce d'une plante, il faut la décrire aux points les plus rapprochés de la premiere fleur. C'est done le point de départ qu'on doit reconnaitre avant tout, sous peine de s'égarer et d'égarer les autres. C'est pour cela que nous insistons sur la distinction des deux zones de dé- veloppement qui résultent de PRoGRESSION et RÉCURRENCE. 1V. Réprogression. — Lorsque la fleur primordiale termine la plante ou la branche, et quela progression semble impossible, elle reprend cepen- dant ses droits chez beaucoup de plantes. Considérons une branehe de Rubus (de quelque espèce que ce soit) : la fleur terminale et suprême est évidemment l'ainée, celle qui s'est épanouie la premiere (2). Toute progres- (4) M. Germain de Saint-Pierre l'a indiqué pour la progression (Bull. de la Soc. bot, de France, 1855). (2) Quand je parle de l’âge des fleurs, j'entends désigner l'époque relative de leur épanouissement. J'ai vérifié dans un trés grand nombre de cas, en pénétrant dans le bourgeon, que l'ordre de l'épanouissement est conforme à l'ordre de la naissance. Mais je n'ai pu certainement le vérifier sur toutes les plantes dont j'ai à parler. Afin donc d'éviter une généralisation prématurée et contestable, je m'en tiens au phénomène d'inflorescence observable à l'œil nu ou faiblement armé, et J'accorde toute réserve pour les exceptions que pourrait constater la micrographie de l'anthogénie. 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sion est-elle évincée? Non. Car l'épanouissement ne continue point par les fleurs les plus voisines de l'ainée : il reprend par le bas, et remonte ensuite régulierement comme en une progression ordinaire : en sorte que, abstrac- tion faite de la premiere fleur, on croit voir une grappe complexe ou un thyrse. Ainsi, voilà une véritable et légitime progression dans un groupe où l'évolution est partie du sommet. Daus ces cas spéciaux (que l'on rencontre néanmoins trés fréquemment, Renoneulacées, Dryadées, Laurinées, Acéracées, Mélastomacées, Sapinda- cées, Philadelphées, Bignoniacées, ete.), le plan de partage des deux zones peut étre placé à l'origine de la réprogression. Au-dessous de ce plan, la ré- gression ordinaire a lieu eomme chez tous les autres végétaux. La loi d'af- faiblissement s'exécute aussi dans la réprogression comme dans la progres- sion commune (1). En voyant combien sont contradictoires les deux grandes ordonnées du système de l'inflorescence, on a pu croire d'abord que la nature s'était dé- partie, en les créant, du soin qu'elle prend de relier tous les phénomènes par des transitions graduées. Mais la réprogression vient démontrer une fois de plus l'axiome {Von facit saltus. Nous en trouverons plus tard une démon- stration nouvelle dans une autre loi spéciale (la précession), qui rapprochera les deux marches opposées jusqu'à les confondre. V. Récurrence surmontante, — Lorsque la progression manque tout à fait, la fleur primordiale, qui termine l'axe florifère, compose à elle seule, rigoureusement parlant, la zone supérieure. C'est ce que l'on voit sur les Polémoniaeées, les Magnoliacées. Mais les cas sont assez rares où la fleur primordiale est isolée, comme sur Magnolia, Calycanthus ; plus rares encore ceux où la Cyme est subordonnée comme dans les Polémoniacées, c'est-à- dire où elle porte la fleur aînée placée en évidence au point le plus élevé. Presque toujours les rameaux qui naissent en récurrence au-dessous de la fleur terminale, s'élèvent au-dessus d'elle, sont surmontés à leur tour par ceux qu'ils produisent, et ainsi successivement. Telle est l'inflorescence des Silénées et Alsinées, des Asclépiadées et Apocynées, des Géraniacées, des Loasées, des Zygophyllées, des Nyctaginées, des Solanées, des Boragi- nées, etc., et, dans un sens plus large, celle des Esculacées, et de tous les arbres à inflorescence terminale ou proterminale. Ainsi se forme la Cyme surmontante, dont les rameaux se succèdent dans un ordre ascendant quoi- que rétrogressif. Dans chaque Cyme, comme dans la progression, la fleur primordiale est placée, matériellement parlant, au pointle plus bas de la (4) La réprogression a bien souvent échappé à l'œil des dessinateurs. 11 y a pour- tant quelques figures où elle est fidèlement représentée, On en trouve un bon exemple, Arch. Mus., VLI, pl. 34 (Atherosperma) ; voyez aussi Wallich, As. rar. 204 (Swertia), et Royle, Him., 67, SÉANCE DU 80 jaANviER. 1857. 37 région ascendante, et ses sœurs cadettes s'échelonnent successivement au- dessus d'elle. Mais dans l'ordre progressif, les fleurs plus jeunes naissent réellement au-dessus de leur ainée, et sur le prolongement du méme axe, qui est le corps méme du rameau florifère. Dans la Cyme surmontante, au contraire, les fleurs cadettes naissent sous leur ainée à l'aisselle des 2 Feuilles ou Braetées qui la soustent ; puis elles s'élèvent au-dessus d'elle par l'allon- gement des pédieules axillaires: et ces pédicules se terminent chacun par une fleur et par une ou plusieurs Feuilles ou Bractées, de l'aisselle desquelles part une surmontance pareille, et ainsi de suite, comme chacun sait. Si l'on fait abstraction de la difference d'origine, on ne peut s'empécher d'étre frappé de l'espece de ressemblance qu'il y a entre le développement de la Cyme surmontante et celui de la progression, puisque l'une et l'autre suivent une marche ascendaute. Mais la Cyme rencontre à chaque degré un point d'arrêt, qu'elle ne franchit qu'en rétrogradant : elle n'est qu'une con- trefacon de la zone progressive qui s'étend par un cours continu. Il y a une ressemblance d'effet, malgré l'opposition de principe et d'action. Nous reconnaitrons plus loin, daus d'autres lois spéciales de l'inflores- cence (les lois d'inégalitéj, une nouvelle et très singulière analogie entre la Zone progressive et la Cyme surmcutante. La ressemblance est quelquefois portée si loin, que l'on ne distingue pas l'une de l'autre avec une entière certitude: Vinca, Cuphea, quelques Silénées, tous les groupes scorpioides où les Bractées sont inaperçues, peuvent faire naitre ce doute. Au reste, les plantes à Cyme ascendante n’en ont pas moins la récurrence inférieure que nous avons reconnue étre l'effet d'uneloi universelle. Elles jouissent par conséquent de 2 sortes de réeurrence: la surmontante, dont la seule source est dans le rameau ou les 2 rameaux qui soustent immédia- tement la fleur primordiale; et la descendante, qui se forme de tous les rameaux axillaires se développant successivement au-dessous : celle-ci com- pose la zone inférieure proprement dite. Par son origine, la récurrence sur- montante appartiendrait aussi à cette zone ; mais son essor ascendant l'en sépare; et elle semble destinée à tenir lieu de la zone progressive ou vraie zone supérieure, dans les plantes où la progression est réduite à la seule fleur terminale. On verra plus tard que ces deux récurrences ont d'ailleurs leur marche indépendante, qui ne les distingue pas moins que le caractère que nous ve- nons de leur assigner. VI. Proportion des deux zones. — Les familles végétales offrent de grandes dissemblances quant aux limites des 2 zones de l'évolution florale (telles que nous les avions déterminées), et quant à leur ampleur respective. Chez les plantes à tige simple et dressée, se terminant par une progression bien développée, le plan de partage est souvent versle milieu de lahauteur, comme on le peut voir en Verbascum, Digitalis, Scrofularia. Les autres 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Scrofulariées, les Résédacées, les Crucifères, présentent bien souvent cette espèce debalancement. Mais plus souvent encore il est détruit par la prépon- dérance que s'arroge l'un des deux systèmes. Chez les Papilionacées le déve- loppement progressif l'emporte de beaucoup. Voyez la tige de Vicia Faba L., ia Fève populaire : elle n'offre, dans presque toute sa hauteur, qu'une noble progression. La première fleur s'ouvrant à la 3° ou 4° aisselle de la plante, la zone inférieure est nécessairement fort restreinte. Une Cucurbi- tacée, Bryonia par exemple, étend à l'infini et contourne de mille manières sa progression grimpante. L'humble Draba verna L. ne porte ordinaire- ment, sur son axe central, qu'une seule et simple petite grappe ; mais Ja récurrence, chassée de la tige aérienne, se réfugie sur le collet de la plante, et produit, quand l'alimentation abonde, un riche verticille radical. Ainsi Diplotaxis viminea DC., ainsi Primula, Androsace et une foule d'autres. Si la progression primitive commence tard et n'obtient qu'un développe- ment médiocre, la régression l'emporte en étendue : Lysimachia vulgaris. Lorsque la zone supérieure résulte d'une Cyme terminale surmontante, il arrive, par exemple dans les végétaux de petite taille, que cette Cyme est, pour ainsi dire, toute la plante. Radiola linoides termine sa tige par une fleur aprés 3 ou 4 paires de Feuilles : cette fleur aînée est entourée et sur- montée de ses cadettes, portées sur deux bras qui se reproduisent jusqu'à 10 ou 15 degrés de multiplieation : la récurrence inférieure est peu de chose; elle est épuisée par l'avidité de la supérieure. De méme Thisantha glabra, scaberula, glomerata Eckl. et Z., de méme Tillæa, Bulliarda, Grammanthes, ete. Si la Cyme terminale, au lieu d'étre surmontante, reste subordonnée, comme dans Aquilegia, Nigella, dans les Polémoniacées, la zone supérieure est réduite à la fleur ainée, et la plante tout entière, moins cette fleur primordiale et suprême, n'est que récurrence inférieure. Nous avons énuméré seulement les principales variétés que présente le partage des deux zones. Cela suffira peut-être pour faire voir combien il importerait, dans les observations faites sur le terrain, toutes les fois que l'on ne peut pas emporter chez soi la plante entière, de noter à quelle hau- teur moyenne (mesurée par le nombre des aisselles) se trouve la primefleur ou protanthèse, le point de départ régulier de l'épanouissement floral. On arriverait ainsi, par des faits accumulés, à avoir une histoire beaucoup moins incomplète des peuplades qui composent le règne végétal. La double zone d'évolution est marquée aussi bien sur chaque branche annuelle (quand elle est suffisamment développée) que sur la planteentière. Elle peut tre marquée sur un simple rameau florifère, feuillé ou non feuillé. La loi générale de récurrence, telle que nous l'avons exposée, souffre dans son application à certaines plantes quelques modifications qui résultent, SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 39 soit normalement des lois spéciales que nous avons fait entrevoir, soit ac- eidentellement des circonstances particulières de l'entourage, de l'ombre et de la lumière. Cette loi n’en est pas moins, comme nous l’avons dit, la plus générale de toutes celles qui régissent l’évolution des fleurs. En outre, elle est essentiellement propre au règne végétal, et elle le caractérise à l'exclu- sion des deux autres. Elle est une des principales causes de l'harmonieux spectaele que nous offrent les grands végétaux, où l'unité la plus parfaite est jointe à une infinie variété, et oü la méme cause, répétant les mémes effets avec une eonstance inaltérable et sans aueune monotonie, charme à la fois les yeux et l'esprit de l'observateur. M. Baillon présente, au sujet de cette communication, les observa- tions suivantes : Il félicite M. Guillard d'avoir cherché à mieux définir les inflores- cenees, dont la terminologie est vicieuse et a besoin d'étre réformée. Ainsi la grappe, bien que terminée, est considérée comme une inflorescence in- définie. Mais il rappelle que Linné avait distingué la floraison de l'inflores- cence, et il est d'avis que M. Guillard les a confondues, et que sa théorie se rapporte plutôt à la première qu'à la seconde, car elle est basée sur l'ordre d'épanouissement, qui est un phénomene de floraison, indépendant de la disposition des fleurs. De méme, en parlant des réeurrences, M. Guil- lard a tenu compte non-seulement des bractées, mais encore des feuilles, et est ainsi sorti de l'inflorescence, qui est limitée aux braetées. Si l'on ne se rapporte qu'à l'ordre de floraison, le niveau de départ sera déterminé différemment par les divers observateurs; et la force des bour- geons floraux est aussi un pur caractere de sentiment, qui n'a rien d'ab- Solu. Ainsi, en parlant de la grappe, M. Aug. de Saint-Hilaire dit que l'Or- chis Simia se distingue parce que celle de ses fleurs qui s'ouvre la première est plus ou moins médiane. Dans le Pachysandra, on voit que les fleurs qui s'épanouissent les premieres sont médianes, et il s'en produit plus tard à l'aisselle des bractées inférieures. On ne peut done prendre l'ordre de floraison comme caractère distinctif de tel ou tel mode d'inflorescence. Passant aux inflorescences dites mixtes, M. Baillon rappelle que l'ZZ's- culus a un axe primaire terminé par une fleur, et des axes secondaires tous en cyme scorpioide, dont la premiere fleur peut s'épanouir avant celle qui termiue l'axe prineipal. L'áge relatif des axes est donc le seul bon guide à suivre, — Dans le Ruscus aculeatus, à Vaisselle de la petite fleur qui semble épiphylle, il se produit une inflorescenee secondaire de 2 à 3 fleurs. Ces fleurs s'épanouissent en méme temps, et cependant, si l'on étu- die leur développement, on voit que l'une nait avant l'autre à l'aisselle d'une petite bractée, C'est donc là encore une cy me scorpioide. AO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'inflorescence est encore plus difficile à définir pour certaines fleurs unisexuées. Ainsi M. Baillon n'est pas encore parvenu à se rendre compte de l'inflorescence du Buis, qui consiste en un petit groupe de fleurs dont celle du milieu est femelle et les autres mâles. Est-ce une inflorescence dé- finie ou indéfinie? il ne peut le dire encore. Enfin M. Baillon fait remarquer combien il est méme difficile de consta- er le moment préeis de l'épanouissement d'une fleur. L'ordre d'épanouisse- ment ne peut done servir de base à aucune théorie. M. Guillard répond à M. Baillon de la maniére suivante : Deux objets distincts ont été traités ensemble par M. Baillon, à savoir les lois générales de l'inflorescence et quelques exceptions. M. Guillard n'a pu aujourd'hui que signaler à peine les lois générales, il ne devait pas en- trer dans les exceptions. M. Baillon ne veut pas qu'on s'occupe des Feuilles en parlant de l'inflo- rescence. Mais M. Guillard, lui aussi, a cherché à séparer les Feuilles des Bractées, et n'a pu y parvenir, parce que les organes qu'on désigne sous ces deux noms se confondent par des transitions graduelles. Est-il d'ailleurs nécessaire de limiter l'inflorescence aux Bractées ? Qui empêche de consi- dérer comme appareil d’inflorescence la plante tout entière, si les fleurs s'y montrent partout ? Beaucoup de botanistes ont admis cette maniere de voir, surtout pour les plantes anuuelles. Dans les végétaux vivaces, le rhizome est un appareil de conservation; tout le reste appartient à l'inflorescence. M. Guillard ne eroit pas avoir confondu la floraison avec l'inflorescence. Dans la distinetion de ces deux idées, il a suivi Linné, qui a défini l'inflo- rescence: modus florendi, — Yl y a une progression florale analogue à la progression foliaire. Lorsque les groupes de fieurs sont trés condensés, leur développement devient un peu irrégulier, sans doute à eause de la grande contraction de l'axe floral, ce qui pourrait expliquer le phénomène excep- tionnel de l'Orchis qui a été signalé. L'inflorescence d'un Orchis est tou- jours progressive, comme celle d'une Caryophyllée est toujours régressive. M. Guillard, à défaut de fleurs dans la saison actuelle, a tenu compte de la force des bourgeons floraux, appréciation dont M. Baillon conteste la lé- gitimité. Pourtant la valeur de cette appréciation, sans être absolue, n’en est pas moins réelle. — Il entend par épanouissement ce que tout le monde entend par ce mot. Peu lui importe à quel moment précis une fleur peut étre dite complétement épanouie, car l'épanouissement n'est aussi qu'un fait d'une valeur relative. Mais l'ordre d'épanouissement n'en est pas moins un fait réel, un fait constant, un fait caractéristique ; et comme tel, il faut bien le décrire, quoique M. Baillon ne veuille pas que l'on tienne compte d'autre chose que de l'ordre de formation des axes. SÉANCE DU 90 JANVIER 1857. M Du reste, M. Guillard est loin de contester la valeur des études relatives à l'anthogénie, car il a été lui-méme l'un des premiers à s'en occuper (1). Mais, bien qu'il ait observé l'anthogénie dans un grand nombre de plantes, il n'a jamais vu de contradiction entre l'ordre de naissance des fleurs et l'ordre de leur épanouissement. Il passe en revue les exemples cités par M. Baillon : Dans le Pachy- sandra, la floraison a lieu d'abord en ordre progressif, ainsi que M. Baillon l'a constaté; si ensuite il se produit des fleurs plus bas, elles sont d'un autre ordre et d'une autre sorte, et rentrent dans la réprogression. — Sur Euphorbia Cyparissias, après le développement de la première Cyme, de nouveaux rameaux floriféres sortent de la base de la tige; c'est encore une réprogression. — Quant au Buis, ce sont les fleurs du bas du capi- tule qui s'ouvrent les premières; son inflorescence est donc une progression. — Le /iuscus présente une disposition tres exceptionnelle. On voit souvent réunies 2 ou 3 fleurs ; quelquefois il n'y en a qu'une seule. La plus grande est toujours la première à s'épanouir. M. Guillard croit donc que les faits intéressants rapportés par M. Baillon ne forment pas d'objection solide contre l'exposition qu'il vient de faire des lois générales de l'inflorescence. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LE MODE DE VÉGÉTATION DU NEOTTIA NIDUS AVIS, pr M. ED. PRILLIEUX. J'ai l'honneur de faire hommage à la Société d'un travail que je viens de publier sur la végétation et la structure du Neottia Nidus avis. Je profite- rai de cette occasion pour mettre sous ses yeux quelques pieces à l'appui de més assertions, au sujet d'un mode singulier de propagation que j'ai signalé dans cette plante. Pour que les objets que je lui présente soient compris, je dois exposer en peu de mots quel est le mode de végétation du Neottia Nidus avis. On sait que la tige de cette plante fait un coude au-dessous de terre et que son extrémité postérieure, à peu près horizontale, que l'on doit nom- mer un rhizome, donne naissance à de très nombreuses racines blanchâtres, à peu près cylindriques, charnues, lisses, et dont l’ensemble forme un pa- quet que les anciens botanistes ont comparé au nid d’un oiseau. Le rhi- zome traverse ce paquet de racines; son extrémité antérieure se courbe €n crosse et produit une tige verticale ou hampe qui porte les fleurs ; son extrémité postérieure est souvent pourrie; mais souvent aussi elle est ter- minée par une pointe un peu courbée en forme de corne très large et trés (4) Sur la formation des organes floraux, In-8°, 1835, Baillière. A9. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. courte. — Cette extrémité diffère par sa structure anatomique du reste du rhizome; elle est le produit immédiat de la germination du petit noyau cel- lalaire qui est l'embryon des Orchidées, et elle conserve, jusqu'à ce qu'elle se détruise, la structure d'un embryon germant. Son système ligneux n'est qu'un mince filet vasculaire occupant l'axe du petit corps en forme de corne, tandis qu'au delà le rhizome prend la structure qu'il conserve tou- jours; son système ligneux est formé d'un anneau fibro- vaseulaire à l'in- térieur duquel sont quelques faiseeaux libres. Le rhizome porte des feuilles imparfaites, il est vrai, mais fertiles pour la plupart. Les bourgeons qui naissent à leur aisselle produisent-ils des ramifications du rhizome comme dans l'Æpipactis palustris? un seul se dé- veloppe-t-il de manière à continuer la direction du rhizome comme dans le Cephalanthera rubra et le Limodorum abortivum ? Quelquefois le bourgeon axillaire d'une feuille située près du point où la tige se courbe en crosse, prend un développement que l'on peut considérer comme anticipé ; il forme une hampe pareille à celle qui termine l'axe pri- maire et qui fleurit en méme temps. J'en ai vu des exemples, mais c’est là certainement une exception. Dans le cas le plus ordinaire, aueun des bour- geons axillaires ne se développe, et la plante tout entière meurt aussitôt après avoir fleuri. J'ai déraciné plus de 40 pieds de JV. Nidus avis en graine vers la fin de l'été; pas un ne portait à sa base de souche vivante. Je crois done pouvoir affirmer que le plus souvent, sinon toujours, la plante n'est point vivace comme on le croit généralement, mais seulement mono- carpienne. J'ai montré, par la structure méme de la plante arraehée en fleur, qu'elle provient souvent de graine ; mais il n'en est pas toujours ainsi: bien qu'elle ne survive pas à la floraison, elle trouve comme les autres Orchidées dans $es organes de végétation un moyen de se perpétuer. Si on observe un nomhre un peu considérable de souches de N. Nidus avis vers l'époque de la floraison, on ne tarde pas à voir que plusieurs ra- cines sont terminées autrement que les autres, qu'elles portent autour de leur extrémité de petits mamelons qui semblent disposés sur elles comme elles le sont elles-mêmes sur le rhizome. — Si l'on fait une coupe de ces racines, on voit qu'elles sont terminées par un bourgeon. Je mets sous les yeux dela Société de telles racines eonservées dans l'al- eool. — On y peut observer les principaux degrés de développement du bourgeon. Les racines qui doivent être le siége de ces singulières produetions ne dif- ferent en aucune facon des autres dans le principe ; puis à leur extrémité se forme un petit mamelon cellulaire où se produit de la fécule, quand celle qui remplissait le tissu de la racine a déjà été résorbée pour fournir aux besoins de la végétation lors du développement de Ja hampe.. Bientót, au SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. A3 sommet du mamelon nait une petite feuille, et un bourgeon se forme, tandis qu'un faiseeau vaseulaire s'organise au-dessous de lui, au milieu du tissu cellulaire du mamelon. — Ainsi se constituent les rudiments d'un rhizome adventif sur l'extrémité de la racine; le petit corps à peu prés globuleux qui le représente s'allonge; puis sur ses cótés, au-dessous du bourgeon, naissent de petites racines adventives, et bientót il offre, à trés peu prés en petit, la forme ordinaire des rhizomes de JV. Nidus avis et est enveloppé comme eux d'un paquet de racines. Pendant cette formation, la plante-mére est morte, son rhizome s'est pourri, et la racine terminée par le jeune rhizome se trouve libre et indé- pendante. Les rhizomes ainsi produits demeurent sous terre pendant prés de deux ans, croissant par leur extrémité antérieure et grandissant lentement sans montrer au-dessus de la surface du sol aucun indice de leur présence. Ce n'est que lorsque la souche a atteint tout son développement, que la plante sort de l'obscurité où elle est demeurée ensevelie depuis sa naissance, allonge au milieu de l'air et de la lumière une hampe pâle, décolorée et toute chargée de fleurs, puis meurt épuisée par ce supréme effort. La connaissance du mode de végétation du JV. Nidus avis permet de comprendre pourquoi on n'a jamais pu jusqu'ici eultiver cette plante. Tl n'est pas nécessaire pour cela de supposer un parasitisme fort hypothéti- que, que jamais personne n'a pu constater avec certitude. Il suffit de remar- quer qu'on a toujours transplanté des pieds en fleur, c'est-à-dire des pieds qui allaient mourir. — Je pense que, si l'on replantait avec soin une sou- che de N. Nidus avis enlevée durant la période souterraine de la vie de la plante, on pourrait avoir un grand espoir de la voir fleurir dans un jardin au commencement de l'année suivante. Il serait à désirer que des personnes habituées à la difficile culture des Orchidées tentassent cet essai, qui serait probablement couronné de succès. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante adressée à la Société : NOTE SUR LE MODE DE MULTIPLICATION DE L'AGAVE AMERICANA, pr M. CHRISTIAN VAUPELL. (Copenhague, 19 janvier 1857.) J 1 : . , . Parmi les botanistes qui ont parlé de l'Agave americana. comme d'une plante monocarpique (4), je n'en connais pas qui se soit prononcé à ce (1) Nous entendons ici le terme monocarpique dans le méme sens que De Can- dolle, qui le premier en a fait usage. Il y avait quelque confusion dans les épithètes employées pour distinguer la durée des végétaux, et De Candolle a bien mérité de AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sujet d'une manière plus formelle que Zuccarini : « À l'exception des Pal- » miers, dit-il, il n'y a pas, parmi les monocotylédones , de plantes plus » gigantesques que les espèces des genres Furcræa et Agave , et cela est » d'autant plus remarquable que leur existence, qui est souvent d'un siècle, » n'est que la préparation d'une floraison, aprés laquelle l'individu meurt » tout à fait (1).» Je ne sais pas si cela est vrai des F'urcrea; mais, d'après ce que j'ai moi-méme observé à Nice, je puis affirmer qu'il n'en est point ainsi de l'Agave americana. Cette plante y est trés commune, dans les haies et sur les rochers exposés au soleil. C'est surtout au cháteau de Nice que la plante se présente dans les circonstances les plus favorables pour montrer comment s'opère sa reproduction. Grande fut ma surprise de voir que là tous les individus adultes étaient entourés de nombreux rejetons, issus dela base de la tige, alors dégarnie de feuilles. Ces rejetons sont des branches souterraines qui s'allongentbeaucoup avant d'arriver au jour, couronnés d'un bouquet de feuilles. Ils sont tantôt grêles et filiformes, comme des stolons de Fraisier, tantót plus robustes et semblables aux turions de l'Asperge, mais, dans les tous cas, fragileset se rompantau moindre effort. La tige périt aprés la fleuraison. Les stolons, qui existaient déjà trés longtemps aupara- vant, persistent et deviennent libres pour fournir chacun une nouvelle plante qui vivra de sa vie propre. Si donc l' Agave americana est considéré par beaucoup de botanistes comme une plante monocarpique , c'est sans doute parce qu'ils n'en ont jugé que sur des échantillons cultivés en serre, dont la tige, droite et gréle, est presque toujours dépourvue de bourgeons basilaires, tandis que les pieds qui végètent et fleurissent en plein air ont la tige plus robuste, un peu courbée, et ascendante, avec des bourgeons radicaux très nombreux, lesquels avortent ordinairement dans la plante des serres. Tel étant l'état des choses, il serait curieux de savoir qui a, le premier , introduit dans la science l'erreur de la monocarpie de l'Agave, contraire aux faits et au témoignage de plusieurs botanistes, tant anciens que modernes, qui ont eu l'occasion d'observer la plante en plein air, et pour qui cette plante est vivace, c'est-à-dire polycarpique. Je nepuis entrerpourle moment dans cette recherche, et je me borne à citer les cinq auteurs qui, à ma con- naissance, ont signalé avec le plus de précision la polycarpie de l' Agave. la science en substituant le terme monocarpique aux termesannuel et bisannuel. La confusion cependant n'a point entierement cessé, surtout depuis que les profondes études faites sur les bourgeons, en Allemagne et en France, ont créé l'opinion que les plantes propagées par bourgeons sont des individus, au méme titre que les plantes nées de graines. Dans ce sens, la Pomme de terre est une plante annuelle ou monocarpique. Au nombre des auteurs qui désignent l'Agave americana comme monocarpique, nous citerons entre autres De Candolle, F1. fr., 1805, I, p. 225, et M. Al. Braun, Das Pflanzenindividuum, A854, p. 42. (2) Zuccarini, Agave und Furcrea (Act, Acad. Leop., 1833, p. 661). SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. A5 Dans Clusius, on peut lire le passage suivant: « Radix est crassa, longa, curva, veluti internodiis articulata, e quibus ad latera nascuntur alternis alie plante, ut in Arundinum nodis germina seu gemmee sunt. dispositæ (1). La figure jointe au texte, sous le nom d'A/oé americana, montre une plante entiére, mais sans inflorescence, à la souche radicale de laquelle adhére un rejeton d'une longueur notable, relativement à la plante-mére. A Gottorp, en Danemark, l’ Agavea fleuri dans les serres en 1668 et 1705, et l'histoire de la dernière fleuraison nous a été conservée par un médecin nommé Siricius (2), qui décrit en ces termes le mode de reproduction de la plante: « Cette plante ne se propage pas seulement de graines, mais » aussi de rejetons (Vebenschossen) qui naissent de la racine en nombre tel, » qu'on peut en compter jusqu'à millesur un seul pied ; beaucoup de ces re- » jetons fleurissent en méme temps quela plante-mère. » L'auteur donne de ce phénomène une figure où l'on distingue sur un des côtés cinq rejetons en fleur qui n'ont point affaibli la vigueur de la grande inflorescence. Au Mexique, M. de Humboldt a reconnu l'importance des rejetons: « La » tige, dit-il, périt après la fleuraison. Une infinité de drageons naissent » alors de la racine du pied qui vient de périr, ear il n'y a pas de plante » qui se multiplie plus facilement (3). » M. de Martius compare l' Agave à la Pomme de terre, au Palmier qui pro- duit le sagou (Metroxylon) et à la Canne à sucre, dont les tiges-mères péris- sent après la fleuraison, mais dont les rejetons persistent et se développent sous la terre (A). M. Ch. Martins mentionne aussi expressément la reproduction de l’ Agave par drageons (Bull. de la Soc. bot. de Fr., t. IT, p. 8). Dans les pays où l' Agave est cultivé en pleine terre, cette plante est tou- jours traitée comme vivace : à Nice comme au Mexique, et partout sans doute, on le propage non de semences, mais de rejetons. Quant à l'espace de temps nécessaire pour qu'un rejeton arriveà fleuraison, M. Mentoléro m'a assuré qu'à Nice il faut sept ans. M. de Martius compte dix ans à Li- vourne, à Valence de huit à dix, à Palerme quatre ou cinq, à Alger de quatre à six. Les indications sur l’âge des Agave qui ont fleuri aprés avoir pàssé leur vie dans les serres, se rapportent sans doute à peu pres toutes à des sujets propasés de rejetons, et non à des plantes venues de graines. (1) Clusius, Rarior. pl. Hist., 4601, pl. CLX, fig. dextr. (Alo? americana). (2) Siricius, Beschreibung derer im hochfürstlichen gottorpischen præchtigen panien Sehr rar blühenden Aloen, worunter zwo grosse amerikanische Schleswig, D M Humboldt, Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne, t. HT, . 158. (^) Martius, Beitrag zur Natur und. Literargeschichte der Agaven (Bullet. de l' Acad, des sc. de Munich). ^46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous venons de voir que l' Agave americana est une plante vivace. Il reste à signaler quelques plantes qui présentent des faits plus ou moins analogues. Le bourgeon terminal de l’ Agave périt après la fleuraison, tandis que per- sistent les bourgeons latéraux. La méme chose a lieu dans un très grand nombre de plantes, et d'abord dans les arbres, par exemple daus le Marron- nier (/Esculus) et le Lilas (Syringa), dont la pousse terminale périt après la fleuraison, tandis que les bourgeons latéraux subsistent. Mais c'est parmi les plantes herbacées vivaces (pourvues de rhizome) qu'il faut surtout cher- cher les analogues de l' Agave, par exemple le Polygonatum anceps , dont le bourgeon terminal se développe en inflorescence au printemps et meurt ensuite, bientôt remplacé par des bourgeons latéraux, nés pendant la fleu- raison et qui fleuriront l'année suivante , après avoir pris le développement de la tige florale précédente. Mais la grande différence de cette plante, rela- tivement à l'Agave, c'est que sa tige est persistante, tandis que celle de l Agave périt tout entière. Le Crocus vernus , la Pomme de terre et l'Æprlo- bium palustre ont plus d'analogie avec notre plante, car ils perdent leur tige après la fleuraison , conservant leurs bourgeons latéraux, sous la forme de tubercules ou de stolons, pour fleurir l'année suivante. Toutefois, les rap- ports physiologiques ne sont pas tout à fait les mémes : car les bourgeons, dans les plantes que nous venons de nommer, ont la faculté de fleurir dès l'annéesuivante, tandisque ceux de l’ Agave emploient à cela plusieurs années; ils appartiennent donc à une autre classe de bourgeons. Indépendamment de la faculté de fleurir, nous pouvons, chez beaucoup de plantes, distinguer deux sortes de bourgeons. Dans la Jacinthe, par exemple (Hyacinthus orientalis), outre le bourgeon principal (Æaupthknospe Irmiseh Zwiebelgewæchse, p. 78) , qui est latéral et placé à côté de la hampe, nous avons plus bas et à l'aisselle des écailles inférieures, d'autres bourgeons plus petits (bulbilles, Nebenzwiebeln d'Irmiseh), différant du premier en ceci qu'ils ne peuvent pas, comme lui, fleurir dés l'anuée sui- vante. Ces bulbilles ne représentent néanmoins pas encore les rejetons de l'Agave, car ce n'est pas eux qui arriveront directement à fleuraison, mais leur descendance, et cela aprés trois ou quatre générations ; tandis que, dans l'Agave, c'est le méme bourgeon qui, fortifié d'année en année, se déve- loppe tout à coup en inflorescence, après avoir végété, sans s'allonger beau- coup, de quatre à dix ans dans le midi de l’Europe, et jusqu'à soixante ans, ou méme davantage dans les serres des pays tempérés. Cette derulére circonstance établit aussi ur rapport entre l'Agave et les arbres de nos climats, dont les bourgeons adventifs, nés sur les racines, exigent pour leur développement un temps beaucoup plus long que les bour- geons normaux sur les branches. Mais l'Agave a-t-il, comme les arbres, des bourgeons principaux, autres que le bourgeon terminal destiné à l’inflores- cence? On ne saurait en douter, lorsqu'on voit ce qui se passe alors qu'un SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. A7 accident a privé de son bourgeon terminal un Agave prêt à fleurir. Plusieurs rameaux terminés par une inflorescence naissent alors de l'aisselle des feuilles extérieures et se développent, soit simultanément, soit l'un après l'autre. Ce fait a été observé pour la première fois par Munting , à Groningue, en 1680. Il montre assez, suivant nous, que l'Agave n'est pas dépourvu de bourgeons principaux, quoique ces bourgeons, dans l'état normal de la plante, soient destinés à rester latents. Nous croyons donc, d’après ce qui vient d'être dit, quel' Agave americana produit, outre le bourgeon terminal, deux sortes de bourgeons latéraux: 1° les bourgeons principaux, qui avortent régulièrement ; 2° les bourgeons adventifs, qui se développent pendant la vie de la plante-mère et persistent aprés sa mort pour vivre de leur vie propre. M. J. Gay fait quelques observations au sujet de cette communi- cation. Je n'ai, dit-il, rien à dire sur l'ensemble de cette note, qui renferme assu- rément des apereus ingénieux et des observations trés propres à dissiper l'erreur de l'Agave monocarpique, mourant tout entier après sa floraison. Je ne voudrais y contester qu'une seule chose: c’est la qualité de bourgeons adventifs que l'auteur attribue aux stolons de l'Agave. Ce point ne pourrait être établi avec certitude qu'aprés des observations directes, lesquelles doivent étre trés difficiles , lorsqu'il s'agit d'une plante adulte dont la tige a non-seulement perdu ses feuilles inférieures , mais où la trace méme de leurs cicatrices a probablement disparu (1). M. Vaupell ne dit point avoir fait ces observations, et j'en conelus qu'à cet égard il n'y a dans son esprit qu'une simple supposition. Or, cette supposition n'est nullement vraisem- blable si j'en juge, non d'aprésles arbres de nos climats, auxquels M. Vaupell Compare l'Agave, mais d’après uné plante vivace qui appartient à la famille des Asphodélées, c'est-à-dire à une famille voisine des Amaryllidées , dans laquelle rentre l'Agave. Je veux parler de l' Asphodelus luteus qui produit, comme 1l’ Agave, des stolons souterrains destinés à remplacer la plante-mère et à la propager. Au premier printemps, ces stolons naissent en grand nombre du eollet de la racine, ils s'allongent graduellement sous la terre, et viennent enfin s'épanouir à la surface du sol en une rosette de feuilles, longs alors de plusieurs pouces, jusqu'à sept pouces dans la terre meuble de nos jardins. Pendant que s’accomplit cette évolution des bourgeons, la tige- mére s'allonge, elle fleuritet meurt apres avoir porté fruit. A partir de ce (4) Les rosettes qui terminent les stolons et qui, sans doute, sont organisées comme la souche-mère, offriraient indubitablement plus de facilité pour cette recherche. A8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moment, les stolons, détachés de la plante-mère, vivront de leur propre vie, et suivant leur force ils arriverontà fleuraison, les uns l'année suivante, les autres dans deux ans, si ce n'est plus tard encore, Sauf les formes, c'est exactement l'histoire des bourgeons de la Jacinthe, dont M. Vaupell parle dans sa note, car il me resteà dire que les stolons del'Asphodéle ne provien- nent point de bourgeons adventifs. Ce sont des rameaux nés , comme les bulbilles de la Jacinthe, à l'aisselle des feuilles radicales. En est-il de méme des stolons de l'Agave? L'analogie des deux plantes ne permet guère d'en douter , et c’est pour cela que la supposition contraire de M. Vaupell me parait mal fondée. Si telle est, en effet, la vérité, l’Asphodelus luteus est certainement de toutes les plantes connues de moi celle dont la végétation se rapprochele plus de l' Agave americana. J'en ai fait, l'année derniere, une étude particulière. M. Germain de Saint-Pierre l'avait reconnue avant moi; mais il est à remarquer que, lui et moi, nous avons été devancés par un auteur du xvire siècle qui, en 1651, décrivait et figurait les stolons de l Asphodelus luteus de la manière la plus précise (J. Bauhin, Hist. 11, p. 632, cum ic.). Puisque j'ai la parole, ajoute M. Gay, j'en profiterai pour annoncer que les Pyrénées viennent de s'enrichir d'un cinquième Andrea, découvert tout récemment par M. Durieu (lettre du 15 janvier 1857), parmi ses récoltes muscologiques du mois de septembre dernier (Voir le Bulletin, t. II, p. 565). C'est l'Andraa falcata Schimp. , reconnu tel par M. Zetterstedt, le monographe tout récent des Andrea de la Scandinavie. Cette espèce n’a- vait jusqu'ici été observée qu'en Suisse, où elle parait être fort rare. Le 26 septembre 1856, M. Durieu l'a trouvée, en petite quantité et en mauvais état, sur un rocher de schiste granitique, auprès duquel passe le sentier qui conduit au lae de Seculejo, un peu avant le lac et avant d'arriver à un ro- cher voisin où croissait I' Andrea alpestris Schimp. (A. petrophila, forma B. Zetterst.) M. Balansa dit qu'en Algérie l’ Agave ne fleurit pas après 4 ou 5 ans, mais seulement aprés 10 ou 12 ans. M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces nou- velles d'Algérie, et fait les communications suivantes: ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÉRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON (Septième partie.) El Abiod Sidi Cheikh est séparé de Brézina par une distance d'environ 18 lieues. Après avoir quitté notre campement, nous traversons les cultures SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. h9 de la plaine, qui ne nous offrent guère d'autres espèces que celles obser- vées par nous aux environs immédiats du ksar ; nous y retrouvons en outre le Centaurea, voisin du C. Calcitrapa, que nous avons reneontré à Ain Ben Khelil et dans plusieurs autres stations du sud ; là nous voyons également, dans des dépressions argileuses, les Sisymbrium runcinatum , Spitze- lia lyrata , Plantago ciliata , Chlamydophora pubescens, Euphorbia calyp- trata, ete. Bientôt nous arrivons aux vastes dunes de sable mobile qui, au sud, à l'est et au nord, eirconscrivent la plaine d'El Abiod Sidi Cheikh et dont, la veille, nous avions exploré quelques points situés au sud du ksar ; la partie des dunes que nous traversons nous offre la végétation des stations analogues sous ces latitudes; ainsi nous y observons les Matthiola livida, Malcolmia Ægyptiaca, Savignya longistyla, Hussonia Ægiceras, Silene vil- losa, var. micropetala, Retoma Duriæi var. phePocaly.e, Genista Sahare, Ononis serrata, Hippocrepis bicontorta, Deverra chlorantha, Scabiosa semi- papposa, Ifloga Fontanesii, Nolletia chrysocomoides, Senecio coronopifolius, Rhanterium adpressum, Onopordon ambiguum, Atractylis prolifera, Zolli- koferia resedifolia, Marrubium Deserti, Passerina microphylla, Euphorbia Guyoniana, Festuca Memphitica, ete. Au delà des dunes, des terrains argilo- sablonneux ou pierreux nous offrent réunis les Helianthenum ellipticum et hirtum var, Deserti, Reseda Arabica et eremophila, Fagonia Sinaica?, Ar- gyrolobium uniflorum, Hippocrepis scabra, Herniaria fruticosa, Paronychia Cossoniana, Daucus pubescens, Rhetinolepis lonadioides, Artemisia Herba- alba , Atractylis flava, Echium humile, Echinospermum Vahlianum, Oro- banche cernua, Phelipæa violacea, Teucrium Polium, Lygeum Spartum, Stipa tenacissima, gigantea et parviflora, ete. — Vers dix heures du soir nous installons notre campement au pied de coteaux pierreux, nus, et notre fatigue est telle que nous nous endormons sans attendre la diffa. Le lende- main, 24 mai, vers trois heures du matin, nous sommes réveillés par la faim et la soif; nous nous empressons de tirer de l'eau des outres dont nous avons eu soin de nous munir en nombre à El Abiod Sidi Cheikh, car jusqu'à Brézina nous ne devons trouver sur notre route ni source ni redir pour nous fournir d'eau potable; et bientôt, avec des touffes d' Artemista Herba-alba, nous faisons du feu pour préparer une marmite pleine de chocolat et une vaste cafetière de café qui, avec le mouton rôti pendant la nuit par les Ara- bes, doivent faire les frais de notre déjeuner matinal ct nous faire oublier les privations de la veille, Vers quatre heures nous nous mettons en route , et aprés avoir traversé une plaine assez étendue, et dont quelques lentisques (Pistacia Atlantica) viennent seuls rompre l'uniformité, nous arrivons à des coteaux pierreux qui se continuent avec les pentes rocheuses de la partie occidentale dela chaine du Gour Seggueur. De la sommité de l'un des points Culminants du gour, nous voyons se dérouler à nos yeux un vaste pano- rama de l région désertique, dont la grandeur et l'austere majesté nous T. M. h 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. impressionnent vivement. Au sud-est, de nombreux ravins trés accidentés se jettent dans le Khraneg Macheria, dont le lit, actuellement à sec, est l'un des affluents de l'Oued Seggueur; à l'est se dessinent des montagnes basses et nues, au sud s'étend la plaine saharienne dans toute son immensité et appa- raissent dans le lointain des coteaux abruptes, connus sous le nom de gour, et qui, à cette distance, ressemblent à des murailles gigantesques coupées de brèches régulières comme des portes; la position de Brézina n’est indi- quée que par la couleur blanche des rochers calcaires qui avoisinent le ksar. Les pentes du Gour Seggueur nous offrent réunies des plantes de la région montagneuse inférieure et de la région saharienne : ainsi nous'y observons les Sedum altissimum, Centaurea pubescens et Sonchus spinosus, associés aux Helianthemun Cahiricum, Atractylis microcephala, Gymnocarpus decandrus, Herniaria fruticosa, Fagonia Sinaica?, Bubania Feei, Arthratherum ob- tusum et plumosum, Farsetia linearis, ete. Un ravin assez large, bordé par des coteaux pierreux et se jetant dans le Khraneg Macheria, nous présente, sur sesalluvions argilo-sablonneuses et rocailleuses, les Pyrethrum fuscatum, Medicago laciniata, Rhetinolepis lonadioides, Asteriscus pygmæus, Echino- spermum Vahlianum, Reseda eremophila, Dianthus serrulatus var. grandi- florus, Plantago albicans, ovata et ciliata, Rhanterium adpressum, Retama Duriæi var. phæocalyx, Calligonum comosum, Cyrtolepis Alexandrina, Fes- tuca divaricata, Cynodon Dactylon, Statice Bonduellii, Atractylis flava, Ifloga Fontanesii, Delphinium pubescens, Anvillea radiata, etc. Le Fæni- culum officinale ( Besbass des Arabes) croit en abondance dans ce ravin, et nos chameliers en recueillent les sommités, qui ne sont pas encore fleuries, pour en mettre des morceaux dans leur bouche et tromper ainsi leur soif ; à leur exemple, non-seulement nous en máchons les tiges, mais, en en faisant ma- cérer des fragments triturés dans de l'eau, nous en composons une espèce de boisson. Quelques Oliviers rabougris et des touffes espacées de Z izyphus Lotus se montrent sur les flancs rocailleux des coteaux. Nous faisons une halte à l'ombre d'un magnifique Lentisque, qui, par son feuillage touffu, nous abrite avec nos bêtes, chevaux et chameaux, des ardeurs du soleil; d'autres piedsde ce bel arbre se présentent eà et là. Un défilé étroit nous con- duit bientót au pied d'immenses rochers de poudingue, où est creusée par les eaux une vaste grotte, et nous sommes heureux d'y trouver pour nos chevaux l'eau saumátre qui s'est conservée dans un redir du Khraneg Macheria. Quelques instants de repos dans cette grotte naturelle nous sont fort utiles pour reparer nos forces et celles de nos chevaux. Nous suivons pendant quelque temps le lit même du Khraneg, qui ne nous offre pas d'au- tres espèces que celles que nous avons déjà signalées dans la vallée qui y aboutit, et nous ne tardons pas à arriver au pied d'un coteau au sommet duquel existent les ruines d'un petit ksar abandonné ; quelques Dattiers stériles, croissant par touffes compactes au voisinage d'une source peu SÉANCE DU 30 Janvier 1857. 54 abondante, indiquent seuls l'emplacement des anciens jardins. A partir de ee point, nous suivons le cours de l'Oued Seggueur, dont le lit, en partie desséché, est bordé de coteaux rocailleux, assez élevés et nus ; les atterris- sements et le lit argileux de loued, excepté dans les endroits déprimés (re- dirs), où l'eau des pluies récentes s'est maintenue, forment une croûte com- pacte, qui, sous l'influence de la chaleur, se fendille en tout sens, et dont la couche supérieure se soulève sous forme de lames minces qui finissent par s'enrouler sur elles-mêmes. Plus loin, de vastes dunes de sable mobile qui s'est amoncelé au pied des coteaux , s'étendent parallèlement au cours de l'oued ; nous en remettons l'exploration au lendemain, car nous savons que ces dunes, où M. le capitaine Segrétain a observé l Asphodelus pendulinus, sont une des herborisations les plus intéressantes des environs de Brézina ; nous avons hâte d'arriver à l'oasis, où nous devons installer notre campe- ment et où nous conduisent des cavaliers que Si Hamza Ben Abou Becker, khalifat des Ouled Sidi Cheikh, actuellement à Brézina pour percevoir les impóts et prévenu de notre arrivée par M. de Colomb, a envoyés au-devant de nous. Vers trois heures, nous installons notre campement à l'ombre des dattiers de l'oasis, au-dessous du village, et apres quelques instants de repos nous visitons les jardins avec Si Hamza, tout en faisant la chasse aux nom- breux pigeons qui viennent, dans les champs récemment moissonnés, manger les grains détachés des épis. | L'oasis de Brézina ou Berzina (jolie terre), située sur la rive gauche de l'Oued Seggueur, à prés de 400 kilomètres du littoral, environ sous la latitude de 33° 48/, et à une altitude d'environ 850 mètres, s'étend sur une grande longueur parallèlement à l'oued. Des Dattiers, au nombre de plusieurs milliers, constituent la culture principale des jardins; mais la plupart de ces arbres eroissent en touffes, ear ona négligé d'en éliminer les rejets, et ils sont lain d’être dans d'aussi bonnes conditions que ceux d'El Abiod Sidi Cheikh. Indépendamment du Dattier , mais en moins grande abondance, sont plantés dans les jardins le Figuier, l'Abricotier et le Pécher; cà et là on y rencontre quelques pieds d'Opuntia. Les seuls légumes que nous y ayons observéssont, dans celte saison , l'Oignon et la Carotte; diverses variétés de Courges et d'autres Cueurbitaeées (4) viennent d'ètre semées et ne font que commencer à lever à l'ombre des Dattiers; dans les vides des plantations et dans les endroits arrosés près de l'oued, l'Orge est cultivée en champs peu étendus, et la moisson en est déjà faite depuis quelques jours. Les jardins de l'oasis sont arrosés par des dérivations de Oued Seggueur et par des puits. Nous faisons remarquer à Sí Hamza qu'en établissant un barrage du (1) D’après les graines que nous en avons rapportées, et que MM. Decaisne et Naudin ont bien voulu examiner, les Cucurbitacées cultivées à Brézina sont les Lagenaria vulgaris, Cucumis Melo et Citrullus, Cucurbita moschata et Pepo. b2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cours d'eau, qui pourrait être exécuté à peu de frais, il serait facile de fertiliser une étendue de terrain beaucoup plus considérable que celle qui est actuellement en culture. — Le ksar de Brézina est construit sur une colline rocheuse qui borde l'oasis au nord-ouest ; ce village, où commande Si Hamza, propriétaire d'une grande partie de l'oasis, se compose d'environ 150 maisons bâties en pierres réunies par de la terre argileuse; comme dans les autres ksour, les murs extérieurs des maisons situées à la périphérie sont dépourvus d'ouvertures sur la campagne et forment, par leur réunion, l'enceinte méme du ksar, cù l'on ne pénètre que par une seule entrée. Une petite mosquée etla maison de commandement de Si Hamzase font remarquer par la blancheur de leurs murs badigeonnés à la chaux. Au nord du village et à la base du coteau sur lequel il est construit, de nombreux ravins à terrain rougeátre, très accidenté, aboutissent à l'Oued Seggueur, dont le lit longe des montagnes basses, pierreuses et nues qui se dessinent à quel- ques kilomètres au nord ; à l'est et au sud s'étend la plaine saharienne, qui, comme nous l'avons déjà dit, présente des coteaux abruptes d'argile rou- geátre et brunátre, connus sous le nom de gour et dont le plus remarqua- ble, désigné sous le nom de Gour Sidi el Hadj Ed Din, apparait à une assez grande distance au sud, comme une immense muraille ; à l'ouest s'étendent, à la base des coteaux qui dominent l'Oued Seggueur, les dunes que nous avons déjà traversées. — Aprés la visite faite aux jardins , nous mettons à profitles quelques instants de jour qui nous restent pour faire une course rapide sur les coteaux calcaires et siliceux situés à l'ouest du ksar, qui se continuent à l'est avec la colline sur laquelle est construit le village. Les sables rocailleux dece coteau nous offrent un assez grand nombre de plantes intéressantes parmi lesquelles nous citerons les /Votoceras Canariense, Far- setia linearis, Cleome Arabica, Helianthemum ellipticum, Reseda eremo- phila, Erodium glaucophyllum et guttatum, Fagonia Sinaica?, Argy- rolobium uniflorum, Ononisserrata, Telephium Imperati, Paronychia Cosso- niana , Herniaria fruticosa, Læflingia Hispanica, Gymnocarpus decandrus , Eryngium ilicifolium, Daucus pubescens, Phagnalon purpurascens, Ifloga Fontanesii, Rhetinolepis lonadioides, Chlamydophora pubescens, Asteriscus pygmæus, Nolletia chrysocomoides, Atractylis flava, microcephala et can- cellata, Catananche arenaria, Spitzelia lyrata, Sonchus divaricatus, Con- volvulus supinus, Echium humile , Anchusa hispida, Echinospermum Vah- lianum, Bubania Feei, Plantago ciliata, Anabasis articulata, Passerina microphylla, Allium Cupani, Arthratherum obtusum, plumosum et ci- liatum, Triticum Orientale, ete, Les Stipa tenacissima, Lygeum Spartum et Helianthemum hirtum var. Deserti, constituent le fond de la végétation du coteau, où le Calendula platycarpa est également abondant. Le 23, après avoir mis en ordre nos récoltes de la veille, nous partons pour explorer Jes environs de l'oasis, et surtout les bords de l'Oued Seggueur et la SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 93 partie de la plaine saharienne au voisinage des premiers gours, ainsi que les dunes de sable mobile au sud-ouest de l'oasis. Les atterrissements sablon- neux de la rive gauche de l'oued, à l'extrémité méridionale de l'oasis, nous présentent de nombreuses touffes de Tamarix Gallica, et nous y rencontrons dans un espace restreint un grand nombre des espèces caractéristiques de la région saharienne, entre autres les Malcolmia Æ gyptiaca, Enarthrocarpus clavatus, Hussonia Ægiceras, Reseda Arabica et eremophila, Silene villosa var. micropetala, Medicago laciniata, Astragalus Gombo, Polycarpæa fra- gilis, Nolletia chrysocomoides, Cyrtolepis Alexandrina, Ifloga Fontanesii, Onopordon ambiguum , Centaurea polyacantha, Kælpinia linearis, Statice Bonduellii, Echinopsilon muricatus, ete. L' Arthratherum pungens est d'une excessive abondance dans les parties sablonneuses, et les fleurs détachées de la plante sont agglomérées et roulées en boule par lg vent au pied des touffes; l? Euphorbia Guyoniana ct le Festuca Memphitica y sont également des plantes dominantes avec l'Astragalus corrugatus var., dont les tiges en partie enfouies dans le sable ont été broutées par les bestiaux. Quelques tertres argileux qui s'élèvent au milieu des sables sont dépassés par les branches de Tamariz Gallica etde Retama Duricei var. phaocalyz, dont les souches et les tiges constituent le centre de ces tumulus. Nous laissons dans le lointain sur notre gauche le coteau que surmonte le fort ruiné de Sidi el Arbi, et nous continuons pendant quelques instants à suivre la rive gauche de l'oued, dont les berges areileuses, rougeâtres et abruptes forment, sur quelques points, de véritables falaises, Ces terrains argileux ne nous offrant qu'une végétation sans intérêt, nous traversons l'Oued Seggueur, dont la rive droite est bordée de petites dunes de sable mobile, coniques ou arrondies, avec des espaces argileux circonscrits par les sables. La nous trouvons en abondance, avec les autres plantes des sables de la rive gauche, le Danthonia Forskalii et le Carduncellus eriocephalus?. Au delà de ces dunes, une plaine argilo-sablonneuse et pierreuse nous offre les Matthiola livida, Buba- nia Feci, Gymnocarpus decandrus, les Arthratherum de la région, les Atrac- tylis prolifera et microcephala, Rhanterium adpressum, Lotus pusillus, Farsetia linearis, Passerina microphylla, Telephium Imperati, Hippocrepis bicontorta, Herniaria fruticosa, Marrubium Deserti, Catananche arenaria, Convolvulus supinus, Echinospermun Vahlianum, Chlamydophora pu- bescens. Le Retama Duriæi var. pheocalyx est très abondant dans cette plaine, où il a été brouté par les chameaux. Là nous trouvons pour la pre- mière fois le Neurada procumbens, dont les calices fruetifères varient de la forme orbiculaire à la forme étoilée. Dans les ravines argileuses, nous trou- vons en abondance l' Andropogon laniger, et nous rencontrons quelques pieds de Phagnalon purpurascens. Après avoir constaté les caractères généraux de la végétation de cette plaine, nous franchissons un coteau pour nous rapprocher de l'oasis et traverser les dunes de sable mobile, où nous trou- E SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vons, entreautres, les Asphodelus pendulinus, Silene villosa var. micropetala, Nolletia chrijsocomoides, Euphorbia calyptrata, FEchiochilon fruticosus, Neu- rada procumbens, Ononis serrata. Nous nous empressons de regagner notre campement, dout nous sommes séparés par une distance de plus d'une lieue, car nous avons à supporter une chaleur accablante au milieu de ces sables échauffés par les rayons du soleil et où, malgré l'heure peu avancée (10 heures du matin}, le thermomètre indique comme température du sol 46 degrés. Nous retrouvons sous la tente MM. Marès et Valette, tout occupés de prendre des vues photographiques et des dessins de l'oasis et des groupes de Dattiers qui ombragent notre tente. A 6 heures, aprés avoir terminé la préparation de nos récoltes, nous allons remercier Si Hamza, qui était venu nous visiter plusieurs fois, pour s'assurer par lui-même que le caïd ne nous laissait manquer de rien, et qui avait réuni les lettrés du village pour nous donner les noms arabes ds plantes caractéristiques de la région saharienne. Nous parcourons avec lui le village, et nous demandons à être conduits à la maison du eaid, qu'avait habitée pendant plusieurs mois un Fran- çais, M. Couturier, venu à Brézina pour apprendre la langue arabe et se préparer, par la eonnaissanee des habitudes et des moeurs du pays, à un voyage qu'il avait projeté dans l'intérieur, et qu'il espérait pouvoir pour- suivre jusqu'à Tombouctou. Ce malheureux voyageur, abandonné de son compagnon de route, n'avait pas tardé, étant réduit au régime purement arabe et n'ayant pour demeure que deux misérables chambres au fond d'une cour mal aérée, à tomber dans un état de prostration complète qui bientôt devint une maladie grave par suite de privations de tout genre, conséquences de son isolement, Sans un Arabe qui lui donna les soins les plus indispensables et qui prévint M. de Colomb de l'état presque désespéré du malade, M. Couturier eüt succombé dès lors à l'affeetion dont la gravité ne put malheureusement pas être conjurée plus tard par les soins qui lui furent prodigués à Géry ville, où il fut transporté par les ordres de M. de Colomb, et ensuite à Saïda, où il mourut victime d'un dévouement au-dessus de ses forces. Si Hamza, auquel nous annonçons notre départ pour le lende- main, nous couvie à uu diffa, à laquelle nous faisons largement honneur, quoique nous eussions préféré retourner à notre tente, où nous attendait une nourriture plus convenable pour des Européens. Si Hamza ne nous laisse pas partir saus nous donner, comme souvenir, quelques ceufs et por- tions de dépouilles d'autruehe, ainsi que des cérastes et des lézards du pays qu'il avait fait prendre à notre intention. — Le 2h, à 6 heures et demie du matin, nous avons terminé nos préparatifs de départ ; car bien que, plus heureux que M, Couturier, nous soyons tous bien portants, nous avons hâte d'aller nous retremper à Géry ville, où la cordiale hospitalité que veut bien nous accorder M. de Colomb doit nous faire oublier les fa- tigues et les privations inévitables d'un voyage dans le sud de l'Algérie. (La suite à la prochaine séance.) SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 55 NOTES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS, pr MM. E. COSSON ct L. KRALIK (1). ApoNis MiCROCARPA DC. Syst. I, 223, et Prodr. Y, 2h; Boiss. Voy. Esp. 5. — A. intermedia Webb! Phyt. Can. 1,12.— A. Cupaniana Guss.! Syn. ft. Sic. IX, 37. Var. dentata (A. dentata Delile ZEg. 17, t. 53, f. 1; DC. Syst. I, 22h, et Prodr. Y, 2h [exclud. var. 8. provincialis quæ forma A. æstivalis]). Carpellis minoribus, in spicam densissimam arcte confertis, tubereulis inæqualibus valde prominentibus stellatim circumcirca cinctis. In cultis incullisque prope Sfax (Espina) et in ditione Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 3 et n. 3a). — In Sahara Algeriensi! haud infrequens (Balansa pl. Alger. exsicc. n. 978). — In agro Tripolitano (Dickson). In Ægypto inferiore (Delile). Nous avons pu nous convaincre, par l'examen d'une nombreuse série d'échantillons, du peu d'importance des caractères sur lesquels est fondée la distinction des A. microcarpa et dentata, et nous n'hésitons pas à lesrap- porter au méme type spécifique: en effet l'A. dentata ne se distingue de l'A. microcarpa que par les carpelles plus petits, ordinairement plus nom- breux, rapprochés en épi trés compacte et entourés de tubercules inégaux plus ou moins saillants dont l'ensemble forme une espèce de bordure étoilée. — L'A. æstivalis présente assez fréquemment une variation analogue dans la forme des carpelles, et cette variation a été à tort rapportée à l'A. dentata par De Candolle (A. dentata var. B. provincialis DC.). Fumaria pENstFLORA DC. Cat. Monsp. 413 (1813), et Fl. Fr. V, 588; Gren. et Godr. F. Fr. T, 68. — F. micrantha Lagase. Nov. gen. et sp. 21, n. 281 (1816); Koch Syn. fl. Germ. ed. 2, 1018 ; Parlat. Fum. 60; Coss. et Germ. FI. Par. 18, et Illustr. fl. Par. t. 3, f. 9-10. In palmetis et in agris prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 5). — In Algeria littorali et interiore haud infrequens. — In /Egypto inferiore ad Alexandriam et superiore ad Girgeh (Kralik). Syria prope Sada (Gaillar- dot). Lydia prope Smyrnam (Balansa). Palæstina ad Jericho (de Sauley). Scotia (Syme). Hybernia (Balfour). In Gallia fere tota, inprimis in centrali et australi haud. infrequens. In. Germania rarior, in Hereynia (Hampe), et ad Hamburgum (Sonder). In Hispania (Lagasca, Bourgeau). Italia (Guss.). Attica (Heldreich). Provinciis Caucasicis (sec. A. Mey). (1) Les plantes mentionnées ou décrites dans ces Notes font partie des collec- tions recueillies par M. Kralik dans le voyage exécuté par lui, en 1854, dans la régence de Tunis (voy. dans le Bulletin, t. I, p. 23 et 116, et t. I, p. 21, les Lettres de M. Kralik sur la végétation de la Régence de Tunis). 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Certains échantillons, recueillis dans des ehamps arides, aux environs de Gabès, diffèrent un peu de la plante de France par les sépales moins larges et moins dentés, et sont identiques avec ceux que nous avons observés en Algérie, à Oran et à Djelfa; mais nous avons été à méme, sur le terrain, de nous convainere que cette différence, due surtout à la localité, est trop peu importante et trop variable pour permettre d'établir méme une variété. MarruroLa oxvcenas DC. Syst, IT, 173, et Prodr. I, 43h. Var. basiceras. — Siliqua inferne subsagittata valvis basi gibbosis vel gib- boso-cornutis ; cætera, ut videtur, eadem ae in planta typica. In argilloso-arenosis deserti Tunetani prope Sfax et Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 159 sub nomine M. livida). Cette variété remarquable du M. oxyceras rappelle la disposition analogue de la base de la silique signalée dans une seule plante de la famille, le Lon- chophora Capiomontiana DR. — Par la forme et la largeur assez variable des pétales, notre plante tient le milieu entre les sections Pénaria et Aci- notum DC. (Prodr. I, 13h) qui, en raison du peu de constance des carac- teres par lesquels on les a distinguées, devraient être réunies, et il ne serait pas impossible que les M. oxyceras et lunata DC. ne fussent que des varié- tés d'une seule et méme espèce. Brassica Gravinæ Tenore! FZ. Nap. prodr. 39, et FI. Nap. VI, 88, t. 62, et Syll. fl. Nap. 328. — Sinapis recurvata Desf.! Atl. IT, 97 (non All. qua Sinapis Cheiranthus Koch). — Brassica Atlantica Coss. et DR. in herb. olim. — B. Boissieri Munby ! in Bull. Soc. bot. IX, 283. In rapestribas umbrosis montis Djebel Zaghouan (Kralik). — In regione montana inferiore et media in Algeria! haud infrequens. — In Italia, in montibus Samnii et Aprutii (Tenore). in Sicilia ad Termini (Guss.). Cette plaute, qui est trés répandue en Algérie dans les lieux rocailleux et dans les rochers de la région montagneuse inférieure et moyenne, nous à présenté de nombreuses variations daus la forme et la largeur des feuilles, dans la grandeur des fleurs, dans la direction et la forme des siliques, indif- féremment ascendantes, étalées ou étalées-réfléchies, plus ou moins allon- gées, presque cylindriques, à nervure dorsale des valves peu saillante ou presque tétragones par la saillie de la nervure dorsale; en raison de la variabilité de ces caractères nous avons dû rapporter, comme simples syno- nymes, au P. Gravinc, les P. Atlantica et Boissieri, qui n'en sont que des formes extrémes. MURICARIA PROSTRATA Desv. Journ. bot, I, 159, t. 25; DC. Syst. I, 647, et Prodr. I, 225. — Bunias prostrata Desf. Atl. II, 76, t. 150. In ruderatis et incultis argilloso-arenosis prope Gabes haud infrequens SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 57 (Kralik pl. Tun. exsiee. n. 12), in arenosis prope Cafsa (Desf. ).— In Algeriæ planitiebus excelsis australioribus et in Sahara in provincia Oranensi! et Algeriensi ! late diffusa, in provincia Cirtensi rarior in ditione Ouled Djellal (Hénon) hucusque tantum nota. Cette plante, qui n'a encore été observée que dans la partie méridionale de la Régence de Tunis et de l'Algérie, n'était, jusqu'à ces derniers temps, connue que par les échantillons recueillis par Desfontaines en un état de développement incomplet. De Candolle, à défaut de graines qui lui permis- sent de voir la forme de l'embryon, n'avait rapporté le genre Muricaria à la section des Zille? que par une véritable intuition qui se trouve con- firmée par les faits; les graines subglobuleuses présentent, comme dans les autres genres des Zillee, un embryon à cotylédons condupliqués. RAPISTRUM BIPINNATUM Coss. et Kralik ap. Kralik p/. Tun. ezsicc. n. Ok et h0la. — Sinapis bipinnata Desf. Atl. II, 97. — Didesmus bipinnatus DC. Syst. veg. IL, 659, et Prodr. Y, 227. In arenosis incultis, in fruticetis et in pascuis deserti Tunetani nec non in ruderatis, ad Cafsa (Desf.), Sfax (Kralik) et prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. florens fructiferumque a martio ad junium 1854). Nous avons eru devoir rapporter le Sinapis bipinnata Desf. au genre Rapis- trum, car la graine de l'artiele supérieur de la silieule est dressée et non pas pendante comme on l'attribue au genre Didesmus. — Nous devons ajouter quele Didesmus Æqyptius Desv. devrait, selon nous, être aussi rapporté au genre Rapistrum, car nous y avons vu également, par l'examen d'un assez grand nombre de silicules, la graine dressée dans l'article supérieur. ENARTHROCARPUS CLAVATUS Delile in Godr. Fl. Juv. ed. 4, p. 4, et ed. 2, p.51. — Brassica lyrata Desf. ! Atl. II, 96, t. 166 quoad fructum manca (in herb. Mus. Par. specimen junius). — Znarthrocarpus lyratus Lois. Nov. not. 30, et Fl. Gall. II, 68 (non DC.). In ruderatis, pascuis et collibus argilloso-gypsaceis deserti Tunetani (Desf.), prope Sfax et Gabes (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 186 et 186 a). — In Sahara Algeriensi et in planitierum excelsarum parte austra- liore, in provincia Oranensi et Algeriensi frequentissima præcipue ad pagos et diversoria, nempe hominis pecorumque comes, in provincia Cirtensi in- frequentior, ut videtur, nempe hueusque ad amnem Oued Djedi, in ditione Ouled Djellal tantum obvia (Hénon). — Prope Monspelium loco dicto Port-Juvénal eum lanis advecta (Delile, Godron). A TE. clavatus, comme nous l'avons déjà dit ailleurs, doit étre rapporté, comme synonyme, le Brassica lyrata Desf. (Voir Cosson Itinéraire d'un voyage botanique in Bull. Soc. Bot. VM, 562.) — L'E. clavatus a été décrit, d'aprés les échantillons trouvés au Port-Juvénal, alors que sa véritable 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. patrie était inconnue et qu'il était considéré comme distinct du Z, lyrüta Desf, — Au Port-Juvénal ont été également observées un grand nombre d'autres espèces du sud de l'Algérie, qui y ont été introduites par des cir- constances analogues, et dont le lieu d'origine était inconnu, telles quele Gos- sonia Africana DR., le Clypeola cyclodontea Delile, etc, Hussonta /ÉcicERAs Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc. m. 99h (1853). — Erucaria Ægicerus J. Gay mss. (1826), etin Steud. Nom. bot. ed. 2, 590 14840). — E. uncata Boiss. ap. Pinard pl. exsicc. — Hussonia uncata Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 1, fase. vir, 47 (1849). In pascuis arenosis et inter frutices deserti Tunetani, in ditione Ben Zid haud proeul a Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 188), 28^ aprilis jam fructifera. — In Sahara Algeriensi trium provinciarum diffusa, nempe in provincia Oranensi australiore àd Ain Sefra!, Tyout!, Arba el Tatant!, Brétina!, été. a nobis visa ; in próvineia Algeriensi in ditione Laghouat? haud infrequens (Geslin, Reboud); in provincia Cirtensi in ditione Biskra (Ba- lansa pl. Alger. exsiee; n. 994).—In toto deserto Arabie petrææ Palæstinæ , contermino inter Nuckl et Gaza frequens, nee non in Palestine desertis (Pinard sec. Boiss. loc. cit.), in Arabie petrææ Wadi Feirun (Schimper pl. Arab. petr. exsice. m 463). HettaNTREMUM Caniricum Delile F7. Æg. 93, t. 31, f. 2; Dunal in DC. Prodr. Y, 27h. In collibus apricis deserti ad Sidi Boul Baba prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsiee. n. 13). — In Sahara Algeriensi tota diffusa nempe in pro- vincia Oranensi australiore prope 7yout !, Chellala Dahrania!, Brézina! ete. ; in provincia Algeriensi ad Laghouat !; nec non in Cirtensi prope Biskra (Balansa pl. Alger. exsice. n. 865), et ad amnem Oued Retem prope Dzioua (Hénon) = In Ægypto (Delile, Olivier). In Syria (Aucher-Éloy pl. Or. n. 1996). Ad Sinum Persicum (Aucher-Éloy sub. n. 959 catal. in Herb. Mus.). HartavrREMUM ToNETANUM Coss. et Kralik. — Cistus glaucus Desf. 1 Atl. T, ^18 (1798), non Cav. Że. (1794). . Planta perenuis, glaberrima, glaucescens, a basi ramosa ; caudice fruti- coso, multicipite, sæpius tortuoso, in radicem fusiformem abeunte $ caulibus herbaceo-frutescentibus, 1-2 decim, longis, diffusis, simplicibus vel inferne ramosis; foliis subcarnosis, planis vel arefactione tantum subrevolutis ; nervo medio vix prominulo, utrinque glabris glaucescentibus sub lente punt- tulatis, inferioribus oppositis, stipulatis, 8-15 millim. longis, linearibus acutiuseulis, inferne attenuatis, breviter petiolatis, superioribus bracteisque conformibus, alternis, estipulatis, brevioribus, oblongo vel ovato-linearibus SÉANCE DU 30 JANVIER 1857, bO obtusiuseulis ; stipulis petiolum longe excedentibus, foliis subeonformibus ; racemis terminalibus saepius demum elongatis, laxis, remotifloris, simpli- Cibus, subseeundis, 4-6-floris; bracteis pedicellis 2-4-plo brevioribus; pedicellis calyce longioribus, glabris, demum areuato-deflexis ; calyce gla- berrimo, 6-8 millim. longo, juniore et fructifero ovato superne paulum atte- nuato, sepalis exterioribus 2 minimis oblongis obtusis interioribus sub-4-plo brevioribus, interioribus membranaceis, scarioso-marginatis, ovato-oblongis, superne rotundato-obtusis, 3-nerviis nervis inferne prominulis sæpe violas- centibus superne non nunquam evanescentibus ; petalis lacteis, calyce sub- duplo longioribus ; staminibus numerosis, filamentis cápillaribus, omnibus antheriferis ; ovario subgloboso, pubescenti-tomentoso ; stylo ovario lon- giore, inferne arcuato-ascendente ; ovulis rectis, pyriformibus, funieulis de- mum tumido-incrassatis ; capsula calycem subæquante, chartacea, subuni- loculari, 3-valvi, sepius 4-10-sperma ; seminibus ovato-subglobosis, papil- loso-asperulis, raphe orbatis, ad ehalazam micropylæ diametro oppositam insertis; embryone intra albumen plus minus arcuato sigmatoideo, radicula supera, cotyledonibus ovato-suborbiculatis planis. — Florens et jam fructi- ferum, martio-aprili 1854 lectum. Incollibus apricis argilloso-calcareis deserti Tunetani, prope Cafsa(Desf.), prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsiee, n. 405 sub nomine H. glaucum Coss. et Kralik non Pers.). L'H. Tunetanum, par la souche ligneuse, les tiges frutescentes, les feuil- les inférieures opposées munies de stipules, les pétales dépassant longuement le calice, le style arqué-ascendant , les ovules à funicule épaissi, la capsule Subuniloculaire, les graines dépourvues de raphé, et par l'embryon plus ou moins arqué, appartient au genre Helianthemum sect. Æuhelianthemum (Dunal, Spach). — L'H. Tunetanum, par la glabréité de toutes ses parties, par les feuilles un peu épaisses-charnues à nervure moyenne peu prononcée, se distingue de toutes les autres espèces de la section, à l'exception de l'A. piliferum Boiss, (Voy. Esp. 69 , t. 17). Il diffère de cette dernière plante, qui n’a encore été observée que dans les montagnes du royaume de Gre- nade, par les feuilles planes ou enroulées seulement par la dessiceation, par les sépales intérieurs ovales-oblongs arrondis-obtus à nervures peu sail- lantes, disparaissant souvent au-dessous du sommet et non pas ovales-lan- Céolés fortement nerviés, par les fleurs blanches et non pas jaunes. —Nous avions eru devoir donner à la plante de Gabes, identique à celle recueillie par Desfontaines à Sfax, le nom d' H. glaucum; mais nous devons renon- cer à ce nom, ear l'H. glaucum Pers. est fondé sur le Cistus glaucus Cav. publié antérieurément au €. glaucus Desf. ; nous avons dû également renon- cer au nom d'H., Fontanesi, qui eût rappelé l'auteur de la première deserip- tion de la plante, ear ce nom a. été appliqué par MM. Boissier et Reuter à Une autre piante de la méme section du genre. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RESEDA EREMOPHILA Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 4, fase. vii, 54. In arenoso-argillosis cultis vel incultis prope Gabes (Kralik pl. Tun.); in incultis insulae Djerba (Kralik). — In Sahara Algeriensi tota diffusa nempe in parte australiore trium provineiarum obvia, in provineia Oranensi australiore vulgaris: in ditione Laghouat (Reboud); in ditione Biskra (Ja- min, Balansa pl. Alger. exsice. n. 876 infauste sub nomine R. Gayana).— In arena tenui deserti Ægyptiaci prope Cahiram et Arabici usque ad fines Palestine (Boiss. loc. cit.). Resena ARABICA Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 1, fase. 1, 6. In arenosis apricis prope Gabes (Kralik) et in ditione Zen? Zid haud pro- cul a Gabes (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 371). — In Sahara Algeriensi tota diffusa videtur sed fere semper sparsa, in provincia Oranensi australi ! plu- rimis loeis obvia, in ditione Ouled Nayl Cheraga ad ET Ouar (Hénon), in ditione Biskra (Jamin, Balansa). — In Ægypto (Kralik, Schimper pl. Ægypt. un. it. n. 506 sec. Boiss.). In monte Sinaï (Aucher-Éloy sec. Boiss.). In Persia australi (Kotschy pl. Pers. austr. ed. Hohenacker [1845] n. 127). SILENE SUCCULENTA Forsk. Fl. Æqypt.-Arab. descr. 89; Delile Fl. Æg. t. 29, f. 2; DC. Prodr. I, 81. In arenosis maritimis prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 38 et 38a). — In Ægypto ad Alexandriam (Delile, C. de Fontenay) et ad Abou- kir (Kralik). In Syria prope Jaffa (Michon). SILENE SETACEA Viv. FJ. Lib. 23, t. 12, f. 2 (non Otth in DC. Prodr. I, 372). In arenosis cultis ineultisque prope Sfax (Kralik) et prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 387) haud infrequens. — In littore magnæ Syrteos (Viv., loc. cit.). — In Saharæ Algeriensis ditione Beni Mzab (Reboud). Le S. setacea, qui doit être placé à côté du S. imbricata Desf., diffère de cette espece par les feuilles toutes linéaires, ordinairement trés étroites, par les fleurs nocturnes et non pas diurnes, par le calice fructifère plus forte- ment renflé dans sa partie supérieure, par les pétales à divisions plus étroites, par la capsule un peu plus longuement stipitée ovoide, et non pas oblongue cylindrique, par les graines à faces légèrement concaves et non pas assez profondément excavées. ERODIUM GLAUCOPHYLLON Ait. Hort. Kew. ed. 4, II, 446; DC. Prodr. I, 648. — Geranium glaucophyllon L. Sp. 952; Cav. Diss. iv, 221, t. 92, f. 2. In argilloso-arenosis vel gypsaceo-caleareis prope Gabes vulgare (Kra- SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 61 lik pl. Tun. exsiec. n. 198). — In Sahara Algeriensi et in planitierum excelsarum parte australiore diffusum, nempe in provincia Ora- nensi ad lacus æstate exsiecatos Chott el Chergui! (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 604) et Chott el Rharbi ! obvia nec non ad Prézina! ; in provincia Algeriensi in ditione Zaghouat!; in Sahara provineiæ Cirtensis in ditione Ouled Nayl Cheraga ad El Ouar (Hénon), in ditione Biskra (Balansa pl. Al- ger. exsice. n, 941), in plauitiebus excelsis ad Chott Msouri! prope Melila. — In /Egypti deserto Cahirino (Delile, Kralik). EnopiUM argorescens Willd. Sp. IIT, 638; DC. Prodr. I, 648. — Gera- nium arborescens Desf. At]. IT, 110. In collibus apricis deserti Tunetani prope Cafsa (Desf.) ; in colle calcareo Djebel Keroua prope Gabes infrequens (Kralik pl. Tun. exsice. n. 406). Cette belle plante, qui n'était connue que par des échantillons dépourvus de fleurs et de fruits , recueillis par Desfontaines, doit être placée à côté de l'E. glaucophyllon, dont elle est trés voisine par la forme et la consistance des feuilles et par la plupart des caractères ; elle en est néanmoins très distincte par la souche, divisée au sommet en plusieurs ramifications ligneuses mu- nies supérieurement des bases persistantes des pétioles des feuilles détruites, par les tiges plus robustes dressées, et non pas étalées-diffuses, par les brac- tées de l'involuere ovales ou suborbieulaires très amples coriaces, et non pas membraneuses assez petites, par les fleurs deux fois plus grandes, par le calice à sépales plus brièvement acuminés, velus-pubescents, et non pas \pubescents à pubescence apprimée , par les carpelles deux fois plus grands à bec plus long. — Dans FÆ. arborescens, les sépales, oblongs et brus- quement acuminés en une pointe trés courte, sont dépourvus de poils glan- duleux et fortement nervés, les extérieurs à 5-7 nervures; les pétales presque égaux, obovales ou obovales-suborbiculaires, environ de moitié plus longs que le calice, de couleur rose-lilas et largement tachés à la base de violet foncé, sont brusquement contractés en un onglet très court, gla- bre ou brièvement cilié; les filets des étamines fertiles sont glabres , ovales- lancéolés inférieurement et dépourvus de dents; les filets des étamines Stériles, égalant environ la longueur de l'élargissement des étamines fertiles, Sont ovales-lancéolés ciliés ; le bec du fruit égale environ un déeimétre de longueur ; les carpelles hispides ne présentent, de même que dans l'E. glau- tophyllon, ni fossettes, ni plis distinets, leurs prolongements sont, dans leurs deux tiers supérieurs, comme chez cette dernière espèce, tres longue- ment plumeux à poils soyeux. ZyGornyLUM argum L. Der. A, t. 8, et Pl rar. Ups. M, t. 6, et Sp. 551 ; Desf.! Atl. I, 338; Delile JEg.; DC, PL grass, t, 154; Coss, in Bull, 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. : Soc. bot. 11, 364. — Z. proliferum Forsk. Fl. Æq.-Arab. deser. 87, ie. t. 12 a. ` In incultis ruderatis et pascuis salsuginosis cirea Gabes et in insula Djerba frequens (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 160); in arenis deserti Tu- netani et ad maris littora (Desf. loc. cit., d'Escayrac). — In insula Cypro (Gaudry). In. /Egypto inferiore (Delile, Martins, C. de Fontenay, Kralik) ; in desertis /Egypti superioris (Olivier, Delile, Sieber, Aucher- Éloy, pl. ex- sicc. n. 791); et in Arabia petræa (Botta, Bové pl. exsice. n. 169). Nous avons déjà constaté ailleurs que le Z. album est bien distinct de l'espèce de Zygophyllum (Z. Cornutum Coss.) la plus répandue dans le sud de l'Algérie, et de la plante des Canaries (Z. Webbianum Coss.) que De Candolle (Prodr. T, 706) avait à tort réunie avec lui. HarroeuyLLuM Buxpaumir Adr. de Juss. in Mém. Mus. XII, 464 ; Jaub. et Spach Conspect. Haplophyll. in Ann. sc. nat. sér. 3, XI, 485. — Ruta Buxbaumii Poir. Encycl. méthod. VI, 336; DC. Prodr. I, 711. — À. linifolia Sibth. et Sm. Prodr. fl. Græc. 213 ; Desf.! Atl. T, 336 excl. syn. (non L.). — R. spathulata Sibth. et Sm. FI. Grec. IV, 63, t. 370. . In agro Tunetano (Desf.), in arvis post messem prope Zaghouan (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 162). — In insulis Archipelagi, Creta (Sieber), Cypro (Sibthorp) et Rhodo (Olivier et Bruguiére). In Asia minore diffusa (Olivier et Bruguiére, Labillardière, Coquebert de Montbret, Sieber, Aucher- Kloy, Balansa pl. Or. exsice. n. 357 et 695). HaPLoPHYLLUM TUBERCULATUM Adr. de Juss, in Mém. Mus. XII, t. 17, . n. 10 ; Jaub. et Spach 7/lustr. pl. Or. t. 269. — Ruta tuberculata Forsk. Fl. /Eg.-Arab. deser. 86; Delile Æg. illustr. ; DC. Prodr. I, 711. In argilloso-arenosis, glareosis et alluviis deserti Tunetani prope Gabes (Kralik)et in pascuis ditionis Beni Zid ad pedem montis Djebel Aziza haud procul a Gabes (Kralik pl, Tun. exsice. n. 163 a).— In Sahara Algeriensi in ditione Biskra! (Jamin, Balansa, pl. Alger. exsice. n. 910) et in ditione Beni Mzab prope Guerrara (Reboud).—In Ægypto media et superiore nempe a Cahira (Delile) usque in Nubiam (Kotschy, Kralik}. In Arabia (Schimper, Bové, Botta). In regno Mascatensi (Aucher-Éloy). TETRADICLIS EVERSMANNI À. Bunge in Zinnæa XIV, 1785 Ledeb, Fl. Ross. I, 493. In arenoso-argillosis salsuginosis ad mare prope Sfax (Espina, Kralik): — Ín salsis deserti Caspii ad fluvios Z/seen prope Arsargar (Eversmann et Claus see, Bunge). Le 7. Eversmanni, que son auteur lui-même, M. Bunge, ne propose comme SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 63 espèce qu'avec doute, ne diffère du 7. salsa Stev. que par les fleurs plus grandes, plus rapprochées, plus brièvement pédicellées et par les capsules plus grosses, et n'en est peut-être qu'une forme plus robuste ; cette manière de voir nous semblerait d'autant plus admissible que l'excellente figure et les détails analytiques donnés par M. Fenzl (in Linnæa XV, t. 2) sous le nom de 7'. salsa, représentent une plante presque identique aux échantil- lons recueillis à Sfax et dont le port et les caracteres se rapprochent beau- coup de ceux donnés comme distinctifs du F. Eversmanni. — Le T. salsa (Steven ap. M. Bieb. Fl. Taur.-Cauc. MI, 648, absque nomine specifico [1819]; A, Bunge in Zinnea XIX, 161, t. 1 [1840]; Fenzl in Linnea XV, 289-297, t. 2 [1844]; C. A. Meyer Jnd. Cauc. 226 ; Ledeb. Fl. Ross. I, 492. — Anatropa tenella Ehrenb. in Linnæa IV, 403 [1829]) n'a encore été observé qu'en Égypte, prés d'Alexandrie (Kotschy), en Mésopotamie (Chesney, Noé), dans les steppes de la Russie méridionale, vers la mer Caspienne (Steven, C. A. Meyer), dans les déserts de la Songarie (Karel. et Kiril. sec. Ledeb. ). Raus oxyacawTHOipzs Dum. Cours. Bot. cult. éd. 1, III, 568 (1802). — R. dioica Brouss. ap. Willd. Enum, hort. Berol. 325 (1809); DC, Prodr. II, 70 (excl. syn. R.oxyacantha Cav. ad R. oxyacantham Schousb, [R. cratægiforme Pers.] pertinente); Guss ! Syn. fl. Sic. I, 362. — R, lobata Poir. Encycl. méth. suppl. V , 264 (1817) (e descriptione et spe- , Cimine Broussonetiano in herb. Desf. in herb, Webb). — R. Zizyphina Tineo! Pug. pl. rar. Sic. 8. | In dumetis deserti Tunetani prope Gabes, nee non in insula Djerba ubi ab Ineolis Saccoun nuncupatur (Kralik pl. Tun. exsice. n. 203).— In rupestri- bus et torrentium alveis Sabaræ Algeriensis oecidentalis!, mediæ ! et orien- talis! nobis pluribus locis obvia (Balausa pl. Alger. exsice. n. 1037). — In insula Teneriffa (Broussonet in herb. Desf. in herb. Webb). In regno Ma- racçana ad Mogador (Broussonet). In Sicilie collibus aridis calcareis (Guss., Tineo, E, et A. Huet du Pavillon). Montis Libani ad radices (Michon). (La suite à la prochaine séance.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Die Milehsaftígefaesse der Carica Papaya , deren Entstehung, Bau und Verlauf ( Les laticifères du Carica Papaya, leur origine, leur structure et leur trajet) ; par M. Herm. Schacht (.Monatsbericht der Kemigl. Preuss. Akad. d. Wissensch. zu Berlin; cahier de novembre 1856, publié en 1857, pp. 515-534, avec 2 planc. in-4° lithog.). Ce mémoire intéressant de M. H. Schacht a été envoyé par lui de Madèreet communiqué à l’Académie des sciences de Berlin par M. Klotzsch. Nous en traduirons à peu pres intégralement les conclusions formulées avec soin par l'auteur, et divisées par lui en trois paragraphes qui se rapportent: le premier aux laticifères du Papayer, le second aux laticifères en général, le troisieme à l'anatomie végétale en général. A. Relativement aux laticifères du Papayer. 1. Les laticifères de ce végétal se forment par l'effet de la fusion de plusieurs cellules en un tout unique. 2. A cette formation prennent part : 1? les cellules du cambium des- quelles proviennent les trones principaux des laticifères qui marchent avec le faisceau vasculaire ; 2° des cellules particulières des rayons médullaires qui donnent des tubes d'union d'un trone à l'autre. 3. Les troncs consistent en plusieurs tubes qui marchent parallèlement les uns aux autres, et qui sont rattachés plusieurs fois latéralement entre eux par copulation ; au contraire, les tubes d'union sont simples en règle géné- rale. Les tubes des deux sortes, assez larges et à parois épaisses, forment de plus des sinuosités latérales qui pénètrent dans les méats intercellulaires du parenebyme environnant et s'y prolongent en tubes trés déliés, à parois minces (tubes capillaires), qui tantôt se terminent en cul-de-sac, et qui tantôt se portent jusqu'à un trone voisin. 4. Les laticifères du Papayer se forment dans la tige et dans la racine, et de méme dans la feuille ainsi que dans le pétitle, au côté interne du cambium; de là ils s'éten ‘ent à la portion ligue:se da faisceau vasculaire, et ils n'envoient que des ramifications latérales à l'écorce, Au contraire, dans le Sonchus, ils se montrent dans la moelle et l'écoree, mais non dans le corps ligneux. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 5. Les laticifères appartiennent au faisceau vaseulaire, et dès lors ils s'étendent avec lui dans toutes les parties de la plante. La racine du Pa- payer en présente moins que la tige; ils sont, d'un autre cóté, trés abon- dants dans le fruit. Au contraire, dans le Sonchus, ils se trouvent en bien plus grande quantité dans la racine que dans la tige. B. Rela:ivement aux laticifères eu général. | 1. Tous les laticifères appartiennent au faisceau vasculaire ( Carica, Sonchus, Lactuca, Gomphocarpus, Vinca, Hoya, Euphorbia, Ficus, Cheli- donium). Leurs grands trones ne le quittent jamais, et ils l'accompagnent dans toutes les parties des plantes. 2. On doit distinguer deux formes de laticifères : 1? ceux qui suivent le faisceau vasculaire sous la forme de tubes simples ou rameux, mais qui ne s'unissent pas en système continu ni entre eux ni avec ceux du faisceau adjacent (Gomphocarpus, Hoya, Vinca, Euphorbia, Ficus, Chelidonium) ; 2* ceux qui se réunissent en systeme continu, soit avec les tubes analogues adjacents, soit au moyen de tubes d'union avec ceux des faisceaux vascu- laires voisins (Carica, Sonchus). 3. Les laticifères se montrent tant dans la moelle que dans l'écorce et, seulement dans des cas rares (Carica), dans eette portion du faisceau vasculaire qui renferme les vaisseaux et qui, dès lors, doit en être regardée comme la portion ligueuse. Or comme les laticifères, de même que les cellules du liber, proviennent directement ou indirectement des cellules du cambium, que les deux résultent toujours, à ce qu'il parait, de la fusion de plusieurs cellules en un seul tout, que les uns et les autres occupent la méme situation dans la plante ; comme, en outre, dans le Vinca, on ne peut distinguer les cellules libériennes des laticiferes, ceux-ci provenant de eelles-là, que l'on connait d'ailleurs des cellules de liber rameuses et lignifiées sans latex (dans l'écorce du Gomphocarpus , dans la moelle et l'écorce du Rhizophora Mangle, dans l'écorce de l'Abies pectinata) , par tous ces motifs M. Schacht croit être suffisamment fondé à regarder les laticifères comme des cellules de liber contenant du latex. Il est à peine besoin de dire, ajoute-t-il, que les laticifères n'ont aucune analogie avec les vaisseaux des plantes dans leur mode de formation, ni dans leur struc- ture, ni dans leurs fonctions. Enfin, comme on voit dans une méme plante des cellules libériennes lignifiées, sans suc laiteux , à côté de véritables laticiféres (Carica, Gomphocarpus), il rappelle qu'on voit fréquemment de méme cóte à cóte les cellules du bois et le parenchyme ligueux. 4. Comme les laticifères ne se trouvent que dans un nombre de plantes Proportiounellement peu considérable, ou ne peut les rcgarder comme un élément essentiel du faisceau vasculaire; car, si cela était, ils existeralent toujours, De plus, comme il est rare qu'ils soient rattachés entre eux en système continu , mais que le plus souvent ils forment de longs tubes plus T, 1V, 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. wu moins rameux, fermés aux extrémités, on ne peut les comparer au Sys- teme veineux des animaux ; d'autant qu’on ne constate un mouvement du latex dans ces tubes que lorsque la pression ou l'introduction de l'eau y déterminent un courant. Quelle est done leur importance dans l’économie végétale? c’est ce qu'on ne peut préciser aujourd'hui. On sait, au reste, que nous ne sommes pas: plus fixés sur les fonctions des cellules, soit ligneuses, ‘soit libériennes. C. Relativement à l'anatomie végétale en général. 1. Les laticifères résultent de la fusion en un tout unique de plusieurs cellules qu'on ne peut dissocier ensuite par aucun moyen ni chimique ni "mécanique. 2. Les longues cellules du liber doivent également leur origine à une 'fusion semblable de plusieurs cellules en un tout qu'on ne peut non plus ‘décomposer ensuite en ses éléments constitutifs. Cette fusion a lieu de trés bonne heure, et c'est uniquement après qu'elle s'est opérée que les parois "eommencent à gagner en épaisseur. Par l'effet d'un allongement indépen- dant, les jeunes cellules libériennes s'insinuent les unes entre les autres par eurs extrémités pointues. 3. Les vaisseaux des plantes consistent, tant qu'ils renferment des sucs, ‘en files longitudinales de cellules ; plus tard leurs cloisons transversales disparaissent en méme temps que le sue, de telle sorte qu'alors seulement le vaisseau passe à l'état de tube dont les cellules élémentaires ne sont jamais fondues les unes avec les autres, mais dans lequel on peut reconnaitre celles-ci en tout temps et les dissocier méme en se servant des moyens con- venables pour produire cet effet. | © Le mémoire de M. Schacht se termine par l'explication détaillée des 45 figures comprises dans ses deux planches, parmi lesquelles 10 se rap- portent au Papayer, 3 à un Sonchus dont l'auteur n'a pu déterminer l'espèce, faute de livres, et dont 2 sont fourhies par le Gomphocarpus fruticosus. ‘Das System der Milchsaftgnenge in Alisma Plantago © (Le système des canaux laticifères dans l Alisma Plantago); par M. F. Unger (Sitzungsberichte der Kaiserl. Akad. der Wissensch. Yn-8*. Vienne, 1856, cah. d'octobre publié le 4 décembre, p. 269). | Ce travail devant être imprimé en entier dans la collection des Mémoires . de l’Académie des sciences de Vienne, les comptes rendus mensuels n'en ‚renferment qu'un très court extrait, auquel nous emprunterons l'énoncé du résultat dernier obtenu par M. Unger. Cet habile observateur a reconnu que le latex de l'A/isma Plantago n'est pas renfermé dans des vaisseaux, mais dans des canaux intercellulaires qui forment un systeme contin, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 étendu du rhizome jusqu'au calice de la plante. Dans les feuilles, on ne trouve pas un, mais deux réseaux, qui ne se recouvrent pas entierement et qui se trouvent exactement sous l'épiderme. Il n'y a pas de mouve- ment du latex dans la plante intacte. L] Zur Primordialschlauchfrage (Sur l'utricule primordiale); par M. Dippel. (Flora, n° 47 et18, 7 et 14 mai 1856, pp. 257-268, 273-281, pl. 1v.) Dans ce mémoire, M. Dippel examine l’utricule primordiale successive- ment aux points de vue de sa manière d’être, de son étude optique et chimi- que , de la manière dont elle se forme et du rôle qu'elle joue dans la for- ation des cellules. Il déduit ensuite de l'ensemble de ses observations les Conclusions suivantes : 1. La manière dont l'utrieule primordiale se comporte avec les réac- tifs endosmiques n'est nullement propre à fournir une base solide pour as- seoir la solution des questions qui la concernent. Cette solution doit plutót être basée sur les faits que fournit l'étude chimique de cette utricule et sur là part qu'elle prend à la formation des cellules. 2. La manière dont l'utrieule primordiale se comporte avec l'iodure de potassium, avec le chlorure de zinc iodé, avec l'iode et l'acide sulfurique, avec le sucre et l'acide sulfurique démontre, sans laisser le moindre doute à cet égard , qu'elle est formée d'une matière azotée et que sa substance ne subit pas de transformation en cellulose. $. Lorsque les cellules se produisent librement , l'utrieule primordiale prend váissance avant l'enveloppe de cellulose, autour d'une portion indi- vidualisée du contenu de la cellule- -mère, sous la forme d'une membrane extrêmement mince. h. Lorsque les cellules se forment par division, le commencement de la "formation nouvelle consiste dans un plissement de l'utrieule primordiale. Au eohtraire, la sécrétion de l'enveloppe cellulosienne doit être considérée Comme un phénomène consécutif. ? 5. Ni lorsque les cellules sont produites librement, ni lorsqu'elles nais- Sent paf division, leür enveloppe cellulosienne ne provient d'une transforma- 'tion du révétement azoté; mais elle est exerétée sur la face externe de ce derhier, et très probablement par suite dé l'action qu il exerce sur le con- "enu organisable de la cellule-mère. (00 6. D’ apres cela, l'utrieule primordiale:doit être considérée comme le re- “vêtement primaire azoté de la cellule végétale et comme une membrane "indépendante qui porte à très juste titre la dénomination que M. Hugo von Mohl a eru devoir lui assigner. l 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Note sur la composition immédiate de l'épiderme et de la cuticule épidermique des végétaux; par M. Payen. (Annal. des sc. natur., h° série, V, 1856, pp. 160-162.) Dans des travaux antérieurs, M. Payen avait indiqué la présence cons- tante et les proportions notables de matière azotée et de silice dans l'épi- derme et dans la euticule épidermique de toutes les parties superficielles des plantes en général. Eu poursuivant ses recherches, il a reconnu maintenant que toujours la cuticule, ainsi que les cellules épidermiques, caraetérisées par la coloration jaune et la résistance à l’action combinée de l'iode et de l'aeide sulfurique, renferment, à l'état normal, outre la cellulose, la silice et la matière azotée, des sels calcaires et alcalins, plus une matière grasse qui augmente la résistance de ces parties tégumentaires à l'aetion des agents extérieurs. M. Payen a retrouvé les mémes caractéres dans la cellulose superficielle de toutes les parties externes des plantes, dans la pellicule externe des gousses du Colutea arborescens et de plusieurs autres fruits, dans la cuticule des poils et des elandes, dans les membranes externes des cellules que l'enlévement de la cuticule ou de l'épiderme avait exposées à l'air, dans celle des excroissances coniques dont un insecte détermine sou- vent la formation à la surface des feuilles du Tilleul, ainsi que sur les poils implantés à l'extérieur de ces excroissances. En analysant la cuticule épidermique d'une tige de Cactus peruvianus et l'épiderme de la Pomme de terre nommée Patraque jaune, le même chi- miste y a reconnu la composition suivante pour 100 parties à l'état sec : Azote ou Mat. azotée, Mat, grasse, Silice. Sels. Épiderme de la Pomme de terre. — 1,39 9,035 3,40 — 1,135 10,40 Cuticule du Cactus. . . . . . . . 2,01 13 9,09 2,66 6,67 La cellulose se trouve dans la proportion de 68, 58 dans la cuticule du Cactus, de 76,03 dans l’épiderme de la Pomme de terre. M. Payen indique ensuite dans sa note les moyens à employer pour déter- miner la matière azotée, la silice et les sels, ainsi que la matière grasse qui existent dans la cuticule ou dans l'épiderme. De la germination des Ophrydées et de la nature de leurs tubereules; par M. J. H. Fabre (Annal. des scienc. natur., Botan., ^* sér., V, 1856, pp. 163-186, planc. 44 non publiée encore.) Le mémoire de M. Fabre est divisé en trois paragraphes relatifs : le pre- mier à la germination des Ophrydées, étudiée sur l'Ophrys apifera, le se- cond au développement du tubercule de ces plantes, nommé terminal par l'auteur, le troisième à la nature de leurs tubercules palmés. Pour donner un résumé succinct de ce travail intéressant,.nous croyons ne pouvoir mieux faire que d'en reproduire les conclusions, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 I. La tigelle de l'embryon macropode de l'OpArys apifera forme le pre- mier tubercule de cette plante. 2. La jeune plante est dépourvue de radicule, et se compose à son début du tubercule tigellaire surmonté d'une gemme, rappelant ainsi, de la ma- nière la plus exacte, les tubercules qui doivent s'organiser plus tard aux dépens, soit de la gemme terminale, soit des bourgeons axillaires. 3. Le tubercule tigellaire produit, tôt ou tard, une racine adventive qui n'a rien de particulier. li. La gemme terminale s'organise en tubercule, c'est-à-dire que la por- tion terminale de l'axe se conglobe en noyau, et s'ouvre une issue violenté au dehors en entrainant la gemme. 9. Le noyau tubereulaire est suspendu à l'extrémité d'un long pédicelle formé d'un cóté par l'axe de la plante, et de l'autre par les premieres feuilles de la gemme, soudées avec cet axe. Le but du pédicelle est d'amener la gemme tubéreuse à une profondeur suffisante pour y passer l'hiver en sé- eurité, 6. Le tubercule ainsi formé est nommé terminal par l'auteur. Il a la méme structure anatomique que le tubercule tigellaire. 7. Il ne reproduit pas la plante, il la continue. 8. La pousse, issue l’année suivante de ce tubercule, produit à sa base un renflement tubéreux, rappelant à s'y méprendre le tubercule tigellaire. M. Fabre nomme ce renflement tubercule basilaire. Lasommité de la pousse produit en méme temps un tubereule terminal, eu tout pareil au premier. 9. Du tubercule basilaire s'éehappent deux racines adventives, dont l'une placée à sa base est napiforme, et offre les plus grands rapports de Structure et de fonctions avee uue racine pareille que M. Fabre a fait con- naitre dans le Safran. 10. Après un nombre indéterminé d'évolutions annuelles pareilles, l'axe issu de la graine se termine en tige ordinaire, stérile et sans tubercule ter- minal. Les bourgeons axillaires sont alors chargés de reproduire la plante, de la multiplier, et d'amener enfin la forme florale aprés plusieurs généra- tions par gemmes. 11. Si l'on suppose que cet axe primitif produise en une saison tous les tubereules qu'il produit à sa base et à son sommet par périodes annuelles, 9n aura la structure d'un chaume d' Avena bulbosa, dont les entre-nœuds in- férieurs forment un chapelet de tubercules. 12. Ce mode d'évolution parait être général dans les Ophrydées. L'au- teur dit l'avoir constaté en tout ou en partie sur toutes les Ophrydées qu'il à pu observer assez jeunes. 13. Les tubercules ovoides des Ophrydées, soit axillaires, soit terminaux, résultent egalement d'un noyau évulsé de la partie centrale et terminale d'un axe. La couche qui revét ce noyau est la partie de l'axe éliminée de vi SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cetie formation : c'estelle qui, sous la pression du noyau, se rompt et forme la gaine qu'on trouve à la base du pédicelle. M. Fabre dit qu'il avait d'abord rapporté par erreur cette gaine à la première feuille de la gemme. 4h. Ce noyau, ce tubercule ne peut, à cause de son origine, avoir rien de commun avec des racines; il ne peut non plus, à cause du mécanisme de sa formation, étre eontenu dans un sae, un éperon, formé par les bases dilatées de ses premières feuilles. 15. Le pédicelle qui le supporte est formé d'un cóté par l'axe méme dont le tubereule est l'extrémité, et du côté opposé par les premières feuilles de la gemme campilotrope soudées avec l'axe par une de leurs faces. 16. Les tabereules palmés, ayant la même origine et le méme méca- misme de formation que les tubercules ovoïdes, reconnaissent la méme nature que ces derniers, 17. Leurs prolongements radiciformes sont, ou de simples partitions résultant de l'élongation des colonnes vasculaires plus rapide que la forma- tion du tissu féculent; ou bien encore des racines adventives analogues à la racine napiforme, observée par l'auteur dans l'Ophrys apifera et dans le Safran. 18. Leur structure anatomique n'étant pas celle des racines, la première de ces deux opinions est regardée par M. Fabre comme la plus probable. Ueber die relative Unsehaedlichkeit von Beschaedigun- gen des Stammis und der Blaetter mit Substanzverlust aufdie Entwicklung der Blaetter und der ganzen Pflan- ze, und die Production von Wurzeln an ungewoehn- lichen Stellen. (Sur l'innocuité relative des blessures faites à la tige et aux feuilles avec perte de substance relativement à l'accroissement des feuilles et de la plante entière, et sur la production de racines à des pla- ces inaccoutumées) ; par M. le D" G. Jaeger. (Flora, n° 5, 7 février 1856, pp. 65-72.) Les premières observations de M. Jaeger ont été faites en 1853 sur des feuilles de Tigridia pavonia et de Canna indica qui avaient été percées et rongées en partie par des limaces et qui n'en sont pas moins arrivées à leur développement complet. Il les a étendues ensuite aux feuilles de diverses plantes, tant monocotylédones que dicotylédones, dont certaines ont été blessées à dessein, et suivies ensuite dans leur accroissement. L'auteur rapporte aussi plusieurs faits relatifs à des tiges blessées de maniere plus ou moins grave, et sur lesquelles des racines s'étaient développées en des endroits où leur présence est entièrement inusitée ; il déduit ensuite de ces faits, parmi lesquels, ainsi qu'il le fait observer, la plupart étaient déjà connus, les conséquences suivantes ; REYUE BIBLIOGRAPHIQUE. 74 . 4° Les plantes qui ont subi, de maniere quelconque, une -perte de sub- stance dans quelques-uns de leurs organes ont la faculté de reudreces bles- sures sans conséquence nuisible pour la vie de ces organes ou pour celle du végétal entier, et cela par l'effet de la cicatrisation qu'elles opèrent; mais elles ne peuvent réparer ces pertes aux points où elles ont eu lieu. La perte de substance qu'ont subie certains organes, notamment les feuilles et les bran- ehes de la tige ou de la raeine est, d'un autre cóté, remplaeée par une nou- velle production qui a lieu à une autre place. C'est grâce à cette faculté que les végétaux remplissent le rôle qui leur a été assigné par la nature et qui consiste à nourrir les animaux, comme on le voit surtout pour les Saules et pour les prairies, soit naturelles, soit artificielles, lorsqu'on taille les pre- miers et qu'on fauche les dernieres. 2' Les plantes possèdent en outre, dans certaines limites, la faculté de conserver la vie de l'individu, lorsqu'elle est en danger, par l'effet de la mé- tamorphose des organes ou des fonctions ou par un développement de ra- cines. Comme, en place de la propagation par graines, la multiplication des individus a lieu naturellement ou artificiellement par développement de bourgeons, d'oignons ou de tubereules, la conservation de l'espèce et l'aug- mentation de nombre des individus des différentes plantes dans une forte proportion, sont assurées, et par là encore se trouve atteinte la destination du règne végétal pour l'alimentation des animaux, ainsi que l'exigeait l'é- conomie de la nature. | Mémoire sur quelques points de la physiologie des Al- &ues, par MM. Alph. Derbès et Antoine-Joseph-Jean Solier. (Supplé- ment aux Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie des sciences. T, 1856 ; pp. 1-120, pl. 1-23.) Le mémoire de MM. Derbès et Solier a obtenu, en 1850, le second prix dans le concours ouvert en 1847, à l'Académie des sciences, pour le grand prix des sciences naturelles. La question proposée était « l'étude des mou- vements des corps reproducteurs ou spores des Algues zoosporées et des Corps renfermés dans les anthéridies des Cryptogames, telles que les Charas, Mousses, Hépatiques et Fucacées. » La date à laquelle il remonte, malgré Sa publication toute récente, lui ôte malheureusement quelque peu de son intérét, attendu que plusieurs des points qui y sont traités ont regu dans ces derniers temps, tant en France qu'en Allemagne, des solutions beau- Coup plus précises et plus completes. Mais c'est là un inconvénient inévi- table auquel sont exposés les mémoires publiés dans les grands recueils aca- démiques, à cause du long espace de temps qui s'éeoule entre le moment oü ils ont été rédigés et celui où ils ont pu être livrés à la publicité. MM. Derbès et Solier proposent d'abord pour la classe des Algues une 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nouvelle classification dont voici le tableau, à laquelle ils rattachent les genres qu'ils ont examinés dans leur mémoire. I. Spores mouvantes (zoospores). Anthéridies nulles ou inconnues jus- qu'à ce jour. A. Zoospores naissant dans toutes les cellules de la fronde ou dans des cellules particulieres; mais se développant simultanément avec les autres, semblables à celles-ci, ou plus rarement en différant par la forme. I* famille. /Vostochinées — Genres Nostoc, Sphærozyga. 2° famille. — Ulvacées — Tetraspora, Ulva, Colpomenia Derb. et Sol. 3° famille. — Confervées — Hydrodictyon, Hormiscia, Tribonema Derb. et Sol., Tiresias, Conferva, Chætophora, Draparnaldia, Bretonia. B. Zoospores naissant dans des organes particuliers et localisés (cystocar- pes), dont le développement a lieu à une période déterminée de la végétation. a. Cystocarpes communiquant à l'origine, et quelquefois constam- ment avec le reste de la fronde. h* famille. — Siphonées — Bryopsis, Derbesia, Codium, Dasycla- dus, Haly meda. b. Cystocarpes séparés dés l'origine du reste de la fronde. 5° famille. — Æ£ctocarpées — Ectocarpus, Sphacelaria, Giraudia Derb. et Sol. 6* famille. — Mésogloiées — Liebmannia, Stylophora, Castagnea Derb. et Sol., Nereia. IL. Spores non douées de mouvement. Anthéridies produisant des Anthé- rozoides. A. Anthérozoides endochromés. 7* famille. — Cutlériées — Culleria. 8° famille. — Fucacées — Cystoseira. B. Anthérozoides hyalins. a. Corps reproducteurs naissant dans toutes les cellules, ou dans des cellules semblables à celles du reste de la fronde, et se développant simultanément avec elles. 9* famille. — Bangiées — Porphyra, Bangia. b. Corps reproducteurs naissant dans des organes localisés, dont le dé- veloppement a lieu à une période déterminée de la végétation. a. Fruit capsulaire (Polyspore) à enveloppe membraneuse continue. 10* famille. — Delessériées — Aglaophyllum. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 44° famille. — Céramiées — Callithamnion, Griffithsia, Ceramium, Wrangelia. 6. Polyspore à enveloppe celluleuse. 12* famille. — Rhodomélées — Polysiphonia, Rytiphlæa. 13* famille. — Chondriées — Laurencia, Bonnemaisonia. A ces 38 genres, MM. Derbès et Solier rattachent l'étude approfondie d'environ 80 espèces, dans laquelle ils exposent notamment un grand nom- bre de détails d'un grand intérêt sur les corps reproducteurs qui sont l'ob- jet essentiel du travail tout entier. L'intelligence de ces faits est rendue fa- cile par les 23 planches qui accompagnent le mémoire et qui renferment un grand nombre de figures gravées sur cuivre et coloriées dans leurs par- ties essentielles. Après cette partie descriptive, les deux auteurs s'élèvent aux considéra- tions générales sur les corps reproducteurs des Algues. Ils examinent en autant de paragraphes distincts, 4° la structure des zoospores et des anthé- rozoides ; 2° la disposition des cils que présentent ces corps; 3? la nature de leurs mouvements ; 4° les changements qu'ils éprouvent aux différentes périodes de leur existence; 5° les modifications que peuvent apporter à ces phénoménes certaines circonstances physiques ou chimiques, naturelles ou artificielles; 6° le rôle physiologique des anthérozoides dans la reproduc- tion. Dans le premier de ces paragraphes, les deux auteurs examinent d'abord la structure des zoospores et des anthérozoides, ensuite la constitution chimique ou intime de ces corps, étudiée à l'aide de l'iode. Les zoospores leur ont toujours présenté une enveloppe épidermique hyaline, incolore, recouvrant une cellule dont le contenu liquide est eutremélé de granules solides. L'enveloppe un peu plus dilatée d'un côté y forme le rostre, qui se porte ordinairement en avant, et qui est prédestiné à servir de point d'atta- Che à la jeune plante, lorsqu'il est dans sa nature de se fixer. Cette struc- ture est absolument celle du végétal tout entier qui proviendra de la zoo- Spore. La distribution de l'endochrome ou du contenu de ces corps établit entre eux quelques différences. Quelques zoospores ont offert un ou méme deux petits points rouges paraissant généralement trés prés de la surface. Si cette couleur rouge a paru n'être quelquefois qu'un accident optique, quelquefois elle s'est montrée inhérente au granule. Les anthérozoides ont une structure plus simple. Ceux des Fucacées consistent en une petite vési- cule hyaline, incolore, portant un seule granule ponctiforme, orangé, qui se trouve ordinairement en arrière pendant la progression. Ceux des Flo- ridées sont encore plus simples et se sont montrés aux deux auteurs Comme une masse uniforme, sans trace d'organisation, sans apparence de membrane enveloppante, 7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La disposition des cils varie. Dans les zoospores, les uns sont uniques au sommet du rostre, les autres sont multiples au sommet, ou un peu au-des- sous du sommet, ou bien disposés cireulairement autour de la base du ros- tre; d'autres enfin sont uniques à la partie postérieure dela zoospore. Quant aux anthérozoïdes, ceux des Floridées ont paru aux deux auteurs doués d'un appendiee eiliforme, ordinairement plaeé à leur parlie postérieure, tandis que dans les Fucacées ce cil a paru également unique mais antérigur. Le mouvement des eorps reproducteurs des Algues est dü essentiellement à leurs organes flagelliformes. Les deux auteurs cherchent à expliquer comment ces organes produisent cette remarquable locomotion, grâce à une motilité propre et aussi à la faculté qu'ils leur supposent d'étre alter- nativement et successivement rigides, sur les différents points de leur étendue. L'exposé des changements qu'éprouvent les zoospores et les anthérozoïdes aux diverses périodes de leur existence se trouve compris dans la portion descriptive du mémoire. En outre, les deux auteurs en présententles points les plus généraux dans le paragraphe consaeré spécialement à ce sujet, Le paragraphe relatif à l'influence des conditions extérieures est réduit à quelques lignes. Enfin, le dernier, relatif au rôle que jouent les anthéro- zoides dans la fécondation, ne renferme que des idées hypothétiques, On sait que, depuisl'époque à laquelle le travail de MM. Derbès et Solier a été éerit, cette partie du sujet a fait des progrès immenses. L'explication détaillée des planches termine le mémoire, BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Descriptio Glaucii novi, annexis diagnosibus specierum affinium, auctore comite Victor de Martrin-Donos. (Flora, n° 41, 21 mars 1856, p. 174.) Cette espèce nouvelle est caractérisée, par l'auteur, de la manière sui- vante: Glaucium aurantiacum de Martr. G. radice simplici ; eaule hirsutissimo, erecto, parce ramoso, ramis pà- tentibus; foliia viridibus nec glaucis, pinnatifidis, ultra medium lobatis, sinubus rotundatis, utrinque hirsutis; pilis caulium, foliorum et omnium partium copiosissimis crispatisque ; floribus minoribus ; petalis aurantiacis, basi macula atro-purpurea flavo-areolata notatis; siliquis crassioribus lon- gioribusque hirsutis; seminibus atris late alveolatis. | Elle a été trouvée par M. de Martrin-Donos en juillet 1855 à Lafenal, pres de Narboune, ou elle eroit dans les terres sablonneuses et dans les en- droits pierreux. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 ; Elle se distingue du Glaucium corniculatum Curt. et des autres espèces voisines par ses corolles beaucoup plus petites, de couleur orangée et tres élégamment panachées, par ses siliques plus épaisses, et par sa taille plus basse. La notede M. de Martrin-Donos se termine par les diagnoses comparatives des Glaucium luteum Scop. , fulvum Smith, rubrum Smith, corniculatum Curt. et aurantiacum de Martr, Drei Xanthium-Arten mit ihren Bastarden (7rois espèces da Xanthium avec leurs hybrides); par M. W. Lasch, Botan, Zeit. , 13 juin 1856, n° 24, col. 409-415). Il y a vingt-cinq ans environ que M. Lasch trouva, sur les rives sablon- neuses de la Netze, un Xanthium qu'il reconnut comme nouveau et qu'il nomma Y. riparium. Depuis cette époque, il a continué de s'occuper des espéces indigenes de ce genre, et il communique aujourd'hui dans sa note les résultats de toutes.ses observations. E D Il expose d'abord fort en détail les caractères du genre Xanthium Diosc. Tl décrit ensuite les espèces et les formes hybrides suivantes : 1. X. Struma- rium, Lin., dans lequel il existe deux variétés: b.- minor, c. major. — 2 X. arenarium Lasch, avec 4 variétés : b. minor, c; major, d. microcar- Qum, e, macrocarpum, — 3. X. arenarium-Strumarium, — l, X. Stru- marium-arenarium, — 5. X. riparium Laseh, avec 4 variétés : b, minor, 6. major, d. microcarpum, e. macrocarpum, — 6. X, riparium-arenarium. TA arenarium-riparium, — 8, X. riparium-Strumarium.—9. X. Stru- marium-riparium. Catalogue des plantes observées dans le département de l'Oise; par M. Graves. — 1 in-8° de xv et 302 pages, Beauvais, 1857. Le volume intéressant dans lequel M. Graves vient de présenter les résultats de ses longues recherches sur la flore du département de l'Oise est indiqué comme extrait de l'Annuaire de ce département pour 1857. Dans sa préface, l'auteur faitobserver que, malgré son voisinage de Paris, €t bien que toutes les contrées qui l'avoisinent possèdent déjà des flores ‘Ou des catalogues, le département de l'Oise parait avoir été négligé par les auteurs d'ouvrages sur la botanique française. Les indications anciennes se réduisent, dit-il, à un très petit nombre d'espèces des environs de Chantilly etde Compiègne, mentionnées par Tournefort et par le Zotanicon parisiense. Cambry a joint à sa Description du département de l'Oise, publiée en 1803, Une liste d'environ 800 plantes plus ou moins vulgaires, dont les noms ne Sout accompagnés d'aucune autorité ni d'indications de localités précises. M, Thiébaut de Berneaud a inséré dans son Voyage à Ermenonville, im- 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. primé en 1826, un recensement de 812 espèces, aussi défectueux que celui de Cambry. ll a méme admis dans sa liste des plantes qui n'ont jamais existé dans le pays. M. Graves a commencé ses recherches sur la végétation de l'Oise en 1817, et il lesacontinuées jusqu'en 1843. Pendant ees vingt-six années ila visité successivement toutes les communes du département. Les résultats de ces recherches suivies avaient été consignés partiellement dans les publi- cations locales sous la forme de listes des plantes les plus remarquables trouvées dansla circonscription dechaquecommune. Aujourd'hui, cesdonnées éparses sont réunies en un. travail d'ensemble dans lequel ont trouvé place de nombreuses indications entièrement inédites et pour lequel , d'ailleurs, l'auteura profité des publications récentes ainsi que des communications qui lui ont été faites par différents botanistes. L'ouvrage de M. Graves porte sur 3,527 espèces, réparties dela manière suivante : Vasculaires, . . . . . . . . . . . 1333 Calyciflores. . ......... . 483 Cellulaires . . . . ........ 2194 Corolliflores . . . . .. . .... 205 Dicotylédones . . . . . . . . . . 1011 Monocotylédones-Phanérogames . 290 Monocotylédones. . . .... .. 322 — Cryptogames. . 92 Thalamiflores. . . . ... . . . . 227 Monochlamydées. . . . . . . . . 96 Ce tableau, que nous avons emprunté à l'ouvrage, montre que l'ordre adopté par M. Graves dans la série des familles est celui de De Candolle. Les espèces sont indiquées par leur nom suivi de la désignation détaillée des localités, de l'indication des noms vulgaires et de l'énumération des variétés. Au total, le Catalogue des plantes du département de l'Oise est un relevé fait avec soin , aussi complet qu'il füt possible de l'espérer, et tel qu'il serait à désirer, pour la statistique botanique de la France, que chacun de nos départements en possédát un pareil. Genera plantarum flor: germanie: iconibus et descri- ptionibus illustrata.Opusa Tb. Fr. Lad. Nees ab Esenbeck inchoa- tum, deinde a Frid. Carol. Leop. Spenner et Aloysio Putterlick, adjuvante Stephano Endlicher, dum vixerunt, et nune conjunctis studiis plurium auctorum continuatum. Fasciculus XXIX. Papilionaceæ. Auctore Diterico Brandis. [n-8°; Bonnæ, 1856. Sumptibus Henry et Cohen. Apres une longue interruption dans la publication de cet ouvrage, un nouveau fascicule de planches et de texte vient de paraitre tout récemment. Il renferme 20 planches de Papilionacées, dues, ainsi que le texte qui les accompagne, au D" Dietr. Brandis. — Ces planches illustrent les 18 genres suivants: 1. Spartium Lin. —2. Genista Lin. — 3. Syspone Griseb. (Genistæ species). — 4. Cytisus Lin. — 5. Lupinus Lin. — 6. Ononis Lin. — 7 et 8. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 27 Trifolium Lin. — 9. Doryenium Tourn. — 10. Lotus Lin. — 11. Tetrago- nolobus Scop. — 12. Psoralea Lin. — 13. Glycyrrhiza Lin. — 14. Galega Lin. —15. Colutea Lin.— 16. Oxytropis Lin. — 17 et18. Astragalus Lin. — 19. Coronilla Lin. — 20. Ornithopus Lin. Chaeune d'ellesprésente unefigure de port aussi complète qu'a permis de la faire le format in-octavo, et à côté de celle-ci, les nombreux détails de la fleur et du fruit, analysésavee beau- coup desoin. Ces figures sont gravées sur pierre de manière très satisfaisante. Il est à désirer, dans l'intérét de la science, que cette grande entreprise, déjà plusieurs fois ou retardée ou interrompue par suite de la mort des quatre botanistes qui, successivement , en avaient accepté la tâche, arrive maintenant à sa fin sans nouvelle malencontre. Synopsis of the Cactaceæ of the territory of the United States and adjacent regions. (Synopsis des Cactacées du ter- ritoire des États-Unis et des pays adjacents); par M. George Engelmann (Proceedings of the American Academy of arts and sciences, vol. III, 1856. Tirage à part en broch. in-8° de 59 pages.) Le seul Cactus connu de Linné qui provint des pays situés au nord du Mexique était son Cactus Opuntia (Opuntia vulgaris). Longtemps après, il y a déjà plus de quarante ans, Nuttall découvrit deux Mamillaria et deux Opuntia dans le Haut-Missouri, et vingt ans plus tard, en Californie, un nouvel Echinocactus. Plus récemment M. F. Lindheimer a trouvé dans le Texas nombre de plantes de la méme famille, et plusieurs autres ont été découvertes dans le Nouveau-Mexique par le D" A. Wislizenus, dans le nord du Mexique par le méme voyageur et par le D" J. Gregg ; quelques autres ont été indiquées dans le pays de Gila par M. W.-G. Emory. Peu aprés ces explorateurs, M. A. Fendler en a recueilli plusieurs nouvelles espèces près de Santa-Fé; et, en 1849, M. Ch. Wright a fait encore des découvertes de plantes de la même famille dans le Texas occidental et le midi du Nouveau- Mexique. Maisle plus grand nombre de Cactacées du midi des États-Unis a été observé, dans l'expédition chargée de déterminer les limites de cet État et du Mexique, commandée d'abord par le colonel Graham, etensuite par le major Emory, particulièrement par le D" C.-C. Parry, M. Ch. Wright, le D'J.-M. | Bigelow, M. G. Thurberet M. A. Schott. Versle méme temps, M. A. Trécul et aprés lui le Prussien Dr Poselger out également recueilli beaucoup de Cactacées dans le sud du Texas et dans le nord du Mexique. Les expéditions faites en vue du chemin de fer depuis 1853 out amené encore de nouvelles explorations, et M. Bigelow, botaniste et médecin de l'expédition du capl- taine A.-W. Wipple au 35° parallèle, en a profité de la manière la plus heureuse, tandis que M. P.-V. Hayden a beaucoup ajouté à nos connais- Sances pour les Cactacées les plus avancées vers le Nord, Enfin en 1854 et 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4855, M. Arthur Schott, pendant l'exploration du pays situé au sud de la tivière Gila, sous le major Emory, a pu encore ajouter de nombreuses décou- vertes à celles de ses devanciers. La plupart des matériaux recueillis par ees nombreux explorateurs sont passés entré les mains de M. Engelmann; mais diverses circonstances Ont fait que seulement un petit nombre d'entre les découvertes faites depuis dix ans ont été publiées. M. Engelmann a donc rendu service à la science en rédigeant un synopsis de ces nombreuses espèces , en attendant que lés rapports sur les différentes expéditions qui en ont amené la découverte soient imprimés; ee qui ne pourra certainement avoir lieu avant quelques années, à cause des belles planches qui doivent accompagner ces importantes publi- cations. Voici, genre par genre, le relevé des espèces qui figurent dans le sy- nopsis de M. Engelmann: CACTACEÆ, Tribus I. Tubulosce Miquel. Sous-tribu I. PARALLEL. Gotyledones margine hilum versus spectantes , lateribus seminis parallela. 1. MawiLLARIA Haw.: 30.espèces, dont 13 appartiennent au sous-genre Eumamillaria , 46 au sous-genre Coryphantha, 1 au sous-genre Anhalo- nium, qui n'est que le genre proposé sous le méme nom, par M. Lemaire. 2 9. EcnuiNocacrus Link et Otto: 19 espèces dont 8 rentrent dans la section des Aamat?, 9 dans celle des cornzgeri, 1 dans chacune des deux sections ?heloide? et intertexti. Subtribus 1I. Conrraniæ. Cotyledones facie hilum versus spectantes, lateribus seminis parallelæ. 3. Cereus Haw. : 31 espèces, dont 25 pour le sous-genré Echinocereus, 3 pour le sous-genre Zucereus, 2 pour le sous-genre Lepidocereus, À pour le sous-genre Pilocereus. "Tribus IT. — Rotatse Miquel. ^. OpetNTIÀ Tourn. : 50 espèces distribuées de la manière suivante entre les divers sous-genres : Sfenopuntia Eng., À; Platopuntia M. , 21; Cylin- dropuntia id., 22. Le synopsis de M. Engelmann comprend done 130 espèces de Cactacées qui rentrent dans quatre genres. Mais comme les matériaux sur lesquels te travail a été exécuté ne permettaient pas toujours de décider avec une èt- tièré certitude si les plantes qu'ils représentaient devaient être regardéés comme des espèces bien distinctes ou comme de simples formes, l’auteur indiqué celles de ses espèces qu'il faudrait probablement réunir. Par l'effet de ces réunions, les 30 espèces de Mamillaría se réduiraient à 22, les 19 Echi- nocactus à 15, les 31 Cereus à 18, les 50 Opuntia à 31, dont 2 sont simplé- ‘ment cultivés. On aurait ainsi un total de 86 espèces. l Dans un chapitre qui termine son mémoire, M. Engelmann présenté le tableau de la distribution géographique de ses Cactacées. Le territoire des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 États-Unis peut, dit-il, être divisé en huit régions de la manière suivante! 4° La région Atlantique. Elle ne possède qu'un Opuntia; mais il lui est propre; d 2° La région du Mississipi, comprenant les États occidentaux, a un autre Opuntia qui se retrouve, sous des formes différentes, dans les 3°, 4° et 5° régions ; 3° La région du Missouri, savoir la partie N.-O. ou supérieure du Missouri jusqu'aux montagnes Rocheuses. Elle a donné 2 Mamillaria du sous-genre Coryphantha, qui s'étendent aux 4° et 5° régions, ainsi qué 3 Opuntia, dont 1 lui est propre; h° La région du Texas, savoir les parties orientales et inhabitées du Texas. Elle produit 5 Mamillaires, dont 2 lui sont propres; 3 Echinocactes qui ne se retrouvent pas dans les autres régions; 6 Cereus également pro- pres à elle; 6 Opuntia, dont 3 lui appartiennent exclusivement, c'est-à-dire ,20 espèces, dont 14 spéciales ; 5° La région du Nouveau-Mexique. C'est la plus riche de toutes : elle a fourni 65 espèces, dont 55 lui sont particulières, savoir : 19 Mamillaires, dont 16 spéciales; 9 Échinocactes, tous à elie propres ; 16 Cereus, dont 2 seulement se retrouvent dans les autres régions ; 22 Opuntia, dont 17 lui "appartiennent exclusivement ; | | 6* La région du Gila, comprenant toute la vallée du Colorado, au sud du 36* degré de latitude et la contrée du Gila , son grand tributaire méridioi ual. Elle a fourni 36 Cactacées, savoir: 5 Mamiltaires, dont 3 à elle propres; 6 Echinocactes, qui n'ont pas été rencontrés ailleurs; 7 Cereus, dont 5 'Spétiaux : 48 Opuntia, tous limités à elle; 7° Là région Californienne, savoir la Californie à l'ouest de la Sierra-Né- Vada, ävec la portion sud-ouest de l'État actuel de la Californie, On y à trouvé 6 espèces, dont 5 lui sont propres: 4 Mamillaire; 1 Échinocaete; 4 Cereus j 3 Opuntia, dont un n'est probablement qu'une forme d'üne espèce “plus orientale ; | 8° La région Nord-Ouest, qui comprend les parties nord de l'État de Californie, les territoires de l'Utah, de l'Orégon et de Washington. On n'y tonnatt qu'un Opuntia, qui se trouve aussi dans le Missouri. = Bryologia danita eller de dauske Bladmosser (Bryologie danoise óu les Mousses du Danemark); par M. Thomas Jensen. 1 vol. in-8° dé 1v et 216 pages, avec 9 planches gravées sur cuivre. Copenhague; 1856, chez C. G. Iversen. `~ "i ouvrage, écrit entiérément en danois, comprend d'abord une préfaée tar pages, dans laquelle M. Jensen expose le but de son travail ; en- ‘Surte une introduction (pp. 1:35) consacrée 4° à une étude détaillée de tous 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Jes organes des Mousses examinés en entier et dans leur structure anato- mique, 2° à deux tableaux synoptiques, le premier pour les groupes de di- vers ordres, le second pour les genres de Mousses. Celui-ci est une vérita- ble clef analytique. Quant au corps méme de l'ouvrage de M. Jensen, il com- prend l'énumération méthodique des Mousses du Danemark. Les espèces y sont rangées d'aprés la méthode suivie par M. Carl Mueller, dans son Synopsis Muscorum frondosorum. Chacune d'elle est accompagnée d' unediag- nose en danois, d'une courte synouymie, de l'indication détaillée des locali- tés. Des observations imprimées en petit caractère suivent généralement l'exposé des caracteres des genres et des groupes supérieurs. Les 9 planches gravées sur cuivre sont consacrées à l'illustration de 50 genres. | Introduction to eryptogamie Botany (/ntroduction à la botani- que cryptogamique), par M. M.-J Berkeley. 4 vol. in-8° de vuu et 604 pag., avec 127 figures gravées sur bois d’après les dessins de l'auteur; 1857, Londres, chez L. Bailliere, Regent-Street, 219, et Paris, chez MM. Baillière et fils, rue Hautefeuille. Cet ouvrage, dû à l'un des eryptogamistes les plus justement renommés de notre époque, fait partie d'une collection de traités sur diverses scien- ces que publie à Londres M. H. Bailliére, sous le titre de Library of illus- trated standard scientific works. l forme le 12° volume de cette collection. En présentant dans un cadre suffisamment étendu, et en méme temps sous une forme qui le rend abordable à tout le monde, un résumé de l'état ac- tuel de la science, relativement à l'organisation et à la classification des Cryptogames, il comble une lacune qu'on ne pouvait trop regretter. En effet, l'absence d'ouvrages généraux sur les plantes eryptogames complets ou suffisants obligeait, jusqu'à ce jour, les personnes qui voulaient s'occuper de ce vaste embranchement du régne végétal à chercher les éléments de leurs études dans une multitude de mémoires et de travaux partiels qui n'étaient guère à la portée que d'un petit nombre d'entre elles. Il y à lieu de penser que, grâce à M. Berkeley, cet inconvénient n'existera plus désormais. Il est cependant nécessaire de faire observer que le savant cryptogamíste an- glais ne destine pas son livre aux personnes qui ne possèdent encore au- cune notion de botanique; mais il pense que, pour en comprendre toutes les parties, il suffira d'avoir déjà les connaissances que peut donner la lec- ture des traités élémentaires sur l'ensemble de la science, Après une préface de deux pages, dans laquelle l'auteur exprime sur quel- ques traités généraux de cryptogamie son opinion, un peu sévère, relative- ment au plus récent et au seul. complet d'entre eux, l'auteur expose d'a- bord, avec détail, des considérations génétales sur les Cryptogames et les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 81 faits principaux que révèle leur étude à grands traits. Cette première partie de son ouvrage ne comprend pas moins de 70 pages. Dans sa définition de ees végétaux nous remarquons qu'il regarde les spores, soit simples, soit composées, comme « contenant rarement un embryon. » Il termine ce cha- pitre par la division, conforme à celle de M. Lindley, de l'ensemble de ces végétaux en ZAallogénes et Acrogènes et par la définition qu'il donne de ees deux sous-embranchements. Les premiers sont caractérisés par lui dela manière suivante: Rarement ils sont herbacés ou pourvus d'appendices foliacés, et quand ceux-ci existent, ils ne portent pas de stomates ; leurs Spores produisent rarement un prothallus, et, quand il en est ainsi, ils don- nent naissance à un second ordre de spores qui germent par des points dé- terminés; enfin, leurs spermatozoïdes, comme les nomme l'auteur, ne sont pas spiraux. Quant aux Acrogènes, ils sont le plus souvent herbacés ou pourvus d'appendices foliacés, souvent avec stomates. Leurs spores, dans la plupart d'entre eux, produisent un prothallus, ou si non, elles donnent un fruit compliqué, gráce à la fécondation d'une cellule embryonaire. Leurs spermatozoides sont spiraux. Abordant ensuite en particulier l'étude de ces deux divisions, M. Ber- keley en présente d'abord les généralités, à la fin desquelles il en donne la division dichotomique en groupes qui sont examinés chacun en particulier d’après la méme méthode. L'intelligence des détails est facilitée à un haut degré par les figures gravées sur bois qui sont intercalées dans le texte. Comme il serait absolument impossible de suivre l'auteur dans cette por- tion de son ouvrage, nous nous contenterons de donner quelques indications sur la subdivision adoptée par lui pour l'ensemble des végétaux dont il s'occupe. M. Berkeley adopte une division des Cry ptogames en grands groupes ou Alliances, conformément à ce qui a été fait déjà par M. Lindley dans son Vegetable kingdom (1846). Il admet pour les Thallogenes 2 alliances seule- ment, nommées A/gales pour les Algues, Mycetales pour les Champignons et les Lichens réunis, confondant ainsi dans cette derniere les deux que for- mait séparément M. Lindley sous les noms de Fungales et Lichenales. Quant aux Acrogènes, il en forme 3 alliances : Characeales pour les Chara- cées, Muscales pour les Mousses et les Hépatiques, Filicales pour les Fou- gères, les Ophioglossacées considérées comme une famille distincte et sépa- ree, les Equisétacées, Marsiléacées et Lycopodiacées. M. Lindley établissait Pour cette dernière famille une alliance séparée, sous le nom de Lycopoda- les, et il rangeait les Characées à la suite des Algues. Comme il est facile de le sentir d'avance, les Thallogènes occupent une Brande partie de l'ouvrage de M. Berkeley. Les Champignons en particu- lier, objet favori des études de l'auteur, n'oecupent pas moins de 157 pages de texte, et de leur cóté, les Algues ont une part plus large encore, puisque T. iv, 6 89 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 450 pages sont consacrées à leur histoire, Les Acrogènes toutes ensemble n’occupent que 143 pages. A la fin del'ouvrage on trouve : 1? trois pages d'additions, 2° une listé des ouvrages et mémoires les plus utiles, se rapportant plus ou moins à là botanique cryptogamique en général et à ses diverses branches: l'auteur les divise d'apres les groupes de ces plantes auxquels ils se rapportent ; 3» une table alphabétique des noms d'espèces, de genres, de familles, ete., mentionnés dans l'ouvrage. Le livre de M. Berkeley est sans doute appelé à rendre de grands servi- ces à la botanique eryptogamique ; malheureusement son prix élevé empé- chera peut-étre qu'il ne se répande autant qu'il mériterait de le faire. Populaere Botanik oder gemeinfassliche Anleitung zum Studium der Pflanze und des Pflanzenreiches ( Botanique populaire ou introduction générale à l'étude de la plante et du règne végétal); par M. Édouard Sehmidlin. (4 vol. in-8° de vi et 712 pages, avec plus de 1600 figures coloriées. Stuttgard, 1857. Chez Krais et Hoffmann. Cet ouvrage destiné, comme l'indique son titre, à rendre l'étude des plantes facile pour tout le monde, se divise en deux parties. La première partie est un traité élémentaire de botanique. L'auteur y jette d'abord un coup d'œil général sur la vie de la plante et ses conditions, sur les différen- ces par lesquelles un végétal se distingue d'un minéral et d'un ani- mal. Il passe ensuile à l'étude des organes en les suivant dans l'ordre du développement à partir de la germination; il les considère non-seulement en eux-mémes, mais dans leurs fonctions. Il expose aussi l'histoire abré- gée des éléments anatomiques qui constituent ces organes et celle des sub- stances chimiques qui concourent à former les végétaux. Il termine en con- sacrant quelques pages à un tableau des monstruosités les plus remarqua- bles, des principales maladies et altérations que peuvent subir les plantes, enfin, en exposant la subordination des groupes sur l'établissement desquels repose toute classification : espèce, genre, famille, ordre et classe. Cette première partie est la moins étendue des deux (pp. 3-226), etelleest divisée en deux chapitres dont le second en forme la presque totalité, La seconde partie, intitulée Partie spéciale, est divisée en trois chapitres. Le premier (pp. 227-290) traite successivement, 1° de la manière de dessécher les plantes et de disposer un herbier ; 2° des herborisations et de la récolte des plantes pour l'herbier ; 3° del étude et de la détermination des plantes. Le second chapitre (pp. 290-544) est intitulé: Clef pour la détermination des plantes à fleurs visibles, ou énumération des plantes phanérogames sponta- nées en Allemagne, d'aprés une méthode qui facilite cette détermination auX REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 commençants. M. Schmidlin y donne d'abord un tableau des genres de la flore d'Allemagne avec une analyse destinée à en rendre la détermination facile. Il présente ensuite l'énumération des espèces en indiquant pour cha- cune d'elles quelques caractères distinctifs. Danscette énumération, les plantes sont partagées en 3 divisions : 1° arbres et arbrisseaux; 2" glumacées ; 3° herbes. Une division qui vient à la suite de celles-ci est spécialement consa- crée aùx Cryptogames de l'Allemagne. Le troisième chapitre (pp. 571-687) est relatif à l'étude de la méthode naturelle en général. L'auteur y pré- sente les caractères des familles rangées d'apres l'ordre proposé par M. Reichenbach. L'ouvrage se termine par deux tables alphabétiques, l'une pour les noms latins, l'autre pour les noms allemands des plantes. Quant aux planches qui suivent le texte de cet ouvrage, elles sont au hombre de 62, et elles renferment, non pas 1600, comme l'indique le titre général, mais 934 figures gravées sur pierre et coloriées de plantes destinées à fournir des exemples pour toutes les familles. Ce sont des figures de ports, sans détails, dessinées avec une netteté satisfaisante, mais extrémement petites, puisque chaque planche in-8° en réunit, en moyenne, une quinzaine. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Gehôert die Pflanzenwelt der Gegenwart zu ciner und derselben Sehoepfüngsperiode? (Le monde végétal actuel appàrtient-il à une seule et unique période de création?); par M. Karl Mueller (Botan. Zeit., n 22 et 23, 30 mai et 6 juin 18506, col. 377-386, 393-100). Dans son mémoire, M. Karl Mueller se propose d'établir deux points: le premier, que les périodes géologiques, distinguées par des végétations diffé- rentes, ne sont pas brusquement séparées l'une de l'autre, mais plutót que les derniers produits d'une création s'étendent jusqu'à la création nouvelle, et que, par suite, il en a été de méme, bien plus qu'il peut en être encore de méme pour la création actuelle ; le second, que les eauses de la destrue- tion des organismes éteints résultaient de la nature méme de ceux-ci et peuvent étre reconnues encoreaujourd'hui. Relativement au premier point, on sait, dit-il, que les botanistes habitués à travailler surde grands herbiers, et méme les jardiniers qui culti vent u ngrand nombre de plantes vivantes, reconnaissent au premier coup d'œil de quels Pays proviennent les collections de végétaux qui leur arrivent. Il y a donc dans ceux-ci quelque chose qui les distingue sans qu'on puisse préciser ce Que c'est. C'est une affaire de coup d'oeil et de tact. Les naturalistes doivent appliquer le méme coup d'œil à la comparaison des types perdus et de 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ceux qui vivent encore, et c'est, en effet, ce qu'ils font depuis longtemps. Or, il existe encore de nos jours des types tout au moins bizarres ou qui semblent appartenir à des créations antérieures. Tels sont, dans le règne végétal, les Sphagnum et quelques Conifères de l'archipel antarctique. Les premiers s'écartent à tel point des autres Mousses, qu'on en ferait volontiers une famille à part, à cóté de celles-ci. L'auteur a déjà exprimé sa maniere de voir à leur sujet, il y a plus de trois ans, dans son livre sur les Mousses de l'Allemagne. Quant aux Conifères, le genre Phyllocladus, de la Nouvelle- Zélande, ne peut être comparé à aucun genre vivant, et le Salisburia forme comme un intermédiaire entre lui et les Coniféres fossiles. Parmi celles-ci, les Sphénophyllites ou Rotulaires rappellent, par leur fruit, le cône des Coni- feres, par leur épi de fleurs les Casuarina et par leurs feuilles les PAy/lo- cladus; ce dernier genre forme ainsi le trait d'union entre le Salisburia et les Sphenophyllum, et ceux-ci doivent dès lors être rangés parmi les Coni- feres. — Une autre forme de Conifères tout aussi bizarre est le Cupressus columnaris de Forster, qu'Endlicher a reconnu comme un véritable Arau- caria. D’après un échantillon recueilli par Forster, chaque rameau est pro- prement une reproduction d'un cóne de Sapin, allongé seulement en cylindre grêle. Cette forme des Araucaria et celle des Dacrydium semblent avoir une analogie suffisante avec celle des Lépidodendrées pour que ces fossiles puissent être regardés comme des Conifères. — Une conséquence nécessaire de ce rapprochement, c'est que les Conifères dont il vient d’être question appartiennent à une période de création antérieure à la période actuelle. Or, c'était précisément, dit M. K. Mueller, ee que j'ai voulu montrer. La dif- fusion deces végétaux concorde aussi parfaitement avec l'idée qu'on se fait du climat de l’ancien monde, particulièrement de la période carbonifere , pendant laquelle toute la terre était en forme d'iles perdues au milieu de l'Océan et possédant des climats marins, à peu près comme il en est encore pour les terres antarctiques. Aussi l'auteur pense-t-il que celles-ci ont con- servé le cachet des périodes antérieures beaucoup plus qu'on ne l'a dit jus- qu'à ce jour. Ainsi, lestapis de Fougères dela Nouvelle-Zélande, où il n'existe pasde Gramivées sociales, rappellent l'ancien monde où les Fougères jouaient aussi un rôle très important dans le tapis végétal. A l'appui de sa manière de voir que la Nouvelle- Hollande pourrait être le plus vieux continent, il cite deux passages : l'un du docteur Leichardt, écrit sur les lieux en 1842; l'autre du docteur Ferdinand Mueller, l'actif explorateur de l'Australie. — Au total, M. Mueller croit étre fondé à admettre que la végétation actuelle ne doit pas étre regardée comme dérivant d'une seule période. On doit renoncer à déterminer la période de laquelle sont venus les types conservés, bien qu'il ne soit pas douteux qu'ils ne proviennent de la période oü il$ ont été les plus abondants. Aux Sphagnum, Phyllocladus, Dacrydium, Araucaria, Casuarina, Exocarpus, véprésentants à notre époque d'une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 flore antérieure, on peut ajouter les Fougères de la Nouvelle-Zélande et de la Nouvelle-Hollande, et méme le Sa/isburia et les Cycadées. De cette première portion de son mémoire, M. K. Mueller conclut qu'il existe aujour- d'hui des types végétaux communs à l'époque actuelle et à l'ancien monde, et que ce fait s'explique beaucoup plus simplement par leur conservation que par une nouvelle création. Quant au second point, quelle est , se demande M. K. Mueller, la cause intérieure de la destruction des types de création? La seule diversité de durée de l'espéce et de la famille explique la destruction des uns et la conservation des autres. Il admet, en effet, que l'individu végétal a une limite dans la durée de son existence. Pour établir ce principe, il cite plu- sieurs exemples de substitutions d'une essence à une autre qui s’opèrent habituellement aprés des périodes d'un ou plusieurs siècles dans le nord de l'Europe. Des faits pareils ont pu avoir lieu pendant les milliers d'années des périodes géologiques. Or, dit-il, comme la vie de l'espèce et de la famille repose sur celle de l'individu, la disparition des types de l'ancien monde s'explique de la maniere la plus simple sans révolution extraordi- naire, et de méme la conservation des types persistants s'explique par des différences de durée dans la vie des individus et des espèces. Ces destructions peuvent tenir aussi à des changements dans le climat et dans la diffusion par les vents, les eaux, les animaux, de certains tvpes végétaux, qui ont dominé et fait disparaitre les autres. Comme exemples de ces plantes qui amènent la disparition de toutes les autres, M. K. Mueller cite l Andropogon caricosum L., les parasites, soit Loranthacées, soit Figuiers (Cipo matador des Brésiliens) , le Cynara Cardunculus dans les pampas de la Plata. Il montre ensuite que des faits analogues se sont passés et se passent encore dans le régne animal. L'auteur cherche ensuite à reconnaitre comment peuvent s'expliquer l'enfouissement des plantes et leur succession à diverses périodes. Sürement, pense-t-il, il a été rare que des foréts entiéres aient été détruites, et jamais elles ne l'ont été subitement. Comme dans toutes les foréts primitives, il s'est formé, dans le cours de milliers d'années, une énorme couche d'humus due aux débris des végétaux morts et dans laquelle ont pu étre enfouis cà et là des trones de grandeur colossale. Il eite comme exemple ce qu'on observe dans plusieurs tourbières du nord de l'Europe. Mais jamais toute la végétation qui eouvrait la terre pendant une période n'a été ainsi détruite en totalité. En résumé, d'aprés M. K. Mueller, la végétation actuelle est le produit de toutes les périodes de création ; elle a conservé et conserve encore quel- ques types qui appartiennent à des périodes trés anciennes. L'étude des Végétaux fossiles a besoin d'arriver à un degré de certitude tout autre que celui qu'on peut lui reconnaitre, et ce sera seulement par la connaissance la plus exaete des types vivants qu'elle pourra devenir une science dans laquelle il sera permis d'avoir plus de confiance qu'on n'en a aujourd'hui. 85 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Note sur une couleur verte connue en Chine sous le nom ' de Lo-Kao, renfermant la description des procédés des fabriques de ^ Azé, dans le Tehé-Kiang ; par le P. Hélot, missionnaire (Annal. de la propagation de la foi, cahier de mars 1857, p. 152-157). Les renseignements contenus dans cette note ont été recueillis dans l'une des principales fabriques de la couleur verte employée en Chine, à Azé, gros bourg situé à six ou huit lieues de Kia-hin-fou, dans le Tché--Kiang. M. Hélot a dü faire un voyage dans le but spécial de les obtenir, et les Chinois ne se sont écartés en sa faveur de leurs habitudes peu communica- tives qu'en raison des rapports de religion qu'il avait avee plusieurs d'entreeux. Vers 1848-1850, on envoya au ministère du commerce, entre autres produits de l'industrie chinoise, une pièce de toile colorée en vert d'eau, dans laquelle l'analyse fit reconnaitre l'absence de toute couleur jaune et bleue. On fut conduit ainsi à penser que la matière tinctoriale qui avait servi à la préparation de cette toile était un vert inconnu en Europe. Plus tard on réussit à se procurer une petite quantité de cette substance tinctoriale, dont l'examen confirma les premiéres suppositions. Enfin, vers 1854, M. de Montigny , consul à Shang-Haï, fit parvenir en France des graines et deux ou trois cents pieds vivants des végétaux qui fournissent cette matière. Ces végétaux sont de deux sortes qui pourraient bien n'être, dit M. Hélot, que deux variétés de la méme espèce : l'une est un buisson qui vient sur les montaenes stériles du sud-ouest du Tché-Kiang et du Chang-Tong et qu'on nomme Pa-bi-lo-za (à blanche peau vert-sarment); l'autre est un buisson qui vient sans eulture dans les fertiles plaines des environs de Azé, dans le Tehé-Kiang, et qu'on nomme Hom-bi-la-za (à rouge peau vert-sarment). A la chute des feuilles, les paysans font, avec les menues branches de ces arbrisseaux , des fagots appelés Lo-za, qu'ils portent ensuite aux fabriques. 100 livres du premier se vendent 1,000 sapèques (environ 5 franes); le second se vend trois fois plus cher, la distance à pareourir pour le porter à Azé étant beaucoup plus considérable (plus de 40 lieues). Aux fabriques on enlève avec un couteau l'écorce de ces fagots encore frais (l'écorce sèche ne donnant plus de couleur), et on écrase au marteau les plus petits rameaux. On met 12 livres de cette écorce dans 150 livres d'eau, et l'on fait bouillir dans une chaudière, Il se forme une écume blanche qui passe plus tard au rose pour le Aom-bi, qui reste blanche pour le pa-bt. On verse ensuite le tout dans un grand vase, où on laisse macérer 48 heures pour le 4om bi, au moins dix jours pour le pa-bi. Après ce temps la teinture est prète. Au moment de s'en servir on y ajoute un peu d'eau de chaux. On REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 teint les toiles en les plongeant 7 à 10 fois dans la teinture du hom-bi, et on finit l'opération par 3 immersions dans la teinture du pa-bi, en faisant sécher aprés chaque immersion. La décoction du premier donne une teinte plus prononcée, mais sans lustre ni reflet; celle du second donne une teinte plus faible, mais d'un reflet magnifique. L'excés de eouleur dont ces toiles se sont chargées dans leurs nombreuses immersions est enlevé par 5 ou 6 lavages successifs dans de l'eau claire et froide, lorsqu'on veut obtenir la matière colorante verte ou le /o-kao. On fait bouillir ensuite les eaux de lavage dans une grande marmite, en recouvrant leur surface d'un lit assez épais de filaments de coton qui retiennent cette matière. En lavant ce coton dans de l'eau claire, on en détache une pous- sière verte, très fine, qui se précipite au fond du vase. On décante, on fait enfin sécher la bouillie ainsi obtenue, d'abord en l'étendant en couche mince sur une feuille de papier buvard posée sur de la cendre, ensuite en l'expo- sant au soleil. La matière sèche forme de petites lames minces qui constituent le lo-kao. La proportion de cette substance que donne cette fabrication est trés peu considérable. Ainsi les cinq fabriques de Azé n'ont pu arriver ensemble à en livrer 30 à 40 livres en un an. Le lo-kao se vend en paquets de 10 onces. Son prix moyen est de 8 ou 9 francs l'onee. Mais déjà les demandes des Européens en ont fait hausser le prix. Cette couleur ne peut être falsifiée, la moindre addition de matières étrangères en viciant fortement la teinte. L'humidité l'altérant promptement, on la conserve bien enveloppée dans une peau et enfermée dans un vase, où l'on met des moreeaux de chaux vive, qu'on a le soin de renouveler quand ils sont délités Note on the African species of Copal (Note sur les sortes de Copal d'Afrique); par M. T.-C. Archer. (Voy. Gardeners' Chronicle du 13 décembre 1856, p. 822.) Cette note a été présentée à la Société linnéenne de Londres, dans la séance du 2 décembre 1856. Nous en trouvons un résumé dans le Gardeners’ Chro- nicle du 13 décembre. Elle a pour sujet la gomme-résine produite par l'arbre nommé Robo à Sierra-Leone (Guibourtia Bennett). Selon M. Archer, cette gomme-résine est probablement l'une des trois sortes qu'on apporte en grand à Liverpool sous les noms de Copal d'Afrique, gomme-jaune d'Afrique , gomme-rouge d'Afrique (African Yellow-gum, African Red-qum). La premiere de ces trois sortes de copal forme de grosses larmes arrondies, transparentes, d'un jaune paillé clair. Les deux autres sont en masses qui paraissent cassées. La jaune est souvent demi-opaline. On en a vu des morceaux du poids de prés de trois livres, qui pourtant n'étaient évidemment que des portions de masses 8S8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. encore beaucoup plusgrosses. La grosseur moyenne des morceaux est celle d'un œuf de poule. Il arrive au port de Liverpool des quantités énormes de ces gommes-résines. L'importation s'est élevée à plus de 150 tonnes en 1855. Toutes servent à la fabrication des vernis, sous la dénomination com- mune de copal. Guide pratique du Jardinier multiplicateur, ou Art de pro- pager les végétaux par semis, boutures, greffes, etc ; par M. E. A. Car- rière. Un vol. in-12 de xtv et 272 pages. Paris, 1856. Chez l'auteur, rue de Buffon, 53. La multiplication des plantes est évidemment l'opération la plus impor- tante de la culture ; aussi tous les livres publiés sur la culture des jardins et des champs renferment-ils nécessairement un chapitre sur les divers moyens à l'aide desquels on peut multiplier les espèces cultivées. De là, une multi- tude de petits traités presque perdus au milieu de traités plus généraux. M. Carriére a eu l'heureuse idée de réunir en un seul volume, commode pour le format et peu coüteux, sous une forme d'ailleurs et en des termes qui les rendissent facilement intelligibles à tout le monde ces nombreuses données éparses, et d'y joindre ce qu'a pu lui apprendre une longue expérience ac- quise dans les différents services qu'il a dirigés ou qu'il dirige encore au Jar- din des Plantes. C'est ce volume dont nous allons donner rapidement une idée aux lecteurs de ce Bulletin. L'ouvrage est divisé en cinq parties suivies d'une division qui a pour titre : « Observations générales.» La premiere partie est relative aux semis. L'auteur y examine d'abord : le sol dans ce qu'il peut avoir d'avantageux ou de désavantageux pour les semis; les conditions qui distinguent les bon- nes graines, la maniere de les stratifier, la profondeur à laquelle on doit les semer, la préparation qu'il est souvent avantageux de leur faire subir avant de les confier à la terre, les soins dont elles doivent étre l'objet après le semis, et l'époque à laquelle celui-ci doit être fait. I! passe ensuite à l'exécution méme des semis, soit en grand, soit en petit, et il termine par des considérations générales sur les graines et sur lesdivers modes de semis. La deuxiéme partie a pour objet les soins que doivent recevoir les plantes provenant des semis, savoir l'éclaircissage, le repiquage, l'empotage, le pincement, etc. Les plantes y sont considérées séparément selon qu'elles sont de pleine terre ou de serre, annuelles, bisannuelles, vivaces ou ligneu- ses. La section relative aux plantes de serre se termine par l'indication des moyens propres à la destruction des insectes qui s'y multiplient trop sou- vent au point de devenir funestes. La troisième partie traite des couchages ou marcottages. Elle en expose successivement la théorie et la pratique. La quatrième partie, relative aux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 boutures, a reçu plus de développements. M. Carrière présente d'abord la théorie de cette opération ; il en indique le but et les avantages, ainsi que les conditions diverses qui sont nécessaires pour qu'elle réussisse. TI passe ensuite à la pratique des boutures, et il examine successivement celles qu'on fait sans feuilles et celles qu'on laisse plus ou moins feuillées. 1l con- sacre quelques pages aux plantes vivipares, et il ajoute des détails sur le moyen de faciliter le bouturage de quelques espèces rebelles, sur le rempo- tage des boutures, les arrosements, etc.; enfin sur les soins à donner aux boutures pendant et après leur reprise. La cinquiéme partie traite de la greffe. Aprés avoir fait connaitre le but, les avantages et les inconvénients de cette opération importante, l'auteur en développe d'abord la théorie, et ensuite la pratique. Il examine séparé- ment la greffe des végétaux ligneux et celle des plantes herbacées. Il divise la premiére en greffe par rameaux détachés, comprenant les greffes en fente, de côté, en couronne, en placage, anglaises, etc., et greffes dépour- vues de rameaux, c'est-à-dire en écusson et en flûte. Il ajoute des considé- rations générales sur les soins à donner aux greffes, sur le temps où il est avantageux de les pratiquer, sur le choix des rameaux qui les fournissent, ete. Il termine par l'indication des outils et des accessoires divers nécessai- res pour greffer. Les observations générales qui terminent l'ouvrage de M. Carriére portent sur les mères destinées à fournir des boutures, des marcottes, des greffes et des graines, sur les abris, sur l'enterrage des pots, enfin sur les différents modes d'ombrager les serres et les chássis. Comme conclusion générale, l'au- teur insiste sur la nécessité d'unir la pratique à la théorie. Ce petit ouvrage est de nature à rendre service aux cultivateurs par la ` Clarté et la netteté de son style, par la précision de sa méthode, par l’exac- titude et la simplicité des données dont il présente l'exposé. SOCIÉTÉS SAVANTES. Société Linnéenne de Londres. Séance du 20 janvier 1857. (Voy. Gard. Chron. du 24 janvier 1857, p. 55.) I. Note on Spiranthes gemmipara (Note sur (e Spiranthes gemmipara) ; par M. Lindley. Cette espèce rare d'Orchidée irlandaise fut découverte en 1810 , près de Cork. Elle fut publiée par J.-E. Smith sous le nom de Neottia gemmipara et figurée sous ce nom dans le supplément à l' English Botany. Dans son Genera and Species of Orchid. Plants, M. Lindley la rapporta au genre Spiranthes, en faisant observer qu'elle ressemblait au S. Romanzoffiana , de l'Unalaschka, au point qu'on ne pouvait guere douter de l'identité des + LI 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deux. Plus tard, M. Babington en fit, sans hésiter, un synonyme du Spi* ranthes cernuad' Amérique. Dansuneétude récente des Néottiées, M. Lindley a été eonduit à rechercher la valeur de ces différentes manières de voir, ef il est arrivé à reconnaitre ainsi que la plante irlandaise constitue une espèce parfaitement distinete et séparée, limitée à un petit canton de l'Irlande. H à vu que cette espèce a beaucoup plus de ressemblance avec le S. autum- nalis qu'avec le S. cernua, et qu'elle se distingue de la première de ces plantes par son épi serré, à trois rangs de fleurs, par sa tige feuillée, à peine plus longue que les feuilles radicales, par son ovaire court, pyriforme, enfip par la base très large de son labelle. II. Contributions to the Orchidology of India , n° 4. (Premier mémoire sur les Orchidées de l'Inde), par M. Lindley. Ce mémoire commence une série de travaux que M. Lindley se propose d'écrire sur les Orchidées de l'Inde. Le faitle plus remarquable et inattendu qui s’y trouve consigné consiste en ce que le savant auteur a reconnu pour plusieurs espèces une diffusion géographique très étendue. Jusqu'ici on avait peusé que les Orchidées étaient extrémement locales. Il est probable qu'il en estainsi, en effet, pour les espèces épiphytes; mais il en est tout autrement pour les espèces terrestres, dont certaines sont aussi largement disséminées que les plantes les plus ubiquistes, appartenant à d'autres familles, dont on ait encore connaissance. Ainsi l'Orchis latifolia , qu’on savait se retrouver daps le nord-ouest de l'Inde, a été découvert'aussi dans le Thibet occidental, L' Herminium Monorchis, identique à la plante anglaise, a été rencontré dans le N.-O. de l'Inde, et parait exister aussi dans le Sylhet; tandis que, d'un autre côté, IZ. unalaschkense, des iles Aléoutiennes, s'est trouvé identique ayee VH. congestum, des Alpes du Sikkim. Le Gymnadenia cucullata, plante de l'est de l'Europe et de la Sibérie, a paru à M. Lindley être le méme qu'une Orchidée récoltée par le D* Hooker sur le Sikkim, à une altitude de 14,000 pieds anglais (42707). Le Goodyera repens est commun dans le Sikkim, tandis que le G. procera s'étend aux Neilgherries, à Ceylan, à Java ef à la Chine. Le Zeuzine sulcata , trouvé à Hong-Kong, aux Philip- pines et à Ceylan, s'est moptré aussj dans les plaines de l'Inde jusqu'à Peshawur. Une plante que M. Lindley croit étre le Spiranthes autumnalis se trouve dans le N.-O. de l'Inde. Le Sp. australis parait croître partout, de la Sibérie, de Peshawur et du N.-O. de l'Inde en général, des Neil- gherries, de Ceylan et Java, jusqu'à la Chine, la Nouyelle-Hollande, la Nouvelle-Zélande. M. Lindley fait observer que cette plante variable n'est probablement pas autre chose que notre Sp. æstivalis. L'Epipactis vera- trifolia, plante remarquable de la Perse, a été trouvé à Peshawur, et l'auteur ne doute pas que les espèces communes de l'Inde, décrites sous les noms de Epipactis consimilis, macrostachya, herbacea et Dalhousiæ ne soient REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 de simples formes de notre E. latifolia. Le Cephalanthera acuminata, qui a été trouvé dans tout le nord de l'Inde, est identique au C. ensifolia d'Europe. L'Epipogium Gmelini, vencontré récemment en Angleterre, à été trouvé dans le Sirmur. Une découverte plus remarquable encore est celle qui a été faite dans le Sikkim d'une espèce du genre Zipularia qu'on croyait propre aux États-Unis. L'espece indienne, quoique différente à certains égards de celle d'Amérique, n'est probablement pas autre chose qu'une forme de celle- ci. Des faits de cet ordre sont, dit M. Lindley, d'autant plus importants, qu'ils montrent que les modes ordinaires de dispersion des plantes par les oiseaux, les vents et l'homme, n'ont pu agir dans ces eas, ou que du moins ils sont insuffisants pour expliquer une distribution géographique si remar- quable. — Le reste du mémoire est consacré principalement à l'énumération de 70 espèces d'Orchidées de l'Inde. 'Il se termine par quelques remarques critiques sur les genres du groupe des Physuridées , et par un tableau ana- lytique qui montre plus nettement les différences entre ces genres. MÉLANGES. Elogio di Filippo Barker Webb (Z/oge de Philippe Barker Webb); par M. Parlatore. Brochure in-4? de 113 pages, avec un portrait lithog. Florence, 1856. Typog. Le Monnier. Cet éloge de Ph. Barker Webb a été prononcé par M. Parlatore, à Flo- rence, le 1** décembre 1855, dans la séance solennelle qui eut lieu à l'ou- verture du cours de botanique, en présence d'un auditoire aussi nombreux que choisi. Nous n'essayerons pas de résumer ici, d’après cet écrit remar- quable, les détails de la vie scientifique de ce botaniste distingué, dont les Ouvrages ont puissamment contribué aux progres de la science, de cet homme excellent dont le souvenir vit dans le cœur de tous ceux qui l'ont Connu. Ce résumé serait maintenant superflu dans ce Bulletin, où M. J. Gay à déjà eansigné ( Voy. Bulletin de la Société botanique de France , ML, 1856, pp. 37-52) le récit de la vie de Webb et une appréciation éclairée de ses œuvres. Nous nous contenterons de dire que M. Parlatore n'a pas seulement publié l'éloge de Ph. Barker Webb, mais qu'il y a joint plusieurs appendices qui augmentent encore l'intérêt de sa publieation. L'une de ces additions (pp. 39-50) comprend la description des magnifiques collections que Webb avait formées à Paris et qu'il a léguées au grand-duc de Tos- cang. Ces collections sont : 4° sa bibliotheque botanique, composée, d'a- près le relevé de M. Parlatore, d'environ 5000 volumes ou brochures; 2* son herbier, qui ne comprend pas moins de 1110 paquets, et dans lequel 3A trouvent, outre les plantes recueillies par lui-même, 4000 espèces don- nees par Pavon, les précieux herbiers de Labillardière et de Desfontaines, 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ainsi que plusieurs autres plus ou moins considérables. D'aprés M. Parla- tore, cette riche collection contiendrait environ 80,000 espèces de plantes. Un autre appendice (pp. 51-70) est consaeré à la deseription de l'herbier central italien, et plus généralement des herbiers qui existent dans le musée de physique et d'histoire naturelle de Florence, parmi lesquels on doit citer surtout ceux de Césalpin, de Micheli, et une collection venue de Linné lui- méme. L'énumération seule de ces collections réunies à Florence n'oecupe pas moins de onze pages à deux colonnes. Elle est présentée d’après l'ordre géographique. Enfin, pensant avec juste raison qu'un homme se peint tout entier dans sa correspondance intime, M. Parlatore a publié, àla suite des parties que nous venons d'indiquer, un choix de lettres écrites par Webb à quelques-uns de ses amis ; il y en a joint un certain nombre d'autres choi- sies parmi celles que Webb avait recues des savants les plus distingués de notre époque. Un trés vieux pied d'Aubépine. (Gardeners Chronicle du h oc- tobre 1856, p. 660). A Hethel Hall, dans le comté de Norfolk, en Angleterre, existe le pied d'Aubépine le plus vieux peut-être de toute l'Europe. Comme le dit le rédac- teur du journal anglais, c'est peut-être un témoin de la conquête romaine, et des cérémonies du culte druidique. Tl est mentionné sous le nom de vieille Aubépine dans un acte qui date du commencement du xi’ siècle, et il est dit, dans une vieille chronique, qu'il servit à préciser lelieu oü se tint une assemblée pendant une insurrection des paysans, sous le régne du roi Jean. D’après M. Grigor, qui l'a décrit et figuré en 1841, il présente les dimen- sions suivantes : à 30 centimètres de sa base son tronc a une circonférence de 37,675 (12 pieds 1 pouce angl.), et à 17,525 de hauteur il a 4",345 de tour (14 pieds 3 pouces angl.). La circonférence de l'espace qu'il couvre de ses branches est de 287,33^ (31 yards). Le tronc de cet arbre est réduit à une simple lame; néanmoins il n'a pas cet air de décrépitude que présentent quelquefois les vieux Chénes. Quant à sa cime, elle est fort singulière d'aspect, à cause du curieux entrelacement de ses branches. Son écorce est très dure et très dense. La particularité la plus singulière que présente cet arbre consiste en ce que toutes ses branches forment un tube par suite de la destruction de la plus grande partie de leur bois et qu’en outre plusieurs sont fendues d’un côté de manière à ressembler à une planche enroulée. On dirait que le tronc lui-même a été divisé en lanières longitudinales qui se sont ensuite recourbées en tube. Cette singulière manière d'être se retrouve dans d'autres vieilles Aubépines qui existent dans le voisinage. C'est à l'écar- tement de ces divisions queletrone de l'arbre doit d'étre plus gros à 1 mètre et demi du so! qu'à sa base. — Malgré sa vétusté la vieille Aubépine de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 Hethel est en bonne végétation. Le propriétaire du sol sur lequel elle se trouve veille avec soin à sa conservation. NOUVELLES. Une nouvelle chaire vient d'étre créée au Jardin des Plantes de Paris, avec la qualification de Chaire de Physique végétale. Le chimiste, M. G. Ville, à qui l'on doit des expériencesayant pour but de démontrer l'absorp- tion directe de l'azote de l'air par les végétaux, a été appelé à la remplir. Les Botanistes auraient applaudi à cette création, si elle avait dû donner ce qu'indiquait le mot de Physique végétale, employé autrefois et méme jusqu'à nos jours pour désigner la portion de la science qui étudie les plantes au point de vue de leurs organes et de leurs fonctions. Ils auraient vu avec bonheur ce premier pas dans un retour vers l'état normal, qui a cessé, pour l'ensei- gnement de la Botanique à Paris, par la suppression récente des deux chaires restées vacantes à la mort de Ad. de Jussieu. Malheureusement le choix du nouveau professeur ne laisse aucune illusion à cet égard, ses connaissances toutes spéeiales devant nécessairement donner à ses lecons une direction purement chimique et physique, mais nullement botanique. — Un acte de noble désintéressement vient d’être accompli au profit du Jardin des Plantes de Paris. La famille de Jussieu a donné à cet établisse- ment la portion la plus précieuse des collections dont elle avait hérité à la mort de notre illustre Ad. de Jussieu. Cet éminent botaniste, n'ayant eu que deux filles , a mis fin eu sa personne à cette longue suite de générations d'hommes justement célèbres qui, pendant plus d’un siècle, ont maintenu au premier rang en Europe la Botanique française, et qui ont élevé d'abord , affermi ensuite, l'impérissable monument de la Méthode naturelle. L'her- bier formé par Bernard, Antoine -Laurent et Adrien de Jussieu, dans lequel ils avaient trouvé les éléments de leurs immortels travaux, était dès lors, pour notre pays, un de ces trésors dont les nations sont justement fières et qu'elles conservent comme de véritables titres de eloire. C'est ce qu'avait très bien senti l'administration du Jardin des Plantes ; aussi avait-elle demandé que leGouvernement voulût bien fairel’acquisitionde ces précieuses collections. Cette demande est devenue superflue , grâce à la généreuse dé- termination qui a été prise par la famille de Jussieu. Nous croyons devoir faire connaitre aux lecteurs de ce Bulletin la lettre par laquelle MM. A. Ramond et H. Fizeau, les deux gendres de Ad. de Jussieu, ont annoncé à l'administration du Jardin des Plantes le don important qui lui était fait : « Paris, 25 mars 1857. » Messieurs, » Vous avez bien voulu exprimer le désir que les herbiers des Jussieu fussent achetés par l'État, pour être conservés au Muséum, 0f SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » Notré fainille a petisé, comiie nóus, qu'il Serait plus honorable encoré pour elle que le Jardin des Plantes recüt ees herbiers à titre de don. Nous vous prions de vouloir bien les aecepter. Ils se composent : » 4° De l'herbier de Bernard et d'Antoineé-Laurent de Jussieu ; » 2e De l'herbier de notre beau-père, M. Adrien de Jussieu, à la seule exception de l'herbier de France, qui n'aurait que peu d'intérét scientifique ; » 3* De divers anciens herbiers. » Nous aurons aussi l'honneur de vous remettre , des que nous les aurons nous-mémes réunis, les manuscrits imprimés et inédits des Jussieu, ainsi que des catalogues du Jardin des Plantes et des papiers relatifs à l'histoire de cet établissement. . » Nous osons espérer, Messieurs, que l'administration du Muséum vou- dra bien affecter un local spécial à l'herbier de Bernard et d'Antoine-Laurent de Jussieu, et faire conserver à part les manuscrits de la famille. Si l'herbier d'Adrien de Jussieu devait étre réparti dans l'herbier général du Muséum, nous attacherions beaucoup de prix à ce que chaque échantillon regüt une étiquette indiquant son origine. » Agréez, etc. A. Ramonn, H. FIZEAU. » — Depuis le commencement de l'année 1857, il parait à Paris un nou- veau journal d’horticulture, sous le titre de P Horticulteur praticien. Le direeteur de cette publication est M. Galleotti, de Bruxelles. Le format de ce nouveau journal est grand in-8*. Il parait par livraisons mensuelles contenant chacune deux planches coloriées. BIBLIOGRAPHIE. Flora oder allgemeine botanische Zeitung. Articles originaux publiés en 1856. Buchenau (Franz). — Bemerkung über Sorbus hybrida L. (Remarque sur lé Sorbus hybrida L.) ; n° 4, 7 janv., pp. 1-4. Hochstetter. — Kritische Bemerkungen über einige exotische Grasgat- tungen und dahin gehoerige Arten. (Remarques critiques sur quelques genres exotiques de Graminées et sur les espèces qui y rentrent); n° 2; 44 janv., pp. 17-29; n° 6, 44 fév., pp. 81-95; n° 7, 21 févr., pP. 97-112. Dans ce travail, qui fait suite à un premier article publié dans le Flora en 1855 (n° 27), M. Hochstetter examine successivement les genres Trisetaria Forsk., Anomalotis Steud., Crinipes Hochst., Har- pachne \d., Heteranthelium 1d., Amblyachirum Id., Heteropogon Pers., Elionurus Wind., Ischæmum L. Wydler (H.). — Morphologische Notizen (Notices morphologiques) ; n? 3, 21 janv., pp. 33-47; planc. I-III. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 Heuffel (Fóh.). — Diein Ungarn vorkommenden Artender Gattung Anautia Coult., ete. (Les espèces du genre Knautia Coult. qui se trouvént en Hongrie, avec quelques remarques) ; n? ^, 28 janv., pp. 49-56. Lehmann (C.-B.) et Schnittspahn (G.). — Sempervivum fomentosum, eine neue Art aus der Gruppe der Arachnoideæ (Sempervivum tomentosum , nouvelle espèce du groupe des Arachnoideæ), n. h, 28 janv., pp. 56-59. Jaeger (G.). -— Ueber die relative Unpsehaedliehkeit von Besehaedigungeh des Stamms und der Blaetter, ete. (Sur l'innoeuité des blessures de la tige et des feuilles avec perte de substance relativement au développe- ment des feuilles et de toute la plante et sur les productions de racines à des places inusitées) ; n° 5, 7 fév., pp. 65-72. Caspary (Robert). —Ueber dietaegliche Periode des Waehsthums des Blàttes der Victoria regia Lindl. (Sur la période journalière de l'aecroissement de là feuille du Victoria regia Lindl., et sur l'accroissement des plantes en général) ; n° 8, 28 fév., pp. 113-126 ; n° 9, 7 mars, pp. 129-143; n» 10, 14 mars, pp. 145-160 ; n° 41, 21 mars, pp. 161-171. Martrin-Donos (C° Victor de). — Descriptio Glaucii novi annexis diagnósibus specierum affinium ; n° 11, 21 mars, p, 171. Hochstetter. — Kritische Bemerkungen ueber einige exotische Grasgat- tun£en und dahin gehoerige Arten, wodurch Irthuemer verschiedener Autoren berichtigt, ete. (Remarques critiques sur quelques genres de Graminées exotiques et sur les especes qui y rentrent, destinées à rectifier les erreurs de divers auteurs, et particulièrement à donner des explications sur plusieurs Graminées publiées par l Unio itineraria) ; n° 12, 28 mars, pp. 177-192. Sendtner (0.). — Zur Kenntniss der bayerischen Brombeerstraeucher (Sur les Rubus de la Bavière); n°13, 7 avril, pp. 193-205. Schultz (F.). — Eine neue Anemone (Unenouvelleespéce d' Anémone) ; à? 13; 7 avril, p. 205. Mossalongo (A.-D.-B.). — De nonnullis Collemaceis ex tribu Omphalariea- tám; n° 4^, 44 avril, pp. 209-215. Boeckeler. — Neue americanische Riedgraeser (Nouveaux Carez d'Amé- rique); n°15, 24 avril, pp. 225-231. Mossalongo (A.-D.-B.). — De Thamnolia genere Lichenum nondum rite de- finito breve commentarium ; n? 15, 21 avril, pp. 231-235. Arnold (F.). — Ueber die Laubmoose des fraenkischen Jura (Sur les Mousses du Jura français); n° 46, 28 avril, pp. 241-250. Dippel. — Zúr Primordialschlauchfrage (Sur l’utricule primordiale); n° 17; 7 mai, pp. 257-268 ; n? 18, 14 mai, pp. 273-281 ; planc. IV. Massalongo (A.-D.-B.). — Genera Lichenum aliquot nova proponit et de- scribit ; n° 48, 44 mai, pp. 281-286 ; n^ 19, 21 mai, pp. 289-292. Landerer (X.). — Ueber die in Griechenland vorkommenden Arzneipflanzen 06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Sur les plantes médicinales qui eroissent en Grèce) ; n° 20, 28 mai, pp. 305-317. Boeckeler. — Kritische Bemerkungen ueber einige Seggen (Remarques critiques sur quelques Carez qui ont été présentés comme espèces nou- velles par Steudel dans son Synopsis pl. Cyperac.) ; n° 21, 7 juin, pp. 321-329. | Wolfner. — Kritische Bemerkungen ueber mehrere neue, seltene oder zweifelhafte Pflanzen der Flora Boehmens (Remarques critiques sur plu- sieurs plantes nouvelles, rares ou douteuses dela Flore de Bohême); n° 22, 1^ juin, pp. 337-349. Schultz (C. -H.-Bip.). — Verzeichniss der Cassiniaceen, velche Herr Edelstan Jardin in den Jahren 1853-1855, auf den Inseln des stillen Oceans gesammelt hat (Catalogue des Cassiniacées récoltées par M. Edelstan Jardin en 1853-1855, dans les iles de l'Océan pacifique); n° 23, 21 juin, pp. 353-362. Schultz (V.). — Die in Frankreich vorkommenden Arten von Gagea (Sur les espèces de Gagea qui croissent en France) ; n° 23, 21 juin, pp. 363-366. Fries (El.)— Beitrag zur naeheren Bestimmung von Schaeffer’s Zcones F'un- gorum Bavarit et Palatinatus (Note relative à la détermination des Icones Fungorum Bavaric et Palatinatus de Schaeffer) ; n° 24, 28 juin, pp. 369-373. Vogel (A.). — Beitraege zur Kenntniss des Verhaeltnisses zwischen Licht und Vegetation (Notes sur les rapporis qui existent entre la lumiere et la végétation) ; n* 25, 7 juillet, pp. 386-388. Buchenau (Franz). — Monstrositaet der Bluethe bei Dipsacus fullonum Mill. (Monstruosité de la fleur dans le Dipsacus fullonum Mill.) ; n* 25, 7 juillet, pp. 389-393. Steudel. — Vinige Beitraege zu der Chilesischen und Peruanischen Flora, ete. (Quelques notes relatives à la Flore du Chili et du Pérou, écrites surtout d’après les collections de Bertero et de Lechler); n° 26, 14 juillet, pp. 401-412 ; n° 27, 21 juillet, pp. 417-426 ; n° 28, 28 juillet, pp. 436- h^. Guembel (Th.) — Zur Entwickelungsgeschichte von Viscum album (Sur le développement du Viscum album); n° 28, 28 juillet, pp. 433-436; planc. VI. Landerer (X.). — Botanische Notizen aus Griechenland (Notices botani- ques relatives à la Grèce) ; n° 29, 7 août, pp. 449. Koernicke (Fr.) Beiträge zur Kenntniss der Gattung Crocus (Notes relatives au genre Crocus) ; n° 30, 14 août, pp. 465-478). t. Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. a pv SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 30 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de: M. Kerezger, horticulteur, rue de Charonne, 146, à Paris, pré- senté par MM. Boisduval et Duchartre. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. Dons faits à la Société: 1° Par M. Decaisne : Le Jardin fruitier du Muséum, livr. 4 et 2. Note sur le Jardin fruitier du Muséum (extrait des comptes rendus de l'Académie des sciences). 2 De la part de M. Attilio Tassi, de Lucques : Indice alfabetico dei giardini botanici e stabilimente coi quali UI. R. orto botanico di Lucca trovasi in correspondenza. Index seminum que in anno 4856 reperiuntur in eodem horto I. R. botanico. 3 De la part de M. C.-M. Guillemin : Composition de la radiation solaire; son influence sur les étres vivants. 4° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, numéro de décembre 1856. L'Institut, janvier et février 1857, trois numéros, T. Iv. 1 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture d'une lettre de M. Leclère, de Montivilliers (du 11 février), relative aux sécrétions de quelques Orchidées, etc. (1). MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : NOTE DE M. ROBERT CASPARY SUR LA DIVISION DE LA FAMILLE DES HYDROCHARIDÉES, PROPOSÉE PAR M. CHATIN. ( Bonn, 17 janvier 1857.) Notre honorable confrère, M. Chatin , a cru devoir diviser les Hydro- charidées en deux familles, les Ottéliacées et les Hydrocharidées propres (Comptes rendus, XLI, 1855, p. 819, et Anatomie comparée, 1856, p. ^). Les caracteres des deux familles sont, selon lui, les suivants: OTTÉLIACÉES. — Ovules anatropes. A. Ottéliées. — Axes et feuilles tous vasculaires. Des stomates à la face su- périeure des feuilles. Plantes flottantes. (Ottelia.) B. Enhalées. — Ovules à une seule membrane. Axes et feuilles non tous vasculaires. Pas de stomates. Plantes immergées. (Stratiotes, Enhalus.) HYDROCHARIDÉES. — Ovules ortho- tropes. A. Hydrocharées. — Axes et feuilles tous vasculaires. Des stomates à la face supérieure des feuilles. Plantes flot- tantes. (Hydrocharis, Limnobium.) B. Vallisnériées. — Ovules à une seule membrane. Axes et feuilles non vasculaires. Pas de stomates. Plantes immergées. (Vallisneria, Hydrilla, Ana- charis, Udora.) Quant à la subdivision des Hydrocharidées propres en Hydrocharées et Vallisnériées, un des principaux caractères sur lesquels elle est fondée est que les premières ont, à la tige et aux feuilles, des vaisseaux qui, selon M. Chatin, font défaut chez les autres. M. Chatin a dit aussi ailleurs (Comptes rendus, 1855, XLI, 695, et Anat. comp., p. 21) que les vaisseaux manquent aux Anacharidées Endi., et il est vrai que, chez ces plantes, là tige adulte n'a point de vaisseaux ; mais j'ai trouvé dans la tige non adulte del’ Anacharis Alsinastrum Bab. (E lodea canadensis Rich.) que j'ai examinée sur le vivant, à environ une ligne au-dessous du bourgeon terminal, un vaisseau central tout seul (et non pas un faisceau de vaisseaux !) parcou- rant dix à quinze entre-noeuds, et duquel partent à chaque nœud trois autres vaisseaux qui se dirigent vers les feuilles, sans toutefois sortir de la tige. Mais bientôt ces vaisseaux, qui sont des vaisseaux annulaires impar- (4) M. Leclère ayant complété sa communication par une seconde lettre lue à la séance du 27 février, c'est dans le compie rendu de cette séance (voyez plus pas page 148) que l'on trouvera les extraits de ses deux lettres; SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 99 faits, sont résorbés, et le vaisseau central de fa tige est transformé en un canal qui se trouve au milieu du faisceau de cellules longues, cylindriques, remplies de matière azotée, qui parcourt la tige. Les autres Anacharidées ont probablement aussi ces vaisseaux transitoires, mais il est impossible de s'en convaincre par l'examen d'échantillons desséchés. Or, si les Ana- charidées possèdent des vaisseaux, elies n'appartiennent pas à la tribu des Vallisnériées de M. Chatin, caractérisée, suivant lui, par l'absence de vaisseaux; ou bien il faut cesser d'admettre ce caractère comme distinctif de la tribu. D'ailleurs, M. Chatin lui-même a trouvé (une seule fois, il est vrai) une petite trachée dansle Vallisneria spiralis , trachée qui, dans l'or- gane où elle a été vue, existe peut-être toujours pendant la jeunesse de cet organe. La structure des fleurs ne diffère pas essentiellement dans les deux familles séparées par M. Chatin, et notre honorable confrère lui-méme reconnait que la différence principale réside dans l'ovule, qui, suivant lui, est anatrope chez les Ottéliacées et orthotrope chez les Hydrocharidées. Je n'ai pas eu oceasion d'examiner le genre Enhalus; mais les genres Stratiotes et Ottelia ont en effet des ovules anatropes; ceux de l Ottelia ont deux tégu- ments; quant à ceux du Stratiotes, je ne puis pas reconnaitre, sur le see, s'ils n'en ont qu'un seul. M. Chatin a aussi raison en disant que le genre Hydrocharis a des ovules orthotropes à deux téguments. Endlicher (Gen. pl., 1216) décrit ces avules comme ascendants et anatropes, ce qui n'est pas exact. Mais quant aux ovules des Vallisnériées, les caracteres que M. Chatin leur attribue ne me paraissent pas tout à fait d'accord avec les faits. J'ai examiné, il y a déjà quelques années, dans les herbiers publies de Berlin et de Vienne et dans ceux de quelques amis, les ovules de plusieurs plantes de ce groupe, telles que les Serpicula verticillata L. fil. (de l'her- bier de Willdenow), Hydrilla ovalifolia Rich., H. najadifolia Zol. et Mor. H. angustifolia Hassk., Elodea guyanensis Rich., E. canadensis Mich., Anacharis Nuttalii Planch., A. chilensis Planch., À. Alsinastrum Bab., Lagarosiphon muscoides Harv., L. cordofanus (Udora cordofana Hochst.), et j'ai trouvé les ovules de toutes ces plantes, sans exception, à deux tégu- ments et non pas à un seul, comme M. Chatin les décrit. On peut s'en con- Vaincre en traitant ces ovules avec une solution de potasse caustique, qui rend les téguments visibles, au moins pendant quelques instants. J'ai YU aussi deux téguments chez le Vallisneria, et M. Chatin lui-mème attribue avec raison deux téguments à l'ovule de cette plante, danssa notice Publiée dans le Bulletin de la Société Botanique de France (t. 1, 1854, P. 562, en note), quoique ailleurs il ne lui en donne qu'un seul (Comptes rendus, 185^, p. 822, et Mém. sur le Vallisn. spiralis, 4855, p. 16 et 29, Pl. 3, fig. 41, 41' ct 13). Du reste, le Vallisneria spiralis a eu effet des 9vules orthotropes et dressés, comme les a trouvés M. Chatiu ; et non pas 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ascendants et anatropes comme Endlicher les décrit. Mais ni l'orthotropie, ni les deux téguments des ovules du V. spiralis ne sont des faits nouveaux. M. Treviranus (Symbole, 1831, p. 74, tab. IT, f. 43 et 4h) a décrit et figuré la graine de cette plante et son embryon comme inverse, et M. Schleiden a aussi, dès 1837 (Nov. acta Acad. Leop. Car., XIX, 11, p. 45, t. 3, f. 25), décrit et figuré ses ovules comme orthotropes et pourvus de deux tégu- ments, qui ne sont pas formés, comme le dit M. Chatin (Bull. Soc. Bot. Fr., I, p. 362), d'un seul rang d’utricules, mais de deux, les téguments d'aucune plante n'étant jamais, que je sache, formés d'un seul rang (1). Les ovules des Elodea, Anacharis (Udora), Lagarosiphon, sont en effet ortho- tropes, ainsi que M. Chatin lesa trouvés. Richard figure la graine de l’ Elodea comme ayant la plumuledirigée vers le bas (Mem. de l’Institut, ann. 1811, pl. 4, F.), de sorte que l'on peut en présumer l'orthotropie, bien que, par erreur, Endlicher ait décrit, chez l’ Udora (Elodea Rich.), la radicule comme infere. M. Harvey (Hooker's Journ. of Bot., 1842, IV, p. 230, pl. 22) a figuré avec exactitude les ovules du Lagarosiphon comme orthotropes ; mais, dans la description dela graine, il a commis une erreur en décrivant la radicule comme infère. Quant au genre Hydrilla, M. Chatin n'a pas reconnu exacte- ment l'organisation et la situation des ovules. Chez l Hydrilla verticillata (Serpicula verticillata L. fil.) les ovules ont deux téguments et sont ana- tropes. Les ovules supérieurs ou les deux plus hauts sont généralement ascendants, c'est-à-dire qu'ils ont le funicule dirigé vers le haut et le micropyle vers le bas. Les autres ovules sont pendants et leur micropyle est dirigé vers le haut; mais je n'ai pas été le premier à observer cela , car M. Hasskarl (P/. jav., 1848, p. 118) a déjà décrit la direction différente des divers ovules de l'Zydrilla; mais ce botaniste indique à tort les ovules supérieurs comme pendants et les ovules inférieurs comme ascendants. Ra- rement on trouve, par anomalie, un ovule hémi-anatrope. M. Chatin, à l'exemple de Presl (Abhandl. der Kwnigl. Bæhm, Gesellsch. d. Wiss., 1845, III, 542) et de M. Planchon (Ann. sc. nat., 3° série, 1849, XI, 79), a réuni dans le genre Hydrilla (Anat. comp., p. 22) les H. ovali- folia Rich. et najadifolia Zoll. et Mor., et le Lagarosiphon Harv., c'est- à-dire des plantes génériquement différentes. Dans la diagnose du genre Hydrilla (loc. cit.), il décrit les spathes des fleurs mâles comme uniflores, et néanmoins il place le Lagarosiphon dans le genre Hydrilla, bien que, chez le Lagarosiphon, un grand nombre de fleurs mâles se trouvent réunies dans une méme spathe, ce que M. Harvey a bien figuré (Hooker's Journ. of Bot., (1) La figure de l'ovule du Vallisneria spiralis donnée par M. Schleiden est reproduite dans les Annales des sciences naturelles (3* série, 4839 pl. VI, fig. 3) . 5 . . ` ? i mais malheureusement l'explication de cette figure ne se trouve pas dans le texte. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 101 IV, pl. 22, fig. 3 ct /). Les caractères différentiels des genres Zydrilla ct Lagarosiphon sont les suivants, outre celui qui est relatif au nombre de fleurs máles contenues dans la spathe. Lagarosiphon Harv. Hydrilla Rich, 1. Gemmulæ orthotropæ, 1. Gemmulæ anatropæ, 2. Gemmulæ omnes erectæ, 9. Gemmulæ inferiores pendula, supe- riores adscendentes, 3. Folia sparsa, 3. Folia verticillata, li. Folia duo (vel tria?) membranacea | 4. Folium unicum ad basin rami am- ad basin rami in vaginam connata. plexicaule. Il me parait résulter de ce qui précède, que le genre Hydrilla ayant des ovules anatropes et ne pouvant d'ailleurs étre séparé de ses plus proches voisins les genres Z/odea (Anacharis et Udora Auct. — Apalanthe Planch.) et Lagarosiphon, la division des Hydrocharidées de Richard en Ottéliacées et Hydrocharidées propres, proposée par M. Chatin et basée uniquement sur l'organisation des ovules, ne peut être maintenue, LETTRE DE M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, ! À Monsieur le Président de la Société Botanique de France. Costebelle, près Hyères (Var), 31 janvier 1857. Monsieur le Président, l'état de ma santé m'oblige à passer cet hiver loin de Paris; je suis allé demander au beau ciel et à la douce température de la Provence les forces dont je désire surtout le retour pour les consacrer, Comme par le passé, tout entières à l'étude. Veuillez, je vous prie, me per- mettre de dire à nos confrères de la Société combien je suis cruellement privé de ne pouvoir assister de plusieurs mois à nos séances. J'ai quitté mon séjour d'été de la Nievre le 20 novembre; à Mácon les montagnes étaient couvertes de neige; à Lyon ce n'était plus qu'une pluie froide et un ciel brumeux ; à Nimes, où j'arrivais le lendemain, je trouvais un eiel pur, un soleil magnifique, une température tiède le matin et Chaude le jour. — Le point que j'habite aux environs d'Hyéres (à Coste- belle) est presque le plus méridional du littoral de la France; j'ai compris, dès Mon arrivée, tout le parti que je pouvais tirer, pour mes recherches, d'un hiver passé sous un pareil climat. J'adresserai à la Société l'ensemble des notes botaniques que j'ai recueillies en décembre et en janvier; j'ai partagé ces notes en plusieurs séries qui comprennent : 1° des observations relatives à la flore locale (époques de floraison et de maturation, ete.) ; 2° des observations relatives aux plantes Cultivées iei en pleine terre et particulièrement aux plantes tropicales ; 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 3° enfin, des observations diverses d'organographie et de tératologie, — J'ai eonsigné dans ees notes ce qui frappe le plus un habitant du nord trans- porté brusquement à la pointe la plus méridionale de la Provence, et étonné de trouver, sans quitter le sol de la France, un climat propre à la vegéta- tion des Palmiers. Je n'envoie d'ailleurs à la Société que les impressions de voyage d'un botaniste ; quelques faits m'ont paru peu connus ; d'autres, qui le sont davantage, auront surtout le mérite d'étre signalés, non par oui- dire, mais de visu. ll ne faudrait pas, du reste, juger du climat et des pro- ductions de la Provence par ce que j'ai à dire des environs d’ Hyères ; ce petit eoin de la France doit en effet sa température (exceptionnelle méme pour le littoral de la Provence) à ce qu'il est complétement abrité des vents du nord par une triple ceinture de montagnes qui en font une véritable serre chaude à ciel ouvert. J'ai l'honneur, ete. OBSERVATIONS SUR L'ÉTAT DE LA VÉGÉTATION AUX ENVIRONS D'HYÉRES PENDANT LES MOIS DE DÉCEMBRE 18560 ET DE JANVIER 1857, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. $ I. — VÉGÉTATION SPONTANÉE. Aspect du pays aux environs d'Hyères. — Yes montagnes qui dominent Toulon sont rocheuses et dénudées; en se rapprochant d'Hyères, on peut, des points eulminants, apercevoir à l'horizon les sommets des basses Alpes et des montagnes de Nice, actuellement couvertes de neige; mais les mon- tagnes du premier et du second plan sont moins élevées : c'est là que s'é- tendent les bois de Chène-Liége. Une chaine de hautes collines, qui court parallèlement à la côte et dont le pied plonge dans la mer, est cou- ‘verte de forêts de Pinus halepensis, et sur quelques points de la côte de Pinus Pinea. C'est dans le repli d'une de ees collines, et au niveau de la petite ville d'Hyères (Olbia), qu'est située la villa de Costebelle, centre de mes explorations. Un bras de mer d'une à deux lieues de largeur sépare la cóte de la presqu'ile de Gien et des iles montueuses de Porquerolles, de Port-Cros et du Levant (/nsule? Stechades). Gien et les iles de Porquerolles et de Port-Cros sont peu habitées : une garnison oceupe les forts qui y sont établis, L'ile du Levant ou du Titan, qui est la plus grande et la plus éloi- gnée, est presque entierement livrée à la nature et doit étre, par consé- quent, la plus intéressante au point de vue de la végétation spontanée; elle est cependant moins aecidentée que les précédentes. Quelques ilots plus ou moins couverts de végétation, et qui élèvent à la pointe des iles leurs ro- chers dénudés au-dessus de la mer, sont les crêtes les moins élevées de la petite chaine de montagnes sous-marines qui constitue les iles. Les iles et les montagnes de la côte étaient, dit-on, il y a moins d'un SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 103 demi-siècle, couvertes de forêts de pins magnifiques et de chênes séculai- res : ces belles et anciennes forêts ont disparu. Aujourd'hui, de jeunes bois de Pinus halepensis, qui sont coupés en herbe, continuent sur la montagne l'aspeet un peu monotone des plantations d'oliviers qui s'étendent dans la plaine. Pendant l'hiver, ces jeunes bois de pins sont nettoyés des arbustes et des buissons de myrtes et de romarins qui poussent entre les arbres, et la parure de la montagne est convertie en fagots. Mais, telle est la puissance de la végétation dans ce climat favorisé, qu'une ou deux saisons suffisent pour recouvrir les pentes rocailleuses d'une nouvelle végétation frutescente. Liste -des principaux arbres et arbustes à feuilles persistantes qui don- nent, pendant l'hiver, un aspect verdoyant aux collines boisées et aux basses montagnes : Pinus halepensis, P. Pinea, Quercus Suber, Q. Nex, Q. coccifera (couvre de ses touffes basses et compactes les pentes rocailleuses des montagnes de grès et des terrains calcaires), Juniperus Oxycedrus, J. Lycia (rochers au bord de la mer), Myrtus communis (forme des buissons impénétrables dans les collines et dans les rochers au bord de la mer), Pistacia Lentiscus (mêlé aux autres buissons), Arbutus Unedo (çà et là dans la mon- tagne) en fruits mürs et en fleur pendant le mois de décembre, Olea europea, cà et là spontané, Phillyrea angustifolia, Rhamnus Alaternus, Viburnum Tinus, dont les fruits, comme ceux des arbres ou arbustes précédents, achèvent de mürir pendant l'hiver, et sont encore, la plupart, attachés aux rameaux quand la nouvelle floraison commence; le V. Tinus parait ici tout à fait spontané, plusieurs de ses corymbes ont commencé à s'épanouir le 20 janvier ; le Nerium Oleander (Laurier-Rose) est abondant dans les ravins des hautes montagnes, ses longs fruits siliquiformes s'ouvrent dans cette sai- son, et laissent échapper leurs flocons de graines müres. — Les plantes fru- tescentes ou sous-frutescentes, à tige verte ou à feuilles persistantes, pen- dant décembre et janvier, sont: Spartium junceum , Cytisus spinosus , Jasminum fruticans, Globularia Alypum, Lavandula Stæchas, et L. Spica, Thymus vulgaris, Rosmarinus officinalis, Cistus salvifolius, C. albidus, C. monspeliensis, ete ; Asparagus dcutifolius, Smilax aspera, Ruscus aculeatus, ete.—J'ai trouvé l'autre jour (20 janvier), dans un rocher exposé au midi et humecté par un filet d'eau, les premières touffes fleuries du Thymus vulgaris et du Lavandula Stechas ; il n'est pas de Labiée d'un port plus élégant et d'un aspect plus agréable que le Zavandula Stechas ; ses épis prismatiques veloutés, surmontés d'une rosette de bractées colorées, présentent plusieurs rangs de fleurs d'un pourpre noir, à gorge rose, dont la couleur eontraste avec le vert blanehátre du feuillage. Le Romarin, non moins abondant que la Lavande, n'a cessé de fleurir depuis le commence- ment de l'hiver, | Parmi les plantes herbacées d'automne dont la floraison s'est continuée en s affaiblissant pendant le mois de décembre, et s'est à peu près terminée 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pendant [a première quinzaine de janvier, je citerai : Scabiosa lucida, Cen- tranthus ruber, Aster Tripolium, Inula crithmoides, Buphthalmum spino- sum, Chrysanthemum segetum, Centaurea solstitialis, C. aspera, Conyza saxatilis, Picris hieracioides, Andryala integrifolia, Antirrhinum majus, Calamintha Nepeta, Galeopsis Ladanum, ete.—Les plantes dont la floraison continue depuis l'automne jusqu'à ce jour (31 janvier), et me parait devoir continuer tout l'hiver, sont : Alyssum maritimum (herbo blanco), trés com- mun partout, Erodium romanum, Reseda Phyteuma, Diplotaxis erucoides, Bellis perennis var. sylvestris, Anthemis mixta, Vinca intermedia, Borrago officinalis, Antirrhinum Orontium, Salicornia fruticosa, Passerina hirsuta, Euphorbia segetalis, Ceterach officinarum, Polypodium vulgare, Adiantum Capillus Veneris, etc., et quelques autres plantes communes partout, telles que : Senecio vulgaris, Solanum ochroleucum, Thlaspi Bursa pastoris, Sonchus oleraceus, Euphorbia Peplus, qui refleurissent iei comme aux en- virons de Paris, mais plus abondamment; enfin, dans les plates-bandes des jardins : Sinapis nigra et S, alba, Diplotaxis viminea, Thlaspi alliaceum, Hypecoum procumbens, Fumaria spicata et F. parviflora. Les plantes vernales dont la floraison a commencé en janvier sont : Ficaria grandiflora, Fumaria major, F. capreolata, Bellis annua, Calendula ar- vensis (qui fleurit en méme temps dans les vignes aux environs de Paris), Urospermum Dalechampii, Picridium vulgare, Thrincia tuberosa, Vero- nica filiformis, V. agrestis, Euphorbia Helioscopia, E. Characias, Cory- lus Avellana, Iris spuria, Narcissus Tazetta, N. polyanthos, Arum Arisa- rum, Ophioglossum lusitanicum. De ces floraisons, celles du Calendula, du Corylus et de l'Arum Arisarum sont seules franchement hyémales, les au- tres ne font que commencer à poindre. A ces espèces, il faut ajouter les espèces méditerranéennes suivantes, que je n'ai eu occasion de rencontrer encore que dans les jardins: Lavatera arborea, Anagyris fœtida et Cneorum tricoccum, — Yes collines sont déjà parsemées des rosettes de nombreuses espèces d'Orchis, Ophrys, Serapias, ete., dont les fleurs ne paraitront qu'au printemps. Lesespèces de Liliacéesetd'Amaryllidées(Tulipa, Allium, Scilla, 'arcissus, ete.) sont nombreuses, et plusieurs ne tarderont pas à fleurir; les pentes rocailleuses sont couvertes des rosettes de l'Asphodelus ramosus. On voit que, sous ce climat privilégié, les floraisons hâtives du printemps succèdent sans interruption aux floraisons tardives de l'automne. Les flo- raisons d'hiver ne sont cependant ni aussi abondantes ni aussi variées que l'aspect verdoyant des collines pourrait le faire penser an premier coup d'oeil ; cet aspect est dà surtout à l'abondance des arbres et arbrisseaux à feuilles persistantes. I! me semble, en outre, que la floraison des espèces qui, sous notre climat parisien, épanouissent leurs fleurs exclusivement pendant l'hiver, constitue un phénomène bien plus remarquable que celui que j'observe sous un climat où l'hiver est plus ehaud que nos printemps. ` SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 105 N'avons-nous pas en effet, en février, le Corylus, le Calendula, les Daphne, l Eranthis hyemalis, le Galanthus nivalis ; dés le mois de mars, le Coryda- lis solida, les Bellis, Taraxacum, Holosteum, Saxifraga, Mibora, et méme Pulmonaria et Ficaria ; et ne voyons-nous pas fleurir sous la neige, dans nos jardins, les Primevères, la Violette et le Saxifraga crassifolia? Le tem- pérament essentiel d'une plante détermine done surtout l'époque de son entrée en végétation, de sa floraison et de son repos plus ou moins complet et plus ou moins long ; et, à part quelques différences accidentelles dues à des pluies ou à des sécheresses, à des chaleurs ou à des froids plus ou moins prolon- gés, plus ou moins précoces ou tardifs, l'époque de la floraison est indé- pendante du climat; en effet, de méme que la rigueur de la température v'empêche pas, dans nos climats du nord, le Galanthus nivalis de fleurir, la chaleur du soleil n'oblige pas non plus, en Provence, les espèces vernales à fleurir pendant l'hiver. — Une plante des elimats chauds, transportée dans un climat froid et en pleine terre, entre en végétation à la méme époque que dans son pays natal ; les efforts dela nature sont souvent impuissants pour la faire aboutir à la floraison, mais elle lutte jusqu'à ce que la gelée l'ait frappée de mort, § II. — ÉTAT DES JARDINS. Passons maintenant aux plantes tropicales qui sont cultivées en pleine terre dans les jardins de Toulon, et surtout d’ Hyères, et dont un certain nombre ont fleuri pendant les mois de décembre et de janvier. La tempé- rature de ces deux mois a été trés douce à Hyères : la température du matin et du soir a été de + 8° à 10° rarement seulement 4° à 5° ; la température du jour a été de + 10° à 18° à l'ombre. Le soleil, qui a rarement été voilé, était souvent trés chaud de onze beures à trois heures ; le thermomètre exposé au soleil montait rapidement à + 35° et 40°. Dans les deux derniers jours de janvier, il est descendu le matin au-dessous de zéro ; il y avait de la glace au nord des collines et dans la plaine, mais les jardins généralement bien exposés n'ont pas souffert. Le mois de février s'annonce par des tor- rents de pluie, mais cette pluie est tiéde comme celle de notre mois de mai. On conçoit que cette température rende ici l'usage des serres presque inutile pour les plantes dites de serre tempérée, et méme pour quelques- unes dites de serre chaude. Beaucoup de ces plantes, en effet, demandent moins une température toujours élevée, qu'elles ne craignent un froid acci- dentel trop vif; il leur suffit que le thermomètre ne descende pas, ou des- Cende peu au-dessous de zéro. Nous avons des Bananiers en pleine terre : nos faibles gelées ont tué leurs feuilles, mais les parties souterraines de la plante n'ont pas été atteintes et donneront des tiges vigoureuses au prin- temps. Il en est de méme des Pontederia cordata plantés dans les pièces d'eau et dans les bassins, leurs feuilles ont subi (vers le 30 janvier) les atteintes 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la gelée. Les tiges et les feuilles seules des Canna sèchent, comme dans nos jardins, après la maturation des graines; on ne rentre pas les Strelitzia, leurs feuilles n'ont pas souffert; le Tritoma media commence à épanouir son magnifique épi de fleurs roses. Les dattiers et les orangers sont d'une vigueur merveilleuse et achévent de mürir leurs fruits. L'arbre tropical qui m'a frappé le plus est un magnifique Latania borbonica de onze ans, qui végète sans abri et étale des palmes magnifiques à Hyères (1). Les nom- breuses espèces d'Acacia de l'Australie (à rachis dilatés non foliolés) sont plantées dans tous les jardins et sont actuellement couvertes de jeunes ca- pitules qui ne s'épanouiront que dans deux ou trois mois ; plusieurs autres Acacia (à feuilles pinnées) sont garnis de leur élégant feuillage, et fleuris- sent en pleine terre pendant tout l'hiver, tels sont : Acacia f'arnesiana (nommé improprement dans le pays Cassie), et surtout Acacia leptophylla et A. lophantha. Ces arbres poussent avec une vigueur et une rapidité pro- digieuses; j'ai mesuré un A. leptophylla âgé de quatre ans : sa circonfé- rence à sa base est de 70 centimètres, et il se divise en trois branches, dont chacune a 32 à 35 centimètres de circonférence : la hauteur de l'arbre est d'environ 5 métres. Parmi les arbres ou arbustes dont la floraison a commencé en janvier, je citerai encore les Cassia tomentosa, corymbosa et grandiflora, le Spar- tium Scorpius, le Medicago arborea, Ye Calycanthus precoz (dont la fleur à odeur de jasmin devrait être utilisée par les parfumeurs), le curieux Casua- . rina equisetifolia, le Jasminum revolutum, le Laurus Camphora, V Ephedra altissima et une charmante Protéacée, le Grevillea Thelemanni. — L' Eriobo- trya japonica (Néflier du Japon), dont les fruits mûrs se vendent en été sur le marché et sont glacés par les confiseurs, était en fleur pendant le mois de décembre; ses fruits sont noués maintenant, sa floraison coincide avec celle de l'Arbutus Unedo. — Outre les plantes que je viens de nommer, j'ai vu fleurir dans les jardins, en décembre et en janvier : Malcolmia maritima, Matthiola incana, Tropæolum Lobbianum, Abutilon striatum, Passiflora c®- rulea, Ulex provincialis, Salvia mexicana, S. coccinea, S. fulgens, ete. Teucrium fruticans, Heliotropium perwianum, Cobæa scandens, Habro- tamnus elegans, Buddleia glaberrima, Maurandia antirrhiniflora, Veronica speciosa, Datura arborea, Nicotiana glauca (subspontané sur les vieux murs où il est subarborescent), Petunia nyctaginiflora, Phlomis fruticans, Eupa- torium micranthum, Ageratum cœruleun, Aponogeton distachyon, Me- deola asparagoides (en fruit), Gladiolus xanthophyllus, et, dans le courant de janvier plus particulièrement : Oxalis cernua, O. purpurea, Polygala myrtifolia, P. Dalmaisiana, P. cordata, ete. ; Jasminum revolutum, Canarina Campanula, Lavandula dentata, Lobelia Erinus, Gladiolus fragans, Iris sty- (4^) Jardin de M. Rantonnet, pépiniériste. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 107 losa, Leucotum vernum, ete, — De nombreuses espèces de la famille des Caetées et de celle des Mésembryanthémées subissent également dans les jardins, sans eu souffrir, la température de l'hiver, mais ne fleurissent pas daus cette saison. M. Cosson fait remarquer que M. Germain de Saint-Pierre signale l'Olivier comme spontané près d'Hyères. Cependant il ne pense pas que cet arbre ait été jamais trouvé incontestablement à l'état sauvage dans le midi de la France. , M, Decaisne est d'avis que la forme sauvage appelée Oleaster pour- rait bien avoir toujours existé en Provence. Cette contrée serait alors la limite vers le nord-ouest de la région naturelle de l'O/easter. Les Phéniciens ou les Grecs v auraient peut-étre introduit les variétés d'Olivier cultivées, aprés y avoir reconnu l'existence de la forme sauvage. M. Moquin-Tandon dit avoir vu en Corse de nombreux buissons d'Olivier, à feuilles plus petites méme que celles du Buis, et qui lui ont été signalés comme complétement sauvages. M. Prillieux ajoute qu'il a vu souvent les O/easter porter des fruits de formes diverses. Il suppose que ce sont les oiseaux qui sément les fruits de ces variétés sauvages. M. Cosson dit qu'en Algérie, où l'Olivier est évidemment spontané, l'arbre à l’état sauvage fructifie aussi bien que la forme cultivée, Il a méme appris qu'à Mascara un moulin avait été construit pour ex- traire l'huile des fruits de l'Olivier sauvage, qui, dans celte contrée, atteint les dimensions de nos arbres fruitiers. M. Decaisne fait remarquer qu'il n'est pas prouvé que les grands Oliviers dont parle M. Cosson soient identiques avec l'O/easter. La spontanéité du véritable Olivier en Algérie ne lui parait pas avérée, et il est porté à considérer cet arbre comme essentiellement oriental, ayant été introduit méme en Gréce, et spontané seulement dans l'Asie Mineure, M. Balansa dit qu'en Cilicie, l'Olivier sauvage forme de véritables forêts, Lorsqu'il se présente sous la forme de buisson, il est facile de le confondre avec les Phillyrea, à cause de la forme et de la dimen- Sion des feuilles. M. Cosson rapporte que, dans les rochers et dans les montagnes des plateaux sahariens de l’ouest de l'Algérie, il a vu l'Olivier sous forme arborescente ou sous forme de buisson, bien que l'arbre wy 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. soit cultivé nulle part. — M. Cosson demande ensuite à M. Balansa si, dans l'Asie Mineure, les Oliviers sont semblables à ceux d'Algerie, t s'ils croissent dans des stations analogues. M. Balansa répond que l'Olivier croit abondamment en Cilicie et dans les mêmes conditions qu'en Algérie. La hauteur de l'arbre di- minue insensiblement en s'élevant de la plaine dans la montagne. M. Balansa ajoute qu'aux environs de Batna (Algérie, province de Constantine), à environ 1000 métres d'altitude, il n'a observé que deux ou trois pieds rabougris d'Oleaster. L'Olivier ne paraitrait pas être spontané dans la région saharienne de cette province. Si M. Cosson a pu le voir abondamment dans le sud de la province d'Oran, c'est probablement par suite de la différence d'altitude et de conditions elimatériques. M. Kralik ajoute à son tour que, dans la régence de Tunis et en Égypte, il n'a vu nulle part l'Olivier à l'état spontané. M. Eugene Fournier fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR QUELQUES ESPÉCES NOUVELLEMENT OBSERVÉES AUX ENVIRONS DE PARIS, par M. EUG. FOURNIER, Je demande à la Société la permission de l'entretenir de quelques faits intéressants de naturalisation observés aux environs de Paris. Je le fais avec d'autant plus d'empressement que les observateurs ne comptent pas tous au nombre de nos confreres, et que la mention faite de leur découverte au sein de la Société en est pour eux la récompense flatteuse et assurément meritée. 1? Le Thalictrum angustifolium L., a été recueilli le 12 juillet 1856 par M. Ad. Gilon, au bois de Vincennes, le long de la route de Nogent. On sait que cette espèce, qui habite le département du Doubs et l'Alsace, n'avait pas encore été rencontrée dans le rayon de la flore parisienne. 2* Mon frère a trouvé au bois de Boulogne, le 3 mai 1855, aux environs de Madrid, le Geranium phæum L., que plusieurs membres de la Société ont pu récolter en abondance, à la fin de juillet dernier, dans les montagnes d'Auvergne. Cette espèce, que j'ai depuis cultivée avec facilité, fleurit plus tôt dans notre région, et devient plus forte, plus herbeuse et moins velue que dans les pâturages élevés el un peu froids des monts Dômes. Le bois de Boulogne, je le sais, est la patrie des plantes naturalisées (quel- ques-uns de nos collègues y sèment annuellement des plantes cultivées ou étrangères à uotre flore): je n'aurais done pas attribué une grande impor- tance à la découverte de mon frère, si mon excellent collègue, M. Amblard, ne m'eüt appris qu'il avait trouvé, durant le méme été, la méme espèce SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 109 dans le bois de Chaville. Peut-être le Geranium pheum T., devra-t-il prendre rang parmi les espèces parisiennes. 3° Enfin j'ai à vous présenter, messieurs, le Barbarea præcox R. Br., indiqué par Mérat dans quelques localités de nos environs, rayé depuis du catalogue par MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, et que j’ai retrouvé dans la forêt de Saint-Germain le 13 mai 1856. U Si je ne eraignais de dépasser les limites d'une simple note, je citerais ici quelques espèces rares recueillies à des localités nouvelles : l’ Anemone ra- nunculoides L., au cháteau de la Chasse, dans la forét de Montmorency, par M. Le Hardelay ; l Helianthemum canum Dun., sur les coteaux cal- caires de Moret, par MM. Hagueron et Bonnet (ce qui relie les stations eon- nues de cette plante eutre Paris et Rouen à celles qu’elle occupe en Bour- gogne); le Scirpus supinus L., à Villeneuve-Saint-George, dans les mares qui bordent le chemin de fer, par M. Gilon, etc. Je termine en remerciant vivement M. Cosson de l'obligeance extrême qu'il a mise à me seconder dans la détermination du Thalictrum qui fait l'objet principal de cette note. M. Decaisne fait hommage à la Société des deux premières livrai- sons de son nouvel ouvrage intitulé : Le Jardin fruitier du Muséum, el expose le plan de ce travail. M. Decaisne donne ensuite lecture de la communication suivante, adressée à la Société : REMARQUES AU SUJET DES OBSERVATIONS DE M. LE D' CLOS, RELATIVES AUX VRILLES DES CUCURBITACÉES, par M. €. NAUDIN. (Paris, 10 février 1857.) J'ai pris connaissance, dans le Bulletin de la Société Botanique (t. II, p. 945 et suivantes), des areuments que M. le docteur Clos oppose à l'ex- plication que j'ai donnée de la nature de la vrille chez les Cucurbitacées. Mou opinion n'en a pas été modifiée, et je tiendrai mon interprétation pour bonne jusqu'à ce qu'on m'en présente une meilleure; mais puisque la ques- tion a été remise sur le tapis, je profiterai de l'oecasion pour exposer les motifs qui ne me permettent pas d'accepter la théorie proposée par M. Clos, et pour mettre sous les yeux de la Société une de ces vrilles métamorpho- sées dont j'ai parlé dans ma note. Elle a été cueillie, en 1855, sur une variété de Cucurbita Pepo à fruits tres petits et très déprimés, qui nous avait été envoyée par M. L. Vilmorin sous le nom de Apple early egg, que j'ai tra- duit par celui de Coloquinte-pomme hátive. La plante en question ne pro- duisait pour ainsi dire que de ees vrilles anomales, plus ou moins retournées à l'état de feuille par leur extrémité, et portant, sur ce que j'appellerai leur 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pédieule, un bourgeon tantôt rudimentaire et presque imperceptible, tan- tôt, au contraire, fort développé et présentant, outre de petites feuilles, des boutons de fleurs mâles et de fleurs femelles, faibles sans doute, mais par- faitement conformés. L'échantillon iei présent est une vrille entière, déta- chée à sa base même du rameau qui la portait. On voit que le bourgeon, situé à environ un centimètre au-dessus de cette base, s'est lui-même dé- veloppé en un rameau, long aussi d'un centimètre, et sur lequel il est facile de reconnaître une petite feuille et deux boutons de fleurs mâles. Le reste dé cette vrille, comme chaeun peut encore le constater, est un pétiole long et grêle, terminé par une feuille dont les nervures se prolongent au delà du limbe avec tous les caracteres des divisions d’une vrille normale. Je rappelle que j'ai observé tous les passages entre les vrilles dont Jes bourgeons étaient le plus développés et eelles oü ils avortaient pour ainsi dire totalement et sans laisser de traces. Suivant que cet avortement était plus complet, la vrille reprenait davantage l'aspect qu'elle présente d'babi- tude, et finissait par ne plus différer des vrilles proprement dites. Lorsque j'assigne à ces organes une nature mixte, axile dans une partie plus ou moins grande de leur pédicule, foliaire dans le reste, je ne fais done que me conformer à un fait matériel qui n'est pas aussi rare que M. Clos semble le eroire, puisque d'autres l'ont signalé avant moi et que je l'ai trouvé simul- tanément sur plusieurs plantes appartenaut à des variétés tres différentes du Cucurbita Pepo. Je ne puis admettre, avec M. Clos, que la vrille des Cueurbitacées soit un dédoublement latéral de la feuille : 1° Parce que la théorie du dédoublement, en tant qu'on l'applique aux feuilles, n'est rien moins que prouvée. 2° Parce qu'en admettant comme possible en prineipe le dédoublement des feuilles, il faudrait, pour que l'explication proposée par M. Clos fût recevable, même à titre de simple hypothèse, qu'elle s'appuyát au moins sur des analogies, c'est-à-dire sur des faits bien constatés de ce dédouble- ment latéral, ce dont il n'y a, je crois, aucun exemple authentique à citer dans le regue végétal. Faute de reposer sur des faits de ce genre, éloignés ou proches, sa théorie doit être considérée comme purement gratuite. 3* Parce que les feuilles des Cueurbitaeées sont toujours parfaitement symétriques, c'est-à-dire formées de deux moitiés semblables et égales, Ce qui ne devrait pas être si une partie quelconque en était détachée pour 5e presenter sous la forme d'un organe distinct et séparé. i Parce que, pour expliquer les faits anorm: j'ai cités, | ;los est obligé lui-même de recourir à la suppose ler " semble me reprocher de faire intervenir pour donner une idée, sinon une explication, de la strueture complexe des tiges des Cucurbitacées. Effecti- vement, s'il admet que, dans les vrilles gemmiferes dont j'ai parlé, le bour- SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 111 geon, né ailleurs que sur le pédicule de la vrille est soude avec ce dernier sur une étendue plus ou moins longue, il n'est plus autorisé à me contester que la vrille est le dernier soupir d'un rameau dont l'origine véritable est déguisée par sa coalescence avec d'autres axes et qui est alors supplanté par eux. Dans une premiére note qui a été, je crois, communiquée à l'Académie des sciences, en 1856, M. Clos s'autorise de la structure des vrilles du Cu- cumis bicirrha (il eût fallu dire &icirrhus) de Forster, pour conclure que ces organes, qu’il suppose exister ici simultanément des deux côtés de la feuille, sont les analogues des stipules, ou du moins une dépendance de la feuille. Pour mon compte, je ne trouve rien qui vienne à l'appui de sa sup- position. Le Cucumis bicirrha n'a été vu jusqu'ici que par Forster, et bien probablement M. Clos ne le connait que par la phrase descriptive de ce der- nier. Or voici comment Forster s'exprime en parlant des vrilles de cette Cucurbitacée : CirrA? ad alterum latus petiolorum, spirales, bifidi (Forst. mss.), ce qui ne veut évidemment pas dire qu'il y ait deux vrilles opposées à chaque nœud, mais seulement que la vrille, solitaire comme de coutume, se divise en deux branches, de la méme manière que celles de la Gourde. M. Clos objecte enfin que la vrille n'a jamais été vue à l'aisselle d'une feuille. C'est précisément parce qu'elle n'est jamais située dans l'aisselle de la feuille voisine, que je suis obligé d'aller chercher plus loin son point de départ, et, bien que cette manière de voir ne soit qu'hypothétique, elle trouve du moins un certain appui dans ce fait que, chez la plupart des Cueurbitacées, le pédiculé de la vrille semble se continuer inférieurement sur la tige par une côte saillante qui se prolonge jusqu'au niveau de la deuxième feuille. D'ailleurs, cette coalescence supposée ne serait pas un fait unique et sans analogue; on peut en citer bien des exemples, et la fa- mille des Solanées en offre de vulgaires. Personne n'admettra, par exemple, que les rameaux dichotomes du Datura Stramonium et de quelques autres solent nés autre part qu'à l'aisselle de feuilles qui cependant ne correspon- dent plus, sur les rameaux adultes, au point où ils se séparent de la tige qui les produit. Au premier abord, on pourrait étre tenté de croire que chez ces plantes les rapports habituels des feuilles et des bourgeons sont inter- vertis, mais il suffit d'un peu d'attention pour se convaincre qu'il n'y a de ehangé que les apparences. Au surplus, je n'ai pas prétendu expliquer la strueture des tiges des Cucurbitacées; j'ai seulement voulu constater par des faits la nature organique de leur vrille, qui n'est, à mes yeux, ni une stipule, ni une fraction de la feuille qui l'accompagne, ni tout entière un rameau, comme le veut M. Fabre, mais un organe mixte, un rameau atrophié dont le bourgeon terminal avorte dans la plupart des eas, et dont la feuille unique est modifiée en vue d'une finalité déterminée. 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA FANAISON DES PLANTES ET SUR LES CAUSES QUI LA DÉTERMINENT, par M. P. DUCHARTRE. Les observations dont je vais avoir l'honneur de communiquer les résul- tats à la Société m'ont conduit, relativement à la fanaison des plantes et aux conditions dans lesquelles elle peut se produire, à des idées différentes de celles qui ont cours généralement et que partagent les physiologistes en fort petit nombre dont l'attention s'est portée sur ce curieux phénoméne. En effet, elles m'ont montré que si, dans la plupart des eas, les plantes se fanent parce que leurs racines se trouvent dans un sol trop sec pour leur permettre de réparer les pertes déterminées en elles par la transpiration, dans d'autres circonstances on les voit se faner aussi, bien que la terre où s'étendent leurs racines renferme assez d'humidité pour fournir à tous leurs besoins. Alors leur fanaison est due à un défaut d'équilibre entre la déperdition et la réparation, c'est-à-dire entre la quantité d'eau que les feuilles versent dans l'air sous la forme de vapeur invisible et celle que les racines envoient aux parties aériennes dans le méme espace de temps. Je crois done devoir distinguer deux sortes de fanaison : 4° celle qui est la conséquence de la sécheresse de la terre ; c'est la plus ordinaireet celle qu'on a regardée jusqu'à ce jour comme la seule que présentent les plantes; 2° celle qui tient à une transpiration surabondante dans un temps donné et qui est indépendant de l'état d'humidité ou de sécheresse du sol. Pour ne pas donner trop de longueur à cette communieation, je me con- tenterai d'y exposer une partie des faits que j'ai constatés sur un Hortensia, sur une Reine-Marguerite et sur un Helianthus annuus. Les pots dans les- quels ctaient plantés ces trois sujels avaient été renfermés dans des appareils de verre clos hermétiquement, identiques avec ceux que j'ai eu l'honneur de mettre, dans une autre circonstance, sous les yeux de la Société. Grâee à cette disposition, je pouvais régler à mon gré l'humidité de la terre, et j'ap- préciais exactement, avec une bonne balance, les pertes que la plante faisait dans l'air par la trauspiration, sans avoir à m'inquiéter de ce qui concernait les pots avee la masse de terre dont ils étaient remplis. I. — Hortensia. 1° Le 15 juillet 1856, cette plante avait recu 78 grammes d'eau. Le 17, à si^ heures du matin, elle était encore très fraiche, et elle pesait ‘ gram- mes. Elle avait alors perdu par la transpiration ee eer is 78 qu'elle avait reçus deux jours auparavant. A midi, après être restée pen- dant quatre heures exposée à un beau soleil qui avait fait monter à 25° cent. un thermomètre découvert, elle était fanée, et ses feuilles se montraient SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 113 presque entièrement pendantes. Dans cet état, elle pesait 20315",6. La transpiration lui avait done enlevé dans la matinée 145^,6, et sa terre ren- fermait encore 12 grammes d'eau sur les 78 du dernier arrosement, L'ar- buste a été transporté aussitôt dans une chambre peu éclairée, où l'air chaud et sec maintenait le thermomètre à 20°,6. Là, au bout d'une heure et de- mie, ses feuilles s'étaient relevées et il avait repris sa fraicheur. De nom- breuses expériences autérieures m'avaient appris qu'il ne pouvait se pro- duire une absorption d'humidité dans l'air, lors méme qu'il en aurait été chargé et, par suite, que cet air ne pouvait contribuer en rien à rendre à ma plante sa fraicheur. Aussi n'ai-je été nullement surpris de voir qu'après l'espace de temps qui lui avait suffi pour reprendre la turgescence de ses lissus, il avait encore subi une nouvelle perte de poids qui s'élevait à 18,6. Ce résultat acquis, j'ai replacé mon Hortensia dans le jardin, mais cette fois à l'ombre. Là il a perdu daus la soirée, par l'effet de la transpi- ration, à peu pres tout ce qui pouvait rester dans la terre des 78 grammes d'eau qu'il avait reçus dans le dernier arrosement. Aussi, peu avant la nuit, ses feuilles sont-elles devenues de nouveau flasques et pendantes. La nuit suivante, quoique très fraiche, puisque sa température minimum a été de 9°,7, n'a pu leur rendre leur état normal, et le lendemain, de bonne heure, la plante a dü étre arrosée. 2° Le 28 juillet, dès le matin, mon Hortensia a recu 48 grammes d'eau qui ont porté son poids à 2161 grammes. La journée du 29 ayant été très chaude, ce poids s'était réduit, vers huit heures du soir, à 2093 grammes. La plante avait done perdu 68 grammes; aussi était-elle trés fanée par dé- faut d'humidité dans la terre. La nuit du 29 au 30 a été assez fraiche; la rosée a été abondante ; cependant, le lendemain, à 5 heures du matin, les feuilles étaient fanées comme la veille, et il a fallu arroser pour leur rendre leur fraicheur. 9* Le 4° août, à six heures du matin, mon Hortensia, quoique très frais, à recu 48 grammes d'eau. Avec cette addition, il a pesé 21905':,4. Par l'effet d'un beau soleil qui avait fait monter à 355,5 le thermomètre décou- vert, à une heure et demie ses feuilles fanées pendaient toutes flétries. Son poids s'était alors réduit à 21365,2. Laissé ensuite pendant une heure dans une ehambre peu éclairée et trés chaude (28,5), il a relevé ses feuilles et a repris sa fraicheur. A deux heures et demie il a été mis de nouveau en pleiu air, à l'ombre, en un lieu où la température s'élevait à 30°. Le soir, il s'était fané de nouveau, et son poids n’était plus que de 2121*',6. La nuit suivante n'a produit aucun changement dans son état. h^ Le matin du 4 août, le méme arbuste arrosé avec 48 grammes d'eau, à pesé 21865" ,6. La journée a été très chaude, et le thermomètre découvert à marqué jusqu'à 38°. Aussi l'Horteusia a subi une perte de 575,2; le soir, Vers huit heures, ses feuilles étaient très fanées et pendantes. Rien n'était T. IV. 8 AAR SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. changé dans leur état le lendemain matin, à 5 heures, après une nuit calme mais sans rosée, dont la température minimum avait été de 15°,5. La plante avait méme perdu 157,2 depuis la veille. | Comme on le voit, dans les observations que je viens de rapporter, mon Hortensia s'est comporté de deux manières, à mon avis, entierement diffé- rentes, selon les conditions sous l'influence desquelles il s'était fané. Le 47 juillet et le 1% août, sa fanaison avait été déterminée par l'action d'un beau soleil, et il a suffi de le tenir pendant quelque temps dans un lieu peu éclairé, quoique chaud, pour qu'il ait repris sa fraicheur tout en continuant à diminuer de poids. Dans les autres circonstances, il s'est fané par suite de la sécheresse de la terre, et alors ni l'obscurité, ni la fraicheur de la nuit, ni méme la rosée, n'ont pu lui rendre la turgescence de ses tissus. I! me semble dés lors évident qu'il y a eu pour cette plante deux sortes de fanaison distinctes l'une de l'autre, et dont les causes ont dü étre aussi dif- férentes que l'ont été leurs effets. II. — Zteine- Marguerite. 1° Le15 juillet 1856, à six heures du matin, cette plante était tres fraiche et pesait 1992 grammes. A midi, elle avait été sensiblement fanée par le soleil et laissait retomber ses feuilles; elle pesait alors 4979s", 4. Laissée à la méme place en plein air, elle a été atteinte par l'ombre avant trois heures. Dès lors elle a relevé graduellement ses feuilles, et, à six heures du soir, elle était redevenue fraiche, bien que son poids fût descendu à 1956:",6. 2» Le 17 juillet, à six heures du matin, la méme plante était en bon état et pesait 20175,6. A midi, sous l'action d'un beau soleil, elle s'était fanée, laissait pendre ses feuilles et ne pesait plus que 2006 grammes. Elle avait donc subi une perte de 415,6. Elle a été alors transportée dans une chambre peu éclairée et chaude (20*,6) dans laquelle elle a repris sa fraicheur en une heure, quoique au bout de cet espace de temps elle eüt encore diminué de poids et qu'elle pesát seulement 2005*^,6. Remise en plein air vers deux heures, elle est restée fraiche, et cependant à huit heures du soir, son poids s'est trouvé réduit à 1998:"-,8. 3» Le 17 juillet, à six heures du matin, quoique ma Reine-Marguerite füt très fraiche, je l'ai arrosée avec 78 grammes d'eau. Son poids s'est trouvé alors de 2070*",5. À midi, par un beau soleil, elle s'était fanée quoiqu'elle n'eüt perdu encore que 8 grammes et que sa terre füt trés humide. Aussi l'ombre a-t-elle suffi pour l'amener à relever ses feuilles, et, revenue à son premier etat, elle a pesé 205077,8, le soir, à huit heures. Sa perte, depuis midi, avait done été supérieure à celle qu'elle avait subie dans la matinée, et cependant elle ne l'avait pas empéchée de redevenir fraiche, tandis que la premiere l'avait fanée. h* Le 19 juillet, la meme plante était très fraiche; à six heures du matin SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 445 elle pesait 2049 grammes. A midi, elle était descendue à 20385,4, et elle s'était fanée. A six heures du soir elle était redevenue fraiche, et cependant son poids n'était plus alors que de 2029 grammes. On voit que les faits observés sur cette espèce sont entièrement con- formes à ceux que j'ai signalés sur la première. | III. — Helianthus annuus. 1° Le 2 aoùt 1856, à huit heures du matin, cette plante a été arrosée avec 48 grammes d'eau, quoique sa terre fût déjà humide. Elle a pesé alors 3097*,6. A midi, frappée par un soleil ardent qui avait fait monter le thermomètre découvert jusqu'à 35°, elle s'était complétement fanée et laissait pendre ses feuilles toutes flétries. Elle ne pesait plus alors que 29915",8; elle avait ainsi perdu, en quatre heures de soleil, 105*',8. Trausportée aussitót dans une chambre peu éclairée, mais trés chaude, il lui a suffi d'une demi-heure pour relever ses feuilles et pour reprendre Sa fraicheur, qu'elle a conservée ensuite toute la soirée, quoique je l'eusse placée en plein air, à l'ombre, en un lieu où la température était de 30°, et S'élevait encore à 28°,6 à six heures du soir. 2° Le 5 août, de bonne heure, mon Helianthus, arrosé avec 78 grammes d'eau, a pesé 30235°,6. Vers une heure, il laissait pendre toutes ses feuilles flétries et ne pesait plus que 29245,2. I avait done transpiré 997,4. Dans cet état, il a été transporté dans une chambre peu éclairée, très chaude (25°,5), dans laquelle il avait entièrement relevé ses feuilles au bout de deux heures, Remis en plein air et à l'ombre, il est resté frais comme il l'était redevenu, Le lendemain, 6, quoiqu'il eût reçu le matin 96 grammes d'eau, la forte trauspiration de la journée l'a fané de nouveau. Dés lors ses racines ne trouvant plus dans la terre l'humidité qui pouvait seule rendre aux tissus leur turgescence, il est resté fané malgré la fraicheur de la nuit suivante, Pendant laquelle la température minimum a été de 13^. 9" Les choses se sont passées absolument de méme les 7 ou 12 août. Par Suite de l'abondante transpiration de la journée, mon Hélianthe s'est trouvé, le soir, entierement fané. Aussi, dans l'une et l'autre circonstance, malgré la fraicheur de la nuit et malgré la rosée, il s'est montré le lendemain ma- lin tout aussi flétri qu'il l'était la veille, et il a fallu l'arroser pour le ra- mener à son état normal. Ainsi, pour cette plante comme pour les deux premières, il y a selon moi deux modes différents de fanaison. Les observations que je viens de rapporter en détail me semblent démon- trer l'exactitude de la distinction que j'ai établie entre la fanaison ordinaire des plantes due simplement à la sécheresse de la terre et celle que déter- 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mine en elles une exagération momentanée de la transpiration, qui est indé- pendante de la quantité d'humidité contenue dans le sol. Voici comment celle-ci me parait s'expliquer sans difficulté. Les racines absorbent l'humidité du sol qui, une fois introduite dans la plante, s'éléve à travers la tige pour arriver aux feuilles, organe essentiel de la transpiration. Mais ce pouvoir absorbant des racines a des limites, cette perméabilité des tissus de la tige a aussi les siennes. Dès lors, si le so- leil vient exagérer la transpiration par sa forte chaleur et sa vive lumière, la plante versera dans l'atmosphère, sous forme de vapeur invisible, plus d'humidité que les racines ne peuvent en absorber, que la tige ne peut lui en transmettre dans le méme espace de temps. Dès lors aussi les pertes in- cessantes que subissent les tissus des parties herbacées ne seront plus répa- rées que de manière incomplète. Par suite les feuilles se flétriront, et la plante se fanera. Mais supprimons la eause à laquelle est dü cet excès de transpiration qui n'a pu étre compensé ; pour cela mettons ces plantes fanées à l'ombre ou à une demi-obseurité; dés lors l'afflux de sue nourricier qui avait été momentanément insuffisant, mais qui n'a jamais cessé d'avoir lieu, va réparer graduellement les pertes subies par les organes. Peu à peu les tissus reprendront leur turgescence, les organes leur apparence nor- male, et la plante redeviendra bientót aussi fraiche qu'elle l'ait jamais été. ~ M. Guillard fait à la Société la communication suivante : LÀ IDÉE GÉNÉRALE DE L'INFLORESCENCE, par M. ACH. GUILLARD. (Suite.) Dans une premiére communication, j'ai cherché à définir l'inflorescence en remontant au sens que lui avait attribué Linné, auteur de ce mot, et en l'éclaireissant au moyen des observations modernes ; j'ai indiqué que j'en traiterais exclusivement comme question d'ordre et de succession normale daus l'épanouissement des fleurs; et j'ai táché de faire voir combien il est urgent pour le progres de notre science de relever cette branche de l'état de marasme oü elle est tombée, Ensuite, j'ai établi les deux lois les plus générales : La loi de progression, qui est conforme à la phyllotaxie ; La loi de récurrence ou de régression, qui est inverse de la phyllotaxie ; puis La Loi spéciale de reprogression, par laquelle la nature relie les deux grandes lois contradictoires ; enfin SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 117 La loi d'affaiblissement, qui pèse concurremment sur les deux ordonnées générales du système naturel de l'inflorescenee, —qui n'agit pas moins sur la marche réprogressive, — et qui tempere partout l'unité de composition par la variété d'aspeet. Dans la discussion qui a suivi cette communication, l'ingénieux investi- gateur des Euphorbiacées a contesté le sens général dans lequel nous em- ployons les mots inflorescence et fleuraison. Nous avons maintenu pour inflorescence le sens agrandi de Linné, faisant voir qu'il n'y avait aucune utilité à détourner ce terme du sens que lui a donné son auteur, et qu'il y à au contraire nécessité de conserver un nom propre pour une branche par- faitement déterminée de la science. Nous avons pris acte de ce que personne n'a contesté l'importance du sujet, le grave desideratum qu'il laisse jusqu'à présent dans la physique végétale, enfin l'urgence qu'il y a à en fixer la théorie générale, et à facili- ter l'application de cette théorie par un langage précis, qui puisse se préter avec souplesse à l'expression des phénoménes si nombreux et si variés que l'observation fournit. VJI. Critique des termes. — Avant d'aller plus loin, nous nous trouvons dans la nécessité, pour assurer les abords de l'inflorescence, de critiquer quelques couples de mots qui, depuis MM. Brown et Rœper, ont été fré- quemment employés faute d'autres, et qui ont contribué beaucoup, selon nous, à retarder en cette partie le progrès de la science. Ce sont défini et indéfini, centrifuge et centripéte, ascendant et descendant , introrse et extrorse. A prendre les mots dans leur sens naturel, le groupe floral, soit progres- Sif, soit régressif, est défini ou indéfini, selon la manière dont il se termine, —Selon que son évolution a ou n'a pas de terme marqué : il est défini, si son évolution est déterminée, indéfiui si indéterminée. Les grappes du Lilas Sont définies, parce que leur bourgeon terminal est une fleur qui s'épa- nouit aprés les latérales, et aprés laquelle il ne peut y en avoir d'autres, La Cyme d'Elœagnus peut être regardée jusqu'à un certain point comme définie, parce que les pédicelles qui portent la deuxième et la troisième fleur, n'offrent aucun indice de prolongation de la Cyme (1). Mais la plupart des Cymes sont dans un cas contraire : les dernières fleurs qui s'épanouissent Sont soustées de 2 bractées, qui déclarent que la Cyme se peut continuer, qu'elle n'est pas nécessairement terminée au point oü nous voyons éclore le dernier bouton ; et en effet, dans des circonstances favorables, la plante 0 C'est, je crois, en ce sens que M. Weddell a employé l'expression de cyme définie dans l'importante monographie des Urticées que les Archives du Muséum mettent au jour en ce moment. 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. offre quelque degré de plus dans sa fleuraison ; au lieu d'une Cyme à A de- grés, elle en porte une à 5 ou à 6. ll n'y a peut-être qu'une sorte de Cyme qui soit proprement définie et déterminée, parce qu'elle est, nécessairement et par sa nature, limitée dans les deux sens : c'est celle que nous avons fait voir sur les Rubus, les Clé- matites, les Euphorbes eommuns, et que nous avons nommée réprogres- sive, Elle marque elle-même ses deux confins, qu'elle ne peut dépasser, puisqu'elle commence à un bout et reprend par l'autre. On voit done que les termes employés par M. Rœper pour désigner les deux marches contraires de l'inflorescence, ne peuvent pas être conservés dans l'emploi qu'il leur a attribué, Le groupe défini, dit-il (1), est celui dont l'axe se termine par une fleur, et l'indéfini celui dont l'axe ne se ter- mine pas par une fleur. Eh bien! la grappe du Lilas est définie, celle de tous les Agrimonia de méme, celles des Laurinées, des Campanulacées, des Berbéridées, et une foule d’autres. Il n'y a aucune raison pour détourner ce participe de son sens usuel et seul francais, qui n'a pas de rapport avec la loi de strueture qu'on prétend lui faire représenter. M. Roper appelle indé finie ou centripète la marche progressive, et défi- nie ou centrifuge la marche régressive. On vient de voir que le groupe flo- ral peut être défini ou indéfini dans l'un et l'autre système. Qui pourrait dire que la grappe axillaire triflore d' Erythrina, de Dolichos, est quelque chose d'indéfini? Les Cymes des Caryophyllées, des Potentilles, des Polé- moniacées, des Rubiacées sont-elles définies? M. Roeper lui-même (chose étrange!) dit en parlant de la Cyme d’£rythræa : « Cette multiplication de » rameaux n'aurait aueune borne si la plante n'était détruite par des causes » extérieures (Z. c., p. 80). » Il reconnait done, sans le dire, que cette mul- tiplication de rameaux est indéfinie. Puisque la Cyme peut être formée d'un nombre indéfini de pédicules et de pédicelles, il est clair qu'elle est elle- méme indéfinie. C'est De Candolle qui en a fait la remarque. En théorie on pourrait méme dire que toute Cyme est indéfinie, puisqu'on peuttoujours supposer des bourgeons latéraux destinés à la prolonger, et que cette supposition est le plus souvent appuyée par 2 bractées d'attente. On ne saurait faire la même hypothèse pour toutes les grappes, puisqu'il y en a, comme celle de Berberis, par exemple, dont la fleur suprême, sans aissel- lière, et nettement terminale, óte toute possibilité de prolongement. Les grappes décussées en général, et surtout la plupart des grappes composées, sont parfaitement définies : Oléinées, Campanules, Staphyléacées, Lauri- nées, etc. L'idée de détermination ou d'indétermination n'est donc pas convenable (1) P. 83, Mél. bot. de Seringe, l. c. SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1857. 119 pour distinguer fondamentalement les deux pivots du système de l'intlo- rescence, Il faut s'en tenir à leur nature, et les définir sans hypothèse d'a- pres leur mouvement respectif, d'apres leur marche PROGRESSIVE ou RÉGRESSIVE. Centrifuge et centripète ne sont pas moins impropres. Si cen- tripete est applieable en apparence à l'évolution d'un eapitule, il ne l'est plus à celle d'un épi cylindrique tel que celui du Plantain, tel que la grappe du Groseillier, où 11 n'est nullement vrai de dire que le développement tend au centre, puisque au contraire il s'eléve sur une échelle verticale à degrés égaux et semblablement placés, qui serait représentée assez fidèlement par la figure d'une trachée. Par la méme raison, la Cyme descendante ne peut pas être appelée centrifuge : car cette expression s'appliquerait tout au plus aux deux premières fleurs, et nullement aux suivantes qui descendent l'hé- lice de la méme manière que les fleurs de la grappe la remontent, Dans la Cyme ascendante (ou dichotomée) il y a plus : l'essence de cette Cyme est que chaque fleur s'épanouisse au centre des rameaux floriferes qui s'élevent au-dessus d'elle; ainsi, il serait plus vrai de dire quel'inflorescence y cher- che le centre, que de dire qu'elle lé fuit. Enfin, il y a des exemples de Cymes véritablement et formellement centripètes, — de Cymes où l'on voit les boutons rangés en entonnoir dans l'ordre de leur âge, et où les plus jeunes sont au centre : il faut les observer vivantes sur Andryala pin- natifida, Piqueria trinervia et quelques autres Composées, sur la plupart des Apocynées, sur Centradenia floribunda (qui est à point dans les serres En cé moment), sur Hemerocallis fulva, etc. L'ineonvénientdes dénominations employées par M. Ræper estdonc d'avoir été basées sur des considérations particulières et trop restreintes. M. Brown, partant d'un point de vue un peu plus général, avait proposé de nommer inflorescence ascendante la progression, et descendante la récurrence. Ces expressions n'ont pas été adoptées ; elles n'entraient pas encore dans la na- lure des choses, et d'ailleurs elles auraient juré trop souvent avec l'aspect des groupes désignés : pourrait-on, sans faire violence à la langue et à la pensée, appeler ascendante l'évolution d'un capitule de Cichorium, et des- cendante une Cyme de Gypsophila? Nous avons fait voir l'autre jour que la récurrence peut être ascendante aussi bien que la progression. Il y a méme infiniment plus de Cymes ascendantes que de descendantes ; par Contre, il y a des Composces dont le capitule est plan et méme concave, et dont par conséquent la progression n'est nullement ascendante. En quoi l'inflorescence des ombelles, des faisceaux, est-elle ascendante ? Nous avons done dù tâcher de représenter les deux faits généraux de la Succession florale par deux termes propres qui, applieables à tous les cas, M exception et sans hypothèse, ne donneraient lieu à aucune équi- 'Oque, Quant aux termes introrse et extrorse que nous avons employés autre- 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fois (1), ils doivent être rejetés par motifs semblables, et surtout parce qu'ils n'indiquent qu'au point de vue secondaire de la configuration une distinction capitale qui tient essentiellement à la physiologie, comme nous eroyons l'avoir démontré. Nous avons insisté sur le choix des termes, à cause de la grave impor- tance qu'il y a pour la justesse des idées et la facilité de l'étude à tenir au- tant que possible le langage de la théorie en harmonie avec les faits fonda- mentaux sur lesquels elle repose. Qu'un systématique change sans nécessité le nom propre d'une plante, méme en lui en donnant un meilleur, on le blâme ; il le mérite, ear une amélioration individuelle, isolée, ne peut com- peuser l'inconvénient d'aggraver le fardeau déjà si lourd d'une immense synonymie. Mais pour la théorie, c'est tout différent : ses termes ne for- ment qu'un bien mince bagage : ils se rapportent à des points de vue gé- néraux qui obligent à les répéter souvent : répétition blessante pour l'esprit et pour le goüt, si les mots sont mal formés ou mal choisis ;— bien pesante et bien fastidieuse, si l'on se met dans le cas de redire à chaque instant les mémes périphrases, en voulant s'épargner le risque d'un mot nouveau. Tout pas incontestable fait par la théorie peut et doit être représenté par une expression juste et appropriée; toute erreur de méme ordre, reconnue, entraine le sacrifice du terme qui la consaerait. On a cru d'abord que le vétement externe de la fleur était un organe simple, plus ou moins découpé: on l'a nommé calice. Plus tard, on vient à reconnaitre que c'est un verti- cille d'organes analogues aux Pétales et aux Feuilles ; on donne un nom nou- veau à ces organes, on les nomme Sépales : aprés une certaine résistance des habitudes froissées, tout le monde adopte le terme qui était inconnu à nos devanciers. Si quelqu'un s'en tenait obstinément au calice en refusant de reconnaitre des organes parfaitement personnalisés, il montrerait un res- pect aveugle pour les anciens, et protesterait contre le progres de la science. Au reste, dans la création des nouveaux termes techniques, c'est leur auteur seul qui court quelque risque, — le risque d'une peine perdue et du ridicule qui s'attache à un barbarisme repoussé. La science n'y risque rien : car si les mots proposés sont mal tournés ou forgés sans nécessité, on ne les adopte pas, ils tombent dans l'oubli, et n'embarrassent plus personne. Les Annales des sciences naturelles sont pleines de ces exemples..... et nous allons peut-être en fournir un de plus. VIII. Division.— Si l'on veut bien jeter une vue d'ensemble sur le champ que nous avons à parcourir, on verra que l'on y peut distribuer toutes les observations recueillies en quatre groupes principaux. En effet, après avoir posé les lois générales de l'inflorescence, qui déterminent en quelque sorte on ` Je , , l'étendue de ce champ d'investigations, nous devrons considérer : (4) Formules botaniques, Vocabulaire des organes, 1835, Baillière, SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 121 4° Le point de départ de l'évolution florale; 2° La qualité diverse des groupes floraux, d'où résulte la nécessité de leur imposer des noms propres qui les fassent reconnaitre avec facilité et permettent d'en parler commodément ; 3° La forme des groupes floraux ; h° Enfin leur position. IX. Départ de l'inflorescence. — Nous croyons avoir démontré que ce qui importe le plus pour la détermination de l'inflorescence, c'est de recon- naître exactement le point où elle commence, ce point climatérique par où passe le plan qui divise les deux zones d'évolution. L'inflorescence part de là pour se développer, en haut par progression ou par récurrence surmon- tante, — en bas par récurrence descendante et subordonnée, La réeurrence descendante répéte soit la progression directe et vraie, soit son imitation par surmontance. Si l'on essayait de déterminer l'inflorescence d'une plante sans avoir re- Connu, avant tout, le plan où commence l'épanouissement régulier, on ris- querait de tourner le dos à la vérité, et l'on ferait mieux de s'abstenir de tout jugement. La plupart des meilleures figures ne servent presque à rien pour la détermination de l'inflorescence; et cela vient de ce que les dessi - nateurs ont fait défaut à l'observation de la fleur primordiale,—-du point de départ, duquel dépend toute la succession. Ce plan de division, sur lequel s'ordonne toute la marche florale, est si important, il revient si souvent à la bouche, qu'il est fort à souhaiter que l'on s'accorde pour le doter d'un nom propre (1). C'est là que se trouve le vrai centre de l'activité vitale par rapport à l'inflorescence; e'est là qu'elle se développe ordinairement dans sa plus grande force, et qu'elle montre tout ce qu'elle peut produire; c'est là que le groupe floral est le plus complet, que la Cyme s'éléve à ses plus hauts degrés, et que ses branches s'éloignent le moins de l'égalité symétrique. Là aussi se déclarent de soudains changements dans la Phyllotaxie. Le plus fréquent consiste en ce qu'une plante à Feuilles alternes, ou sa branehe, se termine en décussation : Renoneulacées, Dryadées, Fumaria- cées, Linées, Euphorbiaeées, Chénopodées, Gyrocarpées, plusieurs Ombel- lifères, plusieurs Rutacées (R. graveolens, macrophylla), Ampélidées, Sapindacées, ete. Ou la plante, sans cesser d'être alternée, porte, aux aisselles, des groupes floraux binés-décussés : Campanulacées, Méliacées, Thésaciées (Thesium et genres voisins), Lauracées, Stylidiées, Goodéniacées, Convolvulacées, llieinées, plusieurs Urticées, etc. (4) On pourrait le nommer primefleur, ou anthése, ou protanthése (rpurn vôniauc), 122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ce sont les eas les plus abondants. Au contraire, certaines plantes, qui ont les Feuilles décussées au-dessous du plan de partage de l'inflorescence, passent à l'alternance dans la floraison: les Véroniques, beaucoup de Composées, le plus grand nombre des Vers veines, des Épilobes, Zauschneria, ŒEnothera rosea, etc. La grappe composée terminale de Scrofularia canina a d'abord ses ra- meaux exactement binés-décussés; bientôt les deux pédicules opposés ne restent plus au méme niveau : l'un d'eux s'élève et tourne plus que l'autre; ils passent à l’ordre 2/5, selon lequel s'achève la progression. Il en est de méme de plusieurs Verbena : leurs épis terminaux ont les fleurs d'abord opposées, puis dénivelées, eutin 2/5 ou 5/8. Ontrouve defréquents exemples du dénivelement des Feuilles sur plusieurs Rhamnus. Dutrochet a remarqué cette modification graduée, C'est aller trop loin que de dire pour cela (comme a fait M. Lestiboudois) que la spirale 2/5 n'est qu'une altération de la décussation, par avortement de quelque cohorte foliale, La grande classe des Monocotylées, à laquelle la décussation est étrangere, et qui multiplie ses cohortes foliales beaucoup plus que les Dico- tylées, admet fréquemment l'ordre 2/5 le plus régulier. Il parait bien plus conforme à l'observation et aux vues générales de la nature d'admettre que la phyllotaxie a diverses lois propres (2, 3, 1/2, 2/5, 3/8, ete. Al. Braun, Sehimper, Bravais), dont l'une n'est pas l'autre, mais dont le passage de l'une à l'autre s'opère par transition graduée au moyen de certaines plantes qui remplissent la fonction de lien et d'intermédiaire. X. JVomenclature des groupes floraux. — On sait déjà que la progres- sion et la récurrence, qui ont dans beaucoup de cas leur marche indépen- dante, se trouvent aussi fort souvent entremélées à divers degrés, en sorte que l'on rencontre la régression dans la progression, et réciproquement. Il s'agit maintenant d'énoncer, avec autant de clarté et de précision qu'il sera possible, tous les degrés de développement de chaque système, avec les modifications regulières qu'ils comportent, et tous les phénomènes que pré- sente leur pénétration mutuelle. Pour exprimer convenablement toutes les combinaisons des deux parties du système de l'infloreseence, il suffit de désigner ces deux ordonnées par deux termes propres qui puissent se composer eutre eux à autant de degrés qu'il y a de combinaisons dans la nature. Pour l'inflorescence progressive, nous proposons de conserver en quelque sorte le mot grappe, non dans sa forme moderne qui ne se prête à aucune composition (puisque sa consonnance tudesque ne permet pas de l'amalga- mer avee d'autres mots sans barbarisme), mais en employant sa forme grecque, qui est familière aux botanistes. En effet, nous connaissons tous cette charmante petite plante, Zeucrium Bornvs, qui, réduisant le fascicule des Labiées à une seule fleur, n'offre qu'une grappe feuillée, une Botryde SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 123 ou Botrye. Nous dirons done une Botrye, pour exprimer le groupe floral progressif. Quant à l'inflorescence régressive, les groupes simples qu'elle peut for- mer sont bien représentés par le mot Cyme, que Roper, Link et De Can- dolle père et fils y ont consacré. MM. Bravais ont essayé (1), il est vrai, de restreindre le sens générique du mot à cette espèce particulière de Cyme où les pédieules naissent les uns des autres, et dont nous nous entretiendrons plus tard. Mais ils n'ont pas tardé à étre.entrainés malgré eux par l'analo- gie et par la nécessité, à laquelle on ne peut se soustraire, de donner un nom commun à une idée commune : aussi disent-ils Cyme de Pommier, de Laurier, d'Oxalis, de Lamium, de Verbascum, quoique, chez ces plantes, les pédicelles se voient tous, directement et sans intermédiaire, sur l'axe unique et indivis qui porte la Cyme (2). Nous voulons done que la sueces- Sion florale régressive continue à s'appeler Cyme, et nous demandons que l'on nous permette de nommer Botryde ou Botrye la succession florale pro- gressive. Nous nous engageons à représenter dans toute la rigueur de la théorie et de l'observation tous les groupes floraux possibles, par la seule combinaison de ces deux termes techniques, Zofrye et Cyme. On renoncera sans regret à grappe, si l'on remarque que ee mot désigne dans l'usage commun le raisin qui est formé de Cymes ; si l'on se rappelle que la grappe est prise pour Cyme et double Cyme par MM. Cosson et Ger- main, dans les Graminées ; qu'un autre de nos célèbres confrères (W. Hoo- ker), s'efforçant de décrire la fleuraison de son Ceanothus velutinus, la traite de grappe, de thyrse et de panieule dans le méme article. Que pouvaient faire ces judicieux descripteurs? Ils savaient bien qu'il y a de l'inconvé- nient à heurter les habitudes de l'oreille; que la science, qui doit tendre à devenir populaire, ne doit pas employer un mot connu avec une significa- tion contradictoire à celle qu'il a dans la langue usuelle: mais le savant b. trop tenté de violer la langue, quand elle se refuse obstinément à ses esoins, Nous appelons done Zotrye tout rameau simple qui porte à chaque ais- (1) Annales des sc. nat., 1837, VII, 193, 291 ; VILI, 41. (2) MM. Bravais vont même, dans cette généralisation, au delà de ses justes bornes, lorsqu'ils attribuent la Cyme à Berberis, à Buxus, qui n'a que Botrye simple, méme à Sisymbrium et à Capparis ! (VII, 344). Après tout cela ils finissent Por définir là Cyme, sans restriction, INFLORESCENCE CENTRIFUGE, montrant bien, par cette définition qui résume leur long travail, qu'ils la prennent dans le Sens le plus Jarge et le plus général. C'est ainsi que nous le faisons depuis vingt ans, après les botanistes que nous avons cités. Nous pouvons donc consolider les motifs rationnels par l'antériorité, dont personne ne conteste le droit dans le lan- Sage des sciences, toutes les fois qu'elle n'apporte pas d'obstacle décisif au déve- loppement de la théorie. 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. selle une fleur s'épanouissant dans l'ordre progressif : tels sont la branche de Tropæolum, d'Anagallis, des Violacées, des Polygalées, la grappe du Groseillier, des Clethra, des Andromédes, des Kalmia, des Pyroles, de toutes les Crucifères, de toutes les Légumineuses, le bouquet des Azalea et des Rhododendron, V ombelle des Primulacées, des Daphnacées, l'ombellule des Ombelliféres, l'épi des Plantains, des Orchis, l'épillet des Graminées, le capitule des Composées sans exception, etc. Tout cela est Botrye. Au contraire, nous reconnaissons pour Cyme tout ensemble où la fleur ainée, primordiale et terminale, est reliée, par un systeme simple, à une ou plusieurs fleurs récurrentes toujours plus jeunes qu'elles. La majorité des plantes, surtout Dicotyles, fleurit en Cyme axillaire ou biaxillaire, effective ou indiquée (Urticées, Thésiacées, Célastrinées, Ilicinées, Malva- cées, Éricacées, Labiées, Scrofulariées et Acanthacées (presque toutes), Oléaeées, Convolvulacées, Cucurbitacées, Bégoniacées, Lonicérées, ete.) Un grand nombre fleurit en Cyme terminale plus ou moins complexe : Gé- raniacées, Hy péricées, Caryophyllées, Granatées, Asclépiadiées et Apocy- nées, Solanées, etc. Peu importe la forme du groupe : ce n'est pas sur sa forme que nous le nommons Cyme ou Botrye, c'est sur sa construction et sur l'ordre d'évolu- tion qui en résulte, La Zotrye est le groupe floral où la fleur ainée est axil- laireet suivie d'une ou plusieurs fleurs plus jeunes, pareillement axillaires. La Cyme est le groupe floral dont l'axe est terminé par la fleur ainée. Que ces groupes soient racémiformes, convexes ou concaves, coniques ou obco- niques, ovés ou ombellés, scorpioides, fascieulés ou capités, que leurs ra- meaux s'embranchent l'un sur l’autre ou qu'ils naissent tous d'un méme axe,— pédoneule, branche ou rameau, — c'est toujours une Botrye du mo- ment où la fleur la plus âgée est axillaire, et suivie de fleurs axillaives; c'est toujours une Cyme, du moment oü la fleur la plus ágée est terminale, et les fleurs plus jeunes axillaires ou portées sur axillaire, Dans une prochaine communication, nous indiquerons le moyen facile de représenter en toute précision, par la seule combinaison de ces deux termes, tous les cas d'inflorescence, méme les groupes mixtes les plus compliqués qui aient été observés jusqu'à présent. M. Puel, vice-président, donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qui lui a été adressée par M. le baron de Mélicocq : Lille, 10 février 1857. Distribution géographique de l' Alehemilla vulgaris L., dans les départe- ments du Pas-de-Calais, de l'Aisne et des Ardennes. — Dans sa Géogra- SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 125 phie botanique, M. Alph. De Candolle (1), aprés avoir signalé la présence de l'Alchemilla vulgaris, L., dans les iles Britanniques, s'étonne de ne pas le retrouver dans les Flores du Calvados et de la Loire-Inférieure, et il ajoute : « Cette espèce est près de Rouen (Turquier, FI., t. I, p. 84). On la cite » comme plante rare au nord de Paris. » (Coss. et Germ. Fl. Par. p. 476.) Les diverses localités que je vais avoir l'honneur de signaler à la Société prouveront, je pense, que, fréquente en certains lieux, cette plante s'égare souvent et, devenue fort rare, ne reparait qu'à de grandes distances. Ainsi, dans le Pas-de-Calais, l'A. vulgaris ne croit que dans les bois de Saint-Pol en Artois, oü il est fort rare. Inconnu à tous les botanistes de la Somme, on ne le retrouve qu'auprès de Prémontré, entre La Fère et Laon, où il est aussi très rare. Dans les cantons de Rosoy-sur-Serre, au contraire, l’A. vulgaris, com- mun dans tous les bois, où il est accompagné du Lysimachia nemorum L., que l'on ne retrouve plus qu'entre Chauny et Noyon, descend méme, comme en Lorraine (2), dans les prairies, y croissant presque toujours confondu avec le Polygonum Bistorta et le Bunium Carvi. Moins fréquent dans les vastes foréts de l'arrondissement de Vervins et celles des environs de Rocroy, il y accepte l'ombre protectrice du Sam- bucus racemosa L., du Digitalis purpurea L., du Senecio saracenicus, du Centaurea montana L. L'Hypericumn linearifolium Vahl., et le Saxifraga sponhemica Gmel., observés dans la forét des Ardennes. — La présence de ces deux plantes dans l'immense forét des Ardennes a vivement surpris M. Godron, à l'examen duquel elles ont été soumises en 1852. En effet, dans leur Flore de France, MM. Grenier et Godron donnent à l’ Hyp. linearifolium la ville de Vire, en Normandie, pour extréme limite vers le nord (t. I, p. 316), et déclarent que le Sax. sponhemica appartient au Jura, ayant été naturalisé dans les Vosges par M. Mougeot. (/bid., p. 653.) Comme dans les provinces de l'ouest de la France, l’Æyp. linearifolium des environs de Rocroy croit sur des rochers schisteux , aussi bien que le Sax. Sponhemica de Monthermé, près Charleville. M. Puel ajoute les observations suivantes : Il rappelle que l'AZchemilla vulgaris appartient à ce groupe de plantes qui eroissent dans les plaines du nord de l'Europe en méme temps que sur (4) T. I, p. 224. (2) Voy. Godron, Fl. de Lorr., t. I, p. 223. 126 SOCIÉTÉ' BOTANIQUE DE FRANCE. les montagnes des régions méridionales, telles que les Alpes et les Pyrénées. Les diverses localités signalées par M. de Mélieoeq viennent remplir quelques laeunes observées par M. De Candolle dans la distribution géographique de cette espèce. La découverte de l Hypericum linearifolium dans les Ar- dennes est un fait très intéressant, car c'est une plante de la région occi- dentale. Quant au Saxifraya sponhemica, c'est une plante du Jura francais, qui a plusieurs localités en Allemagne, et sa présence sur les rochers schisteux de Monthermé mérite en effet d'être remarquée. M. Lagrange présente à la Société la thése de M. Guillemin, sur la composition de la radiation solaire, et sur son influence sur les êtres vivants. M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces rares ou nouvelles rapportées de la régence de Tunis par M. Kralik, et fait les communications suivantes : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Huitiéme partie.) Dés notre sortie de l'oasis, nous trouvons entre les pierrailles d'un ravin, au-dessous du ksar, de très beaux pieds du JVeurada procumbens que la veille nous n'avions pas pu récolter en nombre dans les dunes; nous y recueillons également le Zeyssera capillifolia, qui, dans ce lieu frais, a pris un admirable développement. Nous longeons ensuite la base du eoteau que domine le village, pour rejoindre le cours de l'Oued Seggueur, dont la rive droite, que nous suivons, offre de nombreuses touffes de Tamariz presque arborescents; sur la rive gauche, coupée de falaises argileuses, apparaissent des dunes de sable mobile plus ou moins étendues. Les coteaux pierreux qui bordent la rive droite sont parsemés de touffes des Anabasis articulata, Salsola vermiculata, Retama Duriæi var., et de quelques pieds de Pistacia Atlantica. Nous y observons la plupart des espèces que nous avons déjà signalées dans les stations analogues des environs immédiats de Brézina, Bientôt la route s'engage dans des coteaux argileux pierreux que nous traversons par un défilé ouvert au sud, et où les sables ont été amoneelés par les vents ; là nous revoyons, groupées en abondance, la plupart des plantes sahariennes ; indépendamment des espèces des sables des environs de Brézina, nous recueillons le Æeboudia eruca rioides, le Genista Sahare en fruits mûrs, et le Calligonum comosum; dans l'argile ravinée des berges du défilé, croissent encore, en grande abon- dance, le Bubania Feet, le Deverra chlorantha aux touffes volumineuses et equisétiformes, le Ahus dioica, qui forme des buissons d'un beau vert; SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 197 aux plantes sahariennes telles que les Rumex vesicarius, Gymnocarpus decandrus, Antirrhinum ramosissimum, nous voyons s'associer une espèce de la région montagneuse inférieure chaude, le Galium ephedroides. A l'extrémité du défilé, nous arrivons sur les bords de l'Oued Sadana, qui, avee les Oued Cheria et El Goul, est l'un des affluents principaux de l'Oued Seggueur. Nous ne manquons pas d'aller visiter le Khraneg el Arouia (ravin de la femelle de l'Aroui), ravin trés pittoresque, coupure de la montagne, étroitement et profondément encaissé entre des rochers abrupts, qui s'élèvent à droite et à gauche comme des murailles gigantesques; l'un de nous, entrainé par son ardeur, lance son cheval dans les sables mouvants qui bordent un redir à la base de la coupure; mais bientót son cheval s'en- fonce jusqu'au poitrail dans ce sol perfide, et nous avons la plus grande peine à le dégager de ce pas dangereux. Les rochers du khraneg ne nous offrent pas une végétation aussi intéressante que semblait le promettre un site aussi pittoresque, et nous ne trouvons guère à y signaler que le Pen- nisetum Orientale, qui y croit avec une espèce de la région montagneuse, le Catananche cærulea; dans le lit du khraneg, le Scolymus Hispanicus est très abondant ainsi que le Pyrethrum fuscatum. Nous suivons pendant quelque temps, en remontant vers le nord, le lit de ce torrent actuellement à sec, que nous quittons pour gravir, par une montée rapide dans les rochers, la pente de sa rive droite, et arriver à un plateau rocailleux, où nous revoyons les Anabasis articulata, Echium humile, Plantago ciliata, Helianthemum hirtum var. Deserti, Carduncellus eriocephalus ?, Eryngium ilicifolium, Ca- rozylon articulatum et Gymnocarpus decandrus entre les touffes espacées du Stipa tenacissima, qui est la plante dominante de ee plateau. Environ deux lieues plus loin, nous redescendons dans le lit de l'Oued Sadana, qui, sur Ce point, s'élargit et forme une vallée étroite, bordée de rochers et de falaises argileuses grisâtres. Le lit du cours d'eau est bordé par un assez vaste marécage, où les plantes dominantes sont les Phragnütes communis, Festuca arundinacea var. interrupta, Juncus maritimus, Scirpus Holoschæ- nus, Polypogon Monspeliensis, Pulicaria Arabica. Autour du marécage 5 etendent des champs d'orge encore sur pied, ensemencés par les Arabes d'un petit douar qui font paitre leurs troupeaux dans le marais. Une Source abondante d'eau douce, située au pied du rocher qui ferme la Vallée, est l'origine de l'Oued Sadana. Dans les eaux, au voisinage de la Source, nous recueillons le Chara fœtida var. longibracteata, et le Pota- Mogeton pusillus. Sur les atterrissements de loued croît en très grande abondance l Euphorbia luteola, que nous avions découvert sur les hauts Plateaux de la province de Constantine; le Rumex vesicarius y est égale- ment fréquent, Sur les rochers qui dominent la source se rencontrent de nombreux pieds du Centaurea sulphurea. Un dattier d'une assez belle venue contribue à orner ce joli site, où nous resterions volontiers plus long- 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. temps, si nous n'étions pressés de nous rendre à Ghassoul, notre dernière étape avant d'arriver à Géryville. Nous remontons sur le plateau que nous avions quitté, où d'immenses rochers de grès, affleurant le sol sur quelques points, forment une sorte de dallage naturel. Le terrain argilo- sablonneux et pierreux du plateau nous offre les Crucianella patula, Ebe- nus pinnata, Kentrophyllum lanatum, Carduncellus eriocephalus? , Cladan- thus Arabicus et le Centaurea, voisin du C. Calcitrapa, que nous avons déjà signalé dans plusieurs localités du sud. Une pente insensible du pla- teau nous conduit à une plaine uniforme, bornée au nord par des coteaux rocailleux, sur l'un desquels se dessine, dans le lointain, un pied unique de dattier. Dans la plaine dominent les Stipa tenacissima et Artemisia Herba- alba, avec l'espèce nouvelle de Ferula que nous avons déjà mentionnée plusieurs fois dans les localités analogues. Nous y observons, en outre, les Chlamydophora pubescens, Carozylon articulatum, Phelipæa Schultzii, Farsetia Ægyptiaca, Helianthemum sessiliflorum, Asteriscus pygmœus. Aux bords d'un ravin croit en abondance le Retama sphærocarpa, qui forme de magnifiques buissons couverts d'innombrables fleurs jaunes. Des sables qui s'étendent à la base des coteaux nous présentent les AspAodelus pendulinus, Rhanterium adpressum, Reseda Arabica, Onopordon ambi- guum, Retama Duriæi var., Marrubium Deserti, Arthratherum obtusum, Atractylis flava, Scabiosa semipapposa. Bientôt nous arrivons au défilé ro- cheux de Teniat el Temeur, où des oliviers sauvages croissent en assez grand nombre et prennent un beau développement. Les plantes les plus remarquables du défilé sont le Centaurea nouveau voisin du C. Scabiosa, que nous avons déjà signalé dans la région montagneuse chaude, et les Pennisetum Orientale, Triticum Orientale, Polycnemum Fontanesii, Con- volvulus supinus, Argyrolobium uniflorum, Astragalus tenuifolius. Au sortir du défilé, nous avons à faire franchir à nos chevaux une pente assez roide, où les rochers de grès forment comme un escalier naturel, à assises régulieres souvent de pres d'un mètre de hauteur. Une plaine uniforme, bordée de montagnes basses et nues, nous conduit jusqu'à l'Oued Cheria, dont le lit, en grande partie à sec, contourne la base de la colliue que do- mine le ksar de Ghassoul. Nous ne notons guère dans cette plaine argilo- sablonneuse que les Malva Ægyptiaca, Lepidium subulatum, Ononis an- gustissima ; dans le lit méme de l'oued, le Tamarix Gallica et les Retama Duriæi var. et sphærocarpa forment de nombreux buissons. Vers cinq heures, nous arrivons à Ghassoul, où nous trouvons, en dehors du village, la tente des hôtes, dressée par les soins du caid, et du pain frais et du vin, que M. de Colomb, prévoyant bien notre dénûment après notre longue tournée dans les ksour, a eu l'aimable attention de nous envoyer par Un exprès; ces provisions nous sont d'autant plus agréables, que, en raison des difficultés de la route, nous avions dû laisser assez loin derrière nous SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1857. 129 les chameaux chargés de nos cantines, et que nous eussions été réduits à l'éternel couscoussou et au mouton rôti, sur le compte desquels nous com- mencions à être plus que blasés. Après notre collation, nous utilisons les quelques instants de jour qui nous restent pour visiter les jardins de l'oasis et faire une rapide reconnaissance de la végétation du coteau.— Le ksar de Ghassoul s'éléve en amphithéátre sur la colline, et domine les jardins et les champs entourés de murs qui couvrent la pente méridionale du coteau et s'étendent jusqu'aux bords de l'Oued Ghassoul. Les jardins et les champs, indépendamment de leurs clôtures, sont protégés par de petites tours eu terre eontre les déprédations des tribus nomades. Les jardins groupés au- dessous du ksar, et arrosés par les eaux abondantes d'une source située à l'entrée du village sont plantés de Figuiers, d'Abricotiers, de Péchers, de Grenadiers ; l'Oignon, la Féve, la Carotte, diverses variétés de Courges, des Melons et des Pastéques y sont cultivés. L'Orge est semée dans les vides des plantations et dans les champs situés au-dessous des jardins et arrosés, soit par les eaux de la source, soit par des dérivations de l'oued. Les terrains argilo-sablonneux de la pente occidentale du coteau présentent quelques espéces de la région des hauts plateaux réunies à des Plantes sahariennes; ainsi nous y notons les JVasturtium coronopifolium, Enarthrocarpus clavatus, Helianthemum sessiliflorum, Reseda Arabica, Malva -Egyptiaca, Peganum Harmala (abondant), Paronychia Cosso- niana, Onopordon ambiguum, Atractylis cæspitosa, Zollikoferia resedifolia, Sonchus divaricatus, Taraxacum Dens-leonis (même variété qu'à Ain Sefis- sifa), Echium humile, Arnebia Vivianii, Marrubium Deserti (abondant), Salvia lanigera, Rumex Tingitanus var., Euphorbia luteola, Triticum Orientale; sur quelques points où le sel vient effleurir, nous voyons les Frankenia thymifoliu, Spergularia diandra, Statice globulariæfolia ? (non fleuri), Atriplex Halimus et parvifolia, Salsola vermiculata. Le lendemain, 25 mai, à sept heures du matin, nous nous mettons en route pour Géryville, dont nous sommes séparés par un trajet de près de 12 lieues; nous suivons pendant quelque temps le lit desséché de l'Oued Bou Selah, encaissé par des coteaux pierreux, nus, dont les ravins nous offrent les Pyrethrum macrocephalum, Sonchus divaricatus, Ononis an- gustissima, Asterothrix Hispanica, Centaurea alba et C. sp. nova (C. Sca- biosæ affinis) , Argyrolobium uniflorum , Erucastrum leucanthum, Cata- nanche cerulea, Sedum altissimum; dans les lieux frais du lit de l'oued "roissent le Laurier-Rose, qui y forme de nombreux buissons et le Scir- pus Holoschenus ; des champs d'orge encore sur pied occupent des atterris- "A " l'oued dans un élargissement de la vallée. Nous quittons le tagnes 1 ued BouSelah pour atteindre la plaine d Araza, entourée de mon- 8 asses et nues ; cette plaine est en grande partie inculte, et quelques cha LP , . T 1 PL "P$ d'orge y occupent les dépressions du sol. Nous profitons d'une T. IV. 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. petite halte pour faire demander d'autres chevaux dans une tribu voisine, car, malgré sa bonne volonté, le caid de Ghassoul n'avait pu nous procurer dans le village que des montures bien inférieures à celles des Arabes de la tente, et insuffisantes pour le pénible trajet qui nous reste eneore à faire dans un pays accidenté, et nous consacrons à l'herborisation les quelques instants dont nous pouvons disposer; les plantes que nous recueillons dans les moissons appartiennent pour la plupart à la région des hauts plateaux, ainsi nous y trouvons entre autres les Onopordon acaule, Ceratocephalus falcatus, Ægilops ovata var. triaristata, Nonnea micrantha, Atractylis cæspitosa, avec un petit nombre d'espèces du Sud, telles que l'£uphorbia calyptrata, le Scabiosa semipapposa et le Triticum Orientale. Après avoir traversé la plaine, nous nous engageons dans le ravin de l'Oued el Djelal, bordé de coteaux rocheux où croissent dans les fissures le Pistacia Atlan- tica et le Juniperus Phœnicea. Au delà de ce ravin et apres avoir franchi un coteau, nous arrivons à la fontaine d'Ain el Meghesel, prés de laquelle uous devons faire la halte du déjeuner, dont le reste des paius et du vin envoyés par M. de Colomb doit faire tous les frais. Les eaux douces el pures de cette source abondante qui viennent sourdre à fleur du sol, for- ment un bassin oü s'abreuvent de nombreux troupeaux, et qui est entouré de pâturages marécageux où dominent les Scirpus Holoschœænus, Festuca arundinacea var. interrupta, Phalaris aquatica, Hordeun murinum, Poa trivialis, Carex divisa, Alopecurus pratensis var. ventricosus, Ranuncu- lus macrophyllus et Trifolium fragiferum. Dans le bassin même de la fontaine, où, vers midi, l'eau est à une température de + 14°, tandis que celle de l'atmosphère est de + 285, nous recueillons le Zannichellia macro- stemon. Aux environs de la fontaine croissent les Ægilops ventricosa et ovata var. triaristata, Torilis nodosa, Malva sylvestris et le Plantago Coro- nopus, qui couvre le sol de ses rosettes déprimées. Au delà de la fontaine, nous traversons une plaine bornée au nord par deux montagnes pierreuses connues sous le nom de Djebel el Kebour et el Khaloua. Dans la plaine méme dominent le Stipa tenacissima et l'Artemisia Herba-alba, entre les touffes desquels nous observons le Bromus squarrosus; cette plaine nous conduit par une pente insensible à un col qui sépare les deux mon- tagnes. Sur leurs pentes escarpées et rocheuses, les Juniperus Phœnicea e O.cycedrus forment des buissons et des arbres peu élevés ; dans les rochers qui encaissent l'étroit et difficile passage où nous sommes engagés, le Bu- plevrum spinosum, par son abondance, nous indique que nous sommes à uie aititude assez grande. Indépendamment de cette espèce, nous y notons les Centaurea alba, Polycarpon Bivonæ, Rhamnus oleoides, Hutchinsia pe- trea, Thymus hirtus. La pente septentrionale du col, très roide, presque abrupte sur quelques points, et où nos chevåux ont parfois des escarpe- ments de plus d'un mètre à descendre, nous conduit à un plateau pe" SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 131 etendu, à l'extrémité duquel s'ouvre la vallée élevée connue sous le nom de Teniat Ouled Moumen, encaissée à l'est et à l'ouest par les deux montagnes qui constituent le Djebel Mezouzin. Des pâturages assez riches occupent la plus grande partie du col, où, dans les endroits déprimés, existent quel- ques champs d'orge sur les bords desquels nous trouvons, pour la première fois, l'Achillea Santolina. — Du sommet de ce col se déroule devant nous le plateau oü s'éleve le fort de Géryville, que nous voyons enfin, et avec une vive satisfaction, apparaitre à nos yeux. Nous sommes si impatients de gagner ce centre de civilisation européenne, oü la bienveillante sollicitude du commandant supérieur, M. de Colomb, nous prépare une cordiale hos- pitalité, que, remettant à un autre jour toute exploration botanique, nous lançons nos chevaux de toute leur vitesse; presque aussitôt nous voyons, dans la direction du fort, s'élever un nuage de poussière, au milieu duquel nous distinguons des cavaliers précédés de trois officiers vers lesquels nous nous hátons de nous diriger. Au bruit d'un coup de fusil tiré par Osman, notre spahi, ces cavaliers viennent droit sur nous et ne tardent pas à nous aborder. Heureux de revoir M. de Colomb, dont les bons offices m'avaient déjà été si utiles pendant mon séjour à Mascara, en 1852, je lui exprime toute ma gratitude pour les soins qu'il a donnés à notre voyage, depuis notre entrée sur le territoire qu'il commande. Je lui présente mes compa- 8nons de voyage, auxquels il fait le plus aimable accueil, et il nous pré- sente à son tour les officiers du bureau arabe, MM. Burin et La Ferronay, qui ont bien voulu se joindre à lui pour venir à notre rencontre. A quatre heures, tout en causant avec ces messieurs, nous entrons dans la vaste enceinte du fort, où notre tente est dressée dans la cour pour abriter nos bagages et nos plantes, et nous nous installons dans une chambre de l'hó- Pital, où d'excellents lits nous promettent un confortable dont nous avons Presque perdu l'habitude, mais non le besoin. (La suite à la prochaine séance.) NOTES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS, par MM. E. COSSON ct L. KRALIK. (Deuxième partie.) RErAMA RÆram Webb Phyt. Can. V, 56, et in Ann. sc. nat. sér. 2, XX, 219. — Genista Rotam Forsk. Fl. ZEg.- Arab. deser. 214. — Spartium monospermum Delile Æg. illustr. n. 657, excel. syn. L. — Spartium Retam Spach in Ann. se, nat. sér. 2, XIX, 288. — Retama Duriæi var. pheoralya; Webb ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 914. In arenis deserti Tunetani fructu ovato-subgloboso vel ovato obvia, inter Sfax et Gabes ad turrem JVadour, et ad occidentem urbis Gabes ad basim montis Djebel Aziza, et in alluviis amnis Oued Gabes (Kralik pl. Tun. ex- 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sice. n. AOL sub nomine R. Duriæi); fructu ovuto-oblongo vel oblongo ad basim montis /jebel Aziza (Kralik pl. Tuv. exsicc. n. 400 sub nomine R. Rætam). — In Sahara Algeriensi tota et in provinciæ Oranensis et Alge- riensis planitierum excelsarum parte australiore cum fructu ovato vel ovato- subgloboso late diffusa, cum fruetu ovato-oblongo rarior: in ditione Bis- kra! (Jamin pl. Alger. exsice. n. 250 sub nomine Retama Rætam? ; Balansa pl. Alger. exsice. n. 914 sub nomine Retama Duriæi var. phæocalyx); in provincia Oranensi australiore! (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 216 et 216 bis). — In desertis Ægypti superioris (Olivier, Bové, Aucher-Éloy) et Arabiæ petrææ (Bové, Aucher-Éloy, Schimper, Boissier). In Syria ad promontorium montis Carmel (Labillardiére) et ad Caesaream (Michon). L'étude que nous avous eté à méme de faire, à un grand nombre de loca- lités du sud de l'Algérie, de la plante que nous avons distribuée sous le nom de Retama Duriæi var. phæocalyx, nous a démontré que le légume d'une grosseur variable, le plus souvent ovoide ou ovoide-subglobuleux, passe par de nombreuses transitions à la forme oblongue ou oblongue-ovoide donnée comme caractéristique du Ketama Rætam par les auteurs mo- dernes, et que par conséquent on ne peut considérer cette forme du légume comme un caractère spécifique. Nous avons pu également constater que ‘les graines, d'abord vertes ou vertes-brunátres, deviennent d'un jaune citrin à la maturité, et que ces variations de coloration ne sont dues qu'à l'áge et ne sont pas non plus des caractères d'espéce. — Nous croyons devoir rap- porter la plante d'Algérie et de la régence de Tunis au Retama Rætam, qui par la grandeur, la forme de la fleur et la proportion de ses parties, lui est complétement identique, et serait du reste, d'apres Forskal, caractérisé pat un légume ovale. — Le Retama Duriæi du littoral algérien (Balansa pl. Alger. exsice. n. 913) nous parait différer surtout du Retama Rætam par le calice moins coloré, les fleurs ordinairement plus grandes, par les ailes dé- passant assez longuement la carène, et non pas environ de sa longueur, €t par la carène presque aigué et non pas obtuse. ARGYROLOBIUM UNIFLORUM Jaub. et Spach in Ann. sc. nat. sér. 2, XIX, ^i». — Cytisus uniflorus Dene Florul. Sin. in Ann. sc. nat. sér. 2, Ill, 265. In paseuis, in eollibus aprieis et in torrentium alveis deserti Tunetani, prope Sfax (Espina), vulgare in ditione Gabes (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 389), etiam in insula Djerba, — In Sahara Algeriensi nec non in regione montana inferiore calidiore Saharæ confini diffusum, in tribus provinciis obvium (Balansa pl. Alger. exsiee. ù. 931). — In Arabiae petrææ deserto Sinaico (Bové in herb. Mus. n. 197). In Libano (Aucher- Eloy ). SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1857. 133 Oxonis anGusrissiMa Lmk Encycl. méth.T, 508 (exel. syn. et patr. Hisp.); Webb Phyt. Can. W, 23, t. 51. — O. longifolia Willd. Enum. hort. Berol. M, 750. In argillosis, argilloso-arenosis et collibus calcareis apricis deserti Tune- tani prope Z7 Djem et Sfax, in ditione Gabes frequentissima (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 46), nec non in insula Djerba obvia (Kralik). — In Sahara Algeriensi tota diffusa nec non in regione montana inferiore calidiore Saharæ eonfini et planitierum excelsarum parte australiore (Balansa pl. Alger. ex- sice. n. 923). — In montosis insularum Teneriffæ et Canariæ et a el. Webb tanquam species omnino Canariensis habita (Webb; Boureeau pl. Can. exsice. [1846] n. 517 et [1855] absque numero). MEprcaco LAcCINIATA All. Fl. Ped. T, 316, n. 1159 ; Willd. Sp. HT, 4410; DC. FL Fr. YV, 547; Seringe in DC. Prodr. W, 180; Webb Phyt. Can. T, 63; Gren. et Godr. F. Fr. 1, 392.— Trifolium cochleatum spi- nosum Syriacum, foliis laciniatis Breyn. Cent. 81, t. 34. — M. poly- morpha var. laciniata L. Sp. 1099; Desf. Atl. II, 212. — M. diffusa Poir. Encycl. méth. suppl. HT, 524, forma foliolis non dissectis. Iu argillosis, argilloso-arenosis et alluviis deserti Tunetani prope Souza, Sfax, ad turrem Nadour Sfax inter et Gabes, in ditione Gabes haud infre- quens (Kralik pl. Tun. n. 204 et 206). — In arenosis et alluviis Saharæ Algeriensis totius (Balansa p!. Alger. exsicc. n. 929) et in planitierum excel- Sarum parte calidiore diffusa. — In insulis Canariis frequens (Webb; Bour- Seau pl. Can. exsice. n. 1318). In Africa australi (Thunb. ; Ecklon et Zeyher sec. Webb). In Syria (see. Breyn.). Hine inde in Europe regione mediterra- nea calidiore, sed ibi verisimiliter vix indigena ex. gr. in Hispania (ex Willd.) , in Gallia australi prope Monspelium et Telonem, nec non in Cor- sica (Gren. et Godr.), in agro Nicæensi (see. All.) , in arvis Dalmatiæ olim Visa (see. Vis, FI. Dalin.). Les folioles du M. laciniata sont des plus variables ; ainsi, et quelquefois Sur le méme pied, on observe toutes les transitions entre les folioles obovales ou oblongues dentées et les folioles linéaires profondément incisées ou pinnatifides. Var. B, brachyacantha Boiss. Diagn. pl. Or. ser. ^, fasc. 1x, 10. — Legn- mine subduplo minore, spinis brevioribus. . In pascuis deserti Tunetani rarior, in ditione Beni Zid haud proeul a Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 165). — In Ægypti mediæ ditione Fayoum n arvis arenosis incultis prope lacum Birket el Karoun (Kralik). In arena mobili deserti Arabiæ petrææ ad Wadi Hamme (Schimper pl. Arab. petr. *Xsiee, n. 196). 434 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MEDICAGO SECUNDIFLORA DR. in Duchartre Rev. bot. T, 365, etin Expl. sc. Algér. t. 88, f. 2 optima. In alluviis ad amnem Oued Gabes prope Gabes (Kralik), prope Sfar (Espina). — In Algeria! late diffusa nempe in regione montana inferiore montium planitiebus excelsis (Balansa pl. Alger. exsice. n. 374) et Saharæ confinium, nec non in planitiebus excelsis et in alluviis Saharæ in tribus provinciis obvia. TRIGONELLA MARITIMA Delile in Poir. Encycl. méth. V, 361, et in £g. illustr. n. 721 (absque deseript.) t. 64, f. 6 (ined. in bibliotheca Deles- sert); Seringe in DC. Prodr. II, 181; Moris Fl. Sard. I, 456, t. 55; Guss. Syn. fl. Sic. V, 360. — T. littoralis Guss. Cat. hort. reg. [1821] p. 23; DC. Prodr. M, 182. — T. dura Vis. PI. Æg.-Nub. 32, t. 1, f. 1. In pascuis arenosis maritimis ad Sfax et Gabes vulgaris (Kralik pl. Tun. exsicc.) et in insula Djerba (Kralik). — In pascuis littoreis Sardiniæ ad Cagliari (sec. Moris, loc. cit.). In Sicilia meridionali (sec. Guss., loc. cit.). In arenosis maritimis /Egypti inferioris prope Alexandriam (Delile, Kralik). Cette plante, que M. Seringe ne décrit comme annuelle qu'avec doute, est certainement annuelle, ainsi que nous avons pu le voir sur un assez grand nombre d'échantillons. TRIGONELLA STELLATA Forsk. Fl. Æg.-Arab. descr. 450 [1775]; Delile Æg. illustr. n. 726, t. 6^, f. 7 (ined. in bibliotheca Delessert); et Fragm. fl. Arab. pétr. 22. — T. Ægyptiaca Poir. Encycl. méth. VIII, 95 (1808). — T. microcarpa Fresen. in Mus. Senck. I, 86; Dene Florul. Sin. in Ann. sc. nat. sér. 2, MI, 266. — 7. hamosa war. microcarpa Webb! Phyt. Can. M, 67. In argillosis incultis secus vias et agros in ditione Gabes frequens (Kralik pl. Tun. exsice. n. 402). — In Saharæ Algeriensis ditione Biskra! (Jamin, Balansa pl. Alger. exsicc. n. 934 sub nomine T. Ægyptiaca). — In insulis Canariis, Lancerotta (Webb), Canaria (Despréaux, Bourgeau), Fuerteven- tura (Bourgeau pl. Can. exsiec. n. 400 sub nomine T. hamosa var. mi- crocarpa). In Ægypto media ad Cahiram (Forskal, Delile, loc. cit.). In arenosis Arabia petrae prope /Z/aouara ad sinum Suez (Sehimper pl. Arab. petr. exsiec. ed. Hohenacker [1843] n. 426 sub nomine T. microcarpa Fres.) et ad E? Tor (Bové n. 198 in herb. Mus. Par.) La synonymie de cette plante, telle que nous l'avons présentée, ne laisse aucun doute, et le 7. stellata est un nouvel exemple de l'étendue en latitude qu occupent un grand nombre d'espèces observées dans la région saha- rienne. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 135 TRIGONELLA ANGUINA Delile Æg. illustr. n. 725, FI. t. 38, f. 2; Seringe in DC, Prodr. 1I, 183. In incultis, ad vias, in pascuis deserti Tunetani, presertim in alluviis et in depressis hyeme inundatis vel humidis prope Sfax et Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 390). — In Sahara Algeriensi prope Æ? Abiod Sidi Cheikh!) in ditione Beni Mzab (Reboud), nee non in ditione Biskra (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 933).— Iu Ægypto inferiore ad Alexandriam (Cadet de Fontenay) et media ad Cahiram (Delile, Kralik). In Persia australi ad Mohamera (Noé). ASTRAGALUS CORRUGATUS Bertol. Rar. Ital. pl. dec. 3, p. 33, et Amen. Ital, 38; DC. Prodr. YI, 289. — A. cruentus Balb. App. I ad Cat, hort. acad, Taurin. [1813], p. 8, sec. Bertol. Var, tenuirugis, — A. tenuirugis Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 4, fase. 1x, 61. In arenoso-argillosis ineultis prope Gabes (Kralik). — Hine inde in are- nosis Saharæ algeriensis trium provinciarum, nempe in provincia Oranensi prope Zrézina! (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 222 sub nomine A. corrugatus var.), in Algeriensi in ditione Laghouat (Geslin), in Cir- tensi in ditione Biskra (Balansa).— In arenosis deserti Arabiæ petrææ Palæs- tinæ confini (Boiss., loc. cit.) et prope Hamata et in ericetis loco Bestan (Schimper pl. Arab. petr. exsice. un. it. [1835] n. 120 et 322). Nous croyons devoir rattacher cette plante comme variété à l'A. corru- gatus, dont elle ne diffère que par les légumes finement réticulés-rugueux et non pas rugueux à rugosités saillantes, cette différence ne nous parais- sant pas à elle seule constituer un caractère spécifique suffisant. — L'A. cor- rugatus, que M. Bertoloni a décrit d'apres des échantillons cultivés, et n'in- dique en Égypte qu'avee doute, a été observé dans l'Arabie Pétrée, ou il croit avec la variété fenuirugis (Boissier, loe. cite), et en Perse (sec. Bois- sier) à Mohamera (Noé pl, Or. exsice. n. 911 [1851]). — L'A. reficu- latus M. Bieb., DC., plante des steppes de la Russie méridionale, bien que très voisin par le port et la plupart de ses caractères de lA. corrugatus, en est suffisamment distinct par les légumes beaucoup plus courts, terminés par une pointe droite, et non pas par un mucron courbé. ASTRAGALUS BirLORUS Viv. Fl. Libye. hh, t. 20, f. 4. In pascuis arenosis deserti Tunetani ad Sidi Mansour prope Sfax (Es- pina), inter Sfar et Gabes ad turrem Nadour et in ditione Gabes (Kralik Pl. Tun. exsiee. n. 54, 5ha et 54b). — In Sahara Algeriensi in ditione Biskra prope Saada (Balansa). Nous n'avons pas hésité, malgré les pédoncules ordinairement pluriflores de la plante de Gabes, à la rapporter à l'A. biflorus de Viviani, quoique cet auteur ne décrive pas le légume et qu'il donne les pedoncules comme bi- ou triflores. Notre plante se rapporte du reste parfaitement à la des- 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cription et à la figure du Flora Libyca, et dans les échantillons les moins développés, et, en particulier, dans ceux de Saada, les fleurs ne sont aussi qu'au nombre de deux ou de trois au sommet des pédoneules. Les légumes del A. biflorus sont au nombre de 2 à 10 et en grappes courtes pédoneulées, à pédoneules un peu plus longs que les feuilles, longs d'environ 2 centi- mètres, linéaires-triquétres, assez épais, fortement arqués-subannulaires, ascendants et convergents, à dos largement et profondément canaliculé et à bord intérieur étroit non tranchant, hispides à poils roides tuberculeux à la base et presque apprimés, divisés en deux loges presque complètes par l'introflexion de la nervure dorsale. — L'A. biflorus a été rapporté à tort comme synonyme à l'A. annularis Forsk. (Steud. Nom. bot. ed. 2, 160), dont il est trés distinct; il est plus voisin de l'A. Aispidulus DC., qui en diffère surtout par le légume plus allongé, moins arqué, plus comprimé, à dos plus étroitement canaliculé. AsrRAGALUS GomBo Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 549 [1852], et ap. Coss. Voy. bot. Alger. in Ann. sc. nat. sér. ^, I, 239. Planta perennis, cæspitosa, sepissime multicaulis, caudice pluricipite in radicem fusiformem abeunte ; caulibus ssepius 5-10 decim. longis, crassis, decumbentibus vel diffusis, inferne indurato-suffrutescentibus plus minus arena immersis et petiolis subpersistentibus praeditis, pube brevi densissima cano-subtomentosis; foliis 20-30-jugis, nonnunquam 2 decimetra longis, petiolo piloso vel cano-pubescente demum indurato-subpersistente, foliolis ovato-suborbieulatis, supra glabrescentibus, subtus piloso-hirtis aut utrin- que pubescenti- vel villoso-pannosis ; stipulis tenuiter membranaceis, pal- lide virentibus, cito emareidis, triangularibus acuminatis, ciliato-pilosis, petiolo vix adnatis, inter se liberis; floribus in racemos axillares 3-1-floros laxiuseulos subsessiles foliis multoties breviores dispositis, breviter pe- dicellatis , erecto- patentibus, bibracteolatis, bracteis membranaceis lineari-lanceolatis ciliato-pilosis pedicello subduplo longioribus, brac- teolis linearibus calyce multoties brevioribus; calyce 10-15 millim. longo, membranaceo, pallide luteolo-virescente, pubescenti-piloso de- mum glabrescente, marcescente fisso et ad basim fructus subpersistente, tubo tubuloso-campanulato, dentibus tubum subdimidium æquantibus, superioribus lanceolatis, inferioribus lineari-lanceolatis ; corolla calyce duplo longiore, lutea, vexillo ovato basi attenuato apice subemarginato alis vix longiore, alis oblongo-linearibus, obtusiuseulis, carina obtusa lon- gioribus ; leguminibus 3-4 centim. longis, crassis, pube brevi densissima cano-subtomentosis, fructum Hibisci esculenti (vulgo apud Arabes Gombo, unde speciei nomen) referentibus, oblongo-lanceolatis vel oblongis teretius- culis a latere. compressiusculis, vectiusculis, dorso subarcuatis, epicarpio crasso suberoso elevato irregulariterque costatis, costis flexuosis sæpius ana- stomosantibus, sutura dorsali introflexa exacte bilocularibus, apice sensim SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 137 vel abrupte rostratis, rostro recto valido pungente ; seminibus 10-15 reni- formibus compressis, nonnunquam pressione mutua-deformatis, subopacis, punctato-subscrobiculatis. — Martio-junio. In arenis deserti Tunetani prope Sfux et in insula Djerba (Kralik). — In Sahara Algeriensi tota! et in planitierum excelsarum ! parte australiore late diffusa (Balansa pl. Alger. exsice. n. 549 et 936). L'A. Gombo, par les stipules à peine soudées au pétiole et libres entre elles, par les fleurs jaunes en grappes courtes subsessiles à l'aisselle des feuilles, appartient au groupe des Christiani (DC. Prodr. V, 295), et présente une grande analogie avec les diverses espèces orientales suivantes de ee groupe, dont nous eroyons devoir donner l'énumération et les caractères différen- tiels ; ees espèces d'apres leur affinité avec A. Gombo vieunent se classer dans l'ordre suivant : — L'A. tomentosus Lmk (Encycl. méthod. 1, 312 ; DC. Astragal. 185,.t. 29, et Prodr. M, 295), plante d'Egypte (Delile in herb. Ventenat in herb. Delessert), trés voisine par le port, diffère par la pubescence étalée des tiges, par les fleurs solitaires ou géminées, plus ra- rement au nombre de 3-4 (DC.), parles légumes velus-pubescents à pubes- cence étalée, à péricarpe moins épais, rétieulés-rugueux à rugosités moins saillantes, à pointe épineuseplus courte, et par les graines d'un brun rougeátre lisses,—L' A. Gerensis Boiss. ( Diagn. pl. Or. ser. 4, fase. 1x, 71), plante du midi de la Perse, où elle a été recueillie, entre Abuschir et Schiraz (Kotschy pl. Pers. austr. ed. Hohenacker [1845] n. 85), très voisine de notre espèce parle port, le mode de villosité et l'épaisseur du péricarpe également ru- Sueux, en diffère par les fleurs plus grandes en grappes plus allongées pé- doneulées, par les bractées plus courtes, par le légume atténué en une Pointe épineuse plus courte, et surtout par les graines exactement quadran- Sulaires et non pas réniformes.— L'A. gilvus Boiss. (Diagn. pl. Or. ser. 4, fase. 1x, 71), plante de la Carie, qui ne nous est connue que par la des- cription rédigée d'après un échantillon dépourvu de fleurs et de fruits mûrs, parait différer par les feuilles à 15 paires de folioles, par les stipules lan- Céolées longuement linéaires-sétacées au sommet, par les grappes assez longues, par le légume jeune à rugosités presque indistinetes. — L'A. Alep- Picus Boiss. (Diagn. pl. Or. ser. 4, fase. 11, 58), de Syrie où il a été récolté près d'Alep (Aueher-Éloy pl. Or. exsice. n. 1287 in herb. Delessert), Voisin par le port, diffère par les tiges velues-pubescentes à poils étalés, par les feuilles à folioles ordinairement moins nombreuses, par les calices velus- pubescents, par les ailes égalant environ la carène, par les légumes notable- Ment plus petits, velus-pubescents. — L'A. Sieberi DC. (Prodr. 11, 295. — À. trigonus Sieber! exsice. non DC.), plante d'Égypte, diffère par les pé- tioles, moins ceux des feuilles supérieures, persistants-indurés et spinescents, et Surtout par les légumes pubescents ou glabrescents à la maturité, beaucoup Moins gros, oblongs-lancéolés, environ quatre fois plus longs que larges, lrigones, à peine rugueux, plus insensiblement atténués en bec, et par les 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, graines lisses et plus petites, — L'A. Vanille Boiss. (Diagn. pl. Or. ser. 4, fase. 11, 60), plante de Perse ( Aucher-Eloy pl. Or. exsiec. n. A434 in herb. Delessert), en est trés éloigné par les légumes trés longs, arqués, réticulés-rugueux, à rugosités peu saillantes, à bec peu distinct non épi- neux. — L'A. sparsus Delile (mss; Dene! Florul. Sin. in Ann. sc. nat. sér. 2, III, 267) de l'Arabie Pétrée, où il a été recueilli prés d'El Tor et du mont Sinaï (Bové n. 192) et dans la vallée d'Hébron (Schimper pl. Arab. Petr. exsice. un. it. [1835] n. 180), est trés distinct par la pubes- cence étalée des tiges, par les feuilles à folioles moins nombreuses et sur- tout par les légumes allongés, étroits, presque linéaires, comprimés, velus- soyeux, à péricarpe membraneux-cartilagineux dépourvu de rugosités saillantes. — L'A. radicatus Dene (Florul. Sin. in Ann. sc. nat. sér. 2, TIT, 268), plante des sables du désert du Sinai (Bové exsiec. n. 193; Schim- per pl. Arab. Petr. exsice. un. it. [1835] n. 229 sub nomine A. Sieberi), dif- fère par l'extréme brièveté des tiges, par les pétioles, méme ceux des feuilles supérieures, persistants indurés et spinescents, par les légumes glabres- cents à la maturité, à rugosités peu prononcées, et par les graines lisses.— L'A. dactylocarpus Boiss. (Diagn. pl. Or. sér. 4, fase. 11, 60), plante de Mésopotamie (Aucher-Éloy pl. Or. 1288 in herb. Delessert), diffère par les tiges courtes, par les pétioles, méme ceux des feuilles supérieures, indurés et spinescents, et par les légumes allongés, étroits, lancéolés-linéaires triquè- tres un peu comprimés, à périearpe assez mince, cartilagineux, dépourvu de rugosités saillantes. — L'A. neurocarpus Boiss. (Diagn, pl. Or. ser. 1, fase. 1r, 59), qui a été recueilli en Syrie pres d'Antab (Aucher-Eloy pl. Or. exsice. n. 1340 in herb. Delessert), diffère par les légumes beaucoup plus petits, glabres, terminés par une pointe épineuse plus longue et plus gréle. SconPIURUS LÆVIGATA Sibth. et Sm. Prodr. fl. Grec. V, 81, et FT. Græc., t. 718 optima ; Seringe in DC. Prodr. 308. — Scorpioides Buplevri folio, siliquis levibus Tournef. Inst. ^02. In pascuis arenosis et olivetis prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 210). — ln arvis Archipelagi (sec. Sibth. et Sm.). HIPPOCREPIS BICONTORTA Lois. Nouv, not. in Mém. soc. Linn. Par. VI, ^25, et FT. Gall. ed, 2, W, 462, t. 28; Godr. FI. Juv. ed. 4, p. 21.— H. Buceras Delile Æg. t. 6h, f. 13 (ined. in biblioth. Delessert) forma leguminibus glabris. — Z7. velutina Delile Æg. t. 65, f. 10 (ined. in biblioth. Delessert) forma leguminibus velutinis. — 77. cornigera Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 4, fasc. rt, 102, [n argilloso-arenosis herbidis regni Tunetani australioris prope Sfax (Espina), prope Gabes frequens (Kralik pl. Tun. exsiec, n. 211).—In are- nosis et argilloso-arenosis Sahara Algeriensis et planitierum excelsarum parte australiore, in tribus provinciis: in provincia Oranensi australiore! SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 139 multis locis obvia (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsiec. n. 221 a); in provincia Algeriensi in ditione Laghouat (Reboud); in provincia Cirtensi in ditione Biskra (Balansa), — In Ægypto (Delile). In Arabia petræa (Schimper sec. Boissier), in arenosis montis Sinaï (Aucher-Éloy pl. Or. exsice. n, 1153). Prope Monspelium loco dicto Port-Juvénal cum lanis advecta (Millois sec. Loiseleur). | Nous avons été à méme, dans notre dernier voyage dans le sud-ouest de l'Algérie, où la plante est très répandue, de constater que la longueur des prolongements latéraux des articles du légume est trés variable, et nous avons vu indifféremment les légumes étre glabres, pubescents ou velus, Aussi n'hésitons-nous pas, à l'exemple de M. Godron, à réunir à l'A, bicontorta les H. Buceras et velutina Delile, ainsi que l'A. cornigera Boiss. Onosrycmis Crisra-GaLzr Lmk Z7. Fr. II, 652 sec. Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 1, fasc. 1x 108 (in adnot.) non? Seringe in DC. Prodr. II, 346 nec Gaertn, Fruct. t. 118 que O. Gertneriana Boiss. — Hedysarum Crista- Galli L. Syst. veget. 563 sec. Boiss.; Sibth. et Sm. FL. Grec. VII, 16, t. 724 optima. — Onobrychis trilophocarpa Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 381 [1852], et ap. Coss. Voy. bot. Alger. in Ann. sc. nat. sér. h, Y, 223. In pascuis deserti Tunetani circa Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 403 sub nomine O. trilophoearpa). — In Algeriæ occidentalis regione littorali, in collibus apricis prope Mostaganem. (Balansa), Oran (DR. ; Balansa pl. Alger. exsice.), Saint-Denis du Sig (Durando). — In Ægypto inferiore prope Alexandriam et Aboukir (Cadet de Fontenay, Kralik). In Palestina (Boiss.). In Persia australi prope Gere inter Abuschir et Schiraz (Kotschy pl. Pers, austr. exsice. ed. Hohenacker [1845] n. 60 eum O. Gærtneriana Boiss. sub nomine O. æquidentata permixta). In agro Argolico, Messe- niaco et Eliensi nec non in insula Cypro et circa Byzantium (Sibth. et Sm., loc. cit. ). La plante de Gabes, qui différe un peu de celle d'Algérie par les fruits plus petits à ailes divisces en lobes dentés épineux, établit le passage vers la plante d'Égypte, que M. Boissier, d’après la figure du Fora Greca et la description du Species, considère comme étant l'Onobrychis Crista-Galli (Hedysarum Crista-Galli L.). Pour éviter de eréer un nom nouveau, nous croyons devoir admettre la synonymie établie par M. Boissier, et renoncer au nom d'O. /rilophocarpa pour la plante d'Algérie et de Tunis, peut-être distinete spécifiquement de l'O. Crista-Galli des auteurs (0. Gærtneriana Boiss, — 0. trilophocarpa Coss. et DR. olim). L'O. Crista-Galli L. (sec. Boiss). diffère surtout de l'O. Gærtneriana (0. Crista-Galli Seringe in DC. Prodr.) par les fleurs à corolle plus pâle, un peu plus courte que les dents du calice, par les fruits à fossettes plus étroites, ordinairement plus nom- 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. breuses, munis de deux erétes latérales plus prononcées, par les lobes de la eréte dorsale moins aigus, et surtout, ainsi que l'a remarqué M. Durieu de Maisonneuve, par les caractères de végétation lors de la germination ; dans l'O. Crista-Galli, la jeune plante présente au-dessus des feuilles cotylédo- naires quatre feuilles (phyllodes) réduites à un pétiole linéaire filiforme dé- pourvu de folioles ou à une seule foliole terminale de méme forme que le pétiole lui-même, et distincte seulement par une articulation; les feuilles situées immédiatement au-dessus présentent trois folioles linéaires filifor- mes; dans l'O. Gertneriana, plante de la Syrie, de la Palestine et de la Perse, et que M. Durieu de Maisonneuve a retrouvée également à Oran croissant pêle-mêle avec l'O. Crista- Galli, les premières feuilles sont trifo- liolées à folioles linéaires-oblongues, et celles qui viennent immédiatement au-dessus présentent déjà plusieurs paires de folioles comme celles de la partie supérieure de la plante. Malgré l'importance de ce dernier caractère, il serait utile d'étudier comparativement, dans toutes les phases de leur développement, ces deux plantes trop voisines pour être maintenues comme espèces, si le mode de germination ne coincidait pas d'une manière con- stante avec les autres différences que nous avons signalées. Vicia sativa L. Sp. 1037 forma amphicarpa. — V. amphicarpa Dorth. Journ. phys. XXXV, 4131; DC. Fl. Fr.1V, 595 ; Duby Bot. Gall. 1, 152; Gren. et Godr. Fl. Fr. I, 461; J.-H. Fabre in Bull. Soc. bot. II, 503. in agris hordeaceis, arvis incultis, olivetis et alluviis, in terra mobili arenoso-argillaeea prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 377 et 377 bis). — Hinc inde in Algeria! planitiebus excelsis. — In insula Teneriffa (Bour- geau). In Lusitania australi prope Olisiponem (Welwitsch it. Lus. cont. [1851] n. 105). In Hispania (Bourgeau pl. Hisp. exsice. n. 640 et 1729). In Gallia australiore passim. Nous avons eu l'occasion, en Algérie et dans la régence de Tunis, où le V. amphicarpa Dorth. croit en assez grande abondance, de le trouver mélé soit au V. sativa, soit à sa variété angustifolia, et il n'en différait que par la présence de rameaux hypogés; aussi n'hésitons-nous pas à ne considérer le V. amphicarpa que comme un état partieulier du V, sativa ou de sa variété angustifolia dù à la station dans un terrain meuble; cette maniere de voir nous semble complétement confirmée par les intéressantes observations sur les fleurs et les fruits hypogés du V. amphicarpa, publiées par M. J.-H. Fabre (in Bull. Soc. bot. IT, 503). Nous devons ajouter qu'en semant en pot eu égal nombre des graines provenant de légumes hypogés et de légumes aériens, et en repiquant ensuite les jeunes individus, M. Durieu de Maison- neuve n'a obtenu que des plantes dépourvues de rameaux hypogés et sem- blables au V. sativa var, angustifolia. (La suite à la prochaine séance.) sÉANCE DU 27 FÉVRIER 1557. 141 SEANCE DU 97 FÉVRIER 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. de Schoenefeld, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 février, dont la rédaction est adoptée. A l'occasion du procès-verbal, M. J. Gay fait l'observation sui- vante : M. le docteur Clos, notre confrère de Toulouse, apprend que M. Guillard vient de communiquer à la Société un grand travail sur les inflorescences. A cette occasion, M. Clos désire faire connaitre qu'à son avis, on doit admettre quatre groupes principaux d’inflorescences , définies , indéfinies , mixtes et de partition. Il avait indiqué ce dernier groupe en 1855 (Bull. Soc. Bot. de Fr., YI, p. 499 et suiv.), mais sans lui donner de nom. Par suite des présentations faites dans la derniére séance , M. le Président proclame l'admission de : MM. Fisrox, employé des postes, rue des Recollets, 17, à Versailles, présenté par MM. Germain de Saint-Pierre et de Schoenefeld. lRawroNNET, pépiniériste, à Hyères (Var), présenté par MM. Germain de Saint-Pierre et Cosson. JEANBERNAT (Ernest), interne des hospices, à l'hópital Saint- Jacques, à Toulouse, présenté par MM. Clos et Moquin- Tandon. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : 1° Par M. Montagne : Rapport sur un mémoire pour servir à l'histoire naturelle des Sphai- gnes, de M. Schimper. Plantes cellulaires nouvelles, indigènes et exotiques, Septième centurie. Note sur Le Boschia, nouveau genre de la famille des Hépatiques. 2 Par M. Léon Soubeiran : | Du sucre de Jagre ou de Palmier. 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3» Par M. Léon de Rosny : L'Opuntia ou Cactus-raquette de l'Algérie. he De la part de M. W.-P. Schimper, de Strasbourg : Mémoire pour servir à l'histoire naturelle des Sphaignes. 5* De la part de M. Derbés de Marseille : Description d'une nouvelle espèce de Floridée (Ricardia Montagner). 6° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale zoologique d'acelimatation, numéro de janvier 1857. L'Institut, février 1857, deux numéros, M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la note suivante, adressée à la Société par M. Guillard, au sujet de la communication de M. Naudin, sur les vrilles des Cucurbitacées, lue dans la dernière séance. NOTE SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉS, par M. ACH, GUILLARD. (Paris, 25 février 1857.) N'ayant pu examiner l'éebantillon présenté à la dernière séance par M. Naudin, je ne sais s'il ajoute un fait nouveau aux faits déjà très lucides que le méme savant avait dessinés en 1855 (1). En tout cas, les débats soutenus devant la Société par MM. Clos, Naudin, Fabre et quelques autres membres, ont certainement avancé beaucoupla connaissance de la vrille des Cucurbitacées. La nature foliacée de cette vrille ne parait plus pouvoir être contestée (l'hypothèse de M. Fabre, qui la compare à la grappe terminale déjetée des Ampélidées, restant jusqu'à ce jour sans observation à l'appui). Quant à l'opinion mixte de M. Naudin, qui y voit à la fois une feuille e! un rameau abortif, un rameau par le bas, une feuille par le haut, il est peut-étre facile de la rapporter au sentiment de M. Seringe, qui n'y voit qu'une feuille. En effet, un rameau n'étant qu'un ensemble de feuilles; peut avorter, quand cela a lieu, aussi bien aprés la première qu'après les sui- vantes. Dans les cas adventifs et irréguliers, figurés par notre savant con- frere (Z. c.), où la vrille et le rameau vont l'un portant l'autre, j'avoue que je suis porté à regarder comme support le rameau plutôt que la vrille. Dans une autre famille, l'anatomie ferait bonne justice de ce doute, On sait; en effet, qu'un pétiole n'offre ordinairement, en section transversale faite à sê (1) Annales des sc. nat., 3* série, IV, n» 4, SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 143 base, qu'une cohorte foliale (1), ou 3, rarement 5, rangées en demi- cerele, tandis que tout rameau en a un plus grand nombre, faisant cercle complet plus ou moins régulier. Mais les Cucurbitacées se refusent à une telle vérification : les faisceaux trachéens y sont rangés en cercle aussi bien dans le pétiole que dans le rameau , aussi bien dans la vrille que dans le pétiole. Nous dirons done seulement à M. Naudin : Pour que nous acceptions la vrille comme rameau, elle qui est toujours contigué à un rameau normal portant feuilles et fleurs, il faudrait nous faire voir quelquefois deux rameaux effectifs existant côte à côte : si cela ne se rencontre pas, tenons-nous à l'observation, qui nous montrela vrille comme une feuille plus ou moins déformée , soit qu'on la voie à la base du rameau axillaire, soit que ce rameau l'ait entrainée dans son évolution. La vrille étant une fois adoptée comme feuille, il reste encore à savoir à quel axe cette feuille appartient : c'est actuellement le nœud de la question entre MM. Clos et Naudin. Ici l'anatomie reprendra tous ses droits. On admet, en effet, que les faisceaux trachéens (ou cohortes foliales) qui,nais- sent dans un rameau , qui lui donnent sa forme et entretiennent sa vie, ne sortent de ce rameau que pour aller à ses feuilles, et point ailleurs ; ou, en termes plus exaets, que les bourgeons qui naissent à l'aisselle des feuilles ne tirent aucun faisceau du rameau qui les porte, mais créent en eux-mêmes toutes leurs cohortes foliales. Cette grande loi de physiologie étant rappelée, il ne s'agit plus que de voir quelle est l'origine des faisceaux de la feuille-vrille , où ils s'arrêtent inférieurement, pour dire si elle fait partie de la production axillaire que l'on considère, ou de l'axe qui porte et cette production et sa feuille aisseliere. Nous ne voyons pas que les deux contendants se soient rendus sur ce terrain. Pourtant M. Clos a rap- pelé une observation, une seule, consignée aux Ann. sc. nat. (2), dans une Courte note, où il est dit que la vrille du Melon cultivé reçoit l’un des trois faisceaux vasculaires qui appartiennent à la feuille voisine. Et c’est peut-être cette note qui l'a induit à penser que la vrille résultait d'un dédoublement de cette feuille. Nous venons à la rescousse pour M. Naudin, et nous disons d'abord que le fait énoncé dans la note (et que nous ne contestons pas comme observation, n'a pu être qu'un fait accidentel et tératologique, attendu que, si nous ne nous trompons; on n'en connait pas, dans tout le Règne végétal, un seul exemple régulier et constant. Dans un travail publié il y a dix ans (3) et qui nous obligeait à rechercher les rapports entre le rameau » Faisceau trachéen dans une colonne séreuse. Voyez la note ci-dessous. (2) Annales des sc. nat., 3° série, t. III, p. 164. (3) Observations sur la moelle et les cohortes foliales, inséré d'abord aux vL. la Soc. d'agric., etc., de Lyon, puis reproduit Ann. des sc. nat., 8° série, 14^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et ses feuilles, nous avons dù prendre des exemples dans toutes les familles dicotylédonées, et nous n'en avons pas trouvé un seul qui nous montrát les faisceaux s'égarant pour aller ailleurs que dans la feuille. Nous avons fait voir qu'elle tire du rameau qui la porte une cohorte foliale ou trois, selon les classes et les familles , ou très rarement cinq et sept, etc. Mais partout et toujours, et en quelque nombre qu'elles soient, ces cohortes (faisceaux ou manipules) se rendent à la feuille (ou plutót en sortent pour aller former le verticille interne qui entoure la moelle du rameau). Quelquefois les sti- pules y eontribuent, mais pour une trés faible partie qui se joint à la cohorte latérale de la feuille. Si ces observations s'accordent avec les faits généraux, et si l’on venait de plus à reconnaitre que chez les Cucurbitacées la vrille recüt quelqu'un des faisceaux trachéens qui appartiennent à la feuille, il faudrait accorder à M. Clos que la vrille n’est qu’une partie de la feuille voisine. La solution du débat entre lui et M. Naudin repose done, à notre avis, sur ces deux points d'anatomie, l'un général, l'autre spécial. Et cela donne beau- coup d'importance à cette étude des vrilles, qui au premier coup d'œil ne semblait peut-étre qu'une mince question de détail. Mes observations peu nombreuses, il est vrai, sur le point spécial, sont contraires à l'hypothèse de M. Clos. J'ai va la vrille indépendante de la feuille et ne recevant rien d'elle sur les plantes suivantes, étudiées à l'état de vie: Trichosanthes anguina , Melothria pendula, Benincasa cerifera, Lage- naria vulgaris, Cucurbita Melopepo, Cucumis metulifer, C. prophetarum. Et j'ajoute qu'aucune autre Cucurbitacée ne m'a offert l'exemple du con- traire. La considération de l'inflorescence servirait peut-être à limiter les solu- tions du doute relatif à la vrille. On peut définir l’inflorescence générale des Cucurbitacées : Cyme axillaire fasciculée, dont la fleur ainée est fructifère dans le plus grand nombre des genres, et dont les deux récurrents sont eollatéraux et dissemblables ; l'un étant ordinairement un groupe de fleurs máles, l'autre est toujours un rameau répétant la Cyme progressivement, avec ou sans feuilles. On sait que, dans toutes les familles dicotylées, chacun des deux rameaux récurrents de la Cyme est à l'aisselle d'une feuille ou bractée. Si nous cherchons cette aisse/ière sur la Cyme cucurbitacée, nous devons la trouver, d'un côté, aisselant la grappe mâle, de l'autre, aisselant le rameau ou bourgeon plus jeune. En effet, on la voit souster le pédoncule mâle chez Luffa acutangula , striata, egyptiaca, Sechium peruvianum, Cucumis dipsaceus, Figarei, chez Benincasa, Cucurbita, et quelques autres; souvent la bractée existe sans le pédoncule (Cucumis Figarei, Luffa, Ci- trullus), pav un effet de dimidiation dont les Cymes de diverses familles offrent beaucoup d'exemples ; souvent enfin la bractée est effacée. De l'autre côté de la Cyme axillaire, du côté du rameau ou bourgeon immanquable, la SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 145 bractée aisseliere se voit sur Zebalium Elaterium, pétiolée et lancéolée (c'est ee que M. Naudin nomme un appendice grêle, et ce qu'il a tres- bien figuré (/. e.). Chez toutes les autres Cueurbitacées, que trouve-t-on à l'en- droit où doit être cette braetée? La vrille. Il parait donc naturel de conclure que la vrille est elle-même cette braetée, dont l'absenee constituerait une anomalie que l'on ne doit pas admettre, puisqu'on a un moyen de la re- pousser. Si l'on accepte cette conclusion, on ne sera point surpris de trouver quelquefois une deuxième vrille de l'autre côté de la Cyme axillaire (comme l'aobservé M. Payer), car ce sera un retour àl'état normal detoutes les Cymes, où les deux braetées connexes sont semblables; — ni de voir que la vrille manque aux premieres aisselies de la plante, si la Cyme y manque aussi; — ni de rencontrer la vrille surhaussée, comme l'a montrée M. Naudin, puis- qu'on sait combien le surhaussement des bractées est fréquent, et puisqu'on en a l'exemple dans celte famille méme, où si souvent le pédoneule mâle, en s'elaneant, emporte avec lui sa bractée jusqu'au milieu de sa longueur (Momordica Charantia), ou jusqu'au haut (M. Balsamina, etc. ), tandis que sur les mêmes plantes, quand le pédoneule mâle manque, la bractée reste au pied du pédoneule femelle, avec lequel elle n'est pas en rapport immédiat. M. Chatin rappelle qu'il s'est occupé, il y a longtemps déjà, des vrilles des Cucurbitacées. En raison des faisceaux fibreux passant de la tige dans ces vrilles, il ne les considérait dés lors ni comme des feuilles, ni comme des rameaux. Les nombreux travaux qui ont été publiés depuis sur ce sujet n'ont pas changé son opinion à l'égard deces vrilles, qui, aujourd'hui encore, ne lui paraissent dériver d'aucun organe ordinaire des végétaux. M. Payer fait remarquer qu'il n'y a que deux moyens pour recon- naitre la nature réelle d'un organe : 1? l'anatomie ou l'étude de la Structure intime, et 2» l'organogénie ou l'observation du mode de développement. En examinant la structure des tiges des Cucurbi- lacées, dans la tige du Melon par exemple, on reconnait cinq faisceaux fibro-vasculaires. Trois de ces faisceaux vont aux feuilles inférieures, qui n'ont pas de vrilles. Plus haut sur la tige, on voit que deux faisceaux seulement vont à la feuille, et un à la vrille placée auprés telie, Enfin, lorsqu'il y a deux vrilles près d'une feuille, un seul faisceau và à la feuille, et les deux latéraux chacun à une vrille. Ces faits ont été exposés par M. Payer daus la note quil a publiée dans les Annales des sciences naturelles, et qui est citée par M. Guillard. — M. Payer fait ressortir l'analogie de ces faisceaux de la tige des T. 1v. 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cucurbitacées qui vont aux vrilles, avec ceux de la tige des Rosacées qui vont aux stipules. Chez ces derniéres, lorsqu'une feuille manque de stipules, il v a soudure anatomique des faisceaux. — Il conclut de cette analogie que les vrilles des Cucurbitacées représentent des stipules. C'est là la seule signification qu'il croit pouvoir leur donner. La situation des bourgeons vient confirmer encore cette manière de voir, car le bourgeon se trouve toujours vis-à-vis de la nervure médiane de la feuille. — Il n'y a d'ailleurs aucune différence anato- mique entre une stipule et une foliole de feuille composée. La foliole tombe, la stipule persiste ; voilà tout ce qui distingue ces organes. Dans le Mespilus Oxyacantha, on voit des transitions entre les sti- pules et les folioles. M. Chatin est d'avis que ce que vient de dire M. Payer éclaire la question et confirme ce qu'il a dit lui-méme, à savoir, que la vrille des Cucurbitacées n’est l'analogue ni d'une feuille ni d'un rameau. M. de Bouis rappelle que Dupetit-Thouars a déjà explique la for- mation des stipules par divergence des faisceaux de fibres. M. Léon Soubeiran, vice-secrétaire, donne lecture de la note sui- vante, adressee à la Societé par M. Montagne : NOTE DE M. MONTAGNE. (Paris, 27 février 1857.) L'un de nos confrères, M. Schimper, correspondant de l'Institut à Strasbourg, me charge de faire hommage à la Société d'un exemplaire de son Mémoire pour servir à l'histoire naturelle des Sphaignes, extrait du tome XV des Mémoires présentés à l' Académie des sciences par des savants étrangers. Ce travail important, ou plutôt cette biologie complète des Sphaignes, est analogue à celui de M. de Mirbel sur le Marchantia, et à un autre de M. le docteur Gottsche, d'Altona, sur l' Zaplomitrium Hookeri. L'auteur à en effet suivi, ab ovo, le développement des plantes de cet ordre, et parmi les faits qu'il a eu l’occasion d'observer, il en est un qui avait échappé à tous les bryologistes qui l'ont précédé : c’est la coexistence, dans ce genre, de deux sortes de spores, les unes grandes et fertiles, et les autres beaucoup plus petites et stériles. Les premieres, en forme de tétraèdre déprimé, sont simplement quaternaires dans la méme cellule-mere ; les secondes sont de petits polyvedres réunis au nombre de seize dans une cellule globuleuse. Un autre fait qui n'est pas moins curieux, c'est que ces deux sortes de spores, tantôt sont réunies dans la méme capsule, tantôt se montrent dans des SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 147 capsules propres à chacune. Le volume des Mémoires de l'Académie des sciences qui contient ces faits étranges, pouvant tarder longtemps encore à paraitre, j'ai pensé qu'il était bon de les porter plus promptement à la connaissance des botanistes. Voilà, messieurs, pourquoi j'ai pris la liberté de vous en entretenir. Je ne suivrai pas l'auteur dans la série des faits nouveaux qu'il a obser- vés, soit quant à la structure, soit quant à la reproduction des Sphaignes. Je me bornerai à citer, d'aprés lui, les merveilleux phénomenes de leur hygroscopicité. C'est surtout aux branches réfléchies qu'est dévolue cette propriété, En aidant avec le tissu spongieux cortical à faire monter l'eau de la base au sommet de la plante, elles font en quelque sorte fonction de racines adven- tives, et constituent, par leur adhérence à leur tige, un système hydrau- lique dont les effets sont, au plus haut degré, surprenants et curieux. Une tige de Sphaigne, haute de plusieurs décimètres, que l'auteur avait plongée par sa base, garnie des rameaux en question, dans un flacon rempli d'eau, l'a vidé en fort peu de temps, en déversant le liquide par son capitule ter- minal que l'auteur avait eu l'attention d'incliner un peu. Tous les bryologistes savent que M. Schimper n'a pas fait figurer les Sphaignes dans son splendide ouvrage intitulé Zryologia europea. Il en donne les raisons dans le présent Mémoire. S'appuyant sur plusieurs Caraetéres tirés surtout de l'absence de la coiffe et de la transformation du rameau périchétial et de son allongement en faux pédoncule (pseudo- podium), M. Schimper en forme une famille naturelle intermédiaire entre les vraies Mousses et les Hépatiques. Dans la seconde partie du Mémoire, l'auteur donne une monographie complete des espèces d'Europe, qui sont toutes figurées dans les vingt- quatre belles planches qui l'accompagnent. Le peu que j'en ai dit montre suffisamment le mérite de cet ouvrage et justifie pleinement la distinction qu'il a reçue dans la premiere de nos Aca- démies, J'aurai encore l'honneur de faire hommage à la Société, au nom de M. le Professeur Derbès , de la Faculté des sciences de Marseille, d'une Note sur "I nouveau genre d'Algue, le Æicardia, qui vit en parasite sur le Lauren- a obtusa dans la Méditerranée. Ce genre est dédié à Madame Ricard, tante de notre confrère, M. Maille, laquelle cultive l'aimable science avec un zèle qui ne s'est point démenti depuis longues années. . Enfin, j'ai aussi l'honneur d'offrir, en món propre.nom, un exemplaire " Ma septième Centurie et de la Note sur mon nouvenu genre d'Hépa- tique, le Boschia, trouvé au Brésil par M. Weddell, et qui est extraite d'un des derniers numéros du Bulletin de la Société. 448 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture d'une nouvelle lettre adressée au secrétariat par M. Leclére. Cette lettre rectifie et com- pléte les renseignements donnés par M. Leclère dans celle qui a éte lue dans la dernière séance (voy. plus haut, p. 98). EXTRAITS DES LETTRES DE M. LECLERE. Montivilliers, 44 février 1857. Ayant lu la note de M. Menière (1) sur la sécrétion d'une Orchidée, j'ai pensé qu'il ne serait pas inutile de signaler à la Société un fait presque tout à fait semblable. {i y a deux ou trois ans, mon attention fut attirée par de grosses gouttes d'un liquide visqueux suspendu à la partie supérieure de chaque bouton d'une Orchidée exotique dont j'ignore le nom. J'ai pensé d'abord que ce liquide provenait de la condensation des vapeurs contenues dans la serre; mais bientôt je fus convaincu du contraire, car je goûtai ce liquide et je le trouvai très sucré, presque autant que le suc du Sérelitzia Reginæ, mais beaucoup moins dense que celui-ci, Mon observation diffère de celle de M. Menière, en ce sens que j'ai constaté la présence des gouttes peu de jours avant l'anthése; elles étaient très abondantes jusqu'à l'entier épanouissement des fleurs. Trois ou quatre jours après, la sécrétion avait cessé. Pendant les sept ou huit jours qu'elle a duré, j'ai remarqué qu'elle était le plus forte vers cinq ou six heures du matin. Les sépales étant encore retenus par leur extrémité supérieure, il me fut impossible de reconnaitre quel était l'organe sécréteur de ces gouttes. . . +: 18 février, Je viens d'avoir occasion, hier méme, de constater de nouveau le fait dont je vous ai parlé dans ma précédente lettre, sur une Orchidée à fleurs jaunes, odorantes, dont j'ignore le nom et dont je vous envoie deux fleurs. La plante a en ce moment sept hampes uniflores, dont deux ont leurs fleurs presque ouvertes, Néanmoins les sépales étaient encore en quelque sorte agglutinés il y a quelques instants. J'examinai de prés ces deux fleurs, et je vis qu'une excrétion avait lieu depuis peu ; je pensai d’abord que le liquide venait de l'intérieur de la fleur; mais je fus surpris, après avoir légèrement separe les trois sépales, de remarquer que les organes intérieurs étaient abso- lument dépourvus de tout liquide; évidemment la cause était externe. En effet, cette exerétion se faisait par la partie inférieure et surtout vers l'eX- tremite supérieure des trois sépales du périgone, comme j'ai pu m'en assurer (1) Voyez le Bulletin, t. IL, p. 577. SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 149 par un nouvel examen, et cette fois je crois pouvoir affirmer que je ne me suis pas trompé. ....,. A la demande de M. Leclére, M. Duchartre a déterminé l'espèce à laquelle appartiennent les fleurs qu'il lui a envoyees, et il pense que c'est le Mazillaria aromatica Grah. M. Meniére rappelle que ses propres observations sur la sécrétion des Coryanthes ont été le point de départ des observations subsé- quentes qui ont été faites sur des phénomènes analogues, soit par d'autres botanistes, soit par lui-même. Ainsi derniérement il a signalé un fait du méme genre chez le Pholidota imbricata. Quant aux Catasetum, il ne croit pas que l'on ait jamais vu de goutte- lettes sur leurs fleurs avant l'épanouissement. Il lui paraît également douteux que l'on ait pu observer une véritable sécrétion chez les Mazillaria, oà, comme chez les Oncidium, on remarque, à la base du gynostème, une viscosité, mais qui n'est pas sécrétée par la plante elle-méme. M. Duchartre fait observer que, dans les deux fleurs envoyées par M. Leclére, il a vu les gouttelettes sur la face externe du labelle et des deux pétales , à quelque distance du sommet, occupant abso- lument la méme situation. Ce liquide est donc reellement sécrété par la fleur, car le point où il parait a quelque chose de fixe. M. Payer est d'avis que ce phénomène n'a rien de surprenant, car M. Morot a dés longtemps constaté que, sur les feuilles des Gra- minées, il y a parfois des gouttelettes non produites par la rosée, mais séerétées par l'extrémité de ces feuilles elles-mêmes. M. Duchartre rappelle qu'indépendamment des observations de M. Morot, M. Gasparrini, en 1851 (voy. les Mémoires de l Academia Pontana), à reconnu que cette sécretion des feuilles de l'Orge, du Mais, du Seigle et du Froment, a lieu peu de temps aprés la germi- nalion, pour cesser au bout de quelques jours. M. Duchartre fait à la Société la lecture suivante : La Société a paru entendre dernièrement avec un vif intérêt la lecture de quelques observations très curieuses extraites d'une lettre de M. Durieu de Maisonneuve, M. J. Gay, à qui était due cette communication, se propo- Sait d'en faire aujourd'hui une nouvelle, puisée à la méme source, mais "ec indisposition, dont la gravité a trés heureusement tout à fait dis- Paru en ce moment, l'ayant mis dans l'impossibilité de réaliser cette idée, 450 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. il a bien voulu me charger de le remplacer. La nouvelle lettre de M. Du- rieu, qui m'a été confiée par lui, est remplie de faits curieux, d'observations importantes faites avec la sagacité et l'exactitude qui distinguent à un haut degré notre savant confrère. Les parties que j'ai eru devoir en détacher in- téresseront done vivement la Société, j'ose le croire, et la communication que j'aurai l'honneur de lui en faire aura, de plus, le mérite de l'actualité, puisque les détails instructifs qu'elle renferme se rapportent tous à des articles publiés dans l'un des derniers cahiers de notre Bulletin (n° 9 de 1856). EXTRAITS D'UNE LETTRE DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE A M. J. GAY. (Bordeaux, le 14 février 1857.) M. Durieu consacre d'abord quelques lignes à la note de M. Kirsch- leger sur les longues feuilles linéaires et flottantes du Scirpus palustris (1). J'ajouterai, dit-il ensuite, que ces feuilles peuvent n'étre pas toujours flot- tautes. Il y a peu de temps, j'ai lu, dans je ne sais plus quel mémoire ou livre tout récent, que le Scirpus lacustris avait été rencontré muni de feuilles dressées comme celles d'un Carez aquatique. Le méme fait s'est offert à moi, le 5 aoüt 1855, dans une herborisation que je dirigeais pres de la Teste. J'aperçus sur les bords de la Leyre plusieurs pieds de Scirpus lacus- tris feuillés, à feuilles pointant au-dessus de l'eau et stipant le chaume. Je fis remarquer à mes auditeurs que ce fait était intéressant ; aussi chacun s'empressa-t-il de faire provision d'échantillons, de telle sorte qu'il ne m'en revint à moi-méme qu'un fort petit nombre. Les observations de M. Des Moulins sur le mode d'attache des Orobanches aux racines de la plante-mère (2), observations qui me paraissent très exactes en raison de ce que j'ai vu moi-m?me, rappellent à mon souvenir un fait curieux, que malheureusement je puis seulement rapporter, sans en étayer la description de preuves matérielles. Ce fait consiste en Orobanches atta- chées, non pas à des racines, mais au bas de tiges. Le 20 avril 1844, je découvris une belle Orobanchée, à Mostaganem, sur le Romarin et sur le Micromeria inodora. Je reconnus sur-le-champ qu'elle constituerait un genre nouveau, intermédiaire entre les Orobanches et les vrais Phelipæa. En effet, plus tard, M. Bourgeau ayant rapporté la méme plante de l'Ara- gon, M. Cosson en a fait, dans une note publiée dans les Annales des sciences naturelles (3), un genre distinci et séparé (C'eratocalyx). Je ne dis pas que cette Orobanchée ne s'implante pas sur les racines des deux (1) Voyez le Bulletin, t. Ilf, p. 542. (2) Voyez le Bulletin, t. III, p. 540. (3) Sér. 3, t. IX, p. 145. SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 451 arbustes cités, mais je ne fis point alors d'observation précise sur son adhérence aux racines, tout préoccupé que j'étais du fait singulier qui S'offrait à mes regards : c'était l'Orobanchée elle-même fixée au bas d'un grand nombre de tiges, y ayant pris naissance, et s'y étendant sur une hauteur de 4 à 5 centimètres. Dans l'état où elle était alors, toute la plante consistait en un simple empatement penétrant dans la tige, sec, informe, et d'autant plus réduit qu'il se montrait sur un point plus élevé au-dessus du sol. C'est par centaines que je vis ces curieux empa- tements, et sur aucun je n'observai de tige florifére. Seulement, ceux qui se trouvaient le plus bas montraient des protubéranees qui, sans an- eun doute, n'étaient que des tiges arrétées dans leur développement. Je m'empressai de recueillir des tiges des deux arbustes munies de ces Oro- banches avortées. J'en formai un véritable fagot, que je portai à Mos- taganem. Ainsi approvisionné, je ne crus pas avoir besoin de recueillir avec adhérenee l'Orobanche développée, et je n'en pris les tiges qu'en les coupant à la base. Peu de jours après, partant pour l'intérieur, je confiai à M. Delestre, pharmacien-major, toutes les récoltes que j'avais faites à Mostaganem. Plus tard, je retrouvai le tout en état parfait; mais le fagot de tiges des deux Labiées ligneuses avait disparu; le soidat au service de M. Delestre en avait fait du feu! C'est ainsi qu'il ne me reste pas une seule piéce probante du fait que j'avanee. J'ai bien demandé ensuite la plante à quelques amateurs, en indiquant avec précision l'endroit où on la trouverait en abondance; j'en ai méme recu de très beaux échantillons, mais tous étaient soigneusement mondés à la base. Dans le résumé des travaux dela seetion de botaniqueau congres de Vienne, je lis avec grand intérêt (p. 615 du t. HIT. du Bulletin) une analyse succincte d'une communication faite par M. Alex. Braun au sujet de la production d'embryons sans fécondation préalable. Le savant professeur cite d'abord le fait classique du Cælebogyne ; là-dessus je n'ai rien à dire. Mais lorsqu'il signale ensuite un nouveau cas, probant selon lui, de parthogénésie dans le Charita crinita, espèce dioïque, dont on ne rencontre habituellement que l'individu femelle, et qu'il déduit de ce fait la conséquence que le Chara cri- "fa se reproduit généralement par des fruits non préalablement fécondés, Je crois que sa déduction est un peu hasardée. Il ne s'est pas rappelé un fait non moins singulier, dont il dut la connaissance aux matériaux que je lui fournis dans le temps, et qui est précisément la contre-partie du premier. Le Nitella $yncarpa, var. oxygyna, est très commun à La Calle. En hiver, toutes les mares ou flaques qui se forment dans les bois et sur les collines en sont infailliblement remplies. Or, on ne trouve jamais dans cette contrée que des individus mâles. Pendant plusieurs mois qu'a duré mon séjour dans le cercle de [a Calle, je n'ai pas laissé passer une seule occasion de rechercher l'individu femelle de cette Characée, et je n'en ai jamais aperçu 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le moindre indice. Je suis bien convaincu, et M. Alex. Braun eut le pre- mier cette pensée sur ce que je lui en dis, je suis bien convaineu, dis-je, qu'il n'existe pas d'individus femelles du Nitella syncarpa dans la contrée dont j'ai exploré les eaux avec tant d'intérêt et de soin. A la vérité, quel- ques années plus tard, M. Balansa a rencontré l'individu femelle de la méme espèce et de la méme variété, et l'individu femelle seulement, je erois, dans quelques mares du territoire d'Oran, c'est-à-dire à l'autre extrémité de l'Algérie ; mais ce fait est sans importance pour la question qui nous occupe. Personne ne supposera certainement une fécondation à distance dans les Characées. Il suffit d'avoir une idée de la merveilleuse organisation de l'appareil fécondateur dans ces plantes, pour rejeter là pos- sibilité du transport des anthérozoides jusqu'à une mare très voisine même de celle où ils sont enfermés. Done le fait de la reproduction abondante du Nitella syncarpa, dans toutes les eaux du cercle de La Calle, par les seuls individus mâles, semble parfaitement positif. Mais ce fait, quelque étrange qu'il puisse paraitre au premier abord, ne présente pourtant rien de bien merveilleux. Je crois, en effet (et j'espere me mettre en mesure de le prouver avec le temps par une suite d'observations qui sont déjà com- mencées), je crois que toutes les Characées sont susceptibles de se multiplier par leurs articles inférieurs, je veux dire par tous ceux de ces articles dont les nœuds présentent un renflement charnu. Ces renflements ne sont pas autre ehose que les bulbilles (non müris) qui ont été observés sur certaines espèces. Détachés de la plante-mère et déposés sur un limon baigné d'eau pure, ils ne tardent pas à donner naissance à des rameaux et, par suite, à un nouvel individu. Ils paraissent méme être plus actifs que les bulbilles ; car j'ai fait facilement pousser, l'été dernier, des nœuds épaissis d'un Chara, et je n'ai encore rien vu sortir des bulbilles de cette plante que je semai vers le méme temps. Je erois méme qu'ils sont déjà pourris. Je ne terminerai pas ma lettre sans vous dire un mot au sujet d'une com- munication présentée au congrés de Vienne par M. Sehnizlein (p. 620 du t. II du Bulletin). Encore une prétendue nouveauté déjà vieille. Cette particularité préten- due nouvelle de la végétation de l'Ophioglossum vulgatum qui développe en terre un long rhizome, était connue de moi depuis longtemps. Il est vrai que je n'ai rien publié à ce sujet depuis l'époque oü je constatai ce fait, d'abord sur l'Ophioglossum lusitanicum, plus tard, avec plus de difficulté, sur l'O, vulgatum; mais je l'ai montré à quantité de personnes, et la plu- part de celles à qui je l'ai communiqué m'ont dit qu'il leur était bien connu, J'introduis dans cette lettre quelques bouts qui vous montreront clairement ce qu'on observe dans ces plantes. Ceux qui voudraient en voir de plus beaux exemples, tels que des rhizomes à 5 ou 6 mérithalles, les trouveraieut parmi les Fougeres de l'Aleérie, qui se trouvent au Muséum SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 153 dans la collection achetée à M. Bory de Saint-Vincent. M. Bory avait fait choix de tout ce qu'il y avait de bon et méme de passable dans nos récoltes de Fougères; et il ne m'est resté de la sorte que des bribes. Ainsi, je n'ai pas iei d'Ophioglossum lusitanicum dont le rhizome ait plus de trois méri- thalles intaets, et cependant je me rappelle bien en avoir récolté de plus prolongés, Quoi qu'il en soit, le fait du rhizome rampant horizontalement est bien connu, quoiqu'il n'ait peut-être pas été imprimé. H est très difficile à reconnaitre dans le vulgatum, attendu que cette espèce ne croit guère que dans les prairies humides, et que ses rhizomes étant, comme ceux du /usi- lanicum, extrêmement fragiles, on ne peut parvenir à les dégager du lacis épais des racines des Graminées au milieu desquelles ils s'étendent. Je n'en ai jamais obtenu d'échantillons munis d'un second nœud ; mais, avec un peu d'attention, on enlève une portion horizontale de rhizome sur laquelle on ne peut se méprendre. D'ailleurs, ees deux espèces sont si voisines (s'il y en à deux), et passent tellement l'une à l'autre, par l'intermédiaire de la forme Curieuse trouvée par M. Puel à la tour de Poeaney, près Lardy (Seine-et- Oise), que l'extréme différence qui existe entre les époques de végétation des deux plantes est réellement la seule qui ait de l'importanee pour leur distinetion. Je possède des Ophioglossum lusitanicum vrais, plus vulgatum que la plante de Lardy. M. Chatin dit que, dans son herborisation de l'année dernière à Lardy, il a trouvé Ophioglossum lusitanicum, nou pas aupres de la tour de Pocancy, mais dans les bois situés au pied des coteaux. M. Balansa dit avoir constaté la présence de rhizomes chez plusieurs plantes qui sont considérées comme en étant dépourvues. Il cite le Glaux maritima, le Butomus umbellatus, les Triglochin, dont les tiges meurent chaque année, mais dont les rhizomes persistent ; et le Cressa cretica, qu'on regarde comme annuel et qui est réellement vivace, M. Cosson rappelle que le Poa annua peut présenter, dans les terrains sablonneux, de longs rhizomes capillaires réunissant souvent Plusieurs touffes distinctes. M. de Schænefeld ajoute que le Scirpus acicularis, espèce sou- vent décrite comme cespiteuse, offre aussi des rhizomes horizontaux longs et très tenus. M.J. Gay est d'avis que les rhizomes souterrains se trouvent chez beaucoup plus d'espèces qu'on nele eroitgenéralement, Ainsi M.Irmisch en à constaté aussi l'existence dans les Ranunculus, et notamment dans le R, Ulricus. 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Gris fait à la Société la communication suivante : DES RAPPORTS DU NUCLÉUS AVEC LA CHLOROPHYLLE, par M. ARTHUR GRIS. Les Annales d'histoire naturelle de Londres ont publié en 1846 (t. XVIII, p. 193) un extrait d'un travail de M. Quekett sur le développement de l'a- midon et de la chlorophylle. Je vais citer textuellement ce qui a rapport au développement de la matiére verte. « Relativement à l'origine de la chlorophylle, M. Quekett dit que, dans les plantes qu'il a examinées, le méme mode de développement parait avoir lieu que pour l'amidon, à savoir, que les granules prennent naissance d'une cellule nucléaire, et il cite ia cu- ticule de la trés jeune fronde du Scolopendrium vulgare comme en offrant un exemple ; mais il ajoute que la première origine de la chlorophylle est tellement confondue avec la formation de la cellule elle-méme, qu'il est impossible par la dissection d'arriver à savoir où a lieu sa formation. » Je demanderai maintenant à la Société la permission de lui soumettre mes propres observations. Ce petit travail était achevé quand je pris con- naissance du mémoire de M. Quekett. Les cellules sous -épidermiques du parenehyme des feuilles renferment, en général, des grains de ehlorophylle moins nombreux et moins développés que ceux qui sont eontenus daus les cellules plus profondes du paren- chyme, en sorte qu'il est assez facile d'étudier la disposition et la maniere d'étre de ees grains dans la cellule qui les contient. Si done on fait une coupe mince, parallèle à la face supérieure d'une feuille de Vanille, de maniere à intéresser les cellules sous-épidermiques du paren- ehyme, on remarque que, daus les cellules placées immédiatement sous l'épiderme, des grains de chlorophylle, à divers états de développement quant à leur diamètre, à l'intensité de leur couleur et à leur constitution intime, tantôt sont disposés régulièrement autour du nucléus, et quelquefois méme semblent adhérer à sa surface, tantôt sont agglomérés confusément autour de lui, d'autres grains n'étant pas en général disséminés dans les autres parties des cellules. Dans le deuxieme rang des cellules sous-épidermiques les granules sont plus volumineux, d'un vert plus vif et sont encore groupés autour du nu- cléus; ici des grains de ehlorophylle commencent en outre à apparaitre quelquefois à une assez grande distance du nueléus. J'ai observé des faits analogues dans les cellules sous-épidermiques des feuilles du Saxifraga Aizoon, de l'Eria velutina, du Celogyne. fimbriata, dans le Selaginella stolonifera, dans le Pellia epiphylla, ete. Si, dans une pomme de terre soumise à l'action de la lumière, on exa- mine de même les couches externes du tissu vert, on remarque que, dans un grand nombre de cellules, le nucléus est entouré de petites sphères SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 155 transparentes dont une partie de la surface seulement est enduite de ma- tière verte. Ces petites sphères renferment quelquefois, en outre, de trois à cinq granules amylaeés. Les couches sous-épidermiques du bulbe d'un Phajus m'ont présenté des faits analogues. Les petites sphères qui gravi- tent autour du nucléus, et souvent sont en contact avec lui, ont un volume assez considérable, et sont de méme colorées en vert dans une partie de leur surface. On rencontre de plus, autour des nueléus, des corps allongés, renflés en leur milieu, qui est enduit de matiere verte, mais dont les extrémités sont incolores. Ces corps fusiformes sont souvent appliqués par une de leurs extrémités à la surface du nucléus. Si maintenant on examine tes cellules de l'épiderme dans ee méme bulbe, on remarque autour du nucléus une agglomération de petits bátonnets incolores ou trés vague- ment teiutés de vert, fixés par une de leurs extrémités ou par leur partie médiane à la surface du nueléus. Ces bátonnets ne semblent-ils pas être des formations analogues aux corps fusiformes enduits de matière verte des cellules plus profondes, mais qui ont subi un arrét de dévelop- pement? Si on les traite par une dissolution de potasse caustique, ils se changent subitement en ellipsoides, puis en sphérules qui présentent en un point de leur surface uu noyau légèrement vert. Sous l'action de léther a froid, les bâtonnets passent lentement par ces deux états, puis se dissolvent complétement en laissant un résidu granuleux autour du nucléus. La disposition des grains de chlorophylle autour du nucléus ne se re- trouve pas aussi aisément dans les cellules assez profondes du parenchyme des feuilles ; cependant on la reconnait dans le parenchyme des feuilles du Sempervivum tectorum, de V Eria velutina, d'un Crassula, dans les celluies profondes du parenchyme d'un pétiole dans le Colocasia odora, ete.; mais alors le nombre des grains de ehlorophylle disséminés à une assez grande distance du nucléus est plus ou moins considérable. Ces observations dans les feuilles adultes, j'eus l'idée de les poursuivre dans ees mémes organes en voie de formation et dans les écailles des bour- eons. Dans les cellules d'une jeune feuille d'Aucuba japonica, j'ai trouvé un nueléus trés développé et enveloppé de matiere verte, laquelle n'appa- rait que sur lui et autour de lui. Les écailles des bourgeons dans le Ribes, le Lilas, le Marronnier d'Inde, m'ont présenté le méme phénomène. J'ai trouvé de méme un nombre tres considérable de grains de ehlorophylle agglomérés autour du nucléus dans de jeunes feuilles de Lis, de Vanille, de P/ajus, de Crocus, dans les divisions externes du périanthe d'une jeune fleur de Jacinthe, ete, Ayant placé un plant de Sempervivum dans l'obscurité, je l'y laissai jusqu'à ce que l'étiolement fùt complet. Alors je soumis la plante à l'in- fluence de la lumière, et quand les feuilles eurent pris unc légère teinte verte, 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. jobservai ce qui suit : Certaines cellules, dont la paroi antérieure avait été tranchée par la lame du rasoir, présentaient à peu prés, à la partie moyenne de leur paroi postérieure, un nucléus volumineux enveloppé d'un disque ou d'un cercle de grains de chlorophylle disposés trés régulièrement sur trois ou quatre rangs autour de lui, et seulement autour de lui. Dans d'autres cellules, les grains de chlorophylle sont confusément agglomérés autour du nucléus, et semblent s'en écarter deux à deux et un à un, pour se répandre sur les parois de la cellule. De plus, la matière verte m'a semblé quelquefois distinetement aecompaenée de grosses sphéres iucolores, et d'une sorte de protoplasma ou de mucus membraniforme. Puissent les faits que je viens d'avoir l'honneur d'exposer devant la Société appeler l'attention des botanistes plus expérimentés que moi sur une fonction qu'il me semble difficile de ne pas accorder au nucléus : je veux parler du rôle important qu'il semble jouer dans le développement et dans la nutrition de la matière verte. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : RÉPONSE AUX OBSERVATIONS PRÉSENTÉES PAR M. R. CASPARY SUR LA DIVISION DE L'ANCIENNE FAMILLE DES HYDROCHARIDÉES EN OTTÉLIACÉES ET EN HYDROCHARIDÉES, pr M, AD. CHATIN. M. Robert Caspary, savant botaniste appelé à Bonn pour y suppléer l'illustre professeur Treviranus, a communiqué à la Société, dans la dernière séance, un mémoire dont l'objet est de réfuter sur plusieurs points un de mes propres travaux, et de revendiquer, pour presque tout le reste, la priorité des observations en faveur de divers botanistes, A mon tour, je viens présenter quelques remarques sur les remarques provoquées par mes recherches. Mais, avant de suivre le savant critique dans ses objections, je veux remercier notre savant confrère d'avoir inauguré ses communications à la Société Botanique de France, en appelant l'attention du monde savant sur un sujet dont je me suis personnellement occupé, et l'assurer de la sa- tisfaction avec laquelle nous accueillerons toujours, même si elles frappent sur nous, les études consciencieuses qui feront profiter nos séances de la vaste érudition, de l'habileté à observer, dela hardiesse et de la largeur de vues de l'ecole allemande. J aborde maintenant l'argumentation exposée par M. R. Caspary avec un art dont je le felicite. 1^ J'ai trouve, dit notre savant confrère, un petit vaisseau vers le sommet de la jeune tige de V Anacharis Alsinastrum, et bien que ce vaisseau n'exis- tát plus dans la tige adulte, il renverse la classification fondée par M. Cha- tin sur l'absence de vaisseaux dans ses Vallisnériées (tribu des Hydrochari- SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 157 dées vraies dans laquelle rentrent les Anacharis, et plus généralement les Anacharidées d'Endlieher). Les autres Anacharidées, ajoute-t-il, ont proba- blement aussi des vaisseaux transitoires, hien que sur Le sec on ne puisse le constater. — Le probablement est une conjeeture rendue assez plausible par quelques faits que possède la science, et en particulier par l'observation méme de M. Caspary sur l'A. A/sinastrum, observation que je trouve inté- ressante au point de vue de l'organogénie anatomique, mais à laquelle on peut opposer que l'existence, et méme la strueture des vaisseaux, sont par- faitement déterminables sur Le sec, que par conséquent le fait cité se perd dans son isolement, Mais je dirai plus : j'affirme que, füt-il méme général, il serait, eu égard à son existence transitoire, sans valeur taxonomique. C'est qu'en effet nos classifications reposent, ou sur la forme premiere fixe et eonstante qui répond à la graine, ou sur les plantes considérées à l'état adulte et parfait, nullement sur des états temporaires ou sur des foetus en évolution. M. Caspary rappelle, pour fortifier la thèse élevée sur les rares vaisseaux transitoires de V Anacharis, que j'aurais vu moi-même une petite trachée dans le Vallisneria, type de la section ou tribu dans laquelle je place V Ana- choris. Mais c'est précisément parce que j'avais constaté un fait de méme ordre que celui observé plus récemment dans l'Anacharts, que je n'ai pas attendu jusqu'à ce jour pour eonsidérer la signification d'observations dont je rejette l'importance dans la classification, non par ce qui pourrait être Considéré aujourd'hui comme un désir de défendre mon travail, mais au contraire par ce motif qu'elles ont été mürement pesées, il y a dejà long- temps, avec un esprit parfaitement libre et désintéressé. J'ajouterai, puis- que l'oecasion m'en est offerte, que de tres jeunes pieds de Vallisneria, que je viens de suivre aprés leur germination jusqu'à une longueur de trois centimètres, n'offrent, comme les pieds adultes, aucun vaisseau (1). 2 Endlieher a décrit comme anatropes les ovules de l'Hydrocharis (la plus commune cependant et la plus connue de nos Hydrocharidées), dont mes observations ont établi l'orthotropie. M. Caspary reconnait que ces ovules sont en effet, comme je l'ai signalé, orthotropes et à deux tégu- meuts (2), J'ai encore le bonheur de voir M. Caspary eonfirmer mes obser- vations sur l'anatropie des ovules dans le Stratiotes et l'Oftelia, ainsi que Sur l'existence d'une double membrane ovulaire dans celui-ci. 3° M. Caspary assure que, dans le Vallisneria, les ovules ont une double E Le phénomène de gyration ou de rotation, constant dans les utricules du allisneria adulte, ne se montre pas encore chez les individus longs de 1-5 centi- mèlres. 9 . ; Ôté rés ur " (2) M. le professeur Parlatore était arrivé, de son côté, au même résultat sur l'ovule de l Hydrocharis; 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. enveloppe que l'aclion de la potasse permettrait de bien distinguer à un moment donné de cette action. Il rappelle que j'ai moi-même, dans mes premieres observations, admis l'existence des deux membranes autour du nucelle. Il est tres vrai que j'ai d'abord cru, comme le fait aujourd'hui M. Caspary, à la présence de deux téguments ; mais c'est qu'alors j'avais été induit en erreur, précisément par l'emploi des réactifs chimiques qui colo- rent diversement la portion superficielle et la partie profonde ou interne du tégument. Mais je ne doute pas que si, comme je l'ai fait dans ces derniers temps, M. Caspary suit l'ovule du Vallisneria depuis la première appari- tion du nucelle jusqu'à son développement parfait, il ne reconnaisse que le tégument est simple. Notre confrére, M. Groenland, dont l'habileté est connue, et qui a examiné avec moi un assez grand nombre d'ovules de Vallisneria, n'hésite pas à admettre aussi l'existence d'une seule enve- loppe. De bonnes coupes transversales, beaucoup plus propres à éclairer le sujet que la plupart des autres modes d'observation, n'ont pas peu contribué à former son jugement. Que si j'avais maintenant à me justifier d'avoir un moment admis deux téguments dans le Vallisneria, je ferais remarquer que ses propres obser- vations viennent de conduire à Ja méme conelusion le savant professeur de Bonn. Et cependant, quels soins notre confrère n'a-t-il pas apportés dans un tavail qui était, par son objet, un travail de vérification plutôt qu'un tra- vail spontaué ou original. h^ M. Caspary dit encore que les ovules du Vallisneria ne sauraient avoir leurs téguments formés d'un seul rang d'utricules, aucune plante, qu il sache, n'ayant d'enveloppe à un seul rang. — Pour bien comprendre le fond de cette grave objection, qui touche non-seulement à ce qui est, mais à la possibilité d'étre, il faut savoir que, d'apres une théorie ayant cours en quelques contrées de l'Allemagne, toute membrane ovulaire est un repli qui ne saurait se composer de moins de deux rangs d'utrieules, par ce motif qu'il serait formé de deux feuillets adossés l'an à l'autre. Or, ces feuillets ne pouvant se composer chacun, dans l'hypothèse, de moins d'une assise d'utrieules, la conséquence simple et nécessaire est celle-ci : jamais on n'a vu de membrane réduite à une seule rangée d'utrieules, jamais on n'en verra. On comprend que, sur ce terrain, la diseussion ne puisse eontinuer. Cependant, je citerai à mon honorable contradicteur ce fait, que la graine méme du Vallisneria a pour toute enveloppe deux rangées d'utricules, d'ail- leurs fort différentes l'une de l'autre, ainsi que jel'ai fait connaitre en par- lant de la germination du Vallisneria. Or, si l'on considere que ces deux rangées d'utrieules répondraient, ou aux deux membranes ovulaires admise: par M. Caspary, ou à une membrane unique, on est conduit à ee dilemme : ou il existe deux membranes dont chacune est représentée par une simple assise d'utrieules, ou il n'y a qu'une membrane à deux rangs. Quel que soit SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 159 le choix que l'on fasse, il resterait établi au moins que l’une des deux opi- nions soutenues par M. Caspary n'est pas fondée. Sur celle de ces opinions qui dénie l'existence de téguments ovulaires formés d'une seule rangée d'utricules, et qui semble importante par ce mo- tif qu'elle est présentée comme l'expression d'un fait général, j'ai dit qu'elle n'était qu'une théorie, une vue de l'esprit, et qu'à ce titre je ne la discuterais pas. Cependant, dans ma confiance en mon honorable contradicteur, je ne peux m'empêcher d'en appeler de M. Caspary théoricien à M. Caspary observateur, bien sür que le second convertira le premier. Les membranes à une simple assise d'utricules sont assez peu rares, surtout parmi les es- pèces aquatiques ou parasites et les plantes glumacées, pour qu'en choisissant convenablement celles-ci on en ait observé bientôt une somme suffisante pour ne plus douter, non-seulement de leur existence, mais de ce qu'on pourrait presque dire leur fréquence. Que si, pour persuader par avance M. Caspary que ce n'est pas en vain qu'il s'engagerait dans cette voie de recherches, il fallait citer une autorité qu'il tient en grande estime, je rappellerais que notre distingué confrère, M. Trécul (dont l'absence regrettée se fait trop sentir dans nos séances), vient de faire connaitre que les ovules du Blé (Triticum) ont leur primine et leur secondine formées chaeune d'une simple assise d'utrieules (Trécul, C. rendus de l'Acad. des sc., XLIV, p. 449, avec une planche). Et, puisque j'ai emprunté une citation à M. Trécul, je me vois à peu prés obligé de citer aussi un de nos plus savants confrères, qui a dit de l'Hypopitys : « Une seule couche d'utricules compose le tégument de la graine... » (Duchartre, Revue botanique, VI, p. 16.) 5° Quant à ce que l'orthotropie des ovules du Vallisneria aurait été vue par MM. Treviranus et Schleiden, je ne peux que dire que, lorsque j'ai fait mes observations, l'anatropie était admise en France, et surtout, parait-il, en Allemagne, où Endlicher, après avoir tracé les caractères des Hydro- charidées, écrivait cette phrase : « £mbryonis situm ORTHOTROPUM contra Cl. Richard qui illum aNTYTROPUM, extremitate radiculari umbilico et dia- metro opposita describit, in plerisque generibus confirmare licuit. » — Si cependant mon savant critique pense que, malgré l'autorité d'Enudlicher, il était inutile de retrouver l'orthotropie, non del'embryon, mais de l'ovule du Vallisneria, il me restera du moins à me féliciter de m'être rencontré ici avec des botanistes aussi éminents que MM. Schleiden et Treviranus, et d'avoir fait adopter de tous un point de science qui, mémeapres leurs travaux, restait méconnu comme après ceux de Richard. Qu'on n'oublie pas, d'ail- leurs, que l'ovule anatrope ne prend souvent son caractere définitif qu'à une periode trés avancée de son évolution, et qu'on. pourrait se tromper en concluant à l'orthotropie d'ovules anatropes dont on n'aurait vu que le premier âge. y? , . . . 0" L'Anacharis, V Elodea et le Lagarosiphon ont, et sur ce point 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Caspary covfirme mes observations, les ovules orthotropes. Mais je suis moins heureux, quant aux téguments de ces plantes, que notre confrère dit avoir vus formés non d'une seule, mais de deux enveloppes. C'est encorela potasse qui aurait fait découvrir que le tégument est double. Je n'ai pu, par l'emploi du méme mode d'observer, acquérir la certitude de l'existence de deux enveloppes. Cependant, n'ayant pu suivre sur ces plantes, comme je l'ai fait pour le Vallisneria, le développement des ovules sur les individus vivants, j'attendrai des circonstances d'observation plus favorables avant de contester l'assertion de M. Caspary. Et comme le nombre des téguments importe peu à ma classification des Hydrocharidées, il me suffira de la dé- gager d'un caractère qui ne pouvait d'ailleurs intervenir que dans des coupes secondaires. 7* Un mot encore sur le Lagarosiphon. Harvey a figuré avec exactitude, dit M. Caspary, les ovules du Lagarosiphon comme orthotropes; mais, ajoute-t-il, il a commis une erreur dans la description de la graine, en indiquant la radicule comme infère. J'admire vraiment le talent que notre cher confrère emploie à me dépouiller. Là c'est avec une figure de Cl. Ri- ehard (et combien de dessins de ce savant, d'ailleurs justement renommé, sont inexaets en ce qui touche les Hydrocharidées) sur la graine de l'£lo- dea, qu'il établit que je n'avais vraiment que faire à dire que l'ovule de cette plante est orthotrope; ici c'est malgré la figure de la graine du Lagarosiphon qu'il veut faire remonter à Harvey la premiere observation sur l'orthotropie de l'ovule de cette plante. Mais peut-on, je le répète, oublier que l'orthotropie n'est que le premier àge de l'anatropie, et que la graine doit toujours faire autorité sur l'ovules que, par conséquent, il est impossible de conclure à un ovule orthotrope d'une graine à radicule infère. 8° Quant à l Hydrilla proprement dit, je dois avouer que n'ayant examiné que des ovules de l’ Hydrilla muscoides Planch. appartenant à la section Lagarosiphon, et ayant de leur examen conclu pour le genre entier, en adoptant la réunion faite par MM. Presl et Plauchon, je n'ai aucun mo- tif pour contester l'exactitude des observations de M. Caspary, qui con- firme, quant à l Hydrilla, celles de Cl. Richard adoptées déjà par Endii- cher. Je pense, des lors, que c'est avee raison que M. Caspary sépare de nouveau de! Hydrilla vrai le Lagarosiphon, dans lequel il reconnait l'exis tence d'ovules orthotropes. Le second caractere de séparation des deux genres tiré des ovules qui, au lieu d'être tous dresses comme dans le Zegarosiphon, sont dans V Hydrilla, Ves inférieurs pendants, les supérieurs ascendants, est, il faut le reconnaitre, un point d'organisation d'autant plus important qu'il se lie à une inversion dans l'evolution des ovules, les premiers tournant leur mi- cropyle vers le sommet de l'ovaire, auquel les seconds présentent au COn- SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 161 traire leur dos. C'est pourquoi je vois, dans la différence de structure et de direction des ovules du Lagarosiphon et de l'Aydrilla, deux fois plus de motifs qu'il n'en faudrait pour justifier la séparation de ces deux genres, que des lors j'adopte pleinement avec M. Caspary, et qui devront méme, nonobstant leurs ressemblances extérieures, étre placés plus loin l'un de l'autre que le premier ne le sera de l’ Udora ou Elodea; les fleurs mâles à spathe multiflore, dans le seul Lagarosiphon, viennent encore corroborer cette conclusion. Tel est, d'ailleurs, le sentiment de M. Caspary qui, dans son Conspectus Hydrillearum, met V Elodea entre l Hydrilla et le Lagaro- siphon. On va voir que cette séparation doit être plus complète encore. 9" J'arrive enfin à la dernière objection de M. Caspary, la plus grave, celle que les autres n'ont fait que préparer, et qui est en réalité le but et la conclusion de tout le travail critique. Elle peut être ainsi formulée : M. Chatin à partagé, d'après leurs ovules, les Hydrocharidées en Ottélia- cées caractérisées par l'anatropie des ovules, et en Hydrocharidées, celles-ci conservant seulement les genres à ovules orthotropes. Or, l Hydrilla a, en réalité, des ovules anatropes et ne peut étre séparé de ses plus proches voi- sins, l'Zlodea (1) et le Lagarosiphon; donc la division proposée ne sau- rait être adoptée. —Distinguons. J'admets, avec Endlicher, M. Caspary, ele., l'anatropie dans l' Hydrilla; mais je pense que la conséquence qu'en tire ce Savant, parfaitement légitime dans l'état où était la science il y a quelques années, ne saurait plus l'étre depuis que les beaux travaux de M. I. Geof- froy Saint-Hilaire sur les séries parallèles ont ouvert, non pas seulement ux Zoologistes, mais à tous les naturalistes, que ceux-ci soient botanistes, minéralogistes, ete., un nouvel horizon. Aussi, loin de laisser lV Hydrilla accolé au Lagarosiphon, ete , le transporterai-je parmi les Ottéliacées, dans le groupe des Enhalées où il figurera le dernier, parallèlement au La- garosiphon et à l'Anacharis ou Elodea. Si, dans la classification parallèle que j'adopte, l'Æydrilla n'est pas au-dessus ou au-dessous du Lagarosiphon, il est d ses côtés, à la même hauteur, reste par conséquent son voisin, mais Sans que, pour réaliser ce voisinage, le botaniste soit contraint de sacrifier (4) M. Caspary, qui s'est livré, sur les plantes dont il est ici question, à desobser- Vations suivies, dont les résultats sont consignés dans son Conspectus systematicus Hydrillearum (Berlin, 1857), ayant observé des formes polygames, etc., de l'Udora (Elodea) que caractérisaient leurs fleurs hermaphrodites, et de l'Anacharis, dont l'existence reposait sur la dioicité, opere? avec raison la fusion de ces deux Benres, Mais si nous approuvons celle-ci sans réserve , nous n'en dirons pas tout à fait autant du nom du nouveau genre, pour lequel l'auteur préfère celui d'£lodea (déjà donné par Nuttall à des Hypericum dont plusieurs portent encore le nom d'Elodes Adans. Spach.), à ceux d'Anacharis ou d'Udora, dont l'emploi ne don- "trait lieu à aucune confusion ou explication synonymique. Pourquoi surtout ne Pas conserver le nom d Anacharis, dà à €. Richard comme celui d'Elodea ? T. 1v. 11 162 le caractère important tiré de l'ovule, anatrope dans l'un, orthotrope dans l'autre. Je dirai méme plus:c'est que ma famille des Ottéliacées attendait, pour être parallele de tous points avec les Iydrocharidées, que l'un des genres anacharidoides viut en faire partie. Le seul et très petit change- ment qu'il y ait à faire aux Enhalées pour y faire entrer V Z/7ydrilla, est de taire, dans les caractères, la nature simple ou double de l'enveloppe ovu- laire. Alors nous avons la classification suivante, quine differe en réalité, de celle que nous avons d'abord indiquée, que par le déplacement de r Hydrilla. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. HYDROCHARIDÉES, — Ovules ortho- tropes, A. IIYDROCHARÉES. — Axes et feuilles OTTÉLIACÉES. — Ovules anatropes, A. OTTÉLIÉES. — Axes et feuilles tous vasculaires. Des stomates. Plantes tous vasculaires. Des stomates. Plantes flottantes. flottantes, Ottelia. Hydrocharis. Limnobium, Bootia? (ovules, etc., à observer). B. VALLISNÉRIÉES. — Axes et feuilles non vasculaires. Pas de stomates. B. ENHALÉES. — Axes et feuilles cellu- laires ou incomplétement vasculaires. Pas de stomates. Plantes immergées. Stratiotes. Enhalus. ` Hydrilla. Plantes immergées. ? Blyxa (ovules, etc., à observer). Vallisneria. Elodea ou Anacharis, Lagarosiphon. Je wai pu observer encore le Bootia et le Blyxa : l'examen des ovules dé- dar: ` ` « armi ` ; 146 Ali 5 cidera de leur place parmi les HyGrocharidées ou les Ottéliacées ; on peut (1! > “evoir "nis 1 seu'ement prévoir, en raison du mode de vivre de ces genres, dont le pre- mier a des feuilles flottantes tandis que l'autre serait, d'après les descrip- tions qui en sont données, immergé; que celui-là est vasculaire, et prendra place dans les Hydrocharées ou les Ottéliées, mais que celui-ci est plus ou moins cellulaire et viendra se ranger parmi les Vallisnériées ou les Enhalées. M. Caspary, qui par ses voyages jouit des richesses réparties entre les di- apg >rh: «e ` EN " H at " n r vers herbiers de l’Europe, qui fait des plantes aquatiques l'objet préféré de ses etudes, et à qui la science doit, en particulier, des recherches fort éten- dues sur les princip: eure , idé isira, j’ i ques s les principaux genres des Hydroeharidées, saisira, j'en exprime espoir, la premiere oecasion pour fixer la nature orthotrope ou anatrope de l'ovule des curieux Z/yxa et Bootia. Je ne finirai pas sans offrir mes remerciments à M. Caspary, pour son empressement à me confier le manuscrit et les nombreux dessins de son in- téressant travail sur les Hydrillées. M. Lagrange fait à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 163 NOTE DE M. LAGRANGE SUR UN NOUVEAU CAREX TROUVE DANS LA BRESSE. J'ai l'honneur de présenter a la Societé une plante fort intéressante qui a été trouvée pour la première fois aux environs de Louhans (Saône-et-Loire) par M. Moniez, professeur de mathematiques au collége de cette ville. Ce botaniste qui, depuis quelques années, étudie avee ardeur la flore d'un. pays tres imparfaitement exploré, ne pouvait manquer de faire quel- ques découvertes heureuses pour la science; aussi, dans les premiers jours de juin 1856, il trouva. à 4 kilomètres de Louhans, sur les bords d’un étang, un Carew qui lui était inconnu et qui se présentait dans les condi- lions suivantes : il eroissait au milieu de saules et d'aulnes, sur le revers extérieur d'une digue formant le périmètre de l'étang; placé là dans une position un peu elevée relativement aux eaux, et sur une partie de la digue directement exposée au nord, il formait quatre ou cinq touffes énormes donnant naissance ehacune à des centaines de tiges. Le terrain etait de nature argilo-siliceuse faisant partie du reste des anciennes allu- vions de la Bresse, dans lesquelles Louhans se trouve encore placé. M. Mouiez, ne pouvant arriver à la détermination de cette plante et voulant s'éelaiver de quelques avis, en envoya plusieurs échantillons à Beaune, à Dóle, à Besançon et méme à Dijon. — Si les botanistes qui ont étudie ee Carex ne sont arrivés à aucun résultat, c'est, je crois, parce que, rejetant tout d'abord loin d'eux l'hypothèse qu'il pouvait s'agir d'une es- peee nouvelle, et prenant pour point unique de comparaison des Carex de la flore de France, ils cherchaient et voulaient absolument trouver des affi- nites qui n'existaient réellement pas. Quoi qu'il en soit, je vais avoir i'hon- neur d'exposer à la Société ie resultat de mes recherches, résultat qui me conduirait à regarder cette plante comme entierement nouvelle. Comparé aux espèces indigènes, le Carex dont il s'agit trouve naturelle- ment sa place entre le C. vulpina et le C. paradoxa; il établit un passage de l'un à l'autre, en comblant cette grande lacune qui existe pour la France entre le groupe des Vulpinæ et celui des Paniculate». Je dois cependant ajouter que ses utricules très petits, paucinerviés, que la forme remar- quable de ses écailles, que ses bractées filiformes, que son facies propre le tiendront toujours à une assez grande distance de ces deux groupes pour qu'il y ait lieu de ercer pour lui un nouveau groupe intermédiaire dont il sera l'unique représentant, — Mais si nous quittons, non-seulement la France, mais l'ancien continent pour le nouveau, nous trouvons un Carex de Physionomie tout à fait semblable au nótre, ayant les mémes utricules el les mêmes bractées ; c'est le Carex multiflora Muehl., commun dans l'Amérique septentrionale, En comparant ees deux plantes, on est de suite frappé par un earaetere distinctif saillant que fournissent les écailles florales fertiles : eelles-ei, dans 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Carex américain, sont étroites, ovales-aigués, plus ou moins aristées ; dans le Carez de Louhans elles sont presque aussi larges que longues, obovales, échanerées et longuement mueronées. Ces caractères sont-ils constants? Telle est la première question que je me suis faite. La réponse me semble devoir étre affirmative, si je m'en rapporte du moins aux données acquises jusqu'à ce jour. — En effet, si les observations faites sur le Carex de Loubans représenté seulement par quelques individus (6-7) sont restreintes, il n'en est pas de méme de celles qui ont eu pour objet le Carez américain. J'ai pu étudier celui-ci sur de nombreux échantillons dans les principaux berbiers de Paris. Qu'il me soit permis de remercier ici M. J. Gay et mon excellent confrère M. Cosson, qui ont bien voulu mettre à ma disposition leurs riches collections de Carex, et chez lesquels on est toujours sûr de trouver l'accueil le plus cordial. Or, les écailles florales se sont toujours rencontrées avec les mêmes caractères. — D'une autre part, les auteurs, et je citerai en particulier les américains, tout en mentionnant les nom- breuses variations du Cares multiflora, relatives les unes à la grandeur et a la forme de l'utrieule, les autres aux modifications du rostre, ont toujours été muets en ce qui concerne les écailles florales, et il n'est pas probable qu'un caractere aussi saillant, s'il avait existé, eüt échappé aux investigations des auteurs. Je crois donc ètre fonde à admettre aujourd'hui le Carex de Louhans au rang d'espèce nouvelle, et je résumerai les motifs de ma détermination en disant qu'il se distingue du C. multiflora Muehl., surtout par ses remat- quables écailles, ensuite par ses feuilles canaliculées, par ses tiges presque lisses, et enfin par sa station dans un point du globe de longitude si diffé- rente. — Je propose de lui donner le nom du botaniste qui l'a découvert, c'est-à-dire de l'appeler Carex Moniezi. — Je ne sais quel sera le sort du Carex louhannais dans un avenir plus ou moins éloigné, et lorsque des ob- servations plus nombreuses auront été recueillies ; mais, quoi qu'il arrive, qu'il doive être maintenu comme espèce ou qu'il soit reconnu plus tard n'étre qu'une variété du C. multiflora Muehl., la présence dans le bassin de la Bresse d'une plante appartenant à un type tout à fait américain, sera toujours un fait de géographie botanique des plus intéressants. Carex Monurgzt Nob. Spiculis compositis, androgynis, superne maseulis, in spicam elongatam dispositis, superioribus confluentibus, ceteris subdiseretis; stigmatibus binis; utriculis minimis, paucinerviis, squamam emarginatam longeque mucronatam subaquantibus; bracteis filiformibus ; foliis canaliculatis, caulinis 2-3 superioribus culmum Iævem vel seabriusculum superan- tibus. Rhizoma ramosissimum densissimeque cæspitosum. Folia canaliculata SÉANCE DU 27 FÉVRIER 19257. 105 rarissime plana, angustissima nempe 1-2 millimetra lata, læte viridia, excepta basi margine scabra ; culmea inferiora brevia, 2-5 superiora culmo longiora, vaginis integris, magis minusve imbricatis, ligula nulla vel sub- nulla obtusissimaque. Culmus erectus, 5-7 decimetra altus, trigonus, acu- tangulus, lævis, rarius seaber, usque ad medium circiter foliatus, superne nudus. Bracteæ foliaceæ filiformes aut etiam aristiformes, infima majores, a basi ad apicem spicæ gradatim longitudine imminuta. Spiculæ nume- ros, composite, ovato-oblongæ, in spicam elongatam seu panieulam angustissime coarctatam digestze, superiores confluentes, infimæ basi sub- approximatæ. Squamæ fertiles membranacez , hyalino-ferrugineæ , late obovatæ, valde emarginatæ lobulis apicalibus obtusis fimbriatis, trinerviæ, nervis subcontiguis in mucronem viridem elongatumque coeuntibus. Stylus bifidus, basi bulboso-inerassatus. Utriculi minimi, ovati, plano-convexi, dorso tri-quinquenervii, antice obsolete bi-trinervii, in rostrum gracile utrieulo ipso subæquilongum, bifidum, margine leviter serrulato-scabrum acuminati. Achænium subrotundum basi attenaatum et substipitatum. In prefectura Saóne-et- Loire prope Lœvineum (Louhans) ad ripas stagni. — Aprili floret, julio fructus maturat. C. multifloræ Muehl. valde affinis, differt imprimis squamis fertilibus late obovatis emarginatis longeque mueronatis, nec unquam ovato-acutis, foliis canalieulatis, et culmo lævi vel seabriuseulo. À la suite de cette communication, M. J. Gay fait les observations suivantes : Ce fait d'un Carez nou veau pour la France, qui a son affinité la plus pro- Chaine dans un Carex d'Amérique, rappelleà M. Gay le fait tout semblable d'un autre Carex dont il a jadis esquissé l'histoire sans l'avoir publiée. TI 5 agit du Carex grisea Viv. , espéce tres rare de la Ligurie orientale et du ter- loire pisan, si rare qu'on a pu longtemps douter de son indigénat, quoi- que ces doutes paraissent aujourd'hui dissipés. Peu d'auteurs en ont parle Jusqu'ici, et tous l'ont comparée aux Carex tristigmatiques de la section spicis sexu distinctis (C. pallescens, panicea, rotundata, brachystachys et to- mentosa), Mais c'est dans la section spicis lateralibus fœmineis, terminal: "^drogyná, basi masculå qu'il faut chercher sa véritable affinité. Là se trouve en effet le Carex virescens Mühlenb., avec lequel le C. grisea a de tels rapports, que M. Gay n'a pas su l'en distinguer spécifiquement. Le C. grisea devient pour lui C. virescens B grisea, ainsi qu'il résulte de la notice par lui écrite en août 1838 et que nous reproduisons textuellement el. L'auteur n'y a rien ajouté, si ce n'est la citation de deux textes posté- "leurs à sa date et une note d'où il résulte que la plante est réellement spon- lanée sur la côte orientale du golfe de Gênes. 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CAREX VIRESCENS B Grioleti 5. Gay. C. culmo foliisque glabris; spieulis 5-6 creetis, terminali longissimâ, gracili, totâ maseulá, vel basi fæmineå, reliquis fœmineis, eylindraceis, foliaeeo braeteatis, infimà remotä, peduneulatà, 2-3 inferiorum squamis inferioribus sterilibus ; utriculorum nervis 3 anticis in faseiam linearem albidam longiuseulam superne eonfluentibus. Carex grisea. Viv.! Fl. ital. Fragm. in ejusd. Ann. di Bot., V, part. 2^ (4804), p. 186, tab. 35 (quie icon verisimiliter nunquàm prodiit, deside- ratur enim in tribus à me collatis libri exemplaribus). Stirpem ibi fusiùs descriptam, quamvis à nemine hucusque citatam, in herb. Ventenatiano nüne Lessertiano vidi, ab ipso auctore missam. Eadem quoque nomine eodem in herb. Fontanesiano nune Webbiano exstat, à Savio missa. Defi- nitionem ex Vivianii opellà excerptam conferas apud Roem., Collect. Bot. (1809), p. 290. C. Grioleti, Bertol.! in herb. Roem. — Roem. in Schk., Car. suppl. (4806), p. 76, tab. Rrrr, fig. 209 (ex herb. Rich.!). — Spreng., Syst. veg., IH 1826), p. 821. — Kunth, Enum. W (1837), p. h44. — Parlat., Ft. Ital.,V (1852), p. 465. — Bertol. Fl. Ital. X (185^), p. 95. Plantarum curiosus, Griolet Pegli, stirpem olim ad Vivianium misit, et prope Levanto locis spongiosis leetam perhibuit, undè eadem, per Vivia- nium, quasi Ligariæ orientalis civis, in Roemeri atque Sehkuhrii manus venit. Ego veró ex Americá ortam, et in hozto quodam cultam, vel eum navium saburrá fortuitó introductam, posteàque exstirpatam, vehementer suspicor, in quá opinione eò magis confirmor, quod neque Bertolonius, strenuus plantarum Ligusticarum serutator, neque ullus Italorum, indé ab anno 1804, mentionem ejus vel minimam fecerit (1). Culmus 1-2 pedalis, erectus, acute trigonus, scaber. Folia radicalia, cum radice, desiderantur. Folium caulinum adest in uno specimine, à spiculá imá longe remotum, pedem longum, totum quantum glaberrimum, vaciná triunciali, tubulosä, obtuse trigoná, lævissimä, limbo plano, sesquilineam lato, margine serrulato-seabro. Spieulæ 5-6, omnes erectæ ; terminalis 1-2 (imó ex Viv. 3-) uneialis, gracilis, in uno specimine tota mascula, in altero basi imá fœminea (ex toto maseulam Vivianius deseribit), squamis arcte imbricatis. elliptico-lanceolatis, obtusis, fulvis, triandris, nervo carinali viridi, infra apicem evanescente, filamentis capillaribus, squamam demüm longe superantibus, antheris non visis ; reliqua spieulze fœivineæ, una al- (4) Ad rivulos montis Pisani revera crescere plantam, ann. 1843 cl. Petr. Savi, misso specimine, nos docuit, quod ann. 1852, cl. Parlatore l. c. confirmavit. Ad- dendus et locus natalius tertius ab Bertolonio nuper notatus, valles circa villam Levi prope Clavarum Ligurià orientali (conf. Bertol, 4. c.) SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857, 167 terave superior maseulz valdé approximata, planè sessilis, ovoidea, brevius bracteata, intermediæ distinctæ, nee coufluentes, subsessiles, cyvlindraccæ 7-8 lin. longæ, foliaeeo-braeteatze, inferior mox descriptis similis, sed 2-3 uncias remota, et pedunculata, braeteá que longiore munita, peduneulo 10-12 lin. longo, filiformi, triquetro, seaberrimo, bracteà culum superante, 5-7 une. long, basi vagina'á, limbo plano, 4 1/2 lin. lato, basi interná pilis paucissimis sparsis vestito, cæterüm glabro, vaginâ brevissimá, 4 1/2 8 1/2 lin. long, totà glabrá et tubulosà, pedunculum multo longiorem basi ineludente. Squamæ fœmineæ ovato-oblonez, acuminatæ, hvalino-albidæ, carinâ lætè viridi, fructiferæ laxiusculæ, utrieulo breviores angustiores- que, persistentes, nec caducæ, inferiorum 7-10, in spieulà inferiore (non ità in spiculis superioribus, vel saltem pauciores multó) vacuze! rachi ad- presse, undè spicula basi in cuneum attenuata. Utrieuli sessiles, virides, membranacei, unam lineam vix longi, vixque dimidiam lati, erostres, ob- tuse trigoni, apice et praesertim basi attenuati, superne, imprimis ad latera et utráque parte hispiduli, inferné glabri, postiee enerves vel obscuriüs nervali, antice 5-6 nervii, nervis plus minüs distinctis, 3 intermediis fili- formibus, approximatis, superne in fasciam longiusculam, albidam, linea- rem coeuntibus (quod quidem in stirpe maximè notabile !), rostello bre- vissimo, Cylindrico, toto albido, ore integerrimo, vel obseuriüs bidentato. Achænium (maturum) sessile, utrieulum replens, ellipsoideo-oblongum, apice basique attenuatum, obtusiuseule trigonum, fuscum, distineté gra- nulatum, basi persistente styli coronatum, angulo tertio nüne antico nüne postico, undè utriculus nüne anticè nüne postice earinato-convexus. Stylus brevissimus, ro-tellum vix æquans, gracilis, proxime supra basim fragilis. Stigmata 3, eapillaria, ferruginea, longitudine feré utriculi. Oss. — Stirpem Viviauius eum C. pallesrente et paniceá comparavit, Sehkuhrius rotundatam inter et br achystachym interposuit, Kunthius tan- dem post €. tomentosam, quasi formam ejus, spieulis distantibus, pedun- eulatis, squamisque fœmineis hyalino-albidis diversam, enumeravit. Qui veró omnes, cùm affinitatem stirpis inter species sexu distinctas quæsive- rint, à scopo, ni valde fallor, maxime aberrarunt. Mihi enim stirps, nullis arctè speciebus cognata videtur, nisi illis quibus spicula termina!is andro- 8yna, basi mascula, reliqua fœmineæ, inter quas C. virescenti tàm prcpe accedit, ut omninó non, nisi varietatis lege, distinguere valeam. Ligusti- cam formam ab Amerieaná, primo intuitu, amovere videntur folia glabra, vee pilosa, spicula terminalis tota maseula vel basi feeminea, nee basi mas- eula, spiculæ, quoque, fæmineæ plures, latis bracteis munitæ, qua in virescente Americanà omnino sessiles vel subsessiles et subulato bracteatæ, "Uleulus denique rostellatus (non muticus), magis hirsutus, nec anticè alho-fasciatus. Has verò differentias omnes, in C. virescente aut proximè affinibus, variabiles comperio. Foliis glabris virescentem ludere, Mühlen- 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bergius adnotavit {Descript. uber., p. 233), nee in C. Grioleti prorsus glabra esse, specimina à me visa docent. Varietatem pedunculatam in C. hirsutá, specie proxime affini, Torrevus memorat (Ann. of the Lye.. 1, p. 323, HI, p. 408); exstant quoque specimina ipsius virescentis, Novebo- racensia, à me visa, quibus pedunculus 5-6 lin. longus spieulam inferio- rem sustentat. Spiculam terminalem in virescente aliquando totam mascu- lam, sed gracilem et 8 lin. maximüm longam, occurrere è speciminibus Americanis ipse quoque cognovi. Nec discrimen stabile, ipsa utriculi fascia offert, cujus indieium manifestissimum in virescentis formá macrostachyà observo. Nostra igitur, eum virescente comparata, non, nisi spiculis fæmi- neis pluribus (4-5, non 2-3), infimá basi sterili, et spiculà masculâ dimi- dio vel etiam quadrupló longiore, utrieulis tandem parcius hispidis et ros- tello magis distincto, differre censenda est, notis scilicet per totam Caricum gentem fallacissimis. Stirpem ergó, origine dubiam nee nisi ex duobus speciminibus cognitam, prout speciem propriam ego admittere nollem. In quà opinione si forte fallor, si quoque C. Grioleti pro certá unquàm Ligu- rig civi habenda erit, manebit tamen stirpis vera affinitas, extra omne dubium posita, et hic primüm à me notata. M. Boisduval présente à la Société l Hacquetia Epipactis, vivant, en pleine fleur, provenant de rhizomes recueillis dans les Grisons, et quelques pieds d'Erythronium Dens canis fleuris aussi et quil cultive également avec succès. M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces rares ou nouvelles de la régence de Tunis, et fait les communications suivantes : NOTE SUR L'ANABASIS ALOPECUROIDES, par MM, MOQUIN -TANDON et E. COSSON. Parmi les Salsolacées à embryon en spirale (Salsolaceæ subordo Spiro- lobeæ C. A. Mey. — Moq.-Tand.), à tégumeut séminal simple et à embryon conico-spiral (tribus Sa/soleæ Moq.-Tand.) se trouve le genre Anabasis L. qui appartient à la sous-tribu des Anabaseæ (Moq.-Tand.) par la verticalité de la graine. Ce genre, réformé par les auteurs modernes, se distingue des autres genres dela méme sous-tribu par le calice à 5 sépales, tous, ou seu- lement les 3 extérieurs, s'aceroíssant après la fécondation et se prolongeant sur leur dos en une aile transversale scarieuse, par les anthères brièvement appendiculées ou non appendieulées, et principalement par l'existence de 5 petits staminodes placésentre les filets desétamines,et par la radicule infere; il parait assez naturel, et les espèces qu'il comprend ont entre elles par le port une assez grande ressemblance ; toutes, à l'exception de PA. a/opecu- roides, objet de cette note, présentent des tiges, des branches ou des rameauX SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 169 articulés d'une manière plus ou moins nette, et leurs tiges sont simples ou rameuseS, à rameaux opposés (exceptionnellement alternes), leurs feuilles sont nulles où opposées; notre plante, à rameaux alternes non articulés et à feuilles alternes, présente le port d'un Za/ogeton, mais est munie de sta- minodes Comme les Anabasis, et la radicule regarde la base du fruit : c'est une espèce intermédiaire entre les deux genres. L'un de nous l'avait d'abord désignée sous le nom d'Zalogeton alopecuroides (Chenop. enum. [1840] 161, n. 10); plus tard, aprés un nouvel examen (in DC. Prodr. XIII, sect, 2, 210 [1849] ), il l'a rapportée aux Anabasis; mais i! l'a placée en tête de la série comme pour montrer qu'elle forme le passage vers les geures précédents. Sur les quinze espèces du genre Anabasis décrites dans le Prodromus (1), onze ont le calice à sépales tous ailés, et quatre à trois sépales extérieurs seuls ailés; c’est parmi ces dernières que se rencontre VA. alopecuroides, et nous devons faire remarquer en passant que son calice fructifere n'offre souvent que deux sépales ailés. En combinant les caraeteres tirés de l'artieulation ou de la non-articula- tion des rameaux, de leur opposition ou de leur alternance, de l'absence ou de la présence des feuilles et de leur disposition, et du nombre des sépales ailés, nous sommes amenés à diviser le genre Anabasis en deux sections, dont nous donnons ci-dessous la diagnose : Sect, J. Agathophora (Halogeton sect. Agathophora Fenzl in Ledeb. Fl. Ross. VII, 831) — Rami alterni, inarticulati. Folia alterna. Calycis fructiferi sepala 2-3 exteriora solum alata. A. alopecuroides. Sect, IT. Anabastrum. — Rami oppositi, rarius variatione alterni, articu- lati, rarius subarticulati. Folia opposita vel nulla. Calyeis fruetiferi Sepala 3 exteriora vel omnia alata. * Calycis fructiferi sepala 3 exteriora solum alata. A. Phyllophora. — A. brevifolia. — A. aphylla. ** Calycis fructiferi sepala 5 omnia alata. A. ammodendron. — A. articulata, — A. multiflora. — A. crelacea. — A. ma- Croptera, — A. brachiata. — A. intermedia, — À, cinerea. — A. setifera. — A. lutea. — A. florida. ANABASIS ALOPECUROIDES Moq.-Tand. in DC. Prodr. XIII, sect. 2, 210, n. J. — Salsola alopecuroides Delile! Æg. illustr. n. 306, et FI. 56, h (1) Il y a deux autres non satis note et deux nomine tantum note , en tout 19; Ous en décrirons bientôt une vingtième, 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. t. 21, f. 4 (imperfecta et verisimiliter e specimine quoad inflorescentiam abnormali delineata). — Salsola glomerulata Lippi ined. sec. Delile Æg. illustr. n. 311 (non Meyen). — Halogeton alopecuroides Moq.-Tand. Chenop. enum. 161, n. 10. Suffrutex dumosus. Caules erecti, flexuosi, ramosissimi, subteretes, cortice rimoso cinerascente, basi indurata foliorum elapsorum gemmis- que abortivis persistentibus tubereulato-nodosi; rami alterni, divergenti- ascendentes, inartieulati, inermes, tortuosi, subteretes haud compressi nee marginato-alati, glabri, pallidi; ramuli albidi. Folia demum albido- glaucescentia, 4-8 millim. longa, 2-3 millim. lata, alterna, semitere- tia, subtus convexa, supra planiuseula, basi dilatata, concava, semi- amp'exicaulia, oblongo-linearia, patula, interdum subdeflexa, raro sub- recurva, carnosa, apice obtusiuseulo parum incrassata et in mucronem elongatum setiformem acutum rigidum nune rectum nune subareuatum aeuminata, villis eopiosis longiuseulis flexuosis albidis in axilla lanata, pleraque gemmas abbreviatas villis axillaribus tomentosas in axilla foven- tia; floralia breviora, ovata, supra concava, muerone obliquo instructa; bracteæ folium florale subæquantes, carnosæ, squamaeformes, ovatae, st- pra concava, subtus obsolete carinatæ, obtuse, muticæ. Flores 5- meri, 5-andri, alterni, axillares, sessiles, dense 2-3-elomerulati, elomerulis ex icone Del.leana in spicam terminalem approximatis, sed haee dispositio veri- similiter abnormalis. Sepala lanceolata, concava, duobus interioribus angus- tioribus. Staminum filamenta lineari-complanata, medium versus haud dilatata, inferne in eupulam membranaceam eum staminpdiis coalita. Sta- minodiaovato-semi-orbieulata, carnosiuseula, margine e:oso-ciliolata, glabra; antheræ oblonga, medium versus affixæ, appeudieulo brevi albido subemar- ginato superata, Stylus erassiuseulus ; stigmata mediocria, angusta subulata. Calycis fructiferi sepala 3 (interdum 2, rarius h) exteriora solum dorso transversim alata; alg striatæ, margine erosulo-sinuatze, paulum supra sepalorum mediam longitudinem insertæ, valde inæquales nempe duorum sepalorum exteriorum late obovato-suborbiceulatze 3-5 millim. longæ pa- tentes, et sepali tertii vel etiam quarti interioris ala multo angustior ovato- lanceolata ereetiaseula. interdum obsoleta, Fructus ovato-suborbieulatus, compressus, pericarpio subpulposo. Semen verticale, orbiculare, integumento simplici membranaceo. Albumen nullum. Embryo cocüleatus, viridis, ra- dicula dorsalis infera! — (Descriptio juxta specimen Æuyptiacum valde mancum ex herbario Delileano et specimina paucissima incompleta Sabaræ Algeriensis). In /Ezypti deserto Cahirieo ad Pyramides Gyzenses (Delile! in herb. Redoute). — Iu Saharæ Algerieasis australis ditione Beni. Mzab ad amnem Oued - Mzab pluribus locis obvia et inter Hadjar Lasereg et Anit el Moktar SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 174 quam maxime copiosa et ab indigenis Rade aut Hade nuncupata (Re- boud 1856); jam anno 1854 e Sahara Algeriensi allata, sed sine designa- lione loei proprii (Geslin). L'A. alopecuroides est une plante des plus rares dans les herbiers, et nous n'en possédons d'Algérie que des échantillons incomplets: elle n'était eonnue, avant sa découverte dans le Sahara algérien, que par deux échan- tillons d'Égypte assez imparfaits, l'un dans l'herbier de Delile, et l'autre recueilli par Lippi et conservé dans l'herbier d'A.-L. de Jussieu. ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Neuviéme partie.) Le fort de Géryville, situé à environ 260 kilomètres en ligne directe du point le plus rapproché du littoral, sous une latitude de 33° 53' et à une altitude approximative de 1300 mètres, est construit sur les ruines de l'ancien ksar de Gueraridj, prés d'une source abondante (Ain el Beiod), dont les eaux constituent l'origine principale du cours d'eau qui a creusé le ravin du Khraneg el Beiod. Ce fort, de construction toute récente, ca: l'inauguration du drapeau francais au ksar de Gueraridj, n'a été célébrée que le 21 mai 1853, consiste en une vaste enceinte rectangu- laire percée de meurtrières et, aux angles, d'embrasures pour les canons de l'artillerie; il s'éleve à l'entrée du Khraneg el Beiod, à l'extrémité septen- trionale d'une plaine légèrement accidentée, dépourvue de végétation arbo- 'estente et entourée de montagnes rocheuses, dont les plus élevées sont au sud le Djebel Mezouzin, à l'est et au nord-est la chaine du Djebel Ksel ; une porte monumentale s'ouvre au nord-ouest de l'enceinte fortifiée, et donne accès dans une cour plantée d'arbres, assez vaste pour les exercices militaires de la gar- nison, En face de la porte s'étend un grand édifice qui renferme une caserne, Un hôpital, où le petit nombre de malades nous laisse un large espace pour notre installation, et des magasins pour les approvisionnements de la place; un autre côté de la cour est occupé par l'habitation du commandant supé- "eur ét le bureau arabe. Des autruches apprivoisées se promènent grave- ment dans la cour avec des sangliers pris dans les montagnes voisines et éle- Ves par les soldats qu'ils suivent comme des chiens. Au voisinage immédiat du fort, une maison de commandement a été construite pour le Khalifa Si (e. à Ben Abou Beker, dont l'influence religieuse sur les tribus du Sud est es à la domination française, et dont l'autorité s'exerce Jusque Sur les lointaines oasis d'Ouargla. La colonisation n'est représentée à Géryville que par quelques maisons d'assez chétive apparence groupées au wie e habitées par des marchands, des cantiniers et des familles . es eaux des sources désignées par les indigènes sous le nom 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'Ain ce! Beiol sont, comme nous l'avons déjà dit, très abondantes, douces et limpides; sur l'emplacement des plus importantes d'entre elles, M. de Colomb a fait ereuser par la garnison, aidée par les populations voisines, un vaste bassin elliptique, dont le trop-plein fournit à l'irrigation des jar- dins groupés à l'entrée du Khraneg el Beiod. Le bassin est assez étendu pour que l'on ait pu y installer un batelet qui permet le plaisir, si rare en Al- gérie, d'une promenade nautique; de jeunes canards tadornes, que les officiers ont offerts à M** de Colomb, se mêlent sur les eaux du bassin aux canards domestiques, dont la basse-cour du fort est déjà amplement pourvue; les barbillons pris à Arba el Tatani pendant notre séjour à cette localité promettent de nouvelles ressources alimentaires aux ha- bitants de Géryville. Les jardins créés par les soins des officiers, et dont le plus important et le moins récemment établi est celui du commandant supérieur, fournissent dés maintenant des légumes en abondance pour les besoins de la garnison, qui, au début de l'oceupation, était réduite, pour l'alimentation végétale, au Rumex Tingitanus var. qui croit en abondance dans les terrains sablonneux. Des plantations d'arbres fruitiers et d'agrément fourniront bientôt la plupart de nos fruits d'Europe e donneront un ombrage bien utile dans un pays dépourvu de bois. Les principaux arbres fruitiers dont l'aeclimatation a été tentée sont : le Cerisier, diverses variétés de Poirier et de Pommier, le Pécher, l'Abri- cotier, le Noyer et le Mürier. Les principaux arbres forestiers où d'agrément sont : le Laurus nobilis, le Sycomore, le Vernis-du-Japon, le Melia Azedarach, le Baguenaudier, le Robinia viscosa, l'Arbre-de- Judée, le Gleditschia triacanthos, le Cerasus Padus, les Tamariz Gallica et Africana var. laxiflora de boutures prises à Miserghin près Oran, le Su- reau, le Lilas, le Laurier-Rose double, le Cestrum Parquy, V Eleagnus angustifolia, le Broussonetia papyrifera, VOrme, le Salix pedicellata, le Saule. pleureur, le Peuplier pyramidal, le Peuplier blanc, méme variété qu'à Tlemcen, et le Cyprès. Parmi les légumes dont la culture présente une certaine importance, nous mentionnerons le Cresson alénois, le Chou, le Na- vet, le Pois, la Fève, le Pois-chiche, le Melon, le Pourpier doré, le Persil, la Carotte, l'Artichaut, diverses variétés de salade, Laitue, Romaine et Chicorée, la Tomate, le Piment semé en pot et repiqué en pleine terre, la Pomme-de-terre, l'Epinard, l'Oseille et l'Oignon. Parmi les plantes d'orne- ment, nous avons remarqué le Pied-d'alouette, diverses variétés de Pavot, diverses variétés de Giroflée et de Pensée, l'OŒillet, l'OEillet-de-poéte, le Galega officinalis, la Scabieuse, le Dahlia, la Reine-Marguerite, les Ta- getes, le Chrysanthème-de-Chine, la Belle-de-nuit, diverses espèces et va- rietés de Rosiers. Pour compléter le tableau des cultures des environs im- médiats de Géryville, il nous reste à mentionner des champs de Blé et d'Orge assez étendus, d'une helle venue, qui occupent l'entrée du Khraneg el SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 173 Beiod au-dessous des jardins ; plusieurs milliers de ceps de Vigne ont été plantés réeemment sur les pentes sablonneuses des coteaux peu élevés qui limitent la rive gauche du khraneg. — Tous les essais de culture que nous venous de signaler, malgré toute l'intelligence avec laquelle ils ont été dirigés, ue promettent pas, dans les conditions actuelles, un égal succès ; car la plaine de Géryville, en raison de son altitude et de l'absence de bois, est exposée à des variations subites de température et à des vents trés violents : ainsi, fréquemment la température, fort élevée au milieu du jour, s'abaisse beaucoup pendant la nuit, et des gelées el des neiges tardives, qui se produisent quelquefois jusque dans les mois de mai et de juin, vien- nent brusquement arréter la végétation (1); en automne, il n'est pas rare de voir la neige et la gelée survenir prématurément. Nous avons pu appré- cier les effets des gelées tardives sur le Mûrier et le Cercis Siliquastrum (Arbre-de-Judée), dont les jeunes pousses avaient, au printemps, été tuées par le froid; M. de Colomb nous a signalé la difficulté avec laquelle a été cultivé le Dahlia, qui a été atteint par les froids prématurés de l'automne. Ces données sont confirmées par les observations et les renseignements pris à Djelfa, qui, bien que situé à une moindre altitude, dans une plaine également dépourvue de bois, est exposé à des froids tels que, dans une Saison déjà avancée, au mois de juin, les Pommes-de-terre et les jeunes pousses du Noyer ont été atteintes par la gelée. Nous ne désespérons pas cependant de l'avenir agricole de Géryville, ear, par le boisement des endroits les plus exposés à la violence des vents ct par l'établissement d'a- bris convenablement disposés, il nous parait possible de garantir les cul- lures des chances de destruction auxquelles elles sont actuellement expo- sées dans un pays découvert situé à une aussi grande altitude. Les journées des 26 et 27 mai sont surtout consacrées par nous au repos et à uve installation confortable, à laquelle M.de Colomb lui-même veut bien pré- sider avec la sollicitude la plus empressée. Pendant ces journées, nous n'avons guère exploré que les environs immédiats du fort, les cultures, les maréca- ges du Khraneg el Beiod et les montagnes basses qui l’encaissent. Dans la Cour méme du fort croit en abondance, sur le talus intérieur du mur d'en- ceinte, lV Enarthrocarpus clavatus avec le Peganum Harmala, le Beta vulga- "8 et l'ZEgilops ventricosa, etc. Sur les bords des rigoles qui arrosent le Jardin du commandant supérieur, nous notons les Poa trivialis, Festuca arundinacea, Alopecurus pratensis var. ventricosus, Carex divisa, Juncus (1) En 1855 il a neigé encore dans la plaine de Géryville le 1* juin, et la couche de neige ne mesurait pas moins de 30 à 40 centim.: il a neigé de méme dans la nuit du 27 au 28 octobre, et la couche de neige avait environ la méme épaisseur; en 1856 la dernière neige est tombée au mois d'avril, et dans la nuit du 41 au 12 mai, so š i * ^ . LJ . L] 0 us "ne tente, bien qu'elle fût habitée par trois hommes, l'eau s'est couverte de place, 475 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. maritimus, Veronica Anagallis, Sonchus maritimus, Trifolium fragife- rum, etc. Dans le terrain argilo-sablonneux du jardin et dans les lieux incultes qui l'avoisinent, nous observons les Ceratocephalus falcatus, Ræ- meria hybrida, Hupecoum pendulum, Fumaria Vaillantii, parviflora et micrantha, Sisymbrium [rio et runcinatum, Erysimum Orientale, Raps- trum Orientale et Linneanum, Helianthemum Niloticum, Reseda alba, Malva Ægyptiaca et parviflora, Tribulus terrestris, Tetragonolobus sili- quosus, Trigonella Monspeliaca et polycerata, Astragalus hamosus, Her- niaria annua, Valerianella discoidea, chlorantha et stephanodon, Anacy- clus Valentinus, Micropus bomhycinus, Carduus macrocephalus, Scolymus Hispanicus (abondant), Hypochæris Neapolitana, Rochelia stellulata, La- mium amplexicaule, Ornithogalum Narbonense, Festuca cynosuroides et divaricata, Triticum Orientale, Ægilops ventricosa, ete. Le Centaurea acaulis et V Achillea Santolina croissent en abondance extrême dans les lieux en friche ou qui n'ont pas encore été défrichés; là nous observons également l'Onopordon acaule, qui y est beaucoup plus rare. — La route d'Oran longe les coteaux pierreux qui bordent la rive gauche du Khraneg el Beiod ; aux bords de ce chemin, dans des terrains sablonneux pierreux, nous recueillons un grand nombre d'espèces ca ractéristiques de la région, parmi lesquelles nous citerons les £ruca sativa, Meniocus lintfolius, Muricaria prostrata, Helianthemum pilosum. var., hirtum var. Deserti et salicifolium var. brevipes, Malva Æ gyptiaca, Peganum Harmala, Ononis angustissima, Anthyllis Numidica, Onobrychis argentea, Minuartia campestris, Eryngium campestre, Crucianella patula, Anacyclus Pyre- thrum, Xeranthemum inapertum, Echinops spinosus, Onopordon macracan- thum et acaule, Cirsium echinatum, Atractylis cespitosa, Carduncellus pinnatus et Atlanticus, Kalbfussia Salzmanni, Convolvulus lineatus, Nonnea micrantha, Echium humile, Echinospermum patulum, Rochelia stellulata, Androsace maxima, Thymus hirtus, Teucrium Polium var., Plantago alhi- cans, Rumex Tingitanus var. (abondant), Passerina virgata, Asphodelus fistulosus, Carex divisa, Lygeum Spartum, Stipa gigantea, barbata var. brevipila et parviflora, Echinaria capitata, Ammochloa pungens, Wangen- heimia Lima, Elymus crinitus, Æyilops ovata var. triaristata. — Le lit marécageux du ravin qui se dirige vers le nord-ouest est occupé par un cours d'eau dont les origines principales sont une source située au sud du fort dans la plaine de Géryville, les eaux du bassin creusé au voisinage des jar- dins, et d'autres sources qui viennent sourdre à la base des coteaux qui en- eaissent le khraneg. Dans les marécages du cours d'eau et sur ses berges argi- leuses, nous retrouvons les mêmes espèces qu'aux bords des rigoles des jardins, et nous y observous en outre les Polypogon Monspeliensis, Ranun- culus macrophyllus, Juncus glaucus, Plantago Coronopus (abondant), Seir- pus Holoschænus, Barkhausia taraxacifolia, ete.; aux bords des ruisseaux, SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 175 le Laurier-Rose (Nerium Oleander) forme de nombreux buissons; les Zypha angustifolia, Phragmites communis, croissent en grande abondance dans le marécage, dont les eaux, sur quelques points, sont envahies par le Potamo- geton densus, qui y forme un véritable gazon. — Une des collines pierreuses el rocheuses situées sur la rive droite du ravin, et où la végétalion ligneuse est representee par quelques buissons espacés de Juniperus Oxycedrus, de Rosmarinus officinalis, de Zizyphus Lotus et de Retama sphærocarpa, nous présente la réunion d'espèces de la région des hauts plateaux, croissant pele-méle avec des espèces appartenant à la région montagneuse inférieure; ainsi, nous y observons le Stipa tenacissima dont les vastes touffes consti- tuent le fond de la végétation avec lAtractylis cespitosa, et nous y notons les Arabis auriculata et parvula, Erucastrum leucanthum, Erysimum gran- diflorum, Alyssum sculigerum, Helianthemum sessiliflorum, Dianthus sylvestris var., Ononis angustissima et Columnæ, Medicago secundiflora, Melilotus Neapolitana, Argyrolobium uniflorum, Astragalus tenuifolius et geniculatus, Psoralea bituminosa, Hippocrepis scabra, Paronychia nivea, Polycarpon Bivone, Sedum altissimum, Deverra (non fleuri), Pimpinella dichotoma, Ferula communis, Rhaponticum acaule, Centaurea alba el pubescens, Zollikoferia resedifolia, Catananche cœrulea, Astero- tris Hispanica, Sonchus divaricatus, Anarrhinum fruticosum, Zizyphora Hispanica, Polycnemum Fontanesii, Festuca tenuiflora, ete. A l'entrée du khraneg, du côte du fort, nous cherchons vainement dans les terrains remués le Hohenackeria buplevrifolia que M. Segrétaiu, capitaine du génie sous la direction duquel a été bâti le fort, avait découvert à cette localité. Le 28, après avoir consacré la matinée à la préparation de nos récoltes, nous faisons nos dispositions pour l'exeursion du Djebel Ksel qui, en raison de son altitude et de l'existence de sources et de bois, nous promet une herborisation des plus intéressantes. Non contents d'avoir tout fait disposer pour notre campement dans la montagne, M. et M™ de Colomb veulent bien nous accompagner, avec les officiers de Géryville, dans cette course, qui devient ainsi pour nous une véritable partie de plaisir, après les longues et fa'igantes journées de notre récent voyage dans le Sud. — La plaine de Géryville, que nous traversons rapidement à cheval, est assez uniforme et ‘élève, Par une pente insensible, jusqu’au pied mème du Djebel Ksel ; nous ' Y Voyons guère que les plantes déjà signalées dans le Khraneg el Beiod, et SN iemps d'arrét que nous y faisons ne fournissent qu'une seule pe uvelle pour notre liste, l'A£sine setacea, plante des environs de ima s qui dominent dans les pâturages sont P Alfa (Stipa o el T" ye anthemum hirtum var. Deserti, avec l Anthyllis A umi ica nés ou M i cespitosa. De rares champs d orge, daus les endroits «cp i entourent NH forment comme des ilots au milieu des páturages qui les ` AlriVés au pied du Djebel Ksel, nous nous arrétons quelques 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. iustants pour prendre, par une observation barométrique, l'altitude de cette partie de la plaine, qui dépasse d'environ 100 métres celle de Géry ville, car elle n'est pas inférieure à 1460 metres. (La suite à la prochaine séance. NOTES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS, pr MM. E. COSSON ct L. KRALIH. (Troisième partie.) NEURADA PROCUMBENS L. Sp. 631; Forsk. Fl. Æq.-Arab. descr. 90; Lmk //lustr. t. 393; Desf. Atl. I, 369; Delile Æg. t. 6^, f. 1-2 (ined. in bibliotheca Delessert) ; DC. Prodr. IT, 548. ln deserto Tunetano (Desf.) ; in collibus calcareis apricis, in arenosis, de- serti et littoris, inter Sfax et Gabes ad turrem /Yadour, in collibus ad montes Djebel Aziza et Djebel Keroua prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 218), in insula Djerba copiosa (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 374). — In arenosis et collibus aprieis Saharæ Algeriensis hinc inde diffusa nempe in ditione Biskra (Jamin pl. Alger. exsiec. n. 241, Balansa pl. Alger. exsice. n. 951), in ditione Mzab propre Guerrara (Reboud), in provineia Oranensi austra- liore ad Brézina! (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger exsice. n. 207). — In .Egypto (Forskal, Sieber pl. exsiec.). In Arabia petræa (Boiss.). Le JV. procumbens se présente en Algérie avec le calice fructifere exac- tement orbieulaire ou, au contraire, à 5 angles tres saillants; ces deux formes extrèmes figurées dans la planche citée du Flora E gyptiaca se relient entre elles par de nombreuses transitions. PARONYCHIA LONGISETA Webb Phyt. Can. |, 163 in adnot., et Fragm. florul. Æthiop.-Æg. 37 ; Coss. et DR. ap. Jamin pl. Alger. exsice. — P. nitida Delile Æg. illustr. n. 270 sec. Webb. —P. Arabica DC. Prodr. VI, 371 ex deseript. ; Boiss. Diagn. pl. Or. fasc. ut, 41 in adnot.; Godr. Fl. Jut. ed. 1, 21. — Illecebrum longisetum Bert. Fl. It. 11, 733. — P. argentea var. Ægyptiaca Webb, loc. cit. — P. Cossoniana var. Webb in Balansa pl. Alger. exsiec. n. 1002. In depressis argilloso-arenosis, glareosis et alluviis deserti "Tunetani, prope Sfax, inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, prope Gabes haud iu- frequens (Kralik pl. Tun. exsice. n. 61 sub nomine P. Cossoniana J. Gay)» nec non in insula Djerba. — In Sahara Aigeriensi! late diffusa (Jamin pl. Alger. exsice.; Balansa pl. Alger. exsiee.). — In Ægypto prope Alexan- driam (C. de Fontenay, et prope Kanka (sec. Webb). Par une etude attentive sur le terrain et l'examen d'une très nombreuse série d'échantillons conservés dans l'herbier, nous avons pu nous Con- vaincre que la plante de Gabes et celle du Sahara algérien sont identiques SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 177 à la plante d'Égypte décrite par M. Webb sous le nom de P. longiseta et que la plupart des auteurs ont donnée sous le nom de P. Arabica. — Il ré- sulte également pour nous de cet examen que les P. longiseta Webb, Ara- bica Delile, desertorum Boiss., Cossoniana J. Gay, et Aurasiaca Webb, ne se distinguent pas par des caractéres assez tranchés et assez constants, et que probablement ils devraient étre réunis sous le nom spécifique de P. Arabica, sinon, ainsi que l'avait pressenti M. Webb (Phyt. Can.), étre rapportés au P. argentea, dont ils ne seraient que des formes extrémes. REAUMURIA VERMICULATA L. Sp. 7543; Desf.! Atl. I, 431 ; DC. Prodr. MI, 456. — R. mucronata Jaub. et Spach in Ann. sc. nat. sér. 3, VII, 379, et Ilustr. pl. Or. II, 54 et 57, t. 245. — R. stenophylla Jaub. et Spach in Ann. sc. nat. sér. 3, VIII, 379, et Zllustr. pl. Or. II, 54. In arenis deserti Tunetani et ad maris littora prope Sfax (Desf.), in arenosis maritimis ad Sfaz, iu pascuis circa Gabes frequens, in insula Djerba vulgatissima (Kralik pl. Tun. exsicc. sub nomine Zt. stenophylla). — In Algeriæ australioris ditione Biskra! vulgaris (Jamin pl. Alger. ex- sice., Balansa pl. Alger. exsice. n. 909 sub nomine R. stenophylla). — In Sicilia australiore ad: Agrigentum (Boccone, Gussone) In Æzcypto infe- riore et media (Delile, Sieber, Kralik). Le R. stenophylla que MM. Jaubert et Spach n'avaient distingué qu'avec doute du A. mucronata, car il ne leur était connu que par l'échantillon de I herbier de Desfontaines conservé au Muséum, doit lui être rapporté comme synonyme; en effet, nous avons été à méme de nous assurer que l'étroitesse des feuilles, donnée comme caractère essentiel du Æ. stenophylla, n'est pas méme suffisant pour établir une variété, la plupart des individus en fruit présentant, comme l'échantillon de Desfontaines, de jeunes ra- meaux à feuilles beaucoup plus étroites que celles des tiges florifères. — Nous avons eru devoir conserver à notre plante le nom de /?. vermiculata L., ear la description du Species et les figures citées s’y rapportent très exactement, — Aux environs du Caire, l'un de nousa recueilli un Æeau- muria glabre et à sépales obtus qui tient exactement le milieu entre les : Mucronata et hirtella Jaub. et Spach; aussi pensons-nous que le R. Air- tella Jaub. et Spach (in Ann. sc. nat. sér. 3, VIII, 378, et Zllustr. pl. Or. IM, 3h et 55, t. 24h), plante d'Égypte et d'Arabie, doit être également réuni à À. vermiculata avec lequel le confondaient les anciens auteurs. Nireanta TRIDENTATA Desf.! Atl. T, 372; Jaub. et Spach ! lustr. pl. Or. NT, 440 et 141, t. 293, et in Ann. sc. nat. sér. 3, XIII, 23. — N. Sene- galensis Lmk Encycl. méthod. AN, ^93, et Illustr. t. ^03, n. 2. — V. tridentata et N. Senegalensis DC. Prodr. TIT, 456. In argillosis et arenosis apricis regni Tunetani australis, in arvis arenosis T.1V. 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deserti (Desf.), prope Sfax (Espina), in ditione Gabes frequens, etiam in insula Djerba obvia (Kralik). — In Algeriæ australioris ditione Biskra (Jamin, Balansa pl. Alger. exsice. n. 958), nee non in ditione Laghouat (Reboud) et ad lacum exsiccatum Chott el Rharbi! — In Ægypto (Delile, Kralik). In Arabia (Bové, Aucher-Éloy). In. Palæstina apud Jéricho (de Saulcy). In Senegalia (Perrotet sec. DC.). A1Z00N CANARIENSE L. Sp. 700; Desf. Atl. I, 399; DC. Pl. grass. t. 136, et Prodr. VT, 453; Webb Phyt. Can. T, 207. In regno Tunetano australi, in arenis ad maris littora (Desf., loc. cif.). In ruderatis prope Sfax et in ditione Gabes frequens (Kralik). — In Sahara Algeriensi provinciæ Cirtensis, in ditione Ouled Djellal (Hénon). — In insulis Canariis vulgare (Webb, Bourgeau pl. Can. exsice. n. 10 et 1297). In Ægypto (Delile, Kralik). In Palestina ad Rhór Safieh (de Saulcy). GYMNOCARPOS DECANDRUS Forsk. F7. Æq.-Arab. descr. 65, ic. t. 10 (4715); Desf. Atl. I, 203; Viviani FI. Libye. 13, t. 10, f. 1; Webb Phyt. Can. T, 166. — Trianthema fruticosa Vahl Symb. 1, 32 (1790). — Gymno- carpum fruticosum Pers. Syn. plant. Y, 262. In argillosis, glareosis et collibus apricis deserti Tunetani, prope Cafsa (Desf.), in ditione Gabes frequens (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 227). — In Sahara Algeriensi tota diffusus nempe in provincia Oranensi australiore ! haud infrequens (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsice. n. 208 a), in ditione Laghouat! (Geslin) et in ditione Biskra ! vulgaris (Balansa pl. Alger. exsicc. n. 1014). — In insulis Canariis (Webb; Bourgeau pl. Can. exsicc. n. 483). In arenosis littoris Magnae Syrteos (Viviani). In Æeypto (Forskal ; Delile). lu " australi (Kotschy pl. Pers. austr. exsicc. ed. Hohenacker [1845] n. A BUPLEVRUM HETEROPHYLLUM Link Znum. hort. Berol. Y, 262 ; DC. Prodr. IV, 129. | In regno Tunetano prope Sfax (Espina) et in arvis post messem prope Zaghouan (Kralik). — In Egypto (Willd. herb. sec, DC.). Prope Aleppum (L'Héritier herb. sec. DC.) Cette plante, que Sprengel avait réunie au 2. protractum, ne nous parait devoir être distinguée de cette espèce qu'à titre de variété; en effet, elle n'en differe que par les feuilles plus allongées, la plupart lancéolées-aigués. DEVERRA TonTUOSA DC. Prodr. IV, 143; Coss. in Bull. Soc. bot. M, 248- — Bubontortuosus Desf.! Atl. 1, 257, t. 73; Poir. Encycl. méth. suppl. I, 133. — Athamantha tortuosa Spreng. Syst. veg. I, 900 [n vegno Tuuetano australi prope Kerouan (Desf.), prope Sfax et iu di- SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 178 tione Gabes in argillosis incultis, alluviis et collibus apricis (Kralik pl. Tun. exsiec.) nee non in insula Djerba. — In deserto Cyrenaieo (Pacho). In Egypto (Delile, Sieber, Bové, Wiest, Kralik). Var. virgata. — Suffrutex scoparius, ramis erectis vix divergentibus haud tortuosis. In pascuis deserti in ditione Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 236). Cette variété du 2. tortuosa diffère par de nombreux caractères du D. scoparia (Coss. et DR. in Buli. Soc. bot. M, 258) dont elle rappelle le port (voir Bull. Soc. bot. , loc. cit. ). DEVERRA cHLOnaNTHA Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 877, et in Bull. Soc. bot. M, 249. [n pascuis deserti Tunetani cirea Gabes (Kralik). — In arenosis petrosis el collibus apricis Saharæ Algeriensis et planitierum excelsarum Sahara confinium, in provineiz Cirtensis ditione Biskra! haud infrequens (Jamin, Balansa pl. Alger. exsiec. ), in provincia Algeriensis ditione Laghouat ! (Re- boud, Kralik apud Bourgeau pl. Alger. exsiec. n. 206) et in ditione Mzab inter Guerrara et Aleia (Reboud), in provincia Oranensi pluribus locis obvia ex gr. ad ZZ Abiod Sidi Cheikh! et ad lacum salsum æstate exsiccatum Chott el Cherquil ÜALLIPELTIS. CUCULLARIA Steven in Mém. Soc. natur. Mose. VII, 275 ; DC. Prodr. IV, 613. — Valantia Cucullaria L, Am. acad. W, 295 ; Lmk Illustr. t. 843. ln torrentium alveis elareosis ditionis Gabes ad pedes montium Djebel Keroua et Djebel Aziza rarior (Kralik). — In regione montana inferiore montium Saharæ Algeriensi confinium haud infrequens, ex. gr, in ditione Biskra ! (Balansa pl. Alger, exsicc. n. 822), in ditione Laghouat (Geslin, Reboud), in provincia Oranensi australiore in monte Djebel Taelbouna prope Asla! — In Ægypto superiore (Husson). In Arabia petræa (Schimper pl. Arab. petr. ed. Hohenacker [1843] n. 232). In Persia australi (Kotschy Pl. Pers, austr. ed. Hohenacker [1845] n. 105). In Asia minore (Hel- dreich, Balansa pl. Or. exsiec. n. 594), In Palæstina (Boissier). In His- Paniæ austro-orientalis et australis pluribus locis obvia (Bourgeau ap. Coss. Pl.crit, p. 443 et 167). In provinciis Caucasicis (Steven, Ledeb. Fl. Ross.). ÜYNNARRHENA MICRANTHA Desf. in Mém. Mus. IV, 1, t. 1; DC. Prodr. V, | 91h. — Frankia Schimperi Steud.! in Schimper pl. Arab. petr. exsiec. un. it. [1837] n. 899. In collibus ealeareis apricis et in alluviis argillosis prope Gabes hine inde “Piosa (Kralik pl. Tun. exsice. n. 243 et 243 a). — In Sahara Algeriensi 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. hucusque tantum in ditione Biskra! ubi haud infrequens (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 984, Hénon) et in ditione Laghouat (Tessière) obvia. — In Arabia petræa inter Suez et el Tor (Schimper exsiec.). In Persia inter Mossul et Bagdad (Olivier et Bruguière). Aux environs de Biskra, M. Balansa a recueilli, eroissant péle-méle avec le G. micrantha, une plante quia été distribuée sous le nom de G. Balanse Coss. et DR. (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 985); cette plante, ainsi que l'a signalé M. Balansa, diffère du G. micrantha par les feuilles cotylédonaires oblongues entières, et non pas bifides à lobes linéaires, et elle s'en éloigne en outre par les folioles de l'involuere et les poillettes moins nombreuses, plus larges, ordinairement plus brusquement acuminées, par les akènes un peu plus gros, par l'aigrette un peu plus longue, à soies extérieures moins scabres età soies intérieures plus roides, plus larges, lancéolées-linéaires. Un examen ultérieur des deux plantes sur le terrain pourra seul déterminer la valeur des différences que nous venons d'indiquer et nous démontrer si le 6. Balansæ est spécifiquement distinct du G. micrantha, ou s'il n'en est, au contraire, qu'une forme remarquable. NorLETIA cunvsocowoiprs Cass. in Dict. XXXVII, 479; DC. Prodr. V, 366. — Conyza chrysocomoides Desf.! Atl. 1T, 269, t. 232. — Conyz? pulicarioides Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 113. In deserto Tunetano, in collibus arenosis prope Æerouan (Desf.), in are- nosis prope Sfax, et inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, et in insula Djerba (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 80 et 80 a). — In arenosis et in aggeri- bus arena: mobilis in Sahara Algeriensi et in planitiebus excelsis Saharz confinibus late diffusa et sæpius copiosissima, ex. gr. in ditione Biskra! (Jamin, Balansa pl. Alger. exsicc.), in ditione Tougourt prope Megarin (Reboud), in ditione Laghouat (Reboud, Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsiec. n. 196 a), in. provincia Oranensi australiore vulgaris (Kralik, ibid. n. 196). — In regno Marocano ad Mogador (Broussonet sec. DC.). RHANTERIUM SUAVEOLENS Desf. Atl. IT, 291, t. 240 ; DC. Prodr. V, 463; Coss. in Bull. Soc. bot. II, 252. In regno Tunetano australi, in arenis littoris prope Souza ( Pélissier in Munby Cat. Alger.), prope Sfax (Desfontaines, Espina), inter Sfax et Gabes ad turrem /Vadour (Kralik pl. Tuv. exsice. n. 246) et in argillosis inter palmetum Gabes et Djebel Keroua frequentissima sed fine maii vix flori- fera, nec non in deserto ad pedem montis Djebel Aziza (Kralik). Cette espèce parait remplacer dans les déserts de la régence de Tunis le R. adpressum Coss. et DR. (in Bull. Soc. bot. II, 252), qui est tres ré- pandu dans la partie chaude des hauts plateaux de l'Algérie et dans tou! le Sahara algérien, ou l'on ne rencontre pas le R. suaveolens. SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 151 FRANCOEURIA. LACINIATA Coss, et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 969, et ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. se. nat. sér. ^, IV, 28. Planta annua vel sepius induratione perennans, caudice pluricipite in radicem fusiformem abeunte; caulibus sepius pluribus plurimisve, lana demum detersibili plus minus floccoso-tomentosis, erectis vel ascendentibus, superne vel a basi ramosis, 1-5 decim. longis, ramis teretibus monocephalis erectis vel divergenti-ascendentibus corymbum terminalem efformanti- bus; foliis plus minus floccoso-lanatis vel glabrescentibus, alternis, infe- rioribus in petiolum attenuatis, superioribus sessilibus semiamplexicauli- bus, oblongis vel oblongo-lanceolatis, plus minus crispatis, irregulariter pinnati fidis pinnatipartitisve, lobis inferiorum sepius iterum sinuato-den- tatis; capitulis multifloris, pluribus vel numerosis, caulem ramosque termi- nantibus; involuero hemisphærico, foliolis pubescentibus vel pubescenti- subtomentosis, lineari-subulatis ; receptaculo convexo, nudo ; Aosculis radii wiiseriatis [/gulatis femineis ligula radiante flosculos disci longe superante, disei tubulosis A-dentatis hermaphroditis; antherarum lobis basi in appen- diees setiformes productis; achzniis glabris, miputis, oblongis, tereti- subeompressis, erostribus; pappo in radio et in disco conformi caduco, setis 6-8 uniserialibus a parte inferiore equaliter barbelloto-subplumosis, basi in annulum brevem setulis paleiformibus minimis interstinctis coro- nàtum conferruminatis. — Aprili-junio. In regno Tunetano , in ruderatis prope Tunetum et Zaghouan, in argil- loso-arenosis prope Sfax et Gabes (Kralik). — Sahare Algeriensis ad limites, in glareosis amnis Oued Biskra prope Biskra ubi primum inventa (Balansa pl. Alger. exsice.), in argillosis depressis humidis ditionis Laghouat loco dieto Dahia Grar el Hamra! inter Laghouat et Sidi Makhelouf (Geslin ap. Bourgeau pl. Alger. exsice. n. 193). Le F. laciniata se distingue du F. crispa Cass., qui, jusqu'à la décou- verte de notre plante en Algérie, était le seul représentant du genre, par les feuilles pinnatifides ou pinnatipartites, et non pas seulement dentées, par les eapitules plus gros, par les fleurons ligulés rayonnants dépassant lon- stement les fleurons tubuleux, et par les soies de l’aigrette plus longues, Presque plumeuses dès leur partie inférieure, tandis que dans le F. crispa elles sont seabres dans leur partie inférieure et presque plumeuses seule- bd sommet, — En Algérie, le F. laciniata n'a encore été observé qu'à encore ete P eutrionale du Sahara, tandis qu au contraire le F. crispa wa Beni Mzab rouve que dans le Sahara algérien méridional, dans le pays des signalé ve E Guerrara (Reboud). — Le F. crispa Cass. n avait encore éte dans ab en Bypte (Delile, Sieber), dans l'Arabie Pétrée (Schimper), erse méridionale (Kotschy, Noë) et au Sénégal (ex DC.). 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CYRTOLEPIS ALEXANDRINa DC. Prodr. VI, 17. — Anacyclus Alexandrinus Willd. Spec. 2173; Delile Æg. FI. 15A, t. 48, f. 3. In arenoso-argillosis prope Sfax, prope Gabes ubique obvia (Kralik pl. Tun. exsice. n. 248). — In Sahara Algeriensi tota ut videtur late diffusa nec non in planitierum excelsarum parte Saharz confini obvia, ex. gr. in ditione Biskra! frequens, in ditione Laghouat (Geslin, Reboud), in pro- vincia Oranensi australiore a lacu exsiceato Chott el Rharbi (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsiec. n. 198) usque ad Saharam copiosa. — In Ægypto inferiore ad Alexandriam (Delile, Kralik). Prope Monspelium loco dicto Port- Juvénal eum lanis advecta (Godron). Aux environs de Gabes, le C. Alezandrina se présente sous deux formes en apparenee bien distinetes : l'une identique avec la plante d'Alexandrie, caractérisée par les capitules plus gros, subglobuleux à la maturité, agglo- mérés par 3-4 au collet et sessiles, ou presque sessiles le long des tiges et des rameaux ; l'autre, identique avec la plante d'Algérie, ordinairement dé- pourvue vers le collet de capitules sessiles, et à capitules petits hémisphé- riques, plus ou moins longuement pédonculés à l'extrémité des tiges et des rameaux. Nous avons, du reste, observé toutes les transitions entre les deux formes extrémes que nous venons de signaler. ANTHEMIS PUNCTATA Vahl Symb. II, 91, t. 46; Desf. Atl. II, 288, t. 239; DC. Prodr. VI, 8. In montibus agri Tunetani : in fissuris rupium Atlantis a Desfontaines sine designatione loci proprii indicata, sed in herbario specimen adest ex monte Zowan (Djebel Zaghouan), ubi in petrosis et rupestribus imprimis verticis excelsioris copiosa (Kralik pl. Tun. exsice. n. 392) ; in montibus Tunetanis haud frequens (Vahl, loc. cit.), in herbario Vahliano specimen adest ex summitate montis Plumbi (Djebel Recas). — Nuperrime in Al- geriæ provincia Cirtensi, in montibus ditionis Guelma, Djebel Mahouna, Thaïa et Debagh (A. Letourneux, maio 1856) inventa. (La suite à la prochaine séance.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ein kleiner Beitrag zur Naturgeschichte des Thelygo- num Cynocrambe Lin. (Note relative à l'histoire naturelle du Thelygonum Cynocrambe Lin.); par M. Th. Irmiseh (Flora, n° 44, 2h novembre 1856, p. 689-698). M. Th. Irmisch a étudié le 7Aelygonum Cynocrambe sur le vivant et d'après de nombreux individus obtenus de graines, qui ont fleuri pendant tout l'été, TI pense de là que les floristes, qui indiquent cette plante comme fleurissant seulement en mai et juin, en restreignent trop la floraison. Les cotylédons du Thelygonum sont élevés de 3-5 centimètres au-dessus du sol par l’axe hypocotylé, continu à un pivot grêle et rameux. Ils res- semblent aux feuilles qui viennent après eux pour la texture et la gran- deur ; mais ils sont largement elliptiques et arrondis au sommet, tandis que celles-ci sont ovales et un peu aigués ; leurs nervures sont d’ailleurs moins saillantes et ils n’ont pas les petits cils que présentent les feuilles ; mais, comme ces dernières, ils offrent 2 stipules membraneuses soudées entre elles et avec le côté interne du pétiole. Les rares dentelures que présentent les stipules des feuilles supérieures manquent à celles des inférieures et des cotylédons, de sorte qu'elles forment de chaque côté entre les 2 pétioles une écaille unique, assez large et membraneuse, qui rattache l’un à l'autre les 2 cotylédons. Le Thelygonum est done un exemple remarquable de coty- lédons pourvus de stipules ou plutôt peut-être d'une gaine. Une autre particularité qu'offre le Thelygonum, c'est que sa tige princi- pale, ainsi que les ramifications qui en proviennent, portent d'abord 3-4, plus rarement 2 paires de feuilles opposées, toutes les fenilles supérieures étant alternes avec une divergence de 90 degrés. L'auteur croit avoir re- connu que cette alternance tient à ce que, sur les deux feuilles que portent les nœuds supérieurs, une avorte constamment ou forme rarement une Simple écaille, Ce cas rappelle celui des plantes qui, dans chaque paire de feuilles, eu présentent une plus petite (Acanthacées). D'aprés cette maniére de voir, l'auteur regarde les inflorescences máles de cette plante comme axillaires, puisqu'elles se trouvent immédiatement ^-dessus du point où a eu lieu l'avortement d'une feuille. Il a vu toujours une inflorescence mâle au point où se fait le passage des nœuds bifoliés aux 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nœuds unifoliés, point où une feuille se réduit à l'état d'écaille: il en a même vu quelquefois une à l'aisselle d'une feuille (alors plus petite) d'un nœud bifolié, l'autre feuille ayant à son aisselle une inflorescence femelle. Ordi- uairement les feuilles opposées supérieures n'ont à leur aisselle que des inflorescences femelles, tandis que les inférieures y produisent des pousses feuillées qui fleurissent comme la tige. M. Wydler ayant très bien étudié ces inflorescences (Flora de 1835, n° 28), M. Irmiseh se contente de faire observer que l'inflorescence mâle (l'inférieure, s'il y existe une feuille-mère), a souvent 3 fleurs, dont la mé- diane oppose un lobe de son périgone à la feuille-mére, les latérales se trouvant à côté d'elle ou en arrière d'elle. Ces fleurs ont souvent un pédi- eule tres visible. Une petite écaille qu'il a vue une fois sur un pédicule latéral lui fait penser que, conformément à l'opinion de M. Wydler, dans ces inflorescences ordinairement biflores, une des fleurs doit être axillaire. Les inflorescences femelles sont pluriflores, des fleurs rudimentaires se trou- vant ordinairement au-dessous de fleurs hien développées. De plus, la pré- feuille antérieure des fleurs latérales du premier degré a souvent aussi une fleur. M. Th. Irmisch regarde l'axe situé au-dessus de la première inflores- cence mále comme la continuation direete de l'axe primaire, tandis que M. Wydler y voit un sympode composé d'articles simplement unifoliés et que les inflorescences mâles lui semblent terminer la portion d'axe anté- rieure. L'auteur entre dans quelques détails au sujet de cette divergence d'opinion. Dans la fleur femelle centrale, l'auteur a vu toujours le périgone tubuleux, un peu arqué, situé sur le côté de l'ovaire qui regarde l'axe d'origine, et les 2 courtes divisions de son limbe dirigées l'une en arriere, l'autre en avant, de méme que les 2 lobes plus allongés de la fleur mále centrale. Le péri- gone tombe de bonne heure sans laisser de traces sur le fruit. Le micropyle se rouve sur le cóté de l'ovule qui est opposé au point d'attache du périgone. Naturellement c'est du méme côté que se trouve plus tard la radicule cylin- drique de l'embryon. — Les cotylédons de celui-ci sont décrits comme linéaires par Endlicher et par MM. Grenier et Godron, dans la Flore de France. Mais, eu isolant l'embryon, M. Irmisch a reconnu qu'ils sont lar- gement elliptiques. MM. Grenier et Godron décrivent la radieule comme dorsale, correspondante au dos d'un des cotylédons. Au contraire, d'après M. Irmiseh, l'embryon étant courbé en fer à cheval, sa courbure rapproche bien la radicule des cotylédons ; mais les deux parties restent séparées par l'échancrure qui contient le funicule. Il est done impossible, dit-il, que la radicule s'applique contre le dos d'un cotylédon. Il suppose que nos deux auteurs ont simplement interprété de manière peu exacte les mots de coty- ledones incumbentes employés par Endlicher. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 Delio svolgimento di calore nc fiori della JZoagnoiéa grandiflora Vin. (Sur le développement de chaleur qui a lieu dans les fleurs du Magnolia grandiflora Lin.), par M. Attilio Tassi; lettre adressée à M. Louis Arrighi, directeur du Lycée I. R. de Lucques; in-8 de 4 pag., 2 septembre 1856. Le fait intéressant qui fait le sujet de la lettre de M. Attilio Tassi avait été reconnu, paraît-il, en 1855, par M. Arrighi. Mais ce savant ne s'était pas attaché à en rechercher les diverses circonstances, et c’est ce qu'a fait avec soin M. A Tassi. Ce botaniste a reconnu que le developpement de chaleur a lieu dans les fleurs du Magnolia grandiflora, soit encore attachées à la branche, soit coupées ; qu'il est assez prononcé pour que le réchauffement qui en est la conséquence soit appréciable au toucher, et qu'il a lieu aprés le moment où les étamines se sont écartées les unes des autres et aussi de l'axe floral, c'est-à-dire d'ordinaire le matin dans les fleurs coupées. Pour mesurer l'intensité de ce réchauffement et son siége, l'auteur a procédé comme il suit : D'abord il a mis un thermomètre en contact avec l'axe staminifere d'une fleur coupée. Le mercure s'est élevé ; puis il s'est maintenu dans cet état pendant quelque temps et n'est redescendu ensuite que lentement, de ma- nière à se trouver enfin au méme point qu'un autre thermomètre placé dans l'air, En second lieu, il a mis en méme temps un thermomètre en contact avec une partie de l'axe staminifere qu'il avait dépouillée d'étamines et un autre en contact avec les étamines elles-mêmes. Les deux instruments ont indiqué promptement une élévation de température; mais l'action a été plus intense sur le premier que sur le second. Enfin M. A. Tassi a mis en même temps deux thermomètres en contact, l'un avec la portion stamini- lere de l'axe, l'autre avec les carpelles. Le premier a indiqué rapidement un développement de chaleur ; le second n'a pas accusé la moindre éléva- tion de température. De ses observations l'auteur déduit les conclusions suivantes : Les fleurs du Magnolia grandiflora manifestent une chaleur propre. Cette ehaleur ne se produit pas, au moins de manière appréciable pour un thermomètre ordinaire, avant le mouvement staminal qui a été indiqué plus haut, L'élévation de température peut étre reconnue par le toucher. ' cette chaleur parait être concentrée dans la portion staminifère de l'axe oral. | Elle se tommunique peut-être à la base des pétales, et certainement aux ttamines. Le maximum de chaleur est d'environ 4 degrés centigrades. Les Carpelles ne donnent aucun indice de chaleur. 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans les fleurs coupées le soir et conservées pendant la nuit plongeant daus l'eau, il y a une émission abondante de vapeur qui, retenue sous la voüte des pétales, s'y condense en gouttelettes. « Si le sens du toucher ne m'a trompé, dit en note M. Attilio Tassi, les fleurs du Nymphæa alba donnent également signe de chaleur. » Note sur l'appareil reproducteur multiple des Hypo- xylées DC. ou Pyrénomycétes Fries, par M. L. R. Tulasne (Ann. des sc. natur., h* série, V, 1856, p. 107-118). M. Tulasne fait d'abord ressortir le nombre immense et plus particulià- rement la polymorphie des petits Champignons ou Micromycètes dont les recherches des observateurs modernes ont amené la connaissance. Il signale les fácheuses conséquences de cette polymorphie par suite de laquelle « une foule de Champignons, d'Hypoxylées prineipalement, figurent à la fois en 2, 3, ou méme ^ genres qui sont tenus pour distincts, et placés le plus sou- vent en des familles différentes. » Cependant il exprime l'espoir que ces erreurs pourraient étre réformées, que ces doubles emplois pourraient étre supprimés par des observateurs attentifs et prudents. Son Mémoire actuel prouve, en effet, pour les Pyrénomycètes, que cet espoir est certainement fondé. | Les Hypoxylées ou Pyrénomycètes possèdent au moins 4 appareils dis- tincts de reproduction. Ce sont les suivants, d'apres l'ordre d'apparition : 4° les Conidies, corpuseulesde formes très variées, qui, le plus souvent, nais- sent directementsoitdu mycélium, soit du stroma ou pulvinule solide auquel ce mycélium donne naissance. Elles sont susceptibles de germer. Une multi- tudede Gymnomycètes et d'Haplomycètes regardés cornme des êtres distincts etautonomes, ne représentent réellement que l'état conidifere d'autant d'Hy- poxylées. L'auteur dit s'en être assuré pour les genres Melanconium, Stilbo- spora, Stegonosporium, Coryneum, Exosporium, Cylindrosporium, Macro- sporium, Vermicularia, Mystrosporium, Cladosporium, Helminthosporium, Periconia , Polythrincium, Tubercularia, Stilbum, Atractium, Gra- phium, etc., qui tiennent tantde place dans nos flores mycologiques. M. Tu- lasne appuie cette assertion sur des preuves pour plusieurs de ces genres. — 2? Les conceptacles auxquels il a donné le nom de P ycnides, dans l'inté- rieur desquels sont produits les stylospores, corps séminiformes nus et primi- tivement stipités, dont la forme est plus constante dans chaque espèce que celle des conidies, mais dont le volume et la couleur varient beaucoup. Les stylospores germent comme les conidies. L'auteur regarde comme de simples pyenides de Sphériacées la plupart des formes de Pyrénomycètes réparties dans les prétendus genres Diplodia, Sporocladus, Spheropsis: Hendersonia, Myrocyclus, Phyllosticta, Phoma, ete. — 3° Les Spermaties REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 sont des corpuscules acrogènes comme les stylospores, auxquels ils s’asso- eient parfois dans le méme conceptacle, mais beaucoup plus ténus, ordi- nairement linéaires, courbes ou droits, qui composent des masses pultacées jaunes, orangées, roses, blanches ou brunátres. Plus souvent les spermaties naissent dans des appareils spéciaux plus complexes, ou Spermogonies Tul. Les prétendus genres Cytispora, Nœmaspora, Libertella, Septoria, Chei- laria, Leptothyrium, etc., ne comprennent que de simples spermogonies de diverses Hypoxylées. La plupart des spermaties ne germent pas, et M. Tu- lasne est porté à leur attribuer un róle analogue à celui des anthérozoides. — Enfin, le dernier et le plus parfait des appareils reproducteurs de ces petits Champignons donne naissance aux spores endotbéques. Celles-ci res- semblent souvent beaucoup soit aux conidies, soit aux stylospores, et elles germent de méme qu'elles. À ce travail de M. Tulasne sont jointes en note les descriptions de di- verses espèces d'Hypoxylées nouvelles ou peu connues, dont il s'était con- tenté de donner le nom dans d'autres écrits. Ces espèces sont 10 Melanconis, 3 Sphæria, 3 Stilbum, 4 Dothidea et 2 Valsa. Dass das Faulen der Kartoflelknollen bei der soge- nannten Kartoffelkrankhcit durch die ausgestreu- ten und keimenden Sporen des Blattpilzes (Perono- spora devastatrix) verursacht wird, durch Experi- mente bewiesen (Démonstration expérimentale de ce fait, que la pourriture des tubercules dans la maladie des pommes de terre est déter- minée par la dissémination et la germination des spores du Champignon épiphylle, Peronospora devastatrix); par M. J. Speerschneider (Flora du 14 février 4857, n° 6, pp. 81-87). L'auteur de ce mémoire, présumant que le Peronospora devastatrix était la cause de la putréfaction des tubereules de pommes de terre malades, a fait, pour reconnaitre ce qu'il y avait de fondé dans cette idée, les expé- riences suivantes : 1. Sur des tubercules de pomme de terre mürs et couverts d'une peau (couche Subéreuse) épaisse et bien formée, il a répandu les spores du Perono- "Dora devastatriz. Après s'étre bien assuré que les spores du Champignon étaient positivement attachées aux points sur lesquels il avait opéré, il a enveloppé ces tubereules dans des linges et il les a ensuite gardés à sec. Au bout de quatre semaines ils étaient notablement flétris ; mais, même après "n plus long espace de temps, ils n'étaient pas du tout malades. Aucune Spore n'avait germé à leur surface. 2. Aprés avoir traité de la même manière un certain nombre d'autres Ubercules, il les a entourés de linges humides et il les a placés les uns dans 1S8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la terre humide, les autres dans dela mousse humide. Au bout de seize jours, aucun indice de maladie ne se présentant, il a examiné au microscope les places sur lesquelles les spores avaient été répandues, Il a vu qu'elles avaient germé cà et là. Déjà quelques-unes avaient enfoncé des filaments dans la couche subéreuse; mais ceux-ci s'étaient arrétés en se racornis- sant dans la 3° ou 4° couche de cellules, vraisemblablement par suite du manque de nourriture, Dans aucun cas ils n'avaient pénétré jusque dans le parenchyme à fécule. 3. Dans une troisième série d'expériences l'auteur a enlevé sur un ou plusieurs points la peau bien développée de tubercules mürs. Il a ré- pandu sur ces points les spores du Champignon, et il a attaché à d'autres places, également dénudées, des morceaux de feuilles couvertes de ce méme Peronospora. Ensuite il a enveloppé ces tubercules avec des linges mouillés et il les a conservés dans cet état, pendant cinq à dix jours, dans de la terre humide ou dans de la mousse également humide. Au bout de sept à dix jours, tous ces tubercules, sans exception, présentaient les premiers indices déjà parfaitement nets de la maladie, sur les points où la peau avait été enlevée A l'aide du microscope, M.Speersehneider a vu que les spores, ayant parfai- tement germé, avaient insinué leurs filaments jusque dans le parenchyme des tubercules, et que toutes les cellules situées près des filaments qui avaient ainsi pénétré commençaient à brunir et à se décomposer. L. Dans d'autres expériences, l'auteur a pris de jeunes tubereules sur lesquels la couche subéreuse était encore réduite à un petit nombre de couches de cellules et s'enlevait facilement; il a fixé à leur surface des feuilles couvertes de Peronospora et il a répandu sur d'autres les spores de ce champignon. Tous ces tubercules, enveloppés de linges mouillés , ont été eonservés dans de la terre humide ou dans de la mousse également humide. Après trois, cinq ou dix jours tous étaient malades. Les filaments produits par la germination des spores, après avoir traversé la couche subéreu*e encore mince, avaient pénétré dans le parenehyme et s'y répandaient de tous les cótés, Les parois des cellules voisines commencaient à brunir et à s'altérer. | | 5. Un certain nombre de jeunes tubercules à peau mince ont été plantes à quelques pouces en terre et, aux endroits où ils se trouvaient, on à ré- pandu sur la terre des feuilles de pommes de terre malades qui portaient en abondance le Peronospora avec ses spores mûres. De temps en temps on al- rosait ces feuilles avec de l'eau de rivière qui, s'infiltrant dans le sol, devait is ces tabelas cn ph n AN bout de quatorze jours, pres l'auteur a trouvé le Peronos P ou moins malades, et sur quelques-u onospora devastatrix développé à leur surface. us a a a oa nimius nier par une dee cation ont été conservés pendant longtemps REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 (huit à dix semaines). A la fin l'auteur en a vu provenir le Fusisporium So- lani. Une étude microscopique attentive lui a prouvé que le mycélium de ce Champiguon provenait des filaments produits à la germination des spores du Peronospora, qui s'étaient beaucoup étendus dans le parenchyme des tu- bercules. Ces expériences, faites d'abord pendant l'automne de 1855, ont éte sou- vent répétées en 1856, et toujours elles ont donné les mémes résultats. L'au- teur en déduit les conclusions suivantes : 1. Les filaments émis par les spores en germination du Peronospora devastatrix pénètrent dans le parenchyme des tubercules de la Pomme de terre. A la suite de cette pénétration, ce tissu devient malade et se détruit - peu à peu. Le Champignon est done la cause de la maladie. 2. Ce n'est qu'au hasard que les spores du Champignon arrivent aux tubereules; de là il est facile de s'expliquer pourquoi les pieds de pommes de terre dont les fanes sont malades peuvent porter des tubercules sains, et réciproquement. ° 3. La maladie des tubercules ne se déclare que sous l'influence de l'hu- midité, celle-ci étant indispensable pour la germination des spores. ^. Une peau épaisse, comprenant de nombreuses assises de cellules sube- reuses, empêche la pénétration des filaments émis par les spores du Cham- pignon. Ce fait explique pourquoi la maladie s'est déclarée avec facilité Prineipalement sur les tubercules jeunes, à peau mince, ou en des points dénudés de leur peau bien formée. ő. La maladie des tubercules doit partir toujours de la surface pour se Propager ensuite de proche en proche dans l'intérieur. 6. Les fanes de la Pomme de terre doivent étre toujours altaquées les premiéres par la maladie, avant que la pourriture puisse envahir les tu- bercules, ` 7. Le Fusisporium Solani et le Peronospora devastatriz ne sont que deux formes morphologiquement différentes d'un seul et unique Cham- Pignon. L'auteur fait ressortir l'importance majeure que ne peut manquer d'avoir, dans la pratique, la connaissance de ce fait, que le Champignon à l'invasion duquel est due la maladie des pommes de terre se développe d'abord sur les fanes et ne se communique de là aux tubereules que par l'effet du transport de ses spores. TI pense qu'en supprimant, en temps convenable, une grande partie des fanes, particulièrement leurs portions déjà vieilles, on empécherait l infection des tubercules, et il croit que cette suppression ne nuirait pas au développement de ces derniers. JI rapporte quelques expériences qui lui semblent appuyer cette croyance à l'innocuité de l'effeuillaison partielle de la Pomme de terre, expériences auxquelles il se propose de donner suite. Nous croyons devoir ajouter que dernièrement, en rendant compte dans 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Gardeners Chronicle des observations de M. Speerschneider, M. Ber- keley conseillait, au lieu de supprimer partiellement ou totalement les fanes des pommes de terre malades, de les traiter par la fleur de soufre, l'action souverainement efficace de cette substance sur les Champignons étant au- jourd'hui parfaitement démontrée par le nombre considérable d'expériences auxquelles a donné lieu la maladie de la vigne. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Observations critiques et synonymiques sur Fherbier de l'abbé Chaix, curé des Beaux, près Gap, en 1791 ; par M. Ed. Timbal-Lagrave (Mém. de /' Acad. des sciences de Toulouse, pour 1856. Tirage à part (1) en brochure in-8 de 74 pages; 1856. Toulouse, chez Milhés, rue St-Rome, 46, et Gimet, rue des Balances, 66). Dans une introduction à son mémoire, M. Timbal-Lagrave rappelle la part active que prit Chaix à la réunion des matériaux à l'aide desquels Villars écrivit son histoire des plantes du Dauphiné (1786-1789). Les relations intimes du modeste curé des Beaux avec le célèbre floriste du Dauphiné donnent à son herbier un intérêt particulier ; et cet intérêt s'aceroit par ce fait que, avant d'envoyer cette collection à Lapeyrouse qui en avait fait l'aequisition, Villars avait eu le soin d'en revoir toutes les especes et d'y faire méme quelques corrections. A la mort du fils de Lapeyrouse, cet her- bier était passé entre les mains du colonel Dupuy, amateur zélé des sciences naturelles. Il appartient aujourd'hui au neveu du colonel Dupuy, le docteur Judan, qui l'a mis obligeamment à la disposition de M. Timbal-lagrave. Cette collection intéressante forme cinq gros volumes in-foliv, reliés en parchemin, dans lesquels les plantes sont collées sur de fort papier de Hol- lande, plusieurs espèces figurant généralement sur chaque feuille. Elle comprenait 3000 espèces ; mais les insectes en ont détruit un bon nombre. En outre, M. Timbal-Lagrave dit, et nos propres souvenirs nous porteraient à généraliser peut-être plus que lui sous ce rapport, qu'un assez grand nombre de ces espèces y sont représentées par des échantillons incomplets ou fortement endommagés. Le travail attentif dont cet herbier a été l'objet en devient d'autant plus digne d'éloges qu'il présentait plus de difficultés. Dans sa révision del'herbier de Chaix l'auteur suit l'ordre d’après lequel les plantes y sont rangées ; or cet ordre est précisément celui que Villars avait adopté dans sa Flore. On sent qu'il nous serait impossible, sans réimprimer presque le travail de M. Timbal-Lagrave, d'indiquer les synonymes qu'il rapporte à un grand nombre d'entre les plantes de Chaix, et par eonséquent (1) E a été tiré à part 100 exemplaires de ce mémoire, qui sont mis en vente chez les deux libraires de Toulouse dont l'adresse est indiquée plus haut, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 de Villars ; mais nous eroyons devoir consigner ici le résume de quelques discussions sur des plantes litigieuses, et surtout l'indication de quelques plantes qui lui paraissent constituer des espèces nouvelles et dont il insere la description dans son mémoire. 1. Aprés avoir assigné à l'Agrostis festucoides Vill.; Ch., Herb., vol. I, fol. 41, le synonyme d'A. alpina Scop., M. Timbal-Lagrave dit que l'Agrostis alpina des Pyrénées diffère notablement de celui des Alpes, et il en fait l'espèce suivante. Agrostis pyrenœa 'Tmb-Lgrv. (p. 17). A. alpina Auct. pler. non Scop. * Racine vivace cespiteuse ; tiges de 2 à 4 décim., gréles, flexueuses, faibles, ascendantes ; feuilles infér. enroulées, fines et ténues; celles de la tige courtes et arquées ; gaines enflées ; ligule longue, un peu déchirée ; pani- cule resserrée longue ; pédicelles inégauz, multiflores ; fleurs trés nom- breuses, páles, blanchátres ; glumes lancéolées, entières, un peu scabres sur le dos, égales ; glumelles à 2 nervures noirátres, dépassant le sommet ; arête dépassant la fleur, se genouillant un peu avant sa sortie de la glume.» Pyrénées occidentales. —Fleurit en août. L'Agrostis pyrenaica Pourr. est l'A. rupestris AI. 2. Urtica Dodarti Lin., sp. Ch., Herb., vol. 1. fol. 187. — De la discus- sion à laquelle il se livreau sujet de cette plante M. Timbal-Lagrave conclut que les différences caractéristiques qu'elle présente sont le résultat d'une maladie de I' Urtica pilulifera Lin. causée par l'absence d'éléments. néces- saires à sou développement, laquelle a déterminé la faiblesse du sujet et, comme conséquence, la soudure des dents des feuilles ainsi que l'avor- tement de quelques fleurs. 3. Campanula | Bocconi Vill. ; Ch., Herb., vol. Il, fol. 120. — Cette plante est identique avec le Campanula rotundifolia Lin. ^. Hieracium lanceolatum Vill.; Ch. Herb., vol. II, fol. 72. — Cette plante est regardée par l'auteur comme formant une bonne espèce bien caractérisée, 5. Hieracium controversum Tmb.-Lgrv. (p. 43) (H. sabaudum Lapeyr., Herb. , non L.). * Souche vivace, oblique, grosse, à fibres fortes, longues et dures, don- nant 1-2 tiges florifères et autant de non florifères ; calathides en corymbe ramassé en tête, souvent 1-f.; pédonc. courts, épais, hérissés de poils "ples et de poils noirs glanduleux, offrant des bractéoles /inéaires et quel- ques fl. avortées ; péricline oblong, à folioles extér. hérissées de poils noirát., formant un calicule non appliqué, les intér. héréssées sur le dos, glabres et “tarieuses aux bords, linéaires, lancéolées, obtuses ; curol. à dents non ciličes » Style ne brunissant pas en séchant ; achaines striés, égalant l'aigrette, colorés en rouge orangé très vif, devenant rouge foncé en séchant. Feuil. tuf, "y "uu "n ‘12 détruites à er. ovales, lancéolées, obtuses, atténuées en pétiole ailé, détruites à la 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. floraison ; les moy. et les supér. alternes, décroissantes vers le haut, ovales, elliptiques, embrassantes en cœur à la base, arquées en dehors, hérissées sur les deux faces de gros poils isolés, dentées aux bords, à dents inégales ; nervures et nervilles très saillantes en dessous; tige de 0,2 à 0,4, hérissée de poils simples, gianduleux au sommet, longuement nue à sa base. » Très commun dans les montagnes moyennes des Pyrénées centr. , notam- ment à Esquierry, à Médassoles, dans les páturages.—Fleur. en septembre. Cette plante pyrénéenne ne rentre ni dans l Hier. sabaudum L., ni dans VH. prenanthoides Vill., ni dans !'Z. elatum de MM. Grenier et Godron. Elle a plus d'analogie avec l'H. lanceolatum Vil. 6. Le Geranium purpureum Vil. ; Ch., Herb., vol. IV, fol. 19, regardé par M. Godron comme synonyme du G. modestum Jord., en est distinct, d'aprés M. Timbal-Lagrave, qui, pour justifier son opinion, décrit l'échan- tillon conservé dans l'Herbier de Chaix. 1. Euphorbia Chaiziana 'Ymb.-Vgrv. (p. 12). « Ombelle à 5 rayons allongés (10-12 cent.), bifurqués ; feuil. du verti- cille ombellaire arrondies au sommet; braetées jaunes pendant et après l'anthese, semi-orbiculaires, soudées base à base dans 1/4 de leur étendue ; glandes de l'involuere caliciformes jaunes, en croissant, à pointes tres longues, aiguës et peu convergentes, formant dans la partie évasée 2 angles presque aigus et non une courbe parfaite comme dans la plante commune (E. sylvatica Jacq.; L.) où les 2 pointes se rapprochent beaucoup ; Capsule... Feuil. de 2 sortes, celles de la base d'un vert jaunátre, coriaces, elliptiques, atténuées en pétiole, à bords repliés en dessous, mais non enroulées ; celles placées au-dessus sont obovées, spatulées, plus molles que les infér.; tiges gréles, sous-frutesc. , toutes florifères, pourvues d'une ombelle et de longs pédoncules latéraux bifurqués. Plante vivace, parfaitement glabre. » Commun à Fontfroide, pres de Narbonne. Fleurit vers le milieu de mai. Quoique voisine de l Euphorbia sylvatica Jacq. (E. amygdaloides Auct), celte plante, dit l'auteur, en diffère sensiblement par les caractères qui viennent d'étre rapportés. Flora von Heidelberg (F/ore de Heidelberg), par M. Joh. Ant. Schmidt (1 vol. in-16 de xxxix et 394 pages). Cette flore est spécialement destinée à servir pour les herborisations. Elle est écrite entièrement en allemand. Dans sa préface M. Schmidt nous ap- prend quels matériaux il a eus à sa disposition pour écrire son livre. Il donne la liste des ouvrages soit spéciaux, soit se rapportant à une circon- scription plus étendue, dans lesquels la végétation des environs de Heidel- berg a été étudiée. Il trace ensuite, dans une introduction assez étendue (pp. vir-xxirj, le tableau de la distribution géographique des plantes dais REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 le pays dont il s'oceupe. Pour cela, il examine successivement la flore des principales stations. Il présente ensuite le relevé des Phanérogames carac- térisées par lui. Ces plantes s'élévent à 1114 espèces spontanées qui se rap- portent à 448 genres et 107 familles. Sur ce nombre se trouvent 846 Dico- tylédons et 268 Monocotylédons, dont il donne la répartition par familles. La flore de Heidelberg, envisagée à un autre point de vue, se compose de 30 espèces arborescentes, 51 frutescentes, 15 sous-frutescentes et 694 her- bes vivaces ou annuelles. — Le fait de géographie botanique le plus sail- lant que l'auteur ait constaté eonsiste en ce que la plupart de ses plantes sont assez largement répandues dans l'Allemagne moyenne et méridionale. — M. Schmidt indique aussi les particularités spéciales de sa flore relative- ment à la distribution géographique d'un certain nombre d'espèces. — L'introduction se termine par un tableau des genres et familles rattachés au systéme de Linné, comme en facilitant la détermination, et, en outre, par l'explication des abréviations ainsi que des signes. La flore de M. Schmidt est disposée selon l'ordre des familles établi par De Candolle, seulement avec les modifications légeres que Koch y a appor- tées. Dans chaque famille, après l'exposé assez développé des caractères, on trouve un tableau des genres caractérísés succinctement. Quant aux especes, elles sont indiquées par leur nom suivi de celui de l'auteur; elles sont caractérisées par une diagnose et suivies de la désignation de la durée, de la taille, des localités et de l'époque de la floraison. L'ouvrage se termine par une table des ordres, familles et genres. Icones floræ sermaniew et helveticæ simul terrarum adjacentium ergo mediæ Europæ, auctoribus L. Reichenbach et H.-G. Reichenbach fil. in-4. Leipzig, vol. X VIII, décades 1-6. Ces six décades sont entièrement consacrées aux Labiées. Voici le relevé des espèces de cette famille dont elles renferment la figure. Plane. 1202, Melittis Melissophyllum L. — 1203. Prasium majus L. — mium eupreum Schott adj. Nyman, Kotschy. — 1204. Lamium inter- medium Fries: L, amplexicaule L.; L. purpureum L.; L. incisum W. — 240. L. album L.; L. maculatum L. — 1206. L. flexuosum Ten.; L. bi- ' um Cyr.; L. Galeobdolon Crantz. — 1207. L. longiflorum Ten.; L. gar- FRA L. — 1268. L. Orvala L. — 1209. Stachys heraclea All. ; S. alpina " n 1210. St. germanica L.; St. lanata Jacq.; St. italica Mill. — 1211. | Palustris L.; St. sylvatica L.; St. spinulosa Sibth.; St. Spruneri Boiss. S A St. arvensis L.; St. annua L.; St. mentbæfolia de Vis. — 1213. st. sube L.; St. pubescens Ten.; St. maritima L. — 1214. St. recta L.; ambi crenata De Vis. et var. angustifolia Id., fragilis Id. — 1215. St. BUG 5m. — 1216, St. densiflora Benth.; St. Alopecuros Benth. — T. IV. 13 19A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4917. St. Betonica Benth., a. glabra Koch, b. stricta Id., c. hirta Id. — 1218. Ballota nigra L.; a. fœtida, b. borealis, c. ruderalis, d. urticifolia. — 1919. B. spinosa Lk. — 1220. B. italica Benth.; B. Pseudodictamnus Benth. — 1221. Phlomis tuberosa L.; P. pungens W. — 1222. P. fruti- cosa L.; P. Lychnitis L. — 1223. Brunella hyssopifolia Lam.; Br. vulga- ris Lam. ; Br. laciniata Lam. ; B. grandiflora Moench et var. pinnatifida. — 4224. Marrubium vulgare L.; M. candidissimum L.; M. peregrinum L. — 1225. Sideritis hirsuta L.; S. seordioides L. — 1226. S. romana L.; S. pur- purea Talbot; S. montana L. — 1227. Lavandula vera DC.; L. spica DC.; Stechas officinarum Mill. — 1228. Galeopsis ochroleuca Lam.; G. canes- cens Bess.; G. latifolia Hoffm. — 1229. (Marquée par erreur 1220) G. an- gustifolia Ehrh.; G. Reuteri Rchb. fil.; G. Reichenbachii Reut. — 1250. G. bifida Bngh.; G. pubescens Bess.; G. pyrenaica Bartl. — 1231. G. Te- trahit L.; G. acuminata Rchb.; G. versicolor Curt., et var. sulphurea. — 1232. Staehys Alopeeuros Benth. Leonurus villosus Desf.; L. cardiaca L. — 1233. Chaiturus Marrubiastrum Rchb. Leonurus cardiaca L. — 1234. Ajuga genevensis L.; A. pyramidalis L.; A. reptans L. — 1235. A. chia Schreb.; A. Chamæpitys Sehreb.; A. Iva Sehreb.; A. pseudo-lva Rob. Cast. — 1236. Phleboanthe Laxmanni Tauseh. Teuerium flavum L.; T. Marum L. — 1237. T. Arduini L.; T. Scorodonia L. — 1238. T. mon- tanum L.; a. majus De Vis., b. villosus Heldr., c. supinus Vis.; T. Po- lium L.; a. vulgare Benth., 5. hirsutum Id., c. purpurescens Id., d. angus: tifolium Id. — 1239. T. Botrys L.; T. Scordium L.; T. scordioides Schreb.; T. Chamædrys L. — 1240. Dracocephalum Moldavica L.; Dr. Ruyschiana L.; Dr. austriacum L. — 1241. Glechoma hederaceum L.; Gl. hirsutum W. K. — 1242. Nepeta Cataria L. — 1243. N. Nepetella L.; N. ucra- nica L.; N. nuda L. — 4244. Salvia Rosmarinus Schleid. — 1245. S. offi- cinalis L. — 1246. S. glutinosa L.; S. Horminum L.; S. viridis L. — 1247. S. argentea L. — 1248. S. Æthiopis L. — 1249. S. Sclarea L. — 1250. S. nutans L.; S. pendula Vahl. — 1251, S. Sibthorpii Sm. Sibth,; S. austriaca L. — 1252. S. pratensis L.; a. vulgaris, 4. dumetorum, c. 798 trata, d. transsylvanica. — 1253. S. sylvestris L. et var, nemorosa. — 1254. S. Bertolonii Vis.; S. Verbenaca Vis.; a. sinuata Id., 4. multifida Id., S. hispanica L. — 1255. S. verticillata L. — 1256. Scutellaria bast&- folia L.; Se. galericulata L.; Se. minor L. — 1257. Se. Columnz All.; Sc. commutata Guss ; Sc. peregrina L, — 1258. Sc. alpina L.; Sc. orientalis |. — 1259. Hyssopus officinalis L. — 1260. Horminum pyrenaieum L.— 1261. Melissa officinalis L. Le texte correspond, à trés peu de chose prés, aux planches. Flora des silurischen Bodens von Esthland, Nord-Liv- land und Qesel (Flore du terrain silurien de l'Esthonie, de la Li- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 495 vonie septentrionale et de l'ile d'Oesel) ; par M. Fr. Schmidt (Archiv. für die Naturkunde Liv., Esth -und Kurlands, 2* série, vol. 4, pp. 149- 260. Tirage à part, en broch. in-8» de 114 pages ; Dorpat, 1855). Dans une préface de trois pages, l'auteur rapporte les circonstances qui l'ont conduit à la rédaction et à la publication de son travail, et il indique les personnes qui lui en ont facilité l'exécution en lui fournissant des maté- riaux ou en l'aidant de leurs conseils. Il signale les genres Hieracium et Rubus comme n'ayant pu étre encore suffisamment étudiés par lui, et, les genres Viola, Potentilla, Rosa, les Orchidées et les Cypéracées comme ayant été, au contraire, de sa part l'objet de travaux approfondis, comme lui ayant fourni même l'occasion d'enrichir ia flore des pays sur lesquels porte son livre. Un chapitre étendu (pp. 6-44), intitulé « Partie générale », se divise en quatre paragraphes. Dans le premier, M. Schmidt fait connaitre succincte- ment les limites de sa flore, qui comprend essentieliement l’Esthonie et l'ile d'Oesel, Le second. paragraphe, intitulé Sources, expose avec beaucoup de détails tous les travaux qui ont été publiés antérieurement sur cette méme portion de la Russie d'Europe, à partir de l'ouvrage de Fischer, qui a été publié en 1778 sous le titre d'Essai d'une histoire naturelle de la Livonie (Versuch einer Naturgeschichte von Livland), jusqu'à ce jour. L'auteur y in- dique les personues qui, daus ees dernieres années, ont exploré ee pays Pour en étudier les plantes, et il raconte aussi les herborisations que lui- méme y a (aites, particulièrement depuis 1843. Le troisième paragraphe de ` ca chapitre est intitulé : Caractéristique de la Flore. ïl renferme un exposé détaillé de la distribution géographique des espèces dans les pays auxquels Se rapporte l'ouvrage, Enfin le quatrième paragraphe est consacré à la Com- par aison avec Les flores voisines. Le fait général qui ressort de cette compa- ratson est que la flore de la portion de la Russie occidentale étudiée par M.Sehmidt a beaucoup d'analogie avec celle de la Suede. L'auteur ne trouve que 19 de ses plantes qui manquent en Suède. Ce sont les suivantes: Pul- i.n patens, Alyssum montanum, Silene chlorantha, Astragalus hypoglot- Oter. monia pilosa, Chærophyllum aromaticum, Conioselinum F ischeri, teum palustre, Andromeda calyculata, Senecio nemorensis, Gentiana - tis s Veronica latifolia, Phyteuma spicatum, Thesium comosum, Be- I"uticosa ?, Gladiolus imbricatus, Carex Davalliana, Hierochloa aus- ` tralis, "i " de ce paragraphe, M. Schmidt présente un relevé des plantes "names er la flore étudiée par lui. Elles sont au nombre de 588 mE es plus " ; e A Cryptogames supérieures, y compris 1 Chara. Les familles ; sepe) 1 sont les Composées (avec 81 espèces), les Cypéracées (avec ces), les Graminées (73), les Crucifères (47), les Papilionacées (39), 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les Renonculacées (33), les Labiées (33), les Rosacées (30), les Serofularia- cées (30), les Orchidées (30), les Ombellifères (26). La seconde portion de l'ouvrage de M. Schmidt est intitulée : Partie spé- ciale. Elle comprend le catalogue des plantes qui croissent dans le bassin de la flore, rangées d'aprés les familles naturelles et selon l'ordre de De Candolle. Les localités sont indiquées en détail, et assez souvent le nom des espèces est accompagné d'observations critiques. Repertorio botanico maltese preceduto da una prefa- zione bibliogafico-critica, etc. (Répertoire botanique de Malte, précédé d'une préface bibliographico-critique, contenant les noms scien- tifiques avec les noms correspondants italiens et ang!ais des plantes qui sont connues à Malte sous une dénomination populaire, avec l'indication de leurs usages, des époques de leurs diverses phases végétatives, des moyens pour les multiplier, enfin avec quelques autres instructions et avec l'indication de leur patrie ainsi que leur place dans le systeme de Linné); par M. Gavino Gulia. In-8 carré de vri et 68 pages. Malte. 1855-1856. Le titre de cet ouvrage, que nous avons traduit en entier, en indique suffisamment la nature et l'objet. Nous dirons seulement que, disposé par ordre alphabétique, il constitue un véritable vocabulaire usuel destiné à donner aux personnes qui connaissent les plantes d'aprés leur nom maltais la concordance des noms botaniques et vulgaires tant italiens qu'anglais, avec diverses indications d'une utilité pratique. M. G. Gulia présente son travail comme une sorte de prodrome d'une flore économique et médicale de Malte qu'il se propose de publier aussitót, dit-il, qu'il aura entre les mains quelques matériaux qui lui sont nécessaires pour la mise à exécution de son projet. Nous emprunterons à la préface du Zepertorio botanico maltese quelques renseignements sur les divers auteurs qui se sont occupés de la flore mal- taise, soit spécialement, soit plus ou moins incidemment. La première flore de Malte est celle que le docteur G.-F. Bonamico â publiée en 1670 au milieu d'autres travaux relatifs à cette ile. Le docteur G. Zammit, de l'ordre de Jérusalem, qui, en 1675, professait la botanique à Malte, rendit service à la science, non par des écrits, mais en établissant un jardin botanique dans les fossés de Saint-Elme. Elève de celui-ci, l€ docteur Cavallini publia en 1698 la flore de Bonamico en y faisant un petit nombre d'additions. Cet ouvrage a été reproduit en 1749 par l'allemand Brüekmann qui a dédié son édition à Linné. Lesicilien Boccone a fait con naitre, de 1674 à 1697, différentes plantes de Malte et il a laissé inédite une histoire naturelle de cette ile, Ag. Scilla (1752), Forskahl (1775), 607 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 deheu (1716) et notre d'Urville (1822), ont publié des observations inter- ressantes sur les fossiles, les poissons et les plantes de Malte. La Malte an- tique et moderne du chev. Boisgelin (1805) renferme des observations bo- taniques ainsi que la reproduction de la flore de Cavallini et de la Florule maltaise de Forskahl. Le génois P.-C. Giacinto, qui fut nommé professeur de botanique à Malte en 1805, a publié en 1806-1811-1825, quelques écrits sur la botanique agricole de l'ile. En 1831, M. Zerafa a commencé la pu- blication d'une Fiore de Malte qui n'a pas été terminée et dans laquelle figurent 498 espèces indigènes ainsi que 155 espèces exotiques. On doit à M. Bertoloni la publication de quelques observations sur des plantes mal- laises (1832) qui lui avaient été communiquées par M. Gussone. Récem- ment, les botanistes suédois F. Nyman (1845) et F. Wikstroem (1859) ont publié des recherches sur la botanique de Malte, et M. G. Aquilina s'est oc- cupé des plantes comestibles qui sont indigènes de cette ile. Enfin l'ouvrage le plus complet que nous possédions surla végétation maltaise est la Flore que le docteur G.-C. Delicata a publiée en 1853, dans laquelle figurent 716 plantes vaseulaires recueillies par lui. Une portion de ce travail avait été publiée par Wikstroem en 1849. Retzia sive Observationes botanie:, quas in primis in horto botanico Bogoriensi mensibus februario ad julium 1855 fecit J.-K. Has- skarl. Bataviæ, 1855. Pugillus primus, in-8 de 252 pages. Le titre de cet ouvrage en dit assez l'objet. M. Hasskarl y a consigné les résultats des observations faites par !ui sur un assez grand nombre de plantes eultivées au jardin botanique de Buitenzorg à Java. Une bonne Partie de ces plantes sont nouvelles; les autres étaient en général impar- faitement connues, ou du moins l'auteur a pu constater sur elles de nom- breux et intéressants détails qui en complètent la connaissance. Les des- criptions qu'il donne sont très développées et presque toutes aussi com- plétes que possible. Toute la portion descriptive de son livre est en latin; elle est généralement suivie, pour chaque espèce, de quelques lignes de remarques écrites en hollandais. 153 espèces figurent dans le Retzia. Elles sont réparties dans 47 familles de la manière suivante : 2 Orchidées, 1 Palmier, 1 Nyctaginée, 4 Laurinée, 1 Campanulacée, 1 Lobéliacée, 45 Rubiacées, 4 Lonicérée, 6 Apocynées, I Spigéliacée, 3 Labiées, 9 Verbénacées, 1 Borraginée, 4 Cardioptéridée, 9 Convolvulacées, h Solanacées, 2 Scrofularinées, 6 Acanthacées, 3 Lenti- bulariées, 4 Sapotacées, 3 Ébénacées, 1 Siphonandracée, 2 Ombellifères, L pat ragaée, 2 Anonacées, 2 Capparidées, 3 Nymphéacées, 1 Alsodéïnée, TOR 1 Phytolaccacée, 1 Malvacée, Sterculiacces, 1 Byttnériacée, es, 1 Diptérocarpée, 4 Ternstroemiacée, 5 Méliacées, 2 Polyga- 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lées, 2 Célastrinées, 1 Hicinée, 2 Aquilarinées, 9 Euphorbiacées, 1 Com- brétacée, 4 Lythrariée, 2 Mélastomacées, 1 Amygdalée, 31 Légumineuses. Plusieurs genres nouveaux figurent dans ce travail ; en voici l'indication : 4. Bleekeria Hsskrl., Apocyuée qui se place entre les Cerbera et Tanghinia. Rumphius la nommait Lactaria ; mais ce nom a été abandonné par l'au- teur comme étant appliqué à un genre de Poissons. 2 et 3. Kakosmanthus et Keratephorus Hsskrl., 2 genres de Sapotacées, 4. Rhipidostigma Hsskrl. , genre d'Ébénaeées qui se rapproche du //oyena par ses fleurs hermaphro- dites et par son calice profondément parti, mais qui en diffère à plusieurs égards. L'auteur en décrit 2 espèces. 5 Dioryktandra Hsskrl., genre de la famille des Alsodéinées. 6 Zaraktogenos Hsskrl. , de la famille des Pangiéés, formé pour un arbre décrit par M. Blume sous le nom d’Aydnocarpus heterophyllus. 1. Stenotropis Hsskrl., genre de Légumineuses formé pour l'Erythrina poianthes Brot. Quant aux espèces nouvelles, elles sont ät nombre de A5. Novarum et minus cognitarum Stirpium pugillus deci- mus, addita enumeratione plantarum omnium jn pugillis I-X descrip" tarum ; auctore Christiano Lehmann. In-A de 34 pages. Hambourg, 1857. Ce nouveau fascicule, par lequel M. Lehmann parait devoir terminer la série de ses Pugillus, ne renferme que des deseriptions d'Hépatiques dont nous devrons forcément nous contenter de présenter ici le relevé. Plagiochila Oerstediana Lindbg., Mss.; P. heterophylla Lindbg., Mss; P. Notarisii. Lehm.; P. mollusea Lehm. Seapania Vahliana Lehm. Jun- germannia Preissiana Lehm. Chiloseyphus pertusus Lehm. Lepidozia gro- enlandica Lehm. Mastigobryum Miquelianum Lehm. Trichocolea elegans Lehm. Radula Wallichiana Lehm. Phragmicoma Berteroana De Notaris, Mss.; Phr. Ludoviciana De Notaris, Mss. Omphialanthus diaphanus Lehm. Lejeunia Oerstediana Lindbg. Mss.; L. cryptantha De Notaris, Mss:; L. Camilli Lehm, Frullania elegans Lehm.; F, valparaisiana Lehm. Sym- phyogyna subcarnosa Lehm. Sarcomitrium australe Lehm. Marchantia Miqueliana Lehm. ; M. Pappeana Lehm.; M. Notarisii Lehm. Reboulia Sul- livanti Lehm. Anthoceros denticulatus Lehm. ; A. Hookerianus Lehm. Car polipum fertile Lehm. (Chamæceros fertilis Milde). Ce fascicule se termine par la table des espèces décrites dans les dix cahiers qui composent jusqu'à ce jour la série entière. Bemerkungen zur Gattung Androsace (Remarques Sur le genre Androsace); par M. F. L. v. Schlechtendal (Botan. Zeit. n” 29 et 30, 18 et 25 juillet 1856, col. 497-504, 515-525). Dans le Prodromus (vol. VII), M. Duby a divisé les 47 espèces du genre REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 Androsace en 2 sections seulement : celle des Aretia, qui ont des fleurs so- litaires, et celle qu'il a nommée Andraspis, dans laquelle les fleurs forment une ombelle. Cependant, plusieurs années auparavant, Koch avait admis dans ee méme genre les 4 sous-genres suivants: 1 Aretia; 2 C'hamæjasme ; 3 Andraspis Duby, Bot. gall. ; n Androsace Hall. M. Schlechtendal regarde cette dernière division comme beaucoup plus naturelle que la première, qui réunit sous une méme dénomination des formes très dissemblables. Il ad- met dans son mémoire ces 4 sections de Koch, en se bornant à changer en Megista le nom d' Androsace qui, étant déjà eelui du genre entier, ne peut étre donné eneore à un sous-genre; il ajoute une cinquieme section qu'il nomme Samuelia et qui a pour type l Androsace Gmelini. La section Aretia Lin. se compose de petites plantes des grandes hau- teurs ou du Nord, qui forment des coussinets convexes, dont la surface supérieure parait formée de petites rosettes de feuilles fort serrées, dans lesquelles sont enfoncées les petites fleurs solitaires. Tout le petit coussin se termine en dessous par un pivot allongé, gréle, duquel nait une petite tige ramifiée trés bas, et plusieurs fois de suite, mais non par dichotomie. Les petites feuilles sessiles, imbriquées, recouvrent la tige et ses ramifications. La fleur est portée sur un pédoncule toujours court et sans bractées, non réellement terminal, mais sorti d'une aisselle trés voisine du sommet, La gorge de la corolle porte 5 saillies lisses. M. Duby en a décrit 12 espèces, dont la moitié sont d'Europe et les autres d'Asie, une seule du nord-est de l'Amérique. C'est dans cette section que rentre l’ Andros. Ochotensis Willd., que M. Duby rangeait parmi les espèces inconnues de lui, et dont M. Sehlechtendal donne une description étendue. La section Chamajasme renferme des espèces vivaces dont l'axe primaire Porte une rosette de feuilles de laquelle s’élèvent des branches qui restent longuement nues et se terminent par une rosette serrée de feuilles. L'inflo- rescence consiste aussi en branches nues portant vers le haut une petite ro- sette de feuilles de l'aisselle de laquelle sortent les pédoneules. La gorge de la corolle parait entourée d'un cercle elanduleux. Ordinairement, les inflo- l'éscences sont pauciflores. Les Cham asme croissent sur les montagnes de l'Europe, et s'étendent aussi vers l'est du Caucase jusqu’à la côte N. O. de l'Amérique arctique. Ils sont très difficiles à distinguer les uns des autres à l'état sec. On les voit très rarement dans les jardins botaniques. Quant à la section Samuelia que l'auteur examine après la précédente, bien qu'elle soit la cinquième dans l'ordre naturel, son espèce unique, l'An- drosace Gmel ini Gaertn. a son axe prineipal raecourei, pourvu de feuilles longuement pétiolées, qui, par leur limbe arrondi et réniforme, bordé de Brosses dents, et par leur pétiole élargi en membrane à sa base, font ressem- bler la plante à une Saxifrage plutôt qu'à une Primulacée. Elle ne se ra- mifle ensuite que s'il se forme de nouveaux bourgeons dans Vaisselle des 900 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles âgées. Elle est trés délicate et parait ne pas être de longue durée. Ces caractères, joints à ceux de la capsule demi-zlobuleuse, accompagnée par le calice fortement accru et étalé, autorisent sa séparation en section, dans laquelle rentrera probablement l'A. saxifragæfolia Bunge, de la Chine. M. Koch adopte pour la troisième section des Androsaces le nom d'An- draspis proposé par M. Duby. M. de Schlechtendal préfère lui donner celui d' Haplorrhiza Ledeb. Elle comprend simplement des espèces bisannuelles, comme les A. septentrionalis, elongata, filiformis, etc. Ces plantes ont une raeine simple, une seule rosette inférieure, d'entre les feuilles de laquelle sortent des tiges qui portent, vers le haut, une petite rosette de bractées avec des pédoncules généralement allongés. La gorge de leur co- rolle porte de petites éminences glanduleuses. La plupart ont des feuilles qui passent de la forme linéaire à la forme lancéolée, tantôt entières, tantôt dentées, où méme incisées, quelquefois rétrécies en pétiole à leur base. Dans toutes les espèces, on voit quelquefois le pédoneule commun, généra- lement nommé hampe, se raccourcir au point que l'ombelle commence en- tre les feuilles ou peu au-dessus d'elles. Dans l' A. septentrionalis, des pieds cultivés, trés vigoureux, ont montré à l'auteur leur hampe fasciée, tordue ensuite en spirale au sommet. M. de Sehleehtendal entre, au sujet des es- péces de cette section, dans des détails synonymiques qu'il nous est impos- ‘sible de résumer. Il décrit fort au long, d’après des individus cultivés, lA. lactiflora Fisch., Cat. 4808 et plurium auct. nec Bartl. (A. alismoides Hor- nem., Bartl.) et comme espèce nouvelle, sous le nom d'A. commutata Schlecht., l'A. /actiflora Bartl. , non plur. auct. L'A. /actiflora se distingue de l'A. commutata par le vert elair de ses feuilles plus longues, mais non plus larges; par sa corolle beaucoup plus grande, dont les lobes, presque obcordés, se recouvrent par leurs bords, et dont la gorge est plus ou- verte; par les glandes de sa gorge colorées en jaune plus intense et plus grosses, qui présentent une ligne de division médiane verte. Le type de la section Megista est l'A. maxima Lin. Ici la durée est la mème que dans la section Haplorhiza. Les caractères distinctifs résultent des lobes calycinaux foliacés, fortement aeerescents, du grand involuere foliacé, de la gorge nue, des graines petites et nombreuses. La fleur est blanehe ou purpurine, et sa teinte purpurine se prononce davantage à me- sure que la corolle se développe, dans quelques parties de la Russie et daus l'Altai. Description dc trois Lichens nouveaux; par M. Ed. Bornet. Bro- chure in-8 de 12 pages et 4 pl. gravées; décembre 1856. Cherbourg, chez Feuardent. Les trois Lichens dont M. Ed. Bornet présente Ja description dans son mémoire appartienuent à la catégorie de ces étres ambigus qui tiennent à la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 204 fois des Lichens et des Algues, puisqu'ils ont le thallus de celles-ci avec la fructification qui caractérise ceux-là. Ils ont été trouvés par l'auteur à Can- nes, en Provenee, pendant l'hiver de 1855-56. L'un d'eux constitue un genre nouveau qui recoit le nom de Spilonema; les deux autres rentrent dans le genre Synalissa. Tous les trois sont non-seulement décrits, mais encore illustrés à l'aide de bonnes figures d'ensemble et de détails, trés bien gravées d'aprés les dessins de l'auteur. SPILONEMA Bornet, gen. nov. p. 4, pl. I et II. Thallus cylindricus, frutieulosus, ramosus, contextu celluloso, intus granulis gonimis magnis strata transversa efficientibus farctus. Apothecia lecideina. Paraphyses valde crassæ, clavatæ, articulatæ. Spermogonia clausa. Basidia elongata, articulata (Arthrosterigmata Nyl.). Spermatia oblonga. Sp. paradoxum Born. — Ce Lichen abonde sur les rochers granitiques de Cannes, surtout dans les endroits un peu humides, Il forme des gazons hauts seulement d'environ 2 millimètres, d'un noir olivâtre. Les filaments deson thalle sont presque sétacés, dressés, souvent arqués, opaques, plus ou moins divisés en rameaux et ramules transparents, disposés irrégulière- ment, mais qui tendent à devenir unilatéraux. Sa fructification dioique con- siste en apothécies et en spermogonies; les premières sont hémisphériques, terminales, assez grosses, d'un noir foncé; elles présentent des thèques en massue qui renferment chacune 8 spores elliptiques, un peu arquées, lon- gues de 1/85* à 1/90: de millimètre, et qu'aecompagnent de grosses para- physes elaviformes, articulées. Quant aux derniéres, elles sont implantées Sur le côté des rameaux, sous forme de saillies oblongues, d'un noir brillant ; leur cavité close est tapissée de basides convergentes articulées munies de Stérigmates très courts, sur lesquels sont portées des spermaties ovoides, hyalines, très petites (1/240° de millimètre). Quant aux 2 Synalissa, M. Ed. Bornet leur donne les noms de S. conferta Born. (p. 8, pl. III) et S. micrococca Born. et Nyl. (p. 9, pl. IV). Le premier croit mélangé à l'espece précédente, formant des taches gra- nuleuses, d'un brun rougeátre, composées de fruticules peu rameux qui ont au plus 1 millimètre de hauteur. Ses apothécies sont terminales, assez grandes, scutelliformes, à disque granulé; les théques cylindriques ou renflées au-dessous de leur milieu contiennent huit spores elliptiques pres- que sphériques, obtuses aux deux bouts, longues de 1/90* à 1/120* de milli- mètre. Ses spermogonies sont terminales, pyriformes, ouvertes par un pore, et elles renferment des spermaties oblongues, longues d'environ 1/300* de millimètre. L'auteur dit que, dans son premier état, ce Lichen ne lui parait Pas distinct de l' Algue connue sous le nom de Glæocapsa Magma Kütz. Le Synalissa micrococea Born. et Nyl. est très rare. Il croit sur la terre parmi les filaments d'un Sirosiphon. Son thalle est une masse gélatineuse 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. amorphe, qui renferme des granules très petits, oblongs, d'un vert pâle, et des globules rouges, plus gros. Sa fructification est dioique. Ses apothécies et ses spermogonies sont également pyriformes, fermées, avec un pore trés étroit; leur couleur est un rouge brunátre qui noircit par la dessiccation. Les paraphyses sont très gréles, flexueuses et continues; les thèques, ren- flées vers le bas, contiennent 8 spores ovoides, un peu arquées, longues de 1/65* de millimètre. Les spermaties oblongues n'ont que 1/370° de millimètre de longueur. L'explication des 19 figures que réunissent les 4 planches termine le mémoire. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Bemerkungen ueber die Flora der Insel Juan Fernan- dez (Remarques sur la Flore de l'île Juan Fernandez); par le docteur R. A. Philippi (Botan. Zeitung, n° 36 et 37, 5 et 12 septembre 1856, eol. 625-636, 641-650*). La flore de toutes les iles éloignées du continent est remarquable, d'un côté par sa pauvreté, de l'autre par le grand nombre des espèces qui lui appartiennent en propre. Ce sont là de puissants arguments en faveur de la multiplicité des centres de création. L'ile de Juan Fernandez ne s'écarte pas sous ces deux rapports de la règle générale. Malheureusement sa végé- tation ne peut pas être encore regardée comme complétement connue, bien que, postérieurement à l'exploration qui en a été faite par M. CI. Gay; M. Philibert Germain y ait fait de belles récoltes à la fin d'octobre et au commencement de novembre 1854. L'île de Juan Fernandez est située par 33° 45’ de latit, S., et 296° 56' de long. orient., au méridien de l'ile de Fer, c'est-à-dire à 9 degrés de Valpa- raiso. Sa voisine, l'ile de Masafuera, sur laquelle porte aussi le travail de M. Philippi, en est éloignée de 90 milles anglais à l'ouest, L'ile de la Páque, la plus rapprochée parmi toutes celles de la Polynésie, en est distante de 28°. Juan Fernandez forme presque un croissant de l'est à l'ouest. Elle est de nature volcanique. Sa moitié orientale est très montagneuse, très boisée, et sa sommité la plus élevée, le Yunque, s'élève à 1000 metres. Sa moitiéocci- dentale est basse, unie, sèche et nue. Les forêts toujours vertes qui en cou- vrent principalement le versant septentrional rappellent celles du Chili méridional ; mais on n’y trouve ni lianes ni sous-bois. M. Philippi donne la liste de 137 espèces de lui connues comme croissant spontanément à Juan Fernandez et Masafuera. Ces plantes se rapportent à * : . ^ (*) Ce mémoire est une reproduction en allemand faite par l'auteur. lui-méme d'an travail qui a été publié au Chili, dans le cahier de juillet 1856 des Anales de la Universidad de Chile. | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 208 43 familles parmi lesquelles les plus riches sont : les Fougères, avec 36 espèces, c'est-à-dire dans la proportion de 26,3 pour 100 ; les Synanthé- rées, avec 23 espèces ou 16 pour 100; les Graminées, avec 10 espèces ou 7 pour 100. Les familles des Haloragées, Myrtacées, Solanacées, Urticées, Cypéracées, y sont représentées chacune par 4 espèces ; les Ombelliféres, Labiées, Pipéracées, chacune par 3 espèces ; les Rosacées, Caryophyllées, Saxifragées, Campanulacées, Rubiacées, Chénopodées et Euphorbiacées, chacune par 2 espèces ; enfin les Magnoliacées, Berbéridées, Crucifères, Bixacées, Oxalidées, Xanthoxylées, Rhamnées, Légumineuses, Portulacées, Loranthacées, Lobéliacées, Éricacées, Primulacées, Polémoniacées, Borra- ginées, Verbénacées, Scrofularinées, Plantaginées, Polygonées, Santalacées, Broméliacées, Iridées, Palmiers, Joncées, y comptent chacune un seul re- présentant. | Sur ces 137 espèces 81 ne se retrouvent pas dans le Chili, et 75 ou plus de la moitié n'ont jamais été vues hors des deux iles. Une particularité trés remarquable par laquelle se distingue la flore de Juan Fernandez, c'est la forte proportion de végétaux ligneux qu'elle com- prend. En effet, on n'y compte pas moins de 50 espéces arborescentes ou frutescentes, qui font ainsi 36 pour 100 du total. Le plus gros des arbres de l’île est le Yanthozylon Mayu Bert., nommé par les habitants Naran- Jillo, dont le tronc a quelquefois 2 mètres de diamètre et dont l'amiral An- Son a pu obtenir des planches longues de 13 mètres environ. Le Drimys confertifolia, l Eugenia Lumilla, V Edwardsia Fernandezia, les Cuminia ont des trones épais de 33 cent. à 1 mètre. On y trouve des espèces arbo- rescentes d'Ombelliferes (Eryngium bupleuroides), de Labiées (Cuminia), de Composées (Rea, Robinsonia), méme de Gunnera (G. glabra Ph. et peltata Ph.). Plusieurs espèces de cette ile méritent, dit M. Philippi, d'être eultivées dans les jardins soit pour la beauté de leurs fleurs, soit pour celle de leur feuillage. Plusieurs espèces propres à Juan Fernandez ont des analogues sur le Continent; mais le plus souvent les premières l'emportent sur celles-ci par leur beauté et notamment par la grandeur de leurs fleurs. Un fait extrémement curieux, c'est l'existenee du bois de Santal dans cette ile. Molina en avait parlé ; mais ce fut plus particulièrement Caldeleugh qui, en 1825, appela l'attention à ce sujet. Ce bois s'y trouve par mor- ceaux dispersés, qu'on rencontre jusque sur le haut des rochers les plus élevés, et qui ont perdu, sous l'action des agents atmosphériques, non-seu- lement leur écorce, mais encore leur aubier. Un morceau conservé dans le musée de Santiago a dû appartenir à un arbre d'environ 07,65 de dia- metre. Jamais on n'en a observé de tige entière, à plus forte raison de pied Vivant; d'où il parait à peu prés eertain que l'espéce a disparu de l'ile. M. P hilippi n'adopte pas l'opinion de M. CI. Gay, qui croit que c’est là le 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Santalum album L., espèce de l'Inde et des iles asiatiques. En l'absence d'éléments suffisants pour une détermination queleonque, il suppose que ce devait être une espèce particulière, en raison de sa situation géographique remarquable. Le mémoire de M. Philippi se termine par la description de 28 espèces ou variétés nouvelles de Juan Fernandez, qui se réduisent à 27, une note postérieure (Botan. Zeit., n° 47, 21 novemb. 1856) nous apprenant que le grand et beau palmier de cette ile, ou le Chonta des habitants, que l'auteur décrit sous le nom de Morenia Chonta Ph., a reçu antérieurement de M. de Martius le nom de Cerozylon australe. Voici le relevé de ces plantes. Drimys confertifolia. Heterocarpus Ferpnandezianus. Arenaria rubra L., var. polyphylla Ph. Edwardsia Fernandeziana. Gunnera insularis ; G. gla- bra; G. peltata. Eugenia Lumilla. Myrtus Berteroi. Escallonia Fernande- ziana. Erigeron rupicola. Robinsonia longifolia; R evenia; R. corrugata; R.? nervosa. Gnapbalium insulare ; G. Fernandezianum. Pernettia Brid- gesii. Citharexylon venustum. Nicotiana cordifolia. Euphorbia Masafueræ. Urtica Masafueræ. Ochogavia (nov. gen. Bromeliacearum) elegans. Liber- tia grandiflora. Podophorus (nov. gen. Graminearum) bromoides. Panta- thera (nov. gen. Graminearum) Fernandeziana. Trichomanes dichotomum. BOTANIQUE APPLIQUÉE. L'Opuntia, ou Cactus Raquette d'Algérie: par M. L.-Léon de Rosny. Broch. in-8 de 12 pages. Paris, 1857. Dans cet écrit, M. L. de Rosny s'est proposé de faire ressortir ce que présenterait d'avantageux pour l'Algérie la propagation en grand de l'Opuntia qui, parfaitement naturalisé dans toute l'Afrique septentrionale, y fournit en abondance des produits utiles de natures diverses. Nous résumerons rapidement, d'après lui, les différents usages de ce précieux végétal. Les fleurs de l'Opuntia, qui se développent du mois d'avril à celui de juin, sont parfaitement comestibles. Ses fruits, connus vulgairement sous le nom de Figues de Barbarie, contribuent pour une part importante à l'ali- mentetion du peuple dans le sud de l'Europe et dans le nord de l'Afrique. Aprés en avoir détaché les parties supérieure et inférieure, on les fend pour en détacher la couche externe, et l'on en obtient ainsi la portion bonne à manger qui est colorée en rouge orangé tirant plus ou moins sur le jaune et dont la saveur est agréable et toute particulière. Ce fruit est à la fois nourrissant, trés sain et tres rafraichissant. On le mange quelque- fois cuit. On peut en faire la base de gelées, de confitures, de liqueurs et de sirops. On a méme essayé d'en extraireune matière colorante. Au Mexique; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 on mange cuits à l'eau, en manière d'asperges, les boutons de fleurs et les articles jeunes. Il y a peu d'années, M. Toussaint, ancien sous-officier de spahis, a réussi à isoler les uns des autres, par l'ébullition dans de l'eau additionnée de 1/20* de earbonate de soude, les feuillets ligneux qui entrent daus la eonstitution des articles ou raquettes de l'Opuntia et dont les fibres solidement entrelacées forment un tissu semblable par son aspect à des dentelles ou des guipures. On a confectionné différents objets avec ces feuil- lets ligneux, notamment des chapeaux pour hommes et pour femmes, et il est probable, d'aprés l'auteur, que ce dernier emploi ne tardera pas à en amener la consommation en grand. Le mucilage que renferme cette plante est employé en guise de colle; mélangé au lait de chaux destiné au badi- geon, il lui donne plus de liant et de durée, le rendant ainsi plus avanta- geux pour l'emploi qu'on en fait habituellement dans les maisons. Les expansions foliiformes ou les raquettes de l'Opuntia encore jeunes four- nissent un excellent aliment pour les bestiaux, d'autant plus précieux qu'on l'obtient sur des terrains arides et dépourvus de toute autre végéta- tion pendant l'été. Pour les donner aux animaux, on les coupe en tranches. La taille des plantes, à l'aide de laquelle on obtient ce fourrage, assure une végétation plus régulière et augmente la production. Les portions aban- données par les bestiaux et celles qu'on n'utilise pas constituent un bon engrais. Enfin, le bois de l'Opuntia peut étre utilement employé pour le chauffage des fours. Die Bodenkunde (1 Agro/ogie. Manuel pour les agriculteurs, sylvi- eulteurs, horticulteurs, ete. ); par le docteur C. Trommer. In-8 de xii et 577 pages, avec une earte géologique imprimée en couleur et une plan- che lithogr. Berlin, 1857, chez Gust. Bosselmann. Nous eroyons devoir traduire le titre allemand de cet ouvrage par le mot d'Agrologie proposé et employé par M. de Gasparin dans son Cours d'agriculture. C'est, en effet, presque exclusivement du sol considéré en lui-même, dans sa composition, ses propriétés physiques, etc., que s'oc- cupe M. Trommer. On sent dès lors que son sujet est trop en dehors du cadre de ce Bulletin pour que nous eussions pu nous en occuper, si l'auteur d'en avait consacré une portion à une étude beaucoup plus directement en "apport que tout le reste avec la botanique elle-même. Cette partie du livre en occupe 92 pages (pp. 444-536). Elle comprend d'abord un chapitre inti- tulé : « Examen de la productivité ou des conditions de végétation du sol. » M. Trommer y examine successivement la production du sol en plantes cul- tivées et, plus au long, celle en plantes spontanées. Après avoir recherché les conditions du sol dans lequel celles-ci se trouvent, il conclut qu'on ne peut admettre qu'elles eroissent sur des terres de toute nature. En passant, il 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. signale la naturalisation complète autour de Berlin, dans un rayon de deux ou trois milles, du Galinsoga parviflora Cav., plante du Pérou, qui joue déjà le rôle d’une mauvaise herbe des plus nuisibles. Il présente ensuite en détail le tableau de la végétation spontanée : 1° des terres sablonneuses, 2° des terres argileuses, 3° des terres calcaires, 4° des sols riches eu humus, 5° des sols tourbeux, 6° des terres salées, 7° des sols humides. Les diffé- rents paragraphes relatifs à ces flores partielles comprennent des listes de plantes généralement accompagnées d'observations sur leur fréquence, et assez souvent aussi d'une description sommaire de leur facies. MÉLANGES. Ueber Aufbewahrung mikroskopischer Objecte, etc. (Sur la conservation des préparations pour le microscope); par le docteur Her- mauu Welcker. Broch. in-89 de 44 pag. et 4 pl. Giessen, 1856. Le Mémoire de M.|Weleker est divisé en cing chapitres dont le premier et le plus étendu (pp. 5-26) est relatif à la conservation des préparations pour le mieroseope. Le 2* (pp. 27-30) renferme la deseription d'un appareil trés simple destiné à faire tourner commodément les objets pendant qu'on les examine au microscope, et qui, pouvant s'adapter à tous les instruments, permettrait de réduire beaucoup les difficultés de construction, et par suite le prix de ceux qu'on a disposés de maniere à en obtenir un résultat ana- logue, par exemple les microscopes à tourbillon et en fer à cheval de G. Oberhaeuser. Le 3° chapitre (pp. 30-31) a pour objet de signaler une disposition trés commode pour le micromètre à fils logé dans un oculaire. Le 4° chapitre (pp. 33-39) est relatif à la description d'une forme simplifiée de microtome. Enfin le dernier chapitre (pp. 40-44) expose l'état actuel de l'institut optique de M. C. Kellner à Wetzlar, Nous nous contenterons de résumer succinetement le premier de ces cinq chapitres. La Société micrographique de Giessen, appréciant l'importance qu'aurait l'adoption par tous les mierographes de lames de verre de méme grandeur pour toutes les préparations, recommande comme très avantageuse Sous divers rapports la forme d'un rectangle de 37 millim. sur 28. Pour recou- vrir les préparations, M. Welcker conseille d'employer des lames de verre mince carrées, n'ayant que 10 à 15 millim. de côté, ou rectangulaires et de surface équivalente pour les préparations allongées, Pour loger la prépara- tion, on faitsur la lame porte-objet une petite enceinte carrée avec de la cire à moitié fondue. L'espèce de petit bassin ainsi formé recoit la préparation plongée le plus souvent dans un liquide (baume du Canada, glycérine, so- lution de chlorure de caleium, ete.), et il est ensuite fermé au moven de la petite lame mince qu'on assujettit à l'aide dela cire. On passe ensuite sur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 207 celle-ci une couche épaisse de mastic d'Oschatz (blanc de plomb avec du vernis au copal), ou plus commodément de vernis d'asphalte. Cette couche doit déborder la eire sur les deux verres de1 ou 2 millim. Pour protéger le tout, il est bon de coller à droite et à gauche de l'espèce de petite boite formée comme il vient d'étre dit, deux bandes étroites de verre qui, s'éle- vant au-dessus du niveau de la lame mince, la garantissent des chocs. Au bout de peu de jours, la dessiccation du mastic ou de l'asphalte est complète et la préparation est terminée. Le point essentiel dans cette disposition est de faire le petit mur de cire de manière à fermer exactement l'espace des- tiné à contenir le liquide conservateur. Le baume du Canada (ainsi que la résine de Dammara, le copal, ete.), est trés bon pour conserver les objets peu transparents, pour le pollen, les spores, ete. On en dépose une goutte sur le verre préalablement chauffé. Sur cette goutte on met l'objet à conserver, sur lequel on applique une autre goutte de baume. On pose par-dessus tout la lame mince en pressant peu à peu avec une aiguille, de manière à expulser l'air de tous les côtés. Au besoin, le baume, séchant sur tout le pourtour, suffit pour préserver indéfi- niment, sans cire ni vernis; cependant l'auteur croit qu'il vaut mieux mettre tout autour de la cire et enfin de l'asphalte. L'essence d'anis est avantageuse dans certains cas à cause de sa grande réfringence. Seulement, quand on s'en sert, il faut substituer le baume de Canada épais à la cire pour former le rebord. La glycérine est le meilleur liquide conservateur pour les préparations végétales et animales. On peut méme y conserver longtemps des objets sans former un rebord quelconque autour de la petite cavité située entre les deux verres. Cependant il vaut mieux fermer avec une couche de ciment d'Oschatz ou de vernis d'asphalte. Il n'est pas nécessaire que la glycérine remplisse complétement l'espace.—Une solution de 1 partie de chlorure de caleium dans 3 parties d'eau distillée; de l'eau sucrée formée avec 4 partie de sirop blane pour 2 d'eau et 1/7000* de strychnine; la liqueur conservatrice composée de 3 onces de sel marin sans magnésie, 2 onces d'alun, 4 grains de sublimé corrosif en solution dans l'eau; une solution arsenicale saturée; l'acide acétique étendu ; l'aleoo! affaibli, servent à conserver différentes préparations, Enfin, M. Welcker recommande comme bonne pour conserver les objets une nouvelle composition que vend. M.L. Batka, à Prague, et qui a reçu le nom de Wasserglasfirniss, ou Yernis-glace. L'emploi de cette matière, dont le prix est trés peu élevé, est des plus simples. On met surla lame porte-objet la préparation légerement mouillée; avec une petite baguette de verre on dépose sur celle-ci une goutte de vernis; on pose sur le tout la petite lame de verre mince, et la prépara- tion est terminée, En une demi-heure le vernis a séché sur la ligne qui le CIreonserit, et l'on n'a besoin d'ajouter ni cireni asphalte. L'auteur regarde ce dernier procédé comme le plus simple et le meilleur à la fois. 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES. Nécrologie. — Le naturaliste Jean-Auguste Wahlberg, qui voyageait dans l'Afrique méridionale, a été tué le 6 mars 1856, sur les bords du Ta- manakle, par un éléphant qui l'a foulé aux pieds. Ce savant était surtout zoologiste. ll était le frère du professeur P. F. Wahlberg, secrétaire de l'Académie des sciences de Stockholm. — Le Botanische Zeitung du 17 août dernier annonce la mort du bota- niste allemand Friedr. Wilh. Wallroth, le célèbre auteur de la Flora crypto- gamica Germanic, d'une Histoire des Lichens (Naturgeschichte der F. lechten) en 2 volumes in-8°, et de plusieurs autres ouvrages relatifs, soit aux Cryptogames, soit aux Phanérogames, principalement de l'Allemagne. Il est mort à Nordhausen, le 22 mars dernier. D'après le Botanische Zeitung, la chaire d'histoire naturelle orga- nique à l'université de Greifswald, qui a été occupée pendant longtemps par Hornschuch, va être subdivisée en deux; il en résultera dès lors la création d'une chaire spéciale de botanique. — Le baron de Meyendorff a été nommé, le 22 janvier 1857, chef du jardin impérial botanique de Pétersbourg, sous la haute direction du mi- nistre de la cour impériale. — On a songé dans ces dernières années à utiliser, pour la fabrication du papier, les fibres qui remplacent la chair dans le péricarpe du Luffa ægypt iaca Mill., vulgairement connu dans les jardins sous le nom de courge-torchon. I! y a quelque temps, M. Westwood a mis un échantillon de ce fruit sous les yeux de la Société linnéenne de Londres. Dans les pays où cette plante est cultivée, ces fibres, qui forment un réseau élégant, sont employées à divers usages, particulièrement à la confection de petits ouvrages de vannerie, de filets, ete. Nous rappellerons à ce propos qu'une espéce d'un genre voisin des Luffa, le Poppya fabiana K. Koch, récemment introduite en Europe, du Texas et du Mexique, fournit de la méme maniere des fibres qu'on emploie, dans son pays natal, pour un graud nombre d'usages divers, notamment pour la fabrication de différents tissus et de chapeaux ‘excellents, très du- rables, qui forment la matière d'un grand commerce local, et que l'on com- mence méme, assure-t-on, à envoyer en Europe. — M. Balansa vient de partir pour un. nouveau voyage daus la Turquie d'Asie. Si nous sommes bien informé, il se propose d'explorer la ehaine du Taurus, qui lui fournira certainement encore la matière d'importantes collections. Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. —— "lo QM N. B.— La plupart des membres du secrétariat s'étant rendus à Montpellier pour la Session extraordinaire, leur absence a deter- miné une interruption dans l'impression de la partie du Bulletin relative aux travaux de la Société pendant ses séances ordinaires. Pour que cette interruption ne rendit pas trop long l'intervalle entre la publication du cahier no 2 du Bulletin et celle du cahier n° 3, la Commission de rédaction a décidé que ce dernier numéro ne renfer- merait que la Revue bibliographique, et qu'il serait dés lors publié sans retard, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Intorno ad una particolarita di struttura dell Allium sati- vum Lin. (Sur une particularité de structure de V Allium sativum Lin.); par M. Attilio Tassi (Z Giardini, cah. de juillet 1856 ; tirage à part en broch. in-8° de 7 pag. et 1 pl.). Cette note renferme la description et la figure d'un pied monstrueux d'Allium sativum. La portion souterraine de cette plante présentait un pla- teau déprimé et légèrement conique, dont la face inférieure avait donné naissance à une grande quantité de racines adventives, tandis que sa face Supérieure portait, vers son pourtour, un cercle de petits bulbes charnus, 0Vales-oblongs et acuminés, du centre duquel s'élevait une hampe longue seulement de sept centimètres et terminée par un faisceau de 6 bulbes pres- que entièrement semblables à ceux du bas. Ces bulbes, qui s'étaient substi- T, IV. 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tués à l'inflorescence, étaient légèrement triquètres et verdâtres dans leur portion supérieure, qui se prolongeait en une sorté de petite queue. Sur un plan légérement inférieur à l'insertion de ces corps terminaux se trouvaient quelques folioles à nervures parallèles, qui n'étaient évidemment que des divisions plus ou moins profondes de la spathe scarieuse, destinée norma- lement à protéger les jeunes fleurs, celles-ci, dans la plante dont il s agit iei, ayant complétement avorté. Ces folioles se réfléchissaient tout le long de la hampe. M. Att. Tassi examine en détail les différents exemples d'ombelles bul- bifères observées dans le genre A//tum, notamment dans les A. montanum Sibth. et Sm., A. carinatum L., A. scorodoprasum L., A. oleraceum L., A. ascalonicum L., A. Cepa L., A. ascalonicum L., ete. Il insiste principa- lement sur la variété bulbifere de l'A. roseum L. Il recherche ensuite la na- ture et l'origine de ces productions terminales, dans lesquelles il voit des bulbilles destinés à reproduire la plante et provenus d'une transformation accompagnée d'hypertrophie des boutons de fleurs. Il montre enfin que cette substitution de bulbilles à des boutons de fleurs n'est pas un fait rare, et qu'on en voit de fréquents exemples dans le Polygonum viviparum L., les Poa alpina et bulbosa, ainsi que dans l Agave vivipara L. Il termine en rap- prochant de ce fait ceux dans lesquels on voit aussi des bulbilles se pro- duire sur différentes parties des plantes sans relation avec l'appareil re- producteur, comme sur les feuilles du Calancho? pinnata, du Malaxis palu- dosa, du Cardamine pratensis, du Polygonum Bistorta, dans les aisselles des Lis, des Dentaria, du Begonia Evansiana Andr., de la Patate, ete., ete. On the structure and affinities of Balanophoreæ (Sur la structure et les affinités des Balanophorées) ; par M. Joseph Dalton Hooker (Transactions of the Linnean Society, vol. XXII ; tirage à part en brochure in-4° de 68 pag. et 16 plane.). Ce grand et important travail a été lu à la Société Linnéenne de Londres dans les séances des 6 et 20 février et du 19 juin 1855. Il a été publié seule- ment en 1856. Il comprend deux parties consacrées, l'une, à l'étude générale des Balanophorées, l'autre à leur histoire particulière, Dans la première, le savant auteur, apres avoir fait connaitre les matériaux qu'il a eus à sa dis- position, examine successivement et en autant de paragraphes distinets : 1° le parasitisme et la structure du rhizome (pp. 2-21) ; 2e les affinités des Balanophorées(pp. 21-26); 3^ la classification des Balanophorées(pp. 26-27) ; ^" leur distribution géographique et leurs variations (pp. 27-28). Dans la seconde partie il donne d'abord le tableau synoptique des genres et espèces de Balanophorées rapportées aux divisions et subdivisions de la famille (pp. 29-31); il consacre ensuite le reste de son mémoire à l'étude spéciale REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 241 et détaillée des genres et des espéces qu'il admet parmi ces singuliers végé- taux (pp. 31-60). Ces deux parties sont suivies de l'explieation des figures (pp. 61-68). Les 16 planches qui accompagnent le mémoire de M. Dalton Hooker ne comprennent pas moins de 273 figures qui représentent, pour plu- sieurs espèces, les plantes entières, pour presque toutes de nombreux détails anatomiques et organographiques. Elles ont été coloriées toutes les fois que la couleur a pu faciliter la connaissance, soit des plantes entières, soit de leurs parties. Elles ont été lithographiées au crayon par M. W. Fitch, avec le rare talent que tous les botanistes lui connaissent, d’après les dessins de l'auteur. Nous regrettons seulement que, pour leur exécution, la Société Linnéeune ait eru devoir renoncer à la gravure au burin qui avait rempli ses Transactions d'une multitude de planches d'une rare beauté, et qui en avait fait jusqu'à ce jour une collection sans égale sous ce rapport. Il nous semble, en effet, que le crayon lithographique, à l'aide duquel on peut représenter d'une manière satisfaisante l'ensemble des plantes et de leurs organes, laisse quelque chose à désirer sous le rapport de la netteté toutes les fois qu'on l'emploie, méme avec l'habileté de M. Fitch, pour reproduire , les détails intimes de l'organisation et surtout ceux de la structure anato- mique; et nous sommes convaineus que les dessins de M. D. Hooker méri- taient, sous tous les rapports, d'être exécutés sur le cuivre par les burins les plus exercés. Mais les observations que nous nous permettons de faire icl à cet égard, ne sont nullement une critique et n'expriment simplement qu'un regret. I. Parasitisme et structure du rhizome. — M. D. Hooker désigne sous le nom de rhizome l'axe principal des Balanophorées. La forme la plus simple et en même temps la plus fréquente sous laquelle il se présente, est celle d'un tubercule simple ou rameux, sessile sur la racine de la plante nour- ricière et donnant naissance à un ou plusieurs pédoneules florifères. Dans l'état le plus jeune que le savant anglais ait pu examiner, une Balanophorée še montre comme une masse cellulaire, homogène et sans traces de vais- aux, enfoncée dans l'écorce de la racine nourricière avec laquelle son tissu Cellulaire présente une adhésion organique, mais en s'en distinguant toutefois Sans difficulté. Avant qu'elle ait atteint le cambium de cette racine et qu'elle * soit beaucoup allongée vers l'extérieur, on reconnait au centre de sa masse ou de chacun de ses lobes une ligne opaque de tissu cellulaire blanc, mant du reste, dans laquelle se montrent des vaisseaux. Peu après le annii. nn " racine attaquée subit l'influence du parasite ; ses couches enfermés aon eplacées, et plus tard encore des faisceaux vasculaires font ema ans une gaine cellulaire se trouvent dans | axe du rhizome, etse arquer par leur continuité avec ceux qui s'étaient déjà formés dans Celui-ci, Da | ; l : Pene r tachés ; "nh quelques genres on ne voit pas de faisceaux vasculaires rat- x de la racine; mais ceux du parasite descendent jusqu'a la 919 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ligne où il s'unit avec la racine, et là les systèmes vasculaires des deux s'appliquent exactement l'un contre l'autre sans entrelacement ni union organique. C'est ce qui a lieu dans les Zophophytum et peut-être dans le Scybalium. A l'état de développement complet, les rhizomes des Balanophorées se divisent en ceux qui sont simples ou simplement fourchus ou lobés et ceux qui sont cylindriques, allongés horizontalement ou rameux ; mais ces grandes différences de formes, quoique se rattachant à des particularités anatomiques importantes, ne concordent pas avec des modifications dans la structure florale, de maniére à pouvoir servir à l'établissement de sections dans la famille. Les rhizomes allongés de quelques espéces s'attachent par leurs ramifications aux différentes racines qu'elles rencontrent ; ils n'ont jamais d'appendices foliacés, si ce n'est à Ja base des pédoneules. Quant aux rhi- zomes amorphes ou simples, ils portent souvent des écailles (Cynomortum, Lophophytum, Sphwrorhizon) ou des papilles cellulaires (quelques Balano- phora). —- Les rhizomes de plusieurs espèces vivent longtemps : tels sont ceux des ZJelosis, Phyllocoryne, Rhopalocnemis, de divers Balanophora, ete.; mais le Cynomorium parait être annuel. Le développement de ces végétaux : est très lent. Les divers modes d'adhérenee des Balanophorées à la racine nourricière permettent de les ranger en trois catégories : 4° celles dans lesquelles les vaisseaux du parasite sont continus avec ceux de la racine; 2?celles dans les- quelles l'adhérence s'établit uniquement au moyen du tissu cellulaire; 3° enfin celles où les faisceaux vasculaires de la racine vont se terminer de maniere déterminée dans le tissu du parasite, à une faible distance du point d'attache, les systèmes vasculaires des deux végétaux ne présentant pas de confluence appréciable, Les Zalanophora et Rhopalocnemis, qui appartien- nent à la première de ces catégories, ont été regardés par quelques auteurs comme des excroissances morbides des plantes qui les portent, opinion déjà réfutée par M. Goeppert. Ce savant et M. Unger admettent dans le parasite un double système vasculaire, dont l'un serait émis par la racine nourricière, tandis que l’autre serait propre au pédoncule et à ses appendices, descendrait cependant à travers l'axe du rhizome, jusque tout près de la base du para- site et se terminerait là brusquement. Mais M. D. Hooker a constaté sur le Rhopalocnemis vivant que les faisceaux vasculaires du pédoneule sont Si intimement unis à ceux du rhizome, vers la base de ce dernier, que les deux ne forment organiquement qu'un seul et méme tissu. Les branches vascu- laires qui rattachent la racine-mère au rhizome du parasite sont tout à fait analogues à celles qu'on trouve dans les exostoses des racines de diverses Légumineuses, notamment du Cytisus Laburnum. On trouve deux sortes d'attaches dans les rhizomes rameux et trés allongés. Dans les Æelosis le rhizome forme un tubercule à chaque point oü REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 213 il s'attache aux différentes racines qu'il rencontre, et il ne reçoit que rare- ment, sur ces points, quelques faisceaux vasculaires émis par la racine, mais qui ne paraissent pas communiquer directement avec le tissu vascu- laire antérieurement formé du rhizome, ni s'uuir à lui. Dans le Zangs- dorffia la branche du rhizome corrode l'écorce des racines qu'elle rencontre. Le plus souvent le rhizome et la racine se renflent beaucoup l'un et l'autre, et celle-ci envoie dans le premier, à droite et à gauche de son axe, de lon- gues branches vasculaires. On voit quelquefois deux ou plusieurs espèces dicotylédones envoyer leurs racines dans un tubercule de vieux rhizome, chacune y pénétrant par plusieurs points. M. D. Hooker examine et discute les divisions établies par M. Unger parmi les parasites, relativement à la nature de leur parasitisme. Il n'y voit que des distinctions de mots plutôt que de faits, du moins quant aux trois sections du savant allemand dans lesquelles rentreraient les Balanophorées. ll dit qu'il n'existe que de simples différences du plus au moins entre les modes de parasitisme de ces végétaux, et que pour tous le point principal consiste dans la puissance qu'ils ont de produire une érosion et d'établir une adhérence organique. Il énonce comme une règle générale que plus la racine attaquée est vieille, moins elle envoie de branches vasculaires dans le para- site. Il n'admet pas l'opinion de M. Unger, que le rhizome des Zalanophora et analogues est une sorte de corps intermédiaire, ni celle de M. Goeppert, qu'il existe dans ces parasites deux systèmes de faisceaux vasculaires tota- lement indépendants et sans connexion. 11 conclut, de l'examen détaillé auquel il se livre à cet égard, que les différences anatomiques qui existent entre les vaisseaux du rhizome et ceux du pédoncule dépendent de leur situation et du degré de leur développement. Le rhizome des espéces les plus parfaites de Balanophorées est nettement exogène. Celui de l'Aelosis mexicana, coupé transversalement, se montre composé de tissu cellulaire renfermant un système vasculaire de sept coins qui entourent un axe cylindrique étroit. Chacun de ces coins est formé de Plusieurs rangées de vaisseaux eylindriques ou anguleux, annelés ou rayés en travers, qui occupent la place du pleurenchyme des Exogènes ordinaires. Chacun d'eux s'emboite extérieurement dans la concavité d'une masse reniforme de grosses cellules libériennes allongées. Enfin, plus en dehors, se trouve une masse celluiaire très épaisse, spongieuse, qui s'étend jusqu'à la circonférence, où les cellules sont plus étroites et plus serrées, et dans laquelle sont entremélées de petites masses de clostres à parois épaisses, semblables à des faisceaux libériens épars. Enfin vers le centre et autour de l'axe il existe une zone à sept lobes de gros tubes de sclérogène ou clostres, dont les lobes s'avancent vers l'extérieur comme s'ils formaient les bases des rayons médullaires et séparent les extrémités axiles des coins vasculaires. Cette structure anatomique rappelle celle de la tige des Ménispermées. Quant 914 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au pédoncule de ee méme ZZelosis, sa section transversale présente huit fais- ceaux vasculaires disposés symétriquement, et plus en dehors quelques autres plus petits, épars. Chaque faisceau en particulier consiste en un étui de tissu cellulaire allongé, qui entoure un petit nombre de vaisseaux en fuseau, les uns scalariformes, les autres avec des bandes spirales ou des raies transversales, ainsi qu'un petit nombre de tubes ligneux et de cellules de selérogène. Le tissu cellulaire est remarquable dans les genres Zangsdorffia et Bala- nophora par une sécrétion abondante de cire (balanophorine Goepp.), que remplacent des grains de fécule dans la plupart des autres genres. L'épi- derme des Balanophorées ne porte jamais de stomates, et il est formé de petites cellules entremélées quelquefois d'autres grandes et vésiculeuses, qui sont isolées ou groupées. Les feuilles ne manquent jamais entiérement, mais elles sont réduites à l'état d'écailles et quelquefois presque nulles. Leur répartition sur les diffé- rentes parties des plantes et leur grandeur ne sont soumises à aueune regle. Cependant les plus développées se trouvent vers le haut. L'inflorescence est un capitule uni ou bisexué, sphérique, oblong, cylin- drique, ou ovoide, excepté dans les Lophophytées et dans le genre Sarco- phyte, ou elle constitue un épi composé ou une panicule, et où elle offre son degré supérieur de développement. Ce capitule est toujours composé, malgré sa simplicité apparente. Les fleurs varient beaucoup quant à leur degré de perfection. Les plus completes sont celles du Mystropetalon; les plus imparfaites sont les mâles des Lophophytum et les femelles des Balanophora. Quand il y a un périanthe, il est presque toujours dimorphe, ie plus parfait étant celui des fleurs máles, qui differe toujours beaucoup de eelui des fleurs femelles, excepté dans le genre C ynomorium. Les étamines varient autant de forme que le périanthe. Les caractères génériques résument ces variations. Le pollen ne présente rien de remar- quable; généralement sphérique, il est polygonal dans les Mystropetalon. H est probable que les inseetes jouent un róle important dans la fécondation. Les ovaires sont au nombre d'un seul dans les Monostyli et le Sarcophyte, de deux dans les Distyli, quelquefois de trois dans les genres Helosis et Scibal ium, d'après Endlicher. Lorsqu'il en existe plus d'un, ils sont soudés des l'origine, renfermés dans le périanthe adhérent, et toutes les cavités moins une sont supprimées. Le style varie beaucoup. Dans les Zalanophore, Langsdorffia, Tonningia, il ne forme qu'une colonne composée de très peu de cellules oblongues, entourant un tissu mou, pulpeux, stigmatique, qui ne constitue pas un stigmate distinct. Toujours le pollen parait agir vers lex- tremite du style, dans l'axe duquel l'auteur a trouvé des tubes polliniques. Le style est un peu plus parfait dans les Distyli, et il se termine par quel- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 915 ques cellules plus grandes, souvent globuleuses, Le Sarcophyte a un large stigmate discoide, sessile. Le style du C'ynomorium est le plus compliqué; il porte un stigmate bilobé. Toujours les parois ovariennes consistent en cellules très Tâches, oblongues, à nueléus, sans vaisseaux (il y a des vais- seaux dans le style du Cynomorium). L'ovule est toujours solitaire et pendant. A l'origine c'est une cellule soli- taire, en saillie sur les parois ovariennes. L'auteur l'a vue ensuite, dans le Balanophora involucrata, comme un sae délicat, hyalin, contenant deux cellules sphériques libres. La formation de nouvelles cellules dans ce sae marche ensuite rapidement et rappelle celle qui a lieu dans le sac embryon- naire des ovules ordinaires; d’où l'on pourrait considérer cet ovule comme réduit au sae embryonnaire. M. D. Hooker n'a pu y découvrir ni chalaze, ni raphé, ni ouverture quelconque. Plus tard l'ovule, remplissant tout l'ovaire, adhére aux parois de celui-ci par son tégument membraneux, et il forme alors une masse serrée et opaque decellules hexagonales, cohérentes. Le savant botaniste anglais regrette de n'avoir pu suivre le développement del'ovule dans les trois genres pourvus d'embryon et d'albumen, Sarcophyte, Mystropetalon, Cynomorium ; il dit seulement que leur albumen se forme dans le sac embryonnaire. La graine, toujours pendante, n'est pourvue d'un embryon et d'un albumen que dans les genres Cynomorium, Sarcophyte et Mystropetalon. Son test extrémement mince contracte une adhérence intime, mais non organique, avec la paroi interne de l'endocarpe généralement erustacé. Dans la plupart des genres la craine consiste uniquement en une masse cellulaire uniforme, qui devient eornée à la maturité, surtout à l'extérieur. Les cellules de cet embryon homogène sont anguleuses ; leurs parois très épaisses sont transpa- rentes, et leur petite cavité est remplie de granules de chlorophylle. M. D. Hooker expose les opinions qui ont été publiées relativement au fruit età la graine des Balanophorées par MM. Richard, Endlicher, Goeppert, Liebmann, Martius, surtout par M. Weddell, qui ne voit dans ces plantes Que des ovules nus et, par eonséquent aussi, des graines nues. IL Affinités des Balanophorées (pp. 21-26). — Après avoir exposé la place généralement très inférieure qui a été donnée à ce groupe de végétaux Par les botanistes, M. D. Hooker exprime et développe ses propres idées à "€ Sujet. A ses yeux, ce sont des Exogenes dont les tiges different peu, quant à leur Structure, de celles des Ménispermées et d'autres Dicotylédones ano- males, En outre, par les caractères de leurs fleurs, ils se placent parmi les Calyciflores épigynes, et leurs rapports les plus directs sont ceux qui les rattachent aux Haloraeées, particulièrement au genre Gunnera. L'auteur *Xpose en détail les faits qui lui semblent établir cette affinité. NT. Classification des Balanophorées (pp. 26-27). — Le tableau que nous "eproduisons rend inutile tout détail à ce sujet. 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LV. Distribution géographique et variations (pp. 27-28). — La plupart des Balanophorées sont des montagnes tropicales €t subtropicales del Asie et de l'Amérique méridionale. Certaines espèces s'élèvent jusqu'à 3050 mètres. On n'a guère trouvé dans les forêts tropicales que le Balanophora fungosa, l’ Helosis guyanensis et le Thonningia. Plusieurs se trouvent en dehors des tropiques : ainsi le Cynomorium atteint 41° de latit. N., en Europe; les deux Mystropetalon et le Sarcophyte habitent l'Afrique australe; l'Helosis guyanensis arrive jusqu'à la Piata; enfin le nord de l'Inde possède plusieurs Balanophora et le Rhopalocnemis. — Certaines Balanophorées ont une dif- fusion géographique étendue, taudis que d'autres sont extrémement locales. Comme exemples des premières, l'auteur cite le Cynomorium coccineum, qui s'étend des Canaries aux embouchures du Nil; le Rhopalocnemis qui, de 27° de lat. N. dans le Népaul oriental, va jusqu'à Java, sous l'équateur ; les Balanophora dioica et fungosa; enfin le Langsdorffia hypogæa, qui a été trouvé au Mexique par 18° lat. N., dans la Nouvelle-Grenade, à Rio- Janeiro et dans les Pampas, par 34° lat. S. — Malgré l'espacement consi- dérable des lieux dans lesquels on les a observées, ces dernières espèces n'ont présente aucune variation dans leurs earaetéres. Nous terminerons cette analyse, à laquelle la haute importance du travail de M. D. Hooker nous a déterminé à donner une assez grande étendue, en reproduisant le tableau synoptique des Balanophorées, que nous abrége- rons toutefois le plus possible. Balanophorearum tabula synoptica. Div. I. MONOSTYLI Griff. Styli 1. 8 1. Stam. libera. Semen embryone et albumine instructum. A. Mystropetalere. Gen. I. MysrRoegTALON Harv. Perian. fl. mase. 3-part., 2-labiatum, segmentis valvatis, 2 anticis connatis; fl. fem. epigynum, campanul., 3 lob. Stam. 3, segmentis perianthii opposita, iisq. inser. ; anth. extrorsis. Zmr. hilo proximus. — Pedune. solit., squamosus. Capitulum oblong., bisexuale; florib. fæm. inferiorib., masc. 3- bracteatis. 1. M. Polemanni Harv.; Afr. austr. — 2. M. Thomii Harv.; Afr. aust. B. Cynomorieze. Gen. IL. Cvxowontuw Mich. Perian. utriusq. sexus 6-phyl. Stam. 4, in fl. hermaph. epigyn. ; filam. in fl. mase. basi stylo deformato suffultum ; anth. intror. Zr. later., hilo remotus. — Pedunc. solit., squamos. Capit. cylindricum. Flores 1-sexu., rarius 2-sex,, mase. et fem, immixti ; bracteis sparsis remotis. 1. C. coccineum Mich. ; Reg. medit., et Ins. Fortun. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 917 r C. Sareophytese. Gen. III. SancoPnyrE Sparrm. Fl. dioi., mase. panieulati; perian. lobis 3, valvatis. Stam. 3, anth. multilocul., liberis. FZ. fæm. in capitulis globos. arcte cohærentes. Stigma discoid., sess. — Rhizoma simplex, lobatum. Pedunc. nudus, ramis infloresc. primariis basi braeteatis. 1. S. sanguinea Sparrm.; Afr. aust. $ II. Stam. connata, Semen homogeneum? D. Langsdorffieæ Endl. Perian. fl. fæm. tubulosum. Gen. IV. LANcsponrrrA Mart. Staminum columna cava. Perian. fl. masc. lobi 3, valvati, præfloratione genitalia includentes. Anth. breves. — Rhiz. horiz., ramos. Pedunculi termin., squamis imbricatis tecti. Capit. 1-sexu. 1. L. hypogæa Rich. ; Amer. trop. — 2. L. rubiginosa Wedd., MSS.; Bras. et Guiana. Gen. V. TaonninGra Vahl. Stam. colum. solida, infra medium squamis 2-6 aucta. Anth. lineares. — Habitus et vegetatio Langsdorffæ. 1 T. sanguinea Vahl; Afr. trop. occid. E. Balanophoresc. Perian. fl. fem. 0. Gen. VI. BaLanornora Forst. Perian. fl. masc. 3-6-phyl. Anth. extror. Fl. fem. pistilla bracteolis clavatis immixta v. pedicellis bractearum inserta — Rhiz. tuberos. v. ramos. Pedunculi nudi v. squamosi. Capit. 1-sexu. v. 2-sexu. Fl. 1-sexu. a. Peduneuli squamis in cupulam v. involuerum connatis. 1. B. involucrata n. sp. ? ; Himalaya temperata. B. Pedunculi squam. alter. v. imbric. ; anth. 3-6 2-locul. 2. B. dioica R. Br. ; Ind. bor., Bengal., Birma. — 3. B. elongata Blume; Java et Peninsula Ind. or.— 4. B. indica Wall.; Penins. Ind. or. et Ceylona. — 5. B. globosa Jungh. ; Java. — 6. B. fungosa Forst. ; Austr. trop. or., Nov. Hebrid. — 7. B. alutacea Jungh. ; Java et Philip. 3. Peduneuli squam. alter. v. imbric. ; anth. multilocul. 8. B. polyandra Griff. ; Himal. or. et Khasia. Div. II. DISTYLI Griff. Styli 2. F. Lophophyteze Endl. Stam. libera. , Gen. VII. Lopnopayrum Schott et Endl. F/. secus ramulos pedunculi mamilleformes apice obtusos congesti, mamillis basi bracteis deciduis suf- falti. — Rhiz. crassum, superne squamis imbric. teetum. Pedunc. basi nudus. 1. L. mirabile Schott et Endl. ; Bras. — 2. L. bolivianum Wedd. ; Boliv. . — 3. L. Weddellii n. sp. ; Nova Granada. Gen. VIII. OuBRoPHYTUM Poepp. et Endl. Flores secus pedicellos brac- 218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tear. peltatar. congesti. — Veget. et habitus Lophophyti, sed squamæ 0. Pedunc. basi volva v. annulo eireumdatus. 1. O. peruvianum Poepp. et Endl.; Boliv. et Peruv. G. Helosideæ Endl. Stam. connata. Gen. IX. Scygariom Schott et Endl. #hiz. tuberos., lobatum. F1. pedun- culis distinctis squamis imbricatis tectis monoici. Capitula convexa v. pla- niusc. Perian. masc. 3-lob. 1. S. fungiforme Schott et Endl. ; Bras. Gen. X. SPHÆRORHIZON nov. gen. hiz. tuberos., indivisum. Pedunc. solit., squamis deciduis tectus. Capit. sphæriea v. oblon. Perian. mase. 3-lob. 4. S. depressum nov. sp. ; Nova Granada. Gen. XI. PaytLocoryne nov. gen. Rhiz. lobat. v. ramos. Pedunc. plu- rimis squamis persistentib. subhexastiche imbricatis tectus. Capit. cylin- dracea v. oblon. Perian. mase. 3-lob. 1. P. jamaicensis (Cynomorium jamaicense Sw.); Jamaica. Gen. XI. RHoparocnemis Jungh. Æhiz. tuheros., simpl. v. lobat. Pedunc. pauci v. solit., basi aunulo v. volva instructi. Capit. oblon.-cylin- draceum. Perian. masc. tubulosum. t. R. phalloides Jungh. ; Himal. temper. or., Khasia, Java. Gen. XII. Corvnæa nov. gen. Rhiz. tuberos., simpl. v. lobat. Pedunc. solit. v. pauci, basi annulo v. volva obscura instructi. Capit. sphar. v. oblon.-cylindracea. Perian. masc. campanulatum. 1. C. crassa n. sp.; Nova Granada. — 2. C. sphærica n. sp.; Ibid. — C. Purdiei n. sp. ; Peruv. Gen. XIV. Hezosis Rich. Æhiz. cylindrac., ramos. Pedunc. plurími, nudi v. basi v. medio annulati. Capit. ovoidea, oblon. v. 9-lob. Perian. mase. 3-part. 1. H, guyanensis Rich. ; Amer. trop. — 2. H. mexicana Liebm. ; Amer. trop. Der Befruchtungsprocess im Pflanzenreiche und sein Verhaeltniss zu dem im Thierreiche (Za fécondation dans le règne végétal et ses rapports avec celle qui a lieu dans le règne animal); pav M. L. Radlkofer. In-8° de x et 97 pages, avec 3 tableaux synopti- ques. Leipzig ; 1857. Chez Wilh. Eugelmann. Ce nouveau travail de M. Radlkofer est une thèse écrite par lui pour ob- tenir le titre de docteur dans la Faculté de philosophie de Munich. Dans sa préface ce jeune savant fait ressortir toute l'importance que peut avoir aujourd'hui un résumé concis de toutes les observations tant anciennes REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 219 que récentes auxquelles a donné lieu la fécondation dans les plantes, et il dit qu'il eroit étre autorisé à la publication d'un semblable travail par les études qu'il a faites lui-même sur ce sujet fondamental, études dont les lec- teurs de ce Bulletin ont pu apprécier tout l'intérêt (Voy. Bull. de la Soc. bot. de France, VIE, p. 123). Il divise son ouvrage en trois chapitres d'é- tendue inégale, subdivisés à leur tour en plusieurs paragraphes. — La pre- mière partie (pp. 1- 67) est relative à la reproduction régulière des végétaux et aux organes par lesquels elle s'opère. Dans les six paragraphes qu'elle com- prend l'auteur expose l'état actuel et l'historique de nos connaissances sur la marche de la fécondation : 4° dans les Champignons ; 2° dans les Lichens ; 3° dans les Algues divisées en Algues d'eau douce, Fucoïdées, Floridées et Chara; h* dans les Mousses ; 5° dans les Ptéridoides, c'est-à-dire dans les Fou- gères comprises dans le sens le plus large du mot et renfermant les Fougères proprement dites, les Équisétacées, les Rhizocarpées, les L ycopodiacées avec les Isoétées ; 6° dans les Phanérogames considérées selon leur division en Gymnospermes et Mono-Dicotylédons. M. Radlkofer expose trés succine- tement la fécondation des Phanérogames, puisque le texte qui s'y rapporte équivaut seulement à trois pages de son livre; mais il y ajoute une longue note dans laquelle il résume les résultats consigués dans un grand nombre d'écrits publiés pendant ces dernières années, et dans laquelle aussi il présente les principaux faits que lui ont offerts ses observations récentes sur le Gui relativement à l'existence des vésieules embryonaires dans l'intérieur du sac embryonaire antérieurement à la fécondation. On se rappelle sans doute que la préexistence de ces vésicules à l'acte fecondateur est le fait capital que M. Radlkofer s'était proposé d'établir daus son premier mémoire. — Dans toute cette premiére partie de son ouvrage, ce savant a le soin de Citer en note les nombreux écrits relatifs à la fécondation dont il parle spé- eialement ou auxquels il fait allusion dans son texte. | La seconde partie (pp. 68-83) est relative à l'acte intime de la féconda- tion, que l'auteur considere d'abord dans les animaux, ensuite dans les Al- gues d'eau douce et les Fucoïdes, dans les Mousses et les Fougères, dans les Floridées, dans les Charagnes, enfin dans les Phanérogames. La consé- quence finale à laquelle il est conduit, eu égard aux Phanérogames, est que Nen n'a prouvé jusqu'à ce jour qu'il y eùt chez elles une eopul»tion ou Conjugation entre l'extrémité du tube pollinique ct le sae embryonaire ; que, d'un autre côté, la distance qui sépare ordinairement le bout du tube pollinique de la vésicule embryonaire fécondée ne permet pas d'admettre tu passage direct de la substance fécondante du premier à la matière qui doit subir l'influence de celle-ci. Toutefois il reste établi, pense-t-il, que le contenu du tube pollinique est l'analogue des spermatozoides, que la vési- cule embryonaire est l'analogue de l'œuf; que dès lors Pacte dela féconda- tion des Phanérogames correspond absolument à celui des Cryptogames et 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à celui des animaux. — M. Radikofer s'occupe ensuite de la copulation dans les Algues; enfin il expose ses idées sur la signification réelle et l'impor- tance de la fécondation, moyen employé par la nature « pour conserver les espèces dans leur complète intégrité, conformément au plan primitif d'or- ganisation. » A la page 77 se trouve une note assez importante pour que nous pensions devoir la traduire iei en majeure partie. Elle est relative à la production d'embryons sans fécondation préalable dans le Cælebogyne ilicifolia, Eu- phorbiacée dont il a été bien souvent question depuis la note de J. Smith la concernant (Trans. of the Linn. Soc., XVUI, 1841, p. 509 et suiv.). Le Cælebogyne, dont les fleurs mâles disposées en chaton n'existent en Europe que dans l'herbier de M. Hooker, est cultivé à Kew en compagnie d'un grand nombre d'autres Euphorbiacées. Dés lors on aurait pu admettre la possibilité d'une hybridation. « Mais cette supposition devenait fort peu admissible, dit l'auteur, par ce fait que les plantes de la troisième et de la quatrieme génération ressemblent parfaitement au pied-mére pri- mitif. Elle n'était nullement corroborée par mon observation relative à un grain de pollen sec que j'ai trouvé sur le stigmate d'un pistil fertile dont j'ai fait l'examen, puisque cette observation est entièrement isolée. Je n'ai pu trouver un boyau pollinique dans aucune partie de l'ovaire ni de l'ovule du Celebogyne ; au contraire, dans d'autres Euphorbiacées prises par moi pour une étude comparative je n'ai eu aucune peine à en voir un frag- ment faisant encore saillie hors du mamelon nucellaire. Le sac embryo- naire du Celebogyne encore jeune m'a montré trois vésicules embryonaires appliquées contre la paroi interne de son extrémité supérieure. De ces vé- sicules étaient provenus, dans les ovaires avancés, tantôt un, tantôt deux, quelquefois même trois embryons. Les différentes phases du développement de la vésicule embryonaire en embryon ressemblent parfaitement à celles des autres Euphorbiacées, » La troisième partie (pp. 87-96) de l'ouvrage de M. Radlkofer a pour objet l'histoire des « différentes phases du développement dans le regne végétal. » L'auteur y traite les sujets suivants : 4e Génération alternante dans le regne végétal; 2° différentes manières de comprendre la notion de l'indi- vidu dans les plantes supérieures ; 3° diversité de signification du mot spore ; 4° génération alternante dans les Algues. Les trois tableaux synoptiques qui terminent le livre présentent par C0- lonnes la correspondance des différents degrés de développement, des appa- reils sexuels, des produits sexuels qui paraissent équivalents dans les di- verses divisions du règne végétal et dans le règne animal. Mémoire pour servir à l'histoire naturelle des Sphai- gnes (Sphagnum Liu.), par M. W.-Ph. Schimper [Mémoires présentés REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 221 par divers savants à l'Académie des sciences, XV, 1857. Tirage à part en brochure in-4° de 96 pages et 24 planches gravées sur cuivre). Dans un avant-propos placé en tête de son mémoire, M. Sehimper dit que, désirant depuis longtemps compléter ses publications sur les Mousses par une histoire monographique des Sphaignes, il a pu mettre son projet à exécution dès l'instant où il est parvenu à cultiver dans des cages de verre toutes les espèces européennes de ce genre, de maniere à faire sur le vivant les recherches variées qu'exigeait ce travail. Il ne présente du reste sa mo- nographie que comme un premier essai d'une histoire naturclle des Sphai- gnes, dans lequel il a réuni les résultats de ses propres observations aux faits qui avaient été constatés jusqu'à lui dans l'étude de ces curieux végétaux. Le mémoire de M. Schimper est divisé en 7 parties dont voici l'indica- tion : T. Historique (p. 3-12). — II. Système (p. 12-14). — IIT. Morpho- logie et anatomie (p. 14-21). — IV. Plante parfaite (p. 21-29). — V. Ge- nése et structure anatomique (p. 29-57). — VI. Distribution géographique des Sphaignes (p. 57-60). -— VII. Description des Sphaignes d'Europe (P. 61-80). L'explieation détaillée des 24 planches (p. 81-96) termine cet Important travail. I. Un grand nombre de botanistes se sont occupés des Sphaignes, soit pour en décrire les espèces, soit pour en étudier la structure et l'organisa- tion. Le genre Sphagnum lui-même a été établi par Dillenius et adopté par Linné ; mais il n’a été circonserit dans ses limites actuelles qu'en 1780, par Ehrhart. L'auteur énumère les travaux dont ce genre a été l'objet de la part d'Hedwig, Bridel, Schwægrichen, Palisot de Beauvois, Nees d'Esen- beck et Hornschuch, Hegetschweiler, Fürnrohr, C. Müller et W. Wilson, qui en ont étudié et décrit les différentes espèces ; il rapporte les résultats des recherches faites sur la strueture de la tige et des feuilles des Sphaignes par Moldenhawer dont M. H. Mohl a confirmé les assertions, par Meyen qu! est tombé dans « les erreurs les plus grossières, » par MM. C. Naegeli, Schacht et Dozy. Il rappelle que Hedwig a bien figuré les Anthéridies et lé mode d'émission de leur contenu; que M. Fréd. Nees d'Esenbeck a vu le premier le mouvement des anthérozoides qui a été nié plus tard par MM. Fürnrohr, Schleiden, et regardé comme un mouvement animal spon- fané par M, Unger, aux yeux de qui les anthérozoides eux-mémes n'ont " qu'un animaleule, le Spirillum bryozoon ; que M. G. Thuret a découvert es cils vibratiles de ces anthérozoïdes ; enfin que M. Hofmeister a été le Premier à faire connaitre l'organisation des archégones et le prothallium terrestre de ces Cryptogames. IL. « Du moment, dit M. Sehimper, qu'on sépare les Hépatiques des Mousses, il faut aussi en séparer les Sphaignes. » Pour lui ces derniers forment une classe à part qu'il nomme Sphagninæ, qui se place entre les 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hépatiques et les Mousses. Cette classe est rattachée d'un côté aux Hépa- tiques par le mode de germination et la première évolution, par la forme des fleurs et des organes floraux mâles, enfin par l'absence d'une véritable coiffe; de l'autre aux Mousses par la capsule opereulée, portée sur une vaginule, munie d'une colamelle, dépourvue d'élateres. Elle se distingue des unes et des autres par la structure de la tige et des feuilles, par le mode de ramification, parla vaginule discoide, la coiffe imparfaite, l'organisation extérieure de la capsule, enfin par les deux espèces de sporules. IHI. Dans cette partie, l'auteur expose l'évolution des organes végétatifs en 6 paragraphes relatifs aux £porules, à la germination dans l'eau, à la germination sur la terre bumide, aux racines, à la tige, aux feuilles. Les sporules destinées à germer naissent par 4 dans des cellules-méres ; elles sont grandes, en forme de tétraèdres déprimés, à vives arêtes. Leur surface est presque lisse, leur membrane externe mince recouvre une cellule intérieure très délicate. — Lorsque les sporules germent dans l'eau, la membrane sporulaire s'entr'ouvre à un-angle pour laisser sortir la premiere cellule proembryonaire ; elle persiste en coiffe sur le jeune germe souvent jusqu'a ce que le proembryon soit entièrement développé. Selon que les circonstances sont plus ou moins favorables à son développement, ce pro- embryon reste filamenteux et se ramifie à l'infini, ou bien il forme, à un ou plusieurs bouts de ramifications, des renflements celluleux ou sortes de tubercules qui sont les commencements des jeunes plantes dont plusieurs naíssent aussi sur un seul proembryon. D'autres extrémités du proembryon s allongent en radicelles. Assez souvent plusieurs plantes naissent d'un seul tubercule. Des que l'évolution de la jeune plante a commencé, le proem- bryon filamenteux disparait ; enfin le tubercule générateur, qui forme un bourrelet à la base de la plante, émet des radicelles très fines et hyalines. — Quand la germination a lieu sur la terre humide, M. Hofmeister a vu qu'il se forme un prothallium foliacé semblable à celui des Préles, qui Se ramifie en un grand nombre de lobes, sur lesquels se produit un bourrelet d'abord demi-globuleux, ensuite cylindrique, commencement de la tige de la jeune plante, sur laquelle de nouveaux bourrelets indiquent bientôt les feuilles naissantes. Les bords des mêmes lobes sont garnis de filaments simples ou rameux, à une seule file de cellules, qui rampent sur la terre, et qui peuvent, en multipliant leurs cellules terminales, donner naissance à de nouveaux prothalliums. L'évolution de la jeune plante se fait avec une grande rapidité; en méme temps les racines s'allongent et se multiplient beaucoup. Dès lors le protonéma, devenu inutile, ne tarde pas à disparaitre. — Les racines, inconnues jusqu'à ce jour dans les Sphaignes, n'y existent que dans le premier àge et disparaissent ensuite complétement. Nées au bas de la jeune tige à mesure que les filaments proembryonnaires dispa- raissent, elles sont trés fines, formées d'une seule série de cellules cylin- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 223 driques, parfaitement hyalines ; elles se bifurquent plusieurs fois. — La tige est d'abord simple, dressée, très grêle, garnie de petites feuilles espa- cées, qui avec l’âge grandissent graduellement pour arriver enfin à leurs dimensions normales et a leur structure caraeteristique. Elle ne développe sa touffe coronale de feuilles qu’au bout de quatre ou cinq mois et lorsque la plante devient adulte Le tissu cellulaire qui forme cette jeune tige offre, comme plus tard, un système peripherique ou cortical, un système ligneux et un système médullaire. — Les premieres feuilles sont pentastiques (2/5) comme celles des plantes parfaites. Elles consistent en quelques cellules parenchymateuses qui contiennent peu de grains de chlorophylle, et qui forment par leur juxtaposition des mailles en losange, d'un vert jaunátre. Dès la quatrième ou la cinquième feuille, on voit à la base de l'organe des cellules étroites, vertes, s'intercaler entre les grandes cellules hyalines qui perdent des lors leur ehlorophylle, et qui commencent à montrer les pre- miers rudiments de fibres. Les feuilles formées un peu plus tard sont entiè- rement composees de ces deux sortes de cellules. IV. Dans cette partie, sous le titre général de Phénomènes végétatifs extérieurs, M. Schimper etudie en 4 paragraphes: 1° la tige, 2° les rameaux, 3° les feuilles, 4° la couleur. — 1° La tige des Sphagnum, com- plétement développée, forme un axe principal simple, à végétation termi- nale indéfinie, et un grand nombre d'axes secoudaires, stériles ou fertiles, à végétation limitée annuelle. Elle est dichotome dans les plantes ágées, Par l'effet d'une innovation due à un jet latéral qui nait immédiatement au-dessous du sommet, et qui commence un nouvel individu avec son evolution particulière. L'innovation est périodique et se règle d'apres l'époque de la fructification. — Les rameaux, à l'exception de la branche destinée à l'innovation, ont une végétation annuelle limitée. Ils sont en partie stériles, en partie florifères. Quelquefois ils deviennent prolifères, et alors ils donnent à leur extrémité amincie une jeune plante semblable à celle qui nait d'une sporule, qui se détache de bonne heure et devient dépendante. Sur 4 feuilles successives, on trouve toujoursun rameau éloi- ne de 3 feuilles du précédent, c'est-à-dire que 3 feuilles stériles alternent "égulièrement avec une quatrième qui est fertile. Il en résulteque les insertions Eus décrivent une spire marchant en sens opposé avec celle des ... >e Les rameaux latéraux des Spbaignes sont toujours fascieulés, e'est- i ig, iss en branehes dont le nombre varie de 3 à 7. Versle sommet de » '6$ rameaux se rapprochent en capitule, et ils s'espacent ensuite de iom plus vers le bas. Deux ou trois de leurs branches s'étalent horizon- résulte pour eal tandis que les autres descendent le long de la tige; a varient euis " egetaux une physionomie toute particuliere.— Les feui es cellulaire Lut eur place sur la plante, tant quant à la forme qu au tissu : Les caulinaires sont toujours tres espacées, arrangees d'aprés 224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2/5, souvent insérées obliquement dans le sens ascendant de la spire et presque toujours réfléchies. Celles des branches écartées en are sont trés rapproehées, surtout au milieu, Elles fournissent des caracteres spécifiques plus constants que ceux qu'on peut tirer des autres feuilles. La disposition des feuilles raméales est moins constante que celle des feuilles de la tige, mais toujours dérivée de 2/5. — La couleur des feuilles varie daus les diverses espèces de Sphagnum du vert (S. squarrosum et cuspidatum) au vert jaunâtre tendre (S. molluscum), au jaune ferrugineux (S. contortum), quelquefois méme à diverses nuances de rouge (S. /atifolium, acutifo- lium), etc. V. La cinquième partie, consacrée à la genèse et à la structure anatomique des Sphaignes, est la plus étendue de toutes. Elle est divisée en deux cha- pitres relatifs, l'un aux organes de végétation, l'autre aux organes de reproduction. — La tige des Sphagnum se termine en cône, dont le sommet est occupé par la cellule mère commune de toutes celles qui composent la plante. Elle présente trois zones concentriques : 1° une enveloppe corticale, formée de une à quatre couches de cellules hyalines, trés grandes, presque toujours percées de trous arrondis et bordés ; 2° un système ligneux formé de cellules d'abord vertes, puis brunes, à parois souvent très épaisses, Sans contenu liquide; 3° un système ou corps médullaire composé de grandes cellules à parois vertes, et assez épaisses, d'abord ponctuées, cessant de l'étre plus tard. — Le développement et la structure des feuilles des Spha- gnum ont beaucoup oceupé les botanistes ; aussi M. Schimper se borne-t-il à examiner à ce sujet quelques points restés en litige. Ainsi il établit que, contrairement aux idées admises, elles ne naissent pas de la couche corti- cale de la tige, mais de la couche cellulaire extérieure du cylindre ligneux encore très jeune; qu'elles croissent par multiplication des cellules se conti- nuant encore vers la base, quand elle a déjà cessé au sommet et à la base méme. Il expose aussi en détail la formation des deux sortes de cellules qui composent la couche unique de ces feuilles, les unes étroites et oblongues, renfermant de la ehlorophylle, et formant un réseau dont chaque maille est occupée par les autres qui sont grandes, vides, hyalines, percées de grands pores et garnies de fibres spirales ou annulaires. — Le chapitre relatif à la genèse et à la structure anatomique des organes de reproduction renferme l'étude détaillée : 1° des fleurs mâles, c'est-à-dire des feuilles involucrales ou périgoniales, des anthéridies, des anthérozoïdes, des paraphyses ; 2° des fleurs femelles ; 3° de l'évolution du fruit considérée quant aux premiers phénomènes, à l'origine et formation de la capsule et du sporange, à la for- mation des sporules; 4° du fruit mûr pjésentant le péricheze, la vaginule, la coiffe, la capsule, le sporange. On sent aisément que nous ne pourrions condenser les faits nombreux 'exposés dans ce chapitre sans dépasser les limites d'une simple analyse. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 295 VI. Les Sphaignes habitent surtout les pays tempérés et froids. Leur vraie patr'c se trouve dans les parties septentrionales de l'hémisphère boréal, où elles couvrent d'immenses surfaces. Là elles préparent la voie à des végétaux d'ordre plus élevé. Les espèces des terres antarctiques diffèrent peu de celles des contrées arctiques ; mais il en est tout autrement de celles des pays intertropicaux, qui, du reste, n'occupent qu'un rang très subor- donné parmi les végétaux cellulaires de ces contrées. Les Sphagneta man- quent dans les pays chauds, bien qu'ils soient souvent humides, et par suite les tourbières, pour lesquelles ies Sphaignes sont la première condition d'établissement, y manquent également. VIT. La partie du mémoire de M. Schimper consacrée à la Description des Sphaignes d' Europe contient l'histoire complète des espèces suivantes : 1° Espèces à fleurs monoiques. 1. Sphagnum acutifolium Ehrh. (pl. 13 et 14); 2. S. fimbriatum Wilson (pl. 15); 3. S. cuspidatum Dill. (pl. 16); h. S. squarrosum Pers. (pl. 17); 5. S. rigidum Nees, Schimp. (pl. 18). — 2" Espèces à fleurs dioiques. 6. S. cymbifolium Ehrh. (pl. 19, 4, 5 et 12); 7. S. rubellum Wilson (pl. 20); 8. S. molluscum Bruch (pl. 21); 9. S. subsecundum Nees et Hornsch. (pl. 22 et 23). — Sedis incertæ. 10. S. auriculatum Schimp. (pl. 24). Les vingt-quatre planches qui accompagnent ce mémoire ont été gravées, d'aprés les dessins de l'auteur, par mademoiselle Taillant, avec le talent que tous les botanistes lui connaissent. Les douze premières sont consacrées à l'étude morphologique et organographique des Sphaignes; les douze der- nieres représentent les espèces européennes de ce genre. Chacune de ces deux séries ne renferme pas moins de 215 figures. Beitraege zur Pflanzenteratologie (Notes de tératologie vé- gétale); par M. Albert Wigand (Flora du 7 décembre 1856, n° 45, PP. 705-719, pl. VIII). Dans cet article M. Albert Wigand a réuni un nombre considérable d'observations qui se rattachent à diverses sortes de monstruosités et que Rous indiquerons dans l'ordre d'après lequel il les présente. À. Fasciations. — Une tige d Hesperis matronalis haute de 2 pieds et demi à présenté une fasciation en lame épaisse d'une ligne et dont la largeur arrivait jusqu’à 5 pouces, contournée en vis à tours serrés dans le haut et couverte de cicatrices indiquant qu'elle avait été toute chargée de feuilles, » reste abondamment florifere à son extrémité. — Sur le Crepis virens auteur a observé une tige fasciée et en méme temps dichotome, chargée e feuilles sans ordre, et un autre pied à 3 tiges également fasciées, rami- fées Par dichotomie, l'une d'elles contournée en vis, toutes chargées de feuilles sans ordre, — Une tige de Lactuca sativa était fasciée dans le bas, T. lv. 1» 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dichotome dans le haut. — Le Fritillaria imperialis, qui est sujet à de pa- reilles monstruosités, en a présenté une en méme temps fasciée, diehotome et en vis, à feuilles vigoureuses mais sans ordre et à fleurs mal développées. B. Monstruosités de feuilles. — M. Wigand cite une feuille de Tréfle à 6 folioles et des feuilles de Dipsacus fullonum à côte médiane et limbe bi. partis. C. Monstruosités d'inflorescences. — Sous ce rapport l'auteur men- tionne un Trifolium pratense, à capitule fendu; un Tagetes patula dont le capitule était dimidié ; un Digitalis lutea à tige partagée au sommet en 6-7 grappes; un Plantago major ayant la hampe chargée jusqu'au „haut de feuilles de l'aisselle desquelles sortaient en partie de petits épis; un Mais à panicule androgyne; enfin plusieurs pieds de Carex glauca sur lesquels le bas des épis femelles portait quelques épis latéraux qui sortaient des utri- eules et dont les uns étaient femelles, tandis que d'autres étaient femelles au bas, mâles dans le haut, que d'autres enfin étaient entierement roâles, D. Fleurs soudées ou Synanthies. — Une grappe de Polygonatum anceps avait ses 2 fleurs du bas toutes les deux jumelles, avec un perianthe à 12 lobes et le tube partagé en deux par une cloison, 12 étamines et 2 ovaires, l’un à ^ loges et 3 styles, l'autre à 2 loges et 2 styles, — Une synanthie de Pedicw laris sylvatica, d'un graud intérét, est décrite avec détails par l'auteur. Les deux fleurs normalement adjacentes au sommet de lepi étaient iei soudées en une seule de la manière suivante. Au fond du calice commun se trouvaient deux bractées opposées. Le calice présentait 8 dents profondément divisées en 2 lévres, la supérieure de 5 dents, l'inférieure de 3 dents plus grandes. La corolle monopétale avait le bas du tube divisé en deux par une cloison; son limbe formait 2 lèvres supérieures juxtaposées et en carène, chacune avec 2 dents latérales, et 2 lèvres inférieures trilobées, placées l'une à droite, l'autre à gauche, entre lesquelles se trouvait, au côté inférieur ou antérieur de la fleur, un lobe lancéolé impair, dressé. I! existait 8 éta- mines insérées à la méme hauteur sur le tube de la corolle, 4 en arrière, h en avant. Enfin le centre présentait 2 pistils bien distincts, situés l'un à droite, l'autre à gauche, chacun à 2 loges latérales, accompagnés de 2 dis ques demi-circulaires situés à droite et à gauche. Évidemment il y à %8 dans ce cas soudure de 2 fleurs; mais M. Wigand pense qu'elle à dü s'opérer de très bonne heure, lorsque le calice était seulement en voie de formation et que tous les autres détails de la monstruosité ont été la €0n- séquence de cette premiere soudure. E. Chloranthies. — M. Wigand en décrit plusieurs cas. Divers pieds de Geum coccineum out présenté plusieurs fleurs dont le calice était normal; dont les pétales normaux pour le nombre, la situation, la nervation, étaient verts et plus ou moins herbacés; dont les étamines avaient les anthères vertes et sans pollen; entin dont les pistils étaient tres allongés, tubulés at REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 227 bas, sans ovules, ouverts dans le haut en capuchon, foliacés, à bords dentés, et prolongés en pointe recourbée. D'autres fleurs avaient leurs or- ganes déformés et ressemblaient à un faisceau de feuilles imparfaites em- brassé par un calice normal. — Une Tulipa Gesneriana avait les folioles externes de son périanthe encore verticil!ée:, mais vertes à l'exception des bords et presque semblables aux feuilles caulinaires. — Un Cerastium (glutinosum?) avait des fleurs à verticilles externes peu altérés avee un ovaire souvent divisé en 5 petites feuilles vertes. — Un Glyceria fluitans avait un gros épillet formé d'un raehis en zigzag, chargé de 10 feuilles alternes, longues de 4 et 1/2 à 2 pouces, embrassantes, planes en majeure partie et pourvues d'une ligule vers le quart supérieur de leur longueur. Ce fait semblerait prouver que c’est la gaine de la feuille qui forme les balles, Les 2 feuilles inférieures formées par la glume n'avaient rien à leur ais- selle. Les autres, correspondantes aux paillettes inferieures, y présentaient ün petit axe dont la feuille la plus basse, analogue à la paillette supérieure, était sans ligule, bicarénée, quoique à plusieurs nervures, herbacée aux 2etés, violette entre les carènes, terminée par 2 pointes. Plus haut, sur ce petit axe, étaient 3 petites feuilles quelquefois nées au méme niveau, lon- gues de 4/2 pouce à 4 pouce, herbacées, en gaine dans le bas, avec une li- gule au milieu et un limbe dans le haut; enfin venaient une 5* et méme une 6° feuille, également à limbe séparé de la gaine par une ligule. Il était im- Possible de méconnaitre dans ces dernières feuilles les étamines et le pistil. La plante était attaquée par un Uredo. — On trouve fort souvent des chlo- ranthies de Juncus qui renferment en même temps une larve de mouche.— Un Symphytum officinale avait une fleur dont la corolle verte accompagnait M calice et des étamines à l'état normal avec un pistil dont l'ovaire grossi, foliacé, était biloculaire, à 2 ovules par loge, et dont le style se divisait inférieurement en deux branches formant chacune une saillie entre les ? carpelles qui communiquaient librement entre eux dans l'intervalle. Parmi les autres monstruosités décrites dans ce mémoire, nous mention- “ons encore les suivantes : 1° Une fleur de Vinca herbacea avait son ovaire Kai longitudinalement en deux ainsi que les deux tiers du style; dans la si formée etait logé un second pistil complet, mais dont les 2 car- e crolsalent ceux du premier. 2° Une fleur de Gentiana amarella offrait transform; : unes dont | un dédoublé en pétale intérieur ; des étamines à té du Le tvers degrés en pétales; au centre un petit pistil stipité, tout elfet, les " se tı ouvait une seconde fleur plus monstrueuse nes as que » m es e sa corolle étaient en partie changés en anthères, tau is as sa MM e aient devenues des petales ; enfin son pistil, en entonnoir rire, deux à os formait au méme niveau, dans sa moitie supe- sommet ea i i eres presque sessiles et trois lobes linéaires, contournes au re-bouchon. 3° Une diaphysis d Hypocheris radicata dans la- 998 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelle de l'intérieur du tube de la corolle s'élevait une petite téte ovale, stipitée, formée de 2 folioles vertes, ovales-lancéolées, opposées, l'une anté- rieure, l'autre postérieure, représentant les 2 carpelles, tandis qu'entre ceux- ci se trouvait un petit bourgeon dà à l'ovule transformé. 4° Des fleurs de Centranthusmacrosiphon Boiss. dans lesquelles l'ovaire infère avait disparu et était remplacé par un simple pédoneule. Au lieu du bourrelet circulaire de la fleur normale, dont les dents s'allongeant finissent par former l'aigrette, il existait là une couronne de 9-12 petites folioles vertes, lancéolées, en- tières, réunies entre elles par le bas et en entonnoir d'une faible longueur. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Catalogue raisonné des plantes vasculaires du départe- ment de l'Aube, par M. J. R. Bourguignat, 1* volume, in-8° de VIII et 18^ pages. Paris, 1856. Ce catalogue parait devoir étre assez étendu puisque le premier volume, publié au mois de juillet 1856, ne renferme que les familles suivantes : Re- noneculacées, Berbéridées, Nymphéacées, Papavéracées, Fumariacées, Cru- cifères, Résédacées, Cistinées, Violariées, Droséracées, Polygalées, Caryo- phyllées, Elatinées, Linaeées, Malvacées, Tiliacées, Hy péricinées, Acérinées, Hippocastanées, Ampélidées, Géraniacées, Oxalidées, Célastrinées, Rham- nées, Papillonacées, Onagraires. — Pour chaque espèce l'auteur donne, à la suite du nom adopté, la synonymie, principalement de MM. Lorey et Du- ret, Cosson et Germain, Grenier et Godron, Boreau. Il indique les noms vulgaires, l'époque de la floraison, le degré de fréquence ou de rareté, la durée; enfin, avec beaucoup de détails, les localités. La série de familles que nous avons indiquée montre que l'auteur suit l'ordre de de Candolle. Flora brasiliensis, sive enumeratio plantarum in Bra- silia hactenus detectarum quas... edidit Carolus Frid. Phil. de Martius. Fasciculus XIX et XX, editus 28 m. februarii 1857, et fasti- culi XVIII pars 4 edita 15 maii 1857. In-fol. Leipzig. La publication de la Flore du Brésil, de M. de Martius, a été notable- ment activée depuis quelque temps. On a pu voir dans un article antérieur de ce Bulletin (Bull. de la Soc. bot. de France, MI pp. 370-372) l'in- dication des divers fascicules de ce grand ouvrage qui avaient été publiés jusqu’au mois de mars 1856, ainsi que la date à laquelle chacun d'eux avail paru. Or, depuis le commencement de 1857, deux nouveaux fascicules sont venus s'ajouter aux premiers, à trois mois seulement d'intervalle l'un de l'autre. Nous indiquerons en peu de mots les familles qui sont traitées dans l’un et l’autre. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 229 Le fascicule qui porte les numéros XIX et XX, daté du 28 février 1857, renferme : 4° les Cordiacées (p. 1-28), les Héliotropiées (p. 30-60), les Bor- raginées (p. 61-64) traitées par M. Georges Fresenius et accompagnées de 13 planches; 2° les Lacistémées (p. 276 -288), dont l'histoire est due à M. Adalbert Sehnizlein et qu'accompagnent 5 planches; les Monimiacées (p. 290-328) monographiées par M. L. R. Tulasne, qui a joint 5 planches àscn travail. La première partie du fascicule XVIII, datée du 15 mai 1857, forme un véritable volume occupé en entier par l'histoire des Myrtacées (p. 1-468) écrite par M. Otto Berg. A ce travail sont jointes 35 planches, dont les sept premieres renferment 164 figures de feuilles obtenues par le procédé de l'impression naturelle. Celles-ei sont suivies de deux planches sur lesquelles M. Otto Berg a représenté l'organogénie de la fleur du Grenadier par des figures tellement grossies qu'on y voit entre autres une coupe transversale d'anthére large de plus d'un décimétre, une coupe d'ovule longue de huit centimètres, la section longitudinale d'un bouton de fleur qui n'a pas moins de vingt-cinq centimètres de longueur. Toutes les autres planches sont con- sacrées aux figures de plantes, avec des détails analytiques trés bien gravés Sur pierre, La quantité d'espèces nouvelles décrites dans ces deux nouveaux cahiers de la Flore du Brésil est tellement considérable, qu'il nous est impossible d'en présenter ici le relevé. Au fascicule XVIII est jointe une grande carte du Brésil gravée sur pierre sur laquelle on a tracé l'itinéraire suivi par les divers botanistes qui ont exécuté de grands voyages dans ces vastes con- trées, savoir: Ruiz et Pavon, 1778-1788; Velloso, en 1780-90; M. de Humboldt, en 1799-1804; G.de Langsdorff, en 1803, 1814-1829; Guil. de Esehwege, en 1810-1824 ; Sellow, de 1815 à 1829; le prince Maxim. de Neuwied, en 1815-1817; Aug. Saint-Hilaire, 1816-1822; MM. Spix et Martius, 1817-1826 ; Mikan et Schott, 1817-1818; Thad. Haenke, 1790- 1817; M. Pohl, 1817-1821 ; Natterer, 1817-1832; M. Poeppig, 1827-1832; M. H.-R. Schomburgk, 1835-1839; Gardner, 1841-1846; le prince Adal- bert de Bavière, 1842-1843 ; MM. Weddell et Castelnau, 1843-1848; M. Weddell, 1851; M. R. Spruce, depuis 1849; M. Alcide d'Orbigny, 1826-1833. Notes on some rare and little-known Plants of Madeira (Notes sur quelques plantes rares ou peu connues de Madère, par M. James Yate Johnson, Hooker's Journal of botany, cah. de juin 1857, p. 161-165). Le principal fait énoncé dans cette lettre à M. W. Hooker consiste dans la découverte faite l'été dernier, par M. J. M. Moniz, du Visnea Mocanera L. fil., qu'on regardait jusqu’à présent comme propre aux iles Canaries. Cet arbre eroit assez abondamment dans le nord de Madère ; mais on ne l'y voit 230 SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cuere en fleur parce que les habitants le mettent comme en coupe réglée pour en donner les branehes aux bestiaux. Or, ses jeunes feuilles ressem- blent tellement à celles du Catha cassino?des Webb, qu'on l'a sans doute toujours pris pour celui-ci. Ce n'est que lorsqu'il eroit sur des rochers à peu près inaccessibles qu'il peut prendre tout son développement de manière à fleurir et fructifier. M. Johnson en a fait une étude approfondie par suite de laquelle il lui assigne dans la méthode une place différente de celle qu'on avait proposée pour lui jusqu'à ce jour. Endlicher l'a rangé parmi les Ternstroemiacées ; mais plus tard, dans le second supplément de son Genera, il s'est montré disposé à le rapporter aux Ébénacées. Sa première manière de voir a été suivie par MM. Webb, Lindley, etc. M. Johnson pense que la place réelle de ce genre se trouve parmi les Éricacées, tout à côté des Cle- thra. W trouve que le Visnea Mocanera ressemble au Clethra arborea Ait. : par son calice persistant 5-fide; par sa corolle marcescente à 5 sezmenis légérement soudés entre eux à la base et en préfloraison imbriquée; par ses antheres à 4 loges inappendiculées, mais en cœur à la base et acuminées au sommet; par son ovaire ovoide, hérissé, à 3 loges, avec les ovules pen- dants, et avec le style profondément trifide; par son fruit capsulaire; par son volumineux albumen charnu entourant l'embryon ; enfin, par ses eoty- lédons petits et sa radieule dirigée près du hile. Par sa structure le bois du Visnea ressemble extrêmement à celui du Clethra; on peut ajouter que les feuilles de l'un et de l'autre sont dépourvues de stipules et que leurs pédon- eules portent des braetées. L'auteur dit aussi que le Visnea forme un nou- veau trait d'union entre les Éricacées et les Vacciniacées. M. Mason a trouvé sur les montagnes de Madère le Lycopodium compla- natum, plante de l'Europe moyenne et des Acores, et F Hymenophyllum uni- laterale Wiħd., des Canaries. Par la découverte de ce dernier les espèces de Fougèrés canariennes non retrouvées à Madère sont réduites à trois, e cellés des Açores qu’on n'a pas encore rencontrées à Madère ne sont plus qu'at nombre de deux. À propos de la note de M. Lowe sur des plantes de Madère (voy. Bull. de la Soc. bot., III, p. 629-630), M. Johnson fait observer que les plantes décrites par ce botaniste sous les noms de Pedrosia Portosantana Lowe €t P. florida Lowe avaient été décrites par Webb sous les noms dé otus Loweanus (Phyt. can., I, p. 87) et L. sessilifolius DC. (Phyt. can., Il p. 85, tab. 60). IJ dit aussi que la Campanulacée décrite par M. Lowe sous le nom de Musschia? Wollastoni appartient bien réellement au genre Musschia. C'est uve tres belle plante moins rare à Madère que ne le supposait M. Lowe, et qui atteint jusqu'a deux metres de hauteur. Enfin M. Johnson constate la spontanéité parfaite dans l'ile de Madèré du Tamnus edulis Lowe et du Prunus lusitanica. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 231 On the Palmite of South-Africa (Sur le Palmite de l'Afrique australe); par M. W. J. Hooker (Hooker's Journ. of bot., cah. de juin 1857, p. 173-175, pl. IV). Le Palmite, Palmiet ou Palmet, comme l'appellent les habitants de l'Afrique australe, est le Prionium Palmita de E. Meyer, qui l'a trés bien décrit (Zinnæa, VII, p. 131), le Juncus serratus Thunb., Willd., Roem. et Schult., l'Acorus Palmita Lichtenst. C'est une plante dont tous les carac- tères font un vrai Juncus, à cela prés que ses stigmates sont sessiles; mais qui se distingue par un port tout à fait spécial parmi les Joncées. Il res- semble en effet à diverses Broméliacées, de telle sorte que Burchell dit qu'on peut se faire une bonne idée de l'effet que produisent les rivières ra- pides de l'Afrique australe, dont il remplit entierement le lit, en se figurant un nombre immense de pieds d'Ananas sans fructification serrés les uns contre les autres, Ses tiges, qui s'élèvent du fond de l'eau, ont la grosseur du bras d'un homme, sont noires, généralement simples, formées d'un tissu résistant et spongieux, La partie inferieure des vieilles feuilles, dépouillée de l'épiderme et du parenchyme, fournit en quantité des fibres fortes et grossières qu'il suffit de réunir en paquets pour en faire de fortes brosses et de bons balais. Le reste des feuilles renferme des fibres plus longues et beaucoup plus fines dont M. Hooker présume qu'on pourrait tirer un bon Parti. Or, s'il en était ainsi, l'abondance de la plante dans l'Afrique australe fournirait des ressources importantes pour ce pays. Aux caractères assignés par E. Meyer à son Priontum, M. J. D. Hooker, dans une note qui précède l'article de son pere, ajoute que les ovules sont insérés au-dessous du milieu des loges; que les graines sont solitaires dans leur loge, ascendantes, pourvues d'un test celluleux et lâche, d'un albumen eharnu et d'un embryon en massue, qui occupe de la moitié à presque la totalité de l'axe de l'albumen. Nouvelles recherches sur les caractères spécifiques et les variétés des plantes du genre Cecurbita ; par M. Ch. Naudin (Annal. des sc. natur., h° série, VI, 1856, pp. 5-73, pl. 1-3). Les écrits relatifs à la classification des espèces et variétés de plantes cultivées ont un tel intérêt, qu’on ne saurait trop applaudir aux efforts dés botanistes qui ne se laissent pas rebuter par les difficultés inhérentes à cegenre de travaux. Sous ce rapport M. Naudin vient de rendre un véritable ser- vice à la science en jetant un nouveau jour sur les espèces et les variétés de Plantes du genre Cucurbita au sujet desquelles les différents auteurs qui S eu etaient occupés jusqu'à ce jour avaient émis des opinions entiérement divergentes, et en formant pour cet objet au Muséum, avec le concours de 332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Decaisne, la collection la plus riche de sujets vivants (plus de 4,200) qu'on soit encore parvenu à réunir. i Le mémoire dans lequel il expose les résultats de ses nombreuses obser- vations est divisé en trois sections que nous essayerons de résumer, la pre- mière et la dernière trés succinctement, la seconde avec un peu plus de développement. | . I. Résumé des travaux monographiques qui ont eu pour objet le genre Cucurbita. — En 1762, dans son Species, Linné admettait cinq espèces de Cucurbita, dont trois seulement appartenaient réellement à ce genre; celles-ci étaient : le C. Pepo, amalgame de deux et peut-être de trois espèces distinctes; les C. verrucosa et Melopepo, simples variétés d'une des espèces éonfondues sous le nom de C. Pepo. — Koelreuter, se basant sur ses expé- riences d'hybridation, pensait que toutes les Courges connues de lui ne for- maient qu'une espèce, — Willdenow adopta les espèces de Linné, et il en sépara deux formes secondaires qu'il nomma Cucurbita subverrucosa et C. aurantia. — Duchesne, avec une rare sagacité et à la suite de longues rê- cherches, fit abstraction de tout ce qui avait été écrit avant lui. Il reconnut quele C. Pepo L. contenait plus d'une espèce et que d'autres plantes décrites comme des espèces n'étaient que des variétés peu stables. Il divisa toutes les Courges en deux grandes espèces : 1° les Potirons ou son Cucurbita maxima, 2° les Pépons ou son C. Pepo, subdivisé en Mélonées ou Courges musquées (C. Pepo moschata) et Pépon polymorphe (C. Pepo polymorpha). Il n'y au- rait eu presque rien à modifier à son travail, dit M. Naudin, si, au lieu de rattacher le groupe des Mélonées aux Pépons, il en eût fait dès l'abord une espèce totalement distincte. — M. Naudin critique comme défectueux les travaux de M. Seringe, qui admettait d'abord huit espèces de Cucurbita et qui plus récemment a porté ce nombre à vingt ; celui de Metzger qui réunis- sait toutes ces'plantes sous la seule dénomination de C. Pepo ; enfin celui de M. Roemer pour qui les Cucurbita ne forment pas moins de 34 espèces rattachées à 3 sous-genres. If. Description comparative des espèces du genre Cucurbita et de leurs principales variétés. — On ne connait aujourd'hui avec certitude que 6 €$- peces de Cucurbita : C. maxima, Pepo, moschata, melanosperma, perennis et digitata. La dernière n'existe pas dans les jardins ; les 3 premières sont alimentaires et cultivées depuis longtemps ; leur patrie est inconnue. C'est d'elles surtout qu'il est question dans le mémoire de M. Naudin. 1. €ucurbita maxima Duch. in Lamk., Encyc., W (C. Pepo, ~ var. a, L.). Cette espèce, vulg gairement nommée Potiron, est caractérisée par la diagnose suivante que nous reproduisons de même que les suivantes : C. annua ; caulibus subteretibus repentibus ; foliis reniformibus 5-lob. lobis rotundatis, sinubus inter lobos suboullis, petiolor. pilis æqualib. a9 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 233 peris non autem pungentib.; pedunc. floriferis (masc. foem. q.) teretib.; ca- lyeis tabo obeonieo nunquam sub insertione coroll: constricto, sepal. linear. filiformib. interdumq. abortientib.; pedunculo fructifero crasso suberoso striato nunquam vere sulcato; pulpa fruetus vix aut minime fibrosa ; pla- centis spongiosis nec facile deliquescentibus. Les fruits des Potirons sont généralement de grande ou moyenne taille; souvent ils ont le volume de la téte ; ils atteignent jusqu'à 60 à 80 cent. de diamétre transversal, ou méme plus ; mais alors ils ont une grande cavité qui en diminue beaucoup le poids. Leur forme typique et la plus ordinaire est celle d'une sphère déprimée ; mais elle devient dans quelques cas obo- voide ou méme cylindrique. Leur chair, est fine, à peine filandreuse, ja- mais rouge. Les placentas sont spongieux, páteux lorsqu'on les malaxe entre les doigts, mais jamais déliquescents ; aussi les graines y adhèrent-elles plus que dans les Pépons. Les graines sont grandes (20-24 mm. sur 12-14 mm.), ovales, bordées ou non, d'une couleur qui varie du blanc pur au fauve basané. Cette espèce est la seule où certaines variétés présentent les carpelles en saillie hors de la cupule réceptaculaire. Ce caractère en fait diviser toutes les variétés en 2 groupes. À. Potirons couronnés ou Turbans, à carpelles saillants (Cucurbita cly- peiformis J. Bauh. C. Melopepo Prod., I, pro parte. Pileocalyx elegans Gaspar.). — Ce groupe renferme : 1* le Turban rouge avec les sous-variétés Turban étranglé, petits Turbans rouge et vert; 2° le Turban nouveau du Brésil. B. Potirons simples ou sans couronne (Cucurbita maxima Duch. C. Farine, Mozzetti). Les 3 premières variétés parmi les suivantes offrent un faible reste de couronne ; les autres en sont complétement dépourvues. 1. Petit Potiron Plat. 2. Potiron à œil vert. 3. Potiron ou Courge marron. 4. Potiron ou Courge chátaigne. 5. Potiron ou Courge de Californie. 6. Potiron maraicher ou jaune gros de Hollande. 7. Gros Potiron gris. 8. Potiron lisse. 9. Potiron de Corfou. 10. Grand Potiron blanc de Naples. 44. Petit Potiron blane de Constantinople. 12. Potiron musqué. 13. Potiron pain du pauvre. 44. Po- tiron messinais ou Courge de Messine. 15. Potiron de Farina. 16. Potiron 9u Courge de l'Ohio. 17. Potiron Malamoco. 18. Potiron ou Courge de Valparaiso. 19. Potiron gris de Virginie. 20. Potiron Hahre Estambouli. 2. Cucurbita Pepo DC. (C. Pepo polymorpha et C. pyxidaris Duch., C. verrucosa et C. ovifera L., C. aurantia Willd.) C. caulib. nunc longis repentib., nunc sed infrequentius abbreviatis et erectis, angulatis sulcatisq.; folior. lobis haud raro lobulatis ; pilis petiolor. nervor.q. in pagina infer. folii rigidulis, fere aculeiformib. et sæpe pun- gentib.; pedune. florum omnium obtuse pentagonis ; calycis masculor. tubo campanul., sub insertione corolla: nonnihil constricto, dentib. subu- 23h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. latis ; pedunc. fructifero sæpius lignoso, polyedro suleisq. inter costas vali- das interjectis exarato; pulpa fructus fibrosa ; placentis facile deliques- centib. Cette plante est extrêmement polymorphe non-seulement pour les fruits, mais encore pour le feuillage et pour tout le port. Cependant la chair de ses fruits présente un caractere constant qui la distingue, au premier coup d'œil, de celle de l'espèce précédente: elle est presque entièrement com> posée de grosses filandres transversales, en plexus serré, qui sert d'appui aux placentas, et que la cuisson ne fait pas entièrement disparaître. M. Naudin en divise les nombreuses variétés en 7 groupes bien plus artificiels, dit-il, que naturels, distingués d'après la forme des fruits et un peu aussi d'après jeur volume, et dont voici l'indication. 4° Les Courgerons, à fruits sphériques, plus ou moins déprimés, ayant de 20 a 30 cenit, de diamètre transversal. A. Courgeron de Genève (C. cour- gero Seringe). 2. Courgeron ou Coürge de Maroc. 2° Citrouilles proprement dites, a fruits gros ou moyens, lisses ou verru- queux, ovoides, obovoides ou elliptiques. 1. Grande Citrouille verruqueuse. 2. Citrouille de Touraine. 3. Citrouiile longue d'Espagne. 4. Citrouille stt crière du Brésil. 3° Giraumens, à fruits au moins deux fois plus longs qu'épais, tantôt obovoides-allongés, tantôt cylindriques, lisses au verruqueux, quelque fois ayant de grosses cannelures longitudinales et souvent 5-10 rides rayef- nantes aulour du pédoncule. 4. Giraumon de Patagonie ou Courge dé Patagohs(C des Pafagons noire; €. des Patagong blanehe ; €. véerté de Marseille). 2. Giraumon Coueourzelle ou Courge longue d'Italie, 3. Gourgt à la moelle, Vegetable Marrow des Anglais. h. Courge de Larnaca: 5. Courge de Barbarie. 6. Courge blanehe trés allongée. 7. Petite Courge bicolore 8. Courge Polk. 9. Courge ceu-tors ou Crook-neck des Amériestins. he Pátissons ; groupe très vaguement défini : Tigé courte et dressée ; feuillage graid et développé ; fruits petits ou tont au plus moyens, géné- ralement déprimés, quelquefois à peu pres sphériques, avec ou Sans côtes, le plus souvent lisses, jamais entourés d'une coque ligneuse. 4. Pátiss0P proprement dit ou Aftichaut d'Espagne, ou Bonnet d'électeur ou Arbouse d Astrakhan. 2. Pátisson vert à côtes. 3. Grand Pátisson couteur. M Orangin ou Courge orangine, C'est la variété la plus stable parmi les Pépons. Planté toujours coureuse ; feuillage plutôt à 5 qu'à 5 lobes, com- parativement petit et peu découpé, à lobes assez obtus; fruits petits, à peu pres sphériques, lisses, d'un orangé un peu rougeátre, à coque mince et assez ferme, à chair fade, filandreuse et jaunátre. 6 Barbarines. Groupe indécis et arbitraire, réunissant les innombrables et inconstantes variétés de Courges d'ornement nommées Fausses Cole" quintes, Plantes coureuses, à feuilles presque toujours très découpées REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 285 Leurs fruits reproduisent toutes les formes connues de Pépons. « Il est im- possible, dit M. Naudin, de signaler des variétes véritablement stables dans ee groupe, et il serait inutile de décrire celles qui naissent tous les ans dans les jardins d'amateurs, ordinairement pour disparaitre l'année suivante. » 7° Coloquinelles et Cougourdettes, répondant tatit bien que mal aux Cu- curbita ovifera, pyxidaris et pyriformis. Plantes coureuses, à feuilles très découpées, à petites fleurs. Fruits petits, pyriformes, ovoides ou presque Sphériques, lisses, unicolores ou bariolés de blane, de jaune et de vert, süt un pédoncule souvent allongé. 1. Coloquinelle oviforme. 2. Cougourdette proprement dite. 3. Cucurbita moschata Duch. (C. moschata et C. hippopera Serim. C. macrocarpa, Gaspar.), vulgairement Courge musquée; €. muscade, Mélonée ; C. berbère ou bédouine. C. annua; caulib. repentib., rarissime abbreviatis, subteretib.; foliis pro genere mollib., intense viridib., frequentissime albo-marmoratis, lobis sinu- busq. acutis (in quibusdam varietatib. rotundatis); pilis petiolor. nervor. q. nunquam pungentib.; florum mase, peduneu!is hirsutis, «ubteretib. te- retib ve; calycis tubo breviss, aut fere utillo, sep. linearib. plains. apice ut plurimum dilatato-foliae. aut lobatis; fem. pedunculis pertaedris ; fruct. maturis pulvere tenuíssimo glauceseentib.i pulpa vix fibrosa; pla- tentis facile deliquescentib. Encore généralement confondu avec les Potirons et les Pépons. Ses fruits sont le plus communément d’un vert noirátre, qui passe plus ou moins ad jaune orangé ; leur chair, à peiné filaudreuse, se rapproche beau- Coup plus de celle des Potirons que de celle des Pépons, et elle varie du jaune pâle au rouge de sang. bes grains, d'un blane sale, ont un rebord saillant plus coloré. Ces plantes exigent. plus de chaleur que les préeé- dentes, 4. Mélonée ou Coùrge muscade des Marseillais (Courge de Chine; Courge de Madagascar). 2. Courge berbére. 3. Grande Courge pléine. l. Cucurbita melanosperma Al. Braun. Vulg. Courge ou Melon de Siam, C. annua ; caulib. gracilib., longe repentib.; fol. 5-lob., lobis sinub.q. rotundatis ; fruct. rotundato-ovoid., albo marmoratis, plenis, eortiee Sub- lignoso tectis ; carne dulci, alba, fibrosa; semin. nigricantib. aut etiam ulgerrimis. Cette espèce est connue en Europe depuis le commencement de ce siècle. Elle vient probablement de l'Asie méridionale. Elle n'a donné encore aucune varieté, Ses fruits sont de la grosseur de la tête ; leur chair est très blanche, tres fine et tendre lorsqu'ils sont jeunes, dure et filaudreuse à leur maturité. ?- Cueurbita perennis Asa Gray. C. radice perennante, crassa, dauciformi: caulib. annuis, longiss., Scan- 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dentib. ; fol. triangularib., obtus., integris ; corol. aurantiacis, violam redo» lentib.; fructib. parvis, sphæricis obovoid.ve, pulpa fibrosa amarissima. Indigène du Texas et de la Californie, la Courge vivace végète et fructifie en plein air à Paris. C'est une plante d'ornement encore peu connue. 6. Cucurbita digitata Asa Gray. — Cette espèce du Nouveau-Mexique n'est connue encore que par la diagnose que M. Asa Gray en a donnée. M. Naudin signale ensuite les plantes qu'on a rapportées aux Cucurbita, dont les descriptions publiées ne permettent pas méme de décider si elles rentrent bien réellement dans ce genre. III. Essais d'Aybridation entre les différentes espèces de Courges. — Les nombreux essais que M. Naudin a faits pour féconder l'une par l'autre les différentes espèces de Courges avaient un grand intérêt, puisqu'on regarde généralement ces plantes comme pouvant aisément se féconder entre elles. Or les résultats en ont été tels, qu'ils l'ont conduit à penser qu'il n'existe aujourd'hui aucun hybride de ces plantes. 4° Sur 8 fleurs de Potiron fé- condées avec des pollens d'autres espèces, il n'y en a eu qu'une dont l'ovaire ait pris quelque accroissement sans mürir. 2° Sur 32 fécondations hybrides de Cucurbita Pepo deux seulement ont amené la production de fruits bien conformés, qui ont müri, mais dans lesquels il n'existait aucune graine em- bryonée. 3* Deux expériences faites sur le Cucurbita moschata sont restées sans résultat. 4° Sur 13 fleurs de Cucurbita melanosperma fécondées avec un pollen étranger, deux ont produit des fruits qui ont müri, mais dont les graines étaient vides ou ineomplétement formées et non susceptibles de germer. 5° Trois expériences tentées sur le Cucurbita perennis n’ont amené aucun résultat. L'explication de la planche 3 contient l'énoncé de ce fait extrêmement remarquable, que des graines prises dans les fruits de Cucurbita Pepo qu'un méme pied avait produits en 1855 ont donné en 1856 quinze pieds dont les fruits ont offert les surprenantes variations de forme et de grosseur que montrent les 15 figures de cette planche. On Notospartium, a new genus of Leguminosæ, from New-Zealand (Sur le Notospartium, nouveau genre de Légumi- neuses de la Nouvelle-Zélande); par M. J. D. Hooker (Jooker's Journ of bot., cah. de juin 1857, p. 176-177, pl. III). Le nom donné à ce nouveau genre signifie Spartium austral. Ses princi- paux caractères sont un calice campanulé, tronqué, à 5 dents; une corolle dont l'étendard est obovale-obcordé, sans callosités ni oreillettes, dont les ailes linéaires-oblongues portent d'un côté une oreillette incurvée, dont la carène plus longue que les ailes, dolabriforme, a ses 2 pétales munis d'une oreillette droite et obtuse; des étamines diadelphes; un ovaire presque se57 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 937 sile, linéaire, à 8-10 ovules, prolongé en style incurvé, légèrement cilié à son bord interne ; un légume linéaire, un peu arqué, acuminé, comprimé, membraneux, indéhiscent, multiloculaire, à bords échancrés aux points correspondants aux cloisons ; des graines solitaires dans les loges, oblon- gues, sans strophiole. — Ce genre est en quelque sorte intermédiaire aux Sesbania et Carmichælia. Le Notospartium Carmichæliæ J. D. Hook., qui en est letype, est un arbrisseau de deux à six mètres commun sur les mon- tagnes de l'ile moyenne à la Nouvelle-Zélande, dont le port et l'inflores- cence rappellent parfaitement un Carmichælia, et dont les fleurs roses, réu- nies en grappes courtes sur des branches aphylles et pendantes, produisent un charmant effet. Systematische Uebersicht der Hydrilleen (Tableau systémati- que des Hydrillées) par M. Rob. Caspary. (Monatsbericht der Kænigl. preuss. Akademie d. Wissench. zu Berlin; cah. de janv. 1857, pp. 39- 91.) Latribu des Hydrocharidées à laquelle M. Caspary donne le nom d'Hydril- lées a pour synonyme les Anacharidées d'Endlicher. Les plantes qui la con- Stituent sont faciles à distinguer de celles qui composent les autres genres de la même famille parce qu'elles ont une longue tige formée d'entre-nœuds à peu prés égaux en longueur et chargée de petites feuilles presque toujours Yerticillées, tandis que dans les autres Hydrocharidées la tige est assez rac- courcie pour que les botanistes qualifient ces plantes d’acaules. M. Caspary range dans cette tribu les trois genres Hydrilla, Elodea et Lagarosiphon. Le genre Hydrilla, établi par L. C. Richard dans son beau mémoire sur les Hydrocharidées, ne contient qu'une espèce, l'A. verticillata Casp., plante trés largement disséminée dans les eaux douces de la surface du globe, dans laquelle M. Caspary distingue les 7 variétés suivantes: a Rox- burghii (Hydrilla ovalifolia Rich., ex parte; H. Wightii Plauc. ex parte; Serpicula verticillata Lin. fil.) —6. brevifolia (Hydrilla ovalifolia Rich. ex Parte). — y tenuis, — à gracilis (Udora occidentalis Koch., Syn. U. lithua- nica Rehbe. ; commune à l'est del'Europe, à l'Inde et à la Chine.— Gncon- “lens. (Serpicula verticillata Willd. ex parte). — n Longifolia (Hydrilla naadifolia Zoll. et Moritzi ; H. angusti folia Hassk.) Les variétés a, 6, y, 6, v, “€ trouvent dans l'Inde et dans les iles de l'Asie, à la Chine, même à la Nouvelle-Hollande. Le genre Elodea Rich., tel que l'admet M. Caspary, réunit les Elodea t Inaolaris Rich. in Michx, les Apalanche, Anacharis et Egeria Planc. id y comprend lE. canadensis Rich., tantôt hermaphrodite, M c » €, tantôt poly same, ce qui lui donne des synonymes nombreux ;d . ensis Casp., (Anachuris chilensis et Mathewsit Planc.); lE. guyanensis 239 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rich. (Apalanche guyanensis Plane.) ; VE. Naias Casp. (Egeria Naias Plane.) et avec doute : l Æ. latifolia Casp., peut-être simple forme de VE- lodea canadensis; VE. Planchonii Casp. (Anacharis canadensis Plane.) peut-être aussi simple forme de l'E. canadensis ; V E. callitrichioides Casp. (Anacharis callitrichioides Rich.) peut-ètre forme de I' E. chilensis ; l'E, granatensis Humb. et Bonpl., vraisemblablement identique avec l'E. guyanensis; enfin, V E. densa Casp. (Egeria densa Plane.). M. Caspary na pu voir VEL. orinocensis Rich. Le genre Lagarosiphon Harvey comprend 2 espèces : le L. muscoides (Hydrilla muscoides Plane.), du eap de Bonne- Espérance et le L. cordofa- num Casp. (Udora cordofana Hochst.) trouvé par Kotschy dans le Kordo- fan. Dans son mémoire, M. Caspary expose avee beaucoup de détails et de solu les caractères des 3 genres d'Hydrillées, et il donne des diagnoses dé- veloppées ainsi que la synonym.e comp'ète des espèces. Pour les Elodea, qui constituent la plus grande partie du groupe entier, il signale les points sur lesquels devront porter les recherches ultérieures, et il mentionne l'exis- tence de vaisseaux dans ! Z/odea canadensis à l'état jeune. Walpers Annales hotanices systematieæ, IV, fasc. 1. Auctore "Carolo Mü ler Berol. In-8° de VIL et 160 pages. Leipzig, 1857, chez Ambr. Abel. C'est avec une vive satisfaction que nous annonçons la publication du premier fascicule du 4° volume des Annales botanices systematicæ. L'uti- lité majeure de ce relevé des plautes déerites dans les ouvrages de toute sorte avait été parfaitement appréciée du vivant de son auteur; mais elle avait été sentie plus vivement encore depuis que Ja mort de Walpers avait fait disparaitre ce moyen précieux de connaitre en un instant une foule d'espèces dont les descriptions sont disséminées dans des livres et recueils très divers. Aussi espérons nous un plein succès pour cette reprise de ce travail éminemment utile. M. Ch. Müller, de Berlin, qui a eu le Cou- rage de se charger de la continuation de cette œuvre, réunit toutes les conditions nécessaires pour en assurer la parfaite exécution. Espérons que la persévérance ne lui manquera pas. Le ^* volume, dont le premier fascicule vient de paraître, contiendra le relevé de toutes les espèces publiées depuis le commencement de l'an- née 1851 ,usqu'a la fin de 1855. On se rappelle en effet que le second et le troisieme volume publie par Walpers s'arrétaient aux travaux de l'an- née 1850. Dans une courte préfice M. Ch. Müller nous apprend qu'il compte publier dans le cours de cette année le volume qu'il commence en ce moment. Malgré toute son activité, il n'a pas eru pouvoir suffire seul à - REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. | 289 cette rude tâche, et il s'est adjoint deux collaborateurs, M. Reichenbach fils, pour les Orchidées, dont il s'était également chargé dans la premiere série des Annales, M. Anderson, de Stockholm, pour les Graminées et les Cy pé- racées, Le premier fascieule du tome IV renferme le relevé des espèces qui ren- trent dans les familles suivantes : Renonculacées, Dilléniacées, Magnolia- cées, Anonacées, Schizandracées, Monimiacées, Ménispermacées, Sabiacées Hook. fil. et Th., Lardizahalées, Berbéridées, Cabombées, Nélumbiacées, Nymphéacées ; celle-ci est seulement commencée. Les ouvrages qui en ont fourni^la plupart des matériaux sont les Plante Wrightianæ et Plante Fremontiane de M. Asa Gray, le volume publié de la Flora indica de MM. Hooker fils et Thomson, la Monographie des Monimiacées de M. L. R. Tulasne, le travail de M. Planchon sur les Nymphéacées. Les Re- nouculacées, les Anonacées et les Monimiacées sont les familles qui ont été enrichies du plus grand nombre d'espéces nouvelles. ll est presque inutile de dire que la nouvelle série des Annales continue exactement la première pour le format, la disposition et les caracteres ty- pographiques. Recherches sur les Conferves des eaux thermales de Néris, sur leur développement, leur structure intime, leurs usages en thérapeutique, etc. ; par MM. C. de Laurés et A. Becquerel. Broch. in-8° de 44 pages avec 14 figures intercalées dans le texte, Paris, 1855. Chez Vietor Masson. Au commencement de leur Mémoire, MM. de Laurès ct A. Becquerel expriment leur étonnement de ce qu'on ne trouve nulle part la description complète de la plante thermale qui parait contribuer, pour une bonne part, à l'action thérapeutique des eaux de Néris, et qui existe aussi dans celles d'Évaux et de Bourbon-l'Archambault. Ils se sont proposé de combler cette laeune et d'exposer aussi l'histoire complète du développement de cette Algue, Ils examinent d'abord le volume de la source de Neris, sa tempé- rature qui a baissé de 26 degrés depuis quatre-vingt-neuf ans, les propriétés Physiques et chimiques de ses eaux, et les matières diverses dont l'analyse ya constaté l'existence. Ils abordent ensuite l'histoire de la plante qui est l'objet essentiel de leur travail. À Néris, dans les bassins oü séjourne l'eau minérale, se développe en abondance, sous l'influence de l'air ou de la lum.ère, une substance orga- lisée qu'on nomme improprement Limon., Les deux auteurs ne lui donnent Pas d'autre dénomination que celle de Conferve. Ils en distinguent deux sortes : la Conferpe des bassins chauds, qui croit dans les bassins où l'eau Conserve une température de 42 à 48 degrés, et la Conferve du bassin de 250 : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. réfrigération, dans lequel l'eau se refroidit graduellement de 45° à 20* C. Ils étudient en détail la formation et le développement de la première, qu'ils figurent sous ses différents états successifs et dont ils résument de la manière suivante les principales qualités physiques. a, Produit végétal, dans lequel on remarque, pendant une certaine pé- riode, un état gélatineux ; — 5. se présentant sous forme de masses bour- soufflées divisées en pyramides irrégulières, qui naissent sur un fond com- mun ; — c. ou bien disposé en couche unie et continue, renfermant un grand nombre de bulles de gaz; — d. d'une couleur d'un jaune verdâtre, à lori- gine, d'un vert d'émeraude quand le développement est plus avancé, d'un vert olivacé brunátre, quand il est complet ; — e. d'une odeur herbacée trés prononcée ; — f. d'une saveur fade, mais presque nulle, à l’état frais, trés fortement herbacée et salée, à l'état sec. — g. La Conferve récente, soumise à l'action du soleil ou de l'étuve sèche, se réduit à une trame végétale trés mince, qui reprend les apparences de la vie quand on la met de nouveau dans l'eau. La trame végétale est beaucoup plus épaisse dans la Conferve ancienne. — À. A l'air libre, elle se décompose facilement ; conservée en vases clos, dans l'eau minérale refroidie, elle ne tarde pas à répandre une odeur trés prononcée d'hydrogene sulfuré, par suite de la décomposition des sulfates qui se trouvent en présence de la matiere organique. La Conferve de Néris est constituée, disent les deux auteurs, par des tubes immergés dans une masse gélatiniforme au milieu de laquelle des bulles de gaz sont disséminées en grand nombre. Laissant de côté l'élément gazeux, on voit que toute sa portion végétale est formée : 1° de filaments ; 2° de tubes cloisonnés, ponctués, moniliformes. Les filaments sont opaques, d'un vert foncé, légerement fiexueux, continus dans toute leur étendue, formant un lacis inextricable, situés plutót à l'intérieur qu'à l'extérieur de la masse gélatiniforme. Ces filaments deviennent moins nombreux avec l'âge et à proportion que les tubes se multiplient. Les tubes cloisonnés for- ment au moins 19/20 de l'élément végétal de la Conferve. D'abord peu abondants, ils le deviennent de plus en plus avec l'áge, et ils forment bientót une véritable couche extérieure en se juxtaposant, sans s'unir toutefois, par séries parallèles et longitudinales. lls finissent par être si nombreux; si pressés les uns contre les autres, qu'il en résulte un tissu solide. Leur épais” seur varie, en moyenne, de 1/80 à 1/150 de millim. Ils sont composés de cellules plus longues que larges, soudées bout à bout, formant un étranglé- ment à chaque plan d'union, dont les unes paraissent vides, dont les autres sont remplies d'endochrome vert. Les tubes ponctués et moniliformes sont formés de méme. L'endoehrome des premiers se montre tantót à l'état de petits points granuleux opaques, tantót sous la forme de 2, 3, A corps sphéri- ques libres, constituant des spores nées d'une division de l'endochrome. Ces spores se forment seulement dans certaines cellules, A une certaine époque REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 944 elles s'allongent, déchirent la cellule-mère ct donnent naissance à des indi- vidus nouveaux qui s'agglomerent au moyen de la matière gélatiniforme. Enfin les tubes moniliformes sont beaucoup plus rares que ceux des deux premières sortes. Ils sont d'un vert foncé. Les cellules sphériques qui les forment en se soudant bout à bout ont environ 1/120 de millim. de diamètre. Elles ne renferment pas d'endochrome. Dans les interstices des divers tubes dont la réunion produit la trame végétale de la Conferve, se trouvent des cristaux de carbonate de chaux, dont la quantité et le volume augmentent avee l’âge de la plante. Quant à la place à donner à la Conferve de Néris dans la classification algologique, MM. de Laurès et A. Becquerel se contentent de dire que c'est une Confervacée, La partie gélatiniforme de la Conferve fraiche est légèrement verdátre. Elle doit son état gélatineux à la pectose ; elle contient 60 d'eau pour 4 de matière sèche. Cette portion du Mémoire se termine par l'analyse de la Conferve des bassins chauds. Quant à la Conferve du bassin de réfrigération, elle forme sur le fond et Sur les parois une couche de 1 ou 2 centim., d'un jaune verdátre, entre- mélée de bulles de gaz. Sa zone inférieure est amorphe et ne montre, au microscope, que des fragments amorphes et quelques cristaux rhomboédri- ques, Sa zone moyenne consiste en une gélatine blanchátre, au milieu de laquelle se trouvent quelques fragments de matière verte. Le microscope y montre quelques cellules isolées, en ovale étranglé pres de son milieu, avec Un noyau grenu d'un vert émeraude qu'entoure un pourtour parfaitement transparent, La zone supérieure est d'un vert-brun, assez consistante. Elle renferme une matière verte et une matiere brune disséminée dans son épais- seur, à peu près en méme proportion. Le microscope y montre des cellules isolées semblables à celles de la couche moyenne et un petit nombre de Corpuscules ronds, d'un trés beau vert, environ quinze à vingt fois plus gros Que les cellules. La fin du Mémoire est consacrée à la partie thérapeutique. Nous ne pou- vons nous en occuper ici, Quelques remarques sur la nomenclature générique des Algues; par M. Le Jolis (Mémoires de la Société impér. des scienc. natur, de Cherbourg, h* vol., 1856 ; tirage à part en broch. in-8° de 20 pages), M. Le Jolis se propose de montrer dans cet écrit que MM. Trevisan et “precht ont eu tort de vouloir substituer aux noms de genres générale- ment adoptés aujourd'hui d'autres noms puisés dans des auteurs ou très an i > H ' i TS ciens ou trés peu connus, et que ces substitutions, sans motifs admis- T. Iv, 16 2h42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sibles, auraient pour résultat certain d'introduire dans la science une confusion extrêmement nuisible. M. Trevisan a fait ses essais de réforme dans la première livraison pu- bliée en 1845 d'un Nomenclator Algarum. Mais les permutations qu'il pro- posait heurtaient si violemment les usages recus, dit M. Le Jolis, qu'elles n'ont guère rencontré de partisans. Quant à M. Ruprecht, c'est pour appliquer avee une extréme rigueur les lois de la priorité qu'il a voulu remplacer la plupart des noms génériques usités de nos jours par d'autres plus anciens et tirés soit d'auteurs anté- rieurs à Linné, comme Donati (1750), soit d'ouvrages publiés postérieure- ment, mais, dit M. Le Jolis, complétement ignorés. Ces ouvrages postérienrs à Linné sont : 4° la Flore du Calvados par de Roussel (4** édit., Caen, an 1v ; 2* édit., Caen, 1806) ; 2° le Tentamen marino-cryptogamicum de Stack- house, écrit en 1807 et publié en 1809 par la Société des naturalistes de Moscou dans le 2* tome de ses Mémoires. Le premier de ces deux ouvrages ne vaut pas, pense l'auteur, l'honneur que M. Ruprecht lui a fait, et il ny aurait aucun avantage à le retirer de l'oubli dans lequel il sommeillait depuis un demi-siècle. Quant au second, quoiqu'il ait beaucoup de valeur, il est resté trés peu connu, et il n'a eu en réalité qu'une publicité fort res- treinte, l'édition presque entière en ayant été anéantie lors de l'incendie de Moscou. Ce défaut de publicité, qui explique pourquoi les noms génériques de Stackhouse ont passé inapereus, semble à M. Le Jolis uu motif suffisant pour justifier l'abandon définitif de ces noms, puisque, en appliquant en leur faveur la loi d'antériorité, on arriverait nécessairement à bouleverser presque de fond en comble la nomenclature générique adoptée aujourd'hui pour les Algues. Plusieurs de ces noms sont d'ailleurs mauvais comme étant adjec- tifs ou comme ayant été donnés par l'auteur anglais à des groupes mal limités et composés de plantes hétérogènes. Au total, après l'examen détaillé auquel il se livre, l'auteur du Mémoire arrive aux conclusions suivantes : Les noms assignés à quelques Algues par les auteurs qui ont écrit anté- rieurement à l'établissement de la nomenclature binaire, ne peuvent figurer dans cette nomenclature en remplacement des noms génériques de l'École linnéenne. Aucun motif ne peut engager à réhabiliter l'un quelconque des noms génériques indiqués dans la //ore du Calvados de Roussel, attendu que €& noms s'appliquent à des groupes mal circonserits et composés d'espèces hétérogènes. La reprise des noms génériques proposés par Stackhouse dans le Zenta- men marno-Cryptogamicum présenterait des inconvénients plus ou moins graves pour la clarté de la nomenclature ; et, de tous ces noms, on ne peut admettre que les trois suivants : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 243 HÿproLapaTHA Stackh., 1809 = Wormskioldia J. Ag., 1851 (non Spreng. nec Aresch. ). Biruncaria Stackh., 1809 — Pycnophyeus Kuetz., 1843. AscoPHYLLA Stackh., 1809 = Ozothallis Dene et Thur., 1843. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Études sur la géographie botanique de l'Europe, et en Particulier sur la végétation du plateau central de la France; par M. Henri Lecoq. Vol. V, 1856; VI, 1857. — Gr. in-8° de 480 et de 603 pages (1). Ala fin du dernier article relatif aux Ztudes sur la géographie botanique, nous disions que M. Lecoq avait commencé, vers la fin du quatrième volume, un tableau de la distribution géographique des différents groupes de plantes de la Flore européenne, C'est à la continuation de ce tableau que ont consacrés les volumes V et VI publiés, le premier en 1856, le second depuis le commencement de 1857. Voici la liste des familles qui y ont trouvé place. Dans le cinquième volume : Papavéracées, Fumariacées, Crucifères, Cistinées , Violarices, Résédacées, Droséracées, Polygalées, Silénacées, Alsinacées, Élatinées, Linées, Malvacées, Tiliacées, Hypéricinées, Acéra- tées, Géraniacces, Balsaminées, Oxalidées, Zygnphyllées, Rutacées, Coria- riées, Célastrinées, Rhamnées, Térébinthacées, Légumineuses. Dans le sixième volume : Rosacées, Onagrariées, Haloragées, Callitri- Chinées, Cératophyllées, Lythrariées, Cucurbitacées, Portulacées, Paro- Nychiées, Crassulaeées, Grossulariées, Saxifragées, Ombellifères, Aralia- cees, Cornées, Loranthacées, Caprifoliacées, Rubiacées, Valérianées, Dipsacées. fn voyant le nombre des familles traitées par M. Lecoq dans les deux eiers volumes de ses Études, et en le rapprochant de celui des groupes naturels qu'il devra faire entrer dans son eadre, il est facile de voir que on ouvrage aura nécessairement encore plusieurs volumes et qu'il de- viendra ainsi la plus vaste publication à laquelle ait donné lieu l'étude de la Géographie botanique. Flora tertiaria Helvetiæ; par M. Oswald Heer. 5° et 6° livr.; In-folio, Winterthur, 1856 ; chez J. Wurster et Comp. , Le Bulletin de la Société botanique de France renferme déjà deux ar- “elos qui présentent le relevé des matériaux composant les 4 premières li- l (1) Voyez Bulletin de la Société botanique de France, |, p. 98-100; T, 711-715 ; U, p, 73-76. è 9A^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vraisons de cet important ouvrage (1). Nous allons indiquer de méme les sujets traités dans la 5* et la 6* livraison. A la fin de la 4° livraison M. O. Heer avait commencé l'histoire des Ul- macées. Il la termine au commencement de la 5°, et il passe ensuite à celle des Morées représentées par le seul genre Ficus. Sur 14 espèces de Figuiers fossiles décrites par lui, 10 sont entièrement nouvelles et 2 avaient été dé- erites par d'autres auteurs sous une dénomination différente. Les feuilles de ces végétaux présentent beaucoup de diversité et leur nervation se range dans les deux types penninerves et palminerves qui fournissent à l'auteur le principe de la division des espèces en deux groupes. Aujourd'hui que les travaux des botanistes de nos jours et surtout eeux de M. Miquel ont amené la division du grand genre Ficus L. en plusieurs, il y avait de l'intérét à déterminer auquel de ces nouveaux genres devaient se rapporter les espèces fossiles. Or, d'aprés leur analogie avec les Figuiers vivants, la plupart d'entre elles (8 esp.) paraissent se rapporter aux Urostigma Miq.; 3 se rat- tachent aux Sycomorus, 2 aux Ficus proprement dits et une seule au genre Covellia. — Un Artocarpus, A. amingensis O. H. très rare à OEningen, el un Artocarpidium déjà décrit par M. Unger représentent là famille des Artocarpées. — Celle des Platanées ne compte qu'un représentant fossile, le Platanus aceroides O. H. dont l'auteur possède l'écorce, des feuilles de formes variées, les stipules, les fleurs, les fruits et l'axe des fructifications, de telle sorte que la comparaison avec les espéces vivantes en deviendrait facile, si la circonscription de celles-ci était arrêtée dans les écrits des bota- nistes modernes. — La famille des Chénopodées figure dans l'ouvrage de M. O. Heer avec 3 espèces nouvelles de Salsola trouvées tontes également à OEningen. — Celle des Nyctaginées y compte un Pisonia (P. lancifolia O. H.) de la même localité. — Les Laurinées y occupent une large place avec leurs 28 espèces rapportées à six genres, savoir : 7 Laurus L., Nees, dont 4 nouveau; 2 Persea, nouveaux l'un et l'autre; 2 Benzoin également nouveaux; À Sassafras nouveau; 9 Cinnamomum dont 7 sont rapportés ici pour la première fois à ce genre, tandis que les deux autres sont décrits e nommés ici pour la première fois ; enfin 2 Daphnogene déjà déerits et figurés par M. Unger. — Les Daphnoïdées sont représentées par 2 Pimelea, dont un nouveau, et les Eléagnées le sont par l Elæagnus acuminatus Weber. — La 5° livraison est terminée par l'histoire des Protéacées et par celle des Aristolochiées. La première de ces familles est trés nombreuse dans les terrains tertiaires de la Suisse. Elle y compte 8 genres et 20 espèces, savoir: 1 Protea décrit pour la première fois; 2 Persoonia également nouveaux ; 1 Grevillea et 2 Hakea tous nouveaux; 1 Dryandra décrit et figuré anté- rieurement par M. Brongniart et par M. Unger comme un Comptonia; (1) Voyez Bulletin de la Société botanique de France, V, pp. 275-277. 634-637. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 245 1 Embothrium rapporté pour la première fois à ce genre; 6 Banksia dont 5 nouveaux ; enfin 6 Driandroides dont 1 seulement avait déjà recu ce nom. — Quant aux Aristolochiées, l'auteur décrit 2 Aristolochia nou- veaux. Le 2° volume finit avec cette livraison, à la fin de laquelle se trouve l'ex- plication des figures du volume entier, et qu'accompagnent les plan- ches 81-100. La sixiéme livraison commence la série des Gamopétales par les Com- posées que représentent 2 genres établis par M. Osw. Heer. Le premier, nommé par lui Cypselites à cause du nom de Cypsele donné au fruit des Synanthérées par Mirbel et par M. Lindley, est caractérisé de la manière suivante : Achænium monospermum, striatum vel costatum, basi attenua- tum, pappo piloso vel plumoso coronatum. Il ne compte pas moins de 19 espéces, dont deux seulement avaient été signalées sous le nom d' Ache- nites par M. A. Braun. Le second, nommé Bidentites, a pour caractères : Achænium monospermum, apice bidentatum. Il est représenté par 1 espèce. — Les Éricacées sont représentées par les genres Erica (3 espèces), Andro- meda (h espèces), Clethra (4 espèce), Monotropa (1 espèce). Chacun de ces senres compte 1 espèce nouvelle. — Les Vacciniées sont réduites au genre Vaccinium avec 7 espéces, dont 2 sont nouvelles. Nous trouvons ensuite les Ébénacées avec 2 Diospyros et 4 Macreightia nouveau; les Styracées, avec 1 Styrax nouveau; les Sapotacées- représentées par 7 Sapotacites et 1 Bumelia : les Myrsinées avec 6 espèces de Myrsine. — La famille des Scrofularinées ne compte qu’un seul Scrofularina, qui est nouveau. — Les Borraginées sont réduites aussi à un genre, Borraginites, comprenant 2 es- pèces nouvelles, — Les Convolvulacées ont encore un seul genre pour re- présentant, le genre Porana Burm. ; mais il compte 5 espèces à chacune desquelles l'auteur attache son nom, — Les Gentianées, réduites à un Menyanthes nouveau, les Asclépiadées à 2 Acerates nouveaux, les Apocy- nees à 1 Apocynophyllum nouveau et à 4 Echitonium, enfin les Oléacées avec 5 Fraxinus nouveaux, constituent la série des Tubifloræ. —1 Lonicera 81 Viburnum nouveaux représentent les Rubiacées. La série des Polypétales commence par les Ombellifères avec 3 Peucéda- mtes nouveaux et 2 Diachenites, par les Araliacées, que représente un Hedera, et par les Cornées qui comptent 6 Cornus. — Les Saxifragées qui “lennent ensuite n'ont pour représentant qu'un Weinmannia ; les Renon- Culacées comptent 4 Ranunculus et 3 Clematis ; les Magnoliacées sont ré- duites au Liriodendron helveticum.— Les Nymphéacées ont pour représen- ish Nymphæa et les Nélumbonées un Nelumbium. — Quant E Cruci- lequel seuls échantillons que l auteur en possède, sont deux si icu es sur es il établit son Lepidium antiquum et son Clypeola debilis. — Un amyda représente les Samydées. — Les Combrétacées figurent avec 2^6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à Terminalia et 4 Combretum. — Les Myrtaeées comptent 1 Myrtus, 2 Eugenia, 4 Metrosideros et 4 Eucalyptus ; tandis que les Mélastomacées sotit réduites au Melastomites quinquenervis O. H . — Pour les Sterculia- cées, on trouve 2 Sterculia, et pour les Buttnériacées 4 Dombeyopsis et 2 Pterospermites, genre nouveau que caractérisent : Semina compressa, alata, nucleo eurvato; ala membranacea, enervia. — Dans les Tiliacées, M. O. Heer établit sous le nom d' Apeibopsis, un genre auquel il assigne les éfractéres suivants : Fructus capsularis, 5-16 valvis, polyspermus, semi- nibus rotundatis, parvulis, in quovis loculo biseriatis ; folia palminervia, hervo medio fortiore, lateralibus camptodromis. (Cucumites Bowerb.). Il en décrit 3 espèces. 3 Grewia, dont 2 nouveaux, completent la famille. — Enfin, la sixième livraison se termine par l'Histoire des Acéracées fossiles de la Suisse, exposée avec des développements importants. 17 Acer et 4 Negundo s'y trouvent décrits. Les figures comprises dans les 20 planches qui accompagnent cetté li- vraison correspondent non-seulement aux familles traitées dans le texté, mais encore aux Sapindacées dont l'histoire se trouvera seulement dans la livraison suivante. Les articles précédents sur l'ouvrage de M. O. Heer ont fait ressortir l'exécution remarquable des planches publiées dans les pre- miéres livraisons; nous ne pourrions que répéter ici, pour les dernières livraisons, ce qui a été dit pour les premières. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Handbuch der botanischen Pharmaeognosic fuer Aerzte, Apotheker und Botaniker (Manuel de pharmaco- gnosie botanique pour les médecins, les pharmaciens et les botanistes); par M. M. J. Schleiden. 4 vol. in-8° de xvir et 498 pag., avec 83 fig. sur bois intercalées dans le texte. Leipzig, 1857 ; chez W. Engelmann. Dans une préface de quatre pages placée en tète dé son nouveau livre; M. Seheiden nous apprend que ses études approfondies des drogues tirées du règne végétal rémontent à dix ans, époque à laquelle, le professeur Koch ayant quitté Iéna, il fut appelé à faire le cours de pharmacognosie à rin- stitut pharmaceutique de cette vil'e. Obligé de chercher les éléments de son enseignement dans les ouvrages déjà publiés sur cette matière, il ne tarda pas à reconnaitre que, excellents quant au fond, ils laissaient tous plus où moins a désirer relativement à la forme ; aussi forma-t-il dès lors le plan du traité qu'il vient maintenant de faire paraitre. Voici quelle est la division de cet ouvrage. Dans une introduction peu étendue (pp. 1-6), M. Schleiden indique l'iifi- portance et l'ancienneté de la pharmacognosie, qui a été la mère de là potá- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2h7 nique, puisque c'est uniquement la recherche des espèces médicinales et alimentaires qui a conduit à s'occuper des plantes en elles-mêmes. Il la dé- finit « la science qui nous apprend à connaitre en elles-mémes les sub- stances médicinales brutes, à apprécier leur qualité, à distinguer entre elles eelles qui se ressemblent et les vraies des fausses. » Le sujet de la pharma- eognosie consiste dans les matières brutes ou les drogues. Originairement on employait presque toutes les plantes ou leurs parties à l'état frais, tandis que des circonstances diverses ont conduit peu à peu à ne faire presque usage que de matières sèches. Cependant, comme l'auteur le prouve par des exemples, les propriétés de certaines plantes se modifient beaucoup par là dessiecation. — Il montre aussi que les descriptions pharmaceutiques des parties de plantes usitées doivent être beaucoup plus détaillées que ne le sont d'ordinaire celles que rédigent les botanistes. Il dit, en outre, que, dans un ouvrage sur la pharmacognosie, les drogues doivent étre classées et ca- ractérisées de telle sorte, qu'en s'aidant de ce systéme on puisse déterminer sürement toute drogue non étiquetée. C'est un pareil systéme qu'il s'est efforcé d'établir dans son livre. Le Traité de pharmacognosie botanique de M. Schleiden se divise en deux parties extrémement inégales pour l'étendue. La première (pp. 7-22) est intitulée Partie générale, et, comme l'indique ce titre, elle ne comprend que des généralités sur les drogues, sur ce que devrait comprendre leur histoire (nom et synonymes ; origine ; figures ; histoire et commerce; ca- raetéristique exacte, soit en général, soit d'aprés les diverses sortes com- merciales ; falsifications et moyens de les reconnaitre), sur les systèmes qu'on peut adopter dans les ouvrages sur ces matières, ete. M. Schleiden expose ici le système qu'il a suivi lui-même pour la classification des dro- gues. La seconde partie (pp. 23-471), intitulée Partie spéciale, renferme l'histoire particulière des drogues tirées du règne végétal. Voici comment elles sont distribuées. Leur ensemble est rapporté à deux grandes divisions primaires : I. Plantes entiéres ou parties de plantes laissant reconnaitre en elles la structure vé- Sétale ; II. Matières sécrétées et dans lesquelles on ne voit pas de structure organique celluleuse. La première de ces divisions comprend deux sous- divisions : A. Plantes completes ou drogues conservant au moins les or- anes qui sont nécessaires pour une détermination systématique de l'espéce. Celle-ci ne comprend qu'une classe et un ordre, les herbes dicotylédones. B. Portions de plantes dont les caractères sont insuffisants pour une com- pléte détermination scientifique des espèces. Cette sous-division est la plus étehdue de toutes et comprend 12 classes déterminées d'aprés les organes qui constituent les drogues. Ce sont : 4° les drogues cryptogamiques ; 2° les racines, divisées en ligneuses et charnues ; 3° les tiges, soit de Monocotylé- dotis, soit de Dicotylédons; 4° les bois, avec du sans couches annuelles ap- 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. préciables ; 5° les écorces, rapportées à 4 ordres selon qu'elles sont aroma- tiques, amères et astringentes, âcres, enfin qu'elles appartiennent aux Quinquinas; 6° les feuilles, soit coriaces, soit herbacées; 7° les bourgeons divisés en ramipares et plantipares (bulbes, tubercules et faux tubercules) ; 8° les fleurs et leurs parties, formant 5 ordres pour les boutons, les fleurs simples parfaites, les fleurs composées parfaites, les corolles, les stigmates ; 9^ les fruits, qui caractérisent 6 ordres selon que ce sont de faux fruits, des achaines, des baies, des drupes, des schizocarpes (c'est-à-dire des fruits se divisant à leur maturité en parties qui renferment les graines et qui se laissent uniquement percer par celles-ci à la germination, comme ce que Linné nommait graines nues, comme les fruits des Ombelliferes), ou des capsules ; 10° les graines formant un ordre pour les Monocotylés, un se- cond pour les Dicotylés ; 11° les parties du fruit et de la graine, comme les péricarpes, les sarcocarpes, les noyaux, les testas, les albumens, les arilles, les cotylédons, constituant tout autant d'ordres ; 12» enfin les dro- gues qui présentent une strueture eelluleuse, mais dans lesquelles on ne peut reconnaitre à quelle partie de plante elles appartiennent ni dans quelle des classes précédentes elles rentrent : telles sont les poussières, les débris de toute sorte, etc. Quant à la seconde grande division comprenant les matières sécrétées, M. Schleiden la divise en trois classes : 1° matières qui se présentent en grains de forme déterminée; 2° matières qu'on reconnait au microscope comme étant des mélanges de substances amorphes et de substances à formes précises; 3° matières qui paraissent homogènes sous le microscope. Celles-ci forment 9 ordres : graisses végétales ; huiles essentielles ; baumes; résines; gommes-résines ; sues laiteux; gommes; matières saccharines ; matières colorantes bleues. Une table détaillée par ordre de matières se trouve au commencement de l'ouvrage ; on en trouve à la fin une autre plus détaillée encore, par ordre alphabétique, ainsi qu'une liste explicative des abréviations employées pour les noms d'auteurs. Ampélographie francaise, comprenant la statistique, la deserip- tion des meilleurs cépages, l'analyse chimique du sol, et les procédés de culture et de vinification des principaux vignobles de la France, paf M. Victor Rendu, 2° édit, À vol. in-8° de xvi et 576 pages. Paris, 1857, chez Victor Masson. Cet ouvrage, relatif à l'une des principales sources de richesse de la France, est le résultat de cinq années d'explorations attentives pour les- quelles la position officielle de l'auteur, inspecteur général de l'agriculture, a certainement levé bien des difficultés inhérentes à de pareilles recherches. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2^9 Nous possédions déjà divers écrits spéciaux sur certains des vignobles de la France, et quelques ouvrages généraux qui avaient embrassé plus ou moins complétement l'ensemble de nos vignes, comme ceux de Jullien, du comte Odart, ete. Mais il nous manquait encore une histoire complète de la cul- ture de la vigne en France, et de ses produits. C'est cette lacune que M. Vic- tor Rendu s'est attaché à remplir. Son livre commence par une courte préface, suivie d'une sorte d'intro- duetion sous le titre de Considérations générales sur la Vigne. L'auteur y examine les conditions qui influent sur la culture de ce végétal et sur la qualité de ses produits, la marche naturelle de sa végétation, sa longé- vité, ete. Dans le corps de son ouvrage il trace d'abord une division viticole dela France en six régions : du sud, du sud-est, de l'est, du centre, de l'ouest et du sud-ouest, en indiquant les départements ou leurs divisions qui forment ces régions. Il ajoute un relevé duquel il résulte que, sur nos 86 départements, onze ne cultivent pas la vigne; vingt-cinq ne produisent que des vins communs ; enfin les cinquante autres possèdent des crus plus où moins renommés et fournissent des vins estimés, tant pour la consom- mation intérieure que pour l'exportation. C'est à cette division par régions que se trouve rattachée l'étude spéciale des vins et des vignobles qui les produisent. Chaque région elle-méme est divisée d'aprés les catégories de vins qu'on y récolte, et ces catégories fournissent la division méme de l'ou- vrage en chapitres et paragraphes. Pour chaque sorte de vins l'auteur exa- mine successivement les principaux vignobles. Pour chaque vignoble il in- dique l'étendue, la nature du sol, les cépages qu'on y cultive, l'indication de ceux-ci étant suivie d'une description et de la synonymie locale; il ex- pose ensuite la marche adoptée pour la culture des vignes, pour la fabri- cation des vins dont il apprécie la qualité; enfin, il ajoute les différents renseignements qui peuvent compléter cette histoire. À la suite de cette portion la plus considérable de l'ouvrage se trouvent : Un chapitre sur la culture du chasselas à Thomery; un relevé des cépages dont il a été question dans le livre; une nomenclature des vignobles secon- daires qui produisent de bons vins d'ordinaire; enfin une classification gé- nérale des vins de France. On trouve, enfin, une table alphabétique de tous les vins qui ont été mentionnés et une table des matières. L'Ampélographie francaise est accompagnée d'une petite carte géogra- phique sur laquelle des teintes particulieres distinguent les différentes ré- Blons ou l'absence des vignes, et sur laquelle aussi le papier non teinté in- dique les départements qui ne produisent que des vins communs. 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MÉLANGES. Flore poétique ancienne, ou Études sur les plantes les pius difficiles à reconnaître des poëtes anciens, grecs et latins; par M. J. B. Du Molin. 1 vol, in-8° de vir et 320 pages. Paris, 1856 ; chez J. B. Baillière. Les nòms dés plantes qui nt fourni auk poétes anciens des images Ou des comparaisons sont généralement accompagnés de si peu de détails d bi peu significatifs par eux-mémes qu'on ne doit nullement s'étonner de la difficulté qu’on éprouve pour les rapporter à des espèces botaniques nette- élit déterminées. Des commentateurs érudits, des botanistes ingénieux Oüt éxereé à lehvi leur sagacité sur ces délicates déterminations, et cé- petidänt il reste encore bien des doutes à lever, méme bien des lacunes à rétiplir. M. Du Molin vient d'appliquer à son tour à ce difficile sujet ses connäissances botaniques et sa vaste érudition littéraire. Son livre, dédie à là Société botanique de France, porté sur un grand nombre de plantes dont les noms employés par les poétes grecs et latins avaient déjà, presque tous, fourni là matière de saváhtes dissertations ët pour la plupart des- quelles cependarit aucun rapprochement satisfaisant n'avait encore été pro- posé. Gráce à l'étude áttentive de nombreux passages des auteurs anciens, il a pu former une sorte de caractéristique vraisemblable, satisfaisante pour les plus obseures de ees espèces, ét il est arrivé de la sorte à leur appliquer des noms botäniques én harmonie avec ees caractères. La méthode qu'il à Süivie est de tous points rationnelle, logique ; peut-être méme était-ce la Seule qüi pût donner des résultats précis dans une matière si vague et si peu dépourvue de données vraiment positives. Dans ün avatit-propos M. Dü Molin expose dans quel esprit botanique et littéraire il a Conçu son ouvräge ; il donne ensuite, sous forme d'introduc- tion, une préface qu'il destinait d'abord à une flore poétique générale et complète et dans laquelle il développe le plan de son travail ainsi que la méthode qu'il à suivie. Ainsi il a consulté et examiné tres attentivement : 1^ les synonymies où les différents homs vulgaires et autres; 2* les étymo- logies; 3° les épithètes données aux plantes par les poëles; 4° les circou- stances de personnes, de temps et de lieu ; 5° l'analogie ou là ressemblance de forme et de couleur ; 6° la station ou l'habitat ; 7° les vraisemblances et les convenances; 8° l'induction; 9» le sens intime. — Le corps de l'ouvrage lui-même ne pourrait être analysé que longuement ; des lors nous devrons nous contenter forcément de rapporter les déterminations qu'il a pour objet d'établir. 1 et 2. Les plantes dont M. Du Molin s'est d'abord et principalement REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 251 préoccupé sont celles que mentionne ce vers très connu dé Virgile : Alba Ligustra cadunt, Vaccinia nigra leguntur. Il établit qu'en appliquant, comme on le fait d'ordinaire, à ces deux plantes la synonymie française de Troéne et Vaciet, c’est-à-dire du Zigus- trum vulgare et du Vaccinium Myrtillus, on se met datis l'impossibilité absolue d'expliquer une foule de passages des auteurs anciens, et que le Li- gustrum de Virgile est le Convolvulus sepium L., tandis que son Vaccinium ou mieux Vacinium n'est que l'7ris germanica. — 3. Le Ligustrum nigrum dont il est question dans un vers de Columelle (lib. X, v. 300) lui parait être, avec doute, il est vrai, le Liseron violet ou Convolvülus Nil Lin. — ^. L'Hyacinthe des anciens est encore, aux yeux de l'auteur, l'/ris germà- nica L. ou Iris flambe. Une longue et très savante dissertation a pour objet d'établir cette synonymie. — 5. L'Atyirucos (Aighipuros) de Théocrite est l'Ononis antiquorum L., synonyme ou simple variété de l'O. spinosa L. — 6. Le Kýťa où KévoZa (Conyza) du méme poëté est l'/nula viscosa Desf., et — 7. Son Melitta (Meliteia) est le Melissa officinalis L. — 8. Quant à l'as (Elaia) des Grecs, c'est évidemment l'Olivièr. — 9. L'Âzparrudl (Atraetulis) de Théocrite est le Carthamus lanatus L. — 10. Le Payis (Rhamnos) des poétes grecs est régardé par l'auteur comme l'Aübépine, ou Crategus oxyacantha L. — 44. L’ AexóAofo: (Aspaläthos)est pour lui l Uleg europæus L. — 12, L'Atydhos (Aighilos) est peut-être le Lonicera Capri- folium L. — 13. L'Ayepdos (Akherdos) revient au Prunus spinosa. L. — 14. Le Bóxyopis (Baceharis) est le Salvia Selarea 1. — 15. L'Ekéypuoos (Helikhrusos) est le Gnaphalium Stæchas 1.. — 16. L'Ékesypusos (Heleió- khrusos) est le Caltha palustris L. — 17. Le Kisobs Où Kieeoc (Kissos où Kittos) est le Lierre, Hedera Helix L. — 48. Le Kpésy (Krinon) de Théo- crite est le Galanthus nivalis L. — 19. Le Moo (Mólu) d'Homére est PAZ- lium magicum L. var. — 20. Le Hus (Polion) revient au Santolina Châ- mæcyparissus L. — 91. Le Ei; (Skhinos) est le Pistacia Lentiseus L. — 22. Le Cerintha de Virgile est synonyme du Galium verum L. — 23. Le Viburnum des auteurs latins est regardé par l'auteur comme étant le Cle- matis vitalba L. — Enfin, sous le titre général d'ArEncu, M. Du Molin ex- pose les synonymies suivantes et en développe les motifs. — 24. À 008 (Akhanthos) — Mimosa Nilotica L. (3) — 25. Alga = Fucus L. — 26. Carduus — Serratula arvensis L. — 27. Cosia — Lavandulà Spicá L. (?) — 28. Hibiscus — Malva sylvestris L. — 29. 15, — Viola L. — 90. XOu32urs (Khelidonion) — Chelidonium majus L. — 31. Lappa = Caucalis grandiflora L. — 32. Muptyn (Murikhé) — rica vulgaris L. —- 33. Narcissus sera comans — Amaryllis lutea L. — 3h. Oléaster — Olea europea 1. var. — 35. Ruscus = [lex Aquifolium L. — 36. Saliunca = Valeriana celtica L, (2) — 37. Sardoa (Herba) = Hanunculus sceleratus L. 292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — 38. Xàuwo» (Selinon) = Apium graveolens L. — 39. Gao; (Thapsos) = Verbascum Thapsus i.. — h0. Tribulus — Centaurea Calcitrapa L. (9) — hA. Ogio» (Thrion) = Ficus Carica L. — 42. Ulva = Carex, Iris, Typha, Sparganium, ete. L'ouvrage de M. Du Molin est terminé par une table des noms grecs el une des noms latins des plantes expliquées, avec la concordance linnéenne, par une table des noms francais, enfin par une table des poétes cités. NÉCROLOGIE. Il y a deux mois à peine, le Bulletin de la Société botanique de France rendait compte (IV, p. 75) d'un ouvrage intéressant de M. Graves, le Cata- logue des plantes observées dans le département de l'Oise; il remplit au- jourd'hui le triste devoir d'annoncer à ses lecteurs la mort de cet homme distingué à plusieurs titres, enlevé à la science et à ses nombreux amis par une longue maladie, le 5 de ce mois (juin 1857), à l'áge de soixante-six ans. — Doué d'une activité et d'une énergie qui venaient merveilleusement en aide à son ardent amour des études scientifiques, M. Graves a su, tout en parcourant les différents degrés de la carriére administrative, jusqu'au poste élevé de directeur général des forêts, consacrer toujours une partie de son temps à des travaux importants de divers ordres. L'archéologie, là géologie, la botanique, considérées en général, occupaient tour à tour Ses loisirs; mais c'est surtout au profit de l'histoire naturelle et monumentale du département de l'Oise qu'il a fait tourner ses connaissances étendues dans le champ de ces sciences, ainsi que des recherches approfondies poursuivies pendant plus de trente années. La botanique était cependant sa science favorite; méme, vers la fin de sa vie, il s'est livré à l'étude des plantes avee une ardeur et une assiduité qui, peut-étre, ont un peu con- tribué à développer en lui le germe du mal auquel il vient de succomber. En dernier lieu, les Fougères étaient devenues l'objet spécial de ses travaux, et il se proposait d'en publier un Nomenclator qui aurait été d'une immense utilité pour les botanistes, vu l'état actuel de la science au sujet de cette belle et vaste famille. La maladie, dont les progrès incessants ont anéanti ses facultés l'une après l'autre, s'est déclarée au moment où il commençait à mettre son projet à exécution. — Le nom de M. Graves sera toujours cher aux membres de la Société botanique de France; ils aimeront à se rappeler que c'est lui qui, le premier, a songé à rattacher entre eux par un lien commun les botanistes francais, jusqu'alors trop isolés, et ils honoreront en lui l'un des trois véritables fondateurs de cette Société, qu'appelaient les besoins de la science, mais dont la création sem- blait offrir des difficultés, bien que, une fois créée, elle n'ait pas tardé à réaliser, à dépasser méme toutes les espérances. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 253 — Le 18 décembre 1856 est mort à Florence M. Antoine Targioni Tozzetti, professeur de botanique, d'agriculture, directeur du jardin de l'École de médecine de cette ville, ete. Ce savant distingué s'était fait connaitre également comme chimiste, comme médecin et comme botaniste. On lui doit de nombreuses analyses de minéraux et d'eaux minérales de la Toscane, un ouvrage sur la matière médicale, un mémoire relatif à l’ac- tion qu'exeree l’arsenic sur les racines des plantes, un livre rempli de recherches du plus haut intérêt sur l'introduction en Toscane des plantes cultivées, plusieurs écrits sur différents sujets de médecine, etc. Il a suc- combé à une maladie aussi longue que douloureuse, lorsque son âge permettait encore d'attendre de lui de nouveaux travaux. Il laisse, comme héritier de son nom et de son mérite, son petit-fils, le professeur Adolphe Tozzetti, à qui la botanique doit déjà des écrits importants. La famille Targioni Tozzetti a donné jusqu'à ce jour à la science quatre générations d'hommes distingués. Le premier d'entre eux, Jean Targioni Tozzetti, était élève de Micheli et illustra de ses dessins les ouvrages du Célèbre Florentin; on lui doit différents écrits, notamment un voyage en Toscane, dans lequel il justifie de connaissances profondes en médecine, en botanique et en géologie. Son fils, Octavien Targioni Tozzetti, était professeur de botanique au Musée de physique et d'histoire naturelle de Florence. Il a publié des mémoires d'agrieulture, des décades de plantes nouvelles ou rares, un dictionnaire de botanique et des institutions bota- niques. Antoine Targioni Tozzetti, qui vient de mourir, était le fils de ce dernier et appartenait dès lors à la troisième génération de cette famille justement célébre. NOUVELLES. Dans sa séance du 25 mai 1857, l'Académie des sciences a nommé M. Antoine Passy, académicien libre, en remplacement de M. de Bonnard. La Société botanique de France applaudit de tout cœur à cet hommage rendu au mérite de l'homme distingué qu'elle-méme avait appelé, par un Vote unanime, à la présider pendant le cours de l'année 1856, et qui a rempli ces honorables fonctions avec un zèle et une dignité dont elle aime à se Souvenir. — M. Naegeli, professeur à Zurich, vient d'étre appelé à Munich en qualité de professeur de botanique et de directeur du jardin des plantes de cette ville. — Le Zotanische Z eitung annonce que le prix quinquennal de 500 francs, fondé par Aug.-Pyr. De Candolle en faveur de la meilleure monographie Présentée au concours pendant ce laps de temps, a été décerné au mois de 254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. septembre dernier à M. J. Müller, conservateur de l'herbier de: M. Alph. De Candolle, pour une monographie des Résédacées dont il s'occupait sans relâche depuis deux ans. Des fragments de ce travail important ont été publiés dans ce journal allemand et analysés dans le Bulletin de la Société botanique de France. La monographie tout entière ne tardera pas à pa- raitre, ayec les 40 planches qui doivent l'accompagner. — Un document officiel, publié par la Gazette de la Nouvelle-Zélande et reproduit dans le Journal de M. Hooker (cah. de juin 1857, p. 183-185) fournit une nouvelle preuve des efforts que fait avec beaucoup d intelligence le gouverneur actuel de la Nouvelle-Zélande pour utiliser le mieux possible les produits naturels de cette importante colonie, En effet, le gouvernement de ces iles propose des récompenses pour une somme totale de A000 livres sterling ou 100,000 francs aux personnes qui retireront du Phormium tenaz ou de toute autre plante indigène de la colonie une quantité de filasse assez eonsidérable pour devenir matière d'exportation. Cette somme sera distri- buée dela manière suivante : 4° 2000 livres sterling ou 50,000 francs à celui qui, par un procédé de son invention, obtiendra 100 tonnes (100,000 kilog.) de filasse du Phormium ou d'une autre plante du pays; 2° 1000 livres (25,000 francs) à taute personne autre que celle qui aurait obtenu le pre- mier prix, qui, après celle-ci, aurait obtenu la méme quantité de filasse des mémes plantes par uu procédé de son invention ; 3* 1000 livres (25,000 fr.) seront partagées entre les 5 premières personnes qui, par un procédé quelconque, auront obtenu 25 tonnes (25,000 kilog.) de filasse du Phormium ou d'une autre plante indigène de la Nouvelle-Zélande. Une con- dition essentielle consiste en ce que la matière susceptible d'être exportée devra étre fabriquée de maniére à coüter tout au plus 75 p. 100 de sa valeur réelle au moment de son arrivée au port d'oü elle sera exportée, et que le procédé d'extraction devra étre rendu publie. Le coneours est ouvert pour cet important objet jusqu'au 4° janvier 1859. — En 1852 la Société des sciences de Harlem avait célébré le centième anniversaire de sa fondation. A cette occasion, elle avait annoncé qu'elle décernerait en 1857 un prix de mille florins ou deux mille francs à « l'au- teur de l'ouvrage le plus remarquable dans une des branches des sciences naturelles qui serait publié dans le laps de quatre années apres 1852. » Différents ouvrages ont été examinés par la commission qui avait été char- gée de décerner le prix. Le résultat de cet examen a été que la Géographie botanique raisonnée, de M. Alph. de Candolle, et la Flora tertiaria Hel- vetiæ, de M. Oswald Heer, ont été reconnus les plus dignes de la récom- pense proposée; mais comme il était diffieile de donner la prééminence à l'un ou à l'autre de ces importants ouvrages, la Société a cru devoir dé- cerner à chacun de leurs auteurs un prix de mille florins (2000 francs). Ce REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 255 jugement de la Société de Harlem proclame ainsi la supériorité des ouvrages de botanique publiés dans l’espace de ces quatre dernières années sur ceux dont les autres branches des sciences naturelles ont fourni la matière. BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés en 1856 (suite). Crueger (Herman). — Westindische Fragmente (Fragments envoyés des Indes occidentales). 7° fragment: N° 32 et 33, 8 et 15 août; col. 545-552, 565-573, pl. X et XI. 8° fragment : n° ^7, 21 novem.; col. 809-818; pl. XV. Irmisch (Thilo). — Einige Bemerkungen über die einheimischen Pyrola- Arten (Quelques remarques sur les espèces indigènes de Pyrola). N°: 3h et 35, 22 et 29 aoüt; col. 585-591, 601-606. - Lasch (W.). — Ueber Botrychium Kannenbergii KI. (Sur le Botrychium Kannenbergii KI.). N° 35, 29 août ; col. 606-608. | Schuchardt (D! Th.). — Zur Kenntnis der Radix Lopeziana (Note rela- tive à la racine de Lopez). N° 35, 29 août; col. 608-612. Lasch (W.). — Hieracium Nestleri Koch mit H. Pilosella (L'Hieracium Nestleri Koch et l'A. Pilosella). N° 35, 29 août ; col. 612-615. Philippi (D* R. A.). — Bemerkungen über die Flora der Insel Juan Fernandez (Remarques sur la flore de l'ile de Juan Fernandez). Ne 36 et 37, 5 et 12 sept.; col. 625-636, 641-650. Goeppert — Das botanische Museum zu Breslau (Le musée botanique de Breslau). N° 31, 12 sept.; col. 650-651. l Regel (Ed.). — Professor Cienkowski's Entdeckung und Urerzeugung (Découverte du professeur Cienkowski et génération première). N°’ 38 €t 39, 19 et 26 sept.; col. 665-672, 681-687, pl. XII. Mohl (Hugo v.). — Welche Ursachen bewirken die Erweiterung und Verengung der Spaltoeffnungen ? (Quelles sont les causes qui produisent la dilatation et le rétrécissement des stomates) ? N^ 40 et 41, 3 et 10 octob.; col. 697-704, 713-721 ; pl. XIII. Irmisch (Th.). — Notiz über Drosera intermedia et rotundifolia (Note Sur les Drosera intermedia et rotundifolia). N° h2, 47 octob.; col. 729-731. Schlechtendol (F. L.v.). — Abnorme Bildungen (Formations anomales). N° 42, 17 octob., col. 731-73. Berg (D* O.). — Ueber die bis jetzt bekannten Arten der Gattung Ára- meria und die im Handel befindlichen Ratanhiawurzel (Sur les espèces aujourd'hui connues du genre Krameria et sur les racines de Ratanhia qui 256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. se trouvent dans le commerce). N° 43, hh, 45 et h6, 24 et 34 octob., 7 et Ah nov.; col. 745-752, 761-767, 771-182, 793-799; pl. XIV. Milde (D'). — Chamæceros fertilis Milde, ein neues Genus aus der Fa- milie der Anthoceroteen (Chamæceros fertilis Milde , nouveau genre de la famille des Anthocérotées). N° 4h, 31 octob.; col. 767. Bail (P^.). — Entscheidung der Frage: « Was ist Rhizomorpha? » (Solu- tion de la question : Qu'est-ce qu'un ZAizemorpha? ). N° 6, 44 nov.; col. 799-800). Philippi (D' R. A.). — Nachtrag zu meinem Aufsatz über diè Flora von Juan Fernandez (Appendice à ma note sur la flore de Juan Fernandez). N° A7, 21 nov.; col. 818-819. Treviranus (L. C.). — Noch etwas über den Stammbau der Phyto- lacca dioica L. (Encore quelques mots sur la structure de Ja tige du Phyto- lacca dioica Lin.). N° 48, 28 nov.; col. 833-837. Schlechtendal (D° F. L. v.). — Betrachtungen über das Geschlecht der Stechaepfel (Considérations sur le genre Datura Lin. ou Stramonium Tourn.). N° 49, 50, 54 et 52 ; 5, 12, 19 et 26 déc.; col. 849-859, 875- 881, 903-911, 920-927. Berg (D' Otto). — Ueber eine neue deutsche Cardamine (Sur une nou- velle Cardamine d'Allemagne). N° 50, 12 déc. ; col. 873-875. Caspary (Robert). — Ausscheidung von Nektar auf der Narbe abgefal- lener Blüthen bei Chamædorea desmoncoides (Sécrétion de nectar sur le stig- mate des fleurs tombées du Chamædorea desmoncoides). N° 50, 12 déc.; col. 881-882. Fresenius (G.). — Notiz, Insekten-Pilze betreffend (Note relative à des Champignons venus sur des insectes). N° 50, 12 déc.; col. 882-883. Caspary (Robert). — Bemerkungen über Rhizomorphen (Remarques sur les Rhizomorphes). N° 51, 19 déc. ; col. 897-899. Caspary (Robert). — Ein neuer Standort der Udora occidentalis Koch. [Hydrilla verticillata Casp.] (Une nouvelle localité pour l’ Udora occiden- talis [Hydrilla verticillata, Casp.]. N° 54, 19 déc.; col. 899-9014. Milde (D* J.). — Die Radix Panna und die Gefaesbüudel im Stipes der Farren (La racine Panna et les faisceaux vasculaires dans le stipe des Fougères). N° 51, 19 déc. ; col. 901-903. Itzigsohn (D* Hermann). — Geologische Bedeutung der Laubmoosflor der erratischen Bloecke Norddeutschlands (Importance géologique des Mousses qui croissent sur les blocs erratiques du nord de l'Allemagne). N* 52, 26 déc.; col. 913-920. Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 13 MARS 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 27 février, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de: M. Girou pe BUZAREINGUES, député au Corps législatif, rue Royale, 28, à Paris, présenté par MM. Moquin-Tandon et de Schœnefeld. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : 1* Par M. Duchartre : De l'influence de l'humidité sur la direction des racines." 2 Par M. Contejean : Du climat de Montbéliard au XVII siècle. Guide du botaniste à la Mer de glace, de Payot. 3 De la part de M. Guibourt : Sur le quinquina rouge. l^ De la part de M. Eusèbe Gris : De l'action des composés ferrugineux solubles sur la végétation. Nouvelles expériences sur l'action des composés ferrugineus. 9* En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéro de janvier 1857. L'Institut, mars 1857, deux numéros, : T. Iv, 47 258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président annonce que le Conseil, sur le rapport d'une Com- mission prise dans son sein, composée de MM. Chatin, Cosson et T. Puel, et chargée d'examiner les avis reçus des membres résidant dans les départements, relativement à la tenue de la prochaine session extraordinaire, a décidé que la proposition suivante serait, conformément à l'art. 47 du règlement, soumise à l'approbation de la Société : La Société tiendra cette année une session extraordinaire, qui s'ouvrira à Montpellier le lundi 8 juin prochain. — En conséquence la séance ordi- naire annoncée pour le 12 juin sera supprimée. La Société adopte cette proposition à l'unanimité. M. le Président soumet en outre à la Société une proposition de M. Duchartre, adoptée par le Conseil dans sa séance de ce jour, et tendant à modifier l'art. 59 du réglement, et à porter de cinquante à cent le nombre d'exemplaires du tirage à part que les auteurs des notes ou mémoires insérés dans le Bulletin sont autorisés à faire faire à leurs frais. La Société adopte à l'unanimité cette modification de l'art. 59 du réglement. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : NOTICE SUR L'HERBARIUM LICHENUM PARISIENSIUM quod edidit W. NYLANDER, med.-doct., fasc. III, Parisiis, 4855 (1), pr M. MOUGEOT. (Bruyères, février 4857.) Ce troisième fascicule de l'herbier des Lichens des environs de Paris renferme 21 espèces corticoles, 21 saxieoles, 3 terrestres et 5 muscicoles. Nos relations botaniques avec M. le doeteur Nylander nous permettent, comme nous l'avous déjà tenté pour les deux premiers fascicules, d' offrir à Ja Societé quelques observations sur plusieurs Lichens de ce troisième fas- cicule. Nous avons dû consulter le docteur Nylander sur ces observations : il les approuve et cela nous enhardit à les tracer ici. Nous réclamons sans cesse l'assistance du savant lichénographe pour arriver à bien con- naitre la végétation /ichénique des Vosges, que nous n'avons pu qu'impar- faitement indiquer dans la statistique d 'e depar is à la- quelle nous reviendrons iucessamment. e nowe departement, IMP (1) Nous avons fait connaître les deux premiers fascicules de cet herbier par une notice insérée dans le Bulletin, t, II, p. 683. SÉANCE DU 13 mars 1857. 250 Voici nos observations sur les Lichens de ce troisième fascicule : N° 103. Omphalaria pulvinata Nyl. C'est le Collema stygium var. pul- vinatum Schær., qui par sa structure thalline diffère généóriquement des Collema proprement dits. Dans les Omphalaria les grains gouidiaux ne sont pas disposés en chapelet, mais dispersés en petits groupes ou glomérules. No 104. Calicium disseminatum Fr., forma thallo aliena. Lethalle blane appartient peut-être à un Arthonia pruinosa stérile. N° 105. Calicium alboatrum Fik. Ce n'est peut-être qu'un Calicium subtile venant sur le méme thalle que le précédent. No 108. Cladonia macilenta var. ostreata Nyl. Thalle stérile assez sem- blable à celui du Lecidea ostreata; cette variété curieuse n'a présenté à M. Nylander que très rarement des podéties développées et fructifères. N° 114. Pannaria nebulosa (Hoffm. Fl. germ. p. 166 sub Psora), géné- ralement confondu avec le Pannaria triptophylla Ach., dont le type est beaucoup plus rare en France. Le premier a les apothécies blanchátres à l'intérieur, au lieu que l'hypothécium du dernier est d'un brun foncé. N° 121. Lecanora phlogina (Ach. Meth. p. 180, sub Lecanora citrina), C'est une belle espèce du voisinage du Z. vitellina. N° 124. Lecanora constans Nyl. Classif. 2° mém. p. 199. Espèce d'un facies insidieux, mais facile à reconnaitre à ses thèques polyspores. N° 126. Lecanora cinerea var. calcarea (L.) Nyl. Le docteur Nylander ne croit pas qu'il soit juste de distinguer spécifiquement le Lecanora ci- nerea et le Lecanora calcarea. Le n° 127, Urceolaria calcarea var. farinosa Ach. Syn. p. 144, offre un status calcareus encore plus prononcé du même Liehen. N° 129. Stictis lichenicola Mont. D'après M. Nylander, ce n'est pas autre chose que l Urceolaria scruposa dépourvu de thalle propre et dont les apothécies se développent sur les squames du Cladonia pyxidata. V'Urceo- laria bryophila Ach. est peu différent. N°133. Lecidea fuscescens Somf. Excellente espèce qu'on ne connaissait Auparavant que de la Norvége, oü Sommerfelt l'avait découverte dans le lemps sur les bouleaux. Le docteur Nylander l'a trouvée en bon état sur les pius daus la forét de Fontainebleau. Ses spores sphériques, au nombre de 8 dans les theques, distinguent facilement cette espece de toutes ses con- genéres, N° 436. Lecidea holomelæna Fik. var. vermifera Nyl. Ce n'est peut- tre qu'une modification lécidéine (c'est-à-dire à apothécies noires) du trés Polymorphe L. luteola, N° 442. Lecidea turgidula Fr., probablement identique avec le Zecidea nomala Ach., qui se confond avec le Lecidea vernalis Ach. de manière qu il west guère possible de les considérer comme des espèces distinctes. N' 143, Opegrapha atra, forma denigrata (Ach.) Schær. Le n° 78 du se- 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cond fascicule appartient à l'Opegrapha vulgata Ach., Leight. Zr. Graph. p. 22. N° 145. Opegrapha varia, forma saxicola. C'est l'Opegrapha rupestris Pers. Leight. 1. c. p. 41, tab. 5. f. 5. No 147. Verrucaria glebulosa Nyl. Voisin du Verrucaria fuscella Ach., mais à périthèces pâles. Ne 449. Verrucaria oxyspora Nyl. Sur des bouleaux dans les environs de Paris et probablement partout en France. Il est plus petit que le Verr. epidermidis et ses spores sont cylindrico-fusiformes. N° 450. Gassicurtia silacea Fée. D'après le docteur Nylander, ceci se- rait un Champignon parasite sur le thalle du Zecanora atra. Ce troisième fascicule ne le cède en rien aux deux premiers par le bon choix des échantillons, par la lumière qu'il répand sur les Lichens des en- virons de Paris, ee qui nous fait vivement désirer que M. Nylander le fasse suivre bientót d'un quatriéme fascicule, dont nous savons que les matériaux sont déjà en grande partie réunis. Nous ne reviendrons pas sur l'indispensable nécessité des herbiers, et plus particulierement de ceux des familles de plantes qui appartiennent à la eryptogamie, afin de pouvoir les étudier convenablement dans le silence du cabinet de travail, comme nous l'avous dit dans notre première notice ; nous n'insisterons pas davan- tage sur le savoir du docteur Nylander, sur l'importance de ses découvertes relatives aux espèces nouvelles de la flore parisienne, mais nous ne pouvons taire notre étonnement, notre satisfaction, en voyant avec quel soin, quelle ardeur, quel succès, il arrive à rétablir les espèces que les auteurs ont plus ou moins bien décrites, à signaler les erreurs commises par qui que ce soit, avec cette franchise que des études approfondies peuvent seules per- mettre. C'est là un mérite bien rare, hérissé de grandes difficultés que M. Nylander parvient souvent et heureusement à surmonter, tout en ren- dant justice aux lichénographes ses devanciers. Sa tâche ne se borne pas là; sa grande habitude du microscope lui procure des moyens qui lui per- mettent, tout en débrouillant la synonymie, d'améliorer la méthode des- criptive, de la rendre plus rigoureuse, plus simple, plus claire, Ce qui nous conduira à la classification naturelle des Lichens la mieux fondée. Nous en aurons bientôt une nouvelle preuve dans le Prodromus licheno- graphie Galliæ et Algerie, ouvrage qui s'imprime maintenant. Dans ees derniers temps, les auteurs qui ont écrit sur les Lichens d'Eu- rope ne se sont pas livrés à une étude aussi attentive quele doeteur Nylander. La gloriole d'attacher leur nom à chaque espéce à peu pres, par les change- ments faciles de nomenelature, les a éblouis : aussi lisons-nous à la suite des noms de genres et d'espèces, presque constamment, le doux mot Nobis (4), (1) On peut citer ici entre autres les nomenclatures de Hepp et Nægeli, Massa” SÉANCE DU 13 Mans 1857. 261 comme si persopne n'avait encore ni vu ni décrit le méme objet. Cette glo- riole se comprend dans un siècle où toute sorte d'ambition s'empare des esprits et où l'on veut arriver vite à la renommée. Certes, il est plus aisé de forger un nom nouveau, soit générique, soit spécifique, en histoire naturelle, que de seruter les livres oü il peut étre question des mémes objets. Nous savons par expérience ce qu'il faut de loisir, de patience, pour accorder aux naturalistes d'autrefois la part grande qu'ils ont eue dans les progrés de la vaste science qu'ils cultivaient. C'est ce qui nous a empêché de nous servir du mot Nobis dans nos collections de plantes eryptogames et ce qui nous a conduit à parler comme nous venons de le faire de M. Nylander. Nous désirons que notre manière d'apprécier ses travaux soit partagée par tous les botanistes qui s'intéressent à l'importante classe des Lichens. LETTRE DE M. H. LECOQ. A M. le Secrétaire de la Société Botanique de France. Clermont-Ferrand, 9 mars 1857, Mon cher confrére, J'ai lu dans le compte rendu de la séance du 1/4 novembre dernier, comme un fait nouveau, la mention de la présence du Gui sur le Sapin, fait que je eroyais signalé. Je vous envoie l'épreuve de l'article Gur dans le sixième volume (non paru) de mes Études sur la Géographie botanique de l'Europe, que je vous prie de communiquer à la Société, si vous pensez que cela puisse l'intéresser. J'ajouterai que le Gui abandonne les Sapins comme les autres arbres (en Auvergne) avant 1000 mètres d'altitude. Ce parasite est si commun sur les Sapins (Abies pectinata) de la Char- treuse de Pontgibaud, qu'il m'a souvent trompé dans mes recherches d'or- nithologie, et que je croyais avoir trouvé l'aire du Circaétus gallicus, ou des Milvus qui nichent dans cette forêt. Il est généralement implanté sur le tronc et sur les grosses branches. Son abondance est telle, que les habitants du pays le recueillent pour en nourrir leurs vaches, qui en sont très friandes. Recevez, etc. NOTICE SUR LE GUI, pr M. M. LECOQ. Viscum argum, Lin. — Le Gui est une des plantes ligneuses les plus remarquables de nos climats, des plus singulieres dans le paysage. Sa station réelle est d'étre parasite sur le Sapin. On le voit attaquer avec vigueur ce géant des forêts d'arbres verts, s'implanter sur ses branches, absorber sa séve parfumée, donner à ses feuilles toute l'ampleur qu'elles peuvent acquérir, et vivre pendant des siècles, comme l'arbre vigoureux dont il s'est constitué vices à la lichénologie, 262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le parasite. Le Gui s'est échappé des forêts d'arbres verts ; les oiseaux, en quittant leur sejour d'été, l'ont transporté surles Alisiers et sur les Crategus; ils l'ont semé sur les Pommiers sauvages, et, descendant dans nos vergers, ils en ont couvert nos arbres fruitiers. Ailleurs, ils ont abandonné ses graines sur la cime des Tilleuls, sur l'écorce lisse des Trembles et des Peupliers blancs, sur les rameaux caunelés de l’ Acer campestre, et le Robinia, importé de l'Amérique du Nord, n'a pas été préservé de ce parasite envahissant. — Quoique paraissant presque indifférent pour son support, le Gui ne se pré- sente pas toujours avec le méme aspect. Il est plus vigoureux, plus rameux, et ses feuilles sont plus larges sur le Sapin que sur les autres arbres; ses touffes sont plus jaunes sur les Pommiers; il croit en touffes plus volumi- neuses et plus arrondies sur les Tilleuls et sur les Peupliers blancs que dans toutes ses autres stations. Nous ne l'avons jamais vu sur le Chéne. — L'as- pect du Gui est tres curieux ; sa tige cassanteet dichotome est garnie d'une écorce verte ou jaunátre, et la moelle y est remplacée par des rayons mé- dullaires; ses feuilles sont entières, épaisses, charnues, à nervures diver- gentes et jaunâtres comme le reste de la plante. — La cime arrondie que forme chaque touffe de Gui offre une série de dichotomies successives, dont toutes les pièces, solidement fixées, semblent articulées les unes sur les autres, et à l'extrémité de chacune d'elles se trouvent trois fleurs également artieulées, dont deux latérales et une terminale. Entre ces fleurs latérales se trouvent deux feuilles, dont chaque aisselle produit un rameau semblable à celui dont nous parlons, et ainsi de suite d'année en année. Mais il arrivé presque toujours qu'indépendamment de ces deux rameaux axillaires, il en sort d'autres autour des articulations, et, quand le développement est com- plet, il y a quatre rameaux accessoires et deux axillaires, ce qui donne des verticilles de six, souvent diminués par des avoriements. — Le Gui fleurit au mois de mars, et se présente en touffes dioiques. Tantót le méme arbre est garni d'individus de sexe différent, tantôt un seul sexe en occupe là cime, ce qui nous a paru être l'effet du hasard. La fleur est jaune, les pétales sont épais, et les anthères sessiles, collées sur ces mêmes pétalés, sy présentent en petites masses épaisses, offrant un réseau aréolaire dont les mailles sont remplies d'un pollen très fin et un peu adhérent. Ces étamines s'ouvrent déjà dans le bouton. Le stigmate est sessile et peu apparent. — Apres la fécondation, l'ovaire he tarde pas à grossir ; il blanchit peu à pet et, au bout d'une année, lorsque les fleurs nouvelles paraissent, il s'est trans formé en une baie blanche et demi-transparente, ovale et remplie d'une pulpe visqueuse, dans laquelle une seule graine aplatie se trouve engagée. — baies pesantes tombent sur la terre et sont perdues pour la reproduétion; mais beaucoup d'entre elles servent d'aliment aux oiseaux, qui, dans leurs voyages rapides, les disséminent sur les arbres où ils se reposent. Alors la graine collée sur la branche laisse sortir une ou plusieurs radicelles qui SÉANCE DU 13 Mans 1857. 263 eherehent à pénétrer, à travers l'écorce, jusque dans la couche extérieure de l'aubier. Là elles se ramifient et prennent possession du milieu qui leur convient, et, quand elles ont ainsi assuré l'existence du premier bourgeon, les deux eotyledons s'étalent, et la jeune plante prend successivement du développement. Elle s'allonge chaque année, et chaque année la couche nouvelle de l'aubier vient serrer la base de sa tige, tandis que des racines nouvelles s'implantent et se ramifient au milieu des jeunes fibres du bois, dothant ainsi aux buissons arrondis dü Gui une solidité qui leur permet de résister aux tempétes et de ne tomber qu'avee les branches qui les suppor- tent. — Le V. album est remplacé, à Grenade, par le V. cruciatum Sieber, qui eroit sur les branches de l'Olivier, et, à l'ile de Norfolk, entre la Nou- velle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie, par le V. distichum Endl., qui lui est aussi parallèle, selon Bauer. Nature du sol. — Altitude. — Nous avons cité le Gui sur un grand nombre d'arbres oü il eroit habituellement; nous pouvons ajouter que M. Bouteille l'indique sur un trés vieux Bouleau aux environs de Magny (Seine-et-Dise), et M. Cosson sur un Chéne dans la forét de Troyes (Aube). Wahlenberg l'indique, en Suede, sur les arbres feuillés, tels que le Poirier, le Chéne, le Hétre, ete. Nous ne connaissons aueune autre citation sur ce dernier végétal. M. Gravier l'a vu sur le Pinus sylvestris dans la vallée du Queyras, et M. Godron sur les Peupliers, à Nancy. I! reste dans la plaine où sur des montagnes peu élevées. Nous ne l'avons pas vu au-dessus de 1000 métres, Géographie. — Le Gui est circonscrit dans des limites assez étroites ; au sd, il ne passe pas le plateau central de la France, et n'atteint pas le 44°. Il est pourtant cité par Tenore et Gussone en Italie et en Sicile, et De Can- dolle dit qu'il est commun, en Provence, sur les Amandiers. Il existee n Espagne. — Au nord, on rencontre le Gui dans la majeure partie de l'Eu- rope, en Danemark, en Gothie, dans la Norvege et la Suede australe, et il est seulement sporadique en Finlande. I! croit en Angleterre jusqu'au 55°. — À l'occident, il a sa limite en Angleterre. A l'orient, il s'étend davan- lage, vit en Suisse, en Toscane, où, selon Santi, il habite les Chátaigniers ; à Majorque, en Dalmatie, en Croatie, en Hongrie, en Transylvanie, en Gréce, en Turquie, en Livonie, ou Ledebour en eite un éehautillon sur un Tilleul ; en Lithuanie, oü il habite les Bouleaux ; dans la Russie australe, en Tauride, daus le Cauease, en Géorgie, sur les bords de la Caspienne et dans la Sibérie de l Oural, ou il croit aussi sur le Bouleau. M. Bové le cite, aux environs de Balbek, sur les Poiriers et les Aubépines; mais, d'apres les Observations de M. Decaisne, ce pourrait être une espèce voisine. M. Reveil dit que M. Robinet a présenté à la Sociéte de pharmacie et à la Societé d'agriculture une branche de Chêne portant le Gui. 26h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Robin ajoute qu'il a observé le Gui sur un Crategus Crus-Galli et sur un Salix caprea, en Normandie, dans un pare entouré de Pommiers couverts du méme parasite. M. Contejean dit : Qu'il est d'autant plus disposé à partager l'opinion de M. Lecoq sur les limites supérieures du Viscum album, que dans les montagnes du Doubs, l'Abies pectinata devient rare à 1000 mètres, et est remplacé par l'Abies excelsa vers 1100 mètres. A ce niveau, les arbres fruitiers n'existent plus. Sans être répandu dans la chaine du Jura avec autant de profusion que dans les montagnes d'Auvergne, le Gui n'y est pas rare. M. Contejean l'a observé dans les environs de Montbéliard sur le Poirier et Je Pommier sauvages et cultivés, sur le Tilia microphylla et le Robinia Pseudacacia d'une promenade, sur les Abies pectinata, Fagus sylvatica, Sorbus Aria, Acer Pseudoplatanus, Salix alba, Cratequs monogyna. M. le pasteur Roy l'a trouvé sur le Charme à Longevelle. Wetzel l'a recueilli sur les Sorbus torminalis, Cratæqus monogyna, Acer campestre, Salix babylonica, Rosa canina. M. Contejean a vu les échantillons authentiques dans l'herbier de ce botaniste. Jean Bauhin le signale à Belfort sur le Cornus mas. On ne l'a encore observé ni sur le Chêne, ni sur l'Abies excelsa, dans les limites de ja flore de Montbéliard. M. Moquin-Tandon dit avoir vu le Gui sur le Quercus Ilex. M. Brongniart rappelle que De Candolle, dans sa Physiologie vé- gétale, a donné une longue liste des espèces sur lesquelles se déve- loppe ce parasite. M. J. Gay cite cette phrase d'Endlicher, au sujet du Gui: Nullum omnino arborum vel fruticum genus respuens, in ipso Lorantho europeo parasiticum vivit (1). M. Guillard présente les observations suivantes au sujet d'une communication faite dans la dernière séance par M. J. Gay, au nom de M. Clos : M. Clos a rappelé qu'il avait proposé en 1855 (2) d'expliquer par là partition l'inflorescence des Crucifères, et en général des plantes chez les- quelles les pédicelles sont latéraux sans étre aisselés. M. Clos a rappelé la détinition de la partition donnée par Aug. de Saint- Hilaire. Un exemple de ce phénomène se rencontre, non très rarement, au bord de nos chemins, sur Lolium perenne L., lorsque son épi, d'abord (1) Enchirid. bot., p. 399. (2) Voyez le Bulletin, t. 1f, p. 499. SÉANCE DU 13 Mars 1857. 265 simple, se bifurque et continue en épi double. Au lieu d’un seul axe, on en a deux marchant concurremment, comme serait d'un homme et de son ombre, ou d'un objet et de son image réflétée par un miroir. Ce n'est pas ce que l'on rencontre communément chez les Crucifères. Aussi M. Clos ne s'en tient pas là; il généralise l'idée de la partition : il la voit partout où il y a division en deux parties, quelle que soit la dissemblance des rameaux ainsi produits. Le globule qui est au centre du bourgeon terminal d'une tige de Crucifére se divise en deux mamelons, dont l'un sera une fleur, l'autre une grappe. M. Clos appelle cela partition. Il y a partition si l'on veut, c'est-à- dire division, partage, mais non plus dans le sens oü l'entendaient Link et Saint-Hilaire, et où l'entendent probablement la plupart des botanistes ; il n'y a plus dédoublement donnant naissance à deux rameaux semblables. Au reste, M. Clos a raison de dire que la partition, dans le sens très étendu qu'il lui donne, est un phénomène général; elle appartient en effet à toutes les plantes. Tout rameau sort d'un bourgeon, tout bourgeon sort d'un glo- bule muqueux, tout globule muqueux se divise, se partage, pour produire nne première feuille, puis une seconde et le reste. C'est ainsi que s'opére la progression. Il n'y a donc rien, dans la manière de voir de M. Clos, qui s'oppose à ce que l'inflorescence des Cruciféres soit regardée comme purement progressive, et leurs grappes classées parmi les Botryes simples, puisque, de l'aveu méme de ce savant professeur, les pédicelles y sont dis- posés dans le méme ordre que les feuilles. Soit dit sans préjudice des Cymes scorpioides, où la régression se démontre par d'autres observations. Mais l'absence des bractées ! Si cette absence était absolue, il faut con- venir qu'il y aurait difficulté à classer avec certitude ce genre d'inflores- cence et à décider de la qualité du groupe floral qui en résulte. Mais qui ne sait qu'un certain nombre de Crucifères ont au moins leurs premiers pédicelles à l'aisselle d'une braetée, méme d'une feuille? Nous citerons seulement (les ayant en herbier) : Alyssum maritimum Lamk., Arabis auriculata Lamk. , A. hirsuta Scop., Biscutella ambigua DC., Brassica montana DC., Capsella Bursa-pastoris Mœnch, Cochlearia glastifolia L., Diplotaxis erucoides DC., D. tenuifolia DC., D. viminea DC., Sinapis arvensis L., Thlaspi arvense L., Sisymbrium Columnæ Jacq., Lepidium campestre R. Br., L. sativum L., Brassica ole- racea L. Voyez aussi Jaequemont, Voy. pl. XIII (Cheiranthus himalayensis Camb.), etc. Enarthrocarpus lyratus DC. est bien mieux encore : toutes ses fleurs SONT AXILLAIRES, depuis la premiere qui a pour aisselière une feuille formelle, jusqu'à la dernière qui conserve une petite bractce. Il en est de méme de plusieurs espèces des genres Sisymbrium, Cardamine, Farsetia, citées par les auteurs que rappelle M. Clos (loc. cit., p. 501). 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous coneluons : 4° que l'absence de bractées, qui est trés fréquente, mais qui n'est pas universelle chez les Crucifères, s'explique suffisamment par l'oblitération ou l'avortement, comme dans beaucoup d'autres familles; 2» Qu'il y aurait danger de confusion à étendre aux phénomènes les plus communs le sens du mot partition, qui à été utilement spécialisé pour des cas particuliers bien définis ; 3° Qu'il n'y a pas lieu, quait à présent, d'admettre une troisième ordon- née générale du système naturel de l'inflorescence, tous les faits normaux observés jusqu'ici rentrant sans effort dans les deux ordonnées PROGRESSION et RÉGRESSION. Nous protestons à cette occasion contre « les faisceaux fibro-vascu- laires générateurs des feuilles ou des fleurs » de M. Clos (1). Les feuilles et les boutons floraux sont engendrés dans des bourgeons oü l'on ne trouve, à l'époque et à l'endroit de cette génération, ni fibres ni vaisseaux, mais seulement des cellulettes sévéuses et dés courants séveux. Ce qu'on appelle fibre n'engendre rien que l'on sache, ce qu'on appelle vaisseau non plus, et leur réunion pas davantage. Cette partie inférieure et prolongée des traehées qui a nom vaisseau et les tubules nommés fibres sont des organes postérieurs à la naissance et au premier développement de l'étre vivant auquel ils s'ajoutent, et des étres qui sé produisent de sa substance. On peut ouvrir en ee moment un bourgeon floral de Ribes, par exemple, y voir des boutons bien formés, la progression nettement marquée ; y discet- ner sépales, étamines, carpelles méme, sans trouver seulement une trachée dans ces organes déjà éloignés de l'époque de leur naissance. On n'en trou- vait pas davantage à cette méme époque dans le mamelon muqueux qui les avait conçus. M. J. Gay fait observer que, dans les grappes des Cruciféres, les fleurs inférieures naissent souvent à l'aisselle de feuilles. On peut d'ailleurs y trouver toujours des bractées rudimentaires, sous forme de petites écailles, au moins pour les pédicelles inférieurs. Quant aux feuilles supérieures, leurs bractées sont souvent nulles; mais là encore on retrouve les deux stipules glanduleuses qui caractérisent les feuilles des Crucifères. M. Gay cite, à l'appui de ces faits, les observations encore inédites de M. Nordmann, de Christiania: Il signale aussi la manière de voir de M. Krause, qui, chez les Cruci- feres, cherchait la bractée dans le calice et considérait comme telle le sépale antérieur. Le sépale postérieur était, pour lui, un vorblatt ou préfeuille. M. Gay considère cette opinion comme non soutenable. (1) Loc. cil., p. 500. SÉANCE DU 13 mars 1857. 267 M. Chatin rappelle que certaines Cruciféres ont des bractées trés manifestes. Il cite les Sisymbrium polyceratium , runcinatum , Braya supina, etc. M. Gay ajoute que, dans le genre Zonopsidium, tous les pédicelles naissent à l'aisselle de feuilles. M. Guillard fait remarquer que ce qui vient d'étre dit par MM. Gay et Chatin confirme l'opinion qu'il a émise, en considerant l'inflorescence des Cruciféres comme se rapportant au type ordinaire de la progression et n'étant pas le résultat d'une partition spéciale. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UNE FEUILLE MONSTRUEUSE DE TILLEUL, SUIVIE DE QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES FEUILLES PELTÉES, par M. P. DUCHARTRE. - Le fait qui fait le sujet principal de cette note n'a peut-étre pas beaucoup d'intérêt, et en le signalant à la Société, j'aurais craint d'occuper son attention sans motif suffisant, si je n'avais constaté qu'aucune observation analogue ne se trouve signalée dans le Traité de Tératologie végétale de M. Moquin» Tandon. Il m'a été présenté par une feuille de Tilleul qui, seule sur son rameau, avait soudé l'une à l'autre ses deux grandes oreillettes basilaires sur toute la longueur de leurs bords en regard, et cela de maniere à devenir complétement peltée. Cette soudure avait déterminé une altération dans le contour général de la feuille, qui était devenue notablement plus longue que large, tandis que les feuilles normales voisines étaient toutes aussi larges ou méme un peu plus larges que longues. A cela près rien n'avait été changé dans l'organe, dont les nervures avaient conservé, sans le moindre changement, le nombre, le développement relatif et la disposition qu'elles présentent habituellement dans le Tilleul. La ligne de soudure des deux bords unis n'était indiquée par rien de particulier ; mais on recon- naissait sa situation grâce à une nervure très grêle qui, dans les feuilles normales du Tilleul, suit à une faible distance le bord interne de la grande oreillette, Cette nervure existait dans ma feuille peltée, et elle montrait que l'union s'était faite tout à cóté d'elle. En observant cette moustruosité, je me suis demandé si elle ne dévoilait pas l'origine réelle de ta disposition, peu fréquente au total, qui rend les feuilles peltées; en d'autres termes, je me suis demandé si les feuilles peltées, en général, ne seraient pas purement et simplement des feuilles à deux grandes oreillettes basilaires, soudées entre elles par leurs bords en regard. Je crois que la disposition peltée ou la peltation, si l'on veut me passer ce mot, ne peut avoir que deux origines : 4° celle que je viens d'indiquer; 2 une ramification parfaitement uniforme du pétiole tout 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. autour de son extrémité. Dans le premier de ees modes de formation, la soudure sera toujours indiquée, ce me semble, parce que, si l'on trace une ligne qui prolongerait la nervure médiane du limbe eu arrière de sa base marquée par l'extrémité du pétiole, cette ligne ne rencontrera pas de nervure et parcourra un espace uniquement cellulaire; tandis que, dans le second mode, cette méme ligne rencontrera une nervure équivalente ou à peu près équivalente aux autres ; ces deux sortes de peltation semblent, a priori, devoir différer beaucoup d'importance, puisque l'une n'est due qu'à une soudure, c’est-à-dire à un fait indépendant de l'organisation méme, tandis que l'autre tient a une sorte particulière de ramification du pétiole, c'est-à-dire à la constitution méme de l'organe. La dernière donnerait seule des feuilles essentiellement peltées, tandis que la premiere produirait des feuilles en quelque sorte imparfaitement peltées. I! y avait un certain intérêt à reconnaitre, en premier lieu, si la nature emploie uniquement l'un ou l'autre, ou bien simultanément l'un et l'autre de ces modes; en second lieu, si la différence que, théoriquement, on trouve entre eux, est tellement grande en effet, que la méme espèce ne présente jamais que l'un ou l'autre mode séparément, et non l'un et l'autre à la fois. Pour me fixer à cet égard, j'ai observé beaucoup de feuilles peltées, et les résultats de cet examen ont été: 1° que la très grande majorité de ces feuilles doit sa maniere d’être à une soudure bord à bord des deux oreillettes basilaires; 2° qu’un petit nombre seulement sont peltées par ramification du pétiole tout autour de son extrémité; 3? que cette derniere sorte. de peltation, quoique tenant à l'organisation méme de la feuille, peut être remplacée par la première, de manière à rendre moins tranchée qu'on ne l'aurait eru d priori la ligne de démarcation entre les deux. Je ne erois pas nécessaire de citer des exemples de feuilles peltées par soudure, puisqu'elles constituent la généralité; mais j'indiquerai les Ne- lumbium comme le meilleur exemple, à ma connaissance, de celles qui sont peltées par uniformité de ramification. Dans ces végétaux le limbe de la feuille revient à un cercle coupé en deux par un diamètre que trace une nervure médiane, partagée elle-même par le point d’attache du pétiole en deux parties égales, situées bout à bout. Ces deux parties constituent en réalité deux nervures médianes, l'une antérieure, l'autre postérieure. Une particularité digne de remarque, c'est que ces deux nervures médianes sont simples, tandis que toutes les autres, en grand nombre, qui rayonnent autour du sommet du pétiole, sont rameuses par dichotomie. Par exception à cette structure, j'ai vu deux feuilles de Nelumbium speciosum parmi celles de l'herbier Delessert, dans lesquelles la nervure médiane postérieure manquait entierement, et qui, dès lors, semblaient appartenir au type commun des feuilles peltées. J'ai trouvé aussi, sur un pied de la même SÉANCE DU 13 mars 18957. 269 espèce cultivé dans l'aquarium du Jardin des plantes, une feuille qui formait la transition de l'état normal à ce dernier, et dans lequel la nervure médiane postérieure, simple à sa base sur une certaine longueur, se bifur- quait plus loin en deux nervures égales et parallèles. — Les espèces à feuilles peltées du genre 7ropæolum présentent, de leur côté, des varia- tions assez grandes pour rendre fort difficile la distinction entre les deux Sortes de peltation, ou pour prouver méme que cette distinction est peu admissible. Ainsi, dans le Zropæolum majus, la nervure médiane posté- rieure manque le plus souvent, mais elle existe aussi dans un certain nombre de cas. Pour le Zropeolum minus, les cas dans lesquels cette ner- vute existe sont plus fréquents que pour le Tropæolum majus ; mais ils le sont encore moins que ceux dans lesquels elle manque. Je ne l'ai pas trouvée sur la généralité des feuilles de 7ropeolum tuberosum que j'ai examinées ; sur une feuille de cette espèce, dans l'herbier Delessert, je l'ai observée formant une bifurcation en deux vervures symétriques. — Ces exemples, qu'il serait je crois inutile de multiplier, me semblent prouver l'exactitude des énoncés que j'ai exprimés relativement aux modes de for- mation des feuilles peltées en général. M. Reveil dit avoir vu en 1849, dans un jardin, à Paris, un Lonicera Caprifolium portant des feuilles soudées, non pas à leur base, mais par leurs bords. M. Baillon présente les observations suivantes : La formation des feuilles peltées semble pouvoir se rapporter aux deux modes différents qu'invoque M. Duchartre, si l'on en juge, entre autres exemples, par les deux qui suivent. La marche qu'y suit la nature semble en effet tre inverse dans les deux cas. Les feuilles de nos Ricins ne sont pas d'ordinaire peltées à l’âge adulte, Mais dans leur extrême jeunesse elles le sont toujours. Si l'on examine comment s'y comportent à leur apparition les nervures, on voit que du Sommet du pétiole diverge un faisceau infundibuliforme de ces nervures qu'on dira plus tard digitées. Le parenchyme s'étend de l'une à l'autre, et forme avec elles une sorte de cornet continu. Cependant ce cornet s’échancre légèrement sur un des points de son ouverture. On peut voir alors que là hervure qui, partie de l'extrémité du pétiole, s'avance vers cette échan- rure, s'est. bifurquée pour suivre chacune des lèvres de celle-ci, tandis que toutes les autres sont encore simples. Cette nervure affecte done alors la disposition d'un Y, et l'angle que forment les deux branches supérieures par leur rencontre se trouve dépourvu de parenchyme. Le jambage basi- laire est donc le trait d'union qui persiste entre les deux moitiés de la base 270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la feuille; mais comme ee jambage va désormais s'aceroitre très peu, relativement aux deux branches supérieures divergentes de l'Y, la pelta- tion va se détruire graduellement et finira par être imperceptible. Acei- dentellement elle pourra cependant subsister, et c’est ce qui arrive trés souvent dans la variété du Ricinus communis qu'on a nommée Zl. afri- canus. Un exemple eomplétement opposé semble pouvoir étre tiré des feuilles du JVelumbium cité par M. Duchartre. Si l'on brise, en effet, une graine de cette plante et que l'on en retire l'embryon végétal, lequel est déjà très développé avant toute germination et se distingue par sa couleur verte de l'albumen blanchátre, on voit que, sinon la premiere feuille, laquelle est d'ordinaire simple et acieulée, la seeonde et la troisieme le plus souvent se présentent avee l'aspect suivant. Au pétiole fait suite un limbe étroit, conique, subulé, aigu, et sur ses côtés sont portées deux cornes obliquement réfléchies vers le pétiole, et donnant à l'ensemble de la feuille la forme de certains fers de fleche. Il y a done dans cette feuille deux grands angles vides par absence du parenchyme entre ces lobes et le pétiole. Sur les feuilles suivantes, le pareuchyme devenant plus abondant, cet intervalle est comblé, et l'on arrive peu à peu à un limbe cordé-échancré à sa base, puis pelté d'une manière de plus en plus manifeste. C'est simplement la quantité du parenchyme interposé qui fait, par son accroissement, dispa- raitre les solutions de continuité des bords de la feuille. M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces rares ou nouvelles de la régence de Tunis, et fait les communications suivantes : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Dixiéme partie.) Le Djebel Ksel, comme nous l'avons déjà dit, constitue avee le Djebel Mezouzin, les massifs les plus élevés des montagnes rocheuses qui circon- scrivent la plaine de Géryville. Le massif de cette montagne, étendu du sud-ouest au nord-est, s'élève à environ 8 kilomètres au nord-est de Géry- ville, par une pente étroite dont l'inelinaison est assez forte; ses versants principaux sont ceux du nord et du sud. Deux sommités terminent le massif, l'une moins élevée et plus approchée de Géryville, l'autre qui formé la cime principale et qui est désignée sous le nom de Kef el Mardjem. Un col assez large, ou plutót une vallée peu profonde, sépare les deux sommets. — Le versant nord, malgré sa pente assez roide et la présence de uombreux blocs de rochers, est en grande partie boisé, et ces bois, dont l'essence SÉANCE DU 13 Mans 1857. 271 principale est le Chéne-vert (Quercus Ilex, et var. Ballota), s'étendent de- puis environ 200 mètres au-dessus de la base de la montagne jusqu'aux sommités, qui présentent encore quelques buissons espacés et rabougris. Dans une anfractuosité de la partie la plus occidentale de ce versant, et à environ 400 mètres au-dessus de la plaine, existent les seules véritables sources que présente la montagne, et elles ne sont pas assez abondantes pour donner naissance à un ruisseau, car bientót leurs eaux se perdent dans le pâturage qu'elles arrosent. C'est aupres de ces sources que M. de Colomb, qui la veille avait eu l'obligeance d'alier choisir le lieu de campement le plus favorable pour nos explorations, a fait dresser les tentes qui doivent nous servir d'abri pendant notre séjour dans la montagne. — Le versant sud, esearpé dans presque toute son étendue, est dépourvu de véritables bois, et il ne s'y rencontre que quelques arbres et quelques buissons, espacés à la base des rochers qui constituent les escarpements et sur les bords des ravius. La roche dominante du Djebel Ksel est un grés assez compacte ; sur quelques points seulement se rencontrent des schistes argileux. Le terrain rocailleux et dépourvu de bois et de broussailles, par lequel nous Commençons l'ascension du versant nord, nous montre, réunies aux plantes de la plaine, un certain nombre d'espèces caractéristiques de la ré- gion montagneuse; ainsi nous y voyons en abondance les £ruca sativa, Helianthemum salicifolium var. brevipes et hirtum var. Deserti, Peganum Harmala (très abondant), Ononis angustissima (très abondant), Anthyllis Numidica, Scandix australis, Pallenis spinosa, Xeranthemum inapertum, Atractylis cæspitosa (très abondant), Echinops spinosus, Thymus ciliatus var., Plantago albicans, Scilla Peruviana, Asphodelus microcarpus, Stipa tenacissima (très abondant), gigantea, barbata et parviflora, Lygeum Spar- tum, Ægilops ovata var. triaristata ; outre ces plantes dominantes nous y notons encore les Erucastrum leucanthum, Meniocus linifolius, Alyssum scutigerum, Silene cerastioides, Ebenus pinnata, Astragalus tenuifolius, Eryngium campestre, Crucianella patula, Carduncellus pinnatus, Centaurea acaulis, Onopordon macracanthum, Rhaponticum acaule, Scorzonera undu- lata, Asterothriz Hispanica, Androsace maxima, Rochelia stellulata, Zi- zyphora Hispanica, Passerina virgata, Wangenheimia Lima, Festuca in- crassata, Bromus squarrosus, ete.; la végétation de la région montagneuse est représentée par les Ononis Columnæ, Medicago secundiflora, Sedum altissimum, Pimpinella dichotoma, Centaurea alba et pubescens, Phænizo- Pus vimineus, Sonchus spinosus, Festuca cynosuroides ; le Carduncellus atractyloides, qui n'avait encore été observé dans notre voyage qu'au sommet du Djebel Taelbouna pres Asla, et qui n'était connu qu'en Algérie dans la région montagneuse supérieure des monts Aurès et du Djurdjura, se rencontre ici à une altitude bien moindre que celle des autres stations OU nous l'avions observé. 2,2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Au-dessus des rocailles que nous venons de traverser apparaissent de rares buissons de Rosmarinus officinalis, Retama spheerocarpa non encore fleuri, Colutea arborescens, Cistus villosus, Rhamnus lycioides, Jasminum fruticans, Ephedra Græca, que dominent çà et là des touffes de Juniperus Oxycedrus et quelques Chénes- verts rabougris, premiers représentants de la zone boisée que nous atteindrons bientôt. Entre les broussailles croît en grande abondance le Ferula communis, qui par sa taille les dépasse sou- vent. Là nous observons, outre la plupart des espèces de la base de la mon- tagne, les Alyssum serpyllifolium, Helianthemum glutinosum et rubel- lum, Dianthus sylvestris, Linum suffruticosum, Argyrolobium Linnæanum, Coronilla minima, Hippocrepis scabra, Sedum album var., Carum Mauri- tanicum, Thapsia latifolia, Jurinea humilis var. Bocconi, Carlina involu- crata, Serratula mucronata, Leuzea conifera, Helminthia aculeata, Avena pratensis, Melica ciliata, Elymus crinitus, ete.; nous y recueillons égale- ment le Santolina canescens, que nous n'avions encore vu que dans les montagnes de l’ Aurès et dans le Djurdjura, avec les Genista pseudopilosa et Buplevrum exaltatum var. linearifolium Boiss. (B. paniculatum Coss. ap. Balansa exsice.) qui en Algérie n'étaient connus que dans les monts Aurès. Au-dessus de ce point, tout le versant nord de la montagne est couvert, à l'exception de quelques clairières plus ou moins étendues, de bois formés presque exclusivement par des Chénes-verts peu élevés et des Juniperus Oxycedrus. — L'approche de la nuit et surtout un orage qui se prépare, et qui nous est annoncé par un violent ouragan, quelques coups de tonnerre, et les nuages qui s'amoncellent, nous foreent de remonter à cheval et de gagner en toute hâte le lieu désigné pour Je campement. Les bois, où l'obscurité déjà profonde ne nous permet plus de distinguer le sen- tier, sont traversés sans accident, grâce à la vigueur et à l'adresse de nos chevaux, qu'il ne nous est plus possible de guider et qui souvent ont à gravir des pentes roides et rendues plus difficiles par des pierres éboulées. M. et M"* de Colomb, ainsi que nos autres compagnons d'excursion, qui n'avaient pas comme nous trouvé un vif intérêt dans l'exploration des páturages de la base de la montagne, voient avec grand plaisir les tentes où nous allons trouver un abri contre la pluie, qui commence à tomber et qui heureusement n'a pas atteint notre provision de papier. Un excellent souper que M. de Colomb a eu l'attention de faire préparer, et auquel tout le monde fait amplement honneur, nous dispose à passer une bonne nuit pour nous preparer a la course du lendemain, au succes de laquelle nos aimables compagnons s'intéressent vivement et pour laquelle tous nous promettent le concours le plus empressé, Le 29 mai, vers 7 heures du matin, apres avoir mis en ordre nos récoltes de la veille et avoir pris une premiere observation barométrique au voisi- nage des sources, situées à environ 400 mètres au-dessus de la plaine de SÉANCE DU 43 Mars 1857. 973 Géryville et à 1700 mètres d'altitude absolue, nous explorons minutieuse- ment la clairière où sont dressées nos tentes et où l'irrigation naturelle des sources a favorisé le développement d'une riehe végétation. Dans les en- droits vaseux où viennent se perdre les eaux des sources, nous trouvons en abondance le Ranunculus cænosus avec les Trifolium resupinatum, Juncus bufonius, Scirpus Holoschænus, Carex divisa, Alopecurus pratensis var. ventricosus, ete. Les páturages aux environs du campement, où dominent les Trifolium sphærocephalum, Armeriu plantaginea var. leucantha, Plan- tago subulata et Coronopus, Rumex thyrsoides, Cynosurus elegans, Trise- tum flavescens, Poa bulbosa et Festuca cynosuroides, nous offrent en outre un certain nombre de plantes intéressantes, entre autres les Marrubium su- pinum, Helianthemum papillare, Trifoliun micranthum (nouveau pour l'Algérie), Sisymbrium crassifolium, Evax Heldreichit, avec les Arabis auriculata, Anthemis tuberculata, Anacyclus Pyrethrum, Erysimum gran- diflorum, [nula montana, Trigonella polycevata, Catananche cerulea, Centaurea acaulis, Silene conica, Capsella Bursa-pastoris, Convolvulus seri- ceus, Trifolium glomeratum et tomentosum, Geranium rotundifolium, Apera interrupta (connu en Algérie à une seule localité des monts Aurés, au sommet du Djebel Cheliah), etc. — A la limite de la clairière de notre cam- pement nous trouvons, sur la lisière du bois de Chénes-verts que nous de- vons traverser pour gravir la sommité occidentale de la montagne, les Thy- mus hirtus et Guyonii qui croissent sur des pelouses rases et. pierreuses. Parmi les espèces que nous observons dans le bois et que nous n'avons pas encore vues jusque-là, nous devons nous borner à mentionner les Veronica rosea, Silene Italica var., Bromus erectus, Calamintha alpina, Milium vernale var. Montianum, Arabis pubescens, Helianthemum glaucum, Litho- spermum incrassatum, Festuca triflora, Silene tripartita var. oxyneura, Va- leriana tuberosa, Polycarpon Bivonæ, Saxifraga Carpetana, ete. Le Cra- tægus Oxyacantha, le Rosa canina et le Lonicera Etrusca se rencontrent ça et là dans le bois, où le Santolina canescens devient d'une grande abon- dance. Des rochers escarpés assez élevés nous restent à franchir pour atteindre le plateau étroit et rocailleux qui constitue le point culminant de la première sommité. Dans les fissures des rochers et dans les rocailles qui 8 étendent à leur base, nous trouvons le Draba Hispanica qui est beaucoup plus rare que dans les autres montagnes de l’ Algerie, d'une méme altitude, que nous avons visitées dans nos voyages précédents. La nous notons éga- lement les Anthyllis Vulneraria, Atractylis cespitosa. Jurinea humilis var. Bocconi, Linum suffruticosum, Inula montana, Plantago subulata, Buple- urum exaltatum var. linearifolium, non fleuri, Centaurea alba, Carduus macrocephalus, ete. A l'ombre de touffes de Chênes-verts rabougris et de Berberis vulgaris var. australis, espacées sur le plateau (environ à 200 mètres au-dessus des sources), nous observous les Valerianella cari- T. IV 18 274 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nata, Veronica præcox et Cymbalaria, Galium Aparine, Thlaspi perfo- liatum, Myosotis hispida, Rubia levis, Anthriscus vulgaris, Arenaria ser- pyllifolia, Cynosurus elegans. Les rocailles du plateau, où les plantes dominantes sont les Atractylis cespitosa, Plantago subulata et Evax Hel- dreichii sous forme de touffes orbiculaires déprimées, nous présentent la plupart des espèces déjà signalées dans les rochers que nous venons de gravir, avec les Helianthemum pilosum var. et rubellum, Bromus squar- rosus, Avena pratensis, Sedum album var., Trisetum flavescens, Teucrium Polium, Echinaria capitata, Armeria plantaginea var. leucantha, Cala- mintha alpina, Anacyclus Pyrethrum, Ranunculus Orientalis, Silene conica, Trifolium sphærocephalum, Alyssum serpyllifolium, Veronica rosea, Rochelia stellulata, Xeranthemum inapertum, ltomulea Bulboco- dium, Festuca cynosuroides. Nous avons à peine terminé l'exploration de cette première sommité, que nous voyons descendre du pic principal nos compagnons d'excursion, qui nous rappellent que l'heure du déjeuner est arrivée et qu'ils vont nous attendre au lieu du campement ; nous nous hátons done de les rejoindre avec d'autant. plus d'empressement, que le reste de la journée doit à peine suffire à la préparation de nos récoltes. À notre arrivée nous trouvons avee grand plaisir un excellent déjeuner servi sous des Chénes-verts, dont l'ombrage a été rendu plus complet par des branchages eoupés et entrelacés dans leur feuillage, et qui forment ainsi un véritable dóme de verdure au-dessus du rocher qui nous sert de table. Nous n'avons pas besoin de dire que, dans ce charmant site et en aussi bonne compagnie, le temps du repas est employé d'une manière aussi agréable qu utile. Le 30, tout le monde est sur pied dès six heures du matin; M. et M"*de Colomb, ainsi que les officiers de Géryville, nous quittent pour retourner au fort, aprés nous avoir laissé toutefois les vivres nécessaires pour la journée, que nous nous proposons de consacrer encore à l'exploration de la montagne. A 8 heures, nous partons pour aller visiter le pâturage du col, qui, comme nous l'avons déjà dit, sépare les deux sommités, et surtout le point culminant dela montagne, le Kef el Mardjem. Le bois de Chénes-verts que nous avions exploré la veille, et que nous traversons pour nous rendre au col, ne nous offre pas de nouvelles espèces à ajouter à notre liste. Les pâturages du col présentent uue végétation assez analogue à celle du lieu de notre campè- ment; aussi nous bornerons-nous ici à appeler l'attention sur les quelques espèces que nous n'avons pas observées à cette dernière station ou sur la premiere sommité que nous avons visitée la veille. La pelouse dépourvue de bois qui occupe toute l'étendue du col, et qui çà et là est labourée par des broutis de sangliers, est constituée par un gazon assez epais, où dominent les Armeria plantaginea var. leucantha, Trifolium spherocephalum et par- viflorum, que nous avons déjà rencontrés au voisinage des sources, avec les SÉANCE DU 13 Mars 1857. 275 Bromus mollis, Hordeum murinum, Poa bulbosa, Barkhausia taraxacifo- lia, ete. Dans le gazon méme nous recueillons le Lepidium Granatense, qui y est très abondant, et les Ranunculus cherophyllos var. flabellatus, Tu- lipa Celsiana, Cerastium glomeratum, Erodium cicutarium, Herniaria gla- bra?, Ornithogalum umbellatum, Kalbfussia Salzmanni, Taraxacum obova- tum, Valerianella discoidea, Scleranthus annuus var., Aira minuta, Lamium amplexicaule. Sur les points où le sol a été dénudé par les sangliers, nous observons le Carduncellus pinnatus et le Carduncellus atractyloides dont les touffes ne sont pas encore fleuries, avec le Ceratocephalus falcatus et le Hohenackeria buplevrifolia, plante des hauts plateaux qui à cette aititude n'avait jamais été observée en Algérie ; dans ces mêmes broutis de sangliers nous retrouvons l Apera interrupta, qui en Algérie semble propre à la region montagneuse supérieure. Nous nous dirigeons ensuite vers la pente assez roide qui nous reste à gravir pour atteindre le point eulminant du Kef el Mardjem. A la base de cette pente existent quelques buissons de Peuplier blanc (Populus alba), tout à fait semblables par la forme des feuilles à la variété du méme arbre que nous avons observée aux environs de Tlemcen. Dans les rocailles nous trouvons en abondance le Polycarpon Bivonæ avee le Queria Hispanica et le Kæleria Valesiaca. V'étroit plateau qui constitue Ja sommité, et où sont espacés quelques buissons de Juniperus Oxycedrus et de Chéne- vert, ne nous offre guère entre les rocailles et dans les fissures des rochers de grès que les plantes déjà signalées sur le premier pie, et nous n'avons à ajouter à notre liste que les Papaver Rhœas, Hutchinsia petræa, Sisymbrium crassifolium, Dianthus serrulatus, Trifolium arvense, Umbi- licus horizontalis, Anthemis tuberculata, Bellis sylvestris, Catananche cœ- rulea, Linaria simplex, marginata et heterophylla, Festuca duriuscula, Bromus rubens et tectorum, Asplenium Adiantum-nigrum. Nous nous arrè- tons quelques instants au pied d'une pyramide en pierres sèches pour prendre l'observation barométrique qui nous servira à déterminer l'altitude de ee point, l'un des plus élevés des montagnes du sud de l'Algérie. Cette altitude, autant que nous pouvons en juger d'aprés une seule observation faite dans des conditions atmosphériques peu favorables, nous parait devoir être évaluée approximativement à 1950 mètres, soit à 650 mètres environ au-dessus de Géryville, Au nord seulement la vue embrasse un vaste hori- Zon, car elle s'étend sur les plaines des hauts plateaux jusqu'au Chott el Chergui; au sud-ouest s'élève le Djebel Mezouzin, dont l'altitude est pres- que la méme, et que traverse le col de Teniat Ouled Moumen par lequel nous avions pénétré dans la plaine de Géryville; à l'ouest la vue est bor- née par les montagnes du khraueg el Beiod qui limitent la plaine de Géry- Ville; à l'est apparait la plaine accidentée de Stitten. — Daus les rochers escarpés qui constituent la partie supérieure du versant meridional, nous Observons les Alyssum maritimum, Brassica Gravinæ, Arabis pubescens, 276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Anagallis linifolia et Cistus villosus. Environ à 50 mètres au-dessous du sommet du Kef, dans un endroit argileux déprimé où viennent se perdre les eaux d'une petite source, nous recueillons un certain nombre des espéces que nous avons déjà notées au voisinage de notre campement, avec les Phleum pratense var. nodosum, Festuca arundinacea, Poa trivialis, Mentha Pulegium, et nous trouvons avec. une vive satisfaction le Trigonella orni- thopodioides, piante de l'Europe occidentale qui n'avait encore été vue en Algérie qu'aux environs d'Alger. — Nous ne sommes de retour au campe- ment près des sources que vers deux heures, et après avoir épuisé le reste de nos [vivres, nous nous empressons de regagner Géryville, où nous ne sommes rendus qu'à la tombée de la nuit. Les journées du 31 mai et des 4° et 2 juin, ainsi que la matinée du 3, sont employées à la préparation de nos dernières récoltes, à l'étude avec M. de Colomb de l'itinéraire le plus avantageux à suivre jusqu'à Laghouat, à notre correspondance, à la mise en ordre de nos notes, à des conférences avec le tolba du Bureau arabe, pour lui faire transcrire les noms arabes des plantes sahariennes que nous avions recueillies à El Abiod Sidi Cheikh et à Brézina, et surtout à l'emballage définitif de nos volumineuses collections. Nos nombreux paquets de plantes sèches sont, grâce à l'obligeance de l'of- fieier d'administration, renfermés dans des caisses à biscuit, dont les dimensions sont parfaitement approprices au trausport à dos d'animaux, et sans lesquelles nous eussions difficilement pu faire arriver à bon port nos collections, car il ne s'agissait de rien moins que de leur faire parcourir à dos de chameaux le trajet de Géryville à Laghouat, et de Laghouat à Médéah, c'est-à-dire près de 150 lieues. Nous n'avons pas d'ailleurs à regretter beau- coup tout le temps que nous sommes forcés de passer à la chambre et de consacrer à nos préparatifs de départ, car depuis notre retour du Djebel Ksel les variations atmosphériques ont été incessantes : il est tombé de fréquentes et formidables averses, et la violence du vent a été telle, que toute herbori- sation eüt été bien difficile, sinon impossible. Le 3 seulement, vers deux heures, apres avoir exprimé à M"* de Cclomb toute notre reconnaissance pour sa bonne hospitalité et l'aimable sollicitude avec laquelle elle a présidé à nos approvisionnements, nous montous à che- val, aecompagnés de M. de Colomb et des autres officiers de Géryville qui veulent bien nous faire la conduite pendant une grande partie de notre pre- mière étape. ( La suite à une prochaine séance.) SÉANCE DU 13 Mans 1857. 277 NOTES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS, pr MM. E. COSSON et L. KRALIKH. (Quatriéme partie.) ASTERISCUS PYGMÆUS Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsiee. [1853] n. 793. — À. aquaticus var. pygmeus DC. Prodr. VM, 287; Coss. et Kr. Cat. Palest. in de Saulcy Voy. mer Morte, 10. — Saulcya Hiero- chuntica Michon Voy. relig. Or. M, 383. Planta annua, pusilla, subacaulis monocephala, vel infra capitula 1-2 subradicalia dichotoma vel radiatim ramosa ramis ascendentibus monoce- phalis vel infra capitulum terminale iterum dichotomo- vel radiatim ramosa; foliis sericeo-villosis, integerrimis, elongato-oblongis, obtusis, etiam superioribus in petiolum longe attenuatis; capitulis minimis vel majuseulis, foliis superioribus stipatis; involucro sericeo-villoso, hemi- Sphærico-campanulato, foliolis biseriatis, in parte inferiore coriaceo-indurata erassiuseulis, lanceolato-triangularibus obtusiuseulis, exterioribus saltem apice foliaceis floseulos longe excedentibus, per anthesim patentibus, dein arcte conniventibus et in planta marcescenti-exsiccata madefactis tantum patentibus; receptaculo plano, paleato, paleis coriaceis canaliculato- carinatis acutiuseulis, flosculos disci subaquantibus ; flosculis luteis, radii ligulatis ligula oblongo-cuneata apice tridentata, tubo triquetro villoso, disi tubulosis 5-dentatis tubo glabro teretiuseuio inferne incrassato; achæniis conformibus, subtriquetris, exalatis, dense adpresseque sericeo- villosis; puppo e setis paleiformibus, sepius 10, lanceolatis, indivisis vel viz laceris apice subulatis constante. — Aprili-maio. In argillosis depressis hyeme humidis vel inundatis, nee non in alluviis et glareosis prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 83), etiam in insula Djerba. — In Sahara Algeriensi!, nec non in planitierum excelsarum parte australiore! trium provinciarum haud infrequens (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 793). — In Palæstina prope Jéricho (de Saulcy, Michon). In Arabia petræa (Schimper pl. Arab. petr. exsicc. n. 336). In monte Sinai et ad Rhodum (Aucher-Éloy pl. Or. exsice. n. 3093 et 3094 sec. DC.). L'A. pygmæus, bien que très voisin de l'A. aquaticus Mænch, nous parait devoir en être distingué comme espèce, car sur le terrain nous D avons pas vu varier les caractères distinctifs des deux plantes qui croissent Souvent aux mêmes localités; il en diffère par sa tige presque nulle, monocéphale, ou divisée au-dessous d'un capitule presque radical en deux OU plusieurs rameaux étalés, diffus, et non pas dressée et à rameaux dressés, Par les feuilles, méme les supérieures, longuement atténuces en pétiole et non pas sessiles semi-amplexicaules, et surtout par les soies paléiformes de l'aigrette, entières ou à peine laciniées, — Les propriétés hygromé- - B - - 978 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. triques de cette plante avant appelé l'attention de tous les observateurs, nous croyons devoir reproduire ici la note que nous avons publiée dans le Catalogue des plantes de la Palestine : « L'involuere des capitules fructifères desséchés de cette plante présente des propriétés des plus remarquables, ear sous l'influence de l'humidité, on en voit les folioles étroitement imbriquées et inflécbies s'étaler presque instantanément. D'après ces propriétés hygrométriques, bien plus prononcées que dans l'Anasfatica Hierochuntica, généralement désigné sous le nom de Rose de Jéricho, et d’après l'abondance de la plante dans la plaine de Jéricho, où ils n'ont pas rencontré l Anastatica, MM. de Saülcy et Michon sont amenés à considérer l' Asteriscus comme étant la plante hygrométrique connue des anciens sous le nom de Rose de Jéricho; à l'appui de cette opinion, MM. de Saulcy et Michon font encore observer que l'éeu des armoiries de quelques familles dont la généalogie remonte jusqu'aux eroisades, représente, comme Rose de Jéricho, V Astefiscus et nullement l Anastatica. » CHAMOMILLA AUREA J. Gay ap. Bourgeau pl. Hisp. exsice. [1852] n. 1745; Coss. et Kr. Cat. Palest. in Sauley Voy. mer Morte 10. — Cotula aurea L. Sp. 1257; DC. Prodr. VI, 78. — Anacyclus aureus Lmk Illustr. t. 100, f. 2. In arvis et cultis, nec non in alluviis regni Tunetani, prope Tunetum (Kralik), ad Sfax (Espina), circa Gabes vulgaris et in emporio ad usum œconomieum venumdata. — In Saharæ Algeriensis ditione Biskra (Balansa pl. Alger. exsice. n. 787) et ditione Tougourt (Prax) — In Hispania australi et media (Bourgeau pl. Hisp. exsice. n. 1743 et 2254). In pro- vineiis Caucasicis (Ledeb., FI. Hoss.). Ægypto (Delile). Syria (Michon). Arabia petræa (Boissier), Persia australi ad Mohamera (Noé) et in insula Sinus Persici Karek (Kotschy pl. Pers. austr. ed. Hohenacker [1845] n. 12). Var. B coronata. — Achæniis pappo membranaceo coroniformi interne elongato-auriculæformi margine inæqualiter dentato superatis. Cette plante a été distraite par M. J. Gay du genre Cotula, dans lequel elle n'avait pu être placée qu'en raison du port et de l'absence de fleurons ligulés ; des caractères plus importants, et en particulier ceux tirés de la forme des akènes, ne permettent pas de l'y maintenir. Par le réceptacle conique, par les akénes presque cylindriques, présentant trois côtes à leur côté interne et dépourvus de côtes sur le dos, par le port et la durée, la plante se rattache (malgré l'absence de fleurons ligulés, caractère du reste tout à fait secondaire dans les Anthémidées) au genre Chamomilla (Matri- carin Godv. FT. Lorr. et Fl. Fr.), dont le type est le Matricaria Chamomilla L.— La var. coronata est unie au type par de nombreux intermédiaires, et SÉANCE DU 13 mars 1857. 279 il n’est pas rare de trouver dans un même capitule quelques akènes pourvus d’une couronne membraneuse, tandis que les autres en sont com- plétement dépourvus. CHLAMYDOPHORA PUBESCENS Coss. et DR. ap. Jamin pl. Alger. exsicc. n. 271 [1852], et ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat., sér. h, IV, 284. — Cotula pubescens Desf. Atl. 11, 284; DC. Prodr. VY, 80. In deserti Tunetani argilloso -arenosis vel glareosis hyeme humidis nec non in alluviis exsiccatis, inter Sfax et Gabes ad turrem JVadour, in ditione Gabes, ad occidentem urbis Gabes juxta montem Djebel Aziza (Kralik pl. Tun. exsice. n. 381). — In Sahara Algeriensi ! tota nec non in planitierum exeelsarum parte australiore! haud infrequens. Par le réceptacle conique à la maturité, par les akenes sessiles, cylin- driques, à peine comprimés, cette plante nous parait devoir étre rattachée au genre Chlamydophora, dont elle présente tous les autres caractères essentiels; les akènes, de méme que dans le C. tridentata, sont surmontés d'une couronne membraneuse développée en languette unilatérale, mais nous n'attachons aucune importance générique à ce dernier caractère, qui est assez fréquemment variable chez une méme espèce, comme nous l'avons déjà signalé pour le Chamomilla aurea. CHLAMYDOPHORA TRIDENTATA Ehrenb. in Less. Syn. 266 ; DC. Prodr. VI, 139. — Balsamita tridentata Delile! Æg. Illustr. n. 794 et Fl. 273, t. 47, f. 1. In pascuis et incultis salsuginosis regni Tunetani australioris prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 382). — In Egypto inferiore prope Alexandriam ad Pompeii columnam et lacum Mareotidem (Delile). lrLoGA spicara Schultz Bip. ap. Webb Phyt. Can. IT, 310. — Chryso- coma spicata Forsk. Fl. ZEg.-Arab. Cat. Æg. n. 433 [1775]. — Gna- phalium spicatum Vahl Symb. I, 70 [1790]. — G. cauliflorum Desf.! Atl. II, 267 [1798]; Labill. Dec. IV, 5, t. 2, f. 1. — Ifloga Fontanesi Cass. in Dict. sc. nat., XXIII, 44; Fenzl Gnaphal. 34. — Trichogyne cauliflora DC. Prodr. V1, 266. In arenosis maritimis et deserti nec non in alluviis exsiccatis regni Tunetani prope e? HammaA (Desf.), prope Sfax, inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 88 et 88 a), ad occidentem urbis Gabes ad radices montis Djebel Aziza, nec non in insula Djerba. — In Sahara Algeriensi! trium provinciarum (Balansa pl. Alger. exsicc. n. 807; Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 199), uec non in planitierum excelsarum provinciæ Algeriensis et Oranensis parte aus- traliore, — [n insulis Canariis (Webb; Bourgeau pl. Can. exsicc. n. 438 et ) 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4507). In Hispania orientali australiore ad Promontorium Cabo de Gata (Bourgeau pl. Hisp. exsice. n. 1549). In Egypto (Forskal, Delile, Kralik). Syria (Labill., Gaillardot). Cilicia (Balansa). Palestina (de Saulcy). India orientali prope Saharumpore (Wallich). Nous avons été à méme de constater sur le terrain le peu d'importance qu'il faut attribuer aux variétés de coloration des folioles de l'involuere; aussi ia variété pallida, établie par l'un de nous (Coss. PI. crit. 108), ne peut-elle étre distinguée du type, auquel elle se rallie par de nombreux intermédiaires. FicaGo sect. Gifolaria. — Capitula in diehotomiis et secus ramos sessilia, solitaria vel interdum geminata. Involucri polyphylli foliola subæqualia, quinduplici serie et quinatim disposita, omnia fertilia, demum quasi in ealyeulum 5-radiatum vix patentia. Receptaculum filiforme superne vix incrassatum. Flosculi feminei 5-seriati pappo nullo; flosculi herma- phroditi perpauci (3-5), pappo 1-seriali valde deciduo donati. FiLAGo Mansorica Delile! Æg. Illustr. n. 866, et Fl. 274, t. 47, f. 2. — Micropus Mureoticus Spreng. Syst. IL, 499. — Evax Mareotica DC. Prodr. V. 59. Planta annua, incano-tomentosa, a basi ramosissima, 5-20 centim. longa, ramis pluries bi-triehotomo-ramosis vel superne dichotomiarum abortu subsimplicibus, corymbum confertum generalem efficientibus ; foliis remotiuseule sparsis, ereetiuseulis vel subpatentibus, lineari-oblongis obtusiuseulis , integerrimis, planiusculis vel subundulatis; capitulis minimis, ovatis, solitariis vel. interdum geminatis, sessilibus dichotomias obtinentibus vel in racemos scorpioideos unilaterales dispositis, foliis sepius 3 involucrantibus subæquilongis vel paulo longioribus ; involucro basi tomentoso, superne searioso , subpentagono, foliolis sepius 25, S-seriatis, subæqualibus, arcte imbricatis, etiam defloratis erectiusculis, conformibus eoucavis, oblongo-lanceolatis acutis, interioribus obtusius- culis; receptaculo filiformi apice vix inerassato ; flosculis fæmineis tenuis- sime tubulosis 5-seriatis pappo nullo, centralibus cito deciduis hermaphro- ditis perpaucis (3-5) tubulosis, limbo 4-5-dentato, pappo piloso uniseriali valde deciduo donatis; antherarum lobis basi in appendicem basilarem caudiformem productis; stylo incluso, bifido, ramis obtusis; achæniis ovoideis, omnibus bhyalino- papillosis, exterioribus pappo destitutis , interioribus (3-5) pappo valde deciduo superatis. — Aprili-maio. In argilloso-arenosis maritimis regni Tunetani australioris, prope Sfat» inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, in alluviis exsiccatis amnis Oued Gabes ad Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. sub nomine Filago floribunda).— In. Ægypto inferiore prope Alexandriam ad lacum Mareotidem (Delile). SÉANCE DU 13 Mars 1857. 281 Lors d'un premier examen, nous avions déjà été frappés de l'identité du port de notre plante et de ses autres caractères avec ceux du F. Mareo- tica, figuré dans la Flore d'Égypte, auquel nous l'eussions rapportée, si Delile, et après lui tous les auteurs, n'eussent décrit les fleurons intérieurs comme dépourvus d'aigrette. En en faisant une nouvelle analyse, nous avons reconnu que l'aigrette des fleurons intérieurs existe toujours, mais qu'elle se détache avec une trés grande facilité et sans laisser aucune trace; aussi n'hésitons-nous plus à considérer la plante de la régence de Tunis comme appartenant à la méme espèce que celle d'Égypte, le prétendu carac- tere tiré de l'absence d'aigrette n'étant, comme nous avons pu nous en assurer par l'examen des échantillons de l'herbier de Delile, que le résultat d'une observation faite avec des instruments imparfaits. — La section du genre Filago (Gifolaria) que nous établissons pour le F. Mareotica, est intermédiaire entre les sections Gifola et Oglifa ; en effet, la structure des capitules est la méme que dans la section Gfola, tandis que les caractères du port sont au contraire ceux de la section Oglifa. CALENDULA SUFFRUTICOSA Vahl Symb. 1, 94 [1791], DC. Prodr. VI, 453; Boiss. Voy. Esp. 331, t. 99. C. stellata Desf. Atl. IT, 304 (non Cav.). C. fulgida Rafin. Caratt. Sic. 83; Guss. Syn. fl. Sic. IT, 523. C. stellata var. y ? fulgida DC. Prodr. VI, 454. Planta virescens, pu- bescenti-subglandulosa, achæniis exterioribus sepius longiuscule ros- tratis, dorso basi muricatis, rarius lævigatis. — C. tomentosa Desf. Atl. Il, 305, t. 245 [1798]. C. incana Wild. Sp. WI, 2341 [1800]; DC. Prodr. Vl, 452. C. marginata Willd. Enum. hort. Berol. 935 [1809]. Planta canescens, plus minus tomentosa tomento detersibili, rarius gla- brescenti-virescens, aehzuiis exterioribus saepius longissime rostratis, dorso basi lævigatis, rarius muricatis. In montosis regni Tunetani (Vahl, loc. cit.), in arboretis prope Zaghouan C. stellate socia. — In Algerie regione littorali trium provinciarum fre- quens, etiam in montes editiores ascendens. — In regno Marocano littorali (Broussonet, J. Ball). In insulis Canariis (Bourgeau). In Lusitania et His- pania australioribus (Boissier; Bourgeau pl. Hisp. et Lus. exsice. n. 1240 et 2080). In Sicilia (Guss., Huet du Pavillon sub nomine C. fulgida). In agro Byzantino (Noé). La plante de Zaghouan est identique avec celle de Vahl, décrite d'apres des échantillons également recueillis daus la régence de Tunis, et parait au pre- mier abord tres distinete du C. tomentosa Desf., non-seulement par l'ab- sence du tomentum et parles fleurons ligulés plus courts, mais encore par les akènes extérieurs atténués en un bec moins long ct munis d'épines sur le dos ; mais nous avons été à méme, par l'examen sur le terrain et par l'étude d'une trés nombreuse série d'échantillons conservés daus les herbiers, de 989 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. constater que les diverses plantes dont nousdonnons l'énumération synony- mique doivent être rattachées au méme type spécifique ; en effet non-seule- ment les caractères tirés de l'induration des tiges et de la villosité sont variables, mais ils sont encore loin de coincider d'une manière régulière avec les autres caractères tirés de la longueur des fleurons ligulés, de la longueur des akènes extérieurs relativement à l'involucre, et de la présence ou de l'absence d'épines sur le dos de ces akènes. CALENDULA STELLATA Cav. Ke. I, 3. Var. o. stellata. — C. stellata Cav. le. 1, 3, t. 5 [1791] ; DC. Prodr. VI, h5h excl. var. B? et y? — C. Sicula Cyrill. ex Balb. Hort. Taur. [1800] see. DC. Prodr. VI, 452; Poir. Encycl. méth. VW, 277. — C. parviflora Rafin. Caratt. Sic. 83 [1810] non Thunb.; DC. Prodr. VI, 542; Guss. Syn. fl. Sic. II, 523. — C. ceratosperma Viv. Fl. Libye. 59, t. 20, f. 2 [1824]. — C. Crista- Galli Viv., loc. cit., t. 26, f. 2. Achæniis exterioribus rostratis, marginato-alatis, alis marginalibus in- ciso-dentatis, dorso plus minus muricatis. In cultis et ruderatis regni Tunetani, Mohammedia, Zaghouan (Kralik pl. Tun. exsice. n. 250) promiscue cum C. suffruticosa, Souza, Sfax. — In Algeria! centrali et australiore hine inde. — In Cyrenaica (Viviani). In Ægypto prope Alexandriam (Kralik). In Gallia australi prope Béziers (Grenier, Godron) et prope Marseille (Kralik). In Sicilia (Gussone). In Syria (Michon). Var. B. intermedia. Achæniis exterioribus subrostratis vel suberostribus, membranaceo-alatis alis margipalibus dentatis, dorso plus minus muricatis. In cultis et ruderatis prope Sfaz et Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 89 sub nomine C. parviflora). — In Algeria australiore! hinc inde. Var. y. hymenocarpa. — C. Sicula var. hymenocarpa DC. Prodr. VY, 553. — C. platycarpa Coss. in herb., et Itin. voy. bot. in Bull. Soc. bot. IIT. — C. sancta L. Sp. 1304? Achæniis exterioribus erostribus, latissime membranaceo-alatis, alis mar- ginalibus integris vel obsolete sinuato-dentatis, dorso tuberculatis, rarius submuricatis. In cultis ruderatisque regni Tunetani prope Sfax. — In Sahara Alge- riensi ! tota nee non in planitiebus excelsis australioribus provincie Ora- nensis ! et Algeriensis! frequens. — In Hispania orientali australiore prope Almeria (Bourgeau). In Palæstina (see, L., si C. Sancta huc rite refertur). Ce n'est pas sans avoir longtemps hésité que nous avons eru devoir réunir comme variété au C. stellata le C. platycarpa, en apparence si distinct, et nous n'avons été amenés à effectuer cette réunion qu'en raison des échan- °9 SÉANCE DU 27 MARS 1857. 283 tillons intermédiaires pour lesquels nous avons établi notre variété inter- media. — Nous avons été en outre à méme de nous assurer que les diverses plantes que nous avons rapportées à notre variété stellata n'en sont que de simples synonymes. OrnoNNA CHEIRIFOLIA L. Sp. 1310: Desf. Atl. IT, 305; Ker Bot. reg. t. 266; DC. Prodr. VI, ^76. — O. calthoides Mill. Dict. ic. t. 245, f. 4; Duham. Arbr. II, 94, t. 17. In agro Tunetano ad maris littora (Desf.), praesertim in pascuis, collibus montibusque humilioribus ad orientem urbis Tuneti usque ad Souza fre- quentissima, etiam in montosis cirea Zaghouan (Kralik pl. Tun. exsiee.). — In Algeriæ planitiebus excelsis et regione montana inferiore et media, in provincia Cirtensi ! a Constantine ad Batna hinc inde quam maxime copiosa (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 768), in Algeriensi multo rarior et in ditione Djelfa hucusque tantum nota (Reboud), in Oranensi desideratur. — In Æthiopia indicatur (L. Sp.), sed hec plantæ patria valde dubia, nempe a recentioribus non memorata. (La suite à une prochaine séance.) SÉANCE DU 97 MARS 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Demouy, pharmacien à Noyon (Oise), présenté par MM. Chatin et Reveil. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : 4 Par M. Léon Soubeiran : Note sur la matière sucrée de quelques Algues. 2° De la part de MM. de Laurès et Becquerel : Recherches sur les Conferves des eaux thermales de Néris. 284 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3° En échange du Bulletin de la Sociéte . Bulletin de la Société industrielle d' Angers, 27° année, 1856. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéro de février 1857. L'Institut, mars 1857, deux numéros, M. Reveil présente à la Société le travail de MM. Becquerel et de Laurés sur les eaux de Néris. Dans cet ouvrage, les auteurs men- tionnent notamment l'action thérapeutique des Conferves que con- tiennent ces eaux thermales. — M. Reveil met en outre sous les yeux de la Société des Champignons hémostatiques, provenant de la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Ces Champignons sont renvoyés à l'examen de M. Montagne. | M. T. Puel, vice-président, donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qui lui a été adressée par M. Gaillardot : NOTE SUR LE DÉBOISEMENT DES MONTAGNES EN SYRIE, par M. €. GAILLARDOT. Saida (Syrie), décembre 1856. Monsieur et cher confrère, Je viens de lire avec un vif intérêt la note que M. Germain de Saint- Pierre a communiquée à la Société dans la séance du 25 juillet 1856, sur l'influence du déboisement des montagnes, ete. Cette note m'a d'autant plus frappé, que j'habite et que j'étudie un pays où, à chaque pas, on ren- contre des scénes de désolation probablement produites en grande partie par les causes qu'a signalees M. Germain de Saint-Pierre. Si vous croyez que les observations que je vous transmets iei soient assez intéressantes pour venir à la suite de ses réflexions, veuillez les présenter à la Société. Je n'ai point iei la prétention de vous envoyer un travail complet sur cette matiere, que je compte étudier plus tard en détail ; je veux seulement vous présenter un des exemples les plus remarquables d'une contrée, autrefois fertile et couverte d'une nombreuse population, devenue aujourd'hui nue, stérile et déserte, sous l'empire de causes dont l'une des plus puissantes est la destruction des végétaux. Eu voyageant en Syrie, on est souvent étonné de rencontrer au milieu de contrées désertes, arides et complétement abandonnées, des ruines de villes que leur étendue, d'accord avec les traditions historiques, nous signale comme ayant été, a des epoques plus ou moins reeulées, de grands centres de population ; ce qui frappe le plus, e'est l'absence complete de végétation autour de ces ruines. Je me bornerai a vous en citer quelques exemples. Le triangle situe entre Antioche, Alep et Latakié était encore oceupé au SÉANCE DU 27 Mans 1857. 9S5 commencement des eroisades par une foule de villes dont plusieurs étaient assez importantes. En 1837, j'eus l'oevasion d'en visiter une, comme toutes les autres complétement ruinée et abandonnée ; elle est située à deux lieues environ au nord du village de Keftine et occupe un espace tel qu'on peut sans exagération évaluer la population qui l'a habitée à une soixantaine de mille âmes. Ses palais, ses églises, sa citadelle, la dimension et l'archi- tecture de ses maisons indiquent qu'elle a dü être habitée par des gens ri- ches et puissants ; elle est entourée d'une ceinture de collines rocheuses nues et tellement dépourvues de terre végétale, que l'on n'apercoit pas un arbre, pas un arbuste. Quatre ou cinq familles arabes se sont logées dans les dé- combres et trouvent à peine dans une petite source voisine l'eau suffisante pour abreuver leurs troupeaux. ll est bien certain que cette ville n'aurait point acquis l'importance qu'elle a dù avoir, si au temps du Bas-Empire elle s'était trouvée dans les mémes conditions qu'aujourd'hui. À environ 12 lieues au nord de Hama, en descendant l'Oronte, on trouve à 3 kilomètres à l'est du fleuve les ruines d'Apamée. Je ne dirai rien de son étendue ni de sou importance sous les Séleucides ; je me con- tenterai de dire qu'aujourd'hui elle est entourée de tous côtés par une plaine nue et aride; que, bien certainement, les rois de Syrie n'auraient point choisi cette localité pour fonder une de leurs capitales, pour établir leurs haras, si, à cette époque, elle n'avait pas offert plus d'eau, plus de végé- tation qu'elle n'en offre aujourd''.ui : ils auraient fait comme les pauvres habitants du petit village de Famieh qui, à peu de distance de là, ont con- struit leurs cabanes près de l'Oronte. Tadmour (Palmyre) qui a été la capitale d'une province, dont la popu- lation a été assez nombreuse pour lutter avec la puissance romaine et dont les ruines couvrent aujourd'hui un espace de plus d'une lieue carrée, est à quarante-huit heures de marche dans l'intérieur du désert ; après avoir quitté le dernier village, Kariatène, il faut marcher au moins vingt heures Sais reacontrer ni le plus mince filet d'eau, ni la plus faible source ; quelques puits donnent en hiver un peu d'eau saumátre, et tarissent en été. Les col- lines qui entourent la ville sont complétement nues et desséchées pendant dix mois de l’année ; pendant deux mois seulement, sous l'influence des pluies d'hiver, un tapis de verdure couvre les parties basses, le fond des vallées où l'humidité peut se conserver plus longtemps. Il n'y a plus ni arbres ni arbustes ; on ne rencontre autour des ruines que quelques Dattiers, dont les racines gréles et pénétrantes peuvent vivre du peu d'eau que conservent les couches les plus profondes du sol : voilà tout ce qui reste des immenses foréts de Dattiers qui entouraient la ville de Salomon. Une petite source sert aux besoins des Arabes nomades dont les troupeaux paissent dans les environs au printemps ; on trouve cependant parmi les ruines les traces d'aqueducs qui devaient amener à la ville une masse d'eau assez considé- 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rable, mais le point de départ de ces conduits est aussi aride que le reste de la contrée ; les sources qui les alimentaient ont complétement disparu. Toute la partie nord de l'Anti-Liban était autrefois occupée par une nom- breuse et riche population : elle est formée par des montagnes et des col- lines à pentes assez douces, peu escarpées et séparées par des plateaux et de larges vallées. Il y a peu de points qui ne puissent étre cultivés ; cepen- dant on ne trouve que de rares filets d'eau coulant au fond de quelques ra- vins, et c'est sur leurs bords que se sont établis les rares villages que l'on rencontre. Ces faibles ruisseaux sont si loin de suffire aux habitants, que leur possession et la distribution de leurs eaux sont souvent des causes de rixes et de guerres. Je ne veux pas dire ici que le déboisement seul a causé la ruine et la dépopulation de eontrées autrefois si riches et si puissantes : des événe- ments dout ce n'est point iei le lieu de parler ont commencé l’œuvre de des- truction, qui a ensuite marché d'autant plus vite que le peu d'habitants qui restaient ont épuisé en peu de temps les ressources qui les environnaient, sans penser que, plus tard, le manque d'eau et de combustible devait les forcer à aller vivre ailleurs. Au pied du versant ouest de l'Anti-Liban, il y a un gros village appelé Karaóné, dominé par une montagne assez élevée, l'un des derniers gradins du Djebel Cheikh ; les vieillards de ce village m'ont assuré qu'ils avaient encore vu des arbrisseaux sur cette montagne aujourd'hui complé- tement nue, et qu'ils avaient bu de l'eau d'une source qui sortait des rochers à l'entrée du village; ils sont obligés aujourd'hui d'aller puiser l'eau et abreuver leurs troupeaux dans le Laitani, à plus d'une demi-heure, et d'aller chercher leur bois à 8 ou 10 lieues de distance du cóté de Racheya. Un autre résultat bien plus funeste que la peine d'aller au loin chercher les materiaux nécessaires à la vie journalière des populations, c’est l'insa- lubrité. Le sol d'une grande partie de la Syrie est une marne calcaire assez perméable reposant sur des couches compactes. Or, depuis que les monta- gnes sont déboisées, quand la pente est assez roide et la couche de terre peu épaisse, cette dernière est entrainée dans les bas-fonds et l'eau des pluies et des torrents glisse sur le roc dénudé, tandis que, dans le cas contraire, l'eau filtre à travers les marnes, descend en nappe le long de la surface des cou- ches calcaires, et vient se ramasser dans les vallées où la couche terreuse offre une plus grande épaisseur ; elle pénètre et imbibe cette couche, e lorsque le soleil brülant d'été a desséché les couches superficielles, elle est ramenee par la capillarité à la surface, où elle entretient une humidité cou- tinuelle. De plus, les sourees etant taries aux. premieres chaleurs, les habi- tants des campagnes y suppléent par l'établi sement de vastes bassins qu ils creusent au voisinage des villages et où ils rassemblent les eaux de pluie après avoir garni leur fond et leurs parois de terre glaise: l'évaporatiop de SÉANCE DU 27 Mans 1857. 287 l'eau, le pietinement des bestiaux, le lavage des linges, finissent par con- verlir ces réservoirs en mares infectes, et l'on conçoit que l'usage de ces eaux croupissantes pour la boisson, les exhalaisons qu'eiles produisent, jointes à l'humidité du sol, développent ehez les malheureux habitants de ees villages les fievres maligues qui les déciment tous les ans pendant l'été et l'automne. Tout cela n'arriverait point si les sources d'eau vive existaient encore, et les sources ne seraient point taries si la végétation qui couvrait la surfaee du sol n'avait pas été détruite. Cette destruction marche avec une rapidité qu'il est difficile de com- prendre quand on ne connait point la Syrie, les usages et les habitudes de ses populations. L'existence d'une végétation protectrice du sol y est bien plus nécessaire qu'en Europe : dans les pays montagneux la couche de terre végétale est peu épaisse, et Ja Syrie est presque entierement composée de montagnes. Il n'y croit en général que des arbrisseaux, des arbustes, des taillis de petits Chênes, des Rhamnus; puis des buissons de Calycutome villosa, de Poterium spinosum, etc., poussent dans les intervalles ; enfin les Centaurées, les Znula, et une foule de petites plantes qui forment la flore de la Syrie couvrent le sol. En hiver et au printemps les pluies sont trés fréquentes: elles durent quelquefois pendant des semaines, et elles tombent avec une telle force sur le sol dénudé, qu'elles entrainent le peu d'humus et le limon qui restent à sa surface. Puis, pendant sept ou huit mois, il ne tombe plus une goutte d'eau, et la terre aurait alors besoin d'un ombrage assez épais pour earantir d'un soleil presque tropical! les plantes qu'elle produit. Les arbrisseaux et les arbustes en buisson que je viens de citer suffiraient donc à peine pour y entretenir en été l'humidité né- cessaire, pour la protéger pendant les pluies d'hiver, pour former et retenir à sa surface les couches de terre végétale. Eh bien! rien n'est respecté ; les arbrisseaux servent au feu de la cuisine et au chauffage eu hiver, et les paysans pour ne rien perdre arrachent jus- qu'à leurs racines ; les buissons, les broussailles, les plantes elles-mémes sont incessamment transportés par des milliers de bêtes de somme pour alimenter les fours et les bains des villes. On concoit qu'une vegetation aussi chétive, aussi clair-semée que celle de la Syrie ne puisse suffire longtemps à une exploitation pareille, à laquelle il faut ajouter la destruction des arbres cultivés qui, autrefois, avant la réforme en Turquie, était, ou la punition que les pachas infligeaient aux populations revoltées et vaincues, ou le résultat de la defaite des partis qui se battaient pendant des années entieres. Aussi les inondations, qui en Franee ne sont que des accidents, sont iei presque habituelles : les torrents causent au sol autant de dommage qu'en Europe ; seulement là où une nombreuse population vit serrée sur un ter- ritoire qu elle couvre presque entierement, ces désastres sont bien plus ap- 288 - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parents, tandis qu'ici ils n'agissent aujourd'hui que sur une terre dépeuplée et passent inaperçus. Bien certainement ils ont achevé autrefois la ruine des grands centres de population, déjà ébranlés et à demi détruits par d'au- tres causes ; aujourd'hui ils rendent inhabitables certaines localités, forcent des populations à changer de territoire, et créent de jour en jour de nou- velles difficultés qui viendront arréter plus tard ceux qui voudront tra- vailler à la régénération de ces malheureux pays. Tout ce que je viens de vous exposer, mon cher confrére, sort un peu du domaine de la botanique; mais aprés avoir lu les judicieuses ré- flexions de M. Germain de Saint-Pierre, je n'ai pu m'empêcher de vous pré- senter un triste exemple qui vient fortement à l'appui des idées qu'il a si bien développées. M. Cosson dit que, d'aprés ses propres observations, le déboise- ment d'un assez grand nombre de localités montagneuses, en Algérie, a eu des résultats aussi fâcheux que ceux sur lesquels M. Gaillardot appelle justement l'attention. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTE SUR LE BLÉ DE NOÉ OU BLÉ BLEU, par M. le comte FRANK DE NOÉ. | (Paris, mars 1851.) Illa seges demum votis respondet avari (Georg., lib. I, v. 47.)] ll y a environ seize ans, nous nous promenions par un beau soleil de juin dans les plaines de Lectoure, département du Gers, avec feu le docteur Duffoure qui, aux connaissances médicales les plus étendues, joignait un ardent amour pour l'agriculture, lorsque tout à coup nos yeux furent frap- pés de l'aspect particulier d'un Blé prêt à être coupé. « Ah ! nous dit notre ami, vous apercevez là une espéce nouvelle; elle mérite bien votre atten- tion. Cultivez-la en Beauce, cette mère nourrice de Paris, et attendez-vous à des résultats heureux. » Nous suivimes le conseil. Depuis cette époque, ce Blé prospere admirablement en Beauce, et, sous le nom de Blé de Noé, donne lieu chaque année à des affaires de plus en plus importantes. Nous croyons done être agréable à nos confreres de la Société en leur présentant aujourd'hui une courte notice sur un Blé qui est déjà l'objet d'un grand commerce. En 1826, un chargement de grains d'Odessa offrit à M. Planté, riche et intelligent meunier de Nérac, département de Lot-et-Garonne, une singu- SÉANCE DU 27 MARS 1857. 289 larité qu'il n'avait pas encore remarquée : c'étaient des grains beaucoup plus gros, d'une forme plus ronde, d'un jaune plus vif que ceux des Blés qu'il avait coutume de recevoir de ses correspondants. Il eut l'idée de les mettre à part et d'essayer d'en propager l'espèce. 1l y réussit, et bientôt il considéra sa nouvelle acquisition comme trés recommandable et payant les frais de sa naturalisation par des qualités solides. Le nouveau Blé se distingue aisément des autres espèces de nos cultures : sa tige est plus courte, plus robuste ; sou épi, gros, nourri et cylindrique, est toujours dressé et sans barbes, et sa maturité d'au moins quinze jours en avance sur celle des premiers. Jusqu'au moment de la récolte la plante est tout entière d'un beau glauque bleuátre : de là la dénomination de Blé bleu, sous laquelle cette nouvelle espèce est désignée dans le Midi (1). Déjà le Blé de M. Planté se faisait des amis dans le Gers, quand M. le docteur Duffourc quitta Paris en 1834 pour se livrer entièrement à l'agri- culture. Il se retira à Bazin, propriété située près de Lectoure, qui devint bientôt entre ses mains la ferme-modele du département. Il ne tarda pas à considérer avec intérét le Blé bleu de M. Plauté, et il fit de sa culture l'objet d'une étude particulière, L'expérience lui apprit qu'aucune autre espèce de Blé ne réunissait à un plus haut. degré l'avantage d'une maturité précoce à celui d'un rendement avantageux ; son seul défaut, si c'en est un, est de ne donner qu'une paille courte, mais robuste, et qui par là méme offre peu de prise au vent ; aussi est-il peu exposé à verser. Le docteur Duffourc y vit avee raison un nouveau motif pour en recommander la culture. Sollieité par le docteur Duffoure, comme nous l'avions été nous-méme deux ans auparavant, M. Pérès, élève distingué de Roville, qui relevait notre ferme du Caumont, sise à l'Isle-de-Noé, département du Gers, de l'état de délabrement où l'avait laissée tomber l'incurie d'une vieille race de bordiers, M. Pérès, disons-nous, se détermina en 1842 à faire du Blé bleu une des bases de son agriculture. Depuis il n'a négligé aucun soin pour en étendre la renommée et la rendre durable. Gráce à son activité, la nouvelle race de Blé a obtenu la faveur des Darblay, des Rabourdin, des Thiroin, des Lefèvre et autres grands industriels qui viennent chaque année au Caumont s'approvisionner des semences qu'ils confient à leurs terres. Maintenant comment le Blé bleu, avec 2 hectolitres semés en Beauce par nos soins en 1841, a-t-il pu changer de nom et arriver en 1856 au premier rang sur les marchés d'Étampes, de Chartres, d'Orléans et de Dourdan ? Il le doit à notre voisin et ami M. Péchard, de Provelu, pres Ablis. Ce fermier actif et habile reconnut, après plusieurs années d'essais, que le Blé (4) Ce Blé portait primitivement, dans le Midi, le nom de Blé turc, qu'il con- serve encore dans quelques localités. T. WV. 19 . 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. introduit par nous dans la Beauce donnait, en moyenne, 7 1/2-8 pour į dans les terres médiocres, et jusqu'à 16-18 pour 1 dans les fonds substan- tiels. Il se livra dès lors à sa culture avec une sorte d'enthousiasme, et par reconnaissance, disait-il, pour l'introducteur du nouveau Blé dans le pays, il voulut lui donner notre nom, qui est aussi celui du vieil inventeur de là Vigne; sa proposition fut acceptée. Nous ne terminerons pas cette courte notice sans parler de l'aptitude du Blé de Noé à se transformer en Blé printanier ou marsais. Des expériences récentes ont établi d'une manière incontestable que, semé à l'entrée du printemps, il devient aussi beau et aussi productif que s'il l'eüt été en octobre ; mais il perd par là sa maturité hátive. Cette propriété du Blé de Noé, qui n'avait pas été soupçonnée jusqu'ici de ceux qui ont contribué à le naturaliser dans notre pays, me parait devoir étre signalée comme un nouveau titre à l'attention des cultivateurs. M. Duchartre appelle l'attention de la Société sur la faculté parti- euliére que parait avoir le Blé de Noé de passer de l'état de Blé d'hiver à l’état de Blé d'été. M. Jamain dit avoir vu, aux environs de Paris, une variété de Blé glauque, à tige courte, ne versant pas, et à épis trés gros, qui lui parait étre la méme que celle dont parle M. de Noé. M. Chatin met sous les yeux de la Société les dessins de son tra- vail sur la germination du Vallisneria, et fait la communication suivante : DE L'EXISTENCE DE RAPPORTS ‘ENTRE LÀ NATURE DE L'ÉPIDERME ET CELLE DU PARENCHYME DES FEUILLES , par M. AD. CHATIN. Un coup d'œil jeté sur l'épiderme et le parenchyme des feuilles, dans l'ensemble des végétaux, fait aisément reconnaitre l'existence de telles relations entre ces parties, qu'étant donné l'un des deux termes du rapport, on puisse, avec assez d'exactitude, connaitre le second terme. En négligeant, comme on est presque toujours forcé de le faire dans là coordination des faits d'histoire naturelle, quelques cas de transition, on reconnait que l'épiderme des feuilles affecte deux états fort distincts l’un de l'autre : dans le premier de ces états, surtout cómmun parmi les plantes monocotylédones, l'épiderme des deux faces de la feuille est identique} dans le second état, l'épiderme de la face inférieure et celui de la face supérieure sont dissemblables. Les deux épidermes d'une méme feuille peuvent d'ailleurs différer : a, par la forme ou l'agencement de leurs cellules, comme on le voit dans SÉANCE DU 27 Mars 1857. 391 le Balsamina, le Peplis, le Rumex ; b, par les stomates qui tantôt sont en nombre différent ou manquent méme sur l'une des faces de la feuille, comme dans le Kalmia, Vez, le Primula sinensis; c, par les cellules en méme temps que par les stomates, ainsi qu'on l'observe dans le Sambucus, l'Acanthus, le Damasonium, ete. Les modifications du parenchyme seront d'autant plus profondes que les deux épidermes d'une feuille seront plus dissemblables. Contrairement à l'épiderme, dont les différences se rattachent à deux types, le parenchyme se présente sous trois états généraux : 1^ Le paren- chyme est homogène, c'est-à-dire formé d'un tissu sensiblement uniforme dans toute sa masse, comme dans le Lilæa, le Triglochin, le Sempervivum tectorum; 2° le parenchyme est hétérogène, mais symétrique, savoir formé vers les deux faces de cellules dirigées perpendieulairement aux épidermes, riches en matière verte, pressées entre elles et ordinairement de forme elliptique, tandis que le tissu utrieulaire du plan moyen de la feuille est plus ou moins lâche, peu chargé de chlorophylle et à cellules tantôt arrondies, tantót de forme tres irréguliere ; telle est la structure offerte par le Dianthus Caryophyllus, le Narcissus, Y Halimus ; 3° le parenchyme peut être hétérogène et asymétrique, savoir : formé vers l'une des faces de la feuille de cellules (de forme ordinairenient elliptique), dirigées perpendi- eulairement à l'épiderme, et vers l'autre face, d'utrieules contenant peu de matière verte, et disposées en un tissu lâche, souvent caverneux. Les dico- tylédones offrent souvent ce troisième type du parenehyme, tandis que c'est chez les monocotylédones que le premier et le deuxieme type sont le plus fréquents. Etant donnés les types de structure de l'épiderme et ceux du paren- Chyme, on reconnait bien vite qu'ils tiennent les uns aux autres par des rapports d'une grande généralité, dans lesquels on trouve que l'un des deux types de l'épiderme répond à deux des trois types du parenchyme. Ces rapports peuvent étre formulés comme il suit : . PREMIER RAPPORT. — Lorsque les deux épidermes d'une feuille sont identiques, le parenchyme est symétrique. . Ce rapport se dédouble d'ailleurs en deux rapports secondaires que J exprimerai ainsi : 4 Quand le parenchyme est homogène, les deux épidermes sont iden- f eques : Triticum repens, Typha mazima, T. minima, Oryza sativa, Acorus, Tetroncium, Scheuchzeria, Butomus, et un grand nombre d'autres mono- cotylédones ; Sempervivum arboreum, S. tectorum, ainsi que beaucoup d autres plantes grasses ; Cymbidium juncifolium et d'autres Orchidées ; Hippuris, Potamogeton perfoliatus, et dicotylédones suhmergées diverses. , b. Quand le parenchyme est. symétrique, quoique hétérogene, les deux epidermes sont identiques : Dianthus Caryophyllus, Fritillaria, Hyacinthus, 292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Narcissus, Atriplez, Halimus, et des plantes diverses appartenant pour le plus grand nombre aux monoco!ylédones ; rameaux foliiformes du Ruscus, de l'Opuntia, etc.; phyllodes des Acacia. DEUXIÈME RAPPORT. — Lorsque les deux épidermes d'une feuille sont dissemblables, le parenchyme est asymétrique et hétérogène : Arbutus, Aucuba, Balsamina, Cerasus, Chimophila, Centranthus, Cyclamen, Coto- neaster, Fegatella, Kalmia, Ilex, Pleurothallis spatulata, Smilax et un nombre infini de végétaux, surtout compris dans les dicotylédones et dans les acotylédones vasculaires. Il est aisé de reconnaitre, par leur coloration surtout, si les épidermes d'une feuille sont ou identiques ou dissemblables ; à cette premiere et facile notion s'en rattachera désormais une seconde, relative au parenchyme, dont on devinera la nature, ou symétrique ou asymétrique, au premier coup d'œil jeté sur les feuilles. , Aux rapports que je viens de signaler touchent un assez grand nombre de faits dont je poursuis l'étude; dès que je serai arrivé à quelques résultats de nature à pouvoir offrir quelque intérét à la Société, je m'empresserai de les soumettre à sa bienveillante appréciation. M. Duchartre, secrétaire, annonce la réception d'une note de M. Attilio Tassi, en italien, sur les vrilles des Cucurbitacées. Cette note sera traduite en francais et communiquée à la Société dans la prochaine séance. M. le comte Jaubert fait à la Société la communication suivante : SUR LE DÉPÉRISSEMENT DES ARBRES DE NOS PROMENADES PUBLIQUES, par M. le comte JAUBERT. L'existence des arbres de nos promenades publiques est exposée à mille dangers: aussi les tables de la mortalité qui sévit dans leurs rangs sont- elles lamentables. A peine sont-ils plantés que, malgré les moyens préser- vatifs que la police multiplie autour et auprès d'eux, ils ont à subir de la part des passants des outrages de toute espèce : chocs, meurtrissures, rien ne leur est épargné. Les enfants, — cet âge sans pitié, comme dit La Fon- taine, — les tourmentent de toutes façons, et à cet endroit les gens qui devraient étre raisonnables ne le sont guère plus que les enfants. Sauf quelques situations privilégiées, comme les Tuileries où la végétation Se développe librement avec une magnificence digne de la nature sauvage, €t les boulevards extérieurs paree qu'ils sont déserts, la plupart des planta- tions languissent et meurent prématurément, victimes du contact malsain de la civilisation. Vainement leurs racines plongent dans un terrain de choix: le sol bientôt piétiné, recouvert en partie d'un pavé ou même d'une SÉANCE DU 27 Mans 1857. 293 couche imperméable d'asphalte, est infecté par les fuites des conduits du gaz. La nuit méme n'a pas de repos pour eux : l'éclairage qui inonde leurs feuilles, en les privant de l'espece de sommeil qui leur est indispensable, trouble nécessairement d'économie de leurs fonctions, et surtout ces alterna- tives d'expiration de l'acide carbonique et de l'oxygène, destinées à établir avec le règne animal un si merveilleux équilibre. Si, au travers de tant d'obstacles, l'arbre parvient à vivre et à développer ses branches, on l'accuse d'offusquer les maisons voisines. Trop souvent, malgré la surveillanee des sergents de ville, il est victime d'un empoisonne- ment avec préméditation. Qui sait méme si, au jour de l'émeute, le bourgeois imprudent ne donnera pas lui-méme le signal du renversement? Mais le bourgeois ne tardera pas à se repentir de son ingratitude. L'invasion étran- gere avait devancé nos discordes civiles dans cette œuvre de destruction. Aux Champs-Élysées, nos plus beaux arbres portent encore les cicatrices de 1814 et de 1815. Les feux de bivouac, allumés à leur pied, avaient brûlé leur écorce; la dent des chevaux l'avait déchirée. Grâce à de bons pansements, les plaies ont été recouvertes d'année ea année par des eouches nouvelles ; et nos descendants, à défaut de l'histoire, pourront un jour lire sur la tranche de ces arbres la date précise de nos malheurs. Il est évident que les eauses purement naturelles, les météores, les pas- sages brusques de la ehaleur au froid, doivent agir avec une funeste inten- Sité sur des étres condamnés au régime que nous venons d'indiquer. Si quel- que brauche est brisée par le vent, il se forme d'autant plus promptement Sur son écorce des crevasses, des gouttières, le long desquelles l'eau pluviale coule avec la séve extravasée : ailleurs, et ce cas est le plus fréquent, la partie desséchée de l'écorce, composée de l'épiderme et de l'enveloppe subé- reuse, est minée dans tous les sens par des insectes \ylophages (rongeurs de bois); la partie vivante, fibres corticales et liber, est bientót compromise ; l'arbre ne résistera pas longtemps. Il faut le dire pourtant: on a constaté que certains insectes s'attaquent méme aux arbres plantés daus les conditions les plus favorables. Un insecte coléoptère du genre Scolyte exerce les plus grands ravages à Paris et dans les environs ; il y en a quatre espèces : les Scolytes intri- catus et pygmæus qui vivent sur le Chêne, les S. destructor et multistriatus qui sont le fléau de l'Orme; le S. destructor s'aitaque aux vieux Ormes, le S. multistriatus aux jeunes : nous nous oceuperons ici des deux derniers. Vers la fin de l'été, la femelle s'insinue dans les gereures de l'écorce, y Creuse de bas en haut une galerie parallele aux fibres corticales, et destinée à recevoir ses œufs. Aprés la ponte, l'insecte se traine à l'extrémité de la galerie et y meurt, comme pour y former, avec les débris de son corps des- séché, un rempart à sa progéniture; car un autre insecte, l'/chneumon, s'y présentera pour y introduire la sienne, qui dévorerait dans leurs retraites les 294 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. larves du Scolyte, en se formant des coques avec leurs dépouilles. Cepen- dant ces larves se sont développées, et chacune d'elles s'est mise à creuser, perpendieulairemeut à la galerie maternelle, sa galerie particulière, dont le prolongement est plus ou moins sinueux. De là ces espèces de tatouages que l'on remarque à l'intérieur des plaques décollées de l’écorce : chaque groupe de galeries, sorte de miniature des foudres que les artistes placent dans les serres de l'aigle, présente dans son ensemble une forme ovale et dessine, sur 5 à 8 centimètres dans le petit diamètre, le champ d'activité d'une famille de Seolytes composée d'une centaine d'individus. Il existe dans la galerie d'entomologie du Muséum d'histoire naturelle une collection curieuse des travaux, soit utiles, soit nuisibles, des insectes qui vivent aux dépens des substances végétales : c'est là que l'on peut examiner à loisir les traces de l'invasion vraiment redoutable des Termites, dans les ports de La Rochelle et de Rochefort, si bien décrite par M. de Quatrefages, il y a quelques années, dans la /tevue des Deux-Mondes, et que nous avons mentionnée nous-méme dans notre Botanique à l’ Exposition universelle de 1855. Dans l'une des vitrines de cette collection se trouvait un échantillon de bois d'un jeune Orme, comme sculpté pour ainsi dire par le Scolytes multistriatus. A ce moment, une foule d'autres insectes, espèce de populace, ne manquent pas d'arriver, soit pour miner à sa facon l'écorce déjà ébranlée, soit, comme les Cloportes et les Millepieds, pour jouir de l'abri frais que présentent les intervalles des couches décollées de l'écorce. D'autres, comme la grosse larve du Bombyx (Cossus ligniperda), percent du premier coup écorce el bois, n'attendant pas, pour pénétrer jusqu'au cœur de l'arbre par des galeries sinueuses aussi, que les approches de la place aient été facilitées par le Sco- lyte. Enfin, l'écorce se détache entièrement du tronc et se renverse par plaques souvent longues de plusieurs mètres, comme des pans de murs. Sur ces entrefaites, le Scolyte, dont la larve se sera métamorphosée, aura profité des beaux jours de juin pour abandonner son berceau, et se sera envolé par myriades sur les arbres sains du voisinage, pour aller y recom- mencer la méme série de ravages. Le nombre d'Ormes ainsi détruits par le Scolyte est immense. L'adminis- tration municipale, sous V excellente direction de M. le comte de Rambuteau, grand planteur lui-même dans ses terres de Bourgogne, s'était préoccupée de cet état de choses et s'était efforcée d'y porter remede. C'est alors que M. le doeteur Eugene Robert, déjà connu par ses travaux comme geologue attaché au voyage de la Commission scientifique dans le Nord, s'était livré à des recherches sur les ravages causés par les insectes. Le sujet, dans sa généralité, n'était pas entierement neuf: Réaumur ne l'avait pas négligé. En 1837, M. Ratzeburg avait entrepris, à Berlin, la publication de son grand ouvrage sur les insectes utiles ou nuisibles des SÉANCE DU 27 Mans 1857. 295 foréts (1). Ce traité approfondi contient une foule de détails instruetifs sur les Bostryches, qui iufestent les forêts de Coniferes dans le Harz, mais peu ou point de documents applicables aux Seolytes, qui paraissent être assez rares dans le nord de l'Allemagne. A cet égard, et des 1836, l'éveil avait été donné par le savant auteur des Mémoires sur la Pvralede la Vigne, Audouin. M. Robert se livra à cette étude d'une manière spéciale. Ses premières expériences sur les arbres des promenades de Paris, de Saint-Cloud, de Versailles, datent de 1843, et furent, l'année suivante, l'objet d'une com- munication à l'Aeadémie des seiences. La Société centrale d'agriculture avait ouvert un coneours pour de bonnes observations sur les inseetes nui- sibles; le prix, consistant en une médaille d'or, fut décerné en 1845 à M. Robert, qui publia son mémoire en décembre de la méme année. Le rapporteur de la Société d'agrieulture, M. Guérin-Méneville, avait carac- térisé la méthode de M. Robert en disant qu'elle offrait un moyen simple, certain, appuyé sur les données de la physiologie végétale et de l'entomo- logie: 4° de rendre la vitalité aux arbres languissants, ce qui en éloigne déjà les Scolytes ; 2* et surtout de faire périr une prodigieuse quantité de ces insectes. Le 7 juin 1847, M. Milne Edwards présenta à l'Académie des sciences un mémoire de M. Robert, en appelant sommairement l'attention de l’Académie sur le double effet (guérison des arbres avec augmentation d'aeeroissement en diamètre) produit par l'enlèvement partiel ou général de la vieille écorce du tronc et des grosses branches jusqu'au liber Un rapport plus détaillé sur ce mémoire fut présenté le 27 mars 1848, par M. Milne Edwards, au nom d'une commission spéciale dont il était membre, avec feu Achille Richard et M. Decaisne, Les conclusions, qui tendaient à approuver les recherches de M. Robert et à ordonner l'impression de son mémoire dans le Recueil des savants étrangers, furent adoptées. Les végétaux, en leur qualité d'êtres animés, relèvent, comme les ani- maux, de l'art de guérir considéré dans sa plus grande généralité (2). L'hygiène qui leur est propre, s'appuie sur la connaissance de leurs organes et du mode de leur accroissement, sur celle des milieux ou ils sont destinés à vivre, afin d'écarter d'eux les influences pernicieuses et de leur fournir avec plus de régularité et d'abondance les éléments nécessaires à leur accroissement ; l'étude des parasites de toute sorte qui se fixent sur les végétaux, et la théorie des engrais, éelairent cette hygiene ; et nous avons déjà dit combien est funeste aux arbres de nos villes le régime auquel ils Sont soumis. (1) Ratzeburg. Die Forst-Insecten, oder Abbildungen und Beschreibung der in den Wældern Preussens und der Nachbarstaaten als schædlich oder nuetz- lich bekannt gewordenen. Insecten, vol. in-4°. Berlin, 1837-1853. (2) Meyen. Pflanzen-Pathologie. Berlin, 1841. 906 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le traitement médical des plantes dérive des lois de l'hygiène ; mais il y a aussi une chirurgie végétale. La plus usuelle de ses opérations, la taille des arbres, c'est-à-dire l'amputation, selon certaines règles, de cer- tains rameaux, met en évidence cette différence fondamentale entre les végétaux d'une part et les animaux des elasses supérieures d'autre part, et consistant en ce que, ceux-ci étant des êtres essentiellement terminés, la régénérescence des tissus sous l’action du scalpel est renfermée dans d'étroites limites, Une plaie se refermera par suite de la formation, sur ses bords, d'une partie peu étendue de tissu nouveau ; lorsque les ongles et les cheveux auront été coupés, ils repousseront dans de certaines limites : mais là se borne la faculté reproduetriee de la substance organique. Au contraire, le végétal, analogue aux animaux inférieurs, aux polypes par exemple, est un étre à propagation pour ainsi dire indéfinie par bourgeons, ou plutót il semble former une association d'individus à divers degrés d'évolution et susceptibles d'aequérir un développement complet, si les circonstances leur sont favorables. Ce phénomène est si général, il domine tellement l'en- semble de la physiologie végétale, que la reproduetion par graines, si étendue pourtant et si variée, ne parait plus elle-même qu'une grande ex- ception. C'est ainsi que s'expliquent le mieux l'accroissement et la durée énorme de certains arbres fameux, tels que le Dragonnier des iles Canaries, le Chátaignier de l'Etna, oü les parties atteintes par la décadence étant réduites à l'état de support inerte, de substratum, pour emprunter le lan- gage de l’école, les bourgeons qui revêtent ce support se substituent les uns aux autres en se transmettant le principe de la vie : Et quasi cursores vitai lampada tradunt. (Lucrèce, l. LE, v. 78.) M. Robert a fait sur les arbres malades plusieurs sortes d'opérations de chirurgie végétale, dans chacune desquelles il s'agit de régénérer l'écorce, pour recouvrir à aouveau les parties endommagées de l'arbre; cela est toujours possible lorsqu'il en a conservé une portion suffisante à l'état de vie : voilà ce que M. Robert appelle sa phloroplastie (de æloës, écorce, et wasae, former). C'est un axiome élémentaire, en chirurgie, que les plaies doivent être tenues proprement. Celles des arbres, meurtrissures, chancres, gouttières, seront débarrassées de toutes les parties de tissu décomposées, et grattées à vif. Si le mal a été assez profond pour mettre le bois à nu, on étendra suf la surface ligneuse un enduit quelconque, pour la préserver du contact de ‘air qui en háterait la destruction. Partout, au contraire, où il existe quel- que partie vivante de l'écorce en parenchyme ou fibres corticales, et à plus forte raison en liber, soit sur le fond de la plaie, soit sur ses bords, non- seulement il faudra la respecter soigneusement, mais encore il importe SÉANCE DU 27 mars 1857. 297 beaucoup de conserver, si on le peut, pour la protéger, quelques minces feuillets de la couche subéreuse : c'est l'espoir de la phloioplastie. Lors- qu'on opérera dans une saison oü la chaleur sera modérée, ou méme pen- dant l'hiver, il ne faudra pas craindre comme pour le bois le contact pro- chain de l'air pour le$ fibres corticales ; elles en ont besoin au contraire, et l'application d'un enduit bitumineux, surtout s'il était employé à chaud, serait funeste. Quand l'opération aura été bien faite, les bourrelets régené- rateurs ne tarderont pas à paraitre. Les bons effets du traitement méthodique des plaies ont conduit à l'idée des plaies faites à dessein, avec des instruments tranchants, comme moyen de rétablir la santé générale de l'arbre. M. Robert enseigne à les faire, dans les cas suivants, et son succès a été complet. Lorsque l'écorce du tronc et celle des grosses branches, entière à l'exté- rieur, mais rugueuse et d'un aspect noirâtre, aura été envahie par leSeolyte, ce que dénote, d'autre part, le dépérissement du feuillage, il faudra se háter de pratiquer longitudinalement, sur les parties attaquées, des incisions pé- nétrant les couches corticales, jusqu'au liber exclusivement. Souvent ces incisions suffiront pour déterminer tout le long de leurs lignes la formation de bourrelets. Plus souvent il faudra enlever entre deux incisions une bande étroite aux dépens des couches subéreuses, mais en ménageant les plus intérieures de ces couches, comme nous l'avons dit pour le nettoyage des plaies accidentelles. Cette espèce de scarification déterminera un afflux de la séve, provoquera la formation de tissus nouveaux et arrétera la marche longitudinale des larves du Seolyte, partout où l'instrument de la scarification ne les aura pas effectivement atteintes et enlevées. Mais si, faute d'une scarifieation pratiquée à temps, l'arbre a été envahi de toutes parts par le Scolyte, et si la maladie est arrivée à ses derniers périodes, alors il faudra recourir aux remèdes héroiques. M. Robert n'hé- site pas, dans ce dernier cas, à pratiquer ce qu'il nomme la décortication Sur une partie plus notable, ou même sur la totalité du pourtour de l'arbre, jusqu'aux premières branches; les simples incisions étant réservées pour le trone des arbres nouvellement atteints et les grosses branches des arbres très malades. Pour ces diverses opérations, M. Robert se sert d'instruments très com- modes, analogues à la doloire des tonneliers et à l'herminette des charpen- tiers. L'ouvrier détache avec facilité des plaques minces ou copeaux, procédant avec précaution, par petites entailles, de maniére à ne pas offenser le tissu vivant; la plupart de ces copeaux sout remplis de larves de Scolytes. Dans les opérations de l'enlèvement des lanières longitudinales et de la décortication se manifestent plusieurs effets liés l'un à l'autre : d'abord, une sorte de débridement, pour parler avec M. Robert ; les parties jeunes de l'écorce sont comme soulagées du poids qui comprimait leur 298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. développement, le tissu cellulaire s'étend, la séve cireule avec plus de liberté pour repousser en dehors les parties anciennes, et il est évident que cet effet de dilatation doit se propager jusqu'à l'aubier lui-même. De tout temps, les jardiniers avaient remarqué qu'un moyen sür d'activer le déve- loppement des jeunes arbres était de fendre leur ®piderme; ces jeunes arbres étaient trop serrés dans leurs langes, on laissait plus de liberté à leurs mouvements. En secoad lieu, et c’est le phénomène principal, il se forme, comme nous l'avons vu, des bourrelets ; dans le cas de l'enlèvement des lanières, ils se déyeloppent sur les bords de la bande longitudinale ; dans le cas de la décortication, on voit se former sur toute la nouvelle surface une espèce de réseau dont les mailles sont tracées par les lignes mises à nu des fibres corticales. De tout temps aussi il a été pratiqué en Normandie avec succès, sur les Pommiers languissants, une décortication partielle, mais très superficielle, et qui consistait le plus souvent à nettoyer la surface de la tige. Saus- sure et plusieurs autres s'en sont occupés; mais ils ne s'étaient rendu compte que sommairement du phénomène : aujourd'hui les progres qu'ont faits l'anatomie et la physiologie végétales nous permettent de le suivre dans son développement intime. On pourra done rechercher si, dans la forma- tion pour ainsi dire artificielle des nouveaux tissus corticaux, les organes élémentaires se produisent selon le méme ordre que dans la formation naturelle et normale ; si, par exemple, et à quelle époque, sous l'épiderme des bourrelets, on trouve les cellules cubiques de l'enveloppe subéreuse ordinaire, si distinetes des cellules polyédriques à parois plus épaisses, plus lâchement unies, de l'enveloppe cellulaire proprement dite; si cette position relative se maintient, ou bien si à aucune époque de la vie de ces bourrelets, qui se confondent peu à peu avec les anciennes formations, il n'y a de différence entre les cellules. Nous recommandons ces questions à ceux des membres de la Société qui sont familiarisés avee les recherches anatomiques. Enfin, l'aceroissement de l'arbre en diamètre résulte nécessairement de la vigueur rendue à sa végétation, et par conséquent de la formation des bourrelets, À priori, on pouvait le dire; on s'en est assuré par l'expérience. Il est remarquable, en effet, que la partie ménagée de l'enveloppe subé- reuse tendra bientôt elle-même à se détacher naturellement, ee qui ne peut s'expliquer que par un plus rapide accroissement des parties intérieures appelées à la remplacer. De plus, comme les bourrelets qui se sont formés sur les bords des incisions longitudinales font bientôt saillie et constituent des côtes sur le tronc, faute de pouvoir se loger dans le vide formé par ces incisions ; qu'ensuite ces côtes disparaissent comme résorbées par le tront qui redevient cylindrique, il faut bien que le diamètre du tronc se soit SÉANCE DU 27 wans 1857. 209 accru. Knight avait remarqué depuis longtemps que les arbres décortiqués avaient plus grossi, dans l'espace de deux années, qu'ils ne l'avaient fait pendant les dix années qui avaient précédé l'opération. On l'a vu, les procédés de M. Robert n'ont rien en eux-mémes d'abso- lument nouveau ; mais ce qui lui appartient en propre, c'est d'en avoir systématisé la pratique et de l'avoir appliquée hardiment, profondément, et de manière à amener la destruction du Scolyte. M. Robert est allé jusqu'à se demander si, en vertu du principe que nous avons exposé ci-dessus de la multiplication pour ainsi dire indéfinie des bourgeons, on ne serait pas fondé à espérer un accroissement considérable de durée chez les arbres déjà vieux, qu'on soumettrait à une décortieation périodique, et il a été conduit, par ses expériences variées et ses observations rétrospectives sur la longé- vité des arbres en général, à regarder comme probable le succès d'une pareille méthode ; elle ne serait, aprés tout, qu'un corollaire du principe sur lequel toutes ses opérations sont fondées. Les travaux de M. Robert furent malheureusement interrompus en 1848 ; l'administration d'alors en perdit de vue, ou à peu pres, le but et l'impor- tance. Les nouveaux inspecteurs des promenades erurent. remédier suffi- samment au dépérissement des arbres par l'emploi de moyens hygiéniques et médicaux. Par exemple, on traitait les arbres malades par l'application à leur pied d'une certaine quantité de bon terreau ou d'engrais énergiques, tels que le sang de bœuf, nourriture trop substantielle pour des constitu- tions délabrées. Ailleurs on renouvelait, sur une assez grande étendue et à une certaine profondeur, le sol tout entier d'une plantation, et l'on ne com- prenait pas que le mal principal était eausé beaucoup moins par une pro- portion insuffisante des principes nutritifs dans le sol que par la détério- ration de l'écorce, et que là devait être appliqué le remède : c’est ce qui est visible, en ee moment méme, dans les travaux qui s'exécutent dans le jardin du Palais-Royal. De plus, on commit la faute d'enduire de goudron employé chaud la surface des incisions, et on brüla une partie des tissus nouvellement formés sur les plaies et incisions longitudinales. La propaga- tion du Scolyte avait fait des progrès surprenants sur les Ormes. Les fores- tiers allemands conseillent de disposer, de place en place, des troncs atta - qués par les insectes, afin d'y attirer ees animaux, dont on se débarrasse ensuite plus facilement, et ils les appellent des arbres-piéges (Fangbeeume). La plupart des Ormes de nos promenades étaieut réduits à ce triste état, mais ils propageaient le fléau au lieu de servir à l'arréter. Alors fut organisé le service municipal des plantations et promenades de Paris, sous la direction de M. Alphand, ingénieur en chef des ponts et Chaussées, heureuse association de l'École polvtechnique et du jardinage. Le nouveau service ne manquera pas, sans doute, de se mettre en com- munication habituelle avec le savant professeur de culture au Muséum, 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Decaisne, et parviendra, nous l'espérons, à concilier l'application des lois de la physiologie végétale avec les exigences de la voirie urbaine. On ne tarda pas à reconnaitre que les arbres traités, notamment en 4847, par M. Robert, et abandonnés depuis à eux-mêmes, étaient, à peu d'exceptions près, parfaitement guéris, pleins de vigueur : on réclama de nouveau le concours éclairé de M. Robert. Malheureusement, pour un grand nombre d'arbres il était bien tard. M. Robert, en médecin dévoué qui ne recule pas devant les cas qui semblent désespérés, a répondu à cet appel et s'est remis à l'œuvre avec un généreux empressement. En ce moment méme, il dirige une opéralion assez étendue aux Champs-Élysées. Aux environs du Palais de l'Industrie, la curiosité des passants est attirée et leur in- quiétude s'émeut jusqu'à un certain point, à l'aspect étrange d'une foule de troncs décortiqués et comme écorchés ; l'espèce de pellicule qui reste de la couche subéreuse et des fibres corticales tranche par un brun rou- geátre avec la teinte noire du trone. Cette couleur rougeátre qui, au reste, ne persistera pas longtemps, est due au contact de l'air sur les parties en voie de formation, parenehyme et fibres corticales, dans lesquelles la séve est déjà en mouvement : il en est autrement lorsque l'opération est pra- tiquée à l'entrée de l'hiver. Or, on peut recueillir au pied de l'arbre, avec les lambeaux de l'enveloppe subéreuse en état de décomposition avancée qui ont été simplement détachés à la main, de nombreux copeaux enlevés par le fer; les uns et les autres sont attaqués, à divers degrés, par les larves du Seolyte. Nous engageons les membres de la Société à se háter d'aller étudier l'opé- ration, que la saison déjà avancée où nous sommes viendra bientôt inter- rompre. Non pas que M. Robert ne la pratique aussi quelquefois dans le cours de l'été, lorsque la végétation est dans toute son activité ; mais alors il a soin d'entamer moins profondément l'écorce, et d'employer pour garan- tir les plaies contre les ardeurs du soleil, cet onguent très connu dont Pin- vention est attribuée au saint patron des jardiniers. On remarquera aussi, au pied d'un certain nombre d'arbres, des tranchées pratiquées à 50 ou 60 centimètres de profondeur dans le sol, et disposées comme les rayons d'une croix d'honneur, dont elles ont la forme élargie vers la circonférence, rétrécie vers le centre. Ces tranchées, qu'on remplit ensuite de pierrailles, sont destinées à procurer aux racines l'accès de l'air et de l'eau des pluies ou des arrosements artificiels : pour en étre plus sür, vu le piétinement auquel le sol est sans cesse soumis, des tuyaux de drai- nage sont adossés verticalement au pivot de l'arbre et on en couvre l'ouver- ture avec un tuileau. Cette méthode accessoire a paru utile dans cette partie des Champs-Elysées, où le collet des arbres se trouve trop enterré par les remblais qui ont eu lieu à la suite de la construction du Palais de l'Industrie. SÉANCE DU 27 Mars 1857. 301 Nous ne terminerons pas cet exposé sans féliciter l'administration muni- cipale de sa sollicitude pour l'extension et la conservation des plantations qui contribuent à l'embellissement, d'ailleurs si rapide, de Paris dans ces dernières années. Ce qu'il en coûte, ce que cette extension de la capitale entraine de conséquences diverses et d’une haute portée, n’est pas de notre sujet ; mais le botaniste, qui naguère encore herborisait en dehors de la barrière de l'Étoile, lorsqu'il voit nos fortifications de 1840 comme égarées au milieu de quartiers nouveaux, et le bois de Boulogne devenu une pro- menade de Paris et an jardin peigné, où il n'y aura bientôt plus une seule mauvaise herbe, peut avoir quelque droit de se plaindre, Toutefois, s’il est forcé d'aller chercher plus au loin dans la campagne la trace des Jussieu, il est appelé à prendre sa part dans les jouissances du citadin, et il mêle volontiers sa voix à celle du publie pour rendre hommage aux soins pré- voyants d'une administration qui, non contente de bâtir, semble avoir pris aussi pour devise le mot du sage octogénaire de la Fable : Mes arrière-neveux me devront cet ombrage. M. Boisduval ne croit pas que les scolytes soient la cause de la ma- ladie des arbres. En effet, ces insectes n'attaquent pas les arbres Sains, mais seulement des arbres déjà malades ou au moins lan- guissants. Ainsi, dans le bois de Vincennes, en 1835, il y a eu beau- coup de scolytes sur les Chênes, mais seulement sur les Chênes ma- lades. Il a suffi d'abattre ceux-ci pour que le fléau ne se communiquât pas aux arbres sains. M. Brongniart fait remarquer que l'opinion émise par M. Bois- duval etait aussi, jusqu'à un certain point, celle d'Audouin. Cet observateur était d'avis que les scolytes attaquent de préférence les arbres déjà malades, mais qu'à défaut de ceux-ci ils se répandent aussi sur les arbres sains. A l'appui de cette opinion, M. Brongniart rappelle que sur le boulevard des Invalides, vers l'extrémité de la rue de Sèvres, il y avait, il y a quelques années, une très belle rangée d'ormes parfaitement sains. Des charrons s'étant établis dans Je voisinage, ces arbres furent attaqués par les scolytes et souffrirent beaucoup. En général, cependant, quand un arbre est tres vigoureux, les insectes s'y développent mal, car ils y sont pour ansi dire noyés dans la séve. C'est pour cela que M. Eugene Robert, en rendant les arbres plus vigoureux, les rend aussi moins Aaquables, Lors de ses premiers essais, M. Robert enlevait au 802 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tronc de simples bandes longitudinales, en entamant l'aubier; les parties intermédiaires prenaient alors un développement rapide, mais il se formait des bourrelets le long des bandes, et l'arbre était bientôt tout à fait défiguré. Pour éviter cet inconvénient, M. Robert a modifié sa méthode : il a décortiqué toute la surface du tronc d’une manière incomplète, c’est-à-dire en respectant le liber intérieur et en en laissant une épaisseur de 3 à 4 millimètres. Cette opération doit se pratiquer lorsque l'arbre n'est pas en séve, sans quoi l'on risquerait d'enlever toute l'écorce. Sur les arbres traités ainsi, l'aubier s'est développé avec une vigueur remarquable, et il ne s'est pas formé de bourrelets. Ces arbres, au bout de deux ans, sont redevenus bien portants, tandis que ceux sur lesquels cette opération n'avait pas été pratiquée sont restes malades. M. le comte Jaubert donne lecture d'un nouveau mémoire Sur l'enseignement de la Botanique, faisant suite à celui qu'il a lu dans la seance du 23 mars 1855 (1). M. Balansa fait à la Société les communications suivantes : CONSIDÉRATIONS SUR LA STRUCTURE DE L'ÉPI ET DE L'ÉPILLET DES GRAMINÉES, pr M. B. BALANSA. Les épis des Graminées peuvent se diviser en deux groupes : ceux dont l'axe est terminé par un épillet (épi défini), et ceux dont l'épillet supérieur n'est pas la terminaison de cet axe. Ces deux modes d'infloreseence ne sont pas tellement tranchés, qu'il n'existe dans certains cas quelque indécision dans leur délimitation ; Car il arrive souvent que l'épillet supérieur est tellement déformé, tellement petit, qu'on a de la peine à distinguer s'il termine vraiment l'axe, ou bien s'il appartient à un épi indéfini dont l'axe devrait se prolonger encore au-dessus de cet épillet, sous forme généralement de petite pointe, Dans le plus grand nombre de cas, cependant, le doute n'est pas permis, et méme, avec un peu d'habitude, à la seule inspection d'un épi, on peut juger à laquelle des deux inflorescences il appartient. Ce caractère d'inflorescence, indépendamment des sections naturelles qu'il permet d'établir dans certains genres, les Zriticum par exemple, (4) M. Jaubert se réserve, comme il l'a fait la première fois, d'adresser directe ment un exemplaire de cette communication à chacun de MM. les membres de la Société, SÉANCE DU 27 Mans 1857. 303 peut servir aussi à distinguer des espèces voisines entre elles, notamment dans les Elymus. Dans le genre Triticum, au moins tel qu'il a été déli- mité par Linné, on trouve de la manière la plus tranchée ces deux sortes d'épis : dans les espèces cultivées, à l'exception du Triticum monococcum L., lépi est défini; les Agropyrum sont dans le même cas; les Triticum villosum et hordeaceum au contraire, qui, il est vrai, seraient peut-être mieux placés dans le genre Secale, ont l'épi indéfini; il en est de méme de tout ce groupe de Triticum si abondants en Orient (T. prostratum, squar- rosum, orientale, cristatum, ete.), et que plusieurs auteurs ont, avec raison, séparés des vrais Triticum. L'étude de l'épillet terminal d'un épi défini est d'une grande importance dans la distinction des espèces de certains genres, dans les 777gilops par exemple. — Dans quelques espèces d’ Elymus, entre autres V E. crinitus, l'épillet terminal nous démontre la nature un peu controversée des glumes dans les genres Elymus et Hordeum. Eu effet, dans ces épillets, les deux glumes, non génées par la présence d'un ou de deux épillets collatéraux, ont la position normale de celles de la plupart des Graminées; il faut donc leur assigner une origine commune. Je dois faire observer que, dans les épis à axe fragile, il y a deux modes de désarticulation très distincte; cette désarticulation a lieu ou au-dessous de l'insertion de la glume inférieure (Ægilops à axe fragile), ou au-dessus (Secale). Je n'ai parlé jusqu'à présent que de l'axe méme de l'épi; il me reste à dire quelques mots sur la maniere dont les épillets sont insérés sur cet axe. — Si la glume inférieure des épillets du Lolium n'avortait pas constam- ment (à l'exception de celle de l'épillet terminal), il faudrait regarder l'épi de ee genre eomme le type normal dans la famille des Graminées. Plusieurs botanistes ne partageront pas peut-être cette manière de voir, car dans la plupart des autres genres (Triticum, Secale, ete.), les épillets étant paral- lèles à l'axe de l'épi et non opposés, comme dans le Lolium, on s'est habitué à regarder comme normale cette derniere disposition qui est la plus com- mune, Qu'il me soit permis de parler encore de l'épi des Lolium ; la connaissance de sa strueture jette un grand jour sur celle des épis des autres Graminées. Il ne faut pas perdre de vue que, dans les Graminées, la première feuille (préfeuille) d'un axe secondaire álterne toujours avec la feuille qui a donné Naissance à son aisselle à ce méme axe secondaire. Il y a longtemps que l'on à décrit l'épillet des Zo/um comme à une seule glume, la glume inférieure ( Intérieure) ayant avorté. Cette manière de voir me semble conforme à la Vérité. M, Germain de Saint-Pierre (1) prétend, il est vrai, que « s'il existe (5) Voyez le Bulletin, t. I, p. 52. 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une seule glume stérile, ce n'est pas parce que l'autre glume a avorté, mais parce que cette glume est devenue fertile en produisant une fleur à son aisselle; » mais il a oublié de nous dire:si c'est la glume inférieure ou supérieure qui avait produit ainsi une fleur à son aisselle. Malgré son silence, il est évident qu'il a voulu parler de la glume inférieure, et alors notre honorable confrére regarderait la glume extérieure comme l'infé- rieure. Pour réfuter cette maniere de voir, je n'ai qu'à faire connaitre la structure de l'Oropetium Thomæum. Dans cette Graminée les épillets sont uniflores et disposés comme dans le Lolium : la glume inférieure (intérieure) avorte comme dans ce dernier genre, et la glume supérieure (extérieure) a ses bords pourvus d'un appendice membraneux trés remarquable. Eh bien! dans l'épillet terminal, qui est à deux glumes, la glume supérieure seule est pourvue de ces appendices, et il est ici de toute évidence que celte glume représente l'extérieure des autres épillets. I! est bon d'observer que, dans un épi défini, l'épillet terminal a ses glumes insérées sur l'axe général de cet épi, et que, par conséquent, elles appartiennent au méme axe que les feuilles, avortées il est vrai, à l'aisselle desquelles sont nés les épillets inférieurs. L'épi des Triticum est en tout semblable à celui des Lolium, si ce n'est qu'en raison d'une torsion des pédicelles, les épillets qui le constituent sont paralléles à l'axe au lieu de lui étre opposés. L'épillet terminal seul de cet épi (lorsque cet épi est défini) est placé normalement. Cette disposition de l'épi terminal permet, à premiere vue, de distinguer, dans le plus grand nombre de cas, si l'axe est défini ou indéfini. J'ai à parler maintenant de tout un groupe de Graminées, dont les épil- lets, lorsqu'ils sont disposés en épi, offrent, par rapport à l'axe de cet épi, un diagramme inverse de celui des Lolium, c'est-à-dire dont la glume extérieure, lorsque l'épillet est opposé à l'axe, est l'inférieure, au lieu d'étre la supérieure. Dans le Phacelurus digitatus, appartenant au groupe des Rottboelliacées, sur chaque excavation de l'axe de lépi, se trouvent insérés deux épillets qui lui sont opposés : l'un de ces épillets est sessile, l'autre pédicellé, tous les deux ont deux glumes dont l'inférieure est l'extérieure ; c’est, comme on voit, le contraire de ce que l'on observe chez les Lolium, Monerma, elc. Pour se rendre compte de cette singulière anomalie du Phacelurus, il ne faut que considérer la position que ses feuilles occupent sur divers axes de la tige. Cette Graminée se ramifie souvent, et on trouve fréquemment Un axe secondaire émettant, de Vaisselle méme de sa préfeuille, un axe ter- tiaire. Or de l'observation directe il résulte que : 4° la préfeuille de cet axe tertiaire est extérieure par rapport à l'axe primaire; 2? que la première feuille de l'axe secondaire naissant au-dessus de l'insertion de l'axe tertiaire sera aussi extérieure par rapport à ce méme axe primaire. Supposons main- SÉANCE DU 27 mars 1857. 305 tenant que la préfeuille de l'axe secondaire avorte, que cet axe secondaire représente l'épillet sessile, et l'axe tertiaire l'épillet pédicellé ; il est évident que l'un et l'autre de ces épillets devront avoir un diagramme inverse de celui des Lolium. Dans le ,Phacelurus je serais done très porté à regarder l'épillet pédicellé comme produit par un axe tertiaire, et l'épillet sessile par un axe secondaire. L’ Hemarthria offre la méme structure que le Phacelurus quant à la position de ses épillets, seulement le pédicelle de l'épillet pédi- cellé s'est soudé avec l'axe primaire. La plupart des Rottbælliacées que j'ai observées présentent une structure à peu prés semblable à celle des Phacelurus, aussi semblent-elles former dans les Graminées un groupe assez naturel. Quelques auteurs modernes, il est vrai, nel'ont pas adopté ; cela provient sans doute de ce que Kunth et quelques autres agrostozraphes ont rapporté aux Rottbælliacées des genres (Lepturus, Monerma, Oropetium) qui plus tard en ont été exclus avec raison pour être réunis aux Triticées. Les Rottbælliacées ainsi démembrées, on a Cru pouvoir fondre les genres qui restaient dans les Andropogonées. Les observations ultérieures prouveront si cette dernière manière de voir est conforme à la vérité. M. Cosson rappelle que, dans la Flore d'Algérie, il a cru devoir Supprimer le groupe des Rottboelliacées, rattacher aux Triticées le Monerma et les genres voisins, et rapporter aux Andropogonées les autres genres placés dans le même groupe par les auteurs, et dont l'épillet présente une fleur inférieure mále ou neutre. M. Brongniart, qui a étudié la structure de l'épillet dans les genres rapportés aux Rottbælliacées, dit qu'il ne saurait admettre non plus ce groupe, tel qu'il a été limité par certains agrosto- graphes. DESCRIPTION DE QUELQUES ESPÉCES NOUVELLES DE GRAMINÉES D'ORIENT, pr MM, BOISSIER e: BALANSA. feras SUBENERVIS Boiss. et Bal. in. Bal. pl. Or. exsiec. n. 7, et ap. oss. et DR. Fl. Algér. t. TI, p. 104, in adnot. iis ne est voisine par le port du V. dubia Coss. et DR. (Avena insensiblomen at elle s'en distingue facilement par les glumes plus Str la nervure 4 a au sommet, presque lisses ou scabres seulement de moitié quc ii e, plus inégales, l'inférieure étant environ plus courte tinctes. que la supérieure et ne présentant que 3-5 nervures peu dis- nr" Pondan Sur les collines pierreuses bordant le fond du golfe de T. Iv Iv, 20 $06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Festuca pivEnsirOLIA Boiss. et Bal. in Bal. pl. Or. exsiec. n. 136 et 746. Souche cespiteuse. Tiges lisses, cylindriques dans leurs trois quarts supérieurs, assez comprimées à leur base. Feuilles, méme les plus infé- rieures, pourvues de limbe; celles des tiges stériles le plus souvent enrou- lées, filiformes, glabres ; cellés des tiges fertiles planes, plus larges ; ligule courte, tronquée. Préfeuille basilaire, binervée, dépourvue de limbe. Les 2-3 feuilles les plus intérieures des rejets stériles ont la moitié inférieure de leurs gaines bulbeuse et comprimée, ce qui fait paraitre ces rejets comme autant de petits bulbes comprimés et entourés de feuilles. Gaines des tiges fertiles glabres, lisses, tubuleuses dans leur moitié ou leurs trois quarts inférieurs, Épillets le plus souvent triflores, disposés eu une panicule lan- céolée, à rameaux 5-7-nés dressés scabres et inégaux, les uns ne portant que deux épillets, les autres en portant plus de vingt. Glumes oblongues, lancéolées, aigués, glabres, égalant les deux tiers de la longueur des fleurs ; l'inférieure uninervée, la supérieure trinervée. Glumelle inférieure mu- tique, trinervée, sensiblement carénée sur le dos; glumelle supérieure bicarénée, à carènes scabres, entière au sommet et égalant presque la glu- melle supérieure. Squamules 2, aiguës, entières, Anthères oblongues. Ovaire glabre; styles terminaux. Caryopse oblong-lancéolé, canaliculé, renfermé dans les glumelles et adhérant fortement avec elles, à macule hilaire punetiforme. Abondant sur le mont Sipyle prés Magnésie, et dans la région mon- tagneuse du Taurus, près du défilé des Portes Ciliciennes. Il se retrouve sur l'Ali-Dagh, prés de Césarée. Dans cette dernière localité, la plante a les feuilles des rejets stériles plus ténues, plus courtes, la tige moins haute etla panieule moins ample; ces différences sont dues sans doute à une plus grande altitude (1450 mètres environ). Bromus (sect. Festucoides) Cappanocicus Boiss. et Bal. in Bal. pl. Or. exsiec. n. 841. Souche cespiteuse, recouverte des débris fibreux des vieilles gaines dé- truites. Tige cylindrique, elabre, lisse, genouillée à la base ; feuilles des rejets stériles toutes pourvues de limbe, glabres ou couvertes de poils épars, à limbe étroit à moitié plié; celles des tiges fertiles planes, scabres sur les bords. Gaines tubuleuses au moins dans leur moitié inférieure. Panicule ovale, penchée, à rameaux inférieurs géminés ou ternés, divariqués, por tant 2-5 épillets. Épillets linéaires-lancéolés, 5-10-flores, à fleurs supérieure stériles ; glumes inégales, lancéolées, glabres, égalant les deux tiers des glumelles inférieures, l'inférieure plus petite 1-nervée, la supérieure tri- nervée; glumelle inférieure lancéolée, 3-5-nervée, à nervures scabres, pourvue, un peu au-dessous du sommet, d'une arête presque aussi longue SÉANCE pu 97 mars 1857. 307 qu'elle; glumelle supérieure bicarénée, entière ou bidentée au sommet, à carènes scabres ou même poilues. Squamules 2, lancéolées, entières, glabres. Anthéres linéaires-lancéolées. Ovaire velu dans sa partie supé- rieure ; styles distincts s'insérant au-dessous du sommet de l'ovaire; stig- mates sessiles plumeux. Caryopse égalant les deux tiers de la longueur des glumelles, convexe à son côté extérieur, concave à son côté intérieur, à macule hilaire égalant presque sa longueur, renfermé dans les glumelles et adhérant avec elles. Trés abondant sur toutes les collines de la Cappadoce, de 1000 à 1500 mètres d'altitude. AcROPYRUM Taurr Boiss. et Bal. in Bal. pl. Or. exsice. n. 826. — Brachy- podium ramosum Rom. et Schult. var. Boiss. in Kotsehy pl. Cilie. exsiec. n. 233 b. Plante glabre dans toutes ses parties. Souche cespiteuse. Tiges stériles atteignant ou dépassant le tiers de la longueur des tiges fertiles, à nœuds espacés et non recouverts, au moins les supérieurs, par les gaines des feuilles; tiges fertiles cylindriques, glabres. Feuilles lincaires-sétacées, plus ou moins enroulées, lisses et glabres sur leur face externe, pubes- centes et méme velues sur leur face interne. Ligule très courte, tronquée. Gaines lisses, glabres, tubuleuses dans leur moitié inférieure. Épillets h-1- flores, disposés en un épi un peu lâche, à rachis défini non fragile. Rachis de l'épillet glabrescent, se désartieulant au-dessous du point d'insertion de la glumelle inférieure. Glumes oblongues-lancéolées, obtuses, à bords sca- tieux, 5-nervées, un peu inégales, égalant les cinq sixièmes des glumelles inférieures. Glumelle inférieure oblongue-lancéolée, mutique, 3-5-nervée dans Sa moitié supérieure, lisse; glumelle supérieure bi-carénée, entière ou échañerée au sommet, atteiguant ou dépassant les trois quarts de la glumelle inférieure, à carénes presque glabres. Squamules 2, oblongues-linéaires, àlguës, légèrement ciliées sur les bords. Ovaire velu au sommet, brusque- ment atténué à la base; styles distincts, insérés un peu au-dessous du Sommet de l'ovaire ; stigmates plumeux. Caryopse à macule hilaire attei- Snant son sommet. Région alpine et sous-alpine du Taurus, près du défilé des Portes Cili- ciennes, vers 4700 mètres d'altitude. ÅGROPYRUM DIVARICATUM Boiss. et Bal. in Bal. pl. Or. exsicc. n. 840. Racine Subcespiteuse. Tiges cylindriques, glabres ; préfeuille bicarénée, à Carènes présentant de petits aiguillons dirigés de haut en bas. Feuilles, méme les plus inférieures, pourvues de limbe; limbe plan, lancéolé, mol- lement pubescent sur les deux faces. Ligule tronquée presque nulle. Gaines lisses, tubuleuses vers leur base, à bords souvent pourvus à la naissance du $08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. limbe de deux oreillettes plus ou moins prononcées. Rachis de l'épl défini, non fragile. Épillets à 4-5 fleurs dont les 1-2 supérieures sont stériles. Rachis de l'épillet glabre, assez fragile à la maturité, se désarticulant au- dessous de l'insertion de la glumelle inférieure. Glumes égalant presque en longueur la fleur inférieure, glabres, oblongues, aigués, ordinairement, atténuées en aréte assez brusquement ou insensiblement ; l'inférieure 5- nervée un peu plus courte que la supérieure, qui est 7-nervée. Glumelle inférieure oblongue-lancéolée, glabre, lisse ou trés faiblement scabre sur le dos et pourvue au sommet d'une aréte divariquée presque deux fois aussi longue qu'elle. Glumelle supérieure égalant presque l'inférieure, bicarénée, à carènes scabres sur le dos. Squamules lancéolées, pourvues vers le som- met de quelques poils rares. Ovaire velu, assez longuement stipité. Caryopse oblong-lancéolé, canalieulé, à macule hilaire linéaire atteignant son sommet, glabre, renfermé dans les glumelles et adhérant avec elles. Région sous-alpine du Karamas-Dagh et du Dédé-Dagh ( Cappadoce), vers 1600 mètres d'altitude, L'A. divaricatum est trés voisin du Triticum (Agropyrum) elymoides Hochst.; il n'en diffère guère que par ses glumes généralement aristées et non pas obtusiuseules, par le limbe de ses feuilles mollement pubescent et non pas glabre, par ses glumelles inférieures lisses sur leur dos et non pas scabriuscules. Ecymus CaPPpapocicus Boiss. et Bal. in Bal. pl. Or. exsice. n. 843. Plante trés glabre dans toutes ses parties. Souche tracante, à rhizomes couverts d'éeailles tubuleuses 1-3-dentées au sommet. Tiges floriferes cylindriques, atteignant 50 centimètres de hauteur. Feuilles caulinaires linéaires, plus ou moins pliées-enroulées, insensiblement atténuées en pointe, les 1-3 inférieures squamiformes, dépourvues de limbe, détruites généralement lors de la floraison. Épi linéaire, terminé par un seul épillet fertile à glumes non latérales, l'inférieure plus courte que la supérieure. Épillets géminés (excepté les supérieurs qui sont souvent solitaires), sessiles, uni-biflores avec le rudiment d'une seconde ou d'une troisième fleur souvent réduite au pédicelle. Glumes linéaires-sétacées, scabres, égalant ou dépas- sant les épillets, les deux médianes trés rapprochées parallèles entre elles, les 2 latérales un peu divergentes. Glumelle inférieure insensiblement atté- nuée en une pointe courte, 3-5-nervée, à nervures disparaissant vers la base; glumelle supérieure bicarénée, à carènes ciliolées dans leur tiers supérieur, atténuée au sommet et un peu plus eourte que la supérieure. Squamules 2, membraneuses, oblongues-lancéolées, entières, glabres. Anthères lancéolées. Ovaire renflé au sommet et atténué dans sa partie inférieure, velu dans sa moitié supérieure, à macule hilaire linéaire attei- gnant les quatre cinquièmes de sa longueur et s'élargissant au sommet ; SÉANCE DU 27 Mans 1857. 309 stigmates 2, sortant vers le milieu des glumelles, sessiles, plumeux, dis- tinets à la base, insérés un peu au-dessous du sommet de l'ovaire du côté de la glumelle inférieure. Caryopse... Croit dans les prairies salées situées à l'ouest de Césarée ( Cappadoce ), vers 14100 mètres d'altitude. M. Boisduval présente à la Société le Polygala Chamabuzus, déjà en pleine fleur, espèce des régions montagneuses qu'il cultive avec succès, et fait remarquer la précocité de la floraison de cette plante. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ueber das Vorkommen des Kalkspaths in der Rinde vieler holzartiger Dicotylen (Sur l'existence du spath calcaire dans l'écorce de beaucoup de Dicotylédons ligneux); par M. Sanio (Mo- natsbericht der Kamigl. Preuss. Akad. d. Wissensch. zu Berlin; cah. de janv. 1857 ; pp. 53-56). M. Sanio a reconnu que l'écorce des Dicotylédons ligneux contient du carbonate de chaux, sous sa forme caractéristique de rhomboëdre, logé dans son épaisseur d'apres des lois déterminées pour chaque espéce. Ordi- nairement cette substance accompagne les faisceaux libériens, soit séparé- ment les primitifs ou les secondaires, seit les uns et les autres en méme temps. Assez souvent aussi elle n'offre plus ces relations, ct ses cristaux sont dispersés dans les cellules de l'écorce secondaire, plus rarement de l'écorce primaire ; trés rarement on la trouve dans les cellules de la couche subéreuse. Voici le tableau de la distribution du spath calcaire dans l'écorce. I. Les cristaux se trouvent seulement autour du liber primitif. — 1. Fa- gus sylvatica; gros et beaux cristaux uniquement au eóté externe du liber. — 2. Celtis australis ; id. — 3. Virgilia lutea; id. — h. Quercus Suber et pedunculata ; autour du liber primaire. — 5. Ulmus effusa et U. campes- tris B suberosa; au côté extérieur du liber primaire. — 6. Betula verru- cosa ; id. — 7. Alnus glutinosa; au côté externe du liber et autour des groupes de cellules fortement épaissies qui se trouvent dans l'écorce secon- daire, dans la continuation des rayons médullaires, — 8. Platanus occi- dentalis ; au côté externe du liber primaire et cà et là dans l'écorce pri- maire. — 9. Hamamelis virginica ; id. — 10. Æsculus Hippocastanum ; cà et là au cóté externe du liber primaire. IL Les cristaux de spath calcaire manquent dans le liber primitif, et ils existent, au contraire, autour des faisceaux libériens secondaires. — 1. Acer campestre ; ils ne se trouvent qu'au côté externe des faisceaux libériens, et seulement lorsque les cellules du liber sont parvenues à leur complet dé- veloppement. — 2. Salix pentandra, alba, viminalis, caprea, cinerea, ni- gricans, rosmarinifolia; autour des faisceaux libériens secondaires. — 3. Acer striatum — Spiræa opuli folia ; id. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 311 III. Ces cristaux se trouvent autour des libers primaire et secondaire. - Populus tremula et pyramidalis. IV. Ils se montrent dans l'écorce secondaire, sans se rattacher au liber. — 4. Sorbus aucuparia; dans l'écorce secondaire annuelle, où il n'y a pas de cellules de liber. — 2. Peu abondamment dans le Cydonia vulgaris, le Mespilus germanica, V Amélanchier vulgaris, le Cotoneaster laxiflora. — 3. Pyrus communis et P. Malus. Ici les cristaux situés dans le voisinage des faiseeaux libériens secondaires sont plus gros que ceux qui se trouvent dans les autres cellules de l'écorce secondaire. — 4. Acer platanoides ; dans les couches corticales secondaires. — 5. Acer tataricum; ils y existent aussi çà et là dans l'écorce primaire. — 6. Abies pectinata et Pinus syl- vestris; dans l'écorce secondaire. — 7. Berberis vulgaris; gros cristaux isolés. — 8. Melaleuca stypheloides. V. Autour du liber primaire, daus l'écorce primaire et autour des cel- lules parenchymateuses fortement épaissies qui s'y trouvent. — Dans le Gleditschia triacanthos. VI. Dans les cellules corticales subéreuses, autour du liber primaire et secondaire dans le Robinia Pseud- Acacia. N. B. Dans une communication plus étendue, quia été faite à l'Aca- démie de Berlin au mois d'avril dernier (Voy. Monatsbericht d. Koenigl. Preuss. Akad. d. Wissenseh. zu Berlin, cah. d'avril 1857, pp. 252-272, avec un tableau et une planche), M. Sanio expose en détail les observations dont on vient de voir le résumé ainsi que les essais chimiques gráce aux- quels il a reconnu que les cristaux étudiés par lui sont de l'oxalate de chaux, et non du carbonate du chaux, comme il l'avait eru d'abord. Ueber den Zusammenhang der Blattstellung mit dem Bau des dicotylen Molzringes (Sur la liaison de la disposi- tion des feuilles avec la structure de la zone ligneuse des Dicotylédons) ; par M. Hanstein (Monatsbericht d. Koenigl. Preuss. Akad. d. Wissensch. zu Berlin, cah. de fév. 1857, pp. 405-115). M. Hanstein rappelle, au commencement de son mémoire, que dans un travail antérieur il s'est efforcé de rattacher la disposition des feuilles sur les plantes à la structure anatomique des tiges, et qu'il a déduit de ses recherches les conclusions suivantes : 4. La zone ligneuse des Dicotylédons n est constituée originairement que par un certain nombre de faisceaux vas- Culaires qui vont dans les feuilles. 2. Ces faisceaux apparaissent isolés dans lā zone de cambium et, à partir de leur point d'entrée dans la feuille, ils tescendent eu s'amineissant graduellement jusqu'à ce qu'ils disparaissent on n'est que plus tard que des couches ligneuses secondaires cyliudre fermé, 4. Ces faisceaux reproduisent parfaitement 312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans l’intérieur de la tige la disposition des feuilles sur la plante. 5. Dans chaque espèce le nombre des faisceaux que montre une section transversale de la tige, ou, ce qui revient au même, le nombre des entre-nœuds que par- court chaque faisceau, est approximativement constant. 6. Dès lors la dis- position spécifique des feuilles sur chaque plante est fixée et limitée anato- miquement, et la fraction qui exprime leur divergence dépend du nombre des faisceaux subordonnés. 7. Enfin il en résulte encore diverses particula- rités spécifiques dans le nombre des faisceaux qui vont à chaque feuille et dans leur coordination réciproque. Les nouvelles observations de M. Hanstein ont porté principalement sur l'Arabis albida ; elles ont été ensuite étendues à plusieurs Conifères, et à un grand nombre de Dicotylédons ligneux angiospermes. Partout, dit-il, s'est montré le contraste entre les faisceaux primitifs, qui se portent isolément vers les feuilles et les couches subséquentes, qui croissent secondairement et par degrés à partir du bas, qui entourent complétement l'ensemble des premiers. Partout ce sont les faisceaux primitifs qui donnent au cylindre ligneux sa configuration première, et nulle part on ne peut démontrer avec certitude l'existenee de faisceaux vasculaires indépendants, sans relation avec eux. Partout ces faisceaux primitifs impriment en quelque sorte dans le corps ligneux la disposition des feuilles fixées anatomiquement. — Les points principaux qu'il regarde comme établis dans son nouveau mémoire sont les suivants : 1. La zone ligneuse est composée dans l'origine de faisceaux primitifs, entierement identiques avec ceux des feuilles, et dont les bandes de cam- bium naissent du point végétatif en méme temps que le cylindre commun du cambium. 2. Ces faisceaux primordiaux, composés de vaisseaux spiraux, Sont in- dépendants. Ils parcourent tout isolés un certain nombre d'articles de la tige. A leur extrémité inférieure ils sont complétement isolés, ou bien ils ne touchent leurs voisins que par un petit nombre de vaisseaux. De bas en haut ils vont constamment en augmentant d'épaisseur et, au point où ils ont le plus de grosseur, ils se portent complétement dans la feuille. Il résulte de là que les faisceaux vasculaires des feuilles ne peuvent pas être regardés comme de simples ramifications de ceux de la tige, bien que cette dernière manière de voir soit généralement admise. 3. C'est par un développement différent que se forment les couches vas- culaires secondaires composées de vaisseaux ponctués et autres, qui ren- forcent ces faisceaux primordiaux et qui les réunissent plus ou moins les uns aux autres. 4. Ces particularités anatomiques fixent et circonscrivent l'arrangement des feuilles, qui oscille en général entre certaines limites, mais qui se montre rarement lié à un nombre précis, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 313 5. De tous ces faits résulte une division parfaitement réglée du corps ligneux des végétaux dicotylés, même dans la tige de ceux qui ont les feuilles spiralées. Abnorme Pflanzenbildungen (Wonstruosités végétales); par M. F.- L. de Schlechtendal (Botan. Zeit. du 30 janv. 1857, n° 5, col. 67-70). 1. Fruit de Datura triloculaire. — Le fruit des Datura Stramonium et Tatula se présente rarement à trois loges et six valves. L'auteur ne croit pas que, dans les cas où il a observé ce fait, les autres parties de la fleur qu’il n’a pas vues eussent subi une augmentation de nombre. Les vraies et fausses cloisons s'y trouvaient développées comme elles le sont dans le fruit normal, et formaient dés lors 6 loges vers le bas de la capsule. 2. Formes du fruit du Fraxinus excelsior. — M. de Schlechtendal dé- erit trois de ces formes dont les différences consístent dans des variations de longueur, de largeur et de contour. Il ajoute qu'on trouve dans des cas fort rares des fruits de Fréne à 3 ailes. 3. Calice soudé de l'ZEschscholtzia. — On sait que le calice de cette plante a ses deux sépales soudés en une sorte de capuchon conique qui se rompt circulairement à sa base, sous l'effort exercé par les organes internes lorsqu'ils avancent dans leur développement. Pendant l'été de 1856, M. de Schlechtendal a observé un pied d'Æ. crocea sur lequel les 2 sépales inti- mement soudés formaient au sommet 2 prolongements étalés, fendus deux ou plusieurs fois et tenant tellement l’un à l'autre que la corolle enfermée dans leur tube ne püt se dérouler. Il y avait donc là, dit-il, une ébauche de développement des sépales en véritables feuilles, leur prolongement ter- minal représentant une lame à peu prés aussi longue que le tube. l. Feuilles rétrécies de Nicandra physaloides. — Cette plante, venue de graines en 1856 sur une terre où elle végète d'ordinaire avec vigueur, n'a pas atteint sa hauteur normale; ses ramifications ont été en méme temps plus nombreuses et plus faibles que de coutume. Elle a formé de petits bou- tons, mais qui ne se sont pas ouverts en fleurs. En méme temps ses feuilles étaient étroites, les supérieures lancéolées ou presque linéaires; toutes se montraient fortement rétrécies à leur base de manière à passer graduelle- ment au pétiole, quelquefois lobées latéralement, à lobes irréguliers. La Cause de cette anomalie n'a pu être soupçonnée, les Solanées voisines étant toutes développées normalement. Etwas den Ueberzug von Schuppen bei manchen Ge- waechsen Betreffende (Quelques observations sur le revétement écailleux que présentent beaucoup de végétaux); par M. L.-C. Treviranus (Botan. Zeitung du 9 janv. 1857, n. 2, col. 17-22). Aprés avoir rappelé, relativement aux écailles que porte l'épiderme d'un 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. assez grand nombre de plantes, les observations de Rudolphi qui regardait chacun de ces petits corps comme formé de poils étoilés, réunis par une membrane trés mince, ainsi que l'opinion analogue de Bischoff et d'A. de Jussieu, M. Treviranus eite avec éloges les recherches récentes de M. Pril- lieux sur les poils des Oléacées et des Jasminées. Mais il combat l'opinion de ce botaniste, aux yeux de qui les écailles des Éléagnées ne sont pas dues à une réunion de poils rayonnants. En effet si, après avoir enlevé une écaille folinire d' Zippophaé, d Olea europea, on examine le point sur lequel elle était portée, on y voit un enfoncement, dans lequel des sections hori- zontales font reconnaitre un petit amas de cellules bien distinctes des au- tres par leur transparence moindre et par leur coloration d'abord en vert sombre, plus tard en brun. Une pareille glande se trouve sous chaque écaille étoilée, dont son prolongement aminci forme le pédicule. Il faut voir aussi, d'apres M. Treviranus, des glandes analogues, mais restées sous leur état primordial, dans les corps globuleux qu'on observe sur les feuilles des Jasminum, Ligustrum, Phillyrea, Fraxinus, ete. Ces glandes se re- trouvent sous beaucoup de poils, particulièrement sous ceux en navette (Pili malpighiacei). Le plus souvent ceux-ci sont simples; mais quelque- fois, par exemple dans les 7ryallis, on en voit plusieurs réunis en étoile. L'auteur cite encore plusieurs plantes dans lesquelles on peut suivrelatran- sition des simples poils étoilés aux écailles diseoides et rayonnées. Il énonce ensuite cette conclusion définitive que sur le méme individu, sur les es- péces d'un méme genre naturel ou d'une méme famille naturelle, on peut observer le passage des poils simples aux poils étoilés, aux écailles rayon- nées, à celles sans rayons visibles et méme au revétement continu de l'épi- derme. Il pense que ces formations superficielles sont destinées à modérer l'action des rayons solaires et à modérer ainsi la transpiration des plantes. Quant aux glandes rattachées à ces écailles, il les regarde comme des or- ganes qui, par leur sécrétion, contribuent de manières diverses à protéger puissamment les parties sur lesquelles on les trouve. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Synopsis de la flore du Jura septentrional et du Sund- gau, contenant un résumé analytique et raisonné des végétaux pha- nérogames croissant sur les différentes chaines du Jura septentrional, par feu Friche-Joset père, ct des végétaux vasculaires du Sundgau, classés d’après une méthode analytique nouvelle, avec l'indication de toutes les localités où ees plantes ont été trouvées à l'état spontané, précédés d'un tableau analytique et de l'explication de la méthode adoptée, accompagnés d'une planche explicative et suivis d'un vocabu- laire renfermant la définition des mots techniques employés daus cet REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 315 ouvrage; par P.-J. Montandon, 1 gr. in-18 de XII et 409 pages. Mul- house, 1856. Le titre extrémement développé de cet ouvrage en fait connaitre suf- fisamment l'objet et la division ; aussi nous contenterons - nous d'y ajouter quelques explications. La méthode analytique employée par M. Montandon consiste d'abord en un tableau dichotomique et synoptique, àl'aide duquel on arrive aux 12 divisions admises par lui plus prompte- ment que si l'on était obligé de passer par une série de renvois, comme dans les méthodes analytiques ordinaires Il a suffi ensuite de donner pour chaeune de ees divisions une courte subdivisien analytique peur conduire aux familles, L'auteur, après avoir partagé les Dicotylédons en polypétalés, monopé- talés et apétalés, subdivise les premiers en Thalamopétalés, Calicipétalés et Calicanthés ; les seconds en Calicanthés et Thalamanthés, et les derniers en Eleuthérogynes ou à ovaire libre, et Symphysogynes. Dans le corps de l'ouvrage la méthode analytique ou du moins la subdivision méthodique, d’après la différence des caractères, poursuivie jusqu'à chaque espéce eu partieulier, permet de déterminer successivement les genres et les espèces, malgré l'absence de toute phrase caractéristique. Le Synopsis de MM. Friche-Joset et Montandon se réduit ainsi à un catalogue qui peut servir pour les déterminations. Pour chaque espéce on trouve le nom spécifique avec le nom de l'auteur, et généralement uu renvoi au Synopsis de la Flore francaise publié par De Candolle en 1806, au Tas- Cheubuch ou Manuel de Koch publié en 1848, ete. Cependant, à part De Candolle, les auteurs sont simplement indiqués par leur nom sans citation de leurs ouvrages, En examinant l'ouvrage qui nous occupe, nous avons remarqué un certain nombre de dénominations spécifiques changées par ses auteurs, sans que le motif de ce changement soit indiqué. D'un autre côté, les deux auteurs ont adopté plusieurs genres proposés par divers botanistes, de manière à faire suivre du Vobis les dénominations nouvelles qui résultent de cette adoption pour un assez grand nombre d'espèces. C'est ainsi, par exemple, que, dans les Amarantacées, l Amarantus Blitum devient pour eux l Albersia viridis; l'Amar. albus — Pyxidium sylvestre, V Amar. pin Pyx. retroflezum ; dans les Chénopodées, les Atriplez has- 4, angustifolia, oblongifolia Koch, deviennent les Armola deltoidea, Ross campestris, suivies du Nobis, et les Chenopodium venant se ranger EMEN Orthosporum et Anserina de Meyer, recoivent tous, sans toutes "T nouvelle dénomination spécifique. Il en est de même pour Tourn.. cor Sonćes rangées dans les genres Lapathum Tourn.; Acetosa veau, rate ee Brun. ; Persicaria lourn. ; Centinodium, genre nou- ise seulement en ces mots : Stigmates en tête, fleurs en fais- 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ceaux axillaires, tige couchée; enfin Tiniaria, proposé également comme genre distinet par les deux auteurs et caraetérisé par les deux mots: Stigmates en tête, tige volubile ou grimpante, fleurs fasciculées. Les variétés sont indiquées à la suite de leur espéce. Les localités sont signalées avec soin, signées méme du nom de celui des deux auteurs qui a trouvé la plante dont il s'agit. Enfin, à ces données sont jointes la durée et l'époque de la floraison. Le volume se termine par deux tables alphabétiques, la première pour les familles, la seconde pour les noms latins des genres. Wegweiser für die botanischen Exeursionen in der Mark Brandenburg (Guide pour les excursions botaniques dans la Marche de Brandebourg, particulièrement dans les environs de Berlin); par M. J.-H. Schulz. Gr. in-48 de VIIL et 474 pages. Berlin, 1857; chez E.-H. Schroeder. Ce petit livre est destiné à rendre fructueuses les herborisations dans le pays dont la flore en a fourni le sujet, en levant le plus possible les diffi- eultés que peut offrir la recherche des plantes. 1l est divisé en 6 chapitres. Dans le premier, l'auteur jette un coup d’œil général sur la géographie de la Marche de Brandebourg, sur ses divisions, son sol, ses cours d'eau, ete. — Le second chapitre est une liste des plantes qui composent la flore de Brandebourg distribuées d'apres l'époque de leur floraison, c'est- à-dire par mois. Pour chaque mois, les espèces sont rangées d'apres l'ordre alphabétique de leurs noms de genres. — Le troisième chapitre est intitulé: Stations oü l'on trouve les plantes considérées en général. Ce n'est pas autre chose qu'une énumération des espèces rapportées à leur station. L'au- teur indique, dans autant de paragraphes distincts, celles qui croissent dans les stations suivantes: 4. Sables; 2. sables argileux; 3. argiles sableuses ; h. terre marneuse ; 5. terre argileuse; 6. glaise; 7. humus et sol des ma- rais ; 8. terre calcaire ; 9. terres salées ; 40. bois de Conifères; 11. bois feuillus; 12. bois d'essences mêlées ; 13. sous-bois ; 14. haies; 15. terres cultivées ; 16. jardins et leurs alentours ; 47. coteaux ; 18. chemins et routes; 19. murs ; 20. villages et décombres ; 21. terre sèche gazonnée et jachères ; 22. pelouses et pacages ; 23. terres humides et marécageuses, généralement un peu ombragées ; 24. prairies ; 25. tourbières ; 26. fossés ; 27. marais et mares; 28 étangs et lacs; 29. sources et ruisseaux ; 30. rl- vières. Il ajoute: 31. végétaux plantés et cultivés; 32. plantes naturalisées. — Le quatrième chapitre est relatif aux localités considérées en particulier. M. Schulz y examine successivement 26 localités plus ou moins étendues» pour chacune desquelles il énumère les plantes qu'on y trouve en les divi- sant d'après les lieux particuliers où on les rencontre. —Le cinquième cha- pitre est intitulé : Résultats de quelques excursions faites à des époques REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 317 déterminées. Suivant un itinéraire particulier pour chaque excursion, il indique les plantes qu'on rencontre sur les divers points par lesquels on dirige sa marche. 11 présente ainsi les résultats de six excursions. — Le sixième chapitre contient les instructions nécessaires pour la récolte, la des- siceation et la conservation des plantes. L'ouvrage se termine par une table alphabétique des noms allemands et latins des plantes. Pour chaque espèce on trouve indiquées toutes les par- ties du livre où elle est mentionnée, ce qui a une importance particulière pour un travail de ce genre. Plantæ columbianze, descripsit H. Karsten (Zinnæa, 1856, 4° cah., publié en juin 1857, pp. 387-462). De retour en Europe après un séjour de plusieurs années dans l'Amé- rique du Sud, M. Karsten a commencé de publier les résultats de ses explo- rations, en y ajoutant les plantes dont il doit la connaissance à d'autres Voyageurs, particulièrement à M. Triana. Dans le mémoire que vient de publier le Linnea, il décrit pour la premiere fois un grand nombre de genres et d'espèces de la Colombie. H complète aussi les caractères de plusieurs genres qui avaient été observés plus ou moins imparfaitement avant lui. Nous voudrions pouvoir reproduire ici les caractères de ces nouveaux groupes génériques; mais les développements avec lesquels ils sont pré- sentés donneraient à cette reproduction une étendue beaucoup trop grande €t nous devons dès lors nous contenter d'y substituer un simple relevé. A côté du nom de chaque genre nouveau nous mettrons le numéro d'ordre qui indique sa place dans la série du Genera d' Endlicher. Suivant notre habitude, nous imprimerons en italiques seulement les genres nouveaux. Parmirrs. — Jessenia (1726. 1): (dédié à M. Carl Jessen, professeur de botanique à Eldena) J. polycarpa; Palmier haut de 20 mètres, qui ressemble à un Oreodoxa. — Marara (1767. 1): 1. M. bicuspidata et 2. M. erinacea. Ils ressemblent aux Martinezia et aux Bactris, dont ils diffèrent surtout par leurs fleurs.— Augustinea (dédié à M. Augustin, dont les jardins, à Potsdam, renferment la plus riche des collections de Palmiers formées par des ama- teurs), Ce genre estétabli pour le Bactris major Jacq., qui devient l'A. ma- Jor Karst, — L'auteur donne les caractéres du genre Martinezia et ceux des Guilielma considérés principalement sous le rapport de l'androcée et du noyau. Il décrit ensuite, dans ce dernier genre, les nouvelles espèces sui- vantes; 1. Guilielma Piritu; 2. G. tenera ; 3. G. granatensis. — 1. Bactris Corse me iebagui ; 2. B. caribæa; 3. B. pilosa ; h. B. Cuvaro; 5. B. 3. G linearis » setulosa. — 1. Geonoma metensis ; 2. G. paraguanensis ; . ifolia. RKIZANTHÉES, — Apodanthes Flacourtiæ, — Sarna (725. 1): 1. S. Cau- lotreti ; 2, S, Ingæ. 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GrNTIANÉES. — Voyria araguensis. —Biglandularia: 4. B. azurea. Plante parasite sur les racines du Galaetodendron. Evenorgracées.—Croton Malambo.—Centandra: 4. C. hondensis. BunMaNNIACÉES. — Benitzia : 4. B. suaveolens ; 2. B. Pœppigiana (Dictyostega Pœppigiana Klotzsch). — M. Karsten complète les caractères des genres Dictyostega et Cymbocarpa Miers. Il décrit 2 nouvelles espèces du premier : 1. D. pectinata; 2. D. campanulata. ASCLÉPIADÉES. — L'auteur caractérise complétement le genre Rühssia, qu'il avait déjà établi en 1848 dans les Mémoires de la Société d’horticul- ture de Prusse, et il y rapporte 5 espèces caractérisées par une courte dia- gnose: 1. R. glauca; 2. R. pubescens ; 3. R. macrophylla (Asclepias macro- phylla Herb. Willd.); 4. R. Estebanensis ; 5. R. purpurea Sehldl. HYDROCHARIDÉES. — Trianea (dédié au docteur J. Triana, collaborateur de l'auteur pour sa Flora Novo-Granatensis): T. bogotensis. MÉLASTOMACÉES.—Sfephanogastra Karst. et Triana (6209. 1): 1. St. pur- purea.—ZLevigia Karst. et Triana (dédié au chimiste C. Lee wig. 6214,4): 4. L. sericea; 2. L. ovalifolia. — Diplodonta Karst. (6224. 1) : 1. D. setosa. BricNoNrAcÉEs. — Codazzia Karst. et Triana (4141. 1); 1. C. speciosa; 2. C. rosea. CucunnrrACÉEs, — Calycophysum Karst. et Triana (5127. 1) : 1. C. pe- duneulatum. Droswéss. — Kuala Karst. et Triana (5999. 4) : 1. K. alata; 2. K. Iævis. NYCTAGINÉES.—Cephalotomandra Karst. et Triana : 1. C. fragrans. STERCULIACÉES. — Matisia Castagno. Brxacées. — Dendrostylis Karst. et Triana (5080. 4): 1. D. suaveolens; 2. D. apeibæfolia ; 3. D. pubescens; 4. D. grandifolia; 5. D. mierophylla. ASPÉRIFOLIÉES, — Diplostylis Karst. et Triana (87h. 1): 1. D. fasci- culata. SAPINDACÉES. — Comatoglossum Karst. et Triana (5616-1) : 4. C. stric- tum. ConvozvuLacées. — Trichantha Karst. et Triana (3801-1): 1. T. ferru- ginea. PAssiFLORÉES. — Poggendorffia (5100-1) : 4. P. rosea. RuBrACÉEs. — Stannia metensis. BUETTNÉRIACÉES. — Anamorpha Karst. et "Triana (5339-1) : 1. A. wal- therioides. — Herrania aspera. — Theobroma glauca. LOBÉLIACÉES, — Burmeistera Karst. et Triana (dédié au prof. Burmeister 3069-1): 1. B. ibaguensis; 2. B. pomifera ; 3. B. tomentosula ; 4. B. act- minata ; 5. B. succulenta; 6. B. lacerata; 7. B. marginata. CLUSTACEES. — Cahota (5539-1): 1. C. carachensis. APOCYNÉES.— Lacmellea (337h-1): 4. L. edulis. FouGÈREs, — 1. Hemitelia servitensis ; 2. H. andina. — 4. Cyathea ert REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 319 nacea ; 2. C. quindiuensis; 3. C. equestris Kunze, var. boconensis; 4. C. straminea; 5. C. boconensis ; 6. C. aurea KI. v. squamosa; 7. C. ebenina ; 8. C. hirtula Mart. var. multisorosa. Notre relevé des nouveaux genres et nouvelles espèces décrits dans le mémoire de M. Karsten montre suffisamment que cet auteur n'a suivi aucun ordre méthodique dans la série de ses descriptions. Il y a méme placé quelquefois assez loin les uns des autres des genres qui appartiennent àla méme famille. Nous avonseru devoir remédier quelque peu à ce défaut d'ordre en placant les genres à la suite de leur famille, tout en suivant à cela prés la marche générale du mémoire. MÉLANGES. Les forêts de Teck de l'Inde et leur rapide destruc- tion. (Oesterr. botan. Wochenblatt.) Le petit nombre de forêts de Teck qui existent encore dans l'Inde se trouvent dans le Malabar, le Pégu, le Tenasserim et dans l'Assam. Elles deviennent de plus en plus rares pour des causes diverses, les unes natu- relles, les autres dépendantes de la volonté de l'homme. Les premières Sont l'extrême lenteur avec laquelle se développe le Tectona, et ce fait, qui €n est la conséquence nécessaire, qu'il croit toujours mélangé à d'autres ar- bres dont l'accroissement est beaucoup plus rapide et qui dés lors s'empa- rent rapidement des places où ses pieds ont été abattus ou ont péri. La re- Production en devient ainsi très difficile. Mais ce sont surtout les hommes qui Contribuent à la rapide diminution des forêts de cette essence pré- Cleuse. Les Hindous abattent indifféremment tous les arbres jeunes et vieux qu'ils rencontrent pour en employer le bois aux usages méme les moins im- portants, et Ja destruction qu'ils en font est si considérable, que le gouver- nement britannique a dà récemment prendre des mesures pour en arréter les progres rapides. Déjà dans les parties méridionales de l'Inde il ne reste Presque plus de bois de Teck; en ce moment la dévastation porte principa- lement sur ceux du Pégu et du Tenasserim. On estime que ceux qui se trouvent dans le Pégu septentrional ne renferment guère que 520,000 ar- bres de cette essence précieuse, ce qui, dans une exploitation raisonnée, permettrait à peine l'abatage de 2,500 arbres par an, tandis que la con- sommation annuelle s'élève certainement bien au-dessus de ce chiffre. Quant aux foréts qui se trouvent en dehors des possessions britanniques, on Manque de données précises à leur égard. NOUVELLES. s, p association américaine pour le progrès des sciences a décidé de tenir ultiéme réunion le 12 du mois d'aoüt prochain à Montréal, dans le Ca- 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nada. Cette Association étend ses travaux à toutes les branches des sciences naturelles, physiques et mathématiques, et elle invite à sa prochaine réunion les savants de tous les pays. Déjà les plus illustres corporations scienti- fiques de l’Europe, l'Institut de France, les Sociétés royale et linnéenne de Londres, ont désigné, dit-on, les délégués qui les représenteront à cette so- lennité scientifique. De son cóté, la ville de Montréal se prépare à donner le plus d'éclat possible à la grande réunion de savants qui aura lieu dans ses murs. Il est dès lors à présumer que ce congrès scientifique sera, pour l'Amérique, le pendant de celui qui a eu lieu à Vienne (Autriche) au mois de septembre dernier, et auquel s'étaient rendus en grand nombre des hommes distingués représentant toutes les branches des sciences naturelles et mé- dicales. — Le 11 mars dernier a été célébré à Weimar l'anniversaire séculaire de l'introduction dans le pays dela culture de la Pomme de terre. Cette importante introduction était due surtout aux efforts du duc Ernest-Au- guste-Constantin, qui eneourageait de son mieux les plantations;de cette plante inappréciable. Un arrété rendu par lui en 1757 recommandait de semer et cultiver la Pomme de terre, fruit comestible et propre à différents usages. Il promettait un prix de 40 thalers à celui qui cultiverait la plus grande quantité de Pommes de terre de l'espèce blanche et des récompenses de 30, 20 et 10 thalers à ceux dont les cultures de cette plante se range- raient ensuite dans l'ordre d'importance. — Le 25 mai dernier la Société linnéenne de Londres a tenu pour la première fois séance, le jour anniversaire de sa fondation, dans le nouveau local de Burlington-House, qui lui a été donné par le gouvernement, et qu'elle occupe en méme temps que la Société royale et la Société chimique. Ce nouveau local est construit dans un trés beau style, orné et disposé avec beaucoup de luxe et de commodité, Cette année le bureau de la Société est composé de la manière suivante : Président : M. Thomas Bell ; vice-prési- dents: MM. Robert Brown, F. Boott, qui est en méme temps trésorier, W. Saunders, Richard Owen ; secrétaire: M. J.-J. Bennett; sous-secré- taire : M. G. Busk. — Le Bonplandia annonce que M. J. Smith, du jardin de Kew, vient de terminer un catalogue de toutes les Fougères cultivées aujourd'hui dans les jardins, que M. Pamplin doit publier. 11 annonce aussi que sir W. Hooker se propose de faire paraître, sur l'ensemble des Fougères cultivées, un grand ouvrage dont les figures seront dessinées par M. Fitch. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTE BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 27 mars, dont la rédaction est adoptée. A l'occasion du procès-verbal, M. de Schoenefeld dit que tous les échantillons fleuris de Polygala Chamæbuæxus qu'il possède dans son herbier portent la date des mois de mai ou de juin. La précocité de l'échantillon de cette plante, présenté dans la derniére séance par M. Boisduval, lui parait donc due à la culture et à l'influence du climat de Paris, où le printemps commence beaucoup plus tôt que dans les Alpes. A. Cosson ajoute que M. Munby a découvert sur le littoral de l'Al- gérie une espèce nouvelle (Polygala Munbyana Boiss.), trés voisine du P. Chamebuxus. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. ManwoTTON (Henri), docteur en médecine, rue Notre-Dame, 4, à Passy-lez-Paris, présenté par MM. Eug. Fournier et A. Gris. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1* Par M. L. Vilmorin : Essai d'un catalogue méthodique et synonymique des Froments. 2 Par M. Decaisne : Le Jardin fruitier du Muséum, livr. 3. 3° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, av T. IV. ril 1857, un numéro. 21 322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante adressée à la Société : NOTE SUR LES VhILLES DES CUCURBITACÉES, par M. A'TTILIO TASSI (1). (Lucques, 6 mars 1857.) Je me vois souvent cité dans les travaux des auteurs qui recherchent la signification des vrilles des Cucurbitacées, par exemple par M. Naudin, dans le passage où il dit que « les botanistes qui, à l'exemple de M. Tassi, ont voulu voir dans les vrilles des pédoneules transformés, étaient plus près de la vérité » (Ann. des scienc. nat., h* série, IV, p. 41), ainsi que dans un passage encore plus récent de M. Clos, de Toulouse: « Bien des hypothèses, dit M. Clos (Bull. de La Soc. botan., MT, p. 545), ont été émises relativement à ces vrilles des Cucurbitacées : c'est qu'en effet on les a considérées comme des racines, comme des pédoneules avortés (Tassi); comme des stipules (Aug. de Saint-Hilaire et Stocks, opinion émise aussi avec doute par De Candoile) ; comme des feuilles (Gasparrini, Seringe, Braun); comme des rameaux dégénérés (Meneghini); comme des rameaux de superfétation (Link); comme des rameaux terminaux de l'axe (Fabre); comme représentant à la fois des rameaux et des feuilles (Naudin). » Comme mes idées sur ce sujet, qui a été longuement agité et discuté en Italie, en France et en Allemagne, n'ont pas été toujours reproduites fidèlement par les auteurs; comme d’ailleurs elles ont besoin d’être éclaircies et modifiées, en raison d'observations ultérieures, je crois qu'il y a intérét scientifique et méme devoir pour moi d'en dire aujourd'hui quelques mots. D'abord il ne faut pas confondre deux points entièrement distinets : savoir, én premier lieu, celui dont j'ai entretenu, en 4844, les botanistes réunis à Lucques, qui est relatif à la structure et à la manière d'être des racines adventives qui se montrent d'ordinaire aux nœuds inférieurs des Courges communes, que leur conformation, leurs dimensions et leur rigidité m'ont fait considérer comme analogues, tant qu'elles se trouvent dans l'air, à celles du Pothos violacea (voy . Atti della 5° riunione degli Sc. ital. , p- 322); en second lieu, celui que je traitai dans la réunion suivante et qui se rapporte à la valeur organosraphique des vrilles. Sous ce dernier rapport, j'ai cité un fait observé par moi dans l'Anguria pedata Lin., dans lequel il existait simultanément à un nœud deux vrilles, l'une latérale, l'autre axillaire par rapport à la méme feuille, fait entièrement contraire à l'idée d'une dériva tion stipulaire, et qui vient, au contraire, à l'appui de mon opinion que les vrilles sont de simples rameaux dégénérés, C'est cette opinion que j'ai ex- primée dans le passage suivant (voy, /or, cit., p. 327) : « L'auteur dit qU^ (1) Traduite de l'italien par M. Duchartre, SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 393 dans son opinion, les vrilles des Cucurbitacées sont des rameaux dégé- nérés. » Plus tard, la transformation en vrille d'un petit pédoncule de Sicyos m'a fait croire à quelque métamorphose des parties de l'inflorescence, et j'ai exprimé cette opinion, mais avec réserve, comme on le voit par les lignes suivantes (voy. Nuove oss. sui cirri delle Cucurbitacee): « Telles sont les raisons en faveur de l'opinion vers laquelle je suis le plus porté. Cherehant uniquement la vérité, sans aborder le terrain des hypothèses, je m'empresse de déclarer que mes recherches m'ont fait connaitre un fait qui a une Signification différente de ceux que jai rapportés jusqu'ici: ce fait consiste en ce que j'ai vu quelquefois dans l'Anguria deux vrilles placées aux deux côtés de la base des feuilles, ete. » - Aprés ces distinctions et ces explications dictées par l'amour de la vé- rité, il est clair qu'à une époque, ne pouvant concilier avec les faits ob- servés l'opinion de Saint-Hilaire relative à la nature stipulaire des vrilles des Cueurbitacées, opinion à peu prés totalement abandonnée aujourd'hui, je cherehai à la réfuter. Alors, guidé par l'étude de la position relative des organes, je me déclarai, quoique d'une maniere peu affirmative, partisan de la dégénérescence des pédoncules et surtout de celle des rameaux. Mais je n'ai jamais pensé que ees vrilles si controversées cussent une origine radi- cale, bien qu'on m'ait attribué cette opinion, que je repousse comme insou- tenable et absurde. | Les faits ramenés ainsi à leur véritable expression, je dirai que, bien an- térieurement à la publication en France du travail de M. Naudin, j'ai ob- servé au jardin botanique de Pise, sur quelques rameaux de Momordica angulata Ten., la particularité de la transformation foliacée de vrilles qui vaient produit des bourgeons à différents degrés de développement, et qU présentaient ainsi une identité absolue avec celles dont M. Naudin a donné la figure (1) Cette particularité, que je communiquai à quelques botanistes mes amis e qui me fournit le sujet d'une communication faite à l'Académie royale des Filonati de Lueques, me conduisit à de nouvelles idées que j'aurais dà MAH que diverses circonstances m'ont fait, à mon grand regret, tt sujet de : es jusqu à ce jour. Bien qu il soit nécessaire de faire encore sul "s cu velles études avant d'émettre une opinion définitive, cepen- sultats de pa necessaire d exprimer. une opinion, me basant su les ne me "n que j'ai fait de l'état primordial des vrilles susdites, je tiennent lg S porté, dans létat actuel de la question, vers ceux qui sou- ature foliaire de ces productions, tout en reconnaissant qu'ils (1) Je consery ee € desséchées de ces vrilles monstrueuses, ainsi que les dessins qui > Y rapportent, 324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ont contre eux le fait des vrilles gemmipares, et, sans le moindre doute, celui de la vrille axillaire de l'Anguria, fait qu'ignorait le botaniste de Toulouse lorsqu'il disait : « La vrille n'a jamais été vue, que je sache, à Vaisselle d'une feuille. » (Voy.le Bull., M, p.547.) T se pourrait aussi qu'on proposát une interprétation différente des mémes faits; car, comme je l'ai dit dans une autre occasion, je ne puis me persuader que les faisceaux vas- culaires qui appartiennent, par exemple, à des organes appendiculaires, puissent s'allonger notablement sans se diviser, et sous des formes insolites, hors de la situation normale des appendices dont ils seraient les représen- tants, selon la peusée des stipulistes ; ni que, s'isolant, ils puissent s épar- piller de manière à se montrer, tantôt latéraux, tantôt opposés, tantôt enfin axillaires relativement à l'organe démembré, selon l'idée très séduisante de M. Clos, ainsi qu'il faudrait l'admettre pour les cas rapportés ci-dessus. D'un autre cóté, j'ai lieu de croire, quoique je n'aie pas encore tous les éléments pour une pleine et entière conviction à cet égard, que l'organe qui, à l'état adulte, se montre, dans les Cucurbitacées, sous l'apparence d'une vrille généralement latérale à la feuille, est, au contraire, opposé à celle-ci et tout à fait identique avec elle dans la période gemmaire. Enfin si des observations exactes démontraient fausse la théorie généralement adoptée relativement au mode de développement de la tige de la Vigne, c'est-à-dire si l'on ne devait plus regarder la vrille comme une inflores- cence transformée, ni la tige comme une suite d'axes d'ordres différents, et s'il fallait admettre, au contraire, que le second mérithalle est réellement la continuation du premier et que la vrille est un organe oppositifolié, « opinion qui peut parfaitement être soutenue » (voy. Fermond, in Bull. Soc. bot., MI, p. 595), dans ce cas, la supposition de l'origine foliaire des vrilies des Cucurbitacées trouverait un puissant appui dans ce qu'offrent les Ampeélidées. M. Martins fait à la Société la communication suivante : EXPÉRIENCES SUR LA PERSISTANCE DE LA VITALITÉ DES GRAINES FLOTTANT A LÀ SURFACE DE LA MER, par M. CH. MARTINS. Dans les indications de recherches qu'il propose aux botanistes physiolo- gistes à la fin de sa Géographie botanique raisonnée (4), M. Alph. De Can- dolle place en première ligue la vitalité des graines dans l'eau de mer. * j'habitais prés de la mer, dit-il, j'aurais essayé des expériences, en obser- vant les précautions que j'ai suivies dans mes recherches sur la durée des graines conservées au sec et dans l'air (2). Pour la question des transports (4) P. 1344. DA d ť erip PQ à , 9 et » à y " (2) Annales des sciences naturelles, 3* série, 1. VI, p. 370, 4846. SÉANCE DU à AVRIL 1857. 395 par les courants et par les fleuves, pour celle de la conservation ou destruc- tion des espèces à la suite de submersions plus ou moins prolongées, à des époques anciennes, ce serait d'un grand intérêt. On aurait beaucoup de facilités prés de l'embouchure de certains fleuves ou dans les salins du midi de la France. Qu'on ne croie pas cependant ces expériences bien faciles. Il faudrait y apporter beaucoup de soins et de jugement. » Ces motifs m'ont engagé à tenter une première expérience qui pourra en suggérer d'autres plus complètes et plus décisives. Le transport des graines par les courants est un fait incontestable et incontesté. Déjà en 1695, Sloane (1) parle de haricots extraordinaires que la mer jetait sur les cótes de l'Ecosse, de l'Irlande et des iles Orkney, et dont on faisait des tabatiéres. Sloane reconnut dans ces graines celles de trois plantes qu'il avait observées lui-même en Amérique, et une autre qu'il avait vue dans des collections. Le nom de beans (haricots) qu'il leur donne montre que c'étaient des graines de Légumineuses. Dans la deserip- tion de la première, qu'il nomme Phaseolus maximus perennis, il est facile de reconnaitre celle du Mimosa schdens Sw.; dans la seconde, le Dolichos urens L., et dans la troisième le Guilandina Bonduc L. Sloane rend parfai- lement compte du transport de ces graines par le Gulfstream jusque sur les Côtes de l'Amérique du Nord ; de là il les suppose poussées par les vents oc- cidentaux. Mais la science moderne a montré que le Gulfstream traversait l'Atlantique pour aboutir sur les cótes septentrionales de l'Europe : il porte Sur les côtes de Norvége des graines qui parcourent ainsi le quart de la circonférence du globe. Linné (2) nous apprend que l'on y trouvait de Son temps des graines de Cassia Fistula L., Anacardium occidentale L., Mimosa scgndens È. et Cocos nucifera L. J'ai ramassé moi-même au cap Nord (3), le plus septentrional de l'Europe, par lat. 74° 12° N., long. 23° 30 E, au milieu des galets du rivage, une graine d' Entada Gigalobium DC. (Mimosa scandens L,) que je conserve. Le Ceco de mer, Lodoicea Sechella- rum Labill., est porté depuis des siécles par un courant des iles Praslin "wx Maldives (4). Mais pour que ces transports puissent contribuer à la dissémination des espèces à la surface du globe, la première condition c'est que ces Sraines aient conservé leurs facultés germinatives. Peu d'expériences ee es ni égard, et pourtant la question est dela plus haute impor- temp ids ement pour expliquer la dissémination des graines depuis les Storiques, mais encore pour se rendre compte de l'établissement à Dhe . p "A hilosophical Transactions to the end of the year 1700, abridged, t. HT, * 940, ` " volonie plantarum, Amœnitales academic, t. VI, p. 3, 1785. »" 0yage botanique le long des cátes septentrionales de la. Norvége, p. 198. (1) Hooker, Bot. Magaz., t. 2734. 326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la surface du globe de différentes flores perdues dont nous retrouvons les débris dans toute la série des terrains. Tout nous dit, en effet, qu'à ces époques la mer occupait la plus grande partie du sphéroide terrestre. Les continents n'existaient pas, mais un grand nombre d'archipels étaient semés à la surface de l'Océan, Sous ce point de vue, la dernière époque tertiaire ne différait pas des autres, et les courants marins ont été consi- dérés à priori comme le principal agent de la dissémination des végétaux à cette époque et aux précédentes (1) ; mais s'il était prouvé que les cou- rants marins ne contribuent en rien à la diffusion des espèces, il faudrait en conclure que celles qui sont séparées par l'immense étendue des mers n'ont pas un centre de création unique, mais des centres multiples; un seul iudividu de chaque espèce ne serait pas la souche commune de tous les in- dividus existant à la surface du globe; un certain nombre d'individus spé- cifiquement identiques auraient, au contraire, apparu sur des points du globe très éloignés les uns des autres. La conclusion est forcée pour les espèces disjointes qui se trouvent dans les régions froides ou tempérées des deux hémisphères sans exister dans la zone i ntertropicale (2). L'importance du problème suffisamment indiquée, nous allons voir que la seience nous offre peu d'observations ou d'expérienees pour décider si les graines conservent leur vitalité après avoir été transportées ainsi à de graudes distances par les courants marins. M. Louis Necker affirme (3) que les graines jetées par le Gulfstream sut les côtes d'Écosse, ne germent pas. Cependant je lis dans Lyell (4) que Brown, dans son Supplément à l'ouvrage de Tuckey, n° 5, p.481, rapporte que le Guilandina Bonduc provient d'une graine trouvée sur la côte occi- dentale de l'Irlande. M. le professeur Godron a constaté (5) de son côté, dans le voisinage des étangs salés, que des graines submergées pendant tout un hiver n'ont point perdu leur vitalité, L'année dernière, j'ai vu germer parfaitement des graines extraites de fragments de gousses de Cassia Fis- tula (6), que le courant qui longe les côtes de Provence et de Languedoc avait portées de Marseille sur la plage de Montpellier, où nous les trot- vámes échouées; mais ees graines étaient évidemment protégées pa" le pericarpe qui les entoure et les cloisons qui les séparent. Enfin, M. 4. (1) Lyell, Principes de Géologie, traduits par M"* Meulien, t. LV, p. 454 5 Alph. De Candolle, Géographie botanique, p. 1047. \ (5) Article GÉOGRAPHIE BOTANIQUE par De Candolle, du Dictionnaire des sciences naturelles, t. XVII, p. 404. (4) Principes de Géologie, t. IV, p. 149. (9) Migration des végétaux, p. 14. (6) Sur la germination des graines de plusieurs gousses de Cassia Fistula, échouées sur la cóte du Languedoc (Mém. de l'Acad, de Montpellier, t. itl, p. 239, 1856; et Bulletin de la Société botanique de France, t. WT, P 34, 1856). SÉANCE DU 9 AVRIL 1857. 327 Salter (1) a trouvé de l'Orge, de l'Avoine, Lysimachia vulgaris, Epilobium hirsutum et Centaurea Calcitrapa, sur des t&S de boues retirées en 1843 du fond du port de Poole. Ces plantes formaient un ilot de végétation contrastant avec la végétation littorale environnante, composce de Statice, Salicornia, Atriplex, ete. Or les céréales les plus rapprochees sont à 1600 mètres du port, Epilobium hirsutum à li ou 5 kilometres, Lysimachia vulgaris à Tou8, et enfin Centaurea Calcitrapa, à peine connu dans le comté, ne se trouve pas dans un rayon de 16 kilomètres de Poole; mais le port de cette ville reçoit deux rivières, Frome et Piddle, qui traversent la partie occidentale du comté de Dorset, et dont les bords sont couverts des espèces d' Epilobium et de Lysimachia mentionuées. Ces cours d'eau ont amené les graines daus le port, où elles ont été enfouies dans une vase imprégnée d'eau saumâtre qui n'a point anéanti leurs facultés germinatives. Ces observations ont ete publiées en 1856. La méme aunée, M. Charles Darwin invitait les leeteurs du Gardener's Chronicle (2) à lui adresser les documents qu'ils possederaient sur ce sujet, et à se livrer à quelques essais. M. J. Berkeley répondit à son appel (3), et ces messieurs publièrent le résultat de leurs recherches dans le Journal of the proceedings of the Linnean Society, t. Y, p. 130, 1856. M. Darwin mettait ses graines dans de petites bouteilles remplies d'eau de mer artificielle; M. Berkeley envoya les siennes à M. Hoffmann, à Rams- gate, où elles séjournaient dans des baquets dont l'eau de mer ctait jour- nellement renouvelée. Sans connaitre les expériences de ces messieurs, qui n'ont été publiées qu'en novembre 1856, j'entrepris au printemps de la méme année des essais du méme genre. Je choisis dans le eatalogue du Jardin de Montpellier des graines récentes et dont la germination ne manque jamais. J'en pris dans les principales familles, préférant cependant en général les graines de grande dimen- sion, pourvues d'un épisperme épais, et celles des plantes littorales: les premieres devant mieux résister à l'action de l'eau salée par leur volume ct l'épaisseur de leurs enveloppes ; les secondes étant celles qui, échouées sur une plage sablonneuse, ont le plus de chances de germer. Voici la liste de ces plantes, rangées par ordre de familles: Dicotyledoneæ. Nymemæaceæ. Nelumbium speciosum RANUNCULAC n ^ Willd. — Nelumbium speciosum (bis NUNCULACEÆ, Clematis Vitalba L. — graines incisées). — Nymphæa cærulea elphinium Ajacis L,, p. — Ranunculus Savigny. - creticus L., p. = CRUCIFERÆ. Alyssum maritimum Lam. — - (1) On the vitality of seeds after prolonged submersion in the sea (Procee. dings of the Linnean Society, t. I, p. 140, 1856). (2) N° 15, p. 249, A4 avril 1855. (8) Gardener's Chronicle, n° 17, p. 278, 98 avril 1855. " $28 Brassica hispida Tenor., p. — Cakile maritima L. — Crambe maritima, L. — Isatis tinctoria L. — Matthiola si- nuata R. Br., p. — Sinapis alba L., p. Lixacc c. Linum maritimum L., p. MaLvaceÆ. Althea cannabina L. — La- vatera arborea L. —— Malva crispa L., p. ACERINEÆ. Acer neapolitanum Ten. SapiNDACEX, Kælreuteria paniculata Lam. MzLiíACEE, Melia Azedarach L. RurTaceæ. Ruta montana L., p. CónianiEx, Coriaria myrtifolia L. CELASTRINEÆ. Evonymus ceuropæus L. Ruame æ. Paliurus aculeatus L. Lecu{inosæ. Acacia Julibrissin Willd. — Astragalus bæticus L. — Cassia mary- landica L. — Cercis Siliquastrum L. — Cytisus Laburnum L. — Dolichos bi- florus L. — Genista candicans L. — Gleditschia horrida Willd. — Gledits- chia triacanthos L. — Hedysarum coro- narium L. — Lathyrus magellanicus Lam. — Lotus conjugatus L. — Medi- cago marina L. — Melilotus officinalis L., p. — Mimosa pudica L. — Ono- brychis sativa Lam. — Phaseolus rufus Jacq. — Pisum sativum L. — Poin- ciana Gilliesii Hook. — Sophora japo- nica L. — Tetragonolobus siliquosus Roth., p. OnAGRARIEÆ. OEnothera taraxacifolia Sw. p. CucunBiTACE£. Cucurbita Pepo L. UuBELLIFERÆ. Buplevrum fruticosum L. — Échinophora spinosa L. — Cachrys lævigata Lam. — Daucus maritimus Lam., p. — Eryngium maritimum L. — Ferula glauca L. — Crithmum ma- ritimum L. Dırsaceæ. Dipsacus ferox Loisl. — Sca- biosa maritima L., p. €ewPosir x, Achillea Ageratum L. — Aster Tripolium L., p. -— Anthemis mari- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tima L. — Chondrilla latifolia Koch. — Xanthium macrocarpum DC. CAMPANULACEÆ. Campanula RapunculusL., ASCLEPIADE €. Asclepias Cornuti Decaisne. CoNvoLvULACEX. Convolvulus Soldanella L. — Ipomæa cordigera Mart. BonnaciNE s. Lithospermum officinale L. SoLANEE. Datura Stramonium L. — Hyos- . cyamus albus L., p. — Nicotiana an- gustifolia L. PLUMBAGINEÆ. Statice oleifolia Pourr., p. PLaNTAGINEX. Plantago Psyllium L., p. Nycrtacıneæ. Mirabilis Jalapa L. CuENoPonEx. Salsola Kali L., p. — ^ Atriplex Halimus L., p. — Beta vulga- ris L, Por.yGoneæ. Rumex aquaticus DC. — Po- 'lygonum maritimum L., p. Eurxorgiacez. Euphorbia Paralias L. — Ricinus africanus L. — Ricinus com- munis L. ARISTOLOCHIE.E. Aristolochia Sipho Lhér. JoGLANDEX. Juglans nigra L. Conireræ. Cupressus fastigiata L. — Ju- niperus phænicea L. — Gingko biloba L. — Gingko biloba (bis). — Ephedra distachya L. Monocotyledoneæ. ALISMACE.E. Sagittaria sagittifolia L., p. CANNACEX. Canna gigantea Desf. TIRIDEÆ. Jris Pseudacorus L. AxAnYLLIDEX, Pancratium maritimum L. -= Agave americana L. LiLiAceÆ. Asphodelus cerasiferus Gay. — Allium arenarium L. Guaxixe x. Hordeum vulgare L. — Ægilops ovata L. — Zea Mays L. — Panicum altissimum Brouss., p. — Poa mari- tima Huds., p. — Saccharum Ravenn® L., p. Un premier essai consistait à savoir quelles sont celles de ces graines qui surnagent à l'eau de mer et celles qui plongent au fond. Les expériences ont été faites les graines se trouvant dans l'état où elles doivent se com porter à la mer, après avoir flotté quelque temps : ainsi celles des Com- posées, des Renonculacées ont été dépouillées de leur aigrette ; d'autres, aU contraire, telles que les akènes, les caryopses, les fruits monospermes, in- déhiscents en général, n'étaient pas séparées de leur péricarpe. Sur 98 graines observées, 59 surnagèrent; 39, au contraire, sont spécifiquement plus lourdes que l'eau de la Méditerranée, dont la densité déterminée d'apres SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 320 des échantillons pris au large, devant le port de Cette (1), est de 1,0258. Quelques graines avaient une pesanteur spécifique presque égale à l'eau de mer: c'étaient celles de Nelumbium, Datura Stramonium, Juglans nigra et Gingko; elles nageaient pour ainsi dire entre deux eaux; d'autres descen- daient immédiatement au fond de l'eau, par exemple les graines des Lé- gumineuses ( Hedysarum coronarium, Mimosa pudica et Onobrychis sativa exceptés), quelques Crucifères et quelques Monocotylédones. On se tromperait si l'on croyait que les grosses graines sont, en général, spé- cifiquement plus lourdes que les petites. En effet, tandis que les graines du Juglans nigra, du Nelumbium, du Gingko, du Mimosa scandens sur- nagent, celles du Brassica hispida, du Sinapis alba, du. Lithospermum offi- cinale, du Medicago marina, du Lotus siliquosus et du Plantago Psyllium plongent trés rapidement. En résumé, sur 98 graines choisies au hasard, les deux tiers surnagent, Je n'ai pas besoin de faire ressortir l'importance de cette condition pour le transport par les courants. En effet, quoique, par des gros temps, la mer rejette souvent sur le rivage des corps spécifique- ment plus lourds que l'eau salée, cependant la propriété de flotter à la surface sera toujours une des conditions les plus favorables aux voyages lointains des graines végétales. Aussi celles de Mimosa scandens, Cassia Fistula, Dolichos urens, Guilandina Bonduc, Cocos nucifera, que l'on a trouvées sur les cótes occidentales de l'Europe, surnagent; l Anacardium occidentale ne surnage pas, ct cependant il est porté par les courants des Antilles jusque sur les cótes de Norvége, soutenu probablement par son receptacle charnu, dont il se sépare lorsque le fruit, échoué aprés son long Voyage, est roulé sur les galets de la plage. Pour expérimenter l’action de l'eau de mer sur les graines, je n'ai pas cru devoir procéder comme MM. Ch. Darwin et Berkeley, c'est-à-dire plonger simplement les graines dans de l'eau salée. J'ai cherehé à les Placer dans les conditions physiques où elles se trouvent lorsqu'elles flottent à la surface de la mer: pour cela j'ai fait faire une boîte carrée en tôle, ayant 50 centimètres de côté et 3 centimètres d'épaisseur. Cette boite (lait divisée en cent compartiments égaux. Les grandes parois opposées de la boite étaient criblées de petits trous qui permettaient à l'eau d'entrer et de sortir librement. Chaque case était occupée par une espèce de graine. La boite remplie, je fis souder le couvercle, et gráce à l'obligeance de M. Itier, directeur général des douanes, je pus amarrer solidement cette boite sur une bouée flottante, à l'entrée du port de la douane, à Cette. mouvement des vagues, méme par une mer tranquille, soulevait la » puis la laissait retomber, de facon que la boite était alternativement Plongée dans la mer et élevée au-dessus de sa surface. » ) Voy, Usiglio, Analyse de l'eau de la Méditerranée sur les côtes de Franre Comp tes rendus de [l^ Acad, des sciences de Paris, 4848, t. XXVIL p. 4?9). 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les graines étaient ainsi exposées à la fois à l'action de l'air et de l'eau, comme elles le sont quand elles flottent. Chaque case contenait vingt graines. Cependant vingt grosses graines n'entraient pas toujours dans une case, Ainsi il n'y avait qu'une graine de Juglans nigra, 12 de Nelumbium (6 intactes et 6 incisées); 12 graines de Gingko, 18 de Potiron. Je ne comptais pas les petites graines, j'en mettais une pincée, c'est-à-dire plus de vingt, car M. Alph, De Candolle a prouvé qu'elles perdent plus souvent et plus vite leur faculté germinative (1). Dans la liste, p. 327-328, j'ai fait suivre de la lettre p celles qui sont dans ce cas, Autant que possible, j'ai laissé la graine dans les conditions oü elle se trouve en tombant de l'arbre ou de la plante; ainsi je n'ai pas détaché le périearpe des graines des Cakile maritima, Crambe maritima, [satis tinctoria, Cachrys levigata, Echinophora spinosa, Eryngium maritimum, Juniperus phemnicea, Ephedra distachya, Melia Azedarach, Onobrychis sativa, Medicago marina, Paliurus aculeatus, Beta vulgaris, Acer neapolitanum et de toutes les Composées. La boite remplie de graines, je l'amarrai sur la bouée le 14 février 1856 ; elle y resta jusqu'au 4% avril, c'est-à-dire quarante-cinq jours. Le jour méme elle fut ouverte : 41 espèces de graines sur 98 étaient pourries; les autres furent semées immédiatement dans des pots remplis de terre de bruyère et placés sous une bâche. de donne ici leur liste, avec le nombre (entre parenthèses) des graines germées et l'indication des six époques où j'ai constaté la germination, savoir, le 13, le 46 et le 23 avril, le 2 et le 24 mai, enfin le 5 juin. Toutes les semences qui n'avaient pas germé à cette époque étaient pourries oU gátées. Les graines qui ne sont suivies d'aucune indication n'ont pas levé. Graines semées sous bâche aprés un séjour de quarante-cinq jours à la surface de la mer. Dicotyledoneæ. Paliurus aculeatus. — 24 mai. | | Evonymus europæus. | Nelumbium speciosum (3). — 23 avril, Acacia Julibrissin (7). — 13 avril. Nelumbium speciosum, incisées. Astragalus b:ieticus. Alyssum maritimum. Cassia marylandica (2). — 2 mai. Brassica hispida (4). — 43 avril. Cytisus Laburnum. Cakile maritima (13). — 13 avril. Dolichos biflorus. Crambe maritima, Gleditschia horrida (5). — 16 avril. Siñāpis alba (15). — 13 avril. ULL triacanthos (4). — 13 avril. Linum maritimum. — 24 mai. Hedysarum coronarium. | Ruta montana. — 5 juin, Lathyrus magellanicus. Acer neapolitanum. Onobrychis sativa. Melia Azedarach. — 24 mai. Medicago marina, — 24 mai. Kælreuteria paniculata (4). — > mai. Phascolus rufus. Cucurbita Pepo (13). — 13 avril. Poinciana Gilliesii (2). — 16 avril. (4) Sur la durée relative de la faculté de germer dans des graines appartenant à diverses familles (Annales des sciences naturelles, 3° série, t. VI, p. 381, 1846). SÉANCE bU à AVRIL 1857. 23231 Sophora japonica. Euphorbia Paralias. — 24 mai. Buplevrum fruticosum, Mirabilis Jalapa (3). — 4v avril. Cachrys lævigata, Aristolochia Sipho. Echinophora spinosa. Juglans nigra. Eryngium maritimum (11). — 2 mai, Gingko biloba (5). — 2 mai et 5 juin. Scabiosa maritima. — 23 avril. Juniperus phœnicea. Nanthium macrocarpum (10). — 13 avril. | Ephedra distachya (14). — 23 avril, Lithospermum officinale. — 23 avril. Asclepias Cornuti (6). — 16 avril. Monocotyledones. Convolvulus Soldanella. Ipomæa cordigera. Canna gigantea (2). — 24 mai. Salsola Kali (12). — 13 avril. | Asphodelus cerasiferus (2). — 2 mai. Beta vulgaris (12). — 13 avril. Pancratium maritimum (14). — 2 mai, Rumex aquaticus (16). — 23 avril. Iris Pseudacorus. Ricinus africanus (9). — 16 avril. Ægilops ovata. — 18 avril. — = communis (9). — 16 avril. | Hordeum vulgare. — 13 avril. Sur ces 57 espèces de graines, en apparence non altérées, 35 seulement ont germé. De ces 35 graines il faut en retrancher 16 qui, étant spécifi- quement plus lourdes que l'eau salée, n'auraient pu nager à sa surface : cela réduit à 19 le nombre des graines qui, après six semaines de flottai- son, peuvent germer lorsqu'elles sont placées dans les circonstances les plus favorables : c'est environ un tiers du nombre total, proportion fort miyime comparée aux 98 espèces mises en expérience. Ces 19 espèces sont Asclepias Cornuti, Asphodelus cerasiferus, Beta vulgaris, Cakile maritima, Cucurbita Pepo, Ephedra distachya, Eryngium maritimum, Euphorbia Paralias, Gingko biloba, Linum maritimum, Nelumbium speciosum, Pa- liurus aculeatus, Paneratium maritimum, Ricinus africanus, li. commu- nis, R umer aquaticus, Salsola Kali, Scabiosa maritima et Xanthium macro- carpum. Telles sont les graines qui, échouées après une navigation de six Semaines, auraient eu quelques chances de s'établir sur le rivage. Six semaines sont un temps très court, comparé à celui que certaines graines doivent rester en route pour naviguer d'un continent à l'autre. Je résolus done de mettre de nouveau à la mer les 34 graines qui avaient Bermé, aprés y avoir séjourné pendant quarante-cinq jours, et qui sont mentionnées, avec l'époque de leur germination, dans la liste commencant à la page précédente (1). Sauf celles de Gingko (six seulement) etune pincée des petites graines, telles que Brassica hispida, Sinapis alba, Salsola Kali, Scabiosa maritima, Linum maritimum et Rumex aquaticus, elles furent placées, chacune au nombre de 20, dans la même boite, que J àmarrai sur la bouée le 47 juin : elles y resterent jusqu'au 18 septembre, Savoir 93 jours ou 3 mois, Au bout de ce temps, onze de ces graines etaient réduites en putrilage (2). Je semai le 18 septembre les 23 restantes, (1) Je ne mis pas dans la boite les graines de Ruta montana, qui germaient à eine ; . » . p ne au bout de deux mois de séjour sous la bàche. (2) Ce sont: Nelumbium speciosum, Gleditschia horrida, Poinciana Gilliesii, 332 et les examinai le 29 du méme mois, le 6, le 11 et le 20 octobre. Depuis cette date aucune ne germa, quoiqu'elles eussent été transportées de la bâche dans la serre. La liste suivante indique l'époque de la germination ; les noms qui ne sont suivis d'aucune date sont ceux des graines qui n'ont SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas levé. Graines semées sous báche aprés un séjour de quatre-vingt-treize jours à la surface de la mer. Dicotyledoneæ. Drassica hispida. Melia Azedarach. Kelreuteria paniculata. Cuenrbita Pepo (2). — 11 octobre. Paliurus aculeatus. Acacia Julibrissin (1). — 6 octobre. Gleditschia triacanthos. Eryngium maritimum. Xanthium macrocarpum (3). — 29 sept. Salsola Kali. | Beta vulgaris (10). — 29 septembre. | Rumex aquaticus (4). - 20 octobre. | 1 On voit que 14 espèces de graines Ricinus africanus (4). — 11 octobre. communis (3). — 11 octobre. Euphorbia Paralias. Mirabilis Jalapa. Gingko biloba. Ephedra distachya (5). — 11 octobre. Monocotyledoneæ. Canna gigantea (2). — 20 octobre. Asphodelus cerasiferus. Pancratium maritimum. Ægilops ovata. Hordeum vulgare. ne levèrent pas : 9 seulement ger- mèrent; mais de ces 9 il faut en retrancher 2 : Acacia Julibrissin et Canna giganten, qui ne surnagent pas à l'eau de mer. Restent done en tout 7 espèces qui auraient pu flotter pendant trois mois dans la mer sans perdre leur faculté germinative ; c'est donc 1/14 seulement du nombre total sur lequel nous avons opéré. Si l'on songe maintenant au concours prodigieux de circonstances favorables qui est nécessaire pour qu’une graine, échouée sur la plage, y lève, se développe, fructifie et devienne le centre d'une colonie végétale, on conclura, avec M. Alph. De Candolle, que ce mode de transport, si souverit invoqué, a dû avoir une part bien minime, à notre époque et aux époques géologiques, sur la diffusion des végétaux à la surface du globe, Quoique les expériences de MM. Darwin et Berkeley ne me semblent pas faites dans des circonstances qui reproduisent suffisamment les conditions où se trouvent des graines flottant à la surface de la mer, cependant il m'a paru intéressant de réunir leurs résultats aux miens, pour étudier les fa- milles végétales sous le point de vue de la résistance de leurs graines à l'action de l'eau salée, Le nombre total des graines expérimentées par les deux savants anglais est de 88, savoir : 71 dieotylédones et 47 monocotylédones. Sur ces 88 es- Cassia marylandica, Cakile maritima, Sinapis alba, Brassica hispida, Scabiosa maritima, Linum maritimum, Asc 'lepias Cornuti et Lithospermum officinal e. SÉANCE DU 9 AVRIL 1857. 333 pèces, 13 germèrent aprés sept à vingt-deux jours dans l'eau salée, 23 après un mois de séjour, 12 après six semaines. Si je compare ma première liste, p. 327-328, à celle de ces messieurs, je trouve que nous avons cing espèces communes : Crambe maritima, Pisum sativum, Ricinus communis, Hordeum vulgare et Zea Mays. La première a très bien germé aprés trente-sept jours d'immersion dans l'eau salée, en Angleterre; à Montpellier, la faculté germinative avait été détruite par quarante-cinq jours de flottaison. Les pois se sont gonflés et pourris ; quelques-uns ont germé, après onze jours, chez M. Darwin. Le Ricin a également bien résisté dans les deux expériences; il germait après trente- six jours en Angleterre; il a germé encore, apres quatre-vingt-treize jours de flottaison, à Montpellier. L'Orge, qui pousse aprés quarante-cinq jours dans les deux pays, ne supporta pas quatre-vingt-treize jours d'immersion. La faculté germinative du Mais ne résista pas à un mois de mer. Les graines qui ont résisté à plus de quatre-vingts jours d'immersion, dans les expériences de MM. Darwin et Berkeley, sont : Rheum Rhaponticum, 82 jours; Raphanus sativus, Lepidium sativum, Daucus Carota, Lactuca sativa et Phalaris canariensis, 85 jours ; Brassica oleracea (sauvage), Cucurbita Melopepo, Ageratum mexicanum, Solanum tuberosum, Atriplex hortensis, Beta vulgaris, Avena sativa, Allium Cepa, 100 jours; Spinacia oleracea, 420 jours; Apium graveolens et Capsicum annuum, 137 jours. Je n'ai malheureusement qu'une espèce commune dans cette liste avec MM. Darwin et Berkeley, mais elle a montré une persistance égale dans l'eau salée de l'Océan et celie de la Méditerranée : c'est le Zeta vulgaris. Voyonsmaintenantsilesgraines de certaines familles sont mieux préservées que d'autres contre l'action de l'eau de mer. En additiongant les Polygonées et les Chénopodées des deux listes anglaise et francaise, nous trouvons 8 es- pèces, dont6 ontséjourné impunément de quarante-cinq à cent vingtjours dans l'eau salée; il est donc probable que ces deux familles sont les plus rernar- quables sous ce point de vue. Viennent ensuite les Crucifères : sur 14 es- peces, 10 résistérent de quinze à cent jours. M. Darwin a fait la curieuse Observation que les différentes variétés de Chou supportent tres inégale- ment le séjour dans l'eau de mer. Ainsi des graines de Chou sauvage re- cueillies sur les rochers de Tenby, dans la baie de Caermarthen, germèrent très bien après cent dix jours; celles de Chou cavalier (Cattles cabbage) après trente-six seulement; le Chou-fleur printanier après vingt-deux, mais non aprés trente-six, et le Brocoli blanc après onze et non apres vingt- deux, Sur un total de 10 Graminées expérimentées, 6 germaient apres des im- mersions de trente à cent jours ; enfin, sur 30 Légumineuses, 9 donnèrent "Alssanee à de nouvelles plantes, aprés vingt-deux à quatre-vingl-treize 33A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. jours de flottaison. Pas une seule Renonculacée n'a supporté un mois d'im- mersion ; une seule Malvacée a résisté. Je ne pousserai pas cette étude plus loin : il est clair que le nombre des espèces expérimentées n'est pas assez grand pour pouvoir conclure quelque chose de définitif sur la résistance relative des diverses familles à l'eau de mer. Il faudrait, pour s'en assurer, choisir plusieurs groupes naturels, et dans chacun d'eux beaucoup d'espèces en nombre égal, afin que les chances fussent les mêmes pour chaque famille. On verrait alors si cette résistance à l'eau salée est une qualité spécifique, comme je suis porté à le croire, ou bien un caractère de famille analogue à celui des propriétés médicales. M. Alph. De Candolle ayant fait des expérienees sur la vitalité des graines conservées à l'abri de tout agent destructeur, tel que la chaleur, le froid, l'humidité, la lumière, ete., il m'a paru curieux de comparer l'in- fluence seule du temps sur la faculté germinative des graines à celle de l'eau de mer. M. Alph. De Candolle a semé en 1846 trois cent soixante-huit graines (1) provenant du jardin de Florence, et vieilles de quinze ans, Je regrette que sa liste et la mienne n'aient que 8 espéces communes. Ce sont : Lithosper- mum officinale, Beta maritima, Sinapis alba, Mimosa Julibrissin, Cytisus Laburnum, Melilotus officinalis, Cupressus pyramidalis et Lavatera arbo- rea. Les quatre premières ont germé après six semaines d’immersion dans l'eau salée, tandis qu'un séjour de quinze ans dans un cabinet obseur, à l'abri de l'humidité et des variations de température, avait détruit leur vitalité. Les trois suivantes n'ont résisté ni à l'une ni à l'autre épreuve. La dernière, le Lavatera arborea, forme seule un singulier contraste avec les autres. Une immersion de quarante-cinq jours dans l'eau salée avait pourri ses graines; quinze.ans passés à l'abri de l'air, de la lumière et des extrémes de température n'avaient pas anéanti ses facultés germinatives, qui ne persisterent que dans 17 graines sur 368, Ce serait une curieuse étude pour un ehimiste, de ehercher quelles sont les modifications que la gráine éprouve dans sa composition, après le séjour dans l'eau de mer et après une Con- servation prolongée. Si nous étudions la structure organique des graines qui ont résisté le plus longtemps, nous en trouvons dont l épisperme est dur, épais el résis- tant; telles sont: Acacia Julibrissin, Canna gigantea, Cucurbita Pepo, Ri- cinus africanus et R. communis, Xanthium macrocarpum ; mais celies de Beta vulgaris, Rumex aquaticus et Ephedra distachya ne sont pas aussi bien protégées. Parmi celles qui n'ont point résisté à six semaines d'immer- sion, il en est dont l'épisperme est tout aussi dur. Je citerai le Mimosa pudica, le Phaseolus rufus, le Sophora japonica, la Noix protégée par $0" (1) Mémoire cité (Annales des sciences naturelles, 3e série, 1846, t. VI, D 973). SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 335 endocarpe osseux et les petites graines des Crueiferes. Cependant on ne saurait nier l'importance de cette condition qui a assuré pendant qua- rante-cinq jours d'immersion la vitalité des graines de Gingko, Nelumbium, Kælreuteria paniculata, Poinciana Gilliesit, Gleditschia, Lithospermum officinale, Sinapis alba, Melia Azedarach, Paliurus aculeatus et Aspho- delus cerasiferus ; mais celles de Scabieuse, de Salsola, d'Eryngium mari- timum, d' Asclepias Cornuti, ont résisté tout autant sans être aussi bien protégées. J'ai voulu savoir aussi si les graines pourvues d'un albumen supporte- raient mieux l'immersion que celles qui en sont dépourvues. Le dépouil- lement des espèces prouve que cette disposition organique ne parait pas étre sans quelque influence sur la persistance de la vitalité, Parmi les graines qui germérent aprés six semaines de séjour dans la mer, 18 étaient pourvues d'un albumen, 14 n'en avaient pas, et parmi celles qui germèrent aprés trois mois de flottaison, 5 avaient un endosperme, et 3 en étaient dépourvues. La nature de cet endosperme ne parait pas d'une grande importanee, ear dans les graines qui résisterent le plus longtemps, nous trouvons l'albumen huileux du Riein, corné du Canna, charnu de l'£phedra et farineux des Ztumez. En résumé, les conclusions de ce mémoire sont les suivantes : 1° La plupart des graines surnagent à l'eau salée; toutefois on peut estimer qu'un tiers environ plonge immédiatement au fond. 2 Dans mes expériences, le tiers seulement des graines a germé après six semaines d'immersion, et un onzième seulement après trois mois. 3° Si l'on retranche des graines germées celles qui, tombées à la mer, auraient plongé immédiatement, pour ne considérer que les graines flot- tantes, le nombre de celles qui ont levé aprés six semaines d'immersion est d'un cinquième du nombre total; après trois mois, il est d'un quatorzième seulement, We Les Renoneulaeées, Malvacées, Convolvulacées, sont les familles qui paraissent résister le moins à l'action de l'eau salée. 5° Les Salsolacées, Polygonées, Cruciferes, Graminées et Légumineusces Sont celles qui semblent supporter le mieux une immersion prolongée. 6° Un périsperme dur et la présence d'un albumen sont des conditions favorables à la conservation. D Conclusion : le transport des graines par les courants doit avoir joué ct jouer encore un rôle insignifiant dans la diffusion des espèces entre des qu ares pu la mer. Or si l'on considère Te nombre d'espéces disjointes des centres d pu se répandre que par celte voie, l'idée de la multiplicité € Création acquiert tous les jours plus de probabilité. 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Payer demande à M. Martins s'il a cherché le rapport qui peut exister entre la durée de la résistance des graines à l'action de l'eau de mer et la durée ordinaire de la germination de ces graines. M. Martins répond qu'il. n'a pas cherché ce rapport, mais qu'il a toujours noté avec soin le temps que les graines ont mis à germer. M. Alpb. De Candolle dit qu'il a écouté avec beaucoup d'intérêt la communication de M. Martins, qui touche au probléme important de la disjonction des espèces. Il considère aussi comme très faible la probabilité du transport des graines par les courants marins. C'est toujours l'influence directe ou indirecte de l'homme qui lui parait en avoir été l'agent. M. Martins fait remarquer que les résultats qu'il a obtenus mili- tent d'autant moins en faveur du transport des graines par les cou- rants marins, que ses expériences ont porté sur des espèces litto- rales. S'il se füt agi de plantes de l'intérieur des terres, le résultat de l'expérience eût été probablement encore plus défavorable à l'hypothèse en question. M. Martins, d'ailleurs, est d'avis que la naturalisation des plantes amenées.par les courants marins ou par l'influence de l'homme est toujours trés difficile. Il cite le Port-Ju- vénal, prés Montpellier, où un grand nombre d'espéces apparaissent chaque année, mais où bien peu d'entre elles ont persisté. Il ne peut expliquer la disjonction des espèces que par l'hypothèse des centres multiples de création, M. de Schenefeld, vice-secrétaire, aprés avoir donné lecture de la circulaire (1) qui sera incessamment adressée à tous les membres de la Société, pour leur annoncer la session extraordinaire de Montpel- lier et leur faire connaitre les facilités obtenues pour le voyage ajoute les observations suivantes : 11 me reste, Messieurs, un devoir à remplir : c'est de signaler à votre re- connaissance celui de nos confrères auquel nous devons les avantages CON” sidérables et presque inespérés que nous avons obtenus. Ils sont uuique* (1) Nous croyons inutile de reproduire ici cette circulaire, par laquelle tous les membres de la Société ont appris que la libéralité éclairée des Compagnies des che- mins de fer de Paris à Lyon, de Lyon à la Méditerranée, d'Orléans, du Midi, de l'Ouest, du Nord et de l'Est leur accordait une réduction de 50 ou méme de 79 pour 100 sur le prix ordinaire des tarifs, pour se rendre de tous les points de la France à Montpellier et pour en revenir. SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 337 ment le résultat de la puissante intervention et des efforts dévoués de notre honorable vice-président M. le comte Jaubert, qui a ainsi ajouté un ser- vice de plus à ceux qu'il ne cesse de rendre aux botanistes, à la Société et à la science. Je erois aller au-devant de vos désirs en vous proposant de voter de vifs etsincères remerciements à M. le comte Jaubert. Le Bureau ne manquera pas de remercier, au nom de la Société, les Com- pagnies qui ont bien voulu avec tant d'empressement acquiescer à nos de- mandes. M. Chatin, lui aussi, a droit à une part de notre gratitude. N'oublions pas que c’est lui qui a consenti à faire participer, l'année dernière, les membres de la Société à la faveur qu'il avait obtenue de la Compagnie d'Orléans, pour ses élèves, et qui a ouvert ainsi la voie aux avantages plus grands et surtout plus généraux qui nous sont accordés aujourd'hui, Ces avantages, je le répéte, sont considérables et ont une grande portée. Ils ne consistent pas seulement, en effet, dans la petite économie pécuniaire dont profiteront cette année beaucoup d'entre nous. Une fois obtenus, sur- tout si nous n'en abusons pas, ces avantages nous sont presque garantis pour l'avenir. Ainsi encouragée et soutenue, la Société verra s'étendre son influence et croître ses succès. Songez, Messieurs, qu'aujourd'hui nous Pouvons dire que toute la France est ouverte à nos explorations, depuis les dunes de la Flandre jusqu'aux Pyrénées, depuis les rochers du Finistère jusqu'aux sommets des Alpes et aux côtes de la Provence. Nos courses de- Venant si faciles, si rapides, si peu dispendieuses, pourront ainsi réunir Chaque année nos confrères des points les plus éloignés, et produiront entre eux ce perpétuel échange d'idées, d’où seul peut jaillir la vraie lumière. Dans peu d'années nous nous connaitrons tous, nous nous apprécierons tous, car nous nous serons tous vus, pour ainsi dire, sur le terrain; et la Société que nous avons fondée, ne donnant plus lieu seule- ment à quelques conférences entre les maitres et les disciples de la science a Paris, sera réellement le lien qui mettra en contact et unira d'une maniere Indissoluble toute la grande famille des botanistes francais. La Société vote des remerciements unanimes à M. le comte Jaubert pour les démarches qu'il a bien voulu faire en sa faveur auprés des Compagnies de chemins de fer. M. Boisduval présente à la Société plusieurs espèces en fleur qu'il cultive avec succès. Ce sont les Fritillaria Meleagris, Dodecatheon M , " " °° eadia , Androsace Chamæjasme, A. carnea, Orchis papilio- nacea. M. Decaisne présente à la Société une nouvelle livraison de son T. 1y 92 338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Jardin fruitier du Muséum, et fait à cette occasion la communica- tion suivante : NOTE SUR L'ORGANOGÉNIE FLORALE DU POIRIER, PRÉCÉDÉE DE QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA VALEUR DE CERTAINS CARACTÈRES SPÉCIFIQUES, par M. J. DECAISNE. En présentant les premières livraisons du Jardin fruitier du Muséum à la Société, j'ai indiqué le but que je me proposais, celui de décrire les espèces et les variétés de nos arbres fruitiers, en cherchant à reconnaitre, au milieu des innombrables modifications qu'ils présentent dans la forme, la coloration et la saveur de leurs fruits, des caractères plus solides que ceux qu'on leur assigne aujourd'hui et, s'il se peut, réellement spécifiques. Je me suis demandé si les fruits globuleux, et tout au plus de la taille d'une cerise, que produisent certains Poiriers sauvages, pouvaient étre ramenés aux mémes types spécifiques que ces énormes fruits connus sous les noms de Belle Angevine, Bon chrétien d' Auch, ete., dont le poids atteint et quelque- fois dépasse deux kilogrammes. A la rigueur, le fait de l'identité spécifique de ces diverses variétés est possible, mais il est au moins fort douteux et toutes données manquent pour résoudre la difficulté. En étudiant les fleurs de nos Poiriers cultivés, on y reconnait facilement deux types : l'un à pé- tales plans, elliptiques, écartés les uns des autres ; l'autre à pétales larges, arrondis, creusés en coquille et se recouvrant par leurs bords. Ces diffé- rences des organes floraux correspondent-elles toujours à des ports différents dans les arbres où elles s'observent, ainsi qu'à des formes distinctes dans leurs fruits, les uns coniques, les autres globuleux? C'est ce que je ne saurais décider et ce à quoi personne ne parait avoir songé. En appelant l'attention de la Société sur cette question et sur celles qui s'y rattachent, j'ai exprimé le vœu de voir la botanique entrer dans la voie des expériences, comme moyen d'arriver plus sûrement à reconnaitre les espèces. La culture des plantes de détermination difficile, leur reproduction par semis pen- dant plusieurs générations, et les croisements artificiels fournissent dans la plupart des cas le moyen de lever toutes les incertitudes. En voici des exemples. Des observations déjà anciennes (1829 à 1832) que j'ai faites sur les [satis m'ont démontré qu'une multitude de plantes décrites comme especes distinctes, et des mieux caractérisées en apparence, finissaient par se fondre, dans nos jardins, en une seule, le classique Zsatis tinctoria. ll en a été de méme d'un genre de Crucifères, découvert en Dahourie, le Tetra poma, si curieux par la structure de son fruit, qui a repris en peu d'années, au Jardin des plantes, la forme normale d'une Caméline. La monographie du genre Cucurbita, qui sera prochainement offerte à la Société par l'auteur, M. Naudin, fournira d'autres exemples, peut-être encore plus remarquables; de la variation des formes dans certaines espèces, et de la constance nOn SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 339 moins remarquable de quelques-unes de ces formes secondaires, prises souvent pour des espèces distinctes. Pour me résumer, je dirai que, dans ma pensée, l'histoire naturelle en gé- néral, apres n'avoir été longtemps qu'une science d'observation, doit tendre àse faire science d'expérimentation ; que la botanique, en particulier, doit recourir à l'épreuve des expériences pour fixer d'une manière certaine et définitive les caractères d'un nombre immense d'espèces mal déterminées. J'ajoute qu'elle aurait tout à gagner à ce que les botanistes descripteurs entreprissent de condenser les espèces en les ramenant à des types véritable- ment stables et naturels, au lieu de les diviser et de les multiplier a l'infini comme c'est la mode depuis une trentaine d'années. Cette opinion ne m'est pas exclusivement propre ; c'est aussi celle de mon excellent ami le docteur J. Dalton Hooker (Flora Ind., Introd. essay, ete,), je pourrais méme dire de la plupart des monographes sérieux, qui sentent instinctivement que la voie dans laquelle la scieuce est engagée, et je parle ici de la zoologie aussi bien que de la botanique, aboutira tôt ou tard au chaos, ce qui serait la mort méme de la science. Comme beaucoup d'autres, j'ai plus ou moins partagé cette manière étroite de concevoir l'espèce, mais le temps et l'expérience ont modifié mes idées, et si j'avais à recommencer la monographie des Plantaginées et à la publier dans un. ouvrage autre que le Prodromus, je n'hésiterais pas à ré- duire, plus que je ne l'ai fait déjà, le nombre des espèces, et peut-être à ramener quelques sections tout entières à uu seul type spécifique. Il suffi- rait de jeter les veux sur la série des plantes des sections Arnoglossum, Psyl- lium, Coronopus, et quelques autres encore, pour se convaincre qu'il n'y aurait aucune témérité à faire ces réductions, et qu'il en résulterait un avantage incontestable, celui de simplifier l'étude des Plantaginées, qui est déjà assez difficile par elle-méme sans qu'on y ajoute encore le luxe de dif- ficultés artificielles. Aujourd'hui, en offrant à la Société une nouvelle livraison du Jardin ver du Muséum, je lui demanderai la permission de l'entretenir du de- niques sur ee ela fleur et du fruit du Poirier. Mes recherches organoge- r sujet datent de la fin de 1855, et elles se sont poursuivies jus- mine aprile jours. J'ai pu observer le bouton à fleurs depuis sa pre- rentes parties d) et Je crois qu aucune phase du développement des diffé- ailleurs facil qu il contient ne m'a échappé. Mes observations seront es à vérifier. mos din examine les très jeunes boutons à fleurs du Poirier vers le l'année suis, e, c est-à-dire dans des bourgeons qui ne se développeront que ante, on trouve qu'ils sont ovoïdes, sessiles, à peine de la gros- 940 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. seur d'une petite tête d'épingle et couronnés par 5 appendices convergeant les uns vers les autres, qui sont les rudiments des folioles calyeinales. En les coupant longitudinalement, on remarque au fond et sur les parois de la cupule, circonscrite par le calyce naissant, de légères protubérances ou mamelons, dont cinq, plus intérieures et rangées symétriquement aulour du centre idéal de la cupule, se distinguent bientót de toutes les autres par Jeur développement plus rapide. Ce sont les earpelles, qui, dans le principe, sont indépendants les uns des autres, et libres aussi de toute adhérence avec les organes qui se forment autour d'eux. Presque dès l'instant de leur apparition, on voit se dessiner, sur celle de leurs faces qui regarde le centre du bouton, une légère rainure, indice de la ligne de jonction des bords de la feuille carpellaire. Un peu plustard, la loge ou cavité que forme cha- cun d'eux entre ses bords repliés devient discernable, et, plus tard encore, on y distingue les deux mamelons ovulaires, nés au fond de la loge des bords mémes du carpelle. Je viens de dire que, primitivement, les carpelles sont libres dans l'en- ceinte réceptaculaire dont ils occupent le milieu ; cependant, lorsque les fruits seront parfaits, on les trouvera profondément enchassés dans le tissu parenchymateux et succulent de ces fruits. Comment se fait cet enchasse- ment qui semble en contradiction avec ce que l'on avait observé d'abord? C'est ce que je vais essayer d'expliquer en peu de mots. Presque à l'époque oü les jeunes ovaires s'élévent du fond du réceptacle sous forme de cônes obtus, on voit se produire sur les parois de ce récep- tacle, devenu chaque jour plus profond et, si l'on veut me passer le mot, plus campaniforme, un nouveau tissu cellulaire qui les épaissit graduelle- ment et y forme ce qu'on appelle le disque périgyne de la fleur. Ce paren- chyme de nouvelle formation atteint bientót le verticille central, se moule sur lui et agglutine les earpelles en pénétrant dans les trés petits interstices qu'ils laissent entre eux. Il ne les enveloppe cependant pas entierement, Car leurs bords intérieurs, ceux qui correspondent à la suture, restent toujours libres. On reconnait très facilement, méme dans les fruits mûrs, ce tist additionnel ; c'est lui qui forme ce qu'on appelle le cœur de la poire; il est toujours situé en dedans de l'enceinte dessinée par les granulations piet- reuses qui caractérisent ce fruit. Je n'ai pas besoin d'ajouter qu'en méme temps que ce phénomène s'accomplit, le sommet des cônes carpellaires s'al- longe en style, et que le disque, accru en hauteur aussi bien qu'en épais” seur, reporte les étamines et les pétales bien loin du point où ces organes avaient pris naissance, Mais ce ne sont pas les seuls changements qui se sont opérés dans la fleur ou dans le trés jeune fruit; il en est un autre qui n'est pas moins digne d'attention, et sans lequel le fruit resterait incomplet, Nous avons vu que dans le principe le bouton était sessile ou à peu prés. Peu à peu le pédon- SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 8414 cule rudimentaire s'allonge et prend les formes que nous lui connaissons, mais à son extrémité supérieure il ne cesse pas de se fondre insensiblement dans le jeune fruit, qui n'en està vrai dire que la continuation. C'est effec- tivement dans cette partie dilatée du pédoncule, celle que nous avons ap- pelée le réceptacle de la fleur et qui est située au dessous et autour du disque dont il a été question tout à l'heure, que se fait, au moins dans un grand nombre de poires, le principal accroissement. C'est done le pédoncule lui- meme qui, ici, se transforme en fruit, en désignant par ce mot le tissu suc- culent et comestible, absolument comme dans l’ Anacardium ou l Hovenia. S'il pouvait rester des doutes à cet égard, ils seraient levés par l'examen de ees bourses ou fructifications anormales, comme celle que M. Naudin a re- présentée dans sa note sur Ja stucture de la fleur des Cucurbitacées, et qui sont de véritables poires toutes formées aux dépens du pédoncule, puisque n'ayant ni cœur, ni carpelles, ni vestige de folioles calycinales, elles n'ont jamais été terminées par une fleur. Si je me suis bien fait comprendre, on reconnaitra que la structure de l'ovaire dans le Poirier ne diffère en rien de celle des ovaires des autres végétaux et qu'elle est de tout point conforme au plan général d'organi- sation exposé par nos illustres maitres R. Brown, De Candolle et Jussieu. Il n'est done pas nécessaire de faire intervenir ici cet axe, qu'aujourd'hui on appelle si volontiers et si souvent à son aide lorsqu'il s'agit d'expli- quer la strueture des fleurs et des fruits. Je vais plus loin, et, si je ne me fais illusion, il n'est pas impossible de rattacher au plan commun d'or- Sanisation les ovaires à placenta central libre, dont les différences avec les ovaires ordinaires seraient dans ce cas plus apparentes que réelles. Une forte présomption en faveur de cette manière de voir, sinon une preuve absolue, m'est fournie par la famille très homogène des Mélastomacées, où se trouvent les modes de placentation les plus opposés (1). Ainsi, par exemple, dans le sous-ordre des Mélastomées proprement dites, dont l'ovaire a de 2 à 20 loges, les placentas sont axiles, c'est-à-dire entièrement adhérents à la Columelle centrale qui résulte de la ligne de jonction des feuilles carpellaires ; dans Ewyckia, où l'ovaire est à 4 loges, ils sont au contraire pariétaux, OU, si l'on aime mieux, fixés sur le milieu des loges. Entre ces deux modes de placentation, nous trouvons celui qui caractérise le groupe des Astroniees (Astronia et Macroplacis Bl.), chez lesquelles les placentas sont situés au fond de chacune des deux loges de l'ovaire à la base de ce qu'on peut appe- ler la columelle, De là à l'ovaire uniloculaire et à placenta central libre m a aéeylées, i "y a qu'un pas. Que les bords carpellaires de l’Astronta, e réfléchir vers le centre de l'ovaire, se soudent simplement par "Nn" Voyez le Rumphia, dans lequel j'ai publié, en 1834, les analyses de cette e. 342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les bords en restant ovulifères à la base, nous reconstruisons l'ovaire unilo- culaire et le plaeenta eentral des Mémécylées et du Spathandra. La grande affinité qui existe entre les divers membres dela famille des Mélastomacées, ne permet guère d'admettre entre eux des différences de placentation aussi radieales que celles qui résulteraient de la théorie régnante sur la nature organogénique du placenta central libre, de supposer par exemple que, dans ceite méme famille des Mélastomacées, les placentas naissent indifférem- ment, tantôt de la feuille carpellaire, tantôt de l'axe prolongé du verticille floral. I1 me parait plus naturel et en méme temps plus probable que, dans toutes les plantes de cette vaste et belle famille, la placentation est toujours, malgré les apparences, une dépendance des feuilles ovariennes. Je pourrais citer des modifications toutes semblables dans les différents groupes de la famille des Aroidées, des Caryophyllées, des Portulacées, etc. et si l'hy- pothèse est fondée pour les familles que je viens de citer, on se demande pourquoi elle ne le serait pas pour les Myrsinées et les Primulacées. M. Reveil fait à la Société les communications suivantes : SUR UN MIEL NOUVEAU, par M. REVEIL. Le miel que j'ai l'honneur de présenter à la Société vient de l'ile Bourbon; il est remarquable par sa belle couleur dorée, sa saveur délicieuse et par son odeur suave, qui rappelle celle du Laurier-Cerise ou plutót de la fleur d'Aubépine. Il serait intéressant de savoir si ce miel, pris en grande quantité, pourrait produire des accidents, mais à petite dose il parait qu'on le mange impuné- ment à Dourbon. Les empoisonnements par les miels sont fréquents ; anciennement on en avait constaté des cas fort curieux. Xénophon rapporte que, pendant la retraite des Dix-mille, un grand nombre de soldats grecs furent empoi- sonnés par du miel dont ils s'étaient nourris en traversant les montagnes qui avoisinent Trébizonde et les bords méridionaux du Pont-Euxin. Tournefort, voyageant dans les méme contrées plus de 2000 ans apres Xénophon, a vu que les propriétés toxiques de ce miel devaient étre attribuées à l'Azalea pontica, qui couvre les montagnes de l'Asie mineure, sur lequel les abeilles vont butiner. Tout le monde connait d'ailleurs le fait de M. Auguste de Saint-Hilaire, qui faillit étre empoi- sonné au Brésil, en mangeant du miel produit par une espèce de guépe nommée Chenoqua, qui l'avait recueilli sur une plante de la famille des Apocynées, fort abondante dans le voisinage. C'est aussi aux plantes aromatiques que l'on attribue l'odeur et la saveur agréables que possèdent les miels du mont Hymelte, du mont Ida, de Cha- mouny, etc.; tandis que le miel des landes de Gascogne a une légère SÉANCE DU 3 AVRIL 4857. 843 odeur de térébenthine, et celui de Bretagne est réputé par sa mauvaise qualité, que l'on attribue au Po/ygonum Fagopyrum, sur lequel les abeilles vont butiner. Il parait aussi que d'autres hyménopteres que les abeilles peuvent pro- duire des miels toujours vénéneux, tels sont les Mélipones, d’après Latreille. SUR LA CULTURE DU PAVOT A ŒILLETTE ET SUR L'EXTRACTION DE L'OPIUM INDIGÈNE , par M. REVEIL. Parmi les substances qui ont de tout temps fixé l'attention des savants et surtout des médecins, l'opium doit étre placé en premiere ligne. Son anti- quité, les formes variées sous lesquelles on l'administre, son action toxique si remarquable, ses usages si fréquents en thérapeutique, enfin la funeste habitude contractée par quelques peuples de l'Orient de préparer des boissons avec de l'opium ou de le fumer, ont acquis à ce médicament une célébrité justement méritée. L'analyse chimique, malgré ses résultats com- pliqués, est venue démontrer quels étaient les principes actifs qu'il renfer- mait: elle a permis de simplifier les préparations et de multiplier les modes d'administration. a Contrairement à ce qui avait été dit, je crois avoir démontré, dans ma these inaugurale pour le doctorat, lorsque j'ai écrit l'histoire des fumeurs d'opium et des opiophages, que l’action stupéfiante et quelquefois stimulante des produits de la combustion de l'opium lorsqu'on le fume, ne provenait pas d'alealis organiques, que quelquefois cependant la morphine pouvait étre entrainée mécaniquement, mais que jamais cet alcali n'arrivait daus la bouche du fumeur, comme le témoigne d'ailleurs la saveur douce et assez agréable que possèdent ces fumées, au lieu de la saveur amère que l'on reSsentirait si la morphine arrivait dans la bouche. Enfin j'ai constaté, dans les produits de la combustion. de l'opium fumé, la présenee de grandes quantités d'oxyde de carbone et d'un peu de cyanhydrate d'ammoniaque, qui, à mon avis, sont loin l'un et l'autre d'être étrangers aux phénomènes qu'éprouve le fumeur d'opium. J'ai l'intention, dans ce travail, de revenir sur quelques points que j'ai déjà traités, et de m'occuper spécialement de l'opium du Pavot à œillette. L'habitude a consacré l'usage que l’on a contracté d'employer exclusive- ment en médecine l'opium du Levant, quoiqu'il soit bien démontré aujour- d hui que cette substance présente une composition très variable, et que, très souvent, la quantité de morphine qu'on y trouve est si faible, qu'il est du devoir du pharmacien de repousser un pareil opium. Nous savons en effet que les opiums renfermant 14 ou 15 pour 100 de morphine sont extrémement rares aujourd'hui dans le commerce, et l'on à dà se demander s'il ne serait pas possible de produire, en France, un opium 944 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'une composition à peu près constante, et qui, sous tous les rapports, pourrait étre substitué à l'opium du Levant. Je me suis livré à des recherches qui m'ont démontré que la culture du Pavot et la préparation de l'opium en France pouvaient avoir une certaine importance au point de vue financier, et une plus grande sous le rapport de la certitude qu'auraient les médecins de trouver dans l'opium indigéne un médicament sur l'action duquel ils pourraient compter. Il résulte en effet du relevé fait à l'administration des douanes, que les quantités suivantes d'opium ont été importées en France et en ont été exportées pendant dix années : Tableau officiel des quantités d'opium exportées et importées pendant dix années. ANNÉES. IMPORTATION. EXPORTATION. TT LT, TT — eU T o Commerce général, Commerce spécial, Commerce général. Commerce spécial, 1844. . — 5,965 kil. 3,130 kil. 3,543 kil. 194 kil. 1845. . — 4,348 1,989 3,348 69 1846. . 10,975 2,286 5,856 339 1847. . 10,082 3,791 8,807 126 1848. . 9,540 2,631 10,652 173 1849. . 11,360 h,687 7,033 51 1850. . 5,708 2,553 3,938 53 1851. . 6,194 3,445 3,015 62 1852. . 8,190 4,999 2,358 79 1853. . 5,844 5,665 1,803 113 Moyenne générale, 41,290 kil, Moyenne générale, 5,121 kil. On voit, d'aprés ce tableau, que l'on peut évaluer approximativement la quantité d'opium consommée annuellement en France à 6,000 kilogrammes. Lorsque les arrívages dépassent la consommation, la matiere est alors exportée principalement en Allemagne, où elle est employée à la prépa- ration des alcaloides, car on sait que cette préparation est peu pratiquée en France. C'est encore un tribut que nous payons à l'étranger et dont on pourra s'affranchir lorsque la culture du Pavot et l'extraction de l'opium auront pris une grande extension en France. Si, en effet, on jette un coup d'oeil sur le tableau précédent, on y voit que la quantité d'opium exportée en 4848 a été de 10,825 kilogrammes, tandis que le chiffre d'importation pendant la méme année n'était que de 12,171 kilogrammes ; il est évident que la quantité de 1,346 kilogrammes restante n'aurait pu suffire à la consommation. La raison de ce fait se trouve dans les quantités d'opium trop grandes importées pendant les années 1846 et 1847. SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 345 L'opium de l'Inde ne nous arrive pas en France; ceux de Turquie et d'Egypte nous arrivent principalement par le port de Marseille, comme le y P p , prouve le tableau suivant : Quantité d'opium importée par le port de Marseille en 4853. PROVENANCES. PAVILLONS TOTAL. n ^ m] francais. de la puissance, tiers. États sardes. . — 151 kil. 7 kil. 61 kil. 219 kil. Toscane. . . . 129 » » 129 Turquie. . . . 3,989 » » 3,989 Égypte. ... . 253 » » 253 Brésil... .. » » 10 10 Algérie, . . . . 5 » n 5 4,605 Les quantités d'opium consommées en Chine sont prodigieuses; pour s'en convaincre, il suffit de consulter le tableau suivant, d'après M. Pereira : Tableau des quantités et de la valeur totale de l'opium de l'Inde consommé en Chine pendant les années 1827 à 1833. ANNÉES. PATNA. — BÉNARES. MALVA. chage” cis content VALEUR 1827-28. . 4,006 1,128 U,401 caisses. — 9,535 10,425,075 1828-29. . 4,831 1,130 7,171 13,152 12,533,215 1829-30. . 5,564 1,519 6,857 14,000 12,657,157 1830-31. . 5,085 1,575 12,100 18,760 12,904,263 1831-32. . A49 1,518 8,265 14,225 11,501,584 1832-33. . 6,410 1,880 . 15,503 1/2 23,693 1/2 15,352,720 Le dollar valant 5 francs l0 centimes, on a, pour les six années, un total de 303,701,088 francs, et en moyenne, 50,616,848 francs par année ; mais ces chiffres sont encore bien éloignés de la vérité, Meyen affirme que la quantité consommée par les Malais de l'archipel indien, dans la Cochin- chine, Siam, aussi bien que dans l'Inde et la Perse, est si grande, que si l'on pouvait en donner le vrai chiffre, il paraitrait tout à fait ineroyable. Le commerce de l'opium donne à la Compagnie des Indes un revenu annuel de 87,000,000, et dans ce chiffre n'est pas compris l'opium que la Chine recoit des contrées qui la bornent à l'ouest. De sorte qu'on peut Porter à 195 millions de franes le prix de l'opium que les Chinois consom- ment annuellement. $46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans le Royaume-Uni la quantité d'opium consommée est en voie d'aug. mentation ; elle a triplé en cinq ans. En 1849 elle était de 41,000 livres; en 1852 elle s'élevait à 114,000 livres. Les causes de cette augmentation doivent étre attribuées au nombre des mangeurs et des fumeurs d'opium, qui augmente tous les jours en Angleterre. Ainsi done il est bien établi qne la France paie un double tribut à l'étranger pour l'opium qu'elle recoit du Levant et pour les alcaloides que l'Allemagne lui fournit, En second lieu, les Angiais retirent d'énormes bénéfices de l'opium qu'ils fournissent aux Chinois. Ils recoivent en échange des marchandises, principalement des thés, sur lesquelles ils réalisent de nouveaux gains. On peut se demander s'il serait possible de récolter en France une quan- tité d'opium suffisant à la consommation et à l'extraction des alcaloïdes ; si enfin on pourrait, sans nuire à l'agriculture et à la production de l'œil- lette, extraire du Pavot assez d'opium pour qu'on püt en fournir aux Chi- nois ou du moins aux Anglais, qui paraissent prendre goüt à cette drogue. A toutes ces questions, je n'hésite pas à répondre affirmativement. Il suffit pour cela d'encourager la eulture du Pavot et l'extraction de l'opium, en donnant des primes comme on l’a fait en Algérie pour la culture du Cotonnier et du Pavot lui-méme. Cette question a de tout temps préoccupé les agronomes et les savants. Dans une intéressante notice sur l'opium indigene, M. le professeur Che- vallier a indiqué toutes les phases qu'elle a suivie. Mais il faut le recon- naitre, ce n'est que depuis les travaux de M. Aubergier qu'il est démontré que cette exploitation peut se faire avec des avantages réels pour l'agrieul- ture; et si, comme j'en suis convaincu, cette culture entre dans les habi- tudes des exploitations agricoles, c'est à M. Aubergier qu'en reviendra tout l'honneur. M. Aubergier a opéré principalement sur le Pavot pourpre. Ses expé- riences, confirmées par celles de M. le professeur Roux, pharmacien de la marine à Brest (aujourd'hui à Rochefort), ont démontré que l'opium extrait de ce Pavot contenait environ 11 p. 100 de morphiae. Dans ces derniers temps, M. Descharmes, professeur de sciences phy- siques et naturelles au lycée d'Amiens, a publié un mémoire fort interes- sant sur l'opium indigène, extrait du Pavot à œillette ou Pavot à graines noires par M. Bénard, pharmacien. Je dois à l'obligeance de ce confrère d'avoir pu analyser l'échantillon qui avait figuré à l'exposition universelle. J'y ai trouvé 19,07 p. 100 de morphine et 1,39 de narcotine. MM. Acar el Mialhe avaient trouvé 20 p. 100 de morphine dans le même opium. Il résulte des expériences de MM. Descharmes et Bénard qu'un hectare planté d'œillettes, contenant environ un million de têtes de Pavot, exigeralt pour l'extraction de l'opium 408 journées d'ouvriers; ce qui produirait SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 347 23kil. 800 grammes de sue opiacé, se réduisant, aprés dessiceation, à 43kil.,698 grammes d'opium, soit 13*-,500 grammes. Mais comme on peut inciser deux fois chaque tête, et recueillir une nouvelle et méme quantité d'opium sans nuire à la graine, on peut porter à 816 le nombre de jours d'ouvriers nécessaires à l'exploitation d'un hectare d'œillettes, Le produit de ces deux opérations serait de 27 kil. d'opium ayant une valeur de.. .................... 1,950 fr. Les 816 journées d'ouvriers à 4,25 font . . . . . . 1,020 Bénéfice net. . . . . .. 330 fr. C'est done 330 fr. de bénéfice qu'il faut ajouter à celui que peut donner la graine. Mais si l'on prenait des femmes et des enfants pour faire la récolte de l'opium, le prix de la journée serait alors de 75 c., ce qui ferait pour les 816 journées 611 fr. 50 c. On remarquera d'ailleurs que l'opium à 20 p. 100 de morphine vaut certainement plus de 50 fr. le kilo, prix des opiums ordinaires. En portant ce prix à 75 fr., on a pour les 27 kil. un total de .......,.,........... 2,005 fr. 00 c. Le prix des journées d'ouvriers à 75 c. étant de. 611 50 On a pour bénéfice net.. . . ........ 5,393 fr. 50 c. par hect. À mon avis, M. Deseharmes va trop loin lorsqu'il ajoute qu'on pourra, sans nuire à la graine, inciser quatre fois chaque capsule, en mettant quel- ques jours d'intervalle entre deux incisions consécutives, et obtenir une méme quantité d'opium à chaque opération. Ce fait est trés contestable. On peut sans doute inciser la eapsule quatre fois et plus, en mettant entre Chaque opération plusieurs jours d'intervalle, saus nuire à la graine ; mais la quantité de sue obtenu ira en diminuant à chaque incision, et la pro- portion de morphine ne sera pas la méme pour chaque opération. Toutefois les faits rapportés par M. Aubergier confirment sur ce point le dire de M. Descharmes. Pour opérer la récolte de l'opium d’une manière régulière, il est indis- pensable de faire les semis en ligne; les pieds alternants sont préférables aux pieds opposés. En Turquie, on laisse sécher le suc sur la capsule avant de l'enlever; on perd ainsi beaucoup de matière, et en enlevant les larmes on entraine des impuretés qui s'ajoutent à l'opium. D'ailleurs, sous notre climat variable, une pluie peut survenir et perdre la récolte : c'est "n avec raison que M. Aubergier a proposé de cueillir le sue avec le "P "M réunir dans un vase que l'opérateur porte suspendu à la coi l'inciseur à ins bien trouvé du procédé suivant : un ouvriei MM capsule de p usieurs lames parallèles et à surface concave, maintenan i celles-ci doivent à gauche et pratiquant les ineisions de la main droite, nt étre faites sur toutes les faces de la capsule et dirigees 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. obliquement, afin d'ouvrir la plus grande quantité possible de vaisseaux laticifères. Quelques mètres après cet ouvrier, en vient un autre qui porte le godet suspendu à sa ceinture, il maintient également la capsule de la main gauche, et de la main droite il recueille le suc à l'aide d'une éponge fine qu'il exprime de temps en temps dans le réservoir. Pour toutes ces opérations, les femmes, qui ont la main plus légère, qui sont généralement plus adroites et dont le prix des journées est moins élevé, seraient préfé- rables, si leurs vétements trop amples n'avaient l'inconvénient d'abattre quelques pieds ; les enfants conviennent trés bien et sous tous les rapports pour eette récolte. L'époque la plus convenable pour pratiquer les incisions est celle qui suit la chute des pétales au moment où l'ovaire s'accroit et avant qu'il prenne une teinte jaunátre, L'heure de la journée que l'on doit préférer est de deux à huit heures du soir, le sue est alors beaucoup moins aqueux que dans la matinée ; le suc du Pavot à cillette donne environ la moitié de son poids d'opium sec ; le suc du Pavot pourpre en produit moins. Je dois à l'obligeance de M. Louis Renard, cultivateur à Puchevillers, arrondissement de Doullens (Somme), d'avoir pu examiner un opium qu'il a récolté sur le Pavot à ceillette : cet opium, analysé par le procédé que j'ai indiqué dans ma thése, a donné pour 100 parties, morphine pure 26,32, narcotine 1,54; ce chiffre est assez éloigné de celui qui m'a été fourni par l'opium recueilli par M. Bénard (d'Amiens) et cette différence peut être ex- pliquée par l'ensemble des observations faites par M. Renard. Cet intelli- gent agriculteur a observé qu'il valait mieux récolter le suc dans la seconde moitié du jour; lorsque le vent souffle du nord le suc se dessèche plus rapidement. D'ailleurs M. Renard n'ineise les capsules qu'une seule fois. On comprend dés lors comment le suc obtenu est plus riche en mor- phine, comme l'ont démontré les analyses de M. Aubergier. Ce chimiste a vu en effet que les seconde et troisième récoltes couvraient à peine les frais d'extraction ; d'ailleurs il parait que par une seule incision les graines ne souffrent point. M. Renard a eu la complaisance de m'adresser le tableau d'une partie de sa récolte en 1856; en voici le résultat : Dans l'espace de trois-cent-quarante-sept heures, formant trente-cinq journées et demie d'ouvriers, et revenant à 26 fr. 65 c. à raison de 75 €. par jour, ila été recueilli 2018 gr. , 60 centigr. de suc, qui ont fourni 1027 gr. d'opium renfermant environ 25 p. 100 de morphine. Cet opium revient done à 25 fr. 50 c. le kilogramme, et il contient environ trois fois plus de morphine que l'opium du commerce. D'ailleurs, comme nous allons le voir, l'extraction de l'opium n'entraine aucun changement dans la qualité et la quantité de la graine. La culture du Pavot à œillette peut se faire dans les terres les moins SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 349 bonnes; les plus légères conviennent mieux. Les terres résistantes peuvent étre employées, mais alors la graine souffre un peu. Avant d'ensemencer les champs d’œillette, la terre doit recevoir un fu- mier dont le prix peut être évalué à 150 fr. par hectare; on fait suivre d'un labour qui doit étre fait avant l'hiver. Vers le mois de mars, on herse deux outrois frois et l'on seme par hectare environ 5 litres de graines, dont le prix peut être évalué à 4 fr. 50 c. Lorsque la graine est levée, on doit pratiquer au moins trois binages qui reviennent à 65 fr. Au moment oü les eapsules d'œillette commencent à s'ouvrir, on arrache les tiges (vers la fin de juil- let), on en forme des bottes dont une centaine réunies constituent ee que l'on appelle un cahos. Lorsque les capsules sont desséchées, on les secoue sur une toile; le prix de cette récolte peut étre évaluéà 37 fr. par hectare, et méme le plus souvent elle ne se paye pas en argent; on donne aux ouvriers la moitié ou les deux tiers en pailles d'ceillettes. En résumé, voici le prix de revient d'un hectare de terre semé d'œil- lettes : Fumier . ,........ eee ern o o o 150 fr. 00c. Labour et préparation du sol ............ 25 00 Semence. |... se... ee 1 50 Binge. , . ee. +. 65 00 Récolte ,.,.,,....,...e eee. 37 00 278 90 | Dans ce calcul il n’est pas question de la récolte et de la production de l'opium; nous savons déjà que les frais peuvent étre évalués à 25 fr. 50 c. environ par kilogramme. Voyons maintenant qu'elle serait la quantité d'opium produite par hectare, et quel est le nombre d'hectares de terrain employés en France à la culture du Pavot. L résulte des expériences de MM. Bénard et Descharmes qu'un hectare d'eillette peut prodnire 27 kilogrammes d'opium ; mais comme on n'ar- rive à ce chiffe que par des incisions successives, et que nous avons fait voir ailleurs que les dernières opérations ne couvraient pas les frais de cul- ture, nous réduirons la production à 13 kilogrammes par hectare. Si maintenant on examine l'importance de la culture du Pavot à ceillette, on trouve que c'est principalement dans les départements du nord de la France qu'elle se pratique. C'est ainsi que les départements de la Somme, du Pas-de-Calais, du Nord, etc., produisent annuellement des quantités Considérables de graines de Pavot. Gráce à l'obligeance de M. Bénard (d'Amiens), j'ai pu savoir quelle était la production pour le département de la Somme. 350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Statistique pour 1855 des graines oléagineuses (colza, œillette et autres) récoltées dans le département de la Somme. H ARES DE TERRES PRODUITS EN GRAINES ARRONDISSEMENTS. ECT RODUI CULTIVÉES. PAR HECTARE, hect. ares. hectol. lit. Amiens. . . . . ... 2678 87 13 26 en moyenne. Abbeville. . . . . .. 2245 50 13 88 — Péronne. . .. . . + . 9815 42 11 95 — Montdidier. . . . . . . 1941 00 18 21 — Doullens. , . , . . . . | 3836 96 13 ^3 — Total. . . 20480 75 Sur ces 20,480 hectares 75 ares de terre cultivées en graines oléagineuses, les 2/5** sont cultivées en Pavot, soit 9,600 hectares 28 ares, d’où on pourra extraire en moyenne 13 kilogrammes d'opium see par hectare, soit pour 9,600 hectares 124,800 kilogrammes d'opium qu'un seul département pourrait fournir, et l'on peut assurer, sans crainte d'erreur, que le double de cette quantité pourrait être fourni par les autres départements dans les- quels on cultive l’œillette, ce qui porterait la production annuelle, pour la France, à 374,400 kilogrammes d'opium qui, à raison du prix très minime de 50 fr. le kilogramme, donnerait un total de 18,720,000 fr. Il y a loin, on le voit, de cette somme à celle de 125 millions que les Chinois emploient tous les ans à l'achat de l'opium ; mais nous avons déjà dit que l'opium d’œillette contenait 20 p. 100 de morphine, tandis que celui dont les Chinois font usage n'en renferme que 2 p. 100 et au-dessous. Il en résulte que la transformation de l'opium du Pavot à ceillette décuple- rait le produit, et l’on obtiendrait 3,744,000 kilogrammes d'opium analogue à l'opium de l'Inde, dont les Chinois font usage. Pour me résumer, je dirai qu'il est facile de produire en France une quantité d'opium qui dépasse quatre fois celle qui est nécessaire à la con- sommation, soit sous la forme de préparations pharmaceutiques, soit sous celle d'alealis organiques qu'on peut en retirer. C'est done un tribut de moius à payer à l'étranger et une source de riehesses dont l'exportation pourrait tirer un grand parti. On peut objecter que si la production de l'opium augmentait, son prix diminuerait en raison de cette augmentation. Mais outre les débouchés que l'exportation offrirait, il serait raisonnable d'admettre que cette diminution de prix pourrait porter et devrait de préférence être appliquée à l'huile d’œillette, qui est d'une consommation si grande et d'un prix encore trop élevé. J'ai déja fait pressentir que l'extraction de l'opium ne modifiait en rien la quantité et la qualité de la graine, C'est là un fait aujourd'hui démontre SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 351 par les expériences de M. Aubergier pour le Pavot pourpre, et de MM. Bé- nard et Renard pour le Pavot à œillette. Voici ce que me dit M. Bénard à ce sujet : « La quantité de graines provenant de 8 ares d'œillettes incisées a été la méme que de 8 ares d'eillettes non incisées et du même champ, c'est-à-dire qu'un champ de 16 ares avait été divisé en deux sections pour cette expérience. Elle était également de tres bonne qualité, puisque je l'ai vendue un frane de plus l’hectolitre que celle qu'avait récoltée le cultivateur des œillettes non incisées. » Je dirai quelques mots, en terminant, des précautions à prendre pour déterminer la quantité de morphine contenue dans un opium. J'ai dit, dans ma thèse et dans le mémoire que j'ai présenté à l'Académie de médecine, quel était le procédé qui m'avait le mieux réussi; j'ai indiqué les causes d'erreur à éviter, mais je crois devoir insister sur ce fait, qu'on ne doit, dans cette détermination, considérer comme morphine pure que ce qui est insoluble dans l'éther et soluble dans l'alcool bouillant : les lavages à l'éher doivent être répétés plusieurs fois. Quant à la dissolution dans l'al- cool, M. Guibourt a démontré depuis longtemps sa nécessité pour séparer les sels calcaires et magnésiens insolubles. On a objecté contre le Pavot à œillette le peu d'épaisseur de son péri- Carpe, qui expose à le traverser lorsqu'on pratique les incisions et à nuire ainsi à la maturation de la graine. Cet ineonvénient n'existe plus, lors- qu'on a le soin de se servir d'un instrument à petites lames. M. Renard préfère l’inciseur à une seule lame; M. Bénard se sert de celui à trois lames : à ce sujet, l'expérience seule peut prononcer; mais, quoi qu'il en soit, il est facile d'inciser les capsules sans percer le péricarpe. Les capsules du Pavot à œillette non incisées et arrivées à leur parfait etat de dessiccation, peuvent servir et doivent être préférées à celles du Pavot blane, puisqu'on n'a pas isolé de morphine de l'extrait préparé avec ce dernier, tandis que j'ai pu extraire de 85 grammes d'extrait hydro- alcoolique de Pavot à œillette provenant de 1700 grammes de capsules, 0,43 de morphine pure, ce qui porte la quantité de morphine à 0,50 p. 100 environ, L'extrait de Pavot sur lequel j'ai opéré avait été préparé par M. Berthet, à la pharmacie centrale, au moyen de capsules que j'avais reçues de M. Bénard. sien entendu que la culture du Pavot, dans le but unique d'en cieux méa um, serait une mauvaise spéculation. L extraction de ce pre- ee que l'on ament doit être placé à côté de la récolte de la graine, et d'après sait déjà et ce que nous venons de dire, c'est le Pavot à œillette qui doit être préféré. Les efforts faits par MM. Descharmes, Bénard et Renard sont dignes, à mon avis, d'éloges et d'encouragements , j 5 g S. M. Alph. De Candolle donne quelques détails sur la revue de 952 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la famille des Santalacées, qu'il vient de terminer pour le Pro- dromus. Le nombre total des espèces sera d'environ 200, dont une moitié appartient augenre Thesium, et l'autreest répartie entre 18 autres genres. Le faux calice des Quinchamalium lui parait une sorte d'involucelle uniflore, formé par la soudure de la bractée et des bractéoles ordinaires. Une seule difficulté se présentait pour cette explication, c'était la présence d'une des 4 dents entre l'axe d'inflorescence et la fleur; mais un des Thesium du Cap présente une bractéole surnuméraire placée dans cette position. Les lobes du calice ou périgone sont disposés, lorsqu'il y en a 5, de facon à offrir un lobe opposé à la bractée extérieure, et, quand il y en a 4, un intervalle de deux lobes opposé à cette bractée; ainsi, dans ce dernier cas, c'est le lobe inférieur qui manque. Les poils qui unissent ordinairement les lobes avec les anthéres appartiennent aux lobes, d'aprés leur état jeune et une monstruosité publiée par Reisseck. Les stigmates, quand ils sont distincts, sont alternes aux lobes du périgone dans les Osyris, Colpoon, ete., et opposés dans les Zep- tomeria, Myoschilos, ete.; diversité singulière dans une famille aussi na- turelle. Les ovules sont au-dessous des stigmates, ce qui n'a pu être vérifié que daus un petit nombre de cas. A l'occasion de cette communication sur les Santalacées. M. Chatin dit qu'il a reconnu la présence de suçoirs sur tous les Thesium de France, et, en outre, dans le genre Comandra. Quant à la bractée des Thesium, elle semble portée sur le pédicelle qui de- vrait sortir de son aisselle. L'étude anatomique a démontré à M. Chatin que cette adhérence apparente est due à un retard de naissance, car il n'y a pas de trace de soudure. Les Thesium ont des cymes uniflores et quelquefois triflores. M. Decaisne rappelle qu'il avait déjà constaté le parasitisme des Thesium, Nanodea, Arjona. L'Osyris est peut-étre aussi parasite; on pourra vérifier ce faitlors de la prochaine session à Montpellier. M. Decaisne ajoute que le placenta des Santalacées s'éloigne de tous les organes analogues par l'absence de vaisseaux. M. Moquin-Tandon présente à la Société une feuille monslrueuse de Cerasus Laurocerasus, et ajoute les observations suivantes : Cette feuille offre un phénomène de partition assez remarquable. Ce n'est pas la nervure médiane qui s'est fendue, dans le sens de sa longuet", comme cela arrive assez fréquemment dans beaucoup de feuilles anormales. Ce sont deux nervures latérales qui ont éprouvé la partition. Ces nervures SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 303 sont placées vers le tiers terminal et sont partagces dans une portion de ieur élendue. Les fentes se trouvent à peu pres l'une devant l'autre, de manicre à produire comme deux limbes placés bout à bout. Ces limbes sont méme arrondis, le basilaire à son sommet et le terminal à sa base. Cette opposition des deux fentes parait d'autant plus extraordinaire, qu'il y a alternance, comme on sait, dans les nervures latérales des feuilles nor- males de l'arbrisseau dont il s'agit. Je ferai remarquer que, déjà dans le voisinage des deux fentes, les nervures de dessous et de dessus présentent un commencement d'opposition. Cette feuille monstrueuse rappelle la struc- ture habituelle des feuilles unifoliolées, à pétiole plus ou moins ailé, qu'on rencontre dans le genre Citrus. M. Decaisne fait remarquer l'analogie de forme qui existe entre la feuille présentée par M. Moquin-Tandon et les feuilles du PAyllar- thron, de la famille des Bignoniacées. M. Chatin présente à la Société, de la part de M. le docteur Bally, un fragment d'une étoffe résultant de l'application du duvet de Typha sur une toile. M. Cosson met sous les yeux de la Société quelques espèces rares ou nouvelles de la régence de Tunis et fait les communications sui- vantes : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Onzième partie.) Four nous rendre à Stitten, premiere station de notre trajet entre Géry- ville et Laghouat, et dont nous sommes séparés par une distance d'environ | kilometres, nous avons d'abord à traverser la plaine de Geryville dans la waa Là suivie par nous pour aller visiter le Djebel Ksel; aussi pou- que nous " ans aire tort à la botanique, consacrer les derniers instants entretien ail passer avec M. de Colomb et les autres officiers à un Djebel Ksel " qui nous fait paraitre bien court Je chemin du fort au encore une " P ay oir fait nos adieux à ces messieurs et avoir remercie le séjour de »" : de Colomb de toutes ses bontés, qui nous ont rendu allure plus Mui si agréable, nous mettons nos chevaux à une entre la pente N - gagner le col de Teniet Ouled AZa, qui est resserré du massif di | u Djebel Ksel et une montagne moins élevée, détachée les deux mont ne i Mezouzin. Dans les ravines rocailleuses des peutes Oleander); pagues croissent quelques touffes de Laurier-Rose (Nerium » les pentes clies-mèmes, au voisinage du sentier que uous T. 1y, 23 354 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. suivons, nous offrent seulement des espèces que nous avons déjà notées dans l'exploration de la partie inférieure du Djebel Ksel. A l'extrémité du col, s'étend la plaine élevée et assez accidentée où est construit le ksar de Stitten à la base orientale du Djebel Ksel; des champs d'Orge occupent une assez large place au milieu des páturages de la plaine, et les habitants sont occupés à la moisson. Dans ces champs, nous retrouvons la plupart des plantes que nous avons déjà rencontrées dans des stations analogues à Géryville; ainsi nous devons y mentionner les Helian- themum Niloticum, Reseda alba, Ononis angustissima, Anthyllis Vul- neraria, Carum incrassatum, Turgenia latifolia, Filago Jussiei, Micropus bombycinus et supinus, Cirsium echinatum, Kentrophyllum lanatum, Onopordon macracanthum, Barkhausia taraxacifolia, Echium humile, Lithospermum Apulum, Echinaria capitata, Wangenheimia Lima, Festuca incrassata, Bromus squarrosus, etc.; les pâturages sont surtout constitués par les plantes suivantes : Sisymbrium crossifolium, Alyssum serpyllifolium, Helianthemum pilosum var. et hirtum var. De- serti, Reseda luteola var. undulata, Anthyllis Numidica, Onobrychis ar- gentea, Eryngium campestre, Centaurea acaulis et pubescens, Carduncellus pinnatus et Atlanticus, Rhaponticum acaule, Carlina involucrata, Atractylis cespitosa, Scolymus Hispanicus, Scorzonera coronopifolia, Asterothrü His- panica, Thymus ciliatus var., Salvia lanigera et patula, Teucrium Polium var., Plantago albicans, Rumex thyrsoideus, Dactylis glomerata, Bromus rubens, Æ gilops ovata var. triaristata, Elymus crinitus, ete.; les Lygeum Spartum, Stipa tenacissima, gigantea et barbata sont les espèces dominantes; l’ Arabis auriculata et le Jurinea humilis var. Bocconi, indiquent par leur présence et leur abondance l'altitude de la plaine, plus élevée que celle de Géryville de près de 50 mètres; plus loin, d'immenses rochers de grès affleurent le sol et excluent presque toute végétation. Le ciel se couvre de nuages épais et les approches d'un orage, ainsi que la tombée prém maturée de la nuit, nous forcent de gagner de toute la vitesse de nos chevaux le ksar de Stitten où nous n'arrivons que vers sept heures, et où nous avons peine à installer notre eampement dans l'une des cours du village avant que l'obscurité soit complète, car ce n'est pas sans difficulté que nous parve nons à faire traverser à nos chameaux la porte étroite qui forme l'entrée du village. Le 4 juin, après une nuit plus tranquille que ne nous l'avait fait espérer le temps de la veille, nous sommes sur pied de grand matin ; car pour t rendre à Bou Alem, nous n'avons pas moins de 36 kilomètres de trajet, et nous savons, d'après ce que nous a dit M. de Colomb, que nous aurons à nous arrêter à moitié chemin pour faire l'exploration de la localité intéressante d'Aïn Timendert, Toutefois nous ne quittons pas le ksar sans faire une courte visite aux jardins, pendant que nos Avabes sont occupés SÉANCE DU 9 AVRIL 1857. 355 au chargement de nos chameaux. Le ksar de Stitten, composé de 30 à li) maisons en pierres sèches, est bâti à uve altitude d'environ 1350 mè- tres, au pied méme de la montagne; ce petit village ne présente qu'une porte dans l'enceinte continue formée par les murs mêmes du rang extérieur des maisons. Les jardins, peu étendus, sont arrosés par les eaux d'une source (Ain Stitten) qui donne naissance à un petit cours d'eau; les jardins les plus rapprochés du village et qui ne peuvent étre arrosés par des dérivations du cours d'eau, sont pourvus pour la plupart de puits en pierres sèches avec bascule et bassins de déversement pour l'irrigation. Les seuls arbres fruitiers que nous ayons vus dans les jardins sont le Grenadier, le Figuier, l'Abricotier et la Vigne; quelques Peupliers blanes (Populus alba), d'une belle végétation, existent au voisinage de la souree; l Hyoscyamus niger, plante assez rare en Algérie, croit en abondance dans les parties en friche des jardins. A sept heures nous sommes en route et, presque immédiatement au sortir du village, après avoir traversé de maigres champs d'Orge et de Blé qui n'est pas encore arrivé à maturité, nous suivons le lit desséché argi- leux d'une ravine assez profonde qui nous méne à un petit cours d'eau alimenté par la source d'Ain Bou Beker. Dans les moissons nous observons, indépendamment de la plupart des espèces déjà notées dans les champs qui précèdent Stitten, les Rumex Tingitanus var., Echinops spinosus, Son- chus divaricatus, Achillea spithamea, Malva Ægyptiaca, Erucastrum leu- canthum, Zizyphora Hispanica, Androsace maxima, Saponaria Vaccaria. Les berges argileuses de la ravine nous offrent les Euphorbia luteola, Cru- canella patula, Thapsia Garganica, Herniaria fruticosa, Meniocus linifo- lius, Festuca cynosuroides, Onopordon acaule, Triticum Orientale. Un peu àu delà du cours d'eau nous continuons à monter par une pente insensible, et dans l'argile grisâtre et rougeâtre de la plaine coupée de nombreuses ravines, apparaissent des touffes argentées orbieulaires de Catananche “Æspilosa; des buissons de Retama sphærocarpa, non encore fleuris, se ren- Coutrent cà et là dans le lit même des ravins. La plaine, jusqu'aux envi- rons de la source d'Ain Timendert, où nous devons faire halte, con- tinue à étre accidentée, et nous y voyons le Catananche cæspitosa devenir d'autant plus abondant que nous nous rapprochons des rochers qu pied pesquels jaillit la source. Des påturages marécageux, où viennent se perdre iion n ruisseau alimenté par la source, sont constitués par une végé- ?ut européenne, dont les plantes dominantes sont les Juncus glaucus, Potins nodiflorum, Pol ypogon Monspel ensis, Rumex crispus, Fes- Verlena " d Hordeum secalinum , Phalaris nodosa, Poa trivialis, caire de M » ete. Des rochers escarpés, grisâtres, composes de cal- teur d'en se . e poudingues, s élèvent comme une muraille à une bau- on 25 metres, pour se continuer avec les immenses blocs que 556 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nous avons à traverser pour gagner le. plateau de Guenater. Aux environs de la souree, dont les eaux abondantes et douces sont l'un des ornements de ce site pittoresque, le Catananche cæspitosa forme de véritables gazons par ses touffes compactes et rapprochées ; là nous recueillons les Marrubium sericeum el Anacyclus Pyrethrum, qui, avec le Polycarpon Bivone et le Buplevrum spinosum, indiquent l'altitude déjà assez grande de cette station (environ 1400 mètres). Dans les fissures des rochers croissent quelques Pistacia Atlantica sous forme de buissons rabougris et des Figuiers (Ficus Carica) ; dans les anfractuosités ombragées le Fumaria Numidica forme de nombreuses touffes; nous y recueillons également les Brassica Gravinæ, Sedum altissimum, Catananche cœærulea, Centaurea alba var., Hutchinsia nelræa, ete.; au sommet des rochers croissent les Kæleria Valesiaca, Arabis auriculata, Medicago secundiflora, Alyssum scutigerum ; ce n'est pas sans étonnement que nous rencontrons sur ce point le Pimpinella Tragium, qu'en Algérie nous n'avions observé que dans la région montagneuse supérieure. — Un étroit sentier, qui contourne le massif de rochers que nous venons d'explorer, nous conduit sur le plateau d'ElI Guenater (le pont), étendu de l'ouest à l'est. Les pâturages maigres de ce plateau, où domine l'Artemisia Herba-alba, ne nous offrent aucune espèce digne d’être mentionnée ; une petite sebkha (petit lac à sec dans cette saison), dont nous explorons le bord et le lit, ne nous offre également aucune espèce à noter. Après un trajet de près d'une heure sur ce plateau, que nous traversons obliquement, nous voyons venir au-devant de nous le caïd de Bou Alem, avec quelques cava- liers et son fils âgé de cinq ans seulement, aussi à cheval et disparais- saut presque entre les montants d'une selle arabe richement brodée. Le caid et ses cavaliers nous servent de guides pour nous conduire à notre campement qui, d'apres les ordres de M. de Colomb, a été préparé dans la vallée de Bou Alem. — Pour nous rendre à cette vallée, nous descendons par une pente très rapide dans le lit méme d'un oued dont les eaux abon- dantes arrosent, par des dérivations, des champs de Blé d'une belle venue; qui occupent toutes les parties de la pente qui ont pu étre mises en culture. De beaux pieds de Pistacia Atlantica croissent cà et là à la base des rochers qui bordent le lit du cours d'eau. Par une course rapide dans la vallée, nous arrivons au campement, laissant sur notre gauche un ancien ksar €n ruines et le petit ksar actuel de Bou Alem construit sur une colline pier- reuse à la base de la pente rapide du plateau de Guenater, Dans les ter- rains argilo-sablonneux salés qui longent le sentier que nous suivons, nous voyons de nombreuses touffes de Lepidium subulatum et les Echium hu- mile, Malva Æ gyptiaca et Onopordon acaule. La vallée de Bou Alem est un cirque assez vaste, borné au nord par le relief du plateau. de Guenater, et à l'est et à l'ouest par des montagnes basses, qui ne présentent quelques arbres que dans les ravins ou sur des SÉANCE DU 9 AVRIL 1857. 357 points isolés; au sud s'élève le Djebel Touila el Makena (la haute mon- tagne des Makena) haut de plusieurs centaines de metres et à pentes rocheuses escarpées, où la végétation arborescente se présente sous forme de buissons espacés. Le sol argilo-sablonneux de la plaine, traversée du nord au sud par l'Oued Bou Alem, est cultivé non-seulement au voisinage de l'Oued, mais encore dans de nombreuses dépressions oü l'eau a pu séjourner l'hiver. L'Orge, dans ces champs, est arrivée à maturité et déjà en partie moissonnée, Des pâturages assez riches sont parcourus par les nombreux troupeaux des douairs, qui ont établi leur domicile d'été dans la vallée. L'heure déjà avancée à laquelle nous avons fini notre installation, nous force de remettre an lendemain l'exploration des environs de notre eampement et notre visite aux jardins. La matinée du 5 juin est done con- sacrée à une petite course dans la plaine jusqu'à la partie du cours de l'Oued Bou Alem la plus rapprochée du Djebel Touila el Makena et aux jardins; les arbres fruitiers qui y dominent sont le Figuier, le Grenadier, le Poirier avec le Pêcher et l'Abricotier qui y atteignent de remarquables proportions; les cultures potagères se bornent à la Féve, à la Carotte, à la Pastèque, à diverses variétés de Courges et de Melons. Malgré l'altitude de la plaine, qui est à peu prés la méme que celle de Géryville (environ 1250 metres), la végétation est déjà fort avancée et la plupart des plantes annuelles sont déjà desséchées. Les diverses espèces d'Aelianthemum (H. Niloticum, hirtum var. Deserti et salicifolium var. brevipes) ont perdu leurs cap- sules que les fourmis agglomerent en petits tumulus. Dans les champs, les Ammochloa pungens et subacaulis sont d’une extrême abondance, et nous y notons les Cyrtolepis Alexandrina, Androsace maxima, Malva Æyyp- traca, Rochelia stellulata, Alyssum scutigerum, ete. Les sables, qui forment des dunes basses au voisinage de l'oued, présentent réunies la plupart des espèces que nous avons observées dans des stations analogu s entre Aïn Ben Khelil et Tyout, telles que les Onopordon ambiguum, Orlaya mari- tima, Festuca pectinella et Memphitica, Arthratherum pungens, Delphi- mum pubescens, Ononis angustissima, Centaurea polyacantha, Astragalus Gombo, Scabiosa semipapposa. Dans le lit de l'oued, sur le bord duquel nous voyons de nombreuses touffes de Retama Duriæi var., nous consta- tonsla présence des Paron ychia Cossoniana, Muricaria prostrata, Euphorbia cal yptrata et Y Enarthrocarpus clavatus dont toutes les siliques sont déjà désarticulées. A midi, au moment où nous rentrons à notre campement, nous trouvons un cavalier envoyé par M. de Colomb, qui nous remet des lettres de France, les seules que nous ayons reçues depuis Tyout ; celles qui me Sont adressées m'apportent malheureusement la nouvelle d'une perte bien douloureuse que vient d'éprouver ma famille et qui m'impose le devoir d'accélérer mon retour, en abrégcant les séjours que nous comptions faire aux diverses stations. À une heure, nos préparatifs de depart sont terminés, 358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et nous nous mettons en route pour aller camper à El Macta, distant de 30 kilomètres, où on nous a signalé l'existence d'une montagne de sel que nous sommes curieux de visiter. La plaine que nous traversons jusqu'au petit ksar de Sidi Tiffour el Ammouida, ne nous offre guère d'autres plantes à mentionner que le Zonchophora Capiomontiana que nous n'avions pas encore observé jusque-là, et le Nora spinosissima. Nous faisons une halte auprès d'une belle source d'eau douce et abondante, d'une température de -I- 1895, sur les bords de laquelle nous trouvons avec grand plaisir une Graminée propre à l'Algérie et des plus rares, le Festuca Lolium, qui n'avait encore été observé que dans la province de Constantine, aux envi- rons de Batna, oü il a été découvert par M. Balansa. A partir de ce point, nous nous éloignons peu de l'Oued el Tarfa (rivière des Tamariz). Dans les terrains argileux salés, V Atriplex Halimus, le Phelipæa lutea, le Zollikoferia resedifolia, V Echiochilon fruticosum sont assez abondants ; dans les sables nous observons le Pyrethrum macrocephalum. Dans les dépressions arrosées par des dérivations de l'oued, existent de beaux champs de Blé qui n'est pas encore arrivé à maturité. Un cavalier du ksar d'El Macta vient au-devant de nous pour nous indiquer le point où nous pouvons sans danger traverser le lit large et vaseux de l'oued, couvert de touffes d'Atriplez Halimus, et ombragé par des Tamarix Gallica en arbres qui constituent un véritable bois. Ce n'est qu'à la tombée de la nuit que nous arrivons à notre campement, situé aux bords du marécage et vers l'entrée du Khraneg el Melah (défilé du sel) à environ 1050 mètres d'alti- tude; ce n'est qu'à grand'peine que vers onze heures du soir nous oblenons la diffa, cav les habitants de ce ksar, situé à Ja limite des provinees d'Oran et d'Alger, n'avaient pas considéré comme suffisantes les instructions du bureau arabe de Géryville, de l'autorité duquel ils prétendent ne pas rele- ver ; et sans l'intervention des cavaliers du caid de Bou-Alem, qui tenaient essentiellement au couscoussou, nous étions menacés de nous coucher sans souper. Le 6 juin, nous explorons les environs immédiats de notre campement, où nous observons les Pyrethrum fuscatum, Salsola vermiculata, Triti- cum Orientale, Atractylis microcephala, Marrubium Deserti, Passerina microphylla, ete., et nous voyons avec une vive satisfaction une espèce nouvelle de Sideritis, le S. ochroleuca, que nous n'avions trouvé à Ain Den Khelil qu'à peine fleuri, former ici de vastes et nombreuses touffes couvertes de fleurs et de fruits. Après cette petite herborisation, pendant laquelle on a sellé nos chevaux, nous partons, sous la conduite d'un cav alier de la tribu, pour aller visiter le Khraneg el Melah et la Montagne de sel, qui dès la veille et à une assez grande distance nous avait vivement frappés par son aspect étrange et les contrastes de couleurs de sa surface qui la dis- tinguent des montagnes voisines. Cette montagne, nommée par les SÉANCE DU à AVRIL 1857. 399 Arabes Djebel Melah (Montagne de sel), doit son nom aux bancs de sel alternant avee les couches d'argile qui en constituent la masse; le Djebel Melah s'élève de plus de 200 mètres sur la rive droite du Khraneg el Melah et forme up vaste cône irrégulier, accidenté par de nombreux éboule- ments et par des ravines qui le sillonnent; l'argile grisâtre ou d'un gris ver- dâtre, terrain dominant de la montagne, laisse à nu, surtout vers le sommet, où les éboulements se sont le plus étendus, d'épaisses couches de sel mi- roitant au soleil et qui tranchent sur la teinte terne de l'argile; cà et là de larges espaces, où vient effleurir le sel dont le sol est pénétré, sont couverts de plaques eristalliues d'un blane éclatant; le lit des ravines, surtout vers la base de la montagne où viennent confluer les infiltrations salines, est incrusté de dépôts épais de sel pur et cristallisé, trésdur ct trés compacte, à surface raboteuse, irrégulièrement mamelonnée et d'apparence spongieuse. A l'extrémité d'un profond ravin de la pente de la montagne qui regarde le Khranez, existe une vaste excavation, ouverte seulement dans sa partie supérieure par un étroit orilice, et tapissée d'une épaisse couche de sel ; des stalactites de sel erístallisé pendent de la voûte de cette grotte creusée par la dissolution d'un bane salin ; le ravin étroit qui conduit à la grotte est profondément creusé entre des masses d'argile, qui, de chaque côté, s'élèvent comme des murailles à pie et le surplombent sur quelques points ; au voisinage de la grotte se détachent de la montagne de véritables obélis- ques d'argile isolés par les éboulements, De nombreuses volées de pigeons ont élu domicile dans les anfractuosités de ce sol tourmenté, et il va sans dire que nous leur envoyons quelques coups de fusil plus ou moins heureux. — La Montagne de sel, si intéressante au point de vue géologique, est loin d'offrir le même intérêt pour la botanique, car ses argiles salées, dont la surface fe modifie incessamment, excluent toute végétation. Le Khraneg nous offre au contraire une assez riche herborisation au bord du cours d'eau abondant qui le traverse ; car nous trouvons là, réunis aux alluvions sablon- neuses de l'oued, des éboulements pierreux de la montagne basse qui fait face au Djebel Melah. De beaux pieds de Pistacia Atlantica sont dissé- minés sur la rive gauche de loued, où les Retama spherocarpa et Duriæi Var. avec des Tamarix Gallica et des Zizyphus Lotus forment de nom- breux buissons. Les alluvions sablonneuses de cette méme rive nous offrent les Malcolmia zEgyptiaca, Erucastrum leucanthum , Reseda eremophila, Astragalus Gombo, Nolletia chrysocomoides , Pyrethrum macrocephalum, Anvillea radiata, Rhanterium adpressum, Senecio coronopifolius, Kæl- Pinia linearis, Convolvulus supinus, Echinopsilon muricatus, Anabasis Whculata, Salsola vermiculata, Festuca Memphitica, ete., et le Triticum elonyatum qui n'avait encore été observé que sur le littoral de l'est de l'Al- Serie; quelques pieds vigoureux de Medicago sativa croissent à l'ombre d'un Pistacia Atlantica sous lequel nos guides ont abrité nos chevaux. Un 360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ravin pierreux dela rive droite, à l'extrémité du Djebel Melah, présente déjà un certain nombre d'espèces dela région montagneuse inférieure sous cette latitude: tels sont les Diplotaxis pendula, Arabis auriculata, Medi- cago laciniata et secundiflora, Deverra chlorantha, Pyrethrum fuscatum, Leyssera capillifolia, Catananche cerulea, Sonchus divaricatus et spinosus, Statice Bonduellii, ete. — Au voisinage de notre campement à l'entrée du Khraneg, le Zonchophora Capiomontiana croit en abondance sur les atterris- sements argilo-sablonneux, et dans les flaques d'eau saumátre de loued le Ranunculus Baudotii forme de vastes touffes. À quatre heures seulement nous avons terminé la préparation de nos ré- coltes et nous pouvons tout faire disposer pour nous rendre à El Khadra, distant de plus de 20 kilomètres. A cause de l'heure avancée et de la diffi- culté de la dernière partie du trajet, nous ne pouvons guère herboriser que dans la portion de la plaine entre El Macta et l'Oued el Tarfa ; nous y voyons en abondance le Sideritis ochroleuca, dont les touffes constituent sur quel- ques points le fond de la végétation, et nous y notons la présence de l' Atrac- tylis prolifera, que nous n'avons pas rencontré depuis Ghassoul. Ce n'est pas sans peine que nous trouvons un passage dans le lit vaseux de l'oued, où les Tamarix continuent le bois d'El Macta. A partir de ce point nous avons à traverser avec la plus grande précaution, à cause de l'obscurité, plusieurs ruisseaux, dans les marécages desquels nos chevaux manquent quelquefois de s'enfoncer. Nous devons nous en rapporter entièrement à l'adresse de nos montures pour descendre ou gravir les berges escarpées des nombreux ravins qui sillonnent le terrain accidenté que nous avons à parcourir jusqu'à El Khadra. — Vers dix heures seulement nous arrivons à ce petit ksar, après avoir laissé sur notre droite le ksar de Kebala, construit sur une éminence Ce n'est pas sans plaisir que nous trouvons la &iffa pr - parée par les habitants que nous avions fait prévenir de notre arrivée par un cavalier, et que nous pouvons enfin réparer par quelques heures de repos les fatigues de la journée. (La suite à la prochaine séance.) NOTES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS, par MM. E. COSSON et L. KRALIK. (Cinquième partie.) ATRACTYLIS FLAVA Desf.! Atl. IT, 254, in herb. Mus. Par.; Delile ! Æg. Illustr. n. 784; DC. Prodr. VI, 551. — Centaurea Carduus Forsk. Fl. ZEg.- Arab. deser. 152. — Spadactis flava Cass. in Dict. se, nat. XLVII, 510 et L, 51; Less. Syn. 13. In desertis regni Tunetani australioris, prope Sfax in arenis (Desf.), iu argilloso-arenosis et caleareis apricis in ditione Gabes et in iusula Djerba. SÉANCE bU 3 AVRIL 1857. 361 — [n desertis Ægypti inferioris ad Alexandriam (Delile, Olivier et Bru- guière). In deserto Sinaico (Botia, Aucher-Eloy pl. Or. exsiec, n. 3399 in berb. Mus. Par.). . Dans la plante de l'ile de Djerba les capitules sont dépourvus de fleu- rons neutres liguliformes rayonnants, tandis que ces mêmes fleurons exis- tent dans la plante déerite par Desfontaines ainsi que dans celle d'Orient, identique du reste avec la nôtre pour tous les autres caracteres, — La sec- lion Spadactis, fondée surtout sur la présence de fleurons extérieurs rayon- nants, ne saurait done étre maintenue ; l'observation de Cassini qui a ren- contré quelquefois des fleurons neutres obseurément ligulés chez FA. cancellata, appartenant à une autre section (Acarna), le développement que prennent les fleurons extérieurs neutres liguliformes dans l'A. pro- lifera, qui se rattache évidemment à la méme section Acarna, démon- trent encore le peu d'importance qu'il faut attribuer à la présence ou à l'ab- sence des fleurons neutres; on sait d'ailleurs que, dans le genre Centaurea et particulièrement chez les C. nigra et Jacea, ce caractère est des plus va- riables. — La plante, trés répandue dans le Sahara Algérien et dans la partie méridionale des hauts plateaux et qui a été généralement donnée sous le nom d'A. flava (Jamin pl. Alger. exsice.; Balansa pl. Alger. exsice. n. 965) diffère, de la plante de Desfontaines par les tiges à écorce blanche où blanehátre, glabres ou pubescentes seulement à la base, mais non pas tomenteuses-laineuses à pubescence se détachant par le frottement, par ies feuilles d'un vert pâle jaunátre, à épines des lobes d'un jaune pâle et non pas brunâtre, par les folioles de l'involuere plus brusquement cuspidées en une pointe épineuse plus longue et plus grèle, les intérieures oblongues brusquement cuspidées, et non pas lancéolées-linéaires atténuées en pointe, Par les fleurons d'un beau jaune citron et non pas d'un jaune sale, par les fleurons extérieurs ordinairement livuliformes allongés et non pas assez Courts ou nuls; les différences que nous venons d'indiquer nous semblent Suffisantes pour distinguer la plante d'Algérie comme espèce, et nous pro- Posons pour elle le nom d'Atractylis citrina. -— Nous devons en outre faire M que le véritable A. flava parait èlre une espèce orientale, dont la ation à l'ouest serait les déserts de la régence de Tunis, où l'on mere i in e. , MEM gé Contre encore un certain nombre d'espèces d'Orient étrangères à l'Al- érie, AT [ s aD LIS MICROCEPHALA Coss, et DR. ap. Coss. Voy. bot. Algér. in nn. s mi | Ann. sc, nat, sér, h, I, 240, et ap. Balansa pl. Alger. exsiee. n. 805. Suffrutez du 6 i » | frutes dumosus, 1-6 decim. altus, erectus, ramosissimus, ramorum Vetustiorum Cortic Pubescenti-subtom Phalis ve] € rimoso-cinerascente, ramis rigidis glabrescentibus vel entosis pube detersibili cortice candido, mono-oligoce- apice corymboso-ramosis polycephalis ; foliis glabrescentibus "n 362 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. araneoso-pubescentibus, rigidis, erecto-patentibus, sessilibus, lanceolatis vel elongato-lanceolatis sæpe subeanaliculatis, inferne remote pinnatifido- spinosis, lobis utrinque 2-4 simplicibus vel in lobulos 2 spinosos diver- gentes partitis, superne integris in spinam attenuatis, spinis flavescenti- fuscescentibus; capitulis parvulis, multi- et æqualifloris, homogamis, hermaphroditis ovato-cylindricis, vel abortu masculis neutrisve brevio- ribus subeampanulatis ; involucri foliolis exterioribus 3-h foliaceis, foliis conformibus, uuiseriatis, capitulum subæquantibus vel paulo superantibus, interioribus imbricatis adpressis, pubescenti-arachnoideis, margine mem- branaceis, apice rotundato spinula longiuseula abrupte mucronatis, ab in- ferioribus ovato-oblongis ad intima oblonga sensim elongatis; receptaculo plano, paleis lanceolato-linearibus basi in alveolos concretis apice tri-plu- rifidis piloso-ciliatis onusto ; floseulis sordide carneis, 5-fidis , in capitulis fertilibus longioribus; antheris in floseulis hermaphroditis longioribus, appendice terminali lanceolata acuta, appendicibus basilaribus caudifor- mibus elongatis subintegris vel ciliatis; achæniis teretiusculis, undique villis elongatis candidis copiosis obteetis, villis superioribus quasi papp! basim involucrantibus et ejus tertiam longitudinem obtegentibus, sed eum eo non eoneretis; pappo flosculi tubum subæquante, setis uniseriatis, ri- gidis, nigrescenti-fuscescentibus, longtuscule plumosis barbellis albidis, basi in annulum corneum coneretis. — Maio-julio. In regni Tunetani australioris ditione Gabes, in argilloso-arenosis apricis et in alluviis amnis Oued Gabes, in glareosis caleareis insule Djerba (Kralik pl. Tun. exsice. n. 374). — In Sahara Algeriensi trium provin- ciarum et in planitiebus excelsis et montibus humilibus australioribus late diffusa (Balansa pl. Alger. exsice.; Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc. n. 187). L'A. microcephala se rapporte à la section Anactis (DC. Prodr. Vi, 550. — Anactis Cass.), où il doit être placé à côté de l'A. serratuloides Sieber (DC. Prodr., loe. cit. — Anactis serratuloides Cass. in Dict. sc: nat. L, 56). ATRACTYLIS PROLIFERA Boiss.! Diagn. pl. Or. ser. 4, fasc. x, 96. In argilloso-arenosis et glareosis regni Tunetani australioris prope Sfaz, inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, in ditione Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 252), ad occidentem urbis Gabes ad radices montis Djebel A212, etiam in insula Djerba. — In Algeriæ planitiebus excelsis præsertim aus- tralioribus nec non in Saharæ parte confini : in provincia Cirtensi ut videtur infrequens, nempe prope Biskra hucusque tantum visa ibique rarissima; in provincia Algeriensi a Laghouat! ad diversorium Aïn Oussera prope Boghar ! diffusa; in provincia Oranensi plurimis locis obvia ex. 8" a Chott el Chergui !, Ain Sefra !, El Abiod Sidi Cheikh !, Brézina!— lu are SÉANCE DU 8 AVRIL 1857. 363 nosis ad meridiem urbis Gaza in regione Amalecitarum Arabiæ confini (Boiss., loc. cit., Pinard in herb. Mus. Par.) AunrnBoA Lippi DC. Prodr. VI, 559; Coss. Pl. erit. 467. — Amberboi, erucæ folio, minus Isn. Act. acad. Par. (4719] 169, t. 10. — Centaurea Lippii L. Sp. 1286 ; Schkuhr Handb. t. 261; Desf.! A, U, 293. — Volutarella Lippit Cass. in Dict. sc. nat. XLIV, 39. In incultis et ruderatis areilloso-arenosis nec non in arenosis maritimis regni Tunetani australioris, prope Sfax, inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, in ditione Gabes haud. infrequens (Kralik pl. Tun. exsiee. n. 91 et Ma), etiam in insula Djerba (Kralik pl. Tun. exsice.), in arenis deserti prope Tozer (Desf.). — Hine inde in Algeria australiore, in planitiebus excelsis supra Sada Beida inter et Khrider!, ct in Sahara ditionis Biskra?! (Jamin, Balansa pl. Alger. exsice. n. 810), in provincia Oranensi ad Lalla Maghrnia (Bourgeau). — In insulis Canaris (Webb, Bourgeau). In His- pania orientali australiore prope Pulpi in regno Murcico (A. Guirao) et in arvis inter Vera et Almeria (Bourgeau pl. Hisp. exsice. n. 1239). In Palæs- tina (de Sauléy). In Ægypto (Delile, Kotschy pl. exsiec. [1839] n. 782). In Arabia (Schimper pl. Arab. petr. exsiec. ed. Hohenacker [1843] n. 211). Prope Monspelium loco dieto Port-Juvénal introducta (Godr. FI. Juv.). AwBERBOA CRUPINOIDES DC. Prodr. VI, 559. — Centaurea crupinoides Desf.! Atl. 11, 293: Delile! Ag. Wustr. n. 850. — Volutarella bicolor Cass. in Dict. sc. nat. L, 256. — Lacellia Libyca Viv. Fl. Libyc. 58, t. 22, f. 2. In deserto Tunetano (Desf.), prope Sfax (Espina) , in collibus montibus- que humilioribus nec non in alluviis torrentium regni Tunetani australioris, in montibus Djebel Keroua et Aziza prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 90 et 90a). — In Algeria australiore hine inde in collibus montibusque Saharæ confinibus nec non in torrentium alveis: in ditione Biskra (Jamin; Balansa) ; in provinciæ Oranensis montibus Djebel Bou Kaschba prope Ain Ben Khelil | (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc.), Djebel Nzira prope Arba el Tatani!, Djebel Taelbouna! prope palmetum Asla. — In montibus Cyrenaicis (Della Cella sec. Viviani, /oc. cit.). In /Egypto (Delile). CENTAUREA FURFURACEA Coss, et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. [1853], Ct ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann, sc. nat. sér. h, IV, 28h. Planta annua, a basi ramosa, ramis duobus vel pluribus sepius iufra capitulum caulem brevissimum terminans enatis, brevibus vel plus minus elongatis, decumbenti-diffusis, subsimplicibus vel superne ramulos 1-2 emittentibus, sulcato-striatis, pubeseenti-furfuraceis, remote foliatis ; fo- liis haud decurrentibus, pubescentia crispula demum furfuraceis, infe- 364 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. | rioribus petiolatis pznnatisectis ivel pinnatipartitis laciniis sepius ivæ- qualibus terminali majore oblongis ovatisve subintegris vel grosse dentatis dentibus calloso-mueronulatis, superioribus oblongis brevius petiolatis pin- natipartitis vel subindivisis, summis capitula bracteantibus et subæquan- tibus ; capitulis apice caulis ramorumque solitariis, mediocribus ; involucro ovoideo, foliolis superne parce arachnoideo-pubescentibus, imbrieatis, co- riaceis, anguste scarioso-marginatis, exterioribus et intermediis in appen- dicem stramineo-pallidam foliolo breviorem patulam vel subdeflexam baud deeurrentem subulatam gracilem spinescentem inferne spinulis 2-6 pinna- tam productis, spina terminali cæteris longiore, foliolis intimis apice sca- rioso-subdilatatis spinis sæpe obsoletis; flosculis pallide albido-lutescen- tibus, radii neutris radiantibus discum subæquantibus ; acbæniis minutis, tereti-subeompressis, nitidis, glabris, fuscescentibus, areola insertionis laterali suborbieulata margine ciliolata; pappo sordide albido achenium subæquante, setis inæqualibus pluriseriatis, intimis multoties brevioribus subcouniventibus, — Aprili-maio. Iu argilloso-arenosis deserti Tunetani ad occidentem urbis Gabes montis Djebel Aziza ad radiees, — In Sahara Algeriensi provinciæ Cirtensis ad Saada (Balansa pl. Alger. exsiec. ). Le C. furfuracea, en raison des folioles de l'involuere prolongées en un appendice spinescent muni d'épines latérales plus grêles, appartient à la série des Calcitrapecæ (DC. Prodr. VI, 592); par la longueur des fleurons rayonnants il se rattache à la section Calcitrapa (Cass.; DC., loc. c. 596), mais il diffère des autres espèces de cette section par le port, par la couleur des fleurons et par l'aigrette environ de la longueur de l’akène. CENTAUREA DIMORPHA Viv, FI. Libye. 58, t. 9h, f. 3 [182^] (forsan sphal- mate sub nomine C. bimorpha). — C. Pseudophilostizus Godv.! FL. Jut. ed. 2, 86 [1854]. — C. Kralikii Boiss.! Diagn. pl. Or. ser. 2, fasc. 11, 8^ [martio 1857], forma foliis vix decurrentibus vel etiam haud decur- rentibus. — C. eriocephala Boiss. et Reut.! in Boiss., oc. cit. 86. In regni Tunetani australioris arenosis et terra mobili, prope Sfax, inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, in ditione Gabes, etiam in insula Djerba (Kralik). — In Sahara Algeriensi tota (Balansa pl. Alger. exsicc. n. 797 sub nomine C. polyacantha) nec non jn planitierum excelsarum ! parte australiore frequens, — In Cyrenaica (sec. Viviani). In /Egypto prope Aboukir (Kralik). Cette plante, d'après la figure et la description du Flora Libyca, ainsi que d'apres sa distribution géographique, est certainement l'espèce de Viviani. — Le C. dimorpha diffère du C. polyacantha, auquel nous l'avions d'abord rapporté, au méme litre que le C. sonchifolia L. du C. spharocephala Le c'est-à-dire qu'il ue s'en distingue guère que par les feuilles caulinaires SÉANCE DU $ AVRIL 1857. 365 non dilatées en oreillettes à la base et décurrentes où semi-décurrentes, Dans le sud-ouest de l'Algérie, où la plante a été observée par nous à de nombreuses stations, nous l'avons vue présenter de fréquentes variations non-seulement quant à la villosité, la grosseur des capitules, la longueur et les proportions des épines de l'involuere, le nombre des épines accessoires de la face supérieure des appendices épineux et la longueur et la coloration des fleurons rayonnants, mais méme quant à la décurrence des feuilles que nous avons vues assez fréquemment s'atténuer à la base en un pétiole non décurrent (C. Kratlikii). — La forme du C. dimorpha à feuilles non décurrentes ne se distingue plus du C. polyacantha que par l'absence d'o- reillettes à la base des feuilles ; aussi n’eussions-nous pas hésité, à cause de ces échantillons intermédiaires, à rapporter comme variété le C. dimorpha au C. polyacantha, si nous n'avions été arrêtés par la constance du méme caractère chez les C, sonchifolia et spluerocephala. CENTAUREA DeriLEer Godr, Z7. Juv. ed. 2, 85. In regni Tunetani australioris ruderatis et incultis argillosis vel arenosis, prope Sfax (Espina); prope Gabes copiosa, ibique in alluviis amnis Oued Gabes, nec non in pascuis deserti ditionis Beni Zid ad Djebel Keroua, etiam in insula. Djerba (Kralik pl. Tun. exsiec. absque numero sub nomine C. glomerata). — Prope Monspelium in loeum Port-Juvénal dictum, tot plantarum boreali-africanarum hospitem, cum lanis advecta (Godr, , loc. cit.). Le C. Delilei appartient à la section Mesocentron (DC. Prodr. VI, 592) par tous ses caractères, bien que par le port il se rapproche davantage des Sections MeJanoloma et Seridioides ; ainsi il a quelque analogie de port avec le C. involucrata Desf. (sect. Melanoloma), mais il en est très distinct Par l'involuere à folioles spinescentes, par les fleurons extérieurs plus courts que ceux du disque, par les capitules glomérulés, ete.; il rappelle encore davantage le C. glomerata Vahl (sect. Seridioides), auquel, ainsi que Delile, nous l'avions d'abord rapporté, mais il en differe par l'invo- lucre glabre et non pas pubescent-aranéeux, à folioles prolougées en un "Dpendiee spinescent muni d'épines latérales plus gréles et non pas divisé Presque jusqu'à la base en 3-5 épines gréles presque égales et naissant au méme niveau. — La patrie du C. Delilei, avant qu'il eùt été observé dans la régence de Tunis, était inconnue et la plante avait été décrite par M. Go- dron d'après des échantillons recueillis au Port-Juvénul, où Delile l'avait découverte. CarnuscrLLUs Entocrrmarus Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 1, fase. x, 100. G ^ arenosis et areilloso-arenosis deserti Tunetani australioris in ditione 058 (Kralik pl. Tun. exsice. n. 399) nee non ad occidentem urbis Gabes ! ditione Beni Zid ad radices montis Djebel Aziza, —In Sahara Algeriensi 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. hine inde diffusa ex. gr. in provineia Algeriensi australiore in ditione Laghouat et Beni Mzab (Reboud [1855]), in provincia Oraneusi australiore pluribus locis obvia nempe prope Æ. Abiod Sidi Cheikh!, Arba el Tatani!, Tyout!, Ain Sefra!, ete., a nobis visa. — In Egypti media deserto Cahirieo prope Xanka (Figari [1837] in herb. Delile sub nomine Carthamus verisimiliter sp. nov.). In desertis Ægypti (Aucher-Éloy pl. Or. exsiec. n. 3562 in herb. Mus. Par.). In Palestinæ regione Amale- citarum ad meridiem urbis Gaza (Boissier [1846]). La plante de Tunis et celle du Sahara Algérien, identiques avec la plante d'Égypte, nous paraissent devoir être rapportées au C. eriocephalus Boiss., avec lequel M. Reuter, à notre demande, a eu l'obligeance de les comparer; en effet nos échantillons, d'après M. Reuter qui a constaté l'analogie de port des deux plantes, ne différeraient de ceux de M. Boissier que par les « feuilles plus larges à dents moins profondes et plus régulières, par les écailles de l'involuere moius laineuses, les intérieures à appendice plus large à lanieres moins distantes et moins étroites, » et ces différences ne nous paraissent pas suffisantes pour distinguer deux espèces. — La description des Diagnoses s'applique très bien à nos échantillons et nous n'avons à y ajouter que les caractères tirés des akènes et de l'aigrette que M. Boissier n'avait pu observer sur des individus trop jeunes; l'aigrette, de méme que dans le C. ccruleus, est environ deux fois plus longue que l'akene et ne dépasse pas la moitié de la longueur du tube des fleurous; l'akene est té- tragone à angles aigus assez saillants, à faces ordinairement un peu ru- gueuses supérieurement, SERRATULA FLAVESCENS Poir. Encycl. méth. VI, 562 ; L. Dufour in Ann, Sc. nat. sér. 1, XXIII, 156; DC. Prodr. VI, 670 ; Boiss. Voy. Esp. 369 ex parte. — Carduus flavescens L. Sp. 1156 ; Cav. Le. I, 95, t. 46. — Cnicus fluvescens Willd. Sp. IT, 1683. In fruticetis rupestribusque montis Djebel Zaghouan (Kralik pl. Tun. exsiee. n. 95). — In Hispania orientali et australi, nempe in Navarra inferiore (L. Dufour), regno Valentino et Granatensi (Cav.) nec non in Murcico (Guirao apud Bourgeau pl. Hisp. exsiec. n. 1225). Le S. mucronata Desf. (Atl. VI, 243, t. 219) ne diffère du S. flavescens que par les fleurons purpurins et non pas d'un jaune påle, et il n 'en est peut-étre qu'une variété, ainsi que l'indique M. Boissier (/oc. cit.). Le S. mucronata est trés répandu sur les collines du littoral algérien (Jamin pl. Alger. exsice. n. 181 ; Balansa pl. Alger. exsice. n. 513) et se rencontre quelquefois dans les montagnes de l'intérieur; il se retrouve dans l'Italie meridionale (Tenore) et en Sicile (Guss.) = SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 867 Kœcpinia LiNEaRts Pall. Reise MT, app. 755, t. L, f. 2; Less. Syn. 127; DC. Prodr. VII, 78; Ledeb. 7/7. Ross. 11, 772; Jaub. et Spach lustr. Or. MI, 123, t. 286 optima. In regno Tunetano australiore, in argilloso-arenosis vel glareosis incultis, ad vias et agrorum margines, prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsiee. n. 256) et ad occidentem urbis Gabes montis Djebel Aziza ad radices.— In Algeria planitiebus excelsis ! presertim australioribus et Sahara ! late diffusa (Ba- lansa pl. Alger. exsiec. n. 771). — In Rossia australi (Pall.), provinciis Caucasieis (M.-Bieb.), Sibiria Uralensi et Altaica (Karel. et Kiril.). In Pisidia (Heldreich), Assyria, Babylonia ae Mesopotamia (Olivier et Bruguière; Aucher-Éloy ; Chesney), Persia (Aucher-Éloy ; Kotsehy pl. Pers. austr. ed. Hohenacker [1845] n. 169). CATANANCRE ARENARIA Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 756, et ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. h, IV, 285, et in Pull. Soc. bot. YI, 253. In deserto Tunetano australiore, in argilloso-arenosis et glareosis prope Gabes (Kralik pl. "Tun. exsice. n. 258). — In Sahara Algeriensi hine inde, ex. gr. in ditione Biskra (Jamin ; Balansa pl. Alger. exsice. n. 756), in di- tione Laghouat ! (Reboud), in ditione Hzab prope Guerrara (Reboud), Bré- zina! (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsice. n. 62 a), Zyout !. SPITZELIA cUPULIGERA DR. in Duchartre Rev. bot. II, 431, et in pl. sc. Algér. t. h8 optima. In reguo Tunetauo in fruticetis ad basim montis Djebel Zaghouan, — Yn Algeriæ (Balausa pl. Alger, exsice. n. 164 et 660) regione littorali calida nec non montana inferiore, in planitiebus excelsis hine inde. Le S. cupuligera est très distinct des autres espèces du genre par les akènes extérieurs à aigrette réduite à une cupule membraneuse et par les akènes intérieurs à bec long et grêle; l'aigrette des akènes intérieurs est persistante d'un blane sale, et est composée de 8-12 soies raides, plumeuses, Plus larges à la base et d'un petit uombre de soies extérieures capillaires Plus courtes. SPLTZELIA RADICATA, — Crepis radicata Forsk. Fl. Æq.-Arab. descr. 145; Delile Æg. Mlustr. n. 768. — Leontodon coronopifolium Desf.! Atl. 1, 229, t. 214 (planta junior et inde caulibus foliis brevioribus, in herb. Mus. Par.). — Picris lyrata Delile Eg. fl. 259, t. 40, f. 3. — Pi- Cris pilosa Delile, Loc. cit. 260, t. bA, f. 1; DC. Prodr. VII, 130.— Picris radicata Less, Syn. 434; DC. Prodr. VII, 431. — S. Sieberi Schultz Bip. in Flora [1835], 657, et in Ann. sc. nat. sér, 2, VI, 296.— S. coro- $68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nopifolia Schultz Bip., doc. cit. — S. lyrata Schultz Bip., loc. cit. — S. T gyptiaca Schultz Bip. in Flora loe. cit. (sphalmate S. Africana) et n Ann. se. nat, loc. cit. — Picris coronopifolia DC. Prodr. VH, 131. In regno Tunetano australiore, in arenis deserti prope Cafsa (Desf.), in arenoso-argillosis et alluviis prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 261 et absque numero sub nomine S. lyrata).— In desertis Ægypti inferioris (De- lile ; Kotsehy pl. Æg. exsiec. [1836] n. 17^; Olivier et Bruguière; Rochet d'Héricourt) et mediae ad Cahiram (Forskal; Sieber pl. Æg. exsiec.). La plante de Gabes se présente sous deux formes, l'une à tiges dépassant peu les feuilles radicales et à feuilles profondément découpées, l'autre robuste à tiges assez élevées et à feuilles ordinairement moins découpées ; la forme naive est identique avec le Crepis radicata Forsk. (Sieber ! pl. Æg. exsice.) plante des déserts de l'Egypte; la forme robuste se rapporte à la description et à la figure du Picris lyrata de Delile (-Zg.), qui n'a pas reconnu l'identité spécifique de sa plante avec celle de Forskal , dont elle n'est pas méme une variété. De Candolle avait déjà indiqué la réunion en une méme espèce des deux plantes, que M. Schultz avait au contraire distinguées en attribuant aux akènes extérieurs du Crepis radicata (5. Sieberi Schultz Bip.) une aigrette à scariosité divisée presque jusqu'à la base en poils, et aux akènes extérieurs du €. lyrata (S. lyrata Schultz Bip.) une aigrette à seariosité eupuliforme divisée en poils seulement jusque vers son milieu ; mais ces caractères, tirés de la structure de la cupule qui sur- monte les akènes extérieurs, ne sont pas plus constants que ceux du port, car dans nos échantillons nous avons vu les poils de la cupule soudés jus- qu'au milieu daus la forme naine de la plaute et libres daus la forme ro- buste, tandis que, d'après M. Schultz, les caractères du port et de la cupule devraient coincider en sens contraire. — Le S. radicata (Crepis radicata Forsk.), tel que nous le définissons, est caractérisé par les akenes extérieurs surmontés d'une aigrette rudimentaire très courte à poils libres presque jusqu’à la base ou soudés dans leur moitié inférieure, et surtout par les akenes du centre très petits, d'une teinte bleuátre glaucescente à la matu- rité, à rides transversales assez saillantes, rétrécis en un bec très court sut- monté d'une aigrette trés caduque composée de soies molles et blanches. — Le Leontodon coronopifolium Desf. (Picris cor onopifolia DC. — S. corono- pifolia Schultz Bip.), ainsi que nous avons pu nous en convaincre par l'é- tude del a plante de Desfontaines dans l'herbier du Muséum, n’est que le S. radicata très jeune et dont les tiges non développées n'atteignent pas la longueur des feuilles. — Le Picris pilosa. Delile (DC. — S. Æ gyptiaca Schultz Bip.), d'après les échantillons de r herbier de Delile et d'après la description et la figure, n'est au contraire qu'une forme tres développte du S. radicata et qui ne diffère de la forme de la plante nommée par Delile SÉANCE bU 9 AVRIL 1857. 569 Picris lyrata (S. lyrata Schultz Bip.) que par les feuilles à divisions peu profondes. Le Spitzelia, qui est trés répandu dans le Sahara Algérien et dans la partie ehaude des bauts plateaux de l'Algérie et qui a été donné sous le nom de S. lyrata {Balansa pl. Alger. exsiec. n. 968 ; Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. h, IV, 285), est très différent du S. radicata par les fleu- rons dépassant pius longuement l'involucre et surtout par les akéues du centre deux à trois fois plus grands, à rides transversales plus saillantes, et surmontés d'une aigrette persistante d'un blance sale; cette derniere plante doit constituer une espèce nouvelle, le S. Sahare. Nous devons faire remarquer que le genre Spitzelia, distingué surtout du genre Picris par l'aigrette des akenes extérieurs réduite à une eupule sca- rieuse ou à des poils très courts, se compose, tel qu'il est actuellement dé- fini, d'espèces assez hétérogènes, puisque l'une, le S. radicata, a l'aigrette caduque composée de soies blanches et molles, tandis que les autres, telles que les S. cupuligera et Saharæ, ont l'aigrette persistante composée de soies plus ou moins raides d'un blane sale ou roussátres. DARKHAUSIA SENECIOIDES Spreng. Syst. IIJ, 652; DC. Prodr. VH, 156. — Crepis senccioides Delile! Æg. Ilustr. n. 764, et Fl. 262, t. 42, f. 2. In arenosis, alluviis et cultis regni Tunetani australioris, in ditione G . HF L4 à) . t . E robes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 397). — In desertis Ægypti medic ad Ca- hiram (Delile, Husson). ZOLLIKOFERIA QUERCIFOLIA. — Sonchus quercifolius Desf.! Atl. 1T, 225, t. 213; DC. Prodr. VII, 188. In deserto Tunetano australiore, in montibus prope Cafsa (Desf.), in montibus humilioribus calcareo-glareosis Djebel Keroua ditionis Gabes Kralik pl, Tun. exsiec. n. 266), nee non ex montibus aufuga in planitie et torrentium alveis obvia, — In Saharæ Algeriensis ditione Biskra, prope Z7 Outaia ! ad montem salinum (Jamin), prope Biskra in collibus apricis nec non in alluviis amnis Oued Biskra (Balansa pl. Alger. exsice. n. 788). Aux environs de Gabes se trouve réunie à la forme de la plante figurée Par Desfontaines et caractérisée par les feuilles larges presque entières ou à lobes aroe : : d i larges triangulaires et peu profonds, une autre forme, qui croit dans leux plus arides, et dont les feuilles plus étroites et plus ou moins pro- tac PH innatis rappellent celles du Zollikofería resedifolia. L'é- Véritable apti ee venue nous montrer que le port nous avait indique la le genre p initi générique de notre plante dont la place naturelle est ds Lollikoferia. T. 1v. 2^ 370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ZOLLIROFERIA ANGUSTIFOLIA Coss. et DR. in Bull. Soc. bot. 1I, 254. — Sonchus angustifolius Desf.! Atl. 11, 225 in herb. Mus. Par. ; DC. Prodr. VII, 186. — Zollikoferia Arabica Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 4, fase. vu, 12, et ser. 2, fasc. 111, 97. — Zihabdotheca angustifolia Schultz Bip. in herb. Mus. Par. In deserto Tunetano australiore prope Cafsa (Desf.), in argilloso-are- nosis incultis et ad margines agrorum ditionis Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 267). — In deserti Algeriensis australioris elareosis, calcareis vel argil- losis hinc inde diffusa, ex. gr. Biskra (Jamin; Balansa pl. Alger. exsice. n. 1015 sub nomine Sonchus Libyeus Spach ined.), in ditione Laghouat! (Reboud), in ditione Beni Mzab prope Guerrara (Reboud), in ditione Ouled Sidi Cheikh prope Brézina ! — In Arabia petræa (Schimper pl. Arab. petr. exsiec. n. 207 et 287 ; Boissier). (La suite à la prochaine séance. ) SÉANCE DU 24 AVRIL 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Cosson, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la seance du 3 avril, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. TarGioni-Tozzerni (Adolphe), professeur de botanique à Florence (Toscane), présenté par MM. Parlatore et J. Gay. Toparo (Augustin), directeur du jardin botanique de Palerme (Sicile), présenté par MM. Parlatore et J. Gay. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. M. le Président annonce la mort de M. Hérétieu, inspecteur des contributions indirectes à Montauban, membre de la Société, decede le 6 de ce mois. Dons faits à la Société: 4° Par M. P. de Tchihatchef : L'Asie Mineure, description physique, statistique et archéologique d° cette contrée, 2° partie (Climatologie et Zoologie). 2 De la part de M. H. Lecoq, de Clermont-Ferrand : Études sur la géographie botanique de l'Europe, t. VI. SÉANCE DU 2/4 avril 1857. 371 3» De la part de M. A. Jordan, de Lyon : Nouveau mémoire sur (a question relative aux Ægilops triticoides et spelteformis. he Dela part de M. F. Ambrosi, du Valsugana : Flora del Tirolo meridionale, t. YI, 1** partie. 5° De la part de M. C. Billot, de Haguenau : Annotations à la flore de France et d' Allemagne (suite). 6* En échange du Bulletin de la Société ; L'Institut, avril 1857, trois numéros, M. J. Gay présente à la Société la deuxième partie de l'ouvrage de M. de Tchihatchef, intitulé : l'Asie Mineure, description phy- sique, statistique et archéologique de cette contrée, et ajoute les observations suivantes : Cette seconde partie traite de la Climatologie et de la Zoologie, et, en raison de la première de ces matières, elle doit être considérée comme une introduction nécessaire à la partie hotanique du même ouvrage, à laquelle l'auteur doit consacrer les deux volumes suivants, sous le titre: Végétation de l'Asie Mineure, accompagnée d'un coup d'œil sur le caractère de la végéta- ton de l'Orient en général. Deux chapitres de cette deuxième partie ont d'ailleurs un rapport étroit avec la botanique, puisque l'un d'eux (le chapitre VIII) est consacré aux Limites des neiges perpétuelles et de la végétation arborescente, tandis que l'autre (le dixième) traite du Déboisement et du développement des maré- Cages. Au nombre des faits botaniquement importants consignes dans le cha- Pitre VIII, sont entre autres les limites supérieures de 1/40 espèces ligneuses, indiquées d’après les propres observations de l’auteur, dans des contrées Jusqu'iei à peu près inconnues aux naturalistes. M. de Schœnefeld, vice-secrétaire, donne lecture de la note sui- vante, adressée à la Société par M. Nylander : e $ \ UR LA DIFFUSION DE QUELQUES ESPÈCES DE LICHENS, par M. Ie Br NYLANDER. (Paris, 23 avril 4857.) À la dernière séance de la Société, M. Martins a rappelé l'hypothèse qui, our : . " , i expliquer les différences que présentent entre elles les flores de pays éparé . . as 4 Parés par de grandes distances, admet plusieurs centres de création. Qu'il 0.2 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE, me soit permis de faire observer à ee sujet que la distribution géographique des Lichens ne parait nullement être en harmonie avec cette théorie. En effet ces végétaux à vie si tenace, et qui souvent semblent se confondre en quelque sorte avec la roche qui les porte, offrent un grand nombre d'es- pèces quise trouvent répandues sur tous les points du globe et sur chaque ilot qui s'éléve au-dessus de la mer, quelque isolé qu'il soit. On remarque aussi que ees espèces, éminemment cosmopolites, sont en général celles qui montrent le plus d'indifférence pour la nature de leur substratum : les rochers, la terre, les écorces, le bois leur conviennent à peu près également; cependant la plupart d'entre elles sont principalement saxicoles. Comment expliquer iei l'immense diffusion par le trausport de graines? II parait certain que les cellules délicates qui constituent les spores des Li- chens ne peuvent pas être transportées par les courants marins ou du moins qu'elles s'altérent promptement dans l'eau salée, et à plus forte raison dans le tube digestif des oiseaux. Admettre le transport des spores par les agents atmosphériques, à l'aide des brouillards et des vents par exemple, serait eucore une opinion fort hasardée. D'ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que ee sont surtout certaines especes que l'on trouve répandues sous toutes les latitudes, et il est évident que les agents auxquels nous venous de faire allusion ne vont pas ehoisir les spores de celles-là plutót que celles de toutes les autres. Voici quelques chiffres qui expriment la proportion daus laquelle les espèces européennes se retrouvent dans quelques pays exotiques: Dans l'Amérique boréale, les espèces européennes forment. 78 p. 100 Z -s Dans la Nouvelle-Zélande. . ................ 68 — E £ À Au Chili, ......................... 50 — PT Dans la Polynésie. . ...,.,.....,..........30 — Y^ 3&£ A data... sn sms + 2D — 3 2 À La théorie des centres multiples de création semblerait donc s'appliquer rien mal aux Lichens, puisque l'éloignement des pays entre eux n'est pour dans la distribution des espèces, Il serait au moins plus juste d'admettre, comme conséquence de ce qui précède, l'unité d'action de la force créatrice, manifestée par la présence de certaines formes identiquement les mêmes sur tous les points de la terre, et avec lesquelles viennent se combiner en proportion plus ou moins grande, dans les diverses régions, d'autres forme appartenant en propre aux grandes zones géographiques, pour constituer les flores spéciales dont la composition se modifie selon les lieux. Chaque region se eree ainsi sa flore qui, considérée isolément, n'est qu'un fragment d'une création végétale unique et générale, qui s'est faite sur toutes les par” ties du globe, produisant pour chaque localité les organismes qui y trou vaient un milieu convenable à leur existence, SÉANCE DU 24 avril 1857. 373 Les flores qui sont, relativement aux phanérogames, le plus sensibles aux influences locales et qui, sous ce rapport, peuvent offrir les dissemblances les plus grandes, ne présentent souvent, en ce qui concerne les Lichens, que des différences peu considérables. M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes en fleur, qu'il est parvenu à cultiver avec succès : Ranunculus Thora, R. alpes- tris, Orchis mascula, O. Morio, Ophrys Araneola, Rehb.— M. Bois- duval dit que le Ranunculus Thora est d'une culture très difficile, ainsi que l'OrcAis Morio, qu'il cultive dans un mélange de Sphagnum et de terre sablonneuse. — Il fait remarquer la précocité de l'OpArys Araneola, qu'il a reçu du département de la Dordogne, et qui est déjà en fleur, tandis que PO. aranifera ne fleurit dans ses cultures que vers le 10 mai au plus tót. M. de Schenefeld. dit qu'il a vu avec M. Cosson, à Port-Villez (Seine-et-Oise), le 22 avril 1851, une forme déjà fleurie de l'O. aramfera, qui lui parait la méme que celle que M. Boisduval cultive sous le nom d'O. Araneola. La forme de Port-Villeza été décrite par M. Cosson, sous le nom d'O. aranifera, var. Pseudospeculum. À l'occasion de ce qu'il vient de dire sur la culture des Orchidées, N. Boisduval signale ce fait curieux, que le Goodyera repens ne peut Yégèler que tant que le terreau dans lequel il est planté contient du mycelium de Champignons. Quand le mycelium manque, la plante meurt, M. Prillieux a constaté le même fait à l'égard de plusieurs Orchi- dées, notamment du Neottia Nidus avis. Les Spiranthes sont. dans le méme cas, et la racine si profonde du Limodorum est aussi en- tourée de mycelium. Ce mycelium pénétre quelquefois dans le tissu des racines, mais il vient évidemment de l'extérieur. M. de Schœnefeld est d'avis que le développement de certaines Orchidées et la présence du mycelium peuvent etre des faits conco- mitants, sans avoir l'un. avec l'autre des rapports de cause à effet. M. de Bouis rappelle que quelques horticulteurs emploient l'am- monmaque dans l'arrosage des Orchidées. Le mycelium pourrait jouer on róle analogue à celui de l'ammoniaque, en raison de ja quantité d'azote qu'il contient. N. Meniére ne peuse pas que la presence du mycelium soit neces- sare pour Je développement des Orchidées, car dans les serres on cultive les plantes de cette famille sur du liége ou sur d'autres corps Ed 371 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dépourvus de mycelium. Il ne faut pas, dit-il, attacher une trop grande importance à des faits intéressants sans doute, mais dont la constance a encore besoin d’être vérifiée. M. Prillieux dit qu'il a examiné au microscope le mycelium du Limodorum. Il wen a vu d'ailleurs ni chez l'Angræcum, ni chez les espèces de la tribu des Ophrydées. M. Moquin-Tandon présente deux gousses seches et müres d'une Vanille cultivée au jardin de la Faculté de médecine, et qui est proba- blement le Vanilla lanceolata. Ces gousses sont trés aromatiques, et peuvent servir aux mêmes usages que celles de la Vanille du commerce. M. Guillard fait àla Société la communication suivante : DE L'INFLORESCENCE COMPOSÉE, pr M. ACH. GUILLARD (1). Xi. Les groupes simples, en se répétant par l'effet de la progression ou de la récurrence, sont portés sur un axe commun. On peut considérer leur ensemble comme un groupe à deux degrés (selon l'expression de Turpin) ou groupe binaire. Les groupes binaires répétés forment un groupe ternaire, et ainsi de suite. Phaseolus vulgaris L. et autres especes du méme genre ont un pédoneule axillaire qui porte une succession progressive de Botryes triflores : c'est en quelque sorte une Zofrye de Botryes; c'est un groupe binaire. La branche sur laquelle ces pédoncules se succèdent à chaque aisselle peut être regardée comme un groupe ternaire, et la plante entière comme un groupe quater- naire. Si chacun de ces groupes a des attributs qui lui sont propres, il est évident que, tant que ces attributs n'ont pas été énoncés, la plante ne peut ètre regardée comme décrite : son histoire naturelle n'est pas faite. Une Caryophyllée quelconque termine sa tige par une Cyme surmon* tante inégale : les Cymes axillaires, qui s'épanouissent après, forment une Cyme de Cymes. Cette Cyme composée ne ressemble aux Cymes simples qui la forment que par la régression. Elle est d'ailleurs d'un caractere diffé- rent: elle est descendante, subordonnée; elle suit une autre loi d'inéga- lité, ete., comme nous le dirons en son lieu. Des branches nouvelles, Ve nant du bas de la tige, répètent cette Cyme binaire. Leur ensemble, qui est la plante entière (ou au moins toute la pousse annuelle), forme un groupe ternaire qui a encore d'autres particularités. Les groupes floraux sont des êtres déterminés, puisqu'ils ont leurs qua” lités propres et constantes. Tout être a droit à un nom. Il faut done trouver (4) Ce travail fait suite à celui que M, Guillard a publié dans le Bulletin (t. IV, p. 29 et 116) sous le titre d'Idée générale de l'inflorescence. SÉANCE DU 24 AVRIL 1857. 379 le moyen de nommer ces divers groupes d'après leur organisation, et, s'il est possible, de marière que le terme lui-même décrive, par son seul énoncé, la composition du groupe. Quand on voudra expérimenter soi-même sur un certain nombre de fa- milles, on se convainera qu'il y a impossibilité absolue de décrire l'inflo- rescence d'une manière précise et complete, si chaque groupe bien dé- terminé n'a pas un nom propre pour le désigner. Aussi tous les botanistes avouent que cette description n'a jamais été faite d'une maniere satisfaisante. XIT. La combinaison binaire la plus fréquente est celle des Cymes axil- laires, c'est-à-dire des Cymes se succédant dans l'ordre progressif; cest l'in- florescence des Labiées, Hicinées, Ulmacées, Rhamnées, Célastrinées, Mal- vacées, Monimiaeées, Thésiacées, Cucurbitacées, ete. L'inflorescenee offre alors des Cymes répétées, dont l'ensemble forme une Botrye : nous appelons cet ensemble une CYMO-BOTRYE. Dans ce terme composé, le mot Botrye, qui est le plus avancé et qui garde sa terminaison propre, est le principal des deux mots composants: il exprime en effet la nature du groupe total qui est une Botrye, et dont les Cymes ne sont que les éléments (1). Au contraire, une Crucifère quelconque fleurit d'abord en Botrye termi- nale, puis, par régression, en Botryes axillaires. On a ainsi des Botryes ré- pétées, dont l’ensemble forme une Cyme: nous nommons cet ensemble une BOTRY-CYME, pour suivre la même analogie. Reprenons ces deux termes, qui sont comme deux pivots de nomencla- ture sur lesquels va se dérouler sans peine l’immense série des phénomènes d'inflorescence composée. La Cymo-Botrye est une Botrye composée de Cymes. On la voit à nu Sur les Esculacées, les Sauges, les Lavandes, le Chèvrefeuille ; on la voit (4) C'est ainsi qu'en chimie on nomme oxacide un acide formé avec l'oxygène ; hydracide, un acide formé avec l'hydrogène; sulfobase, sulfosel, chlorhydrate, cMorobase, chlorosel, etc. Au reste, ces liaisons de mots sont trés usitées des botanistes, lorsqu'ils veulent Indiquer une idée ou donner une notion qui résulte de deux faits liés, de deux idées ronjointes, On trouve dans une seule page des Annales des sc. nat., t. I, 4° série, P. 197 : cano-tomentosis, rotundato-ovatis, pubescenti-pilosis, crenulato-serratis, crenato-serratis, stigmatoso-villosus, elliptico-ovatis, pubescenti-tomentosis, ^ depresso-conicum, glomerato-spicati. Remarquez le dernier, glomerato-spicati, qui désigne un groupe floral dans lequel des glomérules sont disposés en épi (mais sans indiquer si cet épi est pro- Bressif ou régressif), 3760 SOCIETIES BOTANIQUE DE FRANCE. feuillée chez Lamium, Thymus, Satureia, Ocimum, Phlomis, les Célastri- nées, ete., ete. La Botry-Cyme est une Cyme composée de Botryes, Elle est nue sur plusieurs Spirées, sur Arbutus, Clethra, Hedera Helix L. etc.; elle est feuillée chez les Tropéolées, les Crucifères, les Potamées, ete. En généralisant le principe de cette nomenclature, on arrive à repré- senter avec autant de clarté que de facilitó toutes les successions pos- sibles des deux ordres d'iuflorescence. Nous unissons ensemble les deux mots Cyme et Botrye, en les énoneant dans l'ordre où les groupes qu'ils représentent se suivent sur la plante. Ainsi, sur la plupart des Labiées, le groupe simple étant une Cyme, les groupes binaires étant des Cymo-Botryes, et les C-Botryes se succédant dans l'ordre régressif, l'infloreseenee donne une Cymo-Botry-Cyme (C-B-Cy me). Sur Hakea mi- crocarpa Br., les groupes simples étant des Botryes, ces groupes se succé- dant dans l'ordre régressif forment une Botry-Cyme ; et les B-Cymes se suceédant dans l'ordre progressif, l'inflorescence complexe est une Botry- Cy mo-Botrye (B-C-Botrye). RÈGLE GÉNÉRALE. Les noms composés se forment en répétant les deux termes simples dans l'ordre où les groupes se répètent sur la plante. Ou commence l'observation par le groupe simple et on l'énonce; puis on énonce le groupe binaire, puis le ternaire, et ainsi de suite. Celui des deux termes élémentaires qui est énoncé le dernier et qui garde sa termi- naison (Botrye ou Cyme), exprime la qualité du groupe total que l'on con- sidere. Lorsque l'ordre progressif se présente deux fois desuite, au lieu de Botry- Botrye, nous disons Dibotrye ; trois fois, Tribotrye, ete (1). Nous disons de méme, au lieu de Cymo-Cyme, Dicyme (2cyme), puis Tricyme (3cymej, Tétracyme (hcyme), ete. Dicyme ne veut pas dire qu'il y a deux Cymes, mais que la Cyme est multipliée par elle-même, qu'elle est Cyme complexe à deux degrés ; — 3cyme, que la 2eyme est multipliée par elle-même, qu'elle est Cyme com- plexe à trois degrés, et ainsi de suite, De méme pour 2botrye, 3botrye, ete. C'est ainsi que bipenné ne veut pas dire qu'il y a 2 folioles pennées, mais que la feuille est pennée à 2 degrés ; — tripenné, de méme, etc. XIII. Voici une série de groupes observés, qui pourra familiariser avec une nomenclature indispensable, sans laquelle nous déclarons qu'il nous eüt été impossible de sortir du dédale de l’inflorescence. Ces listes serviront en méine temps à donner, par le seul appel nominal des groupes et avant toute énonciation de leurs qualités diverses, une pre- (1) ds, deux fois, 725, trois fois ; Dibotrye est pour Disbotrye, Dicyme pout Discynie, SÉANCE DU 24 AVRIL 1857. 377 mière idée de la variété infinie qui résulte du simple jeu, alternatif ou con- tinu, des deux ordonnées de l’inflorescence, GROUPES BINAIRES. 2botrye (Dibotrye): Mahonia Nutt.; Pimelea decussata R. Br.; Malpi- ghia L ; Kalmia latifolia L., K. angustifolia V.; Lantana L.; Myricées, Chloranthees, Protéacées, Lardizabalées, Papilionacées, Plantaginées, Ombelliferes. Cymo-Botrye : Ulmaeées, Amyridées, Forestiérées, Esculacées, Célastri- nées, Malvacées, Oxalidées, Meliacées, Sapindacées, Labites, Acantha- cées, Convolvulacées, Lonicérées; Begonia L., Aristotelia L'hér.; le Poirier, le Houx, le Bananier. Botry-Cvme: Virgilia Lamk., Arbutus L., Clethra L., Hedera 'Tourn., Verbena V.; Ardisia crenata Sims., Galphimia hirsuta Cav.; Tropéoltes, Crucifères, Phytolaecées, Potaméees. 2cyme (Dicyme) : Rosa Tourn., Sorbus T., Sedum T., Bulliarda DC., Ruta T.; Euphorbes, Géraniacées, Linées, Hypéricées, Zygophyllées, Solanées, Cestrinées, Boraginées, Hydrophyllées, Hydroléacées, Apocy- nées, Asclépiadées, Cistacées, Loasées, Caryophyllées, Nyetaginées, Commélynées. GROUPES TERNAIRES. 3botrye (Tribotrye) : Trifolium incarnatum L., T. fragiferum L. et quel- ques autres ; Soja hispida et autres Phàscolées; Mimostes ; Paratropia DC., Fraxinus T.; Lilac T.; Schufía cxcorticata Spach. C-2botrye : Avicennia tomentosa L., Phyllanthus Niruri L.; Paulownia Sieb., Catalpa Juss.; Roxburghia gloriosoides Roxb. B-C-Botrye : Spiræa fissa (or. mus. octobre), Avicennia africana Beauv., Piper excelsum Forst, Cette inflorescence est fort rare. 2C-Botrye : Connaracées, Lauracées, Ménispermacées; Mercurialis T., Vitis L.; Stranvæsia glaucescens Lindl., Hermannia denudata L., Ster- culia cordifolia Cav., Rhus suaveolens Ait., Rh. Verniz L. 2B-Cyme : Ononis biflora Desf.; les Luzernes et autres Papilionacées ; Balsaminées ; Veronica officinalis L., V. Lindleyana Wall., V. salici- folia Forst. B-2cyme : Lupins et autres Légumineuses; Polygala T.; Stigmaphyllon emarginatum A. Juss.; Verbena L.; Dipsaeces, Crucifères; Asphodelus fistulosus i.. C-B-Cyme: Sempervivum spathulatum Horn. ; Malva Tourn. , Andrachne L. ; Crozophora tinctoria Juss., Phyllanthus nutans Jacq., Ph. longifolius Jacq., Codiœum pictum A. Juss., Pistacia vera L.; Anchusa L., Sero- fularia T.; Labiées, Acanthaeces ; Phalangium abyssinicum. 378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. J3eyme /Triey me : Ranunculus sceleratus L., Sedum populifolium L.; Crategus L.: Sparmannia palmata Eckl., Rhus Cotinus L., Rh. serri- folia Burch.; Polémoniacées, Caryophyllées. GROUPES QUATERNAIRES. A botrye (Tétrabotrye) : Ligustrum japonicum Thunb., Chamædorea ele- gans Mart. C-3botrye : Hiræa hirsuta Wall. (As. var., t. 12), Trattinickia burseri- folia Mart., Chrysophyllum sinense (h. par.), Olea undulata Jacq., Dioscorea triandra hort., Dracæna Draco L. 2B-C-Botrye : Grevillea Thelemanni Hüg. B-C-2botrye : Tamarix elegans Spach; Boussingaultia H. B. K. la plante. 2C-2botrye : Ailantus glandulosa Desf., Rhus lævigata L., Rh. typhina L. Trymalium albidum, Saurauja macrophylla, Galium verum V. et les autres de la section; Agave mexicana Lamk. B-2C-Botrye : Ardisia paniculata Roxb. la tige. C-B-C-Botrye : Branche de Houblon femelle, — de Cissampelos andro- morpha DC. (Deless. Ic. t. 98). 3C-Botrye : Dryadées. 3B-Cyme : Spiræa Barclayana, Mimosa pudica L. C-2B-Cyme : Thalictrum minus L., Th. nigricans Jacq. et plusieurs autres; Pilea muscosa Endl., Esenbeckia febrifuga Mart., Macleya cordata R. Br., Logania neriifolia h. p., Cnestis obliqua Beauv., Datisca canna- bina L.; Yucca L.; Dianella cærulea Sims., D. divaricata R. Br. B-C-B-Cyme : Ononis spinosa L., Hakea microcarpa Br. la branche. 2B-2cyme : Desmodium podocarpum DC.; Trigonella, Lathyrus, Orobus et autres de la famille; Manglesia cuneata Eudl.; Impatiens L.; le Ruba- nier rameux. C-B-2cyme : Croton pentaphyllum hort., Kælreuteria paniculata Lamk.; 'erbascum T.; Ruellia ventricosa Humb.; Canna L.; Dioscorea bona- riensis Ten., Arthropodium pendulum DC. 2C-B-Cyme : Nandina domestica Thunb., Eriobotrya japonica Lindl., Rhus villosa L. la branche, Schinus Molle L., Baccharis thesioides H. B. K. B-3cyme : Composées; Spiræa Aruncus L.; Aralia L., Isatis L.; Scirpus sylvaticus L. et autres Cypéracées ; plusieurs Joncées. heyme (Tétraeyme) : Thalictrum majus Syst. veg., Th. angustifolium L.; Photinia Lindl.; Ceanothus americanus L., C. ovatus Desf., Campanula subpyrenaica Timb., Statice purpurata L., S. tripteris h. par. et autres du méme genre. GROUPES QUINAIRES. C-hbotrye : Spiræa Lindleyana Wall., Asparagus amarus DC. SÉANCE DU 24 avRiL 1857. 379 2C-3botrye : Davilla elliptica St.-Hil., D. Sagræana A. Rich., Rhus glabra L. 2B-C-2botrye : Z/orsfieldia aculeata Bl. (Benn. Jav. t. 26). 2B-2C-Botrye : Trifolium tumens Bieb. B-3C-Botrye: Aralia racemosa L. la tige. C-B-2C-Botrye : Polygonum cymosum Desf. 1 B-Cyme? Sabal Adansonii Guer. C-3B-Cyme: Thalictrum saratile DC. (jard. Montpellier), Spiræa ariifo- lia Sm., Erioglossum edule Blum. 2B-3eyme : Impatiens fulva Nutt., I. tricornis Wall. et autres; Sison Amo- mum L. et autres Ombellifères. C-B-C-B-Cyme : Polygonum Bistorta L., Rheum palmatum L., Rumex longifolius Kth., R. cordifolius Horn. C-2B-2eyme: Thalictrum carolinianum DC. 2C-2B-Cyme : Omphalobium pentagynum DC. la branche, Macleya cordata R. Br. ` 2C-B-2cyme : Silene exaltata Fries la plante. C-B-3cyme : Vitex incisa Lamk. Polygonum macrochæton Fres., P. Per- sicaria L. SC-B-Cyme : Acalypha caroliniana Michx. B-hcyme : Beaucoup de Composées ; Keleria, Deyeuxia et bon nombre de Graminées. Styme (Pentaeyme) : Stromanthe sanguinea Sonder. GROUPES SÉNAIRES. C-AB-Cy me : Cannabis Tourn. ; Rumex abyssinicus Jaeq. C2B-C-B-Cyme : Rumex Patientia L., R. erispus L., Rheum hybridum H. K., Rh. undulatum 1.. C-2B-3cyme : Spiræa sorbi folia L. la branche. C-B-hcyme : Polygonum alpinum All. GROUPE SEPTÉNAIRE. 6C-Botrye : Alisma Plantago L. le pédoneule radical. GROUPE OCTONAIRE. 6C-B-Cyme : Alisma Plantago L. la plante ou toute sa production annuelle. GROUPE NOVÉNAIRE. 3eyme (Ennéacyme) : Calamagrostis epigeios Roth. dans tout son dévelop- pement normal. 380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les dernières listes marquent l'extréme limite (quant à nos observations) de la complication déterminée des groupes floraux et des termes analy- tiques que nous proposons pour les representer. Quelques esprits timorés, redoutant à l'excès le néologisme, méme quand il est inévitable, répugne- ront (nous en sommes averti) à prononcer ces noms complexes. Qu'ils les repoussent eomme noms, ils devront au moins les admettre comme signes. Nous eroyons, en effet, que personne ne méconnaitra l'utilité d'avoir une représentation exacte de faits physiologiques dont le nombre est incaleulable, dont la place est dès longtemps marquée dans la science, et qui jusqu'ici n'y sont pas entrés, n'ont pas été observés ou n'ont été consignés nulle part, parce qu'il était impossible de s'en rendre compte sans un système de signes spéciaux. Nous ne nous sommes point décidé à présenter le nôtre publiquement avant de l'avoir éprouvé avec succès pendant plusieurs années, tant sur nos élèves que sur nous-méme. Qu'en le critiquant, on en présente un meilleur, un plus précis ou plus complet, nous applaudirons avee joie, content d'étre monté sur la bréehe et d'y rester, pourvu que la place soit emportée. . INFLORESCENCE o» (INDÉFINIE). L'inflorescence indéfinie se manifeste d'abord lorsque la progression Se répète progressivement à chaque degré, sans que l'on puisse assigner le terme de cette répétition, comme on le voit sur l'ordre entier des Urticées et sùr celui des Cucurbitacées, dont cette inflorescence indéfinie forme le caractère spécial, puisque ces plantes ne se développent guère par régres- sion qu'à leur groupe le plus simple, qui est, pour les Urticées, une Cyme bilatérale au rameau axillaire, et pour les 5 Gueurbitacées, une Cyme axil- laire semi-progressive. Au contraire, dans les plantes qui se développent principalement par régression (et c'est presque l'universalité), cette régression peut encore étre regardée comme o, puisqu'une branche qui fait Cyme peut elle- méme porter des rameaux qui feront Cyme à leur tour, et aiusi de suite, sans qu'il soit possible d'assignerà cette élévation de degrés un terme précis, puisque sa limite dépend de celle des subsistances que la plante reçoit e des conditions vitales qui concourent à sa conservation. Ainsi, ceux qui ne craignent pas une généralisation trop étendue, pourvu qu'elle soit fondée sur des motifs plausibles, peuvent déclarer que toute plante a, de sa nature, l'inflorescence ce, que toute plante est une Polycyme (œeyme) en puissance, et faire entrer ce caractère universel dans la défi- nition du Veoetal, XIV. En voyant, d'une part, qu'un méme titre d'inflorescence simple où peu complexe réunit des familles fort éloignées dans la série dite paturelle, SÉANCE DU 2/4 AvniL 1857. 381 et, de l'autre, que les divers degrés d'inflorescence composée de toute qualité se trouvent épars dans les familles et les genres, on sera peut-être porté à penser que les caractères tirés de la succession des fleurs ne sont pas sus- ceptibles d’être généralisés de manière à concorder avec la classification méthodique. Mais on verra bien qu'il n'en est pas ainsi, quand nous serons entré dans le détail, des familles (ce que nous ne pouvons faire avant d'avoir achevé l'exposé des lois et des autres généralités); car, après l'or- ganisation fondamentale qui est exprimée par le nom propre, simple ou complexe, il y a les modifications de forme, de position et de développe- ment, qui donnent aux groupes floraux leur physionomie particulière, et qui sont exprimées par des adjectifs usités. Ces modifications sont tellement variées et tellement constantes qu'elles offrent souvent le caractere le plus extérieurement saisissable pour la distinetion d'une famille, d'un genre ou d'une espèce. Déjà les taxonomes les ont employées plusieurs fois avec bon- heur. On peut assurer qu'ils en tireront un bien plus grand parti, lorsque ces caractères, restés jusqu'à présent dans le vaguede l'intuition, en seront sortis à la lumiere d'uneanalyse méthodique. Le plus souvent l'inflorescence justifiera la séparation ou le rapprochement déjà opérés entre tels et tels groupes de plantes; quelquefois elle conseillera la révision, en fournissant des metifs nouveaux au elassement ; toujours elle contribuera pour sa part à nous rapprocher de ce but désiré de tous, que la méthode naturelle, qui n'est encore qu'une aspiration et un espoir, devienne enfin une vérité. M. Cosson, secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant. d'une lettre qui lui a été adressée par M. le docteur V. Reboud, au retour d'une expédition dans la partie méridionale du Sahara de la province d'Alger : LETTRE DE M. REBOUD. (Premiére partie.) Djeifa, 25 février 1857. J'arrive d'Ouargla, le Tombouctou de l'Afrique française. Grâce à la bienveillance de M. le commandant Margueritte, j'ai pu voir enfin la vaste plaine saharienne nommée heicha, bas-fond où se jettent l'Oued En- Nsa, | Oued Mzab, l'Oued Mia et d'autres torrents inconnus : la Aeicha est coupée de dunes ; çà et là s'y élèvent des pitons isolés et s'y rencontrent des sebkha ; à l'ouest, elle est bordée par des plateaux, et vers le nord par "ne ligne de erétes dentelées d'environ 100 metres de hauteur. Au milieu des sables sont eonstruites les villes de Negouca et d'Ouargla qui, jusqu'au i" Janvier 1857, n'avaient jamais été visitées par de véritables colonnes d'infanterie et de cavalerie francaises. e IC e dnt AUS, t Cepit et I SL i > 20, en emportant avec elle oo, itres 382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'eau, et s'est dirigée par Ras Nili, le col de Mahdjez, les puits de Balloh et l'Oued Adira, sur la ville de Gardaia, chef-lieu de la confédération de l'Oued Mzab. Elle est entrée dans cette ville, le 23, par la grande avenue de l'oasis, dont les trois étages de verdure sont formés par des arbres frui- tiers, des vignes grimpantes et les cimes de 60,000 dattiers. De là, aprés avoir visité les villes pittoresques de Beni-Isguen, de Melika, de Bounoura, et avoir renouvelé à El Atof nos provisions d'eau, nous avons longé la vallée de l'Oued Mzab jusqu'à Anit el Moktar; là, vers une vaste dilatation de l'oued, nous sommes entrés dans la partie du Guentras que de petites et nombreuses dépressions du sol ont fait nommer chechia (calotte), et bientôt nous avons aperçu au loin la masse conique de l'Argoub de Melela. La végétatiou persistante, observée jusque-là dans la région des Dahias, dans les ravins de la sebkha et sur les plateaux, se composait des plantes sui- vantes : Farsetia ovata et linearis. Felfela. Anvillea radiata. Zilla macroptera. Chebrog Asteriscus graveolens. Henophyton Deserti. Artemisia Herba-alba. ChihA. Helianthemum sessiliflorum. Semahari. Artemisia campestris. Tegoufet. Capparis ovata. Kebar. Antirrhinum ramosissimum. Guethem. Haplophyllum tuberculatum. Feigel. Marrubium Deserti. Yaida. Zizyphus Lotus. Calligonum comosum. Larta. Pistacia Atlantica. Betoum. Caroxylon articulatum. Remt. Retama Rætam. Retem. Anabasis articulata. Belbel. Genista Saharæ. Hega. Salsola... Hadjirem. Authyllis Numidica. Guendoule. Passerina microphylla. Metnan. Psoralea plicata. Ephedra alata. Alenda. Gymnocarpus decandrus. /gíefna. Lygeum Spartum. Senag. Deverra scoparia. Guesa. Stipa tenacissima. Alfa. Rhanterium adpressum. Harfedj. Parmelia esculenta, etc. Vers Khoua el Atrous, un peu au delà d'Anit el Moktar, j'ai rencontré deux autres espèces, l’Anthyllis sericea (Ghesedir) (1), et un Fagonia (Choreik) dont le tronc ligneux mesure 2 décimètres de hauteur et 12 centi- mètres de circonférence; je n'ai pu trouver qu'une seule fleur de cet arbuste dont les nombreuses touffes donnent au plateau un aspect particulier. Le 50, en quittant le Guentras, nous avons admiré le magnifique pano- rama qui s'étendait devant nous éclairé par les rayons du soleil levant, et, vers midi, nos tentes s'élevaient sous les dattiers de Negouca, eapitale ruinée des Ben Babia, à côté du marabout de Sidi Ali Palloul. Le 31, les officiers sout allés à la rencontre des colonnes de Boucada, de Biskra et de Batna, commandées par M. le colonel Pein et M. le général Desvaux, qui à bien voulu s'intéresser à mes recherches, L'Oasis de Negouca, qu'entourent en partie quelques dunes élevées, et dont le sol se couvre d'efflorescences salines, renferme 70 ou 80,000 dattiers, sans compter ceux qui, SOUS le (4) Étain, ainsi nommé à cause de la pubescence argentée des feuilles. SÉANCE DU 24 aAvniL 1857. 383 nom de djali (isolés), sont épars dans le sable à 4-5 kilometres de la ville. Negouça possede 25 puits artésiens d'une profondeur de 50 metres, coffres en troncs d'arbres et en tout semblables à ceux de Tuggurt dans l'Oued Rir. L'eau amère et salée se déverse sans cesse dans des fossés profonds et étroits et sert à l'arrosement des dattiers. Le thermomètre, plongé à plu- sieurs reprises et à des profondeurs différentes dans l'eau des puits, mar- quait + 22^, l'air extérieur étant à + 9°, à huit heures du matin. Les habi- tants, qui ont la couleur et quelques traits de la race nègre, cultivent en dehors de la ville, et dans le sable, de chétifs arbres fruitiers, des légumes, le Coton, le Tabac et une Luzerne qui m'a paru différer du Medicago sa- tiva. Ces jardins sont arrosés au moyen de puits non artésiens peu profonds et dont l'eau, moins saumâtre, versée d'abord dans un bassin situé au-des- sus du sol, se répand dans les petits carrés ensemeneés, où elle est dirigée par une rigole enduite de chaux et creusée dans la partie supérieure d'une trés étroite chaussée en terre, Pour extraire l'eau des puits, les indigenes se servent du système de levier connu en France sous le nom de chèvre. Autour de l'oasis j'ai observé les plantes suivantes : Zenophyton. Deserti (Halga), Cleome Arabica (Netine), Zygophyllum Geslini (Bougreba), Retama Rotam (Wetem), Nitraria tridentata (Hardig), Limoniastrum Guyonianum (Zeita) (4), Salsola sp. (Beguel), Caroxyton tetragonum (Harmek), Euphorbia Guyoniana (Lebine), Arthratherum pungens (Drine), Phragmites communis (El Rah), ete. Dans l'Oasis méme, j'ai remarqué sur les bords des fossés et des rigoles les Zamariz Gallica, Sonchus maritimus, Samolus Valerandi, Cressa Cretica, Æluropus littoralis, Cynodon Dactylon (Ngem), Setaria verticillata, Phragmites communis ; une plante, qui m'est inconnue, rem- plissait les rigoles de ses tiges desséehées. Le 1*' janvier 1857, les trois colonnes, composées de nombreux escadrons de chasseurs d'Afrique, de hussards, de spahis, des goums et de plusieurs bataillons de bonne infanterie, se sont dirigées vers Ouargla, à travers des dunes et des terrains salés, et sont venues camper près de Bab Rebea, dans une vaste plaine dépourvue de végétation. Le 2, un groupe d'officiers a accompagné M. le général Desvaux dans l'intérieur de la ville, dont les nombreuses maisons , agglomérées et contiguës, forment un ensemble regulier percé de rues longues et étroites. Sur les murs de beaucoup de ces maisons báties en terre et en pierre à plátre (timehend), et revétues d'un Crépissage, on pouvait lire la date de leur construction et un verset du Coran écrits en caractères saillants. Au-dessus des portes basses et à angles arrondis, existent de grossiers dessins formés de lignes droites qui se coupent d'une manière plus ou moins oblique ; dans les vides qui séparent ces (1) déve Les Sahariens lui donnent ce nom parce que les nombreuses galles qui se ve Oppent sur ses branches ressemblent à de grosses olives, 354 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. lignes on voyait briller, sous les rayons d'un pâle soleil, des bols et des tasses en faienee bleue, fixés dans le mur. Des trois mosquées d'Ouargla je n'ai visité que celle de Lella Aza, où les Mzabites de l'endroit vont à la prière ; du haut de son minaret élevé, j'ai pu embrasser d'un coup d'ail la ville entière et les 150,000 dattiers qui l'entourent d'une immense ceinture de verdure. L'air était pur et tiède, -[-18? à midi et 3-14? à cinq heures du soir. L'hirondelle des fenêtres, que je voyais pour la première fois dans le Sahara, rasait les blanches terrasses des maisons, où quelques femmes, au teint noir et vétues d'étoffe bleue, tournaient leurs fuseaux chargés de laine. Le méme jour, nous avons visité le petit village de Nouissat, où le chérif d'Ouargla, surnommé le Tlemçani, s'était fait construire une kasba aujour- d'hui en ruines. Cette promenade m'a permis d'étudier la végétation de l'oasis et des clairières que nous avons traversées. Je n'y ai vu que le Zygophyl- lum Geslini qui s'y montre en abondance et avec un beau développement; cependant prés de Bab Rebéa, j'ai recueilli les feuilles radicales d'un Statice, le Chenopodina maritima, et des rameaux d'un Zamariz sans fleurs ni fruits. Il. m'a été impossible de visiter les autres villages situés autour d'Ouargla; la végétation ne doit pas du reste y être différente. Le3, avant la grande revue qui devait se terminer par des courses à pied et à cheval et un tir à la cible, je suis allé reconnaitre le Djebel Krima, un des pitons isolés qui s'élèvent dans la plaine à quelques lieues d'Ouarela. Le Djebel Krima est constitué par une terre rougeátre semblable à du sable durci par l’action des eaux, et mêlée de galets et de concrétions gypseuses que l'on prendrait pour de longues tiges pétrifiées; la partie supérieure de ce piton est ondulée ; on y trouve du silex et il y croit de maigres touffes de Zraganum nudatum (Zoumeran), près des ruines d'une ville mzabite, et autour de l'orifice béant d'un puits profond et sans eau. Dans le trajet d'Ouarela au Djebel Krima j'ai observé, aux abords de l'oasis, non loin de Bab Soltan, le Zygophyllum Geslini si répandu dans la heicha, et vers la montagne le Limoniastrum Guyonianum , Y Arthratherum pungens et le Retama Rœtam. Les habitants d'Ouargla sont nairs comme ceux de Negouça ; les jardins, les cultures et les puits ne different pas sensiblement de ceux de cette der- nière localité. Les environs d'Ouargla sont, sur quelques points, eou verts de marécages et de sebkha; c'est de là sans doute que provenaient les belles tables de sel cristallisé que des femmes des Chaamba Bou Rouba ont appor- tées au bivouac des goums de la colonne de Laghouat. Le 4, les colonnes se sont séparées et ont pris ehaeune uae route diffé- rente ; la nôtre est revenue sur ses pas, laissant à droite l'Oasis de Negouca, et s'est arrêtée le soir à Doviba près de l'embouchure de l'Oued Mzab. Le lendemain, aprés avoir visité Hassi Naga et Hassi Chegga, eile est venue SÉANCE bU 24 AVRIL 1857. 385 conduire les chameaux affamés du convoi dans les pâturages de l'Eugla de Khefife, à l'extrémité d'une pointe que la Leicha fait dans les plateaux. Les puits de Khefife sont au nombre de seize et servent à l'irrigation de quelques champs cultivés par des gens de Hadjeira. L'eau saumâtre de ces puits était à 17°, l'air extérieur étant à +20° par un léger vent d'ouest. Depuis notre départ d'Ouargla nous avions longé les bords de la Reicha, ayant pres de nous, à notre gauche, la ligue des plateaux : dans les parties sablonneuses les Limoniastrum Guyonianum, Carozylon tetragonum et Retama Rætam forment de hautes touffes; les chaumes robustes et presque ligneux de l'Arthratherum pungens y atteignent 2 mètres de haut; la graine de cette Graminée est recueillie par les Chaamba, qui en font de la farine pendant les années de disette : M. le général Daumas, dans son ouvrage sur le Sahara Algérien, parle quelquefois de cette plante, dont la graine est nommée Loul par les indigènes. Autour des puits de Khefife, M. le commandant Margueritte m'a fait re- marquer un petit bois formé de deux espèces de Tamarix, dont l'une surtout attire l'attention par la grandeur de ses fleurs et la grosseur de ses fruits rouges (7. pauciovulata); on y trouve mélées au Zraganum nudatum, à l'Henophyton Deserti, au Cornulaca monacantha, ete., les touffes vertes d'un petit arbuste nommé Souid ou petit noir (Sueda vermiculata); ses feuilles ovoides, cylindriques, caduques, gorgées de sues aqueux, noircis- sent par la dessiccation sur pied et sur la terre, et donnent le plus sombre aspect au pays qu'elles couvrent; c’est là que, pour la première fois, j'ai pu en recueillir des échantillons en fleur et constater la dureté extrême des tiges. On extrait du Suæda vermiculata et du Zygophyllum Geslini, par incinération, un carbonate de soude et de potasse, nommé trouna par les gens de l'Oued Souf, qui l'emploient, ainsi que le Rosmarinus officinalis (Khelil), pour la préparation du tabae qu'ils vendent dans les villes du Sahara Algérien : le Khelil est apporté des montagnes de la province de Constantine. Le 6, la colonne a regagné les plateaux et suivi les sentiers bien connus des caravanes qui se rendent de Negouca à Guerrara ; ces plaines élevées, hérissées de cailloux anguleux, ne m'ont guère offert, comme plantes dignes d'être mentionnées, que l'Erythrostictus punctatus (Keikout), commun dans cette partie du Sahara avec le Savignya longistyla (Goulglane), le Deverra chlorantha et un Arthratherum (Bou Rouicha). La saison peu avancée et la sécheresse qui fait encore sentir ses terribles effets sur les riches troupeaux du cercle de Laghouat, m'ont empêché de trouver en fleur deux plantes bulbeuses, dont l'une a de longues feuilles étroites contournées en spirale. Vers trois heures du soir, nos tentes étaient dressées dans le lit de l'Oued En-Nza, à quelques kilometres en aval du rocher oü l'on remarque les ruines dela Couba de Sidi Abdallah el Mnéi, La riche végétation arbores- T. IV. 25 han * 386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cente de ee bivouae nous a permis de célébrer dignement le 6 janvier, en allumant de grands feux en l'honneur du roi de la fève. En effet, dans les parties basses de la rivière s'élèvent d'énormes Tamarix articulata (Ethel), avec lesquels croissent les Ephedra alata, Calligonum comosum, Rhante- rium adpressum, Cornulaca monacantha, Anabasis articulata, Antirrhi- num ramosissimum, Psoralea plicata, Francœuria crispa et le Zilla ma- croptera (Chebrog), qui donne son nom au lieu du bivouac, appelé Anit el Chebrog. L'Oued Mzab ne parait pas avoir de végétation arborescente. D'EI Atof à Anit el Moktar je n'ai rencontré que le Retama Rætam avec quel- ques rares pieds de Tamarix Gallica etarticulata, de Pistacia Atlantica, de Rhus oxyacanthoides, arbres qui abondent dans le lit de l'Oued En-Nza, placé plus au nord et plus riche en redirs; c'est de là que les menuisiers de Guerrara tirent le bois dont ils se servent pour leurs travaux, du reste peu eonsidérables. Le 8, aprés avoir un instant remonté le lit de la rivière, la colonne a gravi les berges de la rive gauche et repris les sentiers qui serpentent sur un sol formé de poudingue rougeátre et que recouvre plus loin une légère couche de sable. Aprés une course pénible, pendant laquelle nous avons eu à souf- "rir du souffle assez fort d'un vent de nord-ouest, nous sommes allés eou- cher à quelques lieues de Guerrara, où nous étions rendus lé lendemain de bonne heure, aprés avoir franchi le col de Feila. ( La fin à la prochaine séance.) M. de Scheenefeld annonce qu'il vient de trouver le Vaccinium Myrtillus, prés de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Qise), dans les petits bois connus sous le nom de Boës-Noirs. Cette espèce n avait Jamais encore été signalée dans l'arrondissement de Versailles. La seule localité à peu de distance de Paris où elle ait été. trouvée jus- qu'ici est la forêt de Montmorency. M. Cosson présente à la Societé plusieurs espèces rares où nou velles de la régence de Tunis, et fait les communications suivantes : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Douzième partie.) Le 7 juin, aux premières lueurs du jour, nous sommes réveillés par nos spahis, car la distance de Khadra à Ain Madhy, où nous devons aller Camper le soir méme, est d'environ 50 kilomètres ; nous ne consacrons que quelques instants à l'exploration des jardins et des environs immédiats du village afin de nous réserver le temps de faire plusieurs stations en route, pou’ étudier avec soin la végétation du pays assez accidenté que nous devons SÉANCE DU 24 AVRIL 1857. 387 parcourir et qui nous promet des observations intéressantes. — Le ksar de Khadra (environ à 1125 mètres d'altitude), composé d'un petit nombre de maisons construites en pisé ainsi que les murs des jardins, est situé au vo:- sinage d'un affluent de l'Oued Tarfa, à l'extrémité orientale d'une plaine bornée au nord par des montagnes argileuses déboisées (Djebel Djelibet) et áu sud par des montagnes pierreuses, où la végétation arborescente est re- présentée par des buissons espacés de Pistacia Atlantica et de Juniperus Phenicea. Les jardins, assez étendus et bien arrosés par des dérivations de l'oued, offrent réunis à l'Abricotier, au Figuier, au Pécher, au Grenadier et à la Vigne, des Pommiers et surtout des Poiriers qui y acquièrent un magni- fique développement; des champs d'Orge oceupent les vides des planta- tions, et la moisson ne fait que commencer; la Garance (Rubia tinctorum) et la Luzerne (Medicago sativa) croissent en abondance et à l'état spontané dans les terrains en friche, comme nous les avons déjà vues dans plusieurs des oasis que nous avons visitées. L'altitude de la plaine est révélée non- seulement par un retard sensible dans la végétation, mais encore par la présence d'un certain nombre d'espèces des hauts plateaux, entre autres les Sisymbrium torulosum, Festuca cynosuroides, Androsace mazima, Aste- rothriz Hispanica, ete. Le lit de l'oued, où existent encore des flaques d'eau (redirs) assez profondes et assez étendues, présente sur ses bords de nom- breux pieds de Tamariz Gallica arborescents ou sous forme de buissons ; à l'ombre des Tamarix croit le Trifolium fragiferum ; les alluvions sablon- üeuses de l'oued offrent la réunion de la plupart des espèces que nous ren- Contrerons en abondance dans la vaste plaine argilo-sablonneüse qui s'étend jusqu'aux ravins d’où nait l'Oued Roddad. Un massif de rochers s'élève sur notre gauche, et des pieds rabougris de Juniperus Phœnicea y forment quelques buissons. Dans les fissures des rochers nous recueillons le Zuple- vrum spinosum et le Centaurea alba var.; la plaine, où domine l’ Artemisia Herba-alba et je Stipa tenacissima, nous fournit une ample récolte de Plantes intéressantes et nous devons noter entre autres les : Lonchophora Capiomon- liana. Erucastrum leucanthum. Lepidium subulatum. emocus linifolius. lyssum serpyllifolium, Uricaria prostrata, Reseda eremophila. oms angustissima, edicago laciniata. Astragalus Gombo. Paronychia Cossoniana. Deverra chlorantha. Crucianella patula. Cyrtolepis Alexandrina. Pyrethrum fuscatum. . Centaurea polyacantha. Onopordon ambiguum. Atractylis prolifera. — microcephala. Koelpinia linearis. Rochelia stellulata. Marrubium Deserti. Sideritis ochroleuca. Passerina microphylla. Noæa spinosissima. Euphorbia calyptrata. Lygeum Spartum. Stipa, plusieurs espéces. Arthratherum pungens. Festuca Pectinella. Triticum Orientale, etc. Un magnifique Lentisque (Pistacia Atlantica), qui couronne un mamelon r TN cux, est le seul représentant de la végétation arborescente dans cette Plaine uniforme, et nous nous reposons quelques instants sous son ombrage ; 388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. là nous recueillons les Wangenheimia Lima, Echinospermum Vahlianum, Astragalus tenuifolius, Gypsophila compressa, Psoralea bituminosa, Rham- nus lycioides, ete. A quelques kilometres au delà, nous avons à franchir une bande de rochers escarpés, où nous trouvons une espèce nouvelle du genre Genista (G. capitellata) avec les Ebenus pinnata, Sedum altissimum, Cata- nanche cœrulea ; au pied du versant opposé de cette colline rocheuse, au voisinage d'un redir (Guelta Abdesson) qui avait été assigné comme halte à nos chameliers et où nous devions faire notre déjeuner, nous observons les Retama sphærocarpa et Duriæi var. avec les Zizyphora Hispanica, Pyre- thrum macrocephalum et Allium Cupani ; aprés avoir vainement attendu pendant plus d'une heure l'arrivée de nos cantines, nous devons remonter à cheval, n'ayant eu pour toute collation que quelques mauvais morceaux de biseuit égarés dans nos poches et l'eau terreuse et à peine potable du redir. Une pente assez forte nous conduit aux nombreux ravins, affluents de l'Oued Roddad, situés à la base de coteaux très accidentés ; dans le lit des ravins, nous voyons les Polycnemum Fontanesii, Seseli varium, Sideritis ochroleuca et Coronilla juncea. Une vallée traversée par l'Oued Roddad, dont le lit est à peine distinct, nous mène à l'entrée du ravin profond, actuellement presque à sec et creusé par les eaux de l'oued qui en hiver est un torrent impétueux; nous descendons par un sentier sinueux dans le lit méme du ravin formant, sur une étendue de plus d'une lieue, une vaste coupure dans les argiles de la montagne qui nous sépare de la plaine d'Ain Madhy dans laquelle il débouche ; sur les bords et dans le lit même de l'oued, où les eaux disparaissent sous le sable pour ne remonter à la sur- face que sur quelques points, s'élèvent çà et là de magnifiques pieds de Pis- tacia Atlantica et d'Olivier (Olea Europea), qui, par leurs dimensions, COn- tribuent à donner à ce site pittoresque un caractère véritablement gran- diose. Le Zizyphus Lotus avec le Laurier-Rose (Nerium Oleander) et le Tamarix Gallica forment de nombreux buissons ; le Retama Duriæi var. déjà en fruits mûrs et le Retama sphærocarpa couvert de fleurs sont d'une extrême abondance; les rameaux de ce dernier arbrisseau sont envahis par de nombreux buprestes d'un vert d'émeraude. Indépendamraent d'un grand nombre d'espéces déjà notées dans les plaines que nous avous parcourues depuis Khadra, nous notons les Convolvulus supinus, Argyrolobium uniflo- rum, Anthyllis Numidica, Melilotus Neapolitana ; les Statice Bonduelli et Anvillea radiata, dont nous ne rencontrons que quelques touffes €s- pacées, nous indiquent seuls le;voisinage de la plaine d'Ain Madhy dans la- quelle nous ne tardons pas à déboucher. Cette vaste plaine uniforme es bornée au nord et au sud par des montagnes nues et parallèles qui s'élè- vent comme des murailles, et le ksar d'Ain Madhy, à une distance de plus de trois lieues, se fait remarquer par la blancheur éclatante du dôme de son marabout. Apres toutes les fatigues et les privations de la journée, Je besoin SÉANCE DU 24 avril 1857. 389 que nous éprouvons de prendre quelque repos nous fait gagner de toute la vitesse de nos chevaux le ksar, où nous avons expédié à l'avance un de nos spahis pour faire préparer notre campement. Le ksar d'Ain Madhy, l'un des plus importants de ceux que nous avons visités, se compose de près de deux cents maisons construites en pierres et mieux báties que celles de la plupart des autres villages arabes. La muraille d'enceinte est munie de créneaux surmontés de petits chapiteaux en pyra- mide d’un aspect assez pittoresque (1). Les nombreux jardins qui entourent le ksar sont eux-mêmes protégés par un mur de clôture assez élevé et bien entretenu ; les arbres fruitiers plantés dans ces jardins sont surtout le Fi- guier, le Grenadier, l'Abricotier, le Poirier et la Vigne, et quelques Dat- tiers qui y figurent comme arbres d'ornement; on y rencontre également l'Opuntia Ficus-Indica ; quelques champs d'Orge existent dans les vides des plantations; les cultures potageres sont les mémes que celles des autres ksour. En 1838 le ksar, gouverné par le marabout vénéré Tedjini, a soutenu contre Abd-el-Kader un siége de huit mois ; tous les jardins furent dévastés par ordre de l'émir et les plantations détruites. Aujourd'hui il ne reste aucune trace de cette dévastation et les arbres des jardins présentent un beau développement. — Aux environs de notre campement, vers la porte de Bab el Kebir, dans un terrain pierreux, nous observons les Achillea San- tolina, Sisymbrium runcinatum, Convolvulus supinus, avec quelques espèces rudérales telles que le Senebiera Coronopus, le Verbena supina et le Malva sylvestris. — À peine notre tente est-elle installée, à la tombée de Ja nuit, qu'un cavalier nous remet une lettre de M. le commandant Margueritte et des lettres de France ; les nouvelles que je reçois de ma famille sont mal- heureusement telles que je dois effectuer le plus rapidement possible mon retour à Paris; de plus, la lettre du commandant m'annoncant qu'il doit le surlendemain quitter Laghouat pour se rendre en congé en France, je me vois, à mon grand regret, forcé de quitter dés le lendemain mes compa- Snons de voyage, pour parcourir en une seule journée la distance de 64 ki- lométres qui sépare Ain Madhy de Laghouat et arriver ainsi à temps pour Avoir l'avantage d'y trouver encore M. Margueritte, auquel je dois demander la faveur de l'accompagner au moins pendant une partie du trajet de La- ghouat à Alger. Le 8 juin, à 14 heures du matin, je pars en emmenant avec moi un de nos spahis et en prenaut pour guide le cavalier qui la veille nous avait apporté nos lettres; je dois traverser la plaine d'Ain Madhy parallèlement au cours de l'Oued Roddad, laissant à MM. Kralik et Marès, que je compte revoir le lendemain pour quelques heures seulement à Laghouat, le soin a) Voir le Sahara algérien par M. le général Daumas, p. 32-44, pour la *Cription et l'histoire d'Aïn Madhy. 390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'explorer la plaine dans la direction de Tadjemout où ils doivent aller camper le soir méme. La plaine argilo-sablonneuse d'Ain Madhy, très aride et légèrement ondulée, est tellement uniforme qu'il n'y a pas lieu de rendre eompte séparément des deux itinéraires différents que nous avons suivis. — L'oasis de Tadjemout, que je laisse à une assez grande distance sur ma gauche, est située sur une élévation pierreuse, ondulation dela plaine; le ksar, dont l'enceinte est flanquée d'une tour carrée, est entouré par les jardins, eux-mêmes protégés par des murs armés de petites tours percées de meurtrières; deux marabouts qui s'élèvent sur la pente méme du mamelon attirent surtout les regards (1). Au voisinage de l'Oued Roddad, dont le lit présente encore quelques re- dirs, sont établis des douairs dont les tentes et quelques Pistacia Atlantica espaeés rompent seuls la monotonie du paysage. L'Artemisia Herba-alba et le Stipa tenacissima forment de vastes touffes et constituent le fond de la végétation de la plaine ; sur quelques points le Peganum Harmala est d'une excessive abondance; cà et là se rencontrent des buissons de Zizyphus Lotus. — Dans la partie de la plaine que je viens de traverser, j'ai trouvé, réunies à un grand nombre d’espèces de la région saharienne, quelques plantes de la région des hauts plateaux et je crois devoir donner la liste abrégée de mon herborisation : Matthiola tristis. Telephium Imperati. Convolvulus supinus. Nasturtium coronopifolium. Paronychia Cossoniana. Echiochilon fruticosum. Reboudia erucarioides. Herniaria fruticosa. Echinospermum patulum. Alyssum scutigerum. Daucus pubescens. Echium humile. Helianthemum salicifolium Scabiosa semipapposa. Linaria fruticosa. var. brevipes. Chlamydophora pubescens. Salvia lanigera. — hirtum var. Deserti. Pyrethrum fuscatum. Anabasis articulata. — sessiliflorum. Anvillea radiata. Noga spinosissima. Reseda Arabica. Onopordon acaule. Passerina microphylla. — eremophila. Centaurea involucrata. Euphorbia cályptrata. Dianthus serrulatus var, Atractylis prolifera. Lygeum Spartum. grandiflorus. — microcephala. Arthratherum obtusum. Malva Ægyptiaca. — flava. Stipa, plusieurs espèces. Anthyllis Numidica, Kalbfussia Salzmanni. Astragalus tenuifolius, Sonchus divaricatus, Dans le lit de Oued Roddad et sur ses berges argileuses, j'observe les Re- tama Duriæi var. et spherocarpa, Statice Bonduellii, Deverra chlorantha, Marrubium Deserti, Lepidium subulatum, Sonchus spinosus, ete. Quelques kilomètres plus loin j'arrive au pied de la premiere chaine des montagnes (1) Les plantations et les cultures de l'oasis de Tadjemout sont sensiblement les mêmes que celles d'Ain Madhy : ainsi les arbres fruitiers des jardins sont le Co- gnassier, le Pommier, le Grenadier, le Poirier, le Pécher, le Figuier, la Vigne e l'Abricotier qui y devient trés beau; les Dattiers seulement y sont beaucoup plus nombreux que dans cette dernière oasis. SÉANCE DU 24 AVRIL 1857. 394 basses, pierreuses et escarpées qui forment une véritable muraille au sud de la plaine; dans les terrains sablonneux et pierreux situés à la base de ces montagnes se rencontrent les : Moricandia teretifolia. Senecio coronopifolius. Echinospermum Vahlianum. Helianthemum Cahiricum. Asteriscus pygmæus. Statice Thouini, Frankenia thymifolia. Onopordon ambiguum. — pruinosa. Erodium glaucophyllum. Carduus confertus var. Allium Cupani. Cyrtolepis Alexandrina. Catananche arenaria. Asphodelus pendulinus. Nolletia chrysocomoides. Kælpinia linearis, Leyssera capillifolia. Arnebia Vivianii. Après avoir contourné la partie la plus élevée de ce massif de montagnes, nous en franchissons un contrefort par une pente raide et rocheuse, pour ga- gner une petite plaine limitée au sud par une deuxième chaine semblable et paralléle à celle que nous venons de traverser. La pente insensible de cette plaine nous mène aux bords de l'Oued Mzi ; sur la rive gauche et à la base des roehers escarpés qui surmontent la rive droite, se sont amoncelées de véritables dunes de sable, où dominent les Arthratherum pungens, Cen- taurea polyacantha, Festuca Memphitica, Scrofularia Deserti, Euphorbia Guyoniana, Saccocalyx satureioides, et où le Calligonum comosum et le Tamariz Gallica forment de nombreux buissons; là se rencontrent égale- ment les Polycarpæa fragilis, Ifloga Fontanesii, Echinops ‘spinosus, Am- mochloa subacaulis, Danthonia Forskalii, Malcolmia Ægyptiaca, Astra- galus Gombo, ete. Sur les bords d'un redir desséché je recueille l’ Andro- Pogon annulatus, le Phelipæa violacea et Y Echinopsilon muricatus. Après un trajet de quelques kilomètres dans le lit même de l'oued, nous gagnons une Petite plaine limitée au sud par la chaine de Ras el Aioun ; dans cette plaine, en grande partie envahie par des sables mobiles, le Rhanterium adpressum est la plante dominante, mais il m'est impossible d'en recueillir un seul «chantillon, ear toutes les touffes ont été broutées par les chameaux ; dans “es dunes croissent également les Ononis serrata, Nonnea phaneranthera, Arthratherum ciliatum, obtusum et plumosum, Silene villosa var. micrope- tala, Hussonia Ægiceras, Brassica Tournefortii, ete. Au pied de la mon- tagne de Ras el Aioun, c'est avec une vive satisfaction que je trouve quel- ques échantillons du Céntaurea Omphalodes qui n'avait encore été observé 4u à Biskra et qui est si remarquable par ses akenes turbinés, surmontés en re. wie s aigrette d'une bordure infléchie et saillante sous forme de bour- déboueiye d. raversons ia montagne de Ras el Aioun par le col de Reg qui l'est s'élève ej i plaine de Laghouat ; à une distance de près d une liene à de l'oasis dt AE la ville de Laghouat, entourée par les jar ins dure. En quel es nombreux Dattiers forment un admirable massif de ver- rendre aupres li instants cette distance est franchie, car j ai háte Nos "teil le plus . C u commandant supérieur, M. Margueritte, qui me fait ac- ordial, et qui, non content de mettre son habitation à ma dis- 392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. position, a l'extréme obligeance de donner des ordres pour qu'aprés son dé- part, fixé au lendemain matin, mes compagnons de voyage puissent trouver chez lui une généreuse hospitalité. La soirée se passe de la manière la plus agréable, car non-seulement j'ai à entretenir le commandant du beau voyage que nous venons de faire et durant lequel il nous a donné tant de preuves de sollicitude, mais encore à lui rappeler la charmante journée que j'avais eu le plaisir de passer avec lui, en 1854, dans la belle forét de Teniet el Haad. M. Geslin, attaché au bureau arabe de La- ghouat et préposé à la direction du troupeau-modèle de brebis réuni d'après les ordres du Gouverneur général, veut bien me consacrer la journée du lendemain pour me guider dans l'exploration des environs de l'oasis et me faire visiter les localités les plus intéressantes ; l'offre obligeante de M. Geslin m'est d'autant plus agréable que les voyages qu'il a faits dans le Sud lui ont fait connaitre la végétation sabarienne et que je serai heureux d'avoir un aussi bon compagnon de voyage pour aller rejoindre le surlendemain à queiques lieues au nord de Laghouat, à Taadmit, le commandant, avec lequel je dois faire route jusqu'à Boghar. La ville de Laghouat est située sous 335,48' de latitude, à une altitude d'environ 750 mètres (1) et à une distance du littoral de 300 kilomètres prise à vol d'oiseau ou d'environ 480 kilomètres en suivant les sinuosités de la belle route carrossable tracée par le génie. Cette ville, l'une des plus impor- tantes du sud de l'Algérie, non-seulement au point de vue stratégique, car elle commande tout le pays des Beni Mzab, dont les nombreuses popula- tions sont les plus industrieuses du Sahara, mais encore à cause des pro duits des riches jardins de son oasis, compte près de 800 maisons bien bâties et qui occupent les pentes nord et sud de deux collines, sur lesquelles elles s'élèvent en amphithéâtre. Toutes les traces du siége meurtrier de 1852, à la suite duquel a eu lieu l'occupation définitive, ont disparu, et une belle place vers lecentre de la ville est entourée de constructions toutes récentes, du meil- leur goût, munies d'areades, et parmi lesquelles se font remarquer, pat leur élégance et leur belle disposition architecturale, la maison du commandant supérieur, le cercle des officiers et un bazar surmonté d'un clocheton. 77 L'oasis, dont les jardins sont groupés à l'est et à l'ouest de la ville et comptent environ 28,000 Dattiers, est dans l'état le plus prospere. Les dat- tiers, bien cultivés et abondamment arrosés, ainsi que toutes les cultures de l'oasis, par des saguia, amènent leurs fruits à maturité ; mais les dattes ne sont que d'une qualité inférieure et sont consommées sur place. Les autres arbres fruitiers des jardins arabes sont, d'apres leur ordre d'impor- tance, l'Abricotier, qui aequiert de magnifiques proportions; le Grenadier, (1) L'altitude de Laghouat est de 746 mètres, d'apres M. Renou, qui l'a déter- minée par 32 observations barométriques. SÉANCE DU 24 avri 1857. 398 dont les fruits sont de bonne qualité, mais moins estimés toutefois que ceux de Messad ; le Figuier, le Pécher, le Cognassier, la Vigne, qu'on ne taille jamais et qu'on laisse grimper sur les arbres voisins; le Pommier, variété à petits fruits de médiocre qualité: le Prunier et l'Üpuntia Ficus- Indica, qui est peu abondant. Les arbres fruitiers introduits par les soins de l'administration francaise, sont le Poirier, le Mürier, le Cerisier, le Néflier, l'Amandier, le Caroubier, l'Olivier et l'Oranger. Les arbres fores- tiers, dont l'introduction est également due à l'administration francaise, sont le Saule pleureur, les Peupliers blane et pyramidal, le Platane, le Sycomore, le Pistacia Atlantica, ete. Dans les vides des plantations et à l'ombre des Dattiers, les indigènes cultivaient déjà avant l'occupation fran- çaise l'Orge et le Blé, toutes les espèces de Cucurbitacées que nous avons déjà mentionnées pour la plupart des oasis, la Féve, l'Oignon, diverses variétés de Piment (Capsicum annuum), la Carotte, la Tomate, l'Aubergine, le Mais, le Sorgho (Sorghum vulgare), le Penicillaria spicata, le Gombo, le Chou, le Navet, l'Ail, la Coriandre, le Henné (Lawsonia inermis), qui ici tient encore une bien moins large place que dans les oasis des Ziban, et le Chanvre, qui, de méme que dans ces dernières oasis, n'est cultivé que pour l'usage des fumeurs. De tous les légumes introduits par les Euro- péens, la Pomme-de-terre est celui que les Arabes ont adopté avee le plus d'empressement ; cette plante donne d'abondants produits et peut fournir deux récoltes par an ; du reste, toutes les cultures potagères d'Europe prosperent également dans les jardius de l'oasis, et ce n'est pas sans uue agréable Surprise que nous avons vu paraitre sur la table du commaudant supérieur Un plat de fraises qui ne le cédaient en rien à celles de nos climats tempérés. Les soins que le commandant Margueritte a apportés au développement des cultures des jardins ne lui ont pas fait négliger des résultats plus impor- tants, et maintenant, grâce aux norias du défilé de Reg, de Ksar el Hairan et à celles de la Seridja, qui ne fournissent pas moins de 360 litres d'eau à la minute, au double barrage de l'Óued Mzi, et aux canaux pavés et couverts Qui, sur plusieurs points, servent à la distribution des eaux, de vastes espaces ont pu, dans le voisinage de Laghouat, être appropriés à la culture des céréales ; l'irrigation, convenablement dirigée dans ces terres, jusqu'ici Incuites à cause de leur aridité, a donné des résultats vraiment merveilleux. C'est ainsi que certains champs ont rendu jusqu'à trente-quatre fois la semence, Des travaux analogues ont été exécutés dans ies diverses parties du cercle, et dans la suite de notre narration, nous aurons à appeler l'at- Bed l'importance du magnifique barrage de l'Oued Melah, pres du -sel, sur la route de Djelfa à Boghar. La flore des environs de Laghouat est riche et très variée, et malgré l'alti- ink grande de cette partie du Sahara, on v retrouve la plupart des ]ue nous avons déjà signalées à Biskra, située seulement à une alti- 394 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tude de 75 metres, mais à une latitude d'environ un degré plus au nord. La riehesse de cette flore et son caraetere saharien s'expliquent par la réunion sur un espace restreint de montagnes peu élevées, de rochers, de plaines argilo-sablonneuses, de sables mobiles, des alluvions de l'Oued Mzi, l'un des plus importants cours d'eau de la région sabarienne, et par l'absence au midi de montagnes assez élevées pour empécher l'influenee prédominante du vent du sud. L'exploration du pays, dans la saison déjà avancée où nous l'avons visité, ne pouvait nous donner qu'une idée imparfaite de la végéta- tion ; aussi, au lieu de rendre compte des résultats de nos herborisations, eroyons-nous devoir réunir dans une liste l'indieation de la plupart des plantes observées, soit par MM. Reboud, Geslin, Tessière, qui nous ont fourni d'importants documents, soit par nous-méme. Liste des plantes observées aux environs de Laghouat (1). Renonculacées, Hypecoum pendulum L. Adonis microcarpa DC. — Geslini Coss. et Kr. — Sables! (Geslin, — æstivalis L. Reboud). " Ranunculus Baudotii Godr. — procumbens L. var. glaucescens. — muricatus L. — macrophyllus Desf. . : Fumariacées. Delphini . elphinium pubescens DC Fumaria Numidica Coss. et DR., et forma annua F. longipes Coss. et DR. Papavéraeées. olim. — Rochers à Laghouat : (Bon- Papaver hybridum L. duelle) ; Grar el Hamra (Reboud). Rœmeria hybrida DC. — parviflora Lmk. Glaucium corniculatum Curt. i — densiflora DC. (F. micrantha Lagasc.). (1) Dans cette liste sont comprises les espèces observées jusqu'ici aux environs immédiats de Laghouat, à l'est entre Laghouat et Messad, à l'ouest entre Laghouat et Ain Mädhy, et au nord entre Laghouat et Sidi Makhelouf ; nous n'avons pas hé- sité à réunir dans une méme liste les plantes de Laghouat et de Sidi Makhelouf, car à celte dernière localité ia végétation est encore presque exclusivement saharienne, — Les plantes recueillies au sud de Laghouat, et qui ne remontent pas jusqu'à la latitude de cette oasis, ont été omises, car elles forment les éléments d'une autre liste qui sera publiée à la suite d'une lettre de M. Reboud sur la portion du Sahara comprise entre Laghouat et Ouargla, contrée que nous nous proposons de visiter prochainement nous-méme, et qui sera pour nous l'objet d'un travail spécial. — Les plantes dont le nom n'est. pas suivi d'une indication de localité, sont généra- lement répandues dans la région; les localités ne sont indiquées que pour les espèces rares ou celles que nous n'avons pas observées nous-méme. — Pour la géo- graphie botanique générale des espèces, consulter le Voyage botanique en Algérie, dans les Annales des sciences naturelles, sér. 4, IV, p. 281 et suiv., tirage à part, p. 86 et suiv., Liste des plantes observées dans la région saharienne aux environs et au sud de Biskra. SÉANCE DU 24 avril 1857. Crucifères. Matthiola tristis R. Br. — livida DC. — Sables. — lunata DC. — Sidi Makhelouf. Lonchophora Capiomontiana DR. Nasturtium coronopifolium DC. Notoceras Canariense R. Br. Savignya longistyla Boiss. et Reut. (S. Ægyptiaca Coss. olim non DC.) — Laghouat (Tessière). Farsetia Ægyptiaca Turr. Alyssum macrocalyx Coss. et DR. in Bull. Soc. bot. — maritimum Lmk. Capsella Bursa-pastoris Mœnch. Cordylocarpus muricatus Desf. — La- ghouat (Tessière). Malcolmia Ægyptiaca Spreng. Sisymbrium Irio L. var. pubescens. — runcinatum Lagasc. — torulosum Desf. Erysimum grandiflorum Desf. (Cheiran- thus semperflorens Coss. et DR. olim non Schousb.). Senebiera lepidioides Coss. et DR. — Grar el Hamra! (Reboud). — Coronopus Poir. Lepidium subulatum L. — Ain Madhy; Sidi Makhelouf. Brassica Tournefortii Gouan. Sinapis amplexicaulis DC. Moricandia arvensis DC. — suffruticosa Coss. et DR. ( Brassica suffruticosa Desf.) — Messad (Re- boud); Tadjemout. — teretifolia DC. Diplotaxis pendula DC. ~ virgata DC. var. humilis. — muralis DC. Eruca sativa Lmk. Carrichtera Vella DC. Muricaria prostrata Desy. Rapistrum bipinnatum Coss. et Kr. (Si- hapis bipinnata Desf.) — Messad (Reboud). Enarthrocarpus clavatus Delile in Godr. k Fl. Juv. (Brassica lyrata Desf.). eboudia erucarioides Coss. et DR.— La- ghouat (Reboud); Oued Mzi !. Ussonia /Egiceras Coss. et DR. (H. un- cata Boiss.). Capparidées. Cleome Arabica L. Cistinées. Helianthemum salicifolium Pers. 399 Helianthemum Ægyptiacum Mill. — Sidi Makhelouf (Reboud). — sessiliflorum Pers. — — var. ellipticum (H. ellipticum Pers.). — Cahiricum Delile. — hirtum Pers. var. Deserti. — pilosum Pers. var. Résédacées. Reseda alba L. — eremophila Boiss. — Arabica Boiss. — lutea L. — stricta Pers. Frankéniacées. Frankenia pulverulenta L. — thymifolia Desf. Caryoph ylliées. Dianthus serrulatus Desf. var. grandi- florus. Silene inflata L. — rubella L. — villosa Forsk. var. micropetala. — Nicæensis All. — muscipula L. Spergularia media Pers. — diandra Heldr. (Arenaria diandra Guss. ). Rhodalsine procumbens J. Gay (Arenaria procumbens Vahl). Malvacées, Malva Ægyptiaca L. — sylvestris L. — parviflora L. Lavatera maritima Gouan. — Ain Milar (Reboud). . Althæa Ludwigii L. — Laghouat (Tes- sière). Géraniacées. Erodium laciniatum Cav. — glaucophyllum Ait. — guttatum Willd. Zygophyllées. Tribulus terrestris L. Fagonia Cretica L. — Sinaica Boiss.? — glutinosa Delile. Zygophyllum cornutum Coss. in Bull. Soc. bot. — Messad (Reboud). Rutacées. Peganum Harmala L. 396 Rhamnées. Zizyphus Lotus L. Rhamnus lycioides L. Térébinthacées. Pistacia Atlantica Desf. Rhus oxyacanthoides Dum. Cours. (R. dioica Willd.). Légumineuses, Retama sphærocarpa Boiss. — Rætam Webb (R. Duriœi var. phæo- calyx Webb). Argyrolobium uniflorum Jaub. et Spach. — Linnæanum Walp. Ononis angustissima Lmk. (O. longifolia Willd.). — serrata Forsk. Anthyllis tragacanthoides Desf. — Numidica Coss. et DR. Medicago denticulata Willd. — littoralis Rhode. — tribuloides Lmk. — minima Lmk. var. longispina. — laciniata All. Trigonella anguina Delile. — Grar el Hamra! (Reboud). — polycerata L. Melilotus parviflora Desf. Lotus pusillus Viv. — corniculatus L. Astragalus tenuifolius Desf. — cruciatus Link. — Stella Gouan. — sesameus L. — corrugatus Bert. var. tenuirugis (A. tenuirugis Boiss.). — Laghouat (Ges- lin). — hamosus L. —- Gombo Coss. et DR. in Bull. Soc. bot. — lanigerus Desf. | Coronila juncea L. — Sidi Makhelouf (Reboud). Arthrolobium scorpioides DC, Hippocrepis bicontorta Lois. — ciliata Willd. Vicia calcarata Desf. Tamariscinées. Tamarix Gallica L. Cucurbitacées. Cucumis Colocynthis L. Paronychiées. Telepbium Imperati L. Herniaria cinerea DC. (H. annua Lagasc.) — fruticosa L. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gymnocarpus decandrus Forsk. Paronychia longiseta Webb var. (P. Cos- soniana J. Gay). — nivea DC. Polycarpæa fragilis Delile. Læflingia Hispanica L. Pteranthus echinatus Desf. Crassulacées. Sedum altissimum Pers. Ficoïdées. Mesembrianthemum nodiflorum L. Aizoon Hispanicum L. Nitraria tridentata Desf. — Ksar el Haï- ran, Messad (Reboud). Ombellifères. Eryngium ilicifolium Lmk. Helosciadium nodiflorum Koch. Fœniculum officinale All. Deverra chlorantha Coss. et DR. — scoparia Coss. et DR. Orlaya maritima Koch. Daucus pubescens Koch. Scandix Pecten-Veneris L. Balanophorées. Cynomorium coccineum L. — Laghouat (Tessière). Rubiacées. Asperula hirsuta Desf. Rubia tinctorum L. — Oasis. Galium Parisiense L. var. trichocarpum. — Aparine L, — Oasis. Dipsacées. Scabiosa Monspeliensis Jacq. — semipapposa Salzm. Composées (Cynarocéphales). Calendula parviflora Rafin. — — var. hymenocalyx (C. platycarpa Coss. ined.). — gracilis DC. Echinops spinosus L. Carlina involucrata Desf. Atractylis cancellata L. — prolifera Boiss. — Ain Madhy! ; Tad- jemout!; Poste de Metlili! ; Sidi Makhelouf!. — microcephala Coss. et DR. — diffusa Coss. sp. nov. — Sidi Ma louf !. khe- SÉANCE DU 24 Atractylis citrina Coss. et Kr. (A. flava Coss. et DR. olim non Desf.). Amberboa crupinoides DC. —- Aïn Milar (Reboud). Centaurea involucrata Desf. — Nicæensis All. (C. fuscata Desf.). — sulfurea Willd. — Apula Lmk. — Calcitrapa L. — dimorpha Viv. (C. polyacantha Coss. et DR. olim non Willd.). — pubescens Willd. — Sidi Makhelouf (Reboud). — Omphalodes Coss. et DR. — Sables de l'Oued Mzi. Kentrophyllum lanatum DC. Carduncellus calvus Boiss. et Reut. — eriocephalus Boiss. Onopordon ambiguum Fresen. — acaule L. Carduus confertus Moris var.? Composées (Corymbiferes'. Nolletia chrysocomoides Cass. Gymnarrhena micrantha Desf.— Laghouat (Tessière). Phagnalon rupestre DC. Evax pygmæa Pers. — asterisciflora Pers. Micropus bombycinus Lagasc. Rhanterium adpressum Coss. et DR. in Bull. Soc. bot. Francœuria laciniata Coss. et DR. — Grar | el Hamra! (Reboud; Geslin). Pulicaria Arabica Cass. var. (P. longifolia Boiss. Diagn. pl. nov. ser. 2). Asteriscus pygmæus Coss. et DR. Pallenis spinosa Cass. var. Anvillea radiata Coss. et DR. Anthemis pedunculata Desf. Cyrtolepis Alexandrina DC. Cladanthus halimifolius Coss. et DR. (An- themis halimifolia Munby in Bull. lin Unt — C. Geslini Coss. et DR, olim). — Laghouat! ; in). Achillea Santolina L. (Guyon; Geslin) Pyrethrum fuscatum Willd. Artemisia campestris L. var. — Herba-alba Asso var. Chlamydophora pubescens Coss. et DR. . (Cotula pubescens Desf ). Helichrysum Fontanesii Cambess. asiopogon muscoides DC, — Sidi Makhe- .. louf (Reboud). Filago Jussiæi Coss. et Germ. oga spicata Schultz Bip. (Ifloga Fonta- nesti Cass.). l yssera capillifolia DC.—Laghouat (Tes- AVRIL 1857. sière); Tadjemout ! ; Poste de Metlili ! (Reboud). Senecio coronopifolius Desf. 397 Composées (Chicoracées). Kælpinia linearis Pall. Hedypnois pendula DC. Catananche caerulea L. — arenaria Coss et DR, — Laghouat (Reboud). Hypochæris Neapolitana DC. Kalbfussia Salzmanni Schultz Bip. Scorzouera undulata Vahl. Spitzelia Sahare Coss. et Kr. sp. nov. (S. lyrata Coss. et DR. olim non Schultz Bip.). Picridium vulgare Desf. — Ain Milar (Re- boud). — Tingitanum Desf. Zollikoferia resedifolia Coss. (Sonchus chondrilloides Desf.). — angustifolia Coss. et DR. (Sonchus angustifolius Desf.). — Oued Mzi!; Messad (Reboud). Sonchus divaricatus Desf. — tenerrimus L. — spinosus DC. Primulacées. Anagallis arvensis L. Samolus Valerandi L. — Lieux humides. Oléacées. Olea Europæa L. Apocynées. Nerium Oleander L. Asclépiadées. Periploca angustifolia Labill. — Laghouat (Tessière). Cynanchum acutum L. — Tadjemout ! Gentianées. Chlora grandiflora Viv. Convolvulacées. Convolvulus lineatus L. — supinus Coss. et Kr. sp. nov. — arvensis L. Cressa Cretica L. Borraginées. Echium humile Desf. Echiochilon fruticosum Desf. Nonnea micrantha Boiss. et Reut, — phaneranthera Viv. 398 Anchusa hispida Forsk., — Jtalica Retz. Lithospermum tenuiflorum L. f. Arnebia decumbens Coss, et Kr. (Lithos- permum decumbens Vent. — A. Vivianii Coss. et DR. olim). Echinospermum Vahlianum Lehm, —Tad- jemout ! — patulum Lehm. Cynoglossum cheirifolium L. Solenanthus lanatus Alph. DC. — La- ghouat (Tessiére). Solanacées. Solanum nigrum L. — Oasis. Lycium mediterraneum Dun. Scrofulariacées. Linaria fruticosa Desf. — reflexa Desf. | — virgata Desf. — Sidi Makhelouf (Re- boud). | — laxiflora Desf.— Sidi Makhelouf; Mes- sad (Reboud). Veronica Anagallis L. — Cymbalaria Bertol. Orobanchacées. Phelipæa Ægyptiaca Walp.? — Laghouat (Tessière). — lutea Desf. — Sidi Makhelouf! — violacea Desf. Orobanche cernua Lofl. Verbénacées. Verbena supina L. Labiées. Méntha Pulegium L. Saccocalyx satureioides Coss. et DR. — Oued Mzi! (Geslin). Micromeria microphylla Benth. — La- ghouat!; Grar el Hamra (Reboud). Salvia lanigera Poir. — Ægyptiaca L. Rosmarinus officinalis L. var. Tourne- fortii de Noé. Marrubium vulgare L. — Alysson L. — Deserti de Noé in Balansa pl. Alger. exsicc. (Sideritis Deserti de Noé in Bull. Soc. bot.). Lamium amplexicaule L. — Oasis. Teucrium campanulatum L, — Polium L. Ajuga lva Schreb, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Globulariées. Globularia Alypum L. Plombaginées. Statice Thouini Viv. — Bonduellii Lestib. — globulariæfolia Desf. — delicatula de Gir. — Messad (Re- boud). — pruinosa L. — Oued Mzi!; Ksar el Hairan, Messad (Reboud). — echioides L. Limoniastrum Guyonianum DR. — Messad (Reboud). Plantaginées. Plantago albicans L. — Syrtica Viv.—Laghouat (Reboud). — ovata Forsk. — ciliata Desf. — Laghouat (Reboud). — Lagopus L. | — amplexicaulis Cav. — Laghouat!; Ain Milar (Reboud). — Wulfenii Willd. — Messad (Reboud). — Coronopus L. — Psyllium L. Salsolacées. Beta vulgaris Moq.-Tand. . Chenopodium opulifolium Schr. — Oasis. — murale L. Blitum virgatum L. (Reboud). Atriplex parvifolia Lowe. — Halimus L. — dimorphostegia Karel. et Kiril.— La- ghouat (Bonduelle). Echinopsilon muricatus Moq.-Tand. Arthrocnemum fruticosum Moq.-Tand. Suæda fruticosa Forsk. Chenopodina maritima Moq.-Tand. Traganum nudatum Delile. Caroxylon articulatum Moq.-Tand. Salsola tetrandra Forsk. non Delile. — Sidi Makhelouf! — vermiculata L. — longifolia Forsk. ; Halogeton sativus Moq.-Tand. — Ksar el Hairan (Reboud). . Noæa aretioides Moq.-Tand. et Coss. SP: nov. — Pente sud du Djebel Bou Kahil (Reboud). — spinosissima Moq.-Tand. Anabasis articulata Moq.-Tand. — Grar el Hamra Polygonées. Polygonum aviculare L. — equisetiforme Sibth, et $m. SÉANCE DU 2A AVRIL 1857. Calligonum comosum L'Hérit, — Oued ' Mzi !; Laghouat!; Grar el Hamra (Reboud). Rumex pulcher L. — roseus Campd. — Laghouat (Rebòud}. — vesicarius L. — Laghouat!; Messad (Reboud). — Tingitanus L. var. (R. lacerus Balb.). — Messad (Reboud). — Bucephalophorus L. Thyméiees. Passerina (Thymelæa) microphylla Coss. et DR. Santalacées, Thesium humile Vahl. Osyris quadripartita Salztn. — Ain Milar (Reboud). — alba L. — Grar el Hamra (Reboud). Euphorbiacées. Euphorbia Chamæsyce L. — cornuta Pers, — calyptrata Coss. et DR. sp. nov. — Ksar el Hairan (Bonduelle). Laghouat! ; Ain Madhy!; Grar el Hamra! (Re- boud); Sidi Makhelouf !. — Guyoniana Boiss. et Reut, — Dunes de sable. — helioscopia L, — Oasis. — Provincialis Willd. — luteola Coss. et DR. — Messad (Re- boud). — Peplus L. — Oasis. — falcata L. — glebulosa Coss. et DR. sp. nov. —- Laghouat (Geslin); Ain Milar (Re- boud). Urticées. Urtiea urens L, — Oasis. Gnétacées. Ephedra fragilis Desf. Iridées. Morea Sisyrinchium Ker. Iris Xyphium L. Liliacées. Gagea reticulata Rem. et Schult. — La- ghouat (Reboud) ropetalum serotinum Ker. — Laghouat Ali (Tessière) ; Ain Milar (Reboud). tum Ampeloprasum L. — Ain Milar (Reboud). — pallens L. =~ Cupani Rafin. — Tadjemout ! 77 Toseum L, var. fl, albis, 399 Bellevalia comosa Kth. Asphodelus fistulosus L. — pendulinus Coss. et DR. (4. refractus Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 1, fasc. xii), — Sables. Asparaginées. Asparagus albus L. — horridus L. Joncées, Juncus maritimus Lmk. — bufonius L. Cypéracées. Cyperus rotundus L. — lævigatus L. var. distachyus (C. jun- ciformis Desf.). Scirpus Holoschenus L. Schenus nigricans L. —Messad (Reboud). Carex divisa Huds. Graminées. Lygeum Spartum L. Phalaris minor Retz. — paradoxa L. Pennisetum ciliare Link. Imperata cylindrica P. B. Andropogon hirtus L. — annulatus Forsk. — Oued Mzi'. — laniger Desf. Agrostis alba L. var. coarctata. Polypogon Monspeliensis L. — Lieux hu- mides. Piptatherum miliaceum Coss. (Agrostis miliacea L.). Stipa parviflora Desf. — tortilis Desf. — tenacissima L. Arthratherum pungens P. B. — Sables. — ciliatum Nees. — plumosum Nees. — obtusum Nees. — Laghouat (Reboud). Aristida Adscensionis L.— Laghouat (Re- boud). Cynodon Dactylon Pers. Ammochloa pungens Boiss. (Dactylis pun- gens Schreb.). — subacaulis Balansa (4. Palæstina Boiss.). — Laghouat (Reboud)!; Oued Mzi!; Grar el Hamra !. Danthonia Forskalii Trin. — Messad (Re- boud)! ; Oued Mzi! ; Laghouat !. Avena barbata Brot. Kæleria pubescens P. B. Phragmites communis Trin, var. Isiacus. Schismus calycinus Coss. et DR. (S. mar- ginatus P. B.). A00 Atropis distans Griseb. (Poa distans L.). Sphenopus divaricatus Rchb. Eragrostis vulgaris Coss. et Germ. var. spirostachya. — Pente sud du Djebel Bou Kahil (Reboud). Æluropus littoralis Parlat. var. interme- dius. — Sidi Makhelouf!. Dactylis glomerata L. Bromus tectorum L. — rubens L. Festuca rigida Kunth (Poa rigida L.). — divaricata Desf. ze (€ sataa Ap à SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Festuca divaricata var. Memphitica Coss. (Festuca Memphitica Coss.—Dactylis Memphitica Spreng.) — Sables. Brachypodium distachyum Roem.et Schult. Lolium perenne L. var. rigidum (L. ri- gidum Gaud.). Hordeum murinum L. Triticum Orientale M.-Bieb. — elongatum Host. Ægilops ventricosa Tausch (Æ, squarrosa Desf. ): ' Lepturus incurvatus Trin. (La suite à la prochaine séance.) NOTES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS, pr MM. E. COSSON ct L. KRALIK. (Sixième partie.) CoNvoLvULUs sUPINUS Coss. et Kr. ap. Kralik pl. Tun. exsicc. n. 398, et in Bourgeau pl. Alger. exsiec. n. 60. Planta perennis, caudice gracili, obliquo repente, superne ramoso pluri- cipite ; caulibus pluribus, 1-5 decim. longis, supinis vel decumbenti-ascen- dentibus, haud volubilibus, herbaceo-induratis, basi ramosis vel subsimpli- cibus, superne inflorescentiæ ramos edentibus, inferne plus minus villosis, superne saltem pilis longis patentibus dense molliterque albo-villosis ; foliis alternis vel sparsis, oblongis vel ovatis, apice rotundatis mucronulatis, vel rarius aeutiuseulis , nervo medio subtus prominulo, sæpius 8-15 millim. longis, 5-10 millim. latis, integerrimis, abrupte in petiolum brevissimum contractis, villoso-subtomentosis, inferioribus interdum virescentibus , superioribus canescentibus ; floribus sæpissime pluribus apice caulium in racemum foliatum dispositis ; pedunculis axillaribus, folio sæpius subduplo longioribus, cum bracteolis calycibusque pilis longis dense molliterque albo- villosis, sepissime bifloris, intra florum pedicellos bibracteolatis, bracteolis oblongo-linearibus pedicellis longioribus ; sepalis ovatis vel oblongis, sæpius acutatis, sæpissime inæqualibus exterioribus majoribus subfoliaceis ; corolla calyce subtriplo longiore, 5-plicata, albida, plicis albido-ochroleucis villo- sis, cæterum glabra ; staminibus supra basim tubi corollini insertis, corollae longitudinem dimidiam subæquantibus, filamentis inferne glandulosis ; antheris lineari-oblongis, obtusis, basi sagittatis ; ovario disco hypogyno cineto, ovato, in stylum attenuato, glabro vel apice piloso, 2-loculari, locu- lis bi-ovulatis ; stylis 2, erectis approximatis, inferne coalitis, in parte libera (quae vulgo stigmata) elongatis tereti-filiformibus ; capsula subglobosa , calyce breviore, chartacea, apice interdum piloso-hirsuta, biloculari septo celluloso-membranaceo, evalvi, basi irregulariter fissuris dehiscente; semi- nibus in quoque loculo 2, rarius abortu 4, ovato-oblongis, nigris, tubereu- SÉANCE DU 24 aAvniL 1857. A01 latis, testa albamine mucilaginoso induta ; radicula obtusiuseula, rectius- cula ; cotyledonibus foliaceis, longitudinaliter conduplicato-corrugatis, transversim replicatis, suborbiculatis, emarginato-subbilobis lobis rotunda- tis.—Aprili-junio. In regni Tunetani australioris argilloso-arenosis, glareosis, alluviis, in ditione Gabes hine inde copiosa (Kralik pl. Tun. exsiec.) etiam in insula Djerba. —In Sahara Algeriensi trium provinciarum et in planitiebus excel- sis et montibus humilibus Saharz confinibus provincie Oranensis et Alge- riensis; in provincia Oranensi ! australiore frequens (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsice.); in provinciæ Algeriensis ditione Laghouat! (Geslin, Reboud), et inter Laghouat et Boghar ad Djelfa in monte Djebel Sahari (Reboud); in provincie Cirtensis ditione Ouled Djellal ad occidentem urbis Biskra (Hénon). Le C. supinus est voisin du C. suffruticosus Desf. (Atl. T, 175, t. 48), qui est assez répandu dans la région littorale de la province d'Oran (Ba- lansa pl. Alger. exsiec. n. 358 ; Bourgeau pl. Alger. exsice. n. 80) ; il en diffère surtout par la villosité beaucoup plus abondante de la partie supé- rieure de la plante, par les feuilles plus courtes brusquement contractées en un pétiole très court et non pas insensiblement atténuées en un pétiole assez long, par les fleurs plus rapprochées, par les pédoneules ordinaire- ment biflores et non pas uniflores, par la corolle blanchátre à plis jaunâtres et non pas d'un rose purpurin, ete. HELtoTROoPIUM UNDULATUM Vahl Symb. I, 13; Lehm. Asper. 1, 57; DC. Prodr. 1X, 536. — H. crispum Desf. Atl. Y, 451, t. 41. — Lithosper- mum hispidum Forsk. Fl. /Eg. - Arab. deser. 38. In deserto Tunetano ad Tozzer et El Hammah (Desf.), in ineultis are- nosis et ruderatis insulæ Djerba frequens (Kralik pl. Tun. exsice. n. 394). — In Sahara Algeriensis ditione Biskra (Jamin pl. Alger. exsiee. n. 235; Balansa pl. Alger. exsice. n. 849), et ditione Beni Mzab ad Berrian et Guerrara (Reboud). — In Ægypto ad Cabiram (Delile, Sieber pl. exsice.), ad Suez et ad Chartoum in Sennaar (sec. DC.). In Senegalia (Perrottet pl. Seneg. exsice.) EcniocaiLon FRUTICOSUM Desf. Acl. T, 167, t. 47; DC. Prodr. X, 27. — Lithospermum divaricatum Sieber herb. Palæst. exsicc.; Spreng. Syst. I, 543. In deserto Tunetano prope Kerouan (Desf.), in ditione Gabes in glareosis et argillosis apricis (Kralik pl. Tun. exsice. n. 115 et 273). — In Sabaræ Algeriensis trium. provinciarum glareosis, gypsaceis, argillosis, collibus apricis, nee non in planitiebus excelsis australioribus provincia Algeriensis et Oranensis, ex, gr, in ditione Biskra! (Jamin pl. Alger. exsice. n. 267 ; T. IV. 26 A02 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Balansa pl. Alger. exsice. n. 848), in ditione Laghouat! (Reboud, Tessière, Geslin). in planitie Zahres Djelfa inter et Boghar (Reboud), in ditione Ha- mian Garabas ad Ain Sefissifa !, ad lacum exsiccatam Chott el Rharbi !— In Cyrenaica (Viviani ZI. Libyc.). In Ægypto (Delile). In Palæstina ad Jaffa (Bové) et ad montem Carmel (Michon). In Arabia (Aucher-Éloy). ARNEBIA DECUMBENS. —- Onosma Orientalis Pail. Ze. IT, 329, et app. 73^ in nota ad n. 400, t. 50 [1773], et ed. gall. t. 103, f. 1, non L. sec. DC. — Lithospermum decumbens Vent. Cels. t. 37 [1800] (in herb. Delessert) ; Lehm. Asper. pars IT, 326. —Onosma divaricatum Lehm. Asper. pars II, 372 (1818].— Lithospermum micranthum Viv. Fl. Libye. 10, t. 1, f. h [1824].—L. cornutum Ledeb. FT. Alt. 1, 175 [1829], et Ze. fl. Ross. t. 25. — Arnebia cornuta Fisch. et Mey. Ind. I hort. Petrop. 22 [1835]; DC. Prodr. X, 95 (verisimiliter var. B excludenda); Ledeb. F1. Ross. III, 139. — A. Vivianii Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 847, et ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. h, I, 240 et IV, 285. Planta annua, sepius humilis, radice exsiccatione violaceo-rubescente; caule setis patulis flavicantibus hispido, superne corymboso-ramoso, basi subsimplici erecto, vel a basi ramoso ramis lateralibus saepius caulem sub- æquantibus ascendenti-erectis vel rarius decumbentibus ; foliis lineari- oblongis, setosis ciliatisque, infimis subrosulatis obtusis in petiolum angus- tatis, superioribus acutis ; floribus subsessilibus, sepius plurimis, sub- approximatis, in racemos foliatos scorpioideos eorymbosos demum elonga- tos sæpius 2-6 dispositis; foliis bractealibus caulinis conformibus, calyces subæquantibus superantibusve ; calyce post anthesim accrescente setis pa- tulis flavicantibus hispido, laciniis linearibus vel anguste linearibus sub- uninerviis, erecto-conniventibus, corolla brevioribus vel eam subæquanti- bus, fructiferi tubo ampliato et nervis primariis albido-flavescentibus basi incrassato-induratis et gibboso-prominentibus acute pentagono angulis cris- tæformibus sinubus membranaceis albidis ; corolla lutea, externe dense strigoso-pubescente, tubo gracili elongato sub fauce ad staminum insertio- nem paulum dilatato, limbo brevi laciniis ovato-triangularibus erectiusculis; nuculis ovato-subtriquetris, dorso supra medium paulo angustioribus, griseo-cinerascentibus, opacis, dense inæqualiterque tuberculatis. —A fe- bruario ad maium. Var. a. microcalyz. — Calycis fructiferi laciniis sepius anguste lineari- bus tubo sesquilongioribus ; corollae tubo calyce sæpius subdimidio lon- giore. In regno Tunetano australiore, in ruderatis prope Gabes nec non in pascuis et collibus deserti ditionis Beni Zid ad occidentem urbis Gabes (Kralik pl, Tun. exsiee, u, 407 sub nomine A, Viviani). — In deserto SÉANCE DU 24 avniL 1857. h03 magna Syrteos (Viviani, loc. cit.). In desertis Arabiæ petrææ cum A. tinc- toria et linearifolia (Boissier Diagn. pl. Or.). In Persia australi (Kotschy pl. Pers. austr. ed. Hohenacker [1845] n. 84 et 84 a sub nomine A. cornuta et var. longiflora) nec non in provincia Aderbidjan (Aucher-Éloy pl. Or. exsice. n. 5010 in herb. Mus. Par.). In Mesopotamia Aucher-Éloy pl. Or. exsiec. n. 2154 et 2359 sec. DC.), inter Bagdad et Mossoul (Olivier et Bruguière herb. Ventenat in herb. Delessert). In deserto Caspio et Sibiria Altaica et Uralensi (Ledeb. F7. Ross.) ; in Georgia Caucasica (Hohenacker pl. exsiee. un. it. [1838] sub nomine A. cornuta). Var. B. macrocalyx. — Calycis fructiferi laciniis elongatis latiuseule linearibus tubo subtriplo longioribus; corollae tubo calycem sæpius sub- æquante vel parum excedente; nuculis sepius subdimidio majoribus. In regno Tunetano australiore in collibus et pascuis deserti, prope Sfax (Espina), in ditione Ben Zid ad occidentem urbis Gabes ad radices montium Djebel Keroua et Djebel Aziza (Kralik pl. Tun. exsice. sub nomine A. Viviani). — In Sahara Algeriensi trium provinciarum nee non in pro- vinciæ Algeriensis et Oranensis planitiebus excelsis australioribus : ex. gr., in ditione Biskra / (Jamin ; Balansa pl. Alger. exsice. n. 847, sub nomine À. Vivianii); in ditione Laghouat (Reboud ; Geslin) et inde septentrionem versus usque ad diversorium Aën Oussera ! ; in ditione Æamian Garabas ad Tyout! et Ain Sefra!, ad lacus exsiccatos Chott el Rharbi!, et Chott el Chergui! (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 668 sub nomine A. hispidissima). Nous avons dû adopter, pour cette espèce, le nom d'A. decumbens, à Cause de l'antériorité du Lithospermum decumbens de Ventenat, bien que ce nom n'indique pas le port le plus habituel de la plante; les échantillons de l'herbier de Ventenat, à part leurs tiges décombantes, ne different en rien de la plante de Sibérie, sur laquelle Ledebour a fondé le L. cornutum et ne sont pas spécifiquement distincts de lA. Vivianit Coss. et DR. — La variété macrocalyx diffère notablement de l'autre variété par la grandeur des calices et la longueur de leurs divisions, et nous l'eussions maintenue Somme espèce distincte si ces caractères ne nous eussent pas offert d'assez nombreuses formes intermédiaires. Nous avons dû aussi renoncer, pour cette variété, au nom de Vivianii (A. Vivianü Coss. et DR.), car le Lithos- permum micranthum de Viviani se rapporte mieux à la variété microcal yz. Les A. linearifolia et tinctoria ayant souvent été confondus avee l'A. Procumbens, nous eroyons devoir donner la synonymie et la distribution Ocraphi Doa: nl A Btographique de ces deux espèces, et indiquer leurs principaux caractères distinctifs; A0A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ARNEBIA LINEARIFOLIA DC. Prodr. X, 95 et A. tinctoria ex parte. — Lithospermum Arnebia Delile! Æg. Illustr. n. 203 ex parte (cum A. tinctoria in herb. permixta), et Fl. Arab. pétr. 12 (in herb. Delessert). — A. flavescens Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 4, x1, 117. In desertis Ægypti (Husson); Arabia petræa (Aucher-Éloy pl. Or. exsice. n. 2368 ; Schimper pl. Arab. petr. exsice. un. it. [1835] n. 398 sub nomine Lithospermum Arnebia et n. 396 cum A. tinctoria in herb. Delessert permixta; L. de Laborde; Boissier, loc. cit.). L'A. linearifolia se rapproche beaucoup, par le port et la plupart des caractères, de la variété macrocalyx de l'A. decumbens, et il en diffère seulement par le calice fructifere à tube dépourvu d'angles saillants sous forme de crête, et à divisions subtrinerviées largement lancéolées- linéaires. ARNEBIA TINCTORIA Forsk. Fl. Æ'q.-Arab. deser. 63 [1775]; DC. Prodr. X, 95 ex parte; Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 4, x1, 117. — Lithospermum tetrastigma Lmk. Encycl. méth. YII, 30 [1789]; Pers. Syn. pl. I, 158 [1805]. — L. tinctorium Vahl Symb. II, 33, t. 28 [1791] (non L.). — L. Arnebia Delile Æg. Illustr. [1813] n. 203 ex parte (nempe in herb. Delile! cum A. linearifolia permixta); Lehm. Asper. pars II, 316 [1318]; Rem. et Schult. Syst. LV, 45 [1819]. In /Egypti desertis prope Kahiram (Forskal, Husson). In Arabia petræa ad Zauara (Schimper pl. Arab. petr. un. it. [1835] n. 396 sub nomine Lithospermum Arnebia et sub eodem numero in herb. Delessert cum À. linearifolia DC. permixta). L'A. tinctoria diffère de l'A. decumbens par la villosité blanchâtre apprimée de toute la plante, par le calice fructifère à tube dépourvu d'angles saillants sous forme de crête, à divisions linéaires-oblongues obtuses, par la corolle bleuátre glabre, par les nucules lisses et luisantes, élargies à la base, brusquement aeuminées, planes en dehors, convexes à angle saillant à la face interne. NONNEA PHANERANTHERA Viv. FI. Libyc. 9, t. 1, f. 3; DC. Prodr. X, 33. — Lycopsis calycina Rem. et Schult. Syst. IV, 75. — Moltha Cyrenaica Spreng. Syst. 548. — Nonnea Schultesii G. Don Gen. Syst. IV, 338. In deserti Tunetani australioris argilloso-arenosis prope Sfax et in ditione Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 274). — In Sahara Algeriensi trium pro- vinciarum nec non in provinciæ Algeriensis et Oranensis planitiebus excelsis australioribus: ex. gr., Biskra (Jamin, Balansa); in ditione La- ghouat !, inter Djelfa et Boghar in aggeribus arenz mobilis planitiei Z ahres! SÉANCE DU 24 AVRIL 1857. A05 (Reboud), in ditione Zamian Garabas prope Ain Sefra (Kralik ap. Bour- geau pl. Alger. exsice. n. 58 a). — In Cyrenaica (Viviani, loe. cit.). Veri- similiter in regno Marocano ad Mogador (Broussonet sec. DC.). AncausA HISPIDA Forsk. Fl. /Z/g.- Arab. deser. 40; Vahl Symb. II, 33 ; Lehm. Asper. pars II, 216; DC. Prodr. X, 50. In alluviis et ruderatis, in gypsaceis et caleareis aprieis regni Tunetani australioris, in ditione Gabes ( Kralik pl. Tun. exsiec. n. 277 et 277a) etiam in insula Djerba (Kralik pl. Tun. absque numero). — In Sahara Algeriensi trium provinciarum hinc inde obvia : ex. gr., in ditione Biskra! (Jamin ; Balansa pl. Alger. exsice. n. 870) ; in ditione Laghouat (Reboud) ; iu ditione Beni Mzab prope Berrian (Reboud); in ditione Ouled Sidi Cheikh ad Arba el Tatani !, Brézina! ; in ditione Hamian Garabas ad Alia!, Tyout ! — In Ægypto inferiore ad Alexandriam (Delile, Kralik) et media ad Cahiram (Forskal, Delile). In Arabia petræa (Schimper, Aucher- Eloy). In Mesopotamia (Aucher-Éloy). EcmiwosPEaMUM VAHLIANUM Lehm. Asper. pars. II, 132; DC. Prodr. X, 142; Ledeb. Fl. Ross. VI, 162.— Anchusa spinocarpos Forsk. Fl. ZEg.- Arab. deser. 41 ; Delile Æg. Illustr. n. 208, Fl. 186, t. 17, f. 3. — Myo- sotis spinocarpos Vahl Symb. II, 32. — luchelia spinocarpos Raem. et Schult. Syst. IV, 111 et 783. In deserto Tunetano australiore, in alluviis exsieeatis amnis Oued Gabes prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. absque numero). — In Saharæ Alge- riensistrium provinciarum et planitierum excelsarum australiorum glareosis, arzilloso-arenosis, depressis et alluviis exsiccatis : ex. gr., in ditione Biskra! (Balansa pl. Alger exsice.), et inter Biskra et Batna loco dieto les Tama- rins! ; in ditione Laghouat, et inter Laghouat et Boghar ad diversorium Ain el Ebel!; in ditione Hamian Garabas ad Tyout! et Ain Sefra!, ad lacus æstate exsiccatos Chott el Chergui! et Chott el Rharbi! — In Egypto ad Alexandriam (Forskal , loc. cit.). In Arabia petræa (Boissier), ad montem Sinaï (Aucher-Éloy ; Schimper pl. Arab. petr. exsiec. ed. Hohenacker [1843] n. 178). In Rossiz australis deserto Caspio (Ledeb. FI. Ross.) ; Georgia Caucasica (Hohenacker pl. Cauc. exsice. un. it. [1835].) LINARIA ALBIFRONS Spreng. Syst. If, 793; Chav. Monogr. Antirrh. 156 ; Benth, in DC. Prodr. X, 280. — Antirrhinum albifrons Sibth. et Sm. Fl. Grec, VI, 74, t. 588 optima. In agris et inter segetes regni Tunetani prope Souza, Sfax et Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 279 et 279a). — In Grecia (Olivier et Bru- oui "'e «o . A ve 1 Sulere see, Benth.) ; in insula Rhodo (Sibth. et Sm., loc, cit.}. A406 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Livarra FRUTICOSA Desf. Atl. II, 39, t. 135; Chav. Monogr. Antirrh. 411; Benth. in DC. Prodr. X, 269. [n deserto Tunetano, in montibus calcareis prope Cafsa (Desf.), in apricis argillosis vel caleareis, in collibus glareosis, prope Sfax, in ditione Gabes (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 287), etiam in insula Djerba. — In Sahara Algeriensi provinciæ Cirtensis et Algeriensis, in ditione Biskra? frequens (Jamin; Balansa pl. Alger. exsiec. n. 845), in ditione Laghouat ! pluribus locis obvia (Reboud, Geslin), in ditione Beni Mzab (Reboud). Le Z. fruticosa est trés voisin du Z. Ægyptiaca Dum. Cours. (Chav. ; Delile Æg. t. 32, f. 2. — Antirrhinum spinescens Viv. Fl. Libye. 32, t. 27, f. 2), plante des déserts de l'Égypte (Delile), de la Palestine, de l'Arabie pétrée (Boissier) et de la Cyrénaique (Viviani) : il en diffère seule- ment par les feuilles supérieures rarement hastées, par les pédicelles plus courts et par le fruit ordinairement plus petit de moitié ; la corolle, que les auteurs décrivent comme étant plus grande dans le Z. fruticosa, nous a paru à peu pres identique dans les deux plantes. Linaria EXILIS Coss. et Kr. in Kralik pl. Tun. exsiec. n. 409 [1854]. Planta annua, humillima, gracillima, caule filiformi, erecto, irregula- riter diehotomo-ramoso, ramis dichotomiarum alternatim abortientibus superne flexuoso, brevissime pubescenti-viscidulo ; foliis minutis, integer- rimis, violaceo-rubescentibus, crassiuseulis, inferioribus ceteris majoribus ovatis vel oblongis oppositis subapproximatis, superioribus lineari-oblongis alternis paucis remotis; floribus minimis, terminalibus et pseudoaxillari- bus, /n racemos scorpioideos demum longiusculos remoti floros dispositis ; pedicellis demum calyce duplo longioribus ; calycis laciniis inæqualibus, oblongo-linearibus, obtusis; corolla calcare dempto 4-5 millim. longa, violaceo-purpurascente, tubuloso-campanulata, calyce paulo longiore, p4- lato depresso, labio superiore antice producto nec ascendente, calcare subu- lato corollam dimidiam subæquante ; capsula- calyce ssepius breviore, subglobosa, /oculis incqualibus, rarius æqualibus, loculo majore operculo valvæformi dehiscente, dein irregulariter dirrupta ; seminibus minimis, oroideis, immarginatis, longitudinaliter vemoteque viz costulatis, inter cos- tulas minutissime denseque tuberculatis. — Initio maii 1854 jam deflorida lecta. In depressis inter rupes ealeareas ad cacumen montis humilioris Djebel Keroua prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice.) ibique Erythrææ ramosis- sime socia. Le L. exilis se rapporte par tous ses caractères à la section Chæno num DC. (Benth. in DC. Prodr. X, 286), où, en raison de son port et de rrhi- SÉANCE DU 2A avril 1857. 407 sa durée, il doit être placé à côté des Z. rubrifolia et minor ; il diffère du L. rubrifolia par la tige beaucoup plus grêle, par la capsule presque glo- buleuse et surtout par les graines très finement tuberculeuses entre fes côtes, et non pas tuberculeuses-échinées ; par le port et la plupart des caractères, il se rapproche davantage de certains échantillons très gréles du L. minor, mais il en diffère par la capsule plus petite, globuleuse, à loges ordinairement inégales et par les graines trois à quatre fois plus petites, à côtes peu distinctes et espacées ; dans le Z. minor et les espèces voisines (L. littoralis Willd. et prætermissa Delastre) la capsule est généralement ovoide à loges égales, et les graines présentent des cótes rapprochées et trés saillantes. ANARRHINUM BREVIFOLIUM Coss. et Kr. ap. Kralik pl. Tun. exsice. n. 408 et 408 bis. Suffrutexz dumosus, rigidus, ramosus, erectus, ramis numerosis, vetus- tioribus aphyllis lignosis subtortuosis plus minus elongatis cortice rimoso cinerascente, ramis novellis cortice albido undique pube minuta glanduli- fera copiosa obtectis sparse foliatis ; foliis conformibus, parvulis, brevibus, oblongis, inferne in petiolum brevem attenuatis, apice mucronatis, cras- siuseulis, ?ndivisis, integerrimis, glaucescentibus, glabris vel margine breviter denticulato pubescentibus; floribus pro genere majuseulis, in ra- cemos breviusculos demum subelongatos dispositis, bracteatis bracteis flores subæquantibus; calyce campanulato, ad tertiam partem 5-fido, subco- riaceo, glabro, tubo inter nervos laciniarum membranaceo ad nervos her- baceo , laciniis brevibus triangulari-lanceolatis herbaceis glabris vel dorso breviter puberulis sed margine haud ciliato-glandulosis ; corolla lactea, calyce duplo longiore, ecalcarata, labio superiore inferiore subdi- midio vel vix breviore fere ad medium bilobo lobis ovato-obtusis subascen- dentibus, labio inferiore patente trilobo lobis suborbiculatis medio sæpius majore; staminis quinti rudimento lineari ; capsula calyce subdimidio lon- giore, ovato-suborbiculata, compressiuscula, apice depresso-emarginata. — Aprili-maio. In regno Tunetano australiore, in arenosis maritimis inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, et in collibus calcareis et pascuis argilloso-arenosis apricis deserti ad occidentem urbis Gabes et in ditione Beni Zid (Kralik pl. Tun. exsice.). L'A. brevifolium, par la eorolle dépourvue d'éperon, appartient au sous- genre Simbuleta Jaub. et Spach (Ilustr. Or. V, 50. — Simbuleta Forsk. Fl. /Eg.- Arab. deser. 115.— Anarrhini species corolla ecalcarata Bentb. in DC. Prodr. X, 289) ; il diffère des autres espèces du méme groupe par les tiges plus ligneuses, par les jeunes rameaux couverts d'une pubescence abondante, par les feuilles courtes, oblongues, indivises, toutes conformes, A08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par les fleurs assez grandes en grappes d'abord courtes, par le calice à divi- sions courtes non eiliées, par la corolle à lèvre supérieure fendue jusque vers son milieu et plus courte que l'inférieure. ScnoFULARIA ARGUTA Soland. in Ait. Hort. Kew. ed. 1, IT, 342; Webb! Phyt. Can. VII, 131, t. 177 ; Benth.! in DC. Prodr. X, 305. In regno Tunetano australiore, in alluviis amnis Oued Gabes prope Ga- bes 48° die maii jam emarcida lecta. — In insulis Canariis haud infrequens (Masson, Broussonet, Despréaux, Webb, Bourgeau pl. Can. exsiec. n. 554, Bolje). In Hispani; orientalis australioris ditione Almeriensi ad basim montis Sierra de Gador (Bourgeau pl. Hisp. exsice. n. 1388a). In regno Mascate secus torrentes (Aucher-Éloy pl. Or. exsice. n. 5057). In Abyssi- nia ad flumen Zacaze (Schimper pl. Abyss. exsice. un. it. n. 1428 sub nomine S. rostrata). Des graines recueillies sur les échantillons de Gabes ont été semées par M. Durieu de Maisonneuve qui, en suivant le développement de la plante, a constaté chez le S. arguta le caractère singulier et constant de l'existence de rameaux et de fleurs hypogés (voir dans le Bulletin de la Société bo- tanique, MI, 569, les détails donnés par M. Durieu et les observations ajoutées par M. J. Gay). Paecipæa vioLACEA Desf.! Atl. I, 60, t. 445; Viv. Fl. Libye. 3h; Reut. in DC. Prodr. XI, 12 ex parte. — Orobanche Phelypæa Willd. Sp. III, 352. Planta glabra, perennis?, caule simplici, elato, 5-12 decim. longo, ra- rius abbreviato, carnoso, sulcato, crassitie pollicis et ultra, basi vix ineras- sato vel tuberoso-inerassato ibique squamis imbricatis obtecto, caeterum laxiuseule squamato ; squamis numerosis, inferioribus ovato-oblongis obtu- sis margine membranaceo-pallidioribus, superioribus ovato - lanceolatis ereclis eauli haud adpressis ; bracteis squamis conformibus, margine mem- branaceo-pallidioribus, calycem subæquantibus ; floribus maximis, sessili- bus, in spicam 3-4 rarius 1-2 decim. longam, ssepius elongato-cylindrieam dispositis; bracteolis oblongo-lanceolatis, calyce paulo brevioribus, mar- gine membranaceo-pallidioribus sublacero-denticulatis; calyce glabro, sæpius semi-quinquefido, lobis ovato- oblongis, apice obtusis, subreticulato- pauciveniis, integris, margine membranaceo pallidioribus ; corolla maxima, calyce subduplo longiore, 30-40 millim. longa, glabra, leviter arcuata, tubu- loso-campanulata, tubo pallide albido, a basi ad faucem sensim ampliato inferne haud angustato, fauce utrinque ad basim lobi medii labii inferioris plicatura prominente flavescente donata, limbo intus intensius violaceo- purpurascente subbilabiato 5-lobo, lobis ovato-rotundatis patentibus sub- æqualibus, medio labii inferioris paulo longiore ; staminibus ad tertiam in- SÉANCE DU 24 AVRIL 1857. 409 feriorem tubi longitudinem insertis, filamentis ima basi villosis, superne incurvis; antheris crassis, lanatis, lobis valide cuspidatis ; stylo staminibus paulo longiore, stigmate crasso retuso subbilobo ; capsula calyce dimidio longiore, ovato-suborbieulata, basi styli persistente cuspidata, valvis in lon- gitudine tota secedentibus. — Februario- maio. In deserto Tunetano australiore, in arenosis prope Tozzer (Desf., loc. cit.), in arenosis maritimis prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 291) ubi in Zygophylli albi et Limoniastri monopetali radicibus parasitica. — In Sahara Algeriensi ! (Balansa pl. Alger. exsice. n. 846) trium provinciarum nec non in parte australiore planitierum excelsarum provincia Algeriensis! et Oranensis !, solo arenoso vel argilloso-arenoso, interdum salso, sepius in Salsolacearum frutescentium radicibus parasitica. — In littore Tripoli- tano (Viv., loc. cit.). Le P. violacea Desf. qui, en Algérie, n'a eneore été observé que dans la région Saharienne et dans la partie chaude des hauts plateaux, est très distinct de la plante d'Oran, qui lui avait été à tort rapportée comme syno- nyme, alors que le véritable P. violacea n'avait pas encore été observé en Algérie.—La plante de Desfontaines diffère de l'espèce du littoral (P. Mau- ritanica Coss. et DR.) par le port, par les braetées et le calice glabres, €t non pas eouverts de poils laineux, par le caliee à lobes plus larges et plus obtus, par la corolle à tube large méme dans la partie inférieure, et non pas à tube étroit inférieurement, par les étamines insérées un peu au- dessus de la base du tube, et non pas vers le milieu de sa longueur, et par la capsule environ de moitié plus longue que le calice, et non pas environ de moitié plus courte. Pour faire mieux apprécier l'ensemble des caractères distinctifs des deux plantes nous croyons devoir donner également ici la description du P. Mauritanica. Paeutpæs Mauriranica Coss. et DR. ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. $C. nat. sér. 4, T, 226. — P. violacea Reut. in DC. Prodr. XT, 12, quoad plantam Oranensem nec Fontanesianam. Planta perennis?, caule simplici, abbreviato, 5-10 varius 30-40 centim. longo, carnoso, sulcato, crassitie digiti minoris vel pollicis, basi saepius haud Inerassato, superne sæpe ampliato, squamis arcte imbricatis undique ob- tecto vel laxiuseule squamato ; squamis sæpius numerosis, margine membra- naceo pallidioribus, ovatis vel lato-obovatis obtusis ; bracteis ovato-rhom- boideis vel late ovatis subacutatis, cum bracteolis et calyce dorso pilis C'ispulis. dense [anuginosis, calycem subgequantibus; floribus maximis, sessilibus, in spicam depressam vel cylindraceo-conieam sepius caulis longitudinem dimidiam obtinentem congestis ; bracteolis dorso lanuginosis, linearibus, apice acutatis, calycem subæquantibus, pluriveniis, margine 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sublacero-denticulatis ; calyce extus lanuginoso, circiter ad tertiam partem 5-fido, lobis æqualibus, ovato- vel oblongo-lanceolatis, obtusiuseulis acu- tiusculisve, subreticulato-pluriveniis, margine denticulatis; corolla maxima, calyce duplo longiore, 40-50 millim. longa, glabra, tubuloso-cylindrica, tubo pallide albido, inferne anguste tubuloso superne sensim ad faucem ampliato, fauce utrinque ad basim lobi medii labii inferioris plicatura pro- minula donata, limbo intus intensius violaceo-purpurascente subbilabiato 5-lobo, lobis ovato-rotundatis patulis subæqualibus, medio labii inferioris paulo longiore; staminibus ad dimidiam tubi longitudinem insertis, filamen- tis basi villosis, superne incurvis; antheris crassis, lanatis, lobis valide cuspidatis; stylo staminibus paulo longiore, stigmate crasso vix bilobo ; capsula calyce subdimidio breviore, ovato-suborbieulata compressa, basi styli persistente cuspidata, valvis in longitudine tota secedentibus. — Janua- rio-martio. In arenosis et argillosis littoralibus provinciæ Oranensis prope Oran !, Salsolacearum frutescentium ad radices (Balansa pl. Alger. exsiec. n. 413 sub nomine P. violacea). (La fin à la prochaine séance.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Einige Beispiele anomalcr Bildung des Holzkoerpers (Quelques exemples de formation anormale du corps ligneus); par M. Al- bert Wigand (Flora, n° 43, 21 novembre 1846, pp. 673-68! , planc. VII). Dans certaines tiges de Dicotylédons ligneux l'accroissement du corps ligneux se fait inégalement pour les différentes portions de la circonférence, ou bien il cesse entièrement sur certains points pour se continuer sur d’au- tres. Il résulte nécessairement de là des formes anomales de tiges, dont plusieurs ont été déjà décrites, dont quelques autres fournissent à M. A. Wigand le sujet de son mémoire. 1° Les racines des Ononis (spinosa et repens) sont remarquables en ce que leur accroissement, d'abord concentrique, cesse souvent dés la seconde année sur certains points de la circonférence et cela sans cause extérieure appréciable. Or, comme sur les autres points des couches ligneuses annuelles continuent à se produire, il en résulte entre ceux-ci des enfoncements pro- fonds. Ensuite le bois gagne beaucoup en épaisseur sur un seul cóté, ce qui rend la moelle fort excentrique. Le plus souvent ees enfoncements et ces saillies n'ont aucune régularité; d'où il résulte que les sections trans- Versales de ces racines d'Ünonis offrent des contours très divers et fort bizarres. 2 Cette inégalité d'aeeroissement est très connue dans la généralité des lianes tropicales. M. Wigand en décrit et figure une, probablement une Malpighiacée, à cause de son bois profondément lobé, qui est remarquable à l'extérieur et vue tout entière, parce que sa surface présente l'apparence d'un faisceau irrégulier de cordons tantót contournés en spirale, tantót longitudinaux sur une certaine longueur, ou méme se portant quelque peu dans le sens opposé à celui de leur enroulement habituel. 3^ Une autre tige indéterminée, que M. Wigand a recue du Brésil, pré- sente un bourrelet Spiral qui nous semble absolument analogue à celui que nous voyons fréquemment se produire sur les tiges autour desquelles s'en- roule en spirale une plante ligneuse grimpante. M La racine du Polygala senega, dont Walpers a déjà étudié l'organi- sation (Bot. Zeit., 1851, p. 297), est très singulière en ce que son corps ligneux forme seulement un demi-cercle, dans lequel se trouve cependant Compris le centre de l'organe entier. La moelle non renfermée dans le bois, Mais située à côté de lui, complète avec celui-ci un cylindre. Le tissu de A12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cette moelle passe graduellement au parenehyme cortical. La surface convexe du bois est recouverte d’une couche de cambium ; celle-ci, à son tour, est embrassée par un tissu corné, très épais, qui va se rétrécissant graduellement en coin vers l'extérieur et qui est composé de cellules étroites, à parois épaisses, filiformes comme les cellules libériennes. On voit donc qu'ici, dès l'origine, le développement n'a pas été concentrique et que, à part l'écorce cellulaire qui enveloppe le tout, la moelle, le bois et le liber, au lieu de former autant de cercles emboités, sont simplement placés l'un à la suite de l'autre. 5° La racine du Cissampelos Pareira, qu'on regarde comme constituant la Pareira brava, présente un accroissement excentrique. Pendant un petit nombre d'années, ses couches ligneuses sont circulaires et complétes; puis leur formation ne se continue plus que sur une portion de la circonférence, d'oü le bois se porte entiérement vers un cóté et la moelle devient trés excen- trique. On sait que des partieularités analogues se présentent fréquemment dans les tiges des Ménispermées. En outre, ces couches ligneuses très incon- pletes ne sont souvent ni de méme longueur ni parallèles; de sorte qu'il existe dans leur disposition relative une irrégularité remarquable. Les rayons médullaires d'une couche ne correspondent méme pas en général à ceux de la couche adjacente. Les cellules du parenchyme qui sépare les fais- ceaux ligneux dans chaque couche et les couches les unes des autres, sont petites, et elles sont à peu prés remplies par un gros grain de fécule com- posé de 2 ou 3 plus petits grains réunis. — Chaque faisceau vasculaire, avec le liber qui l'aecompagne, forme un tout complet et indépendant. 6» La racine de Cainca, qui provient d'un Chiococca, présente un exemple remarquable de formations ligneuses indépendantes. Telle qu'elle existe ordinairement dans le commerce, n'ayant qu'une faible épaisseur, elle n'offre rien de partieulier, puisqu'on y trouve un corps ligneux épais, situé autour d'une moelle à peine visible, et entouré d'une écorce mince et brune. Au contraire, lorsqu'elle est plus vieille, elle possède un corps ligneux central, entouré de plusieurs corps ligneux secondaires ou excentriques, ! rattachés tous entre eux par l'écorce. On voit que c'est une structure analogue à celle des tiges des Sapindacées, avec cette différence que, dans le Caïnca, il n'existe pas la moindre régularité dans le nombre ni dans l'arrangement des corps ligneux secondaires, qu'on voit aussi différer entre eux de grosseur à uu degré surprenant. Toutes ces masses ligneuses sont serrées, traver sées par des vaisseaux distribués assez uniformément et par des rayons médul- laires tres étroits. Celle du milieu a une moelle ; les autres en sont dépour- vues, à proprement parler ; mais, dans l'ori: gine, "elles ont à leur centre quel- ques grandes cellules remplies de féeule.L'écorce est formée d'un par enchyme brun, solide, à petites cellules, entremélé de nombreuses cellules libériennes, isolées ou groupées en petits faisceaux. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A13 7» La racine du Turbith (/pomæa Turpethum R. Br.) présente un autre exemple de corps ligneux central avec plusieurs corps ligneux secondaires périphériques. Lorsqu'elle a environ un centimètre d'épaisseur, son bois central trés poreux est eoupé en quatre par une moelle prolongée en quatre grands rayons en croix, son écorce forme à l'extérieur plusieurs saillies longitudinales arrondies, dont chacune loge un gros faisceau sans moelle, composé de nombreux et gros vaisseaux. Sur les vieux individus on observe des couches ligneuses incomplètes qui rappellent celles de l'Ononis et du Cissampelos. La planche qui est jointe au mémoire de M. Wigand représente, en 8 figures, les tiges n° 2 et 3 tout entières et les coupes transversales des diverses racines qui viennent d'être décrites. Développement de la matière verte des végétaux ct flexion des tiges sous linfluence des rayons ultra- violets du spectre solaire: par M. C.-M. Guillemin (Comptes- rendus de l' Acad. des scien., XLV, séance du 13 juillet 1857). Les rayons dont M. Guillemin a étudié l'action sont situés, dans le spectre Solaire, au delà du violet. Leur caractère essentiel résulte de la propriété qu'ils ont de réduire les sels d'argent et quelques autres composés. Il était intéressant de reconnaitre s'ils n'influeraient pas sur le développement de la matière verte des végétaux. Pour s'éclairerà ce sujet par l'expérience, M. Guillemin a placé un grand nombre de jeunes plantes d'Orge, de Cresson alénois et de Moutarde blanche, tenues jusqu'à ce moment à l'obscurité, dans la région la plus réfrangible d'un spectre assez intense et assez pur. Au bout de six à huit heures, les feuilles d'Orge ont présenté une teinte verte trés appréciable, mais moins prononcée que celle qui se déve- loppe sous l'influence des rayons de la partie visible du spectre. Des plantes semblables, plongées dans les rayons visibles, ont indiqué, conformément à ce qu'avait déjà vu Gardner, un maximum d'aetion dans les rayons jaunes, Les feuilles d'Orge sont beaucoup plus propres à manifester cette influence que celles du Cresson alénois et de la Moutarde blanche. Leur portion qui reçoit directement les rayons ultra-violets prend une teinte verte qui con- traste avec la teinte jaune qu'elles conservent dans le reste de leur étendue. Des feuilles tenues comparativement à la lumière diffuse ont pris, aprés un lemps trés long, une légère teinte verte; mais cette teinte était beaucoup Plus faible et d'ailleurs elle s'est développée beaucoup plus lentement que celle qu'ont développée les feuilles exposées aux rayons ultra-violets. La flexion des tiges du Cresson alénois et de la Moutarde a été évidente au bout d'une demi-heure, dans les rayons ultra-violets, tandis qu'elle a été A14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus lente à se produire daus la portiou visible du spectre. Ainsi dans les rayons ultra-violets les tiges s'étaient fléchies à angle droit en moins de deux heures, tandis que leur flexion était beaucoup moindre dans le jaune, le rouge, méme daus l'indigo et le violet. Les mémes différences se sont pré- sentées lorsqu'on a retourné les tiges déjà flechies de manière à déterminer en elles uue eourbure en sens oppose au premier. Quant aux jeunes plantes exposées à la lumiere diffuse, elles se sont fléchies faiblement et avec beau- coup de lenteur. De ses observations M. Guillemin déduit les conclusions suivantes : 1* Les rayons ultra-violets déterminent la formation de la matiere verte des végétaux ; 2° Ces mêmes rayons opèrent la flexion des tiges plus rapidement que les rayons de la partie visible du spectre. Il ajoute cependant qu'il lui reste à contrôler ce dernier résultat. Deuxième note sur la fécondation des Fueacées; par M.G. Thuret (Mém. de la Soc. impér. des scienc. nat. de Cherbourg, V, avril 1857. Tirage à part en broch. in-8° de pp. 16 et 4 plane.). Les résultats des premières observations de M. Thuret sur la fécondation des Fucacées ont été publiés au mois de mai 1853, dans les mémoires de la Société de Cherbourg ; c'est une date importante à relever pour montrer l'erreur dans laquelle est tombé un habile observateur allemand qui, quoi- que venu notablement plus tard, a eru pouvoir s'attribuer la découverte de la sexualité des Algues. Celles que notre éminent Algologue vient tout récemment de faire connaitre dans le mémoire dont nous allons présenter un résumé, ajoutent des faits d'un haut intérét à ceux qui nous avaient été déjà révélés. Ces observations ont été faites dans le cours de l'hiver dernier et elles ont porté principalement sur un point trés important, sur la détermination de l'instant précis oü, par suite de la fécondation, une membrane vient recouvrir les spores qui en étaient jusqu'alors entierement dépourvues, €t qui ne consistaient qu'en une masse de matière granuleuse olivátre, parfai- tement sphérique, maintenue seulement par la cohésion de sa substance. M. Thuret a reconnu par des observations extrémement nombreuses que cette membrane enveloppante « nait presque soudainement sous l'influence de la fécondation, et que, six à huit minutes après avoir été mises en con- tact avec les anthérozoides, les spores commencent déjà à se recouvrir d'un tégument dont il n'existait aucune trace quelques instants auparavant. » Pour constater ce fait il lui a suffi d'ajouter à la goutte d'eau de mer, dans laquelle se trouvaient les spores, une gouttelette d'une solution de chlorure de zinc ou d'acide sulfurique faible, A l'ipstant méme où elles sont atteintes REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A15 par l'un ou l'autre de ces réactifs les spores se contractent légèrement ; presque aussitót il exsude à leur surface des globules d'un liquide réfringent, incolore, qui, grossissant et se multipliant avee rapidité, ne tardent pas à les recouvrir entièrement. La formation de ces globules parait être due à la substance visqueuse azotée des spores que le réactif a forcée de se séparer de la chlorophylle. Naturellement dés qu'il se forme une membrane sur les spores fécondées, la production de ces globules, sous l'influence des réactifs, y rencontre un obstacle. Aussi voit-on d'abord les spores uniquement en- tourées d'une zone transparente incolore, dans laquelle on distingue les globules comprimés par la membrane naissante, Puis, lorsque la membrane à pris assez de consistance, elle empêche totalement l'exsudation des glo- bules. Les trois figures qui occupent la planche jointe au mémoire de M. Thuret représentent : 1° la spore non fécondée, toute couverte de gros globules limpides et libres, dont la formation qui a eu lieu sous l'action du chlorure de zine, démontre l'absence de toute membrane à la surface de la Spore ; 2° la spore traitée de méme dix minutes après qu'elle a été mise en contact avec les anthérozoides; elle n'est plus entourée que d'une zone transparente due aux mêmes globules comprimés sous la membrane nais- Sante ; 3° la spore traitée de méme une heure après qu'elle a été en contact avec les anthérozoides. Celle-ci n'a plus qu'une étroite bordure incolore, limitée nettement par la membrane à ce moment bien formée et susceptible méme de bleuir sous l'action du chlorure de zine ioduré. Les observations de M. Thuret ont été faites sur les Fucus vesiculosus, Serratus et nodosus. Elles ont été répétées un trés grand nombre de fois et les résultats en ont été toujours parfaitement concordants. L'expérience lui ayant appris qu'il faut prendre quelques précautions pour réussir dans des recherches de ce genre, il en donne l'indication détaillée. Voici en quelques mots quelles sont ces précautions. Il est indispensable d'employer les spores le plus tót possible aprés leur sortie des conceptacles et de les délayer dans Une goutte d'eau de mer quelques minutes avant de s'en servir. Il faut aussi s'assurer que les anthérozoides sont dans toute leur activité. | Lorsqu'on prend ces précautions, les anthérozoides s'attachent presque Immédiatement aux spores, et celles-ci commencent au bout d'environ une demi-minute leur curieux mouvement de rotation qui s'opère dans le sens Suivant lequel la plupart des anthérozoides fixés à la spore dirigent leur rostre. La durée de cette rotation varie sensiblement, mais le plus ordinai - rement elle est de six à huit minutes. M. Thuret a eru voir que cette duree est en rapport avec la formation plus ou moins prompte de la membrane des Spores, puisqu'elle est moindre pour celles dont la membrane se forme le plus vite. Il a constaté aussi que ce mouvement se prolonge beaucoup pour les spores qu'on a mises en contact avec les anthérozoides d'une espèce différente et qu'il peut se continuer alors pendant plus d'une heure daus ce A16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cas où il ne se produit point de membrane. La seule exception qu'il ait observée a eu lieu lorsqu'il a mélangé les anthérozoides du Fucus serratus avec les spores du F. vesiculosus; alors, en effet, il a vu quelques spores se couvrir d'une membrane, mais leur nombre était beaucoup moindre que lorsqu'il avait mélangé ensemble les spores et les anthérozoides du Fucus vesiculosus. C'est évidemment, dit-il, pendant ces quelques minutes que dure la rotation des spores, c'est-à-dire pendant que les anthérozoides sont en contact immédiat avec elles, que la fécondation s'aecomplit. Mais comment s'exerce l'action des anthérozoïdes ? Toutes les recherches qu'il a faites lui ont prouvé qu'ils ne pénètrent pas dans l'intérieur de la spore. Quelquefois méme la fécondation lui a semblé s'aecomplir sans qu'il y eüt contaet immé- diat entre les spores et les anthérozoides. Pour les Algues d'eau douce M. Pringsheim affirme que ces derniers entrent dans les spores, tandis que MM. Cohn et de Bary soutiennent le contraire. « De ces diverses opinions, dit M. Thuret, celle de M. Pringsheim, telle qu'il l'a exposée dans son pre- mier mémoire, me parait la moins bien fondée. En ce qui concerne les Fueus, elle repose sur une erreur manifeste, et, ajoute-t-il, les observations du méme auteur sur le Vaucheria ne me paraissent pas plus décisives. » Ueber das Vorkommen der Gerbsaeurc in den Pflanzen (sur l'existence du tannin dans les plantes); par M. Hermann Karsten (Monatsbericht d. Kænigl. Preuss. Akad. d. Wissench. zu Berlin; cah. de févr. 1857, pp. 71-81, avec une planche). Jusqu'à ce jour on n'avait pas regardé le tannin comme un des premiers produits de l'assimilation opérée par l'organisme végétal en activité; on était plutôt disposé à y voir un produit de la décomposition des principes or- ganiques opérée en dehors du cercle des phénomènes vitaux dont la cellule est le siége. M. Karsten lui assigne un rôle beaucoup plus important. Le point de départ de son travail a été cette observation que le fruit du Bana- nier, antérieurement à sa maturité, est rempli de féeule à l'exception de certaines files longitudinales de cellules larges et en forme de tonneaux, disposées sur des cercles concentriques au milieu du tissu féculent et charnu et dans lesquelles est contenu un liquide limpide qui prend sous l'action du chlorure de fer la coloration en beau bleu à laquelle on reconnait le tannin. Cette matière existe aussi dans de pareilles files de cellules que renferment les feuilles du méme végétal. Le tannin existe aussi fréquemment dans les fibres que dans le parenchyme; on le trouve surtout fréquemment dans les laticifères et dans les fibres ré- ticulées que renferment les faisceaux fibreux des Monocotylédons ainsi que le bois des Dicotylédons. M. Karsten en avait déjà signalé la présence dans les cellules des Paliniers qui se transforment en vaisseaux rayés et ponctués. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A17 Dans les Aroidées, les laticifères en sont remplis et ils se ramifient beaucoup dans les espaces intercellulaires du parenchvme voisin, par exemple dans le Colocasia esculenta, le Dieffenbachia seguine et divers Philodendron. Il en est de méme pour les laticifères plusieurs fois ramifiés de l Asclepias syriaca, de l'A/isma Plantago, de V Hydrocleis, des Papavéracées, des Carica et Vasconcellea, ainsi que des fibres libériennes rameuses des Apocynées et Maregraviacées. Les cellules du collenchyme contiennent aussi du tannin dans leur cavité à une certaine époque de leur développement. L'auteur dit que la coloration produite par le chlorure de fer sur letannin des laticiferes met en évidence l'existence d'une membrane autour de ces tubes, contraire- ment à l'opinion de quelques auteurs qui n'y ont vu que de simples méats ou lacunes du tissu cellulaire. | Souvent les cellules et les fibres qui renferment le tannin finissent par avoir des parois très épaisses, par exemple dans les Cycadées, où les fibres laticiferes, à parois d'abord minces, épaississent plus tard leur membrane, comme celles du liber, au point que leur cavité eu disparait presque. Le parenchyme des feuilles contient aussi du tannin dans son suc cellu- laire. Dans les noix de Galles tout le tissu en est imprégné. Dans le tissu végétal le tannin n'existe pas libre, mais combiné avec une matière coagulable par l'alcool et les acides. Cette combinaison est détruite par l’action de l'air et alors seulement se produit la réaction du tannin sur le fer. Ce tannin combiné se trouve, au total, dans les formes élémentaires les plus diverses du tissu végétal, mais non dans le cambium le plus jeune encore non recouvert par la cutieule, qui existe dans le bourgeon terminal, ni dans les cellules lignifiées ou changées en liége. Dans les cel- lules où il existe généralement il parait se rattacher à une période particulière du développement. De même quele sucre, les huiles, les résines, les matières colorantes, il ne se montre que dans des cellules particulières, dans des tissus déterminés, ainsi que dans certaines formes végétales. Relativement aux classes du régne végétal, le tannin parait particulie- rement répandu dans les Dicotylédons qui sont pourvus d'un épiderme riche en Stomates et d'une écorce subéreuse; il l'est moins dans les Mono- Cotylédons auxquels manque généralement l'écorce subéreuse. Il est tres idees de Acotylédons qui sont dépourvus de liége e couverts d'un es simple; les Fougères seules en renferment généralement. b La planche qui accompagne le mémoire de M. Karsten montre la distri- isa cellules et des laticifères qui contiennent le tannin au milieu du de PUn euille du Colocasia sagittata et de | Hackea crenata, de la tige icus pendulinus et du Langsdorffia Moritziana. P A18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Révision comparative de l'herbicr et de l'histoire abré- gée des Pyrénées, de Lapeyrouse; par M. D. Clos (Mémoires de l'Acad. des sciences de Toulouse; tirage à part en broch. in-8° de 86 pages; Toulouse, 1857). Les premieres pages de cet important mémoire ont pour objet de faire connaitre l'état actuel de l'herbier de Lapeyrouse, les principaux travaux dont les plantes des Pyrénées ont été l'objet dans ces derniers temps, les motifs qui ont déterminé M. Clos à écrire sa Révision. L'herbier de Lapeyrouse occupe AA boites en forme de volume in-folio. Suivant les conseils du colonel Dupuy, le fils du floriste des Pyrénées le légua, à sa mort, à la ville de Toulouse. Il fut alors déposé dans une des salles de la bibliothèque publique dite du Collége où il a pu, depuis cette époque, étre consulté presque aussi librement que les livres de la biblio- théque elle-méme. Enfin, par une délibération du conseil municipal de Toulouse, en date du 11 février 4843, il fut confié aux soins du Directeur du Jardin des Plantes de cette ville. M. Clos relève avec raison dans cet herbier plusieurs défauts qui en diminuent beaucoup l'utilité : « 1° nombre d'échantillons ne consistent qu'en fragments de plantes, parfois insuffisants pour une parfaite détermination ; 2° certains d'entre eux ne sont accompa- gnés d'aucune indication de localité; 3° à un seul échantillon de plante cor- respond la désignation de plusieurs localités différentes, sans qu'on sache dans laquelle il a été eueilli; 4° dans une méme enveloppe se trouvent par- fois confondues, sous une méme dénomination, deux ou trois espéces distinctes, confusion qui ne doit pas étre imputée sans doute à Lapeyrouse; 5° un certain nombre de plantes ont disparu, soit parce qu'elles sont deve- nues en totalité ou en partie la proie des insectes, soit par toute autre Cause ; 6° Lapeyrouse n'a pas eu le soin de distinguer toujours les plantes qu'il a cueillies lui-même ; l'époque de la floraison et celle à laquelle ces plantes ont été recueillies ne sont pas nou plus mentionnées. » Le premier, le qua- trième et le cinquième de ces reproches ne tombent qu'en partie sur Lapey- rouse lui-même. Depuis plus de 30 ans son herbier a été consulté par UP grand nombre de personnes ; il a passé ainsi par des mains souvent fácheu- sement inhabiles, quelquefois déplorablement indiseretes. Le triste fait d'enlèvement et de mutilation d'échantillons, dont nous sommes personnel- lement certain, parait ètre également connu de M. Clos, comme l'indiquent ses expressions de disparition de plantes par le fait des insectes ou « p" toute autre eause. » Quant à l'indication de nombreuses localités pour chaqut échantillon, elle s'explique par cette circonstance singulière que apego a fait son herbier apres et d’après sa Flore, qu'il a voulu avoir, POUF ains REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 419 dire, son livre en exsiccata; aussi a-t-il généralement copié sur ses étiquettes les localités dont l'énumeration se trouvait dans l'Histoire abrégée à la suite des phrases et des descriptions. Quelle que soit la valeur réelle de l'herbier de Lapeyrouse, la révision complete que vient d'en faire M. Clos aura le précieux avantage d'en constater l'état actuel et d'en établir la concordance rigoureuse, soit avec l'/Zistoire abrégée des plantes des Pyrénées, soit avec les ouvrages de notre époque. Par suite il deviendra facile des cet instant d'en fixer la synonymie dans les travaux qui, à l'avenir, pourront avoir pour objet les nombreuses espeees de la Flore des Pyrénées. Il serait impossible d'analyser le travail de révision de M. Clos sans le reproduire presque en entier. Nous nous contenterons done forcément de lui emprunter quelques-unes de ses indications relatives aux especes liti- gieuses proposées comme nouvelles par Lapeyrouse parmi lesquelles celles que M, Clos regarde eomme bonnes seront. désignées seulement par leur nom, sans synonymie. Naturellement nous le suivrons daus l'ordre qu'il a adopté et qui n'est autre que celui du systeme de Linné, selon lequel sont rangées les espèces dans I Histoire abrégée des plantes des Pyrénées. Veroniea obtusata Lap., in herb.; désignée avee raison par Lapeyrouse dans son Supplément comme variété du V. Chamædrys L. — V. acutiflora Lap. fl., Suppl. ; appartenant au V. Teucrium, comme le pensait M. Ben- tham et non au V. of ficinalis, comme l'ont eru MM. Grenier et Godron. — Bromus glaueus Lap., Suppl.; réuni avec raison au B. erectus L. — Globularia punctata Lap. ; comme l'avait vu M. Bubani, c'est le Globularia 'hcanescens Viv. ou Carradoria incanescens Alph. DC. , et non un synonyme du G. cordifolia L. — Scabiosa hirsuta Lap.; c'est le Scabiosa (Knautia) collina Req. — Galium papillosum et atrovirens Lap.-G. hirsutum Lap. Suppl.; il devient le G. papillosum Lap. B hirsutum Clos. — Plantago in- termedia Lap.; rapporté avec raison par DC. au P. Lagopus L.-P. pun- gens Lap.; réuni à bon droit par M. Decaisne au P. subulata L.-P. sessili- flora Lap.; c'est une forme à capitules sessiles du P. carinata Schrad., var. depauperata Gren. et Godr. — Myosotis alpina Lap. = M. pyrenaica Pourr. = Cynoglossum pellucidum Lap. == C. montanum L. — Echium grandi - florum Lap. ou E. megalanthos Lap., Suppl.; rapporté avec justice par Mutel al E. plantagineum L.-E. pyramidale Lap.; c'est lE. pyrenaicum DC. ou DIN — Primula latifolia Lap. — Campanula lanceolata apes lev Can du C. rhomboidalis L.—wW erbaseum dentatum Lap. c est ' a Vill., d'après Lapeyrouse lui-même. — Chironia uliginosa "A an depuis longtemps que c'est l Elodes palustris Spach — qui est je M rosum Lap.; il nya dans l'herbier qu'un 7. pubescens ap.» trois feuilles ronychia serpyllifolia DC. — Ulmus pyrenaica Lap.; aprés séparées qui se trouvent dans l'herbier, ee serait I'L montana A90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sm. 6 major Fries — Gentiana punetata Lap. — G. Burseri Lap. — Bu- plevrum repens Lap. — B. ranunculoides L. var. - B. oppositifolium Lap. M. Clos a déjà prouvé que c'est une monstruosité du B. falcatum L.-B. obtusatum Lap. ; il ne diffère pas du B. ranunculoides L.— Ammi pyreuæum Lap. ; un échantillon incomplet semble appartenir à l'A. daucifolium Scop. — Selinum scabrum Lap. — Xatardia scabra Meisn. — Athamanta crith- moides Lap.; une des formes de l’A. Libanotis L.— Laserpitium ferulaceum Lap.;saus autre représentant dans l'herbier qu'une ombelle de fruits de L. Nestleri S. Willm., et une rosette d'une autre plante. — Heracleum setosum Lap. = H. Panaces L.-H. testieulatum Lap., Suppl. ; c'est vrai- semblablement IZ. estivum Jord. — Ligustieum simplex Lap. = Liba- notis montana All. — Corrigiola imbricata Lap.; regardé avec raison par De Candolle comme une variété du C. telephiifolia Pourr. — Narcissus radians Lap. ; variété du N. pseudo- Narcissus L. — Allium serotinum Lap. = A. ochroleucum W.K. — Saxifraga recta Lap; c'est une grande variété du S. Aizoon L.-S mixta Lap. — S. pubescens Pourr. - S. aquatica Lap. - S. ciliaris Lap.; serait-ce un hybride des S. androsacea L. et pla- nifolia Lap. ? - S. ladanifera Lap.; regardé avec raison par MM. Grenier et Godron comme une variété du S. geranioides L. — Dianthus serratus Lap.; il revient en partie au D. neglectus Lois. et au D. attenuatus Sm. — Arenaria cerastoides Lap.; nom antérieur à celui d'A. purpurascens Ram. - A. mutabilis Lap. = A/sine mucronata L. — Sedum spharieum Lap.; rap- porté avec raison par MM. Grenier et Godron au S. brevifolium DC. - S. divarieatum Lap.; synonyme du S. annuum L. — Cerastium glaberri- mum Lap.— C. glaucum Gren. — Rosa aristata Lap.; manque dans l'her- bier — Potentilla heterophylla Lap.; rapporté avec raison par M. Duby au P. verna L. - P. ascendens Lap.; synonyme du P. pyrenaica Ram. — Cistus pilloselloides Lap. — Helianthemum canum Dun. — Ranunculus de- albatus Lap. - R. giganteus Lap.; bonne espèce d’après MM. Bubani et Loret - R. tuberosus Lap.; bonne espèce qui comprend aussi les plantes nommées par Lapeyrouse 2. lanuginosus L. et R. polyanthemos L. — R. Xatardi Lap., Suppl. ; manque dans l'herbier et parait être le R. parviflorus L. — Sideritis crenata Lap. — S. hyssopifolia L. var. — Lamium stoloni- ferum Lap. = L. maculatum L. et L. galeobdolon Crantz - L. stolonife- rum Lap. var. flor. albis hirsutissimis — L. flexuosum Ten. — Stachys barbata Lap. — St. heraclea All. — Bartsia Fagonii Lap. — B. alpina L. - B. imbricata Lap. = Euphrasia nemorosa Pers. y parviflora s. Wiilm. - B. humilis Lap.; diffère à peine du précédent — Serofularia betoni- cæ'olia Lap. = S. aquatica L. et non S. alpestris Gay — Digitalis inter- media Lap. = A. purpurascens Roth — Lepidium cristatum Lap.; € est le Thlaspi alliaceum DC. et non le Lepidium campestre R. Br. — Thlasp procumbens Lap. = Teesdalia nudicaulis R. Br. - Th. marginatum Lap. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h24 = Æthionema saxatile R. Br. — Iberis pyrenaica Lap.; Cest V Æthionema saratile R. Br. — Biscutella picriditolia Lap.; c'est le B. lævigata L. y intermedia Gr. Godr. et non le B. cichoriifolia Lois. — Cardamine hetero- phylla Lap. — C. resedifolia L. — Turritis multiflora Lap. — Arabis sagittata DC. — T. setosa Lap. — Sinapis Cheiranthus Koch var. montana — Erodium lucidum et crispum Lap.; ce sont des variétés de lÆ. petræum Gou. — Ononis senescens Lap. — O. procurrens Wallr. - O. rhinanthoides Lap. — O. striata L. - O. scabra Lap. — O. Columna Al. - O. dumosa Lap. — O. arragonensis Asso. — Orobus variegatus Lap. — Lathyrus cirrhosus Ser. - O. Tournefortii Lap.; parait être VO. vernus L. - Orobus ensifolius Lap. — Cytisus heterophyllus Lap. — C. supinus Murr. — Tri- folium intermedium Lap.; justement rapporté par MM. Duby et Gay au T. hybridum Savi - Lactuca sonchoides Lap. — L. perennis L. - Hicra- cium intermedium Lap. = H. sylvaticum L. - H. altissimum Lap. = Cre- pis succisæfolia Tausch, C. altissima Serres - H. cordifolium Lap. = H. umbellatum L. var. cordifolium Clos - H. elongatum Lap.; correspond en partie à I' H. cerinthoides L., à VH. prenanthoides Vill. et pour les variétés B y àl'H. neo-cerinthe Fries - H. rhomboidale Lap. — H. neo-cerinthe Fries. - H. sericeum Lap. — H. cerinthoides L. - H. scopulorum Lap.; il répond à F H. cerinthoides L. et, pour la localité de Penna blanca à la Picade, à l'A. mistum Froel. - H. obovatum Lap., Suppl.; c'est l'A. neo- cerinthe Fries, var. — Lepicaune balsamea Lap.— Hieracium amplexicaule L. - L. balsamea , var. € — Crepis grandiflora Tausch - L. intybacea Lap. — Hieracium pulmonarioides Vill. - L. grandiflora Lap. = Crepis grandiflora Tausch, ainsi que le L. multicaulis Lap., var. altissima lougi- folia - L. multicaulis Lap. — Crepis blattarioides Vill., ainsi que le L. turbinata Lop. - L. spinulosa Lap.; Arnott a bien vu que Cest le Sonchus oleraceus L. — Crepis incana Lap. — Andryana ragusina L. var. b incana Gr. God. — Cnicus Argemone Lap. — Carduus medius Gou. — Erigeron Murale Lap.; réuni justement à I' E, acre L. — Senecio rotundifulius Lap.; etat tératologique du S. Tournefortii Lap. — Chrysanthemum grandiflorum Lap. = Leucanthemum maximum Gr. God. — A chillæa falcata et capillata 1p.5 rapportés à bon droit par M. Bentham à VA. chamæmelifolia Pourr. = Serapias hirsuta et glabra Lap. — S. longipetala Poll. et S. lingua L. ~ Carex maerostylon Lap.; est-ce bien, dit M. Clos, le C. decipiens Gay ? wan etn A = C. vesicaria L. - C. sphieriea Lap. = f. polyrhiza 007 + Dufourii Lap.; rapporté justement au C. rupestris AW. - Supr chandiana Lap. — C. pyrenaica Wahlb. - C. Alopeeuros Lap., "iim (tophorum angustifolium Roth — Quercus microcarpa Lap. = L. pedunculata Ehrh, - Q. stolonifera Lap. = Q. Tozza Bose. - Q. alzina in er L. — Arum pyrenaicum Lap., Suppl. = A. italicum Mill guinea Lap.; réuni à bon droit par M, Bentham au P. uncinata A22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ram. -— Salix incerta Lap.; les échantillons de l'herbier sont identiques avec le S. grandifolia Ser., Helv. - S. aurigerana Lap. — S. caprea L. Le mémoire de M. Clos se termine par la liste des plantes que Lapey- rouse a signalées dans son ouvrage et qui cependant manquent aujourd'hui daus sou herbier. 340 espèces figurent sur cette liste. Beitrag zur russischen Flora (Note relative à la Flore de Russie); par M. Ed. Regel (Bonplandia du 4 juin 1857, pp. 150-154). Cette note comprend deux parties distinetes : I. Scilles de la Flore de Russie. M. Regel commence par examiner la valeur des caractères empruntés aux différents organes des Scilles dont il est question dans ce travail. Il montre que le nombre et la forme des feuilles, la présence et l'absence des braetées, la forme des parties du périanthe ne fournissent que des carac- teres de trés faible valeur, tandis qu'il regarde comme beaucoup plus con- stauts ceux qu'on tire du nombre et de la forme des hampes, de la direction et de la configuration générale des fleurs, surtout de la longueur relative et de la direction des pédicelles des fleurs inférieures au moment où elles sont entièrement épanouies. Il présente ensuite le tableau des Seilles de la Russie et de leurs formes, en donnant pour chacune une diagnose et une syno- nymie étendue. A. Feuilles étroitement linéaires. 1. Scilla autumnalis L. B. Feuilles largement linéaires. 1° Fleurs dressées ou dressées-étalées. 2. Scilla bifolia L.; caractérisée par sa hampe unique et par ses pédi- celles inférieurs dont la longueur finit par égaler 2 ou 3 fois le diamètre de la fleur. «. genuina : bulbe à deux feuilles ; bractées nulles. €. bracteata : bulbe à deux ou très rarement trois feuilles; de petites bractées. y- taurica : bulbe portant de 2 à 4 feuilles; bractées membraneuses (Scilla rosea Lehm., Index sem. 1828). L'auteur en donne la description. 3. Scilla amena L. : une à 4 hampes; fleurs en grappe allongée; pédi- celles avec une bractée à la base, tous plus courts que le diamètre de la fleur. tlle ne se trouve pas en Russie, et n'est mentionnée que parce qu on la eonfond souvent avec la suivante. 2° Fleurs penchées. h. Scilla cernua Redou. : une à 5 hampes, toutes 4-3-flores ; pédicelles dressés-étalés, beaucoup plus courts que le diamètre de la fleur. a. genuina : 2, l, très rarement plusieurs feuilles ; hampes généralement 2-5flores. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h23 6. uniflora : 2 ou plus rarement 3 feuilles plus courtes que la hampe, qui est uniflore (Scilla uniflora Willd., Herb. Sc. Roseni et monanthos C. Koch.). y. laxa : 3-4 feuilles qui égalent presque ou dépassent la hampe uniflore. M. Regel en donne une description. 5. Scilla Hohenackeri. Fisch. Mey. : 1 à 5 hampes pluriflores ; pédi- celles finalement horizontaux et plus longs que le diamètre de la fleur (Sc. cernua 8 pluriflora Ledeb., FT. ross., IV, p. 157). L'auteur en donne une deseription. Hl. Un Hellébore de la Mingrélie. Sous le nom de Helleborus officinalis var. colchicus, on cultive dans le jardin botanique de Pétersbourg une plante qui rappelle, pour les feuilles, l'A. officinalis ou orientalis, tandis qu'il se rapproche beaucoup, pour l'inflorescenee et les fleurs, de YH. purpurascens. L'auteur présume que c'est un hybride de ces deux espèces. Il le nomme provisoirement H. col- chicus, et il en donne la description. Floræ madagascariensis fragmenta seripsit collectaque digessit L. R. Tulasne. Fragmentum primum Combreteas, Myroba- laneis junctas, Alangieas, Rhizophoreas, Halorageas et Lythrarieas includens. (Ann. des sc. nat., he série, VI, 1856, pp. 75-138.) M. t, R. Tulasne vient de commencer un travail qui ne peut manquer d'avoir un haut intérét pour la science. Mettant à profit les belles collec- lions de plantes de Madagascar que renferme l'herbier du Jardin des plantes de Paris, il a commencé la publication de fragments d'une Flore de cette lle, qui, nous l'espérons, finiront par devenir assez nombreux pour nous faire connaître la presque totalité de cette végétation peu connue jusqu'à ce jour et pourtant bien digne de l'être. Le premier fragment de ce grand travail est relatif aux Combrétacées, aux Rhizophorées, aux Haloragées et aux Lythrariées. Le grand nombre de nouveautés que renferme ce Mémoire permet déjà de se faire une idée de l'importance des collections formées à Madagascar par les divers voya- seurs francais qui, depuis Commerson et Bernier jusqu'a Boivin, ont pu Explorer quelques parties de cette ile immense et des ilots qui l'avoisinent. Aussi tous les botanistes doivent-ils savoir gré à M. Tulasne d'avoir songé à faire eonnaitre ces richesses qui, pour la plupart, etaient comme enfouies dans les galeries du Jardin des plantes. Tous aussi doivent faire des vœux Pour que eet éminent botaniste mene à bonne fin l'exécution de son plan. | Relativement aux Combrétacées, M. Tulasne fait observer que la divi- Sion de la famille en l'erminaliées généralement apctales, pourvues d'un embryon à cotylédons minces, eonvolutés en spirale et en Combrétées pela- A91 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lées, à cotylédons épais, plissés et ridés de diverses manières, n'est malheu- reusement pas admissible à cause des variations que présentent ces plantes sous le rapport des caractères par lesquels on a voulu les distinguer. Il dit que, contrairement à l'assertion d'Endlicher, les Combrétacées pourvues d'une corolle ont leurs pétales en préfloraison non pas valvaire, mais im- briquée et méme tordue. Voiei le relevé de celles de ces plantes qui appar- tiennent à la Flore de Madagascar. 1. Combretaceæ oppositifolie. PogvgEA Commers. A. Petalis donate. 1. P. coccinea DC.; 2. P. violacea (1); 3. P. albiflora; A. P. villosa. — B. Apetalæ-5. P. macrocalyx ; 6. P. Berneriana ; 7. P. rufipes. — COMBRE- TUM Loefl. 4. C. obscurum. — PrNTAPTERA Roxb. 4. P. Roxburghii. (Pevrea Roxburghii Spreng.) — Carorvxis Tul. Ce genre nouveau est caractérisé surtout par des fleurs le plus souvent apétales, dont le calice pétaloide est en large coupe ou en entonnoir, à 5 petites dents réfléchies ; dont les 10 étamines incluses ont l'anthére versatile; dont le long style porte un stigmate simple et surmonte un ovaire infère oblong, cylindrique, uniloculaire, à deux ovules pendants au bout de longs funicules. Son fruit est une capsule presque ligneuse, globuleuse ou oblongue, dont le contour est tantôt arrondi, tantôt pentagonal et qui renferme une graine à cotylé- dons eharnus et très épais. 1. C. sphæroides; 2. C. velutina; 3. C. oxy- gonia ; 4. C. alata; 5. C. eriantha. II. Combretaceæ alternifoliæ. — TEnMINALIA Lin. 1. T. crenata (Bvn. in sched.) ; 2. T. Badamia DC. ; T. exseulpta; 4. T. sulcata; 5. T. Fatrea DC. ; 6. Bovinii; 7. T. gracilis; 8. T. pumila; 9. T. mariana ; 10. T. rhom- boidea Spreng. ; 11. T. flavicans; 12. T. Catappa Lin.; 13. T. pauciflora. Spec. minus note : 14. T. rubrigemmis ; 15. T. calophylla; 16. T. mo- desta. — LuwNiTZERA Willd. : 4. L. racemosa Willd. Alangieæ DC. — ALaxGium Lamk. : 4. A. Mohillæ. Rhizophoreze R. Br. Pour cette famille, que composent des arbres eu rieux eonnus sous les noms communs de Mangliers et de Palétuviers, Spon- tanés sur les côtes maritimes des régions tropicales, dans les parties baignées par l'eau de la mer, M. Tulasne a donné un soin tout particulier à la des- cription du fruit et de la graine dont on a souvent parlé à cause de sa E^ mination qui s'opère sur place et dont cependant il n'existait pas encore de description ni de figure suffisantes. I. Hhizophorées vraies, à ovaire infère ou demi-infère. — RHIZOPHORA Lin. : 1. R. mucronata Lamk. — Ceriops Arn. : 4. C. Boviniana. — Bru- GUIERIA Savig. : 1. B. Rheedii Blume, — Cararsra Roxb. : 1. C. mada- gascariensis (Barraldeia madagascariensis DC.) II. Zizophorées à ovaire libre ou Légnotidées Endl. —- CASSIPUREA (1) Toutes les espèces sans nom «d'auteur sont nouvelles. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A25 Aubl. :1. C. madagascariensis DC. ; 2. C. ovata ; 3. C. lanceolata; 4. C. phoeo- tricha; 5. C. leptoclada; 6. C. gummiflua; 7. C. microphylla. Haloragées R. Br. — Serpicua Lin. : 4. S. repens Lin.: 2. S, vero- nicæfolia Bory. Lythrariées Juss.— RoraLa Lin. : 1. R. pusilla.— Ammannra Houst. : 1. A. madagascariensis Bvn., in sched. mse.; 2. A. indica Lamk. — NESœŒA Commers. : 1. N. triflora Knth.; 2. N. polyantha. — Pemenis J. et G. Forst. 4. P. acidula Forst. — Lawsonra Lin. : 4. L. alba Lamk. — Gnis- LEA Loefl. : 1. G. tomentosa Roxb. — Trrrapia Tul., Pet. Th. in sched. msc. Genre encore inédit, nommé, d'aprés sa symétrie florale pentamere : à grand calice campanulé, tétragone, 4-parti, ayant les angles décurrents en ailes; sans corolle; à 4 étamines saillantes, alternisépales; à ovaire h-lobé, ^-loc., multiovulé, surmonté d'un long style grêle, que termine un stigmate entier; capsule polysperme, s'ouvrant au sommet par déhis- cence septifrage : 1. T. salicifolia. Dans son travail, écrit entierement en latin, M. Tulasne a donné de ses plantes des descriptions completes, trés développées, mais non résumées en diagnose quant à leurs points essentiellement distinctifs. Nous prendrons la liberté de lui soumettre une observation sur un point qui nous semble avoir un intérét réel. Dans tout son Mémoire, il a cru devoir donner une forme latine aux noms d'hommes français qu'il a eu occasion de citer. Il en résulte nécessairement, pour certains d'entre eux, une déformation qui peut n'étre pas sans inconvénients pour nous-mémes francais, à plus forte raison pour des étrangers. Sauf meilleur avis, i] nous semble que le respect légitime de l'orthographe des noms propres doit l'emporter sur l'intérêt très secondaire en pareil cas de la latinité, et que, Si l'on fait un reproche à Corneille d'avoir défiguré les noms latins pour leur donner dans ses vers une physionomie française, à bien plus forte raison pourrait-on reprocher aux botanistes de défigurer profondément les noms francais pour en faire des noms latins, Il nous semble que tout ce qui pour- rait être permis à cet égard serait de donner une désinence latine aux noms propres dont le corps méme serait conservé sans la moindre altération, si méme on n'aimait mieux admettre le principe très justifiable, méme gram- matiealement, et de plus évidemment utile, de regarder ces noms propres comme rigoureusement indéclinables, et, par suite, de les conserver sans rten changer à leur orthographe ni même à leur désinence. Gartenorchidcen (Orchidées de jardin); par M. H. G. Reichenbach fils (Botan, Zeit., du 6 mars 1857, n° 10, col. 157-159). Cet article fait suite à d'autres qui ont été publiés antérieurement par M. Reichenbach fils dans le Botanische Zeitung ; aussi les espèces dont on 426 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. y trouve la description portent-elles les numéros 131-138. Ces espèces sont les suivantes : 131. Gongora gratulabunda Wehbe. fil., plante rapportée par M. de Warszewiez, probablement de la Nouvelle-Grenade, et cultivée dans le jardin de M. Sehiller, où elle a fleuri pour la première fois au mois de jan- vier dernier, — 132. Chrysis Brünnowiana Rehbe. fil., espèce d'un bel effet, qui n’a pas encore fleuri dans les jardins. Elle a été découverte au Pérou par M. de Warszewiez. — 133. Spiranthes Eldorado Lind. Rehbe. fil. C’est une petite plante extrêmement jolie à cause de ses feuilles pana- chées de jaune d'or. Elle croit au Brésil, dans la province de Bahia ; elle a été introduite dans les jardins de l'Europe par M. Linden; elle fleurit au mois d'octobre. — 134. Oncidium Hirundo Rehbe. fil. Cette espèce, voisine de l’O. planilabrum Lind. , est cultivée dans les serres du prince Camille de Rohan. Sa patrie est inconnue, — 135. Oncidium pardothyrsus Rehbe. fil. C'est une belle plante que l'auteur avait d'abord regardée comme une simple variété de l'O, planilabrum Lindl. Elle a été rapportée du Pérou par M. de Warszewiez. — 136. Pleurothallis cardiothallis Rehbe. fil. Espèce voisine du Pl. cardiostola ; elle est cultivée en Augleterre, d'ou elle a été envoyée en Allemagne. Elle a été observée par l'auteur dans le jardin de M. Schiller. — 137. Sarcanthus insectifer Rehbe. fil. TI ressemble assez au Cleisostoma roseum. Tl a été envoyé de Calcutta au jardin de M. Schiller.— 138. Zock- hartia ludibunda Rehbe. fil. Plante voisine du Z. lunifera. Sa fleur est jaune d'or, mélangée de rouge-pourpre. Elle est cultivée dans le jardin de M. Sehiller, Monographia Hymenomyectum Sueciæ, vol. I. Sistens Agari- cos, Coprinos, Bolbitios. Scripsit Elias Fries. Jn-8° de XI et 484 pages. Upsal ; 1357. Le but que s'est particulierement proposé M. Fries, en publiant l'ouvrage important dont le premier volume vient de paraitre, est indiqué daus une préface qui a pour titre : Historiola studii mei mycologici. Les nombreux travaux sur les Champignons que nous devons à cet éminent mycologue; avaient besoin d'un complément qu'il n'était pas au pouvoir d'un simple particulier de leur donner. H fallait appuyer les descriptions qu'ils renfer- ment sur des figures coloriées qui permissent, en l'absence d'échantillons authentiques dont la conservation était à peu près impossible, d'en faire une détermination exacte et rigoureuse, C'est ce qu'a parfaitement senti l’Académie des sciences de Stockholm qui a décidé, en 184A, qu'elle ferait exéeuter à ses frais, et sous la direction de M. Fries lui-même, des figures de tous les Champignons de ja Suède qu'il est impossible de conserver; particulierement des Hyménomycètes. Depuis douze ans un grand nombre REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A97 de ces figures ont été exéeutées ; mais comme la gravure et la publication de toutes les planches ainsi réunies entraineraient une énorme dépense qui effraie l'Académie elle-même, M. Fries a pensé qu'il devait, en attendant cette'publication, si jamais elle a lieu, publier le texte qui devrait accom- pagner et condenser ainsi en quelques volumes toutes les descriptions qu'il a déjà consignées dans des ouvrages tres divers. Seulement, dit-il, dans la persuasion qu'un pareil livre n'aura qu'un petit nombre de lecteurs, il ne l'a fait imprimer qu'à 100 exemplaires. Nous ne pouvons nous empêcher d'exprimer notre vif regret de cette détermination qui réduira à une publi- cité fort restreinte un ouvrage d'importance majeure pour la mycologie. Le volume qui vient de paraître renferme presque uniquement des Aga- ries. Voici le relevé des sections de ce vaste groupe d'Hyménomycètes qui y ont trouvé place, et celui des espèces qui s'y trouvent décrites : Amanita, 28 esp. — Lepiota, 24.— Armillaria, 45. — Tricholoma, 80. — Clitocybe, 82. — Collybia, 56. — Omphalia, 35. — Mycena, Th. — Pleurotus, 38. — Volvaria, 5. — Pluteus, 12. — Entoloma, 22. — Clito- pilus, 8. — Leptonia, A1. — Nolanea, 16. — Eccilia, 6. — Pholiota, 32. — Hebeloma, 24. — Inocybe, 91. — Flammula, 28. — Naucoria, h6. — Galera, 24. -— Crepidotus, 11. — Psalliota, 40. — Stropharia, 48. — Hypholoma, 15. — Psilocybe, A9. — Psathyra, 42. — Panœolus, 8. — Psathyrella, 40. — Total 785. — Les Coprinus, qui viennent ensuite, sont représentés par 39 espèces, et les Bolbitius par 5. — Pour chaque espèce décrite, M. Fries donne une description complète, et il cite à la suite du nom adopté par lui une figure déjà publiée, s'il en existe, plus habituelle- ment la figure inédite exéeutée par les soins de l'Académie de Stockholm. L'ouvrage de M. Fries est dédié à cette académie. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Les Nymphéacées fossiles; par M. Rob. Caspary (Ann. des sc. nat., 4° série, VI, 1856, pp. 199-222, pl. XII). Les Nymphéacées fossiles ne se trouvant jamais représentées que par de simples fragments qui ne constituent pas des échantillons complets, il est Impossible de reconnaitre si elles rentrent dans l'un ou l'autre des genres vivants de cette famille. Pour ce motif, M. Caspary les laisse toutes réunies sous la dénomination générique commune de Vymphæites Sternb. Il carac- térise ensuite les espèces suivantes : 1. Nympheæites Arethusæ Sternb. (Nymphæa Arethusc Brong.); trouvé dans les meulières de Longjumeau, et entre Bièvre et Palaizeau, près de Paris, en empreintes qui ne répondent qu'à de petites portions de tiges. L'auteur présume que le Carpolites Ovulum Brong. n'est que la graine de 428 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cette espèce, puisque les deux se rencontrent souvent ensemble. Quant au Carpolites Ovulum, décrit récemment par M. D. Hooker (voy. Bull. de la Soc. bot. de France, III, p. 76), ce n'est certainement pas une graine de Nymphéacée. Il doit porter désormais le nom de Æhytidosporum Ovulum D. Hook. 2. Nymphæites Brongniartii Casp. Dans le calcaire tertiaire d'Armis- san, prés de Narbonne. Son rhizome cylindrique est le plus gros que l'on connaisse encore parmi les Nymphéacées fossiles. Il se distingue, au pre- mier coup d'œil, par la grandeur des deux canaux aériens que présentent les cicatrices des pétioles et des pédoncules. 3. Nymphœites Weberi Casp. (Nymphœæa Arethusæ C. O. Weber, non Brong.) trouvé dans le quartz lacustre tertiaire à Muffendorf, près de Bonn. La graine de cette espèce a été décrite par C. O. Weber sous le nom de Carpolites granulatus. Ses rhizomes sont analogues, pour la grosseur et pour l'organisation, à ceux du /Vymphaa alba. Mais les matériaux ne suf- fisent pas pour rattacher complétement la plante fossile à celle de nos eaux douces. 4. Nymphœites lignitica Wessel et Weber. Représenté par des feuilles qui ont été trouvées dans le lignite à Rott, près de Bonn. Il est probable que cette feuille avait jusqu'à 30 centimètres de largeur et qu'elie était cordée-réniforme. 5. Nymphwites Ludwigii Casp. Des rhizomes parfaitement conservés ont été trouvés par M. Ludwig dans le lignite de Woelfersheim en Vetté- ravie. La substance de ces rhizomes est dans un état de conservation plus parfait qu'on ne l'a vu jusqu’à ce jour pour une herbe fossile quelconque. Même la cellulose y a persisté si complétement sans modifier sa nature chimique, que les cellules se coloreut en beau bleu sous l’action de l'iode et de l'acide sulfurique. En outre, les cellules de l'écorce et la spiricule des trachées y ont parfaitement gardé leur forme. Enfin des insectes ont atta- qué la substance interne de ces rhizomes, tant elle était bien conservée. 6. Nymphæites Charpentieri Osw. Heer; trouvé dans le lignite de Paudèze, près de Lausanne. HozorLeura Casp. (nov. genus): semen ovato-ellipticum, ad micropylen foveolatum et operculatum, operculum subcireulare micropylen mamilli- formem et hilum subreniforme gerens, raphe subnulla ; testa crassa, cornea; cellule strati extimi graciliter 6-8-sinuosæ, pariete externo cras- sissimo, lumine subevanido, irregulariter dispositæ. Ce genre a pour type unique l Holopleura Victoria Casp., qui n'est représenté que par des graines longues de 2 millim. 7/10-8/10, larges de 1 millim, 7/10-9/10, et que M. Ludwig a trouvées seulement en Vetté- ravie, dans les lignites de Dorneim et Woelfersheim. L'étude de cette graine à prouvé à M. Caspary que la plante fossile était trés voisine du genre REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A429 Victoria. Pour montrer cette analogie, il décrit avec soin les graines des quatre genres de Nymphéaeées aujourd'hui connus : Victoria, Euryale, Nymphea et Nuphar ; il présente enfin comparativement la description de la graine de l’ Holopleura et de celle du Victoria regia Lindl. MÉLANGES. Witterung und Wachsthum oder Grundzüge der Pflan- zenklimatologie (Temps et accroissement ou éléments de climatologie végétale) ; par M. Hermann Hoffmann. 1 in-8° de 583 pages, avec une grande planche de tracés graphiques. Leipzig, 1857. Librairie de Foerstner (Arthur-Félix). Cet important ouvrage a pour objet essentiel de montrer, par les résul- tats de nombreuses observations, les rapports qui existent entre les condi- tions météorologiques et le développement des plantes. Dans une préface de 11 pages M. Hoffmann expose les difficultés que présentait le sujet dont il s'est occupé et les moyens qu'il a imaginés pour les lever, la marche qu'il a suivie dans ses observations, et la maniere dont il en a exprimé les résultats, soit dans le texte de son livre, soit dans la planche qui l'aecompagne, et sur laquelle il a reproduit au moyen des Sinuosités d'un tracé graphique la série des développements de plusieurs plantes. Le corps de son ouvrage est divisé en deux livres intitulés, le pre- mier, partie spéciale, le second, partie générale. Le premier livre (pp. 15-138) est entièrement occupé par les tableaux qui renferment : 4° les observations météorologiques (pp. 16-32) faites à Giessen de mars à novembre 1854; 2 les mesures (pp. 35-124) prises sur diverses plantes pendant le même espace de temps ; 3° le résumé (pp. 125- 138) du plus grand accroissement des mêmes plantes pour chaque jour de la méme période. Les tableaux des observations météorologiques présentent en 23 colonnes les données les plus variées sur la température de l'air à l'ombre et au soleil, sur la température du sol et des puits, l'humidité atmo- sphérique, la pluie, la neige, etc., la pression barométrique, etc. Ceux relatifs aux observations de l'accroissement contiennent, avec le plus grand détail, les mesures de l'accroissement prises chaque jour pour les espèces sui- Vantes : Pécher; Galanthus nivalis; Orge; Prunus avium et dcmestica ; Pommier ; Quercus pedunculata; Ribes Grossularia; Secale cereale; Sola- num tuberosum avec hybride de M. Klotzsch Sol. tuberoso-utile ; Lilas ; Triticum vulgare; Vigne. Le deuxième livre (pp. 139-583) comprend tout le texte de l'ouvrage. Il se divise en cinq chapitres : 4. Considérations sur l'accroissement; 2. Con- Sidérations sur le temps; 3. Besoins elimatériques des plantes; 4. Considé- rations finales; 5. Appendice. A30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans le chapitre intitulé : Considérations sur l'accroissement (pp. A- 301), M. Hoffmann expose, en le suivant pas à pas, l'accroissement des plantes sur lesquelles ont porté ses observations. En d'autres termes, il développe, en les accompagnant des explications nécessaires et des considé- rations auxquelles elles donnent lieu, les nombreuses données consignées dans les tableaux de la première partie de son livre. Il résulte delà plu- sieurs paragraphes, parmi lesquels les plus développés sont ceux qui ont pour sujet l'Orge, le Seigle, le Lilas, la Vigne, surtout la Pomme de terre, En s'occupant de cette dernière plante, il entre dans de grands développe- ments au sujet de sa maladie, dont il voit la cause dans une réunion de circonstances météoriques. Le chapitre intitulé : Considérations sur le temps (pp. 302-458) est con- sacré à la discussion des observations météorologiques, à l'exposé des conséquences qui en découlent. Il se divise en 25 paragraphes, qui corres- pondent aux différentes séries de données réunies sur les tableaux de la premiere partie. Les plus développés de ces paragraphes sont ceux qui ont rapport aux minima de température, à la température des sources, à l'hu- midité atmosphérique. Au premier est joint un appendice étendu et d'un grand intérét, sous le titre de : Recherches sur la congélation des plantes. Aux données qu'on possédait déjà sur ce sujet important, M. Hoffmann en ajoute de nouvelles ; en outre, il propose une nouvelle explieation de la maniere dont le froid détermine la mort des plantes. Le chapitre qui a pour titre : Besoins climatériques des plantes (pp. 460- 551) se divise en plusieurs paragraphes, dont voici le sujet : 1. Aperçu de la marehe de la végétation et recherche des coefficients météorologiques pour les diverses périodes végétatives, au moyen de semis mensuels d’ Hor- deum vulgare, d' Iberis amara, de Lepidium sativum, et de Linum usitatis- simum. 2. Comparaison de la végétation à la lumiere et à l'ombre. 3. Phases de la végétation. 4. Accroissement et allongement. 5. Coefficients météo- rologiques de la germination, du développement des racines, des tiges, des feuilles, des fruits. 6. Température moyenne considérée comme coefficient climatérique de la végétation. Ce chapitre commence par une introductien et il se termine par un appendice relatif à la durée vitale de l'Orge sous différentes latitudes. ` Le chapitre intitulé : Considérations finales (pp. 242-556) a pour objet de présenter, sous forme concise, les principales conséquences qui décou- lent des nombreuses observations réunies et discutées dans l'ouvrage entier. Enfin, l'appendice qui termine l'important ouvrage dé M. Hoffmann (pp. 557-583) consiste en un véritable mémoire sur la végétation de la Pomme de terre et sur sa maladie. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A31 NOUVELLES. M. Balansa exécute en ee moment son quatrième voyage en Asie mineure, toujours, au moins en partie, dans l'intérét de la botanique. Sa derniere lettre, adressée à M. J. Gay, est datée d'Ouchak, le 2 juillet 1857, et nous en extrayons les détails suivants qui intéresseront sans doute plusieurs de nos lecteurs. Pour se rendre de Smyrne à Ouchak, le voyageur a remonté, presque dans toute sa longueur, la magnifique vallée de l'Hœmus, en passant par Kassaba, Sart-Kalessi (l'ancienne Sardes), et Ala-Cherr (l'ancienne Phila- delphie), d’où il s'est rendu à Ouchak, en traversant les montagnes qui servent de contre-fort aux plateaux plus orientaux de l'Asie mineure. Dominée d'un côté par les hautes sommités du 7molus, et de l'autre par des collines de 1000 mètres environ d'altitude, la plaine d'Ala-Cherr a une végétation toute méditerranéenne. Le Quercus coccifera garnit le bas des collines. Il est remplacé plus haut par d'autres espèces du méme genre, notamment par le Q. ægilops, qui est très commun dans toute cette region, où ses cupules (la Vallonée du commerce) sont l'objet d'un trafic consi- dérable. L'altitude d'Ouchak (l’ancienne Trajanopolis) est plus forte que ne Pin- dique la carte de M. de Tehihatehef. Il résulte des moyennes barométriques prises par M. Balansa qu'elle est d'environ 910 metres au-dessus de la mer, au lieu de 750 qu'indique de voyageur russe. La végétation de ses environs a le caractère propre aux hauts plateaux de l'Asie mineure. On y trouve un bon nombre des piantes les plus remarquables de Césarée, parmi les- quelles pourtant ne figure aucun des Asphodeles précédemment observés par le voyageur en Cilicie et à Césarée, si ce n'est l’ Asphodelus tauricus, qui cependant n'appartient pas au plateau, mais à la région subalpine des montagnes voisines. M. Balansa a visité deux de ces montagnes, le Boulgas Dagh et le Mourad Dagh. La dernière a, suivant M. Balansa, une altitude de près de 2600 métres. Tout son versant méridional est couvert d'épaisses foréts composées presque exclusivement de Pinus Laricio. Au 28 juin, ses som- mités conservaient encore quelques plaques de neige, leur végétation tout alpine était encore trés peu avancée, et M. Balansa n'a pu y récolter que quelques Liliacées. Ce sont les vallées situées à la base de cette chaine qui lui ont fourni les espèces les plus remarquables. Il eite, entre autres, une magnifique Liliacée, voisine des vraies Asphodèles, qui croit au bord des ruisseaux, et qui, suivant M. Balansa, pourrait bien être la plante de Perse figurée sous le nom d'Asphodelus persicus, dans les /llustrationes de MM. Jaubert et Spach. Mais la deseription fort détaillée qu'en donne le Voyageur dans sa lettre et les trois fleurs qui aecompagnaient la lettre ont A32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. montré à M. Gay que c'était un Zremurus et trés probablement le cauca- sicus, espece qui jusqu'iei n'avait pas encore été observée en dehors de l'isthme eaucasique. M. Balansa, avant de rentrer en France, devait, en septembre, faire une pointe vers le sud pour récolter sur le Baba Dagh (l'ancien Cadmus), près Denislu, les graines de deux Abies dès longtemps signalés à son attention. — M. Thilo Irmisch, l'habile organographe allemand, professeur au gymnase de Sondershausen, a été nommé, le 30 juin dernier, par la Faculté philosophique de l'université de Rostock, docteur en philosophie et maitre- ès-arts libéraux, parce que, porte le diplome : « Ingenii acumine oculo- rumque acie plantarum occultissima mysteria tam hypogoea quam epigœæa felieissime observavit, acutissime aperuit, doctissime illustravit. » — M. Gasparrini, à qui legouvernement napolitain avait enlevé sa chaire, a été nommé, il y a peu de mois, par le gouvernement autrichien, profes- seur extraordinaire de botanique à l'université de Pavie, tandis que M. Ga- rovaglio est devenu professeur ordinaire de la même science dans cette université. On a fait observer que M. Gasparrini est le premier Italien étranger par sa naissance aux états sujets de l'Autriche, qui ait été admis à professer dans une université de la partie de l'Italie qui est soumise à cet empire. — Nous avons sous les yeux l'annonce imprimée d'un ouvrage trés im- portant que va publier M. Harvey, et dont l'égiteur est M. Lovell Reeve (5, Henrietta Street, Covent Garden, London). C'est une Physcologia aus- tralasica dont le format et les planches seront analogues à ceux de la Phy- cologia britannica du méme auteur. Elle comprendra la figure et l'histoire de 300 espèces d'Algues australiennes, prises parmi celles en plus grand nombre que M. Harvey a rapportées de son grand voyage, et choisies de telle sorte qu'elles serviront à illustrer tous les genres avet les principales sections de chaque genre. L'ouvrage sera publié par livraisons mensuelles, compo- sées chacune de 6 planches colorices et d'autant de pages de texte, dans le format royal in-8». Il sera complet en 50 livraisons. A la fin de son livre, M. Harvey donnera une courte introduction et un Synopsis systématique dans lequel il fera entrer de courtes descriptions des espèces australiennes nouvelles dont la figure n'aura pas été publiée, La publication de la Phycologia australasica est annoncée comme devant commencer aussitôt que le nombre des souscripteurs sera suffisant pour couvrir les frais. Nécrologie. — On annonce la mort de M. Charles Morren, botaniste belge, bien connu pour ses nombreux écrits relatifs à la botanique et à l'horticulture. Paris, — Imprimerie de L. Martiner, rue Mignon, 2. SOCIÉTE BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 8 MAI 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 24 avril, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Dussaun, pharmacien, rue de Rome, 4, à Marseille, présenté par MM. Payer et Chatin; Du Mesniz-Marieny (Jules), rue d'Amsterdam, 1, à Paris, présenté par MM. Moquin-Tandon et Guillard. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1* Par M. Montagne : Septième centurie de plantes cellulaires nouvelles, tant indigènes qu'exotiques. Lichenes Javanici auctoribus C. Montagne et R. B. Van den Bosch. 2 De la part de M. G. Thuret : Deuxième note sur la fécondation des Fucacées. ** De la part de M. le comte de Lambertye : Analyse des articles de M. Dubreuil sur l'Agriculture publiés en 1856 dans la Revue horticole. #° De la part de M. J.-H. Fabre, d'Avignon : Note sur le mode de reproduction des Truffes. De la germination des Ophrydées et de la nature de leur bulbe. T. av. 28 A3A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 5° De la part de M. Lange, de Copenhague : Nogle Bemærkninger om Efteraarsknopperne hos de Danske arter af slægten Epilobium, 1849. Nogle cxempler paa planters acclimatisation. Naturhistoriske bidrag til en Beskrivelse af Grænland. 6° En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéro de mars 1857. L'Institut, avril et mai 1857, deux numéros. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture des communications sui- vantes adressées à la Société : NOTES SUR QUELQUES ESPÉCES NOUVELLES OU CONTROVERSÉES DE LA FLORE DE FRANCE, pr M, le colonel SERRES. (Suite t.) (La Roche des Arnauds prés Gap, 15 avril 1857.) Thlaspi cristatum (Lepidium cristatum Lap. abr. pyr. 366). — Cette plante, représentée dans l'herbier de Lapeyrouse (2) par un seul échantillon grêle et tout à fait incomplet, m'a paru appartenir au genre Thlaspi et non au genre Zepidium. Les fleurs sont blanches, petites, et, parmi les silicules à peine formées, il y en a dont les bords sont entiers et une ou deux qui sont entourées d'une callosité interrompue, en forme de crête, due soit à la piqûre d'un insecte, soit à une maladie de la plante. Je crois qu'elle doit être exclue de la flore française. Au reste, l'échantillon était si mauvais, qu'il était im- possible de dire à quelle espèce de Thlaspi connue il peut appartenir. Seu- lement et à coup sûr il n'appartient pas au Z. campestre. . Lychnis aspera Poir. — Cette plante n'est-elle qu'une variété du L. Cali rosa Desr. in Lam. ? Indépendamment des dimensions plus grandes de toutes ses parties et des aspérités trés rudes et trés saillantes qui eouvrent les nervures du calice, celui-ci est plus court que dans le Z. Cali rosa et toujours ombiliqué à la base : c'est ce que je vois dans de très beaux et robustes échantillons reçus de l'Algérie. A moins done que la culture n'ait déjà résolu la question dans un sens contraire, j'estime qu'il y a là assez de dissemblances pour constituer une espèce. (1) Voyez le Bulletin, t. IT,'p. 223, ett. III, p. 274. (2) Ce qui a rapport aux plantes de Lapeyrouse est extrait de notes prises avec le plus grand soin, il y a plus de vingt ans, sur l'herbier de cet auteur, que Je pus feuilleter et examiner à mon aise dans l'une des bibliotheques de Toulouse, où il était déposé. Cet herbier, à cette époque, était, au moins quant à certaines fa- milles, dans un état déplorable, et je l'ai peut-être préservé d'une destruction totale en le purgeant de plusieurs milliers de larves quile dévoraient, SÉANCE DU 8 mar 1857. h35 Saponaria bellidifolia Lap. abr. pyr. 239. — M'a semblé n'être autre chose qu'une variété, à tige nue dans le bas, du Valeriana globulariæfolia Ram. Échantillon unique, un peu avancé et mal desséché, dont les fleurs sont tombées. Je n'osai pas l'analyser à fond, de peur de le gåter. On m'a assuré au reste que depuis une maiu officieuse avait fait disparaitre cette erreur du précieux herbier. Dianthus hirtus Vill. — C'est à tort que Villars a indiqué cette plante dans les Hautes-Alpes; elle croit daus les lieux les plus ehauds de la Provence, oü elle ne fleurit méme qu'au mois d'aoüt. Elle n'est pas rare sur les coteaux boisés de la rive gauche du Verdon à Gréoulx. M. A. Jordan, dans ses Ob- servations (7° fragment), a très nettement séparé cette bonne espèce du D. graniticus, qui vient dans les Céveunes et qu’on avait longtemps con- fondu avec la plante de Villars. Arenaria mixta Lap. abr. pyr. 255 (réuni en synonyme à PA. grandi- flora, Gr. et Godr. I, 261). — Mérite, selon moi, d'étre conservé; s'écarte beaucoup trop de l'espèce d'Allioni par ses feuilles plus étroites, plus courtes, toutes dressées ; par ses tiges bien plus nombreuses, trés gazonnantes, (outes simples et uniflores, non divariquées, mais atteignant toutes le méme niveau (fastigiées). L'A. triflora du méme auteur n'est qu'une variété à pédoucules quelquefois biflores de son À. mixta. J'ai encore recu, sous le nom d'A. grandiflora, une autre forme ou espèce, qui diffère sur plusieurs points essentiels des deux précédentes et qura été récoltée à Gèdre (Pyrén. centrales). Ces trois plantes s'éloignent extrêmement du type A. grandiflora All. de nos Alpes du Dauphiné, qui eroit aussi dans les Pyrénées (A. montana Lap. herb.!). Elles different également beaucoup de l'A. triflora DC. fl, fr., à feuilles allongées, presque sétacées, de la forêt de Fontaine- bleau. Je conclus que, dans l'A. grandiflora décrit par les auteurs, il y a certainement plusieurs espèces, que les savants botauistes qui ont entrepris de nous donner une Flore de France complète, sauront débrouiller mieux que moi dans leur supplément, Cytisus heterophyllus Lap. abr. pyr. 422; Gren. et Godr. I, 508 (Genista heterophylla DC.; Duby, bot. gall. 1008). — L'herbier de Lapeyrouse m'a offert sous cenom un ou deux brins ou bouts de rameaux sans légumes et tout à fait insuffisants : calice campanulé d tube très court et à deux lèvres entières et égales ; poils des pétioles, du rameau, des pédoncules et méme des feuilles longs, étalés-hérissés ; je n'ai vu que des feuilles simples. Ce peut être une bonne espéce, mais elle est mal assise sur de pareils échantillons. Il est Possible qu'on la retrouve; le Cytisus elongatus W. et K. n'a été découvert dans l’Ardèche que depuis quelques années, par M. À. Jordan, et quelque botaniste pourra étre aussi heureux dans les Pyrénées, à l'égard de la plante de Lapeyrouse, Ünonis senescens Lap. abr. pyr. 405; Gr, et G. I, 508.— C'est sans aucun A36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. doute l'O. antiquorum L.; Gr. et G. Il existait un grand désordre parmi les espèces de ce genre, dans l'herbier de Lapeyrouse, à l'époque où je l'ai visité. Trifolium clypeatum Lap. abr. pyr. 436 et supp. 114. — D'après mes sou- venirs etla description minutieuse de ce Tréfle que je trouve dans mes notes, ce serait bien l'espéce de Linné et non une variété du T. maritimum Huds., comme l'ont cru MM. Grenier et Godron (I, 408). Resterait à savoir si l'échantillon, d'ailleurs incomplet et sans racine ni feuilles radicales, que j'ai vu et décrit, a été réellement récolté à Mont-Louis, comme l'auteur l'affirme. Je tiens de feu son jardinier qu'il était souvent envoyé seul her- boriser sur les deux versants, français et espagnol, des Pyrénées, et qu'à son retour il ne se souvenait pas toujours des localités oü il avait récolté telle ou telle espèce. Hypericum linearifolium Lap. abr. pyr. 450, non Vahl. — Cette plante ne parait pas avoir été connue de l'auteur, car il n'y a dans son herbier, sous ce nom, que l'H. pulchrum à feuilles un peu plus étroites que dans le type. Le texte est iei d'accord avec l'herbier, ce qui n'arrive pas tou- jours; ear il indique pour station à son H. linearifohium les bruyères et friches autour de Bayonne, localité qui convient à VH. pulchrum, tandis que IZ. linearifolium croît sur les collines et montagnes schisteuses, par exemple autour d'Ax (Pyr. centrales), où je l'ai abondamment récolté moi- méme. Rhamnus sylvaticus sp. nov. (R. catharticus Chaix in Vill.? ob loc. cit.)— Je ne propose qu'avec doute cette espèce, qui n'est peut-être qu'une variété du Zi. catharticus L. C'est'un bel arbrisseau de 17,50», à feuillage d'un beau vert foncé très agréable. Il diffère du R. catharticus par ses rameaux dressés, inermes et non spinescents, d'un port presque pyramidal, par la glabrescence de toutes ses parties, méme des jeunes pousses et des pédicelles, par ses feuilles ovales-oblongues ou méme lancéolées, jamais arrondies à la base, un peu prolongées sur le pétiole, à crénelures si fines qu'elles ne sont bien visibles qu'à la loupe. Je l'ai trouvé sur la lisière des bois de Rabou et Mondet, à La Roche prés Gap. Buplevrum oppositifolium Lap. abr. pyr. 141.— Mes notes sur cette plante sont de tout point eonformes aux détails insérés par M. Clos dans le Bulletin de la Société (t. III, p. 642). Seulement je m'étais trompé sans doute en rapportant l'espèce aux grands individus du B. carícifolium Rchb., au lieu du B. falcatum L. Anthemis Gerardiana Jord. obs. 7° fragm. (A. montana a Linnæana 6r. et G. 11, 155.) — Cette plante me parait constituer une bonne espèce; elle differe totalement de l'A. montana par son port, par les découpures de ses feuil'es, par ses calathides plus petites, par son involucre ombilique à écailles pubescentes-tomenteuses, très ples, scarieuses et non bordéss de SÉANCE DU 8 mal 1857. 437 noir, par ses tiges dressées, plus gréles, ete. J'en ai recu de trés beaux échantillons récoltés dans la forét des Maures (Var). Seriola ætnensis Lap. abr. pyr. 486. — Il n'y a point erreur dans l'herbier de Lapeyrouse, quant aux échantillons que j'y ai vus et que j'ai pu com- parer alors avec ceux que j'avais reçus de M. Robert, de Toulon ; mais il y a certainement erreur dans l'indication des lieux : je n'ai jamais rencontré dans le bois d'Aufrery prés Toulouse que des 7/irincía, des Leontodon ou l'Hypochæris radicata. Quant à l'A. glabra L., auquel MM. Grenier et Godron (II, 292) ont eru devoir rapporter la plante de Lapeyrouse, il vient loin de là, dans les parties à demi défrichées du bois de la Ramette, près du Touch, affluent de la Garonne. Hieracium dentatum Hoppe. — MM. Grenier et Godron ne font mention de cette plante que dans une observation (II, 358), à la suite de la description de IH. villosum L. C'est une trés bonne espèce, qui doit s'ajouter à notre flore francaise; elle n'est pas rare au Mont-Aurouse prés Gap, au pied du pic le moins élevé qui domine le hameau de Mata- charre, à 1600» d'élévation environ. Il n'y a rien à ajouter à l'excellente description que M. Grisebach en a donnée dans sa monographie. Elle est tardive chez nous, et c'est à peine si elle commençait à fleurir le 7 août, quand je l'ai récoltée et prise d'abord pour une forme de VH. glabratum Hoppe. Ses feuilles, trés peu dentées et à peine glauques, tendent à prendre une légère teinte jaune, Hieracium hybridum Chaix in Vill. — Il faut remarquer qu'il y a eu, par erreur typographique sans doute, dans toutes les tables de Villars, inversion entre les fig. des H. Halleri et hybridum. Un auteur d'outre-Rhin a supposé que cette plante était une hybride des H. Pilosella et alpinum. Or, dans la localité oà Chaix l'a trouvée et indiquée, et où je l'ai cueillie moi-même plusieurs fois, on peut bien rencontrer l'A. Pilosella, car où ne vient-il pas? Mais quant à l'H. alpinum L., il faudrait l'aller chercher à quinze lieues de là, dans les montagnes de l'Isére; il n'en existe pas un seul individu dans nos Alpes du Gapencais. Il est méme assez remarquable que le seul Hieracium désigné par Chaix et Villars sous le nom d'Aybridum ne puisse être considéré comme un hybride, en raison des espéces qui crois- sent autour et qu'il est impossible de lui assigner pour parents. Au reste, p Plante de Chaix, détruite par la dent des moutons ou le couteau des pareurs, a tout à fait disparu de la localité où elle fut découverte. eem villosum Q vil. Dauph. Itt, 106. — Les auteurs de la Flore tvm Bora ( " 359) ont donné cette variété comme synonyme de l'A. specio- note au b a récolté cette plante dans le lieu même où Villars, dans sa qu'elle "2 e a page, dit qu elle a été trouvée par Chaix. Je puis certifier montagne. Pl e commun avec l'H. speciosum, qui ne croit pas daus nos ones, Jajouterai, à ce que dit Villars dans sa note, que la couleur 438 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cendrée de son involucre la fait reconnaitre au premier coup d'œil des autres variétés de l /7. villosum. Sa racine est trés longue, grêle, chevelue et même un peu rampaute. C'est peut-être une espèce distincte, à laquelle j'ai donné provisoirement le nom d' H. Chaizi. Campanula lanceolata Lap. abr. pyr. 105.— Ce que j'ai vu et décrit dans l'herbier de cet auteur, ne se rapproche guère du C. linifolia Lam.; l'espèce de Lapeyrouse a tout le port, la taille et les caractères du C. rhomboidalis L., dont elle n’est peut-être qu'une variété à feuilles plus allongées. Les échantillons que j'ai reçus de Gèdre (Pyrén. centrales), sous le nom de C. /anceolata Lap. , ne représentent qu'une forme du C. Scheuch- zeri Vill. Veronica saxatilis Jacq. ( V. fruticulosa B Gr. et Godr. IT, 593.)— Je pense que MM. Grenier et Godron, moins sévères dans leur supplément, rétabli- ront cette jolie plante au rang d'espèce. Outre l'absence de poils glanduleux dans la grappe, sa station plus alpine, la belle couleur bleue d'azur de ses fleurs, ses tiges gazonnantes, ete., la distinguent suffisamment du V. fruti- culosa L. Elle forme des tapis magnifiques sur les rochers humides du col de l'Are prés Grenoble. Digitalis purpurea L. — Si j'ai bonne mémoire, on a cité cette plante dans une des séances de la Société, à propos d'une discussion sur le changement de couleur des fleurs dans certaines espèces. Voici à ce sujet une'expérience qui m'est personnelle. La Digitale pourprée croit abondam- ment dans les terrains granitiques de la Bretagne, notamment autour de Rennes, où je n'ai jamais remarqué la variété à fleurs blanches. Les graines apportées de cette localité ont trés bien réussi dans mon jardin ; mais, à la seconde génération, je n'ai plus obtenu que des fleurs blanches. La méme remarque a été faite à Gap par tous les amateurs ou jardiniers qui eultivent cette plante. Or ici nous sommes partout sur le calcaire; la conclusion est facile à tirer : le changement de couleur des fleurs est dû dans ce cas aù changement de nature du terrain. Thesium tenuifolium Saut.; Gr. et Godr. III, 66. — Une seule localité, Gap, est citée pour cette espèce par les consciencieux auteurs de la Flore de France, sur le témoignage de M. Blanc; les échantillons que mon zélé col- legue a récoltés prés de Gap, à Chauvet, Mont-Bayard, et que j'ai sous les yeux, appartenant sans aucun doute au 7. intermedium Schrad., qui abonde dans nos vieilles prairies subalpines, il faudrait exclure le T. tenuifolium de la flore francaise, s'il n'a pas été trouvé ailleurs. Thesium glaucum sp. nov. — Inflorescence et souche subligneuse du T. divaricatum Jan, dont on le distingue à premiere vue par la teinte éminemment glauque de ses tiges et de ses feuilles. Son fruit est auss’ pio court, presque rond et à très peu près sessile. Ses tiges sont déeombantes. Î est tardif et ne fructifie qu'en aoüt-septembre. Je l'ai observé pendant plo- SÉANCE DU B mar 1857. A59 sieurs années, sur les petits roehers arides et schisteux qui surgissent cà et là du milieu des vignes, à La Roche pres Gap. Allium scaberrimum sp. nov. — Ombelle globuleuse, capsulifère, très fournie, plus ample que celle de V'A. spherocephalum L., moins grande que celle de l'A. polyanthum Roem. et Sch., à pédicelles serrés-dressés. Spathe caduque; périgone toujours d'un blanc pâle, assez petit, à divisions ovales-obtuses et à carène d'un blanc verdâtre, presque lisse. Étamines alternativement simples et à trois pointes de méme couleur que le périgone ou les anthères d'un jaune très pâle. Feuilles planes légèrement carénées, linéaires-lancéolées, acuminées, garnies aux bords de petites dents trés aiguës qui les rendent très rudes et presque vulnérantes. Tige élancée, un peu gréle, lisse, à peine striée, cylindrique, feuillée jusqu'au quart de sa hauteur, qui atteint 7-8 décimètres. Ovaire ovoide ; graines noires, fine- ment penctuées. Bulbe petit, anguleux, le plus souvent accompagné de bulbilles jaunátres, enveloppés dans les tuniques. Je l'ai observé dans les blés de la plaine de La Roche prés Gap, oü il s'est propagé depuis quelque temps. Il offre beaucoup des caractères de l'A. arvense Guss. (A. sphæro- eephalum B arvense Gr. et Godr.), mais il s'en sépare nettement par ses feuilles, : Orchis Hanrii Jord. obs. fragm. 4, p. 27. (0. tridentata B Gr. et Godr. III, 288. O. variegata Al. Lam. ex Gr. et Godr.) — Ces plantes diffèrent trop par le port, l'épi, le labelle surtout et les stations, pour n'étre que des variétés d'un méme type. M. A. Jordan a publié d'excellentes figures des 0. Hanri et variegata, qui montrent que ces deux plantes sont plus dis- tinctes l'une de l'autre que, par exemple, les O. militaris L. et fusca Jacq. L'O. Hanrii croit abondamment dans les prairies un peu séches de la rive gauche de la Garonne à Toulouse, en remontant la rivière à partir du polygone. Je ne connais pas d'autre station de l'O. tridentata que les con- fins du Var et du Piémont, d'où M. Hanry a bien voulu me l'envoyer. Carex acuminata Lap. herb. non texte; Gr. et Godr. IHI, 432. — L'au- teur de la Flore des Pyrénées n'a autre chose sous ee nom, dans son herbier, que le C. glauca Scop. . Carex sphærica Lap. abr. pyr. 570 ; Gr. et Godr. III, ^52. — Échan- tillons grêles, nains, sans racine, dans lesquels, malgré l'appauvrissement des épis, il est facile de reconnaitre le C. frigida All., qui abonde dans les Pyrénées, Parmi beaucoup d'exemplaires que je possède de Gèdre, il S'en ponve dont les épis femelles sont aussi réduits et qui se rapportent tout à ait à ceux de Lapeyrouse. Carex secalina Lap. abr. pyr. 576, non Wahl.; Gr. et Godr. IN, ^22. — « ll n'est pas probable, disent les auteurs de la Flore de France, que * Celle plante existe à Toulouse. » En effet, c'est le C. hirta L. qui a cte Pris pour l'espece de Wahlenberg et qui est commun à Toulouse, precise- 440 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment dans les lieux que Lapeyrouse assigne pour station à son C. secalina. Carex subrotunda sp. nov. — Un épi mâle, cylindrique, terminal, avec le rudiment d'un second à sa base. Deux épis femelles dressés, trés écartés, ovales-arrondis, très courts, sessiles à l'aisselle de bractées foliacées non engainantes et dont l'inférieure ne dépasse pas les épis mâles. Écailles fe- melles égalant les fruits, ovales-lancéolées, aiguës, panachées. Utrieules fructiferes imbriqués, serrés, petits, d'une couleur cendrée- terreuse, ovales- oblongs, plans-convexes, ou méme paraissant un peu triquètres, glabres, légèrement nervés, terminés par un bec très court, arrondi, entier ou subbidenté au sommet. Chaume de 3-4 décimètres, dressé, triquétre à angles aigus, presque lisse; les feuilles n'offrent rien de remarquable. Je n'ai trouvé dans mes auteurs, pour cette plante que j'ai récoltée dans les marais des bords de la Charente, au-dessus de Saintes, aucun synonyme applicable ; je ne possède rien non plus, dans mon herbier d'Europe, qui lui ressemble. Elle est trés rare dans la localité citée. Bien que j'aie eru voir 3 stigmates au sommet des utricules, le facies et l'ensemble de cette espèce . doivent la rapprocher du groupe du C. stricta Good. Festuca spectabilis Jan; Gr. et Godr. III, 579. — Cette belle espèce, qui n'est indiquée dans la Flore de France qu'au bois de Fonfrède prés Mont- pellier, n'est pas rare à Toulouse, sur les collines boisées, au delà du Touch, à Coulommiers, devant le château de l'Armurier, ete. Je l'avais signalée sous le nom de F. spadicea, dans ma Florule des environs de Toulouse (1836), avant d'avoir récolté la véritable espece de Linné sur les pentes herbeuses de nos montagnes des Hautes-Alpes. Avena alpestris DC. fl. fr. V, 260, non Host. (Trisetum flavescens P. de Beauv.; Gr. et Godr. III, 523.) — Je regrette que, dans leur excellent tra- vail sur les Graminées de France, MM. Grenier et Godron n'aient signalé cette jolie plante que comme synonyme de l'A. flavescens L. Ses feuilles bien plus larges, la couleur de toutes ses parties d'un beau vert foncé, 565 épillets plus gros, agréablement panachés de blane, de jaune et de rouge sa station alpine, ses tiges plus robustes et plus gazonnantes, et sa souche à peine rampante, justifient suffisamment De Candolle d'en avoir fait une espèce ; mais comme elle ne peut pas conserver le nom qu’il lui avait donné et qui appartient à une espèce plus ancienne, je propose celui d'A. Candolla. Elle est très rare dans nos montagnes. M. Blanc, de Gap, l'a trouvée dans les hanes de roches calcaires qui couronnent le Mont-Seüse. L'A. flavescens est, au contraire, trés commun dans la plaine et se trouve jusque daus nos blés. m nac qe SÉANCE DU 8 wai 4857. 441 DES GRAINES DE L'ATRIPLEX HORTENSIS ET DE LEUR GERMINATION, par M. D. CLOS. (Toulouse, 4 mai 1857.) On sait que, dans la famille des Chénopodées, les graines sont tantôt ver- ticales et tantôt horizontales; que ces deux dispositions peuvent se rencon- trer non-seulement dans des espèces d'un méme genre (le genre CAenopodium tel que le comprennent MM. Grenier et Godron), mais méme dans une seule espéce, les graines du C. glaucum L. étant les unes verticales, les autres, en beaucoup plus grand nombre, horizontales. Une des plantes de cette famille, l Atriplex hortensis L., a des fleurs polygames, les femelles dépourvues de périanthe, que remplace un invo- lucre à deux grandes bractées dressées et appliquées sur un pistil déprimé qui renferme une graine dressée. Le péricarpe très mince laisse bientôt celle-ci presque à nu. Or, lorsqu'on examine comparativement un grand nombre de ces graines, on en reconnait de deux sortes: les unes rougeátres, à bord renflé, et un peu déprimées à leur centre; les autres plus petites, d'un brun noirátre, lenti- eulaires, renflées en verre de montre aux deux faces, et à bords aigus. La structure de ces deux espéces de graines ne différe pas moins que leur apparence extérieure. Les unes et les autres ont, il est vrai, un embryon annulaire bien développé, avec une méme position relative de la radicule; wais le tégument des premières est membraneux, recouvrant un albumen farineux blanchátre, et celui des secondes est crustacé et leur albumen dur, Subcorné, de couleur brune. Les différences s'étendent jusqu'aux deux grandes bractées qui les entourent, et sont telles qu'avec un peu d'babitude On peut déterminer presque à coup sûr, d'après leurs caractères extérieurs, quelles sont celles qui abritent ou abritaient des graines rousses, quelles des graines noires, Les premieres sont ovoides, arrondies, et leur prineipal faisceau fibro- vasculaire (nervure médiane) se divise à 2 millimètres au- dessus de son origine, presque à la jonction du tiers inférieur et du tiers "yen du diamètre longitudinal de la bractée ; les secondes sont ordinaire- ment cordiformes, et leur faisceau médian se ramifie à 1 millimètre environ 2-dessus du point d'insertion de l'organe. | I! n'est fait mention de ces deux sortes de graines ni dans l'ouvrage de Cartner (1), ni dans les traités de phytographie plus modernes que j'ai été * méme de consulter. Cependant on les retrouve dans l’ Atriplex hastata L., (plusieurs autres espèces de ce genre les présenteront sans doute encore. ( ici H H LI . le 1) Voici la description que donne cet auteur des graines de l’Atriplex hor- n : i 1 . e H , sis L. * « Semina orbiculata (c.c.) utrinque planiuscula, rubro ferruginea, ad Marginem saturate et quasi annulo nigro colorata. Semina floris hermaphroditi » j LI " L] , enticularia (f) sub pellicula cenerascente, atra, glaberrima, nitida. » (De fruct. semin., t. I, p. 362.) | 442 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La position relative qu'elles occupent sur la plante ne m'a paru soumise à aucune regle. . . Aprés avoir constaté ces faits l'année dernière, je voulus soumettre ces deux sortes de graines à l'épreuve de la germination, et ici encore les diffc- rences furent des plus notables. Le 23 mai 1856, je semai dans deux compartiments d'un grand vase en verre et plein de terre, les graines noires et les graines rousses isolément et en méme nombre (10 de chacune, sur lesquelles 5 avaient été préalablement plongées pendant 15 heures dans l'eau). Trois jours après, trois des semences rousses avaient commencé à germer,et le 4 juin toutes s'étaient développées, tandis que toutes les noires ne montrérent aueun indice de germination. Je chargeai le jardinier-chef du Jardin des plantes de Toulouse de répéter l'expérience, et le méme résultat se reproduisit. J'ai voulu, avant de publier ce fait, soumettre les graines de l'Arroche des jardins à une troisième épreuve : le 24 avril dernier, je choisis deux vases de méme grandeur et pleins de la méme terre; je semai dans l'un 21 semences rousses et dans l'autre un méme nombre de graines noires : elles ont recu les mêmes arrosements, el les conditions ont été identiques pour toutes : au moment où je trace ces lignes (4° mai), 14 des rousses ont déjà germé, et pas une des noires n'a commencé à le faire. A quoi done faut-il attribuer ce résultat? Bien que les graines noires renferment un embryon en apparence bien conformé, l'absence de germina- tion ehez elles reconnait-elle pour cause le défaut de fécondation ou une fécondation imparfaite? La production de graines fertiles, sans une fécon- dation préalable a été admise par plusieurs physiologistes modernes, en particulier par Bernhardi (d'après les observations faites sur le Chanvre) (1), et tout récemment encore par MM. Naudin (2) et Lecoq (3). Ajoutons que le C'ælebogyne a semblé leur donner gain de cause. Si l'hypothèse que je viens d'émettre se vérifiait, les graines noires de l' Atriplex hortensis L., en tant que pourvues d'embryon, offriraient un moyen terme entre les graines non fécondées mais fertiles et les graines non fécondées dépourvues d'em- bryon. Je crois devoir rappeler toutefois que, l'albumen de ces deux sortes de graines différant aussi sensiblement, il peut y avoir dans cette circon- stance une cause de non-germination pour les graines noires. | Je terminerai en citant cette phrase de l'illustre R. Brown : « In Atri- de (4) Voy. Annales des sc. natur., 2e série, t, XII, p. 362, les expériences rou Bernhardi confirmant celles de Camerarius, Fougeroux, Dureau de la Malle, Gi de Puzarejngues, etc. (2) Voyez le Bulletin, t. II, p. 754. (3) Voy. Comptes rendus de l' Acad, des sciences, numéro du 8 décembre 1856, et le Bulletin, t. TIL, p. 655. SÉANCE DU 8 Mai 1857. A48 plice hortensi L. sola semina floris hermaphroditi maturescunt. » (Prodr. flor. Nov. Holl. ed. 2, p. 262.) Je ne m'explique pas cette assertion du vénérable doyen de la botanique. J'ai eru devoir joindre à cette note les deux sortes de bractées et de graines, pour étre mises sous les yeux de la Société. À lasuite de cette communication, M. Moquin- Tandon présente quelques nouveaux détails sur les Salsolacées qui produisent à la fois des graines horizontales et des graines verticales. Il fait voir d'abord que ces deux sortes de graines n'infirment nullement l'importance taxonomique que les phytographes oot donnée, dans cette famille, à la position de la semence, et que le genre Chenopodium doit être maintenu tel qu'il se trouve dans Tournefort et dans Linné, Parmi les graines dont il s'agit, les unes paraissent toujours très peu nom- breuses, et leur apparition doit être regardée comme un phénomène acei- dentel ou accessoire : telles sont les graines verticales dans le Chenopodium glaucum et les graines horizontales dans l' Atriplez hortensis, Chez la première plante, les graines verticales sont généralement entou- rées d'un calice fructifère à trois ou deux folioles seulement. Ces graines Sont, du reste, organisées comme les horizontales, quelquefois cependant un peu plus petites et un peu comprimées. Elles germent comme les autres, mais il y en a toujours un certain nombre qui ne lévent pas, probablement les moins développées, Dans l'Atriplex hortensis, les graines horizontales diffèrent notablement des verticales : elles ne sont pas protégées par deux grandes bractées appli- quées l'une contre l'autre, mais placées dans un calice fructifère exactement semblable à celui des Chenopodium. Ces graines sont lentieulaires, noires, à testa plus ou moins erustacé, et ressemblent tout à fait à celles de ce der- hier genre; ce sont de vraies graines de Chenopodium. M. Moquin-Tandon en à semé, pendant deux ans, pour voir s’il arriverait à transformer le pre- mier genre dans le second, Ces graines ont levé (mais en partie seulement), *t ont donné des plantes qui ne diffèrent en rien de l Atriplex hortensis. Plusieurs botanistes, particulièrement Dumortier et Dupont, ont fait la méme expérience et obtenu le même résultat, Les graines noires vertieales, dont parle M. Clos, différent à peine, par leur Structure, des graines rousses normales : il est fort extraordinaire qu'elles n'aient pas germé, lorsque les graines horizontales, celles à type de Chenopodium, qui s'en éloignent d'une manière si notable et si curieuse, Se sont développées à peu près comme des graines ordinaires ! M. Moquin-Tandon communique un passage d'un mémoire sur les Caractères de La famille des Salsolacées, dans lequel il s'occupe des graines AAA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. horizontales et des graines verticales exceptionnelles de ces plantes; il montre le peu d'importance qu'il faut leur attribuer dans la classification. Ce mé- moire sera lu en entier, dans une prochaine séance. A l'occasion de la communication de M. Clos, qui a mentionné le Cœlebogyne, M. le comte Jaubert annonce que cette plante intéres- sante est en fleur en ce moment dans les serres du Muséum. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante adressée à la Société : NOTE SUR DEUX CHAMPIGNONS, par M. C. MONTAGNE. (Paris, 8 mai 4857.) | La Société m'a chargé d'examiner deux Champignons, qui ont été adressés de la Guadeloupe à M. Reveil, et de la renseigner, soit sur leurs noms, soit sur les propriétés hémostatiques qu'on leur attribue dans notre colonie. Tl mesera trés facile de la satisfaire sur la premiere question, attendu que ces deux espèces sont bien connues. , L'une est une Agaricinée du genre Lentinus Fr., que M. Klotzscha publice dans le Zinnœæa sous le nom de L. villosus, sans en donner une figure. L'au- tre est un Pyrénomycéte de la Guyane, que j'ai décrit et figuré dans mà seconde centurie de plantes cellulaires, insérée dans le tome XIII, p. 351, pl. x, f. 2, de la seconde série des Annales des sciences naturelles. Only trouvera inserit sous le nom d’Hypoxylon irradians, d'après un caractère important fourni par la disposition des fibres du stroma. Quant à la propriété hémostatique préconisée chez ces deux Champignons, je n'en puis absolument rien dire. Peut-être faut-il se tenir en garde contre une pareille assertion; car, à moins d'une préparation dont on ne parle pas, le Lentinus surtout, qui est subéreux, ne me paraît guère propre à remplir l'objet pour lequel on l'emploierait. En résumé, ces deux Champignons ne me paraissent pas appelés à détrôner Chez nous, y fussent-ils même communs, les moyens dont dispose la chi- rurgie moderne pour remédier aux hémorrhagies traumatiques. M. Duchartre présente ensuite, de la part de M. Keteleer, les lampes fleuries de deux magnifiques Orchidées exotiques : les Cypro pedium Low?i Lindl. et C. caudatum Lindl. M. Boisduval appelle l'attention de la Société sur la longueur pro- digieuse de deux des pétales du Cypripedium caudatum. Cet allon- gement des pétales a lieu graduellement et aprés l'épanouissement. Ils croissent généralement de 5 centimètres par jour, et atteignent ainsi jusqu'à 70 centimètres de longueur. SÉANCE DU 8 Mar 1857. hh5 M. J. Gay fait à la Société une communication dont voici le résumé : | NOTICE SUR UN CHÊNE NOUVEAU DE LA FLORE DE FRANCE, SUR LES CARACTÈRES QUI LE DISTINGUENT, ET SUR LA CLASSIFICATION DES CHÉNES EN GÉNÉRAL, par M. J. GAY. (Résumé fourni par l'auteur.) Nous devons à André Michaux la première révélation d'un des caractères les plus importants qui puissent étre employés pour la distinction des Chênes. Dans quelques espèces, dit-il, les ovaires femelles acquièrent tout leur développement dans l'année méme de leur naissance. Mais il en est d'autres dont les fleurs femelles restent stationnaires pendant une aunée entiére et ne commencent à grossir qu'au second printemps, pour aecomplir leur évolution à la fin de l'année. Quelque important que lui paraisse ce caractere, il ne l'emploie cependant qu'en second ordre, pour grouper les Chênes de l'Amérique du Nord qu'il veut décrire. Sa première division est fondée sur les feuilles mutiques ou terminées par une soie, les feuilles ou leurs lobes. André Michaux écrivait en 1801; neuf ans plus tard, Michaux fils reprend le travail de son pere, et il en reproduit les divisions, mais en donnant le premier rang au caractère de la fructification annuelle ou biennale. Pursh en 4816, Nuttall en 1818 et Elliott en 1824 suivent l'exemple de Michaux fils, en fondant sur le caractère de la maturation la division principale du genre. Pendant que l'observation des deux Michaux fructifiait en Amérique, elle restait comme non avenue en Europe, d’où elle était partie. Trois Species plantarum, ainsi qu'une multitude de Flores, s'étaient succédé sans en avoir le moins du monde profité, et il est curieux d'avoir à comprendre dans ce nombre le Flora Boreali-Americana, qui porte le nom d'André Michaux, mais qu'on sait étre l'oeuvre de Louis-Claude Richard. C'est seulement en 1837 qu'en Europe on voit apparaitre un premier signe d'intelligence à ce sujet, dans une note où Koch, l'auteur du Synopsis Flore germanice, reconnait la maturation biennale du Quercus Cerris. Cette négligence du passé est cependant arrivée à son terme, et le fil de la tradition va enfin étre repris, et cela en France, comme il convenait à une observation née en France, d'un auteur francais. En 1842 parait le onzième volume de l'Histoire naturelle des végétaux Phanérogames de M. Spach, où l'auteur traite les Chênes d'une manière evidemment supérieure à ses prédécesseurs. lci le genre est divisé en sept Éroupes naturels, tous méthodiquement définis par l'ensemble de leurs SUrstieres, et tout particulièrement par celui de la maturation, qui reparait hho SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. enfin dans toute sa dignité, quoique réduit à un caractère secondaire commun à plusieurs groupes. C'est sans doute le même auteur qui, dans la même année ou l'année suivante et dans les ///ustrationes plantarum orientalium de MM. Jaubert et Spach, revient sur le même sujet, à propos de quelques espèces nouvelles ou peu connues qu'il veut décrire et figurer, et la maturation biennale qu'il avait précédemment attribuée aux groupes CERRIS et SUBER, il la dit maintenant annuelle. Bientôt après, c'est-à-dire en 1844, Loudon publie son Traité des arbres et arbustes cultivés en Angleterre, où se retrouve le méme progrès des Chénes divisés en groupes naturels et de la maturation employée en seconde ligne pour caractériser ces groupes, au nombre de dix. L'auteur n'a rien emprunté à M. Spach, et tout annonce qu'il a emprunté aux deux Michaux les éléments de sa classification, quoique ceux-ci n'eussent point eu l'idée des groupes naturels à introduire dans les Chénes. C'est un travail de com- pilation intelligente, mais ce n'est point une œuvre d'observation. Jusqu'ici les classificateurs du Chêne n'avaient opéré que sur les especes de l'Amérique du Nord, de l'Europe et de l'Asie occidentale, au nombre d'une cinquantaine; mais ce n'est là que la plus petite partie du genre, qui compte. 150 autres espèces disséminées en d'autres parties du monde. Tl importait de soumettre ces nombreuses espèces au contrôle dont les autres avaient été l'objet. C'est ce qu'Endlicher a essayé en 1847, dans la deuxieme partie du quatriéme supplément de son Genera plantarum, oü se trouve le catalogue des 197 espéces jusqu'alors décrites et plus ou moins connues. Ce qui ressort de ce tableau, c'est d'abord que les espèces à classer rentrent en majeure partie dans les sections précédemment établies, ou plutót dans une de ces sections, celle à laquelle M. Spach donne le nom de SUBER. Quelques espèces seulement échappentà cette classification. Tel est un Chéne du Japon, dont la cupule, hérissée de piquants et fermée de toutes parts, ne s'ouvre que tardivement pour donner passage au gland. Tels sont quelques autres Chênes de l'Inde orientale et des iles de la Sonde, que distingue une cupule ou ureéolée et lisse dans la majeure partie de sa longueur, 0U raccoureie de manière à former un simple anneau. De là trois premières sections à pratiquer dans le genre: A. Lepidobalanus, B. Chlamydobolanus; C. Cyclobalanus. Le Chlamydobalanus, réduit à une seule espèce, ne com- portait aucune subdivision, et il n'en est proposé aucune pour le Cycloba- lanus, quoique riche de 27 espèces. Autre est le Zepidobalanus, qui ? Jui seul en embrasse 169, c'est-à-dire plus des quatre cinquièmes du genre. Une première subdivision apparait ici, pour séparer, sous le nom d' Esculus, les espèces à feuilles caduques, de I //ez, qui comprend les espèces à feuilles persistantes, Les groupes naturels arrivent en seconde ligne : ROBUR, ELEO" BALANUS, ERYTHROBALANUS, CERRIS et GALLIFERA sous Æsculus ; SUBER et SÉANCE DU 8 mar 1857. Ah? CocctrERA sous lex. Ce sont exactement les sépt groupes naturels de M. Spach, et reproduits dans le méme ordre, avec le changement d'un seul nom, Ælæobalanus substitué à Cerroides. Ce sont aussi, pour chaque groupe, les mêmes caractères, et notamment ceux de la maturation annuelle ou biennale, tels que M. Spach avait eru devoir les modifler pour les groupes CERRIS et SUBER. Comme je l'ai indiqué, ces caractères avaient tous déjà été employés par les deux Michaux, pour distinguer les espèces de l'Amérique du Nord. Ils prennent iei une signification plus générale, à laquelle, je crois, ils se prétent; et je n'aurais rien à en dire, si l'un d'eux, le plus important de tous, n'avait été, en plusieurs cas, mal compris de nos deux auteurs, et si je n'avais à fonder en partie sur ce caractère la distinction d'une nouvelle espece, dont je parlerai plus loin. M. Spach et Endlicher attribuent là maturation annüelle aux groupes Rosun et ELÆOBALANUS (CEnnoIDEs Spach), en quoi je suis parfaitement d'accord avec eux, comme aussi pour reconnaître la maturation biennale aux groupes ERYTHROBALANUS et COCCIFERA ; mais il n'en est plus de méme des groupes CERRIS, GALLIFERA ét SUBER. Groupe CERRIS. André Michaux en 1801, Koch en 1837 et M. Al. Braun en 1849 parlent du Quercus Cerris comme ayant la maturation biennale. Loudon, en 1844, étend ce caractère au groupe tout entier, devancé en cela par M. Spach, qui avait fait de méme en 1842. Mais une année à peine s’est écoulée, et M. Spach a changé d'opinion; il croit se corriger en donnant au groupe Cerris la maturation annuelle, caractère qui est adopté par Endlicher Cinq années plus tard. Or il y a là erreur, car il résulte de mes observations que, non-seulement le Q. Cerris, mais encore les Q. Ægilops, castaneæs folia et persica, toutes espèces inscrites dans le groupe CEnnis par Spach et Endlicher, se distinguent du Rogur autant par leur maturation biennale que par leur cupule chevelue. J'en dis autant de deux autres espèces qui appartiennent sans aucun doute au méme groupe : le Q. pseudo-Suber, qu Endlicher classe parmi les Cocctrera, et le Q. hispanica Lam., qui N'est pas, comme Endlicher le croit, un simple synonyme du Q. pseudo- Suber. Le Q. chinensis de Bunge, jusqu'ici insuffisamment connu, fait Sans doute aussi partie de la méme association, comme Endlicher l'avait déjà Soupconné. Groupe GALLIFERA.' Le groupe GALLIFERA a été proposé par M. Spach pour le seul Q. infec- M Oliv. (celui qui fournit les noix de galle du commerce), avec le ractère de la maturation biennale, Endlicher adopte le groupe sous le méme A48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nom et avec le méme caractère; seulement il en élargit le cadre cn y intro- duisant quatre espèces au lieu d'une: Q. Aumilis Lam., Q. infectoria Oliv., Q. alpestris Boiss. et Q. hispanica Lam. Toutes ces espéces sont done censées avoir la maturation biennale ; mais cela n'est vrai que de la dernière, qui, par ee caractère et par tous les autres, rentre indubitable- ment dans le groupe CERRIS, comme je le disais tout à l'heure. Les trois premières espèces ont la maturation annuelle. Dans tous les échantillons que j'ai vus de ces trois espèces, les fruits mürs ou mürissant occupent le sommet des rameaux de l'année, à l'aisselle des deux ou trois premières feuilles, sans place aucune laissée au-dessus d'eux pour des fleurs femelles d'une génération plus récente, d'oü il suit nécessairement qu'ils sont de méme áge que le rameau, et que, par conséquent, ils ont la maturation annuelle. J'en dis autant de deux formes anonymes, provenant du défilé des Portes Ciliciennes, que M. Balansa a distribuées en 1857 sous les n°’ 1126 et 1126 bis, et qui sont évidemment trés voisines du Q. énfectoria. Tel étant l'état des choses, il est fort douteux pour moi que les Chénes gallifères puissent subsister comme groupe, méme après élimination du Q. hispanica, En tout cas ils devront être placés immédiatement après le groupe RoBUR, dont ils ne different que par leurs feuilles moins caduques, devenant subcoriaces avec l'áge, et à lobes ou dents mucronés, non mutiques. Encore y a-t-il dans les formes multiples du Q. infectoria bien des exceptions à ce dernier caractère. Groupe SUBER. Sur la maturation du groupe Suger, les auteurs ne sont pas plus d'accord que sur celle du CERRIS, mais il y a ici une cause que je crois toute diffé- rente, comme on le verra tout à l'heure. Pour M. Spach, ce groupe se eom- posait en premier lieu de quatre espèces, trois européennes : Q. Ilex, Q. Ballota, Q. Suber, et une américaine, Q. virens. Ces quatre Chênes étaient censés avoir la maturation biennale. Michaux fils l'avait dit cn 1810 des Q. Suber et virens, M. Spach en 1842 du groupe tout entier, Loudon en 1844 des mêmes espèces, mal à propos groupées avec d'autres espèces trés disparates, enfin M. Braun en 1849 du Q. Suber. L'opinion était unanime sur ce point, lorsque M. Spach, occupé eu 1842 et 1843 d'une espéce nouvelle à introduire dans le méme groupe sous le nom de Q. cypria, substitua, dans le diagnostic du groupe, la maturation annuelle à la maturation biennale, corrigeant ainsi le caractère indiqué dans son premier travail. Endlicher l'a suivi dans cette voie, et son groupe SUBER ne diffère de celui de M. Spach que par l'addition de 113 espèces ajoutées aux 5 dont le groupe se composait auparavant, espèces du Mexique, du Japon, du Népaul, des Indes orientales et des iles de la Sonde, Mais de ces 113 espèces, il n'en est peut-être pas deux (j'excepte Je Q. lanata, dont il sera SÉANCE DU 8 Mai 1857. h^9 question plus loin) où le caractere de la maturation ait été remarqué par les auteurs, ce qui met fort en doute la légitimité de leur attribution au groupe dont il s'agit ici. M. Spach, done, ouvraitici un nouvel avis, opposé à celui de ses devanciers. Avait-il tort ou raison? J'ai examiné la question sur les matériaux qui étaient à ma disposition, et j'ai reconnu qu'il était dans le vrai et qu'il y avait maturation annuelle dans le Q. virens d'Amérique, ainsi que dans le Q. Nex, le Q. Ballota et le Q. Suber du bassin de la Méditerranée. Mais en méme temps j'ai découvert que, sous le nom de Q. Suber, on avait jusqu'ici confondu une autre espèce, fournissant pareillement du vrai liége à l'industrie, mais d'ailleurs très distincte par deux caracteres, au nombre desquels figure la maturation biennale. Cette espèce parait être particulière à l'extrême frontière occidentale de notre Europe. Mélée au Pin de Bordeaux (Pinus Pinaster Soland.), elle forme de véritables foréts sur la cóte du département des Landes, où je l'ai vue en septembre 1815, mürissant ses glands de seconde année. J'en possede un échantillon cueiili à la Serra de Cintra, pres Lisbonne, où, suivant l'étiquette (Q. Suber Welw. Lusit. exsice.), elle couvre de vastes étendues de terrain, ce qui me donne lieu de supposer qu'on la retrouvera sur toute la côte intermédiaire de l'Espagne et du Portugal, en raison de quoi je lui ai donné le nom de Q. occidentalis. Un bel arbre de la méme espèce est cultivé au fleuriste du petit Trianon, dans l'enclos où fut jadis établie l'école botanique de Bernard de Jussieu, dont peut-être il a fait partie, ce qui le ferait remonter à l'année 1759. 1I est permis de eroire que c'est, des deux Suber, le plus fréquemment ou plutót le moins rarement cultivé dans le nord de l'Europe, ce qui expli- querait pourquoi Michaux, Loudon, M. Alex. Braun et M. Spach lui-même dans un premier travail, ont attribué la maturation biennale au Q. Suber, tandis que le dernier de ces auteurs la jugeait annuelle dans un travail Subséquent, sans doute d'aprés l'autre plante, qui vient du bassin de la Méditerranée, et qu'aujourd'hui je regarde comme le vrai Q. Suber. Il y à done, dans le Chêne-Liége de nos climats, deux espèces qui, quoique très semblables à beaucoup d'égards, notamment par la nature de leur écorce et de leurs feuilles, diffèrent néanmoins par le temps nécessaire à la matura- tion de lenrs fruits, quatre ou cinq mois pour l'une, quatorze ou quinze pour Vautre, Mais ce n'est pas là tout ce qui les distingue, car les écailles de la Cupule, toutes appliquées dans le Q. Suber, les supérieures dressées et appli- . quées, les inférieures coniques et réfléchies dans le Q. occidentalis, fournis- Sent une seconde différence qui déjà suffit à mettre hors de doute la légitimité des deux espèces, en attendant qu'elle se fortifie par l'étude des bourgeons, des Stipules et des chatons máles, à laquelle je n'ai pu me livrer jusqu'à ce jour, attendu que le Q. occidentalis de Trianon n'entre en séve qu'au mois de Jun ; c'est le plustardifde tous les Chênes cultivés aux environs de Paris (4). (1) Le temps m'a révélé une troisième différence qui n'est pas moins remar- T. iv. 29 A50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quelle place donner à la nouvelle espèce dans la série de ses congénères? Elle ne peut entrer dans aucun des deux groupes jusqu'ici distingués pour les espèces à feuilles persistantes, car elle s'éloigne autant du SUBER par sa maturation biennale que du CoccirrEnA par la mollesse des écailles de sa eupule, toutes appliquées quoique en partie réfléchies. Il y a done nécessité de lui faire une place à part entre les deux groupes, et je propose, pour le nouveau venu, le nom d'HETEROPHELLOS, qui implique l'idée d'un faux Liége. Le Q. occidentalis n'y figurera pas seul, car je viens de découvrir, dans le Q. lanata Smith (1), une espèce qui en a tous les caractères princi- paux, quoique spécifiquement très distincte. C'est un premier démembre- ment opéré dans la série des 113 espèces exotiques qu'Endlieher a voulu rattacher au groupe Suger, mais évidemment avec trop de légèreté. Il est encore un autre Chêne qui, d’après la description et la figure, semble devoir former un groupe à part, c'est le Q. alnifolia Pæch, Enum. pl. Cypr. p. 12 (Q. cypria Jaub. et Spach, Ill. pl. or., T, tab. 56). Inter- médiaire entre les groupes CERRIS et Suger, il diffère du premier par ses feuilles persistantes et par sa maturation annuelle, et du second (dans lequel Spach et Endlicher l'ont compris) par sa cupule chevelue à l'égal du CEnnis. Je propose de lui ouvrir une case qui, sous le nom de CYPRIOTES, viendrait se placer entre les groupes SuBEn et HETEROPHELLOS. M. Bureau fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR DIVERSES MONSTRUOSITÉS, par M. ED, BUREAU. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société plusieurs échantil- lons de Narcissus biflorus, qui présentent une monstruosité assez remar- quable. Cette monstruosité obéit d'une manière fort évidente à la loi d'af finte quable, c'est celle qu'offre la durée des feuilles, bi- et triennale dans le Q. Suber, comme dans le Q. Jlex, annuelle seulement ou méme à peine annuelle dans le Q. occidentalis. C'est au commencement de juin que l'arbre de Trianon se dé- pouille de ses feuilles, au moment où s'ouvrent les bourgeons de l’année préce- dente. C'est plus tôt encore, et même dans les mois d'hiver, pour l'arbre du sud- ouest de la France, s'il faut en croire Clusius, qui avait déjà observé cette différence. en passant à Bayonne, vers l'an 1565, pour se rendre en Espagne. « Suberis duo » genera clariss. Matthiolus observavit; ego unicum tantum, nisi forte, quod in » extrema Aquitania nascitur, ab eo quod per Hispanias frequens est, diversum sit. » Etenim Aquitanicum folia non retinet, sed hyeme illi decidunt ; uti, cum mense » Aprili in Hispanias proficiscerer, observavi, foliis enim prorsus viduatæ erant » quotquot Suberis arbores circa Bayonam conspexi. » (Clus., Hisp. (1570), P. 27.) (1} C'est le Q. nepaulensis Desf., nom sous lequel je l'ai vu cultivé daus un es grands pavillons vitrés de notre Jardin des plantes, où il a déjà atteint 45 pieds " hauteur, et où il fleurit abondamment tous les ans, sans avoir jusqu'ici produi des fruits parfaits. SÉANCE DU 8 Mar 1857. 4541 de sot pour soi, qu'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire a montrée régir les eas de soudure, soit des individus, soit des parties, dans le règne animal, et qui gouverne les mémes cas dans le régne végétal, ainsi que l'a indiqué M. Mo- quin-Tandon. Cette loi, on le sait, consiste en ceci : lorsque deux individus se soudent ensemble, ils se soudent par les parties semblables ; lorsque ce sont deux parties appartenant à un même individu qui tendent l'une vers l'autre, elles adhèrent également par leurs faces correspondantes ou de méme nom. Dans l'exemple ici présent, on verra qu'il s’agit d'une bractée qui s'est soudée avec un sépale: elle n'est pas venue appliquer sa face supérieure contre la face inférieure du sépale, comme cela devrait étre si les parties avaient conservé leur position naturelle; mais, pour obéir à la loi que je rappelais tout à l'heure, la bractée a dû exécuter un demi-tour en se tor- dant sur elle-même, de manière à venir appliquer la face inférieure de sa nervure médiane contre la face inférieure de la nervure médiane du sépale situé au-dessus. L'adhérence a lieu par ces nervures seulement, le reste du limbe conservant sa liberté. ll y a dans ce moment au jardin de la Faculté de médecine une touffe de Narcissus biflorus, dans laquelle presque toutes les fleurs sont monstrueuses: elles présentent tantôt le genre d'adhérence dont je viens de parler, d'autres fois des soudures de fleur à fleur, ou synanthies, de tous les degrés possibles, depuis la disposition de deux fleurs accolées comme les canons d'un fusil double, jusqu'à leur fusion complete en une seule fleur avec un nombre double de parties. Je demanderai la permission d'ajouter quelques mots sur une mons- truosité d'un autre genre, que j'ai observée au mois de juillet dernier, et qui offre un exemple des difficultés que peut présenter l'interprétation de certains faits tératologiques. En ouvrant des fleurs d'Antirrhinum majus, j'en remarquai un certain nombre qui portaient, naissant de la base de la corolle, un très long ap- Pendice pétaloide. Cette partie, située du cóté de la lévre supérieure, me Parut d'abord représenter l'étamine qui est ordinairement absente dans les meet et, ét bien là l'hypothese qui devait se présenter le plus dans les nt. ais en regardant de nouvelles fleurs, j eu trouvai plusieurs , quelles il y avait deux de ces appendices naissant tout à côté l'un de eea animai alors les nervures médianes des deux pétales formant la précisément cx] el en les suivant de haut en bas, je vis qu elles naissaient tlarité de " ace de chacun des appendices. H fallait attribuer à l'irre- d'abord fai col ^ ce rapprochement des nervures médianes, qui m avait alterne, et i] deve "e un appendice oppose a on petale pour un appendice , evenait dès lors évident que j'avais affaire, non à un retour h52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au type régulier du verticile staminal, mais à un dédoublement antéro- postérieur d'une partie de la corolle, ou bien à une sorte de coronule analogue à celle des Caryophyllées. Tous les pieds d'Anfirrhinum sur lesquels j'observai des fleurs ainsi modifiées étaient situés aux environs de Nantes, dans un jardin, le long d'un mur exposé au midi, et tous les pieds placés le long de ce mur m'ont offert cette monstruosité. La plante était aussi trés abondante dans les autres parties du jardin, mais ne présentait plus rien d'anomal. M. Chatin demande à M. Bureau s'il a va la 5° étamine rudimen- taire de l' Antirrhinum. Il croit se rappeler qu'il y a toujours d'abord 9 étamines ; puis la 5° disparait. Dans les Acanthacées il a vu souvent la 9* étamine primitivement semblable aux autres, puis disparaissant de bonne heure sans laisser de trace. Dans d'autres plantes ila re- marqué que cette 5° étamine prenait un grand développement et formait une lame pétaloide. Chez l'Antirrhznum y aurait-il tantôt atrophie, tantót hypertrophie de la 5* étamine? Le dédoublement de l'organe signalé par M. Bureau semblerait permettre de supposer que cet organe est la 5° étamine hypertrophiée. Lorsque le filet s'hypertro- phie il ne se dédouble pas, mais l'anthére se dédouble assez souvent. M. Bureau n'a pas vu la 5° étamine rudimentaire. Il ne se base, pour admettre le dédoublement du pétale, que sur la position de cet organe. M. Moquin-Tandon dit qu'il a vu deux fois, dans l'Antirrhinum, un filet à la place de la 5* étamine. M. J. Gay rappelle que, dans les Scrofularia, on voit presque tou- jours la 5° étamine rudimentaire et affectant des formes diverses suivant les espéces. M. Guillard fait à la Société la communication suivante : DE LA FORME DES GROUPES FLORAUX, par M, ACH. GUILLARD (!). ermine lissent XV. La qualité des groupes floraux, telle qu'elle est définie d dernieres lectures, résulte de la loi primitive d'organisation qui dét l'ordre dans lequel les boutons se forment, grandissent et accomp leurs fonctions. -- ; : ef (1) Suite des études sur l'Inflorescence, publiées dans le Bulletin, D. 29, 116 374 de ce volume. SÉANCE DU 8 Mal 1857. h53 La forme exterieure des groupes qualifiés dépend de trois causes princi- pales, qui sont : A. La longueur respective des supports, pédicelles, pédieules, pédoncules ; B. Les modifications de la phyllotaxie ; C. Les lois spéciales d'inégalité et de dissemblance auxquelles les groupes floraux sont soumis. A. — LONGUEUR DES SUPPORTS. Les modifications qui en résultent s'expriment par des termes usités, dont on trouve partout la définition : le groupe floral, soit progressif soit regressif, peut être ombellé, déprimé, globuleux, obconique, corymbé, capité, hémisphérique, ové, obové, spiciforme, sessile, cylindrique, pyramidal, fasciculé, omni-sessile, conique, unilatéral, etc. Exemples : Botrye ombellée : Primulacées, Araliacées ; Dibotrye ombellée: Ombelli- feres; Cyme ombellée : Malus T. Polycyme eory mbée : Sambucus, Viburnum, Cornus, Sorbus. Botrye spiciforme : Veronica arvensis L.; B-Cyme spiciforme : Triticum, Lolium; C-Botrye spiciforme: les Bæhmeria de la première section Weddell ; Spinacia T. Botrye fasciculée : Primula grandiflora Lamk.; Cerasus Mahaleb Mill., Impatiens Balsamina L.; Dibotrye fascieulée : Plantago major L., P. lanceolata L., Littorella lacustris L. Cyme fascieulée: Salvia et autres Labices, Encyanthus Lam. C-Botrye sessile axillaire, caractère général des Urticées. Cyme omni-sessile : Stachys, Lamium, Beta, Suæda. C-Botrye omni-sessile (glomérule complexe): Pouzolzia, Phenax. Nous ne voyons pas l'utilité de conserver dichotomie, calathide, grappe, thyrse, glomérule, dont le sens n'a jamais été bien déterminé. B. — FORMES PHYLLOTAXIQUES, "aL Les Bractées et les Bractéoles (soit semblables à la Feuille, soit qc mblables), pouvant étre alternes, distiques ou décussantes, le groupe oral est en conséquence alterné, distiqué ou décussé. Bractée et Bractéole sont, pour tous les botanistes, organes d'inflorescence. La aniére dont on les distingue de la Feuille est différente, selon qu'on se place au es vue de la fonction ou de la forme. La Feuille, transformée ou non, devient quement et physiologiquement Bractée quand elle aisselle un groupe floral, Bractéole quand elle aisselle un bouton seul. Au point de vue de la forme, il n'est m h54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas possible d'établir une distinction générale et précise entre la Feuille et les Dractées, soit parce que le passage de l'une aux autres est fort souvent graduel et insensible, soit parce que les phytographes ont l'habitude d'appeler Feuilles, sur la méme plante, des organes de forme trés dissemblable (quand ils donnent à de vrais pédoncules le nom de tige, qu'ils refusent en d'autres cas à des tiges véri- tables). Toutefois, comme le passage d'une forme à l'autre est fort tranché dans beaucoup de plantes, la distinction fondée sur la forme est trop commode au lan- gage pour y renoncer facilement, et l'on ne réussira guère plus à l'abolir qu'à la préciser (1). Exemples d'inflorescence alternée (B1/3,2/5,3/8, ete. (2) : Botrye terminale : OEnothérées. Botrye biaxillaire ou terminale : les Véroniques. Botrye 1/3 : Bletia verecunda. Botrye 1/3 passant à 2/5 : Asphodelus 'fistulosus L., Tofieldia calyculata Wahl. Botrye 2/5 : Clethra, Cyrilla, Triglochin, Fritillaria persica L., Smila- cina stellata Desf., Aloë margaritifera Ait., Oncidium, Spiranthes, Poly- slachya cerca. Botrye 3/8 : Ribes rubrum L., Celsia Arcturus S. vég., Dracena refleza Lamk. , Calanthe veratrifolia R. Br., Rodriguezia suaveolens Hook. La Botrye alternée, surtout quand elle est terminale, ouvre le plus sou- vent en 2/5 pour terminer en 3/8 ou 5/13. C-Botrye 1/3: Canna; C-Botrye 2/5 : Dictamnus albus L., Beta vulgaris L. Dicyme terminale : Ranunculus L., Rosacées, Linées, Chénopodées, ete. 2C-Botrye 2/5 : Agave. Exemples d'inflorescence distiquée (B1/2) : Iridées, Musacées; Miltonia, Demeraria (jard. Kew). Botrye feuillée : Diospyros Lotus L. (1) La langue botanique a été construite au hasard, selon le besoin de chaque jour, comme on pose les maisons dans un village, sans subordination respective, sans uniformité, sans alignement, par imprévoyance de ce qui doit suivre. Plus tard on les tranche, on les abat pour les refaire, quand on veut avoir une belle ville : il faut pour cela une autorité intelligente et le concours des ressources et des volontés des citoyens..... L'autorité a manqué en botanique pour régler le sens el l'emploi des termes, et pour ameublir la langue suivant les progrès de l'observa- tion. Il en est résulté d'étranges abus de mots, des écarts de théorie (voyez les para- graphes Cellules et Fibres, Floraison et Inflorescence au Cours d'A. de Jussieu, l'article ANATOMIE VÉGÉTALE, au grand Dictionnaire de d'Orbigny, etc.), de continuels tiraillements de langage entre les phytographes et les physiologistes, el beaucoup de pierres d'achoppement sur le chemin de la science. (2) Voyez les Traités de phyllotaxie de MM. Braun, Schimper, Bravais, elc. SÉANCE DU 8 mar 1857. h55 Botrve? déprimée des Anonacées. Botrye spiciforme : Cyperus L, Schœnus L.. Botrye épillet : Graminées. Botrye et Dibotrye : Angrecum P.-Thou. Dibotrye ramiforme : Lathyrus ct autres genres de la famille. C-Botrye déprimée, définie, préfoliale : Ulmus campestris L. C-2botrye : Phrynium dichotomum Roxb. ?eyme itérativement surmontante : Corchorus L. 6cyme : Stromanthe sanguinea Sonder. «cyme terminale des Graminées. Exemples d'inflorescence décussée (B 2,5, ete.) : Double et triple progression, caractérisant les Malpighiacées. Botrye binée (F2), ternée (F3), quaternée (F4) : les Bruyères, les Myrio- phylles. 2botrye binée ou ternée : /mpatiens L. C-Botrye 2axillaire : Cinnamomum Burm. C-Botrye ramiforme : Célastrinées. C-Botrye ternée : Alisma Plantago L. B-Cyme terminale : C'ircæa lutetiana L., Verbena officinalis L. B-Cyme ternée : Lippia citriodora H. K. 2cyme 2axillaire : Clematis Vitalba L., C. erecta L. et autres. 3hotrye pyramidale 3décussée (décussée aux 3 degrés d'inflorescence) : Ligustrum japonicum Thunb. C-B-Cyme terminale : Labiées. C-B-Cyme 2axillaire : Humulus Lupulus V. C-B-3Cyme 5décussée : Vitex incisa Lamk. XVII. On peut rapporter aux formes phyllotaxiques les divers modes de terminaison du groupe floral, ct particulièrement de la Botrye, simple ou complexe, LI La Botrye se termine de trois manières : 1° Son bourgeon terminal évolve en une fleur, et la Botrye est dé finie (selon la définition de ce participe admise par les botanistes) : Erythrina, Berberis, Galium, Syringa, Ligustrum. M arrive le plus souvent alors que la fleur terminale et supréme devanee par son épanouissement les fleurs qi la précèdent ; nous disons dans ce cas que la Botrye est définie et pré- cessive: Agrimonia T., Rhus T., Mæsa mollis A. DC. et autres Ardisiacées, Basella L. ; Triglochin L.; Reaumuria vermiculata DC. (Red. Pl. grass. f. 139 à la bibl. Mus.) La progression définie appartient particulièrement à la Cymo-Botrye , simple ou complexe, et elle y est trés fréquente : Lauracées, Berbéridées, Pirus, Ulmus, Ricinus, Dictamnus, Rhus, Pomaderris et quelques autres A56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rhamnées, Astilbe, plusieurs Galium (G. maritimum L., G. Mollugo L.,ete.), Cichorium, Spinacia tetrandra Stev.; Alisma Plantago L., ete. La précession rapproche la C-Botrye de la Dicyme réprogressive (voyez plus haut, page 35, IV) : ces deux formes se touchent dans la série générale des phénoménes d'inflorescence. Ainsi, dans les Campanulacées, notamment dans le genre Campanula, la plupart des espèces fleurissent en 2cyme terminale réprogressive ; mais chez C. Ztapunculus L., C. rapunculoides L., l'épanouissement de la Cyme supréme est ordinairement en retard, et la 2cyme devient C-Botrye précessive. Presque toutes les Boraginées fleurissent en Dieyme terminale alternée : quelques genres, Zchium, Anchusa, Symphytum font C-Botrye ; mais celte C-Botrye est définie-précessive, et se rapproche ainsi de la 2cyme. La plupart des Convolvulus fleurisssent en C-Botrye alternée, «o ; C. li- neatus L. fleurit en 2cyme terminale ; le voilà bien loin de ses congénères ; mais sa 2cyme est réprogressive, ce qui commence à l'en rapprocher; et, pour l'attacher encore mieux à son genre, il a à côté de lui, méthodique- ment et géographiquement, C. Cantabrica L., dont l'inflorescence est en C-Botrye dé finie-précessive. C'est par de telles transitions que la nature a voulu relier et comme anastomoser les deux grandes séries de progression et de régression, qui parcourent tout le régne en sens contraire. 2° Le bourgeon terminal de la Botrye n'évolve pas : il reste enfermé dans ses Bractées, et ne laisse pas deviner comment la fleuraison se compléterait si des conditions plus fécondes lui permettaient de continuer à produire. C'est ce qui a fait nommer la Botrye indéfinie. Et en effet, le plus grand nombre des progressions sont dans ce cas : Légumineuses, Crucifères, Urticées, Scrofulariées, Labiées, Cucurbitacées, ete. 3° Le bourgeon terminal continue à évolver, mais il ne produit plus que des Feuilles (ou Bractées), à l'aisselle desquelles il n'y a pas de bouton. Nous disons dans ce cas que le groupe floral est désistant, parce qu'en effet la fleuraison désiste, bien que la feuillaison continue. On a remarqué ce phénomène depuis longtemps chez Zucomis, qui lui doit son nom. Mais il se montre sur un grand nombre de plantes : 7rifoma uvaria Gawl., voisin d' Fucomis, a la méme couronne ; mais ses bractéoles trop petites n'attirent pas l'attention. Pachysandra, Isnardia palustris L., Camphorosma mons- peliaca L., Illecebum verticillatum V. , Callitriche, Hippuris, étaient aussi remarquables qu'Zucomis; il est vrai qu'ils étaient moins brillants. Les Myoporées font la Botrye simple désistante; les Morées, les Éléagnées, E vonymus, lex, Tilia, Phyllanthus, Dodonwa, offrent des exemples de C-Botrye désistante : les Feuilles stériles ne sont pas rapprochées en rosace; mais ce n'est qu'un détail de forme et d'allongement des supports. Jl arrive que la fleuraison désiste quelque temps, le rameau florifere SÉANCE DU 8 MAI 1857. h57 donnant un certain nombre d'aisselles sans bouton ; puis elle reprend sur le méme axe ; c'est une Botrye intermittente : Lysimachia Nummularia L. On trouve Dibotrye intermittente chez Camphorosma monspeliaca L.; on l'a plus régulière chez Lippia reptans Kth, qui donne 2 biaisselles (2 nœuds formés chaeun de 2 Feuilles opposées) entre chaque reprise (Dibotrye intermittente binodale). Il arrive eneore, dans d'autres familles, que la progression s'arréte tout à fait, mais en conservant son bourgeon terminal, qui la eontinue l'année suivante, et ainsi de suite : c'est ce que l'en voit chez les Frénes, les Plan- tains, les Papayacées, les Ardisiacées, ete., et ce que M. Boisduval offre à nos yeux en ce moment méme sur une de ses belles pensionnaires, Æamondia pyrenaica. Nous disons qu'une telle progression est pérenne, pour nous servir d'un terme couramment employé par Dombasle, et heureusement rappelé par notre savant président (Moq. Zérat.). La progression pé- renne caractérise la Dibotrye des Plantains dits acaules, de Pentarhaphia Lindl., de Veronica officinalis L., des Théophrastées, de beaucoup d'Ar- disiacées ; — la C-Botrye des Oxalidées, des Papayacées, de quelques Cyr- tandracées, de Tetranema mexicana; — la Tribotrye d'Ardisia solanacea Roxb.; — la B-C-Botrye d'A. japonica Dne, d'A. humilis Vahl, d'A. cre- nata Sims, etc. En résumé, la Botrye, simple ou complexe, a trois formes terminatives, d'aprés lesquelles elle est : définie (et alors le plus souvent précessive), ou indéfinie, c'est-à-dire de terminaison inconnue, inobservable, où désistante (et pérenne quand son bourgeon terminal persiste d'une année à l’autre). La Cyme peut aussi être désistante ; l'exemple en est très rare dans la Cyme surmontante : Sedum ternatum Mich., Alsine peploides Fries. Il est, au contraire, trés commun dans la Dicyme et la B-Cyme descendantes. Dicyme cauliforme désistante veut dire que !a récurrence florale s'arréte abortive sur la tige, avant de s'étre répétée jusqu'au bas de la plante, par Opposition à la Dicyme cauliforme complète, qui utilise toutes les aisselles de son support. C'est la différenee qu'il y a, par exemple, entre le plus Stand nombre des Sedum (S. Telephium L., reflexum L., anglicum Huds., kamtschaticum Fisch., ete.) et quelques espèces privilégiées (S. Cepæea L., rubens L., cæruleum Vahl); — ou, comme C-B-Cyme, entre Mentha rotundifolia L. et M. arvensis. Elodes palustris Spach nous offre l'exemple d'une Cyme intermittente, Solanum. Dulcamara L. d'une Dicyme intermittente, Suriana maritima L. (herb. Deless.} d'une Tricyme intermittente. Drymaria Willd. fait très constamment 2cyme intermittente binodale. La Cyme et ses composées pourraient aussi, selon les cas, être qualifiées définies, indéfinies, pérennes. Toute plante dont les aisselles inférieures A58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. restent stériles, est une ‘‘‘Cyme désistante; toute plante vivace est une **Cyme pérenne. C. — INÉGALITÉ DES RAMEAUX CONNEXES. LOIS D'INÉGALITÉ CONTINUE ET D'INÉGALITÉ ALTERNATIVE, XVIII. Toutes les fois que deux ou plusieurs Feuilles naissent norma- Jement au méme nœud (Feuilles opposées ou verticillées), il y a décussation aux nœuds successifs. On peut appeler Feuilles connexes, rameaux connexes, les Feuilles, les rameaux (floraux ou non), qui naissent au même nœud. La connexion est toujours vérifiable dans la première enfance des or- ganes. Elle est souvent dissimulée par leur développement inégal. Des Feuilles, des rameaux, qui étaient originairement au méme niveau, sont dénivelés sur la tige adulte, quelquefois méme de très bonne heure. On le peut bien voir au bas des tiges de plusieurs Geranium (G. rotundifolium, dissectum, molle, pusillum). Nous avons déjà cité (p. 122) les Rhamnus chez lesquels Dutrochet a observé que le dénivellement conduit à la spire F2/5. Sur Cornus alternifolia L., le dénivellement frappe la plante entière, mais la décussation est assez visible à l'origine et reste toujours assez marquée pour rattacher cette espèce à ses congénères. Verbena offici- nalis L. a la Botrye terminale d'abord décussée, puis dénivelée, puis 2/5. Voyez aussi la Dicyme d' Apocynum venetum L. et la C-Botrye de Sero- fularia aquatica L., S. canina L., ete. On peut encore vérifier la méme transition sur Convolvulus arvensis, où l'ordre F2 primitif est démontré par les faisceaux vasculaires opposés et successivement décussés au bas de la plante jeune, tandis que sur la plante adulte l'ordre F2/5 est parfaitement constaté, malgré les torsions de la tige, par sa forme de prisme à 5 pans : chaque Feuille s'implante sur un pan et le dessine, en s'élevant, par deux saillies parallèles. Quelques Ombellifères, notamment Sium angustifolium L., offrent, dans leur récurrence surmontante, de brillants exemples de 2B-Cyme dénivelée. XIX. Pour donner une idée exacte des phénomènes d'inégalité, il faut rappeler d’abord que, lorsque les Feuilles sont opposées, la décussation les range toutes dans deux plans verticaux qui se coupent à angle droit au centre de l'axe. Si, pour la facilité de l'exposition, on suppose qu'un de ces plans passe par l'œil de l'obervateur, on pourra le nommer plan oculaire, et l'autre sera le plan croisant ou déeussant. Ce qui se passe dans l'un se répète dans l'autre. Cela posé, si l'on considère une Caryophyllée bien développée, D^" exemple Zychnis dioica L., on sera frappé de l'inégalité des rameaux con- nexes et de la symétrie constante de cette inégalité. Afin de nous en bien rendre compte, considérons tous les rameaux situés dans un méme plan, SÉANCE DU 8 MAI 41857. 459 en faisant abstraetion de ceux qui sont dans le plan de eroisement ; et de plus, observons séparément les deux zones que sépare la protanthese (p. 121) : nous reconnaitrons que chacune des deux a sa loi d'inégalité. La zone supérieure est une Cyme indéfiniment surmontante, qui peut se dė- composer en deux grandes branches inégales, collatérales à la première fleur. Sur chacune de ces deux branches on voit que, dans chaque plan, le plus grand des deux rameaux connexes est continúment du méme côté : c'est l'INÉGALITÉ CONTINUE. Elle consiste en ce que, dans chaque plan, tous les rameaux majeurs sont à droite et tous les rameaux mineurs à gauche, ou vice versa, C'est différent dans la zone inférieure, qui offre une Dieyme décussée descendante : là, le rameau majeur (observé dans un seul plan, en faisant abstraction de l'autre) est alternativement à droite et à gauche; il en est de méme, par conséquent, du mineur. C'est l'INÉGALITÉ ALTERNATIVE. Ainsi, inégalité continue dans la zone supérieure, inégalité alternative dans la zone inférieure. Ces deux lois régissent toutes les Caryophyl- lées et un grand nombre d'autres familles, puisqu'on peut constater leur action, ensemble ou séparément, sur la moitié environ des 80 familles dicotylées où l'on rencontre la décussation. Nous disons ensemble ou séparément, parce que l'une agit souvent sans l’autre : ainsi, nous n'avons pas constaté d'inégalité constante sur la Dieyme des Hypérieées, ni sur la C-B-Cyme des Labiées, bien que les Cymes (qui sont terminales chez les premières, et biaxiliaires chez les dernières) offrent de fréquents exemples de continuo-inégalite. En général, et sauf les exceptions à signaler, nous pouvons poser en principe que : La continuo-inégalité est ascendante, et que L'alterno-inégalité est descendante. Toutes les Cymes surmontantes à degrés répétés (Cymes qui réclament un nom propre) sont inégales au moins à leurs derniers degrés ; et la conti- nuo-inégalité s’y peut constater autant de fois que la décussation. Il y à aussi des plantes qui montrent l'inégalité dans la Botrye décussée, et c’est le plus souvent l'inégalité continue : Veronica scutellata L., Pilea, Pouzolzia, et quelques autres Urticées, Gratiola, et un grand nombre d'autres dans diverses familles. Nous avons déjà signalé ce singulier rap- port entre la régression ascendante et la progression (p. 37). Nous y reve- nons plus loin (XX). Sur la Botrye terminale feuillée de Mimulus, d’ Anagallis, de Tremandra verticillata, l'inégalité continue se manifeste par l’âge différent des deux fleurs connexes. L'alterno-inégalité affecte en général la récurrence descendante. Voyez toutes les Rubiacées qui fleurissent en Polycyme terminale : les rameaux 460 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. récurrents, biaxillaires, sont très constamment alterno-inégaux. Il faut noter que cette inégalité se maintient daus cette famille, méme sur les espèces qui conservent la progression (Galium verum, Aparine, etc.) : ce qui établit une uniformité dans la famille, mais une exception relativement à l'application de l'alterno-inégalité. L'inégalité alternative est portée plus loin chez les Silénées, les Parony- quées, les Asclépiadées et Apocynées. Tandis que le majeur s'éléve, prend longueur, feuille, bourgeonne et fleurit, le mineur reste à l'état rudimen- taire: tout au plus montre-t-il ses premières Feuilles, ou, s'il prend quelque développement, c'est seulement à la biaisselle la plus voisine de la prime- fleur. On peut le voir commodément sur les genres Silene, Lychnis, sut plusieurs espèces de Gypsophila, de Cerastium, de Stellaria, de Drymaria, d' Asclepias. L'inégalité, soit continue soit alternative, est poussée, dans d'autres cas, jusqu'à la suppression de l'un des deux rameaux connexes. Nous disons alors qu'il y a dünidiation. L'une des deux aisselles opposées reste sté- rile, le rameau mineur est entierement effacé, et l'anatomie elle-méme n'en indique aucune trace. Plusieurs Acanthacées ont la Botrye ainsi dimidiée par continuo-inégalité, soit continuo-dimidiée : Justicia nodosa, quadri- fida, velutina, ete. Il en est de méme des Dicymes surmontantes de Cynan- chum et de quelques autres Asclépiadées. Les Cymes axillaires de Scrofularia et une foule d'autres pareilles sont d'abord continuo-inégales, puis continuo-dimidiées, continuo-inégales aux premiers degrés, continuo-dimidiées aux derniers. En général, l'inégalité croît dans une Cyme, à mesure qu'elle s'élève de degré en degré. Chez les diverses espèces de Dianthus et d'autres Cavyophyllées (Alsine, quelques Arenaria, Buffonia), chez Scleranthus L., ete., la Dicyme descen- dante cauliforme est dimidiée par alterno-inégalité, soit alterno-dimidiée. PHÉNOMÈNES PARTICULIERS A L'INÉGALITÉ CONTINUE. a. — Dans la progression. XX. Dans quelques cas spéciaux, l'inégalité continue se manifeste aussi par la dissemblance des deux rameaux connexes. Lippia reptans Kth offre, d'un côté, un pédoneule botryque, quia pour connexe, de l'autre côté, un rameau feuillant. Callitriche donne, à chaque biaisselle, une fleur carpellee, connexe d'une fleur à étamine, ou quelquefois d'un rameau feuillant. Asterolinum stellatum Lk. a, aux premières biaisselles, une fleur Con- nexe d'un rameau feuillant, puis, vers le haut de la Botrye, deux fleurs con- nexes d'âge différent. La plante fait d'ailleurs, par récurrence, p-Cyme alterno-dimidiée, Dans un petit nombre de familles, l'inégalité frappe même les Feuilles SÉANCE DU 8 Mai 1857. A61 aisselieres sur la tige ou les Bractées sur le pédoneule : Orchipeda Bl. (Rumph. pl. 179), Saxifraga, Solanées (Physalis, Atropa), Mélasto- macées, queiques Urticées. La Feuille mineure est quelquefois supprimée, comme sur Z/atostemma, dont quelques espèces n'en ont pas moins les Cymes connexes, et peuvent donner lieu à ces questions : Y a-t-il aisselle sans aisseliére? Les deux Cymes doivent-elles être appelées biaxillaires, quand l'une des deux aisselieres est supprimée? Le genre Cuphea laisse voir la fleur hors d'aisselle, placée bizarrement sur l'axe, à cóté de 2 Feuilles avec lesquelles elle n'est pas en rapport. Mais si l'on regarde à plomb au-dessous de cette fleur, on voit une aisselle vide, dont la connexe donne un rameau feuillant. On devine que la fleur axil- laire a été surAaussée, délaissant son aisseliere. Si, pour s'en mieux assurer, on remonte au, sommet de l'axe, on dégage le bourgeon terminal, et on en écarte avec soin les Feuilles très jeunes, on se convainc que le bouton est réellement axillaire; on le voit à sa place légitime, d’où il est bientôt en- levé par l'évolution de la branche ; son aisselière ne peut le retenir, elle est atteinte d'une faiblesse dont la cause est inconnue, mais qui se manifeste par l'amoindrissement continu de cette feuille : en effet, elle passe graduel- lement à l'état de Bractéole linéaire, et finit par disparaitre. Au-dessous de la primefleur, chaque Feuille de cette plante possede son rameau axillaire (1). b. — Dans les Cymes. La forme la plus générale de la Cyme simple est d'un pédicelle ainé que soustend 2 Bractées opposées, quelquefois une seule, trés rarement 3 ou plus ; e'est le plus ordinairement 2 chez les Dicotyles, 1 chez les Monoco- lyles : chaque Bractée aisselle un rameau plus jeune, qui est tantót un pédicelle (une seule fleur), tantôt un pédicule qui répète la fleur ainée et ses Bractées avec leurs axillaires, une ou plusieurs fois. Il serait nécessaire, pour une description exacte de la Cyme, d'indiquer et d'énumérer toutes ces circonstances. Ce n'est pas assez de dire le nombre des Bractées récurrentes comme on le fait communément, il faudrait encore indiquer le nombre des répétitions ou des degrés de la Cyme, soit comme (1) Dans la Dicyme décussée d'Hydrangea, les 2 pédicules de l'étage inférieur Sont surhaussés par une soudure visible avec le pédoncule principal, les 2 aisse- lières délaissées restant au nœud. — Helwingia et Ruscus offrent encore des exemples peu contestables de surhaussement. Ce phénomène, sans être dénoncé Par une soudure visible, est démontré chez les Crucifères par une anomalie qui y est trés fréquente : non-seulement la Dotrye primordiale est ou semble sessile, mais Souvent sa premiere ou ses deux premieres fleurs restent au-dessous du rameau premier récurrent; ce qui ne se peut comprendre que par le surhaussement de celui-ci, h62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. maximum de développement, soit comme terme moyen ; car ce nombre, sans être toujours précis dans la nature, se maintient ordinairement dans des limites à peu près uniformes, et il nous est arrivé de le trouver identique pendant plusieurs années sur les mêmes plantes semblablement nourries, Cette indication précise serait facile avec un petit engin du langage. Au reste on ne perdra jamais de vue que, dans l'inflorescence comme dans la fleur, ce qu'il y a de moins constant, c'est le nombre, — de plus constant, c’est la disposition et la succession. XXI. L'inégalité continue donne aux Cymes, soit simples, soit com- plexes, des aspects trés variés, quelquefois fort étranges et d'une délicate appréeiation, d'autant plus qu'elle se complique fréquemment du dénivel- lement des pédicules, du déplacement des aisseliéres, et de rameaux ou bourgeons surabondants qui viennent en second sous les premiers axil- laires. Voyez Schizanthus Ruiz P. et autres Salpiglossées, Datura L. et les autres Solanées, qui offrent la série presque entière de ces curieux phéno- ménes. Souvent le rameau majeur de la Cyme, par l'effet de sa vigueur plus grande, usurpe la verticalité, déjetant à la fois et la fleur centrale ainée et le rameau miueur : alors le majeur, au lieu de montrer plusieurs rameaux terminés, naissant l'un de l'autre et superposés (ce qui est en réalité), offre à l'œil le mensonge d'une branche unique prolongée de nœud en nœud. On peut dire dans ce cas que le rameau récurrent est substitué au rameau principal, puisqu'il semble le prolonger. Voyez les Cymes bien développées de Chenopodium hybridum, polyspermum, celles des Paronyquées, ete. Les Urticées ont de beaux exemples de ce phénomène, et offrent en outre toutes les transitions capables de le faire reconnaitre et de le constater, de- puis la Cyme se développant régulièrement sans inégalité marquée (Urera sandwicensis, U. Jacquini, Villebrunea integrifolia, Debregeasia velutina), — ou continuo-inégale avec substitution incomplète (Pilea, Urera Gigas, U. buccifera, U. crenulata, Fleurya umbellata) — , jusqu'à la substitution complète (Lapurtea, Fleurya wstuans, Sarcochlamys, Obetia ficifolia, Urtica dioica et autres). Ce phénomène est fréquent chez les Dicymes déeussées et surmontantes; dans plusieurs familles : il caractérise notamment les Asclépiadées, les Apocynées, et les Solanées où M, Naudin l'a vu et décrit en bon observa- teur (thèse du doctorat). C'est alors la Cyme toux entière qui est déjetée. Souvent chez les Solanées elle est en méme temps surhaussée par le déni- vellement de la Dicyme, et elle semble comme égarée dans la longueur de l'entre-neeud : Lycopersicum, Solanum nigrum L. et une foule d'autres. Chez les Apocynées et Asclépiadées, la Cyme est centripéte (v. p. 119] par un effet particulier de l'incgalité continue : le mineur ne donne à chaque degré qu'une fleur, pendant que le majeur allonge et répete. Les boutons SÉANCE DU 8 mal 1857. A63 les plus jeunes sont au centre du groupe : ce serait à le prendre pour une Botrye, si la lumière ne se faisait avec l'évolution. Cet effet (qui n'est qu'un détail) est produit par alterno-inégalité ehez Centradenia floribunda, — et par alterno-dimidiation chez Zlodes palus- tris Sp. C'est surtout quand la Cyme est dimidiée (mineur supprimé), que la sub- stitution ou usurpation est complète. Alors se produit la Cyme scorpioide, ou Scorpiure (Boraginées, Crassulacées, Cistacées, Droséracées, Escula- cées ete.), que nous avons expliquée dans une thèse inaugurale | Essai de formules bot. 1835). Les pédicules majeurs se succèdent, implantés l'un sur l'autre, comme s'ils n'étaient qu'un, accompagnés quelquefois des 2 Brac- tées presque toujours dénivelées (Esculacées, Fumanu Spach, Helianthemum thymifolium Pers., Sedum anopetalum DC., Saxifraga), — bien plus sou- vent d'une seule, qui est la majeure ordinairement surhaussée, la mineure étant effacée (Boraginées, Crassulacées, Drosera, ete.), — parfois enfin tout à fait nus (Tournefortia, Heliotropium, Hydrophyllées). La Scorpiure se distingue nettement de la Botrye, en ce que ses fleurs ne sont pas axillaires, bien que, par les effets du surAaussement ou du dé- laissement, l'aisseliere du rameau surmontant se voie dans bien des cas à côté de la fleur (1). L'enroulement des axes substitués, qui a fait eomparer cette Cyme à une queue de scorpion et d'oü lui vient son nom de Scorpture, n'est qu'un acci- dent dans cette organisation ; etil a lieu ou n'a pas lieu, selon que la fleur qui termine chaque pédieule garde sa verticalité, déjetant toujours du méme cóté le pédicule qui la surmonte (ce qui a lieu dans l'estivation), ou qu'elle est elle- méme déjetée par ce pédicule usurpateur, ce, qui est l'effet ordinaire de l'évolution, On peut montrer aux yeux la génération graduelle de la Scorpiure, en commençant par les Serofulaires ou par Helianthemum lasiocarpum Desf., qui n'ont pas le dénivellement, — continuant par Sedum hybridum L., qui Superpose les pédicules en ligne brisée, — par Helianthemum niloticum, qui a les pédicelles franchement opposés aux Bractées et celles-ci bien dé- cussées ; — par Centranthus, Silene quinquevulnera L., S. gallica L., S. nocturna L., ete., etc. lya Dicyme scorpiurée chez Sparmannia palmata Eckl., Calceolaria, Geranium pusillum L., G. rotundifolium L., ete., ete. | Lorsque la Cyme est feuillée et dimidiée, on a peine à ne la pas rapporter à Botrye décussée. Vinca major, minor, herbacea, offrent les exemples les (1) Le surhaussement des aisselières est d'ailleurs fréquent, on le sait, sur les GS eL les C-Botryes, soit décussées, soit alternées : Thesium, Spiræa, Erica, nestis, Suæda, Samolus Valerandi L. (S. littoralis Labill, ne surhausse pas). A64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus singuliers de ces aspects décevants. Mais le doute se dissipe, quand on observe le bouton trés jeune, toujours ainé du rameau qui usurpera la verticalité. La substitution est complète encore dans le cas beaucoup plus rare où le mineur est un rameau feuillant et progressif, tandis que le majeur reste fidèle à sa fonction régressive : Potentilla reptans L., P. anserina L., Fra- garia indica. Cette Cyme peut être appelée semi-progressive. Sur Polycnemum arvense L. elle est semi-progressive et dimidiée. Nous avons déjà signalé la Cyme axillaire des Cucurbitacées, qui est pro- gressive des deux côtés, et qui ne garde des caractères cymiques que la fleur ainée et centrale (page 144). On peut à la rigueur lui contester le titre de Cyme : la discussion du mot n'aurait pas d'importance en ce cas parti- culier, qui est borné jusqu'à présent à une seule famille (bien qu'il l'em- brasse tout entière); — ou à deux au plus, s'il faut reconnaitre aux Malva- cées une inflorescence analogue. M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes en fleur qu'il cultive avec succès : Orchis galeata, Simia, ustulata, sambucina, Erinus alpinus, Ramondia pyrenaica. M. Boisduval fait remarquer que dans l'O. galeata la fleur qui s'épanouit la premiere est celle du haut, et que dans le Simia l'épanouissement commence vers le milieu de l'épi, ce qui ne justifie pas l'opinion de M. Guillard, qui attribue aux Orchidées l'inflorescence progressive (page 40). M. Guillard répond qu'il n'était pas besoin de l'exemple des Orchis galeata et Simia pour savoir que la nature se joue de nos classifications. Mais si, parmi trois mille Orchidées, on cite deux ou trois espèces dont l'épi trés dense s'épanouit d'une maniere irré- guliére, un si petit nombre de faits anormaux ne saurait empêcher de déclarer que l'inflorescence générale de la famille est progressive, en groupe simple ou primaire. Lorsque les fleurs sont très serrées, l'ordre d'épanouissement peut se trouver interverti, et cela se ren contre dans quelques familles : il en résulte de rares exceptions; qui n'ébranlent pas les lois générales. M. Eug. Fournier présente à la Société plusieurs pieds fleuris de Scilla Lilio-Hyacinthus, provenant de bulbes qu'il a recueillis au Mont-Dore en juillet dernier, et qui ont été cultivés par son frère, M. Henri Fournier. ^ M. Cosson, secrétaire, donne lecture de la seconde partie de la lettre qu'il a reçue de M, le docteur Reboud : SÉANCE DU 8 Mari 1857. A65 LETTRE DE M. REBOUD. (Seconde partie.) En traversant les plateaux qui séparent Guerrara de l'Oued En-Nsa, j'ai observé le Fagonia ligneux que j'avais déjà rencontré près d'Anit el Mok- tar, avec les Æhanterium adpressum, Henophyton Deserti, Helianthemum sessiliflorum, Anthyllis sericea, Anabasis alopecuroides. — C'est pour la troisième fois que ma tente est dressée dans le bas-fond de Guerrara, où l'on a choisi pour bivouac la plaine au bas de laquelle est située la Couba de Sidi Abdallah Bou Attatcha, près des jardins et non loin d'une haute porte couronnée de créneaux et de máchicoulis. La ville de Guerrara, qui renferme 700 maisons, est assise sur un rocher arrondi, dont le sommet est occupé par la Djema et ses dépendances; les rues, assez larges, pleines de flocons de laines et de morceaux de tissus indi- genes, coupent la ville régulièrement; on y voit quelques marchands de fruits du pays, dont les boutiques sont à moitié remplies de noyaux de dattes. De la galerie à arcades de Ja maison des hôtes (bit el diaffs), qui est construite dans la partie la plus élevée de la grande place, on découvre le bassin où se perd l'Oued Zegrir et où commence l'Oued Zeguiègue ; de là la vue s'étend également sur l'oasis entière qui renferme 20,000 dattiers, sur la petite plaine de Foulla couverte de petits champs de Navets, de Carottes, d'Orge, ete., sur le barrage qui amène les eaux dans les fossés des jardins et sur les dunes dont les croupes mobiles ondulent au midi ; cà et là quel- ques blanes marabouts couronnent les points culminants des environs de la ville. Voici la liste des plantes observées autour de Guerrara pendant les trois Séjours que j'y ai faits à des époques à peu près semblables : Hypecoum procumbens var, Psoralea plicata. Plantago Psyllium. glaucescens. Astragalus Gombo. Anabasis articulata. Matthiola livida. Tamarix articulata. Cornulaca monacantha. Henophyton Deserti. Paronychia argentea. Echinopsilon muricatus, "isymbrium Irio. Eryngium ilicifolium. Calligonum comosum. Capsella Bursa-pastoris. Deverra scoparia. Ephedra alata. Alyssum Libycum. Scabiosa camelorum. Erythrostictus punctatus. Zilla macroptera. Rhanterium adpressum. Cyperus rotundus. Cleome Arabica. Anvillea radiata. Scirpus Holoschænus. Helianthemum sessiliflorum. Francœuria crispa. Schismus calycinus, " ellipticum. Asteriscus grayeolens. Arthratherum pungens. paplophiyNum tuberculatum. Heliotropium undulatum. — plumosum, etama Retam. Lithospermum callosum. | — — var. floccosum. Anthyllis sericea. Med; Antirrhinum ramosissimum. Medicago laciniata. Verbena supina. A Eu 1856, sur les talus des jardins, de jeunes pousses couvraient de leurs tuilles naissantes le sol encore humide des pluies de décembre ; en 1357, T. gv 30 A66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par suite du manque de pluie, les jardins de Guerrara étaient d'une extrême aridité. — Les puits des villes du Mzab sont profonds et trés nom- breux; on en trouve quelques-uns dans chacune des villes, les autres sont dans les jardins ; l'eau qu'on en tire est potable et de bonne qualité ; l'ana- lyse en a été faite par M. Ville, ingénieur en chef des mines de la province d'Alger, sur les échantillons que j'en ai rapportés en 1856. De Guerrara, la colonne s'est rendue à Becheraia, sur l'Oued Zegrir, en trois jours d'une marche pénible dans un pays ondulé, semé de cailloux irréguliers et tranchants. — La vallée de l'Oued Zegrir est resserrée entre de hautes berges mamelonnées, formées de rochers disposés en gradins. Sur les bords du redir profond, qui l’année précédente était couvert d’une riche végétation herbeuse, se rencontrent des Pistacia Atlantica au tronc noueux et des touffes de Tamaris articulata jusqu'au sommet desquelles s'élève l Ephedra altissima (Bou Farag) aux tiges volubiles ; le Rhamnus lycioides y forme des buissons et remplace le Rhus oxyacanthoides ; c'est la première fois que j'observe cette espèce dans des parties profondes de la région des dahias; j'ai également observé dans les broussailles les feuilles radicales et les hautes tiges sèches d'un Crambe (C. Kralikii Coss. sp. nov.) que j'avais déjà rencontré sur les bords de l'Oued En-Nsa ; le Fœniculum offi- cinale, le Lygeum Spartum croissent avec quelques autres plantes aux bords des redirs. — A un kilomètre de Becheraia, sur les erétes qui dominent une vaste dépression circulaire, véritable cuvette sans communication avee les oueds et les dahias voisins, j'ai noté les plantes suivautes qui poussent au milieu des pierres et dans les fentes des rochers: Matthiola... Semna. Plantago ciliata. Edena. Moricandia suffruticosa. Begir. Caroxylon articulatum. Rent. Carrichtera Vellæ, Agrima. Salsolacée... Hadjerem. Erodium hirtum. Temere, dont nosguides — Arthratherum obtusum, El Ouedfe. connaissaient les tubercules comes- — — ciliatum. tibles. Andropogon laniger. Bou Requeba. Fagonia Sinaica? Choreik. Stipa... Sama. Scorzonera undulata, El Guise. Au pied du coteau, j'ai rencontré les Eruca sativa, Rhus oxyacanthoides, Gymnocarpus decandrus, Deverra scoparia, Artemisia Herba-alba, Aspho- delus fistulosus, Stipa tortilis, etc. Au lieu de regagner Laghouat par l’ Eugla de Medaguin, nous avons fait une pointe à l'est à travers les dahias de Metouilat, de Jaëha, d'Oum Khe- cheba, d'Oum el Reneb, de Talla ben Zeguir, de Megrounat-Begeleidat, de Djebel el Guern, d'Aissa ben Baaze, de Khéiber, de Khouiba, d'E! Kerch, ete., où dominent les : Senebiera lepidioides. Zizyphus Lotus. Trigonella anguina. Tribulus terrestris. Pistacia Atlantica. Anvillea radiata. Haplophyllum tuberculatum. Retama Rætam., Francœuria crispa. SÉANCE DU 8 MAI 1857. h67 Achillea Santolina, Teucrium campanulatum. Emex spinosa. Artemisia Herba-alba, Statice Bonduellii. Euphorbia cornuta. — campestris. Anabasis articulata. Ephedra altissima. Arnebia decumbens. Caroxylon articulatum. Lygeum Spartum. Salvia lanigera. Polygonum equisetiforme. Dans notre trajet à travers la dahia de Khéiber, j'ai trouvé, dans les branches creuses d'un vieux Pistacia Atlantica, une substance résineuse noi- rátre (Semac) en partie soluble dans l'eau et dont les tolbas se servent pour la préparation d'une encre jaunátre que vous pourrez apprécier par le spé- cimen ci-joint (1). Sur les trones de ces arbres, si précieux pour l'ombrage qu'ils offrent au milieu de ces plaines découvertes, j'ai récolté quelques beaux échantillons du Seura ou Polypore du Pistacia Atlantica. Le 23, nous avons remonté le cours de l'Oued el Atar, l'un des principaux torrents secondaires du Sahara algérien et nous avons pris la direction de Messad. Parvenus sur les hauteurs d'El Mafoura, grand ravin de l'Oued Djedi, nous avons découvert distinctement le massif du Djebel Bou Kahil, où se cache le Ksar Amoura. Le 26 nous sommes rentrés à Laghouat par la grande et fertile plaine de Ksar el Hairau. Notre voyage a duré 40 jours ; pendant ce temps nous n'avons vu tom- ber qu'une légère pluie; nous eussions bien voulu cependant assister au spectacle d'une grande crue de l'Oued Mzab ou de l'Oued En-Nsa, et voir les démonstrations de joie auxquelles se livrent les populations du Mzab dans ces circonstances malheureusement trop rares. Nous avons eu, au con- traire, la douleur de rencontrer, dans les terres de parcours des tribus du cercle, des centaines de cadavres de jeunes agneaux abandonnés, parce que les mères pressées par la faim et la soif ne pouvaient les allaiter. La température, généralement douce pendant la journée, se montrait froide la nuit et surtout le matin; le thermomètre est descendu plusieurs fois à —3^ et — 1» et j'ai vu deux fois de la glace dans ma tente. Les troupes Cependant n’ont pas eu à souffrir, ayant du bois à discrétion dans les lieux mémes du bivouac. — Le vent de nord-ouest, qui a longtemps soufflé, n’a occasionné que de légères ophthalmies déterminées par le sable fin qu'il soulevait. Nos provisions ont toujours été abondantes; le Sahara algérien, tout dé: sert qu'il est pour certaines personnes, nous a offert de splendides diffa de dattes, de gazelles, d'arouis (moufflon à manchettes), de lièvres, d'outardes, de perdrix, de gangas, de pigeons, de tourterelles, d'alouettes, de traquets, de erateropes (Malurus Numidicus), de pies de Numidie, de pies de Le Vail- lant, de pies-grièches, de bouvreuils roses, de moineaux des dattiers, de (1) Plusieurs paragraphes de la lettre de M. Reboud sont écrils avec cette encre naturelle, d'un brun roussátre, qui a l'inconvénient de s'enlever par le lavage. (Note de M. Cosson.) A68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bruants saharis. Nous y avons également rencontré des fenecs (renard d'Abyssinie), des feeds (espèce d'once ou de guépard), des lynx, des cha- cals, des chats de Libye, ete. Les faucons et les fusils de quelques chas- seurs que vous eonnaissez ont fait merveille. En somme nous avons fait notre voyage d'Ouargla, éloigné de la cóte d'Alger de plus de 200 lieues, avec autant de facilité que nous en eussions eu à venir de Boghar à Laghouat. J'étais de retour à Djelfa le 31 janvier, et, comme d'habitude à cette époque, le Djebel Senalba et le Seba Mokhan étaient couverts de neige. ....Je crois qu'il n'est pas sans intérêt de vous donner la liste des di- verses variétés de Dattier cultivées dans le Mzab, avec l'indication de l'époque à laquelle est pratiquée la fécondation, de celle de la maturité des fruits et du nombre d'années apres lesquelles les arbres portent des fruits. Noms des variétés, Fécondation, Maturité des fruits, Nombre d'anuées, Deglet nor. ... ....... — Avril. Octobre. 5 Timdjorts (datte perle). . . . . — — 5 Tedela, esse. — — h Bent- Kebela (fille bien reçue) . — — h El Itima (Vorpheline) . , . . . — — 9 Zerzd, . eee eene — Novemb:e. h Timboubeker. s ..... . .. — Octobre. 5 Heucht. . ........... — — h Tazizaout ... . ees — — 9 Touadjate o ......,.... — Septembre. h. Tedmema ........... Mars. Août, lh Tamzouert. . ou... no — — 6 Ghars.. eee — oo Septembre. 9 Kassi ben Moussa.. . . . . - . Avril. Octobre. 5 Deglet mamar. . . . . - . .. Mars. Août. à Taouraga Sfraia . . . . . . . — Avril. Ociobre. 5 Tiscouine . so... — — 6 Tasougaret el Hamra es... — — 9 Tamzouert el tleta ses... — — 5 Deglet iaid . ......... — — A Deglet Koula. . .,...... — — 5 herbouch (ronde) ....... — — h hseba . sos. — — 5 Bou arous (père du fiancé). . . — — 6 Hadjouzil .. . 4... — — 5 Timleha.. ....... rc — — 9 Tibiourine. ..«... .. e — — 9 5 . ; A . . jverses A peu d'exceptions près, ces même; noms «e reirouvent poui les dive SÉANCE DU 8 Mai 1857. 469 variétés de Dattier de l'oasis de Laghouat. — On sait que les dattes de cette oasis sont de qualité bien inférieure à celles du Mzab et de l'Oued hir. Berrian est peut-être la ville de la confédération du Mzab où les dattes sont le plus généralement de bonne qualité. — Le nombre des dattiers de l'oued Mzab ne parait pas dépasser 120 à 130,000. LISTE DES PLANTES OBSERVÉES PAR M. LE D* REBOUD DANS LE SAHARA ALGERIEN, PENDANT L'EXPÉDITION DE 1857 DE LAGHOUAT A OUARGLA (1), par M. E. COSSON. Noroceras Canariense R. Dr. — Région des dahias : Oued Mazer, Berrian. FansETlA Ægyptiaca Turr. s.-v. ovalis (F. ovalis Boiss.). — Chebka du Mzab : Said ben Ali, Beni Isguen ; Oued En-Nsa : Besseroudj, Mguima, Anit el Chebrog; Anit el Moktar sur l'Oued Mzab. — linearis Dene. — Oued En-Nsa : Besseroudj, Mguima, Anit el Chebrog. ALyssum Libycum (Koniga Libyca R. Br. — Oasis du Mzab : Gardaïa, Berrian, el Atof, Guerrara. CapsELLA Bursa-pastoris Mœnch. — Guerrara. BiscurELLA Apula L. — Région des dahias : Dait bel Lille, Tilremt. MarcoLmia Ægyptiaca Spreng. (Hesperis diffusa Dene var. siliquis longioribus). — Gardaïa. Sismsriu erysimoides Desf. — Dahia de Khéiber; oasis de Gardaia. Sinapis arvensis L. — Oasis de Gardaïa. HIRSCHFELDIA adpressa Mœnch, — Redir de Becheraia sur l'Oued Zegrir ; Oued el Atar; Tilremt. Hexorayron Deserti Coss. et DR. (Henonia Deserti Coss. et DR. olim). — Oued Mzab : Bordj Chaba à Gardaia, barrage d'El Atof, Feidj el Naam, dunes de Zolfana ; dans la héicha à Negouca et à Kkefife; sur les plateaux entre l'oued En-Nsa et Guer- rara, ZitA macroptera Coss. — Oued et bas-fonds de la Chebka du Mzab : Oued Ourirlou, Oued Maboula, Oued Adira, Oued Soudan; Oued Mzab : Debaï, Hadjar Lasereg , Anit el Moktar; Oued En-Nsa : Besseroudj, Requeb el Mguima, Anit el Chebrog , dans la héicha entre Negouça et Ouargla ; Guerrara; région des dahias : Aïssa ben Daaze. HussonrA JEgiceras Coss. et DR. (H. uncata Boiss.), — Dahias au-dessus de Guerrara Berrian, | CLEOME Arabica L. — Oued Mzab : Beni Isguen, Guerrara; Berrian, etc. Capparis spinosa L. var, canescens (C. ovata Guss.). — Melika; Bounoura, Beni ts- guen; el Atof. HELIANTHEMUM ellipticum Pers. — Guerrara. — Cahiricum Delile! — Dans la chechia vers Khoua el Atrous au milieu des touffes d'Anthyllis sericea. SPERGULARIA prostrata (Alsine prostrata Delile!) — Coteaux calcaires à Cedret en Tala Sur l'Oued Adira; Berrian. (1) Voyez dans le Bulletin, M, p. 242, Ja liste des plantes observées dans cett méme région en 4855, A70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. EnopioM hirtum Willd. — Rochers près du redir de Becheraïa sur l'Oued Zegrir ; Eugla de Medaguin. — cicutarium L'Hérit, — Dahia de Tala Ben Seguir: Tilremt. — malachoides Willd. — Berrian. — guttatum Willd. -— Dahia de Aïssa ben Baaze. Fagonia (fruticosa, absque floribus fructibusque). — Rive gauche de l'Oued Mzab entre Khoua el Atrous et Khoua el Ioudi ; rive gauche de l'Oued En-Nsa le long des sentiers qui mènent de Negouca à Guerrara. ZyGoPHYLLUM Geslini Coss. (Z. sp. nov.? olim). — Dans la héicha : Hadjira, Khefife, Hassi Naga, Hassi Chegga, Negouca ; forme toute la végétation spontanée de l'oasis de Ouargla. HaproPuyrLuM tuberculatum Adr, de Juss. — Oasis de Bounoura et de Guerrara; Oued Mzab vers el Debai ; couvre la grande Dahia el Guelb. Peganum Harmala L. — Gardaia. Ruawnus lycioides L. — Redirs de l'Oued Zegrir prés de Becheraia ; Oued Ikel affluent de l'Oued Zegrir. Rerama Rætam Webb! (R. Duriæi var. phæocalyx Webb! ap. Balansa exsicc.). — Dahias; Chebka du Mzab; Oued Mzab ; Oued En-Nsa; plaine de la héicha prés de Ouargla. GENISTA Sahara Coss. et DR. — Oued En-Nsa: Anit el Chebrog à Kef Rokma; Oued Mzab : Khef Dokhan à Debai, Hadjar Lasereg, Anit el Moktar, etc. ARGYROLOBIUM uniflorum Jaub. et Spach. — Chebka du Mzab prés de Berrian ; Oued En-Nsa : Mguima ; Oued Mzab : Kef Dokhan. Ononis angustissima Lmk. -— Dans la chebka du Mzab vers l'Oued Adira; Bounoura; Berrian. AwrHYLLIS sericea Lagasc. — Dans la chechia vers Khoua el Atrous. — tragacanthoides Desf.! — Rochers entre Bounoura et Beni Isguen. MEnicAGo apiculata Willd. — Champs des oasis du Mzab. — laciniata All. — Guerrara. TRiGONELLA anguina Delile! — Dahia d’Aïssa ben Baaze. PsoRALEA plicata Delile! — Chebka du Mzab : Oued Soudan ; Oued En-Nsa : Besseroud) ; Oued Mzab : entre Debai et Hadjar Lasereg ; Guerrara; Dahlia de Feila prés Guerrara. AsrnAGALUS Gombo Coss. et DR. — Oued Mzab : Debai ; el Atof ; Guerrara, etc. Cucuwis Colocynthis L. — Guerrara (abondant). Tamanix Gallica L. — Eugla de Khefife au-desssus de Negouca. — articulata Vahl. — Bords de l'Oued En-Nsa depuis Mguima jusqu'à Anit el Che- brog ; Dahia de Feila prés Guerrara. — pauciovulata J. Gay! — Eugla de Khefife au-dessus de Negouca. HenniariA fruticosa L. — Rochers au-dessus de l'oasis de Bounoura. LorLinGra Hispanica L. — Berges rocailleuses de Oued En-Nsa, vers le Kef el Rokma- NirrariA tridentata Desf.! — Negouca. . EnvwciUM ilicifolium Lmk. — Entre Gardaïa et Melika; Bounoura ; Guerrara; Dahía de Tilremt. FogNicULUM officinale All. — Chebka du Mzab : Becheraïa sur l'Oued Zegrir ; Oued En- Nsa : Meguel el Kéhol. SÉANCE DU 8 Mai 1857. A71 Devenra scoparia Coss. et DR. — Oued Kébeh; Oued Baloh; Oued Soudan; Oued Adira; Oued En-Nsa : Besseroudj ; Oued Mzab : Chouikhat, Feidj el Naam, Hadjar Lasereg; Guerrara ; Berrian. Cyxomonium coccineum L. — Oued el Atar. NorLeTIA chrysocomoides Cass, — Oued Mzab : Melika, Bounoura, Beni Isguen. RuasTERIUM adpressum Coss. et DR. — Guerrara ; plateau entre Guerrara et l'Oued En- Nsa ; abondant sur les bords de l'Oued En-Nsa depuis Kef el Rokma jusqu'à Anit el Chebrog : Oued Mzab : Feidj el Naam, Anit el Moktar, etc. FnANCOEUR!A crispa Cass. — Oued En-Nsa : Guerrara; région des Dahias : Oued Sei- boussa, Oued Mazer, Tilremt, Dahia el Guelb prés de l'Oued el Atar. AsrERIsCUS. pygmæus Coss. et DR. (A. aquaticus var. pygmeus DC.!) — Chebka du Mzab. PALLENIS spinosa Cass. var. (Buphthalmum aureum Salzm.!), — Redir de l'Oued Ze- grir à Becheraia. ANviLLEA radiata Coss, et DR. — Dahia d’Aïssa ben Baaze ; Dahia de Megrounat; Be- gleidat; Khéiber ; Oued En-Nsa; Oued Mzab; Guerrara. AcuLEA Santolina L. — Dahia de Khorba, de Koulioum dans le bassin de l'Oued Djedi ; Dahia de Tilremt. ARTEMISIA Herba-alba Asso var. — Très abondant dans les dahias ; Bounoura ; Oued En- Nsa : Besseroudj, Mguima ; Oued Mzab : Kef Dokhan au-dessous d'El Atof. Leyssera capillifolia DC. (Gnaphalium leysseroides Desf.!), — Oasis de Bounoura. CALENDULA gracilis DC, — Oued Mazer. ATRACTYLIS citrina Coss. et Kr. (A. flava Coss. et DR. olim non Desf.). — Chebka du Mzab : Cedret en Talla, Oued Adira, El Atof; Oued Mazer, etc. CeNTAURZA Melitensis L, (C. Apula Lmk). — Oued cl Atar. KENTROEHYLLUM lanatum DC. — Région des, dahias : Oued el Atar, Oued Seiboussa, Megrounat, Begeléidat, Djebel el Guern, Oum el Rencb. CARDUNCELLUS eriocephalus Boiss. — Oued Zeguiégue au-dessous de Guerrara ; Mguima. Scorzoxera uridulata Vahl. — Rochers calcaires à Becheraïa sur l'Oued Zegrir. SawoLcs Valerandi L. — Oasis de Negouca. EnyTunE4 spicata Pers. — Oasis de Negouca. ÜoNvoLvuLUs arvensis L, — Commun dans les dahias. HeLIoTROPIUM undulatum Vahl. — Guerrara. ANCHUSA hispida Forsk. — Rochers des environs de Bounoura. SoLANUu nigrum L. — Plaine de Foulla près Guerrara ; Berrian. " villosum Lmk. — Plaine de Foulla prés Guerrara ; Berrian. Wirnasia somnifera Dunal (Physalis somnifera Link). — Jardins du Mzab ; Gardaïa. Liara fruticosa Desf. — Chebka du Mzab ; Oued Adira. ASTIRRHINUM ramosissimum Coss. et DR. — Chebka du Mzab : Oued Baloh, Oued Kébeh, Oued Adira, Oued Soudan, Oued Zegrir; Oued Mzab : Beni Isguen, el Atof, Debai; Oued En-Nsa : Couba Sidi Abdallah el Muéi, Anit el Chebrog ; dans la héicha, ScrortLAna Deserti Delile. — Oued Djedi. Vensexa supina L, — Commun dans la région des dahias : Aïssa ben Baaze, Khéiber, "d de Ouargla prés Guerrara, Tilremt, etc. u T anigera Desf. — Dahia d'Aïssa ben Daaze; Dahia d'Ouargla près Guerrara. A72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SaLvia Ægyptiaca L. — Chebka du Mzab : Oued Adira, Oued Maboula; Oued En-Nsa; région des dahias, MannuPIUM Deserti de Noé ap. Balansa exsiec. (Sideritis Deserti de Noé in Bull. Soc. bot.) — Chebka du Mzab : Oued Kébeh, Berrian, Oued Adira; Gardaia ; El Atof. TEUCRIUM campanulatum L. — Dahia d’Aïssa ben Baaze. — Polium L. — Chebka du Mzab ; col de Zembala; Oued En-Nsa. Statice Bonduellii Lestib. in Ann, sc. nat. — Dahia d'Aissa ben Baaze ; Dahia d'Ouar- gla près Guerrara ; Dahia de Sidi Ali Soltan; Dahia de Tilremt; Oued el Atar. PraNTAGO ciliata Desf. — Guerrara. -— Lagopus L. — Oued el Atar ; oasis de Gardaia. — amplexicaulis Cav, — Dahia d'Aissa Den Daaze. — Psylium L. — Decheraia sur l'oued Zegrir. Cuexoronium murale L. — Champs de Foulla prés Guerrara. ATniPLEX dimorphostegia Karel. et Kiril. — Auprès des puits à Rhefife. EcuiwoPsiLox muricatus Moq.-Tand. — Dahias, oued et bas-fond du Mzab. HarocsEMUM strobilaceum M.-Dieb. — Sebkha prés Negouca. Suæpa vermiculata Forsk. — Héicha de Hadjira (abondant); Negouca; Khefife. TnaacANUM nudatum Delile. — Guerrara; plateau près Anit el Moktar; Eugla de Kkefife. CanoxyLox tetragonum Moq.-Tand. — Héicha prés de Negouca et jusqu'à l'Eugla de Khefife (abondant). — articulatum Moq.-Tand. — Région des dahias. SaLsoLA vermiculata L. — Beni Isguen ; plateau entre l'oued En-Nsa et Guerrara. Anasasis alopecuroides Moq.-Taud. (Salsola alopecuroides Delile!). — Rive droite de l'Oued Mzab, constitue le fond de la végétation entre Hadjar Lasereg et Anit el Moktar. — articulata Moq.-Tand. — Trés commun dans le Mzab. Noxa spinosissima Moq.-Tand. — Point de partage des eaux à 25 lieues au sud de Laghouat; Khorba, etc. ConNuLACA monacantha Delile! — Dans la héicha à Khefife; Anit el Chebrog ; Guer- rara. AMARANTUS sylvestris Desf. — Champs cultivés des oasis du Mzab. PoLvcoxuw aviculare L, — Dahia d'Aissa ben Baaze, Carucoxuw comosum L'Hérit. — Oued En-Nsa : Requeb el Kehal, Anit el Chebrog ; Guerrara; Anit el Chouikhat. PAssERINA (Thymelæa) microphylla Coss. et DR, — Oued Adira; Gardaia; Beni Isguen ; Feidj el Naam sur l'Oued Mzab. EgenorsiA Chamæsyce L. — Dahia de Aïssa ben Baaze, de Tilremt, de Ouargla près Guerrara. — calyptrata Coss. et DR, — Dahia de Tilremt. — Guyoniana Boiss. et Reut, — Dune à l'est de Negouça. — Peplus L. — Oasis du Mzab. — falcata L. — Dahia de Tilremt. CnozopuonA verbascifolia Adr. de Juss. — Oued Mzab vers Chouikhat ; Berrian. FonskALEA tenacissima L, — Melika. ErnEpna alata Dene! — Oued En-Nsa. SÉANCE DU S Mai 1857. h73 Ergenra altissima Desf. ! — Dahia de Talba’ben Zeguir, de Khéiber; redir de Becheraia sur l'oued Zegrir. AsrnopELUS fistulosus L. — Rocailles de l'Oued En-Nsa. Asranacus horridus L, — Dahia d'Aíssa ben Baaze; Oued Zegrir. ' EnxyrünosricTUs punctatus Schlecht. (Melanthium punctatum Cav.). — Dahia d'Ouargla prés Guerrara; Oued Mzab ; Khefife; Oued En-Nsa ; plateau cntre l'Óued En-Nsa et Guerrara. Scmrcs Holoscheenus L. — Environs des puits et Jieux inondés du Mzab ; Medaguin. Cyrenus rotundus L. — Guerrara, PENNiSETuM dichotomum Delile! — Oued Nimel; Oued En-Nsa ; redir de Becheraïa sur l'Oued Zegrir. AwpnoPoGoN annulatus Forsk. — Oued Mazer. Srira tortilis Desf, — Redir de Becheraïa. — tenacissima L. — Non observé au sud de l'Oued Zebeibija. ARTURATHERUM pungens P. B. — Dunes entre Negouga et Ouargla. — ciliatum Nees,— Collines calcaires de la région des dahias (abondant) ; Oued el Atar. — plumosum Nees var. floccosum. — Mzab. — obtusum Nees, — Région des Dahias; Dahia d'Ajssa ben Daaze. Cyxonox Dactylon Rich. — Beni Isguen. Panacurres communis Trin, var. Isiacus (Arundo Isiaca Delile!), — Dunes entre Ouargla et Negouca. PARMELIA esculenta Spreng. (Fl. Algér. crypt. — Lichen esculentus Pall, — Lecanora esculenta Eversm.). — Abondant dans la Chebka du Mzab; Redir de Becheraia ; Dahia de Talla ben Zeguir, de Boutrekfine, de Deba, de Tilremt, etc, M. Cosson présente à la Société plusieurs espèces rares ou nou- velles de la régence de Tunis, et fait les communications suivantes : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Treiziéme partie.) Le 10 juin, aprés avoir fait mes adieux à MM. Kralik et Mares, qui ne doivent quitter Laghouat que le 15, je pars accompagné de M. Geslin, qui déjà, la veille, avait bien voulu me guider dans une riche herborisation, à la Montagne de la Seridja, dans les sables et les alluvions de l'Oued Mzi et dans la plaine jusqu'à El Assafia ; nous devons suivre la route de Laghouat à Alger jusqu'au earavansérail de Sidi Makhelouf, situé à environ 44 kilomètres au nord de Laghouat, et de là gagner, le soir mème, Taadmit, à 36 kilomètres environ au nord-ouest de Sidi Makhelouf, et où M. Margueritte nous a donné rendez-vous. — Au sortir de l'oasis, la plaine est bornée à l'est et à l'ouest par Jes montagnes nues du Kef el Zebaz et du Ras el Aiow; dans les terrains argilo-sablonneux des bords de la route, j'observe un grand h7^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nombre d'espéces intéressantes, parmi lesquelles je me bornerai à citer les Jieboud ia erucarioides, Lonchophora Capiomontiana et Asphodelus penduli- nus; nous dépassons bientôt le grand barrage de l'Oued Mzi, au pied du Ras el Aioun (tête des fontaines), destiné à retenir les eaux de l'oued et à en élever le niveau, afin que l'irrigation puisse s'étendre sur une plus large surface. Plus loin, la plaine est bornée à l'est par le Kef Metlili, et à l'ouest par le Djebel Milok, qui forme un vaste massif rectangulaire. Nous nous arrétons quelques instants au poste de Metlili ; nous y trouvons réunis les Zuphorbia cornuta et calyptrata qui croissent péle-méle, et nous pouvons constater, sur le terrain, la valeur et l'invariabilité de leurs caractères distinctifs, A partir de là ces deux espèces sont assez abondantes, et nous les verrons, sur beaucoup de points, former de nombreuses touffes dans la plaine jusqu'au caravansérail d'Ain el Ebel; quelques Pistacia Atlantica sont disséminés cà et là, et leur feuillage, d'un beau vert, contraste avec lateinte terne du sol argilo-sablonneux, Ici dominent encore les plantes de la région saharienne; nous notons entre autres les Statice Ponduellii, Marrubium Deserti, Nolletia chrysocomoides, Arthratherum obtusum, Leyssera capil- lifolia, Alyssum macrocalyx, ete., et nous recueillons l’ Euphorbia luteola, que nous retrouverons fréquemment jusqu'au delà de Djelfa. Au pied du Djebel Touila, qui s'élève à l'ouest de la route, s'étend une vaste dépres- sion oü l'eau séjourne aprés les pluies, et qui est désiguée sous le nom de Dahia de Grar el Hamra. Dans l'argile humide de cette dahia croit en extrême abondance le Ærancœuria laciniata, que M. Geslin m'y avait signalé, et j'y note la présence du Trigonella anguina; c'est à cette méme localité que M. le docteur Reboud a retrouvé le Senebiera lepidioides, qu'il avait découvert dans le Mzab. Dans les sables qui précédent Sidi Makhelouf, dont le caravansérail s'éléve sur la droite de la route, au sommet d'un coteat, nous voyons les Arumochloa subacaulis, Nonnea phaneranthera, Kolpinia li- nearis, ete. Quelques dattiers, restes d'anciennes cultures et les derniers que nous ayons vus au nord de Laghouat, existent sur la pente rocheuse du co- teau sur lequel est construit le caravansérail (a une altitude de 900 mètres), auprès du marabout dont il tire son nom. Le caravansérail de Sidi Makhe- louf, comme tous ceux où nous devons nous arrêter, consiste en une vaste enceinte rectangulaire à laquelle donne accès une porte monumentale, et dont les murs sont élevés de plusieurs mètres ; la maison des hôtes, et des hangars adossés au mur de clôture, servant de magasins et d'écuries, com- plétent l'ensemble de l'édifice. Pendant les appréts du déjeuner, nous faisons une courte herborisation aux environs et une visite aux cultures et au jardin dépendant du caravansérail. Près de la porte d'entrée se trouvent l'Enarthrocarpus. clavatus , l'Onopordon acaule e v Achillea Santolina. Sur la pente argilo-sablonneuse du coteau, au voisinage des touffes de datliers, nous notons, entre autres, les Zchinopsilon muricatis. SÉANCE DU 8 mat 4857. 475 Deverra chlorantha, Onopordon ambiguum, Festuca divaricata et Mem- phitica, Centaurea polyacantha, Atractylis flava, Marrubium Deserti, Passe- rina microphylla, Brassica Tournefortii, etc.; V Ononis angustissima y est extrêmement abondant: dans les terrains salés, situés au pied du coteau et où viennent se perdre les eaux de petites sources, nous observons les 7ra- ganum nudatum, Phelipæa lutea, Convolvulus supinus, Scirpus Holoschæ- nus, Statice globulariæfolia, Lepturus incurvatus, etc. — De Sidi Makhe- louf à Taadmit nous nous éloignons de la route de Laghouat, pour nous rap- procher du cours de l'Oued Mouladane, que nous longeons jusqu'à Taadmit; et, dans les terrains argilo-sablonneux que nous traversons par une montée peu prononcée mais continue, nous voyons toujours dominer les espèces , Sabariennes, et la végétation ne diffère pas sensiblement de celle des envi- rons de Sidi Makhelouf ; en effet, nous ne trouvons guère à ajouter à notre liste que le Lotus pusillus, le Linaria fruticosa et Y Atractylis diffusa qui croit péle-méle avec l'A. microcephala, dont il se distingue sur le terrain par ses tiges étalées, diffuses, et par ses capitules plus gros, à involucre presque glabre, à folioles plus larges. Vers la tombée de la nuit seulement, nous arrivons à Taadmit, réunion de villages arabes qui avaient été abandonnés par les indigenes, et que M. le commandant Margueritte a fait relever en partie de leurs ruines. Les quelques maisons que l'administration francaise à fait reconstruire occupent la base d'un coteau rocailleux situé aux bords d'un vaste marais, dont le terrain, assaini par des canaux et de nombreux fossés, est converti aujourd'hui en riches prairies, qui sont fauchées par les soins de l'administration et dont les foins servent à l'approvisionnement de la garnison de Laghouat. Les travaux d'assainissement permettront, lorsque Taadmit sera devenu un centre de colonisation, de livrer à la culture d'assez larges espaces, et déjà existent sur les bords du marais de beaux champs de Pommes-de-terre et de Blé encore sur pied. Les eaux de l'Oued Moula- dane qui traverse le marais, sont retenues à El Outhia par un vaste barrage récemment établi et presque aussi important que celui du Rocher-de-Sel. le regrette beaucoup de n'avoir pu visiter ce beau travail, qui sera un nouvel élément de richesse pour le pays.— C'est avee un vif plaisir que je retrouve, dans une maison du village où nous devons passer la nuit, M. le commandant Margueritte, qui me présente à M. le capitaine Carus, chef du bureau arabe de Laghouat, et à M. le lieutenant Philibert, commandant supérieur de Djelfa. Daus la soirée, M. Geslin ressent les premieres atteintes d'une grave dyssenterie, et M. Margueritte se joint à moi pour l'engager à retourner dès le lendemain à Laghouat, où il pourrait recevoir tous les soins que réclame son état. Le 11 juin, j'utilise les quelques instants dont je puis disposer jusqu'au départ, fixé par M. Margueritte à huit heures du matin, pour faire une Petite herhorisation sur le coteau rocheux où est construit le village ; là je A76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rencontre plusieurs espèces qui indiquent l'altitude déjà assez grande de la localité, telles que les Brassica Gravina, Arabis auriculata, Dianthus vir- gineus, Polycarpon Bivone, Buplevrum spinosum, Valerianella stephano- don, Centaurea Parlatoris, Phœnixopus vimineus, Androsace maxima, Sideritis montana, Polycnemum Fontanesii, Ornithogalum sessiliflorum, Melica Cupani, Avena pratensis, Festuca cynosuroides, ete. Aux environs du village, dans les champs, se retrouvent quelques espèces de la région saharienne, entre autres le Centaurea polyacantha et le C. omphalotricha qui n'avait encore été observé qu'à Biskra. Nous ne tardons pas à nous mettre en route pour Ain el Ebel, distant d'environ dix lieues, où nous devons nous rendre en passant par le Ksar Hamara. Après un trajet d'environ une lieue, dans une plaine rocailleuse, nous arrivons au pâturage où se trouve en ce moment une fraction du magnifique troupeau-modèle de brebis réuni par les ordres de M. le Gouverneur général. Ce groupe d'animaux se compose d'environ 125 brebis, choisies parmi les plus belles bêtes des tribus, et remarquables par la beauté de leurs formes et de leur toison ; plusieurs béliers mérinos de la race Rambouillet, mélés au troupeau, doivent le féconder. L'analogie qui existe entre la végétation des hauts plateaux de l'Algérie et celle du centre de l'Espagne, patrie de la race mérinos, est un indice presque certain du succès réservé à une expérience si importante au point de vue de l'amélioration de la race ovine indigène. M. Geslin, malgre l'indisposition 1ont il eommence à beaucoup souffrir, a voulu nous accom- pagner jusqu'à vette fraction du troupeau confié à sa surveillance; il me fait observer qu'u.* grand nombre de brebis sont déjà fécondées et que nous n'avons sous les yeux qu'une faible partie de l'ensemble du troupeau, Ca près de 400 autres b 'ebis doivent être de méme croisées avec des béliers Rambouillet, et enfi. un troisième troupeau ne compte pas moins de 800 brebis, également ^hoisies dans les tribus, et qui seront fécondées par 92 béliers indigènes, afin d'obtenir des résultats comparatifs. Nous déterminons M. Geslin à retourner à Laghouat, car son état ne laisse pas de nous donner des inquiétudes, bien que nous soyons loin cependant de prévoir la terminaison fatale de cette maladie à laquelle il devait, pe" de jours apres, succomber malgré tous les efforts de la médecine. Dans la plaine rocailleuse que nous traversons, se trouvent réunies à des espèces sahariennes un certain nombre de plantes de la région des hauts plateaux. J'y vois en assez grande abondance l'Atractylis diffuse , qui y croit avec les Afractylis microcephala et prolifera. Après avoir contourné un massif de rochers, sur lesquels sont espacés des pieds de Pistacia Atlan- tica et des buissons de Juniperus Phænicea, nous ne tardons pas à arriver au petit Ksar Hamara, bâti au pied d'une colline rocheuse, et dont les Jar” dins sont arrosés par les eaux abondantes et pures d'un ruisseau qui prend sa source au pied méme de la colline. De magnifiques Abricotiers couverts SÉANCE DU 8 MAI 1857. A77 de fruits déjà mûrs pour la plupart, dominent dans la plantation des jar- dins, où se rencontrent également le Figuier, le Pécher, le Grenadier, le Cognassier et la Vigne; les cultures potageres sont les mémes que dans les autres ksour; mais je vois avec plaisir que de plus la Pomme-de-terre a pris maintenant une assez large place dans les jardins. Je mets à profit les instants que MM. Margueritte, Philibert et Carus consacrent au règlement de quelques affaires administratives, pour reconnaitre la végétation des environs du ksar. Daus les endroits arrosés des jardins, je ne rencontre comme d'habitude que des espèces purement européennes; mais dans les terrains incultes et en friche je retrouve les Afractylis prolifera, Lonchophora Capiomontiana, avec l'Anvillea radiata dont cette localité est peut-être la station la plus septentrionale sur la route de Laghouat à Boghar. — Le trajet d'environ 8 kilomètres que nous parcourons jusqu'à Aïn el Ebel, ne m'offre rien de particulier à noter; je mentionuerai seulement la belle Source d'Aïn Metroua, dont les eaux viennent sourdre dans un assez grand bassin naturel creusé à fleur de terre dans un rocher. Bientôt nous arrivons à la dépression du sol désignée sous le nom de Dahia d'Aïn el Ebel, et qui s'étend à la base du coteau sur lequel sont construits le caravansérail d'Aïn el Ebel et une maison de commandement (à environ 1025 mètres) : les terrains salés de la dahia, où croissent les Zepidium subulatum, Fran- kenia thymifolia, Atriplex parvifolia, Salsola vermiculata, Traganum nudatum, Arnebia Vivianii, sont déjà en partie défrichés, et des champs de Blé et de Pommes-de-terre d'une belle venue donnent la mesure de la fertilité de ce sol, lorsque par l'irrigation on empêche le sel d'effleurir à 3 Surface. De nombreux ouvriers militaires de la garnison de Laghouat sont occupés à établir des norias et à creuser des canaux d'irrigation, et bientôt, grâce à ces travaux, un large espace pourra être livré à la grande culture, Après avoir visité les travaux avec M. Margueritte, je consacre le reste de la journée à explorer les berges du ruisseau qui descend du Coteau sur lequel est construit le caravansérail, et le petit plateau argilo- Sblonneux-ypseux qui s'étend du caravansérail jusqu'à une colline P'reuse qui le limite au nord. Sur le bord du ruisseau et sur les berges "r&lleuses escarpées et ravinées qui l'encaissent, se rencontrent les Sisyme A torulosum, Ononis angustissima, Hippocrepis bicontorta, Cyrtolepis mr, Pulicaria Arabica, Pyrethrum [uscatum, Calendula platy- P, a onchus divaricatus, Echiochilon fruticosum, Statice globulariæ- f ai iol vermiculata, Halocnemum strobilaceum, ete. Sur le plateau, à un aer plupart des stations depuis Sidi Makhelouf, se trouvent MM Plateaux - gt and nombre d'espèces sabariennes quelques plantes des nuls tartian, ni effet, j y note entre autres les Ceratocephalus fma as- rie ronopifolium, Moricandia teretifolia, Meniocus linifolius, uri- prostrata, Malva Ægyptiara, Astragalus tenuifolius, Minuartia A78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. campestris, Telephium Imperati, Asteriscus pygmaus, Kælpinia linearis, Echinospermum | Vahlianum et patulum, Anabasis articulata, Passerina microphylla, Allium Cupani, ete. Le 12 juin, à six heures du matin, aprés avoir pris congé de M. Carus, qui retourne à Taadmit où il doit passer quelques jours, nous partons, MM. Margueritte, Philibert et moi, pour Djelfa, situé au nord, à unedistance d'environ 36 kilomètres, et où je désire vivement être rendu de bonne heure pour pouvoir, sous la direction de M. Reboud, consacrer la fin de la journée à l'étude dela végétation de Djelfa, que son long séjour et ses nombreuses explorations lui ont rendu familière. Depuis Ain el Ebel jusqu'à l'Oued Sedeur s'étend une vaste plaine uniforme, où dominent l'Alfa (Stipa tenacissima) et l'Artemisia Herba-alba. Pendant que MM. Margueritte et Philibert font la chasse aux nombreuses outardes de la plaine, je con- sacre quelques instants à l'herborisation, mais je ne trouve guère à noter que le Linum Austriacum var.? et plusieurs espèces de la région des hauts plateaux : ici Ja végétation saharienne n'a plus que de rares représentants. Les bords de l'Oued Sedeur, dont le lit est profondément encaissé et les berges très accidentées, auraient peut-être pu m'offrir quelques espèces intéressantes, mais je n'ai pas le loisir de m'y arrêter, et je dois y constater seulement la présence simultanée d'une espèce du sud, l Ononis angustis- sima, et de plantes des hauts plateaux, telles que le Passerina virgata et l Atractylis cæspitosa qui y sont trés abondants. Plus loin, aux environs du poste de Sedeur, existent quelques champs arrosés par des dérivations de l'Oued Sedeur et plantés de Pommes-de-terre ou semés d'Orge encore Sur pied, et de Mais qui est loin d'avoir atteint son complet développement en raison de l'altitude de la localité, Sur les bords du ruisseau, se trouvent le Juncus striatus et V Helosciadium nodiflorum. Bientôt la route s'engage dans des montagnes basses, où croissent des buissons espacés de Juniperus Phænicea et des pieds de Pistacia Atlantica qui sont loin d'avoir atteint les proportions que ce bel arbre présente dans le sud. Dans les páturages qui longent la route, ne se rencontrent plus que des plantes des hauts pla- teaux et de la région montagneuse inférieure; des touffes argentées de Ca- tananche cæspitosu et de Passerina Tarton-raira donnent à ces pâturages un caractère tout particulier; là croissent la plupart des espèces que nous retrouverons sur le plateau élevé de Djelfa, telles que les Festuca cynost- roides, Euphorbia luteola , Jurinea humilis var. Bocconi, Alyssum senti- gerum, Onobrychis argentea, Alyssum serpyllifolium, Zizyphora His- panca, ete, Nous traversons rapidement le plateau de Djelfa, à l'extrémite nord duquel, presque au pied du Djebel Sahari, est construite la maison de commandement du poste de Djelfa, oà nous arrivons vers onze heures du matin. Aprés avoir pris quelques instants de repos et m'étre installé dans la chambre de M. le docteur Reboud, qu'il veut bien partager avec moi, je SÉANCE DU 8 mal 1857. A79 passe en revue ses riches collections, qui me fourniront les éléments les plus importants pour établir le catalogue de la flore du pays. Vers quatre heures, nous interrompons l'examen de l'herbier, que nous devons reprendre dans la soirée, pour faire une herborisation qui, bien que trés restreinte, pourra me donner une idée suffisante de l'ensemble de la végétation ; pendant les quelques heures qui nous restent avant la nuit, nous faisons une visite au jardin et aux cultures, et une petite herborisation sur les bords de l'Oued Melah et dans les pâturages incultes voisins du fort. Le plateau de Djelfa (d'une altitude moyenne de 1150 metres, 1090 d'après MM. Renou et Mae Carthy) s'étend au sud des Djebel Sahari et Senalba qui forment de l'est à l'ouest une chaine presque continue; une des parties les plus élevées du massif du Senalba et que, pour simplifier notre narration, nous désignerons spécialement, à l'exemple des habitants, sous le nom de Djebel Senalba, est située à environ 10 kilomètres à l'ouest du fort. Le plateau, dont le sol est argilo-sablonneux et légè- rement salé sur quelques points où existe le gypse, est encore inculte, et des essais de culture n'ont été entrepris que tout récemment, sous la direction de MM. Philibert et Reboud, auprès du ruisseau qui de- vient l'Oued Melab, au voisinage presque immédiat de la maison de com- mandement. En raison de la proximité de montagnes élevées, souvent couvertes de neige en hiver, et de l'altitude du plateau exposé alternative- ment aux vents du nord et du sud, le climat de Djelfa est surtout caraeté- risé par des températures très différentes se succédant souvent dans l'espace de quelques jours; c'est ainsi que, dans la nuit du 19 au 20 juin 1855, M. Reboud a vu détruits par la gelée la plupart des légumes et les tiges des Pommes-de-terre, tandis que le 40 juillet suivant le thermomètre n'in- diquait pas moins de 33 degrés à l'ombre. Cette année encore, à la méme date, MM. Kralik et Marès ont eu de méme à constater les effets d'une &élée tardive. Ce concours de circonstances et la présenee de la neige sur le sol pendant une partie de l'hiver et quelquefois méme vers le prin- temps, ainsi que l'altitude, expliquent l'absence, sur ce point, d'un assez grand nombre de plantes méridionales que nous retrouverons plus au nord dans la partie des hauts plateaux comprise entre le Djebel Sabari et les Montagnes de Boghar, et le caractère de la végétation de Djelfa, tout à fait analogue à celle des plateaux de Batna, de Saïda et de Géryville ete qu'à ces derniéres localités, les cultures pour prendre de tiens on devront, ainsi que l'administration l'a bien compris, étre MN par des plantations d'arbres et surtout des espèces forestières endroits nues, telles que le Peuplier blanc e les Saules et dans ies d'arbres ton, rrigables le Pistacia Atlantica. —1l n yaqu un petit M re plie dia aers dont l'introduction ait été tentée dans le jardin : le eu- alie, dont la plantation ne remonte qu'à trois mois, parait bien vé- A80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. géter; mais il est à craindre que cet arbre ne soit, au bout de quelques années, exposé aux causes de dépérissement qui trop souvent en Algérie viennent l'atteindre lorsqu'il est en pleine végétation; l'Acacia (Robinia Pseudo-Acacia) parait devoir bien réussir; il n'en est pas de méme du Sy- comore, dont l’acclimatation est moins assurée. — La plupart de nos arbres fruitiers d'Europe, tels que le Poirier, le Pommier, le Prunier, le Cerisier, sont représentés dans le jardin où ils ont été plantés, mais trop récemment pour qu'on puisse rien préjuger à leur égard. Des semis de Pécher, de Chá- taiguier, de Noyer ont bien réussi, mais ce n'est qu'après plusieurs années de culture que l'on pourra savoir s'ils peuvent supporter les vicissitudes du climat. — Parmi tous les légumes d'Europe qui sont cultivés dans le jardin, dans des carrés bien arrosés par des dérivations de l'Oued Melah, on doit citer spécialement, pour l'abondance de leurs produits, le Chou, le Chou-fleur, le Céleri, la Betterave, l'Artichaut, l'Oseille et l'Épinard ; les Tomates jusqu'ici n'ont müri qu'imparfaitement, Le Pavot serait facile- ment cultivé en grand pour ses produits oléagineux et peut-être pour l'extraction de l'opium. La facilité avec laquelle d'assez grandes étendues de terrain peuvent ètre irriguées est un gage assuré du succès réservé à Ja culture des céréales, qui néanmoins sur quelques autres points de la plaine sont cultivées sans irrigation. Vers l'extrémité du jardin, dans les eaux de l'Oued Melah, nous recueillons les Ranunculus Baudotii et cœnosus et le Potamogeton crispus que M. Re- boud a découverts à cette localité, et, sur les bords même de l'oued, nous observons un assez grand nombre d'espèces françaises, telles que les Scirpus Holoschænus, Calendula arvensis, Trifolium fragiferum, Medicago sativa, Juncus glaucus, Malva sylvestris, etc.; dans un champ d'Orge croissent pêle-mêle les Æohenackeria bupleurifolia et polyodon qui, à cette localité, ont acquis un développement tout exceptionnel. A l'ouest du fort, dans d'autres champs d'Orge mûre mais encore sur pied, non irrigués et situés au milieu des pâturages ras qui couvrent la plus grande partie de la plaine, sont réunies la plupart des espèces des terrains cultivés de la région, ainsi qu'un certain nombre d'autres qui ont persisté malgré le défrichement ; nous nous bornerons à eiter, parmi les plantes propres aux moissons, les : Ceratocephalus falcatus. Romeria hybrida. Hypecoum procumbens var, Sisymbrium runcinatum. Androsace maxima. Alyssum Granatense. Nonnea micrantha. — Scutigerum, Polygonum aviculare. albescens (H. albescens Herniaria annua. Euphorbia luteola. PR). Eryngium campestre. — falcata. — Geslini, Crucianella patula. Mascari comosum. — pendulum. . . Valeriauella chlorodonta. Bromus rubens. Erysimum Kunzeanum Boiss, — stephanodon. Hordeum murinum. et Reut, (E. stric- Xeranthemum inapertum. Ægilops ventricosa. tum var. micranthum Filago Jussiæi. — ovata var. triaristata, elc J. Gay). Podospermum laciniatum. SÉANCE DU 8 Mai 41857. A84 Dans ees moissons, M. Reboud me fait recueillir le Cossona Africana, varicté à fleurs jaunes, dont nous pouvons encore trouver plusieurs échan- tillons en fruit dans les páturages voisins. Les plantes qui dominent dans ces pâturages sont entre autres les : Ranunculus Chærophyllos Anacyclus Pyrethrum. Echium humile. var. flabellatus. Artemisia Herba-alba. Teucrium Polium, Alyssum serpyllifolium. Echinops spinosus, Plantago albicans, Muricaria prostrata. Onopordon macracanthum. Passerina virgata. Helianthemum salicifolium — acaule. Stipa barbata. var. brevipes. Atractylis diffusa. — parviflora. — rubellum. — cæspitosa. Ammochloa pungens, — hirtum var, Deserti. — — polycephala. Koæleria Valesiaca, Duffonia annua. Carduncellus Atlanticus. Poa bulbosa. Erodium cicutarium, — pinnatus. Festuca divaricata. Trigonella polycerata. Centaurea acaulis. — cynosuroides. Onobrychis argentea, — sulfureca, Lolium perenne var. rigi- Hippocrepis scabra. — involucrata. dum. Minuartia campestris, — pullata. Hordeum murinum. Paronychia Cossoniana. Asterothrix Hispanica, Elymus crinitus. Par l'examen sur le terrain, nous constatons, M. Reboud et moi, la con- stance des caractères des Atractylis cæspitosa et polycephala (sp. nov.); cette dernière plante, que d’après les quelques éehantillonsd'un envoi de M. Reboud j'étais disposé à ne considérer que comme une forme monstrueuse de l'A. cespitosa dont elle a tout à fait le port et les feuilles, s'en distingue très neltement par les capitules trés nombreux, très gréles, cylindriques et Pauciflores ; malheureusement cette espèce intéressante ne fait que com- mencer à fleurir, et je prie M. Reboud de ne pas négliger d'appeler sur elle l'attention de M. Kralik qui, en venant de Laghouat, doit passer par Djelfa dans quelques jours. A la même localité, PA. cæspitosa présente d'assez nombreuses variations : ainsi la plante est acaule ou caulescente, et ses feuilles sont indifféremment pubescentes et d'un aspect glauque ou presque glabres et vertes. — Aux environs du fort, parmi les plantes rudé- rales, le Silybum eburneum se fait remarquer par son extréme abondance. La matinée du 43 juin est eonsaerée à une eourse au Djebel Senalba, si bien connu de M. Reboud, et ein quelques heures, sous sa conduite, je vois Sur place la plupart des espèces intéressantes qu'il a découvertes à cette riche localité, — Le Djebel Senalba, c’est-à-dire l'extrémité orientale de la chaine de méme nom, est, comme nous l'avons déjà dit, une des parties les plus élevées du massif dont il dépend, et son point culminant est environ 1300 mètres au-dessus du niveau général de la plaine, soit à près de 1450 mètres d'altitude absolue ; ses versants principaux sont ceux du nord €t du sud, et ils sont rocheux surtout dans leur partie supérieure. Le ver- Sant sud est occupé dans presque toute son étendue par un bois composé presque exclusivement de Pinxs Aulepensis, où eet arbre acquiert de belies Proportions; le Chéne-vert (Quereus Hex var. Ballota) et le Genévrier T. IV, 31 482 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Juniperus Ozycedrus) ne se rencontrent guère qu'à la limite inférieure du bois, dont la limite supérieure est seulement déterminée par la crête des rochers qui forment le sommet. Le versant nord, beaucoup plus accidenté et presque escarpé dans sa partie supérieure, présente des ravins assez pro- fonds et est généralement moins boisé. La montagne se termine à l'est par une sorte de bifurcation, dont les deux branches circonserivent un large ravin accidenté ressemblant à ceux du versant nord, — Aprés avoir traversé rapidement ia partie de la plaine que nous avons déjà parcourue la veille, nous commençons à herboriser dans les pâturages montueux qui forment la base de la montagne et nous y voyons le Catananche cæspitosa et le Passerina Tarton-raira devenir d'une extrème abondance. A la partie inférieure du versant sud, quelques pieds espacés de Juniperus Oxycedrus et le Quercus Ilex var. Ballota constituent le commencement du bois, et là, entre les broussailles formées principalement par le Rosma- rinus officinalis var. Tournefortit et le Cistus Clusit, nous trouvons associés aux plantes de la plaine le Centaurea Parlatoris, le Phalangium Liliago et le Wangenheimia Lima. Bientôt nous entrons dans le bois de Pinus Hulepensis, où les Anthyllis sericea, Dorycnium suffruticosum, Cistus villosus, Globularia Alypum, Phillyrea media et angustifolia, forment de nombreux buissons entre lesquels se rencontrent cà et là quelques pieds de Pistacia Terebinthus. Là nous recueillons les Platy- capnos spicata, Atractylis diffusa, Ebenus pinnata, Rhaponticum acaule, Calamintha Alpina, Inula montana, Linum suffruticosum, Hel iunthemum lavandulæfolium, Sideritis incana, Helichrysum Fontanesii, Anarrhinum suffruticosum, Cytinus Hypocistis, Leuzea conifera, Centaurea pubes- cens, ete. Au pied de rochers calcaires, le Rhamnus lycioides, le Buplevrum spinosum, V Hedysarum humile et V Ononis Columnæ deviennent assez abon- dauts et nous voyons apparaitre les Santolina squarrosa, Polycarpon Bi- vont, Arabis auriculata, et Asphodeline lutea, Sur la bande de rochers qui forment la crête de la montagne, nous observons les Ceterach offici- narum, Velezia rigida, Polycnemum Fontanesii, Avena pratensis, Car- duus macrocephalus, Melica Cupani, Pimpinella Tragium, Helianthemum glaucum, Papaver Rhæas, Lamium amplexicaule, Hutchinsia petræa, ete. — Du point culminant, la vue, malgré la faible altitude de la montagne, embrasse un vaste panorama : à l'est le Djebel Sahari avec la double chaine du Zaccar et dans le lointain le Djebel Bou Kahil, au nord le Rocher-de- sel, la plaine du Zahrés avee ses deux grandes sebkha et à la limite de l'ho- rizon les montagnes basses de Guelt el Settel, à l'ouest le massif du Djebel Senalba avec les nombreuses montagnes qui s'y rattachent, au sud les bauts plateaux et les montagnes basses de Sedeur. — La pente nord, que je n'ai pas le temps de visiter, a une végétation trés analogue à celle de la pente sud et la seule plante qui doive y être mentionnée d’une manière spé- SÉANCE DU 8 Mai 4857. A83 ciale est le Saponaria glutinosa, que MM. Kralik et Reboud y ont recueilli quelques jours apres, — Dans les fissures des rochers abrupts qui constituent le sommet et qui surplombent le grand ravin de l'extrémité orientale de la montagne, croit en très grande abondance le Fumaria Numidica avec V Ero- dium hymenodes qui est beaucoup plus rare et le Sedum glanduliferum ; au pied de ces rochers, et à l'ombre d'une excavation naturelle qu'ils for- ment, nous trouvons le Festuca triflora qui y croit avec le Geranium lu- cidum et le Smyrnium Olusatrum. Dans la partie inférieure du ravin, M. Reboud a constaté la présence de l'Arbutus Unedo et a trouvé V Iberis Pruitii avec V Alyssum cochleatum qui se rencontre également sur le versant sud. A la base orientale de la montagne, a été ouverte une carrière de plâtre, dont des terrains gypseux salés et résonnant sous les pieds de nos chevaux annoneent le voisinage. Ces terrains, qui occupent l'ancien emplacement de la redoute Lapasset, ont offert à M. Reboud plusieurs plantes intéres- santes qu'il m'y fait recueillir, entre autres le Campanula filicaulis, le Se- necio Auricula qui n'avait encore été observé que dans le midi de l'Espague par M. Bourgeau, et le Campanula fastigiata plante des plateaux de lEs- pagne et de la région caucasique déjà passée, de méme que le Senecio, mais que M. Reboud avait antérieurement recueillie dans la plaine du Zührés, — Nous nous empressons de revenir à Djelfa, pour ne pas man- quer l'heure fixée par M. le commandant Margueritte pour le départ; car nous devons, le soir méme, nous rendre au caravansérail du Rocher-de- sel, situé au nord à une distance d'environ 24 kilomètres, Pour donner une idée plus complete de la végétation de Djelfa, nous croyons devoir réunir dans une liste l'indichtion des espèces qui ont été constatées jusqu'à présent à cette localité, qui présente à la fois la végé- tation des hauts plateaux et celle de la région montagneuse inférieure. Liste des plantes observées aux environs de Djelfa et dans les montagnes voisines (1). Renonculacées. Ranunculus Baudotii Godr. — cœnosus Guss. — Chærophyllos L. var. flabellatus (R. flabellatus Desf.). — Orientalis L, — rectirostris Coss. et DR. — Sh. Clematis Flammula L. — S. Anemone palmata L. Adonis æstivalis L. Ceratocephalus falcatus Pers. (1) Pour plus de brièveté nous avons, dans cette liste, supprimé l'indication de calité pour les plantes que nous n'avions à mentionner qu'aux environs de Djelfa seulement : nous avons désigné les environs de Djelfa par Dj., le Djebel Senalba par Se et le Djebel Sahari par Sh. — La constatation de la plupart des espèces est "i e" docteur Reboud qui, explore avec soin le pays depuis plusieurs années; Vées avec celles qui présentent un intérêt spécial et que nous n'avons pas obser- ce zélé botaniste est suivi de (R.). lo ASÀ Ranunculus gramineus L. var, luzulg- folius. — macrophyllus Desf. Nigella arvensis L. Deiphinium Orientale J. Gay. — Balansæ Boiss. et Reut, Diagn. pl. nov. ser. 2, v, 12. (D. junceum var. Coss.). — S. — junceum DC. — pubescens DC. Papavéracées. Papaver hybridum L. — Dj.; Sh. — Rhœas L. — S. Rœmeria hybrida DC. Glaucium corniculatum Curt, Hypecoum procumbens L. var. albescens (H. albescens DR, ap. Balansa pl. Alger. exsicc.). — pendulum L. Fumariacées, Fumaria Numidica Coss. et DR, — S. — parviflora Lmk. — densiflora DC. (F. micrantha Lagasc.). Platycapnos spicatus Bernh. — S. Crucifères. Matthiola tristis R. Br. Nasturtium officinale R. Br. — Oued Sedeur. Arabis auriculata Lmk. — Dj.; S. — — var. dasycarpa. — Dj.; S — parvula L. Duf. — Dj. (R2).% Alyssum Atlanticum Desf. — Entre Dj. et l'Oued Sedeur (R.) — serpyllifolium Desf. — Dj.; Oued Sedcur. — cochleatum Coss. et DR. — Dj.; S. — campestre L. — Granatense Boiss. et Reut. — scutigerum DR. in Ezpl. sc. Alg. et in Bull. Soc. bot. — Dj.; S.; Oued Sedeur. Meniocus linifolius Desv, — Dj.; Oued Scdeur. Clypeola cyclodontea Delile. — Dj. (R.). Draba verna L. Thlaspi perfoliatum L, — S. Hutehinsia petra R. Br, — Dj.; S. Iberis Pruitii Tineo?, — S, — pectinata Boiss. var. (L. parvula Munby in Bull. Soc. bot), — S. Biseutella auriculata L, Sisymbrium irio L, var. pubescens, — Sp, — runeinatuni Lagase. — torulosum Desf. — crassifolium Cav, — S, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Erysimum Kunzeanum Boiss. Diagn. pl. Or. (E. strictum J. Gay ap. Balansa pl. Alg. exsicc.) — Dj.; Oued Se- deur. — grandiflorum Desf.! (Cheiranthus sem- perflorens Coss. et DR. olim non Schousb.). — Dj.; Oued Sedeur, — Orientale R. Br. Camelina sativa Cr. var. pubescens. Brassica dimorpha Coss, et DR. — Sh. près Ksar Charef (R.). Sinapis arvensis L. Diplotaxis muralis DC. Erucastrum exauriculatum Doiss. et Reut. ap. Boiss. Diagn. pl. nov. ser. 2. (E. obtusangulum var. exauriculatum Coss. et DR.). — Jeucanthum Coss, et DR. in Bull. Soc. bot. — S. Y (R.). Eruca sativa Lmk. Muricaria prostrata Desv. Enarthrocarpus clavatus Delile in Godr. Fi. Juv. (Brassica lyrata Desf.!). Cossonia Africana DR. (Raffenaldia pri- muloides Godr. Fl. Juv.) var. lutea, — Dj.! (R.). Cistinées. Cistus villosus L. — S. — Clusii Dun. — S.; Sh. Helianthemum Niloticum Pers. — salicifolium Pers. — Fumana Mill. — S. — glutinosum Pers. — Dj.; S. — rubellum Presl. — Dj.; S. — Jlavandulæfolium Pers. — S. — hirtum Pers. var. Deserti.— Dj.; Oued Sedeur. — glaucum Pers, — S.; Sh. — pilosum Pers. — Dj.; S.; Oued Sedeur. Violariées. Viola tricolor L. var. arvensis. nésédacées. Rescda alba L.. — Dj.; S. — cremophila Boiss, — Oued Sedeur. — Phyteuma L. — stricta Pers. (R. saxatilis Pourr.). Polygalées. Polygala saxatilis Desf. — Dj.; S5 Sh. Frankéniacées. Frankenia pulverulenta L. SÉANCE DU S8 mar 1857. Caryopnyiiées. Gypsophila compressa Desf. — S. Dianthus virgineus L. ex Godr. — S. — serrulatus Desf. — S. Saponaria glutinosa M.-Bieb. — S.' Silene rubella L. — conica L. — bipartita Desf. var. oxyneura. — Italica L. — Dj.; S. Lychnis macrocarpa Boiss. et Reut. — S. Velezia rigida L. — S.; Sh. (R.). Buffonia tenuifolia L. Holosteum umbellatum L. Rhodalsine procumbens J. Gay (Arenaria procumbens Vahl). Spergularia media Pers. — diandra Heldr. (Arenaria diandra Guss.). Arenaria tetraquetra L. var. aggregata J. Gay (A. capitata Lmk). — Rochers du Djebel Haoua (R.). Linées. Linum strictum L. — S, — decumbens Desf, — S. — Austriaeum L, var. ? — Dj.; S.; Oucd Sedeur. — suffruticosum L. (L. salsoloides Lmk). — Dj; S. Malvacées. Malva JEgyptiaca L. — sylvestris L. — parviflora L. Géraniacées. Geranium pusillum L. — S. — lucidum L, — S. — Robertianum L.— S. rodium ciconium Willd. = XOcutarium Willd. — guttatum Willd, — hymenodes L'Hérit. — S. Rutacees. n ain Han angustifolia Pers. — Sh. aplophyllum linifolium Adr. de Juss. — p S.; Sh. My "sanum Harmala L. Rhamnaces. Rhamnus Alaternus L. — s = lycioides L, — pis ja 8. 485 Térébinthacécs. Pistacia Leutiscus L. — Sh. — Atlantica Desf. — Oued Sedeur, — '[erebinthus L. — S. Légumineuses, Genista capitellata Coss. et DR. — Ksar Moudjebar entre Dj. et Messad (R.). Argyrolobium Linnæanum Walp. Ononis angustissima Luk (0. longifolia Willd.). — Oued Sedeur. — ornithopodioides L. — S. — reclinata L. — S. — Columnæ All. — S. Anthyllis sericea Lagasc. — S. — Vulneraria L. Medicago sativa L. — orbicularis Willd. — Sh. — denticulata Willd, — tribuloides Lmk. -— minima Lmk. — turbinata Willd. var. (M. muricata Benth.). — Sh. — laciniata All. — Dj. (R.). Trigonella prostrata DC. — Monspeliaca L. — polycerata L. Melilotus Neapolitana Teu. (M. gracilis DC.). — sulcata Desf. Trifolium fragiferum L. Dorycnium suffruticosum Vill. — 5. Lotus corniculatus L. Tetragonolobus siliquosus Roth. Astragalus Glaux L. — Sh. — geniculatus Desf. — Dj.; Sh. — peregrinus Vahl. — Sh. (R.). — Janigerus Desf. — Dj.; S. — chlorocyaneus Boiss. et Reut, — S. — nummularioides Desf. — S. (R.). Coronilla minima L. — S. — pentaphylla Desf. — S. Arthrolobium scorpioides DC. — S. Hippocrepis scabra DC. — ciliata Willd. Hedysarum spinosissimum L. — humile L. (14. Fontanesii Boiss, excl. syn.). — S. Onobrychis argentea Boiss. var. — Dj.; S.; Oucd Sedeur. Ebenus pinnata Desf. — S. Vicia sativa L. — Dj.; Oued Sedeur. — — var. angustifolia (forma amphi- carpa). — lutea L. — calearata Desf. Ervum birsutum. L. Lathyrus Clymenum L. vzr. tenuifolius h86 Rosacées. Poterium Magnolii Spach. Rosa canina L. var. collina. Pyrus longipes Coss, et DR.? — S, Paronychiées. Telephium Imperati L. — Dj.; S. Herniaria cinerea DC. (H. annua Lagasce.). — fruticosa L. — Dj.; Sh. Paronychia longisetà Webb var. (P. Cos- soniana J. Gay ap. Balansa pl. Alg. exsicc., ). — nivea DC. — Dj.; S. — — var. macrocalyx. — Sh. (R.), Polycarpon Bivonæ J. Gay. — S. Queria Hispanica L. — S. (R.). Minuartia campestris Læfl. — Dj.; S. — montana Lœfl. — Dj.; S. Crassulacées. Pistorinia Hispanica L, — Sh. Umbilicus horizontalis DC. — S. Crassula rubens L. — Sh, Sedum glanduliferum Guss. — S.; Sh. — um L. var. micranthum. — S.; 1. — altissimum Pers. — Dj.; S. Saxifragées. Saxifraga Carpetaua Boiss. et Reut. Ombetliféres. Eryngium campestre L, — Dj.; S. Hohenackeria bupleurifolia Fisch, et Mey. — Champs. — polyodon Coss, et DR. — Champs. Helosciadium nodiflorum Koch. — Dj.; Oued Sedeur. Selinopsis feetida Coss. et DR. — Dj. (R.). Ammi majus L. Carum Mauritanicum Boiss. et Reut. Pimpinella Tragium Vill. — S. — dichotoma L. — Sh. Duplevrum semicompositum L. — spinosum L. — S. — exaltatum M.-Bieb, var. linearifolium Boiss. (B. oligactis Boiss. Diagn. pl. nov, ser. 2.), — S. (R.). OEnanthe peucedanifolia Pollich. Deverra scoparia Coss, et DR. Ferula sulcata Desf. — S. (R.) Ridolfia segetum Moris (Anethum sege- tum L.). Thapsia villosa L. — S.; Sh. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Daucus parviflorus Desf, — Sh. — aureus Desf, Caucalis leptophylla L. Turgenia latifolia Hoffm. Torilis Helvetica Gmel. Scandix Pecten-Veneris L. — australis L. — S. Cachrys pungens Jan. — Sh.; Charef. Smyrnium Olusatrum L. — S. Bifora testiculata L. Loranthacées. Arceuthobium Oxycedri M.-Bieb. (Viscum Oxycedri DC.). — Moulin de Djelfa (R.). Caprifoliacées. Lonicera implexa Ait. — S. Rubiacées. Asperula hirsuta Desf. Crucianella patula L.— Dj.; Sh. Galium erectum Huds. (G. lucidum Koch non All. sec. Gren. et Godr.). — S. — Tunetanum Desf, — S. — saccharatum L. — tricorne With. — Parisiense L. Tausch. Callipeltis Cucullaria Stev. — Sh. près Charef (R.). var. trichocarpum Valérianées. Valerianella pumila DC. — Dj.; 8. — discoidea Lois. — chlorodonta Coss. et DR. — stephanodon Coss. et DR. Fedia graciliflora Fisch. et Mey. Centranthus Calcitrapa Dufresn. — $. Valeriana tuberosa L. — S. Dipsacées. Scabiosa Monspeliensis Jacq. | — maritima L. var. ochroleuca (S. gran diflora Desf.). — Sh. près Chare (R.). Composées (Cynarocéphales). Calendula arvensis L. f Othonna cheirifolia L. — Sh. près Chare (R.). Echinops spinosus L. S Xeranthemum inapertum Willd.— Dj. 9: Stæhelina dub a L. — Dj.; S- Carlina involucrata Poir. — Dj. S. — sulfurea Desf. — S. SÉANCE DU 8 Atractylis cancellata L. — diffusa Coss. sp. nov. — cæspitosa Desf. — Dj.; S.; Oued Se- deur, — polycephala Coss. sp. nov. Microlonchus Duriæi Spach. Crupina Crupinastrum Viv. (Centaurea Crupinastruii Moris).— S. Centaurea alba L. fol, involucri ciliatis. — S. — Parlatoris Heldr. — Dj.; S. — pullata L. — acaulis L. — Nicæensis All. (C. fuscata Desf.). — sulfurea Willd. — Calcitrapa L. — S. — pubescens Willd. — S. Carduncellus multifidus (Carthamus mul- tifidus Desf.). — Atlanticus Coss. et DR. — pinnatus DC. — Dj.; S. Silybum eburneum Coss, ct DR. in Bull. Soc. bot. Onopordon ambiguum Fresen. — macracanthum Schousb. — Dj.; S. — acaule L. Carduus macrocephalus Desf. — S. Cirsium echinatum DC. — S. Rhaponticum acaule DC, — Dj.; S. Leuzea conifera L. — S. Jurinea humilis DC, var. Bocconi (Serra- tula Bocconi DC.). — Dj. ; S.; Oued Sedeur. Composées (Corymbiféres). Bellis annua L. — S. — sylvestris Cyrill, — Dj.; S. Micropus supinus L. — Ain Mska et Bab Aïn Mecaouda près Dj. (R.). — bombycinus Lagase, Inula montana L. — Dj.; S. Pulicaria Arabica Cass, var. (P. longifolia Boiss, Diagn. pl. nov. ser. 2).— Dj.; Messad. Pallenis spinosa Cass. — Sh. Anthemis pedunculata Desf, Anacyclus Pyrethrum Cass. — Valentinus L. Santolina squarrosa Willd, — Dj.; S. Coleostephus macrotus DR. — Sh. Chrysanthemum segetum L, Artemisia campestris L. var. — Merba-alba Asso var. — Dj.; Oued Sedeur. Helichrysum Fontanesii Cambess. — S. lago Jussiæi Coss, et Germ. Senecio Auricula Bourgeau ap. Coss. pl. Crit. — Redoute Lapasset ! (R.). MAI 1857. €omposées (Chicoracées), 487 Hedypnois perdula DC. Catananche cærulea L. — Dj.; S. — lutea L. — cæspitosa Desf. — Dj. (abond.); Dje- bel Sedeur. Podospermum laciniatum DC. Tragopogon porrifolius L. — Dj.; S. Scorzonera undulata Vahl. — Dj.; Oued Sedeur. — coronopifolia Desf. Asterothrix Hispanica DC. Taraxacum Dens-Leonis L. Phænixopus viminea DC, — S.; Sh. Sonchus maritimus L. Andryala Ragusina L. Campanulacées. Campanula Erinus L. — Rapunculus L. — S. — filicaulis L. — Redoute Lapasset ! (R.). — fastigiata L. Duf. — Redoute Lapasset (R.). Specularia falcata Alph. DC. Éricacées. Arbutus Unedo L. — S. Primulacées. Androsace maxima L. Asterolinum Linum-stellatum Link. — S. Oléacées. Phillyrea media L. — S. — angustifolia L. — S. Jasminćes. Jasminum fruticans L. — S. Gentianées. Erythræa pulchella Fries. — Charef (R.). Convolvulacées. Convolvulus Cantabrica L, — lineatus L. — supinus Coss. et Kr. sp. nov, — Sh. (R.). — arvensis L. Cuscutacées. Cuscuta planiflora Ten. var. papillata Engelm. ined. — pj. ; Charef (R.). Borraginées. Heliotropium Europæum L. A88 Echium humile Desf. Nounea micrautha Boiss. et Reut. Lithospermum arvense L. — Apulum L. Myosotis pusilla Lois. — Dj. (R.). — hispida Schlecht. — Dj.; S. Echinospermum patulum Lehm. Cynoglossum cheirifolium L. — S.; Oued Sedeur. Rochelia stellulata Rchb. Scrofulariacées. Verbascum Boerhaavii L. aff. — Sh. Celsia laciniata Poir. — Sh. — betonicæfolia Desf. — S. Linaria simplex DC. —- Dj.; S. reflexa Desf. marginata Desf. — S. virgata Desf. rubrifolia Rob. ct Cast. Anarrhinum fruticosum Desf. — S. Antirrhinum Orontium L. Veronica Anagallis L. — præcox L. — agrestis L. Orobanchacées. Phelipæa lavandulacea F. Schultz. (0ro- (Ry lavandulacea Rchb.) — Sh. R.). — arenaria Walp. (Orobanche arenaria Borkh.). Orobanche cernua Lofl. — Redoute La- passet * (R.). Labices. Thymus hirtus Willd. — S.; Sh.; Oued Sedeur. — ciliatus Benth. var. — Dj.; S.; Oued Sedeur. — Guyonii De Noé, — Sh. ; Charef (R.). Calamintha Alpina Lmk, — S. — graveolens Benth. ( Thymus graveo- lens M.-Bieb.). Rosmarinus officinalis L. var. 'fourne- fortii de Noé, — S.; Sh, Salvia phlomoides Asso. — patula Desf. — Charef (R.). — Verbenaca L. — lanizera Poir, Zizyphora Hispanica L. — Dj.; S.; Djebel Sedeur. Cleonia Lusitanica L. — Dj. (R.). Sideritis iucana L. (S. virgata Desf.). — sS. — montana L. — Dj.; S. | | Í SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Marrubium vulgare L, — supinum L. (M. sericeum Boiss.) — Entre Dj. et Bab Aïn Meçaouda (R.). Lamium amplexicaule L. — S. Phlomis biloba Desf. — Entre Aïn Me- çaouda et Charef (R.). Teucrium flavum L. — S. -— Polium L. — Dj.; S. Ajuga Iva Schreb. — S. Globulariées. Globularia Alypum L. — S.; Sh. Plombaginées. Armeria plantaginea Willd. var, leucan- tha, — Entre le Djebel Senalba et le Djebel Haoua (R.). Statice echioides L. — Charef (R.). Plantaginées. Plantago albicans L. — Coronopus L. Salsolacées. Beta vulgaris Moq.-Tand. Chenopodium Vulvaria L. Blitum virgatum L. Atriplex parvifolia Lowe. Amarantacées. Polyenemum Fontanesii DR. ct Moq. - Tand. — Dj.; S. Polygonées. Polygonum aviculare L. — Bellardi All. Rumex crispus L. Thymélées. Passerina virescens Coss. et DR. — ©. — virgata Desf. — Dj.; Oued Sedeur. — Tarton-raira DC.— Dj.; Oued Sedeur. Cytinées. Cytinus Hypocistis L. — S. Luphorbiacées. Euphorbia Chamasyce L. — helioscopia L. -— pubescens Vahl. — Sh. (R.). — luteola Coss. et DR. sp. nov. Djebel Sedeur. à Charef. — Dj: SÉANCE DU 8 Mai 1897. Euphorbia falcata L.— Dj.; Oued Sedeur. — calcarea Coss. et DR, Mercurialis annua L. Cupuliféres, Quercus Ilex L, — Dj.; S.; Sh. Conifères, Juniperus Oxycedrus L. — S.; Sh. — Phanicea L. — Dj.; S.; Djebel Sedeur. Pinus Halepensis Mill, — S.; Sh.; Djebel Guedid entre Dj. et Aïn Arich (R.). Naiadées. Zannichellia macrostemou J. Gay. Potamogetou crispus L, — Oued Melah (R.). — densus L. — Id. — pectinatus L. — Id. Orchidées. Aceras anthropophora R. Br, (Ophrys an- {hropophora L.) — 5. Ophrys lutea Cav. Limodorum abortivum L. — Redoute La- passet (R.). Amaryllidées. Corbularia monophylla DR, — S. (R.). Iridées. Moræa Sisyrinchium Ker, — Dj. Iris scorpioides Desf. (7. alata Poir.). = Xyphium L. — Charef (R.). Gladiolus Ludovici; Jan.? (G. Byzantinus Guss.?). — S. Romulea Bulbocodium Sebast. ct Maur. Sinilacinées. Ruscus aculeatus L, — S. Liliacées. Tulipa Celsiana Redouté. Fritillaria Messanensis Rafin. Ornithogalum Narbonense L. — umbellatum L, — sessiliflorum Desf. Allium Ampeloprasum L. — Sphierocephalum L. = pallens L, — Dj.; S. Salla Peruviana L. — S. Bellevalia comosa Kth. Dotryauthus odorus Kth. (Muscari race- mosum Mill.) A89 Asphodelus fistulosus L. — Oued Sedeur. Asphodeline lutea Rchb. (Asphodelus lu- teus L.). — S. Anthericum Liliago L. — Dj.; S. Asparaginées. Asparagus acutifolius L, — S. Mélanthacées. Colchicum bulbocodioides Stev. (C. holo- lophum Coss. et DR. olim). Merendera filifolia Cambess. Joncées, Juncus glaucus Ehrh., — striatus Schousb. —Dj.; Oued Sedeur. — bufonius L. Cypéracées. Scirpus Holoschenus L. Carex divisa Huds. Graminées. Lygeum Spartum L. Phalaris brachystachys Link, Imperata cylindrica P. B. Alopecurus pratensis L. var. ventricosus, Agrostis alba L. var. coarctata. Polypogon Monspeliensis L. Piptatherum miliacum Coss. (Agrostis miliacea L.) — S. Stipa barbata Desf. — Dj.; Oued Sedeur. — gigantea Lagast. — parviflora Desf. — Dj.; S.; Oued Se- deur. — tortilis Desf. — tenacissima L. Cynodon Dactylon Pers. Echinaria capitata Desf. Arrhenatherum elatius Mert. et Koch var. bulbosum. Avena barbata Brot. (4. hirsuta Roth). — pratensis L. — Dj.; S. Trisetum flavescens P. B. — S. Kæleria pubescens P. B. — Valesiaca Gaud. — Dj.; Sb. Cynosurus elegans Desf. — S. Melica Cupaui Guss. — Dj.; S. (R.). Atropis distans Griseb. Glyceria fluitans R, Br. var. plicata. Sphenopus divaricatus Rchb. (Poa diva- ricata Gouan). Poa bulbosa L. — Dj.; S. Wangenbeimia Lima Tria. — Dj.; S- Dactylis glomerata L. — 5. 490 Bromus sterilis L. — Sh. — Madritensis L. — Dj.; Sh. — rigidus Roth (B. maximus Desf.). — tectorum L. — rubens L. — Dj.; S. — squarrosus L. — Dj.; S.; Sh. — mollis L. Festuca triflora Desf. — S. — arundinacea Schreb. rupta. — incrassata Salzm. —- Sh. — cynosuroides Desf, — Dj.; S.; Djebel Sedeur. — unilateralis Schrad. (Triticum Nardus DC.).— Dj.; S. — rigida Kth (Poa rigida L.). — S. — divaricata Desf. — Dj.; Sh.; Oued Se- deur. Brachypodium distachyum Ræm.et Schult. var. inter- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lolium perenne L. var. rigidum. Hordeum murinum L. — maritimum With. Elymus crinitus Schreb. Triticum Orientale M.-Bieb. JEgilops ventricosa Tausch (Æ, squarrosa Desf. ). — ovata L. var. triaristata (Æ. triaris- tata Willd.). Lepturus incurvatus Trin. Fougeres. Cheilanthes odora Sw. — Sh. (R.). Ceterach officinarum C. Bauh. — S.; Sh. (R.). Équisétacées. Equisetum ramosissimum Desf. (La fin à la prochaine séance.) NOTES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS, par DIM. E. COSSON ct L. KRALIK. (Septième et dernière partie.) (1). SaLvi Æcvpriaca L. Sp. 33; Jacq. Hort. Vind. M, 49, t. 108; Desf. Atl. ï, 49; Webb Phyt. Can. WI, 91; Benth. in DC. Prodr. XI, 355. — Thymus hirtus Viv. Fl. Libyc. 30, t. 4h, f. 1. In apricis deserti Tunetani, in arenosis prope Cosa (Desf., sed perperam pro planta culta habita), in argilloso-arenosis prope Sfax, in argillosis et collibus caleareis ditionis Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 295), etiam in insula Djerba (Kralik. pl. Tun. exsiec. n. 121). — In Sahara Algeriensi trium provinciarum, ex. gr. : in ditione Biskra! haud infrequens (Jamin; Balansa pl. Alger. exsice. n. 832); in ditione Laghouat! et in ditione Beni Mzab pluribus locis obvia (Reboud); in ditione Zamian Garabas prope Tyout !. — In insulis Canariis (Masson ; Bourgeau pl. Can. exsicc. n. 549). In iusulis Gorgonibus (Forbes sec. Benth.). In Cyrenaica (Viv., loc. cit.). In Ægypto ad Cahiram (Forsk.; Delile). In Arabia felici (Schimper pl. Arab. fel. ed. Hohenacker [1843] n. 820). In Persia australi (Kotscby pl. Pers. austr. ed. Hohenacker [1845] n. 14). MarruBrum DzsEnTI de Noé ap. Balansa pl. Alger. exsicc. n. 1001. — Sideritis Deserti de Noé in Bull. Soc. bot. M, 582. In collibus ealeareis humilioribus deserti "Tunetani australicris in di- tione Beni Zid ad occidentem urbis Gabes (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 349 (1) Pour les autres parties, voir dans le méme volume les pages 59, 191, 176, 277, 960, 400. SÉANCE DU 8 Mar 1857. A491 sub nomine Sideritis Deserti). — In Sahara Algeriensi triam provinciarum nee non in planitierum exeelsarum provincie Algeriensis et Oranensis parte australiore, ex. gr.: in ditione Biskra! (Balansa pl. Alger. exsicc.), ad meridiem oppidi Biskra ad Oued /tel (Hénon) ; in ditione Laghouat! haud infrequens (Reboud ; Geslin), inter Laghouat et Boghar in planitie Zahrès ! (Reboud); in ditione Ouled Sidi Cheikh ad Brézina! et Ghassoul !, in ditione Hamian Garabas ad Ain Sefissifa!, ad lacum exsiecatum Chott el /tharbi ! (Kralik apud Bourgeau pl. Alger. exsiec. n. 34b). Lamium rowGirLonuM Ten. F.. Nap. prodr. 3h, Syllog. fl. Nap. 285, et FT, Nap. V, t. 152; Guss. Pl. rar. 233 ; Benth. in DC. Prodr. XII, 305; Gren. et Godr. ! F7. Fr. IT, 678. — L. levigatum DC. FT. Fr. MI, 314 ; Duby Bot. Gall. 366 (non L.). — ZL. Pedemontanum Rehb. F1. excurs. 322, — L. Numidicum de Noé! in Bull, Soc. bot. M, 584. In rupestribus umbrosis montis Djebel Zaghouan ad cacumen (Kralik pl. Tun. exsice.), — In montibus exeelsioribus Algeriæ in provincia Cirteusi et Algeriensi, in montibus Aurasiis! frequens, in monte Djebel Tougour prope Batna (Balansa pl. Alger. exsice, n. 837 sub nomine L. Numidicum de Noé), in montibus Djurjura!. — In montibus Galloprovincie!; in Pyrenæis (sec. Benth.) Tn Corsieæ montibus Cagna et Coscione (see. Gren, et Godr.). In Pedemontio et Apenninis superioribus (Rehb., loc. cit.). In montibus Neapolitanis (Tenore, loe. cit.). In Sicilia a cl. Bentham indica- tum, sed a el. Gussone inde non visum. In Grecia (sec. Sibth. et Sm.). Nous avons pu nous assurer, par l'examen d'un grand nombre d'échan- tillons, que la plante de Tunis et d'Algérie ne peut pas étre distinguée, méme comme variété, du Z. ongiflorum, auquel M. de Noé la rapporte lui-même aujourd'hui. Teucrium AroPncunos de Noé in Bull. Soc. bot. Il, 585. In rupestribus calcareis ad radices montis Djebel Aziza in ditione Beni Zid ad occidentem urbis Gabes, 4^? die maii. Statice Bonpurren Lestiboud. in Ann. se. nat. sér. 3, XVI, 81, t. 17. In arenosis maritimis ad turrem Nadour inter Sfax et Gabes. — In Sahara Algeriensi trium provinciarum, in alluviis et argillosis vel argilloso- arenosis depressis nec non in montibus calcareis, ex. gr.: in ditione Biskra” (Jamin; Balansa pl. Alger. exsice. n. 816), in ditione Laghouat! ubi pri- mum inventa (Bonduelle, Reboud, Geslin), in ditione Beni Mzab ad Guer- ara (Reboud) ; in ditione Ouled Sidi Cheikh prope Arba el Tatani! (Kralik 3P. Bourgeau pl. Alger, exsice. n. 49), in ditione Hamian Garabas ad Ain Sefral et Tyout 1. 492 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Srarice eruinosa L. Mant. 59; Viv. Fl. Libye. 47, t. 27, f. 1; Boiss. iu DC. Prodr. XI, 662. — S. aphylla Forsk. FT. 2/7g.- Arab. deser. 60, non Poir. — S. tubiflora Sieber pl. Æg. exsice.; Rœm. et Schult. Syst. VI, 798, non Delile. In arenoso-ealeareis maritimis regni Tunetani australioris, prope Sfax, inter Sfax et Gabes ad turrem JVadour, in ditione Gabes, etiam in insula Djerba. — 1n calcareo-gypsaceis salsis Saharæ Algeriensis trium provin- ciarum, rarius in parte australiore planitierum excelsarum provinciæ Al- geriensis, ex. gr. : in ditione Biskra! (Jamin pl. Alger. exsiec. n. 246; Ba- lansa pl. Alger. exsiec. n. 813); in ditione Laghouat ! (Reboud), inter Za- ghouat et Djelfa ad Ain el Ebel (Reboud); in ditione Z/amian Garabas ad Tyout !. — In insula Canariensi Lobos (Bolle). Yn littore Tripolitano et magne Syrteos ( Viv., loc. eit.). In /Egypto inferiore (Sieber; C. de Fontenay). In Palæstina ad mare mortuum (Boissier; de Sauley). In Arabia petræa (Boissier). LIMONIASTRUM GUYONIANUM DR. ap. Boiss. in DC. Prodr. XII, 689. In arenosis et argilloso-arenosis maritimis inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, et prope Gabes. — In Sahara Algeriensi provineiæ Cirtensis, in ditione Biskra! frequens (Guyon; Jamin pl. Alger. exsice. n. 237; Balansa pl. Alger. exsiee. n. 817). PLANTAGO ovata Forsk. Fl. Æg.-Arab. deser. 31 [1775]; Rem. ct Schult. Syst. IH, 125; Boiss. Voy. E'sp. 535 ; Dene in DC. Prodr. XM, pars 4, 706. — P. decumbens Forsk., loe. cit.; Webb Phyt. Can. HI, 186; Dene, loc. cit. — P. villosa Mœnch Meth. 459 [1794]; Rom. et Schult, Syst. II, 443. — P. argentea Desf. Atl. I, 436 [1798]; Delile Eg. illustr. n. 179. — P. microcephala Poir. in Encycl. méth. V, 378 [1804]. In arenosis deserti Tunetani prope Cafsa (Desf.), in incultis arenosis ct alluviis prope Sfax et in ditione Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 322). — In Sahara Algeriensi trium provineiarum, ex. gr.: in ditione Biskra! (Jamin; Balansa pl. Alger. exsice. n. 844); in ditione Laghouat (Reboud, Tessiere); in ditione Z/amian Garabas ad Tyout /; in ealidioribus Algerie littoralis rarissima, in provincia Oranensi ad Saint-Denis du Sig (Durando). — In insulis Canariis (Webb; Bolle; Bourgeau pl. Can. exsice. n. j5 et 1530 sub nomine P. decumbens). In Ægypto ad Alexandriam et Cahiram (Forskal, Delile). Syria (see. Boissier Voy. Zisp.). Arabia petræa (Bové ; Schimper pl. Arab. petr. exsiec, n. 208; Boissier). Persia australi (Kotschy). India orientali (Jaequemont, Griffith). Ia Hispaniæ regno Valentino, Mur- cico et Granalensi (Boiss. , loc. eit [1358] sub nomine P. villosa). SÉANCE DU 8 Mai 1857. 193 Les P. ovata et decumbens, que les auteurs ne distinguent que par leur taille, la direction des pédoncules et leur longueur relativement aux feuilles, ne sont que des formes d'une méme espèce, ear nous avons été à méme de constater que ces caractères tirés du port sont des plus variables à une méme localité ; les feuilles, l'épi, les bractées, les sépales, la corolle et la graine sont identiques dans les deux formes que nous avons cru devoir réunir sous le nom de P. ovata, nom sous lequel la {plante figure le plus généralement dans les herbiers. PrawTAGO Svrrica Viv. Fl. Libye. 7, t. 3, f. 2 pessima; Dene in DC. Prodr. XM, pars 4, 706. In ineultis arenosis et ad margines agrorum regni Tunetani australioris, prope Sfax et in ditione Gabes. — In alluviis Saharæ Algeriensis: in pro- vincia Cirtensi ad E] Kantara! et Biskra (Balansa pl. Alger. exicc. n. 960); in Algeriensi ad Zaghouat (Reboud). — Iu arenosis magnis Syrteos (Viv., loc. cit.). In Ægypto inferiore ad Alexandriam (C. de Fontenay). Le P. Syrtica, avant qu'il n'eüt été retrouvé dans le Sahara algérien, n'était connu que par la description du Flora Libyca, reproduite par les auteurs récents ; il est voisin, par le portet l'ensemble de ses caracteres, du P. ovata, à côté duquel il doit étre placé, mais il en est tres distinet par les bractées larges suborbieulaires à nervure peu saillante ehargée de longs poils laineux qui font paraitre l'ensemble de l'épi velu, par les sépales ovales-suhorbicutaires finement membraneux à nervure disparaissant au- dessous du milieu de leur longueur, et non pas ovales-oblongs membra- neux à nervure herbacée atteignant leur sommet. EUPHORBIA GLEBULOSA Coss. et DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 747 [1853], et ap. Coss. Voy. bot. Algér. in Ann. sc. nat. sér. h, IV, 286. Planta annua, glabra, plus minus glaucescens; caulibus 5-30 centim. longis, Sæpissime pluribus diffuso-ascendentibus, rarissime subsolitariis erectis, simplicibus ramosisve ; foliis sparsis, linearibus acutiusculis, vel oblongo-cuneatis truneatis emarginatisve ; umbellis terminalibus 3-5-ra- diatis radiis semel bis quaterve dichotome ramosis ; foliis involucri cau- linis subeonformibus vel paulo latioribus, Znvolucellorum rhombeis, acumi- natis vel obtusis; glandulis aurantiacis vel purpurascentibus, transverse oblongis, bicornibus, cornibus setaceo-subulatis sepius elongatis ; capsula magnitudine E. segetalem referente, /evi, glabra; seminibus ovoideis ad hilum oblique truncatis, ehalaza vix prominula, dense irregulariterque ele- vato-tuberculatis et quasi glebulosis, primum lacteis dein fuscescentibus ; caruneula carnosa, albida, ratione seminis majuscula, substipitata, conico- | | : ` . r ù lepressa, haud eostata nee lobata, ad raphe tantum emarginata. — Fe- bruario-ma io, A9^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. In collibus caleareis apricis regni Tunetani australioris in ditione Gabes (Kralik pl. Tuu. exsice. n. 328) nec non in ditione Beni Zid ad occidentem urbis Gabes ad radices montis Djebel Aziza. — In Saharæ Algeriensis gla- reosis, argillosis et alluviis, in ditione Biskra? (Jamin ; Hénon; Balansa pl. Alger. exsice. n. 7^7), in ditione Laghouat (Reboud, Geslin). L'E. glebulosa, par ses glandes échanerées en croissant et prolongées en cornes, appartient à la section £sula (Roper), où, en raison des graines munies d'aspérités, il doit être placé dans le méme groupe que l'Z. exigua; il diffère de cette espèce par les feuilles plus épaisses, glaucescentes, par les feuilles des involucelles rhomboïdales, et non pas linéaires ou oblongues- linéaires élargies à la base, par les capsules environ plus grosses de moilié, par les graines deux fois plus grosses, à tubercules plus nombreux et plus rapprochés, et à caroncule plus grosse, plus évidemment stipitée et moins déprimée. — Il est plus voisin del Z. medicaginea Boiss. (Voy. Esp. 569, t. 162) qui a été observé dans le midi de l'Espagne (Boissier) et du Portugal (Bourgeau pl. Hisp. et Lus. exsice. n. 2029), aux environs de Tanger (Boissier et Reuter), en Algérie sur le littoral à Bóne (Durieu) et sur les hauts plateaux entre Boghar et Djelfa au Rocher-de-sel ! ; mais il en parait suffisamment distinet par les tiges et les feuilles glaucescentes, par la tige ordinairement rameuse dès la base à rameaux diffus-ascendants, par les graines à tubereules plus courts, plus irréguliers, plus saillants, et non pas allongés-vermieulés. — L'Z. heterophylla Desf. (Atl. HI, 385, t. 102. — E. Alexandrina Delile! Æg. illustr. n. 476 et fl. 234, t. 30, f. 2) qui à été observé dans des stations analogues de la régence de Tunis à Tozzer (Desf.), et en Egypte à Alexandrie (Delile), si la synonymie que nous pro- posons est exacte, se rapproche de PE. glebulosa par le port et l'ensemble des caractères, mais il en est très distinet par les graines lisses. EUPHORBIA CORNUTA Pers. Syn. pl. V, 47 ; Spreng. Syst. veg., HI, 796. — E. retusa Forsk. Fl. /Eg.-Arab. deser. 93 (non L. nec Cav.]; Lmk Encycl. méth. YI, ^28 ; Delile! Æg. illustr. n. 474. In deserto Tunetano australiore, prope Gases in alluviis amnis Oued (abes hinc inde sparsa, in argilloso-arenosis ad occidentem urbis Gabes ad radices montis Djebel Aziza juxta agros hordeaceos sat frequens (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 392), etiam in incultis arenosis insulæ Djerba frequens (Kralik pl. Tun. exsicc. n. 330).— In argilloso-arenosis et alluviis Saharæ Algeriensis trium provinciarum sparsa, rarius gregatim obvia, nec non in planitierum excelsarum pr'ovinciæ Algerieusis et Oraneusis parte australiore ibique sepius E. calyptratæ Coss. et DR. socia: in ditione Biskra! (Hénon; Jamin; Balansa pl. Alger. exsice. n. 149); in ditione Beni Mzab ad Guer- rara (Reboud); in ditione Laghouat! (Reboud ; Geslin), inter Laghouut et SÉANCE DU 8 MAI 1857. 495 Djelfaad Sidi Makhelouf !; in ditione Hamian Garabas prope T'yout 1.— In Ægypti mediæ deserto Kahirico (Forskal ; Delile; Kralik). L'E. calyptrata Coss. et DR. , espèce voisine de VE. cornuta, et qui croît souvent péle-méle avec lui daus la partie méridionale des hauts plateaux des provinces d'Oran et d'Alger, en diffère par les feuilles, méme celles des involucres et des involucelles linéaires, à peine plus larges à la base, ordi- nairement tronquées, échanerées ou irrégulierement bi-tridentées au som- met, et surtout par la earoneule qui surmonte les graines plus longuement stipitée, plus développée, noirátre, conique-acuminée, en forme de coiffe, évasée à la partie inférieure, à 10-12 cótes presque égales proéminentes, et frangée à la base par la saillie des côtes. — Dans l’Z, cornuta, les feuilles, au moins celles des involueres et des involucelles sont élargies à la base et ovales-acuminées, et la caroncule est blanchátre ou à peine brunâtre, conique, obseurément acuminée, à 4 côtes présentant souvent d'autres côtes secondaires moins distinctes. CnozoPRoRA vEnBASCIFOLIA Adr. de Juss. Euph. yen. tent, 28; Coss. PI, erit. 170.— Croton verbascifolium Willd. Sp. IV, 539 [1805].— C. vil- losum Sibth. et Sm. FL Grec, prodr. IX, 249 [1815], et FT. Grec. t. 951. — C. patulum Lagase. Nov. gen. et sp. 21, n. 275 [1816]. In regni Tunetani australioris argilloso-arenosis maritimis, prope S/uc et in insula Djerba. — Yn Sahara Algeriensi paucis loeis hucusque obvia, in ditione Biskra ! (Jamin), in ditione Beni Mzab prope Berrian (Reboud). — In Hispaniæ regno Mureico (Lagasca ; Guirao ; Bourgeau pl, Hisp. exsice, n. 1423 et 2307) et provincia Mancha (Lagasca, loc. cite). In Græ- cia (Sibth. et Sm., loc. cit.; Heldreich). In Asia minore ad Smyrnam (C. de Fontenay ; Balansa pl. Or. exsiee. n. 296). In Mesopotamia ad Mossul (Kotsehy pl. Alepp. exsice. ed. Hohenacker [1843] n. 441). TAYMELEA (Chlamydanthus) wrcnornvrzA Coss. et DR. in Bull. Soc. bot. IL — Passerina microphylla Coss. et DR. ap. Jamin pl. Alger. exsice, n. 256, et ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 256 et 826, et in Bull. Soc. bot. V, 398. In deserti Tunetani australioris arenosis, argillosis, apricis et alluviis, Prope Gabes vulgatissima (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 333). — In apricis Saharæ Algeriensis totius (Balansa pl. Alger. exsice. n. 826) nempe a de- Sert Tunetano usque ad confines regni Marocani haud infrequens et inter- dum frequentissima, nee non in planitierum excelsarum parte australiore Balane . - MM austro à P pl. Alger. exsice. n. 256 ; Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsicc. A96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Damasonium Bourezær Coss. PL cerit. 47. — Alisma Damasonium Desf.! Atl. Y, 32^ (non L.). In regno Tunetano australiore, prope Gabes in stagnis aestate exsiccatis ad Sidi Boul Baba (Kralik pl. Tun. exsice. n. 334). — In Algeriæ regione littorali hine inde diffusa, ex. gr. : Bône (Kralik), Alger, Oran (Munby).— In Lusitaniæ provincia Extramadura (Welwitsch it. Lus. cont.[1851] n. 328). In Hispania agro Gaditano (Bourgeau pl. Hisp. exsiec. n. 158). In Sicilia (Gussone). In Ægypto (Bové). Cette plante est très voisine du D. stellatum Dalech. qu'elle remplace gé- néralement dans la partie méridionale de Ja région méditerranéenne ; elle en differe seulement par les pédicelles plus nombreux, plus rapprochés et plus courts à la maturité, par les carpelles plus petits, à bee peu distinct, forte- ment nervés à nervures prolongées jusqu'au sommet, et par les graines oblongues-droites, et non pas oblongues-linéaires ordinairement arquées. ScitLA virLosa Desf.! Atl. I, 299, t. 85, f. 2; Poir. Encycl. méth. VI, 743; Rom. et Schult. Syst. VII, 566; Hook. in Bot. mag. t. 3211; Kunth Enum. pl. IV, 319. In deserto Tunetano australiore, in arenis prope Kerouan (Desf. ), in col- libus calcareis apricis prope Gabes. — In Sabara Algeriensi nondum visa. — Ad Tripolim (see. Kunth). ASPHODELUS vISCIDULUS Boiss, Diagn. pl. Or. ser. 4, vir, [1846], et xtIT, 24 [1855]; J. Gay Monogr. Asphodel. ined. (1). Var. B. Gabesianus J. Gay, loc. cit. In deserto Tunetano australiore ad occidentem urbis Gabes, in argilloso- arenosis ditionis Beni Zid, nec non in alluviis secus amnem Oued Gabes va- rissimus. PENNISETUM ASPERIFOLIUM Kunth Gram. T, 49, et Enum. pl. V, 162, et supp. 118. — Cenchrus asperifolius Desf.1 Atl. YI, 388. — P. Tiberu- dis Boiss.! Diagn. pl. Or. ser. 4, xin, 43. In regno Tunetano australiore, in alveo exsiecato amnis Oued Gabes prope (1) VA. viseidulus constitue avec PA, pendulinus la section Plagiasphodelus établie par M. J. Gay dans une monographie inédite du genre Asphodelus. Nous croyons devoir reproduire textuellement les caractères de cette section e! les diagnoses des deux espèces qui la constituent, que nous empruntons à cet impot- tant travail, ASPHODELUS sect, Plagiasphodelus J, Gay Monogr. Asphod. ined. uo. 20 pus que " . MEM u s. vasulam con- Radix annua, fibris filiformibus, Axis primarius indefinitus, in rosulam SÉANCÉ DU 8 mai 1857. 497 Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 150), — In Algeria littorali in petrosis apricis prope Bougie (Desfontaines; Dufour; Durieu), ubi magna copia crescit. — In Syria, in rupestribus abruptis vallis Zarghoutié prope Saïda (Blanehe in herb. Syr. ed. Puel et Maille n. 97 sub nomine P. Tiberiadis); tractus, ramos cauliformes, axillares, plures vel pauciores, aphyllos, plus vel minus declinatos, simplicissimos vel ramosos fundens. Folia radicalia semitereti-linearia, basi, ut videtur, omnia libera, Flores minimi, albi, remote raceinosi, inferiores gemini vel terni, superiores solitarii, bracteis minimis suffulti, pedicellis supra basim articulatis, nunquam circa medium, Perigonium distincte urceolatum, urceolo circumscisso simulque annulatim persistente, mature deciduum, annulo longiusculo membranaceo truncato, basim capsula cingente, parte decidua calyp- treformi, Filamenta recta non deflexa, superne fusiformi-incrassata. Capsula parva, globoso-turbinata, sub apice ultimo porifera. Latera seminum plana vel rima longitudinali notata. — Herbae arenariæ, glaberrimæ, glutine quodam arenam volatilem retinentes. A. PENDULINUS Coss, et DR. in Jamin pl. Alger. exsicc. m 57 [aprili 1853]; Balansa pl. Alger. exsicc. n. 745. — A. refractus Boiss. Diagn, pl. Or. ser. 1, xiu, 23 [maio 1854]. A. elatior, pedicellis fructiferis reflexis, filamentis eleganter tota longitudine granulato-papillosis, seminum lateribus planissimis, Hab. in arenosis Arabiæ petrææ, valle Ouadi Mokkateb regionis Sinaiticæ (Doiss.!), et preterea in Algeriæ australioris deserto ut videtur toto quanto, ab oriente ad occasum protenso, provincia nempe Cirtensi circa Biskra (Jamin, Balansa), pro- vincia Algeriensi circa Laghouat (Cosson), provincia denique Oranensi circa. Bré- zina et Chellala- Dahrania (Cosson). — Martio. A. VISCIDULUS Boiss. Diagn. pl, Or. ser. 4, vit, 448 [1846] et xiri, 24 [1854]. — A. an fistulosus Hochst, et Steud. in W. Schimp. pl. Arab. exsice. n. 237 [1836] (specimina 3 ex 4, quarto ad A. pendulinum spectante). A. humilior, pedicellis fiactiferis brevioribus erectis, filamentis ipsisque eorum unguibus lævissimis, seminum multo minorum lateribus rima longitudinali tenui, in fossulam punctiformem passim retracta, notatis, Hab. in Arabia petræa singulis exemplaribus dispersus (W. Schimper), nomi- natim in planitie arenosa Ramleh ad radices meridionales cristas montanæ El Tih (Boissier); etiam in Ægypto inferiore circa Alexandriam (Samaritani! in herb. Heldr. nostroque). — Martio. Var, 8. Gabesianus. (A. micranthus Coss, et Kr, in Kralik pl. Tun, exsicc. [martio 1856]). — Multicaulis, multiflorus, diffusus. Hab. in ditionis Tunetanz ora orientali circa Gabes, cum in alluvii rivali Qued Gabes, tum in pascuis deserti vicini, aprilis 20* et 27* flori- simul et fructifer rarissimus singulisque exemplaribus,ut forma prior dispersus. T. Iv. ~ 32 A98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. in rupestribus calidis Galileæ prope Tiberiadem, prope Khan Hussein ad littora lacus Genezareth et ad Banias (Boiss., loc. cit.). Le P. Tiberiadis Boiss. doit étre rapporté comme synonyme au P. aspe- rifolium, car cette plante est tout à fait identique avee celle de Bougie.— Le P. asperifolium, voisin du P. Orientale par l'ensemble du port et les invo- lueres pédonculés des épillets, en differe par l'épi plus dense, par les pé- doncules des involucres moins longuement velus, par les soies des involucres à barbes moins étalées après la floraison, et surtout par les glumes dont l'inférieure est nulle ou trés petite et dont la supérieure n'égale pas la moi- tié de la longueur de la fleur hermaphrodite; dans le P. Orientale la glume inférieure, qui existe toujours, est seulement un peu plus courte que la moitié de la longueur de la fleur hermaphrodite, et la glume supérieure dépasse la moitié de cette longueur. En raison de l'avortement fréquent de la glume inférieure chez le P. asperifolium, on pourrait facilement prendre pour cette glume la glumelle inférieure de la fleur neutre, mais il est facile d'éviter cette erreur en examinant plusieurs épillets, car quelques-uns d'entre eux présenteront la glume inférieure distincte quoique généralement rudimentaire. AMMOCHLOA SUBACAULIS Balansa (sub Sesleria) in pl. Alger. exsice. n. 709 [1853] et ap. Coss. et DR, F/. Algér. phan. I, 92. — A. Palestina Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 4, xur, 52 [maio 1854]. In arenis deserti Tunetapi australioris prope Sfax et Gabes, etiam in insula Djerba. — In Sahara Algeriensi trium provinciarum, nee non in planitiebus excelsis australioribus provinciæ Oranensis, ex. gr.: in ditione Biskra (Balansa pl. Alger. exsice,); in ditione Zaghouat! (Reboud); in provincia Oranensi plurimis locis obvia, prope Aën Ben Khelil! (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsice. n. 6), Ain Sefra !, Bou Alem! Brézina! etc. — [n Hispania orientali ad Barcinonem (Pourret in herb. Delessert sub nomine ined. Poa cyperoides) et australiore haud proeul a promontorio Cabo de Gata (Bourgeau). In desertis Palæstinæ australis (Boiss. , loc. cit.). In Cilicia littorali (Balansa pl. Or. n. 747). EnAGROSTIS VULGARIS Coss. et Germ. #2. Par. 6h1; Coss, et DR. FI. Algér. phanér. I, 447.— Poa Eragrostis Bert. Fl. It. V, 55h.— E. pottot- des Steud. Syn. glum. 263. Var. sperostachya Coss. et DR. FI. Algér. phan. I, 148.— Erag- rostis sperostachya Coss. et DR. in herb. olim. In regni Tunetani australioris arenoso-argillosis apricis, in insula Djerba (Kralik pl. Tun. exsice. n. 313) —In Sahara Algeriensi rarissima et hueus- que tantum ia ditione Laghouat infra Djebel Bou Kahil et ad amnem Qued Ghomra prope montem Kef el Hamar (Reboud) visa. — In Hispania orien- SÉANCE DU 8 Mar 1857. A99 tali ad oppidum Catalauniæ Castello de Lorca (de la Roche in herb. Webb), prope Murcia (Guirao ; Bourgeau pl. Hisp. exsice. n. 1736 sub nomine E. verticillata; J. Lange pl. Europ. austr. [1851-52] n. 70 sub nomine E. atrovirens). lu. Arabia in ditione Tehama (Botta in herb. Mus. Par.), et ad Taïfa (Botta ; Schimper pl. Arab. exsicc. un. it. [1837] n. 982 sub nomine Poa Eragrostis L. var.). Festuca DIVARICATA Desf. Atl. I, 89 emend.; Coss. et DR. 77. A/ger. phan. T, 183. Var. B. dichotoma Coss. et DR. FL. Algér. phan. I, 183.— F. dichotoma Forsk. Fl. Æq.-Arab. deser. 22 sec. Parlat. — Sclerochloa vestita de Not. in Jnd. sem. hort. Gen. 28 [1846] sec. Parlat. — Scleropoa dichotoma Parlat. FI. Ital. T, ATA [A848]. — Scleropoa pumila Boiss, Diagn. pl. Or. ser, 1, fasc. xir, 61 [1853]. In regno Tunetano australiore, in alluviis amnis Oued Gabes prope Gabes. — In Ægypto inferiore Nili ad ostia (Figari sec. Parlat., loc. cit.), in de- sertis prope Alexandriam (Forsk. sec. Parlat.; C. de Fontenay sec. Boiss.; Delile in herb. Richard). In deserto Arabis petrææ Palestine contermino (sec. Boiss., loc. cit.). Var. y. Memphitica Coss. et DR. Fl. Algér. phan. I, 184. — F. Mem- phitica Coss. PL, crit. 183 ; Steud. Syn. glum. 302. — Dactylis Memphitica Spreng, Hort. Hal. add. T, 20; Roth Cat. IIT, 18. — Dineba divaricata Rom. et Schult, Syst. YI, 712 ; P. B.? Agrost. in indice 160, — F. dicho- toma Mutel FI. Fr. IV, 120 in adnot., et Atl. f. 628. — Sclerochloa Mem- phitica Boiss. ap. Pinard pl. exsiec, — Scleropoa Caspica C. Koch in Lin- nea XXI, 409. — Scleropoa Memphitica Parlat. FL It. 1, KTA; Grisebach In Ledeb. F/. Ross. IV, 348 ; Boiss. Diagn. pl. Or. ser. 4, fase. xu, 62. In regni Tunetani australioris arenosis prope Sfax (Espina) et in ditione Beni Zid prope Gabes. — In aggeribus arenæ mobilis in Sahara Algeriensi trium provinciarum frequens nec non in parte australiore plauitierum ex- celsarum provinciae Algeriensis et Oranensis, ex. gr. : in ditione iskra! (Guyon ; Jamin ; Balansa pl. Alger. exsiec. n. 728); in ditione Laghouat ! Bonduelle; Geslin), inter Laghouat et Djelfa in planitie Zahrès ! (Re- boud); in ditione Hamian Garabas prope Ain Ben Khelil! (Kralik ap. Bourgeau pl. Alger. exsice. n. 8), et ad Z'yout et A?n Sefissifa!, ad lacus æstate exsiecatos Chott el Chergui! (Balansa pl. Alger. exsiec, n. 279) ct Chott el Rharbi! ete. — In Hispania orientali australiore ad promonto- rum Cabo de Gata (Bourgeau pl. Hisp. exsice. n. 1537). In agro Byzan- e (Aucher-Eloy pl. Or. n. 3047). Ad mare Caspium (C. A. Meyer et v oh ex Griseb., loc. cit.), In Ægypto (Olivier; Coquebert de Montbret; NN pl. Æg. exsiec. un, it, n. 548 sub nomine Dineba divaricata). In “na petræa (Aucher-Éloy pl. Or. n. 3037 ; Pinard ; Boissier). 500 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NEPHRODIUM PALLIDUM Bory Æxp. sc. Mor. III pars 2, bot. 287, t. 36 (1832]. — Aspidium pallidum Guss. Syn. fl. Sic. II, 665. In rupestribus umbrosis montis Djebel Zaghouan (Kralik pl. Tun. exsice. n. 343). — In Sicilia (Guss., loc. cit.; Huet du Pavillon). In montibus Gracie (Bory, loc. cit.; Heldreich). In Syria (Blanche in herb. Syr. ed. Puel et Maille n. 100; Gaillardot; Michon). In Cilicia in monte Tauro (Kotschy it. Cilie. [1853] n. 321). MansiLEA ZEcvPriACA Willd. Sp. V, 540. — Delile Æg. illustr. n. 972 et fl. 283, t. 50, f. et ^". Tn argillosis depressis hyeme inundatis ad Sidi Boul Baba prope Gabes (Kralik pl. Tun. exsice. n. 396). — In fossis et depressis humidis Ægypti inferioris Nili ad ostia et mediæ ad pyramides Gyzenses (Delile, loc. cit.; Kralik). SÉANCE DU 99 MAI 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON, M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de: MM. GuiLLoTEAUX-VaTEL, rue Mademoiselle, 2, à Versailles, pré- senté par MM. Chatin et de Schonefeld. KocuLin (Eugène), interne en médecine, à l'hôpital Sainte- Eugénie, rue du Faubourg-Saint-Antoine, 110, à Paris, présenté par MM. Dezanneau et Eugène Fournier. Cornoxnier (Olivier-Laurent) étudiant en médecine, boule- vard Montparnasse, 37, à Paris, présenté par MM. Dezan- neau et Eugène Fournier. M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations: Dons faits à la Société : 4° De la part de M. L. de Brondeau : Description d'une nouvelle espèce de Tremelle. 2° De la part de MM. Malbranche et Girardin : Examen des pelotes trouvées dans l'estomac des jeunes poulets. SÉANCE DU 22 mai 1857. 501 3° En échange du Bulletin de la Societé : L'Institut, mai 1857, deux numéros, M. J. Gay fait à la Societé la communication suivante : NOTE SUR LA VÉGÉTATION, L'INFLORESCENCE ET LA STRUCTURE FLORALE DU CHÉNE, par M. J. GAY. J'ai, dans notre dernière séance, lu une notice sur un Chêne nouveau de la flore de France, et j'ai rattaché à ce travail quelques observations sur les caractères employés pour distinguer des groupes naturels dans ce vaste genre, essayant en méme temps d'améliorer sur ce point les résultats ob- tenus par mes devanciers. J'avais opéré sur le sec, ce qui suffisait à mon but, vu la nature des caractères à étudier. Depuis lors,cependant, j'ai senti le besoin d'étendre mes observations à d'autres caractères, pour lesquels il y avait néeessité de consulter le vert, et le vert pris dans sa premiere jeu- nesse, ce que permettait l'état de la végétation, au moment précis oü les jeunes rameaux, se dégageant de leur bourgeon, montraient leurs fleurs des deux sexes nouvellement écloses. Ces observations ont porté sur neuf es- pèces, dont trois à maturation annuelle, Q. Robur, O. Toza et Q. Ilex, et Six à maturation biennale, Q. ilicifolia, Q. Cerris, Q. hispanica (y compris Q. Turneri), Q. Ægilops, Q. lanata et Q. coccifera. Je regrette de n'avoir pu y comprendre ma nouvelle espèce, celle qui, sous le elimat de Paris, est de toutes la plus tardive, puisqu'elle n'entre en séve qu'après le Q. /lez et àvec le commeneement de juin. Voici ce que cette étude, un peu rapide mais faite la plume à la main, m'a fourni de plus remarquable touchant la végétation du Chêne, son inflorescence et ses caractères floraux. Les.rameaux du Chéne sont terminés par un bourgeon écailleux qui s'é- panouit au printemps, pour continuer l'axe inférieur, lequel est par consé- quent indéfini, ce qui est, au reste, un fait bien connu (voy. Al. Braun, Verjüngung, p. 22). . . La nature des écailles du bourgeon est quelquefois en rapport avec le re- Vétement de la cupule adulte. Lorsque celle-ci est tapissée d'écailles Courtes et appliquées, les écailles des bourgeons ont toujours le méme Caractère. Elles sont, au contraire, longues, lâches et subulées, au moins leurs rangées extérieures, lorsque,la cupule deviendra hérissée ou che- velue, C'est ce qu'on voit notamment dans plusieurs espèces voisines du Q. Cerris, espèces dont l’affinité se trahit ainsi, méme sur des rameaux steriles qui n'ont encore produit aucune inflorescence. | Le bourgeon terminal est celui qui se développe le mieux en rameau feuillé. D'autres bourgeons le précèdent, d'autant plus imparfaits qu'ils en Sont plus voisins, L'imperfection marche de bas en haut et elle tend à 502 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. abréger de plus en plus le rameau feuillé sorti de ces bourgeons, jusqu'à ce que ce rameau soit réduit à un moignon sans feuilles, d’où résultent ces nombreux paquets de fleurs máles que l'on voit fréquemment à proximité du bourgeon terminal, car le rameau latéral, méme avorté, n'est jamais complétement stérile ; à défaut de feuilles et de fleurs femelles, il est tou- jours, au moins à l'état normal, pourvu de chatons máles. Quant aux rameaux plus ou moins régulièrement développés et suffisam- ment feuillés, ils portent constamment des fleurs máles et des fleurs fe- melles, celles-ci plus haut sur l'axe, les autres plus bas, comme André Mi- chaux l'a dit depuis longtemps (Chénes de l'Amériq. sept. Introd. p. IV.) Les chatons máles naissent à la base du rameau, au-dessous des feuilles, et en apparence à l'aisselle des écailles intérieures du bourgeon. C'est aussi ce que disent la plupart des auteurs dans leurs descriptions, à la vérité peu précises sur ce point. Lorsque pourtant on examine avec soin un bourgeon en voie de développement, où cependant toutes choses sont encore en place, on trouve que les prétendues écailles-mères d'un chaton mâle sont beaucoup plus longues et d'une autre forme que les écailles proprement dites du bourgeon, et on reconnait en méme temps qu'elles sont placées sur les côtés de la base du chaton, à gauche et à droite, laissant vide, en apparence, la place intermédiaire qui devrait fournir une aisselle au chaton. Cette position latérale des deux prétendues bractées est exactement celle des deux stipules que l'on voit un peu plus haut, sur le même rameau, à la base des feuilles. L'analogie est des plus frappantes; aussi MM. Doell et Al. Braun n'ont-ils pas hésité à dire que les chatons mâles du Chêne naissaient d'une bractée stipulée, réduite à ses deux stipules (Dœll, zur Erklär. der Laubknosp. 1848, mémoire cité par M. Al. Braun, Verjüngung, 1849, p. 66, in notá). Sur l'article des stipules, on ne saurait, après examen, penser autrement que les deux auteurs, mais il y a quelque chose à ajouter à leur observation. La bractée-mère, qu'ils supposent manquer complétement, existe, je crois, toujours à la place qu'elle doit occuper entre les deux stipules, mais trés petite, longue au plus de 2 millimètres, cachée par la villosité de l'axe, et de plus masquée par les deux stipules croisées sur «on dos, mais trés dis- tinete sous la loupe en beaucoup de cas, surtout lorsqu'on a pu la détacher avec une pointe de canif, se révélant d'ailleurs plus.amplement dans quel- ques cas, où elle prend la forme d'une véritable feuille, comme je l'ai vu plus d'une fois dans le Quercus Ægilops et surtout dans le Q. coccifera, où les vraies feuilles portant un chaton mâle à leur aisselle sont un phénomène très ordinaire. A moins de cette dernière circonstance, il faut, pour bien voir la bractéole, vu l'extrême caducité de toutes les parties écailleuses dont se compose le bourgeon, saisir le moment précis où le rameau Com” mence à se dégager avec ses chatons mâles encore vierges. Ce phénomène de deux grandes stipules accompagnant un simple rudi- sÉANCE DU 22 wai 4857. 503 ment defeuille n'est sans doute point particulier au Chêne, puisque MM. Doll et Al. Braun assimilent au Chéne, sous ce rapport, le Bouleau, le Charme, le Noisetier et le Hêtre, où pourtant ils n'ont pas reconnu la présence de la bractée qui sert de lien aux deux stipules (Al. Braun l. c.). Les fleurs du chaton mâle sont, comme tout le monde le sait, sessiles ou briévement pédoneulées, et échelonnées en grand nombre et dans un ordre spiral sur un axe filiforme et pendant. Ce qui n'a pas encore été dit, je crois, c'est que toutes ont à la base une bractéole sétacée, bien entendu sans stipule, qui leur sert de feuille-mère, et quelque insignifiante que pa- raisse cette nouveauté, elle sert à déterminer la nature de l'axe qui porte iei les fleurs. C'est un axe indéfini, bien qu'on ne voie jamais aucun indice de l'axe prolongé au-delà de la derniere (leur. Celie-ci a sa braetéole comme toutes les autres; c'est done une production axillaire, et non un épa- nouissement, une terminaison de l'axe. Je n'ai rien à dire de l'enveloppe unique de la fleur mále (ealyee? invo- lucre?), si ce n'est qu'elle est tres variable dans le nombre, la profondeur et la forme de ses divisions, et qu'au milieu de ces variations je n'ai su dé- couvrir aucun type d'où découleraient naturellement toutes les aberrations Observées. Je ne sais rien, par conséquent, des rapports de position qui peuvent exister entre l'axe ou la bractéole et les parties de l'enveloppe flo- rale. Les étamines sont insérées au fond méme du périgone, en apparence sans ordre et sans être ni précédées ni suivies d'aucun soulèvement annulaire du réceptacle, Je n'ai passu voir le disque glanduleux autour duquel elles seraient insérées, au dire d'Endlieher (Gen. pl. p. 274). Leur nombre varie de 3 à 6, de 4 à 7 ou de 4 à 9 dans une méme espèce, et c'est une diffi- eulté de plus pour juger leur position relativement aux lobes déjà si varia- bles du périgone. Onze est le nombre maximum d'étamines que j'ai pu compter dans une fleur, mais c'était une fleur terminale munie de deux bractéoles et par eonséquent un composé de deux fleurs affectées de sy- nanthie. L'anthère, assez grosse relativement à son filament, comme aussi relati- vement au périgone, se compose de deux bourses oblongues et parallèles, placées, à l'opposite l'une de l'autre, sur les deux bords d'un étroit con- nectif, et chacune d'elles distinctement biloeulaire. On croirait avoir affaire a une anthère quadriloculaire, mais la déhiseenee montre qu'ici la cloison de chaque bourse est formée par les bords rentrants d'une seule valve, la- quelle s'étale sur un seul plan après l'émission du pollen. Il n'y a réelle- ment que deux valves, d'où il faut conclure que l'anthere est biloculaire, et non pas quadriloculaire, malgré l'apparenee contraire du jeune âge. Ajou- tons que les deux bourses s'ouvrent en dehors et non pas sur le côté; l'an- 'hére du Chêne est extrorse. Ajoutons encore que l'anthere est généralement 504 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. très glabre. Le (. Aispanica est la seule espèce, parmi les neuf que j'ai ré- cemment examinées à l'état frais, où j'aie vu les anthères toujours hérissées de poils simples plus ou moins nombreux (1). Ceci sera sans doute jugé important pour la distinction de cette espèce, une de celles sur lesquelles les auteurs ont le plus controversé. Au chatons máles, toujours en petit nombre et organisés comme je viens de le dire, succèdent sur l'axe du rameau, et à petite distance, les vraies feuilles, plus nombreuses sur les pousses terminales , moins sur les laté- rales, comme je l'ai déjà dit. Elles sont disposées suivant la formule 2/5, c'est-à-dire que la sixième est superposée à la première après deux tours de circonvolution ; c'est l'ordre le plus commun de la spirale foliaire parmi les végétaux dieotylédonés, et c'est à tort que M. Kirschleger attribue au Chêne l'ordre 3/5 (Flore d'Alsace, IT. p. 79). Ces feuilles n'ont. d'ailleurs rien de remarquable, si ce n'est leurs stipules, grandes, scarieuses et très caduques, qui se croisent, non à l'intérieur de la feuille, mais sur son dos et de manière à la couvrir dans le jeune âge, caractère que j'ai déjà indiqué plus haut pour les stipules des ehátons máles, mais sur lequel je dois ap- puyer iei une fois de plus, parce que ies stipules extérieures sont fort rares dans les Dicotylédones à feuilles alternes. C'est à l'aisselle des véritables feuilles que naissent les fleurs femelles, non de toutes, mais de quelques-unes d'entre elles, tantót plus haut sur le rameau, tantót plus bas, et assez constamment à la méme place dans la méme espèce; car il y a là, je crois, un caractère spécifique qui n'est pas à négliger et qui vraisemblablement se lie aux caractères plus saillants que fournit entre autres la maturation annuelle ou biennale, rapports sur les- quels je n'ai pourtant rien de précis à dire en ce moment. Il y a donc des aisselles fertiles et des aisselles stériles. Dans ces der- nières, la fleur femelle est remplacée par un bourgeon écailleux, qui pourra avorter ou se développer l'année suivante, et auquel s'applique tout ce que j'ai dit plus haut des bourgeons en général, y compris la différence des écailles ou trés courtes et étroitement imbriquées, ou lâches, gréles et allon- gées, car cette différence se manifeste des le plus jeune âge du bourgeon. L'inflorescence femelle est toujours axillaire (2) et toujours solitaire dans (1) Depuis que ceci est écrit, j'ai retrouvé le méme caractère dans mon Q. poci- dentalis. (2) Je n'ai pas su voir les flores fæminei sæpissimè è gemmis aphyllis pro- deuntes ideoque simul ac fructus in ramulis annotinis laterales, que M. spach fait figurer dans le caractère du groupe CERRIS (Hl. p). or. 1, p. 108). Je crois qu'il faut entendre ce passage, non des fleurs femelles à leur naissance, mais des fruits devenus extra-axillaires, du moins en apparence, par suite de la chute des feuilles-mères, ce qui arrive ordinairement dans lesespèce à maturalion biennale, soit du groupe CERRIS, soit de plusieurs autres, SÉANCE DU 22 Mat 1857. 505 l'aisselle de sa feuille-mére. Elle se compose d'un axe généralement trés court, mais qui, dans certaines espéces ou variétés, peut s'allonger jusqu'à 2 pouces ou davantage, comme on le voit dans le Q. Haas, ainsi que dans les variétés pédonculées des Q. Robur, Ilex, occidentalis eX lanata. Les fleurs, toujours sessiles, sont agglomérées au sommet de l'axe lorsque celui-ci est court ou trés court, leur nombre variant alors de une à quatre seulement. Sur un axe plus allongé, les fleurs restent entassées au sommet de l'axe (Q. Robur pedunculata et Q. Haas), ou bien, leur nombre augmen- tant et les entrenœuds s'allongeant pour leur faire place, l'inflorescence prend la forme d'un véritable épi, sur lequel on peut compter de 5 à 15 fleurs, alors disposées autour de l'axe dans le méme ordre que les feuilles sur le rameau, c'est-à-dire dans l'ordre 2/5 (Q. lez, Q. lanata, Q. occi- dentalis, quoad formas 'pedunculatas), ordre qui disparait bientôt par l'a- vortement constant ct la chute de toutes les fleurs, moins une ou deux. Quel que soit leur nombre, ces fleurs sont toujours bractéolées à la base, comme celles du chaton mâle, mais ici la bractéole n'est pas toujours soli- taire, et il est des espèces où on en compte deux ou trois, ce qui, dans le premier cas, équivaut à deux stipules sans feuille, et dans le second cas à une feuille munie de ses deux stipules. | L'inflorescence femelle du Chêne a done plusieurs rapports avec l'inflo- rescence mâle, mais la première diffère essentiellement de la seconde par son axe défini. Ici, en effet, l'axe est terminé par une fleur, tantôt bien conformée, quoiqu'elle doive toujours avorter, tantôt déguisée sous la forme d'un simple moignon, qu'on prendrait pour la sommité non organisée de l'axe. Ceci est un des cas nombreux où l'axe défini passe graduellement à l'axe indéfini et ne peut plus être reconnu que par l’analogie. Dégagée de ses bractées et considérée isolément, la fleur femelle du Chêne se compose d'abord de nombreuses écailles imbriquées qui, par leur sou- dure, formeront plus tard la eupule du gland, c'est-à-dire l'involuere de la fleur, Cet appareil embrasse, sans la recouvrir, la fleur véritable, toujours Unique, sessile et libre dans son enveloppe, quoique étroitement enserrée par lui. Dans cette fleur il faut distinguer en premier lieu un calyce adhérent, dont le limbe urcéolé est marqué de dents plus ou moins profondes, qui va- rient de 3 à 4 dans le Q. Ilex et de 6 à 8 dans le Q. coccifera, les seules espèces où j'aie pu l'étudier jusqu'à ce jour. Dans l'un et l'autre cas, je n'ai trouvé aucune différence, ni de longueur ni de consistance, entre les dents d'un méme calyce, et néanmoins j'ai lieu de croire qu'ici le nombre de 3 Où ^ est seul constitutionnel, les nombres surnuméraires provenant sans doute de stipules soudées deux à deux. Quoi qu'il en soit, l'urcéole calycinal St un organe très fugace, ear on n'en retrouve généralement aucune trace dans le fruit ; le Q. coccifera, espèce à fructification biennale, est le seul où Jate vu les dents calycinales persister, quoique déjà fort altérées, jusqu'au 506 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. printemps de la seconde année. Après le calyce vient l'ovaire, entièrement soudé avec le tube de l'enveloppe qui le précède, et terminé par 3 ou 4 styles, souvent portés à 5 ou 6, ou méme 7 et 8, par chorise plus ou moins compléte, rarement réduits à 2 par soudure. Ces styles, charnus, linéaires ou spathulés et arqués en dehors, alternent avec les dents du calyce toutes les fois que leur nombre, réduit à 3 ou 4, le comporte. Je les nomme styles, et non stigmates comme on le fait ordinairement, parce que je les ai tou- jours vus naitre immédiatement du sommet de l'ovaire, sans aucune sou- dure basilaire qu'on püt prendre pour un style à plusieurs stigmates, Inté- rieurement l'ovaire est divisé en 3 ou 4 loges, qui alternent avec les dents calycinales, chacune d'elles renfermant, dit-on, deux ovules collatéraux el anatropes, suspendus à l'angle interne du sommet de la cavité, ce que je wai pu vérifier dans les jeunes fleurs qui sont actuellement à ma disposi- tion. Ces ovules sont tous condamnés à l'avortement, un seul excepté qui deviendra la graine unique du gland. Tel étant l'état de la fleur femelle au moment de la fécondation, il était intéressant de savoir comment elle se forme à partir du moment où ses premiers éléments peuvent devenir visibles à l'œil armé. Je n'ai trouvé au- cune instruction à ce sujet dans le Traité d'organogénie comparée de M. Payer, où manquent complétement les Cupuliferes, ainsi que toutes les Amentacées, Je ne connais qu'une seule observation faite directement dans ce but, et je la retrouve dans un passage du livre de M. Hermaun Schacht intitulé Der Baum (un vol. in-8», Berlin, 1853), où l'auteur traite de l'orga- nogénie comparée de la fleur femelle du Chéne, du Hétre et du Chátaignier (p. 372, tab. 4, fig. 1-15). Je crois devoir reproduire ici ee document, fidé- lement traduit de l'allemand. « La fleur femelle des vraies Cupulifères (Chêne, Hêtre et Châtaignier) se » compose d'une cupule et de deux verticilles de feuilles. Dans l'ordre du » développement de ces parties, la eupule apparait la premiere, sous la » forme d'un bourrelet ou disque annulaire ou divisé, au-dessous du point » de végétation du bourgeon floral. Le premier verticille de feuilles se » montre ensuite, et c'est lui que plus tard on trouvera immédiatement sous » les stigmates, lesquels constituent le second verticille, alternant avec le » premier. Bientôt la eupule s'élève et, comme le point de végétation d'un » bourgeon, elle développe successivement, sur son côté libre, de nombreux » verticilles de feuilles, dont ies éléments, alternes dans l'origine, se multi- » plient de manière à troubler ce rapport. Les entrenœuds des vertieilles » foliaires de la eupule ne s'allongent que peu. Daus le Chéne, celle-ci est » urcéolee des l'origine, tandis qu'elle nait et demeure quadripartite dans » le Hétre et le Chátaignier. Apres la premiere apparition de la cupule, » le point de végétation du bourgeon floral se partage en deux parties dans » ie Hêtre, en trois ou plusieurs dans le Chátaignier. Chaque bourgeon, SÉANCE DU 22 mar 1857. 507 » formé par division à l'intérieur de la cupule, développe ensuite » séparément ses deux verticilles de feuilles. Dans le Chêne, comme » dans le Hétre, il n'y a d'abord aucune cavité ovarienne, mais plus » tard le fond du bourgeon floral se reléve, au-dessous des stigmates et » du calyce, c’est-à-dire du second et du premier verticille de feuilles. » Des placentas pariétaux se montrent alors, répondant aux bords des » stipules; chacun d'eux donnant naissance à deux ovules hémi-anatropes » et pourvus de deux téguments. Le sommet du bourgeon floral s'éléve à » l'intérieur de la cavité ovarienne et se soude avec les placentas pariétaux. » C'est pourquoi l'ovaire n'est uniloculaire et à placentas pariétaux que » dans sa partie supérieure; plus bas il est divisé en deux, trois ou quatre » loges dans le Chéne, en trois dans le Hétre. Le nombre des loges répond » à celui des placentas, comme ce dernier répond au nombre des stigmates. » Je regarde la cupule comme une inflorescence. Dans le Hétre, elle nait du » bourgeon terminal d'un rameau spécial (pédoncule). Dans le Chêne, où il » y a toujours plusieurs fleurs sur le méme pédoncule, l'une de ces fleurs » est terminale, tandis que les autres sont les produits axillaires des bractées » Sous-jacentes. Dans le Q. sessiliflora, les entrenœuds des bourgeons axil- » laires naissent et restent courts ; ils s'allongent avec le temps dans le Q. » pedunculata. Il est rare que tous les bourgeons femelles d'un méme pé- » doneule arrivent à maturité. » Un dernier mot sur les ovaires à maturation biennale. On sait que, nés au printemps, ils restent absolument stationnaires pendant tout le reste de l'année, et qu'au printemps suivant seulement ils commencent à grossir pour devenir fruits en automne, seize ou dix-sept mois apres leur naissance. Ceci pourrait faire croire qu'ils n'ont été fecondés que la seconde année. Mais il n'en est rien, et on le reconnait facilement à l'état dans lequel les Styles se trouvent à cette dernière époque. Ils sont alors desséchés, cassants et plus ou moins mutilés, hors d'état par conséquent de donner passage àux boyaux polliniques. Iei done la fécondation s'opere à la méme époque que pour les autres Chênes, mais ses résultats plus lents ne se manifestent que la seconde année, et c'est en cela que consiste le phénomène de la ma- turation biennale, dans les Chênes comme dans les Conifères. M. Hofmeister est jusqu'ici le seul observateur qui, ayant eu connaissance de la différence que présentent les Chênes relativement à leur maturation, àit cherché comment se faisait dans les deux cas la transmission du pollen. Ce qu'il en dit étant très court et renfermant en même temps quelques dé- tails d'embryogénie, je crois devoir rapporter ici le passage entier, extrait s moire Pi l'auteur vient de publier sous le titre de Neuere Beobach Jill e =mbryobildung der Phanerogamen, dans le premier cahier des er für wissenschaftliche Botanik de M. Pringsheim (Berlin, 1857, P. 97 et 98). Je traduis de l'allemand aussi exactement qu'il m'est possible. 508 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ' « De méme que les Conifères, les Amentacées présentent au plus haut » degré la partieularité d'une fécondation retardée apres l'émission du » pollen, plus qu'elle ne l'est dans beaucoup d'autres espèces ligneuses. » Dans les Aimentacées, les ovules sont à peine ébauchés au moment de la » floraison, et les saes embryonaires ne se distinguent point encore du reste » du nucelle, etc. Dans le Corylus Avellana, c'est vers la fin de mai que le » sac embryonaire est prêt à recevoir la fécondation, l'ovule étant alors à » moitié replié. C'est seulement alors que les téguments se ferment par- » dessus le sommet du nucelle, ete. Dans le Chêne, il y a entre l'émission » du pollen et la fécondation une pause plus longue encore que dans le » Corylus. Ici, comme dans ce dernier genre, les boyaux polliniques péne- » trent dans le canal du style bientót après que les grains polliniques se » Sont déposés sur le stigmate, mais ils séjournent dans la partie inférieure » de ce canal jusqu'au développement complet des ovules préparés pour la » fécondation : deux mois, c'est-à-dire depuis le commencement de mai » jusqu'au commencement de juillet, dans le Quercus pedunculata, treize à » Quatorze mois dans les espèces à maturation biennale, le Quercus rubra » par exemple. Dressés et à moitié retournés, les ovules du Q. pedunculata » entourent, au nombre de six, le trés court placenta central. Le tissu de » la paroi ovarienne pénètre entre chaque paire d'ovules, de dehors en de- » dans, pour former une fausse cloison qui se soude avec le placenta. Les » deux téguments ovulaires sont assez épais, et l'endostome, encore dé- » passé par l'exostome, est très long. La cavité du tégument intérieur $'a- » grandit, par suite de la croissance accélérée des téguments ovulaires, » plus rapidement que le nucelle. Rejetant de cóté la couche de cellules qui » le couvre, le sommet du sac embryonaire s'échappe au dehors, sous forme » de vessie, pour remplir la cavité ; en méme temps que fréquemment il » pousse de haut en bas, et en passant devant le nucelle cylindrique, un » processus en forme de cecum. Les 2 ou 3 vésicules embryonaires s'acco- » lent par de larges surfaces à la région apicilaire épaissie du sac €m- » bryonaire. L'extrémité du boyau pollinique s'attache solidemeït à la » paroi extérieure du sac embryonaire, qui est ferme de consistance et facile à isoler, La plus inférieure des vésicules embryonaires, celle qui à été fé- » condée, se partage d'abord en deux par une cloison transversale 0u au » moins très oblique, en même temps que commence la formation d'un » endosperme transitoire. Le suspenseur (Embryoträger) ne prend qu'une » tres faible longueur. » Des figures eussent été nécessaires pour faire bien comprendre ces détails ; elles manquent maiheureusement ici. » M. de Schœænefeld donne quelques nouveaux renseignements sur l'organisation du voyage de la Société à Montpellier, au nom de li Commission chargée de ce soin. SÉANCE DU 22 mar 1857. 509 M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes qu'il cultive avec succès : Ophrys arachnites, Serapias oxyglottis, Pinguicula vulgaris, etc.; il annonce qu'il possède un hybride des Ophrys myodes et apifera. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR DIVERSES MONSTRUOSITÉS DE TULIPA GESNERIANA, par M. P. DUCHARTRE. Dans une plantation nombreuse mais mal soignée de Tulipa Gesneriana, jai observé plusieurs monstruosités qui m'ont paru avoir assez d'intérét pour mériter d'étre étudiées avec soin. Je demande à la Société la permis- sion de lui communiquer les principaux résultats de l'examen que j'en ai fait, en les exposant toutefois succinetement, les détails circonstanciés dont une description complète amenerait l'exposé exigeant le secours de nom- breuses figures qui ne peuvent trouver place dans le Bulletin. Je ne mentionnerai qu'en peu de mots deux de ces monstruosités que pré- sentaient des feuilles et qui consistaient, l'une en un redressement presque complet du plan de cet organe, accompagné d’une longue décurrence, l'autre en une pétalisation de feuille correspondant à une fermeture incom- plète de la fleur. Dans le premier cas, la feuille monstrueuse était la pénul- tième de la tige florifere. Son insertion était devenue trés oblique, presque verticale, et elle se prolongeait en aile saillante jusqu'à la feuille inférieure, c'est-à-dire sur une longueur de 5 centimètres et demi. Le plan de la feuille tait en même temps devenu vertical. Dans le second eas, le périanthe, quoique ayant ses 6 folioles trés bien formées, ne fermait pas entierement la coupe de la fleur, qui restait ouverte sur un cóté par une large fente. Vis-à-vis de cette fente et à 8 centimètres environ au-dessous de la fleur, se trouvait une feuille évidemment supplémentaire, assez analogue de forme aux folioles du périanthe qu'elle surpassait à peine en longueur, et dopt "ne moitié était restée verte et foliacée, tandis que l'autre s'était entière- ment pétalisée pour la texture et la couleur. En outre, cette feuille anor- male avait son insertion oblique dans sa portion pétaloide, verticale et longuement décurrente dans sa portion foliacée. | Les exemples de pétalisation partielle ou totale de feuilles, dans le voi- Sinage de la fleur de la Tulipe, ne sont pas très rares et j'ai eu moi-même occasion d'en observer, dans d'autres circonstances, de très remarquables. Les autres monstruosités de Tulipa Gesneriana sur lesquelles je désire attirer un instant l'attention de la Société, affectaient toutes le pistil, qui etait devenu montrueux à des degrés divers, tandis que les verticilles flo- raux plus extérieurs étaient restés normaux ou à très peu près pour le nombre et la situation de leurs parties. Dans tous ces pistils anormaux le nombre des carpelles était augmenté et la série de ces augmentations abou- 910 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tissait, en dernière analyse, à la formation d'un pistil régulier, de 6 car- pelles complets. Voici l'exposé succinct de cette série de formations anormales. ` 4 La monstruosité que je prendrai comme le degré inférieur de la série m'a été présentée par une fleur de Tulipe, dont le périanthe et l'androcée n'offraient rien d'anormal. Le pistil offrait seul des anomalies de plusieurs sortes. Il consistait, dans son ensemble, en deux corps séparés sur toute leur longueur, dont l'un était formé d'un carpelle ouvert, creusé simple- ment en gouttière, avec ses deux bords chargés d'ovules et son extrémité stigmatique bien formée, dont l'autre également ouvert, résultait de la réunion de 2 carpelles auxquels s'en était joint un troisieme pourvu, comme les 2 premiers, de ses 2 files marginales d'ovules, mais notablement moins développé. En outre, de l'un des bords de ce corps complexe naissait une étamine bien formée et libre presque dés sa base. Il y avait donc au total, dans ce cas, dissociation complète d'un carpelle, formation d'un quatrième carpelle, ouverture des loges carpellaires, pro- duction d'une étamine entre les carpelles. 2° Dans uu second cas la complication était plus grande. A l'intérieur d'un périanthe normal se trouvait un androcée dont 5 étamines occupaient leur place naturelle, tandis que la sixième était reportée dans le verticille méme des 3 carpelles typiques. Ceux-ci étaient tous dissociés, ployés en gouttière interne et fortement courbés en un are dont la convexité regardait l'extérieur. Deux d'entre eux portaient quantité d'ovules sur leurs deux bords et se terminaient par un stigmate normal. Quant au troisieme, il était péta- lisé en majeure partie, toute sa portion supérieure et un de ses bords for- mant une graude expansion pétaloïde ; la portion inférieure de l'autre bord portait seulement 3 ovules, et plus haut elle présentait de petits replis membraneux dus certainement à une métamorphose des ovules qui man- quaient sur ce point. Enfin au centre de cette formation se montrait un corps plein à sa base, creux et ouvert dans ses 2/3 supérieurs, terminé par deux doubles replis stigmatiques normaux et dans lequel il était facile de reconnaitre deux earpelles supplémentaires unis entre eux, étalés, stigma- tifères mais entièrement dépourvus d'ovules. Ce pistil monstrueux présentait donc : dissociation des 3 carpelles typi- ques avec pétalisation presque complète de l'un d'eux ; transposition de la sixième étamine de l'androcée normal ; formation d'un verticille central de 2 carpelles imparfaits et stériles. J^ Une troisième fleur de Tulipe avait son périanthe et son androcée normaux sous tous les rapports; mais son pistil offrait 5 carpelles bien formés, stigmatifères et pourvus d'ovules. L'ensemble de ce pistil formait deux corps distincts et séparés sur toute leur longueur ; l'un de ces corps était entierement extérieur et consistait en un carpelle isolé, ouvert et SÉANCE DU 22 Mai 1857. 511 creusé en gouttière, abondamment ovulifère sur ses deux bords et sur- monté d'un double repli stigmatique normal. L'autre corps, composé de 4 carpelles soudés sur toute ou presque toute leur longueur, formait comme unc lame enroulée non-seulement en cercle, mais méme un peu en spirale, l'un de ses bords venant recouvrir l'autre. Les 4 carpelles, qui s'étaient unis pour le former, avaient chaeun deux files longitudinales d'ovules, à l'ex- ception du plus interne. dont le bord libre était faiblement pétalisé et dès lors stérile. Ils étaient tous surmontés de leur double repli stigmatique bien formé. En somme, ce troisieme cas nous montre un pistil à 5 carpelles fertiles et stigmatifères, tous étalés, parmi lesquels un seul était dissocié et exté- rieur par rapport aux A autres. Les trois observations qu'il me reste à rapporter nous montreront la Tulipe ajoutant 3 carpelles à ceux qui constituent son pistil normal, arri- vant à former enfin un pistil régulier de 6 carpelles, mais y parvenant, s'il est permis de le dire, par des essais et des tátonnements. 4° D'abord une fleur normale quant à son périanthe et à son androcée m'a offert un pistil anormal sous divers rapports. Ses 3 carpelles typiques étaient dissociés et méme séparés par un large intervalle dans toute leur longueur. Ils étaient tous simplement creusés en gouttière, terminés par un repli Stigmatique très développé, chargés d'un grand nombre d'ovules sur leurs deux bords. L'un d'eux seulement avait une expansion marginale pétaloide assez grande, dont la formation n'avait pas empêché celle des ovules. Je dois ajouter que ce vertieille pistillaire externe présentait une étamine Supplémentaire bien conformée, libre, qui était née sur le méme cercle que les 3 carpelles, A l'intérieur de ce premier verticille on en trouvait un second remarquable à plusieurs égards. Celui-ci consistait en deux corps légaux, entièrement distincts et séparés, placés l'un en face de l'autre. Le plus grand de ces deux corps résultait de l'union de deux carpelles étalés et ovuliféres, alternes à deux de ceux qui formaient le verticille pistillaire externe; le plus petit consistait en un carpelle qui complétait le verticille interne, qui portait 2 files d'ovules et qui, en outre, avait développé chacun de ses 2 bords en une étamine à filet plus ou moins adhérent, terminé par une anthère libre, bien conformée et remplie de pollen. Ce pistil anormal présentait, comme on le voit, 6 earpelles fertiles et Stigmatifères, mais dissociés, à l'exception de deux et rangés en deux ver- lieilles Concentriques. Cette formation complexe s'était compliquée par une Production d'étamines supplémentaires. 9 Dans une autre fleur de Tulipa Gesneriana la nature avait fait un pas de plus Vers la formation du pistil régulier et sénaire qui constituait le degré Supérieur de cette série d'anomalies. Jci, en effet, le centre de la fleur était occupé par un corps volumineux, qui allait en s'élargissant du 512 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bas vers le haut, de manière à constituer un trone de cône renversé. Ce corps présentait sur un cóté une fente longitudinale presque compléte, et, du côté opposé, une seconde fente beaucoup moins prolongée. La première de ces fentes correspondait à un carpelle.ouvert longitudinalement et elle en laissait sortir les deux files d'ovules bien conformés. La section transversale de cette formation centrale montrait comme entrant dans sa composition 6 carpelles réunis en un seul corps, présentant tous une loge avec 2 files d'ovules et, au sommet, un double repli stigmatique bien conformé. Il était d'ailleurs facile de reconnaitre que les 3 carpelles supplémentaires, correspondant aux 3 faces de l'ovaire, appartenaient à un verticille plus interne que les 3 carpelles typiques situés sous les 3 angles saillants de ce même Corps. Il existait donc ici un pistil à 6 carpelles en majeure partie cohérents, mais élargis et plus ou moins séparés par des fentes courtes dans leur por- tion supérieure. D'ailleurs un des carpelles était encore entièrement ouvert. 6° Dans la fleur qui m'a fourni le terme extrême de cette série, le pistil avait acquis une régularité remarquable en méme temps qu'il était devenu complétement 6-carpellé. Extérieurement il formait un ovaire sensiblement resserré à ses deux extrémités, relevé dans sa longueur de 6 angles parmi lesquels 3 étaient plus proéminents que les 3 autres ; enfin il se terminait par une étoile formée de 6 doubles replis stigmatiques. Intérieurement il présentait 6 loges qui renfermaient chacune un grand nombre d'ovules en 2 files longitudinales. Seulement les 3 loges situées sous les angles les plus proéminents, c'est-à-dire celles des 3 carpelles typiques, étaient visible- ment plus externes que les 3 autres. En outre, celles-ci, c'est-à-dire les loges supplémentaires, communiquaient avec une cavité centrale, grâce à la liberté de leurs deux bords carpellaires chargés d'ovules. En résumé, grâce aux complications successives dont je viens d'essayer de donner une idée, la nature est arrivée à ce résultat remarquable de changer le type ternaire, regardé comme essentiellement fondamental pour le pistil des Monocotylédons, en un type senaire qu'on pourrait peut-être regarder comme complétant et régularisant la symétrie florale de ces végé- taux. En effet, la fleur dans laquelle ce résultat avait été produit présentait 2 verticilles ternaires de folioles pour le périanthe, 2 verticilles ternaires d'étamines pour l'androcée, 2 verticilles ternaires de carpelles pour le pistil. Or on peut se demander si ce type senaire, analogue à celui du périanthe et de l'androcée, et qu'on observe au reste dans certains Monocotylé- dons, devrait étre regardé comme le type réel du pistil de ces végétaux plutôt que le type ternaire qu'on observe habituellement dans la généralité d'entre eux ; mais je ne crois pas devoir m'cecuper ici de cette question. Je n'ajouterai done rien au simple exposé des faits que je m'étais propose de faire connaitre à la Société. \ SÉANCE DU 22 Mai 1857. 513 M. Bureau dit avoir vu un certain nombre de Tulipes dont le pistil présentait le type 4 ou le type 2. On connaitrait donc des formes de cette plante à 2, 3, 4, 5 et 6 carpelles. M. Eugène Fournier dit avoir observé une monstruosité de Tulipe dans laquelle le périanthe avait trois verticilles, dont un extérieur supplémentaire. M. Duchartre ajoute qu'il a vu, il y a déjà longtemps, une fleur de Tulipe avec un verticille externe supplémentaire, mais composé de feuilles irrégulierement disposées. M. J. Gay est d'avis qu'une fleur de Tulipe à neuf parties se rap- proche bien d'une fleur double. M. Guillard fait observer que les carpelles d'un méme verticille d'une fleur de Tulipe ne sont pas du méme âge, car les trachées ne se forment pas en méme temps daus les trois carpelles. De méme les cinq étamines de la Bryone se forment l'une après l'autre. M. Baillon est d'un avis contraire; il croit que les carpelles d'un méme verticille apparaissent en méme temps. M. Guillard reconnait qu'ils apparaissent en méme temps, mais leur développement n'est pas simultané. M. Weddell fait à la Société la communication suivante : SUR LE MODE DE PARASITISME DU CYNOMORIUM COCCINEUM L., pa M. WEDDELL, La Société se rappellera peut-être qu'au mois de décembre dernier, j'eus l'honneur de lui rendre compte d'un Mémoire de M. le docteur J. D. Hooker sur la famille des Balanophorées (1). Je fis remarquer alors que je me trouvais en désaccord avee cet auteur sur plusieurs points im- portants, et j'annoneai mon intention de me livrer à une nouvelle étude des faits sur lesquels j'avais établi ma maniere de voir. Cette étude je viens de la faire, non en reprenant d'un bout à l'autre l'examen de la famille, mais th me bornant à en étudier complétement une espèce, que j'ai eu le bonheur de me procurer dans l'état le plus favorable au genre de recherehes que je Méditais. [a plante qui a été l'objet de mon examen est le Cynomorium coccineum L., dont jai l'honneur de mettre un échantillon sous les yeux de la Société, sinon avec toute la couleur qu'il avait lorsque je l'ai cueilli, du moins en assez bon état pour que l'on puisse s'en faire une idée Satisfaisante, Mon intention n'est pas de présenter à la Société l'histoire, méme abré- See, de cette singulière plante (ee. sera l'objet d'un mémoire auquel je tra- (V) Voyez le Bulletin, t. IL. p. 652-605 et p. 687-604. T. iv. 32 514 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vaille en ce moment), mais seulement d'appeler son attention sur un ou deux points saillants. Le Cynomorium croit, on le sait, dans notre continent, en Espagne, en Sicile, à Malte, ete.; mais il est bien plus commun sur la partie occi- dentale du littoral algérien, aussi est-ce là que je me suis décidé presque immédiatement à aller l'étudier, et je dois dire que, grâce aux excellents renseignements de nos confreres, MM. Dalansa et Cosson, j'aurais presque pu le trouver les yeux fermés. Je rencontrai d'ailleurs, en Algérie, un autre confrère, M. Munby, qui voulut bien, dès mon arrivée à Oran, m'aider de toute l'expérience qu'il a acquise durant un long séjour dans ce pays; Si bien qu'à peine débarqué, pour ainsi dire, je me trouvai devant la plante que j'étais venu étudier. Je la vis, pour la première fois, dans les prés salés de le Sénia, où le sol est argilo-caleaire et assez ferme; mais un peu plus tard j'eus l'occasion de la voir dans d'autres lieux, où elle croissait dans du sable pur. La flore de ces localités est très variée, mais les plantes qui constituent le fond de la végétation, notamment à la Sénia et au voisinage du lac de Miserghin, sont en petit nombre : ce sont en particulier le Suæda fruticosa, le Salsola vermiculata, Ye Frankenia corymbosa, les Statice Duricæi et tyr- tostachya, Ye Lepturus incurvatus, le Melilotus parviflora, le Medicago ara- bica, ete. Il n'y avait done guère à douter que ce ne fût aux dépens d'une ou de plusieurs d'entre celles-là que vivait le parasite; c'est ce dont je ne tardai pas à me convaincre. Le Cynomorium est une plante vivace ou du moins plus qu'annuelle, consistant en un rhizome et en un nombre plus ou moins grand de tiges floriferes qui en émanent. Ces dernières sont toujours annuelles ; les ramifications du rhizome, au contraire, m'ont paru étre tantôt an- nuelles ct tantôt vivaces : elles meurent au bout de l'année, avec la tige florifere qui les termine, si, dans leur marehe souterraine, elles n'ont trouvé à se mettre en eommunication qu'avee des plantes annuelles ; si, au contraire, elles ont pu établir des rapports permanents avec les racines plus robustes d'une plante nourricière vivace, alors leur existence se prolonge, et les points du rhizome qui sont ainsi favorisés deviennent de nouveau centres de végétation. Cette double connexion du parasite, d'une part, avec des plantes annuelles qui ne peuvent lui donner qu'un soutien précaire; d'autre part, avec des plantes vivaces, avec lesquelles, ayant plus à €? attendre, le parasite n'hésite pas, en quelque sorte, à se lier intimement ; le mécanisme ingénieux employé par la nature pour arriver à ses fins € dont je rendrai un compte détaillé dans ma monographie; ces faits divers me paraissent constituer un des points les plus curieux de l'histoire de € singulier végétal, et je n'ai pas voulu tarder à les faire connaitre, au MOIN- sommairement. Parmi les échantillons que j'ai l'honneur de placer sous e yeux de la Société, les uns nous montrent le Cynomorium solidement cra SÉANCE DU 22 Mai 1857. 545 ponné à une grosse racine de Sa/sola, tandis que les autres laissent voir la liaison qui s'est opérée entre les longues radicules qui hérissent la surface des jeunes rhizomes et les racines filiformes du Zepturus incurvatus. Dans une prochaine séance, je demanderai à la Société la permission d'ajouter à ce que je viens de dire, quelques détails sur l'inflorescence et sur la structure des fleurs femelles du Ciynomorium ; ils démontreront, je pense, assez clairement, que l'ovule et la graine n'ont pas, à beaucoup près, une strueture aussi simple qu'on a pu le supposer jusqu'ici, et que l'ovaire est bien, comme je l'avais eru, de nature axile. M. Cosson demande à M. Weddell si un méme pied de Cynomo- rium ne peut pas étre parasite sur differentes plantes à la fois. M. Weddell répond qu'il a observé ce fait fréquemment. M. J. Gay rappelle à cette occasion que certaines Orobanches se développent indifferemment sur des plantes trés diverses, appartenant à des familles distinctes. Il en est que l'on a rencontrées sur neuf espèces différentes. M. Cosson présente à la Société quelques espèces nouvelles d'Algérie et fait les communications suivantes : ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSON. (Quatorziéme et derniére partie (1).) À peine sommes-nous de retour à Djelfa qu'il nous faut en toute háte mettre nos récoltes en ordre, car nous ne pouvons disposer que de quelques Instants avant le départ. Je dois, à mon grand regret, renoncer à visiter les ruines romaines, restes de constructions importantes, situées à envirop À kilomètres au nord-ouest du fort; il me faut également renoncer à voir, bien qu'ils ne soient qu’à une faible distance à gauche de la route que nous devons Suivre, de nombreux tombeaux dont l'apparence celtique semble Indiquer l'origine gauloise d'une légion romaine qui a occupé le pays. — A trois heures nous montons à cheval, aecompagnés non-seulement de M. Phi- libert, qui doit faire route avec le commandant jusqu'au barrage du Rocher- de-sel, mais encore de M. le docteur Reboud, qui veut bien continuer à m^ guider dans cette partie du trajet, avec la méme obligeance que dans mes précédentes herborisations. — Au sortir de Djelfa la route suit le cours de l Oued Melab, qui est déjà, sur ee point, un cours d’eau assez important ; bientót elle s'engage dans une étroite vallée qui traverse la chaine du Djebc: Sahari; dans les pâturages aux bords du chemin, je ne note que la présence de (1) " Pour les autres parties voir dans le tome HI, les pages 388, 559, 599, 605, ) ,e t dans le tome IV, les pages 5, 48,126, 171, 270, 353, 386, 473. 516 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nombreuses touffes de Catananche cæspitosa ; à droite et à gauche s'élèvent les pentes rocheuses et accidentées des montagnes qui encaissent la vallée, et dont la végétation arborescente ne se compose que de buissons deGenévriers. Dans un élargissement de la vallée et à une faible distance sur la droite de la route, est construit, dans un site des plus pittoresques, le moulin de Djelfa, de fondation toute récente et qui n'utilise qu'une bien faible partie de la force motrice du cours d'eau ; le barrage qui détermine la hauteur de la chute laisse écouler de chaque côté l'excédant des eaux, qui s'échappent entre les rochers, sous forme de petites cascades, pour retomber dans une vaste exeavation, ancien lit de l'oued, dont les terrains d'alluvion forment aujourd'hui un magnifique jardin. Les rochers qui, sur la droite, s'élèvent presque à pie, contrastent par leur aridité avec la fraicheur de la vallée et contribuent à donner à ce joli site un eharme tout particulier. Des Gené- vriers (Juniperus Oxyjcedrus) croissent sur cette pente rocheuse, et sur quel- ques-uns d'entre eux M. Reboud a trouvé l Arceuthobium Oxycedri ; dans ces mêmes rochers, il a également recueilli le Clypeola cyclodontea, les Thymus hirtus et Guyonii et V Astragalus peregrinus. Sur lesterrains mémes qui dépendent du moulin, nous avons remarqué les Zelephium Imperati, Muricaria prostrata, Enarthrocarpus clavatus, Hypecouin pendulum, Sisym- brium runcinatum, ete. Au delà du moulin, la route est tracée dans un pays accidenté, et tantôt longe les bords de l'oued, tantôt s’élève sur les collines de sa rive droite pour en dominer le lit, quelquefois de plus de cent metres. Nous laissons bientót sur notre gauche le petit ksar ruiné d'Ain Ouerrou, dout les environs présentent quelques ehamps d'Orge. A l'ouest, à quelque distance, s'eleve le massif du Djebel Korirech, dont les pentes sont en grande partie occupées par de belles cultures. A nos pieds l'oued est pro- fondément encaissé entre des berges argileuses et ravinées, ombragées çà et là par des Tamarix Gallica. Dans la petite plaine de Korirech, presqu'en- tiérement inculte, et dans laquelle les Artemisia campestris et Herba- alba sont les plantes dominantes, se présentent cà et là, sous forme de ta- ches blanches plus ou moins étendues, des terrains gypseux, à la surface desquels le sel vient effleurir, et où M. Reboud me signale le Senecio Auri- cula et le Campanula filicaulis. Après avoir traversé l'Oued Melah, la route s'élève par une pente insensible sur le coteau sur lequel est construit à une altitude d'environ 900 mètres) le caravansérail du Rocher-de-sel, cù nous n arrivons qu'après 7 heures du soir. Le 1^ juin de grand matin tous mes préparatifs de départ sont te car j'ai à faire une forte journée : je dois, accompagné de M. Rebou sacrer la matinée à l'exploration des páturages des environs du caravanse- rail, des sables et des alluvions de l'Oued Melah et surtout de la montagn’ du Rocher-de-sel qui s'élève de l'autre côté de la vallée ; apres cette herbe: ^ ion, nons devons visiter avee MM. Margueritte et Philibert le magnifique rminés, d, con- 517 barrage du Rocher-de-sel, et faire une pelite excursion dans les dunes du Zahres ; de là j'ai encore à me rendre au caravansérail de Guelt el Settel et ensuite à celui d'Ain Oussera, c'est-à-dire qu'il me faut pareourir une dis- tance de 80 kilomètres. Dans les pâturages du coteau, auprès du caravan- sérail, se rencontrent les Thymus Fontanesit, Cistus Clusii, Atractylis mi- crocephala, Passerina microphylla, Centaurea Parlatoris, Peganum Har- mala, entre les touffes desquels croissent les Muricaria prostrata, Enar- throcarpus clavatus, Androsace maxima, Nonnea micrantha, ete. A cette localité M. Reboud a retrouvé le Cossonia Africana que nous avons déjà signalé à Djelfa. Sur les bords sablonneux de l'oued, les Festuca Memphi- tica, Ammochloa pungens, Kæleria villosa et Læflingia Hispanica sont les plantes dominantes. Au pied de la montagne du Rocher-de-sel, où les eaux se sont déjà chargées de principes salins, et où se sont formés, sur les bords de l'oued, d'épais dépôts de sel cristallisé, la végétation est surtout con- stituce par des plantes des terrains salés, telles que plusieurs espèces de Salsolacées, de Statice, etc. Sur un rocher nous recueillons les Zuphorbia medicaginea , Diplotuxis pendula et Asparagus albus. — La montagne du Rocher-de-sel, située à une latitude de 34? 53', est trop analogue à la montagne de sel que nous avons visitée aux environs de Macta, et à celle d'El Outaïa près Biskra, dont nous avons déjà parlé ailleurs, pour qu'il y ai lieu d'en donner une description détaillée; en effet nous y retrouvons le méme aspect général, la même nudité, les mêmes argiles, les mêmes bancs de sel, les mêmes efflorescences et les mêmes dépôts salins ; nous ferons seulement remarquer le contraste que forment l'aspect triste et terne et la nudité des argiles du Rocher-de-sel avec les deux massifs de rocbers accidentés qui l’enclavent à droite et à gauche, et sur lesquels le Juniperus Phæniceu et le Rosmarinus officinalis forment des touffes de verdure. Vers le sommet de la montagne, de profondes excavations en forme de puits se Sont creusées par des effondrements intérieurs, conséquence de la dissolu- tion lente et continue des bancs de sel par l'infiltration des eaux, et ce n'est pas Sans danger que l'on. peut parcourir cette sommité, où des éboulements peuvent à chaque instant se produire sous vos pieds; un chétif Statice glo- bulariæfolia est l'unique représentant de la végétation sur ce sol tourmenté et saturé de sel. | Dans les pâturages argilo-sablonneux, qui s'étendent jusqu'au barrage, et où sur quelques points le sel vient effleurir, nous voyons des plantes salines reunies aux espèces des terrains sablonneux ; ainsi nous y notons les A£ractyl is pr olifera, Scabiosa semipapposa, Festuca Pectinella, Lonchophora Capio- montiana, Kolpinia linearis, Frankenia thymifolia, Lepturus incurvatus, Atriplex parvifolia, Herniaria fruticosa, ete. — Le barrage de l'Oued Melah, établi en aval du Rocher-de-sel, entre cette montagne et le Gharsa `ur le territoire des Ouled Khouini, n'a pas moins de 200 metres de lon- sÉANGE bU 22 Mai 1857. 518 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gueur sur 7 mètres de hauteur et 30 d'épaisseur à sa base. Ce magnifique travail, qui vient d'être exécuté par les indigènes, sous l'habile direction de MM. Margueritte et Philibert, sera, pour le pays, une importante source de richesse, car en raison de son étendue et de la hauteur à laquelle il élévera le niveau des eaux, il pourra fertiliser par l'irrigation une super- ficie de prés de 1400 hectares sur la rive gauche de l'Oued Melah, dont les eaux, avant l'établissement du barrage, allaient, sans profit pour la eulture, se perdre dans les dunes du Zahrès. Les terres rapportées pour former la digue, déjà protégées par des madriers de Tamarix Gallica, seront bientôt consolidées d'une maniére plus durable par de nombreuses plantations du méme arbre (4). — Vers la sebkha de la partie occidentale de la plaine du Zahrés, existe un bois de T'amarix assez étendu, que je regrette de n'avoir pas le temps d'aller visiter ; je dois me borner à faire une courte excursion dans les dunes qui forment une vaste zone étendue de l'est à l'ouest. Là, dans les sables mobiles, dont les mamelons sont couronnés de buissons de Tamarix, de Retama Duriæi var., d Atriplex Halimus et d'innombrables touffes de Saccocalyx satureioides, Euphorbia Guyoniana, Ononis angus- tissima et Arthratherum pungens, noùs trouvons la plupart des espèces ob- servées dans des stations analogues de la partie méridionale des hauts pla- teaux de la province de louest, telles que les Erysimum grandiflorum, Malcolmia Ægyptiaca, Muricaria prostrata, Silene Nicæensis, Ononis ser- rata, Orlaya maritima, Pyrethrum macrocephalum, Nolletia chrysoco- moides, Centaurea polyacantha, Onopordon ambiguum, Zollikoferia rese- difolia, Nonnea phaneranthera, Echinopsilon muricatus , Festuca Mem- phitica, Bromus tectorum, ete. Dans les dépressions de ces mêmes dunes, où le sol est plus ferme et la végétation herbacée plus abondante, les Pega- num Harmala, Marrubium Deserti, Passerina microphylla, Salsola vermi- culata forment des touffes entre lesquelles se rencontrent les plantes que nous avons déjà vues dans les páturages de la plaine. Dans cette station, si analogue aux dunes sahariennes, nous constatons encóre la présence du cé- raste ou vipère-à-cornes. Vers le poste de Messrane, à la limite des dunes, sur les bords de la route, se rencontrent le Traganum nudatum et V Halo- cnemum strobilaceum avec le Thapsia Garganica qui devient tres abondant. Aux environsimmédiats du poste, dans les sables, s'offrent à nous en grande partie les mémes plantes que dans les dunes ; seulement nous devons ajouter à notre liste les Æypecoum Geslini, Astragalus Gombo, Phelipæa lutea, Cy nomorium coccineum, Arthratherum plumosum. —- A peu de distance de (1 D'après des renseignements tout récents, que je dois à l'obligeance de M. Phi- libert, le barrage du Rocher-de-sel a parfaitement résisté à la dernière crue hiver- nale; Pone s'y est produit aucune infiltration, et le lit sablonneux de l'oued, jadis perméable, sétani revètu d'un dépôt de limon, ne se laissera plus pénétrer par les eaux qui persisteront pendant toute l’année, SÉANCE DU 22 Mai 1857. 519 Messrane; les sables font place à une plaine uniforme d'Alfa (Stipa tenacis- sima), ou je revois encore d'assez nombreux pieds d' Atractylis prolifera ; cette plaine ne me semblant pas offrir un grand intérêt pour le botaniste, je hâte sans regret la marche de mon cheval, en prévision d'un orage qui nous menace, pour gagner au plus vite le caravansérail de Guelt el Settel ; nous n'y arrivons pas néanmoins sans avoir eu à essuyer plusieurs bourras- ques et des averses torrentielles. Le caravansérail de Guelt el Settel, à 9 lieues au nord du Rocher-de-sel (à une altitude d'environ 950 mètres), est situé dans une étroite vallée, qui traverse du nord au sud une chaine de montagnes basses étendues de l'ouest à l'est, direetion générale des montagnes du pays; il est construit sur la pente du coteau pierreux qui, à l'ouest, borne la vallée. Les rocailles et les terrains remués au voisinage du mur d'enceinte nous offrent une veséta- tion dans laquelle les plantes du sud ne tiennent plus que bien peu de place, car elles ne sont plus guère représentées que par l'£narthrocarpus clavatus et le Muricaria prostrata. Les autres plantes qui doivent y être mention- nées sont les Centaurea involucrata, Allium Cupani, Malva Ægyptiaca, Matthiola lunata, Minuartia campestris, Anarrhinum fruticosum, Pimpi- nella dichotoma, Ammochloa pungens , F'estuca cynosuroides. -— Le coteau qui limite la vallée à l'est est plus élevé : les rochers qui en forment la base, les buissons et les arbres qui en occupent la partie supérieure, lui donnent un aspect assez pittoresque qui contraste avec le caractère saha- rien de la plaine du Zahrés ; les eaux du coteau viennent par un ravin se réunir dans une assez large excavation creusée dans le roc méme et dont la localité a tiré son nom de Guelt el Settel (Rocher-de-l'écuelle). Dans les fissures des rochers et sur les alluvions du ravin se rencontrent les : Brassica Gravina. Silene cerastioides. Phagnalon rupestre. Sisymbrium erysimoides. Ononis ornithopodioides. Rhaponticum acaule. Carrichtera Vellæ. Anthyllis Vulneraria. Centaurea Parlatoris. Alyssum Granatense, Melilotus Neapolitana. — pubescens. Iberis pectinata, Ebenus pinnata. Catananche cærulea. nelianthemum papillare. Sedum heptapetalum. Thymus Guyonü. - Di ygala saxatilis. Pistorinia Hispanica. Ornithogalum sessiliflorum. tanthus virgineus. Umbilicus horizontalis. Tragus racemosus. = serrulatus. Daucus parviflorus. Cynosurus elegans, etc. Dans la partie inférieure du ravin, la végétation ligneuse n'est repré- sentee que par quelques Oliviers rabougris, deux ou trois pieds de Figuier et quelques broussailles formées de Zizyphus Lotus, Rhamnus Alaternus et lycioides, Phillyrea media, Rosmarinus officinalis, Jasminum fruti- cans, Cistus salvifulius. Le bois du sommet est composé de Juniperus Vxycedrus et de Pistacia Lentiscus, clair-semés entre les broussailles. Vers 6 heures du soir, après avoir pris congé de M. Margueritte, que je dois revoir à Paris, et après lui avoir exprimé toute ma reconnaissance pour 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sa bonne hospitalité et la bienveillance amicale dont il m'a entouré pen- dant les journées que je viens de passer avee lui, je dois partir, malgré les approches de la nuit, pour gagner encore le caravansérail d'Aïn Oussera à h4 kilometres plus au nord. — L'immense plaine argilo-sablonneuse que jai à traverser et qui s'étend jusqu'au pied des montagnes de Boghar est trés uniforme; les touffes de Stipa tenacissima et d` Artemisia Herba-alba y constituent le fond de la végétation; çà et là quelques Lentisques (Pis- facia Atlant'cu) et des buissons de Zizyphus Lotus rompent seuls la mono- tonie de ce plateau ineulte, où de nombreux troupeaux de chameaux et de moutons viennent páturer pendant l'été. Les seules plantes que je puisse noter avant la tombée de la nuit, sont entre autres les Moricandia teretifolia, Erysimum Kunzeanum, Meniocus linifolius, Alyssum scutigerum, Malva Ægyptiaca, Scabiosa semipapposa, Kentrophyllum lanatum, Atractylis microcephala et prolifera, Echium humile, Echinaria capitata, Kæleria villosa, Bromus squarrosus, ete. A minuit seulement, j'arrive au earavansérail d'Ain Oussera (à une alti- tude d'environ 675 mètres), où je dois prendre quelques heures de repos. — Le 15 juin dés le matin, aprés avoir fait une courte excursion qui com- prend des terrains compactes et gypseux et des ondulations sablonneuses de la plaine, je vais visiter les importants travaux récemment exécutés par le génie pour assainir le marécage fangeux que formaient plusieurs sources au-dessous du caravansérail, le vaste abreuvoir dans lequel sont recueillies les eaux et la fontaine qui vient d'être bâtie. Dans les terrains compactes, sabionneux et eypseux et sur les ondulations sablonneuses croissent les : Nigella arvensis. Achillea Santolina. Blitum virgatum. Enarthrocarpus clavatus. Onopordon ambiguum. Polygonum equisetiforme, Helianthemum salicifolium Carduncellus Atlanticus. Passerina hirsuta. _var. brevipes, Echinops spinosus. Euphorbia falcata. — hirtum var. Deserti. Kalbfussia Salzmanni. Cynodon Dactylon. Rhodalsine procumbens. Sonchus divaricatus. Schismus marginatus. Pegaunm Harmala(abond.). Nonnea micrantha. Melilotus Neapolitana. Leflingia Hispanica. Ammochloa pungens. Echinospermum patulum. Lagurus ovatus. | Thymus ciliatus var. Festuca cynosuroides. Paronychia Cossoniana. Sideritis montana. — Pectinella. Crucianella patula. Chenopodium Vulvaria. Hordeum murinum, elc. Cyrtolepis Alexandrina, Atriplex parvifolia. Au bord du marais, dont le Lemna gibba couvre les flaques d'eau, Se rencontrent les Juncus maritimus, Polypogon Monspeliensis, Lepturus M- curvatus, Plantago Coronopus, Sphenopus divaricatus, Spergularia dian- dra, Frankenia pulverulenta. — Vers midi je m'empresse de revenir at caravansérail, pour faire mes préparatifs de départ, et je me mets en route pour me rendre le soir méme à Boghar, distant d'environ 60 kilometres. La plaine, jusqu'à la Dahia Kahala, vers laquelle je me dirige en laissant la route à droite, présente la méme uniformité : je n'ai à ajouter à ma liste SÉANCE DU 29 mar 1857. 594 que les Zrigonella polycerata, Centaurea involucrata, Delphinium pubes- cens, Erodium glaucophyllum, Passerina virgata, Arnebia Vivianit, Pyre- thrum fuscatum, Eryngium ilicifolium, Statice Thouini, Diplotaxis vir- gata. — Le sol légèrement déprimé qui constitue la vaste Dahia Kahala, où les eaux séjournent pendant la saison des pluies, est généralement salé, et l Halostachys perfoliata y forme de véritables ilots d'un gazon glauque; les Halocnemum strobilaceum, Salsola longifolia et vermiculata et le Suæda fruticosa y forment de nombreuses touffes au milieu des terrains d'alluvion nus, grisátres et crevassés. Là croissent également les Triticum Orientale, Sphenopus divaricatus, Mesembrianthemum nodiflorum et Asteriscus aqua- ticus. — Vers le poste de Bou Guezoul, sur des coteaux pierreux, se mon- trent encore le Zonchophora Capiomontiana et Y Atractylis prolifera, qui sont presque les derniers représentants de la végétation du sud. A partir de ce poste, la route suit le cours du Chélif et s'engage dans la vallée creusée par cette riviere dans le massif des montagnes de Boghar, en eontournant les roehers qui la bordent sur la droite. Des champs de Blé et d'Orge arrives à maturité, sur pied ou déjà eoupés, occupent les riches terrains d'al- luvion des élargissements de la vallée, et de nombreux douairs y sont éta- blis. Dans le lit argileux raviné du Chélif se retrouve le Phelipæa lutea. — Enfin, aprés un assez long trajet dans la vallée, bornée à droite par des co- teaux rocheux, et à gauche, à plus de distance, par des montagnes élevées boisées, en partie cultivées, j'arrive au Fondouck de Boghari, construit (à une altitude d'environ 650 mètres) au pied du coteau argileux dont le vil- lage arabe Ksar el Boghari oceupe le sommet; ee ksar, par sa construction toute primitive, contraste avec l'aspect imposant de la ville militaire de Boghar qui lui fait face. La vallée du Chélif, assez large sur ce point, est très bien cultivée, mais ses riches terrains d'alluvion n'offrent au botaniste que la végétation presque européenne de la région montagneuse inférieure; Sur les bords de la route, l'Atriplez Halimus forme de nombreuses touffes et le Moricandia arvensis et le Cord ylocarpus muricatus deviennent d'une extréme abondance.— Bientôt, la belle route, tracée par le génie dans ce pays accidenté, s'élève en serpentant, par une rampe habilement ménagée, sur la pente orientale très raide de la montagne de Boghar, où le fort est construit à prés de 350 metres au-dessus du niveau de la vallée. Enfin, à la tombée de la nuit, j'arrive au fort, où M. le capitaine Lasalle, commandant supérieur du cercle, et les autres officiers, m'accueillent avec cette hospitalité em- pressée et eordiale dont nous avions pris une si douce habitude pendant tout notre voyage,— La soirée est consacrée à l'examen de l’herbier de M. O. De- beaux, pharmacien aide-major, qui a exploré avec soin les environs, et je trouve dans cette collection des renseignements utiles sur la flore d'un pays dont là rapidité de mon voyage ne me permettait de prendre qu'une idée senérale, Les documents que me fournit M. Debeaux, et ceux non moins im- 522 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. portants que nous devons à M. Naudin, qui déjà en 1852 a visité le pays, ainsi que les résultats de nos propres observations tant à Boghar que dans le trajet jusqu'à Blidah, trouveront mieux leur place dans un prochain travail sur la végétation de la région montagneuse de la province d'Alger, que dans cet itinéraire destiné spécialement à donner une idée de la végétation saha- rienne et de celle des hauts plateaux des provinces d'Oran et d'Alger. Le 16 juin, aprés avoir fait une courte excursion dans la forét de pins d'Alep qui couvre en grande partie la montagne de Boghar et étre monté jusqu'au bloekhaus eouronnant le mamelon le plus élevé, au voisinage du fort, je visite avec M. Lasalle les belles cultures qui indiquent le dévelop- pement déjà important de la eolonisation, et les magnifiques jardins du fort. — A 3 heures je me mets en route pour me rendre directement à Médéah, où je n'arrive qu'à minuit, après avoir traversé les belles forêts qui s'éten- dent de Boghar à Médéah dans des sites accidentés et des plus pitto- resques. Le 17, au lieu de prendre la diligence pour me rendre à Blidah, je pré- fere y aller à cheval, pour avoir ainsi l’occasion de compléter les notes que j'avais recueillies en 1854 et visiter de nouveau le site si remarquable des gorges de la Chiffa, où se trouvent groupées tant de plantes intéressantes. Le 18, aprés avoir fait en diligence le trajet de Blidah à Alger, je passe le reste de la journée à faire les démarches nécessaires pour assurer mon re- tour en France, par le paquebot du 20. Le 19, j'ai l'honneur d’être recu par S. Exe. M. le Gouverneur-général, que je suis heureux de remercier, avant mon départ, du bienveillant appui qu'il nous a aecordé pour notre voyage ; il veut bien écouter la narration rapide de notre excursion dans le Sud et l'exposé succinct de ses principaux résultats scientifiques, et me témoigner tout l'intérêt qu'il prend à mes ex- ploratious et aux recherches que j'ai entreprises sur la statistique végétale de l'Algérie. NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ALGÉRIE, par MM. E. COSSON et DURIEU DE MAISONNEUVE. Hypecoum Gesiini Coss. et Kr. ap. Coss. Voy. bot. Alg. 1856 in Bull. Soc. bot. IV. Planta annua, plus minus glaucescens, foliis radicalibus pluribus, petio" latis, rosulatis, patentibus vel ereetiuseulis, bi-tripinnatisectis, lobis linea- ribus abbreviato-subeuneatis vel elongatis, caulinis paucis minoribus, 5657 silibus, oppositis, ramos dichotomiæ stipautibus ; sepalis ovato-aeutis vel ovato-Ianeeolatis; corolla parvula, pallide lutea, petalis duobus exteriort- hus oblongis integris vel ad medium paululum dilatatis, interiorum lacinia intermedia in stipite n lonziuseulum. unguieuliformem inferne contracta, SÉANCE DU 22 mai 1857. 599 laciniis lateralibus stipitem intermediæ vix excedentibus ; staminum fila- mentis linearibus inferne haud dilatatis ; fructibus siliquæformibus erecto- patulis, gracilibus, plus minus arcuatis, feretiusculis vix ae ne vix com- pressis, ad artieulos haud incrassatis vel vix inerassatis. — A februario ad junium. In Algerie tribus provinciis, in planitiebus excelsis et Sahara obvium : in ditione Biskra! (Balansa); iu ditione Laghouat ! et inter Laghouat et Boghar (Reboud, Geslin); in provinciæ Oranensis planitiebus excelsis Saharæ confinibus! haud infrequens. — In arenosis cultis vel incultis regni Tunetani presertim australioris, Souza, Sfax, Nadour (Kralik pl. Tun. exsiec. n. 25 et 25 bis sub nomine H. procumbens), Gabes. L'H. Geslini, par la forme du fruit, est très voisin de l'A. patens Willd. (DC. Prodr. 1, 1923), plante d'Égypte, à côté duquel il doit être placé; il en diffère surtout par la forme des pétales extérieurs et intérieurs; en effet dans l'H. Geslini les pétales extérieurs sont étroits, oblongs entiers ou à peine élargis vers leur partie moyenne, et les divisions des pétales inté- rieurs dépassent à peine le rétrécissement en forme d'onglet de la division moyenne, tandis que dans l’ZZ. patens les pétales extérieurs sont trés am- ples, élargis cunéiformes et fortement trilobés, les divisions latérales des pétales intérieurs égalent presque la longueur de la division moyenne, — La forme des pétales rapproche notre plante de l H. pendulum L., dont elle est du reste très distincte par la direction et la forme du fruit. — L'H. procum- bens (auquel nous rapportons les 77. glaucescens Guss. , grandiflorum Benth. et albescens DR. ap. Balansa pl. Alger. exsice. n. 72) que nous avons ob- servé également cette année sur les hauts plateaux du sud-ouest de l'Algérie, où il croissait pêle-mêle avec l'H. Geslini, en diffère non-seulement par la forme des fruits et des étamines, mais encore par celle des pétales ; en effet, bien qu'ils varient beaucoup de grandeur et de forme, ils sont néanmoins toujours très distincts de ceux de PH. Geslini. IsaTis (Sameraria) Diunp3Um Coss. et DR. ap. Bourgeau pl. Alger. ex- sice, n. 336 b. Planta annua, biennis vel induratione perennans, glabra, glaucescens, Sæpius pluricaulis dumosa ; caulibus 4-12 decimetra longis, erectis, vali- dis, superne corymboso-ramosis ; foliis radicalibus amplis, oblongis, in petiolum longe attenuatis, costa media albida erassiuseula subtus promi- nente, caulinis mediis superioribusque sessilibus minoribus, oblongis, basi cordato-amplexieaulibus auriculis rotundato-obtusiuseulis; floribus parvis, tonge tenuiterque pedicellatis, in racemos terminales laxiusculos dispositis; Cal vee membranaceo-Tuteseente, sepalis patulis; petalis luteis calyce paulo longioribus; si/ieulis tenuiter pedicellatis, pedicello apice vix inerassalo, dellexo-peudulis, masimis, circiter 20 millim, longis et 15-20 milim, la- 52A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tis, planis, suborbiculatis vel ovatis, ala latissima herbaceo- membranacea cinctis, basi integris cordatisve, apice integris vel emarginatis, sutura ner- viformi parum prominente ; stigmate sessili. — Maio-junio. In calcareis ad vicos et vias in montium Djurdjura regione inferiore, in ditione Beni bou Addou ad vicum /badissen, comitante amicissimo H. de la Perraudière 26* die junii 1854 circiter ad 400 metra altitudinis inventa. L'I. Djurdjuræ appartient au sous-genre Saneraria par ses silicules très largement ailées à aile membraneuse-foliacée, et il doit être placée en raison de la consistance de cette aile à côté de l'Z Armena L. (Sameraria Armena Desv.; Jaub. et Spach /llustr. pl. Or. III, t. 225 optima), plante de la Perse et de l'Arménie, mais il en est très distinct par les fleurs plus grandes, par le stigmate sessile, et non pas terminant un style filiforme, par les silicules glabres, et non pas tomenteuses au niveau de la loge, à loge à peine convexe, et non pas proéminente, à suture nerviforme peu saillante, et non pas prolongée en un appendice en forme de dent ou de corne, ete. EUPHORBIA CALYPTRATA Coss. et DR. apud Coss. Voy. bot. Alg. in Ann. Sc. nat. sér. h, IV, 286. Planta annua. vel interdum induratione perennans, sepius dumosa, gla- bra, glaucescens, radice fusiformi crassiuseula vel gracili ; caulibus 1-4 de- cimetra longis, sepissime pluribus ascendentibus, simplicibus vel rarius basi ramosis ; folijs sparsis, crassiusculis, rigidulis, sessilibus, linearibus inferne vix latioribus, apice sæpius truncatis emarginatis vel irregulariter bi-tridentatis, marginibus subintegris vel remote inæqualiterque serratis; umbellis terminalibus, 2-3-rarius 4-radiatis, radiis interdum inæqualibus, abortu subsimplieibus vel semel bisve rarius ter dichotome ramosis; foliis involucri involucellorumque caulinis subconformibus, involucellorum in- ferne viz latioribus; glandulis luteo-fuscescentibus obovato-oblongis trans- verse latioribus, interdum truncatis non vero lunatis nec bicornibus; capsula majuscula, ovata, lævi, glabra; seminibus ovato-subglobosis, ehalaza haud prominula, levibus, primum albidis, dein fuscescentibus; £4- runcula coriacea, uigreseente, maxima, longiuscule stipitata, conico-dcu- minata calyptreeformi ( unde speciei nomen ), basi expansa , equaliter valideque 10-12-costata, inferne costis prominentibus quasi fimbriata. — Aprili-junio. In argilloso-arenosis et alluviis planitierum excelsarum australiorum Sahare confinium in tribus provinciis, nec non in Sahara Algeriensi P E. cornutæ socia, ex. gr.: in glareosis amnis Oued Biskra prope Biskra (Ba lansa); prope Zaghovat ubi non infrequens primum ad Æl Assafía et Ksar el Hairan inventa (Bonduelle 1844), ad meridiem urbis Laghouat in ditione Beni Mzab loco dieto Dahia de Tilremt (Reboud), ad septentr ionem inter Laghouat et Aïn el Ebel! sat frequenter obvia (Reboud); An Madhy !; SÉANCE DU 22 Mai 1857. 525 in ditione Ouled Sidi Cheikh ad Bou Alem !, Brézina! et Chellala Gueblia!; in ditione Hamian Garabas ad Tyout !, Ain Sefissifa! et Ain Ben Khe- lil !, ete. | L'E. calyptrata, par le port et la grosseur de la capsule, rappelle E. cor- nuta Pers, (E. retusa Forsk., Lmk, Delile!, non Cav.), avec lequel il croit communément péle-méle dans la partie méridionale des hauts plateaux des provinees d'Alger et d'Oran ; il en est tres différent par les feuilles, méme celles des involueres et des involucelles linéaires, à peine plus larges à la base, ordinairement tronquées échancrées ou irréguliérement bi-tridentées au sommet, par les glandes entières, et non pas échanerées en croissant et prolongées en cornes, et surtout par ia earoncule qui surmonte les graines plus longuement stipitée, plus développée, coriace, noirâtre, conique-acu- minée, en forme de coiffe, évasée à la partie inférieure, à 10 à 12 cótes presque égales proéminentes, et frangée à la base par la saillie des côtes, M. le Président annonce que la session ordinaire est suspendue jusqu'au vendredi 26 juin prochain. Il invite MM. les membres de la Société à se rendre à Montpellier pour prendre part à la session extraordinaire qui s'ouvrira le lundi 8 juin. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ueber die Kelmung und die Erneucrungsweise von Convolvulus sepium und C. arvensis, so wie über hy poko- tylische Adventivknospen bei krautartigen phanerogamen Pflanzen (Sur la germination et le mode de renouvellement des Convolvulus sepium ef arvensis, ainsi que sur les bourgeons adventifs hypocotylés des plantes herbacées phanérogames), par M. Thilo Irmiseh (Botan. Zeitung, n^ 26, 27, 28, 29, 26 juin, 3, 10 et 17 juillet, col. 433-4413, h^9-h62, h65 47h, ^89-^97 ; plane. VIII.) Quoique se ressemblant à plusieurs égards quant à leur germination et leur végétation, les Convolvulus sepium et arvensis se distinguent cependant l'un de l'autre sous divers rapports assez importants. Les plantules du C. sepium ont de grandes feuilles séminales longuement pétiolées , échanerées aux deux bouts, élevées au-dessus du sol d'environ 14 mm. par l'axe hypocotylé. Le pivot s'enfonce profondément et pro- duit beaucoup de radicelles gréles, tandis que la plumule se développe bientót en tige, qui, selon la bonté de la terre, s'allonge de 30 centimètres à 2 metres et demi dans le cours de l'été. Les pieds observés par M. Irmisch n'ont pas fleuri pendant le premier été, . zn été, de Vaisselle des feuilles séminales naissent des branches qui tres souvent s'élèvent et s'enroulent comme la tige, tantôt s'enfoncent dans le sol obliquement ou verticalement, tantôt enfin s'étalent sur la terre jusqu à ce qu'elles trouvent un point sur lequel elles puissent s’y introduire. Ces branches, un peu charnues et blanchátres, ne portent que de petites feuilles- écailles. Souvent au-dessous de ces pousses cotylédonaires sortent des bourgeons adventifs qui se développent ordinairement en jets dirigés de haut en bas ; quelquefois même sous un premier de ces jets il s’en produit un second. Le plus souvent toutes ees branches latérales se ramifient en rameaux qui, selon les circonstances, se développent de bas en haut ou de haut en bas. Des aisselles inférieures de la tige dressée il peut sortir aussi des branches dirigées de hauten bas, Toutes les extrémités des tiges aériennes, pourvues de feuilles normales, lorsqu'elles viennent à toucher la terre, peuvent ne plus produire que des écailles, gagner un peu en épaisseur et s'enterrer. Ce fait a lieu surtout en automne. Le pivot meurt vers la (iu de l'automne, ainsi que la tige. Par suite les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. > 527 stolons restent isolés en terre, et leurs entre-nœuds situés hors du sol meurent, comme Je font souvent aussi leurs plus proches voisins enterrés. Au printemps ils élèvent leur extrémité au-dessus de terre ; après quoi la suite de leur végétation reproduit ce qui a eu lieu la première année, et toutes les extrémités d'axes qui arrivent à terre peuvent y pénétrer et y passer l'hiver. Les axes enterrés ou simplement cachés se fixent bientót au sol par des racines adventives qui naissent généralement une à droite, l'autre à gauche de l'insertion de chaque feuille. Tantót ces racines meurent bientôt ; tantôt elles s'allongent beaucoup et se ramifient, mais saps grossir notablement et en durant seulement autant que les axes qui les portent. Les axes souterrains blancs, dans lesquels prédomine le parenchyme eortical rempli de fécule en petits grains, meurent en automne avec les axes aériens qui sont nés d'eux, le plus souvent en entier, plus rarement en partie. En été, ils émettent dans le sol de nouvelles pousses axillaires Souterraines, qui donnent ensuite des tiges aériennes au printemps suivant; d'où l'on voit que le renouvellement de la plante n'est pas dù, comme la Première année, à des jets qui se soient enterrés après avoir pris naissance hors du sol. Toute cette végetation est celle de beaucoup d’autres plantes, par exemple des Menthes, du Lycopus, de plusieurs Stachys, du Physalis Alkekengi, de l'Ozalis stricta. Sous la plupart des rapports, le Calystegia pubescens Lindl. et plusieurs autres espèces se comportent comme Jes pieds âges du Liseron des haies, Le Convolvulus arvensis germe avec de larges feuilles séminales presque obcordées, d'un beau vert. L'axe hypocotylé est en partie dans la terre, en partie au dehors. Les branches nées àl'aisselle des cotylédons, ainsi que les pousses adventi ves qui les accompagnent fréquemment, portent des feuilles parfaites et ne s'enfoncent pas en terre pour conserver la plante. Lafloraison n'a jamais lieu la première année, À l'automne, toutes les parties situées au-dessus du sol périssent, y comprise une partie de l'axe hypocotylé, et le renouvellement de la plante pour l'année suivante est dû au développement Sur les parties souterraines de bourgeons adventifs qui se montrent le plus Souvent pendant le premier été, et qui prennent naissance sur le pivot ou Sur la portion souterraine de l'axe hypocotylé. Quand le pivot est très grèle, ces bourgeons ne se montrent pas la première année. Les plus forts de ces bourgeons adventifs se développent assez souvent en tiges pendant le premier été, Les pieds ágés ressemblent aux jeunes sous le rapport de leur renouvelle- ment. Toutes les racines ont la facuité de développer des bourgeons adven- tifs, d'où proviennent des jets qui s'étendent en terre, soit horizontalement, Soit verticalement. Les axes souterrains ont à l'aisselle de leurs feuilles des bourgeons qui se développent en pousses aériennes, sur lesquelles naissent 528 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des racines adventives qui produisent à leur tour des bourgeons. Les racines, ainsi que les axes souterrains, durent longtemps, acquièrent la grosseur d'un tuyau de plume et se lignifient enfin. Les bourgeons adventifs se montrent les uns à côté des autres, développés à des degrés tellement divers qu'on en voit de trèspetits à côté d’autres qui ont produit des tiges floriferes. Ils paraissent correspondre le plus souvent au bout d'un rayon médullaire. Avant de percer le parenchyme cortical ils forment déjà plusieurs feuilles. Après s'être fait jour ils donnent rapidement des pousses blanches qui n'ont que des écailles sur leur portion souterraine. M. Irmisch montre que les floristes modernes sont restés en arrière même de Tragus dans la description des parties souterraines de nos Lise- rons. Il n'a pas eu occasion d'observer sur le frais celles des autres espèces vivaces de Convolvulus de l'Allemagne. Il fait suivre cette premiere portion de son mémoire de l'exposé de ses observations sur les axes hy pocot ylés qui produisent des bourgeons adventifs dans un grand nombre de Phanéro- games herbacées. Il suit dans cette énumération la série des familles telle qu'elle est présentée dans le Synopsis de Koch. Comme il joint à ses propres observations celles qui ont été déjà publiées par d'autres auteurs, cette portion de son travail prend beaucoup de développement et n'oecupe pas moins de 30 colonnes de l'édition très compacte du Botanische Zeitung. On sent dés lors qu'il nous serait impossible d'en présenter ici une analyse qui ne dépassát pas de beaucoup les limites imposées aux articles de cette Revue bibliographique, et nous la passerons forcément sous silence malgre son intérêt incontestable. Der kunstlich erzogene Bastard zwischen Ægilops ovata und Triticum vulgare (L'hybride obtenu artificielle- ment entre l'Kgilops ovata ef le Triticum vulgare); par M. Ed. Regel (Gartenflora, cahier de juin 1857, pp. 163-168, plan. 197). Dans eette note M. Regel rend compte des résultats heureux qu'il a obte- nus dans ses essais pour obtenir un hybride de l'Ægilops ovata fécondé par le Froment, Dans l'été de 1855, il avait recommencé à Zurich ses tenta- tives de fécondation de la première de ces plantes par la dernière, bien entendu après castration opérée de bonne heure. Les graines qu'il a obte- nues ont. été semées par lui en automne, en méme temps que du Blé, et, à sa grande satisfaction, il en a vu naitre un hybride. ` Il n'y a rien eu qui ressemblát à un passage graduel de Æ gifops an Froment. L'hybride s'est trouvé immédiatement intermédiaire entre les deux ; il a formé l^ Egilops triticoides, « Or, dit l'auteur, les changements de forme subis par l'ZZgilops sont tels que, si je n'avais pas fait moi- méme l'expérience, j'aurais eu peine à croire que l'hybride que j'avais SOUS REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 599 les yeux provint de graines de lÆ. ovata » Ses tiges, beaucoup plus robustes que celles de cette plante, un peu couchées à leur base, s'élèvent ensuite de 50 à 65 centimètres, et elles portent un épi long de plus de 5 centimètres, qui ressemble beaucoup plus à celui du Froment qu'à celui de l'Æ'gilops. « Comme dans tous les eas que j'ai observés jusqu'à ce jour, dans lesquels un hybride s'est produit entre deux genres, iei l'hybride res- semble complétement au père pour les caractères qui distinguent le genre. Dès lors les graines de l’Ægilops ovata, obtenues par une fécondation croisée avec le Froment, ont produit un vrai Triticum. » L'organisation des fleurs de cet hybride ne rappelle l'ZZ/gilops que dans quelques particularités. L'auteur les décrit et les figure. D'un autre côté, les organes végétatifs ressemblent davantage à ceux dela mère. M. Regel se demande si les formes de passage entre V Ægilops etle Tri- ticum, que M. Fabre a décrites, sont des retours de l'hybride aux types maternel et paternel, ou si elles sont les produits de nouvelles féeondations de l'hybride par le pollen de l'une ou l'autre de ces deux plantes. 1l pense que l'hybride donnant de bon pollen peut se féconder lui-même et conser- Ver ses caracteres essentiels dans toutes les générations suivantes; mais que des formes intermédiaires entre cet hybride et ses parents peuvent provenir de la fécondation de celui-ci par le pollen d'un de ces derniers. A défaut de preuves positives, il cite un exemple fourni par les Calcéolaires. Il combat l'opinion de M. Kiotzsch, selon laquelle tout hybride de deux bonnes espèces ne donnerait pas de bon pollen. D'après l'examen qu'il a fait des étamines de l'Ægilops triticoides produit artificiellement, les anthères con- tienneut surtout du pollen stérile, mais aussi du pollen parfaitement con- formé, qui ne donne pas de tube pollinique dans l'eau. Il dit que l'expé- rienee pourra seule apprendre si ce dernier pollen est fertile ou non. Il a lui-même commencé des expériences dans le but de s'éelairer à ce sujet. Les figures données par M. Regel reproduisent comparativement les détails des fleurs de l A gilops ovata, du Triticum vulgare et de ! Æ'gilops triticoides, Rhizidium Conferveæ glomeratæ ; par M. Cienkowski (Botan, Zeit., n° 4h, 3 avril 1857, col. 233-237 ; pl. v. A, fig. 1-6). | Le Rhizidium dont il est question dans cette note vit dans les articles du lon ferva glomerata. A l'état adulte il forme une vésicule en bouteille, dont le Corps globuleux (0,01-0,023"" de diam.) s'allonge vers l'extérieur en col dirigé perpendiculairement sur la paroi cellulaire de la plante nourri- ciere et s'y enfonce plus ou moins ou la traverse même, A l'extrémité op- posee à ce eol se trouvent un ou plusieurs filaments trés gréles et rameux i constituent le myeelium. Les zoospores se forment dans la vésicule de T. ty. 2^ 530 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méme que dans tous les CAytridium. D'abord le contenu de celle-ci pré- sente une vacuole claire, dans laquelle on voit un et ensuite plusieurs gra- nules. Plus tard la vacuole disparait et la vésicule se montre remplie de granules, autour de chaeun desquels se forme ensuite une bordure claire.— Pour leur sortie ces zoospores ne sont pas en mouvement tumultueux, mais la plus voisine du col s'y introduit et y glisse comme une goutte d'huile; une autre la suit, et ainsi de suite. Arrivée à l'orifice du col chacune d'elles se gonfle en gouttelette mucilagineuse irrégulière entrainant le granule net- tement circonserit. Elle reste un moment tranquille jusqu'à ce que soit sorti le filament allongé ou cil qui la termine en maniere de queue et qu'on voit trés bien sans iode. Ces zoospores ont de 0,003 à 0,005 de millim. en dia- mètre. Devenues libres elles ont un mouvement saccadé, rapide et elles trai- pent leur eil aprés elles. M. Cienkowski s'est surtout attaché à reconnaitre comment ces zoospores pénètrent dans la Conferve pour y produire le parasite. Il les a vues d'abord s'attacher aux parois de celle-ci, leur granule dirigé du côté extérieur; le cila disparu sans qu'on ait pu voir comment. Une heure et demie ou deux heures apres qu'elles se sont fixées, au-dessous de leur point d'adhérence, dans l'intérieur de la Conferve, s'est montrée une tache mucilagineuse ter- minée en pointe, qui a bientôt grossi. Le granule de la zoospore s'est alors porté vers la paroi externe de la Conferve; il a diminué, et peu après on en a vu une portion dans la tache mucilagineuse intérieure, tandis que l'autre portion se trouvait dans la zoospore encore fixée. La portion intérieure s'est gonflée et son contour s'est arrêté, tandis que celui de la zoospore fixée s'est effacé peu à peu, et ainsi s'est opérée lentement la germination du para- site à travers la paroi dela Conferve. — Le mycelium se développe aussitót après la pénétr uion de la zoospore; pour cela il se forme une pointe qui se ramifie en filaments trés fins. Cette formation du mycelium est trés rapide, tandis que la pénétration de la zoospore dure de 2 à 3 heures. — Dans la suite de la germination le eranule de la zoospore se transporte près du point d'attache du mycelium. Quelquefois la pénétration n'a lieu qu'à moitié ; alors le développement du Rhizidium se continue, mais il ne fructifie pâs- Substance of a course of lectures on marine Algæ (Asume d'une suite de leçons sur les Algues marines) ; par M. Will. Henry Har- vey (10% annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Ins- titution ; Washington , 1856, pp. 87-130). Umi pra , et Ce mémoire a beaucoup d'intérêt oomme présentant le tableau comple de l'histoire générale des Algues marines tracé par l'un des botanistes qu! à notre époque, ont fait de ces végétaux l'objet des études les plus spéciale ; ; ' le et les plus approfondies. Il est divisé en plusieurs paragraphes, dont REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 531 premier forme une sorte d'introduction destinée à montrer les principales variations de structure qu'on observe dans l'ensemble du vaste groupe des Algues. Les autres paragraphes traitent successivement de la racine, de la fronde, dela couleur, de la fructification, des mouvements, de l'habitat, de la distribution géographique, de la flore algologique que possèdent les côtes orientales de l'Amérique du nord, de la récolte et de la conservation des échantillons d'Algues marines, des usages de ces plantes. Ce dernier sujet est traité avec beaucoup de développements. Il est absolument impos- sible d'analyser un écrit de ce genre ; aussi nous contentons-nous forcément d'en signaler l'existence aux lecteurs du Bulletin. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Bemerkungen über kritische Pflanzen der Mediterran- flora (Remarques sur des plantes critiques de la flore méditerranéenne) : par M. Willkomm (Botan. Zeit., n° 43, 27 mars 1857, col. 212-220). Àu commencement de son mémoire, M. Willkomm dit qu'il se propose de publier successivement une suite d'observations sur des plantes de la région méditerranéenne. L'article par lequel il commence cette série de publications est relatif au genre Nepeta. 11 en étudie 5 espèces, dont la dis- tinction est facilitée par le tableau synoptique suivant : A. Corollæ albæ vel carneæ rubro-punctatæ, a. Cymæ mullifleræ, Calyx sub anthesi 2 1/2 lin. longus; corolla 5-6 lin. longa, valde barbata. Nepeta Nepetella L. et Koch. b. Cymae paucifloræ. Calyx 3 3/4-h lin. longus: corolla 7-8 lin. longa, glabriuscula. W., aragonensis Lamk. B. Corollæ tubus pallidus, labia eyanea vel azurea. | a. Folia floralia, bracteæ dentesq. ealvcini acuti. Corollæ tubus leviter lüeurvus parum exsertus, labia valde barbata. Indumentum lanatam. N. amethystina Desf. b. Folia floralia, braeteze dentesq. calyeini longe aeutati v. euspidati. Corolla tubus valde exsertus. Indumentum tomentosum. Y Calyx Sub anthesi 2 1/2 lin. longus. Corollæ 5 lin. lo ga tubus rectus. Í "Iurcica Guirao. " Calyx 3-3 4/2 lin. longus. Corollæ 6-7 lin. longe tubus eurvatus. N. nssieri Willk. 14° Pour le Nepeta Nepetella L., ou plutôt Koch (Synopsis, edit. H, p. 646), M. Willkomm distingue 2 variétés, dont voici la synonymie. a Cordifolia (N. Nepetella B humilis Benth., in Prod., NI, p. 383 Tex parte, V. angustifolia Vahl, Symb.! N. Nepetella L., Cod., n" 4172 !? | 8 Lanceolata Lamk., Æneye. N. Nepetella x et 6 Benth., /.r., ex parte, XCeptis synon, 532 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2» Le Nepeta aragonensis Lamk., propre aux Pyrénées centrales et aux parties montagneuses du Haut-Aragon, a été réuni à tort à l’espèce précé- dente par M. Bentham et par Koch. Il s'en distingue au premier coup- d'œil par ses feuilles vertes, presque entierement glabres, particulièrement par ses grandes fleurs peu velues et par ses calices allongés, relevés de fortes cótes et pourvus de nombreuses glandes. 3° Dans le JVepeta amethystina Desf., M. Wilkomm distingue 2 variétés : a Genuina ; des parties chaudes, surtout calcaires de l'Espagne sud-est. B Alpina ; de la région alpine dans le royaume de Murcie. Celle-ci fleurit en juillet ; la première en avril et mai. he Nepeta murcica Guirao in Litt. Des montagnes du sud-est de l'Espagne, à une hauteur de 1300 à 1600 mètres. — Il fleurit de mai à juillet. Un caractère tres saillant de cette espèce consiste dans le tube de sa corolle droit, très saillant, extrêmement grêle. 5° Dans le Nepeta Boissieri Willk., inéd., l'auteur distingue une variété a crenata et une GB laciniata. Celle-ci a pour synonymes : N. Nepetella Boiss., Voy., non L. nec Koch. ; N. Nepetella var. foliis inciso-sinuatis Kunze in Willk., Pl. hisp. exs. 48545, n° 305 et in Flora Ratisb., 1846, p. 673! — Cette plante croit dans les parties montagneuses et alpines du royaume de Grenade, de 1300 à 2300 mètres de hauteur. Diagnoses plantarum orientalium novarum; auctore E. Boissier, in-8°, de 1842 à 1858; Genève, Leipzig, Paris. L'ouvrage important auquel M. Boissier a donné ce titre modeste est déjà en cours de publication depuis l'année 1842, et il est difficile de dire à quelle époque il sera terminé, tant sont riches et peu connues encore les contrées qui fournissent au savant et laborieux botaniste génevois les élé- ments de son travail. Dansle cours des 15 années qui se sont écoulées depuis qu'il a commencé de paraitre, il en a été publié 17 cahiers, qui ont chacun une pagination distincte et séparée, dont les 13 premiers forment deux volumes et la première série, dont les 4 derniers appartiennent à Une deuxième série. Ses diagnoses, ou plutôt ses descriptions abrégées, ne se rattachant à aucun autre ordre qu'à celui de la série des familles, M. Boissier a parcourt déjà plusieurs fois cette série entière pour la recommencer chaque fois que de nouveaux matériaux le lui ont permis. Ainsi, les 5 premiers cahiers, publiés de 1842 à 4844 inclusivement, comprennent la suite des familles des Thalamiflores aux Monocotylédons. Cette suite est reprise une premiere fois dans les cahiers 6 et 7, publiés en 1845 et 1846 ; une seconde fois dans les cahiers 8, 9, 10, 11, 42 et 13, dont la publication a eu lieu de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 533 1849 à 1854; une troisième fois dans les cahiers 4, 2 et 3 de la deuxième série, dont le premier a paru en 1854, tandis que les deux autres portent la date de 1856, et qu'un quatrième est annoncé comme devant paraitre plus tard ; enfin, elle recommence pour la cinquième fois dans le cinquième cahier de la seconde série, qui porte encore la date de 1856. En terminant la première série avec la treizième livraison, M. Boissier l'a complétée par la publication d'une table générale, sans laquelle les recherches dans son ouvrage étaient extrémement difficiles. Nous ne craignons pas de lui dire qu'il rendrait un véritable service aux botanistes en donnantde méme avec le quatrième fascicule, par lequel il complétera la revue des familles, une table générale pour les 4 premiers cahiers de la seconde série, et en ajoutant ensuite à chaque fascicule au moins pour les genres une table, qui pourrait n'étre que provisoire, mais qui aurait l'avantage d'abréger beaucoup les re- cherches, et par suite d'épargner le temps, ce précieux élément de travail, auquel nul autre ne peut suppléer. Il y aurait un intérêt réel à faire le relevé du nombre considérable d'espèces nouvelles, méme de genres nouveaux, dont l'ouvrage de M. Bois- sier renferme la description. Mais la publication des 14 premiers fasci- cules a eu lieu à une époque jusqu'à laquelle ne peuvent remonter les analyses de ce Bulletin. Nous n'aurons done à nous occuper ici que des cahiers 2, 3 et 5 de la seconde série, qui portent tous les trois la date de 1856. Le n? 2 renferme, en 125 pages, la suite des familles, des Légumi- neuses aux Dipsacées inclusivement ; le n° 2 s'étend, en 177 pages, des Composées aux Serofulariacées; la fin des Dicotylédons et les Monocoty- lédons sont réservés pour le quatriéme fascicule non publié; enfin, dans le Cinquième cahier, qui a 118 pages, l'auteur a parcouru de nouveau la série des familles, des Renoneulacées aux Composées inclusivement. Le deuxième fascicule renferme les diagnoses de 175 espèces nouvelles et de quelques variétés nouvelles de plantes déjà décrites. Ces plantes se répartissent dans les familles suivantes : Légumineuses, 62 espèces ; Rosa- Cées, 11; Onagrariées, 5; Lythrariées, 4; Tamariseinées, 4; Cucurbita- cées, 4 ; Crassulacées, 7 ; Saxifragacées, 13 ; Ombelliferes, 46 ; Caprifolia- cées, 1 ; Rubiacées, 13; Valérianées, 6 ; Dipsacées, 5. Trois genres sont Proposés comme nouveaux parmi les Ombellifères, sous les noms de : Am- "ipsis (p. 96), Huetia (p. 103), Pyramidoptera (p. 106). Le troisième fascicule contient 247 diagnoses d'espèces nouvelles, savoir: Composées, 447, dont A8 Corymbifères, 72 Cynarées, 27 Chicoracées ; Campanulacées, 15 ; Éricacées, 1 ; Primulacées, 1 ; Oléacées, 1 ; Asclépia- dées, 1 ; Gentianées, 1 ; Convolvulacées, 6 ; Cuscutacées, 6 ; Borraginées, 16; Gesnéracées, 1 ; Scrofulariacées, 51. On n'y trouve pas de genre nouveau. Dans le cinquième fascicule sont caractérisées 169 espèces nouvelles 534 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. réparties dans les familles suivantes : Renonculacées, 12 ; Papavéracées, 4 ; Fumariacées, 1 ; Crucifères, 46; Violariées, 2; Polygalées, 2; Silé- nées, 11 ; Alsinées, 7 ; Scléranthées, 1 ; Linées, 2 ; Malvacées, 3 ; Hypéri- cacées, 4; Acérinées, 4 ; Rbamnées, 3; Légumineuses, 303 Rosacées, 3; Ombelliferes, 12; Rubiacées. 2; Dipsacées, 2; Composées, 18. Trois genres y sont établis et caractérisés comme nouveaux : le premier parmi les Seléranthées, sous le nom de Thurya Boiss. et Balansa (p. 65), pour une plante récoltée par M. Balansa, dans le Taurus, laquelle a recu le nom de T. capitata Bois. et Bal. dans les Exsiccata de M. Balansa pour 1856; le deuxieme, parmi les Légumineuses, sous le nom de Glycyrrhizopsis Bois. et Bal. (p. 81), pour la plante déjà décrite par M. Boissier, dans le sixième cahier de ses Diagnoses (p. 33), sous le nom de Glycyrrhiza flaves- cens ; le troisième, parmi les Composées, sous le nom de Derouetia Bois. et Bal. (p. 114), pour le Crepis robertioides Bois., qui devient le D. rober- tioides Bois., et pour le Derouetia robertioides, Bal., pl. exs. Anat. 1855, qui devient aujourd'hui le D. frigida Bois. et Bal. Toutes les espèces qui figurent daus l'ouvrage de M. Boissier sont carat- térisées par une diagnose développée, ou plutót par une courte description suivie de l'indication des localités, et d'observations pouvant compléter la description de la plante, notamment des dimensions de ses parties les plus importantes, de remarques sur les différences et ressemblances avec les espèces voisines, etc. Report of Doctor John Wright, Botanist of the geological survey (Rapport du docteur J. Wright, botaniste de l'exploration géologique). (Transactions of the Michigan state agricultural Society, VII; 1856, p. 396-423.) Le docteur Wright, attaché comme botaniste à l'exploration géologique de l'État du Michigan, fait connaitre dans ce rapport les résultats des recherches qu'il a faites jusqu'à ce jour relativement a la flore des comtés méridionaux de cet État, depuis la rivière Détroit jusqu'au lae Michigan, à l'exception de celui de Monroe, ainsi qu'a celle du comté de Saint-Clair. Il donne une idée des collections botaniques qu'il y a faites, dans les- quelles chaque espèce est représentée par 47 échantillons complets, COD- formément au programme qui lui a été tracé; enfin, il donne le catalogue pur et simple, sans indication de localités, de toutes les espèces de plantes vasculaires dont il a pu constater l'existence dans l'Etat du Michigan. Les nombreuses observations qu'ila réunies sur ces plantes seront publiées par lui lorsqu'il aura terminé l'exploration botanique du Michigan tout entier. Le catalogue publié par M. Wright comprend 850 espèces phanérogames et Fougères rangées par ordre alphabétique, indiquées uniquement par leur nom latin et par un nom anglais. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 535 Generis Anselliæ Lindi. Monographia; auctore H. G. Reichen- bach fil. (Bonplandia du 15 mai 1857, n° 134-135). Le genre d'Orehidées que M. Lindley a établi sous le nom d'Ansellia (Bot. Heg. XXX, 1842 sub 12) ne comprenait encore qu'une espèce, PA. africana Lindl., magnifique plante, très répandue dans les serres, qui a été découverte par M. Ansell dans l'ile de Fernando Po, vivant en épi- phyte sur l Elæis guineensis. Tout récemment M. Hooker a signalé comme une variété de cette espèce une plante trouvée à Natal par M. Guenzius, à laquelle il a donné le nom d'A. africana natalensis. Cette plante est élevée par M. Reichenbach fils au rang d'espèce, sous le nom d'A. gigantea. La monographie du genre Ansellia contient done la description de 2 espèces : l° A. africana Lindl.; 2° A. gigantea Rchbe. fil. Nous reproduisons la dia- gnose de cette derniere espèce. Ansellia gigantea Rehbe. fil., in Linnea, XX, p. 673 : labelli lobis late- ralibus in lobum medium ineumbentibus, carinis geminis postice contiguis, antice divergentibus interjeeta earina tertia, omnibus erenulatis, verrucis cireumstantibus nullis, buceis gynostemii parvis minute crenulatis. (Ansel - lia africana var. B natalensis Hook., Bot. Mag., 1857, tab. 1965, fig. 3) b. var. citrina : omnino flaviflora, labio pulehre citrino aurantiaco. Le type de cette espèce a le port de l'A. africana, avec des feuilles ordi- nairement plus étroites. Son inflorescence est tantôt beaucoup plus déve- loppée que les plus grandes de cette espèce, tantôt, au contraire, elle reste Petite. Ses fleurs sont d’un jaune-citron pâle, tachées de brun, avee le labelle coloré en beau jaune-eitron. Synopsis of british scawceds compiled from profes- sor Harveys Phycologia britannica (Synopsis des Al- gues de la Grande-Bretagne, extrait du Phycologia britannica du pro- fesseur Harvey). | in-A8 de viu et 219 pages. Londres, 1857. Chez Lovell Reeve, Dans une courte préface, mise par lui en tête de ce volume, M. Harvey nous apprend que l'éditeur de son grand ouvrage intitulé PAycologia bri- fannica a eu l'idée, heureuse selon nous, de réimprimer en un volume peu Coüteux et sous une forme plus condensée le texte de ce beau livre que son Prix élevé met hors de la portée de la majorité des botanistes. M. Harvey à revu toutes les épreuves de ce Synopsis et il a indiqué quelques change- ments qu'il eroyait avantageux d'y faire. On a du reste conservé dans ce résumé du Phycologia britannica la classification adoptee par M. Harvey, bien que le savant algologue anglais soit aujourd hui disposé à y apporter d'importantes modifications ; mais c'est seulement dans les ouvrages qu'il Se propose de publier ultérieurement qu'il lui sera possible d'apporter à son 536 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. premier arrangement. des Algues les changements qui lui semblent néces- saires. Le Phycologia britannica est un ouvrage déjà terminé depuis quelques années et parfaitement connu de tous les botanistes. Le Synopsis, qui n'en est que la réduction, ne peut done nous occuper plus longuement ici pour ce double motif; mais nous avons eru devoir en faire connaitre la publica- tion parce que les Synopsis des ouvrages qui, par suite de leur prix extrémement élevé, sont peu abordables pour la majorité de ceux qui cul- tivent la science, nous semblent rendre de grands services et mériter dès lors d’être signalés à la généralité des botanistes auxquels ils fornissent de précieux moyens de travail. Le Synopsis du PAycologia britannica est accompagné d'un atlas de figu- res réduites d'aprés les planches originales de ce livre. Dans un appendice de quatre pages, M. Harvey a présenté : 1° le ta- bleau de la classification des Rhodospermées, par M. Agardh ; 2° une liste d'espèces découvertes dans les mers de la Grande-Bretagne depuis la publi- cation du Phycoloqia; 3° une liste de synonymes pour des espèces de Rhodospermées rapportées aujourd'hui à des genres autres que ceux aux- quels elles avaient été rattachées dans ce grand ouvrage. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Asie mineure. Description physique, statistique et archéologique de cette contrée, par M. P. de Tchihatcheff. — 2° partie : Climatologie et zoologie. 1 vol. gr. in-8 de xix et 842 pages, avec 4 planches. Paris, 1856. Chez Gide et J. Baudry. Ce volume du grand ouvrage de M. de Tchihatcheff sur l'Asie mineure, étant spécialement consacré à la climatologie et à la zoologie, sortirait par cela méme du cadre des matiéres auxquelles il est permis de donner place dans ce Bulletin, si son auteur n’y avait inséré un chapitre important de géographie botanique. Ce chapitre (chap. vnr. p. 233-364), qui a pour titre: Limites des neiges perpétuelles ct de la végétation arborescente, a un intérêt d'autant plus grand que les vastes contrées qui en ont fourni le sujet sont restées à peu prés inconnues jusqu'à ce jour quant à la répartition géographique des nombreuses espèces végétales qui les peuplent. Nous essaie- rons donc d'en présenter une analyse succincte. Le premier paragraphe de ce chapitre est relatif à la détermination des limites des neiges perpétuelles. Les études de M. de Tehihatcheff sur ce sujet portent particulierement sur le mont Ar gée, sur lequel ses observations lui ont montré la limite des neiges perpétuelles beaucoup plus élevée (3400 mètres) qu'en. Europe et en Amérique, mais, en moyenne, moins élevée que dans l'Asie centrale, Généralement cette limite va en s'élevant REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 537 de l'ouest à l'est de l'Asie, ce qui indique une progression dans le méme sens de la sécheresse de l'air ; et ce résultat remarquable est confirmé par l'observation des limites supérieures de la végétation. Le second paragraphe du méme chapitre (p. 295-364) est relatif aux Limites supérieures des végétations arborescente et frutescente. Pour l'écrire l'auteur a dù se baser presque uniquement sur les observations qu'il a faites lui-même en explorant le mont Argée ; il a pu seulement y rattacher quel- ques faits constatés par un petit nombre de voyageurs sur le mont Olympe et sur quelques massifs de l'Arménie. Sur l'Olympe, la limite supérieure de la végétation arborescente, fixée par M. Grisebach à 1494 mètres, est remarquablement basse, puisque sur beau- coup de montagnes de l’Europe situées plus au nord, cette végétation atteint une limite beaucoup plus élevée pour des espèces soit plus ou moins ana- logues, soit tout à fait identiques. Au reste, dit M. de Tchihatchetf, la dépression que subit sur l'Olympe la limite supérieure de la végétation arbo- rescente, comparativement aux montagnes de l’Europe, s'étend également à celles de la Roumélie, ainsi que l'a reconnu encore M. Grisebach. Sur l'Olympe, comme dans la Roumélie, cette limite est déterminée par l’ Abies pectinata DC. Surle mont Argée il n'existe point de végétation qu'on puisse appeler arborescente, puisque tous les végétaux à tige ligneuse qui s'y trouvent sont réduits à l'état de buissons. Cette végétation ligneuse s'y élève beau- Coup plus haut que sur l'Olympe, puisque le Juniperus nana, qui en déter- mine la limite supérieure, y arrive jusqu'à 2900 metres, la différence de lati- tude entre les deux montagnes n'étant pas méme de 2 degrés, et ne pouvant dés lors expliquer cette différence considérable de 1/406 métres. Néan- moins, cette limite supérieure est encore proportionnellement assez basse, puisque, sous ce rapport, l'Argée peut à peine supporter la comparaison avec plusieurs montagnes de l'Europe. Sur les grands massifs de la Cilicie, ta limite s'éléve notablement. Ainsi, dans le Boulgardagh, sur les montagnes qui entourent les Pyles ciliciennes, M. de Tchihatcheff a vu le Cèdre qui la détermine s'arréter à 2111 metres environ, et, sur le versant méridional, arriver à 3000 mètres, altitude con- sidérable qui ferait rivaliser la chaine de la Cilicie avec celle de Grenade, située à peu prés sous la méme latitude. Quant à l'Arménie, la limite de la végétation arborescente s'y élève à peine plus haut que sur les mon- lagnes du continent européen. M. Abich la fixe, pour le mont Alaguez, entre 2273m 7 et 2533",5, et pour le versant S. O. de l'Ararat, à 2600 mètres. Aprés ces généralités, M. de Tehihatcheff indique en détail, et espèce Par espèce, les altitudes auxquelles il a observé les arbres et buissons les plus Caractéristiques dans les différentes parties de l'Asie mineure. Cette 538 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. énumération, dans laquelle figurent 111 espèces ou variétés, n'est malheu- reusement pas susceptible d'étre résumée. Elle est suivie d'un examen détaillé des altitudes auxquelles parviennent les principales espèces spon- tanées et eultivées d'un cóté dans l'Asie mineure, de l'autre, et par compa- raison, en Europe. L'auteur s'étend surtout sur la Vigne, pour laquelle il arrive à ce résultat remarquable, que cette espèce précieuse s'élève beau- coup plus haut en Asie qu'en Europe. Or, dit-il avec raison, en Europe, le développement de l’industrie a presque partout pousse la culture des végé- taux jusqu'à leurs limites ext:émes, tandis qu’en Asie l'état. défectueux de toutes les branches de l’agriculture, joint au manque de population, n'ont pas permis d'apprécier l'étendue du domaine assigné par la nature à telle ou telle plante; en sorte que si, malgré cet état de choses, la Vigne s'élève si fréquemment en Asie mineure àdes hauteurs oü elle ne se présente pas en Europe, cette différence entre les deux contrées ne pourra qu'augmenter lorsque l'Asie mineure se trouvera dans les mêmes conditions que l'Europe civilisée, Voici, en résumé, les principales conséquences générales que M. de Tchi- hatcheff déduit de ses recherches sur la limite supérieure de la végétation ligneuse. 4° La limite de la végétation arborescente, beaucoup plus basse qu'en Europe dans l'ouest de l'Asie mineure, devient plus élevée vers l'est de la péninsule, où ellé égale souvent et dépasse quelquefois l'altitude qu'elle atteint sur le continent européen. 2 L'absence complète de végétation arborescente, remplacée par des buissons rabougris, sur plusieurs hautes montagnes de l'Asie mineure, tient peut être à l'absence de dépôts de neige assez puissants et assez étendus pour abriter les végétaux contre la rigueur du froid. 3* Le Bouleau (Betula alba) parait manquer sur les montagnes de l'Asie mineure proprement dite, ou du moins y être extrêmement rare. M paraît être banni de tout l'espace compris entre l'Arménie orientale et la Rou- mélie, où il devient assez commun. Si, comme le pense M. Alph. de Can- dolle, l'absence de cet arbre tient généralement à la sécheresse, on pourrait tirer de ce fait géographique la conséquence que le climat des montagnes de l'Asie mineure est généralement sec et caractérisé par une température estivale comparativement trés élevée, h^ Cette dernière conclusion est confirmée par l'extréme rareté de l'Epi- céa (Abies excelsa DC.) sur ces montagnes ; tandis que la hauteur considé- rable à laquelle arrive l Abies pectinata sur plusieurs montagnes de l'Asie mineure, hauteur supérieure à celle à laquelle il parvient en Europe, pour- rait faire supposer que la sécheresse de l'air ne doit pourtant pas étre exces- sive sur ces montagnes, et qu'à des hauteurs de 2000 à 3000 mètres, la temperature moyenne de l'hiver n'y est pas inférieure à — hou — 6° C. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 539 5° La présence sur les plateaux élevés de la Cappadoce et de la Lycaonie, de certaines plantes (Alhagi camelorum Fisch., Morina persica, ete.) carac- téristiques de l’Asie centrale, semblerait indiquer une certaine similitude entre les climats de ces diverses contrées. BOTANIQUE APPLIQUÉE. De l'amidon du marron d'Inde, ou des fécules amylacees des végétaux non alimentaires aux points de vue économique, chimique, agricole et technique ; par MM. Ad. Thibierge et Remilly. 2° édition, 1 in-18 de rir et 140 pages, avec A plan. gravées. Paris, 1857, chez Vic- tor Masson, place de lÉeole-de-Médecine. Quoique consacré plus particulièrement au marron d'Inde et à sa fécule, cet ouvrage traite aussi des amidons et des fécules en général. Dans une sorte d'introduction intitulée : Préliminaire, les deux auteurs s'attachent à faire ressortir l'importance de la question qu'ils se proposent de traiter, et, pour cela, ils montrent qu'il y a déficit dans la production, en France, des céréales et de la Pomme de terre. Ils cherchent à montrer que de nouvelles cultures ou l'utilisation de plantes aujourd'hui négligées, pourront seules combler ce regrettable déficit. Dans le premier chapitre ils examinent quelle est la quantité de fecules amylacées soustraite à l'alimentation par l'industrie, et quels sont les États de l'Europe les plus intéressés à trouver des végétaux non alimentaires propres à fournir aux arts industriels les matières féculentes qu'ils em- ploient. Sous le premier rapport, ils trouvent que l'industrie absorbe en un an, dans notre pays, 8,745,420 hectolitres de matières alimentaires, repré- sentant un capital de 29,277,891 franes. Sous le second, ils cherchent à prouver que la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Prusse, la Suisse, la Toscane, l'Espagne et le Portugal, sont surtout inté- ressés à trouver des substances féculentes non alimentaires, propres à fournir à l'industrie l'amidon qu'elle prend dans les subsistanees publiques, Puisque ces états sont obligés de faire venir du dehors une quantité plus ou moins considérable de céréales pour leur consommation alimentaire. Le second chapitre a pour objet l'examen des principaux caractères des fécules amylacés et l'indication des végétaux alimentaires féculents, savoir : les céréales, la Pomme de terre, les Légumineuses dont les graines con- Stituent nos légumes secs, le Chátaignier, la Patate et les Ignames ; enfin, les plantes qui fournissent les fécules exotiques. — Le troisième chapitre contient l'exposé des procédés d'extraction de l'amidon et de la fécule, ainsi que des usages industriels de ces matières. — Le quatrième Chapitre est relatif aux végétaux non alimentaires féculents, aux caractères et à l'extraction de leur fécule amylacée. Ici les deux auteurs distinguent 540 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'abord les végétaux qui ont été indiqués par divers auteurs comme pou- vant devenirjalimentaires, et sur lesquels cependant il ne semble guère pos- sible de baser des espérances, au moins pour le moment; ils insistent en- suite davantage sur les végétaux féculents non alimentaires qui leur parais- sent capables de fournir avec avantage, et dans un avenir prochain, les matières amylacées que l’industrie consomme. Parmi ces derniers ils for- ment une première catégorie pour les espèces qui pourraient, à la rigueur, être utilisées dans des circonstances extrêmes, comme la Bryone, le Gouet, le Colchique, le Chêne ; ils en établissent "une seconde pour celles aux quelles l'industrie devrait demander l'amidon et la fécule qui lui sont néces- saires, savoir : le Trapa natans et le Marronnier d'Inde. Ils examinent en détail les différentes plantes de la première catégorie. Ils consacrent le cin- quieme chapitre au Trapa natans et à l'utilisation des étangs par la culture de cette plante. Enfin, ils traitent du Marronnier d'Inde et de sa graine dans lesixieme chapitre, qui forme, à proprement parler, le corps de leur ouvrage. Ils examinent successivement : 4° le Marronnier d'Inde au point de vue de ses caractères, de sa culture, de son exploitation, etc. ; 2° le marron, relativement à sa récolte et sa conservation, à sa composition, aux différents procédés qui ont été proposés pour en obtenir la fécule, etc. Sous ce dernier rapport, ils regardent comme la méthode la plus avantageuse celle qui consiste dans une décortication de la graine fraiche ou macérée, suivie d'un rápage etd'un simple lavage à l'eau. Ils apprécient les conditions économiques de cette fabrication, et ils arrivent à cette conclusion défini- tive que les marrons d'Inde donneront certainement un amidon semblable à l'amidon de blé à un prix moindre quecelui dela fécule de Pomme de terre, celui-ci étant estimé à 70 francs les 100 kilogrammes, par M. Payen, d'aprés l'exploitation de M. Dailly; enfin, les deux auteurs s'occupent des usages industriels de cet amidon, qui seraient les mémes que ceux de l'ami- don et de la féeule ordinaires, des usages industriels dela pulpe de marrons d'Inde, des applications raisonnables du marron d' [nde à l'alimentation, etc. L'ouvrage est terminé par un résumé et des conclusions exprimécs el A0 propositions, par une table bibliographique et par une table des matieres. Quant aux 4 planches gravées qui l'accompagnent, elles représentent les différentes fécules, au nombre de 46, dont ila été question dans le texte. Notes on some edible and useful australian plants (Notes sur quelques plantes comestibles et utiles de l'Australie); par M. Carl Wilhelmi, (Hooker's Journal of botany, cah. de septembre, pp. 265- 267.) | Les données consignées dans cette lettre de M. Wilhelmi à l'éditeur du journal l'Argus, de Melbourne, ont été recueillies pendant un Voyage au REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 milieu des montagnes de l'Australie, auxquelles on a donné les noms de Grampians, Vietoria et Pyrénées, En voici le résumé : Le Kennedya prostrata, jolie Légumineuse trainante, sert de thé aux peuplades qui habitent les monts Victoria. Sa décoction a un goût trés agréable. On l'emploie soit fraiche, soit séche. Les indigenes roulent la plante en sortes de pelotes, qu'ils mettent ensuite dans l'eau bouillante, et ils laissent bouillir pendant deux ou trois minutes. Les feuilles de l’ Acacia myrtifolia sont employées en guise de Houblon, et dans d'autres localités elles sont remplacées par celles du Daviesia lati- folia. Les Drosera ont été reconnus vénéneux pour les moutons. Le Gompholo- bium uncinatum est aussi trés nuisible à ces animaux. Les graines de tous les Acacia servent d'aliment aux indigènes, qui en font grand cas, et qui les nomment /Vundo. Ils les font cuire sur de la cendre chaude ; cette cuisson les fait doubler de grosseur. Ils cuisent aussi sur de la cendre chaude les racines du Scorzonera Lawrencii et celles de quelques Géraniacées. M. Wilhelmi dit que le goût en est agréable. Ils mangent cuites avec de la chair de Kanguroo les feuilles de deux Mesembryanthemnm. Le Nitraria Billardieri, arbuste abondant sur les Coliines voisines de la mer à Port Lincoln, produit un fruit de la grosseur et de la forme d'une olive, rouge, de saveur fort agréable et extrémement rafraichissant, dont les naturels sont très friands. La principale nourriture de certaines peuplades est la racine du Typha Shuttleworthii, qu'ils nomment Gortong. Ils la cuisent dans un trou creusé cn terre, Elle renferme une forte proportion de fécule, Ils cuisent sur des cendres chaudes l'écorce de la racine du Santalum persicarium, qui n'a pas de saveur, mais qui est trés nourrissante. M. Wilhelmi dit être convaincu que la flore de l'Australie comprend une aussi forte proportion de végétaux utiles que celle d'aucune autre partie du globe, et qu'il serait à désirer queles botanistes s'occupassent à l'econnaitré les ressources qu'elle peut fournir à ces contrées. SOCIÉTÉS SAVANTES. M. Ch. Fritsch a présenté à l'Académie des sciences de Vienne, le 25 juin dernier, un grand mémoire sur la détermination des lois d'aprés les- quelles la température de l'air agit sur les phases de l'accroissement des plantes, en tenant compte également de l'influence de l'insolation et de l'hu- midité, Ces deux dernières influences avaient été généralement négligées jusqu'à ce jour, et les formules qu'on avait proposées étaient basées presque exclusivement sur la température de l'air. L'objet principal du travail de 542 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Fritsch est de reconnaitre, parmi ces formules, celle qui mérite la pré- férence sur les autres. Réaumur, Cotte et M. Boussingault ont regardé comme constante la simple somme des températures que la plante exige pour fleurir, mürir son fruit, ete. M. Quetelet y a substitué la somme des carrés des températures moyennes diurnes pour l'espace de temps qu'on a à considérer, MM. de Gas- parin et Babinet retranchent, pour chaque espèce végétale, des tempéra- tures diurnes, la température à elle propre à laquelle l'action commence à se produire ; mais tandis que le premier se contente d'additionner les tem- pératures diurnes ainsi diminuées, le second multiplie le carré du nombre de jours par leur température moyenne. M. Fritsch a eru, de son côté, devoir tenir pour constante Ja simple somme des températures indiquées par le thermomètre mouillé (1). Voici les résultats des essais des différentes formules qui ont été faits par M. Fritsch : 4° Les petites erreurs, com- prises entre les limites nécessaires pour la certitude des observations, sont les plus nombreuses avec toutes les formules ; les erreurs considérables, bien qu'étant seulement isolées, ne résultent que des formules de MM. de Gasparin et Babinet ; 2° pour toutes les formules, une bonne moitié des erreurs, entre les limites des erreurs d'observation, égalent =Œ trois jours. Dans la plupart des cas la formule de M. Quetelet donne les erreurs les plus faibles ; 3° la somme des erreurs est la plus faible avec la formule de M. Boussingault et celle de M. Fritsch ; elle est la plus grande avec celles de MM. de Gasparin et Babinet, On a donc à choisir entre les formules de MM. Quetelet, Boussingault et Fritsch. Or, la premiere exige des caleuls compliqués ; la dernière suppose des observations psychrométriques qui peuvent rarement être faites avec les soins convenables. L'avantage est done, en définitive, pour la formule de M. Boussingault, qui a été employée la première, et à laquelle ont recours encore aujourd'hui la plupart des per- sonnes qui s'oecupent de climatologie végétale. Elle a d'ailleurs pour elle une grande simplicité qui la rend fort commode. Au mémoire de M. Fritsch est joint un tableau qui indique, pour piu- sieurs centaines d'espèces de plantes, les dates normales exactes de leurs phases d'aceroissement avec les sommes de températures normales qui sont nécessaires pour les déterminer. (1) Nous ferons observer que dans l'analyse du travail de M. Fritsch qui a été publiée par le Bonplandia du 1** août 1857, p. 227, il est question du thermometre mouillé (des nassen Thermometers), tandis que dans le compte-rendu du méme travail fait par le comte Marschall et publié en francais par le journal l'Institut, numéro du 30 septembre, il est parlé du thermomètre non mouillé. Nous suivons ici le texte allemand du Bonplandia., REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 945 NOUVELLES. — Le Journal of botany de M. Hooker annonce, dans son cahier de sep- tembre, que M. Harvey à qui l'on doit déjà l'ouvrage intitulé « The Ge- nera of South African Plants » (Les genres de plantes de l'Afrique aus- trale), publié au cap de Bonne Espérance, eu 1838, se propose de publier une Flore complète de l'extrémité méridionale de l'Afrique, portion du globe remarquable entre toutes par la variété et la spécialité de ses pro- ductions végétales. Aussi le journal anglais invite-t-il tous ceux qui pos- sedent des plantes du Cap à les communiquer à M. Harvey (D* Harvey, professor of botany, Trinity college, Dublin), afin de contribuer à rendre l'ouvrage dont s'occupe ce savant botaniste aussi complet que possible. — Le Botanische Zeitung avait annoncé, dans son numéro du 17 juil- let dernier, que M. Charles Morren venait de mourir et que son fils M. Edouard Morren lui avait succédé comme professeur de botanique et d'agriculture et comme directeur du jardin botanique de l'Université de Liége. Cette nouvelle avait été reproduite par le Bulletin de la So- ciété botanique de France (5* cahier de 1857, p. 432), ainsi que par le Bonplandia. Heureusement elle était sans fondement; en effet, le méme journal allemand, dans son numéro du 28 août dernier, rectitie sa première annonce en se basant sur une lettre écrite le 18 août par M. Ed. Morren qui dit que M. Ch. Morren a été dangereusement malade, mais que son état s'améliore de jour en jour et que déjà sa vie n'est nullement en danger. — Le gouvernement anglais étant sur le point d'envoyer en cadeau à l'empereur du Japon un trés bel yacht à vapeur, M. Hooker a pensé que ce pouvait être une excellente occasion pour faire pénétrer un botaniste Collecteur dans cet empire dont la Flore est encore fort imparfaitement connue. Le savant et zelé directeur de Kew a dès lors présenté aux lords de l'Amirauté un mémoire daus lequel il faisait ressortir les avantages qui résulteraient d'une exploration de l'intérieur de ces iles qui nous ont déjà donné un assez grand nombre de plantes ornementales ou utiles et qui nous en promettent encore bien davantage. Sa demande d'envoi d'un. botaniste à été parfaitement aecueillie; une somme de 800 livres sterling (20,000 fr.) aété allouce pour cet objet, et M. Charles Wilford, qui était attaché de- Puis deux ans à l'herbier de Kew, a été chargé de cette importante entre- prise. Le 2 du mois de mai dernier il s'est embarqué pour Hong-Kong, oü Il séjournera et herborisera jusqu'à ce que le navire envoyé à l'empereur du Japon arrive d'Europe et le prenne à son bord. Il a été méme décidé qu'il aurait la faculté d’aller explorer la côte orientale de la Tartarie qui Sétend entre le détroit de Corée et l'embouchure de l'Amour, pays d'au- tant plus intéressant qu'il est presque entièrement inconnu sous le rapport 5AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. botanique. M. Wilford y sera transporté par le navire de la marine britan- nique l'Actéon, qui est chargé en ce moment de visiter la côte. — Une nouvelle d'un haut intérêt est donnée avec de longs détails dans le Journal of botany de M. Hooker. M. Grisebach, le savant botaniste alle- mand à qui l'on doit la Flore de la Roumélie et beaucoup d'autres éerits importants , désirait publier une Flore des colonies anglaises des Indes- Occidentales; mais il était arrêté dans l'exécution de ce projet par les frais que devait entrainer la publication de cet important ouvrage, frais assez considérables, à ce qu'il parait, pour effrayer les libraires qui n'espéraient pas les couvrir par la seule vente du livre. Toujours désireux de con- tribuer aux progrés d'une science pour laquelle ila tant fait lui-méme, M. W. Hooker a demandé au gouvernement anglais qu’il voulüt bien con- sacrer une somme de 300 livres sterling (7,500 fr.) à l'impression de l'ouvrage de M. Grisebach. Sa demande a été parfaitement accueillie et il a été dé- cidé qu'une Flore des colonies anglaises des [ndes-Occidentales, par le savant allemand, sera publiée en deux volumes in-8° d'environ 500 pages chaeun, aux frais du gouvernement anglais. A ce propos, M. W. Hooker fait observer, avec juste raison, que le gouvernement de la Grande-Bretagne saisit toutes les occasions pour háter les progrès de la botanique en prétant son puissant et généreux appui aux hommes qui font de cette science l'objet de leurs études assidues. — M. Crüger, botaniste allemand que ses études ont fait connaitre avan- tageusement, vient de rentrer en Europe aprés un séjour de seize années dans l'ile de la Trinité. Divers mémoires, publiés depuis quelques annees dans les journaux botaniques de l'Allemagne, ont prouvé que cet habile ob- servateur utilisait fort bien le temps qu'il passait dans un pays remarqua- ble par sa belle végétation tropicale. Mais il n'est pas douteux que, rentre en Europe, il ne publie bientót des travaux plus importauts encore, basés sur ses observations fort nombreuses, à ce qu'il parait, puisque, dit le Bon- plandia , il a fait à la Trinité beaucoup de recherches botaniques. (.… hat dort sehr viel botanisirt). — M. de Schlechtendal annonce dans le Botanische Zeitung du 10 juillet dernier, que la collection d'environ 1200 espèces, formée à Surinam par Kegel, n'ayant pas encore trouvé d'acheteur, est offerte pour le prix de 60 thalers (225 fr.). La détermination de la plupart de ces plantes se trouve dans le Linnæa. On met également en vente un herbier de plus de i000 espèces cultivées, laissé aussi par Kegel et dont le prix est fixé à 20 thalers (75 fr.). — La collection de Lichens de Flotow vient d'être achetée par l'herbier royal de Berlin. Paris, — Imprimerie de L. ManTINET, rue Mignon, 2. SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. La Société, conformément à la décision prise par elle dans sa seance du 13 mars dernier, s'est réunie en session extraordinaire, à Montpellier, le 8 juin. Les autres séances ont eu lieu les 10, 12 et 16 juin. Du 8 au 15 juin, des herborisations et des visites aux élablisse- ments scientifiques ont eu lieu chaque jour, d'aprés le programme arrété dans la première séance (voyez p. 558). Les membres de la Société qui ont pris part à ces diverses réu- nions sont : MM. Barrandon. Boisduval. Boudet. Caron (Ed.). Chatin. Cosson. Cramer. Darracq. Demoget, Derbés. Doumet (E.). Duby. Ducoudray-Bourgault. Duhamel. Durieu de Maisonneuve. Espagne, Forget (E.). Fournier (E.). Fournier (H.). Foville (A, de). Gay (J.). Germain de St-Pierre. Giraudy. T. AV. MM. Grænland. Gros. Guillard. Guillon. Guilloteaux-Vatel. Jaubert (le comte). Jeanbernat. Junquet. Kralik. Lacroix (Fr.). Lagrange. Laporte. Larambergue (H. dc). Leclère. Le Couppey. Lespinasse. Levent. Maillard. Marcellin. Marès (P.). Martin (A.-B.). Martins (Ch.). MM. Martrin - Donos (le comte de). Maugin (A.). Maugin (G.). Morize. Perraudiere (H. de la). Peujade. Planchon (J. -E.). Pommaret (E. de). Sahut. Schoenefeld (W. de). Seynes (J. de). Suckau (E. de). Tchihatchef (P. de). Thibesard. Théveneau. Timbal-Lagrave. Tisseur. Twezkiewicz (D.). Vallon. Vigineix. Zanétides, 35 546 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Environ 150 élèves des Facultés de médecine et des sciences (ainsi que des Écoles de pharmacie) de Paris, Strasbourg, Bordeaux, Tou- louse et Montpellier, se sont joints à la Société. Plusieurs membres de la Société entomologique de France (1), qui tenait aussi une session extraordinaire à Montpellier, ont assisté à quelques-unes des séances. Enfin, un grand nombre de personnes habitant Montpellier ou les environs ont pris part aux divers travaux de la session. Parmi elles nous citerons : MM. BÉCHAMP, professeur à la Faculté de médecine. BÉRARD, doyen de la Faculté de médecine. BÉRARD (Paul). BIMAR (Aug.). BLANC (Paulin), bibliothécaire au Musée-Fabre. BLONDIN, receveur général, BLOUQUIER, juge au Tribunal de commerce. Bouin (Nicolas), contrôleur des contributions indirectes à Cette. BOURDEL, agrégé à la Faculté de médecine. CRASSOUS, commandant de l’École du Génie. CROUZET (Aug.), docteur en médecine, DIRARD, membre de la Société archéologique. Donné (Al.), recteur de l'Académie. DouMET (Napoléon), membre de la Société archéologique, à Cette. Dumas (Isidore), professeur à la Faculté de médecine. DuPRÉ, professeur à la Faculté de médecine. ESTOR, interne à l'hópital Saint-Éloy. FABREGE, propriétaire, à Magueloune. l'AREL (Eug.). FERRIER, avoué, adjoint au maire. GERMAIN, professeur à la Faculté des lettres. GERVAIS (Paul), doyen de la Faculté des sciences. GIRBAL, agrégé à la Faculté de médecine. GORDON (Rich.), docteur en médecine. GUIRAULT. ITIER, directeur des douanes. JACQUEMET, agrégé à la Faculté de médecine. JEANNEL, professeur à la Faculté des lettres. JEANNEL (Julien). LAURENS, secrétaire de la Faculté de médecine. (1) Entre autres, MM. Bellier de la Chavignerie, président; Léon j'airmaires saj "- 1 6 secrétaire; le docteur Aubé, Boieldieu, Bruand, Cussac, Delamaln, Dout, Perris, CLC. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 547 MM. LICHTENSTEIN, ancien négociant, LORDAT, professeur à la Faculté de médecine. LUTRAND, pharmacien. Marès (Henri), membre du Conseil général de l'Hérault, PAGÉZY (Jules), maire de Montpellier. Pascoe (de Londres), membre de plusieurs Sociétés savantes. PÉCHOLLIER, agrégé à la Faculté de médecine. PHARAMOND, secrétaire de la mairie. PLANCHON (Gustave). POUTINGON, avocat, adjoint au maire. Pouzix, directeur de l'École de pharmacie. RENOUVIER (Jules). RICARD, secrétaire de la Société archéologique. SABATIER, aide-anatomiste. SAINT-PIERRE (Camille), docteur en médecine. SAINT-RENÉ-TAILLANDIER, professeur à la Faculté des lettres. THOMAS, archiviste. Tovcnuy (Aimant), docteur en médecine, conservateur des collections bota- niques au Jardin des plantes. Vianès, notaire. VIARD, professeur à la Faculté des sciences. WESTPHAL-CASTELNAU pere, consul des Villes anséatiques. WESTPHAL-CASTELNAU (Alfred), consul de Bavière, WESTPHAL-CASTELNAU (Gaston), etc., elc. SÉANCE DU 5 JUIN 1557. La Société se réunit à Montpellier, à dix heures et demie du matin, dans la salle des concerts, que l'administration municipale a bien voulu mettre à sa disposition pour toute la durée de la session ex- traordinaire. M. J. Pagézy, maire de la ville, procéde à l'installation de la So- Clété en prononcant le discours suivant : Messieurs, Je suis heureux d’être auprès de vous l'interprète des sentiments de la Population de Montpellier, en vous faisant connaitre le noble orgueil qu'elle "Prouve de voir réunis dans ses murs tant d'hommes éminents, tant d'amis sincères de la botanique. 948 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Votre Société, Messieurs, doit avoir et a toutes les sympathies d'une vi le qui a toujours mis sa principale gloire dans ses établissements scien- tifiques. Aussi, Messieurs, vous ne trouverez pas seulement, sous ce beau climat, une flore souvent exceptionnelle, vous y serez entourés de souvenirs d'hommes dont les noms sont chers à Ja science que vous cultivez : Richer de Belleval, Magnol, Gouan, Broussonnet, De Candolle, Delile, Auguste de St-Hilaire, Dunal ont créé ou agrandi notre Jardin botanique; ils ont formé ou enrichi ces collections précieuses que vous voudrez visiter. Vous vous trouverez ici, Messieurs, en présence de savants, leurs dignes émules, et de jeunes gens studieux partageant vos goûts et vos sentiments ; ils se- ront heureux de vous servir de guides sur ces terrains qu'ils ont tant de fois explorés, et d'y puiser de nouveaux enseignements en s'éclairant de vos lumières. L'administration municipale de Montpellier s'associe avec bonheur à votre œuvre scientifique: vous pouvez compter, Messieurs, sur son concours le plus dévoué. La bibliothèque de la ville et le musée seront ouverts pen- dant toute la durée de votre session, et je m'empresserai de mettre à la disposition de votre Bureau les employés municipaux qui pourront lui étre utiles. Je regrette, Messieurs , que la constitution de votre Société ne nous pet- mette pas de vous conserver longtemps au milieu de nous, ou ne nous laisse pas au moins l'espérance de vous y revoir bientôt ; tous les habitants de Montpellier auraient été fiers et heureux de continuer les bons rapports qui vont s'établir entre nous. Mais, si nous devons renoncer au plaisir de vous posséder de longtemps, soyez assurés, Messieurs, que la Société Botanique ne nous sera jamais étrangère, et que nous ne pouvons plus l'oublier; elle a aequis à Montpellier le droit de cité. Aussi, Messieurs, nous ne cesserons de porter le plus vif intérêt à vos travaux et de les suivre de tous nos vœux. Puissiez-vous, Messieurs, vous rappeler d'avoir trouvé parmi nous une cordiale hospitalité ! puissiez-vous conserver un souvenir agréable de votre session à Montpellier! Voilà le but que nous voudrions atteindre. En l'absence de M. Moquin-Tandon, président de la société, M. le comte Jaubert, vice-président, occupe le fauteuil. Il est assisté. de MM. E. Cosson, secrétaire, et de Schænefeld, vice-secrétaire. — — M. le Président remercie M. le Maire et exprime la reconnais- sance de la Société pour l'excellent accueil que l'administration municipale de Montpellier a bien voulu lui faire. Les membres pre- SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 549 sents confirment ces remerciments par des applaudissements unanimes. M. le President prononce ensuite le discours suivant : DISCOURS DE M, le comte JAUBERT. Messieurs , En l'absence fort regrettable de notre président, M. Moquin-Tandon , retenu à Paris par les devoirs du professorat, et qui m'a chargé de vous dire combien il eût été heureux de se trouver aujourd’hui parmi vous, je suis appelé par votre règlement à l'honneur d'ouvrir, sous les auspices de l'administration publique, votre session extraordinaire. Avant de céder le fauteuil à celui de nos confrères que vous élirez pour présider à vos travaux, permettez-moi de vous présenter quelques réflexions sur cette solennité, et d'abord de me féliciter avec le Bureau de la Société de ce qu'un si grand nombre de botanistes de la France et de l'Étranger ont répondu à notre invitation. Grâces en soient rendues aussi à la bienveillance éclairée des Compagnies de chemins de fer, qui nous ont facilité, par de notables réductions sur leurs tarifs, l'accès de ce rendez-vous à 840 kilo- mètres de Paris. Il n'y a pas encore bien longtemps qu'une des lignes que nous venons de parcourir, celle de Nimes à Montpellier, existait seule dans ces contrées, comme un jalon planté dans le champ de l'avenir. A cette époque, les entreprises de chemins de fer étaient rares et chance- lantes : vous m'excuserez, Messieurs, de revendiquer pour celle de Mont- pellier la date de 1840. Le voilà donc réalisé, dans sa plus large extension, le plan d'herborisations que nous avions formé autrefois avec Adrien de Jussieu (1). Aujourd'hui, dans toutes les directions, ou peu s'en faut, le wagon rapide est à la portée de chacun de nous; les explorations lointaines ne sont guére moins abordables que ne l'étaient jadis, pour les botanistes de Paris, celles d'Ermenonville ou de Saint-Léger. L'année derniere, M. Antoine Passy, un de nos fondateurs, conduisait la Société en Auvergne et la remettait entre les mains du savant qui s'est signalé par de si grands travaux sur le plateau central de la France. Notre bulletin a donné une peinture animée de cette campagne botanique. Nous avons vu la troupe de M. Lecoq, tantôt s'avancant dans la Limagne comme une rangée de moissonneurs diligents qui ne laissait rien à glaner derrière elle, tantôt lancée par son chef sur le flanc des montagnes; le Puy-de- Dôme et le Mont-Dore étaient pris d'assaut, et notre drapeau était arboré (1) Sur l'enseignement de la botanique, 2° édition, p. 18, Paris, imp. Martinet, 1857. voyez aussi la Botanique à l'Exposition universelle, p. 16, Paris, imp. Chaix, 1855. 550 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par le docteur Nylander au plus haut des roches dénudées et battues par les vents qui dominent le Val d'Enfer, station favorite des Lichens. La terre classique de Montpellier nous promet des jouissances qui ne le céderont en rien aux premières: c'est au sein de cette Faculté célèbre que la botanique, étrangère, en tant que science d'observation méthodique, au génie de l'antiquité, étouffée durant le moyen áge sous le fatras d'une vaine érudition, éveillée enfin au souffle fécondant de la Renaissance, a commencé à se former en corps de doctrine et à être régulièrement enseignée. Depuis le jour où le flambeau de la science a été allumé dans cette contrée, il n'a pas cessé d'y répandre le plus vif éclat. L'histoire des établissements d'in- struction de Montpellier, à laquelle MM. Martins et Planchon ont ajouté récemment une foule de documents intéressants, prouve qu'à aucune épo- que, cette ville n'a manqué d'hommes d'un grand mérite pour y cultiver et y professer la botanique, soit qu'ils y fussent nés, soit qu'ils y eussent été attirés par son heureux climat, par l'agrément de la société et par les ressources de tout genre qui s'offrent à l'étude de la nature. Dès le commencement du xvi’ siècle, Montpellier était comme un lieu d'initiation pour les naturalistes de toute l'Europe. L'Allemand Fuchs était venu y puiser son instruction, lui qui le premier renonca à commenter les Anciens pour se livrer à l'observation directe de la nature et éclaircit ses descriptions de plantes par des gravures sur bois. Vers le méme temps, Rondelet y avait inauguré un enseignement régulier; il n'a rien publié, mais pour juger de ses talents , il suffit de nommer les élèves sortis de son école, Lobel, Rauwolf, Ch. de l'Écluse, J. Bauhin, Dalechamp, etc. En 1596, Richer de Belleval fonde le Jardin botanique, trente ans avant que Guy de la Brosse eüt ouvert celui de Paris. Magnol, né à Montpellier en 1638, pressent l'établissement des familles végétales, comme l'atteste un passage curieux de son Prodrome cité par M. Martins, et donne une Flore de Montpellier, Elle sera perfectionnée plus tard par Sauvages, né à Alais, ami de Linné, qui forma aussi d'excellents éléves, entre autres Cusson, mono- graphe des Ombellifères, et dont Vicq-d’Azyr a fait l'éloge. Gouan, ne à Montpellier en 1733, correspondant de Linné, a rendu aussi de grands services à la science; à la fin de sa longue carriére, nous avons eu le bon- heur de saluer ce vieillard vénérable, et nous gardons précieusement dans notre herbier, comme des reliques, les plantes qu'il nous a fait cueillir de- vant lui dans son jardin, Lilium pyrenaicum et Saxifraga sarmentosa ; elles portent la date du 1* juin 1821. Un herbier n'est pas seulement une col- lection de formes végétales classées avec art ; c'estaussi un recueil de sou- venirs. Nos maîtres, nos amis y sont en quelque sorte représentés ; les eve- nements divers de notre existence, et jusqu'à nos pensées d'autrefois y ont déposé leur trace: de là ce charme mélancolique qui s'empare de nous lorsqu'au déclin de l'áge nous compulsons ces annales intimes, SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 554 Vers la fin du dernier siècle, Broussonnet, né à Montpellier, est nommé à vingt-quatre ans membre de l’Académie des Sciences et à l'unanimité des voix, exemple unique dans les annales de cette illustre compagnie. De Candolle, que Genève nous a repris trop tôt, a composé ici méme sa Théorie élémentaire; son nom est inséparable de l'École de Montpellier. Puis sont venus Delile, associé aux travaux de la Commission d'Égypte, observateur ardent et sagace , Dunal, élève favori de De Candolle, et loué par M. Plan- chon, son habile successeur, d'une manière à la fois magistrale et atta- chante, Dunal est l'auteur de la théorie des dédoublements , confirmative de l'ordre symétrique dans les organes floraux, développée plus tard par M. Moquiu-Tandon et par Auguste de Saint-Hilaire. Notre honorable président l'a reconnu dans un récit qui peut servir de pendant à un petit chef-d'œuvre de M. Biot, intitulé Une Anecdote sur M. de Laplace. Nous venons de citer Auguste de St-Hilaire: ce botaniste de premier ordre ap- partient aussi à Montpellier par l'amitié qui l'unissait à Dunal, par les séjours prolongés qu'il a faits dans le pays et dont il a perpétué le souvenir en léguant à la Bibliothèque-Fabre la collection de ses livres scientifiques, Un éloge reste à faire, celui de Requien, d'Avignon, intimement uni aux disciples de De Candolle, Requien, un de ces naturalistes éminents qui n'ont laissé que peu ou point d'écrits, mais dont l'autorité était généra- lement reconnue et qui ont eu sur les progrès de la science une influence marquée. « Leur maison, avons-nous dit ailleurs (1), était toujours ouverte » au naturaliste en tournée, hospitalité cordiale dont nous avons goûté les » charmes dans notre jeunesse, aimables patrons des débutants, prodigues » pour eux de leur temps et de leurs conseils, généreux distributeurs de » leurs récoltes , correspondants infatigables. » Enfant de Montpellier, élève de Dunal et ami de Requien, notre président, M. Moquin-Tandon, soutient dignement l'honneur de la tradition, et plus que nous, sans aucun doute, il aurait été apte à vous recevoir sur le théâtre de ses premiers succès, En tête de la brillante série que nous venons de parcourir, nous aurions dû placer, ne füt-ce que dans l'ordre des dates, un homme extraordinaire, d'un savoir universel pour l'époque où il vécut, un des pius grands écri- vains de la langue francaise, qui, un des premiers en Europe, mérita le nom de botaniste, une des gloires de cette Ecole; vous avez nommé Ra- belais. Vous verrez son portrait placé honorablement dans la galerie de la Faculté; et jusque dans ces derniers temps, l'usage voulait qu'à la suite des épreuves du doctorat, sa robe fût endossée par les récipiendiaires, comme si, par une vertu merveilleuse, elle avait dû cpérer en eux une Sorte de transfusion scientifique. Des contes apocrypnes sur sa vie, des ju- (1) Notice sur Boivin (Bull. de la Soc. bot., t. 1, p. 226). 552 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gements superficiels sur ses ouvrages n'ont que trop accrédité l'opinion qu'il n'y avait en lui qu'un bouffon de génie. Des critiques moroses lui ont fait un crime de certaines plaisanteries que le goût du temps, moins délicat que le nótre, ne réprouvait pas ; d'ailleurs, Rabelais n'a-t-il pas pris soin de dire lui-même qu'il n'avait composé son livre qu'en buvant et mangeant, afin d'amuser ses malades? Pour ceux dont il s'agissait de déso- piler la rate, le remede était souverain, et le bienfait s'en est étendu jus- qu'à la postérité. On a travesti aussi en contempteur des choses saintes, ce devancier de Molière dans la guerre du bon sens contre les pedants, et l'on est allé jusqu'à inventer dans sa vie une scène finale d'impénitence et de blasphéme qui déshonorerait en effet sa mémoire. Il était réservé à ses derniers éditeurs, MM. Rathery et Burgaud des Marets (1), de réhabili- ter son caractère moral, de l'exonérer des contes ridicules ou odieux que la légende mêle toujours à l'histoire des hommes célèbres. Ces savants éditeurs démontreront que le cinquième livre du Pantagruel, le plus in- eriminé, ne doit lui étre attribué qu'en partie. Celte grande figure nous apparait enfin daus son véritable jour, et notre estime pour la personne met à l'aise notre admiration pour l'écrivain. Que Rabelais, au jugement de ses contemporains, ait passé pour un des hommes les plus doctes de son temps, cela n'est pas douteux; mais qu'il le fût surtout comme botaniste, c’est ce qui n'a pas été assez remarqué. A la vérité, De Candolle avait, dans une note de sa Théorie élémentaire, constaté que Rabelais avait devancé tous les autres écrivains dans sa disser- tation en forme sur l'origine des noms de plantes , à l'oecasion de son Pantagruelion (le Chanvre); mais De Candolle qui, dans l'ouvrage précité, a si bien défini le style botanique, a laissé à un de nos confrères, feu M. Faye, conseiller à la cour de Poitiers, le mérite d’une seconde remarque, à savoir que, pour la méme plante, Rabelais était aussi le premier qui eût donné, jusqu'aux détails de l'organographie exclusivement et à cela près de l'in- terversion des sexes suivant l'opinion vulgaire, l'exemple d'une description méthodique que les maitres de la science moderne ne désavoueraient pas: De plus, la description est assaisonnée d'une spirituelle ironie sur la cré- dulité des Anciens au sujet des propriétés des plantes. Que l'on compare ces passages aux plus anciens ouvrages sur la botanique, imprimés vers la même époque, à ceux de Leonicenus De Plinii erroribus en 1532, d'Otto Brunfels en 1533 (car il ne faut pas compter l'Ortus sanitatis de Jacques de Dondis), et l'on verra combien Rabelais leur était supérieur. (1) Œuvres de Rabelais, collationnées pour la première fois sur les éditions ori- ginales, accompagnées de notes nouvelles et ramenées à une orthographe qui faci- lite la lecture, bien que choisie exclusivement dans les anciens textes. 1° volume: Paris, Didot, 1857. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 553 Son goût pour la botanique parait avoir pris naissance dans l'agréable retraite de Ligugé, surles bords du Clain, que lui avait ouverte son ami, Geoffroy d'Estissae, évéque de Maillezais ; lorsque nous visitions derniére- ment cette contrée, remarquable aussi sous le rapport de la géologie, à deux pas du ehemin de fer de Poitiers à Angouléme, nous aimions à évoquer Rabelais herborisant dans les mémes lieux. C'était aussi pour les jardins de Ligugé que, plus tard, il rapportait d'Italie des fleurs et des légumes. Sui- vant un de ses biographes, Colletet, « la science des choses naturelles étant » celle qui revenait le plus à son humeur, il résolut de s'y appliquer en- » tièrement, et à cet effet il s'en alla droit à Montpellier; » c'était en 1530. Tout porte à croire que non-seulement la flore de Montpellier lui devint bientót familiére, mais qu'il poussa ses excursions jusqu'aux extrémités du Languedoc et de la Provence, par exemple aux iles d'Hyères, pour lesquelles il montre, à diverses reprises, une prédilection marquée, tellement qu'il s'intitule caloyer des iles d'Hyères (1). Il y avait rêvé, sans doute, à la fa- veur de quelque petit bénéfice ecclésiastique, un asile où il püt, comme on le lui permit depuis à Meudon, se livrer à ses études. Ses nouveaux édi- teurs font remarquer, en outre, que Jean de Nostradamus, frère de l'astro- logue, qu'on croit avoir étudié à Montpellier avec Rabelais, prenait aussi, dans ses Centuries analogues aux Fanfreluches antidotées de Rabelais, le titre de moine des iles d'Hyères. Ce que l'on ignore généralement, e'est que, dés son arrivée à Montpellier, Rabelais avait marqué sa place comme botaniste, dans une argumentation publique qui ravit d'admiration la Faculté tout entière et les assistants. Le fait est mentionné par M. Faye, d'après M. Paul Lacroix, sans qu'ils y aient l'un et l'autre attaché une importance suffisante; mais comme ce fait avait été précédemment contesté par Basnage, en 1669, et, aprés lui, en 1827, par M. Kuehnholtz, bibiothécaire de la Faculté, il yavaitquelque intérêt à remonter aux sources. Or, l'anecdote est extraite d'un manuscrit de la Bibliothèque impériale, n° 8704, écrit en fort bon latin par Antoine Leroy, retiré à Meudon après les barricades de 1648, neveu on petit-neveu de Nicolas Leroy, qui fut, avec Rabelais, au service du cardinal Du Bellay, ambassadeur à Rome du roi François I°; ces témoins sont assu- rément dignes de foi. Leur récit représente Rabelais entrant avec la foule des auditeurs dans la salle de la Faculté, pour entendre une thèse De herbis et plantis medicinalibus, et décrit les signes d'impatience qu'il ne peut s'empêcher de donner, cùm frigidé nimis de tantá re dissertum sibi videretur. Le doyen s'en apercoit, et sur la bonne mine de Rabelais, oj persone majestatem ac speciem doctoratu dignam, le fait in- viter par l'appariteur à prendre place parmi les argumentateurs, Rabelais (1) Gargantua, liv. HT, chap. 50. 554 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s'excuse d'abord modestement; mais la lutte s'engage, il prend la parole et la porte avec tant de succès que l'enthousiasme des auditeurs est à son comble, ef ab omnibus summo cum plausu conclamatum sit eum doctoris dignitate dignandum. Cette derniere phrase, interprétée dans le sens d'une promotion immédiate de Rabelais au titre de docteur, a causé l'erreur de Basnage et celle de M. Kuehnholtz ; ils ont trouvé sur les registres dela Faculté les dates suivantes en regard du nom de Rabelais: éléve en 1530 le 16 septembre, sous le patronage du révérend Jean Sehyron maitre ées-arts et professeur de médecine; bachelier le 4°% novembre de la méme année; docteur le 25 mai 1537; et ils ont conclu du rapprochement de ces dates que le fait méme de la dissertation était controuvé: nous le maintenons comme un des plus piquants souvenirs de cette École. Rabelais, dès les premiers jours de son apparition à Montpellier, a done été, non pas pourvu du doetorat par dérogation aux règles de la Faculté, mais il en a été pro- clamé digne, dignandus, par cette voix commune dont Molière nous fait entendre l'écho burlesque dans son Malade imaginaire, mais qui cette fois était un hommage mérité, Chacun des grands botanistes de Montpellier avait eu l'honneur, trop prodigué peut-être de nos jours, de donner son nom à un genre de plantes: Magnolia, Sauvagesia, Gouania, ete. Rabelais seul avait été oublié jusqu'en 1845: M. Planchon acquitta alors la dette de la science, en dédiant au grand botaniste de 1530 une belle plante des iles Philippines, qu'il nomma Rabelaisia philippensis (1). Mais comme s'il était dans la destinée de Rabelais d’être toujours méconnu, ni Endlieher, ni Walpers, ni méme M. Wittstein, dans son Dictionnaire étymologique de 1854, ne font mention de cette dédicace. Nous demandons que le /tabelaisia soit cultivé religieu- sement dans les serres du Jardin de Montpellier. Apprétons-nous donc, Messieurs, à suivre les traces que Rabelais à laissées dans cette contrée, d'autant que, dans son système pédagogique, il n'a pas manqué de comprendre les préceptes d'une bonne herborisation. Son héros s'éveillait (ne l'oublions pas) à environ quatre heures du matin : « Et, passans par quelques prés ou autres lieux herbus visitoient les arbres » et plantes, les conférens avec les livres des Anciens qui en ont escrit. .. » et en emportoient leurs pleines mains au logis ; desquelles avoit Ja charge » un jeune page nommé Rhizotome ; ensemble des marrochons, des plo" » ches, cerfouettes, béches, tranches et autres instruments, requis à bien » arborizer (2). » Votre Bureau, Messieurs, vous soumettra tout à l'heure le programme des courses principales, et pour ainsi dire obligatoires pour le botaniste (O Hooker, Journal of botany, t. IV, p. 519, tab. 17 et 18. London. (2) Gargantua, liv, 1, chap. 23. . SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 569 dans ces environs. Au plus prés, le Port-Juvénal et les fameux Prés aux laines, sortes de jardins botaniques, oü, gráce aux moyens de dissémi- nation que le commerce ajoute à ceux de la nature, une foule de plantes de l'Orient, de l'Afrique et de l'Amérique se trouvent rassemblées ; un bien petit nombre pourtant se sont vraiment naturalisées, entre autres, l'Ono- pordon virens, et, dans les eaux du Lez, le Jussiæa grandiflora. Delile avait réuni beaucoup de matériaux pour une Flore du Port-Juvénal: M. Godron l'a achevée en 1854. Tout autour de la ville, les champs et les garrigues, si riches en espèces monspessulanes, à ravir d'aise le botaniste du nord, subitement transporté daus le midi; — Gramont, /ocus mirabili planta- rum varietate jucundus, a dit Linné (1); — Maguelonne et ses plages abon- dant en espèces maritimes, où vous aurez peut-être la bonne fortune de ren- eontrer un de ces beaux phénoménes de mirage, qu'un académicien de Montpellier, M. Parés, mon ancien collègue à la Chambre des députés, a si habilement décrits. Maguelonne, chère au botaniste, l'est aussi au philolo- gue, pour avoir inspiré à M. Moquin-Tandon l'ingénieuse fiction qui a servi de eadre à ses études sur la langue des troubadours (2). Chemin faisant, vous récolterez dans les eaux saumátres de Pérols une Naïadée rare, l'Al- thenia filiformis, dont la découverte et la description originaire appartien- nent à Delile, ainsi que le constatent les échantillons et les notes de son herbier déposé au Jardin des Plantes. A l'ouest, Cette et sa montagne, que plusieurs d'entre vous ont cotoyée hier; Agde et ses roches volcaniques, et peut-être Narbonne, patrie des Cistus, et Sainte-Lucie, patrie des Statice. Nous n'y trouverons plus, hélas! pour nous guider, ni De Girard, ni notre confrère De Lort-Mialhe, qui nous faisait, il y a trois ans à peine, les honneurs de cette flore exceptionnelle. L'Espérou, comme herborisation de montagne, est un point intéressant, mais éloigné : Saint-Guilhem-du-Désert et le Pie de Saint-Loup, qui redresse si prés de nous à l'horizon ses couches calcaires à 659 mètres au-dessus de la mer (3), vous dédommageront en grande partie. Dans ce beau climat, les chances de mauvais temps, surtout dans cette saison, sont rares; aussi lorsque, parmi les moyens que Rabelais conseillait pour employer le temps quand l'air estoit pluvieux, vous en choisirez d'as- sortis à l'objet de cette session, le ferez-vous de votre plein gré; «et, au lieu d'arboriser, visitoient les boutiques des drogueurs, herbiers et apo- » lhycaires, et soigneusement considéroient les fruicts, racines, feuilles, (4) Amenitates Academico, t. 1V, p. 472. (2) Carya magalonensis ou Noyer de Maguelonne, 2° édit., Montpellier et Tou- louse, 1844. (3) Explication de la carte géologique de France, par MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy, t. 14, p. 709 et suiv, 556 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » gommes, semences, axunges peregrines, ensemble aussi comment on les » adulteroit (1). » Dans les intervalles des séances que vous tiendrez, soit sur le terrain de l'herborisation, soit dans cette enceinte, les divers établis- sements d'instruction de Montpellier, mis obligeamment à votre disposition par les savants qui les dirigent, offriront à vos travaux leur complément nécessaire : le Jardin des Plantes, avant tout, qui, grâce à l'habile direc- tion de M. Martins, se maintient au niveau de son antique réputation; les herbiers confiés aux soins de M. Touchy; le cabinet d'histoire naturelle de la Faculté des sciences, qui possède l'herbier de Salzmann et ses doubles, riche matière à des échanges réciproquement profitables entre la Faculté etles botanistes avee qui elle traiterait. Vous le voyez, Messieurs, notre temps sera bien employé, et nous regretterons qu'il soit si limité. Il ne nous appartient pas de préjuger l'opinion que vous aurez à émet- tre sur le choix à faire par le Conseil d'administration, entre les localités qui se disputeront votre présence, pour la session extraordinaire de l'année prochaine ; mais nous avons entendu dire que les Vosges réuniraient un grand nombre de suffrages : ce qu'il y a de certain, c'est que notre respec- table doyen, M. le docteur Mougeot, nous y attend. Encore quelques années, Messieurs, et les diverses régions botaniques de la France auront participé aux avantages attachés à l'institution de nos sessions extraordinaires. Ainsi se développera chaque jour de plus en plus, dans notre patrie, le goüt dela botanique, si profitable au point de vue moral, pour ceux qui la cultivent. Ainsi se multiplieront de toutes parts les recherches, les travaux utiles; bientót notre Bulletin sera trop étroit pour les contenir; mais les ressources de la Société s'augmentant avec son activité, le moment sera venu d'entreprendre la publication spéciale de ses Mémoires, impatiemment attendue par nos jeunes savants. Un résultat plus heureux encore de ces réunions, c'est de resserrer les liens à la fois doux et solides qui unissent les membres de la famille des botanistes, si renom- mée, à ce titre comrae à tant d'autres, entre toutes celles que forme dans le monde savant le goût de l'histoire naturelle, Par suite des présentations faites dans la derniére séance ovdi- naire, tenue à Paris le 22 mai, M. le Président proclame l'admis- sion de : MM. Suckau (Édouard de), licencié és-lettres, rue d'Ulm, 45, à Paris, présenté par MM. J. Gay et Moquin-Tandon. Kann (Alphonse), homme de lettres, à Nice (États Sardes), présenté par MM. Germain de Saint-Pierre et de Sche- nefeld. (1) Gargantua, liv. 1, chap. 24. SESSION ENTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 557 MM. Lacroix (Francisque), élève en pharmacie, rue deVaugirard, 62, à Paris, présenté par MM. Chatin et de Scheenefeld. Pineau (Louis), étudiant en médecine, rue Saint-Sulpice, 36, à Paris, présenté par MM. Bureau et Viaud-Grandmarais. M. Cosson, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante adressée à M. le président de la Société : Montpellier, 8 juin 1857. Monsieur le Président, Je viens vous remercier de la bienveillante attention que vous avez eue de nous inviter, MM. les membres de la Faculté et moi, à assister à vos séances. Permettez-moi de vous offrir, au nom de la Faculté tout entière, la disposition des collections réunies dans notre musée. Mon collègue, M. le professeur Planchon, se met plus particulierement aux ordres de la Société pour lui faire connaitre nos herbiers. Si quelqu'un de vos confrères avait des recherches à faire dans l'herbier partieulier de M. Dunal, je pourrais lui en donner la facilité, M"* veuve Dunal ayant eu la prévenance de m'y autoriser avant son départ. Veuillez agréer, etc. Le doyen de lu Faculté des sciences, Paul Gervais. M. de Schœænefeld, vice-secrétaire, communique une lettre de M. Derouet, de Tours, qui exprime ses regrets de ne pouvoir se rendre à Montpellier pour prendre part à la session. En vertu de l'art. 11 des statuts, un Bureau spécial doit être organisé par les membres présents, pour la durée de la session ex- traordinaire. En conséquence, M. le Président propose à la Société de nommer pour faire partie dudit Bureau : Président. M. Pierre de TcainarcHer, conseiller d'État actuel de S. M. l'empereur de Russie, membre honoraire de l'Académie des sciences de Berlin, ete. Vice-présidents. MM. Derbes, professeur à la Faculté des sciences de Marseille; Doumet, maire de Cette, député au Corps législatif ; Durieu de Maisonneuve, directeur du Jardin des plantes de Bordeaux ; Ch. Martins, professeur à la Faculté de médecine de Montpellier, directeur du Jardin des plantes ; | J.-E. Planchon, professeur à la Faculté des sciences et à l'Ecole de pharmacie de Montpellier. . 558 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. | Secrétaires. MM. Wilhelm Cramer (de l'Université de Bonn) ; Eugene Fournier (de Paris), interne des hópitaux ; Auguste Maillard (de Dijon), étudiant en médecine; Paul Marès (de Montpellier), docteur en médecine ; Henry de la Perraudière (d'Angers). Ces choix sont unanimement approuvés par la Société. Sur l'invitation de M. le comte Jaubert, M. de Tchihatchef prend immédiatement place au fauteuil, et MM. Derbés, Durieu de Mai- sonneuve, Martins, Planchon, Cramer, Fournier, Maillard, Mares et de la Perraudiére s'asseyent au bureau. M. le Président remerciela Société de l'avoir appelé à diriger sa session extraordinaire, et annonce quatre nouvelles présentations. M. Maillard, secrétaire, donne lecture du programme suivant des séances, herborisations et visites projetées aux établissements et col- lections scientifiques de Montpellier : PROGRAMME DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE. Lunpi 8 surn. — Réunion au Jardin des plantes à 8 heures du matin.— Séance d'ouverture à 10 heures. — Herborisations (à 2 heures) : à Gramont, dirigée par MM. Martins et Touchy ; à La Valette, dirigée par MM. Planehon et Chatin. Manor 9. — Herborisations : au pic de Saint-Loup (à 2 heures du matin), dirigée par M. Planchon; à Caunelle et Murviel (à 6 heures du matin), dirigée par MM. Chatin et Touchy. — Visite au Jardin des plantes (à 7 heures du matin), sous la conduite de M. Martins. MznRcnEDI 10. — Herborisations : au bois de la Moure (à 6 heures du matin), dirigée par MM. Chatin et Touchy; à Mireval et la Madeleine (à 8 heures du matin), dirigée par M. Martins. — Visite des collections de là Faculté des sciences (à 9 heures du matin), sous la conduite de M. Plan- chon. — Séance à 3 heures. JEupI 11. — Herborisations : à Saint-Guilhem-du-Désert (à 4 heure du matin), dirigée par M. Planchon; à Cette (à 8 heures du matin), dirigée PA" MM. Martins et Chatin. N VENDREDI 12. — Herborisation à Aigues-Mortes (à 7 heures du matin dirigée par M. Chatin, — Séance à 9 heures. — Visite du jardin de l'Ecole de pharmacie (à midi), sous la conduite de M. Planchon. — Reprise de 13 séance à 3 heures. SAMEDI 13. — Herborisation aux dunes de Palavas et à Maguelonne (a SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 559 6 heures du matin), dirigée par MM. Martins, Planchon et Chatin, et pêche à la traine organisée par M. P. Gervais. Dimancne 14. — Visite de l'herbier Dunal à 2 heures. — Banquet dans l'oraugerie du Jardin des plantes à 6 heures. Lunpt 15. — Herborisations : à Agde (à 3 heures du matin), dirigée par MM. Planchon et Chatin (1) ; à l'étang de Fréjorgues (à 8 heures du matin), — Visite du Musée-Fabre à 2 heures. Manni 16, — Séance de clôture à 41 heures du matin. Ce programme, rédigé d'avance par le Bureau permanent, de con- cert avec MM. les professeurs de Montpellier, est adopté par la Société. Lecture est donnée d'une lettre de M. le président de la Société impériale et centrale d'horticulture du département de la Seine- Inférieure, annonçant que MM. Pinel et Mocquerys se rendent à Montpellier, en qualité de délégués de cette Société, pour assister aux réunions des Sociétés botanique et entomologique de France. M. le comte Jaubert dépose sur le bureau et met à la disposition de la Société : 1* Un extrait, concernant le Pic de Saint-Loup, de la description de la Carte géologique de France, par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont. 2 Un dessin représentant la coupe géologique de la montagne, annexé à cet extrait, Les herborisations projetées pour le jour méme ne permettant pas de prolonger la. séance, les communications à faire sont ajournées à la prochaine réunion qui aura lieu le 10 juin. Et la séance est levée à midi. Le 9 juin, à sept heures du matin, la Société a visité le Jardin des Plantes et le Conservatoire botanique, sous la conduite obligeante de M. le professeur Martins, directeur, et de M. le docteur Touchy, con- Servatreur, Nous n'avons pas à rendre compte de cette intéressante visite, une Commission spéciale ayant été chargée de présenter, sur stal de ces établissements, un rapport qui se trouve inséré plus as (2). (1) Cette excursion est la seule qui n'ait pu être faite à cause du mauvais temps. (3) Voyez ce Rapport, à la suite du compte rendu de la séance du 16 juin. 560 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le 40 juin, à neuf heures du matin, la Société a visité les collec- tions d'histoire naturelle de la Faculté des sciences, dont M. P. Ger- vais, doyen et professeur de zoologie, et M. J.-E. Planchon, profes- seur de botanique, ont bien voulu lui faire les honneurs, chacun dans sa spécialité. Très riches en elles-mêmes, ces collections se trouvent en ce moment dans des locaux fort insuffisants et peu dignes d’une ville où la science devrait avoir un palais. Les herbiers sont provisoirement séparés en deux parties : l'une placée dans les bâtiments mêmes de la Faculté; l'autre au Jardin des plantes, au rez-de-chaussée d’une maison d'assez belle appa- rence, affectée au logement du doyen. C’est là du reste que tous ces herbiers seront réunis, dès que l'on pourra disposer des fonds indispensables à leur installation définitive, Outre les herbiers, les collections botaniques se Com- posent des objets nécessaires aux cours, tels que bois, fruits, graines, pro- duits végétaux, champignons modelés en cire, etc. Parmi les herbiers qui méritent une mention particulière, le premier par le nombre des espèces, l'ordre de leur arrangement, l'état parfait de con- servation et l’exactitude des déterminations, est l'herbier légué à la Faeulté par Salzmann, botaniste allemand, qui s'était établi à Montpellier, et y à passé les dernières années de sa vie. Il comprend la flore d'Europe, les plantes de Tanger, de Corse, de Bahia (Brésil), récoltées par Salzmann lul- méme et si souvent citées dans les ouvrages de botanique descriptive, de nombreux exemplaires de plantes du Cap, ete. (1). Unc autre collection trés précieuse est celle que la Faculté a acquise des héritiers de feu M. Bouchet-Doumeneq, botaniste-amateur de Montpellier. On y remarque, outre des plantes trés nombreuses de l'Europe méridio- nale, l'herbier formé à Mogador et aux iles Canaries par le célebre Auguste Broussonnet, Les doubles qu'il renferme pourront servir à d'utiles échanges. La Faculté possède aussi l'herbier d'Allemagne publié par M. Reichen- bach. Les collections eryptogamiques, réunies par les soins de M. Dunal, com- prennent les publications classiques de MM. Mougeot et Nestler, les Mousses de MM. Schimper et Bruch, les Lichens d'Acharius, ceux de Seh&rer; les Algues de MM. Crouan, Lenormand (de Vire), ete. L'herbier de Dunal, propriété dela veuve de ce savant et bien regrettable botaniste, a été l'objet d'une visite spéciale de la Société (le 14 juin. à deux ubles (1) D'après une note prise en 1854 par M. le comte Jaubert, il existe en ne g «te seulement (en dehors de l'herbier complet), 35 paquets de Tanger el 10 Bahia, qui pourront etre, pour la Faculté, un moyen d'échanges avantageux SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857, 561 heures). M. le ministre de l'Instruction publique songe, dit-on, à en faire l'acquisition au profit de la Faculté qu'ont illustrée les longs travaux de Dunal. La Société a chargé une commission de faire un rapport sur l'état de ce riche herbier (1). SÉANCE DU 10 JUIN 1857. PRÉSIDENCE DE M. PIERRE DE TCHIHATCHEF, La seance est ouverte à trois heures. M. E. Doumet, vice-président, prend place au bureau avec ses collégues. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 juin, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Canox (Édouard), rue Cambacérés, 3, à Montpellier, présenté par MM. Planchon et Maillard. Gros (Joseph), rue Cambacérès, 3, à Montpellier, présenté par MM. Planchon et Maillard. SEYNES (Jules de), rue Fournarié, 6, à Montpellier, présenté par MM. Planchon et Maillard. Fournier (Henri), rue Bonaparte, 20, à Paris, présenté par MM. Chatin et de Schœnefeld. M. le Président annonce en outre cinq nouvelles présentations. La Société, surla proposition de M. le Président, appelle à prendre place au bureau, comme vice-président, M. le pasteur Duby (de Genéve), arrivé la veille à Montpellier, et présent à la séance. M. Aug. Maillard, secrétaire, rend compte de l'herborisation faite le 8 juin à Gramont. RAPPORT DE M. AUG. MAILLARD SUR L'HERBORISATION FAITE LE 8 JUIN A GRAMONT, ET DIRIGÉE PAR M. MARTINS. En sortant de Montpellier, aux abords du Port-Juvénal, M. Martins si- (4) Voyez le Rapport de ceite Commission, inséré dans le Bulletin à la suite du Rapport sur le Jardin des plantes. T. Iv. 20 562 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. anale l Onopordon tauricum Willd. (0. virens DC.) et, daus le Lez, sous le pont méme, le Jussiæa grandiflora Mich.; ces deux espèces sont complé- tement naturalisées, non-seulement à cette localité, mais encore aux envi- rons de Montpellier, à plusieurs kilomètres de distance de leur station primitive. Au méme endroit, sur les bords de la rivière, on récolte le Nas- turtium stenocarpum Godr. (1), baignant à moitié dans l'eau. — En route, sur les talus du ehemin et dans les haies, nous remarquons les plantes caractéristiques de la région méditerranéenne : Asteriscus spinosus G.G., Jasminum fruticans L., Erodium ciconium WiWd., Ecbalium Elaterium Rich., PAlomis Herba venti L., etc. A Gramont méme, terrain d'alluvion à gros galets quartzeux, nous avons pu récolter, aux bords de la mare, les Peplis erecta Req., Æ gilops triun- cialis L., Linaria greca Chav., Gratiola officinalis L.; et en abondance, dans les eaux mêmes, l’/soêtes setacea Del., qui quelquefois disparait pen- dant plusieurs années, quand le niveau des eaux est trop élevé ou trop bas pour lui permettre de se développer. — Dans les vignes se trouvait le Si- symbrium Columnæ Jacq.; et le petit bois de Gramont, coupé lan der- nier, s'était couvert de Légumineuses et de Graminées (Spartium junceum L., Trifolium angustifolium L., purpureum Lois., beaucoup plus abondant que le précédent, striatum L., glomeratum L., hirtum AN., Cherleri L., stellatum V. , tomentosum L., Medicago Gerardi Willd., Ornithopus com- pressus L., Lupinus reticulatus Desv., Briza maxima L., Corynephorus fasciculatus Boiss.). Toutes ces espèces se mêlaient aux Cistus monspe- liensis L. , albidus L., salvifolius L., Linaria Pelliceriana (2) DC., Scabiosa gramuntia L., Lonicera implexa Ait. , etc. Quelques-uns d'entre nous sont allés voir deux beaux Chênes-Liéges prés de la Plauchude. Ces arbres ont acquis des dimensions remarquables, bien que le Chéne- Liége ne croisse pas spontanément daus la région de Mont- pellier. On sait d'ailleurs que Gramont est la localité classique des Linaria Pel- liceriana (Magnol, Bot. monsp., p. 459), Teesdalia Lepidium (Ibid, p- 187), Trifolium tomentosum (Ibid., p. 265), Isoëtes setacea (Delile, Mém. hist. nat. , vol. xi, p. 100, t. 6-7.), plantes qui , malgré des défrichements considérables, s'y rencontrent encore aujourd'hui. T ) M. h . D . . . . AH M. P. Mares, secrétaire, rend compte des herborisations faites (1) Voy. Godron, Notes sur la Flore de Montpellier, p. 41. (2) C'est ainsi que doit s'écrire le nom de cette espèce (signalée pour la première fois par Guillaume Pellicier, savant évêque de Maguelonne, mort en 1568), ainsl que l'a judicieusement fait observer M. Martins dans son ouvrage intitulé : Le Jar- din des plantes de Montpellier, p. 9. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 963 le 8 juin à La Valette, le 9, à Caunelle et Murviel, et le 10, dans la matinee, à Mireval et à la Madeleine. RAPPORT DE M. PAUL MARES SUR L'HERBORISATION FAITE LE 8 JUIN A LA VALETTE, ET DIRIGÉE PAR MM. PLANCHON ET CHATIN. Cette herborisation n'est qu'une charmante promenade de quelques heu- res dans un des plus jolis sites des environs de Montpellier, mais n'oublions pas que le chemin de fer a porté les botanistes du nord sous un climat nouveau : cette petite excursion promet d'étre pleine d'intérét pour eux, car elle va leur permettre de jeter un premier coup d'œil sur une flore que beaucoup d'entre eux n'avaient encore vue que dans les herbiers ou les jar- dins botaniques. Nous partons, à deux heures aprés midi, de la grille du Jardin des plantes, et, après avoir traversé le faubourg de Boutonnet, nous prenons d'abord le chemin de Montferrier: sur ses talus poudreux, bordés en cer- tains points par des haies de GZeditschia triacanthos, on remarque, en pas- sant, le Galactites tomentosa, le Pallenis spinosa et le Scrofularia canina, Nous quittons presque aussitót la grande route, pour nous enfoncer dans de petits chemins de traverse qui sont plus directs et moins désagréa- bles pour les piétons: les haies sont formées de Cratæqus Oxyacantha, au- quel se mêlent le Rosa rubiginosa, le Ligustrum vulgare et le Phillyrea latifolia; à leur pied viennent l’Asparagus acutifolius et l'Osyris alba: au milieu de cette végétation se glissent les tiges du Zonicera etrusca, et les rameaux flexibles et épineux du Lycium barbarum retombent élégamment, tout couverts de leurs petites fleurs violettes. De tous côtés paraissent les Corolles jaunes du Jasminum fruticans et les belles fleurs corallines du Pu- nica Granatum, souvent accompagné du Cydonia vulgaris. Après avoir traversé quelques espaces de terrain incultes, nous rejoi- gnons la grande route qui côtoie le bois de la Colombière, et nous ramassons pendant ce court trajet les espèces suivantes : Ruta angustifolia, Euphorbia niccensis, Helichrysum Stæchas, Juncus glaucus, Erodium ciconium, Ana- cyclus clavatus, Rumex intermedius, Iberis pinnata, Genista Scorpius, He- lianthemum glutinosum , H. penicillatum, Senecio gallicus, Polypogon monspeliensis, Clematis recta? Du point où nous sommes, on aperçoit dans le lointain le village de Montferrier, bâti sur un mamelon volcanique: ses maisons, pittoresquement Sroupées, se détachent sur le fond bleu du pic de Saint-Loup, du roc d'Or- tus, et forment un délicieux tableau. — Nous entrons ensuite dans la belle Propriété de La Valette, ou plusieurs especes exotiques, mais naturalisées aujourd'hui, sont mêlées à la végétation locale. Le premier terrain sur le- quel nous nous trouvons d'abord est une garrigue : nous aurons souvent à 564 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nous servir de ce mot particulier au pays et il n'est peut-être pas inutile d'en donner, dès à présent, une description rapide, en indiquant en même temps quelques-unes des espèces qui y sent les plus communes. On nomme garrigues, dans les environs de Montpellier, presque tous les terrains vagues, pierreux et incultes; on ne les rencontre guère que du côté des montagnes, les plaines étant à peu près toutes défrichées et très culti- vées, En général, le rocher, trés voisin de la surface du sol, y est recouvert d'une terre ferrugineuse, à travers laquelle pointent mille arêtes, mille sail- lies, qui rendent la marche très désagréable et méme difficile à ceux qui n'y sont point habitués. Ces terrains servent de pâturages à nos troupeaux de moutons, depuis l'automne jusqu'à la fin du printemps, époque à laquelle ils vont passer l'été dans les hautes Cévennes. La végétation, eonti- nuellement broutée, v reste toujours presque rase; les arbrisseaux et les plantes ligneuses ne peuvent y prendre leur développement; aussi une garrigue a-t-elle en général l'aspect nu et aride. On y aperçoit toujours de petites touffes arrondies de Juniperus Oxycedrus, de Thymus vulgaris et les feuilles cotonneuses du PAlomis Lychnitis; c'est là, en quelque sorte, le fond permanent de la végétation, mais, suivant les localités que l'on parcourt, ces espèces sont accompagnées du Rosmarinus officinalis , du Daphne Gnidium , de V Euphorbia Characias, de V nula viscosa , du La- vandula Spica qui aime les points les plus arides, tandis que le Lavandula Stæcnas se plait dans les garrigues boisées. On trouve beaucoup d’ Asphode- lus ramosus (A. cerasiferus J. Gay), dont les racines suerées ont fourni dans ces derniers temps de considérables quantités d'alcool, et les Cistus mons- peliensis et albidus, ainsi que le Quercus coccifera, y couvrent souvent des espaces assez étendus. Autour de Montpellier, c'est le Cistus monspeliensis, séché et effeuillé, qui sert à la montée des vers à soie, et l'écorce de la racine du Quercus coccifera fournit un tan des plus recherchés par le commerce. Anciennement nos garrigues étaient presque entierement couvertes d'épaisses forêts de Chénes-verts séculaires; une exploitation régulière les a converties aujourd'hui en taillis, qui sont coupés environ tous les douze aus. Il ne reste plus, des grands arbres d'autrefois, que quelques témoins épars. Du reste, sur bien des points les bois ont été détruits, et les souches du Quercus Ilex complétement déracinées : de grandes étendues de garri- gues sont nues et brülées par le soleil d'été; mais, près des centres de po- pulation, les efforts laborieux des cultivateurs défrichent peu à peu ce ter- rain difficile et rocailleux, dans lequel la Vigne croit avec vigueur et donne des vins généreux. Revenons maintenant à la garrigue de La Valette. En y entrant, nous rencontrons aussitôt, au milieu des Chênes nombreux dont elle est parsemce la plupart des espèces caractéristiques citées plus haut: ce sont les Quereus cocciferu, Cistus albidus, C, monspeliensis, Thymus vulguris, Euphorbia SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 565 Characias et Juniperus Oxycedrus. Nous trouvons'aussi les Dorycnium hir- sutum, D. suffruticosum, Arthrolobium scorpioides, Mercurialis tomentosa. Le Phlomis Lychnitis nous montre de tous côtés ses corolles jaunes entourées d'un épais duvet; FAphyllanthes monspeliensis étale ses jolies fleurs bleues si rapidement flétries quand on les cueille; le Spartium junceum répand autour de lui une délicieuse odeur, et le Psoralea bituminosa se mêle abon- damment à toutes ces espèces; plus loin nous rencontrons le Lithospermum fruticosum, mais les échantillons en sont rares, et plusieurs d'entre nous doivent renoncer àen recueillir. Aux Quercus [lex sont mêlés quelques pieds de Quercus pubescens, et nous trouvons répandus de tous côtés les Zhamnus Alaternus, Phillyrea latifolia, Arbutus Unedo, Rhus Cotinus, Pistacia Lentiscus, Pistacia Tere- binthus. Dans un petit ravin se trouve un beau Cerasus Mahaleb, et, sur un coteau argileux, quelques Pins d'Alep forment en quelque sorte l'extrème avant-garde du grand bois de Pins de Fonfrède (fontaine froide), à l'ouest de Montferrier. Nous descendons vers le pare réservé, au bord du Lez; là, autour de l'habitation, ont été plantés, il y a déjà bien des années, un grand nombre d'arbres exotiques, parmi lesquels nous remarquons les Cedrus Libani, Magnolia grandiflora, Liriodendron tulipifera, Cupressus disticha, dont les racines montrent déjà leurs singulières excroissances, dépassant de plus de 20 centimètres la surface du sol. Nous voyons aussi l'Acer monspessulanum (indigène, comme son nom l'indique) et de beaux pieds de Cupressus ho- rizontalis, exotique, mais nommé Arbre de Montpellier, parce que la tra- dition le désigne comme ayant couvert autrefois la colline sur laquelle s'est élevée plus tard la capitale du Bas-Languedoc. Les espèces exotiques ont pris droit de cité, par leur force et leur vigueur, parmi les Peupliers blanes, les Frénes et les Ormeaux qui les entourent. Au milieu de ces beaux arbres, sont répandus les Tagus baccata, Cercis Siliquastrum, Co- lutea arborescens et Buxus balearica. A côté des Cupressus disticha, dans un petit ruisseau qui rejoint le Lez à quelques pas de là, nous trouvons l’ Aponogeton distachyus: cette belle ‘espèce, que nous réeoltons encore en assez bon état, a été semée il y a longues années ; elle occupe seule tout le lit du ruisseau et s'y maintient toujours, malgré les Nymphea alba et Nuphar luteum , qui essaient en vain d'y pénétrer par la rivière. Au retour nous récoltons, parmi les broussailles qui bordent le sentier, le Coriaria myrtifolia; puis, en longeant les bords agrestes et ombragés du Lez, on trouve sur les rochers le Buplevrum rigidum, le Buxus sem- pervirens, le Rosmarinus officinalis et une variété méridionale de l Hie- Pacium murorum. Plus loin, les alluvions qui bordent la rivière sont cou- vertes de Pteris aquilina, qui croit au pied des Frénes et des Peupliers blancs ; nous rencontrons ensuite sur nos pas le joli Coris monspeliensis. 566 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En sortant de La Valette par la porte de Monplaisir, en face des hauteurs qu'occupait autrefois la ville romaine de Substantion, nous apercevons, à quelque distance devant nous, la belle Campagne-Vialars, dont le proprié- taire actuel, M. Farel, nous accueille bientôt après de la manière la plus gracieuse, et nous fait visiter les serres et le beau jardin qui dominent les bords du Lez, en face du village de Castelnau. Il est déjà tard, et nous passons trop rapidement devant ces richesses vé- gétales, auxquelles nous regrettons de ne pouvoir donner toute l'attention qu'elles méritent; toutefois, nous y remarquons, entre autres plantes inté- ressantes, un magnifique £phedra altissima; tous les arbustes de la ré- gion méridionale y sont représentés en très beaux exemplaires, et de nom- breux Zriobotrya japonica y mürissent parfaitement leurs fruits. Nous voyons une belle plantation de Conifères, où nous distinguons les Pinus Pinea, halepensis, maritima, sylvestris, et d'autres espèces plus rares. Après avoir pris congé de M. Farel, nous suivons M. Planchon, qui nous fait voir en passant, à la Campagne- Lichtenstein, un Æailops-Blé de M. E. Fabre, arrivé presque à maturité. En sortant de cette dernière pro- priété, nous jetons un coup d'ceil sur le tuf quaternaire qui forme le ehemin sur lequel nous sommes en ce moment. Ce tuf jaune et sablonneux contient de trés nombreuses empreintes de fruits et de feuilles de plantes diverses, sur lesquelles M. Gustave Planchon, frére du professeur, doit nous faire une intéressante communieation. Nous rentrons enfin vers six heures et demie, chargés des abondants pro- duits de notre première herborisation. RAPPORT DE M. PAUL MARÈS SUR L'HERBORISATION FAITE LE 9 JUIN A CAUNELIE ET MURVIEL, ET DIRIGÉE PAR MM. CHATIN ET TOUCHY. Le rendez-vous est à la grille du Peyrou à six heures du matin. La pre- mière partie du chemin se fait rapidement par la route de Lodève et de Clermont-Ferrand, qui sort de Montpellier par le faubourg du Courrau. Cette route, tracée sur les sables de l'étage subapennin, ne nous offre d'a- bord rien de bien intéressant. À 4 kilom, de Montpellier, aprés avoir laissé sur notre gauche le beau pare de la Piscine, nous trouvons le village de Celleneuve , situé sur un ilot de poudingues. Le coteau de Celleneuve domine une vallée dans laquelle coule la riviere de la Mosson ; nous apercevons à notre droite la propriété de Foncaude (fontaine chaude), où sont des eaux thermales sulfureuses ; devant nous le pare de Caunelle, dont les grands arbres bordent la riviere qui descend vers le sud-ouest au milieu d'une riche vallée. Au loin, de grands massifs de verdure nous indiquent les pares de Cháteau-Bon et de la Vérune, remarquables par les arbres magnifiques qu'il renferment et qu! SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 567 sont un bel exemple de la vigueur que peut acquérir la végétation arbo- rescente dans nos contrées, partout où règne un pen d'humidité. Outre les arbres communs de nos climats, ces pares sont ornés de Tulipiers, de Cyprés-chauves, de Magnolia et d'autres espèces exotiques qui ont atteint les plus belles dimensions. Dès que nous avons franchi le pont de la Mosson, à côté de Caunelle, nous trouvons à notre gauche un petit espace inculte de terrain tertiaire (moellon miocène), sur lequel est bâtie l’ancienne église de Juvignae. C'est iei la localité classique du Crassula Magnolii et nous le rencontrons en effet, mais nous ne sommes pas aussi heureux pour le Sideritis hirsuta que nous cherchons vainement: il a complétement disparu de cette intéres- sante localité. Le Camphorosma monspeliaca, si commun dans tous nos terrains sees, nous présente ici beaucoup d'échantillons qui ne sont malheu- reusement pas encore fleuris; en revanche voici | Erodium romanum qui fleurit toute l'année. Nous récoltons aussi l' Astragalus monspessulanus, dont les racines ont une saveur prononcée qui se rapproche beaucoup de celle de la réglisse. L'Astraglus Stella nous montre ses jolis fruits étoilés et to- menteux, au milieu des pelouses formées par les Medicago minima, M. Ge- rardi, M. denticulata, Trifolium tomentosum, Plantago Coronopus, Rumex bucephalophorus, Linum angustifolium. Nous récoltons aussi le Lithos- permum apulum, qui se plait sur ces terrains tertiaires; quelques pieds de Convolvulus Cantabrica étendent leurs longues tiges vers les haies, et le bord du chemin nous fournit encore les Carduus pycnocephalus, C. tenui- florus, Helianthemum hirtum, Glaucium luteum, Echium italicum, C yno+ glossum pictum. Cette récolte nous a retenus quelques instants, et si nous voulions suivre le programme officiel, qui portait que l'herborisation se ferait seulement à Caunelle et à Foncaude, afin de revenir de bonne heure à Montpellier, il serait déjà temps de songer au retour, mais personne ne le désire; on ap- prend, par M. Touchy, que devant nous est Murviel, localité assez riche Mais surtout remarquable par plusieurs belles espèces de Cistes: noüs ne pouvons résister à l'attrait que nous offrent de telles richesses, et il est décidé à l'unanimité que l'herborisation sera continuée jusqu'au soir. Nous prenons done le chemin de Saint-Georges, et nous remarquons dans les haies les Berberis vulgaris, Rubia peregrina, Lonicera etrusca, Paliurus aculeatus, Rosa rubiginosa. Sur les bords des fossés humides, croissent le Scirpus Holoschænus et le Rumex pulcher dont la racine est souvent employée pour remplacer celle du R. Patientia; enfin quelques pelouses vertes, le fong du chemin, nous donnent les Trifolium scabrum, Erodium cic onium, Onobrychis Caput galli, Urospermum Dalechampii. A moitié chemin entre Juvignac et St- -Georges, sur un terrain vague, à notre droite, nous rencontrons V'Achillea odorata. M. Touchy nous fait 568 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. remarquer les jolies plaques vertes que forment, au milieu des garrigues les plus sèches, les feuilles radicales de cette espèce, dont les individus sont toujours réunis en grand nombre. Le Paronychia nivea nous montre ses bractées brillantes sur le sol jaunâtre du caleaire miocene ; l’ Hippocrepis ciliata se dérobe souvent à nos recherches par sa taille petite et délicate; nous parvenons cependantà en récolter quelques échantillons, auxquels vien- nent se joindre bientôt les Gnaphalium luteo-album, Ajuga Chameæpitys, Herniara incana, Teucrium Polium, Helianthemum glutinosum, Sedum album, Arthrolobium scorpioides , Scrofularia canina, Crupina vulgaris, et une Cuscute enlacée au Thymus vulgaris. Le Tamaris gallica borde le ruisseau presque à sec de La Fosse, et dans les vignes voisines nous trou- vons de nombreux échantillons de l' Allium Ampeloprasum. Un petit chemin de traverse qui mene directement à Saint-Georges, en passant au milieu des vignes, nous offre un talus inculte où croit le Quercus [lex, ancien maitre presque absolu de nos garrigues : chassé par la culture, il a persisté sur les points où la pioche de nos paysans n'en a pas déraeiné la derniere souche, et souvent on retrouve ses pousses sur le bord des chemins et des fossés dans les endroits les mieux cultivés. Au milieu de ces Chénes-verts, nous apercevons quelques pieds de Cratæ- gus Azarolus, et le Smilax aspera, le Rubia peregrina s'enlacent au- tour de ces arbres, tandis qu'à leur pied croissent le Ruscus aculeatus et l'Asparagus acutifolius. Nous trouvons encore, avant d'arriver à Saint- Georges, le beau Catananche cœærulea, les Linum strictum, L. tenuifolium, et le Crupina vulgaris ; enfin les murs du village sont couverts en certains points de Parietaria diffusa, et à leur pied nous rencontrons l’ Amarantus prostratus. Il est dix heures, Murviel est encore éloigné : nous décidons qu'il faut déjeuner à Saint-Georges, avant d'aller plus loin. Cela nous fournira du reste peut-être le plaisir de constater par nous-mêmes la bonté du vin de ce fameux erü ; mais hélas! l'Oidium Tuckeri n'a pas plus respecté ce vi- gnoble que tous les autres; il a étendu son réseau destructeur sur les ceps qui donnaient ce vin généreux, et nous ne pouvons arroser notre frugal repas qu'avec une piquette digne d'un tout autre climat. Notre appétit de naturalistes une fois calmé, nous partons avec un nou- veau courage, et nous rencontrons, le long des murs de pierres séches qui bordent le chemin de Murviel, deux formes particulières du Pyrus amyg- daliformis, le Pistacia Lentiscus, Ye Brachypodium ramosum, Ye. Rhamnus infectorius dont les baies, connues sous le nom de graines d' Avignon, pro^ duisent une belle teinture jaune; enfin le CAlora perfoliata se montre daus quelques vignes voisines. A vingt minutes au nord-ouest de Saint-Georges, nous traversons un petit ruisseau presque à sec : les vignes cessent, nous sommes dans les garrigues. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 569 Le terrain miocène est remplacé, depuis Saiut-Georges, par l'oolithe infé- rieure. Nous nous dirigeons vers une maison de campagne située un peu sur notre gauche, au sommet d'un petit mamelon: c'est le Mas de Bouisson, bâti sur un ilot de marnes supraliasiques. Un espace ascez vaste nous offre une riche récolte à laquelle chacun se livre avec ardeur : nous trouvons réunis les Polygala monspeliaca, Ononis viscosa, Arthrolobium scorpioides, Scorpiurus subvillosa, Hippocrepis unisiliquosa, Trifolium angulatum?, Vicia angustifolia, Trifolium lappaceum, T. angustifolium, Medicago orbi- cularis, Ornithogalum narbonense, Vicia peregrina, Centaurea solstitialis (non encore fleuri ) Reseda lutea, Aphyllanthes monspeliensis, Cistus monspeliensis. Pour reprendre notre route, nous devons passer sous les murs du Mas de Bouisson, où croissent l'Æ/yoscyamus albus et le Fæniculum officinale, nous rentrons sur le terrain oolithique inférieur, et plus loin, dans les champs incultes près de Murvicl, se trouvent l'£lymus crinitus, le Cen- taurea paniculata, et V Ægilops triuncialis. Nous arrivons enfin sur un point élevé d'où l'on aperçoit au loin l'ile de Maguelonne et les riches campagnes qui nous en séparent : là de vieilles murailles bordent le chemin et présentent encore une certaine régularité, malgré l'état imparfait de leur conservation ; leur puissant appareil indique clairement d'anciennes constructions romaines, et cette opinion est con- firmée par la présence sur le sol de débris très nombreux de poteries rouges grossières et de tuiles anguleuses dont l'origine ne peut laisser aucun doute. Nous sommes en effet sur les ruines de l'antique Altimurum, et le village de Murviel, que nous laissons à quelques centaines de métres sur notre gauche, tire son nom de ces vieux murs. On suit leurs traces jusqu'à l'em- placement aetuel du village, oü est une belle source encore entourée de quelques restes de constructions romaines. Au pied des antiques murailles qui bordent le chemin, nous rencontrons "Osyris alba et le Plumbago eurupæa. Mais ce dernier, qui se plait dans les lieux rocailleux et arides aux expositions les plus chaudes, est peu avancé et ne montre pas encore ses tiges florales. Derrière je mamelon d'Altimu- rum, dans un vallon assez ombragé, se trouve une petite source, nommée Font- V alés, Aprés l'avoir dépassée, nous entrons immédiatement dans un bois taillis (Bois de Murviel), dont l'essence principale est le Quercus lez, Mais où à cette espèce viennent se mêler en assez grand nombre le V. Robur et V Arbutus Unedo. De beaux Châtaigniers oceupent le fond de la Vallée, oü se trouve un terrain de transport très siliceux. La présence de ces arbres est une nouveauté autour de Montpellier, dont le sol presque exclu- Sivement calcaire est tout à fait impropre à leur culture. Nous touchons au hut principal de notre course : en effet, en arrivant dans le bois, au milieu d'une clairière, nous apercevons le sol couvert du beau Cistus laurifolius, 570 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, qui, par son port, la grandeur de ses feuilles et la beauté de ses larges fleurs blanches, éclipse le modeste C. monspeliensis qui l'entoure de tous côtés. Entre eux, et établissant un intermédiaire parfait, est le Cistus Ledon, pro- bablement leur hybride. A ces trois belles plantes viennent se joindre les Cistus albidus et C, salvifolius; mais les botanistes sont sans pitié, et M. Chatin lui-même donne le signal d'un massacre qui détruira dans cette clairière, pour ce printemps du moins, cette intéressante association d'es- pèces congénères. En poussant notre course à 5 kilomètres plus loin environ, au delà de Mont-Arnaud, nous trouverions un sixième représentant de ce beau genre, c'est le Cistus crispus ; mais le temps presse, car le soleil décline, et nous reprenons la direction du ruisseau de Font-Valès qui coule vers le sud-est. Chemin faisant, nous glanons les Erica scoparia, E. arborea, Lavandula Stæchas, Lathyrus heterophyllus Gouan, non L. (L. ensifolius Badaro), Rubus tomentosus, Linum gallicum, Arum italicum, Trifolium ochro - leucum. Mêlé à ces dernières espèces, l'Ophris Scolopax nous offre de nombreux échantillons, et sous les taillis de Chénes-verts nous aperte- vons les fleurs rosées du Cephalanthera rubra. Le Spartium junceum, qui eroit dans toute la vallée, répand le plus doux parfum au milieu de cette belle et fraiche végétation, que les fortes chaleurs d'été n'ont pas encore flétrie. Apres avoir traversé un petit bouquet de Chátaigniers, nous gravissons une colline dont le taillis a été nouvellement coupé, c'est le Bois de Puy- sérié ; sur cette pente le Fragaria vesca croit en abondance et nous donne des fruits parfaitement mürs, aussi parfumés que les meilleures fraises des Pyrénées. Chacun accorde quelques instants d’une attention soutenue à la récolte des réceptacles charnus et succulents du solatium botanicorum, et notre silence prouve tout le plaisir que nous offre cette récolte carpologique. Mais tout à coup l'un de nous aperçoit, sortant à peine de terre, de blondes têtes de Cytinus Hypocistis, dont la plupart wont pas encore cette pelle teinte coralline qu'elles prennent ordinairement lors de leur développement complet. Chacun reprend aussitót sa pelle ou sa pioche, on arrache avec ardeur les Cistus monspeliensis et albidus, et les jolis parasites, encor attachés à leurs racines nourricières, peuvent à peine trouver un peu de place dans nos boites déja pleines. Enfin le Trifolium purpureum et le Colutea arborescens terminent notre abondante récolte. Comme le jour baisse rapidement, nous nous hâtons de revenir à Montpellier, où nous arri- vons après deux heures de marche, en repassant par Saint-Georges €t Celleneuve. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 571 RAPPORT DE M. PAUL MARES SUR L'HERBORISATION FAITE LE 40 JUIN A MIREVAL ET A LA MADELEINE, ET DIRIGÉE PAR M. MARTINS. Tandis que MM. Chatin et Touchy conduisent une partie des botanistes au bois de la Moure, nous partons à huit heures par le premier train du chemin de fer de Cette, que nous quittons à la station de Mireval. Nous re- venons alors vers Montpellier, par un chemin qui passe à la station méme et suit presque parallèlement la voie ferrée. Ce chemin est bordé de vignes ou de champs, le long desquels nous récoltons les plantes suivantes : Fu- phorbia serrata, Bromus rubens, Sinapis incana, Cynoglossum pictum, Scolymus hispanicus, Ecbalium Elaterium, Echium pustulatum, Trifolium lappaceum, Filago lutescens Jord., et le Nigella damascena dont les graines müres ont un délicieux parfum de fraise. Dans quelques endroits où les fossés de la route contiennent un peu d'eau, nous trouvons le Ranunculus aquatilis var. trichophyllus? et le Scirpus Holoschænus. Tandis que nous rencontrons en quantité .le Rubia peregrina dans les haies, nous voyons quelques champs cultivés de X. tinctorum : la culture de cette plante est nouvelle dans l'Hérault, mais elle s’est propagée avec rapidité depuis quel- ques années dans les propriétés qui avoisinent nos étangs el nos marais du littoral. En effet, ces terres d'alluvions récentes sont profondes, humides, riches en humus, et parfaitement appropriées à ce genre de cul- ture si productif. L'attention de plusieurs botanistes est attirée chemin faisant par quel- ques beaux Oliviers qu'un cultivateur est occupé à greffer; ces arbres, d'une superbe venue, portent trop de bois et ne donnent que peu de fruits. Leur maitre les greffe en écusson, selon l'usage du pays ; par cette pra- tique on peut rabattre l'arbre autant qu'on le désire, et l'on obtient tres promptement de nouvelles et abondantes récoltes. Nous arrivons peu à peu le long du chemin de fer, au bord d'un marais qui porte le nom de Vourgaran. Sur les bords, dans les grands fossés qui longent la route, nous trouvons les /ris Pseudacorus, Typha media, Cladium Mariscus, Sparganium ramosum, Scrofularia Balbisii?. Le beau Jussiæa grandiflora, naturalisé depuis longues années dans ces lieux, y pousse avec une extrême abondance et remplit le lit du ruisseau de la Madeleine qui vient se jeter dans le Vourgaran. Nous remontons le ruisseau, dont les eaux sont couvertes de Lemna gibba et de Callitriche verna, tandis que dans les champs qui le bordent nous trouvons le Rapistrum rugosum et le Myagrum perfoliatum. Le propriétaire de l'enclos de la Madeleine en a remis obligeamment la clef à M. Martins, et nous pouvons pénétrer dans ce joli petit bois, dont 572 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'essence est le Quercus lex. Yei les troupeaux ne viennent jamais, le sol n'est point brouté, et nous trouvons la végétation parfaitement conservée, mais peu variée. En entrant, nous rencontrons le beau Centranthus latifolius, l Antirrhinum majus, V'Aristolochia Pistolochia, le Piptatherum para- dosum; et le Cephalanthera rubra nous montre ses élégantes fleurs roses dans tout le bois. Nous sommes bientót arrétés, en pénétrant plus avant, par une ceinture de rochers à pic, peu élevés, dont les blocs, à demi éboulés en certains points, sont entourés d'une vigoureuse végétation. Des Chénes-verts au port gracieux et élancé sortent des anfractuosités, pour aller chercher le soleil qui leur manque ; de grands Figuiers, le Térébinthe, le Lentisque, le Lau- rier-Tin sont entourés de Smilax et de Vignes sauvages qui s'étendent comme de longues lianes aux arbres voisins, tandis que de vieux Lierres tapissent les murailles rocheuses de leur sombre verdure. Le Ruscus acu- leatus se cache sous cette puissante végétation, et le Laurus nobilis (sub- spontané) nous montre ses tiges élancées, ses belles feuilles vertes et lan- céolées, dans quelques points bien abrités, exposés aux rayons du soleil, au pied de grands rochers que le Ferula communis couronne de ses tiges élevées et de ses grandes ombelles jaunes. C'est dans cette ceinture de rochers que s'ouvre la grotte de la Madeleine. L'entrée est étroite, encombrée de végétation ; puis on arrive tout à coup sous une large voûte. Le sol y est très incliné, et de nombreux débris ro- cheux, recouverts d'une terre humide et glissante, rendent le terrain très inégal et trés difficile. On descend ainsi jusqu'à 60 mètres environ, et l'on arrive au bord d'une eau limpide et transparente. A droite on trouve ui large canal et un batelet sur lequel on peut s'embarquer et parcourir plu- sieurs sinuosités, dans lesquelles la voüte, tantót large et élevée, tantót lais- sant à peine le passage de la nacelle, se termine par une belle salle circulaire dont le sommet forme un dôme conique. Là, en écoutant avec attention, on entend le bruissement des eaux qui s'écoulent par des conduits sou- terrains. Ces lieux ténébreux, habités par de nombreuses chauves-souris qui s'élancent en tournoyant vers les torches, cette eau parfois profonde, dont on est séparé par quelques légères planches, le bruit des eaux qui s'écoulent mystérieusement par des canaux invisibles, une grande stalactite dans laquelle l'œil croit reconnaitre la forme d'une statue de Madeleine, tout en ces lieux saisit l'esprit d'une crainte involontaire, et c'est avec bonheur qu'on retrouve le jour, dont la vue inspire un véritable sentiment de délivrance. Mais l'heure presse, il faut être à la station de Villeneuve à onze heure? et demie; nous devons renoncer à voir le Creuss de Miège (trou de midi), beau cirque de rochers qui forme une excavation ovale de 3 à 400 metre SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 5738 de diamètre et de 20 ou 30 mètres de profondeur, au milieu d'un plan de ? wrigues entre le point où nous sommes ct la route de Cette (1). Au fond est un petit marais. Dans les rochers, nous eussions pu récolter, outre le I aurus nobilis, le Ferula communis et le Viburnum Tinus, déjà trouvés, le i.avatera maritima, qui devieat malheureusement de plus en plus rare ; cofin le ZAeligonum Cynocrambe se rencontre au pied des rochers, dans les pierres qui entourent le petit marais. Nous nous éloignons à regret des plantes intéressantes que nous eussions pu trouver encore, et de ces étranges cavernes, creusées dans l'épaisseur de l'é- lageoxfordien du calcaire jurassique ; nous revenons rapidement par le che- min qui, longeant les murs de l’enclos où nous sommes, passe par la propriété nommée La Madeleine, puis le long Ge la plaine marécageuse de l'Estaeno!, et nous arrivons à la station de Villeneuve en moins de trois quarts d'heure, non sans avoir récolté encore le long du chemin plusieurs espèces, telles que : Ruta angustifolia, Achillea Ageratum, Onopordon illyricum, OEnan- the fistulosa, Scirpus lacustris, Euphorbia falcata, E. serrata, Medicago orbicularis, Centaurea pullata, Hippocrepis unisiliquosa, Helichrysum Stæchas, Paliurus aculeatus, Phlomis Herba venti, Cneorum tricoccon, ete. M. le Président propose à la Société de nommer une Commission de cinq membres, chargée de visiter en detail le Jardin des plantes et le Conservatoire botanique de Montpellier, et de présenter un rap- port sur l'état de ces établissements à une des prochaines séances ordinaires de la Société à Paris. La Societé adopte cette proposition. Sont désignés pour faire partie de ladite Commission : MM. Cosson, Doumet, Germain de Saint-Pierre, le comte Jaubert et de Schæœnefeld. M. J.-E. Planchon, vice-président, fait à la Société une commu- nication dont voici le résumé : M. Planchon expose sommairement l'historique de la question des Æ gi- lops et de leur prétendue transformation en Froment. Il repousse, avec M. Jordan, ainsi qu'avec la plupart des auteurs, l'idée d'une véritable transmutation de l'ZEgilops en Blé, et confirme de tout point l'observation de M. Godron sur l'origine hybride de V Ægilops triticoides. En ce mo- ment, dit-il, on peut voir en fleur, dans le jardin de l'École de pharmacie de Montpellier, un exemplaire d'.Z/gilops portant 66 épis. Cet exemplaire provient d'un grain d'Ægilops ovata, fécondé le 3 juillet 1856, par le pol- (1) M. Martins attribue cette formation si pittoresque à l'effondrement d'une grande cay i ini Srande caverne, et tout en effet semble confirmer cette opinion. 57h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. len de la Touzelle blanche non barbue (Triticum vulgare, var.). Semé le 24 septembre 1856, ce grain, bien que flétri, germe vigoureusement et talle bientôt de manière à préparer la production de nombreux épis. La plante en fleur est très vigoureuse. Elle a environ 07,30 de hauteur. Sa teinte générale est vert glauque. Ses épis, bien différents de ceux de l'ZEgi- lops ovata, répondent exactement à la forme à courtes arêtes de l'ZZgilops triticoides, récoltée par M. E. Fabre aux environs d'Agde. M. Planchon se propose de la décrire avec soin dans un mémoire spécial, où il abordera l'histoire des ZZ gilops dans toute son étendue. Actuellement, il se contente de signaler comme très probable, malgré les assertions contraires de M. Jordan, la transformation de l Ægilops triticoides en Ægilops spelte- formis Jord., et ne regardant pas ce dernier comme une espèce, il l'appel- lerait plus volontiers Ægilops-Blé d'Esprit Fabre. M. Cosson rappelle que déjà Lamarck, dans l Encyclopédie métho- dique (t. IL, p. 558), avait réfuté l'opinion de quelques anciens bota- nistes, qui avaient considéré l'ZEgilops comme étant l'origine du Blé cultivé. M. Cosson ajoute que maintenant la question lui parait réduite à des . éléments très simples ; car personne, depuis les travaux les plus récents sur ce sujet, ne saurait revenir à l'opinion combattue par Lamarck. Pour lui, jusqu'à preuve matérielle du contraire, se fondant sur les observations consciencieuses de M. E. Fabre, la plante quia été récemment décrite sous le nom d'ZZgilops speltæformis, bien que s'étant reproduite de semences pendant plusieurs générations, ne serait qu'une forme de l'hybride désigne sous le nom d' /Z. triticoides. Dans l'état actuel de la question, le seul point peut-étre encore litigieux serait de savoir si la forme désignée sous le nom d'ZE. speltæformis pourrait être créée artificiellement, et si le produit de l'hybridation se reproduirait indéfiniment par graines. M. Planchon remercie M. Cosson de lui avoir fait connaitre l'opi nion de Lamarck sur ce sujet. Il se propose de consulter le passage de l'Encyclopédie, pour en apprécier la portée. En attendant, il regarde comme hors de doute la nature hybride de I'ZEgilops trit- coides. M. Germain de Saint-Pierre dépose sur le bureau des échantillons de Posidonia Caulini et d'Aponogeton distachyus, et fait à la So- ciété les communications suivantes : SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 579 SUR LA GERMINATION ET LE MODE DE DÉVELOPPEMENT DU POSIDONIA CAULINI , pr M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans la partie de la côte de la Méditerranée qui s'étend entre Toulon et Hyères, mais plus particulièrement en face de la presqu'ile de Gien, on remarque une ligue interrompue de dunes et de petites falaises, dont la couleur brune ou noirátre tranche sur celle des rochers de grès qui for- ment la côte sur ce point. En m'approchant de ces falaises, j'ai vu avec étonnement qu'elles sont uniquemeut formées par les débris accumulés d'une seule espèce végétale, peu commune dans nos collections, le Posido- nia Caulini Koenig (P. oceanica Del., Zostera L., Caulinia DC., Ker- nera Willd.). J'avais, au premier coup d'œil, pensé que les debris de feuilles qui constituaient ces dunes, appartenaient au Zostera marina ; mais les fragments de souches ligneuses dichotomes, et encore chargees de feuilles, que la mer roulait sur la grève, rendaient toute méprise impossible. En m'avangant dans l’eau, peu profonde sur certains points, je ne tardai pas à trouver le fond. de la mer couvert d'une véritable prairie d'un beau vert, formée par le Posidonia. Il y a peu de jours, vers le 15 mai, étant allé explorer la côte dans la méme direction, je trouvai le bord de la mer couvert de fruits semblables, par leur volume, leur forme apparente, et leur couleur verte, aux olives avant leur maturité. On aurait pu croire, au premier coup d'œil, qu'un bátiment chargé d'olives avait perdu son chargement sur la cóte ; ces fruits étaient ceux du Posidonia Caulini en parfait état de maturité. Les fruits flottants et roulés par les vagues étaient libres et paraissaient s'étre détachés naturellement de la plante-mère par l'effet de la maturation. Quelques jours plus tard, le péricarpe de ces fruits altérés par la macération dans l'eau, se déchirait spontanément et laissait tomber au fond de l'eau l'em- bryon qui commençait à germer. Cette déhiscence, par déchirure en lambeaux qui s'écartent de la. base au Sommet et se rejettent au dehors, en mettant à nu l'embryon, donne à ce fruit, pendant cette période, quelque chose de l'aspect des Geaster. Les dunes et les falaises formées par les débris accumulés du Posidonia Sont incessamment exhaussées de nouvelles couches à leur surface, par les fragments de feuilles détachées par les vagues et rejetées sur la côte; mais 4 mesure que ces dépóts, qui ont, sur certains points, plusieurs metres q epaisseur, augmentent en hauteur, la mer en ronge le flanc et en diminue l'étendue, jusqu'à ce que la dune, complétement minée, retombe dans la mer, qui en dépose les débris plus loin. Les cultivateurs du pays exploitent ces dépôts sous le nom de Paille-de-mer et de Aougo, et s'en. servent comme d'engrais pour amender les terres; mais cet engrais, formé . de 576 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fragments de feuilles d'un tissu coriace et peu altérable par l'action de l'eau ou de l'air libre, ne parait pas étre d'une grande efficacité. J'avais souvent remarqué sur la méme cóte, et notamment sur l'isthme de Gien, des pelotes globuleuses formées de fibres brunes, feutrées, sans mélange de corps étrangers (et semblables par l'apparence à ces pelotes formées de poils feutrés que l'on trouve dans l'estomae des animaux rumi- nants, et qui sont formées des poils accumulés que l'animal enléve de sa peau avec sa langue). Les chasseurs du pays les recueillent et s'en servent pour bourrer leurs fusils. J'ai reconnu que ces pelotes globuleuses, la plu- part du volume d'une orange, sont composées des fibres qui persistent sur les souches du Posidonia aprés la destruction des feuilles dont elles repré- sentent les nervures. J'ai trouvé plusieurs de ces pelotes adhérant encore aux rhizomes du Posidonia; le frottement des souches les unes sur les autres, lorsqu'elles sont à demi rompues par les vagues, me parait être la cause du feutrage; le roulement dans le sable et les galets détermine leur forme elobuleuse. Les souches du Posidonia sont du volume du doigt, ligneuses, radicantes, subdichotomes; chaque branche tendant à ce dichotomiser, il en résulte que le groupe produit par la ramification d'un méme individu, occupe un espace indéfini. Comme chez tous les autres rhi- zomes, la partie la plus ancienne se détruit au bout d'un certain temps, etles rameaux radicants, devenus indépendants par la destruction de la souche-mére, constituent des plantes distinctes, Dans un rhizome d'une certaine longueur, la partie inférieure présente les cicatrices rapprochées des feuilles complétement détruites ; plus haut, se trouvent des fibres brunes, sèches et roides, derniers restes des anciennes feuilles détruites ; plus haut encore, les bases coriaces des dernières feuilles détruites, et, à l'ex- trémité supérieure, les feuilles vivantes qui terminent chaque branche du rhizome par une sorte de rosette de feuilles linéaires, distiques. Les fibres radicales adventives partent de la face inférieure du rhizome; l'écorce du rhizome, qu'elles déchirent et rejettent en dehors au point où elles sont émises, leur constitue une sorte de coltorhize. J'ai dit que le fruit, lors de sa déhiscence, laisse s'échapper l'embryon : les enveloppes propres de la graine m'ont semblé en effet réduites, à l'époque dela maturité, à une couche pulpeuse, qui, lors de la déhiscence, reste adhérente en partie aux débris du péricarpe, lui méme pulpeux; et, en partie seulement, à l'embryon. L'embryon a le volume et la forme exte rieure d'une amande ordinaire ; il est de couleur vertes une de ses faces présente une dépression longitudinale qui m'a paru être l'empreinte d'une sorte de raphe, lequel reste souvent adhérent au péricarpe. Lors de la ger mination, une radicuie subcoléorhizée se fait jour sur un point voisin de l'extrémité inférieure obtuse de l'embryon (d'autres fibres radicales nai SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 577 sent à la base de la gemmule). L'extrémité supérieure de l'embryon se ter- mine en une gemmule eomposée de plusieurs feuilles trés jeunes, courtes et mem braneuses. La plus extérieure de ces feuilles, qui sont distiques, pré- sente deux appendices membraneux latéraux, formant une gaine qui em- brasse les feuilles suivantes de la gemmule (1). Quelle est la nature de la partie charnue qui constitue la masse presque entière de cet embryon et qui se termine par un limbe court embrassant la gemmule? Cette masse indivise mc parait analogue par sa structure à l'or- gaue qui, chez les Gramiuées, a été désigné sous le nom d'hypoblaste, et que je considère comme un véritable cotylédon ; mais ici, la partie du cotylédon inférieure à l'insertion de la gemmule est tres volumineuse, et sa partie supérieure ou limbaire est trés courte ; et tandis que, chez les Graminées, la base du cotylédon ou hypoblaste ne constitue qu'une radieule rudimen- taire qui ne s'allonge pas en racine (la racine coléorhizée appartenant chez les Graminées à une feuille supérieure au. cotylédon) , iei, la base volumi- neuse ou partie radiculaire du cotylédon se prolonge à sa base en une racine filiforme. — La gemmule proprement dite est constituée par des feuilles dis- tiques qui, au lieu d'être enroulées comme chez les Graminées, sont planes et appliquées face contre face comme celles de la plante adulte. Notre honorable vice-président, M. Derbès, m'a dit avoir trouvé il y a quel- ques années, en octobre, sur la plage de Marseille, des débris de Posidonia portant des fleurs. On a rarement eu occasion d'étudier le Posidonia en fleur: je me propose de rechercher la plante florifère, en octobre, dans la localité où le fruit a müri cette année et d'en faire l'objet d'une étude spéciale. SUR LA GERMINATION DE L'APONOGETON DISTACHYUS , par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE (2). Les dissidences qui existent, entre les divers auteurs, sur la place que doit occuper le genre Aponogeton dans la série vegétale, dissidences telles, que les uns l'ont classé dans les Acotylées, d'autres dans les Monocotylces, d'autres, enfin, dans les Dicotylées, me faisaient désirer depuis longtemps d'en étudier la germination. J'ai pu me procurer, cette année, des graines (4) Cet embryon a été figuré par M. Adr. de Jussieu dans son Étude sur les embryons monocotylés ( Ann. sc. nat., 2° sér., t. XI, pl. 17, fig. 15). (2) M. Planchon a publié en 1844, dans Annales des sc. natur., 3: série, t. I, P. 107-120 et pl. 9, une excellente étude sur le méme sujet. L'auteur de ce tra- Vall arrive aux mêmes conclusions que moi, relativement à la structure de la Braine, et place le genre Aponogeton entre les Alismacées et les Joncaginées ; M. Aug. de Saint-Hilaire avait approuvé ce rapprochement. — M. Adr. de Jussieu avait déjà (1839) signalé l'analogie de structure qui existe entre l'embryon de l'Aponogeton. et celui de l'Ouvirandra (Mém. embr. monoc. in Annales sc. nat., 2 série, t. XI, p. 345). — M. Ad. Brongniart (Enum. gen. plant. cult. Mus, T. IV. 37 978 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mûres de l’Aponogeton distachyus, d'une part au jardin botanique de Saint- Mandrier prés Toulon, et d'autre part dans le jardin de M. Alphonse Karr, à Nice. | Le genre Aponogeton Thunberg, Amogeton Necker, Apogeton Schrader, a été en effet placé par A.-L. de Jussieu dans les Acotylées, parmi ses Naïadées; puis dans les Monocotylées par Mirbel (fam. des Aroïdées); et dans les Dicotylées (fam. des Saururées) par Bartling, Lindley et End- licher. Néanmoins, dans une de ces notes si judicieuses dont A.-L. de Jussieu a enrichi son Genera plantarum, l'auteur des familles naturelles exprime ses doutes sur les affinités des genres dont il a constitué le dernier ordre de ses Acotylées. « Il serait peut être à propos, dit-il, d'éliminer de la classe des Acotylédones plusieurs genres de l'ordre des Naiadées et de les rattacher aux autres ordres; la germination a encore besoin d'étre observée dans tous ces genres. » Endlicher considère le genre Aponogeton comme ayant un embryon fran- chement dicotylé. Voici la phrase de son Genera relative à l'embryon des Saururées, ordre dans lequel il place le genre Aponogeton : « Embryon si- tué à l'extrémité de la graine dans une cavité superficielle, placé dans un périsperme farineux ou corné, antitrope, renfermé dans le sac amniotique qui est persistant, de forme obcordée, à deux cotylédons trés courts, à ra- radicule supére. » Cette description se rapporte sans doute à l'embryon du genre Saururus (que je n'ai pas eu occasion d'étudier), mais, à coup sür, elle ne se rapporte en rien à l'embryon des Aponogeton. Le savant et illustre botaniste avait, du reste, suivi l'opinion commune en rapprochant le genre Aponogeton du genre Saururus, et n'avait probablement pas eu occasion d'examiner la structure de l'embryon dans le genre Aponogeton. , Bien que l'erreur dans laquelle est tombé Endlicher n'ait pas été partage par tous les botanistes, j'ai pensé que les détails précis que j'ai recueillis Sur la germination de l'Aponogeton et les figures exactes qui complètent mon observation pourraient n’être pas dépourvus d'intérêt. Par., 1843) a placé le genre Aponogeton auprès des Potamogeton, dans la famille des Naïadées. M. Schleiden (Nov. acta Acad. nat. curios., t. XIX, p. 45) W attribue la méme place, — J'aurais pu, sans inconvénient, demander là suppres- sion de cet article, communiqué à la séance du 40 juin à Montpellier, puisque le résultat de mon étude (faite à la campagne et en l'absence des documents publiés) ne diffère pas de celui qui avait été déjà obtenu par plusieurs botanistes. Je ne le conserve qu'en raison des quelques détails relatifs au développement de la jeune plante, et à la facilité de sa reproduction à l'air libre , dans les climats tempérés où elle n’est cultivée qu’en serre, (Note communiquée depuis la séance par M. Germain de Saint-Pierre.) SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 679 La graine de l’ Aponogeton distachyus est d'autant plus facile à bien étu- dier qu'elle ^st volumineuse : clle est à peu près de la dimension d'un fruit d' satis tinctoria. Il est en outre très facile de la faire germer, en la semant sur du terreau, dans un vase submergé ; mais cette graine charnue se flétrit et s'altére à l'air libre : on doit donc la semer aussitôt qu'elle s'échappe du péricarpe, à la maturité, et imiter en cela ce qui alieu dans la nature, — Lorsque l'on enlève le tégument coriace de cette graine, on voit qu'elle con- siste en un embryon charnu complétement dépourvu de périsperme. Une coupe longitudinale, parallele au sens dans lequel cette graine est déprimée, montre que la plus grande partie de la masse de l'embryon est constituée par un organe indivis qui n'est autre chose qu'un cotylédon unique; vers la base de ce cotylédon, on découvre la fente gemmulaire (ouverture de la gaine de la feuille cotylédonaire), et au fond de cette fente on trouve la gemmule, composée, avant la germination, d'une très petite feuille, à la base de laquelle on distingue le rudiment de la feuille suivante. Lors de la germination, le cotylédon ne change pas de forme: il grossit et s'allonge en déchirant, par en haut, les tuniques de la graine. Les bords de sa gaine (fente gemmulaire) s'écartent pour livrer passage à la première feuille de la gemmule, qui est filiforme et atteint bientót plusieurs fois la longueur du cotylédon ; en méme temps la base du cotylédon se prolonge en une radicule obtuse. — Un mois plus tard, on voit la jeune plante étaler à la surface de l'eau deux ou trois feuilles longuement pétiolées et à limbe ellip- tique, ne différant des feuilles de la plante adulte que par leur petite taille. Si, alors , on retire la jeune plante de son vase submergé, on trouve en- core la feuille cotylédonaire adhérente au collet, et l'on voit que ce coty- lédon a produit à sa base une racine globuleuse que je puis comparer à la racine de première année du Tamus communis. Cette racine globuleuse émet aussi, comme celle du Tamus communis, des fibres radicales filiformes, sub- coléorhizées, — D'autre part la gemmule, en se développant, a constitué une rosette de trois à cinq feuilles: la plus ancienne, quelquefois déjà détruite, est complétement linéaire ; la seconde est un peu élargie vers le sommet, et les suivantes sont pourvues de leur limbe elliptique qui s'étale à la surface de l'eau. — Cet embryon, si facile à suivre dans les phases de sa germina- tion, ne differe, comme on le voit, par aucun point essentiel de l'embryon des Monocotylées. Si donc la graine, dans le genre Saururus, présente un Périsperme, et si son embryon est à deux cotylédons, le genre Aponoge- {on ne saurait en être rapproché ; il me semble, au contraire, devoir être Placé non loin du genre Potamogeton, dont il ne diffère essentiellement que Par ses carpelles renfermant plusieurs graines. J'ajouterai, en terminant, que I Aponogeton distachyus, considéré généra- lement comme une plante de serre dans le nord de la France, convient à fous les climats tempérés : il a été naturalisé depuis plus de vingt ans dans 580 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le centre de la France, par M"* Agl. Adanson et M. Anach. Doumet, dans une pièce d'eau du parc de Baleine (Allier); il y végète et y fleurit abon- damment chaque année, sans nécessiter ni soins ni culture. Cette belle plante, si propre à décorer les bassins et les pièces d’eau, par son feuillage et sur- tout par ses fleurs élégantes et nombreuses, a, en outre, l'avantage de se propager facilement de graines, comme le prouve la réussite complète des semis que j'ai faits cette année à Costebelle prés Hyères. M. J. Gay demande à M. Germain de Saint-Pierre quelle est son opinion sur l’aflinité de cette plante. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il la place près des Pota- mogeton. M. Gay fait observer : Qu'aprés de longues études sur les phanérogames aquatiques, Adrien de Jussieu était arrivé à une tout autre maniére de voir. Suivant lui, l’ Apono- geton serait allié avec le Triglochin et le Lilæa (genre dédié à Raffeneau- Delile), et rentrerait par conséquent dans la famille des Joncaginées. M. Gay ajoute quelques détails sur la singulière destinée qu'a eue le nom sous lequel figure dans nos livres la plante dont il est ici question. Aponoge- ton signifie voisin ou habitant d'Aponus, comme Potamogeton signifie voisin ou habitant des fleuves, étant dérivé des mots grecs orapès et yeiruv. ApOnUS (aujourd'hui Abano) est, comme on sait, un établissement thermal situe prés de Padoue, dans la vallée du Pô, célèbre dès le temps des empe- reurs romains, et qui a eu l'honneur de donner naissance à Tite-Live, établissement qui est encore fréquenté de nos jours, en raison de l'utilite médicale de ses eaux. Or, Pontedera, qui écrivait dans le premier quart du dernier siècle, donna le nom d'Aponogeton à une plante aquatique observée par lui dans les fossés des environs d'Aponus. La méme plante tomba quelques années plus tard dans les mains de Micheli, le célèbre obser- vateur florentin, et il la nomma Zannichellia, sans tenir compte du nom d'Aponogeton de Pontedera, qui pourtant était antérieur de plusieurs al nées. C'est ainsi que le nom de Zannichellia, adopté par Linné, s'est pro- pagé jusqu'à nos jours, au détriment d'un autre nom qui eût dû être con- servé, puisqu'il était antérieur en date et qu'il ne prétait à aucun doute, Tel était l'état des choses, et un demi-siécle s'était écoulé, lorsque Thunberg eut à décrire une plante du eap de Bonne-Espérance, à laquelle il fallait un nouveau nom générique. Aponogeton était vacant, ct il l'appliqua à sa plante sans hésiter, et vraisemblablement aussi sans s'étre rendu compte P de son étymologie ni de ce qu'il avait antérieurement signifié. C'est dans le méme sens que nous entendons aujourd'hui le mot Ap ton, d'où résulte cette singularité d'un genre de plantes qui appartien on0ge- t tout SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 981 entier à l'hémisphère austral et qui porte le nom d'une bourgade du royaume Lombard-V énitien, située par le 45* degré de l'hémisphère boréal! M. Planchon dit : Que l'Aponogeton a été naturalisé par Delile et Farel à La Valette, sur les bords du Lez, et qu'on l'a vu fructifier à Montpellier. —- M. Planchon ajoute que, dans une note insérée dans les Annales des sciences naturelles, il a déjà émis, il y a plusieurs années, les idées que M. Germain de Saint- Pierre vient d'exposer. Il y a longtemps d'ailleurs que l’ Aponogeton est re- gardé comme monocotylé : Adrien de Jussieu l'a signalé comme tel dans un mémoire sur les embryons monocotylés, et M. Ad. Brongniart le rap- proche des Naiadées, M. Chatin rappelle : Qu'Adrien de Jussieu Insistait beaucoup dans ses leçons sur la structure de l' Aponogeton, qu'il considérait comme monocotylé. M. Chatin possède, à l'appui de ce qu'il avance, des dessins pris au cours de cet illustre savant. — ll a remarqué d'ailleurs, dans l'herborisation faite par la Société à La Va- lette, que l'Aponogeton est complétement naturalisé sur les bords du Lez, mais il ne pense pas qu'on doive en conclure que cette plante puisse être facilement acelimatée dans le nord de la France ; car, sur les bords du Lez, non-seulement elle se trouve dans la région méridionale, mais encore dans des eaux dont la source est assez voisine pour qu'elles conservent méme en hiver une température relativement élevée. M. E. Doumet, vice-président, dit que dans le parc de Baleine (Allier), où l'Aponogeton a été naturalisé, il se trouve dans une piéce d'eau alimentée par une source dont l'eau gèle trés difficile- ment. M. Ducoudray-Bourgault croit à la facile propagation de cette plante dans le nord-ouest de la France. Il l'a vue se maintenir par- faitement depuis quinze ans, aux environs de Nantes, dans des eaux qu! gélent tous les hivers, et fructifier malgré les intempéries du climat, dont toutefois la rigueur est adoucie par le voisinage de la mer, M. Durieu de Maisonneuve, en examinant les échantillons de Posidonia présentés par M. Germain de Saint-Pierre, remarque que la partie inférieure des liges est entiérement couverte d'un Champi- snon, le seul qui se développe et fructifie en pleine mer : c'est le Spherin Posidonir. 582 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE. M. Germain de Saint-Pierre dit qu'il. est heureux d'avoir provo- qué ces intéressantes remarques. 1l ignorait, d'ailleurs, les observa- tions antérieures de M. Planchon. M. J.-E. Planchon ajoute : Qu'Endlicher a eu tort de rapprocher, dans son Genera plantarum, V Apo- nogeton des Saururées, et que la description qu'il a donnée de l'embryon de cette plante est entierement controuvée et copiée sur celle que M. E. Meyer & donnée de l'embryon des Saururus, qui présente un double albumen. — M. Planchon croit qu'on doit, à l'exemple d'Adr. de Jussieu, rapprocher des Aponogeton, les Ouvirandra (4) ; car, dans l’un et l'autre de ces genres, on observe un embryon pourvu d'un seul cotylédon charnu, considérable, comprimé, et d'une grosse gemmule située en dehors. Adr. de Jussieu les ci- tait comme exemples d'embryon monocotylé à gemmule exserte. M. Gustave Planchon présente à la Société quelques échantillons de végetaux fossiles et fait la communication suivante : SUR LA FLORE QUATERNAIRE DES TUFS CALCAIRES DE CASTELNAU PRÉS MONTPELLIER, pr M. GUSTAVE PLANCHON. Ce n'est pas un travail complet que j'ai la prétention de présenter à la Société; je désire seulement attirer un instant son attention sur quelques végétaux fossiles caractérisant la flore quaternaire de notre région. Le ter- rain qui les renferme est vulgairement connu dans le pays sous le nom de tuf caleaire de Castelnau. MM. Marcel de Serres, Taupenot et Paul de Rou- ville l'ont successivement étudié au point de vue géologique ; mais ils ont laissé, dans la détermination des diverses espèces de sa flore, des lacunes nombreuses, que je m'efforcerai de combler dans un travail spécial. En attendant la réalisation de ce projet, qu'il me soit permis d'exposer le résultat de mes premières recherches. Les deux localités que j'ai seules explorées jusqu'à ce jour (Castelnau et le Gasconnet) m'ont offert des empreintes de fruits, de tiges et de feuilles. Les fleurs, naturellement trop délicates, n'ont laissé aucune trace de leur présence. Les fruits y sont en petit nombre : je n'ai rencontré jusqu'ici que: Quelques cônes de Pins, très incomplets, mais dont les écailles sont par- faitement reconnaissables ; Deux fruits, dont la détermination est encore fort douteuse : l'un d'eux a une ressemblance éloignée avec le fruit de l’ Aristolochia Clematitis. oll- (1) Plantes de Madagascar. L'espece la plus remarquable de ce genre. précie sement cultivée au jardin de Kew, est l'O. fenestralis Poir., dont les feuilles Y duites aux seules nervures forment une sorte de dentelle. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 583 Les tiges et les racines semblent dominer dans cette formation, On voit en certains points se dessiner à la surface du terrain des courbes assez souvent concentriques, simulant des trones d'arbres d'une dimension considérable : mais je n'ose pas hasarder encore une opinion sur la cause de leur présence. Il en est de méme de certains tubes serpuliformes, que l'on rencontre serrés les uns contre les autres, et que l'on serait d'abord porté à regarder comme des racines. Il existe en outre bon nombre de débris, qu'on doit sans hésitation rap- porter à des tiges ou à des racines, appartenant la plupart à des Dicotylé- dones, mais dont une détermination plus exacte est à peu pres impossible. Les seules empreintes que j'aie pu reconnaitre, appartiennent à des branches de Conifères, probablement du genre Pinus; les autres à des chaumes de Graminées, peut-être du genre Arundo. Les feuilles sont représentées par de nombreuses empreintes. Celles dont la détermination me paraît à peu prés certaine, se rapportent aux espèces suivantes, rangées dans l'ordre de leur fréquence : 1° Acer Pseudoplatanus. Feuilles très communes à Castelnau, considérées jusqu'ici comme des feuilles de Vigne. — 20 Smilax aspera. Feuilles com- munes au Gasconnet, se présentant sous toutes les formes, depuis la plus étroite jusqu'à la plus large. — 3° Pinus (espèce encore indéterminée). — h? Buxus sempervirens. — 5° Hedera Helix. — 6° Rhamnus Alaternus, — T° Alnus glutinosa. — 8° Quercus Ilex. — 9* Cornus sanguinea. Les espèces suivantes sont déterminées avec doute : 40° Hex Aquifolium? — 14° Phillyrea angustifolia?— 42 Laurus nobi- lis? — 13° Celtis australis? ? — Aho Arundo Donas ? ? De cette énumération ressort un fait général : c’est l'analogie de la végé- tation de cette période avec la nótre, et l'áge relativement récent du tuf de Castelnau. Peut-être n'aurais-je dû formuler cette conclusion qu'après avoir exacte- ment déterminé toutes les espèces de cette flore : cependant elle me parait, dès à présent, très probable. Des questions générales et fort intéressantes, mais dont j'ajourne à dessein la discussion, se rattachent aux faits que j'ai signalés. Telle est celle de la présence, dans un terrain antérieur à toute culture, de Plantes que l'on a regardées comme les types de nos espèces cultivées. On Y avait signalé des feuilles de Vigne: je les ai vainement cherchées; toutes celles qui en ont l'apparence appartiennent bien évidemment à l Acer P seudoplatanus. Cette question est pour moi dès aujourd’hui complétement vidée, J'hésite beaucoup plus à me prononcer au sujet de l'Olivier. La conclu- sion est trop importante, et les matériaux que j'ai pu rassembler sont trop 584 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. incomplets, pour que j'ose rien préjuger à cet égard. Je devrai attendre pour me décider que de nouvelles recherches m'aient fourni des résultats plus satisfaisants. Et la séance est levée vers cinq heures. Le 41 juin, la Société s'est rendue à Cette par le chemin de fer. La Société entomologique s'était jointe à elle pour cette excursion. Aprés une longue et fructueuse herborisation (1) sur les hauteurs qui dominent la ville, nous sommes allés visiter le riche musée que M. Doumet, l'un des vice-présidents de notre session extraordinaire, a fondé dans sa belle demeure, il y a déjà environ quarante ans, et qu'il a constamment accru depuis. M. E. Doumet, ancien officier supérieur d'état-major, aujourd'hui maire de Cette et député au Corps législatif, a ouvert sa maison aux mem- bres des Sociétés botanique et entomologique avec la plus cordiale hospi- talité. Il a bien voulu admettre à sa table un grand nombre d'entre eux, puis il les a conduits dans son musée et daus ses jardins, dont il leur a permis d'admirer tous les détails. Nous allons en donner une description succincte. Musée. — Les galeries sont au nombre de deux, et leur ensemble forme une sorte de T allongé. L'une a 50, l'autre 70 mètres de longueur; sur une largeur de 40 mètres et 7 mètres de hauteur de plafond. Elles sont éclairées par 52 portes ou fenétres, et par des ouvertures au plafond, qui ont pour but de faire arriver la lumiére de tous les cótés sur les objets. Les trumeaux sont occupés par des armoires vitrées renfermant les gros objets, tandis que les collections d'objets menus sont casées dans des vitrines plates, formant deux doubles rangées qui oceupent le milieu des galeries dans toute leur longueur. Des passages ménagés de distance en distance, el dont le centre est 5ecupé par des pieces saillantes, telles que le plan €" relief de Jérusalem, le vaisseau-modèle, le globe polymathique, ete. , pe?- mettent de suivre les séries sans faire le tour entier des galeries. Les coliections peuvent se diviser en deux séries : A. Collections archéologiques, historiques et artistiques. — Nous devons citer parmi celles-ci : 1° une réunion de costumes, armes et ustensiles de la ip ln . rt sur (1) Voyez plus bas, dans le compte rendu de la séance du 16 juin, le rapport ? celte herborisation, rédigé par M. P. Mares. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 585 plupart des peuples étrangers à l'Europe ; 2° une réunion d'antiquites égyp- tiennes, étrusques, grecques, ete. , suivie d'un certain nombre d'objets du moyen-âge ; 3° une collection d'armes et armures européennes, depuis les temps antérieurs à l'invention de la poudre jusqu'à nos jours; 4° une réu- nion de tableaux et d'objets d'art. B. Collections d'histoire naturelle. — Elles comprennent : 1° Collections minéralogiques et géologiques de tous pays, parmi les- quelles on remarque celle des roches de Corse, réunie par M. Doumet, pen- dant un séjour de cinq ans qu'il a fait dans cette ile. 2° Collection ornithologique, composée essentiellement des oiseaux d'Eu- rope, presque tous accompagnés de leurs œufs. Certains exemplaires de cette collection ont servi de types aux descriptions de plusieurs auteurs. 3° Collection de reptiles indigènes et étrangers. W Collection des poissons de la Méditerranée, préparée sur les lieux depuis dix ans, sous la direction de M. Napoléon Doumet, et qu'augmen- tent chaque jour les nombreuses espèces rares ou curieuses qui vivent dans cette mer. 5° Collection des Lépidoptères indigènes et exotiques, remarquable par sa disposition et par un grand nombre d'espèces rares ou nouvelles. 6° Collection des Crustacés et Échinodermes du littoral, auxquels sont jointes un certain nombre d'espèces exotiques. 7° Collection considérable de Zoophytes (madrépores , éponges , gor- gones, etc.) de tous pays. 8° Collection conchylivlogique, l'une des plus complètes qui existent, comprenant environ 15,000 espèces actuellement vivantes, représentées par plus de 100,000 individus. 9* Enfin, collections botaniques, composées principalement de l'herbier de Michel Adanson, qui a servi de base à son ouvrage sur les Familles des plantes (1763). Cet herbier est encore dans l'état où il l'a laissé, il y a juste cinquante aus: ; quelques-unes des plantes qui s'y trouvent sont récoltées depuis plus d'un siècle. M. Doumet, petit-fils d'Adanson, possède, outre son her- bier, précieux par les nombreuses annotations de l'illustre et laborieux natu- raliste, une grande partie de ses manuscrits, parmi lesquels on remarque son fameux Orbe universel, ou Encyclopédie, qui ne devait pas se composer de moins de 120 volumes in-folio. Ces manuscrits forment un total de plus de 200 volumes, dont les deux tiers sont écrits dela main méme de l'au- teur. Ces chiffres peuvent déjà donner une idée des immenses travaux d'Adanson, travaux qui étonneront plus encore, si on ajoute que les 200 ou 300 volumes de sa bibliotheque qui se trouvent chez M. Doumet, sont annotés de sa main sur toutes les marges et méme entre les lignes du texte. En outre, ses collections, qui renfermaient déjà, vers 1790, plus de 30,000 espèces, el qui étaient connues sous le nom de Musée de l'Académie 586 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d’ Adanson, sont toutes étiquetées de sa main, avec l'origine et quelquefois l'histoire, pour ainsi dire, de chaque échantillon. JAnDiNs. — Les galeries que nous venons de décrire dominent un jardin de 70 mètres de long sur 25 de large, qu'elles abritent du côté de l'ouest et du sud. Sous les fenétres à l'exposition nord, était placée, lors de notre visite, une collection de Camellia et autres plantes de terre de bruyère, dont la culture offre de grandes difficultés sous un climat chaud et sec comme celui de Cette. Plus loin se trouve une série de bâches entourées de plates-bandes, remplies les unes et les autres par une des plus intéressantes colleetions de Caetées que l'on puisse voir. Elle ne compte pas moins de 3000 échantillons. Commencée, il y a quinze ans environ, par M. Doumet, elle s'est accrue depuis par la collection bien connue du docteur Audry, secrétaire-général de la Société d'hortieulture de la Seine. Ne pouvant énumérer les nombreuses especes qui y sont réunies, nous nous borne- rons à citer les Echinocactus acanthodes, Hayni, Williamsii, Cumingii, Saglionis, tribolacanthus ; Echinopsis obliqua , cinnabarina; Melocactus pentacanthus, Hystrix; Mamillaria uberimamma, Brongniartiana, dæ- dalea; Pilocereus Columna, glaucescens, Cometes, Pfeifferi, Chrysomalus ; Cereus euphorbioides, Forbesii, Dumortieri, heteromor phus, Hermantianus, pentaédrophorus, gilvus, conicus, ete., remarquables, soit par leur rareté, soit par les dimensions et la force des sujets. Sur deux individus de la der- nière espèce citée, M. Germain de Saint-Pierre a constaié un phénomène intéressant de dédoublement. A la famille des Cactées sont joints des Aloë, des Agave, des Euphorbes cactiformes, des Ficoïdes et des Sempervivum, constituant l'ensemble des végétaux appelés vulgairement plantes grasses. A l'extrémité de ce terrain et un peu plus bas, se trouve un second jardin, plus grand du double et contenant la suite de ces précieuses col- lections. Enfin l'établissement est complété par six grandes serres, dont une spécialemeat affectée aux Cactées, une pour les Camellia, une serre chaude, deux serres froides et une orangerie. C'est dans la serr@ chaude que la Société a pu voir un Musa paradisiaca ayant porté cinq régimes depüis un an, et deux pieds de Bougainvillea spectabilis couvrant une muraille de 15 métres de long sur 6 de haut. Dans les jardins, nous avons remarqué aussi la riche végétation de l'Acan- thus mollis, qui semble y venir spontanément, et un très beau pied de Nicotiana glauca, qui croit en pleine terre, comme sous le ciel de l'Ame- rique du sud. M. Doumet, héritier direct d'Adanson et neveu du comte de Lacépède, a su faire un noble et utile emploi de sa fortune. Tout en satisfaisant ses goüts personnels, il contribue au progrès de la science et s'efforce d'instruire ses concitoyens en les faisant jouir libéralement des richesses scientifiques qu'il a réunies. Chaque dimanche, pendant toute l'anuée, ses galeries et Ses SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER kN JUIN 1857. 587 jardins sont ouverts à tout le monde; les étrangers y sont admis tous les jours. Sa bibliothèque, de 4000 volumes, composée en majeure partie de livres d'histoire naturelle, est également à la disposition de ceux qui veulent travailler; et chaque jour, des observations météorologiques, horticoles et botaniques, sont faites sous sa direction dans ses jardins. Ajoutons que M. Doumet a eu le bonheur de trouver dans son fils un aide intelligent et dévoué à la táche qu'il a entreprise. M. Napoléon Doumet est digne de continuer et de compléter un jour l'œuvre de son père. Nous en avons vu la preuve dans l'empressement bienveillant qu'il a mis à nous faire avec lui les honneurs de ses collections, et dans les intéressantes expli- cations qu'il nous a données. C'est à son obligeance que nous devons une grande partie des renseignements contenus dans la notice qu'on vient de lire. | SÉANCE DU 12 JUIN 1857. PRÉSIDENCE DE M. PIERRE DE TCHIHATCHEF. La séance est ouverte à neuf heures du matin. M. Eugène Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 40 juin, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Vicieix (Guillaume), rue de la Harpe, 49, à Paris, présenté par MM. le comte Jaubert et de Scheenefeld. : ZaxÉTIDEs (Panagiotès), étudiant en médecine, de Césarée en Cappadoce, actuellement à Montpellier, rue du Vestiaire, 10, présenté par MM. de Tchihatchef et Martins. MancELLIN (Augustin), étudiant en médecine, place du Palais, 3, à Montpellier, présenté par MM. Planchon et Maillard. ManriN (Antoine-Bernardin), docteur en médecine, à Aumes- sas, prés Le Vigan (Gard), présenté par MM. J. Gay et de Schænefeld. TwezkiEwicz (Dioméde), docteur en médecine, au Vigan (Gard), présenté par MM. J. Gay et de Schenefeld. M. le Président annonce en outre cinq nouvelles présentations. Des échantillons remarquables de céréales, présentes à la Societe 588 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par M. Hétru, horticulteur à Tandon prés Montpellier, sont déposés sur le bureau. M. Fournier, secrétaire, annonce qu'il a recu de M. Barrandon, de Montpellier, des échantillons de Brassica humilis DC., pour être distribués à quelques membres de la Société (1). M. J.-E. Planchon, vice-président, rend compte de l'herborisation faite le 9 juin, au Pic de Saint-Loup : RAPPORT DE M. J.-E. PLANCHON SUR L'HERBORISATION DIRIGÉE PAR LUI, LE 9 JUIN, AU PIC DE SAINT-LOUP. Le Pie de Saint-Loup, Mons Lupi des anciens botanistes, s'éléve au nord de Montpellier, à la distance d'environ 48 kilomètres en ligne directe. Ce n'est pas, comme semblerait l'indiquer le nom de pic, un mamelon isolé, mais un ehainon de montagnes à crête trés accidentée, qui se dirige de l'est à l'ouest sur une étendue approximative de 18500 mètres. Il est divisé dans sa longueur en deux croupes très inégales, dont la plus haute, formant le principal massif de la montagne, s'élève à 659 mètres au-dessus du niveau dela mer. Le versant méridional de la chaine s'abaisse par des pentes plus ou moins roides, à l'ouest jusqu'à la petite plaine de Cazevielle, portion orientale du plateau montueux de Viols; à l'est jusqu'au vallon de Mortiès, ilot de terrain de lias enclavé dans un cercle de marnes supralia- siques qui se font remarquer de loin par leur teinte gris de plomb et leur surface profondément ravinée. Le versant nord, presque partout inacces- sible, dresse, au-dessus des talus rapides de sa base, un rempart continu de rochers à pie, dominant vers l'ouest le bassin fluvio-lacustre (caleaire ter- tiaire d'eau douce) du Mas de Londres; vers l'est, le bas-fond néocomien, qui s'étend entre le Saint-Loup et l'Ortus. Cette dernière montagne, bien moins haute que le Saint-Loup, lui présente presque en ligue parallèle la corniche abrupte qui forme sa crête. Elle semble s'en être séparée par un déchirement violent; mais ici l'apparence est trompeuse, car la masse du Saint-Loup appartient à la formation jurassique (étage oxfordien), et celle de l'Ortus à la formation crétacée (étage néocomien). Malgré sa faible hauteur absolue, le Pie de Saint-Loup joue un peu grande montagne, Vu de Montpellier, il forme le tràit saillant de cette vaste ceinture montueuse qui s'étend de l'ouest à l'est par le nord, com- prenant dans son horizon visible les collinesde la Gardiole, les crétes dénu- la (4) M. Barrandon, prévoyant que la Société ne pourrait rencontrer cette inté- ressante espèce dans le cours de ses excursions, avait eu l'obligeance d'aller la recueillir, à une lieue au delà du Pic de Saint- Loup, avec l'intention expresse de lui en offrir des échantillons, SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 589 dees de la Sérane, la ligne uniforme du bois de Valène, les cimes longtemps neigeuses des Cévennes, et souvent, perdus dass le lointain, les Pyrénées, le Mont-Ventoux et les Alpes dauphinoises. Placé presque au premier plan de ce tableau, le Saint-Loup s'y dresse fièrement comme un avant-poste des basses Cévennes, et ferme de ce côté la région traditionnellement considérée comme siege de la flore locale de Montpellier. Sa végétation est, du reste, tout à fait méditerranéenne. Le Chéne-vert ct le Thym y croissent dans les rocailles; le Laurier des poétes (Laurus nobilis) y trouve asile dans un recoin inaccessible de la crête, non loin du sommet, et quoique la plaine que surplombe le versant nord du Saint- Loup soit plus froide que les pentes exposées au sud des basses Cé- vennes, elle présente néanmoins comme elles un caractère méridional. Du reste, la variété des expositions, la diversité des terrains qui se grou- pent autour du Saint-foup, tout concourt à donner à cette montagne, en y joignant les plaines et les collines adjacentes, une végétation des plus riches. C'est là ce qui lui a fait une réputation séculaire dans les fastes de l'berbori- sation. En y conduisant, le 9 juin 1857, la vaillante caravane de la Société botanique, nous étions heureux de fouler les traces de Lobel, de Clusius, de Rieher de Belleval, de Magnol, de Sauvages, de Gouan, de De Candolle, de Delile et de Dunal, glorieux éclaireurs de cette classique région. Deux grandes routes conduisent de Montpellier au voisinage du Pie de Saint-Loup : celle de Ganges à l'ouest et celle de Quissac à l'est. On quitte la première au plateau de Viols, pour suivre à pied la pente méridionale du mont. C’est le sentier battu des gens du monde. La seconde permet d'aller en voiture jusqu'à Tréviés. Là commence l'ascension pédestre. On peut la faire de deux facons : en suivant un sentier qui rampe par degrés surle flane méridional du mont, ou bien en gravissant, à travers les blocs de rochers et les broussailles, la eréte orientale de la chaine. Pour accomplir cette derniere escalade , les vétérans de notre troupe retrouvent leurs jambes de vingt ans. Partis en voiture de Montpellier, à deux heures et demie du matin, nous Semmes arrivés à Tréviès à cinq heures. Aussitôt l'avant-garde se dirige vers le château de Montférand, ruine pittoresque qui couronne la petite eroupe orientale du Saint-Loup. C'était autrefois un château-fort appartenant aux évêques de Maguelonne. Il n'en reste aujourd'hui que des pans de mur, des tours démolies, des décombres amoncelés. Pour arriver à ces ruines, nous traversons le petit village de Saint-Mathieu de Tréviès, situé dans le terrain lacustre (calcaire tertiaire d'eau douce); et bientôt, sur ce terrain Spécial, deux plantes attirent notre attention. L'une est l'Astragalus inca- ^us, que découvre l'œil exercé de M. Cosson. C'est une espèce rare pour Montpellier, où nous ne la connaissions encore que dans le voisinage d'Assas, également sur le calcaire d'eau douce. L'autre plante est le Cneo- 590 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rum tricoccon. Très commun sur la chaine de Gardiole et sur la montagne de Cette (terrain oxfordien, oolithes, dolomies), cet arbuste ne se retrouve ensuite dans nos environs que pres de la montagne de Mounié, non loin de Tréviès, et dans la localité nouvelle que nous venons de signaler. On sait qu'il végète en abondance dans les rocailles néocomiennes de la Clape, près de Narbonne, preuve qu'il n'a pas de préférence exclusive pour une seule formation calcaire. Sur les ruines de Montférand, à 469 mètres d'altitude, on rencontre déjà, comme des sentinelles avancées, quelques plantes de la haute crête du Saint-Loup. Tels sont, par exemple, le Saxifraga pubescens, le Silene Saxifraga et \ Alyssum spinosum. Descendus de Montférand, nous franchissons rapidement la dépression qui sépare les deux croupes du Saint-Loup. Il s'agit d'aborder la plus haute par sa crête orientale. ic opus, hic labor est. C'est une véritable prise d'assaut. On s'élance intrépidement à la conquéte des plantes. Ici, c'est r Hie- racium stelligerum, rarissime espèce que nous retrouverons plus abondante et plus accessible à Saint-Guilhem-du-Désert ; elle croit mêlée à l Hiera- cium amplexicaule, et à des formes pour nous ambigués de V Hieracium murorum. Là, ce sont des touffes de l Erodium petræum, petit sous-ar- buste à feuilles musquées, à grandes fleurs roses, délicates et trop fugaces: la plante est spéciale au Saint-Loup, dans la région de Montpellier. Cà et là, sur les rochers, on cueille l' A/sine mucronata. Dans les crevasses om- bragées, quelques pieds de Belladone semblent rappeler que ces roches dé- nudées ont été autrefois couvertes d'une végétation touffue. Partout s'éta- lent sur le roe grisátre les brillantes touffes roses du Saponaria ocymoides ; le Ribes alpinum fleurit obscurément dans les crevasses; le Saxifraga pubescens forme des coussins bombés sur le flane des précipices, où la Fé- rule (Ferula glauca), le Lis Martagon (très rare), le Cerasus Mahaleb, l Amelanchier vulgaris, le Coronilla Emerus, semblent fuir à dessein les atteintes du botaniste. Enfin, après deux heures d'ascension, nous sommes tous réunis au som- met du pie, autour la. ehapelle de l'ermite et du signal de Cassini. Il est dix heures : un soleil trop vif diminue l'effet, encore admirable, du tableau qui se déroule à nos regards. Oa cueille au bord du puits de la chapelle le Rumex scutatus, et près de la tour du Signal, quelques branches du Rhamnus alpinus. A onze heures commence la descente. Elle s'opère rapidement et sans fatigue par le sentier qui se rend à la ferme de Cazevielle. Rien de bien remarquable sur la route, au moins pour des botanistes méridionaux. M. Timbal-Lagrave y retrouve son Lotus Delorti de Narbonne, que NOUS confondions jusqu'à présent avec le Lotus corniculatus. La petite plaine de Cazeviclle est au pied du versant méridional du Pie de SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 591 Saint-Loup. Les plantes intéressantes nous appellent de l'autre côté du pic, daus le bassin de calcaire d'eau douce du Mas de Londres. Partis de la ferme de Tourrière, nous franchissons la crête du pic (assez basse en cet endroit) par le col du méme nom, en laissant sur la droite une tour carrée qui nous explique le mot £ourriére. Sur les rochers se présente assez fréquemment le Linaria supina, connu des botanistes de Montpel- lier sous le nom de Violette de Saint-Loup. Sa fleur, en effet, exhale l'arome de la violette ; ailleurs elle est presque toujours inodore, sans que cette diversité s'accompagne d'aucune différence appréciable dans les caractères. Avis à ceux qui séparent comme espèces l'Orchis fragrans et l'Orchis coriophora. On descend du col de Tourrière dans le bas-fond du Mas de Londres, par un chemin en zigzag qui serpente entre les rochers. C'est là que nous allons cueillir au premier printemps l’ Arabis verna. Plus bas, dans les argiles lacustres, une moisson nouvelle se présente aux botanistes. C'est ici par excellence la région des Lins. Le Linum salso- loides y prédomine, étalant partout ses fleurs blanches, lavées de rose. A côté viennent le Linum campanulatum, aux graudes corolles jaunes ; le Linum narbonense, aux fleurs d'uu bleu si pur et si vif; le Linum tenui- folium, qui ressemble par les fleurs au Linum salsoloides. Une autre plante à citer est le Carduncellus Monspeliensium, qui se retrouve plus pres de Montpellier, dans les argiles du terrain lacustre de Grabels. Les plus intrépides d'entre nous vont chercher sur le versant du Saint- Loup le Pæonia peregrina, dont les fleurs sont depuis longtemps passées, mais qui présente encore dans ses fruits deux variétés remarquables : l'une à carpelles parfaitement glabres, l'autre à earpelles veloutés. La saison est trop avancée pour aller cueillir, prés du moulin du Renard, dans les argiles du terrain lacustre, le Diplotaxis humilis Gren. et Godr. (Brassica humilis DC.). Cette singuliere espèce, d'abord connue en ce seul endroit, a été retrouvée récemment sur le Causse de Blandas, prés de Montdardier (Gard), par notre ami, le docteur Diomede Twezkiewiez, et nous croyons aussi dans une localité d'Espagne, par M. le docteur Bubani. Au Mas de Londres nous sommes déjà dans les terrains eultivés, et l'in- térét de l'herborisation s'affaiblit, bien qu'il y ait encore à glaner dans les friches et les prairies des environs. Mais on a marché dix heures de suite, les boites sont pleines, et nous sommes charmés d'atteindre Saint-Martin de Londres, d’où les voitures nous ramènent à Montpellier en deux heures et demie, M. J. Gay déclare que les trois échantillons d'Zeracium qui lui out été présentés au retour du Pic de Saint-Loup doivent ètre rap- 592 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. portés à l'A. amplezicanle, tandis qu'il a reconnu la plante de Saint-Guilhem pour l H. stelligerum. M. E. Planchon dit avoir récolté, il y a deux ans, le véritable H. stelligerum au Pic de Saint-Loup. On y trouve aussi une forme intermédiaire entre les H. stelligerum et murorum. M. Martins dit qu'il a cueilli avec M. Godron l'H. stelligerum à Saint-Guilhem. L'identité de l'espèce cultivée au Jardin des plantes de Montpellier a été reconnue par M. Jordan. M. de la Perraudiére ajoute que I' Zl. stelligerum du Pic de Saint- Loup, croissant dans des fentes de rochers trés difliciles à gravir, est presque inaccessible aux botanistes. M. le docteur Touchy rend compte de l'herborisation faite le 10 juin aux bois de la Moure et au Port-Juvénal : RAPPORT DE M. le Dr TOUCHY SUR L'HERBORISATION FAITE, LE 10 JUIN, AUX BOIS DE LA MOURE ET AU PORT JUVÉNAL, ET DIRIGÉE PAR MM. CHATIN ET TOUCHY. Réunis sur la place du théâtre, à six heures du matin, nous avons pris, à l'est de la viile, la route de Mauguio. En traversant le Lez, on a remarque sur les deux rives le Nasturtium variifolium (bonne espèce et non variété du N. amphibium) et, dans l'eau, le Jussiæa grandiflora, plante de l'Amé- rique du nord, aujourd'hui tellement naturalisée dans le Lez qu'elle nuit à la navigation. Elle fleurit abondamment vers la fin de l'été, mais ne fructifie jamais; elle existait déjà dans la rivière en mai 1808, époque où elle y fut observée par De Candolle en présence méme de l'auteur de ce rapport. Les deux rives du Lez sont coupées dans un sol sablonneux, appartenant au terrain tertiaire fluviatile supérieur, ainsi que le prouvent les mollusques fluviatiles et terrestres à demi fossiles, mis à jour sur toutes les berges. Parvenus à la Campagne- Limousin, à 4 kilomètres de Montpellier, nous avons laissé à droite les tertres de Gramont et observé à gauche la belle plaine de Mauguio, couverte de vignes et de moissons; Cette partie de la route nous a présenté quelques plantes, le Lycium barbarum, le Convolvulus intermedius Lois. , toujours stérile, hybride des C. Cantabrica et lineatus. Au delà de la Plauchude, le sol se relève et change de nature; nous arrivons sur le terrain quaternaire (diluvium alpin) formé de galets arrondis, fluviatiles, presque tous siliceux, dont l'origine «st encore un probleme pour les géologues. C'est à la nature de ce terrain que parait due la qualite du vin de Saint- Georges, qualité qui se retrouve à peu près partout où le sol estile même, Nous avons observé en grand nombre les Cistus monspc- liensis, C. salvifolius, Spartium junceum, Lavandula Stæchas et quantité d'autres plantes. SESSION. EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 593 Parvenus aux bois de la Moure (1), sur le point le plus élevé, qui s'avance comme une presqu'ile sur le sol terliaire de la plaine de Mauguio, nous avons pu jouir du plus bel horizon. Au nord, s'élèvent les hautes montagnes de l'Espérou (Cévennes) à une distance de 100 kilometres environ (terrains primitifs ou de transition) ; plus bas, le Pic de Saint-Loup, la Sérane, l'Ortus (terrains secondaires); plus près encore, divers tertres tertiaires flu- viatiles ou marins; le terrain quaternaire est sous nos pieds. Au sud, nous apercevons une vaste plaine d'alluvion, la zone des étangs visible depuis Aigues-Mortes jusqu'à Cette; enfin la plage de la Méditerranée, formée de matériaux de toute sorte transportés par le Rhóne, du test des mollusques et du travertin marin, le tout noyé dans un sable fin et mobile, Les deux bois de la Moure, séparés par un abaissement, nous ont fourni beaucoup de plantes : Gerantum sanguineum, Aira caryophyllea, Atropsis globosa, Jasione montana, nombre de Medicago, Trifolium, etc.; nous étions alors à G ou 7 kilomètres de Montpellier. Au retour, nous avons parcouru le bois dit de Gramont, parce qu'il est placé pres du cháteau de ce nom, mais qui s'appelle en réalité bois de Flo- gergues. La coupe ayant été faite il y a un an, la récolte de plantes (surtout annuelles) est on ne peut plus abondante. Nous trouvons les Linaria Pelli- ceriana, Trifolium scabrum, T. arvense, T. hirtum, T. glomeratum, T. suf- focatum, Fumaria spicata, nombre de Medicago, Hieracium sabaudum, H. cymosum, plusieurs Orobanches, ete. Après avoir retraversé le Lez, et avant de rentrer à Montpellier (où nous sommes arrivés vers une heure), nous avons eu soin de visiter le Port- Juvénal, cette loealité classique et si chère aux botanistes. C'est là que, sur un sol uni, divisé en parallélogrammes limités par des piquets et des bandes de toile grossière et recouverts de galets calcaires tirés de la rivière voisine, sont préparées, à l'air libre, des laines qui proviennent de toutes les parties du monde, Ce lieu ne cesse de fournir un grand nombre de plantes exotiques, dont la végétation est favorisée par la haute température que conservent les galets échauffés par le soleil, El a été l'objet des recherches de De Can- dolle, de Delile et en particulier de celles du rédacteur de ces lignes, depuis sa jeunesse, Les laines importées par le commerce, apres avoir été épluchées à la main, sont lavées à l’eau bouillante, puis à l'eau froide et courante. Elles sont étendues à plusieurs reprises sur les galets, dans les parallélo- grammes dont nous avons parlé, et recouvertes par de grands filets. Les graines qui s'y trouvent mêlées se détachent, tombent entre les galets et germent assez souvent. Les plantes croissent; on les détruit quelquefois pour nettoyer le sol, mais cette destruction méme est favorable au dévelop- pement de nouveaux individus. (1) La Moure, en patois languedocien, signifie la bien-aimée. T. 1V 38 591 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On peut diviser en trois catégories les plantes exotiques qui croissent au Port-Juvénal. Les unes sont transitoires, ne paraissent que de temps à autre ou ne reparaissent pas; ces espéces semblent se renouveler chaque année. D'autres sont comme acclimatées et se montrent depuis un grand nombre d'années. D'autres, enfin, se sont propagées et naturalisées dans le pays, dont elles ont enrichi la flore, Les premières (espèces transitoires) appartiennent surtout aux genres Trigonella, Medicago, Trifolium, Enarthrocarpus, Diplotaxis, Sinapis, Rapistrum, Aira, Briza, Bromus, Festuca, Vulpia, ete. Parmi les secondes (espèces acelimatées), on remarque les Centaurea ibe- rica, C. diffusa, Verbascum cuspidatum, V. mucronatum, Ægilops cylin- drica, Æ. ventricosa, ete. Dans le troisième groupe (espèces naturalisées), on doit citer les Verbascum simplex, V. phlomoides, V. australe, Onopordon virens, ete. Nous regar- dons même le Jussiæa grandiflora et le Nasturtium variifolium comme provenant du lavage des laines. Ces deux plantes sont locales, elles ne remontent pas le Lez à plus de 300 mètres au-dessus du lieu de prépara- tion; en aval elles ont suivi la rivière et se sont répandues par les inonda- tions; mais, dans les affluents inférieurs du Lez, elles sont limitées à peu de distance des points de jonction de ces affluents avec la rivière. M. Durieu de Maisonneuve, vice-président, fait à la Société les communications suivantes : « NOTICES DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE. 1. Sur un nouveau Champignon du genre Cenococcum. — Un Champignon nouveau, ou supposé tel, n'est plus un fait qui mérite de fixer l'attention des botanistes ; car, depuis les belles découvertes de M. Tulasne, c'est au con traire vers la réduction des espèces, vers la réunion à un méme type spec fique des états divers et quelquefois fort dissemblables sous lesquels se mon trent souvent ces curieux végétaux, que doivent tendre désormais les études et les travaux des mycologues. Aussi me serais-je bien gardé de présenter à la Société le petit Champignon hypogé que j'ai l'honneur de mettre sous ses yeux, et que je crois encore inconnu, si le fait méme de sa manière de croitre, de son parasitisme sur les racines des jeunes Pins, ne m'eüt semblé assez remarquable pour être signalé, n Ainsi qu'il est facile de le reconnaitre au premier coup d'oeil, ce Champi- gnon appartient au genre Cenococcum. Par son volume, il exagère les di- mensions ordinairement assez exigués des espèces jusqu'à présent décrites si toutefois il y en a plus d'une. Voici comment je fus amené à sa decou- verte. D ^ ^ ^ M Y EM 'Te te Le 2 wars de cette année, m'étant rendu dans la forêt de pins de la Tes SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 595 (Gironde) pour des recherches d'un autre genre, je remarquai dans une clairière, un espace à peu prés circulaire où tous les jeunes Pins (Pinus Pinaster Lamb.), nés dans le voisinage des grands, étaientjaunes, rachitiques, dans un état d'appauvrissement particulier. J'eus bientót reconnu la cause du mal : elle était assez évidente. Toutes les racines de ces jeunes Pins, méme les plus ténues, étaient enveloppées d'un étui épais et continu, de 4 à 2 centimètres de diamètre et au delà, formé par un plexus de filaments bruns qui agglomèrent et fixent dans leur épaisseur le sable pur de ces an- ciennes dunes, De nombreux peridium de Cenococcum sont uichés dans l'é- paisseur des étuis. Je ne pus découvrir la moindre trace du parasite sur les racines des vieux Pins environnants ; il semble s'attacher exclusivement à celles des très jeunes individus, et nul doute que, s'il ne les tue pas complétement, il n'arrête au moins leur développement ultérieur de façon à les empêcher de devenir des arbres. I| y aurait donc un fléau de plus à ajouter à la liste, hélas! toujours croissante, de ceux qui frappent nos végétaux utiles, si, fort heureusement, ce Champignon ne paraissait fort rare. Je ne dis point cela parce que je ne l'ai rencontré qu'une seule fois et que les recherches auxquelles je me suis livré n'ont pu me faire découvrir dans la forêt de la Teste, ou ailleurs, un en- vahissement pareil à celui dont je viens de parler, mais parce que, si le Cenococcum du Pin était réellement plus fréquent qu'il ne semble l'étre, ses funestes effets auraient des longtemps frappé les sylviculteurs; le Champi- gnon lui-même n'aurait pu échapper à leur examen, et ils l'eussent imman- quablement signalé. Je ne dirai rien sur la question spécifique, n'osant point me hasarder à la résoudre moi-même. La manière de eroitre de ce Zenococcum, bien dif- férente de celle que nous connaissons chez le C. geophilumsi abondant dans les bois à terre de bruyère des environs de Paris, le développement excessif de son mycelium, ses peridium relativement énormes, plus ou moins irré- guliers, souvent méme lobés, et non point toujours assez régulierement Sphériques, tout semble indiquer une espèce particulière et bien distincte. Désirant utiliser le plus avantageusement possible pour Ja science, les ma- tériaux que j'ai recueillis et que j'ai mis tous ici sous les yeux de la Société, je les ai offerts à notre excellent confrère, M. Tulasne, le célèbre mono- graphe des Champignons bypozés, dans l'espoir qu'il saura peut-être dé- couvrir dans ces peridium, plus volumineux que ceux qui ont pu étre étu- diés jusqu'ici, des faits que je serais sans doute inhabile à apercevoir moi- méme, et qui permettraient de jeter quelque lumière nouvelle sur un genre dont la nature reste encore fort obscure, méme apres les beaux travaux des auteurs du savant et splendide livre Fungi hypogæi. Je sais déjà que M. Tulasne réserve à ce Champignon le rom parfaitement juste de C. pi- tyoctonum. 596 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. H. Sur le parasitisme du Gui. — Tout semble dit maintenant sur le pa- rasitisme du Gui. La liste des arbres auxquels il s'attache, d'abord assez restreinte, s'est tellement acerue dans ces derniers temps par les apports de nombreux observateurs, qu'il devient à peu près inutile, je crois, de cher- cher à la grossir encore. Nous n'aurions donc plus qu'à nous en tenir à ce qu'écrivait Endlicher, il y a plus de quinze ans, dans un passage dejà cité dans notre Bulletin, à savoir que « le Gui ne dédaigne aucun genre d'arbres ou d'arbrisseaux. » Toutefois, cette assertion de l' illustre botaniste semble trop absolue. Un sujet de recherches plus intéressant peut-être que celui d'un cas nouveau de parasitisme, serait de s'assurer si réellement il n'existe pas de végétal ligneux, parmi nos espèces indigènes ou aeclimatées, sur lequel le Gui refuserait obstinément de s'implanter. Rien de plus facile que ce genre d'observation, tant est simple le procédé par lequel on obtient la get- mination du parasite sur les écorces vivantes. On saurait bientôt si les ar- bres à suc âcre, caustique ou vénéneux, tels par exemple que le Noyer, le Figuier, le Rhus Toxicodendron, ete., sont, comme on peut déjà le supposer impropres à nourrir le Gui. Au reste, je compte m'occuper de ces expé- riences aussitôt que je serai en mesure de les entreprendre avec fruit. Je me hâte d'en venir à la communication annoncée et à l'appui de la- quelle je dépose sur le bureau de nombreux échantillons. Ce n'est encore, il est vrai, qu'un cas nouveau de parasitisme que je présente, mais ce cas est tel qu'on ne peut guère supposer, je crois, qu'il en existe de plus singulier et qui puisse arriver plus à propos pour clore la liste dont je pat- lais à l'instant. « [n ipso Lorantho europæo parasiticum vivit », avait dit Endlicher en complétant la phrase que je traduisais plus haut. Ce fait me fit supposer que» puisque le Gui avait été vu sur le Loranthus, il pourrait bien aussi se mon trer parasite sur lui-même. J'avais sous la main une occasion excellente d'observation sur un Peuplier de la Caroline, chargé de Gui, que je faisais abattre dans l'ancien Jardin des plantes de Bordeaux, à la date du 41 avril dernier. Dés le premier examen auquel je melivrai sur les plus fortes touffes de l'arbuste, je reconnus en effet le Gui semé et développé sur lui-méme, en nombre prodigieux d'individus de tous les áges, depuis les germinations toutes récentes provenant des baies qui se détachaient journellement, Jus- qu'à des pieds aussi forts et aussi vigoureux que leur support. On recon- nait toujours à coup sùr l'origine de ces pieds adultes, en ce qu'ils ne sor- tent point des nœuds ou des dichotomies, mais qu'on les voit implantés au basard sur le parcours du mérithalle, partant de points qui ne sauraient donner naissance à des rameaux. C'est prineipalement sur les vieux individus femelles que ce double para" sitisme se montre fréquemment. Cela se concoit, car les baies en se détachant s'agglutinent naturellement aux rameaux les plus voisins, oü un gran SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 597 nombre ne tarde pas à germer. Les individus mâles ne recevant qu'acci- dentellement sur leurs branches des baies échappées des pieds femelles, présentent bien plus rarement le double parasitisme. Aussi les vieux indi- vidus femelles paraissent-il, en général, beaucoup plus ramifiés que les máles. Quelquefois il arrive encore que des pieds femelles semblent donner naissance à des rameaux de fleurs máles et deviennent ainsi faussement mo- noiques. IH. Sur l'Ophioglossum de Lardy et du cap Ferret. — 1| y a onze ans, le 14 juin 1846, MM. Puel et Vigineix découvraient, non loin de la tour de Poeaney, près Lardy (Seine-et-Oise), une forme extrêmement remarquable d'Ophioglosse, qui peut étre regardée comme une des plantes les plus inté- ressantes de la flore parisienne. Les botanistes parisiens ont bien été de cet avis et se sont vivement préoccupés de cette jolie découverte; aussi presque tous les ans depuis cette époque, dirigent-ils des excursions publiques ou particulieres vers Lardy, dans le but principal de rechercher cette méme Fougère, laquelle, d'ailleurs, n'a jamais été recueillie qu'en petite quantité. Il y a peu de jours, le 24 mai dernier, dans une excursion que je con- duisais aux dunes du eap Ferret (Gironde), entre le bassin d'Arcachon et la mer, j'eus le plaisir de retrouver quelques pieds de la méme plante, dans une laite herbeuse, inondée l'hiver et encore un peu marécageuse en été (1). On nomme dans le pays /aites, létes, ou lèdes, car on n'est d'accord ni sur l'éty- mologie ni sur l'orthographe du mot, les vallons étroits, souvent tres frais, qui séparent les dunes. J'ai pensé que nos confrères parisiens, accourus à Montpellier en si grand nombre, reverraient avec quelque intérêt leur petite Fougère, retrouvée dans une localité nouvelle et bien éloignée du rayon de leur flore. Aussi me suis-je muni en partant des échantillons peu nombreux qui me sont échus, dans l'intention de les faire passer sous leurs yeux. Celte communication n'avait pas d'abord d'autre objet. Pourtant, que la Société veuille bien me permettre de profiter de l'heureuse occasion qui m'est offerte, et d'accompagner mon exhibition de quelques considerations rapides et superficielles sur cette forme singuliere et vraiment litigieuse. Plusieurs de nos confrères ont cru voir dans la plante de Lardy l'O. lusi- fanicum L. D'autres botanistes, plus nombreux je crois, ne l'ont considéréé que comme une forme réduite de l'O. vulgatum. Enfin, certaines personnes, 0'osant encore formuler une opinion, restent dans le doute ou vont même jusqu'à supposer la possibilité d'une troisième espèce. (1) Vingt-cinq jours plus tard, le 49 juin, au retour de la session, M. Gay et moi retrouvions l'Ophioglosse dans la méme laite, en plus grande quantité, mais alors, comme la première fois, à une seule et unique place, où nous étions arrivés après trois heures de recherches inutiles. 508 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La plante de Lardy et celle des laites de la Gironde appartiennent-elles réellement à l'O. lusitanicum? Pour mon compte, je n'hésite pas à déclarer que je ne le crois pas. Et pourtant je possède des échantillons vigoureux d'O. lusitanicum vrai, récoltés à la Calle au 4°" décembre, dont les dimen- sions et les formes sont absolument identiques avec l'échantillon de Lardy que je dois à l'amitié de M. le docteur Puel. Les différences organiques que je pourrais invoquer à l'appui de l'opinion que j'avanee sont trop minimes et de trop peu de valeur pour que je m'y arrête. Des frondes constamment plus épaisses, plus opaques dans le lu- sitanicum, uu véseau principal plus serré, à mailles plus longues et plus étroites, le réseau secondaire nul ou non visible, par suite de la consistance de la fronde; voilà, avec quelques autres détails non moins légers, ce que je pourrais faire valoir aujourd'hui comme caracteres différentiels. Mais, d'autre part, peut-on supposer que deux plantes dont l'époque de fructification est si prodigieusement différente appartiennent en réalité à une méme espèce? L'une développe sa fructification en hiver, l'autre en été, c'est-à-dire à une demi-année d'intervalle. C'est là assurément l'exemple le plus extréme qui se puisse citer de floraison disjointe, si je puis hasarder cette expression, entre deux plantes congénères appartenant à une méme flore. Une telle différence me semble l'indice certain d'une nature intime différente, laquelle ne se traduit peut-étre point à l'extérieur par des carac- tères conventionnels bien tranchés, mais qui, je crois, n'en est pas moins réelle et n'en conserve pas moins aussi une incontestable valeur. On a dit que l'extrême précocité de l'O. lusitanicum était probablement due aux stations maritimes qu'il affectionne. Mais jamais l'influence d'un climat maritime n'est allée jusqu'à opérer de tels contrastes dans un méme pays. Une différence de quinze jours, vingt au plus, c'est tout ce qu'il est permis de supposer. D'ailleurs, on ne niera point que le petit Ophioelosse de la côte d'Aquitaine n'appartienne bien à une localité essentiellement mari- time; et pourtant la date de sa fructification dans les laites peut étre fixée à la mi-juin, époque ordinaire de la fructification de l'O. vulgatum dans nos climats. D'autre part, l'O. (usitanicum, quand par hasard il se montre dans l'intérieur des terres, y reste constamment hibernal comme aux bords de la mer. Je n'ai pu m'occuper encore de l'examen comparatif des spores, mais on sait d'avance qu'il n’y a guère à espérer d'éclaircissement de ce côté, car il parait que dans tout le groupe des Ophioglossées, les spores sont d'une grande ressemblance (1). (1) Depuis que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société l'Ophioglosse du T Ferret, j'ai pu procéder. à l'examen comparatif des spores. Cet examen m ? M un caractere différentiel inespéré, bien faible, j'en conviens, mais assez appréciable SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 599 Je n'ai plus qu'un mot à dire sur la forme de Lardy et des laites de la Gironde. Évidemment, il n'y a pas à s'appuyer sur la petitesse relative de la plante, sur le peu de largeur que présentent ordinairement ses frondes, pour s'ef- forcer de la distinguer de l'O. vulgatum, car on connait assez l'extrême va- riabilité des frondes chez ce dernier, depuis la forme largement cordée jusqu'à la forme linéaire. Les botenistes qui ont considéré la plante décou- verte par MM. Puel et Vigineix comme une forme, une variété notable si l'on veut de l'O. vulgatum, semblent donc dans le vrai. Je n'oserais pour- tant l'affirmer. En effet, notre Ophioglosse présente une particularité fort remarquable, qn'il partage, du reste, avec l'O. lusitanicum, et qui consiste à émettre ordinairement plus d'un stipe de chaque nœud du rhizome. Le plus souvent ce sont deux stipes qui partent du méme point, quelquefois trois, rarement davantage. Or, l'O. vulgatum type est essentiellement uni- caule. J'en ai vu des myriades d'individus, sans en avoir jamais rencontré un seul à double stipe, et je n'ai pas connaissance qu'il en ait été observé de tels. Cette faculté d'émettre ordinairement plus d'une tige d'un méme nœud, inhérente à la forme dont nous parlons et étrangère à l'O, vulgatum, si elle est insuffisante maintenant pour motiver la création d'une espèce, au moins donne-t-elle à penser, et doit-on en tenir note pour l'avenir. Qui peut savoir, en effet, si quelque jour l'apparition imprévue d'un caractère nouveau, que nous ne savons pas apercevoir encore, parce que l'heure de Sa découverte n'a pas sonné, ne viendra pas doubler la valeur de celui que je viens d'indiquer et donner raison aux botanistes qui ont soupconné une troisième espèce (1)? M. Durieu de Maisonneuve présente ensuite à la Société les onze néanmoins, précieux par conséquent pour l'avancement de la question en litige. Dans tous nos Ophioglosses, les spores sont sphériques et à peu près de grosseur égale. Mais celles de l'O. lusitanicum sont évidemment lisses, tandis que celles de ro. vulgatum, des formes de Lardy et du cap Ferret, ont leur surface revêtue de très faibles aspérités, de tubercules larges et très peu saillants, qui ne se révèlent à l'œil sur le champ du microscope que par des crénelures ou sinuosités extréme- ment légères, dont le pourtour des spores se montre régulièrement découpé, Les Spores de l'O, lusitanicum, enlevées à des échantillons de la Calle et de Pau, ne présentent rien de pareil : le bord est parfaitement entier. (1) Note de M. J, Gay. — 1l est bon de faire connaître que la même question a été récemment soulevée en Angleterre, Je tiens de M. G. Bentham lui-méme, que l'hiver dernier, dans une des séances de la Société linnéenne de Londres, un des assistants, dont je n'ai pu savoir le nom, a présenté à cette Société une série d échantillons. qui semblaient réunir les deux espèces (O. vulgatum et O. lusita- nicum) par tous les intermédiaires possibles. Mais le rapport ne dit point que ces 600 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles déjà tirées du Prodromus Lichenographiæ Gallie et Algerie, que M. le docteur Nylander publie dans les Actes de la Société Linnéenne de Bordeauz. M. Durieu ajoute que cet ouvrage, indis- pensable à tous les botanistes qui s'occupent de l'intéressante famille des Lichens, et suffisamment recommandé par le nom seul de son savant auteur, ne sera tiré à part qu'à cinquante exemplaires. Il invite les personnes qui désirent s'en assurer la possession à sous- crire immédiatement. Le prix de l'exemplaire est fixé à 10 francs. Une liste de souscription est déposée sur le bureau, et plusieurs des membres présents y apposent leur signature. M. le comte Jaubert félicite M. Durieu de Maisonneuve de l'heu- reuse initiative qu'il vient de prendre ; il profite de cette occasion pour rappeler à la Société le vœu, déjà maintes fois exprimé par un grand nombre de ses membres, de voir enfin réalisée la publica- tion d'une Flore cryptogamique des environs de Paris, servant de complément à l'excellente Flore phanérogantique de MM. Cosson el Germain de Saint-Pierre. M. Jaubert croit pouvoir espérer que plu- sicurs de ses savants confrères, spécialement adonnés à l'étude des diverses familles des Cryptogames, préteraient leur concours à cette utile entreprise, si elle était faite sous les auspices de la Société. 1l se réserve de présenter à ce sujet une proposition formelle dans une des prochaines séances ordinaires à Paris. La séance est. suspendue à onze heures et reprise à trois heures. apparences aient éié contrôlées par l'étude. microscopique des spores, étude dont M. Durieu n'a pas voulu se dispenser, et qui tend à intirmer l'opinion de liden- tité des deux espèces (voir Ja note qui précède). J'ajouterai, pour compléter l'exposé d'ailleurs si lucide de M. Durieu, qu'au cap Ferret, moins qu'au plateau de Pocancy, l'Ophioglosse litigieux prête à la suppo- sition de l'identité spécifique des Oph. vulgatum et lusitanicum. Là, en effet, les échantillons en petit nombre qui ont été récoltés par différentes personnes, se fai- saient tous remarquer par leurs frondes étroites, plus ou moins semblables à celle de l'Oph. lusitanicum. Autre est la localité du cap Ferret, oü, à une seule et unique place, sous l'abri d'un saule rabougri, M. Durieu a récolté, moi présent, plusieurs dizaines d'échantillons réunissant toutes les formes de fronde, depuis la forme ovale de l'Oph. vulgatum jusqu'à la forme linéaire-lancéolée de l'Oph. lusitanicum. Ici, du moius, il n'était pas possible de douter que ces formes extrémes ne fussent un jeu de la nature, se produisant dans une seule et même espèce. M. Durieu montre dans la note qui précède, que cette espèce n'est pas l'Oph. lusitanicum, mais bien plutôt l'Oph. vulgatum. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 601 M. le Président propose à la Société de nommer une Commission chargée d'examiner l'herbier de Dunal, en profitant de l'autorisation qu'a bien voulu donner à cet égard la veuve de l'illustre savant, et de présenter un rapport sur l'état de cet herbier à une des prochaines séances ordinaires de la Société à Paris. La Société adopte cette proposition. Sont désignés pour faire partie de ladite Commission : MM. Cosson, E. Doumet, Durieu de Maison- neuve, J. Gay, Germain de Saint-Pierre et le comte Jaubert. M. le President communique une lettre de M. A. Passy, qui, retenu par des devoirs impérieux, exprime son regret de ne pouvoir se rendre à Montpellier, pour prendre part aux travaux de la session. M. J.-E. Planchon rend compte de l'herborisation faite le 44 juin à Saint-Guilhem-du-Désert. RAPPORT DE M. J.-E. PLANCHON SUR L'HERBORISATION DIRIGÉE PAR LUI, LE 41 JUIN, À SAINT-GUILHEM-DU-DÉSERT. En remontant de six à sept kilomètres au-dessus d'Aniane le cours acci - denté de l'Hérault, on rencontre, sur la rive gauche du fleuve, à l'entrée d'une magnifique gorge de montagnes, le village de Saint-Guilhem-du-Dé- sert. Perdu dans cette austére solitude, ce lieu n'en est pas moins cher à l'artiste, à l'arehéologue, au naturaliste, à tous ceux qui sentent le beau dans l'œuvre de Dieu, comme dans les débris de l'art arrachés à la barbarie des siècles, Une belle église romane, les restes honteusement ravagés d’un eloitre, des traditions et des légendes qui remontent à la période carlovin- gienne; voilà ce que l'arehéologue vient demander à Saint-Guilhem, et ce dont nos guides en cette savante matière, M. Ricard, secrétaire de notre So- ciété archéologique et M. Thomas, archiviste de l'Hérault, nous ont fait gracieusement les honneurs, Comme amateurs de beaux sites, le cours en- caissé de l'Hérault, les cascades de la source des Clamouses (Fons clamo- sus), les sévères aspects de ces montagnes calcaires, suffisaient amplement à défrayer notre admiration. Mais ce côté de nos impressions, que le crayon de M. Laurens pourrait seul dignement traduire, est interdit au narrateur d'une exeursion essentiellement botanique. Renfermons-nous dans ce der- nier rôle, en supprimant les détails personnels qui font la vie d'un récit, mais que repousse la froide dignité de la science. Partie de Montpellier avant l'aube, notre caravane sc dirige d'abord vers Gignae par la route de Lodeve. Vers le milieu du trajet, nouslaissons à re- gret sur la gauche, l'intéressante localité botanique de Montarnaud, le seul Point de notre flore locale où eroisse le Cistus crispus. Ce curieux sous-ar- buste est cantonné dans un espace assez étroit, dont le sol mêle de graviers 602 BOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quartzeux (appartenant à la formation flavio-lacustre : caleaire tertiaire d'eau douce) nourrit une colonie de plantes qui recherchent la silice (Erica cinerea, E. scoparia, Helianthemum guttatum, Lavandula Stechas, ete.) Plus loin, sur la route, nous atteignons la longue côte appelée taillade de Gignac. Il s'agit cette fois de la descendre. Laissant la voie battue aux voi- tures, les botanistes mettent pied à terre, et se dispersent dans les ravins qui sillonnent le côté gauche du chemin. Ici rien de pittoresque ne distingue les montagnes. Ce sont plutôt des collines uniformes, des mamelons arrondis, couverts d'un fourré de petits arbres et d'arbustes, parmi lesquels dominent les Quercus Ilex et coccifera, et qui rappellent à quelques égards les célèbres maquis de la Corse. Le fond du terrain. est le calcaire lacustre, auquel se mêle toujours un peu de silice, qui s'y trahit par la présence du Cistus salvifolius. C'est ici, du reste, que les arbustes de la région de Montpellier semblent s'être donné rendez-vous. Mentionnons entre autres : Quercus cot- cifera, Pistacia Lentiscus et Terebinthus, Amelanchier vulgaris, Coronilla glauca (hien sauvage), Spartium junceum (espèce silicicole), Ligustrum vulgare, Evonymus europæus (tous deux spontanés), Jasminum fruticans, Arbutus Unedo, Lonicera etrusca et implexa, Phillyrea angustifolia et latifolia, Passerina Thymelæa, Buplevrum fruticosum (qui recherche aussi les dolomies), Vigne sauvage (probablement spécifiquement distincte de nos Vignes cultivées), ete. Arrivés à Gignac, M. Lamouroux, maire de la ville, nous invite avee une prévenance hospitalière à visiter son jardin, où deux Agave americana présentent déjà des hampes florales trés développées. L'occasion de voir en fleur ces curieuses plantes n'est pas rare à Montpellier, mais beaucoup de nos hótes du nord la regardent comme une bonne fortune. Rien de remarquable dans les riches alluvions de l'Hérault, sur la route de Gignac à Aniane. Plus loin, au pont de Saint-Jean-de-Fos, on entre dans une gorge étroite, qui laisse à peine un passage aux eaux de l'Hérault et à la route d'Aniane à Saint-Guilhem. Cette route offre au touriste une ravis- sante promenade : nous en jouirons au retour ; mais, pour le moment, nous devons gravir les montagnes qui la surplombent, en bordant la rive droite de l'Hérault. Ce sont des contre-forts de la Sérane, centre d'un vaste massif calcaire qui supporte des plateaux arides, connus dans le pays sous le nom de causses. Traversant le village de Saint-Jean-de-Fos, prés duquel nous trouvons, comme en Provence, la culture du Cáprier sous les Oliviers, nous tournons à droite et sommes bientôt sur les rocailles d’une garrigue à végétation mal- gre et rabougrie. On y récolte en abondance l'Orobus saxatilis. Bientôt se montrent les dolomies de l'oolithe, Cette roche calcaire et maguésientie trés répaudue dans les montagnes de cette région, contribue éminemment à leur imprimer un caractere pittoresque. Cédant plus vite que le calcaire enr SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 603 vironnant à l'action corrosive du temps, elle forme, ici, des crêtes dente- lées ou crénelées comme des remparts naturels ; là, des aiguilles et des pyra- mides, des poupées à grosse tête, sortes de menhirs naturels capricieusement groupés en masses ou rangés en files. Le détritus de la roche est un sable fin et pailleté, d'apparence presque micacée. Diverses plantes s'y plaisent, que l'on trouve ailleurs, dans les sables siliceux ou méme calcaires. Exemples : Statice echioides, Aira canescens, Anchusa tinctoria, Coris monspeliensis, Le joli Armeria juncea De Gir. est particulier aux sables dolomitiques : il s'y méle presque partout au Sedum anopetalum. Partout, sur les dolomies compactes, de nombreuses plantes insinuent leurs racines dans les fissures de la roche. Citons, comme spéciales à ces ro- chers, dans notre région de Montpellier et des Cévennes, le Globularia Aly- pum, le Kernera saxatilis, le Leucanthemum graminifolium, V Iberis sazati- lis, l'Æthionema saxatile (qui vient pourtant au Serre-de-Bouquet, près d'Alais, sur des roches néocomiennes, non clairement dolomitisées), enfin les Arenaria hispida et tetraquetra qui sont tres caractéristiques de la dolomie. D'autres espèces, moins particulières à la roche dolomitique de Saint-Guil- hem, y viennent néanmoins avec une prédilection marquée. Tels sont les Daphne alpina, Rhamnus alpinus, Campanula speciosa, et le Pinus Salz- manni Dun., qui mérite une mention spéciale parce qu'il est là dans sa localité classique et qu'il y forme des bois d'une étendue considérable. Les premiers exemplaires de ce Pin que nous trouvons sur nos pas, se présentent comme des buissons clair-semés, rabougris, tortueux, souvent Couchés, à peine hauts de 2 mètres et garnis de branches des la base. Il y a loin de ces nains aux gigantesques Laricio de la Corse, que l'on suppose, non sans raison peut-être, appartenir à la méme espèce botanique. Mais l'im- parfaite eroissance de ces exemplaires s'explique par la violence des vents qui les assaillent, Plus loin, dans les vallons abrités qui s'ouvrent vers le nord, dans le haut de la vallée du Verdus, l'espèce, plus normalement dé- veloppée, forme des arbres d'an beau vert, assez droits, hauts de 5 à 6 mètres et groupés en masses assez denses. Dans ces conditions, et malgré leur taille peu élevée, les Pins sont une admirable décoration pour cette ré- gion des dolomies. Au lieu de la froide uniformité que présentent dans les plaines les plantations de Coniféres, nous avons ici la scene la plus variée. Des blocs de rochers aux formes fantastiques, des arbres échelonnés sur les flanes abrupts ou sur les talus accidentés des vallons en hémicycle, partout le Vert tendre, décorant, sans la dissimuler, la roche noirâtre ; une ombre assez claire pour abriter, sans l'étouffer, un tapis d'herbes et d'arbustes ; partout des fleurs rares qui font la joie du botaniste du nord, et réveillent méme chez ceux qui les ont cueillies vingt fois, des impressious toujours vives. En nous voyant tous, vétérans ou novices, bondir d'une méme ardeur sur ces bastions de rochers, d'autres que des naturalistes auvaient pu sourire : tout 60h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aboutissait à la conquête d'un bel exemplaire -de Campanula speciosa ou d'Orchis fragrans. Heureuse passion, qu'on pourrait souhaiter à beaucoup d'oisifs qui la raillent, ou de gens positifs qui la dédaignent ! Nous voici pourtant sur le cours supérieur du Verdus. Ce ruisseau n'est là qu'un mince filet d'eau, coulant à peine sur le sable, entre les blocs de pierre qu'il use, lorsque les pluies en font un torrent. Suivons le sentier qui longe sa rive droite. Bientôt nous quittons ses bords enelavés dàns les préci- pices, et, nous dirigeant vers l'est, nous sortons en même temps des dolomies et des Pins. Encore quelques minutes de marche sur leflane de la montagne, el nos regards plongent tout à coup dans la vaste et profonde gorge du Verdus qui vient aboutir à la vallée de l'Hérault, Je renonce à peindre un pareil tableau: il est unique, méme dans cette région où les scènes imposantes abondent. Au fond, dans le lointain, au débouché de la gorge, le village de Saint-Guilhem, dominé par les crêtes déchiquetées des rochers où perche comme un nid d'aigle le château ruiné de Don Juan ; sous nos pieds, un abime où serpentent les hardis zigzags du sentier; à droite, d'énormes bastions de roches grises s'avançant comme des promontoires à pic ; à gauche, des pentes roides où l'in- dustrie du paysan a su planter l'Olivier et la Vigne; au milieu, le cours du Verdus, qui se déroule comme un filet argenté dans un ruban de verdure. L'ensemble a quelque chose de sévère, qui contraste avec l'aspect riant des vallons que nous venons de quitter, C'est un magnifique specimen de l'âpre nature des montagnes calcaires du sud de la France. Mais revenons aux plantes qui nous attendent au passage. La plus inté- ressante est l' Hieracium stelligerum, On le voit sur les assises des rochers qui bordent la droite du sentier, en descendant vers Saint-Guilhem. Arrivé au village, nous y retrouvons les dolomies et leurs plantes caractéristiques. Ici naturellement une halte, Visite à l'église, aux débris du cloitre, sous là conduite de nos deux savants guides en archéologie, Nous reprenons laroute d'Aniane, non sans admirer les bords de l'Hérault, et sans y cueillir des plantes intéressantes (Stipa Aristella, Andropogon Gryllus, Buplevrum fru- ficosum, Globularia Alypum à fleurs passées, Arenaria hispida), ete. Nouvelle halte à Aniane. Nous en profitons pour visiter le jardin de la Maison centrale de détention, dont le directeur, M. Bravy, nous reçoit avec la plus aimable prévenance. Il y a là d'admirables exemplaires de Magnolia grandiflora et de Tulipiers, et d'autres arbustes exotiques de pleine terres sans parler d'une intéressante collection de plantes grasses, formée parle di recteur actuel (1). (1) Les cinq grands Magnolia grandiflora du jardin de la direction de Ja Maison centrale ont élé plantés en 1824 par l'ancien propriétaire, M. Farel, Le plus por mesure en hauteur 167,50; la circonférence du tronc, à la base, est de 17,67, M de 1*,42 à un mètre au-dessus du sol, Un Tulipier planté à la méme époque mesur SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 609 Ii est déjà nuit: plus de plantes à recueillir; d'ailleurs, les boites sont combles. Nous reprenons nos voitures, qui nous déposent vers minuit à notre point de départ du matin. En résumé, l'exeursion de Saint-Guilhem, à part l'intérét du paysage qui la recommande à tout amateur de beaux sites, est une des plus fructueuses que puisse faire le botaniste, à l'extréme limite de la flore de Montpel- lier. M. Martins, vice-président, fait remarquer que le Pinus monspe- liensis Salzm. (P. Salzmanni Duna!) est probablement une variété du P. pyrenaica Lap., et que les doutes à cet égard pourront etre eclaircis, car, d'une part, M. Vilmorin cultive dans ses pépinières le P. monspeliensis et pourra en communiquer des échantillons ; d'autre part, le Jardin des plantes de Montpellier possède un P. pyrenaica type, qui a été envoyé par Audibert. M. J. Gay ajoute qu'il possède dans son herbier le Pinus pyrenaica recueilli à Campo, une des localités typiques citées par Lapeyrouse. M. Martins fait à la Société la communication suivante : FLORAISON EN PLEINE TERRE D'UN AGAVE AMERICANA AU JARDIN DES PLANTES DE MONTPELLIER, EN 1856, par M. CH. MARTINS. En 1834, deux Agave furent plantés devant une maison de campagne des environs de Montpellier, En 1852, l'un d'eux commença à pousser sa hampe; elle avait déjà la hauteur de 1,23, lorsque la plante entière fut enlevée avec la motte et transportée au Jardin des plantes. Cette transplantation n'arréta pas la croissance de cette hampe, qui s'éleva à la hauteur de 6,55, et poussa 18 pédoneules chargés de 1883 fleurs. L'autre Agave, cédé par le proprié- taire, fut transporté au Jardin dans l'automne de 1852, et planté sur le versaut méridional de la butte appelée la Montagne, au milieu de Chênes- Verts et d'autres arbres dont les racines ont envahi tout le sol. Néanmoins, le 13 mai 1856, on aperçut la hampe qui se faisait jour entre les feuilles ; elle avait déjà 1,26 de hauteur. Ainsi donc, le premier de ces Agave a fleuri à l'âge de dix-huit ans, l'autre à celui de vingt-deux ans. C'est ce dernier dont nous allons déerire la floraison. Le 34 juillet, sa hauteur totale était de 6 mètres, mais son accroissement n'avait pas été uniforme ; en effet, si on divise les quarante-huit jours pen- dant lesquels il a poussé en périodes de seize jours, on trouve que sa crois- en hauteur 247,30 ; sa circonférence au niveau du sol est de 2",85, et à un metre du sol, de 27,31. Un Lagerstramia indica du méme àge atteint 11 mètres de hauteur. (Note communiquée par M. Bravy.) 606 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sance, trés rapide au commencement, s'est successivement ralentie. Ainsi la hampe a poussé : Accroissement de l'Agave par périodes de 16 jours chacune: Différence : Du 1^4 au 29 mai LJ +. o . . . . . . . LJ » . o . . . € 1°,560 07,9 Du 30 mai au 14 juin. sses nesese s ooo. 1"7,220 40 an is 0",065 Du 45 au 30 juin.....,...,.... 4... 1,55 0",485 er ini m ? Du 4% au 46 juillet. .,....... ++ + 07,770 0,690 Du 47 au 31 juillet... ,...,......... 05,080 Ces nombres montrent que l'accroissement n’a pas été uniforme, mais que sa vitesse initiale s'est toujours ralentie. Ce ralentissement r'a pas été régulier, mais plus rapide vers la fin. La vitesse initiale s'est soutenue pen- dant le mois de mai, puis il y a eu un ralentissement moyen de Q,021 par vingt-quatre heures : pendant le mois de juin, la croissance s'est soutenue ; mais un nouveau ralentissement a commencé en juillet et a continué jusqu'à la fin du mois. Dans la seconde moitié de ce mois, la hampe ne croissait guère que d'un centimètre par vingt-quatre heures, tandis qu'en mai elle s'élevait presque de 10 centimètres dans le méme espace de temps. La croissance de la hampe des Agave est done comme celle des tiges de tous les végétaux, rapide au début et se ralentissant à mesure qu'elle s'ap- proche de son terme final. Elle n'est pas également rapide de jour et de nuit. Ainsi, pendant que le soleil était sur l'horizon, la hampe s'est élevée de 27,715, ou en moyenne de 07,034 par jour. Les croissances de la nuit, additionnées ensemble, ne donnent qu'une hauteur totale de 2,070, et l'accroissement nocturne moyen est de 0,026. Il est donc environ d'un tiers plus faible que l'accroissement diurne. Il n'y a pas d'allongement de la hampe; les parties formées conservent toujours la méme longueur, car deux points marqués sur la hampe restent toujours équidistants, quelle que soit la croissance de celle-ci. C'est donc par l'addition de nouvelles cellules, par la superposition d'un nouveau cylindre, que se fait l'accroissement de la hampe. Si on place une lunette munie d un fil d'araiguée horizontal, de facon que la pointe du bourgeon terminal affleure le fil, on voit, au bout de quelques minutes, que la pointe du bour- geon a dépassé le fil, et on constate que l'accroissement se fait Sans saccades. La hampe portait 32 pédoncules chargés de 4162 fleurs. Les premiers 56 sont dégagés des bractées vers le 12 juillet, époque à laquelle la hampe avait 3",83 de hauteur. Si l'on analyse avec quelque soin la cause de la croissance si rapide des hampes de l'Agave americana, ou arrive aux conclusions suivantes : i La hampe peut se développer à un âge quelconque de la plante ; on à vu feur des rejetons d' A gave âgés d'un an, soit pendant, soit apres la floraison du pie > SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 607 mais en général ce ne sont que des vieilles plantes qui poussent une hampe ; on le reconnait trés bien en Afrique, oü ce végétal sert à former des haies; il n'est pas rare de voir dans une haie dix à douze Agave qui ont fleuri simul- tanément. 2? JI est évident que la floraison se fait aux dépens des sucs accu- mulés dans les feuilles. Turgescentes, remplies de séve avant la floraison, elles s'amineissent, s'affaissent à mesure que la hampe s'élève ; et, quand les fleurs s'épanouissent, ces feuilles gisent sur le sol comme des rubans flétris. Le pied meurt, mais sa descendance est doublement assurée par les fruits qui succèdent à un certain nombre de fleurs et par les innombrables rejetons qui entourent le pied-mére. Les sues accumulés dans la tige et les feuilles suffisent seuls au développement de la hampe, dont la croissance s'aecomplit méme lorsque la plante est séparée du sol. 3° L'accroissement s'opère suivant une loi organique, indépendante jusqu'à un certain point des agents extérieurs. Rapide d'abord, cet aceroissement se ralentit de plus en plus, quoique la chaleur augmerte à mesure que la saison s'avance ; mais il y a plus: on ne trouve pas que, dans une période, il y ait une corré- lation marquée entre la température de la journée et l'accroissement cor- respondant ; l'action de la chaleur, si elle est réelle, n'est pas nettement accusée. 4° [I n'en est pas de méme de la lumière ; nous avons vu que l'ac- croissement diurne était d'un tiers plus fort que l'accroissement nocturne. Ce résultat n'étonnera aucun physiologiste ; toutefois, il faut se garder de le généraliser, car les hampes du Dasylirion gracile Zucc. ont un acerois- sement plus rapide de nuit que dejour. Je n'entrerai pas dans de plus longs détails, me proposant de faireun travail complet sur la floraison des Agave, Fourcroya, Dasylirion; ete., sous le climat du midi de la France. Cette note et celle sur la naturalisation de l'Agave dans le midi de la France, insérée au t. II, p. 6, du Bulletin, sont deux fragments de ce travail. M. J. Gay fait à la Société les communications suivantes : SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES TROIS ESPÈCES DE LA SECTION GAMON DU GENRE ASPHODELUS, par M. J. GAY. Le genre Asphodèle compte aujourd'hui une vingtaine d'espèces et peut être divisé en cinq groupes naturels que distinguent les catactères combinés de la végétation, de l'inflorescence et de la direction des parties florales. De ce nombre est le groupe Gamon, qui diffère de tous les autres, entre autres par ses fibres radicales faconnées en gros navets, par ses bourgeons écailleux, et par ses feuilles larges et carénées, comme celles du Por- reau (1). Ce groupe ne renferme que trois espèces, mais ce sont les plus (1) C'est exactement la végétation de l'Eremurus, mais avec une structure florale différente, 608 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. difficiles à distinguer, et celles dont la synonymie est la plus embrouillée, parce que chacune d'elles a été masquée, depuis bientôt un siècle, sous les deux noms d'Asphodelus albus et d'Asphodelus ramosus. Pour débrouiller ce chaos, les textes étant presque toujours insuffisants, j'ai dü visiter les jardins, visiter les herbiers et faire appel à tout ce que j'avais de corres- pondants ou d'amis dispersés dans le midi de l'Europe, ainsi que dans les parties limitrophes de l'Asie et de l'Afrique, partout enfin oü je soupcon- nais l'existence de l'une ou l'autre des espèces à reconnaitre et à juger. C'est ainsi qu'en dix-huit mois j'ai pu réunir les matériaux et les documents né- cessaires pour fixer mes idées sur la synonymie, jusque-là inextricable, des trois espèces, sur leurs caractères distinctifs et sur le rôle géographique que la nature a assigné à chacune d'elles. C'est ee dernier point que je veux seul traiter ici sommairement, le reste devant faire partie d'un travail que je prépare sur le genre Asphodéle et quelques genres voisins. Je ne puis cependant me dispenser de caractériser par une diagnose chacune des espèces dont je vais parler. 1. AsPHODELUS ALBUS Mill. A. caule simplici vel parcè ramuloso ; bracteis atrofuscis; laciniarum floralium nervo viridulo; filamentis usque ad medium papilloso-scabris, unguibus oblongis, cuneato-ovatis, dorso plano-convexis, apice in filamentum sensim attenuatis; capsulá mediocri, ellipsoideä (8-12 mm. longå, 6-10 latá). C'est une plante exclusivement européenne, dont l'aire occupe tout le territoire compris, d'une part, entre le 49* et le 41* degré de latitude: d'autre part, entre le 44° et le 33° degré de longitude à l'orient de lile de Fer, et qui manque jusqu'ici à toutes les iles de la Méditerranée , aims qu'à l'Allemagne cisalpine tout entière, Elle remplit tout le sud-ouest de la France, depuis le Finistère jusqu'aux Pyrénées, et depuis l'Océan jusqu'au plateau central de l'Auvergne. Presque partout ailleurs c’est une plante des montagnes, croissant dans la zone des Hétres ou dans celle des Sapins, quelquefois méme jusqu'à leur limite supérieure. Elle est très répandue dans les Pyrénées et dans la Sierra de Guadarrama, qui sépare la Vieille de la Nouvelle Castille, et c'est dans cette derniere chaine qu'elle a sa limite sud. Après avoir fait lacune en Auvergne et dans la vallée du Rhône, elle reparait dans les Alpes, qu'elle suit sans interruption, principalement sur leur versant méridional, depuis le col de Tende jusqu'en Carniole, €t méme jusqu'en Croatie, pour se replier de là vers le sud et deseendre par la chaine dalmate jusqu'en Albanie, où elle retrouve encore une fois sa limite par le 41° degré de latitude. J'ai dit qu'elle manquait en Allemague. Le SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 609 Dauphiné et le Valais sont jusqu'ici les seuls points où la plante ait été observée sur les versants ouest et nord de la grande chaine des Alpes. L'Apennin est une autre et dernière partie du domaine de notre plante, dans lequel on peut la suivre, presque sans interruption, depuis les Alpes maritimes jusqu'au Mont Gargano ct au Monte San-Angelo, pres de Naples, où elle s'arrête une troisième fois par 40°42’ de latitude. Ici encore l'Asphodelus albus est une plante des montagues, mais avec une exception des plus remarquables. l|. est un point de la campagne de Rome où il descend jusqu'au niveau de la mer; ce point est la forêt de Nettuno, pres Porto d'Anzo. L'Asphodelus albus, tel que je l'entends avec le plus grand nombre des auteurs, comprend les A. sphærocarpus et subalpinus de la Flore de France de MM. Grenier et Godron. Le caractère par lequel on a voulu distinguer ici deux espèces, repose uniquement sur le plus ou moins d'écartement que subissent à leur base les valves de la capsule déhiscente, et je puis affirmer que ce caractère n'offre aucune fixité; j'en ai souvent observé tous les de- grés sur une méme grappe fructifère. L' Asphodelus albus de M. Grenier est une autre espèce, comme on le verra plus loin. 2. ASPHODELUS MICROCARPUS Salzm. et Viv. A. caule ramosissimo, thyrsoideo, ramis ipsis passim ramulosis paniculato ; bracteis saltem novellis pallidis, fulvescentibus ; laciniarum floralium nervo carneo ; filamentis supra unguem usque feré ad medium papilloso-scabris, unguibus elliptico -subrotundis, sulco dorsali lato divisis, apice in filamen- tum abrupté attenuatis ; capsulá parvá, obovoideo-globosi (1-8 mm. longá, 5-6 latá). Celui-ci est plus méridional que le précédent. Pour le rencontrer en venant du nord, il faut franchir ici les Pyrénées, et peut-être méme la Sierra de Guadarrama ; là, les montagnes de Provence, et plus loin toute la chaine des Alpes, continuce jusqu'au Balkan et à la mer Noire. Mais au delà de ces barrières, la plante se trouve à peu prés partout, depuis Lis- bonne (sous le nom d' Asphodelus œstivus Brot.) jusqu'en Syrie et en Egypte, depuis Toulon et Constantinople jusqu'au delà du Tel algérien, em- brassant ainsi dans toute son étendue le bassin de la Méditerranée, au delà duquel elle se propage méme jusqu'aux iles Canaries. C'est une plante des lieux. bas, qui ne s'élève jamais dans les montagues, et qui trouve son maximum d'altitude sur les plateaux de la Nouvelle-Cas- tille et du Sahara algérien, où je suppose qu'elle a sa limite sud, au moins dans cette direction. Elle est tres répandue dans les parties méridionales et orientales du bassin de la Méditerranée, en Algérie, à Tunis, en Syrie, sur les côtes de l'Asie- Miueure (Mersina, Adalia, Smyrne, Constantinople), de la Grèce, de la Iv, 39 610 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dalmatie et de l'Italie, ainsi que dans les iles de ce vaste bassin, toutes peut-étre sans exception. Elle est plus rare sur les cótes de France, oü elle ne quitte pas le bord de la mer et où je ne lui connais que trois localités : Fréjus, Hyéres et Port-Vendres (elle n'existe point à Marseille, car la plante indiquée sous ce nom dans le Catalogue de M. Louis Castagne, n'est autre chose que l Asphodelus fistulosus, d'après les échantillons que l'auteur a bien voulu me eommuniquer lui-méme). En Espagne, je ne la connais que dans la Nouvelle-Castille (notamment à Aranjuez, au pied de la Sierra de Guadarrama), dans l'Estramadoure, dans la province de Jaén et aux environs de Cadix, de sorte qu'elle pourrait bien faire laeune sur les côtes orientales de la Péninsule, depuis leur frontière nord jusqu'à Cartha- gene, ou méme au delà. En Portugal, elle continue sa zone occidentale jus- qu'aux Algarves, jusqu'à Lisbonne, jusqu'à Coimbre, etc., d'oü elle passe aux iles Canaries, comme je l'ai déjà dit. 3. ASPHODELUS CERASIFERUS N. A. caule simplici vel in ramos paucos longosque sæpiùs diviso ; bracteis saltem novellis pallidis, fulvescentibus ; laciniarum floralium nervo carneo ; filamentis supra unguem lœvibus vel imá basi solim papilloso-scabris, unguibus elliptico-subrotundis, sulco dorsali lato divisis, apice in filamen- tum abruptè attenuatis ; capsulå maximá , spheroideá (15-20 mm. longá latäque). Cette espèce ne diffère de la précédente que par sa moindre ramification etpar le triple volume de ses fruits; mais il n'en faut pas davantage pour lui imprimer un aspect tout particulier, et aucun de ceux qui l'ont vue à Mont- pellier, où elle est commune, de ceux qui l'ont vue connaissant l'autre espèce, n'a pu douter qu'elle ne constituát une espèce distinete. Elle a, d'ailleurs, une distribution géographique bien différente, comme on le verra tout à l'heure. C'est l'Asphodelus ramosus de Gouan et d'un trés petit nombre d'autres auteurs. Mais comme le nom de ramosus a été fréquemment appliqué aux deux espèces précédentes, et que le vrai ramosus, originairement mal décrit par Miller et Willdenow, n'est plus reconnaissable aujourd'hui, je me *0® oblige de lui donner un nouveau nom, et je suis heureux d'inaugurer Ce nom à Montpellier, en le déduisant d'un texte qui se rapporte à la plante de ce méme territoire, et en présentant à la Société la plante vivante, telle que nous l'avons récoltée dans les courses de ces jours derniers. s L'auteur dont je veux parler est J. Bauhin, qui, dans la dernière moitie du xvr* siècle et avant l’année 1578 (par conséquent avant Ja fondation du Jardin de Montpellier sous Henri 1V), étudiait iei la médecine où y perfec- tionnait ses études médicales, et qui avait trouvé notre plante ad unum mil- liare à Monspelio (un mille d'Allemagne, c'est-à-dire deux lieues où huit SESSION. EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1557. — 611 kilomètres) quà itur Frontignan in colle saxoso (c'est-à-dire dans la garrigue de Mireval, où j'ai été moi-même la voir ces jours derniers), etencore inter Aquas mortuas et Arelatem copiosissime, in sylvá qua dicitur la Vignède, lieu où la plante croit encore aujourd'hui, si ce n’est dans la foret indiquée, qui est inconnue à ceux auxquels j'en ai parlé, au moins et communement aux environs d'Aigues-Mortes. Flores stellati, Ornithogali majores, foliis albis striá rubrá notatis constantes, apicibus luteis : quibus decidentibus capitula succedunt Cerasis paria, semen continentia copiosum triquetrum , fuscum. C'est en ces termes que J. Bauhin décrit la plante de Montpellier (Hist. , I, p. 625), et c'est de là que je tire le nom de cerasiferus, qui rappelle parfaitement et la forme et le volume du fruit de notre espéce. Comme le précédent, l Asphodelus cerasiferus est une plante du bassin de la Méditerranée ; mais son aire géographique est bien moins étendue, puisqu'il manque non-seulement aux iles Canaries, non-seulement à l'Al- gérie presque entière, mais encore à toute la Méditerranée orientale, y com- pris l'Italie, sans exception ni de la Sicile ni de la Sardaigne, iles et con- trées qui entrent dans le domaine beaucoup plus vaste de l'autre espèce. L'Asphodelus cerasiferus manque done en Italie et dans les deux iles que j'ai nommées, d'aprés tous les échantillons et tous les renseignements que j'ai pu recueillir jusqu'ici. Mais il se trouve en Corse, aux iles Baléares, en Provence, en Languedoc, en Roussillon, en Portugal, et dans toute l'Es- pagne méridionale, à partir de Madrid, à moins qu'il ne faille en retrancher les cótes de Catalogne et de Valence, sur lesquelles je n'ai point de rensei- gnements, pas plus qu'à l'égard de l Asphodelus microcarpus ; d'où il suit qu'en Europe et à l'ouest de l'Italie, l'Asphodelus cerasiferus joue exacte- meut le rôle géographique de cette dernière espèce. Mais celle-ci pénètre jusqu'aux iles Canaries, où la nôtre manque complétement, comme je l'ai déjà dit; et elle couvre toute la cóte d'Afrique, où la nôtre n'a jusqu'ici que deux localités, l'une algérienne, au Djebel-Bou-Kaschba, sur la frontière marocaine ; l'autre, à Tanger, pres du détroit de Gibraltar. En France, l'Asphodelus microcarpus ne quitte pas les bords de la mer. L'autre, plus robuste, s'avance en Languedoc dans l'intérieur des terres, jusqu'à la frontière nord du département du Gard, c’est-à-dire jusqu'à la limite des Oliviers, à 80 kilometres environ du bord de la mer. Sur un autre Point on le rencontre méme à deux degrés de latitude de la cóte méditerra- néenne et à un degré moins quatre minutes des derniers Oliviers de Ja vallée du Rhône. C'est à Grenoble que se produit ce phénomène, et quoiqu'il s'y montre avec une légère altération du caractère spécifique (les bractées Pâles dans le midi deviennent ici d'un. brun noir trés fonce, comme celles de l’ Asphodelus albus), je ne doute pas que ce ne soit la même espèce qui remonte ainsi vers le nord pour y fonder une colonie disjointe. 612 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En Languedoc, l’Asphodelus cerasiferus paraît avoir son maximum d'al- titude à 800 mètres, notamment à Salagosse. A Grenoble, c'est à 1000 mé- tres. Mais c'est sur le flanc nord de la Sierra-Nevada qu'il déploie toute sa puissance ascendante, puisque là il s'élève, suivant M. Boissier (qui en parle sous le nom d'AspAodelus albus), jusqu'à 1833 mètres, 433 mètres plus haut que les derniers Oliviers, ce qui parait prodigieux, et ne s'explique pas suffisamment par la différence des latitudes. L'Asphodelus microcar- pus est bien moins robuste, puisqu'il ne dépasse pas la hauteur médioere des plateaux de la Nouvelle-Castille et du Sahara algérien. Ajoutons en terminant que l'Asphodelus cerasiferus parait être indifférent à toutes les natures de terrain. C'est sur le calcaire qu'il vit à la Sierra- Nevada, ainsi qu'à Grenoble et dans la majeure partie du Languedoc ; mais à Salagosse, dans le département du Gard, c'est sur le granit. Les sables siliceux lui conviennent également, et c'est sur ce terrain, tassé et un peu humide, qu'on le trouve sur la côte du Languedoc, particulièrement sur l'étroite langue de terre qui, entre Cette et Agde, sépare la mer de l'étang de Thau, localité où il est très commun et de la plus belle venue. C'est enfin sur les collines gypseuses, qu'au rapport de M. Graells, on le trouve à Aranjuez et sur le plateau de la Nouvelle-Castille. Je ne crois pas que l'As- phodelus microcarpus soit aussi accommodant, et je serais porté à croire que partout il vient sur le calcaire. Je ne puis omettre de dire que l’ Asphodelus albus de la nouvelle Flore de France est un mélange de notre espèce et du vrai albus, tel que je l'ai défini plus haut. La description est, je crois, tirée de notre plante; mais les auteurs y comprennent l' Asphodelus albus lorsqu'ils ie font croitre ailleurs que dans la région méditerranéenne et à Grenoble, c'est-à-dire sur les bords de l'Océan, ainsi que dans les basses montagnes des Alpes et des Py: rénées. (Grenier et Godron, Fl. de Fr., t. III, p. 225.) L'AGAVE AMERICANA CONSIDÉRÉ DANS SES MOYENS DE REPRODUCTION PAR BOURGEONS SOUTERRAINS , par M. J. GAY. Dans une précédente séance de notre Société (1), il a été question du mode de reproduction del Agave americana, et notre confrère, M. Vaupell, de Copenhague, a fait justice du préjugé très répandu, d’après lequel cette plante mourrait tout entière aprés avoir fleuri. Il a fait voir que si effec- tivement la plante ne survivait pas à l'effort de végétation d'où était sortie tout à coup sa hampe florale gigantesque, elle ne mourait du moins qu apres avoir assuré sa reproduction par des rhizomes souterrains issus de sa souche, ce qu'attestait d'ailleurs le témoignage positif de plusieurs auteurs dignes de foi. (4) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 43-48, SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 613 Mais ce point mis hors de doute, plusieurs questions restaient en sus- pens, au moins dans mon esprit, et d'abord celle de savoir si les rejetons de l'Agave étaient des produits axillaires ou s'ils provenaient de bourgeons ad- ventifs ? Sans que nous eussions ni l'un ni l'autre vérifié le fait, M. Vau- pell inclinait pour la seconde alternative et moi pour la premiere. Ce n'était de part et d'autre qu'une opinion, à laquelle manquait encore l'observation directe. Pour y procéder, les circonstances sem blaient étre ici des plus fa- vorables. Non-seulement l’ Agave vit ici en pleine terre, non-seulement il y est fréquemment cultivé, mais j'avais un sujet à ma disposition : c'est celui méme qui a fleuri l'année derniere au Jardin des plantes, celui dont M. Mar- tins vient de nous parler et dont la hampe florale est sous nos yeux, lon- gue de six mètres et aujourd'hui desséchée. Cette hampe avait été sciée transversalement à quelques pouces au-dessus du sol. La souche restait en terre, avec les troncons de quelques basses feuilles, et entourée de nom- breux rejetons pleins de vie. Telle était l'occasion, j'ai voulu la saisir, et j'apporte iei à la Société le tribut de mes observations malheureusement bien peu satisfaisantes. Avee l'autorisation de M. Martins, la souche restée en terre en a été ex- traite avec les précautions requises pour conserver entiers, autant qu'il était possible, tous ses appendices, après quoi j'ai aussitôt procédé à son examen, assisté de nos confrères, MM. Cosson, le comte Jaubert, Martins et Plan- chon, qui avaient bien voulu me préter le secours de leurs yeux et auxquels s'était encore adjoint M. Gervais, doyen de la Faculté des sciences. La souche ainsi mise au jour et renversée sur elle-méme se présentait Sous la forme d'un cylindre, long d'environ 50 centimètres sur environ 20 de diamètre. Sa base était tronquée et entourée de nombreuses fibres radicales circulairement disposées , comme est le plateau des plantes bulbeuses et comme sont généralement les souches monocotylédones dont le pivot radical a disparu. Au sommet du tronçon tenaient encore plusieurs bases de feuilles coupées par la scie. Au-dessous de ces feuilles, le reste du Cylindre était abondamment tapissé de courts et menus débris fibreux, pro- venant sans doute de la décomposition d'anciennes feuilles, mais ou il était trés difficile, si ce n'est impossible, de distinguer avec certitude et les entre- uœuds trés rapprochés de ces feuilles et leur vrai point d'attache. Autour de cette masse ainsi constituée, flottaient de nombreux rhizomes terminés en rosette, simples ou rameux, longs de 50 à 100 centimètres, dé- tachés à angle droit ou entortillés autour de la souche, sans doute par suite de la géne qu'une banquette trop étroite avait apportée à leur extension ho- Fizontale. Plusieurs de ces rhizomes étaient depuis longtemps séparés de leur souche, vivant de leur propre vie et armés pour cela de racines adven- lives. D'autres s'étaient rompus pendant la manœuvre de l'extraction, et on ne retrouvait plus méme leurs bases au milieu des débris où elles avaient 61A ©. .. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE; : ^ua -pris naissance, C'est ainsi que cinq rhizomes seulement, sur un nombre plus que quadruple, purent étre suivis jusqu'à leur point d'attache et furent ju- gés propres à donner des lumières sur la question en litige. Examen faitde ces cinq rhizomes, avec tout le soin dont nous étions capables, nous avons d'abord reconnu que tous étaient souterrains et qu'aueun d'eux ne naissait à l'aisselle des feuilles supérieures, je veux dire de celles dont les bases en- core subsistantes eouronnaient le sommet du troncon à fleur de terre. Tous partaient de la partie sous-jacente et en grande partie dénudée de l'axe, là où toute trace de feuilles et de cicatrices avait à peu près disparu. C'est sur ce terrain mal disposé que trois fois nous avons vu naitre le rhizome parmi des fibres radicales, sans pouvoir distinguer autrement le point de son ori- gine. Une quatrieme fois, il nous a paru sortir du bourrelet saillant d'une cicatrice de feuille, mélé encore ici à des fibres radicales, dans une situa- tion qu'on peut croire extra-axillaire. Une fois seulement sur cinq, cette origine extra-axillaire nous a paru évidente, parce qu'ici le point d'attache était sensiblement supérieur à la cicatrice foliaire, dans un entre-nœud à la vérité trés court. | J'avais prévu qu'avec la plante adulte, cette recherche présenterait de grandes difficultés, et supposé que peut-être les jeunes rosettes terminant les rhizomes de la plante-mére révèleraient plus faeilement le seeret de l'in- sertion (/oc. cit. p. ^7.). J'étais dans l'erreur, car, des nombreuses rosettes provenant de la plante dont il vient d'étre question, une seule m'à offert des rhizomes naissants, et j'ai le regret de dire que leur examen ne m'a rien appris. Trés jeune était cette rosette, puisqu'elle n'avait encore développe que deux ou trois feuilles vertes, celles-ci longues de 20 centimètres au plus, et par conséquent trés courtes en comparaison de la souche-mère, dont les feuilles mesurent jusqu'à 2 mètres. Mais iei comme dans la plante adulte, les rhizomes naissants se sont montrés au-dessous des feuilles mortes précé- dant les feuilles vertes de la rosette, là oùles feuilles plus anciennes n'avaient laissé ni limbe, ni cicatrice, ni par conséquent aucun point de repère pour juger de leur vraie situation. Leur voisinage des fibres radicales, tout AU bas de l'axe, était la seule circonstance qui permit de supposer qu'ils pro- cédaient d'uu bourgeon adventif plutôt que d'un bourgeon axillaire. Ces jeunes stolons de Ja jeune rosette, au nombre de trois, n'avaient encore dé- veloppé aucun bourgeon terminal. Gros comme une mince ficelle et couverts d'écailles imbriquées et charnues, ils ne mesuraient encore que 12 ou 20 mil- limètres. Laissés en place ils auraient pu s'allonger jusqu'à un métre, comme ceux de la souche-mère, se fortifier jusqu'à prendre l'épaisseur. du pelit doigt, et se partager en deux, trois ou plusieurs rameaux, termines chaem par une rosette. Dans cet état de développement, les écailles ont grandi, el € se sont écartées, et quoiqu'elles soient en partie desséchées, on voit claire- ment que c'est de leur aisselle que sortent les rameaux. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. — 615 Il résulte de ce qui précède, que, sans avoir aucune certitude résultant des faits observés, je n'ai point cependant à contredire M. Vaupell, en ce qui touche son opinion sur la nature des rhizomes del' Agave. Au contraire, je suis aujourd'hui disposé à croire, comme lui, que ces rhizomes ne sont pas des rameaux axillaires, mais des axes nés de bourgeons adventifs. C'est le contraire de ce que j'avais d'abord supposé, lorsque je n'avais pour me diriger que l'affinité de l'AspAodelus luteus (loc. cit. p. 47). Si le fait vient à se vérifier par d'autres observations, il sera d'autant plus remarquable que les divisions du rhizome lui-même sont trés certainement des rameaux axil- laires, comme je l'ai dit plus haut. À quelle époque de la vie de la plante naissent les rhizomes dont les ro- settes doivent pourvoir à sa reproduction? On pouvait supposer que c'étaient des enfauts de la vieillesse arrivant juste à point pour remplacer la mere, épuisée par l'enfahtement de la bampe florale ; mais il n'en est rien. A tous les âges, sauf de rares exceptions, la souche de l'Agave se montre ac- compagnée de rejetons, plus ou moins nombreux et plus ou moins déve- loppés, depuis quelques centimètres jusqu'au maximum d'un mètre. C'est, du moins, ce que j'ai vu chez M de Saint-Georges, à Langaran près Montpellier, où sur vingt-six individus alignés au pied d'un mur tourné au midi et à tous les degrés de développement (1), j'en ai à peine pu compter deux ou trois qui fussent privés de rejetons. C'étaient de jeunes sujets, maisla différence ne tenait point à l’âge, puisque d'autres sujets de la méme taille, plantés tout auprès, étaient accompagnés de rejetons, comme ceux d'un áge plus avaneé. Quant aux sujets adulles, je n'en ai vu qu'un seul qui parüt ainsi dégarni, mais celui-là n'était point à Langaran, c'était un frère de celui dont j'ai déerit plus haut la souche. Planté comme lui en 1834 et transporté au jardin de Montpellier en 1852, il attend dans le carré des plantes officinales une floraison plus ou moins prochaine. Ceci est un exemple d'une extréme paresse. J'ai cité plus haut l'exemple tout contraire d'une jeune rosette tenant encore à la plante-mere, qui avait déjà ses commence- ments de rhizomes. Ces différences dépendent sans doute de la nature du sol, plus ou moins meuble ou compacte, et fournissant à la plante des ali- ments plus ou moins favorables à son développement souterrain. ll me reste à dire quelques mots sur un phénomène très remarquable que m'a présenté la souche dont plus haut j'ai décrit l'appareil stolonifere. Cette (1) De ce nombre étaient deux pieds adultes, dont la hampe florale se dévelop- pait sous la forme d'une puissante et gigantesque asperge. Une de ces hampes, me- surée par M. Martins en ma présence et celle de M. le comte Jaubert, avant toute apparition de rameaux floraux, avait /",91 de longueur sur 0",98 de circonférence à 0^,20 au-dessus de sa base. 616 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. souche a fleuri, comme M. Martins vient de nous le dire, aprés vingt-deux aus de plantation et elle est morte après fructification, laissant autour d'elle de nombreux rejetons pleins de vie. Tous ces rejetons, maintenant séparés de leur mère, vivront désormais de leur vie propre et, transplantés dans un lieu convenable, ils pourront, à leur tour, arriver à floraison, après avoir traversé une période plus ou moins longue d'aecroissement et de renforce- ment. Ce temps a été de vingt-deux ans pour la plante ici présente. Il pourra étre moindre sous un climat plus chaud, et méme réduit à dix, à cinq, ou à quatre années (Vaupell, Joc. cif. p. ^5) ; mais ce qui est tout à fait anormal, c'est de voir ces mêmes rejetons anticiper Jeur floraison avant tout renforcement et alors méme qu'ilstiennent encore à leur mére récemment frappée de mort. Tel est cependant le phénomène qu'offre en ce moment la souche dont nous venons de faire l'autopsie et dont nous avons ici l'axe floral desséché sous les yeux. Je présente à la Société trois jeunes rejetons issus de cette souche et précédés de leur rhizome, qui, par cette singularité, se distinguent de tous leurs fréres, en beaucoup plus grand nombre, dont le bourgeon terminal est encore contracté en rosette. [ci la rosette primordiale s'est desséchée, et elle n'existe plus que sous la forme de lambeaux écail- leux, mais son axe s'est développé en une tige florale trés simple et longue à peine de 5 centimètres, sur 15 millimètres de diamètre à la base. Les feuilles qui garnissent cette tige décrivent une spirale tres allongée. Elles sont plus rapprochées et plus courtes à la base et au sommet de l'axe, plus longues et plus lâches dans le milieu. Plusieurs des inférieures el des moyennes ont à leur aisselle un bourgeon foliaire trés distinct. Plus haut, les feuilles se raecourcissent, elles passent graduellement à la forme de brac- tées, et là apparait à toutes les aisselles (les sept dernieres dans l'échantillon que je tiens à la main) un bourgeon floral plus ou moins développé et d'au- tant plus parfait qu'il nait d'une aisselle plus supérieure. De ces sept bour- geons floraux, les quatre inférieurs se composent d'un pédoneule charnu très court relativement à la feuille florale, et d'un limbe avorté, de consis- tance scarieuse, sans étamines ou avec des étamines purement rudimen- taires, et, à ce qu'il m'a semblé, sans aucune trace de cavités ovariennes. Les trois bourgeons supérieurs paraissent, au contraire, munis de tout ! ap- pareil qui constitue une véritable fleur solitaire dans son aisselle, puisqu 0" y distingue un court pédicelle articulé au sommet, un ovaire cylindrique de 20 millimètres de longueur, un limbe supère encore fermé, de forme ellip- soïde, mesurant 10 millimètres de longueur sur 6 ou 8 de largeur, enfin une grosse anthère faisant effort sur un des côtés du bouton pour sortir de son étroite prison, cette anthère jaune, toutes les autres parties vertes el char- nues comme il convient à une fleur encore vierge. Les trois fleurs s'ouvriront en leur temps pour manifester plus amplement leur structure, et j'espere les SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 617 voir s'épanouir, car la tige qui les porte et que je veux soigneusement con- server à sec jusque-là, parait animée d'une vitalité sans égale (1). Voilà done trois bourgeons d' Agave développés en tige fleurie, longtemps avant le terme ordinaire et sur la méme souche qui a produit, il y a douze mois, la magnifique hampe florale qui se dresse devant nous; des nains, d'un pied à peine, succédant de trés près à un géant de dix-huit pieds ! Ils auraient pu fleurir l'année dernière tout aussi bien que celle-ci, et alors se fût produit le phénomène de plusieurs rejetons d' Agave fleurissant en méme temps que la souche-mère, phénomène dont M. Vaupell cite un exemple observé en 1705, par le Danois Siricius, sur une plante cultivée en orangerie. Je ne trouve aucun autre fait du méme genre se rapportant à l' Agave, aucun fait méme analogue, dans aucun des livres que j'ai pu consulter. Personne depuis Siricius n'a parlé, que je sache, de bourgeons de l' Agave arrivés si prématurément à floraison. P. S. (Septembre 1857.) Le phénoméne vu par Sirieius n'a pas tardé à se reproduire, et cela à Langaran, au pied d'un des deux Agave que j'y avais vus préparant leur floraison sous la forme de longues et puissantes asperges. Plusieurs des rejetons issus de celte souche se sont montrés préts à fleurir, en méme temps que leur mere. Le 7 août, M. Martins a bien voulu m'en- voyer vivant un de ces rejetons. TI mesurait un mètre hors de terre, et il por- tait quatorze boutons de fleurs que j'ai vus s'ouvrir successivement sur ma fenétre, sans plantation du sujet ni arrosemeut queleonque. Sou inflorescence formait une panicule composée de quatre grappes scorpioides , et il différait en cela des individus plus faibles que j'avais observés au Jardin de Mont- pellier, dans lesquels l'inflorescence appauvrie ne montrait qu'une simple grappe. Quoi qu'il en soit, il est aujourd'hui démontré que ces rejetons de l'Agave peuvent arriver à floraison, au moins accidentellement, tantôt en méme temps que leur mère, tantôt l’année suivante et après qu’elle a cessé de vivre. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société les communications suivantes : NOTE SUR UNE TRANSFORMATION DU CHATON FEMELLE EN RAMEAU PERSISTANT, CHEZ LE SALIX BABYLONICA, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Le Salix babylonica (Saule-pleureur) dont nous ne possédons, comme (1) Deux de ces fleurs ont successivement avorté avant leur épanouissement ; la troisième seule, la terminale, s'est régulièrement développée, et c'est le 1** août que je l'ai vue, dans toute sa perfection, avec son court pédicelle articulé au sommet, son long ovaire adhérent térétiuscule à trois loges multi-ovulées, son périgone à six lobes dressés, et ses six filaments, tous longuement exserts, 618 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. on sait, que le sexe femelle en Europe, m'a fourni, cette année (1857), une observation tératologique d'un assez grand intérêt. A l'époque de sa florai- son (dans les premiers jours d'avril), je remarquai que les rameaux florifères d'un Saule-pleureur, situé dans le jardin de Costebelle près Hyères (Var), étaient chargés de ramuseules d'un aspeet insolite, et je m'assurai, au pre- mier examen, que ces ramuseules n'étaient autre chose que des chatons dont les carpelles avaient démesurément grandi et dont les feuilles constituantes tendaient à revêtir la forme et les dimensions des feuilles caulinaires nor- males, L'arbre, qui est de tres grande taille, ne présentait pas en quelque sorte une seule branche dont plusieurs chatons n’eussent subi cette transfor- mation ; mais les épis trausformés se trouvaient çà et là, sur le trajet d'un rameau, souvent immédiatement précédés et immédiatement suivis par des ehatons qui ne partieipaient en rien àl'anomalie. J'insiste sur ce point, ear dans le plus grand nombre des cas où un rameau florifère est atteint de virescence (transformation en feuilles des divers organes de la fleur), toutes les inflorescences de la tige et du rameau, ou toutes les fleurs de l'inflores- cence, sont plus ou moins complétement atteintes de la méme anomalie. Quelques jours plus tard, je reneontrais à Hyères et à Toulon (dans la cour de l'arsenal) d'autres Salix babylonica présentant un état identique. | Ces chatons et ces fleurs atteints de virescence offrent les particularités suivantes: le chaton, cadue à l'état normal, devient persistant à cet état anormal, et constitue une sorte de rameau court, d'apparence monstrueuse. J'ai trouvé sur les mêmes arbres de petits axes desséchés et dépouillés de feuilles, qui ne sont autre chose que les axes de chatons foliacés anormaux, semblables à ceux de cette année, qui s'étaient développés l'année derniere; mais, dans quelques cas, la partie supérieure seule du rameau anormal s'était desséchée, et des rameaux axillaires nés à la partie inférieure avaient continué à vivre. Un fait non moins remarquable consiste dans la grandeur relative des bractées des chatons normaux et des chatons anormaux. En effet, tandis qu'à la base des chatons normaux on trouve souvent des feuilles florales de la dimension des feuilles raméales, dans les chatons anormaux dont les carpelles ont pris une ampleur excessive les bractées sont à peine de la longueur des pédicelles ; il y a là une sorte de compensation organique; il est néanmoins bizarre que les feuilles d'un axe primaire robuste (le rachis du chaton) soient moins développées qu'à l'état normal, lorsque les feuilles des axes secondaires trés gréles représentés par les pédicelles, sont d'une ampleur démesurée. La longueur des fruits foliacés est de un à trois centimètres, leur largeur d'un demi-centimètre à un centimètre, leur couleur est d'un brun Vert, leur consistance est membraneuse. Tantót ils sont fermés et terminés par un style indivis ou bifide (earpelles soudés entre eux dans toute leur lon- SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 619 gueur y compris les styles, ou soudés seulement jusqu'au niveau de la partie stylaire); ces fruits ont alors tout à fait l'aspect de la silique de cer- taines Crucifères (des Brassica, par exemple, à siliques anormales foliacées); tantôt, et souvent sur un méme épi, les deux carpelles foliacés sont disso- ciés à leur sommet ou dans leur partie supérieure, et le fruit est béant ; tantót enfin les feuilles carpellaires retournent plus complétement encore à la forme foliacée : elles sont libres dans la plus grande partie de leur étendue, et elles sont, dans leur partie supérieure, de la dimension et de la forme des feuilles normales. L'examen de ce fruit déformé est extrêmement intéressant au point de vue de la connaissance précise de la structure du fruit normal. On sait, en effet, que les espèces du genre Salix présentent tantôt deux, tantôt quatre stigmates ; la déhiscence normale du fruit en deux valves devait déjà faire penser que ce fruit se compose de deux carpelles à stigmates bipartits ; l'anomalie que nous avons sous les yeux vient confirmer l'exactitude de | cette manière de voir. Le fruit anormal se compose en effet de deux feuilles foliacées, représentant chaeune un des deux carpelles. Les bords des feuilles carpellaires (qu'elles soient entierement soudées ou en partie libres) ne pré- sentent sur leur bords, ni à leur base, aucune traee d'ovules ; aueun point glanduleux n'en indique un rudiment ; mais l'axe de la fleur se prolonge lui-méme en un véritable rameau feuillé, qui se trouve renfermé entre les deux valves. J'ai rencontré chez les Cruciferes des cas analogues, dans lesquels l'axe de la fleur était continué par un rameau feuillé; les deux feuilles carpellaires à demi foliacées, représentant la silique, portaient des ovules rudimentaires sur leurs bords, et ne pouvaient par conséquent laisser penser que l'axe eentral prolongé en rameau feuillé püt représenter un pla- €enta chargé d'ovules transformés en feuilles. Enfin, dans notre Salix, certaines fleurs de la base du chaton, les plus Vigoureuses, sont franchement transformées en rameaux, ou représentées par des rameaux; l'analogie seule peut faire reconnaitre les deux feuilles opposées qui se trouvent à la base de ces rameaux, pour les deux feuilles carpellaires d'une fleur transformée; ces deux feuilles sont complétement libres, elles sont munies de leurs stipules et elles ne different que par leur position opposée, et non alternante, des feuilles d'un rameau normal. M. Touchy est d'avis que cette monstruosité n'est point une hyper- trophie des carpelles, car on voit les chatons màles des Saules subir la méme altération, mais une hypertrophie des enveloppes florales produite par un insecte (Cynips) qui devient une cause d'irritation, M. Germain de Saint-Pierre reconnait que l'hypertrophie localisée dans les feuilles du chaton des Saules peut ètre causée par la piqüre 620 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'un insecte, bien qu'il n'ait pas trouvé de larves dans les chatons hypertrophiés du Sa/iz, comme on en trouve dans les galles du Rosier et du Chéne (galles qui sont occasionnées, non par la piqüre du Cynips qui dépose ses œufs dans le tissu de la plante, mais par la succion continue des larves sorties des œufs et qui vivent sur la plante jusqu'à leur métamorphose). Du reste, il maintient que les les feuilles carpellaires du Sa/iz babylonica (arbre dont le sexe mâle n'existe pas en Europe) sont le siége principal de l'hypertrophie dont il s'agit ici, et il présente, à l'appui de sa manière de voir, les chatons déformés du Sa/iz babylonica et le dessin des parties ana- lysées et grossies. NOTE SUR LES FLORAISONS ANTICIPÉES, DITES FLORAISONS TARDIVES, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, On désigne généralement sous le nom de floraison tardive, la floraison d'un arbre qui, aprés avoir fleuri au printemps à l'époque normale, refleurit de nouveau la méme année en automne, Cette dernière floraison dite tardive ne serait tardive en réalité que si la floraison du printemps n'eüt pas eu lieu et eüt été retardée jusqu'à l'automne ; mais lorsque, aprés une floraison vernale, il se développe une floraison d'automne, cette floraison, loin d'étre appelée tardive, doit étre dite anticipée ; elle appartient en effet à la flo- raison qui aurait dû normalement se produire au printemps suivant. Ce sont des fleurs qui n'auraient dû s'ouvrir qu'apres l'hiver qui, sous l'influence des dernières chaleurs de l'automne, se sont, en quelque sorte, trompées de saison et se sont épanouies hátivement; elles sont ordinairement frappées de mort par les premières gelées. Il est rare d'ailleurs que la fécondation s'opère chez ces fleurs sans avenir. Plusieurs jeunes Marronniers d'Inde plantés sur la nouvelle promenade de Nimes, se sont couverts de fleurs dans les derniers jours d'octobre 1856; un de ces arbres présentait dix-huit à vingt grappes magnifiques. J'ai vu ces arbres le 20 novembre : les grappes anticipées étaient alors réduites à leur axe portant encore quelques débris de fleurs, et les arbres dépouillés de leurs feuilles ne différaient plus de ceux qui n'avaient pas refleuri. Vers le 15 décembre de la méme année, j'ai trouvé, dans une terre cultivée au bord de la mer, dans les environs d'Hyères, un Amandier chargé de fleurs; cet arbre est abrité du nord par la colline et les débris du couvent de l'Al- manarre (construit sur les ruines des murailles romaines de Pomponiana, entées elles-mémes sur des bases de murailles pélasgiques) ; un mois plus tard, dans les derniers jours de janvier, la floraison normale des Amandiers à commencé; cette floraison était complete le 10 février et s'est terminée quiuze jours plus tard, dans les variétés les plus tardives. C'est à peu pres SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 621 vers cette derniére époque que l'Amandier fleurit sous le climat de Paris. J'ai rencontré aux environs d'Hyères quelques rameaux de Myrte fleuris en décembre et janvier (l'époque normale de la floraison du Myrte est le mois de juillet); j'ai également rencontré à Hyères et aux environs, des Orangers abrités par des murs et exposés au midi, chargés de boutons en- tr'ouverts le 10 janvier; cette floraison a été imparfaite (l'époque normale de la floraison de l'Oranger est la fin de mai et le commencement de juin). L'activité de la végétation, dans les climats méridionaux, rend ces exemples de floraison anticipée plus fréquents dans le midi que dans le nord et le centre de la France, où ils ne sont cependant pas rares pendant nos automnes alternativement chauds et pluvieux ; les Poiriers et les Pommiers de nos vergers nous cn offrent souvent des exemples. M. Martins partage la manière de voir de M. Germain de Saint- Pierre. 11 dit qu'au Jardin des plantes de Montpellier, dans la grande allée des Marronniers, on voit chaque année quelques-uns de ces arbres refleurir en septembre et en octobre. Ce sont des pieds souf- frants et dont la végétation est peu active. M. Touchy est aussi d'avis que ces floraisons anticipées sont sur- tout le résultat des grandes sécheresses de l'été. Lorsque la première pluie d'automne survient (en septembre}, un brusque changement s'opère, la température devient douce et humide, et la végétation reprend une activité nouvelle qui fait fleurir quelques arbres, notam- ment les Marronniers et les arbres fruitiers. En décembre 1839, on a mangé des cerises rouges chez M. Dupin, secrétaire de la Socièté d'agriculture de l'Hérault. Souvent ces floraisons intempestives sont bientôt suivies de la mort de l'arbre qui les produit. NOTE SUR QUELQUES FAITS D'EXPANSIVITÉ (PARTITION OU DÉDOUBLEMENT ET TENDANCE A LA PARTITION), pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Les exemples du phénomène de l'ezpansivité (ou diruption) me parais- Sent aussi fréquents dans les climats méridionaux que dans le centre et le nord dela France. Si, pendant une partie de l’année, la sécheresse est exces- sive en Provence, il est des saisons pendant lesquelles les pluies sont abon- dantes ; et la durée de ces dernières périodes est suffisante pour déterminer la production d'anomalies qui nous paraissent étre, dans certains cas, un des résultats de l’action prolongée de l'eau ou de l'humidité sur les plantes dont le tempérament est approprié aux terrains secs, ou, tout au moins, ne l'est pas aux stations aquatiques. 622 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. J'ai rencontré (15 décembre 1856) un Bellis perennis, dont un pédou- cule seterminait par deux capitules adossés et repoussés l'uu par l'autre, de maniere à former un angle avec le pédoncule ; les autres capitules de la méme rosette de Bellis étaient parfaitement normaux, et les fleurs du capi- tule dédoublé étaieut normales. J'ai eu plusieurs fois occasion d'observer, aux environs de Paris, des cas d'expansivité analogues dans les capitules du Dahlia, du Scabiosa atropurpurea et du Dipsacus fullonum ; mais ces diverses espèces étaient cultivées ; or, les conditions dans lesquelles les plantes sont placées par la culture sont généralement favorables à la pro- duction des anomalies. Le Bellis perennis observé aux environs d'Hyères était, au eontraire, spontané et croissait sur la berge d'un fossé. Un buisson de Myrtus communis, eroissant dans une gorge humide et ombragée, m'a présenté (10 janvier), parmi des rameaux normaux, mais à feuilles plus amples et plus molles qu'à l'état ordinaire, quelques rameaux dont les feuilles étaient régulierement ternées; plusieurs verticilles émet- taient, à l'aisselle de chacune des trois feuilles, un rameau à feuilles normale- ment disposées. Un autre rameau du méme arbre m'a présenté, parmi des feuilles normales, une feuille bipartite à une seule nervure médiane à la base; cette nervure se partageant supérieurement en deux nervures qui jouent chacune le rôle denervure médiane pour chacune des deux partitions de la feuille. Cette feuille, qui présente, comme toutes les feuilles dédou- blées, l'aspect de deux feuilles soudées, occupe manifestement, dans la série, la place d'une feuille unique; la feuille située au-dessous et la feuille située au-dessus sont normales par leur position et par leur forme. J'ai déjà fait remarquer que le dédoublement partiel des feuilles est le premier degré de leur multiplication accidentelle : un même individu nous offre ici le dédoublement partiel sur une branche, et sur d’autres branches, une multiplication complète et régulière, des feuilles ternées remplaçant des feuilles alternes. Enfin, une forte branche présentait l'état de fasciation (aplatissement ou hypertrophie tendant au dédoublement), état qui est à la partition des axes ce quele dédoublement incomplet de la nervure médiane est à la multiplication des feuilles, J'ai trouvé au méme état, c'est-à-dire ä branches, les unes normales, les autres à feuilles ternées, le Lilas com" mun planté dans un jardin (Costebelle, au voisinage d'une source, et, dans le méme jardin, un OKillet de semis, dont l'une des premières feuilles était profondément bipartite ; la feuille opposée à cette feuille bipartite était not- male. Enfin, je mets sous les yeux de Ja Société un rameau de Phytolacca dioica, qui provient du Jardin deg plantes de Montpellier, et que je dois à l'obligeance de notre vice-président M. Ch. Martins, le savant directeur du Jardin. Ce rameau, à feuilles nombreuses, disposées en spirale, à tours rap- :prochés, est un exemple remarquable d'un axe fascié à sa base et terminé en plusieurs partitions, dont les unes sont elles-mêmes de forme aplatie ou SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 623 rubanée, et dont une autre est de forme cylindrique et constitue un rameau de structure normale à feuilles normalement disposées. M. Julien Jeannel dit qu'il a observé le phénomène de la fasciation sur des feuilles de Grenadier et d'Olivier, ainsi que sur des grappes de raisin. M. Planchon ajoute que les Cäpriers présentent fréquemment des branches fasciées et portent alors beaucoup de fleurs. Il croit, d'ailleurs, que les phénomènes présentés comme des cas de parti- tion sont souvent des cas de dédoublement, et il insiste sur ce que Dunal, qui avait trouvé dans la science le mot dédoublement créé par De Candolle, en avait tiré toute la théorie de la partition, telle que plusieurs botanistes pensent l'avoir découverte depuis. M. Germain de Saint-Pierre répond à cette observation de la manière suivante : . Je n'ai jamais pensé, quant à moi, avoir le premier fait connaitre le Curieux et important phénomène de la partition; mais j'ai ajouté aux recherches déjà faites sur ce phénomène, des considérations qui pourront aider à en compléter l'étude, et j'ai appuyé ces considérations sur de nombreuses observations qui pourront contribuer à en achever l'histoire. Je me suis surtout efforcé de démontrer que les phénomènes étudiés sépa- rément, les uns sous le nom de fasciation, et les autres sous le nom de par- tition ou dédoublement, constituent, non pas deux phénomènes distincts, mais seulement des phases différentes d'un même phénomène (que j'ai dési- gné sous le nom d’expansivité) ; et j'ai classé, dans l'histoire de ce phéno- mène général, la partition chez les axes pres de la partition chez les organes appendiculaires des divers ordres (les feuilles caulinaires et les feuilles flo- raires). Enfin, je me suis assuré que la plupart des cas cités comme des ‘exemples de soudures (synophtie, synanthie, syncarpie, etc.), ne sont que des cas de dédoublement (expansivité)et ne different en rien d'autres cas analogues cités comme des cas de dédoublement par les mêmes auteurs. Nous vivons à une époque oü les diverses parties de la science ont été déjà l'objet des recherches et des méditations de génies du premier ordre, et peu de questions aujourd'hui sont entièrement nouvelles; chacun de Nous ne saurait donc apporter que quelques pierres à l'édifice, à jamais interminable, dont la continuation nous a été léguée par nos prédécesseurs et nos maitres, et auquel de nouvelles assises seront, pendant bien des siècles Encore, ajoutées par nos successeurs. 624 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR DIVERS AUTRES CAS TÉRATOLOGIQUES OBSERVÉS DANS LE MIDI DE LA FRANCE, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. A I. Rameaux à feuilles panachées et rameaux à feuilles non panachées chez un Rhamnus Alaternus. — Un Rhamnus Alaternus, planté dans le jardin de Costebelle près Hyères, présente un phénomène digne de remarque. Tous les rameaux de la moitié inférieure de l'arbre sont à feuilles panachées (chaque feuille, verte à sa partie moyenne, est entourée d'une large bordure irrégulière d'un blanc jaunátre), et tous les rameaux de la moitié supé- rieure de l'arbre sont à feuilles vertes normales. Pas une feuille des rameaux inférieurs n'est verte, pas une feuille des rameaux supérieurs n'est panachée. Voici quelle est la charpente de cet arbre, dont la hauteur est d'environ deux metres et demi. Il était terminé, pendant ses premières années, par une tête à feuilles panachées, qui subsiste encore ; à 10 centi- mètres au-dessous du sommet de cette tète, est née une branche plus vigou- reuse queles autres et qui a dépassé la tête restte rabougrie; cette branche latérale est aussi à feuilles panachées et constitue une seconde tête ana- logue à la premiere. C'est cette branche à feuilles panachées, dont la tête s'est à son tour arrêtée dans sa croissance, qui a émis, vers sa base, les vigoureux rameaux à feuilles vertes non panachées qui constituent actuel- lement la moitié supérieure de l'arbre. Ces branches à feuilles normales sont au nombre de trois et situées l'une au-dessus de l'autre, du méme cóté que la branche-mére. 11 semble que l'arbre, pendant les premieres années de sa croissance, ait végété dans un état maladif, et que, daos une dernière période, il ait été doué subitement d'une grande vigueur; mais cette force nouvelle n'a profité qu'aux branches nées sous cette dernière influence; les branches qui existaient précédemment continuent à végéter faiblement eta se couvrir de feuilles panachées comme s'il se fût agi d'une greffe. L'indi- vidualité nouvelle n'a pas reçu de vice héréditaire, et elle n'a pas noD plus réagi sur l'iudividualité-mére. I. Végétation d'un arbre accidentellement renversé. — Un Myrte (Myr tus communis), arraché naturellement dans l'éboulement des bords d'un ravi®, s'était trouvé la tige et les rameaux recouverts de terre et la racine entière- ment hors de terre et dirigée de bas en haut. Les racines les plus grêles s'étaient desséchées ; mais de jeunes rameaux feuillés (adventifs) étaient nés sur le pivot tortueux et robuste de la racine. Ayant retiré l'arbuste de terre, je trouvai les rameaux les plus gréles frappés de mort et les feuilles détruites; mais les branches les plus fortes étaient vivantes et avaient émis des racines adventives qui permettaient à l'arbre de végéter malgré la si- tuation ren versée de la tige principale. ` HI. Germination des graines dans un fruit sain. — En ouvrant une tom (fruit du Zycopersicum esculentum) mûre, mais tres saine, et dont l'épi- ate SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 695 derme ne présentait ni taches ni déchirures, j'ai trouvé (5 janvier) toutes les graines du fruit complétement germées. Les jeunes plantes présentaient leurs deux cotylédons linéaires d'un beau vert, dressés et apprimés, et étaient pourvues d'une longue radicule. IV. Fruit adventif sur une cicatrice, — L'Opuntia Ficus indica (vulg. Fi- guier d'Inde, Raquette) végete à Hyères avec vigueur ; il y a des individus dont les articles inférieurs, épaissis et devenus avec l'âge presque cylindri- ques, constituent un trone robuste et volumineux ; leurs lourds et bizarres rameaux décorent les rochers et les vieux murs exposés au soleil. Les ra- quettes (articles ou mérithalles discoides des Opuntia) brisées, coupées ou désartieulées accidentellement, et qui tombent et séjournent sur la terre, s'v enracinent par le point quelconque qui se trouve en contact avec le sol. L'abondance du suc aqueux renfermé dans ce fragment de tige. charnue, et l'épaisseur de son épiderme, qui le préserve d'une dessiccation rapide, lui donnent le temps d'émettre des racines avant que la chaleur du soleil ait pu le dessécher ; or, ces fibres radicales adventives, lorsqu'elles ont pénétré dans le sol, mettent le fragment à l'état d'individu distinct, et, dès lors, son existence est assurée : il végète et multiplie. Sur un individu vigoureux, une raquette ayant été coupée transversalement, a émis, sur la cicatrice, un fruit bien conformé. On voit fréquemment des bourgeons adventifs se for- mer sur un point au niveau duquel une tige a subi une perte de substance, mais ce bourgeon devient ordinairement un rameau ; ici, le bourgeon a produit immédiatement une fleur, dout le fruit est arrivé à la maturité. V. Prolification de l'inflorescence des Plantains. — Mon ami M. de Scheenefeld a reneontré pres de Villeneuve, dans notre course d'avant- hier, un beau specimen de la forme anomale prolifère du Plantago lan- ceolata, et a. bien voulu enrichir de cette observation la série d'anoma- lies que j'avais à présenter à la Société. On sait que, dans cette curieuse et brusque déformation, les bractées inférieures de l'épi (petites et scarieuses à l'état normal) deviennent amples et foliacées, et constituent à l'extré- mité de la hampe et au-dessous de l'épi, une rosette plus ou moins ample et analogue à la rosette des feuilles radieales. A l'aisselle de chacune de ces bractées devenues feuilles, il se développe, au lieu d'une fleur, une inflorescence, un épi analogue à l'épi terminal normal, et, selon que ces épis surnuméraires sont plus développés, la partie supérieure de l'épi central ou épi mère, est, par compensation, moins développée, et souvent méme avorte presque complétement. L'individu que je place sous les yeux de la Société offre, dans ses épis, toutesles transitions entre les épis complétement normaux et les épis complétement prolifères. Je ferai, à l'occasion de cette anomalie, une remarque : certaines espèces ont une tendance marquée à dévier du type normal pour passer à un état anormal déterminé. Ainsi, je ne crois pas que ce soit par un pur effet du hasard que j'aie rencontré si T. IV. 40 626 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fréquemment dans la nature (et vu dans les herbiers), le Plantago lanceo- lata à hampe munie d'une rosette terminale foliacée et à épi prolifère (forme dont il vient d'être question), tandis que je n'ai point encore rencontré cette anomalie chez d'autres espèces de Plantains presque également communes. J'ai, au contraire, trouvé plusieurs fois le Plantago major présentant une forme anormale différente et que je n'ai pas rencontrée dans le Plantago lanceolata. Dans la déformation de l'épi du Plantago major à laquelle je fais allusion, les braetées florales restent petites et scarieuses , mais l'épi est transformé en une panicule trés rameuse, compacte, et plus ou moins pyramidale ; les nombreuses fleurs de cette panicule sont souvent abortives. (Je crois me rappeler que M. de Sehenefeld m'a remis, il y a quelques années, un exemplaire de cette seconde anomalie, recueilli aux environs de Paris. J'en ai recueilli moi-même un des plus complets dans le départe- ment de la Nièvre.) M. Planchon voit dans le phénomène présenté par l'Alaterne,dont vient de parler M. Germain de Saint-Pierre, un fait d'atavisme analogue à celui qu'offrent le Cytisus Adami et le Mais à grains de diverses couleurs ; c'est-à-dire une fécondation croisée, puis le retour à l'un des types primitifs. M. Germain de Saint-Pierre fait observer que l'Alaterne à feuilles panachées n'est guère multiplié que de greffe. M. Touchy dit qu'il y a dans l'herbier de Delile une déformation du Plantago major analogue à celle du P. lanceolata que vient de signaler M. Germain de Saint-Pierre. M. Planchon ajoute que cette monstruosité est obtenue artificiel- lement par certains horticulteurs (qui la cultivent comme variété), notamment par M. Van-Houtte, à Gand. Il l'a d'ailleurs rencontrée aussi à l'état spontané. M. Touchy fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES PLANTES ÉTRANGÈRES A LA FLORE DE MONTPELLIER, TROUVÉES AUX ENVIRONS DE CETTE VILLE, par M. le D" TOUCHY. Pour que les botanistes puissent se fixer sur les flores locales, il est néces- saire de distinguer avee soin les plantes introduites par des circonstances accidentelles, Le Port-Juvénal près Montpeilier, ainsi que j'ai déjà eu occa- sion de le dire aujourd'hui (1), fournit beaucoup d'espèces exotiques, qu! se montrent et disparaissent bientót en faisant place à d'autres. Les lieux (4) Voyez plus haut, p. 593. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 027 qui avoisinent les moulins dans lesquels on convertit en farine les blés étran- gers, nous présentent un fait analogue. Dans l'apres-midi du 7 de ce mois, je suis allé herboriser auprès de trois moulins sur le Lez, au-dessus du port neuf de Castelnau. Ce lieu m'avait déjà fourni l'an dernier quelques plantes étrangères. Celles que j'y ai remarquées cette fois, sont les sui- vantes : Glaucium tricolor Bernh. ; Sinapis Dillenii, et cinq ou six autres es- pèces du même genre; Rapistrum, trois espèces; Eruca vesicaria Cav. ; Brassica, une espèce ; Raphanus recurvatus Del., et une autre espèce voi- sine du R. Raphanistrum ; Silene, une espèce; Trigonella Besseriana Ser.; Melilotus, deux espèces; Daucus maximus Desf.; D. aureus Desf.; Ane- thum segetum I.. ; Gnaphalium, une espèce ; Senecio, une espèce; Anthemis, deux espèces; Chrysanthemum coronarium L.; Anacyclus alexandrinus Willd., et une autre espèce du même genre ; Centaurea, une espèce; Echi- nospermum Lappula Lehm.; Echium, une espèce ; Anchusa, une espèce ; Rumex, une petite espèce presque acaule; Phalaris quadrivalvis Lag. Fn tout trente-cinq espèces étrangères à la flore de Montpellier, A la suite de cetle communication, M. le comte Jaubert saisit l'occasion de remercier M. Touchy, au nom de la Société, des obli- geants et utiles services qu'il lui rend pendant sa session à Montpel- lier, tant aux herborisations, dont il est un des guides les plus zélés, que dans le Musée botanique, dont il est le conservateur et qu'il met à la disposition des visiteurs avec une complaisance extrême et une entente parfaite du maniement des herbiers. Et la séance est levée à 5 heures. Le 12 juin, à midi, la Société a visité le jardin de l'École de phar- macie, où M. Pouzin, directeur, et M. J.-E. Planchon, professeur d'histoire naturelle, ont eu l'obligeance de la guider. C'est iei une collection toute spéciale. Les plantes de pleine terre, rangées Suivant la méthode naturelle et étiquetées avec soin, sont toutes exelusive- mént médicinales. Une orangerie et une petite serre chaude reçoivent les Végétaux exotiques qui demandent un abri. Nous avons remarqué surtout l_Ægilops hybride, obtenu par M. Plan- chon, de la fécondation artificielle de l'Z£. ovata par le Blé-Touzelle. Cet hybride, qui reproduit exactement l’ Æ. triticoides spontané aux environs d'Agde, était en fleur, avec 66 épis sur un seul pied. Les étiquettes de l'École sont formées d'un cadre de fer-blanc peint à 628 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'huile, dans lequel est enchâssé un verre qui recouvre l'étiquette de papier, imprimée et collée au verre. Ce systéme nous a paru trés bon, quoique quelques imperfections daus l'application de la peinture aient maculé plu- sieurs étiquettes par des taches de rouille; accident d'ailleurs facilement réparable et que compense l'avantage de pouvoir lire très uéttement les éti- quettes imprimées. Le 12 juin, à huit heures du soir, les élèves de la Faculté de mé- decine et de l'École de pharmacie de Montpellier, pour fêter leurs condisciples de Paris, leur ont offert un punch dans l'orangerie du Jardin des plantes, élégamment décorée et illuminée. Le Bureau de la Société avait été prié d'assister à celte réunion toute fraternelle, pleine de gaité et d'entrain, et où n'ont cessé de régner une franche cordialité et un ordre parfait. Elle était animée par les sons de la musique militaire, que M. le colonel du 4° régi- ment de ligne, en garnison dans la ville, avait bien voulu mettre à la disposition de M. Martins, président de la féte. | L'union cimentée ainsi entre les élèves des Écoles de Paris et de Montpellier est un fait qui n’est pas sans importance, et la Société doit se féliciter d'en avoir fourni l'occasion par sa Session extraordinaire. Nous croyons donc utile de reproduire ici les discours prononcés à cette fête, et qui permettent d'en apprécier le carac- tére et la portee. DISCOURS DE M. MARTINS. Messieurs, Recevez d'abord mes remerciments pour l'honneur que vous me faites en m'appelant à présider cette joyeuse et cordiale réunion. J'avais moins de titres que mes collègues à cette preuve de votre sympathie ; mais VOUS avez pensé que le directeur du Jardin des plantes, élève de Paris et profes- seur à Montpellier, personnifiant pour ainsi dire la fasion scientifique des deux Ecoles, devait inaugurer une fête dont la botanique et l'entomolog!e ont été l'occasion. Recevez mes félicitations, Messieurs, d'avoir si bien compris le but de ces congrés scientifiques, qui doivent rapprocher non- seulement les esprits mais encore les cœurs. Grâce aux généreux instincts de la jeunesse, vous avez deviné que si la science devait être l'objet pri cipal de ces réunions, elle n'en était pas le seul, et que les sentiments de confraternité qui animent tous les jeunes gens livrés aux mêmes études 5€ transformeraient en sentiments d'estime et d'amitié mutuelles. Vos camarades, je me trompe, Messieurs, vos amis de Paris p'oublieron! SESSION EXTRAORDINAIRE 4 MONTPELLIER EN JUIN 1857. 629 pas votre cordiale réception, et chacun d'eux sera pour vous un guide em- pressé lorsque vous visiterez le centre européen des sciences, des lettres et des arts. Actuellement, oubliez que vous étes étudiants, rappelez-vous seu- lement que vous étes jeunes ; jouissez dans toute sa plénitude de cette joie sympathique que l'àge mür ne connait plus. Soyez heureux pendant cette période de la vie oü il est si facile de l'étre, mais demain souvenez-vous que l'espoir de la médecine francaise est en vous, que vous aurez à soutenir le poids d'un glorieux héritage. Vous ne faillirez pas à cette noble táche et vous reculerez les bornes de la science que nous vous enseignons aujour- d'hui et que vous enseignerez à votre tour. L'observation et l'expérience fécondées par la méditation, voilà vos instruments de travail, car les théories passent, mais les faits restent, Remettez-vous donc à l'ceuvre, et peut-étre sortira-t-il de vos rangs quelques-uns de ces hommes que l'huma- nité proclame comme ses bienfaiteurs, et que la science consulte comme ses oracles, DISCOURS DE M. CHATIN. Messieurs les étudiants de Montpellier, Vous m'avez appelé à cette belle et joyeuse fête que vous offrez à vos camarades de Paris. J'essayerais en vain d'exprimer le plaisir que j'éprouve à me trouver au milieu de vous, aux cótés du savant professeur que vous Venez d'entendre et dont la parole élégante et facile contribua à m'initier aussi aux sciences qui aujourd'hui nous réunissent, Un maitre illustre, retenu loin d'ici par de multiples devoirs et qui fut à Montpellier, où il a laissé un sillon lumineux, l'élève, l'ami et ie collaborateur de De Candolle et de Dunal, eût mieux que moi représenté la cordiale fusion qui, en ce moment, s'opère entre les Écoles du nord et leurs sœurs du midi. Élève de Montpeilier, ce maitre, que vous nommez tous, enseigne à Paris quel fut le tort de ceux qui dirent que, dans la plus anciennement célebre de vos Ecoles, il serait de principe que les idées spéculatives s'affranchissent de l'observa- tion, qui tour à tour doit en être le moteur ou le frein. Permettez-moi de dire, pour me rapprocher aussi de vous, que si je pro- fesse dans le grand centre scientifique du nord, je suis sorti d'une bourgade (Tullins près Grenoble) comprise dans la zone médicale dont Montpellier est le foyer. J'ajoute encore, pour m'unir davantage à chacun de vous, que je suis heureux de penser que vous serez tous un jour mes confrères, quelle que soit celle de nos Écoles à laquelle vous preniez vos grades. Vos camarades de Paris s'attendaient, Messieurs, à être ici les bien- Venus. Ils savaient qu'à Montpellier l'esprit, quoique en grand renom, est encore dépassé par le cœur : votre accueil sympathique dépasse à son tour leurs espérances, 630 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La botanique, aimable de sa nature, surtout pour la jeunesse studieuse dont elle recherche les hommages, a été l’occasion de cette charmante réu- nion de famille. Puisse-t-elle en étre récompensée en gagnant à elle quel- ques-unes de ces vives intelligences méridionales qui sont si dignes et si capables de contribuer.aux progres de toutes les branches des connaissances humaines. Nous vous quitterons à regret, Messieurs, en emportant un doux et im- périssable souvenir de notre passage parmi vous, de notre séjour trop eourt dans votre célèbre et savante cité, de nos excursions trop rapides dans vos belles campagnes, où aux rayons d'uu chaud soleil et sous un ciel à rendre l'Italie jalouse, mürit, à côté de l'Olivier, cette bienfaisante et. renommée grappe des Gaules, atteiute par un fléau dont un agronome distingué, votre compatriote (M. Marès), a le premier triomphé dans la grande culture. Inu- tile d'ajouter, Messieurs, que les botanistes du nord garderont aussi un durable souvenir de cette végétation variée et presque africaine des basses Cévennes, des garrigues rocheuses et parfumées qui encadrent et abritent vos champs d'Oliviers, de celle des plages historiques d’ Aigues-Mortes et de Maguelonne, où les végétaux les plus rares croissent aux lieux mémes d'où partirent les flottes de saint Louis, et sur l'emplacement de la ville détruite par Charles-Martel. Au besoin nos herbiers, remplis par la floru monspeliensis, dont le monde entier connait les richesses, rajeuniraient notre mémoire. Car, vous le savez, Messieurs, le grand bonheur du botaniste est de revivre, l'hiver, 3u coin du feu, en feuilletant son herbier, à chaque plante duquel restent at- tachées toutes les circonstances de date, de lieu et de compagnons, de com- pagnons surtout! L'herbier c'est le plaisir, la surprise des découvertes quand on le compose ; ce sont les doux, les charmants souvenirs lorsqu'on le revoit. Cependant, Messieurs, nous ne vous mettrons pas sous Sa Sauve- garde. Soyez sûrs que la mémoire du cœur ne nous faillira pas. | I! nous reste un vœu à former. C'est qu'à votre tour vous veniez à Paris, dont les étudiants et la flore vous attendent. Les Écoles, qui l'an passé avaient facilité les excursions au Mont- Dore, la Société Botanique de France, qu! cette année, grâce à l'intervention de M. le comte Jaubert, son aimable et zélé vice-président, a rendu si accessibles les conditions du voyage, ne pet" dront pas de vue qu'il leur reste à convier à Paris, à des époques périodi- ques et, espérons-le, rapprochées, les étudiants de toute la France. A la visite, aux succes, à la santé des étudiants de Montpellier ! DISCOURS DE M. ESTOR , interne à l'hôpital Saint-Éloi. ! ! n " gi Les étudiants de Montpellier aux^étudiants de Paris et de SU asbourg , . , iration Permettez-nous, Messieurs, de nous féliciter de l’heureuse inspiratio 1 SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 631 a fait désigner la ville médicale du midi comme centre de vos excursions scientifiques. Elle nous donne l'occasion de vous offrir, sinon la plus bril- laute, tout au moins, croyez-le bien, la plus sympathique, la plus cordiale hospitalité. Mais que cette réunion, peut-être sans précédent, ne soit pas destinée à ne vivre que dans le souvenir de chacun de nous ; qu'elle soit plutót l'embléme de cette union si vivement désirée entre les Écoles du nord et celles du midi. Puisse l'aecord spontané de leurs élèves devenir le gage de notre confra- ternité dans l'avenir! Puisse l'alliance de leurs principes être la base des progrés futurs de la science! RÉPONSE PAR M. Ach. FOVILLE, interne des hópitaux de Paris. Messieurs, Parmi les titres que la Société Botanique de France aura à la gratitude des étudiants de Paris, auxquels elle a ouvertla route du midi, ce ne sera certes pas le moindre que d'avoir rendu possible cette réunion, dont vous avez eu si spontanément l'initiative et à laquelle nous sommes heureux de nous rendre, Consaerés aux mémes études, poursuivantle méme but, nous devons étre guidés par les mêmes principes, unis par les mêmes sentiments. Buvons donc à l'union médicale en France, et permettez à vos hôtes de porter spé- cialement un toast à la Faculté de Montpellier. Le 14 juin, à six heures, un banquet par souscription, organisé par les soins de M. Martins, a réuni dans l'orangerie du Jardin des plantes la plupart des membres de la Société présents à Montpel- lier, les autorités municipales et un grand nombre de professeurs des diverses Facultés et de savants de la ville. Nous avons été heureux d'entendre ces messieurs nous exprimer plus d'une fois l'intérêt qu'ils portent à notre institution et à la science qui fait l'objet de nos études. Deux toasts ont été portés, l'un par M. Martins : A /a Société Botanique de France ! et l'autre (en l'absence regrettable de M. de Tchihatchef, retenu chez lui par une indisposition) par M. le comte Jaubert : A Za ville et aux savants de Montpellier ! Après le diner, on s'est rendu chez M. Donné, recteur de l'Aca- demie, qui a bien voulu nous ouvrir gracieusement ses salons, et nous procurer ainsi le plaisir de passer tous ensemble une charmante soirée. 632 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le 45 juin, à deux heures, la Societé a visité le Musée-Fabre, qui contient la principale bibliothéque de la ville, et se compose en outre de plusieurs galeries de tableaux. Le fondateur de cet établissement, Fabre, de Moutpellier, était un peintre distingué, qui avait réuni en Italie des tableaux de prix et un grand nombre de livres (concernant surtout les beaux-arts), qu'il a légués à sa ville natale. La bibliothèque, considérablement enrichie depuis et aujour- d'hui trés variée, a fait il y a quelques années une acquisition très précieuse pour les botanistes. Auguste de Saint-Hilaire lui a légué tous les livres qu'il possédait (environ 3000 volumes), parmi lesquels se trouvent un grand nombre d'ouvrages importants et rares. En attendant qu'on puisse lui don- ner un local plus convenable, cette bibliothèque, essentiellement scienti- fique, a été placée au troisième étage, dans une chambre particulière. M. Paulin Blanc, le savant bibliothécaire de la ville, qui en a dressé le catalogue avec beaucoup de soin, aeu l'obligeance de nous la montrer (4). Dans le musée de tableaux, nous avons vu avec intérét et émotion le por- trait d'Auguste de Saint-Hilaire, qui fut le maitre et l'ami de plusieurs d'entre nous. Ce portrait, que la ville a fait faire pour rendre hommage à la mémoire de l'illustre botaniste, qui a passé à Montpellier les dernières et douloureuses années de sa vie, est une copie fort bien exécutée de l'original que possède Mme Parent-Duchâtelet, C'est la veille méme que ce tableau avait été mis en place, à l'occasion de la visite dela Société. Nous avons remarqué aussi des tableaux de fleurs de Node fils, qui était le dessinateur de Dunal, et une copie de l'inscription de Rosette, prise par Delile lui-méme pendant l'expédition d'Égypte. SÉANCE DU 16 JUIN 1557. PRÉSIDENCE DE M. PIERRE DE TCHIHATCHEF. La séance est ouverte à onze heures du matin. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal dela séance du 12 juin, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniere séance, M. le Président proclame l'admission de : , ZIP r (4) M. Blanc nous a remis une liste des ouvrages de botanique à compléter e cette bibliothèque et des échanges proposés, Cette note est déposée aux archives la Société. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 638 MM. Bouper (Anatole), à Montgácon, prés Maringues (Puy-de- Dóme), présenté par MM. Guillard et Darracq. dunguer (Frédéric), docteur en médecine, médecin aide- major au 2*régiment du génie, à Montpellier, présenté par MM. Martins et Planchon. Sanur (F.-G.), horticulteur, rue du Manege, à Montpellier, présenté par MM. Guillard et Martins. Cramer (Wilhelm), étudiant à l'université de Bonn (Prusse rhénane), présenté par MM. Chatin et Groenland. EsPAGNE, docteur en médecine, chef-interne à l'hópitalSaint- Éloi, à Montpellier, présenté par MM. Martins et Mail- lard. M le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1* Par M. Ch. Martins : Projet d'enquête sur la culture de l'Igname de Chine et du Riz sec, présenté à la Société impériale zoologique d'acclimatation. 2 Par M. Ricard, de Montpellier : Le Nomenclateur botanique languedocien, par Ch. de Belleval. M. Marés, secrétaire, rend compte des herborisations faites le 11 juin à Cette, le 12 à Aigues-Mortes, et le 13 à Palavas et à Mague- lonne. RAPPORT DE M. PAUL MARES SUR L'HERBORISATION FAITE LE 11 JUIN A CETTE, ET DIRIGÉE PAR MM. MARTINS ET CHATIN. A huit heures du matin, le chemin de fer nous emporte rapidement vers Cette ; à quelques minutes de Montpellier, nous apercevons une maison de campagne surmontée d'un petit belvédère au toit arrondi : c’est l'ancienne propriété du célèbre Rondelet (le docteur Rondibilis de , Rabelais). On désigne encore cette propriété dans le pays sous le nom de Mas de Rondelet. Nous passons devant Villeneuve-lez-Maguelonne, le marais de l'Estagnol et la Madeleine oü nous avons herborisé la veille ; nous voyons ensuite le village de Mireval, celui de Vie, dont l'église fortifiée nous rappelle le temps où nos côtes avaient à se défendre contre les incursions audacieuses des pirates barbaresques. Nous traversons la grande palud de Vie, dont les émanations fiévreuses déciment les populations environnantes, et bientôt, sur les coteaux rocailleux des dernières montagnes de la Gardiole, qui sont à 634 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. notre droite, nous voyons verdoyer les vignes qui donnent, ou plutôt, hélas? qui donnaient le célèbre muscat de Frontignan. Un instant après, nous pas- sons devant le village de ce nom; puis la voie ferrée s’élance hardiment au milieu des étangs, sur une large chaussée qui arrive jusqu'à la mer. Nous cotoyons alors, à quelques mètres à peine, la belle nappe bleue de la Médi- terranée, dont les flots roulent doucement sur une plage sablonneuse cou- verte de végétation littorale. On aperçoit déjà les mâts, les vergues des na- vires, le phare et les jetces qui s'élèvent sur la mer brillante de lumière, Cette nous est cachée par le train lui-même, mais nous y arrivons en quel- ques minutes; il est à peine neuf heures. En traversant le marché de la ville, nos regards s'arrétent un instant sur les diverses espèces de poissons pêchés cette nuit : la plupart sont nouveaux pour nous, et M. P. Gervais nous en nomme quelques-uns des plus remarquables. Nous suivons les rues qui s'élévent par une pente assez rapide vers la mon- tagne de Saint-Clair. En passant près de la citadelle qui domine la ville du côté de la mer, nous ne pouvons nous empêcher de considérer un instant la vue magnifique qui se déroule à nos pieds et dans le lointain; la ville, peu ancienne, mais aujourd’hui très importante, le port, les navires, les jetées, la plage et un immense horizon de mer forment un superbe ensemble. Mais, sur les rochers qui servent de base à lacitadelle, on commence à trouver quelques plantes: le Lagurus ovatus, V Hedypnois polymorpha, V Asteriscus aquaticus, l'Alyssum maritimum inaugurent le butin de cette journée; aussitôt l'ardeur botanique s'empare de chacun denous, et vient dominer toutes les autres pré- occupations, En quittant la citadelle, le chemin par lequel nous gravissons la pente escarpée de Saint-Clair est excessivement rocailleux, resserré entre deux murs de pierres sèches, au pied desquels nous trouvons le Plumbago europæa, l'Urtica pilulifera déjà couvert de ses fruits caractéristiques, le Silene nocturna. var. brachypetala, le} Brachypodium ramasum, l'Üno- pordon illyricum presque toujours assuré du respect des plus intrépides collectionneurs, le Tyrimnus leucographus, le Galactites tomentosa au port élégant; et nous voyons sortir d'une anfractuosité les tiges déliées et les jolies fleurs bleues du Lactuca tenerrima, qui se retrouve à Narbonne et aux Pyrénées, Les mars du chemin présentent parfois de larges ouvertures, qui don- nent sur des terrains de garrigues heureusément vierges encore des défri- chements qui envahissent tous les jours la montagne de Cette; nous pouvons donc y butiner à notre aise: aussi, aux plantes déjà trouvées et qui erai- gnent peu les terrains rocailleux et la sécheresse, nous ajoutons bientót plusieurs autres espèces qui résistent tout aussi bien à notre climat méri- dional : ee sont les Avena pubescens?, Triticum phænicoides, Ruta n- gustifolia, Carduus nutans, Plantago Psyllium, Thrincia hirta, Buplevrum aristatum, Verbascum floccosum, Trifolium tomentosum, T. suffocatum, ete. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 635 La montagne de Saint-Clair a près de 200 mètres d'altitude et forme une masse arrondie, appartenant, comme les rochers dela Madeleine et du Creuss de Miége, à l'étage oxfordien du terrain jurassique. Colline solitaire, entourée par la mer, l'étang de Thau et le port de Cette, à peine reliée à la terre ferme par la plage d'Agde , cette hauteur parait surgir du milieu des eaux, et son élévation, son isolement, en font le centre d'un magnifique panorama. Nous atteignons le sommet de la montagne, oü se trouve une petite construc- tion carrée, dont quelques marches nous permettent d'atteindre le faite : de là, rien ne peut géner la vue : au sud s'étend devant nous la majestueuse immensité de la mer; à l'ouest la plage d'Agde et sa montagne volcanique, noir mamelon qui se dessine nettement sur le Canigou, dont le bleu plus foncé que celui du ciel se perd daus la Méditerranée oü il semble plonger à pic ; quelques cimes dentelées lui font suite, s'avancent au loin dans la mer et disparaissent peu à peu à l'horizon : ce sont les montagnes de Port- Vendres et^ les premiers sommets de la côte d'Espague. Si le temps était plus clair, nous apercevrions à droite du Canigou la graude chaine des Pyrénées, dont les cimes neigeuses se découpent souvent sur le ciel avec une parfaite netteté. Au nord, se dresse la ligne des Cévennes, dans laquelle nous pouvons distinguer le pie de l'Aiguale et le haut plateau de l'Espérou, dont la vue rappelle à chacun de nous les noms de Magnol, de Gouan, de Sauvages, de Dunal. Au pied de ces montagnes, nous voyons les grandes plaines du bas Languedoc qui ne forment pour ainsi dire, entre Béziers et Montpellier, qu'un immense et riche vignoble; plus prés encore, l'étang de Thau qui entoure toute la face nord de la montagne de Cette. Sur la rive orientale nous apercevons Balaruc, dont les eaux thermales sont si renom- mées ; l'église de ce petit village renferme le tombeau du célèbre Mongolfier et des traces de ruines romaines ; divers phénomènes naturels assez curieux rendent ce lieu digne d'intérét sous plusieurs rapports. Enfin vers l'est, à l'extréme horizon, nous voyons s'élever la eime arrondie du Mont-Ventoux, où se trouve la végétation réellement alpine la plus rapprochée de nous. l faut enfin s'arracher à ce beau spectacle, que favorisent un radieux Soleil et un air assez transparent. Tandis que quelques zoologistes cherchent sous les pierres le gros scorpion blane (Scorpio occitanus) et parviennent à s'emparer de deux jolis Seps, nous descendons vers une petite garrigue in- culte sur le versant sud-ouest et, dans un espace de quelques mètres carrés, nous récoltons les Picris pauciflora, Ononis minutissima, Centranthus Calcitrapa, Biscutella lœvigata, Linum strictum, Juniperus Oxycedrus, Sideritis romana, Cneorum tricoccon, Leuzea conifera, Teucrium Polium, Tragopogon | porrifolius, Coris monspeliensis, Helianthemum Fumana Var. procumbens, Inula squarrosa (non fleuri), Lactuca viminea, Medi- cago tribuloides, Carduus nigrescens, Rhamnus infectorius, Evax pyg- mea, Nigella damascena; et, dans les anfractuosités des murailles, quel- 636 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ques échantillons de Ceterach officinarum, très commun dans le pays. Mais nous devons penser à revenir vers la ville : M. Doumet, maire de Cette, un de nos vice-présidents, a bien voulu nous inviter à visiter ses riches collections, parmi lesquelles se trouve l'herbier de son aieul, le cé- lèbre naturaliste Adanson. Il nous faut done partir sans visiter le salin de Villeroi qui est à nos pieds, et une partie de la plage, loealités qui eussent immédiatement enrichi notre récolte de plusieurs espéces que nous n'avons pas encore. À cette époque de l'année, nous eussions pu trouver à Villeroi l'Ornithogalum Paterfamilias Godr., le Matthiola sinuata, Y Atriplex Ha- limus, le Convolvulus lineatus, Y Asphodelus fistulosus et quelques autres plantes que nous. retrouverons probablement en grande partie à Mague- lonne ou à Aigues-Mortes. En descendant, nous recueillons encore au pied des murs et sur quelques parcelles de terrains vagues, les Urospermum picroides, C [ypeola Jonth- laspi, Campanula Erinus, Althea hirsuta, Orlaya grandiflora; c'est dans cette localité que nous trouverions aussi au printemps le Galium murale, que les premières chaleurs ont déjà fait disparaître. En rentrant à Cette, on se divise en plusieurs bandes, car nous sommes beaucoup trop nombreux pour déjeuner ensemble dans un seul des hôtels de la ville. Mais, une heure après, nous nous réunissons tous chez notre honorable vice-président. MM. Doumet père et fils nous font l'aceueil le plus aimable, et nous eouduisent dans les vastes galeries de leur riche musée, puis dans leurs jardins admirablement tenus et qui excitent surtout notre vif intérét. Un compte rendu spécial de cette visite (1) devant étre publié par les soins de M. le Secrétaire de la Commission du Bulletin, nous n'avons pas à entrer ici dans le détail des richesses de tout genre qui composent ees remarquables collections. . Après avoir remercié vivement MM. Doumet de leur bienveillante hospi- talité, nous reprenons le cours de notre herborisation. Notre obligeant con: frère, M. le docteur Dioméde Twezkiewiez (dont la connaissance parfaite de la flore du pays nous a été plus d'une fois d'une grande utilité durant toute cette excursion), nous donne quelques échantillons d' Heliotropium curassavicum, qu'il vient de recueillir aux Bourdigues (2) oü cette espèce s'est naturalisée et où elle est trés commune. , I! est quatre heures et le temps a passé rapidement; mais avant de partir nous voulons encore récolter quelques plantes. Nous nous dirigeons vers le fort Saint-Pierre, situé au pied de la montagne, entre Je port et la mer, a l'extrémité sud de la ville. Dans l'enceinte du fort, contre les rochers qui (1) Voyez plus haut, page 584. ; de (2) On nomme les Bourdigues un quartier de la ville situé du cóté de l'étang Thau, à l'extrémité du canal du port, | SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 637 les abritent, croissent en pleine terre l Opuntia Ficus indica et l' Agave ameri- cana var. variegata, qui sont, à ce qu'il parait, parfaitement naturalisés ; et M. Napoléon Doumet nous apprend que l' Agave americana fleurit de temps en temps sur le versant tout à fait méridional qui est un peu plus loin. Néan- moins ces plantes ont un aspect languissant, et sont loin de présenter le vi- goureux développement qu'elles acquièrent à Perpignan et surtout en Es- pagne et en Algérie. Près du fort, du côté de la mer, nous trouvons, sur un terrain rocailleux, le Spergularia media, le Frankenia intermedia (plante si voisine du F, levis), les Anacyclus tomentosus, Convolvulus lineatus, Evax pygmea, Plantago Lagopus, Inula viscosa, Artemisia gallica, Statice echioides, Lep- turus incurvatus, Scolymus hispanicus ; malheureusement ces cinq dernières espèces ne sont pas encore fleuries. A notre droite est une vigne à demi cultivée, dans laquelle le proprié- taire veut bien nous permettre de pénétrer, et nous y trouvons encore plu- sieurs espèces : Convolvulus althæoides, Glaucium flavum, Avena sterilis, Sedum altissimum (non fleuri), Euphorbia segetalis, Conyza sordida, Cen- taurea aspera, Clematis Flammula var. maritima (non fleuri), Medicago Murex, Linum tenuifolium, L. strictum, Urospermum Dalechampii, Agri- monia Eupatoria (non fleuri). Toutes ces espèces sont mêlées à la Vigne, qui pousse avec vigueur quoique plantée irrégulièrement dans un peu de terre rougeâtre qui remplit les fentes de la roche oxfordienne. Dans cette vigne, nous avons aussi trouvé le Capparis spinosa dont nous avons pu voir une des belles fleurs parfaitement épanouie. Ce joli arbuste, bien que non spontané chez nous, y vient avec une facilité extrême dés qu'il a été semé, et fréquemment, dans nos campagnes du midi, on le voit ta- pisser les murs de pierres sèches près des maisons au bord des vignes; mais les ménageres industrieuses nous privent le plus souvent du plaisir de voir s'épanouir ses magnifiques fleurs, dont le bouton naissant conservé dans le vinaigre forme un de nos meilleurs condiments. M. de Tchihatchef, notre président, est frappé des rapports qui existent entre la végétation que nous rencontrons aujourd'hui, et celle des cótes de l'Asie Mineure : il reconnait la plupart de ces plantes pour les avoir déjà ré- coltées dans le pays qu'il a tant étudié. Mais l'heure du départ approche, et nous revenons à regret au chemin de fer qui est assez éloigné, Cette fois, par un heureux hasard, nous sommes un peu en avance; aussi- tôt quelques-uns des plus zélés courent à la plage voisine de l'embarcadere €t rapportent, quelques minutes aprés, plusieurs especes littorales: ce sont les Salsola T. ragus, Phelipæa cerulea, Crithmum maritimum (non fleuri), Anthemis maritima, Medicago marina, Euphorbia Paralias, Polygonum maritimum, Schænus mucronatus, Echinophora spinosa, Eryngium mariti- 638 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mum, Festuca maritima, Amarantus prostratus, Bromus maximus, Mat- thiola sinuata. A six heures le chemin de fer nous emporte et nous ramène à Montpellier. RAPPORT DE M. PAUL MARES SUR L'HERBORISATION FAITE LE 12 JUIN A AIGUES- MORTES, ET DIRIGÉE PAR M. CHATIN. Aigues-Mortesest certainement, à tous les points de vue, une des localités les plus intéressantes des environs de Montpellier. Pour nous y rendre, nous par- tons par le chemin de fer de Nimes, à sept heures du matin, et aprés avoir rapidement traversé des plaines couvertes de vignes et d'oliviers, nous arri- vons en quarante-cinq minutes à Lunel, petite ville dont le vin muscat à aequis une juste célébrité. Les géologues connaissent tous les cavernes à ossements de Lunel, dont on a retiré de si grandes richesses paléontologi- ques.Un omuibus attend les voyageurs ; nous nous y installons, et cette voiture nous conduit en moins de deux heuresà Aigues- Mortes, dont à plus de 18ki- lométres on aperçoit déjà les murailles et la forte tour de Constance, grâce au nivellement parfait des plaines d'alluvions modernes qui nous en séparent. A h kilomètres de Lunel, nous trouvons Massillargues, jolie petite ville, où un ruisseau d'eau vive, chose rare dans ce pays, répand la fraicheur et per- met d'entretenir sur les promenades extérieures, des Platanes, des Tilleuls et des Peupliers d’une très belle venue. Après avoir franchi le Vidourle, nous traversons Saint-Laurent d' Aigouse, à moitié chemin entre Aigues-Mortes et Lunel. À 4 ou 5 kilomètres au delà, nous apereevons à gauche une métairie, dont les vieilles murailles et quel- ques restes d'ogives à demi détruites indiquent l'origine ancienne. C'est en effet Psalmodie, où se trouvait autrefois un couvent de Bénédietins, dont la présence contribua beaucoup à la prospérité d' Aigues- Mortes. Nous arrivons presque aussitôt à de grands marais que la route traverse sur une longue et forte chaussée. La tour Carbonniére, que nous trouvons Un peu plus loin, bátie en travers de la chaussée méme, défend complétement, de ce cóté, les abords de la ville, à plus de 2 kilomètres. La vigne couvre pres- que exclusivement le pays depuis Lunel jusqu'à Psalmodie ; mais à ce point commencent les marais. La végétation change tout à coup, et nous nous trouvons bientót entourés de chaque cóté par une immense plaine maréca- geuse et verdoyante. Au milieu des Arundo, des Jones, des Carez, des Scirpus et. des 7 ypha, qui forment le fond de la végétation, nous pouvons distinguer, sur les points plus ou moins immergés qui bordent la chaussée, les ombelles rosées du Butomus umbellatus, et les fleurs blaneheset vertes du Leucoium wstivum. La rapidité de notre course nous empéche probablement d'apercevoir le Vil- " . SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 639 larsia nymphoides et V Utricularia vulgaris, qui se rencontrent aussi dans cette localité. L'étroite voûte ogivale de la tour Carbonniere livre à peine passage à notre voiture ; quelques pas plus loin, nous descendons à cóté d'un poste de doua- niers ; c'est là que va commencer notre herborisation. Nous nous dirigeons vers les pinèdes (bois de pins) qu'on aperçoit à un kilomètre environ. Pour y arriver, il faut traverser le canal sur un bae, connu dans le pays sous le nom de barque de Soulié. L'espace qui nous sépare du canal est à peine de quelques centaines de mètres ; mais le terrain sablonneux, à sous-sol humide, sur lequel nous marchons, est couvert d'une riche végé- tation qui nous retient plus d'une demi-heure : nous récoltons les Zuphor- bia palustris, Senecio crucifolius, Schanus nigricans, Orchis fragrans, Trifolium Cherleri, Scirpus romanus, Imperata cylindrica, Malcolmia littorea, Silene italica, Pteris aquilina, Rumex tingitanus, Asphodelus ramosus (connu dans le pays sous le nom patois d'A/éda), Trifolium angustifolium, Lagurus ovatus, Cynanchum Vincetoxicum, Scabiosa Colum- baria, Plantago arenaria, Buplevrum aristatum, Filago Jussiæi, Eu- phorbia pilosa?, Hordeum maritimum, Lepidium Draba, Juncus acutus, Carex extensa, Sonchus maritimus, Tamarix gallica, enfin l Artemisia gallica et le Statice Limonium non fleuris. Dans ce sable gris, fin, siliceux, le méme que celui de la mer, à peine un peu moins pur, légèrement ondulé, mais ne formant pas de dunes, on à planté des Müriers qui poussent assez vigoureusement, et l'ensemble de la végétation, dont nous venons de citer le fond principal, a une vigueur remar- quab'e. Comme nous n'avons pas déjeuné, plusieurs d'entre nous achètent quelques petits fromages sees qui nous fournissent une observation intéres- Sante se rattachant directement à la botanique. On trouve dans ces fromages des points d'un noir verdátre, d'un goût âcre et très prononcé. Le garde champêtre que nous rencontrons plus loin nous apprend que ce sont de petits fragments d' Aoubati. (Clematis Flammula) qué y metton per donna dé piquant (qu'on y met pour donner du piquant). Après avoir-traversé le canal sur le bac de Soulié, nous nous retrouvons Sur un terrain semblable à celui que nous venons de quitter et nous mettons plus d'une heure à franchir les quelques centaiues de métres qui nous sépa- l'ént du bois de Pins qui est devant nous. C'est qu'en effet la végetation est encore plus riche sur ce point, et que nous rencontrons toujours de nou- velles espèces : ce sont les Kæleria villosa, Helianthemum hirtum, Hie- racium Pilosella, Orlaya maritima (en fruit, moins vigoureux que sur la Plage même), Teesdalia nudicaulis (déjà passé), Cerinthe major, Orchis palustris, O. fragrans, Helianthemum salicifolium, Carea divisa, Andro- Pogon Gryllus, Anagallis tenella, Lithospermum arvense, L. officinale, 640 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Carex glauca, Urospermum Dalechampii, Centranthus Calcitrapa, Tetra- gonolobus siliquosus, Helianthemum vulgare var. tomentosum. Au milieu de ces plantes, qui couvrent le sol avec profusion et dont un grand nombre se plaisent dans l'humidité, sur ce terrain sablonneux où nous chercherions en vain une seule pierre et où l'eau séjourne en bien des points pendant l'hiver, nous voyons croître des touffes vigoureuses d'ar- bustes et de plantes que nous sommes habitués à trouver dans nos garri- gues calcaires les plus sèches et les plus rocailleuses ; ainsi, le PAillyrea angustifolia et le Rhamnus infectorius, souvent entrelacés de Clematis Flammula, se rencontrent fréquemment, et à leur pied nous trouvons les Inula viscosa, Ruscus aculeatus, Daphne Gnidium, Jasione montana, qui se groupent autour d'eux comme pour se soutenir mutuellement contre cette autre végétation qui les entoure et les presse de tous cótés. Enfin, nous arrivons aux premiers arbres du Bois de l'Abbé, que nous avons mis tant de temps à atteindre; l'essence prineipale est le Pinus Pinea, dont les grandes ombrelles nous abritent des rayons du soleil ; nous y trouvons mélés, mais en trés petit nombre, le Pinus halepensis, le Quercus Robur et l'Ulmus campestris. Nous aurions encore bien des plantes à trouver sous ces belles voütes de verdure, mais nous sommes pressés par le temps, et à peine avons-nous atteint le but de notre course que nous devons songer à gagner Aigues- Morles. Pour y arriver sans encombre, il faut se diriger sur la tour de Constance, qu'on aperçoit au loin, et appuyer toujours à droite de façon à rejoindre le canal à peu près à mi-chemin de la ville; sans cela on tombe- rait bientôt dans des marais ou au milieu de cultures qui intercepteraient absolument le passage. | En quittant le Bois de l'Abbé, nous devons franchir une zone sablon- neuse comme celle que nous avons traversée précédemment ; mais le sable plus abondant y forme de petites dunes; nous retrouvons une bonne partie des plantes que nous avons déjà rencontrées, et nous y ajoutons les Onosma arenarium, Phelipæa arenaria, Ammophila arenaria, et Medicago litto- ralis. Près des marais qui sont à notre gauche, nous trouvons dans une petite flaque d'eau, au milieu des Typha latifolia, plusieurs pieds de Gla- diolus illyricus couverts de leurs belles fleurs purpurines. Pius loin nous voyons des moissonneurs faire tomber sous leurs faucilles les blés complé- tement mürs , daus un champ voisin les gerbes sont déjà entassées, et tont annonce une végétation plus avancée que celle de Montpellier, où l'on n moissonnera pas avant une dizaine de jours. dre Nous atteignons enfin le canal, dont nous suivons les bords sans per ite de temps, car nous ne voulons pas partir sans avoir fait ure rapide " ant à la curieuse cité que nous apercevons depuis si longtemps ; Cepen? SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 641 nous récoltons encore le Vicia lutea, le Scolymus maculatus, le Rumex tingitanus (non fleuri), l'Anthemis tinctoria; dans les champs et sur le bord d'un pré humide, le bel Aster acris; sur l'esplanade qui occupe la place des fossés comblés de la ville, nous marchons sur un épais tapis de Trifolium nigrescens et resupinatum. Notre herborisation est terminée ; nous faisons rapidement le tour des remparts, en admirant leur conservation parfaite et la teinte dorée des deux faces exposées au midi et au couchant, qui forme un contraste frappant avec la teinte grise et froide des murailles qui regardent le nord. L'étang de la ville arrive presque au pied des murailles de la face sud ; c'est là que ve- naient autrefois s'amarrer les galéres, comme l'indiquent encore de forts anneaux de fer scellés dans la muraille et remarquablement bien conservés. En pénétrant dans la ville, nous voyons sur le pilier de la porte une marque à 1°,30 environ au-dessus du sol; c'est le point qui indique la hauteur à laquelle arrivèrent les eaux du Rhône dans les grandes inondations de 1840 et 4841. Le fleuve débordé roula ses flots jusqu'à Aigues-Mortes, inondant cet immense pays de plaines marécageuses, et la ville resta plu- sieurs jours entourée d’eau ; mais telle est encore la solidité de ses remparts que, les portes ayant été murées, l'intérieur fut complétement garanti de l'inondation. Nous nous dirigeons, à travers des rues presque désertes, vers la grande tour de Constance, bâtie par saint Louis trente ans environ avant les mu- railles auxquelles elle se trouve reliée par un pont dormant. Cette tour, dont l'intérieur est admirablement disposé pour la défense, n'a guère servi qu'à renfermer de malheureuses victimes des persécutions religieuses sous Louis XIV. Au sommet, la vue est magnifique et s'étend sur les plaines de Lunel, de Nimes, de Montpellier, sur les Cévennes, la Camargue, le Mont Ventoux, les montagnes de Provence et la mer. A nos pieds se trouve la ville, entourée de ses remparts, d'une parfaite conservation, qui forment un parallélogramme rectangle. Quelques petits na- Vires se balancent dans le port que borde la muraille au-dessous de nous et qui communique directement avec la mer par un large canal, dont l'embou- chure est à 6 kilomètres plus loin, au grau du roi, oü l'on a maintenant établi le phare qui brillait autrefois au haut de la tour de Constance. Ce Caral est dá à Louis XV, qui le fit construire en 1725 ; celui de saint Louis est comblé et il n'en reste plus que quelques vestiges. Mais il est temps de revenir à Lunel. Chacun de nous recueille quelque brin de Parietaria diffusa, de Plantago Lagopus ou de Medicago litto- ralis, qui eroissent au sommet de la tour dans les interstices de la muraille, et quelques instants après, nous sortons d'Aigues-Mortes par la tour des Bourguignons salés, qui tire son nom d'un épisode de la guerre des Arma- Bnaes, T. AV. A1 642 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous regrettons de quitter trop rapidement cette ville si riche en souve- nirs. Témoin des deux départs de saint Louis pour les eroisades, elle vit Philippe le Hardi construire ses murailles sur le plan exact de celles de Damiette, selon la volonté du saint roi, qui l'avait déjà dotée d'un port et de la tour de Constance. Le 15 juillet 1538, François Ie et Charles- Quint y avaient une entrevue, et Barberousse, peu de temps après, brüloit en partie la forét de pins qui arrivait à cette époque jusqu'au bord de la mer. Aigues-Mortes est bien déchue aujourd'hui de son antique splendeur ; le commerce s'en est peu à peu retiré, le port s'est ensablé en partie, et le canal de Beaucaire, ouvert en 1811, ne lui a rendu qu'une faible partie de cette activité commerciale qui en fit jadis une des cités les plus importantes de notre littoral méditerranéen. Mais Aigues-Mortes sera toujours une ville des plus originales et des plus curieuses pour l'antiquaire, le peintre et le natu- raliste, car sa eonservation parfaite, due surtout à son isolement et à son climat fiévreux, est peut-être un fait unique dans le monde entier; et $a position au milieu des marais, près du delta du Rhône, et si près de la mer, en font un centre de superbes excursions botaniques et zoologiques. En revenant, nous remarquons à quelques kilomètres de Lunel, sur la droite, un village considérable bâti sur une éminence arrondie, C'est le Grand-Gallargue, où se fabrique le tournesol en drapeau au moyen du suc du Croton tinctorium. On en imbibe à trois reprises des chiffons qui, aprés avoir subi une préparation ammoniacale, sont séchés au soleil et expé- diés ensuite en Hollande, où l'on s'en sert pour teindre les fromages, qu'ils préservent des vers. Un grand nombre de villages de ce pays ont leur nom terminé en argue. Cette désinence provient du mot ager, le commencement du nom indiquant le premier possesseur du champ au temps des Romains. C'est ainsi que Gallargue tire son origine de Q. Statius Gallus et d'ager : champ de Q. S. Gallus. Nous arrivons enfin à Lunel, avant trois heures et demie, et nous pou- ben prendre le train express, qui nous ramène à Montpellier à quatre ieures. | S RAPPORT DE M. PAUL MARÈS SUR L'HERBORISATION FAITE LE 43 JUIN A PALAVA ET A MAGUELONNE, ET DIRIGÉE PAR MM. MARTINS, PLANCHON, PAUL GERVAIS ET CHATIN. Cette journée doit ètre fort intéressante sous plusieurs rapports : non- seulement le bord de la mer nous promet une belle végétation littorale, dont Cette et Aigues-Mortes nous ont déjà fourni plusieurs bonnes espèces, mais encore, une pêche à /a traîne, organisée par M. Paul Gervais, profes- SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 643 seur de zoologie et doyen de la Faculté des sciences, nous fournira l'ocea- sion de faire une promenade en mer et de voir quelques-uns des poissons de nos côtes. Nous ferons ensuite une course à l'ancienne église de Mague- lonne, seul reste d'une eité maritime assez importante pendant les pre- miers siècles du moyen âge. Nous partons à six heures du matin par le chemin des Cabanes, et aprés avoir parcouru trois ou quatre kilometres à travers une plaine de riches cul- tures, nous arrivons au bord du Lez, près du point nommé /a troisième écluse. Le Lez, en effet, est eanalisé depuis le Port-Juvénal, si connu des bo- tanistes, jusqu'à son embouchure, au grau de Palavas ; et l'on a établi trois écluses pour ralentir son courant. Cett: partie du Lez porte le nom de Canal de Graves. La route suit la rivière : nous passons près de l'ancien port de Lattes (qui est sur l'autre rive), petite ville dont le eommerce florissait vers les xiri* et xiv* siècles ; Lattes ne possède plus aujourd'hui qu'une modeste église gothique et quelques maisons au milieu desquel!'es on aperçoit encore des restes d'anciennes constructions. Nous passons devant le sa/in de Gra- menet qui présente peu d'intérêt en ce moment, car les provisions de sel sont presque épuisées ; aux vignes ont succédé des prairies bordées de Frènes, de Saules et de Peupliers, qui, malgré le mistral (vent de N.-N.-0.) pous- seraient avec vigueur si on ne les ébranchait pas impitoyablement tous les ans. Après avoir dépassé Gramenet, on se trouve en quelque sorte entouré par les étangs; la route traverse des terrains salés couverts de Salsolacées et régulièrement inondés pendant plusieurs mois d'hiver. Nous aperce- vons, sur la rive gauche du Lez, quelques cabanes pittoresques, de forme partieuliére et couvertes de roseaux : ce sont les derniers restes du village des Cabanes, remplacé aujourd'hui par les blanches maisonnettes du grau de Palavas, situé un peu plus loin à l'embouchure de la rivière, Un pont étroit nous permet de passer les Quatre Canaux (entre-croisement du canal de Beau- Caire avec celui du Lez) et nous arrivons enfin à Palavas. Nous nous répandons aussitót sur la plage: les uns, sans perdre de temps, vont explorer les dunes qui s'étendent du côté d'Aigues-Mortes ; les autres, avec M. Gervais et les pécheurs, montant sur trois canots, vont jeter à 200 mètres en mer de larges filets de 120 brasses, qu'ils tirentensuite jusqu'à terre à l'aide de deux longues cordes fixées à chaque extrémité. On raméne ainsi plusieurs poissons aux couleurs changeantes, aux nageoires de formes diverses : un d'eux, trés petit, présente sur sa nageoire dorsale un dard aigu qui cause une vive douleur à celui qui en est piqué : nos pécheurs l'appellent aragne, le redoutent beaucoup, et s'empressent de couper son aiguillon dès qu'ils peuvent le faire sans danger. L'aragne est une espèce de vive (Trachinus araneus). Le filet ramène en outre le loup (Labraz Lupus), le muge, le caranx (vulgairement gascons), le petit maquereau (Scomber pneumatophorus), des trigles aux nageoires azurées et le mulle (Mullus bar- 644 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. batus), appelé rouget dans le midi de la France. M. Gervais rappelle que ce poisson est le méme que les Romains aimaient à voir mourir sous leurs yeux, pour en observer les changements de couleur, et il fait constater par les personnes présentes les colorations variées que ce poisson éprouve en effet lorsqu'on l'a retiré de l'eau. Ce n'est qu'alors qu'il est rouge, et il le devient graduellement et par parties. Il y a aussi quelques curieux animaux sans vertèbres : des œufs de sèches, connus sous le nom de raisins de mer, des ascidies simples et com- posées, des bryozoaires, plusieurs sortes d'échinodermes et de trés grosses méduses, soit cyanées, soit rhizostomes ; à ces animaux se trouvent mêlées des lobulaires, des téthyes et plusieurs sortes d'éponges ; un dernier coup de filet ne ramène que des méduses rhizostomes, il y en a plus de cinquante de l'espèce Rhizostoma Aldrovandi. Ces animaux singuliers écartent le poisson et nuisent à notre péche ; chacun les examine avec intérét et curio- sité, mais on se garde d'y toucher avec la main, car si on la portait ensuite vers les yeux, on y produirait une vive et dangereuse inflammation : tous les pêcheurs présents se hâtent de nous en avertir. Il est onze heures; l'exercice et l'air vif de la mer nous ont donné un ap- pétit formidable, et tout le monde se rassemble peu à peu avec ses récoltes. Coquilles, insectes, poissons, mollusques, tont s'y trouve; mais les fleurs dominent, et la plupart des botanistes arrivent le chapeau couvert de Coris monspeliensis, dont la plage offre de magnifiques échantillons; ils ont, en outre récolté un assez bon nombre de plantes, dont voici les principales : Cakile maritima var. australis, Statice caspia, S. virgata, Eryngium maritimum, Ephedra distachya, Malva parviflora, M. ambigua Guss., Pan- cratium maritimum, Suæda fruticosa, Phelipwæa Muteli, Lepidium ruderale, Convolvulus Soldanella, Trifolium nigrescens, T. resupinatum, T. lappa- ceum, Lepturus filiformis, Carex extensa, C. binervis, Dorycnium gracile Jord., Ammophila arenaria, Orchis fragrans, O. palustris, Polygonum ma- ritimum, Medicago marina, Aster acris, Helio tropium curassavicum, Sera- pias longipetala. Les traines ont ramené deux Algues : les Cisfoseu" Montagnei et C hryshymenia ventricosa. Enfin nous prenons place, avec un vrai plaisir, a la table disposée dans la grande salle del'hótel Voltaire ; soixante-seize convives s'y trouvent réu- nis ; les premières minutes sont silencieuses, car l'air de la mer sait exciter les estomacs les plus paresseux, et chacun se laisse aller au plaisir de dégus- ter avec attention les plats nationaux préparés avec soin pour cette fete : ee sont la classique bouillabaisse, des maquereaux à la vinaigrette, des escargots (Helix aspersa), des clovisses (Venus virginea, V. decussata) nom- mées arcelis en patois, ete. Cependant les conversations s'établissent ‘peu à peu et le repa . très animé. Nous donnerions volontiers quelques moments aux causeries, s devient SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 645 mais notre attention est bientót captivée par une piquante lecture : le mo- deste dessert est à peine servi, que M. le comte Jaubert se léve pour nous faire part, d'abord, d'une lettre de M. Moquin-Tandon, président de la So- ciété, dans laquelle le savant professeur exprime ses regrets de ne pou- voir assister aux courses de la session extraordinaire et surtout à l'her- borisation de Maguelonne : il nous signale trois plantes classiques indiquées par Magnol sur le toit de l'église et que nous devons y retrouver ; ce sont l Hyoscyamus albus, le Crithmum maritimum et le Parietaria diffusa. M. Jaubert termine cette communication en nous lisant la traduction du Charmant chapitre du Carya magalonensis de M. Moquin-Tandon, où l'au- teur célèbre les vertus des plantes du toit de Maguelonne en termes à la fois si naïfs et si spirituels que nous croyons, devoir reproduire ici le texte de cette lecture, pour ceux de nos confrères qui n'ont pas eu le plaisir de l'en- tendre : « L'an mil trois cent vingt-cinq, monseigneur l'évêque de Maguelonne désirait avoir un grand nombre de beaux arbres, bien rapprochés et bien alignés, autour de son église et de son château de Maguelonne ; mais Dieu ne le voulut pas; car tous ces arbres moururent dés qu'ils furent plantés, tant les jeunes que les vieux; il en fut de méme de ceux qu'on avait semés, Il fut vu, par tout cela, que le saint territoire de Maguelonne n'est pas un territoire propre aux arbres. » Cependant il peut croitre à Maguelonne beaucoup d'herbages et surtout les blés, » Jtem, il y nait beaucoup d'herbes de mer et d'étang et beaucoup d'autres menues herbes. Et quelques-unes sont abondamment cueillies, parce qu'on dit qu'elles sont médicinales. » M. Sicard de Baupuys, homme expert en choses difficiles, prévost de Maguelonne, s'était spécialement occupé de la cueillette et de l'étude de ces herbes susdites. Quand M. ledit Prévost habitait Maguelonne, il marchait tou- jours avec des herbes ou des fleurs à la main, et dans sa chambre on voyait plus de cent petites caisses différentes avec des herbes, arrangées comme les parchemins de l'évéché. Tous les noms anciens et nouveaux, M. de Bau- puys les disait. La vérité est qu'il avait uneexcellente mémoire et une forte tête. II parlait de tous les ouvrages qui traitent des herbes, et tout ce qu'un homme dans ce monde peut savoir sur cette matière, M. Sicard de Bau- puys le connaissait. » On a perdu le beau livre de M. le susdit, dans lequel étaient figurées et décrites toutes les bonnes herbes de Maguelonne. On y voyait spécia- lement trois herbes renommées qui eroissent sur le toit de ladite église de Maguelonne, par Ja gráce de Dieu, lesquelles saintes herhes sont excellentes pour la guérison de tous les maux du corps et des membres. 646 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. » Et voici ces trois herbes de ce noble toit : » Hyosciamos seu Jovis Faba, herbe Careiade ou Jusquiame blanche. » Elxine seu Perdicion, herbe de Notre-Dame ou Pariétaire eom- mune. » Critamon seu Datis, herbe Criste ou Fenouil marin. » La première herbe, Jovis Faba (la Jusquiame blanche), fut donnée en opiat avec la graine du Coquelicot, à M. l'abbé d'Aniane, qui se trouvait dans un bien triste état, parce qu'il était tombé d'une fenêtre de la tour du cháteau de Saint-Guilhem. Tous les habitants d'Aniane avaient grand peur pour sa vie ; mais M. l'abbé usa pendant sept matins de la Jusquiame de Maguelonne, et puis il était frais comme vous et moi. » La seconde herbe, c'est-à-dire le Perdicion (la Pariétaire commune) fut conseillée à une dame, laquelle avait tant de mal qu'on n'y connais- sait rien. Elle était presque au portail du cimetiere. Le prévost de Mague- lonne envoya à ladite dame une touffe sèche de Pariétaire commune, € elle fut avee son infusion subitement guérie. + Avec la troisième herbe, qui est la Criste Batis (le Fenouil marin), fut entièrement guéri M. l'offieial de Maguelonne, lequel avait pris l'habitude de boire toute la journée copieusement (et trop copieusement) de l'hypocras; il avait le ventre tendu, gonflé, endolori, et des douleurs intérieures, et les jambes un peu enflées, et si grande soif, qu'il demandait toujours de l'lrypo- eras, de l'hypocras, ou de l'eau si l'on me défend l'hypocras L... (1). » De joyeux applaudissements accueillent cette divertissante lecture placée si bien à propos, puis chacun se háte de suivre l'appel de M. le comte Jau- bert, qui nous invite à partir, ear le temps fuit rapidement. Un léger mistral favorise le voyage par mer pour une moitié d'entre nous; les autres vont pédestrement par la plage moitié sablotineuse, moitié ma- récageuse, qui sépare la mer des étangs, et l'on fait, chemin faisant, une bonte récolte; on trouve, outre la plupart des plantes du matin, les espèces sui- vantes : Crucianella maritima, Juncus maritimus, J. Gerardi, Statite echioides, Schænus mucronatus, Polypogon maritimus, Echinophora spt- nosa, Arthrocnemum fruticosum, Ononis Natrix, Malcolmia littorea, Se- rapias Lingua, Genista tinctoria, Spergularia media, Atriplez portul- coides, Lotus corniculatus var. decumbens, Asparagus amarus ?, Plantago crassifolia, Vulpia uniglumis, Cynanchum acutum var. monspeliense, Tri- folium tomentosum, Linum angustifolium, Chenopodium setigerum DC. (1) Carya magalonensis ou Noyer de Maguelonne, pages 119-129 de là seconde édition, publiée en 1844, et dans laquelle M. Moquin-Tandon a ajouté une traduction française au texte roman. Ce curieux petit livre, tiré à très peu d'exemplaires, n'a jamais été mis en vente. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 647 Sur les bords de l'étang on récolte dans l'eau le Ruppia maritima et le Zannichell ia palustris; dans de petites mares saumátres; au milieu du sable, se trouve le Chara galioides et dans des points rapprochés de l'étang, oü l'eau a séjourné cet hiver, on rencontre en assez grand nombre le 7riglochin Barrelieri. . Nous arrivous ainsi, sans fatigue, en moins d'une heure et demie à Maguelonne, où M. et M“ Fabrège, propriétaires de l'ile, prévenus de notre arrivée, ont bien voulu nous faire préparer des rafraichissements, que la manière gracieuse dont ils nous sont offerts et une température digne du climat méditerranéen, rendent doublement agréables. M. le comte Jau- bert, interprète des sentiments de la Société, remercie M. et M”° Fabrège de leur aimable hospitalité; le lieu où nous nous trouvons lui rappelle un souvenir plein d'intérêt, I! y a trente-six ans, il arrivait dans l'ile de Ma- guelonne, alors complétement déserte, avec un jeune botaniste de son âge : c'était Victor Jaequemont, voyageur si célebre depuis, et si prématurément enlevé à la science. | Nous pénétrons ensuite dans l'ancienne église par une jolie porte gothique qui présente d'intéressantes sculptures : au soleil ardent qui nous inonde de chaleur et de lumière, succèdent tout à coup l'ombre et la fraicheur : nous apereévons quelques restes d'autels, et de larges pierres tumulaires de marbre blane, sur lesquelles sont gravées les figures et les titres des évéques dont elles ont recouvert les restes pendant des siècles. Mais il n'y a plus une seule peinture aux voütes élancées de la nef, plus un ornement sur les grandes murailles noircies par le temps : l'opulente cathédrale de Saint- Pierre de Maguelonne n'est plus aujourd'hui qu'une humble grange, dans laquelle nous prenons un instant de repos. Sur l'ile de Maguelonne s'élevait autrefois une cité importante : des le vi* siècle on y voit des évêques portant le titre de comtes de Me/guet/. Tom- bée en 673 au pouvoir de Wamba, roi des Visigoths, apres un long siége, elle devint le rendez-vous des Sarrasins qui pillaient les cótes de la Pro- vence et du Languedoc. La présence de ces pirates fut cause de sa ruine : Charles- Martel Ja détruisit eomplétement en 737 ; l'évéque et son chapitrese retirèrent alors à Substantion. — Eu 1037, l’évêque Arnaud relève les murs dela ville, ereuse un nouveau port et installe une seconde fois l'évéché et le Chapitre à Maguelonne. C'est à cette époque que la cathédrale de Saint-Pierre, daus laquelle nous sommes en ce moment, fut commencée et construite à plusieurs reprises (1048 à 1178). Aussi cette construction présente-t-elle les caractères d'une architecture de transition : on y trouve quelques de- tails romans et byzantins, tandis que l'ensemble de la nef et du eboeur offre une forme ogivale pen prononcée, mais d'une grande élégance. Les con- structions du chapitre etdu cloitre, qui furentélevées au xin* et au xiv" siecle, contre la face septentrionale de l'église, sont aujourd'hui complétement dé- 648 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. truites et ne présentent plus que quelques fragments d'ares de voütes et de colonnettes d'une forme ogivale pure. Contre la facade ouest s'élevait la cuisine de l'évéché ; on a couservé de curieux détails sur l'hospitalité qu'on y exerçait avec largesse et sur le menu des jours ordinaires et extraordi- naires. — En 1096, Urbain II vint à Maguelonne précher la croisade le jour de Saint-Pierre, et le pape Alexandre III y passa fugitif eu 1162. Mais au commencement du xvi* siècle le pape Paul III autorisa l'évêque de Mague- lonne à transférer l'évéché à Montpellier, et enfin Louis XIII ordonna la des- truction totale de Maguelonne : on n'y laissa que l'église Saint-Pierre et la maison du fermier du chapitre. Les pierres servirent au revétement des murs du canal des étangs (1). M. Adolphe Ricard, secrétaire dela Société archéologique de Montpellier, s'est joint à nous pour cette course et nous décrit d'une maniére intéres- sante tous les détails archéologiques du monument que nous visitons. Un large escalier, s'appuyant contre le mur de la nef, nous conduit sur le haut de l'église : on se répand sur les larges dalles calcaires qui en for- ment le toit : habitués aux rochers à pie, aux chemins les plus dangereux, de jeunes botanistes pareourent les bords du toit, s'élancent sur les piliers qui soutiennent l'édifice et se penchent dans l'espace pour y recueillir quel- ques pieds de Matthiola incana : outre cette jolie espèce, on trouve dans cette curieuse localité toute une petite flore dont chacun emporte à l'envi un souvenir : nous notons rapidement les Crithmum maritimum, Hyoscyamus albus, Parietaria diffusa, Papaver somniferum, Anthemis maritima, Eu- phorbia segetalis, Cratægus Azarolus et Prunus spinosa. Après quelques instants donnés à une active récolte, nous sommes dis- traits par la belle vue qui s'offre à nos yeux et par les conversations qu'elle fait naître, M. le comte Jaubert n'était pas revenu à Maguelonne depuis sā première visite : depuis lors il a fait de longs voyages et parcouru l'Orient ; l'aspect du pays qui nous entoure lui rappelle d'une maniere frappante cer- tains points des côtes de l'Asie-Mineure. Herborisant un jour aux environs d'Éphèse, notre savant confrère, séparé de ses compagnons, fit une halte dans une mosquée en ruine, au bord de la mer : eu entrant tout à l'heure sous les voûtes de la vieille cathédrale, il a éprouvé une illusion saisissante : ce détail achevait de lui rappeler tout un ensemble de souvenirs. En effet, la nature qui nous entoure a une couleur. vraiment méridionale et un cachet tout particulier de grandeur et de solitude; la Méditerranée est à quelques pas, son murmure parvient jusqu'à nous ; une longue plage sablonneuse, déserte et aride, limite les ondes bleues de la mer et les sépare des étangs et (f) On trouvera une excellente histoire de Maguelonne dans l'ouvrage intitulé : . . jer Monuments de quelques anciens diocèses du Bas-Languedoc, par MM. Renouvie et Laurens. Montpellier, 1836, in-4. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 649 des marais qui environnent l'ilede Maguelonne ; pas un arbre, pas un pli de terrain ne rompent ces grandes lignes ; au delà des étangs, les plaines cultivées qui entourent Montpellier se confondent peu à peu avec les pre- miers contre-forts des Cévennes, dont les cimes rocheuses s'élèvent au loin en vaste amphithéátre ; les murs colorés de l'ancienne église ont un aspect simple et sévère et forment un premier plan digne de ce grand tableau, qu'un soleil ardent inonde d'une lumiere éclatante... L'ancienne ville, son port florissant, sa population active et guerriere, ses riches évéques, tout a disparu ; sur cet étroit espace de terre où se livrérent de sanglantes ba- tailles, il n'y a plus aujourd'hui que de paisibles laboureurs; ce tertre où sélevait jadis une grande cité, se couvre tous les ans de belles moissons dorées. Après avoir jeté un dernier coup d'œil sur ces ruines pleines de souvenirs, sur cette nature à demi orientale, nous écoutons enfin la voix de nos com- paguons qui donnent déjà le signal du départ: les uns vont chercher les felouques légères qui se balancent au bord de la plage, les autres suivent à pied les bords du canal jusqu'à Palavas, où nous arrivons tous presque en méme temps. A sept heures nous sommes de retour à Montpellier avec de riches récoltes et l'esprit rempli de mille agréables souvenirs. M. Touchy fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES MODES D'HYPERTROPHIE CHEZ LES VÉGÉTAUX, par M. le D" TOUCHY. Parmi les lésions physiques que la pathologie végétale nous fait connaitre, je me bornerai en ce moment à indiquer quelques formes présentées par les feuilles, les fleurs et les organes qui les portent et les protégent. Ce sont des hypertrophies, qui se divisent en trois groupes par leur étiologie. Les unes sont constitutionnelles, et résultent de conditions so't défavorables, soit au contraire trop favorables.. D'autres proviennent d'une cause entomolo- Pique locale. Les dernières sont produites par un champignon parasite, qui à vicié tout l'individu, mais dont la manifestation est limitée au point d'é- lection. PREMIER GROUPE. Jlachitisme. — Cette altération consiste dans un développement excessif en dimension et en nombre des enveloppes florales, notamment chez les Graminées, les Jones, etc. Le grain est atrophié et avorte le plus souvent. Le rapprochement outre mesure des plantes et une matu- ration trop activée peuvent donner ce résultat. Le plus souvent cette ma- ladie provient de conditions trop parfaites. Par le procédé de culture dit à rayons, nous sommes parvenus à réduire d'un tiers le nombre total de grains contenu dans un litre; le volume de ces grains s'est donc accru. Mais ce 650 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. perfectionnement a produit du mal : des plantes sont restées infertiles. Chez celles-ci les bales et les glumes ont pris beaucoup de développement et ont aceru leur nombre ; les épillets, favorablement placés, ont donné des racines à leur base et formé de nouvelles plantes; le produit en grains est complétement nul. Ce fait pathologique se rattache à cé qui se passe normalement dans d'autres plantes. Le Poa bulbosa et autres produisent des épillets à fleurs et d'autres prolifères, non-seulement sur la même plante, mais aussi sur la même tige. Dans les Liliacées, on observe des fleurs et des soboles sur un pédoneule commun. | Le rüchitisme est pour les Graminées ce qu'est la duplication pour les Rosacées. Chez les unes, les enveloppes florales de nature foliacée ont con- servé cette nature; chez les autres, les pétales accrus en nombre ont con- servé aussi leur organisation. On a cependant quelques faits qui prouvent la métamorphose des pétales en feuilles; on peut en citer comme exemples quelques Cruciferes. Mad. Le calice peut accroître ses dimensions et prendre l'aspect dé fene ceci arrive lorsque les conditions ambiantes sont très favorables. La i tation automnale du Verbascum Blattaria présente souvent ce fait. » calice du Papaver Rhœas, ordinairement caduc, peut se changer feuilles et alors il persiste. ; Une métamorphose très curieuse est celle des segments du calice en o. charnu earpoide. Sur le Rosa leucantha, on observe souvent en automne au-dessus des fruits rouges, une couronne formée de cinq où Six e dices; ce sont les divisions du calice qui ont persisté, sont devenues € nues, rouges et de même saveur que le fruit. à l'éta Les bractées qui protégent les fleurs passent quelquefois à feuilles. Ceci a lieu sur des plantes monocotylédones et dicoty lédones. t de Deuxième Groupe. JVie/le. — Je désigne sous ce nom un c dans la végétation du bourgeon et même dans son évolution. Une mité se développe, elle est due à un insecte. n Sur le Blé, sion le seme dans notre pays avant le 15 ou 30 october e insecte diptère, voisin du genre Psylla Fab. , dépose ses œufs sur ^ je mal séminale, peu de temps après sa sortie de terre; passé cette époq" usterre n'est plus à redouter. Sa larve se développe tout de suite, elle ronge S0 le la jeune plante an collet; plus tard les feuilles jaunissent et meuren asb- repousse de nouvelles, plus ‘longues, élargies, obtuses, plus verta assées lution du bourgeon est changée ; les bases des feuilles qui étaient "el meurt a l'état normal, sont seulement appliquées ; la plante végete ma des le printemps. ^4 analogue dii Le Juncus articulatus est souvent affecté d'une difformité ana'0b SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 651 se développe au-dessus de la terre, quelquefois sur les tiges. Elle est due au Psylla Juncorum. — Dans plusieurs Carex on observe le méme fait, mais toujours à fleur de terre. — Beaucoup de Graminées nous fournissent des difformités analogues qu'il serait trop long d'énumérer ici. La nielle se montre non-seulement sous terre au collet, mais aussi dans les bourgeons à feuilles, et sur les chatons unisexuels ; les difformités qui sont produites dans ee dernier cas sont les mêmes sur les deux sexes. Les diverses espèces du genre Sa/iz, indigènes ou introduites, en sont la preuve. Ladifformité n'a pas son siége dans le fruit qui avorte, et n'existe pas sur un seul sexe, mais bien sur les segments des enveloppes florales. La nielle se retrouve pour ainsi dire dans les fruits. Observez une ombelle de fleurs de Poirier quelque temps aprés la floraison, elle montre trois ordres d'ovaires : les uns avortés et qui se détachent bientôt par désarticu- lation ; d'autres fécondés qui seront les bons fruits; les troisiemes fécondés aussi, mais plus gros, à formes irrégulières et à surface chagrinée. Ils recè- lent des insectes hyménoptères voisins des Cynips, lesquels déterminent une irritation, cause locale de l'hypertrophie. i Troisième Grouer. Difformité par cause fongique. — L'étude des lésions organiques dans les végétaux, nous montre des Champignons (Urédinées et autres), dont les sporules ont été abso: bées parles racines des plantes. Cette inoculation ne peut s'effectuer que dans le jeune âge de la plante, pour le Blé et autres céréales annuelles; elle détermine une maladie cachée, une diathése, dont la manifestation sera locale, lorsque les parties qui doivent lui servir de siége seront développées, et la preuve que la maladie est Coustitutionnelle, c'est que dans le cas d'amputation, si les parties se repro- duisent, la maladie se reproduit aussi. Quelques végétaux ligneux présentent des maladies analogues, qui forment le passagedes lésions physiques aux lésions organiques. Sur le Quercus lles, le Fraxinus excelsior, etc. , un Üredo, probablement introduit par lesracines, se montre sur les chatons et les bouquets de fleurs; le plus souvent alors ces organes sont impropres à leurs fonctions. Le Champignon, dans ce cas, produit une hypertrophie locale, qui semble altérer plutót la forme de ces Parties que leur contexture intime. Nombre de Crucifères, le Chou, la Roquette, le Diplotaxis tenuifolia Surtout et autres, nourrissent souvent l'Uredo candida, lequel est la cause matérielle du changement des sépales et des pétales en feuilles mal eonfor- mées, D'autres Champignons de la méme section alterent tellement les formes des Euphorbes, qu'on les a décrites comme espèces. Enfin, les Cle- matis Vitalba et Flammula ont souvent des difformités dont la cause est analogue, 652 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Martins fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA SOMME DE CHALEUR EFFICACE NÉCESSAIRE A LA FLORAISON DU NELUMBIUM SPECIOSUM, par M. CH. MARTINS. Différentes méthodes ont été proposées pour déterminer et calculer la somme de chaleur nécessaire à la floraison d'un végétal donné. Préoccupé de cette importante question de physiologie végétale, j'ai pris pour sujet de mes expériences le Nelumbium speciosum, dont la végétation est aquatique dans la première période ; mixte, c'est-à-dire aquatique et aérienne à la lois, dans la seconde. Ce choix n'était pas arbitraire; on sait, en effet, qu'on obtient avec une grande exactitude la température d'un liquide tel que l'eau ; mais les physiciens connaissent les difficultés, peut-être insurmon- tables, qui empéchent d'estimer avec précision la véritable température de l'air. A ces raisons physiques s'ajoute un motif physiologique, c'est que le Nelumbium est une plante qui, quoique exigeant une somme de ehaleur considérable pour fleurir, parcourt cependant rapidement, sous le ciel de Montpellier, les différentes phases qui séparent le développement du bour- geon de l'épanouissement de la fleur. J'ai donc fait choix d'un pied vigou- reux, contenu dans un baquet en bois et bivernant dans l'orangerie du Jardin des plantes. De novembre à mars, les rhizomes de cette plante dor- ment enfouis dans la vase; mais lorsque la température de l'eau se main- tient habituellement à 40 degréscentigrades , alors le rhizome commence à pousser des bourgeons ; 10 degrés centigrades sont donc le zéro du Nelum- bium, le degré de chaleur auquel il commence à étre sensible. Les degrés compris entre 0° et + 10° lui sont indifférents, n'affectent en rien sa vita- lité et ne doivent pas entrer en ligne de compte dans le caleul des sommes de chaleur nécessaires pour amener la floraison. Une température supe- rieure à 40 degrés est seule efficace. | Si j'avais pu disposer des appareils coûteux qui enregistrent la tempera" ture à chaque instant du jour et donnent des courbes continues; je les aurais employés ; car il est évident que la température à laquelle la plante à été soumise eüt été exprimée par une surface limitée supérieurement par la courbe continue des températures, et inférieurement par une ligne droite parallèle à la ligne des abeisses ou de 0*, mais coupant les ordonnées à la hauteur de 10 degrés, Je n'avais pas d'appareil de ce genre à ma dis” position, et presque tous les botanistes seront. dans le méme eas. li faut donc chercher des moyens moins coûteux et recourir aux instruments ordi- naires. Deux thermometres, l'un à mercure et à maxima, Vautre à alcool e à minima, placés dans l'eau, nous donneront pour chaque jour le maxi- mum et le minimum de la température de l'eau dans laquelle la plante es! SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 693 entierement plongée au moment de son réveil. Etudions d'abord la premiere période de la végétation du Velumbium. PREMIÈRE PÉRIODE. -- Végétation aquatique du Nelumbium. La végétation de la plante commenca, en 1856, le 12 avril. Jusqu'au 9 juin elle fut purement aquatique ; mais à cette époque huit feuilles flot- taient à la surface de l'eau et une s'élevait déjà au-dessus. La végétation cessa done à cette date d'être purement aquatique pour devenir mixte, c'est- à-dire aquatique et aérienne tout à la fois. Voici les sommes et les moyennes de chaleur absolue et de chaleur effi- cace de l'eau observées pendant cette période de soixante jours : TEMPÉRATURE p absolue. eflicace. Somme des maxima quotidiens ....... 1260" 660^ Somme des minima quotidiens. . . . . . . . 88^ 28^ Moyenne quotidienne des maxima . . . . .. 21,0 11,0 Moyenne quotidienne des minima , . . . .. 14,7 A7 Moyenne quotidienne générale . . . . . . .. 17,9 7,9 Pour obtenir les chiffres dela seconde colonne, il a suffi, d'apres les con- sidérations placées en téte de cette note, de retrancher des degrés de tem- pérature thermométriques absolus, ceux compris entre 0° et 10», c'est-à-dire 10 degrés qui sont complétement inefficaces et sans influence sur la vita- lité du Nelumbium. SECONDE PÉRIODE. — Végétation aquatico-aérienne du Nelumbium. A partir du 10 juin, dix feuilles flottant à la surface de l'eau et une S'élevant au-dessus, ne nous permettent plus de considérer la végétation de la plante comme purement aquatique. Deux thermomètres suspendus au- prés d'elle à l'air libre, sans aucun abri, nous indiqueront les températures maxima et minima de l’atmosphère. En parcourant les colonnes, je remarque que les mazima de l'air sont supérieurs à ceux de l'eau, tandis que les minima de l'air sont inférieurs à ceux de l'eau. Étudions d'abord les pre- miers ; ils agissent énergiquement sur les parties aériennes de la plante; en effet, ces maxima sont souvent produits par l'aetion directe du soleil, et les feuilles s'échauffent encore plus que le thermometre. Avant de se déve- lopper, le limbe de la feuille du Nelumbium est roulé sur lui-même. J'en Profitai pour enfoncer dans le tuyau formé par ce limbe un. petit thermo- metre à mercure gradué sur tige. La feui:le était exactement appliquée sur la cuvette cylindrique de l'instrument, qu'elle embrassait lui-même dans 654 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. toute sa longueur. Un autre thermométre tout semblable fut suspendu librement à l'air à la méme hauteur et à 2 mètres de distance horizontale du premier. Quand le ciel était couvert, les deux thermometres marquaient sensible- ment la méme température. En effet, trente-cinq observations faites entre le 10 juin et le 4 juillet, donnent : Moyenne du thermomètre roulé dans la feuille de Nelumbium, . 205,97 Moyenne du thermomètre libre, à l'ombre, . . . . . . . + . + 19°,88 La différence n'est que de 1°,09 à l'avantage du thermomètre roulé dans la feuille, mais au soleil elle est bien plus grande. Moyenne du thermomètre roulé dans la feuille, s.. e.o + + + 9197 Moyenne du thermomètre libre, au soleil o . s. oe s o « + « + 29746 La différence est de 5°,91 ; elle prouve que le tissu de la feuille s éehauffe d'un cinquième plus que la cuvette d'un-thermometre à l'air libre, sous l'influence des rayons solaires. Des expériences eomparatives, faites sur des thermomètres enfoncés sous l'épiderme dans les branches foliiformes des Opuntia et les feuilles charnues des A/oé, m'ont conduit aux mémes résultats. | S'il est indispensable de tenir compte des maxima de l'air, on ne saurait négliger ceux de l'eau ; en effet, la plante est plongée dans ce milieu par ses raciues, ses rhizomes et la moitié au moins des pétioles et des pédoncules. A la fin de juin il y avait quinze feuilles flottant à la surface de l'eau; leur surface supérieure était en contact avec l'air, mais l'inférieure repo- sait sur l'eau ; cinq feuilles et un pédoncule floral s'élevaient au-dessus de la surface. Pour tenir compte de ces actions complexes, j'ai adopté la tem- pérature intermédiaire entre la moyenne de l'air et eelle de l'eau. J ai ag de méme pour les minima. En effet, les quinze feuilles flottantes, refroidies par le contact de l'air et le rayonnement, étaient réchauffées par l'eau qui baignait leur surface inférieure. Les cinq feuilles et le pédoncule émergés, plongeant par leur moitié inférieure dans l'eau, se refroidissaient moins pendant la nuit que si elles avaient appartenu à une plante terrestre. J'ai donc également pris la moyenne des minima de Vair et de l'eau, comme expression approchée de la température à laquelle la plante a été soumis" Cette appréciation est certainement plus exacte quesi la chaleur éprow par le végétal était déduite uniquement de la température de l'air 0 de celle de l’eau. Les sommes et les moyennes des températures de l'Eau observ les trente-sept jours compris entre le 41 juin, commencement de la Y es pendant égéta- SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 655 tion aquaticu-aérienne, et le 17 juillet, époque de la floraison, ont été les suivantes : TEMPÉRATURE —— absolue, efficace. Somme des maxima quotidiens de l'eau . . . 999* 629° Somme des minima quotidiens. e . . . . .. 733 363 Moyenne des maxima quotidiens. e e, e e. 27,0 17,0 Moyenne des minima quotidiens, . . . + .. 19,7 9,7 Moyenne quotidienne générale. . . . . . .. 23,3 13,3 On voit que les variations de la température de l'eau sont faibles, puisque la moyenne des maxima ue diffère de celle des minima que de 75,3, tandis que la difference à l'air libre dans le tableau suivant est de 17°,0. Étudions maintenant les températures de l'Ain. TEMPÉRATURE me L^ a absolue, efficace. Somme des maxima quotidiens de l'air . . . 1107* 737° Somme des minima quotidiens. . . . + . « « 470 100 Moyenne des maxima quotidiens. . . . . . . 29,7 19,7 Moyenne des minima quotidiens, . . . . . . 12,7 2,7 Moyenne quotidienne générale. . . . . . . . 21,2 11,2 D'après ce que nous avons dit, la plante a été réellement exposée à une température intermédiaire entre celle de l'air et celle de l'eau, savoir, àun 215,0 + 295,7 2 maximum moyen de 199,7 + 12,7 = 285,3, et de méme à un minimum moyen de — 165,2. Le maximum moyen efficace, intermé- diaire entre celui de l'air et celui de l'eau, auquel la plante a été soumise, est done de 185,2 ; le minimum moyen efficace, de 6,2; la moyenne géné- rale efficace, 12,2. MÉTHODES DE CALCUL. Nous pouvons actuellement calculer la somme de chaleur nécessaire pour amener la floraison du JVelumbium. Trois méthodes s'offrent à nous : la pre- mière indiquée par Réaumur (4) et formulée nettement par MM. Boussin- gault (2) et de Gasparin (3), est eelle que nous avons employée; elle con- Siste à additionner toutes les températures moyennes quotidiennes, à partir d'une époque déterminée par le degré thermométrique sous l'influence du- (1) Observations du thermomètre faites à Paris pendant l'année 1735 (Mémoires de l' Académie des sciences de Paris, année 1735, p. 558). . (2) Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, t. IV, p. 178, 30 jan- vier 1837. (3) Cours d'agriculture, 4844, t. 1, p. 86. 656 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quel la plante entre en végétation, ou ce qui revient au méme, à multiplier la température moyenne générale de l'espace de temps que l'on considère par le nombre de jours contenu dans ce laps de temps. Ainsi soit ¢ cette température moyenne, ? la température initiale à laquelle la plante est sen- sible, n le nombre des jours dont la température moyenne est, nous avons la formule: (1— i) n. Si nous appliquons cette formule à notre exemple, nous avons pour notre première période, qui est entièrement aquatique, #” étant la température moyeune de l'eau: (t — i) n= (175,9 — 10°) X 60 = 7*,9 X 60 = 474". Pour la seconde, qui est mixte ou aquatico-aérienne, on a, en appelant tla température moyenne de l'air pendant cette période, 7" celle de l'eau : ) ui , 8 € o Cott ZÌ y ura no x 37 — 49,2 X 37 =451°. Ainsi, en résumé, le Nelumbium a reçu, du 42 avril 1856, commence- ment de sa végétation, jusqu'au 17 juillet, époque de sa floraison, savoir en quatre- vingt-dix-huit jours, la somme totale de température utile ex- primée par 474° + 51° = 925° thermométriques efficaces. M. Quetelet propose une méthode différente (1) : il assimile l'action de la chaleur à celle des causes vives, et a été conduit par six années d'observa- tions sur la floraison du Lilas, à Bruxelles, à multiplier la température moyenne élevée au carré par le nombre des jours; la formule précédente est alors : (t — iy? n. La somme des degrés efficaces pour amener la floraison du Nelumbium serait, d'apres cette formule : (75,9)? X 60 + (12*,2)? x 37 — 9256". Enfin, M. Babinet (2), considérant qu'en général l'effet produit par une cause constante (la pesanteur, par exemple) agissant pendant un certain temps, est proportionnel à l'intensité de la cause et au carré du temps, multiplie la température efficace par le nombre des jours élevé au carré; il écrit : (t— i) n2, Cette formule appliquée au Nelumbium donnera : 7°,9 x 60? -- 125,2 X 372 — 45142". H Quelle est celle de ces trois méthodes qu'il faut adopter? L'expérience (1) Lettres sur la théorie des probabilités, p. 242. lantes (2) Sur les rapports de la température avec le développement des P l (Comptes rendus de l' Acad, des sc, de Paris, t. XXXII, p. 521, 44 avril 4851} SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 657 seule peut en décider. Je me propose de reprendre pendant plusieurs prin- temps la série d'observations qui fait le sujet de cette note, Comme les mêmes saisons ne se ressemblent pas d'une année à l'autre, la formule qui donnera le nombre le plus concordant sera évidemment la meilleure. Je serais heureux si d'autres botauistes voulaient s'assujettir à faire le méme travail sur d'autres plantes: ils vérifieraient de leur côté la concordance des résultets donnés par les formules de M. Boussingault, de M. Quetelet ou de M. Babinet. Ce serait un grand pas de fait dans la connaissance des causes déterminantes de la végétation ; en effet, si la ehaleur n'est pas la seule, elle est certainement la principale, et apres l'avoir appréciée on étudierait les autres, à mesure que la physique nous fournirait des méthodes pratiques d'observation ; ainsi, la lumière joue un grand rôle dans la floraison du Ne- lumbium, puisque cette plante fleurit rarement dans les serres de l'Angle- terre et de la Hollande, où la chaleur ne lui fait pas défaut, tandis qu'elle fleurit tous les ans en plein air à Montpellier. L'état hygrométrique de l'air est encore un élément important ; mais je crois que la température les domine tous, et c'est elle qui, dans l'état aetuel de la physique, peut étre étudiée avec le plus d'exactitude et de facilité. L'exemple compliqué d'une plante amphibie montre que ni les observations ni les ealeuls ne sont trop pénibles pour rebuter un naturaliste. Je serais heureux si cette note attirait l'attention des membres de la Société botanique sur une question qui inté- resse à la fois la physiologie végétale, l'horticulture et l'agriculture ra- tionelles. M. J.-E. Planchon dit que les plantes etant pour ainsi dire des ther- momeétres qui ont chacun un zéro différent, il importerait peut-être, pour déterminer les rapports des climats entre eux, de cultiver com- parativement les mémes plantes dans des régions différentes. Les mé- téorologistes eux-mêmes reconnaissent l'insuflisance de la méthode des températures moyennes,et, à l'Académie des sciences, dans une discussion récente, M. Bioten a contesté les résultats. Ainsi, par exemple, il est impossible d'obtenir des températures moyennes dans les Cévennes; mais on aurait des notions exactes sur le climat de ces montagnes, si l'on faisait semer du Blé simultanément à Montpellier el à l'Espérou et si l'on en suivait le développement. M. Martins répond à M. Planchon que le mode d'expérimentation qu'il propose serait encore insullisant, parce que la chaleur n'est pas le seul élément du probléme et qu'il faut encore tenir compte de l'hu- midité, de l'exposition et surtout de la lumiére. Si, par exemple, lt Nelumbium fleurit difficilement dans le nord de la France, c'est prir- T. IV. A2 658 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cipalement parce qu'il. v manque de lumière. Chaque plante étant differemment sensible à ces diverses influences, l'observation d'une seule plante ne donnerait pas des résultats complets. M. Martins in- siste sur l'utilité de la méthode des températures moyennes maxima et minima. ll reconnait l'imperfection des hygromètres et méme des thermométres; mais les erreurs commises par ces instruments se perdent dans la moyenne. | M. J.-E. Planchon fait à la Société la communication suivante : QUELQUES MOTS SUR L'ORIGINE DU STYRAX CALAMITE DES ANCIENS, pr M. J.-E. PLANCHON. Des substances très diverses ont porté ou portent encore dans les officines le nom de styraz. L'une d'elles est le styrax liquide, sorte de baume à con sistancede miel, quiressemble beaucoup au liquidambar liquide d' Amérique, et dont l'origine, longtemps douteuse, est aujourd'hui parfaitement élucidée dans une excellente notice du docteur Daniel Hanbury (1). Ce baume dé- coule par incision du trone du Ziquidambar orientale Mill., bel arbre à feuilles de Platane, qui forme des foréts dans le sud-ouest de l'Asie-Mi- neure. Quant au styrax solide, c'est un produit complexe, où la fraude introduit des ingrédients variés (sciure de bois, styrax liquide, sable, résines di- verses, etc.), et dont l'étude grossirait le long chapitre des falsifications de drogues. Plusieurs deces adultérations remontent au temps de Dioscoride et de Pline. Aujourd'hui méme le commerce ne connait plus que ces styrax falsifiés, et c'est daus quelques vieux droguiers que la curiosité scientifique fait retrouver de loin en loin des échantillons de véritable styrax. Ce styrax ou stirax se présentait sous deux formes : 1° en larmes dis- tinctes, grosses à peu prés comme des pois, blanchátres, pellueides, se li- quéfiant presque sous les doigts, d'une odeur tres suave et très fragrante : c'était le styrax en larmes (styrax in granis Offic.) ; 2° en masses i mées de larmes agolutinées, dont quelques-unes, blanchâtres, empâtées au milieu de larmes blondes ou rousses, y figuraient comme des graines d'i- mande : de là le nom de styrax amygdaloide. On l'appelait aussi styrax calamite, parce qu'il se vendait souvent enveloppé dans une feuille de ro- seau (calamus). Plus habile en matiere médicale qu'en botanique, Dioscoride a trés bien décrit le styrax et n'a que très brièvement signalé le végétal qui le fournit, and march (1) On Storax, in Pharmaceutical Journal and transactions, febr. nal 1857, London, in-8. Article traduit par M. le professeur Guibourt dans le Jour de pharmacie de Paris. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 659 C'est, dit-il, un arbuste assez semblable au Cognassier. A ce trait, il est difficile de ne pas reconnaitre le Styrax officinalis des auteurs modernes. L'arbuste en question appartient au méme genre que le Styrax Benzoin, d’où provient le benjoin des pharmacies. Or, l'analogie étroite qui rattache le benjoin au styrax fait aisément supposer un rapport intime entre les deux plantes qui produisent ces deux substances. | I! est done naturel de croire que le styrax en larmes et le styrax cala- mite découlent l'un et l'autre du Styrax officinalis. Telle est l'opinion pres- que unanime des pharmacologues. Elle s'appuie d'ailleurs sur les observa- tions directes de deux savants dont l'autorité ne saurait être contestée. L'un de ces auteurs est l'illustre Duhamel du Monceau : « J'ai trouvé, dit-il (1), en Provence, près de la chartreuse de Montrieux, sur de gros Ali- boufiers (Styraz), des écoulements assez considérables d'un baume très odo- rant. I| n'est pas douteux, ce me semble, que ces Aliboufiers ne fournissent du storax. » L'autre témoignage, celui de l'abbé Mazéas, est encore plus explicite et plus eireonstancié, Nous le citons en note dans les termes originaux (2). Aprés des assertions aussi positives, le doute n'est guére permis sur l'ori- gine du styrax. Une seule difficulté se présente qui mérite d'étre expliquée. Le Styrax officinalis n'est pas sauvage à Montpellier, mais il en existe un bel exemplaire au Jardin des planteset un autre daus le jardin particulier de M. Pouzin, directeur de l'École de pharmacie. Invité par mon savant ami, le doeteur Daniel Hanbury, à faire quelques essais sur la production du styrax, j'ai vainement incisé ces arbres à différentes reprises (juin 1856, (4) Traité des arbres, etc. Paris, 1775, in-4, t. H, p. 289. (2) « Dans une plaine des environs de Tivoli, fermée du côté du nord et du nord-est par une chaîne de montagnes contiguë à Monte-Genarro, Rocca-Giovane, San-Polo, etc., qui forment un demi-cercle ouvert au midi, cet arbrisseau (le Styrax) donne, par les incisions qu'on fait à son écorce, la résine précieuse connue Sous le nom de styrax en larmes, tandis qu'il est stérile partout ailleurs ; du moins les incisions m'ont été fort inutiles, » ll ma paru que c'est à la situation avantageuse de cet arbrisseau au pied du Monte-Genarro, plutót qu'à la natureet à la qualité du terrain, qu'on doit attribuer ce phénomène, En elfet, il y fait beaucoup plus chaud que dans la grande plaine voisine arrosée par le Teverone, comme je m'en suis assuré pàr le thermomètre ; e J'attribue cet excès de chaleur aux rayons du soleil réunis par des montagnes disposées en demi-cercle, et réfléchis sur une plaine de peu d'éiendue qui n'est Ouverte qu'au midi. Cette chaleur concentrée favorise sans doute l'exsudation d'une résine qui ne devient abondante que sous le climat brâlant de la Syrie. » (Extrait dune Lettre à MM, les auteurs du Journal des savants sur l'arbrisseau qui donne le styrax, par M. l'abbé Mazéas, de la Société royale de Londres, corres- pondant de l'Académie des sciences, et chanoine de la cathédrale de Vaunes. Journal des savants, 1769, p. 404, édit. in-4.) 660 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. août 1856, mai 1857). Il n'est sorti des incisions qu'une quantité minime d'un sue laiteux, à saveur légerement ácre, qui n'a pas laissé de trace ap- préciable en se desséchant et n'a pas coulé sur les fentes de la plaie, bien que celle-ci pénétrát jusque dans l'aubier. Piqué de cet insucces, j'ai voulu répéter l'expérience dans une région plus chaude, sur la plante spontanée, au lieu méme où plus de cent ans avant, Duhamel avait observé les Aliboufiers styraciferes. Dans ce but, j'ai visité le 44 avril 1857, la chartreuse de Montrieux, non loin de Toulon, tout près du village de Méounes. Dans les bois de ses alentours, le Styrax est tres abondant, mais comme on le coupe souvent, il ne se présente plus en grands exemplaires. Ceux qu'avait vus Duhamel out probablement disparu et avec eux la source du styrax. Les plus grands de ceux qui restent ne dépassent pas la hauteur d'homme. J'en ai incisé plusieurs, en présence du frére Joa- chim, un des solitaires de la chartreuse, qui s'est prété très obligeamment à m'aider dans mes expériences et à m'en transmettre le résultat. L'effet en a été aussi négatif qu'à Montpellier : extravasation immédiate et insigni- fiante d'un peu de séve laiteuse, absence complète de concrétion balsamique et méme d'odeur résineuse. Voilà done la méme espèce végétale qui, suivant les lieux, donne ou refuse un produit déterminé. A quoi tient cette différence? Est-ce à l'âge ou au dé- veloppement des sujets? L'observation de Duhamel semblerait plaider dans ce sens : mais les exemplaires de Montpellier, qui restent stériles en baume, ont presque atteint le maximum de leur taille. Est-ce à la température? Je le croirais volontiers avec l'abbé Mazéas; mais avant de présenter sur ce point des affirmations absolues, je me propose d'étudier comme terme de comparaison les séerétions du Lierre, de l'Olivier, des Cistes, du Térébinthe (Pistacia Terebinthus), végétaux dont les produits varient suivant les ré- gions ou ils eroissent. M. de Tchihatehef dit que le Styrax officinalis est très répandu dans l'Asie-Mineure, et commun surtout sur la pente méridionale du Bulgardagh en Cilicie, et dans la chaine du Tmolus oü Strabon déjà l'avait indiqué. M. de Tchihatchef rappelle que M. Fraas, dans son Synopsis Flore classicæ, dit que le Styrax n'exsude ja- mais en Gréce, mais bien dans l'ile de Rhodes. Il croit devoir douter de la spontanéité de cet arbre en Provence. M. J.-E. Planchon fait observer qu'en Provence, aux environs de Montrieux (Var), le Styrax forme à lui seul des bois et couvre des collines entiéres. Il ajoute que M. Fraas a pu se tromper relative- ment au Styrax de Rhodes, qui est peut-être un Liquidambar. M. Martins dit avoir vu lui-mème le Styraz officinalis à Rhodes. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 661 Sur cet arbre, d'ailleurs, l'exsudation peut dépendre de la localité où il croît ; il en est de méme pour plusieurs Astragales de la section des Tragacanthées. M. Cosson partage l'opinion de M. Martins à cet égard. Il cite à l'appui l'exemple du Fraxinus Ornus, qui fournit en abondance la manne en Calabre et en Sicile, mais ne donne pas naissance à ce pro- duit dans notre climat. M. J.-E. Planchon rend compte de ses nouveaux essais de féconda- tion croisée des Ægilops ovata et triaristata par diverses Graminées. Il a déjà obtenu quelques graines fertiles de VÆ. £riaristata fecondé par le pollen de la Touzelle barbue et dela Touzelle non barbue. Sur quatre épillets d' Æ. triaristata fécondés le 23 mai 1857 par le pol- len du Lolium strictum, un seul ovaire a noué ; encore la graine sest-elle détachée par accident, avant d'être parfaitement müre. Il serait bien curieux d'en voir le produit, en supposant qu'elle puisse germer. M. Gustave Planchon fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES MONSTRUOSITÉS DU MELIANTHUS COMOSUS, pr M. GUSTAVE PLANCHON. L'observation des monstruosités, éclairant presque toujours des ques- tions d'affinités naturelles et de symétrie florale, est surtout intéressante lorsqu'elle s'applique à des plantes dont les vrais rapports sont restés long- temps indécis. Tel est entre autres le genre Melianthus Tourn. Placé dans des ordres différents par Adanson, Linné, A.-L. de Jussieu, Adr. de Jus- sieu, Reichenbach, il est plus tard devenu lui-méme le type d'une petite famille, celle des Mélianthées, établie par mon frère et placée par lui entre les Géraniacées et les Sapindacées. Ces divergences parmi les auteurs, preuve de la difficulté de classer convenablement ce singulier genre, peuvent donner de l'intérêt à quelques ‘nomälies observées sur l'exemplaire du Melianthus comosus Vahl, que Posséde le Jardin des plantes de Montpellier. Avant d'exposer ces observations, je rappellerai succinetement la com- Position d'une fleur normale de cette espèce. Nous y trouvons : Un calice à einq divisions profondes et inégales, dont deux grandes, an- térieures (1), une postérieure plus petite, deux latérales, presque linéaires. Quatre pétales, tres étroits, insérés des deux côtés des sépales latéraux autour d'une glande considérable. gp, emarquons que, par suite de la torsion du pédoncule, les parties posté- Paraissent antérieures, et réciproquement. 662 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quatre étamines, dont. deux postérieures, soudées par leur base, oppo- sées aux sépales latéraux ; deux antérieures, libres, opposées aux sépales antérieurs. Un ovaire excentrique, placé en avant de la glande, à quatre loges alternant avec les étamines. Ce qui frappe au premier abord daus l'examen de cette fleur, c'est l'ab- sence de diverses pièces florales, nécessaires pour la symétrie complète, Mais il est facile de marquer la place que devraient occuper ces organes, et de suppléer ainsi par la pensée à ce défaut de symétrie. Les lois de l'alternance et l'analogie tirée du genre Bersama, voisin du Melianthus, indiquaient que le cinquième pétale se trouverait entre les deux sépales antérieurs, et la cinquième étamine entre les deux étamines poste- rieures. Ces présomptions se trouvent vérifiées par l'observation d'un très grand nombre de fleurs de l'exemplaire du Jardin des plantes. On y remarque, ` en effet, sur les mêmes grappes, des fleurs à l'état ordinaire et des fleurs à cinq pétales. Ces dernières sont méme de beaucoup les plus nombreuses. Le petale supplémentaire occupe la place que lui assigne la théorie et pré- sente des formes très diverses: tantôt réduit à un simple filet, tantôt de la dimension des autres pétales, il devient parfois aussi grand que le sépale postérieur, dont il prend alors toute l'apparence. D'autres fleurs, trés nombreuses encore, offrent une symétrie plus com- plete par la présence d'une cinquième étamine. Cette étamine alterne avec les deux pétales postérieurs; elle se trouve le plus souvent soudée par sa base avec les deux étamines qui sont à côté d'elle, et avec l'ovaire, qui est au devant ; son filet aboutit juste au milieu du bord antérieur de la glande. Mais ce n'est pas tout. La plupart des pieces de cette fleur symétrique se dédoublent et donnent ainsi naissance à de nouveaux organes. Parmi les anomalies résultant de ces dédoublements, je citerai les plus importantes : 1? Des fleurs à six étamines. De ces étamines, cinq oceupent leur place normale; la six ème est opposée au pétale antérieur. A quel verticiile appar- tient-elle? Un examen plus intime de ses rapports avec les organes voisins nous montre que cette etamine supplémentaire est sur un rang plus exté- rieur que les autres, et, comme en méme temps el'» est opposée au pétale, on doit nécessairement conclure qu'elle provient d'un dédoublement paral- lè e de ce derer. Du reste, le méme pétale peut se dédoubler aussi latéralement et donner alors naissance a une nouvelle pièce de la corolle, qui se trouve à côté de lui dans le méme verticille. Le fait du dedoublement parallèle d'un pétale donnant naissance à une etamine est interessant par le rapprochement qu'il permet d'établir entre les Géraniacées et les Mélianthées, On sait, en effet, que chez les Geéraniacées, SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 663 les étamines du vertieille extérieur sont opposées aux pétales, dont elles sont, par conséquent, un dédoublement ; et quoique le verticille correspon- dant soit fort incomplet dans nos fleurs de Melianthus, là présence d'une seule de ses pièces sur un grand nombre d'entre elles suffit pour faire con- cevoir l'existence possible du verticille entier. Cette analogie de symétrie entre les deux familles peut done s'ajouter aux caracteres qui les font placer dans le méme groupe. L'étude de la symétrie florale des Rutacees et en particulier du genre Dictamnus, à côté duquel A.-L. de Jussieu placait les Me/ienthus, conduit à une conclusion tout opposée. Le vertieille extérieur est chez ces plantes trés évidemment alterne avec les pétales ; il est done complétement indépendant de ces derniers et ne sauralt être regardé comme en étant un dédoublement. 2° Dans quelques fleurs, l'étamine postérieure se trouve aussi remplacée par deux organes de méme nature. Ces deux étamines sont situées sur le même plan, soudées par leurs filets dans le tiers de leur longueur, et affectent, du reste, avec les parties voisines les mêmes rapports que léta- mine unique dont elles occupent la place. Leur position, telle que je viens de la déterminer, ne permet pas de supposer que l'une d'elles appartienne à un verticille autre que celui des étamines normales ; elle indique bien évidemment un dédoublement paral- lèle de l'étamine postérieure. Il serait trop long, et d'ailleurs inutile, d'insister sur les autres faits de dédoublement. li suffit d'indiquer qu'ils s'observent assez souvent sur le segment postérieur du calice, plus rarement sur les pétales, sauf l'antérieur, et qu'une seule fois une des étamines antérieures a présenté deux antheres sur son filet. Ces observations indiquent, chez l'individu qui en est le sujet, une ten- dance remarquable à la production de fleurs anormales. Cette tendance ne parait pas résider dans une partie circonscrite du végétal; toutes les tiges en offrent des exemples, et partout les fleurs présentant les anomalies les plus diverses, se trouvent. reunies surles mémes grappes que les fleurs normales, Un fait remarquable, c'est que des fleurs recueillies sur le méme exein- plaire en 1841, que j'ai pu observer dans l'herbier de mon frere, m'ont présenté une symétrie aussi complète que celles de cette année. Hl est diffi- eile de supposer qu'il en a été autrement dans les années intermédiaires, et lon peut assez rationnellement présumer que les mêmes anomalies se reproduiront à l'avenir. En résumé, les faits que je viens d'enumerer peuvent se grouper de la maniere suivante : 1* Présence anormale d'organes retablissant la symetrie. 2° Faits de dédoublement, indiquant l'analogie de la symetrie florale des Mélianthées avec celle des Géraniacées. 664 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3» Tendance à la production de fleurs anormales, persistant chez un indi- vidu d'une manière remarquable. M. le comte Jaubert annonce à la Société que le 15 juin, pendant que de nombreux botanistes, pour suivre jusqu'au dernier jour le programme des herborisations, essayalent dese rendre à Agde mal- gré la pluie (qui les obligea cependant à rebrousser chemin), quel- ques personnes, profitant d'une éclaircie du ciel, se sont dirigées vers Pérols, sous la conduite de M. Durand, employé à la Faculté des sciences, et se sont arrêtées à l'étang de Fréjorgues pour y chercher l'Althenia filiformis Petit, que Delile y avait découvert avec M. Mil- lois, alors jardinier en chef du Jardin des plantes. La petite troupe n'a pas trouvé l'A/thenia; les eaux de l'étang, à la suite d'une longue pluie, étaient fort troubles, ce qui empéchait de distinguer et par- tant de recueillir la plante. Mais on s'est dédommagé en récoltant dans les environs plusieurs espéces intéressantes pour les botanistes du nord. M. le comte Jaubert continue en ces termes : Une autre pensée, Messieurs, me domine en ce moment. Votre Bureau u'a pas voulu attrister le début de la session en vous annonçant la perte sensible qu'elle vient de faire dans la personne de M. Graves; mais laSociélé rie peut se séparer sans rendre hommage à la mémoire de l’un de ses fonda- teurs, de l'excellent confrère dont nous avons tous apprécié le mérite émi- nent et les nobles qualités, M. Graves partage avee M. Antoine Passy l'hon- neur d'avoir provoqué la premiere réunion oü furent posées les bases de la Societé Botanique de France, et où se signala des lors parmi les plus zelés, M. de Schœænefeld, notre honorable secrétaire. M. Graves avait attaché précédemment son nom à la fondation de la Société géologique. Les études de toute sa vie et l'ascendant de son caractère l'avaient rendu digne d'exer- cer une si utile initiative. Il était de plus un arehéologue distingue, €t dans cette science, comme dans l'histoire naturelle, il a déployé une sagacité, une patience vraiment admirables. Il a exploré sous ce double rapport et décrit complétement le département de l'Oise, où l'avaient fixé pendant de longues années les fonctions de secrétaire général de la préfecture. Jamais ses recherches, si étendues qu'elles fussent, n'ont rien enlevé à l'accomplisse- ment consciencieux des devoirs de sa place ; aussi le département de l'Oise a-t-il conservé un souvenir reconnaissant de ses services administratifs. En effet, l'activité de M. Graves était grande, et il savait avee une égale supé- riorite mener de front les travaux les plus variés. Ceux de ses mémoires scientifiques qui sont exclusivement relatifs au département de l'Oise out été publiés successivement dans divers recueils, puis reuuis par lui-méme SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 665 en trois volumes, sous les titres modestes de Catalogue des plantes observées dans le département, d'Essai de topographie géognostique, et de Notice archéologique. De Beauvais, M. Graves fut appelé aux fonctions de chef de bureau à l'administration centrale des foréts, et ce que cette nouvelle place lui lais- sait de loisirs, il le consacrait encore aux sciences; c'est alors que nous l'avons connu dans les herborisations du dimanche en petit comité, aux- quelles plusieurs de nos confrères prenaient part. A cette époque, il s'im- posa la táche de dresser les listes nominatives de plantes correspondant aux principales collections exotiques répandues dans les herbiers de la France et de l'Étranger par les voyageurs botanistes Gardner, Linden, Funck, Jurgensen, Hartwez, et beaucoup d'autres; à cet effet, il relevait minutieusement, dans tous les ouvrages, revues et journaux scientifiques, les indieations éparses qui concernent ces diverses collections, et les eontrólait par l'étude des exemplaires existant à Paris. Une pareille entreprise sup- pose la plus vaste érudition unie à une grande sagacité, à une patience infatigable. Tous ceux qui s'occupent de botanique exotique, et les savants conservateurs de nos collections publiques, savent quel secours apportent à leurs travaux ces listes précieuses, mises par M. Graves à la disposition de tous avec une extrême obligeance. Le désintéressement et la modestie caractérisaient également M. Graves; aussi fut-il fort troublé lorsqu'un ministre éclairé, M. Bineau, qui l'avaitconnu à Beauvais, l'appela inopinément (en 1854) aux fonctions de directeur général des forêts. On applaudit à cet exemple, trop rare chez les ministres, d’un discernement qui fait sortir des rangs intermédiaires le mérite caché, pour le mettre en évidence et l'appliquer aux grandes affaires du pays. Nous avons été témoin des combats que M. Graves a livrés dans cette circon- stance; il ne céda qu'aux instances de ses amis, et en stipulant que la bota- nique du moins lui serait laissée comme délassement de ses nouveaux de- voirs. S'il s'était contentéde la cultiver à ce titre, nous aurions eu le bonheur de le conserver plus longtemps au milieu de nous; mais la botanique était Sa passion, et elle a achevé d'épuiser ses forces. Chaque jour, aussi assidu dans ses bureaux, au ministère des finances, que le plus humble de ses em- ployés, il revenait à la hâte chez lui ; après un repas léger et une courte pro- menade sur le quai voisin, il rentrait au milieu de sa collectionet travaillait Sans relâche, à lalueur fatigante d'une lampe, jusqu'à une heure avancée de la nuit. Dans ces derniers temps, la belle famille des Fougères était devenue pour lui l'objet d'une prédilection marquée, et il en avait remanié méthodi- quement l'ensemble, à l'aide des matériaux considérables qu'il avait ras- semblés de tous les pays du monde. Cette partie de son herbier est proba- blement une des plus complètes qui existent (1). Ses etudes sur les Fougères (4) On lit en téte du mapuscrit de M. Graves, intitulé Nomenclator Fslicum, le 666 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'avaient naturellement conduit à compulser la grande collection de Bory de Saint- Vincent, aujourd'hui déposée dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle; il en a dressé de sa main, en un volume iu-folio, un catalogue raisonne, dont il a fait don au laboratoire du Muséum, et qui ajoute un grand prix à cette collection. Ces travaux incessants, opiniâtres, ont abrégé la carrière de M. Graves ; l'usage habituel du microscope avait altéré gravement sa vue ; c'est par là que la paralysie a successivement envahi sa constitution, d'ailleurs vigou- reuse. Il ne s'était pas mépris sur les premiers avertissements de la maladie cruelle qui devait l'arracher à ses plantes et à ses amis. Peu de temps avant notre départ de Paris, nous l'avons vu entouré des soins éclairés et affectueux de plusieurs de nos confréres ; le traitement, dirigé par M. le docteur Puel, devait, hélas! rester impuissant. Nous avons rendu compte à M. Graves des dispositions prises pour cette session extraordinaire, au succès de laquelle il prenait encore beaucoup d'intérét. Quand nous lui avons parlé de l'espoir que nous conservions de le voir, non pas prendre part à nos courses, mais du moins nous rejoindre iei pour aller demander aux eaux de Balaruc le rétablissement complet de sa santé, il nous a souri tristement. Il ne lui a pas été donné de jouir avec nous du charme que nous devions trouver dans le séjour de Montpellier, d'échanger ses idées avec les hommes distingués qui nous y ont accueillis, de profiter de leur savoir, d'admirer Ja vie intellectuelle répandue dans cette ville celebre, que la centralisation n'a pas encore absorbée ; puisse Montpellier conserver toujours un si noble privilége ! D'ici à quelque temps, sans doute, la vie si honorable et si utile de M. Graves sera retracée avec plus de détail et d'autorité par quelqu'un de nos savants confrères, J'ai obéi à l'impulsion de mon cœur autant qu'à l'in- vitation de notre Bureau, en exprimant iei, quoique d'une maniere bien insuffisante, les regrets unanimes de la Société Botanique de France. tableau suivant de l'accroissement progressif des espèces dans la famille des Fou- geres : Ann. 1763. Linné, 202, Ann. 4841. Riley, Catalog of Ferns, -— 1806. Swartz, 718. 2017. — 1810. Wilidenow, 1049. — 1855. Graves, 4810. — 1826. Desvaux, Prodr,, 1384. (Innominatæ, 18). — 1827. Sprengel, 1506. Le catalogue de l'herbier général de M. Graves, commencé en 1817 avec 5503 espèces, en contient 31 660, sous la date du mois de septembre 1848. SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 667 M. le President termine la séance par le discours suivant : DISCOURS DE M. de TCHIHATCHEF. Messieurs, Avant de prononcer la clóture de la session extraordinaire de la Société Botanique de France à Montpellier, je vous demande la permission d'ajouter quelques mots aux communications intéressantes qu'elle a reçues. Les considérations que je désirerais vous soumettre se rapportent à cette branche importante de notre science, qui intéresse particulierement les voyageurs, je veux dire la géographie botanique. Livré depuis dix ans à l'exploration de l'Asie-Mineure, dont la constitution géologique, la flore et la climatologie ont surtout été pour moi l'objet de longues et laborieuses études, je pense que vous accueillerez avee quelque intérêt un relevé statistique de la végétation de cette contrée, que l'on peut qualifier de classique, nou -seulement sous le rapport des souvenirs du passé, ce que tout le monde sait, mais aussi sous celui de la richesse végétale, ce que bien des personnes supposent, sans toutefois étre à méme de le démontrer par des chiffres, ces instruments irrésistibles de la pensée humaine ; aussi me bornerai-je pourle moment à vous les présenter dans toute leur apparente Sécheresse, en vous soumettant simplement le relevé approximatif du nombre des espèces qui, d'après les matériaux que je possède, composent les diverses familles phanérogames observées jusqu'à ce jour dans l’Asie- Mineure, y compris les iles les plus voisines de sa côte occidentale, ainsi que l'Arménie. Dicotylédonées. Papilionacées........ 617|Jasminées ......... 18, Tamariscinées, .«»«..»« 9 Rosacées,.,.. ....... 67|Asclépiadées......... 18 Caprifoliacées........ 45 Lythrariées .,......, 7 Apocynées .. «4... leen M ‘Rubiacées......0+e. 131 Onagrariées +... 40|Convolvularées ....,. 40| Valérianées ons... 41 Linées , een. 26] Malvacées.. eos... | Euphorbiacées. . . . . .. 81 Géraniacées ........, 41|Primulacées......0 n |Dipsacées. le. sese ee 45 Oxalidées . 2 Papavéracées........ 44 Campanulacées .....+ 110 Rutacées ses... 18|Lentibulariées...,.... 3iLabiees....... e eee... 453 9 8 Zysophyllées e... Acanthacées... «4... 5 Plombaginées........ 46 Térébinthacées,.. .,.. Crassulaeées ........ 48 Plantazinées .... e. "T Ombelliferes,, ..... .. 319/Saxifrazées.........». 18 Amarantacées, ... ee. | Caryophyllées.,....., . 387|Rhamnées .......... 14 Salsolacées, , eee TT Crurifères..…..,,,,.., 404|uélastrinées......... 2 Polygonéss. eseese . TÒ Renonculacé 6e$....... 160|Acérinées,.,........ 8 Composées.........+ 835 Scrofulariuées ,..,... 309 Tiliarcées., ......,.... 4 Amentacées ... esse 62 Solanées,........... 22 Cucurbitacées . ...... :Conifères .........e. 41 Borraginées . , , : . .. 239|Phytolaccées......... | 9 Thymélées....... e. 33 Hypéricinées, eO... 64) Portulacées ..,...... | Aristolochiées . ...... \ Aslinées ,.,,,,,,.,, 96|Ericacées.....e..... 18 Urtitées.......e...e | 34 Violariées,.......... 20 Staphyléacées. ONE) | Loranthacées . ce. ) Polygalées .,.,,.,... 44 Ampélidées so... Sautalacées..e..s.ee 11 Orobanchées , | 41|Capparidées, ........ 19 entianées. . ..,,..., 97 Berbéridées. ...... SS, P — Total des Dicotylédonées. .,.. pa 668 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Monocotylédonées. Graminées, ..,...,.. 314|Smilacinées ......... | 93 Aroidées ........ ee. 90 Cypéracées,......... 80|Dioscorées..........) Naïadées ....... ss. Liliacées. ....,.,.... 188]Joncées ............ 20)0rchidées, .......... 69 Amaryllidées,....... 17|Alismacées. ......... Tllridées...,......... 52 — Total des Monocotylédonées..... 791 Total des Phanérogames........ 5884 Ainsi, ce chiffre énorme de près de 6000 espèces, chiffre qui du temps de Linné, c'est-à-dire il y a environ un siècle, représentait la totalité des végétaux connus de notre globe, se trouve réuni dans un espace équivalant à peu prés à l'étendue de la France, en lui donnant le Rhin pour limite; c'est done cet espace, comparativement si restreint, qui renferme à lui seul près des deux tiers de la totalité des espèces connues aujourd'hui dans l'Eu- rope entière, même en y comprenant la Grèce, ainsi que l'a fait M. Nyman, qui, de cette manière seulement, a pu porter, dans son Sylloge Flore eu- rope, le total des espèces européennes à environ 9000. Les chiffres que je viens de vous présenter, et qui certainement sont trés inférieurs non-seulement aux chiffres réels, mais encore à ceux que j'espère obtenir avant la publication de la partie botanique de mon Asie-Mineure, ces chiffres, dis-je, ne sauraient admettre de commentaire en ce moment, parce qu'il serait impossible de signaler méme les principales réflexions qu'ils suggèrent, sans dépasser considérablement les limites de nos com- munications. Ces réflexions sont tellement nombreuses et touchent de si pres aux questions les plus graves de la géographie botanique et à la partie philosophique de notre belle science, qu'à elles seules elles offrent des élé- ments suffisants pour un grand ouvrage ; e'est pourquoi je leur destine un volume entier dans la partie botanique de mon Asie-Wineure ; car, apres avoir consacré un volume à l'énumération très détaillée des espèces, j'ai l'intention de réunir , dans un autre volume non moins étendu, les nombreuses et intéressantes considérations que fait naitre ce catalogue raisonné; elles auront surtout pour but de faire ressortir les points de rapprochement et de divergence entre la flore de l'Asie- Mineure et la vé- getation des contrées placées dans des conditions climatériques à peu prés semblables. Au reste, ces analogies climatériques sont bien plus difficiles à établir à l'égard de l'Asie-Mineure que pour un autre pays quelconque, cat tout, dans cette contrée vraiment exceptionnelle, tend à se placer en dehors de ce que nous sommes habitués à voir ailleurs. En effet, son climat est aussi varié, aussi complexe que les phases innombrables de son histoire; plus que dans tout autre pays, les études météorologiques doivent donc, en Asie- Mineure, précéder celles de géographie botanique, si l'on veut ou si l'on peut faire ces dernieres sur une vaste échelle ; autrement il serait peu aisé d'eX- SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 669 pliquer ou méme de saisir plusieurs des phénomènes curieux que présente la flore de cette admirable eontrée. C'est cette conviction qui m'a déter- miné à préluder à la publication de mes travaux botaniques par celle de mes observations météorologiques; elles se trouvent consignées dans le deuxième volume de mon Asie-Mineure, qui vient de paraitre. Bien qu'elles n'embrassent qu'un petit nombre de points et ne soient basées que sur un laps de temps peu considérable, elles pourront cependant servir utilement d'introduction à l'étude botanique de l'Asie-Mineure. Aprés tout, elles ne sont que l'expression des ressources nécessairement limitées du savant isolé; et en établissant à mes frais, sur les points les plus opposés de l'Asie- Mineure, des observatoires météorologiques que j'ai eu le bonheur de voir fonetionner pendant pres de cinq années, je crois avoir fait tout ce que peut effectuer un voyageur qui n'a jamais été appuyé par aucun gouverne- ment et qui n'a jamais eu d'autre encouragement que l'espérance d'obte- nir les suffrages des hommes compétents, suffrages qui, je me hâte de le dire avec un sentiment de profonde gratitude, ne m'ont pas été refusés, puisque mes travaux météorologiques en Asie-Mineure ont été l'objet d'un rapport extrêmement bienveillant, présenté par M. Becquerel à l’Académie des sciences. C'est avec intention, Messieurs, que je me suis arrété si longtemps sur la nécessité des études météorologiques comme auxiliaires indispensables de nos travaux, parce que nulle part cette nécessité ne se prononce aussi impérieu- sement qu'en Asie-Mineure, ainsi que j'aurai l'occasion de le prouver un jour. Pour le moment, je dois me borner à vous demander la faveur de vouloir bien admettre sur ma parole toutes mes assertions relatives à la contrée dont j'ai l'honneur de vous entretenir ; car, veuillez ne pas l'oublier, je ne me présente aujourd'hui devant vous que comme un pèlerin chargé de volu- mineuses dépouilles, qu'il s'engage de livrer plus tard à votre compétent examen, mais dont il ne peut encore vous offrir qu'un simple inventaire nominatif, inventaire qui méme devient de jour en jour plus défectueux, puisque le répertoire, déjà si riche, de mes plantes d'Asie-Mineure, va s'ae- croitre, d'un côté, de toutes les especes que me promet la récolte dont s'occupe en ce moment notre intrépide et excellent confrère M. Balansa, et de l'autre, de toutes celles que j'espere conquérir dans mon prochain Voyage. Dans tous les cas, quelque chose peut me consoler de ce que ma Communication a de vague et de peu substantiel : c'est la pensée que si cette communication se réduit aujourd'hui à des promesses, du moins j'ai l'espoir de vous donner un jour plus que je ne promets. Mais il y a encore un autre motif, Messieurs, qui m'a engagé à vous adresser, au moment méme de notre séparation, ces quelques mots de réminiscences orientales : C'est la foule de souvenirs d'Orient que rappelle la contrée où nous nous trouvons réunis. En effet, dès sa première arrivée à Montpellier, le bota- 670 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. niste y est accueilli par toute une colonie intéressante, qui, au Port-Juvé- nal, vient le saluer au nom de sa patrie asiatique. D'ailleurs, qui peut ou- blier le rôle que la France méridionale a joué de tout temps dans l'histoire des relations de l'Europe avec l'Orient? C’est vers ces côtés pittoresques qu'affluaient tous les représentants de la brillante chevalerie du moyen âge, pour se donner rendez-vous auprés du sépulere du Christ, et c'est encore sur le même littoral que s'élève majestueusement Marseille, cette cité d'origine hellénique, qui a déjà payé amplement sa dette envers sa mère, en jetant un pont indestructible entre l'Asie et l'Europe, entre son berceau et sa patrie adoptive. En un mot, Messieurs, le Languedoc et la Provence se trouvent méles à tous les souvenirs orientaux du sol francais, et comme de plus ces belles contrées n'ont emprunté à l'Orient que des souvenirs, et qu'elles ont aequitté leurs emprunts par des bienfaits, puisqu'elles sont le point de départ du courant commercial qui se dirige de l'Europe vers l'Orient et y porte la civilisation avec les richesses, on peut dire que le Lan- guedoc et la Provence sont en quelque sorte la personnification du carac- tère chevaleresque et désintéressé qui a constamment marqué la politique française à l'égard de l'Orient. Car, de tout temps, la France n'a demandé à l'Orient que le droit de le protéger et de le civiliser, et lorsque après chaque effort, chaque expédition militaire qu'elle faisait dans ce sens, l'Europe s'enquérait avec inquiétude des indemnités matérielles obtenues pour tant de sacrifices, la France ne lui montrait que ses drapeaux couronnés de quelques feuilles de laurier qui seules pavaient toute sa dépense. Il m'est doux, Messieurs, d'évoquer de tels souvenirs, suggérés précisé- ment par la eontrée oü la Société Botanique de France est venue tenir sa ses- sion extraordinaire, et où elle a joui d'une cordiale hospitalité qui fait autant d'honneur à ceux qui l'ont accordée qu'à ceux qui en ont été l'objet. C'est une des plus agréables prérogatives de mes fonctions de président que celie qui m'accorde le droit d'offrir aujourd'hui, au nom de la Société, l'expres- sion de notre gratitude à la ville de Montpellier, et surtout aux hommes éminents qui sont si dignes de continuer et d'enrichir les immortelles traditions scientifiques de cette cité. En procurant aux savants de Paris et à ceux des provinees lointaines l'oecasion d'une fraternelle réunion, et en leur offrant les moyens de parcourir la France avec une rapidité et une économie inouies jusqu'à présent, notre Société a réalisé le rève géné- reux de ces nobles prosélytes du mouvement scientifique, dont un des représentants les plus actifs est en méme temps un de nos confrères le plus justement estimés : sans doute, Messieurs, vous avez déjà tous pro- noncé le nom du comte Jaubert, J'aurais bien des choses à ajouter encore à ces quelques paroles de sym- pathie que j'ai eru devoir adresser à nos confrères et à tous ceux que notre séjour à Montpellier nous a appris à considérer et à apprécier comme tels ; SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 4857. — 671 mais je craindrais d'autant plus d'abuser de vos moments qu'une extension trop grande donnée à mon discours de clôture m'exposerait au reproche parfaitement mérité de vouloir prolonger à dessein la durée de mes fonc- tions, pour avoir le plaisir de me rappeler plus souvent la bienveillance de ceux à qui je les dois; cependant vous ne me refuserez pas la satisfaction de vous offrir ici l'expression de toute ma reconnaissance. En accordant à un étranger l'honneur de vous présider, vous lui avez conféré un privilége qu'aucun de vos compatriotes ne peut posséder au méme degré, celui de parler de vous-mémes et de la France en général, sans étretaxé d'esprit de partialité nationale. C'est done non-seulement en qualité de votre président, mais eneore en ma qualité d'étranger, que je viens offrir et nos hommages et nos adieux à la célèbre cité du Languedoc ; et maintenant que je me suis acquitté de la partie la plus agréable de mon devoir, je dois en remplir la plus pénible, celle de prononcer Ja clóture de notre session, qui, certes, laissera des souvenirs bien vifs chez tous ceux qui y ont pris part. La clóture de la session extraordinaire de 1857 est prononcée. Sur la proposition de M. le comte Jaubert, vice-président, portant la parole au nom du Bureau permanent, la Société vote des remerci- ments unanimes à M. le président et à MM. les membres du Bureau de la session extraordinaire. Des remerciments sont également adressés à l'administration mu- nicipale de Montpellier, à M. Donné, recteur de l'Académie, à M. Paul Gervais, doyen de la Faculté des sciences, et à MM. les pro- lesseurs des Facultés de médecine et des sciences. M. de Schœnefeld exprime encore tout particulièrement à MM. Mar- tins et Planchon la vive reconnaissance de la Société pour la bien- veillance avec laquelle ils ont accueilli leurs confrères, et pour le dévouement infatigable dont ils ont fait preuve, en dirigeant et ren- dant fructueuses leurs nombreuses herborisations. Et la séance est levée à une heure. Conformément au paragraphe 2 de l'article 41 du réglement, le paragrap 8 procès-verbal ci-dessus a été soumis, le 14 septembre, au Conseil d'ad- ministration, qui en a approuve la rédaction. RAPPORT SUR LE JARDIN DES PLANTES ET LE CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE MONTPELLIER , pr MM. GERMAIN DE SAINT-PIERRE et W. DE SCHŒNEFELD (1). (Lu àla Société, à Paris, dans la séance du 24 juillet 1857.) Messieurs, Pendant le cours de sa session dans la capitale scientifique de la France méridionale, la Société a désiré qu'en témoignage de la satisfaction que lui a fait éprouver sa visite au Jardin des plantes et aux colleetions botaniques de Montpellier, une Commission füt chargée de constater les améliorations réalisées en peu d'aunées par le directeur aetuel, M. Ch. Martins, profes- seur de botanique à la Faculté de médecine, et d'examiner celles que l'on est encore en droit d'attendre de son intelligente initiative et de sa bonne administration. MM. le comte Jaubert, Doumet et Cosson, ont été désignés avec nous pour faire partie de cette Commission, qui a accompli sa tâche avec autant d'in- térét que de zèle ; nous avons accepté avec plaisir l'honneur de vous trans- mettre ses impressions. Il serait peut-être à propos, Messieurs, de vous rappeler quelles ont été les fortunes diverses du Jardin des plantes de Montpellier, et de constater les phases d'abandon et de prospérité par lesquelles a passé depuis son ori- gine l'un des établissements botaniques qui ont le mieux mérité de Ja science, et dont la fondation, remontant à 1593, a précédé de plus de quarante ans celle du Jardin du Hoi de Paris. Mais les limites assignées à ce rapport ne nous permettent pas de vous en faire le récit, que vous pouvez d'ailleurs trouver, complet et détaillé, dans le bel ouvrage publié en 1854, par M. Ch. Martins, sous le titre d' Essai historique et descriptif sur le Jardin des plantes de Montpellier. Nous devons nous borner à énumérer les modifications successives les plus importantes qui ont été apportées à ce Jardin depuis sa fondation jus- qu'à ce jour. Sous le règne de Henri 1V, Richer de Belleval, créateur du Jardin, établit une école de botanique dans la partie élevée dite la montagne, qui limitait (1) Par une décision spéciale du Conseil d'administration, la Commission du Bulletin a été autorisée à distraire ce rapport et le suivant du compte rendu de la séance du 24 juillet, dans laquelle ils ont été lus, pour les annexer à celui de la ses- sion de Montpellier, à laquelle leur objet les rattache directement. L4 RAPPORT SUR LE JARDIN DES PLANTES DE MONTPELLIER. 673 alors le Jardin du côté du nord, et une école de plantes médicinales remplacée actuellement par la grande allée des marronuiers ; il fait cultiver dans des stations variées les végétaux de tempéraments divers, et établit des pépi- nières dans l'emplacement aujourd'hui occupé par l'école de botanique; d'élégantes constructions sont consacrées aux écoles et aux laboratoires. Une vieille estampe fort rare, gravée probablement par Richer de Belleval lui-même, représente le Jardin tel qu'il était en 1596 : elle a été reproduite dans l'ouvrage dont nous avons parlé. Aymé Chieoyneau (en 1737) dispose l’école de botanique dans l'empla- cement qu'eile occupe actuellement, et y range les plantes selon la méthode de Tournefort. La plantation des grands arbres qui eouvrent aujourd'hui la montagne date de cette époque, les anciens bátiments sont supprimés. Sauvages (en 1755) obtient la construetion d'une serre. Gouan (de 1771à 1793) substitue, dans l'école de botanique, le systemede Linné à la méthode de Tournefort. A cette époque, l'étendue du jardin était peu considérable, les terrains du Peyrou qui en dépendaient autrefois n'avaient pas été remplacés par les terrains acquis depuis dans la partie sep- tentrionale. Les serres actuelles, l'orangerie, les bassins, le canal, n'exis- taient pas encore. Broussonnet obtient de Chaptal, de professeur devenu ministre, la con- Struction de l'orangerie et d'une partie de la serre, et fait creuser le canal. De Candolle (de 1808 à 1816) réalise les plus importantes améliorations : il trouve les végétaux du Jardin presque tous sans étiquettes et il en fait faire plus de 2500; il creuse des bassins et des réservoirs alimentés par les eaux de la ville. C'est encore Chaptal, dont la générosité égale les vues éle- vées et le dévouement scientifique, qui, en sacrifiant une partie de ses pro- pres appointements, subvient aux frais de construction de la serre chaude. En outre, un Conservatoire botanique est ajouté à l'établissement pour recevoir les collections. De Candolle replante l'école de botanique suivant l'ordre des familles na- turelles, et y réalise d'abord sur le terrain, avant de le faire sur je papier, Sa division des Dicotylédones en Thalamiflores, Calyciflores, Corolliflores et Monoehlamydées. Il obtient de la ville l'acquisition d'un vaste terrain qui double l'étendue du Jardin, et en consacre une partie à une école fores- tière où les arbres sont rangés par familles ; ce qui permet de consacrer presque exclusivement l'école proprement dite aux plantes herbacées, et par conséquent d'en augmenter le nombre. —- De Candolle espérait encore agrandir la circonscription du Jardin en la régularisant ; son projet était adopté par l'administration municipale, lorsque survinrent les événements politiques qui déterminèrent sa retraite ; la partie ouest de ces terrains est encore aujourd'hui occupée par un jardin maraicher qui forme un angle T. Iv. 43 67A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rentrant dans le Jardin des plantes et qu'il serait, sans doute, possible d'a- cheter. Nous faisons des vœux pour que le projet d'aequisition de ce terrain soit de nouveau examiné et pris en considération par le gouvernement ou par la ville. Si l'on ne doit pas à Delile (de 1819 à 1850) de grandes améliorations matérielles, on ne saurait oublier qu'il a doté le Jardin d'un grand nombre de plantes précieuses qui en font l'ornement : le Ginkgo rendu fertile par la greffe, le Nelumbium, le Bougainvillea, le Poinsettia, les Cycas, les Zamia, beaucoup de plantes du Port-Juvénal et d'Égypte. Mais ses plus beaux titres sont ses herbiers, son riche herbier général, celui d'Ég 'pte, type de son ouvrage, et celui du Port-Juvénal, où M. Godron a puisé les matériaux de son Florula Juvenalis. Trente ans aprés le départ de De Candolle, plusieurs d'entre nous ont eu occasion de visiter le Jardin de Montpellier. L'impulsion donnée par le maitre n'avait pas été suivie. Les plantes de l’école étaient les seules du Jardin qui fussent pourvues d'étiquettes. L'école forestière avait été complétement négligée et le projet d'établir une école de plantes usuelles et officinales n'avait pas été réalisé. Le terrain destiné à cette école était occupé par des pépinières de plantes marchandes. Aussi, Messieurs, est-ce avec la satisfaction la plus vive que votre Com- mission a pu constater que le nouveau directeur du Jardin des plantes, M. Ch. Martins, s'est inspiré de la pensée de De Candolle, son premier maitre, et s'est fait, en quelque sorte, un devoir de reprendre son adminis- tration au point oü il l'avait laissée, et de poursuivre toutes les sages et utiles réformes qu'il avait entreprises ou projetées. M. Martins n'est pas seulement un administrateur zélé donnant au- tour de lui l'impulsion par l'exemple de sa propre activité, il est essentiel- lement naturaliste, il aime ses plantes ; c'est avec bonheur qu'il se consacre tout entier aux soins et aux travaux les plus multipliés ; c'est avec entrai- nement qu'il se livre à l'espoir de voir s'agrandir et se compléter le Jardin de Montpellier. Il est, du reste, bien secondé par les habiles et laborieux ouvriers dont il a su s'entourer, et surtout par le jardinier en chef, M. Roux; nous avons pu juger de l'heureuse influence de l'autorité à la fois ferme et paternelle que le directeur exerce sur ses subordonnés. Un seul fait fera comprendre avec quelle intelligente économie les fonds plus que Mmodiques de l'établissement sont administrés. Ces fonds suffisent à peine pour couvrir les dépenses d'entretien des bâtiments, d'acquisition d'etiquettes, d'engrais et de terreau, le chauífage des serres, les gages des Jardiuiers ; il ne reste rien pour l'aequisition et les frais de transport des plantes vivantes, et cependant le Jardin et les collections s'accroissent et s'enrichissent tous les jours ; les graines de plusieurs especes importantes RAPPORT SUR LE JARDIN DES PLANTES DE MONTPELLIER. 675 par leur beauté et leur rareté (Ginkgo biloba, Nelumbium speciosum, Bou- gainvillea, Poinciana, Wigandia, ete.), sont la monnaie qui paye ces ac- quisitions. Mais les horticulteurs peuvent seuls se contenter de la monnaie fournie si libéralement par le magnifique Ginkgo. Nous avons parlé de l'utilité de régulariser en l'azrandissant le périmètre du Jardin; la reconstruction des serres, disposées, chauffées et éclairées d'après le systeme le plus défec- tueux, en trés mauvais état d'ailleurs, et de dimensions tout à fait insuf- fisantes pour recevoir pendant l'hiver les précieux spécimens de la végé- tation tropicale qui abondent dans le Jardin, est aussi une dépense urgente et à laquelle ne sauraient suffire les fonds de l'établissement, avec quelque sagesse qu'ils soient administrés. Àu nombre des améliorations réalisées par M. Martins nous devons si- gnaler : — Les arbres et tous les végétaux intéressants du Jardin soivneuse- ment étiquetés. — L'école de botanique (composée de 24 banquettes com- prenant 3800 especes) mise en rapport avec le Prodromus pour toutes les familles publiées (des Renonculacées aux Polygonées). — L'école des plantes offieinales, alimentaires, industrielles et vénéneuses, fondée en 1852, en vertu d'une décision ministérielle provoquée par le directeur : cette école contient 420 espèces dont chacune occupe un petit carré. — Un jardin spécial pour la culture des doubles à échanger, des porte-graines, des espèces douteuses à étudier, ete.— L'école forestière mise en état, et les Coniferes susceptibles de réussir en pleine terre rangées systématiquement au nombre de 45 ; on y remarque : Pinus filifolia Lindi., P. Coulteri Don., P. Llaveana Schiede, Abies Khutrow Loud., Cephalotazus Fortunei Hook., Thuja filiformis Loud., Biota pyramidalis Caz., Sequoia gigantea Endi., Cupressus californica Cav., Callitris quadrivalvis Vent., Frenela Hu- geli Hort., ete. — Dans une partie abritée du Jardin, une autre collection de Conifères a été établie par le directeur en 1854, pour les espèces exoti- ques plus délicates que les précédentes et qui ont besoin d’être garanties, en été, de l'ardeur du soleil, et en hiver, du rayonnement nocturne. Celles qui ont le mieux réussi sont : Cupressus funebris, C. mexicana, Pinus Lambertiana, P. Montezumæ, P. canariensis, Podocarpus pungens, Junipe- rus excelsa et J. flagelliformis. A ces collections si variées et si précieuses, M. Martins vient d'ajouter uu Hortus Juvenalis, c'est-à-dire un carré spécial où les espèces interes- Santes que le dépôt des laines exotiques fait apparaitre au Purt-Juvénal et qui d'ordinaire ne s'y perpétuent pas, seront cultivées et observées d'une maniere suivie. Parmi les plantes usuelles cultivées dans le Jardin, nous devons signaler : un Dattier mâle de douze ans rapporté d'Algérie, i'Opuntia inermis DC., le Dioscorea Batatas Dne., des carrés de Sorcho sucré, de Cotonnier, de Riz 676 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sec de la Chine, d'AracAis hypogæa, de Patates, d' Echinops bannaticue Roch. (nouveau fourrage pour les terrains salés). Nous ne saurions terminer cette énumération sans mentionner spéciale- ment le gigantesque Ginkgo biloba que vous avez admiré. La hauteur de l'arbre est de 21 mètres, et sa circonférence de 25,11. Il fut planté en 1795 par Broussonnet ; c'était un individu mâle. Rendu monoique en 1830, par des greffes femelles venues de Bourdigny prés Genéve, cet arbre donna des graines fertiles en 1832, et chaque année il se charge d'uneabondante récolte. Citons encore un Sterculia platanifolia haut de 20 metres, un Juglans ragra de 217,62, les Acacia Julibrissin, Lagerstræmia indica, Asimina tri- loba, Cupressus pendula, Duvaua ovata, Camellia japonica à fleurs sim- ples, Cereus peruvianus, Nelumbium luteum, N. speciosum, N. codophyl- lum , N. caspicum fleurissant tous les ans, PAytolacca dioica, Stillingia sebifera, Jubæa spectabilis, Rosa Hardit (^), ete. Enfin, gráce à la bienveillance de l'administration municipale, M. Mar- tins a pu augmenter notablement la concession d'eau accordée par la ville au Jardin des plantes ; on conçoit toute l'importance de ce bienfait dans un pays où souvent il ne tombe pas une goutte de pluie pendant tout l'été. (1) Note communiquée par M. J. Gay. — Dans un temps où les hybrides sont devenus chez nous l'objet d'études approfondies, il importe de rappeler l'histoire du Rosa Hardii et de préciser les faits qui ont accompagné sa naissance. Un Rosier qu'on suppose d'origine chinoise, le Rosa clinophylla de Thory (Re- douté, Roses, I, 1817, p. 43, tab. 10), était depuis quelques années cultivé au jardin du Luxembourg, à Paris, sur une couche que l'on couvrait en hiver. Il y fleurissait abondamment sans nouer ses ovaires, lorsque enfin un de ces ovaires, un seul, se développa en un fruit parfait qui fut soigneusement recueilli par M. Hardy, le jardinier en chef. Les graines extraites de ce fruit furent aussitôt semées. Cinq d'entre elles arri- vèrent à germination, mais elles eurent des destinées très diverses. Une des jeunes plantes ne tarda pas à périr ; deux autres végétèrent longtemps sans produire au- cune fleur ; une quatrième reproduisit Ja mère, c'est-à-dire le Rosa clinophylla, avec ses feuilles pennatiséquées et ses fleurs blanches et semi-doubles. De la cin- quième et dernière graine sortit enfin la forme étrange dont j'ai vu s'épanouir les premières fleurs le 20 juin 1836, et qui, en cette méme année, a été décrite et figurée par MM. Cels frères sous le nom de Rosa Hardii, qu'elle porte encore au- jourd'hui chez les horticulteurs (voy. Ann. de Flore et de Pomone, pour 1835 et 1826, p. 372, avec une planche coloriée sans numéro d'ordre). Cette Rose avait les feuilles pennatiséquées, comme le Rosa clinophylla, dont elle provenait; mais elle en différait d'ailleurs profondément par la petitesse el par la forme des folioles, par ses rameaux et ses feuilles très glabres, non pubes- centes, par ses aiguillons rapprochés trois à trois, et enfin par ses fleurs simples, à cinq pétales jaunes, marqués à la base d'une grande tache brune. Ceci indiquait manifestement l'influence d'un pollen étranger ; mais quel était le RAPPORT SUR LE JARDIN DES PLANTES DE MONTPELLIER. 677 Le Conservatoire botanique de la Faculté de médecine, annexé au Jardin, a été, de notre part, l'objet d'une visite spéciale et d'un examen attentif. Cet établissement est placé sous la surveillance de M. le docteur Aimant Tou- ehy, savant aussi modeste que distingué, uniquement occupé de la táche utile à laquelle il a voué toute sa vie. Gráce à son activité, à ses soins con- stants et éclairés, un ordre parfait y regne et une disposition ingénieuse et pratique rend facile le maniement des vastes collections qui s'y trouvent aujourd'hui réunies. La nomination de M. Touchy aux fonctions de conservateur remonte à l'année 1840. Cette place était restée inoccupée pendant 31 ans; une aussi longue vacance avait laissé tomber l'établissement en décadence, Les col- lections se trouvaient réduites à quelques fruits et à 80 paquets assez minces, déposés dans deux armoires,et contenant des plantes presque toutes exotiques qui provenaient des voyages de Dombey, Née, Riedlé, Com- merson, Balbis, Seringe, etc. Le nouveau conservateur s'empressa de réunir à l'herbier ses propres collections et celles du professeur Touchy, son pere. Quelques autres dona- tions eurent lieu à la méme époque, entre autres celles des herbiers du doc- teur Fulerand-Pouzin et du jardinier en chef Banal. Diverses acquisitions, plus ou moins importantes, ont été faites depuis. père qui avait pu modifier si puissamment Je produit de la plante mère? La question fut aussitôt résolue qu'élevée. Tout à côté du Rosa clinophylla qui avait fourni les graines, et sur la méme couche, se trouvait un pied vigoureux de Rosa berberifolia , cette espèce naine et tracante de l'Asie centrale, qui est si remar- quable par ses feuilles simples, unifoliolées et glauques, ses rameaux tres glabres, ses aiguillons ternés et ses pétales jaunes tachés de brun à la base (voy. Redouté, Roses, 1, 1817, p. 27, tab. 2), si remarquable à tous égards, qu'on y a cherché, mais je crois en vain, les caractères d'un nouveau genre (Hulthemia Dumort., Endi. et Ledeb.; Lowea Lindl.). Le Rosa Hardii est nécessairement un hybride du Rosa clinophylla sponta- nément et accidentellement fécondé par le Rosa berberifolia ; il tient de la mère Par sa racine non tracante, par sa taille, par ses tiges dressées, nou ascendantes ou Couchées et par ses feuilles pennatiséquées, caractères que je puis tous affirmer, maintenant que j'ai vu le bel individu que possède le Jardin de Montpellier. Le reste appartient au père, surface glabre, aiguillons comme ternés, petites folioles, Pétales jaunes tachés de brun à la base. Aprés avoir eu une grande vogue dans sa nouveauté. le Rosa Hardii est devenu trés rare dans les collections, mais il faut espérer que les amateurs éclairés le conserveront comme un phénomène curieux de physiologie et comme la preuve d'un croisement possible entre deux espèces très différentes. A Montpellier, où il est cultivé en pleine terre, il forme un buisson de 5 à 6 pieds de hauteur. Il s'élève moins à Paris, où il ne passe l'hiver en pleine terre que moyennant cou- verture, 678 SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Une petite portion de l'herbier du Brésil de Vauthier et les plantes d'Orient d’Aucher-Éloy sont venues enrichir l'herbier. Enfin les collections et les livres du professeur Delile furent achetés en 1851. Aujourd'hui, le Conservatoire du Jardin des plantes contient les collec- tions suivantes : 1* Un herbier général (de 561 paquets) eomprenant les trois grandes divisions des végétaux représentées avec une égale richesse. a. Cryptogames. Nous y avons remarqué les Characées et les Champi- gnons, presque tous récoltés et donnés par M. Touchy ; le travail de classe- ment est terminé et toutes les collections fondues. b. Monocotylédones. Tous les herbiers sont également fondus et l'inter- calation des espèces est achevée, c. Dicotylédones. Cette vaste partie de l'herbier est divisée en quatre séries toutes classées; mais la fusion n'est pas encore terminée pour un certain nombre de familles. 2 L'herbier d'Egypte, de Delile (54 paquets), commencé en 1798, con- tenant les échantillons-types décrits par lui dans sa Flore de cette contrée, etenrichi par les produits des voyages qui y ont été faits après l'occupation française. 3^ L'herbier de la flore de Montpellier (94 paquets) limitée par le Rhône, les Cévennes et Narbonne. C tte collection est le fruit d'herborisations qui datent de 1808 ct qui se continuent encore, &° L'herbier du Port-Juvénal (40 paquets),commencé par Delile et aujour- d'hui tres étendu. 5" Une collcetion carpologique, comprenant les fruits d'environ 2300 espèces, et qui est presque en entier l'ouvrage du conservateur actuel. 6* Graines pour semis et pour l'étude (6000 especes environ) cataloguées et disposées de manière à permettre l'interealation des nouveautés. 7° Champignons indigènes (grandes espèces), desséehés, au nombre de 100 environ, en partie récoltés par Delile. 8° Collection de bois, racines, tiges (1), feuilles, provenant du Jardin des plantes ou de divers pays (environ 300 pieces). 9° Collection de pathologie et de tératologie végétales, disposée en herbier ou eu relief dans des tiroirs. 10° Une bibliothèque de plus de 2000 volumes, presque entiérement achetée aux héritiers de Delile. (1) Parmi les tiges, nous avons remarqué celle d'un Verbascum candidis- simum DC. de près de 4 mètres de hauteur, et nous avons examiné avec beaucoup d'intérêt un tronc de Chène clivé par la trombe électrique de Monville (Seine- Inférieure) le 19 août 1845 voyez Ch. Martins, Instructions pour l'observation des trombes terrestres, dans l'Annuaire météorologique pour 18/9, p. 230). RAPPORT SUR LE JARDIN DES PLANTES DE MONTPELLIER. 679 Telles sont aujourd'hui les richesses confiées à la garde de M. Touchy. Mais, non content de les conserver et de les classer, il ne cesse de les accroitre avec persévérance. C'est dans ce but qu'il fait chaque année plus de cent herborisations (soit en moyenne deux par semaine), dont les résul- tats sont constatés dans un carnet spécial. Ce chiffre est remarquable, Messieurs; il prouve, surtout chez un homme de l'áge de M. Touchy, une energie et un dévouement extrémes. Sous l'heureux climat de Montpellier, où pendant deux ou trois mois à peine la saison d'hiver ralentit la végéta- tion sans l'arrêter complétement, l'infatigable collecteur peut, dès Ja fin de janvier, commencer ses excursions, qui ont pour objet de récolter des plantes pour l'herbier, des végétaux vivants (souches, rhizomes, tuber- cules, bulbes, etc.) pour le Jardin, et enfin des graines d'espèces indigènes pour les semis et les échanges. Le nombre des espèces de graines recueillies ainsi chaque année est de 200 à 300. M. Martins attache une juste impor- tance à enrichir son catalogue annuel de ces especes indigenes (1), qui peu- vent de cette manière être répandues dans presque tous les jardins bota- niques de l'Europe et servir à la rectification spécifique de la flore du pays. Le catalogue général des graines de 1856 contieut 2340 noms de plantes indigènes ou exotiques. Messieurs, le rapide exposé que nous venons de vous présenter peut vous avoir fait comprendre la valeur de l'établissement scientifique dont s'enor- gueillit à juste titre la ville de Montpellier, et le développement qu'il pour- rait acquérir dans les mains intelligentes auxquelles il est aujourd'hui confié. Malheureusement les ressources qui lui sont allouées sont loin d'être Proportionnées à son importance et à des besoins qui se sont accrus en raison méme des progres déjà réalisés. Cette pénurie regrettable vient à tout moment paralyser les efforts du directeur. La somme annuelle mise à sa disposition n'est que de 7800 francs; le jardinier en chef et celui des serres sont payés à part, mais six ouvriers et un apprenti doivent être rémunérés sur cette somme. C'est une dépense annuelle de 4000 franes. Restent 3800 francs pour pourvoir à toutes les dépenses prévues ou imprévues d'un grand établissement. I! est donc im- possible d'acheter des plantes, et c'ést uniquement par échanges que le Jardin peut acquérir des espèces nouvelles. Sa monnaie, nous l'avons déjà dit, ce sont les graines de quelques especes rares ou qui ne mürissent pas dans le nord de l'Europe. La bibliothèque, riche seulement en ouvrages anciens, ne peut pas non plus, faute d'argent, être complétée par des acquisitions nouvelles, et une (4) Voyez la lettre adressée par M. Martins à M, le président de la Société, et in- Sérée dans ie Balletin, t. !IT, p. 32. 680 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. partie des herbiers, ne pouvant étre passée au sublimé corrosif, reste exposée aux ravages des insectes. Déjà, dans deux circonstances, S. Exe. M. le ministre de l'Instruction publique a bien voulu venir en aide au Jardin de Montpellier : en 1852, lors de la eréation de l'école des plantes médicinales, par une somme de 1035 francs, et la seconde fois, cette année même, par une somme de 1150 franes, pour réparer le canal de l'école de botanique et le toit du Con- ser vatoire. Aujourd'hui c'est surtout Ja serre dont la reeonstruetion est urgente, ear par son état de délabrement, par ses dimensions restreintes et par sa disposition qui n'est pas en harmonie avec les progrés de l'horticulture moderne, elle est hors d'état de contenir et d'abriter les végétaux qui doivent y étre ren- fermés. Cette serre menace ruine, et dans son état aetuel elle n'a plus guere d'intérét que comme spécimen de l'enfance d'un art qui a fait de si grands progrès. Nous savons que M. le Ministre a bien voulu promettre à M. Mar- tins qu'elle serait reconstruite, d'après l'avis formulé par le recteur et le conseil académique, et nous avons appris avec plaisir que M. Alexandre, inspecteur général de l'Instruction secondaire, chargé par M. le Ministre d'examiner l'état de la serre, l'a visitée depuis notre départ de Montpellier, et a reconnu la nécessité d'une reconstruction prochaine. M. Martins est en ce moment méme en instance, afin d'obtenir la réali- sation de ce projet. Vous accompagnerez, nous n'en doutons pas, Messieurs, ses démarches de tous vos vœux, car il est du devoir de notre Société, tout en constatant l'état des établissements publics consacrés à la botanique qu'elle a occasion de visiter, d'appeler sur eux l'attention de l'administration supérieure. La Société Botanique de France est en droit d'espérer que son témoignage sera pris en considération; mais, quoi qu'il en soit, nons ne nous feliciterons pas moins d'avoir pu vous dire ce que, malgré de nombreux obstacles et l'insuffisance de ses ressources, est devenu de nos jours l'antique Hortus monspeliensis, l'établissement qui le premier a inauguré en France, dès le xvi siècle, l'alliance féconde de la botanique et de l'horticulture, et d'avoir rendu un hommage public au zéle, au dévouement et aux lumieres de son directeur actuel. RAPPORT SUR L'HERBIER DE DUNAL, par M. E. COSSON. (Lu à la Société, à Paris, dans la séance du 24 juillet 1857.) Messieurs, La Commission chargée d'examiner à Montpellier l'important herbier de Dunal se composait de MM. le comte Jaubert, J. Gay, Doumet, Durieu de Maisonneuve, Germain de Saint-Pierre et Cosson. À la demande de M. Gervais, doyen de la Faculté des sciences, M"* veuve Dunal avait bien voulu mettre cet herbier (déposé provisoire- ment au Jardin des plantes, daus une des salles de la Faculté des sciences) à la disposition des membres de la Société, et votre Commission a pu en faire une étude spéciale. J'ai été chargé, Messieurs, de vous exposer d'une ma- niere succincte les résultats de son examen et ses conclusions. L'herbier de M. Dunal ne comprend pas moins de 125 volumineux fasci- cules ; les échantillons de plantes, quoique non empoisonnés, sont générale- ment dans un bon état de conservation, et tous sont munis d'étiquettes écrites soit par M. Dunal, soit par. ses correspondants, et indiquant avec précision, non-seulement la localité, mais encore presque toujours la date de la récolte, Les familles des Anonacées, des Cistinées, des Vacciniées et des Sola- nées, qui ont été pour M. Dunal l'objet de monographies publices dans le Prodromus de De Candolle, offrent des types importants à consulter. Les Valérianées et les Dipsacées renferment également de précieux documents, dus aux relatious d'amitié ou de correspondance du savant professeur avec Dufresne et Coulter, auteurs de travaux monographiques estimés sur ces familles, Les Polygonées présentent un intérêt spécial, ear tous les umex décrits par Campdera ont été donnés par lui à M. Dunal, sous les yeux duquel il avait rédigé sa monographie. La famille des Algues n'est pas moins riche, gráce aux envois de MM. Lenormand et Sonder. — Les échantillons qui ont servi de base au travail de MM. Duval et E. Fabre sur les Ægilops du midi de la France, existent également dans l'herbier. L'important herbier de Thibaud, acheté conjointement par De Candolle et Dunal, qui se le sont partagé, renfermait des échantillons authentiques de la Flore du Pérou, de Ruiz et Pavon. La flore de France est richement représentée ; en effet, M. Dunal avait accompagné De Candolle dans un de ses voyages botaniques et agrono- miques, qui ont si puissamment contribué au développement des études botaniques en France, et, légataire de la propriété de la Flore française de 682 SOCIETE BOTANIQUE DE FHANCE. De Candolle, le professeur de Montpellier n'avait négligé aueune oceasion de se procurer les matériaux nécessaires pour une nouvelle édition de cet ouvrage fondamental, dont il était si digne d'être le collaborateur. La flore classique de Montpellier a particulierement été l'objet des re- cherches et des études assidues du professeur Dunal, qui se proposait de publier un ouvrage au niveau de la science sur la végétation de cette région intéressante; aussi son herbier renferme-t-il les matériaux les plus pré- cieux pour l'étude des plantes du pays, et méme pour les cryptogames, qui y sont largement représentées. Eu raison de l'importance de la collection qu'ellea été ehargée d'examiner et qui offre surtout un vif intérêt au point de vue de la flore du midi de la France, et de Montpellier en particulier, votre Commission, Messieurs, a exprimé, à l'unanimité, le vœu que l'herbier de M. Dunal soit acquis à la Faculté des sciences de Montpellier, dont ee professeur a été l'une des illustrations. ———— —— ———À ——————— REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Note sur la matière sucrée de quelques Algues; par M. Léon Soubeiran (Journal de pharmacie et de chimie, XXXVI, 1857, pp. 219-224). | Les Algues marines qu'on laisse sécher à l'air se couvrent le plus sou- vent d'efflorescences blanches, formées de sels, particulièrement de chlo- rures, et d'autres matières qui se trouvaient d'abord dans le tissu méme de ces plantes. Mais, dans quelques eas exceptionnels, outre ces efflorescences salines, il s'en produit d'autres entierement différentes par leur nature et aussi par leur mode de formation. Celles-ci ont une saveur franchement sucrée ; elles sont composées de mannite. L'étude en a été faite d'abord par Biarne Povelsen, puis par Vauquelin, tout récemment par M. Th. Phipson. — M. L. Soubeiran a pu s'en occuper lui-même cet été, pendant un voyage sur les cótes de Bretagne, et sa note a pour objet, non-seulement de faire connaitre les principaux résultats de ses recherches, mais encore de signaler quelques différences qui existeut entre ses observations et celles de M. Phipson. M. L. Soubeiran a vu la matière sucrée se produire uniquement sur un petit nombre de nos Algues marines : sur le Laminaria saccharina, sur les Fucus digitatus et lomentarius, principalement sur ce dernier. Il a reconnu aussi que cette produetion est très faible sur les fiondes et se concentre presque exclusivement sur la portion inférieure ou radieulaire des plantes, par laquelle elles se fixent aux rochers. Après avoir reconnu que ce n'est. pas la simple dessiccation qui déter- mine l’efflorescence sucrée de ces Algues, M. L. Soubeiran a cherché à re- Connaitre les conditionsqui influent sur cette production. Les expériencesqu'il a faites dans ce but lui ont appris que ces efflorescences sont d'autant plus développées, que les Algues sur lesquelles on les trouve ont séché plus len- tement. Il a reconnu, de plus, qu'il existe un rapport constant entre les quantités de mannite et de substances salines, la première augmentant ou diminuant sensiblement en proportion inverse des chlorures. Au microscope ll a vu que cette substance sucrée se présente sous la forme de houppes com- posées d'aieuilles, dont la longueur est, en moyenne, de 5 ou 6 millimètres, que ces aiguilles très fines sont entremélées de quelques cristaux prisma- tiques allongés, à surface très irrégulière. Il pense qu'il est nécessaire, pour 68^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la production de cette matière sucrée, que les Fucus subissent une mo- dification dans leurs éléments par suite de la fermentation visqueuse, et en ce point il est d'accord avee M. Phipson; mais il ajoute qu'il n'a jamais vu que la couche superficielle de la plante couverte de manuite füt décom- posée ni décolorée. Les cristaux de cette matiére prenaient tres manifeste- ment naissance dans l'intervalle des cellules, ce qui, dit l'auteur, viendrait à l'appui de l'opinion, que c'est à la matière intercellulaire que la produc- tion en est due. « Quelle cause, ajoute-t-il, détermine ainsi la modification de la matière intercellulaire dans les Fucus? Je ne vois rien qui m'empéche d'admettre avec M. Phipson que ce soit la matière albumineuse de ces vé- gétaux qui s'altere à l'air et agisse ainsi. » Hau der Aiphitomorphoa gwulttrita (Phyllactinia guttata Lév.), nebst Bemerkungen (Structure de l'Alphitomorpha guttata, avec des remarques) ; par M. H.-F. Bonorden (Botan. Zeit., n° 12, 20 mars 1857, col. 193-199, plan. IV, A). L'Alphitomorpha guttata se trouve ordinairement sur les feuilles du Noisetier, toujours à leur face inférieure, à laquelle il donne deux aspects différents, Tantót sur le vert mat habituel de la feuille se montrent semés beaucoup de petits points jaunes et bruns-noirs, que des filaments déliés attachent à la feuille; tantót la méme surface foliaire est couverte d'un feutre blanc grisâtre, sur lequel reposent ces petits corps. Dans le premier cas le Champignon est jeune ; d’où l'on voit que c'est de ces petits corps où périthécesque proviennent les filaments qu'on trouve plus tard sur les feuilles, lesquels se montrent sous le microscope rayonnants, rameux par dicho- tomie, munis intérieurement d'un petit nombre de cloisons transversales. Examiné tout jeune, le périthéce forme un globule brun grisátre, d'aspect granuleux, duquel sortent par un côté plusieurs filaments de mycelium; plus tard il est brun jaune, et l'on y voit bien, surtout à sa circonférence, les cellules arrondies qui le constituent. Les filaments ont à leur bout de petits renflements par lesquels ils s'attachent aux cellules de la feuille et pénètrent vraisemblablement dans les stomates. Plus tard, le Champignon devient brun rouge, et de son pourtour ressortent, sur un cercle horizontal, à des distances assez régulières, de 5 à 7 grosses cellules, d'abord globu- leuses, qui prennent ensuite la forme de matras à long col, etqui s inclinant vers la feuille, forment comme un piédestal au périthèce resté fixé à la feuille par ses premiers fils de mycelium. Múr, le périthèce forme un globule un peu déprimé, à deux enveloppes, dont l'externe est dure et fragile, com- posée de cellules arrondies, rouge brun foncé, dont l'interne est délicate et molle, composée de cellules ovales, brun jaune, faciles à dissocier. Si l'on comprime sous le microscope ce périthèce múr, il en sort dans l'intervalle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 685 des grosses cellules en matras, de petites cellules arrondies, longuement pédiculées, pour lesquelles l'auteur n'ose pas dire si ce sont les Stylospores de M. Tulasne. Elles répondent pourla forme aux paraphyses des Discomy- cétes; elles s'attachent plusieurs ensemble à de grosses cellules irrégulière- ment ovoïdes et un peu renflées à chaque bout, qui partent de la membrane interne et qui entourent un groupe arrondi d'utrieules situées au fond du périthéce et naissant aussi de sa membrane interne. Ces utricules sont au nombre de 6 à 8 dans chaque périthèce. Elles sontovoides, pédiculées; elles contiennent d'abord 2 gouttes d'huile entourées de plasma, et plus tard il s'y forme 2 spores. A sa maturité le périthée» s'ouvre du côté qui regarde la feuille, et il en sort comme une goutte de liquide. Par l'ouverture qui s'est formée sortent les cellules pédiculées qui entourent les utricules. Celles-ci paraissent destinées à favoriser par leur extrême légèreté la dissémination des spores ; ainsi on les trouve souvent sur les feuilles du Noisetier sans le Champignon qui leur a donné naissance. M. Bonorden a pu suivre la formation du périthèce depuis l'origine. Il l'a vu d'abord constitué par une seule cellule pédiculée, qui grossit ensuite et se remplit de cellules secondaires desquelles naissent les enveloppes ; après quoi il devient le petit corps elobuleux qui a été décrit plus haut. Lorsque les péritheces d'une feuille sont développés, il en provient des jets latéraux ; sur ceux-ci se forment encore des périthèces qui se trouvent eusuite englobés dans le revétement tomenteux de la feuille. Ces filaments Sont des hypha diehotomes, peu cloisonnés, et souvent renflés aux cloisons. L'auteur n'a pas vu dans le mycelium les gongyles que M. Tulasne dit avoirété pris pour des Torula et Oidium. V dit cependant qu'il vient aussi en même temps sur ces feuilles d'autres Champignons. Il admet mémequ'un Acrosporium favorise le développement de l A/phitomorpha ; mais il diffère d'opinion avee MM. Tulasne, de Bary, ete., quant aux différents états des Champignons qui auraient été décrits, d'après ces observateurs, comme des êtres distincts et séparés. Il dit formellement que« la confusion qui regne dans la mycologie augmentera plutôt si l'on rattache à une méme espèce des eres différents que si on les distingue soigneusement dans les classifica- tions. » BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Dr. Friedrich Wimmer's Flora von Schlesien preussis- chen und oesterrcichischen Antheils (Flore de la Siléste, portions prussienne et autrichienne); par le docteur Fréderic Wimmer. 3* édit, 4 vol. er. in-18 de txxx et 665 pag. Breslau, 1857. Chez Fer- dinand Hirt, Cet ouvrage est assez connu pour que nous soyons dispensé d'entrer daus 686 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de longs détails à son sujet. Il nous suffira de signaler les changements, plutót de forme que de fond, qui y out été apportés par l'auteur. La pre- mière édition de cet ouvrage a été publiée en 1540, en 1 vol. grand in-18 de xt.viiret 464 pages, avec un chapitre appendiculaire sur la géographie bo- tanique de la Silésie, et unecarte de profils des montagnes de cette contrée. La seconde édition date de 4844, et elle comprend 2 volumes grand in-18, l'un de xzvni et 512 pages, l'autre de 225 et Liv pages. Le premier con- tient la flore proprement dite; le second comprend plusieurs chapitres distincts et séparés, savoir : 4° le tableau de la géographie botanique de la Silésie qui formait l'appendiee de la premiere édition ; 2? des instructions pour récolter, déterminer, sécher et conserver les plantes ; 5? une histoire de la Flore de la Silésie, c'est-à-dire l'indication de tous les ouvrages dont elle a été l'objet ; 4° un aperçu de la Flore fossile de la Silésie par M. Gæp- pert. À ce second volume est jointe la planche de profils des montagnes qui se trouvait déjà dans la premiere édition. Dans ees deux editions les plantes sont rangées selon l'ordre des familles établi par De Candolle. Comparée à ces deux premières éditions, la troisième qui vient de pa- raitre présente quelques changements. D'abord les différents chapitres qui formaient le second volume de la deuxième édition ont été supprimés et par là l'ouvrage s'est trouvé réduit purement et simplement à sa partie deserip- tive. Néanmoins, il a considérablement gagné en étendue, puisque cette partie qui occupait 560 pages dans l'édition de 1844, en remplit maintenant 715. Cette différence tient : 1* à des changements dans les dispositions ty- pographiques, telle que celle qui plaee les noms de genres en titres au lieu de les laisser en tête d'une ligne; 2° à un certain nombre de phrases carat- téristiques modifiées et généralement rendues plus complètes ; 39 à des ad- ditions, ete. Une modification de forme qui a déterminé un changement complet dans ia série des plantes, consiste dans la substitutionde la série des famillestelle qu’elle a été présentée dans le Genera d' Endlicher à l'ordre établi par De Candolle. Mais, on voit que, comme nous le disions plus haut, à part les suppressions de chapitres, les changements opérés dans la troisième édition de la Flore de Silésie touchent bien plutôt à la forme qu'au fond méme de l'ouvrage. Telle qu'est maintenant cette Flore, elle comprend : 1* une préface de 12 pages; 2° une table des familles et des genres ; 3° un apercu des principes sur lesquels repose la disposition générale des familles en général, et en particulier dans les méthodes de Jussieu, De Candolle, Endlicher ; h° un tableau diagnostique des classes et families; 5° un tableau des genres de la Flore de Silésie arrangés d'après le systeme de Linné et caractérisés succinetement. Ces diverses portions constituent l'introduction. Le corps de l'ouvrage lui-même comprend les Cryptogames vasculaires, les Monocoty- lédons et les Dicotylélous. Les genres et les espèces sont caractérisés dia- ` REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 687 gnostiquement ; chaque espèce est indiquée par le nom qu'adopte l'auteur, suivi de l'autorité, sans indication de sources et sans synonymie, les lo- calités sont signalées en détail ; parfois des observations imprimées en pe- tits caracteres sont jointes à l'histoire des espèces; plus fréquemment la diagnose se trouve complétée et la détermination est facilitée par l'indiea- tion de quelques caractères ou par la comparaison avec les espèces voisines. L'ouvrage de M. Wimmer est spécialement destiné aux herborisations ; ce- pendant le volume qu'il forme aujourd'hui est moins commode pour cet objet que les deux éditions précédentes, mais par une heureuse compensa- tion, la rédaction et l'exécution typographique en ont été améliorées à plu- sieurs égards. Die Gefaesskryptogamen der Schweiz (Les Cryptogames vas- culaires de la Suisse); par M. Ch.-Gust. Bernoulli (4 vol. in-8 de vin et 96 p. Bâle, 1857. Chez Schweighauser. Dans une préface peu étendue, M. Bernoulli exprime son étonnement de ce que dans la Flore de la Suisse, les Cryptogames sont beaucoup moins connues que les Phanérogames. Il en voit la cause dans ee fait que la plu- part des botanistes de ce pays se sont occupés dans leurs écrits surtout des Phanérogames. Il se propose de faire disparaitre cette inégalité, autant qu'il est eu lui, pour les Cryptogames vasculaires. 38 Fougères, 9 Equise- tacées, 7 Lycopodiaeées et 3 Rhizocarpées ont trouvé place dans son livre. Chacune de ces plantes est l'objet d'une description et d'une synonymie étendue, dans laquelle l'auteur s'attaehe principalement à la citation des auteurs locaux. Les figures indiquées par lui sont particulièrement celles de Schkubr et de l English Botany; et quant aux Æ£rsiccata, il mentionne ceux de Thomas et de Sehleicher, comme étant limités à la Suisse, et ceux de MM. Nestler et Mougeot, de M. Desmazieres, comme renfermant plusieurs espèces communes à la France et à la Suisse. Les varictés sont distinguées et Caractérisées avec soin ; l'indication des localités est faite tres en détail. L'auteur rapporte aussi les noms vulgaires allemands, francais et italiens, les usages, lorsqu'il y a lieu, ete. — Aux caractères des familles, il a joint des considérations particulieres et parfois l'anatomie. En un mot, ce travail présente l'histoire des Cry ptogames vasculaires de la Suisse à peu près aussi complete qu'elle puisse l'étre dans un ouvrage descriptif. Plantes à vendre. M. Th. de Heldreich, directeur du jardin botanique d'Athenes, déjà connu des botanistes par les importantes collections de plantes qu'il a recueillies en Asie-Mineure et en Grèce , publie en ce moment un intéressant Ezsic- 688 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cata sous le nom d' Herbarium grecum normale, dont le but principal est de répandre dans les herbiers les types des plantes figurées ou déerites dans le Flora greca de Sibthorp et Smith, dans la Flore du Péloponese de Bory et Chaubard, dans les Diagnoses plantarum orientalium de M. Bois- sier, ete. La publication comprend déjà six centuries, qui se font remarquer non-seulement par le choix des espèces et la beauté des échantillons, mais encore par le soin avec lequel sont dressées les étiquettes munies de nu- méros d'ordre et indiquant avec exactitude tous les synonymes importants. L'auteur de l’ Herbarium grecum normale s'occupe toujours activement de poursuivre son œuvre, et cette année une nouvelle exploration du mont Par- nasse et du mont Valachi (Thymphreste des anciens) enrichira les pro- chaines centuries d’un grand nombre d'espèces intéressantes. Le prix de l' Herbarium grecum normale est de 25 francs par centurie. M. de Heldreich offre également aux botanistes une centurie de plantes rares de la Basse-Egypte au prix de 28 francs. Le représentant de M. de Heldreich, à Paris, est M. Kralik, rue du Grand-Chantier, 12. BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés en 1857. Karsten (H.). — Zur Geschichte der Befruchtung der Algen (Sur l'histoire de la fécondation des Algues) ; n° 1, 2 janv., col. 1-9. Treviranus (L.-C.). — Etwas den Ueberzug von Schuppen bei manchen Gewaechsen Betreffende (Quelques mots concernant la couche d'écailles qui revét plusieurs végétaux) ; n* 2, 9 janv., col. 17-22. Mohl (Hugo von). — Untersuchungen über die Entstehungsweise der Tra- ganthgummi (Recherches sur le mode de production de la gomme adra- gante) ; n° 3, 16 janv., col. 33-43. Berg (0.). — Ueber die Senegawurzel (Sur la racine de Sénéga) ; n° h, 23 janv., col. 49-53, plan. I. Itzigsohn (Hermann). — Vegetabilische Zelle und Sexus, eine hypothetis- che Andeutung (Cellule végétale et sexes, explication hypothétique) ; n? 4, 23 janv., col. 53-56. Treviranus (L.-C.). — Ueber das Agiahalid des Prosper Alpinus (Sur l'Agiahalid de Prosper Alpin) ; n° 5, 30 janv., col. 65-67. Schlechtendal. (D.-F.-L.-V.). — Abnorme Pflanzenbildungen ( Anomalies végétales); n° 5, 30 janv., col. 67-70. Irmisch (Th. ).— Ueber einige Ranunculaceen (Sur'quelques Renonculacées); n^ 4 et 2, 6 et 13 fév., col. 81-87, 97-104, plan. If. Paris. — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. SEANCE DU 26 JUIN 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. Reprise de la session ordinaire à Paris, au local habituel de la Société. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites à Montpellier, dans la séance de clôture de la session extraordinaire, M. le Président proclame Tad- mission de : MM. Jamin (Ferdinand), horticulteur, à Bourg-la-Reine (Seine), pré. senté par MM. Boisduval et Greenland. BaRRaNDON, huissier prés le Tribunal civil de Montpellier, présenté par MM. Ed. Caron et de Schæœnefeld. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. M. le Président rappelle à la Société la perte douloureuse qu'elle vient de faire d'un de ses membres éminents, qui fut l'un de ses plus zelés fondateurs, M. Graves, directeur-général de l'administration des foréts, décédé à Paris le 5 de ce mois. — M. le Président, qui a assisté à ses funérailles (1), a prononcé sur sa tombe, pour exprimer les regrets de la Société, les paroles suivantes : La Société Botanique de France vient de perdre, dans la personne de M. Louis Graves, un de ses membres les plus distingués, un de ses consei!- lers les plus utiles. M.Graves avait contribué puissamment à la fonder. (1) Un grand nombre de membres de la Société étaient alors absents de Paris, Pour prendre part à la session extraordinaire de Montpellier ; néantnoins la Société a été représentée dans cette triste cérémonie par MM. Moquin-Tandon, président ; Puel, vice-président; Duchartre, secrétaire; Maille, Roussel, Weddell, etc. — A là séance de clóture de la session de Montpellier, un hommage a été rendu à la mémoire de M. Graves par M. le comte Jaubert. Voyez le Bulletin, te IV, p. 664. = Voyez aussi l'article nécrologique sur M. Graves, inséré au Bulletin, t. IV, p. 252. T. lv. h^ 690 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Au nom de ses confrères, devant cette tombe encore ouverte, je viens dire à notre ami un éternel adieu. M. Graves avait suivi la double carrière de l'administration et de la science. Sineerement attaché à ses devoirs et homme consciencieux avant tout, il ne permit jamais aux occupations entrainantes de ses loisirs d'em- piéter sur les travaux quotidiens de son service. Mais, plein d'ardeur dans ses recherehes d'érudition ou d'observation, il leur donnait ses matinées, ses veilles, ses dimanches. Il oubliait malheureusement l'alternance si sa- lutaire du repos et du travail, et cet oubli devait avoir les plus funestes con- séquences L... Géologue et botaniste tour à tour, notre infatigable ami variait avec une merveilleuse facilité les sujets de ses études. Cependant la science des végétaux, surtout dans ces dernières années, paraissait fixer plus particuliérement son attention. Il avait formé une collec- tion de plantes très riche, déjà distinguée parmi celles qui existent en France; il achevait à peine la pubiication d'un ouvrage considérable sur la flore de son département; enfin il travaillait avec ardeur à une revue générale de l'importante famille des Fougères, lorsque la mort est venue interrompre Ses travaux. Nos confrères n'oublieront jamais lesconnaissances étendues de M. Graves, la sûreté de son coup-d’œil, l'impartialité de ses appréciations, la modestie de son langage et son obligeance à toute épreuve. Esprit juste et solide, cœur bienveillant et affectueux, M. Graves devait avoir des amis nombreux et dévoués. C'était un homme de bien, dans toute la vérité de l'expression. Il est allé recevoir sa récompense et il doit étre heureux.... Pensées consolantes, au milieu de la douleur qui nous accable!.. Dons faits à la Société: 4° De la part de M. Ch. Naudin : Nouvelles recherches sur les caractères spécifiques et les variétés des plantes du genre Cucurbita. 2 De la part de M. Ricard, de Montpellier : Mémoires de la section de médecine de l'Académie des sciences de Montpellier, livraison de 1853 (contenant le Florula Juvenalis de M. Godron). 3* De la part de M. Verlot, de Grenoble : Catalogue des plantes cultivées uu Jardin botanique de la ville de Gre- noble en 1856, SÉANCE DU 26 JUIN 1857. 691 he De la part de M. Ettore Coeli : Notice nécrologique sur M. Giovanni de Brignoli di Brunnhoff. 5° Mémoires de la Société académique d' Angers, n° 1. Revue des Sociétés savantes, janvier 1857. 6* En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'hortieulture, numéros d'avril et mai 1857. L'Institut, mai et juin 1857, cinq numéros, M. de Schænefeld, vice-secrétaire, donne lecture de la commu- nication suivante adressée à la Societé : DU BOIS D'IF, CONSIDÉRÉ COMME OBJET D'UN COMMERCE IMPORTANT AU XV* SIÉCLE, par M, le baron de MÉLICOCQ. (Lille, juin 1857.) 4 De nos jours, Ulf { Taxus baccata L.), dont l'illustre Aug.-Pyr. De Candolle a parlé dans sa Physiologie végétale (1), et que M. Alph. De Candolle range parmi les arbres qui occupent la circonférence du cercle arctique, ou au moins les deux tiers (2), n'est plus cultivé que comme arbre d'agrément. H est vrai que M. A. Murray nous apprend que les sauvages de Ja Californie emploient pour leurs ares le bois très élastique du Tagus Lindleyana A. Murr., grand arbre dont les branches sont ex- trémement longues et pendantes (2). J'étais loin de penser que les sauvages ci-dessus mentionnés eussent em- prunté cet usage à notre vieille Europe, et, toutefois, les registres de la re- cette générale des dues de Bourgogne, conservés aujourd'hui aux archives générales du Nord, nous font connaitre que les ares et les arbalétes que les dues de Bourgogne fournissaient à leurs arbalétriers et à leurs archers, si nombreux alors dans les armées, étaient de hois d'Ff, amené à grands frais de la Roumélie et du Portugal. Qu'il nous suffise d'emprunter à ces curieux recueils quelques cita- tions. En 1430, le comptable nous apprend qu'une douzaine d'ares de bois de Rommenie et de Prusse, a coûté xim s. En 4434, il nous dit qu'une ar- balete d'is7, garnie de signolles, à été payée r s. Entrant, l'annce suivante, (4) Page 1001. (2) Géographie botanique, p. 530. (3) Bulletin de la Société Botanique de France, t, 1T, p. 204. 692 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans de plus amples détails, il nous déclare qu'il a fait venir pour les troupes du due cccccxxv bastons de Rommenie, à xvin d, pièce. Il est inutile de répéter ici les dépenses portées, chaque année, en compte à ce sujet : qu'il nous suffise de faire remarquer que, en 1^4^, unze cens quartiers de bois d'If de Rommenie, pour faire ares à main, reviennent, à raison de xxvi |. ni s. le cent, à cccx ]. nim s; que, trois ans après, le due fait venir des pays de pardega v m. quartiers de bois d'If, pour faire ares à main; qu'en 1448, enfin, le roi de Portugal lui en envoie it m. Tx e. quartiers (1). — Les flèches de guerre de la grande sorte et de bois cuit, de neuf palmes de long, chirées à la main et empenées, coûtaient riri s. vt d. la douzaine. M. Baillon fait à la Société la communication suivante : DE L'HERMAPHRODITISME ACCIDENTEL CHEZ LES EUPHORBIACÉES, par M. W. BAILLON. Les expériences entreprises dans le bat-d'élucider les questions de fécon- dation demandent de grandes précautions, lorsqu'on opere sur des fleurs de trés petites dimensions, Une cause d'erreur sur laquelle on a souvent in- sisté est la monceie accidentelle, Fréquemment, sur un pied femelle, on voit apparaitre une ou plusieurs fleurs mâles; j'ai eu occasion d'en signaler àla Société des exemples assez inattendus. Je l'entretiendrai aujourd'hui d'une autre cause d'erreur, contre laquelle il est plus difficile, en géné- ral, de se mettre en garde; il s'agit de l'hermaphroditisme accidentel chez des plantes à fleurs monoiques ou dioïques. J'en ai observé bien des cas chez les Euphorbiacées, qui m'occupent spécialement pour le moment, et je puis dire qu'il n'y a guere un type, daus cette intéressante famille, qui n'en ait présenté un ou plusieurs exemples. Il était d'abord naturel d'étudier attentivement la fleur femelle des Eu- phorbiacées qui possèdent des staminodes au pied du gynécée. Parfois de petites glandes ont été prises pour uu disque hypogyne, qui n'étaient en réalité que des étamines non développées, Le Crozophora tinctoria est dans ce cas, Cinq étamines apparaissent sur son réceptacle, après les pétales et dans leur intervalle ; elles demeurent à l'état de staminodes et ressemblent à un disque glanduleux. Mais il peut arriver qu'elles prennent un dévelop- pement anormal et l'on a alors une véritable anthere contenant du pollen, implantée à la base de l'ovaire, comme j'en ai rencontré et figuré des exemples, I faudra donc se prémunir avec grand soin contre cette cause d'illusions, si l'on veut faire des expériences concluantes à l'aide du Crozophora. Celles-ci semblent très faciles au premier abord ; une grappe assez allon- (4) Voy. M. le comte de La Borde, Les dues de Bourgogne, t. 1, p. 392. SÉANCE DU 26 juin 1857. 695 gée porte à sa base quelques fleurs femelles; le sommet en est occupé par des mâles, Celui-ci une fois enlevé, on pourrait croire qu'on n'aura plus affaire qu'à des pistils, mais une étamine peut demeurer cachée par le pé- rianthe de la fleur femelle. Dans la fleur précédente, on pouvait en quelque facon s'attendre à ren- contrer tôt ou tard une étamine fertile à la base du pistil ; on ne s'y attene drait guère dans les fleurs où l'on sait que les organes glanduleux qui en- tourent le evnécée sont réellement des expansions tardives de l'axe et n'appartiennent pas à l'androcée, oü il n'y a pas, en un mot, de staminodes. Aussi a-t-on pu accueillir avee doute les assertions de Jacquin et de For- ster, qui ont vu des fleurs d'Euphorbiacées hermaphrodites dans la section des Phyllanthées. C'est ainsi que Forster a décrit un Breynia comme pou- vant avoir des fleurs unisexuées ou hermaphrodites; que Jacquin a non- seulement décrit, mais encore représenté un Cicca, son Phyllanthus longi- folius, avec des fleurs polygames. Les observations que j'ai eu l'occasion de faire me portent à admettre complétement ces faits; ils sont loin d’être rares, La fleur femelle du Ricin n’a aucun appendice à la base de son pistil ; la fleur mále n'a normalement aucun vestige de gynécée. Cependant, je pré- sente ici quatre fleurs de Ricin, recueillies dans l'école de botanique du Muséum, qui ont, avec une cinquantaine d'anthéres parfaitement dévelop- pées, un pistil central à trois loges contenant chacune une graine déjà fécondée et en voie de maturation. J'ajouterai que ces fleurs, recueillies en 1856, n'étaient pas une rareté ; il y en avait une quarantaine sur un méme pied ; d'autres personnes ont pu en recueillir. Toutes ont remarqué qu'il fallait quelque attention pour distinguer ces fleurs hermaphrodites des fleurs máles qui les entouraient. Il n'y a pas normalement de staminodes dans le Conceveiba macrophylla KI., que le Muséum a recu de l'herbier de Berlin. Cependant, sur cet échan- tillon en assez mauvais état, où il ne reste que quelques fleurs femelles, en voici une qui porte au pied de son ovaire une anthère parfaitement déve- loppée. J'en dirai autant d'un échantillon d'Apar?stlm?ium provenant de l'herbier de Labillardiere. Beaucoup de fleurs y sont hermaphrodites, celle- ci avec une étamine, celle-là avec deux; il n'y en a que trois ou quatre dans la fleur mále normale (herb. Delessert). L'herbier du Muséum possède deux échantillons du Cluytia semperflo- rens Roxb., envoyés par Wallieh lui-méme (Coll. Bonite n? 501). Les fleurs femelles y sont peu nombreuses, deux ou trois sont hermaphrodites. L'une d'entre elles a six sépales, un ovaire à deux loges, et entre ces loges une etamine hypogyne à anthère pleine de pollen. Une autre, au lieu de six divisions au calice, n'en a que trois, les trois extérieures ; les intérieures sont remplacées par trois étamines parfaitement développées et. dont per- 691 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sonne cependant n'aurait pu soupconner l'existence sans une dissection attentive. C'est aussi un caractère des vrais #ottlera d'avoir un ovaire parfaite- ment nu à la base ; normalement il n'y a traee ni de glandes, ni de stami- nodes, Dans une espèce que je ne crois pas décrite et qui a été rapportée de la Nouvelle-Hollande par M. Leiehard, j'ai trouvé et j'ai fait repré- senter une fleur femelle qui a autour de son ovaire une trentaine d'éta- mines, dont les anthéres sont pleines de pollen et en ont répandu une partie, Le fait suivant appartient à une fleur de Mercurialis annua qui est entre mes mains. C'est une fleur femelle à pistil bien développé, à la base duquel il y a sept ou huit étamines ; elles sont toutes fertiles. Leur pollen a été examiné à l'état frais ; il était normal, entièrement formé. Je signa- lerai ici, en passant, un fait assez probant : cette fleur, outre ses étamines, contient les deux grands filets cellulaires qu'on a jusqu'iei regardés comme des staminodes et qui ne sont, en réalité, qu'un disque glanduleux de forme assez particulière. Avec un développement d’anthères anormal, on en aurait sans doute trouvé au sommet de ces organes, s'ils eussent appartenu à l'androeée; ils n'en portent pas trace. Ainsi les Mereuriales qui, naturelle- ment dioiques, peuvent étre et sont souvent monoiques, sont encore parfois hermaphrodites, et l'examen de la fleur que je possede suffit pour démon- trer qu'il est impossible d'en voir les étamines, si elle n'est. séparée de la plante et placée sous la loupe montée, pour être analysée avec soin. Aprés l'exposé de ces faits, qui me semblent significatifs, il ne me parait pas inutile de dire quelques mots de la forme et de la direction de ces éta- mines anormales, pour les personnes qui attachent à ces caractères quelque importance, Un fait genéral, qui frappera tous ceux qui se livreront à ces observations, c’est que les anthères anormales dont il s'agit présentent rarement la forme des anthères normales. Ainsi, dans le Ricin, les anthéres sont naturellementextrorses ; dans les Ricins hermaphrodites que j'ai étudiés, elles sont tournées tantôt en dedans, tantôt en dehors. J'en ai fait représenter une qui n'a qu'une loge, quand elle devrait en avoir deux; une autre, qui ap- partient à la méme fleur, a deux loges au delà desquelles le connectif se pro- longe en une lanière velue qui a bien douze ou quinze fois la longueur de l'anthère elle-même, bien que, dans l'état normal, le connectif ne dépasse guère le sommet des deux loges. Dans le Cluytia semperflorens, les anthères sont extrorses quand elles émettent leur pollen, mais dans leur jeune áge elles sont au contraire in- trorses, Les anthéres anormales que j'ai sous les yeux sont déjà ouvertes ; elles sont introrses.. Les anthères normales ont un connectif légèrement apiculé ; là où est cette saillie dans l'androcée naturel, je trouve sur une petite élamine, d'ailleurs bien développée, une dépression assez marquée. SÉANCE DU 26 jviN 1857. 695 Toutes les anthères normales du Ziottlera de M. Leichard sont introrses ; elles ont un connectif aigu, presque aussi long que l'anthére elle-même, La présence de cette pointe est un caractere dont on a méme tiré parti, daus ces derniers temps, pour créer dans le genre une section spéciale. Le carac- tere a disparu dans la fleur hermaphrodite que j'ai fait graver. Là, au con- traire, toutes les loges dépassent de beaucoup leur eonnectif qui est obtus; de plus, ces loges sont tournées en dehors, leur ligne de déhiscence regarde les divisions du calice. Dans la Mercuriale hermaphrodite, les anthéres sont généralement à deux loges, mais il peut n'y en avoir qu'une, et l'insertion de cette loge sur le filet peut différer de l'insertion normale. J'avais depuis quelque temps réuni ces faits, quand, en éludiant les fleurs femelles du Cœlebogyne ilicifolia qui vient de fleurir dans les serres du Muséum, j'ai rencontré dans l’une d'elles un organe queje mets sous les yeux des membres de la Société, et que je pense, sans pouvoir l'affirmer, étre une étamine anormalement développée daus l'intérieur de la fleur fe- melle, Cette fleur avait un calice à six divisions, dont trois extérieures et trois intérieures alternant avec les premières. Au centre se trouvait un pistil bien développé, avec un ovule dans chacune de ses trois loges. Au pied de ce pistil était eet organe, dont la forme est celle-ci : un pédicelle gréle, étroit, s'élargissant ensuite pour supporter deux corps arrondis dont l'ensemble constituerait pour moi une anthere cordiforme ; sur les bords se voit un sillon longitudinal qui occupe toute lahauteur de ces lobes latéraux, et du sommet de l'intervalle qui les sépare s'élève une petite bandelette étroite, assez longue, couverte de petits poils simples. La position latérale des deux corps que j'incline à regarder comme des loges, les fait ressembler beaucoup aux glandes que l'on trouve à la base de quelques-uns des sé- pales et des bractées de l'inflorescence, et pourrait faire penser que l'on a affaire ici à un sépale placé au pied de l'ovaire, plus intérieur et beaucoup plus petit que les sépales normaux, Je ne le pense pas, parce que ces glandes latérales n’ont pas, comme les lobes de cet organe, un sillon longitudinal Sur toute leur hauteur; parce que les glandes des braetées n'ont pas l'aspect finement mamelonné de ces lobes latéraux ; parce que les glandes des braetées ne sont pas encore développées sur ces braetées, quand celles-ci n'ont que la taille du corps que je présente à la Société; et parce que l'on ne peut faire sortir de ces glandes latérales les corpuscules que la pression à tirés de ce qui représenterait les loges de l'anthérc. On ne peut cependant affirmer que ceux-ci soient des grains polliniques ; s'il s’agit d'une éta- mine, elle est encore peu développée. M. Duchartre est d'avis que l'observation. faite par M. Baillon semble mettre sur la voie de la solution de la diiliculle présentée par 696 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Colebogyne, mais ne la résout pas complétement. Il rappelle que M. Radlkofer, qui a examiné cette plante avec grand soin, n'a trouvé aucune trace de boyau pollinique dans des ovules dont l'embryon était en voie de développement. l M. Baillon fait remarquer qu'à Paris du moins, les fleurs du Cæle- bogyne ne sont pas fertiles. Elles tombent peu de temps après l'anthése. M. Chatin rappelle que lorsque, en décembre dernier, on a dis- cute dans le sein de la Société la question de la parthénogénésie, il a pris la parole pour constater que le Cœlebogyne était le seul exemple avéré de développement d'embryon végétal sans fécondation; car, dans toutes les autres plantes dioiques, on a trouvé des étamines sur les pieds femelles qui semblaient fructifier sans le concours du mâle. Aujourd'hui la découverte d'une étamine chez le Cœlebogyne ferait tomber le seul exemple qui milite en faveur de la parthénogé- nésie. M. Chatin ne pense pas que l'observation de M. Radlkofer soit concluante, car un embryon peut se développer jusqu'à un certain point sans que l'on puisse constater la présence de boyaux polli- niques. M. Germain de Saint-Pierre fait remarquer qu'il est des fruits, teis que les poires par exemple, qui peuvent mürir en apparence sans avoir été fécondés et sans contenir de graines fertiles. M. Cosson ajoute que les Saliz hippophaëfolia et undulata, qui ne sont représentés aux environs de Paris que par des individus femelles, développent d'abord leurs ovaires de la même maniere que s als avaient été fécondés, mais qu'après avoir acquis le volume à peu prés normal ces ovaires ne tardent pas à se flétrir et à tomber. M. Moquin-Tandon dit que pendant deux ans il a séquestré des pieds femelles q Épinard. Deux ou trois fois il a obtenu des fruits, mais une observation attentive lui a fait découvrir sur ces pieds fe- melles quelques étamines; plusieurs fleurs étaient ainsi devenues hermaphrodites. Comme exemple d'un phénoméne inverse, M. Mo- quin- Tandon cite le Bitum Bonus Henricus, dont les fleurs supérieures deviennent. fréquemment femelles par suite de l'avorte- ment des élamines, M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante ; SÉANCE DU 26 Juin 1857. 697 GERMINATION DU DIOSCOREA BATATAS COMPARÉE A CELLE DU TAMUS COMMUNIS ET DE L'ASPARAGUS OFFICINALIS, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, J'ai eu l'honneur de présenter à la Société (séance du 22 février 1856) une étude sur le mode de végétation du Dioscorea Batatas (1). Le but de cette étude était de déterminer la nature de la partie souterraine et charnue de cette plante. Je crois avoir démontré que cette partie n'est point, comme on l'avait pensé, une tige souterraine ou rhizome, mais une véritable racine. ]! manquait à cette étude l'examen de la plante à l'époque de la germina- tion ; je suis heureux de me trouver aujourd'hui en mesure de remplir cette lacune. M. Hardy, directeur de la pépinière centrale du gouvernement, à Alger, a eu l'obligeance de partager avee moi et de m'envoyer quelques graines qu'il avait obtenues du seul pied femelle de Dioscorea qui fùt connu dans nos cultures d'Europe ou d'Afrique. Deux de ces graines ont germé dans mon jardin (au Bessay, Nièvre), pendant le mois d'août 1856, et j'ai pu suivre le développement de cette intéressante germination. Mal- heureusement les jeunes plantes, retirées plusieurs fois de la terre pour étre examinées, ont péri malgré mes soins, avant d'avoir atteint le développe- ment qui correspond à la période de la premiere année de végétation. J'ai dit que dans le Dioscorea Batatas, comme dans le Tamus communis, la partie souterraine charnue est une véritable racine, mais je n'ai pas assez insisté sur les rapports et les dissemblances qui existent entre les curieux modes de végétation des genres Dioscorea et Tamus. Je vais le faire, en considérant les plantes à partir de la première période de leur germina- tion, Dans le amus communis, la graine est globuleuse; dans le Dioscorea Batatas, ele est déprimée et entourée d'une aile membraneuse très ample ; les relations entre le périsperme et l'embryon sont à peu près les mêmes. Dans le Jamus, la feuille cotylédonaire (dont le limbe, comme chez le Dioscorea, reste engagé dans le périsperme) se prolonge en une radicule courte, qui n'est susceptible ni de s'allonger, ni de eroitre; cette radieule né tarde pas à étre perforée de haut en bas et transformée en une véritable coléorhize par une seconde racine émise par la seconde feuille; cette seconde feuille est semblable, par sa forme, à celles qui doivent la suivre; elle est pétiolée et terminée par un limbe foliaeé. La racine de cette feuille, qui perfore la premiere racine et en fait une coléorhize, est de forme glo- buleuse, et d'abord du volume de la graine. elle-méme ; en grossissant cle déchire latéralement la coléorhize ; un mois plus tard elle a acquis le volume d'une noisette et présente déjà la forme qu'elle doit eonserver, plus (1) Voyez le Bulletin, t. LL, p. 108. ' 698 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ou moins, pendant toute la vie de la plante. Des racines filiformes se déve- loppent en méme temps, d'abord au niveau du collet, puis sur tous les points de la racine ovoide eharnue. Dans le Dioscorea Batatas, la racine émise par la feuille cotylédonaire se prolonge elle-méme en une longue fibre filiforme (comme dans le genre Asparagus, dont j'ai suivi également la germination); cette racine primor- diale n'est pas, par conséquent, convertie en coléorhize. La deuxieme feuille (qui, comme dans le Tamus, est une feuille foliacée) se prolonge en une racine qui se fraie obliquement un passage, en déchirant latéralement la gaine de la feuille cotylédonaire qui lui eonstitue une fausse coléorhize. — Dans le genre Asparagus, la gaîne de la feuille cotylédonaire renferme un bourgeon composé de plusieurs feuilles squamiformes qui sont bientôt sé- parées entre elles par des entre-nœuds allongés : des racines secondaires naissent à la base de la racine primordiale, et il n'existe ni vraie ni fausse coléorhize. Dans le Tamus communis et dans le Dioscorea Batatas, la racine ou les racines principales sont charnues et ont une tendance à se terminer par une extrémité obtuse ou renflée ; elles sont garnies de fibres radicales fili- formes. (Dans le genre Asparagus toutes les racines sont insensiblement terminées en pointe effilée, et n'ont aucune tendance à se renfler à l'ex- trémité.) La racine charnue du Tamus communis végète et grossit lentement et in- définiment, et dure aussi longtemps que la plante elle-même, c'est-à-dire un nombre d'années indéterminé, comme chez les autres végétaux à ra- cine pivotante vivace. Cette racine, d'abord ovoide, devient plus ou moins rameuse ; les extrémités de ses divisions, qui sont presque cylindriques, sont plutót obtuses que renflées en massue. Chaque aunée les tiges se dé- truisent aprés la maturité des fruits, et sont remplacées l'année suivante par des tiges nouvelles. La racine du Dioscorea Patatas ne dure qu'une année : cette racine sépuise à mesure que les tiges achèvent de mürir leurs fruits, et meurt avec les tiges; mais une ou plusieurs racines latérales nouvelles se sont développées pendant le cours de la méme année, et le développement de ces racines est tellement rapide que leur volume est plus considérable que celui de la racine précédente. La racine et ses divisions sont souvent renflées en massue; quelquefois elles sont cylindriques, obtuses. Cette racine ne reste adhérente à aucun fragment vivant du collet de la tige détruite : c'est vers sa partic supérieure, dans le voisinage de la cica- trice de la tige détruite, que naissent des bourgeons adventifs qui produisent les tiges de l'année suivante. La partie souterraine char nue, dans le Zumus comme dans le Dioscorta, est donc unc racine; mais la racine du Tamus est vivace et sa croissance SÉANCE DU 26 Juin 1857. 699 est lente, tandis que la racine du Dioscorea est annuelle ou, pour parler plus exaetement, monocarpienne (puisque, née une premiere année, elle ne s'épuise que l'année suivante avec la tige qu'elle a produite), et son renou- vellement est rapide. — Dans le Tamus, c'est la méme racine qui végete indéfiniment; dans le Dioscorea, ce sont des générations de racines, émettant des bourgeons adventifs, qui se succèdent; ces racines succes- sives ne sont pas des divisions les unes des autres, elles naissent chaque année de la base de la tige avant sa destruction: ce sont des racines adventives. — Si le Dioscorea Patatas cultivé demande plusieurs années de culture pour fournir des racines assez volumineuses pour la con- sommation, ce n'est done pas parce que ses racines grossissent pendant ce laps de temps, mais parce qu'elles sont remplaeées ehaque année par des racines de plus en plus volumineuses ; la racine de l'année précédente se vide et se détruit en quelque sorte au protit de la racine nouvelle, Enfin, le Zamus présente, lors de sa germination, une véritable coléo- rhize et le Dioscorea n'offre qu'une fausse coléorhize, c'est-à-dire que chez le premier la racine cotylédonaire est perforée et convertie en gaine, et que chez le second elle s'allonge en véritable racine. Cette différence essen- tielle dans la strueture de la racine primordiale ne me parait pas liée d'une maniere essentielle avec les caractères de la racine pendant les périodes ultérieures de la végétation. Dans la famille des Graminées, par exemple, j'ai démontré que le Riz (Oryza) ne présente qu'une fausse coléorhize ; que la plupart des genres de la famille offrent au contraire une véritable coléorhize (Triticum, Avena, ctc.); que le Mais présente une véritable coléorhize et de plus une fausse coléorhize ; et que ces différences de structure, pendant la période germinative, ne paraissent pas influer sur le mode ultérieurdela végétation, puisque, dans les espèces coléorhizées, tous les modes de végétation propres à la famille peuvent étre rencontrés. M. Duchartre rappelle que, dans une note publiée dans le tome premier (page 201) du Bulletin de la Société, il avait émis, au sujet des tubercules du Dioscorea Batatas, une opinion semblable à celle que M. Germain de Saint-Pierre vient d'exposer. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il a cru devoir donner les détails qui précédent, parce que, dans des travaux récents, il a vu encore la racine du Dioscorea Batatas considérée comme un rhi- zome ou un tubercule, M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : 700 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR LA VITALITÉ DES PARTIES SOUTERRAINES DU DIOSCOREA BATATAS Dene, pr M. P. DUCHARTRE, Le 1° juillet 1856, M. Fr. Delessert reçut d'un de ses correspondants de Shanghai, en Chine, un envoi considérable de tubereules qui paraissent avoir dans ce pays une haute importance comme aliments. Une portion de cet envoi consistait en tubercules ou, plus exactement, en tronçons de tu- bercules d'Igname-Patate, auxquels se trouvaient entremélées des produc- tions particulières qui n'ont pas été observées, du moins à ma connaissance, sur les pieds de celte plante cultivés en France, et qui constituaient des rhizomes longs de 10 à 20 centimétres, épais au plus de 1 centimétre, assez irréguliers et parfois rameux. M. Delessert eut l'obligeance de me donner un de ces rhizomes et deux fragments de tubercules qui n'avaient guère que 25 à 27 millimètres dans leur plus grandeépaisseur. J'essayai sur ces frag- ments de tubereules une expérience qui ne réussit pas. Je les coupai en morceaux, de longueurs variées, depuis 2 jusqu'à 8 et 10 centimètres, que je plantai, le 7 juillet, dans une plate-bande de terre légère, le long d'un mur, à l'exposition du sud , malheureusement sans avoir eu la précaution d'en laisser sécher à l'air les deux sections. Le 4° aoùt, j'examinai tous ces pe- tits tronçons et je ne trouvai plus en bon état que les 4 qui étaient longs de plusieurs eentimétres, Ceux-ci commencaient à végéter ; mais l'arrachage et l'examen que j'en fis suffirent pour arréter leur végétation à son début, car, remis en terre peu de temps après, ils ne donnèrent aucune production visible. Aussi ne furent-ils plus l'objet d'aucune attention et furent-ils laissés en terre tout l'hiver sans le moindre abri, Cependant, cette année, au mois de mai, la terre qui les renfermait ayant été labourée, j'ai été surpris d'y trouver l'un de ces morceaux de tubereules parfaitement sain et en aussi bon élat qu'au moment de la plantation. J'ai méme lieu de croire que celui-là n'était pas le seul qui se fût conservé, car cette observa- tion m'ayant donné l'éveil, j'examinai avec attention la terre de la plate-bande et j'y retrouvai plusieurs petits morceaux des autres fragments que l'outil avait brisés et dont le tissu était également en très bon état. Ainsi, ce fragment de tubercule d'Igname-Patate, long seulement de 8 centimétres, tronqué à ses deux extrémités, qui provenait nécessairement de la récolte de 1855, se trouvait encore en très bon état au mois de mai 1857, bien qu'il fùt resté dans la terre sans abri, pendant l'automne, l'hiver et la moitié du printemps derniers, et que le tubercule auquel il avait appartenu fût arrivé de Chine par la longue voie du Cap de Bonne-Espérance, sim- plement enfermé dans un tonneau avec de la terre. Il serait difficile, je crois, de citer des exemples d'une si longue conserva- tion de tubercules féculents, dans des conditions pareilles. Un fait plus curieux encore, à mon avis, est celui que j'ai observé sur le SÉANCE DU 26 JUIN 1857. 701 rhizome dont j'ai parlé plus haut. Celui-ci formait comme un fragment de tige un peu charnue, longue d'environ 15 centimètres, d'une épaisseur à peu près égale à celle du petit doigt, un peu comprimée latéralement, flexueuse, tronquée en arrière, intacte en avant, divisée presque dés sa base en deux branches peu inégales. Je me proposais d'en étudier la strueture anatomique et, daus ce but, je ne le mis pas en terre, mais je le placai simplement sur une tablette dans une ehambre. D'autres travaux me l'ayant fait oublier, il est resté là pendant prés d'un an. Au commencement de ce mois, le hasard me l'ayant fait remarquer, j'ai été surpris de voir à l'extrémité d'une de ses deux branches, un petit bourgeon eu bon état, qui paraissait méme disposé à s'ouvrir. Je l'ai planté peu de temps apres et bientót j'ai vu sortir de terre une tige vigoureuse qu'une autre a suivie peu apres (1). Ainsi l'Ipname-Patate, outre qu'elle possède une remarquable facilité de multiplication par ses tubercules coupés en morceaux, puisque de simples morceaux longs de 1 à 2 centimètres donnent de nouveaux pieds, lorsqu'ils sont traités eonvenablement, peut eonserver encore, méme en terre, et pendant deux années, la vitalité de ses tubercules, plus généralement de Ses parties souterraines. Elle l'emporte done, sous ce rapport, sur la géné- ralité de nos plantes alimentaires à tubereules, notamment sur la Ponime de terre et la Patate. Il est permis de penser que ces deux facultés avanta- geuses, jointes à la facilité avec laquelle ses tubereules se conservent d'une année à l'autre sans pousser ni s'altérer, la rendront doublement précieuse, Si jamais elle prend décidément, dans nos pays, le rang qui semble lui revenir parmi les végétaux cultivés en grand pour servir à l'alimentation. M. Moquin-Tandon dit à cette occasion que quelques-uns des tu- bercules envoyés dernièrement à la Société d’acclimatation par M. de Montigny ont levé au jardin de la Faculté de médecine bien qu'ils fussent trés avariés. Un tubercule à chair rouge a produit un Dios- Corea qui parait être le D. alata. M. de Schœnefeld reproduit l'annonce faite à la session extraor- dinaire de Montpellier par M. Durieu de Maisonneuve, au sujet de la (1) Un mois seulement après la plantation, la première tige s'élevait à 17,70 de hauteur, et son accroissement s'opérait avec une telle rapidité, qu'en un seul jour, le 24 juin, je l'ai vue s'allonger de 12 centimètres, de huit heures du matin à six heures du soir, ce qui donne un accroissement de 12 millimètres par heure. Dans le cours de l'été, il s'est. produit ainsi un pied vigoureux, analogue à ceux qu'on obtient habituellement dans les jardins, qui s'est beancoup ramifié après s'être élevé à plus de 3 metres de hauteur, qui a produit une assez grande quantité de bulbilles axillaires, mais qui n'a pas fleuri. (Note communiquée par M, Duchartre «u moment de l'impression, en novembre 1857.) 702 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. publication du Prodromus Lichenographiæ Galliœ et Algerie de M. Nylauder. M. de Schenefeld présente ensuite à la Société une touffe encore vivante de Corallorhiza innata. Cette Orchidée fort rare a été trouvée par MM. le comte Jaubert, Grænland, Vigineix et de Sehenefeld, le 21 de ce mois, pres du Villard- de-Lans (Isère), dans un bois de sapins où elle était abondante. Dans le méme bois se trouvaient aussi les Listera cordata, Goodyera repens, Cypripedium Calceolus, Pyrola minor, secunda et uniflora, et Von y ren- contre méme, dit-on, dans une saison plus avancée de l'année, l’ pipogium Gmelini. — M. de Sehenefeld fait remarquer, autour des organes sou- terrains du Corallorhiza, la présence d'un mycelium de Champignon, déjà constatée par M. Prillieux sur les racines de plusieurs autres plantes de la méme famille. M. Cosson ajoute les observations suivantes : Mon ami M. de Sehonefeld ayant eu l'obligeance de me communiquer des échantillons vivants du Corallorhiza innata, je me suis empressé, avant de les soumettre à la dessiccation, d'en étudier les fleurs, que les auteurs paraissent avoir eu rarement l'occasion d'examiner sur le vivant; et, ayant été à méme de constater quelques inexactitudes dans les descriptions qui en sont données par plusieurs auteurs modernes (1), entre autres par End- licher (Gen. plant. n. 1339) et par MM. Grenier et Godron (/7. Fr. MI, 274), je crois devoir communiquer à la Société la phrase descriptive sui- vante : Perianthii foliola arcuato-subconniventia ; exteriora linearia, pallide luteolo-virentia, medium eum duobus interioribus connivens, lateralia cum labello deflexo-patentia ; duo interiora subconcoloria, intus purpureo- striata vel maculata, breviora, latiora, oblongo-lanceolata, approximato- conniventia; labellum lacteum, purpureo-striato-maculatum, perianthii foliolis exterioribus brevius, a columna distinctum, ecalcoratum, patens, à basi euneata oblongum, supra partem inferiorem marginibus antrorsum prominulis quasi subtrilobum ibique bicallosum callis oblongis prominulis purpureo-maculatis, (in speciminibus suppetentibus) apice integrum vel emarginatum. (1) D'autres auteurs, tels que Cl. Richard (Orch. Europ. 53) et M. H. G. Rei- chenbach (Tent. Orchidogr. Europ, in Ic. fl. Germ. et Helv, 159), ont décrit avec plus d'exactitude la fleur du C. innata. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Bericht über die Verhandlungen der botanischen Sek- tion der 33 Versammilung deutscher Naturforscher und Aerzte (Compte-rendu des travaux de la section botanique du 33*,congrés des naturalistes et médecins allemands) ; par M. Rob. Caspary (Botan. Zeit., n° hh et h5, 30 octobre et 6 novembre 1857, col. 749- 716, 784-792). Le 33° congrès des naturalistes et médecins allemands a eu lieu à Bonn, du 18 au 24 septembre dernier. La section botanique comptait 52 mem- bres, à peu près tous Allemands, parmi lesquels cependant la France comp- tait deux représentants : MM. W.-P. Schimper, de Strasbourg , M. Pril- lieux, de Paris. Elle a eu suecessivement pour présidents MM. de Siebold, Al. Braun, Naegeli, W.-P. Schimper et George Engelmann. Elle a choisi pour son secrétaire permanent M. Caspary, à qui est due la rédaction du compte-rendu que nous traduirons en l'abrégeant. Séance du 19 septembre. — Présidence de M. DE SIEBOLD. ` 1. Sur les vaisseaux vitaux (laticifères) ; par M. C.-H. Schultz-Sehult- Zenstein. —L'auteur de cette communication met sous les yeux de la section des préparations de laticifères nommés par lui, comme dans ses ouvrages antérieurs, vaisseaux vitaux. Les plus remarquables sont celles qu'il a obte- nues par macération des stipules du Ficus elastica. Elles montrent un réseau à nombreuses anastomoses, dans lequel on ne distingue pas de cel- lules. La macération dans l'eau est un bon moyen pour isoler les laticifères ; mais il faut en surveiller attentivement les progrès pour l'arrêter au mo- ment convenable. D'après M. Schultz, le motif pour lequel elle amène l'isolement de ces canaux est qu'ils possèdent une énergique contractilité, par l'effet de laquelle ils se détachent du tissu environnant. Dans la plupart des plantes la macération permet seule d'en faire une étude attentive; mais, dans quelques espéces, on peut aussi les observer sur le frais, par exemple dans les Cactées, dans les Z'uphorbia canariensis, purpurea, grâce à la con- sistance que leur donne l’âge. — Les laticifères ne sont pas des méats inter- cellulaires. L'auteur distingue en eux trois états différents dus à l'âge : 1* Sous le premier état, il les nomme vasa contracta. Le suc en coule trés aisément, parce qu'ils sont très contractiles et que leurs parois n'ont pas encore leur épaisseur définitive. La circulation y est très vive. 2° Au second état, l'auteur les nomme vasa espansu. Leurs parois sont alors beaucoup 704 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus épaisses ; quelquefois méme les sections transversales y montrent des couches superposées (Euphorbiacées). La circulation y est plus lente que dans l'état précédent. Les laticifères ne sont nullement des cellules libé- riennes, quoique tel soit l'avis de divers auteurs. Ils ne résultent pas non plus de cellules réuuies entre elles par des anastomoses. 3° La troisième sorte de laticifères est celle que M. Schultz nomme vasa articulata. D'après lui, ce sont les plus vieux ; ils sont articulés; ils présentent cà et là des étran- glements et ils donnent des fragments distincts qu'on ne peut cependant prendre pour des cellules. Cette troisiéme sorte de canaux perd son suc lai- teux avec l’âge ; on les voit ensuite vides et ils ressemblent alors beaucoup à des cellules libériennes. — Les poils des plantes présentent toujours deux membranes emboitées entre lesquelles se trouvent des laticifères. On voit trés bien cette organisation daus certains poils, surtout dans ceux des Cam- panulacées. Cependant il a été impossible à l'auteur d'isoler par la prépa- ration ce réseau de laticiferes dont il admet l'existence dans les poils. Cette communication a fourni matière à une discussion à laquelle ont pris part plusieurs personnes, et surtout M. Caspary. M. Caspary fait observer que la question de la circulation dans les lati- ciferes a été décidée négativement par les observations de MM. Treviranus, Mohl et autres. Les canaux nommés vaisseaux vitaux par M. Schultz doi- vent être nommés vaisseaux laticifères, parce qu'il est très vraisemblable qu'ils provienneut de cellules anastomosées. On voit quelquefois des cel- lules isolées qui contiennent du latex ; d’où il faut admettre des cellules laticiferes. Les vaisseaux latieiferes présentent des extrémités fermées, comme M. Caspary s'en est assuré en isolant ceux de l’ Euphorbia Tirucalli. Dans lerhizome du Nuphar luteum il a vu que le latex se trouve dans des cellules qu'il a pu isoler, et qui sont de 4 à 10 fois plus longues que larges, avec paroi transversale bien évidente, à parois formées de cellulose. M. Schultz ayant dit que jamais on ne voit d'anastomoses dans les forma- tions cellulaires, M. Caspary cite comme preuve du contraire le rhizome du Cyperus Papyrus, dans lequel les vaisseaux poreux sont rattachés les uns aux autres par de courtes branches transversales. Il. n'est nullement douteux que les vaisseaux spiraux, poreux, ponctués et scalariformes ne proviennent de files de cellules dont les parois superposées se percent et s'oblitérent plus ou moins pour en faire des tubes continus. On suit trés bien ce mode de formation dàns le Cyperus Papyrus. Quant aux prétendus laticifères des poils, M. Caspary dit que ce sont simplement les petits cou- rants de. protoplasma qui ontle nueléus pour centre de leur mouvement, comme on le voit aisément sur les poils des étamines des 7radescantia. Ces courants n'ont pas de parois, et l'on sait depuis longtemps qu'il n'existe pas de double membrane dans les cellules des poils. 2. Sur les Vignes sauvages de [a vallée du Rhin, par M. Bronner. 77 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 705 L'auteur distingue 56 variétés de Vignes qui croissent sauvages dans la vallée du Rhin et dont il présente des figures. Sa communication renferme une partie botanique et une partie œnologique. Sous le premier rapport, il dit que les Vignes sauvages croissent dans les parties marécageuses de plu- sieurs bassins, notamment de celui du Rhin, entre Carlsruhe et Manheim, de celui du Danube, ete. Elles portent des fleurs hermaphrodites fertiles, des fleurs mâles et des fleurs hermaphrodites stériles. Pour ce motif, Gmelin (Fl. bad.) en a fait son Vitis sylvestris. Aux feuilles et au fruit, M. Bronner en a reconnu 36 variétés qu'il a observées pendant toute l'année sur place, qu'il a méme cultivées. La culture a donné plus de développement à plu- sieurs d'entre elles. Quelques-unes présentent des caractères remarquables; ainsi, une a un goût de fleur d'Oranger. M. Bronner pense que ees Vignes ne sont pas issues des Vignes cultivées; l'existence chez elles de fleurs mâles et hermaphrodites stériles, leur présence dans des lieux où la Vigne n'est pas cultivée, et leur absence dans des localités où il existe de grands vignobles sont les principaux arguments sur lesquelsil base son opinion. Il croit, au contraire, que c'est là la véritable souche des Vignes cultivées de l'Allemagne. M. AI Braun, qui a étudié les Vignes sauvages dont vient de parler M. Bronner, croit qu'elles ne sont pas indigènes, mais naturalisées ; il ne pense pas non plus qu'elles aient donné naissance à ceiles qu'on cultive en Allemagne. 3. Choix de faits remarquables de morphologie empruntés à toutes les par- ties des plantes, par M. Ch. Schimper (de Mayence). — a. Fleur. — Le Prismatocarpus porte un rameau sur le calice, à l'aisselle d'une petite bractée. — Les Echium vulgare et violaceum ont une fleur terminale; il en est souvent de méme dans lÆsculus Hippocastanum. On voit dans les Sauges une fleur terminale devenue régulière; celle du Salvia pratensis est létramère et régulière tant pour le calice que pour la corolle. De méme le Mentha aquatica présente une fleur terminale orthotype, tétra-penta- ou hexamère pour le calice, la corolle et l'androcée, — La corolle des Ajuga ne tombe pas, par exception, parmi les Labiées. — Dans les Papillonacees, Certaines pièces de la corolle persistent sur l'ovaire; dans les Ornithopus, la carène reste sur le fruit; dans le Genista tinctoria c'est Vétendard. — /. Feuille. — Les bases des feuilles s'imbriquent dans l'Zryngtum cam- pestre.— Dans les Hyoscyamus, les feuilles se prolongent d'un côté par leur base jusqu'à la. feuille antérieure. — Dans les Alisma, les nervures secon- daires se prolongent quelquefois obliquement sur les primaires. — Le Ge- msta germanica présente des nervures proéminentes à la face supérieure de ses feuilles, enfoncées à l'inférieure. — Dans U Alium ursinum la feuille est pâle en dessus, bien verte en dessous. Les Festuca sylvatica, Brachypo- dium sylvaticum, Melica uniflora, Milion effusum, Seturia, dirigent vers IV. h5 706 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le haut la face inférieure pâle de leurs feuilles et en bas leur face supérieure bien verte. — Si l'on eoude une branche, les feuilles de la por- tion reployée ont souvent la faculté de se retourner de manière à reporter vers le haut la face supérieure que le ploiement de la branche avait d'abord dirigée vers le bas; mais, dans ce cas, le axus baccata ne retourne ainsi que les feuilles de ses jeunes pousses, — c. Tige. — Dans le Pinus abies, quand la flèche (le sommet de la tige) est détruite, les branches se redres- sent, — Dans le Prunus spinosa les branches sont à peu prés horizontales ; mais si l'on brise le bourgeon qui terminela tige, les branches, méme vieilles, se redressent. — Le tronc des arbres est regardé comme ne s'allongeant pas ; cependant on y observe un accroissement longitudinal partiel, qui se montre tantôt dans les couches ligneuses extérieures, tantôt dans les inté- rieures. Dans le Populus pyramidalis ce sont les couches externes qui ten- dent à s'allonger ; aussi, lorsqu'on y perce des trous, les bords supérieur et inférieur se rapprochent. Ce sont, au contraire, les couches internes dans les racines des Pins et dans la tige du Pinus sylvestris. — Si l'on enléve à un arbre (par exemple, un Hêtre) un anneau presque complet d'écorce en laissant une étroite bande verticale de communication entre les deux bords de la section, il se produit sous cette bande de nouveau bois et latéralement de nouvelle écorce ; mais les deux sont ondulés ou en zigzag. — L. Racine: — À quelle profondeur descend-elle? Celle du Thymus Serpillum pénètre à 2 mètres et 27,60. L'Ononis procurrens Wallr. en enfonce dans le sable jusqu'à près de 5 mètres. Le Silaus pratensis en a de tres longues. Un arbre, comme un Peuplier, planté sur une pente, envoie ses racines à plus de 16 mètres en haut et en bas. Quand un arbre se trouve près d'un tas de fumier, ses racines s’y portent. — Dans l'£chium vulgare et les Cynoglossum la tige semble être attirée graduellement en terre par les racines; c’est que les racines secondaires ou adventives élèvent peu à peu la terresur la tige. — Les racines adventives naissent par lignes, au nombre de 2, 5, ^, 6 et plus. Ces lignes restant en arriere de développement devien- nent des enfoncements; de là une racine arrondie, à 4 lignes de racines adventives, devient quadrangulaire ( ZAalictrum) ; une à 2 lignes (Fumaria, Urtica dioica) prend une section en forme de 8. Parfois les deux sillons de celles-ci finissent par être convertis en'eanal, les deux épaississements inter- médiaires arrivant à se toucher, ou même à se souder (Pinus). — Quelques racines offrent des trous dans leur longueur (Fumaria, Aconitum Lycocto- num, surtout Papaver orientale). l. Sur la déhiscenee des capsules des Orchidées, pav M. Prillieux. — Au mois de juillet dernier, M. Prillieux avait communiqué (séance du 2^) à la Socicte. Botanique de France les principaux résultats de ses observa tions sur la dehiscenee des capsules des Orchidées. Nous devons donc nous contenter ici de renvoyer à sa note sur ce sujet. REVUE RIBLIOGRAPHIQUE. 707 Séance du 21 septembre, — Présidence de M. AL, BRAUN. 5. Sur les Cassiniacées /Composées, parasites, par M. C.-H. Schultz (Bip.). — Les Composées indiquées par M. Sehultz sont les suivantes : Ziabum platylepis Sz. -Bip., qu'on trouve au Mexique sur de vieux Chênes: Caca- lia parasitica Sz.-Bip.; Eupatorium araliæfolium Less.; ces trois espèces du Mexique ; mais l'auteur n'indique pas le végétal qui les porte ; Zuberos- tylis Hhizophorcæ Steetz, qui vient à Panama sur les racines des RAizophora. M. Sehultz ne dit pas quel sens il donne à ce mot de parasite, s'il l'emploie pour désigner de simples épiphytes ou de vraies parasites. 6. Sur la nouvelle maladie des Vers à soie ef sur. les organismes ana- logues, par M. Naegeli. — La malade aetuelle des Vers à soie, qui sévit en France et en Italie, est due à de petites cellules oblongues ou ovales, assez semblables à celles de la levüre de biere, qu'on trouve dans toutes les par- ties des chenilles. Le plus souvent ces cellules sont isolées; quelquefois on en voit qui sont en voie de division, et, celle-ci accomplie, les cellules qu'elles ont formées se séparent immédiatement, Ces cellules sont incolores ; l'iode en brunit le contenu. tandis qu'agissant avec l'acide sulfurique, il n'en bleuit pas la membrane. M. Naegeli nomme eet être Nosema Bombycis ; il le rapporte aux Champignons et il le rattache à un groupe qu'il nomme Schi- zemycetes, dans lequel i! comprend aussi les formes nommées Umbina aceti, Bacterium, Vibrio, Spirillum, Hygrococis, Sarcina, Quant à la question de savoir si le groupe des Sehizomycetes appartient aux plantes, ou aux animaux, ou aux parties élémentaires altérées par Ja maladie, il est à peu pres impossible de la résoudre. Quelques-uns des étres de ce groupe ont des mouvements semblables à ceux que l'on connait chez des végétaux, par exemple, les Vibrio, et plus clairement encore, les Sprrillum et Barte- rium. Si ces êtres appartiennent an règne végétal, faut-il y voir des Cham- pignons ou des Algues? M. Naegeli leur trouve plus de ressemblance avee les premiers qu'avee les dernières au point de vue des phénomènes vitaux. 7. Sur la germination des Champignons ; par M. Hoffmann. — On n'a pas réussi jusqu'à cejour à faire avec succes des semis en grand de Cham- pignons. Au Jardin botanique de Giessen, M. Hoffmann eu a semé sans résultat une vingtaine d'espèces, soit en pleine terre, soit en pots. Mais les semis en petit réussissent beaucoup mieux. On a imaginé, pour cet objet, différents appareils et M. Hoffmann lui-méme en a eonfectionné un, que malheureusement il ne décrit pas, dans lequel ses essais ont tous été heu- reux. Les spores de l'{redo Caricis sont les seules qui n'y aient pas germé. — Forme de la germination. — V'utricule germipative ressort par un trou ou à une place quelconque, sur un ou plusieurs points, S'il n'y a pas de trou, il se fait une erevasse, à travers laquelle passe l'utr/eule primo diale qui se couvre de eutieule, se divise souvent par des cloisons transve. ») 206 cotisations à 30 fr. 6,180 » 1solde.. .. . . . . 2 6,182 Une cotisation à vie (M. Kralik . ........* .. ) 900 Vente du Bulletin ..,................. 691 » Excédant de pages d'impression payé par les auteurs, . 15 » Encaissement de deux bons du Trésor (intérêts compris). 1,582 50 Cotisations de 1856. | 10,870 50 Total des recettes, y compris l'encaisse au 4° janvier 1856. 17,829 72 DÉPENSES. Arriéré de 1855. Loyer. . esse A00 » Chauffage et éclairage, . ... eene 51 50 Impression du Bulletin. , ............ 4,835 45 Vvue bibliographique . . . ............. 261 25 P in - 5 ort du Bulletin. ....,............. 75 50 6,300 10 Impression de lettres et circulaires. e e.o ss eso 53 50 Ports de lettres et affranchissement , s.. .. . h6 70 Dépenses diverses, . ue eee ee e.s’ 26 20 Traitement de l'agent comptable, . . e. e . . . .. . 500 » Cages du garcon de bureau (4° trimestre). . . . . . . 50 » Année 1856. Loyer. ,....................... 400 »\ Chauffage et éclairage... 444444. e. 198 50 |) Impression du Bulletin. . e.e . «+ + + + + « + « « 4,160 55 Revue bibliographique s... « «es «+ + 976 v» Port du Bulletin oo ,.. ee ee +. «+ 976 75 Impression de lettres et circulaires, e e ese + + + + — 71 25 7,364 10 Ports de lettres et affranchissement . e . . . . . ... 63 85 Mobilier et bibliothèque. . . e . . . . . . . . . « . . 364 15 Dépenses diverses, eee nn 53 05 Traitement de l'agent comptable . . . . . ... ... 500 »| Gages du garçon de bureau. . . .. .. . . sese. 200 » Versement au Trésor contre deux bons . . . . .......... 4,500 » Total des dépenses. . . . ....... 15,164 20 RÉSUMÉ. Recelies. o à ee + + + + + + + 17,829 f. 72 Dépenses, . .......,.... 15,164 20 Restant disponible au 31 décembre 1856, 2,665 52 854 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En ce qui concerne le chapitre des recettes, nous devons faire observer que les livres de M, le Trésorier comprennent, en outre des recettes que nous avons énoncées plus haut, une somme de 1,860 fr., produit de 62 co- tisations afférentes à l'année 1857, et que, par cette raison, nous avons cru devoir retraneher du compte de 1856 pour la reporter à celui de 1857 au- quel elle appartient, Les détails et les chiffres que nous venons de mettre sous les yeux de la Société présentent quelques faits sur lesquels nous ne pouvons nous dis- penser d'appeler son attention. On a pu remarquer que les recettes de 1856 ne comprennent que 206 cotisations versées dans la caisse de M. le Trésorier, à la date du 17 juillet dernier, époque à laquelle s'arréte le compte de caisse que nous avons eu sous les yeux : cependant, si l'on consulte la liste générale des membres de la Société pour cette méme année, on voit qu'elle se compose de 341 noms. C'est done un nombre de 135 retardataires existant à la date que nous ve- nons d'indiquer, et par suite, une recette de 4,050 fr. en moins dans la caisse de M. le Trésorier. Il est résulté de ce retard dans les versements que, sans l'emploi des fonds provenant des 62 cotisations appartenant à l’année 1857, le compte de M. le Trésorier pour l'année 1856 se fût soldé en débet, et qu'il eüt été, dés lors, dans l'impossibilité de faire face à tous les engage- ments de la Société. Un pareil fait, hátons-nous de le dire, n'a certes rien qui puisse nous inspirer des alarmes sérieuses, en présence de la situation de plus en plus prospère de notre Société qu'aeeroissent chaque jour de nouvelles admis- sions ; mais ce fait n'en constitue pas moins un état de choses anormal et irrégulier, auquel il est désirable de mettre un terme. Vous le savez, Messieurs, et personne d'entre nous ne doit l'oublier, les seules ressources financières de la Société consistent dans les cotisations annuelles de ses membres. Ces cotisations suffisent, il est vrai, et au delà, pour couvrir les dépenses ordinaires d'une année; mais pour qu'il en soit ainsi, il faut de toute nécessité qu'elles soient versées avec exaetitude dans le cours méme de l'année à laquelle elles s'appliquent , sous peine de créer tót ou tard des embarras réels dans l'administration de nos finances. Fous ne pouvons que recommander cette observation à l'attention de tous nos confrères de Paris et des départements, et en particulier aux ho- norables membres de notre Bureau, que leurs fonctions appellent à prendre les mesures convenables pour porter remède aux inconvénients que nous avons dû vous signaler. L'examen des chiffres dont se compose le chapitre des dépenses offre éga- lement le sujet d'observations non moins importantes. Si l'on considere les sommes payées pour des services effectués en 1855, on remarque qu'elles s'élèvent au total de 6,300 fr, 10 e., ce qui constitue un arriéré pres que SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 855 égal au montant des dépenses de l'année 1856, qui est, comme on l'a vu, de 7,364 fr. 10 e. Ainsi donc, l'exereice 1856 a dû faire face à une dé- pense presque double de celle d'une année ordinaire, et cela avec des res- sources d'autant plus faibles que les recettes se réalisaient avec moins d'exactitude. Il ne vous échappera pas, Messieurs, que continuer ainsi à rejeter la plus grande partie des dépenses d'une année sur la suivante, ce serait nous ex- poser à amener une confusion regrettable dans nos finances dans un avenir plus ou moins éloigné, et tous, nous avons trop à cœur les intérêts et la prospérité future de notre Société pour ne pas chercher à éviter un tel ré- sultat. Nous espérons donc qu'il aura suffi d'appeler la sérieuse attention de la Société sur les observations que nous venons d'avoir l'honneur de lui pré- senter, pour que chacun de nous, dans sa sphère d'action, s'efforce de con- tribuer à maintenir aussi régulière que possible la situation, d'ailleurs réel- lement heureuse et progressive, de la Société Botanique de France. Avant de terminer, il n'est peut-étre pas sans intérét de faire connaitre à la Société que l'exercice 1856, en supposant toutes ses ressources réalisées, présentera, en fin de compte, une recette totale de 10,900 fr., une dépense de 7,500 fr., et partant un solde restant libre d'environ 8,500 fr., non com- pris l'excédant de recetle des exercices antérieurs. Aucune des observations qui précèdent n'étant applicable aux comptes tenus par M. le Trésorier avec la régularité remarquable que nous nous sommes empressés de vous signaler au commencement de ce rapport, la Commission de comptabilité vous propose, Messieurs, de donner votre com- pléte approbation à la gestion de M. Francois Delessert pendant l'année 1856, et de lui exprimer toute notre gratitude pour le zèle éclairé et le dé- vouement sans bornes avec lesquels il s'est acquitté des fonctions que la Société a eu la bonne fortune de lui confier. Les membres de la Commission : J. Gay, T. Puzr, G. Brice, rapporteur. Paris, 13 novembre 1857. Les conclusions de ce rapport sont adoptées par la Société. M. Cosson donne lecture du rapport de la Commission chargée d'examiner la proposition de M. le comte Jaubert, relative à la pu- blication, sous les auspices de la Société, d'une Flore cryptogamique des environs de Paris. Ce rapport est ainsi concu : Messieurs, Dans une des séances de la session extraordinaire tenue cette année à Montpellier, M. le-comte Jaubert a appelé l'attention de la Société sur la 856 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Jaeune regrettable qui existe dans la Flore des environs de Paris, la eryp- togamie n'étant représentée, dans les ouvrages deseriptifs récents sur les végétaux de cette région, que par les familles de l'ordre le plus élevé. Notre honorable vice-président a insisté, à cette occasion, sur l'intérét pratique qu'il y aurait à la publication de l'ensemble de la cryptogamie, rédigé d'aprés un plan analogue à celui qui a été adopté pour la partie phanéro- gamique par MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre. Par une lettre du 22 juillet 1857 adressée à M. le président de la Société, et qui a été lue dans la séance du 24 du méme mois, M. le comte Jaubert a formulé une proposition au sujet de cette publication, et a demandé le patronage de la Société pour un ouvrage dont la réalisation devra étre uu puissant encouragement pour les études cryptogamiques trop généralement négligées. En conséquence, il a été arrété par la Société qu'une Commission composée de trois membres serait nommée pour examiner s'il conviendrait d'entreprendre la publication proposée par M. le comte Jaubert, et M. le Président a désigné pour faire partie de cette Commission, MM. L.-R. Tu- lasne, Roussel et E. Cosson. Dans une première réunion, la Commission a reconnu tout l'intérêt que présente la publication d'une Flore cryptogamique des environs de Paris. Elle a pensé qu'il y aurait lieu de diviser le travail en deux parties : la première comprenant les cryptogames d'un ordre élevé : les Fougères, Equisétacées, Characées, Mousses, Hépatiques et Lichens; et la seconde comprenant les Champignons et les Algues. Elle a reconnu que, pour la première partie, l'état actuel de la science et les documents réunis jusqu'à ee jour sur la flore locale permettraient de s'en occuper immédiatement; mais elle n'a pas eru qu'il en füt de méme de la seconde partie, pour la- quelle les documents recueillis sur la flore locale sont loin d'être suffisants, et où la délimitation des espèces et même des genres laisse encore beaucoup à désirer dans les ouvrages gévéraux, ainsi que l'ont d'ailleurs démontré les importants travaux publiés récemment par MM. L.-R. Tulasne et G. Thuret, sur les groupes des Champignons et des Algues. La première partie de la Flore cryptogamique, d'après le relevé de la Flore de M. Mérat, se composerait de 601 espèces, savoir : Fougères. . . . . env. 25espèces. ] Lycopodiacées . . . env. 3 espèces. Marsiléacées . . . — 4 Mousses, . e . e. — 200 Characées, ,. .. — 11 Hépatiques. . . . . — 55 Équisétacées . . . — 6 Lichens . . . ... — 300 Les espèces nouvellement découvertes dans nos environs, ou récemment établies, porteraient probablement ce nombre à 650 ou 700. La Com- mission a estimé que, en y comprenant les descriptions de familles et de genres, les tableaux synoptiques et les explications des planches, deux SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 857 espèces au moins pourraient être décrites par page, et que, par conséquent, avec la préface et les tables synonymiques, l'impression n'excéderait pas 320 pages, soit 20 feuilles d'impression. La seconde partie, également d'après le relevé de la Flore de M. Mérat, contiendrait prés de 1600 espèces ; mais, en raison de l'organisation moins complexe des végétaux des groupes des Champignons et des Algues, les descriptions pourraient avoir moins d'étendue, et l'ensemble de cette se- conde partie ne dépasserait probablement pas le méme nombre de feuilles d'impression. La première partie, la seule dont la publication puisse être immédiate- mententreprise, devrait avoir, indépendamment du texte, un certain nombre de planches, les unes sur bois et intercalées dans le texte, les autres en taille-douce, gravées sur pierre ou sur cuivre, et placées en regard des des- criptions. La Commission, à l'unanimité, a reconnu que les honoraires de la rédac- tion devraient, au minimum, étre de 60 francs par feuille d'impression, Soit 1200 francs pour l'ensemble. Ellea eu, le 8 octobre, une entrevue avec M. V. Masson, éditeur de la Flore phanérogamique des environs de Paris, pour examiner avec lui les conditions auxquelles il se chargerait de la publication. M. Masson a fait observer que, pour couvrir les frais d'impression, il faudrait que le tirage fût de 4250 exemplaires, plus la passe, au total 1375 exemplaires, le prix de chaque exemplaire étant fixé approximativement à 10 francs. A cette condition, il se chargerait, sans rétribution aucune, de tous les frais d'impression; il concourrait en outre aux frais du dessin, de la gravure et du tirage des planches, jusqu'à coneurrence de la somme de 2000 francs; il eontribuerait enfin aux honoraires de la rédaction pour la somme de 500 francs. Une somme approximative de 700 francs resterait par consé- quent à fournir par la Société. Le versement de cette dernière somme se ferait au fur et à mesure du tirage, par payements égaux de 35 francs par feuille d'impression. M. Masson, en raison du patronage accordé à la Flore cryptogamique, ferait aux membres de la Société une remise d'un tiers sur le prix de cata- logue, Voilà, Messieurs, l'état actuel dela question examinée par votre Commis- Sion, à laquelle MM. Ad. Brongniart, le comte Jaubert, Montagne, Mo- Quin-Tandon et de Schœnefeld ont bien voulu préter leur concours offi- cieux ; en conséquence, j'ai l'honneur de proposer en son nom à la Société de voter une allocation de 700 franes comme encouragement pour la pu- blication de la première partie de la Flore cryptogamique, et de désigner une nouvelle Commission, qui serait chargée de la direction générale de 858 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'ouvrage, tant au point de vue du fond que de la forme typographique, Les conclusions de ce rapport ont été préalablement soumises au Conseil d'administration de la Société, et adoptées par lui à l'unanimité. Les membres de la Commission : L.-R. TuraswE, RoussEL, E. Cosson, rapporteur. La Société adopte les conclusions de ce rapport et vote une allo- cation de 700 francs pour subvenir en partie aux frais de la publi cation de la première moitié de la Flore cryplogamique des en- virons de Paris. Une nouvelle Commission devant étre chargée de surveiller et diriger cette publication, M. le Président désigne pour faire partie de ladite Commission, MM. Cosson, Montagne, Roussel, L.-R. Tu- lasne et Weddell. | M. de Schenefeld, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : VINGT-QUATRIBME NOTICE SUR LES PLANTES CRYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES EN FRANCE, par M. J.-B.-H.-J. DESMAZIERES (suite t). DISCOMYCETES. 9. Tnaocuma Popurorum, Desmaz. PI. crypt. sér. 2, n° 4511 T. maculis minutis brunneis, vel griseo-plumbeis, dein albidis, irregu- lariter rotundatis, demum confluentibus. Discus innatus, erumpens, minu- tissimus, laxe subgregarius, humidus planus cinereus, siccus concavus brunneus. Ascis clavatis ; sporidiis octonis ellipsoideis; sporulis 2, hyalinis, globosis. — Hab. in foliis siccis Populorum. Vere. Nous devons la connaissance'de ce Discomycète à M. Roberge, qui l'a observé sur les feuilles des Peupliers d'Italie et du Canada. Il vient surtout à leur face supérieure, et détermine les taches que nous avons décrites plus haut. En se réunissant, ces taches prennent toutes sortes de formes et de dimensions. Dans le jeune âge, elles sont circonscrites par une ligne brune. Sur toute leur étendue sont réunis, sans ordre bien déterminé, les individus de ce trés petit Champignon; mais ils tendent pourtant, quoique faible- ment, à la disposition annulaire. Les lanières de l'épiderme percé par eux forment une sorte de collerette autour des disques, qui sont arrondis en des- (1) Voyez plus haut, page 797. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1857. 859 sous, plans en dessus, et sans rebords ni dents. Leur couleur, quand ils sont humides, est le gris de perle. Leur diamètre excède rarement un quart de millimètre. Par la dessiccation, ils se contractent et ne paraissent plus que comme des points noirâtres. Les thèques sont assez volumineuses et leur double membrane est tres distincte. Leur longueur est de 0»»,075 à 0%", 085. Les sporidies, au nombre de huit, sont ellipsoides, longues de 0*»,012 à 077,015, sur une épaisseur de 0»»,0075 à 0*»,01. Il faut réunir au genre Zrochila, créé par M. Fries (Summ. Veget.), le Sphæria Craterium, DC. = Peziza insidiosa, Desmaz., ainsi que les Pha- cidium Taxi, Fr., Laurocerasi, Desmaz., et Tini, Duby. Dans les trois dernières espèces, les lanières de l'épiderme, qui forment collerette autour du disque, ont été prises pour des dents de Phacidium. Le Peziza smaragdina, Lév. et Moug. Stirp. n° 1345, ne diffère pas de notre ne 992, Phacidium Laurocerasi var. majus : il sera donc pour nous le Trochila Lauroceras, parce que l'antériorité est acquise à ce dernier nom spécifique. Le Sp/weria cyathoidea, Pers. in Hook. Herb., est aussi cette méme espèce. 10. Peziza Porvcoxr, Lasch in Rabenh. Herb. viv. n° 41271 Cette trés petite espèce, nouvelle pour la eryptogamie de la France, a été trouvée, en avril 1853, par M. Roberge, dans un pré des environs de Caen, près du canal. Elle forme, sur les vieilles tiges des Polygonum Persi- caria et Hydropiper, des groupes allongés, tantôt ambiants, tautôt disposés d'un seul côté, et qui s'étendent souvent d'un nœud à l’autre. Les capsules sortent des couches ligneuses, fendent l'épiderme, et sont d'abord peu ap- parentes, surtout à l'état sec, à cause de leur petitesse (un quart ou un tiers de millimètre), et parce qu'elles sont à peu près de la couleur du support. Elles naissent globuleuses, exactement fermées, puis elles s'ouvrent au som- met par l'écartement des bords, et prennent enfin la forme d'un bol à bords entiers et épais. Elles sont sessiles, glabres et charnues. Leur couleur est le roux noisette assez pâle d'abord, puis tirant sur le marron sale; elles parais- sent noirátres quand la dessiccation les a contractées et déformées. Nous n'avons pu observer bien distinctement les thèques, que nous croyons très Petites et gréles. 11. Peziza Spring, Rob. in Herb. — Desmaz. PI. crypt. de Fr. sér. 2, n° 4531 P. hypo- rarius epiphylla, sessilis, minutissima, ceraceo-mollis, glabra, sparsa, punctiformis ; junior globosa, adulta aperta, concava vel plana, sicca rufo-brunnea, humida disco subcinerescente, margine subdenticulata. Ascis clavatis, rectis vel arcuatis; sporidiis ellipsoideis; sporulis 2, globosis hyalinis, — Hab. in foliis vetustis Spireæ Ulmariæ. Vere. (Desmaz.) 860 SOCIÉTÉ BUTANIQUE DE FRANCE. Cette Pézize appartient à la section des Ceracellæ ; elle est une des plus petites que nous connaissions, son diamètre n'étant que d'un quart à un cinquième de millimètre. Le duvet cotonneux qui couvre ordinairement la face inférieure des feuilles de la Reine-des-prés, empêche souvent de l'aper- cevoir, et ce n'est que lorsque cette face est glabre, ou à peu prés, qu'on la distingue bien. La longueur des thèques est d'environ 077,06 ; celle des spo- ridies est de 0"",01, sur 075,005 d'épaisseur. HYMENOMYCETES. 12. EPICOCCUM PURPURASCENS, Ehrenb. Sylv. myc. — Link, Spec. — Kickx, Rech. crypt. cent. 141. — Fr. Summ. Veget. Scand. — Desmaz. Pl. crypt. de Fr. sér. 2, n° 269! — Epicoccum vulgare (partim) Corda, Icon. Fung. C'est en hiver, sur les deux faces des vieilles feuilles, plutôt mortes que sè- ches, de l’Arundo Donaz, que cette espèce se montre sous la forme de petits tubercules pulvérulents, superficiels, rapprochés et méme serrés en groupes ovales, allongés ou linéaires, qui atteignent 2 à 3 millimètres. Ces tubereules sont presque globuleux et ont 0"»,12 à 07»,45 de diamètre. A l'état sec et dans leur plus grand développement, ils paraissent d'un beau noir mat; mais, en les observant lorsqu'ils sont humides, on ne tarde pas à s'aperce- voir qu'ils sont composés d'un stroma charnu de couleur de brique ou can- nelle plus ou moins foncée, et de nombreuses sporules qui les recouvrent de toutes parts, et dont la couleur, d'abord jaunátre, passe à celle du cinabre, et enfin au brun foncé presque noir. Vues au microscope, ces sporules sont globuleuses, réticulées et pourvues d'un petit pied conique et hyalin ; leur diamètre varie entre 0"",0175 et0»»,0225. La tache purpurine dont parlent les auteurs n'existe sur le support que dans la jeunesse des groupes et lors- qu'ils participent eux-mêmes de cette couleur; mais en prenant plus de développement, cette tache ne tarde pas à disparaitre. Pour compléter ce que nous avons cru devoir dire ici sur cette espèce, ajoutons que les spo- rules qui se détachent les premières de leur stroma sont celles de la partie supérieure qui, ainsi dénudée, laisse voir sa couleur ; dans cet état, il semble que la plante s'ouvre à la manière d'une Pézize, en montrant un disque qu! n'existe pas en réalité, 13. SELENOSPORIUM MiNUTISsIMUM, Desmaz. P/.crypt. de France, sér. 2, n? 456! S. hypophyllum, gregarium, maculæforme. Maculis irregularibus, griseis vel rufis; stromate minutissimo, hemisphærico, bruuneo. Sporidiis hyalinis subcylindrieis, utrinque obtusis, rectis vel curvulis, uniseptatis, primitus pedicellatis. — Hab. in pagina inferiore foliorum vivorum Geranii mollis. ZEstate, SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 861 Au premier aspect, on ne voit que des taches éparses et d'un gris cendré; mais, en les examinant avec une forte loupe, on remarque qu'elles sont for- mées par de petites houppes fort rapprochées, posées chacune sur une base compacte, proéminente, qui paraît comme un trés pelit point brun. Cette base est le stroma, et les sporidies, dressées et souvent portées par des sporo- phores, forment les houppes floconneuses dont nous venons de parler. La longueur de ces sporidies varie entre 0™,02 et 0%», 04, et leur épaisseur est d'environ 0"7,005. Cette petite production, qui pourrait figurer dans le genre Fusarium, si le Selenosporium de Corda n’était point adopté, a été récoltée par M. Roberge, le long d'un mur, à Louvigny, prés de Caen. PYRENOMYCETES. 14, Sacroium Deswazierr, Mont. in Herb. — Desmaz. Pl. crypt. sér. 2, n° 351! S. amphigenum, mieroseopicum, erumpens. Peritheciis confertis, dimi- diatis, hemisphæricis, seu subtus deficientibus, atris, apice nitido poro amplo pertusis; nucleo albo; sporis? subglobosis, hyalinis. Maculas effor- mat griseas, subrotundas, oblongas vel lineares passim confluentes. — Hab. in foliis siccis Iridis Pseudacori. Hieme et vere. (Desmaz.) Cette petite production ne se montre guère que dans la partie moyenne et la partie supérieure du support, et les groupes qu'elle y forme ont des aspects différents. Dans la partie moyeune, ees groupes sont étalés, irré- gulierement ovales ou allongés, et acquièrent 1 à 2 centimètres de long, Sur une largeur moindre d'environ un tiers; dans la partie supérieure, les groupes sont linéaires, gris comme les précédents et ensuite brunátres. Ils occupent les intervalles des nervures qu'ils ne franchissent point, et leur longueur acquiert jusqu'à 4 centimètres, sur un tiers à un demi-millimètre de largeur. Le diamètre des périthéciums est de 0"",075 à 0"",1. Le n* 973 (Sphieria obstrusa) de V Herbarium vivum de M. Rabenhorst parait, dans notre exemplaire du moins, avoir quelque rapport avec le Pyrénomy- cète dont il est ici question, mais l'échantillon n'est pas en assez bon état Pour oser prononcer. Les échantillons que nous avons publiés dans nos Plantes cryptogames de France ont été pris par M. Roberge, en mars 1856, dans un bois humide à Biéville (Calvados). 15. Sepronia SctenaNTRI, Desmaz. S. maeulis obliteratis. Peritheciis dense sparsis, innato-prominulis, convexis, nigris, subnitidis, ostiolo minutissimo conico instructis. Spori- diis linearibus, subarcuatis ; sporulis vix distinctis. — Hab. in omnibus partibus Scleranthi. Æstate et autumno. C'est sur Jes tiges, les feuilles et même les calices du Scleranthus annuus 862 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que se développe ce petit Pyrénomycète : à la loupe, ces parties paraissent piquetées de points noirs, plus apparents et plus saillants que dans la plu- part des espèces de ce genre, Ces points sont les périthéciums, qui ont en- viron un dixième de millimètre, et sont surmontés d'un trés petit ostiole pyramidal. Les sporidies mesurent 0"",03 à 07,035. 16. PERISPORIUM? riBRILLOSUM, Desmaz. ` P. caulicola, erumpens, gregarium, subsphæricum, dein depressum, minutissimum, subostiolatum, pertusum, extus atrum, nitidum, intus griseum, maculæ brunnez, fibrillosæ insidens. Sporulis? numerosis, bya- linis, globosis. — Hab. in caulibus Scrofulariæ aquatica, Vere. Les périthéciums sont groupés, mais les groupes sont d'abord lâches et un peu indéterminés ; en devenant plus nombreux et en se rapprochant, les périthéciums soulèvent l'épiderme qui prend une teinte grise. Plus tard, en se rapprochant encore davantage, ils forment avec lui des taches noirátres. Ils sont érumpents, à demi saillants, globuleux ou un peu ovoides, dépri- més et surmontés d'un ostiole gros et court, quelquefois peu apparent. Leur grosseur égale i à peine un huitième de millimètre. Il part de leur base, soit qu'ils soient isolés ou rapprochés, des fibrilles rampantes, rameuses, flexueuses, formant une petite rosette d'un brun mat, puis s'entrecroisant et devenant un réseau trés délié semblable à celui du Perisporium poliotum, avec lequel cette espéce n'est pas sans avoir quelque rapport. Les sporules? sont inégales en grosseur : les plus grosses mesurent à peine 07",005, et les plus petites 0^",0025. Nous avons vu une seule fois un groupe de thèques cylindriques, longues de 0"",025 sur une épaisseur de 0""7,005, mais nous n'avons pu découvrir aucune sporidie dans leur intérieur, et comme sur plus de vingt analyses nous n'avons pu rencontrer d'autres thèques, il serait possible qu'elles fussent celles d'un périthécium étranger et mêlé au Perisporium fibrillosum. Il serait également possible que ce que nous avons appelé sporules füt le premier état des thèques. Le docteur Montagne (FI. d'Alg.) nous apprend qu'il n'a pas été plus heureux, quand il s'est agi de retrouver celles du P. elegans et celles du P. Rubi, et que ses P. Lentisci et Ammophilæ en sont peut-être dépourvus. Au reste, toutes les espèces que l'ou a fait entrer dans le genre Perisporium demandent une révision, et ce genre, un peu problématique dans notre manière de voir, est lui- méme mal défini par les auteurs, qui ne sont pas d'accord sur les caractères qu "on doit lui accorder. Ce peu de mots justifiera le point de doute dont nous avons fait usage en rapportant au genre Perisporium la production qui vient de nous occuper. 17. PERISPORIUM FIBRILLOSUM, Desmaz. var. productum, Rob. in litt. « Cette production, nous dit M. Roberge qui a pu en observer un trés SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 863 grand nombre d'échantillons, ne parait qu'une forme allongée du type. Elle vient sur les tiges sèches de diverses Labiées des genres Stachys, Ballota, Mentha, etc. Elle y forme des taches grises et enfin noirátres, suivant que les péritbéciums sont écartés ou rapprochés les uns des autres. De leur base partent des fibrilles qui s'allongent plus que celles du type. Elles finissent, en s'entrecroisant, par former une sorte de réseau. Elles sont aussi plus fines; mais ce qui distingue surtout cette variété, c'est la forme étirée que prennent souvent les taches. Cette forme provient de ce que les fibrilles s'allongent plus dans le sens de la longueur du support que dans le sens transversal : cet allongement atteint quelquefois plusieurs centi- mètres, tandis que la largeur n'est que de 1 à 2 millimètres. Cet étirement, dü à l'allongement du support, se remarque aussi, mais rarement, sur le type, et prouve que le support végétait encore lorsque les fibrilles se sont développées. » (La suite à la prochaine séance.) M. de Tchihatchef fait à la Société la communication suivante : ÉTUDES SUR LA VÉGÉTATION DES HAUTES MONTAGNES DE L'ASIE-MINEURE ET DE L'ARMÉNIE, par M. Pierre de TCHIHATCHEF. Oceupé à classer les matériaux recueillis par moi pendant dix années sur la Végétation de l'Asie-Mineure et de l'Arménie, j'ai été heureux de me voir, à l'égard de plusieurs des localités les plus importantes de ces classi- ques contrées, déjà en possession d'un nombre de faits suffisant pour donner une idée générale ou approximative du caractère de leurs flores. Parmi ces localités figurent l'Olympe bithynien, ie Bulgardagh, le mont Argée, le Mont Ali (Alidagh) et le mont Ararat; ce qui constitue une série de massifs plus ou moins vastes et élevés, répandus sur les points les plus opposés de là péninsule anatolique. J'ai cru que la Société accueillerait avec intérêt Peut-être le tableau curieux que présente l'étude botanique comparée de Cinq groupes montagneux situés dans une des contrées les plus belles et les moins connues de l'Orient, et dont les traits épars n'ont encore jamais été réunis dans un seul cadre. Les limites de notre Bulletin ne me permettant pas de donner l'énuméra- tion des espèces connues jusqu'à ce jour sur chacun des cinq massifs dont il s'agit, je me suis borné à le faire seulement pour un seul d'entre eux, le Bulgardagh, comme étant le plus intéressant de tous, et je me suis efforcé de condenser dans deux tableaux de médiocre extension les éléments sta- Ustiques de La végétation des quatre autres chaines. Je m'empresse de déclarer que, tant pour le Bulgardagh que pour le mont Argée, ces éléments sont particulièrement dus aux infatigables explorations S64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de notre excellent confrère M. Balansa, ainsi qu'à celles de M. Kotschy. Les plantes recueillies par moi-même sur ces intéressantes montagnes dispa- raissent presque devant les collections beaucoup plus riches de ces deux estimables savants ; d'ailleurs M. Balansa a exploré quelques points du Bul- gardagh qui n'avaient jamais été visités par aucun botaniste, ainsi que le Mesmenevdagh; et si d'un autre cóté j'ai eu le bonheur d'avoir été parmi les botanistes le premier (que je sache) qui ait herborisé sur le mont Argée, et le second, aprés William Hamilton, qui en ait fait l'ascension, M. Balansa a tellement enrichi mon répertoire de plantes argéennes, que le modeste péeule amassé par mes maius ne figure plus aujourd'hui que comme le denier du pauvre égaré au milieu des trésors du riche. Aussi, dans mon grand ouvrage sur la végétation de l’Asie-Mineure en général, où toutes les sources qui m'ont fourni mes données se trouveront citées avec la plus scrupuleuse exactitude, les noms de MM. Kotschy et Balansa figu- reront fréquemment (sans oublier ceux de MM. Jaubert et Spach, Grisebach, Sibthorp, C. Koch, et de plusieurs autres), justice qu'il m'a été impossible de leur rendre dans le présent travail, vu que, pour l'abréger, je me suis borné à signaler les cspéces et les localités, en m'abstenant d'indiquer les autorités d’après lesquelles je les cite; j'ai cru devoir aussi exclure de ma nomenclature les synonymes, les subdivisions et coupes naturelles dans les familles et les genres, ete. Il va sans dire que je n'ai pas pu me dis- penser de citer les noms des auteurs des espèces : c'était un devoir d'autant plus agréable pour moi qu'il me mettait dans le cas de reproduire presque à chaque ligne le nom de M. Boissier, nom cher à tous les botanistes de l'Orient, et qui leur rappelle à tous autant le savant éminent que l'ami dévoué et désintéressé. Des deux tableaux qui suivent immédiatement l'énumération des plautes du Bulgardagh, le premier est destiné non-seulement à résumer, pour chacun des cinq massifs, le nombre des familles, genres et espèces, mais encore à indiquer combien parmi ces espéces appartiennent à l'Asie-Mineure en général, à chacun des cinq massifs, et enfin à l'Europe(1). Il est en conse quence divisé en cinq colonnes, dont la première marque le nombre des genres pour chaque famille, la deuxieme celui des especes, la troisiéme celui des espèces appartenant exclusivement à l' Asie-Mineure, la quatrieme (1) Dans tout le cours de mon travail, le nom d'Europe est pris dans un sens restreint, car j'en exclus la Rumélie, la Grèce et la Crimée, dont la végétation SC rapproche plus du type oriental que du type européen. J'ai réuni les espèces qu figurent dans ces trois contrées, ainsi que dans l'Arménie, le Caucase, la Sibérie, la Syrie, la Perse et l'Asie centrale, sous le nom collectif d'espèces arméno-cauea" siennes, ct c'est dans ce groupe que je range toutes les espèces qui n'appartiennent pas exclusivement à l'Asie-Mineure, et se retrouvent, non daus l'Europe Propre” ment dite, mais bien dans l'une des contrées sus-mentiounces. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 865 celui des espèces exclusivement propres à chacun des massifs, et enfin la cinquième celui des espèces que chacun des massifs possède en commun avec l'Europe proprement dite. Le deuxieme tableau a pour objet de signa- ler le nombre des espèces que chacun des cinq massifs a en commun avec les quatre autres : de cette manière on y voit successivement passés en revue le Bulgardagh comparé à l'Olympe (B. O.), au mont Argée (B. Ag.), ete.; le mont Argée comparé à l'Alidagh (Ag. Al.), etc., et ainsi de suite pour cha- cun des autres massifs. Pour gagner de l'espace et faciliter à l'œil les moyens d'embrasser le plus de faits possible systématiquement coordonnés, j'ai cru devoir adopter, tant pour l'énumération des plantes du Bulgardagh que pour les tableaux placés à la suite, une série d'abréviations dont voici l'explication : As, , , . Asie-Mineure, à l'exception provinces de la Turquie des localités de cette con- d'Europe. trée indiquées par des let- | G.. . . . Grèce. tres spéciales. Gh. . . . Gheidagh, montagne dans Ag. . , . Mont Argée. l'Isaurie (voy. ma carte de Al... . Mont Ali (Alidagh). l'Asie-Mineure). Ar. . , . Mont Ararat, Is... . . lsaurie, à l'exception du Am. .., Arménie (turque et russe), à Gheidagh. l'exception du mont Ararat. | Lyca. . . Lycaonie. Ag. Al. . MontArgéecomparéaumont | M... . . Mésopotamie, Ali. Ms. . . . Mont Messogis. Ag. Ar. . Argée comparé à l'Ararat. O.. . . . Mont Olympe. AT... . Anti-Taurus, dans les limites | O. Ag. . O. comparé à Ag. admises dans ma carte de | O. B. . . O. comparé à B. l'Asie- Mineure. O. Al.. . O. comparé à AI. EK ... Égypte. O. Ar. . O. comparé à Ar. Bz- . . , Constantinople et ses envi- | P.. . . . Le Pont. rons. Pr, . .. Perse. B.... Bulgardagh. Pis. . . , Pisidie. X Ag. . B. comparé à Ag. Ree . .. Rumélie (comprenant toute B. AL... B. comparé à Al. la Turquie d'Europe ainsi B. Ar... B. comparé à Ar. que les principautés danu- B. 0.. B. comparé à Olympe. biennes, mais non Constan- Bith. |. Bithynie, l'Olympe excepté. tinople). Cd. .,. Mont Cadmus en Carie. Sm... . Smyrne. CP. . . . Cappadoce. Sp. . . . Mont Sipylus en Tonic. Cil. cal. . Région chaude de la Cilicie, | Sr. . . . Syrie. C... . Caucase et provinces cauca- | S.. . . . Sibérie. siennes russes. Yol... Crimée. Mont Tmolus en Phrygie. Europe, à l'exception de la | Tm... Grece, de la Crimée, et des ^ par] Avant d'aborder notre sujet, il serait bon de dire quelques mots sur les T Iv. 22 866 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, positions géographiques et astronomiques, ainsi que sur les altitudes des cinq massifs dont nous allons examiner le caractère végétal. Pour ce qui concerne l'Olympe, le Bulgardagh, l'Alidagh et le mont Argée, je pour- rais me contenter de reproduire quelques données empruntées aux des- criptions détaillées que j'ai faites de ces montagnes dans le premier volume de mon Asze-Mineure, ouvrage dont le deuxieme volume renferme des re- cherches sur la constitution elimatologique de ces massifs. Je ne puis malheureusement pas toucher à Ja question météorologique, malgré son intime connexion avee les phénoménes du monde végétal, surtout dans une contrée aussi anormale que l'Asie-Mineure. En revanche, j'essayerai de joindre aux données sur les latitudes et altitudes quelques traits qui puise sent fournir une certaine idée du développement des surfaces et des di- mensions principales des massifs en question (car lorsqu'il s'agit d'appré- cier le chiffre des habitants, il est utile de ne pas ignorer l'espace qu'ils occupent), bien que, faute d'éléments topographiques plus précis, je sois obligé de me borner à indiquer approximativement la circonférence de la base de chacun des cinq massifs, en y ajoutant l'évaluation (toujours très approximative) de leur longueur et de leur largeur moyennes, chaque fois que leur développement est sensiblement plus considérable dans un sens que dans un autre. Le tableau suivant résume toutes ces données : BULGARDAGH (*) OLYMPE. ARGEE, ALI. ARARBAT. Latitude. . . .|370 10' — 580 5'|590 40' — 400 4/|380 15! — 580 43! 580 43' 39o 95! — 399 59! Altitude (points | a_a culminants).| env. 3800 m. 1930 m. 3841 m. env. 4850 m 5198 m. Circonférence | ; de la base. .| env. 200 kil, env, #00 kil. env. 80 kil. | env. 53 kil} env. 112 kil. Longueur . . .| env. 443 kil. | env. 50 kil. env. 25 kil. env. 56 kil. du N.-N.-E. au|du N.-N.-0. au| du N. au S. | du S.-E. au N.-0. S.-S.-O. S.-S.-E. ; Largeur . . . .| env. 40 kil. env. 50 kil. env. 23 kil. | env. 25 kil. Après ces observations préliminaires qui, malgré leur brièveté et leur manque de précision, m'ont paru indispensables à l'intelligence de localités (1) Dans tout mon travail, le nom de Bulgardagh est pris dans un sens étendu, que justifient d'ailleurs les considérations géologiques ; il comprend également l'Alladagh, mais non l'Ivrisdagh, bien que, géographiquement parlant, Ce dernier ne soit qu'une dilatation terminale de l'extrémité S.-O. de la chaine du Bulgar- dagh proprement dite ; mais comme je n'ai point encore visité l'Ivrisdagh et que je ne possède aucun renseignement positif à son égard, j'ai dû l'exclure des limites dans lesquelles je circonscris le massif du Bulgardagh. Ces limites seraient : au N.-N.-E., l'extrémité septentrionale du massif, qui expire insensiblement dans les parages du petit cours d'eau nommé Yahally; au N.-E., une ligne sinueuse qui, de l'extrémité N.-N.-E. sus-mentionnée du massif, côtoierait la pente orientale de la SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857, 867 avec lesquelles bien peu de savants sont familiers, je puis aborder l'énu- mération des plantes du Bulgardagh, en la faisant suivre des deux tableaux dont j'ai donné l'explication (1). Enumeratio plantarum in Cilicie jugo Bulgardagh dicto hucusque cognitarum (2). DICOTYLEDONEÆ, Papilionaceæ. | Ponocyrisus caramanicus Boiss, — As. Gowocyrisus angulatus Spach, 1300. — LEOBORDEA cytisoides Fenzl, 1400. — As. Sp., As., Tm. — genistoides Fenzl, 1350. — As. ANTHYLLis Webbiana Hook, — O., R., E. Oxonis Kotschyana Fenzl. — As. — Dillenii Schult., 2599. — R., G., T., Genista Pestalozzæ Boiss. — Cp., As. C., E. chaine, en passant par le village Farach, les célebres pyles ciliciennes, les villages Namroun et Gulek, et se terminerait dans les parages limitrophes des sources du Cydnus et du commencement de l'Ivrisdagh ; enfin la limite N.-O, serait formée par une ligne qui du commencement de l’Ivrisdagh (son point de jonction avec le Bulgardagh) se dirigerait au N.-N.-E., en traversant le torrent Bosanta (Bosanta-sou) et le viliage Bérékétly-Madene jusqu'a l'extrémité N.-O. de l'Alladagh. (1) Je ne dois pas oublier de faire observer qu'en signalant le nombre des es- péces qui croissent spontanément sur les monts Argée et Ali, je n'y aicompris que celles qui ont été constatées dans le domaine de la montagne proprement dite, en excluant celles observées dans la plaine de Kaisaria, ainsi que sur les vastes plateaux qui entourent le mont Argée de tous côtés, et qui, malgré leur élévation trés con- sidérable, ne font cependant pas partie intégrante du groupe montagneux, Par cette exclusion que je crois rationnelle, j'ai perdu une foule d'espèces extrêmement in- téressantes, et dont le montant eût pu augmenter d'un quart peut-être mon cata- logue argéen, 11 est une autre circonstance qui a également soustrait un bon nombre d'espèces à mon catalogue des plantes du Bulgardagh, c'est l'indication locale un peu trop vague qui leur est donnée par quelques auteurs, et entre autres par De Candolle, surtout dans les premiers volumes du Prodromus; c'est ainsi qu'on y voit fréquemment des espèces citées comme habitant le Taurus (in Tauro), ce qui ne prouve pas toujours qu'il s'agisse du Taurus cilicien ou Bulgardagh, En Sénéral, j'ai Conslamment préféré n’admettre que des espèces à habitat clairement désigné, et par là j'ai diminué le montant des espèces du Bulgardagh, montant déjà si faible comparativement au chiffre réel, que certes nous serons condamnés à IBhOrer bien longtemps encore. (2) Dans cette énumération, les espèces et les variétés en lettres italiques sont exclusivement propres à l’Asie-Mincure, et celles également en italiques, mais accompagnées d’un astérisque, n'appartiennent qu'au massif montagneux, et n'oni encore élé trouvées sur aucun autre point de l'Asie-Mineure ni ailleurs, — Ley ‘hiffres indiquent (en mètres) l'altitude précise ou approximative des stations. 868 Cyrisorsis dorycnifolia J. S. — Sr. Mznicaco lupulina L., 1500.— Bz., Am., C., T., $., G., E. - — tribuloides Desv. — Bz., Sr., G., E. TRIGONELLA azurea C. A. Mey., 1400. — Bz., As., C., G. — velutina Boiss., 1350. — Cd. — Kotschyi Fenzl, 1300. — Am. — macrorrhyncha Boiss., 1500. — As. — arcuata F. M., 1400. — As., Am., C., T., G., R. — Fischeriana Seringe, 1300. — Am., C. — * rhylidocarpa Boiss., 1300. — sinuala Boiss., 1350. — As. — crassipes Boiss. , 1100. — Sp., Cd. — * rigida Boiss., 1300. — monantha C. A. Mey, — C. Pococki4 radiata Trautv., 1300. — Bz. — lunata Boiss., 1300. — Bz., As., Cd. — * plicata Boiss., 1400. — * cilicica Boiss., 1400. — Kots:hyi Boiss., 1300. — Pr. — * rostrala Boiss., 1300. Trirouux arvense L., 900. — Bz., As., R., T., G., C., S., E. — erinaceum MB., 1400. — C. — reclinatum W. K., 1500. — As., R., G., E. —- pratense L., reg. alp. — E. — anatolicum Boiss.— Sp., Tm., 0., Ag. — macrorrhizum Boiss., 2273. — Ag. Dorycmium ibericum Willd., 1300.—Bz., 0., As., Sp., T., C. — anatolicum Boiss., 1949. — Cp., As. Lorus corniculatus L., 1600.— Al., AT., Am., As., R., E. CoLuTEA cilicica Boiss., 1350. — Al. Oxyrnoris. dioritica Boiss., 1950. — Ag., AT. ASTRAGALUS onobrychioides MB., Am., As., C. acmonotrichus Fenzl, 2925. Listoniæ Boiss., 1200. — AT., As. * eubrychioides Boiss., 2599. * gladiatus Boiss, var., 1300. ornithopodioides Lmk., 1900. — Am , As., Pr. — * pannosus Fenzl, 1700. — aduncus MB., 1400. — C. — oxyglottis Stev., 1350. — T. — Asterias Stev., 1350. — C. — * melanocephalus Roiss, — campylorhynchus F. M., 1300. — C. — * pelliger Fenzl, 2: lox. -3993. -- odoratus Lmk., 1000. — As Cp., R., E. -— Bonanni Presl, reg. alp. — G., E. — macrocephalus Willd,, 1300 1500,— Am., As , C, 1300. — s LILET > AM., SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ASTRAGALUS cilicicus Boiss. — Cp., AT. — prusianus Boiss., 900. — As. — * Schottianus Boiss., 1559. — Fenslii Boiss., 1721-1949. — Ag. — andrachnafolius Fenzl. — Sr. — angustifolius Lmk. — Sp., Am., AS., G. — * vaginans DC., 1500. — lauricola Boiss., reg. alp. — Ag. — chionophilus Boiss., 2398 - 3248. ~ Gh., Ag. — * chrysochlorus Boiss., 2112-2695. — * ovinus Poiss. — monspessulanus L. — C., R., G., E. — * campylosema Boiss. — nucleiferus Boiss., 1200. — Cp. — schizopterus Boiss., 1300. — As. — amænus Fenzl, 2600-3249. — Gh. — * decumbens Boiss. Cıcer judaicum Boiss., 1200. — Sr. — * floribundum Fenzl, 1500. — pimpinellifolium J. S., reg. alp. — Am., As., G., Sr. Pisum Aucheri J. S., reg. alp. — Am. Envux hirsutum L., 14300. — C., T., R., E. — orientale Boiss., 1400. — As., Sr., Pr. Vicia hypoleuca Boiss., 2761. — AT. — * cilicica Boiss., reg. alp. — * sericocarpa Fenzl, 1300. Laruyrus pseudo-Aphaca Boiss., 1300.— AS. Orogus hirsutus MB., 1500. — As., AM., R., C., T., G. ConowiLLA grandiflora Boiss., 1000. — Am. — — * var. calyce glabro, 1000. — varia L. — AS, R., T, C., E ARTHROLOBIUM scorpioides Dc. — Cd., As: R., C., T., Sr., G., E. HAMATOLOBIUM : lotoides "Fenzl, 1400. Hrpvsanuw atomarium Boiss., 1300. — Sr. — * erythroleucum Sch. et Kot., 2599. Oxosnvcur cadmea Boiss., reg. alp. — Cd., AT. — * aurea Boiss., 1400. EsENUS hirsula J. S., 2112. — AS., Cp. Cercis Siliquastrum L., 400. — As., R G., E. Rosaceæ. CnaT.Eccs Aronia Bose, 1600. — Ag., ST. — orientalis MB. — As., C., 1. CorowEAsTER Pyracantha Spach, 1400. — Am., C, R., T., E. — nummularia F, M.,1400. r., C. — Ag., Àm^ SÉANCE DU 13 wovEMBnr 1857. AweLancHiEn vulgaris Mœnch, 2000. — T., R., C., E. Pinus salicifolia Pall., C., S., G., R. — Aria Ehrh., 1430. —Ar., T., R., G., E 1600. — Ag., AS., — torminalis Ehrh., 1300. — Bz., AT., C., T., S., R., E. SPRÆA Filipendula L., 1300. — Bz., C., R., T., S., E. Geum heterocarpum Boiss., 1700. — E. (Hisp.). PotexriLLa Kotschyana Fenzl, 2500. — As. — hirta L,, 900. — Sp., AL, T.,G., E. — * pulvinaris Fenzl, 2500. — supina L., 1200. — O., Am., AS., R., €., S., E. calycina Boiss., 1500. — poetarum Boiss., 2274-2599, — BZ., R., G, — Fenzlii Lehm., 1000. — AI. Rosa pimpinellifolia L., 1250. — Am., Ar., C., T., G., S, E. — rubiginosa L. var. cretica Red., „1000. — Al., E. * pulchella Sch. et Kot. Acara LA vulgaris L., 2599. — 0., Am., Ar., As., R., T., C., S., E. As., R., Lythrarieæ. Lytrum Salicaria L. var. tomentosum DC. 1500. — E. Onagrarieo. EniLomium * menthoides Boiss. ., ad radices jugi. PR L., reg. alp. — Bz., O., t, C. s E, hirsutum L., 1650. — As., T., C., G., E. — tetragonum L., 1300. — Bz., C., T., R., S., E. — — war. obscurum Pers., 1300.— Bz. — — Dz., R., Lines. Linux tenuifolium L.,1400. — Am., As., *5 (7 — * var florib. major., 2161. ^. Qrelioides Boiss. var. anatolicum , 2600. -—- Bz , As. 77 Catharticum L., 1400. — O., Bz., sE , E, * empetrifolium Sch. et Kot., 2599. cili cum Fenzl, 1400. 369 Geraniacea. EnopicM cicutarium Willd. — As., R., C., T., S., E. — * Ko'schyanum Boiss. mss., 2598- 3250. — * Cedrorum Sch. et Kot., 2000. GERANIUM pyrenaicum L., 1350. — O, Ag., As., C., T., G., R., E. — asphodeloides Burm., 1300. — Bz., Ar., C., E. PELARGONIUM Endlicherianum Fenzl, 1700. — Ag., AT. Rutaceæ, HaPLoPHYLLUM pumilum Boiss., 1000. — Ms. PEGANUM Harmala L., 1800.— Am., AS., ,C,T,8,G.,E. Euphorbiaceæ. EuPnonBrA Chamæsyce L.—.Bz., Am., R., T., G., S., E. — aulacosperma Boiss., 1500. — Sr. — Apios L., 1500. -— As., G., E. -— micrantha Willd. — As., Ms., O., Cp., R., E. — Anacampseros Boiss., 1200. — Ms., Tm., Cp. — aleppica L., 1500. —Bz., 0., R., G., Sr., E. — pumila S. et S., reg. alp. —O., Ag., AS. , Tm., Cd., G. — rigida MB., 1500. — As., T. — Kotschyana Fenzl, 1787-2274. — Às., Sr. — * densa Sch. et Kot., 3249. Rhamneæ. Paliurus aüstralis pæra, ,, C., 900. — O., AT., As., T. o., E. RHAMNUS Alaternus » T decli. merid. --- AS., G., E. — petiolaris Boiss., 1300. — As., Al. —- oleoides L., decliv. merid. — G., E. — libanotica Boiss. ., 1400. — AS., Sr. — cornifolia Boiss., 1950. — O. — greca Boiss. var. pubescens, 1000. Celastrineæ. Evowywus latifolius Mill., 1500. — O., AL, As., R., T., C., G., E. — verrucosus Scop., 1200. — As., T., R.,C.,S,E. Acerineæ. Acer monspessulanum L., 1000.— AT., [UP R., E. 870 Acer platanoides L., 1800. — Am., T., R., C., E. — * tauricola Boiss., 1700, Malvaceæ. ALTHÆA * Kotschyi Boiss., reg. alp. Himiscus Trionum L., 1000. — Am., C., R., T., E. Caryophylleæ. SILENE inflata. Sm., var, macrophylla Boiss., 1400, olympica Boiss., reg. alp. — O., Am. stentoria Fenzl, 2273. — 0., Tm., Cd. odontopetala Fenzl, 1949-2274.— C. — var. «. Fenzl, 1624. — var. B. Kot., 2924. staticifolia Sm., 2599, — As., G. macrodonta Boiss., 1200. — Cd, dianthifolia Otth, reg. alp. * arguta Fenzl, 1200-2273. fruticulosa Sieb., 1949. — Creta. macroclada Boiss., 1300. — Tm. * lasiopelala Fenzl, 1200. noctiflora L., 1300. — Am., As., C., R., T., E. supina MB., 2599-2924, .— C., S. chloræfolia Sm., 2599. — Sp., Am. swertiæfolia Boiss., 1300, — Tm. italica Pers., 1300. — BZ., Am., T., E. * Sieberi Fenzl, 1200. * pharnacefolia Fenzl, 2277-2599, * pumila Boiss., 2399. * rimarum Boiss. mss., reg. alp. * vesiculifera J. Gay mss., 1300. * psorophora J. Gay mss., 1450. * masmenæa Boiss. mss., reg. alp. Vaccaria vulgaris Host, 1300. — Cp., Am., R., C., T., S., E. SAPONARIA pamphylica Boiss. — As. — * Kotschyi Boiss., 1300. — glutinosa Boiss, — T., R., C. — orientalis L., reg. alp. — Am., As. — pulvinaris Poiss., reg. alp.— Cd., Sr. GyrsoPHILA curvifolia Fenzl, 1940-2270. — AT. — Jibanotica Boiss., 2599. — Sr, — * sphærocephala Fenzl, TuxicA pachygena F. M. — Tm., C. — olympica Boiss., 1500. — O., Tm. Draxruus striatellus Fenzl, 1300, — Sr. — zonatus Fenzl, 4600, — Sp. — * actinopelalus Fenzl, 1625. * oculatus Boiss. * brevicaulis Fenzl, 1223-2993, PETER bl EMEN LLL 110 11 ! SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DiaNTBUS fimbriatus MB., 2274-2599. — Am., As., C. — anatolicus Boiss., 2489. — Sp. Kotschyanus Boiss., 1624.— Al., As. — * lactiflorus Fenzl, 2112. * masmencus Boiss., reg. alp. BurFoniA Oliveriana Ser. , 1400. — Pr.,G. — * calyculata Boiss., reg. alp. Qurra hispanica L., 1450. — Am., AS., T., G., R., C., E. Lepvronicuis holosteoides Fenzl. — Cp., Am., C. ALSINE pinifolia Fenzl, reg. alp. — Am. — juniperina Fenzl, reg. alp. — 0., Ag., Sp., Am., G. — — * var. nitida Fenzl, 2274. — * wmbellifera Boiss., reg. alp. setacea W. K., reg. alp. — E. erythrosepala Boiss., reg. alp.—Tm., O., Ag. viscosa Schreb., reg. alp. — R., G., decipiens Fenzl, 1800. — Cp., Sr. lydia var. Kotschyana Boiss. — Bz., As. subtilis Fenzl, 1695. — Às. glomerata Fenzl. — Bz., As., R. * brachycarpa Boiss., 1350. Minuartia montana L., 1400. — As., E. ARENARIA serpyllifolia L., 1233. — Am., C., T., S. E. — pubescens d'Urv., 4400. — Arch. gr. — rotundifolia MB., reg. alp. — O., R., C. — * sphærocarpa Fenzl, 1300. — neelgherrensis W. A., 3100.— India. — — * var, Fenzl, 2599. -~ S. — libanotica Fenzl, 1891. — Sr. — * Kotschyana Fenzl, 1629-2274. — — * var. alpina Fenzl, reg. alp. — Ledebouriana Fenzl, reg. alp. — Al.; As., R. Cerastium trigynum Vill. -- Bz., 0., T. — — var. f Fenzl, 2598. — S. dichotomum L., 1300. — Am., E. brachypetalum Pers., 1400.—C., T., — — S., E. — gnaphalioides Fenzl, 2599-2924. — Ag. — alpinum L. var. lanatum, 1623. — As., E. fragillimum Boiss., 1500. — Cd., Ms., Tm., Am. TeLEpium orientale Boiss. — Sp.; Cp.» Am., Sr., C. PanoNvcHiA argentea Lmk., 1300. — O^ Bz., G., E. — nivea DC. var. pubescens Fenzl, 1949- 2599. — Ca E. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857, SCLERANTEUS annuus L., 2274.—Bz., O., As., R., G., E. — uncinatus Schk., 1500. — Am., AL, Ag. Tamariscineæ. Tawanix smyrnensis Bunge, 812. — Sm. MYRICARIA germanica Desv., 1390, — P., R.,C., T., E. Hypericineæ. HyPERICUM lydium Boiss., 1400. — Cd., Tm., AL, As. — confertum Choisy, reg. alp. — nanum Poir., ad rad. jugi. — Sr. — perforatum L., 4300. — Bz., 0., R., As., T., C., G., E. — pulverulentum Fenzl, — Al. — * crenulatum Boiss. , 1400. — — * var. majus Boiss., reg. alp. — lanuginosum Lmk,, 900. — G. — * gracile Boiss., 1300. — venustum Fenzl, reg. subalp. — AT. — ` rupestre J. S., ad rad. jugi. — repens L., reg. alp. — O., Am., AS., T.. C., Pr., S. scabrellum Boiss., 1625. — Scabrum L., reg. subalp.—Al., Am., As., AT., C., S. — * velutinum Boiss., 2680. — * Droseraceæ. Parnassia palustris L., 2599. — 0., Cp., Am., E. Reaumuriaceæ. REAUMURIA * orientalis Boiss., 1350. Cistineæ. HELIANTHEMUM salicifolium Pers, , 1350, — Bz., E. Violarieæ. Vio. * crassifolia Fenzl, 3085-3249. 77 amæna Fenzl, 1600, — occulta Lehm., 1350. — Am., C. Polygaleæ. POLYGALA * telephioides Boiss., reg. alp. infer, — "jor Jacq., 1500. — Bz., As., R., 7 Gnatolica Boiss., 1300. — As. 7" Pruinosa Boiss., 1300,— As , Cp., R. 871 Cruciferæ. MarrmioLa oxyceras DC., 4400. — As., Ms., Pr. NasrunTIUM ellipticum Boiss., 1350, —4As. — sylvestre R. Br., 1450. — O., Cp., Am., R., E. BanpanrA arcuata Rchb., 1350. — Bz., Ar., E. — — var. taurica, 1300. — T., C. Aragis ionocalyx Boiss., 1400. — As. — Billardieri DC., 3086. — As., Am,, Sr. — thyrsoidea S. et S., 3000. — Bz., 0., Al, C. , — sagittata DC., 1300. — As., R., C., S., G., E. — * androsacea Fenzl, 2599. — purpurea S. et S., reg. alp. — O., Bz. — * cremocarpa Boiss., 1500. — Turritis L., 1300. — Sp., E. FansETIA clypeata R. Br., 1400. — BZ., Sp., G., E. — macrocarpa Boiss, , reg. alp. — Cp., AT. AunRiETIA deltoidea DC., reg. alp. — O., Sp., G., Pr., E. VesicariA * glabrescens Boiss., r. subalp. ALyssum argenteum Vitm., 1350. — BZ., Am., As., R., C., Pr., S., E. — — * var, alpinum Boiss., reg. alp. — * tetrastemon Boiss. — — * var. cappadocicum, 1380. — serpyllifolium Desf., 1300. — As., R., Sr. — * conslellatum Boiss. — * oxycarpum Boiss., reg. alp. infer. — hirsutum MB., 1350. — Bz., Am., As., R., G., C., Pr., S. — * callichroum Boiss., reg. subalp. — elatum Boiss., 1400. — Cd., As., Creta, E. — * masmenœum Boiss. — * Cedrorum Sch. et Kot. — Szovitzianum F, M., 1500. — Am., Ar., Cp., C. — * peltarioides Boiss. — floribundum Boiss.— AT. — * contemptum Sch. et Kot. — * argyrophyllum Sch. et Kot., 2224- 3248. | — * Kotschyanum Boiss. mss, OpoxrAmmuENA * surculosa Sch, et Kot., 2112. — * paniculata Fenzl, 1300. —— Pritornicuuw cyclocarpum Boiss. , 2782. — Am., AT. PELTARIA angustifolia DC., 1300. $72 Draga olympica Boiss. var. heterocoma Boiss. , 1949-2274. — Cp. — * acaulis Boiss. , 2599-3249. — * cognata Sch. et Kot. — muralis L., 1500. — Bz . As., T., R., C., G.,S., E. CoCHLEARIA * Sempervivum Boiss. Turasrr * violascens Sch, et Kot., 2274. — * inornatum Sch. et Kot. — elegans Boiss., 1500. — As. Carroceras * cilicicum Sch. 2274. InEnis olympica Boiss, — O. — taurica DC., 1200, — Bz., As., T., C. — * brachystyla Fenzl, 1625-1949. — * glaucescens Boiss., 1800. — * jucunda Sch. et Kot., 1950. — * commutata Sch. et Kot., 1949. Hecpreicnia * Kotschyi Boiss., 2599- 3000. EvctipiUM syriacum R. Br., 1350. — As., R., C., T., Sr. OcnurHoDww ægyptiacum DC., 2782. — Sr. Marcowa africana R. Br., 1400. — As, T., C., Sr., Pr., E. Hesperis violacea Boiss., 1400, — Am., As. — * campicarpa Boiss., 1400. — * Kotschyi Boiss., 2600. Parlatoria * brachycarpa Boiss., 4400. ALLIARIA officinalis Andrz., 1300.—Am., Bz., R., T., C., E. Erysimum * rupicola Sch. et Kot. — * Kotschyanum J. Gay, reg. alp. — thyrsoideum Boiss, , 2826.—Am., Cp. — repandum L., 1500. — As., R., C., T., E. CaMELINA. sativa Crantz, 1500.— Am., C., T., S., E. Eunomia oppositifolia DC. , 2299-3249.— r et Kot., — iberidea Boiss., reg. alp. — Bz., O., Cp. — rotundifolia C. A. Mey., 3512. — C. — * rubescens Sch. et Kot., 3800. Lermos campestre R. Br., 1000. — Bz., Al., R., C., T., E. — perfoliatum L., 1300. — As., R., C., T., S., Sr., Pr., E. — latifolium L., 930.—Am.,Cp.,G.,T C., E. ÆTHIONEMA Buxbaumii DC., 1300.— Al., As., Am., R., Sr., C. — * schistosum Boiss., reg. subalp. — cordifolium DC., 1400. — Sr. — capitatum Boiss., 1600. — AT. — * lacerum Boiss.,1000, CnENULARIA * eunomioides Boiss., 2274, Isaris * frigida Boiss., 2923. uu SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ANCHIONIUM Tournefortii Boiss., 2437. — Am., Sr., AT. Papaveraceæ. ConvpaLis rutæfolia DC., reg. alp.— Bz., As., Am., Sr., Creta, Cypr. — bulbosa DC. — 0., R., G., T., C., S., E. CRYPTOCERAS pulchellum Schott. — Sr. — modestum Schott. — Sr. — purpurans Schott. — Sr. GLAUCIUM calycinum Boiss., 1400.— Cp., P — fulvum Sm., 1350. — E. PaPAvER Argemone L., 1350. — 0., As., Arch., G., T., C., E. — persicum Lindl. — Cp. — caucasicum MB. — C. — — * var. tenuifolium. — polyschistosum Sch. et Kot., reg. alp. — Ag. — * inornatum Sth. et Kot. Berberideæ. BerseRIs cratægina DC., 2598. — Cp. Ranunculacee. ANEMONE * blanda Sch. et Kot. Tuaucraunu * orientale Boiss. RawuwcuLUs demissus MB., ad nives deli- quescentes. -- E. — * lasiostemon Fenzl, 2274-2600. EnaNTUIS * cilicica Sch. et Kot. NicELLA orientalis L., 1500. — Am., C., Sr. — arvensis L. var. glaucescens Boiss., 950. DELPHiNIUM virgatum Poir., 1000. — AS., Cp., Sr. — cuneatum Stev. — C. — kurdicum Boiss., 1400. — Am. PxoniA triternata Pall, 1400. — T., S. Crassulaceæ. Sepum Sempervivum Ledeb., 2274, reg. alp. — AT., Cp., C. — Cepæa L., 1000. — G., R., E. — cæruleum Vahl., 900. — E. -— rubens L. var. decandrum, 1300. — As., C., T., E. — album L., 1400. — 0., R., C, T., S., E. — Clusianum Guss. — Ag., G., E. — olympicum Boiss., reg. alp. infer. — Bz., 0., Ag. — amplexicaule DC., reg. alp. — G:, E- SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. SEpuw eriocarpum Sibth. * var. modestum Boiss., 1000. — tenellum MB., reg. alp. — Am., C. UusiLicus libanoticus DC., 1500-2500. — Cp., Sr. — Aizoon Feuzl, 2600. — AT. — * chrysanthus Boiss., reg. alp. — — * var. pallidus Boiss., reg. alp. — erectus DC., 1600. — As. — * pallidus Sch. et Kot., 2273-2435. Saxifrageæ. SaxiFrAGa * Kotschyi Boiss., 2273-2924. — Cymbalaria L. — O., Am., Pr., C., T. Umbelliferæ. EnvNciUM * Kotschyi Boiss., 2000. CnrrauUs Falcaria Griseb., 1400. — Bz., 0., Am., C., T., R., G., S., E. Bunium * cilicicum Fenzl, 2600-2924. BurLEUnUM Kæchelii Fenzl, 1949. — Cp. — ranunculoides L., reg. alp. — E. — australe Jord., 1350. — E. — * lophocarpum Boiss., 1300. SESELT corymbosum Boiss , 1800.— Lyca. Cwibitwt conifolium Boiss., reg. subalp. — Bz., 0., Sp., Tm., R.,G. Ferrea pachyloba Fenzl, 1949. — Sp. TowwasiNiA * Kotschyi Boiss., 1950. P'EUGEPANUN * depauperatum Boiss., reg. alp. HenacLECM * Pastinaca Fenzl, 2600. ZozwA * humilis Fenzl, 2600. — absinthifolia DC. , 1300.—Ins. Cypr., JouREn A * alpina Fenzl, 2600. — dichotoma DC. — Tm., Sp., Sr. — * selinoides Boiss., 950. ÁmswonruiA * elegans Boiss., 1400. OLYLoPHiUM * thalictroides Fenzl, 2274- 2600. ORLAYA intermedia Boiss., 980. — Sm. URGENIA latifolia Hoffm., 1300. — Bz., T As., Am., Cp., S., R., E. URGENIOPsIS * fæniculacea Boiss., 1300, Scanpix pinnatifida Vent., 1400. — As., Am., C., T., E. ANtaniscus sicula DC., 1400. — E. — Yulgaris Pers., 1400. — T., C., S., CHEROPHyLLUM * Kotschyi Fenzl, 2600. "YSOCAULIS nodosus Tausch , 1500, — E T., C., R., Sm., E. CHINOPRORA * carvifolia Boiss., reg. inf. *COKIA cretica DC.., 1500. — C., Creta, Cypr., E, 873 Conium maculatum L, var. leiocarpum Boiss., 1400. MaLaBAiLA platyptera Boiss., 1300. — Gh.,Sr., Æ. PHysosPERMUM aquilegifolium Koch, 1300. — 0.,C., T., R., E. Araliaceæ. HgpERA Helix L., 1400. — O., Bz., R., C., T., E. Corneæ, Cornus mas L., 1400. — O., AT., As., R., G., C., T., E. | — sanguinea L. —0.,C.,T.,G.,R.,E. Ericacez. Enica verticillata Forsk., 1400. — Bz., P., R., G., E. Ebenaceæ. Sryrax officinalis L., 812-1500. — As., G., E. Primulaceæ. ANDROSACE olympica Boiss., 2826. — O., Ag. — muliiscapa Duby, 2858. — Am., Ar. — armeniaca Duby, 2858.— Am., Ar. — maxima L., 1624, —Am., R., T., S., Pr., E. PniMULA acaulis Jacq., 1949.— Bz., O., R., Sr., E. — auriculata Lmk., reg. alp. — 0., AS., AT., Am., Ar., C., S., Pr. CycLAuEN.* cilicicum Boiss., 974-2112. LysiMACBIA anagalloides S. et S., 1700.— G. Acanthaceæ. Acantaus hirsutus Boiss., 1400. — Ms., Cd., Tm., Ag. — Dioscoridis L., 900.— Cp., Sr. Scrofulariecæ,. VerBascum * Tauri Boiss., 2597. — ^ cilicicum Boiss., 1700. . — * adenocaulon Boiss. mss., 1350. Cersa * brachysepala Fisch., 1400. — * cilicica Boiss., ad rad. jugi. — * Lepturus Sch. et Kot. ScnoruLARIA * Kotschyana Benth., 1299- 1949. — Scopolii Hoppe. — O., C., T., R, E. 87h SCROFULARIA heterophylla Willd., 1600. — As., G., Pr. — libanotica Boiss. , 2761.— Am., AT., Sr. — decipiens Boiss., 2587. — Am. — Pinardi Boiss., 1137. — As. ANARRHINUM Orientale Benth., 1700. — Al., Am., Sr. LinarrA genistæfolia Chav., 1200. — Bz., Am., Ag., R., T., C., E. — — var. «4, 1000. — Bz., Lyca, — * Balansæ Boiss., reg. alp. — corifolia Desf., 4200. — Lyca., As., Am., E. — pterospora F. M., 1233. — C. Veronica Anagallis L., 4250. — Bz., O., As., Am., P., C., R., E. — Beccabunga L., 1400.— Bz., 0., Am., R., T., C., E. — pectinata L., 2274. — Sm., As., AL, * R., Sr., E. — * surculosa Boiss., reg. alp. — cuneifolia D. Don * var. pilosa Benth., 1200. — kurdica Benth., reg. alp.— Am., AS., Pr. — cæspitosa Boiss., reg. alp. sup. — Bz., Cd. — * Kotschyana Benth., 2599. — acinifolia L., 1300. — Bz., Sm., T. — * glaberrima Boiss., reg. alp. — * ixodes Boiss., reg. alp. — * divaricata Boiss., 1500. — biloba L., 1300. — Am., Ms., C., S. — campylopoda Boiss., 1300. — Cp., Am., C., Sr., M., Pr. — * exilis Sch. et Kot., 1212. — * dichrus Sch. et Kot. Oponrires Aucheri Boiss., 1714. — Al., Am., Pr. — ixodes Boiss., reg. alp. — AL, O., Am., G. EuPHnasi officinalis L. var. Benth., 2598, — E. PEDICULARIS caucasica MB., 2599. — Cd., Cp., P., C. — cadmea Roiss., reg. alp. — Cd. — Sibthorpii Boiss., reg. alp. — 0., AS., Cd., Cp., P. — * jucunda Sch, et Kot., 2599. minima Solaneæ, Paysauts Alkekengi L. — Bz., O., Am., R., T., S., E. SoLaxum Dulcamara L., 1200. — Bz., O., P., R., C., T., S., E. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Orobancheæ, PuELiPZA longiflora C. A. Mey., 1600. — Bz., P., Am., C., E. Gentianeæ. EryTHRÆA Centaurium Pers., 1700. — As., 0., R., C., T., E. GENTIANA Ciliata L., 2437. — Am., G., E. — verna L. var. alata Griseb., 2437. — 0., Am., C., S., E. — — * var. foliis obtusis Boiss., reg. alp. — RBoissieri Fenzl, 2599. — AT. Apocyneæ, Vinca herbacea W, K., 1300.— As., R., T., C., E. Asclepiadeæ. VivcETOXICUM tmoleum Boiss., 1787. — Tm., Cp. — * stelliflorum Boiss., 1000. — * alpinum Sch. et Kot., 2437. ManspENIA erecta R. Br., 900. — BZ., O., Sp., P., G. Jasmine. PuiLLvngA media L., 1400. —Bz., C., E. FnaxixUs Ornus L., 1000.— Sm., Sp., G., R., E. — oxyphylla MB., reg. alp. — Sm., C., T — * petiolulata Boiss., reg. alp. FowrawEst phillyreoides Labill., 1400. — As., Sr. Convolvulaceæ. CoxvoLvuLUs compactus Boiss., reg. alp. — Cd., As., AT. — lineatus L., 1350. — Am., As., R.s T., E. | Cuscur major C. Bauh., 1700. — Cil. cal., C., S., E. . — * elegans Boiss., reg. alp. infer. Asperifoliæ. Heurorrorium suaveolens MB., 1300. — Cp., C., T. OnosmA angustifolia Lehm., 1400. — Às., G., E. — pallida Boiss., 1500. — Bz., Sm , Lyca., Al., G. — rupestris MB., 1350. — P., Am., C. — nana DC., reg. alip. — Cp. — * decipiens Sch. et Kot., 2112. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. MorrkiA cærulea Lehm., 1350. — Am., C., Sr. LiTHOSPERMUM purpureo-cæruleum L., 1500. — Am., Ar., As., R., T., C., E. MuNBYyA * conglobata Boiss., 2273-9599. ALKANNA orientalis Boiss.—Bz., As., Cp., Am., Ar., Ag., C., G. Nonnea lamprocarpa Griseb., 1500. — G. ANcausA undulata L., 1400. — As., R., G., Arch., E. Myosotis * speluncicola Sch. et Kot., 1950. — * modesta Sch. et Kot., 2399. — * amæna Sch. et Kot. Panacanvuy myosotoides Boiss., 2599, — Cil. cal., Sr., Creta. — azurewm Boiss., 2599. — Lyca. OwPBALODES Luciliæ Boiss., 2599. — Cd., Sp. CyNocLossuw Dioscoridis Vill., 900. — Am., C., E. — montanum Lmk., 1890. — Am., C., EcmmosPERMUM barbatum Lehm., 1300, — Am., C., T., E. — patulum Lehm., 1600. — Bith., Cp., Am., C., T., S., E. RocHELIA stellulata Rchb., 1350. — Am., Cd., R., Sr., Pr., S., E. — * cancellata Boiss., 4700. Labiatæ. Mentha * Kotschyana Boiss., 2534. SaLviA Aucheri Benth. , 1197-1299. — Cp. — * incarnata Etl., 1400. — Benthamiana Boiss., 1890. — As. — Cryptantha Montbr., reg. alp. — Al., As., CP. , — Moluceella Benth., 1600. — Am., r. — tmolea Boiss., 1300. — Tm. — Æthiopis L., 1350.— Bith., As., Cp., R., T., C., G., E. — frigida Boiss., reg. alp. — Cd. — Montbretii Benth., 1300. — Cp., Lyca., Sr., M. — * oreades Sch. et Kot., 2000-2600. — virgata Ait. var. albiflora Boiss., 1300. — Am. — sylvestris L., 1400. — Bz., O., Cp., Am., R., C., T., S., E. = verticillata L., 1233.— Bz., Am., C., M R., Sr., E. — ^ cilicica Boiss., 1300. =~ Cyanescens Boiss., 1250. — Am. Zızyrnora canescens Benth. * var. glabra, reg. alp. 875 ORIGANUM hirtum Link, 1300. — Bz., Bith., Sm., Tm., Am., G., Sr., Ins. Creta. — lœvigatum Boiss. — AT. — * micranthum Vogel, 1450. * ciliatum Boiss., 1950, Tuywus * rigidus Sch. et Kot., 1450. — hirsutus MB.,1948-2600.— G.,Arch., T., C.,S., E. SATUREIA hortensis L.— P., Am.. R., C., T., E. — cuneifolia Ten., reg. subalp. — E. MıcromeRIA marifolia Benth., 1600. — Am., R., T., Sr. — myrtifolia Boiss., 1330. — Sm., M. CALAMINTHA Acinos Benth., 1450, — O., R., C., G., T., E. — * florida Boiss., 1475-1787. MzLIssA officinalis L., 1300. — Bz., C., R., G., T., Sr., E. BnuwELLA vulgaris L., 900. — O., P., AT., As., R., C., S., Pr., G., E. — laciniata L. var. flore cæruleo, 1300. — E. ScurELLARIA orientalis L., reg. alp. — O., Ar., Bith., Cp., Am. — — * var. glareosa Kot., 2600. — salviæfolia Benth., 1700. — Cp., G. — diffusa Benth., 1300. — Al., AT. Nerera leucostegia Boiss., reg. alp.— Pis. — nuda L., 1300.— Tm., C., T.,Sr., S. — pycnantha Benth. — AT. — cilicica Boiss., 2437. — Sr. LALLEMANTIA iberica F. M., 1600.— Am., Cp., Sr., C. Lamium glechomoides Sm., reg. alp. — Bith., Ag. — * eriocephalum Benth., 2924. — nepetæfolium Boiss., 1940-2393. — Cd. Sracuys lanata Jacq., 1400.— Bz., Bith., T., C., G., Pr. — pubescens Ten., 1400. — Bz., Am., C., E. — leucoglossa Griseb., 1300.— Cp., R. — lavandulæfolia Vahl, reg. alp. — Am., As., C. — * pinetorum Boiss., 1400. SipEniris perfoliata L., 1300.— Cil. cal., Sr., E. — romana L., 1300.— Am., Sr., G., E. — montana L., 1300.— Bz., O., Am., C., R., T., Sr., Pr., E. — ambigua Fenzl, 2412-2600. — Ag. — * cilicica Boiss., 1400. Manrrorium micranthum Boiss., reg. alp. — Cil. petr. — astracanicum Jacq., 1400. — Am., Ag., C. 876 MannuBiUM parviflorum C. A. Mey.— Pis., Cp., Am., C. — velutinum S. Benth., 2112. — * faucidens Boiss., 1400. BaLLoTA obliqua Benth., 1000. — M., Sr. — * macrodonta Boiss. Putowis armeniaca Willd., 1200. —- As., C ` et S. var. heterodon — samia L., 1200. — O., P., R., G. — pungens Willd. — Bz., Bith., As. Am., R., G., T., C., E. Teucrium Chamædrys L. var. australe Kot., 1250. — montanum L., reg. alp. — R., T., G., E. Ajuga orientalis L., 1500. — O., Am., Cp., T., C., R., G., Sr., E. — chia L., 2924.—Bith., As., Cil. cal., R., C., T., G., E. , Caprifoliaccæ. Lonicera etrusca Santi * var. hispidula Boiss., 1000. — * nummularifolia J. S. Rubiaceæ. GaLiUM orientale Boiss., reg. alp. -— — var. alpinum Boiss., 2924. — Cd., Ms., Tm. — — var. cinereum Boiss., reg. alp. — Cd., Sp., Cp., AT. — * cilicicum Boiss., 2599-2922, — canum Req. — Sr. — * melanantherum Boiss., 1700. — — * var. scabrifolium Boiss., 1890. — humifusum MB., 1300. — Am.,C., T., G. — coronatum S. et S., 1200. — Bith., 0., Am., C., E. — pedemontanum All., 1400. — T., C., E. — cordatum R. S., 1500. — Sr. — tenuissimum MB., 1300.—T., C.,G. — nigricans Boiss., 1400. — M. — Vaillantii DC. — As., T., C., S., E. — peplidifolium Boiss., 1500. — Sm., Cd. — verticillatum Danth., 1400. — C., G., Arch., T., E. — leiophyllum Boiss., 1500, — AT. ASPERULA stricta Boiss. — — var. tomentosa Boiss., 14000. — Cp. — — var. glabrescens Boiss., 2300. — Cp., G. — — * var. alpina Boiss., reg. alp. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ASPERULA stricta var. scabrida Boiss., 1400. — Lyca., As. CRUCIANELLA macrostachya Boiss., 1000. — Sr. —- glomerata MB., reg. alp. — Cp., C. CaLLiPELTIS Cucullaria Stev., 1000— Bz., Lyca., Cp., Am., C., Pr., E. (Hisp.) Putonia calabrica Pers., 1000. — Sm., Gh., R., G., Sr., E. Valerianeæ. VALERIANELLA Kotschyi Boiss., 1350. — Sr. CENTnANTHUS elatus Boiss., 2000. — Pis., Sr. VALERIANA alliariæfolia Vahl, 2000.— 0., Cp., Am., P., C., Pr. Dipsaceæ. CerALariA * dipsacoides Boiss. , 1000. KnauriA hybrida Coult., 900.— 0., Sm., R., E. — bidens Boiss., 1300. — Sm. PrEnocEPHALUs plumosus Coult., 1300.— Bz., Sm., As., Sr., C., R., T., E. — Pinardi Boiss., 2288-2600. — AS., Cp., AT. Scasiosa anatolica Boiss., 1350. — Ms., Pis., Cil. cal. — stellata L., 1700. — Pis., As., AM., C., S., E. — micrantha Desf., 1400. — Am., C., T., E. — Webbiana Don, 1949-2213. — Bz., Lyca., G. Synanthereæ. ERiGeron alpinus Lmk., reg. alp. — A Ar., C., S., E. — * pycnotrichus Sch. et Kot., 2437. — * cilicicus Boiss., 2600. Souipaco Virga aurea L. — O., A8., R., C., T., S., E. s Evax anatolica Boiss. — Cp., Gb., M., > INuLA montana L. — Al., Am., T., E. — * acaulis Sch. et Kot., 2437. — CHRYSOPHTHALMUM * sternulatorium Fenzl, 1400. ip Cora * oxylepis Boiss., reg. alp. ANTHEMIS anatolica Boiss., 1948-2161. — Cd., Ms. 1949 — * Kotschyana Boiss., . u ——* var pæcilepis Kot., 2597-3570. — tinctoria L., 1200. — Cp., AS% E- CuamæneLum oreades Boiss., 2099. — A6» P., Sr. — * Kotschyi Boiss., reg. alp. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. CHAMÆMELUM præcox Vis., 2599. — Sm., As., Am., C., T., Sr., Pr. — disciforme Vis., reg. alp. — Tm., Am., C. Leucocyczus * formosus Boiss., 1949. AcuiLLEA leptophylla MB., 1500. — E. — micrantha MB., 1300. — Bz., Ag., Cp., Am. — — var. laciniis incarnatis, 1300. — ochroleuca Ehrh., 1000 - E. — teretifolia Willd., 1800. — Bz., Cp., Am., C. — * spinulifolia Fenzl, 1449. — * grala Fenzl, 2209. — * monocephala Boiss., 1000. PynETunUM * fruticulosum Gærtn., 2112- 2600. — Parthenium L., 1000. — Bz., O., P., R., T., C, G., E. cilicicum Boiss. GYMNOGLINE * cedretorum Sch. et Kot., 2100. AnTEMISIA Absinthium L., 2000. — O., G., E. TawaceTUM argenteum Willd., 1299 - 2600. — Lyca., Am., E. GNaPHALIUM norvegicum Gunn., reg.alp.— P., Am., C., E. — * leucopilinum Sch, et Kot., 2600. Heuicrysum armenium DC., reg. alp. — Al., Am., Pr. — psychrophilum Boiss., 1600.— C., Pr. — anatolicum Boiss., 1950, — O., Tm., Sp., Am., Cp., R., Pr. Doronicum caucasicum MB. — Bz., As., "o SENECIO * farfaræfolius Boiss., 2274. — orientalis Willd., 1614. — Ag. —- * megalophron Fenzl, 1950. — * cilicicus Boiss., 2000. Ecriors bithynicus Boiss., 1500, — O., . Bith., Æ, XERANTHEMUM squarrosum Boiss., 1300. — Cp., Tm., As., M., Pr. Ciampmia xeranthemoides Desf., — 0., As.. Am., R., Pr., Sr. SIEBERA pungens J. Gay, 1600. — Sr. STÆHELINA apiculata Labill., 1640.— Sr. CARLINA oligocephala Boiss,, 1787.— Sr. Cousixra * cirsioides Boiss. mss., 1400. CENTAUREA babylonica L., 1200. — Sr. — * cheirolopha Fenzl, 1400. 77 7 ehrysolopha Boiss., 2599. — depressa MB, — Ar., C., Pr., E. (His- pania.) = Cana S. et S., reg. alp. -— Ar., AS., O.,R == squarrosa Willd., 1400.—Am., Ar., Al., Pr., G , S, — * 1300. 877 CENTAUREA * melanacantha Boiss., 1600. — Urvillei DC., 1000. — As., G., Arch. — * eriophylla Boiss. mss., 1600. HYALEA mucronifera J. S., 4949. — Cp. CuHEIROLEPIsS drabifolia Boiss., 2600. — 0., Bz. OworonpoN * polycephalum Boiss., 1600. CHAMÆPEUCE afra DC., 4200. — G. CinstuM rhizocephalum C. A. Mey., 2599. — C. PicNoMoN Acarna Cass., 1000. -- C., T., G., Arch., R., E. Carpuus nutans L., 1400. — 0., R., T., C., S., E. — lanuginosus Willd., 2761. — Am, JURINEA macrocephala DC., 1600. — Cp., Pr. — anatolica Boiss., 1900.— AT., As. — depressa C. A. Mey., 2600. — Ag., C. LawPsANA grandiflora MB. var. B DC., 1200. — As., 0. KæœLPINIA linearis Pall., 1400. —As., Pr., M., S. LEowropoN asper Rchb., 1200. — Bz., Am., E. —- oxylepis Boiss., 2600. — As., Sr. -— * masmenæus Boiss. TRAcoPOGON nervulosus Boiss., reg. alp. — Sr. Scorzonera undulata Vahl. — G., E. (Si- cilia.) — pygmaa S. et S., reg. alp. — O. — * cilicica Boiss., 2600. — cinerea Boiss., 3086. — AT., Pr. PnENaNTHES muralis L., 1200. — Bz., O., As., R., G., E. Puæsorus vimineus DC., 1500. — Bz., As., T., C., R., E. — * Kotschyi Boiss., 1400. Myceuis * glareosa Sch. et Kot., 2599- 2924. . CEPHALORRAYNCHUS glandulosus Boiss., 1200. — Sp. Taraxacum Dens leonis Desf., reg. alp.— Bz., 0., R., C, T, S., E. — — * var. alpinum Boiss., reg. alp. -— montanum DC., 1600. — Am., C. — * psychrophilum Boiss., 1614. — libanoticum DC., 1300. — Sr. InTyBeLLIA * glareosa Sch. et Kot., 2436. DrnoveriA * frigida Boiss., 3200. Cnenis pinnatifida Frœl., 2437. — Am. — * dioritica Sch. et Kot., 2975. Banknausi zacynthica Marg. et Reut., 1300. — Am., Ins. Zacynth. Hieracium piloselliforme Sturm, reg. alp. — E. — macrotrichum Boiss., 1600, — Tm. 878 Hieracium pannosum Boiss,, 1299-2274. — Sp., Ag., Al. Campanulaceæ. PnuyrEUMA repandum Sm., 1000. — Bz., Am., O. — Kotschyi Boiss. , 2112. — Ag., Am. — cappadocicum Boiss., 1000-2112. — Cp. Micsauxia campanuloides L'Hér,,41600.— Cp., AT., Sr. — Tchihatchefi F. M., 4200-1600. —AT. CauPANULA Willdenovii Boiss., reg. alp.— AT. — dichotoma L., 1500, — M., E. — * Reuteriana Boiss., 1000. — libanotica A. DC., 2437. — AT., Sr. — * axillaris Boiss., 1400. — involucrata Auch., 2112 - 2274. — Am. — Trachelium L,, 1469. — O., R., C., T., S., E. :— rapunculoides L., reg. subalp. — O., Bz., R., C., T., S., E. Billardierii A. DC. var. major., reg. alp. — Ag., 0., Sr. * psilostachya Boiss., 1300. peregrina L., 1300. —- Sr., E. fastigiata Dufour, 1400. — C., E. * Intybus Sch. et Kot., 2761. * trachyphylla Sch. et Kot., reg. alp. tauricola Boiss. — Al. TRACHELIUM tubulosum Boiss., 1500.—Sr. i LLL EL I Globulariez, GLOBULARIA trichosantha F. M., 1400, — 0., AS., AT., C., R. Piumbaginea, ACANTHOLIMON androsaceum Boiss, 2599. — Tm., Am., G. — — var. majus Boiss, — Tm., G. — Kotschyi Boiss., 1137. — Cp. — Pinardi Boiss. var., 1624. — venustum Boiss., 1200. — Ag., AT. PLUMBAGO europea i L., 1000. — 0., AL, Am., C., R., , 1949- Plantagineæ, PLANTAGO alpina L., * var. dioritica Sch, et Kot,, 2600, Amarantaceæ. AMARANTUS caudatus L., 1500. — M., Pr,, E, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Salsolaceæ. BLirum virgatum L. var. minus Moq., 1460. — Lyca., E. Bera longespicata Moq., 1300. Noæa Tournefortii DC., reg. alp. infer. — Am., AT. — spinosissima Moq. , 1800. —Cp., Am., Al, Sr., Pr., Arch. — Am, Polygoneæ. PoLycoNuM polycnemoides J. S,, reg. alp. — Cp., Pr. — cognatum Meisn. var. alpestre, 1400. — âm., C., As., Sr. — Bellardi All., 1400. — Am,, C., E. — Bistorta L. var. angustifolium Meisn., 2598. — AT., As., Tm. OXYRIA digyna Campd. dd alp.—O., BZ; Ag. ., Am., C., R., Rumex * macranihus boim. reg. alp. — Acetosella L., 1500, — O., Am., R., G., E. Laurineæ, Laurus nobilis L., 4000, — O., Bz,, AS., G., T., E, Elæagneæ. HipPoeHAE rhamnoides L., 1400. = G., S., R., E. Thymeleæ. Darnne buxifolia Vahl, 1891. — Ag., Al.» AT., Am., C. — oleoides L., 4700, — 0., Ag., Am. C., G., E. — collina Sm., 2112.— 0., Bz., R., E. THYMELÆA * cilicica Meisn., 1235. — Aucheri Meisn. — As., Pr., Sr. Santalaceæ. THEsIUM grecum Boiss., 1400. — AS., G. Arch., Sr. — brachyphyllum Boiss., reg. alp.— Tm., Am., Ag. Loranthaceæ. AncEUTROBIUM Oxycedri MB., 1000. — Bz.. C., T., R., E. Viscum album L., 1400. — BZ., C Os R.s G., E. SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1857. Aristolochieæ. ARISTOLOCHIA Dott J. S., 1500.— Am. Urticeæ. Urtica dioica L., reg. alp.-— 0., Bz., Am., C., T., R., G., E. Pareraria micrantha Ledeb., 4980.—S, CeLTis Tournefortii Lmk., 1000. — O. Am., Cp., T., C. Ficus Carica L., 1300, — Am., As., C T., R., G., E. M Plataneæ. PLATANUS orientalis L., 1800. — Bz., O., As., R., G., C. Amentaceæ. Quercus pedunculata Willd. — R., C., E. — — * var. Haas Kot., 41233. — sessiliflora Sm. — As., C., T., R., G., E. — — * var. Abietum Kot., 1624. — — * var. Cedrorum Kot., 1500, — infectoria L. — — * var. foliis grosse serratis Kot., 1884. — — * var. foliis rotundatis Kot., 812- 1137. — — * var. ibicis Kot., 1625, — — * var. tauricola Kot., 974-1300. — — * var. foliis undulatis Kot., 975- 1300. — — * var. Pfaffingeri Kot., 650. — — * var. polycarpos Kot., 1884. — coccifera L., 812-1137, — As., CP., AT., R., G., E. — — * var. Fenzlii Kot. — — * var. aquifolia Kot., 2274. — — var. Calliprinos (Q. Calliprinos Webb), 1400. — Pis., P., As., Sr., E. (Hisp.) — — * var. microphylla Kot., 1300. — — * var. pungens Kot., 1300. — — var. rigida (Q. rigida Willd.), 1300. — ÅS., G. 879 Quercus coccifera var. trojana (Q. trojana Webb non Kot.), 812.—Mys., Phryg. — Libani Oliv., 1200 - 1400. — Pis., Troad., Mys., Phryg., Isaur., P., Sr. Ægilops L. — * var. vallonea Kot., 1400. — * var. Gœdellii Kot., 974. * Ehrenbergii Kot. — Cerris L. — — * var. cilicica Kot., 680-976. — — * var. karamanica Kot., 975. — haliphleos Lmk., 1500. — E. (Sicil.) — brutia Ten., 975-1300. — Bz., R., E. (Neap.) CanPiNus orientalis Lmk., 1300. — As., AT., C., T., R. OsrRyA vulgaris Willd., 1000. —0., Am., R., G., E. EMEN Coniferæ. EpnEpnA campylopoda C. A. Mey., 1200. — Cp., G., Arch., Sr. Taxys baccata L., 1950 - 2599, — Am., C., T., G., R., E. Junirerus drupacea Labill., 1620.— Sr. — rufescens Link.—As,, AT., R., G., E. — sabinoides Griseb’, 3000. — 0., As., R., C., G. — fætidissima Willd., 2112.— As., Am., T., C., G. — excelsa Royle, 2112. — As., AT., T., Sr. ABies pectinata DC,, 2000.— 0., As., C., G., E. — cilicica Carr., 1492-9112. — AT. — * Kotschyana Fenzl, 1600. CEpnus Libani Barr., 1500.— AT., Sr. — — * var. argentea Ant. et Kot., 1299-2112. Pinus Pinaster Soland., 644-1786.— AS., G., E. i — Laricio Poir., 3000. — O., As., AT., T., G., R., E. ' — pseudo-halepensis Dehnh., 1200. — brutia Ten., 812-1137. — E. (Cala- bria.) 880 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MONOCOTYLEDONE Æ. Alismaceæ. TRriGLocHIN maritimum L., 1400.— Am., C., S., E. Orchideæ. Oncuis anatolica Boiss.,1500. —1us. Chio. — incarnata L. * var., 2110. — saccifera Bory, 1800.—R., C., G., E. — Morio L., 1500. — O., Bz., As., R., T., G.. Am., S., E. ComrEnia taurica C. Koch, 1000. — T. Irideæ. Iris * Junonia Sch. et Kot. Crocus cancellatus Willd., reg. alp.— G. — * pylarum J. Gay mss., 1300. — * cilicius Kot., 2599. — * candidus Clarke. — * Kotschyanus C. Koch, 2420. Amaryllideæ. STERNBERGIA Clusiana Gawl., 1233-1552. — Bz. — * micrantha J. Gay mss., 1000. Liliaceæ. CoLcuicux lætum Stev., 1000. - C., Sr. — * crociflorum Sch. et Kot. — * Balansæ Planch., reg. subalp. TuuiPA * alpina J: Gay mss., reg. alp. Hyacwraus orientalis L., 1500. — G., E. Muscant * alpinum J. Gay, reg. alp. SciLLA autumnalis L., 1624. — Bz., G., Arch., R., Sr., T., E. UrGinia Scilla Steinh., 900. — As., G Arch., Sr., E. ORNITHOGALUM * Aucheri Boiss., reg. alp. — * sororum Sch. et Kot. -— * Cydni Sch. et Kot. ALLIUM * cilicicum Boiss, , 1200-2274. — sphærocephalum L., 2209. — Tm. C., G., E. — frigidum Boiss., 2599. — G. — myrianthum Boiss., 1000.—As. — cassium Boiss., 2112-2274. — Sr, — * Cydni Sch. et Kot., reg. alp. AsPHODELINE taurica Kth., reg. alp. — C., T. — globifera J. Gay mss., reg. alp. — Cp. — * prismatocarpa J. Gay mss., 1600, — * islhmocarpa J. Gay mss., 1600. 5 AsPHODELINE * Balansæ J. Gay mss., 1000. PHaLanGiun Liliago Schreb., 1000. — Ar- chip. græc. Smilacineæ. PoLvcoNATUM * cilicicum Sch. et Kot., 1340. Cyperacez. Carex * Schollii Boiss., 2304, reg. alp. — nigra All. var. uliginosa J. Gay. — sempervirens Vill. var., reg. alp. — E. KonntsiA caricina Willd., 2599.— C., E. BLysmus compressus Panz., reg. alp. -- C., T., E. FiwsnisrYLIS dichotoma Vahl, 1200. — R., C., E. Cyrerus glaber L.—As., C., T., S., Sr., Æ,., E. Gramineæ. Crypsis alopecuroides Schrad., reg. alp.— 0., Cp., R., S., E. — schænoides Lmk., 1400, — 0., R., - C., S., E. ALorecorus angustifolius Sm., 2399. — 0., Bz., E. — anthoxanthoides Boiss., 1000. — Sr. Puceum arenarium L. forma orientalis Boiss., 1950. — As., G. — ambiguum Ten., reg. alp. — E. — alpinum L., reg. alp. — As., O., BZ., R., E. | PirraTHERUM paradoxum Beauv. var. mi- cranthum, 1000. — E. PENNISETUM orientale Rich., 1137. — AS., Cp., Sr. Lappago racemosa Willd., 1300. — Bz., R., T., C., S., E. Sripa pennata L., 2600. — AS., Sp., Al., C., R., T., S., E. | — barbata Desf., reg. alp.— Africa bor. ARISTELLA bromoides Bertol., 1000.— Bz., As., G., E. Cazamacrosris olympica Boiss., reg. alp. — 0. AvkNA dænensis Boiss., reg. alp. — Pr. Triseruu valesiacum Boiss., 1400. — E- VExrENATA macra Boiss., 1000. — CP » Am., C, T. . — dubia Coss., reg. subalp. — Algeria: SesLeriA elongata Host, 1624-1949. — As., T., E. — cærulea Ard. forma elatior, reg. alp. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. Poa alpina L.var. * brevifolia Boiss., 2599. — bulbosa L. var. vivipara Kth., 1200. — As., T., R., E. — compressa L., 1000. — C., T., S., E. NEPHELOCHLOA persica Ledeb., reg. alp.— Am., As., C., Sr. — — var. major., 1600. — As. Festuca sylvatica L., 1000. — E. — varia Host var. flavescens, 1949. — diversifolia Boiss., 1000. — Sp. BracuyPopium sylvaticum R. S., 1000. — Bz., C., T., R., E. — ramosum R. S. var., 2599. Bromus erectus Huds., reg. alp. — O., As., T., C., E. | l 881 Bromussquarrosus L.,1000. —C.,T., S., E. — sclerophyllus Boiss., 2924. — Tm. AcnorynuM * Tauri Boiss., 1600. TRITICUM panormitanum Bertol., 900.—E. JEciLops ovata L.,1400.— As.,0., R.,G., E. — triuncialis L., 1000. — As., Bz., E. ErtaNTuus Ravenna Rich., 1000. — As., C., R., G. E. ANTHISTIRIA * brachyantha Boiss., 650. Aroidcæ. Arum * spectabile Schott. IscuAnuM eximium Sch. et Kot. — Cil. cal (1). (1) Je dois faire remarquer que les subdivisions des genres n'ayant pu étre in- diquées dans cette liste, ainsi que je l'ai dit plus haut, certains groupes y figurent comme genres qui, d'apres la classification que j'ai adoptée ne seront admis dans mon grand ouvrage que comme sous-genres. Dans le tableau I ces sous-genres ne sont pas comptés, afin de faire concorder les conclusions du présent travail avec celles de mes travaux ultérieurs. Ce sont les suivants : | Ervum rapporté à Vicia, Onobrychis à Hedysarum, Farsetia, Aubrietia, Vesicaria à Alyssum, Peltaria à Clypeola, Cochlearia à Draba, Alliaria à Sisymbrium, Carpoceras à Thlaspi, Micromeria à Satureia, Knautia, Pterocephalus à Scabiosa, Cola, Chamæmelum à Anthemis, Pyrethrum à Chrysanthemum, Helichrysum à Gnaphalium, Hyalea, Cheirolepis à Centaurea, T. IV | Chamæpeuce, Cirsium, Picnomon à Car- duus, Jurinea à Serratula, Mycelis à Lactuca, Barkhausia à Crepis, Asphodeline à Asphodelus, Polygonatum à Convallaria, Fimbristylis, Blysmus à Scirpus, Piptatherum à Milium, Trisetum, Ventenata a Avena, Brachypodium à Festuca, Agropyrum à Triticum, ` Erianthus à Saccharum. 883 ANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. SÉ E. ANC » Li ANIQUE DE FE r SOCIETE BOT " 882 | es Ly | og | es? ect er | 6e | og | se |oee | n) | 1e | ec | ze | en fory | cer | eci | 898 | zss |* Zu" IM le i n le ele (|J. [3 . um Nm m |. de je d . ` c pce or ler art cio iv it pr cb ln dior fu le [e ja lue lee se . 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"P . e- 0o o o * S293U1192V. tot * I899ULI]SP[97) ++: Sguuleqwy t * Sogoeiqaoudng ttt tt SIMY ele tt ee SPPHVXO toto * I9999P EU UI E) 5 5 8)99lludos4z verset SOUT ^ o 008 00 0o 9 10 le cl p |" cocso9uvaseu() qe 4e I t5 t8s)99L elu] AT e... 829201 4A W ttt * S2)2PSOW oc + *sogovuotjideqg — — I NS | o | D = et NN I 'SUNSO SAA HU8WON znoubvjuow sJissow burs sa) junyigoy $222d$2. sop 32 s24uaD sop 10707 24QUON — `I nvaTav] 88h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Tagceau II. — Nombre des espèces que deux massifs possèdent en commun. ) B. O. |B. Ag.! B. AL|B. Ar.|O Ag.|O. ALJO. Ar. | Ag. AL | Ag. Ar. AL. Ar. Papilionacées ..... 6 5 2 11... 1... 2 2 Rosacées.......... m 3 1 2 1 1 1 Linées............ 1 | .. . 1 . . Géraniacées....... 1 2 1 1.. . . Euphorbiacées..... 3 1]|-.. 2 . . . Rhamnées........ 1 . 1 . . . Célastrinées....... 1 1 1j.. e. Caryophyllées..... 8 A 3 1 3 | . . 1 2 Hypéricinées...... 2 . 2 1 1 1 1 Droséracées....... 1 . e. e n . Cruciféres......... 10 1 3 2 1 Crassulacées....... 2 2 . 1 |. A Saxifragées........ 1 . . . Ombellifères ...... 4 e . Primulacées....... 1 3 | . . 2 1 e . Acauthacées...... e 1|..1]l.-.1|-- EE Scrofulariées...... 4 1 A 2 | .. 1 1 1 Solanées.......... 2... - e; e. e . e Gentianées........ 2|... .. |... e. "m e; e; Asclépiadées ...... 1|..5.-.1L)1.-.b1-4.]-.-.)]-.-.1]-.-41]-.- Aspérifoliées...... t 1|... 1j.. 1 1j.. 1 Labiées........... 6 1 5 1 3 . . . Valérianées....... 1 . Dipsacées......... 1 A PS ES SE ES iSynanthérées...... 13 1 T 4 1 1 1 2|.. Globulariées ...... 1 e. . P. "a . . . Plombaginées..... 1 1 1 ele Plantaginées ...... 1 1 1 1[.. . |. . Polygonées.. ...... r PS 11..]. . Laurinées......... 1|..|.. . . Thymélées........ 2 2 1 1 . . Loranthacées...... 1 . . . Urticées.......... 2 . . . . Platanées......... 1 , lt... |... ls. . Amentacées....... 1 | .. le. 4]. . .. |. . Salicinées......... e. e. e. e. le. . 1 |. Coniféres......... 3 1 . t Orchidées......... 1 . AE Graminées........ TJ.. f.. 3 . . . e. |e‘ď’” Totaux..... 94 | 36| 33| 17| 22 4 1 4 7 2 Les conclusions suivantes résultent de ces tableaux : I.—Sous le rapport du nombre des familles, les cinq massifs se rangent dans l'ordre suivant : Olympe, avec 81 familles, dont 74 dicot. et 10 mono- cot.; Bulgardagh, avec 73 familles, dont 64 dicot. et 9 monocot.; Alidagh, avec 31 familles, dont 28 dicot. et 3 monocot. ; Ararat, avec 29 familles, dont 26 dicot. et 3 monocot.; Argée, avec 30 familles, dont 27 dicot. et 3 monocot, C'est done le Bulgardagh qui posséderait comparativement le nombre le plus fort de familles monocot,; après lui viendraient d'abord l'Ararat, puis ex equo les autres massifs. La proportion moyenne entre les SÉANCE bU 13 NOVEMBRE 1857. 885 familles mouocot. et dicot. serait pour les cinq massifs à peu prés comme 1à7í. II. —Relativementau nombre absolu des espèces, le Bulgardagh occuperait la première place, et les autres massifs se classeraient dans l'ordre suivant : Olympe, Argée, Ararat, Afi. D'un autre côté, si nous considérons le nombre des espèces dans leur rapport avec les dimensions des massifs qu'elles ha- bitent, la première place reviendrait de droit au mont Ali, car tout en étant infiniment plus petit que les autres, il ne le cède que de trois espèces au mont Ararat et de quatorze au mont Argée. IIT. — Sous le point de vue des rapports numériquesentre les espèces mono- cot. et les espèces dicot., le Bulgardagh se rapproche beaucoup de l'Olympe, car dans l'un et l'autre le nombre des monocot. est de plus de neuf fois in- férieur à celui des dicot., tandis que dans le mont Argée, ce rapport est environ comme 1 à 5, dans l'Alidagh comme 1 à 12, et dans l'Ararat comme 1à 40. La proportion moyenne entre le chiffre des espèces monocot. et dicot. serait donc pour les cinq massifs à peu pres comme 1 à 9. Il en ré- sulte que, parmi les einq massifs, le mont Argée est le seul qui indique, entre les monocot. et les dicot., une proportion analogue à celle généralement admise pour le regne végétal, c'est-à-dire comme 1 à 5, et que sur les autres massifs, lesdicot. sont relativement bien plus nombreuses que partout ailleurs. Ainsi des considérations purement botaniques porteraient à attribuerau mont Argée un climat plus boréal et plus humide qu'aux autres massifs, si l'on admet comme regle générale que, dans les régions tempérées des deux hémi- spheres, Ja proportion des dicot. augmente et celle des monocot. diminue à mesure qu'on se rapproche des tropiques, et qu'avec une température analogue, les pays humides offrent une proportion de monocot. plus forte (Alph. De Candolle, Géogr. bot. IJ, 1180). Au reste, mes registres des espèces des monts Ali et Ararat présentent une particularité qui pourrait bien étre plutót l'effet de nos notions imparfaites sur la végétation de ces monta- gnes qu'une anomalie réelle : c'est l'absence complète des Cypéracées sur les monts Ali et Ararat, et la réduction des Graminées, sur cette dernière montagne, à une seule espèce. Il est vrai que l'Ararat a été bien plus ex- ploré que le mont Ali, visité seulement par M. Balansa et moi, et cepen- dant, dans le Flora rossica de M. Ledebour, on ne voit figurer qu'une seule Graminée, le Poa littoralis Gouan, comme venant sur l'Ararat; si ce fait était réellement. constaté, il serait presque unique dans son genre, c2r nous ne connaissons aujourd'hui qu'un seul pays qui soit dans ce cas, c'est l'ile de Java, où sur près de 3000 phanérogames énumérées par M. Blume, les familles des Graminées et Cypéracées manquent complétement. IV. — Dans le Bulgardagh, l'Olympe et l'Ararat, la famille la plus nom- breuse est représentée par les Synanthérées qui, sur l'Ararat, constituent plus de la cinquième partie de la flore phanérogamique; mais, tandis que dans 886 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Bulgardagh les Synauthérées ne l'emportent que de trés peu sur les Papi- lionaeées et méme sur les Caryophyllées, elles sont dans le mont Olympe deux fois plus nombreuses que ces deux dernières familles, et forment à elles seules presque la huitième partie de la totalité des phanérogames olympiennes; dans le Bulgardagh, les Synanthérées ne constituent qu'à peu près.la neu- vième partie de la végétation. Ainsi, sur les trois massifs sus-mentionnés, la grande famille des Composées offre un chiffre relatif supérieur à celui qu'elle possède habituellement, et qui est d'un dixième des plantes phanérogames (Alph. De Candolle, Géogr. bot. TI, 1113). Il en est tout autrement des monts Argée et Ali, car, dans le premier, la famille des Graminées est la famille la plus riche et y représente à peu près la septième partie de la végétation, et dans le second ce róle appartient à la famille des Papiliona- cées qui forme presque la huitième partie de la flore de cette montagne. Or, la prépondérance des Graminées et des Papilionacées constitue deux faits assez rares, puisque, sur environ 126 flores des pays les plus opposés du globe que M. De Candolle (ibid. p. 1190-1233) passe en revue, on ne voit que 21 localités à Papilionaeées et 17 à Graminées prédominantes. Parmi les 21 localités, toutes situées sous des latitudes inférieures à 49°, ce sont les iles du Cap-Vert (lat. 15° N.) qui offrent à peu près la méme pro- portion que le mont Ali, entre les Papilionacées et le reste des phanéro- games. Quant aux 17 localités à Graminées prépondérantes, bien qu'on les retrouve sous les parallèles les plus divers des deux hémisphères, cependant daus l'un et l'autre elles sont plutót groupées sous les latitudes boréales; de maniere qu'en s'appuyant sur les faits nombreux rapportés par M. De Can- dolle, on pourrait dire qu'en général la prépondérance des Graminées carac- térise particulièrement les contrées froides, ou bien à elimat humide ou in- sulaire, tandis que la prépondérance des Papilionacées accuserait plutót des régions à facies éminemment méridional. Outre les familles sus-mention- nées du Bulgardagh comme figurant en téte de toutes les autres par leur richesse spécifique, on y en voit quelques-unes qui, sans donner un chiffre assez élevé pour pouvoir entrer en concurrence avec ces dernières, offrent cependant une quantité d'espèces supérieure à celle que ces familles pré- sentent ordinairement dans d'autres pays. Pour ne citer qu'un seul exemple, je rappellerai que les Cupuliferes y sont représentées par neuf espèces, avec non moins de dix-huit variétés exclusivement locales, et dont plusieurs tellement caraeteristiques, qu'un jour peut-étre elles seront élevées au rang d'espéces distinctes (1). V.—Parmi les espèces qui habitent les cinq massifs montagneux, il n'en (1) Les riches collections de M. Kotschy renferment une si grande quantité de formes intéressantes de Chênes du Bulgardagh, que le répertoire de la flore de l'Asie-Mineure pourra recevoir un notable accroissement, lorsque M. Kotschy en SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 887 est pas une seule qui soit commune à tous les cinq, et l'on peut méme admettre que les exemples d'une espece répandue sur trois massifs sont extrémement rares, puisqu'un examen serupuleux de tous mes volumineux registres ne m'a fait découvrir que les espèces suivantes : a) sur l'Olympe, le Bulgardargh et l'Ararat : Primula auriculata Lamk., Scutellaria orien- talis L.; b) sur l'Olympe, le mont Argée et l'Ararat : Critamus Falcaria Griseb. ; e) surl'Olympe, l'Argée et le Bulgardagh : £rigeron alpinus L., Ge- ranium pyrenaicum L., Oxyria digyna Campd., Sedum olympicum Boiss., Daphne oleoides L.; d) sur l'Argée, le Bulgardagh et l'Ararat : Cotoneaster nummulariaF.M., Solidago Virga aurea L., Alkanna orientalis Boiss. ; e) sur les monts Argée, Ali et Ararat: Astragalus mollis MB.; f) sur l'Olympe, le Bulgardagh et l'Alidagh : Arabis thyrsoidea S. et S.; g) sur le mont Argée, le Bulgardagh et l'Aïidagh : Daphne buxifolia Vahl. Voilà done, sur un total de plus de 2000 espèces qui habitent les cing massifs montagneux de l'Asie- Mineure, seulement 14 espèces qui figurent a la fois dans trois localités. D'ailleurs méine celles qui en embrassent deux n'offrent qu'un chiffre d'une exiguité remarquable. C'est ainsi que, sur le Bulgardagh et sur lO- lympe (distants d'environ 480 kilom.), les espèces que ces deux montagnes possèdent en commun ne forment que la dix-neuvième partie environ de l'ensemble de leurs espèces, qui est de 1665. Quant aux autres massifs, Ja proportion est encore beaucoup plus faible, comme on pourra en juger par les exemples suivants. Bien que l'Alidagh ne soit distant du mont Argée que seulement d'environ 4 kilom., ces deux montagnes n'ont qu'à peu prés cinq espèces en commun, c'est-à-dire la cinquante-cinquième partie environ de l'ensemble de leurs espèces s'élevant à 282. De méme le Bul- gardagh, qui n'est éloigné du mont Argée que d'environ 110 kilom., pos- sède en commun avec ce dernier seulement 36 espèces, c'est-a-dire environ la vingt-septième partie de l’ensemble du chiffre total de leurs espèces, qui est de 992. La distance entre l'Olympe et l'Ararat est à la vérité d'en- viron 1100 kilomètres, mais en revanche la différence moyenne entre les latitudes respectives n'est méme pas tout à fait d'un degré; et cependant le nombre des espèces qu'ils ont en commun ne constitue que la cent quaran- tième partie environ de l'ensemble de leurs espèces, qui est de 982. La dis- tance entre Je Bulgardagh et l'Ararat est d'environ 170 kilometres et la différence entre les latitudes est de moins de 2 degrés : eh bien! les es- peces qui leur sont communes ne constituent que la soixantième partie de l'ensemble de leurs espèces, qui est de 990 ; elles ne forment que la qua- rante-cinquiéme partie entre l'Olympe et le mont Argée, la deux cent aura publié les diagnoses. Pour le moment, j'ai, d'après les indications de M. Ba- lansa, réuni à titre de variétés plusieurs des espèces de M. Kotschy seulement con- nues de nom, à certains types déjà plus ou moins parfaitement établis. £88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quatre-vingtième entre l'Olympe et le mont Ali (total 983) et la cinquante- septième entre l'Ararat et l'Argée (total des espèces, 273). En un mot, si nous prenons la moyenne des proportions qu'effrent sous ce rapport les cinq massifs, elle ne donnera que le chiffre modique de 81,7; ou en d'autres termes, sur environ quatre-vingt-une espéces, il n'y aurait pour chaque groupe de deux massifs qu'une seule espèce qui fût commune aux deux ; et cependant la distance la plus considérable qui s'interpose entre les cinq massifs est d'environ 1100 kilomètres, c'est celle entre l'Olympe et l'Ararat, c'est-à-dire un peu plus de la distance qui sépare Paris de Berlin, tandis que le maximum de différence latitudinale n'atteint pas trois degrés, c'est celle qui existe entre l'Olympe et le Bulgardagh, c'est-à-dire à peu près celle entre Paris et Anvers. VI. — Parmi les cinq massifs de l'Asie-Mineure, aucun ne présente, au méme degré que le Bulgardagh, le phénomène de la localisation des espèces, car presque le fers de sa flore phanérogamique est composé d'espèces ex- clusivement propres à l'Asie-Mineure, parmi lesquelles plus des deux tiers, c'est-à-dire environ le quart du total de la flore, n'ont été trouvées jusqu'à ce jour que sur cette seule montagne, et nulle part ailleurs; de facon que, si, par l'originalité de ses formes, l'Asie-Mineure constitue en quelque sorte un petit État indépendant dans le grand royaume végétal, on peut dire que le Bulgardash figure dans cet État comme une république séparée. Sous ce rapport, le Buleardagh a probablement très peu de rivaux dans les parties botaniquement connues de notre globe, car il serait difficile de signaler une autre montagne dont le quart de la flore füt composé d'es- pèces locales, et presque le fiers de la flore d'espèces n'habitant que la contrée comparativement restreinte où cette montagne se trouverait située. Au reste, si dans le sens absolu le Bulgardagh l'emporte sur toutes les au- tres montagnes de la péninsule anatolique par sa richesse en espèces lo- cales, le mont Ali peut lui disputer la palme et même le vaincre, eu égard à l'exiguité de ses dimensions relativement à celles du Bulgardagh ; en effet, presque la moitié de la flore du mont Ali est composée d'espèces exclusi- vement anatoliques, parmi lesquelles plus de la moitié, c'est-à-dire environ la cinquième partie de la flore de l'Ali, n'a été trouvée jusqu'ici que sur cette montagne. Après le Bulgardagh et l'Ali, vient le mont Argée, où les espèces anatoliques forment la troisieme partie et les espèces argéennes en- viron la septieme partie du total de la flore; puis le mont Ararat, dont la septieme partie environ de la végétation phanérogamique appartient aux cspèces anatoliques et la onzième environ aux espèces exclusivement pro- pres à cette montagne. Enfin la dernière place est occupée par l'Olympe, où les espèces locales ne figurent que pour un douzième environ du total de la végétation. Ainsi, les agents physiques très compliqués qui donnent naissance au remarquable phénomène de localisation des types Végétaux; SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 889 paraissent avoir en Asie-Mineure leur foyer le plus actif dans la partie boréale de la Cilicie et la région centrale de la Cappadoce, d’où ils rayonnent encore avec assez de force dans la direction de l'est, en atteignant les plateaux de l'Arménie, tandis qu'ils semblent au contraire perdre de leur énergie dans le sens de l'ouest, en n'exerçint en Bithynie qu'une influence comparativement plus faible. VIL. — Les proportions numériques que j'ai indiquées pour chacun des cinq massifs, entre les espèces qui leur sont propres et le total de leur végétation, nous ont déjà fait pressentir les différences que doivent pré- senter entre elles leurs flores respectives, sous le rapport du róle qu'y jouent les espéces européennes ou du moins non étrangeres à l'Europe. Malgré l'état imparfait de nos connaissances relativement à la végétation des mas- sifs dont il s'agit, nous pouvons admettre, sans crainte d'erreur, que le mont Olympe est celui des cinq massifs qui, sous ce point de vue, réclame le premier rang, puisque le nombre des espéces européennes y atteint pres- que la moitié du total de la végétation. Le mont Argée parait devoir se placer immédiatement aprés l'Olympe, les espèces européennes y consti- tuant à peu près le tiers de la végétation. Puis viendrait l'Ararat, où ces especes forment à peu prés le quart du total. Le Bulgardagh, dont à peine un Cinquième de la végétation appartient aux espèces européennes, n'occu- perait que le quatriéme rang. Enfin l'Alidagh se placerait à la fin; plus que les quatre autres massifs, en effet, celui-ci parait empreint d'un cachet ori- ginal, sa flore éminemment locale n'aecordant qu'environ une neuvième partie aux types européens. VIIT.— Aprés avoir éliminé des espèces qui constituent la flore de chacun des cinq massifs : 1° les espèces anatoliques; 2? les espèces exclusivement locales; et enfin 3^ les espéces qu'ils ont en commun avec l'Europe, en prenant ce nom dans le sens restreint que je lui ai assigné, voici pour chaque massif les chiffres de l'excédant, c'est-à-dire des espèces qu'ils ont en commun avec les contrées (Rumélie, Grèce, Crimée, Arménie, Perse, Caucase, Sibérie et Asie centrale) dont j'ai désigné le caractere végétal par le terme collectif de type arméno-caucasien : B.—521 (plus de la moitié du total), 0. —550 (id.), Ag.—78 (presque la moitié), Al.—54 (id.), Ar.—83 (moins de la moitié). Je m'abstiendrai de signaler les considérations nombreuses et intéressaptes que pourrait suggérer l'appréciation de l'influence que les es- pèces arméno-caucasiennes exercent sur la végétation de chacun des cinq massifs de l'Asie-Mineure ; il suffira pour le moment d'observer que, sur le mont Ararat, ces espéces semblent étre un peu moins répandues que sur les quatre autres montagnes, ce qui est contraire aux previsions qu'auraient dü faire naitre les positions géographiques respectives ; d'un autre cóté, le mont Ararat possede, en commun avec la Crimée, un nombre d'espèces re- lativement plus considérable que les quatre autres massifs, ce qui égale- 890 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment n'aurait pu étre admis à priori. Cette derniere particularité constitue un fait curieux, mais qui vient à l'appui des considérations exposées dans ma Climatologie de l’ Asie- Mineure, relativement au climat des deux rives opposées du Pont-Euxin (1) H paraitrait en effet que le type du climat excessif, qui atteint sur le plateau de l'Arménie peut-être son plus haut point de développement connu (2), trouve sur le littora! boréal du Pont- Euxin (également empreiut de ce type), et notamment en Crimée, plus de conditions analogues que sur les autres points de l'Asie-Mineure. IX. — Pour apprécier les espéces qui, en Asie-Mineure, s'élevent aux hauteurs les plus considérables, je ne tiendrai compte ni du mont Olympe, ni du mont Ali, parce qu'ils n'atteignent point la région des neiges perpé- tuelles, et par conséquent je ne m'occuperai que de l'Ararat, du mont Argée et du Bulgardagh, en y notant seulement celles des espèces qui dé- passent l'altitude de 3000", ARARAT. — Astragalus mollis MB. alt. 4222». Alsine recurva Wahlb. 4222", Cerastium Kasbeck C. A. Mey. 4222". Saxifraga muscoides Wulf. 4222", Erigeron pulchellus DC. 49222". Chamæmelum caucasicum Boiss. 4222". /Etheopappus pulcherrimus Cass. h222". Tragopogon pusillus MB. A222». Scorzonera coronopifolia DC. 3897". BuLGarpaGn. — Astragalus chionophilus Boiss. 32h8". A. amænus Fenzl. 3258". Erodium Kotschyanum Boiss. mss. 3250". Euphorbia densa Sch. et Kot. 3249, Viola crassifolia Fenzl. 32^9". Arabis Billardieri DC. 3086", A/yssum argyrophyllum Sch. et Kot. 3248". Draba acaulis Boiss. 3249m, Eunomia rubescens Sch. et Kot. 3800". Æ. rotundifolia C. A. Mey. 3512". £F. oppositifolia DC. 3259". Arenaria neclgherrensis W. A. 3100", Anthemis Kotschyana Boiss. var. pecilpeis Kot. 35970". Scorzonera cinerea Boiss. 3086", Derouetia frigida Boiss. 3200". AncÉE. — Oxytropis cyanea MB. 3206". Astragalus chionophilus Boiss. 3005". A. nummularius Lmk. 3005". A. argæus Boiss. 3206". Euphorbia nicæensis All. 3840™. Silene argæa F. M. 3005™. Alsine recurva Wahib, 3005m, Cerastium argæum Boiss. mss. 3650™. Sedum olympicum Boiss. 3005". Androsace olympica Boiss. 3200™. Scrofularia olympica Boiss. 3840". Veronica gentianoides Vahl. 3200™. Myosotis palustris With. 3005m, Festuca duriuscula L. var. glabra Boiss. 3107". Nous voyons par cette indication sommaire que les espèces principales qui, en Asie-Mineure, atteignent les altitudes les plus considérables, espèces parmi lesquelles plus de la moitié sont étrangères à l'Europe, appartiennent particulièrement aux familles suivantes : Papilionacées, Vio- lariées, Crucifères, Caryophyilées, Synanthérées, Primulacées, Saxitragées, (4) Voy. mon Asie-Mineure, vol, II, p. 104-106. (2) Ibid., p. 256-282. SÉANCE DU 12: NOVEMBRE 1857. 891 Scrofulariées, Aspérifotiées, Euphorbiacées et Graminées, bien que sur chacun des trois massifs ces familles soient différemment représentées, tant sous le rapport des genres et des espèces que sous celui du nombre, puisque sur le mont Ararat ce sont les Synanthérées qui dominent, sur le Bulgar- dagh les Papilionacées, et sur le mont Argée les Caryophyllées. Nous voyons de plus, qu'à l'exception du mont Argée qui seul parmi les trois massifs nous offre une Graminée, les monocotylédones ne figurent point parmi les plantes des régions les plus élevées des trois massifs. Eufin nous voyons que ces régions reproduisent en petit le remarquable phénomene de localisation développé en grand dans le tableau général de la végétation des montagnes de l'Asie-Mineure; en effet, parmi les 36 especes que j'ai citées comme représentant les altitudes les plus considérables qu'at- teignent les végétaux phanérogames sur les trois massifs dont il s'agit, deux seulement, savoir l'Astragalus chionophilus et l' Alsine recurva, sont Communes à deux localités, et nommément la dernière espèce à l'Ararat et à l'Argée, et la première à l'Argée et au Bulgardagh; toutes les autres espèces se trouvent rigoureusement limitées à un seul massif, ce qui est particulièrement le cas pour le Bulgardagh, qui a l'air de tenir à conserver partout sa tranchante individualité, et de se montrer original des pieds à la tête, puisque, méme dans ses plus hautes régions, il n'admet, pour la plupart, que des espèces inconnues à l'Europe, tandis que dans les ré- gions analogues de l'Argée et de l'Ararat quelques formes européennes osent s'associer aux formes orientales. X.—Pour compléter ces observations sommaires sur la végétation des Cinq massifs montagneux de l'Asie-Mineure, j'aurais dû discuter plus que je ne l'ai fait les résultats qu'ils m'ont fournis, en les comparant avec ceux que présentent les bautes montagnes dans d'autres pays ; de méme j'aurais dû donner quelque développement aux considérations générales que sug- gèrent toutes ces études comparées, parmi lesquelles il en est uue surtout qui pourrait conduire à des aperçus intéressants : c'est celle du phénomène Curieux de localisation si fortement prononcé en Asie-Mineure, phénomène qui se rattache à la grave question des espèces disjointes, à laquelle M. Alph, De Candolle, dans l'excellent ouvrage que nous connaissons et admirons tous, a avec raison attaché une si grande importance, car, en effet, elle peut jeter quelque lumière sur l'origine probable des espèces en général. Malheureusement les limites imposées à mon travail me défendent de m'élever aux abstractions de la philosophie botanique, bien qu'elles con- Stituent le résultat le plus attrayant et la récompense la plus flatteuse de l'aride et fatigant labeur de classification des faits locaux auquel je me suis particulierement attaché. ll ne me reste done, Messieurs, qu'à vous prier de vouloir bien remar- quer que le travail soumis aujourd'hui à votre bienveillante appréciation 892 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, n'est, apres tout, qu'un fragment mutilé; cependant, quoiqu'il donne à peine une idée de tout le développement dont le sujct est susceptible, et que je désire lui donner un jour malgré les difficultés de la táche, il pourra peut-étre me valoir, dés à présent, quelques titres à l'indulgence de la So- ciété. Je n'ai presque pas besoin d'ajouter qu'un travail qui a pour objet la description d'un grand pays trés imparfaitement exploré devra nécessaire- ment demeurer fort incomplet, lors même qu'on lui aura donné le degré de perfection dont il est susceptible. La valeur d'un tel travail aura toujours quelque chose de relatif. Malgré cette défectuosité inhérente au sujet même, je erois cependant pouvoir me flatter de l'espoir que, quand j'aurai utilisé tous les matériaux en ma possession, je serai à méme de toucher de prés le but que je me propose, savoir, de tracer un tableau de la péninsule anatolique suffisamment complet pour donner une idée des traits qui Ca- raclérisent sa flore et la distinguent de celles des autres pays. Cet espoir est particuliérement fondé sur les considérations suivantes : 1. Bien qu'encore trés peu explorée dans ses détails locaux, l'Asie-Mi- neure a cependant été, pendant les vingt derniéres années, visitée par un assez grand nombre de botanistes pour que les formes les plus rares de sa végétation n'aient pas été négligées, de sorte que la majorité des espèces nouvelles qu'elle posséde est déjà acquise à la science. 2. Par le méme motif, on peut admettre qu'en fait d'espèces déjà con- nues ailleurs, celles qui n'ont pas encore été signalées en Asie-Mineure y doivent être fort rares, et que par conséquent les découvertes ultérieures auront particulièrement pour effet de changer le chiffre absolu des es- pèces et méme des genres, sans détruire les valeurs numériques qui, d'a- prés nos connaissances actuelles, expriment en Asie-Mineure les rapports ou proportions entre les grandes divisions du règne végétal (monocot. el dicotyl.), ainsi qu'entre les familles, genres et espèces. Le fait est que, si certaines familles monocotylédones, comme les Graminées, les Cypéra- cées, ete., sont certainement plus exposées à échapper à l'attention des observateurs, plusieurs familles dicotylédones se trouvent dans le méme cas, ou du moins leur absence dans mes registres ne peut être en partie expliquée que par le manque d'observations, de sorte que les erreurs S€ compenseront. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, je rappel- lerai que, si des recherches ultérieures prouvent que mes registres sont incomplets (et certes ils le sont en général) quand ils montrent Sur l'Ararat les Graminées réduites à une seule espèce, ies Cypéracées y man- quant complétemerft, ainsi que sur le mont Ali, et seulement représentées par trois espèces sur l'Olympe, etc.; d'un autre côté, on peut également prévoir que plusieurs genres et méme quelques familles dicotylédones SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 893 que mes registres ne mentionnent point dans ces massifs, ou ne repré- sentent que par un chiffre insignifiant, y seront plus tard signalés et représentés plus largement, car le manque presque absolu des Graminées sur l'Ararat, l'extrême exiguité du chiffre des Cy péracces sur Olympe, ete., sont tout aussi peu probables que l'absence de certaines familles dicotylé- dones que mes registres ne signalent pas sur l'Ararat, telles que les Eu- phorbiacées, Violariées, Droséracées, Éricacées, Valérianées, Orobanchées, Campanulacées, Thymelées, ete., familles dont la plupart ne figurent pas non plus dans mes catalogues des espèces de l'Argée et du mont Ali, Il en résulte donc que les augmentations et rectifications porteront également sur toutes les familles, sans que les rapports numériques que j'ai établis subissent des changements assez notables pour détruire la validité des conclusions générales que j'en ai tirées. 3. Les doutes que de prime abord pourrait inspirer la valeur du grand nombre d'especes nouvelles qui figurent dans la flore de l'Asie-Mineure sont atténués par cette considération que la majorité des espèces ont été créées par deux savants des plus consciencieux, et qui certes figurent en téte des botanistes qui s'occupent de la flore orientale, je veux dire M. Fenzl, et surtout M. Boissier, auquel ses magnifiques herbiers, ainsi que de nom- breux essais de culture entrepris dans le but de contróler la légitimité de ses espèces, fournissent assez de moyens de les établir solidement, pour ne pas admettre qu'une bonne partie parmi elles ont déjà aequis le droit de se placer à cóté de leurs congénères le mieux accréditées ; et si, comme il est naturel de le supposer, quelques-unes méme doivent finir par étre rayées, cette lacune se trouvera comblée par d'autres espèces réellement nouvelles que renferme l'Asie-Mineure ; de sorte qu'ici encore la valeur des rapports numériques ne court pas grand risque d'éprouver une notable altération, et que le nombre d'espèces exclusivement anatoliques (ou du moins orien- tales) restera toujours énorme comparativement aux espèces européennes ou non exclues de l'Europe. Cette appréciation générale de l'influence que peuvent exercer sur la valeur réelle de mon travail la nature incomplète des matériaux qui lui ont Servi de base et l'accroissement de ces derniers par les découvertes ulté- rieures, peut done me confirmer dans l'espoir que j'ai déjà exprimé plus haut, c'est-à-dire que toutes ces défectuosités n'enléveront point au tableau que j'essayerai d'esquisser le seul mérite auquel il ose prétendre, Savoir, celui d'offrir pour la première fois une expression de l'original suffisamment exacte pour traduire les proportions entre les traits carac- éristiques qui le composent, et pour donner aux contours une valeur indépeadaute des modifieations qu'éprouveront un jour les détails. Sans doute le mérite de la silhouette n'est pas toujours le méme que celui du Portrait; mais quand l'original ne pose pas et qu'on ne peut saisir son image 894 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'en passant, tout dépend du degré d'importance qu'attaehe le public à obtenir cette dernière, ainsi que du besoin qu’il éprouve de préférer la possession d'une ébauche à l'attente indéfinie d'un portrait. Aussi, lorsqu'il s'agit d'un vaste pays encore trés peu connu, et dont l'exploration tant soit peu complète est placée dans une perspective lointaine, les aperçus géné- “aux peuvent non-seulement satisfaire aux exigences du moment, mais encore servir l'avenir, en formulant d'avance certaines lois de proportion et de eorrélation entre les éléments constitutifs, lois qui conserveront une partie de leur valeur lors méme que le chiffre absolu de chacun de ces élé- ments aura ehangé. Nos connaissances des grands principes de la géo- graphie botanique seraient aujourd'hui bien restreintes si elles n'avaient pour matériaux que de petits Cantons consciencieusement calqués par d'imperturbables photographes. Ce n'est que quand les grands et aven- tureux travaux des premiéres reconnaissances ont été faits que peuvent arriver les deseripteurs spéciaux ; et ce n'est qu'à ces derniers que s'adres- sent les sages paroles par lesquelles M. Alph. De Candolle termine son ad- mirable ouvrage (Géogr. bot. II, 1349), en disant aux botanistes : Voyagez moins; comme aussi ce n'est qu'aux cultivateurs des terres parfaitement connues de notre vieille Europe que l'agriculture moderne a le droit de dire : Ayez moins de cliamps. Mais, pris dans un sens absolu et exécuté trop rigoureusement, cet avis aurait eu pour premier effet de nous priver de bien des ébauches immortelles, comme celles des contrées du nouveau monde, erayonuées par Ja main vigoureuse de M. de Humboldt, qui heureusement ne s'est point borné à l'étude monographique de quelque district, mais qui a préféré voyager beaucoup, en se contentant, pour la gloire de son siècle, d'esquisser à grands traits des régions inconnues avant lui, et de laisser à ses suceesseurs le soin de retoucher et de compléter son cadre impéris- sable; tant il est vrai que, bien que, dans les sciences d'observation, il n'y ait point de principe plus important que celui qui prescrit de remonter à la synthése par l'analyse, on doit cependant admettre que la découverte de cef- taines lois générales peut devancer quelquefois de beaucoup l'analyse minu- tieuse de la totalité des faits qui leur servent réellement de base. C'est qu'en embrassant un vaste terrain, l'observateur habitué à la généralisation saisit un faisceau compacte d'éléments qui ne se trouvent point réunis dans un espace plus restreint, de sorte qu'il parvient souvent à deviner, pour ainsi dire, certains résultats qu'on ne pourrait obtenir que bien plus tard par l'étude laborieuse de chacune des localités dont l'ensemble seul peut les donner. . M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 895 STRUCTURE BICARPELLAIRE DE L'OVAIRE DANS LA FAMILLE DES BORRAGINÉES, DÉMONTRÉE PAR L'ÉTUDE D'UNE CHLORANTHIE DU MYOSOTIS CÆSPITOSA, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. La strueture des ovaires gynobasiques de la famille des Labiées et de celle des Borraginées ne devait pas être reconnue et expliquée de bonne heure; l'ovaire des plantes de ces familles est en effet de ceux dont le nom- bre exact des feuilles earpellaires constituantes, est, à priori, difficile à dé- terminer. Dans certains groupes, la difficulté de reconnaitre le nombre réel des carpelles dont se compose l'ovaire résulte, soit de divers arréts de déve- loppement, soit d'avortements partiels, soit de modes particuliers de déhis- cence, soit enfin de la soudure bord à bord des carpelles dans toute leur étendue et de leur non-séparation à la maturité, Chez les Labiées et les Bor raginées, le nombre réel des feuilles carpellaires est dissimulé par une bifi- dité complète de chaque carpelle. Dés le moment de la floraison, l'ovaire des Labiées et des Borraginées pa- rait en effet composé, comme on sait, de quatre parties, qui semblent entiè- ment libres et indépendantes l'une de l'autre dans touie leur étendue. Ces quatre parties (lobes) devaient naturellement être considérées comme con- Stituant quatre carpelles distincts ; le style unique et bifide qui s'élève entre elles était regardé comme le résultat de la réunion de quatre styles simples partant ehaeun du sommet (défléehi jusqu'au niveau du gynobase) de cha- cun des carpelles. Ce style composé étant bifide et non quadrifide, sa bifi- dité pouvait donner à penser qu'il était formé de deux styles correspondant Chacun à un carpelle bilobé ; mais on pouvait penser aussi que, chacun des quatre lobes de l'ovaire représentant un earpelle, chaeun des deux stig- mates était le résultat de deux stigmates soudés. — Le nombre des divisions du style et le nombre apparent des stigmates ne correspondent pas toujours, en effet, au nombre des feuilles earpellaires. Chez les Saules, par exemple, le nombre des stigmates est souvent double de celui des car- pelles; nous avons pu récemment démontrer d'une maniere évidente (par l'observation. de la fleur femelle du Salir babylonica anormalement dé- veloppée en organes foliacés) que le nombre des carpelles, dans le genre Salix, est le nombre deux, comme on l'admettait, du reste, malgré l'appa- rence de quatre stigmates (1). L'examen de l'ovaire chez les Labiées et les Borraginées, pendant la pre- miére période de son existence, avait donné à peuser que le nombre normal des feuilles carpellaires dans ces familles devait être le nombre deux, mais aucun fait démonstratif n'était venu fournir une preuve irrecu- sable de l'exactitude de ce fait, lorsque certaines anomalies observées chez (4) Voy. le Bulletin, t. IV, p. 617. 896 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. diverses plantes de la famille des Labiées vinrent démontrer d'une manière évidente la structure bicarpellaire de l'ovaire chez cette première famille, Un Stachys sylvatica à fleurs tendant à revétir la forme foliacée, recueilli par M. J. Gay, il y a plusieurs années, et que notre savant confrère a bien voulu me communiquer, a été l'objet de mon examen, et j'ai présenté à la Société le résultat de cette étude (1). La ressemblance qui existe entre l'ovaire ou le fruit des Labiées et des Borraginées devait faire penser que si, dans la première de ces deux familles, l'ovaire est composé de deux carpelles seulement, la structure est la méme dans la seconde; mais une induction, quelque rationnelle qu'elle puisse étre, n'équivaut pas à une démonstration, et j'avais vainement cherché dans la nature et dans les collections un cas de chloranthie qui vint apporter pour les Borraginées un témoignage irrécusable, analogue à celui que le genre Sfachys avait fourni pour la famille des Labiées, lorsque mon ami M. de Seheenefeld rencontra dans son propre jardin (à Saint-Germain en Laye) l'anomalie si désirée. Notre honorable confrère avait joint cette année à son intéressante culture de Crassulacées la culture de quelques formes de plusieurs Myosotis aquatiques ; dans le courant d'oc- tobre il remarqua que son M. cæspitosa présentait un aspect insolite : les nombreux individus de cette espèce qui végétaient isolés dans une terrine étaient presque tous et à divers degrés affectés de ehloranthie. | M. de Seheenefeld ayant bien voulu me confier l'examen de cette intéres- sante anomalie, j'ai constaté les faits suivants : Les fleurs d'un certain nombre de rameaux sont subnormales ; d'autres tiges, en plüs grand nombre, pré- sentent sur un méme rameau florifère des fleurs anomales à divers degrés. — Dans une première déformation le calice est encore campanulé, mais ses lobes sont amples et étalés ; la corolle est au contraire plus petite qu'à l'état normal, ses cinq lobes sont. courts et dressés, elle est de couleur verdátre; les étamines sont subnormales et présentent seulement une tendance à s'a- trophier. L'ovaire est très amplifié, mais il conserve encore quelque chose de sa forme normale ; il est absolument semblable à celui du Stachys dont nous avons parlé, indivis, subbilobé dans sa partie inférieure et qua- drilobé dans sa moitié supérieure qui dépasse longuement les lobes dressés de la corolle; un style, formé de deux cylindres juxtaposés et soudés dans toute leur longueur, part du centre des. quatre lobes, cet ovaire reuferme ordinairement deux ovules atrophiés. Il est extrêmement facile de recon- naitre dans cet ovaire la structure bicarpellaire reconnue précédemment dans l'ovaire de forme analogue observé chez le Stachys; la suture des deux carpelles donne lieu à une introflexion très prononcée. L'introflexion de la nervure dorsale de chacune des deux feuilles carpellaires est moins (4) Voy. le Bulletin, t. I, p. 258. " SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 897 profonde; un des deux styles est naturellement opposé à cette nervure, et la ligne de soudure des styles correspond à la ligne suturale des ovaires. Dans une seconde déformation, le calice est complétement dialysépale et chacune des cinq petites feuilles dont il est composé a revêtu la forme oblongue-elliptique des feuilles caulinaires; la corolle est toujours gamo- pétale, mais de eouleur verte et à lobes dressés, chacun de ces iobes tend à revétir la forme d'une feuille foliacée; le verticille staminal est peu modifié : loin de tendre à l'état foliacé, les étamines encore pourvues d'anthères ten- dent à s'atrophier. Le verticille carpellaire est le plus intéressant: il est re- présenté par deux feuilles opposées, foliacées et d'une belle eouleur verte, qui dépassent longuement la corolle. Un bourgeon central et terminal de la fleur se rencontre souvent entre ces deux feuilles, qui du reste ne présen- tent aucune trace de placentaire ni d'ovule. — Cette transformation foliacée de l'ovaire est si complète que l'on pourrait au premier aspect en contester l'identité et considérer l'ovaire comme avorté et les deux feuilles foliacées comme des feuilles supplémentaires ; mais un exainen plus attentif ne permet pas de maintenir cette hypothèse, car les deux feuilles opposées constituent un vertieille distinct qui succède sans interruption au verticille staminal ; or, le verticille floral qui succède au vertieille staminal est le verticille car- pellaire. La position de ces deux feuilles est d'ailleurs la méme que celle des deux carpelles soudés, terminés en styles et stigmates, qui ne peuvent pas être méconnus dans l'anomalie moins intense que nous avons décrite la pre- mière. Dans une troisième déformation, le calice, la corolle, les étamines et les deux carpelles présentent les mêmes formes que dans le cas précédent, mais le bourgeon floral qui termine l'axe floral et se trouve entre les deux feuilles Carpellaires prend les proportions d'un rameau ordinairement florifére; ce rameau porte une, deux ou plusieurs feuilles ou bractées, et se termine par une petite iuflorescence composée de trois à sept petites fleurs qui ne se développent en général que trés incomplétement et qui sont subnor- males, plus ou moins atrophiées, mais dont le calice tubuleux 'est assez régulier. Quelques jours plus tard, M. de Schœnefeld rencontrait encore, par un heu- reux hasard (ces hasards sont surtout familiers aux bons observateurs), un autre accident de végétation fort intéressant dans la fleur d'une autre Borra- ginée, l’ Anchusa italica. L'ovaire des différentes fleurs de l'inflorescence était très développé, mais cet ovaire avait conservé sa forme quadrilobée, et loin que l'hypertrophie mit en évidence la structure bicarpellaire, cette structure Sy trouvait, vu le volume du fruit, masquée plus encore que dans l'état normal. — L'état de eet ovaire me rappela immédiatement l'état d'hyper- trophie de l'ovaire, trés fréquent chez les Cruciferes (Brassica, Sinapis, Cap- Sella, ete.), sous l'influence du développement de certains parasites végé- , -— T. IV. 24 898 BOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. taux (Botrytis et autres Mucédinées). Dans ce cas, les parois de l'ovaire subissent un simple accroissement de volume en ampleur et en épaisseur, mais l'ovaire ne tend pas à revêtir la forme foliacée. L'état dà à ce parasi- tisme n'éclaire done pas la structure de l'ovaire, mais il ne porte pas atteinte non plus, comme on aurait pu le croire, à l'exactitude des conclu- sions tirées de l'examen d'un ovaire qui tend, sous une autre influence, à re- vétir la forme foliacée et dont les feuilles carpellaires tendent à s'isoler et peuvent s'isoler en effet. L'état de chloranthie souvent déterminé par le brusque passage d'une température chaude et séche à une température humide prolongée, et dans lequel la fleur tend à constituer un rameau feuillé, est donc l'un des états accidentels les plus intéressants, celui dans lequel l'observateur peut le plus espérer de surprendre un de ces oublis de la nature si instructifs, dans les- quels, sous l'empire d'une perturbation accidentelle, elle nous livre quelque- fois ses secrets. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la note suivante, adressée à la Société par M. Chr. Vaupell : Copenhague, 1°" septembre 1851. Je prends la liberté d'adresser à la Société encore quelques mots, qui confirment l'opinion que M. J. Gay a émise dans les remarques dont il a bien voulu accompagner ma communication Sur le mode de multiplication de l’ Agave americana, insérée au Bulletin, t. IV, p. 43 et suiv. Dans cette communication, j'ai appelé l'attention de la Société sur les di- verses sortes de bourgeons dont l'Agave est pourvu, savoir le bourgeon ter- minal et les bourgeons latéraux, dont quelques-uns, ai-je dit, avortent régu- lièrement, tandis que les inférieurs s'allongent beaucoup avant d'arriver au jour, couronnés d'un bouquet de feuilles. J'ai comparé ces derniers aux bulbilles de la Jacinthe, et, par opposition aux bourgeons principaux, je les ai appelés adventifs. Je voulais exprimer par là leur analogie avec les bul- billes de la Jacinthe, qu'on appelle en allemand /Vebenzwiebeln ; mais je reconnais qu'il est inexact d'employer ici cette expression, si, en francais, le terme de bourgeon adventif signifie toujours un bourgeon latéral placé en dehors d'une aisselle de feuilles. M. Gay a donc raison de considérer les stolons de l'Agave comme des rameaux nés à l'aisselle de feuilles radicales. Si l'on examine un pied d'Agave arraché du sol, on trouve que les stolons ou rejetons sortent de la base de la tige, qui est tout à fait dégarnie de feuilles et couverte de ra- eines adventives. Mais dans l'aisselle des feuilles inférieures, placées immé- diatement au-dessus des racines et qui commencent à se flétrir, ou peut découvrir de petits bourgeons, qui sans doute sont les premiers commence- SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 899 ments des rejetons qui se développeront lorsque ces feuilles seront tombées. Les bourgeons, au contraire, qui se trouvent dans l'aisselle des feuilles su- périeures avortent régulièrement. M. J. Gay dit qu'aprés un examen plus attentif des faits, il est revenu à l'opinion qu'avait d'abord manifestée M. Vaupell, et d'apres laquelle les rhizomes de l'Agave doivent étre considérés comme des rameaux adventifs plutót que comme des productions axil- laires (1). M. le comte Jaubert fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE FARSETIA CLYPEATA, par M. le comte JAUBERT. L'existence, au centre de la France, d'une espèce appartenant notoire- ment au bassin méditerranéen, est un fait dont l'explication peut n'étre pas indigne de figurer dans le recueil de nos Amænitates (2). La ville de Saint-Amand, située à la jonction des riantes vallées du Cher et de la Marmande, est dominée par le tertre assez élevé du Montrond, où existent encore quelques ruines d'un cháteau fort. Ce tertre est remarquable pour les géologues : le soulevement partiel qui lui a donné naissance a mis à la fois à nu les dernières couches des marnes irisées et toute la série du lias (3). Le botaniste est sûr d'y trouver, dans les ruines du château, une des plantes les plus rares de la flore française, le Farsetia clypeata R. Br. (Alyssum clypeatum L.). M. Boreau, dans la premiere édition de sa Ælore du Centre (introduction, p. 30, en note), semble m'attribuer l'honneur d'y avoir cueilli le premier cette plante, il y a aujourd'hui plus de trente-sept aus. Elle porte, en effet, dans mon herbier, la date du mois d'aoüt 1820. Personue ne me l'avait indiquée ; elle avait atliré mon attention par la grau- deur de ses silicules, le brillant argenté de ses cloisons placentariennes assez semblables à celles de la Lunaire; mais je n'avais pas été le premier à la trouver à Montrond. Des 1814, notre bon et respectable confrere, M. Jacques Gay, en avait recu plusieurs exemplaires vivants de M. Blon- deau, professeur au lycée de Bourges etamateur de botanique, lequel peut- étre tenait de M. Subert, pharmacien en la méme ville, la connaissance de (1) Voyez dans le Bulletin, t. IV, pages 612-617, la communication faite par M. Gay, le 49 juin dernier, à la session de Montpellier. (2) La Société Botanique de France, par la publication de son Bulletin, tend à še rapprocher du modèle que Linné lui a laissé dans les Amanitates academice de l'Université d'Upsal, recueil de dissertations composées par ce grand naturaliste 9 par ses élèves et sous son inspiration. (3) Explication de la Carte géologique de France, par MM. Dutrénoy et Elie de Beaumont, t. Il, p. 241 et 242, avec une figure. 900 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la localité ; quoi qu'il en soit, ni l'un ni l'autre de ees amateurs n'ont rien écrit. Ce fut en 1825 que M. J. Gay recueillitlui-méme le Farsetia à Mont- rond ; il en a constaté l'indigénat dans une note de son Mémoire sur quel- ques Crucifères du Systema de De Candolle, inséré en 1826 dans les Annales des sciences naturelles. 1l avait décrit la localité avec son exactitude ordi- naire, et il ajoutait, d’après le témoignage de M. Blondeau, que si le Farselia clypeata n’était pas une production naturelle du territoire de Saint- Amand, : ] y était au moins naturalisé depuis plus de trente ans: c'était déjà une sorte de prescription. L'aspeet du terrain repoussait d'ailleurs, selon M.Gay, l'idée de toute culture jardiniere ne remontant pas à un temps fort éloigné. La découverte de M. Gay fut mentionnée en 1828 par M. Duby, dans son Zolanicon gallicum, et la plante signalée en termes généraux, comme appartenant au département du Cher, Quand je restitue à M. Gay son droit de priorité sur le Farsetia, il voudra bien me permettre de con- tester celui qui lui avait été attribué sur le Spiræa hypericifolia de nos environs de Bourges, dans le supplément de la Flore francaise, publié en 1815; cette plante y avait été signalée dès 1739 par Lemonnier, adjoint comme naturaliste à la commission des Académiciens français chargés de vérifier la méridienne de Paris, et le 4° volume d’une des compilations de Buc'hoz en fait foi (17. M. Boreau, en 1840, ne pouvait s'expliquer comment notre plante s'était propagée à Montrond, et se demandait, avec une certaine inquiétude, si elle ne disparaitrait pas de ces ruines qui venaient d'étre transformées en promenade publique; elle est, au contraire, restée jusqu'à ce jour aussi eramponnée au sol que les espèces le plus incontestablement aborigenes, et chaque année elle recoit la visite de quelque botaniste. Le Farsetia clypeata est une plante essentiellement orientale, abondante surtout dans l'Asie-Mineure, où je l'ai recueillie, en 1839, aux environs de Smyrne et de Kizilgibuluk en Carie : M. Pinard l'a rapportée de cette der- nière province ; M. de Heldreich, de la Pisidie; M. Kotschy, de la Perse. Elle est plus rare en Grèce: M. de Heldreich l'y a trouvée au mont Cyllene, à 5500 pieds d'altitude; elle existe en Géorgie, et s'avance vers le nord, d'une part, jusque dans la Russie méridionale; d'autre part, d'apres Ber- toloni, par la Sicile, Rome, Bologneet Volterra, jusqu'à Vérone, et méme jusqu'a Trente dans le Tyrol. Elle a été vaguement citée, aux environs de Nice, par Allioni et, d'après lui, avec doute, dans la Flore française de Lamarck et De Candolle; depuis, et d'une maniere plus précise, par Ber- toloni, d'aprés Molinari. Partout, en Orient comme en Italie, elle se plait sur les collines pierreuses exposées au soleil ; cette particularité avait été remarquée par Dioscoride, et Dodoéns en fait mention d'après lui : /n mon- (1) Dictionnaire des Plantes, Paris, 4774, SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 901 tibus et asperis locis emicat, Dioscorides inquit. A Vérone elle s'est établie dans les rochers du Jardin Giusti: Pollini l'y avait vue, d'autres l'y ont retrouvée depuis. Quant à la France proprement dite, il a été question du Farsetia clypeata dans la Flore francaise de Lamarek et De Candoile, d'abord d'une manière très générale, comme croissant sur les bords de la mer dans les provinces méridionales; puis spécialement en Languedoc, d'après Lamarek lui-même, ou nesait sur quel fondement ; enfin à Maguelonne près Montpellier, d'après Gouan. Aucune de ces indications n'a pu être maintenue. Personne, que je sache, ne l'a reeueilli sauvage dansnos provinces méridionales. Gouan n'en parle, dans ses Aerborisations des environs de Montpellier, que pourV y avoir, en compagnie de son ami le docteur Amoreux, semé parmiles rochers du chemin de Castelnau le 1*7 février 1771, et planté à la Paillade, près du mou- lin d'Aleo, le 18 mars 1772. On sait le sort ordinaire de ces tentatives de naturalisation entreprises, selon l'expression de Gouan, dans la vue d'enri- chir les herborisations et de dédommager les botanistes des pertes que, par diverses causes, une flore locale peut éprouver, Gardons-nous toutefois de décourager des ceuvres si charitables. Eh bien ! défendez-vous au sage De se donner des soins pour le plaisir d'autrui (1) ? La plupart de ces tentatives échoueront ; quelques-unes pourront réussir. C'est ainsi que M. Weddell a enriebila flore des environs de Paris detrois plantes introduites, savoir: le Stratiotes aloides, dans la forêt de Marly aux mares du Roi, et dans le bois de Meudon à l'étang de Trivaux ; le Calla pa- lustris et l’ Acorus Calamus, à la Mare-ténébreuse de Marly. Or, le Farsetia clypeata n'existe pas aux environs de Montpellier ; M. Touchy, explorateur infatigable de cette contrée, affirme qu'il ne l'y a rencontré nulle part à l'état sauvage. En ce qui concernespécialemeng l'her- borisation de Maguelonne, Gouan n'y a fait nulle mention de notre plante, et la Société Botanique de France, qui cette année méme a recherché cu- rieusement dans cette localité célèbre jusqu'aux trois plantes citées par M. Moquin-Tandon, peut rendre témoignage de l'absence du Farsetia. Le seul endroit oü la plante se soit naturalisée à Montpellier, est le mur d'en- ceinte du Jardin des plantes; cette circonstance est à noter. Les rochers de Nice et le mur du Jardin des plantes de Montpellier sont done les lieux d'habitation du Farsetia le plus rapprochés du centre de la France. 11 est évident que nous n'avons pas affaire ici à une de ces espèces que M. Alphonse De Candolle, dans son ouvrage classique sur la geogra- phie botanique, appelle des espèces disjointes, c'est-à-dire dont les colonies (1) La Fontaine, le Vieillard et les Trois jeunes hommes. 909 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont s^parées, souvent à d'énormes distances les unes des autres, par des causes géologiques antérieures à l'ordre de choses actuel, sans qu'on puisse attribuer leur présence, dans telle ou telle de leurs colonies, à un transport plus ou moins probable. Mais le Farsetia clypeata tranche assez sur le fond de notre végétation indigène du centre de la France pour être rangé parmi les espèces naturalisées, c'est-à-dire, selon la définition de M. Alph. De Candolle, introduites dans la contrée à une époque éloignée, « croissant et se multipliantsans le secours de l'homme, se manifestant avec » plus ou moins d'abondance et de régularité dans les stations quileur con- » viennent. » Le méme maitre élimine, en fait de naturalisation, les stations qui ont besoin d’être renouvelées et entretenues par l'homme, comme les champs, les jardins, où certaines plantes passent momentanément à l'état de mauvaise herbe, pour me servir de l'expression vulgaire. La station doit étre durable, et dans cette catégorie on compte les murs, les ruines, les décombres : notre plante satisfait aussi à cette condition. Et il faut dire encore qu'une plante ne peut passer pour franchement naturalisée, que si elle s'est propagée, non pas seulement par le moyen de ses racines, par une sorie d'extension de l'individu, mais par ses graines à titre d'espèce. A cet égard, les piantes annuelles ou bisannuelles donnent moins de prise au doute que les plantes vivaces. Linné a eru le Farsetia clypeata annuel ; M. Boreau l'indique par erreur comme vivace : la vérité est que cette plante est bisannuelle, ainsi qu'Allioni l'avait dit. Elle est néanmoins re- gardée comme vivace à l'école de botanique du Jardin des plantes de Paris. Mais le füt-elle, en effet, la structure de ses graines bordées d'une petite aile membraneuse suffirait pour rendre compte, sinon du transport de l'espèce par l'aetion du vent à grande distance « en dehors du cercle » primitif ou du cercle précédemment connu de son habitation », du moins de sa dissémination régulière auprès des pieds originairement établis dans la loeglité. Quaut aux autres moyens naturels de trausport par lesquels uue naturalisation peut s'opérer, comme les courants d'eau, ete., ils sont Com- plétement inapplicables a notre contrée. Le plus probable des moyens de transport, en ce qui concerne le Far- setia clypeata, est celui qui provient du fait de l'homme, « l'opérant de mille » manieres, volontairement ou saus intention. » M. Alph. De Candolle a dé- ployé, dans cette partie du vaste sujet qu'il a traité, toutes les ressources de l'esprit le plus ingénieux, de l'érudition la plus variée. Il a recherché partout des preuves ou au moins des indices de l'origine étrangere d'un grand nombre d'espèces, dont plusieurs ont donné lieu, daus son ouvrage, à des développements offrant un modèle accompli de critique. Il a mis à con- tribution l'histoire et la philologie; il a montré que les grandes migrations des peuples et leurs invasions passageres qui semblaient vouées à l'œuvre de la dévastation, n'ont pas laissé que de déposer dans le sol des germes précieux SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 903 de reproduction, sortes de médailles végétales que M. Alph. De Candolle est habile à déchiffrer (1). M. Raynal, dans son excellente histoire du Berry, publiée en 1845, est tenté de voir dans le Farsetia clypeata de Montrond un poétique souvenir des croisades. Sans faire remonter jusque-là nos conjectures, on peut dire que les ruines du château de Montrond, parée au prin- temps des fleurs du Farsetia clypeata, ne sont pas les seules en Berry où il soit permis d'évoquer une sorte d'écho de l'Orient. Ne lit-on pas encore aujourd'hui avee émotion sur les murs de la tour Blanche d'Issoudun, qui servit de prison aux Juifs persécutés sous Philippe le Bel, les traces toutes bibliques de leurs malheurs ? Le commerce, cause puissante de dissémination des graines, ne nous offre pas des données plus vraisemblables ; Saint-Amand n'a rien de eom- mun sous ce rapport avee la situation du Port-Juvénal, oü aprés tout, ainsi que la Société s'en est assurée au mois de juin dernier, le nombre des espè- ces qui se sont véritablement naturalisées est fort restreint. Pour achever de résoudre notre petit problème de géographie botanique, reste enfin l'influence des jardins, surtout des jardins botaniques ; et nous n'avons pas oublié la persistance du Farsetia clypeata dans les rochers du Jardin Giusti et sur les murs du Jardin des plantes à Montpellier. Aurait-il donc existé à Saint-Amand ou dans ia contrée un amateur de plantes étran- gères, et un jardin vù elles auraient été cultivées ? Cet amateur, ne serait-il pas un fils de Henri IV, Gaston d'Orléans? ee jardin, l'établissement bota- nique que ce prince avait fondé à grands frais au cháteau de Blois, sa rési- dence ordinaire, avec l'aide du savant Morison et de Nicolas Marchant? Il faut lire la notice que M. Boreau a donnée du Jardin de Blois, dans l'introduction de sa Flore du Centre. En 1660, on ne comptait dans I Hortus blesensis pas moins de 2574 espèces : une seule, un Quercus Cerris, a survécu jusqu'à ee jour à la destruction « du plus bel amos de simples qui fût en Europe, » dit un historien de la ville de Blois. Il n'est pas téméraire de supposer, entre la résidence ordinaire de Gaston et le cháteau de Mont- rond, demeure des princes de Condé, des relations teiles que le Jardin de Blois ait fourni à l'autre quelques-unes de ses raretés. Le château de Mont- rond fut démantelé par les ordres de Louis XIV, lorsqu'à la fin de la guerre dela Fronde il présida lui-méme à la destruction de la grosse tour de Bourges. A l'exemple du Quercus Cerris de Blois, le Farsetia clypeata, (4) Je lui en fournirai une en passant qui a trait à la guerre : C'est le Corylus Colurna, dont j'ai été, en 1833, fort étonné de trouver de gigantesques individus à Baden près Vienne (Autriche); espèce orientale aussi, des environs de Constan- tinople (Byzantinische Haselnuss de Willdenow.) On assure que l'existence de ce arbres à Baden remonte à l'époque du siége de Vienne par les Turcs en 1683. 904 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. contemporain des anciennes magnificences du château de Montrond, sera resté fidele à ses ruines. Gaston d'Orléans n'a pas joué dans l'histoire un rôle des plus brillants, mais il a aimé les plantes et protégé les savants: zn eo certe principes cete- ros vicit, quod inter armorum strepitus non. sumptibus tantum ut alii, sed doctrina qua pollebat maxima, Botanicen illustraret (M). Il n'a pas, disent ses biographes, dédaigné d'herboriser dans la campagne, et la flore francaise a été dotée par lui d'une espèce remarquable : il a aequis des droits à la bienveillance de la postérité. | M. Puchartre, secrétaire, donne lecture de la note suivante, adressée à la Société : SUR L'OVULE DU VALLISNERIA SPIRALIS, par M. Robert CASPARY. (Bonn, 20 octobre 1857.) Les objections que M. Chatin (Bullet. Soc. Bot., t. IV, p. 156 et suiv.) oppose à quelques-unes des assertions que j'ai émises dans ma JVote sur la division de la famille des Hydrocharidées proposée par M. Chatin, seront réfutées aussi complétement qu'il me semble utile de le faire, dans un travail sur les Hydrillées qui paraitra dans les Annales de botanique scien- tique de M. Pringsheim (Jahrbuecher fuer Wissenschaftliche Botanik). - Mais comme, dans les sciences naturelles, le meilleur moyen de se former une opinion sur quoi que ce soit, est de voir, d'observer soi-méme, je prends la liberté d'adresser à la Société une préparation d'ovules du Vallisneria spiralis qui ont été traités d'abord par la potasse, puis conservés dans un liquide sucré. L'examen de cette préparation démontrera à toutes les personnes qui con- naissent la structure des ovules en général : 1° Quel'ovuledu Vallisneria spiralis a deux téguments, ainsi que l’a figuré M. Schleiden (Nov. acta Acad. Leop. Car., XIX, II, tab. 3, f. 25), et non un seul comme l'affirme M. Chatin; que le tégument interne entoure entière- ment le nucelle, tandis que le tégument externe enveloppe seulement la partie inférieure de ce corps, atteint un peu plus de la moitié de sa hau- teur, mais ne s'élève pas jusqu'à son sommet ; 2° Que les téguments sont formés de deux couches de cellules (très dis- tinetes surtout à la partie supérieure du tégument interne) et .non d'une seule couche de cellules, comme le prétend M. Chatin. J'espère que l'examen de ma préparation pourra convainere M. Chatin de l'exactitude de ces deux assertions, et aussi de l'avantage qu'il y a à em- (4) Tournefort, Isag., 49, . SÉANCE bU 13 NOVEMBRE 1857. 905 ployer la potasse comme réactif pour étudier la structure des ovules du Val- lisneria spiralis et de la plupart des autres plantes. L'ovule du Vallisneria spiralis est tellement opaque, qu'il n'est pas possible d'en reconnaitre la structure en l'observant dans l'eau ; il faut avoir recours à l'emploi d'une matiére qui le rende transparent : j'ai trouvé que, pour cela, la potasse est préférable aux acides et à l'eau sucrée. M. Chatin appuie son opinion sur l'examen de la coupe transversale et du développement de l'ovule. Mais une coupe transversale ne peut fournir aucun résultat certain, à moins qu'on ne fasse usage d'un réactif qui rende la préparation transparente ; et quant au développement, M. Chatin trouvera, s'il le suit avec exactitude, pré- cisément le résultat auquel j'ai été amené par l'observation de l'ovule parfait. J'ai prié mon ami M. Prillieux de montrer à la Société, dans sa prochaine séance, ma préparation sous un grossissement d'enviroif trois cents fois. M. Prillieux met sous les yeux de la Société la préparation dont il est question dans cette note. M. Chatin présente, au sujet de cette communication, les obser- valions suivantes : M. R. Caspary, le savant professeur de Bonn, revient aujourd'hui sur l'un des points de ses précédentes critiques (1) de mes observations sur les plantes de la famille des Hydrocharidées, savoir, à la structure de l'ovule du Vallisneria spiralis. M. Caspary persiste à admettre : 1* que cet ovule a deux membranes autour du nucelle ; 2° que ces deux membranes ne sont pas formées d'une seule rangée d'utricules. Il met sous les yeux de la Société quelques ovules à l'appui de sa manière de considérer les faits. Relativement au second point, la pensée exprimée par M. Caspary dans Sa premiére communication se rapportait à une théorie générale, et tirait en réalité de là toute son importance. Notre savant confrére n'admettait pas qu'on püt jamais observer de membrane à une seule rangée d'utrieules, et logiquement il rangeait le Vallisneria sous la loi commune. Les faits que j'ai empruntés aux recherches de MM. Tréeul et Duchartre l'ont porté à négliger la loi pour s'attacher au fait spécial. La question étant ainsi cir- conscrite, je me borne à dire que je conserve mon opinion, la croyant aussi bien fondée sur des tranches minces, que celle de M. Caspary l'est sur des ovules rendus plus ou moins transparents par la potasse. Je rappelle toutefois que la membrane interne, qui pour M. Caspary est une secondine, qui pour (4) Voyez le Bulletin, t. LV, p. 98. 906 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moi est formée peu à peu par l'atrophie du nucelle, est d'abord une masse cellulaire qui ensuite s'amincit successivement pendant le développement de l'embryon, mais qui conserve une certaine épaisseur dans la portion non recouverte (dans la graine elle-même le nucelle est ordinairement assez lon- guement exsert) par la primine, prineipalement à son sommet. Ce sommet est d'ailleurs ou régulierement arrondi, ou déprimé, ou bilobé. C'est surtout pour démontrer l'existence des deux membranes, que M. Caspary a adressé les ovules qui passent sous les yeux de la Société. Or, ces ovules, dont j'ai vu souvent les pareils, n'ont pas, pour l'opiuion en faveur de laquelle on les invoque, la valeur qui leur est attribuée. J'ai observé, dans le Vallisneria, d'autres ovules bien plus propres à faire croire à l'existence de deux membranes. Qu'offrent, en effet, les ovules de M. Cas- pary? Une membrane, la primine, qui s'élève jusque vers le milieu de la hauteur du nucelle, puis ce dernier, avee le sommet bilobé et semblant avoir un mieropyle entre les deux lobes. La potasse ayant rendu la prépa- ration plus transparente dans toutes ses parties, proportionnellement bien entendu à l'épaisseur des tissus observés, il est inévitable que les bords ou la circonférence, où ces tissus offrent une grande profondeur, aient moins de transparence que la portion médiane formée seulement par les parois antérieure et postérieure: alors les bords plus opaques peuvent étre pris facilement pour une secondine entourant le nucelle. J'avoue cependant ne pas comprendre comment une membrane non coupée dans sa longueur (et les ovules présentés sont parfaitement entiers) peut offrir l'image d'un corps bilobé avec un canal mieropylaire entre les lobes. C'est qu'en effet il ne résulterait pas autre chose de la coupe passant par l'axe d'un ovule réelle- ment pourvu d'une secondire recouvrant le nucelle. Les ovules que j'ai dit plus haut étre bien plus favorables à l'hypothèse de l'existence de deux membranes que ceux présentés par M. Caspary, offrent, au sommet et dans l'axe du nueelle, une dépression en forme de petit puits, qu'on est tout d'abord porté à considérer comme un micropyle bordé d'une véritable secondine formant margelle : de tels ovules sont représentés pl. IIT, fig. 11!, 13, 13^ de mon mémoire sur le Vallisneria. Pourquoi, dira-t-on alors, avoir renoncé à une opinion qui paraissait si plausible? Par ce motif, auquel on accordera bien quelque valeur, que lors- que j'ai suivi pas à pas, dans les diverses phases de son développement, l'ovule du Vallisneria, je n'ai jamais vu apparaitre, à aucun moment, la seconde membrane, qu'il est si facile cependant d'observer dans le jeune âge des ovules chez lesquels l'existence d'une secondine est incontestée. La Société comprend que je serais d'autant plus disposé à étre ici de l'avis de M. Caspary, que son opinion a été d'abord la mienne. Mais, bien décidément, je ne pourrai admettre l'existence de la secondine que lorsque jaurai vu celle-ci apparaitre et s'élever sur les flanes du nucelle, organe au sommet SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 907 duquel on n'admettra pas sans doute qu'elle prenne naissance. Qu'un seul ovule de Vallisneria, avec nucelle portant à sa circonférence (comme c'est le cas ordinaire dans les autres végétaux) deux membranes, soit pro- duit, et le débat sera elos en faveur de l'opinion à laquelle M. Caspary prête l'appui de son talent. Je prends la liberté de convier à cette recherche (que personnellement je ne négligerai pas, ni sans doute M. Caspary) les botanistes auxquels la question débat'ue inspire quelque intérét. Je me propose de mettre prochainement sous les yeux de la Société des ovules de Vallisneria à tous leurs âges. Je l'aurais fait aujourd'hui méme, si j'eusse été averti de la communication adressée par M. Caspary. M. Duchartre donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : LENTICELLES ET RHIZOGENES, par M. D. CLOS. (Toulouse, 5 novembre 1857.) Les tiges et les rameaux du Solanum Duleamara L. présentent à leur surface de petits tubereules d'un blanc verdâtre, qui ont depuis longtemps fixé l'attention des botanistes. M. Le Maout, aprés les avoir déerits, conclut ainsi : « Les petites saillies en question ne sont done ni des cicatrices de feuilles, ni des cicatrices de rameaux, et je pense qu'on peut les considérer comme des bourgeons avortés. » (Leçons de Bot., Y, p. 235.) Or, en 1826, Du Petit- Thovars disait, par la bouche de Cuvier, à propos de la méme plante: « Sa tige est parsemée de tubercules blancs qui paraissent absolument sem- blables aux lenticelles, mais qui ne s'ouvrent pas. Si l'on enlève l'écorce, on trouve vis-à-vis de chaque mamelon une radicelle détachée du corps ligneux, et qui semble prête à sortir ; et cela lui arrive immanquablement au bout de vingt-quatre heures, si l'on en forme une bouture en la plon- geant dans l'eau. » (Voy. Cuvier, Analyse des trav. de l'Acad. des sc. pen- dant l'année 1826, p. 26.) J'ai vérifié l'exactitude des faits avancés par Du Petit-Thouars. Des branches de Douce-amére plongées dans l'eau ont trés promptement émis des racines adventives, et celles-ci (qui ne tardent pas à en produire d'au- tres à leur surface) sortent toutes des petits tubercules désignés. En 4841, M. Bouchardat communiquait à l'Institut un mémoire sur la théorie des boutures. Comme M. de Mohl, M. Bouchardat avait vu les lenti- celles se gonfler au contact de l'eau sous forme de masses blanches et spon- gieuses, et il les appelle spongtoles caulinaires : mais en méme temps, ce savant distingue, sous le nom de rÁizogénes (bourgeons (4) de racines) des (1) Le mot germes serait plus exact, car un bourgeon estun petit corps com- posé ou qui se composera, par suite du développement, d'un axe et d'appendices. 908 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. organes spéciaux, d’abord confondus avec les lenticelles, mais qui en diffe- rent soit par leur forme conique, soit par la symétrie de leur disposition, soit enfin parce que, loin d'être uniquement celluleux et en connexion avec la partie extérieure de l'écorce, ils sont cellulo-vaseulaires et en communi- cation évidente avec l'axe ligneux. C'est par eux seuls aussi que peut avoir lieu un véritable accroissement. (Voy. Comptes rendus, t. XII, p. 1171.) Cinq ans plus tard (en 1846), M. Trécul, étudiant l'origine des racines adventives, était conduit à admettre l'existence de racines rudimentaires latentes (1), nommément dans le Nuphar et la Fougère mâle, ainsi que dans certaines espèces de Peupliers et de Saules, placées chez ces derniers sur des proéminences allongées du bois. (Voy. Annal, sc. nat., 3° sér., t. VI, p. 310, 311, 335 et suiv.) | N'est-il pas évident que les éubercules blancs de Du Petit-Thouars, les rhizogénes de M. Bouchardat, les racines latentes de M. Trécul, sont des organes de méme nature, des organes entièrement différents des lenticelles au triple point de vue anatomique, morphologique et physiologique? Voici leurs caractères distinctifs : 1° Les lenticelles sont des hypertrophies locales et de nature subéreuse de la couche corticale interne (Mohl) ou des couches subéreuse et herbacée (Germain de Saint-Pierre); tandis que les rAízogénes (mot très convenable et qui me parait devoir être adopté) sont placés sur des proéminences allon- gées du bois. Les premiéres sont constamment (?) à nu sous une fissure de l'épiderme, soit qu'elles proviennent d'un stomate (Unger), soit que leur production dérive des cicatrices laissées par la chute de certains poils de l'épiderme (Germain de Saint-Pierre) (2) ; les seconds émanent des couches ligneuses. Nous avons reconnu (et en ce point nos observations sur la Douce-amère sont conformes à celles qu'a faites M. Trécul sur d'autres espèces de plantes), que les rhizogènes étaient entierement celluleux, Con- trairement à l'assertion de M. Bouchardat : dans la Douce-amère les utri- cules des rhizogènes sont très petits et globuleux ; mais dés que ces mame- lons commencent à s'allonger en racines, et avant d'offrir la moindre trace de vaisseaux, les cellules centrales deviennent étroites et longues et forment une sorte de faisceau. 2° Les lenticelles paraissent dispersées sans ordre sur les axes ; les rhizo- gènes, se trouvant sur les proéminences allongées du bois, se montrent le (4) Le mot latent, appliqué jusqu'ici à des bourgeons dont on supposait l'exis- tence, mais qui, à notre avis, ne sont que des étres de raison, devrait disparaitre de la nomenclature botanique. Or, les rhizogènes, si manifestes dans la Douce-amére, le sont aussi, d'aprés M. Trécul, dans d'autres plantes. (2) Le travail de ce botaniste sur les lenticelles a été communiqué à la Société philomatique dans Ja séance du 13 décembre 1849. (Voir l’Institut, t. XVII, n° 836, p. 10.) SÉANCE DU 13 NovgwBnE 1857. 909 plus souvent disposés en lignes et plus ou moins régulièrement, Les bran- ches de la Douce-amére présentent de trois à cinq arêtes longitudinales peu saillantes à l'état vert, mais parfois trés apparentes sur le sec : or les rhizo- genes sont pour la plupart ou sur ces angles ou tout pres d'eux, mais jamais ou presque jamais sur le milieu des faces qui les séparent : ils participent ainsi, du moins en partie, à la symétrie des radicelles. 3^ Tout rhizogene placé dans des conditions favorables doit se développer en racine adventive. Or les expériences de M. de Mohl, dont les résultats ont été opposés à ceux qu'avait annoncés De Candolle, ont appris que ces racines sortent trés rarement et comme par exception des lenticelles. M. Trécul a constaté l'existence des rhizogènes (appelés par lui racines la- lentes) sur plusieurs especes de Saules, et e'est sur des brauches de Saules qu'ont expérimenté De Candolle et M. de Mohl. Ne serait-il pas dès lors possible (j'allais dire probable) que, dans les cas où ces deux savants avaient vu ou eru voir des raeines émanant des lenticelles, ces prétendues lenticelles ne fussent, au moins pour la plupart, que des rhizogènes ayant déjà pereé l'écorce et préts à opérer leur sortie? Les rhizogeues, comme les lenticelles, appartiennent à la division des or- ganes intermédiaires ou mixtes, mots que je préfère à ceux d'organes acces- soires adoptés par De Candolle dans son Organographie végétale (1). J'ai eru devoir appeler l'attention des botauistes sur ces petits corps, omis peut- étre à tort jusqu'à ce jour dans tous les traités de botanique que je puis con- sulter. Il convient aussi de distinguer les rhizogenes des racines adventives, car les premiers existent dans la plante à l'état d'organes manifestes, les secon- des ne s'y montrent que lorsqu'elles doivent se produire au dehors. Saus doute les rhizogenes peuvent s'allonger en racines, mais ce n'est point là une condition de leur existence; on pourrait méme considérer leur allon- gement comme accidentel. Eu effet, je n'ai jamais vu des racines aériennes aux branches des Saules ou de la Douce-amére, tant que ces branches étaient dans l'air, c’est-à-dire daus leur milieu normal ; et à ma connais- sance, on n'a pas non plus signalé des faits de ce genre. M. Guillard donne lecture d'un travail intitulé: pressions de Dacances. M. le Président dit qu'il vient de recevoir une lettre de M. Alph. De Candolle, qui lui annonce la prochaine publication d'un nouveau demi-volume du Prodromus. (4) Cette préférence est fondée sur cette considération, que les stomates, rangés par De Candolle lui-même dans la catégorie des organes accessoires, ont unc assez grande importance, envisagés au point de vue physiologique. 910 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 novembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Treviranus (Ludolph-Christian), professeur à l'université de Bonn (Prusse rhénane), membre correspondant de l’Institut de France, présenté par MM. Caspary et Duchartre. ALLAMAN, docteur en médecine, à Lorgues (Var), présenté par MM. Martins et de Scheenefeld. Bras (A.), docteur en médecine, maire de Villefranche (Aveyron), présenté par MM. T. Puel et L. Puel. DuvERGiER DE HaunaNsE (Emmanuel), rue de Tivoli, 5, à Paris, présenté par MM. le comte Jaubert et de Schæ- nefeld. SrockER (G.), interne des hôpitaux, à la Charité, à Paris, présenté par MM. Léon Soubeiran et Chevrier. LanacnE (A.), pharmacien, à Bruyères (Vosges), présenté par MM. Dorvault et Chatin. De Bary (Antoine), docteur en philosophie, à Fribourg en Brisgau (grand-duché de Bade), présenté par MM. Caspary et Duchartre. | Decavaun (C.), docteur en médecine, professeur à l'Ecole de médecine navale, à Brest (Finistère), présenté par MM. Decaisne et Duchartre. BréBisson (Alphonse de), à Falaise (Calvados), présenté par MM. G. Thuret et Decaisne. Lorur (Louis), interne des hôpitaux, à l'hôpital Lariboisiere, à Paris, présenté par MM. Viaud-Grandmarais et Eugène Fournier. SYLVESTRE (Léopold), interne des hôpitaux, à l'hôpital Lari- boisiere, à Paris, présenté par MM. Viaud-Grandmarais et Jamain. SÉANCE bU 27 NOVEMBRE 1857. 911 Morren (Édouard), docteur és sciences naturelles, professeur suppléant à l'université de Liége (Belgique), présenté par MM. Prillieux et Duchartre. KwuETTEL (S.), à Amsterdam (Pays-Bas), présenté par MM. Prillieux et Duchartre. M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations. Dons faits à la Société: 1* Par M. E. Le Maout : Leçons élémentaires de Botanique, 2° édition. 2° Par M. Weddell : Monographie de la famille des Urticées. 3° De la part de M. Lagrèze-Fossat, de Moissac : La Folle-Avoine. h° De la part de M. Rantonnet, pépiniériste à Hyères : Catalogue de son établissement. 9* En échange du Bulletin de la Société : Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, t. IV. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéro d'oetobre 1857. L'Institut, novembre 1857, deux numéros. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : VINGT-QUATRIÈME NOTICE SUR LES PLANTES CRYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES EN FRANCE, par M. DESMAZIÈRES (suite !). PYRENOMYCETES. 18. ExciPULA IMMERSA, Desmaz. Pl. crypt. de France, série 2, n° 268. E. hypo- et epiphylla. Cupulis minutis, membranaceis, profunde immer- sis, suborbiculatis, sparsis, paucis, subsolitariis, nigris, hispidis, pezi- Zoideo-apertis. Setis numerosis, longissimis, rectis, atris, subopacis, Septatis, Nucleo albido, humectato dilatato fluxili. Sporidiis copiosis, (4) Voyez plus haut, p. 797 et 858. 912 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cylindricis, rectis, vel subeurvulis, hyalinis, utrinque in apiculum fili- forme pellucidum, tenuissimum terminatis. — Hab. in foliis vetustis quer- cinis, Pruni lusitanicæ, ete. Hieme et vere. Cette espèce, bien distincte de ses congénères, se trouve sur les vieilles feuilles des Quercus Ilex et coccifera, ainsi que sur celles du Prunus lusi- tanica ; il est probable, comme le pense M. Roberge de qui nous tenons nos échantillons, qu'on la rencontrera encore sur d'autres feuilles persistantes. Elle se développe sur les deux lames, mais plus souvent sur la lame infé- rieure et méme sur le pétiole. On ne peut guère compter plus de deux à cinq individus par feuille; nous en avons pourtant trouvé jusqu'à vingt ou vingt- cinq ; mais cette exception est trés rare, et, quel que soit leur nombre, ils sont presque toujours écartés les uns des autres, rarement on en trouve qui soient soudés. Toute la plante, lorsqu'elle est humide, a un demi ou trois quarts de millimètre de diamètre. Les longs cils, roides et noirs, doni elle est hérissée, ne se remarquent pas seulement à son extérieur, mais nous en observons quelques-uns qui percent l'hyménium et sont sortis du fond de la cupule, comme cela a lieu dans le Desmazierella acicola, Lib. De l'autre cóté de la feuille, et à la place qui correspond à une cupule, il n'est pas rare de voir des cils semblables. Leur longueur, lorsque l'individu est bien développé, atteint 1 millimètre à 1 millimètre et demi; leur sommet est presque hyalin, et ils sont plus ténus que dans quelques espèces congé- nères, puisque vers leur base ils n'ont pas plus de 0,01 d'épaisseur. Le nucléus aplati, ou contracté par la sécheresse, se gonfle et s'amollit lors- qu'on l'humeete; placé dans une goutte d'eau sur le porte-objet, il s'y dissout de lui-même en sporidies, qui ont 0"m,015 à 0,602 de longueur sur 0mm 0025 d'épaisseur environ. Cette espèce pourrait entrer dans le genre Dinemosporium de M. Léveillé, (année 1846) ; mais nous pensons que la plupart des £'xcipula ont la spo- ridie terminée par le prolongement filiforme et hyalin qui caractérise le genre proposé. Nous citerons par exemple les £xcipula graminum et ver- micularia de Corda. Dans ce dernier, le prolongement est plus court et assez difficile à apercevoir, si l'on ne possede pas un bon microscope. Dans Ja plante dont nous venons de nous occuper, ces filets forment le crochet, ou, si l'on veut, ne suivent pas la direction de l'axe de la sporidie. Dans les échantillons que nous avons donnés dans nos Plantes cryptogames de France, V Excipula immersa s'est développé en société d'un Aulacographum Mont. (Aylographum Lib.) et de notre Microthyrium microscopicum. 19. HENDERSONIA TYPHOIDEAnUM, Desmaz. Ann. des sc. nat. série 3, t. I, p. 34h, et PL. crypt. de Fr. édit. 4, n° 4891; édit. 2, n° 4491! Var. Cyperi. 2, Cette varicte remarquable differe du type par ses sporidies un peu plus ' SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 913 allongées et renfermant 5 ou 6 sporules au lieu de 4. Elle habite, en hiver, sur les vieilles feuilles du Cyperus longus, et principalement sur celles qui servent de collerette à l'ombelle. Ses périthéciums se montrent sur les deux faces et mieux à la supérieure qu'à l'inférieure. 20. ASTERINA VAGAnSs, Desmaz. var Aceris.— Asteroma vagans var. a. Aceris, Desmaz. Ann. des sc. nat. série 3, t. VIN, p. 37 (1847). Cette variété a été publiée dans nos £xsiccata sur V Acer campestre, et elle a été retrouvée depuis sur l' Acer platanoides. C'est sur ce dernier arbre qu'elle figure encore dans notre 2° série des Plantes cryptogames de France, au n° 422. Nous réunissons maintenant au genre Asterina de M. Leveillé, notre ancien Asteroma vagans, et l'on devra également faire entrer dans le méme genre, mais dans une section particulière, ceux des Asteroma que nous avons publiés, dont la fructification est thécasporée, les véritables Aste- roma étant athèques. Dans toutes ces espèces, il est vrai, le facies est un peu différent de celui des Asterina que M. Léveillé a fait connaitre : les fibrilles rayonnent sous l'épiderme du support et les spores sont uniloculaires, du moins dans celles que nous avons pu observer assez développées pour con- stater ce caractère; mais pour ne pas augmenter le nombre des genres sans une grande nécessité, nous pensons que l'on peut admettre des spores uniloculaires, ou présumées telles, avec les spores biloculaires du genre Aste- rina, comme l'a défini M. Léveillé. Nous dirons encore ici, que ceux de nos Asterina, et même ceux de nos Asteroma dans lesquels nous n'avons pu observer de périthéciums, pourraient bien être des mycéliums nématoides de quelques Pyrénomycètes qui ne sont pas encore développés, 21. ASTERINA VAGANS, Desmaz. var. f. Aint, Pl. crypt. de Fr. série 2, n° 523! — Asteroma vagans, Desmaz. Ann. des sc. nat. série 3, t. VIII, p. 37 (1847), et t. X, p. 348 (1848). La var. f. A/ni a été trouvée, par M. Roberge, au bois de Biéville prés Caen. Les nombreux échantillons qu'il a bien voulu nous en adresser pour nos £'rsiccata étaient accompagnés de la note suivante. « Cette variété se montre de bonne heure, en automne, aussitôt que les feuilles de l'Aune sont tombées, quelquefois méme avant qu'elles le soient. Elle y produit des taches éparses, brunátres, très apparentes à la face supérieure, moins ^ visibles ou indistinctes à la face inférieure. Ces taches sont irréguliérement arrondies, parfois oblongues, et ont leurs bords comme anguleux ou lobes. Leur diamètre varie entre 2 et 4, 5 et 6 millimètres. Elles sont d'abord d'un brun olivátre, puis d'un brun de plus en plus fonce : elles prennent une teinte grise en vieillissant, Ces taches sont des rosettes de fibrilles qui 1äyonvent du centre à la circonférence; elles sont rameuses, peu distinetes 58 T. Iv. |^ 014 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méme sur les bords : elles deviennent plus apparentes lorsque les taches ont pris la teinte grisátre. » 22. ASTERINA ÆscuLr, Desmaz. Pl. crypt. de Fr. série 2, n° 525! A. maculis minutis, sparsis, brunneis vel griseis, irregulariter rotun- datis, fibrillosis. Fibrillis numerosis, epidermide tectis, tenuissimis, dicho- vel trichotomis a centro radiantibus. Peritheciis laxe gregariis, exilissimis, nigris. Ascis brevibus, medio inflatis e duplici membrana distinetis. Spo- rulis glaucis. — Hab. in foliis exsiccatis ZEsculi Hippocastani. Vere. Le diamètre des taches varie entre 2 et 6 millimètres. Eiles sont bru- nâtres à la face supérieure de la feuille et d'un gris glauque à l'inférieure. C'est en les examinant à la loupe et en regard de la lumiére, principalement sur les folioles minces, que l'on reconnait qu'elles sont formées par des rosettes de trés nombreuses fibrilles rayonnant du centre à la circonférence de chacune d'elles, et donnant naissance à des périthéciums qui n'ont pas plus de Omm,075 de diamètre. Ces fibrilles se remarquent à la face supérieure du support, tandis que les périthéciums se distinguent mieux à l’inferieure, Les thèques ont de 0"*,03 à 0"m,0^ de longueur; leur double membrane est distincte. Quant aux sporules, nous n'avons pu constater leur forme; elles étaient trop peu développées. 23. AsrERINA EpiLoBu, Desmaz. Pl. crypt. de Fr. série 2, ne 4261 A. maeulis minutis, subrotundis, fuscis, sub epidermide fibrillosis. Peri- theeiis minutissimis, subcentralibus, globosis, poro pertusis, collabes- cendo concavis. Ascis brevibus, medio inflatis ; sporulis ovoideis, hyalinis. — Hab. in foliis siccis Epilobii hirsuti. Hieme. Les feuilles sèches de l'Epilobium hirsutum produisent, sur les deux faces, des taches arrondies, de 4 à 3 millimètres de diamètre, et plus pâles en dessous qu'en dessus. Elles soulèvent les feuilles de manière à les rendre bombées à la face supérieure et déprimées à l'inférieure. Ces taches sont des rosettes de fibrilles que l'on n'apercoit bien que quand on observe le support humide en regard de la lumière et sur les feuilles les plus minces. Ces fibrilles sont rameuses, páles, et rayonnent sous l'épiderme. Le diamétre des périthéciums ne dépasse point un huitième de millimètre, ils s’affaissent par la dessiccation et simulent alors de petites cupules. Leur surface est chagrinée et leur nucléus est gris. Les sporules, sorties des thèques, mesu- rent environ Omm,01 dans leur grand diamètre. 2h. ASTERINA? ANGULATA, Desmaz. Pl. crypt. de Fr. série 2, n° L24! A. amphigena. Maculis minutis, irregulariter rotundatis, angulatis, siccis griseo-cinereis, humidis brunneis, e fibrillis vix conspicuis, tenerrimis; SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 915 ramosis, intricatis, subradiantibus, epidermide tectis. Peritheciis ignotis. — Hab. in foliis siccis Ulmi. Hieme. Ses taches sont d'un gris cendré quand la feuille est sèche, et presque opaques quand on les examine en regard de la lumière. Elles sont moins communes que celles blanchátres et assez grandes, ou petites et brunes, qui existent également sur le méme support. Nous rapportons avec doute la production dont il est ici question au genre Asterina, parce que nous ne savons si elle donne naissance à des périthéeiums: dont la fructification serait thécasporée. Les taches d'un gris cendré, qui doivent fixer notre atten- tion, ont de 2 à 4 millimètres de diamètre et sont marquées à leur circon- férence d'angles bien prononcés, parce qu'elles sont limitées par les plus petites nervures. Les rosettes et les fibrilles ne se voient bien que sur les feuilles les plus minces, surtout lorsqu'elles sont humides et qu'on les observe en regard de la lumiére avec une forte loupe. 25. ASTERINA ? UMBONATA, Desinaz. Pl. crypt. de Fr. série 2, n° 427! A. epiphylla. Maculis minutis, fusco-brunneis, sparsis, rotundatis dein confluentibus. Fibrillis tenerrimis, ramosis, sinuosis, radiantibus, epider- mide umbonata semper tectis. Peritheciis non observatis. — Hab. ad folia delapsa Ribis alpini. Autumno. Les taches que produit cette espèce ont de 2 à 3 millimètres de diamètre environ; elles sont plus páles ou simplement gris eendré à la face inférieure de la feuille; elles sont des rosettes de fibrilles, et sous chacune d'elles le Support finit par se soulever, de manière à former une bosselure assez convexe à la face supérieure, et une dépression à l'autre face. Ce n'est qu'alors que l'on remarque mieux les fibrilles à travers le tissu de l'épi- derme qui les couvre. En général, les fibrilles des espéces que nous signa- lons ici ne se distinguent bien que sur les feuilles imprégnées d'humidité, Soit artificiellement, soit naturellement dans les iieux où elles sont récol- tées. Nous croyons cette remarque utile pour les personues qui voudraient étudier ces productions. 26. AsrERINA ? PyracanTHÆ, Desmaz. PI. crypt. de Fr. série 2, n° 428. A. amphigena, maculis minutis, brunneis. Fibrillis vix distinetis epi- dermide tectis, Peritheciis innatis exilissimis, nigris, nitidis, numerosis. in series dispositis. Ascos non vidi. — Hab. in foliis vivis, dein exsiccatis, Mespili Pyracanthæ. Æstate, autumno et hieme. Cette production se montre sur les feuilles du Buisson-ardent, lorsqu elles Sont encore pleines de vie; elle achève de se développer lorsqu elles sont lombées, et y persiste méme jusqu'à ce qu'elles se détruisent. Ses taches sont tantôt petites et nombreuses, tantôt plus grandes, et alors moins nombreuses ; leur diamètre varie eutre 2 et 6 millimètres, mais en se réu- 016 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nissant elles prennent toutes sortes de formes et de dimensions. Les fibrilles se soupconnent plutót qu'on ne les voit, à cause de l'épiderme épais qui les recouvre; mais, aidé d'une forte loupe, on distingue parfaitement des trai - nées rayonnantes de périthéeiums nombreux et fort rapprochés, ovales ou allongés, d'un noir luisant à l'état humide, et un peu mat à l'état see. Plus tard les taches deviennent blanchátres et semblent formées de fibrilles qui paraissent avoir cette couleur; mais ees fibrilles ne seraient qu'une appa- rence trompeuse, produite par l'épiderme soulevé sur les véritables fibrilles. (La suite à la prochaine séance.) NOTICE SUR LE PRODROMUS LICHENOGRAPHLÆ GALLLE ET ALGERLÆ, quem conscripsit WILLIAM NYLANDER, D. M. (ex Actis Societatis Linneane Burdigalensis, t. XXI, Burdigalæ, 4857), par M. MOUGEOT. (Bruyères, 8 novembre 1857.) Voici un livre digne de l'attention des botanistes qui aiment les Lichens, cette immense classe de végétaux cellulaires répandus sur tous les points du globe, en offrant presque partout des formes analogues à celles de la France. L'auteur, dans son introduction, observe que l'étude des Lichens, plus avancée aujourd'hui en raison de l'emploi du microscope et de l'action de l'iode sur le mucilage des apothécies, demande une révision critique des opinions admises j usqu'alors, ainsi qu'un recensement de toutes les flores qui traitent de ees végétaux, attendu que les déterminations antérieures n'ont souvent pas rapport à de véritables espèces, à des formes définies, et ne fournissent que des notions vagues et incertaines, On peut donc espérer une réforme lichénographique au moyen des connaissances anatomiques plus complètes, propres à établir un arrangement systématique plus certain. M. le docteur Nylander, après avoir mentionné les recherches de M. Fée sur les spores des Lichens, devenues, entre les mains de MM. Norman, Trévisan, Massalongo, Karber, la base d'une méthode de classification lichénographique, nommée sporologique, fait ressortir plus encore l'impor- tance des travaux de M. Tulasne sur les organes propres des Lichens, et plus particulièrement sur les spermogontes. Les spores et les spermogonies deviennent ainsi la source de recherches de plus en plus approfondies sur ces végétaux, Pendant longtemps leurs formes extérieures restèrent les seules caractéristiques des genres et des espèces, tandis que les autres plantes eryptogames avaient obtenu, par l'analyse microscopique, une classification établie sur leur structure intime. M. Nylander, suivant les traces des liehénographes qui ont employé le microscope, est devenu trés habile dans l'usage de cet instrument, ce qui l'a mis à méme de présenter un essai d'un nouveau systeme de dis- SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 917 tribution méthodique de la famille des Lichens. C'est dans l'ouvrage que nous annonçons, qu'il s'est proposé de nous faire apprécier, par l'analyse systématique et synoptique, toutes les espeees et variétés de Liehens qui croissent en France et en Algérie, espérant que son Prodromus (ou premier jet) sera accueilli, jusqu'à ce qu'il lui soit possible de publier un ouvrage plus explicite. Les bases générales de la classification de M. Nylander s'appuient done sur les caractères simultanés, tirés des formes extérieures et de tous les appareils organiques de ces végétaux, thalle, fruits, spermogonies ; mais tantót l'un, tantót l'autre de ces organes prédomine, de sorte que le principe de division repose sur les uns ou sur les autres indistinctement, selon le caractère dominant de chacun d'eux. M. Nylander a cherché à suivre l’ordre naturel dans les distributions des genres et des espèces, en indiquant toujours !es séries analogues et parallèles. Les grandes divisions sont disposées dans un ordre peu différent des méthodes anciennes, l'auteur aimant à profiter de ce qui avait été fait avant lui. Son travail est surtout remarquable dans les caractères qu'il a su tirer des spermogonies, qui, à ses yeux, ont une grande valeur pour l'établissement et la détermination des genres et des espèces. Cette introduction renferme beaucoup d'autres considérations sur les Lichens, qu'il faut lire daus le Prodromus pour bien comprendre les ré- formes adoptées, mais qu'il serait trop long de rapporter ici. La géographie botanique des Lichens n'y est pas oubliée. On y apprend que le nombre des espèces de ces plantes déjà connues, répandues sur la surface de notre globe, s'élève à 416h, dont 537 (et non 514 indiquées par erreur) pour la France. On y trouve aussi la signification de certains termes consacrés à plusieurs organes, employés dans les diagnoses. Nous tracons ici le tableau de la classe des Lichens présenté dans le Pro- dromus, par M. Nylander; on y verra les trois familles qu'il admet, Si vraiment celle des Myriangiées appartient plutôt aux Lichens qu'aux Champignons. Le nombre des tribus de ces trois familles s'élève à 21, et celui des genres à 72, dont 14 seulement nouveaux, créés par l'auteur; tous les autres sont empruntés aux botanistes ses devanciers. 918 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Tableau de la classification des Lichens, selon M. Nylander. Classis LICHENUM. Familia I. CoLLEMACEI. Genera. . Gonionema Nyl. . Spilonema Born. . Ephebe Fr. . Lichina 4g. . Pterygium Nyl. Trib. 1. Licuiner. ..,.....,,, . Synalissa DR. . Omphalaria DR. et Mont. Collema Ach. . Leptogium Fr. . Obryzum Wallr. . Phylliscum Nyl.. O O7 + ppm ce5pt- Familia II. MYRIANGIACEL. Trib. 1. MynraNGIEI........ 4, Myriangium Mont. et Berk. Familia III. LICHENACEL. 2. Calicium Ach. (2: Trachylia Fr. "ttt n Coniocybe Ach. 4° series. Trib. 4, CALICIEL +... EPICONIODEI. 4. Sphinctrina Fr. Trib. 2. Seu xgoPHOREL...... 41. Sphærophoron Pers. 2a series Trib. 3. BÆOMYCEL ......... 1. Bæomyces Pers. CLADONIODEI Trib. 4. CLapontæt.. ......,.. 1. Cladonia Hoffm. UM Trib. 5. STEREOCAULEI.. ....« 4. Stereocaulon Schreb. /Trib. 6. ROCCELLEI ........«. 4. Roccella Bauh. Trib. 7. SIPBULEI. ......... 1. Thamnolia Ach. ; 1. Usnea Hoffm. Trib. 8. Usneer.. ....... "T f 3* series. 9. Chlorea Nyl. RAMALODEI. | 4. Alectoria Ach. Trib. 9. RAMALINEI......... , 2. Evernia Ach. 3. Ramalina Ach. 1 . \Tri . u (1. Cetraria Ach. rib. 10. CETRARIEI . *::*| 2. Platysma Hoffm. 1. Nephroma Ach. / Trib. 11. PELTIGEREI, ....... 4 2. Peltigera Hoffm. 3. Solorina Ach. 1^ series " Sticta Ach. Mb D o . Ri lia DN. PHYLLODEL Trib. 12. PARMELIEL. .. ... ) Hi Ricasoiia Ach. . \4. Physcia Fr., Nyl. Trib. 13. GYROPHOREL. ...... 4. Umbilicaria Hoffm. SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. /A. Trib. 14. LECANOREI....... 91: Psoroma Fr., Nyl. 2. Pannaria Del., Nyl. . Amphiloma Fr., Nyl. . Squamaria DC. . Placodium DC. . Lecanora Ach. . Glypholecia Nyl. . Peltula Nyl. . Urceolaria Ach. 10. Dirina Fr. 11 . Pertusaria DC. 12. Phlyctis Wallr. | 13. Thelotrema Ach. \ 44 Trib. 15. LECIDEINEI. . . App. ad tribum LECIDEINEORUM. 2. ` 1. 5* series. PLACODEI. Trib, 146. XYLOGRAPHIDEI. .... | MY TM Q2» t2 . Belonia Krb. . Lecidea Ach., Nyl. Gomphillus Nyl. Lithographa Nyl. . Xylographa Fr., Nyl. . Agyrium Fr., Nyl. . Graphis Ach. . Opegrapha Ach., Nyl. Platygrapha Nyl. . Stigmatidium Mey. . Arthonia Ach. . Melaspilea Nyl. . Mycoporum Flot. . Pseudographis Nyl. . Chiodecton Ach. . Thelocarpon Nyl. . Normandina Nyl. . Endocarpon Hedw. . Verrucaria Pers., Nyl. Limboria Fr. . Thelenella Nyl. . Endococcus Nyl, . Thelopsis Nyl. Trib. 17. GRAPHIDEI. . UO Ct C2 NO -S OAD A - «© 6° series. PYRENODEL jen. 18. ENDOCARPEI, .. .... TT Si M. Nylander diffère peu des lichénographes anciens dans sa méthode pour l'établissement des familles, des tribus, des genres, il n'en est pas de méme pour les espèces. Il a souvent réuni seus un seul type spéci- fique, des objets que l'on avait regardés comme tres distincts entre eux; C'est alors que M, Nylander devient un réformateur eritique, et élève décidé- ment une digue contre les innovations dans la caractéristique et la nomen- clature des Lichens, qui, depuis quelques années, prenaient une extension effrayante. Ce n'est pas toutefois dans le Prodromus que nous trouvons les motifs d'en agir ainsi de la part de l'auteur: un pareil livre ne permettait pas d'entrer dans les détails indispensables pour faire ressortir la justesse, l'importance des contractions ou séparations d'espéces, des changements daus les diagnoses génériques et spécifiques. Ces détails peuvent cepen- dant étre déjà appréciés dans les ouvrages publiés anterieurement par M. Nylander ou par d'autres lichénographes. En effet, le nombre des syno- nymes appliqués aux Lichens depuis pres d'un siecle jusqu'à hier, rapportés 920 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE. dans le Prodromus pour ehaque espèce, la citation des collections où se trouvent conservés des échantillons de Lichens, prouvent la patience qu'il a fallu à M. Nylander pour arriver à pareil résultat, et plus encore ce que vaut son discernement sur le ehoix de cette nomenclature et sur son application, L'emploi du mieroscope, l'usage de la solution aqueuse d'iode (cette dernière substance, à cause des colorations variées qu'elle produit au contact de la gélatine hyméniale, ou encore à cause de son inaction sur cette gélatine lorsqu'elle manque de lichénine) sont devenus, entre les mains de M. Nylander, des ressources merveilleuses, la derniére inconnue autre- fois dans l'étude des Lichens. Nous finissons cette notice en apprenant à nos eonfréres que M. Nylander vient d'étre appelé à Londres pour étudier les Lichens du vaste herbier de MM. Hooker. Cet examen ne peut manquer d'étendre les connaissances de M. Nylander et de le conduire à perfectionner sa classification lichéno- graphique. Avaut son départ et aprés discussion entre nous, sur quelques rectifica- tions à introduire dans le Prodromus, il nous a autorisé à les présenter à la Société. Remarques sur [a synonymie de certaines espèces de Lichens mentionnées dans le Prodromus lichenographiæ Galliæ et Algeriæ de M. Nylander, de même que sur des omissions de plusieurs espèces. Page 21. Collema chalazanum Ach. — Le Lempholemma compactum Krb. S. L. G. p. 401, et le Physma franconicum Mass. Miscell. Lichen. p. 21, ne différent pas de ce Liehen. P. 26. Le Leptogium microscopicum Nyl. n'est probablement pas uue bonne espece, mais plutót uu status leproideus diminutus du L. lacerum Fr. P. 35. Le Bæomyces Prostii Duf. (thallo fere ut in Lecidea glebulosa Fr., apotheciis sessilibus eonvexis sæpius pluribus confluentibus, gonidiis in glomerulis dispositis, ceteris fere ut in B. rufo) découvert dans la l.ozere par Prost, constitue peut-être une espèce distincte du B. rufus. P. 41. Cladonia macilenta : ici a été oubliée la variété ostreata (ef. Nyl. Herb. Lieh. Paris. 108). P. 42. Le Stereocaulon condensatum du Prodromus n'est que le St. cereoli- num Ach., Th. Fries. M. Nylander n'a pas vu d'échantillons francais bien certains du St. condensatum Hoffm. , Th. Fries (Fr. L. S. exs. 88) ; ceux qui peuvent v appartenir avaient été recueillis en Bretagne. Le n° 947 Moug. et Nestl. Stirp. crypt. vog., est le Stereocaulon cereolinum Ach., qui ne forme peut-étre qu'un état plus développé et saxicole du Ster. condensa- tum. — Le Ster. tomentosum vient aussi dans les Vosges. P. 53. Le Sticta sylvatica a été trouvé avec des apothécies, par M. Bo- reau, à la forêt de Bonnecombe, aux Rochers-de-Laval, dans ies Cévennes; <— mme dé SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1897. 921 mais sa fronde offre dans cet état une forme qui s'approche beaucoup de celle du St. fuliginosa. Il est possible que méme le St. limbata n'en soit pas réellement distinct comme espèce. P. 56. Le Parmelia contorta Bory ne parait pas étre autre chose qu'une variété du P. saxatilis à lanières thallines allongées, d’après le type de l'herbier Bory. P. 67. Le Patellaria anthracina Dub. B. G. p. 652, est identique avec le Pannaria triptophylla v. nigra (Ach.). P. 72. Le Lecanora explicata Chaub. in St-Am. Fl. Ag. p. 495, n'est autre chose que le Placodium candicans Duby.— Le Plac. Agardhianum Hepp, Flecht. 407, est un status ecrustaceus du Plac. circinatum v. psorale Ach. Il faut ajouter à ce genre le P/. Reuteri Schær., que M. Philippe a ren- contré à Bédat prés Bagnères-de-Bigorre. P. 75. Le Parmelia parietina v. turgida Hepp, Flecht. 373, ne diffère pas de la forme gilva du Lecanora cerina Ach. Le Plac. citrinum Hepp, Flecht. 304, et le P/ac. citrinellum ejusdem 305, se rapportent au Zeca- nora phlogina Ach. P. 86. Le Lecanora epibryon Ach. devrait être mentionné à cette page comme un état muscicole du Zec. subfusca. Le nom Lecan. retorrida Chaub. in St.-Am. Fl. Agen. p. 493, n'est pas un synonyme de ce dernier, comme M. Nylander l'avait eru, mais, d'après un échantillon typique, le Lecidea coarctata Ach. P. 89. Le Lecan. minutissima Mass. Miscell. p 37, parait constituer une variété du Zecidea erysibe Ach. — Le Lecan. strobilina Ach. n'est pas différent du n» 125 Nyl. Herb. Lich. Paris. ( Verr. macultformis Hoffm.}, présentant une modification peu caractérisée du Zecan. varia. P. 401. Le nom Lecan. crateriformis Chaub. in St.-Am. Fl. Agen. p. 492, est synonyme du Zecidea cupularis Ach. (Lecanora Dub. B. G. p. 665). P. 107. Aprés Zecidea sanguineo-atra, il faut ajouter une variété particu- lière de ce Lichen observée par M. Buchiuger parmi les bruyéres du Bas- Rhin, et que M. Nylander appelle p/antuscula : « Apotheciis faciei fere lecavorinæ, margine (proprio) scilicet palleseente, et planioribus quam in typo Lecideæ sanguineo-atræ. » P. 122. Le nom Patellaria Prostii Dub. semble se rapporter au Lecidea squalida Ach.— Le Toninia cinereo-virens Mass. ne diffère pas du Leci- dea aromatica Ach., pas plus que n’en diffère le Biatora congesta envoyé par M. Arnold au Muséum de Paris. P. 126. Il faut ajouter après le Lecidea confusa, le Lecidea miscella Ach., Nyl. in Bot. Notis. 1853, p. 182, espèce terrestre découverte par moi dans les Vosges. Rat P. 132. Le Lecidea goniophilu Schær. est plutôt une modification du L. albo-cærulescens Fr. que du L. tessellata Fik. 922 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. P. 137. Dans l'herbier de Bory se trouve un échantillon de ZLecid. euphorea F!k. dépourvu de thalle et recueilli probablement en France ; l'étiquette porte seulement : « Entaillade du Pin. » P. 140. Le Lecidea cerebrina Schær. a été désigné par Massalongo sous le nom d’£’ncephalographa cerebrina Mise. Lich. p. 19. P. 146. M. Nylander a vu une forme du Zecidea sanguinaria var. affinis Schær., provenant des Cévennes, dont les theques étaient quelquefois bispores, le thalle presque lépreux. P. 147. Le singulier Gomphillus calicioides Del. offre quelquefois des apo- thécies polycéphales à 2-5 eapitules portés sur le méme /Aypothecium stipitiforme. P. 161. Le Lecanactis stictica DR. est très voisin de l'Opegrapha lyncea; le premier a des apothécies plus petites et plus arrondies, des spores à 1-9 cloisons. M. Dufour l'a observé sur l'écoree du Chêne, avec des fruits saupoudrés d'un blane bleuátre. P. 162. Le Platygrapha periclea Ach. se trouve aussi, quoique rarement, sur les Chénes de la forét de Fontainebleau, et s'approche en cet état du PI. rimata Nyl., que Flotow regarde comme une simple variété du PL. periclea. P. 166. L'Arthonia dispersa Duf. a été observé par M. Philippe sur des Frénes, près de Bagnères-de-Bigorre, avec des apothécies assez semblables à celles de l’Arth. astroidea. Les spores du premier sont d'une grosseur très variable, longues de 0,016-23 millimètres, épaisses de 0,008-0,014 millimètres. P. 167. Le Stictis Castagnei Mont. est absolument le méme Lichen que l'Opegrapha stictoides Desmaz.; c'est évidemment un Lichen du genre Arthonia et d'aucune facon un Discomycète, P. 168. L'échantillon typique du Patellaria dryina Dub. B. G. p. 650, conservé dans l'herbier du Muséum de Paris, recueilli par Prost sur l'écorce des Érables, autour de Mende, appartient à I' Arthonia patellu- lata Nyl., qui doit ainsi être ajouté aux espèces de ce genre, qui, pour la France et l'Algérie, s'élévent au nombre de 22. P. 171. Le Pseudographis maintenant n'est peut-être pas un Lichen comme le croyait M. Nylander au moment de la rédaction du Prodromus, mais un Discomycete, où d'ailleurs le rangeait Persoon, en le nommant Hysterium elatinum. P. 180. Le Verrucaria glebulosa Nyl. a été observé par M. Montagne près de Lyon. Le T'hrombium lecideoides Mass. parait en constituer une modification à thalle plus plan et moins dissocié. — Le Verrucaria circumscripta Chaub. in St.-Am. FI. Agen. p. 484, dont M. Nylander n'a pas vu le type, ne diffère peut-être pas du V. viridula Ach. P. 182. Le Verrucaria clopima Duby, B. G. p. 647, se rapporte à un état SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 993 ferrugineux du V. margacea, à thalle d'un roux d'ocre, et dont l'herbier du Muséum de Paris possède un échantillon recueilli par Prost, sur des roches basaltiques du mont Aubrac, dans la Lozère. — Le 7helidium Auruntii Mass. et le Sagedia cataractarum Hepp, Flecht. 1^2, expriment des formes peu distinctes du Verr. Sprucei Leight. — Les noms Sage ia Borreri Næg. et Amphoridium umbrosum Mass. se rapportent au V. py- renophora Ach., de méme que Thelotrema Hegetschweileri Næg. in Hepp, Flecht. 416. P. 183. Les Verrucaria baldensis Mass. et Hymenelia hiascens Krphb. semblent à M. Nylander être synonymes du Verr. rupestris, et V Am- phoridium veronense Mass. du Verr. rupestris v. integra Nyl. Le Verr. Pazientii Mass. ( Verr. myriocarpa Hepp, Flecht. 430), semble également se rapporter à une modification de cette dernière variété (iden- tique avec le Verr. murina Leight. à périthèces entièrement noirs, à spores petites). Le Verruc. Hoffmanni Hepp, Flecht. 431, est le Verr. rupestris var. purpurascens Hoffm., dont la coloration rose dépend d’orcinéate de chaux. Le Verr. limitata Krphb. n'est qu'une modification du Verr. muralis Ach. qui a aussi été trouvé par Prost, dans le département de la Lozère, sur bois (Verr. puteana Hepp, Flecht. 437). Le Verrucaria Ungeri Flot. se rapproehe beaucoup du Verr. Sprucei v. rugulosa Nyl. Prodr. p. 182, note. P. 186. L'Arthopyrenia saxicola Mass. est identique avec la forme persi- cina (Krb.) du Verr. chlorotica Ach., Nyl. P. 189. Le nom de Verrucaria rubella Chaub. in St.-Am. Fl. Agen. p. 483, n'exprime qu'une modification du V. conoidea Fr., à thalle un peu teint de rose. P. 190. Le Sagedia Massalongiana Hepp, Flecht. 446, est un Verr. pluri- septata Nyl. (minor), auquel a été réuni à tort, comme synonyme, le Blastodermia nitida Mass. Rie. p. 180, qui constitue une espèce bien différente (du groupe du V. nitida), à spores oblongues, brunátres, et à 5-7 cloisons. M. Nylander appelle cette dernière espèce Verrucaria circumfusa (« apothecia depressiuscula, ambitu nonnihil cireumfuse deplànata, epithecio late impresso »). P. 193. Le 7richothecium Arnoldi Mass. Miscell. p. 27, est une Sphérie parasite sur le thalle de l’ Urceolaria scruposa v. bryophia, et non un E'ndococcus de Nylander. Daus une note placée au bas de la page 86 du Prodromus, M. Nylander décrit une forme particulière de Pycoide encore inconnue, où il s'agit de Spores articulées (comme celles des Torula) ou stylospores, selon la termino- logie de M. Tulasne, renfermées dans un conceptacle clos (conceptaculum 924 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pyrenodeum). Jusqu'à présent, on n'avait vu que des stylospores indivi- sibles, et M. Nylander vient d'en observer qui se fractionnent en 4 ou 5 spores oblongues. Ce Prodrome ou récapitulation des Lichens qui croissent en France, aménera de nouvelles observations sur plusieurs de ces Lichens; nous pouvons déjà dire aujourd'hui et de l'aveu de l'auteur, que son Cladonia furcata Herb. Par. n° 21, n'est qu'une modification du Cladonia rangife- rina; que le Lecanora glaucoma f. subcarnea de la méme collection n° 41, est une de ces formes intermédiaires qui relient le Lecanora subfusca au Lec. glaucoma (1). NOTE SUR LE CASUARINA EQUISETIFOLIA L. (noms tamouls : Sombráni maram, Seva maram), pr M. Jules LÉPINE. (Pondichéry, mai 1857.) De tous les arbres qui végetent dans les ilesde l'Océanie, il n'en est pas, à part ceux dont l'homme tire sa nourriture, qui soient plus utiles que le Casuarina equisetifolia et quelques autres espèces de ce genre, comme le C. muricata Roxburgh, etc. Le genre Casuarina parait appartenir à la flore de la Nouvelle- Hollande, des iles de l'Océanie et de quelques iles de l'Archipel indien. Aujourd'hui on en trouve plusieurs especes naturalisées sur le littoral de l'Inde, à Ma- dagascar, à l'ile Maurice et à la Réunion; il a été aussi introduit au Brésil, aux Antilles, et probablement sur d'autres points du globe. Les Casuarina sont susceptibles d'être utilisés en médecine, dans l'in- dustrie, dans l'agriculture; c'est done à ce triple point de vue que nous allons faire l'histoire abrégée de la principale espèce du genre, le C. equise- tifolia. C'est principalement par le tannin que renferme cet arbre qu'il peut être utile. L'examen de toutes ses parties nous a conduit aux résultats suivants : Les feuilles ne renferment pas de tannin, les chatons en (1) Nouvelles espèces de Lichens récemment découvertes en France : 4. Pyre- nopsis fuscatula Nyl. n. g., n. sp., de la tribu des Collémées, aux environs de Cherbourg (Le Jolis). — 2. Lecidea levigata Nyl., sur les schistes, près de Cher- bourg (Le Jolis). — 3. Stigmatidium leucinum Nyl., trés belle espèce saxicole trouvée par M. Le Jolis, près de Cherbourg. — 4. Arthonia difformis Nyl., excellente espèce découverte par le docteur Muehlenbeck dans la forêt de la Hardt (Hb. Mougeot). — 5. Verrucaria halodytes Nyl. in hb. Le Jolis, espèce saxicole très remarquable du groupe du Verr. epidermidis. Près de Cherbourg, « au fond d'une petite flaque d'eau de mer située au haut d'un gros rocher recouvert à chaque marée. La plante était toujours recouverte par l'eau » (Le Jolis, in litt.). (Note communiquée par M. Nylander.) SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 925 contiennent peu, le bois est également peu riche en tannin. Il n'en est pas de mème pour l'écorce qui, dès la première année, est astringente; à deux ans le tannin augmente et l'écorce se colore en rouge pâle; c’est vers la cinquième année que la quantité de tannin et de matières solubles parait être à son maximum dans l'écorce. Plus tard la cellulose augmente et l'écorce donne moins d'extraetif. En prenant des écorces depuis l'âge de trois ans jusqu'à celui de trente, on obtient des quantités d'extrait qui varient de dix à trente pour cent de l'écorce employée. Les bonnes écorces donnent en moyenne vingt-cinq pour cent d'extrait sec; cet extrait, obtenu soit par l'eau, soit par l'alcool faible, est rouge foncé, se pulvérisant facilement, n'attirant pas l'humidité, en grande partie soluble dans l'eau, et pouvant, par ses caractères physiques, être confondu avec l'extrait de Ratanhia dont les réactions chimiques le différencient. Voici la composition chimique de l'écorce de Casuarina : Matière grasse jaune, e.. snanu ocene .. . . . 1,00 Matière colorante rouge. . ... ........... 801 Matière résineuse . . ......-.......... 4,92 Tannin ss ses ee ee + 19,22 Gomme. .. se ee n + + + 1,60 Amidon. ss ee «+ 2,85 Matière extractive. . . . +... ee ee ee + + + 1,40 Pectate de chaux . . . . . e.c... . . 5,80 Chlorures, sulfates et différents sels, cellulose, perte . . 65,17 ` Le tannin contenu dans cette écorce est difficile à obtenir à l'état de pureté ; il reste uni à de la matière colorante rouge et se transforme lui- méme, sous l'influence de la chaleur, de l'air et de divers dissolvants, en un tannin rouge ayant de la ressemblance avec le rouge cinchonique. Le tannin du Casuarina colore les sels de fer en noir bleu. Depuis 1845, époque où, pour la première fois, j'ai appelé l'attention sur les propriétés médicales de cet arbre, son écorce est employée avee succes dans nos établissements de l'Océanie; et depuis 1849, les médecins francais établis sur la eóte de Coromandel en font un fréquent emploi. C'est un tonique et un astringent, sans arrière-goût amer, qui peut être donné dans tous les cas où la médication astringente est indiquée et servir d'excellent succédané à la racine de Ratanhia. Cette substance peut étre employée aussi à la teinture sur coton, sur laine et sur soie; les nombreux essais faits par moi ne laissent aucun doute à cet égard. — Comme mordant et comme matière colorante, elle se fixe par l'intermédiaire des mordants alumineux et ferrugineux, et aussi directement Sans mordauts, par simple immersion du tissu dans un bain de Casuarina et exposition à l'air. La couleur obtenue est nankin rougeâtre, elle est inal- térable par l'eau, le savon, les alealis, la lumière solaire et la chaleur. 926 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'écorce, renfermant environ un cinquième de son poids de tannin, peut encore être utilisée comme matière tannante dans plusieurs industries. Le bois de Casuarina offre une grande densité, ses fibres sont longues et très résistantes; les sauvages de l'Océanie se servent de cet arbre pour fa- briquer leurs armes et divers ustensiles dont tous les Européens qui ont visité ces parages ont apprécié la couleur foncée et la dureté. Le mode de préparation du bois est des plus simples : il consiste à placer, pendant envi- rou une année, des branches de l'arbre dans des terrains submerges. Ce bois n'est pas attaqué par le termite, insecte qui ronge la plu- part des bois. Il est inaltérable dans l'eau, et par suite précieux pour les constructious sous-marines. Je ne connais que deux bois qui puissent lui être comparés sous ce rapport : c’est le chêne en Europe et le tek dans l'Inde. Le Casuarina equisetifolia forme, dans les iles de l'Océanie, des foréts assez étendues; le terrain qui parait le plus propre à son développement est situé au bord de la mer, ce sont les plages et les ilots madréporiques recou- verts de sable. Cet arbre peut aussi se développer dans les terrains argileux, mais là sa croissance est moins rapide; on le voit méme pousser sur les ro- ches basaltiques, souvent à l'état rabougri, il est vrai, mais se développant encore là où l'on a peine à trouver un peu de terre végétale. Le Casuarina étant répandu et naturalisé sous des latitudes trés diverses, nul doute qu'on ne puisse le propager dans le midi de la France ; sa culture en Corse et en Algérie serait certainement couronnée de succès ; il serait surtout utile pour fixer les dunes et les sables du littoral, car ses racines, très longues et horizontales, le rendent propre à cet usage. Je termine cette note en faisant des vœux pour que la naturalisation des Casuarina soit essayée en France sur une large échelle. DE LA COLONNE OU COLUMELLE DES GÉRANIACÉES, DES MALVACÉES ET DES EUPHORBES, par M. D. CLOS. (Toulouse, 15 novembre 1857.) La plupart des auteurs de botanique admettent que les carpelles des Géraniacées sont appliqués contre un prolongement de l'axe : tels sont De Candolle (Prodr., 1, 637, et Organogr., Y, &7h), M. Alph. De Candolle (Introd. à (a Bot., Y, 454, et II, 126), Endlicher (Gener., p. 1166), Aug. de Saint-Hilaire (Leçons de Bot., p. 525), MM. Cosson et Germain (Flore des environs de Paris, 46), Grenier et Godron (Flore de France, I, 297), Adr. de Jussieu (art. GÉRANIACÉES du Dict. univ. d’hist. nat.), Ach. Richard (Précis, p. 288), et enfin, tout récemment encore, M. Chatin (voy. Ann. sc. nat., h° série, t. VI, p. 258) (1). M. Le Maout, aprés avoir combattu (4) « La colonne qui sépare les carpelles des Géraniacées, dit M, Chatin, est UD SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 927 cette manière de voir dans un premier ouvrage (Leçons de Bot., I, p. 75), se range plus tard à l'opinion commune, et dit les carpelles des Géraniacées adhérents à un prolongement de l'axe (Atlas de Bot., p. 128). Cependant, dés 1838, M. Seringe s’efforçait de démontrer que cette assertion n'était nullement fondée sur des preuves rigoureuses. En méme temps, il faisait connaitre un cas de tératologie végétale présenté par le Geranium columbinum L., et dans lequel les carpelles s'étaient écartés, comme ils le sont dans les Sedum, et avaieut repris leur individualité, sans laisser trace de columelle au milieu d'eux (voy. Ann. sc. phys. de Lyon., t. I, p. 316 et suiv., pl. XI et XII). A notre époque, M. Sehleiden me parait être seul à soutenir une doctrine semblable à celle de M. Seringe (Grundz. d. Wissensch. Bot. , YI, p. 321, note), et néanmoins cette doctrine a pour elle, si je ne me trompe, le double témoignage des faits et de l'induction. C'est une loi générale que, lorsqu'un axe va s'atténuant vers une de ses extrémités, ses faisceaux fibro-vasculaires, s'ils étaient isolés, se réunis- sent, et s'ils étaient réunis en cercle, se condensent en un seul faisceau. En est-il ainsi de la prétendue columelle des Géraniacées? Nullement. Faites une coupe transversale intéressant soit la partie ovarienne, soit le style de ces plantes, et vous reconnaitrez, à l'angle interne de chacune des cinq cloisons ou des parties qui leur correspondent dans le style, un seul fais- ceau fibro-vasculaire, entouré de tissu cellulaire : une cavité centrale est circonscrite par cinq faisceaux parfaitement distincts. Ce qui prouve bien que la columelle n'est qu'apparente, c'est qu'au mo- ment de la dissémination des carpelles, ceux-ci ne sont jamais entiers, comme l'a très judicieusement fait remarquer M. Seringe. Leur suture ven- trale est restée adhérente au centre de la fleur pour former la columelle. J'ajoute qu'après la disjonction des carpelles, les styles persistent (du moius en partie) surmontés des stigmates. Or le style ne fait-il pas tou- jours partie du carpelle ? S'il convient d'être très réservé dans les conclusions que l'on tire des faits tératologiques, il n'en est pas moins constant que le cas décrit par M. Se- ringe témoigne de l'absence d'axe au centre du fruit des Géraniacées. Aug. de Saint-Hilaire a soutenu de son autorité cette doctrine, que dans la placentation axile, les ovules naissent sur un prolongement de l'axe (Mém. sur les Réséd., p. 41 et 21, et Leçons de Bot., p. 488-490). Link l'admet aussi (E/ém. phil. bot., 2° édit., t. I1, p. 216) ; mais De Candolle, MM. Brown, de Mohl et Brongniart considerent dans cette disposition le placenta comme une dépendance de la feuille carpellaire. Dans un travail récent, M. Brongniart a montré combien cette dernière théorie était plus prolongement de l'axe, contre lequel s'appliquent les cinq styles qui portent à leur Sommet les carpelles. » (Loc. cit.) 928 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en harmonie avec les faits (voy. Anz. sc. nat., 3° série, t. IT, p. 32); et tout dernièrement encore, M. Decaisne apportait de nouveaux arguments à son appui (voy. Bull. Soc. Bot., t. IV, p. 341 et 342). L'admettre, c'est presque rejeter implicitement l'existence d'une columelle, car celle-ci est dés lors inutile et ne semble pas pouvoir résister à un sérieux contróle des observations qui paraissent l'étayer. Les considérations précédentes relatives aux Géraniacées s'appliquent également aux Malvacées et aux Euphorbiacées, familles chez lesquelles on a aussi admis l'existence d'une columelle centrale. Voici les raisons qui ne permettent peut-étre pas de considérer la pré- tendue colonne (modiolus) des Malvacées comme un prolongement de l'axe : 1* Il est des plantes de cette famille oü les earpelles se séparent à la maturité sans laisser aucune trace d'axe à leur centre : telles sont les Pavo- nia hastata Cav., P. cuneifolia Cav. 2° Le péricarpe de l Hibiscus vesicarius Cav. et de l'A. Trionum L. s'ouvre en cinq valves septifères sur leur milieu, laissant au centre un corps cylindro-conique qui se trouvait interposé à elles dans leur tiers inférieur, mais qui manquait au-dessus de ce point. Ce corps est entière- ment celluleux, les eloisons portant les placentas à leur bord interne. Dans l Hibiscus palustris L., les cinq faisceaux en croissant qu'offre une section transversale de la base du péricarpe, entourent en ce point une petite masse de tissu cellulaire central ; plus haut chaque faisceau se divise en deux, et de ces dix faisceaux deux occupent l'angle interne de chaque loge; mais à la réunion du tiers inférieur avec les deux tiers supérieurs du péricarpe, la moelle centrale a disparu, et les cinq earpelles circonscrivent une cavité dont les parois sont tapissées de poils. 3* Le Kitaibelia vitifolia Willd. a ses nombreux carpelles disposés en dix rangées longitudinales, formant une calotte hémisphérique qui coiffe une petite masse de tissu cellulaire au sommet du réceptacle. h° C'est dans les espèces des genres Malva, Althea, Lavatera, etc., que la colonne est surtout apparente. Dans le Zavatera trimestris L., elle forme méme comme une sorte de disque au-dessus des carpelles. Mais il suflit d'eulever ces derniers pour reconnaitre que leur face ventrale a perdu une partie de sa substance et en particulier ses éléments fibro-vasculaires ou ses placentas. La réunion de ces faisceaux et du tissu cellulaire qui les accompagne constitue ja columelle. Les Euphorbes sont exactement dans le méme cas que les Malvaeées. Cherchez à séparer les trois carpelles de ces plantes, et vous verrez à leur face ventrale la graine à nu, les deux bandelettes fibro-vasculaires que chacun d'eux devrait offrir a son angle interne étant restées adhérentes €D un corps central qui constitue la columelle, SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 999 L'orgauisation des carpelles des Sedum me parait éminemment propre à confirmer cette assertion, que /a colonne des Géraniacées, des Malvacées et des E‘uphorbes est uniquement formée pur la partie interne ou ventrale des car- pelles, et n'est pas un prolongement de l'axe. Dans le Sedum stellatum L., par exemple, les cinq carpelles distincts sont étalés en étoile. Chacun d'eux offre à sa face ventrale renflée un sillon profond, au-dessous duquel se trouvent le placenta et la cavité fermée de l'ovaire, Eh bien ! supposez les cinq carpelles réunis en un pistil simple quinquéloculaire et à placentation axile, et les dix bords renflés des car- pelles formeront par leur réunion une columelle ou colonne cellulaire en dehors de laquelle seront les placentas. On demandera peut-étre pourquoi l'on n'admettrait pas ce prolonge- ment de l'axe dans les Géraniacées, les Malvacées et les Euphorbes, alors qu'il est si évident dans quelques genres appartenant à des familles de la classe des poly pétales hypogynes. Il est trés vrai que, dans les Myosurus et les Magnolia, les carpelles sont étagés le long d'un axe cylindrique; mais celui-ci est une partie du réceptacle (et non des placentas) tout à fait indis- pensable pour que les carpelles aient pu trouver place. M. Le Maout fait observer que son opinion sur les carpelles des Géramacées est la méme que celle de M. Clos, et il cite à ce sujet un passage de ses Lecons élémentaires de Botanique (2° edition), où cette opinion est développée à propos du Geranium Robertianum. M. Payer présente les observations suivantes : La structure anatomique est un mauvais caractère pour distinguer un organe axile d'un organe appendieulaire, car nous connaissons des feuilles qui ont une moelle et des branches qui n'en ont pas. Aussi M. Clos se trompe-t-il quand il cherche, par ce procédé, si la columelle des Euphor- biacées et des Géraniacées est axile ou appendiculaire. Ill y a longtemps que nous avons démontré, dans notre Traité d'organogénie comparée de la f'eur, que, dans les Euphorbiacées comme dans les Malvacées, la partie qui supporte les ovules est axile, et que la partie stylaire est appendieu- laire, tandis que, dans les Géraniacées, la columelle est en partie axile et en partie appendieulaire, l'axe placentaire se divisant en cinq branches (qui se soudent plus tard en un placenta axile) et les cinq feuilles carpellaires S'insérant en fer à cheval sur ees cinq branches. — Dans l'£schscholtzin il y à un placenta central en forme de lyre, deux feuilles carpellaires avec quatre styles, mais non quatre 'arpelles. Deux des styles sont les prolon- gements des deux placentas et sont axiles; les deux autres sont les pzo- longements des carpelles et sont appendiculaires. — Dans ‘es autres Papave- "acces, ce sont les styles carpellaires seuls qui se développent: dans les 99 T. iV. 930 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cruciferes, au contraire, ce sont les styles placentaires. — Dans la colu- melle des Géraniacées, il y a cinq parties appendiculaires qui se détachent à la maturité du fruit, et ce qui reste comme colonne est axile. M. Guillard présente les observations suivantes : La note de M. Clos soulève une question qui parait fort importante pour l'avenir de la physiologie végétaie. Qu'est-ce que cet axe dont on parle beaucoup depuis quelques années? On a usurpé d'abord ce terme géomé- trique et abstrait, pour se représenter commodément la ligne idéale autour de laquelle les Feuilles (de toute sorte) sont verticillées et spiralées. On en est venu peu à peu à se le figurer eomme une chose existante; on l'a pris pour synonyme de support, — pédoncule, branche ou rameau; mainte- nant on parait en vouloir faire un être à part, un organe sui generis : on a des axo-feuilles (1), des axes montants et des axes descendants (2), des axes qui ne peuvent pas étre terminés par une Feuille et qui sont terminés par un eotylédon (3); c’est une idée si peu déterminée que l'on peut dis- cuter, que l'on discute si c’est le soi-disant axe qui nait avant le soi-disant appendice, ou l'appendice avant l'axe (A). Si l'on a découvert un organe nouveau, qu'on dise avec netteté en quoi il consiste, quels sont sa forme, sa substance, sa position, et, si on le peut, son emploi. A l'aide de l'observation nous pourrons vérifier les données qu'on nous présentera, et savoir si cet aze organique est capable, comme on l'en flatte, d'engendrer d'autres organes, des ovules, des placentas, des colu- melles et jusqu'a des stigmates. Depuis qu'on a pu, par des recherches patientes et délicates (dont le savant professeur qui vient de parler a donné d'élégants exemples), jeter la clarté jusque dans le fond entr'ouvert du bourgeon, assister, pour ainsi dire, à la conception des organes et suivre toutes les phases de leur gestation, on est obligé à une précision sévere quand on parle de leur filiation et de leurs rapports mutuels. Le champ des hypotheses se rétrécit à mesure que celui de l'observation s'étend. Le bourgeon n'est qu'un mamelon muqueux, déprimé, attenant à la moelle annulaire (5), sur lequel les Feuilles rudimentaires se produisent successivement et en cercle. Ces Feuilles naissent donc sur un méme plan ou plateau court, que l'on peut comparer au collet de la plante ou du (4) Bulletin de la Société botanique de France, III, 166. (2) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XXXVII, p. 974. (3) Bulletin de la Société botanique de France, 1V, 785 et 786. (4) Ibid., 11, 101 et 102, (5) Ann. des sc. nat., 3° série, t. VIII, Voir les conclusions du Mémoire sur la moelle. l SÉANCE bU 27 NOVEMBRE 1857. 934 bulbe écailleux. Puis il se produit des trachées, qui se rangent en verticille dans ce plateau, autour des cellules centrales qui deviendront la moelle. On ne voit donc dans le bourgeon que des Feuilles et un peu de parenehyme central qu'elles recouvrent. Lorsque l'évolution change le bourgeon en ra- meau, les feuilles s'écartent, s'étagent, laissant, dans l'intervalle des nœuds, la suite parfaitement saisissable de leurs faisceaux trachéens (ou vascu- laires), qui bientôt se fortifient par des tubules. Que peut-on dire de ces intervalles ou entre-nœuds, si ce n’est qu'ils sont la base conjointe des Feuilles, leur partie inférieure (ou pétiolaire), engagée ou allongée ? Mais, de quelque manière qu'on en parle, toujours est-il que, sil y a dans le rameau une chose matérielle qu'on puisse nommer axe, ce n'est que la moelle centrale, laquelle arrive promptement à un état évidemment inactif et improductif. A-t-on jamais rencontré la moelle centrale prolon- gée au-dessus du bourgeon qui termine le rameau? Elle ne vient méme pas tout à fait jusqu'à la base de ce bourgeon. Comment la moelle axe) du pédicelle pourrait-elle s'élever au-dessus de la fleur? Done, jusqu'à ce qu'on nous ait dit nettement ce que c'est que cet organe géniteur que l'on se plaît à nommer axe, nous sommes autorisé à dire qu'un stigmate axile (par opposition à stigmate carpellaire) serait un stigmate qui ne ferait point partie du Carpelle, ce qui est contraire à la nature et à l'emploi du stigmate, — un stigmate qui n'en serait pas un. Autant se peut dire d'un placenta-columelle qui ne ferait point partie d'un Carpelle. Toute Feuille ayant sa lame composée de deux lamelles que la nervure dorsale tient unies, si ces lamelles se prolongent au sommet sans que ladite dorsale se prolonge aussi (ce qui est le fait de la feuille carpellaire, de la Feuille-étamine, de beaucoup de Petales et d'autres Feuilles membraneuses), les deux prolongements lamellaires pourront ou rester libres ou étre encore unis : de là vient que le Carpelle montre tantót deux stigmates, comme dans les Composées et plusieurs autres familles, tantót un seul stigmate qui en représente deux, unis à divers degrés. Ainsi, il n'est pas nécessaire de recourir à un axe imaginaire pour expliquer le stigmate double, puisque l'on conçoit ce doublement comme résuitant de la constitution normale du Carpelle. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante, adressée à M. le président de la Société : Montpellier, 24 novembre 1857. Monsieur le Président, | Le mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société dans sa séance du 3 avril 1857 se termine par la phrase suivante (4) : « Le transport des (1) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 335. 032 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. graines par les courants marins doit avoir joué et joue eneore un róle insi- gnifiant dans la diffusion des espèces entre des pays séparés par la mer. Or si l'on considère le grand nombre d'espéces disjointes qui n'auraient pu se répandre que par cette voie, l'idée de la multiplicité des centres de création acquiert tous les jours plus de probabilité. » L'expression centres de création voulait dire que chaque espèce avait eu probablement plusieurs centres de création, c'est-à-dire avait paru à la sur- face du globe sur plusieurs points souvent fort éloignés. Je rappelais la supposition qui admet que tous les individus d'une méme espèce ne pro- viennent pas originairement d'un seul et unique individu fertile : ee n'est point l'opinion commune qui fait reposer souvent sur l'hypothèse contraire, la définition méme de l'espèce. Je me suis mal expliqué, puisque M. Ny- lander (1) conclut de la phrase citée que je crois à l'existence de centres de eréation distincts pour chaque flore bien caractérisée; ce n'est point là ce que j'ai voulu dire ni ce que mes expériences tendent à prouver. L'im- possibilité de la diffusion des espèces disjointes par le transport des cou- rants marins conduit seulement à admettre la multiplicité des centres de eréation spécifique et ne prouve ui pour ni contre la multiplicité des centres de création florale. Je pense méme, absolument comme M. Nylander, que, dans des milieux analogues, la force créatrice a déterminé l'apparition de formes analogues ou méme identiques. La géographie botanique est remplie d'exemples favorables à cette supposition. Agréez, ctc. Cu. MARTINS. M. Guillard fait à la Société la communication suivante : DE LA POSITION DES GROUPES FLORAUX (derniére partie de la THÉORIE DE L'INFLORESCENCE 2}, pr M. Ach. GUILLARD. XXII. La fleur est terminale ou axillaire; il en est de méme du groupe floral, simple ou complexe. On ne leur reconnait pas d'autre position origi- nelle et normale. Les eas, assez nombreux, oü la fleuraison parait hors de terminaison ou hors d'aisselle, sont expliqués et ramenés à l'une ou l'autre des deux positions par l'étude du bourgeon et par l'analogie des plantes que la méthode rapproche. Ces anomalies apparentes se rapportent à trois objels prineipaux ; 1° Axe brisé. Le rameau terminal est déjeté par le développement de l'axil'aire premier récurrent, qui, usurpant sa verticalite, semble continuer la branehe et en donner Ja terminaison. Nous en avons cité plus haut quel- (1) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 371, (2) Voyez les quatre premières parties de ce travail, publiées dans ce volume, p. 29, 116, 37^ et 452. SÉANCE BU 27 NOVEMBRE 1857. 933 ques exemples (pages 462 et suiv.). Quand l'usurpation de verticalité est incomplete, elle figure une fourche, comme dans plusieurs Caryophyllées, Rubiacées, Géraniacées. Dans certains cas, c'est la Feuille elle-même qui se dresse au bout de la branche, et renverse le rameau terminal. Zpime- dium alpinum L. en offre l'exemple. En voici un autre sur tubus idœus : au premier coup d'œil on prend le pétiole pour la tige, et l'on est étonné de ne voir, au sommet, autre chose que trois folioles; à la base du pétiole la Cyme git renversée. On connait l'inflorescence pseudo-latérale de plusieurs Joncées et Cypéracées, où la première Bractée continue la tige si parfaite- ment, qu'on n'en voit pas la différence, et où elle déjette à la fois son propre axillaire et le pédoncule terminal : Juncus balticus, J. communis, J. glau- cus, ete. Scirpus lacustris L., S. supinus L., S. maritimus, S. acicu- laris L., etc. Cette Bractée est d'autant plus décevante, qu'elle a, chez quelques plantes, la même organisation interne que la tige qu'elle semble terminer. Ce phénomène de verticalité usurpée n'appartient pas exclusivement à l'inflorescence : il se rencontre aussi trés fréquemment dans l'évolution foliale. Voyez la jeune pousse du Platane : chaque entre-nœud en est déjeté par l'effort du pétiole armé de cinq puissantes cohortes foliales. De même, chez Pisum sativum et plusieurs autres Papilionacées, le jeune rameau évolvant offre une suite de lignes brisées par l'usurpation ré- pétée à chaque Feuille, en sorte qu'à en croire la vue, c'est la Feuille qui est axile, et le bourgeon terminal qui est appendiculaire. Voyez encore Festuca maritima, Luffa, Begonia, Tilia, Linaria origanifolia DC., Ela- tostema et autres Urticées, ete. (1). 2° Soudure et surhaussement. Le rameau axillaire est surhaussé par ad- hérence au rameau central; la Feuille aisselière est surhaussée par adhé- rence à son axillaire : le premier cas est fréquent chez les Boraginées, le second chez les Solanées. Dans l'un comme dans l'autre, l'axillaire est hors d'aisselle, en est méme souvent fort éloigné : il y est né pourtant, l'analogie le déclare, et l'étude du jeune áge n'en laisse pas douter. (Voy. ci-dessus, p. 461.) A l'aisselle des Cueurbitacées, le pédicelle aîné de la Cyme se soude, en plusieurs espéces, avec la Botrye récurrente qui lui est contigué; il sem- (1) Beaucoup d'arbres offrent un effet contraire d'axe redressé ou prolongé pat une cause semblable. Sur le Tilleul, par exemple, l'Orme, le Bouleau, le Charme, le Mürier, etc., le bourgeon terminal de la branche tombe peu aprés qu'elle évolvé sa dernière Feuille. La progression en est forcément arrêtée et tronquée, Cependant la tige et les branches continuent de s'allonger d'année en année, par un phénomène de substitution : le dernier bourgeon axillaire, se développant le pre- mier et le plus vivement, selon la Loi de récurrence, se substitue au bourgeon terminal défunt, et prolonge la branche ou la tige en s'alignant à $a suite. 934 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. blerait en faire partie si l'on ne faisait attention à son áge et si on ne le voyait naitre bien avant elle. Cette adhérenee, inobservée, a fait longtemps méconnaitre une Cyme si remarquable et si certaine. Samolus Valerandi : toutes les Bractéoles paraissent portées sur les pédi- celles qu'elles aissellent et qui sont courbés, pendant qu'elles gardent la ligne droite. Il en est de méme de Spiræa, de Suæda fruticosa, d'un grand nombre de Thesium, ete. (p. 463). M. W. de Schœæœnefeld a observé, chez les Crassulacées, que tantôt l'axil- laire surhausse son aisselière (Sempervivum), tantôt c’est lui qui est sur- haussé et éloigné de cette Bractée qu'il délaisse (Sedum) (1). C'est la brac - téole mineure qui, sur plusieurs Sedum, est délaissée, et souvent supprimée. 3° Aisselieres oblitérées. Plusieurs Cucurbitacées ont à la Cymeaxillaire, pour récurrent floral, un groupe de fleurs mâles portées sans bractéoles sur un pédoncule commun : Cucumis, Cyclanthera, Sicyos, Bryonia dioica, cretica. La forme de ce groupe ne suffit pas à le déterminer: les fleurs ex- térieures s'ouvrent les premières, il est vrai, ee qui indique ordinairement Botrye ; mais ce pourrait être Cyme centripète (p. 119 et 462). On renonce- rait donc à le qualifier, si d’autres plantes de la méme famille ( Trichosanthes, Luffa, Echalium, Bryonia abyssinica, acuta), n'étaient heureusement mu- nies de ces bractéoles qui manquent aux premières, et qui affirment iei la progression. Les scorpiures des Boraginées, des Hydrophyllées, s'éclairent de méme les unes par les autres. Presque toutes les Cruciferes portent grappe nue : on ne saurait pourtant hésiter à y voir la progression indéfinie, soit à cause des cas aecidentels, tres fréquents, où une ou deux des premières fleurs ont leur aisselière, soit à cause des espèces où toutes les fleurs sont régulièrement aisselées. (Voy. ei-dessus, p. 265.) Voici quelques échantillons de Brassica oleracea, cueillis à Enghien, daus un lieu bas, humide et abrité : les Botryes ont pris un développement extraordinaire, et tous leurs pédicelles sont visiblement axillaires, les pre- miers de Feuilies formelles, les autres de grandes bractéoles. XXIIT. Quelques auteurs ont avancé que le rameau terminal est à l'ais- selle de la deruière Feuille, et qu'ainsi « tout rameau est axiliaire » (2). C'est un abus de mots qui tendrait à tout confondre. Le rameau terminal ne peut pas ètre dit axillaire, par la raison très vulgaire que, pour faire un axiilaire, il faut avoir une aisselle, c’est-à-dire une Feuille faisant angle avec la branche qui la porte et qui se prolonge, aussi peu que l'on voudra, au-dessus de la base de cette Feuille. Si le rameau terminal, qui n'est autre (1) Voyez le Bulletin, t. i, p. 170. (2) Alph. DC., Introd., ch. L, p. 120. — Ser. et Guillard, Vocab — Trécul, Artoc., p. 51, des Bractées. SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 935 que ce prolongement, est pris pour axillaire, il ne reste pas la matiere de l'aisselle, elle ne se conçoit plus, elle est impossible. L'organogénie confirme ce raisonnement, Ou observe au cœur du bour- geon que la feuille la plus jeune se découpe sur le mamelon terminal, qui par conséquent. existe avant elle. On observe encore que la dernière Feuille d'un rameau fait voir ordinai- rement son bourgeon axillaire, indépendant du terminal, qui est souvent élevé au-dessus d'elle comme dans Acer rubrum et les autres. La distinction des deux positions du rameau est done aussi solide en théorie qu'elle est commode dans la pratique. La succession des fleurs et des groupes floraux n'étant daus la nature qu'une perpetuelle repetition, c'est par leur position qu'on les désigue, quand on veut exprimer l'ordre dans lequel ils se produisent. Il parait peu utile de rechercher laquelle de ces deux notions, de position ou de succession, a le plus d'importance : on ne peut les séparer, dans l'etat de la science et du langage technique. Quand on designe l'infloresceuce des Oxalidées, Méliacées, Célastrinées, Sapindacées, Malvacées, Cucurbitacées, Bégoniacées, ete., par ces deux mots: CYME AXILLAIRE, il semble tout d'abord que le premier n'a rapport qu'a la succession, et le second qu'à la position. Mais, puisqu'on entend par Cvme un groupe où la fleur ainée est terminale, et les autres axillaires, il est clair que la uotion de position est nettement enfermée dans ee nom. Et, puisque, quand Ja fleur ainee ou le groupe primordial est axillaire, ia fleur ou le groupe se répète dans l'ordre progressif, il est done clair que cet adjectif, ainsi employé, enferme une idée trés nette de succession, jointe à l'idée de position qui apparait la pre- miere. De méme, quaud on dit des Géraniacées, des Linées, Alsinées, Hy- péricées, ete., que leur inflorescence est en Cyme terminale, —ou des Com- posees en général que le Capitule aîné est terminal et les autres axillaires ov portés sur axillaire, la loi de récurrence (p. 32, SS IT et IV) fait connaitre dans quel ordre se succéderont ees Cymes et ces capitules Ainsi, l'idee de position et celle de succession se sont trouvees indissolublement liees des lors que, d'une part, on est convenu generalement de nommer les groupes d’après l’ordre dans lequel leurs fleurs se produisent, et que, d autre part, on a reconnu les lois naturelles qui règlent cet ordre d'apres la position (le droit d'ainesse constaté). 0. XXIV. La fleuraison est terminale de la tige ou branche principale, ou bien des rameaux récurrents. . Nous disons tige ou branche principale : car, lorsque la tige primordiale porte fleur au sommet, cela ne peut arriver qu'une fois, la premiere annee de l'existence de la plante, ou la premiere de sa fleurairon. Mais apres la tige primordiale, les branches qui se développent sur elle en recurrence re- ; A Snos Colle repnetitiun a lieu souvent là méme pètent les mêmes phénomènes. Cetle repetition à i 936 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. année, notamment sur les plantes herbacées, et donne l'infloreseenee cauli- forme. Sur les plantes frutescentes et arborescentes, cette répétition n'a guère lieu que d'une année à l'autre : les bourgeons nés aux aisselles des branches vivaces n'évolvent que l'année suivante ou dans l'une des années qui suivent. Cette distinction entre le développement des rameaux axillaires dans l'année de leur naissance ou dans l'année ou les années subséquentes est im- portante pour l'histoire de la végétation et de l'inflorescenec. Nous conser- verons pour le premier cas l'expression usitée de rameau axillaire ; pour le second cas nous dirons rameau post-arillaire. Les observateurs n'ont pas fait cette distinction : c’est pour cela que la loi de progression leur a échappé. En effet, cette loi régit, comme nous l'a- vons dit, la succession axillaire (annuelle) des fleurs et des groupes flo- raux : mais elle ne régit plus la succession post-axillaire. Celle-ci s'opère sans ordre apparent sur la branche, ou méme en ordre régressif. On peut le voir sur les arbres, arbrisseaux et arbustes, lorsqu'ils évolvent au printemps les bourgeons qui avaient été formés aux aisselles l'été précédent, et qui ont pris leur corpulence dans l'intervalle...? Jasminum nudiflorum fleurit en janvier à toutes les aisselles que l'année qui vient de finir avait produites, et que l'hiver, démolisseur des Feuilles, a changées en ex-aisselles, Si l'on décrit cette floraison commeaxillaire, on donne lieu à une double erreur : premièrement on fait supposer qu'il se conserve une progression là où au contraire il n'existe plus en fait que ré- gression ; deuxiemement on attribue la progression florale à un Jasminum, contre l'analogie de tout le genre et peut-étre de toute la famille. Il en est de méme des Calycanthées. L’ Herbier de l'amateur (III, 173) et le Bot. Register (h51) ont donné dans le piége, en figurant sur la branche de Chimonanthus fragrans une progression qui n'existe pas. Nous sommes fort exposé à tomber nous- méme dans quelque faute sem- blable, à l'oecasion des familles oü les Feuilles se conservent au delà de l'année qui lesa vues paitre. La persistance des Feuilles ne détermine point la persistance de la progression ; et il n'est pas toujours facile de distinguer dans les liasses de l'herbier, si les Feuilles qui prétent leur aisselle à la fleu- raison sont de la méme année qu'elle, ou si elles sont de l’année d'avant. Bien que nous nous soyons proposé d'exprimer le doute toutes les fois que le cas ne nous paraitrait pas clair, nous demandons gráce pour les erreurs où le penchant à juger nous aura entrainé. Et à cette occasion nous implorons de la manière la plus pressante tous les botanistes qui sont à méme d'observer et de récolter les plantes à végé- tation persistante, notamment dans les pays chauds et intertropicaux. Il n'y a pas de branche de la science qui soit plus pauvre de faits constatés : la tout est à apprendre, tout est à remarquer. Combien l'histoire, suivie et SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 937 datée, de q uelques arbres ou arbustes de la zone torride jetterait de clartés vives et toutes nouvelles sur les rapports de la production des Feuilles et de celle des fleurs (de la feuillaison et de la fleuraison), sur les rapports de la production et du développement des bourgeons chez les branches, ct des organes dans les bourgeons ! Voici une branche ligneuse et feuillée d'un DapAnidium de Macao. Notre confrère, M.Spach,a bien voulu me la confier pour vous la communiquer, et pour aider à la démonstration de l'inflorescence post-axillaire. Les Feuilles, dont plusieurs ont été rongées, sont néanmoins toutes en place, et certaine- ment de l'année précédente. Chacune d'elles a son axillaire. Mais, sur cet échantillon, évidemment cueilli au réveil de la végétation (l'étiquette ne dit pas en quel mois), on voit que les Cymo-Botryes post-axillaires se dévelop- pent au-dessus du milieu de la branche et vers le haut ; les boutons s'ou- vrent, les bourgeons terminaux feuillants s'échappent de leurs écailles. Au milieu de la branche et au-dessous, le post-axillaire est encore en repos, quoique évidemment floral, puisque chaque ombelle est distincte, sphéroi- dale. Au bas de la branche, les aisselles les plus vieilles n'ont qu'un petit bourgeon rudimentaire. La grandeur respective des Feuilles sur la branche donne un ensemble ovale, les plus grandes étant au milieu. XXV. Il ne se produit ordinairement à ehaque aisselle qu'un seul bour- geon. Cependant il y a un grand nombre de plantes oü la production axil- laire est plus riche, Les bourgeons qui naissent à ia méme aisselle sont toujours d'áge différent: le bourgeon jeune peut naitre ou au-dessous de l'axillaire en premier, c'est-à-dire entre lui et la Feuille, — ou au-dessus de l'axillaire en premier, c'est-à-dire entre Ini et la branche-porteur, —ou à côté de l'axillaire en premier, dans le plan vertical tangent à la branehe-porteur et perpendiculairement au plan oculaire ou dorsal. Ces bourgeons, en quelque sorte surnuméraires, seront. essentiels à noter pour compléter la description de l'infloreseence, parce que, si dans beaucoup de cas ils restent rudimentaires et seulement foliacés, dans d'autres ils don- nent ou des groupes floraux ou de simples pédicelles : exemples, Thalictrum, Teucrium, Zieria, Viola, Sisymbrium. | a. Les bourgeons en second-dessous, c'est-à-dire qui vienuent apres et Sous l'axillaire en premier, sont de beaucoup les plus fréquents. Un grand nombre de familles, particulièrement des Sympétales ou Monopétales (Scro- fularices, Acanthacées, Solanées, Oléinées, Rubiacées, Primulacées, etc.) les offrent, soit rudimentaires, soit évolvant ou en fleurs ou eu Feuilles (1). : — Steinheil, chez signalé s Euphorbes, Enum., p. 26 (4) M. Ræper les a signalés chez les Euphorbes, Enum., p od pre. les Gentianes et les Scrofulariées (Ann. des sc. nat., 1839, t. XII, p. 194, lend qu'il n'y a pas de seconds-dessus). 938 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ils évolvent sans faute lorsque l'axillaire titulaire vient à avorter par une cause quelconque, soit régulière et constante, comme dans le genre Gledits- chia, soit accidentelle. Souvent aussi on treuve les deux axillaires dévelop- pés, ce qui, quand les feuilles sont opposées (Calycunthus floridus, Vitex), peut faire voir quatre rameaux connexes dans le même plan, et cinq en comptant le rameau terminal. Duranta Bonardi a une Cyme terminale qui, avec ses seconds-dessous et ses troisièmes-dessous, donne jusqu'à sept pédi- celles parfaitement étalés en éventail. Les Cymes latérales des Verbascum offrent en cette sorte des détails curieux. Certaines familles ont une grande abondance d'axiilaires en dessous: les Ménispermées, les Légumineuses, offrent fréquemment troisième, quatrième et même cinquième-dessous. Chez Cercis Siliquastrum, les dessous évolvent en post-axillaires, et leur succession est pérenne; ce qu'on a coutume d'exprimer vaguement en di- sant que cette plante fleurit sur bois. Dans le plus grand nombre des cas, le second-dessous florifère a pour axillaire en premier un pédoncule, ou moins souvent un pédicelle. Il y a aussi quelques exemples de pédoncules placés sous des rameaux foliacés : c'est particulièrement lorsque l'axillaire en premier est sujet à tourner en épine, comme sur Genista anglica et germanica L. b. Les bourgeons en second-dessus, c'est-à-dire, qui viennent après et au- dessus de l'axillaire en premier, beaucoup plus rares que les dessous, fournissent un caractère nouveau qui distingue trois familles : — les Viola- cées, les Flaeourtianées et les Turnéracées, — pour lesquelles Bartling et Endlicher avaient déjà admis d'autres motifs de rapprochement. Je ne crois pas que ce caractére eurieux ait été encore signalé comme commun à ces trois familles, et les distinguant peut-étre de toutes les autres. Je n'ai pas été à méme d'observer s'il appartient aussi aux Sau vagésiées. c. LesCucurbitacées offrent l'exemple leplus large des rameaux axillaires collatéraux, puisque toutes leurs espèces portent, à chaque aisselle florifère, une Cyme qui s'étale dans le plan tangent, et qui est formée, dans certains genres, de deux récurrents, l'un à fleurs mâles ou femelles, l'autre foliifere, aux deux côtés du pédicelle premier axillaire, — dans d'autres genres, du seul récurrent foliifere à l'aisselle d'une Bractée le plus souvent cirri- forme; et, quand cette Bractée-vrille est complexe, elle représente encore un autre rameau collatéral, transformé, neutre et stérile. Les Urtieées ont le plus souvent deux Cymes collatérales au rameau axillaire. On trouve d'autres exemples de cette richesse chez les Mélastomaeces (Medinilla), chez les Légumineuses (Acacia, Erythrina, Chorozema). Dans cette derniere famille, le second axillaire a souvent une position oblique et douteuse (Phaseolus, Sarothamnus). SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 939 Au reste, ces distinetions et dénominations ont pour but principal de déerire le fait de la position: elles n'empéchent pas de considérer les divers rameaux occupant une aisselle comme faisant partie d'un seul axillaire, puisque en effeton les voit tous réunis un peu au-dessous, et sortant succes- sivement d'un méme courant séveux-médullaire, qui procède de la moelle annulaire de la tige, et suit la route tracée par la cohorte dorsale de la Feuille aisselière. XXVI. Je terminerai cette esquisse d'une théorie générale de l'inflores- cence en revenant à mon point de départ. C'est l'ordre dans la production et la succession des fleurs qui en fait la base. Je ne pense pas me tromper en disant que tous les botanistes admettent aujourd'hui ce principe, bien que plusieurs n'aient pas encore répudié les langes trop étroits dont M. Rœper avait enveloppé la théorie nouveau-née. Il en est de cette partie de la science à peu prés comme de la dévotion: il y en a beaucoup qui croient et peu qui pratiquent, Le célèbre professeur bálois a distribué tous les grou- pes floraux en deux grandes classes, mettant dans l'une tout ce qui est Cyme, et dans l'autre tout ce qui n'est pas Cyme : puis, par une méprise bien ex- cusable dans celui qui fraye une route nouvelle, il a nommé ces deux classes, non d’après le mouvement floral dont il était parti, mais d'après la forme des groupes, phénomène secondaire et subordonné; et il a dit: — inflores- cence définie, inflorescence indéfinie. Or, maintenant qu'une masse formi- dable d'observations a démontré que le dé fin s'étend plus loin que la Cyme, puisqu'il y a des ombelles définies, des grappes définies, des épis definis, des panieules définies, la contradiction est manifeste entre le langage et le fait ; et il faut ou déclasser les groupes floraux, ou réformer la nomenclature tech- nique, démontrée incompatible avec la classification. Ni le professorat ni la phytographie ne peuvent rester dans une route à ornière, qui les écarte du but, et qui n'a conduit depuis trente ans et ne pourrait jamais conduire qu'à perpétuer la confusion et l'obscurité dans cette branche importante de la physique végétale. | On a peine à répudier le langage auquel on s'est accoutumé. Mais, quand ce langage est démontré vicieux, il faut opter entre l'habitude et la logique, . Et si les habitudinaires prétendent, pour se justifier, qu'on peut bien avoir ou donner des idées justes dans un langage qui ne l'est pas, il me sera facile de démontrer le contraire par un exemple tout nouveau zje n aural pour cela qu'à vous présenter (en m'appuyant sur lart. 55 de notre reglement l'appréciation d'une Note distribuée il y a peu de jours, signee d'un gran nom, et relative à l'une des faroilles traitées dans le volume qui va paraitre du Prodromus de De Candolle. Je demanderai à vous soumettre ce dernier argument à l’une de nos prochaines séances. 940 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : RECHERCHES SUR LES RAPPORTS DES PLANTES AVEC LA ROSÉE ; pr M. P. DUCHARTRE. Les recherches dont je demande à la Société la permission de l'entre- tenir quelques instants ont été faites à Meudon, pendant l'été et l'automne de 1856 et 1857. Elles se rattachent à un ensemble d'observations dont je m'occupe depuis le mois d'octobre 1855, et qui ont pour objet de recon- naitre comment les plantes se comportent, pendant le cours de leur végé- tation, vis-à-vis de l'humidité atmosphérique. Les physiologistes n'avaient fait jusqu'à ce jour qu'un fort petit nombre d'expériences desquelles on püt tirer quelques données relativement à l'influence de la rosée sur les plantes vivantes. Ce que je connais de plus précis à cet égard se trouve consigné presque incidemment dans deux pas- sages de la Statique des végétaux de Hales. Le célébre auteur anglais dit, en effet, dans l'exposé de ses observations sur l Helianthus annuus : « Aussi- tót qu'il y avait un tant soit peu de rosée, il ne se faisait plus de transpi- 'ation; et lorsque la rosée était abondante ou que, pendant la nuit, il tom- bait un peu de pluie, le pot et la plante augmentaient de deux ou trois onces » (p. 4 de la traduction de Buffon, in-4). Plus loin (p. 17), on trouve la phrase suivante aa milieu des détails d'une série d'expériences sur un Citronnier : « Pendant la nuit, il transpirait quelquefois d'une demi-once, quelquefois il ne transpirait pas du tout, et d'autres fois il augmentait d'une ou deux onces, savoir : lorsqu'il y avait eu pluie ou rosée abondante. » Ainsi, Hales disait avoir reconnu par l'expérience que la rosée qui vient mouiller les plantes en augmente le poids, ce qu'elle ne pourrait faire, ce me semble, que si elle était absorbée par elles, Je ferai cependant observer que, comme j'espere l'établir ailleurs, ses appareils et son mode d'observation à ce sujet laissaient assez à désirer pour ne pouvoir l'amener à des conclu- sions d'une parfaite rigueur. Ces énoncés du célèbre physiologiste anglais n'ont jamais été, que je sache, ni contestés ni méme discutés. Il ne pouvait en étre autrement, puisqu'ils étaient eonformes aux idées universellement admises au sujet du róle de la rosée dans la nature, idées que j'ai partagées et exprimées moi - méme dans des écrits antérieurs, mais que j'ai eru devoir soumettre plus récemment à l'épreuve décisive de l'expérimentation. J'espère prouver dans cette note que les faits s'accordent mal avec ces idées. Des expériences comme celles qui vont faire le sujet de cette communi- cation ne peuvent conduire à des conclusions dignes de confiance que si elles sont faites à l'aide d'appareils convenables et par des méthodes rigoureuses sur des plantes en bon état de végétation, Je me suis efforcé de réunir de la SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 941 maniere suivante ces conditions essentielles : 4° J'ai mis en observation des plantes jeunes et vigoureuses, de différentes espèces, cultivées en pots dans de la terre ordinaire de jardin ou dans de la terre de bruyère. Mes expé- riences de cette année, les seules dont je m'occupe ici, ont porté sur deux Reines- Marguerites, sur quatre Veronica Lindleyana, sur deux Hortensias et sur un Ziochea falcata. 2° J'ai muni les sujets de mes expériences d'un appareil que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Socicté, et gráce auquel le pot et la terre oü ils végétaient se trouvaient eufermés dans une cavité hermétiquement close, tandis que leur tige entiere flottait librement dans l'air. Ces appareils ne présentaient que des surfaces planes ou large- ment cylindriques dont il était facile d'enlever toute l'humidité qui venait parfois s'y condenser extérieurement. En outre, ils avaient l'immense avan- tage, grâce à leur fermeture hermétique, d'éliminer toutes les variations de poids qui, sans eux, auraient été produites par le desséchement ou l'hu- mectation de la terre et du pot; par suite, ils simplifiaient considérablement les conditions du probléme, Je dois ajouter que les plantes munies de cet appareil n'en sont nullement génées dans leur végétation, puisque j'en ai conservé é pendant six mois, méme pendant une année entière, sans remar- quer en elles le moindre dépérissement. 3° La méthode que j'ai suivie a consisté en pesées comparatives; mais ici diverses précautions étaient indispensables pour que les résultats des observations fussent concluants. D'abord il fallait opérer avec une balance qui permit d'apprécier de légères différences de poids offertes par des objets assez lourds. Celle dont je me suis servi indiquait nettement les cinquièmes de gramme dans des pesees de 3 kilogrammes ou un peu plus. En second lieu, j'ai pesé mes plantes une première fois, le soir, vers l'entrée de la nuit, une seconde fois le lende- main de bon matin, lorsqu'elles étaient couvertes de rosée. Pour cette seconde pesée j'essuyais avec soin l'appareil qui renfermait le pot, saus toucher le moins du monde à l'humidité qui s'était condensée sur les feuilles. Lorsque la rosée avait été abondante, je constatais alors une aug- mentation notable sur le poids de la veille; mais il est évident que l'eau qui se trouvait déposée sur la plante devait intervenir par sa présence dans cette augmentation; il était donc absolument indispensable de determiner la part qui lui revenait. Pour y parvenir, j'ai procédé de deux manières différentes: dans plusieurs cas, aussitót aprés avoir pesé la plante encore couverte de rosée, je l'ai essuyée avec soin feuille par feuille et je l'ai repesée immédia- tement. Il est clair que, dans ce cas, la différence entre ces deux pesées consécutives indiquait, à très peu de chose pres, le poids de la rosée enle- vée. Celui-ci déduit, la comparaison avec la pesée de la veille montrait si la plante avait gagné ou perdu pendant la nuit. Dans les cas où cette mé- thode tres simple n'a pu être employée, après avoir pesé mes plantes toutes mouillées de rosée, je les ai placées dans nne chambre, à une demi-obseu- 942 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rité, c'est-à-dire dans des conditions où la transpiration est toujours très faible. Lorsque, au bout de deux ou trois heures, leur humidité superficielle a eu disparu, je les ai pesées de nouveau. La différenee entre ces deux pesées ne pouvait indiquer autre ehose que le poids de la rosée quí venait de se dissiper dans l'air, plus une certaine déperdition subie par la plante elle- méme, si elle avait transpiré dans les circonstances où elle s'était trouvée. Or il était facile d'évaluer cette déperdition ; il suffisait pour cela de remettre la plante au méme lieu, pendant le méme espace de temps; une troisième pesée indiquait la quantité de transpiration qui avait eu lieu dans cette seconde circonstance, et par conséquent aussi dans la première, en faisant méme la supposition, trés exagérée, qu'elle eût pu transpirer pendant tout l'intervalle de la première à la seconde pesée. Une réflexion me semble ici nécessaire. Si, en procédant comme je viens de le dire, avec l'appareil que j'ai indiqué, on constate que, pendant la nuit et malgré une abondante rosée qui les mouille sur toute leur surface, les plantes n'ont absolument rien ajouté à leur poids de la veille, il me semblera logique d'en conclure qu'elles n'ont rien pris à l'eau qui les mouil- lait. Mais, pour que cette conclusion soit rigoureuse, il faut qu'aueun des phénomènes véuétatifs accomplis par les plantes pendant la nuit n'ait pro- duit en elles une diminution de poids suffisante pour dissimuler, soit en partie, soit méme en totalité, une absorption qui cependant aurait eu lieu. Or les seuls phénomènes végétatifs dont il puisse être question ici sont la respiration et la transpiration. La respiration. consiste, comme on le sait, pendant la nuit, en une in- spiration d'oxygène accompagnée d'un dégagement corrélatif d'acide carbo- nique. Or, quoique cette inspiration d'oxygène soit toujours faible et n'excéde jamais, d'apres Th. de Saussure, le volume des feuilles, elle est toujours notablement supérieure au dégagement d'acide carbonique. La respiration nocturne ne peut donc pas amener une diminution dans le poids des plantes. Quant à la transpiration, elle est la cause essentielle des pertes que peuvent subir les sujets mis en observation, et je me propose de revenir, dans une prochaine communication, sur la manière dont elle s'opere pen- dant la nuit, selon les diverses cireonstances qui se présentent; mais, en attendant, je crois pouvoir admettre avec Hales et tous les physiologistes modernes, sans ajouter encore de nouveaux faits à ceux qui déjà sont acquis à la science, que la déperdition dont elle est la cause est toujours faible pendant la nuit et cesse à trés peu prés d'avoir lieu lorsque la rosée dépose une couche d'eau sur les surfaces des feuilles. Elle ne peut donc pas dissi- muler une absorption de cette eau superficielle, Dans une note succincte comme celles qu'admet le Bulletin de la Société Botanique de France, l'espace me manque pour exposer en détail toutes mes observations sur les rapports des plantes avec la rosée. Je me conten- SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 943 terai done de présenter ici le relevé succinct de celles que j'ai faites sur un sujet pris au hasard parmi ceux que j'ai mis en observation cette année. Ce sera en quelque sorte un spécimen destiné à donner une idée des faits que j'ai pu constater et à expliquer les conclusions générales que je crois pouvoir déduire de l'ensemble de mon travail. Hortensia. — Le pied de cet arbuste, que je prends pour exemple, était une bouture d'un an, haute d'environ 30 centimètres, et portait 7 paires de grandes feuilles au moment où il a été mis en expérience. Pendant le mois de septembre il a perdu une de ses feuilles inférieures le 16, deux autres le 18, enfin trois autres le 21; mais en méme temps la plante a pris par le haut un développement notable. Le 6 septembre, à sept heures et demie du soir, cet arbuste, avec l'ap- pareil qui renfermait son pot, pesait 2227*,8. Le lendemain matin, à Six heures, après être resté toute la nuit au milieu d'un grand jardin, sous une grande vitre horizontale suspendue au-dessus de lui, il ne por- tait pas du tout de rosée et son poids était descendu à 2225*',6. II avait donc perdu par transpiration 25,2. Il avait alors ses 14 feuilles toutes en bon état. Un pied semblable ayant été laissé à découvert au méme lieu, pendant la méme nuit, se trouva, le lendemain matin, tout mouillé de rosée, Le 13 septembre, à sept heures et demie du soir, mon Hortensia pesait 21825,2. Le lendemain matin, à six heures et demie (1), il était couvert de rosée, et, celle-ci comprise, il pesait 2183*,2. Essuyé feuille par feuille, il descendit immédiatement à 2181*,2, c'est-à-dire à 1 gramme au-dessous de son poids de la veille. , Le 44 septembre, vers sept heures du soir, le poids trouvé était de 2177*',2. Le lendemain matin l'arbuste était inondé de rosée, avec laquelle il pesa 21845,4 (augmentation apparente 75,2). Il fut mis alors à une demi- obscurité, dans une chambre fermée où la température était de 185,5. Au bout de trois heures, il n'était pas encore entièrement débarrasse de son humidité superficielle, tant elle avait été abondante ; cependant il ne pesait déjà plus que 2177*,6, malgré la présence d'un reste d'eau sur ses feuilles. Il avait done évidemment perdu quelque peu de son poids pendant la nuit, malgré l'abondance de la rosée qui l'avait couvert. Le 15, à sept heures du soir, mon Hortensia pesait 2208",0. Le 16, à six heures du matin, il portait une rosée extrêmement abondante, avec laquelle son poids fut de 2215*,2 (augmentation apparente = 75,2). Trois heures de séjour à la demi-obseurité d'une chambre, dont la température était de (1) Dans le jardin oü ces observations ont été faites, le soleil n'atteignait mes plantes que de sept heures et demie à huit heures. 94h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 195,5, dissipèrent à peu près cette eau et réduisirent le poids à 22075',0, c’est-à-dire à 1 gramme au-dessous du poids de la veille. Jusqu'alors il avait conservé ses 14 feuilles, mais la plus basse tomba dans la journée. Le 16, à huit heures du soir, le poids de l'arbuste était de 21845",0. Le lendemain matin, à six heures, il était chargé d'une rosée trés abondante, qui s'était méme ramassée dans les petites cavités des feuilles. Pesé avec toute cette eau, il donna le chiffre de 2191,70 (augmentation apparente = 75,0). Essuyé immédiatement, sans qu'il fût possible toutefois d'eu enlever toute l'humidité, il se trouva réduit à 2183*',8, c'est-à-dire à 1/5 de gram. ‘au-dessous de son poids de la veille. Il est méme évident que ce chiffre était trop fort puisqu'il comprenait encore le poids de la rosée qui n'avait pu être enlevée. Le 17, à sept heures et demie du soir, le poids de la plante était de 241645,4. Le 18, à six heures du matin, toute couverte d'une rosée très abondante, elle pesa 21685,0 (augmentation apparente — 65,6); mais essuyée feuille par feuille et quoique conservant encore un peu d'humidité, surtout au-dessous des feuilles, elle redescendit immédiatement à 21615',4, poids de la veille. Elle avait done en réalité diminué de poids pendant la nuit et malgré la forte couché de rosée dont elle avait été entierement cou- verte. Deux feuilles tombèrent ce jour-là. Le 18, à huit heures et demie du soir, mon Hortensia pesait 11815',8. (Il avait été arrosé dans la journée.) Le lendemain matin, vers six heures et demie, je lui trouvai absolument le méme poids malgré la présence d'une rosée légère à la surface de plusieurs de ses feuilles. Il avait donc en réalité subi pendant la nuit une légere déperdition. Enfin, pour ne pas trop multiplier les exemples, le 26, à sept heures et demie du soir, mon arbuste, qui ne portait plus alors que huit feuilles, pesait 2203*,0. Le 27, à six heures et demie du matin, pesé avec la rosée assez abondante qui le couvrait, il donna le nombre 22045,4 (augmentation apparente = 15,4); mais ayant été essuyé, il descendit immédiatement à 22025,6, c'est-à-dire à 05,4 au-dessous du poids de la veille. Pour ue parler que de mes expériences de cette année, les huit autres plantes que j'ai mises en observation m'ont donné, sans une seule excep- tion, des résultats parfaitement concordants avec ceux que je viens de rap- porter, résultats que je résumerai de la manière suivante : Lorsqu'il ne s'est pas formé de rosée sur les sujets mis en observation, soit à découvert, soit sous une grande vitre horizontale simplement suspen- due, de manière à diminuer pour eux le rayonnement et surtout à les garantir de la pluie, la transpiration a déterminé en eux une diminution de poids ap- préciable, qui a varié selon les espèces et selon les circonstances extérieures. SÉANCE DU 27 NovEMBRE 1857. 945 Lorsque la rosée ne s'est déposée qu'en petite quantité, les plantes, pesées avec la faible couche d'humidité qui les couvrait, ont accusé un poids un peu inférieur ou tout au plus égal à celui qu'elles avaient la veille à l'entrée de la nuit, et cela malgré la présence de cette eau dont le poids s'ajoutait au leur. Enfin, lorsque la rosée s'est formée en abondance, les plantes pesces de bon matin, encore couvertes de toute l'eau qui s'était condensée à leur sur- face, ont présenté une augmentation très marquée relativement au poids qu'elles avaient la veille, à l'entrée de la nuit. Mais, pour reconnaitre que cette augmentation était uniquement apparente et non réelle, et qu'elle n'était due qu'à la présence sur les feuilles d'une couche d'eau qui ajou- tait son poids à celui des plantes, il a suffi de faire disparaitre de manière ou d'autre ce liquide superficiel. Aussitót les sujets detoutes mes observa- tions ont montré qu'ils n'avaient rien ajouté à leur poids de la veille, et méme qu'ils avaient subi une petite diminution. Ainsi, en dernière analyse, je n'ai jamais vu la rosée, quelque abondante qu'elle füt, ajouter au poids des plantes la plus légere quantité appréciable au moyen d'une balance qui accusait nettement les cinquièmes de gramme. Je erois donc étre autorisé.à conclure de ces faits, auxquels il est bon de rattacher les considérations présentées plus haut, que, dans nos climats et dans les conditions ordinaires de la végétation, la rosée n'est pas absorbée par les plantes qu'elle mouille; que des lors eile ne contribue pas à leur nu- trition et que le seul effet direct qu'elle produise est de réduire presque à rien, par sa présence, la transpiration qui aurait eu lieu sans elle. J'ajouterai seulement que, par l'intermédiaire de la terre, eile peut produire sur la végétation un effet indirect, auquel je pense qu'on doit attribuer une im- portance, sans doute variable selon le temps et le lieu, mais parfois très considérable. Comme on ne saurait trop accumuler les preuves lorsqu'il s'agit d'établir un principe entièrement nouveau, en contradiction avec les idées qui ont eu cours de tout temps, je erois devoir ajouter des faits d'un autre ordre qui viennent à l'appui des premiers et qui seraient eux-mêmes inexplicables si les plantes étaient douées de la faculté d'absorber l'eau de la roste. Dans ma note sur la fanatson (Voy. Bull. de la Soc. Bot., IV, p. M2- 116) j'ai rapporté que des plantes, dont le pot était renfermé daus un appa reil parfaitement fermé, s'étant trouvées fanées le soir par l'effet de la sé- cheresse de la terre où s'étendaient leurs racines, se sont montrees encore dans le méme état le lendemain matin, bien qu'elles eussent été mouillées, méme abondamment, par la rosée. C'est ce qui est arrive notamment pour un Hortensia, les 15, 28 juillet et le 4°% août 1856, pour un Helianthus annuus, les 5, 7 et 42 août 1856 (loc. cit.). J'ai observé encore des faits analogues pendant l'été et l'automne de 1857, sur des especes différentes. T. IV. 00 946 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Or comment concevrait-on que les feuilles de ces diverses plantes n'eussent pas repris pendant la nuit la turgescence de leurs tissus, si elles avaient eu la faculté d'absorber l'eau qui couvrait leur surface? Il me semble que là seule conclusion à tirer de ces faits, c'est que, dans nos climats, les plantes, méme fanées par l'effet de la sécheresse, n'introduisent pas dans leurs tissus l'humidité que la rosée dépose sur leurs feuilles en couche liquide plus ou moins épaisse En finissant, je crois devoir faire observer qu'on s'exagere beaucoup la quantité d'eau qui se dépose sur les plantes par l'effet d'une rosée méme abondante. D’après les mesures que j'ai prises, je crois être plutôt au- dessous qu'au-dessus de la vérité en évaluant, en moyenne, la surface d'une feuille de mon Hortensia à 1 décimètre carré pour un seul côté, ou bien à 2 décimètres pour les deux. Les 14 et 15 septembre, cet arbuste portait encore ses 14 feuilles, ce qui lui donnait une surface foliaire totale d'environ 28 décimètres carrés. Pendant ces deux nuits, la rosée fut d'une abondance peu commune, et cependant la couche d'eau qu'elle forma sur les deux faces de toutes ces feuilles ne pesa que 75,2. Elle ne représentait donc en volame que 7 centimétres cubes d'eau, qui, s'ils avaient été ré- pandus uniformément sur cette surface de 28 décimètres carrés, n'y au- raient produit qu'une couche extrêmement mince, puisqu'elle serait résultée d'un demi-centimètre cube d'eau étalé, pour chaque feuille, sur une surface de 2 décimètres carrés. En comparant l'étendue superficielle de tous les sujets de mes observations avec la plus graude quantité de rosée que j'ai trouvée sur eux, j'arrive à des résultats analogues. Or je ne puis croire qu'une si faible quantité d'eau püt produire un effet bien appréciable sur la végétation, si, contrairement à ce que j'ose eroire avoir prouvé, elle était introduite dans les feuilles par une absorption locale. Quant aux conséquences qui découlent de la non-absorption de la rosée par les plantes, dans nos climats, elles sont nombreuses et, si je ne m'abuse, importantes ; mais je ne pourrais m'en occuper ici sans prolonger beaucoup trop cette communication, dans laquelle j'ai voulu seulement donner une idée de mes observations et de leurs résultats. M. Germain de Saint-Pierre reconnait que les organes essentiels de l'absorption de l'eau sont les racines; mais il rappelle que des tiges coupées et fanées reprennent leur fraicheur si on les plonge dans l'eau. Il en est de méme pour les plantes renversées, mises la téte dans l'eau, avec ou sans racines. M. Weddell ajoute les observations suivantes : La conclusion que M. Duchartre tire de ses observations ne me semble pas rigoureuse. — Une plante soumise à l'action de la rosée n'augmente SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 947 pas, dit-il, de poids, elle en diminue méme, donc elle n'a rien absorbe. — Mais qui nous prouve que la feuille recevant la rosée sur sa face supc- rieure (en la supposant dans une position horizontale), u'absorbe pas par cette face, en méme temps qu'elle exhale par sa face inférieure? En ad- mettant méme qu'elle recoive également la rosée sur ses deux faces, nous est-il démontré, par les expériences de M. Duchartre, que les deux fonctions ne s'accomplissent pas simultanément? La transpiration étant le résultat d'un acte vital, il n'y a pas de raison pour qu'elle ne se fasse pas dans des conditions où l'évaporation, par exemple, serait impossible. Lorsque nous en- trons dans un bain de vapeur ou d'eau chaude, cessons-nous pour cela de transpirer ? M. Duchartre répond à M. Germain de Saint-Pierre : Qu'il faudrait se garder de confondre des tiges coupées, des plantes sans racines ou méme conservant leurs racines, mais arrachées, avec des plantes entiéres, vivantes, ayant leurs racines dans la terre et végétant normale- ment. L'assimilation de ces deux cas entièrement différents conduirait à une erreur grave, comme il se propose de le montrer prochainement. Il répond à M. Weddell qu'en effet la transpiration est un acte vital et non analogue à une simple évaporation, contrairement à l'opinion de plusieurs auteurs modernes; que, dès lors, elle peut très bien continuer d'avoir lieu pendant la nuit, méme lorsqu'il y a condensation de rosée sur les feuilles. Mais il ne s'ensuit nullement que cette transpiration nocturne puisse dissi- muler une absorption de rosée qui aurait eu lieu. En effet, M. Duchartre en donnera la mesure dans des communications prochaines ; il montrera, comme ou peut le voir déjà pour l Hortensia, par l'observation du 6 sep- tembre, rapportée dans la note ci-dessus, que, dans Tes conditions les plus favorables, en l'absence de toute rosée. elle est déja fort peu considérable, et qu'elle devient extrémement faible, se réduit méme à une faible fraction de gramme dans une atmosphére chargée d'humidite, surtout sous l'in- fluence d'un revétement liquide. Or il est elair qu'une si faible transpira- tion ne pourrait dissimuler qu'une absorption equivalente, c'est-à-dire entièrement insignifiante pour la végétation, et dont, pour ce motif, il ne serait pas utile, de tenir compte. M. Duchartre croit même pouvoir dire que cette absorption, tout insiguifiante qu'elle serait, ne doit pas avoir lieu, puisque, malgré la plus forte rosée, les plantes perdent une faible portion de leur poids pendant la nuit, et que leur diminution ne peut étre due qu'à leur transpiration, si faible dans ces circonstances, que la moindre absorption l'aurait nécessairement rendue inappréciable. M. Moquin-Tandon rapporte le fait suivant. Une racine d'une 948 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Orchidée exotique s'étant allongée sur une pierre, à laquelle elle adhérait trés fortement, il eut l'idée de passer une couleur rouge sur cette pierre, un peu en avant de l'extrémité de la racine. Cette couleur était parfaitement séche quand la raciue s'étendit par-dessus; au bout de quelques jours toute Ja partie inférieure de la racine se trouva colorée en rouge ou en rose. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : DE LA DIRECTION QUE PRENNENT LES TIGES ET LES RACINES CHEZ LES BULBES RENVERSÉS, par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Des expériences ont souvent été faites par les physiologistes sur la con- stance des directious opposées prises par la jeune tige et par la racine, lors de la germination des graines. Ces expériences ont toujours conduit à con- stater la tendance invariabie de la tige à se diriger de bas en haut, et la ten- dance encore plus absolue de la racine à se diriger de haut en bas. — En essayant de pratiquer quelques expériences du méme genre chez les bulbes, je devais m'attendre à des résultats analogues à ceux qui ont été obtenus dans la germination des embryons, et ces derniers résultats sont en effet venus confirmer les premiers. Y a-t-il d'ailleurs des différences bien essentielles entre l'embryon d'une monocotylée, d'une Graminée par exemple, et le bulbe d'une Liliacée? Il y a entre ces deux sortes d'appareils des différences de forme bien plutót que des différences essentielles. Dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'un bour- geon libre, composé de plusieurs feuilles emboitées, dont la tige est encore rudimentaire et dont les racines ne sont pas encore développées; seule- ment, dans l'embryon des Graminées, la feuille extérieure (cotylédon ou hypoblaste) est seule épaisse et charnue, tandis que, chez le bulbe, sous les feuilles extérieures (épuisées par une période antérieure de végétation), se trouve une série de feuilles épaisses et charnues; en outre, chez la plupart des Graminées, mais non dans toutes, la racine est coléorhizée. Si done, chez le bulbe rudimentaire nommé embryon, la racine se dirige de haut en bas dans quelque situation que la graine soit placée, la racíne de l'em- bryon grossi qui constitue un bulbe devait se comporter de la méme ma- niere. Tout le monde à vu ees bulbes de Jacinthe ou de Narcisse enfermés par des horticulteurs dans d'étroites carafes remplies d'eau, et dirigés la téte en bas, dont les feuilles et les tiges eroissent dans une situation ren versée ; mais on remarquera que ces tiges, étant maintenues et emprisonnées entre les parois du verre, se développent forcément dans cet étroit espace en luttant vainement contre l'obstacle qui s'oppose à leur redressement.-— Les SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 949 bulbes que j'ai plantés dans une situation renversée ont au contraire été placés dans un terrain meuble et en pleine terre, sans qu'aucun obstacle püt, après la plantation, gèner la tige ou les racines daus les diverses direc- tions où elles pouvaient avoir à s'étendre. Les bulbes que j'ai ainsi plantés étaient des bulbes de Jacinthe, de Mus- cart, d'Ornithogale, ete.; ces bulbes avaient été retirés de terre après la flo- raison ou la maturité des fruits; les racines qui vivaient au temps de la floraison étaient alors desséchées et détruites, et celles de la période de vé- gétation suivante n'étaient pas encore nées. Un bulbe à cet état est un bourgeoù libre, à feuilles plus ou moins charnues, dont l'axe est représenté par un disque d'insertion (plateau) plas ou moins déprimé, axe dont la partie supérieure s'allongera en une tige florifére qui commence à peine alors à poindre au centre du bourgeon, et dont le systeme radicellaire est provi- soirement nul. J'agissais done, d'une part, sur un bourgeon déjà développé normalement mais qui avait à s'allonger, et, d'autre part, sur des racines prises à l'instant de leur naissance et dont Ja direction pouvait par conse- quent étre influencée, dés leur apparition, par la situation anormale dans laquelle je placais le bulbe ou bourgeon. Au bout de quelques jours, j'ai eu à constater les faits suivants. Le bourgeon central du bulbe, en s'allongeant, s'est recourbé en remontant pa- rallèlement au corps du bulbe, et, ayant gagné une direction ascendante verticale, a continué à végéter comme si le bulbe n'eüt pas été renversé.— Les racines, au eontraire, qui n'étaient pas nées avant la plantation, n'ont point eu à se recourber, elles se sont dirigées verticalement de haut en bas. Pour deseendre en dehors du bulbe, il cüt fallu qu'elles suivissent sa con- vexité; c'est ce qui n'a pas eu lieu : elles ont suivi la ligne droite et, pour cela, elles ont traversé l'épaisseur du bulbe, en perforant les feuilles char- nues qui forment sa masse, comme elles auraient traversé un corps inerte ou comme elles se seraient introduites dans un véritable terrain ; quelques- unes de ces racines sont sorties par la gaine des tuniques en cótoyant le bourgeon central et en l'aecompagnant à sa sortie des tuniques, pour ensuite s'enfoncer dans le sol, tandis que le bourgeon se faisait jour à l'air libre, Je ferai remarquer, à cette occasion, que, si certaines tiges se dirigent pen- dant une période de leur existence de haut en bas (j'ai fait connaitre depuis longtemps le mode curieux de végétation du Calystegia sepium (4), du Sa- gittaria, des Tulipa, ete.), nous ne connaissons aucun exemple de racines qui se dirigent de bas en haut. (1) Puisque j'ai occasion de parler ici du mode de végétation du Calystegia ; . " . 4 (Convolvulus) sepium (le Liseron des haies), je dois dire que dans une étude récente de M, Irmisch sur le mode de végétation de cette plante, mon travail antérieur Li 950 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ayant constaté que les tiges à direction normale ascendante ne peuvent être mises en défaut et être rendues descendantes par une situation ren- versée accidentelle, j'ai voulu savoir si les tiges descendantes dont je viens de parler, maintiendraient avec la méme énergie leur direction normale- ment renversée, et ne pourraient pas être rendues ascendantes. Ayant à cet effet retiré de terre des bulbes de Tulipe, alors qu'ils avaient produit de jeunes tiges souterraines descendantes (jeunes bulbes pédicellés), je les ai renversés de manière à placer l'extrémité des tiges descendantes ou pro- cessus de bas en haut. Quelques jours apres, je les ai de nouveau retirés de terre, et j'ai eonstaté que la quantité dont le processus s'était allongé for- mait un crochet dont la convexité regardait en haut et dont l'extrémité re- gardait denouveau le eentre de la terre, ainsi qu'aurait pu le faire une racine. Tl nous parait done impossible de vaincre la disposition naturelle d'après laquelle les tiges et les racines prennent leur direction ; et lors méme que cette disposition, chez une espèce, est contraire à la règle générale, cette disposition exceptionnelle n'est pas plus susceptible d'être vaincue que la disposition générale contraire chez les autres especes. M. Cosson fait à la Societé la communication suivante : QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA VÉGÉTATION DU SUD DE LA RÉGENCE DE TUNIS, par MM. E. COSSON et L. KRALIK (1). M. Webb s'était proposé, des 4853, d'explorer les parties les plus inté- ressantes de la régence de Tunis, dont il avait l'intention de publier une Flore ; mais l'état de sa sante ne lui permit pas de donner suite à son projet. Toutefois il n'avait pas renoncé à faire l'exploration de cette contrée, et, en 185^, il chargea l'un de nous de visiter les points qui lui paraissaient pré- Senter le plus d'intérêt pour la botanique (2), espérant pouvoir sy rendre lui-mème plus tard, espérance qui, malheureusement, ne devait pas étre réalisée. Le voyage entrepris sous le patronage de M. Webb devait comprendre n'est pas mentionné, M. Irmisch, sans avoir eu connaissance de mon observation, à observé et exposé les faits essentiels que j'avais observés moi-méme il y a plusieurs années, et dont j'ai rendu comp:e alors à la Société philomatique, et plus tard à la Société Botanique à l'occasion d'un article publié depuis sur le méme sujet par un de nos confrères (M. Lagrèze-Fossat). Voy. le Buletin, t. 1I (1855), p. 145-148. (1) Formant le complément des Notes sur quelques plantes rares ou nouvelles de la régence de Tunis, publiées dans ce volume, pages 55, 151, 176, 277, 360, A490 ct 490, (2) Voyez les extraits publiés dans le Bulletin (t. L, p. 23 et 116, et t. II, pe 21), des lettres écrites par M. Kralik pendant son voyage. SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857. 951 le littoral du golfe de la petite Syrte, les oasis de la région desertique, où Desfontaines a signalé un grand nombre d'espèces intéressantes, et enfin le massif des montagnes situées au sud de Tunis. L'état politique du pavs, dont les tribus toujours rivales étaient en guerre entre elles, n'ayant pas permis de pénétrer jusqu'aux oasis de Caísa, de Tozzer et de Nefta, voici l'itinéraire qui a dà être suivi : trajet par terre de Tunis à Souza, et de là à Sfax ; trajet par mer de Sfax à Gabès ; séjour à Gabès, du commence- ment de mars à ia fin de mai; trajet par mer de Gabès à Nadour (tour aujourd'hui en ruines) ; trajet par terre de Nadour à Sfax; excursion à l'ile de Djerba ; exploration du Djebel Zaghouan ; et eufin quelques courses rapides aux environs de Tunis, à la Goulette et aux ruines de Carthage. Gabés est la localité qui a offert le plus d'intérêt, non-seulement à cause de sa latitude, mais encore en raison de la variété des stations que présentent ses environs. En effet, on y trouve réunis les sables maritimes, des dépressions sablonneuses, humides ou salines, les cultures bien arrosées de l'oasis avec leur végétation méditerranéenne et presque europcenne, le lit argileux et pierreux de l'Oued Gabès avec ses alluvions où se trouvent associées à la plupart des plantes caractéristiques du pays un certain nombre d'autres apportées par les eaux, et enfin la vaste plaine argilo-caleaire qui s'étend depuis l'oasis jusqu'aux montagnes basses et nues à roches calcaires du Djebel Kéroua qui la limitent a l'ouest. Dans nos Notes, nous n'avons utilisé qu'une faible partie des documents recueillis sur la flore de Tunis, car, dans le seul voyage dont nous venons d'indiquer sommairement l'itinéraire, le nombre des espèces observees s'est élevé à près de 1000, et la plupart d'entre elles ont été rencontrées a plu- sieurs localités. Les matériaux que nous n'avons pas mis en œuvre, et ceux que la science doit à Desfontaines sur cette contrée, trouveront leur place dans la Flore d' Algérie, dont ils sont le complément naturel. L'étroite affinité de la flore des deux pays, dont la délimitation est purement politique, n'avait pas échappé à Desfonfaínes, qui, dans son Flora Atlantica, a véuni toutes les plantes connues à son. époque dans les régences d'Alger et de Tunis. Nous nous bornerons à signaler ici l'extréme analogie de la végetation des environs de Gabès avec celle du Sahara algérien et l'identité des lois de géographie botanique auxquelles est soumise la distribution des végétaux dans les deux pays (1). — En effet, sur 563 espèces recueillies aux envi- rons de Gabes et dans l'ile de Djerba, 57 sont speciales (c'est-a-dire n'ont encore été observées que dans la régence de Tunis ou dans l'Algérie), et, (1) Voir Rapport sur un Voyage botanique en Algérie de Philippeville a Biskra (Annales des sciences naturelles, sér. A, !. IV), et surtout les Considérations géné- rales et le Résumé. 952 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur ee dernier nombre, 50 se retrouvent dans le sud de la province de Con- stantine. — En outre, sur le total de la végétation de Gabés, 25 espèces seulement n'ont pas été rencontrées dans le Sahara algérien : Helianthemum Tunetanum. LagonychiumStephanianum? Linaria exilis. Silene succulenta. Rhanterium suaveolens, Anarrhinum brevifolium. — setacea. Chlamydophora tridentata. Scrofularia arguta. Erodium arborescens. Filago Mareotica. Teucrium Alopecuros. Zygophyllum album. Atractylis flava. Scilla villosa. Haplophyllum Buxbaumii. Centaurea Delilei. Nephrodium pallidum. Tetradiclis Eversmanni. Spitzelia radicata. Marsilea Ægyptiaca. Trigonella maritima. Barkhausia senecioides. Scorpiurus lævigata. Linaria albifrons. De ces 25 espèces qui n'ont pas été rencontrées dans le Sahara algérien, 9 paraissent propres au sud de la régence de Tunis : Helianthemum Tunetanum. Rhanterium suaveolens. Anarrhinum brevifolium. Silene setacea. Centaurea Delilei. Teucrium Alopecuros. Erodium arborescens. Linaria exilis. Scilla villosa. Les 46 autres se retrouvent en Orient : Silene succulenta. , LagonychiumStephanianum? Linaria albifrons. Zygophyllum album. Chlamydophora tridentata. Scrofularia arguta. Haplophyllum Buxbaumii. Filago Mareotica. Nephrodium pallidum. Tetradiclis Eversmanni. Atractylis flava. Marsilea Ægyptiaca. Trigonella maritima. Spitzelia radicata. Scorpiurus lævigata. Barkhausia senecioides. Nous devons faire remarquer que sur ces 16 espéces, 8 paraissent surtout être littorales, et ne pouvoir, par cela méme, trouver dans le Sahara alge- rien les conditions nécessaires à leur développement ; ce sont les : Silene succulenta. Trigonella maritima. Atractylis flava. Zygophyllum album. Chlamydophora tridentata. Marsilea Ægyptiaca. Tetradiclis Eversmanni. Filago Mareotica. H est important d'ajouter que ces espèces littorales appartiennent toutes à la flore d'Égypte, avec laquelle celles du Sahara algérien et du sud de la régence de Tunis se relient si étroitement. ERRATUM, — Page 890, ligne 26 : au lieu de pacilpeis, lisez pæcilepis. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Organographische Betrachtung der Zamia muricata Willd., ein Beitrag zur Kenntniss der Organisations-Verhaeltnisse der Cycadeen und deren Stellung im natürlichen Systeme (Etude anatomique du Zamia muricata Willd., mémoire destiné à faire connaitre l'organisa- tion des Cycadées et leur place dans le système naturel); par M. H. Karsten (Abhandl. d. Kænigl. Akad. d. Wissensch. zu Berlin, 1856, n" 4, pp. 193-219, pl. I-H. Tirage à part en broch. in-4 de 26 p. et 3 pl. lithog.; Berlin, 1857). | Le mémoire de M. H. Karsten est divisé en cinq paragraphes qui ont pour sujet, le premier la description de la plante développée, le deuxieme le développement des organes de la végétation, le troisieme le développe- ment des organes reproducteurs, le quatrième les affinités des Cycadées, le cinquième les matières sécrétées que présente le Zamia muricata. Nous allons essayer de condenser le plus possible les faits principaux dont il ren- ferme l'exposé. I. Description de la plante développée (pp. 193-196).— Le Zamia mu- ricata Willd. se trouve sur la côte septentrionale du Vénézuela, près de Puerto Cabello et plos à l'ouest. Sa tige atteint rarement 16 centimètres de longueur, et son diamètre s'élève jusqu'à 13 centimètres. Sa racine est lisse, chargée de peu de fibres, peu rameuse à l'extrémité. Du sommet de sa tige sortent jusqu'à 6 feuilles, longues souvent de 17,65, pétiolées et ailées, accompagnées à leur base de deux écailles charnues, à bords mem- braneux (squama petiolaneæ). Leurs folioles, généralement opposées, espa- cées, sont lancéolées, dentées en scie vers le sommet, nervées, appliquées les unes sur les autres dans la préfoliation (vernatio applicativa). La plante est dioique. Les inflorescences máles se trouvent d'ordinaire plu- sieurs ensemble sur un méme pied. Chacune d'elles forme une sorte de spadice long au plus de 10 centimetres, qui offre huit à treize files verticales d'éeailles épaisses, en clou à grosse tête, dont chacune porte, à la face inférieure de son pédicule et de chaque côté, 10-12 anthères qui s'ouvrent longitudinalement en deux valves pour laisser sortir un pollen lisse et globuleux. Les spadices femelles, solitaires et stipités, ont jusqu'à 16 centimètres de longueur et 3-4 centimètres d'épaisseur. Leurs écailles, semblables à celles des spadices mâles, forment 5-8 files 954 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. verticales; chacune porte à son côté inférieur deux ovules latéraux, atropes, à un seul tégument. Les graines sont généralement trigones, sans funicule, et leur micropyle touche à l'axe. Elles sont formées en ma- jeure partie d'un albumen farineux, dans l'axe duquel se trouve l'embryon evlindrique. Sur les deux téguments séminaux, l'interne est mince et fra- gile, à cellules épaissies, l'externe forme une membrane rouge-cerise sombre. L'embryon droit a presque la longueur de l'albumen; sa radicule tournée vers le hile tient à un suspenseur en fil entortillé, long de plusieurs lignes, fixé au sommet de la graine. Ses deux grands cotylédons égaux sont soudés au sommet. La gemmule est un petit cóne chargé de poils , qui n'a pas encore de fibres spirales, tandis qu'on en trouve alors dans la radi- eule et dans les eotylédons. II. Développement des organes végétatifs (pp. 196-201). — La graine en germination est toujours dépouillée du tégument coloré. La radieule s'al- longe; avec la portion adjacente des cotylédons, elle traverse le micropyle et se courbe en bas. La gemmule se développant se dégage en mémetemps et en direction inverse d'entre les cotylédons, dont l'extrémité soudée reste daus le tégument séminal et l'albumen. Ce n'est que lorsqu'il s'est pro- duit d'autres feuilles que l'albumen acheve d'étre résorbé. La fécule des cotylédons sert aussi d'aliment à la jeune plante. La premiere feuille qui se produit a quatre folioles avee un long pétiole. La radicule s'allonge en pivot comme dans les Dicotylédons. Dès que la germination commence, les faisceaux de fibres spirales de la plantule, qui n'étaient qu'au nombre de deux daus chaque cotylédon, se multiplient; l'auteur en indique le dé- veloppement successif par des détails au milieu desquels il nous est impos- sible de le suivre. A leur premiere apparition, toutes les folioles forment un bourrelet en demi-lune au côté interne du jeune pétiole. Tant que l’activité végétative de la jeune plante a pour seul effet de multiplier et perfec- tionner les feuilles, on voit se répéter les faits suivants : Du eambium du bourgeon terminal se forme un parenchyme qu'une zone persistante de cambium divise en moelle et écorce. Dans ce cylindre de cambium, entre les fibres spirales déjà formées, qui se dirigent vers les ébauches de feuilles, il s'en montre d'autres qui bientôt vont aussi à d'autres feuilles naissantes. C'est seulement aprés l'épanouissement des feuilles que commencent à se produire, au-Côté externe de la couche de fibres spirales, des fibres li- gneuses, poreuses, qui se multiplient ensuite peu à peu et donnent ainsi une zone ligneuse plus analogue au bois des'Dieotylédons qu'à celui des Monocotylédons. Ces fibres ont de très grands pores. On ne voit pas dans la moelle du Zamia muricata les fibres spirales ni libériennes qu'on ob- serve dans celle des Encephalartos, et qui ont fait regarder les Cycadées comme des Monocotylédons par certains botanistes. Mais M. Karsten fait observer que ces faisceaux ligneux épars dans la moelle ne sont pas caracté- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 955 ristiques des Monocotylédons, dont plusieurs ne les ont pas, tandis que, d'un autre côté, on les trouve dans les Fougères, les Pipéracces, les Nycta- ginées, les Amarantacées, les Strychnées. III. Développement des organes reproducteurs (pp. 201-210). — Ce pa- ragraphe est le plus étendu des cinq. M. Karsten y expose d'abord les faits anatomiques qui, dans la plante méme, se rattachent au développe- ment de la fructification ; il passe ensuite à l'examen des organes reproduc- teurs eux-mêmes. Les écailles anthérifères et ovuliferes du Zamia forment d'abord leur épaisissement terminal pelté et charnu, plus tard leur pé- dicule, duquel naissent, dans les mâles, les anthères uniloculaires, souvent unies deux par deux. Assez longtemps ces anthères consistent en un tissu cellulaire homogène, duquel se distingue d'abord un épiderme; ensuite chaque cellule mère du parenchyme produit simultanément quatre cellules endogènes qui donnent chacune un grain de pollen et qui disparaissent elles-mêmes. L'épiderme des anthères n'offre pas de cellules spirales, mais seulement des cellules à parois épaisses, normales à la surface et en couche unique, sous laquelle est une assise de cellules parenchymateuses arrondies. Le pollen consiste en deux cellules concentriques transparentes, renfermant un noyau. On ne peut admettre ce qu'ont pensé divers auteurs, que l'écaille anthérifere est dans son ensemble analogue à une anthère. Le premier dé- veloppement du spadice femelle est analogue à celui du spadice mâle; les deux ne peuvent d'abord étre distingués que par la différence de nombre des files longitudinales d'écailles. Chaque écaille femelle porte deux ovules qui se montrent d'abord comme de petits renflements aux cótés du pédicule et à la face inférieure du disque hexagonal qui termine cette écaille. A l'extrémité supérieure de l'ovule droit, oblong, atrope, se forme, des avant la premiere apparition du sae embryonaire, le tégument ovulaire dont les diverses couches celluleuses se développent différemment, préludant déjà à la différence de forme qui les distinguera plus tard dans le tégument sé- minal. Dans l'épaisseur de la couche cellulaire externe s'étendent six faisceaux de fibres spirales qui vont se terminer prés du micropyle. Dans la portion du nucelle qui entoure le sac embryonnaire, la fécule est résorbée, tandis que, au contraire, dans l'intérieur de son tissu, particulièrement dans sa portion basilaire, il se produit de la fécule. Ce sac est ovale; d'un côté il touche à la base de l'ovule, et par son sommet il s'approche de pius en plus du micropyle. Il ressemble, dans cet ctat, à celui des Pinus, du Thuia occidentalis, des Loranthus. L'albumen prend beaucoup de déve- loppement dans les ovules encore non fécondes; il s'aceroit de la base au sommet, Daus l'extrémité de la vésieule embryonnaire, s'aceroissent forte- ment trois, plus rarement quatre cellules, les corpuscula de M. i Brown, qui se remplissent de graudes et larges cellules, et auxquelles, E ment, le tissu cellulaire de l'utricule embryonnaire forme une sorte d'épithe- 956 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lium. Vers cette époque, les écailles du spadice femelle, jusqu'alors très serrées, commencent à être écartées par l'effet du grossissement des ovules, de manière à permettre l'accès jusqu’au micropyle proéminent d'une es- péce de Coléoptére qui est aussi dans l'habitude d'aller sur les spadices máles. Cet écartement rend facile l'arrivée du pollen jusqu'au micropyle. M. Karsten n’a pu réussir à reconnaitre indubitablement par des dissections, que les tubes polliniques pénétrent réellement dans le sae embryonnaire, ni que leur contact avec les corpuscules détermine le développement de l'un d'eux en emhryon. Les cellules de l'épiderme renfermé dans les corpus- eules s'aceroissent, s'allongeut, tandis que les portions environnantes du sae embryonnaire sont résorbées, et qu'il se forme ainsi une cavité dans la- quelle les ébauches d'embryon se trouvent les unes à côté des autres, plus ou moins tordues. Les cellules, d'abord globuleuses, s'allongent ensuite, et le cylindre creux qu'elles formaient devient le suspenseur entortillé du futur embryon. Au moment oü l'albumen est à moitié développé et s'est creusé, on voit ordinairement deux embryons naissants, dont l'un est déjà plus avancé que l'autre, dont il ne tarde pas à déterminer l'oblitération. Les trois suspenseurs filiformes adhérent souvent entre eux à une époque plus avancée, tandis qu'ils sont bien séparés à l'extrémité. L'embryon est déjà assez gros et ses cotylédons assez nettement indiqués, la gemmule méme est ébauehée, lorsque les premières fibres spirales deviennent vi- sibles. Vers cette époque aussi, la première fécule apparait dans le tissu des cotylédons. Lorsque la matière colorante rouge du tégument séminal externe commence à se former, la fécule que renfermaient les mémes cel- lules disparaît. En méme temps l'albumen, dans lequel la fécule commence à disparaitre, prend une teinte rougeátre. IV. Sur les affinités des Cycadées (pp. 210-217).— Rumphius, qui décou- vrit le premier Cycas, le prit pour une Fougère à cause de sa préfloraison en crosse, caractère qui n'appartient qu'aux Cycadées asiatiques. Linné ne savait s'il devait voir dans ces végétaux des Palmiers ou des Fougères. L.-C. Richard est le premier à qui une étude approfondie des fleurs, du fruit et de la graine, ait fait reconnaitre la grande affinité des Cycadées et des Conifères. M. R. Brown a confirmé l'opinion de Richard et lui a donné un nouvel appui par ses belles études du développement des ovules des Cy- cadées et des Conifères. M. Bartling réunit en un seul ordre les Cycadées aux Abiétinées, Cupressinées et Taxinées. M. Hooker, au contraire, croit qu'elles se rapprochent beaucoup des Palmiers. M. de Martius imite Bart- ling. Endlicher place les Cycadées à un degré très peu élevé de l'échelle vé- gétale, dans ses Protophyta. M. Miquel partage la manière de voir d'End- licher. Link, dans son mémoire spécial sur la plaee des Cycadées dans le système naturel, arrive à ce résultat que ce sont des Palmiers peu déve- loppés. M. Karsten dit que les Cycadées sont de véritables Dicotylédons, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 957 en raison de leur radieule qui devient un pivot et de leurs cotylédons bien visibles dans les Zamia. Il établit dés lors la classification suivante, parmi les Dieotylédons Gymnospermes : GYMNOSPERMÆ (Apetala; carpella ovulifera, aperta). I. SrnosuLiFER € (Carpella squamæformia, nuda). 1. Cycadeæ : ovula inversa, gemina. 2. Dammareæ : ovula inversa, solitaria. 3. Cupressineæ : ovula erecta. II. CowirEn£ (Carpella squamæformia, bracteata). h. Abietineg : ovula inversa. III. DauPrrER E (Carpella eupuliformia nuda, vel bracteata). 9. Taxineæ : stamina nuda. 6. Gnetaceæ : stamina perigoniata, V. Matières sécrétées dans le Zamia muricata (pp. 217-218). — Les prin- cipales sont la chlorophylle, la fécule, la gomme, une matière huileuse-ré- Sineuse rouge, qui se trouve dans les téguments séminaux , le tannin et une matière ácre, drastique, encore non isolée. Le mémoire de M. Karsten se termine par l'explication succincte des 21 figures réunies sur les 3 planches. Sur les Cyeadées; par M. A. Fée. (Broch. in-8° de 3 pages, sans indication d'origine. Strasbourg, juillet 1857.) Cette courte note a pour objet de faire connaitre les résultats des obser- vations de M. Fée sur un pied mále de Ceratozamia mexicana qui a fleuri en 1857 au Jardin botanique de Strasbourg, et qui a donné un épi long de ^0 centimètres, épais d'environ 5 centimètres. L'auteur rappelle d'abord les opinions diverses des botanistes sur la place que doivent occuper les Cycadées dans la série des familles; il aborde ensuite l'examen de l'inflorescence et de la fleur mâle du Ceratozamia. Les corps en nombre considérable situés à la face inférieure des écailles dont la réunion compose cette inflorescence, corps qui s'ouvrent par une fente longitudinale dont les marges sont nettement coupées et qui aiani alors sortir un pollen très blane et très abondant, ne sont pas à ses yeux des anthères, mais « des coques pareilles à celles des Lycopodiacées, ren- fermant toutefois un pollen fécondateur au lieu de spores jouissant directe- ment de la faculté germinative. » Quant au pollen, il est légèrement ellip- Soïde, marqué sur sa partie centrale de deux plis longitudinaux son enveloppe externe ou erine Fritzsche (erhyménine A. Rieh.) est très 958 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. épaisse, et il faut longtemps pour que l'eau la pénètre ; mais une fois pé- nétré par ee liquide, le grain entier se distend, s'arrondit et « montre dès lors trés distinctement les granules polléniques. » M. Fée conclut de ces observations « que la famille des Cycadées, qui tient des Fougères, des Palmiers et des Conifères par divers caractères, a deux nouveaux rapports éloignés, l'un avec les Equisétacées par le mode d'attaehe des organes polliniféres; l'autre avec les Lycopodiacées par la structure des coques déhiscentes, dans lesquelles se constitue le pollen. » Ueber die Bewurzelung der Palmen (Sur la radication des Palmiers) ; par M. H. Karsten (Zinnæa, XII, 5° cahier de 1856, publié en août 1857, pp.601-608). Les Palmiers doivent d’un côté à la structure de leur bois, de l’autre à leur mode de germination et à la manière dont se forme leur tige pendant leur jeunesse, la faculté qui les distingue de résister aux terribles ouragans des régions tropicales qui souvent brisent de gros troncs d'arbres dicoty- lédons. Souvent les pieds isolés des Cocos, Hyphame, Copernicia, Corypha, Phoniz, Acrocomia, Arenga, Maximiliana, ete., auraient peine à supporter leur grande couronne de feuilles, si le pivot qui leur manque n'était remplacé par une grande quantité de racines adventives et par la manière dont s'est d'abord formée leur tige. En effet celle-ci, avant de s'élancer, se développe dans la terre au point d'acquérir le diamètre qu'elle ne doit plus dépasser. Mais les racines adventives qui se produisent successivement et en grand nombre, à cette périphérie sans cesse eroissante, ne fourniraient qu'un faible soutien à l'arbre adulte si l'allongement considérable que prend le pétiole du cotylédon en s'enfonçant verticalement dans le sol ne portait la partie sur laquelle elles se forment à une profondeur souvent considérable. Cet allon- gement du pétiole du cotylédon est de 65 centimetres ou méme plus dans les Copernicia, Hyphæne, Phytelephas ; il est à peine de 6 à 12 centimètres dans les Maximiliana, Scheelea et Attalea, dans les Phænix, Chamærops et Arenga. Les choses se passent autrement pour les Palmiers des foréts dans les- quels la plante en germination ne pourrait supporter l'humidité constante qui existe dans la profondeur du sol, bien que cette humidité soit néces- saire à l'individu adulte. Les particularités qu'on observe dans ce cas avaient été vues et figurées sur le Sabal, par M. de Martius ; on les retrouve dans les A/opstockia, Diplothemium, Trithrinax, Acrocomia. lci jusqu 'à ce que la jeune plante soit arrivée au diamètre définitif de sa tige, elle dé- veloppe une production latérale, en manière de stolon, à entre-nœuds courts, qui s'allonge vers le bas en s'enfongant dans la terre humide et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 959 meuble, et qui donne naissance à des racines adventives sur un seul côté et sur ses nœuds, Ce développement latéral et descendant, ayant lieu pendant que le bourgeon terminal reste dressé, cesse lorsque la base dela tige est devenue aussi épaisse qu'elle devra l'être jamais; et à ce moment il a donné naissance à une arcure preque en fer à cheval, qui se retrouve à peu pres sur l'individu adulte, qui devient le point de départ de nombreuses racines et qui fournit ainsi une base résistante pour ces tiges dont la hau- teur égale souvent 667,50, et que termine une énorme couronne de feuilles, Dans les Flæis cet état juvénile persiste pendant toute la vie. Un autre type entierement différent est celui des tiges isolées de Deckeria, Socratea et de plusieurs Iriartea (robusta et altissima) du bas desquelles partent, jusqu'à une hauteur de 4 mètres au-dessus du sol, des racines ad- ventives dont le diamètre est quelquefois de 11 centimètres. A mesure que de nouvelles racines se développent plus haut que les précédentes, les entre-nœuds inférieurs ou les plus âgés de la tige se détruisent, et celle-ci finit par étre portée en l'air sur ce piédestal de racines qui la nourrissait. C'est une végétation analogue à celle qu'on doit regarder comme normale dans tous les Monocotylédons. Dans un quatrième type, le pétiole du cotylédon ne s'allongeant pas à la germination, la jeune plante ne s'enfonee pas dans la terre sur laquelle elle à germé. Les premiers entre-nœuds ne s'allongent pas, et l'on ne voit pas non plus la tige jeune s'arquer par l'effet d'un développement unilatéral. La plantule reste sur le sol dans lequel s'enfonce son pivot que des racines adventives remplacent aussitôt que paraissent les premiers organes foliaires. Quand la tige est arrivée à sa grosseur normale, elle produit le plus souvent des bourgeons latéraux. Ici se rangent les Palmiers grimpants des genres Calamus et Desmoncus, les Bactris, Martinezia, Pyrenoglyphis Karst. (Augustinea Karst.), les Geonoma, Chamædorea et genres voisins, auxquels il faut rattacher les Zuterpe, Œnocarpus, Thrinaz, Guilielma, Sagus et Cocos. Dans ces Palmiers des côtes et des rivages, les racines ad- ventives longues et résistantes forment autour de la base de la tige adulte un revêtement consistant et presque impénétrable, et elles s'enfoncent pro- fondément dans le sol meuble. En résumé, M. Karsten distingue pour la radication des Palmiers les quatre types suivants : 1* Le type des /riartea, distingué des trois autres par la longueur des premiers entre-nœuds de la jeune plante. Les /riartea pubescens et præ- morsa rattachent ce type au quatrième. i 2 Le type des Copernicia, caractérise par l'elongation que prend le pétiole du eotylédon. Il se rapproche du quatrième type par l'intermédiaire des Phoenix, Scheelea et Attalea. | 3° Le type des Sabal, que distingue la végétation descendante et stoloni - 960 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. forme de la jeune plante. Les Zlæis relient ce type aux Palmiers à rhizome du quatrième. li? Le type des Cocos, où la jeune plante n'allonge pas le pétiole de son cotylédon, et forme d'abord des entre-nœuds courts, plus tard des entre- nœuds allongés. La forme à rhizome des Bactris constitue une subdivision de ce type. Note sur la famille des Santalacées; par M. Alph. De Can- dolle (Bibliot. univers. de Genéve, sept. 1857; tirage à part en broch. in-8*? de 13 pages). Dans cette note, M. Alph. De Candolle examine successivement, et en autant de paragraphes séparés : 1° l'inflorescence, 2° la position des fleurs, 3° la nature du périgone ou périanthe, 4° les poils de l'intérieur des lobes, 5° la position des stigmates, 6° les ovules des Santalacées. 4° Inflorescence. — L'inflorescence des Santalacées est définie ou iodéfinie, selon que les feuilles sont opposées ou alternes. Elle est définie, en eyme simple ou composée, terminant les rameaux dans les vrais Santalum, dans la section Co/poon des Osyris, dans le genre Zhoiacarpos Alph. DC. Elle est indéfinie dans la plupart des plantes de la famille, et alors l'axe étant indéterminé, les fleurs sont disposées sur ses cótés tantót en petites cymes, tantôt en épillets, tantôt elles sont solitaires, et l'ensemble constitue un épi ou un capitule. À ce propos, M. Alph. De Candolle fait observer qu'on a tort d'accorder souvent la méme importance à la disposition des fleurs (inflorescence) et à leur ouverture (floraison), celle-ci étant subordonnée et dépendant de deux causes quise combattent quelquefois, savoir de la position de chaque fleur soit à l'extrémité, soit sur le côté de l'axe, et de l'éloignement du centre de la plante. Ordinairement chaque fleur naît à l'aisselle d’une bractée, et il y a deux bractéoles latérales plus intérieures; souvent même on voit dans le Thesium selagineum une troisième bractéole entre la fleur et l'axe, ce que M. Alph. De Candolle regarde comme justifiant l'opinion de M. Brown pour qui la coupe à quatre dents égales des Quinchamalium, que quelques botanistes ont prise pour un calice, est due à la bractée et à trois bractéoles. 2 Position des fleurs. — Elle est de deux sortes dans les Santalacées : le plus souvent c'est un sinus du périanthe qui regarde l'axe, et alors devant la bractée se trouve ou un lobe ou un sinus, selon que le nombre des divi- sions de l'enveloppe florale est impair ou pair; ailleurs, dans quelques Santalacées dont le périanthe est à quatre lobes, un lobe est opposé à l'axe et un autre se trouve devant la bractée, Cinq étant le nombre type de la famille, dans le premier cas, la fleur devient tetramère par suppression du lobe externe, trimère par absence de deux lobes latéraux. Dans le second æ REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 961 eas, la fleur est devenue tétramère par défaut du lobe qui aurait regardé l'axe. 3° Nature du périgone. — Pour le périgone ou périanthe des Santala- cées, M. Alph. De Candolle est porté à se rauger à l'opinion de M. Schlei- den, et à penser que le tube, ou au moins une partie du tube, appartient à l'axe. Il cherche ensuite à reconnaitre si les lobes de ce périanthe repré- sentent un calice ou une corolle. Il rappelle l'incertitude dans laquelle M. R. Brown est resté à ce sujet. fI montre l'insuffisance du caractère or- ganogénique par lequel M. Payer a cru pouvoir distinguer en général l'un de l'autre un calice et une corolle. TI fait ressortir la valeur de la methode d'analogie pour laquelle ce dernier botaniste professe, dit-il, un si profond mépris. Enfin, il montre que la découverte du genre Zuckleya est venue trancher la question, puisque cette plante a des fleurs máles à un seul ver- ticille floral, comme celles de toutes les Santalacées, et des fleurs femelles pourvues d'un calice et d'une corolle. De là il conclut que i'enveloppe flo- rale unique des Sautalacées, étant analogue au vertieille interne de la fleur femelle du Buckleya, est une corolle, ainsi que celle des Protéacées et des Loranthacées. he Poils de l’intérieur des lobes. — La plupart des Santalacées offrent des faisceaux de poils qui unissent la base des lobes du périanthe avec le dos des anthères. Quelques botanistes croient que ces poils dépendent des anthères ; M. Alph. De Candolle dit, au contraire, qu'ils dépendent plutôt du périanthe que des anthères. Il regarde comme probable qu'ils jouent un róle dans la fécondation. 5° Position des stigmates. — Le stigmate des Santalacées présente une division souvent obscure en deux, trois, quatre ou cing lobes. La position de ces lobes stigmatiques relativement à l'axe s'offre d'apres deux types analogues à ceux que présente, de son côté, la situation des lobes de l'en- veloppe florale, En effet, quand les lobes stigmatiques égalent en nombre ceux du périanthe, ils sont tantôt alternes (ZAio/acarpos, Osyris compressa, alba, ete.), tantôt opposés (Choretrum chrysanthum et glomeratum, Lep- tomeria) à ces derniers. Mais ces deux types ne peuvent fournir que des caractères génériques. 6" Ovules. — Ils sont placés au-dessous des stigmales ou lobes stigma- tiques qu'ils égatent en nombre. Dans les Santalacees, il existe une corréla- tion remarquable entre les feuilles carpellaires et les ovules, bien qu'ils Soient portés sur un placenta central, Ueber die Zcllenblacschen der Lebermoose (Sur lesvésicules de cellules des Hépatiques); par M. G. v. Holie broch. in-8 de 26 pag. avec J planch. in-h gravée sur pierre, Heidelberg, 1857; chez Bangcl et Schmitt). Ce travail est divisé en trois parties dont voici les sujets : 1. mation el ($ T. IV. 962 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. histoire des vésicules de cellules; 2. examen anatomique et physiologique de ces vésicules; 3. leur description spéciale. I. — Dans les cellules des feuilles de diverses Jongermannes, par exemple J. scalaris, anomala, etc., se montrent certains corps dont on ne connaissait encore ni la strueture ni la composition chimique. Pour la forme et la eoloration, ils ressemblent à plusieurs des substances que renferment ordinairement les cellules, de telle sorte qu'on croit, en les voyant, recon- naitre en eux tantót des gouttelettes d'huile, tantót des granules de résine, de protéine ou de fécule. Cependant ils se distinguen! nettement de toutes ces substances par la manière dont ils se comportent avec les réactifs mi- croscopiques. Les premières observations exactes sur ces corps sont dues à M. Gottsche, qui les a nommés corps des cellules (Zellen-Koerper). M. Schacht s'en est occupé dans son ouvrage sur le microscope et dans son Manuel d'anatomie et de physiologie, dans lequel (p. 60) il dit : Que ces corpuscules correspondent à l'inuline pour leur manière d’être générale. II. — De l'examen détaillé auquel il se livre, dans la deuxieme partie de son mémoire, relativement à l'anatomie et à la physiologie de ces corps, M. Holle déduit les conclusions suivantes : 1* Jenomme vésicules de cellules un élément histologique propre aux Hépatiques. — 2° Ces vésicules se trouvent dans les cellules des feuilles, dans les parties périphériques de la tige et dans les enveloppes florales de plusieurs Hépatiques, particulièrement des espèces feuillées. — 3° Elles se montrent ordinairement dans la plupart ou dans la totalité des cellules de ces parties, plus rarement dans certaines cellules seulement. — 4° Dans quelques espèces elles se développent particulièrement sur le bord des cel- lules, ailleurs indifféremment au bord, au centre et dans toute l'étendue de la cellule. De là on peut distinguer ces vésieules en éparses, médianes et marginales. Les premieres sont les plus communes. — 5° Les vésicules des cellules voisines différent souvent entre elles de forme, de couleur, de structure, de grandeur et de nombre. Celles d'une méme cellule appar- tiennent à un type généralement unique. — 6° Parmi les formes diverses des vésicules de cellules, les allongées sont celles qui dominent. On trouve des formes ovales, elliptiques, en citron, en tubercule, en haricot; on en voit aussi d'arrondies. Elles varient beaueoup de grosseur. Les plus pelites vésicules arrondies ont un diamètre de 0w",0016. Les plus grosses que j'aie rencontrées (celles du Radula complanata Dumort.) mesurent 07,021 de longueur, 0^^,01^ de largeur. — 7" Le nombre de vésicules renfermées dans les cellules varie, pour chaque espèce, entre certaines limites. Pour beaucoup on peut déterminer facilement un nombre moyen (1, 2 ou un multiple de 2), puisque c'est celui qui est de beaucoup le plus fréquent. Les grandes cellules en renferment généralement plus que les petites. En examinant comparativement des espèces différentes, on voit que les nombres REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 963 extrêmes aussi bien que les nombres moyens different ou sont les mêmes: sous ce rapport, l'affinité naturelle des espèces n'exerce qu'une faible in- fluence. — 8° Les vésicules consistent en une membrane et un contenu. La première parait être analogue à l'inuline; au contraire, le contenu, qui est en partie fluide, en partie solide, rappelle les huiles volatiles et les resines. Dans quelques espèces, les vésicules sont composées, c'est-à-dire qu'elles sont formées d'une membraue pluriloculaire et d'un eontenu réparti entre les différentes cavités. — 9° Les vésicules se produisent à une époque en- core peu avancée de la vie de la cellule, mais non cependant dés les premiers temps. Ce sont les matières contenues qui se forment d'abord (les solides après les liquides); plus tard, apparait la membrane. Lorsqu'il ne se forme qu'un petit nombre (2-4) de vésieules, elles paraissent naitre simultané- ment. Au contraire, dans les cellules qui renferment plus de quatre vési- cules, elles se produisent successivement (?). — 10^? Ces vésieules doivent être regardées comme le résultat d'une sécrétion de la cellule. HI. — L'étude spéciale que comprend la troisième partie du mémoire de M. Holle porte sur les genres Sarcoscyphus Corda, Alicularia Corda, Pla- giochila Nees et Mont., Scapania Lindbg., Jungermannia L., Lophocolea N. ab E., Chiloscyphus Corda, Calypogeia Raddi, Lepidozia N. ab E., Mastigobryum Nees, Lindbg. et Gottsche, Trichocolea Dumort., Ptilidium N. ab E. , Radula N. ab E., Madotheca Dumort., Lejeunia Gottsche, Frul- lania Raddi. La planche jointe au mémoire de M. Holle réunit 30 figures. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Notice sur les plantes recueillies en Corse, par M. E. Re- vellière, avec des observations sur les espèces litigieuses ou nouvelles ; par M. A. Boreau. (Mém. de la Soc. académique de Maine-et-Loire, I, 2* livr., pp. 83-92 ; in-8. Angers, 1857.) M. E. Revellière, de Saumur, a fait de riches collections de plantes pen- dant deux saisons qu'il a consacrées à l'exploration de la Corse. En 1854, il avait séjourné à Rogliano, et ses herborisations avaient des lors eu pour champ la pointe septentrionale de l'ile; eu 1856, il en a exploré la partie méridionale et il a visité avec soin les environs de Bonifacio, les iles del Ca- yallo et Lavezzio, ainsi que les parages granitiques de Porto-Vecchio. Les collections formées par lui dans ces dernières localités ont été coníiees à M. Boreau, et elles lui ont fourni le sujet du mémoire dont nous allon donner un résumé. | Ce travail est une liste de quatre-vingt-cinq espèces indiquées pour la Plupart pour de nouvelles localités, quelques-unes parce qu elles n'avaient Pas été encore rencontrées en Corse, un petit nombre parce que M. Boreau les 964 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. regarde comme tout à fait nouvelles. A la seconde catégorie appartiennent : 4° le Filago tenuifolia Presl, trouvé à Rogliano, Bonifacio, dans l'ile del Cavallo et qui n'avait été indiqué qu'en Sicile; 2° le Triglochin laxiflorum Guss., de Bonifacio, qui manque dans la Flore de France de MM. Grenier et Godron, bien que Loiseleur l'eüt eité antérieurement comme se trouvant en Corse; 3° V Urginea fugax Steinh., de Bonifacio, qui était regardé comme propre à l'Algérie. Enfin trois plantes sont décrites ici pour la première fois par M. Boreau, qui croit pouvoir les regarder comme nouvelles parce qu'elles ne sont pas mentionnées par MM. Grenier et Godron qui ont ré- sumé dans leur Flore de France tous les documents qu'on possede aujour- d'hui sur la Corse. Dans l'intérét des lecteurs qui n'auraient pas entre leurs maius la colleetion dans laquelle a été publié le mémoire de M. Boreau nous reproduirons ici la description, non résumée en diagrose, que ce botaniste donne des trois plantes regardées par lui comme nouvelles. 4. Ranunculus Revellierii Bor. Plante de 0,1 à 07,3, dressée, glabre, d'un vert clair; racine annuelle, fibreuse, croissant dans l’eau ; tige fistu- leuse, rameuse presque dés la base, rameaux dressés, un peu roides, pres- que fastigiés ; feuilles infér. orbiculaires, entières, obtuses, point en cœur à la base, les suivantes et une partie des caulinaires lancéolées, atténuées aux deux bouts, aiguës, toutes pourvues d’un pétiole une fois et demie plus long que le limbe, les supér. linéaires-lancéolées, à pétiole court, toutes entières ou avec quelques dents peu nombreuses et écartées ; pédon- cules fistuleux, munis de quelques poils apprimés, les fructiferes longs de 5-6 centimètres et un peu renflés au sommet. Réceptacle glabre ; sépales un peu velus à l'extérieur, étalés, petits; pétales jaune-clair, une fois au moins plus petits que les sépales, ovales, à onglet court, écaille nectarifère plus étroite que l'onglet, presque nulle; carpelles 30-35, finement tuber- culeux, ovoides, obtus, à bee trés court, droit, large à la base. — Avril, mai. -— Marais des environs de Bonifacio et de Porto-Vecchio. 2. Polygala corsica Bor. Plante de 0",1 à 0», 4. Tiges nombreuses, dif- fuses ou ascendantes; feuilles infér. elliptiques obovales, les autres lan- céolées ou linéaires, subaigués. Grappes terminales, peu ou point chevelues au sommet; bractées membraneuses, caduques; ailes ovales-elliptiques, blanchâtres, parfois lavées de rose au sommet (comme la corolle), à ner- vures latérales un peu ramifiées ; capsule obcordée, rétrécie à la base, beau- coup plus courte que les ailes, à la fin presque aussi large ; graines oblon- gues, obtuses, hérissées ; arille à lobes latéraux, n'égalant pas la moitié de la graine. — Juin-juillet. — Rochers prés de Rogliano. 3. Melica typhina Bor. Tige de 0",6 à 07,9, droite, simple; feuilles linéaires étroites, longuement acuminées, les infér. hérissées, ainsi que les gaines, les super. enroulées-filiformes, très rudes en dessous ; ligule sail- lante, blanche, scarieuse, lacérée, Panicule droite, épaisse, à rameaux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 969 courts, dressés, très serrés en épi blanchâtre; spathelles (glumes) ovales- lancéolées, acuminées en pointe aiguë, un peu membraneuses, finement rudes-ponctuées, à cing nervures saillantes ; spathellule (glumelle) extérieure lancéolée, striée, chargée d'aspérités, longuement ciliée sur les bords, celles des fleurs stériles glabres ; fruit oblong fusiforme, luisant, chagriné sur toute sa surface, — Juin-juillet. — Rogliano. Flore de Lorraine; par M. D.-A. Godron. 2° édition, 2 vol. in-42. Nancy, 1857. M. Godron vient de donner une seconde édition de sa Flore de Lorraine. La première avait été publiée en 1842 ; aussi, dans cet intervalle de quinze ans, des recherches assidues poursuivies par lui et par divers botanistes lorrains ont-elles avancé notablement la connaissance de la végétation de l'ancienne province française à l'étendue de laquelle est limité cet ouvrage. Dans sa préface, l'auteur expose d'abord les motifs pour lesquels il a donné à sa Flore le nom d'une ancienne province qui, comme État indépen- dant, n'existe plus, dit-il avec raison, que dans les souvenirs de l'histoire. Ces motifs sont que la Lorraine « constitue une région bien circonserite, bien naturelle, soit qu'on la considére au point de vue géographique ou po- litique, soit qu'on l'envisage sous les rapports ethnologique, géologique et botanique. » Il indique ensuite les variations que présente ce pays quant à la nature de son sol, variations dont les conséquences relativement aux plantes sont si marquées, qu'elle possede une végétation alpine dans les ter- rains primitifs, jurassique dans la formation oolithique, marine dans les terrains saliféres, et qu'elle présente, en outre, les productions végétales partieulieres aux terrains de sédiment quartzeux et argilo-calcaires. M. Godron fait aussi connaitre l'esprit selon lequel il a résolu diverses questions importantes au sujet desquelles les botanistes de notre époque ne sont pas entièrement d'accord. Quant à la manière d'envisager l'espèce et d'apprécier les caractères différentiels qu'il faut admettre comme spécifi- ques, il a cherché à se tenir entre les deux excès dans lesquels tombent trop souvent les auteurs de nos jours, les uns multipliant les espèces outre me- sure, les autres tendant, au contraire, à les réunir le plus possible. Pour les hybrides spontanés, il est convaincu qu'ils sont assez fréquents dans certains genres, au moins fort rares dans d'autres. Dans la nouvelle édition de sa Flore il n'a admis que ceux qui lui ont semblé mériter incontestablement cette qualification, et il leur a donné des noms formés d’après la nomencla- ture de Schiede, c'est-à-dire composés de la réunion des dénominations spe- Cifiques du père et de la mère. Dans la Flore de Lorraine les plantes sont rapportées aux familles natu- relles qui, à leur tour, sont rattachées à la division suivante, 966 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'ensemble de la végétation est partagé comme de coutume en deux embranehements : les Phanérogames et les Cryptogames. Les Phanéro- games dicotylédons forment quatre classes : les Dialypétales (Polypétales), les Gamopétales (Monopétales), les Apétales et les Gymnospermes. Les deux premières de ces classes sont subdivisées chacune en deux ordres d'apres le caractère de l'insertion hypogyne et périgyne. Quant à la troisième, elle forme également deux ordres d'apres un caractère d'inflorescenee, les Apé- tales non amentacés et les Apétales amentaeés, Les Gymnospermes ne com- prenant que les Conifères ne sont divisés qu'en familles. Les plantes mono- eotylédones forment deux classes, selon que leur fleur possede ou non un périgone pétaloide au moins dans son verticille interne : les Coronariées et les Atelanthées. Les Coronariées sont subdivisées en deux ordres : les super- ovariées et les inférovariées, tandis que les Atelauthées le sont en trois ordres : les Hygrobiées (Potamées, Naïadées, etce.), les Spadiciflores (Aroi- dées, Typhacées) et les Glumacées (Cypéracées et Graminées). Enfin pour les Cryptogames M. Godron adopte la division en Aerogenes et Amphigénes et la subdivision des premieres en deux classes : les Filicinées et les Mus- einées, les Filieinées étant les seules qu'il ait admises dans son ouvrage apres les Phanérogames. La Flore de M. Godron est écrite entièrement en français. Les caractères des familles et des genres y sont présentés avec assez de développement. Les espèces y sont l'objet d'une description complète, dans laquelle l'im- pression des caractères principaux en italiques a pour but de suppléer à l'absence des diagnoses. La synonymie est généralement réduite à la cita- tion de l'auteur dont le nom est adopté. Les variétés sont distinguées avec soin et caractérisées. Enfin à l'indiention des localités où croissent les plantes se trouve jointe celle des terrains sur lesquels on les rencontre et, comme toujours, le signe de la durée, ainsi que l'époque de la floraison. Pour conduire commodément à la détermination, M. Godron a joint à chaque famille une clef dichotomique qui amène aux genres, à chaque genre une semblable analyse conduisant aux espèces. En outre, à la fin du deuxième volume se trouve une table analytique au moyen de laquelle on arrive successivement aux embranchements, aux divisions, aux classes, aux ordres et aux familles; à côté du nom de celles-ci sont résumés succiucte- ment leurs caractères distinctifs. -Une table generale alphabétique des familles, des genres, des espèces et des synonymes termine le second volume et l'ouvrage. Flora italiana, ossia descrizione delle piante che nas- cono salvatiche o si sono insalvatiehite in [Italia € nelle isole ad essa adjacenti (//ore italienne, ou Description des plantes qui croissent spontanément ou qui se sont naturalisées en Italie REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 967 et dans les iles adjacentes); par M. Phil. Parlatore. Vol. H, 2° partie, in-8, pp. 221-638. Florence, 1857. Chez Le Monnier. Le deuxième volume de la Flore italienne de M. Parlatore vient d'être complété par la publication de sa seconde partie, Nous rappellerons que le premier volume de eet important ouvrage porte au titre la date de 1848 (sur la couverture 1850), et dès lors date maintenant de dix ans; qu'il est entierement consaeré àux Graminées, représentées par 351 especes rangées dans 103 genres; que la première partie du second volume a été publiée en 1852, et qu'elle renferme l'histoire des Cypéracées, dont les espèces sont au nombre de 161 et les genres au nombre de 44. La derniere partie de ce second volume, près de deux fois plus étendue que la première, a paru vers la fin de 1857. Elie continue la série des Monocotylcdons, dont six familles y ont trouvé place. Ces familles sont celles des Araeées et Ty- phacées, celle des Palmiers, celles des Joncacóes, Aphyllanthces et Li- liaeées. Toutes ensemble sont représentées dans la Flore italienne par 42 genres et 222 espèces. Tous les lecteurs de ce Bulletin savent déjà quel vaste plan M. Parla- tore a tracé pour sa Flore; nous n'aurons done que fort peu de chose à dire à cet égard. Nous exprimerons seulement ie regret que, par cela méme que ce plan est vaste et surtout qu'il comprend une synonymie tres étendue, il exige uu long espace de temps pour sa mise à exécution. Sans doute le savant auteur est aujourd'hui dans toute la foree de l'áge et du talent, et nous espérons pour lui une longue suite d'anuées qui seront parfaitement utilisées pour la science; mais s'il lui a fallu plus de dix ans pour écrire l'histoire de 8 familles comprenant 734 espèces, il est fort a craindre que le temps ne lui manque pour mener a bonne fin cette œuvre considérable qui, terminée, serait un véritable monument élevé à la botanique italienne. M. Parlatore apporte un soin tout particulier à l'exposé des caractères des familles et des genres qui, comme les diagnoses des espèces, sont pré- sentés en latin, tandis que tout le reste de l'ouvrage est écrit en italien. H fait suivre les caractères des familles d'observations generales, de details circonstanciés sur le port des plantes qui appartiennent à ces groupes, de considérations géographiques , de l'indication des espèces cultivées et de leurs usages; car, évitant l'usage regrettable, selon nous, des floristes qui eroient en général devoir ne porter leur attention. que sur les plantes Spon- tanées, il a eru que son travail ne perdrait pas de son intérêt s'il indiquait les espèces cultivées en grand qui contribuent plus puissamment que toutes les autres à donner au pays son aspect général. De mème, apres avoir deve- loppé les caractères des genres, il ajoute un paragraphe particulier pour le port et un second pour des observations diverses, 968 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous donnerons le relevé des espéces qui figurent dans cet ouvrage comme nouvelles, soit qu'elles aient en réalité le mérite dela nouveauté, soit qu'elles aient recu seulement de M. Parlatore un nom différeut de celui sous lequel elles étaient déjà connues. Ce relevé présente un intérêt parti- culier pour les botanistes français, quelques-unes des plantes dont il don- nera l'indication se trouvant uniquement ou principalement en Corse. Nous ferons observer qu'il aurait été sensiblement plus long si l'auteur n'avait déjà publié plusieurs de ces nouveautés dans un écrit assez récent sur de nouveaux genres et de nouvelles espéces de Monocotylédons. Juncaceæ. — Luzula italica (L. spicata minor? Moris, Zzs.). Juncus Tommasinii (J. acutus? Tommas., Exs., nou L.); J. Gussonii (J. acutiflo- rus var. @ Guss. non Ehrh.); J. Requienii (Juncus.... Req., £xs., Corse); J. Sorrentinii (J. pygmæus Req., £'xs.), Corse et Sicile. — LILIACEÆ. — Fritillaria Orsiniana (Fr. Meleagris Ten., Fl. nap.; Fr. montana Bertol., Fl. ital.); Fr. neglecta (Fr. messanensis Rehbe., Ze., ex parte). Ornithoga- lum Kochii (Orn. collinum Koch, Syn.); Orn. etruseum. Scilla Clusii (Scilla peruviana L.). Leopoldia (genre établi par M. Parlatore dans sa Flore de Palerme) Calandriniana (Hyacinthus romanus Calandr., £zs.); L. Cupaniana (Muscari Cupanianum Gerb. et Tarant.); L. Gussonii (Mus- cari maritimum Guss. Allium Savii (All. paniculatum Savi, £xs.). Aspho- delus Morisianus (Asph. ramosus Moris, £xs.); Asph. affinis; Asph. macrocarpus (Asph. albus Seb. et Maur.? Gr. et Godr., Fl. de Fr. P). Addenda, emendada ad Floram baicalensi-dahuricam, auctore N. Turezaninow. (Bull. de la Soc. des naturalistes de Moscou, 1857, n° 4, suppl. pp. 1-Lxt.) Nous nous contenterons de signaler aux lecteurs du Bulletin la publica- tion de ce travail complémentaire et rectificatif de la Flore déjà publiée, il y a quelques années, dans le méme recueil, par M. Turezaninow. Il est inutile de dire que ce supplément n'est pas le moins du monde suscep:ible d'étre analysé. Symbolæ ad synopsin generis Lepigonorum.. Dissertatio aca- demica, quam venia ampl. facult. philosoph. pro gradu philosophico pu- blico examini submittit Nic. Conrad. Kindberg. (Broch. in-8 de 16 pages. Upsal, 1856.) Le genre Lepigonum Fries comprend les Arenaria à stipules de Linné, c'est-à-dire la section Spergularia, admise par Persoon dans le genre Are- naria, ou les Stipularia d'Haworth, Spergularia et Balardia de Cambes- sedes (F7. Bras. merid., W). M. Kindberg en donne un synopsis monogra- phique dans lequel il admet vingt et une espèces comme bien connues e REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 959 douze autres comme trop imparfaitement connues de lui pour étre classées. Voici l'indication de ces espèces rapportées aux divisions établies par l'auteur, c'est-à-dire le tableau du genre. LEPIGONUM. — Sect. I. Caules teneri filiformes. Pedunculi floriferi elon- gati capillares. Inflorescentia paniculæformis diehotoma. Sepala scariosa nervo dorsali elevato praedita. — 1. L. segetale (L.) Koch ; Eur. moyenne et mérid. Sect. IT, Caules crassiores. Pedunculi floriferi brevissimi fere nulli. [nflo- rescentia cy miformis, adeo contracta, ut quasi glomerulos multifloros con- stituat. Sepala herbacea margine scarosia, enervia. — 2. L. floribundum (Naudin); Chili. Sect. III. Caules ut in sect. praeced. Pedunculi floriferi elongati filiformes. Inflor. paniculata dichotoma. Sepala herbacea margine scariosa, enervia V. rarissime nervo brevi prædita. Semina tuberculata, rarius alata. A. Stirps Lep. rubri. Radix annua. 3. L. rubrum (L.) Fries; Europe. 4. L. sperguloides (Lehm.) Fisch. et Mey.; Égypte. 5. L. neglectum n. sp.; France et Thuringe. 6. L. dian- drum (Guss.) Fries; Sicile, Algérie, péninsule ibérique. 7. L. salsugineum (Bunge) Fisch et Mey; Égypte, Arabie, Marseille. B. Stérps Lep. rupestris. Radix perennis. l 8. L. rupestre (Lebel); France, Manche. 9. L. tasmanicum. n. sp.; Tasmanie. 10. L. azoricum n. sp.; ile Saint-Michel des Açores. 11. L. ca- pense (Schrad.) Fiseh. et Mey.; cap de Bonne-Espér. 12. L. radicans (Guss.) ; Sicile ; Suéde. Sect. IV. Caules, inflorescentia, pedunculi et sepala ut in sect. præc., semina la via sæpius alata. A. Stirps Lep. salini. Radix annua. | 43. L. salinum (Presl) Fries; Europe, surtout Scandinavie, Afrique N. 14. L. mollugineum (Lagasca) Mexique. 15. L. depauperatum (Naud.); Chili. B. Stirps Lep. marini. Radix perennis. 16. L. marinum Wahlberg; Europe, Afrique, Montevideo, Tasmanie. 17. L. macrorhizum (Req.) Corse. 18. L. arenarium n. Sp.; Chili. 19. L. medium (L.) Fries; Suède, Amér. N., Afrique. 20. L. halophilum (Bunge) Fisch. et Mey. ; Songarie, Altai. 21. L. macrothecum Fisch. et Mey. ; patrie? Zwei neue Cyeadeen, die im Botaniseben Garten zu Petersburg kultivirt werden, nebst Beitraegen zur Kenntniss dieser Familie (Deux nouvelles C ycadées cultivées dans le Jardin botanique de Pétersbourg, avec des notes sur la pre ; par M. E. Regel (Bull. de la Soc. impér. des natural. de Moscou, 970 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. année 1857, n° 1, pp. 163-191; avec 2 fig. intercalées dans le texte et deux planches lithog. in-8; Moscou, 1857). Ce mémoire de M. Regel est divisé en quatre paragraphes relatifs : 1* à la place que doit occuper la famille des Cycadées dans la méthode natu- relle; 2° à la distribution géographique, à la culture et à la végétation de ces végétaux; 3° à leurs organes floraux; 4” aux genres que comprend cette famille, ainsi qu'à la description des espèces nouvelles qui se trouvent dans le Jardin botanique de Pétersbourg. 4. Place des C'ycadées dans la méthode naturelle. — De la discussion à laquelle il se livre dans ce paragraphe, M. Regel tire la conclusion que les Cycadées, réunies aux Coniféres en une seule et méme classe, doivent être placées aprés les Cryptogames vasculaires et avant les Monocotylédons, auxquels elles sont inférieures pour l'organisation. 2. Distribution géographique, culture et végétation des Cycadées. Les 69 espéces de cette famille qu'on connait aujourd'hui sont toutes propres aux régions tropicales et subtropicales. On trouve dans l'Asie méridionale et dans les iles voisines 10 Cycas. L'Afrique méridionale subtropicale pos- séde 1 Cycas, 16 Encephalartos, 4 Strangeria. Dans l'Australie croissent 2 Cycas et 2 Macrozamia; enfin on connait en Amérique 8 Ceratozamia, 3 Dioon, 23 Zamia et 4 Lepidozamia. Le veste de ce paragraphe ayant trait seulement à la culture des Cycadées, ne peut nous occuper ici. 3. Organes floraux des Cycadées. — Pour ne pas nous exposer a répéter des détails que nous avons cru devoir reproduire dans notre analyse du mémoire de M. Karsten sur le Zamia muricata Willd., nous nous dispense- rons de résumer ce paragraphe. h. Les genres de la famille des Cycadées, avec la deseription de quel- ques espéces qui se trouvent dans le Jardin de Pétersbourg. — M. Regel donne les caractères de chacun de ces genres, et il ajoute l'indication des espèces que possède pour chacun d'eux le Jardin de Pétersbourg. — 1. Cycas L. Sur les 11 espèces connues, il en existe 2 à Pétersbourg, les C. revoluta et circinalis, en forts individus qui fleurissent souvent. — 2. Encephaiartos Lehm. On en connait 16 espèces, dont 7 sont eultivées à Pétersbourg. On y. admire surtout un pied d'E. caffer iehm., dont la tige est haute de 2 mètres, épaisse de 33 cent., et qui, d'après uu calcul de Fischer, serait âgé de plus de 500 ans. — 3. Macrozamia Miq. On ne pos- sede à Pétersbourg que le M. spiralis Miq. — ^. Dioon Lindi. Les fleurs de ce genre sont inconnues ; mais M. Regel dit qu'un pied de D. edule Lindl. , la seule espèce qui soit cultivée à Pétersbourg, sur les 3 aujourd'hui connues, commence, au moment où il écrit, à développer une inflorescence. Il en fera l'objet d'un travail spécial. 5. Lepidozamia Regel, n. gen. — Ce nouveau genre a tout à fait le port REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 974 d'un Ceratozamia; mais il s'en distingue par ses folioles décurrentes dans le bas et non articulées. Il diffère des Dioon par ses feuilles longuement pétiolées, retombantes dans leur partie supérieure, accompagnées chacune, à la base, de deux écailles libres, charnues, stipuliformes. Les mêmes ca- ractères l'éloignent des Cycas et des Encephalartos. Il ressemble sous di- vers rapports au Macrozamia; mais ses longs pétioles et ses écailles stipu- laires l'en distinguent nettement. L'auteur ne connait ni les fleurs ni les fruits de l'espéce unique pour laquelle il forme ce nouveau genre, et à la- quelle il donne le nom de Zepidozamia Peroffskyana. Une figure intercalée dans le texte représente la plante entière, sans fructification. 6. Ceratozamia Brong. Sur les 8 espèces de ce genre il en existe 3 au Jardin botanique de Pétersbourg, les C. mexicana, robusta et une nouvelle que M. Regel caractérise, figure, et à laquelle il donne le nom de C. Küs- teriana. De nombreux individus en ont été rapportés du Mexique par Kar- winsky. On n'en connaît que l'inflorescence mâle, — 7. Zamia L. Sur les 23 espèces aujourd'hui connues, il en existe 7 à Pétersbourg. L'auteur si- gnale notamment trois variétés du Z. Loddigesii Miq., introduites par Karwinsky, qu'il distingue par les noms de Z. Zoddigesii a genuina, B obtusifolia, y angustifolia. Il déclare la plus belle de toutes ses espèces le Z. Colocoma Miq., de Cuba. — 8. Strangeria. Le type de ce genre curieux est le SF. paradoxa, espèce découverte récemment à Natal, qui a toute l'apparence d'une Fougère. Il n'existe pas à Pétersbourg. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Botanique agricole et médicale, ov Étude des plantes qui inté- ` ressent principalement les vétérinaires et les agriculteurs, accompagnée de 328 figures intercalées dans le texte et suivie d'une méthode dichoto- mique ayant pour but de conduire au nom de ces plantes ; par M. H.-J.- A. Rodet, prof. à l'École impér. vétérinaire de Lyon (1 in-8 de vin et 856 pages; 1857. Paris, chez Labé; Lyon, chez Savy). Cet ouvrage est particulièrement destiné aux élèves des écoles vétérinaires pour lesquels i! n'existait pas, d'apres l'auteur, d'ouvrage spécial, et qui étaient « réduits, pour suivre leur cours de botanique, à se servir de notes manuscrites prises aux leçons de leur professeur, et le plus souvent incom- plétes, » M. Rodet s'est proposé de décrire les espèces soit indigenes, soit exotiques, qui servent à lanourriture de l'hommeet des animaux, ou qui sont employées en médecine ou dans l'industrie. Il y a joint les especes spon- tanées qui n'ont aucune utilité connue, mais qui jouent dans les cultures e róle de mauvaises herbes. Tracé de cette maniere, le eadre de son livre de- venait fort étendu; pour le restreindre, sans lui ôter sensiblement de son 972 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. utilité, il s'est limité, quant aux espèces spontanées, aux environs des trois villes de France oü il existe aujourd'hui des écoles vétérinaires, Paris, Lyon et Toulouse. Il s'est occupé aussi des plantes médicinales ou vénéneuses qui végètent naturellement dans les autres parties de la France, et des végétaux cultivés dans les champs, les prairies, les jardins potagers ou pharmaceutiques; enfin il a indiqué les espéces d'agrément les plus répandues. Le Traité de Botanique agricole et médicale de M. Rodet forme comme le complément de ses Leçons de Botanique élémentaire. L'auteur y a suivi l'ordre des familles adopté par De Candolle. Il expose en détail les caracteres des familles, en accompagnant son texte de figures analytiques gravées sur bois et intercalées. Il donne ensuite les caractères des genres, et, pour les espèces, une description succincte, l'époque de la floraison, les noms vul- gaires, les stations et plus rarement l'habitation, les propriétés et les usages. Une clef dichotomique placée à la suite de l'ouvrage a pour objet de faci- liter aux éléves la détermination des genres. Le volume se termine par une liste des auteurs cités et par une table alphabétique des matieres. Note sur la récolte de la gomme adraganthe en Asie Mineure; par M. Léon Soubeiran (Annales de la Société Linnéenne de Maine-et- Loire, 2* vol., 1857). La gomme adraganthe, qui provient exclusivement de l'Asie Mineure, est produite par des As/ragalus trés voisins del'A. creticus, de la section Tragacantha. Eu raison de la grande ressemblance qui existe entre les différentes espéces de cette section, il est probable que, pour obtenir cette substance, les Turcs les exploitent toutes sans distinction. Déjà, en 1553, Belon avait relevé l'erreur de ceux qui la font provenir de l'ile de Crète. D’après les renseignements fournis à l'auteur par M. Balansa, quoique les Astragales à gomme adraganthe abondent sur toutes les hautes mon- tagnes de l'Asie Mineure, les Tures des environs de Tarsous ne se livrent à la récolte de cette substance que sur l'Anti-Taurus ou Ala-Dagb. Vers la fin de juin ou le commencement de juillet, lorsque ces petits arbustes cessent de végéter et que leurs fruits touchent à leur maturité, les Tures vont sur la montagne. Lorsqu'ils rencontrent les Astragales, ils déchaussent le bas de leur tige, à la base de laquelle ils font avec leur couteau une incision horizontale assez profonde pour atteindre la moelle: c'est, en effet, uni- quement dans les parties centrales de cette tige que se trouve la gomme dont cette ouverture déterminera l'écoulement. Cette matière s'y trouve dans un état de viscosité telle qu'elle ne sort qu'avec beaucoup de lenteur. C'est principalement vers le soir qu'on incise les tiges. L'écoulement gom- meux a toute son activité pendant la nuit, et il s'arréte ou se ralentit au REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 973 moins beaucoup pendant le jour pour recommencer le soir. La comme adraganthe en plaques présente toujours des lignes proéminentes que les gens du pays disent correspondre à l'écoulement d'une journée. Ils disent aussi que celle quí est sous cette forme est le produit obtenu pendant les années humides, tandis que celle en filets est obtenue pendant les années seches. Quinze jours environ aprés avoir incisé les Astragales, les Turcs vont de nouveau sur la montagne pour en enlever la gomme adraganthe. La pro- duction de cette substance, et probablement aussi l'incision profonde prati- quée à la tige, fatiguent tellement les plantes qu'il faut, aprés une récolte, les laisser reposer pendant au moins deux ou trois ans, avant de les remettre en exploitation. MÉLANGES. Das Buch der Pflanzenwelt. Botanische Reise um die Welt (Le livre du monde végétal. Voyage botanique autour du monde; Essai de botanique cosmique); par M. Ch. Müller, de Halle, 1** vol., in-8 carré de xu et 290 pages, avec 200 fig. intercalées dans le texte, 5 planches et une carte coloriées 1857. Leipzig, chez Otto Spamer. L'ouvrage de M. Ch. Müller, de Halle, a pour objet de présenter le monde végétal au point de vue de l'effet qu'il produit à la surface du globe; en d'autres termes, de faire connaitre les végétaux surtout sous les rap- ports attachants, pittoresques et ornementaux. Pour arriver à ce résultat, le savant allemand divise son travail en deux parties : 1° Préparation au voyage botanique autour du monde; 2" voyage botanique autour du monde. La premiere partie, qui occupe le premier volume, est la seule publiée jusqu'à ce jour; c'en est, à proprement parler, la portion théorique, dans laquelle sont exposées les données générales qui préparent à la deuxième partie, La manière d'après laquelle procède l'auteur est nettement indiquée dans le passage suivant de sa courte préface. « TI néglige à peu prés tout ce qui a trait à la plante elle-même; il ne considère pas la plante comme plante, comme étre séparé de l'ensemble du monde, du Cosmos, mais comme un membre appartenant à cet ensemble. » | Le volume que nous avons sons les yeux est divisé en quatre livres, qui portent les titres suivants : 1° L'état végétal ; 2° Histoire du monde végétal; 3* Physionomie des végétaux ; 4° Distribution des plantes. i Le premier livre (pp. 3-94) comprend sept ehapitres relatifs aux affinités des plantes, à ce que l'auteur nomme les communautés végétales, c est-à- dire aux foréts, aux terres couvertes de Graminées, de Bruyères, de Mousses, de végétaux herbacés, etc. ; aux associations de plantes ; aux rapports des plantes avec le sol; aux formes des plantes ; aux rapports des végétaux avec les climats; à la colonisation végétale, € est-à-dire au peu- 971 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plement graduel de la terre et de ses parties. Les figures disséminées dans ce livre représentent des ports de plantes, soit cryptogames, soit phanéro- games, et deux planches montrent l'aspect d'une forêt de Conifères et d'une forét vierge du Brésil. Le deuxième livre (pp. 95-163) expose l'histoire du regne végétal consi- dérée aux différentes époques géologiques ; il comprend dés lors un tableau de botanique fossiie depuis les premiers temps jusqu'à nos jours. Aprés un chapitre de généralités, M. Müller y presente, en neuf chapitres, l'évolution successive du monde végétal pendant les périodes de transition, houillère, permique, triasique, jurassique, crétacée, tertiaire, diluvienne, enfin pen- . dant la période actuelle. Les figures réunies dans ce livre représentent les unes des plantes fossiles isolées, les autres des paysages tels qu'on peut les concevoir aux différentes époques géologiques (celles-ci empruntées à M. Unger), enfin quelques-unes des végétaux actuellement vivants, mais remarquables par leur forme plus ou moins analogue à celle de diverses espèces fossiles, tels que des Cycadées, le Xanthorrhœa, le Jubæa spectabilis. . Le troisiéme livre (pp. 163-246) a rapport aux formes diverses des vé- gétaux. Il renferme dix-neuf chapitres, dont les titres indiquent les formes que distingue l'auteur. Ainsi, apres un chapitre de généralités, on y trouve décrites, en autant de chapitres distincts, les formes des Palmiers, des Bananiers, des Orebidées, des Liliacées, des Aroides, des Graminées, des Fougères, des Mousses, des Lichens, des Champignons, des Conifères, des Saules, des plantes à feuilles divisées, des Bruyères, des Cactées, des plantes à corolle labiée, des Lianes. Un dernier chapitre est relatif à plu- sieurs arbres géants. Un grand nombre de figures de ports de plantes aident beaucoup à l'intelligence de ce livre. ` Le quatrième livre (pp. 247-290) renferme un résumé de géographie bo- tanique. Les quatre chapitres qu'il comprend ont pour sujet les régions végétales, les zones végétales, Jes lignes de végétation , enfin les rapports du monde végétal avee le monde animal. Quelques figures de plantes et un petit nombre de paysages sont joints au texte de ce livre. La petite carte coloriée qui termine l'ouvrage est une mappemonde d'apres la projection de Mercator, sur laquelle sont tracées les lignes iso- thermes et les régions botaniques distinguées par des teintes différentes. NOUVELLES. Dans le dernier cabier arrivé à Paris du Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou (1857, n° 4, pp. 296-300), M. Selsky donne des détails intéressants sur l'exploration que M. Radde a faite de la Sibérie orientale, au point de vue surtout de l'histoire naturelle, en 1855 et 1856. Le voyage de M. Radde commenga, en 1855, par la visite du bassin du lac REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 975 Baïkal. En 1856, le savant voyageur explora la Dahourie de Nertschinsk, particulièrement la partie méridionale de cette contrée, qui forme une steppe, depuis la chaine des monts de Jablony, en longeant la frontière de la Chine, jusqu'aux usines de Nertschinsk. Cette exploration dura onze mois. M. Radde poussa en méme temps une reconnaissance zoologique et botanique sur les hauteurs du Petit Gentey Tehokondo; ensuite il par- courut la steppe d'Abagaitouy et le lac de Torey, qui s'y trouve, ainsi qu'une partie de l'Argoun, aux environs du lac de Dalai-Nor, sur les li- mites mémes de l'empire de Russie. Dans la contrée qui environne l'Alpe de Techokondo, dit M. Selsky, M. Radde a remarqué que, sur cette étendue, le régne végetal présente six régions, dont chacune possède un caractère particulier. Elles sont disposées sur les pentes des montagnes en forme de terrasses, depuis la vallée d'Altan jusqu'à Tehokondo. De toutes ces terrasses, dont M. Radde a fait une étude très attentive, la plus intéressante est la région alpine de Teho- kondo. Il y a trouvé plusieurs plantes rares dont voici les plus remar- quables : Ozygraphis glacialis, Dracocephalum grandiflorum, Callitri- chium rutæfolium, Pedicularis euphrasioides, P. lapponica, P. amæna, P. versicolor, Claytonia arctica, Campanula silenifolia, Salix berberi- folia, ete. M. Radde ne s'est pas contenté de faire dans ces contrées de belles col- lections de plantes et d'animaux ; il en a tracé, en outre, des cartes bota- niques et zoologiques, qui montrent nettement les limites géographiques de l'extension des différentes especes de plantes et d'animaux qui se trouvent dans la Dahourie de Nertschinsk. — L'Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse avait mis au concours pour sujet d'un prix à décerner en 1857 la question suivante : « Faire connaître, à l'aide de bonnes descriptions et de figures, Les Mousses et les Lichens qui croissent dans un des départements du bassin sous -pyrénéen. » Le prix a été décerné à M. Casimir Roumeguere, de Toulouse, membre de la Société botanique de France, auteur du seul mémoire qui ait été présenté au concours. D'après les termes du proces- verbal imprimé de la séance du 7 mai 1857, « la commission a reconnu que le travail présenté avait exigé de la part de l'auteur de longues re- cherches et des études de plusieurs années ; elle a pu se convaincre de la bonne détermination des espèces et de l'exactitude des descriptions. Aussi a-t-elle été heureuse de pouvoir proposer à l'Académie : 4° de décerner à l'auteur de ce beau travail la médaille d'or de 500 fr. ; 2° de lui accorder le titre de membre correspondant. Ces deux propositions ont été adoptées successivement et à l'unanimité par la commission spéciale, par le bureau général et par l'Académie. » . > à sté fai M. Clos. Le rapport sur le mémoire de M. Roumeguère a ete fait par M. C 076 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous en reproduirons le passage suivant : « En demandant à la fois aux concurrents des descriptions et des figures des Mousses et des Lichens, l'Aeadémie voulait élargir, le plus possible, le cadre de la question et en faciliter la solution. On peut dire qu'elle a recu plus qu'elle ne demandait; ear l'auteur du mémoire, tout en satisfaisant aux termes du programme, a joint à son envoi une collection des objets eux-mémes, décrits et figurés, contenus dans cinq grands cartons, et qu'il laisse à la disposition de l'Académie. » BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung. Articles originauz publiés en 1857 (suite). Philippi (R.-A.). — Bemerkungen über die Chilenischen Myrtaceen (Re- marques sur les Myrtacées du Chili) ; n° 23, 12 juin, col. 393-401. Lasch (W.). — Die Eichenformen der maerkischen Waelder, hauptsae- ehlieh der um Driesen (Les formes des Chénes des foréts de la Marche, principalement de celles des environs de Driesen); n° 25, 49 juin, eol. ^09-420. Sanio (Charles). — Kurze Notiz über formlose Staerke (Courte notice sur la fécule amorphe); Zbid., col. 420-423. Llanos (A., de Manille). — Zarcoa, novum genus Sterculiacearum. Ibid., col. 423. Irmisch (Thilo.). — Ueber die Keimung und die Erneuerungsweise von Convolvulus sepium und C. arvensis, u.-s.-w. (Sur la germination et le mode de renouvellement du Convolvulus sepium et du C. arvensis, ainsi que sur les bourgeons adventifs hypocotylés dans les plantes phanéro- games herbacées) ; n'* 26, 27, 28 et 29, 26 juin, 3-10-17 juillet, col. h33-hA3, A49-h62, 465-474, 489-497, pl. Vlil. Milde (J.). — Europa’s Gefaess-Kryptogamen zusammengestellt (Tableau des Cryptogames vasculaires de l'Europe); n° 28, 40 juillet, col. 474- ^79. Schenk. — Ueber formlose Staerke (Sur la fécule amorphe) ; n° 29, 17 juil- let, col. 497-499. Lasch (W.). — Aufzaehlung der in der Provinz Brandenburg, besonders in der Gegend um Driesen, wildwachsenden Bastard-Pflanzen..... (Énumé- ration des plantes hybrides sauvages de la province de Brandebourg, par- ticulierement des environs de Driesen, avec de courtes notes pour faire reconnaitre ces végétaux); n? 30, 24 juillet, eol. 505-517. = © Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, sue Mignon, 2. SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 27 novembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. BovcnEvaN (Eugène de), rue Saint-Médérie, 18, à Versailles, présenté par MM. G. Thuret et de Schœnefeld. Moris (J.-H.), sénateur, professeur de botanique à l'Univer- sité de Turin (Piémont), présenté par MM. Parlatore et J. Gay. Van peN Boscu (le docteur R.-B.), à Goes, en Zélande (Pays- Bas), présenté par MM. J. Gay et Montagne. | Triana (Jose), de Bogota (Nouvelle-Grenade), actuellement à Paris, cité Bergére, 10, présenté par MM. Weddell et Guillard. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société: 1° Par M. Decaisne : Catalogue de la bibliothèque scientifique de MM. de Jussieu. 2* En échange de Bulletin de la Société : L'Institut, décembre 1857, un numéro. M. Chatin fait à la Société les communications suivantes : SUR LES PRÉPARATIONS D'OVULES DE VALLISNERIA SPIRALIS MISES SOUS LES YEUX DE LA SOCIÉTÉ, par M. Ad. CHATIN. Conformément à l'engagement que j'ai, en quelque sorte, pris vis- à-vis de la Société dans la séance du 13 novembre dernier, j'ai l'honneur T. IV. 62 978 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de mettre sous ses yeux des ovules de Vallisneria, qui établissent, comme chacun pourra s'en assurer, ces deux points contestés par notre savant confrère M. Caspary, savoir : 4° Que le nucelle est entouré d'une enveloppe ou membrane unique; 2» Que la membrane précédente est formée par une simple assise d'utri- cules. Les préparations que je présente sont très simples: elles consistent en tranches fort minces, les unes transversales, les autres longitudinales, d'o- vaires de Vallisneria qui se sont conservés au fond d’un bassin de l'École de pharmacie, adhérents encore, par leur pédicelle rétracté en spirale, aux plantes qui les ont produits. Les ovules tiennent done, presque tous, à la paroi interne de l'ovaire. Ces ovules n'ayant pas été fécondés (par l'absence de pieds mâles dans le voisinage des individus femelles)et l'époque de leur formation étant actuelle- ment fort éloignée, il est résulté delà que la plupart d'entre eux ont subi un eommencement d'altération, consistant en ce que le nucelle s'est flétri et ramassé vers le fond de la membrane qui l'enveloppe et qui est évidemment unique. Il est digne de remarque que la circonstance méme qui semblait pouvoir étre défavorable à la constatation de la véritable structure des ovules, savoir l'état ancien ou avancé de ceux-ci, aide au contraire à reconnaitre cette structure. On voit nettement, en effet, autour du nucelle coloré et plus ou moins opaque, une enveloppe qui, elle, n'est aucunement altérée, offre une transparence parfaite, n'est doublée ni extérieurement ni intérieurement par une seconde membrane et est certainement composée, ainsi qu'on peut le voir sur les bords et dans quelques parties divisées par le scalpel, d'une seule assise d'utricules, Or, comme, des ovules à nucelle profondément al- téré et tombé au fond de la membrane enveloppante, on passe, par des transitions insensibles, à quelques autres ovules dans un état de parfaite conservation, il est facile de se convaincre que la structure de ceux-ci est bien celle reconnue dans les premiers. Je ne puis donc que conelure, comme je l'avais fait précédemment, à l'existence, dans le Vallisneria, d'une membrane unique composée elle-même d'une seule rangée d'utricules. SUR L'ANATOMIE DES SANTALACÉES OU THÉSIACÉES, par M. Ad. CHATIN. L'anatomie des Santalacées, que je viens de faire pour mon Anatomie comparée des Végétaux (dont elles forment les huitième et neuvième li- vraisons) montre, comme celle des divers ordres de végétaux (Cuscutacées, Cassythacées, Orobanchées, Monotropées, etc.) dont j'ai déjà traité dans cet ouvrage, que, dans le règne végétal comme dans le règne animal, là structure interne fournit à la classification des caractères sur lesquels SÉANCE DU A DÉCEMBRE 18957. 979 celle-ci peut s'appuyer avec avantage. Trop longtemps les botanistes, de- mandant exclusivement aux organes floraux les moyens de distinguer les uns des autres les divers groupes de végétaux ou les diverses unités végé- tales, sont restés en arrière des zoologistes. Il doit être évident aujourd'hui, pour tout esprit non prévenu , que l’a- natomie, bien que d'un emploi plus difficile en botanique qu'en Zoologie, par la nécessité de n'avancer dans celle-là que presque toujours appuyé sur le microscope, devra désormais intervenir utilement dans nos diagnoses, je ne dirai pas de classes ou embranchements, l'illustre De Candolle a résolu la question par l'établissement de ses P/antes cellulaires et Plantes vascu- laires, mais dans celles d'ordres, de genres, d'espéces méme. Et c'est surtout dans la détermination de ces espèces, genres, etc., litigieux et en apparence iusolubles au point de vue de la morphologie seule qu'on sera heureux de penser que l'anatomie ne sera pas en vain consultée. Non que je pré- tende qu'elle tranchera toujours les questions laissées insolubles par l'em- ploi des moyens ou caractères tirés de Ja fleur : son rôle serait trop grand; mais elle interviendra tantôt (et le plus souvent) parallèlement à la morpho- logie, dont elle confirmera les enseignements, tantôt avec ce qu'on pourrait appeler son génie, son individualité, son indépendance propres, pour se jeter dans l'un des plateaux de la balance que la morphologie seule laissait en équilibre. Je ne veux aujourd'hui qu'effleurer le sujet dans les Santa- lacées, en prenant comme exemples quelques genres et espèces de cet ordre. L'Azjona et le Quinchamalium sont des genres du Chili et de la Pata- gonie, entre lesquels le port de quelques-unes de leurs espèces, l'inflores- cence, l'habitat, ete., signalent des affinités entrevues par M. Ad. Bron- guiart (1). Mais l'anatomie, qui par quelques points fait toucher les Quin- chamalium à plusieurs Thesium (sans indiquer bien entendu un rapproche- ment complet), éloigne au contraire beaucoup les premiers des Arjona. Ur, en séparant ses données de celles de la morphologie, l'anatomie n'offre-t-elle pas ici un de ces cas où elle aura, non plus à confirmer ou a étendre, mais à cireonserire, à modérer les déductions tirées des seuls faits morphologi- ques? Voici, du reste, les caractères anatomiques du Quinchamalium et de l' Arjona. , Quinchamalium et Arjona.— Racines à axe ligneux non lobé; vaisseaux épars entre des fibres ligneuses épaisses. Tubercules-sugoirs (?) existant sur les racines; cône vasculaire bien développé... — Feuilles. Epidermes iden- (1) M. Ad. Brongniart a publié (Voyage de la Coquille) les figures (dessins par M. Decaisne) des Quinchamalium, mais non le texte qui devait accompagner celles-ci. Cest dans une de ses conversations, toujours instructives, que l'illusiré Professeur du Muséum m'a fait part de ses aperçus sur les affinités morphologiques . du Quinchamalium et de I Arjona. 980 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tiques sur les deux faces, ayant leurs cellules à bords non sinueux et les sto- mates dirigés en tous sens. Parenchyme homogene ou du moins symétrique, c’est-à-dire à utricules sensiblement pareilles dans toute sa masse ou au moins semblables entre elles dans les parties sous- jacentes à l'un et à l'autre épidermes (1). — Tige. Vrais rayons médullaires nuls. Moelle à utricules non ponctuées. Ces divers points communs de l'anatomie du Quinchamalium et de l'Ar- jona ont fort peu d'importance, attendu qu'ils se retrouvent dans plusieurs autres genres de l'ordre, d'ailleurs trés distinets aussi les uns des autres. Quinchamalium seul. — Base souterraine de la tige. Cellules scléreuses nulles. Couche périxyle (2) formant toujours un cercle complet autour du eorps ligneux. Trachées vraies (cependant peu ou pas déroulables) placées par petits groupes vers la limite interne ou médullaire du systeme ligneux; vaisseaux ponetués épars entre les fibres de la masse ligneuse extérieure aux paquets de trachées ; fibres ligneuses non ponctuées. -— Tige aérienne. Cellules scléreuses nulles. Couche périxyle ordinairement brisée. Corps li- gneux divisé en segments fibro-vasculaires que relie entre eux un tissu fibreux ou fibro-celluleux (qui coupe la couche périxyle entre les segments) complétement privé de vaisseaux, mais toujours dur ou ligneux; vaisseaux ponctués ordinairement rapprochés entre eux derriere les trachées et sou- vent pressés en un méme groupe avec celles-ci; fibres ligneuses jamais ponctuées. Arjona seul. — Tige souterraine. Elle diffère moins encore que dans le Quinchamalium du reste de la tige. — Tige aérienne. Épiderme à stomates dirigés en tous sens. Parenehyme cortical remplacé, à sa portion interne ou voisine du corps ligneux, par un tissu scléreux qui existe toujours sur les points répondant à l'intervalle laissé entre eux par les paquets fibro-corticaux, et qui souvent s'étend autour de ceux-ci qu'il sépare extérieurement du parenehyme cortical et intérieurement du système ligneux. Fibres corticales réunies en un nombre déterminé (6 dans l'A. pusilla, 10 dans l'A. tuberosa) de paquets alternativement (comme les paquets ligneux auxquels ils cor- respondent) plus gros et plus petits. Couche périxyle toujours brisée en por- tions de cercle qui isolent les paquets fibro-corticaux des paquets ligneux, et que peut doubler (dans l'A. tuberosa) un prolongement de tissu sclé- reux compris entre elles et les paquets de fibres corticales, mais jamais (1) Ceci n'est d'ailleurs qu'un cas particulier de ce rapport, sur lequel j'ai pré- cédemment appelé l'attention de la Société : Quand les deux épidermes (d'une feuille) sont semblables l'un à l'autre, le parenchyme est ou homogène ou symé- trique. Voyez le Bulletin, t. 1V, p. 294. (2) Ce que je nomme couche péricyle est la couche du cambium, la couche ou zone génératrice des auteurs. SÉANCE DU Å DÉCEMBRE 1857. 981 placé entre la couche périxyle elle-même et le tissu ligneux (1). Système ligneux composé de faisceaux où paquets parfaitement isolés par des pro- longements ou sorties du parenchyme médullaire, qui viennent s'appuyer au tissu scléreux après avoir isolé aussi les portions de la couche périx yle. Paquets ligneux privés de trachées vraies et à vaisseaux ponctués épars entre des fibres ligneuses ponctuées. On voit que, par leurs tiges qui different quant à la disposition et quant à la structure intime de leurs éléments anatomiques, le Quinchamalium et l'Arjona doivent être regardés comme de tres bons genres. Je m'empresse d'ailleurs d'ajouter que, dans la pensée de M. Ad. Brongniart, les rapports morphologiques entre ces plantes n'allaient pas jusqu'à légitimer leur rap- prochement en un genre unique. Le /Vanodea (N. muscosa), petite Thésiacée des marécages du Chili, des Malouines et du détroit de Magellan, est on ne peut plus caractérisé par son anatomie. Je trouverais méme que la structure de sa tige le sépare trop des autres genres de l'ordre, si l'Arjona ne venait diminuer la distance à la- quelle il se place de la plupart de ces derniers. Sa structure est la suivante. — Tige. Épiderme à deux assises de cellules à bords non sinueux; stomates nuls ou tres rares. Parenchyme cortical non accompagné de cellules sclé- reuses. Fibres corticales peu nombreuses, solitaires ou formant de tres petits groupes placés entre la couche périxyle et les utricules internes du parenchy me. Couche périxyle divisée en portions de cercle auxquelles sont adossés les faisceaux du bois. Système ligneux consistant en 2, 3, 4... pa- quets ou faisceaux, que séparent de larges communications du parenchyme cortical au parenchyme médullaire et que composent : a, des fibres ligneu- Ses rayées, quadrangulaires et disposées en séries dont les unes, plus com- primées, représentent des sortes de rayons médullaires ; b, des vaisseaux pouctués épars et non accompagnés de vraies trachees. Moelle à utricules ordinairement ponctuées. — Feuilles à épidermes semblables sur les deux faces avec les stomates nuls (?) et à parenchyme homogène. Par ses paquets ligneux au nombre de 2, puis de 3, 4..., le Nanodea offre un curieux point de contact avec plusieurs Loranthacées, notamment avec l'Arceuthobium ; par l'isolement des faisceaux ligneux et le manque de trachées vraies dans la tige, il tient à l'Arjona; par l'épiderme à une double assise, par le manque de stomates (2), par le liber presque nul, le (4) C'est un fait constant que la couche périvyle, qui assez souvent est séparée des fibres corticales ou des éléments propres du liber par l'interposition de tissus parenchymateux ou scléreux, soit adossée au corps ligneux lui-méme. C'est la fixité du dernier rapport qui justifie le nom par lequel je désigne ceite couche. se (2) Je n'ai pu examiner que des plantes (des voyages de M. Gaudichau ) 7 M mauvais état, Il y aura lieu de vérifier sur de meilleurs échantillons le fait de l'absence de stomates. 982 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. manque de tissu seléreux, la disposition ravonnée et la forme des fibres li- gneuses, la moelle à utrieules ponctuées, et j'ajouterai, par des prolonge- ments particuliers fort remarquables des utricules internes du parenchyme cortical autour des faisceaux ligneux qu'ils isolent de la moelle elle-même, il se distingue entre toutes les Thésiacées. Le Sphærocarya doit-il continuer d'exister à cótédu Pyrularia? M. Alph. De Candolle, qui vient de publier dans le Prodromus une remarquable mo- nographie des Santalacées, le nie, et l'anatomie justifie la fusion des deux genres. La Société peut voir, par les exemples que je viens de donner, combíen l'anatomie peut servir à caraetériser les genres. Un mot sur son interven- tion dans la division des genres en sections et dans la distinction des es- peces. Le grand genre Thesium offre, dans ses diverses sections, des différences anatomiques qui tantót répondent fort naturellement aux coupes fondées sur l'habitat et les formes des plantes, tantót et plus rarement, s'écartent de celles-ci et mettent par là sur la voie de rapprochements jusque-là à peine entrevus. Certaines espéces, dont la juste attribution à tel ou tel genre était un objet de doute pour de savants botanistes que guidait la seule considération des caractères floraux, doivent décidément, par l'introduction des données anatomiques, quitter la place qu'elles occupaient et aller grossir d'autres genres déjà admis ou devenir les types de genres nouveaux. Ailleurs, c'est pour la fixation définitive d'espéces en réalité distinctes mais rapprochées en une seule ; d'autres fois pour la réunion d'espéces d'abord séparées, que l'anatomie préte son concours. Le Spherocarya leprosa doit-il être éloigné des Pyrularia? M. Alph. De Candolle le pense ; l'anatomie confirme les prévisions de l'illustre botaniste de Genève. L’ Henslowia heterantha est-il bien un Henslowia? M. De Candolle en doute; l'anatomie, se fondant sur la strueture trés exceptionnelle des feuilles, dit non; en même temps que, par des motifs tirés de la grande ressemblance des tiges de VH. heterantha, de H. umbellata, etc. , elle assigne au nouveau genre une place contigué à celle oceupée par les vrais Henslowia. L H. heterantha a d'ailleurs, comme on sait, l'habitat terrestre (il est sans doute, malgré l'observation négative de Champion, parasite su” racines), pendant que les vrais Æenslowia sont, comme les Loranthacées, des parasites épidendres. Le Santalum myrtifolium est-il spécifiquement distinct du S. album ? M. De Candolle admet que le premier est une simple variété du secoud, et l'anatomie ne produit rien de contraire à une telle opinion. L'examen des Thesium me permettrait de citer de nombreux faits éta- SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1857. 983 blissant l'utilité qu'aura souvent l'anatomie, même pour les simples dé- terminations spécifiques ; mais cette communication est déjà bien longue et l'occasion ne me manquera pas de revenir sur cette question. M. Payer demande à M. Chatin s'il a trouvé de grandes différences de structure entre la tige du Quinchamalium et celle des autres Santalacées, car il résulte de ses observations que, contrairement à l'opinion de tous les botanistes qui ont écrit sur les Santalacées, l'ovaire des Quinchamalium n’est pas uniloculaire comme dans les autres genres de la méme famille, mais présente trois loges dis- tinctes comme dans la plupart des Olacinées et notamment comme dans les Pseudanthe et les Liriosma. M. Chatin répond à M. Payer que le Quinchamalium lui a toujours paru très caractérisé comme genre parmi les Santalacées. Quant aux Olacinées, il ne s'est pas encore livré à leur étude. M. Decaisne dit : Qu'il ne saurait partager l'opinion de M. Payer relativement à la struc- ture de l'ovaire des Quinchamalium, qui ne diffère point sensiblement, à ses yeux, de celui des Thesium. A la vérité, si l'ovaire de ces plantes pré- sente inférieurement plusieurs loges formées par de fausses cloisons, on voit que ces cloisons s'appuient contre la colonne placentaire, qui n'en reste pas moins indépendante et libre dans le haut de la cavité ovarienne où cette colonne se termine par trois ou quatre ovules. — M. Decaisne est aussi d'avis que M. Chatin exagere l'importance des caractères anatomiques de la structure des tiges, qui ne peuvent servir de base a la délimitation ou au rapprochement des genres. Il ne lui parait pas nécessaire de faire des études anatomiques des tissus pour distinguer le Quinchamalium de l Arjona, qu'on reconnait, dés la première vue, à son port ainsi qu'à ses fleurs soyeuses, ete. Au surplus, dit-il, il ne voit rien d'extraordinaire à ce qu'une Araliacée (Æelwingra) et un genre voisin des Combrétacées (Nyssa) s'éloignent anatomiquement des Santalacées parasites. M. Chatin répond : Que les faits que vient de mentionner M. Decaisne ne détruisent pas la valeur des caractères anatomiques, mais qu'ils leur sont favorables. II cite, à l'appui du rapprochement du Qu?nchamalium et de l Arjona, l'opinion de M. Ad. Brongniart. L'anatomie vient confirmer ce rapprochement basé sur les caractères organographiques. L'analogie signalée par ! M. Decaisne entre les Thesium et les Quinchamalium est confirmée aussi par les caracteres anatomiques, trés peu différents chez ces deux genres, entre lesquels le 984 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thesium montanum est en quelque sorte intermédiaire au point de vue de la structure anatomique. M. Payer persiste dans sa manière de voir, qui diffère de celle de M. Decaisne. Il a reconnu, dit-il, dansl'ovaire du Quinchamalium chilense, une struc- ture identique avec celle de l'ovaire de la plupart des Olacinées (c’est-à-dire unovaire triloculaire dans les deux tiers inférieurs et uniloculaire dans le tiers supérieur), et par conséquent totalement différente de celle de l'ovaire des Thesium, qui est uniloculaire dans toute son étendue et présente dans son milieu un long placenta central. Ces trois loges de l'ovaire des Quincha- malium et des Olacinées ne se développent pas, comme le croit M. De- caisne, postérieurement à la fécondation, mais bien antérieurement, tout à fait comme dans le Trapa natans, dont M. Payer a décrit l'organogénie dans son ouvrage intitulé : Organogénie comparée de la fleur. — M. Payer est d'autant plus sür de ce qu'il avance qu'il a étudié l'organogénie des Santalacées il y a seulement huit jours. M. Decaisne fait observer : Qu'il ne comprend pas qu'on fasse de l'organogénie sur des plantes sè- ches. Il n'existe effectivement dans les jardins ni Quinchamalium, ni Ola- cinées, ni Liriosma. Il ajoute qu'il se croit d'autant plus fondé à regarder les divisions de l'ovaire des Santalacées et des vraies Olacinées comme dues à de fausses cloisons, qu'on isole facilement et sans rupture le placenta central et les ovules qui le terminent, ce qui ne pourrait avoir lieu si l'o- vaire se trouvait partagé en véritables cloisons par les feuilles carpellaires. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante, adressée à la Société : LES VRILLES DES SMILAX NI FOLIOLES NI STIPULES, par M. D. CLOS. (Toulouse, 28 novembre 1857.) La Société a déjà entendu plusieurs communications ou discussions sur la nature des vrilles des Cucurbitacées : un grand pas a été déjà fait vers la solution de cette question (1). Mais il est encore une espèce de vrilles sur la signification de laquelle les (4) A la suite de nombreuses observations, j'ai cru pouvoir considérer la vrille des Cucurbitacées comme provenant d'un dédoublement Jatéral de la feuille (voy. Bull. de la Soc. Bot., t. III, p. 545). Mais je n'ai jamais avancé, comme me le fait dire, involontairement sans doute, M. Lestiboudois (Comptes rend., t. XLV, p. 78, SÉANCE DU ÅA DÉCEMBRE 1857. 985 auteurs sont loin de s'accorder, et qui cependant mérite à un haut degré l'attention des morphologistes : je veux parler de la vrille des Smilax. MM. de Mohl (Ueber d. Bau und d. Wind. d. Ranken, p. ^1), Lindley (Introd. to Bot., éd. 2, p. 118), Link (Elem. Phil. bot., éd. 2, t. T, p. 478), Aug. de Saint-Hilaire (Leçons de Bot., p. 170 et 85^), Le Maout (Atlas de Bot., p. 23) et Duchartre (Art. vrices du Dict. univ. d'hist. nat.) admet- tent que les vrilles des Smilaz représentent les deux folioles latérales d'une feuille composée. Mirbel, au contraire, considére ces organes comme résultant de la me- tamorphose d'une stipule, et voit en eux des vrilles stipuléennes (Elém. de Physiol. et de Bot. , 2 partie, p. 680), opinion adoptée par MM. Treviranus (Physiol. der Gew., M, p. 138) et Seringe (Élém. de Bot., 1175), par De Can- dolle (ZAéor. élément., 3° édit., p. 321)et M. Trécul (voy. Ann. sc. nat., 3° sér., t. XX, p. 295), qui les appellent des vrilles stipulaires, et enfin tout récemment par M. Lestiboudois, qui les désigne sous le nom de stipules eirriformes (Comptes rend., t. XLV, p. 79, 20 juillet 1857, et Bull. de la Soc. Bot., t. IV, p. 745). De Candolle n'hésite pas à déclarer que les stipules n'existent dans au- cune plante monocotylédone (Organ. vég., Y, 335) et la méme opinion est formellement énoncée par Ach. Richard (Précis de Bot., p. 126). Mais cette proposition est sans doute trop générale ; car les phytographes signa- lent des stipules dans les Ruppia et dans les Potàmées ; des gaines stipu- laires dans plusieurs Aroidées appartenant aux genres PAilodendron Schott, Scindapsus Schott, Anthurium Schott. Quant au genre Pothos, auquel on assignait aussi des stipules, il n'a, d'après M. Schleiden, que des feuilles alternativement inégales (Grundz. d. wissensch. Bot., II, p. 189 en note). Je ne comprends pas dans cette énumération la ligule des Graminées, au sujet de laquelle les morphologistes sont loin de s'accorder. Il n'en est pas moins vrai que la présence de stipules est trés rare chez les Monocoty lé- dones, et que, abstraction faite des Graminées (qui ne sauraient fournir un argument solide) et des Potamées, il n'est pas une seule famille de cet em- branchement dans les caractères de laquelle on puisse faire entrer l'exis- tence de stipules. Il parait même que la présence de vrilles n'est pas générale à toutes les espèces du genre Smilax, car, dans la description de ce genre, Kunths'exprime et Bull. de la Soc. Bot., t. IV, p. 744), que cette vrille fût un organe semblable à celle du Lathyrus Aphaca L. Loin d'admettre cette comparaison, Je la tiens pour fausse, car la vrille de «ette Légumineuse est la feuille normale quant à la Position, mais seulement presque entierement réduite à son système fibro- vascu- laire ; tandis que la vrille des Cucurbitacées, analogue à la première par ses éléments anatomiques, en diffère totalement par la position et par sa nature d'organe dédoupblé, 986 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ainsi: petiolis sepissime supra basim bicirratis (Verhandl. Akad. Wis- sensch. zu Berlin, 4848, p. A0). « Ordinairement, dit Aug. de Saint-Hilaire, une espèce qui a des stipules à la partie inférieure de sa tige en offre dans toute sa longueur » (loc. cit., p. 186). Les prétendues stipules des Smilax feraient exception à cette loi, car, dans le 5. aspera L., elles manquent sou- vent à certaines feuilles que rien de plus ne distingue des autres. Et Labil- lardière, décrivant le S. purpurata, s'exprime ainsi : Folia..... adultiora bicirrosa..... cirris juniorum nondum evolutis ; la méme assertion est reproduite dans la deseription qu'il donne du S. orbiculata (Sertum austro- caled., p. 17 et 18). Ce sont là, si je ne m'abuse, de graves objections à opposer à ceux qui voient des stipules dans les vrilles des Smilax. Y a-t-il plus de raisons pour considérer ces organes comme les deux fo- lioles d'une feuille composée trifoliolée ? Je ne le crois pas. On sait combien les feuilles réellement composées sont rares dans l'em- branchement des Monocotylédones, auxquelles méme Aug. de Saint- Hilaire les refuse (/oc. cit., p. 159 et 182), et Ja famille des Dioscorées n'en offre pas d'exemple. En supposant que les vrilles fussent des folioles, les observations que je viens de présenter forceraient d'admettre qu'une méme plante peut offrir à la fois des feuilles simples (autres que des phyllodes ou des bractées) et des feuilles composées, organisation dont on ne connait peut-étre pas un seul cas. Eofin les vrilles des Smilax ne sont pas articulées à leur base, et on ne les a jamais vues, que je sache, affecter la forme de stipules ou celle de fo- lioles. Par tous ces motifs, je ne puis voir dans ces vrilles ni folioles, ni sti- pules; et je ne serais pas éloigné de penser que, parmi les botanistes qui les ont rapportées à l'une ou à l'autre de ces deux sortes d'organes, tous n'ont pas eu une entiére conviction de la vérité de leur opinion. Elles n'appar- tiennent pas plus, selon moi, au groupe des organes axiles qu'à celui des organes appendiculaires. Je les considère comme un double prolongement latéral des éléments cellulo-vasculaires du pétiole. La présence incontes- table de trachées dans ces vrilles, du moins dans celles du Smilax mauri- tanica Desf., ne me parait pas être un obstacle à cette interprétation. Le pétiole de cette espèce m'a offert, au-dessous du point d'origine des vrilles, quinze faisceaux fibro-vasculaires disposés en un seul cercle incomplet. Il est naturel que quelques-uns d’entre eux se prolongent dans les vrilles. J'oserais presque dire que la nature elle-même s'est plu à faciliter Ja so- lution de ce problème de morphologie végétale ; car c’est justement dans les Monocotylédones que je puiserai des exemples à l'appui de l'opinion que je viens d'émettre. On sait que les feuilles ou les phyllodes des espèces appar SÉANCE DU Å DÉCEMBRE 1857. 987 tenant aux genres Flagellaria et Methonica se terminent par une vrille ; et l'on trouverait encore mieux, ce me semble, l'analogue de la feuille des Smilax dans les filets tricuspidés du verticille interne de l'androcée chez plusieurs espèces d' A//ium, telles que A. sativum L., A. Scorodoprasum L., A. Porrum L., ete. Plusieurs morphologistes considèrent la ligule des Graminées comme formée par un simple prolongement de certains des éléments anatomiques de la gaine. C'est dire assez qu'à ce point de vue cet organe a son analogue dans les vrilles des Smilax. Si mon interprétation des vrilles des Smilax est fondée, il s'ensuit 4^ que la distinction admise par M. de Mohl des vrilles en deux groupes, celles qui résultent de la métamorphose d'une feuille et celles qui sont dues à des tiges ou à des rameaux transformés (loc. cit., p. 39), n'est pas complète. 2° Qu'on ne connait pas de vraies stipules transformées en vrilles, car on ne citait guère, comme exemples, que celles des Smilax et des Cucurbi- tacées (1), et que dès lors la division des vrilles stipuléennes (Mirbel), sti- pulaires (De Candolle) et celle des stipules cirriformes (Lestiboudois) doivent disparaitre du cadre de la glossologie jusqu'à ce qu'on ait signalé des vrilles ou des stipules de cette nature, si tant est qu'il en existe. 3° Que le nom de vrilles pétioléennes (Mirbel) ou péttolatres (De Can- dolle, Ach. Richard), donné par ces auteurs aux stipules des Pisum, des Lathyrus, doit s'appliquer exclusivement aux vrilles des Smulaz, vrais prolongements du pétiole; tandis que les vrilles des Légumineuses, repré- sentant des folioles ou des feuilles, doivent être appelees, selon les cas, vrilles foliolaires, vrilles foliaires, folioles ou feuilles cirriformes. M. Baillon fait à la Société les communications suivantes : EXAMEN DES GENRES QUI COMPOSENT L'ORDRE DES ANTIDESMÉES, par M. H. BAILLON. Depuis Endlicher, on a admis dans l'ordre des Antidesmées les genres : Antidesma L., Stilaginella Tul., Daphniphyllum BI., Astylis Wight, Pyre- nacentha Hook. et Adelanthus Endl. M. Lindley y comprend, outre les An- tidesma, les Stilago L. et les Falconeria Royle. Quelques-uns de cos rin ont déjà été retirés de cet ordre; les autres méritent, je crois, d'en étre aussi retranchés ; je les passerai successivement en revue. m A. — Les Antidesma, si nous nous en rapportons à la caracteristique qui en a été donnée dans la monographie de M. Tulasne pull " adu. 1851, p. 182), ont un calice gamosépale à 3-6 divisions, un disque gla nt les feuilles du Trapa ne (4) Les filaments ramifiés en peigne qui accompagne p. 226), ni des sti- sont, d’après M. Barnéoud (Ann. des sc. nat., 3° sér., t. m pules, ni des feuilles modifiées, mais bien de véritables racin 988 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leux à autant de lobes qu'il y ade sépales, lobes alternes avec les divisions du calice. L'androcée est composé d'un nombre d'étamines égal en général à celui des sépales. Leurs anthéres sont biloculaires et extrorses, superposées aux divisions du calice; les loges en sont distinctes, réunies au sommet par un connectif épais et obtus, écartées par leur base et dressées dans l'anthése, Au centre de la fleur, se trouve un corps central court et épais. La fleur femelle a un périanthe à 3-5 divisions, un disque hypogyne continu, entier ou irrégulierement denté. L'ovaire uniloculaire contient deux ovules pendus, collatéraux, coiffés par un corps celluleux émané du placenta. Le style cylindrique, trés court, s'étale en trois branches simples ou bi- fides et constitue une sorte d'étoile à 3-6 rayons, dont la face interne est stigmatique. Le fruit est charnu ou see, couronné du style persistant; sa loge unique est le plus souvent monosperme par avortement et la graine renferme un embryon aplati au sein d'un albumen charnu abondant. Un certain nombre de ces caractères appartiennent à toutes les Euphor- biacées : 1* Le calice est le méme; c'est ce qu'on n'avait pu apprécier jusqu'à présent. On savait bien que ce calice portait des divisions plus ou moins profondes, mais on n'avait pu sans doute l'observer assez jeune pour eonnaitre la préfloraison des sépales, car elle n'est pas mentionnée. Or, elle est la méme que celle de toutes les Euphorbiacées à loges dispermes. Si le périanthe est construit sur le type 4, comme dans l'A. diandrum Roxb., 2 sépales sont plus extérieurs et 2 alternes avec eux plus intérieurs. La préfloraison est done imbriquée, alternative. Dans une espéce nouvelle d' Antidesma, envoyée au Muséum par M. Remy, et dont la fleur est con- struite sur le type 5, des échantillons en très bon état de conservation per- mettent de voir que le calice, dans son jeune áge, est en préfloraison quin- conciale. Cette préfloraison est donc la méme avec le type 4 que dans les Prosorus, les Adenocrepis, les Hemicicca, etc., et avec le type 5 que dans les Flueggea, les Securinega, les Phyllanthus, ete., ete., tous genres qui appartiennent aux Euphorbiacées dispermes. 2° Il ya dans les Antidesma un disque de 5 glandes, tant dans la fleur måle que dans la fleur femelle, ou d'un nombre moindre, car il répond tou- jours à celui des divisions du calice, mais lorsque ce disque est lobé, ces lobes répondent à l'intervalle des sépales. Or, dans les Cicca, nous voyons 4 glandes alternes avec les 4 sépales, et dans les Flueggea 5 glandes alternes avec les divisions du calice. I! n'y a donc, sous ce rapport, aucune diffe- rence entre les Antidesma et les Euphorbiacées. 3° Dans un Antidesma à fleurs pentamères, on trouve 5 étamines super- SÉANCE DU /| DÉCEMBRE 1857. 989 posées aux sépales. Dans le Thecacoris, qui est le premier genre repré- senté dans Ja monographie d'Adr. de Jussieu, il y à aussi 5 étamines su- perposées aux sépales. De part et d'autre les filets sont libres et leur insertion est Ja méme. La forme des anthères est aussi tout à fait semblable. On ne peut pas regarder comme spéciales aux seules Antidesmées ces an- theres à 2 loges en forme de sac, pendues à un connectif globuleux, puis redressées sur celui-ci lors de l'anthése. Cette forme n'apparait pas seule- ment dans les Antidesma, mais on la rencontre dans les 7/ecacoris, les Leptonema, les Mercuriales, ete. , toutes plantes euphorbiacées. Les anthéres sont extrorses dans l’ Antidesma, elles le sont aussi dans les Flueggea, dans les Phyllanthus, dans un trés grand nombre de genres voi- sins. h Il y a, dans toute la première section des Euphorbiacées dispermes d'Adr. de Jussieu, un corps central (pistil rudimentaire) que nous retrou- vons daus les Antidesma. Fleur femelle. — Le calice ne différe point de celui de la fleur mále, il à la méme préfloraison imbriquée. Nous avons vu qu'il existe aussi un disque hypogyne ; la seule différence consiste dans la structure du pistil. En effet, les Antidesma sont décrits comme n'ayant qu'une seule loge à l'ovaire, tandis qu'ils ont un style à 3 branches simples ou doubles. Dans les Euphorbiacées, au contraire, il y a autant de branches au style qu'il y à de loges. Ainsi le Macaranga, qui n'a qu'une loge, n'a qu'un style entier, et le Crotonopsis, qui n'a également qu'une loge, n'a qu'un style. Si ce style se bifurque ensuite, c'est que, dans tous les genres voisins qui ont, comme l'on dit, 3 styles, chacun de ceux-ci est plus tard bifurqué. L'étude Organogénique va nous montrer que l'Antidesma ne diffère d'une Euphor- biacée à 3 loges que par un avortement qui a lieu à une époque assez avancée, Sur la plante recueillie par M. Remy et dont il a été question tout à l'heure, on peut voir que l'axe de la fleur femelle, se prolongeant aprés avoir perté les 5 sépales, produit 3 feuilles carpellaires superposees aux sépales 1, 2 et 3. . Il en résulte 3 loges, dont chacune contient 2 ovules; puis, lorsque les loges sont fermées, les 3 feuilles carpellaires se réunissent et constituent un style unique, puis se séparent de nouveau, de manière à former 3 bran- ches distinctes qui sont elles-mêmes bifurquées. C'est en ce moment que la loge antérieure prend rapidement un développement beaucoup pius con~- sidérable que les 2 autres. Celles-ci s'atrophient alors peu à e as e haut, de sorte qu'une seule loge s'étend bientôt jusqu'à la base E re et que le fond des deux autres n'arrive plus jusqu'à cette base, En m temps, ces dernières sont comprimées par la loge fertile, elles deviennent étroites et aplaties, et leurs ovules ne se développent pas. Mais eo ' d'accroissement ne s'étend pas jusqu'au sommet des feuilles carpe aires : t arrêt la 990 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. portion qui constitue les branches du style grandit également dans toutes les trois, et c'est ainsi que le style étoilé de l' Antidesma ne surmonte pas réellement le sommet de l'ovaire à l'état adulte, mais doit se trouver véri- tablement latéral par rapport à lui. Quelle est la position des ovules? Ils apparaissent à l'angle interne de la loge, sont eollatéraux, et se revétent de deux enveloppes. Leur nucelle, qui d'abord se dirige en dehors et en bas, pointe bientôt vers le sommet de la loge. Le micropyle s'épaissit en un petit bourrelet au niveau de l'exostome, et bientót on voit une saillie celluleuse, qui semble devoir étre un nouvel ovule, s'avancer du placenta vers le sommet des micropyles. Ce n’est autre chose qu'un chapeau de tissu conducteur comme il s'en produit dans toutes les Euphorbiacées. Bientôt les deux ovules de l'Antidesma, ovules ana- tropes, suspendus, collatéraux, à raphé intérieur, à micropyle tourné en haut et en dehors, vont recevoir un petit bouchon émané de ce chapeau qui va s'enfoncer dans leur mieropyle. Or, c'est absolument ce qui arrive dans les Euphorbiacées dispermes, qui d'ailleurs ont dans chaque loge le méme nombre d'ovules, semblablement dirigés et conformés. L'avortement de 2 loges, voilà done ce qui distinguera un Antidesma d'un Flueggea. Or, cet avortement est fréquent dans des plantes que tout le monde s'aecorde à considérer comme euphorbiacées. Ainsi Jes Drypetes ont tantôt 2 loges, tantôt une seule; les Æ/emicyclia n'en ont jamais qu'une. C'est parce qu'au lieu d'étudier les fleurs femelles de l'Antidesma, on n'a longtemps examiué que de jeunes fruits, qu'on a pu y trouver de grandes différences avec ce que présentent les Euphorbiacées. Dans les fruits d'An- tidesma, non-seulement on n'a plus qu'une loge, mais encore un des 2 ovules avorte. Je ne parle pas ici de la nature méme du péricarpe. Que l'endocarpe soit lisse ou fovéolé, que le mésocarpe soit sec ou charnu, toutes ces différences se retrouvent dans les Euphorbiacées proprement dites. Ainsi, il y a un Flueggea xerocarpa et un Flueggea à péricarpe très eharnu; ainsi l'endocarpe du Drypetes est fovéolé, celui du Securinega ne l'est pas. La graine est aussi la méme daus les deux ordres. Les enveloppes sont en méme nombre, le périsperme aussi abondant et de méme nature, et l'em- bryon offre la méme conformation. B. — M. Tulasne a créé le genre Stilaginella pour des Antidesma amé- ricains dont les anthères, introrses dans le bouton, deviennent extrorses en se redressant lors de l'épanouissement des fleurs. En outre, leur ovaire est biloculaire et leur fruit, qui peut aussi conserver deux loges, a le péricarpe à demi charnu. Donc ce fruit est le méme que celui des Flueggea qui, tels que le F. Leucopyrus, ont deux loges et le péricarpe charnu. Quant à la dif- férence de direction des anthéres, elle existe aussi entre des genres trés voisins d'Euphorbiacées dispermes, Ainsi le Flueggea xerocarpa d' Adr. de SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1857. 991 Jussieu ne diffère du Securinega, dont les 5 anthères sont introrses, que parce que les siennes regardent le cóté extérieur de la fleur. C. — M. Lindley a déjà ramené les Putranjiva aux Euphorbiacées dis- permes (Veget. Kingd., édit. 2, p. 282). Mais je ne sais pourquoi il les a placés dans sa section des Buxées. Puisqu'il suit la division proposée par Adr. de Jussieu, il ne devrait placer dans ce groupe que des plantes dont la fleur mâle renferme un corps central (pistil rudimentaire). Comme cette disposition ne se rencontre pas dans les Putranjiva, il convenait de les ranger parmi les Phyllanthées. On y trouve en effet un androcée composé de 2-3 étamines. Les filets sont dressés, unis à leur base en une colonne centrale, mais l'un d'eux peut être complétement libre et indépendant. Les anthéres sont biloculaires, extrorses, à déhiscence longitudinale. Sauf le disque, la fleur mâle est donc à peu près celle d'un Phyllanthus ou d'un Xylophylla. L'ovaire, dans la fleur femelle, est à trois loges bi-ovulées, mais dans le fruit on remarque les mêmes phénomènes d'avortement que dans les Antidesma, les Goughia, etc. D.— Depuis longtemps, on rapproche les /Vageia Gaertn. des Putranjiva et les deux genres se suivent dans les changements successifs de position qu'on leur fait subir. S'il s'agissait uniquement du JV. Putranjiva Roxb. qui, d'après Wallich, serait son Putranjiva Roxburghii, rien ne serait plus juste et méme l'un des deux genres devrait être entièrement supprimé; mais la description du genre /Vageia, telle que la donne Gærtner (I, p. 191 et pl. 39), avec des fleurs máles tétrandres et un style à deux branches, ne se rapporte guère aux Putranjiva, et tant qu'on n'aura pas examiné la plante méme, il faut complétement laisser ce genre parmi les /ncertæ sedis. E. — Le Pyrenacantha ne peut être rapproché des Antidesma. Il n'y a entre les deux genres aucune analogie. Quant aux fleurs mâles, les étamines sont alternes avec les divisions du calice et la préfloraison de celles-ci est valvaire (P. volubilis Hook.). ll y a au centre de la fleur une petite saillie glanduleuse conique (ovaire rudimentaire). D'après cette description, la tleur mâle des Pyrenacantha serait une fleur de Buis avec les étamines al- ternes aux sépales ; j'ajouterai que les ovules sont tournés dans le mème sens que ceux du Buis. M. Thwaites a insisté sur ce fait (Hook. Journ, 1855, p. 269). Le méine auteur a montré que le genre Astylis Wight, rap- porté aux Antidesmées, n'était autre que l’ Hemicyclia (loc, cit, p. 270 et Wight, /con. 1992). F. — Le genre Adelanthus n'est pas plus une Antidesmée que le genre précédent. Ils sont d'ailleurs tous deux si voisins l'un de l'autre que peut- ètre ne les conservera-t-on pas cemme distincts. Le calice a quatre divisions Valvaires, comme celui du Pyrenacantha ; les étamines ont les filets libres, les anthéres biloeulaires, introrses ; elles sont alternes avec les sépales, en- core comme dans les Pyrenacantha; au centre de la fleur måle aussi se 092 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trouve une petite saillie obtuse, chargée ici de poils blanchâtres unciformes. Quant à la fleur femelle, elle n'a qu'une loge, mais son style étoilé a plu- sieurs branches qui peuvent faire croire à un avortement. Les deux ovules que contient cette loge sont suspendus à peu prés à son sommet, mais ils ont, comme ceux du Pyrenacantha, le micropyle dirigé en haut et du cóté du placenta, tandis que le raphé est extérieur. C'est la direction de l'ovule des Buis, et, pour compléter la ressemblance, le funicule émet, dans l’ Ade- lanthus, un prolongement à lanières étroites et aiguës qui ressemble beau- coup à un véritable arille. D'où il faut conclure que l’ Adelanthus n'est ni une vraie Antidesmée, ni une vraie Euphorbiacée. C'est prés des Buxacées qu'il faut rechercher ses affinités, en méme temps que près des PAytocrene et des Gynocephalium, comme on l'a déjà indiqué (Decaisne, Lindley, Thwaites). G. — Les Daphniphyllum Bl. (Goughia Wight, Gyrandra Wall.) sont aussi placés parmi les Antidesmées. Leur fleur mále contient un nombre variable d'étamines remarquables par leur disposition ombelliforme et la déhiscence de leurs anthéres. Quant à leur fleur femelle, elle n'est connue jusqu'ici qu'imparfaitement et son étude montre que ce genre ne diffère en rien des véritables Euphorbiacées. On sait bien que son ovaire, ordinaire- ment à deux loges et plus rarement à trois, contient dans l'origine autant de fois deux ovules qu'il y a de loges, mais on n'a pas décrit la conformation de ces ovules. On n'a pas non plus déterminé la nature d'organes qui se trouvent en dedans du périanthe, à la base de l'ovaire. Ce sont des lan- guettes charpues, à sommet aigu, en nombre variable, qui sont superposées généralement aux divisions du calice. Les uns y verront un disque hypo- gyne, les autres un androcée rudimentaire. Quant aux ovules, ils sont pendus et collatéraux ; leur raphé est tourné en dedans, leur micropyle est extérieur et supérieur, et ici, comme dans toutes les Euphorbiacées à loges bi-ovulées, tandis que le nucelle se prolonge en un cône qui sort du micro- pyle, les bords de l'exostome s'épaississent en un bourrelet circulaire qui n'est autre chose qu'un rudiment de caroncule. Plus tard, des avortements successifs peuvent bien réduire le nombre des loges et celui des ovules, mais la graine reproduit tous les caractères de celles de la famille, elle est sus- pendue et l'embryon foliacé est entouré d'un abondant albumen charnu. H. — On sait bien que les Falconeria, placés par M. Lindley parmi les Antidesmées, ne sauraient appartenir à cet ordre (Tulasne, loc. cit.). A aucun âge leurs loges ne sont bi-ovulées; leur pistil est tout à fait celui d'un Sapium. C'est d'ailleurs peut-étre aussi bien au Falconeria Royle qu'au Sapium Jacq. qu'on peut rapporter le genre Triadica Lour. Je sais bien que Loureiro décrit son 7riadica comme ayant des chatons nus, mais Royle a figuré de méme son Falconeria, et d'ailleurs Loureiro ajoute qu'on y voit des tubercules, qu' Adr. de Jussieu suppose avec raison être des brac- SÉANCE DU Å DÉCEMBRE 1857. 993 tées glanduleuses à la base. En réalité les bractées-mères des glomérules máles sont munies de grosses glandes latérales elliptiques; mais en outre, les bractées plus jeunes qui accompagnent les fleurs portent aussi des glandes; celles-ci se développent beaucoup et rejettent en dehors les fleurs, qui forment ainsi une sorte de couronne cireulaire autour d'un amas de glandes. D'ailleurs, par tous ses caractères, le Falconeria est un Sapium. I. — Wallich a donné à Gaudichaud une plante du jardin de Calcutta qu'il a nommée Gymnobotrys lucida (herb. Mus. Par.). Ce n'est autre chose qu'un Falconeria, et je crois méme que c’est le F. insignis, de sorte que la méme espéce aurait été classée par Wallich sous deux noms diffé- rents, une fois parmi les Euphorbiacées, l'autre fois parmi les Antidesmées. De ce qui précède, je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes : 1° Les genres Antidesma et Stilaginella se placent parmi les Euphor- biacées, près des genres Flueggea, Securinega, Drypetes, ete., et l'ordre des Antidesmées doit ètre supprimé. 2° Le Falconeria est une Sapiée, à peine distincte des Sapium propre- ment dits. 3° Le Goughia est une Euphorbiacée à loge bi-ovulée et se place à côté de quelques autres genres pléiostémonés. h° Le genre Astylis a été supprimé. 5° Le Putranjiva n'est point une Buxacée; il doit être rapproché des Phyllanthus. 6° Le genre Gymnobotrys est synonyme de Falconeria. 7 L'Adelanthus n'est ni une Antidesmée, ni une Euphorbiacée. 8* Le genre Pyrenacantha rapporté déjà aux Phytocrénées n'est que fort peu distinct de l Adelanthus. LES SCÉPACÉES DOIVENT-ELLES CONSTITUER UN ORDRE PARTICULIER? pr M, H. BAILLON. M. Lindley admet dans l'ordre des Scépacées les genres Scepa, Lepidos- tachys, Hymenocardia et Forestiera. Le genre Scepa, qui semble être synonyme de l'Aporosa BI., comprend des plantes dont les fleurs mâles ont 4 sépales et 2 étamines. Celles-ci sont superposées à deux de ces sépales. C'est absolument ce qu'on observe dans le genre Zemicicca et dans le genre Palenga Thw., ce dernier n'a toutefois que deux sépales. Tous deux appartiennent, saus contestation, aux Eu- phorbiacées, ainsi que le Scepasma, l Epistyltum, qui ont des fleurs dian- dres. Quant à la fleur femelle, elle a quatre ou cinq sépales et up ovaire biloculaire à loges bi-ovulées. Les ovules sont pendus, collatéraux, ana- tropes, à raphé intérieur, à micropyle dirigé en haut et en dehors, et les ovules sont couverts d'un petit chapeau de tissu cellulaire, qui Pc! du T. 1V. 995 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. placenta. Les graines sont pourvues d'un arille et d'un albumen. Il n'y a donc point de différence entre cette fleur femelle et le fruit, et ceux d'un Flueggea à ovaire biloculaire, sinon que les Scepa n'ont point de disque hypogyne; je ne parle point de l'inflorescence amentacée des Scepa, parce qu'elle caractérise plus de la moitié des genres des Euphorbiacées. Je ne crois pas que le genre Lepidostachys doive être séparé des Scepa ; ear il n'y a de différence que le nombre des étamines indiqué comme étant de cinq par les caractérisques. Or, le Z. parviflora Planch. n'a que 2 éta- mines et le ZL. Roxburghii n'a lui-même très souvent que des fleurs dian- dres. C'est le nombre 2 que je rencontre toujours dans les échantillons de la collection Hooker et Thomson (n° 167); et, dans ceux de l'herbier de Wallich, un grand nombre de fleurs sont diandres et d'autres peuvent présenter un plus grand nombre d'étamines. Il n'y a pas de différence im- portante pour la fleur femelle, dont l'ovaire est biloculaire, et dont les ovules, semblables à ceux des Scepo, sont eoiffés comme eux d'un chapeau celluleux. M. Tulasne a rapporté le Forestiera aux Oléinées. Quant aux Hymeno- cardia, leur fleur mále est tout à fait celle d'un Antidesma, sauf les glandes; et quant à la fleur femelle, elle a un ovaire à deux loges, et cha- que loge contient deux ovules qui sont pendus, anatropes, à raphé interne, à micropyle supérieur et extérieur. Les graines sont également albuminées et il n'y a de différence que le développement eonsécutif de Ja suture dorsale en une aile membraneuse qui fait du fruit une samare. Les Scépacées se trouvent done réduites au seul genre Aporosa Bl., qui est une véritable Euphorbiacée. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : VINGT-QUATRIÈME NOTICE SUR LES PLANTES CRYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES EN FRANCE, par M. DESMAZIÈRES (suite !). PYRENOMYCETES. 27. AsTEROMA ELEGANS, Rob. in Herb. — Desmaz. Pi. crypt. sér. 2, n? 415! A. eaulicola. Fibrillis laxe ramosis, brunneis, sinuosis, quandoque subin- flatis a centro radiantibus; ramis ultimis brevibus. Peritheciis ignotis. — Hab. in caulibus exsiccatis Polygoni Persicariæ. Vere. Cet Asteroma vient principalement du côté de la tige de la Persieaire exposé à la lumière et qui a pris une teinte blanchâtre. Ses rosettes sont (4) Voyez plus haut, page 797, 858 et 944. SÉANCE DU A DÉCEMBRE 1857. 995 arrondies ou oblongues et atteignent jusqu'à 4 et 5 millimètres de diamètre; elles n'occasionnent aucune altération sur le support et sont plus ou moins apparentes, suivant la couleur plus ou moins blonde de la tige et suivant le degré de ténuité des fibrilles. Celles-ci sont distinctes dans toute leur longueur, divisées en rameaux de plus en plus courts, sinueuses, comme tremblées, et, cà et là, comme renflées. Elles sont de couleur noisette, quel- quefois brunes et méme tout à fait noires. Quelquefois les rosettes sont trés nombreuses et alors trés petites. 28. AsrEROMA GRAPHOIDES, Rob. in Herb. — Desmaz. PL. crypt. de Fr. sér. 2, n° 416! A. epi- rarius hypophyllum et caulicola. Maculis minutis brunneis vel nullis. Fibrillis prominulis, intense rufo-brunneis, ramosis e centro radian- tibus; ramis divaricatis brevioribus. Peritheciis ignotis. — Hab. in foliis Stellariæ holosteæ. Vere. (Desmaz.) Cette jolie petite espèce est d'autant plus abondante que les feuilles sont plus vieilles. Ses rosettes sont très petites et trés variables quant à leur forme. Dans son origine, la rosette n'est représentée que par un trés petit trait, qui émet ensuite deux ou trois rameaux figurant une petite étoile, Ces rameaux deviennent les divisions principales, qui, à leur tour, donnent naissanee à des rameaux courts et divariqués. Les fibrilles sont parfois peu apparentes, à cause d'une tache de méme couleur quí s'est produite sur le support; mais une forte loupe les fait apercevoir. Les rosettes atteignent tout au plus un millimètre et demi, mais elles finissent par se confondre et couvrent quelquefois la feuille d'un dédale inextricable de fibrilles. 29. AsrEROMA Cerast, Rob. in Herb. — Desmaz. PI, crypt, de Fr, sér. 2, n? 418! A. amphigenum. Maculis sparsis vel approximatis, minutis, rotundatis e fibrillis innatis, nigris, ramosis. Ramis dichotomis rectis radiantibus. Peritheciis non observatis. — Hab. in foliis siccis Cerasi. Hieme. Cet Asteroma n'est pas rare sur les feuilles du Cerisier commun; on le trouve plus ordinairement à la face supérieure quand les feuilles sont épaisses, et à l'inférieure quand elles sont minces. Le diamétre des taches varie entre un et deux millimétres. Sur les jeunes rosettes, les fibrilles sont bien apparentes dans toute leur longueur, mais sur celles qui sont plus développées, elles s'entrecroisent et se confondent de maniére que l'on n’aperçoit plus à leur centre qu'une croûte ou tache, les rameaux ne pouvant plus se distinguer que sur les bords. En adoptant cette espèce, nous ne nous dissimulons pas ses rapports avec les Asteroma Mespili et Virgiliæ; on réunira peut-étre un jour ces trois formes sous un seul nom spécifique. Cependant l’Asteroma Cerasi nous 996 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. paraît différer des deux autres par ses rameaux plus apparents, noirs, droits et figurant des rayons qui imitent, en miniature, ceux de certaines Oscillaires. 30. AsTEROMA INCOMPTUM, Rob. in Herb. — Desmaz. Pl. erypt. de Fr. sér. 2, n* 419! A. maculis griseo-brunneis, ovatis vel subelongatis. Fibrillis tenerrimis, ramosissimis, sinuosis, subintricatis, epidermide tectis. Peritheciis paucis, exilissimis, globosis, subnigris. Ascos non vidi. — Hab. in fructibus siccis Fraxini. Hieme. (Desmaz.) On trouve cette espéce sur les deux faces des samares tombées; ses taches atteignent quelquefois un centimétre de longueur sur une largeur moitié moindre. Les fibrilles, extrêmement fines et rampant sous l'épi- derme, sont trés divisées, surtout dans leur moitié supérieure, un peu confuses à l'état sec, mais bien distinctes quand le support est humide. 31. AsrEROMA FUGAX, Rob. in Herb. — Desmaz. PI. crypt. de Fr. sér. 2, n? 420! A. fungicola, fugax. Fibrillis ramosis, paucis, innatis, tenerrimis, bruuneo-griseis a centro radiantibus. Peritheciis ignotis. (Desmaz.) Cet Asteroma a été trouvé, en été, par M. Roberge, dans les dunes d'Ouistreham (Calvados), sur de vieux péridiums du Zylostoma brumale, sur lesquels il forme de tres petites rosettes que l'on ne distingue bien qu'avec une forte loupe. Ces rosettes, par la délicatesse et la beauté des fibrilles qui les composent lorsqu'elles sont fraiches, ne sont comparables qu'à celles des Asteroma achenarum et delicatulum. 32. AsrEROMA? Piri, Rob. in Herb. — Desmaz. PI. crypt. de Fr. sér. 2, n? 421! La difficulté que nous éprouvons à bien distinguer, à l'état sec, les rosettes de cette espèce, nous fait renoncer à la décrire autrement que par la note dont M. Roberge a jugé nécessaire de l'accompagner en nous adressant ses échantillons. Voici cette note : « Cette espece se développe, en hiver, sur les vieilles feuilles du Poirier; il s'en faut bien qu'elle soit commune, et il faut une grande attention et une forte loupe pour la distin- guer sur les taches brunátres, éparses et rares qui se remarquent sur ces feuilles; encore ces taches n'offrent-elles bien souvent aucune trace de l'Asteroma. Les rosettes sont peu régulières et ont de un à deux millimètres de diamètre; les fibrilles qui les composent sont d'un noir un peu luisant, rameuses, flexueuses, entrecroisées, un peu renflées à leur extrémité, sou- vent distinctes dans toute leur longueur, mais quelquefois serrées au centre SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1857. 997 des rosettes, de manière à former comme une croûte noire, continue. Je n'y remarque point de sphérules. » 33. STIGMATEA ,PorENTILLE, Fr. Summ. veget., p. 422. — Desmaz. PL. crypt. de Fr. sér. 2, n° 5511! — Dothidea Potentille, Fr. Syst. myc., 2, p. 563. ' St. epi- rarius hypophylla. Peritheciis minutissimis, innato-prominulis, globosis, nigris, nitidis, hirtis, nervisequis, seriatis, albofarctis, poro apertis. Ascis clavatis, grossis; sporidiis 4-5, oblongis subpiriformibus. — Hab. ad folia viva Potentillæ Anserinæ. Autumno. La découverte du Stigmatea Potentillæ, faite par M. Bouteille en octobre 1854, dans les environs de Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise ), assurant désormais à cette espéce sa place dans la flore cryptogamique de France, nous a permis d'en donner une description complète, en étudiant plus particulièrement sa fructification. Les thèques claviformes et grosses ont de 0®",04 à 0*"",05 de longueur, et renferment quatre, quelquefois cinq sporidies presque piriformes, d'un vert olive pále, et longues d'environ 072,015. Les périthéciums s'ouvrent par un pore facile à constater lorsqu'ils sont humectés ; ils n'ont pas plus de 0"",15 de grosseur et sont hérissés, Surtout à leur base, de gros poils noirs, droits et roides, de 077,025 à 0*7,035 de longueur. 3h. NEcTRIA Peziza, var. minor, in pagina antica superna frondis Pelti- gere canine, Desmaz. Pl. crypt. de Fr. sér. 2, n° 371! Ce Pyrénomycète ne nous parait différer du type auquel nous le rappor- tons qu'en ce qu'il est plus petit dans toutes ses parties. M. Roberge, qui l'a trouvé dans les dunes, sous Ouistreham (Calvados), en septembre 1852, n'était pas éloigné de le réunir, comme nous, au Sphæria Peziza Tode, puisqu'en nous l'adressant, il dit que « ce petit étre a beaucoup d'analogie avec cette espéce, si ce n'est elle, » Les périthéciums n'ont pas plus d'un quart de millimétre de diamètre, et leur villosité blanche, presque pulvérulente, diminue peu à peu et finit par disparaitre presque tout à fait. Les theques sont octospores et mesurent environ 0"",06 ; les sporidies ellipsoides 07,01. Ces derniéres nous ont paru renfermer constamment quatre sporules semi- opaques ; mais, dans le Nectria Peziza type, leur nombre varie de deux à quatre, et, le plus souvent, on n'en trouve que deux. La variété minor se trouve quelquefois en société du Nectria Robergei, dont il va étre question ci-après, et du Scatula Wallrothi Tul.; il ne faut pas la confondre avec le Sphœæria affinis Grev., qui se développe sur l' Ephebe pubescens et qui a quelque ressemblance avec elle. Cette dernière espèce appartient aussi à la flore cryptogamique de France, et nous l'avons décrite dans notre notice XXIII. 998 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. : 35. NecTRIA PYRocHROA, Desmaz. PI. crypt. de Fr. sér. 2, n° 372! N. amphigena, minuta. Peritheciis sparsis, superficialibus, globosis, membranaceis, mollibus, furfuraceis, rubro-aurantiacis, siccis applanatis vel concavis. Ostiolo glabro, brunneo, late conico, obtuso. Ascis amplis, clavato-ventricosis, cito resorptis; sporidiis oetonis? hyalinis, fusifor- mibus, subarcuatis, utrinque obtusiusculis. Sporulis 3. — Hab. in foliis emortuis Platani. Autumno. (Desmaz.) Les feuilles de Platane mortes accidentellement, c'est-à-dire, attachées à des rameaux rompus en pleine végétation, produisent, sur l'une ou l'autre face, rarement sur les deux à la fois, cette trés jolie petite espèce. Ses indi- vidus sont à peine rapprochés en groupes étalés, presque épars et dispersés sur des portions considérables du support, auquel ils n'adhérent que par un point marqué sur la feuille par une petite impression brune, visible lors- qu'on les en a détachés. Les périthéciums ont environ un quart de milli- mètre de grosseur ; ils sont couverts de granules furfuracés, et leur couleur, d'un rouge un peu orangé, quelquefois sale, pâlit par l'humidité. Les thè- ques ont 0"",075 à 0"",10 de longueur et leur plus grande épaisseur est de 07",025. Nous n'avons pu observer leur double membrane, mais il nous a été possible de remarquer constamment le rapprochement et la disposition des sporidies, comme si elles avaient encore été contenues par ces mem- branes qui doivent étre résorbées de bonne heure. Les sporidies mesurent en longueur 077,05 à 0"",06 et en épaisseur 0"",0075. Les trois sporules qu'elles renferment les font paraitre comme si elles étaient munies de trois eloisons bien distinetes. Nous ne saurions mieux comparer les formes de cette fructification qu'à celles du SpAeria flavida (Corda, Icon. fung. tom. IV, fig. 117), avec lequel notre espèce a plus d'un rapport. 36. NECTRIA CARNEA, Desmaz. PI. crypt. de Fr. sér. 2, n° 5731 N. hypophylla, minutissima. Peritheciis superficialibus, gregariis vel sparsis, membranaceis, mollibus, rubello-carneis vel flavidis, globosis, subhyalinis, breviter hirsutis, collabescendo concavis. Ostiolo subtilissimo, glabro, pertuso. Ascis subclavatis, rectis vel arcuatis; sporidiis octonis, oblongis ; sporulis 3-4, subopacis. — Hab. in foliis siccis Caricis et Buxi. Æstate. Cette très petite espèce a été trouvée, par M. Roberge, à la face infé- rieure des feuilles mortes par accident d'un Carex et du Buis : sur les pre- mières, elle est assez souvent en compagnie de notre Psilonia Pellicula, e sur les feuilles du Buis elle est accompagnée de plusieurs autres petits cryp- togames. Les périthéciums affaissés ressemblent si bien aux cupules d'une Pézize qu'il faut beaucoup d'attention pour ne pas placer dans ee genre le petit être dont il est ici question ; ils n'ont pas plus d'un cinquième ou d'un sixième de millimètre de diamètre, et leur couleur, lorsqu'ils sont frais, est SÉANCE DU /| DÉCEMBRE 1857. 909 d'un rouge de feu, tirant quelquefois sur le jaune, quelquefois sur la couleur de chair ; mais ils pálissent par la dessiccation, et surtout dans les herbiers aprés quelques années. Le duvet dont ils sont hérissés est blanchátre et trés court. Les thèques ont environ 0"",04 de longueur et se terminent quelquefois insensiblement en pointe obtuse. Les sporidies mesurent 077,01 de longueur et leur épaisseur est quatre à cinq fois moins considérable. 37. Nectria Ronznozr, Mont. et Desmaz. — Desmaz. PL. crypt. de Fr. sér., 2, n° 374! N. thallicola, erumpens, minuta. Peritheciis immersis, gregariis, roseis, ovoideis, mollibus, epidermide stellatim rumpente applicatis. Ostiolo crasso, obtuso, subrubro, nucleo pallide roseo. Ascis subclavatis; sporidiis octonis, ovoideis, vel ovoideo-oblongis ; sporulis 2, subsemiopacis. — Hab. in pagina superna frondis Peltigeræ canina. Autumno et hieme. M. Roberge, à qui nous dédions cette espèce nouvelle, en a fait la décou- verte, en avril 1843, sur un vieil Orme, dans le pare 'de Lébisey, puis sur les dunes, au-dessous de Colleville-sur-mer et d'Ouistreham (Calvados), en octobre 1852. Elle se développe à la face supérieure du Lichen, rarement à l'inférieure, et les endroits qu'elle occupe ont pris une teinte blanchátre, quelquefois rougeátre, et sont plus ou moins altérés. Les groupes de péri- théciums sont d'abord distincts, puis confluents en s'étendant sur une grande partie du support. Ils sont d'abord nichés sous l'épiderme, tantót solitaires, le plus souvent trois ou quatre ensemble, et méme davantage. Ils déchirent l'épiderme en étoile, et les trois ou quatre lanières triangulaires et blanches qu'ils y produisent, restent appliquées. Le diamètre de ces périthéciums est d'un cinquième à un quart de millimètre; quand ils sont humides, on di- rait de petites gouttelettes de sang. Les thèques ont 077,08 de longueur; les Sporidies 0"",01 et quelquefois plus. | Il ne faut pas confondre cette espèce avec le Nectria affinis (Sphæria, Grev.), qui vient sur l’£'phebe pubescens ; il y a entre ces deux cryptogames cette différence essentielle que le nôtre se développe dans le thalle dont il perce l'épiderme pour paraitre au dehors, tandis que l'espèce de l’auteur écossais est superficielle et est entourée à la base d'une villosité blanche. Sa fructification, du reste, est tout à fait différente et pourrait donner lieu à l'établissement d'un genre nouveau (Voy. la description que nous en avons donnée dans notre notice xx111). nnl ns not (La fin à la prochaine séance.) NOTE SUR LE CHÆTOMIUM CHARTARUM Ehrenb., par M. Louis de BRONDEAU. (Reignac prés Agen, 28 novembre 1857.) difficiles à caractériser tomium Kunze, fort Les espèces du genre Chæto dont d'une manière précise, paraissent se confondre dans. un méme type, 1000 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les modifications seraient dues à des circonstances locales ; ce type est le Conoplea atra Pers. (Chætomium atrum Link.). Me bornant au Chætomium chartarum seul, j'ai observé que le degré de putréfaction qu'a subi le papier sur lequel il se développe, fait varier sa forme, sa grandeur et la quantité de filaments qui recouvrent son peridium ; sur le papier presque sain, seulement humide, sa taille est fort exigué, les filaments fort rares, tandis que sur les basanes et les cartons putréfiés qui recouvrent les livres trés humides, où il se développe abondamment, il prend plus d'aceroissement, et parait se confondre avee le Chætomium atrum. Quant aux sporules, il y a peu de différence entre les deux espèces. Je n'insisterai pas davantage sur les eirconstances qui peuvent modifier la forme des espèces de Chœætomium, le but principal de ma note étant de montrer une erreur qui me semble avoir été commise par M. Ehrenberg. Cet illustre savant admet au nombre des caractères distinctifs de son Chæ- tomium chartarum, la tache jaune qui entoure les peridium ; j'ai observé avec soin cette tache, et voici le résultat de mon expérience. Ayant répandu sur du gros papier gris d'enveloppe, placé dans une boite close, entre des couches de mousse humide, des sporules de Chætomium atrum Link. (Conoplea atra Pers.), il s'est bientót formé sur le papier des taches jaunes, sur lesquelles ont apparu plus tard des peridium semblables à ceux qui m'avaient fourni les spores. J'ai voulu ensuite bien connaitre la nature de ces taches; sur le papier encore peu détérioré, elles paraissent comme une simple altération de la couleur grise ; à mesure que la putréfaction s'accroît, ces taches s'épaissis- sent et deviennent tomenteuses et pulvérulentes. Alors, en maintenant la plante en observation dans les conditions éminem- ment favorables à la végétation by$soide, savoir : humidité, manque de lumière et d'air, j'ai obtenu le maximum de développement; les taches se sont couvertes de longs filaments entrecroisés, noueux, articulés ; puis ces flocons se sont condensés, et le centre des touffes, devenu plus compacte, s'est rempli de nombreuses sporules rondes. On reconnait ici la végétation des Sporotrichum ; en effet, en comparant les taches pulvérulentes, byssoides, jaunes, avec les échantillons de 77icAo- derma flavum que je dois à l'obligeance de feu mon ami, l'illustre myco- logue Persoon, j'ai reconnu une identité parfaite; or Greville a regardé la plante de Persoon comme un Sporotrichum (Pers. in litteris). D'après ces observations, je crois devoir conclure que les taches jaunes qui entourent les peridium du Chætomium chartarum Ehrenb. ne peuvent étre considérées comme une sorte de thallus propre à la plante, et qu'elles appartiennent réellement plutôt à un Sporotrichum qu'à un Trichoderma. D'ailleurs, les taches manquent souvent à l'égard du CAetomium gelati- nosum Ehrenb. Je dirai que tous les Chætomium que j'ai observés dans SÉANCE DU /| DÉCEMBRE 1857. 1001 leur premier développement m'ont paru d'une substance transparente, gé- latineuse, de couleur d'abord grise, puis noire; ceci semble confirmer les doutes du célèbre Fries sur la validité de l'espèce d'Ehrenberg. RECHERCHES SUR QUELQUES PLANTES ALIMENTAIRES DE TAHITI (Iles de la Soeiété), pr M. Jules LÉPINE. (Pondichéry, mai 1857.) Pendant un séjour de quelques années dans l'ile de Tahiti, j'ai étudié la flore de ce pays et me suis livré à quelques recherches sur les plantes employées à l'alimentation des naturels ; ce travail, fait sur les lieux en 1847, n'a pas été publié par suite d'une absence assez longue de France, et si aujourd'hui je viens en soumettre quelques extraits à l'appréciation de la Société, c'est qu'il m'a paru utile, en présence 'de la rareté des substances alimentaires en Europe, d'appeler l'attention sur des plantes dont plusieurs sont sus- ceptibles d'étre naturalisées, surtout dans l'Algérie et daus nos colonies des Antilles. I. Artocarpus incisa L. var. Maohi N. (nom tahitien Maioré).— L'Arbre à pain est un grand arbre indigène à Tahiti et dans presque tous les archi- - pels de la Polynésie; on le trouve aux Moluques, aux iles de la Sonde, dans la Malaisie où les Malais le nomment Rima; il a été introduit à Mada- gascar, aux iles Maurice et de la Réunion, dans les Antilles, et partout il s’est naturalisé. A Tahiti, il vient naturellement dans un terrain argileux et profond, à peu de distance de la mer et dans les vallées; il ne s'élève pas sensiblement, et c'est à peine si[l’on en rencontre quelques pieds dans les gorges des montagnes à 3-400 mètres. Le bois est peu coloré, à tissu láche et un peu spongieux, il est employé dans la construction des maisons et des pirogues ; l'écorce èst fibreuse, et, dans quelques îles, elle sert à fabri- Quer des étoffes grossières. Le fruit, nommé ourou, se mange cuit; pris avant sa maturité, il est trés féculent; lorsqu'il est múr, il acquiert un goût acide et sucré. Pour le conserver, on l'enterre dans des fosses oü on le fait fermenter. Cet aliment porte le nom de #ioko. On fait deux récoltes par année des fruits de l'Arbreà pain; chaque récolte dure quatre mois. Les naturels multiplient l’Arfocarpus, soit en transplantant des portions de racines horizontales sur lesquelles se sont développées de jeunes pousses, soit en plantant, pendant la saison des pluies, dans des trous de 07,50 de profondeur, des branches de 2 métres de longueur, que l'on a la précaution de préserver du soleil en les enveloppant de nattes ou d'herbes sèches. Les Tahitiens distinguent trente-deux variétés de l'Arbre à pain; ces va- riétés sont établies d'apres la forme des feuilles et du fruit; les voici avec les noms tahitiens : 1. Maohi. Feuilles à h-5 segments de chaque côté, segments s'arrétant à 1002 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3-4 centimètres de la nervure médiane. Fruit orbiculaire, surface lisse. 2. Paéa. Feuilles pyramidales, à segments moins profonds que dans le Maohi, et diminuant de profondeur du sommet à la base de la feuille, l'im- paire trés large. Fruit oblong, surface à tubercules prismatiques. 3. Pouéro. Feuilles entières munies de quelques dents au sommet. Fruits comme ceux du Maohi. Rare. | h. Tatara. Feuilles très découpées. Fruit oblong, très volumineux; styles persistants et se développant avec le fruit, qui parait hérissé de pointes. Variété peu estimée. 5. Epéa. Feuilles peu découpées. Fruit orbiculaire, lisse. 6. Mairé. Feuilles très découpées, segments étroits s'arrétant à un cen- timètre de la nervure médiane. Ces feuilles ressemblent à celles du Po/y- podium nommé Mairé, d'où est venu le nom de cette variété. 7. Atiati. Feuilles presque entières. Fruit orbiculaire, lisse. 8. Epéti. Feuilles peu découpées. Fruit orbiculaire, styles persistants. 9. Amaé. Feuilles ressemblant à celles du Maohi, le fruit est plus gros que dans cette dernière variété et à styles persistants. Nous n'avons pu vérifier les caractères des autres variétés et nous les donnons d'aprés le dire des Tahitiens. 10. Aravei. — 11. Erorou. — 12. Avei. —43. Mahani. — 4h. Fati. — 15. Aoutia, — 16. Haré. — 47. Fafai. — 18. Pouponou. — 19. Poutia. — 20. Fafatea. — 24. Maaroaro. — 22. Toutanou. — 23. Epouhi. — 24. Tao. — 25. Toupaitaa. — 26. Havaé. — 21. Evété. — 28. Emouct. — 29. Otéa, — 30. Péetia. — 34. Oviri. — 32..... L'analyse des fruits de l'Arbre à pain m'a conduit aux résultats suivants: Fruit pris avant la maturité (1). Fruit pris à la maturité. Ea... ........... 59,000 | Eau ............. 97,000 Fécule (2) .......... 16,650 | Fécule. .,.,........ 13,200 Matière grasse, grise. . . . . — 0,075 | Matière grasse, grise. . . . . 0,110 Mucilage. ,,.....,... 0,300 | Mucilage. . . . . . . . . . « 2,200 Albumine. , ......,... 0,800 | Albumine ..,........ 0,450 Gomme, .......,... 0,250 | Gomme... ......... 0290 Extrait sucré, . . .. . , . , 1,550 | Extrait sucré. . . . . . . . « 6,400 Extractif sec, rouge marron. . 0,125 | Extractif sec, brun marron. . 0,140 Fibresamylacées (3) . . . .. 21,750 | Fibres amylacées. . . . . . . 19,060 Acide pectique , . . ..... 1,300 (4) Les calculs sont faits pour 100 grammes de plante fraiche. Méme observa- tion pour les cendres. (2) Dans cette analyse et dans celles qui suivent, la fécule a été isolée en déchi- rant la pulpe du fruit et par des lavages à l'eau, (8) Sous ce nom nous désignons la cellulose impure qui retient encore beaucoup de fécule, : SÉANCE DU /| DÉCEMBRE 1857. 1003 Composition des cendres du fruit. Carbonate de potasse, sulfate de potasse, sous-phosphate de soude. 0,500 Silice. «soso 0,045 Phosphate de chaux, carbonate de magnésie , . .,. ........ 0,355 II. Convolvulus Batatas L. (nom tahitien Oumara.) — La Patate douce n'est pas indigène à Tahiti; les naturels en cultivent deux variétés, qui dif- ferent l'une de l'autre par les feuilles plus ou moins découpées et par la cou- leur des tubercules, rougeátre dans une variété et jaune pále dans l'autre. Les tubercules sont arrondis, allongés, du poids de 3-400 grammes. La culture de cette plante diffère peu de celle de la Pomme de terre en France. On peut faire deux récoltes par année. Ce tubercule ne se conserve que quelques mois. Les feuilles de cette plante sont mangées comme celles des Épinards, Voici la composition des tubercules, pris après Ja floraison de la plante : eso + + 706,000 Eau 40... Fécue.......-.. coo see. 7,616 + Mucilge. 0000 0 +» 0,200 Gluten. .... ose. ee. 0,150 Albumine, . ,. 4... ++ ++ 0,600 Gomme. . oo ose ee ++ 1,000 Acide pectique . , . . . . «+ ee + + + + « 0,116 Extrait sucré. . . . . ss. 1,500 Matière résineuse jaune. . . . . « + « e.. 0,133 12,345 Fibres amylacées. .. .. .. .. . .. Composition des cendres. Sulfate de soude, carbonate de soude, chlorure de sodium. . . Silice Le Sulfate de chaux, phosphate de chaux, carbonate de magnésie. 0,550 0,050 0,250 II. Fougères alimentaires. — Deux plantes de la famille des Fougères Peuvent être classées parmi les végétaux alimentaires du pays: l’une, appelée Para et qui appartient au genre Marattia, ne se trouve que sur quelques points de l'ile, et ne commence à paraître qu'à 11-1200 metres, Cette espèce est plus estimée que la suivante, nommée /Vàé ; celle-ci commence à paraitre vers 800 mètres, et toutes les deux atteignent une altitude d'environ 2000 mètres. Le Naé (4) a des racines tuberculeuses pesant 2-4 kilogrammes, garnies (1) M. Lépine n'a pas indiqué le nom botanique de cette Fougère. Il est m bable que c'est l’Angiopteris evecta Hoffm., dont Endlicher dit dans son Enchiri- dion (p, 49) : rhizoma a Sandwicensibus (quibus vulgo Nehai) comeditur. (Note du secrétaire de la Commission du Bulletin.) 1004 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de nombreuses fibres radicales et d'écailles charnues noires extérieurement, de forme triangulaire, blanches à l'intérieur ainsi qu'à la racine qui est marquée de points jaunes dus à des fibres ligneuses traversant la masse. Sa racine et les écailles ont une saveur fade, un peu ápre. Les naturels man- gent les racines et les écailles charnues après les avoir fait cuire. Il m'a paru intéressant de comparer la composition de cet aliment avec celle des autres plantes alimentaires, et j'en ai fait l'analyse. Composition de la racine de Naé. Eau. . e eee eo onn n n eee «+ + + 602,500 Mucilage. ...... eee. 411,200 Albumine. . ....,. . ee. + + + « + » + 0,080 Extrait brun chocolat, , . . . . . . . e.e o 1,500 Matière résineuse brune . . . . . . . . es 0,055 Tannin. see... 0,075 Fécule (obtenue par décoction) . . . . . . . 2,300 Fibres amylacées ; . . . . . . . . oso oo 22,290 Les écailles diffèrent de la racine par une quantité moindre de mucilage, l'absence de tannin et une plus grande quantité d'eau. Composition des cendres. Carbonate de soude, sulfate de soude, chlorure de sodium, chlorure de magnésium. ................. . 0,600 Silice . ses see ee o + 0,050 Phosphate de chaux, carbonate de magnésie, . . . . . . . . .« 0,450 IV. Tacca pinnatifida Forst. (nom tahitien Pia.) — Le Tacca pinnatifida, plante de la famille des Taccacées, se trouve aux îles de la Société, aux Moluques et dans la plupart des iles de la Polynésie. Il croit naturellement dans les vallées, sur les collines peu élevées, à l'ombre des arbres et des arbrisseaux. La récolte s'en fait en mars et avril. Les hampes, privées du parenchy me vert, donnent une paille trés blanche qui est employée à con- fectionner des chapeaux. La fécule qu'on retire des tubercules et qui donne un des aroow-roots du commerce est employée par les Tahitiens pour empeser le linge; ils la mangent aussi délayée dans l'eau bouillante et le lait de coco. Les tubercules du Tacca pèsent 100-200 grammes, ils sont blane jau- nátre à l'extérieur, blancs à l'intérieur, arrondis, allongés, à base aplatie, d'une saveur fade, couverts de fibres radicellaires gréles et écartées les unes des autres d'un centimétre. Du tubercule adulte partent des prolon- gements tuberculeux, d'abord minces et arrondis à leur extrémité, qui grossit et constitue plus tard un nouveau tubercule. SÉANCE DU Å DÉCEMBRE 1857. 1005 Composition des tubercules. Eau. ..,.............,.... 56,500 Fécule. .................. 29,350 Gluten .....,..,,....,.,...... 0,30 Alumine. .....,.,.,.........4. 1,100 Gomme.9. ........,....,..... 0,255 Mucilage. ................. 0,050 Extrait amer (soluble dans l'eau). . .. ,. . 2,250 Extrait amer (soluble dans l'alcool). . . . . 0,065 Matière résineuse jaune brun. . . . . ... 0,040 Fibres amylacées, .., ..,........ 10,260 Composition des cendres. Sulfate de soude, carbonate de soude, chlorure de sodium. . . 0,350 Silice . .. ses 0,060 Phosphate de chaux, carbonate de chaux, carbonate de ma- gnésie . . . eos 0,440 V. Musa (nom tahitien Féi).— Le Bananier Féi forme aux iles de la So- ciété, et particulièrement à l'ile de Tahiti, de véritables foréts; on le trouve dans le fond des vallées, dans les gorges et sur les flancs des montagnes. Il disparait vers 4000-1200 mètres. Le fruit est la principale ressource ali- Mentaire des naturels, pendant les quatre mois de l’année où les fruits de de l'Arbre à pain manquent. Les bananes se mangent euites et à deux de- grés de maturité : lorsque l'extrémité du fruit commence à jaunir, elles sont farineuses et c'est dans cet état que les Tahitiens en font la plus grande consommation ; plus tard, en mürissant, elles deviennent jaune rougeátre et sont alors trés sucrées ; une partie de la fécule s'est transformée en sucre. À volume égal, ces dernières renferment moins de substance nutritive, aussi peut-on en ingérer une plus forte quantité que des premières; on les réduit Souvent en pulpe constituant une véritable confiture. La matière colorante jaune que renferment ces fruits passe instantanément dans l'urine de ceux Qui en mangent et la colore en jaune foncé. Les tiges de ce Bananier contiennent en abondance un suc violet vif, qui au Contact de l'air se colore en rouge vineux. Ce suc est très astringent; les acides en avivent la couleur; les alcalis la font passer au vert, et les sels de fer au noir bleu. On pourrait l'utiliser dans la médecine et dans les arts. On sait aussi que l'on peut extraire des feuilles des Bananiers une matière textile : il serait donc à désirer que l'on püût exploiter dans ce but les pré- cieuses ressources qu'offre l'ile de Tahiti. Les Tahitiens distinguent quinze variétés du Bananier Féi; je n'ai pu en Vérifier que trois. 1. Afara. Fruit court, triangulaire, trois arétes, surface lisse. 1006 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2. Onourourou. Fruit court, trés gros, élargi au sommet, triangulaire, à 3-4 arêtes; couleur vert-brun ; pulpe trés mucilagineuse. 3. Aiori. Fruit long, quadrangulaire, à 4-5 arétes; surface crevassée. h. Aofa. — 5. Tatia. — 6. Pooutia, — 7. Oréa. — 8. Erouréva. — 9. Aaia. — 10. Piipiia. — 44. Etoo. — 12. Toréa. — 43. Nénou. — Ah. Tairi, — 15. Ehaa, Composition du fruit, variété Aïori. Pris avant la maturité, Pris à la maturité. Eau. eee... . 64,750 | Eau... ..., .. ..... 09,500 Fécule . «eee. «+. 45,750 | Fécule. ..,....... .. 6,500 Gluten... ......... 0,075 | Mucilage. . . . . . . , . . e 1,240 Mudlage. . . . . . . e.o. 0,075 | Acide pectique. . . . . . . + 2,800 Alumine .......... 0,067 | Albumine ,.......... 0,250 Gomme ........... 0025 | Gomme ..... eO. 0,450 Extrait sucré... . ..... 0,756 | Extrait sucré. ........ 9,042 Matière colorante jaune. . . . 0,887 | Matière colorante jaune, . . . 0,387 Résine molle, jaune . . . . .. - 0,112 | Résine molle, jaune. . . . . . 0,180 Fibres amylacées. . . . . . . 16,009 | Fibres amylacées. . . . . . . 15,551 Sucre de raisin . ©. . . . » . 4,100 Composition des cendres. Carbonate de potasse, sulfate de potasse, chlorure de sodium, sous- phosphate de soude . .....,................. 0,600 Silice. . . . . . . L 1 . . . * LJ . . . . € . . . . . . . . . . . LJ . . 0,020 Phosphate de chaux, sulfate de chaux, carbonate de magnésie . . . 0,330 (La fin à la prochaine séance.) M. Eugène Fournier fait à la Société la communication suivante : Notre honorable confrère, M. J. Buffet, vient de rapporter de Saint- Martin-de-Ré (Charente-Inférieure) divers échantillons de feuilles mon- strueuses, que je mets sous les yeux de la Société, et que je vais décrire en peu de mots. 1° Des feuilles recueillies sur un Jasmin officinal cultivé offrent toutes les transitions entre l'état normal, oü elles présentent 6 folioles pinnées avec impaire, et une soudure compléte de toutes ces folioles. Il existe alors un limbe unique, lancéolé, de 12 centimètres de longueur. 2» Sur un rameau de Seringat, on remarque, à une certaine bauteur, au lieu d'une paire de feuilles opposées, un lirnbe unique, situé d'un seul cóté de la tige, et trifide; il est sessile, et présente trois nervures principales, partant de l'insertion, qui embrasse la moitié de la circonférence du rameau. Le nœud immédiatement supérieur porte une feuille diamétra- lement opposée à la feuille trifide du nœud inférieur, et en outre, à un SÉANCE DU A DÉCEMBRE 1857. 1007 quart de circonférence, une autre feuille bifide, dont les deux nervures principales partent de l'insertion. Le rameau se termine là, par un bourgeon. 3° Deux feuilles de Marronnier d'Inde, au lieu d’être palmées, sont pinna- tifides, à lobes un peu confluents à la base. M. T. Puel, vice-président, fait à la Société la communication suivante : J'ai l'honneur de placer sous les yeux de la Société quelques échantillons de Primula longiflora Jacq., récoltés en juin 1857 par un de mes amis, M. E. de Valon (1), à la Grangeasse, commune de Saint-Véran, canton d'Aiguilles, arrondissement de Briancon (Hautes-Alpes). Cette plante, trouvée pour la première fois sur le territoire francais par M. Clarion et publiée par Loiseleur dans ses Nouvelles notes sur les plantes de Frante (Ann. Soc. Linn. Par. 1827, t. VI, p. 401, extr. p. 9), n'avait pas été retrouvée dans ces derniers temps et avait été exclue de Ja Flore de France par MM. Grenier et Godron. C'est donc une espèce rare à resti- tuer à la flore francaise, et j'ai pensé qu'à ce titre ma communication serait de nature à intéresser la Société. , M. Cosson fait à la Société la communication suivante : DE L'EMPLOI DE L'ALCOOL POUR FACILITER LA DISSECTION ET L'ÉTUDE DES PLANTES RAMOLLIES PAR L'EAU BOUILLANTE , par M. E. COSSON. Le procédé le plus habituellement employé par les botanistes, pour rendre aux parties florales des échantillons d'herbier leur forme et leur volume primitifs, consiste à les faire macérer dans l'eau froide ou chaude, cette macération étant généralement suffisante pour en permettre la dissec- tion et l'étude sur un porte-objet plan. Dans un grand nombre de cas ce- pendant, ce procédé est insuffisant, surtout pour les fleurs gamopétales d'un certain volume ou pour les corolles de consistance délicate. Pour ces fleurs, Une coction de quelques minutes dans l'eau bouillante isole plus compléte- (4) Note ajoutée par M. Puel pendant l'impression. — Aprés avoir recu l'envoi de M. de Valon, je m'empressai d'adresser un échantillon de Primula longiflora à M. Grenier; je me fais un devoir de consigner ici sa réponse, datée du 13 dé- cembre 1857 : * Votre Primula n'a pas eu pour moi le charme de la nouveauté, car je le pos- sède depuis 1854, de ladite montagne de Saint-Véran, où il avait été récolté par M. Roux, employé des contributions directes. De plus, M. Roux ne revendiquait Pas la découverte comme sienne, car, dans la lettre d'envoi, il me disait qu'il devait la connaissance de la localité de cette plante à un douanier dont il ne me donnait pas le nom. » 1008 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment les parties, en raison de la vapeur d'eau qui les distend et les rétablit dans leur véritable rapport. Afin de rendre aux parties florales la consis- tance qu'elles ont perdue par l'ébullition, il est souvent avantageux, aprés les avoir retirées de l'eau, de les laisser plongées pendant quelques instants dans une capsule remplie d'alcool concentré. Cette immersion dans l'alcool amène le raffermissement des tissus et a l'avantage de substituer à l'eau un liquide plus fluide et où se produit moins facilement l'interposition des bulles d'air. Quand la consistance de la fleur est suffisante, on peut la re- tirer de l'alcool, laisser évaporer les liquides dont la préparation est pé- nétrée et en faire alors facilement la dissection. Pour les fleurs d'un tissu plus délicat, la dissection peut au contraire être exécutée avantageusement dans l’alcool méme, contenu dans la cuvette à fond plan formée par un anneau de verre collé à la surface du porte-objet. Les pièces ainsi préparées peuvent étre conservées pendant longtemps, soit en recouvrant la cuvette d'un obturateur, soit en les placant dans des flacons remplis d'alcool. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 4 décembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniere séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Lerourneux (Tacite), à Fontenay-le-Comte (Vendée), présenté par MM. T. Puel et A. Jamain. M. le Président annonce en outre sept nouvelles présentations. Lecture est donnée de lettres de MM. Moris, Lahache, Augé de Lassus, Éd. Morren, de Boucheman, Oudinet, Ch. Royer et Triana, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société: 4° Par M. Arthur Gris : Recherches microscopiques sur la chlorophylle (thèse pour le doctorat és sciences). 9» Par M. J. Groenland : Revue horticole, 1857, deux numéros. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1009 9^ De la part de M. F.-W. Schultz, de Wissembourg : Beitræge zur Flora der Pfalz. A^ Catalogue de la bibliothèque de feu M. Achille Richard. 9* En échange du Bulletin de la Société : Pharmaceutical journal and transactions, vol. XVI, n° 1-12; vol XVII, n” 4-5. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéro de novembre 1857. L'Institut, décembre 1857, deux numéros. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : VINGT-QUATRIÈME NOTICE SUR LES PLANTES CRYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES EN FRANCE, par M. DESMAZIÈRES (fn !). QUE PYRENOMYCETES. 38. SPHÆRIA? CINEREO-NEBULOSA, Desmaz. Pl. crypt. de Fr. sér. 2, n° 370! Sph. graminicola, nebulosa, linearis, tecta, suberumpens. Peritheciis microscopicis numerosissimis, biserialibus, confertissimis subconnatis, glo- bosis, nigris, intus albis, stromati brunneo subimmersis, — Hab. in foliis exsiccatis Phalaris arundinaceæ Hieme et vere. Ce Pyrénomycete est rapporté avec doute au genre Sphæria, parce que nous n'avons pu y trouver la fructification assez développée pour constater exclusivement le genre auquel il appartient. En le publiant aujourd'hui, nous avons seulement pour but de fixer sur lui l'attention des micrographes qui pourraient étre plus heureux que nous dans leurs observations. Il est sans contredit l'une des plus petites espèces que nous connaissions, puisque ses périthéciums n'ont pas plus de 0"",05 à 0,075 de grosseur. Son sup- port est le Phalaris arundinacea, L. Il s'y trouve sur les deux faces des feuilles, surtout sur la face supérieure. Par sa petitesse et sa disposition, il a quelque rapport avec l Hendersonia Phragmitis, Desmaz. sér. 2, n° 70! 39. Sen nra DEVEXA, Desmaz. Pl. crypt. de Fr. sér. 2, n? 367! ie e Peritheciis minutis gregariis vel sparsis, nigris, Sph. caulieola, tecta. greg subhemisphæricis, inclinatis, intus griseis. Ostiolis obliquis, conico- (4) Voyez plus haut, p. 797, 858, 911 et 994. T. V. 6^ 1010 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. elongatis, obtusis, subnitidis, epidermidem perforantibus. Aseis subfusi- formi-clavatis. Sporidiis oetonis, oblongis, rectis, utrinque obtusis. Spo- rulis 4, globosis, opacis.— Hab. in caulibus exsiecatis Polygonorum. Hieme et vere. Cette espèce se développe sur les Polygonum Persicaria et aviculare ; elle fait prendre aux places du support, surtout près des nœuds, une teinte blanchâtre; ses groupes sont ambiants ou d'un seul côté, et s'étendent parfois d'un nœud à l'autre. Les périthéciums sont toujours recouverts par l'épiderme, que peree seulement un gros ostiole un peu conique, mais obtus, dont la longueur égale la moitié ou le tiers du diamètre des périthé- ciums, qui est environ d'un quart de millimètre. Ceux-ci s'enlévent le plus souvent avec l'épiderme, et c'est alors que l'on voit bien distinctement qu'ils sont inclinés, c'est-à-dire couchés sur le côté, comme dans notre Sphæria inclinata et le Spheria cryptoderis, Lév. , avec lesquels le Spheria devexa a quelques rapports. Les thèques ont 0"®,04 à 0""05 de longueur, et les sporidies à peine 0,01, sur une épaisseur quatre fois moins consi- dérable. Ce petit Pyrénomycète, assez curieux par la position de ses péri- théciums et de ses ostioles, a été trouvé par M. Roberge, dans un pré humide, prés du canal de Caen. AU. SPHÆRIA PALUSTRIS, Fr. in litt. ad clar. Moug. — Duby, Bot. gall. 2, p. 710 (1830). — Desmaz. Pl. crypt. de Fr. sér. 2, n° 365! — non Berk. et Br. Not. of Brit. fung. (1852), n° 654. Nous croyóns devoir ajouter ici quelques mots à la description du Bota- nicon gallicum pour la rendre plus complète. Cette Sphérie vient égalementsur le pétiole et sur les deux faces des feuilles seches (surtout sur la supérieure) du Caltha palustris, et se montre principalement sur les parties qui ont blanehi. Ses périthéeiums sont noirs, épars, nombreux, nichés dans la substance du parenchyme; ils ont pour grosseur 1/5 à 4/4 de millimètre sur le disque, où ils sont globuleux, tandis que sur le pétiole, où ils sont plus ou moins oblongs, leur diamètre atteint jusqu'à 4/4 à 1/3 de milli- mètre. À l'état humide et vus en regard de la lumière, on les dirait entourés de fibrilles en rosette, ce qui, à l'état sec, les fait paraitre au milieu d'une tache noire dont M. Duby a fait mention. L'ostiole est gros, court et obtus, le nueléus est blanchâtre. Tout ce que nous pouvons dire de la fructification de cette espèce se borne à affirmer qu'elie est pourvue de théques, qu'elle appartient done bien au genre Sphæriu, mais que ces theques étant peu developpées dans nos échantillons, il ne nous a pas été possible d'en connaitre Jes sporidies. Quoique cette espèce soit assez commune, on ne la trouve décrite que dans le Botanicon gallicum. Il ne faut pas la confondre avec le Splueria petustris des auteurs anglais, qui devra recevoir un autre nom spécifique, SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1011 le privilege de l'antériorité étant acquis à la plante qui vient de uous occuper. h1. SPHÆRIA CALOSTROMA, Desmaz. JL. crypt. de Fr. sér. 2, n° 368! Spb. subieulo fibrilloso, tenerrimo, radiato, ambitu elegautissimo, dein in pelliculam nigram contexto. Peritheciis superficialibus, gregariis, minutis, mollibus, subovoideis dein concavis, atris, rugulosis, astomis, setis brevibus validis rigidis nigris tectis. Ascis ignotis. Sporidiis cylindricis, obtusis, curvulis, brunneis, semiopacis, quadriseptatis. — Hab. in ramulis Rubi fruticosi. Vere. Cette espèce, de moitié plus petite que le Sphæria tristis, se rapproche du Spheria pheostroma (Mont. Fl. d'Alg.), dont elle diffère principalement par les sporidies et les gros cils ou pointes qui se trouvent sur le périthé- cium. M. Roberge, de qui nous tenons les échantillons qui sont publiés dans nos Plantes cryptogames de France, l'a d'abord remarquée à la face supérieure des feuilles mourantes du Rubus fruticosus, mais elle y était naissante seulement ou incomplete, et réduite à la seule rosette que forme son subieulum. Il la prenait alors pour un Asteroma. Il l'observa ensuite sur les branches vivantes, oü elle persiste aprés qu'elles sont mortes et desséchées. Les fibrilles du subiculum rayonnent d'un centre commun et paraissent, à l'œil nu, comme des taches d'abord d'un brun pâle, puis de plus en plus noires. Ces taches ou rosettes ne font voir leur élégante struc- ture que daus le premier áge et quand elles sont encore stériles. Les fibrilles portent alors trés distinetement des divisions opposées qui diminuent de longueur de la base au sommet. Ces fibrilles et leurs divisions sont garnies d'appendiees courts, en cône renversé, comme une miniature charmante du Chondria ovalis, auquel notre correspondant les compare. En s’entrecroi- sant au centre, toutes ces ramifications finissent par former une pellicule noire et fragile qui se disperse en petites écailles. Le diamétre ordinaire des rosettes est de 2 à 3 millimetres; dans leur parfait développement elles portent à leur centre un groupe de périthéciums superficiels, trés petits d'abord, puis acquérant un diamètre de 1/5 à 1/3 de millimètre. Ils sont d'un noir intense, chagrinés, mous lorsqu'ils sont humides, un peu affaissés au centre par la dessiccation, et hérissés de gros cils figurant des pointes courtes, qui, vues au microscope, sont obtuses, brunes et de Omm 075 à 0™m 4 de longueur. Nous n'avons pu rencontrer les thèques, sans doute résorbées de bonne heure, mais les sporidies se trouvaient telles que nous les avons décrites dans la diagnose. Leur longueur est de 0". 05, sur 07,015 d'épaisseur. A la méme époque de l'année, les branches de Ronees vivantes présentent le Septoria ramealis, Rob., qui occasionne probablement les taches violacées que l'on remarque quelquefois sous les groupes de notre Sphérie ou aux environs. 1012 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RECHERCHES SUR QUELQUES PLANTES ALIMENTAIRES DE TAHITI (lles de la Société), par M. Jules LÉPINE (suite et fin !). VI. Dracontium polyphyllum L. (nom tahitien Zevé). — Cette plante appartient à la famille des Aroidées, tribu des Orontiées; elle parait exister dans la plupart des iles de l'Océanie, on la trouve aussi dans l'Inde. Aux iles de la Société, elle fleurit rarement et vient naturellement dans les vallées, les gorges des montagnes, où elle ne dépasse guere 200 mètres en altitude. Ses tubercules ne sort utilisés par les naturels que lorsqu'il y a disette et apres les avoir fait bouillir pour les priver d'un prineipe ácre et vésicant. Le tubercule central du Dracontiun pèse L-500 grammes ; il est aplati transversalement, arrondi, d'une épaisseur de 10 centimètres sur 15 de largeur; couvert de fibres radicellaires nombreuses, courtes; surface noire, l'intérieur jaune påle; suc laiteux jaune pâle. Sur les côtés du tubereule principal, il se développe de plus petits tubereules pesant 15-20 grammes, allongés, noirs, à surface irrégulière. Tous ces tubercules ont une saveur fade d'abord, mais qui après quelques secondes se décèle sur la langue par une cuisson très fortes la pulpe délayée dans l'eau, en contact avec les mains pendant quelques minutes, détermine une vésication générale de Ja partie touchée, l'épiderme est détaché et l'on éprouve pendant plusieurs jours, sur toutes les parties qui ont été en contact avec la pulpe du Dra- contium, une sensation analogue à celle que feraient éprouver des piqüres d'épingle répétées sans interruption. Dans l'analyse de cette plante, nous avons isolé une huile volatile brune, qui se volatilise à la température de l'air ambiant (31 degrés centigrades). Cette huile est trés âcre : en contact avec la peau, elle détermine un picote- ment non interrompu et produit la vésication en quelques minutes. Cette huile parait exister dans toutes les espèces de la famille des Aroidées, c'est elle qui constitue le principe âcre ct délétere que l'on trouve dans ces plantes, Aussi ne peuvent-elles servir à l'alimentation qu'après une assez longue ébullition dans l’eau, ou en les faisant cuire dans un four ou sous la cendre chaude; l'huile est alors volatilisée et presque toutes les Aroidées peuvent ainsi étre utilisées pour l'alimentation. Composition des tubercules du Dracontium polyphyllum. Eau ............,....... 66,250 Huile volatile, vésicante . . .,.,.,,.. quantité non doséc. Fécule. . .....,.. e... 414,020 Huile grasse, jaune citron , .,, ..... — 0,040 Alumine. . ..,,.,,,,,,,,,.,. 0,1420 (4) Voy. plus haut p. 1001. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1013 Gomme. ....,...,.,.....,..,.,. 0,024 Extrait acide, brun rouge. . . . ...... 1,940 Fibres amylacées, . ............ 16,706 Résine brune, ............... 0,300 Composition des cendres. Carbonate de soude, sulfate de soude, chlorure de sodium. . . — 1,100 Silice . ....... eee see 0,600 Phosphate de chaux, sulfate de chaux, carbonate de magnésie. — 1,150 VIT. Arum macrorrhizon L.? (nom tahitien Hapé). — Cette plante, qui est cultivée près des habitations par les Tahitiens, vient à Tahiti, sur le bord des ruisseaux, dans les gorges des montagnes ; son altitude ne dépasse pas 6-700. mètres. On la trouve dans tous les grands archipels des mers du Sud et aussi dans l'Inde. La tige de cet Arum a souvent un mètre de hauteur, l'intérieur est blane, la pulpe a une saveur âcre, caustique; sue propre laiteux. Composition de la tige. Eau... . e.c. eee o nn. 64,000 Fécule...... 4... ccce ecce. 24,400 Mucilgge. ........ 2... 0,770 Albumine, .,..,............. 0,090 Gomme. .................. 0,090 Acide pectique . . . . . .. . . . . . . « « 0,900 Extrait SUCrÉ. ..... 0 + 1,410 Matière résineuse jaune. . . . . . . . . . « 0,090 Fibres amylacées, . . . . . . . . . , . . . 9,220 Huile volatile âcre . . . . . . . . . . . . . quantité indéterm. Composition des cendres. Carbonate de soude, sulfate de soude, chlorure de sodium. . . — 0,300 Silice . ee i£ ££ittet'it£itti£!l£:/£f 0,060 Phosphate de chaux, sulfate de chaux, carbonate de magnésie. 0,640 VII. Arum esculentum I. (nom tahitien Taro). — L'Arum esculentum est eultivé à Tahiti, dans des terrains que l'on peut inonder à volonté, et cette plante est presque constamment dans l'eau. On en cultive plusieurs variétés, Les feuilles ont une saveur acide et sont utilisées comme aliment, mais c'est principalement la racine tubérifere qui sert à l'alimentation. Sur le bord des ruisseaux et dans les gorges des montagnes, on trouve plusieurs espèces d'Arum dont les racines renferment l'huile vésicante dont nous avons parlé plus haut. Dans l'espèce cultivée, le principe âcre a presque disparu par la culture. Les feuilles des espèces sauvages se mangent aussi cuites, sous le nom de pota, et les racines sont également utilisées pour l'alimentation. On a proposé de naturaliser le Taro eu France; je crois cette culture possible, la plante se trouvant déjà à l'état sauvage ou naturalisée 1014 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. daus plusieurs pays dont les elimats sont trés différents. D'ailleurs la natu- ralisation des végétaux aquatiques est beaucoup plus facile que celle des plantes terrestres, La racine tubérifère du Taro pèse 1-2 kilogrammes, elle est noire exté- rieurement, blanche à l'intérieur; sue propre laiteux ; saveur fade, Composition des racines. Eal. .....,............... 71,000 Mucilage. ................. 1,650 Fécule .....,...,.......... 17,250 Gluten, ....,..........,.... 0,325 Albumine ...,.............. 0,245 Gomme. ............ . + + + 0,350 Extrait brun ................ 0,400 Résine molle, jaune. ,. .. . . . . . . . . 0,080 Fibres amylacées, . . ,.......... 8,900 Composition des cendres, Carbonate de soude, sulfate de soude, sous-phosphate de soude, chlorure de sodium. . ................... 0,850 Silice . . LJ . . . . . *. . . . . . . . LJ LI . . . . e. LJ . . L] . . 0,025 Phosphate de chaux, carbonate de magnésie . ........ 0,325 IX. Dioscorea alata L. (nom tahitien Oui.) — Cette plante est peu eultivée par les Tahitiens; elle vient naturellement dans les vallées monta- gneuses, sur les flanes des montagnes, et ne dépasse pas 5-600 metres. L'Igname cultivée donne des tubercules de 40-50 centimètres de longueur, sur 20-30 de diamètre, et qui pèsent plusieurs kilogrammes. Ce tubercule est blane à l'intérieur; on en trouve plusieurs variétés dans les montagnes; celle à tubercule rouge est appelée Réré. L'Igname croit naturellement dans plusieurs iles de l'Océanie; elle est cultivée en Asie, en Afrique et dans l'Amérique du sud. La culture de cette plante réussit sous des latitudes trés différentes entre elles, et les variétés que l'on trouve dans les montagnes de Tahiti pourraient être introduites en France et s'y naturaliser. Elles viendraient certainement dans nos marais tourbeux et ombragés. La racine tubérifere de l'Igname de Tahiti constitue un aliment sain et tres nutritif. Voici sa eomposition : Eau ................... . 28,000 Gluten. .................. 0,510 Fécule. ,................. 19,320 Mucilage . .........,........ 14,240 Albumine ................. 0,420 Gomme... 0,550 Extrait brun. ............... 0,620 Résine molle, brune, ........... 0,120 Fibres amylacées. . . ........... 49,220 SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1015 Composition des cendres. Carbonate de soude, sulfate de soude, sous-phosphate de soude, chlorure de sodium. .,..............,..... 0,550 Silice . see... 0,050 Sulfate de chaux, phosphate de chaux, carbonate de magnésie. — 0,250 Une analyse faite sur la variété montagneuse Réré, et sur une racine qui n'avait atteint que la moitié de son développement, m'a donné les ré- sultats suivants : Eau. . . . eee ee eee n rn n. 79,500 Fécule ................... 9,00 Résine. .........,......... 0,100 Mucilage. ................. 2,120 Albumine, . ................ 0,060 Gomme. ...,...,....... . . . + 0,900 Extractif brun ............... 0,540 Fibres amylacées. ............. 8,280 Composition des cendres. Sulfate de potasse, carbonate de potasse, sous-phosphate de soude, chlorure de sodium . ................ 0,500 Silice . soso + + + 0,085 Phosphate de chaux, sulfate de chaux, carbonate de magnésie. 0,315 Outre le Dioscorea alata, on trouve à Tahiti les Dioscorea pentaphylla et bulbifera. Ces deux espèces sont très communes dans les terrains om- bragés, les vallées, les flancs des montagnes, jusqu'à 6-700 mètres. Dans les années où la récolte de l'Arbreà pain est insuffisante pour nourrir la population, les Tahitieus utilisent les tubercules de ces Dioscorea pour leur nourriture, aprés toutefois les avoir fait bouillir; i'ébullition dans l'eau leur enléve un principe tres amer et les rend propres à l'alimentation. X. Dioscorea pentaphylla L. (nom tahitien Paaouara.) — Les tu- bercules de cette espèce sont ovoïdes, allongés, piriformes, pesant 3-400 grammes. Surface irrégulière, brune, couverte de fibres radicellaires courtes et serrées, entourées d'un bourrelet à la base. L'intérieur est blanc jaunátre, marbré de rouge; sue laiteux, jaunissant à l'air; saveur fade, un peu amére. Composition des tubercules. Eau. ose es n n sn n s. 80,000 Féculegrise... rr... 9,750 Matière colorante, jaune . . . . . . . . . . — 0,100 Matière résineuse, brune. . . . . . . . . . 0,400 Mucilage. . . . 5... ...... ... 2,300 Albumine. s.. es sesos sooo.. + 0,200 Gomme, eue oo 0,225 1016 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Extrait amer, jaune brun... e* 4,050 Fibres amylacées. s. . . e. 9,975 Composition des cendres. Carbonate de soude, sulfate de soude, chlorure de sodium. . . 0,500 Silice. . ses + + 0,055 Phosphate de chaux, carbonate dechaux, carbonate de magnésie. 0,745 XI. Dioscorea bulbifera L. (nom tahitien Hoë.) — Cette plante, comme les deux espèces dont nous venons de parler, porte, outre les tubercules souterrains, des tübercules qui naissent sur la tige, à l'aisselle des feuilles. Les tubercules souterrains pèsent 2-300 grammes et sont de forme irrégulière, aplatis à la base; l'extérieur est brun, l'intérieur jaune pâle. Ils sont couverts de bourrelets d’où partent des fibres radicellaires longues d'un décimètre ; suc laiteux, jaunissant à l'air; saveur amère. Les tubercules aériens pèsent 100-200 grammes et sont de forme irré- guliere, aplatis dans le sens horizontal, coneaves inférieurement, convexes supérieurement ; surface grise noirâtre; l'intérieur blanc verdátre, quelque- fois marbré de rouge ; suc laiteux jaunissant à l'air ; saveur fortement amère. Composition des tubercules souterrains. Composition des tubercules aériens. Eau. ............. 76,000 | Eau... cese . o 78,000 Fécule, couleur chamois. . . . 7,100 | Fécule colorée, . . . . . . . . 2,800 Résine molle, jaune verdàtre. . 0,200 | Mucilage . ... .... 2,700 Résine jaune foncé. . . . . . . 0,105 | Albumine. . ... ...... 0,250 Résine brun marron. . . . . . 0,030 | Gomme............ 0475 Mucilge. . . . . . . . . . . . 1,100 | Extrait amer, brun rouge. . . 1,850 Gluten. ..,,....... ++ 0,950 | Résine molle, verte.. . . .. 0,250 Albumine . .. .. ...... 0,00 | Fibres amylacées . . . . . . . 14,975 Gomme. ........... 0,220 Extrait amer. . . . . . . ... 1,400 Matière colorante jaune orangé. 0,125 Fibres amylacées. , . . . . . . 9,970 Cendres. Cendres. Sulfate de soude, carbonate de Sulfate de soude, carbonate de soude, sous- phosphate de soude, chlorure de sodium . 0,100 soude, chlorure de sodium . 0,600 | Silice... . . ........ 0,020 Silice ............. 0,035 | Sulfate de chaux, phosphate de Phosphate de chaux, sulfate de chaux, carbonate de magné- chaux, carbonate de magné- sie eee. 0,118 sie... o s. 0,415 XII. Plusieurs des fécules que nous avons retirées des plantes tahitiennes sont susceptibles d'être utilisées comme aliment et toutes peuvent être employées dans l'industrie. Ces féeules, telles que nous les avons extraites, SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1827. 1017 ne sont pas thimiquement pures; elles présentent des caractères différen- tiels qui peuvent souvent servir à les reconnaître, comme on pourra s'en convaincre par le tableau suivant, dans lequel elles sont rangées d'apres la grosseur des grains, en commencant par les plus gros : E ——————— f COULEUR| FORME EMPOIS |FÉCULE | COLORATION |MATIÉERES EXTRAITES inéri séchée | de la fécule ' de la générale au à 500 | par la vapeur par alcool des perd à | d'iode (pro- de 100 parties fécule. | grains. | vingtiéme,| 100° | cédé Gobley). de fécule. Dioscorea alata. . .|Blanche. |Sphériques.|Consistance|129 0/0 | Violet vif. — |Huile jaune. . 4,80 du miel. Tacca pinnatifida . .| Id. Id. Épais, géla- 16 Chamois. Matière grasse, ` tincux. blanche . . 4,40 : , : . ésine b . 0,50 | Dioscorea penta- |Griscafé| Ovales. |Consistance |414 Brun noir. g ine rune x phyla. . . . .. au lait. du miel, Matière jaune . 1,00 Artocarpus incisa. .| Blanche. |Sphériques. | Peu consis-|10,50 Lilas clair. |Résine jaune . 1,80 ' tant. Bananier sauvage. .| Id. Td. Onctueux. |13 Gris violet. |Huilejaune. . 1,60 Convolvulus Batatas.| Id. Id, Consistance | 16 Lilas foncé. |Résine jaune . 2,00 du miel. Arum esculentum. .| Td. ld. Consistant, |10 Violet gris. |Huile jaune. , 4,20 gélatineux. Draeontium polyphyl- Id. Id. Consistance | 15 Lilas foncé. |Résine jaune . 2,20 lum. .... du miel. Dioscorea bulbifera ,| Nankin. | Anguleux. |Consistance|9 Violet foncé. |Résine jaune . 1,00, du miel. Arum macrorrhizon ? | Blanche. |Sphériques. | Consistant, | 43 Gristourterelle.| Huile jaune. . 1,90 onctueux. REMARQUES A L'OCCASION D'UNE COMMUNICATION DE M. LE COLONEL SERRES, CONCERNANT QUELQUES PLANTES DE L'HERBIER LAPEYROUSE, par M. D. CLOS. (Toulouse, 44 décembre 1857.) Depuis la publication, dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Toulouse, 5"* série, t. T, p. 221-307, de ma Révision comparative de l'Her- bier et de l’ Histoire abrégée des plantes des Pyrénées de Lapeyrouse, travail dont une analyse a paru dans le Bulletin de la Société, t. IV, p. ^18 et suiv., M. le colonel Serres a fait insérer dans ce dernier recueil des Notes sur quelques espèces nouvelles ou controversées de la flore de France (1). Il y est question d'un certain nombre de plantes de l'Herbier Lapeyrouse. (1) Le travail de M. Serres est postérieur au mien, car il était communiqué à la Société Botanique dans sa séance du 8 mai dernier, et le mien l'était à l'Acadé- mie des sciences de Toulouse dans sa séance du 23 avril (voy. loc. cit., p. 429); 1018 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. J'ai été heureux de voir que quelques-unes de mes déterminations concor- daient avec celles de mon honorable confrère; mais il en est aussi au sujet desquelles son sentiment s'éloigne du mien, et il m'a paru utile de revoir dans P Herbier les plantes objets de cette dissidence, et de tracer leurs ca- racteres essentiels et distinctifs, afin de dissiper tous les doutes à cet égard. 4. Saponaria bellidifolia Lap. — « M'a semblé n'être autre chose, dit M. Serres (loc. cit., t. IV, p. 435), qu'une variété à tige nue dans le bas du Valeriana globulariæfolia Ram. » J'ignore si, comme on l'a assuré à M. Serres, une main officieuse a fait disparaître cette erreur du précieux Herbier ; mais j'ai donné (Joc. cit., p. 255, ou 35 du tirage à part), les ca- ractères de l'échantillon, qui sont bien ceux du Saponaria bellidifolia Smith, 2. Cytisus heterophyllus Lap. — « Ce peut être une bonne espèce, dit M. Serres, mais elle est mal assise sur de pareils échantillons, » eonsistant, comme il l'indique, en « un ou deux brins ou bouts de rameaux sans légumes et tout à fait insuffisants. » J'ai eru devoir rapporter au C. supinus Murr. le seul échantillon trés incomplet que possède aujourd'hui l Herbier; il est réduit à un petit rameau ascendant dont l'axe velu porte des feuilles /rifo- liolées, et est terminé par un légume. Ce n'est évidemment pas la plante que Lapeyrouse et M. Serres ont eue en vue, car le premier dit que c'est un arbuste glabre, et l'un et l'autre lui donnent des feuilles simples. 3. Ononis senescens Lap. — « C'est sans aucun doute, dit M. Serres (loc. cit., p. 435), l'O. antiquorum L.'» J'ai eru au contraire, et crois encore aprés un nouvel examen, devoir rapporter l'échantillon fort incomplet (réduit à deux sommités de tiges florales et sans fruit), à l'O. procurrens Wallr. Les caractères assignés par Linné (Spec. Plant.) à l'O. antiquorum : ramis lœviusculis spinosis... pedunculis solitariis bractea duplo longioribus, ne conviennent nullement à l'échantillon, qui a ses rameaux pubescents sans épines (Lapeyrouse dit la plante jeune inerme) et des pédoncules de la longueur d'un millimètre. Un seul des caractères assignés par MM. Gre- nier et Godron à l'O. antiquorum L. plaiderait, s'il a de la valeur, en fa- veur de la détermination de M. Serres, c'est que la pointe de la caréne atteint l'extrémité échanerée de l'étendard. h. Trifolium clypeatum L. — M. Serres (loc. cit., p. 436) croit, contrai- rement à MM. Grenier et Godron, que l'espèce ainsi désignée dans l’ Her- bier est bien celle de Linné. Ses stipules trés étroites et longuement subu- lées, ses divisions calicinales linéaires, témoignent, si je ne m'abuse, qu'à le travail de M. Serres n'a paru dans le Bulletin que le 25 octobre, et ma Révi- $ion a paru le 41 juillet. Ces dates me paraissent justifier l'opportunité de ces remarques. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1019 l'exemple de M. Bubani, j'ai rapporté à bon droit cette plante au 7. mari- timum Huds. 9. Seriola ertnensis Lap. — M. Serres prétend (loc. cit., p. ^37) avoir constaté dans l'/erbier ia présence d'échantillons appartenant à cette espèce. On n'y trouve aujourd'hui sous ce nom qu'un seul pied d` Xy- pochæris glabra L. et non d'A. radicata L., comme nous l'avons fait im- primer (/évis., p. 288 et tirage à part p. 68), par suite d'un lapsus calami (4). 6. Le Carex spherica Lap. est rapporté par M. Serres (loc. cit., p. ^39) au C. frigida All. Mais, comme nous l'avions reconnu M. Loret et moi, l' Herbier offre sous le nom de C. spherica Lap. deux pieds de C. polyrrhiza Wallr. (souche cespiteuse ; nombreuses feuilles étroites, dressées, égalant la tige florale gréle et terminée par trois épis trés rapprochés; bractées non engainantes; ntricules velus, etc.), et un sommet de tige de C. frigida Al. (bractées engainantes; utricules glabres insensiblement atténués en bec, etc. ). 1. Le Carex secalina Wahlenb. a été pris par M. Serres pour le C. hirta L., mais il doit étre rapporté, comme en témoignent les caracteres indiqués dans notre Aévision (p. 298 ou 78), au C. riparia Curt. Je me bornerai à ajouter que la plante a les gaines, les feuilles, les utricules glabres, Je saisirai cette occasion pour signaler quelques rectifications que nécessite mon travail. J'ai rapporté (Rév., p. 260 ou 40) les deux échantillons qui sont dans l’Æerbier sous le nom de Sempervivum montanum L., l'un au S. ar- vernense Lecoq et Lamt., l'autre au S. Pomelii Lamt. A la suite d'observa- tions récentes faites dans les Pyrénées par M. Loret sur les mémes plantes à l'état vivant, ce botaniste a reconnu que le premier était le S. Bouti- gnianum Bill. Gren. , et le second un hybride qui, dans la nomenclature de Sehiede, devra porter le nom de Zoutigniano-arachnoideum L. J'ai omis aussi d'indiquer que, sous le nom de Sempervivum montanum L., on trouve un mélange, dans l Herbier, de S. montanum L. et de S. arachnoideum L. . Enfin j'ai dit à tort (/oc. cit., p. 258 ou 40) que M. Bubani rapportait le Sedum sphericum Lap. au S. dasyphyllum L. Ce botaniste reconnait la première de ces plantes, qui est le S. brevifolium DC., pour une espèce distincte. (1) M. Bubani qui, depuis la publication de notre travail, a consulté l'Herbier Lapeyrouse, nous a signalé cette absence de concordance entre notre détermina- tion, dont l'exactitude était constatée par une étiquette de notre main portant Hypochæris glabra L., et le nom d'Hypocheris radicata L. inscrit dans notre Révision à la suite des mots Seriola ctnensis L. 1020 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. de Schœnefeld, secrétaire de la Commission du Bulletin, affirme que la communication de M. le colonel Serres, dont l'original est encore entre ses mains, porte la date du 15 avril 1857. M. Baillon fait à la Société la communication suivante : ORGANOGÉNIE DES GRAINES CHARNUES DE L'HYMENOCALLIS SPECIOSA , par M. H. BAILLON. Il y a longtemps qu'Ach. Richard a montré que les prétendus bulbilles qui se développent dans l'intérieur des fruits de quelques Crinum sont de véritables graines (Ann. sc. nat., 4824, p. 12). Mais, comme il n'a pu, dit-il, « observer ces organes en place, » il ne s'est pas occupé de leur mode de développement. C'est ce que j'ai eu l'occasion de faire sur l'Hymenocallis speciosa, qui fleurit abondamment au Muséum. Comme la présence de ces bulbilles est un fait constant, j'ai pu suivre leur organogénie à partir de l'époque de leur apparition. L'ovaire est formé d'un axe et de trois feuilles carpellaires qui se mon- trent simultanément au-dessus des folioles extérieures du périanthe. En fer- mant la cavité ovarienne, chacune d'elles constitue par ses bords une fente allongée tournée du côté de l'axe. C'est à la base de cette fente qu'on voit à droite et à gauche apparaitre les premiers vestiges des ovules. Ceux-ci consistent d'abord en un mamelon celluleux conique qui se porte en haut et un peu en dehors ; puis, au pourtour de la base, on voit naitre suecessi- vement les deux enveloppes ovulaires, la secondine et la primine. À me- sure qu'elles s'élèvent autour du nucelle, l'ovule exécute son mouvement anatropique. Son mieropyle se porte en dehors, puis en bas, et bientót on à un ovule complétement anatrope, à raphé saillant logé dans l'angle interne de la loge. Les deux ovules ayant suivi simultanément ce méme mouve- ment, on les trouve dressés, collatéraux, ascendants, et l'on voit en même temps à la base de chacun d'eux un nouveau mamelon celluleux se produire à la partie tout à fait inférieure de la loge. Ce mamelon, qu'on prendrait d'abord pour un ovule, ne devient qu'une sorte d'auvent qui s'avance vers la paroi extérieure de la loge et qui bientót s'applique sur le micropyle de chaque ovule, de manière à l'obturer. Cet organe a déjà été observé dans un grand nombre de plantes dicotylédones ; il peut donc exister aussi chez les monocotylédones. Son origine étant la méme que celle du hile, il res- semble beaucoup à un arille véritable, quant à son mode de développe- ment. Seulement, il apparait avant la fécondation et c'est à lui que, dans les dicotylédones, on a donné le nom de chapeau de tissu conducteur. Chacune des enveloppes de l'ovule présente quelque chose de spécial dans la manière dont elle se comporte au niveau du micropyle. La secondine s'applique exactement sur le nucelle et bientôt elle se gonfle légèrement SEANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1021 autour de l'endostome. Au centre de ce gonflement, on observe un petit ori- fice par lequel on peut pénétrer jusqu'au sommet aigu du nucelle. La pri- mine ne ferme pas aussi rapidement son ouverture exostomique; elle forme un collier à bords épais autour de l'orifice, par lequel à ce moment le nu- celle coiffé de la secondine se prolonge un peu, de façon à faire saillie au dehors du reste de l'ovule et à aller se mettre en contact avec la face supérieure du corps celluleux qui coiffe l'ovule. Bientôt, l'exostome s'élève davantage et cache toutes les parties profondes; ses bords viennent à se toucher, ils se froncent, s'épaississent, et la graine se trouve fermée de ce côté. Pendant ce temps, il s'est passé dans son intérieur des modifications im- portantes. Dans le nucelle, creusé d'un long sae embryonaire étroit, il s'est développé un embryon celluleux qui occupe le sommet de cette cavité, puis les membranes se sont épaissies autour de ce nucelle, qui ne prend à partir de ce moment qu'un développement peu considérable. Ce sont les enveloppes qui s'épaississent dés lors beaucoup et contribuent à former la plus grande partie de la graine. Elles deviennent tout à fait charnues, maisen même temps un réseau vas- culaire considérable s'y développe. D'abord on voit des faisceaux, dont le nombre est le plus souvent de trois, suivre la longueur du raphé jusqu'à la ehalaze. Là ces faisceaux se ramifient et descendent dans les enveloppes jusqu'au mieropyle, eu conservant la méme coloration et la méme structure que dans le raphe. Si alors on fait une coupe transversale de la graine, on voit ces vaisseaux entourés d'une grande masse de tissu charnu dépendant de l'épaississement de la primine. Profondément, les enveloppes et le nu- celle se sont soudés et ont confondu leur tissu. Il s'est donc formé ici des graines à enveloppes charnues, comme ailleurs les fruits deviennent charnus dans tout ou portion de leur péricarpe. Mais cette transformation se fait, pour ainsi dire, aux dépens du péricarpe lui- méme, car plus les graines grossissent, plus celui-ci s'amincit; et bientôt, fortement pressé de dedans en dehors par les graines, il éclate, et ses débris desséchés laissent sortir les bulbilles, qui se détachent après avoir persisté quelque temps nus au sommet de l'axe de l'infloresceuce. Lors de la germination, ces eorps se comportent exactement comme des graines, et c'est de ce fait principalement que Richard avait conclu qu'ils Sont de véritables graines. Mais on peut en méme temps en donner une preuve expérimentale que voici. Sur une inflorescence encore en boutons, on pince le sommet des fleurs à la hauteur voulue, pour enlever avec le haut des sépales les anthères encore fermées. Puis on laisse la floraison s'ac- complir : la base du calice, la collerette intérieure s'épanouissent, mais la fleur est privée d'organes mâles. Ou n'a pas touché à l'ovaireinfere et, si de véritables bulbilles devaient se développer dans sa cavité, il est à croire 1092 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que leur évolution ne pourrait qu'être favorisée par cette suppression des parties supérieures. Cependant, on acquiert bientôt la preuve qu'il s'agit ici de véritables ovules, car n'étant pas fécondés, ils ne se développent pas; l'ovaire s'atrophie autour d'eux et tombe bientót jauni et desséché, tandis qu'il grossit invariablement quand on ne supprime pas l'androcée. Quel est, je ne dirai pas le but, mais le résultat de cette transformation des graines? La rapidité de leur développement. Tandis que le fruit des autres Amaryllidées met un long temps à mürir, on voit souvent, dans l'espace de moins d'un mois, les ovules de l’ Hymenocallis grossir, arriver à maturité et se détacher de la plante-mére pour entrer en germination. M. Payer rappelle qu'Achille Richard considérait la partie charnue des graines de Crinum comme un albumen. Il demande à M. Baillon s'il est du méme avis, et si cet albumen diminue ou augmente de volume pendant le développement de la graine. M. Baillon répond que le nucelle entre dans la formation de ces graines, mais, avec lui, la primine et la secondine qui prennent un développement considérable. M. Weddell demande à M. Baillon s'il a reconnu la présence de faisceaux fibro-vasculaires dans la secondine d'autres plantes. M. Baillon répond affirmativement. Le fait, dit-il, est facile à voir dans les Euphorbiacées. M. Duchartre demande à M. Baillon s'il a fait l'étude anatomique de ces faisceaux fibro-vasculaires. M. Baillon n'en a pas fait l'étude anatomique, mais il les considére comme des faisceaux fibro-vasculaires, parce que leurs lignes partent de la chalaze. | M. Guillard s'exprime en ces termes : En terminant l'exposé de la théorie générale de l'inflorescence, j'ai insisté sur la nécessité d'élever la langue à la hauteur des découvertes, et de repousser les termes vicieux qui se sont introduits subrepticement en ce sujet depuis quelques années seulement; j'ai invité les habitudinaires de ce langage im- parfait à se mettre d'accord avec la logique, ce qu'ils ne peuvent faire qu'en démontrant : ou que mes observations sont fausses, ou que le langage qu'ils veulent conserver les représente exactement et sans contradiction; enfin j'ai promis de faire voir, par un exemple remarquable et curieux, l'impos- sibilité de garder ou de communiquer des idées justes dans une langue qui ne l'est pas, avec des mots arbitrairement détournés de leur sens usuel, et mal déterminés, Cet exemple sera fourni par le dernier volume publié du SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1023 Prodromus DU. On y voit des efforts louables pour tirer de l'obscurité et , du vague où il est resté jusqu'à présent, ce caractère essentiel à la détermi- nation des plantes; mais on y voit en méme temps l'avortement de ces eftorts et de cette conception. Je crois trouver l'explication de cette impuis- sance dans une Note sur [a famille des Santalacées, qui a été distribuée ces jours-ci, par M. Alph. De Candolle, et dont je voulais vous soumettre aujourd'hui une appréciation critique. Mais forcé de partager en deux cette lecture, qui serait trop longue pour une seule séance, je demande la permission de la remettre à l'année prochaine. M. Guillard présente ensuite à la Société une tige de Chanvre et dit : Cette tige, cueillie au mois d'aoüt dernier dans une vigne au-dessus de Deuil (Seine-et-Oise), offre la doublure anormale d'une Feuille, phénomène intéressant en ce qu'il se rapporte au problème, encore bien indéterminé, de l'influence de la Feuille sur son axillaire. Elle porte, vers le milieu de sa hauteur, deux Feuilles conjointes col- latéralement, aisselant ensemble un rameau axillaire, beaucoup plus fort, trois et quatre fois plus fort que ceux qui sont au-dessus et au-dessous. Cet axillaire est apprimé et un peu fascié. Quelqu'une de ses Feuilles est doublée à peu près comme sa paire d’aisselières. Cela se passe au-dessous de la protanthèse, au-dessus du dénivèlement sur tige, et avant que l'ordre F 2/5 soit régularisé. Chacune de ces deux Feuilles est, comme à l'ordinaire, palmée à 6-7 folioles ; chacune envoie à latige 3 cohortes foliales (faiseeaux séveux-trachéens) : les 2 intermédiaires sont contiguës et unies; lés 6 cohortes embrassent les 2/3 du verticille in- terne, au lieu du tiers que les 3 cohortes d'une Feuille de Cannabis em- brassent dans l'ordre normal. Il est manifeste que la doublure de la Feuille a plus que doublé la force du rameau aisselé, L'aisselle étant comme 2, l'axillaire est comme 4. Ainsi, l'on pourrait dire (si l'on eroyait bien à la cause) que l'effet produit a crû comme le carré de la cause productrice. M. Baillon fait remarquer que ces deux feuilles n'ont que trois stipules au lieu de quatre; la stipule intermédiaire compte pour deux. M. Guillard ajoute que cette stipule est placée sur la double cohorte intermédiaire dont il a parlé, et de manière à lui envoyer ses trachées directement, comme les stipules simples font aux cohortes foliales simples. m M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : 1024 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, OBSERVATIONS SUR LA TRANSPIRATION DES PLANTES PENDANT LA NUIT ; par M. P. DUCHARTRE. Je désire appeler pendant quelques instants l'attention de la Société sur une phase de la transpiration qui me semble avoir été trop négligée par les physiologistes à qui nous devons de beaux travaux sur l'ensemble de ce grand phénomène; je veux parler de la portion de la transpiration journa- liere qui s'effectue pendant la nuit. J'ai été amené à m'en occuper par les expériences dans lesquelles je me suis proposé de reconnaitre comment les plantes se comportent vis-à-vis de la rosée qui les mouille. Mes recherches m'ayant conduit à ce résultat, en désaccord. avec les idées recues, que les feuilles n'absorbent pas l'eau de la rosée condensée à leur surface, je ne me suis pas dissimulé que la légitimité de cette conclusion pourrait étre con- testée, comme elle l'a été en effet dans l'avant-derniere séance par un de mes savants confrères, si l'on pouvait dire qu'il s'opère pendant la nuit une trauspiration assez abondante pour masquer une absorption tant soit peu notable d'humidité qui aurait eu lieu pendant le méme temps. J'ai done dü chercher à reconnaitre si les plantes transpirent pendant la nuit, et dans le cas de l'affirmative, quelle est l'intensité de leur transpiration dans les diverses circonstances où elles peuvent se trouver. Pour ces recherches, j'ai dû faire abstraction des idées admises géné- ralement dans la science et présentées dans les ouvrages relatifs à la phy- siologie végétale. Hales avait dit (Statique des végétaux, trad. de Buffon, in-4, p. 4) qu'un Helianthus annuus, dont la transpiration s'était élevée, par un jour sec et chaud, à 4 livre 14 onces, n'avait plus perdu que 3 onces par une nuit également sèche et chaude, sans rosée sensible, et il avait ajouté que la moindre rosée supprimait toute transpiration, soit pour cette plante, soit pour les autres dont il s'était occupé. Les physiolo- gistes modernes ont, pour la plupart, été plus loin que Hales, tout en le citant; c'est ainsi qu'on lit dans la Physiologie de De Candolle (I, p. 112): « Hales avait déja vu que les végétaux ne transpirent que pendant le jour ; ” dans celle de M. Treviranus (I, p. 488), que « la trauspiration diminue le soir et cesse d'ordinaire entièrement pendant la nuit (1). » Contrairement à ces énoncés, et me basant sur les observations que j'ai faites en 1857, dans un grand jardin, à Meudon, en mettant à profit, autant qu'il m'était possible, les circonstances atmosphériques diverses qui se présentaient, je crois pouvoir admettre : 4° Qu'il n'est pas exact de dire avec De Candolle que les végétaux ne transpirent que pendant le jour; 2° qu'on ne peut considérer non plus comme fondée l’assertion plus res- (1) « Abends vermindert sie sich und Nachts hært sie gemeiniglich ganz auf. » (Physiologie der Gewcchse, loc. cit.) SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1025 teinte de Hales, selon laquelle les plantes transpireraient uniquement pendant les nuits chaudes, séches, sans rosée et cesseraient de le faire aussitót qu'il y aurait sur leurs feuilles le moindre dépót de rosée; 3* qu'il s'opère généralement pendant la nuit, quelque humide qu'elle soit, une certaine transpiration; 4° mais que, déjà faible dans les circonstance”: les plus favorables, c'est-à-dire pendant les nuits chaudes, sèches ou sans rosée, elle n'améne plus qu'une fort petite déperdition lorsqu'il se dépose une légère rosée, et qu'elle devient presque nulle, peut-être méme quelque- fois nulle, quand une forte condensation d'humidité forme sur la surface des feuilles un revétement liquide complet. La transpiration nocturne étant trés faible aussitôt qu'il y a sur les feuilles une légère condensation d'humidité et devenant beaucoup moindre lorsque la rosée est plus abondante, il résulte de là, comme conséquences naturelles : 4° qu'elle ne pourrait dissimuler qu'une absorption d'autant moindre qu'il y aurait une plus grande quantité d'eau sur ces organes, ce qui deviendrait pour les plantes une faeulté superflue et, si je puis le dire, contradictoire ; 2° que, comme pendant les nuits chaudes, sèches et sans rosée, oü par conséquent il ne peut étre question de l'absorption d'une eau superficielle absente, la déperdition est assez peu considérable pour qu'une quantité d'eau équivalente, étant introduite dans les plantes, ne pro- duisit qu'un effet peu marqué sur la végétation, cet effet deviendrait, à plus forte raison, insignifiant dans les cas de forte rosée. Je ferai observer que cette marche générale de la transpiration pendant la nuit est en parfaite harmonie avee tout ce qu'on sait relativement à i'in- fluence des actions extérieures sur l'intensité de ce phénomene, de telle sorte qu'on serait conduit à la présumer par simple voie de déduction logi- que, lors méme que des preuyes expérimentales ne viendraient pas l'établir, Je ne dois pas négliger de dire que les observations dont il va étre ques- tion dans cette note ont été faites, en 1857, sur les plantes qui m'ont servi de sujets pour mes expériences sur la rosée, par conséquent sur des plantes en bonne végétation, dont le pot était enfermé dans un appareil de verre parfaitement clos, mais dont la tige feuillée flottait librement dans l'atmo- sphère. Il me reste maintenant à exposer quelques-uns des faits sur lesquels je crois pouvoir baser des énoncés généraux que j'ai donnés comme exprimant dans quelle mesure les végétaux transpirent pendant la nuit, selon les con- ditions diverses oü elles se trouvent, l. Transpiration pendant les nuits sans rosée. 4? VERONICA LINDLEY ANA Paxt. — Je rapporterai, pour cette plante, des exemples fournis par trois pieds différents. T. IV. 6» 1026 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le premier formait un petit arbuste rameux, ramassé, chargé d’un assez grand nombre de feuilles de grandeur moyenne ou méme un peu petites. Dans la nuit du 17-18 août, qui a été sèche, chaude et sans rosée (tenipér. minimum — 16°), cet arbuste, placé sous une grande vitre suspendue ho- rizontalement au-dessus de lui, a perdu 2sr,2, entre 8 heures du soir et 6 heures du lendemain matin (15395,0 à 1536*',8). Cette déperdition est la plus forte que j'aie constatée pour lui; en effet, placé de méme pendant les nuits des 26-27, 27-28 du méme mois (tempér. minimum —15°,4 et 155,2), il n'a perdu que 1**,6 et 15,8 (1622*,8 à 146245,2 pour là première nuit, 1598*,0 à 15967,2 pour la seconde). Pour donner un terme de com- paraison, je dirai que, dans la journée du 27 août, qui a été belle, calme et pendant laquelle un thermomètre à réservoir nu marquait au soleil 28 de- grés des 9 heures du matin, la même plaute a perdu 37 grammes, entre 6 heures du matin et 7 heures et demie du soir, placée en plein air de ma- niere à recevoir le soleil de 7 heures et demie du matin jusqu'à 3 heures du soir. Ainsi sa transpiration la plus forte, pendañt une nuit très chaude et sèche, n'a pas méme été 4/17 de celle qu'elle à subie pendant une belle journée d'été. Si l'on veut une comparaison entre des époques aussi rap- prochées que possible, sa transpiration pendant les deux nuits qui ont pré- cédé et suivi la journée du 27 août n'a été, pour l’une que 1/23, pour l'autre que 1/21 environ de ceile qui a eu lieu pendant cette journée. Les résultats fournis par les deux autres pieds de Veronica Lindleyana concordent Avec ceux qu'on vient de voir. Le second né portait pas moins de 49 feuilles bien développées, dont la longueur moyenne était de 6-7 cent., et dont les plus grandes étaient lon- gues de 8-9 cent. Pendant la nuit du 20-21 septembre, qui a été belle et calme, mais fraiche (tempér. minimum & 6°,5), et après laquelle éepen- dant, laissé à découvert au milieu du jardin, il n'a pas présenté de rosée visible, sa transpiration à été de 27,6, entre 8 heures du soir et 6 heures du lendemain matin (1809s°,6 à 18075*,0). Pendant la journée suivante du 21, qui a été belle, mais où le maximum observé au soleil, sur le thermo- metre à réservoir nu, n'a été que 225,5, la méme plante a perdu par trans- piration 435,8, de 9 heures du matin à 7 heures du soir. Il est évident que ce nombre se serait élevé au moins à 50 grammes, si une circonstance par- ticulière n'avait pas empêché de commencer l'observation dès 6 heures du matin. Ainsi la transpiration de la nuita été avec celle du jour suivant dans le méme rapport que pour le pied n° 4. Le troisième pied de Veronica Lindleyana avait une surface foliaire no^ tablement moindre que celle des deux premiers; il consistait en un jet simple, chargé d'une vingtaine de feuilles bien développées. Aussi, observé pendant les mêmes nuits que le n°4, mais à découvert, a-t-il donné con* stamment des chiffres plus faibles pour sa transpiration. Ces chiffres ont SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 18957. 1027 eté 12,6, 15,0, 15,4 pour ces trois nuits du 17-18 août, des 25-26, 27-28 septembre (18425',0 à 18405',4 ; 18775,0 à 48768,0; 18685,0 à 1866*',6). Quant à la transpiration diurne de cet arbuste, pendant la journée du 27 aoüt, qui m'a servi d'exemple pour le pied n° 1, elle a été de 286", 2, entre 6 beures du matin et 7 heures et demie du soir. Ainsi sa transpiration nocturne moyenne a été un peu au-dessous de 1/21 de cette transpiration diurne. Je crois qu'il serait difficile de trouver des résultats plus concordants entre eux que ceux qui ont été donnés par ces trois plantes. 2° REINE-MARGUERITE. J'ai mis en observation deux pieds de Reine-Marguerite rameux et bien feuillés, quej'avais choisis aussi semblables entre eux que possible. Le n° 1, placé sous une grande vitre suspendue horizontalement, pen- dant la nuit chaude et calme du 25-26 août (tempér. minimum — 155,7), a subi une transpiration de 3*',2 (2181*,8 à 2178*,6), maximum qui n'a jamais été atteint ensuite, à 1 gramme près au moins de différence. Pendant la méme nuit, le n* 2, ayant été laissé à découvert au milieu du jardin, et bien que n'ayant pas recu la moindre rosée, comme le premier, n'a perdu que 2«,2 (2185s",0 à 2182*,8) pendant le méme espace de temps, ou entre 7 heures du soir et 6 heures du lendemain matin. Quant au n°1, étant resté à découvert pendant la nuit suivante, 26-27 aoüt, il n'a pas montré de rosée le lendemain matin ; et cependant il n'avait transpiré que 15,6 (21385,4 à 2136*',8). Les résultats ont été ou identiques ou presque identiques pen- dant quelques autres nuits sans rosée du mois de septembre, pendant lesquelles la plante a été laissée également à découvert au milieu du jardin. Je citerai notamment celles du 18-19 (tempér. minimum = 105,5) et du 21-22 (tempér. minimum — 9,0), pendant lesquelles sa transpiration a été de 17,8 et 48,6 (22155,8 à 221h6",0 ; 2221*,4 à 2219*,8). Pour le n° 2, pendant les nuits sans rosée de la méme époque qu'il a passées à découvert, sa transpiration a varié de 15,8 à 25,6, terme le plus élevé que j'aie observé pour lui. Le 27 aoüt, entre 6 heures du matin et 7 heures et demie du soir, mes deux Reines-Marguerites ont été placées à découvert et ont recu le soleil pendant 7 heures et demie. Le n° 4 a perdu par transpiration 469,6, le n° 2, 478,0, résultats remarquables par leur concordance. Si nous cherchons le rapport qui existe entre les transpirations nocturnes et diurnes de ces deux plantes, nous verrons que, la moyenne de la nuit étant de 25,4 pour le n? 1, de 2*',2 pour le n° 2, le rapport dont il s'agit est, à fort peu de chose prés, 1/20 pour le premier, 1/21 pour le second. Il est curieux et instructif en méme temps de comparer la quantité d'eau que ces plantes ont transpirée pendant la nuit, dans les conditions les plus favorables à cette déperdition, avec le poids de celle qui a pu se condenser 1028 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur elles en rosée dans des circonstances opposées et fort défavorables à cette méme transpiration. Or, du 14 au 18 septembre 1857, la couche de rosce que j'ai trouvée, le matin, sur mes deux Reines-Marguerites s'esl élevée jusqu'au maximum de 7 grammes pour le n° 1, de 67,8 pour le ne 2. Le simple rapprochement de ces chiffres me semble dispenser de tout commen- taire. 3° HORTENSIA, — Pour ne pas trop prolonger cette note, je rapporterai très succinctement quelques-unes des observations que j'ai faites sur deux jeunes Hortensias qui portaient chaeun 14 feuilles, le 4 septembre, au mo- ment oü ils ont été mis en expérience, et qui avaient été choisis aussi sem- blables que possible l'un à l'autve. Le n° 1 a été placé sous une grande vitre horizontale pendant les nuits du 6-7, du 9-10. De bon matin, le lendemain, il ne présentait pas de rosée appréciable et il avait perdu 25,2 dans le premier cas (2227s",8 à 22255',6), 17,2 dans le second (22095",8 à 2208*,6). Pendant la nuit du 20-21 il a eté placé à découvert et, ne portant pas de rosée le matin, il a accusé une dé- perdition de 45,4 (21685,8 à 21675',4). Pendant cette méme nuit, le n° 2, laissé également à découvert, au milieu du jardin, a perdu 15,8 du poids qu'il avait à huit heures du soir (2132: ,4 à 21305",6), Je ne puis passer sous silence un fait remarquable observé pendant la nuit du 4-5 septembre. La pluie a été abondante et à peu près continue; l'Hortensia n° 2, placé en plein air, a été garanti par une simple vitre sus- pendue horizontalement au-dessus de lui ; cependant, au milieu de cette atmosphere chargée d'humidité, il n'a pas laissé de transpirer, et le matin, à six heures, j'ai constaté qu'il avait perdu 1?,2 (2269*,6 à 2268*',4). La faiblesse de la trauspiration de mes deux Hortensias, pendant la nuit, est d'autant plus remarquable que la déperdition pendant le jour est très considérable pour cette espèce, comme on le sait, Ainsi, par un jour cou- vert, le 12 septembre, le n? 4 a perdu 305",4 entre huit heures et demie du matin et sept heures et demie du soir; ainsi encore le 7 du méme mois, le n^ 2, étant resté exposé à un soleil presque coptinu de huit heures du matin jusqu'à une heure et demie, a perdu 445,4, par transpiration, dans cet es- pace de cinq heures et demie, tandis que Ja déperdition a été de 375,6 pour le n» 1 qui avait été placé au méme lieu, pendant le méme temps, derrière un écran formé de deux gazes superposées. Il. Transpiration pendant les nuits où il y a eu de la rosée. Les nombreuses observations de Hales, de Guettard, de Sénebier, etc. en un mot, de tous les physiologistes qui ont fait des recherches expéri- mentales sur la transpiration des plantes, ayant prouvé que ce phénomène subit à un très haut degré les influences physiques ou externes, il est facile de prévoir que la faible déperdition qu'il détermine dans les plantes pen- SÉANCE DU 138 DÉCEMBRE 1857. 1029 dant les nuits sans rosée deviendra beaucoup plus faible encore lorsque la condensation de la vapeur atmosphérique amènera sur les feuilles le dépôt d'une couche de rosée, c'est-à-dire la formation d'un revêtement liquide. Aussi Hales affirmait-il avoir reconnu, dans ses expériences justement célè- bres, que, « aussitót qu'il y avait un tant soit peu de rosée, il ne se faisait plus de transpiration » (loc. cit.). Je ne sache pas qu'un seul physiolociste ait mis en doute la justesse de cette assertion, et il est admis par tous les auteurs que la moindre formation de rosée sur les feuilles met fin à toute transpiration de leur part. Cependant, gráce aux appareils et à la méthode dont j'ai fait usage pour mes recherches, j'ai pu reconnaitre que ees idées, universellement admises, sont trop absolues et qu'en général la rosée, tout en diminuant la déperdition aqueuse d'autant plus qu'elle se dépose elle- méme en plus grande quantité, ne l'anéantit pas entierement. Voici quel- ques-uns des faits sur lesquels est basée mon opinion. Rien n'est plus facile que de prouver que les plantes transpirent pendant la nuit, bien qu'une légère rosée se dépose à leur surface. En effet, toutes les fois que cette rosée produit sur elles l'effet d'une simple buée plus ou moins prononcée, il suffit de les peser de bon matin, encore couvertes de cette faible couche d'humidité, pour trouver un poids total plus ou moins in- férieur à celui qu'elles avaient la veille à l'entrée de la nuit. Elles ont donc transpiré ; méme leur transpiration a été assez marquée pour que la dimi- nution qui en a été la conséquence ne puisse être dissimulée par le poids de l'humidité superficielle qu'elles portent lorsqu'on les met, encore humides de rosée, sur le plateau de la balance. Ce fait est assez général pour que je l'aie constaté dans tous les cas oü il y a eu peu de rosée. Je ne erois donc pas nécessaire d'en citer de nombreux exemples, et je me bornerai à en rapporter quelques-uns choisis de maniére à montrer en méme temps que la déperdition nocturne devient d'autant moindre que la rosée se condense en plus grande quantité. Le pied n° 3 de Veronica Lindleyana, dont il a été question plus haut, a transpiré, en moyenne, comme on l'a vu, 45,3 pendant les nuits sans rosée de la fin du mois d'aoüt. Le 28 du méme mois, à sept heures du soir, il pesait 1863:",0, et le lendemain matin, à cinq heures et demie, malgré la présence d'une légére buée sur ses feuilles, j'ai constaté qu'il ne pesait plus que 1862*,2. Il avait ainsi diminué de 07,8. Or, comme j'ai reconnu que cette mince couche de rosée pesait 05,4, il résulte de là que la déper- dition réelle avait été de 1*',2, c'est-à-dire égale cette fois à celle de cer- taines nuits sans rosée. Aprés la nuit du 9-10 septembre, cette plante pesce, à six heures du matin, avec une buée un peu moins légère, n'a montré qu'une diminution de 05,2 sur le poids qu'elle avait eu la veille, à huit heures du soir. Mais si l'on déduit 0*,6 pour le poids de cette faible rosée, on aura 04,8 pour la diminution totale subie pendant cette nuit. 1030 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pour la Reine-Mareguerite n° 2, la déperdition, pendant les nuits sans rosée, a été, au minimum, de 17,8; au maximum, de 25,6, ce qui donne 25,2 pour la moyenne. Après la nuit du 29-30 août, elle ne portait qu'une buée très légère ; celle-ci comprise, elle avait diminué depuis la veille de 05,8. Je crois être plutôt au-dessus qu'au-dessous de la vérité en évaluant par comparaison à 05',4 le poids de cette faible quantité d'humidité que je n'ai pas apprécié directement ; cette quantité déduite, on aurait 15,2 pour ex- pression de la diminution réelle. La buée que portait ce sujet aprés la nuit du 28-29 aoüt était assez prononcée, certainement plus forte que dans le eas précédent. Lorsque je l'ai pesé, le 29, à cinq heures et demie du matin, avec cette humidité superficielle, je n'ai constaté en lui qu'une diminution de 05,2 sur le poids de la veille (21419,8 à 2141*,6). J'ai reconnu que la rosée qu'il portait pesait 05,6, d'où sa déperdition totale avait été de 055,8. — Le 4% septembre, vers sept heures et demie du soir, cette Reine-Mar- guerite a pesé 2146*,8. Le lendemain, à six heures du matin, elle portait une rosée assez forte pour la couvrir d'une couche d'eau bien visible; delà, mise ainsi mouillée sur la balance, elle a montré un poids total de 21478",h; mais, cette eau déduite, le poids réel est descendu à 2146*',4, accusant une déperdition réelle de 05,4. Enfin le dernier terme de cette série est formé par les cas dans lesquels la rosée a été trés abondante. Dans ces circon- stances, lorsque j'ai pesé la plante, le matin, fortement mouillée de rosée, jai trouvé, relativement au poids qu'elle avait la veille à l'entrée de la nuit, une augmentation apparente qui a disparu dés que j'ai enlevé l'eau superficielle, de telle sorte qu'il est resté ensuite un poids réel inférieur à celui de la veille d'une tres faible fraction de gramme, plus rarement égal à celui-ci, au moins d’après les appréciations de ma balance dont la sensi- bilité ne dépassait pas 1/5 de gramme. Je ne crois pas avoir besoin d'insister sur ee dernier point, dont je me suis occupé en détail dans mon mémoire sur les rapports des plantes avec la rosée. Des faits analogues à ceux que je viens de rapporter m'ont (té offerts avec une concordance remarquable par les diverses plantes que j'ai prises pour sujets de mes observations. Je crois done pouvoir regarder comme suffisam- ment justifiés les principes que j'ai formulés dans cette note, notamment la persistance de la transpiration malgré le dépót de la rosée sur les feuilles et sa diminution d'autant plus considérable que celle-ci se dépose en plus grande quantité. Quant à la suppression totale de la transpiration dans des cas de trés forte rosée, sans vouloir la contester de manière absolue, je serais porté à ne pas l'admettre : 4° parce que, dans la plupart de ces circonstances, j'ai constaté une déperdition appréciable subie par les plantes ; 2° parce que j'ai reconnu que même l'immersion complète d'un végétal dans l'eau pen- dant une journée ou une nuit entière, ne l'empêche pas de subir une légère SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857. 1051 perte de poids ; et qu'il me semble dès lors difficile que le simple revète- ment liquide formé par une forte rosée exerce une influence plus énergique qu'une masse d'eau, Enfin, relativement à une absorption d'humidité tant soit peu notable s'opérant en méme temps que la transpiration pendant que la rosée se dé- pose sur les plantes, l'enchainement des faits que j'ai présentés daus cette note me semble en démontrer l'impossibilité. . M. Weddell est d'avis que les expériences faites par M. Duchartre ne démontrent pas la justesse de ses conclusions, conclusions d'ail- leurs qu'il ne conteste pas en elles-mêmes. Il rappelle que, dans les forêts d'Amérique, certaines Broméliacées (les Vriesia par exemple) vivent suspendues par leurs feuilles aux branches d'arbre, et cependant elles n'ont pas de racines. M. Duchartre reconnait que certaines plantes (par exemple plu- sieurs espèces de Tillandsia) se développent sans jamais avoir de racines à l'état adulte. Il ne se prononce pas au sujet de l'absorption de l’eau à l'état liquide dans certaines circonstances, mais il nie l'absorption de l'humidité à l'état de vapeur. Quand on plonge dans l'eau un rameau flétri, il y a absorption locale. Chez les Bromé- liacées dépourvues de racines, l'absorption pourrait avoir lieu par l'aisselle des feuilles et par la tige. Un Tillandsia suspendu a perdu de son poids dans une serre trés humide du Museum. On l'a placé ensuite dans un autre endroit oü on l'a seringué, et il a gagné du poids. M. Weddell admet que certaines Broméliacées absorbent de l'eau par leurs aisselles, mais il ne saurait en être de méme pour le 777- landsia usneoides. | M. Duchartre répond que, dans le Tillandsia usneoides, le revéte- ment écailleux que présente la plante entiére doit nécessairement retenir une grande quantité d'humidité qui peut-etre est ensuite ab- sorbée. Il rappelle que, dans une communication précedente, il a fait connaitre les résultats d'expériences analogues à celles de Bonnet, et dans lesquelles la balance accusait une absorption d'eau par l'une des deux faces des feuilles détachées de diverses plantes. M. Du- chartre maintient que les plantes n'absorbent pas l'eau à l'état de vapeur. D'ailleurs, ajoute-t-il, certains végétaux peuvent s accroitre tout en perdant de leur poids. . M. Cosson donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qu'il 1032 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCF. vient de recevoir de M. E. Bourgeau, attaché comme collecteur- botaniste à la Commission que le gouvernement anglais a chargée de l'exploration scientifique des possessions britanniques de l'Amérique du Nord : Carlton-House, 14 octobre 1857. J'espère que cette lettre vous parviendra, bien que je sois dans un pays ou les communications sont déjà maintenant rendues bien difficiles par les glaces et la neige. En raison de l'intérêt que vous me portez, vous appren- drez sans doute avec plaisir que notre voyage a été heureux jusqu'ici et que je n'ai qu'à me louer des bonnes dispositions à mon égard de M. Palliser, ehef de l'expédition. De mon cóté, je ne négligerai rien pour répondre à la confiance que sir William Hooker et M. Palliser m'ont fait l'honueur de me témoigner en m'attachant comme colleeteur à une expédition qui me per- mettra de visiter des pays si curieux, où je me promets de faire de belles colleetions, J'ai déjà fait deux envois d'une vingtaine de paquets à sir W. Hooker, ct j'espere qu'il en sera satisfait, bien que les plaines et les pla- teaux que nous avons parcourus présentent une végétation assez uni- forme. Il m'est impossible de vous donner une idée exacte des immenses espaces que nous avons traversés cet été et dont les cartes ne peuvent fournir qu'une notion bien imparfaite. Nous avons fait par eau prés de 400 lieues, aprés en avoir parcouru deux cents en chemin de fer ; et le trajet à travers les prai- ries (où nous sommes actuellement), qui a été fait soit en charrette, soit à cheval, est de prés de 500 lieues. Pendant prés de 200 à 300 lieues les prai- ries ne présentent guère que 25 à 30 espèces qui forment le fond de la vé- gétation. Les plantes ont été, en moyenne, recueillies à environ 12 échan- tillons : e'est tout ce qu'il m'a été possible de faire, vu la difficulté des ,ransports et la quantité de papier dont je pouvais disposer. La neige et la glace vont bientót interrompre mes herborisations et nous confiner dans le fort de Carlton- House, où, dans une installation confor- table, nous attendrons que le retour dela belle saison nous permette de nous diriger vers les Montagnes-Rocheuses, l'un des buts principaux de l'ex- pedition ; la récolte des plantes alpines y sera sans doute abondante et me rappellera la végétation de nos hautes Alpes de Savoie, oü j'ai fait mes premiéres courses botaniques. M. J. Gay ajoute quelques détails sur le voyage qu'exécute en ce moment M. Bourgeau : Il explique que la Commission scientifique dont fait partie M. Bourgeau à pris ses quartiers d'hiver à Carlton-House, sur le Saskatehawan, un des affluents du lae Winnipeg, dans le Haut-Canada. Carlton-House est un SÉANCE DU 18 pÉcEMBRE 1857. 1033 poste avancé de la Compagnie des pelleteries de la baie d'Hudson. C'est de là qu'au printemps l'expédition continuera ses opérations, en se dirigeant sur la chaine des Montagnes-Rocheuses. M. Cosson, secrétaire, présente plusieurs plantes rares, recueillies par M. Eloy de Vicq dans les départements de la Somme et du Pas-de- Calais, et donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTES SUR QUELQUES PLANTES DU LITTORAL DES DÉPARTEMENTS DE LA SOMME ET DU PAS-DE-CALAIS, par M. ELOY DE VICQ. (Paris, 48 décembre 1857.) Cochlearia danica L. Sp. 903; Boucher, Cat. fl. d'Abbev. [1803]; Pauquy, Fl. de la Somme, 47; Gr. et Godr. FI. de Fr. 1, 128; Puel et Maille, Herb. fl. loc. n° 168.—La première station de cette espèce dans la Somme est celle des dunes de Saint-Quentin-en- Tourmont. Je l'ai récoltée aussi à Étaples (Pas-de-Calais) et vers le cap Gris-Nez. Nous ne trouvons pas le C. anglica L. Crambe maritima L. Sp. 937; Boucher, Cat. fl. d'Abbev. [1803]; Pauquy, Fl. de la Somme, 40; Gr. et Godr. FI. de Fr. 1, 157. — Cette plante, commune à Criel (Seine-Inférieure), se trouve aussi entre le Tré- port et Mers et sur le bane de galets entre le bourg d'Ault et le Hourdel (Somme). Viola sabulosa Boreau, Not, pl. Fr., in Bull. Soc. ind. Angers, ann. 24, n° 6, p. 335 [1853]; Puel et Maille, Herb. fl. loc. n° 249 (V. tricolor Boucher, Cat. fl. d' Abbev. [1803]) ; distinct du V. tricolor var. sabulosa DC. par ses pétales beaucoup plus longs que le calice. — Cette espèce ou variété, remarquée par M. Tillette de Clermont, est trés répandue dans les dunes du littoral. Pisum maritimum L. Sp. 1027 ; Boucher, Cat. fl. d'Abbev. [1803]; DC. Fl. fr. IV, 585; Pauquy, Fl. de la Somme, 102 (Lathyrus mari- timus Fries; Gr. et Godr. Fl. de Fr. I, 486 ; Puel et Maille, Herb. fl. loc. n° 145.—Sionalé pour la première fois en 1803 par Boucher (et d’après lui par De Candolle et par Pauquy), au Hourdel, commune de Cayeux (Somme), dans les galets prés de la mer. J'ai rencontré en 1853 un pied de cette plante sur la digue de galets entre le Tréport et Mers; depuis il a disparu. Il en existe, prés du fort de Mers, deux autres pieds qui proviennent de &raines que j'y ai semées en 1855. | Cineraria palustris L. Sp. 1243; Boucher, Cat. fl. d Abbev. (1803] ; Pauquy, F/. de la Somme, 200 (Senecio palustris DC.; Gr. et Godr. Fl. de Fr. II, 124; Puel et Maille, Herb. fl. loc. n? 162). — Marais de Saint- 1034 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quentin-en-Tourmont, Étaples, Condette près Boulogne. Cette plante qui, d’après des notes manuscrites de Dumaisniel de Belleval, existait en 1775 dans les fossés auprès d'Abbeville, a disparu depuis longtemps de ectte lo- calité, ainsi que le Lysimachia thyrsiflora L. qui a été détruit par suite des travaux des fortifications. . Pyrola rotundifolia L. var. arenaria Koch; Gr. et Godr. FI. de Fr, II, 437 ; Puel et Maille, Herb. fl. loc. n° 157. — Cette variété est trés come mune dans toutes les dunes, où elle vient à l'abri de l’Æippophaë rhamnoides. Erythræa littoralis Fries, Nov. fl. suec. ed. 4, p. 29; Fl. dan. tab. 1814; Puel et Maille, Herb. des fl. loc. n° 212.— Cette espèce, découverte par M. Tillette de Clermont, appartient aux dunes. Je l'ai rencontrée de- puis Saint-Quentin-en- Tourmont jusqu'à Ambleteuse. Gentiana amarella L.; Koch. — Cette plante, indiquée par M. J. Gay et retrouvée par M. Tillette de Clermont, n'est pas rare dans les dunes. Obione pedunculata Moq.-Tand. (Atriplex pedunculata L. Sp. 1675; Boucher, Cot. fl. d'Abbev. [1803]; DC. Fl. fr. III, 385; Pauquy, F1. de la Somme, 341). — Trépié près Étaples (Pas-de-Calais) : marais baignés par la mer, sur la rive gauche de la Canche prés des phares. Je l'ai trouvé là pour la première fois le 13 août 1857, et je l'y ai revu en abondance le 2 octobre. La seule localité de cette espèce indiquée par Boucher en 1805 (et d'aprés lui par De Candolle et par Pauquy) est celle qui se trouve entre le Tréport et Mers (Somme). La plante y est encore, mais fort rare. Elymus arenarius L. Sp. 122; Boucher, Cat. fl. d'Abbev. [1803]; Pauquy, Fl. de la Somme, 498 ; Gr. et Godr. Fl. de Fr. III, 597.— Cette Graminée existe à Boulogne, à l'endroit où les dunes de Capecure touchent à la jetée de l'ouest. Je l'ai revue plus abondante vers Vissant. M. T. Puel rappelle que la présence de l'OXione pedunculata, aux environs de Calais, avait déjà été signalée par Steinheil; mais celte plante n'y avait pas été retrouvée depuis fort longtemps. ERRATUM. — Page 901, ligne 34 : au lieu de trois plantes citées par M. Moquin- Tandon, lisez trois plantes de Magnol citées par M. Moquin-Tandon. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Recherches microscopiques sur la chlorophylle; par M. Arthur Gris. (Thèse pour le doctorat ès sciences soutenue le 3 dé- cembre 1857 ; in-4° de 47 p. et 6 pl. Ann. des sc. nat., h° sér., VII, 1857, pp. 179-219, pl. V-X). Le motif qui a déterminé M. A. Gris à porter son attention sur la chlo- rophylle a été le désir de suivre, à l'aide du microscope, la marche des observations faites par son père sur la chlorose et sur le verdissement des plantes ehlorosées quand on les a traitées par des solutions de composés ferrugineux. Il a été conduit ainsi à étudier la chlorophylle en elle-méme et pendant son développement ; aprés quoi, pour en compléter l'histoire, il a cru devoir s'occuper aussi des plantes décolorées par l'étiolement. Son mé- moire présente une division en rapport avec ces divers points de vue aux- quels il s'est placé en l'écrivant. On y trouve d'abord un résumé historique (pp. 7-15), et ensuite trois chapitres relatifs, le premier (pp. 15-28) au dé- veloppement de la chlorophylle, le second (pp. 29-34) à la chlorose, le troi- sième (pp. 35-41) à l'étiolement. Il se termine par l'explication (pp. 41-47) des 100 figures réunies dans les 6 planches gravées qui l'accompagnent. T. Résumé historique, — L'histoire de la matière verte des feuilles ne remonte guère qu'aux travaux de Pelletier et Caventou, qui en étudièrent avec soin les caractères chimiques et lui donnèrent le nom de CAlorophylle. Berzelius, Mulder, M. Morot ont reconnu et parfaitement établi que cette matière est azotée et qu'elle est toujours mêlée de graisse. Quant aux no- tions préeises sur sa structure et sur la nature de ses grains, elles ne datent que de 1837, époque à laquelle M. Mohl publia son premier mémoire sur ce sujet; aussi M. A. Gris insiste-t-il fort peu sur les travaux antérieurs à cette époque, tels que ceux de Sprengel, Treviranus, Turpin, Raspail, Moldenhawer, Meyen, etc. A l'exemple des deux premiers, la plupart de ces savants admettaient la nature vésiculaire des grains de chlorophylle ; mais M. H. Mohl, dans son mémoire de 1837, admit, au contraire, qu'ils consistent en un ou plusieurs noyaux d'amidon entourés d'une matière gé- latineuse verte, et ses idées à cet égard ont été adoptées par la plupart des botanistes de notre époque. — M. Naegeli, en 1846, a cependant admis de nouveau l'état vésiculaire de ces grains. En 1849, MM. Goeppert et Cohn ont rapporté, de leur côté, quelques faits observés sur le Nitella flexilis 1036 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui leur semblent favorables à la méme idée. Quant à M. Hofmeister, il admet que les grains de chlorophylle sont tantôt des vésicules, tantôt de petites masses homogènes ou renfermant des noyaux plus solides, et il est porté à croire que, sous ce dernier état, ce ne sont que des vésicules à leur premier degré de développement. M. Quekelt, dans un mémoire sur le développement de l'amidon et de la chlorophylle, exprime l'opinion que les graius de ces deux substances ont le méme mode de développement et nais- sent également d'une cellule nucléaire. Enfin M. Mohl, dans son dernier travail, s'exprime nettement contre l'état vésiculaire des grains de chloro- phylle, dont il distingue deux sortes: les uns n'ayant pour noyau que des granules qui brunissent par l'iode, c'est-à-dire de nature non amylacée, les autres renfermant, au contraire, un ou plusieurs grains d'amidon. Chap. I. Développement de la chlorophylle. — Chap. 11. De la chlorose et de l'action des sels de fer sur la chlorose. — Les faits nombreux dont l'exposé forme ces deux chapitres conduisent M. A. Gris à formuler les propositions suivantes comme conséquences dernières de ses études. 1° Une gelée verte émanée du nucléus s'étend sur les parois des cellules (parenchyme et cellules sous-épidermiques jeunes des feuilles de Vanille; parenchyme dans les feuilles de la Pomme de terre, de l’ Hortensia, de la Fève, du Magnolia, de la Glycine, etc.). — 2° Cette gelée est souvent précédée d'un réseau muqueux, siége de courants entraînant de petits glo- bules verts (Lis, Sempervivum, etc.). — 3° La gelée peut ne s'écarter que peu du nucléus, ou ne pas s'en écarter du tout (Aucuba japonica). — h° La gelée verte se divise en fragments polyédriques plus ou moins considéra- bles, ou s'isole en petites masses sphériques. — 5? La formation des grains peut résulter du développement de gros noyaux d'amidon qui s'envelop- pent dans la gelée verte et s'isolent peu à peu (Aucuba japonica). — 6° En général, les noyaux amylaeés qu'on trouve dans les grains de chlorophylle sont postérieurs à la transformation de la gelée en grains (Pomme de terre, Hortensia, Magnolia). — 7° Soit que la segmentation se soit opérée d'abord autour du nucléus, dans Je cas où la gelée verte recouvre toutes les parois de la cellule, soit que la gelée verte ne s'étant pas écartée de cet organe, la segmentation n'ait pu se faire qu'autour de lui, on voit le nucléus trés fré- quemment entouré de grains de chlorophylle dans le parenchyme des jeunes feuilles, dans les cellules sous-épidermiques des feuilles adultes. Ce mode de développement est général ; mais, dans des cas exceptionnels, l'auteur en a vu un différent, dans lequel des sphéres, des bátonnets, des corps fusiformes et autres formations incolores, émanées directement du nucléus, se développent à sa surface ou autour de lui et se revétent peu à peu de matière verte. — Quant à la structure des grains de chlorophylle, il pense que, dans l'immense majorité des cas, elle est telle qu'ils forment des globules solides albumino-graisseux, qui résultent de la transformation de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1037 la chlorophylle amorphe primitive ; il est porté à croire, d'un autre cóté, que dans les Phajus et Acanthophippium ce sont de simples vésicules qui ont la méme composition chimique. Relativement à Ja ehlorose M. A. Gris conclut de ses observations : 1° qu'elle est caractérisée par un arrêt de développement qui s'oppose à l'évolution parfaite des grains de chlorophylle ; 2" que les sels de fer agis- sent sur cette affection des plantes en rendant à la chlorophylle, arrétée daus son développement, la faculté de continuer son évolution. Ils rani- ment la vie interrompue de la cellule, et démontrent son individualité ainsi que son indépendance. Chap. III. De létiolement. — Les observations de l'auteur à cet égard ont été faites en plaçant à l'obscurité différentes plantes, notamment des Sempervivum, un Sedum dendroideum, un Aloë obliqua, une germination de Haricot, etc., et en examinant ensuite des coupes de ces plantes sous le microscope. Il en déduit la conclusion que l'étiolement produit un arrêt de développement de la chlorophylle dans les organes en voie de développe- ment, et une destruction de cette cblorophylle dans les organes bien déve- loppés. L'arrét de développement porte à la fois sur la manière d’être et sur la couleur de la masse plastique qui doit constituer legrain. La destruc- tion porte sur la masse albuminoide du grain qui diminue insensiblement en diamètre à mesure que la feuille blanchit, sur l'amidon qu'il peut con- tenir, enfin sur la matière colorante proprement dite. Ueber den Zuzammenhang der Blattstellung mit dem Bau des dycotylen Holzringes (Sur les relations intimes qui existent entre la disposition des feuilles et la structure de la zone ligneuse dans les Dicotylédons); par M. J. Haustein (Jahrbücher für wissens- chaftliche Botanik, Y, pp. 233-283, pl. XVI-XVII; Berlin; 1857. Tirage à part en broch. gr. in-8" de 51 p. et 3 pl. lith.). Ce travail, tout considérable qu'il est, n'est donné par son auteur que comme l'expression d'uue partie des résultats obtenus par lui dans ses études sur la disposition des faisceaux fibro- vasculaires de la tige des Dicotylédons envisagée daus ses relations avec l'arrangement phyllotaxique des feuilles. D'autres mémoires suivront celui-ci et feront connaitre des détails circon- Stanciés relatifs à des plantes dicotylédones dont il est à peine question iei où qui n'y figurent pas du tout. M. Hanstein présente d'abord un historique succinct de la question. Il Cite surtout la PAyllotarte anatomique de M. Lestiboudois qui se rapporte Spécialement aux plantes à feuilles décussées ou simplement alternes. Mais il fait observer que cet auteur à peu avancé la connaissance du sujet quant aux p'antes à feuilles spiralées et que, comme beaucoup d'autres botanistes, 1038 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. il voit dans les faisceaux des feuilles de simples ramifications de ceux de la tige, idée que n'admet pas le savant allemand. M. Hanstein ajoute que, jusqu'à ce jour, aueun observateur n'a étudié le sujet assez à fond pour y faire entrer l'examen des éléments microscopiques des faisceaux, bien que ce füt le véritable moyen d'arriver à la solution complète de la question. L'auteur de ce mémoire s’est proposé particulièrement de trouver dans les faits la réponse aux deux questions suivantes: 1° Jusqu'à quel point peut-on reconnaitre dans l'anatomie élémentaire de la tige les lois qui pré- sident à l'arrangement des feuilles sur les plantes? 2° Réciproquement, à quel degré la structure et le développement de la tige influent-ils sur la dis- position des feuilles et de leurs parties ? Pour parvenir à résoudre ces deux questions il prend quelques exemples, dont le premier est l’ Arabis albida, plante très avantageuse pour ce genre d'observations à cause de la remarquable simplicité de structure de son corps ligneux, chacune de ses feuilles ne recevant qu'un seul faisceau fibro- vasculaire dont une suite de coupes transversales permet de suivre la marche dans la tige; il consaere eusuite un paragraphe particulier aux Co- nifères, parmi lesquelles il choisit comme exemple le Taxus baccata qui ne montre encore qu'un faisceau unique pour chaque feuille. Seulement tandis que l'arrangement phyllotaxique de l Arabis albida est toujours plus ou moins rapproché de l'expression 3/8, celui de l’If est 5/13. L'auteur pré- sente aussi l'exposé succinct de ses observations sur le Podocarpus chinensis, sur le Cryptomeria Lobbii et sur quelques autres Conifères. Le paragraphe suivant est relatif aux arbres feuillus parmi lesquels il en est un certain nombre dont les feuilles ne reçoivent du corps ligneux qu'un seul faisceau, tandis que, dans la plupart, chaque feuille en reçoit trois ou moins fréquemment un nombre plus considérable. M. Hanstein prend surtout pour exemple le Cytisus Laburnum dans lequel la structure est d'une assez grande simplicité. 11 étudie aprés cette espèce le Ribes nigrum et l'Amorpha fruticosa. Il résume ensuite dans un paragraphe spécial les conséquences générales qui découlent des faits de détail dont l'exposé a été l'objet spécial de son mémoire. Il déduit enfin de l'ensemble de ses études les conclusions suivantes : | . 4° Dans les plantes examinées dans ce mémoire, et peut-être dans tous les végétaux dicotylédons, la zone ligneuse résulte dans l’origine de l'union d'un certain nombre de faisceaux primordiaux identiques aux faisceaux vasculaires des feuilles ; ces faisceaux proviennent de cordons de cambium qui sont formés par le cambium de l'extrémité de la tige en même temps que le eambium cylindrique commun. 2° Ces faisceaux primordiaux sont composés de vaisseaux spiraux et de cellules ligneuses ; peut-être faut-il également y comprendre quelquefois les premiers vaisseaux ponetués, Ils traversent, en restant parfaitement REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1039 indépendants, un certain nombre d'entre-neuds et, à leur extrémité infé- rieure, ils se montrent encore isolés, ou bien en contact avec ün faisceau voisin par l'intermédiaire d'un fort petit nombre de vaisseaux. La grosseur de chacun de ces faisceaux va en augmentant à mesure qu'il s'éléve et lors- qu'il a atteint son maximum de volume, il se porte tout entier dans une feuille. Il résulte de là qu'on ne peut considérer ces faisceaux comme con- Stituant de simples ramifications de faisceaux qui appartiendraient en propre à la tige, du moins si l’on conserve au mot ramification son sens or- dinaire. 3° Postérieurement à ces faisceaux primaires on voit se développer des couches secondaires composées de cellules ligneuses, de vaisseaux ponctués et autres. Ces couehes secondaires se juxtaposent aux faisceaux primaires et en augmentent le volume; elles finissent méme par se toucher et se réunir en une couche commune qui gagne peu à peu en épaisseur, mais qu'on peut toujours distinguer sans difficulté des faisceaux primaires. h° Les faisceaux primaires, renforeés des couches secondaires, du cam- bium et du liber, constituent des unités indépendantes qui représentent, dans le cercle fibro- vasculaire commun, des feuilles distinctes et séparées. (M. Hanstein donne à ees faisceaux entiers le nom de traces de feuilles.) 5° L'arrangement relatif des traces de feuilles dans la zone ligneuse de la tige donne une représentation anatomique de la disposition des feuilles, qu'on voit varier entre certaines limites et qui est rarement liée de manière invariable à une expression unique. Les variations de cet arrangement sont limitées par des particularités anatomiques qui sont en rapport avec le nombre des traces de feuilles. 6° On voit dès lors que la zone ligneuse contenue dans la tige des Dico- tylédons ne constitue pas simplement une couche circulaire composée de faisceaux fibro-vasculaires dont le nombre et la grosseur seraient indéter- minés; mais que, au contraire, elle a une composition parfaitement régu- tière et comprend un nombre déterminé de traces de feuilles. 7° On observe dans chaque espéce des particularités anatomiques à peu près constantes qui tiennent, en premier lieu, à ce nombre des traces de feuilles réunies sur une méme coupe transversale de la tige, nombre égal à celui des entre-noeuds à travers lesquels s'étend chacune d'elles, en second lieu, à la largeur spécifique de ces traces, ainsi qu'à la grosseur, à la struc- ture, au nombre et à l'arrangement relatif des faisceaux qui les composent. On the anthers of Columelliaceæ and Cucurbitace:e (Sur les anthères des Columelliacées et des Cucurbitacées); par M. B. Clarke (The Annals and Magazine of natural History, cahier de févr. 1858, pp. 109-113, pl. VI, fig. 20-22). L'incertitude qui existe au sujet des affinités des Columelliacées est due 1040 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sans doute, pense M. Clarke, à la description inexacte qu'on a donnée de leurs anthères. On regarde, en effet, leurs étamines comme formées cha- cune de trois monadelphes et leur anthére comme présentant trois paires de lobes. Cependant l'auteur a reconnu, en les examinant attentivement, qu'elles sont toujours simples et à deux loges, leur appareuce de plurilocu- larité résultant uniquement de ce que leurs deux loges sont sinueuses. Si l'on compare, ajoute-t-il, ces étamines avec celles des Cucurbitacées, par- ticulierement avec celles du Cucumis sativa et du Bryonia dioica, on re- connait que c'est à celles-ci qu'elles ressemblent le plus. Les Cucurbitacées ont souvent trois étamines dont une est uniloculaire; c'est la bifurcation profonde que subit quelquefois leur connectif, qui a fait penser qu'il en existe cinq uniloculaires. Si l'on compare les anthères d'un Columellia à celles à deux loges des Cucurbitacées, on voit comme unique différence que ces dernières sont moins allongées, ce qui fait que leurs deux extrémités, au lieu de se rejoindre presque, comme dans un Columellra, se dirigent généralement en sens différent; mais cette différence elle-méme n'est pas constante. Bien que la grande ressemblance qui existe entre les anthéres des Colu- melliacées et celles des Cucurbitacées indique de grands rapports entre ces plantes, cepeudant la plus grande affinité de cette petite famille est tres probablement, parmi les Monopétales, avec les Stylidiacées. M. Clarke pense qu'il faut la placer entre les Stylidiacées et les Scævolées. Elle res- semble aux Stylidiacées parce que, le nombre des lobes de sa corolle étant variable, elle présente toujours deux étamines placées à droite et à gauche, avec deux carpelles antérieur et postérieur. Les seules différences consistent en ce que les étamines des Stylidiacées adhérent au style et non à la corolle, de plus que leurs anthéres ne sont pas sinueuses ; mais l'auteur ne croit pas que cette dissemblance soit importante. Phyllotaxis. — Its numeric and divergential law expli- cable under a simple organological idea (PAyllotaxie. — Sa loi numérique et de divergence pouvant s'expliquer par une simple idée organologique); par M. T.-C. Hilgard. (The Transactions of the Academy of science of St- Louis, vol. I, n° 4, pp. 48-61, pl. 3. St-Louis ; 1857.) Nous nous contenterons de signaler aux lecteurs du Bulletin l'existence de ce mémoire qui ne nous parait pas susceptible d’être analysé succincte- ment et qui se termine par une division du règne végétal, tracée conformé- ment aux idées de l'auteur, Le tableau de cette division est intitulé : Regni vegetabilis seriei catholomorphe Prodromus. Nous en indiquerons seule- ment les grandes divisions. L'auteur divise le règne végétal en deux embranchements : A. CYTEM- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1041 BRYONEÆ, ce sont les Acotylédons; B. PHYLLEMBRYONEÆ, ce sont tous les végétaux cotylédonés. Les premiers forment cinq groupes ou classes : 1. Fungi; 2. Lichenes ; 3. Algæ ; 4. Musci; 5. Filices. Les Phyllembryoneæ forment deux grandes divisions : I. STAUROPAYTA s. MONOCOTYLEDONEÆ ; IT. PLECTOPHYTA S. DICOTYLEDONEE. L'auteur ca- ractérise ses Staurophyta par les mots : textura lintea. Il les divise en cinq groupes ou classes : 1. Coniferæ s. Peucia, où il réunit les Lemnacées, Balanophorées, Rafflésiacées, aux Cycadées et aux Conifères ; 2. Julocauleæ s. Juli, pour les Dioscoréacées, Taccacées, Asparaginées, Mélanthacées, Yuccées, Dracénées, etc.; 3. Bulbiferæ s. Liria, comprenant les Liliacées, Iridées, Orchidées, Scitaminées, Broméliacées, etc.; 4. Gramina s. Calami, réunissant aux Glumacées les Commélynacées, Xyridées, ete. ; 5. Palme s. Coryphia, savoir Aroïdées, Palmiers, Pipéracées, Podostémées, Naïadées, Hydrocharidées, ete.. Les Plectophyta ou Dicotylédons sont caractérisés par les mots : textura reticulari. Ils forment cinq grands groupes : 1. Chroanthæ s. Charites, réu- nissant aux Nymphéacées et voisines les Annonacées, Magnoliacées, les Laurinées et Monimiacées, les Renonculacées, les Ombellifères, Géraniacées et voisines, les Crucifères et alliées, les Loasacées, ete. 2. Glossanthæ s. Myrsinæ, qui comprend les Hypéricinées, Linées, Plombaginées, Caryophyllées entières, Crassulacées, Dilléniacées, Saxifragacées, Onagra- riées, Myrtacées, etc. 3. Rhinanthæ s. Pnoæ, où nous trouvons les Styra- cées, Éricées, etc.; les Primulacées, Solanées, toutes les Personées, Ver- bénacées, Labiées, Gentianées, Composées, Campanulacées, Cucurbitacées, Malvacées, ete. 4. Otanthæ s. Ambre, où nous trouvons les Sapindacées, Acérinées, Ulmacées, Aurantiacées, Cupulifères, Haloragées, Paronychiées, Polygonées, Rhamnées, Euphorbiacées, Protéacées, Santalacées, etc. 5. Amygdalanthæ s. Rhoda, où se rangent les Polygalées, Simaroubées, Légumineuses, Chrysobalanées, Rosacées, etc. | La planche jointe au mémoire de M. Hilgard est consacrée à neuf figures, dont plusieurs sont des projections de spirales foliaires. Ucber die Befruchtungs-Erscheinungen bei Phor- mium tenax (Sur la fécondation dans le Phormium tenax) ; par M. Herm. Schacht (Monatsbericht der Kænigl. Preuss. Akademie d. Wissenschaften zu Berlin, cah. de décemb. 1857, pp. 576-585, avec une pl. lith.). M. Schleiden ayant fait sur le Phormium tenax des observations qui ont servi de base principale à sa théorie de la fécondation, M. Schacht désirait depuis longtemps pouvoir suivre lui-même la marche de ce phénomene dans cette plante. Enfin il a pu satisfaire ce désir pendant les dernières semaines T. IY. 66 1042 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de son séjour à Madère. Le Phormium donne de temps en temps des fleurs dans cette ile, mais seulement dans les lieux oü il se trouve trés exposé au soleil et sur les pieds les plus forts, dont on n'a jamais coupé les feuilles ou qui ont subi plusieurs transplantations. M. Schacht décrit d'abord la grande inflorescence de cette plante, qui occupe la moitié supérieure d'une hampe haute d'environ 3 mètres ou un peu plus, et dans laquelle les ramifieations primaires alternes-distiques, sor- tant chacune de l'aisselle d'une grande bractée ou spathe, portent des divi- sions secondaires également distiques, sur lesquelles il en nait d'autres dis- posées irrégulièrement, Les fleurs naissent par deux, à l'aisselle de bractéoles qui sèchent de bonne heure. Elles offrent : un périanthe de 6 folioles co- riaces, pourvues de quelques stomates sur leurs deux faces; 6 étamines dont l'anthére à h logettes a dans l'épaisseur de ses parois de belles cellules spirales, dont le filet porte quelques stomates, et dont le pollen, bien que réel- lement jaune, parait coloré en beau rouge, gráce à la présence d'une huile de cette couleur qui en entoure les grains; uu ovaire supere, à 3 loges con- tenant chacune 2 files d'ovules, surmonté d'un style qui est lui-méme creusé de 3 cavités dans sa portion inférieure, et qui est parcouru sur toute sa longueur par un canal tapissé d'un tissu conducteur à cellules délicates, un peu oblongues, sécrétant un liquide visqueux et mielleux. L'épiderme de l'ovaire porte quelques stomates souvent imparfaits. L'ovule anatrope a 2 téguments. Au moment de la floraison, il est longà peine d'un millim.; son micropyle est dirigé en bas; son sac embryonnaire est alors de moyenne grandeur. Un peu avant l'époque de la fécondation, ce sac est ovoide-oblong , tellement délicat que M. Schacht n'a jamais pu l'isoler sans le déchirer. Son extrémité qui regarde le micropyle renferme 2 vésieules embryonaires d'une extréme délicatesse, qui disparaissent par un séjour de quelques secondes dans l'eau, Son extrémité opposée ou cha- lazique présente 2 cellules à contenu granuleux et à nucléus, dont la mem- brane plus résistante ne disparait pas dans l'eau, et qui sont dés lors faciles à reconnaitre. Le tube pollinique émis par les grains de pollen globuleux-trigones et à un seul pore a ses parois extrêmement délicates, un contenu çà et là fine- ment granuleux, pas de ramifications, mais quelques légers renflements. Presque chaque ovule en reçoit un, mais jamais davantage. — Les ovaires fécondés doublent de grosseur en trois ou quatre jours, ainsi que lesovules; du mieropyle de ceux-ci ressort alors une portion de tube pollinique semblable à un fil de verre sinueux et à plusieurs ramifieations. — Sur des coupes longitudinales bien réussies, M. Schacht a vu avec la plus grande netteté le tube pollinique descendre entre les cellules du mamelon nucellaire jusqu'au sommet du sae embryonaire. « Dans tous les cas, les deux vésicules em bryonaires, devenues maintenant plus consistantes et ne disparaissant plus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 1043 dans l'eau, se sont montrées en contact immédiat avec le tube polli- nique, de telle sorte que l'upe d'elles semblait assez souvent en étre la con- tinuation directe. De son côté, la membrane du sac embryonaire, qui était délicate et facile à déchirer avant la fécondation, a pris maintenant assez de consistance pour pouvoir étre isolée par la dissection... En isolant ainsi le sommet du sac embryonaire, j'ai vu constamment le tube pollinique se séparer de la vésicule embryonaire avec laquelle il était ep contact; son extrémité, souvent un peu renflée, n'a jamais alors montré d'ouverture, mais elle avait la méme apparence brillante que le tube lui-mème. Il est dès lors certain que le tube pollinique, dans le Phormium tenaz, ne pénètre pas dans le sac embryonaire. » — Dans un seul cas l'auteur a vu ce tube re- pousser un peu devant lui la membrane du sac embryonaire ; dans tous les autres cas, il n'a rien observé de pareil. Autour du bout micropylaire des deux vésieules embryonaires il a retrouvé la couronne de petits filets rayon- nants qu'il a signalée d'abord dans le Gladiolus segetum (voy. Bull. Soc. botan. de France, MI, p. 415). A ce propos, il dit que ses nombreuses ob- servations de cette année sur ce Glaieul lui ont prouvé que ces filets rayon- nants ne prennent nullement part à la fécondation, et qu'il en est de méme pour le Phormium. Il rapporte diverses observations faites à ce sujet par lui sur d'autres plantes. Les deux vésicules embryonaires du Phormium sont situées detelle manière que le méme tube pollinique les touche en méme temps l'une et l'autre et les féconde également l'une et l'autre. Toutes les deux consolident aussi leur membrane simultanément; cependant une seule continue à se déve- lopper et donne naissance à un embryon, tandis que l'autre, aprés avoir persisté dans le méme état pendant quelque temps, disparait ensuite tout à fait. Le mémoire de M, Schacht se termine par l'explication des 22 figures que comprend la planehe. Observations sur la reproduction de quelques Nostochi- nées ; par M. G. Thuret (Mémoires de la Soc. impér. des sc. de Cher- bourg, V, 1857, pp. 3-32, pl. I-III ; tirage à part en broch. in-8° de 16 p. et 3 pl. gravées). i; Au commencement de son mémoire M. Thuret avertit que le mode de reproduction décrit par lui, il y a treize ans environ (Ann. des sc. nat., 3* sér., II, 4844, p. 319), sur un JVoctoc aquatique qu'il a nommé N. ver- rucosum, dont M. Brébisson a fait récemment son JV. Mougeotit, se retrouve exactement dans les autres espèces. Cette similitude l'aurait déterminé à passer sous silence ses nouvelles observations à ce sujet s'il n'avait eru q«- voir joindre uu texte explicatif aux magnifiques figures par lesquelles » 1044 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Riocreux a représenté les détails de la multiplication du /Voctoc vesica- rium DC. — Le mémoire de M. Thuret comprend deux parties relatives, la première à cette dernière plante, la seconde à des Nostochinées du genre Cylindrospermum Ralfs. T. Le Nostoc vesicarium DC., petite espèce globuleuse, commune autour de Cherbourg, consiste, comme ses congénères, en une masse gélatineuse transparente, lisse et ferme extérieurement, dans laquelle serpentent d'in- nombrables chapelets simples, formés d'articles globuleux. La série de ces globules verdátres est interrompue d'espace à autre par la présence d'un globule plus gros, presque incolore, qui montre à chaque extrémité d'un de ses diamètres un petit granule situé au point de contact avec l'article voisin. Ces derniers globules ont été désignés par M. Allman sous le nom d' Hétérocystes qu'adopte M. Thuret. Quant aux autres, c'est à eux qu'est dû l'allongement des chapelets ; chacun d'eux gagne un peu en longueur et se coupe ensuite en travers pour former deux nouveaux articles qui se sub- diviseront plustard à leur tour. Les Hétérocystes finissent par s'isoler sans s'être ni divisés ni modifiés. En septembre ct octobre on voit sortir de cer- tains individus le contenu qui ressemble à une gelée verdátre diffluente, que le microscope montre remplie de fragments de chapelets doués d'une reptation tres lente, entremélés d'hétérocystes détachés. — Aprés quelques jours ces fragments de chapelets deviennent immobiles et ils se revétent d'une membrane transparente; puis leurs globules s'élargissent et une divi- sion sépare leurs deux moitiés latérales qui se subdivisent de méme en gé- néral, à leur tour. Le fragment de chapelet se trouve ainsi graduellement transformé en un sac plus ou moins long dans lequel les divisions succes- sives des globules et la soudure en files des nouveau-nés a donné nais- sance à des chapelets repliés sur eux-mêmes, dans lesquels il ne tarde pas à se produire quelques hétérocystes. Enfin le sae se dilate, se régularise et le Nostoc est complétement formé. M. Les Cylindrospermum (Anabaina Bory, partim) ont également des filaments en chapelet; mais l'hétérocyste forme le dernier article du filament et le sporange occupe l’article suivant. Les articles de ces filaments sont cylindriques, avec un contenu bleuátre, un peu granuleux et, comme ceux du Nostoc, ils se multiplient en se partageant par une section transversale. ' Le dernier se change en hétérocyste en perdant son contenu, devenant plus gros et ovoide. Peu après le sporange se développe aux dépens de l'article suivant. Celui-ci s'allonge, grossit ; sa paroi s’épaissit et brunit, tandis que son intérieur est rempli par une spore elliptique qui reste verte. M. Tauret décrit la germination du Cylindrospermum majus Kütz., qu'il a vue s'opérer de la maniere suivante au mois de septembre. La spore, en sallongeant, pousse devant elle une petite portion de la paroi interre du sporange. Dès qu'elle fait saillie au dehors, elle se cloisonne et devient un REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1045 filament toruleux, à trois ou quatre articles. Pendant assez longtemps ce filament est comme coiffé par la portion de la paroi du sporange qu'il a sou- levée pour sortir. Son allongement s'opère par ses deux bouts, et comme les nouveaux articles sont d'abord un peu plus étroits que les autres, il en ré- sulte que le fil total est un peu atténué vers ses deux extrémités; mais peu à peu ces différences disparaissent et le filament finit par ressembler entié- rement aux anciens. M. Thuret a reconnu que des échantillons de Cylindrospermum licheni- forme Kütz., conservés en herbier depuis neuf ans, entraient en germi- nation aprés quinze jours de séjour dans l'eau. Le mémoire se termine par l'explieation suecincte des 17 figures qui oc- eupent les trois planches. Abnorme Pflanzenbildungen (Anomalies végétales); par M. D.-F.-L. v. Sehleehtendal (Botan. Zeit., n° 51, 18 décemb. 1857, col. 873-880). Ce mémoire est divisé en quatre paragraphes. 1. Une monstruosité de Nigella damascena L. a présenté une tige simple, terminée par un involucre de 6 feuilles, qui entourait 5 fruits inégaux, non exactement verticillés, un peu cohérents à la base, offrant, l'un 4 styles et lj fentes, 2 autres 3 styles et autant de fentes, les 2 derniers 2 styles et 2 fentes. 9. Plusieurs monstruosités de Plantains ont été décrites par les auteurs; M. de Schlechtendal en fait le relevé. Le Plantago major développe parfois ses bractées en petites feuilles pétiolées et son épi devient une petite tête en rosette ; c'est alors le P. rosea des anciens auteurs. Ailleurs cette plante ramifie son épi en une sorte de panicule pyramidale. L'auteur a reçu de M. Irmiseh un échantillon de cette monstruosité avec un dessin et des notes. — Richier de Belleval a observé et figuré une monstruosité analogue sur le Plantago media. — J. Bauhin a figuré un P?. lanceolata dont le pédoncule se termine par plusieurs petits épis inégaux. Le méme botaniste a figuré aussi, aprés Gérard, un Plantain, qui parait être le P. lanceolata, sur le- quel on voit une anomalie analogue à celle du P/. major rosea ; la rosette de feuilles que porte son pédoncule égale presque en grandeur la rosette radicale. M. Irmisch a envoyé à M. de Schlechtendal un échantillon de ce Pl. lanceolata rosea trouvé par lui près de Sondershausen; il lui a égale- ment envoyé la forme polystachya du PI. maritima.— Clusius a aussi figuré deux monstruosités de Plantains, dont une prolifere, ou ayant son épi ter- miné par une touffe de feuilles. On connait done dans les Plantains les formes anomales suivantes : 1. bracteata, à bractées inférieures foliiformes; 2. rosea, à bractées déve- 1046 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. loppées en rosette de feuilles sans fleurs ; 3. polystachya, Vépi principal en portant d'autres nés à l'aisselle de braetées; 4. prolifera, où le pédoncule porte une rosette ou un épi ou un capitule avec d'autres rosettes ; 5. pani- culata, ou l'inflerescence est devenue une panicule pyramidale très rameuse, couverte d'un grand nombre de petites bractées. 3. Un capitule de Coreopsis Drummondii affecté de virescence passait à l'ombelle, ses fleurs monstrueuses se montrant pédiculées. h. Un Cytisus nigricans a présenté à M. de Schlechtendal une fasciation de l'axe dela grappe qui, arrondi dans le bas, allait en s'élargissant vers le haut et se ramifiait plus ou moins. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Mémoire sur les £Zrodium petre wm Willd., crispum Lap., lucidum Lap., macradenum L'Hérit.; par M. E. Timbal- Lagrave (Mém. de l Acad. impér. des sciences de Toulouse, 1857; tirage à part en broch. in-8° de 14 pages et une planche). Dans son Histoire abrégée des Plantes des Pyrénées, p. 390 (et non pas 290, comme une erreur typographique le fait dire à M. Timbal- Lagrave), Lapeyrouse proposa deux nouvelles espèces d’£rodium sous les noms d' E. lucidum et crispum. Yl admettait en même temps comme espèce distincte l'E. macradenum L'Hérit. (De Candolle, Lapeyrouse, Pritzel, ete., écrivent macrademum), auquel seulement il donna le nom d'E. graveolens Lap. Ces deux espèces de Lapeyrouse n'ont pas été admises par la généra- lité des floristes; De Candolle (F7. fr., Suppl., p. 627) les regarda comme deux variétés de I' £. petreum dont il laissa séparée l'espèce de L'Héritier sous le nom de Æ. glandulosum Willd. M. Bubani, dans sa brochure inti- tulée Schedulæ criticæ, est allé beaucoup plus loin, car il a réuni ces quatre plantes en une seule espèce sous la dénomination d' E. petreum. — Quant à M. Timbal-Lagrave, aprés avoir fait une étude attentive de ces mémes plantes, il n'hésite pas à y voir quatre espèces distinctes et séparées, dont il donne une description très développée, et pour lesquelles nous indiquerons, d'après lui, les caractères qui les distinguent. L Erodium petrœum Wild. se distingue par ses pédoncules et pédicelles couverts de poils simples étalés, ses pédicelles deux fois plus longs que ceux du lucidum et moins longs que dans le macradenum; par ses bractéoles moins longuement acuminées, très hérissées; par son calice plus globuleux, hérissé de poils simples ; par ses pétales concolores, plus grands que dans tes trois autres; par les valves du fruit couvertes de poils trés déclinés, plus nombreux et moins longs; par le bee de moyenne longueur (07,030); par l'aréte couverte en dessus de beaucoup de poils courts, simples, et sur l'in- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1047 térieur de poils longs, égaux, jaunátres; par ses graines plus grosses que dans le /ucidum, moins grosses que dans le macradenum, finement strices, cylindriques; par ses feuilles d'un vert jaunâtre, glabriuseules, p'anes, à 5 lobes principaux séparés par des lobules sessiles, entiers, non décurrents ; par ses stipules plus courtes, plus écartées du pétiole; par sa souche étalée sur le sol, fortement colorée en rouge; par sa floraison très précoce et sa station méridionale qui ne s'éloigne pas du calcaire. L' Erodium crispum Lap. est trés voisin du petræum ; c'est le moins ca- ractérisé des quatre; cependant l'auteur pense qu'il forme une espèce pour les motifs suivants : Ses pédoneules et pédicelles sont couverts de poils simples et glanduleux ; ses calices ont des nervures blanchâtres et sont couverts de poils glanduleux ; ses pétales ont des nervures plus foncéeset deux d'entreeux sont maculés à la base, plus étroits; sa graine est lisse; ses feuilles, plus longuement pétiolées, sont crépues, à 5 lobes principaux, entre lesquels sont des lobules obtus, dentés ou lobés; sa souche est plus robuste, moins co- lorée ; sa floraison est un peu plus tardive. Les poils courts, simples, et les poils longs, glanduleux, qui en couvrent toutes les parties, lui donnent un aspect qui le fait distinguer au premier coup d'œil. L'Erodium macradenum est parfaitement distinct par ses pédoncules deux fois plus longs et par ses pédicelles couverts de poils glanduleux avec quelques poils simples; par ses bractéoles très grandes, acuminées, bien plus scarieuses aux bords; par son calice ovoide, à nervures noirátres ; par ses sépales grands, elliptiques, terminés par un long mueron glanduleux ; par ses pétales plus étroits, elliptiques, aigus au sommet, les deux plus grands marqués vers l'onglet d'une tache noir pourpre; par ses fruits plus gros (0%,035 à 07,040), ayant à la face interne des poils jaunes à la matu- rité; par ses graines lisses, un peu trigones, très grosses; par ses feuilles couvertes, comme toute la plante, de peu de poils simples et de beaucoup de poils glanduleux, à 7 ou 8 lobes principaux, dont ceux de la base beau- coup plus longs que les supérieurs, d'oü le pourtour général est largement ovale ; divisions des lobes trés fines, égales, et laissant entre elles des es- paces vides, réguliers; par sa souche souterraine très grosse; par sa florai- son plus tardive; enfin par sa station alpine, sur les rochers principalement granitiques ou schisteux. L' Erodium lucidum Lap. est très distinct des trois précédents; il a le facies du macradenum. Il a deux formes: l'une parfaitement glabre (lucidum Lap.), l'autre un peu hérissée (cærulescens L.). Il se distingue : par ses pédoncules et ses pédicelles moitié moins longs, couverts de poils simples, arqués, ascendants; par ses bractéoles insensiblement acuminées, gla bres- centes; par son calice ovoïde, couvert à la base de poils courts, simples, appliqués, qui lui donnent un aspect farineux ou cendré; par ses sépales elliptiques, à nervure rouge sombre, à mucron glabre; par ses pétales 1048 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. égaux, une fois plus longs que le calice, concolores ; par son fruit à valves couvertes de poils plus longs, moins appliqués et moins déclinés, à bee cou- vert sur sa face interne de poils inégaux, simples, courts et d'autres tres longs, blancs, ceux de l'extérieur étant courts et ascendants ; par ses graines rouges, de moitié plus petites, insensiblement atténuées eu une pointe fine; par ses feuilles épaisses, planes, glabrescentes, rougeátres ou d'un vert sombre, à 5 lobes principaux, séparés par des lobules simples, entiers, largement déeurrents d'un lobe à l'autre, à pétioles glabres ou hérissés ; par ses stipules lancéolées, cuspidées, vapprochées du pétiole; par sa souche grosse, ligneuse, brunâtre, étalée sous le sol; par sa floraison plus tardive et par sa station sur les rochers granitiques ou sehisteux (prés de Bagnères- *de-Luchon). Florula massiliensis advena. Zlorule exotique de Marseille, ou énumération des espèces étrangères introduites aux environs de Marseille; par M. Ch. Grenier (Mémoires de la Société d'émulation du département du Doubs, séance du 13 juin 1857 ; tirage à part en broch. in-8 de 48 p.: 1857 ; Besancon, chez Dodivers). Le mémoire de M. Grenier commence par un chapitre d'Observations . préliminaires (pp. 3-12) qui touche à différentes questions. L'auteur rap- pelle d'abord le travail analogue, sur la flore exotique du Port-Juvénal, à Montpellier, commencé par Delile, poursuivi et mené à bonne fin par M. Godron. Cette localité est célèbre pour le nombre élevé d'espéces étran- gères que le lavage et le séchage des laines y ont introduites ; « et cepen- dant, dit M. Grenier, il existe près de Montpellier une autre plage non moins féconde, et qui, lorsqu'elle aura été longuement fouillée, se mon- trera probablement plus riche que la première ; » cette plage est celle de Marseille. Les matériaux de la Florule exotique de Marseille ont été recueillis, de 1834 à 1843, par l'auteur lui-même et, depuis 1843, par MM. Blaise et Roux. Avant d'en aborder l'étude spéciale, M. Grenier examine les causes d'in- troduction des espèces exotiques ; il pense que c’est uniquement à l'action de l'homme qu'il faut attribuer leur présence dans le voisinage des ports et des lavoirs à laine de Marseille. Le lest des navires jeté sur la plage, les enveloppes de foin et d'herbes de toute sorte dont on entoure diverses mar- chandises, surtout les laines en suint importées de pays étrangers, con- tiennent souvent et déposent ensuite au lieu d'arrivée des graines qui ger- ment, si elles trouvent dans le lieu oü elles sont ainsi transportées des conditions favorables à leur germination. De là résulte une flore exotique qui dénote la nature et la direction des relations commerciales du port prés duquel on l'observe. A Marseille cette flore est plus orientale qu'au Port- Juvénal. — Les espèces de ces flores étrangères disparaissent souvent pen- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1049 dant longues années pour se rencontrer plus tard. C'est que dans le lieu oü elles sont introduites elles ne donnent pas, en général, de bonnes graines; ainsi, sur plusieurs centaines de capsules bien développées de son Capsella gracilis, M. Grenier n'a pas trouvé une seule graine en bon état. Ces plantes disparaissent done pour se montrer de nouveàu lorsqu'il en arrive encore des graines de leur pays natal. À ce propos, l'auteur exprime l'opinion que l'influence des agents phy- siques, des animaux et de l'homme ne peut préter un appui suffisant à l'hypothèse d'une création unique fournissant à la terre sa végétation en- tière. Il développe son opinion à ce sujet en l'appuyant sur des considéra- tions diverses et principalement géologiques. La florule du port Juvénal est beaucoup moins orientale que celle de Marseille. Sur prés de 350 espéces qu'elle comprend , à peine une centaine appartiennent-elles à la Gréce, à l'Égypte et au Levant, en prenant ce mot dans son sens le plus large; presque tout le reste vient de l'Espagne et du nord de l'Afrique ; au contraire, dans son état actuel, la florule de Mar- seille tire des contrées orientales au moins 100 espèces sur 250. Le travail de M. Grenier nous parait avoir assez d'intérét pour que nous reproduisions la liste entière des espèces dont il donue le catalogue et la description de celles qu'il y décrit comme nouvelles. Fumarracées. — Fumaria anatolica Boiss. — CnucirEnEs. — Enarthro- carpus clavatus Deli.; E. lyratus DC. Raphanus Blaisii Godr. et Gren. Si- napis dissecta Lag. Erucaria grandiflora Boiss. Diplotaxis virgata DC.; D. pachypoda Godr.; D. tenuisiliqua Deli. Moricandia arvensis DC. Mathiola coronopifolia DC.; M. bicornis Sibth. et Sm. Erysimum repandum L. Si- symbrium erysimoides Desf.; S. pannonicum Jaeq.; S. septulatum DC.; S. hirsutum Lag.; S. tripinnatum DC.; S. torulosum Desf.; S. contortu- plicatum DC. Berteroa incana DC. Alyssum clypeatum Durieu ; A. scuti- gerum Durieu. Bunias prostrata Desf. Lepidium perfoliatum L.; L. angu- losum d'Urville. Capsella gracilis Gren. (p. 17). Fleurs trés petites; sépales oblongs, rougeátres au sommet; pétales obovés-cunéiformes, presque rétus, d'un quart plus longs que le calice; étamines égalant le calice, et par consé- quent plus courtes que la corolle ; stigmate grand et plus large que le dia- mètre du style. Silicules petites et courtes, obcordiformes, triangulaires, brièvement atténuées à la base, de moitié plus courtes que le pédicelle in- fléchi, profondément émarginées au sommet, portant dans l'échancrure un style épais et non dépassé par les lobes de l'éehancrure, terminées latérale- ment par des bords convexes ; graines... Feuilles inférieures lyrées-pinna- tifides, les supérieures lancéolées et auriculées-sagittées, les unes et les au- tres couvertes de poils bifurqués; tiges de 0,2, rameuses dès la base, à rameaux gréles et poilus-étoilés; racine annuelle, — Patrie inconnue. 1050 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Martinsia glastifolia Godr. Carriehtera Velle DC. Euclidium syriacum DC. Rapistrum orientale DC.; R. hispidum Godr. Rapistrum Blaisii Gren. (p. 18). Fleurs trés petites (2-3 mill.), jaunes, en grappes allongées, dressées, gréles et lâches; pédicelles ascendants-sub- étalés et non serrés contre l'axe, gréles, égalant ou surpassant le fruit; sépales oblongs, glabres, (2 mill.), promptement caducs; pétales presque doubles du calice, étroitement oblongs-cunéiformes ; style conique-linéaire, aussi long que l'article supérieur du fruit; stigmate capité-discoide ; ovaire glabre. Silicules glabres, ellipsoides, égalant environ 5-6 millimètres avec le style; article inférieur cylindrique, de 1-2 millimètres, un peu plus épais que le pédicelle ; article supérieur ellipsoïde, atténué aux eux bouts, et muni longitudinalement de côtes fines. Feuilles pubescentes, pétiolées, ovales-lancéolées et lancéolées, dentées; les radicales...; tige de 0",4-0",5, hispide inférieurement et à poils dirigés en bas, rameuse ‘et à rameaux dressés; racine annuelle? — Patrie inconnue. CisTINÉES. — Helianthemum niloticum Pers. — CARYOPHYLLÉES. — Gypsophila Rokejeka Deli. Saponaria porrigens L. Lychnis macrocarpa Bois. et Reut. Silene cinerea Desf. ; S. dichotoma Ehrh.; S. hispida Desf. ; S. rubella L.; S. cretica L. — ArsiNÉEs. — Alsine picta Fenzl ; A. tenui- folia var. grandiflora Fenzl; A. tenuifolia var. confertiflora Fenzl; A. ma- crosepala Bois.; A. procumbens Fenzl. Queria hispanica L. Cerastium illy- ricum Ard.; C. diehotomum L.; C. manticum L. Spergularia salsuginea Fenzl. — GÉRANIACÉES. — Erodium chium Willd.; E. littoreum Lem.; E. laciniatum Cav.; E. verbenæfolium Deli.; E. sebaceum Deli.; E. Salz- manni Deli.; E. alsinæfolium Deli. — Marvacées. — Malva ægyptiaca L. Lavatera cretica L. — Ruracées. — Ruta bracteosa DC. Peganum Har- mala L. —PAPiLLoNACÉES.— Ononis mitissima L. Medicago Soleirolii Duby; M. laciniata All.; M. ciliaris Willd.; M. Echinus DC. Trigonella Besseriana Ser.; T. capitata Bois.; T. uncinata Ser.; T. Sprunneriana Boiss.; T. au- rantiaca Boiss.; T. Fænum-græcum L.; T. torta Sm.; T. monantha C. A. Mey. ; T. pinnatifida Cav. ; T. geminiflora!Bunge ; T. polycerata L.; T. laci- niata L. Melilotus messanensis Desf.; M. infesta Guss.; M. speciosa Du- rieu. Trifolium diffusum Ehrh.; T. flavescens Tin.; T. supinum Savi; T. alexandrinum L.; T. squarrosum Savi; T. dalmatieum Vis.; T. cinc- tum DC.; T. leiocalycinum Bois.; T. setiferum Bois.; T. Michelianum Savi; T. isthmocarpum Brot. T. Rouxii Gren. (p. 27). Capitules globuleux à la maturité, lâches, portés par des pédoncules dont les inférieurs égalent trois ou quatre fois la lon- gueur de la feuille, les supérieurs la dépassant à peine; fleurs érès briève- ment pédicellées, étalées et non réfléchies après l'anthése; bractéoles lanceo- lées, brièvement acuminées, égalant environ la moitié du tube calicinal; calice glabre, violacé (toujours?), à tube subcylindrique, nervié-strié, à e. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1051 dents égales, ctalées, étroitement lancéolées-linéaires, subulées, bordées de blane, subtrinervices, aussi longues que le tube ; corolle blanchâtre, à éten- dard de moitié plus long que les ailes, qui excèdent un peu les dents du calice. Gousse sessile, lancéolée, ne dépassant pas le tube du calice, mem- braneuse, étranglée vers son milieu et à deux graines; celles-ci ovoides- comprimées, fauve pále. Feuilles à folioles oblongues, finement denticulées- sétacées, à nervures parallèles et distantes (8-12 de chaque côté); stipules subherbacées, violacées?, ovales, brusquement acuminées en pointe subli- néaire qui égale à peu prés la stipule; tiges assez nombreuses, étalées- ascendantes, peu compressibles, glabres ou obscurément pubescentes; racine annuelle. — Patrie inconnue. — Plante voisine du 7. isthmocarpum Brot. Trifolium nigrescens Viv.; T. Gussonii Tin.; T. parisiense DC.; T. Bois- sieri Guss. Astragalus tribuloides Deli.; A. eruciatus Link. Scorpiurus sul- cata L. Hedysarum capitatum Desf. — CucurBITACÉES. — Cucumis Colo- cynthis L.; C. eriocarpus Bois. et Noë. — PARONYCHIÉES. — Læflingia hispanica L. Paronychia arabica L.; P. desertorum Bois. — Ficoinées. — Mesembryanthemum nodiflorum L. — OMBELLIFÈRES. — Daucus aureus Desf. Caucalis tenella Deli. Ridolfia segetum Moris. Krubera leptophylla Hoffm. Bupleurum glumaceum Sm. et Sibth.; B. Odontites L. Eryngium dichotomum Desf. — Dipsacées. — Scabiosa argentea L. Cephalaria sy- riaca Schrad. — ConvwBirEnEs. — Senecio chrysanthemifolius Poir.; S. nebrodensis L. Artemisia scoparia W. K.; A. annua L. Pinardia coronaria Less. Cota tinctoria Gay. Anthemis peregrina L.; A. chrysocephala Bois. et Reut.; A. Chia L.; A. scariosa DC. Anacyclus valentinus L. Filago prostrata Parl. Calendula fulgida Raf.; C. stellata Cav.; C. parviflora Raf. — CyNAROCÉPHALES. — Carduus pteraeanthus Durieu. Cirsium ciliatum Bieb. Onopordon tauricum Willd. Centaurea diffusa Lamk.; C. parviflora Desf.; C. nicæensis All.; C. scorpiurifolia Dufour; C. alexandrina DC.; C. iberica Trev.; C. calcitrapoides L.; C. napifolja L.; C. eriophora L.; C. sulphurea Willd.; C. sonchifolia L.; C. diluta Ait.; C. algeriensis Coss. et Dur.; C. pallescens Deli.; C. hyalolepis Boiss.; C. depressa Bieb. Zoezea leptaurea L. Xeranthemum annuum L. — CAICORACÉES. — Rhagadiolus Hedypnois Fisch. et M. Koelpinia linearis Pall. Kalbfussia Salzmanni Schultz. Oporinia laciniata Bertol. Picris laciniata Vis. Barkhausia Zacintha Marg. et Reut.; B. rhæadifolia Bieb.; B. erucæfolia Gren et Godr. (Patr. inconnue) ; B. laciniata Lowe. — AMBROSIACÉES. — Xanthium italicum Moret. — CAMPANULACÉES. — Specularia pentagona DC. — ASCLÉPIADÉES. — Periploca greca L. — Convorvurackes. — Convolvulus hirsutus Stev. — BorraGinées. — Heliotropium villosum Willd.; |H. curassavicum L. Echium Rauwolfii Deli. Lycopsis orientalis L. Arnebia hispidissima DC. 1052 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Echinospermum Vahlianum Lehm.; E. patulum Lehm. Rochelia stellulata Rehbe. Myosotis brachypoda Gren. (p. 39). Fleurs en grappes très lâches vers le bas, plus denses et poilues-soyeuses vers le haut, et occupant environ un tiers de Ja longueur des rameaux; pédicelles beaucoup plus courts que le calice, dressés, hérissés de poils étalés-oncinés ; calice fermé à la maturité, à tube muni de poils étalés-oncinés ; calice fermé à la maturité, à tube muni de poils étalés-oncinés, à dents couvertes de poils dressés et non re- courbés ; corolle très petite, infondibuliforme, dépassant à peine le calice ; style trés court, égalant la moitié de la longueur des carpelles; ceux-ci ovales, bruns-verdâtres, brillants, convexes d'un côté et carénés de l'autre, bordés au sommet. Feuilles oblongues-lancéolées, hispides, à poils droits; tige trés rameuse dés la base, à rameaux étalés-redressés, divisés, hérissés de poils étalés, les uns droits, les autres oncinés; racine annuelle, — Patrie inconnue. — Il se place près du M. australis Brown. VERBASCÉES, — Verbascum mucronatum Lamk.; V. undulatum Lamk.; V. pinnatifidum Vahl. — ScroFuLARINÉES. — Veronica glauca Sibth. et Sm. Linaria lanigera Desf. — Lani£Es. — Perilla ocymoides L. Sideritis montana L. Stachys italica Mill. (Ces deux plantes paraissent spontanées). Marrubium alysson L.; M. peregrinum L. Salvia bicolor Desf.; S. alge- riensis Desf.; S. verticillata L. — PruMBAGINÉES. — Statice globulariæfolia Desf. ( parait indigène). — Pranracinées. — Plantago ovata Forsk.; P. squarrosa Murr. — Sarsoracées. — Blitum virgatum L. Chenopodina altissima Moq. Echinopsilon hyssopifolius Moq. — Poryconkes. — Rumex dentatus Campd. Polygonum herniarioides Deli. — EUPHORBIACÉES. — Euphorbia achænocarpa Guss. — CyPÉRACÉEs. — Scirpus lateralis Forsk. — GRAMINÉES. — Phalaris obvallata Trin. Crypsis ægyptiaca Tausch. Phleum echinatum Host. Alopecurus anthoxanthoides Bois. Alopecurus setarioides Gren. (p.43). Panicule spiciforme, ovoide, serrée; pédicelles des fleurs épais et un peu renflés au sommet ; glumes égales, lan- céolées, earénées-acuminées et à pointe recourbée, comprimées, libres jus- que vers le milieu et soudées au bas, blanchâtres, à trois nervures vertes, poilues à la base et munies sur la carène de longs poils qui atteignent le sommet des valves; glumelle unique, égalant les glumes, avec une arête ba- silaire, denticulée, trois fois aussi longue que l'épillet. Feuilles linéaires, aigués, glabres, à gaine supérieure renflée; ligule courte et tronquée ; chaumes ascendants, gréles, glabres, de 1-2 décim.; racine annuelle, fibreuse-capillaire, — Patrie inconnue, — Il se place à côté de l'A. an- thozanthoides. Alopecurus candicans Salzm. Agrostis interrupta L.; A. pallida DC. Mi- lium seabrum C. Rich. Aira lendigera Lag. Avena macra Ledeb. Trisetum REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1053 neglectum Rom, et Sehult.; T. condensatum Presl. Keeleria hispida DC. Schismus marginatus P. Beauv. Scleropoa philistæa Bois. ; S. hemipoa Parl.; S. divaricata Parl. Poa persica Trin. Briza spicata Sm. et Sibth. Sphenopus Gouani Trin. Dactylis pungens Schreb. Cynosurus Lima L. Vulpia ctnensis Tin.; V. geniculata Link; V. ligustica Link; V. incrassata Parl. Festuca pectinella Deli. ; F. cynosuroides Desf. Bromus confertus Bieb. Serrafaleus macrostachys Parl. Nardurus orientalis Bois. Hordeum bulbosum L. Elymus crinitus Sehreb.; E. Delilianus Schult. Heteranthelium piliferum Hochst. Triticum squarrosum Roth; T. orientale Bieb. Ægilops ventricosa Tausch; Æ. caudata L.; Æ. speltoides Tausch; Æ. cylindrica Host. Anleitung zur Bestimmung der Gattungen der in Deutschland wildwachsenden und allgemein kalti- virten phancrogamischen Pflanzen, etc. (Clef pour la déter- mination des genres des plantes phanérogames spontanées et cultivées géné- ralement en Allemagne, d’après une méthode analytique très facile et très süre, destinée aux personnes qui possedent le Synopsis et le Manuel de Koch, ainsi que le Manuel de la Flore d'Allemagne de Kittel); par M. Joseph-Charles Maly; 2° édit., in-8° de xır et 170 pages; 1858. Vienne, chez Wilh. Braumüller. Le titre que nous venons de traduire en entier nous dispense de donner des détails sur cet ouvrage spécialement destiné aux personnes qui herbo- risent en Allemagne. La méthode analytique par dichotomie et par numéros qui le compose ne conduit qu'aux genres ; mais un avis placé au commence- ment nous apprend que M. Maly s'occupe à en rédiger une qui conduira jus- qu'aux espèces. A manual Flora of Madeira and the adjacent islands of Porto-Santo and the Dezertas (Flore manuelle de Madère et des iles adjacentes de Porto-Santo et des Dezertas); par M. Richard Thomas Lowe. 1" partie(1 gr. in-18 de xir et 106 pages. Londres; 1857. Chez John van Voorst, 1, Paternoster Row). Le petit volume qui va faire le sujet de cet article est le commencement d'une Flore dans laquelle M. Lowe se propose de réunir les résultats des herborisations qu'il a faites à Madère et dans les quatre îles voisines pen- dant un séjour de trente-six années. De retour à Londres après ce long es- pace de temps, il se proposait de publier cetravail en entier ; mais, obligé de retourner à Madère pour échapper à l'influence nuisible pour lui du cli- mat de la Grande-Bretagne, il a dû se contenter de publier maintenant la portion relative aux Thalamiflores, des Renouculaeces aux Piltosporaeces inclusivement. L annonce l'intention de reprendre et de continuer sa publi- 1054 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cation aussitót qu'il lui sera possible de venir de nouveau profiter des res- sources scientifiques qu'offrent l’ Angleterre et ses grands établissements. La Flore de M. Lowe commence, après un avant-propos de deux pages, dont nous venons de donner le résumé, par un chapitre intitulé Explica- tions et abréviations, dont l'intérét est beaucoup plus grand que ne le ferait supposer ce titre. En effet, il renferme d'abord un tableau de la végétation de Madere et des iles voisines distribuée par zones d'altitude. Il contient en- suite l'explication des abréviations par lesquelles M. Lowe indique les iles dont il écrit la Flore. Il donne une liste des espèces extrêmement rares (777), fort rares (rr), rares (r), assez rares (r/2), assez communes (c/2), com- munes (c), fort communes (cc), extrémement communes (ccc). On y trouve aussi, sous les divers signes indiqués par l'auteur pour ces différentes dési- gnations, une liste d'especes 4° entierement naturalisées, mais probablement introduites ; 2° plus ou moins naturalisées et se propageant sans culture, mais certainement introduites ; 3° presque naturalisées, mais ne se propa- geant pas d'elles-mémes et exigeant une légère culture. M. Lowe y explique les principaux adjectifs employés dans la description des plantes, ainsi que les diverses abréviations dont il fait usage pour les organes, pour les noms d'auteurs, pour les saisons, etc. A la fin de ce chapitre d'introduction se trouve le tableau des hauteurs des principales montagnes du groupe de Ma- dere. Nous y voyons que le point le plus élevé de Madère est le Pico Ruivo qui s'élève à 6056 pieds anglais (1847 mètres}, que le point culminant de Porto-Santo n'est qu'à 1663 pieds anglais (507 métres), enfin que la plus grande altitude des trois iles Dezertas est un peu inférieure à ce dernier chiffre. La Flore de Madère est entièrement écrite en anglais, avce de nombreuses abréviations destinées à en diminuer le volume. L'ordre suivi par son au- teur est celui des familles naturelles tel qu'il a été établi par De Candolle. Après les caractères des familles ceux des genres sont présentés en tableau. Quant aux espèces, l'auteur donne pour chacune une description suc- cincte, à laquelle il ajoute pour la compléter des détails plus circonstanciés et souvent aussi des observations, aprés avoir indiqué les noms vulgaires, la synonymie, la durée, les localités et l'époque de la floraison. 1l expose encore avec soin l'histoire des variétés, et il ne néglige méme pas de donner des détails intéressants sur les principales espèces cultivées, telles, par exemple, que la Vigne, les Citrus, etc. La Flore de Madére renferme, dans sa portion publiée, 21 familles, 65 genres et 133 espèces. Description of the Kobo-trce, a new genus of Legu- minosæ, collected by D" W.-F. Daniell, in Sierra-Leone (Description de l'arbre nommé Kobo, formant un nouveau genre de Légumineuses, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1055 rapporté de Sierra-Leone par le D" W.-F. Dianell) ; par M. John Jos. Bennett (Journ. of the Proceedings of the Linn. Society, 1, 1857, n° 4, pp. 149-151). Ce genre nouveau reçoit le nom de Guibourtia. « Puisque c'est un des ar- bres qui produisent une bonne sorte de Copal, on ne peut, dit M. Bennett, le dédier plus convenablement qu'au savant pharmacologiste à qui nous devons tant de recherches approfondies sur l'origine et l'histoire des sub- stances employées en médecine et dans les arts. » Le Guibourtia est une Cæsalpiniée trés voisine, d'un côté, des Copaifera et Cynometra, de l'autre, des Hymenga, Trachylobium et Peltogyne. En voici les caractères : Calyx 2-bract., h-sépal.; sepalis deciduis | Corol. 0. Stam. 10, libera, æqualia. Ovar. compressum, pauci- (2-4) ovulat.; stylo filiformi ; stigm. obtuso. Legumen... Arbor Africæ occid., Hymeneæ facie. Fol. 2-foliol., foliolis 3-5-nervis. Paniculæ termin.; florib. in ramulis ultimis approxi- ` matis, sessilib., inconspicuis. | Spec. unica : Guibourtia copallifera Benn. Dans une lettre de M. Thomas C. Archer, que le Journal de la Société linnéenne publie à la suite de l'artiele de M. Bennett, il est dit que la gomme-résine, qui, d'apres le D" Daniell, est le produit du Guibourtia, est probablement l'une des trois sortes que le commerce apporte en trés grande quantité dans le port de Liverpool sous les noms de Copal d'Afri- que, Gomme jaune d'Afrique et Gomme rouge d'Afrique. La première forme des larmes arrondies, de dimensions diverses, mais généralement considérables, d'un jaune paille peu intense; elle est fort transparente, mais un peu louche à sa surface. Les deux autres paraissent être en mor- ceaux, surtout la rouge, que de la poussière adhérente rend souvent jau- nátre. M. Archer a vu un morceau de la jaune qui pesait prés d'un kilo- gramme et demi. Les morceaux ordinaires de ces matiéres ont le volume d'un œuf de poule. La quantité de ces gommes-résines qui arrive au port de Liverpool est vraiment énorme; en 1855 elle a dépassé 150 tonneaux, ou 150,000 kilogr. Toutes sont employées sous le nom de Copal à la fabri- cation des vernis. On a new Species of Peziza, becing the full deve- lopment of Sclerotium roseum Kneiff. (Sur une nouvelle espèce de Pézize, qui n'est que l'état. parfait du Sclerotium roseum Kneiff.); par M. Fréd. Currey (Journal of the Proceedings of the Linnean Society, T, n" h, 1857, pp. 147-149). On sait fort bien aujourd'hui que les Sclerotium ne sont pas des forma- tions autonomes, mais uniquement des mycéliums de Champignons arrétés 1056 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans leur développement ou qui n'attendent que des circonstances favo- rables pour arriver à leur état parfait. L'un d'eux, le Sclerotium roseum Kneiff., se trouve dans l'intérieur des tiges des Jones, dont il déloge par- tiellement la moelle. Il est oblong ou presque cylindrique, généralement arrondi aux deux bouts, et sa longueur varie de 1/8* à 1/2 pouce anglais ou au delà. Il est sillonné longitudinalement ; sa couche externe est formée de cellules de couleur foncée qui le font paraitre noir, tandis qu'un gros- sissement suffisant les montre seulement brunes. Son tissu cellulaire inté- rieur est presque blanc, plus ou moins rosé, d’où a été tiré le nom de S. roseum. Une section transversale le montre formé d'une masse serrée de cellules filiformes, entremélée de cellules étoilées qui formaient la moelle du Jonc. Il résulte de là que,le Sc/erotium n'a pas déplacé cette moelle, mais s'est développé tout autour d'elle en l'englobant. Au mois d'avril 1856, M. Currey remarqua plusieurs individus d'une Pézize trés élégante qui s'étaient développés sur les tiges de l'année pré-- cédente d'un Jone, qui était probablement le Juncus conglomeratus, et qui sortaient de leur intérieur par une fissure qu'ils avaient produite pour se frayer un passage. En ouvrant le Jonc il vit que le stipe du Champignon naissait d'un Sclerotium roseum. Cette Pézize a sa coupe d'un beau brun, le plus souvent hémisphérique, parfois en entonnoir, du reste un peu variable de forme. De chaque Sclérote s'élèvent des Pézizes au nombre de 2 à 13; elles sont d'autant plus petites que leur nombre est plus grand. Le diamètre de la plus grande coupe dépasse 1/2 pouce anglais, celui de la plus petite n'est que de 1/16* de pouce; le stipe égale à peu prés, en longueur, le diamètre dela coupe ; sa couleur est plus foncée et il s'atténue un peu vers le sommet. M. Berkeley lui a donné le nom de Peziza Cur- reyana. Cette espèce nouvelle est voisine du Peziza tuberosa Bull., qui nait aussi d'une base sclérotioide ; mais, entre autres caractères distinctifs, les spores de cette derniére sont ellipsoides, tandis que celles du P. Cur- reyana Berk. sont étroites et plus ou moins arquées. L'auteur a appris de M. Tulasne que le Sclerotium sulcatum Desm., qui croit dans les tiges des Carex, se développe aussi quelquefois en Pézize, d'aprés l'observation de M. Durieu de Maisonneuve. On new forms of marine Diatomacco found in the Firth of Clyde and in Loch Fine (Sur de nouvelles formes de Diato- macées marines trouvées dans le Firth de la Clyde et dans le Loch F ine); par M. William Gregory. (Transactions of the royal Society of Edin- burgh, vol. XXI, part. IV, 1857. Tirage à part. en broch. in-4° de 1v et 72 p.; avec 6 pl. gravées.) Les nombreuses formes de Diatomaeées décrites et figurées avec un soin REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1057 remarquable dans ce mémoire ont été observées au milieu des matières reti- rées au moyen de la drague du fond du golfe de la Clyde. M. Gregory les décrit comme constituant une grande quantité d'espèces nouvelles; mais ses idées à cet égard ne sont pas tellement arrétées qu'il n'admette la pos- sibilité d'en diminuer le nombre par des observations ultérieures. Ainsi, dans son avant-propos, il s'exprime à cet égard de la maniere suivante : « Par le progrès des études beaucoup de nos espèces devront être modifiées ou supprimées ; dans l'état actuel de nos connaissances, il n'est pas toujours facile de décider si une forme donnée doit être regardée comme une espèce ou comme une variété... Je donne mes nouvelles espèces simplement comme des formes pour lesquelles il fallait un nom, mais dont la valeur et la vé- ritable place devront étre fixées par des autorités plus compétentes. » Comme résultats généraux de ses observations M. Gregory établit : 1» que les eaux desquelles ont été retirés les matériaux de ses études renferment une trés grande partie des Diatomacées marines découvertes jusqu'à ce jour sur les côtes de la Grande-Bretagne; 2° que presque toutes les formes décrites antérieurement par lui comme se trouvant, à l'état fossile, dans les sables de Glenshira se rencontrent à l'état vivant et méme généralement en abondance dans les mémes eaux. M Evidemment nous ne pouvons faire ici autre chose que de donner un re- levé des espèces ou variétés décrites et figurées comme nouvelles par le sa- vant anglais, en renvoyant au mémoire original ceux des lecteurs de ce Bul- letin qui voudraient en connaitre les caractères. Pour chaque espèce nous citerons la figure qui la représente dans le mémoire et nous rangerons les noms d'après les sept groupes admis par l'auteur. 1** groupe. Formes naviculoides. — Navicula minor (fig. 1); N. Clu- thensis (fig. 2); N. (?) iuconspicua (fig. 3); N. brevis (fig. 4); N. Clavi- culus (fig. 5); N. Musca (fig. 6); N. rectangulata (fig. 7); N. nebulosa (fig. 8); N. Barclayana (fig. 9) ; N. spectabilis (fig. 10) ; N. praetexta (Pin- nularia prætexta Ehr.) (fig. 14); N. Lyra Ehr., var. abrupta (fig. 14) ; N. Smithii, var. fusca (fig. 15), var. nitescens (fig. 16), var. suborbicu- laris (fig. 17); Pinnularia (?) subtilis (fig. 19); P. rostellata (fig. 20) ; P. Pandura (Navicula Pandura Bréb., var. elongata) (fig. 22). 2° groupe. Cocconéides. — Cocconeis ornata (fig. 25); C. nitida (fig. 26) ; C. pseudomarginata (fig. 27) ; C. major (fig. 28); C. splendida (fig. 29). 3* groupe. Formes filamenteuses. — Denticula (?) interrupta (fig. 30); D. (?) capitata (fig. 31); D. (?) ornata (fig. 52); D. (?) lævis (fig. 33) ; D. nana (fig. 34); D. minor (fig. 35); D. distans (fig. 36); D. staurophora (fig. 37); D. fulva (fig. 38); D. marina (fig. 39). Diadesmis (?) William- soni (fig. 40). Meridion (?) marinum (ou Gomphonema lineare?) (fig. 41). Orthosira angulata (fig. 43). he groupe. Disques, renfermant les C'ampylodiseus, — Melosira ou Cos- T. IV. 67 * 1055 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cinodiseus (?) n. sp. (fig. 44). Coscinodiscus nitidus (fig. 45); C. punctu- latus (fig. 46) ; C. umbonatus (fig. 48). Eupodiseus subtilis Ralfs (fig. 50). Campylodiseus centralis (fig. 51); C. angularis (fig., 53); C. eximius (fig. 54). 5* groupe. Amphiprores. — Amphiprora pusilla (fig. 56); A. plicata (fig. 57); A. lepidoptera (fig. 59) ; A. obtusa (fig. 60); A. maxima (fig. 61); A. (?) complexa (fig. 62). 6° groupe. Amphores.— a. Simples.— Amphora turgida (fig. 63); A. nana (tig. 64); A. macilenta (fig. 65); A. angusta (fig. 66); A. binodis (fig. 67); A. ventricosa (fig. 68) ; A. monilifera (fig. 69) ; A. lineata (fig. 70); A. Er- gadensis (fig. 71); A. lævissima (fig. 72) ; A. pellucida (tig. 73); A. levis (fig. 7h); A. exigua (fig. 75); A. dubia (fig. 76); A. truncata (fig. 77); A. oblonga (fig. 78); A. robusta (fig. 79) ; A. spectabilis (fig. 80); A. Pro- teus (fig. 81). b. Complexes. — Amphora lyrata (fig. 82); A. Milesiana (fig. 83); A. elongata (fig. 84); A. quadrata (fig. 85); A. excisa (fig. 86); A. nobilis (üg. 87); A. fasciata (fig. 90); A. complexa (fig. 91); A. acuta (fig. 93); A. pusilla (fig. 95); A. granulata (fig. 96) ; A. cymbifera (fig. 97); A. pro- boscidea (fig. 98); A. bacillatis (fig. 100). 7° groupe. Miscellanées. — Navicula (?) Libellus (fig. 101). Nitzschia (?) panduriformis (fig. 102); N. distans (fig. 103); N. hyalina (fig. 104). Pleu- rosigma (?) reversum (fig. 105). Synedra Hennedyana (fig. 108). M. Gregory fait observer ensuite que la grande majorité des Diatomacées dont il vient de donner la description sont nouvelles non-seulement pour la Grande- Bretague, mais encore d'une manière absolue, bien que MM. Ehren- berg et Bailey aient déjà décrit beaucoup d'espèces marines de ce groupe récoltées sur des points divers de la surface du globe. Il ajoute qu'on n'est pas encore entièrement fixé sur la distribution de ces êtres microscopiques dans la profondeur des mers; ainsi, tandis qu'on les trouve en grande quantité dans le golfe de la Clyde, il en existe peu dans celui du Forth et sur d'au- tres points des côtes de la Grande-Bretagne; ainsi encore, tandis que M. Bailey en a trouvé beaucoup de formes intéressantes dans des sondages faits à une profondeur de 1700 et méme 2700 brasses, dans la mer du Kamtschatka, l'auteur n'a trouvé à peu prés que des Foraminifères et des Polycistinées, mais presque pas de Diatomacées dans les matières retirées de l'Atlantique par de nombreux sondages exécutés à des profondeurs com- prises entre 85 et 2000 brasses. Cependant M. Bailey y en a trouvé sur . d'autres points. Un appendice est joint au mémoire de M. Gregory; c'est une note de M. R.-K. Greville intitulée : Notice sur un nouveau genre de Diatomacées. Ge geure, découvert par M. Creswell, recoit de M. Walker-Arnott, qui l'a distingue le premier et de M. Greville aprés lui, le nom de Creswellia, Eu REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1059 voici les caractères : frustules cylindriques, bivalves, rattachés les uns aux autres en filament continu par de courts processus filiformes. Valves en go- belet, celluleuses, dépourvues de toute bande siliceuse qui les rattache l'une à l'autre. L'espece type de ce genre est le Creswellia Turris (fig. 100). Aprés l'explication des figures, le mémoire de M. Gregory renferme: 1° un post-scriptum relatif à quelques espèces ou variétés ; 2° l'indication de quelques passages à corriger ; 3° une liste d'errata. On the structure and affinities of Myricace:e, Plataneæ, Altingiaceæ and Cleranthaceæ (Sur la structure et les affi- nitées des Myricacées, des Platanées, des Altingiacées et des Chloran- thacées); par M. B. Clarke (T'he Annals and Magazine of natural His- tory, cah. de févr. 1858, pp. 100-109, pl. VI, fig. 1-19). Le mémoire de M. Clarke est divisé en quatre paragraphes relatifs aux quatre familles dont il traite. I. Myricacées. — L'ovaire de cette famille a été étudié par divers bota- nistes qui l'ont regardé comme unicarpellé, bien qu'il porte généralement 2 et quelquefois 3 stigmates. M. Clarke, en examinant de trés jeunes fruits de Myrica quercifolia, y a vu 2, quelquefois 3 carpelles réunis par les bords, I! dit qu'en général, et d’après ses observations, c'est une règle invariable que lorsque l'ovule est unique et dressé, ne s'inelinant vers aucun cóté (les Stigmates étant au nombre de 2 ou davantage), l'ovaire est formé d'autant de carpelles soudés par les bords qu'il existe de stigmates. Par la structure de l'ovaire les Myricacées se rapprochent beaucoup des Jugiandées. Elles ressemblent aux Cupulifères pour la séparation partielle des lobes de l'anthére; on peut aussi les comparer aux Abiétinées pour le nombre variable des étamines et la monadelphie des filets, quand celles-ci sont nombreuses. Elles forment comme une transition des Amentacées aux Gymnospermes. — D'un autre cóté, d'autres particularités de leur struc- ture les rapprochent des Urticacées et des Cannabinées, de manière à en former un intermédiaire entre les grands groupes des Amentacées et des Urticées, | II. Plutanées. — On a pris aussi l'ovaire des Platanées pour simple, ce qui a fait méconnaitre l'organisation de leurs fleurs, au point qu on n a pas fait attention à leurs enveloppes florales. Or, leurs fleurs máles et femelles different de celles des autres familles à cóté desquelles on les place. — M. Clarke expose en détail les caracteres de la famille des Platanées tels qu'il les a vus dans ses observations. Il en résulte que les fleurs, tant mâles que femelles, sont accompagnées chacune de bractées au nombre de 3 à 5 pour les premières, de 3 ou 4 pour les dernières, et pour vues d'un pei anhe le plus souvent à 3 segments avec lesquels alternent autant d'étamines fer- 1060 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tiles dans les mâles, autant de staminodes ou d'écailles pétaloides dans les femelles, qui possèdent, en outre 5, 6, 7 ou rarement 8 carpelles, réduits parfois à 4, 3 ou méme 2. ll n'y a qu'une analogie éloignée entre les Platanées et les Amentacées, ainsi qu'avec les Urticées, et les seules familles avec lesquelles on puisse leur trouver une affinit&prononcée sont les Tiliacées, surtout les Acéracées. — Enfin on peut dire qu'elles ont avee les Protéacées les mémes relations que les Rosacées avec les Légumineuses, ILI. A/tingtacées. — Le genre Liquidambar qui forme cette famille a été placé parmi les Amentacées, à cause de la ressemblance d'aspect de l'inflo- rescence et peut-étre aussi parce que M. Blume a pris pour des sépales les étamines stériles des fleurs femelles. Griffith a montré qu'il se rapproche beaucoup du Sedgwickia parmi les Hamamelidées, et M. Clarke pense éga- lement que telle est l'affinité réelle des Altingiacées dont il expose en dé- tail les caractères. Il ajoute en note que depuis que son mémoire est rédigé, M. J.-D. Hooker a rangé les Liquidambar parmi les Hamamélidées. IV. Chloranthacées. — M. Clarke expose en détail les caracteres de cette famille. Il tire ensuite de cet exposé les conséquences suivantes : L'affinité des Cloranthacées avec les Pipéracées est parfaitement établie ; celle qu'elles ont avec les Amentacées est à peu prés aussi marquée, si l'on compare les organes floraux isolément : ainsi la fleur de l' Ascarina polystachya est par- faitement semblable à celle des Casuarina, à cela près qu’elle a 2 sépales au lieu de ^ ; celle de l’ Hedyosmum a également une seule étamine placée en avant, mais entièrement à nu. Les filaments monadelphes des Chloranthus peuvent étre regardés comme analogues à ceux de quelques Myricacées triandres. Dans les fleurs femelles il y a 2 ou 3 sépales libres ou adhérents, comme dans les Myrica, et l'ovaire de ceux-ci à la méme structure que ceux des Hedyosmum. — Les Chloranthacées se rapprochent aussi des Po- lygonées par leurs tiges articulées, par le calice tubuleux du genre Hedyos- mum, qui ressemble à celui des Coccoloba, et par son fruit triangulaire, tout à fait semblable à l'extérieur à celui des Rumex. Il y a aussi dans ces deux familles égale tendance à la monadelphie, d'oü l'on peut regarder les Chlo- ranthacées comme ayant les mémes rapports avec les Polygonées que les Casuarinées avec les Amentacées et les Urticées. — Quant aux étamines, les difficultés qu'elles ont fait naitre tiennent à ce qu'on a examiné surtout celles des Chloranthus. Celles-ci peuvent être décrites comme ayant le con- nectif épaissi de celle du Sarcandra, et comme présentant en outre de chaque côté une demi-antbére de manière à constituer un faisceau mona- delphe. Or quelquefois dans le Sarcandra il y a aussi, de chaque côté, une demi-anthère additionnelle, Enfin l'ovaire de l Hedyosmum, à 3 placentas alternes avec ses angles et avec les lobes ou angles du stigmate, montre qu'il n'y a rien d'extraordinaire dans la placentation des Choranthacées; le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1061 carpelle des Chloranthus est toujours antérieur, de méme que le carpelle fertile de l Hedyosmum. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Bemerkungen über die Flora der Wüste Acatama (Jle- marques sur la Flore du désert d'Atacama); par M. R.-A. Philippi (Botan. Zeit., n° h0, 2 oct. 1857, col. 681-690). Pendant l'été de 1853-1854 M. Philippi a exploré le désert d'Atacama, dans le Chili, depuis les mines de cuivre de San-Bartolo, à 22° 414 de latit. S., jusqu'à la ville de Copiapo, par 27° 23' de lat. S. Sur cette surface de pays il a récolté 407 espéces de plantes vasculaires, parmi lesquelles il n'y en a pas moins de 256 nouvelles. Sur ce nombre il y a 27 genres nouveaux pour la Flore du Chili; ce sont les suivants : PonrULACÉEs : Stichophyllum Ph., Microphyes Ph., Diazia Ph., Silvæa Ph. Cacrées : Æulychnia Ph. OMBELLIFÈRES : Æremocharis Ph., Domeykoa Ph. Composées, surtout LA- BIATIFLORES : Urmenetea Ph., Chondrochilus Ph., Gypothamnium Ph., Oxyphyllum Ph., Tobaphes Ph., Polyclades Ph., Brachyandra Ph., Vas- quezia Ph., Stevia Cav. PrimuLacées : Centunculus L., Glaux L. GENTIA- NÉES : Varcasia Ph. HyproLÉéacÉes : Nama L. BonnaciNÉzs : Coldenia L. AcaNTHacÉES : Dicliptera Juss. SoLanacées : Rhopalostigma Ph., , Wad- dingtonia Ph. PLomBaGinées : Statice L. Eupnorsacées : Croton L. Bro- MÉLIACÉES : Pitcairnia L'Hérit. Les 407 espèces de plantes trouvées par M. Philippi dans le désert d'Atacama se répartissent par familles de la manière suivante : Renoncu- lacées, 3 espèces. Berbéridées, 4. Crucifères, 15. Capparidées, 1 Viola- cées, 3, Polygalées, 4. Frankéniacées, 2. Caryophyllées, 7. Malvacées, 16. Hypéricinées, 1. Malpighiacées, 3. Vivianiacées, 1. Oxalidées, 8. Linées, 1. Zygophyllées, 2. Térébinthacées, 1. Légumineuses, 30. Rosacées, 2. Ona- grariées, 1. Halorrhagées, 1. Lythrariées, 1. Cucurbitacées, 1. Malesher- biacées, 4. Loasées, 5. Portulacées, 21. Paronychiées, 2. Cactées, 1h. Om- bellifères, 11. Rubiacées, 1. Valérianées, 1. Boopidées, 1. Composées, 56. Lobéliacées, 1. Campanulacées, 1. Primulacées, 2. Apocynées, 1. Asclé- piadées, 2. Gentianées, 3. Bignoniacées, 6. Polémoniacées, 1. Convolvu- lacées, 3. Hydroléacées, 1. Borraginées, 15. Labiées, 5. Verbénacées, 7. Acanthacées, 4. Solanacées, 21. Nolanacées, 13. Scrofularinées, 11. Plom- baginées, 2. Plantaginées, 4. Nyctaginées, 1. Amarantacées, t Chénopo- dées, 40. Phytolaceées, 1. Polygonées, 2. Santalacées, 2. Euphorbia- cées, 6. Urticées, 4. Pipéracées, 4. Gnétacées, 1. Joncaginées, 1. Naiadées, 2. Broméliacées, 3. Iridées, 3. Dioscoréacées, 3. Amaryllidées, 3. Liliacées, ^. Astéliées, 1. Joncacées, 3. Cypéracées, 11. Graminees, 2h. Fougères, 3. 1062 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Toutes ces espèces serattachent à trois flores distinctes : 1? la flore littorale qui a besoin de l'influence de l'humidité de la mer et peut-être de particules salines dans le sol ; 2° celle des montagnes littorales de Paposo; 3° la flore propre du désert. La deuxieme division comprend les plantes qui croissent sur le penchant de la chaine littorale, à une altitude de 165 à 600 mètres, entre 26° 8’ et 24° 36' de lat. S. A cette hauteur, il y a, pendant neuf mois de l'année, des brouillards qui se résolvent souvent en pluie fine et qui en- tretiennent une végétation relativement vigoureuse sur des pentes abruptes. La troisième flore comprend les plantes qui croissent dans l'intérieur des terres sur le sol aride ou humide; elle ressemble assez à la flore des Cor- dilléres. Il est bon de faire observer que ces trois flores ne se distinguent pas d'une manière absolue l'une de l'autre. Les espèces qui caractérisent principalement la flore littorale sont 5 Me- nonvillea, 2 Frankenia, plusieurs Cristaria, des Dinemandra, les Tetra- gonia, quelques Calandrinia, Bustillosa, h Closia, des Infantea, Encelia, le Chuquiraga acicularis, 8 Nolanaeées, le Statice plumosa, 2 Achyro- phorus, ete. Presque tous les Cactus appartiennent à cette flore et à la suivante, puisqu'ils s'éloignent peu de la côte. La région proportionnellement fertile du Paposo produit beaucoup de plantes et parmi elles plusieurs mériteraient de figurer dans les jardins à cause de leurs grandes et belles fleurs, comme Ledocarpum palustre, Pso- ralea azurea n. sp., Salvia tubiflora, Argylia puberula, Sorema. On y trouve le Cleome chilensis, plusieurs Arenaria, beaucoup de Malvacées, de nombreux Oxalis, plusieurs Légumineuses, diverses espèces d'Héliotropes frutescents, à fleurs odorantes, 2 Sauges, dont une à grandes et belles fleurs d'un rouge écarlate, 2 nouveaux Schizanthus, ete., ete. Plusieurs plantes d'Europe se sont naturalisées dans cette région : notre Moutarde noire jaunit les montagnes de la côte en bande horizontale ; l’ Avena hirsuta Roth, les Erodium moschatum et cicutarium y ont également élu domicile. Il n'y a pas un seul arbre indigène dans cette région ; méme les arbrisseaux y sont bas et trés buissonnants. Tous, méme les Cactus, y sont chargés de Li- chens. La région désertique propre est caractérisée par 2 Sida, 2 Ozalis en buissons bas et presque gazonnants, plusieurs Adesmia avec ou sans épines, 2 Zuccagnia, 3 Malesherbia, de nombreux Calandrinia, 1 ou 2 Opuntia, plusieurs Sénecons, quelques nouveaux genres de Labiatiflores, 2 Verveines, 2 Fabiana, beaucoup de Nicotianes, 3 Lycium, 5 Atriplex, l Ephedra andina, ete. Les Graminées y sont rares en général. On n’y voit pas une Fougère, ni une Mousse ni un Lichen sur les rochers, pas une Liliacée ni une Amaryllidée. Tl n'y a pas un arbre et les arbrisseaux qui s'y trouvent sont tous bas. La plupart des plantes qu'on y voit ont une teinte grise ou jaune ; presque toutes sont gluantes, résineuses, odorantes ; beaucoup sont REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1063 épineuses. Plusieurs ont un aspect particulier, grâce à la petitesse des fouilles qui les couvrent et à l'abondance de leurs pousses axillaires raccourcies en rosettes. Enfin on ne trouve dans cette région aucune espece alimentaire, ni comme fruit, ni comme légume, et le fourrage pour les amimaux do- mestiques y est toujours rare, assez souvent méme y manque tout à fait, BOTANIQUE APPLIQUÉE. Revue des plantes nouvelles ou rares décrites et le plus souvent figurées dans les publications relatives à l'horticulture. Dans une Revue bibliographique comme celle-ci, qui a pour objet de tenir le plus possible les lecteurs du Bulletin de la Société botanique de France au courant des publications dont le régne végétal fournit le sujet, ce serait laisser une lacune regrettable que de négliger systématiquement tous les reeueils périodiques horticoles parmi lesquels quelques-uns n'ont pas d'autre objet que de décrire et figurer des plantes nouvelles ou peu con- nues, tandis que presque tous les autres admettent, au moins comme un accessoire utile, des descriptions ou méme des figures d'espéces eultivées. Nous commencerons donc, dés cet instant, à donner dans le Bulletin, aussi réguliérement que nous le permettra l’espace dont nous pouvons disposer, une Revue des espèces décrites dans les publications horticoles de la France et de l'étranger. Seulement, afin de restreindre le plus possible les articles de cette Revue, nous y consignerons le simple relevé des plantes déjà connues et nous n'y reproduirons que la diagnose des espèces nouvelles, en résumant en quelques mots les détails historiques et les indications relatives à la cul- ture, Nous espérons qu'en suivant cette marche, nous pourrons rendre ser- vice non-seulement aux botanistes purs, aux yeux desquels l'introduction d'une plante nouvelle dans les jardius ne peut étre un fait indifférent, puis- qu'il leur donne les moyens d'en étudier sur le frais les caracteres, mais eneore et surtout à ceux pour lesquels les jardins et les plantes qu'on y eul- live ont un intérét particulier. La place naturelle de cette Revue nous semble étre dans la section dela Botanique appliquée, puisqu'elle s'adresse à peu près également au Botaniste et à l'Horticulteur. Botanical Magazine. 1° Cahier de janvier 1858. Ananas bracteatus Rœm. et Schult., Syst., VIL, p. 1286. Botan. Magaz., tab. 5025, (Ananassa bracteata Lindl., Botan. Regist., t. 1081. Scarlet- leaved Pine Hortul.) | Tres belle Broméliacée de serre chaude, fleurissant en été, qui pourrait bien n'étre qu'une simple variété de l'Ananas sativus. Brésil. 1064 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sonerila speciosa Zenker, Plant. Ind. Nilgh., p. 48, t. 18. Wight, /con., t. 2952. Botan. Magaz., tab. 5026. : Jolie Mélastomacée herbacée, des Nilgherries, introduite récemment par MM. Veitch en méme temps que le S. elegans ; à grandes fleurs purpurines se montrant en février dans sa patrie. Cordia ipomææflora Hook., Botan. Magaz., t. 5027. C. (S Sebestenoides) arborea, ramis teretibus, petiolis elongatis pedun- culis calycibusque subtus minute pubescenti-scabriusculis, foliis pedalibus- sesquipedalibus late obovato-lanceolatis acutis vix acuminatis dimidio su- periore grosse spinuloso-dentatis, panicula terminali ampla laxa pluries dichotoma, floribus sessilibus, calyce urceolato-cylindraceo apice 2-trifido (siccitate substriato) ante anthesim apice conico-mucronato, corollz (alba) ampla infundibuliformi-campanulatæ plicatulæ lobis rotundatis, stamini- bus 5, filamentis inferne hirsutis. Espèce arborescente, cultivée dans les serres de Kew depuis longtemps, sans qu'on sache d'où ni à quelle époque elle y a été introduite; voisine du C. superba. Grammatocarpus volubilis Presl, Symb. bot., Y, p. 59, t. 38. Botan. Magaz., tab. 5028. (Scyphanthus elegans Don, in Sweet Brit. Fl. Gard., MI, t. 238.) Loasée du Chili, herbaeée, voluble, à fleurs jaunes. ` Cosmanthus grandiflorus Benth., in Prodr., IX, p. 297. Botan. Magaz., tab. 5029. (Eutoca grandiflora Benth., in Trans. Linn. Soc., XVIL, p. 278.) Belle Hydrophyllée annuelle, dont les fleurs violettes sont les plus grandes de la famille; découverte en Californie par Douglas en 1834, mais intro- duite récemment par M. W. Lobb, qui en a envoyé les graines à MM. Veitch. 2* Cahier de février 1858. Dasylirium acrotrichum Zuccar., in Allgem. Gartenz., 1838, p. 259. Botan. Magaz., tab. 5030. ( Yucca acrotricha Schiede. Roulinia acro- tricha Brong.) Singuliere Asparaginée appartenant à un genre dont on trouve assez fré- quemment des représentants dans les serres et les orangeries, où on les voit rarement fleurir. La chaleur de l'été dernier en a fait fleurir 2 pieds à Kew, et l'un d'eux a développé une hampe haute de 5 mètres, chargée dans sa moitié supérieure d'une immense quantité d'épis femelles serrés. ÆEschynanthus tricolor Hook., Botan. Magaz. , tab. 5031. Æ. scandens radicans subpubescens, ramis herbaceis teretibus, foliis REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1065 brevi-petiolatis oppositis ovatis acutiuseulis carnosis aveniis, umbellis pe- tiolatis paucifloris (2-3) ebracteatis, floribus villoso-glandulosis, calycis tubo brevi limbo brevi-subæqualiter 5-lobo, corollae limbo valde obliquo longitudine tubi bilabiato coccineo flavo nigroque lineato, lobis subæqua- libus ovatis, staminibus styloque corolla longitudine. Trés belle espèce introduite de Bornéo en Angleterre par M. Low. Elle conviendra merveilleusement pour orner les serres chaudes humides, cul- tivée dans des vases suspendus en lampes. Cattleya luteola Lindi., in Gard. Chron., 1853, p. 774. Bchbe. f., Xenia orch., p. 209, t. 83. Botan. Magaz., tab. 5032. Orchidée remarquable par ses petites proportions relativement à ses con- généres, à fleurs jaunes, avec le labelle marqué d'une zone orangée. Brésil. Colletia cruciata Hook. et Arn., in Bot. Misc., 1830, p. 152. Botan. Magaz., tab. 5033. (C. Bictoniensis Lindl.) Cette Rhamnée a été découverte par le docteur Gillies, dans l'Amérique du Sud, Bande orientale, prés de Maldonado. C'est un arbrisseau fort cu- rieux par ses nombreuses épines qui forment de grandes lames verticales, opposées, triangulaires, vertes avec la pointe rouge, qu'aecompagnent à peine quelques rares et petites feuilles. Gaultheria discolor Nuttall, msc. Botan. Magaz. , t. 5034. G. ramulis glabratis, foliis obovato-lanceolatis acuminatis subserratis subtus argenteis, nervis paucis margini subparallelis, racemis brevibus 6-8-floris, pedicellis ciliatis bracteolatis, bracteolis parvis oblongis acutis, sepalis ovatis acutis ciliolatis, corollæ fauce barbata, lobis roseis, filamentis setulosis, antheris apice bieuspidatis, ovario villoso, disco 10-dentato. Élégante petite Éricacée frutescente, découverte par M. Booth dans les parties tempérées du Bhotan Himalaya, et cultivée chez M. Nuttall, à Nut- grove. Pilumna fragrans Lindl., Botan. Reg., 1844, Mise., p. 7h. Botan. Magaz. , tab. 5035. (Zrichopilia albida Wendl. f.) Cette Orchidée est originaire de Popayan où elle a été découverte par Hartweg. Ses grandes fleurs verdâtres avec le labelle blane, taché d'orangé àu centre, sont délicieusement odorantes. Note on the use of the rhizoma of Pteris aquilina as an article of food (Note sur l'emploi du rhizome du Pteris aquilina comme aliment); par M. M.-J. Berkeley (Journal of the Pro- ceedings of the Linnean Society, Y, 1857, n? 4, p. 156-157). Le rhizome du 'Pteris aquilina, qui renferme beaucoup de fécule et de 1066 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mucilage, est quelquefois employé en Europe et en Sibérie pour faire une sorte de pain trés grossier. D'un autre côté, Forster nous apprend que les habitants de la Nouvelle-Zélande tirent une grande partie de leur nourri- ture de racines ou rhizomes de Fougères. Or on sait aujourd'hui que, parmi diverses espèces qu'ils utilisent ainsi, se trouve un Pferis tellement ressem- blant au Pt. aquilina, qu'on le regarde comme en étant une simple variété à laquelle on donne la qualification d’esculenta. — Ces diverses circonstances ont déterminé M. Berkeley à examiner le Pt. aquilina sous le rapport du genre d'aliment qu'il peut fournir. Il en a grillé quelques rhizomes, et il a reconnu qu'on peut, il est vrai, les manger, mais qu'ils constituent un ali- ment fort désagréable à eause de la viscosité de leur substance et de leur saveur particulière, Cependant, pensant qu'ils deviendraient bien meilleurs si l'on pouvait en enlever la portion gluante, il a essayé de ráper un certain nombre de ces rhizomes préalablement lavés et pelés, en évitant de tou- cher aux deux gros faisceaux ligneux qui les parcourent ; aprés quoi il a mis dans l'eau la pulpe ainsi obtenue. Au bout de vingt-quatre heures, l'eau était devenue extrémement visqueuse et elle s'était colorée en jaune-brun. Elle a été décantée, aprés quoi la pulpe a été lavée dans de nouvelle eau, qui est restée parfaitement incolore. Apres une nouvelle décantation, on a fait sé- cher la pulpe et on l'a pétrie en une sorte de gâteau qu'on a fait cuire sur la terre. On a obtenu ainsi une sorte de pain grossier, mais bon à manger, absolument dépourvu de toute saveur désagréable, bien meilleur, dit M. Berkeley, et probablement pas moins nourrissant que celui de Cassave. Monographie du tabac, comprenant l'historique, les propriétés thé- rapeutiques, physiologiques.et toxicologiques du Tabac; la description des principales espèces employées ; sa culture, sa préparation et l'origine de son usage; son analyse chimique, ses falsifications, sa distribution géographique, son commerce et la législation qui le concerne ; par M. Ch. Fermond. 4 vol. in-8° de 352 p., avec un portrait lithog. Paris, 1857. Dans un avant-propos placé en téte de son ouvrage, M. Fermond nous apprend qu'il s'est déterminé à l'écrire en voyant que jusqu'à ce jour aucun auteur n'avait envisagé le Tabac à la fois à tous les points de vue auxquels il est bon de se placer pour en tracer l’histoire complète. Il a été mü égale- ment par le désir de faire rapporter au cordelier André Thevet, d'Angou- léme, à qui il appartient, l'honneur d'avoir le premier introduit et cultivé le Tabac en France. On le concoit aisément, par cela méme que M. Fermond s'est attaché à rendre sa Monographie complète, il a été amené à y comprendre beaucoup de chapitres divers dont le sujet est entièrement étranger à la botanique ou ne s'y rattache que fort indirectement. Ainsi toute la seconde moitié du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1067 volume, à partir de la page 142, est relative à la culture du Tabae, à la préparation des diverses sortes de tabaes, aux falsifications dont ils sont l'objet, à l'étude ehimique du tabac et de sa fumée, enfin à toutes les ques- tions de législation, d'administration, de satistique, ete., qu'embrasse l'his- toire de cet important objet de consommation. La première portion de l'ouvrage est plus directement relative à l'étude botanique du Tabac. Cependant nous pouvons encore, en nous placant à ce point de vue, en distraire les chapitres consacrés à une polémique sur l'usage du tabac (pp. 23-35), à des considérations sur la fabrication du tabac au point de vue de l'hygiène (pp. 78-93), aux secours à donner aux personnes empoisonnées par le tabac (pp. 93-95). Il reste donc comme constituant l'histoire du Tabac, dans l'acception la plus large du mot, les chapitres in- titulés : Synonymie (pp. 9-17), Historique (pp. 18-23), Usages et propriétés du Tabac (pp. 35-61), Propriétés toxiques et physiologiques du Tabac (pp. 61-78), surtout ceux qui ont pour titre : Description botanique des principales especes de Nicotianes employées à la fabrication des tabacs (pp. 95-118), Observations générales sur le genre Nicotiana (pp. 119-127), et Distribution géographique (pp. 128-142). Dans le chapitre qui comprend un exposé historique sur le Tabac, l'au- teur s'attache à faire ressortir ce fait déjà signalé par M. Ferdinand Denis, dans sa Lettre sur l'introduction du Tabac en France, que le cordelier Thevet rapporta en France, du Brésil, des graines de cette plante qui ger- mérent sur notre sol quatre ans avant l'époque indiquée par tous les his- toriens. Maisil ajoute que «si ce moine a rapporté d'Amérique les semences du petun (tabaoc)..., c'est à Jean Nicot que l'on doit de l'avoir, par sa haute position (comme ambassadeur de Charles IX prés de la cour de Portugal), pour ainsi dire rendu populaire. » C'est le portrait de Thevet qui forme le frontispice de l'ouvrage de M. Fermond. Dans le chapitre relatif à la description des principaies espèces de Nico- tianes employées à la fabrication des tabacs, l'auteur décrit en détail le Ni- cotiana Tabacum I.. et ses 8 variétés, plus succinctement les Nicotiana fruc- tuosa L., IN. macrophylla Spreng., N. chinensis Fisch. , JN. auriculata Bert. (qui parait être l'espèce importée du Portugal en France par Nicot), N. pa- niculata L. (qui donne le tabac le plus estimé en Turquie), N. glauca Grah., N. rustica L. (fréquemment cultivé dans le midi de la France, qui doune un tabac parfumé et probablement aussi le tabac d'AloucAta, très usité en Crimée), N. suaveolens Lehm. (qui fournit très probablement le meilleur tabae de Virginie), JV. persica Lindi. (auquel on rapporte le celebre tabac de Shiraz), N. repanda Willd. (cultivé en grand à Cuba pour la confection des cigares de la Havane), /V. quadrivalvis Pursh (avec lequel se fait le tabae du Missouri). . ions générales Enfin, dans le chapitre suivant, qui a pour titre: Observations générale: 1068 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur le genre Nicotiana, M. Fermond parle des expériences d'hybridation dont ces plantes ont été fréquemment l'objet, ainsi que de diverses mon- struosités qu'elles ont présentées. SOCIÉTÉS SAVANTES. Société botanique d'Édimbourg. Dans la séance de novembre 4857 il a été fait quelques communications d'un intérêt purement local, et d'autres plus générales, dont voici un résumé succinct (voy. The Annals and Magaz. of. natural Hist., cah. de février 1858). 1. ` Notice of abnormality in a Flower of Lilium (Note sur une anomalie observée dans une fleur de Lilium); par M. J. Christian. Cette fleur présentait 10 folioles au périanthe; 41 étamines et 2 ovaires; son pédoncule était un peu aplati et paraissait étre composé de 2 pétioles réunis. Cette fleur était formée sans le moindre doute, non par le développe- ment de parties additionnelles, ni par la division des organes pendant leur développement, mais par la fusion de deux fleurs en une seule ; on aurait done dü y trouver 12 folioles, 12 étamines et 2 pistils. Pour le périanthe le nombre 12 était facile à reconnaitre, deux de ses folioles étant plus ou moins bilobées au sommet et conservant ainsi des traces de la soudure qui en avait fondu deux en une seule ; quant à l'étamine qui manquait sur les 12, on n'en voyait pas de traces. 2. Short Notice of a peculiar form of Fungus (Note succincte sur une forme particulière de Champignon); par M. James Young. Ua Irlandais ayant subi l'amputation de la jambe fut couché sur un lit neuf et très propre, formé d'un matelas de crin recouvert d'une feuille de gutta-percha. Au bout de quelques jours, pendant lesquels le malade reçut tous les soins de propreté nécessaires, le lit devint trés humide. Le qua- torzième jour, il fallut changer le matelas dont on trouva le dessous presque couvert d'une grande quantité du Champignon dont il s'agit iei, que M. Berkeley, dans une note communiquée pendant la méme séance, dit être un état imparfait d'un Coprinus. Le lit fut nettoyé avec grand soin, et ce- pendant, au bout de neuf ou dix jours, le méme Champignon se montra de nouveau en abondance presque aussi grande que la première fois. M. Berkeley rappelle que M. Targioni- Tozzeti a signalé l'apparition de Champignons sur l'appareil dont on avait entouré une fracture, à l'hópital Saint-George, à Modéne. Dans la séance de décembre 1857, en fait de communications non rela- tives à la Flore de l’Ecosse, nous trouvons les suivantes : 1. Notice of Egyptian Plants (Note sur des plantes de l'Égypte); par le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1069 docteur John Kirk. — C'est le récit succinct d'un voyage exécuté pendant le printemps de 1857, en Égypte et en Syrie, par l'auteur, qui a mis sous les yeux de la Société des échantillons des plantes les plus intéressantes re- cueillies par lui. 2. Contributions to microscopical Analysis; n° 1. Tobacco (Notes d'ana- lyse microscopique; n° 4, le Tabac); par le docteur George Lawson. L'auteur fait observer qu'on décrit ordinairement le Tabac comme ayant des poils glandulifères ou terminés par un renflement arrondi, et que cette indication ne donne qu'une idée fort imparfaite de la véritable structure de ces poils, qui présentent des caractères constants. Leur longueur varie de 1/20 à 1/100 de pouce anglais; ils sont généralement renflés à la base, atténués vers l'extrémité où se trouve l'organe glanduleux. Celui-ci est ovoide ou globuleux, composé de quelques cellules étroitement unies, beau- coup plus courtes que celles qui forment le reste du poil, et elles renfer- ment une matiere d'un brun rougeátre, quelquefois verte. Ces poils abon- dent principalement sur les sommités des pousses, ainsi que sur le calice et les pédoncules du Tabac. 3. Notice of Galls found on the Leaves of the Beech (Note relative à des galles trouvées sur les feuilles du Hétre) ; par M. James Hardy. Le journal anglais ne donue que le titre de ce travail. MÉLANGES. Essai sur la flore populaire de Normandie et d’'Angle- terre; par M. Édouard Le Héricher. (Un grand in-8° de 103 pages. Avranches ;;1857.) Le titre de cet ouvrage pourrait ne pas en faire comprendre parfaitement l'objet à tous les lecteurs. En effet, en l'écrivant, M. Le Héricher s'est pro- posé de présenter un relevé des plantes sur lesquelles s'est portée l'atten- tion du peuple en Normandie et en Angleterre, comme le prouvent les dénominations vulgaires par lesquelles on les désigne dans ces deux pays. Il montre l'étymologie ou la signification de ces noms populaires, les idées poétiques, superstitieuses ou autres qu'ils expriment, etc. On sent que les détails en trés grand nombre dont il se compose ne sont nullement suscep- tibles d'étre ni résumés ni analysés; ils sont exposés en style courant; mais une table alphabétique de tous les noms populaires expliqués ou rapportes dans l'ouvrage permet de les retrouver tous au milieu de ce texte. — Dans une introduction qui n'a pas moins de 34 pages, l'auteur montre l'intérét qui s'attache à cette langue vulgaire par laquelle le peuple ex prime, avec plus ou moins de bonheur, tantôt les rapprochements ou les comparaisons qu il établit entre les plantes et des objets usuels, tantôt les proprietés qu il a reconnues en elles ou qu'il leur attribue sans trop de raison, etc. Il fait re- 1070 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. marquer la grâce et la délicatesse de beaucoup de noms populaires des vé- gétaux communs. ll énumère les principales sources auxquelles ont été puisés tous ces noms. « Il y a, dit-il, une veine poétique, une veine paienne, une veine chrétienne, une veine satirique, une veine légendaire, une veine domestique, etc. » Et il donne des exemples de ces diverses origines. Il pré- sente son ouvrage, dans lequel cependant sont consignées des données tres nombreuses, comme n'étant qu'un fragment d'une œuvre d'ensemble dont il s'occupe depuis longtemps et qui est relative au dialecte anglo-normand. NOUVELLES. Le journal botanique qui parait depuis sept ans toutes les semaines, à Vienne, sous le titre de OEsterreichische botanische Wochenblatt (Feuille hebdomadaire botanique autrichienne), et qui a pour directeur le docteur Alexandre Skofitz, modifie, à partir de janvier 1858, son titre et son mode de publication. Il s'appelle maintenant ŒSsferreichische botanische Zeitschrift (Gazette botanique autrichienne), et il parait par cahiers mensuels. — Le Gartenflora annonce que M. Wagener vient de se démettre des fonctions de majordome, qu'il remplissait à La Guayra, et qu'il se propose de recommencer à recueillir des plantes surtout vivantes. Or tout le monde sait combien d'introductions importantes les jardins de l'Europe doivent à ce zélé voyageur; il y a done tout lieu d'espérer que les nouvelles explorations qu'il se propose d'entreprendre dans les parties de l'Amérique oü il se trouve seront encore trés fructueuses pour la botanique et l'horti- culture. Nécrologie. — L'année 1858 a commencé tristement pour la botanique. Dans l'espace de trois mois à peine elle a subi des pertes nombreuses, toutes regrettables, quelques-unes immenses. Nous devons nous contenter, faute d'espace, de présenter ici le relevé de ces décès qui ont affligé la science et lui ont ravi plusieurs hommes dont les travaux avaient puissamment contri- bué à ses progrés dans ces derniers temps. Le 2 janvier, le docteur F. Royle, dont tous les botanistes connaissent les grands et beaux travaux sur les plantes de l'Inde (Jllustrations of botany of the Himalaya and Cashmere; fol. Lond., 1839, avec 100 planches) et sur leurs produits, notamment sur les matières textiles qu'on en obtient, est mort en Angleterre, dans sa résidence d'Acton. M. Royle était secrétaire de la Société d'hortieulture de Londres, Une souscription a été ouverte dans le but de faire exécuter en marbre son buste qui sera placé dans la grande salle du King's college, à Londres. Le 13 janvier est mort à Trieste, à l'áge de soixante-cinq ans, le docteur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1074 Bartolomeo Biasoletto, pharmacien, directeur du Jardin botanique de cette ville. Le 18 janvier est mort à Hardwicke, à l’âge de soixante-huit ans, le duc de Devonshire, dont le nom mérite d’être inscrit dans cette liste nécrologique en raison des services qu'il a rendus à l'horticulture et des dépenses im- menses qu'il a faites pour introduire dans la culture européenne des plantes étrangères remarquables à divers titres, entre autres l AmAerstia. Le duc de Devonshire était président de la Société d’horticultnre de Londres. Le 10 février est mortà Landau, à l'áge de quarante-six ans, M. Théodore Gümbel, collaborateur de MM. Bruch et Schimper pour la Bryologia euro- pæa, et dont nous avons eu occasion d'analyser plusieurs fois dans cette Revue bibliographique des mémoires publiés dans des recueils allemands, surtout dans le Flora de Ratisbonne. Le 16 mars est mort à Breslau, àl'áge de quatre-vingt-un ans, le docteur Christian Gottfried Nees von Esenbeck, le célébre président de l'Académie Léopoldino-Caroline des Curieux de la nature, de Bonn, dont tout le monde connaitles nombreux et importants travaux relatifs non-seulement à la bota- nique, mais encore à l'entomologie et à la philosophie. BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés en 1857 (suite et fin). Speerschneider (Dr J.). — Mikroskopisch-anatomisehe Untersuchung der Peltigera scutata Kbr. (Étude anatomique et microscopique du Peltigera scutata Kbr.); n° 31, 32, 33, 31 juillet, 7 et 14 août, col. 521-530, 537-545, 561-572, plan. 1x. Irmisch (Thilo). — Zur Erinnerung an C. Fr. W. Wallroth. Eine biogra- phische Skizze (A la mémoire de C. F. W. Wallroth. Esquisse biogra- phique); n* 32, 7 aoüt, col. 545-555. | Schenk. — Ueber formlose Stærke (Sur la fécule amorphe); n° 32, 7 août, col. 555-556. Müller (Ch., de Halle). — Manipulus Muscorum e Flora Novæ Granadæ; n^ 34, 21 août, col. 577-583. Bonorden. — Die Gattungen Lycoperdon, Bovista und ihr Bau (Les genres Lycoperdon, Bovista et leur structure); n°’ 35, 36 et 37, 28 août, A et 11 septembre, col. 593-602, 609-616, 625-632. Caspary (Dr Robert). — Der Kartoffelpilz in diesem Sommer (Le Champi- gnon des Pommes de terre pendant cet été) ; n° 35, 28 août, col. 602-603. Pfeiffer (D* Louis). — Ueber die Nomenklatur bei einigen Gattungen der Fumariaceen, ete. (Sur la nomenclature dans quelques genres de Fuma- riacées, particulierement dans le Diclytra Borkh.) ; n^ 38, 18 septembre, Col, 641-650. $ 1072 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sanio (Carl.). — Einige weitere Bemerkungen über die Sporenentwickelung bei den Equiseten (Quelques nouvelles remarques sur le développement des spores dans les Equisetum); n° 39, col. 657-671, plan. x. Philippi (D! R. A.). — Bemerkungen über die Flora der Wüste Atacama (Remarques sur la Flore du désert d'Atacama) ; n^ 40, 2 octobre, col. 681-690. Treviranus (L. C.). — Vermischte Bemerkungen (Remarques diverses : 1. Hybernaeles du Potamogeton crispus; 2. Hybernacles de l Hydro- charis Morsus Hanc L.; 3. Embryon des Orobanchées ; 4. Embryon du Cytinus Hypocistis) ; n° 41, 9 octobre, col. 697-702, pl. xr, A. Regel (D E.). — Bemerkungen über Pflanzen des Petersburger Gartens (Remarques sur des plantes du Jardin de Saint-Pétersbourg); n° 42, 16 octobre, col. 713-719. Philippi (D' R. A.). — Ueber Jaborosa Juss. (Sur le genre Jaborosa Juss.) ; n° 42, 16 octobre, col. 719-723, pl. xr, B. ` Müller (Daniel, à Upsal). — Ueber die Befruchtung der incompleten Blumen einiger Viola-Arten (Sur la fécondation des fleurs incomplètes de quelques espèces de Violettes) ; n° 43, 23 octobre, col. 729-733, plan. xi, C. | Philippi (D* R. A.). -- Ueber die chilenischen Formen von Quinchamalium (Sur les formes chiliennes de Quinchamalium) ; n° Ah, 30 octobre, col. 745-749, pl. xi, D. - Miller (Ch., de Halle). — Decas Muscorum Oceani pacifici; n° 45, 6 no- vembre, col. 777-182. Sachs (D' Julius) — Ueber das Bewegungsorgan und die periodische Bewegungen der Blætter von Phaseolus und Oxalis (Sur l'organe moteur et sur les mouvements périodiques des feuilles des Phaseolus et Oxalis); n” 46 et 47, 13, 20 novembre, col. 793-802, 809-815, plan. xu et xII. Berg (D* O.). — Bemerkungen, die chilenischen Myrtaceen von Philippi . betreffend (Remarques relatives aux Myrtacées chiliennes de M. Phi- lippi) ; n” 48, 49 et 50, 27 novembre, 4 et 11 décembre, col. 825-830, 811-847, 857-861. Klinsmann. — Kurze Mittheilungen (Courtes communications : 1. sur le Daucus Carota; 2. sur V Isoetes lacustris, dans la Flore de Poméranie de Homann) ; n? 49, 4 décembre, col. 847-849. Schlechtendal (D. F. L. v.). — Abnorme Pflanzenbildungen (Monstruosités de plantes) ; n? 51, 18 décembre, col. 873-880. Milde (D* J.). — Ueber Botrychium boreale Milde (Sur le Botrychium boreale Milde) ; n° 51, 18 décembre, col. 880-884. Schlechtendal (D. L. F. v.). — Eichenfragen (Question des Chênes); n° 52, 25 décembre, col. 889-898. Paris, — Imprimerie de L MARTINET, ruc Mignon, 2. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME QUATRIÈME. N. B. — fros indi ames ^ ` abbé Les numéros indiquent les pages. — Tous les nonis de genre ou d'espèce rangés par ordre p que sont les noms latins des plantes, Ainsi, pour trouver Ghéne, cherchez Quercus, etc. A Absence d'individus femelles du Chara crinita var. oxygyna à La Calle, 151. Accroissement (Théorie de Du Petit- Thouars sur I), voy. Théorie. Achaines, voy. Nucules. Acuminé (Du mot), 738. Adelanthus Endl.,991. Adhérent (Du mot) appl. à l'ovaire, 740. Adonis microcarpa DC. var. dentata, 55. Adventif (Fruit) sur une cicatrice, 625. Ægilops (Hybridation des), 528, 573. Atriplex hortensis L. (Des graines de r) et de leur germination, 441-444, Avena alpestris DC., 440. B Bailos (H.). De quelques particularités que présentent les org. de la féconda- tion, 19, — De l'hermaphroditisme acci- dentel chez les Euphorbiacées, 692. — Examen des genres qui composent l'ordre des Antidesmées, 987. — Les Scépa- cées doivent-elles constituer un ordre particulier? 993. — Organogénie des graines charnues de l'Hymenocallis spe- ciosa, 1020. — Obs. 23, 39, 269, 513, 696, 189, 1022, 1023. Balanophora Forst., 217. Balanophorées (Famille des), 210. BaALANSA (B.). Sur la struct. de lépi et. de l'épillet des Graminées, 302.— Obs., 48, 107, 108, 153. — Nouvelles de son voyage, 43i. — Voyez Boissier. Barry (le docteur), Fait présenter un frag- ment d'étoffe de duvet de Typha, 353. Banquet de la Société à Montpellier, 631. Barbarea precoz R. Br. trouvé dans la forét de Saint-Germain, 109. Barkhausia senecioides Spr., 369. Dannaxpow, Offre à la Société des échant. de Brassica humilis, 588. Bellis perennis L. monstrueux, 622, Biasoletto (B.). Sa mort, 1070. Bibliographie, 94, 255, 683, 736, 848, 916, 1071. Bibliographique (Revue), 64, 183, 209, 310, 411, 526, 683, 703, 817, 1035. Bibliothéque des Jussieu, 730. | Bicarpellaire (Structure) de l'ovaire des Borraginées, 895. | Bipartite (OEillet à feuille), 622, | Bois d'If, objet d'un commerce important au xv* siècle, 691, Bois dela Moure pr. Montpellier, voy. Herborisations. | Boisouvaz. Présente des plantes vivantes | qu'il cultive, 168, 309, 337, 273, 464, |. 509, 757, 802. — Obs., 301, 273,411, | 802. i | Borssier (E.) et Batassa. Description de | quelques espèces nouvelles de Graminées | d'Orient, 305. ! Boxxet, voy. Hagueron, | Borraginées (Noms donnés aux parties des fruits des), 741. — (Structure bicarpel- | laire de l'ovaire des), 895. 953, 1076 Bovis (de). Obs., 146, 373. Boulogne (Geranium phœum trouvé au Bois de), 108. BouncEAv (E.). Lettre sur son voyage dans l'Amérique du Nord, 1032. Bourgeons souterrains de l’Agave ameri- cana, 44, 612, 898. BovuricNv. Sur une nouv. esp. d'ZEthionema (E. pyrenaicum), 777. Brachycladium penicillatum Corda, 801. Bractées des Crucifères, 265-267. Brassica Gravinæ Ten., 56. — humilis DC., 588. Bresse (Carex Moniezi sp. nov, trouvé dans la), 163. Brice (G.). Rapport de la Commission de comptabilité, 859. Bromus cappadocicus B. B. sp. nov., 306. BnosprAv (L. de). Sur le Chetomiumchar- tarum, 999. BRoxGxIART (Ad.). Obs., 264, 301, 305. Burrer (J.) (Feuilles monstrueuses trou- vées par), 1006. Buffonia (Orthographe du nom du genre), 762. Bulbes renversés (De la direction que prennent les racines et les tiges dans les), 948. Bulgardagh. Liste des plantes qui crois- sent sur Cette montagne, 867. Bupleurum helerophyllum Link, 178. — opposilifolium Lap., 436. Bureau (Éd.). Sur diverses monstruosités, 450. — Obs., 452, 513. Bureau de la Société pour 1857, 3. — de la session extraord., 557, 561. C Calcaires (Flore quaternaire des tufs) de Castelnau, 582. Calendula stellata Cav. a. stellata, B. in- termedia, +. hymenocarpa, 282, — suf- fruticosa Vahl, 281. Callipeltis Cucullaria Stev., 179. Calopyxis Tul. gen. nov., 424. Campanula Bocconi Vill., 191. — lanceo- lata Lap., 438. Cannabis saliva L, (Tige monstrueuse de), 1023. Cap-Ferret (Ophioglossum du), 597. Capsella gracilis Gren. sp. nov., 1049. Caractéres spécifiques (Sur la valeur de certains), 33€. Carduncellus eriocephalus Boiss., 365. Carex acuminata Lap., 439. — Moniezi Lagr. sp. nov., 164. — secalina Lap., 439, 1019. — sphærica Lap., 439, 1019. — subrotunda Serres, sp. nov., SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 440. — virescens [. Grioleli J. Gay (C. grisea Viv.), 166. Carpelles, voy. Nucules. CanuEL (Th.), membre à vie, 819. Carya magalonensis. Citation de ce livre, 645. Caspary (R.). Sur la division de la famille des Hydrocharidées proposée par M. Cha- tin, 98. — Sur l'ovule du Vallisneria spiralis, 904. Castelnau prés Montpellier (Flore quater- naire des tufs calcaires de), 582. Casuarina equisetifolia L., 924. Catananche arenaria C. DR., 367. Cattleya luteola Liudl., 1065. Caunelle pr. Montpellier, voy. Herborisa- tions. Causes qui déterminent la fanaison des plantes, 112. Cenococcum 'pityoctonum Tul. sp. noy., 595. Centaurea Delilei Godr., 365. — dimorpha Viv., 364. — furfuracea C. DR. sp. nov., 363. Centinodium Montand, gen. nov., 315. Centres (Multiplicité des) de création, 932. Cerasus Laurocerasus Lois. (Feuille mon- strueuse de), 352. Ceratocalya: Coss. attaché au bas de tiges, 150. Cette, voy. Doumet et Herborisations. Chæœtomium chartarum Ehrenb., 999. Chaleur {Sur la somme de) efficace nécess. à la floraison du Nelumbium speciosum, 652. Chamomilla aurea J. Gay et f. coronala, 218. Champignon (Nouveau) du genre Ceno- coccum, 594. Champignons (Définition des), 743. — (Parasitisme supposé de), 744. — (My- celium de) autour des racines de quelques Orchidées, 373, 702. — hémostatiques de la Guadeloupe, 284, 444. Charnues (Organogénie des graines) de l'Hymenocallis speciosa, 1020. CuamIN (Ad.). Réponse aux obs. de M. Cas- pary sur sa divis. de la fam, des Hydro- charidées, 156. — De l'existence de rapports entre la nature de l'épiderme et celle du parenchyme des feuilles, 290. — présente un fragment d'étoffe de duvet de Typha, 353.— Discours à la fète des étudiants de Montpellier, 629. — Sur l'ovule du Vallisneria spiralis (réponses à M. Caspary), 905, 977. — Sur lare tomie des Santalacées ou Thésiacées, 978. — Obs., 145, 146,153, 267, 222. 452, 581, 696, 983. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Chaton femelle du Salix babylonica transf. en rameau persistant, 617. Chlamydophora pubescens C. DR., 979. — tridentata Ehrenb., 279. Chloranthacées (Fam. des), 1060. Chloranthie du Myosotis cæspitosa, 895. — du Sinapis arvensis, 161. — du Stella- ria media, 160. Chlorophylle (Rapport du nucléus avec la), 154. Cicatrice (Fruit adventif sur une), 625. Cineraria palustris L., 1033. Cissus L. (Vrilles des), 809. Cladanthus Cass., 13. — aravicus Cass., 14. — Geslini Coss. sp. nov., 15. — pedunculatus C. DR. sp. nov., 14. Classification des Chénes, 445. Cros (D.). Des graines de l'Atriplex hor- tensis et de leur germinat., 441. — Dis- cussion de quelques points de glossolo- gie botanique, 738. — Objection à la théorie de Du Petit-Thouars sur l'ac- croissement et à celles des phytons et des décurrences, 785. Lenticelles et Rhizogènes, 907. — De la colonne ou columelle des Géraniacées, des Malvacées et des Euphorbes, 926.— Les vrilles des Smilax ni folioles, ni stipules, 984. — Remarques à l'occasion d'une comm. de M. Serres sur quelques plantes de l'herb. de Lapeyrouse, 1017. — Obs., 141. Cochlearia danica L. 1033. Celebogyne J. Sm., 823. — Sur la possibi- lité de l'existence d'étamines dans ses fleurs femelles, 695, 789. — Sa germi- nation, 714. Collections de la Faculté des sciences de Montpellier (Visite de la Société aux), 560. Collet (Du mot), 742. Colletia cruciata H. A., 1065, Colonne oucolumelle des Géraniacées, des Malvacées et des Euphorbes, 926. Columelle, voy. Colonne. Commerce important (Bois d'If, objet d'un) au xv* siècle, 691, Commission des archives, 2, — du Bulle- tin pour 1857, 2, 24. — de comptabi- lité, 2, — Son rapport, 852. — chargée de visiter le Jardin des plantes et le Conservatoire botanique de Montpellier, 573. — Son rapport, 672. — chargée d'examiner l'herb. de Dunal, 601. — Son rapport, 681. — chargée d'exami- ner la propos. relat. à la publ. d'une l'lore eryptog. des env. de Paris, 777. — Son rapport, 855. — chargée de diriger la publie, de la Flore cryptog. des env. de Paris, 858. Composée (Inflorescence), 374. Coniothecium Questieri Desmaz. sp. nov., 198. Conseil d'administration de la Société pour 1857, 3. Conservatoire botanique de Montpellier (Commiss. chargée de visiter le), 573. — (Rapport sur le), 677. CowrEJEAN. Sur le parasitisme du Gui, 264. Convolvulus Batatas L., 1003. — supinus C. Kr. sp. nov., 400. Coques, voy. Nucules. Corallorhiza innata R. Br. présenté à Ja Société, 702. — (Diagnose rectifiée du genre), 702, — (Sur le mode de végét. du), 766-710. Cordia ipomææflora Hook., 1064. Corse (Flore de), voy. France. Corynæa J. D. Hook. gen. nov., 218. Cosmanthus grandiflorus Benth., 1064. Cossow (E.). Itinéraire d'un voyage botanique en Algérie, entrepris en 1856, sous le pa- tronage du ministère de la guerre (suite), 5, 48, 126, 171, 270, 353, 386, 473, 515. — Liste des plantes récolt. par M. Reboud dans le Sahara algérien, 469. — Rapport sur l'herb. de Dunal, 681. — Diagnose rectifiée du genre Corallo- rhiza, 102. — Rapport de la Commiss. de la Flore cryptogamique des env. de Paris, 855. — De l'emploi de l'aleool pour faciliter l'étude et la dissection des plantes, 1007. — Obs., 23, 107, 153, 288, 305, 321, 515, 574, 661, 696. — et Dunigu DE Maisonneuve. Notes sut quelques esp. nouy. d'Algérie, 11, 522. — et Knarik, Notes sur quelques plantes rares ou nouv. de la régence de Tunis, 55, 131, 176, 277, 260, 400, 490. — Considérations sur la végét. du sud de la régence de Tunis, 950. — Voy. Mo- quin-Tandon. Crambe maritima L., 1033. , Cratægus. Un très vieux pied d'Aubépine, 92. — Crus galli L. (Gui observé sur le), 264. Création (De la multiplicité des centres de), 932. Creswellia Grev. gen. nov., 1058. Crovan frères. Obs. microscopiques sur l'organisation, la fructification et la dis- sémination de plusieurs genres d'Algues appartenant à la fam. des Dictyotées, 2 4. Crozophora verbascifolia A. Juss., 495. Crucifères (Bractées des), 265-267. Cryptogames (Vingt-quatrième notice sur les plantes) récemment découvertes en France, 797, 858, 911, 991, 1009. 1078 Cryptogamique (Flore) des env. de Paris, 774, 855. Cucurbita L., 931. —digitata Gray, 236.—* maxima Duch. , 232,—melanosperma À. Br., 235. — moschata Duch., 235. — Pepo DC., 233. — perennis Gray, 235. Cucurbitacées (Vrilles des), 109, 142, 329, 144-156, 781-188. Culture du Pavot à œillette, 343. Cyclosperma. Griff. (Cyrtosperma Schott), 128. Cylindrospermum Ralfs, 1044. Cynomorium Mich., 216. — coccineum Mich. (Mode de parasitisme du), 513.— (Sur les fleurs femelles du), 795. Cypripedium caudatum Lindl, et C. Lowii Lindl. prés, à la Société, 444. Cyrtolepis alexandrina DC. , 182. Cyrtosperma, voy. Cyclosperma. Cytisus helerophyllus Lap., 435, 1018. D Damasonium Bourgæi Coss., 496. — po- lyspermum Coss. découvert près d'Agde, 138. Daphniphyllum BI., 992. Dasylirium acrotrichum Zuccar., 1064. Déboisement des montagnes en Syrie, 284. Decaisne (J.). Note sur l’organogénie florale du Poirier, précédée de quelques consid. sur la valeur de certains caractères spé- cifiques, 338. — Sur les vrilles des Cucurbitacées, 787. — Sur une préten- due étamine de Celebogyne, 789. — Obs., 107, 352, 353, 788, 790, 983, 984. De CanpoLce (Alph.). Sur la fam. des San- talacées, 351. — Obs., 336, 909. Décurrenees (Théorie des), voy. Théorie. Déhiscence du fruit des Orchidées, 803. Dépérissement (Sur le) des arbres de nos promenades publiques, 292. DEsMaziÈRES (J. -B.-H.-J.). Vingt-quatrième notice sur les plantes Cryptogames récem- ment découv, en France, 797, 858, 911, 994, 1009. Destruction des forêts de Teck dans l'Inde, 319. Développemeut (Mode de) du Posidonia Caulini, 515. Deverra chlorantha C. DR., 179. — tor- tuosa DC. et var. virgata, 178, 179, Devonshire (le duc de). Sa mort, 1071. Dianthus Caryophyllus L. à feuille bipar- tite, 622, — hirtus Vill., 435. — super- bus L. trouvé à Itteville, 802. Dictyota Lamour., 27. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dictyotées (Obs. sur plus. genres d'Algues de la fam. des), 24. Difformité par cause fongique, 651. Diffusion de quelques esp. de Lichens, 371. Digenea Ag. (Fructification du), 773. Digitalis purpurea L., 438. Dioscorea alata L., 4014. — Patatas Dene. Sa germinat. comparée à celle du Ta- mus communis et de Asparagus offici- nalis, 697. -— (Vitalité des parties sou- terraines du), 700. — bulbifera L., 1016. — pentaphylla L., 4015. Direction (De la) que prennent les racines et les tiges dans les bulbes renversés, 948. Discours de M. Pagézy, maire de Montpel- lier, 547. — de M. le comte Jaubert à l'ouv. de la session extraord., 549. — de M. de Tchihatchef à la clót. de la session extraord., 667. — de M. Moquin-Tandon aux funérailles de M. Graves, 689. — prononcés à la fête des étudiants de Montpellier, 628-631. Discussion de quelques points de glossologie botanique, 738. Dissection des plantes (Emploi de l'alcool pour faciliter Ja), 1007. Dissémination (Sur la) de plus. genres d'Algues de la fam. des Dictyotées, 24. Distribution des esp. de la section Gamon du genre Asphodelus, 607. -— de l' Alche- milla vulgaris dans trcis départ., 124. Division dela fam. des Hydrocharidées prop par M. Chatin, 98, 156. Djelfa (Liste des plantes obs. aux env. de), 483. Dons faits à la Société, 1, 4, 24, 97, 109, 126, 141, 146, 147, 257, 283, 284, 321, 337, 370, 371, 433, 500, 633, 690, 737, 770, 774, 772, 849, 911, 977, 1008. Doumer (E.). Obs., 581. — Visite de la Société à son musée et à ses jardins, à Cette, 584. Dracontium polyphyllum L., 1012. Dressées (Feuilles) du Scirpus lacustris, 150. DucrarTre (P.). Obs. sur la fanaison des plantes et sur les causes qui la détermi- nent, 112. — Note sur unefeuille mon- strueuse de Tilleul, suivie de quelques consid. sur les feuilles peltées, 267. — Sur div. monsiruosités de Tulipa Gesne- ríana, 509. — Sur la vitalité des parties souterraines du Dioscorea Batatas, 100. Recherches sur les rapports des plantes avec la rosée, 940. — Observa- tions sur la transpiration des plantes pendant la nuit, 1024. — Obs., 23, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, 149, 290, 292, 1022, 1031. Ducounrayx-BourGauLT. Obs., 581. Dunal (Commiss. chargée d'examiner l'herb. de), 601. — (Rapport sur l'herb. de), 681. Du Petit-Thouars (Théorie de) sur l'accrois- sement, voy. Théorie. Duru pnr Maisonneuve. Découverte de © l'Andrea falcata dans les Pyrénées, 48. — Lettre sur le Scirpus lacustris, le Ce- ratocaly v, le Nitella syncarpa et le rhi- zome des Ophioglossum, 150, — Sur un nouv, Champignon du genre Cenococcum, 594. — Sur le parasitisme du Gui, 596. — Sur l'Ophioglossum de Lardy et du Cap-Ferret, 597. — Obs., 581, 599, — Voyez Cosson. Duvet de Typha (Étoffe de), 353. E 513, 695, 699, 947, Echinospermum Vahlianum Lehm., 405. Echiochilon fruticosum Desf., 401. Ecole de pharmacie de Montpellier (Visite de la Société au jardin de l’), 627. Érov pe Vico. Notes sur quelques plantes du littoral des départ. de la Somme et du Pas-de-Calais, 1033. Elymus arenarius L., 4034. — cappado- cicus B. B. sp. nov., 308. Embaumement (Aromatesemployés pour I') au xv* siècle, 792-795. Enarthrocarpus clavatus Del., 57. Epi (Struct. de I) des Graminées, 302. Epicoccum purpurascens Ehrenb., 860. Epiderme (Rapports entre la nature de l’) , €t celle du parenchyme des feuilles, 290. Epillet (Struct. de 1’) des Graminées, 302. Eragrostis vulgaris C. G. var. sperostachya C. DR., 498. Erodium arborescens Willd., 61. — cris- pum Lap., 4047. — glaucophyllon Ait., 60, — lucidum Lap., 1047. — macra- denum L'Hér., 4047. — petraum Willd., 1046, Erythræa littoralis Fr., 1034. Esron. Discours à la fête des étudiants de , Montpellier, 630. Etamines (Sur la possibilité de l'existence T) dans les fleurs femelles du Cœlebo- . gyne, 695, 789. Etang de l'réjorgues pr. Montpellier, voy. , Herborisations. Etat de la végét. aux env. d'Hyères en dé- cembre et janvier, 102. “toffe de duvet de Typha, 353. Etudiants (Féte des) de Montpellier, 628. Étymologie du nom du genre Aponogelon, 580, | 1079 Euphorbia (Colonne ou columelle des), 926. — calyptrata C. DR. sp. nov., 524. — Chaixiana Timb. sp. nov., 192. — cornula Pers., 494. — glebulosa C. DR, Sp. nov., 493, Euphorbiacées (Hermaphroditisme acci- dentel chez les). 692. Excipula immersa Desmaz. sp. nov., 911. Expansivité (Sur quelques faits d’), 621. Expériences sur la persistance de la vitalité des graines flottant à la surface de la mer, 324. Extraction de l'opium indigène, 343. E Fabre (Visite de la Société au Musée), à Montpellier, 632. Faculté des sciences de Montpellier (Visite de la Société aux collections de la), 560. Falconeria Royle, 992. Fanaison des plantes, 112. Farsetia clypeata R. Br., 899. Fécondation (Sur quelques particularités que présentent les organes de la), 19. Fécules de div. plantes de Tahiti, 1016. Fée (A.). Linné aurait-il, dans une inten- tion mauvaise, altéré l'orthographe du nom du genre Buffonia ? 162. Femelles (Absence d'individus) du Nitella syncarpa var. oxygyne à la Calle, 151. Festuca divaricata Desf. 5. dichotoma et y. memphitica, 499. — diversifolia B. B. sp. nov., 306. — speclabilis Jan, 440. Fête des étudiants de Montpellier, 628. Feuille bipartite (OEillet à), 622. monstrueuse de Tilleul, 267. — mon- strueuse de Cerasus Laurocerasus, 352. Feuilles (Rapports entre la nature de l'épi- derme et celle du parenchyme des), 290. — (Rameaux à) panachées et rameaux à feuilles non panachées chez un Alaterne, 694. — dressées du Scirpus lacustris, 150. — monstrueuses (Diverses), 1006. —peltées, 267. —ternées (Myrte et Lilas à), 622. Filago mareotica Del., 280. Fleurs (Sur les) femelles du. Cynomorium coccineum, 795. Floraison d'un Agave americana au Jardin des plantes de Montpellier, 605. — du Nelumbium speciosum (Sur la somme de chaleur efficace nécessaire à la), 652. Floraisons anticipées, dites floraisons tar- dives, 620. 2. Florale (Organogénie) du Poirier, 339, — (Structure) du Chéne, 501. | Floraux (Forme des groupes), 452, — (Po- sition des groupes), 932. 1080 Flore d'Algérie, voy. Algérie. — de Corse, voy. France, — de France, voy. France. — des env. de Paris, voy. Paris. — de la régence de Tunis, voy. Algérie. — de Montpellier (Plantes étrangères à la) trouvées aux env. de cette ville, 626, — cryptogamique des env. de Paris, 774, 855. — quaternaire des tufs calcaires de Castelnau, 582. Folioles (Les vrilles des Smilax ni stipules, ni), 984. Fongique (Difformité par cause), 651, Forêts de Teck (Destruction des) l'Inde, 319. Forme des groupes floraux, 452. Fossiles (Plantes), voy. Castelnau, Nym- phéacées et (dans la table de la Revue bibliographique) : Caspary, Debey, Heer, Jæger, Schmidt (Fr.). Fougères alimentaires, 1003. Fourier (Eug.). Sur quelques esp. nouv. obs. aux env. de Paris, 108. — Découv. du Barbarea praecox daus la forét de Saint-Germain, 109. — présente des pieds fleuris de Scilla Lilio-hyacinthus, 464. — Sur quelques anomalies des Ruscus, 158. — Sur quelques feuilles monstrueuses rapportées par M, Buffet, 1006. — Obs., 513. Fournier (Henri). Découv. du Geranium phœum au bois de Boulogne, 108. FoviLLE (Ach.). Discours à la fête des étu- diants de Montpellier, 631. France (Anciens noms vulgaires de quelques plantes dans le nord de la), 790. — (Vingt-quatriéme notice sur les plantes cryptog. récemment découv. en), 797, 858, 911, 994, 1009. France (Flore de) et de Corse : Herborisa- tions de la Société aux env. de Mont- pellier, 561, 563, 566, 571, 588, 592, 601, 633, 638, 642, 664. — Plantes étrangères à la flore de Montpellier trouv. aux env. de cette ville, 626. — Syno- aymie des plantes de l'herb. de Lapey- rouse, 418, 434, 1017.—Anciens noms vulg. de quelques plantes dans le nord de la France, 790. — Obs. sur l'état de la végét. aux env. d'IHyéres pendant les mois de déc. et janv., 102. — Prodro- mus Lichenographie Galliœ et Algerie, 916. — Herbarium Lichenum parisien- sium, 258. — Flore cryptog. des env. de Paris, 774, 855. — Obs. sur plus. genres d'Algues de la fam. des Dictyotées, 24. — Sur la flore quaternaire des tufs caleaires de Castelnau, 582, — Nym- phéacées fossiles, 497. — Æthionema pyrenaicum Bout., 777, 782, 784. — dans SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Agrostis festucoides, 191. — À. pyre- næa Timb., 191. — 4. pyrenaica, 191, — Alchemilla vulgaris, 124, — Allium scaberrimum Serres, 439, — Alopecurus setarioides Gren., 1052. — Anabaina, 157. — Andrea falcata, 48. — Ane- mone ranunculoides, 109. — Anthemis Gerardiana, 436. — Arenaria mixta, 435. — Arthonia difformis Nyl., 924. — Asphodelus cerasiferus J. Gay, 610. — A. microcarpus, 609. — Asterina Æsculi Desmaz., 914. — A. (?) angu- lata Desmaz., 914. — A. Epilobii Des- maz., 914. — A. (?) Pyracantha Des- maz., 915. —- A. (?) umbonata Desmaz., 915. — A. vagans var. Aceris et var. Alni Desmaz., 913. — Asteroma Cerasi Rob., 995. — A. elegans Rob., 994. — A. fugax Rob., 996. — À. graphoides Rob., 995. — A. incomptum Rob., 996. — A. (?) Piri Rob., 996. — Avena alpestris, 440.— Barbarea præcoæ, 109. — Brachycladium penicillatum, 801. — Brassica humilis, 588. — Bupleurum oppositifolium, 436. — Campanula Boc- coni, 191. — C. lanceolata, 438. — Capsella gracilis Gren., 4049. — Carex acuminata, 439. — C. Moniezi Lagr., 164. — C. secalina, 439, 1019. — C. sphærica, 439, 1019. — C. subrotunda Serres, 440. — Cenococcum pilyocto- num Tul., 595. — Centinodium Mon- tand., 315. —- Chœætomium chartarum, 999. — Cineraria palustris, 4033. — Cochlearia danica, 1033. ` — Coniothe- cium Queslieri Desmaz., 798. —- Coral- lorhiza innala, 102. — Crambe mari- tima, 1033. — Cylindrospermum, 1044. — Cylisus heterophyllus, 435, 1018. — Damasonium polyspermum, 138. — Dianthus hirtus, 435. — D. superbus, 802. — Digitalis purpurea, 438. — Ely- mus arenarius, 1034.— Epicoccumpur- purascens, 860. — Erodium crispum, 1047. — E. lucidum, 1047. — E. ma- cradenum, 1047. — E. petræum, 1046. — Erythræa littoralis, 1034. — Eu- phorbia Chaiviana Timb., 192. — Exci- pula immersa Desmaz., 911. — Farse- tia clypeata, 899. — Festuca spectabilis, 440. — Gentiana amarella, 1034. — Geranium phœum, 108. — G. purpu- reum, 192. — Glaucium aurantiacum Martr., 74. — Glocosporium Populi albe Desmaz., 799. — Helianthemum canum, 109. — Hendersonia Typhoidearum var. Cyperi Desmaz., 912.— Hieracium con- troversum Timb., 191. — II. dentatum. 437. — II. hybridum, 437. — H. lan- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. ceolalum, 191. — H. villosum b., 437. — Hypericum linearifolium, 125, 436. — Lecidea lœvigata Nyl., 924. — Lepi- gonum, 969. — Lychnis aspera, 434. — Macrosporium cladosporioides Desmaz., 199. -— Melica typhina Bor., 964. — Myosolis brachypoda Gren., 1052, — Nectria carnea Desmaz., 998. — N. Peziza var. minor Desmaz., 997. — N. pyrochroa Desmaz., 998. — N. Rober- gei M. D., 999. — Nepeta amethystina et var., 532. — N. Nepetella et var., 531. — Nostoc vesicarium, 1044. — Obione pedunculata, 1034. — Oidium Chrysanthemi, 800. — Ononis Colum- næ, 803. — 0O. senescens, 435, 1018. — Ophioglossum lusitanicum ?, 597. — Or- chis Hanrii, 439.—Perisporium (?) fibril- losumet var. productum Desmaz., 862. — Peronospora densa, 801. — Peziza Po- lygoni, 859. — P. Spirææ Wob., 859. — Pisum maritimum, 1033. — Poly- gala corsica Bor., 964. — Primula longiflora, 1007. — Puccinia recondita Rob., 798. — Pyrenopsis fuscatuta Nyl., 924. — Pyrola rotundifolia var. arena- ria, 1034. — Quercus occidentalis J. Gay, 449. — Ranunculus Revellierii Bor., 964. — Rapistrum Blaisii Gren., 1050. — Rhamnus sylvaticus Serres, 436. — Sacidium Desmazieri Mont., 861.— Saponaria bellidifolia, 435, 1018. — Saxifraga sponhemica, 125. — Scir- PUS supinus, 109. — Selenosporium minutissimum Desmaz., 860. — Seplo- ria Scleranthi Desmaz. , 861. — Seriola @tnensis, 437, 1019. — Sphæria calos- troma Desmaz., 1011. — S. (7?) cine- reo-nebulosa Desmaz., 1009. — S. de- vexa Desmaz., 1009. — S. palustris, 1010. — Spilonema Bornet, 201. — S. paradoxum, 904. — Stigmatea Poten- tille, 997, — Stigmatidium leucinum Nyl., 924. — Synalissa conferta Bornet, 201. — S. micrococca B. N., 201. — Thalictrum angustifolium, 108. — The- sium tenuifolium, 438. — Th. glaucum Serres, 438. — Thlaspi cristatum, 434. — Tiniaria Montand., 316. — Trifolium clypeatum, 436, 1018. — T. Rouxi Gren. 1050. — Trochila Populorum Desmaz., 858. — Uredo ma- crospora Desmaz., 797, — Urtica Do- darti, 191. — Vaccinium Myrtillus, 386. — Veronica saxatilis, 438. — Verruca- ria halodytes Nyl., 924. — Viola sabu- losa, 1033. — Viscum album, 261. — Voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) : Boreau, Bornet, Bourguignat, Caspary, 1081 Clos, Godron, Graves, Grenier, Kirschle- ger, Laurés, Lecoq, Le Héricher, Mar- trin-Donos, Montandon, Rendu, Tim- bal-Lagrave. Francœuria laciniata C. DR., sp. nov., 481. Fructification (Sur la) de plusieurs genres d'Algues de la famille des Dictyotées, 24. — du Digenea, '113. Fruit adventif sur une cicatrice, 625. —— sain (Germinat. des graines dans un), 624. — des Orchidées (Déhiscence du), 803. Fruits des Labiées ct des Borraginées (Noms donnés aux parties des), 741. Fumaria densiflora DC., 55. Funérailles de M. Graves (Discours pro- noncé aux), 689. G GaiLLARDOT (C.) Sur le déboisement des montagnes en Syrie, 284. Gamon (Distrib. géogr. des Asphodèles de la section), 607. Gaultheria, discolor Nutt., 1065. Gay (J.). Annonce la découv. de l'Andrea falcata dans les Pyrénées, 48. — Sur le Carex virescens B. Grioleli (C. grisea Viv.), 165. — Sur les bractées des Cru- cifères, 266. — Sur un Chêne nouveau (Q. occidentalis) de la flore de l'rance et sur la classification des Chénes eu géné- ral, 445. — Sur les Asphodèles de la section Plagiasphodelus, 496 (en note). — Sur la végét. , l'infloresc. et la struct. florale du Chéne, 501. — Sur l'orig. du nom du genre Aponogelon, 580. — Sur la distrib. géogr. des Asphodéles de la section Gamon, 607. — L'Agave ameri- cana considéré dans ses moyens de re- product. par bourgeons souterrains, 612. — présente de jeunes rejetons floriferes d'Agave americana, 616, 757. — Sur le Rosa Hardii, 656 (en note). — an- nonce la découv. du Damasonium po- lyspermum près d'Agde, 738. — Sur l'Anabaina, 151. — Obs. sur la note de M. Boutigny relat. à une nouvelle espece d'Æthionema, 178. — Obs., 47, 141, 153, 264, 267, 371, 452, 513, 515, 580, 591, 599(en note), 605, 899, 1032. Gentiana alpina Vill., 723. — amarella L., 1034. — angustifolia Vill., 724. — Clusii P. S. sp. nov., 124. — Kochiana P. S. sp. nov., 723. il Géographie botanique de l'Asie-Mineure, 661, 863. Géraniacées (Colonne ou columelle des), 926. 1082 Geranium pheum L. trouvé au Bois de Boulogne, 108. — purpureum Vill., 192. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Lettre à M. le Président, 101. —Sur l'état de la végét. aux env. d'Hyéres pendant les mois de déc. 1856 et janv. 1857, 102. — Sur la germination et le mode 'de développ. du Posidonia Caulini, 515. — Sur la germination de l' Aponogeton distachyus, 577. — Sur une transformation du cha- ton femelle en rameau persistant, chez le Salix babylonica, 617. — Sur les floraisons anticipées, dites floraisons tar- dives, 620. — Sur quelques faits d'ex- pansivité (partition ou dédoublement et tendance à la partition), 621. — Sur divers cas tératolog. obs. dans le midi dela France, 624. — Germination du Dioscorea Batatas comparée à celle du Tamus communis et de VAsparagus officinalis, 697. — Sur le mode de végét. du Corallorhiza innata, 166. — Struc- ture bicarpellaire de l'ovaire des Borra- ginées, démontrée par l'étude d'une chloranthie du Myosotis cæspitosa, S95. — De la direction que prennent les tiges et les racines chez les bulbes ren- versés, 948. — Obs., 580, 582, 619, 693, 626, 696, 699, 802, 946. — et W. de ScmoevErkLp. Rapport sur le Jar- din des plantes et le Conservatoire bota- nique de Montpellier, 672. Germination des graines dans un fruit sain, 624. — des graines de Y Atriplex hortensis, 441-444, — de l'Aponogeton distachyus, 377.— du Dioscorea Batatas comp. à celle de Tamus communis et de l'Asparagus officinalis, 697. — du Po- sidonia Caulini, 575. Gervais (P.). Lettre à M. 551. Giton (Ad.). Découv. du Thalictrum angus- lifolium au bois de Vincennes et du Scir- pus supinus à Villeneuve-Saint-Georges, 108, 109. Glaucium aurantiacum Martr. sp. nov., 14. Gloosporium Populi alba? Desmaz. sp. nov., 199. Glossologie botanique (Discussion de quel- ques points de), 738. GovnEnT (Ém.). Découv. du Dianthus super- bus à Itteville, 803. Gousses de Vanilla lanceolata ?, 314. Graines (Germination des) dans un fruit sain, 624. — (Persistance de la vitalité des) flottant à la surface de la mer, 324. — (Des) de YAtripler hortensis et de leur germinat, , 441-444. — charnues de P Hymenocallis speciosa | (Organogénie le Président, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des), 1020. — horizontales et verticales des Salsolacées, 443. Graminées (Struct. de lépi et de l'épillet des), 302. —- d'Orient (Descript. de quelques esp. de), 305. Grammatocarpus volubilis Presl, 1064. Gramont pr. Montpellier, voy. Herborisa- tions. Graves (L.). Sa mort, 252, 689. — Disc. prononcé à ses funérailles, 689. — Hommage rendu à sa mémoire, 664. Gris (A.). Des rapports du nucléus avec la chlorophylle, 154. Groupes floraux (Forme des), 452, — (Po- sition des), 932. Guadeloupe (Champignons hémostatiques de la), 284, 444. Guembel (Th.). Sa mort, 1071. Guiart. Sa mort, 849. Guibourtia Benn. gen. nov., 1055. GuiLLARD (Ach.). Idée générale de l'inflo- rescence, 29, 116. — De l'inflorescence composée, 374. — De la forme des groupes floraux, 452. — De la position des groupes floraux, 932. — Sur les vrilles des Cucurbitacées, 142. -— Obs. en réponse à une communication de M. Clos, 264. — Sur les vrilles des Cucurbitacées (réponse à M. Lestibou- dois), 754. — Sur deux chloranthies, 160. — Sur une tige monstrueuse de Chanvre, 1023. — donne lecture d'un travail intitulé: Impressions de vacances, 909. — Obs., 40, 267, 464, 543, 930, 1022, 1023. Gymnarrhena micrantha Desf., 179. Gymnocarpos decandrus Forsk., 178. H Hacvrron et Bonser. Découv. de I Helian- themum canum à Moret, 109. Haplophyllum Buxbaumii A. Juss., 62. — tuberculatum A. Juss., 62. Helianthemum cahiricum Del., 53. — ca- mum Dun. trouvé à Moret, 409, — tune- tanum C. Kr. sp. nov., 58. Heliotropium undulatum Vahl, 401. Helleborus officinalis var. colchicus (hy br.?), 423. Helosis Rich., 218. Hémicarpelles, voy. Nucules. Hémostatiques (Champignons) de la Guade- loupe, 284, 444. Hendersonia typhoidearum var. Cyperi Des- maz., 912. Herbarium Lichenum parisiensiun, 258. Herbier de Dunal (Commiss. chargée d'exa- miner l’), 601.— Rapport sur l’), 681. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. — des Jussieu, 93. — de Lapeyrouse (Synonymie des plantes de l), 418, 434, 1017. — du Jardin des plantes de Montpellier, voy. Conservatoire. Herbiers de la Faculté des sciences de Montpellier (Visite de la Société aux), 560. Herblay (Ononis Columne trouvé près d’), 803. Herborisations de la Société pend. sa ses- sion extraord. à Montpellier (Rapports sur les) : Gramont, 561, — La Valette, 563. — Caunelle et Murviel, 566, —- Mireval et La Madeleine, 571. — Pie de Saint-Loup, 588. — Bois de la Moure et Port-Juvénal, 592, — Saint-Guilhem-du-Désert, 601. — Cette, 633. — Aigues-Mortes, 638. — Palavas et Maguelonne, 642, — Pérols et Etang de Fréjorgues, 664. Hérétieu. Sa mort, 370. Hermaphroditisme accidentel Euphorbiacées, 692. Herminium reptans, 157 (eu note). Hérnv. Présente à la Société des échant. de céréales, 587. Hieracium controversum Timb., 191. — dentatum Hoppe, 437. — hybridum Chaix, 437. — lanceolatum Vill., 191. — villosum D. Vill., 437. Hippocrepis bicontorta Lois., 138. Holopleura Casp. gen. nov. foss., 428. Hommage rendu à la mémoire de M. Graves, 664, 689. Horizontales et verticales (Graines) des Salsolacées, 443. Hussonia Ægiceras C. DR., 58. Hybridation des Ægilops, 528, 573. Hybrides : /Egilops, 528, 573. — Hellebo- rus, 423. — Rosa, 676 (en note). — Xanthium, '15. Hydrillées (Tribu des), 237. Hydrocharidées. Division de cette fam. pro- posée par M. Chatin, 98, 156. Hyères (État de la végét. aux env. d") en déc. et janv., 102. Hymenocallis speciosa Salisb. (Organogénie des graines charnues de l’), 1020. Hypecoum Gestini C. Kr. sp. nov., 522. Hypericum linearifolium Lap., 436. — obs. dans les Ardennes, 125. Hypertrophie (Sur quelques modes d’) chez les végétaux, 649. Hypoxylon irradians Montg., 444. chez les Idée générale de l'inflorescence, 29, 116. Ifloga spicata Seh. bip., 279. 1083 Inde (Destruct. des forêts de Teck dans r), 319. Indéfinie (Inflorescence), 380. Infére (Du mot) appl. à l'ovaire, 740. Inflorescence (fdée générale de l'), 29,416, — composée, 374. — indéfinie, 380. — Forme des groupes floraux, 452. — Po- sition des groupes floraux, 932, — du Chéne, 501. — des Plantains (Prolifi- cation del), 695. Introduction à la Flore de Cuba (Sur l’) de M. Ramon de la Sagra, 772. Isatis Djurdjuræ C. DR. sp. nov., 523. Itinéraired'un vovage botanique en Algérie (suite), 5, 48, 126, 171, 270, 353, 386, 413, 515. Itteville (Dianthus superbus trouvé près d^), 802. Jawan (A.). Obs., 290. Jardin des plantes de Montpellier (Visite de la Société au), 559. — (Commiss. chargée de l'examen du), 573. — (Rap- port sur le), 672.—Floraison d'un Agave americana au), 605. — de l'École de pharmacie de Montpellier (Visite de la Société au), 627. Jardins de M. Doumet à Cette (Visite de la Société aux), 584. Jacgert (le comte). Sur le dépérissement des arbres de nos promenades publiques, 292. — donne lecture d'un nouveau mémoire sur l'enseignement de la bota- nique, 302. — Disc. d'ouv. de la session extraord., 549. — Sur une course a Pérols et à l'étang de Fréjorgues, 664. — Hommage rendu à la mémoire de M. Graves, 664. — Lettre à M. le Pré- sident pour proposer la publicat., sous les auspices de la Société, d'une Flore eryptog. des env. de Paris, 774. — Sur le Farsetia clypeata, 599. — Obs., 441, 548, 559, 600, 627, 671. Jeannez (J.). Obs., 623. . Juniperus Bonatiana Vis. sp. nov., 836. — Cabianceæ Vis. sp. nov., 837. Jussieu (Bibliotheque des), 730. — (Her - bier des), 93. K KrrELEEn. Fait présenter deux fleurs d'Or- chidées exotiques, 444. K oclpinia linearis Pall, 367. KnaLik (L.). Obs., 108. — Voy. Cosson. 1084 L Labiées (Noms donnés aux parties des fruits des), 741. La Calle (Absence d'individus femelles du Nitella syncarpa var. oxygyna à), 151. Laghouat (Liste des plantes obs. aux env. de), 394, LAGRANGE (Alph.). Sur un nouv. Carex (C. Moniezi) trouvé dans la Bresse, 163. Lamium longiflorum Ten., 491. Langsdorffia Mart., 217. Lapeyrouse (Synonymie des plantes de l'herbier de), 418, 434, 1017. Lardy (Ophioglossum de), 597. Lasia Lour., 727. Lasimorpha Schott, gen, nov., 729. Lecidea levigata Nyl. sp. nov., 924 (en note). LrEcLERE (L.). Lettre sur la sécrétion d'une Orchidée, 148. Lecoo (H.). Lettre à M. le secrétaire et notice sur le Gui, 261. Lr Harperay. Découv. de l'Anemone ra- nunculoides dans la forêt de Montmo- rency, 109. Le Maour (Emm.). Obs., 929. Lenticelles, 907. Lentinus villosus Kl., 444. Lepidozamia Regel, gen. nov., 970. Lepigonum (Genre), 969. Lépine (J.). Sur le Casuarina equisetifolia, 924. — Sur quelques plantes alimen- taires de Tahiti, 4001, 1012. Lesripovpois (Th.). De la vrille des Cucur- bitacées, 744. — Réponse à M. Guillard sur le mème sujet, 754. — Réponse à M. Decaisne sur le mémesujet, 788. — Sur les vrilles des genres Vilis et Cissus, 809. — Obs., 758, 788, 809. Lettre de M. Germain de Saint-Pierre, 101. — de M. P. Gervais, 557. — de M. le comte Jaubert, 774. — de M. Leclére, 148. — de M. Lecoq, 261. — de M. Mar- tins, 931. Libre (Du mot) appl. à l'ovaire, 740. Lichenographiæ (Sur le Prodromus) Gallic et Algeria, 916. Lichens (Diffusion de quelques esp. de), 371. — (Nouv. esp. de) récemment dé- couv. en France, 924 (en note). Lichenum . parisiensium herbarium, 958. Limoniastrum Guyoniamuon DR., 492. Linaria albifrons Spr., 405. — exilis C. Kr, sp. nov., 406. —- fruticosa Desf., 406. Linné aurait-il, dans une intention mau- vaise, altéré l'orthographe du nom du genre Buffonia? 762. Liste des plantes obs. aux env, de Djelfa, « SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 483. — des plantes obs. aux env. de Laghouat, 394, — des plantes obs. par M. Reboud dans leSahara algérien, 469. — des plantes croissant sur le Bulgar- dagh, 867. Lophophylum S. E., 217. Lychnis aspera Poir., 434. M Macrosporium cladosporioides Desmaz. sp. nov., 799. | Madeleine (La) pr. Montpellier, voy. Her- borisations. Maguelonne pr. Montpellier, voy. Herbo- risations, MaiLLAnD (Aug.). Rapport sur lherboris. de la Société à Gramont, 561. Malvacées (Colonne ou columeile des), 926. Manis (P.). Rapports sur div. herborisa- tions de la Société, 563, 566, 571, 633, 638, 642. Marrubium Deserti de Noé, 490. Marsilea ægyptiaca Willd., 500. Manris (Ch.). Expériences sur la persis- tance de la vitalité des graines flottant à la surface de la mer, 324. — Floraison en pleine terre d'un Agave americana au Jardin des plantes de Montpellier, 605. — Discours à la féte des étudiants de Montpellier, 628, — Sur la somme de chaleur efficace nécess. à la floraison du Nelumbium speciosum, 652. — Lettre sur la multiplicité des centres de créa- tion, 931. — Obs., 336, 592, 605, 621, 657, 660. Matthiola oxyceras DC. var. 56. Maxillaria aromatica Grah.? (Secrétion du), 148. Medicago laciniata Al. et var. brachyacan- tha Boiss., 133. — secundiflora DR., 134. Mélanges, nouvelles, annonces, nécro- logie, ctc., 91, 206, 250, 519, 429, 543, 687, 730, $46, 973, 1069. Melianthus comosus Vahl (Sur quelques monstruosités du), 661. Melica typhina Bor. sp. nov., 964. Méucoco (le baron de). Distribution géogr. de l'Alchemilla vulgaris dans le Pas-de- Calais, l'Aisne et les Ardennes, 124. — L'Hypericum linearifotium et le Saxi- fraga sponhemica obs, dans la forêt des Ardennes, 125. — Du bois d'If consi- déré comme objet d'un commerce impor- tant au xv* siecle, 691. —- Anciens noms vulgaires de quelques plantes daus le nord de la France, 790. — Liste des basiceras, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. aromates employés pour l'embaume- ment des souverains au xv* siècle, 792. MENIÈRE. Obs., 149, 373. Mer (Persistance de la vitalité des graines flottant à Ja surface de Ja), 324. Méricarpes, voy. Nucules. Miel (Sur un nouveau), 342. Mireval pr. Montpellier, voy. Herborisa- tions. Monstruosités et Anomalies : Antirrhinum majus, 451. — Bellis perennis, 622. — Cannabis saliva, 1023, — Cerasus Lau- rocerasus, 352. — Dianthus Caryo- phyllus, 622. — Melianthus comosus, 661. — Myosotis cœæspitosa, S935. — Myrtus communis, 622. — Narcissus biflorus, 450. — Phytolacca dioica, 622. — Plantago, 625. — Rhamnus Alalernus, 624. — Ruscus, 758. — Salix babylonica, 617. — Scirpus la- custris, 150. — Sinapis arvensis, 161.— Stellaria media, 160. — Syringa vul- „garis, 622, — Tilia, 267. — Tulipa Gesneriana, 509. — Difformité par cause fongique, 651. — Feuilles mon- strueuses diverses, 4006. — Floraisons anticipées, 620. — Fruit adventif sur une cicatrice, 623. — Germination des graines dans un fruit sain, 624. — Her- maphroditisme accidentel, 692. — Hy- pertrophie (Modes d'), 649. — Nielle, 650. — Rachitisme, 649. — Végétation d'un arbre accidentellement renversé, 624. — Voyez (dans latable de la Re- vue bibliogr.) : Caspary, Christian, Jæ- ger, Schlechtendal, Tassi, Wigand. MONTAGNE (C.) Sur la monographie des Sphaignes de M. Schimper, 146. — Sur deux Champignons de la Guadeloupe, 444, — Sur l'Introduction à la Flore de Cuba de M. Ramon de la Sagra, 772. — Sur la fructification du Digenea, 713. Montagnes (Déboisement des) en Syrie, 284. — (Végétation des hautes) de l'Asie- Mineure ct de l'Arménie, 863. Montmorency (Anemone ranunculoides trouvé dans la forêt de), 109. Montpellier, voyez Discours, Flore, Her- borisations, Rapport, Session extraor- dinaire, Visite. OQUIN-TaNpoN (Alf.), président de la Société, 2, — Sur une feuille mon- Strueuse de Cerasus Laurocerasus, 352. — présente deux gousses de Vanilla lanceolata ?, 314. — Sur les graines ho- rizontales et verticales des Salsolacées, 443. — Citation de son livre intitulé : Carya Magalonensis, 643. — Disc. pro- noncé aux funérailles de M. Graves, 689. 1085 — Übs., 107, 264, 432, 696, 701, 758, 718, 909, 947. — et Cossox. Note sur l Anabasis alopecuroides, 168. Moret (Helianthemum canum trouvé près de), 109. Morren (Ch.). Sa mort annoncée, 432. — démentie, 543. Movckor. Notice sur l Herbarium Lichenum parisiensium publ. par M. Nylander, 258, — Notice sur le Prodromus Lichenogra- phie Gallie et Algerie de M. Nylander, 916. Multiplication (Mode de) de l'Agave ame- ricana, 43, 612, 898. Multiplicité des centres de création, 932. Muricaria prostrata Desv., 56. Murviel pr. Montpellier, voy. Herborisa- tions. Musa L., 1005, Musée de M. Doumet (Visite de la Société au) à Cette, 584. — Fabre (Visite de la Société au) à Montpellier, 632. Mycelium de Champignons autour des racines de quelques Orchidées, 373, 702. Myosotis brachypoda Gren. sp. nov., 1052, — cæspilosa (Chloranthie du), 895. Myricacées (Famille des), 1059. Myrtuscommunis. L. à feuillesternées, 622. Mystropetalon Harv. , 216. Mzab (Variétés de Dattier cultivées dansle), 468. N Nageia Gaertn, 991. Narcissus biflorus Curt. monstrueux, 450. Naunix (Ch). Remarques au sujet des ob- serv. de M. Clos relat, aux vrilles des Cucurbitacées, 109. Nécrologie, voy. Mélanges. Nectria carnea Desmaz. sp. nov., 998, — Peziza var. minor Desmaz., 997. — pyrochroa Desmaz, sp. nov., 998. — Robergei M. D, sp. nov., 999. Nees d'Eseubeck (Chr.-G.). Sa mort, 1071. Nelumbium speciosum Willd. (Sur la somme de chaleur efficace nécess. à la floraison du), 652. Neottia Nidus avis (Mode de végét. du), 41. Nepeta amethystina Desf. ct var., 532. — aragonensis Lam., 532. — Boissieri Willk. sp. nov., et var., 532.— murcica Guirao, sp. nov., 532. — Nepetelta L, et var., 531. | Nephrodium pallidum Bory, 500. Neurada procumbens L., 176. | Nicotiana (Espèces du geure) empl. à la fabrication des Tabacs, 1067. Nielle, 650. 1086 ` Nitella syncarpa Br. var. oxygyna. (Absence d'individus femelles de) à La Calle, 151. Nitraria tridentata, Desf., 477. No£ (le comte Fr. de). Note sur le Blé de Noé ou Blé bleu, 288. Nolletia chrysocomoides Cass., 180. Noms (Anciens) vulgaires de quelques plantes dans le nord de la France, 790. Nonnea phaneranthera Viv., 404. Nord de Ja France (Anciens noms vulgaires de quelques plantes dans le), 790. Nostoc vesicarium DC., 1044. Nolosparlium J. D. Hook. gen. nov., 236. Nouvelles, voyez Mélanges, Nucléus {Rapports du) avec la chlorophylle, 154. Nucules (Des mots), achaines, coques, car- pelles, méricarpes, hémicarpelles, appli- qués aux parties des fruits des Labiées et des Borraginées, 741. Nuit (Transpiration des plantes pend. la), 1024. NyLanner (W.). Sur la diffusion de quel- ques espéces de Lichens, 371. — Nouv. esp. de Lichens découv. en France, 924 (en note). — (Sur l Herbarium Lichenum parisiensium publié par), 258. — (Sur le Prodromus Lichenographiæ Galliæ et Algerie de), 916. Nymphéacées fossiles, 427. 0 Obione pedunculata Moq., 1034. Objection à la théorie Du Petit-Thouars sur l'accroissement, et à celles des phy- tons et des décurrences, 185. Observations microscopiques sur plusieurs genres d'Algues, 24. OEillette (Pavot à). Sa culture, 343. Oidium Chrysanthemi Rab., 800. Ombrophytum P. E., 917. Onobrychis Crista Galli Lam., 139. Ononis angustissima Lam., 133. — Colum- næ Al. trouvé à Herblay, 803. — se- nescens Lap., 435, 1018. Ophioglossum (Rhizome des), 452, —- de Lardy et du Cap-Ferret, 597. Opium indigène (Sur l'extraction. de F), 343. Opuntia. Cactus-raquette d'Algérie, 204. Orchidée (Séerétion d'une), 148. Orchidées(Déhiscence du fruit des), 803.— (Mycelium de Champignons autour des racines de quelques), 373, 702. —- exo- tiques présentées à la Société, 444. Orchis Hanrii Jord., 439. Organes de la fécondation (Sur quelques particularités que présentent les), 19, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Organisation (Sur F) de plusieurs genres d'Algues de la fam. des Dietyotées, 24. Organogénie des graines charnues de P Hy- menocallis speciosa, 1020, — florale du Poirier, 539. Orient (Description de quelques espèces nouvelles de Graminées d^), 3505. Origine (Sur l') du styrax calamite des anciens, 658. Orobanchée (Ceratocalyx) attachée au bas de tiges, 150. Orthographe (Sur l') du nom du genre Buf- fonia, 162. Othonn«a cheirifolia L., 283. Ottéliacées (Famille des), 98, 162. Ovaire (Des mots infère et adhérent, supere et libre, appl. à °), 740. — des Borra- ginées (Structure bicarpellaire del}, 895. Ovule (Du mot), 739. — (Sur V) du Valli- sneria spiralis, 904-907, 977. P Pacézy (J.), maire de Montpellier. Son dis- cours, 547. Palavas pr. Montpellier, voy.. Herborisa- tions. Palmite, voy. Prionium. Panachées(Rameaux à feuilles) et rameaux à feuilles non panachées, chez un Ala- terne, 624. Papaver sommiferum L. Culture du Pavot à œillette, 343. Parasitisme du Gui, 596. — d'une Oro- banchée attachée au bas de tiges, 150. — (Mode dej du Cynomorium coccineum, 513. — supposé des Champignons, 714. Parenchyme des feuilles (Rapports entre la nature de l'épiderme et celle du), 290. Paris (Sur quelques esp. obs. aux env. de), 108. — (Flore des env. de), voy. Four- nier, Goubert, Lardy, Nylander, Sche- nefeld et (dans la table de la Revue bi- bliographique) Graves. — (Flore cryptog. des env. de), 774, 855. Paronychia longiseta Webb, 176. Particularités (Sur quelques) présentées par les organes de la fécondation, 19. Partition, voy. Expansivité. Pas-de-Calais (Distribution de l' Alchemilla vulgaris dans le département du), 124. — (Sur quelques plantes du départe- ment du), 1033. Payer. Obs., 445, 149, 336, 929, 985, 984, 10292. Peltées (Feuilles), 267. Pennisetum asperifolium Kth., 496. Perisporium (?) fibrillosum Desmaz. SP: nov, et var. productum, 862. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Pérols pr. Montpellier, voy, Herborisations. Peronospora densa Rab., 801. PERRAUDIÈRE ‘H. dela). Obs., 592. Persistance de la vitalité des graines flot- tant à la surface de la mer, 324. Peziza Curreyana Berk. sp. nov., 1056. — Polygoni Lasch, sp. nov., 859. — Spirææ Rob. sp. nov., 859, Phelipea mauritanica C. DR. sp. nov., 409. — violacea Desf., 408. Phœnix dactylifera L. Variétés de Dattier cult. dans le Mzab, 468. Phyllocoryne J. D. Hook. gen. nov., 218. Phytolacca dioica L. (Rameau monstrueux de), 652. Phytons (Théorie des), voy. Théorie, Pic de Saint-Loup pr. Montpellier, voy. Herborisations. Pilophorus Fr, gen. nov., 842. Pilumna fragrans Lindl., 1065. Pinus Parolinii Vis. sp. nov., 836. Pisum maritimum L., 1033. Pirus. Organogénie florale du Poirier, 339. Plagiasphodelus (Asphodéles de la sect.), 496 (en note). PLawcHow (J.-E.). Sur lhybridation des Ægilops, 513. — Rapports sur les her- borisations de la Société au Pic de Saint-Loup et à Saint-Guilhem-du- Désert, 588, 601. — Sur l'orig. du styrax calamite des anciens, 658. — Obs., 574, 581, 582, 592, 623, 626, 651, 660, 661. PLANCHON (Gust.) Sur la Flore quaternaire des tufs calcaires de Castelnau, 582. — Sur quelques monstruosités du Melian- thus comosus, 661. Plantago (Prolification de l'inflorescence des), 625. — ovata Forsk., 492. -- syr- tica Viv., 493. Plantes (Fanaison des), 112. — (Rapports des) avec la rosée, 940, — alimentaires de Tahiti, 1001, 1012. Platanées (Fam. des), 1059. Polygala corsica Bor. sp. nov., 964. Port-Juvénal pr. Montpellier, voy. Herbo- risations. Posidonia Caulini Kem, Sa germinat. et son mode de développement, 575. Position des groupes floraux, 932. PriLLiECx (Ed.). Sur le mode de végét. du Neottia Nidus avis, 41. — Sur le mode de végét, du Corallorhiza innata (ré- ponse à M, Germain de Saint-Pierre), 768. — Sur la déhiscence du fruit des Orchidées, 803. — Obs., 107, 373,374, 809, 905. . Primula longiflora Jacq. découv. à Saint- Véran, 1007. 1087 Prionium Palmita E. Meyer, 231. Prodromus Lichenographiæ Gallic et Alge- rig, 916. Programme de la session extraordinaire de Montpellier, 558. Prolification de l'inflorescence des Plan- tains, 625. Promenades publiques (Sur le dépérisse- ment des arbres de nos), 292. Pseudovule (Du mot), 739, Puccinia recondita Wob. sp. nov., 798, Puez (T.) présente le Primula longiflora trouvé à Saint-Véran, 1007. — Obs., 125, 1031. Purdie (W.). Sa mort, 734. Putranjiva Wall., 991. Pyrenacantha Hook., 991. Pyrénées (Découv. de VlAndrea falcata daus les), 48. Pyrenopsis fuscatula Nyl. sp, nov., 924 (en note). Pyrethrum Gayanum C. DR. sp. nov., 15. — macrocephalum C. DR., 18. — Ma- resii Coss. sp. nov., 16. — trifurca- tum Willd., 17. Pyrola rotundifolia L. var. arenaria Koch, 1034. Pyrus, voy. Pirus. Q Quaternaire (Flore) des tufs calcaires de Castelnau, 582. Quercus. Gui observé sur un Chéne, 263. — Classification . des Chênes, 445. — Végét., infloresc. et struct. florale du Chéne, 501. — occidentalis J. Gay, sp. noy., 449. R Rachitisme., 649. Racines (De la direct. que preunent les) dans les bulbes renversés, 948. — de quelques Orchidées (Mycelium de Cham- pignons autour des), 373, 702. Radicule (Du mot), 143. Rameau monstrueux de Phytolacca dioica, 629. — persistant (Chaton femelle du Salix babylonica transformé en),617. Rameaux à feuilles panachées et rameaux à feuilles non panachées chez un Ala- terne, 624. Ramon de la Sagra, Sur son Introduct. à la Flore de Cuba, 772. Ranunculus Revellierii Bor. sp. nov., 964. Rapistrum bipinnatum C. Kr., 57.— Blaisii Gren. sp. nov., 1050. ! Rapport sur le Jardin des plantes et le 1088 Conservatoire botanique de Montpellier, 672.—Surl'herbier de Dunal, 681. — de la Commiss. de comptabilité, 852. — de la Commiss. de la Flore crypto- gamique des env. de Paris, 855. Rapports sur les herborisations dela Société, voy. Herborisations. Rapports des plantes avec la rosée, 940. — du nucléus avec la chlorophylle, 154. — entre la nature de l'épiderme et celle du parenchyme des fcuilles, 290. . heaumuria vermiculata L., 177. Resoun. Lettre sur la végét. du Sahara algérien, 381, 465. —— (Liste des plantes récoltées par) dans le Sahara algérien, 469. Reglement (Modification au) relative au nombre d'exemplaires des tirages à part, 258. Rejetons (Jeunes) florifères d'Agave ameri- cana, 616, 757. Renversé (Végétation d'un arbre acciden- tellement), 624. Renversés (De la direct. que prennent les racines ctles tiges dans les bulbes), 948. Reproduction (Mode de) de l’Agave ameri- cana, 43, 612, 898. Reseda arabica Boiss., 60. — eremophila Boiss., 60. Relama Rætam Webb, 131. ReveiL. Présente des Champignons hémos- tatiques de la Guadeloupe, 284. — Sur un miel nouveau, 342. — Sur la cult. du Pavot à œæillette et sur l'extraction de l'opium indigène, 343, —Obs., 263, 269. Revue bibliographique, voy. Bibliogra- phique. Rhamnus Alalernus L. (Rameaux à feuilles panachées et rameaux à feuilles non panachées chez un), 624. — sylvaticus Serres, sp. nov., 436. Rhanterium suaveolens Desf., 180. Rhizidium Conferrvæ glomerale, 529. Rhizomes (Exist. de) chez les Ophioglossum et div. autres plantes, 152, 153. Rhizogénes, 907. Rhopalocnemis Jungh., 218. Rhus oxyacanthoides, Dum., 63. Rosi. Obs., 264. Rosa Hardii Cels (hybr.), 676 (en note). Rosée (Rapports des plantes avec la), 940. Royle (F.). Sa mort, 1070. Ruscus (Sur quelques anomalies des), 758. S Sacidium Desmasieri Mont. sp. nov., 861. Sahara algérien (Végétation du), 381, 465, 469. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sain (Germination des graines dans uu fruit), 624. Saint-Germain en Laye (Vaccinium Myr- tillus trouvé près de), 386. — (Barbarea præcoæx trouvé dans la forêt de), 109. Saint-Guilhem-du-Désert pr. Montpellier, voy. Herborisations. Saint-Véran (Primula longiflora découv. à), 1007. Salix caprea L. (Gui obs. sur le), 264. — babylonica L. (Chaton femelle du) trans- formé en rameau persistant, 617. Salsolacées. Leurs graines horizontales et verticales, 443. Salvia ægyptiaca L,, 490. Santalacées (Sur la fam. des), 352, 960. — (Anatomie des) 978. Saponaria bellidifolia Lap., 435, 1018. Sarcophyte Sparrm., 217. Saxifraga sponhemica Gmel. obs. dans là forêt des Ardennes, 125. Scépacées (Les) doivent-elles constituer un ordre particulier? 993. Schimper (W. P.). Sur son Mémoire sur les Sphaigues, 146, 220, SCHOENEFELD (W. DE). Sur les avantages obtenus en faveur de la Société pour les sessions extraord., 336. — Découv. du Vaccinium Myrtillus prés de Saint Ger- main, 386. présente une touffe vivante de Coraliorhiza innata, 702. — Découv. de l'Ononis Colunma à Herblay, 803. — Obs., 153, 321, 373, 508, 671, 701, 157, 770, 802, 1020. — Voy.Ger- main de Saint-Pierre. Scilla amæna L., 422. — autumnalis L , 499, — bifolia L. et var., 422. — cernua Red. et var., 422. — Hohenac- keri F. M., 423. — Lilio-hyacinthus L. (Pieds fleuris de) présentés à la Société, 464. — villosa Desf., 496. Scirpus lacustris L. muni de feuilles dres- sées, 150. — supinus L. trouvé à Ville- neuve-Saint-Georges, 109. Scorpiurus levigala S. S., 138. Scrofularia arguta Sol., 408. Scybalium S. E., 248. Sécrétion d'une Orchidée, 448. Selenosporium minulissimum Desmaz. SP: nov., 860. Septoria Scleranthi Desmaz. sp. nov., 861. Seriola œlnensis Lap., 437, 1019. Serratula flavescens Poir., 366. Serres (le colonel). Sur quelques esp. nouv. ou controyersées de la flore de France, 434. o Session extraordinaire à Montpellier, 949- 671.— (Fixation dela), 258. — Avan- tages obtenus pour la), 336. — Membres TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. qui ont assisté à la), 545. — (Pro- gramme de la), 558. — (Bureau de la), 957, 561. — (Séances dela), 547, 561, 587, 632. — (Herborisations de la) voy. Herborisations. Silene setacea Viv., 60. — succulenta Forsk., 60. Sinapis arvensis L. (Chloranthie du), 761. Sisymbrium Reboudianum Verl, sp. nov., 6. Smilax (Les vrilles des) ni folioles, ni stipules, 984. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Composition du Bureau et du Conseil pour 1857, 3. — Commissions pour 1857, 2. Somme (Sur la) de chaleur efficace nécess. p K floraison du Nelumbium speciosum, 2. Somme (Sur quelques plantes du dép. de _ la), 1033. Sonerila speciosa Zeuk., 1064. SouBEIRAN (Léon). Sur les aromates empl. pour l’embaumement au moyen-âge, 794. Souterrains (Bourgeons) de l'Agave ameri- cana, 44, 612, 898. Souterraines (Vitalité des parties) du Dios- corea Batatas, 100. Spécifiques (Sur la valeur de certains carac- tères), 338. Sphæria calostroma Desmaz. sp. nov., 1011. — (?) cinereo-nebulosa Desmaz. Sp. nov., 1009. — devexa Desmaz. sp. . NOV., 1009. — palustris Fr., 1010. Sphærorhizon J. D. Hook. gen. nov., 218. Sphaignes (Mémoire sur la classe des), | 146, 220. Spilonema Bornet, gen. nov., 201. — pa- radoxun Bornet, 201. Spiranthes gemmipara Lindl., 89. Spilselia cupuligera DR., 367. — radi- , cata C. Kr., 367. Statice Bonduellii Lest., 491. —- pruinosa . L., 492. Stellaria media Vill. (Chloranthie'du), 760. Stigmatea Polentillg Fr., 997. Sligmatidium leucinum Nyl, sp. nov., 924 (en note). Stilaginella Tul., 990. Stipules (Les vrilles des Smilaz ni folioles, ni), 984. Structure de l'épi et de l'épillet des Gra- minées, 302, — bicarpellaire de l'ovaire des Borraginées, 895. — florale du Chéne, 501. Styrax calamite des anciens (Sur l'ori- gine du), 658. Supère (Du mot) appl. à l'ovaire, 740. Synalissa conferta Bornet, sp. nov., 201, — micrococca B. N.sp. nov. , 201. T. IV. 1089 Syrie (Déboisement des montagnes en), 284. Syringa vulgaris L. à feuilles ternées, 622. T Tacca pinnalifida Forst., 1004. Tahiti (Plantes alimentaires de), 1001, 1012, Tamus communis L. (Germination du Dioscorea Batatas comp. à celle du), 697. Tardives (Floraisons), 620. Targioni-Tozzetti (Ant.). Sa mort, 253. Tassr(Att.). Surles vrilles des Cucurbita- cées, 322. Taxus baccata L, Bois d'If objet d'un com- merce important au xv* siècle, 691. TCHIBATCBEF (P. de), président de la session extraord., 557.— Discours de clóture dc la session extraord., 667. — Études sur la végét. des hautes montagnes de l'Asie-Mineure et de l'Arménie, 863. — Obs., 558, 660. Tectona. Destruction des forêts de Teck dans l'Inde, 319. Ternées (Myrte et Lilas à feuilles), 622. Tetradia Tul. gen. nov., 425. Teiradiclis Eversmanni Bunge, 62. Teucrium Alopecuros de Noé, 491. Thalictrum angustifolium L. trouvé au bois de Vincennes, 108. Thelygonum Cynocrambe L., 183. Théorie (Objection à la) de Du Petit- Thouars sur l'accroissement, et à celles des phytons et des décurrences, 785. Thésiacées, voy. Santalacées. Thesium glaucum Serres, sp. nov., 438. — tenuifolium Saut., 438. THévENEAU. Découv. du Damasonium po- lyspermum prés d'Agde, 738. Thlaspi cristatum Serres, 434. Thonningia Vahl, 217. Thymelæa microphylla C. DR., 495. Tige monstrueuse de Chanvre, 1023. Tiges (De la direct. que prennent les) dans les bulbes renversés, 948. — (Oroban- chée attachée au bas de), 150. Tilia. Feuille monstr. de Tilleul, 267. Tiniavia Montand. gen. nov., 316. Tirages à part (Modification à l'art. du Règlement relatif aux) 258. 0l Toucuy (A.). Rapport sur l'herborisation de la Société au bois de la Moure et au Port-Juvénal, 592. — Sur quelques plantes étrangères à la flore de Mont- pellier, trouvées aux env. de cette ville, 696. — Sur quelques modes d'hypertro- phie chez les végétaux, 649.— Obs. 619, 621, 626. 69 1090 Transformation du chaton femelle du Salix babylonica en rameau persistant, 617. Transpiration des plantes pendant la nuit 1024. | Trifolium clypeatum Lap., 436, 1018. — | Rouœii Gren. sp. nov., 1050. Trigonella anguina Del., 135. — mari- tima Del., 134. — stellata Forsk., 134. Triticum. Note sur le Blé de Noé ou Blé. ! bleu, 288. | Trochila Populorum Desmaz. sp. nov., 858. | Tufs calcaires de Castelnau (Flore quater- ' naire des), 582. | Tulipa Gesneriana L. (Div. monstruosités | de), 509. Tunis (Plantes rares ou nouv. de la ré- gence de’, 55, 131,176, 277, 360, 400, 490. — (Cousidérat. sur la végét. du sud | de la régence de), 950. — (Flore de | régence de), voy. Algérie. Typha (Étoffe dc duvet de) présentée à la | Société, 353. U Uredo macrospora Desmaz. sp. nov., 797. Urospatha Schott, gen. nov., 729. Urtca Dodarti L., 191. y Vaccinium Myrtillus L. Saint-Germain, 386. Valette (La) près Montpellier, voy. Herbo- risations. Valeur (Sur la) de certains caractères spéci- fiques, 338. Vallisneria spiralis L. (Ovule du), 904-907, 977. Vatos (E. de). Découv. du Primula longi- flora à Saint- Véran, 1007. Vanilla lanceolata ?, 314. VaurELL (Chr.) Sur le mode de multiplic. de l'Agave americana, 43, 898. Végétation des env. de Montpellier, voy. Herborisations. — des hautes montagnes de l'Asie-Mineure et de l'Arménie, 863. — (Sur la) du sud dela régence de Tunis, 950. — du Sahara algérien, 381, 465, 469. — des env. de Djelfa, 483. — des env. de Laghouat, 394. — (Etat de la) aux env. d'Hyères en déc. ct janv., 102. Végétation d'un arbre accidentellement renversé, 624. — (Mode de) du Chêne, 501. — du Corallorhiza innata, T66- 110. — du Neottia Nidus avis, 41. Ven'enata subenervis B. B. sp. nov., 305, trouvé prés de SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Veronica saxatilis Jacq., 438. Verrucaria halodytes Nyl. sp. (en note). nov., 924 ,, Verticales et horizontales (Graines) des Salsolacées, 443. Vicia sativa L. forma amphicarpa, 140. Villeneuve Saint-Georges (Scirpus supinus trouvé à), 109. |! Vincennes {Thalictrum angustifolium trouvé au bois de), 108. Viola sabulosa Bor., 1033. . Viscum album L. (Notice sur le), 261. — obs. sur un Chêne, 263. — sur divers arbres, 264. — Parasitisme du Gui, 596. Visite de la Société au Jardin des pl. de Montpellier, 559. — aux collect, de la Fac. des sciences de Montpellier, 560. — au musée ct aux jardins de M. Dou- met à Cette, 584. — au jardin de l'Ecole de pharmacie deMontpellier, 627. — au Musée Fabre à Montpellier, 632. Vitalité des parties souterraines du Dios- corea Batatas, 700. — (Persistance de la) des graines flottant à la surface de la mer, 324. Vitis (Vrilles des), 809. Voyage botaniqne en Algérie (ltinéraire d'un) (suite), 5, 48, 196, 171, 270, 353. 386, 473, 515. — (Nouvelles du) de M, Bourgeau dans l'Amérique du Nord, 1032. — de M. Balansa, 431. Vrilles des Cucurbitacées, 109, 142, 322, ' 744-756, 787-788. — des Vitis et des Cissus, 809. — (Les) des Smilax ni folioles, ni stipules, 984. W Wahlberg (J.-A.). Sa mort, 208. Wallroth (Fr.-W.). Sa mort, 208. WeppELL (H.-A.). Sur le mode de parasi- tisme du Cynomorium coccineum, 513. — Sur les fleurs femelles du Cynomorium coccineum, T95. — Obs., 23, 515, 809, 946, 1022, 1031. X Xanthium hybrides, 73. 7 Zamia muricata Willd., 953 Zanardiria Nardo, 21. Zollikoferia angustifolia C. DR., quercifolia C. Kr., 369. Zonaria J. Ag., 28. Zygophyllum album L., 61. 370 — — — — —— — 9—— TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES PUBLICATIONS ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Ancugn (T.-C.). Note sur les sortes de Copal d'Afrique, 87. — Voy, Bennett. BEcouEREL (A.), voy. Laurès. Bexxerr (J.-J.). Descript. de l'arbre nom- mé Kobo, formantun nouv. genre (Gui- bourtia) de Légumineuses rapporté de Sierra-Leone par M. Daniell, suivie d'une lettre de M. Archer, 1054, 1055. Brnc (0.), voy. Martius. BERKELEY (M.-J.). Introduction à la bota- nique cryptogamique, 80. —Sur l'emploi du rhizome du Pteris aquilina comme aliment, 1065. ERNOULLI (Ch.-G.). Les cryptogames vas- culaires de la Suisse, 687. Boissier (E.) Diagnoses plantarum orienta- lium novarum, 532. Bosoroen (H.-F.). Structure de l'Alphito- morpha guttata, 684. Bongav (A.). Notice sur les plantes recueil- lies en Corse par M. Revellière, 963. Bonner (Ed.). Description de trois Lichens nouveaux, 200. Botanical Magazine (cahiers de janv. et févr. 1858), 1063-1063. Botanische Zeitung (journal). Articles ori- ginaux, 25%, 688, 736, 848, 976, 1071. Bourcuiexar (J.-R.). Catalogue raisonné des plantes du dép. de l'Aube (t. 1), 228. OUSsiNGAvLT. Recherches sur l'influence que l'azote assimilable des engraisexerce ar la product. de la matière végétale, 19. Braxnis (D.). Genera plantarum flore ger- manice, (fasc, xxix Papilionaceæ), 76. Braun (AL). Sur la parthenogénèse dans les plantes, 820. — Voy. Caspary. RONNER, voy, Caspary. CanniÈre (E.-A.). Guide pratique du Jar- dinier multiplicateur, 88. Casrary (R). Tableau systématique des Hydrillées; 237. — Les Nymphéacées fossiles, 427. — Compte rendu des tra- vaux de la section botanique du 33° con- grès des naturalistes allemands, tenu à Bonn en sept. 1857, 703-719 : BRAUN. Germination du Calebogyne ilicifolia, 114. — BRONNER. Sur les Vignes sauvages de Ja vallée du Rhin, 704. — CaspanY. Sur des fruits de Pécher à fleur double, 716; sur la présence de zoospores dans le genre Chroolepus, 116; sur la struct. de la tige des Nymphéacées, 748. — CIEN- KOWSKI. Sur les pseudogonidies, 717. — Conn. Sur le déve'opp. d'une Volvocinée, 708; sur un Champignon parasile d'une Algue vivante, 717. — De BARY. Sur la copulation des Desmidiacées, des Zygnémacées, des Champignons syzygites, etc., 710 ; sur la fructification des Hyménomycétes, 749. — DEBEY. Sur la flore fossile d'Aix-la-Chapelle, 715. — FockE. Sur la copulation des Bacillariées et des Desmidiacées, 1413. — GasPARRINI. Sur les poils radicaux ct les excrélions des racines, 714. HOFFMANN. Sur la germinat. des Champignons, 707. — JÆGER. Plantes fossiles du keuper et leurs ana- logues vivants au Chili, 714. -— NÆGELI. Sur la nouv. maladie des vers à soie et sur les organismes analogues, 707 ; sur la direct. des faisceaux vascu - laires dans la tige des Cryptogames vasculaires, des Gymnospermes et des Dicotylédones, 717. — PniL- LIEUX. Sur la déhiscence des capsules des Orchidées, 106. — PRINGSHEIM. Sur les fruits des Floridées, 145. — SCHIMPER (C.). Choix de faits remarquables de morphologie, empruntés à toutes les parties des plantes, 705 ; sur la struct. de la membrane cellu- laire végétale, 741 ; sur la racine, 112. —— ScRULTZ bip. Sur les Cassiniacées parasites, 107.— SCHULTZ- SCHULTZENSTEIN. Sur les vaisseaux vitaux, 703. —- SrepoLp (de). Sur l'état des sciences naturelles et partic. de la botanique au Japon, 71 4. — WIRTGEN. Sur la géographie botanique du bassin de Coblence- Neuwied, 714. 1092 Catalogue de la bibliothéque scientifique de MM. de Jussieu, 730. Cuaix, voy. Timbal-Lagrave. CHRISTIAN (J.), voy. Société botanique d'Édimbourg. - CiENKOWSKI. Rhizidium Confervæ glome- rate, 529. — Voy. Caspary. CLARKE (B.). Sur les anthéres des Columel- liacées et des Cucurbitacées, 1039. — Sur la struct. et les affinités des Myri- cacées, des Platanées, des Altingiacées et des Chloranthacées, 1059. Cros (D.). Révision comparative de Pher- bier et de l'histoire abrégée des Pyré- nées de Lapeyrouse, 418. Conus, voy. Caspary. Congrès des naturalistes allemands à Bonn. Compte rendu des travaux de la section botanique, voy. Caspary. Correy (F.). Sur une nouv. espèce de Pe- zize, qui n'est que l'état parfait du Scle- rotium roseum Kn., 1055. DawiELL (W.-F.), voy. Bennett. De Bary (A.), voy. Caspary. DEBEY, voy. Caspary. De Caxporre (Alph.). Sur la fam. des San- talacées, 960. — Voy. Prodromus, Densès (A.) et Souier. Mémoire sur quel- ques points de la physiologie des Algues, 71. DipPEL, Sur l'utricule primordiale, 67. Du Mou (J.-B.). Flore poétique ancienne, 250. ENGELMANN (G.). Synopsis des Cactacées des États-Unis et des pays adjacents (t. III), Ti. Faëre (J.-H.). De la germinat. des Ophry- dées et de la nature de leurs tuber- cules, 68. F£E (A.). Sur les Cycadées, 957. FERwoND (Ch.). Monographie du Tabac, 1066. Flora (journal). Articles originaux, 94. Focke, voy. Caspary. FaEsENIUs (G.), voy. Martius. Fries (E.). Monographia Hymenomycetum Suecia (t. Y), 426. Fries (Th.-M.). De Stereocaulis et Pilo- phoris commentatio, 849. FhirscH (Ch.). Sur la détermination des lois d’après lesquelles la température agit sur les phases de l'accroissement des plantes, 541. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GASPARRINI, VOy. Caspary. Gavino-GuLra. Répertoire botaniqne de Malte, 196. Gopnox (D.-A.). Flore de Lorraine(2* édit.), 965. Graves (L.). Catalogue des plantes obs. dans le dép. de l'Oise, 75. Grecony (W.). Sur de nouv, formes de Diatomacées marines, 1056. GnENIER (Ch.). Florula massiliensis advena, 1048. GREVILLE (R.-K.). Notice sur un nouv, geure de Diatomacées (Creswellia), 1058. Gnis (A.). Recherches microscopiques sur la chlorophylle, 1035. GuiLLENIN (C.-M.). Développement de la matiére verte des végétaux et flexion des tiges sous l'infl. des rayons ultra- violets du spectre solaire, 413. — Pro- duction de la chlorophylle et direction des tiges sous l'infl. des rayons ultra- violets calorifiques et lumineux du spectre solaire, 818. Havstein (J.). Sur la liaison de la disposit. des feuilles avec la struct. de la zone ligneuse des Dicotylédones, 314. — Sur les relations intimes qui existent entre la disposit. des feuilles et la struct. de la zone ligneuse dans les Dicotylédones, 1037. Hary (J.), voy. Société bot. d'Edimbourg. Harvey (W.-H.). Résumé d'une suite de lecons sur les Algues marines, 530. — Synopsis des Algues de la Grande-Bre- tagne, 535. . HasskanL (Retzia sive observationes quas m horto bogoriensi fecit J.-K.), 497. Heer (0.). Flora tertiaria Helvetie (livr. 5-6), 243. Hécor (le P.). Sur une couleur verte connue en Chine sous le nom de Lo-Kao, 86. Hiccanp (T.-C.). Phyllotaxie. Sa loi numé- rique et de divergence pouvant s'expli- par une simple idée organologique, 1040. Horrwanx (H.). Le temps et l'accroissement ou éléments de climatologie végétale, 429. — Voy. Caspary. Hoze (G. de). Sur les vésicules des cellules des Hépatiques, 961. . Hooker (sir W.). Sur le Palmite de l'Afrique australe, 231. . Hooker (J.- D.). Sur la struct. et les affinités des Balanophorées, 210. — Sur le Notos- partium de la Nouvelle-Zélande, 236. Irwisca (Th.). Note relat. à l'hist, nat. du TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. Thelygonum Cynocrambe, 183. — Sur la germination et le mode de renouvel- lement des Convolvulus sepium et ar- vensis, 526. Jxcer (G.). Sur l'innocuité relative des blessures faites à la tige et aux feuilles et sur la production de racines à des places inaccoutumées, 70. — Voy. Cas- pary. Jensen (Th.). Bryologia danica, 79. Jouxson (J.-Y.). Sur quelques plantes ares ou peu communes de Madère, 9. - Karsten (H.). Plantæ columbianæ, 317. — Sur l'existence du tannin dans les plantes, 416. — Étude anatomique du Zamia muricata, 953. — Sur la radica- tion des Palmiers, 958. KinogerG (N.-C.). Symbolæ ad synopsin ge- neris Lepigonorum, 968. . Kmx (J.), voy. Société bot. d'Édimbourg. KinscuLEGER (Fr.) Flore d'Alsace et des contrées limitrophes, 828. Lance (J.). Coup d'œil sur la végétation du Grænland, 831. Lareyrouse, voy. Clos. Lascu (W.). Trois espèces de Xanthium avec leurs hybrides, 75. Laurès (C. de) et BEcQuEnEL. Recherches sur les Conferves des eaux de Néris, 239. Lawson (G.), voy. Société bot. d'Édimbourg. LEcuLer (W.). Berberides Americæ aus- tralis, 829, L'Ecog (H.). Études sur la géographie bota- nique de l'Europe (t. V et VI), 243. Le H£nicngn (Éd.). Essai sur la flore popu- laire de Normandie et d'Angleterre, 1069. LEHMANN (Chr.). Novarum et minus cogni- tarum stirpium pugillus decimus, 198. Le Jours (Aug.). Quelques remarques sur a nomenclature générique des Algues, 41. Le Maovr (E.). Leçons élémentaires de Botanique (2° édit.), $25. Lixocey. Note surle'Spiranthes gemmipara, 89. — Premier mémoire sur les Orchi- dées de l’Inde, 90. Lowe (R.-Th.). Flore manuelle de Madère et des îles adjacentes (1"° partie), 1053. Marx (J.-Ch.). Clef pour la détermination des genres des plantes phanérogames Spont. ou cult. en Allemagne, 1053. 1093 Manrics (C.-F.-Ph. de). Flora brasiliensis : Cordiacées, Héliotropiées, Borraginées, Lacistémées, Monimiacées et Myrtacées, par MM. Fresenius, Schnizlein, Tulasne et Berg, 298. Manrnis-Dowos (le comte V. de). Descriptio Glaucii novi, 74. MrrissEn, voy. Prodromus. MONTAGNE (C.) et Van-pen-Bosca. Plantæ Junghuhnianæ (fasc. IV, Lichenes), 835. MowrANDoN (P.-J.). Synopsis de la flore du Jura septentrional et du Sundgau, 314. Murter (C.) berol. Walpers Annales bota- nices systematicæ, 938. Murer (C.) de Halle. Le monde végétal actuel appartient-il à une seule période de création?, 83. — Le livre du monde végétal, voyage botanique autour du monde (t. T), 973. NzctELI, voy. Caspary. NaupiN (Ch.). Nouvelles recherches sur les caractères spécifiques et les variétés des plantes du genre Cucurbita, 231. PanLATORE (Pb.). Éloge de Ph. Barker Webb, 91. — Flore italienne (t, Il, 2° part.), 966. PavEN. Sur la composition immédiate de l'épiderme et de la cuticule épidermique des végétaux, 68. PERRIER (E.) et SonGEox. Indication de quelques plantes nouv. rares ou cri- tiques, observées en Savoie, suivie d'une revue de la section Thylacites du genre Gentiana, 722, Parr: (R.-A.). Sur la flore de l'ile de Juan Fernandez, 202. — Sur la flore du désert d'Atacama, 1061. PniLLiEUX. (Éd.), voy. Caspary. PuiscsuEiM (N.), voy. Caspary. | Prodromus syslematis naturalis regni ve- getabilis, vol. 14, 2° partie : Thymelæa- cec. (auct. Meisner) ; Elæagnaceæ (auct. de Schlechtendal) ; Grubbiaceæ et San- talaceæ (auct, Alph. De Candolle), 837. RapLkorEn (L.). La fécondation dans le régne végétal et ses rapports avec celle qui a lieu dans le régne animal, 218. — Sur la véritable parthénogénèse dans les plantes, 824. Reger (Ed.). Note relative à la flore de Rus- sie: 1. Scilles de la flore de Russie, 422; 2. Un Héllebore de la Mingrélie, 423. — L'hybride obtenu artificielle- 1094 ment entre l’Ægilops ovata et le Triti- cum vulgare, 528.—Deux nouvelles Cy- cadées cult. dans le jardin de Saint- Pétersbourg, avec des notes sur la famille, 969. ReicuengaAcu (L. et H.-G.). Icones flore ger- maniceæ et helveticæ (t. XVIII, dec. 1-6), 193. REICHENBACH (H.-G.). Orchidées de jardin (suite), 425. — Generis Anselliai mono- graphia, 525. RüwirLy, voy. Thibierge. Rennu (V.). Ampélographie française, 248. REVELLIÈRE, voy. Boreau. Revue des plantes nouv. ou rares décrites et le plus souvent figurées dans les publi- cations relat. à l'horticulture, 1063. Roper (A.) Botanique agricole et médi- cale, 971. Rosny (L. de). L'Opuntia ou Cactus-Ra- quette d'Algérie, 204. Rossmann (G.-W.-J.). Documents relat. à la morphose des feuilles (1** mémoire), 817. Sanio. Sur l'existence du spath calcaire dans l'écorce de beaucoup de Dicotylé- dons ligneux, 310. Scuacur (H.), Les laticifères du Carica Papaya, 64. — Sur la fécondation dans le Phormium tenax, 1041. Scuimeer (Ch.), voy. Caspary. Scamper (W.-P.). Mémoire pour servir à l'hist. nat. des Sphaignes, 220. SCHLECATENDAL (F.-L. de). Remarques sur le genre Androsace, 198. — Monstruo- sités végétales, 313. — Anomalies végé- tales, 1045. — Voy. Prodromus. ScaLeinEN (J.). Manuel de pharmacognosie botanique, 246. ScnwipLis (Ed.'. Botanique populaire, 82. Scuwipr (Fr.). Flore du terrain silurien de l'Esthonie, de la Livonie septentrionale et de l'ile d'OEsel, 194. Scamior (J.-A.). Flore de Heidelberg, 192. ScuwizLEIN (A.), voy. Martius. Scuorr. Observ. sur le genre Lasia de Lou- reiro, 727. ScnuLTZ bip., voy. Caspary. SCHULTZ-SCHULTZENSTEIN, voy. Caspary. ScauLz (J.-H.). Guide pour les excursions botaniques dans la Marche de Brande- bourg, 316. SiEboLp (de), voy. Caspary. Société botanique d'Édimbourg. Commu- nications faites dans les séances de nov. et de déc. 1857, 1068-1069 : CHRISTIAN. Sur une anomalie obs. dans une fleur de Liliacée, 1008. — Harpy. Note relative à des SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. galles trouvées sur les feuilles du Hêtre, 1069. — KIRK. Notes sur des plantes d'Egypte, 1068. — Lawsox. Notes d'anatomie microscopique : 4. le Tabac, 1069. — Youwc (J.). Sur une forme parti- culière de Champignon, 1068. Socitré Linnéenne de Londres, Notes de M. Lindley, 89. SoLiEr (A.-J.-J.), voy. Derbès. SoNcEON (A.). voy. Perrier. SousEiRaN (Léon). Sur la matière sucrée de quelques Algues, 683. — Sur la récolte de la gomme adraganthe en Asie-Mi- neure, 972. SPEERSCHNEIDER (J.). Détermination expéri- mentale dela product. de la pourriture dans la maladie des pommes de terre par les spores du Peronospora devasta- trix, 187. Tassi (Att.). Sur le développement de chaleur dans les fleurs du Magnolia grandiflora, 485. — Sur une particu- larité de struct. de l'Allium sativum, 209. TcuimaTCuEr (P. de). Asie-Mineure (2* par- tie : Climatologie et Zoologie), 536. TutBiERGE (Ad.) et RexiLLy. De l'amidon du marron d'Inde, 539. Taurer (G.). Deuxième note sur la fécon- dation des Fucacées, 414. — Sur la reproduction de quelques Nostochinées, 1043. TiusaL-LaGnAvE (Ed.). Observ. critiques et synonymiques sur l'herbier de l'abbé Chaix, 190, — Sur les Erodium pe- trœum, crispum, lucidum et macrade- num, 1046. . Treviranus (L.-C.). Sur le revêtement écail- leux que présentent beaucoup de végé- taux, 313. Trowuen (C.). L'Agrologie (Bodenkunde), 205. Tuuasxe (L.-R.), Sur l'appareil reproduc- teur multiple des Hypoxylées ou Pyré- nomycètes, 186. — Floræ madagasca- riensis fragmenta, 423.—Voy. Martius. Tunczanisow (N.). Addenda et emendanda ad floram baicalensi-dahuricam, 968. Uxcer (F.). Le système des canaux latici- feres dans l'Alisma Plantago, 66. — Excursions botaniques dans le domaiue de la culture: 1. Plantes servant à Pali- mentation de l'homme, 843. Van-DEn-Boscu (R.-B.), voy. Montagne. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. VenLor (J.-B.). Catologuc des plantes cult. au jardin botanique de Grenoble, 725. Vistant (R. de). Illustration des plantes rares ou nouv. du jardin botanique de Padoue, 835. Warrens, voy. Mueller. WepptELL (H.-A.). Monographie de la fa- mille des Urticées, 839. Wecker (H.). Sur la conservation. des préparations pour le microscope, 206. Wicawp. (A.). Notes de tératologie végé- 1095 tale, 225. — Exemples de formation anormale du corps ligneux, 411. Witnes (C.). Sur quelques plantes comes- tibles ct utiles de l'Australie, 540. Witko. Remarques sur des plantes cri- tiques de la flore méditerranéenne, 531. | Wimmer (Fr.). Flore de la Silésie, 685. WinrGEN, voy. Caspary. Wnicur (Rapport de J.), botaniste de l'ex- ploration géologique de l'Etat du Michi- gan, 534. YouxG (J.), voy. Société bot. d'Édimbourg. ERRATA DU TOME QUATRIÈME. Page 1, ligne 4 (en remontant) : au lieu de procedato, lisez preceduto. 1/43, note 1 : au lieu de séreuse, lisez séveuse. 266, ligne 31 : au lieu de feuilles supérieures, lisez fleurs supérieures. 378, ligne 15 : au lieu de paniculata Roxb., lisez crenulata Vent. 425, ligne 10 : au lieu de pentamère, lisez tétramère, 461, ligne 24 : au lieu de soustend, lisez soustent. 639, ligne 12 : au lieu de crucifolius, lisez erucifolius. 854, ligne 34 : au lieu de Fous, lisez Nous. 890, ligne 26 : au lieu de pœcilpeis, lisez pœcilepis. 901, ligne 31 : au lieu de trois plantes citées par M. Moquin-Tandon, lisez trois plantes de Magnol citées par M. Moquin-Tandon. MM. les auteurs des articles publiés dans le Bulletin sont priés de vouloir bien signaler au Secrétariat de la Société les fautes d'impression qui auraient échappé à la correction des épreuves. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignot, 2.